Feudal
Feudal
Feudal
sous la direction de
F. Bougard, D. Iogna-Prat et R. Le Jan
À paraître
[VI] La culture : une question d’élites ?, sous la direction de F. Bougard, R. Le Jan
et R. McKitterick, Turnhout, Brepols, 2009.
[VII] Les élites et la richesse (vie-xie siècle), sous la direction de J.-P. Devroey, L. Feller
et R. Le Jan, Turnhout, Brepols, 2009.
[VIII] Theorie und Praxis frühmittelalterlicher Eliten, Turnhout, Brepols, 2010.
ISBN 978-2-503-52982-0
D/2008/0095/139
Hiérarchie : le concept et
son champ d’application dans les
sociétés du haut Moyen Âge
E
n 878, le pape Jean VIII était aux prises avec le duc de Spolète
Lambert, qui interprétait sur le mode tyrannique sa mission
officielle de protecteur de Rome et de la papauté. Une missive
du duc déclencha l’ire du pontife : « en entendant la lettre que tu
m’as envoyée, quel n’a pas été mon étonnement devant ses termes
inconvenants, qui ne font guère écho aux louanges dues à saint Pierre
et sont incompatibles avec les règles et les doctrines ecclésiastiques :
tu nous écris avec les mots que tu envoies d’ordinaire aux hommes
du siècle et à tes pairs, en nous disant “de Ta noblesse”, ou encore
“Nous demandons à Votre noblesse” ». Lambert aurait dû s’adresser
à celui que les rois et les princes de la terre n’hésitent pas à supplier
comme à un père ; Jean VIII, fort du proverbe que d’une source amère
on ne tire pas d’eau douce, en tira la conclusion qui s’imposait, en lui
retirant son amitié 1.
Hiérarchie : quand le pape adresse son propre courrier nobili viro
Lamberto glorioso comiti, il se retient lui-même comme socialement supé-
rieur à la noblesse d’un comte. Ordre : Jean VIII n’en est pas moins
lui-même d’origine noble mais, devenu pape, il appartient à un monde
à la fois différent et supérieur à celui des laïcs, celui de l’Église dont
il a la charge, et où la diplomatie emprunte au registre des relations
familiales. Notre rencontre entend se situer sur ces deux terrains,
entre l’analyse sociale et la représentation intellectuelle.
1
MGH, Epistolae, VII, n° 84, p. 79-80 : (…) audientes litteras tuas, quas mandastis, mirati valde
fuimus super earum verbis inconvenientibus, quae nec debitas sancto Petro laudes resonant, nec eccle-
siasticis concordant regulis vel doctrinis, cum nobis illa verba mandastis, quae secularibus viris et
comparibus tuis scribere solitus es, hoc est, cum dicis nobis “Tuae nobilitatis”, vel cum dicis nobis
“Monemus nobilitatem vestram”. In quo luce clarius mentem vestram cognoscimus erga nos minime
devotam, sicut putabamus, existere ; idcirco nostre paternitati tam vilibus verbis et inconvenientibus
sermonibus scribere audaci potius quam sincera mente voluistis, et mirum non est, quia de amaro fonte
dulcis aqua non hauritur…
2
K. Davis, Human society, Macmillan, 1908.
3
W. Moore, Social change, Prentice Hall, 1965 (2e éd.).
4
R. Dahrendorf, Essays in the Theory of Society, Stanford, 1968.
5
T. Parsons, « Une esquisse du système social », in P. Birnbaum et F. Chazel, Théorie
sociologique, Paris, 1975.
6
M. Weber, Économie et société, 1922, trad. allemand, Paris, 1971.
7
L. Dumont, Homo hierarchicus. Essai sur le système des castes, Paris, 1966.
1. La période 500-750
C. Badel, La noblesse de l’Empire romain. Les masques et la vertu, Seyssel, 2005, p. 333.
8
9
B. Dumézil, Les racines chrétiennes de l’Europe. Conversion et liberté dans les royaumes barbares,
ve-viiie siècle,
Paris, 2005, p. 190-191.
10
10
C. Wickham, Framing the Early Middle Ages. Europe and the Mediterranean (400-800), Oxford,
2005, p. 168-232.
11
2. La période 750-900
11
J. Nelson, « Kingship and Empire », in R. McKitterick (dir.), The New Cambridge Medi-
eval History, t. 2, Cambridge, 1995, p. 383-430.
12
13
3. Les xe-xie siècles
12
D. Iogna-Prat, Ordonner et exclure. Cluny et la société chrétienne face à l’hérésie, au judaïsme et
à l’islam, 1000-1150, Paris, 1998.
13
Y. Congar, « Les laïcs et l’ecclésiologie des ordines chez les théologiens des xie et xiie siè-
cles » [1968], in Id., Études d’ecclésiologie médiévale, Londres, 1983 (Collected studies series,
168), art. n° IV.
14
14
Ratherius Veronensis, Praeloquia, éd. P. L. D. Reid, CCCM, 46a, Turnhout, 1984 ; cf.
J. Batany, « Rhétorique et statuts sociaux dans les Praeloquia de Rathier de Vérone », in
R. Chevallier (dir.), Colloque sur la rhétorique. Calliope I, Paris, 1979 (Caesarodumum, XIVbis),
p. 221-238 ; G. Vignodelli, « Milites Regni : aristocrazie e società tripartita in Raterio da
Verona », Bullettino dell’Istituto storico italiano per il medio evo, 109 (2007), p. 97-149.
15
15
Cf. O. G. Oexle, « Stand, Klasse », in O. Brunner, N. Conze et R. Koselleck (dir.),
Geschichtliche Grundbegriffe, VI, Stuttgart, 1990, p. 155-200, ici p. 173 ; D. Iogna-Prat,
« Ordre(s) », in J. Le Goff et J.-C. Schmitt (dir.), Dictionnaire raisonné de l’Occident médiéval,
Paris, 1999, p. 845-860, ici p. 845.
16
J. Batany, « Tayon de Saragosse et la nomenclature sociale de Grégoire le Grand »,
Bulletin du Cange. Archivum latinitatis medii aevi, 37 (1969-1970), p. 173-192.
17
Cf. G. Vignodelli, « Il problema della regalità nei Praeloquia di Raterio di Verona », in
G. Isabella (dir.), « C’era una volta un re… ». Aspetti e momenti della regalità, Bologne, 2005
(Quaderni del Dipartimento di Paleografia e Medievistica [dell’Università di Bologna],
dottorato, 3), p. 59-74, spéc. p. 66.
18
Pénitentiel de Silos, c. 259, éd. F. Bezler, Paenitentialia Hispaniae, Turnhout, 1998 (CCSL,
156a), p. 42 ; cf. F. Bezler, « Pénitence chrétienne et or musulman dans l’Espagne du
Cid », Annales ESC, 50 (1995), p. 93-108.
16
19
MGH, Concilia, II-1, p. 283, l. 32-33.
20
O. G. Oexle, « Stand… », op. cit., p. 191 : « die Ständevermittlung als Un-Ordnung ».
21
De omnibus ordinibus omnium hominum in hoc saeculo viventium rubrica, éd. M. Lokrantz,
L’opra poetica di S. Pier Damiani, Stockholm, 1964 (Studia latina Stockholmiensia, 12),
17
p. 144-150 ; cf. N. D’Acunto, I laici nella chiesa e nella società secondo Pier Damiani. Ceti domi-
nanti e riforma ecclesiastica nel secolo XI, Rome, 1999 (Nuovi studi storici, 50), p. 118-126.
Pierre Damien, qui doit sans doute beaucoup à Rathier, énumère sans solution de continuité
les clercs, en y associant les moines (episcopi, presbyteri, diaconi, canonicus, plebani, magister/
discipulus, scriptores, illiteratus clericus, abbates, monachus et monachae), puis un groupe « socio-
professionnel » (iudex, testes, notarii, castaldiones et vicedomini, tenentes ministeria, advocatores,
consiliarius aut auricularius, missus), puis des catégories morales (nutritus atque sapiens, decep-
tor, hypocrita, ebriosi), enfin « tous les laïcs » (maris, dives/pauper, miles/fello, placentes/viles,
coniugatae feminae, viduae, puellae, meretrices, servi et ancillae).
22
Bonizon de Sutri, Liber de vita christiana, éd. E. Perels, Hildesheim, 1988 (2e éd.), II,
3 p. 35 : pour les clercs sont énumérés les évêques puis les secundi ordinis sacerdotes, les abbés,
les prévôts ; pour les laïcs, les rois, les « juges », les milites, la plebs, elle-même répartie (III,
8, p. 252) entre artifices (exemplifiés par les sutores), negotiatores et agricolae.
18
P. Fouracre, « The origins of the nobility in Francia », in A. J. Duggan (dir.), Nobles and
23
nobility in medieval Europe. Concepts, origins, transformations, Woodbridge, 2000, p. 17-24, spéc.
p. 22-23.
19
Christianisation et hiérarchie
dans la société irlandaise
des viie et viiie siècles
«S
i vous me demandiez de définir les principales caractéristi-
ques de la société irlandaise primitive, je vous répondrais
qu’elle était tribale, rurale, hiérarchique et familiale ». Pro-
noncée en 1953 par Daniel Binchy, le grand spécialiste de l’histoire
du droit irlandais 1, cette définition a non seulement survécu à un
demi-siècle de critique historique, mais a continué d’être développée
par ses successeurs. Confirmant le caractère essentiellement hiérar-
chique de la société irlandaise des vie-viiie siècles, les études de Fran-
cis John Byrne, Donnchadh Ó Corráin, Thomas Charles-Edwards,
Fergus Kelly, Liam Breatnach, Neil McLeod et, plus récemment, Ger-
ald Manning, ont révélé la complexité d’un système social fondé sur
un système de classes et une hiérarchie de rangs et de statuts au sein
de chaque classe 2.
Tout comme la société indienne étudiée par Louis Dumont, l’Ir-
lande médiévale présente un cas exemplaire de société hiérarchique.
N’ayant jamais connu l’occupation romaine, la société irlandaise est
étrangère au principe d’égalité de tous les citoyens devant la loi et
l’aspiration à une aequanda libertas au sein des classes libres n’apparaît
jamais dans les textes. Les traités juridiques rédigés en langue verna-
culaire aux viie et viiie siècles insistent sur la notion de rang social et
de statut différent en droit selon son rang. Ainsi, une offense commise
contre un membre d’un rang social élevé est punie plus sévèrement
1
Le texte de cette conférence radiodiffusée a été publié sous le titre Secular institutions dans
M. Dillon (dir.), Early Irish Society, Dublin, 1954, p. 52-65. D. A. Binchy (1900-1989) est
l’auteur de la monumentale édition du Corpus iuris Hibernici, 6 vol., Dublin, 1978. Pour une
bibliographie complète, voir R. Baumgarten, « Professor D. A. Binchy : a bibliography »,
Peritia, 5 (1986), p. 468-477.
2
F. J. Byrne, Irish Kings and High-Kings, Londres, 1973 ; T. Charles-Edwards, Early Irish
and Welsh Kinship, Oxford, 1993 ; L. Breatnach, Uraicecht na Ríar, Dublin, 1987 ; F. Kelly,
A Guide to early Irish Law, Dublin, 1988 ; N. McLeod, Early Irish Contract Law, Sydney, 1994 ;
N. McLeod, « Irish Law : significant numbers and the law of status », Peritia, 9 (1995),
p. 156-166 ; L. Breatnach, A Companion to the Corpus iuris Hibernici, Dublin, 2005 ; G. Man-
ning, Miadshlechtae, Dublin (sous presse).
23
que la même offense commise contre une personne d’un rang infé-
rieur. L’individu n’a de valeur qu’en tant que membre d’une catégo-
rie sociale dans l’échelle hiérarchique de son peuple. Le statut de
chaque catégorie est reflété par la valeur du « prix de l’honneur »
accordé à ses membres. Le prix de l’honneur (lóg n-enech, littérale-
ment « la valeur du visage ») est le prix de la compensation qui doit
être versée dans le cas d’une atteinte grave à l’intégrité de la personne
(meurtre, blessure, viol, insulte, vol etc.). Par exemple, la compensa-
tion pour un jeune fermier est d’une demie once d’argent, tandis
qu’elle atteint de cinq à quinze onces selon la catégorie du blessé dans
la hiérarchie de l’élite guerrière. En cas d’homicide, on ajoute au prix
de l’honneur le prix du corps (éiric, corpéiric, corpdíre, cró) qui est le
même pour tous les hommes libres.
Avant d’aborder les détails de cette hiérarchie, il convient de com-
prendre les divisions principales entre groupes sociaux. La principale
division sociale est celle qui existe entre hommes libres (sóer) et hom-
mes non libres (dóer). Ces derniers n’ont pas de prix de l’honneur et
ne possèdent pas de terres. Ce sont soit des serfs (le fuidir « tenan-
cier », généralement retenu pour dette, et le senchléithe « serf hérédi-
taire », attaché à la terre à perpétuité), soit des esclaves (mug « gar-
çon » ou cumal « fille/esclave ») qui sont des outils de travail apparte-
nant à leur maître. Une seconde division est celle qui existe parmi les
hommes libres entre les détenteurs d’un privilège (nemed) et les autres.
À l’origine, le terme nemed signifie « sacré » et la classe des nemid cor-
respondait à la première fonction indo-européenne, celle des prêtres
et des rois. Au viie siècle, elle comprend non seulement le roi et les
membres des classes savantes (druides, juges, poètes et ecclésiasti-
ques), mais aussi les artisans (forgerons, orfèvres, menuisiers, pein-
tres), qui obtiennent ce statut de franchise par l’excellence de leur
art. Elle inclut aussi la noblesse, qui comprend les tenants de la
deuxième fonction, la fonction guerrière. C’est une élite héréditaire
qui se maintient par la force de ses armes et par la puissance de son
capital, composé essentiellement de bétail. Les non-privilégiés appar-
tiennent à la troisième fonction, la classe des producteurs agricoles.
Ces derniers sont dépendants des privilégiés, en particulier de l’élite
guerrière, avec laquelle ils entretiennent un rapport de clientèle.
En se fondant sur la valeur du prix de l’honneur donné dans des
traités juridiques tels que le Críth Gablach « L’achat fourchu 3 », l’Urai-
24
cecht Becc « Le petit manuel élémentaire 4 » et les Míadslechta « Les
sections sur la dignité 5 », nous pouvons dresser une nomenclature
hiérarchique générale de la société laïque, qui se résume dans le
tableau suivant. Il convient toutefois d’avertir ici le lecteur que cette
nomenclature ne fait pas l’unanimité de tous les textes et n’inclut pas
les classes du savoir et de l’art, qui font l’objet d’une nomenclature
spéciale.
• Seigneurs
aire déso « noble de territoire » 5 onces
aire ard « haut noble » 7 onces et demie
aire tuíseo « noble supérieur » 10 onces
aire forgill « noble de témoignage supérieur » 15 onces
4
D. A. Binchy, Corpus iuris Hibernici, t. 2, p. 634-655 ; t. 5, p. 1590-1618 et t. 6, p. 2318-2335.
Il n’existe pas d’édition critique et les versions données dans le Corpus iuris Hibernici sont
tirées de trois manuscrits différents.
5
D. A. Binchy, Corpus iuris Hibernici, t. 2, p. 582-589.
25
26
8
De duodecim abusiuis saeculi, éd. S. Hellman, Pseudo-Cyprianus, De XII abusivis sæculi, Leipzig,
1909 (Texte und Untersuchungen zur Geschichte der altchristlichen Literatur, 34, 1).
27
9
De ordine creaturarum, éd. M. C. Díaz y Díaz, Liber de ordine creaturarum : un anónimo irlan-
dés del siglo VII, Saint-Jacques de Compostelle, 1972, § 2, 14 : Et quod in singulis hoc et in
gradibus potest esse, ut cum unus alterius officium facit illius etiam nomine censeatur (…). Et ali-
quando ex uicinitate aliorum graduum, alii gradus officia adsumunt.
10
Ibid. 8, 4-5 : Qui ideo nec remissionem nec redemptionem recipere merentur, nec possunt, quia de
sublimissimo statu sui ordinis ceciderunt (…) Humanum autem genus redemptionem a suo conditore
accipere idcirco promeruit, quia de inferiore adhuc sui ordinis gradu corruit.
11
De mirabilibus sacrae scripturae, PL, 35, col. 2149-2200, § 2 : et idcirco prolapsus iterum reuocari
minime potuit, qui de sublimissimo sui ordinis statu proruit.
28
12
H. Wasserschleben, Die irische Kanonensammlung, Leipzig, 1885. Sur la structure de
l’œuvre, voir T. M. Charles-Edwards, « The construction of the Hibernensis », Peritia, 12
(1998), p. 209-237.
13
R. E. Reynolds, « “At sixes and sevens” – and eights and nines : the sacred mathematics
of sacred orders in the early Middle Ages », Speculum, 54 (1979) p. 669-684, repris dans
Clerics in the Early Middle Ages : Hierarchy and Image, Vermont, 1999 (Variorum Collected Studies
Series).
14
Collectio canonum Hibernensis, 42, 22.
15
Ambrosiaster, Quaestiones Veteris et Novi Testamenti, 47, éd. A. Souter, CSEL, 50, Turn-
hout, 1908, p. 90. Le thème de la perfection du corps septiforme se trouve aussi chez
Augustin, De diversis quaestionibus octoginta tribus, éd. A. Mutzenbecher, CCSL, 44a, Turn-
hout, 1975, § 57 : At ipsa Ecclesia propter animam et corpus in eodem septenario numero repperitur
(corps = 4 + âme = 3 : cf. ibid. : septenario numero creatura constat, cum ternarius animae et qua-
ternarius corpori tribuitur).
29
16
Sur l’importance de l’évêque dans l’Église irlandaise, voir J.-M. Picard, « Pour une réé-
valuation du rôle et du statut de l’évêque dans l’Irlande du haut Moyen Âge », Médiévales,
42 (2002), p. 131-152.
17
R. E. Reynolds, « “At sixes and sevens”… », op. cit., p. 677-678.
18
La même conception de l’ordre hiérarchique se retrouve chez le pape Léon le Grand,
qui, lui aussi, compte les ordres supérieurs de 1 à 4, de l’évêque au sous-diacre : Leo Mag.,
Epist., PL, 54, col. 672 : Quod si in hoc ordine qui quartus a capite est, dignum est custodiri, quan-
tomagis in primo aut secundo uel tercio seruandum est, ne aut leuitico aut presbyterali honore, aut
episcopali excellentia quisquam idoneus estimetur, qui se a uoluptate luxurie necdum refrenasse dete-
gitur.
19
Collectio canonum Hibernensis, 9, Tit. : Liber IX. De acolito et psalmista et clericis, éd. Wassers-
chleben, Die irische…, op. cit., p. 26. La même structure se retrouve dans le texte vernacu-
laire des Bretha Nemed « Les jugements des nemed », où aux sept ordres (epscop, sacard, dechon,
suibdechon, líachtoir, exarcistid and dorsaid) sont ajoutés ceux de aclaid « acolyte », sailmchétlaid
« psalmiste » et cléirech « clerc ».
30
20
Voir, en particulier, D. Ó. Corráin, « Nationality and kingship in pre-Norman Ireland »,
in T. W. Moody (dir.), Nationality and the pursuit of national independence, Belfast, 1978,
p. 1-35 ; Id., « The early Irish churches : some aspects of organisation », in D. Ó. Corráin
(dir.), Irish antiquity : essays and studies presented to Professor M.J. O’Kelly, Cork, 1981, p. 327-341 ;
D. Ó. Corráin, L. Breatnach et A. Breen, « The laws of the Irish », Peritia, 3 (1984),
p. 382-438 ; L. Breatnach, « The significance of Bretha Nemed », Peritia, 3 (1984),
p. 439-459 ; F. Kelly, A Guide…, op. cit., p. 232-250.
21
Críth Gablach, § 3 : « Ceist : cateat grád túaithe ? Fer midboth, bóaire, aire désa, aire ard,
aire tuíseo, aire forgill 7 rí (Question : Quels sont les ordres du royaume ? Le jeune fermier,
le fermier, le noble de territoire, le haut noble, le noble supérieur, le noble de témoignage
supérieur et le roi) » ; cf. Córus Béscnai : « ócaire, bóaire, aire désa, aire ard, aire tuíseo, aire
forgaill 7 rí ».
22
Críth Gablach, § 2, éd. Binchy, op. cit., p. 1.
31
23
Uraicecht na Ríar, § 6, éd. Breatnach, op. cit., p. 104.
32
24
L. Dumont, Homo hierarchicus, Le système des castes et ses implications, Paris, 1979 (2e éd.),
chap. 2 ; voir aussi R. Deliège, Le système indien des castes, Lille, 2006, p. 59-86.
25
L. Breatnach, Uraicecht…, op. cit., p. 94-100.
26
Vita Columbae, éd. A. O. et M. O. Anderson, Adomnan’s Life of Columba, Edinburgh, 1961,
I, 14 : tibi a Deo totius Euerniae regni praerogatiuam monarchiae praedistinatam ; I, 36 : Diormitium
filium Cerbulis totius Scotiae regnatorem Deo auctore ordinatum ; totius regem trucidauit Scotiae. Les
hagiographes d’Armagh expriment le même concept dans un registre plus polémique :
Muirchú, Vita Patricii, éd. L. Bieler, Patrician Texts from the Book of Armagh, Dublin, 1979,
I, 10 : fuit rex quidam magnus ferox gentilisque, imperator barbarorum regnans in Temoria, quae tunc
erat caput regni Scotorum, Loiguire nomine filius Neill, origo stirpis regiae huius pene insolae.
33
27
J.-M. Picard, « L’Irlande chrétienne au viie siècle : la cité monastique », in F. Bougard
(dir.), Le christianisme en Occident du début du viie siècle au milieu du xie siècle, Paris, 1997,
p. 33-42 ; Id., « In platea monasterii : The layout of ecclesiastical settlements in Early Medieval
Ireland 7th-9th C. », in F. de Rubeis et F. Marazzi (dir.), Monasteri in Europa occidentale (secoli
VIII-XI) : topografia e strutture, Rome, 2008, p. 67-82.
28
Cogitosus, Vita Brigitae, AASS, Feb. I (1685) p. 135-141, Praef. 5.
34
Et sic in una basilica maxima populus Et ainsi, en une seule basilique immense,
grandis in ordine et gradibus et sexu et une vaste foule de gens, différents en statut,
locis diuersis, interiectis inter se parie- ordre, sexe et région d’origine, prie le maî-
tibus, diuerso ordine et uno animo tre tout puissant, séparés par des cloisons et
omnipotentem orant dominatorem 29. différents en statut, mais un en esprit.
29
29
Cogitosus, ibid., 32, 3.
30
Homiliarium Hibernico-Latinum, éd. R. Atkinson, The passions and the homilies from Leabhar
Breac, Dublin, 1887, § 15 : Hi ergo misericordes erunt in caelo (…) in unitate utriusque ecclesiae,
in unitate nouem graduum caelestium qui non peccauerunt.
31
Expositio quatuor euangeliorum, PL, 30, col. 556 : Bethania, id est, “domus obediens” ; col. 559 :
Cum autem esset in Bethania, id est, “in domo obedientiae” : hic domus pro mundo ponitur. Sur ce
texte du viie siècle, voir J. F. Kelly, « The Hiberno-Latin study of the Gospel of Luke », in
M. McNamara (dir.), Biblical studies : The Medieval Irish contribution, Dublin, 1976,
p. 10-29.
32
Missa pro defunctis, éd. Warren, Liturgy and ritual of the Celtic Church, Woodbridge, 1987
(2e éd.), p. 191 : Erat autem Bethania iuxta Hierusolimam quasei stadiis quindecim. Sur ce texte
du viiie siècle, voir B. Bischoff, « Neue Materialen zum Bestand und zur Geschichte der
altlateinischen Bibelübersetzung », in Miscellanea Giovanni Mercati I : Bibbia. Letteratura cris-
tiana antica, Cité du Vatican, 1946 (Studi e Testi, 121), p. 407-436.
33
Sur le princeps en Irlande, voir J.-M. Picard, « Princeps and principatus in the early Irish
Church : a reassessment », in A. P. Smyth (dir.), Seanchas : Studies in early and medieval Irish
archaeology, history and literature in honour of Francis J. Byrne, Dublin, 2000, p. 146-160.
34
Collectio canonum Hibernensis, I, 8-9 ; Paenitentiale Cummiani, 2, 1 : Episcopus faciens fornica-
tionem degradatus XII. annos paeniteat.
35
Synodus II Patricii, § 10 ; Collectio canonum Hibernensis, XI, 1.
35
36
Iohannes Scottus Eriugena, Periphyseon, V, éd. É. Jeauneau, CCCM, 165, Turnhout,
2003.
36
37
Jean Scot Érigène, Commentaire sur l’Évangile de Jean, I, 30, éd. É. Jeauneau, SC, 180,
Paris, 1972.
38
Sur le contexte irlandais de la Responsa contra Claudium de Dungal, voir J.-M. Picard, « Le
culte des reliques en Irlande (viie-ixe siècle) », in E. Bozóky et A.-M. Helvétius (dir.), Les
reliques. Objets, cultes, symboles, Turnhout, 1999, p. 39-55.
37
G
régoire le Grand, dès la fin du vie siècle, dans son homélie 34
sur l’Évangile, constitue une étape précoce de la diffusion de
l’œuvre de l’Aréopagite qu’il est le premier à mentionner
dans un texte latin. Comme toutes les homélies de Grégoire, elle a été
largement répandue mais on peut préciser son rôle dans l’angélologie
des auteurs médiévaux.
Grégoire le Grand a composé, et en partie prononcé lui-même,
quarante homélies sur l’Évangile au début de son pontificat, dans les
années 590-592 1. Elles se répartissent en deux groupes, le premier
comprend des homélies dictées qui ont été ensuite prononcées devant
le peuple par un notaire. En revanche, les homélies du deuxième
groupe (21-40) ont été prononcées par Grégoire lui-même. Ces deux
groupes préfigurent, en outre, la partie d’hiver et la partie d’été. L’ho-
mélie 34 se situe dans la seconde partie mais sa date exacte ne se laisse
pas immédiatement définir. Nous avons une indication interne à l’ho-
mélie elle-même puisque Grégoire commence ainsi : « La période
estivale, très contraire à ma santé, m’a empêché un long temps de
vous parler pour vous expliquer l’Évangile. Mais si la langue s’est tue
la charité n’a pas perdu en moi sa chaleur… » Ainsi, un été pourri a
longtemps empêché Grégoire de prendre la parole 2. L’homélie 34,
1
Gregorius Magnus, Homiliae in Evangelia, éd. R. Étaix, CCSL, 141, Turnhout, 1999.
Grégoire le Grand, Homélies sur l’Évangile, livre I, éd. R. Étaix, C. Morel et B. Judic, SC,
485, Paris, 2005.
2
L'étude fondamentale est désormais celle de J.-P. Bouhot, « Les homélies de saint Gré-
goire le Grand, histoire des textes et chronologie », Revue Bénédictine, 117/2 (2007),
p. 211-260. Il propose de nouvelles datations pour les homélies de Grégoire. Pour l’homé-
lie 34, il ne reprend pas du tout le système de Chavasse et Étaix. Il s’appuie, avant tout, sur
la mention d’un « temps long » entre l’homélie 33 et l’homélie 34. Comme l’homélie 33
est située au début de juillet, et que l’homélie 35, pour le 11 novembre fête de saint Mennas,
commence aussi par le rappel d’un été pénible, il situe l’homélie 34 au plus près de l’ho-
mélie 35, donc le dimanche 4 novembre 591. Le long développement angélologique est
lié uniquement à l’éclaircissement de la péricope. Je remercie Jean-Paul Bouhot de m’avoir
communiqué à l’avance cette importante étude, dont je ne peux malheureusement tirer
ici toutes les conséquences. Précédemment, A. Chavasse [« Les plus anciens types du lec-
tionnaire et de l’antiphonaire romains de la messe », Revue Bénédictine, 62 (1952), p. 3-94 ;
39
la plus longue de toute la collection 3, porte sur Luc 15, 1-10, la brebis
perdue et la drachme perdue. Deux grands thèmes sont développés
sur cette péricope : la pénitence, l’abstinence et le pardon (paragra-
phes 1-6 et 15-18), les anges (paragraphes 6b-14). Il faut souligner
que Grégoire se sent fortement encouragé à parler : « mais puisqu’est
revenu le temps de parler, votre zèle m’encourage et j’ai d’autant plus
de joie à m’adresser à vous que vos âmes l’attendent avec un plus
grand désir ». Grégoire est en mauvaise santé et pourtant sa parole
est attendue et souhaitée par son auditoire. Cette relation physique
avec l’auditoire est certainement très importante dans l’homélie 34 ;
elle explique sûrement la longueur de l’homélie et elle éclaire cette
phrase initiale sur l’encouragement à parler, sur la joie de Grégoire
en s’adressant à ses fidèles et sur le désir des fidèles de l’écouter.
L’homélie a été prononcée dans la basilique des Saints-Jean-et-Paul
qui se trouve sur le Caelius, à proximité de l’ancienne maison familiale
de Grégoire transformée par lui-même en monastère. Cette basilique
est l’héritière d’un titulus financé par un riche sénateur, Pammachius,
ami de saint Jérôme. On peut penser que cette localisation est aussi
un facteur de mise en confiance du pape – c’est semble-t-il la seule
homélie du recueil prononcée dans cette église ; il se sent à l’aise pour
développer plus longuement les thèmes de l’homélie 4.
Le premier thème, pénitentiel, est directement lié à la péricope
elle-même : « il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur
qui fait pénitence que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas
besoin de pénitence. » Sur ce thème, Grégoire utilise deux exempla :
l’histoire de David au paragraphe 16 et l’histoire, racontée au para-
40
5
Rien n’empêche d’imaginer que le monastère indéterminé dans lequel Victorien-Émilien
menait une vie exemplaire et ascétique était ce même monastère Saint-André, à proximité
immédiate de l’église dans laquelle Grégoire prononçait cette homélie.
41
6
Cf. Jérôme, Liber interpretationis hebraicorum nominum, CCSL, 72, p. 82 et 140. Grégoire
donne aussi les références scripturaires : Ap 12, 7 pour Michel ; Lc 1, 26-27 pour Gabriel ;
Tb 11, 13 pour Raphaël.
42
rejettent tout ce qui est terrestre, s’élèvent par l’esprit au-dessus des
choses du temps… ». Il est alors bien difficile d’assigner une catégorie
ecclésiastique particulière à ces personnages. Les ordres angéliques
justifient la hiérarchie entre les hommes du moins du point de vue
spirituel, paragraphe 12 : « Celui qui voit en lui de modestes dons,
qu’il n’envie pas aux autres de plus grands, car là-haut ont été établies
des distinctions (distinctiones) entre esprits bienheureux de telle sorte
que les uns soient préposés aux autres (ut aliae aliis sint praelatae). »
C’est alors que Grégoire cite explicitement Denys l’Aréopagite :
« On rapporte (Fertur) que Denys l’Aréopagite, un ancien et vénérable
Père, disait que les anges, venant des armées inférieures, sont envoyés
de façon visible ou invisible pour accomplir un ministère, c’est-à-dire
consoler les hommes comme anges ou archanges. Les armées supé-
rieures, elles, ne sortent jamais de leur propre intimité, les plus élevées
ne s’employant pas à un ministère extérieur. » Grégoire relève
cependant une contradiction : Isaïe 6, 6-7 évoque un séraphin qui
vole en tenant en main une braise avec une pince et il touche les lèvres
d’Isaïe avec cette braise. Le séraphin, situé tout en haut, pourrait-il
donc sortir à l’extérieur ? Grégoire explique que, dans ce cas, l’ange
reçoit son nom de la charge qu’il exerce, c’est-à-dire brûler. Et il
ajoute, paragraphe 13, une citation de Daniel 7, 10 pour confirmer
le fait que certains anges servent Dieu et d’autres assistent et entou-
rent Dieu. Il convient cependant pour Grégoire de souligner, pour
finir, l’étroite liaison entre tous les ordres angéliques. Le Psalmiste
(79, 2) dit : « Toi qui sièges sur les Chérubins, apparais ! » « En joi-
gnant tout en les distinguant les Chérubins aux Trônes, le Seigneur
montre en les égalant au chœur voisin qu’il siège aussi sur les Chéru-
bins 7. » Ce que chacun possède en particulier appartient aussi à l’en-
semble. Grégoire peut ainsi dans ces paragraphes 13 et 14 rappeler
un thème qui lui tient à cœur, l’alternance entre l’intériorité et l’ex-
tériorité et un principe de « communion universelle » : « par la charité
de l’Esprit tout est possédé par l’un dans les autres. » L’analyse menée
par Claude Carozzi sur cette homélie a le grand mérite de montrer à
la fois l’insistance sur le principe hiérarchique et l’impossibilité
concrète de suivre ce principe dans une réalisation totale 8. Claude
7
Dum in ipsis distinctionibus agminum Cherubin thronis jungitur, sedere etiam super Cherubin
Dominus ex vicini agminis aequalitate perhibetur.
8
C. Carozzi, « Hiérarchie angélique et tripartition fonctionnelle chez Grégoire le Grand »,
in C. Carozzi et H. Taviani-Carozzi (dir.), Hiérarchies et services au Moyen Âge, Aix-en-Pro-
vence, 2001, p. 31-50.
43
9
Si enim unam ovem lapsam humanam animam accipiamus in adam, quia etiam eva de illius latere
facta est, quorum omnium spiritaliter tractandorum et considerandorum nunc tempus non est, restat
ut nonaginta novem relictae in montibus, non humani, sed angeli spiritus intellegantur (Enarr. in
ps. 8, 12, CCSL, 38).
10
Sur Da 7, 10, même citation que dans l’homélie 34, Grégoire écrit : « Si donc ils [les
anges fidèles] le voient toujours, et toujours se tiennent en sa présence, il faut chercher
avec une attention diligente d’où ils viennent, eux qui ne s’éloignent jamais (…). Mais nous
trouvons assez vite la solution si nous tenons compte de la grande subtilité de la nature
angélique. Jamais les anges ne s’éloignent extérieurement de la vision de Dieu au point
44
d’être privés des joies de la contemplation intérieure. Si, dans ces missions, ils perdaient la
vision de leur Créateur, ils seraient incapables de relever ceux qui sont tombés et d’annon-
cer la vérité à ceux qui l’ignorent… » Mor. 2, 3, 3, trad. A. de Gaudemaris, notes de
R. Gillet, SC, 32bis, Paris, 1975, p. 257-259. Cf. aussi Augustin, Conf. VII, 11, 7. Voir
également C. Micaelli, « Riflessioni su alcuni aspetti dell’angelologia di Gregorio Magno »,
in Gregorio Magno e il suo tempo, Rome, 1991, p. 301-314. Grégoire a déjà traité des anges
dans HomÉv 1, 2 (six groupes d’anges), HomÉv 26, 10 (cinq groupes). Il y revient aussi dans
HomEz I, hom 8, 20 dans un passage qui suppose une liste de neuf et qui associe les Trônes
au saphir dans la liste des pierres précieuses. En outre, le sacramentaire grégorien donne
cinq groupes d’anges dans la prière du sanctus, mais cette prière est peut-être antérieure à
Grégoire lui-même.
11
Sur Jb 40, 14, ipse est principium viarum Dei [Behemoth] est lui-même la tête des voies de
Dieu ; Hinc est quod primatus ejus potentiam adhuc insinuans idem propheta, subjungit : « Omnis
lapis pretiosus operimentum tuum, sardius et topazius et jaspis, chrysolithus, onyx, et berillus, sapphi-
rus, carbunculus et smaragdus » (Ez 28, 13). Novem dicit genera lapidum, quia nimirum novem sunt
ordines angelorum. Nam cum per ipsa sacra eloquia angeli, archangeli, throni, dominationes, virtutes,
principatus, potestates, cherubim, et seraphim, aperta narratione memorantur, quantae sint superno-
rum civium distinctiones ostenditur (Mor. 32, 23, 47).
12
Cf. J. M. Petersen, « Did Gregory the Great Know Greek ? », Studies in Church History, 13
(1976), p. 121-134. Id., « Greek influences upon Gregory the Great’s Exegesis of Luke 15,
1-10 in Homelia in Evangelium II, 34 », in J. Fontaine, R. Gillet et S. Pellistrandi, dir.,
Grégoire le Grand, Paris, 1986, p. 521-530. Id., « Homo Omnino Latinus. The Theological
and Cultural Background of Pope Gregory the Great », Speculum, 62 (1987), p. 529-551.
Id., The Dialogues of Gregory the Great in their late antique cultural background, Toronto, 1984.
45
(…) examinons encore, autant qu’il est en notre pouvoir : pourquoi est-il
dit qu’à l’un des porte-parole de Dieu un Séraphin est envoyé ? [cf. Is 6,
6-7] On pourrait s’embarrasser en voyant que non point l’un des anges
subordonnés mais celui même qui a rang parmi les essences les plus véné-
rables purifie l’interprète des secrets divins. Certains répondent qu’en
vertu de cette communion déjà invoquée entre tous les esprits ce n’est
point l’un des esprits de premier rang, vivant autour de Dieu, mais plutôt
que l’un des Anges qui nous sont préposés, en tant qu’il reçût la sainte
charge de purifier le prophète, a été appelé du même nom que les Séra-
phins, puisque c’est à la manière d’un incendie qu’il effaça les péchés
rapportés par les Dits… et ils ajoutent qu’en parlant simplement de l’un
des Séraphins les Dits ne désignent point l’un de ceux qui siègent autour
de Dieu mais l’une des Puissances purificatrices qui nous sont assi-
gnées 14.
Contra Petersen : G. J. M. Bartelink, « Pope Gregory the Great’s Knowledge of Greek », in
J. C. Cavadini, dir., Gregory the Great : A Symposium, Notre Dame, 1995, p. 117-136 (il
n’évoque pas du tout l’homélie 34).
13
Cf. C. Dagens, Saint Grégoire le Grand. Culture et expérience chrétiennes, Paris, 1977, p. 151-152.
C. Straw, Gregory the Great Perfection in Imperfection, Univ of California Press, 1988,
p. 29-37.
14
Denys l’Aréopagite, De la hiérarchie céleste, XIII, 1, intro. R. Roques, trad. M. de Gan-
dillac, SC, 58bis, Paris, 1970. La note de l’édition SC est d’ailleurs éclairante : « L’hypo-
thèse qu’un Séraphin fut délégué à une fonction qui est normalement celle du dernier
ordre est exclue aussi bien par Denys que par Grégoire le Grand et saint Thomas… l’An-
gélique distingue quatre dispositions d’esprits “assistant” et cinq d’esprits “administrateurs”
dont seules les deux dernières ont une mission “annonciatrice”. On a ici un exemple frap-
pant de “vision du monde” (de caractère en partie profane) invoquée par des théologiens
pour refuser l’interprétation la plus obvie d’un texte scripturaire. »
46
15
Cf. R. Roques, L’univers dionysien : structure hiérarchique du monde selon le Pseudo-Denys, Paris,
1954. Voir aussi R. F. Hathaway, Hierarchy and the Definition of Order in the Letters of Pseudo-
Dionysius, La Haye, 1969.
16
J. M. Petersen, The Dialogues of Gregory the Great…, op. cit., p. xvii : « Scholars working on
one or other aspects of Gregory’s life and teaching have commonly assumed that, in spite
of his six years’ sojourn as apocrisiarius in Constantinople, he knew no Greek, and that
consequently he was uninfluenced by Eastern Christian spirituality and theology. Many
instances of this view could be cited ; one of the most recent is to be found in an article by
Claude Dagens published in 1975. »
47
17
Anastase, patriarche d’Antioche destitué par Justin en 570, se trouvait à Constantinople
en même temps que Grégoire et ils se lièrent d’amitié à en juger par Ep. 1, 6 ; 1, 7 ; 1, 25
dans lesquelles Grégoire lui parle de manière très personnelle et intime comme il le fait
aussi pour Léandre de Séville. Anastase reçut aussi la lettre synodale, Ep. 1, 24, puisque
Grégoire le considérait toujours comme patriarche et il intervient dès le début de son
pontificat auprès de l’empereur Maurice en faveur d’Anastase qui, de fait, retrouva son
siège en 593 ou 594, cf. Ep. 5, 42. Dans cette dernière lettre, Grégoire exprime à nouveau
des sentiments personnels et souligne que saint Ignace est « non seulement vôtre mais aussi
nôtre ». En 597, Ep. 7, 24 concerne l’opposition de Grégoire au titre « œcuménique » du
patriarche de Constantinople et Ep. 7, 31 concerne différents textes grecs traduits en latin ;
Ep. 8, 2 à nouveau lettre personnelle. Par Ep. 12, 6, de janvier 602, nous savons qu’Anastase
traduisit la Règle pastorale en grec à la demande de l’empereur Maurice. R. Lizzi (« La tra-
duzione greca delle opere di Gregorio Magno : dalla Regula pastoralis ai Dialogi », in Gre-
gorio Magno e il suo tempo II Questioni letterarie e dottrinali, Rome, 1991, p. 41-57) montre que
l’Anastase mentionné dans Ep. 12, 6, doit être Anastase II, successeur d’Anastase I sur le
siège d’Antioche à la mort de ce dernier en 599. Mais la présence du Pastoral à Antioche
résulterait bien des liens étroits entre Grégoire et Anastase I, qui séjourna peut-être à Rome.
J. M. Petersen (« Homo Omnino Latinus… », op. cit.) avait fait l’hypothèse du médecin
Aristobule et de l’évêque Domitien de Mélitène, mais pas d’Anastase d’Antioche.
48
Les homélies de Grégoire ont connu une très large diffusion. Mais
l’homélie 34 est encore plus diffusée par son insertion très précoce
dans des homéliaires. Le Sermonnaire vatican de la fin du viie siècle et
ses dérivés recopient, sous le nom de Grégoire, pour la fête du Saint-
Ange, les seuls chapitres 6b à 14 de l’homélie 34. Raymond Étaix
suppose d’ailleurs que les seuls emprunts sûrs d’Isidore aux Homélies
de Grégoire dans les Sentences viendraient du Sermonnaire du Vatican
et non pas directement du recueil des quarante homélies. On sait en
effet que la notice d’Isidore sur Grégoire manifeste son ignorance du
recueil des quarante homélies. Par ailleurs, Isidore présente, dans les
Étymologies, le principe des neuf ordres angéliques et la même liste que
Grégoire dans l’homélie 34 20. À partir d’Isidore, la formule se retrouve
chez Beatus de Liébana 21.
18
Sur Jb 31, 15 : Ne les a-t-il pas créés comme moi dans le ventre ? Un même Dieu nous
forma dans le sein. Omnes homines natura aequales genuit, sed, variante meritorum ordine, alios
aliis dispensatio occulta postponit, Mor 21, 15, 22-24 ; sur dispensatio, C. Ricci-Wallraff, Mys-
terium dispensationis, tracce di una teologia della storia in Gregorio Magno, Rome, 2002.
19
Cf. J. Batany, « Tayon de Saragosse et la nomenclature sociale de Grégoire le Grand »,
Archivum Latinitatis Medii Aevi [Bulletin Du Cange], 37 (1970), p. 173-182.
20
Cf. R. Étaix, CCSL, 141, p. xxvii, note 32. Isidore de Séville, Étymologies, livre VII, 5,
4, De Deo, angelis et fidelium ordinibus, PL, 82. Isidore reprend aussi la liste de l’homélie 34
dans le De ordine creaturarum (PL, 83, col. 917a). Voir l’important article d’E. C. Lutz, « In
niun schar insunder geordent gar. Gregorianische Angelologie, Dionysius-Rezeption und
volkssprachliche Dichtungen des Mittelalters », Zeitschrift für Deutsche Philologie, 102 (1983),
p. 335-376.
21
Beatus de Liébana, Commentarius in Apocalypsin, lib. 2, prologus, cap. 1, 16, éd. H. A.
Sanders, Papers… of the American Academy in Rome, 7 (1930), p. 105.
49
Que feront les méchants alors que même les saints trembleront devant
l’immense majesté de Jésus-Christ, le fils de Dieu ? Si c’est à peine que le
juste échappe, où se montrera l’impie ? C’est là que les Anges prendront
peur, là que trembleront les Archanges, les Trônes et les Puissances, les
Principautés et les Vertus, les Chérubins et les Séraphins et les Domina-
tions. Alors Jésus-Christ s’assiéra sur le trône d’éternité et le chœur de tous
les saints patriarches, prophètes, apôtres, martyrs et confesseurs sera
assemblé devant lui…
22
K. Strecker a utilisé cinq manuscrits, dont : Verona, Bib. Capitulaire, cod. XC (85),
ixe s., fol. 10v-11r ; Paris, BnF, lat. 1154, Saint-Martial de Limoges, ixe s., fol. 121r et deux
manuscrits de Bruxelles du xe siècle, cf. MGH, Poetae Latini Aevi Carolini, IV, p. 521 ; trad.
dans D. Norberg, Manuel pratique de latin médiéval, Paris, 1968, p. 155-164 à partir de
Clermont-Ferrand, BM, 189, xie s., fol. 149v.
50
Les Dominations sont un ordre, l’un des neufs ordres des anges, en effet
il y eut dix ordres des anges, mais le dixième ordre a chuté, et il s’est
transformé, par orgueil, en diable. Les neufs autres ordres sont demeurés
dans leur sainteté. Voici leurs noms ; anges, archanges, vertus, principau-
tés, puissances, trônes, dominations, chérubins, séraphins. Les noms de
ces deux derniers ordres ne sont pas latins. En effet chérubin signifie
plénitude de la science, séraphin signifie l’incendie ; les noms des autres
ordres sont latins, sauf anges et archanges. En effet anges signifient
envoyés, et archanges très hauts envoyés.
23
Letantur chori principales virtutum / Cherubin ordo cum Seraphin socio / De tam terrendo rege
apostolico / Trepudiantque gaudio perenniter / Virginum agmen adit eius obviam… Novem sunt vero
ordines angelice / Michahel primus quis ut deus dicitur / Secundus quippe Gabriel pernuntius /
Coniunxit celi regnum que cum virgine / Medicus tertius Raphahel magnificus. Ce poème est édité
à partir de Paris, BnF, lat 17655, Corbie, fol. 97-99. Voir D. Norberg, « Der kleine Sigfred
von Corbie und Gregor der Grosse », in A. Lehner et W. Berschin, Lateinische Kultur im
VIII. Jahrhundert. Traube Gedenkschrift, Sankt-Ottilien, 1989, p. 195-207. Au viiie siècle, l’Ora-
tio sancti Brandani (éd. P. Salmon, CCCM, 47, Turnhout, 1977, cap. 9) contient une formule
de prière avec les trois archanges, des groupes d’anges, les chérubins et les séraphins, mais
sans atteindre le nombre de neuf.
24
Raban Maur, In honorem sanctae crucis, éd. M. Perrin, CCCM, 100-100a, Turnhout, 1997 ;
Carmina, carmen 39 (éd. E. Dümmler, MGH P.L.A.C. 2, 1884, p. 198, str. 14) : Bonos creavit
angelos / ordines et archangelos / principatus et virtutes / thronos et dominationes / potestates et
cherubin / gloriosa et seraphin ; Liber de sacris ordinibus, sacramentis divinis et vestimentis sacerdo-
talibus ad Thiotmarum, c. XIX De ordine missae (PL, 112, col. 1181) : (…) Dominationes unus
ordo dicitur de novem ordinibus angelorum, nam decem fuerunt ordines angelorum, sed decimus ordo
cecidit, et versus est, per superbiam in diabolum. Novem autem permanserunt in sanctitate sua. Haec
51
sunt nomina eorum : angeli, archangeli, virtutes, principatus, potestates, throni, dominationes, che-
rubin, seraphin. Istorum duorum nomina non sunt latina. Cherubin enim plenitudo scientiae inter-
pretatur, seraphin incendium dicitur ; cetera nomina supradictorum ordinum latina sunt, nisi ange-
lorum et archangelorum. Nam angeli nuntii, archangeli vero excelsi nuntii dicuntur. Gregorius papa
Romanus in homilia sua quam super lectionem evangelicam fecit, ubi ita legitur : Erant appropin-
quantes ad Jesum publicani et peccatores ut audirent illum (Luc XV, 1) plenissime de praedictis ordi-
nibus exposuit. Voir E. C. Lutz, « In niun schar insunder… », op. cit.
25
Haymon [d’Auxerre], Homiliae de tempore, Homilia CXIV, PL, 118, col. 613c-d. Heiric
d’Auxerre, Homiliae per circulum anni, pars hiemalis, hom. 2, éd. R. Quadri, CCCM, 116,
Turnhout, 1992. Cf. D. Iogna-Prat, C. Jeudy et G. Lobrichon, dir., L’École carolingienne
d’Auxerre de Muretach à Remi, 830-908, Paris, 1991. E. C. Lutz (« In niun schar insunder… »,
ibid.) souligne le cas de Sedulius Scottus, Collectaneum in Apostolum, vol. II (in espit. ad
Ephesios), cap. 1, v. 21, p. 563, éd. H. J. Frede et H. Stanjek, Vetus latina. Aus der Geschichte
der lateinischen Bibel, Bd 31 et 32 : Super omnem principatum et potestatem et virtutum et domina-
tionum et reliqua (Ephes. 1, 21). Novem autem angelorum scimus ordines : Angelos, Archangelos,
Virtutes, Potestates, Principatus, Dominationes, Thronos, Cherubin, Seraphin… On notera aussi la
présence du thème angélique chez Aethicus cosmographia, cap. 2, p. 96 (éd. O. Prinz,
Munich, 1993), et dans la Vita Amandi II de Milon de Saint-Amand (MGH, SRM V,
p. 468).
26
Y. de Andia, dir., Denys l’Aréopagite et sa postérité (colloque 1994), Paris, 1997, en part. J. Iri-
goin, « Les manuscrits grecs de Denys l’Aréopagite en Occident, les empereurs byzantins
et l’abbaye royale de Saint-Denis en France », p. 19-30 et E. Jeauneau, « L’abbaye de Saint-
Denis introductrice de Denys en Occident », p. 361-378 : Jean Scot Erigène raconte la
52
53
30
R. Étaix, « Les homéliaires patristiques du Mont-Saint-Michel », in Dom J. Laporte, dir.,
Millénaire monastique du Mont-Saint-Michel, t. 1 (Histoire et vie monastique), Paris, 1966,
p. 399-415, repris dans Homéliaires patristiques latins, Paris, 1994, p. 275-291. Manuscrit 211 :
fol. 171b-179d, Angelorum et hominum naturam… tergamus maculas pulveris nostri (Grégoire
le Grand, Hom. 34 in Evang., § 6-15, PL, 76, col. 1249c-1256a). Sur le culte de saint Michel :
P. Bouet, G. Otranto et A. Vauchez, dir., Culte et pèlerinage à Saint Michel en Occident. Les
trois monts dédiés à l’archange, Rome, 2003. E. Poulle, P. Bouet et O. Desbordes, dir., Car-
tulaire du Mont-Saint-Michel. Fac-similé du manuscrit 210 de la Bibliothèque municipale d’Avranches,
Les Amis du Mont-Saint-Michel, 2005.
31
E. C. Lutz (« In niun schar insunder… », op. cit.) montre le développement de l’angélo-
logie grégorienne au cours du Moyen Âge. Il souligne en particulier les débuts de la récep-
tion du Pseudo-Denys au xiie siècle en même temps que la préservation de la tradition
grégorienne. Il développe la fortune du thème angélique au xiiie siècle dans les littératures
vernaculaires, en ancien allemand (Rudolf von Ems), en ancien français (Brunetto Latini)
et en italien (Dante, Paradis, chant 28).
54
L
e terme « hiérarchie » – du grec hieros (sacré) et archos (fonde-
ment, commencement, commandement) – est d’apparition
relativement tardive dans l’Histoire. Le grec ancien l’ignore et
le Nouveau Testament n’en fait pas usage. Son emploi est directement
lié à l’œuvre d’un néoplatonicien chrétien, sans doute actif en Syrie
dans les années 480-500, connu sous le nom de Pseudo-Denys l’Aréo-
pagite.
La latinité classique connaît hieraticus, employé par Pline, mais pas
hierarchia. De même, la première latinité médiévale ne connaît que
hieraticus et hierarcha. Rufin puis Grégoire le Grand font de « hiérati-
que » un qualificatif un peu précieux s’appliquant à tout ce qui tou-
che les clercs ou les premiers d’entre eux, les prêtres. Dans ses Éty-
mologies, au chapitre des supports de l’écrit (VI, 10, 3), Isidore de
Séville classe le papyrus en trois sortes (auguste, lybienne, hiérati-
que), la troisième étant affectée aux livres sacrés ; plus loin, au cha-
pitre des couleurs (XVI, 15, 19), il qualifie de « hiératique » un ton
ressemblant à la couleur de l’épervier. Le terme hierarchia n’apparaît
dans le monde latin qu’au tournant des années 800. Un rapide exa-
men dans une concordance lexicale automatisée d’usage courant,
telle la concordance du Corpus christianorum (CTLC 5), permet de
prendre la mesure de la soudaineté de l’apparition : aucune occur-
rence dans les deux premiers volumes (des origines chrétiennes au
*
Une première version de ce travail a été présentée lors d’une journée d’études de l’UMR
5594 du CNRS à Dijon, le 14 avril 2006. Je remercie E. Magnani, A. Rauwel et D. Russo de
leurs remarques critiques. Abréviations utilisées :
• Denys l’Aréopagite : Denys l’Aréopagite et sa postérité en Orient et en Occident, éd. Y. de Andia,
Paris, 1997 (collection des Études Augustiniennes, série Antiquité, 151) ;
• Hankey : W. J. Hankey, « Dionysius dixit, lex divinitatis est ultima per media reducere, Aquinas,
hierocracy and the Augustinisme politique », Medioevo, 18 (1992), p. 119-150 ;
• HC, HE, TM : Pseudo-Denys l’Aréopagite, Hiérarchie céleste, Hiérarchie ecclésiastique,
Théologie mystique, PG, 3 (trad. M. de Gandillac, Paris, 1942).
55
1
Paschase Radbert, In Matheo, VIII, 18, éd. B. Paulus, CCCM, 56a, Turnhout, 1984,
p. 880, l. 2687-2689.
2
Guillaume Durant, Rationale diuinorum officiorum, I, 8, 18, éd. A. Davril et T. M. Thi-
bodeau, CCCM, 140, Turnhout, 1995, p. 205-206, l. 288-293.
3
Raymond Lulle, Liber disputationis Petri et Raimundi, éd. A. Oliver et M. Senellart,
CCCM, 78, Turnhout, 1988, 5, l. 509.
56
1.2. Dionysisme et érigénisme
Jean Scot (Érigène) ne traduit pas simplement l’œuvre du Pseudo-
Denys ; il l’interprète aussi minutieusement dans ses propres écrits,
4
Grégoire le Grand, Homélie 34 sur l’Évangile, PL, 76, col. 1254b. C. Carozzi (« Hiérarchie
angélique et tripartition fonctionnelle chez Grégoire le Grand », in C. Carozzi et H. Taviani-
Carozzi (dir.), Hiérarchies et services au Moyen Âge, Aix-en-Provence, 2001, p. 31-51) y voit
même la source de l’une des premières attestations de schéma tripartite et trifonctionnel
dans l’Occident médiéval. Voir dans ce volume la contribution de B. Judic.
5
J. Irigoin, « Les manuscrits grecs », in Denys l’Aréopagite, p. 19-29 (p. 19-20).
6
MGH, Epistolae, III, p. 529, l. 19-22.
57
Ô Denys […]
Du haut de ton céleste trône, jette un regard favorable
Sur les offrandes votives de Charles, ton fils : il orne tes saintes reliques
Et ton temple chéri de parures magnifiques,
Où, telles des flammes, étincellent les gemmes et l’or.
Des nuages d’encens enveloppent et embaument les autels.
Les chants harmonieux du chœur (le thiase) s’élèvent vers les Cieux.
Les ministres sacrés préparent la sainte Cène 9.
7
Bonne mise au point récente sur le « dionysisme » de l’Érigène par C. Arruzza, « Ordo e
mediazione gerarchica nelle Expositiones in ierarchiam coelestem di Giovanni Scoto Eriugena »,
Studi medievali, 3e s., 44/1 (2003), p. 117-145.
8
N. Staubach, Rex Christianus. Hofkultur und Herrschaftspropaganda im Reich Karls des Kahlen,
II (Die Grundlagen der « religion royale »), Cologne, 1993 (Pictura et Poësis, 2/II).
9
Jean Scot, Carmina, IV, 2, v. 12-20, MGH, Poetae aevi carolini, III, p. 545, v. 14-20, trad.
É. Jeauneau, « L’abbaye de Saint-Denis », in Denys l’Aréopagite, p. 361-378 (p. 368) : Prospice
caelestis uitae de sedibus altis / Vota tui TEKNI Karoli tua ΛΕΙΨAΝA sancta / Ornantis gratamque
tuam magnalibus aedem, / Instar flammarum gemmis flagrantibus, auro. / Undique turicremis redo-
58
lent altaria fumis ; / Harmonici cantus ΦΙΑCΩΤΩΝ sidera pulsant ; / Officio uatum sanctissima
cena paratur…
10
Jean Scot, Expositiones in Hierarchiam caelestem, I, 534-539, éd. J. Barbet, CCCM, 31,
Turnhout, 1975, p. 15-16 : Materialia lumina, siue que naturaliter in celestibus spatiis ordinata
sunt, siue que in terris humano artificio efficiuntur, imagines sunt intelligibilium luminum ac super
omnia ipsius uere lucis, que illuminat omnem hominem uenientem in mundum, que semper et inex-
tinguibiliter in angelicis humanisque intellectibus ardet ; cité par É. Jeauneau, « L’abbaye de
Saint-Denis », in Denys l’Aréopagite, p. 376, et J. Wirth, L’image à l’époque romane, Paris, 1999,
p. 372.
11
A. Louth, « St Denys the Areopagite and the iconoclast Controversy », in Denys l’Aréopagite,
p. 329-339.
12
MGH, Epistolae, V, III, 2, p. 5-57 (c. 36, p. 32-33).
13
TM, 1, 3, col. 1000d, trad. latine Jean Scot, PL, 122, col. 1173.
59
14
H. L. Kessler, Spiritual Seeing. Picturing God’s Invisibility in Medieval Art, Philadelphie,
2000, chap. 6, p. 104-148 (p. 123).
15
P. Skubiszewski, « Ecclesia, christianitas, regnum et sacerdotium dans l’art du xe-xie siècle.
Idées et structures des images », Cahiers de civilisation médiévale, 38 (1985), p. 133-179.
16
Je dois cette remarque à D. Russo. Sur les images globales d’Église, voir, outre l’étude de
P. Skubiszewski, H. Toubert, « Les représentations de l’Ecclesia dans l’art des xe-xiie siècles »,
in Ead., Un art dirigé. Réforme grégorienne et iconographie, Paris, 1990, p. 37-63.
17
Sur cette dernière question : É. Jeauneau, « Jean de Salisbury et la lecture des philoso-
phes », Revue des études augustiniennes, 29 (1983), p. 145-174.
60
18
Rex prius angelicas, quae est lux, iubet esse cohortes / Pressius his diuam suimetque impressit ideam.
/ Hoc tam grande bonum nil fecit habere lutosum / Ordinibus nouem distinxit stemma beatum.
19
Fulbert de Chartres, Ep. 1 (à Abbon de Fleury), éd. F. Behrends, The Letters and Poems
of Fulbert de Chartres, Oxford, 1976, p. 2-9 (p. 2) : Denique ut participando superessentiam deita-
tis deus fias, sic te resaluto…
20
D. Iogna-Prat, Agni immaculati. Recherches sur les sources hagiographiques relatives à saint
Maieul de Cluny (954-994), Paris, 1988, p. 121-141 et 313-318.
61
21
Adalbéron de Laon, Carmen ad Rotbertum regem, éd. et trad. C. Carozzi, Paris, 1979 (Les
classiques de l’histoire de France au Moyen Âge, 42), v. 192-195, 204-207 et 218 (renvoi
au Pseudo-Denys).
22
Adalbéron de Laon, Carmen…, ibid., v. 295-300.
62
23
Sur ces trois mouvements : C.-A. Bernard, « La triple forme du discours théologique
dionysien au Moyen Âge », in Denys l’Aréopagite, p. 501-513 (p. 506).
24
HC, III, 2, col. 165a (trad. p. 196).
25
HC, XII, 2, col. 292d-293a (trad. p. 225-226).
63
26
HE, V, 7, col. 508d-509a (trad. p. 300).
27
HC, IX, 2, col. 260a-b (trad. p. 218-219).
28
R. Roques, L’univers dionysien. Structure hiérarchique du monde selon le Pseudo-Denys, Paris,
1983, p. 319-329.
29
HE, III, 5, col. 432a (trad. p. 269).
64
2.2. Hiérarchie ecclésiastique
Le faible intérêt porté par les historiens à la réception de l’œuvre
du Pseudo-Denys dans l’Occident latin explique l’absence (ou la
quasi-absence) de toute évaluation des effets ecclésiologiques du sys-
tème hiérarchique dionysien. C’est cette délicate question qu’il
convient maintenant d’aborder.
30
HE, VI, 2 et 3 (trad. p. 308-309).
31
A. Faivre, Naissance d’une hiérarchie. Les premières étapes du cursus clérical, Paris, 1977,
p. 203.
32
G. Bührer-Thierry, « Compte rendu » [C. van Rhijn, Shepherds of the Lord. Priests and
Episcopal Statutes in the Carolingian Period, Turnhout, 2007 (Cultural Encounters in Late
Antiquity and the Middle Ages, 6)], The Medieval Review (24-01-2008).
65
33
Venance Fortunat, Carmina, VIII, 3, in Id., Poèmes, II, éd. et trad. M. Reydellet, Paris,
2003, p. 129-146 (v. 129 sq.).
34
Milon, Vita sancti Amandi, MGH, SRM, V, 5, p. 428-485 (p. 468 et 474).
35
Sur les sacramentaires de Fulda et leurs illustrations : É. Palazzo, Les sacramentaires de
Fulda. Étude sur l’iconographie et la liturgie à l’époque ottonienne, Münster i. W., 1994 (Litur-
giewissenschaftliche Quellen und Forschungen, 77), spéc. p. 73-76.
36
H. Toubert, « Les représentations de l’Ecclesia… », op. cit., p. 59.
66
37
G. Philippart, « Le saint comme parure de Dieu, héros séducteur et patron terrestre
d’après les hagiographes lotharingiens du xe siècle », in J.-Y. Tilliette (dir.), Les fonctions
des saints dans le monde occidental (iiie-xiiie siècle), Rome, 1991 (Bibliothèque de l’École française
de Rome, 149), p. 123-142 (p. 131 et 141).
38
D. Iogna-Prat, Agni immaculati…, op. cit., p. 316.
67
39
T. Suarez-Nani, « Angélologie », in C. Gauvard, A. de Libera et M. Zink (dir.), Diction-
naire du Moyen Âge, Paris, 2002, p. 57-59.
40
P. Faure, « L’ange du haut Moyen Âge », Médiévales, 15 (1988), p. 31-48 (p. 36-41).
41
J. Deshusses, Le sacramentaire grégorien, t. 2, Fribourg, 1988 (Spicilegium friburgense, 24),
p. 14 et 47-48.
68
42
Raoul Glaber, Histoires, II, 4, 6, éd. et trad. M. Arnoux, Turnhout, 1996, p. 100-103.
43
D. Iogna-Prat, La Maison Dieu. Une histoire monumentale de l’Église au Moyen Âge, Paris,
2006.
44
HE, V, 6, col. 508b (trad. p. 299).
69
45
Garnier de Langres, Sermo XXXVII in dedicatione ecclesiae, PL, 205, col. 806-812
(col. 808b).
46
Entre autres exemples du ixe et surtout du xe siècle : Alode, abbé de Saint-Germain
d’Auxerre (Les gestes des évêques d’Auxerre, éd. et trad. M. Goullet, G. Lobrichon et M. Sot,
Paris, 2002 [Les classiques de l’histoire de France au Moyen Âge, 42], 8, p. 50-51) ; l’abbé
de Fulda, primat et archimandrite (JL Reg. 3739) ; Odon de Cluny, archimandrite de monas-
tères romains (Destructio Farfensis, MGH, SS, 11, p. 536) ; Alphonse, abbé de Montolieu
(J. Vaissette, Cl. de Vic, Histoire générale du Languedoc, V, Preuves, n° 53 ; cité par M. Zim-
mermann, Écrire et lire en Catalogne (ixe-xiie siècle), Madrid, 2003, t. 2, p. 708, n. 235). Dans
une bulle du 23 avril 972, le pape Jean XIII qualifie Saint-Remi de Reims d’« archimonas-
terium », cf. Papsturkunden 896-1046, éd. H. Zimmermann, t. 1, Vienne, 1984 (Österreichi-
sche Akademie der Wissenschaften, Philosophisch-historische Klasse, Denkschriften, 174),
n° 218, p. 427-429 (je tiens cette indication de M.-J. Gasse, que je remercie). Sur la question
du multi-abbatiat et des titulatures afférentes, voir J. Wollasch, Mönchtum des Mittelalters
zwischen Kirche und Welt, Munich, 1973 (Münstersche Mittelalter Schriften, 7), spéc. p. 20
et 36.
70
47
O. Guillot, Le comte d’Anjou et son entourage au xie siècle, Paris, 1972, t. 1, p. 153-154, et
t. 2, catalogue d’actes, C 30, p. 38 (copie du cartulaire de Saint-Aubin, de la fin du xie siè-
cle).
48
Sur cette question, voir la contribution de S. Patzold dans ce volume.
49
Das Register Gregors VII., VI, 35, éd. E. Caspar, Berlin, 1923 (MGH, Epistolae selectae, II,
réimpression, Munich, 1978), 2, p. 450-452 (p. 450-451) : Ad hoc enim diuine dispensationis
prouisio gradus et diuersos constituit ordines esse distinctos, ut, dum reuerentiam minores potioribus
exhiberent et potiores minoribus dilectionem impenderent, una concordia fieret ex diuersitate, contextio
et recte officiorum gigneretur administratio singulorum. Neque enim uniuersitas alia poterat ratione
subsistere, nisi huiusmodi magnus eam differentie ordo seruaret. Quia uero creatura in una eademque
equalitate gubernari vel uiuere non potest, celestium militiarium exemplar nos instruit, quia, dum sint
angeli sint archangeli, liquet, quia non equales sunt, sed in potestate et ordine, sicut nosti, differt alter
ab altero. Si ergo inter hos, qui sine peccato sunt, ista constat esse distinctio, quis hominum abnuat
huic se libenter dispositioni submittere ? Hinc etenim pax et caritas mutua se uice complectuntur et
manet firma concordie in alterna et Deo placita dilectione sinceritas, quia igitur unumquodque tunc
salubriter completur officium, cum fuerit unus, ad quem possit recurri, prepositus.
71
50
Voir ci-dessus, n. 3.
51
Par exemple : Pierre le Mangeur, Sermo 18, PL, 198, col. 1769-1772 (col. 1770c) ;
Thomas d’Aquin, In libros sententiarum Petri Lombardi, 2, 9, q. 1, a. 1, éd. et trad. italienne,
C. Pandolfi et R. Coggi, t. 2, Bologne, 2000, p. 434 (sur l’héritage dionysien mâtiné d’aris-
totélisme de Thomas voir Hankey).
72
3. Hiérarchie sociale
73
52
L. Dumont, Essais sur l’individualisme. Une perspective anthropologique sur l’idéologie moderne,
Paris, 1983 [éditions revues, Paris, 1985 et 1991 (coll. « Point »)], p. 69.
53
Hankey, p. 133, 137 et 140-141.
74
54
Unam sanctam (novembre 1302), éd. E. Friedberg, Corpus iuris canonici, t. 2, Leipzig,
1881, col. 1245-1246 ; cité par Y. Congar, L’Église de saint Augustin à l’époque moderne, Paris,
1970, p. 229-230 ; voir également Hankey, p. 138-139.
55
Pour une première approche : G. Fransen, Les collections canoniques, Turnhout, 1973
(Typologie des sources du Moyen Âge occidental, 10).
56
Burchard de Worms, Decretum, PL, 140, col. 537-1065.
57
À titre d’exemple, Jean Beleth, Summa de ecclesiasticis officiis, 14, éd. H. Doubteil, CCCM,
41a, Turnhout, 1976, p. 34-35 ; je tiens cet exemple d’A. Rauwel, que je remercie.
75
Les états ou les ordres que Dieu a institués dans l’Église sont au nombre
de trois, c’est-à-dire l’ecclésiastique, le politique et l’économique, que l’on
qualifie aussi de hiérarchies. L’ordre économique assure la croissance du
genre humain ; l’ordre politique, sa défense ; l’ordre ecclésiastique, l’accès
au salut éternel 59.
58
De usu ecclesiastico, éd. J. Flemming, Gille of Limerick (c. 1070-1145). Architect of a Medieval
Church, Dublin, 2001, p. 144, l. 19-20 (= PL, 159, col. 996a).
59
Status siue ordines in ecclesia a Deo instituti numerantur tres, uidelicet ecclesiasticus, politicus et
oeconomicus, quos etiam appellare consueuerunt, oeconomicus ordo instruit generis humani multipli-
cationi, politicus eiusdem defensioni, ecclesiasticus ad salutem aeternam promotioni, cité par E. Tro-
eltsch, « Die Soziallehren der christlichen Kirchen und Gruppen », in Id., Gesammelte
Schriften, t. 1, Tübingen, 1912, p. 522, n. 238.
60
Dans une bibliographie pléthorique, on se contentera de deux renvois essentiels :
E. Ortigues, « Haymon d’Auxerre, théoricien des trois ordres », in D. Iogna-Prat, C. Jeudy
et G. Lobrichon (dir.), L’École carolingienne d’Auxerre de Murethac à Remi (830-908), Paris,
1991, p. 181-227 ; B. Grévin, « La trifonctionnalité dumézilienne et les médiévistes : une
idylle de vingt ans », Francia, 30/1 (2003), p. 169-189. Voir aussi dans ce volume la contri-
bution d’H.-W. Goetz.
76
77
78
79
80
81
P
lusieurs travaux ont souligné l’essor de la hiérarchisation interne
de l’Église et de la séparation entre le clergé et les laïcs 1, le
passage graduel d’une pluralité d’Églises régionales ou « natio-
nales » à un modèle unitaire et d’une ecclésiologie de communion à
une ecclésiologie de l’Église universelle 2. Par rapport à la notion de
stratification sociale, l’idée de hiérarchie évoque un système de rela-
tions fondé sur la dimension sacrale et religieuse 3, qui implique, dans
l’Antiquité tardive et à Byzance, la reconnaissance de la sacralité de
l’empereur chrétien 4. Dans la société carolingienne, on a remarqué
l’essor, entre Jonas d’Orléans et Hincmar de Reims, de l’ecclésiologie
des ordres 5. On assiste à l’intégration du terme hierarchia dans le
vocabulaire politique et théologique à partir de la traduction des
œuvres de Denys l’Aréopagyte par Hilduin de Saint-Denis 6, qui avait
1
Voir A. Faivre, Naissance d’une hiérarchie. Les premières étapes du cursus clérical, Paris, 1977 ;
Id., Ordonner la fraternité, Paris, 1992 ; G. Spinosa, « Εκκλησία-ecclesia – secta – ordo nel
cristianesimo dei primi secoli : una riflessione sul lessico », Cristianesimo nella storia, 24
(2003), p. 453-487.
2
Y. Congar, « De la communion des Églises à une ecclésiologie de l’Église universelle »,
in L’épiscopat et l’Église universelle, Paris, 1961, p. 227-270 ; J. Herrin, The Formation of Chris-
tendom, Oxford, 1987.
3
L. Dumont, Homo hierarchicus. Le système des castes et ses implications, Paris, 1966.
4
Voir A. Carile, « Gerarchie e caste », in Morfologie sociali e culturali in Europa fra tarda antichità
e Alto Medioevo, Atti della XLV Settimana di studi (1997), Spolète, 1998, p. 123-172. L’auteur
souligne (p. 153-157) l’influence de Denys l’Aréopagite sur l’idéologie byzantine.
5
Voir R. Savigni, Giona di Orléans : una ecclesiologia carolingia, Bologne, 1989 ; Id., « Les laïcs
dans l’ecclésiologie carolingienne : normes statutaires et idéal de “conversion” », in
M. Lauwers (dir.), Guerriers et moines. Conversion et sainteté aristocratiques dans l’Occident médié-
val (ixe-xiie siècle), Nice, 2002, p. 41-92 ; D. Iogna-Prat, Ordonner et exclure. Cluny et la société
chrétienne face à l’hérésie, au judaïsme et à l’islam, 1000-1150, Paris, 1998, p. 22-26, et la contri-
bution d’H.-W. Goetz dans ce volume. Sur les aspects théologiques de la notion augusti-
nienne d’ordo, voir A.-I. Bouton-Touboulic, L’ordre caché : la notion d’ordre chez saint Augus-
tin, Paris, 2004.
6
Voir la contribution de D. Iogna-Prat dans ce volume et M. Cristiani, Dall’unanimitas all’uni-
versitas. Da Alcuino a Giovanni Eriugena. Lineamenti ideologici e terminologia politica della cultura
del secolo IX, Rome, 1978, p. 95-96 et 160-165. L’auteur analyse un passage d’Hincmar (De
praedestinatione, XXV, PL, 125, col. 226b), emprunté à Denys l’Aréopagite : Hierarcas quidam
unusquisque, Dei assimilatione, omnes homines volens salvare (…) praedicat omnibus vera Evangelia.
83
7
C. Carozzi, « Hiérarchie angélique et tripartition fonctionnelle chez Grégoire le Grand »,
in C. Carozzi et H. Taviani-Carozzi (dir.), Hiérarchies et services au Moyen Âge, Aix-en-Pro-
vence, 2001, p. 31-51.
8
D. E. Luscombe, « Conceptions of Hierarchy before the Thirteenth Century », in A. Zim-
mermann (dir.), Soziale Ordnungen in Selbstverständnis des Mittelalters, t. 1, Berlin/New York,
1979, p. 1-19, en particulier p. 3-4. L’évêque est défini hierarcha dans le chapitre 10 de la
Vita Agilolfi Malmundariensis (rédigée après 972, cf. AA.SS. Julii, II, Anvers, 1721, p. 722).
9
G. Lafont, Histoire théologique de l’Église catholique : itinéraire et formes de la théologie, Paris,
1994.
10
Y. Congar, L’ecclésiologie du haut Moyen Âge, Paris, 1968, p. 98-99. L’auteur cite un passage
d’Hincmar, Explanatio in Ferculum Salomonis (PL, 125, col. 817b).
11
Voir P. Dabin, Le sacerdoce royal des fidèles dans la tradition ancienne et moderne, Bruxelles/
Paris, 1950.
12
Voir G. Hofer, « La « sancta ecclesia » di Gregorio Magno », Studi medievali, 30 (1989),
p. 593-636 ; G. Tugène, L’idée de nation chez Bède le Vénérable, Paris, 2001, p. 252-270, l’auteur
entrevoit dans Bède « une attitude qui est plus proche des tendances égalitaires que hiérar-
chiques » (p. 270) ; G. Caputa, Il sacerdozio dei fedeli secondo san Beda, Rome, 2002,
p. 135-142.
13
P. Buc, L’ambiguïté du Livre. Prince, pouvoir et peuple dans les commentaires de la Bible au Moyen
Âge, Paris, 1994, p. 399-407. Voir aussi D. Fraesdorff, « Beten für die Gesellschaft. Die
84
85
19
J. Chélini, Le vocabulaire politique et social dans la correspondance d’Alcuin, Aix-en-Provence,
1959, p. 67, 85 et 95 ; Id., « Les laïcs dans la société ecclésiastique carolingienne », in I laici
nella « societas christiana » dei secoli XI e XII, Atti della III Settimana di studi del passo della Mendola,
Milan, 1968, p. 23-50. L’interprétation de V. Serralda (La philosophie de la personne chez Alcuin,
Paris, 1978) n’est pas soutenable. Voir aussi B.-M. Bedos-Rezack et D. Iogna-Prat (dir.),
L’individu au Moyen Âge. Individuation et individualisation avant la modernité, Paris, 2005.
20
Alcuin, Ep. 132 (éd. E. Dümmler, MGH, Epistolae, IV, 1895, p. 198-199). Ce principe,
qui remonte au pape Célestin, sera rappelé par le pape Étienne V (Fragmenta registri, Ep. 32,
MGH, Epistolae, VII, p. 352) et par le Decretum Gratiani (pars I, dist. 63, c. 12) pour imposer
la priorité du clergé dans les élections des évêques.
21
Alcuin, Liber de virtutibus et vitiis, 36 (PL, 101, col. 638b-c). Voir Christian de Stavelot,
Expositio in Matthaeum, 14 (PL, 106, col. 1521c).
22
Voir Hincmar, De cavendis vitiis, II, 10 (éd. D. Nachtmann, MGH, Quellen zur Geistesge-
schichte des Mittelalters, 16, Munich, 1998, p. 224-225) ; Hincmar rappelle Bède, Hom. evang.
I, 2 ; Explanatio in ferculum Salomonis (PL, 125, col. 820c-d) ; Vita Remigii, 9, (éd. B. Krusch,
MGH, Script. rer. Merov., III, Hanovre, 1896, p. 287). Sur la distinction entre hiérarchie de
la sainteté et hiérarchie ecclésiastique, voir L. Terrade, « Hiérarchie des perfections, service
et justification. L’image de l’évêque dans l’hagiographie latine des ve-viie siècles », in
C. Carozzi, Hiérarchies et services, op. cit., p. 241-268, en particulier p. 261-262.
23
Hincmar, Vita Remigii, 31 (p. 328-330), qui rappelle Grégoire le Grand, Hom. in
Evang., II, 34, 11, partiellement emprunté aussi par Raban Maur, Enarratio super Deuterono-
mium, IV, 2 (PL, 108, col. 973a). Voir aussi Milon, Vita Amandi episcopi Traiectensis secunda,
5 et 6 (ixe s. ; MGH, Script. Rer. Merov., V, Hanovre, 1910, p. 465-466 et 474). Matilde Maresca
(La presenza degli angeli nell’« ecclesia » e nel « regnum » tra VI e X secolo, thèse de doctorat,
Bologne, 2002) a remarqué l’influence de Grégoire le Grand (Hom. in Evang., II, 34) sur
la Vita Amandi et sur Hincmar.
86
Car l’Église est définie comme un peuple réuni par la même foi et par
l’amour, et qui se dirige vers le Ciel, il faut que ce peuple soit orné par
l’engagement des prédicateurs dans l’enseignement et dans la sainteté de
la vie, et par le soin des auditeurs dans l’obéissance et dans la vie active.
Cette beauté harmonieuse peut se produire seulement si chacun respecte
et accomplit sa propre tâche. Il résulte que l’Église pèlerine est dirigée,
dans le temps présent, par deux personnes éminentes, sacerdotale et
royale, afin que, entourée et protégée à l’intérieur et à l’extérieur par
l’autorité des évêques et le jugement sévère de l’empereur, puisse garder
plus librement sa propre mesure 26.
24
Voir M. Rubellin, « Entrée dans la vie, entrée dans la chrétienté, entrée dans la société.
Autour du baptême à l’époque carolingienne », in Les entrées sans la vie. Initiations et appren-
tissages, Nancy, 1982, p. 31-51 ; J. Chélini, L’aube du Moyen Âge. Naissance de la chrétienté
occidentale. La vie religieuse des laïcs dans l’Europe carolingienne (750-900), Paris, 1991, p. 47-73 ;
R. Savigni, Giona di Orléans…, op. cit., p. 71-85, et en général A. Prosperi (dir.), Salvezza
delle anime, disciplina dei corpi. Un seminario sulla storia del battesimo, Pise, 2006. Sur la notion
« englobante » d’Ecclesia, voir D. Iogna-Prat, Ordonner et exclure…, op. cit., p. 12 ; A. Guer-
reau, L’avenir d’un passé incertain. Quelle histoire du Moyen Âge au xxie siècle ?, Paris, 2001,
p. 28-31.
25
M. Lauwers, « Le glaive et la parole. Charlemagne, Alcuin et le modèle du rex praedicator :
notes d’ecclésiologie carolingienne », in P. Depreux et B. Judic (dir.), Alcuin de York à Tours.
Écriture, pouvoir et réseaux dans l’Europe du haut Moyen Âge [= Annales de Bretagne et des Pays de
l’Ouest, 111/3 (2004), p. 221-244].
26
Concilium Aquisgranense, III, 25 (66), MGH, Concilia, II/2, p. 723. Sur l’opposition prae-
dicatores/auditores voir Concilium Parisiense (829), I, 4-5 (p. 612-614) et 10 (p. 616).
27
Hincmar, De divortio Lotharii, Appendix (p. 235-236), qui rappelle 1 Roi 12, 16 et 28.
87
28
Agobard, Op. 2 (Adversus legem Gundobadi – ad Ludovicum –), 3 (CCCM, 52, p. 20-21) et
14 (ibid., p. 28).
29
Epistulae variorum, 7, éd. E. Dümmler, MGH, Epistolae, IV, Berlin 1895, p. 503 : Et episcopus
est in secundo loco, in vice Christi tantum est ; Opus Caroli regis contra synodum, I, 1, éd. A. Free-
man, MGH, Concilia, II, Supplementum, I, Hanovre, 1998, p. 105-115. Le rôle joué par le
souverain dans les élections épiscopales sera justifié plus tard, à l’époque grégorienne, par
Benzon d’Albe (Ad Heinricum IV imperatorem libri VII, I, 9, 26, éd. H. Seyffert, MGH, Script.
rer. Germ., 65, p. 170). En tant que vicaire de Dieu, qui a disposé les ordres célestes, le roi
peut établir les hiérarchies supérieures sur la terre.
30
Admonitio ad omnes regni ordines, 3-4, MGH, Capitularia regum Francorum, II, p. 303. Voir
O. Guillot, « Une ordinatio méconnue : le capitulaire de 823-825 », in P. Godman et
R. Collins (dir.), Charlemagne’s Heir. New Perspectives on the Reign of Louis the Pious (814-840),
Oxford, 1990, p. 455-488.
31
Concilium Parisiense (829), I, 4, MGH, Concilia, II/2, p. 611-612 et III, 9 (p. 673) ; Conci-
lium Aquisgranense (836), III, 5 (p. 717). Voir R. Savigni, Giona di Orléans…, op. cit.,
p. 145-175.
32
Jonas d’Orléans, Vita secunda sancti Huberti et corporis eius translatio ad monasterium Anda-
ginense, éd. C. De Smedt, AA.SS., novembris, I, 16, 29, p. 817b-c.
33
Concilium Parisiense, III, 26 (p. 679) ; Concilium Aquisgranense, préf. (p. 706) et III, 10
(p. 674).
88
Roi, mon sermon est bref : dans les lois chrétiennes le Saint-Esprit a établi
que, ainsi qu’il faut que les serfs obéissent à leurs seigneurs, les femmes à
leurs maris, l’Église au Seigneur, les disciples à leurs maîtres et pasteurs,
ainsi l’ordre des choses doit être soumis aux autorités les plus élevées.
Donc, tu prends part à la royauté de Christ et dans son royaume tu admi-
nistres les choses humaines… La loi du Christ a soumis votre personne à
l’autorité sacerdotale, et a donné aux pasteurs un pouvoir plus parfait que
votre dignité. L’esprit ne doit pas être soumis à la chair, les choses célestes
à celles de la terre, les réalités divines à celles des hommes 40.
34
L’auctoritas n’est pas attribuée seulement aux évêques, mais parfois aussi aux souverains,
cf. Concilium Aquisgranense, 65 (p. 723). Voir R. Teja, « Auctoritas versus potestas. El lidera-
zgo social de los obispos en la sociedad tardoantigua », in Vescovi e pastori in epoca teodosiana,
Atti del XXV incontro di studiosi dell’antichità cristiana, Rome, 1997, p. 73-82.
35
Hincmar, De divortio Lotharii, Resp., 12 (p. 189), qui rappelle Sg 6, 7.
36
Jonas d’Orléans, Le métier de roi (De institutione regia), éd. A. Dubreucq, Paris, 1995
(Sources chrétiennes, 407), préf. (p. 148 et 160) et III (p. 192).
37
Concilium Parisiense, I, 11-12 (p. 618).
38
Voir Jonas d’Orléans, Le métier de roi…, op. cit., préf. (p. 152) ; I (p. 176) ; III (p. 196)
et Hincmar, Ep. 134, MGH, Epistolae, VIII, p. 78-79.
39
Agobardi Lugdunensis archiepiscopi epistolae, Ep. 17 (MGH, Epistolae, V, p. 228-229).
40
Ep. 5, éd. S. Loewenfeld, « Acht Briefe aus der Zeit König Berengars », Neues Archiv, 9
(1884), p. 529-530. Voir R. Savigni, « Sacerdozio e regno nell’Italia postcarolingia : l’epis-
tolario di Giovanni X, arcivescovo di Ravenna e papa », Rivista di storia della Chiesa in Italia,
46 (1992), p. 1-29.
41
Jonas d’Orléans, De institutione laicali, II, 1 (col. 169-170) et 2 (col. 172c).
89
42
R. Savigni, Giona di Orléans…, op. cit., p. 40.
43
Jonas d’Orléans, De institutione laicali, I, 15-16 (col. 151-152), qui rappelle un passage
de Bède, In epistolam Jacobi, V, 16, utilisé aussi par Hincmar, Vita Remigii, 5 (p. 270).
44
Voir Jonas d’Orléans, De institutione laicali, I, 20 (col. 163-166) ; Id., Le métier de roi…,
op. cit., 11 (p. 242-244) et 12 (p. 260) ; R. Savigni, Giona di Orléans…, op. cit., p. 42-57.
45
J. Heil, Kompilation oder Konstruktion ? Die Juden in den Pauluskommentaren des 9. Jahrhun-
derts, Hanovre, 1998, p. 100-101, note 31 ; R. Savigni, « L’immagine dell’ebreo e
dell’ebraismo in Agobardo di Lione e nella cultura carolingia », Annali di storia dell’esegesi,
17/2 (2000), p. 417-461.
46
Isidore, Etymologiae, VIII, 1, 7 ; Bède, In Lucam, II, 4 ; In Proverbia Salomonis, I, 5, 14 ;
Raban Maur, Expositio in Matthaeum, V, éd. B. Löfstedt, CCCM, 174a, Turnhout, 2000,
p. 405 ; Sedulius Scotus, In evangelium Matthei, I, 4, 23, éd. B. Löfstedt, Kommentar zum
Evangelium nach Matthäus : 1,1-11,1, Freibourg, 1989 (Vetus latina, 14), p. 126.
47
Concilium Parisiense (829), I, 11 (p. 617), qui rappelle Grégoire le Grand, Regula pas-
toralis, II, 7. En 833, Grégoire IV (MGH, Epistolae, V, p. 231) identifie le sommet de la
tunique de l’Église (capicium tunice), sur lequel descend l’huile du Saint-Esprit (Ps 132, 2),
avec les membres les plus élevés de l’Église, c’est-à-dire avec les sièges apostoliques et surtout
avec l’Église romaine.
90
48
Grégoire le Grand, Moralia in Job, XXI, 15, 22-23, rappelé par l’Institutio canonicorum,
13 (p. 337) ; Jonas d’Orléans, De institutione laicali, II, 22 (col. 213c-d) ; Raban Maur, In
Genesim, PL, 107, col. 523d-524a. Voir C. Brouwer, « Égalité et pouvoir dans les Morales de
Grégoire le Grand », Recherches augustiniennes, 27 (1994), p. 97-129 ; K. Greschat, Die
« Moralia in Job » Gregors des Großen. Ein christologisch-ekklesiologischer Kommentar, Tübingen,
2005, p. 79-139 ; S. Florysczak, Die « Regula Pastoralis » Gregors des Großen. Studien zu Text,
kirchenpolitischer Bedeutung und Rezeption in der Karolingerzeit, Tübingen, 2005, p. 252-275 et
403.
49
Grégoire le Grand, Regula pastoralis, II, 6 (p. 204), rappelé par l’Institutio canonicorum
(816), 13 (p. 337) ; voir aussi Agobard, Op. 21 (Liber apologeticus, II), CCCM, 52, p. 315.
50
Grégoire le Grand, Homiliae in Evangelia, II, 34, 12, éd. R. Étaix, CCSL, 141, Turnhout,
1999, p. 311-312 ; Registrum epistularum, V, 59 (éd. D. Norberg, CCSL, 140, Turnhout, 1982,
p. 357-358) : Neque enim universitas alia poterat ratione subsistere, nisi huiusmodi magnus eam
differentiae ordo servaret. Quia vero creatura in una eademque aequalitate gubernari vel vivere non
potest, caelestium militiarum exemplar nos instruit, emprunté par l’epistula Bonefatii papae, dans
Decretales pseudo-isidorianae et Capitula Angilramni (éd. P. Hinschius, Leipzig 1863, p. 703) ;
Hincmar de Reims, Opusculum LV capitulorum adversus Hincmarum Laudunensem, 12, PL,
126, col. 326a-b ; Jean VIII, Ep. 99 (878), éd. E. Caspar, MGH, Epistolae, VII, Berlin, 1928,
p. 92.
51
Grégoire le Grand, Moralia in Job, XXI, 15, 22 (éd. M. Adriaen, CCSL, 143a, Turnhout
1979, p. 1082), rappelé par Raban Maur (In Genesim, II, 8, PL, 107, col. 523d-524a) ; Regula
pastoralis, II, 6 (p. 202-204) emprunté par Hincmar (Opusculum LV capitulorum, 14, PL, 126,
col. 327d-328a).
91
52
Jonas d’Orléans, De institutione laicali, II, 22 (col. 213a) : Cavendum his qui praesunt, ne
sibi subiectos, sicut ordine, ita natura inferiores se esse putent. Toutefois, il reconnaît (II, 8,
col. 184c) la valeur de la mundanae dignitatis nobilitas.
53
Haymon d’Auxerre, Expositio in epistolas beati Pauli. In ep. 1 ad Cor., 15, 24 (PL, 117,
col. 597), passage rappelé par Pierre Lombard et la Glossa ordinaria (P. Buc, L’ambiguïté du
Livre…, op. cit., p. 135-136).
54
Hincmar, Opusculum LV capitulorum, 11 (PL, 126, col. 325a) : Rex regum (…) coelestem ac
terrenum principatum, cunctam videlicet rempublicam regens, et universam militiam, tam coelestem et
spiritalem quam terrenam et temporalem, distinctis in ordinibus disponens ac moderans, et supernae
atque mundanae curiae praesidens, miro ordine, angelorum hominumque ministerio, pro temporum
varietate et opportunitate dispensat ; 12-14 (col. 325-328). Voir M. Cristiani, Dall’unanimitas…,
op. cit., p. 160-162.
55
Voir O. Capitani, Immunità vescovili ed ecclesiologia in età « pregregoriana » e « gregoriana ».
L’avvio alla « restaurazione », Spolète, 1966, p. 45-51, 152, 191-195 et 207.
56
Epistola Clementis tertia, 70 (éd. Decretales pseudo-isidorianae…, p. 57-58).
57
Voir le capitulaire de Pîtres (862), dans MGH, Capitularia, II, n. 272, p. 305-306.
58
Concilium Parisiense, II, 1 (p. 649) et III, 24-25 (p. 678) ; Jonas d’Orléans, Le métier de
roi…, op. cit., III (p. 184).
59
Jonas d’Orléans, Le métier de roi…, ibid., préf. (p. 160-162).
60
Voir l’introduction de Dhuoda, Manuel pour mon fils, éd. P. Riché, Paris, 1991 (2e éd.,
Sources chrétiennes, 225bis), p. 26-27.
92
61
Dhuoda, Manuel…, ibid., I, 3-6 (p. 100-112) ; II, 3 (p. 132) ; III, 2 (p. 140-142) et 10
(p. 172-174).
62
J. Devisse, Hincmar archevêque de Reims (845-882), t. 1, Genève, 1974, p. 519.
63
Dhuoda, Manuel…, op. cit., IV, 8 (p. 246) : Quidquid enim in subditis delinquitur, a maioribus
requiritur ; Hincmar, Zweites Kapitular, 26, dans Capitula episcoporum, II (p. 61-62).
64
Concilium Parisiense, II, 3 (p. 653-654) ; Jonas d’Orléans, Le métier de roi…, op. cit., 5
(p. 210).
65
De institutione laicali, II, 16 (col. 197a-c), qui emprunte Grégoire le Grand, Regula
pastoralis, II, 7 ; Homiliae in Evangelia, I, 6, 6 et II, 34, 11 ; Bède, Homiliae in Evangelia, I, 7.
Voir aussi Hincmar, De cavendis vitiis, I, 10 (p. 170) ; Dhuoda, Manuel…, op. cit., X, 3.
66
Annales Bertiniani, éd. G. Waitz, MGH, Script. rer. Germ. in usum schol., 5, Hanovre, 1883
(ad a. 859, p. 51). Selon Hincmar (Erstes Kapitular, 16, MGH, Capitula episcoporum, II, p. 43),
l’activité des associations locales (de collectis, quas geldonias vel confratrias vulgo vocant) doit se
limiter aux fonctions cultuelles et caritatives. Voir S. Epperlein, Herrschaft und Volk im Karo-
lingischen Imperium : Studien über soziale Konflikte und dogmatisch-politische Kontroversen im frän-
kischen Reich, Berlin, 1969, p. 42-50.
93
67
Voir Concilium Aquisgranense, 66 (p. 723).
68
Institutio canonicorum, 101 (p. 378), qui rappelle Isidore (De ecclesiasticis officiis, II, 3), et
103 (p. 379), qui rappelle Grégoire le Grand (Regula pastoralis, III, 4).
69
Institutio canonicorum, 114 (p. 397), qui rappelle Ep 4, 5-6, et 115 (p. 397).
70
Institutio canonicorum, 119 (p. 399), où l’on peut entrevoir le difficile équilibre entre
conscience ecclésiale et mentalité aristocratique, et 121 (p. 400).
71
Institutio canonicorum, 138-139 (p. 415). Pendant les banquets, les prêtres séculiers doi-
vent s’asseoir « selon leur ordre », c’est-à-dire selon l’ancienneté de leur consécration (Hinc-
mar, Erstes Kapitular, 14, MGH, Capitula episcoporum, II, p. 42).
72
Raban Maur (De institutione clericorum, 1, éd. D. Zimpel, Francfort-sur-le-Main, 1996,
p. 291) emprunte quelques passages à Isidore (Etymologiae, 8, 1, 1).
73
Raban Maur, De institutione clericorum, I, 2-12 (p. 292-308).
94
juger « ce qui est juste et ce qui est injuste, en discernant entre sacré
et profane, entre pur et impur » 74.
Dans son traité, Walahfrid souligne la polysémie du terme ecclesia,
qui évoque la communion des saints et l’unité de tous les chrétiens,
au-delà des frontières de l’espace et du temps, mais aussi les lieux
sacrés et l’âme de chacun des élus 75. L’Église est donc une « commu-
nauté universelle des communautés locales », mais on entrevoit une
attention nouvelle pour l’édifice du culte, dont les structures maté-
rielles doivent évoquer l’aedificium ecclesiae spirituale 76. Surtout, à par-
tir de l’époque de Louis le Pieux, les sources ecclésiastiques carolin-
giennes soulignent la supériorité des clercs, qui doivent prêcher et
administrer les sacrements, sur les laïcs, qui doivent leur obéir et pra-
tiquer les œuvres de miséricorde 77, et l’autonomie des biens de l’Église,
que les laïcs ne doivent pas usurper 78. Elles présentent les évêques
comme les successeurs et les vicaires des apôtres, tandis que les
soixante-dix (ou soixante-douze) disciples de Jésus et les soixante-dix
anciens d’Israël, auxquels Dieu donne une part de l’esprit de Moïse,
préfigurent les prêtres 79. Associés aux évêques dans le pouvoir de
célébrer l’Eucharistie, ils partagent avec eux, comme cooperatores, le
poids des pasteurs d’âmes 80. Ils peuvent être définis sacerdotes secundi
ordinis, car ils n’ont pas l’apicem pontificatus, qui est propre aux évê-
74
Raban Maur, De institutione clericorum, I, 2 (p. 292-293) ; Liber de sacris ordinibus, 2 (PL,
112, col. 1167b).
75
Walafrid Strabon, Libellus de exordiis et incrementis quarumdarum in observationibus eccle-
siasticis rerum, 6 (éd. A. L. Harting-Correa, Leiden, 1996, p. 64) : unde una et catholica
dicitur ecclesia, vel singulorum societas sancta locorum, unde et multae dicuntur ecclesiae.
76
D. Iogna-Prat, « Lieu du culte et exégèse liturgique à l’époque carolingienne », in
C. Chazelle et B. Van Name Edwards (dir.), The study of the Bible in the Carolingian Era,
Turnhout, 2003, p. 215-244 ; D. Iogna-Prat, La Maison Dieu. Une histoire monumentale de
l’Église au Moyen Âge (v. 800-v. 1200), Paris, 2006, p. 259-308.
77
Alcuin, Ep. 18 (MGH, Epistolae, IV, p. 51-52) ; Jonas d’Orléans, Le métier de roi…, op.
cit., 2 (p. 182) ; Epistola Clementis tertia, 57 (p. 53).
78
Voir, par exemple : Concilium Aquisgranense (836), 19 (p. 709) et 48 (p. 719) ; Hincmar
de Reims, Quae exsequi debeat episcopus (PL, 125, col. 1087-1093).
79
Concilium Meldense-Parisiense (845-846), préf. (p. 84) et 35 (p. 101, interpolation), éd.
W. Hartmann, MGH, Concilia III. Die Konzilien der karolingischen Teilreiche 843-859, Hanovre,
1984 ; Epistola Anacleti, 28 (éd. Decretales pseudo-isidorianae…, p. 82) ; Hincmar, De ordine
palatii, 1 (p. 38). Les chorévêques, préfigurés par les soixante-dix disciples, ne peuvent pas
usurper les fonctions épiscopales, comme la transmission du Saint-Esprit dans le sacrement
de la confirmation, cf. Concilium Parisiense, I, 27 (p. 629) ; voir Isidore, De ecclesiasticis officiis,
II, 6.
80
Concilium Aquisgranense (836), II, B, 5 (29), p. 711-712 ; Hincmar, Collectio de ecclesiis et
capellis (p. 102).
95
81
Raban Maur, De institutione clericorum, I, 5 (p. 299) et 6 (p. 301) qui rappelle Isidore,
De ecclesiasticis officiis, II, 7, 1-2 (p. 64-65). Voir aussi Théodulphe d’Orléans, Erstes Kapi-
tular, 1, in Capitula episcoporum, I (p. 104) ; Hincmar, De ordine palatii 1 (p. 38-40). Sur
l’évolution de la notion de sacerdos, réservée presque exclusivement aux évêques jusqu’au
viie siècle, voir A. Vilela, « La notion traditionnelle des sacerdotes secundi ordinis des origines
au Décret de Gratien », in Teologia del sacerdocio, t. 5 (El carisma permanente del sacerdocio
ministerial), Burgos, 1973, p. 31-65 ; R. Godding, Prêtres en Gaule mérovingienne, Bruxelles,
2001, p. 171-201.
82
Bède, Expositio Actuum Apostolorum, éd. M. L. W. Laistner, CCSL, 121, Turnhout, 1983,
p. 83. Voir aussi Hincmar, Ad episcopos regni, 4, PL, 125, col. 1009d-1010a : dans l’Église
primitive utrique presbyteri, utrique vocabantur episcopi.
83
Voir Raban Maur, De institutione clericorum, I, 32 (éd. Zimpel, p. 338) ; Jonas d’Orléans,
De institutione laicali, II, 20 (col. 208d). Les prêtres doivent sauver le peuple de la colère de
Dieu, cf. Hincmar, De ordine palatii, 3 (p. 48). Voir R. Savigni, « Le commentaire d’Alcuin
sur l’épître aux Hébreux et le thème du sacrifice », in Alcuin de York à Tours…, op. cit.,
p. 245-267.
84
Agobard, Ep. 4 (De privilegio et iure sacerdotii), 7 (p. 57-58) et 15 (p. 65) ; Paschase Rad-
bert, De corpore et sanguine Domini, 12, éd. B. Paulus, CCCM, 16, Turnhout, 1969, p. 80.
85
Paschase Radbert, Commentarius in Matheo, VIII, 18, 10, éd. B. Paulus, CCSM, 56a,
Turnhout, 1984, p. 880.
86
Raban Maur, Ep. 16 (MGH, Epistolae, V, Berlin, 1899, p. 417-418) : Docet ergo fideles, aeterni
videlicet regis famulos, etiam mundi potestatibus subdi, ne vel in hoc fidei et religioni christiane possit
detrahi, quod per eam humane conditionis iura turbentur. Ce passage est emprunté à Bède, In
epistolam I Petri, II, 13-14 (éd. D. Hurst, CCSL, 121, Turnhout, 1983, p. 239), voir aussi
Smaragde, Collectiones in epistolas et evangelia (ed. PL, 102, col. 288c-d).
87
Raban Maur, In Matthaeum, VII, 23 (p. 594) : animum videlicet, non gradum iusta distinctione
redarguens, qui rappelle Bède, In Marci evangelium expositio, III, 12.
96
l’idée que l’univers est une chaîne descendante d’êtres 88, il évoque
l’organisation plus simple et « égalitaire » de l’Église primitive, justi-
fiée par l’urgence de l’évangélisation, et la plus tardive délimitation
des fonctions des différents ministères ecclésiales, afin d’éviter la
dégradation des sacrements et des institutions de l’Église 89. L’évêque,
qui, identifié par Isidore avec le pontifex maximus de la religion romaine,
doit diriger les ordres de l’Église et indiquer à chacun d’eux sa propre
tâche 90, résume la dignité de tous les ordres, de tous les échelons de
la hiérarchie, même s’il ne peut pas exercer directement tous les
ministères 91.
Même si Jonas rappelle la dévotion et l’« unanimité » de la com-
munauté de Jérusalem, à l’époque carolingienne, l’Ecclesia primitiva
est évoquée surtout comme source de légitimation de l’Église de ce
temps 92. Le traité de Walahfrid Strabon, qui compare les hiérarchies
de l’Église avec les hiérarchies politiques romaines pour exalter l’har-
monie de la « république spirituelle de l’Église » 93, et l’épître De rebus
ecclesiasticis non invadendis, envoyée à Pépin d’Aquitaine par le concile
88
Raban Maur, Enarrationes in epistulas beati Pauli, XVIII. In epistulam ad Ephes., 4, 15-16
(PL, 112, col. 434a), qui rappelle Ambrosiaster, Commentarius in Pauli epistulas. Ad Ephesios,
4 (éd. H. G. Vogel, CSEL, 81/3, Vindobonae, 1969, p. 103) : Dieu a créé l’univers ut a
cherubin et seraphin potentes qui sub sede Dei sunt, et angelis quos ipse Dominus sanctos appellat,
quasi quaedam concatenatio sit usque ad firmamentum ordinata descendens (…) ut totum et iunctum
sit et meritis tamen discernatur.
89
Raban Maur, Ep. 30, 6 (MGH, Epistolae, V, p. 453) : coepit alio ordine et providentia gubernari
ecclesia, quia si omnes eadem possent, inrationabile esset et vulgaris res et vilissima videretur ; Enar-
rationes (col. 430d-431b), qui rappelle Ambrosiaster, Commentarius (p. 99-100).
90
Isidore, Etymologiae, VII, 12, 13-15, emprunté par Raban Maur, De institutione clericorum,
5 (éd. Zimpel, p. 299). Voir F. Van Haeperen, « Des pontifes païens aux pontifes chrétiens.
Transformations d’un titre : entre pouvoirs et représentations », Revue belge de philologie et
d’histoire, 81 (2003), p. 137-159.
91
Voir Raban Maur, Enarrationes (col. 430d) : Nam in episcopo omnes ordines sunt ; Haymon
d’Auxerre, Expositio in divi Pauli epistolas, In epist. ad Corinthios primam, 1, 17 (PL, 117,
col. 524c) ; Hincmar, Ad episcopos regni, 4 (PL, 125, col. 1010a-b), qui rappellent Ambro-
siaster, Commentarius (p. 98-99) ; Amalaire, Liber officialis, II, 6 (éd. J. M. Hanssens, Ama-
larii episcopi opera omnia, t. 2, Cité du Vatican, 1950, p. 214) : Sic sunt inferiores ordines in
adiutorio superiorum, ut tamen non excludant superiores ab officiis sibi commissis. Selon Christian
de Stavelot (Expositio in evangelium Matthaei, PL, 106, col. 1343), les apôtres ont reçu (Mt
10, 1) tous les degrés des rectores Ecclesiae ; et selon quelques textes analysés par R. E. Rey-
nolds (The Ordinals of Christ from their Origins to the Twelfth Century, Berlin/New York, 1978,
p. 69-83, en particulier p. 82), Jésus a rempli toutes les fonctions propres de chacun des
ordres ecclésiastiques.
92
J. Devisse, « L’influence de Julien Pomère sur les clercs carolingiens », Revue d’histoire de
l’Église de France, 46 (1970), p. 285-295 ; D. Ganz, « The Ideology of sharing : apostolic
community and ecclesiastical property in the early Middle Ages », in W. Davies et P. Fou-
racre (dir.), Property and Power in the Early Middle Ages, Cambridge, 1995, p. 17-30.
93
Walafrid Strabon, Libellus de exordiis…, 32 (p. 190-194).
97
94
Concilium Aquisgranense, epistula ad Pippinum regem directa (MGH, Concilia, II/2, p. 724-767) ;
Walafrid Strabon, Libellus de exordiis…, 3 (p. 56), 23 (p. 138) et 27 (p. 168-180) ; Ago-
bard, Op. 7 (De dispensatione ecclesiasticarum rerum), 24 (CCCM, 52, p. 138).
95
Voir Concilium Parisiense, I, 8 (p. 615) : les fidèles qui, baptisés en urgence pour danger
de mort (appelés gravatarii) et n’ont pas reçu un baptême solennel par le prêtre, ne peuvent
pas entrer dans la hiérarchie ecclésiastique, pour éviter la dehonorationem ecclesiasticorum
graduum ; 9-10 (p. 616).
96
Jonas d’Orléans, De institutione laicali, I, 11 (col. 143-144) ; Concilium Parisiense, I, 47
(p. 641) : Satius igitur illis est missam non audire quam eam ubi non licet nec oportet audire ; III,
6 (p. 672) ; Hincmar, Collectio de ecclesiis et capellis, I (éd. Stratmann, p. 75-76 et 79) ;
Agobard, Op., 15, 12 (p. 243) ; Amolon, Ep. 1 (a. 841-844), 6-8 (éd. E. Dümmler, MGH,
Epistolae, V, Berlin, 1899, p. 366-367). Voir É. Palazzo, Liturgie et société au Moyen Âge, Paris,
2000.
97
Hincmar, Collectio de ecclesiis et capellis (p. 82) ; Erstes kapitular, 12 (MGH, Capitula episco-
porum, II, p. 40).
98
Die Briefe des Heiligen Bonifatius und Lullus, Ep. 59 (actes du synode de Rome, a. 745),
p. 111-112 et 117.
99
Concilium Parisiense, I, 18 (p. 624-625) et 20 (p. 626).
100
Voir Concilium Parisiense, I, 19 (p. 625), qui rappelle 1 R 26, 11 ; 2 R 16, 5 ; Ps 104, 15 ;
Isidore, Sententiae, III, 39, 5-6 et Rufin d’Aquilée, Histoire ecclésiastique, X, 2.
98
ché l’Arche (2 Sam 6, 7) 101, et du roi Ozias, qui fut frappé par la lèpre
pour avoir usurpé le ministère sacerdotal 102. Surtout les femmes ne
peuvent pas entrer dans l’espace de l’autel et distribuer l’Eucharistie,
car ce serait quelque chose d’abject 103, ni prendre le voile de leur
propre initiative pour acquérir une liberté et une mobilité dange-
reuse 104.
101
Jonas d’Orléans, De cultu imaginum, III (PL, 106, col. 386c) ; Concilium Meldense-Pari-
siense (846-847), 9 (MGH, Concilia, III, p. 89).
102
Concilium Parisiense, I, 47 (p. 641) ; Concilium Aquisgranense (836), II, 31 (p. 758). Voir
aussi Hincmar, Capitula in synodo apud sacram Macram ab Hincmaro promulgata, 1 (PL, 125,
col. 1071) ; Ad episcopos regni admonitio altera, 3 (PL, 125, 1009a-b) ; Ratramne, Contra
Graecorum opposita, I, 2 (PL, 121, col. 228a-b).
103
Concilium Parisiense, I, 45 (p. 639) ; voir aussi Admonitio generalis (789), 17 (MGH, Capi-
tularia, I, p. 55) ; Capitulare missorum generale (802 c.), 6 (p. 102) ; Raban Maur, Enarratio
super Deuteronomium, II, 29 (PL, 108, col. 922d), et en général G. Otranto, « Note sul
sacerdozio femminile nell’antichità in margine a una testimonianza di Gelasio I », Vetera
christianorum, 19 (1982), p. 341-360 ; D. Corsi (dir.), Donne cristiane e sacerdozio : dalle origini
all’età contemporanea, Rome, 2004.
104
Concilium Parisiense, I, 42 (p. 638) et 44 (p. 639) ; III, 7 (p. 672).
105
Sur les implications ecclésiologiques de la controverse eucharistique, voir M. Cristiani,
Tempo rituale e tempo storico. Comunione cristiana e sacrificio. Le controversie eucaristiche nell’alto
medioevo, Spolète, 1997, p. 146-151.
106
Concilium Meldense-Parisiense (845-846), préf. (MGH, Capitularia, II, p. 395-396), qui
rappelle Jr 1, 10.
107
Hincmar, Erstes kapitular (éd. Capitula episcoporum, II, p. 39-40) : aucun prêtre ne doit
prêter sur gage les objets du culte, quia tanta est sanctitas sacri ministerii, qui rappelle Ez 44,
19 et une fausse décrétale du pape Étienne (éd. Decretales pseudo-isidorianae…, p. 183).
99
108
Epistola Clementis prima, 32 (p. 40) et 34 (p. 41), qui rappellent, contre ceux qui relevent
la tête contra magistros et seniores suos, le passage Is 14, 11-17 sur la punition de l’orgueil de
Lucifer ; Epistola Evaristi secunda, 9 (p. 91) ; Epistola Anacleti secunda, 19 (p. 76).
109
Epistola Clementis prima, 26 (p. 38) ; Epistola tertia, 70 (p. 58) ; voir Raban Maur, In
Matthaeum, II, 5, 11 (p. 130).
110
Capitula Frisingentia tertia, 11 (éd. Capitula episcoporum, III, p. 225) ; Herardus Turo-
nensis, Capitula, n. 107 (MGH, Capitula episcoporum, II, p. 150).
111
Epistula Clementis secunda, 47 (p. 48-49).
112
Voir Hincmar, Capitula presbyteris data, II, 21 (PL, 125, col. 782a) ; Ratramne, Contra
Graecorum opposita, IV (PL, 121, col. 325a et 328a-b). Sur la notion de pureté à l’époque
carolingienne et sur l’essor de l’idéal du célibat, voir R. Savigni, « Purità rituale e ridefini-
zione del sacro nella cultura carolingia : l’interpretazione del libro del Levitico e dell’epis-
tola agli Ebrei », Annali di storia dell’esegesi, 13 (1996), p. 229-255 ; M. De Jong, « Imitatio
Morum. The Cloister and Clerical Purity in the Carolingian World », in M. Frassetto (dir.),
Medieval Purity and Piety. Essays on Medieval Clerical Celibacy and Religious Reform, New York/
Londres, 1998, p. 49-80.
113
Hincmar, Vita Remigii episcopi, 16 (p. 301).
114
Epistola Clementis prima, 14-16 (éd. Hinschius, p. 34-35) ; Epistola Anacleti pape, 2 (p. 67).
Sur l’image de l’évêque gubernator, voir Julien Pomère, De vita contemplativa, I, 16.
115
Voir Epistola decretalis Stephani pape, 12 (éd. Decretales pseudo-isidorianae…, p. 186).
100
angélique du même nom 116 –, car, selon Matthieu 10, 24, le disciple
n’est pas au-dessus de son instituteur et le serf au-dessus de son maî-
tre 117. Les évêques, qui sont la propriété de Dieu, peuvent être accu-
sés seulement par des personnes d’égale condition (« ab coaequali-
bus »), c’est-à-dire par des évêques réunis en concile, excepté le cas
d’hérésie 118. La primauté de l’apôtre Pierre et de l’Église romaine – et
comme le sacerdoce d’Aronne – est le fondement du collège épisco-
pal (souvent défini ordo) 119 et de toute la hiérarchie sacerdotale, selon
une interprétation hiérocratique (pas encore « grégorienne ») du
passage d’Isidore, qui avait remarqué que sacerdotalis ordo a Petro coe-
pit 120. En revanche, la métaphore conjugale est appliquée au rapport
entre l’Église locale et son évêque pour souligner l’indissolubilité du
lien 121.
À cette époque, on entrevoit une croissante cléricalisation du
monachisme, tandis que la participation des laïcs, qui ne compren-
nent plus le latin 122, à la liturgie eucharistique et à l’office divin
devient plus passive. Il se répand l’idée que l’Église consiste surtout
dans les prêtres, en tant que « synthèse » de l’Église 123, même si un
canon du concile de Paris juge qu’aucun prêtre ne doit célébrer solus
116
Voir Epistola Clementis prima, 37 (p. 41) ; Epistola decretalis Stephani pape, 12 (p. 186).
117
Voir Epistola Clementis prima, 42 (p. 45) ; Epistola Anacleti prima, 9 (p. 70) ; Decreta Pii pape,
4 (p. 117) : Jésus per seipsum et non per alium vendentes sacerdotes et ementes eiecit de templo. Pour
Smaragde (Via regia, 18, PL, 102, col. 957-858), au contraire, le roi, en tant que vicaire du
Christ, peut imiter la conduite de Jésus, qui a éloigné les marchands du Temple par
le fouet.
118
Epistola Clementis prima, 31-33 (p. 40), 38 (p. 42) et 42 (p. 44-45) ; Epistola Anacleti tertia,
30 (p. 85) ; voir Isidore, Sententiae, III, 39, 4-6. Les fausses décrétales rappellent plusieurs
passages bibliques (Gn 9, 22et 19, 9 ; Ps 81, 1 ; Zc 2, 8 ; Mt 10, 24 et 23, 3 ; Luc 10, 16 ; Ga
6, 2) pour souligner l’impossibilité de juger les évêques et la nécessité de supporter les
pasteurs négligents ou mauvais.
119
Voir Epistola Anacleti tertia, 28-29 (p. 82) : Et apostolorum vero ordo unus est, licet sint prima-
tes illi, qui primas civitates tenent, emprunté par Hincmar, Opusculum LV capitulorum, 15
(col. 331c-d), avec la variante Episcoporum vero ordo unus est (attestée par un manuscrit de
la fausse décrétale d’Anaclet).
120
Epistola Anacleti secunda, 18 (p. 75) et 22-24 (p. 78-79), cf. Isidore, De ecclesiasticis officiis,
II, 5, 1 et 5 ; Epistola Anacleti tertia, 32-34 (p. 83-84) : apostolica sedes cardo et caput. Voir aussi
le traité De exordio vel interpretatione ac officio episcoporum, rédigé peut-être dans la région de
Lyon, et publié par R. E. Reynolds, « A Ninth-Century Treatise on the Origins, Office, and
Ordination of the Bishop », Revue bénédictine, 85 (1975), p. 321-332, voir p. 329 : Episcoporum
ordo Aaron auctore adolevit in seculo. Inicium quidem sacerdotii ipse fuit, qui utilise l’Institutio
canonicorum, Raban Maur et les Fausses décrétales.
121
Epistola Evaristi secunda, 4 (p. 90) ; Epistola Callisti, 14 (p. 139).
122
M. Banniard, Viva voce. Communication écrite et communication orale du ive au ixe siècle en
Occident latin, Paris, 1992, p. 305-422.
123
L’expression Ecclesia in sacerdotibus constat est utilisée par Florus de Lyon (De expositione
Missae, 13 et 42, PL, 119, col. 26c-d et 43a) ; Epistola Pii papae secunda (p. 118) ; Isaac
101
Lingonensis, Capitula, 5 (éd. Capitula episcoporum, II, p. 228) ; voir la variante de Grégoire
IV, Ep. 5 (MGH, Epistolae, V, p. 78) : Ecclesia in sacerdotibus maxime constat.
124
Concilium Parisiense, I, 48 (p. 642).
125
J. A. Jungmann, Missarum sollemnia, trad. it., Turin, 1953, p. 70-74 ; II (p. 108) ; Y.
Congar, L’ecclésiologie…, op. cit., p. 96-98 ; R. Savigni, Giona di Orléans…, op. cit., p. 169-170 ;
G. Guiver, La compagnia delle voci. Liturgia delle ore e popolo di Dio nell’esperienza storica dell’ecu-
mene cristiana, trad. it., Milan, 1991.
126
Voir Jonas d’Orléans, De institutione laicali, II, 16 (col. 197a et 199c) et 23 (col. 215c-d) ;
Id., Le métier de roi…, op. cit., 10, p. 234 ; Radulphe de Bourges, Capitula Radulfi episcopi
Bituricensis, 23 (éd. Capitula episcoporum, I, p. 251), qui rappelle la Collectio Capitularium
Ansegisi (Die Kapitulariensammung des Ansegis, II, 39 et 42, éd. G. Schmitz, MGH, Capitularia,
n. s. 1, Hanovre, 1996, p. 560 et 562) ; et le traité publié par Reynolds (« A Ninth-Century
Treatise… », op. cit., p. 331).
127
Jonas d’Orléans, De institutione laicali, II, 20 (col. 209a) ; Agobard, Ep. 4, 11 (p. 62).
128
Epistula synodi Carisiacensis, 15 (MGH, Concilia, III, p. 425) : Et nos episcopi Domino consecrati
non sumus huiusmodi homines, ut, sicut homines saeculares, in vassallatico debeamus nos cuilibet
commendare. L’épître évoque (p. 426-427) l’opposition (fondée sur la solidarité aristocrati-
que) de certains conseillers du roi aux évêques, en tant qu’ignobiles, en rappelant que Dieu
n’a pas choisi comme apôtres des personnes nobles, mais des pécheurs.
129
Hincmar, De divortio Lotharii, Appendix, Resp. 6 (p. 247-248) ; voir MGH, Capitularia, II,
n. 300 (859), c. 3, p. 451.
102
Quelques conclusions
130
Thégan, Vita Hludowici, 20 (éd. E. Tremp, « Die Taten Kaiser Ludwigs », MGH, Scriptores
rerum Germanicarum in usum scholarum, 64, Hanovre, 1995, p. 204-206) ; 50 (p. 242) et 56
(p. 252).
131
A. M. Orselli, « Controversia iconoclastica e crisi del simbolismo in Occidente fra VIII
e IX secolo », in Id., Tempo città e simbolo fra Tardoantico e Alto Medioevo, Ravenne, 1984,
p. 81-110 ; M. Cristiani, Dall’unanimitas…, op. cit., p. 108-111.
132
Voir Gotescalc, De trina deitate (éd. D. C. Lambot, Œuvres théologiques et grammaticales
de Godescalc d’Orbais, Louvain, 1945, p. 96) : si autem imperator contra Deum vult peccare et ipsi
repugnare, (…) imperatorem dimitte et domino Deo te tota devotione summitte, analysé par G. L.
Potestà, « Ordine ed eresia nella controversia sulla predestinazione », in Giovanni Scoto nel
suo tempo. L’organizzazione del sapere in età carolingia, Atti del XXIV Convegno di Todi (1987),
Spolète, 1989, p. 383-411, en particulier p. 401-402.
133
Raban Maur, In Ecclesiasticum (PL, 109, col. 1002c).
134
Raban Maur, Ép. à Hincmar de Reims (850) (MGH, Epistolae, V, n. 44, p. 498) ; Hincmar,
De praedestinatione, XXXII (PL, 125, col. 300-302). Voir M. Cristiani, Dall’unanimitas…, op.
cit., p. 163-170.
135
Jonas d’Orléans, De cultu imaginum, III (PL, 106, 375c-d).
103
136
Voir M. Cristiani, Dall’unanimitas…, op. cit., p. 170-187 ; G. d’Onofrio, « I fondatori
di Parigi. Giovanni Scoto e la teologia del suo tempo », in Giovanni Scoto nel suo tempo…, op.
cit., p. 413-456 ; C. Martello, Simbolismo e Neoplatonismo in Giovanni Scoto Eriugena, Catane,
1986, p. 19.
104
L
a hiérarchie joue d’abord en délimitant, au sein du corps social,
de grandes masses différenciées : en ce qui nous concerne, il
s’agit de l’opposition fondamentale entre clercs et laïcs – quan-
tum differt lux a tenebris, dira Honorius Augustodunensis 1. Mais elle
joue aussi à l’intérieur des groupes, par l’institution de degrés. Le
clergé, de ce point de vue, présente la singularité de ne pas se struc-
turer seulement selon des statuts, c’est-à-dire selon des critères juridi-
ques, mais surtout selon la réception d’ordres sacramentels, transmis
au moyen de rites et dont les capacités rituelles inégales sont la mani-
festation la plus explicite. L’organisation ainsi dessinée a connu des
évolutions considérables entre le ive siècle, lorsque l’Église commence
son inscription dans la Cité, et le xiie siècle, grand moment de fixation
théologique et liturgique dans l’Occident latin. Le réseau complexe
des « ordres mineurs » s’est mis en place, certains degrés primitifs ont
été redoublés – on pense au sous-diaconat et à l’ambiguïté qu’il recou-
vre 2. Mais c’est surtout au sommet de la pyramide hiérarchique que
se sont produits des glissements : d’un épiscopat à tous points de vue
dominant, on est passé à un discours de plus en plus « presbytéro-
centré », et l’épiscopat, parfait synonyme de « sacerdoce » au temps
des Pères, a fini par perdre complètement sa dimension sacramentelle
dès les premières grandes élaborations scolastiques. Cette mutation,
que désigne en théologie classique le débat sur la « sacramentalité de
l’épiscopat », n’a pratiquement pas jusqu’ici intéressé les historiens
qui ont étudié l’Église comme structure englobante de la société
médiévale. Elle mérite pourtant qu’on l’examine de près, dans sa
1
MGH, Libelli de lite, t. 3, p. 51.
2
M. Andrieu, « Les Ordres mineurs dans l’ancien rit romain », Revue des sciences religieuses,
5 (1925), p. 232-274. R. Reynolds, « The subdiaconate as a sacred and superior order »,
in Id., Clerics in the early Middle Ages, Aldershot, 1999 (Variorum).
105
chronologie, ses causes possibles et ses implications, tant elle est révé-
latrice des rythmes et des procédures de construction du régime de
Chrétienté. Tel est l’objectif de la présente esquisse.
3
D. Zaehringer, Das kirchliche Priestertum nach dem heiligen Augustinus, Paderborn, 1931.
E. Lamirande, « Sacerdos dans la langue de saint Augustin », in Traités anti-donatistes, t. 5,
Paris, 1965 (Bibliothèque augustinienne, 32), p. 720-721.
4
On se reportera à M. Poirier, « Évolution du vocabulaire chrétien du sacerdoce et du
presbytérat des origines à saint Augustin », Bulletin de la Société nationale des antiquaires de
France, 1997, p. 230-245.
5
Ep. 145 (olim VIII, 1), Die Briefe des Petrus Damiani, t. 3, éd. K. Reindel, Munich, 1989 (Die
Briefe der deutschen Kaiserzeit, 4), p. 528. N. d’Acunto, « Il sacerdozio regale dei fideli
negli scritti di Pier Damiani », in Florentissima proles Ecclesiae : studi (…) R. Grégoire, Trente,
1996, p. 121-138. En général : P. Dabin, Le sacerdoce royal des fidèles dans la tradition ancienne
et moderne, Namur, 1950 (Museum lessianum , 48). La référence scripturaire est à la Ia Petri
2, 9.
106
6
Serm. LIX, 7 ; CCSL, 138a, p. 358-359.
7
Cap. xxii-xxiii (éd. C. Munier, Paris, 1960).
8
P. Gy, « Remarques sur le vocabulaire antique du sacerdoce chrétien », in Études sur le
sacrement de l’Ordre, Paris, 1957 (Lex orandi, 22), p. 125-145. Pour saint Ambroise : R. Gryson,
Le prêtre selon saint Ambroise, Louvain, 1968.
9
J. Lécuyer, Le sacrement de l’ordination : recherche historique et théologique, Paris, 1983 (Théo-
logie historique, 65).
10
Bien observé par P. de Puniet, Le Pontifical romain : histoire et commentaire, t. 1, Paris/
Louvain, 1930, p. 267.
11
Sacramentarium Veronense, éd. C. Mohlberg, Rome, 1956 (Rerum ecclesiasticarum docu-
menta, series major, fontes, 1), n° 942-947 pour les évêques et n° 952-954 pour les prêtres.
12
Les principaux Ordines romani d’ordinations sont les n° 34 (éd. Andrieu, t. 3, p. 606-613)
et 35 (t. 4, p. 33-46). L’ordo 34 a été compilé à Rome au milieu du viiie siècle.
13
Lettre au pape, c. 450, MGH, Ep., t. 3, p. 19.
14
Voir ici même la contribution de R. Savigni.
107
15
« Des pontifes païens aux pontifes chrétiens », Revue belge de philologie et d’histoire, 79
(2001), p. 158.
16
Voir ce passage très explicite de la Vita Willibaldi (BHL, 8934, cap. xxiii) : habebat rationale
summus pontifex in lege veteri in praefigurationem multae perfectionis et pontificibus Novi Testamenti
quibusdam conceditur…
17
Denzinger, n° 98 (éd. de 1932).
18
Serm. XLVIII, 1, PL, 54, col. 298.
19
Ep. XIV, 4, PL, 54, col. 672.
20
Sacramentarium Veronense (éd. C. Mohlberg, n° 954). « Ordo qualiter in Romana Ecclesia
presbiteri, diaconi vel subdiaconi eligendi sunt », in C. Vogel et R. Elze (éd.), Le Pontifical romano-
germanique, Rome, 1963 (Studi e testi, 226), t. 1 p. 34 ; cf. aussi p. 32.
21
Ibid.
108
22
De missarum mysteriis I, 6 (PL, 217, col. 777). Le Pontifical…, op. cit., p. 33 (et Sacramenta-
rium Veronense, n° 954).
23
Le Pontifical…, ibid., p. 34.
24
Le Pontifical…, ibid., p. 33. Voir l’interrogatoire de l’ordinand (p. 29) : vis presbiterii gradum
in nomine Domini accipere ?
25
M. Andrieu, « La carrière ecclésiastique des papes », Revue des sciences religieuses, 21
(1947), p. 106-107.
26
R. Reynolds, « A IXth Ct treatise on the origins, office and ordination of the bishop »,
Revue bénédictine, 85 (1975), p. 321-332 (éd. l. 110-111).
109
27
Entre beaucoup d’autres : A. Angenendt, « Missa specialis : zugleich ein Betrag zur
Entstehung der Privatmesse », Frühmittelalterliche Studien, 17 (1983), p. 153-221.
28
Cf. S. Simonin, « Le culte eucharistique à Cluny de saint Odon à Pierre le Vénérable »,
Bulletin du Centre international d’études romanes, 1961, p. 3-13 (et PL, 133, col. 559). Sur Odon,
on attend la publication de l’important travail d’I. Rosé, cf. « Odon de Cluny : itinéraire et
ecclésiologie d’un abbé réformateur », Bulletin du Centre d’études médiévales d’Auxerre, 10
(2006), p. 255-263.
29
B. Kleinheyer, Die Priesterweihe im römischen Ritus : eine liturgie-historische Studie, Trèves,
1962 (Trierer theologische Studien, 12). On pourra voir aussi les diverses études de R. Rey-
nolds : sont-elles, toutefois, d’une importance telle que le même Reynolds, dans son article
« Clerical ordinations » du Dictionary of the Middle Ages (t. 9) ne batisse sa bibliographie que
sur elles seules ?
110
30
Attesté au Pontifical romano-germanique (éd. C. Vogel et R. Elze, p. 35). P. de Puniet, Le
Pontifical romain…, op. cit., p. 277. A. Cameri, La traditio instrumentorum e delle insegne nei riti
di ordinazione, studio storico-liturgico, Rome, 1998 (Bibliotheca Ephemerides liturgicae, Subsidia).
Dans l’article cité à la note précédente, R. Reynolds, traitant de la « tradition of instru-
ments » (p. 267), ne donne aucun élément de chronologie sur les rites qu’il décrit, comme
s’ils avaient la même stabilité que les textes : une telle pratique est propre à induire grave-
ment en erreur.
31
Hunc morem tenent episcopi nostri, manus presbyterorum unguunt de oleo : Liber officialis, éd.
J.-M. Hanssens, Amalarii episcopi opera liturgica omnia, t. 2, Rome, 1950 (Studi e testi, 139),
p. 227.
32
Voir la lettre du pape Nicolas Ier à l’évêque de Bourges (PL, 119, col. 884).
33
Cf. A. Rauwel, Expositio missae : essai sur le commentaire du Canon de la Messe dans la tradition
monastique et scolastique, thèse mult., université de Bourgogne, t. 2, p. 225-228. C’est tout le
sujet d’un petit texte tardif attribué à saint Augustin, le De dignitate sacerdotum.
34
M. Andrieu, « Le sacre épiscopal d’après Hincmar de Reims », Revue d’histoire ecclésias
tique, 48 (1953), p. 22-73.
111
35
A. Rauwel, « Théologie eucharistique et valorisation de l’autel à l’âge roman », Hortus
artium medievalium, 11 (2005), p. 177-182.
36
Pour mémoire : H. de Lubac, Corpus mysticum, l’Eucharistie et l’Église au Moyen Âge, Paris,
1944 (Théologie, 3).
112
37
Dictatus papae, XIII.
38
Pour le cas lyonnais, cf. F. Villard, « Primatie des Gaules et réforme grégorienne »,
Bibliothèque de l’École des chartes, 149 (1991), p. 421-434. Que l’intervention papale de 1079
soit une attribution ou une confirmation, la mise en valeur de la fonction ne fait pas de
doute. Voir toutefois les nuances apportées par M. Rubellin (« Lyon du xie au xiiie siècle »,
in Id., Église et société chrétienne d’Agobard à Valdès, Lyon, 2003, p. 379-380).
39
Voir par exemple la célèbre lettre de Liemar de Brême à Hézilon de Hildesheim (1075),
dans Briefsammlungen der Zeit Heinrichs IV., éd. C. Erdmann et N. Fickermann, Weimar, 1950
(Briefe der deutschen Kaiserzeit, 5), n° 15, p. 33-35.
40
A. Landgraff, « Die Lehre vom Episkopat als Ordo », in Id., Dogmengeschichte der Frühs-
cholastik, t. 3/2, Ratisbonne, 1955. L. Ott, Le sacrement de l’Ordre, Paris, 1971 (Histoire des
dogmes, 26), not. p. 112-121.
41
H. Weisweiler, Die Wirksamkeit der Sakramente nach Hugo von Sankt-Viktor, Fribourg,
1932.
42
Liber sententiarum, lib. iv, dist. 24.
113
une dignitas, un officium, il n’est pas un ordo 43. Hugues est plus synthé-
tique encore : il propose le concept de dignitas in ordine. Il y a un seul
ordo sacerdotalis dans lequel on entre par l’ordination presbytérale.
Au-delà, on peut obtenir un accroissement de pouvoir, y compris de
pouvoir sacramentel – il y a des rites, jusque parmi ceux du septénaire,
qui sont réservés à l’évêque –, mais on ne sort pas pour autant d’un
cadre fixé. C’est le renversement complet de ce que nous avions
observé dans les sources liturgiques romaines les plus anciennes, lors-
que dignitas s’appliquait toujours à la condition presbytérale.
De ce point de vue, il est incontestable que le Maître des Sentences
rompt avec l’enseignement du Pseudo-Denys, dont la Hiérarchie ecclé-
siastique avait marqué fortement la tripartition épiscopat/presbytérat/
diaconat, « trinôme majeur » selon A. Faivre. Thomas d’Aquin, au
siècle suivant, l’a bien senti et a tenté d’expliquer la distinction 24 en
la réconciliant avec le schéma dionysien 44 qui lui était cher – plus
qu’on ne le dit généralement 45. Le futur Innocent III, lui aussi, a
insisté sur la profonde différence entre épiscopat et presbytérat en
exposant que les prêtres et les évêques ont six ornements communs
correspondant à leurs six pouvoirs communs, alors qu’on compte
neuf ornements propres aux prélats et interdits aux degrés inférieurs,
manifestant neuf pouvoirs propres dont l’auteur rappelle qu’ils sont
au même nombre que les chœurs des anges… 46. Ce sont là des sou-
venirs du système ancien, nullement des tentatives de le restaurer dans
son intégrité ; la non-sacramentalité est désormais un fait acquis.
La synthèse du xiie siècle, aussi nette qu’elle soit, laisse comme un
goût d’inachevé. On ne voudrait pas céder ici au finalisme scolastique
et lire les maîtres anté-universitaires dans la seule perspective de la
Summa theologiae. Il n’en reste pas moins que le xiiie siècle a repré-
senté, dans le domaine qui nous occupe, un temps de clarification et
d’aboutissement. Ce qui manquait surtout au Lombard ou à Hugues,
c’était la notion de caractère sacramentel, seule propre à distinguer
43
Ibid.
44
Ce point a été bien vu par J. Lécuyer [« Les étapes de l’enseignement thomiste sur
l’épiscopat », Revue thomiste, 57 (1957), p. 29-52, not. p. 34]. Le texte capital est pour nous
le De perfectione vitae spiritualis, éd. Mandonnet, Opuscula omnia, t. 4, Paris, 1927, chap. 24.
Voir aussi M.-J. Nicolas, « La doctrine de saint Thomas sur le sacerdoce », Studi tomistici, 2
(1974), p. 309-328.
45
Sur le dionysisme de saint Thomas, voir par exemple G. Prouvost, Thomas d’Aquin et les
thomismes, Paris, 1996 (Cogitatio fidei, 195).
46
De missarum mysteriis, I, 10 (PL, 217, col. 780-781).
114
47
P. Pourrat, La Théologie sacramentaire : étude de théologie positive, Paris, 1910 (toujours
important).
48
D. Iogna-Prat, La Maison Dieu. Une histoire monumentale de l’Église au Moyen Âge, Paris,
2006. J’insiste sur la valeur romaine des observations ici présentées ; au rit lyonnais, par
exemple, la position centrale de l’archevêque dans le dispositif cultuel n’a pas été modifiée.
Le programme iconographique du chœur de la primatiale lyonnaise est d’ailleurs d’une
qualité et d’une cohérence remarquables au double point de vue eucharistique et ecclésio-
logique : cf. N. Reveyron, « Rhétorique, poétique et structure narrative dans la construction
d’un espace iconique : les chapiteaux de l’enfance du Christ à la cathédrale de Lyon », in
Espace et liturgie : organisation de l’espace ecclésial au Moyen Âge, actes du colloque de Nantua,
novembre 2006, à paraître.
49
Ces mots constituent la chute d’un quatrain sur la nature du prêtre, constamment attri-
bué à saint Norbert, mais sans preuves : cf. A. Rauwel, Expositio missae…, op. cit., t. 2,
p. 225.
115
Introduction
É
vêques et moines carolingiens furent à l’origine d’un nouveau
modèle de société où chacun devait être en mesure de faire son
salut dans l’au-delà. Si ces réflexions réservèrent une place pré-
pondérante aux moines, il n’en reste pas moins que les évêques – et
en premier lieu Jonas d’Orléans († 843), Raban Maur († 856) ou
encore Hincmar de Reims († 882) – s’assignèrent un rôle privilégié
puisqu’il était de leur responsabilité de veiller à ce que les fidèles
puissent disposer ici-bas d’un encadrement pastoral à la hauteur de
cet ambitieux programme ecclésiologique 1. Carine van Rhijn a ainsi
récemment mis l’accent sur le souci manifesté par l’épiscopat caro-
lingien à l’égard des prêtres ruraux, de leur formation et de leur
comportement, ce dont témoigne l’abondante documentation nor-
mative des Capitula episcoporum. Mais la répétition des prescriptions
épiscopales suggère aussi les difficultés d’application d’un programme
extrêmement exigeant. À cet égard, la transmission de ces valeurs et
de ces modèles au sein du clergé rural peut bien être considérée
comme le « goulet d’étranglement » de la politique de réforme 2.
Une des voies privilégiées par l’épiscopat carolingien pour obtenir
cette transformation attendue du clergé séculier fut d’établir un enca-
drement plus efficace du groupe des clercs ruraux. Au ixe siècle, ces
1
Voir la contribution de Raffaele Savigni dans le présent volume ; D. Iogna-Prat, Ordonner
et exclure. Cluny et la société chrétienne face à l’hérésie, au judaïsme et à l’islam (1000-1150), Paris,
2000 (2e éd.), p. 19-26 et Id., La Maison Dieu. Une histoire monumentale de l’Église au Moyen
Âge (v. 800- v. 1200), Paris, 2006, p. 228-257 ; S. Patzold, « Redéfinir l’office épiscopal :
les évêques francs face à la crise des années 820-830 », in F. Bougard, L. Feller et R. Le
Jan (dir.), Les élites au haut Moyen Âge. Crises et renouvellements, Turnhout, 2006 (Haut Moyen
Âge, 1), p. 337-359.
2
C. Van Rhijn, Shepherds of the Lord. Priests and Episcopal Statutes in the Carolingian Period,
Turnhout, 2007 (Cultural Encounters in Late Antiquity and the Middle Ages, 6) ; Ead.,
« Priests and the Carolingian reforms : the bottlenecks of local correctio », in R. Corradini,
R. Meens, C. Possel et P. Shaw (dir.), Texts and identities in the Early Middle Ages, Vienne,
2006 (Forschungen zur Geschichte des Mittelalters, 12 ; Österreichische Akademie der
Wissenschaften, Denkschriften der phil.-hist. Klasse, 344), p. 219-238.
117
3
D. Iogna-Prat, La Maison Dieu…, op. cit., p. 85-90.
4
Capitula episcoporum, II, éd. R. Pokorny et M. Stratmann, MGH, Leges, Hanovre, 1995,
p. 34-45 (n° I), 45-70 (n° II), 73-75 (n° III), 80-85 (n° IV) et 86-89 (n° V).
5
De presbiteris criminosis. Ein memorandum Erzbischof Hinkmars von Reims über straffälliger Kle-
riker, éd. G. Schmitz, MGH, Studien und Texte, 34, Hanovre, 2004 ; Collectio de ecclesiis et
capellis, éd. M. Stratmann, MGH, Fontes iuris germanici antiqui, 14, Hanovre, 1990 ; sur ce
dernier traité voir P. Depreux et C. Treffort, « La paroisse dans le De ecclesiis et capellis
d’Hincmar de Reims. L’énonciation d’une norme à partir de la pratique ? », Médiévales, 48
(2005), p. 141-148.
118
1. Distinction
6
Capitula episcoporum, II (éd. op. cit.), p. 93-95 (Guilebertus) et 100-111 (Riculfus).
7
W. Hartmann, « Neue Texte zu bischöflichen Reformgesetzgebung aus den Jahren
829/831. Vier Diözesansynoden Halitgars von Cambrai », Deutsches Archiv, 35 (1979),
p. 368-394 (éd. des capitula p. 382-392 et du questionnaire p. 392-394) ; Capitula neustrica,
éd. R. Pokorny, MGH, Leges, Capitula episcoporum, III, Hanovre, 1995, p. 48-73. W. Hart-
mann a attribué à Halitgaire la paternité de ces quatre capitulaires épiscopaux et d’un
examen sacerdotal copiés dans Paris, BnF, lat. 8508 en raison de la présence, dans ce même
codex, du pénitentiel composé par le prélat et auxquels deux articles des capitula semblent
se référer explicitement ; mais R. Pokorny souligne qu’un autre évêque pouvait très bien
citer le pénitentiel d’Halitgaire et se demande pourquoi ce dernier aurait été pris à l’ex-
trême fin de son épiscopat, pendant à peine deux années, d’une activité synodale si
intense.
8
R. Godding, Prêtres en Gaule mérovingienne, Bruxelles, 2001 (Subsidia hagiographica, 82),
p. 111-154.
9
Les canons des conciles mérovingiens (vie-viie siècles), éd. et trad. J. Gaudemet et B. Basdevant,
Paris, 1989 (Sources chrétiennes, 353-354), t. 2, p. 474.
119
message pastoral auprès des laïcs 10. Les interdictions faites par Hinc-
mar aux prêtres de participer aux banquets sont aussi révélatrices de
la nécessité de ne pas placer sur un pied d’égalité clercs et laïcs au
sein de la communauté rurale 11.
Comme l’a rappelé Dominique Iogna-Prat, cette distinction, qui
s’appliquait à l’apparence et aux activités des clercs, s’étendit aussi
progressivement aux lieux. Dès la fin du vie siècle, les participants du
synode d’Auxerre interdirent la célébration, dans les « maisons parti-
culières » (in domibus propriis), d’offrandes privées et de veillées pour
la fête des saints 12. Lors du grand concile réformateur de 829, les
évêques s’insurgèrent contre les célébrations de messes dans des
« lieux inappropriés », c’est-à-dire les jardins et les maisons privées ;
et cette interdiction fut reprise par Jonas d’Orléans, principal inspi-
rateur du texte de 829, dans son De institutione laicali 13.
Le souci de l’épiscopat de distinguer nettement clercs et laïcs au
sein de la société rurale pose un réel problème d’interprétation auquel
les réflexions sur la notion d’élites apportent désormais de nouvelles
réponses.
Une première explication a été donnée au début du xxe siècle sous
l’influence des travaux d’Ulrich Stutz et reprise ensuite sans grand
changement : en distinguant nettement la condition des clercs ruraux,
les évêques auraient eu comme souci de les dégager d’une sujétion
de fait à l’égard de l’élite laïque locale. Élaboré par Ulrich Stutz, le
concept d’« église privée » (Eigenkirche) a en effet introduit l’idée qu’il
existait également un « clergé privé », c’est-à-dire un ensemble de
desservants vivant dans la dépendance du propriétaire 14. Cette
10
D. Iogna-Prat, La Maison Dieu…, op. cit., p. 239-240 ; G. Devailly, « La pastorale en
Gaule au ixe siècle », Revue d’histoire de l’Église de France, 59 (1973), p. 23-54.
11
Capitula episcoporum…, op. cit., II, p. 43-44 (I, 16).
12
Les canons des conciles mérovingiens…, op. cit., t. 2, p. 489.
13
MGH, Concilia, II, 2, Hanovre-Leipzig, 1898, c. 47, p. 641 ; Jonas d’Orléans, De institu-
tione laicali, I, 11 (PL, 106, col. 144) ; D. Iogna-Prat, La Maison Dieu…, op. cit.,
p. 232-233.
14
Présentation des travaux d’U. Stutz dans R. Schieffer, « Eigenkirche, Eigenkirchenwe-
sen », Lexikon des Mittelalters, t. 3, 1986, col. 1705-1707 ; toujours utile est le compte rendu
que P. Fournier a donné de la thèse de Stutz : « La propriété des églises dans les premiers
siècles du Moyen Âge », Nouvelle revue historique de droit français et étranger, 21 (1897),
p. 486-506. S. Wood, The Proprietary Church in the Medieval West, Oxford, 2007 ; S. Patzold a
montré, en commentant la Collectio de ecclesiis et capellis, que le concept d’Eigenkirche ne
rendait pas compte des droits (et des devoirs) que l’évêque et le desservant avaient aussi
sur l’église : voir S. Patzold, « Den Raum der Diözese modellieren ? Zum Eigenkirche-
Konzept und zu den Grenzen der potestas episcopalis im Karolingerreich », in P. Depreux,
120
conception – qui exclut a priori les clercs ruraux du groupe des élites 15
– se fonde sur quelques textes bien connus. Clairement énoncée par
le pape Zacharie dans la lettre qu’il adressa en 748 aux viri magnifici
bavarois, l’interdiction faite à tout laïc « d’avoir un clerc à son service »
revient ensuite à plusieurs reprises sous la plume des évêques réfor-
mateurs dans la première moitié du ixe siècle 16. On connaît ainsi la
charge violente d’Agobard de Lyon (816, † 840) contre les puissants
qui s’attachaient les services d’un « prêtre domestique » (sacerdos
domesticus) recruté parmi leurs dépendants 17 ; ou encore, dans les
années 860, la réponse indignée du pape Nicolas Ier à l’archevêque
Adon de Vienne qui lui avait soumis le cas du « prêtre du comte
Gérard ». Le pape avait alors vertement rappelé au prélat que le comte
n’avait pas ordonné le clerc en question et qu’il n’était pas non plus
à la tête du diocèse 18.
Une seconde explication découle des réflexions en cours sur la
place des clercs ruraux au sein du groupe des élites rurales du haut
Moyen Âge. On peut en effet observer que les prescriptions conciliai-
res insistent fortement sur la nécessité de les détourner de comporte-
ments propres à l’élite. C’est ce qui apparaît par exemple dans les
interdictions, insistantes depuis l’époque mérovingienne, faites aux
clercs de porter les armes, de pratiquer la chasse et de posséder chiens
et animaux à cet effet 19. Dans le même ordre d’idée, un capitulaire
attribué à Halitgaire de Cambrai, reprenant une interdiction pronon-
cée au concile de Paris de 829, défend aux prêtres d’occuper les
F. Bougard et R. Le Jan (dir.), Les élites et leurs espaces. Mobilité, rayonnement, domination (du
vie au xie siècle), Turnhout, 2007 (Haut Moyen Âge, 5), p. 225-245.
15
M. Aubrun, « Le clergé rural dans le royaume franc du vie au xiie siècle », in P. Bonnas-
sie (dir.), Le clergé rural dans l’Europe médiévale et moderne, Toulouse, 1995 (Flaran, 13),
p. 15-27, à la p. 15 : « Les prêtres des villages sont méconnus parce qu’ils n’appartiennent
pas à l’élite, ni par la naissance, ni par la fortune ou le savoir. »
16
M. Tangl (éd.), Die Briefe des heiligen Bonifatius und Lullus, Berlin, 1916 (MGH, Epistolae
selectae, 1), n° 83, p. 186-187 : ut nullus saecularis clericum in suum obsequium habeat ; pour une
mise en contexte des injonctions du pape, voir R. Le Jan, « Emhilt de Milz et la charte de
fondation de son monastère (784) », in Retour aux sources. Textes, études et documents d’histoire
médiévale offerts à Michel Parisse, Paris, 2004, p. 525-535, spéc. p. 528.
17
PL, 104, col. 137-139.
18
PL, 119, col. 917-918 ; sur le manque de représentativité de ces documents, voir toujours
W. Hartmann, « Der rechtliche Zustand der Kirchen auf dem Lande : die Eigenkirche in
der fränkischen Gesetzgebung des 7. bis 9. Jahrhunderts », in Cristianizzazione ed organizza-
zione ecclesiastica delle campagna nell’alto Medioevo : espansione e resistenze, t. 1, Spolète, 1982
(Settimane di studio del Centro italiano di studi sull’alto medioevo, 28), p. 397-441.
19
H. Lutterbach, « Die für Kleriker bestimmten Verbote des Waffenstragens, des Jagens
sowie der Vogel- und Hundehaltung (a. 500-900) », Zeitschrift für Kirchengeschichte, 109/2
(1998), p. 149-166.
121
20
Capitula episcoporum…, op. cit., III, p. 72 ; W. Hartmann, « Neue Texte… », op. cit., p. 390 ;
sur la hiérarchie des fonctions domaniales, voir la contribution de Laurent Feller dans ce
volume.
21
Capitula episcoporum…, op. cit., II, p. 50-51 (II, 17-19) ; De presbiteris criminosis…, op. cit.,
c. 12-13 ; Collectio de ecclesiis…, op. cit., p. 107-109.
22
W. Störmer, « Adelige Eigenkirchen und Adelsgräber. Denkmalpflegerische Aufgaben »,
Zeitschrift für bayerische Landesgeschichte, 38 (1975), p. 1142-1158.
23
L’affaire est exposée par Hincmar dans une lettre au pape : PL, 126, col. 641-648, spéc.
col. 646-648 ; cf. De presbiteris criminosis…, op. cit., p. 7-9 ; sur la bonne connaissance du droit
par les prêtres ruraux, voir Y. Hen, « Knowledge of canon law among rural priests : the
evidence of two carolingian manuscripts from around 800 », Journal of theological studies,
50/1 (1999, n. s.), p. 117-134.
122
24
Voir par exemple Flodoard, Historia Remensis ecclesiae, III, 21 (éd. M. Stratmann, MGH,
Scriptores, XXXVI, Hanovre, 1998, p. 285) pour le cas d’un prêtre excommunié par Thierry
de Cambrai (830, † 863) et dont l’affaire était remontée à Rome. L’aisance matérielle de
certains clercs ruraux a été mise en évidence à partir des actes du cartulaire de Redon par
W. Davies, « Priest and rural communities in east Brittanny in the ninth century », Études
celtiques, 20 (1983), p. 177-197 ; voir également J.-P. Devroey, Économie rurale et société dans
l’Europe franque (vie-ixe siècle), Paris, 2003, p. 201, à propos du prêtre rémois Norbert.
25
L. Pietri, « Évergétisme chrétien et fondations privées dans l’Italie de l’Antiquité tar-
dive », in J.-M. Carrié et R. Lizzi Testa (dir.), « Humana sapit ». Études d’Antiquité tardive
offertes à Lellia Cracco Ruggini, Turnhout, 2002 (Bibliothèque de l’Antiquité tardive, 3),
p. 253-263.
123
2. Hiérarchie
26
Les canons des conciles mérovingiens…, op. cit., II, c. 14, p. 556.
27
Formulae Bituricenses, 5, éd. K. Zeumer, MGH, Formulae Merowingici et Karolini aevi, Hano-
vre, 1882-1886, p. 170 ; sur les archiprêtres mérovingiens voir R. Godding, Prêtres en
Gaule…, op. cit., p. 243-253 et, plus largement, É. Griffe, « Les origines de l’archiprêtre de
district », Revue d’histoire de l’Église de France, 13 (1927), p. 16-50.
28
Les canons des conciles mérovingiens…, op. cit., II, c. 20 et 43-44, p. 494 et 500.
29
Jonas de Bobbio, Vita Vedastis, éd. B. Krusch, MGH, Scriptores rerum merowingicarum, III,
Hanovre, 1896, p. 406-413, c. 9 (p. 412) ; R. Godding, Prêtres en Gaule…, op. cit.,
p. 220-221.
124
30
M. Stratmann, « De ministris Remensis ecclesiae. Eine Schrift Ebos von Reims zur Diozesan-
verwaltung », in H. Mordek (dir.), Aus Archiven und Bibliotheken. Festschrift für Raymund
Kottje zum 65. Geburtstag, Francfort/New York, 1992 (Freiburger Beiträge zur mittelalterli-
chen Geschichte, 3), p. 121-135 avec éd. du traité p. 131-135.
31
Flodoard, Historia Remensis ecclesiae…, op. cit., II, 16 (p. 166) et II, 18 (p. 173) ; sur Abel,
voir M. Sot, Un historien et son Église. Flodoard de Reims, Paris, 1993, p. 461-462 et A. Dierkens,
« Carolus monasteriorum multorum eversor et ecclesiasticarum pecuniarum in usus proprios commu-
tator », in J. Jarnut, U. Nonn et M. Richter (dir.), Karl Martell in seiner Zeit, Sigmaringen,
1994 (Beihefte der Francia, 37), p. 277-294, à la p. 289.
32
M. Stratmann, « De ministris… », op. cit., p. 134 : Corepiscopi vero ministerium est omnem
sacerdotalem totius regionis sibi commisse conversationem corrigere atque dirigere ; à Liège, Alain
Dierkens n’a cependant rencontré aucun élément probant en faveur de la « territorialisa-
tion » de la fonction chorépiscopale aux ixe-xe siècles : A. Dierkens, « La création des
doyennés et des archidiaconés dans l’ancien diocèse de Liège (début du xe siècle ?). Quel-
ques remarques de méthode », Le Moyen Âge, 92 (1986), p. 345-365, aux p. 347-349.
125
33
Admonitio generalis, éd. A. Boretius, MGH, Leges, II, Capitularia regum Francorum, n° 22,
p. 53-62, c. 9, p. 54 ; sur cette fonction, voir toujours T. Gottlob, Der abendländische Chore-
piskopat, Bonn, 1928 ; G. Bührer-Thierry, « Les chorévêques en Bavière. Leurs activités
dans la première moitié du xe siècle », Zeitschrift für bayerische Landesgeschichte, 48 (1985),
p. 479-488.
34
Flodoard, Historia Remensis ecclesiae…, op. cit., III, 10, p. 206 (analyse d’une lettre adres-
sée à Léon IV) ; J. Devisse, Hincmar, archevêque de Reims (845-882), Genève, 1975-1976
(Travaux d’histoire éthico-politique, 29), 3 vol., II, p. 50-51 ; M. Sot, Un historien…, op. cit.,
p. 489, n. 8.
35
M. Stratmann, Hinkmar von Reims als Verwalter von Bistum und Kirchenprovinz, Sigmarin-
gen, 1991 (Quellen und Forschungen zum Recht im Mittelalter, 6), spéc. p. 25-26.
36
T. Gottlob, Der abendländische…, op. cit., p. 74 : il s’agit d’un certain Vitaus, attesté aux
côtés de l’évêque Thierry en 840 au concile d’Ingelheim et en 849 au concile de Quierzy.
37
A. Dierkens, « La création des doyennés… », op. cit., p. 348-349.
126
38
J. Devisse, Hincmar…, op. cit., II, p. 863 pour la citation ; M. Stratmann, Hinkmar…, op.
cit., p. 24-30.
39
Capitula episcoporum…, op. cit., II, n° I, c. 14-15 (p. 41-42) ; n° II (p. 45) ; n.° III, c. 1
(p. 73) ; voir aussi la Collectio de ecclesiis et capellis…, op. cit., p. 100-101.
40
Capitula episcoporum…, op. cit., II, n° V, c. 13 (p. 89) : Si decanus in ministerio vestro aut
neglegens aut inutilis et incorrigibilis fuerit vel aliquis eorum obierit, non inconsiderate decanum
eligite. Et si ego in propinquo sum, ad me illam electionem referte. Et si ego in longinquo sum, decanum
illum qui electus est, interim constituite, donec ad meam notitiam electio illa referatur et mea constitu-
tione aut confirmetur, aut immutetur ; F. Toussaint, « Élection et sortie de charge du doyen
de chrétienté dans les anciens diocèses de Liège et de Cambrai », Revue d’histoire ecclésiastique,
42 (1947), p. 50-80 ; à la p. 64, l’auteur rappelle que le Décret de Gratien (vers 1140)
prévoit une élection cum clericis et populis et que cette pratique a été suivie au Moyen Âge
dans les diocèses de Trèves et Liège ; voir aussi infra n. 61.
127
41
Flodoard, Historia Remensis ecclesiae…, op. cit., III, 25, p. 329-330 (lettre d’Hincmar) ;
pour les statuts de Riculfus qui reprennent le passage de la Collectio de ecclesiis et capellis, voir
Capitula episcoporum…, ibid., II, p. 110-111.
42
Capitula episcoporum…, ibid., III, n.° III, c. 1 (p. 65) ; W. Hartmann, « Neue Texte… »,
op. cit., p. 387.
43
C. Mériaux, « Fulbert, évêque de Cambrai et d’Arras (933/934-† 956) », in L’Église et la
société entre Seine et Rhin (ve-xve siècle). Recueil d’études d’histoire du Moyen Âge en l’honneur de
Bernard Delmaire, Villeneuve d’Ascq, 2004 [= Revue du Nord, 86, n° 356-357], p. 525-542, à
la p. 536.
44
A. Dierkens, « La christianisation des campagnes de l’Empire de Louis le Pieux. L’exem-
ple du diocèse de Liège sous l’épiscopat de Walcaud (c. 809-c. 831) », in R. Collins et
P. Godman (dir.), Charlemagne’s heir. New perspectives on the reign of Louis the Pious (814-840),
Oxford, 1990, p. 309-329.
128
45
P. Michaud-Quantin, Universitas. Expressions du mouvement communautaire dans le Moyen
Âge latin, Paris, 1970 (L’Église et l’État au Moyen Âge, 13) ; G. G. Meersseman, Ordo fra-
ternitatis. Confraternite e pieta’ del laici nel medioevo, Rome, 1977, 3 vol. (Italia sacra. Studi e
documenti di storia ecclesiastica, 24-26) ; fondamentales pour notre propos sont les deux
études d’O. G. Oexle citées notes 46 et 54 ; un commode résumé en a été donné en français
dans Id., « Conjuratio et ghilde dans l’Antiquité et dans le haut Moyen Âge. Remarques sur la
continuité des formes de la vie sociale », Francia, 10 (1983), p. 1-19, aux p. 7-12.
46
O. G. Oexle, « Conjuratio und Gilde im frühen Mittelalter. Ein Beitrag zum Problem der
sozialgeschichtlichen Kontinuität zwischen Antike und Mittelalter », in B. Schwinekoper
(dir.), Gilden und Zünfte. Kaufmännische und Gewerbliche Genossenschaften im frühen und hohen
Mittelalter, Sigmaringen, 1985 (Vorträge und Forschungen, 29), p. 151-214, aux p. 169-184.
47
R. Godding, Prêtres en Gaule…, op. cit., p. 284-293.
129
Si des clercs, comme il est manifeste que cela s’est fait récemment en de
nombreux endroits à l’instigation du diable, se sont, par une rébellion
audacieuse, groupés et unis en formant une conjuration, et qu’il est
apparu, soit que des serments avaient été échangés, soit qu’une charte
avait été rédigée, une telle insolence ne pourra se couvrir d’aucune excuse,
mais l’affaire une fois découverte et le synode une fois réuni, elle sera
sanctionnée en la personne de ses fauteurs par les pontifes assemblés,
compte tenu de la qualité des personnes et de leur rang. D’une part en
effet la charité doit se manifester par le cœur selon les préceptes du Sei-
gneur, et non par la rédaction d’un pacte et par des conjurations ; d’autre
part, ce qui est commis à l’encontre des saintes Écritures doit être réprimé
par l’autorité et la sanction pontificale 48.
48
Les canons des conciles mérovingiens…, op. cit., I, p. 250-251, c. 24 : Si qui clericorum, ut nuper
multis locis diabolo instigante actum fuisse perpatuit, rebelli auctoritate se in unum coniuratione
intercedente collegerint et aut sacramenta inter se data aut chartulam conscriptam fuisse patuerit,
nullis excusationibus haec praesumtio praeueletur, sed res detecta, cum in sinodo uentum fuerit, in
praesumtoribus iuxta personarum et ordinum qualitatem a pontificibus, qui tunc in unum collecti
fuerint, uindicetur ; quia, sicut caritas ex praeceptis dominicis corde, non cartulae conscriptione est
uel coniurationibus exhibenda, ita, quod supra sacras admittitur scripturas, auctoritate et districtione
pontificali est reprimendum ; O. G. Oexle, « Conjuratio und Gilde… », op. cit., p. 169-172.
49
O. G. Oexle, « Conjuratio und Gilde… », ibid., p. 177-180.
130
50
R. Godding, Prêtres en Gaule…, op. cit., p. 223-227.
51
B. Meijns, « Des basiliques rurales dans le nord de la France ? Une étude critique de
l’origine mérovingienne de quelques communautés de chanoines », Sacris erudiri, 41 (2002),
p. 301-340 ; C. Mériaux, « Communautés de clercs et communautés de chanoines dans les
diocèses d’Arras, Cambrai, Tournai et Thérouanne (vie-xie siècle) », in S. Lorenz et T. Zotz
(dir.), Frühformen von Stiftskirchen in Europa. Zu Funktion und Wandel religioser Gemeinschaften
vom 6. bis zum Ende des 11. Jahrhunderts, Leinfelden/Echterdingen, 2005 (Schriften zur
südwestdeutschen Landeskunde, 54), p. 251-285.
52
J. Blair, « Les recherches récentes sur la formation des paroisses en Angleterre : simili-
tudes et différences avec la France », in D. Iogna-Prat et É. Zadora-Rio (dir.), La paroisse.
Genèse d’une forme territoriale, Saint-Denis, 2006 [= Médiévales, 49], p. 33-44.
53
Berne, Burgerbibl., AA, 90.11, éd. A. Wilmart, « Le règlement ecclésiastique de Berne »,
Revue bénédictine, 51 (1939), p. 37-52, aux p. 43-52. La datation du manuscrit par A. Wilmart
(« vers 830 ») a été considérablement rajeunie par B. Bischoff, Katalog der festländischen
Handschriften des neunten Jahrhunderts (mit Ausnahme der wisigotischen), I, Aachen-Lambach,
Wiesbaden, 1998, p. 107 (« X. Jh., 2. Hälfte oder XI. Jh ») ; le document a été réédité et
étudié par G. G. Meersseman (Ordo fraternitatis…, op. cit., I, p. 154-169) qui y reconnaît
les statuts d’une confrérie parisienne du ixe siècle en se fondant, entre autres arguments,
sur les litanies ajoutées à la fin du « règlement », ce qui est assez contestable. État de la
question dans A. Krüger, Litanei-Handschriften der Karolingerzeit, Hanovre, 2007 (MGH,
Hilfsmittel, 24), p. 255-257.
131
princeps ou decanus, mais dont les liens semblent assez lâches. Il insiste
précisément sur la pratique mutuelle de la charité, sur les offices et
les repas pris en commun en quelques occasions particulières, sur la
sollicitude que l’on doit manifester à l’égard des frères malades et
mourant et enfin, après leur décès, sur la célébration de leur mémoire
et l’inscription de leur nom sur le cartellus.
Si l’on suit la datation haute proposée par André Wilmart, le
« règlement de Berne » annonce les « calendes » dont le fonctionne-
ment est bien connu grâce aux textes d’Hincmar 54. Appelées parfois
ministeria ou concilia, les « calendes » (calendae) désignent les réunions
régulières – en principe au début de chaque mois – de prêtres ruraux.
L’esprit de groupe s’y exprime de manière très concrète par un repas
pris en commun. La sévérité avec laquelle les capitulaires jugent cer-
tains débordements montre bien qu’une réelle sociabilité s’exprime
à table 55. Le succès de ces réunions repose sur l’esprit de fraternité
et de solidarité, spirituelle et intellectuelle, qui règne entre les confra-
tres, dont les origines plongent de toute évidence dans les conjurationes
mérovingiennes comme l’a suggéré Otto Gerhard Oexle. Il y a quel-
ques années, Helmut Maurer a aussi attiré l’attention sur quelques
documents illustrant très concrètement l’existence de ces liens de
confraternité chez les prêtres de la région du Hegau dans le diocèse
de Constance. Au milieu du ixe siècle, on trouve leurs noms inscrits
en bloc dans le livre de confraternité de l’abbaye de Saint-Gall 56. Deux
siècles plus tard, on voit fonctionner leur réunion annuelle – nommée
54
Voir, pour les prescriptions d’Hincmar : Capitula episcoporum…, op. cit., II, n° I, c. 14-15
(p. 41-43) et n° III, c. 1 (p. 73) ; Collectio de ecclesiis…, op. cit., p. 100-101 ; le passage est
repris par Riculfus de Soissons : Capitula episcoporum…, op. cit., II, p. 110-11 (c. 22). Les
meilleurs commentaires de ces textes se lisent dans O. G. Oexle, « Gilden als soziale Grup-
pen in der Karolingerzeit », in H. Jankuhn et al. (dir.), Das Handwerk in vor- und frühgeschich-
tlicher Zeit, t. 1, Göttingen, 1981 (Abhandlungen der Akademie der Wissenschaften in Göt-
tingen, Phil.-hist. Klasse, Dritte Folge, 122), p. 284-354, aux p. 341-348 ; J. Avril, « Les
réunions de prêtres (calendes, chapitres) au Moyen Âge », in M. Ascheri, F. Ebel, M. Hec-
kel et al. (dir.), « Ins Wasser geworfen und Ozeane durchquert ». Festschrift für Wolfgang Nörr,
Cologne/Weimar/Vienne, 2003, p. 11-26, aux p. 15-18 ; Id., « Une association obligée :
l’archiprêtré ou doyenné », Revue d’histoire de l’Église de France, 93 (2007), p. 25-40, aux
p. 28-30.
55
Voir par exemple infra n. 59.
56
Libri confraternitatum Sancti Galli, Augiensis, Fabariensis, éd. P. Piper, MGH, Necrologia Ger-
maniae, Hanovre, 1884, p. 29 : hec sunt nomina presbitorum Heogauensium ; H. Maurer, « Die
Hegau-Priester. Ein Beitrag zur kirchlichen Verfassungs-und Sozialgeschichte des früheren
Mittelalters », Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte, Kanonistische Abteilung, 61
(1975), p. 37-52, à la p. 46 ; sur le diocèse de Constance, voir aussi H. Julius, Landkirchen
und Landklerus im Bistum Konstanz während des frühen und hohen Mittelalters. Eine begriffsges-
chichtliche Untersuchung, thèse de doctorat, université de Constance, 2003.
132
57
H. Maurer, « Die Hegau-Priester… », ibid., p. 45.
58
L’acte figure en tête de Karlsruhe, Badische Landesbibl., Cod. Aug. perg. CCXX ; il a été
édité par A. Holder, Die Pergamenthandschriften, rééd. Wiesbaden, 1970 (= Die Handschriften
der Badischen Landesbibliotheken in Karlsruhe, 5 ; Die Reichenauer Handschriften, 1) ; H. Maurer,
« Die Hegau-Priester… », ibid., p. 40-45.
59
Collectio de ecclesiis…, op. cit., p. 100-101 : Ut in unoquoque mense statuta die per singulas
decanias simul conveniant et convenientes non pastis vel potationibus vacent, sed de duo ministerio
et de religiosa conversatione atque de his, quae in eorum parochiis accidunt, sermonem habeant et,
qualiter pro rege vel pro rectoribus ecclesie atque pro suis familiaribus, tam vivis quam defunctis, orare
debeant, simul considerent.
60
J. Avril, « Une association obligée… », op. cit., p. 30.
61
Sur la procédure suivie pour la nomination du doyen, voir supra n. 40 ; il est difficile de
savoir si les prêtres ont, dès le ixe siècle, exigé de participer à l’élection du doyen car la
source qu’utilise Gratien à ce propos – un passage apocryphe d’Isidore de Séville – reste
mal identifiée : voir P. Landau, « Apokryphe Isidoriana bei Gratian », in F. J. Felten et
133
D’autre part, quand les prêtres se rassemblent pour un repas, que leur
doyen ou quelque ancien récite un verset devant la table et bénisse la
nourriture. Et alors que chacun s’asseye selon son rang dans le respect
mutuel de la hiérarchie. Qu’ils bénissent à tour de rôle la nourriture et la
boisson et que l’un de leurs clercs lise un passage d’une sainte lecture.
Après le repas, de la même manière, qu’ils récitent un hymne à l’exemple
de ce que fit le Seigneur et Sauveur en compagnie de ses disciples, comme
nous pouvons le lire dans le récit de la Cène. Ainsi que tous les prêtres se
comportent partout et en particulier en de tels lieux de telle sorte que,
comme le dit l’Apôtre, « notre service ne puisse être critiqué » [2 Cor 6,
3] 63.
N. Jaspert (dir.), Vita religiosa im Mittelalter. Festschrigt für Kasper Elm zum 70. Geburtstag,
Berlin, 1999 (Berliner historische Studien, 31), p. 837-844, aux p. 841-843.
62
Ga 6, 2 apparaît souvent dans un contexte confraternel, par exemple dans le « règlement
de Berne » (éd. A. Wilmart, « Le règlement… », op. cit., p. 48 ; éd. G. G. Meersseman,
Ordo fraternitatis…, op. cit., p. 162) ou encore en tête des statuts d’une fraternitas inter
seculares sacerdotes du xiie siècle (ibid., p. 122).
63
Capitula episcoporum…, op. cit., II, p. 41-42 (I, 14) : Quando autem convenerint presbiteri ad
aliquod convivium, decanus, aut aliquis prior illorum versum ante mensam incipiat et cibum benedi-
cat. Et tunc secundum suum ordinem consedeant alter alterius honorem portantes et per vicissitudines
cibum et potum benedicant et aliquis de illorum clericis aliquid de sancta lectione legat et post refectio-
nem similiter sanctum hymnum dicant ad exemplum domini et salvatoris ac discipulorum ejus, sicut
illum in cena fecisse legimus. Et sic se contineant omnes presbiteri in omni loco maxime in talibus, ne,
sicut dicit apostolus, « vituperetur ministerium nostrum » ; cf. O. G. Oexle, « Gilden als soziale
Gruppen… », op. cit., p. 345-346.
64
Voir la communication d’Alban Gautier dans le présent volume.
134
pour le roi, pour les évêques et leurs proches 65. On pourrait aussi
mentionner l’usage du serment. Alors que les conjurations cléricales
de l’époque mérovingienne se signalaient précisément par un ser-
ment mutuel comme le rappelle le canon du concile d’Orléans de
538, celui-ci se prête désormais dans un cadre fortement hiérarchisé
à l’époque carolingienne. La documentation rémoise ne semble pas
avoir conservé de formule de serment de fidélité prêté par le prêtre
à son évêque lors de son installation comme celle qui a été récemment
éditée et commentée par Stefan Esders et Heike Johanna Mierau. En
revanche Gerhard Schmitz a récemment exhumé une formule de
serment purgatoire qu’Hincmar exigea de l’un de ses clercs accusé
de concubinage 66.
Conclusion
65
Voir supra n. 59.
66
S. Esders et H. J. Mierau, Der althochdeutsche Klerikereid. Bischöfliche Diözesangewalt, kirchli-
ches Benefizialwesen und volkssprachliche Rechtspraxis im frühmittelalterlichen Baiern, Hanovre,
2000 (MGH, Studien und Texte, 28) ; De presbiteris criminosis…, op. cit., p. 30-31.
67
Aux xe-xie siècles, la nécessité de définir le doyenné comme une circonscription géogra-
phique apparaît donc encore comme tout à fait secondaire, même si les historiens ont
ensuite essentiellement posé le problème dans ces termes.
135
68
Le Pseudo-Denys est très peu cité par Hincmar, et en tout cas jamais dans les œuvres
pastorales, capitulaires et traités : D. Poirel, « Le “chant dionysien”, du ixe au xiiie siècle »,
in M. Goullet et M. Parisse (dir.), Les historiens et le latin médiéval, Paris, 2001 (« Publica-
tions de la Sorbonne. Histoire ancienne et médiévale », 63), p. 151-176, à la p. 156. J’ai pu
compter sur la patience de Dominique Iogna-Prat et l’aide de Stéphane Gioanni dans la
mise au point définitive de ce texte : qu’ils en soient tous les deux remerciés ici.
136
Recrutement social
et rôle politique des évêques
en Italie du vie au viiie siècle
D
ans l’Antiquité tardive, en Italie comme dans le reste du
monde romain, les évêques, dotés de prestige sacré et d’im-
portantes prérogatives séculières attribuées par les empereurs
chrétiens, occupent le sommet de la hiérarchie ecclésiastique. Au
contraire, les siècles qui marquent le passage de l’Antiquité tardive au
haut Moyen Âge sont caractérisés, du moins dans un premier temps,
par une grave crise de l’épiscopat italien. La guerre gothique et l’in-
vasion lombarde ne vont pas à l’encontre de l’épiscopat en tant que
tel, mais l’impliquent, ainsi que toute la société italienne de l’Anti-
quité tardive, dont les fondements sont perturbés. L’épiscopat souffre
fortement car il est placé au cœur d’un réseau de rapports sociaux,
essentiellement urbain, qui est éprouvé, sans être détruit, par la
guerre. La crise des villes, phénomène caractéristique de cette période
– ramené toutefois à de justes proportions par l’historiographie
récente – est également le résultat de ces événements, ainsi que
d’autres de longue durée liée à la dissolution des structures de l’État
romain et à l’évolution économique du monde méditerranéen, et
aurait entraîné avec elle celle de l’épiscopat 1. Celui-ci sort lentement
de cette crise au cours du viie siècle et ne trouve son assise définitive
qu’au début du siècle suivant, avec la mise en place de la monarchie
catholique des Lombards 2.
Ces affirmations, fortement ancrées dans l’historiographie ita-
lienne, ont une grande part de vérité. Toutefois, le tableau mérite
d’être nuancé. D’une part, le lien univoque entre l’évêque et la ville
peut être mis en doute pour la période considérée. D’autre part, l’image
de l’évêque puissant de l’Antiquité tardive – defensor civitatis, expres-
1
C. Wickham, Framing the Early Middle Ages. Europe and the Mediterranean 400-800, Oxford,
2005.
2
Voir la discussion classique entre Louis Duchesne et Amedeo Crivellucci : A. Crivellucci,
« Le Chiese cattoliche e i Longobardi ariani in Italia », Studi storici, 5 (1896), p. 156 sqq., et
L. Duchesne, « Les évêchés d’Italie et l’invasion lombarde », Mélanges d’archéologie et d’his-
toire, 23 (1903), p. 83-116.
137
3
L. Cracco Ruggini, « La fisionomia sociale del clero e il consolidarsi delle istituzioni
ecclesiastiche nel Norditalia », in Morfologie sociali e culturali in Europa fra tarda antichità e alto
medioevo, t. 2, Spolète (Settimane di studio del Centro italiano di studi sull’alto medioevo,
45), 1998, p. 851-901.
138
4
Sur les Dialogues, voir la deuxième partie du livre de S. Boesch Gajano, Gregorio Magno.
Alle origini del Medioevo, Rome, 2004 (p. 151 sq.).
5
Sur Datius : C. et L. Pietri (dir.), Prosographie chrétienne du Bas-Empire, t. 2 (Prosopographie
de l’Italie chrétienne, 313-604), 2 vol., Rome, 1999-2000, t. 1, p. 532-534, et G. P. Bognetti,
« S. Maria foris Portas di Castelseprio », in Id., L’età longobarda, t. 2, Milan, 1966,
p. 187-196.
6
Grégoire le Grand, Dialogi, III [éd. U. Moricca, Rome, 1924 (Fonti per la storia d’Ita-
lia, 57), p. 142-144].
7
Procope, La guerra gotica, II, 7 [éd. D. Comparetti, t. 2, Rome, 1887 (Fonti per la storia
d’Italia, 23-25), p. 200] et G. P. Bognetti, « S. Maria foris… », op. cit.
139
8
Cassiodore, Variae, XII, 27 (éd. Th. Mommsen, MGH, Scriptores antiquissimi, 12, Berlin,
1894, p. 383).
9
Grégoire le Grand, Dialogi, III (éd. op. cit., p. 151-153).
10
Grégoire le Grand, Dialogi, I (éd. ibid., p. 54-55).
11
R. Teja, « Las dinastias episcopales en la Hispania tardorromana », Cassiodorus. Rivista di
studi sulla tarda antichità, 1 (1995), p. 29-39.
140
contre 12. Il est, certes, à des années lumières d’un Datius, qui occupe
le sommet de la hiérarchie sociale italienne. Mais, au sein de leur
communauté, leurs rôles respectifs sont analogues et consistent au
fond à défendre leurs ouailles. La constatation vaudrait aussi pour
l’évêque d’Ancône, Marcellin, qui s’opposa physiquement, quoique
malade, au feu qui menaçait d’anéantir sa ville, et pour Fridien de
Lucques, qui dévia miraculeusement le cours du fleuve Ausarit, lequel
dévastait les cultures de ses concitoyens – comme l’avait fait, deux
siècles avant, Sabin de Plaisance, qui fit rentrer le Pô dans son lit 13.
Tous fournissent des images exemplaires de defensores civitatis. Il faut
cependant se demander si ces modèles représentent vraiment la réa-
lité de l’épiscopat italien de l’époque.
Plusieurs décennies avant les Dialogues, voici une autre figure d’évê-
que defensor civitatis d’une importance exceptionnelle : Épiphane,
évêque de Pavie de 467 à 498, dont le successeur Ennode a laissé une
biographie édifiante. Ambassadeur auprès d’empereurs comme
Anthémius et de rois barbares comme Euric, Odoacre, Théodoric et
Gondebaud, Épiphane se concentre progressivement sur la défense
des intérêts de sa ville, assiégée et détruite au cours des campagnes
d’Odoacre et de Théodoric, et sur la protection des possessores qui y
habitent. Il demande ainsi à Odoacre une quinquennii vacationem fis-
calium tributorum et proteste au nom des possessores de toute la Ligurie
contre les coemptiones excessives du préfet du prétoire Pélage. Par la
suite, il obtient de Théodoric le maintien du droit de tester et de
disposer de leurs propres biens pour les partisans d’Odoacre vaincu.
L’évêque Laurent de Milan le soutient dans sa requête, qui concerne
aussi le rang sénatorial et plus généralement les propriétaires fonciers
de l’Italie septentrionale 14.
Épiphane incarne le modèle de l’évêque defensor civitatis par excel-
lence. Il n’en est pas moins isolé, car le seul personnage de même
niveau social et d’importance politique équivalente pouvant lui être
12
Grégoire le Grand, Dialogi, I (éd. op. cit., p. 50-57).
13
Grégoire le Grand, Dialogi, I (éd. ibid., p. 42) et III (p. 153-156).
14
Ennodius, Vita beatissimi viri Epifani episcopi Ticinensis ecclesiae, éd. F. Vogel, MGH, Scrip-
tores antiquissimi, 7, Berlin, 1885, p. 84-109.
141
associé dans les sources est Datius de Milan, defensor civitatis et fonc-
tionnaire impérial.
Passons à quelques considérations d’ordre quantitatif. Une tren-
taine d’évêques sont connus en Italie du Nord au vie siècle, jusqu’à
l’arrivée des Lombards. On ne peut faire état de vraies listes épisco-
pales que pour Milan, Aquilée et Ravenne ; sur les autres sièges, qu’ils
soient petits (Lodi) ou moyens – Turin, Verceil, Pavie et Vérone – ne
sont attestés qu’un ou deux évêques, dont nous ne connaissons guère
que le nom 15. Le vie siècle est, certes, un moment difficile, marqué
par de lourdes guerres qui ont bouleversé la société italienne de l’An-
tiquité tardive. Mais la situation semble être la même au ve siècle.
Après l’époque d’Ambroise, qui a vu l’apparition au nord d’un petit
groupe d’évêques d’un niveau culturel élevé et d’un grand prestige
social, les prélats ont disparu ou presque de la grande scène politi-
que 16. Les informations à leur sujet sont très rares et, en majeure
partie, internes à l’institution, dérivant des souscriptions d’actes de
conciles ou d’inscriptions funéraires.
La faiblesse du milieu épiscopal de l’Italie du Nord au vie siècle
semble ainsi déjà enracinée à l’époque précédente. Toutefois, le phé-
nomène devient encore plus évident si nous nous concentrons sur la
période allant de 520 – au moment de la crise du royaume gothique,
qui à son tour est la prémisse de la guerre gothique – jusqu’à 570,
période de l’invasion lombarde. Durant ce demi-siècle, Milan et Aquilée
mises à part, neuf villes – Aoste, Turin, Verceil, Pavie, Lodi, Côme, Tré-
vise, Altino, Trieste – n’ont laissé le nom que d’un seul évêque, tandis
que des cités importantes comme Bergame, Brescia, Plaisance, Padoue
ou Vérone n’en ont pas du tout gardé trace 17. Les neuf personnages
cités sont donc les seuls représentants du groupe épiscopal dans les
zones qu’occuperont les Lombards, car les prélats d’Aquilée, Paul, et
de Milan, Honorat, se réfugièrent très tôt sur le territoire romain. Parmi
eux, deux seulement, Félix de Trévise et Projectus de Lodi exerçaient
avec certitude leurs fonctions au moment de l’invasion. Le premier –
spécialiste de rhétorique à Ravenne et ami d’enfance de Venance For-
tunat – est évoqué sous un jour très favorable par Paul Diacre du fait de
sa négociation avec Alboin ; quant à Projectus, tout ce qu’on peut en
dire est qu’il reste en place malgré les temps difficiles, comme l’atteste
15
C. et L. Pietri (dir.), Prosopographie…, op. cit., t. 2, p. 2404-2429.
16
Voir note 3 et aussi A. Rousselle, « Aspects sociaux du recrutement ecclésiastique au
IVe siècle », Mélanges de l’École française de Rome, Antiquité, 89 (1977), p. 333-370.
17
Cf. note 16.
142
son inscription funéraire, qui lui attribue douze ans de pontificat ache-
vés paisiblement en 576, à l’âge de quatre-vingt-trois ans 18. Dans ces
conditions, il paraît pour le moins abusif d’imputer systématiquement
à la guerre gréco-gothique ou à l’invasion lombarde le manque d’évê-
ques connus dans de nombreux diocèses de la région Centre-Nord – la
situation n’est au reste guère différente au sud.
Au-delà de l’impression générale de faiblesse de l’institution qui
nous est donnée par le manque de sources, on aimerait en savoir plus
sur l’origine des évêques pour pouvoir leur attribuer une position
précise dans la hiérarchie sociale italienne. Mais les images contradic-
toires qu’offrent les Dialogues de Grégoire sont confirmées par d’autres
sources. Le Milanais Laurent, collègue d’Épiphane, est en contact
avec le milieu sénatorial vu ses relations avec le puissant sénateur
Faustus Niger, et il joue un rôle très important lors du synode romain
de 502 qui résout la querelle entre le pape Symmaque et son rival
Laurent. Quant à Épiphane lui-même, dont le prestige auprès de la
classe dirigeante du Bas-Empire est indiscutable, le seul indice d’une
condition sociale éminente pourrait être son lien de parenté avec
l’évêque milanais Merocles 19.
En dehors de ces deux cas, les données sur les ve et vie siècles sont
minces. Si Marcellin de Voghenza, pêcheur avant de devenir évêque
(426-454), semble être une exception vers le bas 20, bien peu sont
ceux dont on peut dire avec certitude qu’ils étaient d’origine sénato-
riale, parce que de nombreuses mentions d’évêques sont liées exclusi-
vement à des souscriptions d’actes de synodes ou de conciles. Pétrone,
évêque de Bologne de 425 à 450, était fils du préfet du prétoire des
Gaules homonyme, qui fut probablement évêque à Vérone. Le poème
funéraire au style soutenu gravé sur l’épitaphe de Flavien de Verceil
(542) plaide aussi pour des origines sociales élevées, observation qui
vaut sans doute aussi pour l’épitaphe de Ticianus de Lodi, doctrina peri-
tus (476). Maxime de Pavie (502-512) a fait partie de l’administration
civile, il est consiliarius avant d’entrer dans le clergé 21. Voici enfin le cas
très particulier de l’empereur Glycérius, déposé en 474 par Julius Nepos
18
Paul Diacre, Historia Langobardorum, II, 12-13 (éd. G. Waitz, MGH, Scriptores rerum Lan-
gobardicarum et Italicarum saec. VI-IX, Hanovre, 1878, p. 79-81), et C. et L. Pietri (dir.),
Prosopographie…, op. cit., t. 2, p. 1858 (C.I.L., V, 6401).
19
C. et L. Pietri (dir.), Prosopographie…, op. cit., t. 1, p. 637-641 et t. 2, p. 1239-1242 et
1509-1510.
20
C. et L. Pietri (dir.), Prosopographie…, ibid., t. 2, p. 1370.
21
C. et L. Pietri (dir.), Prosopographie…, ibid., t. 1, p. 828 et t. 2, p. 1475-1476, 1723-1724
et 2200.
143
22
C. et L. Pietri (dir.), Prosopographie…, ibid., t. 1, p. 933-934.
23
J. O. Tjäder, Die nichtliterarischen lateinischen Papyri Italiens aus der Zeit 445-700, Lund,
1954, p. 212 ; C. et L. Pietri (dir.), Prosopographie…, ibid., t. 1, p. 232-233.
24
Andreas Agnellus, Liber Pontificalis ecclesiae Ravennatis, éd. G. Waitz, MGH, Scriptores
rerum Langobardicarum et Italicarum saec. VI-IX, Hanovre, 1878, p. 303-304 (année 493).
25
Grégoire le Grand, Registrum Epistolarum, XIV, 15 (éd. P. Ewald et L. M. Hartmann,
MGH, Epistolae, I-II, Berlin, 1887-1899, t. 2, p. 434-435). Voir plus bas, à propos de l’Italie
144
centro-méridionale, la question des évêques ruraux, dont l’existence a été trop souvent
sous-estimée et qui prouvent au contraire l’extrême diversité des figures épiscopales.
26
Paul Diacre, Historia Langobardorum, II, 12 (éd. op. cit., p. 79).
27
S. J. B. Barnish, « Transformation and survival in the western senatorial aristocracy, c. AD
400-700 », Papers of the British School at Rome, 46 (1988), p. 120-155, ici p. 138 ; T. S. Brown,
Gentlemen and Officers. Imperial Administration and Aristocratic Power in Byzantine Italy A.D.
554-800, Rome, 1984, p. 195.
28
Voir note 22 ; C. et L. Pietri (dir.), Prosopographie…, op. cit., t. 1, p. 965-967.
29
Voir l’article de R. Teja cité à la note 11. Dans le sud de l’Italie, il y a quelques cas de
dynasties épiscopales, mais peu nombreux et limités à des villes très petites : infra, note 37.
Pour la Gaule, voir aussi F. D. Gilliard, « The Senators of sixth-century Gaul », Speculum,
54 (1979), p. 685-697.
30
C. Pietri, « Aristocratie et société cléricale dans l’Italie chrétienne au temps d’Odoacre
et de Théodoric », Mélanges de l’École française de Rome, Antiquité, 93 (1981), p. 417-467 [rééd.
Id., Éléments d’une enquête sur le christianisme antique, t. 2, Rome, 1997 (École française de
Rome, 234), p. 1007-1057], ici p. 432-433.
145
31
C. Pietri, « Aristocratie et société… », ibid., p. 434-436.
32
S. Boesch Gajano, Gregorio Magno…, op. cit., p. 21-25
146
4. L’Italie centro-méridionale
En général, pour toute cette partie, voir S. Gasparri, « Gregorio Magno e l’Italia meri-
34
dionale », in Gregorio Magno e il suo tempo. Atti del convegno, Roma 9-12 maggio 1990, t. 1, Rome,
1991 (Studia Ephemeridis Augustinianum, 33), p. 77-101.
147
35
C. et L. Pietri (dir.), Prosopographie…, op. cit., t. 1, p. 34-35, 980 et 1175-1186 ; t. 2,
p. 1493-1494 et 1582-1583.
36
Surtout aux conciles de Sardique et Laodicée : J. Gaudement, L’Église dans l’Empire romain,
Paris, 1958, p. 323-325 ; en général sur l’Italie du Sud, cf. G. Volpe, Gli episcopati italiani fra
tardoantico e altomedioevo : il caso dei vescovi rurali (Italia centro-meridionale), à paraître.
37
G. Volpe, Gli episcopati…, ibid. ; M. De Fino, « Proprietà imperiali e diocesi rurali paleo-
cristiane nell’Italia tardoantica », in G. Volpe et M. Turchiano (dir.), Paesaggi e insediamenti
rurali in Italia meridionale fra tardoantico e altomedioevo, Bari, 2005, p. 1-11.
148
38
G. Volpe, Gli episcopati…, ibid. Voir l’importante fouille de S. Giusto : G. Volpe, S. Giusto.
La villa, le ecclesiae. Primi risultati dagli scavi nel sito rurale di S. Giusto (Lucera) : 1995-1997,
Bari, 1998.
39
C’est la thèse présentée par Kim Bowes dans un séminaire consacré aux évêchés ruraux
tenu à l’université Ca’ Foscari de Venise (2005).
149
hérétiques et surtout des juifs, souvent opprimés par les prélats locaux
qui ont tendance à confisquer leurs synagogues pour les transformer
en églises 40. Mais le principal problème est la guerre contre les Lom-
bards, qui pèse lourd sur ces régions et dans laquelle les évêques se
trouvent en première ligne. En 598, Grégoire réprimande Agnellus
de Terracina car les employés de son église tentent de se faire exemp-
ter du service de garde aux remparts de la ville. On voit, par ailleurs,
l’évêque de Misène occupé à rassembler des fonds pour la construc-
tion d’un château. L’implication dans la défense est aussi spirituelle :
en février 601, les évêques de Sicile préparent les fidèles à une éven-
tuelle attaque de l’île par des processions, des prières et des purifica-
tions collectives 41.
Sous Grégoire le Grand, il faut commencer à nettement distinguer
les évêques des deux Italie. Celle du Sud et du Centre, en proie aux
incursions et aux saccages des Lombards, voit les responsables ecclé-
siastiques confrontés aux questions de rachat de prisonniers, d’aban-
don de diocèses ou de vente de vases sacrés pour survivre 42. L’Italie
centrale, au nord de Rome, partage avec le Sud une bonne partie de
ces problèmes, comme la libération des prisonniers et l’unification
ou le déplacement des sièges : Populonia est ita sacerdotis officio desti-
tuta, ne permettant plus le réconfort aux mourants ou le baptême des
enfants (591) ; Velletri est transférée dans une localité plus sûre et
unifiée à l’église de Tres Tabernae (592) ; Terni est unifiée à Narni
(598) 43. Dans cette situation, le dynamisme des commandants byzan-
tins, des fédéraux aux noms barbares, qui contrôlent les villes de la
Toscane ou de la Pentapole, où le clergé local est en crise et qui cher-
chent à influencer les élections des évêques, apparaît inquiétant. Le
cas de Bagnoregio est exemplaire. Le vir gloriosus Ansfrid, avec le
concours des habitants de la ville, a élu évêque un certain Jean. Gré-
goire, inquiet, envoie sur place le fidèle Ecclesius de Chiusi, car Jean,
qui prétend avoir des vertus irréprochables, a été élu par des gens
ignorants du droit canonique (qui canonica nesciunt). Le pape veut
s’assurer, non seulement de sa moralité, mais aussi du fait qu’il pos-
40
Grégoire le Grand, Registrum Epistolarum…, op. cit., I, 34 (mars 591, t. 1, p. 47-48) ; II,
6 (septembre-octobre 591, t. 1, p. 104-105) ; VIII, 25 (juin 598, Terracina, t. 2, p. 27) ; IX,
38 (octobre 598, à Palerme, t. 2, p. 67) et 196 (juillet 599, en Sardaigne, t. 2, p. 184).
41
Grégoire le Grand, Registrum Epistolarum…, ibid., VIII, 19 (avril 598, t. 2, p. 21) ; IX,
121 (février-avril 599, t. 2, p. 123-124) ; XI, 31 (février 601, t. 2, p. 301).
42
S. Gasparri, « Gregorio Magno… », op. cit.
43
Grégoire le Grand, Registrum Epistolarum…, op. cit., I, 15 (janvier 591, t. 1, p. 16) ; II,
48 (août 592, t. 1, p. 149) ; IX, 60 (novembre 598, t. 2, p. 82).
150
44
Grégoire le Grand, Registrum Epistolarum…, ibid., X, 13 (janvier 600, t. 2, p. 247).
45
Grégoire le Grand, Registrum Epistolarum…, ibid., II, 4 (septembre 591, t. 1, p. 103).
46
Grégoire le Grand, Registrum Epistolarum…, ibid., I, 17 (janvier 591, t. 1, p. 23) et IV,
23, 25, 27 (mai 594, t. 1, p. 257-258 et 260-262).
151
47
Grégoire le Grand, Registrum Epistolarum…, ibid., I, 16a (t. 1, p. 17-21).
48
S. Gasparri, Prima delle nazioni. Popoli, etnie e regni fra antichità e medioevo, Rome, 1997,
p. 123-126.
49
Paul Diacre, Historia Langobardorum, IV, 6 (éd. op. cit., p. 118).
152
50
Grégoire le Grand, Registrum Epistolarum…, op. cit., IV, 2 (septembre 593, t. 1,
p. 233-235).
51
Paul Diacre, Historia Langobardorum, IV, 1 (éd. op. cit., p. 116).
52
Paul Diacre, Historia Langobardorum, III, 14 (éd. op. cit., p. 100).
153
53
Grégoire le Grand, Registrum Epistolarum…, op. cit., III, 29 et 30 (avril 593, t. 1,
p. 186-189).
54
C. et L. Pietri (dir.), Prosopographie…, op. cit., t. 2, p. 600.
55
Grégoire le Grand, Registrum Epistolarum…, op. cit., XII, 14 (mai 602, t. 2, p. 361).
56
Paul Diacre, Historia Langobardorum, IV, 33 (éd. op. cit., p. 127). Sur le schisme d’Aquilée,
cf. R. Markus, Gregory the Great and his World, Cambridge, 1997, p. 132-133.
57
Paul Diacre, Historia Langobardorum, IV, 33 (éd. op. cit., p. 127) : et ex illo tempore coeperunt
duo esse patriarchae.
58
Epistolae Langobardicae collectae, éd. E. Dümmler, MGH, Epistolae, III (Merowingici et Karolini
Aevi, I), Berlin, 1892, t. 1, p. 607.
154
59
Paul Diacre, Historia Langobardorum, IV, 42 (éd. op. cit., p. 134).
60
Carmen de synodo Ticinensis, éd. G. Waitz, G. Waitz, MGH, Scriptores rerum Langobardicarum
et Italicarum saec. VI-IX, Hanovre, 1878, p. 189-191. Sur la question de l’arianisme des Lom-
bards, S. Gasparri, « Roma e i Longobardi », in Roma nell’alto medioevo, Spolète, 2001
(Settimane di studio del Centro italiano di studi sull’alto medioevo, 48), t. 1, p. 225-231.
61
J.-C. Picard, Le souvenir des évêques. Sépultures, listes épiscopales et culte des évêques en Italie du
Nord des origines au xe siècle, Rome, 1988 (BEFAR, 268), p. 81-83.
155
62
Indiculum episcopi de Langobardia, éd. T. E. von Sickel, Liber Diurnus Romanorum Pontificum,
Vienne, 1889, p. 81.
63
J. D. Mansi, Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, XI, Graz, 1960, col. 205 (c’est
le texte de la lettre envoyée par Mansuetus à l’empereur Constantin).
156
64
Paul Diacre, Historia Langobardorum, VI, 58 (éd. op. cit., p. 186) ; Versus de Mediolano
civitate, éd. G. B. Pighi, Versus de Verona, Versus de Mediolano civitate, Bologne, 1966, v. 55-57,
p. 147.
65
Paul Diacre, Historia Langobardorum, VI, 51 (éd. op. cit., p. 182-183).
66
L. Schiaparelli (éd.), Codice diplomatico longobardo, Rome, 2 vol., 1929-1933 (Fonti per
la storia d’Italia, 62-63), t. 2, n° 137.
157
67
L. Schiaparelli (éd.), Codice…, ibid., t. 1, n° 114 ; t. 2, n° 154 et n° 161. Sur Peredeus,
cf. H. Schwarzmaier, Lucca und das Reich bis zum Ende des 11. Jahrhunderts, Tübingen, 1972
(Bibliothek des Deutschen Historischen Instituts in Rom, 41), p. 78-85.
68
S. Gasparri, « Il ducato longobardo di Spoleto. Istituzioni, poteri, gruppi dominanti »,
in Atti del IX Congresso internazionale di studi sull’alto medioevo, t. 1, Spolète, 1983,
p. 105-109.
69
M. Cortesi (éd.), Le pergamene degli archivi di Bergamo, a. 740-1000 (Carte medievali berga-
masche, 1), Bergame, 1988, n° 8 (modification apportée au testament de 799 en 806).
70
S. Gasparri, « Il regno longobardo in Italia. Struttura e funzionamento di uno stato
altomedievale », in Id. (dir.), Il regno dei Longobardi in Italia. Archeologia, società e istituzioni,
Spolète, 2004, p. 5-16.
158
71
La position traditionnelle est représentée par O. Bertolini, « I vescovi del Regnum
Langobardorum al tempo dei Carolingi », in Vescovi e diocesi in Italia nel Medioevo (secc. IX-
XIII). Atti del II Convegno di storia della Chiesa in Italia, Froma 5-9 settembre 1961, Padoue, 1964
(Italia Sacra, 5), p. 71-81 ; sur les modifications après la conquête franque, cf. G. Tabacco,
« L’avvento dei Carolingi nel regno dei Longobardi », in S. Gasparri (dir.), Il regno dei Lon-
gobardi…, ibid., p. 443-479.
159
I
m Jahr 742 oder 743 beklagte sich Bonifatius bei Papst Zacharias,
wie miserabel der Zustand der Kirche im Frankenreich sei. Die
Ursache des Verfalls lag für ihn auf der Hand: Er hatte erfahren,
daß die Franken seit mehr als 80 Jahren keinen Erzbischof mehr
gehabt, keine Synoden mehr abgehalten und deshalb auch keine Kir-
chenrechtssätze ins Gedächtnis gerufen oder neu erlassen hätten 1.
Knapp 70 Jahre später konnte Karl der Große 21 Metropoliten in
seinem Reich mit der Aufgabe betrauen, zwei Drittel seines Nachlasses
auf die Bistümer aufzuteilen 2. Die Ausbildung einer Metropolitan-
ordnung, die sich zwischen diesen beiden Daten vollzog, veränderte
die kirchliche Hierarchie im Frankenreich tiefgreifend. Von der
Metropolitanordnung der Merowingerzeit unterschied sich die neue
Hierarchie durch zweierlei: Die Metropoliten hatten nun vom Papst
als Zeichen ihres Ranges das Pallium zu erbeten; und sie führten
regelhaft den Titel archiepiscopus 3.
1
Bonifatius, Epistolae, 50, Hg. M. Tangl, MGH, Epp. sel., I, Berlin, 1955, S. 82: Franci enim,
ut seniores dicunt, plus quam per tempus octuginta annorum synodum non fecerunt nec archiepisco-
pum habuerunt nec aecclesiae canonica iura alicubi fundabant vel renovabant. Die Datierung des
Schreibens ist umstritten: Für 742 sprach sich M. Tangl, „Studien zur Neuausgabe der
Bonifatius-Briefe (I. Teil)“, Neues Archiv, 40 (1916), S. 773, aus; für 743 plädierte T. Schief-
fer, Angelsachsen und Franken. Zwei Studien zur Kirchengeschichte des 8. Jahrhunderts, Wiesbaden,
1951 (Akademie der Wissenschaften und Literatur. Abhandlungen der Geistes- und sozial-
wissenschaftlichen Klasse, Jahrgang 1950, 20), S. 1467 sq., dem weitere folgten; vgl. dazu
außerdem A. Dierkens, „Superstitions, christianisme et paganisme à la fin de l’époque
mérovingienne. À propos de l’Indiculus superstitionum“, in H. Hasquin (Hg.), Magie, sorcel-
lerie, parapsychologie, Brüssel, 1984 (Laïcité. Série Recherches, 5), S. 12 sq.
2
Der Text wird überliefert durch Einhard, Vita Karoli, Hg. O. Holder-Egger, MGH, SSrG,
25, Hannover/Leipzig, 1911, S. 38 sq.; dazu zuletzt ausführlich M. Innes, „Charlemagne’s
Will: Piety, Politics and the Imperial Succession“, English Historical Review, 112 (1997),
S. 833-855.
3
Zusammenfassend H. Büttner, „Mission und Kirchenorganisation des Frankenreiches
bis zum Tode Karls des Großen“, in H. Beumann (Hg.), Karl der Große. Lebenswerk und Nach-
161
Für die Frage nach dem Zusammenhang zwischen Eliten und Hier
archien erscheint die Ausformung der Metropolitanverfassung gleich
in zweierlei Hinsicht interessant: Zum einen erlauben es die Quellen
hier, zumindest ansatzweise zu beobachten, wie eine neue Hierarchie
innerhalb einer geistlichen Elite entstand. Und zum anderen gibt das
Beispiel Anlaß, grundsätzlich die Bedeutung von Hierarchien für Eli-
ten zu reflektieren. So klar Erzbischöfe im Rang über ihren Suffraga-
nen standen, so schwer fiel es den Geistlichen der früheren Karolin-
gerzeit, das Verhältnis zwischen diesen beiden Arten von Bischöfen
genau zu beschreiben – und so umstritten blieben daher lange auch
die Vorrechte der Metropoliten. Im folgenden wird der Schwerpunkt
auf dem ersten Aspekt liegen, ohne daß aber der zweite ganz über-
gangen werden soll.
1. Forschungsstand
leben, t. 1 (Persönlichkeit und Geschichte), Düsseldorf, 1965, S. 480-487; F. Kempf, „Die über-
diözesane Hierarchie: Metropoliten, Primaten, Papsttum“, in Handbuch der Kirchengeschichte,
III/1 (Die mittelalterliche Kirche. Vom kirchlichen Frühmittelalter bis zur gregorianischen Reform),
Freiburg et al., 1966, S. 327-331; Id., „Primatiale und episkopal-synodale Struktur der Kirche
vor der Gregorianischen Reform“, Archivum historiae pontificae, 16 (1978), S. 27-66; Id., „Die
Eingliederung der überdiözesanen Hierarchie in das Papalsystem des kanonischen Rechts
von der gregorianischen Reform bis zu Innocenz III.“, Archivum historiae pontificae, 18
(1980), S. 58-60; T. Schieffer, „Das karolingische Großreich (751-843)“, in Handbuch der
europäischen Geschichte, t. 1 (Europa im Wandel von der Antike zum Mittelalter), Stuttgart, 1976,
S. 537 sq. und 570; A. Angenendt, Das Frühmittelalter. Die abendländische Christenheit von 400
bis 900, Stuttgart/Berlin/Köln, 1995 (2e Ed.), S. 276 sq. und 322; H.-W. Goetz, Europa im
frühen Mittelalter 500-1050, Stuttgart, 2003 (Handbuch der Geschichte Europas, 2), S. 217
sq.; einen guten Überblick über den Forschungsstand bietet M. Storm, Die Metropolitangewalt
der Kölner Erzbischöfe im Mittelalter bis zu Dietrich von Moers, Siegburg, 1995 (Studien zur Köl-
ner Kirchengeschichte, 29), S. 13-16.
4
É. Lesne, La hiérarchie épiscopale, provinces, métropolitains, primats en Gaule et Germanie depuis
la réforme de saint Boniface jusqu’à la mort d’Hincmar 742-882, Lille/Paris, 1905.
5
A. Hauck, Kirchengeschichte Deutschlands, t. 1, Leipzig, 1898 (2e Ed.), S. 525-559; t. 2, Leip-
zig, 1900 (2e Ed.), S. 205-209, hier schon in Kenntnis von A. Sieke, Die Entwicklung des
Metropolitenwesens im Frankenreiche bis auf Bonifaz, Marburg, 1899.
162
Theologen Joseph Wenner aus dem Jahr 1926 6. Seitdem sind zahl-
reiche Einzelfragen weiter bearbeitet worden: Vor allem die Tätigkeit
des Bonifatius und die Chronologie der Reformsynoden der 740er
Jahre 7, aber auch die spätmerowingischen „Bischofsherrschaften“,
die durch die Metropolitanordnung abgelöst wurden, sind mittler-
weile erheblich genauer bekannt 8. Zu einem neuen, unumstrittenen
6
P. Wagner, Die geschichtliche Entwicklung der Metropolitangewalt bis zum Zeitalter der Dekreta
lengesetzgebung, Diss. Bonn, Offenbach, 1917; J. Wenner, Die Rechtsbeziehungen der Mainzer
Metropoliten zu ihren sächsischen Suffraganbistümern bis zum Tode Aribos (1031). Ein Beitrag zur
Geschichte der Metropolitanverfassung in Deutschland, Paderborn, 1926 (Görres-Gesellschaft.
Veröffentlichungen der Sektion für Rechts- und Sozialwissenschaft, 46), bes. S. 13-42; vgl.
außerdem H. Schmidt, „Trier und Reims in ihrer verfassungsrechtlichen Entwicklung bis
zum Primatialstreit des neunten Jahrhunderts“, Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsge-
schichte. Kanonistische Abteilung, 18 (1929), bes. S. 50-74; J. Heydenreich, Die Metropolitan-
gewalt der Erzbischöfe von Trier bis auf Baldewin, Marburg, 1938 (Marburger Studien zur älteren
deutschen Geschichte, II/5), S. 11-18.
7
Nach M. Tangl („Studien zur Neuausgabe…“, op. cit., S. 772-782) war zunächst dessen
Datierung akzeptiert worden, bis Th. Schieffer (Angelsachsen und Franken…, op. cit.,
S. 1463-1471) die Debatte erneut anstieß; die Diskussion kann hier nicht nachgezeichnet
werden, vgl. aber die Beiträge von K.-U. Jäschke, „Die Gründungszeit der mitteldeutschen
Bistümer und das Jahr des Concilium Germanicum“, in H. Beumann (Hg.), Festschrift für
Walter Schlesinger, t. 2, Köln et al., 1974 (Mitteldeutsche Forschungen, 74), S. 71-136; J. Jar-
nut, „Bonifatius und die fränkischen Reformkonzilien (743-748)“, Zeitschrift der Savigny-
Stiftung für Rechtsgeschichte. Kanonistische Abteilung, 96 (1979), S. 1-26; H. J. Schüssler, „Die
fränkische Reichsteilung von Vieux-Poitiers (742) und die Reform der Kirche in den Teil-
reichen Karlmanns und Pippins. Zu den Grenzen der Wirksamkeit des Bonifatius“, Francia,
13 (1985), S. 47-112; P. Speck, „Artabasdos, Bonifatius und die drei Pallia“, Zeitschrift für
Kirchengeschichte, 96 (1985), S. 179-195; sowie zuletzt ausführlich mit Plädoyer für Tangls
Frühdatierung M. Glatthaar, Bonifatius und das Sakrileg. Zur politischen Dimension eines
Rechtsbegriffs, Frankfurt am Main et al., 2004 (Freiburger Beiträge zur mittelalterlichen
Geschichte, 17), S. 134-216, mit wichtigen neuen Argumenten.
8
Vgl. E. Ewig, „Milo et eiusmodi similes“, in E. Ewig und H. Atsma (Hg.), Spätantikes und
fränkisches Gallien. Gesammelte Schriften (1952-1973), t. 2, München et. al., 1979 (Beihefte der
Francia, 3/2), S. 189-219; R. Kaiser, Bischofsherrschaft zwischen Königtum und Fürstenmacht.
Studien zur bischöflichen Stadtherrschaft im westfränkisch-französischen Reich im frühen und hohen
Mittelalter, Bonn, 1981 (Pariser Historische Studien, 17), S. 55-66; zusammenfassend: H. H.
Anton, „“Bischofsherrschaften” und “Bischofsstaaten” in Spätantike und Frühmittelalter.
Reflexionen zu ihrer Genese, Struktur und Typologie“, in Liber amicorum necnon et amicarum
für Alfred Heit, Trier, 1996 (Trierer Historische Forschungen, 28), S. 461-473; zur Auflösung
der „Bischofsherrschaften“ seit Karl Martell: F. Prinz, Klerus und Krieg im früheren Mittelalter.
Untersuchungen zur Rolle der Kirche beim Aufbau der Königsherrschaft, Stuttgart, 1971 (Mono-
graphien zur Geschichte des Mittelalters, 2), S. 64-70; J. Semmler, „Episcopi potestas und
karolingische Klosterpolitik“, in A. Borst (Hg.), Mönchtum, Episkopat und Adel zur Grün-
dungszeit des Klosters Reichenau (Vorträge und Forschungen, 20), Sigmaringen, 1974,
S. 305-395. Mit einem neuen Ansatz zuletzt B. Jussen, „Über “Bischofsherrschaften” und
die Prozeduren politisch-sozialer Umordnung in Gallien zwischen “Antike” und “Mittelal-
ter”“, Historische Zeitschrift, 260 (1995), S. 673-718.
163
Gesamtbild der Reformen der 740er Jahre hat die Diskussion jedoch
bisher noch nicht geführt 9.
Spätestens seit Hauck und Lesne gilt nun die Wiedereinführung
der Metropolitanverfassung als ein Drama in zwei Akten mit zwei Pro-
tagonisten: In den 740er Jahren habe zunächst Bonifatius versucht,
diese Verfassung nach angelsächsischem Vorbild einzuführen, um die
fränkische Kirche von Mißständen zu reinigen und enger an Rom
anzubinden. Wie er es aus seiner Heimat kannte, habe er dazu das
Amt des Erzbischofs etablieren wollen – also eines seinen Kollegen
übergeordneten Bischofs, der regelmäßig Provinzialsynoden einbe-
rufen und den Klerus seiner Provinz kontrollieren sollte, zugleich
aber das Pallium in Rom zu erbitten hatte. Damit sollte der Erzbischof
zwei Funktionen erfüllen: Er kontrollierte den fränkischen Episkopat
und band ihn zugleich enger an den Papst. Allerdings, so Hauck und
Lesne, sei Bonifatius mit seiner Konzeption in den Jahren nach
746/747 gescheitert, und zwar nicht allein wegen des Widerstands
der fränkischen Magnaten, sondern vor allem deshalb, weil der Haus-
meier Pippin das Reformprojekt nun nicht mehr bedingungslos
unterstützte.
Erst Ende der 770er Jahre habe dann der zweite Akt des Dramas
begonnen: Karl der Große griff die früheren Reformansätze auf, habe
es aber an Nachdruck fehlen lassen, so daß es mehr als 30 Jahre dau-
erte, bis sich überall im Reich jene 21 Kirchenprovinzen ausgebildet
hätten, die Karl 811 auflistete. Etwas überspitzt lautete die ältere Sicht
also zusammengefaßt: Nach dem gescheiterten Versuch des Bonifatius
in den 740er Jahren veränderte sich die kirchliche Hierarchie seit
dem ausgehenden 8. Jahrhundert deshalb tiefgreifend, weil Karl der
Große es so wollte; sie veränderte sich jedoch nur langsam, weil sein
Wille in dieser Angelegenheit schwach war.
9
Ein jüngeres Gesamtbild findet sich bei J. Semmler, „Bonifatius, die Karolinger und “die
Franken”“, in D. R. Bauer, R. Hiestand, B. Kasten und S. Lorenz (Hg.), Mönchtum. Kirche.
Herrschaft 750-1000. Festschrift für Josef Semmler, Sigmaringen, 1998, S. 3-49.
164
zwischen ihm und den Bischöfen, oder ihm und dem Papste“ gar
nicht bedurft 10. Eine ähnliche Erklärung gab Lesne – auch er ohne
Quellenbeleg 11. Daher hat schon Theodor Schieffer dieses ältere
Erklärungsmodell nicht unerheblich modifiziert: Ihm zufolge erklärt
sich das Scheitern der Reform nicht durch das „staatliche“, gegen
Rom gewandte Interesse Pippins. Vielmehr habe der Hausmeier dem
Angelsachsen in dem Moment die Unterstützung entzogen, als der
Widerstand im fränkischen Adel gegen das Reformprojekt so sehr
wuchs, daß er für den Hausmeier selbst zur Bedrohung wurde 12. Dar-
über hinaus unterschied Schieffer unter den Gegnern der Metropo-
litanverfassung zwei Gruppen – nämlich die reformfeindlichen Teile
der fränkischen Geistlichkeit einerseits (für die exemplarisch Gewilib
von Mainz 13 und Milo von Trier stehen) und die prinzipiell reform-
willigen fränkischen Kräfte andererseits, die aber (quasi aus einem
„nationalen“ Gegensatz heraus 14) gegen den Angelsachsen Bonifatius
und seine Schüler opponiert hätten. Schieffers Erklärung ist differen-
zierter; auch ihr aber fehlt für die 740/750er Jahre eine solide Quel-
lenbasis, und man darf bezweifeln, daß nationale Gegensätze Mitte
des 8. Jahrhunderts tatsächlich die Politik im Frankenreich beeinfluß-
ten.
• Die Forschung setzt voraus, daß es schon von den 740er Jahren
an eine feste Vorstellung von „der“ Metropolitanverfassung gegeben
habe – also gewissermaßen einen fertigen Verfassungsentwurf, der
Metropolitanwürde, Pallium und Erzbischofstitel aneinanderband
und dem die Frankenherrscher nur hätten Anerkennung verschaffen
müssen. Verzichtet man auf diese unbewiesene Vorannahme, dann
ergibt sich aus den Quellen ein erheblich komplexeres Bild.
10
A. Hauck, Kirchengeschichte…, op. cit., t. 1, S. 552.
11
É. Lesne, La hiérarchie épiscopale…, op. cit., S. 52 sq.
12
T. Schieffer, Angelsachsen und Franken…, op. cit., S. 1452-1463.
13
Vgl. zu ihm jetzt aber F. Staab, „Rudi populo rudis adhuc presul. Zu den wehrhaften
Bischöfen der Zeit Karl Martells“, in J. Jarnut, U. Nonn und M. Richter (Hg.), Karl Mar-
tell in seiner Zeit, Sigmaringen, 1994 (Beihefte der Francia, 37), S. 265-275, der Gewilib ein
Stück weit rehabiliert.
14
Vgl. T. Schieffer (Angelsachsen und Franken…, op. cit., S. 1457), der zunächst den Konflikt
zwischen fränkischen Aristokraten und den Angelsachsen herausstellt, die „Fremdlinge“
gewesen seien, dann allerdings vorsichtig formuliert: „Man könnte eine solche Reserve
gegenüber den Fremden als “national” kennzeichnen, wenn das Wort nicht im 19. Jahr-
hundert als bewußtes politisches Prinzip einen so reichen Inhalt gewonnen hätte, daß man
im Interesse der wissenschaftlichen Sauberkeit besser daran tut, es für das frühe Mittelalter
überhaupt nicht zu verwenden“.
165
15
Zu dem Begriff vgl. A. Landwehr, „Das Sichtbare sichtbar machen. Annäherungen an
“Wissen” als Kategorie historischer Forschung“, in Id. (Hg.), Geschichte(n) der Wirklichkeit.
Beiträge zur Sozial- und Kulturgeschichte des Wissens, Augsburg, 2002 (Documenta Augustana,
11), S. 61-89; O. G. Oexle, „Was kann die Geschichtswissenschaft vom Wissen wissen?“, in
A. Landwehr (Hg.), Geschichte(n) der Wirklichkeit…, ibid., S. 31-60.
16
Concilium Germanicum, c. 1, Hg. A. Werminghoff, MGH, Conc., II/1, Hannover/Leipzig,
1906, Nr. 1, S. 3: Et per consilium sacerdotum et optimatum meorum ordinavimus per civitates epi-
scopos et constituimus super eos archiepiscopum Bonifatium, qui est missus sancti Petri. Statuimus per
annos singulos synodum congregare, ut nobis presentibus canonum decreta et aecclesiae iura restau-
rentur, et relegio Christiana emendentur. Das spätere Concilium Liftinense (ibid., Nr. 2, S. 5-7)
bietet im überlieferten Text dagegen keine eigenen Bestimmungen zur Metropolitanord-
nung.
17
Concilium Suessionense, c. 3, Hg. A. Werminghoff, MGH, Conc., II/1, Hannover/Leipzig,
1906, Nr. 4, S. 34: Idcirco constituimus per consilio sacerdotum et optimatum meorum et ordinavimus
per civitates legitimus episcopus et idcirco constituemus super eos archiepiscopus Abel et Ardobertum,
ut ab ipsius vel iudicia eorum de omne necessitate ecclesiastica recurrerent tam episcopi quam alius
populus.
166
18
Akten dieser Synode sind nicht überliefert; J. Jarnut („Bonifatius…“, op. cit., S. 9-15) hat
bezweifelt, daß sie überhaupt zusammengetreten ist. Eine Zusammenschau der Quellen,
die für die Abhaltung einer weiteren Synode wohl schon 744 unter Leitung des Bonifatius
sprechen, bietet J. Semmler, „Bonifatius…“, op. cit., S. 29-35; vgl. ibid., S. 32, zu den ein-
schlägigen Beschlüssen dieser Synode in bezug auf die Metropolitanordnung.
19
Codex Carolinus, Hg. W. Gundlach, MGH, Epp., 3, Berlin, 1892, Nr. 3, S. 480 sq.
20
Concilium Vernense, c. 1, Hg. A. Boretius, MGH, Capit., 1, Hannover, 1883, Nr. 14, S. 33:
Ut episcopi debeant esse per singulas civitates.
21
Concilium Vernense, c. 2, ibid., S. 33: Episcopos quos in vicem metropolitanorum constituimus, ut
ceteri episcopi ipsis in omnibus oboediant secundum canonicam institutionem, interim quod secundum
canonicam constitutionem hoc plenius emendamus.
22
É. Lesne, La hiérarchie épiscopale…, op. cit., S. 54.
23
A. Poensgen, Geschichtskonstruktionen des frühen Mittelalters zur Legitimierung kirchlicher
Ansprüche in Metz, Reims und Trier, Diss. Marburg, 1971, S. 12.
24
Vgl. J. Wenner, Die Rechtsbeziehungen…, op. cit., S. 23.
25
Concilium Vernense, c. 4, op. cit., S. 34: Ut bis in anno sinodus fiat. Prima sinodus mense primo,
quod est Martias Kalendas, ubi domnus rex iusserit, eius praesentia. Secunda sinodus Kalendas
Octubris, aut ad Suessionis vel aliubi ubi ad Martias Kalendas inter ipsos episcopos convenit; et illi
episcopi ibidem conveniant, quos modo v i c e m m e t r o p o l i t a n o r u m c o n s t i t u i m u s , et alii
episcopi vel abbates seu presbiteri, quos i p s i m e t r o p o l i t a n i aput se venire iusserint, ibidem in
ipsa secunda sinodo convenire faciant.
167
26
Concilium Vernense, c. 9, op. cit., S. 35: Quod si aliquis se reclamaverit, quod iniuste sit excom-
municatus, licentiam habeat ad m e t r o p o l i t a n u m e p i s c o p u m venire, et ibidem secundum
canonicam institutionem deiudicetur; et interim suam excommunicationem custodiat. Quod si aliquis
ista omnia contempserit, et episcopus hoc minime emendare potuerit, regis iudicio exilio condamne-
tur.
27
Vgl. oben, Anm. 21.
28
So É. Lesne, La hiérarchie épiscopale…, op. cit., S. 52 sq.; vgl. auch A. Poensgen, Geschichts-
konstruktionen…, op. cit., S. 12.
29
Admonitio generalis, c. 81, Hg. A. Boretius, MGH, Capit., 1, Hannover, 1883, Nr. 22,
S. 61.
30
Zum politischen Kontext und zu den Quellen der Jahre 778/779 vgl. jetzt H. Mordek,
„Karls des Großen zweites Kapitular von Herstal und die Hungersnot der Jahre 778/779“,
Deutsches Archiv für Erforschung des Mittelalters, 61 (2005), S. 1-52; Id., „Die Anfänge der
fränkischen Gesetzgebung für Italien“, Quellen und Forschungen aus italienischen Archiven und
Bibliotheken, 85 (2005), S. 1-35, hier S. 6-8; zum ersten Kapitular vgl. außerdem W. Hart-
mann, „Karl der Große und das Recht“, in P. L. Butzer, M. Kerner und W. Oberschelp
(Hg.), Karl der Große und sein Nachwirken. 1200 Jahre Kultur und Wissenschaft in Europa, t. 1
(Wissen und Weltbild), Turnhout, 1997, S. 180; die 30 erhaltenen Handschriften sind aufge-
listet bei H. Mordek, Bibliotheca capitularium regum Francorum manuscripta. Überlieferung und
Traditionszusammenhang der fränkischen Herrschererlasse, München, 1995 (MGH, Hilfsmittel,
15), S. 1081 sq. G. Brown („Introduction: The Carolingian Renaissance“, in R. McKitterick
(Hg.), Carolingian Culture: Emulation and Innovation, Cambridge, 1994, S. 17) hat vermutet,
daß eine Abschrift dieses als wichtig erachteten Textes bei Hof aufbewahrt worden sei, da
sich mehrere spätere Kapitularien auf dasjenige von Herstal berufen.
168
zu den Bestimmungen von Soissons 744 und noch von Ver 755 findet
sich in diesem Text nämlich kein Wort mehr über die E i n s e t z u n g
von Metropoliten 31. Auf weitere Einzelfragen der Metropolitanord-
nung kamen Karl und seine Berater dann in späteren „großen“ Kapi-
tularien zu sprechen – insbesondere in der Admonitio generalis von
789 32 (nun gestützt auf die Dionysio-Hadriana) und im Frankfurter
Kapitular von 794 33.
Zusammengenommen ergibt sich folgendes Zwischenfazit: Blickt
man allein auf die erhaltenen n o r m a t i v e n Texte, die zwischen
742/743 und dem Ende des 8. Jahrhunderts im Frankenreich formu-
liert wurden, dann spricht nichts für ein Drama in zwei Akten. Statt
dessen ergibt sich das Bild eines Prozesses, der sich zwar langsam, aber
kontinuierlich vollzog. Sowohl Karlmann als auch Pippin und Karl
förderten die Neuordnung der kirchlichen Hierarchie; ein grundsätz-
licher Politikwechsel in der Frage der Einführung einer Metropoli-
tanordnung nach 747, wie ihn die Forschung seit Hauck und Lesne
postuliert hat, ist aus den normativen Quellen nicht abzulesen. Die
Bestimmungen von 779 fügen sich nahtlos zu denen von 755 und von
743/744; und es dürfte kaum Zufall, sondern bewußter Ausdruck
politischer Kontinuität sein, daß noch die Admonitio generalis von 789
eigens auf Pippins decretum von Ver aus dem Jahr 755 hinwies 34.
31
Capitulare Haristallense, c. 1, Hg. A. Boretius, MGH, Capit., 1, Hannover, 1883, Nr. 20,
S. 47: De metropolitanis, ut suffraganii episcopi eis secundum canones subiecti sint, et ea quae erga
ministerium illorum emendanda cognoscunt, libenti animo emendent atque corrigant.
32
Admonitio generalis, c. 8, op. cit., S. 54; c. 10, ibid., S. 55; c. 13, ibid., S. 55 und c. 44, ibid.,
S. 56; zur Rolle Alkuins bei der Abfassung des Textes vgl. auch F.-C. Scheibe, „Alcuin und
die Admonitio generalis“,Deutsches Archiv für Erforschung des Mittelalters, 14 (1958),
S. 221-229.
33
Capitulare Francofurtense, Hg. A. Werminghoff, MGH, Conc., II/1, Hannover/Leipzig,
1906, Nr. 19 G, c. 6 (S. 166 sq.) und c. 8-9 (S. 167).
34
Es ist zudem nicht auszuschließen, daß weitere einschlägige Normtexte zwischen 744
und 779 ausformuliert wurden, aber heute verloren sind. Zudem könnten manche Fragen
der Ausgestaltung einer Metropolitanordnung in diesem Zeitraum auch nur mündlich
verhandelt worden sein. Das Bild vom Politikwechsel nach 747 könnte deshalb auch durch
Überlieferungslücken mitbedingt sein.
169
jedoch und mußte sich mit Mainz begnügen 35. Außerdem bat Boni-
fatius den Papst Zacharias brieflich darum, Grimo von Rouen, Abel
von Reims und Hartbert von Sens mit Pallien auszuzeichnen 36. Später
revidierte er diese Bitte allerdings – sehr zum Befremden des Papstes
– und forderte statt dessen, daß nur Grimo das Pallium erhalten
sollte 37. Die Hintergründe der zwei divergierenden Pallien-Anträge
sind ebenso unklar wie die genaue Datierung der Ereignisse 38. Nach
dem Tode des Bonifatius ist dann jedenfalls nur noch Chrodegang
von Metz in den Quellen sicher als Erzbischof bezeugt 39; und nach
dessen Hinscheiden 766 läßt sich wiederum einzig Wulchar von Sens
als Erzbischof nachweisen 40.
Dieser Befund ändert sich erst mit dem Jahr 779. Von nun an
häufen sich die Belege dafür, daß Geistliche in den Rang von Erzbi-
schöfen erhoben wurden: Wahrscheinlich richtete Karl schon 779/780
brieflich die Bitte an Papst Hadrian, die Bischöfe Tilpin von Reims
und Lul von Mainz mit dem Pallium auszuzeichnen und zu Erzbischö-
fen zu erheben. Die Übersendung des Palliums an Tilpin ist nur durch
einen – undatierten und interpolierten – Brief Hadrians 41 bezeugt,
35
Dazu im einzelnen unten 175 sq.
36
JW 2270 = Hg. M. Tangl, MGH…, op. cit., Nr. 57, S. 103 sq.; zur Einsetzung Hartberts
und Abels vgl. auch Concilium Suessionense, c. 3 (op. cit., S. 34, Z. 13-15), wo von Grimo
allerdings nicht die Rede ist. Grimo war Zacharias (laut ibid., S. 103, Z. 23 sq.) bereits
bekannt und dürfte deshalb zu identifizieren sein mit dem Abt Grimo von Corbie, der 741
als Gesandter Karl Martells in Rom gewesen war: Vgl. Fredegar, Chronicarum Cont., c. 22,
Hg. B. Krusch, MGH, SSrM, II/1, Hannover, 1888, S. 179, Z. 5 sq. Abel wird in der For-
schung gleichgesetzt mit jenem Scotus, der als Mönch in Lobbes lebte und von Folkuin,
Gesta abbatum Lobiensium, c. 5 und 7 (Hg. G. Waitz, MGH, SS, 4, Hannover, 1841, S. 58 sq.),
erwähnt wird. Die Identifizierung ist allerdings unsicher: Folkuin selbst hatte seinerseits
nur aus Flodoards Historia Remensis ecclesiae erfahren, daß ein Bischof Abel in Reims einge-
setzt worden sei, und identifizierte ihn lediglich aufgrund der vagen zeitlichen Überein-
stimmung mit dem Mönch seines Klosters Lobbes! Zu Hartbert vgl. J. Semmler („Bonifa-
tius…“, op. cit., S. 28, Anm. 276), der ihn mit jenem Bischof Hartbert identifiziert, der 745
dem Kloster Weißenburg Güter bei Bischofsweiler im Elsaß schenkte; sicher ist diese Iden-
tifizierung ebenfalls nicht.
37
JW 2271 = Hg. M. Tangl, MGH…, op. cit., Nr. 58, S. 106.
38
Vgl. dazu zuletzt J. Semmler („Bonifatius…“, op. cit., S. 34), der plausibel vermutet, daß
die Pallien zurückgezogen werden mußten, weil Abel und Hartbert für Sedes geweiht wor-
den waren, deren kanonisch erhobene Bischöfe – Rigobert von Reims und Ebbo von Sens
– noch lebten, auch wenn sie nicht in ihren civitates ansässig waren.
39
Die einschlägigen Belege finden sich schon bei É. Lesne, La hiérarchie épiscopale…, op.
cit., S. 54, Anm. 3.
40
Zu ihm vgl. É. Lesne, La hiérarchie épiscopale…, ibid., S. 57-61.
41
Dazu grundlegend É. Lesne, „La lettre interpolée d’Hadrien à Tilpin“, Le Moyen Âge, 17
(1913), S. 325-351 und S. 389-413, mit Edition des Briefes auf S. 349 sq. (zu den Ereignis-
sen vgl. auch H. Schmidt, „Trier…“, op. cit., S. 37 sqq.); Hinkmar von Reims oder auch schon
sein Vorgänger Ebo könnten das Schreiben verfälscht haben.
170
42
Flodoard, Historia Remensis ecclesiae, lib. II, c. 13 und c. 16-17, Hg. M. Stratmann, MGH,
SS, 36, Hannover, 1998, S. 162 sq. und S. 167-169; nur ein kleiner Abschnitt des Briefes ist
auch überliefert in der Reimser Vita Rigoberti, c. 14, Hg. W. Levison, MGH, SSrM, 7, Han-
nover, 1919, S. 71.
43
D Karl I. 129.
44
D Karl I. 142.
45
Codex Carolinus…, op. cit., Nr. 91, S. 628.
46
Die Belege dazu bei A. Hauck, Kirchengeschichte…, op. cit., t. 2, S. 205; zur Metropolitan-
würde des Magnard von Rouen vgl. Capitulare Francofurtense, c. 10, op. cit., S. 167.
47
Bonifatius hatte schon im Jahr 747 seinem angelsächsischen Amtsbruder Cuthbert von
Canterbury mitgeteilt, daß eine Synode unter seiner Leitung beschlossen habe, metropolita-
nos pallia ab illa sede querere (Bonifatius, Epistolae, 78, op. cit., S. 163).
48
Bonifatius, Epistolae, 86, ibid., S. 193: De eo autem, quod iam preterito tempore de archiepisco-
pis et de palleis a Romana aecclesia petendis iuxta promissa Francorum sanctitati vestrae notum feci,
indulgentiam apostolicę sedis flagito, quia quod promiserunt tardantes non impleverunt; et adhuc
differtur et ventilatur; quid inde perficere voluerint, ignoratur. Sed mea voluntate impleta esset promis-
sio.
171
daß auch 751 noch zentrale Fragen der Metropolitanordnung auf der
politischen Tagesordnung standen! Beachtung verdient zudem der
genaue Wortlaut des Briefes: Dort ist nämlich nicht von der Ernen-
nung von Metropoliten die Rede, sondern lediglich von archiepiscopi
und pallia. Die Analyse der normativen Quellen aber legt die Annahme
nahe, daß 751, als Bonifatius klagte, gar nicht mehr die Grundsatz-
frage der Einsetzung von Metropoliten strittig war, sondern lediglich
die weitergehende Frage, ob diese Metropoliten auch stets den Titel
archiepiscopus führen und dafür das Pallium von der römischen Kirche
erbitten sollten. Bonifatius wünschte das so 49; aber die kontinentale
Tradition war eine andere. Wer etwa in den Etymologien Isidors von
Sevilla nachschlug, der fand eine Vierteilung des bischöflichen ordo
– in Patriarchen, Erzbischöfe (archiepiscopi), Metropoliten (metropoli-
tani) und Bischöfe 50. Die archiepiscopi übten laut Isidor ein apostoli-
sches Vikariat aus und waren sowohl den metropolitani als auch den
übrigen Bischöfen übergeordnet; die Metropoliten dagegen standen
lediglich den Bischöfen ihrer jeweiligen provincia vor 51. Wäre es nicht
denkbar, daß reformwillige Geistliche um Pippin seit den 740er Jah-
ren ein solches Modell bevorzugten? Auf diese Weise ließe sich jeden-
falls zwanglos der Bericht der Synode von Ver 755 über die Einsetzung
von m e h r e r e n M e t r o p o l i t e n in Einklang bringen mit der Tat-
sache, daß in den Quellen der Folgezeit dann jeweils nur e i n E r z -
b i s c h o f im Frankenreich nachweisbar ist.
Vor diesem Hintergrund läßt sich die These eines Politikwechsels
im Jahr 747 auch nicht dadurch stützen, daß man die nachweisbaren
Ernennungen von archiepiscopi auflistet. Zum einen ist ein solches
argumentum e silentio angesichts der Quellenarmut in der Mitte des 8.
Jahrhunderts ohnehin fragwürdig. Unsere Quellen ergeben für diese
Zeit kein detailliertes Bild von der Geschichte der Bistümer Reims,
Sens, Rouen und Bourges. Für Reims bieten erst spätkarolingische
Texte, namentlich die um 890 verfaßte Vita Rigoberti und Flodoards
49
Vgl. seinen Brief an Cuthbert von Canterbury (Bonifatius, Epistolae, 78, ibid., S. 163 sq.),
demzufolge eine Synode unter seiner Leitung (744 oder 745) gerade dies beschlossen
hatte; in dem Schreiben verwendet Bonifatius zudem die Wörter archiepiscopus und metropo-
litanus geradezu wie Synonyme.
50
Isidor, Etymologiae, lib. VII, c. 12, 4, Hg. W. M. Lindsay, I, Oxford, 1911: Ordo episcoporum
quadripertitus est, id est in patriarchis, archiepiscopis, metropolitanis atque episcopis.
51
Isidor, Etymologiae, lib. VII, c. 12, 6-7: Archiepiscopus Graeco vocabulo quod sit summus episco-
porum. Tenet enim vicem apostolicam et praesidet tam metropolitanis quam episcopis ceteris. Metropo-
litani autem a mensura civitatum vocati. Singulis enim provinciis praeeminent, quorum auctoritati
et doctrinae ceteri sacerdotes subiecti sunt, sine quibus nihil reliquos episcopos agere licet. Sollicitudo
enim totius provinciae ipsis commissa est.
172
52
Vgl. oben, Anm. 42.
53
Gesta abbatum Fontanellensium, Hg. P. Pradié, Paris, 1999 (Les classiques de l’histoire de
France au Moyen Âge, 40); zur Datierung vgl. in Auseinandersetzung mit der älteren Lite-
ratur ibid., S. XXV-XXVII, wonach der Abbatiat des Ansegis als Entstehungszeit anzusetzen
wäre. Anders I. N. Wood, „Saint-Wandrille and its Hagiography“, in I. N. Wood und G. A.
Loud (Hg.), Church and Chronicle in the Middle Ages. Essays Presented to John Taylor, London et
al., 1991, S. 4 sq., dem zufolge der Text nicht zu einem bestimmten Zeitpunkt verfaßt wurde,
sondern über einen gewissen Zeitraum seit ca. 800 immer wieder weitergeführt und bear-
beitet worden ist; vorsichtig zustimmend M. Diesenberger, „Wahrnehmung und Aneigung
der Natur in den Gesta abbatum Fontanellensium“, in C. Egger und H. Weigl (Hg.), Text –
Schrift – Codex. Quellenkundliche Arbeiten aus dem Institut für Österreichische Geschichtsforschung,
Wien et. al., 2000 (MIÖG, Ergänzungsband, 35), S. 13; M. Becher, „Die Chronologie der
Äbte von Saint-Wandrille in der ersten Hälfte des 8. Jahrhunderts. Studien zu den Gesta
abbatum Fontanellensium“, in S. Happ und U. Nonn (Hg.), Vielfalt der Geschichte – Lernen,
Lehren und Erforschen vergangener Zeiten. Festgabe für Ingrid Heidrich zum 65. Geburtstag, Berlin,
2004, S. 27; vgl. aber die Argumente bei P. Pradié (Gesta…, ibid., S. XXIX-XXXII), die
zumindest für eine einheitliche Schlußredaktion sprechen.
54
Vgl. oben, Anm. 48.
55
Das gilt schon für Bonifatius, sofern man annimmt, daß Mainz nicht schon unter ihm
zur Metropole erhoben wurde; die meistzitierten Beispiele sind Angilram von Metz und
Hildebold von Köln, die den Erzbischofstitel im Zusammenhang mit ihrem Hofamt führten,
außerdem Theodulf von Orléans, dem Alkuin in einem Brief vom 4. April 801 zum Erwerb
des Palliums gratulierte und der zudem auch in einem seiner Gedichte die Auszeichnung
durch das Pallium erwähnte (Alkuin, Epistolae, 225, Hg. E. Dümmler, MGH, Epp., 4, Berlin,
1895, S. 368 sq.; Theodulf, Carmina, 72, Hg. E. Dümmler, MGH, Poet. lat., 1, Berlin, 1881,
S. 565, v. 66).
56
So bezeichete Lul seinen Lehrer Bonifatius als presul venerandus (Bonifatius, Epistolae,
98, op. cit., S. 220); vgl. ibid., Nr. 97, S. 217 (Bonifatius als venerandus pontifex), doch könnte
dieser Brief schon vor 732, also vor der Verleihung des Palliums an Bonifatius verfaßt wor-
den sein; ein ungenannter Verfasser bezeichnete Bonifatius in einem Brief von 747/748
als episcopus noster: ibid., Nr. 79, S. 172. Chrodegang von Metz unterfertigte den Gebetsbund
von Attigny (Hg. A. Werminghoff, MGH, Conc., II/1, Hannover/Leipzig, 1906, Nr. 13,
S. 73), als Hrodegangus episcopus civitas Mettis.
173
ist kein sicherer Indikator für die Frage, wieweit und wie schnell sich
eine Metropolitanordnung ausbildete. Ob beispielsweise Grimos
Nachfolger Reginfrid in Rouen als Metropolit fungierte 57, ist auf-
grund der überlieferten Quellen nicht zu entscheiden. Ebenso muß
die Frage offenbleiben, ob Richulf von Mainz bereits seit seinem Amts-
antritt 786 die Metropolitanwürde innehatte 58. Vor allem aber wissen
wir nicht, wer denn diejenigen metropolitani episcopi waren, die bereits
eingesetzt waren, als die Versammlung von Ver 755 tagte – während
die Anwesenden sich ja unter diesem Plural etwas vorgestellt haben
müssen. Wir können nicht einmal ausschließen, daß in der Folgezeit
weitere Metropoliten eingesetzt wurden, wie man es in Ver – dem
Wortlaut des Textes zufolge – geplant hatte 59.
Alles in allem sind daher auch die Überlieferungssplitter, die Aus-
kunft geben über die Umsetzung der zentral getroffenen Entschei-
dungen, kein sicherer Beleg für jenes Drama in zwei Akten, das Hauck
und Lesne in die Forschung eingeführt haben. Die Quellenaussagen
lassen sich vielmehr zwanglos mit jenem Bild eines langsamen, aber
kontinuierlichen Prozesses vereinbaren, das sich aus den Kapitularien
und Konzilsbeschlüssen ergibt. Was sich unter Karl dem Großen ver-
änderte, wäre aus dieser Perspektive nicht die Grundsatzentscheidung
für oder gegen die Einführung von Kirchenprovinzen und Metropo-
liten gewesen. Veränderung hätte es vielmehr in zwei anderen Punk-
ten gegeben: Zum einen bildete sich jetzt erst – und auch jetzt nur
sehr allmählich – jene Verbindung von Metropolitenamt, Erzbischofs
titel und Pallium heraus, die im 9. Jahrhundert selbstverständlich
werden sollte; und zum anderen wurde erst jetzt systematisch für das
gesamte Reich geklärt, welche Bistümer Metropolitansitze werden
und welche Grenzen ihre Kirchenprovinzen jeweils haben sollten.
Schon Eugen Ewig hat darauf hingewiesen, daß sich bis zur Mitte des
8. Jahrhunderts erhebliche Lücken in den Bischofslisten der südli-
chen Bistümer des Frankenreichs finden 60. Es ist daher kein Zufall,
wenn in den normativen Texten dieser Zeit die Beschlüsse zur Wie-
dereinführung einer Metropolitanordnung mit der Forderung ver-
bunden werden, überhaupt wieder für alle sedes Bischöfe einzuset-
57
Vgl. die plausible Vermutung bei H. J. Schüssler („Die fränkische Reichsteilung…“, op.
cit., S. 97), demzufolge Reginfrid zumindest bis 747 „die Position eines Metropoliten ein-
genommen“ hat.
58
A. Hauck (Kirchengeschichte…, op. cit., t. 2, S. 207) hat das angenommen, ein Quellenbe-
leg dafür aber fehlt.
59
Vgl. oben, Anm. 21.
60
E. Ewig, „Milo…“, op. cit., S. 204.
174
zen 61. In den 740er und 750er Jahren dürften die Vakanzen im Süden
noch so zahlreich gewesen sein, daß dort an die Erhebung von Metro-
politen und die Zuordnung von Suffraganen vorerst gar nicht zu den-
ken war 62.
Nach dem bisher Gesagten läßt sich die lange Dauer jenes Prozes-
ses, an dessen Ende sich eine Metropolitanordnung im Frankenreich
ausgebildet hatte, nicht allein – wie Hauck und Lesne es wollten – mit
Pippins und Karls Zögerlichkeit und Desinteresse erklären. Man wird
zusätzlich bedenken müssen, daß weder die Etablierung einer neuen
Hierarchie noch die Abgrenzung von Kirchenprovinzen konsensual
zu lösen waren: Jede Entscheidung zugunsten einer sedes bedeutete
zugleich, daß andere Bistümer im Rang abgestuft und untergeordnet
wurden. Tatsächlich läßt die dürftige Überlieferung noch etliche
Streitigkeiten in diesem Zusammenhang erahnen.
Ohne Spannungen ging es schon Mitte der 740er Jahre nicht ab,
als Bonifatius versuchte, Köln in den Rang einer Metropole zu erhe-
ben. Wir wissen von dem Projekt allein aus dem Briefwechsel des
Angelsachsen mit dem Papst Zacharias. Am 31. Oktober 745 befür-
wortete Zacharias einen diesbezüglichen Beschluß, den eine Synode
im Frankenreich in Gegenwart Pippins und Karlmanns herbeigeführt
hatte. Bonifatius hatte darüber dem Papst in einem – heute verlore-
nen – Schreiben berichtet: Demnach war geplant, daß Bonifatius Zeit
seines Lebens die civitas Köln als sedes metropolitana innehabe; und
auch seine Nachfolger sollten dieses Bistum perpetuo iure als Metropole
besitzen 63. Das Projekt wurde jedoch nicht verwirklicht. Am 1. Mai
61
So schon im Concilium Germanicum, c. 1, op. cit., S. 3; dann im Concilium Suessionense, c. 3
(op. cit., S. 34); und auch noch im Capitulare Haristallense, c. 2, op. cit., S. 47.
62
E. Ewig, „Milo…“, op. cit., S. 204.
63
JW 2274 = Hg. M. Tangl, MGH…, op. cit., Nr. 60, S. 121: De eo namque quod suggessisti,
quod elegerunt unam civitatem omnes Francorum principes coniungentem usque ad paganorum fines
et in partes Germanicarum gentium, ubi antea predicasti, quatenus ibi sedem metropolitanam perpetuo
tempore habere debeas et inde ceteros episcopos ad viam instrueres rectitudinis et post tui successores
perpetuo iure possideant: hoc, quod decreverunt, nos laeto suscepimus animo, eo quod ex Dei nutu
factum est. Daß sich allerdings schon zu diesem Zeitpunkt Widerstand geregt hatte, zeigt der
unmittelbar darauffolgende Kommentar des Papstes: Vel siquidem falsi sacerdotes et scismatici
hoc impedire conati sunt, quorum vanum agonem Dominus dissipabit et illa faciet stabilita, quae
sanctorum patrum statutis conveniunt concordare.
175
wohl des Jahres 748 antwortete Zacharias auf einen weiteren verlore-
nen Brief des Bonifatius; darin hatte der Angelsachse dem Papst unter
anderem mitgeteilt, daß die Franci ihr Wort nicht gehalten hätten und
er sich nunmehr in Mainz aufhalte 64. Tatsächlich wird schon in einem
päpstlichen Schreiben vom Sommer 747 als Bischof von Köln ein
Agilolf genannt. Wichtig ist, daß dieser Geistliche offensichtlich zur
Gruppe der Reformbischöfe gehörte 65, nicht dagegen zu jenen von
Bonifatius immer wieder wegen ihrer Lebensführung getadelten
Geistlichen, die der Papst später einmal als Milo et eiusmodi similes
bezeichnete 66. Wenn Bonifatius seine Absicht, Köln zur Metropole zu
erheben, nicht durchsetzen konnte, dann stieß er in dieser Frage also
nicht nur bei den ohnehin reformfeindlichen Teilen des fränkischen
Episkopats auf Widerstand.
Spätestens seit Hauck geht die Forschung nun davon aus, daß
Mainz unter Bonifatius nicht zur Metropole erhoben worden sei. Viel-
mehr habe der Angelsachse – der ja bereits seit 732 Erzbischof war
– nur persönlich seinen Status behalten: ein Erzbischof ohne Metro-
pole 67. Ob diese scharfsinnige kirchenrechtliche Unterscheidung der
Realität der Umbruchssituation um 750 ganz gerecht wird, sei dahin-
gestellt 68. In jedem Falle aber waren der Status von Mainz und der
Umfang seiner möglichen Kirchenprovinz noch unter Lul so unbe-
stimmt, daß man dort glaubte, mit Hilfe einer Fälschung Ansprüche
begründen und durchsetzen zu können. Es hat sich ein Schreiben des
Zacharias erhalten, in dem der Papst dem Erzbischof Bonifatius und
seinen Nachfolgern Mainz als metropolis zuerkennt und ihm Lüttich,
Köln, Worms, Speyer und Utrecht unterstellt 69. Mehrere Indizien
sprechen dafür, daß ein Fälscher hierfür ein echtes Schreiben des
Papstes an Bonifatius umgearbeitet hat: eben jenen Text, mit dem der
Papst nicht Mainz, sondern Köln zur Metropole erhoben hatte. Bei
der plumpen Umarbeitung begnügte sich der Fälscher damit, jeweils
das Wort „Köln“ durch „Mainz“ zu ersetzen. Das genaue Ziel dieser
Arbeit ist allerdings nicht mehr zu erkennen: Sollte Mainz damit über-
64
JW 2286 = Hg. M. Tangl, MGH…, ibid., Nr. 80, S. 179 sq.
65
Vgl. JW 2287 = Hg. M. Tangl, MGH…, ibid., Nr. 82, S. 182.
66
Zacharias lobte diese Geistlichen jedenfalls ausdrücklich und empfahl ihnen Bonifatius:
ibid., S. 182 sq.
67
A. Hauck, Kirchengeschichte…, op. cit., t. 1, S. 550.
68
Haucks These beruht letztlich nur darauf, daß Lul, der Nachfolger des Bonifatius, erst
von 782 an als archiepiscopus nachweisbar ist.
69
JW 2292 = Hg. M. Tangl, MGH…, ibid., Nr. 88, S. 201 sq.; zum Folgenden vgl. die Analyse
von M. Tangl, „Studien zur Neuausgabe…“, op. cit., S. 785-788.
176
haupt erst den Status einer Metropole erhalten? Oder ging es ledig-
lich darum, die Grenzen der Mainzer Kirchenprovinz verbindlich zu
umreißen, weil diese noch strittig waren? Wie auch immer man die
Fragen beantwortet – schon der Akt der Verfälschung an sich deutet
darauf hin, daß in den Jahren nach 754 70 die Festlegung eines
Metropolitansitzes und die Abgrenzung einer Kirchenprovinz für die
Germania umstritten waren.
Über Konflikte, die dieselben Fragen im Süden Galliens heraufbe-
schworen, informiert uns ein Kapitel der Frankfurter Synode von
794 71: Dort ist die Rede von einer altercatio zwischen dem Bischof
Ursio von Vienne und dem advocatus namens Elifantus, der den
Bischof von Arles vertrat. Strittig waren auch hier die Festlegung der
Metropolitansitze und der Umfang der Kirchenprovinzen. Eine
Lösung suchten die Teilnehmer der Frankfurter Synode in der Tradi-
tion, nämlich in Briefen von Päpsten des 5. und 6. Jahrhunderts. Auf
dieser Basis legten sie fest, daß sowohl Vienne als auch Arles Metro-
polen sein sollten; Vienne sollten vier Suffragane unterstehen, Arles
dagegen neun. Über die Stellung von Tarantaise, Embrun und Aix
sollte dagegen erst noch ein Urteil des Papstes eingeholt werden.
Genaueres über Verlauf und Hintergründe des Streits erfahren wir
nicht, doch zeigt die Frankfurter Bestimmung, wie schwer eine Ent-
scheidung in dieser Frage fiel: Der Rückgriff auf die Autorität des
Papstes schien notwendig.
Daß auch Trier und Metz miteinander über die Metropolitanwürde
stritten, ist durch die Forschungen Otto Gerhard Oexles und Aline
Poensgens bestens bekannt 72. Angilram von Metz bemühte sich dem-
nach nicht zuletzt dadurch um den Aufstieg seiner sedes zur Metro-
pole, daß er 784/785 Paulus Diaconus beauftragte, die Historia episco-
porum Mettensium zu verfassen. Während Lul in Mainz seine Ansprüche
durch die Verfälschung eines Papstbriefes durchzusetzen versuchte,
ließ Angilram also ein Geschichtswerk schreiben, das formal an den
70
Die handschriftliche Überlieferung belegt, daß die Fälschung am Ende des 8. Jahrhun-
derts bereits vorlag: M. Tangl, „Studien zur Neuausgabe…“, ibid., S. 787. Auch der Umfang
der Provinz, der in dem Schreiben vorgesehen ist, paßt am ehesten in die Frühzeit Luls.
71
Das folgende nach Capitulare Francofurtense, c. 8, op. cit., S. 167.
72
A. Poensgen, Geschichtskonstruktionen…, op. cit., S. 23 sqq., zusammenfassend S. 70-73;
O. G. Oexle, „Die Karolinger und die Stadt des heiligen Arnulf“, Frühmittelalterliche Studien,
1 (1967), S. 250-364. D. Kempf [„Paul the Deacon’s Liber de episcopis Mettensibus and the
role of Metz in the Carolingian realm“, Journal of Medieval History, 30 (2004), S. 279-299]
kennt die Dissertation von Poensgen nicht, gelangt aber zu ähnlichen Ergebnissen, aller-
dings ohne sie in den zeitgenössischen Konflikt um die Metropolitanwürde einzuordnen.
177
73
Annales Laureshamenses, a. 801, Hg. G. H. Pertz, MGH, SS, 1, Hannover, 1826, S. 38.
74
Vgl. P. Classen [Karl der Große, das Papsttum und Byzanz. Die Begründung des karolingischen
Kaisertums. Nach dem Handexemplar des Verfassers, Sigmaringen, 1985 (Beiträge zur Geschichte
und Quellenkunde des Mittelalters, 9), S. 61] demzufolge mit den sedes Ravenna und Mai-
land, Trier und Arles gemeint sein müßten. In der Germania befand sich keine alte kaiser-
liche sedes; möglicherweise spielte der Annalist auf Aachen an, das er am Ende desselben
Jahresberichts ausdrücklich als Karls sedes bezeichnete.
75
H. Fichtenau, „Abt Richbod und die Annales Laureshamenses“, in Beiträge zur Geschichte
des Klosters Lorsch, Lorsch, 1978 (Geschichtsblätter für den Kreis Bergstraße, Sonderband,
4), S. 277-301.
178
76
Dazu die Beiträge von K. Zechiel-Eckes, „Zwei Arbeitshandschriften Pseudoisidors
(Codd. St. Petersburg F. v. I. 11 und Paris lat. 11611)“, Francia, 27/1 (2000), S. 205-210;
Id., „Ein Blick in Pseudoisidors Werkstatt. Studien zum Entstehungsprozeß der Falschen
Dekretalen“, Francia, 28/1 (2001), S. 37-90; Id., „Auf Pseudoisidors Spur. Oder: Versuch,
einen dichten Schleier zu lüften“, in W. Hartmann und G. Schmitz (Hg.), Fortschritt durch
Fälschungen? Ursprung, Gestalt und Wirkungen der pseudoisidorischen Fälschungen. Beiträge zum
gleichnamigen Symposium an der Universität Tübingen vom 27. und 28. Juli 2001, Hannover,
2002 (MGH, Studien und Texte, 31), S. 1-28; zustimmend J. Fried, vgl. aber auch die Skep-
sis von H. Fuhrmann, „Stand, Aufgaben und Perspektiven der Pseudoisidorforschung“, in
W. Hartmann und G. Schmitz (Hg.), Fortschritt…, ibid., S. 254 sq. mit Anm. 67.
77
Dazu H. Fuhrmann, Einfluß und Verbreitung der pseudoisidorischen Fälschungen. Von ihrem
Auftauchen bis in die neuere Zeit, t. 2, Stuttgart, 1972 (Schriften der MGH, 24/II), S. 254-272
(zu Hintergründen und Verlauf des Streits und zur Rolle der pseudoisidorischen Fälschun-
gen in der Auseinandersetzung); außerdem W. Hartmann, Die Synoden der Karolingerzeit im
Frankenreich und in Italien, Paderborn et al., 1989, S. 313-316.
78
Dazu P. R. McKeon, Hincmar of Laon and Carolingian Politics, Urbana et al., 1978, bes.
S. 132-155; W. Hartmann, Die Synoden…, ibid., S. 321-327; H. Fuhrmann, „Fälscher unter
sich: zum Streit zwischen Hinkmar von Reims und Hinkmar von Laon“, in M. T. Gibson
und J. L. Nelson, Charles the Bald. Court and Kingdom, Aldershot, 1990, S. 224-234.
79
Vgl. dazu Hinkmars Bericht in den Annales Bertiniani, a. 876, Hg. F. Grat, J. Vielliard,
S. Clémencet und L. Levillain, Paris, 1964, S. 201-205; vgl. zu den Ereignissen W. Hart-
mann, Die Synoden…, ibid., S. 333-336; J. L. Nelson, Charles the Bald, London et al., 1992,
S. 243 sq.
80
Hinkmar von Reims, De iure metropolitanorum, PL, 126, Sp. 189-210.
179
ban dabei als seine Vorbilder auflistete, findet sich auch derjenige
Isidors von Sevilla 81. So orientierte sich der Fuldaer Lehrer auch in
Fragen der Hierarchie an Isidors Etymologien, stand hier jedoch vor
einem Problem: Isidor hatte, wie schon bemerkt, Erzbischöfe und
Metropoliten voneinander geschieden 82. Autorität und gegenwärtige
Praxis wichen also offenkundig voneinander ab. Hraban hatte genug
Selbstbewußtsein, in dieser Frage die Autorität Isidors zu korrigieren
– wenn auch mit möglichst geringfügigen Eingriffen in den Wortlaut
seiner Vorlage. So formulierte er frei nach Isidor: Ordo autem episcopo-
rum tripertitus est, id est in patriarchis, a r c h i e p i s c o p i s , q u i e t m e t -
r o p o l i t a n i s u n t , in episcopis 83. Später kürzte er Isidors Bemerkun-
gen über die archiepiscopi und fügte eine Beschreibung dessen, was ein
Metropolit war, in eigenen Worten hinzu 84. Sein Kapitel über das
Pallium mußte Hraban dann sogar vollständig selbst formulieren 85.
Daß ein solcher Umgang mit der Tradition nicht selbstverständlich
war, zeigt ein Text eines anderen monastischen Spitzengelehrten der
Zeit. Nach dem Tode Ludwigs des Frommen seines Abbatiats entho-
ben, schrieb Walahfrid 841 auf der Reichenau eine Liturgiegeschichte,
in der er nachzuweisen versuchte, daß die Formen und Begriffe der
Liturgie nicht von Gott geoffenbart, sondern allmählich von Men-
schen entwickelt worden seien 86. Ganz am Ende dieser Schrift prä-
sentierte Walahfrid seinen Lesern eine comparatio ecclesiasticorum ordi-
num et saecularium 87. Dem Gelehrten selbst erschien das als ein Wagnis
– wußte er doch, wie sehr sich die ordinationes potestatum et officiorum
im Laufe der Geschichte je nach Völkern, Regionen und Zeiten unter-
schieden hatten. Wer könne schon überblicken, klagte Walahfrid,
welche Ämter zu welchen Zeiten neu hinzugekommen, welche sich
in andere umgewandelt und welche ganz fortgefallen seien! Ange-
81
Hrabanus Maurus, De institutione clericorum libri tres, Prolog, Hg. D. Zimpel, Frankfurt/
Main et al., 1996 (Freiburger Beiträge zur mittelalterlichen Geschichte, 7), S. 282 sq.; zur
Datierung der Schrift vgl. D. Zimpel (ibid., S. 11-33), der aber meines Erachtens die Bezüge
zu den Aachener Reformsynoden 816-818 überbetont.
82
Vgl. oben, Anm. 50.
83
Hrabanus Maurus, De institutione clericorum…, lib. I, c. 5, ibid., S. 297.
84
Hrabanus Maurus, De institutione clericorum…, lib. I, c. 5, ibid., S. 298: Metropolitanus
autem idem vocatur, eo quod praesideat illi civitati, quae ceteris civitatibus in eadem provincia con
stitutis quodammodo mater sit. Metropolis ergo graece mater civitas interpretatur.
85
Hrabanus Maurus, De institutione clericorum…, lib. I, c. 23, ibid., S. 315.
86
Walahfrid Strabo, Libellus de exordiis et incrementis quarundam in observationibus ecclesias-
ticis rerum, Hg. A. L. Harting-Correa, Leiden et al., 1996 (Mittellateinische Studien und
Texte, 19).
87
Walahfrid Strabo, Libellus de exordiis…, c. 32, ibid., S. 188.
180
sichts dessen wollte sich der Gelehrte nur auf die bekannteren Dinge
beschränken 88. Für die kirchliche Hierarchie aber übernahm er
dabei, ohne zu zögern, Isidors alte Vierteilung: Patriarchen entspra-
chen demnach im weltlichen Bereich den patricii; die archiepiscopi, qui
ipsis metropolitanis praeminent, stellte Walahfrid den Königen gegen-
über; die Metropoliten selbst den duces; und die Bischöfe schließlich
waren den Grafen vergleichbar. Walahfrid betonte, daß die verschie-
denen officia und potestates im Laufe der Jahrhunderte der instabilitas
aller vom Menschen geschaffenen Dinge unterlegen seien 89; vielleicht
benutzte er also nur deshalb Isidors längst überholte Darstellung der
kirchlichen Hierarchie, weil er hoffte, die Leser würden selbst bemer-
ken, daß die Unterscheidung von Metropoliten und Erzbischöfen in
ihrer Gegenwart nicht mehr zutraf. Immerhin zeigt der Text aber
auch dann noch, wie bewußt es Walahfrid war, daß die kirchliche
Hierarchie der eigenen Gegenwart von der Tradition abwich.
Ein anderes Problem, das sich aus dem Unterschied zwischen der
neuen Hierarchie und der Tradition ergab, zeigt exemplarisch die
Hagiographie aus dem Kloster Saint-Wandrille 90. Dort wurden neben
dem Gründungsabt Wandregisel auch die Bischöfe Ansbert von
Rouen, Landbert von Lyon und Vulfram von Sens als Heilige verehrt
und mit Viten bedacht. Die Lebensbeschreibung des Wandregisel ist
in ihrer ursprünglichen, noch vor 700 verfaßten Form überliefert 91,
ebenso eine Vita des Bischofs Audoenus von Rouen 92, zu dessen Zeit
und mit dessen Hilfe Wandregisel das später nach ihm benannte Klo
ster gegründet hatte. Die Lebensbeschreibungen Ansberts, Landberts
und Vulframs dagegen liegen in überarbeiteten Fassungen vor, die
erst Jahrzehnte später, in den Jahren um 800, hergestellt worden sein
88
Walahfrid Strabo, Libellus de exordiis…, c. 32, ibid., S. 188).
89
Walahfrid Strabo, Libellus de exordiis…, c. 32, ibid., S. 188-192).
90
Zu dem Corpus vgl. grundlegend I. N. Wood, „Saint-Wandrille…“, op. cit.; J. Howe, „The
Hagiography of Saint-Wandrille (Fontenelle) (Province of Haute-Normandie)“, in M. Hein-
zelmann (Hg.), L’hagiographie du haut Moyen Âge en Gaule du Nord. Manuscrits, textes et centres
de production, Stuttgart, 2001 (Beihefte der Francia, 52), S. 127-192; aus der älteren Litera-
tur wichtig ist W. Levison, „Zur Kritik der Fontaneller Geschichtsquellen“, Neues Archiv, 25
(1900), S. 593-607.
91
Vita Wandregiseli, Hg. B. Krusch, MGH, SSrM, 5, Hannover, 1910, S. 1-24; die älteste
Handschrift – Paris, BnF, lat. 18315, fol. 1-31 – könnte noch aus der Zeit vor 700 stammen:
Vgl. J. Howe, „The Hagiography…“, ibid., S. 163-166; I. N. Wood, „Saint-Wandrille…“, ibid.,
S. 2.
92
Vita Audoini prima, Hg. W. Levison, MGH, SSrM, 5, Hannover, 1910, S. 536-567; zur
Datierung vgl. die Argumente von W. Levison (ibid., S. 543).
181
dürften 93. Die beiden älteren Texte – die Vita Wandregisili und die
ältere Vita Audoeni – enthalten keinerlei Hinweise darauf, daß Audo-
enus den Titel eines archiepiscopus geführt hätte oder Rouen Metro-
pole gewesen wäre. Auch sein Nachfolger Ansbert wird in der frühe
sten Vita Audoeni lediglich als episcopus tituliert 94. Man darf daher
vermuten, daß Ähnliches auch für die älteren, heute verlorenen Viten
Ansberts, Landberts und Vulframs galt. Die Art und Weise, wie die
Überarbeiter dieser Viten um 800 in der Frage der Metropolitanord-
nung mit dem älteren Material umgingen, verrät jedoch, daß man
einige Mühe hatte, die Tradition des Hauses lückenlos an die verän-
derte kirchliche Hierarchie anzupassen. So verwendete der Redaktor
der Vita Ansberti für seinen Helden fast durchweg „neutrale“ Bezeich-
nungen wie antistes, pontifex oder praesul; ja einmal übernahm er sogar
die Bezeichnung episcopus 95. Immerhin war er bestrebt, die frühere
Vita an die jüngere Entwicklung der Hierarchie anzupassen: So nannte
er Rouen ausdrücklich eine Metropole 96 – aller Wahrscheinlichkeit
nach in Abweichung von seiner verlorenen Vorlage. Im 18. Kapitel
berichtete der Überarbeiter, daß Ansbert dem Kloster Saint-Wandrille
das Privileg gewährt habe, den Abt aus den eigenen Reihen zu wählen.
Dies sei auf einer sinodus generalis im Jahre 688/689 geschehen; und
der Überarbeiter fügte sogar eine Unterschriftenliste in seine Vita ein,
die ursprünglich kaum unter Synodalakten gestanden haben kann 97.
Ansberts Name führt darin eine Abfolge von 16 Bischöfen und weite-
ren Geistlichen an. Unter ihnen allen ist allein Ansbert als archiepisco-
pus hervorgehoben 98. Auch in diesem Falle hat der Überarbeiter
wahrscheinlich die hagiographische Tradition seines Hauses an die
Neuerungen in der Hierarchie angepaßt – nicht zuletzt, um so dem
Wahlrecht seiner eigenen Gemeinschaft eine höhere Verbindlichkeit
zu verleihen.
Ein ähnlich uneinheitliches Bild zeigt die Neufassung der Vulfram-
Vita. Auch hier wird der Heilige in der Mehrzahl der Fälle als pontifex
93
Dazu mit weiterer Literatur S. Patzold und A. Schorr, „Personennamen in drei hagio-
graphischen Quellen des Frühmittelalters. Die Viten des Austregisel von Bourges, des Ans-
bert von Rouen und des Einsiedlers Goar“, in D. Geuenich und I. Runde (Hg.), Name und
Gesellschaft im Frühmittelalter. Personennamen als Indikatoren für sprachliche, ethnische, soziale und
kulturelle Gruppenzugehörigkeiten ihrer Träger, Hildesheim et al., 2006, S. 73-99.
94
Vita Audoini prima, c. 18, op. cit., S. 566.
95
Vita Ansberti, c. 32, Hg. W. Levison, MGH, SSrM, 5, Hannover, 1910, S. 638 sq.
96
Vita Ansberti, c. 15, ibid., S. 629.
97
Vgl. die Anm. 2 des Herausgebers W. Levison (Vita Ansberti, ibid., S. 631).
98
Vita Ansberti, c. 18, ibid., S. 631.
182
99
Vita Vulframni, c. 9, Hg. W. Levison, MGH, SSrM, 5, Hannover, 1910, S. 668.
100
Vita Vulframni, c. 3, ibid., S. 663.
101
Vita Vulframni, Prolog, ibid., S. 661.
102
So Vita Ansberti, c. 12, op. cit., S. 627 und c. 15 (S. 629).
103
Die Belege bei W. Levison, in der Einleitung seiner Edition der Vita, Hannover, 1910
(MGH, SSrM, 5), S. 548.
183
den 104. Seine Vorlage war hier die Vita Eligii; sie aber hatte beide
Heilige noch vollkommen gleichrangig als episcopi bezeichnet 105.
5. Fazit
104
Vita Audoeni secunda, AA SS Aug. 4, c. III, 20, S. 814.
105
Vita Eligii, c. 2, Hg. B. Krusch, MGH, SSrM, 4, Hannover, 1902, S. 695 sq.
184
„H
ierarchie“ ist heute in fast allen Wissenschaftsbereichen
ein „Zentralbegriff der Abstufung, Rangordnung und des
Verhältnisses der Über- und Unterordnung“ 1. Seiner his-
torischen Genese nach ist der Begriff der „Hierarchie“ ein Teil der
Reflexion über soziale „Ordnung“, über „Stände“ 2, und begegnet
zum ersten Mal bei jenem anonymen syrischen Autor des späten 5.
und beginnenden 6. Jahrhunderts, der sich in seinen Schriften als der
auf dem Areopag bekehrte Schüler des Apostels Paulus ausgibt, bei
Pseudo-Dionysius Areopagita, den man im Okzident seit dem 9. Jahr-
hundert mit dem heiligen Dionysius, dem Märtyrer und ersten
bekannten Bischof von Paris identifizierte und dessen Schriften jetzt
ins Lateinische übersetzt wurden. Die Reflexion über soziale Ord-
nung, über Stände ist wiederum Teil des Nachdenkens über die von
Gott gesetzte „Ordnung“ der Welt im ganzen, über die Welt als „Kos-
mos“ 3. Im Rahmen dieser Reflexion hatte Pseudo-Dionysius Areopa-
gita, dessen Einfluß auf die Theologie, die Mystik, die Philosophie
und die Soziallehren des Okzidents kaum überschätzt werden kann,
mit seinen Schriften über „Die himmlische Hierarchie“ – das heißt
die Ordnungen der reinen Geistwesen – und „Die kirchliche Hierar-
chie“ – also die Ordnungen der inkarnierten Geistwesen –, den
Gedanken erläutert, daß die von Gott gesetzte Ordnung des Kosmos
von jedem Individuum verlangt, daß es seinen Platz in seinem Stand
einnimmt und das Seine tut, ein Gedanke, den erstmals Platon in
seiner Schrift „Politeia“ erläutert hatte 4. Jeder Stand hat demnach
1
H. Rausch, „Hierarchie“, Historisches Wörterbuch der Philosophie, 3 (1974), Sp. 1123-1126,
Sp. 1123. Zur kirchlichen Hierarchie und ihren Repräsentationen: D. Iogna-Prat, La
Maison Dieu. Une histoire monumentale de l’Église au Moyen Âge, Paris, 2006.
2
O. G. Oexle, „Stand, Klasse (Antike und Mittelalter)“, in O. Brunner, W. Conze und
R. Koselleck (Hg.), Geschichtliche Grundbegriffe, 6, Stuttgart, 1990, S. 180 sq.
3
H. Meinhardt, W. Hübener, U. Dierse und H.-G. Steiner, „Ordnung“, Historisches Wör-
terbuch der Philosophie, 6 (1984), Sp. 1249-1309; G. Wieland, „Die Ordnung des Kosmos
und die Unordnung der Welt“, in B. Schneidmüller und S. Weinfurter (Hg.), Ordnungs-
konfigurationen im Hohen Mittelalter, Ostfildern, 2006, S. 19-36.
4
O. G. Oexle, „Stand, Klasse…“, op. cit., S. 161 sq. Über ps.-Dionysius: O. G. Oexle, „Stand,
Klasse…“, ibid., S. 180 sq. und D. Iogna-Prat, La Maison Dieu…, op. cit., S. 83 sqq.
185
186
7
O. G. Oexle, „Tria genera hominum. Zur Geschichte eines Deutungsschemas der sozialen
Wirklichkeit in Antike und Mittelalter“, in Institutionen, Kultur und Gesellschaft im Mittelalter.
Festschrift für Josef Fleckenstein zu seinem 65. Geburtstag, Sigmaringen, 1984, S. 483-500;
O. G. Oexle, „Stand, Klasse…“, op. cit., S. 177.
187
wurde. Denn der Grundgedanke des Mönchtums ist nicht ein hierar-
chischer, es ist vielmehr der Grundgedanke der Gleichheit. Wir ver-
stehen dies besser, wenn wir den Blick von den Ständebildungen und
der Reflexion über die ständische Ordnung der Welt und der Gesell-
schaft abwenden und unsere Aufmerksamkeit auf die Bildung von
sozialen Gruppen richten 8.
8
O. G. Oexle, „Stände und Gruppen. Über das Europäische in der europäischen
Geschichte“, in M. Borgolte (Hg.), Das europäische Mittelalter im Spannungsbogen des Ver-
gleichs. Zwanzig internationale Beiträge zu Praxis, Problemen und Perspektiven der historischen Kom-
paratistik, Berlin, 2001, S. 39-48.
9
Zum folgenden O. G. Oexle, „Max Weber und das Mönchtum“, in H. Lehmann und
J. M. Ouédraogo (Hg.), Max Webers Religionssoziologie in interkultureller Perspektive, Göttingen,
2003, S. 311-334.
10
H. Maier, „Die Gemeinde in der Theologie des Christentums“, in P. Blickle (Hg.),
Theorien kommunaler Ordnung in Europa, München, 1996, S. 23; S. Wild, Mensch, Prophet und
Gott im Koran, Münster, 2001, S. 28.
11
C. Markschies, Zwischen den Welten wandern. Strukturen des antiken Christentums, Frankfurt
a. M., 1997, S. 197 sqq.
188
12
H. J. Derda, Vita Communis. Studien zur Geschichte einer Lebensform in Mittelalter und Neuzeit,
Köln, 1992, S. 21 sqq.
189
13
H. J. Derda, Vita Communis…, ibid., S. 37 sqq.
14
Zum folgenden O G. Oexle „Max Weber und das Mönchtum“ und „Problema voznikno-
venija monašestva“ [Das Problem der Entstehung des Mönchtums], in I. V. Dubrovski,
S. W. Obolenskaja und M. Paramonova (Hg.), Drugie srednie veka [Das andere Mittelalter.
Festschrift zum 75. Geburtstag von Aaron J. Gurjevič], Moskva/Sankt Peterburg, 2000,
S. 358-375.
15
H. J. Derda, Vita Communis…, op. cit., S. 13 sqq. und 105 sqq.; U. Meyer, Soziales Handeln
im Zeichen des „Hauses“. Zur Ökonomik in der Spätantike und im früheren Mittelalter, Göttingen,
1998, S. 257 sqq.
190
menhang zwischen der Gemeinde als durch der die Taufe und das
Gericht Gottes gleichen Menschen und der Entstehung der mittelal-
terlichen Stadt-Gemeinde, der Kommune im doppelten Sinn des Wor-
tes: als religiöser und als Bürger-Gemeinde 16.
Und Webers Reflexion über die Ko-Präsenz christlicher Gemein-
detypen in der gesamten Geschichte des Okzidents bezieht sich auch
auf den dritten Typus von Gemeinde, der in dem Œuvre Webers, wie
unlängst treffend festgestellt wurde, eine „werkgeschichtlich übergrei-
fende Thematik“ darstellt 17. Dies ist die Frage nach der Entstehung
des okzidentalen Mönchtums. Aber wissen wir nicht längst, daß das
Mönchtum, auch und gerade in seiner gruppenförmigen Existenz,
aus der Askese der in der Wüste lebenden Anachoreten entstand? So
lautet zumindest die seit langem und auch derzeit noch immer akzep-
tierte Grundannahme der Forschung. Freilich hat sich schon Max
Weber von dieser Meinung distanziert 18 und neue Fragestellungen
und Ergebnisse der Forschung legen uns ebenfalls eine andere Sicht
der Dinge nahe.
Denn seit mehr als zwei Jahrzehnten ist die Forschung über
„Askese“ in der Spätantike zu ganz neuen Auffassungen gelangt. Erin-
nert sei an die Arbeiten von Michel Foucault, Aline Rousselle, Peter
Brown und anderen 19. Demnach ist „Askese“, also Rückzug aus der
„Welt“, ist die Überzeugung von der Schädlichkeit sexueller Beziehun-
gen und ist der Wunsch nach Einschränkung und Kontrolle sexueller
Betätigung in der Spätantike seit dem ersten nachchristlichen Jahr-
hundert ein universeller kultureller Wert. Das aber bedeutet: „Askese“
und insbesondere sexuelle Askese ist nichts spezifisch Christliches.
„Askese“ ist auch keine Erfindung des christlichen Anachoretentums,
das vielmehr lediglich in seiner Weise ein allgemeines kulturelles
Ideal der Spätantike verwirklicht hat. Und: Askese als Lebensideal,
insbesondere im Sinne der sexuellen Enthaltsamkeit, begegnet des-
halb zwar auch im Rahmen des zönobitischen Mönchtums. Doch hat
sie hier keine konstitutive Bedeutung.
Dies führt zu einem zweiten Bereich neuer empirischer Befunde.
Nämlich: daß unsere Kenntnisse von der ältesten Form des mönchi-
16
Dazu O. G. Oexle, „Max Weber…“, op. cit., S. 313 sqq.
17
C. Braun, Max Webers „Musiksoziologie“, Laaber, 1992, S. 99, Anm. 19.
18
Dazu O. G. Oexle, „Max Weber…“, op. cit., S. 316 sqq.
19
M. Foucault, Histoire de la sexualité, Paris, 1976; A. Rousselle, Porneia, Paris, 1983;
P. Brown, The Body and Society. Men, Women and Sexual Renuncation in Early Christianity, New
York, 1988.
191
20
Dazu O. G. Oexle, „Max Weber…“, op. cit., S. 324.
21
Dazu vor allem H. Bacht, Das Vermächtnis des Ursprungs. Studien zum frühen Mönchtum,
t. 1, Würzburg, 1972, und Id., Das Vermächtnis…, ibid., t. 2 (Pachomius. Der Mann und sein
Werk), Würzburg, 1983, sowie P. Rousseau, Pachomius. The Making of a Community in Fourth-
Century Egypt, Berkeley, 1985.
22
Vgl. O. G. Oexle, „Max Weber…“, op. cit., S. 325 sqq.
23
Zum folgenden bereits O. G. Oexle, „Max Weber…“, ibid., S. 325 sqq.
192
haus, – ein Lebensraum, der von einer Mauer umschlossen und damit
von der Außenwelt abgegrenzt war. Im Innern dieses Raumes wurde
das Gemeinschaftsleben bestimmt von körperlicher Arbeit und der
Gemeinsamkeit des Tisches, des Gebets und der Liturgie. Dieses
Zusammenleben war ein regelgebundenes Leben und implizierte die
Verpflichtung zum Gehorsam gegenüber der Regel und dem Abt. In
diesem Gehorsam war beschlossen eine Disziplinierung, eine „Uni-
formierung“ 24 des Lebens und der ganzen Lebensführung, äußerlich
sichtbar in der Einheitlichkeit der Kleidung und des Tagesablaufs.
Der Begriff, der dabei immer wieder begegnet, heißt (in lateinischer
Übersetzung): ordo, oder: ordo disciplinaris. Dieser ordo ist so angelegt,
daß die geregelte und disziplinierende Lebensführung im Kloster ein
normales Leben, ein alltägliches Leben begründet. Es soll eine
Lebensweise für viele sein. Der ordo disciplinaris bedeutet ein „gewöhn-
liches Leben“ 25, ohne Übertreibungen, auch nicht im Maß des Fas-
tens, des Wachens und des Gebets, also der „Askese“, vielmehr mit der
Zuweisung von täglich zwei Mahlzeiten und der Sicherstellung von
ausreichendem Schlaf. Denn in der Mitte des Zusammenlebens steht
nicht die „Askese“, sondern steht vielmehr die Gütergemeinschaft,
das kommunitäre Armutsideal, das die Befriedigung der Grundbe-
dürfnisse an Behausung, Kleidung und Nahrung aus dem Gemeinbe-
sitz aller vorsieht, aus dem jedem zugeteilt wird, was er braucht. Dies
bedeutet: Der Lebensstandard der pachomianischen Mönche lag
„weit über dem, was sich die Armen des Landes zu jener Zeit leisten
konnten“ 26. Man kann diesen, von der monastischen Gemeinwirt-
schaft ermöglichten Lebensstandard, gemessen an den asketischen
Vorstellungen der Anachoreten oder auch an der Lebensweise der
unfreiwillig Armen in der Bevölkerung, aus der sich die Mönche meis-
tens rekrutierten, als „ausgesprochen gut“ bezeichnen 27. Das war auch
dadurch bedingt, daß die gemeinsame körperliche Arbeit ein wesent-
liches Moment des pachomianischen Klosterlebens war, und zwar als
„Verpflichtung zu produktiver Arbeit“ und nicht nur als „rein aske-
tisch orientierte Beschäftigung“, wie wir sie bei den Individual-Asketen
der Wüste, bei den Anachoreten finden 28. Dies beruhte auf der –
24
So H. Bacht, Das Vermächtnis…, op. cit., t. 2, S. 36.
25
H. Bacht, Das Vermächtnis…, ibid., t. 2, S. 41.
26
H. Bacht, Das Vermächtnis…, ibid., t. 1, S. 113, Anm. 97.
27
B. Büchler, Die Armut der Armen. Über den ursprünglichen Sinn der mönchischen Armut,
München, 1980, S. 83.
28
H. Bacht, Das Vermächtnis…, op. cit., t. 2, S. 36.
193
Dazu O. G. Oexle, „Stand, Klasse…“, op. cit., S. 170 sq. und 176 sq.
29
So E. Brammertz, Das ägyptische Mönchtum als soziologische Erscheinung. Schenute von Atripe,
30
München, 1954, zitiert nach H. Bacht, Das Vermächtnis…, op. cit., t. 2, S. 14 sq.
194
schaft, welche die Gleichheit aller implizierte und wodurch man die
Exemplarität des ursprünglichen christlichen Gemeindelebens im
Sinne der neutestamentlichen Apostelgeschichte in neuer Weise zu
erreichen und in der eigenen Zeit neu darzustellen hoffte. Neu war
es aber auch durch die Form des ordo disciplinaris, die dem Einzelnen
zwar Verzichte auferlegte, ihn aber eben dadurch in die „methodische
Lebensführung“ (Max Weber) 31 eines gemeinsamen Lebens einband.
Dadurch gehörte die Erbringung kultureller Leistungen zum Pro-
gramm, – und bereits die Realisierung von Vita Communis, von „Gesin-
nungsgemeinschaft durch Gütergemeinschaft“ und der damit verbun-
dene ordo disciplinaris sind eine solche kulturelle Leistung.
Natürlich finden wir im pachomianischen Kloster auch die Askese
in ihren „weltüberwindenden“ Formen, aber sie wird – und das ist
wichtig – durch die Normen des gemeinsamen Lebens und das heißt
auch: im Sinne der Gleichheit aller begrenzt. Anders gesagt: der Asket
– im Sinne der Wüsten-, im Sinne der anachoretischen Askese – ist im
Kloster eine „gefährliche“ Figur. Er ist ebenso „gefährlich“ wie der
Adlige oder der Priester, weil er die „Uniformität“ der gemeinsamen
Lebensweise und damit die Gleichheit aller in Frage stellt. Viel wich-
tiger ist eben deshalb im Rahmen von Vita Communis eine ganz andere
Form von „Askese“: jene nämlich, die im Verzicht auf die Geltendma-
chung des Individuums und seiner individuellen Bedürfnisse durch
die Disziplinierung eben dieser Bedürfnisse besteht.
Die Bedeutung der konstitutiven Idee der Vita Communis, das Vor-
bild der apostolischen Urgemeinde mit ihrer Begründung von Gesin-
nungsgemeinschaft durch Gütergemeinschaft ließe sich auch an der
Begründung des Mönchtums bei Augustinus nachweisen. Es war auch
der Wunsch des Augustinus, in seinen Klöstern diesem apostolischen
Urbild christlicher Gemeinschaft „zu neuem Leben zu verhelfen“ 32.
Deshalb die intensive Beschäftigung auch des Augustinus mit der
Bedeutung der körperlichen Arbeit der Mönche in seiner Schrift De
opere monachorum 33. Dasselbe gilt für Benedikt und seine Regel, die in
den Kapiteln 33 und 34 dezidiert auf die Frage von Arbeit, Eigentum
und Gemeinbesitz eingeht. Vor allem das „Laster“ des Privatbesitzes
31
Dazu O. G. Oexle, „Max Weber…“, op. cit., S. 328 sq.
32
A. Zumkeller, Das Mönchtum des heiligen Augustinus, Würzburg, 1968, S. 175 sq.; G. Law-
less, Augustine of Hippo and his Monastic Rule, Oxford, 1987, S. 128 sq.
33
A. Zumkeller, Das Mönchtum…, ibid. S. 229 sqq.
195
au Moyen Âge. Une approche interdisciplinaire, Louvain-la-Neuve, 1990; J. Kocka und C. Offe
(Hg.), Geschichte und Zukunft der Arbeit, Frankfurt/New York 2000; V. Postel (Hg.), Arbeit
im Mittelalter. Vorstellungen und Wirklichkeiten, Berlin, 2006.
196
36
Jean de Saint-Arnoul, La vie de Jean, abbé de Gorze, éd. et trad. M. Parisse, Paris, 1999.
Dazu die Beiträge in M. Parisse und O. G. Oexle (Hg.), L’abbaye de Gorze au xe siècle, Nancy,
1993.
37
Zum folgenden O. G. Oexle, „Individuum und Gruppen in der lothringischen Gesell-
schaft des 10. Jahrhunderts“, in M. Parisse und O. G. Oexle (Hg.), L’abbaye de Gorze…, ibid.,
S. 105-139.
197
198
dieser Vorgang angenommen hat, möge man in der Vita des Johannes
von Gorze selbst nachlesen.
Die beiden Texte – die Regel des 6. Jahrhunderts und die Erzäh-
lung von der Klostergründung des 10. Jahrhunderts – lassen überaus
deutlich eine grundlegende Veränderung im Verhältnis von Mönch-
tum und Hierarchie sichtbar werden. Sie betrifft das Verhältnis von
Laien und Klerikern im Kloster. Es handelt sich also um eine Verän-
derung im Blick auf die Bedeutung der kirchlichen Hierarchie für die
monastische Kommunität und die für sie konstitutive Gleichheit.
Definiertes Ziel Benedikts war nicht nur die Autarkie des einzelnen
Klosters (RB, c. 66, 6f.), in dessen Mauern sich omnia necessaria befin-
den sollen. Auch in seinen Beziehungen zur Außenwelt sollte das
Kloster ganz auf sich gestellt sein. Sogar die Kirche als Institution
spielt in den Anweisungen der Benedikt-Regel so gut wie keine Rolle.
Der für das Kloster zuständige Diözesanbischof wird nur einmal, und
auch nur ganz am Rande erwähnt, nämlich in dem Kapitel über die
Einsetzung des Abtes (c. 64), wo die Regel festlegt, daß, wenn die
congregatio der Mönche bei der Wahl des Abtes einen Fehlgriff getan
und einen Mann gewählt hat, der das Kloster zugrunderichtet, dann
„der Bischof, zu dessen Diözese jener Ort gehört, oder die Äbte und
Christen der Nachbarschaft“ verhindern sollen, daß sich das Böse
durchsetzt. Dem Ortsbischof als kirchlicher Autorität wird also nicht
einmal in dieser einzigen Aufgabe eine maßgebende Rolle zugewie-
sen.
Das hat sich zur Zeit der Abfassung der Vita des Johannes von
Gorze völlig geändert. Diese Veränderung kann man mit dem Stich-
wort der „Klerikalisierung des Mönchtums“ bezeichnen. Sie hat sich
im wesentlichen im 8. und 9. Jahrhundert vollzogen. Und diese „Kle-
rikalisierung des Mönchtums“ ist eine Antwort auf die vorangegan-
gene „Monachisierung des Klerus“, die sich – wie schon eingangs
erwähnt – in der Spätantike vollzogen hat.
Wir haben eingangs 38 die Entstehung eines Kleriker-Standes beob-
achtet: zuerst in einer neuen Deutung ständischer Ordnung nach der
Unterscheidung von Laien und Klerus, sodann in der politischen,
rechtlichen und wirtschaftlichen Privilegierung der zunächst nur reli-
giös begründeten und mentalen, also „gedachten“ Sonderstellung des
38
S. oben Abschnitt I.
199
39
J. Schneider, Saint Chrodegang, Metz, 1967; O. G. Oexle, Forschungen zu monastischen und
geistlichen Gemeinschaften im westfränkischen Bereich, München, 1978, S. 134 sqq. und 154
sqq.
40
Zum folgenden O. G. Oexle, Forschungen…, ibid.
200
41
Die Einzelheiten bei O. G. Oexle, Forschungen…, ibid.
42
G. Tellenbach, „Zum Wesen der Cluniazenser. Skizzen und Versuche“, Saeculum, 9
(1958), S. 370-378; das Zitat hier S. 376.
43
Vgl. B. Nagel, Die Eigenarbeit der Zisterzienser. Von der religiösen Askese zur wirtschaftlichen
Effizienz, Marburg, 2006.
201
44
Zum folgenden (mit den Zitaten) A. Rüther, „Konversen“, in Lexikon des Mittelalters, t. 5,
1991, Sp. 1423 sq.
45
J. Dalarun, Robert d’Arbrissel, fondateur de Fontevraud, Paris, 1986.
46
Dazu O. G. Oexle, „“Die Statik ist ein Grundzug des mittelalterlichen Bewußtseins”. Die
Wahrnehmung sozialen Wandels im Denken des Mittelalters und das Problem ihrer Deu-
tung“, in J. Miethke und K. Schreiner (Hg.), Sozialer Wandel im Mittelalter. Wahrnehmungs-
formen, Erklärungsmuster, Regelungsmechanismen, Sigmaringen, 1994, S. 68 sqq. Marbods, Ep.
6, PL, 171, Sp. 1480-1486.
202
nunft (ratio), das Einhalten des Maßes (modus), die ständische Ehre
(honestas), die discretio schließlich, was soviel wie Klugheit und Einsicht
meint, aber auch das Erkennen und Anerkennen von Unterschieden.
Redi ergo ad sensum communem, kehre zurück zur Vernunft und dem,
was allgemein für richtig gehalten wird, so forderte der Bischof, und
vor allem: laß davon ab, in deinen Predigten die einfachen Leute
(vulgares) und die Ungebildeten (imperiti homines) zu unterweisen, laß
vor allem davon ab, die Vergehen der kirchlichen Würdenträger (cri-
mina dignitatum) anzuprangern. Marbod leugnete dabei nicht die
Berechtigtheit einer solchen Kritik; ihn irritierte vielmehr, daß solche
Kritik an den Oberen vor ungebildeten Zuhörern (auditores idiotae)
und vor Laien geäußert wurde, – das nämlich störe die kirchliche
Ständeordnung: omnis Ecclesiae ordo viluerit. Genau dies aber hatte ein
Mann wie Robert von Arbrissel, der Priestermönch, im Sinn: die Ein-
ebnung der Ständegrenzen und der ständischen Unterschiede in der
Kleidung, im Verhalten und im Denken, und eben dies war das Pro-
gramm der Armutsbewegung 47, wie er sie verstand und vertrat, ganz
abgesehen von der Einebnung der Grenzen der Geschlechter, von
Männern und Frauen, wie sie Robert in seiner Klostergründung för-
derte.
Es ist die historische Erfahrung dieses Konflikts, die ein Jahrhun-
dert danach einen Mann wie Franz von Assisi zu seinem neuen Pro-
gramm bewegte, das – wie mir scheint – am pointiertesten beschlossen
ist in einem einzigen Satz seines Testaments von 1226: Et eramus idio-
tae et subditi omnibus 48. In der gängigen deutschen Übersetzung ist
dieser Satz glatt, aber falsch übersetzt mit den Worten: „Und wir waren
ungebildet und jedermann untertänig“ 49. Es ging aber weder um
Ungebildetheit noch um Untertänigkeit. Vielmehr ging es um die
freiwillige Annahme der Rolle des „Idioten“, eines Menschen also, der
auf die Geltendmachung jeder Macht und jedes Ranges verzichtet,
die ihm Bildung und Intelligenz verschaffen könnten 50. Und es geht,
zweitens, um die grundsätzliche Unterbietung und dadurch um die
grundsätzliche Infragestellung aller gesellschaftlichen Unterschei-
47
O. G. Oexle, „Armut und Armenfürsorge um 1200. Ein Beitrag zum Verständnis der
freiwilligen Armut bei Elisabeth von Thüringen“, in Sankt Elisabeth. Fürstin, Dienerin, Heilige,
Sigmaringen, 1981, S. 78-100.
48
Opuscula Sancti Patris Francisci Assisiensis, éd. C. Esser, Grottaferrata, 1978, S. 311.
49
L. Hardick und E. Grau (Hg.), Die Schriften des heiligen Franziskus von Assisi, Werl/Westf.,
1980 (6e Ed.), S. 214.
50
Dazu O. G. Oexle, Armut und Armenfürsorge um 1200, S. 80 sq.
203
dungen und allen ständischen Wesens 51. Franziskus will dabei mit
seiner Devise des Subditi omnibus keineswegs die ständische Ordnung
bekämpfen. Vielmehr läßt er jegliche Art von Stand und alle Stände
bestehen, alle ordines des Klerus, alle Mönche, alle die Armen und
Reichen, die Fürsten und Herren, die Arbeitenden und Bauern, die
Herren und Knechte (Regula non bullata, c. 23), denen die fratres mino-
res des Franziskus gegenüberstehen, – nicht als ein eigener Stand,
sondern vielmehr als die Lebensform der grundsätzlichen Unterbie-
tung und Relativierung allen ständischen Wesens, welche die Stände-
gesellschaft fundamental in Frage stellt und doch zugleich bestehen
läßt. Deshalb auch die fundamentale Maxime des Gehorsams im Pro-
gramm des Franziskus: der Gehorsam (oboedientia) auch gegenüber
der Kirche, gegenüber den Priestern der Römischen Kirche, bei
denen er – wie er von sich sagte – „wegen ihrer Weihe“ auch dann
„Zuflucht suchen“ würde, wenn sie ihn „verfolgen würden“, wie er in
seinem Testament schreibt 52. Und dies, obwohl Franziskus doch
zugleich sehr klar den Unterschied erkannte und auch benannte zwi-
schen der Lebensweise der Priester „nach der Form der römischen
Kirche“ – dem vivere secundum formam sanctae Ecclesiae Romanae – und
seiner eigenen Lebensweise, die er ein Leben „nach der Form des
heiligen Evangeliums“, ein vivere secundum formam sancti Evangelii
nannte 53. Welch eine Unterwerfung unter die Hierarchie, und
zugleich: welch eine Provokation!
51
Dazu O. G. Oexle, „Formen des Friedens in den religiösen Bewegungen des Hochmit-
telalters (1000-1300)“, in W. Hartmann (Hg.), Mittelalter. Annäherungen an eine fremde Zeit,
Regensburg, 1993, S. 99 sq. Zum Programm des Franziskus noch immer am eindrucksvolls-
ten: R. Manselli, Franziskus. Der solidarische Bruder, Zürich/Einsiedeln/Köln, 1984.
52
Opuscula Sancti Patris…, op. cit., S. 308.
53
Opuscula Sancti Patris…, ibid., S. 308 und 310.
204
L
es organisateurs de ce colloque ont fait remarquer que le terme
« hiérarchie » n’apparaît dans les textes latins qu’autour de l’an
800, et que c’est entre le ixe et le xie siècle qu’il évolua vers un
concept idéologique rendant possible la légitimation des hiérarchies
sociales en tant qu’ordre voulu par Dieu. Il est au moins aussi impor-
tant pour le monachisme de noter que ce n’est qu’à l’époque de la
réforme grégorienne que le terme ordo se stabilisa dans sa signification
d’« ordre » (monastique).
Pour les communautés monastiques féminines des sociétés médié-
vales occidentales, s’ajoute également aux hiérarchies ecclésiastiques
la hiérarchie des sexes, en vigueur autant dans les institutions profa-
nes que religieuses. L’institution juridique de la tutela ou munt, consis-
tant en l’obligation pour les hommes de toutes catégories sociales de
protéger les femmes de leur foyer, en premier lieu leur épouse et les
jeunes femmes non mariées, fait autorité dans les structures sociales
des sociétés de l’Antiquité tardive et du Moyen Âge. Cette protection
a comme effet secondaire que les femmes sont subordonnées et infé-
rieures aux hommes 1, une réalité sociale que les Pères de l’Église
consolident avec des arguments théologiques et moraux et en se réfé-
rant à la faiblesse naturelle (vilitas) du sexe féminin.
Le concept idéologique de la différence des sexes établi par les
Pères de l’Église a prévu une exception à la règle, lorsqu’une femme
peut surmonter sa « faiblesse naturelle » par un « comportement
viril ». La méthode éprouvée pour rendre une femme virile (atteindre
la virilitas) comprend la discipline et l’ascèse, et plus spécialement le
1
J. Dalarun, D. Bohler et C. Klapisch-Zuber, « La différence des sexes », in J.-C. Sch-
mitt et O. G. Oexle (dir.), Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en
Allemagne, Paris, 2002, p. 561-582 ; C. Klapisch-Zuber, « Masculin/féminin », in J. Le Goff
et J.-C. Schmitt (dir.), Dictionnaire raisonné de l’Occident médiéval, Paris, 1999, p. 655-668 ;
H. Röckelein, « Formirovanie cennostej i gendernye otnoschenia. Ob otnositeljnosti cen-
nostnych predstavljenjij v strednije veka, prevod s nem », in M. Bojcov et O. G. Oexle (dir.),
V svojom krugu : Individ i gruppa na Zapade i Vostoke Jevropy do natschala Novogo vremeni, Moscou,
2003, p. 7-31.
205
2
S. Elm, Virgins of God. The Making of Asceticism in Late Antiquity, Oxford, 1994 ; I. Stahl-
mann, Der gefesselte Sexus. Weibliche Keuschheit und Askese im Westen des Römischen Reiches, Berlin,
1997 ; H. Omerzu, « “Es gibt nicht mehr männlich und weiblich”. Zur Bedeutung von
Frauen im frühen Christentum », in S. Schmitt (dir.), Frauen und Kirche, Mayence, 2002
(Mainzer Vorträge, 6) ; H. Behlmer, « Weibliche Körper im Mönchsgewand. Formen von
Androgynie in der christlich-ägyptischen Literatur », in C. Franz et G. Schwibbe (dir.),
Geschlecht weiblich. Körpererfahrungen – Körperkonzepte, Berlin, 2001, p. 12-34.
3
Jérôme, Adversus Helvidium, c. 22 (PL, 23, col. 213-216). Voir à ce propos : C. Steiniger,
Die ideale christliche Frau. Virgo – vidua – nupta. Eine Studie zum Bild der christlichen Frau bei
Hieronymus und Pelagius, Saint-Ottilien, 1997 ; B. Jussen, Der Name der Witwe. Erkundungen
zur Semantik der mittelalterlichen Bußkultur, Göttingen, 2000 (Veröffentlichungen des Max-
Planck-Instituts für Geschichte, 158), p. 71-80. La théorie sur les trois ordres de femmes
fut compilée au xiie siècle à partir d’ébauches plus anciennes dans le Speculum virginum (éd.
J. Seyfarth, CCCM, 5, Turnhout, 1990). Voir à ce propos B. Jussen, Der Name der Witwe…,
ibid., p. 95-114.
206
1. Hiérarchies
4
S. Elm, Virgins of God…, op. cit.
5
G. Muschiol, Famula Dei. Zur Liturgie in merowingischen Frauenklöstern, Münster, 1994
(Beiträge zur Geschichte des Alten Mönchtums und des Benediktinertums, 41).
6
Exemples : Césaire, évêque d’Arles, Saint-Jean-d’Arles pour sa sœur Caesaria ; Burgundo-
Faron, évêque de Meaux, Faremoutiers-en-Brie pour sa sœur Burgundo-Fara ; Donat, évê-
que de Besançon, Jussa-Moutier (Jussanum) près de Besançon pour sa mère et sa sœur ;
Liuthard, évêque de Paderborn, Neuenheerse pour sa sœur Walburge.
207
7
K. Görich, « Der Gandersheimer Streit zur Zeit Ottos III. Ein Konflikt um die Metropo-
litanrechte des Erzbischofs Willigis von Mainz », Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsge-
schichte, 79 (1993), p. 56-94 ; H. Goetting, « Bernward und der große Gandersheimer
Streit », in Bernward von Hildesheim und das Zeitalter der Ottonen. Katalog der Ausstellung Hildes-
heim 1993, Hildesheim/Mayence, 1993, t. 1, p. 275-289 ; H. J. Schuffels, « Urkunde König
Heinrichs II. über die Beilegung des Gandersheimer Streites 1006/1007 », in Bernward von
Hildesheim…, ibid., t. 2, p. 491-494.
8
Gandersheim : MGH, D O. I, 180, 21 avril 956. Gernrode : MGH, D O. I, 229, 17 juillet
961, confirmé par : MGH, D O. II, 3. Autres exemples : voir infra Vilich, Gernrode, Essen,
Gandersheim et Quedlinburg.
9
Gandersheim : privilèges des papes Agapet II (948 ; JL 3642) et Jean XIII (968 ; JL 3721),
obtenus grâce à l’entremise des rois Otton Ier et Otton II. Gernrode : le pape Jean XII
accorde à l’abbaye de Gernrode l’exemption de la juridiction d’Halberstadt (Rome, mi-
décembre 961). Le deperditum est conservé de manière indirecte dans l’acte du marquis
Gero 963 (?), cf. Codex diplomaticus Anhaltinus, éd. O. von Heinemann, t. 1, Dessau, 1873,
n° 36 ; Regesta pontificum Romanorum. Provincia Maguntinensis, t. 2, pars VI (Dioeceses Hilde-
sheimensis et Halberstadensis, appendix Saxonia), élaboré par H. Jakobs, Göttingen 2005 (Ger-
mania Pontificia, V/2, 6) n° *1, p. 332 sq. Voir à ce propos H. Goetting, « Die Exemptions
privilegien Papst Johannes XII. für Gernrode und Bibra. Zur Vorgeschichte der Gründung
des Erzbistums Magdeburg », Mitteilungen des Instituts für Österreichische Geschichtsforschung,
14 (1939), p. 71-82 ; le pape Léon IX prend Gernrode sous sa protection vers 1049 et
confirme ses possessions et ses libertés (JL 4316 ; Codex diplomaticus Anhaltinus…, ibid., t. 1,
n° 125 ; Germania Pontificia…, ibid., V/2, 6, n° 4, p. 335).
10
Gernrode : sous la protection de la Sainte Vierge et de saint Pierre (Germania Pontificia…,
ibid., V/2, 6, n° *1, p. 961). C’est seulement avec les translations de reliques des xe et
xiie siècles que furent ajoutés comme patrons secondaires Cyriaque (dénomination actuelle)
et Métron. À propos de la fréquence de saint Pierre comme patron de monastères féminins
au Moyen Âge, voir H. Röckelein, « Gründer, Stifter und Heilige – Patrone der Frauen-
konvente », in Krone und Schleier. Kunst aus mittelalterlichen Frauenklöstern, Munich, 2005,
p. 66-77, spéc. p. 73 et graphique de la p. 74 au centre.
11
Gandersheim : le couple de fondateurs, Liudolf et Oda, fit apporter les restes des évêques
et papes Anastase Ier et Innocent Ier à Gandersheim. Gandersheim possédait l’une des plus
vastes collections de reliques papales. Voir à ce propos : H. Röckelein, « Gandersheimer
208
209
14
D. B. Baltrusch-Schneider, « Die angelsächsischen Doppelklöster », in K. Elm et
M. Parisse (dir.), Doppelklöster und andere Formen der Symbiose männlicher und weiblicher Reli-
giosen im Mittelalter, Berlin, 1992, p. 57-79. D’après le modèle anglo-saxon : par exemple à
Heidenheim, mais seulement pour un seul abbatiat, par la sœur du fondateur, Walburge.
15
J.-M. Bienvenu, Les premiers temps de Fontevraud, 1101-1189. Naissance et évolution d’un ordre
religieux, thèse de doctorat dactylographiée, université de Paris-IV, 1980.
16
G. Muschiol, « Psallere et legere. Zur Beteiligung der Nonnen an der Liturgie nach den
frühen gallischen Regulae ad Virgines », in T. Berger et A. Gerhards (dir.), Liturgie und
Frauenfrage. Ein Beitrag zur Frauenforschung aus liturgiewissenschaftlicher Sicht, Saint-Ottilien,
1990 (Pietas Liturgica, 7), p. 77-126.
17
L’évêque Médard de Noyon introduisit Radegonde au monastère et en fit une diaco-
nesse.
210
2. Ordonnancement – ordre
18
O. G. Oexle, « Tria genera hominum. Zur Geschichte eines Deutungsschemas der sozialen
Wirklichkeit in Antike und Mittelalter », in L. Fenske, W. Rösener et T. Zotz (dir.), Insti-
tutionen, Kultur und Gesellschaft im Mittelalter. Festschrift für Josef Fleckenstein zu seinem 65. Geburts-
tag, Sigmaringen 1984, p. 483-500.
19
Ainsi, Antoine, âgé, nomma sa sœur comme mater du monastère féminin qui s’était ins-
tallé près du groupe de moines qu’Antoine avait dirigé en tant que directeur spirituel
(abbas). Les femmes avaient fait vœu de chasteté et de pauvreté. Voir A. Diem, Das monastische
Experiment. Die Rolle der Keuschheit bei der Entstehung des westlichen Klosterwesens, Münster, 2005
(Vita regularis, 24), p. 162-167, avec des exemples pour Basile, Pacôme, Augustin, les Pères
211
du Jura et probablement pour Jean Cassien. Voir aussi S. Elm, Virgins of God…, op. cit.,
p. 60-77.
20
Jérôme, Ep. 22 ad Eustochium, c. 37-41.
21
Édition de la version latine : M. Rampolla del Tindaro, Santa Melania guiniore senatrice
romana, Rome, 1905, p. 3-40. Édition de la version grecque (avec traduction en français) :
D. Gorce, Vie de sainte Mélanie, 1962 (Sources chrétiennes, 90).
22
Caesarius Arelatensis, Regula sanctarum virginum, éd. et trad. A. de Vogüé et J. Cour-
reau, Césaire d’Arles, Œuvres monastiques, t. 1 (Œuvres pour les moniales), Paris, 1988 (Sources
chrétiennes, 354), p. 170-272. À propos de la règle, voir l’étude détaillée de A. Diem, Das
monastische Experiment…, op. cit., p. 162-167.
23
C. Lambot, « Le prototype des monastères-cloîtres de femmes. L’abbaye Saint-Jean d’Ar-
les (vie siècle) », Revue liturgique et monastique, 23 (1938), p. 169-174.
212
les portes doivent être murées (Regula ad virgines, 2, 2 ; 50 ; 59, 1-2 ;
73, 1-2). Il n’est permis à aucun homme, même pas aux pères corpo-
rels, de mettre le pied dans le couvent. Lors de la messe, on empêche
aux religieuses de voir les clercs par des constructions architectoni-
ques. Toutes les femmes consacrées à Dieu vivant à Arles ne se laissè-
rent pas convaincre par le concept de Césaire. Plusieurs préférèrent
vivre ensemble en petites communautés dans des maisons privées.
Malgré les obligations sévères et le fait que toutes les moniales,
même à Arles, ne suivent pas la Règle de Césaire, celle-ci n’est pas
complètement rejetée. Aurélien (523-† 551), le successeur de Césaire
sur le siège épiscopal d’Arles, l’adapte dans le but de créer une règle
pour sa communauté féminine de Sainte-Marie, en incluant les pré-
ceptes sévères sur la clôture 24. L’ancienne reine Radegonde fait exé-
cuter une copie de la règle pour son monastère de Sainte-Croix à
Poitiers 25. L’évêque Donat de Besançon (625/626-660), qui fonde
avec sa mère le monastère féminin de Jussa-Moutier (Jussanum) et en
confie la direction à sa sœur Sirudis, cherche son inspiration chez
Césaire 26. Les moines irlandais en mission sur le continent modifient
le texte de leur règle prévu pour les monastères masculins en vue des
communautés féminines, avec l’aide de la Règle de Césaire 27. Nous
devons à Gisela Muschiol une tentative d’identifier, en se servant de
sources diplomatiques et hagiographiques, les règles utilisées dans les
institutions féminines de l’époque mérovingienne 28.
Avec la Règle de saint Benoît, un nouveau concurrent devant être
adapté pour les communautés féminines fait son apparition aux côtés
du concept de Césaire et de la Règle mixte de Colomban. Donat utilise
les trois modèles. Mais ce n’est qu’au ixe siècle que la Règle de saint
Benoît commence sa marche triomphale 29.
24
Aurelianus Arelatentis episcopus, Regula ad virgines (PL, 68, col. 399-408).
25
Venantius Fortunatus, Vita sancta Radegundis, c. 24, et Grégoire de Tours, Libri Decem
Historiarum, IX, 40. Voir à ce propos R. Aigrain, « Le voyage de sainte Radegonde à Arles »,
Bulletin philologique et historique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1926/1927,
p. 119-127.
26
Regula Donati ad virgines, éd. A. de Vogüé, « La règle de Donat pour l’abbesse Gauths-
trude. Texte critique et synopse des sources », Benedictina, 2 (1978), p. 219-313. Voir à ce
propos A. Diem, Das monastische Experiment…, op. cit., chapitre 7.2, p. 252-255.
27
Waldebert de Luxeuil (?), Regula cuiusdam ad virgines, PL, 88, col. 1053-1070 ; voir
A. Diem, Das monastische Experiment…, ibid., chapitre 7.2, p. 260-266. Waldebert écrivit la
règle probablement avant 629 pour les religieuses de Faremoutiers-en-Brie.
28
G. Muschiol, Famula Dei…, op. cit., p. 72-74.
29
Une copie du ixe siècle de la Règle de saint Benoît de l’abbaye féminine d’Obermünster
fut remaniée aux xe-xie siècles et réécrite pour les femmes (Regensburg, Bischöfliches Zentra-
larchiv, fragment I.1.5, n° 6 [ex. Cim. 8]). Voir Krone und Schleier…, op. cit., n° 28, p. 188.
213
30
T. Schilp, Norm und Wirklichkeit religiöser Frauengemeinschaften im Frühmittelalter. Die Insti-
tutio sanctimonialium Aquisgranensis des Jahres 816 und die Problematik der Verfassung von
Frauenkommunitäten, Göttingen, 1998 (Veröffentlichungen des Max-Planck-Instituts für
Geschichte, 137 ; Studien zur Germania Sacra, 21).
31
La longue durée de la Règle de Césaire est attestée vers 900 par le Livre des règles de
l’abbaye de Niedermünster à Ratisbonne (Bamberg, Staatsbibliothek, Lit. 142), dans lequel
les règles de Césaire et de Benoît sont copiées l’une après l’autre. Voir Krone und Schleier…,
op. cit., n° 26, p. 186 et illustration à la p. 187.
32
À propos du problème de la terminologie des sources, voir F. J. Felten, « Auf dem Weg
zu Kanonissen und Kanonissenstift. Ordnungskonzepte der weiblichen vita religiosa bis ins
9. Jahrhundert », in R. Averkorn et al. (dir.), Europa und die Welt in der Geschichte. Festschrift
zum 60. Geburtstag von Dieter Berg, Bochum, 2004, p. 551-573. Les dénominations, par les
institutions concernées elles-mêmes ou par des personnes extérieures, sont : ancillae Dei,
monachae, nonnae, feminae velatae, virgines sacratae, sanctae moniales, sub ordine canonica, sub
ordine regulari, regulariter. Sur ce problème, voir aussi A.-M. Helvétius, « Comment écrire
une nouvelle histoire du monachisme ? », in H.-W. Goetz et J. Jarnut (dir.), Mediävistik im
21. Jahrhundert. Stand und Perspektiven der internationalen und interdisziplinären Mittelalterfor-
schung, Munich, 2003, p. 443-455, part. p. 453.
33
La marche triomphale du mouvement de réforme bénédictin, que Semmler croyait
reconnaître à Herford, a été contredite par une révision critique des sources. Voir J. Semm-
ler, « Corvey und Herford in der benediktinischen Reformbewegung des 9. Jahrhunderts »,
Frühmittelalterliche Studien, 4 (1970), p. 289-319.
214
tardive. Les préoccupations morales des Pères de l’Église sur les ten-
tations et les dangers liés, selon eux, aux voyages, menèrent à des
restrictions de la mobilité féminine jusqu’à la clôture stricte voulue
par Césaire d’Arles à partir du ive siècle 34.
Le but que poursuit Césaire avec la clôture est de garantir la sécu-
rité et l’intégrité corporelle des habitantes ainsi que, pour la prière
d’intercession, le charisme obtenu par la chasteté des vierges 35. Avec
l’aide de la clôture stricte de l’espace monastique séparé du monde
et de la chasteté des vierges, Césaire espère créer un espace sacré au
milieu de la vie urbaine tournée vers le siècle 36.
Radegonde, elle-même, ne s’est pas soumise aux instructions de
Césaire sur la clôture, même si elle adopte sa règle pour ses religieu-
ses. Mais, contrairement aux riches Romaines Mélanie et Égérie, qui
ont entrepris des pèlerinages vers les lieux saints de Jérusalem, Rade-
gonde ne va pas chercher elle-même le morceau convoité de la sainte
Croix au Proche-Orient, mais envoie ses serviteurs (pueri) se procurer
les reliques 37. Les religieuses du monastère Sainte-Croix n’ont pas le
droit d’accompagner devant les murs du monastère le corps de la
fondatrice décédée, mais doivent la pleurer du haut des créneaux des
murs du monastère 38. Cependant, après la mort de la fondatrice en
587, les religieuses provenant de familles royales et distinguées se
refusent à vivre plus longtemps en clôture sévère. Elles s’engagent
dans une rébellion, jusqu’à ce que l’évêque leur accorde de plus gran-
des libertés 39.
34
L. Herbert McAvoy et M. Hughes-Edwards (dir.), Anchorites, wombs and tombs. Intersec-
tions of gender and enclosure in the Middle Ages, Cardiff, 2005.
35
C. Nolte, « Klosterleben von Frauen in der frühen Merowingerzeit. Überlegungen zur
Regula ad virgines des Caesarius von Arles », in W. Affeldt et A. Kuhn (dir.), Interdisziplinäre
Studien zur Geschichte der Frauen im Frühmittelalter : Methoden – Probleme – Ergebnisse, Düsseldorf
1986, p. 257-271.
36
A. Diem, Das monastische Experiment…, op. cit., p. 180.
37
Grégoire de Tours, Liber in gloria martyrum, c. 5. Grégoire fait de Radegonde, à cause
de l’importation de reliques, une « seconde Hélène ». Voir, à ce propos : B. Merta, « Hele-
nae conparanda regina – secunda Isebel. Darstellung von Frauen des merowingischen Hauses
in frühmittelalterlichen Quellen », Mitteilungen des Instituts für Österreichische Geschichtsfor-
schung, 96 (1988), p. 1-32.
38
Baudonivia, Vita sancta Radegundis, c. 24. Grégoire de Tours, Liber in gloria confessorum,
c. 104.
39
Grégoire de Tours, Libri decem Historiarum, IX, c. 39-43 et X, c. 15-17, 20. Voir à ce
propos G. Scheibelreiter, « Königstöchter im Kloster. Radegund (†587) und der Non-
nenaufstand von Poitiers (589) », Mitteilungen des Instituts für Österreichische Geschichtsfor-
schung, 87 (1979), p. 1-37 ; M. Hartmann, « Reginae sumus. Merowingische Königstöchter
und die Frauenklöster im 6. Jahrhundert », Mitteilungen des Instituts für Österreichische
Geschichtsforschung, 113/1-2 (2005), p. 1-19.
215
40
M. Gaillard, « Die Frauenklöster in Austrasien », in K. von Welck, A. Wieczorek et
H. Ament (dir.), Die Franken – Wegbereiter Europas (6. bis 8. Jahrhundert). Les Francs, pionniers
de l’Europe (vie-viiie siècle), Mayence, 1996, t. 1, p. 457. À Nivelles, en 656, les religieuses reçoi-
vent le maire du palais Grimoald et l’évêque Didon de Poitiers. À Pfalzel, Grégoire, le
petit-fils de l’abbesse Adèle, fut reçu comme invité. À propos de Radegonde (Poitiers) et
Balthilde (Chelles), voir S. Wittern, « Frauen zwischen asketischem Ideal und weltlichem
Leben. Zur Darstellung des christlichen Handelns der merowingischen Königinnen Rade-
gunde und Balthilde in den hagiographischen Lebensbeschreibungen des 6. und 7. Jahr-
hunderts », dans W. Affeldt et A. Kuhn (dir.), Interdisziplinäre Studien…, op. cit.,
p. 272-294.
41
L’enseignement scolaire est attesté à Saint-Jean de Laon (Vita Salabergae), à Essen (magis-
tra) et à Herford (aussi des garçons !).
42
Par exemple, la Règle de Donat prévoit une bénédiction avant de quitter la maison.
43
G. Muschiol, Famula Dei…, op. cit., p. 75.
44
J. T. Schulenburg, « Strict Active Enclosure and Its Effects on the Female Monastic
Experience (ca. 500-1100) », in J. A. Nichols et L. T. Shank (dir.), Medieval Religious Women.
Distant Echoes, t. 1, Kalamazoo, 1984 (Cistercian Studies Series, 71), p. 51-86.
45
L. de Seilhac, « L’utilisation de la Règle de saint Benoît dans les monastères féminins »,
in Atti del 7° Congresso internazionale di studi sull’alto medioevo, Norcia/Subiaco/Cassino/Mon-
216
tecassino, 29 settembre-5 ottobre 1980, t. 2, Spolète, 1982, p. 527-549. Dans les règles féminines,
les chapitres sur les travaux des frères (50-51), l’accueil des visiteurs (53) et le travail manuel
dans le monastère (57), sur les prêtres du monastère et les moines étrangers (60-62), ainsi
que sur les moines en voyage (67), sont en général supprimés. Les problèmes qui s’élevaient
à propos de l’application de la Règle de Benoît pour les femmes sont discutés en détail par
Héloïse et Abélard dans leurs échanges épistolaires (lettres 6-7). Abélard propose une règle
pour le Paraclet (lettre 8).
46
Sur les premiers monastères féminins dans l’Empire franc, voir : J. T. Schulenburg,
« Women’s Monastic Communities 500-1100. Patterns of Expansion and Decline », Signs,
14 (1989), p. 261-292 ; J.-M. Guillaume, « Les abbayes de femmes en pays franc, des ori-
gines à la fin du viie siècle », in M. Parisse (dir.), Remiremont, l’abbaye et la ville, Nancy, 1980,
p. 29-46 ; M. Gaillard, Les abbayes féminines dans le Nord-Est de la Gaule du vie au xe siècle, thèse
dactylographiée, 1987. Un aperçu des monastères féminins dans l’Empire franc au vie siè-
cle est donné dans M. Hartmann, « Reginae sumus… », op. cit., p. 9 ; le viie siècle est étudié
par M. Gaillard (« Die Frauenklöster… », op. cit., p. 452-458). Pour l’époque carolingienne,
voir J. Verdon, « Recherches sur les monastères féminins dans la France du Sud aux ixe-
xie siècles », Annales du Midi, 88 (1976), p. 117-138 ; Id., « Recherches sur les monastères
féminins dans la France du Nord aux ixe-xie siècles », Revue Mabillon, 59 (1976), p. 49-96.
47
K. Bodarwé, « Ein Spinnennetz von Frauenklöstern. Kommunikation und Filiation zwi-
schen sächsischen Frauenklöstern im Frühmittelalter », in G. Signori (dir.), Lesen, Schreiben,
Sticken und Erinnern. Beiträge zur Kultur- und Sozialgeschichte mittelalterlicher Frauenklöster, Bie-
lefeld, 2000 (Religion in der Geschichte. Kirche, Kultur und Gesellschaft, 7), p. 27-52.
48
Sur les deux familles, voir M. Weidemann, « Adelsfamilien im Chlotharreich. Verwandt-
schaftliche Beziehungen der fränkischen Aristokratie im ersten Drittel des 7. Jahrhun-
derts », Francia, 15 (1987), p. 829-851.
49
Sur la diffusion des monastères iro-francs en Neustrie, voir A. Dierkens, « Prolégomènes
à une histoire des relations culturelles entre les îles britanniques et le continent pendant
le haut Moyen Âge. La diffusion du monachisme dit colombanien ou iro-franc dans quel-
ques monastères de la région parisienne au viie siècle et la politique religieuse de la reine
217
Bathilde », in H. Atsma (dir.), La Neustrie. Les pays au nord de la Loire de 650 à 850, t. 2,
Sigmaringen, 1989, p. 371-394.
50
Sur la diffusion de la Règle de Colomban et de la Règle de Waldbert dans les monastères
féminins francs des viie et viiie siècles, voir : G. Muschiol, Famula Die…, op. cit., p. 73-74,
et M. Gaillard, « Die Frauenklöster… », op. cit., p. 452-458.
51
Liber memorialis von Remiremont, éd. E. Hlawitschka, K. Schmid et G. Tellenbach, MGH,
Antiquitates, Libri memoriales, 1, Hanovre, 1970.
52
M. Gaillard (« Die Frauenklöster… », op. cit., p. 456), voit ici une influence d’Amand.
53
Hathumod, la première abbesse de Gandersheim, a reçu sa formation à Herford ; Adèle,
la première abbesse de Vilich, à Sainte-Ursule de Cologne. Pour les mentions dans les
sources, voir K. Bodarwé, « Ein Spinnennetz… », op. cit., p. 36.
54
Le monastère de Wendhausen, dans le Harz près de Thale, apparaît vers 825/830 en
tant que filiation du monastère westphalien de Herford, mais c’est un monastère privé du
comte Bernard. Herford n’envoie que le « personnel de fondation », mais n’exige pas, pour
cela, de prérogative de direction de Wendhausen. Lorsqu’en 936 des religieuses de Wend-
hausen sont appelées pour l’abbaye Saint-Servat de Quedlinburg, nouvellement créée, cela
ne donne aucunement au monastère plus ancien une prérogative de direction de l’abbaye
royale plus récente.
55
Le monastère d’Oedingen, fondé vers 1000, resta toujours subordonné au monastère-
mère de Meschede.
56
C’est le cas dans la « division du travail » entre l’abbaye féminine de Gernrode et l’ancien
monastère bénédictin de Frose, qui fut transformé en août 961 par Otton II en un prieuré
sous la direction de Gernrode (MGH, D O. II, 4) et, plus tard, resta réservé aux filles des
ministériaux de Gernrode. On retrouve la même situation dans les monastères mariaux,
qui furent fondés au xiie siècle par les abbayes féminines de Gandersheim, Quedlinburg et
Herford. Voir à ce propos K. Bodarwé, « Ein Spinnennetz… », op. cit., p. 35. La séparation
des groupes sociaux fut défendue de manière stricte par Hildegard de Bingen. Voir
218
l’échange épistolaire avec Tenxwind d’Andernach, cf. A. Haverkamp, « Tenxwind von
Andernach und Hildegard von Bingen. Zwei “Weltanschauungen” in der Mitte des 12.
Jahrhunderts », in L. Fenske, W. Rösener et T. Zotz (dir.), Institutionen…, op. cit.,
p. 515-548.
57
MGH, D O. III, 32 : ad legem et ad regularem ordinem caeterorum monasteriorum in nostro regno
degentium, scilicet Quidilingeburg, Ganderesheim, Asnithe, libertatem dedimus. Voir à ce propos
H. J. Schuffels, « Urkunde König Heinrichs II… », op. cit., t. 2, p. 252-254.
58
MGH, D O. III, 326, 31 juillet.
59
Les droits de libre choix de l’abbesse, de l’immunité et de la protection royale furent
confirmés par Henri II (MGH, D H. II, 44, 1003, 22 mars) et, en faisant référence à Qued
linburg, Gandersheim et aux autres abbayes royales, en 1028, par Conrad II (MGH, D K.
II, 129).
60
H. Goetting, « Adelheid, Äbtissin von Quedlinburg (Gernrode, Vreden, Ganders-
heim) », in Neue Deutsche Biographie, t. 1, Berlin, 1953, p. 59-60.
61
G. Andenna, Sanctimoniales Cluniacenses. Studi sui monasteri femminili di Cluny e sulla loro
legislazione in Lombardia (XI-XV secolo), Münster, 2004 (Vita regularis, 20). Quelques monas-
tères féminins, qui se joignirent au mouvement de Cluny, furent fondés seulement vers ou
après le milieu du xiie siècle – Artingthon en Yorkshire, l’abbaye de Northampton, Feldbach
en Alsace, San Angelo di Ceccano –, d’autres furent réformés d’après le modèle des Cluni-
siens seulement vers 1200 (Bassum en Basse-Saxe).
219
62
E. M. Wischermann, Marcigny-sur-Loire. Gründungs- und Frühgeschichte des ersten Cluniacen-
serinnenpriorats (1055-1150), Munich, 1986 (Münstersche Mittelalterschriften, 42), p. 503.
Le monastère fut fondé par l’abbé Hugues de Cluny (1049-1109) et son frère Godefroy de
Semur afin de créer une place appropriée pour leur mère.
63
D. Iogna-Prat, « Continence et virginité dans la conception clunisienne de l’ordre du
monde autour de l’an Mil », Académie des inscriptions et belles-lettres. Comptes rendus, 1985,
p. 127-143.
220
T
riplex ergo Dei domus est quae creditur una. Nunc orant, alii pugnant,
aliique laborant 1. Ce sont les mots bien connus d’Adalbéron
de Laon dans son Poème au roi Robert, généralement considérés
comme la représentation la plus caractéristique d’une théorie sociale
du Moyen Âge : la fameuse « théorie des trois ordres », oratores, bella-
tores, laboratores. Ce « système tripartite » qui, en tant que théorie, voire
la théorie médiévale de la société semblait paradigmatique, fit l’objet
d’une recherche abondante et exhaustive. Il suffit de rappeler, parmi
tant d’autres, les études de Georges Dumézil (bien que controver-
sées) 2, de Jacques Le Goff 3, de Georges Duby 4 ou d’Otto Gerhard
Oexle 5. Il semblerait par conséquent superflu de revenir sur ce thème.
Pourtant, l’étude récente de David Fraesdorff sur le développement
1
Adalbéron de Laon, Carmen ad Robertum regem, v. 295 sq., éd. C. Carozzi, Paris, 1979
(Les classiques de l’histoire de France au Moyen Âge , 32), p. 22 [désormais abrégé Adal-
béron]. Une interprétation détaillée est donnée par O. G. Oexle, « Die funktionale Drei-
teilung der “Gesellschaft” bei Adalbero von Laon. Deutungsschemata der sozialen Wirkli-
chkeit im früheren Mittelalter », Frühmittelalterliche Studien, 12 (1978), p. 1-54, ici p. 16-32,
en particulier p. 23 sq.
2
G. Dumézil, L’idéologie tripartie des indo-européens, Bruxelles, 1958.
3
J. Le Goff, « Note sur société tripartie. Idéologie monarchique et renouveau économique
dans la chrétienté du ixe-xie siècle », in T. von Manteuffel et A. Gieysztor (dir.), L’Europe
aux ixe-xie siècles, Varsovie, 1968, p. 63-71 [repris dans Pour un autre Moyen Âge. Temps, travail
et culture en Occident, Paris, 1977, p. 80-90] ; Id., « Les trois fonctions indo-européennes.
L’historien et l’Europe féodale », Annales ESC, 34 (1979), p. 1187-1215.
4
G. Duby, Les trois ordres ou l’imaginaire du féodalisme, Paris, 1978.
5
O. G. Oexle, « Die funktionale Dreiteilung der “Gesellschaft”… », op. cit. ; Id., « Tria
genera hominum. Zur Geschichte eines Deutungsschemas der sozialen Wirklichkeit in
Antike und Mittelalter », in L. Fenske et al. (dir.), Institutionen, Kultur und Gesellschaft im
Mittelalter. Festschrift für Josef Fleckenstein, Sigmaringen, 1984, p. 483-500 ; Id., « Deutungs
schemata der sozialen Wirklichkeit im frühen und hohen Mittelalter. Ein Beitrag zur Ge
schichte des Wissens », in F. Graus (dir.), Mentalitäten im Mittelalter. Methodische und inhalt-
liche Probleme, Sigmaringen, 1987, p. 65-117 ; Id., « Die funktionale Dreiteilung als Deutungs
schema der sozialen Wirklichkeit in der ständischen Gesellschaft », in W. Schulze (dir.),
Ständische Gesellschaft und soziale Mobilität, Munich, 1988, p. 19-51 ; Id., « “Die Statik ist ein
Grundzug des mittelalterlichen Bewußtseins”. Die Wahrnehmung sozialen Wandels im Den-
ken des Mittelalters und das Problem ihrer Deutung », in J. Miethke et K. Schreiner (dir.),
221
222
9
Humbert de Silva Candida, Adversus simoniacos, 3, 29, éd. F. Thaner, MGH, Libelli de lite,
1, Hanovre, 1891, p. 235 : Est enim clericalis ordo in ecclesia praecipuus tanquam in capite oculi
(…). Est et laicalis potestas tanquam pectus et brachia ad obediendum et defendendum ecclesiam valida
et exerta. Est deinde vulgus tanquam inferiora vel extrema membra ecclesiasticis et saecularibus potes-
tatibus pariter subditum et pernecessarium. Cf. G. Duby, Les trois ordres…, op. cit., p. 255.
10
D. Iogna-Prat, « Le “baptême” du schéma… », op. cit., p. 118.
11
Cf. G. Duby, Les trois ordres…, op. cit., p. 58 sq.
12
Adalbéron, v. 301 sq., op. cit., p. 22 : Dum les preualuit tunc mundus pace quieuit. / Tabescunt
leges et iam pax defluit omnis. / Mutantur mores hominum mutatur et ordo. / Rex ! tunc iure tenes
lancem tunc proregis orbem / Procliuos noxis cum legum stringis habenis.
13
Cf. O. G. Oexle, « Die funktionale Dreiteilung der “Gesellschaft”… », op. cit., p. 10 sq. ;
G. Duby, Les trois ordres…, op. cit., p. 25 sq.
223
14
Abbon de Fleury, Liber apologeticus, PL, 139, col. 463.
15
Cf. Rathier de Vérone, Praeloquia, III, 22, éd. P. L. D. Reid, CCM, 46a, Turnhout, 1984,
p. 95 : omnes, inquam, Ecclesiae filii aut de sorte sunt Domini et appellantur clerici et monachi, aut
sunt Ecclesiae famuli, episcopi uero confamuli, aut laboratores, servi et liberi, aut milites regni.
16
Haymon d’Auxerre, Expositio in Apocalypsin 1,1, PL, 117, col. 953 : A tribus scilicet ordini-
bus, qui forsitan erant in populo Judaeorum, sicut fuerunt apud Romanos, in senatoribus scilicet,
militibus, et agricolis, ita et Ecclesia eisdem tribus modis partitur, in sacerdotibus, et militibus, et agri-
cultoribus, quae tribus amabilis dicitur.
17
Abbon de Fleury, Liber apologeticus, PL, 139, col. 463 : Et primus quidem ordo est in utroque
sexu conjugatorum ; secundus continentium, vel viduarum ; tertius virginum vel sanctimonialium.
Virorum tantum similiter tres sunt gradus vel ordines, quorum primus est laicorum, secundus clerico-
rum, tertius monachorum. Cf. G. Duby, Les trois ordres…, op. cit., p. 115 sq.
224
18
C. Carozzi [« Les fondements de la tripartition sociale chez Adalbéron de Laon », Anna-
les ESC, 33 (1978), p. 683-702] souligne en plus le rôle de l’âge chez Adalbéron comme
catégorie sociale. Cf. O. G. Oexle, « Die funktionale Dreiteilung der “Gesellschaft”… », op.
cit., p. 29 sq.
19
O. G. Oexle, « Die funktionale Dreiteilung der “Gesellschaft”… », ibid., p. 38.
20
D. Fraesdorff, « Beten für die Gesellschaft… », op. cit., p. 1 sq.
21
Gesta episcoporum Cameracensium, 3, 52, éd. G. H. Pertz, MGH, Scriptores, 7, Hanovre, 1846,
p. 485 : Genus humanum ab initio trifariam divisum esse monstravit, in oratoribus, agricultoribus,
225
pugnatoribus ; horumque singulos alterutrum dextra laevaque foveri, evidens documentum dedit.
22
Honorius Augustudunensis, Imago mundi, 3, éd. V. I. J. Flint, Archives d’histoire doctrinale
et littéraire du Moyen Âge, 49 (1982), p. 125 : Sem filius Noe est idem qui et Melchisedech vixit dcii.
Huius tempore divisum est genus humanum in iii, in liberos, in milites, in servos. Liberi de Sem,
milites de Iapheth, servi de Cham. Cf. G. Duby, Les trois ordres…, op. cit., p. 306.
23
Cf. G. Duby, Les trois ordres…, ibid., p. 88 sq.
24
Concernant le destin déplorable des serfs, cf. Adalbéron, v. 285 sq., op. cit., p. 20/22.
Adalbéron souligne que le droit humain (lex humana) énonce deux « conditions » (condi-
tiones) d’une loi différente : le noble et le serf, nobilis et servus ; cf. Adalbéron, v. 275 sq.,
op. cit., p. 20.
25
Honorius Augustodunensis, Summa gloria, 6, éd. J. Dieterich, MGH, Libelli de lite, 3,
Hanovre, 1897, p. 67 : De Iafeth autem Romanum imperium processisse invenitur. Porro tertius
filius, qui duorum fratrum servitio addicitur, populus sacerdotio et regno subiectus accipitur, vel
Iudaicus populus utrique serviens intellegitur. Cf. G. Duby, Les trois ordres…, op. cit., p. 307.
26
Heiric d’Auxerre, Miracula sancti Germani, 128, éd. L.-M. Duru, Bibliothèque historique
de l’Yonne, t. 2, Auxerre, 1863, p. 183 : Aliis belligerantibus, agricolantibus aliis, tertius ordo estis,
quos in partem privatae sortis allegit, quanto rebus extrinsecus vacuos, tanto suae servitutis functio-
226
nibus occupandos. Utque alii pro vobis duras conditiones subeunt vel militiae vel laboris ; itidem vos
illis obnoxii persistitis, ut eos orationum et officii instantia prosequamini. G. Duby (Les trois ordres…,
ibid., p. 141 sq.) renvoie au modèle des hiérarchies célestes d’après Denis l’Aréopagite.
27
Abbon de Fleury, Liber apologeticus, PL, 139, col. 463 : siquidem ex utroque sexu fidelium tres
ordines, ac si tres gradus, in sancta et universali Ecclesia esse novimus ; quorum licet nullus sine
peccato sit, tamen primus est bonus, secundus melior, tertius est optimus. Cf. O. G. Oexle, « Die
funktionale Dreiteilung der “Gesellschaft”… », op. cit., p. 41 sq. ; G. Duby, Les trois ordres…,
op. cit., p. 115 sq.
28
Humbert de Silva Candida, Adversus simoniacos, 3, 29, op. cit., p. 235.
29
Il faut remarquer qu’Adalbéron (Carmen ad Robertum regem, op. cit.) écrit un poème extrê-
mement politique et d’une manière critique (et de plus satirique). Pour lui également, le
roi se situe au-dessus des autres, même au-dessus du clergé lorsqu’il est rex et sacerdos (v. 182,
op. cit., p. 14). Cf. G. Duby, Les trois ordres…, op. cit., p. 64. Le sujet d’Adalbéron est « la
transformation du royaume » (v. 170, op. cit., p. 12) : Ordinis est igitur haec transformatio
regni.
30
King Alfred’s Old English Version of Boethius, De consolatione philosophiae, 17, éd. W. J. Sedge-
field, Oxford, 1899, réimp. 1968, p. 40 : craeftes andweorc Þone cræft buton wyrcan bið Þonne
cyninges his tol mid to ricsianne, ** he hæbbe his lond fullmonnad ; he sceal habban gebedmen (and)
fyrdmen (and) weorcmen. Hwæt, Þu wast Þætte butan Þissan tolan nan cyning his cræft ne mæg
cyðan. À l’encontre, le roi est également dépendant de l’aide de ces ordres. Cf. G. Duby,
Les trois ordres…, ibid., p. 128 ; O. G. Oexle, « Die funktionale Dreiteilung der “Gesell
schaft”… », op. cit., p. 33. Cf. aussi Admonitio ad omnes regni ordines, n° 150, c. 3, éd. A. Bore-
tius, MGH, Capit., 1, Hanovre, 1883, p. 303 : tous les ordres servent selon leur place et
rang de la même manière au roi, selon l’autorité divine et ordination humaine, au point
227
que tous doivent aider le roi (Sed quamquam summa huius ministerii in nostra persona consistere
videatur, tamen et divina auctoritate et humana ordinatione ita per partes divisum esse cognoscitur,
ut unusquisque vestrum in suo loco et ordine partem nostri ministerii habere cognoscatur ; unde appa-
ret, quod ego omnium vestrum admonitor esse debeo, et omnes vos nostri adiutores esse debetis).
31
Alcuin, Ep. 93, éd. E. Dümmler, MGH, Epp., 4, Berlin, 1895, p. 137 : Nostrum est : secun-
dum auxilium divinae pietatis sanctam undique Christi ecclesiam ab incursu paganorum et ab infi-
delium devastatione armis defendere foris, et intus catholicae fidei agnitione munire. Vestrum est,
sanctissime pater : elevatis ad Deum cum Moyse manibus nostram adiuvare militiam ; de manière
similaire Zacharias, Codex Carolinus ep., 3, éd. W. Gundlach, MGH, Epp., 3, Berlin, 1892,
réimp. 1957, p. 480, lettre du Pape Zacharie à Pépin en 747 : le devoir des rois et des
guerriers est sollicitudinem contra inimicorum astutiam et provintiae defensionem, le devoir des
praesulibus vero, sacerdotibus adque Dei servis pertinet salutaribus consiliis et oracionibus ; cf.
O. G. Oexle, « Die funktionale Dreiteilung der “Gesellschaft”… », ibid., p. 36.
32
Benoît de Sainte-Maure, Chronique des ducs de Normandie, v. 13242 sq., éd. C. Fahlin, I,
Lund, 1951, p. 383 sq. : Chevaliers, clercs et vilains, tous servent l’Église (Treis ordres sunt
chascuns par sei : / Chevalers e clers et vilains, / S’est chascuns dreiz e buens e sains. / Si l’un de l’autre
se devise / Sis receit eus toz saite iglise. / De chascun ordre est ennoree, / Faite, essauciee et coutivee. /
Li uns ordres l’autre sostient / E l’uns ordres l’autre maintient : / L’uns ordres pree nuit e jor, / En
l’autre sunt laboreor, / Li autres gardes e tient justice, / E de toz est chés saite iglise.). Cf. G. Duby,
Les trois ordres…, op. cit., p. 328 sq.
33
Cf. G. Duby, Les trois ordres…, ibid., p. 58 : « Gérard parle ici de communication, de
mutualité, de services rendus, d’inégalité bien sûr, mais ni de rangs, ni de grades, ni de
puissance. »
34
Cf. O. G. Oexle, « Die funktionale Dreiteilung der “Gesellschaft”… », op. cit., p. 10 sq.,
concernant la « tradition paulinienne ».
35
Ainsi, de manière explicite, Aelfric d’Eynsham, Die Hirtenbriefe Aelfrics in altenglischer
und lateinischer Fassung, éd. B. Fehr, Hambourg, 1914 (Bibliothek der angelsächsischen
Prosa, 9), n° 2a, chap. 14, p. 225 sq. : Suspicor non latere almitatem tuam tres ordines fore in
ecclesia dei. Cf. O. G. Oexle, « Die funktionale Dreiteilung der “Gesellschaft”… », ibid., p. 10
sq.
228
saint Boniface, dispose d’une âme avec différents membres aux devoirs
(officia) distincts. Ainsi l’Église est un corps émanant des diverses
« dignités » (dignitates) auxquelles incombent des services propres :
les « directeurs » (praepositi) et les « subordonnés » (subditi), les riches
et les pauvres, les vieux et les jeunes. « Chaque personne suit ses pro-
pres instructions, comme chaque membre a ses propres exigences
dans le corps 36. » Puis Boniface énumère les tâches respectives de
chaque ordre : les évêques doivent conjurer le mal, les rois inspirer
au peuple peur et vénération, etc. Pour Hugues de Saint-Victor, les
deux « parties » du corps du Christ, les clercs et les laïcs, forment
l’Église unique et entière 37. Les laïcs, qui se préoccupent des néces-
sités de la vie terrestre, constituent le côté gauche du corps du Christ,
les clercs, qui gèrent ce qui incombe à la vie spirituelle, le côté droit 38.
Honorius Augustodunensis distingue plusieurs « ordres » cléricaux
– docteurs, moines, maîtres, prêtres – et laïcs (chevaliers, paysans)
dans l’Église, ayant chacun une fonction particulière 39. Adalbéron
met en évidence cette unité en parlant de la « maison de Dieu » qui
ne tolère pas de scission : Quae tria sunt simul et scissuram non patiun-
tur 40 ;
36
Boniface, Sermo 9, PL, 89, col. 860 : Una est enim corpori nostro anima, in qua vita consistit,
sed multa sunt membra diversis distincta officiis. Sic in Ecclesia una est fides, quae per charitatem
ubique operari debet, sed diversae dignitates proprias habentes ministrationes. Nam alius ordo praepo-
sitorum est, alius subditorum ; alius divitum, alius pauperum ; alius senum, alius juvenum ; et
unaquaeque persona habens sua propria praecepta, sicut unumquodque membrum habet suum pro-
prium in corpore officium.
37
Hugues de Saint-Victor, De sacramentis christianae fidei, III, 2, 3, PL, 176, col. 417 :
Universitas autem haec duos ordines complectitur, laicos et clericos, quasi duo latera corporis unius.
Quasi enim ad sinistram sunt laici qui vitae praesentis necessitati inserviunt. (…) Sed constat his
duabus partibus totum corpus Christi quod est universa Ecclesia. Cf. déjà Jonas d’Orléans, De
institutione regia, 1 (éd. J. Reviron, Les idées politico-religieuses d’un évêque du ixe siècle. Jonas
d’Orléans et son « De institutione regia », Paris, 1930, p. 134), qui souligne l’autorité majeure
des prêtres : Sciendum omnibus fidelibus est quia universalis Ecclesia corpus est Christi et eius caput
iidem est Christus, et in ea due principaliter extant eximie persone, sacerdotalis videlicet et regalis,
tantoque est prestantior sacerdotalis quanto pro ipsis regibus Deo est rationem redditura.
38
Hugues de Saint-Victor, De sacramentis christianae fidei, III, 2, 3, PL, 176, col. 417 : Laici
ergo Christiani qui terrena et terrenae vitae necessaria tractant, pars corporis Christi sinistra sunt.
Clerici vero quoniam ea quae ad spiritualem vitam pertinent dispensant, quasi dextera pars sunt
corporis Christi. Cf. G. Duby, Les trois ordres…, op. cit., p. 298 sq.
39
Honorius Augustodunensis, Expositio in Cantica canticorum, I, 1, PL, 172, col. 361 : Tota
Ecclesia est quasi unum corpus, cujus caput est Christus, caput autem Christi Deus ; membra autem
hujus corporis sunt diversi in ecclesia ordines, ut puta oculi sunt doctores ut apostoli, aures obodientes
ut monachi, nares discreti ut magistri, os bona loquentes ut presbyteri, manus alios defendentes ut
milites, pedes alios pascendo portantes ut rustici.
40
Adalbéron, v. 297, op. cit., p. 22. Voir également v. 295.
229
• au sein de cette unité, les trois (ou d’autres) ordres occupent des
fonctions différentes, ainsi que l’énonce de manière explicite Dudon
de Saint-Quentin. L’Église est divisée en trois ordres (tripartito ordine),
laïcs, clercs et moines, qui se distinguent de par leurs « offices » res-
pectifs pour la foi chrétienne (dispares officia), mais forment néan-
moins une unité – tout comme Dieu est unique et pourtant une Tri-
nité 41. Par les termes belligerantes et agricolantes, Heiric d’Auxerre ne
décrit pas (exclusivement) des « ordres », mais leurs activités 42 ! Hei-
ric, en effet, évoque expressément les functiones. Cependant, puisque
les moines forment un tertius ordo, alors les autres sont également
perçus comme des « ordres ». Selon Adalbéron, clercs et laïcs sont
distincts de par des lois différentes : la lex divina et la lex humana 43.
Gérard de Cambrai s’oppose fermement à un mélange des tâches du
roi et de l’évêque et contre une appropriation des tâches de l’autre.
Le devoir du roi est de combattre, notamment en réprimant les révol-
tes, d’arbitrer les guerres (ou conflits armés) et de veiller à l’épanouis-
sement des échanges en temps de paix. Par contre, le devoir des évê-
ques est de prier, notamment en avertissant les rois pour qu’ils défen-
dent courageusement la patrie et en priant pour qu’ils remportent la
victoire 44 ;
41
Dudon de Saint-Quentin, De moribus et actis primorum Normanniae ducum, éd. J. Lair,
Caen, 1865, p. 201 : Cur christiana religio tripertito ordine Ecclesiam frequentat ? Eruntne unius
mercedis uniusque bravii, qui dispares sunt officiis christianae religiositatis ? Respondit abbas : ‘Unus-
quisque suam mercedem accipiet secundum suum laborem. Sed tibi, nutanti de talibus, reserabo haec
enucleatius. Christianae religionis summa trimodo constat ordine distincta : munifico laicorum cano-
nicorumque atque monachorum labore exercita, Trinitatem in personis, Deum unum in substantia
articulis fidei exsecuta. Quorum servitus feliciter perfecta ad coelum tendit aequis incessibus et, quan-
quam tres ordines sint, ad excolendum cultum verae fidei, bicallis via est ambivii itineris, certa spe
verae credulitatis. Cf. G. Duby, Les trois ordres…, op. cit., p. 109 sq.
42
Heiric d’Auxerre, Miracula sancti Germani, 128, op. cit., p. 183. Cf. D. Iogna-Prat, « Le
“baptême” du schéma… », op. cit., p. 106 sq.
43
Adalbéron, v. 275 sq., op. cit., p. 20. Cf. O. G. Oexle, « Die funktionale Dreiteilung der
“Gesellschaft”… », op. cit., p. 25 sq.
44
Gesta episcoporum Cameracensium, 3, 27, op. cit., p. 474 : Hoc enim non tam inpossibile quam
incongruum videri respondit, si quod regalis iuris est, sibi vendicari presumerent. Hoc etiam modo
sanctae aecclesiae statum confundi, quae geminis personis, regali videlicet ac sacerdotali, administrari
precipitur. Huic enim orare, illi vero pugnare tribuitur. Igitur regum esse, seditiones virtute compescere,
bella sedare, pacis commercia dilatare ; episcoporum vero, reges ut viriliter pro salute patriae pugnent
monere, ut vincant orare. Cf. O. G. Oexle, « Die funktionale Dreiteilung der “Gesellschaft”… »,
ibid., p. 42 sq. ; D. Fraesdorff, « Beten für die Gesellschaft… », op. cit., p. 24. Antérieure à
celles-ci, de manière similaire, Paschasius Radbertus, Epitaphium Arsenii, II, 2, éd. E. Düm-
mler, Berlin, 1900 (Philosophische und historische Abhandlungen der königlichen Aka-
demie der Wissenschaften zu Berlin 1899/1900, 2), p. 62 : Interea nostis, inquit, quibus
ordinibus Christi constat ecclesia ? Certum quippe quod secundum singulorum officia requirendus est
ordo disciplinę et status reipublicę. Unde primum considerari oportet intus divina, tum exterius
230
• par conséquent, les ordres existent l’un à côté des autres. Chez
Gérard, on ne peut pas déceler une répartition des tâches hiérarchi-
ques, comme le pense Georges Duby 45. La première référence au
« peuple » dans les Miracula sancti Bertini, à l’occasion de la distribu-
tion du butin, souligne déjà la participation de celui-ci à la victoire 46.
Selon ce texte, en effet, « le peuple peu belliqueux » (inbelle vulgus),
contrairement à la caractérisation de son ordre, prend part à la vic-
toire par ses prières ! Selon Abbon de Fleury, ceux-ci – les agricolae,
« que l’agriculture et les divers arts du travail agricole font suer » –
soutiennent l’ensemble de l’Église par leur travail, tandis que les
« guerriers » défendent cette même Église contre tous ses ennemis 47.
Et chaque ordre, selon son projet particulier, attend la récompense
du salut éternel 48. Enfin, Adalbéron de Laon, évoquant par la suite
la Jérusalem céleste 49, souligne l’absence d’une servilis conditio 50 et,
plus loin dans le texte, l’égalité de tous 51. De manière similaire, Bruno,
le fondateur de l’ordre des Chartreux, lorsqu’il interprète la lettre de
saint Paul aux Corinthiens, reprend le modèle des trois ordres mais
souligne leur égalité – et leur même chance d’accéder à la béatitude
humana, quia procul dubio his duobus totius ecclesiae status administratur ordinibus : ut sit impera-
tor et rex suo mancipatus officio, nec aliena gerat, sed ea quae sui iuris competunt propria, neque
pretermittat ea, quia pro his omnibus adducet eum Dominus in iudicio : episcopus vero et ministri
ecclesiarum, specialius quae Dei sunt, agant.
45
G. Duby, Les trois ordres…, op. cit., p. 57 : « La répartition hiérarchisée des tâches entre le
sacerdoce et la royauté établit un équilibre que les institutions de paix détruiraient si, par
malheur, elles étaient mal construites. »
46
Miracula sancti Bertini, 7, éd. O. Holder-Egger, MGH, SS, 15, 1, Hanovre, 1887, p. 513 :
Scrutemur enim humanitus verbi gratia, quibus magis addicenda sit huiusmodi victoria, oratoribus
an bellatoribus (…) Quosque inbelle vulgus gemituum mugitus ad caelum mittebat, brachiis infatiga-
biliter tensis palmisque pansis, finem certaminis Dei miserationi commendantes (…) Sicque et eis
addicatur merito victoria et oratoribus infatigabiliter Christo fine tenus famulantibus corona ! Cf.
O. G. Oexle, « Die funktionale Dreiteilung der “Gesellschaft”… », op. cit., p. 38.
47
Abbon de Fleury, Liber apologeticus, PL, 139, col. 464 : et agricolae quidem insudant agricul-
turae et diversis artibus in opere rustico, unde sustentatur totius Ecclesiae multitudo ; agonistae vero,
contenti stipendiis militiae, non se collidunt in utero matris suae, verum omni sagacite expugnant
adversarios sanctae Dei Ecclesiae. Cf. O. G. Oexle, « Die funktionale Dreiteilung der “Gesell
schaft”… », ibid., p. 41 sq.
48
Abbon de Fleury, Liber apologeticus, PL, 139, col. 463 : qualiter singuli in suo proposito
exspectant praemium aeternae retributionis.
49
Adalbéron, v. 193 sq., op. cit., p. 14. Selon G. Duby (Les trois ordres…, op. cit., p. 66),
Adalbéron (v. 196 sq.) exprime une subordination des uns aux autres.
50
Adalbéron, v. 254 sq., op. cit., p. 18/20 : Lex aeterna Dei sic mundos precepit esse, / Iudicat
expertes seruilis conditionis. / Hos Deus assciuit seruos sibi, iudicat ipse, / Castos et sobrios de caelis
clamitat esse. / Omne genus hominum precepto subdidit illis ; / Princeps excipitur nullus cum dicitur
omne.
51
Adalbéron, v. 272 sq., op. cit., p. 20 : Pauca super clero dixi, super ordine pauca. / Equales
igitur sunt omnes conditione.
231
– : « Il n’était pas décrété que les uns travaillent, que les autres soient
libres pour les prières, que les oratores soient soutenus par le travail
des autres et que les ouvriers soient délivrés par leurs prières. Il y aura,
je dis, une égalité comme il est écrit de manière figurative l’égalité
future 52. » Par conséquent, dans presque tous les schémas, les divers
« ordres » ont certes des fonctions différentes et spécifiques mais
néanmoins importantes et surtout équivalentes ;
• de plus, il convient de ne pas faire abstraction du contexte moral
de tous ces textes, qui ne furent pas écrits pour établir un « ordre
hiérarchique », mais pour rappeler les devoirs de chaque ordre. C’est
déjà la teneur du Codex Carolinus de Charlemagne – les uns prient, les
autres combattent, mais tous observent leur devoir respectif 53 – ou
chez le roi anglo-saxon Alfred, qui souligne que le roi est dépendant
– et ne peut se passer – de leur aide 54. C’est également la tendance
d’Heiric qui met les moines en demeure de se souvenir du lourd
destin des autres ordres 55. Il leur rappelle qu’ils sont libérés des affai-
res extérieures afin de se préoccuper d’autant plus de leurs fonctions
de serviteurs 56. Il en est de même chez Adalbéron de Laon, qui ensei-
gne aux lecteurs que les bellatores sont les « protecteurs des églises »
(tutores ecclesiarum) et qu’ils défendent « grands et moindres » 57. Ici
aussi, les trois ordres sont dépendants les uns des autres. Aucun
homme libre, d’après Adalbéron, ne peut vivre sans serfs ou esclaves.
Par conséquent, roi et pontife sont dépendants des serfs ! En effet, ils
sont nourris par les serfs qu’eux-mêmes ils doivent nourrir 58 ;
• par conséquent, les devoirs de chaque ordre et le soutien mutuel
des autres exigent une collaboration étroite 59. Cela est exprimé de
52
Bruno le Chartreux, In epistolam II ad Corinthos, PL, 153, col. 256 : Ideo non statutum
fuit ut alii hominum laborarent, alii orationi vacarent, ut oratores sustentarentur aliorum laborem,
laboratores vero salvarentur eorum oratione. Fiat, dico, aequalitas, sicut scriptum est figurative de
futura aequalitate. Cf. D. Fraesdorff, « Beten für die Gesellschaft… », op. cit., p. 25.
53
Zacharias, Codex Carolinus ep., 3, op. cit., p. 480. Cf. G. Duby, Les trois ordres…, op. cit.,
p. 101.
54
King Alfred’s Old English Version of Boethius, De consolatione philosophiae, 17, op. cit., p. 40. Cf.
G. Duby, Les trois ordres…, ibid., p. 128 sq.
55
Heiric d’Auxerre, Miracula sancti Germani, 128, op. cit., p. 183.
56
Heiric d’Auxerre, ibid.
57
Adalbéron, v. 282 sq., op. cit., p. 20 : Hi bellatores, tutores aecclesiarum, / Defendunt uulgi
maiores atque minores, / Cunctos et sese parili sic more tuentur.
58
Adalbéron, v. 290 sq., op. cit., p. 22 : Nam ualet ingenuus sine seruis uiuere nullus. / Cum
labor occurit sumptus et habere peroptant, / Rex et pontifices seruus seruire uidentur. / Pascitur a seruo
dominus quem pascere sperat. Cf. O. G. Oexle, « Die funktionale Dreiteilung der “Gesell
schaft”… », op. cit., p. 29 sq.
59
Cf. O. G. Oexle, « Deutungsschemata der sozialen… », op. cit., p. 101 sq.
232
60
Aelfric d’Eynsham, Die Hirtenbriefe Aelfrics in altenglischer und lateinischer Fassung, op. cit.,
n° 2a, chap. 14, p. 225 : De bellico aparatu. Suspicor non latere almitatem tuam tres ordines fore in
ecclesia dei : laboratores, bellatores, oratores. Ordo laboratorum adquirit nobis uictum, et ordo bellatorum
debet armis patriam nostram ab incursibus hostium defendere, et ordo oratorum, id sunt clerici et
monachi et episcopi, qui electi sunt ad spiritalem militiam, debent orare pro omnibus et seruitiis seu
officiis dei semper insistere et fidem catholicam predicare et sancta charismata dare fidelibus. Et omnis
qui ad istam militiam ordinatur, etsi antea secularia arma habuit, debet ea deponere tempore ordina-
tionis et assumere spiritalia arma : (…) Ergo non potest in ambabus militiis simul stare. Cf. aussi
Aelfric’s Lives of Saints, Being a Set of Sermons on Saints’ Days Formerly observed by the English
Church, II, éd. W. W. Skeat, Londres, 1900, réimp.. 1966, p. 122 : oratores synd Þa ðe us to
gode geðingiað (…) and se godes Þeowa sceall symle for us gebiddan. and feohtan gastice, wið Þa
ungesewenlican fynd. Cf. O. G. Oexle, « Die funktionale Dreiteilung der “Gesellschaft”… »,
op. cit., p. 39 sq.
61
Adalbéron, v. 298 sq., op., cit., p. 22 : Vnius officio sic stant operata duorum / Alternis vicibus
cunctis solamina prebent. / Est igitur simplex talis conexio triplex. Cf. O. G. Oexle, « Die funktio-
nale Dreiteilung der “Gesellschaft”… », ibid., p. 24 et p. 32 ; G. Duby, Les trois ordres…, op.
cit., p. 71.
62
Gesta episcoporum Cameracensium, 3, 52, op. cit., p. 485. Cf. D. Fraesdorff, « Beten für die
Gesellschaft… », op. cit., p. 23 sq.
63
Gesta episcoporum Cameracensium, 3, 52, op. cit., p. 485 : Oratorum a saeculi vacans negotiis
dum ad Deum vadit intentio, pugnatoribus debet, quod sancto secura vacat otio ; agricultoribus, quod
eorum laboribus corporali pascitur cibo. Nihilominus agricultores ad Deum levantur oratorum precibus,
et pugnatorum defensantur armis. Pari modo pugnatores, dum reditibus agrorum annonantur et
mercimoniis vectigalium solatiantur armorumque delicta piorum quos tuentur expiat precatio sancta,
233
foventur ut dictum est mutuo. Cf. O. G. Oexle, « Die funktionale Dreiteilung der “Gesell
schaft”… », op. cit., p. 43.
64
Cf. Gesta episcoporum Cameracensium, 3, 27, op. cit., p. 474.
65
De quatuor ordinibus, Excerptiones patrum..., PL, 94, col. 556 sq. : Oratores autem constituit
Dominus in mundo ad hoc, ut pro aliis ordinibus orarent. (…) Defensores, id est milites, constituit ad
hoc, ut alios tres ordines defenderent ; (…) Mercatores constituit, ut alios tres ordines ab inopia defen-
derent, ut de Orientali abundantia replerent Occidentalem inopiam ; et e contrario, de Meridionali
abundantia replerent Septentrionalem inopiam (…) Laboratores constituit, ut de labore eorum alii tres
ordines pascerentur. Cf. O. G. Oexle, « Die funktionale Dreiteilung der “Gesellschaft”… »,
op. cit., p. 34, n. 206.
66
Bruno le Chartreux, In epistolam II ad Corinthos, PL, 153, col. 256. Cf. D. Fraesdorff,
« Beten für die Gesellschaft… », op. cit., p. 25.
67
Haymon d’Auxerre, Expositio in epistolas s. Pauli. Ep. I ad Corinthos, 1, PL, 117, col. 579 :
Le corps est composé de plusieurs membres : os, qui divina eloquia aliis eructant, id est doctores ;
manus, qui operantur unde alii vivant ; pedes, qui in negotiis saecularibus ad utilitatem caeterorum
discurrunt. Cf. O. G. Oexle, « Die funktionale Dreiteilung der “Gesellschaft”… », op. cit.,
p. 10.
234
68
C. Carozzi, « D’Adalbéron de Laon à Humbert de Moyenmoutier : la désacralisation de
la royauté », dans La cristianità dei secoli XI et XII in occidente : coscienza e strutture di una società.
Atti della ottava Settimana internazionale di studio, Mendola, 30 giugno-5 luglio 1980, Milan, 1983
(Miscellanea del centro di studi medioevali, 10), p. 67-84, ici p. 79.
69
Cf. O. G. Oexle, « Die funktionale Dreiteilung der “Gesellschaft”… », op. cit., p. 10 sq.
70
Cf. O. G. Oexle, « Deutungsschemata der sozialen… », op. cit., p. 79.
235
tenant à des couches sociales au-dessus des autres dans une stratifica-
tion verticale. On peut certainement définir les « oratores » comme
une élite ecclésiastique et les « bellatores » comme une élite séculière.
Toutefois, selon, pour ainsi dire, la « théologie de la société », toutes
deux accomplissent des tâches particulières qui sont équivalentes à
celles des « paysans » (ou « laboratores ») ce qui n’est absolument pas
moins important, bien qu’elle soit moins autonome. Pour le moins,
cela est précisément l’attitude que les auteurs ecclésiastiques préco-
nisent : chaque ordre a ses devoirs propres ; chaque ordre doit accom-
plir ses devoirs – en tant que devoirs moraux et religieux – ; chaque
ordre doit donc respecter les autres. Les élites – cela peut être le mes-
sage de la « théorie tripartite » – doivent se rappeler qu’il n’y a pas
d’élites sans l’aide des autres. Dans cette perspective, même l’imagi-
naire hiérarchique des élites comporte un élément « horizontal » : les
élites en tant qu’ordres fonctionnels ne se placent pas exclusivement
au-dessus, mais, en principe, de manière égale à côté des autres. Dans
le jugement de soi des auteurs médiévaux, les élites se trouvent inté-
grées à un système global. Peut-être n’est-ce pas, pour ceux à qui la
pensée médiévale est familière, un résultat complètement inattendu.
Néanmoins, selon moi, il contribue à corriger sensiblement les convic-
tions courantes sur la société tripartite 71.
71
Je tiens à remercier Anne-Gaëlle Rocher et les éditeurs de ce volume pour l’aide qu’ils
m’ont apportée dans la rédaction française de ces pages.
236
U
nter den Leitvorstellungen und Rechtsformen, in denen mit-
telalterliche Gesellschaften ihre Ordnung und Hierarchie
artikuliert haben, nimmt die Fidelität eine zentrale Stellung
ein. Fidelität als Loyalität, die eine Person einer anderen schuldet,
begegnet im Mittelalter in großer zeitlicher, geographischer und
inhaltlicher Ausdehnung. Die Frage, warum gerade die Fidelität so
typisch und prägend war, ist jedoch nicht einfach zu beantworten 1.
Im Folgenden ist aufzuzeigen, auf welche Weise die Idee und
Rechtsfigur der Fidelität in verschiedene Bereiche der mittelalterli-
chen Gesellschaft einzudringen vermochte und wie sie sich dabei ver-
änderte. Grundlage hierfür bildet ein eher sprödes Quellenmaterial:
Eidformulare. Von etwa zweihundert solcher Quellentexte, die im
Rahmen eines größeren Projektes gesammelt wurden und gegenwär-
tig ausgewertet werden, sollen im Folgenden einige näher vorgestellt
werden. Die Eidformulare zeigen, wie der Inhalt der mittelalterlichen
Fidelität immer wieder neu definiert wurde. Durch die Redefinition
der Fidelität entstanden zahlreiche neue Rechtsformen, die Einblick
in die Dynamik mittelalterlicher Gesellschaften und ihrer Personen-
beziehungen geben.
Als Karl der Große sich im Jahr 802 von seinen Untertanen den
Treueid leisten ließ, musste jeder freie Mann schwören, dass er dem
Kaiser treu sein werde, „wie ein Mann nach dem Recht seinem Herrn
1
Zur Differenzierung unterschiedlicher Formen von Treue bzw. Fidelität cf. S. Esders,
„Treue“, Reallexikon der germanischen Altertumskunde, 31 (2006), S. 165-170.
239
zu sein hat“ – sicut per drictum debet esse homo domino suo 2. Man hat viel
darüber gestritten, was diese Wendung bedeuten sollte 3. Die gän-
gigste Interpretation geht dahin, dass hier die Vasallität als Vorbild
für die Vereidigung der gesamten Bevölkerung gedient habe, und
zwar deswegen, weil die Treue des Mannes gegenüber seinem Herrn
später auch im Lehnswesen begegnet. Doch erscheint hier eine diffe-
renzierte Betrachtungsweise angebracht 4. Denn die sicut-Sätze sind
keine Vergleichssätze nach dem Muster einer Analogie 5. Wenn
jemand schwor, „treu zu sein, wie es ein Mann seinem Herrn zu sein
hat“, dann nicht in dem Sinne, „als ob er ein Mann wäre“, sondern er
wurde durch die Eidleistung wirklich zum Mann dessen, dem er Treue
schwor – ganz gleich, was das bedeutet haben mag. Der mit sicut ein-
geleitete Nebensatz ist also ein Modalsatz, der die Art und Weise prä-
zisieren half.
Für die Interpretation der Formel ist daher wichtig, dass Karl der
Große alle liberi homines vereidigte, um sie zum Kriegsdienst aufzubie-
ten. Zu diesem Zweck wurden sogar Verzeichnisse mit den Namen
derjenigen geführt, die dem König als ihrem Herrn (dominus) Treue
geschworen hatten 6. Überdies war die Verwaltung des Frankenreiches
mit ihren duces, comites und centenarii eine erweiterte Militäradminist-
ration. Aus diesem Grund war Fidelität, wie sie ein homo seinem domi-
nus schuldete, letztlich an militärischen Leitbildern orientiert.
Der Treueid von 802 war äußerst folgenreich. Denn er führte eine
sprachliche Konstruktion ein, nach der künftig – mancherorts noch
im 19. Jahrhundert – unzählige Treueide gestaltet wurden: die sicut-
2
Capitularia missorum specialia, a. 802, in Capitularia regum Francorum, I, Hg. A. Boretius,
MGH, Leges, II/1, Hannover, 1883, S. 101: Sacramentale qualiter repromitto ego, quod ab isto die
inantea fidelis sum domno Karolo piissimo imperatori, filio Pippini regis et Berthanae reginae, pura
mente absque fraude et malo ingenio de mea parte ad suam partem et ad honorem regni sui, sicut per
drictum debet esse homo domino suo. Si me adiuvet Deus et ista sanctorum patrocinia, quae in hoc loco
sunt, quia diebus vitae meae per meam voluntatem, in quantum mihi Deus intellectum dederit, sic
attendam et consentiam.
3
M. Becher, Eid und Herrschaft. Untersuchungen zum Herrschaftsethos Karls des Großen, Sigma-
ringen, 1993 (Vorträge und Forschungen, Sonderband 39), S. 144 sq.
4
Cf. M. Becher, „Die subiectio principum. Zum Charakter der Huldigung im Franken- und
Ostfrankenreich bis zum Beginn des 11. Jahrhunderts“, in S. Airlie, W. Pohl und H. Rei-
mitz (Hg.), Staat im frühen Mittelalter, Wien, 2006 (Forschungen zur Geschichte des Mittel-
alters, 11), S. 172 sq.
5
C. E. Odegaard, „Carolingian Oaths of Fidelity“, Speculum, 16 (1941), S. 289; S. Rey-
nolds, „Afterthoughts on Fiefs and Vassals“, Haskins Society Journal, 9 (1997), S. 6.
6
Cf. C. E. Odegaard, Vassi and Fideles in the Carolingian Empire, Cambridge/Mass., 1945,
S. 127; F. Bougard, La justice dans le royaume d’Italie de la fin du viiie siècle au début du xie siècle,
Rom, 1995 (BEFAR, 291), S. 152; B. S. Bachrach, Early Carolingian Warfare. Prelude to
Empire, Philadelphia, 2001, S. 58.
240
Das Verhältnis von homo und dominus, von Mann und Herrn, war
nicht die einzig mögliche Ausdrucksform, um die politischen Bezie-
hungen zwischen König und Volk zu beschreiben. Im Jahr 854 schwor
die Bevölkerung des westlichen Frankenreichs Karl dem Kahlen Fide-
lität, „wie sie ein freier Mann nach dem Recht seinem König schuldet“
– sicut francus homo per rectum esse debet suo regi 8. Anders als 802 lag der
Akzent hier stärker auf den Rechtspflichten des homo francus, man
betonte also den Gesichtspunkt der Freiheit. Doch nicht nur das.
Hatte man Karl dem Großen als dominus gehuldigt, so schwor man
nun Karl dem Kahlen Fidelität bezogen auf seine Funktion als König
(rex) 9. Das fügt sich gut in die Zeit Karls des Kahlen, als beispielsweise
Hinkmar von Reims das Königtum als Amt zu definieren suchte 10.
Die Fidelität konnte also flexibel andere Rechtsvorstellungen in
sich aufnehmen. Die weiteren Entwicklungen des mittelalterlichen
Militärwesens verdeutlichen dies. Eine besonders wichtige Form war
die Verbindung von Fidelität und Vasallität. Der Bayernherzog Tassilo
III. soll den Annales regni Francorum zufolge im Jahr 757 geschworen
7
Einige Belege bereits bei K. Ewald, „Formelhafte Wendungen in den Straßburger Eiden“,
Vox Romanica, 23 (1964), S. 45 sq. und M. Lupoi, The Origins of the European Legal Order,
Cambridge, 2000, S. 359 sq.
8
Capitulare missorum Attiniacense, a. 854, in Capitularia regum Francorum, II, Hg. A. Boretius
und V. Krause, MGH, Leges, II/2, Hannover, 1888, S. 278: Ego ille Karolo, Hludowici et Iudit
filio, ab ista die inante fidelis ero secundum meum savirum, sicut francus homo per rectum esse debet
suo regi. Sic me Deus adiuvet et istae reliquiae.
9
Cf. C. E. Odegaard, „The Concept of Royal Power in Carolingian Oaths of Fidelity“,
Speculum, 20 (1945), S. 282.
10
J. L. Nelson, „Kingship, law and liturgy in the political thought of Hincmar of Reims“,
English Historical Review, 92 (1977), S. 241-279.
241
haben, König Pippin treu zu sein, „wie ein Vasall gegenüber seinem
Herrn zu sein hatte“ – sicut vassus dominos suos esse deberet 11. Ob er das
wirklich tat, was man heute teilweise bezweifelt 12, muss hier nicht
erörtert werden 13. In jedem Fall begegnen sicut-Formeln vasallitischer
Prägung im Hochmittelalter unzählige Male 14.
Mit dem Burgenbau änderte sich nicht nur der Militärdienst, son-
dern auch die mit ihm verbundene Vorstellung von Treue. Im hoch-
mittelalterlichen Sachsen schworen die Bewohner einer Burg ihrem
Burgherrn Treue, „wie ein Burgbewohner seinem Herrn sein soll“ –
alse en borgere sime herren wesen scal 15. Der Burgherr seinerseits war
seinem Herrn zur Treue verpflichtet. Im Jahr 1276 versprach ein
Burggraf, König Rudolf von Habsburg treu zu sein, „wie es ein Burg-
graf gegenüber seinem Herrn zu sein hat“ – prout burgravius suo domino
esse debet 16, was weitergehende Forderungen ausschloss, etwa mit in
einen auswärtigen Krieg zu ziehen. Die Burg wurde zu einem eigenen
Rechtsbereich 17, und daher erhielten Fidelitätsvorstellungen im
Umfeld der Burg eine besondere Prägung, welche im Formular der
11
Annales regni Francorum ad a. 757, in Annales regni Francorum inde ab a. 741 usque ad a. 829,
qui dicuntur Annales Laurissenses maiores et Einhardi, Hg. F. Kurze, MGH, SS rer. Germ. in us.
schol., VI, Hannover, 1895, S. 14 sq.: Et rex Pippinus tenuit placitum suum in Compendio cum
Francis; ibique Tassilo venit, dux Baoiariorum, in vasatico se commendans per manus, sacramenta
iuravit multa et innumerabilia, reliquias sanctorum manus inponens, fidelitatem promisit regi Pippino
et supradictis filiis eius, domno Carolo et Carlomanno, sicut vassus recta mente et firma devotione per
iustitiam, sicut vassus dominos suos esse deberet.
12
M. Becher, Eid und Herrschaft…, op. cit., S. 87 sq.
13
Cf. P. Depreux, „Tassilon III et le roi des Francs: Examen d’une vassalité controversée“,
Revue historique, 293 (1995), S. 23-73.
14
Cf. Libri feudorum, Vulgataversion, II, 5, in Consuetudines feudorum (Libri feudorum, Ius feudale
Langobardorum), Hg. K. Lehmann, Göttingen, 1892, S. 120: Qualiter autem debeat jurare vasal-
lus fidelitatem, videamus: „Juro ergo ad haec sancta Dei evangelia, quod a modo ero fidelis huic, sicut
debet esse vasallus domino, nec id, quod mihi sub nomine fidelitatis commiserit, pandam alii ad ejus
detrimentum me sciente“.
15
Sachsenspiegel, Lehnrecht 71, 16, in Das Lehnrecht des Sachsenspiegels, Hg. K. A. Eck-
hardt, Göttingen, 1956 (Germanenrechte, 13), S. 56: Swe aver borge unde borgere hevet, stirft
he, de wile sine kindere oder andere sine erven to lantrechte oder to lenrechte umbedelet sin mit der borch,
de borgere sint plichtich en allen to swerene, truwe unde holt to wesene, alse en borgere sime herren wesen
scal, se sin wif oder man, unde ere borch en to haldene weder aller manlekeme na borgeres rechte. Dit
scal dun iewelk, de wile he sin borgere wesen wel. Sin borchlen ne darf he aver nicht mer den van er
eneme untvan.
16
T. J. Lacomblet, Urkundenbuch für die Geschichte des Niederrheins, t. 2 (1201-1300), Düssel-
dorf, 1848, S. 401: (…) recepto fidelitatis iuramento, quod erit nobis et imperio in omnibus fidelis et
utilis, prout burgravius suo domino esse debet.
17
F. Schwind, „Zur Verfassung und Bedeutung der Reichsburgen, vornehmlich im 12. und
13. Jahrhundert“, in H. Patze (Hg.), Die Burgen im deutschen Sprachraum. Ihre rechts- und
verfassungsgeschichtliche Bedeutung, Sigmaringen, 1976 (Vorträge und Forschungen, 19/1),
S. 85-122.
242
18
Cf. R. Deutinger, „Seit wann gibt es die Mehrfachvasallität?“, Zeitschrift der Savigny-Stif-
tung für Rechtsgeschichte, Germanistische Abteilung, 119 (2002), S. 78-105.
19
C. Pöhlmann, Das ligische Lehnsverhältnis, Heidelberg, 1931, S. 37 sq. und 55 sq.; H. Mitt-
eis, Lehnrecht und Staatsgewalt. Untersuchungen zur mittelalterlichen Verfassungsgeschichte, Wei-
mar, 1933, S. 556 sq.; W. Kienast, Untertaneneid und Treuvorbehalt in Frankreich und England.
Studien zur vergleichenden Verfassungsgeschichte des Mittelalters, Weimar, 1952; zusammenfassend
B. Diestelkamp, „Homo ligius“, Handwörterbuch zur deutschen Rechtsgeschichte, 2 (1978),
K. 234-237.
20
Urkundenbuch für die Geschichte…, op. cit. (S. 126): Conradus dei gratia comes silvestris (…)
proprietatem castri nostri Smedeburg, uxoris nostre et liberorum nostrorum assensus accedente, ecclesie
Coloniensi contradidimus et ipsum de manu predicti d. Conradi Coloniensis archiepiscopi in feodo
recepimus, tenore presentium profitentes, quod nos et heredes nostri ipsi et ecclesie Coloniensi idem
castrum in omnibus suis necessitatibus aperiemus, de eo tanquam homines legii sibi contra omnem
hominem seruituri.
21
Urkundenbuch für die Geschichte…, op. cit. (S. 144): Omnibus presentes litteras inspecturis Con-
radus dei gratia s. Coloniensis ecclesie minister, sacri imperii per Ytaliam archicancellarius, notum
facimus, quod nos dilecto et fideli nostro Henrico duci de Lymburgh, comiti de Monte, auxilio sicut
homini nostro ligio, ubicumque necesse habuerit, fideliter assistemus.
22
J. Balon, „Les lètes chez les Francs“, Tijdschrift voor Rechtsgeschiedenis, 33 (1965),
S. 430-446; G. Landwehr, „Die Liten in den altsächsischen Rechtsquellen. Ein Diskussi-
onsbeitrag zur Textgeschichte der Lex Saxonum“, in Id. (Hg.), Studien zu den germanischen
Volksrechten. Gedächtnisschrift für Wilhelm Ebel, Frankfurt/M. u. a., 1982, S. 117-142. De facto
legten die Grundherren ihren Liten häufig Wehrersatzabgaben auf, cf. R. Kötzschke, „Zur
243
244
26
Nithard, Historiarum liber, III, 5. Altfranzösischer Eid Ludwigs des Deutschen: Pro deo
amur et pro christian poblo et nostro commun saluament, d’ist di in auant, in quant deus sauir et
podir me dunat, si saluarai eo cist meon fradre Karlo et in aiudha et in cadhuna cosa, si cum om per
dreit son fradra saluar dist, in o, quid il mi altresi fazet; et ab Ludher nul plaid numquam prindrai,
qui meon uol cist meon fradre Karle in damno sit. Althochdeutscher Eid Karls des Kahlen: In
godes minna ind in thes christanes folches ind unser bedhero gehaltnissi, fon thesemo dage frammordes,
so fram so mir got geuuizci indi mahd furgibit, so haldih tesan minan bruodher, soso man mit rehtu
sinan bruodher scal, in thiu thaz er mig sosoma duo; indi mit Ludheren in nohheiniu thing ne gegango,
zhe minan uuillon imo ce scadhen uuerhen. Zitiert nach der separaten Edition des Textes von
K. Gärtner und G. Holtus, „Die erste deutsch-französische “Parallelurkunde”. Zur Über-
lieferung und Sprache der Straßburger Eide“, in IId. (Hg.), Beiträge zum Sprachkontakt und
zu den Urkundensprachen zwischen Maas und Rhein, Trier, 1995 (Trierer Historische Forschun-
gen, 29), S. 105.
27
Zum Vertrag von Verdun, über den nur indirekte Informationen erhalten sind, und
demjenigen von Coulaines (Capitularia regum Francorum, II…, op. cit., S. 253 sq.), cf. P. Clas-
sen, „Die Verträge von Verdun und von Coulaines 843 als politische Grundlagen des west-
fränkischen Reiches“, Historische Zeitschrift, 196 (1963), S. 17 und 20 sq.
28
Cf. P. Classen, „Die Verträge…“, op. cit., S. 9.
245
29
Annales Bertiniani ad. ann. 845, Hg. G. Waitz, MGH, SS rer. Ger. in us. schol., 5, Hannover,
1883, S. 32: Karolus ... Pippinum, Pippini filium, suscipit, et receptis ab eo sacramentis fidelitatis,
quatenus ita deinceps ei fidelis sicut nepos patruo existeret et in quibuscumque necessitatibus ipsi pro
viribus auxilium ferret, totius Aquitaniae dominatum ei permisit.
30
Karoli II. et Hlotharii II. conventus apud Sanctum Quintinum, a. 857, c. 1, in Capitularia regum
Francorum, II…, op. cit., S. 293 sq.: Postquam Deus nostrum seniorem vocavit de hoc seculo, semper
inveni tale consilium in meo dilecto fratre Hludowico, sicut mihi necesse fuit et ego in illo quaesivi et
illum ostendere decuit; et illius adhortatione et interventione devenit, Deo gratias, talis unanimitas
inter me et bonae memoriae fratrem meum Hlotharium, sicut inter fratres esse debebat; c. 4: Et inveni-
mus cum communibus fidelibus nostris, ut pro talibus necessitatibus, sicut scitis et videtis in isto regno
evenire, nos invicem confirmaremus, sicut et fecimus, ut ad honorem sanctae Dei ecclesiae et communem
profectum ac fidelium nostrorum salvamentum et regnum nostrum contra quoscumque nobis necesse
fuerit continendum invicem nos salvemus et adiuvemus, sicut avunculus nepotem et nepos avunculum
per rectum salvare et adiuvare debet.
246
maßstab darstellte. Gerade für die Einbindung Dritter war der Eid
unverzichtbar 31.
Wo man nicht miteinander verwandt war, konnte man einander
nur Freund sein. Mit dem Aussterben der ostfränkischen Karolinger
und dem Regierungsantritt der sächsischen Liudolfinger waren die
Verwandtschaftsbande zwischen west- und ostfränkischen Herrschern
vollends abgerissen, und doch blieb man aufeinander angewiesen.
Der Bonner Vertrag von 921 32 reflektiert diesen Wandel in seiner
Eidformel. An die Stelle der Verwandtschaft trat nunmehr die Freund-
schaft, und Heinrich I. und Karl der Einfältige, die sich als Könige der
Ost- und Westfranken titulieren ließen, schworen einander Freunde
zu sein, „wie von Rechts wegen ein Freund seinem Freund zu sein hat“
– sicut amicus per rectum debet esse suo amico 33. Ähnlich wie in den zitier-
ten Beispielen die sicut-Klausel den Verbindlichkeitsanspruch ver-
wandtschaftlicher Bindungen zum normierenden Referenzsystem
erhob, konnten auch freundschaftliche Bindungen einen objektiven
Charakter haben, der über das Instrument des Eides eine verschärfte
Geltungsgrundlage erhielt und zum Fundament vertraglicher Bindun-
gen wurde 34. Weil die vertragschließenden Seiten nicht mehr mitei-
nander verwandt waren, wurde über die sicut-Klausel auf eine andere
spezifische Rechtsgewohnheit Bezug genommen, die für Freund-
schaftsbündnisse (amicitiae) galt: Was sie genau beinhaltete, ist für den
modernen Betrachter nicht exakt zu erkennen; dass sie sehr konkrete
31
P. Classen, „Die Verträge…“, op. cit., S. 9 sq; in ähnlicher Weise zum Vertrag von Koblenz
(860) P. Geary, „Oathtaking and Conflict Management in the Ninth Century“, in S. Esders
(Hg.), Rechtsverständnis und Konfliktbewältigung Gerichtliche und außergerichtliche Strategien im
Mittelalter, Köln, 2007, S. 239-254.
32
K. F. Werner, „Bonn, Vertrag v.“, in Lexikon des Mittelalters, t. 2, 1983, K. 428 sq.
33
Constitutiones et acta publica imperatorum et regum inde ab a. DCCCCXI usque ad a. MCXCVII
(911-1197), Hg. L. Weiland, MGH, Constitutiones et acta publica imperatorum et regum, I, Han-
nover, 1893, S. 1 sq: Ego Karolus divina propitiante clementia rex Francorum occidentalium, amodo
ero huic amico meo regi orientali Heinrico amicus, sicut amicus per rectum debet esse suo amico secun-
dum meum scire et posse, ea vera ratione, si ipse mihi iuraverit ipsum eundemque sacramentum et
attenderit, quae promiserit. Sic me deus adiuvet et istae sanctae reliquiae. Econtra rex Heinricus eandem
promissionem sacramento eisdem prosecutus est verbis subsequenter, ut huius amicitiae firmitas invio-
labiliter observetur. Dazu K. Schmid, „Unerforschte Quellen aus quellenarmer Zeit. Zur ami-
citia zwischen Heinrich I. und dem westfränkischen König Robert im Jahre 923“, Francia,
12 (1984), S. 119; G. Althoff, Amicitiae und Pacta. Bündnis, Einung, Politik und Gebetsgeden-
ken im beginnenden 10. Jahrhundert, Hannover, 1992 (MGH, Schriften, 37), S. 286.
34
G. Althoff, Verwandte, Freunde und Getreue. Zum politischen Stellenwert der Gruppenbindungen
im früheren Mittelalter, Darmstadt, 1990, S. 88 sq.; V. Epp, Amicitia. Zur Geschichte personaler,
sozialer, politischer und geistlicher Beziehungen im frühen Mittelalter, Stuttgart, 1999 (Monogra-
phien zur Geschichte des Mittelalters, 44).
247
35
Vgl. auch G. Althoff, „Ungeschriebene Gesetze. Wie funktioniert Herrschaft ohne
schriftlich fixierte Normen?“, in Id., Spielregeln der Politik im Mittelalter. Kommunikation in
Frieden und Fehde, Darmstadt, 1997, S. 286.
36
T. Bauer, „Rechtliche Implikationen des Ehestreites Lothars II.: Eine Fallstudie zu The-
orie und Praxis des geltenden Eherechts in der späten Karolingerzeit“, Zeitschrift der Savigny-
Stiftung für Rechtsgeschichte, Kanonistische Abteilung, 111 (1994), S. 41-87; S. Airlie, „Private
Bodies and the Body Politic in the Divorce Case of Lothar II“, Past and Present, 161 (1998),
S. 3-38; K. Heidecker, „Why should bishops be involved in marital affairs? Hincmar of
Reims on the divorce of Lothar II (855-869)“, in J. Hill und M. Swan (Hg.), The Community,
the Family and the Saint. Patterns of Power in Early Medieval Europe, Turnhout, 1998 (Interna-
tional Medieval Research, 4), S. 225-235; neuerdings L. Böhringer, „Gewaltverzicht,
Gesichtswahrung und Befriedung durch Öffentlichkeit. Beobachtungen zur Entstehung
des kirchlichen Eherechts im 9. Jahrhundert am Beispiel Hinkmars von Reims“, in S. Esders
(Hg.), Rechtsverständnis…, op. cit., S. 255-290.
37
Annales Bertiniani ad. ann. 865, op. cit., S. 76 sq: Sacramentum autem pro Theodberga praestitum
ex parte Hlotharii ita se habet, veluti dictatum et Roma delatum ab ipso Arsenio: Iurans promitto ego
talis per haec quatuor sancta Christi euangelia, quae manibus meis tango, atque istas sanctorum
reliquias, quia senior meus Hlotharius rex, filius quondam piae recordationis Hlotharii serenissimi
imperatoris, amodo et deinceps accipiet Theodbergam uxorem suam pro legitima matrona, et eam sic
habebit in omnibus, sicut decet regem habere reginam uxorem. Et propter iam fatas dissensiones neque
in vita neque in membris, neque a praedicto seniore meo Hlothario neque a nullo hominum, ipso ins-
tigante aut auxiliante vel etiam consentiente, aliquod malum habebit; sed eam sic habebit, sicut regem
decet habere uxorem legitimam; ea tamen ratione, ut sic se amodo custodiat, sicut decet uxorem suo
seniori in omnibus observare honorem. Haec sunt nomina eorum qui hoc iuraverunt.
248
hat den Anschein, als hätten in dem wohl von Papst Nikolaus I. ent-
worfenen Formular Königsamt und Seniorat dazu gedient, um auf
höchster politischer Ebene die Beziehungen von Ehepartnern zu defi-
nieren. Dass dabei von Mann und Frau jeweils Unterschiedliches ver-
langt wurde, zeigt auch ein Formular zur Kittung maroder Ehebezie-
hungen, welches das um 900 entstandene Sendhandbuch Reginos
von Prüm enthält: Der Mann schwor, fortan seine Frau so zu behan-
deln, „wie von Rechts wegen ein Ehemann seine Frau in Liebe und
geschuldeter Disziplin zu halten schuldig ist“ – sicut per rectum maritus
suam debet habere coniugem in dilectione et debita disciplina. Die Frau hin-
gegen sollte versprechen, ihrem Mann in Dienstbarkeit, Liebe und
Furcht so untertänig und gehorsam zu sein, „wie von Rechts wegen
eine Ehefrau ihrem Mann untertänig zu sein hat“ – in servitio, in amore
et in timore ita eris subiecta et obediens, sicut per rectum uxor suo debet subiecta
esse marito 38. In beiden Fällen beinhaltete dieses Versprechen vor
allem die Absage an eine erneute Trennung und das Eingehen einer
neuen Beziehung zu Lebzeiten des Partners. Und da der Eid hier zur
Verstärkung einer affinen Bindung eingesetzt wurde, wurde die sicut-
Klausel im Hinblick auf Ehepflichten ausformuliert. Auch wenn beide
Formeln nicht explizit als Treueide erscheinen, so orientierten sie sich
an Treuevorstellungen und differenzierten diese mittels der Klauseln
nach kirchlichen Rechtsgewohnheiten aus. Über den Eid wurde kirch-
lichen Ehevorstellungen Gültigkeit verschafft, so dass ein weiterer
Verstoß einen Eidbruch bedeutet hätte.
38
Regino von Prüm, De synodalibus causis, II, 241-242, in Reginonis abbatis Prumiensis Libri
duo de synodalibus causis et disciplinis ecclesiasticis, Hg. F. G. A. Wasserschleben, Leipzig, 1840,
S. 308: Iuramentum de reconciliatione coniugatorum. Ab isto die in antea istam tuam coniugem,
nomine illam, quam iniuste dimiseras, ita tenebis, sicut per rectum maritus suam debet habere coniugem
in dilectione et debita disciplina, nec eam per ullum malum ingenium a te separabis, nec ea vivente
aliam accipies. Sic te Deus adiuvet. Femina sic iuret. A modo in antea istum tuum maritum, quem
iniuste dimiseras, ita tenebis et amplexaberis, et ei in servitio, in amore et in timore ita eris subiecta et
obediens, sicut per rectum uxor suo debet subiecta esse marito, nec unquam ab eo te separabis, nec illo
vivente alteri viro te sociabis in coniugio aut adulterio. Sic te Deus adiuvet.
249
39
Althochdeutscher Klerikereid, Hg. E. v. Steinmeyer, Die kleineren althochdeutschen Sprach-
denkmäler, Halle, 1916, S. 64: De sacramento episcopis qui ordinandi sunt ab eis. Daz ih dir hold
pin .N. demo piscophe, so mino chrephti enti mino chunsti sint, si minan vuillun fruma frummenti
enti scadun vuententi, kahorich enti kahengig enti statig in sinemo piscophtuome, so ih mit rehto
aphter canone scal.
40
Vgl. S. Esders und H. J. Mierau, Der althochdeutsche Klerikereid. Bischöfliche Diözesangewalt,
kirchliches Benefizialwesen und volkssprachliche Rechtspraxis im frühmittelalterlichen Baiern, Han-
nover, 2000 (MGH, Studien und Texte, 28), S. 72 sq. und 169 sq.
41
Hlotharii, Hludowici et Karoli conventus apud Marsnam secundus a. 851, c. 6, MGH, Capit.,
II, op. cit., S. 73: Ut nostri fideles, unusquisque in suo ordine et statu, (…) ut illi non solum non sint
nobis contradicentes et resistentes ad ista exsequenda, verum etiam sic sint nobis fideles et oboedientes
ac veri adiutores atque cooperatores vero consilio et sincero auxilio ad ista peragenda, quae praemisimus,
sicut per rectum unusquisque in suo ordine et statu suo principi et suo seniori esse debet.
250
die einen war der Frankenkönig ein Fürst, für die anderen nahm er
die Rolle eines Lehnsherrn ein, für viele war er beides zugleich. Dem
Sohn Karls des Kahlen, Ludwig II., schworen die westfränkischen
Bischöfe im Jahr 877 Fidelität, „wie sie von Rechts wegen ein Bischof
seinem Senior schuldet“ – sicut episcopus recte seniori suo debitor est. Weil
inzwischen die meisten höheren königlichen Funktionsträger, auch
die geistlichen, in die königliche Vasallität eingetreten waren, musste
präzisiert werden, in welcher Weise speziell ein Bischof dem König
treu sein konnte, ohne gegen seine geistliche Amtspflichten zu ver-
stoßen. Daher versprachen die Bischöfe Fidelität secundum meum minis-
terium, also „nach Maßgabe meines Amtes“ 42. Der Bezug auf eine
Amtspflicht konnte dazu dienen, eine bedingungslose Gehorsams-
pflicht gegenüber dem König abzulehnen, wie das Beispiel Hinkmars
von Reims zeigt 43.
Auch für den König wurde es schwieriger, seine Untertanen noch
als einheitlich strukturierte Gruppe zu verstehen. In der zweiten
Hälfte des 9. Jahrhunderts mussten beispielsweise die westfränkischen
Könige bei ihrem Regierungsantritt oder bei anderen Gelegenheiten
unter Eid Garantien abgeben. Ein Königseid, den Karl der Kahle im
Jahr 858 in Quierzy schwor, zeigt, wie Herrschertugenden der Fürs-
tenspiegel im Sinne einer Selbstverpflichtung in diese Klauseln ein-
bezogen wurden: Der König versprach Gnade walten zu lassen, „wie
ein treuer König seine Getreuen von Rechts wegen ehren und erret-
ten soll und wie er einem jeden Recht und Gerechtigkeit in jedem
Stand bewahren und denjenigen, die sie nötig haben und darum bit-
ten, maßvolle Gnade zukommen lassen soll“ – sicut fidelis rex suos fide-
les per rectum honorare et salvare et unicuique competentem legem et iustitiam
in unoquoque ordine conservare et indigentibus et rationabiliter petentibus
rationabilem misericordiam debet impendere 44. Und sein Enkel Karlmann
42
Capitula electionis Hludowici Balbi compendii facta a. 877, MGH, Capit., II, op. cit., S. 365: Ego
ille sic profiteor: De ista die et deinceps isti seniori et regi meo Hlodowico, Karoli et Hyrmentrudis filio,
secundum meum scire et posse et meum ministerium et auxilio et consilio fidelis et adiutor ero, sicut
episcopus recte seniori suo debitor est, in mea fide et meo sacerdotio. Annales Bertiniani ad. ann. 877,
MGH, SS rer. Germ. in us. schol., 5, op. cit., S. 139; ibid. S. 138 zur sicut-Klausel des Königsver-
sprechens sicut rex episcopo et ecclesiae suae iusto iudicio conservare et exhibere debet. Cf. C. E.
Odegaard, Vassi and Fideles…, op. cit., S. 88 sq.
43
Zu Hinkmar und den Eidformeln, cf. H. H. Anton, Fürstenspiegel und Herrscherethos in der
Karolingerzeit, Bonn, 1968 (Bonner historische Forschungen, 32), S. 321 sq.
44
Sacramenta Carisiaci praestita a. 858, MGH, Capit., II, op. cit., S. 296: Sacramentum regis. Et
ego, quantum sciero et rationabiliter potuero, Domino adiuvante unumquemque vestrum secundum
suum ordinem et personam honorabo et salvabo et honoratum ac salvatum absque ullo dolo ac dam-
natione vel deceptione conservabo et unicuique competentem legem et iustitiam conservabo, et qui illam
251
necesse habuerit et rationabiliter petierit, rationabilem misericordiam exhibebo, sicut fidelis rex suos
fideles per rectum honorare et salvare et unicuique competentem legem et iustitiam in unoquoque ordine
conservare et indigentibus et rationabiliter petentibus rationabilem misericordiam debet impendere. Et
pro nullo homine ab hoc, quantum dimittit humana fragilitas, per studium aut malivolentiam vel
alicuius indebitum hortamentum deviabo, quantum Deus mihi intellectum et possibilitatem donaverit;
et si per fragilitatem contra hoc mihi subreptum fuerit, cum hoc recognovero, voluntarie illud emendare
curabo.
45
Karolomanni conventus Carisiacensis a. 882, MGH, Capit., II, op. cit., S. 370: Promissio domni
Karolomanni regis ad suprascriptam peticionem. Promitto et perdono vobis, quia unicuique de vobis
et ecclesiis vobis commissis secundum primum capitulum, quod novissime in Carisiaco domnus impe-
rator avus meus a se et a patre meo servaturum consentientibus fidelibus suis ac patris mei atque
apostolicae sedis legatis legente Gauzleno denuntiavit, canonicum privilegium et debitam legem atque
iusticiam conservabo et defensionem, quantum potuero, adiuvante Domino exibebo, sicut rex in suo
regno unicuique episcopo et ecclesiae sibi commissae per rectum exibere debet, et quemadmodum contine-
tur in scripto, quod in Ferrariorum monasterio coram altare sancti Petri perdonavi, in hoc, ut vos mihi
secundum Deum et secundum seculum sic fideles adiutores et consilio et auxilio sitis, sicut vestri ante-
cessores boni meis melioribus praedecessoribus exstiterunt, secundum scire et posse.
46
Die Urkunden Heinrichs IV., t. 2 (Die Urkunden 1077-1106), Hg. D. v. Gladiss, MGH, DD
reg. et imper. Germ., VI/2, Hannover, 1952, S. 531: Exbertus quondam marchio (…) in nostram
252
tig wie der Eid, den er Heinrich geschworen hatte. Wenn hier die
überragende Bedeutung des Eides so betont wurde, dann deswegen,
weil Heinrich im Eidbruch seines Vetters den triftigsten und wohl
auch rechtlich plausibelsten Grund sah, ihn abzusetzen. Dies gilt auch
für einen noch berühmteren politischen Prozess: Nach dem bekann-
ten Bericht Arnolds von Lübeck über die unterlassene Hilfeleistung
Heinrichs des Löwen für Friedrich Barbarossa in Chiavenna im Jahr
1176 soll Barbarossa den Löwen flehentlich um Unterstützung gebe-
ten haben mit den Worten: „und um die Treueide einmal beiseite zu
lassen, die du dem Reich geschworen hast, wollen wir dich an die
Verwandtschaft erinnern, durch die du uns über alles verbunden bist,
damit du uns in der gegenwärtigen Notlage mit aller Treue entgegen-
kommst“, und zwar, wie der Chronist betont, „wie einem Neffen,
einem Herrn und Freund“ – omni fidelitate, utpote nepoti et domino et
amico, nobis occurras 47. Die sicut-Klausel klingt hier in einer verknapp-
ten Form an, wie sie in zahlreichen spätmittelalterlichen Eidformeln
begegnet. Arnold nahm Bezug auf vier unterschiedliche Treubindun-
gen, wobei Heinrichs Treue gegenüber dem Reich in den Hinter-
grund geschoben und stattdessen seine Verwandtschaft mit dem Mon-
archen hervorgehoben erscheint. Allerdings wurde die verwandt-
schaftliche Bindung sogleich mit nicht-verwandtschaftlichen Bindun-
gen verknüpft, hier mit Freundschaft und einer militärischen Art von
Herrschaft. Die Verwandtschaft allein erwies sich hier als unzurei-
chend: Um einen Doppelherzog auf dem Rechtswege absetzen zu
können, bedurfte es einer besonderen Legitimation. Das im rechtli-
chen Sinne relevante Sanktionssystem hing am Eid, wenn es darum
ging, ein Vergehen so zu verobjektivieren, dass es zum Gegenstand
eines politischen Prozesses werden und eine Absetzung rechtfertigen
et depositionem et mortem consilium et auxilium Saxonibus et aliis nos persequentibus dedit, non
recordatus, quod noster miles, marchio et consanguineus et, quod maius est, noster iuratus fuit.
47
Arnold von Lübeck, Chronica Slavorum, II, 1, in Arnoldi Chronica Slavorum, Hg. J. M.
Lappenberg, MGH, SS rer. Germ. us. schol., 14, Hannover, 1868, S. 37 sq.: Memorem te esse
volumus, quod nichil umquam tue voluntati negavimus et quia in honore tuo ampliando semper parati
fuimus, inimicis tuis inimici semper fuimus et nullum adversum te prevalere permisimus. Et ut sacra-
mentorum fidem omittamus quam imperio firmasti, meminisse te volumus consanguinitatis qua nobis
super omnia teneris, ut in presenti necessitate omni fidelitate, utpote nepoti et domino et amico, nobis
occurras, et de cetero ad omnia que volueris benevolentiam nostram habeas. Cf. W. Hechberger,
Staufer und Welfen 1125-1190. Zur Verwendung von Theorien in der Geschichtswissenschaft, Köln
u. a., 1996 (Passauer Historische Forschungen, 10), S. 197, sowie G. Althoff, „Die Histo-
riographie bewältigt. Der Sturz Heinrichs des Löwen in der Darstellung Arnolds von
Lübeck“, in B. Schneidmüller (Hg.), Die Welfen und ihr Braunschweiger Hof im hohen Mittel-
alter, Wiesbaden, 1995, S. 165 sq.
253
5. Ergebnisse
48
Cf. S. Esders, „Treueidleistung und Rechtsveränderung im frühen Mittelalter“, in
S. Esders und C. Reinle (Hg.), Rechtsveränderung im politischen und sozialen Kontext mittelal-
terlicher Rechtsvielfalt, Hamburg, 2005 (Neue Aspekte der europäischen Mittelalterforschung,
5), S. 28 sq. und 50 sq.
254
Cf. O. G. Oexle, „Conjuratio und Gilde im frühen Mittelalter. Ein Beitrag zum Problem
49
255
L
es apports historiographiques de ces dernières années ont
introduit beaucoup de complexité dans l’analyse de la société
rurale du haut Moyen Âge. De la complexité mais aussi des
éléments de clarification, grâce à l’utilisation de plus en plus courante
de concepts tirés de la sociologie rurale et de l’anthropologie écono-
mique 1. L’utilisation de ces outils a puissamment aidé à renouveler
aussi notre connaissance des groupes paysans et à mieux en connaître
le fonctionnement. La mobilisation de l’ensemble des sources dispo-
nibles, et particulièrement des actes de la pratique, permet d’autre
part de progresser : on ne se cantonne plus, désormais, aux textes
normatifs et aux polyptyques, mais on utilise aussi les dossiers d’actes
de vente ainsi que les contrats agraires qui nous permettent de donner
une image plus fine et mieux articulée de la réalité économique et
sociale, particulièrement en ce qui concerne le monde rural. La pay-
sannerie est ainsi devenue accessible et apparaît comme un objet
d’étude légitime, même pour ces hautes périodes 2.
Les sociétés paysannes du haut Moyen Âge sont des collectivités
socialement et économiquement différenciées. Même à l’intérieur
d’organismes qui, comme le grand domaine, pourraient fonctionner
comme des laminoirs sociaux, elles produisent des élites et secrètent
1
J.-P. Devroey, Économie rurale et société dans l’Europe franque (vie-ixe siècle), Paris, 2004 ; Id.
« Communiquer et signifier entre seigneurs et paysans », in Comunicare e significare nell’alto
medioevo, Spolète, 2005 (Settimane di studio del Centro italiano di studi sull’alto medioevo,
52), p. 121-154. Surtout : Id., Puissants et misérables. Système social et monde paysan dans l’Europe
des Francs (vie-ixe siècle), Bruxelles, 2006 ; C. Wickham, Framing the Middle Ages. Europe and the
Mediterranean (400-800), Oxford, 2005. L. Feller, Paysans et seigneurs au Moyen Âge (viiie-
xve siècle), Paris, 2007.
2
L. Feller, « L’historiographie des élites rurales du haut Moyen Âge. Émergence d’un
problème ? », in L’historiographie des élites (actes de la table ronde tenue à l’université de
Marne-la-Vallée en janvier 2005, publié en ligne : http://lamop.univ-paris1.fr/lamop/
LAMOP/elites/feller.pdf). Voir, en dernier lieu, É. Renard, « Une élite paysanne en crise ?
Le poids des charges militaires pour les petits alleutiers entre Loire et Rhin au ixe siècle »,
in F. Bougard, L. Feller et R. Le Jan (dir.), Les élites au haut Moyen Âge : crises et renouvelle-
ments, Turnhout, 2006, p. 315-336.
257
3
Carte di famiglia. Strategie, rappresentazione e memoria del gruppo familiare di Totone di Campione
(721-877), éd. S. Gasparri et C. La Rocca, Rome, 2005 ; F. Bougard, « Pierre de Niviano,
dit le Spolétin, sculdassius, et le gouvernement du comté de Plaisance à l’époque carolin-
gienne », Journal des savants, 1996, p. 291-337. L. Feller, A. Gramain et F. Weber, La fortune
de Karol. Marché de la terre et liens personnels dans les Abruzzes au haut Moyen Âge, Rome, 2005
(Bibliothèque de l’École française de Rome, 347) ; K. Bullimore, « Folcwin of Rankweil :
the world of a Carolingian local officer », Early Medieval Europe, 13/1 (2005), p. 43-77 ; G. Ros-
setti, Società e istituzioni nel contado lombardo durante il medioevo, Cologno Monzese : i secoli VIII-X,
Milan, 1968, p. 10-122. L. Feller, « Dettes, stratégies matrimoniales et institution d’héritier :
sur l’élite paysanne lombarde aux ixe siècle », Revue historique, 310/2 (2008), p. 339-368.
258
4
Voir l’essai classique de Pierre Bonnassie : « Survie et extinction du régime esclavagiste
dans l’Occident du haut Moyen Âge (ive-ixe siècle) », Cahiers de civilisation médiévale, 28
(1985), p. 307-343 [= Les sociétés de l’an Mil. Un monde entre deux âges, Bruxelles, 2001 (Biblio-
thèque du Moyen Âge, 18), p. 85-142]. L. Feller, Paysans et seigneurs…, op. cit., p. 40-71.
5
C. Hammer, « Family and familia in early-medieval Bavaria », in R. Wall, J. Robin et
P. Laslett (dir.), Family forms in historic Europe, Cambridge, 1983, p. 217-248 ; Id., A large-
scale Slave Society of the early medieval Ages : Slaves and their Families in early-medieval Bavaria,
Abingdon, 2002.
6
L. Feller, « La population abruzzaise durant le haut Moyen Âge : les conditions de pos-
sibilité d’une croissance démographique », in R. Comba et I. Naso (dir.), Demografia e società
nell’Italia medievale, Cuneo, 1994, p. 327-349. J.-P. Devroey, Économie rurale et société dans
l’Europe franque (vie-ixe siècle), Paris, 2004, p. 70-75.
259
7
Ces institutions apparaissent sporadiquement dans la documentation à travers toutes les
périodes du Moyen Âge et mériteraient bien que l’enquête, à laquelle R. Aubenas appelait
dans les années 1930, ait effectivement lieu. Voir, mais pour le xve siècle, R. Aubenas,
« L’adoption en Provence au Moyen Âge (xive-xvie siècle) », Revue historique de droit français
et étranger, 58 (1934), p. 700-726 ; A. Courtemanche, « Women, family and immigration
in the fifteenth century Manosque : the case of the Dodi family of Barcelonette », in J. Dren-
del et K. Reyerson (dir.), Urban and rural communities in medieval Languedoc, Southern France
and Provence, Boston/Leyde, 1998, p. 101-127. Pour un exemple italien du xiiie siècle :
L. Feller, Paysans et seigneurs…, op. cit., p. 214-215 et, en dernier lieu : L. Feller, « Adop-
tion et servage en Italie centrale au xiiie siècle. L’exemple de la seigneurie du Mont-Cassin »,
à paraître dans Mélanges Jean-Marie Martin.
8
Chronicon Sanctae Sophiae, éd. J.-M. Martin, Rome, 2000 (Fonti per la storia dell’Italia
medievale , 3), t. 1, n° 27, p. 380-382 (a. 834) ; commentaire : L. Feller, Paysans et sei-
gneurs…, ibid., p. 45.
260
tation d’une tenure en mariant la veuve d’un tenancier avec celui qu’il
désigne comme son successeur, un personnage qui s’est distingué
dans la familia par ses compétences particulières en matière d’entre-
tien des moulins. Cet homme, un ancien libre enlevé lors d’un voyage
et vendu comme esclave, accepte le mariage, mais sous la pression
d’une forte contrainte, son maître menaçant de le vendre chez les
Saxons. La raison de sa réticence est simple : du temps de sa liberté,
il était marié et risque donc de se retrouver bigame du fait de l’union
voulue par son maître. Le récit précise que des rites particuliers sont
célébrés, soulignant ainsi qu’il s’agit bien d’une union définitive, des-
tinée à produire de la filiation, c’est-à-dire des enfants légitimes, et
des droits sur des choses, en l’occurrence une tenure dont il n’est pas
question que la veuve soit chassée 9. Le mariage servile, dans ce cas,
est une institution particulière qui ne tient pas compte des situations
antérieures, le changement de statut ayant entraîné la disparition de
tous les liens sociaux et juridiques établis avant la capture. Incluant
des rites, il produit une situation stable, analogue à celle du mariage
entre libres, la différence, mais elle est de substance, reposant sur
l’absence de consentement effectif des mariés.
La maisonnée, que l’on définit comme le collectif institué pour la
survie, c’est-à-dire d’abord pour la production et la consommation de
nourriture, autour d’une famille conjugale et, éventuellement, des
ascendants, ne peut pas être dissoute. Les enfants ne peuvent pas, sauf
exception, être ôtés à leurs parents et les couples, unis par le mariage,
ne peuvent pas non plus être séparés par la seule volonté du maître.
Ce collectif, dont la taille et la composition varie, peut inclure des
esclaves, comme c’est le cas à Redon 10. Il fournit la force de travail
nécessaire à la mise en valeur de la terre aussi bien paysanne que
seigneuriale. Enfin, les esclaves de peine, les prébendiers, sont deve-
nus minoritaires. Leur force de travail est l’un des éléments, non le
seul, dans la mise en valeur du domaine. En aucun cas, le système
économique du haut Moyen Âge ne peut être comparé à une écono-
mie de plantation 11. Ainsi, sur les 85 curtes possédées par S. Giulia di
9
Arbeo, Vita et passio sancti Haimhrammi martyris, éd. B. Krusch, MGH, SS rerum germanica-
rum in usum scholarum, 13, Hanovre, 1920, p. 85 sq. ; trad fr. A. Stoclet, Les sociétés en Europe,
Lyon, 2003, p. 70-72. C. Hammer, A large-scale…, op. cit., p. 133-135.
10
W. Davies, Small Worlds. The Village Community in Early Medieval Brittany, Berkeley/Los
Angeles, 1988.
11
P. Toubert, « Il sistema curtense : la produzione e lo scambio interno in Italia nei secoli
VIII, IX e X », in Economia naturale, economia monetaria, Turin, 1983 (Storia d’Italia Einaudi,
Annali 6), p. 5-63 [= L’Europe dans sa première croissance, Paris, 2004, p. 145-218].
261
12
P. Toubert, « Il sistema curtense… », ibid. L. Feller, Paysans et seigneurs…, op. cit., p. 54.
J.-P. Devroey, Puissants et misérables…, op. cit., p. 274-280.
13
Voir C. Wickham, Framing…, op. cit., p. 259-302.
14
G. Tessier, Recueil des actes de Charles le Chauve, II, Paris, 1952, n° 228, p. 7-9.
15
Chronicon Vulturnense del monaco Giovanni, éd. V. Federici, Rome, 1925 (Fonti per la
storia d’Italia, 58), p. 337-340, n° 72. L. Feller, « Liberté et servitude en Italie centrale
(viiie-xe siècle) », in Les formes de la servitude : esclavages et servages de la fin de l’Antiquité au
monde moderne (Actes de la table ronde des 12 et 13 décembre 1997) [= Mélanges de l’École fran-
çaise de Rome, 112 (2001/2)], p. 511-533.
262
16
D. Barthélemy, Chevaliers et miracles. La violence et le sacré dans la société féodale, Paris, 2004,
p. 182-186.
17
W. Davies, « On servile status in the Early Middle Ages », in M. Bush (dir.), Serfdom and
Slavery. Studies in Legal Bondage, Londres/New York, 1995, p. 225-246 et C. Wickham, Fra-
ming…, op. cit., p. 561-567.
263
mie sociale dont on ne sait pas toujours comment elle opère les dis-
tinctions. À Saint-Germain, on trouve mention de colons, de lites,
d’hommes de Saint-Germain. Marc Bloch pensait que seule la men-
tion « homme de » avait une réelle incidence 18. Sur les colons, par
exemple, la confusion lexicale peut être totale. Souvent libres, ils peu-
vent parfois cependant être de condition servile. Le mot peut désigner
aussi n’importe quel exploitant quel que soit son statut juridique 19.
Les conséquences concrètes de l’appartenance à tel ou tel groupe
juridique ne sont effectivement pas toujours très claires dans certains
polyptyques et notamment dans celui d’Irminon. Elles le sont davan-
tage dans d’autres inventaires comme par exemple celui de Bobbio,
où trois groupes différents sont énumérés : les arimanni, les livellarii
et les massari, chacun ayant des obligations propres rappelées par le
texte. Les arimanni, qui sont ici de simples tenanciers, doivent parti-
ciper à l’entretien des ponts et des voies publiques dans la région de
Plaisance. Les massari, des exploitants coutumiers peuvent ne pas être
libres. Quant aux livellarii, ils sont libres par définition, puisqu’ils dis-
posent d’un contrat écrit. L’articulation entre eux de ces groupes de
statut différent n’a rien d’évident. Une lecture attentive des deux
versions du polyptyque montre que la pression exercée sur les massari
et les livellarii tend à devenir identique et que, dans les années 860, il
n’y a plus de différence économique réelle entre les deux. L’avantage
d’être livellarius est alors devenu inexistant, du point de vue de ce qui
est dû au titre de la tenure 20.
2. Les fonctions
18
M. Bloch, « Comment et pourquoi finit l’esclavage antique », Annales ESC, 1947 [= Mélan-
ges historiques, I, Paris, 1963, p. 261-285], p. 30-43 et 161-170.
19
J.-P. Devroey, Puissants et misérables…, op. cit., p. 282.
20
« Adbreviatio de rebus omnibus, S. Colombano di Bobbio », in A. Castagnetti, M. Luzzati,
G. Pasquali et A. Vasina (dir.), Inventari altomedievali di terre, coloni e redditi, Rome, 1979
(Fonti per la storia d’Italia, 104), p. 130 et p. 151 ; L. Feller, Paysans et seigneurs…, op. cit.,
p. 34-35.
264
21
J.-P. Devroey, « Communiquer et signifier… », op. cit. ; Id., « Libres et non-libres sur les
terres de Saint-Remi de Reims : la notice judiciaire de Courtisols (13 mai 847) et le polyp-
tyque d’Hincmar », Journal des savants, 2006, p. 65-103 ; Id., Puissants et misérables…, op. cit.,
p. 492-499.
22
MGH, Concilia aevi Karolini (843-859), éd. W. Hartmann, Hanovre, 1984, p. 422.
265
23
MGH, Concilia aevi Karolini…, ibid. (p. 423) : Rex et largus debet esse et non, quod largitur, de
iniustitia vel iniquitate debet conquirere.
24
J.-P. Devroey, « Communiquer et signifier… », op. cit.
266
D. Barthélemy, Chevaliers et miracles. La violence et le sacré dans la société féodale, Paris, 2004,
25
p. 161-166.
267
26
L. Feller, A. Gramain et F. Weber, La fortune de Karol…, op. cit., p. 97, graphique n° 9.
27
H. Mendras, Les sociétés paysannes, Paris, 1976 (éd. refondue, 1995), p. 117.
268
28
G. P. Brogiolo, « La chiesa di San Zeno di Campione e la sua sequenza stratigrafica »,
in Carte di famiglia…, op. cit., p. 81-106.
29
C. Wickham, The Mountains and the City. The Tuscan Appennines in the Early Middle Ages,
Oxford, 1988, p. 40-67.
269
30
G. Rossetti, Società e istituzioni…, op. cit., p. 101-122 ; L. Feller, « Dettes, stratégies… »,
op. cit.
31
En 875, Rachiberga, veuve de Dragulf, l’un des membres de la famille des Leopegisi,
vend la moitié de sa Morgengabe à l’abbé de Saint-Ambroise pour une contrepartie de 60
sous : s’il s’agit effectivement d’un prix de marché, ce qu’il est difficile de démontrer à l’aide
de ce dossier, on peut évaluer la valeur du patrimoine de son mari au moment de son
mariage à 480 sous, ce qui est considérable. Il est manifeste qu’une transaction de cette
nature peut masquer bien d’autres négoces. Voir, pour les ordres de grandeur, L. Feller,
Les Abruzzes médiévales. Territoire économie et société en Italie centro-méridionale du ixe au xiie siècle,
Rome, 1998 (BEFAR, 300). Sur la légitimité d’une estimation de cette sorte et la typologie
des ventes, voir L. Feller, A. Gramain et F. Weber, La fortune de Karol…, op. cit.
270
32
W. Davies, Small Worlds…, op. cit., p. 86 sq.
271
33
F. Bougard, « Pierre de Niviano… », op. cit. K. Bullimore, « Folcwin of Rankweil… »,
op. cit.
272
34
C. Wickham, Framing…, op. cit., p. 535 sq.
35
R. Le Jan, « Justice royale et pratique sociale dans le royaume franc au ixe siècle », in La
giustizia nell’alto medioevo (secoli IX-XI), I, Spolète, 1997 (Settimane di studio del Centro ita-
liano di studi sull’alto medioevo, 44), p. 149-170 [= Femmes et pouvoir des femmes dans le haut
Moyen Âge, p. 149-170].
273
Ces officiers ne restent pas en charge toute leur vie, et leur fonction
n’a pas de caractère héréditaire. Pierre de Niviano cesse, à un certain
moment, d’être sculdassius. Dans les Abruzzes, le gastald Allo a résigné
sa charge au début des années 870 avant de se faire moine au monas-
tère de Casauria 36. Dans les années 850, il avait succédé à son beau-
père mais son propre fils, quant à lui, n’exerça par la suite aucune
fonction publique. Cependant, le prestige attaché à la fonction
demeure même après la sortie de charge, ainsi que l’attestent plu-
sieurs dossiers, dont celui du Salien Sisenand, installé dans les Abruz-
zes adriatiques vers 850. Disposant de liquidités importantes, il achète
beaucoup de terres : nous détenons une vingtaine d’actes, principa-
lement des achats, par lesquels il débourse la somme importante de
443 sous, auxquels il faut ajouter douze bœufs et une épée, afin de se
procurer des terres. Il achète fréquemment à des veuves qui lui cèdent
leur Morgengabe, ce qui le place en situation de protecteur, voire de
patron, de ces femmes. Gros propriétaire foncier, il n’est cependant
pas véritablement membre de l’élite locale. Son désir d’y entrer est la
seule explication possible au mariage qu’il contracte au début des
années 870 et qui précipite sa ruine. Il épouse, en effet, la veuve d’un
gastald franc, nommé Juston, que ses fils avaient placée dans un cou-
vent. Dénoncé à l’évêque et à l’empereur, il est condamné à payer une
composition ruineuse. L’alliance avec un groupe familial puissant,
dont un membre avait exercé une fonction publique d’ampleur locale,
a donc eu suffisamment d’attraits pour que Sisenand coure ce ris-
que.
Présence et activité sur le marché de la terre en tant qu’acheteur,
capacité à redistribuer des terres pour qu’elles soient mises en valeur,
capacité aussi à intervenir dans le secteur du crédit, détention d’une
fonction et d’un titre, apparaissent ainsi, à côté de la possession de
l’église locale, comme les paramètres permettant aux hiérarchies vil-
lageoises de s’établir.
36
L. Feller, Les Abruzzes médiévales…, op. cit., p. 649.
274
37
L. Feller, « La charte d’incastellamento de Sant’Angelo in Theodice. Édition et com-
mentaire », in D. Barthélemy et J.-M. Martin (dir.), Liber Largitorius. Études d’histoire médié-
vale offertes à Pierre Toubert par ses élèves, Paris, 2003, p. 87-110.
38
Sur le castrum producteur de hiérarchies sociales, voir P. Toubert, Les structures du Latium
médiéval. Le Latium méridional et la Sabine du ixe siècle à la fin du xiie siècle, Rome, 1973 (BEFAR,
221), p. 1103-1126.
275
276
J
squ’il y a une vingtaine d’années, les études consacrées à la ville
u
au haut Moyen Âge invoquaient invariablement le schéma pro-
posé par Max Weber 1 : selon ce dernier, le premier millénaire
de notre ère aurait vu disparaître la polis antique, communauté
politique orientée vers la guerre, pour voir s’épanouir la « ville médié-
vale », dont les caractéristiques essentielles auraient été l’artisanat et
le commerce. Les causalités et la chronologie proposées par le socio-
logue allemand pour expliquer cette évolution furent abondamment
discutées dans les dernières années, mais l’idée maîtresse demeurait.
À une époque que l’on situait désormais après le vie siècle, les villes
n’auraient plus constitué des centres importants pour l’activité mili-
taire – car les principaux responsables de celle-ci, et notamment le
comte, se seraient éloignés des grandes agglomérations –, sans pour
autant abriter, durant une phase de transition, une activité commer-
ciale de grande ampleur – car cette dernière se serait étiolée dans
l’Occident du premier Moyen Âge avant de renaître quelques siècles
plus tard. Les élites sociales liées à ces deux fonctions auraient donc
disparu de la ville, et au sein de celle-ci, la seule autorité subsistante
aurait été celle de l’évêque et de son clergé 2. Si l’on admet ce schéma
global et que l’on souhaite analyser comment les sociétés urbaines
1
Ce texte inachevé, qui portait le titre Die nichtlegitime Herrschaft. Typologie der Städte dans le
manuscrit de M. Weber, fut publié à titre posthume : « Die Stadt. Eine soziologische Unter-
suchung, von Max Weber », Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik, 47/3 (1921), p. 621
sq. ; on pourra le consulter plus aisément dans l’édition de C. Haase (dir.), Die Stadt des
Mittelalters, I, Begriff, Entstehung und Ausbreitung, Darmstadt, 1969, p. 34 sq. Pour l’histoire
de ce texte, cf. K.-L. Ay, « Max Weber über die Stadt », in F. Mayrhöfer (dir.), Stadtgeschichts-
forschung. Aspekte, Tendenzen, Perpsektiven, Linz, 1993, p. 69-80.
2
Dans l’abondante bibliographie consacrée à l’évolution de la ville entre Antiquité et
Moyen Âge, on pourra consulter notamment : N. Christie et S. T. Loseby (dir.), Towns in
transition. Urban Evolution in Late Antiquity and the Early Middle Ages, Aldershot, 1996 ;
C. Lepelley et al. (dir.), La fin de la cité antique et le début de la cité médiévale de la fin du iiie siè-
cle à l’avènement de Charlemagne. Actes du colloque tenu à Paris X-Nanterre (avril 1993), Bari,
1996 ; J.-H. W. G. Liebeschütz, Decline and Fall of the Roman City, Oxford, 2001 ; et
T. Dutour, La ville médiévale : origines et triomphe de l’Europe urbaine, Paris, 2003.
277
3
On adopte ici l’expression proposée, pour une période légèrement postérieure, par
R. Fossier, Enfance de l’Europe, xe-xiie siècle. Aspects économiques et sociaux, t. 2, Paris, 1982
(Nouvelle Clio, 17bis), p. 980 sq.
4
Il est bien évident que ces deux villes, particulièrement importantes, ne sont pas représen-
tatives pour leur époque ; mais même si leur cas est exceptionnel, il peut suffire pour exclure
278
l’idée d’un monopole épiscopal complet sur la vie publique urbaine du haut Moyen Âge.
5
P. Riché, « La représentation de la ville dans les textes littéraires du ve au ixe siècle », in
C. Lepelley et al. (dir.), La fin de la cité antique…, op. cit., p. 183-190. Cf. également
T. Dutour, La ville médiévale…, op. cit., p. 40 sq., qui s’appuie sur des dossiers proposés par
D. Alibert, Les Carolingiens et leurs images. Iconographie et idéologie, Paris, 1994.
6
Cette idée d’Henri Pirenne est présentée par T. Dutour, La ville médiévale…, ibid.,
p. 33.
7
A. Werminghoff, MGH, Conc. aevi Karolini, 1, 1906, n° 34, c. 10, p. 251. Cité par R. Bor-
done, « La citta in età carolingia », in P. Godman, J. Jarnut et P. Johanek (dir.), Am Vorabend
der Kaiserkrönung. Das Epos « Karolus Magnus et Leo papa » und der Papstbesuch in Paderborn
799, Berlin, 2002, p. 323-333.
279
Une cité est un grand nombre d’hommes réunis par un lien de commu-
nauté ; elle tire son nom de celui des citoyens, c’est-à-dire des habitants
de la ville, parce qu’elle réunit et contient les vies d’un grand nombre de
gens. Car la ville, c’est à proprement parler les bâtiments ; quant à ce
qu’on appelle la cité, ce ne sont pas les pierres, mais les habitants 10.
8
Quattuor portae a quattuor plagis mundi sunt positae, totumque aedificium triginta tres torres
exornant, murus vero illius de quadris lapidibus usque in viginti pedes, desuper a minuto lapide
aedificatum habetur, habens in altum pedes triginta, in lato pedes quindecim. Qui, cur non civitas
dicta sit, ignoro. Grégoire de Tours, Dix livres d’histoire, éd. B. Krusch, MGH, SS rer. Merov.
I, 1, Hanovre, 1937, p. 120.
9
On sait en effet que Dijon dépendit du siège de Langres jusqu’en 1731 : P. Gras (dir.),
Histoire de Dijon, Toulouse, 1987. À propos des termes employés par Grégoire, cf. C. Hervé,
« Les mots de l’urbain dans l’œuvre de Grégoire de Tours », Revue archéologique du centre de
la France, 42 (2003), p. 217-225.
10
Civitas est hominum multitudo societatis vinculo adunata, dicta a civibus, id est, ab ipsis incolis
urbis, pro eo quod plurimorum consciscat, et contineat vitas. Nam urbs ipsa moenia sunt, civitas autem
non saxa, sed habitatores vocantur. Isidore de Séville, Étymologies, XV, 2, 1, éd. W. M. Lindsay,
Oxford, 1911. On cite là la traduction de J.-Y. Guillaumin et P. Monat, Besançon, 2004,
p. 9.
11
R. Bordone, « La citta… », op. cit., p. 324 sq.
280
ville constitue ainsi un corps à part, pour lequel on peut donc légiti-
mement envisager l’existence d’élites spécifiques. Celles-ci ont-elles
laissé des traces dans nos sources ?
Une façon d’identifier les groupes dominants, même si ce n’est
pas la seule, consiste à examiner les fonctions institutionnalisées de
direction. Parmi ces dernières, le domaine des armes constitue natu-
rellement une source d’autorité considérable ; mais à propos du
monde urbain du haut Moyen Âge, il ne nous éclaire guère. On a
certes constaté que dans le cas de Rome, le Liber pontificalis n’évoque
que rarement le rôle militaire du pape, alors que les conflits sont
pourtant mentionnés abondamment dans cette source. Il faut donc
envisager l’existence d’autres responsables de la guerre à Rome, qui
disposent ainsi d’une autorité considérable passée sous silence par
l’auteur de ce texte, mais nous ne pouvons que spéculer à propos de
leur identité et de leur place dans la Ville 12. Ailleurs dans le monde
occidental, la période considérée voit souvent s’éloigner de la ville le
comte, principal responsable militaire attesté dans nos sources.
En revanche, d’autres fonctions de pouvoir, héritées des institu-
tions curiales de l’Empire romain, restent documentées au moins
jusqu’au ixe siècle. C’est ainsi, en particulier, que les titres de curiales
ou de viri honorati apparaissent fréquemment, mentionnés notam-
ment dans les formulaires, mais aussi sur les sceaux de notables
romains retrouvés dans la crypte de Balbus à Rome et datés du pre-
mier tiers du viiie siècle 13. On a pourtant fait remarquer que la curie,
telle qu’elle gouverne la ville au début de l’Empire romain, a disparu
des sources postérieures au vie siècle et, en particulier, n’est pratique-
ment jamais mentionnée lors de la distribution d’actes officiels 14.
12
F. Marazzi, « Aristocrazia e società (secoli VI-XI) », in A. Vauchez (dir.), Roma medievale,
Rome/Bari, 2001 (Storia di Roma dall’antichità ad oggi, 2), p. 41-70, ici p. 43 sq.
13
Pour l’équivalence entre curialis et honoratus, cf. M. Fixot, « Une image idéale, une réa-
lité difficile : les villes du viie au ixe siècle », in G. Duby (dir.), Histoire de la France urbaine,
t. 1 (La ville antique), Paris, 1980, p. 497-563, ici p. 498 sq. On trouvera une liste des occur-
rences dans les formulaires chez C. Wickham, Framing the Early Middle Ages. Europe and the
Mediterranean 400-800, New York, 2005, p. 599 sq. À propos des sceaux de la crypte de
Balbus, F. Marazzi, « Sigilli dai depositi di VII e VIII secolo dell’esedra della Crypta Balbi »,
in P. Delogu et al. (dir.), Roma dall’antichità al medioevo. Archeologia e storia nel Museo Nazionale
Romano - Crypta Balbi, Rome, 2001, p. 257-265.
14
J.-H. W. G. Liebeschütz, The Decline…, op. cit., p. 104 sq. ; C. Wickham, Framing…, op.
cit., p. 111 sq. et 598-599. Rappelons tout de même qu’un extrait du formulaire de Marculf
incite à penser que, dans la seconde moitié du viie siècle, les curiales jouaient encore un
rôle dans la tenue des gesta municipalia, même si on n’était plus obligé de faire appel à eux :
Marculf, Formulaire, II, 37, éd. K. Zeumer, MGH Leg., V, Berlin, 1886, p. 97. On pourrait
objecter qu’il ne s’agissait là que d’un formulaire, qui reflétait peut-être une réalité déjà
281
Dans ces conditions, qu’est devenu le rôle exact d’un curialis ? L’his-
toriographie tenta de résoudre le problème en suggérant que, par un
effet de catachrèse, ce terme serait devenu purement honorifique :
les habitants d’une ville encore auraient pu rechercher ce titre, mais
cela ne leur aurait fourni aucun pouvoir significatif 15. Mais dans ce
cas, il est difficile d’expliquer les mesures normatives prises contre
eux ou la grande précision fournie par d’autres sources à ce propos.
Ainsi, vers le milieu du viie siècle, le pape Vitalien tempête contre
« ceux qui se comportent comme des assesseurs alors qu’ils sont des
curiales ». Dans la seconde moitié du ixe siècle, Hadrien II emploie le
terme avec réprobation au même titre que le concubinage, suivi par
Hincmar qui rappelle l’interdiction, pour les porteurs de ce titre,
d’accéder à la fonction épiscopale 16. Manifestement, le curialis a donc
perdu en prestige depuis le début de notre ère, au moins aux yeux
d’un homme d’Église : qui aurait songé auparavant, à la grande épo-
que des évergètes, à exclure un membre de la curie de l’épiscopat ?
Il n’en reste pas moins que, même s’il a changé de sens à l’époque
carolingienne, ce terme est encore répandu, correspondant à une
activité bien réelle et fournissant à son détenteur une fierté évidente.
Ainsi, même si elle n’est peut-être plus liée au gouvernement de la
ville, et même si son activité précise nous échappe, une élite laïque
urbaine subsiste apparemment, au moins dans les principaux centres
de l’Occident, issue du système municipal romain.
Mais aux fonctions institutionnalisées de direction s’ajoute l’acti-
vité économique et commerciale. Certes, tout commerçant n’est pas
membre de l’élite, mais il l’est d’autant plus que son activité s’exerce
sur une grande échelle. Or sans évoquer ici la chronologie du déclin
disparue au viie siècle ; mais pour cette période en Gaule, on ne pourra pas invoquer
d’autres sources, ni pour envisager la permanence des curiales ni pour affirmer leur dispa-
rition.
15
« (…) pas plus de pouvoir que le lord-mayorship d’une ville britannique actuelle », écrit
C. Wickham (Framing…, op. cit., p. 599).
16
Vitalien, Epistolae, éd. R. Schieffer, « Kreta, Rom und Laon. Vier Briefe des Papstes
Vitalian vom Jahre 668 », in H. Mordek (dir.), Papsttum, Kirche und Recht im Mittelalter.
Festschrift für Horst Fuhrmann zum 65. Geburtstag, Tübingen, 1991, p. 15-30, ici p. 29 : cogno-
vimus, quod quemdam curialem, nomine Eulampium, habeat quasi consiliarium. Hadrien II, Epis-
tolae, éd. E. Perels, MGH, Ep., VI, Berlin, 1925, p. 751 : Photius vir forensis, curialis, neophytus,
invasor, atque adulter, nec non et anathemate condemnatus (…). Hincmar, De coercendo et exstir-
pando raptu viduarum, puellarum ac sanctimonialium (PL, 125, col. 1036) : Jurent majores civi-
tatis ad Evangelia de persona electa ad episcopatum, quod neque uxorem habuerit pro certam neque
concubinam, neque sit curialis vel taxeota, sed sanctus et litteratus (…). Il est vrai que cette inter-
diction avait déjà été formulée à l’époque tardo-antique ; mais il est intéressant qu’Hincmar
la reprenne encore à son compte au ixe siècle.
282
17
Annales Fuldenses, a. 886, éd. F. Kurze, MGH, SRG 7, Hanovre, 1891, p. 104 : Optima pars
Mogontiae civitatis, ubi Frisiones habitabant, post mediam quadragesimam mense Martio conflagravit
incendio. L’incendie se déclara suite à une attaque normande : sans doute ce quartier était-
il une cible particulièrement attractive pour les pillards.
18
Liber pontificalis, éd. L. Duchesne, Paris, 1886-1892, t. 2, p. 6 (Vita Leonis III, XIX). On
trouvera d’autres exemples chez P. Racine, « Associations de marchands et associations de
métiers en Italie de 600 à 1200 », in B. Schwineköper (dir.), Gilden und Zünfte. Kaufmän-
nische und gewerbliche Genossenschaften im frühen und hohen Mittelalter, Sigmaringen, 1985
(Vorträge und Forschungen, 29), p. 127-149, ici p. 137 sq.
19
R. Schieffer, « Die Karolinger in Rom », in Roma fra Oriente e Occidente, t. 1, Spolète, 2002
(Settimane di studi del Centro italiano di studi sull’alto medioevo, 49), p. 101-127, ici
p. 121 sq.
20
P. Racine, « Associations de marchands… », op. cit., p. 138. La même interprétation est
proposée par A. Mohr, Das Wissen über die Anderen. Zur Darstellung fremder Völker in den frän-
kischen Quellen der Karolingerzeit, Münster/New York/Munich/Berlin, 2005 (Studien und
Texte zum Mittelalter und zur frühen Neuzeit, 7), p. 92.
283
21
On cite là C. Wickham, Framing…, op. cit., p. 598.
284
22
Voir, en dernier lieu, R. McKitterick, « Geschichte und Gedächtnis im frühmittelalter-
lichen Bayern : Virgil, Arn und der Liber Vitae von St. Peter zu Salzburg », in M. Nieder
korn-Bruck et A. Scharer (dir.), Erzbischof Arn von Salzburg, Vienne/Munich, 2004,
p. 68-80, ici p. 79.
23
Rappelons qu’Arn était déjà âgé de quelque trente-six ans lors de son départ pour la
Francie en 778. Cf. W. Störmer, « Der junge Arn in Freising. Familienkreis und Weggenos-
sen aus dem Freisinger Domstift », in M. Niederkorn-Bruck et A. Scharer (dir.), Erzbischof
Arn…, ibid., p. 9-26, ici p. 9 et 10.
24
W. Störmer, « Der junge Arn… », ibid., p. 19 sq. L’auteur évoque notamment Leidrade
qui, encore présent à Freising en 779, obtint le siège de Lyon en 797 ; ou encore Wulfher,
qui devint évêque de Vienne en 778.
25
W. Störmer, « Der junge Arn… », ibid. Les premières donations dans lesquelles sa famille
apparut étaient relativement modestes. Ce ne fut que dans un second temps, après son
intégration dans le chapitre cathédral de Freising (en 756), que son horizon social acquit
une dimension européenne.
285
26
H. Dopsch, « Die Zeit der Karolinger und Ottonen », in H. Dopsch et H. Spatzenegger
(dir.), Geschichte Salzburgs. Stadt und Land, t. I/1, Salzbourg, 1981, p. 157-228, ici p. 161.
27
T. Lienhard, « De l’intérêt d’une identité ethnique : les chefs slaves dans la Chrétienté
d’après la Conversio Bagoariorum et Carantanorum », dans R. Corradini, R. Meens, C. Pössel
et P. Shaw (dir.), Texts and Identities in the Early Middle Ages, Vienne, 2006 (Forschungen zur
Geschichte des Mittelalters, 13), p. 401-412.
28
Ce fut en effet l’évêque Ermenrich de Passau qui, en 867, pour la première fois dans une
source crédible, franchit les frontières de l’Empire franc pour diffuser le christianisme chez
un peuple slave indépendant, en l’occurrence celui des Bulgares. Cf. H. Löwe, « Ermenrich
von Passau, Gegner des Methodius. Versuch eines Persönlichkeitsbildes », in T. Piffl-
Perčević et A. Stirnemann (dir.), Der Heilige Method, Salzburg und die Slawenmission. Beiträge
des internationalen Symposiums vom 20. bis 22. September 1985 in Salzburg, Innsbruck, 1987,
p. 230-234. On a également imputé au même évêché les premières traces d’une présence
chrétienne en Moravie, attestée en 852 : E. Boshof, « Das ostfränkische Reich und die
Slawenmission im 9. Jahrhundert : die Rolle Passaus », dans D. R. Bauer et al. (dir.), Mönch-
tum – Kirche – Herrschaft 750-1000, Sigmaringen, 1996, p. 51-76.
286
29
N. Heger, « Die Römerzeit », in H. Dopsch et H. Spatzenegger (dir.), Geschichte
Salzburgs…, op. cit., p. 75-91, ici p. 85 sq.
30
H. Dopsch, « Salzburg zur Zeit Erzbischof Arns », in M. Niederkorn-Bruck et A. Scha-
rer (dir.), Erzbischof Arn…, op cit., p. 27-55, ici p. 29 sq.
287
31
On trouvera un utile bilan de ces discussions chez R.-H. Bautier, « Sacres et couronne-
ments sous les Carolingiens et les premiers Capétiens : recherches sur la genèse du sacre
royal français », Annuaire-Bulletin de la Société de l’histoire de France, ann. 1987-1988 (1989),
p. 7-56.
32
Pour tout le paragraphe qui suit, cf. M. Becher, « Die Reise Papst Leos III. zu Karl dem
Großen. Überlegungen zu Chronologie, Verlauf und Inhalt der Paderborner Verhandlun-
gen des Jahres 799 », in P. Godman et al. (dir.), Am Vorabend…, op. cit., p. 87-112, ici p. 101
sq.
288
33
L’analyse qui suit est due à K. Herbers, « Das Bild Leos III. in der Perspektive des Liber
Pontificalis », in M. Niederkorn-Bruck et A. Scharer (dir.), Erzbischof Arn…, op cit.,
p. 137-154.
34
K. Herbers, « Das Bild Leos III… », ibid., p. 140.
35
K. Herbers, « Das Bild Leos III… », ibid., p. 147 sq.
289
36
R. Santangeli Valenzani, « Residential Building in Early Medieval Rome », in J. Smith
(dir.), Early Medieval Rome and the Christian West. Essays in honour of Donald A. Bullough, Leyde/
Boston, 2000, p. 101-112.
37
Théophane, Chronographie, éd. C. de Boor, I, Leipzig, 1883, p. 472.
38
Les éléments qui suivent sont entièrement dus à H. Wolfram et M. Diesenberger [« Arn
und Alkuin 790 bis 804 : zwei Freunde und ihre Schriften », in M. Niederkorn-Bruck et
al. (dir.), Erzbischof Arn…, op. cit., p. 81-106], ainsi qu’aux suggestions orales de Max Die-
senberger, qui m’a tout appris à propos de ce dossier.
290
39
Annales sancti Amandi a. 797, éd. G. Pertz, MGH, SS, 1, Hanovre, 1826, p. 14. La lettre
de Léon III est mentionnée dans une lettre d’Angilbert de Saint-Riquier : Alcuin, Epistolae,
éd. Dümmler, MGH, Ep., 4, Berlin, 1895, p. 235 ; pour les trois lettres d’Alcuin lui-même
concernant ce dossier, cf. p. 235, 245 sq. et 254. Le voyage d’Arn à Rome est mentionné
également (sans qu’on y indique sa cause) dans un texte salzbourgeois de 877 : F. Lošek
(éd.), Die Conversio Bagoariorum et Carantanorum und der Brief des Erzbischofs Theotmar von
Salzburg, Hanovre, 1997 (MGH, Studien und Texte, 15), p. 114. Tous ces textes – à l’exception
de la Conversio, plus tardive –, furent regroupés à Salzbourg dans un même manuscrit du
début du ixe siècle, l’actuel Cvp 795 de la Staatsbibliothek de Vienne, dans lequel ils étaient
précédés – et ce n’est évidemment pas un hasard – par une description topographique de
Rome.
40
Alcuin, Epistolae, ibid., p. 309. Pour la datation de cette lettre, cf. H. Wolfram et M. Die-
senberger, Arn und Alkuin…, op. cit., p. 86, note 42.
41
Le pape s’est vu reprocher un adulterium et un periurium, et les Romains s’en sont pris
également, plus généralement, à ses mœurs. Cf. Alcuin, Epistolae, ibid., p. 297 et 309. À
propos du procès de 800, les Annales royales évoquent simplement les « crimina » reprochés
au pape ; mais celui-ci est alors disculpé.
291
292
N
el febbraio del 903 Angelo, abate della chiesa principesca di
S. Massimo di Salerno, disponeva delle sue ultime volontà con
due atti paralleli e complementari 1. Nel primo si definiva
abate di S. Massimo e affidava al principe Guaimario, proprietario
della chiesa, l’esecuzione di alcuni lasciti in favore di S. Massimo e dei
suoi chierici; con il secondo atto Angelberto, «presbiter et abbas filius
Leoni habitatores in Noceria» (Nocera, un insediamento rurale a
Nord di Salerno), disponeva altri lasciti in favore dei suoi familiari,
residenti a Nocera, e dava indicazioni per la distribuzione a poveri e
sacerdoti dell’equivalente di cinquanta solidi da trarre dal suo patri-
monio. L’identificazione dell’Angelberto presbiter et abbas di Nocera e
dell’Angelo abate di S. Massimo di Salerno è resa possibile solo dal
confronto dell’alcune disposizioni complementari dei due atti a pro-
posito di una corte, già appartenuta a un Mauro figlio di Ermemari.
L’esibizione di due identità diverse, una salernitana e l’altra nocerina,
fino dal nome, è evidente. Rivolgendosi al suo ambiente d’origine
l’abate intenzionalmente evitò di nominare la chiesa salernitana di
cui era titolare e rivendicò l’appartenenza alla comunità nocerina,
nonostante la vicinanza strettissima al principe salernitano : nella
documentazione superstite dei secoli IX-XI questo è l’unico caso di
un principe che si fa esecutore di ultime volontà.
Nella loro assoluta eccezionalità i due «testamenti» di Angelo/
Angelberto sono il migliore esempio di alcuni problemi posti con
urgenza dalla documentazione sui principati longobardi meridionali.
Fra il IX e l’XI secolo Salerno fu con Capua e Benevento a capo di
uno dei tre distinti organismi politici emersi dall’originaria unità del
principato beneventano, rimasto sostanzialmente ai margini del domi-
nio carolingio (prima di dividersi Capua e Benevento ebbero una
1
Codex diplomaticus Cavensis [d’ora in avanti citato come CDC]; I, ed. M. Morcaldi,
M. Schiani e S. De Stefano, Napoli, 1873; II-VIII, ed. Id., Milano/Pisa/Napoli, 1875-1893;
IX-X, ed. S. Leone e G. Vitolo, Badia di Cava, 1984 e 1990; vedi qui I, n. 117 e 118.
293
2
Sul principato di Salerno vedi P. Delogu, «Il principato longobardo di Salerno. La prima
dinastia», in G. Galasso e R. Romeo (dir.), Storia del Mezzogiorno, II/1 (Il Medioevo), Napoli,
1988, pp. 237-277; Id., Mito di una città meridionale (Salerno, secoli VIII-XI), Napoli, 1977;
V. Loré, «L’aristocrazia salernitana nell’XI secolo», in P. Delogu e P. Peduto (dir.), Salerno
nel XII secolo. Istituzioni, società, cultura, Salerno, 2004, pp. 61-102; H. Taviani-Carozzi, La
principauté lombarde de Salerne (ixe-xie siècle). Pouvoir et société en Italie lombarde méridionale, I-II,
Roma, 1991 (Bibliothèque de l’École française de Rome, 152). Sul principato di Capua e
Benevento N. Cilento, Le origini della signoria capuana nella Longobardia minore, Roma, 1966
(Studi Storici, 20); J.-M. Martin, «Éléments préféodaux dans les principautés de Bénévent
et de Capoue (fin du viiie siècle-début du xie siècle): modalités de privatisation du pouvoir»,
in Structures féodales et féodalisme dans l’Occident méditerranéen (xe-xiiie siècle), Roma, 1980 (Biblio-
thèque de l’École française de Rome, 44), pp. 553-586; S. Gasparri, «Il ducato e il princi-
pato di Benevento», in G. Galasso e R. Romeo (dir.), Storia del Mezzogiorno…, op. cit.,
pp. 83-146; V. Loré, «Sulle istituzioni nel Mezzogiorno longobardo. Proposta di un
modello», Storica, 29 (2004), pp. 27-55. Sull’VIII e il IX secolo vedi anche G. B. V. West,
«Charlemagne’s involvement in central and southern Italy: power and the limits of autho-
rity», Early Medieval Europe, 8 (1999), pp. 341-367.
3
V. Loré, «Sulle istituzioni…», ibid., p. 41.
4
V. Loré, «L’aristocrazia salernitana…», op. cit., pp. 74-76.
294
5
Sui caratteri dell’aristocrazia comitale salernitana vedi in generale, V. Loré, «L’aristocra-
zia salernitana…», op. cit.
6
Per l’onomastica capuana di molti conti salernitani vedi H. Taviani-Carozzi, La princi-
pauté lombarde…, op. cit., nota 152 a p. 753; la cooptazione di conti beneventani nel comita-
tus salernitano si ricava dal confronto fra CDC, II, n. 220 (963) e III, n. 469 (994).
7
Un conte Raidolfo ex genere francorum in CDC, VI, n. 881 (1034).
8
Come il Mansone gastaldo di Costantino in CDC, IV, n. 558 (1004).
9
H. Taviani-Carozzi, La principauté lombarde…, op. cit., pp. 784-800.
295
10
Il trasferimento di Godeni a Salerno emerge dal confronto fra CDC, IV, n. 674 (1014,
Nocera), precedente l’assunzione dell’ufficio di conte, IV, n. 687 (1015, Salerno) e VI,
n. 1054 (1045, Salerno).
11
CDC, IV, n. 674 (1014).
12
CDC, VI, n. 1054 (1045).
13
Da questo punto di vista è analogo il caso abruzzese di IX secolo analizzato in L. Feller,
A. Gramain e F. Weber, La fortune de Karol. Marché de la terre et liens personnels dans les Abruz-
zes au haut Moyen Âge, Roma, 2005 (Bibliothèque de l’École française de Rome, 347), in
particolare pp. 53 sq. e 96 sq.
14
CDC, VI, n. 881 (1034).
15
CDC, I, n. 183 (953). Un Maione vicedominus in CDC, I, n. 32 (848) e 79 (la data dell’875
riportata dagli editori va corretta in 832); nuova edizione degli ultimi due documenti in
Chartae latinae antiquiores. Facsimile-Edition of the Latin Charters, 2nd Series: Ninth Century [d’ora
in poi CLA²], ed. G. Cavallo e G. Nicolaj, L (Italy XXII), ed. M. Galante, Dietikon/
Zurigo, 1997, n. 26 e 12.
296
assenti 16; l’appartenenza alle fila dei conti e dei gastaldi (una vera e
propria gerarchia) e la compartecipazione alla sfera dei poteri pub-
blici era sostanzialmente l’unico criterio che definiva con precisione
la vicinanza al principe e l’eminenza sociale. I casi di Vivo e di Godeni
mostrano come fosse possibile accedere alla gerarchia venendo dalle
campagne; ma il rapporto fra potere pubblico e territorio era biuni-
voco. Oltre al movimento che portava dalle società rurali verso l’élite
urbana, ne esisteva un altro, che andava dalla città verso le società
rurali. Il vettore principale del movimento dalla città verso le società
rurali erano le chiese private, nel principato di Salerno numerose e
con caratteri peculiari. Il primo e il più importante esempio di queste
fondazioni si intreccia con le origini stesse del principato autonomo
salernitano.
Alla metà del IX secolo il conte Guaiferio, esponente di una delle
famiglie più prestigiose dell’aristocrazia longobarda beneventana e
futuro principe di Salerno, acquistò nel territorio di Nocera una serie
di terreni, pagando nel complesso alcune decine di solidi 17, con prezzi
che non sembrano allontanarsi molto da quelli comuni per l’epoca,
in quel territorio 18. Dopo essere divenuto principe, Guaiferio trasferì
alla sua fondazione di S. Massimo la gran parte delle terre acqui-
state 19. L’operazione condotta da Guaiferio non doveva essere isolata;
probabilmente altri nobili salernitani, che nei decenni successivi risul-
16
In generale sul Mezzogiorno longobardo vedi J.-M. Martin, «Éléments préféodaux…»,
op. cit.; sulle fedeltà a Salerno H. Taviani-Carozzi, La principauté lombarde…, op. cit., pp. 685
sq.
17
CDC, I, n. 35 (852) = CLA², L, n. 29: acquisto per 50 solidi; CDC, I, n. 45 (856) = CLA²,
LI (Italy XXIII), ed. F. Magistrale, Dietikon/Zurigo, 1998, n. 5: donazione ricevuta da
Guaiferio; CDC, I, n. 51 (857) = CLA², LI, n. 11: acquisto per 5 solidi; CDC, I, n. 58 (859)
= CLA², LI, n. 19: acquisto per 4 solidi; CDC, I, n. 78 (874) = CLA², LII (Italy XXIV), ed.
M. Galante, Dietikon/Zurigo, 1998, n. 4: acquisto per 6 tremissi. Sulla carriera di Guaife-
rio vedi P. Delogu, «Il principato longobardo…», op. cit., pp. 245-250, passim, e ibid.,
pp. 254-256, sulle monete in uso nel Salernitano nel IX secolo.
18
Vedi per esempio CDC, I, n. 12 (822) = CLA², L, n. 8: 8 solidi; CDC, I, n. 23 (843) = CLA²,
L, n. 18: 20 solidi; CDC, I, n. 49 (857) = CLA², LI, n. 9: 35 solidi; e i riferimenti più avanti,
alle note 32 e 33.
19
Lo studio di riferimento su S. Massimo rimane la monografia di B. Ruggiero, Principi,
nobiltà e Chiesa nel Mezzogiorno longobardo. L’esempio di s. Massimo di Salerno, Napoli, 1973; vedi
anche H. Taviani-Carozzi, La principauté lombarde…, op. cit., pp. 409 sq. e recentemente
L. Feller, «Les politiques des familles aristocratiques à l’égard des églises en Italie cen-
trale», in C. La Rocca e R. Le Jan (dir.), Sauver son âme et se perpétuer. Transmission du patri-
moine et mémoire au haut Moyen Âge. Actes de la table ronde, Padoue, 2002, Roma, 2005 (Biblio-
thèque de l’École française de Rome, 351), pp. 265-292, particolarmente le pp. 273-275.
297
20
Vedi per esempio CDC, I, n. 28 (848) = CLA², L, n. 22; CDC, I, n. 59 (860) = CLA², LI,
n. 20; CDC, I, n. 99 (884) = CLA², LII, n. 23; CDC, I, n. 121 (905).
21
La mancanza di precisi riferimenti all’estensione delle terre nei documenti salernitani
dell’epoca e la serie abbastanza limitata di compravendite sconsiglia analisi dettagliate come
in L. Feller, Les Abruzzes médiévales. Territoire, économie et société en Italie centrale du ixe au
xiie siècle, Roma, 1998 (Bibliothèque de l’École française de Rome, 300), pp. 386-418, e
molto più ampiamente in L. Feller, A. Gramain e F. Weber, La fortune de Karol…, op. cit.
22
Cfr. l’esempio studiato da C. Wickham, «Vendite di terra e mercato della terra in Toscana
nel secolo XI», Quaderni Storici, 65 (1987), pp. 355-377, poi (in inglese) in Id., Land and
Power: studies in Italian and European social history, 400-1200, Londra, 1994, pp. 257-274.
23
Come emerge dal confronto fra CDC, I, n. 130 (912), 96 (882) = CLA², LII, n. 21 e CDC,
I, n. 102 (890) = CLA², LII, n. 25.
24
CDC, I, n. 140 e 141 (923): alcuni parenti del defunto abate Giovanni cedono i loro beni
a S. Massimo per riottenerli in concessione e sfuggire così al pagamento delle imposte.
25
Sulla chiesa vedi P. Delogu, Mito di una città…, op. cit., pp. 144-147.
26
CDC, II, n. 425 (990).
298
27
Sulle vicende della chiesa e della famiglia di Paldolfo cfr. H. Taviani-Carozzi, La princi-
pauté lombarde…, op. cit., pp. 869 sq., con le osservazioni in V. Loré, «L’aristocrazia salerni-
tana…», op. cit., nota 157.
28
Indicazioni e bibliografia in V. Loré, «L’aristocrazia salernitana…», ibid.
29
CDC, III, n. 534 (995); 477 (995) = P. Cherubini, Le pergamene di San Nicola di Gallucanta
(secc. IX-XII), Altavilla Silentina (SA), 1990, n. 27 e 28. La chiesa stessa fu acquistata, non
fondata, dalla famiglia comitale che ne conservò poi per un secolo e mezzo la proprietà:
CDC, III, n. 494 (996) = P. Cherubini, Le pergamene…, op. cit., n. 30.
30
V. Loré, «L’aristocrazia salernitana…», op. cit., pp. 65 e 71-74.
31
Come in CDC, II, n. 376 (985).
32
CDC, I, n. 33 (849) = CLA², L, n. 27; CDC, I, n. 34 (850) = CLA², L, n. 28; CDC, I, n. 82
(878) = CLA², LII, n. 7; CDC, I, n. 84 (880) = CLA², LII, n. 9.
299
33
I figli di Selberam compiono acquisti in CDC, I, n. 12 (822) = CLA², L, n. 8: otto solidi;
CDC, I, n. 15 (826) = CLA², L, n. 11: tre solidi e due tremissi; CDC, I, n. 16 (835) = CLA²,
L, n. 13: un solido; CDC, I, n. 23 (843) = CLA², L, n. 18: 20 solidi; CDC, I, n. 24 (844) = CLA²,
L, n. 19: 14 solidi.
34
CDC, I, n. 49 (857) = CLA², LI, n. 9; CDC, I, n. 57 (859) = CLA², LI, n. 18; CDC, I, n. 62
(866) = CLA², LI, n. 24; CDC, I, n. 72 (872) = CLA², LI, n. 32; CDC, I, n. 99 (884) = CLA²,
LII, n. 23; CDC, I, n. 104 (893) = CLA², LII, n. 27; CDC, I, n. 124 (908), 125 (909), 188
(955), 191 (956), 195 (957). Il più attivo è un presbitero Ractipert, che acquista terre in
CDC, I, n. 49 (857) = CLA², LI, n. 9: 35 solidi; CDC, I, n. 50 (857) = CLA², LI, n. 10: 16 solidi;
CDC, I, n. 57 (859) = CLA², LI, n. 18: 17 solidi; CDC, I, n. 62 (866) = CLA², LI, n. 24: quattro
tremissi.
35
CDC, II, n. 241 (966), 332 (981), 401 (988), 436 (991), 493 (996); IV, n. 617 (1009),
625 (1009) ecc.
36
Sulla famiglia vedi H. Taviani-Carozzi, La principauté lombarde…, op. cit., pp. 378-380,
444-445 e 736-740, con le osservazioni contenute in V. Loré, «L’aristocrazia salernitana…»,
op. cit., nota 4.
300
37
Per le proprietà familiari dei principi vedi CDC, VII, n. 1083 (1047) e R. Volpini, Diplomi
sconosciuti dei principi longobardi di Salerno e dei re normanni di Sicilia, in Raccolta di studi in
memoria di G. Soranzo (= Contributi dell’Istituto di Storia medievale dell’Università cattolica del Sacro
Cuore, I), Milano, 1968, n. 4 (1047), pp. 506-510. Sui documenti cfr. Taviani-Carozzi, La
principauté… cit., pp. 353-354 e 857-859. Per le terre del fisco vedi CDC, IX, n. 106 (1071),
126 e 127 (1072).
38
Cfr. H. Taviani-Carozzi, La principauté lombarde…, op. cit., pp. 911-914.
39
Sull’Italia meridionale vedi, recentemente, L. Feller, «L’économie des territoires de
Spolète et de Bénévent du vie au xe siècle», in I Longobardi dei ducati di Spoleto e Benevento.
Atti del XVI Congresso internazionale di studi sull’alto medioevo, Spoleto-Benevento, 2002, Spoleto,
2003, pp. 205-242.
40
Per i comitatus cilentani vedi CDC, V, n. 834 (1031) e 859 (1033); cfr. H. Taviani-Carozzi,
La principauté lombarde…, op. cit., pp. 865-866.
301
41
Anticipo qui i primi risultati di una ricerca ancora in corso sull’aristocrazia capuana nei
secoli X e XI.
42
Regii Neapolitani Archivi Monumenta, ed. A. Spinelli, A. de Aprea, M. Baffi, G. Genovesi
e G. Seguino, IV, Napoli, 1854, n. 272 (1004).
43
Vedi per esempio E. Gattola, Ad historiam abbatiae Cassinensis accessiones, Venezia, 1734,
I, pp. 94-97 (999?).
44
In CDC, IV, n. 605 (1008), p. 121, Adelberto e Rodelgrimo, i comites di Magliano, in
Cilento, rinunciano a eventuali diritti pubblici sulle terre di una chiesa sita nel territorio
da loro controllato e sugli uomini che la coltivano. L’onomastica sembra collegare i due
personaggi all’ambiente aristocratico salernitano, piuttosto che ai comitatus collettivi del
Cilento. H. Taviani-Carozzi, La principauté lombarde…, op. cit., p. 1038 e nota 145, ha
espresso dei dubbi sull’autenticità del documento, ma la sua opinione è contrastata in modo
molto argomentato da G. Vitolo, «Il monastero», in F. Volpe (ed.), Mille anni di storia. San
Mango Cilento, Napoli, 1994, pp. 56-58.
45
Indicazioni in V. Loré, «Sulle istituzioni…», op. cit., pp. 37-41.
302
46
Sui Borrelli vedi M. Del Treppo, «La vita economica e sociale in una grande abbazia del
Mezzogiorno: San Vincenzo al Volturno nell’alto Medioevo», in Archivio Storico per le Provin-
cie Napoletane, 35 (1956, nuova serie), pp. 104 sq., e C. Wickham, Il problema dell’incastella-
mento nell’Italia centrale. L’esempio di San Vincenzo al Volturno, Firenze, 1985, poi in P. Delogu,
F. De Rubeis, F. Marazzi, A. Sennis e C. Wickham, San Vincenzo al Volturno. Cultura, istitu-
zioni, economia, Montecassino, 1996, pp. 103-149, qui le pp. 115-116.
47
Sui conti di Aquino vedi ancora F. Scandone, «Il gastaldato di Aquino dalla metà del
secolo IX alla fine del X», Archivio Storico per le Provincie Napoletane, 33 (1908), pp. 720-735
e 34 (1909), pp. 49-77; anche L. Feller, «La charte d’«incastellamento» de Sant’Angelo
in Theodice. Édition et commentaire», in D. Barthélemy e J.-M. Martin (dir.), Liber Lar-
gitorius. Études d’histoire médiévale offertes à Pierre Toubert par ses élèves, Ginevra, 2003,
pp. 93-94.
303
E
n matière d’accès au prince et de sa régulation, la hiérarchie
permet de distinguer les personnes qui ont effectivement la
possibilité, en raison de leur rang ou de la qualité de leurs
relations, de demander audience au souverain et de lui présenter leur
requête, mais l’identité des intermédiaires ne reflète pas que les dif-
férences de prestige et d’entregent : elle dépend certainement autant
de la personnalité des protagonistes que de leur dignité. Dans le cadre
d’une réflexion collective sur la hiérarchie dans l’Occident médiéval,
l’on voudrait ainsi se demander en quoi la manière dont on appro-
chait le roi pour lui demander une faveur peut (ou ne peut pas) nous
aider dans l’appréhension des élites et de leur hiérarchisation. Fort
logiquement, la structure de la cour et l’identité de ses membres ont
depuis longtemps retenu l’attention des historiens 1 ; dans une pers-
pective diplomatique, on connaît bien le processus de prise de déci-
sion donnant lieu à l’expédition d’un diplôme 2, et parmi les tendan-
1
À titre d’exemples, cf. J.-F. Lemarignier, Le gouvernement royal aux premiers temps capétiens
(987-1108), Paris, 1965 ; E. Bournazel, Le gouvernement capétien au xiie siècle, 1108-1180.
Structures sociales et mutations institutionnelles, Paris, 1975 ; J. Boussard, Le gouvernement
d’Henri II Plantagenêt, Paris, 1956, notamment p. 339-394 (deuxième partie, chap. 6 : « Le
pouvoir central. La cour et le prince ») ; Ph. Depreux, Prosopographie de l’entourage de Louis
le Pieux (781-840), Sigmaringen, 1997 ; S. Glansdorff, Potentes saeculi. Pouvoir séculier et
royauté sous le règne de Louis le Germanique (826-876), thèse dactylographiée, 2 vol., université
libre de Bruxelles, 2006. Pour une approche chronologiquement plus large, cf. P. Moraw,
Deutscher Königshof, Hoftag und Reichstag im späteren Mittelalter, Stuttgart, 2002 (Vorträge und
Forschungen, 48) ; A. Marchandisse et J.-L. Kupper (dir.), À l’ombre du pouvoir. Les entou-
rages princiers au Moyen Âge, Genève, 2003 (Bibliothèque de la Faculté de philosophie et
lettres de l’université de Liège, 283). Sur l’influence exercée par le De ordine palatii d’Hinc-
mar de Reims, cf. W. Rösener, « Königshof und Herrschaftsraum : Norm und Praxis der
Hof- und Reichsverwaltung im Karolingerreich », in Uomo e spazio nell’alto medioevo, t. 1,
Spolète, 2003 (Settimane di studio del Centro italiano di studi sull’alto medioevo, 50),
p. 443-478, notamment aux p. 453-462.
2
R.-H. Bautier, « Critique diplomatique, commandement des actes et psychologie des
souverains du Moyen Âge », Académie des inscriptions et belles-lettres. Comptes rendus des séances,
1978, p. 8-26, p. 593-611, rééd. dans Id., Chartes, sceaux et chancelleries. Études de diplomatique
et de sigillographie médiévales, 2 vol., Genève, 1990 (Mémoires et documents de l’École des
chartes, 34) ; Id., « La chancellerie et les actes royaux dans les royaumes carolingiens »,
305
Il arriva bien des fois qu’en été il allait s’asseoir au bois de Vincennes,
après sa messe, et s’adossait à un chêne et nous faisait asseoir autour de
lui. Et tous ceux qui avaient une affaire venaient lui parler, sans être gênés
Bibliothèque de l’École des chartes, 142 (1984), p. 5-80, rééd. dans Id., Chartes, sceaux…, ibid.,
p. 461-536.
3
G. Althoff, Spielregeln der Politik im Mittelalter. Kommunikation in Frieden und Fehde, Darm-
stadt, 1997 ; Id., Inszenierte Herrschaft. Geschichtsschreibung und politisches Handeln im Mittelalter,
Darmstadt, 2003.
4
G. Althoff, « Colloquium familiare – colloquium secretum – colloquium publicum. Beratung im
politischen Leben des früheren Mittelalters », Frühmittelalterliche Studien, 24 (1990),
p. 145-167 [= Spielregeln der Politik…, ibid., p. 157-184] ; Id., « Verwandtschaft, Freundschaft,
Klientel. Der schwierige Weg zum Ohr des Herrschers », in Id., Spielregeln der Politik…, ibid.,
p. 185-198.
5
Ph. Depreux, « Les préceptes pour les Hispani de Charlemagne, Louis le Pieux et Charles
le Chauve », in Ph. Sénac (dir.), Aquitaine – Espagne (viiie-xiiie siècle), Poitiers, 2001 (Civilisation
médiévale, 12), p. 19-38.
6
Joinville, Vie de saint Louis, éd. J. Monfrin, Paris, 1995, p. 31 (c. 59).
306
La scène (…) est faite pour souligner l’opposition entre la libre accessibi-
lité à la justice personnelle du roi et les écrans qui s’interposent entre les
plaignants et l’appareil judiciaire de plus en plus lourd, déjà un peu sous
Louis IX et beaucoup plus sous Philippe le Bel (…). C’est le modèle idéa-
lisé d’un gouvernement monarchique direct, personnel, qu’a connu le
jeune Joinville et qu’il oppose au modèle contemporain d’une monarchie
bureaucratique dont il déprécie, dans sa vieillesse et sa nostalgie, le fonc-
tionnement, et où il voit la personne du roi se dérober derrière elle 9.
7
Généralement, les membres de l’entourage royal sont un passage obligé, voire font écran.
En ce qui concerne le haut Moyen Âge, cf. Ph. Depreux, « Le rôle du comte du Palais à la
lumière des sources relatives au règne de l’empereur Louis le Pieux (814-840) », Frühmit-
telalterliche Studien, 2000 (34), p. 94-111.
8
J. Le Goff, Saint Louis, Paris, 1996, p. 703.
9
J. Le Goff, Saint Louis…, ibid., p. 484, note 4.
10
Astronomus, Das Leben Kaiser Ludwigs, éd. E. Tremp, MGH, Scriptores rerum Germanicarum
in usum scholarum separatim editi, 64, Hanovre, 1995, p. 340 (c. 19).
11
Helgaud de Fleury, Vie de Robert le Pieux (Epitoma vitae regis Roberti), éd. R.-H. Bautier
et G. Labory, Paris, 1965 (Sources d’histoire médiévales publiées par l’Institut de recherche
307
Il faut en vérité que le roi fasse entrer à son audience la cause des pauvres
et l’examine avec diligence ; nous sommes amenés à le comprendre quand
nous lisons que dans les temps anciens les juges siégeaient, pour juger, à
la porte de la ville, afin que nul citoyen n’ait de difficulté d’accès ou ne
doive supporter la violence ou la calomnie. C’est ainsi que Jérusalem fut
appelée la cité du juste, aussi longtemps qu’on y rendit la justice, car les
juges n’y laissaient pas subsister l’iniquité 12.
tandis que ces délibérations avaient lieu en l’absence du roi, celui-ci res-
tant avec la foule recevait les présents, saluait les grands, s’entretenait avec
ceux qu’il voyait rarement, compatissait aux souffrances des vieillards, se
réjouissait avec les jeunes… 13.
Quand il se baignait, la société était nombreuse : outre ses fils, ses grands,
ses amis et même de temps à autre la foule de ses gardes du corps étaient
conviés à partager ses ébats et il arrivait qu’il y eût dans l’eau avec lui
jusqu’à cent personnes ou même davantage 14.
et d’histoire des textes, 2), p. 76 (c. 11). À ce propos, cf. C. Carozzi, « Le roi et la liturgie
chez Helgaud de Fleury », in Hagiographie, cultures et sociétés, ive-xiie siècle. Actes du colloque
organisé à Nanterre et à Paris (2-5 mai 1979), Paris, 1981, p. 417-432.
12
Jonas d’Orléans, Le métier de roi (De institutione regia), éd. A. Dubreucq, Paris, 1995
(Sources chrétiennes, 407), p. 206-207 (c. 5).
13
Hincmar de Reims, De ordine palatii, éd. T. Gross et R. Schieffer, MGH, Fontes iuris
Germanici antiqui in usum schlorarum separatim editi, 3, Hanovre, 1980, p. 92 (c. 7). Le texte
est cité d’après la traduction de Maurice Prou : Hincmar, De ordine palatii, texte latin traduit
et annoté, Paris, 1885 (Bibliothèque de l’École des hautes études, 58), p. 91 (c. 35).
14
Éginhard, Vie de Charlemagne, éd. L. Halphen, Paris, 1938, p. 69 (c. 22).
15
Il s’agit d’Alchred, roi de Northumbrie, 765-774.
16
Vita s. Willehadi, in Acta sanctorum. Novembris, t. 3, éd. C. De Smedt et alii, Bruxelles, 1910,
p. 843 (c. 1) : (…) convocato ad se episcoporum aliorumque Dei servorum non minimo conventu
(…). Cette Vita fut rédigée à Echternach sous le règne de Lothaire Ier, cf. G. Niemeyer, « Die
308
nous permet pas d’avoir quelque certitude sur cette assemblée, qui
n’est pas attestée par ailleurs 17. On peut en outre se demander si ce
n’est pas, au contraire, à la faveur d’un synode que le prêtre Willehad
se fraya un chemin jusqu’au roi.
Herkunft der Vita Willehadi », Deutsches Archiv für Erforschung des Mittelalters, 12 (1956),
p. 17-35.
17
C. Cubitt, Anglo-Saxon Church Councils, c. 650-c. 850, Londres, 1995, p. 291.
18
G. Althoff, « Verwandtschaft, Freundschaft… », op. cit.
19
L’abbé Grimald était mort le 13 juin 872.
20
Ratpert, St. Galler Klostergeschichten (Casus sancti Galli), éd. H. Steiner, MGH, Scriptores
rerum Germanicarum in usum scholarum separatim editi, 75, Hanovre, 2002, p. 218-220 (c. 29) :
Post obitum vero Grimaldi fratres iuxta permissam sibi licentiam protinus cum maximo unanimitatis
consensu Hartmotum sibi elegerunt abbatem. Cum quo pariter quidam de senioribus fratrum ad piis-
simum regem Hludowicum devenerunt. Qui cum eorum consensum et desiderium comperisset, sicut
prius disposuit, Hartmoto monasterium cum omni securitatis libertate contradidit, nulla addita vel
interposita causa, per quam aliquomodo ulterius violari potuisset huius securitatis integritas.
21
T. Zotz, « Ludwig der Deutsche und seine Pfalzen. Königliche Herrschaftspraxis in der
Formierungsphase des Ostfränkischen Reiches », in W. Hartmann (dir.), Ludwig der Deutsche
und seine Zeit, Darmstadt, 2004, p. 27-46.
22
Die Urkunden Ludwigs des Deutschen, Karlmanns und Ludwigs des Jüngeren, éd. P. Kehr, MGH,
Diplomata regum Germaniae ex stirpe Karolinorum, 1, Berlin, 1934, p. 200-202 (diplôme de
309
Louis le Germanique n° 144). Cet acte est, de fait, le premier document du chartrier de
Saint-Gall où Hartmut est attesté comme abbé.
23
Die Urkunden Karls III., éd. P. Kehr, MGH, Diplomata regum Germaniae ex stirpe Karolinorum,
2, Berlin, 1937, p. 101-103 (n° 60).
24
Ratpert, St. Galler…, op. cit., p. 230 (c. 31).
25
Sur la diversité des modes d’appréhension de cette problématique, cf. désormais
H.-W. Goetz, Vorstellungsgeschichte. Gesammelte Schriften zu Wahrnehmungen, Deutungen und
Vorstellungen im Mittelalter, Bochum, 2007.
26
Les Annales de Flodoard, éd. P. Lauer, Paris, 1905, p. 2 (a. 920).
27
Richer, Histoire de France (888-995), éd. R. Latouche, Paris, 1930, t. 1, p. 38-42 (I,
c. 16).
28
Ph. Depreux, « Le comte Haganon, favori de Charles le Simple, et l’aristocratie d’entre
Loire et Rhin », in M. Gaillard et M. Margue (dir.), De la mer du Nord à la Méditerranée :
Francia Media, une région au cœur de l’Europe. Actes du colloque de Metz/Luxembourg/Trèves, février
2006, à paraître.
29
Recueil des actes de Charles III le Simple, roi de France, éd. P. Lauer, Paris, 1940. Il s’agit des
actes n° 90, 95, 106, 108, 112 et 121.
310
30
P. Willmes, Der Herrscher-“Adventus” im Kloster des Frühmittelalters, Munich, 1976 (Mün-
stersche Mittelalter-Schriften, 22).
31
Ermold le Noir, Poème sur Louis le Pieux et Épîtres au roi Pépin, éd. E. Faral, Paris, 1932,
p. 62 (In honorem Hludowici, I, v. 788-789). À ce propos, cf. Ph. Depreux, « La pietas comme
principe de gouvernement d’après le Poème sur Louis le Pieux d’Ermold le Noir », in J. Hill
et M. Swan (dir.), The Community, the Family and the Saint : Patterns of Power in Early Medieval
Europe, Selected Proceedings of the International Medieval Congress, University of Leeds, 4-7 July
1994, 10-13 July 1995, Turnhout, 1998, p. 201-224.
32
Notker der Stammler, Taten Kaiser Karls des Grossen (Gesta Karoli magni imperatoris), éd.
H. H. Haefele, MGH, Scriptores rerum Germanicarum, Nova series, 12, Berlin, 1959, p. 55-57
(II, c. 6). Les études consacrées aux Gesta Karoli de Notker sont nombreuses ; cf. notamment
H. Löwe, « Das Karlsbuch Notkers von St. Gallen und sein zeitgeschichtlicher Hinter-
grund », Schweizerische Zeitschrift für Geschichte, 20 (1970), p. 269-302 ; H.-W. Goetz, Struk-
turen der spätkarolingischen Epoche im Spiegel der Vorstellungen eines zeitgenössischen Mönchs. Eine
Interpretation der « Gesta Karoli » Notkers von Sankt Gallen, Bonn, 1981 ; D. Ganz, « Humour
as history in Notker’s Gesta Karoli magni », in E. B. King, J. T. Schaefer et W. B. Wadley
(dir.), Monks, Nuns, and Friars in Mediaeval Society, Sewanee, 1989 (Sewanee Medieval Stud-
ies, 4), p. 171-183 ; S. MacLean, Kingship and politics in the late ninth century. Charles the Fat
and the end of the Carolingian Empire, Cambridge, 2003 (Cambridge Studies in Medieval Life
and Thought. Fourth series, 57), p. 199-229. Sur la représentation de Charlemagne, la
bibliographie est également abondante ; à titre d’exemple, on peut citer : J. Semmler, « Der
vorbildliche Herrscher in seinem Jahrhundert : Karl der Große », in H. Hecker (dir.), Der
Herrscher. Leitbild und Abbild in Mittelalter und Renaissance, Düsseldorf, 1990 (Studia huma-
niora, 13), p. 43-58.
33
La source principale s’avère l’admonitio adressée au roi Carloman par l’archevêque Hinc-
mar de Reims, qui dit s’inspirer d’un traité plus ancien, dû à Adalhard de Corbie : Hincmar
de Reims, De ordine palatii…, op. cit., MGH. Sur la critique implicite ou explicite de la cour
que peut receler la description de cette dernière, cf. R. Köhn, « Militia curialis. Die Kritik
am geistlichen Hofdienst bei Peter von Blois und in der lateinischen Literatur des 9.-12.
Jahrhunderts », in A. Zimmermann (dir.), Soziale Ordnungen im Selbstverständnis des Mittelalters,
Berlin, 1979 (Miscellanea mediaevalia, 12/1), p. 227-257.
34
Notamment le Capitulare de disciplina palatii Aquisgranensis : Capitularia regum Francorum,
éd. A. Boretius, MGH, Capitularia regum Francorum, 1, Hanovre, 1883, p. 297-298
311
(n° 146).
35
Ce texte est édité dans : Richard Fitz Nigel, Dialogus de Scaccario. The Course of the
Exchequer, and Constitutio Domus Regis. The Establishment of the Royal Household, éd. C. John-
son, Oxford, 1983, p. 129-135.
36
Cf. W. Paravicini, « Europäische Hofordnungen als Gattung und Quelle », in H. Kruse
et W. Paravicini (dir.), Höfe und Hofordnungen, 1200-1600, Sigmaringen, 1999 (Residenz-
forschung, 10), p. 13-20.
37
Notker der Stammler, Gesta Karoli…, op. cit., p. 338 (I, c. 11).
38
Notker der Stammler, Gesta Karoli…, ibid., p. 366 (I, c. 29).
39
Suger, Vie de Louis VI le Gros, éd. H. Waquet, Paris, 1929, p. 280 (c. 34) : Nos autem
familiares ejus et quoscumque sanioris consilii repperire potuit… Sur Éginhard, cf. H. Schefers
(dir.), Einhard. Studien zu Leben und Werk, Darmstadt, 1997 (Arbeiten der Hessischen Histo-
rischen Kommision, N.F., 12).
312
40
Ermold le Noir, Poème sur Louis…, op. cit., p. 206 (v. 53-54).
41
Hincmar de Reims, De ordine palatii…, op. cit. (éd. MGH, p. 78), c. 5/25.
42
É. Mabille, La pancarte noire de Saint-Martin de Tours brûlée en 1793, restituée d’après les
textes imprimés et les manuscrits, Paris, 1866, p. 128-129 (n° CXVI).
43
The monks of Redon, Gesta Sanctorum Rotonensium and Vita Conuuoionis, éd. C. Brett,
Woodbridge, 1989, p. 132-134 (Gesta, I, c. 8).
44
The monks of Redon, Gesta…, ibid., p. 134-136 (Gesta, I, c. 9).
45
Cf. l’évocation des « Bretons » dans la Vie d’Alcuin : Vita Alcuini, éd. W. Arndt, MGH,
Scriptores 15/1, Hanovre, 1887, p. 193 (c. 18). À ce propos, cf. B. Merdrignac, « Bretons
et Irlandais en France du Nord, vie-viiie siècle », in J.-M. Picard (dir.), Ireland and Northern
France, AD 600-850, Dublin, 1991, p. 119-142, à la p. 141.
313
46
Sur l’enjeu politique que revêt la fondation de l’abbaye de Redon, cf. J. M. H. Smith,
« Culte impérial et politique frontalière dans la vallée de la Vilaine : le témoignage des
diplômes carolingiens dans le cartulaire de Redon », in Landévennec et le monachisme breton
dans le haut Moyen Âge. Actes du colloque du 15e centenaire de l’abbaye de Landévennec, 25-27 avril
1985, s. l. [Landévennec], 1986, p. 129-139.
47
The monks of Redon, Gesta…, op. cit., p. 136-140 (I, c. 10). Sur l’évêque d’Alet, cf.
Ph. Depreux, Prosopographie…, op. cit., p. 244.
48
Recueil des actes de Charles III le Simple…, op. cit., t. 1, p. 29-33 (n° 18).
49
Recueil des actes de Charles III le Simple…, ibid., p. 5-7 (n° 5).
50
G. Schneider, Erzbischof Fulco von Reims (883-900) und das Frankenreich, Munich, 1973
(Münchener Beiträge zur Mediävistik und Renaissance-Forschung, 14), p. 224-225.
314
Le filtrage
51
Loup de Ferrières, Correspondance, éd. L. Levillain, 2 vol., Paris, 1927-1935. On trou-
vera toutes les références utiles dans l’introduction à l’édition du diplôme du 27 décembre
843 : Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France, éd. G. Tessier, t. 1, Paris, 1943,
p. 74-77 (n° 30). Sur la correspondance de Loup de Ferrières, cf. A. Ricciardi, L’epistolario
di Lupo di Ferrières. Intellettuali, relazioni culturali e politica nell’età di Carlo il Calvo, Spolète, 2005
(Istituzioni e società, 7).
52
Éginhard, Vie de Charlemagne…, op. cit., p. 73 (c. 24).
53
Éginhard s’inspire ici de ce que Suétone relate à propos de Vespasien et d’Auguste.
54
Cf. Ph. Depreux, « Le rôle du comte du Palais… », op. cit.
55
Cf. Ph. Depreux, « Le comte Matfrid d’Orléans (avant 815-† 836) », Bibliothèque de l’École
des chartes, 152 (1994), p. 331-374.
56
Vita Benedicti abbatis Anianensis et Indensis auctore Ardone, éd. G. Waitz, MGH, Scriptores,
t. 15/1, Hanovre, 1887, p. 215 (c. 35) ; Ardon, Vie de Benoît d’Aniane, éd. P. Bonnerue,
F. Baumes et A. de Vogüé, Bégrolles-en-Mauges, 2001 (Vie monastique, 39), p. 94-95
(c. 35).
315
57
Cf. Ph. Depreux, Prosopographie…, op. cit., p. 123-129.
58
Ph. Depreux, Prosopographie…, ibid., p. 57-59.
59
Die Urkunden Pippins, Karlmanns und Karl des Grossen, éd. E. Mühlbacher, MGH, Diplomata
Karolinorum, 1, Hanovre, 1906, n° 104, 139, 140 et 150.
60
Die Urkunden Pippins…, ibid., n° 183, 202 et 208.
61
R.-H. Bautier, « La chancellerie… », op. cit., p. 34.
316
62
G. Tessier, Diplomatique royale française, Paris, 1962, p. 108.
63
Die Urkunden Pippins…, op. cit., n° 187.
64
C’est probablement à la suite de sa participation à la révolte du duc de Frioul, Rodgaud,
qu’Aio avait trouvé refuge chez les Avars, où Pépin d’Italie le fit prisonnier en 796. À ce
propos, cf. W. Pohl, Die Awaren. Ein Steppenvolk in Mitteleuropa, 567-822 n. Chr., Munich,
1988 (2e éd. 2002), p. 313 ; sur le destin ultérieur de ce personnage, cf. S. Esders, « Regio-
nale Selbstbehauptung zwischen Byzanz und dem Frankenreich. Die inquisitio der Rechts-
gewohnheiten Istriens durch die Sendboten Karls des Großen und Pippins von Italien », in
S. Esders et T. Scharff (dir.), Eid und Wahrheitssuche. Studien zu rechtlichen Befragungsprakti-
ken in Mittelalter und früher Neuzeit, Francfort-sur-le-Main, 1999, p. 49-112, à la p. 50, n. 4.
65
Cf. supra note 51.
66
Die Urkunden Pippins…, op. cit., n° 208.
317
67
Die Urkunden Pippins…, ibid., n° 181.
68
Die Urkunden der Merowinger, éd. T. Kölzer, MGH, Diplomata, 1, Hanovre, 2001, t. 1,
n° 131, p. 333 : ad suggestionem precelse regine nostre Chrodochilde seo et inlustri viro Berchario
maiorem domos nostri…
69
Die Urkunden der Merowinger…, ibid., n° 173.
70
Die Urkunden der Merowinger…, ibid., n° 143.
71
Pour les aspects diplomatiques, il suffira ici de renvoyer aux travaux de R.-H. Bautier.
Parmi les aspects politiques, deux décisions au moins traduisent la reconnaissance d’une
nécessité du partage du pouvoir, dont participe le recours aux intermédiaires : l’énonciation
d’une théorie de la participation au ministère royal et la promotion de la reine au statut de
consors regni ; à ce propos, cf. O. Guillot, « Une ordinatio méconnue : le capitulaire de
823-825 », in P. Godman et R. Collins (dir.), Charlemagne’s Heir. New Perspectives on the Reign
of Louis the Pious (814-840), Oxford, 1990, p. 455-486 [= Arcana imperii (ive-xie siècle). Recueil
d’articles, Limoges, 2003 (Cahiers de l’Institut d’anthropologie juridique, 10), p. 371-408] ;
F.-R. Erkens, « Sicut Esther regina. Die westfränkische Königin als consors regni », Francia.
Forschungen zur westeuropäischen Geschichte, 20/1 (1993), p. 15-38.
318
72
J.-F. Lemarignier, « Les fidèles du roi de France (936-987) », in Recueil de travaux offerts
à M. Clovis Brunel…, t. 2, Paris, 1955, p. 138-162.
73
J.-F. Lemarignier, Le gouvernement royal…, op. cit., p. 44-46 et 68-76.
74
G. Althoff, Spielregeln der Politik…, op. cit., p. 191.
75
H. Schnorr von Carolsfeld, « Das Chronicon Laurissense breve », Neues Archiv der
Gesellschaft für ältere deutsche Geschichtskunde, 36 (1911), p. 13-39, à la p. 38.
76
S. Patzold, « Konflikte im Kloster Fulda zur Zeit der Karolinger », Fuldaer Geschichtsblät-
ter, 76 (2000), p. 69-162.
77
Vita Eigilis abbatis Fuldensis auctore Candido, c. 4, MGH, Scriptores 15/1, Hanovre, 1887,
p. 224.
319
78
Vita Eigilis…, ibid., c. 9, ibid., p. 225-226.
79
F. Lošek, Die Conversio Bagoariorum et Carantanorum und der Brief des Erzbischofs Theot-
mar von Salzburg, Hanovre, 1997 (MGH, Studien und Texte, 15), p. 122 (c. 11). Sur Priwina,
cf. P. Štih, « Priwina : slawischer Fürst oder fränkischer Graf ? », in K. Brunner et B. Merta
(dir.), Ethnogenese und Überlieferung. Angewandte Methoden der Frühmittelalterforschung, Vienne,
1994 (Veröffentlichungen des Instituts für Österreichische Geschichtsforschung, 31),
p. 209-222.
80
F. Lošek, Die Conversio Bagoariorum… », op. cit., p. 120-122 (c. 10).
81
Ratpert, St. Galler…, op. cit., p. 160 (c. 3) : (…) fratres utriusque coenobii episcopum pariter
adierunt, rogantes, ut privilegia eis apud principem adquireret (…).
82
Ph. Depreux, Prosopographie…, op. cit., p. 54-55.
320
83
A. Uddholm, Marculfi Formularum libri duo, Uppsala, 1962, p. 326 (II, 51) : Indecolum ad
homines potentes palatinus, maxime ad cognitos sibi.
84
M. Parisse, La correspondance d’un évêque carolingien. Frothaire de Toul (ca 813-847) avec les
lettres de Theuthilde, abbesse de Remiremont, Paris, 1998 (Textes et documents d’histoire médié-
vale, 2) ; cf. notamment la contribution de J. Barbier, « L’évêque et le palais », p. 27-40.
On trouve le même style de correspondance chez Theuthilde de Remiremont (cf. ibid.,
p. 151-163).
85
Notker der Stammler, Gesta Karoli…, op. cit., p. 6 (I, c. 4).
86
Outre l’article de F.-R. Erkens (« Sicut Esther regina… », op. cit.), cf. P. Delogu, « Consors
regni : un problema carolingio », Bulletino dell’istituto storico italiano per il medio evo e archivio
Muratoriano, 76 (1964), p. 47-98 ; Ph. Depreux, Prosopographie…, op. cit., p. 50-51. Sur
Judith, cf. A. Koch, Kaiserin Judith : eine politische Biographie, Husum, 2005 (Historische
Studien, 486).
87
Hincmar de Reims, De ordine palatii…, op. cit., MGH, p. 72, c. 22.
88
Recueil des actes de Charles III le Simple…, op. cit., n° 5, 7, 10, 11, 14, 15, 22, 23, 27, 32, 35,
39 et 41 (interventions d’Adélaïde), et 57 (intervention de Frérone).
321
89
Vita Eigilis abbatis Fuldensis auctore Candido, c. 5, MGH, Scriptores 15/1, Hanovre, 1887,
p. 224.
90
Recueil des actes de Charles III le Simple…, op. cit., n° 80.
91
Sur ce qui suit, cf. Ph. Depreux, « La dimension “publique” de certaines dispositions
“privées” : fondations pieuses et memoria en Francie occidentale aux ixe et xe siècles », in
F. Bougard, C. La Rocca et R. Le Jan (dir.), Sauver son âme et se perpétuer. Transmission du
patrimoine et mémoire au haut Moyen Âge, Rome, 2005 (Bibliothèque de l’École française de
Rome, 351), p. 331-378.
322
Conclusion
92
Recueil des actes de Charles III le Simple…, op. cit., n° 108 : (…) nobis bene fidele (…).
93
Die Urkunden Ludwigs des Deutschen…, op. cit., p. 197-198 (n° 141).
94
À ce propos, cf. également Ph. Depreux, « Die Schenkung an die Kirche als bleibende
Erinnerung an das Verhältnis zwischen Herrscher und fideles im Frühmittelalter », in
G. Krieger (dir.), Soziale Lebens- und Kommunikationsformen im Mittelalter. 12. Symposium des
Mediävistenverbandes in Trier (19.-22 März 2007), Berlin, 2009, p. 317-326.
95
À ce propos, cf. Ph. Depreux, « Lieux de rencontre, temps de négociation : quelques
observations sur les plaids généraux sous le règne de Louis le Pieux », in R. Le Jan (dir.),
La royauté et les élites dans l’Europe carolingienne (du début du ixe siècle aux environs de 920), Vil-
leneuve d’Ascq, 1998 (Centre d’histoire de l’Europe du Nord-Ouest, 17), p. 213-231.
323
C
omme ses contemporaines, la société hispano-wisigothique est
organisée par la notion d’ordo. L’ordre voulu par Dieu donne
forme aux relations entre les hommes, aux rituels religieux et
auliques, et même au serment prêté par des conjurés 1. Il assigne à
chacun, laïc ou clerc, une place et un rôle dans le monde terrestre ;
un rôle qui, depuis l’Antiquité tardive, est souvent qualifié de militia,
du siècle pour les uns, de Dieu pour les autres 2. Peut-on pourtant
considérer la militia saecularis, qui va nous intéresser ici, comme le
fondement de la hiérarchie ordonnant les hommes en statuts iné-
gaux ? En d’autres termes, est-ce le type de service accompli par les
laïcs – car la militia saecularis est elle-même diverse – qui détermine
leur position dans la société wisigothique, ou, éventuellement, leur
permet de la modifier ? Les degrés élevés de la hiérarchie étant mieux
visibles pour l’historien, c’est à partir de l’étude de l’aristocratie que
nous tenterons de répondre à cette question.
Origo
1
Iudicium in tyrannorum perfidia, VI, éd. W. Levison, CCSL, 115, Turnhout, 1976.
2
Dans l’Empire tardif, les honores ne relevaient pas à proprement parler de la militia, qui
désignait le service des soldats et des fonctionnaires subalternes. Je retiens quand même le
terme, au sens large, car un réel parallélisme unit service du Christ et service laïc dans
l’idéologie chrétienne contemporaine.
3
Je voudrais reprendre à un niveau plus modeste la démarche de Ch. Badel pour la nobi-
litas romaine (La noblesse de l’Empire romain. Les masques et la vertu, Seyssel, 2005).
4
Vies des saints Pères de Mérida [désormais abrégé VSPE], V, 10, éd. A. Maya Sánchez, CCSL,
117, Turnhout, 1992 : Sunna (…) quosdam Gotorum nobiles genere opibusque perquam ditissimos,
e quibus etiam nonnulli in quibusdam ciuitatibus comites a rege fuerant constituti, consilio diabolico
persuasit (…). Idem uero Claudius nobili genere ortus, Romanis fuit parentibus progenitus ; Passion
325
de Saint Zoïle, IV, éd. P. Riesco Chueca, Pasionario hispánico, Séville, 1995, p. 246 : (…)
quidam uir nobilis ex Uisegotorum propagine, clarus genere, Agapius nomine (…).
5
Braulio de Saragosse, Vie de saint Émilien, VI (éd. L. Vázquez de Parga, Madrid, 1943),
à propos d’un Émilien qui n’est pas noble : Ego autem non altius repetam, neque auorum et
proauorum eius, iuxta rhetores, prosequar laudes, quum, iuxta eosdem, si ignobilibus ortus sit natali-
bus, magis efferendus est laudibus quod sui ignobilitatem generis, morum dignitate ornauerit.
6
F. Dahn, Die Könige der Germanen, VI, Leipzig, 1885, p. 104.
7
C. Sánchez-Albornoz, « El Senatus visigodo », Cuadernos de Historia de España, 6 (1946),
p. 5-99.
8
K. F. Stroheker, « Spanische Senatoren der spätrömischen und westgotischen Zeit », in
Id., Germanentum und Spätantike, Zurich/Stuttgart, 1965, p. 54-87.
9
P. Garnsey (Social Status and Legal Privilege in the Roman Empire, Oxford, 1970) remarque
que le groupe des privilégiés, bien que très clairement délimité pour les juristes, ne fait
jamais l’objet d’une définition explicite dans le Digeste.
10
Ainsi le début d’une charte de dot du début viie siècle : Insigni merito et Getice de stirpe
senatus illius sponsae nimis dilecta ille… (Formulae wisigothicae, XX, 1-2, éd. J. Gil, Miscellanea
Wisigothica, Séville, 1972, p. 69-112).
11
Braulio mentionne en Cantabrie les sénateurs Nepotianus et Proseria, Honorius, et la
comparution d’Émilien devant le Sénat de Cantabrie (Vie de saint Émilien, XXII, XXIV et
XXXII).
12
Epitaphion Antoninae, éd. M. C. Díaz y Díaz, Anecdota Wisigothica, Salamanque, 1958,
p. 47 ; J. Vives, Inscripciones cristianas de la España romana y visigoda, Barcelone, 1942, nº
66-84-167-505.
13
VSPE, IV, 2.
326
14
Cf. n. 10.
15
D. Claude, « Remarks about Relations between Visigoths and Hispano-Romans in the
7th C. », in W. Pohl (dir.), Strategies of Distinction : the Construction of the Ethnic Communities,
Leyde, 1998, p. 117-130.
16
D. Claude, « Remarks about Relations… », ibid., p. 129 ; P. Heather, The Goths, Oxford,
1996, p. 284 sq.
17
Chronique du Pseudo-Frédégaire, IV, 82, éd. J. M. Wallace-Hadrill, Londres, 1960.
18
Chronique de 754, II, 22, éd. J. López Pereira, Crónica mozárabe de 754, Saragosse, 1980.
19
VSPE, V, 2.
20
Après une première rédaction anonyme, v. 630, un certain Paulus a retouché l’ouvrage
dans les années 670. Cf. A. Maya Sánchez, CCSL…, op. cit., p. lv sq.
21
R. Collins, Visigothic Spain. 409-711, Oxford, 2004, p. 155.
22
Le roi Massonas ou Masonas de Procope et le Masuna, rex gentium maurorum et romanorum
de l’inscription d’Altava de 508 sont peut-être un seul et même personnage. Cf. Y. Modéran,
Les Maures et l’Afrique romaine, Rome, 2003 (BEFAR, 314), p. 374-376, avec les références.
327
ignorance 23, surtout sans doute pour amplifier son origine presti-
gieuse. Dans les années 670, c’est toujours la naissance, réelle ou
retouchée, qui fonde la noblesse.
Cette naissance particulière confère à l’individu un important pres-
tige social, mais produit aussi des effets de droit, plus faciles à évaluer.
Les lois wisigothiques assimilent en effet la nobilitas au statut romain
d’honestior, qui conférait des privilèges devant la justice, préservant
notamment des peines afflictives 24. Elles distinguent chez les libres
deux catégories, celle d’honestior, nobilis ou nobilior et celle d’humilior,
minor, inferior ou uilior : les peines des premiers sont surtout économi-
ques, alors que les seconds assument physiquement la responsabilité
de leurs fautes. Les exemples en sont innombrables, et la catégorie
privilégiée – ou, dans quelques cas, explicitement non privilégiée,
mais toujours citée à côté des inferiores et des serui – est désignée indif-
féremment par un comparatif du type honestior ou par le mot nobilis 25.
La noblesse wisigothique possède ainsi un statut juridique.
L’existence de deux variétés d’ingénus ne doit pas être confondue
avec une différenciation sociale tardive à l’intérieur du corps des
libres. Issue directement du droit romain, elle apparaît déjà dans cer-
taines antiquae, lois remontant au code d’Euric (v. 480) ou au plus
tard à Léovigild (v. 570/580) ; en 589, le IIIe concile de Tolède établit
deux peines différentes pour les honestiores et les inferiores loci ariens
refusant la conversion 26. Par ailleurs, l’appui sur la naissance pour
déterminer les privilèges juridiques des plus puissants des libres, les
nobiles, trouve son équivalent vers le bas de la pyramide sociale. Les
libres qui ne sont pas nés libres, les affranchis, ont également un sta-
tut très défavorable par rapport aux ingénus 27 : à partir de Rec-
ceswinth, leur témoignage n’est par exemple plus recevable, et seuls
leurs enfants jouiront de tous les droits d’un homme libre 28. Ce n’est
23
La terminaison en -a caractérise beaucoup d’anthroponymes masculins germaniques
orientaux (N. Wagner, « Die Personennamen als Sprachdenkmäler der iberischen Sue-
ben », in E. Koller et H. Laitenberger (dir.), Suevos – Schwaben, Tübingen, 1998,
p. 137-150).
24
P. Garnsey, Social Status…, op. cit.
25
Voir Liber Iudiciorum seu lex Visigothorum [désormais abrégé LV], X, 2, 7, éd. K. Zeumer,
MGH, Leges, I, 1 : quisque nobilis atque inferior ingenuus siue etiam seruus regio iussu in custodiam
uel in exsilium extiterit deputatus…) ; LV, II, 1, 9 ; LV, II, 4, 2 ; LV, IX, 12, 8, etc.
26
Conc. Tol. III, éd. G. Martínez Díez et F. Rodríguez, Colección Canónica Hispana, V,
Madrid, 1992, p. 139.
27
Voir le chapitre De libertatibus et libertis du Liber (LV, V, 7).
28
LV, V, 7, 12. Jusque-là, leur témoignage n’était refusé que dans les procès contre leur
ancien maître.
328
Militia ?
29
LV, V, 7, 20.
30
Y. García López, Estudios críticos y literarios de la Lex Wisigothorum, Alcalá, 1996, p. 555.
31
K. F. Werner, Naissance de la noblesse, Paris, 1998.
32
Exposition classique de la hiérarchie administrative dans L. García Moreno, « Estudios
sobre la organización administrativa del reino visigodo de Toledo », Anuario de Historia del
Derecho Español, 44 (1974), p. 5-155 ; pour deux conceptions alternatives, A. Isla Frey, « El
Officium Palatinum visigodo », Hispania, 62/3 (2002), p. 823-847, et C. Martin, La géographie
du pouvoir en Espagne visigothique, Lille, 2003, p. 144 sq.
329
33
Wamba rex in ipsis regnandi primordiis Theudemundum spatarium nostrum (…) in eamdem
Emeritensem urbem numerariae officium agere instituit, quod etiam unius anni excursu contra ratio-
nem noscitur peregisse (Conc. Tol. XVI, éd. J. Vives, Concilios…, op. cit., p. 516).
34
A. H. M. Jones, The Later Roman Empire, Cambridge, 1964, p. 526.
35
Cf. A. Isla Frey, « El Officium… », op. cit., p. 831.
36
Conc. Tol. III, éd. G. Martínez Díez et F. Rodríguez, Colección…, op. cit., V, Madrid, 1992,
p. 98.
37
Conc. Tol. VIII, éd. G. Martínez Díez, ibid., p. 447-448.
38
Conc. Tol. XIII, éd. G. Martínez Díez, ibid., VI, Madrid, 2002, p. 265-267.
330
39
Selon L. García Moreno (cf. n. 32), qui confond le dux général d’armée et le dux haut
dignitaire, il s’agirait d’une « militarisation » des cadres. Cf. C. Martin, La géographie…, op.
cit., p. 167 sq.
40
En particulier C. Sánchez-Albornoz, En torno a los orígenes del feudalismo, t. 1 (Fideles y
Gardingos en la Monarquía Visigoda), Mendoza, 1942.
41
H. Wolfram, Geschichte der Westgoten, Munich, 1979, trad. Histoire des Goths, Paris, 1990,
p. 470, n. 593.
42
Cf. H. Wolfram, Histoire…, ibid., p. 234, pour les termes techniques tirés du stock gothi-
que au viie siècle ; la multiplication d’évêques au nom goth a été remarquée, mais mal
interprétée, par E. A. Thompson, The Goths in Spain, Oxford, 1969, trad. Los Godos en España,
Madrid, 1971, p. 335 sq. Pour le ixe siècle, M. Zimmermann, « Conscience gothique et
affirmation nationale dans la genèse de la Catalogne », in J. Fontaine et C. Pellistrandi
(dir.), L’Europe héritière de l’Espagne wisigothique, Madrid, 1992, p. 51-67.
43
Conc. Tol. VI, c. 13.
44
Cf. Julien de Tolède, Histoire de Wamba, VII, éd. W. Levison, CCSL, 115, Turnhout, 1976 :
Ranosindum Tarraconensis prouinciae ducem et Hildigisum sub gardingatus adhuc officio consisten-
tem… La modalisation adhuc a été remarquée depuis longtemps, cf. C. Sánchez-Albornoz,
En torno…, op. cit., p. 102. A. Isla (« El Officium… », op. cit., p. 847) considère également
que la distinction est une question d’âge.
45
Vie de Saint Fructueux, XV, éd. M. Díaz y Díaz, La vida de s. Fructuoso de Braga, Braga,
1974.
46
Cf. R. Tomlin, « Seniores – Iuniores in the Late Roman Field Army », American Journal of
Philology, 93/2 (1972), p. 253-278. Les tombes à armes germaniques du ve siècle suggèrent
aussi l’existence de deux statuts masculins d’âge (G. Halsall, Warfare and Society in the
Barbarian West, Londres/New York, 2003, p. 35), une organisation qui se perpétue dans
beaucoup d’armées au vie siècle (ibid., p. 50).
331
47
La discussion semble actuellement dans l’impasse : cf. M. Kulikowski, « Nation vs. Army :
A Necessary Contrast ? », in A. Gillett (dir.), On Barbarian Identity : Critical Approaches to
Ethnogenesis Theory, Turnhout, 2002, p. 69-84. Cf. aussi C. Martin, « La notion de gens dans
la péninsule Ibérique des vie-viie siècles », in Identité et ethnicité : concepts, débats historiographi-
ques, exemples (ve-xiie siècle), Caen, 2008, p. 75-89.
48
Voir la note 45 pour ce qui est, à ma connaissance, sa première occurrence, même si la
vita a été écrite dans les années 670 : si l’on tient compte de cette date, on en revient au
règne de Wamba (672-681).
49
C. Sánchez-Albornoz, En torno…, op. cit., n. 40, p. 107. Encore dernièrement G. Hal-
sall, Warfare…, op. cit., p. 49.
50
Selon un canon de 683, en cas de crime, les aristocrates et les évêques seront jugés par
leurs pairs, in publica sacerdotum, seniorum atque etiam gardingorum discussione deductus (Conc.
Tol. XIII, c. 2).
51
En 681, Ervige appelle les grands illustres aulae regiae uiros, mais aussi clarissimorum ordinum
totius Spaniae duces (Conc. Tol. XII, éd. G. Martínez Díez, op. cit., VI, p. 146).
52
Cf. n. 43.
332
53
C. Sánchez-Albornoz, « El Aula Regia », in Id., Estudios visigodos, Rome, 1971, p. 150-252 ;
E. A. Thompson, Los Godos…, op. cit., p. 190 sq. ; D. Claude, Adel, Kirche und Königtum in
Westgotenreich, Sigmaringen, 1971, p. 115 sq. Autre lecture de cette répression dans
C. Martin, « Des fins de règne incertaines », in F. Bougard, L. Feller et R. Le Jan (dir.),
Les élites au haut Moyen Age. Crises et renouvellements, Turnhout, 2006 (Haut Moyen Âge, 1),
p. 207-223.
54
Les primates ou seniores le sont ob meritum (Conc. Tol. VI, c. 13).
55
Cf. C. Badel, La noblesse…, op. cit.
56
VSPE, V, 10.
57
P. D. King, Law and Society in the Wisigothic Kingdom, Cambridge, 1972, p. 25 sq.
58
Conc. Tol. V, c. 3.
59
Organe qui rassemble les dignitaires palatins, les membres des bureaux (notarii) et les
serviteurs du palais.
333
Vos etiam inlustres uiros, quos ex officio palatino huic sanctae synodo interesse mos
primaeuus obtinuit ac nobilitas spectabilis honorauit et experientia aequitatis ple-
bium rectores exegit, quos in regimine socios, in aduersitate fidos et in prosperis
amplector strenuos, […] adiurans obtestor… 60.
60
Conc. Tol. VIII, éd. G. Martínez Díez, op. cit., V, p. 378.
61
Conc. Tol. IX, éd. G. Martínez Díez, ibid., p. 514.
62
Tolède XIV, concile provincial, ne rassemble que des évêques.
63
Sur un mode certes ecclésiastique, comme l’excommunication du roi Suinthila et de sa
famille (Conc. Tol. IV, c. 7).
64
Conc. Tol. IV, c. 3.
334
S’élever, dégénérer
65
Chronique du Pseudo-Frédégaire, IV, 82.
66
Chronique de 754, VII.
67
Elle doit donc désigner le concile général (restreint, malgré son nom) plutôt que l’as-
semblée élective de toute l’aristocratie (contra, C. Sánchez-Albornoz, « El Senatus… », op.
cit.).
68
Isidore de Séville, Étymologies, X, 116, éd. W. Lindsay, Oxford, 1911.
335
69
A. Isla Frey, « El Officium… », op. cit., p. 828.
70
Cf. n. 44.
71
(…) Wamba rex in ipso regnandi primordio Theudemundum spatarium nostrum contra generis uel
ordinis sui usum, Festi quondam incitatione Emerentensis episcopi, solius tantum regiae potestatis
impulsu in eamdem Emeretensem urbem numerariae officium agere instituit, quod etiam unius anni
excursu contra rationem noscitur peregisse, immo quia nec ualuit imperio gentis obsistere… (Conc.
Tol. XVI, éd. J. Vives, op. cit., p. 516).
72
Sur l’interprétation ici du mot gens comme groupe aristocratique, pas nécessairement
gothique, voir C. Martin, « La notion de gens… », op. cit.
336
73
Cf. la lettre De fisco Barcinonensi, éd. J. Vives, Concilios…, op. cit., p. 54.
74
Conc. Tol. XIII, c. 6.
337
Une loi de notre prédécesseur 78 établissait que tous ceux qui ne parti-
raient pas en campagne ou déserteraient de l’armée perdraient irrévoca-
blement le témoignage de leur dignité, une disposition dont la sévérité,
généralisée à tous les confins de l’Hispanie, soumit presque la moitié du
peuple à une ignobilitas perpétuelle. Ainsi, comme dans certains domaines
fonciers, circonscriptions et villages, les habitants sont rendus degeneres par
le fléau de cette infamatio et n’ont aucune licence de témoigner en justice,
ils semblent devoir périr sans remède par l’examen de la vérité ; de sorte
75
C. Petit, « Iustitia y Iudicium en el reino de Toledo », in La giustizia nell’alto medioevo (secoli
V-VIII), t. 1, Spolète, 1995 (Settimane di studio del Centro italiano di studi sull’alto
medioevo, 42), p. 843-932.
76
LV, II, 4, 1 et III, 5, 3.
77
J. Nelson, « Violence in the Carolingian World », in G. Halsall (dir.), Violence and
Society in the Early Medieval West, Londres, 1997, p. 90-107.
78
En dépit d’un consensus que je pense erroné, il ne s’agit pas de la célèbre « loi militaire
de Wamba » (LV, IX, 2, 8), mais d’une loi qui n’a été conservée dans aucun des manuscrits
subsistants du Liber, où elle est remplacée par la non moins célèbre « loi militaire d’Ervige »
(LV, IX, 2, 9).
338
que le pays est ravagé par un double mal, entaché de l’infamie qui marque
le peuple et privé de toute assistance pour établir la vérité 79.
La sanction pesant sur les séditieux les avait donc dépouillés, non
seulement de leur capacité en justice, mais aussi de leur « dignité »
ou rang palatin, statut permanent indépendant des charges accom-
plies à un moment précis 83. Elle avait en quelque sorte éteint l’éclat
de leur noblesse familiale (generosa stirps), si bien que leurs enfants
79
Conc. Tol. XII, éd. G. Martínez Díez, op. cit., VI, p. 144.
80
Annulation qu’il obtient par le canon 7.
81
Conc. Tol. IV, c. 75.
82
Conc. Tol. XIII, c. 1.
83
Le canon mentionne aussi la confiscation de leurs honneurs et de leurs biens, un châti-
ment traditionnel des séditieux dans l’Empire non directement lié à l’infamia.
339
84
Le Iudicium, adjoint par Julien de Tolède à son récit, mentionne l’arrestation de certaines
épouses : Iudicium in tyrannorum perfidia, III, éd. W. Levison, CCSL, 115, Turnhout, 1976,
p. 250-255.
85
Cf. la rétroactivité de la promulgation du code de Recceswinth (Y. García López, Estudios
críticos…, op. cit., p. 23), ou l’utilisation en 694 de lois contre les séditieux pour dépouiller
de leur ingénuité tous les juifs, convertis ou non (C. Martin, La géographie…, op. cit.,
p. 344).
340
86
La destitution du roi Suinthila en 631 est un autre exemple de ce type de procédé ajus-
tant l’ordre terrestre en fonction de l’ordre céleste. À l’horizon se dessine, déjà, la silhouette
du Louis le Pieux de 833, acculé à la pénitence par ses adversaires.
341
«L
e banquet », écrivait Françoise Thelamon en 1992, « appa-
raît comme le temps fort de la sociabilité, scellant, fût-ce de
façon momentanée, une cohésion sociale qui se veut frater-
nelle, ou confortant, dans la jouissance du spectacle qu’elle se donne
d’elle-même, la hiérarchie sociale 1. » De même, et plus spécifique-
ment pour le Moyen Âge haut et central, Gerd Althoff remarque qu’il
convient de distinguer de manière très nette les repas conviviaux des
groupes à structure coopérative (genossenschaftlich strukturierte Personen-
gruppen) et ceux des groupes à structure seigneuriale ou de domina-
tion (herrschaftlich strukturierte Personengruppen) : si les banquets des
Freunde expriment l’égalité des participants et leur solidarité, ceux des
Getreue d’un seigneur ont pour but de renforcer la fidélité des pre-
miers et l’autorité du second 2. Selon Althoff, cet égalitarisme serait à
rapprocher de la notion d’amitié, au fondement des groupes de
Freunde : en effet, comme le dit Alcuin, « l’amitié, c’est l’égalité entre
amis » 3. Sans contester l’importance de cette distinction, et sans mini-
miser la dimension communielle des agapes fraternelles, j’ai cherché
dans un récent ouvrage explorant les usages du festin dans l’Angle-
terre anglo-saxonne à montrer comment, dans cet espace et dans cette
période au moins, tous les festins impliquant une certaine élite avaient
nécessairement une dimension hiérarchique et servaient aussi et peut-
être surtout à renforcer, à promouvoir, à initier des rapports de pou-
voir 4. Le présent article a donc pour objet de poursuivre cette enquête
en montrant comment le festin pouvait servir à la fois à renforcer la
hiérarchie et à propager l’idée de fraternité. En cela, l’étude des guil-
1
F. Thelamon, « Sociabilité et conduites alimentaires », in M. Aurell, O. Dumoulin et
F. Thelamon (dir.), La sociabilité à table. Commensalité et convivialité à travers les âges (Actes du
colloque de Rouen, 14-17 nov. 1990), Rouen, 1992, p. 9-15. Je souligne la conjonction ou.
2
G. Althoff, Verwandte, Freunde und Getreue : Zum politischen Stellenwert der Gruppenbindung
im früheren Mittelalter, Darmstadt, 1990, p. 210.
3
G. Althoff, Verwandte…, ibid., p. 87.
4
A. Gautier, Le festin dans l’Angleterre anglo-saxonne, ve-xie siècle, Rennes, 2006.
343
5
M. Godelier, L’énigme du don, Paris, 1996, p. 21.
6
A. Gautier, Le festin…, op. cit., p. 200-204.
7
Th. Veblen, Théorie de la classe de loisir, Paris, 1970 [= trad. de The Theory of the Leisure Class,
1899], p. 47-52.
344
8
B. Laurioux, « Les repas en France et en Angleterre aux xive et xve siècles », in J.-L. Flan-
drin et J. Cobbi (dir.), Tables d’hier, tables d’ailleurs, Paris, 1999, p. 87-113, ici p. 109.
9
Un catalogue électronique est disponible sur le site « Anglo-Saxon Charters » de l’univer-
sité de Cambridge, à la page « Guild Regulations and Manumissions » (http://www.trin.
cam.ac.uk/chartwww/manumit.html).
10
J. M. Kemble, Codex Diplomaticus Aevi Saxonici, 6 vol., Londres, 1839-1848.
11
B. Thorpe, Diplomatarium Anglicum Aevi Saxonici, Londres, 1865.
12
D. Whitelock, English Historical Documents, t. 1 (c. 500-1042), Londres, rééd. 1996
[désormais abrégé EHD I].
345
ques 13 ». Les guildes du haut Moyen Âge ont été étudiées avec le plus
grand soin par Otto Gerhard Oexle 14, qui a bien montré leur impor-
tance en Angleterre et leur ressemblance avec des institutions connues
en Gaule et en Germanie depuis le vie siècle.
Or, l’un des aspects les plus intéressants des statuts des guildes est
qu’ils nous font entrer dans le domaine de la petite et moyenne
noblesse, des paysans les plus influents dans leurs communautés, des
élites locales, rurales et urbaines, mais aussi et surtout, à travers eux,
de leurs clients, parents, amis, dépendants, qui ne participent sans
doute jamais aux festins bien mieux connus des grands. En effet, les
guildes semblent exister à tous les niveaux de la société 15 ; en outre,
en Angleterre, où elles existent au moins depuis le viie siècle, elles ne
paraissent pas attirer la méfiance et les condamnations qu’elles pro-
voquent sur le continent. La potatio est, en effet, pour les Anglo-Saxons,
un acte qui ne peut être remis en cause, et ce dès le viie siècle : une
telle attitude se retrouve chez leurs parents les marchands frisons,
chez qui la potatio est le fondement de la sociabilité de la guilde 16. On
trouve ainsi des guildes de thegns (à Cambridge) ou de cnihtas – à
Cantorbéry depuis le ixe siècle, à Londres surtout à partir du début
du xie siècle –, mais aussi de bourgeois – le Domesday Book évoque le
gilhalla burgensium de Douvres 17 – et même de ruraux.
Otto Gerhard Oexle a bien montré que les associations jurées sont
présentes dans l’île de manière précoce, et même implicitement
approuvées dans les collections légales, puisque les lois d’Ine – à la fin
du viie siècle – interdisent au seigneur ou aux gegildan (compagnons
de guilde) d’un voleur de prêter serment pour lui 18. Il est intéressant
de remarquer que l’un des seuls Anglo-Saxons à condamner les coniu-
rationes de type « guilde » est Alcuin, qui vit, travaille et écrit sur le
13
É. Coornaert, « Les ghildes médiévales, ve-xive siècle », Revue historique, 199 (1948),
p. 22-55 et 208-243, ici p. 233.
14
O. G. Oexle, « Die mittelalterliche Gilden : ihre Selbstdeutung und ihr Beitrag zu For-
mung sozialer Strukturen », in A. Zimmermann (dir.), Soziale Ordnungen in Selbstverständnis
des Mittelalters, Berlin/New York, 1979 (Miscellanea Medievalia, 12/1), p. 203-226 ; Id.,
« Conjuratio et ghilde dans l’Antiquité et le haut Moyen Âge : remarques sur la continuité
des formes de la vie sociale », Francia, 10 (1982), p. 1-19.
15
F. M. Stenton, Preparatory to Anglo-Saxon England, éd. D. M. Stenton, Oxford, 1970,
p. 32-33.
16
S. Lebecq, Marchands et navigateurs frisons du haut Moyen Âge, Lille, 1983, t. 1,
p. 260-261.
17
Domesday Book, Kent, fol. 1r, éd. J. Morris, Chichester, 1970-1992, t. 1.
18
O. G. Oexle, « Gilden als soziale Gruppen in der Karolingerzeit », in H. Jankuhn,
W. Jenssen, R. Schmidt-Wiegand et H. Tiefenbach (dir.), Das Handwerk in vor- und frühges-
chichtlicher Zeit, Göttingen, 1981, t. 1, p. 285-354, ici p. 309, n. 136.
346
19
Alcuin, Ep., 4, éd. E. Dümmler, MGH, Epistolae Karolini Aevi, II, Berlin, 1895.
20
P. Stafford, Unification and Conquest : A Political and Social History of England in the Tenth
and Eleventh Centuries, Londres, 1989, p. 196. Texte de la « loi » dans F. Liebermann (éd.),
Die Gesetze der Angelsachsen, Halle, 1903, t. 1, p. 380-385.
21
J. Blair, The Church in Anglo-Saxon Society, Oxford, 2005, p. 490-491 et 494-497.
22
É. Coornaert, « Les ghildes médiévales… », op. cit., p. 40 et 212.
347
23
É. Benveniste, Le vocabulaire des institutions indo-européennes, Paris, 1969, t. 1, p. 70-74.
24
M. Cahen, La libation. Études sur le vocabulaire religieux du vieux-scandinave, Paris, 1921,
p. 59-65.
25
É. Coornaert, « Les ghildes médiévales… », op. cit., p. 30-31.
26
M. Cahen, La libation…, op. cit., p. 65.
27
H. Sweet, The Student’s Dictionary of Anglo-Saxon, Oxford, 1896 (rééd. 1997), p. 74.
348
28
B. Thorpe, Diplomatarium…, op. cit., p. 610-613 ; trad. EHD I, p. 603-605.
29
J. M. Kemble, Codex Diplomaticus…, op. cit., n° 942 ; trad. EHD I, p. 606-607.
30
B. Yorke, Wessex in the Early Middle Ages, Leicester, 1995, p. 142.
31
S 961, 1004 et 1063. L’usage veut que l’on cite les chartes anglo-saxonnes par la lettre S
suivie de leur numéro dans le catalogue de P. Sawyer (Anglo-Saxon Charters : An Annotated
List and Bibliography, Londres, 1968) disponible sur le site « Anglo-Saxon Charters » (http://
www.trin.cam.ac.uk/chartwww/charthome.html).
349
32
S 1064.
33
Je remercie J.-M. Picard pour m’avoir fait remarquer la pertinence de cette date. Il n’est
cependant pas exclu qu’il s’agisse de la fête des saints Pierre et Paul, le 29 juin.
34
D. Whitelock, M. Brett et C. N. L. Brooke (dir.), Councils and Synods with Other Docu-
ments Relating to the English Church, t. 1, Oxford, 1981, p. 57-60 ; trad. EHD I, p. 605.
350
35
Statuts de la guilde de Saint-Omer, § 5, éd. G. Espinas et H. Pirenne, « Les coutumes de la
gilde marchande de Saint-Omer », Le Moyen Âge, 14 (1901), p. 189-196.
36
Mentionnée dans EHD I, p. 605.
37
D. Probert, Unravelling Exeter’s post-Conquest manumission and gildship records : the example
of Colwyn the reeve ; article inédit présenté au séminaire d’histoire du haut Moyen Âge à
351
352
41
Vie de Kenelm (éd. R. C. Love, Three Eleventh-Century Anglo-Latin Saints’ Lives, Oxford,
1996), chap. 20 : uille presidens matrona.
42
Vie de Kenelm, chap. 20 (ibid.) : uti recumbebat ad prandium in ipso die festo.
353
43
On trouve ainsi les noms féminins bien connus Edgiue (= Eadgifu, gildscipe de Clist Wike
et gildscipe de Wudebirig), Aðelhild (= Æthelhild, gildscipe de Wudebirig), Lifgiue (= Leofgifu,
gildscipe de Lege), Ailiue (= Ælfgifu, gildscipe de Clist Tun), Edgið (= Eadgyth / Edith, gildscipe
de Hnut Wille).
44
Une idée avancée par D. A. Bullough, Friends, Neighbours and Fellow-Drinkers : Aspects of
Community and Conflict in the Early Medieval West, Cambridge, 1991, p. 17.
354
355
hommes, il se définit d’abord par son rapport avec l’instance qui orga-
nise le festin, qu’il s’agisse de son seigneur ou de sa communauté. Il
peut toutefois arriver que le souverain doive se prémunir contre la
possibilité que ses hommes ne quittent le festin avant qu’il n’ait lui-
même décidé de la fin des agapes : dans un passage de la Vie d’Æthelwold,
écrite par Wulfstan le Chantre vers 996, le roi Eadred (946-955) fait
barrer les portes de la salle de festin pour empêcher les convives de
sortir 47. On peut sans doute y voir un moyen de se prémunir contre
d’éventuelles violences en interdisant la fuite à tout assassin potentiel :
c’est en effet dans une circonstance comparable qu’Edmond l’Ancien,
frère et prédécesseur d’Eadred, avait trouvé la mort 48. Mais même en
dehors de circonstances aussi dramatiques, le festin est, comme le
remarque Gerd Althoff, un moment contraignant. Les règles de la
sociabilité s’imposent à ceux qui y participent, même si certains veu-
lent y échapper 49 : du moment qu’on accepte de « s’asseoir avec les
hommes », on doit se comporter comme l’un d’entre eux. Refuser de
siéger au repas, ce n’est donc pas seulement, pour le convive, s’exclure
de la communauté ou se démarquer de son seigneur, c’est nier son
statut même : rappelons que thegn signifie d’abord serviteur, et que
comes signifie d’abord compagnon, même si ces deux mots ont pu, au
fil du temps, prendre un sens juridique et administratif plus spécifi-
que.
Et pourtant, tout n’est pas là. Comme à Saint-Omer ou à Abbots-
bury, les statuts de la guilde des thegns de Cambridge précisent aussi
que l’assistance au festin de funérailles d’un des membres est obliga-
toire, sous peine d’amende. Mais ne doit-on pas plutôt comprendre
que la non-assistance au festin peut être rachetée par le paiement
d’une somme forfaitaire (ici, un setier de miel) ? Appartenir à une
communauté, dans ce cas à une fraternité jurée, suppose de participer
aux événements qui marquent la vie de cette communauté ; mais des
portes de sortie existent pour ceux qui en ont les moyens, et qui pré-
fèrent consacrer ce temps à des activités qu’ils jugent plus utiles ou
plus prestigieuses. La solidarité « horizontale » que représente la
guilde est donc sans cesse modifiée par d’autres considérations. Les
47
Wulfstan le Chantre, Vie d’Æthelwold, chap. 12, éd. M. Lapidge et M. Winterbottom,
Wulfstan of Winchester : The Life of St Æthelwold, Oxford, 1991.
48
S. Miller, « Edmund », in M. Lapidge et alii (dir.), The Blackwell…, op. cit., p. 159-160.
49
G. Althoff, « Der frieden-, bündnis- und gemeinschaftstiftende Charakter des Mahles
im früheren Mittelalter », in I. Bitsch et alii (dir.), Essen und Trinken in Mittlelalter und Neu-
zeit, Singmaringen, 1988, p. 12-25.
356
statuts des guildes ne sont en rien des lois « somptuaires », qui limite-
raient « l’évergétisme » de certains membres. Au contraire, les thegns
de Cambridge sont explicitement autorisés à venir festoyer avec leurs
serviteurs, cnihtas et fotsetlan. Dans leur pratique des aumônes, dans
leur participation aux activités communes, la distinction peut donc se
réintroduire dans les interstices de la réglementation. Entre gegildan
peut se créer une hiérarchie où certains membres tout juste capables
de payer l’écot bénéficient de la magnificence des plus riches : c’est
ainsi que se créent des liens de clientèle qui, pour être informels, n’en
sont pas moins efficaces. Gerd Althoff remarque lui aussi comment
les liens (officiellement égalitaires) de coopération et d’amitié peu-
vent dissimuler des liens de dépendance et de clientèle, en particulier
à partir du xe-xie siècle : avoir « beaucoup d’amis », c’est avoir la pos-
sibilité de mobiliser beaucoup de clients pour témoigner lors d’un
procès ou pour monter une expédition punitive 50. On ajoutera que
le vocabulaire de l’amitié et de l’égalité est pour le client un vocabu-
laire qui l’honore, sans coûter grand-chose au patron. Car ce sont bien
entendu les plus riches, ceux qui ont les possessions les plus disper-
sées, ceux qui sont le plus souvent demandés auprès du roi, de l’évê-
que ou de l’ealdorman, ceux qui reçoivent un office à la cour ou un
commandement militaire en dehors du shire, qui sont le plus suscep-
tibles de ne pas apparaître aux festins de la guilde : et pour cette raison
même, ce sont eux qui « subventionnent » le plus efficacement les
agapes de leurs frères jurés par les somptueuses amendes qu’ils paient
en compensation de leur absence. N’oublions pas d’ailleurs que les
plus grands aristocrates, à l’instar des grandes familles de l’Empire
carolingien, possédaient en général des domaines dans plusieurs
régions du royaume : ils étaient donc susceptibles d’appartenir simul-
tanément à plusieurs guildes. Ce qui confirme l’observation faite plus
haut : l’une des stratégies les plus répandues était bien de multiplier
les contacts.
Pour les plus importants, pour les plus puissants des thegns du Cam-
bridgeshire, l’appartenance à la guilde était donc intéressante de deux
manières. D’abord, en assistant de manière régulière aux festins de la
guilde, ils renforçaient leurs liens avec la moyenne et petite noblesse
de leur région, ils se montraient en personne suivis de leurs compa-
gnons pour qui ils payaient une participation qui ajoutait encore à la
somptuosité du festin : ils « entretenaient leur base », dirait-on
50
G. Althoff, Verwandte…, op. cit., p. 118.
357
358
Annexes
Ici est fait savoir par cet écrit que Urk a donné le guildhall et le site
d’Abbotsbury pour la louange de Dieu et de saint Pierre et pour que
la guilde 1 l’aie de son vivant et après lui, pour le souvenir perpétuel
de lui et de son épouse. (…)
Voici les termes sur lesquels Urk et les membres 2 de la guilde
d’Abbotsbury se sont accordés pour la louange de Dieu et de saint
Pierre et pour le secours des âmes. Premièrement, trois jours avant la
fête de saint Pierre, que chaque membre porte au minster un denier
ou la valeur d’un denier en cire, selon ce dont on aura le plus besoin.
Et la veille de la fête, pour deux co-membres, une grande miche de
pain, de bonne qualité et bien garnie, pour notre commune aumône ;
et cinq semaines avant la Saint-Pierre, que chaque membre verse un
setier de guilde de pur froment, et qu’il soit versé dans les deux jours
sous peine de payer la totalité du droit d’entrée, à savoir trois setiers
de froment.
Ici dans cet écrit est exposé l’établissement sur lequel cette asso-
ciation 3 s’est accordée dans la guilde des thegns de Cambridge. À
savoir premièrement que chacun prêterait aux autres sur des reliques
un serment de vraie fidélité, devant Dieu et devant le monde, et que
toute l’association devrait toujours soutenir celui qui a le plus grand
droit.
Si un quelconque membre meurt, que toute la guilde l’amène là
où il le voulait ; et que celui qui ne vient pas paie un setier de miel ;
et que la guilde fournisse la moitié des provisions pour le mort ; et
que chacun cotise deux deniers pour les aumônes, et que l’on en
porte ce qui convient à sainte Æthelthryth 4.
1
Pour gild et gildscipe.
2
Je traduis par « membre » et « co-membre » les mots gilda et gegilda.
3
Je traduis ainsi gefarræden, littéralement « conseil de compagnons ».
4
À l’abbaye d’Ely.
359
5
Pour gefera.
6
Pour gerefa, qui traduit habituellement le latin praepositus.
7
Pour hlaford.
8
Un homme dont le wergeld est de 1 200 sous.
9
Un marc représente alors 100 deniers.
10
Unité de compte danoise, représentant 1/8 de marc.
11
Pour wylisc : peut aussi signifier « gallois ».
12
Pour gesetlan, littéralement « ceux qui s’assoient » (avec lui).
13
Pour cniht.
360
14
Sans doute l’espace clos où se déroule le repas.
15
Pour fotselta, littéralement « celui qui s’assoit aux pieds ».
361
Pensée hiérarchique et
différenciation sociale :
quelques réflexions sur
l’ordonnancement des sociétés du
haut Moyen Âge
À
l’origine même de toute pensée hiérarchique, on trouve le
sacré : hiéros, qui manifeste la présence de la divinité en ce
monde et légitime l’organisation politique et sociale en la
décrivant comme conforme à l’ordre du monde 1. Mais l’impact de la
pensée hiérarchique sur les formes sociales n’est pas toujours facile à
observer, même s’il est particulièrement visible dans les sociétés orien-
tales, et notamment dans l’Empire romain d’Orient.
« La hiérarchie des dignités impériales, symbole de l’ordre terrestre,
la taxis, fut aussi indispensable à la survie de l’Empire [byzantin] que
l’armée ou les murs de Constantinople. Elle rendait perceptible à tous
la place que tenait l’empereur, au centre du monde. Cette doctrine
permettait à chacun, Byzantin ou étranger, puissant ou simple fonction-
naire des bureaux, de trouver son exacte place dans la société 2. »
Byzance, en effet, a établi très tôt une hiérarchie précise des fonc-
tionnaires qui dura jusqu’à la fin de l’Empire. Le noyau repose sur les
vieilles traditions romaines, mais on y trouve aussi l’influence des
monarchies orientales. C’est Valentinien Ier qui promulgua dans tout
l’Empire d’Occident en 372 toute une série de décrets pour régler le
système des préséances. L’ensemble de cette législation passa dans le
Code Théodosien et devint ainsi une réalité dans l’ensemble de l’Empire.
Dans la théorie politique du Bas Empire, ces préséances prenaient
une importance inattendue, tout manquement à cet ordre étant consi-
déré comme un sacrilège et sévèrement puni.
L’importance des préséances pour les Byzantins est exprimée dans
la préface du taktikon de Philothée (989) 3. La place éminente que
1
M. Godelier, Au fondement des sociétés humaines, Paris, 2007, p. 37-43.
2
J.-C. Cheynet, L’Empire romain d’Orient, Paris, 2004, p. 75.
3
N. Oikonomidès, Les listes de préséances byzantines des ixe et xe siècles, Paris, 1972.
363
364
Essence de la hiérarchie
Capitularia regum Francorum II, éd. A. Boretius, Hanovre, 1890, n° 272, p. 305-306.
4
365
5
L. Scheffczyk, « Communio Hierarchica. Die Kirche als Gemeinschaft und Institution », in
Ecclesia militans. Studien zur Konzilien- und Reformationsgeschichte Remigius Bäumer zum 70.
Geburtstag gewidmet, t. 1 (W. Brandmüller, H. Immenkötter et E. Iserloh (éd.), Zur Kon-
ziliengeschichte), Paderborn/Munich, 1988, p. 553-569.
366
Formes de la hiérarchie
6
G. Bührer-Thierry, « Des païens comme chiens dans le monde germanique et slave du
haut Moyen Âge », in L. Mary et M. Sot (dir.), Impies et païens entre Antiquité et Moyen Âge,
Paris, 2002, p. 175-187.
367
368
369
7
G. Althoff, « Huld. Überlegungen zu einem Zentralbegriff der mittelalterlichen Herr-
schaftsordnung », Frühmittelalterliche Studien, 25 (1991), p. 259-282
8
J. Dakhlia, L’empire des passions. L’arbitraire politique en Islam, Paris, 2005.
370
9
A. Testart, « Deux politiques funéraires. Dépôt et distribution », in L. Baray (dir.),
Archéologie des pratiques funéraires. Approches critiques, Glux-en-Glenne, 2004, p. 303-316.
10
J. Baschet, La civilisation féodale. De l’an Mil à la colonisation de l’Amérique, Paris, 2004,
p. 456-457.
371
375
376
377
378
379
Festus, évêque de Mérida, 336-337 Fulda, Hesse, Allemagne, 66, 70, 80,
Fidentius, évêque de Zuglio, 157 179, 319, 322
Flandre, 347 Fulrad, abbé de Saint-Denis, 316
Flavien, évêque de Verceil, 143 Gabriel, archange, 41, 42, 44, 50, 68
Fleury (Saint-Benoît-sur-Loire), ab- Gagny, Seine-Saint-Denis, Ile-de-
baye, Loiret, Centre, 224, 227, 231 France, 266
Flodoard de Reims, 126-128, 170-173, Gallipoli, Pouilles, Italie, 149
310 Gandersheim, Basse-Saxe, Allemagne,
Florus de Lyon, 85, 101 208, 218, 219
Folcuin, abbé de Lobbes, 170 Garnier de Rochefort, abbé de Clair-
Folkwin de Rankweil, 258, 272-274 vaux et évêque de Langres, 69
Fontevraud, abbaye, Maine-et-Loire, Gaule, 11, 140, 144-145, 173-174, 178,
Pays-de-la-Loire, 210 346
Foulques, archevêque de Reims, 314 Gauzlenus, légat du pape, 252
Foulques Nerra, comte d'Anjou (987- Gélase Ier, pape (492-496), 74
1040), 68, 70-71 Gênes, Ligurie, Italie, 153
France, 57, 161-184, 243, 250 Gérard, comte, 121
Francfort, Hesse, Allemagne, 169, 177, Gérard, évêque de Cambrai, 17, 223,
309 225, 228, 230-231, 233
Francie occidentale, 126 Gerbaud, évêque de Liège, 128
Francie orientale, 309 Germanie, 169, 177-178, 346
François d'Assise (saint), 203-204 Gernrode, abbaye, Basse-Saxe, Alle
Francon, évêque de Liège, 314 magne, 208, 218, 219
Franconie, Allemagne, 210 Gero, marquis, 208
Francs, peuple, 9-10, 111, 153-154, 164- Géroldides, famille, 13
165, 171, 247, 334 Gerontius, 212
Fraumünster, abbaye, Zurich, Suisse, Gertrude (sainte), 216
210 Gewilib, archevêque de Mayence, 165
Frédégaire, 327, 335 Gille de Limerick, 76, 81
Frédéric Ier Barberousse, empereur du Giovanni, gastald, 296, 298
Saint-Empire Romain Germanique Glossinde (sainte), 209
(1155-1190), 253 Glycérius, empereur romain (473-474),
Freising, Bavière, Allemagne, 250, 285, puis évêque de Porto, 143-144
287 Godefroy de Semur, frère d'Hugues de
Frérone, épouse de Charles le Simple, Cluny, 220
321-322 Godeni, 296-297, 299-300
Fridericus, 198 Gondebaud, roi des Burgondes (480-
Fridien, évêque de Lucques, 141 516), 141
Frioul, Italie, 157 Gordien, père de Grégoire le Grand,
Frise, 347 146
Frisons, peuple, 283, 308 Gorze, abbaye, Moselle, 197
Frose, Saxe-Anhalt, Allemagne, 218, Gotescalc d'Orbais, moine, 103
219 Goths, peuple, 9, 327, 335
Frothaire, évêque de Toul, 321 Grado, Frioul-Vénétie-Julienne, Italie,
Fulbert, évêque de Cambrai, 128 154
Fulbert, évêque de Chartres, 61
380
381
382
383
384
385
386
387
388
389
390
391
Conclusion
Index 373
392