Exos Polytechnique Mécanique Quantique

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 78

ECOLE POLYTECHNIQUE Philippe Grangier, Manuel Joffre

Jean-Louis Basdevant, Jean Dalibard

Mécanique quantique

Textes des problèmes


et corrigés des années
précédentes

Département de Physique
Promotion 2015
Année 1
Tronc Commun
PHY311

Mécanique quantique

Textes de contrôles des connaissances


proposés les années antérieures

Édition 2016
Table des matières

1 Oscillations des Neutrinos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5


2 Le double puits quantique asymétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
3 Électron flottant sur de l’hélium liquide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
4 États quantiques vibrationnels d’atomes piégés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
5 Détection « non destructive » de bombes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
6 Principe d’une horloge atomique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
7 Propagation et étalement d’un paquet d’ondes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
8 Interférences de grosses particules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
9 Y a-t-il toujours un état lié dans un puits de potentiel 1D ? . . . . . . . . . . . . 55
10 Interférences entre deux condensats de Bose–Einstein . . . . . . . . . . . . . . . . 57
11 Moment magnétique du deutéron . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
12 Mesure QND d’une composante de spin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
13 Interférences et intrication dans un double puits de potentiel . . . . . . . . . . . . 68

Tous les problèmes de ce recueil sont extraits de sujets de contrôles posés dans le cadre du
cours de physique quantique. En général, les contrôles se composent d’un problème du type de
ceux présentés ici et de quelques questions plus courtes, de type QCM. Un exemple d’exercice
court proposé en 2014 est le problème 11, « Moment magnétique du deutéron ». Une version
électronique de ce recueil est disponible sur le site du Département de Physique.

3
1. Oscillations des Neutrinos 5

1 Oscillations des Neutrinos


En radioactivité bêta, ou plus généralement en physique des interactions faibles, l’électron est
toujours associé à une particule neutre : le neutrino νe . Or, il existe dans la nature une particule,
le lepton µ ou muon, dont les propriétés physiques paraissent analogues à celles de l’électron, mis
à part sa masse mµ ≃ 200 me . Le muon a des interactions faibles identiques à celles de l’électron,
à cela près qu’il apparaît en association avec un neutrino différent, le νµ .
Par exemple, un faisceau de neutrinos produit dans un accélérateur peut interagir avec un
neutron (n) d’un noyau pour donner un proton (p) suivant les réactions

νe + n → p + e et νµ + n → p + µ , (1)

alors que les réactions νe + n → p + µ ou νµ + n → p + e ne s’observent jamais. Les réactions (1)


sont utilisées en pratique pour détecter les neutrinos.
De même, un méson π − peut se désintégrer suivant les modes

π − → µ + ν̄µ (mode dominant) et π − → e + ν̄e , (2)

alors que π − → µ + ν̄e ou π − → e + ν̄µ ne s’observent jamais. C’est ainsi que l’on produit
abondamment des neutrinos (il est facile de produire des mésons π). Dans (2) nous avons fait
apparaître les antiparticules ν̄µ et ν̄e . Il y a une symétrie (presque) parfaite entre particules et
antiparticules, si bien que, de même que l’électron est associé au neutrino νe , de même l’anti-
électron e+ est associé à l’antineutrino ν̄e . On observe les réactions dites conjuguées de charge
de (1) et (2)

ν̄e + p → n + e+ , ν̄µ + p → n + µ+ et π + → µ+ + νµ . (3)

Dans tout ce qui suit, ce que nous faisons pour les neutrinos vaut, de façon symétrique, pour les
antineutrinos.
En 1975, on a découvert un troisième lepton, le τ , beaucoup plus lourd, mµ ≃ 3500 me , lui
aussi pourvu d’un neutrino ντ , et obéissant aux mêmes lois physiques que ses deux congénères
plus légers aux effets de masse près. On sait depuis les années 1990 et les mesures faites au grand
accélérateur du CERN, le LEP, que ces trois neutrinos νe , νµ , ντ (et leurs antiparticules) sont les
seuls de leur espèce (du moins pour des masses inférieures à 100 GeV/c2 ).
Pendant longtemps, on a pensé que les neutrinos étaient des particules de masse nulle. Les
masses de ces particules (multipliées par c2 ) sont, en tout état de cause, beaucoup plus faibles
que les énergies mises en jeu dans les expériences où elle apparaissent. Par conséquent, beau-
coup de limites expérimentales directes sur ces masses sont compatibles avec des valeurs nulles.
Cependant, plusieurs arguments théoriques et cosmologiques suggéraient qu’il pouvait en être
autrement. Une grande découverte des dix années est d’avoir prouvé sans conteste que les masses
des neutrinos ne sont pas toutes nulles.
Le thème de ce problème est de montrer comment on peut mesurer la différence de masse des
neutrinos par un effet d’oscillation quantique. Cette théorie repose sur l’idée que les neutrinos
« de saveur »νe , νµ et ντ , qui sont produits ou détectés expérimentalement, ne sont pas des états
propres de la masse, mais sont des combinaisons linéaires d’états ν1 , ν2 , ν3 qui, eux, sont états
propres de la masse avec des masses m1 , m2 , m3 .
Les neutrinos que l’on observe sur Terre ont des origines diverses. Ils peuvent être produits
dans un accélérateur, dans un réacteur nucléaire, mais aussi dans l’atmosphère par les rayons
cosmiques, dans les réactions thermo-nucléaires au cœur du soleil, ou encore dans des phénomènes
astrophysiques comme les explosions de supernovae.
6 1. Oscillations des Neutrinos

Mécanisme des oscillations : neutrinos des réacteurs


Dans cette première partie, nous considérons les oscillations de deux types de neutrinos, en
l’occurrence le νe et le νµ . Ce cas simple nous permettra de comprendre la physique sous-jacente
au cas général. Nous analyserons ici les données obtenues auprès de réacteurs nucléaires. L’énergie
moyenne des (anti-)neutrinos produits dans ces réacteurs est E = 4 MeV, avec une dispersion
du même ordre.
Dans tout ce qui suit, nous supposerons que si m est la masse au repos du neutrino considéré
et p et E son impulsion et son énergie, cette masse est si faible que l’énergie d’un neutrino de
masse m est
» m2 c4
E = p2 c2 + m2 c4 ≃ pc + , (4)
2pc
et que le neutrino se propage en très bonne approximation à la vitesse de la lumière c.
Soit Ĥ l’hamiltonien d’un neutrino libre d’impulsion p, que l’on suppose bien définie. On
désigne par |ν1 i et |ν2 i les deux états propres de Ĥ :

m2j c4
Ĥ|νj i = Ej |νj i , Ej = pc + , j = 1, 2 .
2pc
m1 et m2 sont les masses des deux états |ν1 i et |ν2 i, et on suppose m1 6= m2 .
Les oscillations de neutrinos se propageant librement proviennent de l’effet quantique suivant.
Supposons que les états physiques de neutrinos produits (réactions (2)) ou détectés (réactions
(1)) ne sont pas |ν1 i et |ν2 i, mais des combinaisons linéaires :

|νe i = |ν1 i cos θ + |ν2 i sin θ , |νµ i = −|ν1 i sin θ + |ν2 i cos θ (5)

où θ est un angle de mélange à déterminer. Ces combinaisons linéaires d’états propres de l’énergie
vont osciller en fonction du temps et mener à des phénomènes mesurables.
1. A l’instant t = 0, on produit un neutrino d’impulsion p dans l’état |νe i. Calculer l’état
|ν(t)i à l’instant t en fonction de |ν1 i et |ν2 i.
2. Quelle est la probabilité Pe que ce neutrino soit détecté dans l’état |νe i à l’instant t ? On
exprimera le résultat en fonction de l’angle de mélange θ et de la longueur d’oscillation L
4π~p
L= , ∆m2 = m21 − m22 . (6)
|∆m2 | c2

3. Calculer la longueur d’oscillation L pour l’énergie E ≃ pc = 4 MeV et une différence


d’énergie de masse ∆m2 c4 = 10−4 eV2 .
4. On mesure les flux de neutrinos avec un détecteur situé à une distance ℓ du point de
production. Exprimer la probabilité Pe en fonction de la distance parcourue ℓ = ct.
5. L’énergie de masse du muon est mµ c2 = 106 MeV. En déduire que dans ce type d’expérience,
on ne peut pas détecter les νµ par la réaction (1). On rappelle que mp c2 = 938,27 MeV et
mn c2 = 939,57 MeV.
6. Les détecteurs mesurent les flux de neutrinos avec une précision de ∼ 10%.
(a) En prenant ∆m2 c4 = 10−4 eV2 , déterminer la distance minimale ℓmin à laquelle il faut
se placer pour détecter un effet d’oscillation. On supposera que le mélange dans (5)
est maximal, c’est-à-dire θ = π/4.
(b) Comment est changée ℓmin si le mélange n’est pas maximal ?
1. Oscillations des Neutrinos 7

Ndétectés 1,2
N attendus
1,0

0,8
0,6
ILL
Bugey
0,4 Rovno
Goesgen
0,2 Chooz
KamLAND distance (mètres)
0
10 102 103 104 105

Figure 1 – Rapport entre les nombres de neutrinos électroniques détectés et attendus en l’ab-
sence d’oscillations, en fonction de la distance ℓ au réacteur.

7. Beaucoup d’expériences de détection de neutrinos issus de centrales nucléaires ont été


réalisées, notamment auprès du réacteur franco-belge de Chooz dans les Ardennes et du
réacteur du Bugey dans l’Ain. La plus récente provient de la collaboration KamLAND, au
Japon. Les résultats sont donnés sur la figure 1.

(a) Expliquer les résultats de la figure 1, hormis celui de KamLAND.


(b) L’expérience KamLAND, réalisée en 2002, a consisté à recueillir les neutrinos issus de
tous les (nombreux) réacteurs du Japon (et des pays voisins), ce qui revient à prendre
une distance moyenne ℓ = 180 km. En rassemblant leurs résultats et les nombreuses
données obtenues sur les neutrinos solaires, les physiciens de Kamland arrivent aux
valeurs suivantes :

|∆m2 | c4 = 7,1 (± 0,4) × 10−5 eV2 , tan2 θ = 0,45 (± 0,02) . (7)

Montrer que ces valeurs sont compatibles avec le résultat Pe = 0,61 (± 0,10) de la
figure 1.

Oscillations des trois espèces : neutrinos atmosphériques


Nous nous penchons maintenant sur la formalisation du problème général des trois espèces de
neutrinos. Nous nommons |να i, α = e, µ, τ les neutrinos de « saveur »et |νi i, i = 1, 2, 3 les états
propres de la masse. Ces deux bases sont reliées entre elles par la matrice Û de Maki-Nagawaka-
Sakata (MNS),
Ö è
X3 Ue1 Ue2 Ue3
|να i = Uαi |νi i , Û = Uµ1 Uµ2 Uµ3 (8)
i=1 Uτ 1 Uτ 2 Uτ 3

Cette matrice est unitaire ( ∗ = δαβ ) et peut s’écrire de la façon suivante :


i Uβi Uαi
P

Ö èÖ èÖ è
1 0 0 c13 0 s13 e−iδ c12 s12 0
Û = 0 c23 s23 0 1 0 −s12 c12 0
0 −s23 c23 −s13 eiδ 0 c13 0 0 1
8 1. Oscillations des Neutrinos

où cij = cos θij et sij = sin θij . La résolution expérimentale complète du problème des oscillations
de neutrinos consiste à mesurer les trois angles « de mélange »θ12 , θ23 , θ13 , la phase δ, et les trois
masses m1 , m2 , m3 . On opère dans des conditions où la relation (4) est toujours valable.
1. À l’instant t = 0 on produit un neutrino d’impulsion p dans l’état |ν(0)i = |να i. Expri-
mer, en fonction des éléments de matrice Uαi , son état à un instant t ultérieur. Écrire la
probabilité Pα→β (t) d’observer un neutrino de saveur β à l’instant t.
2. On définit les longueurs d’oscillations à l’énergie E ≃ pc par :
4π~p
Lij = , ∆m2ij = m2i − m2j . (9)
|∆m2ij |c2

On note qu’il n’y a que deux longueurs d’oscillation indépendantes puisque ∆m212 +∆m223 +
∆m231 = 0. Pour des neutrinos d’énergie E = 4 GeV, calculer les longueurs d’oscillation
L12 et L23 . On prendra pour |∆m212 | le résultat donné en (7), et on choisira |∆m223 | c4 =
2,5 × 10−3 eV2 , résultat qui sera justifié dans la suite.
3. On dispose de compteurs de neutrinos ayant une précision de l’ordre de 10% et on travaille
à l’énergie E = 4 GeV. À partir de quelles distances ℓ12 et ℓ23 du point de production de
neutrinos peut-on espérer détecter une oscillation résultant d’une superposition 1 ↔ 2 ou
2↔3 ?
4. L’expérience Super-Kamiokande, réalisée en 1998, consiste à détecter les neutrinos « at-
mosphériques ». Ces neutrinos sont produits par collision de rayons cosmiques de grande
énergie avec les noyaux de la haute atmosphère. Dans une série de réactions, des mésons
π ± sont produits abondamment, et se désintègrent suivant la chaîne :

π − → µ− + ν̄µ suivi de µ− → e− + ν̄e + νµ , (10)

et une chaîne analogue pour les π + . Les flux de ces neutrinos sont mesurés par un détecteur
souterrain gr‚ce aux réactions (1) et (3).
On suppose pour simplifier que tous les muons se désintègrent avant d’atteindre la terre. En
déduire qu’en l’absence d’oscillation de neutrinos, le rapport entre le nombre de neutrinos
électroniques et muoniques
N (νµ ) + N (ν̄µ )
Rµ/e =
N (νe ) + N (ν̄e )
devrait être égal à 2.
5. Les corrections au rapport Rµ/e dues au fait qu’une partie des µ atteigne le sol sont cal-
culées très précisément. Une fois cette correction faite, on trouve en comparant les valeurs
mesurées et calculées pour Rµ/e

(Rµ/e )mesuré
= 0,64 (± 0,05) .
(Rµ/e )calculé

Pour expliquer cette baisse relative du nombre de νµ , on songe évidemment à un effet


d’oscillation νµ ⇋ νe ou νµ ⇋ ντ . L’expérience de Super-Kamiokande consiste à faire varier
la distance de vol des neutrinos en mesurant sélectivement la direction de leur provenance,
comme indiqué sur la figure 2. Les neutrinos venant du haut (cos α ∼ 1) ont parcouru une
distance égale à l’épaisseur de l’atmosphère + la profondeur du détecteur, alors que ceux
provenant du bas (cos α ∼ −1) ont traversé le diamètre de la Terre (13 400 km). Étant
donné la faiblesse des interactions de neutrinos avec la matière, tout se passe comme si les
1. Oscillations des Neutrinos 9

Neutrinos électroniques
120
angle
zénithal α 80
rayon
cosmique
40
neutrino
Détecteur cos α
0
-1 -0,5 0 0,5 1

Neutrinos muoniques
Terre 300

200
atmosphère

100
cos α
0
-1 -0,5 0 0,5 1
Figure 2 – À gauche : création des neutrinos atmosphériques par collision d’un rayon cosmique
sur un noyau de l’atmosphère terrestre. Le détecteur souterrain mesure le flux de neutrinos
électroniques et muoniques en fonction de l’angle zénithal α. À droite : nombre de neutrinos
atmosphériques détectés dans l’expérience Super-Kamiokande en fonction de l’angle zénithal. La
ligne grise représente les nombres attendus en l’absence d’oscillations (figure réalisée d’après K.
Tanyaka, XXII Physics in Collisions Conference, Stanford 2002).

neutrinos voyagent librement sur une distance contrôlable comprise entre quelques dizaines
de km et 13 400 km.
L’énergie des neutrinos étant typiquement de 4 GeV dans cette expérience, peut-on observer
l’effet d’une oscillation νe ⇋ νµ du type étudié dans la première partie ?
6. Les distributions angulaires des νe et des νµ sont représentées sur la figure 2, ainsi que les
distributions que l’on attendrait en l’absence d’oscillations. Expliquer pourquoi ces données
sont compatibles avec le fait que l’on observe une oscillation νµ ⇋ ντ , pas d’oscillation
νe ⇋ ντ , et pas d’oscillation νe ⇋ νµ .
7. En vertu des résultats précédents, on suppose que l’on a affaire à une oscillation à deux
neutrinos : νµ ⇋ ντ . On reprend donc le même formalisme que dans la première partie,
mais en changeant l’identité des partenaires.
En comparant les flux de neutrinos muoniques arrivant du haut et du bas, estimer l’angle de
mélange θ23 . Pour prendre en compte la grande dispersion en énergie des rayons cosmiques,
donc des neutrinos atmosphériques, on remplacera le facteur oscillant sin2 (πℓ/L23 ) par sa
moyenne 1/2 si ℓ ≫ L23 .
Les résultats complets publiés par l’expérience Super-Kamiokande sont

|∆m223 | c4 = 2,5 × 10−3 eV2 , θ23 = π/4 , θ13 = 0 .

Sont-ils en accord avec les considérations ci-dessus ?


10 1. Oscillations des Neutrinos

Solution

Mécanisme des oscillations : neutrinos des réacteurs


1. Initialement, l’état du neutrino est |ν(0)i = |νe i = |ν1 i cos θ + |ν2 i sin θ. On a donc à
l’instant t
|ν(t)i = |ν1 i cos θ e−iE1 t/~ + |ν2 i sin θ e−iE2 t/~ .
2. La probabilité de trouver ce neutrino dans l’état |νe i à l’instant t est
2
Pe (t) = |hνe |ν(t)i|2 = cos2 θ e−iE1 t/~ + sin2 θ e−iE2 t/~ ,

ce qui donne après un calcul simple :


Ç å
2 2 (E1 − E2 )t
Pe (t) = 1 − sin (2θ) sin .
2~
On a E1 − E2 = (m21 − m22 )c4 /(2pc). En définissant la longueur d’oscillation par L =
4π~p/(|∆m2 | c2 ), on obtient
πct
Å ã
2 2
Pe (t) = 1 − sin (2θ) sin .
L
3. Pour une énergie E = pc = 4 MeV et une différence de masse telle que ∆m2 c4 = 10−4 eV2 ,
on obtient une longueur d’oscillation L = 100 km.
4. Le temps de vol est t = ℓ/c. La probabilité Pe (ℓ) est donc
πℓ
Å ã
Pe (ℓ) = 1 − sin2 (2θ) sin2 . (11)
L
5. Une énergie du νµ de seulement 4 MeV est au dessous du seuil de la réaction νµ +n → p+µ.
On ne peut donc pas mesurer le flux de νµ avec cette réaction dans les expériences faites
auprès de réacteurs.
6. Pour détecter un déficit significatif dans le flux de neutrinos νe , il faut
πℓ
Å ã
sin2 (2θ) sin2 > 0,1 .
L
(a) Pour le mélange maximal θ = π/4, c’est-à-dire sin2 (2θ) = 1, cela impose πℓ/L > 0,32
ou encore ℓ > L/10. Pour E = 4 MeV et ∆m2 c4 = 10−4 eV2 , on trouve ℓ > 10 km.
Les distances typiques pour observer ce phénomène convenablement sont de l’ordre
d’une fraction de la longueur d’oscillation.
(b) Si le mélange n’est pas maximal, il faudra prendre des distances ℓ plus grandes que
L/10. Notons que si l’angle de mélange est trop petit (sin2 (2θ) < 0,1 soit θ < π/10),
l’amplitude de l’oscillation est trop faible pour être détectée, quelle que soit la dis-
tance ℓ choisie. Il faut dans ce cas améliorer la précision de la détection pour pouvoir
conclure.
7. (a) Dans toutes les expériences sauf KamLAND, la distance est inférieure à 1 km. Par
conséquent, dans toutes ces expériences, on a |1 − Pe | ≤ 10−3 . L’effet d’oscillation est
alors indétectable, si l’estimation |∆m2 | c4 ∼ 10−4 eV2 est valable.
(b) Pour |∆m2 | c4 = 7,1 × 10−5 eV2 , tan2 θ = 0,45 et ℓ = 180 km, on obtient Pe = 0,50 ce
qui est en accord avec la mesure. La prédiction théorique prenant en compte les effets
de dispersion énergétique est tracée sur la figure 3. On voit, en passant, combien il est
important de bien contrôler les barres d’erreur dans ce type d’expérience.
1. Oscillations des Neutrinos 11

Ndétectés 1,2
N attendus
1,0

0,8
0,6
ILL
Bugey
0,4 Rovno
Goesgen
0,2 Chooz
KamLAND distance (mètres)
0
10 102 103 104 105

Figure 3 – Points expérimentaux de la figure 1 et prédiction théorique déduite de (11) (sinusoïde


amortie par les effets de dispersion énergétique). Cette courbe représente le meilleur ajustement
des données de neutrinos solaires. On remarquera que les données de KamLAND correspondent
à la deuxième oscillation de la courbe.

Oscillations des trois espèces : neutrinos atmosphériques


1. À l’instant t = 0, on a : X
|ν(0)i = |να i = Uαj |νj i ,
j

et par conséquent, à l’instant t :


2 3 t/(2~p)
|ν(t)i = e−ipct/~ Uαj e−imj c
X
|νj i .
j

On en déduit que la probabilité Pα→β d’observer un neutrino de saveur β à l’instant t est


2
X
2 3
Pα→β (t) = |hνβ |ν(t)i|2 = Uβj

Uαj e−imj c t/(2~p) .

j

2. On a Lij = 4π~E/(|∆m2ij | c3 ). Les longueurs d’oscillation sont proportionnelles à l’énergie.


Il suffit donc de se reporter au résultat de la question 1.3, en faisant la conversion d’un
facteur 1000 pour passer de 4 MeV à 4 GeV.
– Pour |∆m212 | c4 = 7,1 × 10−5 eV2 , on trouve L12 = 140 000 km.
– Pour |∆m223 | c4 = 2,5 × 10−3 eV2 , on trouve L23 = 4 000 km.
3. On cherche ici la distance minimale nécessaire pour observer une oscillation. On suppose
donc que les angles de mélange θ12 et θ23 sont égaux à π/4, ce qui correspond à un mélange
maximal. On a vu en première partie que si ce mélange n’est pas maximal, la visibilité des
oscillations est réduite et que la distance nécessaire pour observer le phénomène d’oscillation
est augmentée.
En reprenant le raisonnement de la première partie, on trouve que la modification du
flux de neutrinos d’une espèce donnée sera détectable au bout d’une distance ℓij telle
que sin2 (πℓij /Lij ) ≥ 0,1 c’est-à-dire ℓij ≥ Lij /10. Cela correspond à ℓ12 ≥ 14 000 km
pour l’oscillation résultant d’une superposition 1 ↔ 2, et ℓ23 ≥ 400 km pour l’oscillation
résultant d’une superposition 2 ↔ 3.
12 1. Oscillations des Neutrinos

4. Le facteur 2 entre les flux attendus pour les neutrinos muoniques et électroniques résulte
d’un simple comptage : chaque particule π − (resp. π + ) donne naissance à un νµ , un ν̄µ et
un ν̄e (resp. un νµ , un ν̄µ et un νe ). En pratique, une partie des muons atteint le sol avant
désintégration, ce qui vient modifier ce rapport. Bien entendu, cet effet est pris en compte
dans le traitement précis des données.
5. Pour une énergie de 4 GeV, on a trouvé que la distance minimale pour observer l’oscillation
résultant de la superposition 1 ↔ 2 est 14 000 km. On constate donc que les oscillations
νe ⇋ νµ , correspondant au mélange 1 ↔ 2 et étudiées dans la première partie, ne pourront
pas être observées sur des distances terrestres. À cette échelle d’énergie (4 GeV) et pour
des temps d’évolution correspondant au plus à la traversée de la terre (0,04 s), on peut
négliger la différence d’énergie E1 − E2 et les phénomènes d’oscillation qu’elle entraîne.
En revanche, si l’estimation |∆m223 | c4 > 10−3 eV2 est correcte, les échelles de distances
terrestres permettent en principe d’observer des oscillations résultant des superpositions
2 ↔ 3 ou 1 ↔ 3, correspondant à νµ ⇋ ντ ou νe ⇋ ντ .
6. La distribution angulaire (donc en distance ℓ) observée pour les νe ne montre aucun signe
de déviation par rapport à la prédiction faite en négligeant toute oscillation. En revanche, il
y a une nette indication d’oscillation des νµ : il y a un déficit clair de neutrinos muoniques
venant du bas, c’est-à-dire ceux qui ont eu un long temps d’évolution.
Le déficit de neutrinos muoniques n’est pas dû à l’oscillation νe ⇋ νµ de la première partie.
En effet, nous avons vu à la question précédente que celle-ci est négligeable sur l’échelle de
temps considérée. Les données expérimentales de la figure 2 confirment d’ailleurs ce point :
le déficit de neutrinos muoniques venant du bas n’est pas associé à une augmentation des
neutrinos électroniques. Il ne peut donc s’agir 1 que d’une oscillation νµ ⇋ ντ .
Aucune oscillation νe ⇋ ντ n’apparaît pas sur les données expérimentales. Dans le cadre
du modèle envisagé ici, cela s’interprète comme la signature d’un angle de mélange θ13 très
faible ou nul.
7. Reprenons le résultat de la question 1.4, et notamment la probabilité (11). La probabilité
pour qu’un neutrino νµ , produit dans l’atmosphère terrestre, soit détecté en tant que νµ
vaut :
πℓ
Å ã
P (ℓ) = 1 − sin2 (2θ23 ) sin2 , (12)
L23
où la moyenne porte sur la distribution en énergie du neutrino. Si on mesure le flux de
neutrinos venant du haut, on a ℓ ≪ L23 , ce qui donne Phaut = 1. Si le neutrino vient du
bas, le terme en sin2 (πℓ/L23 ) se moyenne à 1/2 et on trouve :

1
Pbas = 1 − sin2 (2θ23 ) .
2

Les données expérimentales nous indiquent que, pour −1 ≤ cos α ≤ −0,5, Pbas = 1/2. La
distribution est très plate à une valeur (100 événements) moitié de celle obtenue vers le
haut (200 événements).
On en déduit que sin2 (2θ23 ) = 1, soit θ23 = π/4, c’est-à-dire un angle de mélange νµ ⇋ ντ
maximum. Les résultats publiés par Super-Kamiokande sont évidemment en plein accord
avec cette analyse.

1. Pour être complets, signalons que les physiciens ont aussi examiné la possibilité d’une oscillation avec un
neutrino "stérile", qui n’aurait aucune interaction directement détectable avec la matière.
1. Oscillations des Neutrinos 13

Commentaires
La grande difficulté de ces expériences provient de la très faible section efficace d’interaction
des neutrinos avec la matière. Les détecteurs sont de gigantesques masses d’eau, où l’on observe
au mieux une dizaine d’événements par jour (par exemple ν̄e + p → e+ + n). La « précision »d’un
détecteur provient principalement de la statistique, c’est-à-dire du nombre total d’événements
enregistrés.
En 1998, la première observation indiscutable de l’oscillation de neutrinos ντ ⇋ νµ a été
annoncée au Japon par l’expérience Super-Kamiokande (Y. Fukuda et al., Phys. Rev. Lett. 81,
1562 (1998)). Cette expérience utilisait un détecteur contenant 50 000 tonnes d’eau, où 11 500
photomutiplicateurs détectaient la lumière Cherenkov des électrons ou muons produits. Une
soixantaine de ντ ont également été détectés, mais en nombre insuffisant pour donner un supplé-
ment d’information. Le résultat de Super-Kamiokande a été raffiné par la suite. Une expérience
d’accélérateurs a confirmé les valeurs obtenues (K2K collaboration, Phys. Rev. Lett. 90, 041801
(2003)).
L’expérience KamLAND est une collaboration entre des physiciens japonais, américains et
chinois. Le détecteur est un ballon de 1000 m3 rempli de scintillateur liquide (liquide organique C-
H). Le sigle signifie KAMioka Liquid scintillator Anti-Neutrino Detector. Référence : KamLAND
Collaboration, Phys. Rev. Lett. 90, 021802 (2003) ; voir aussi http :/kamland.lbl.gov/.
Un grand nombre de résultats proviennent d’expériences sur les neutrinos solaires. Nous
n’avons pas abordé ce problème, extrêmement important mais trop complexe pour notre propos.
Voir par exemple J. N. Bahcall, Astrophys. Jour. 467, 475 (1996) et M. B. Smy, Mod. Phys.
Lett. A 17, 2163 (2002).
Signalons enfin l’attribution du Prix Nobel 2002 à Raymond Davis Jr. et à Masatoshi Koshiba,
pionniers de cette physique des neutrinos.
Pour en savoir plus : Thierry Lasserre et Daniel Vignaud, La mystérieuse identité des neu-
trinos, Pour La Science, octobre 2003, p. 58 ; André Rougé, Physique subatomique, Chapitre 8
(Éditions de l’École polytechnique, 2003).
14 2. Le double puits quantique asymétrique

2 Le double puits quantique asymétrique


Un puits quantique est une structure cristalline obtenue par croissance de plusieurs couches
de matériaux semi-conducteurs. Nous étudierons dans ce problème un des multiples dispositifs
envisageables, le double puits asymétrique, représenté sur la figure 1. En appliquant un champ
électrique sur ce dispositif, on peut modifier notablement la structure des niveaux quantiques du
système, et contrôler ainsi la dynamique des électrons de conduction. Les applications potentielles
concernent les détecteurs de lumière dans le moyen ou lointain infra-rouge, les lasers, et les
dispositifs photo-voltaïques.

V(x) ∆
Lg Ld
V0

1 2 3 4 5

x
0

Figure 1 – Double puits asymétrique représenté ici en absence de champ électrique extérieur.
Le potentiel ressenti par un électron vaut V (x) = V0 dans les régions 1,3,5, où l’échantillon est
composé de AlGaAs. Ce potentiel vaut 0 dans les régions 2 et 4, composées de GaAs.

Structure des niveaux d’énergie en absence d’effet tunnel


On suppose dans cette partie que V0 est infini. On admettra que le mouvement d’un électron au
sein d’un semi-conducteur est régi par les mêmes lois que dans le vide, à condition de remplacer
la masse par une « masse effective » qui a pour valeur m = 6,1×10−32 kg dans le semi-conducteur
considéré ici. On rappelle la constante de Planck réduite ~ = 1,055 × 10−34 J.s et la charge de
l’électron q = −1,6 × 10−19 C.

1. Rappeler sans calcul les énergies propres dans un puits carré infini de largeur L.
2. En déduire les énergies propres dans le double puits asymétrique dans le cas V0 = ∞.
3. Les largeurs des puits valent Lg = 10 nm et Ld = 3Lg /2 = 15 nm. Calculer en milli-électron-
volt (meV) la position des 6 premiers niveaux d’énergie du système. Y a-t-il des niveaux d’énergie
dégénérés ? On précisera pour chaque niveau si l’électron est localisé dans le puits étroit (région
2) ou le puits large (région 4).
4. De quelle énergie faudrait-il abaisser ou monter l’énergie du fond du puits large (région 4)
par rapport à celle du puits étroit (région 2) pour que le niveau fondamental du double puits
soit dégénéré ? On donnera le résultat sous forme littérale, puis en meV.
5. On cherche à réaliser ce déplacement relatif des fonds des deux puits par un champ élec-
trique. Quel est l’ordre de grandeur du champ électrique F nécessaire, sachant que l’épaisseur
de la barrière séparant les deux puits est ∆ = 3 nm ?
2. Le double puits quantique asymétrique 15

NB. On ne demande pas ici de calcul quantitatif précis, mais seulement une estima-
tion qualitative.

Prise en compte de l’effet tunnel en physique ondulatoire


On suppose dans cette partie que V0 est fini et on s’intéresse aux états stationnaires d’énergie E
inférieure à V0 .

1. Rappeler la forme de l’équation de Schrôdinger


√ indépendante »
du temps dans chacune des 5
régions indiquées sur la figure 1. On posera k = 2mE/~ et K = 2m(V0 − E)/~.
2. Indiquer la forme des solutions retenues sur chacun des cinq intervalles, sous forme de
combinaisons linéaires de fonctions exponentielles (éventuellement complexes) de la variable x.
3. Rappeler le principe du raccordement des solutions aux frontières entre les différentes régions
et expliquer l’origine de la quantification de l’énergie.
N.B. On ne cherchera pas à faire explicitement les calculs de raccordement qui sont
relativement longs dans le cas qui nous intéresse ici.
4. La résolution numérique de la recherche des énergies dans le double puits donne les résultats
indiqués dans la table 1. Comparer les valeurs obtenues aux prédictions de la question 2.3 et
dessiner qualitativement l’allure des fonctions d’onde correspondantes.

niveau énergie (meV)


1 22
2 46
3 87
4 183
5 195
6 344

Table 1 – Niveaux d’énergie dans un double puits asymétrique avec Lg = 10 nm, Ld = 15 nm,
∆ = 3 nm, V0 = 1 eV.

Champ électrique externe et mise à résonance des niveaux


On s’intéresse dans cette partie à la possibilité de favoriser l’oscillation tunnel entre les deux
puits en appliquant un champ électrique. On utilise pour cela le formalisme de Dirac et on note
respectivement |ψg i et |ψd i les états d’énergie minimale dans le puits gauche et le puits droit,
quand le potentiel V0 est infini. On note Eg et Ed les énergies correspondantes. On restreint
l’analyse au sous-espace de dimension 2 de base {|ψg i, |ψd i}, car ce sont ces niveaux de basse
énergie qui jouent un rôle important en pratique. On ne prendra donc pas en compte dans ce qui
suit les niveaux excités de chaque puits.
Pour V0 infini et en l’absence de champ électrique appliqué, l’hamiltonien s’écrit dans la base
{|ψg i, |ψd i}
Ç å
Eg 0
Ĥ0 = .
0 Ed
16 2. Le double puits quantique asymétrique

Figure 2 – Variation des deux niveaux d’énergie les plus bas d’un double puits asymétrique, en
fonction du champ électrique appliqué (J.E. Golub et al., Appl. Phys. Lett. 53, 2584 (1988)).
L’échelle d’énergie verticale est définie à une constante additive près sans importance pour ce
problème.

Le couplage tunnel qui apparaît pour une valeur finie de V0 s’écrit dans cette base :
Ç å
0 1
V̂tun. = −J .
1 0
1. On suppose que l’effet tunnel est faible (J ≪ |Eg − Ed |) et on considère dans cette question
le cas où aucun champ électrique externe n’est appliqué.
(a) Déterminer les énergies propres de l’hamiltonien H0 + Vtun. du double puits en fonction de
Eg , Ed et J.
(b) Donner le développement de ces énergies propres à l’ordre 1 inclus en J.
(c) Quels sont les états propres de l’hamiltonien à l’ordre 0 en J ?
(d) L’effet tunnel peut-il jouer ici un rôle significatif ? On comparera le résultat à celui d’un
double puits symétrique, pour lequel Eg = Ed .

2. On applique maintenant un champ électrique F qui déplace de manière différente les posi-
tions des niveaux |ψg i et |ψd i. On modélise ce champ par le couplage
Ç å
ag F 0
V̂elec. = ,
0 ad F
où ag et ad sont des distances dépendant des caractéristiques du puits quantique (ag 6= ad ).
Déterminer les niveaux d’énergie du double puits et tracer qualitativement leur variation en
fonction du champ appliqué F dans le cas ag < ad < 0.
Remarque : on aura intérêt à mettre l’hamiltonien total Ĥ = Ĥ0 + V̂tun. + V̂elec. sous la forme
Ç å
cos θ sin θ
Ĥ = α1̂ + β , (1)
sin θ − cos θ
où α, β et θ seront exprimés en fonction de J et des énergies Ē et ∆E définies par :
1 1
Ē = (Eg + Ed + (ag + ad )F ) ∆E = (Eg − Ed + (ag − ad )F )
2 2
2. Le double puits quantique asymétrique 17

Le symbole 1̂ représente la matrice identité.


3. Quelle est la distance minimale entre les deux niveaux d’énergie quand on fait varier le
champ électrique F ? Quels sont les états propres de l’hamiltonien Ĥ dans ce cas ?
4. Un résultat expérimental pour la mesure des deux niveaux les plus bas d’un double puits
asymétrique est représenté sur la figure 2. Comparer ce résultat aux prédictions du modèle
développé ci-dessus et extraire la valeur du coefficient tunnel J.

Oscillation dans le double puits et émission de rayonnement


Avec une impulsion laser convenablement choisie, on peut préparer les électrons de conduc-
tion dans le puits de gauche à un instant précis (t = 0). Si une oscillation des électrons se
produit ensuite entre les deux puits, le dispositif se comporte comme une antenne et un champ
électromagnétique est rayonné à la fréquence correspondante.
On utilisera dans cette partie le formalisme de Dirac présenté à la partie précédente. Les ex-
périences sont menées sur un dispositif voisin de celui étudié dans la partie 3, mais correspondant
à une valeur numérique différente du coefficient tunnel J.

1. On souhaite maximiser l’amplitude du champ électromagnétique rayonné. Quelle est la


configuration optimale pour les états propres de l’hamiltonien Ĥ ? Pour trouver cette condition,
ˆ qui a
on pourra s’intéresser à la partie oscillante de la valeur moyenne de l’opérateur dipole d,
pour états propres |ψd i et |ψg i avec les valeurs propres +d0 et −d0 .
2. Un résultat expérimental montrant ce champ électromagnétique rayonné en fonction du
temps est indiqué sur la figure 3. Les auteurs de cette figure ont ajusté le champ électrique
statique F pour maximiser l’amplitude du champ rayonné. Déduire de cette figure la valeur du
coefficient tunnel J pour le double puits utilisé. On ne cherchera pas à expliquer l’amortissement
des oscillations observé expérimentalement.

Figure 3 – Champ électromagnétique rayonné, après préparation à t = 0 des électrons dans


le puits gauche. 1 picoseconde=10−12 seconde (H.G. Roskos et al., Phys. Rev. Lett. 68, 2216
(1992)).
18 2. Le double puits quantique asymétrique

Solution

Structure des niveaux d’énergie en absence d’effet tunnel


1. En = n2 E1 avec E1 = ~2 π 2 /(2mL2 ) et n = 1, 2, . . ..
2. En absence de couplage tunnel, une base d’états propres possibles est formée par la réunion
des états propres du puits gauche, d’énergie Eg,n = n2 ~2 π 2 /(2mL2g ), et du puits droit, d’énergie
Ed,n = n2 ~2 π 2 /(2mL2d ).
3. L’état d’énergie le plus bas correspond au fondamental du puits le plus large. En raison du
choix 3Lg = 2Ld , le deuxième niveau du puits étroit coïncide avec le troisième niveau du puits
large. Ce niveau est dégénéré. Les résultats pour les 6 premiers niveaux sont :

niveau énergie (meV) disposition


1 25 droit (n = 1)
2 56 gauche (n = 1)
3 100 droit (n = 2)
4 225 gauche (n = 2)
5 225 droit (n = 3)
6 400 droit (n = 4)
4. Il faut monter l’énergie du puits large (ou abaisser l’énergie du puits étroit) de

~2 π 2
Ç å
1 1
∆E = 2
− 2 = 56 meV − 25 meV = 31 meV.
2m Lg Ld

5. Dans un champ électrique F , la différence d’énergie potentielle pour une charge q entre
deux points séparés par une distance ℓ vaut ∆U = qF ℓ. Ici, les centres des deux puits sont
séparés de ℓ = ∆ + (Lg + Ld )/2 = 15.5 nm. Le champ F nécessaire est donc de l’ordre de
∆E/(qℓ) = 2 × 106 V/m. On retrouve bien l’ordre de grandeur des champs qui vont intervenir
dans la suite, de quelques dizaines de kV/cm.
Note : il ne s’agit ici que d’un ordre de grandeur. En présence d’un champ électrique, le potentiel
n’est plus uniforme au fond d’un puits, mais varie linéairement avec la position. La résolution
exacte de l’équation de Schrôdinger dans chaque puits fait intervenir des fonctions d’Airy et
les niveaux d’énergie n’ont plus d’expression analytique simple en fonction des paramètres du
problème.

Prise en compte de l’effet tunnel en physique ondulatoire


1. Régions 1,3,5 : ψ ′′ − K 2 ψ = 0. Régions 2 et 4 : ψ ′′ + k2 ψ = 0.
2. Si on élimine les solutions divergeant exponentiellement en ±∞, on arrive aux expressions
suivantes :

Région forme de la fonction


Région 1 ψ(x) = A eKx
Région 2 ψ(x) = B1 eikx + B2 e−ikx
Région 3 ψ(x) = C1 eKx + C2 e−Kx
Région 4 ψ(x) = D1 eikx + D2 e−ikx
Région 5 ψ(x) = G e−Kx
soit 8 coefficients à déterminer.
2. Le double puits quantique asymétrique 19

G D G D G D

x x x

E = 22 meV E = 46 meV E = 87 meV

G D G D G D

E = 183 meV x E = 195 meV x E = 344 meV x

Figure 4 – Les 6 premiers états propres (non normalisés) dans le double puits asymétrique.

3. La continuité de la fonction d’onde et de sa dérivée aux quatre zones frontières donnent 8


relations linéaires entre ces coefficients. Par exemple, on trouve à la frontière 1–2, qu’on prend
par convention en x = 0 :

A = B1 + B2 KA = ik(B1 − B2 )

En général, le déterminant du système 8 × 8 est non nul et la seule solution du système est la
fonction nulle A = B1 = . . . = G = 0. Ce n’est que pour des valeurs discrètes de l’énergie que
le déterminant s’annule. On trouve alors une famille de solutions toutes proportionnelles entre
elles, et on choisit une solution de norme 1, ce qui fixe l’ensemble des coefficients (à une phase
globale près).
4. On retrouve des valeurs comparables à celles de la première partie. Ces valeurs sont légère-
ment inférieures en raison du caractère fini de V0 , qui autorise une probabilité de présence non
nulle de la particule dans les régions classiquement interdites. Les états propres de l’hamiltonien
sont représentés sur le figure 4.
La dégénérescence trouvée précédemment entre les niveaux 4 et 5 est levée, et deux raisons
peuvent a priori être invoquées :
– le couplage tunnel entre les deux niveaux gauche et droit ; si c’est l’effet dominant, les états
propres de l’hamiltonien auront chacun une probabilité de présence significative à gauche et à
droite.
– l’effet de pénétration dans la zone interdite, qui n’a pas exactement le même effet sur les
niveaux du puits large et sur ceux du puits étroit ; si c’est l’effet dominant, les états propres
de l’hamiltonien seront localisés respectivement dans le puits de gauche et le puits de droite.
Il est difficile de prédire quel est l’effet qui domine sans faire de calcul explicite, ce qui n’était pas
demandé dans l’énoncé. La détermination numérique des états propres de l’hamiltonien et leur
représentation graphique (cf. fig. 4) permet de lever l’ambiguïté : on trouve que c’est le second
20 2. Le double puits quantique asymétrique

phénomène qui domine, car les états propres de l’hamiltonien correspondant aux niveaux 4 et 5
sont localisés à gauche et à droite, respectivement.

Champ électrique externe et mise à résonance des niveaux


1. (a) Pour déterminer les valeurs propres de la matrice
Ç å
Eg −J
Ĥ0 + V̂ =
−J Ed
on calcule son polynôme caractéristique

P (E) = E 2 − E(Eg + Ed ) + Eg Ed − J 2

dont les racines sont


1 » 
E± = Eg + Ed ± (Eg − Ed )2 + 4J 2 .
2
(b) A l’ordre 1 en J, les valeurs propres ne dépendent pas de J et sont E = Eg et E = Ed .
(c) Les vecteurs propres sont à l’ordre zéro en J égaux respectivement à |ψg i et |ψd i.
(d) Quand J est petit devant la différence d’énergie |Eg − Ed | entre niveaux, l’effet tunnel
entre ces niveaux joue donc un rôle négligeable. La situation est très différente du double puits
symétrique pour lequel Eg = Ed et pour lequel les √ états propres du problème sont toujours les
états « complètement mélangés » : (|ψg i ± |ψd i)/ 2.
2. Posons comme indiqué dans l’énoncé
1 1
Ē = (Eg + Ed + (ag + ad )F ) ∆E = (Eg − Ed + (ag − ad )F )
2 2
On trouve alors l’expression indiquée pour Ĥ en prenant :
p ∆E −J
α = Ē β= ∆E 2 + J 2 cos θ = √ sin θ = √
∆E 2 + J 2 ∆E 2 + J 2
Les niveaux d’énergie sont p
E± = α ± β = Ē ± ∆E 2 + J 2
et le tracé de leur variation avec F , représenté sur la figure 5, correspond à deux branches
d’hyperbole.

3. L’écart minimal entre les deux niveaux d’énergie est obtenu pour ∆E 2 + J 2 minimal,
c’est-à-dire ∆E = 0. Cette situation correspond à la mise à résonance des deux puits :

Eg + ag F = Ed + ad F .

Dans ce cas, θ = −π/2 et les états propres de Ĥ sont


1 1
√ (|ψg i + |ψd i) : niveau fondamental √ (|ψg i − |ψd i) : premier niveau excité
2 2
L’écart entre les énergies de ces deux niveaux est 2J.
4. On retrouve bien la variation en branches d’hyperbole attendue. L’écart minimal entre les
deux branches d’hyperbole est de 14 meV, ce qui donne J = 14/2 = 7 meV. Cette valeur est
notablement plus faible que les écarts entre niveaux d’énergie dans un puits (plusieurs dizaines
de meV), ce qui justifie de restreindre notre étude au niveau fondamental de chaque puits.
2. Le double puits quantique asymétrique 21

Energie

Figure 5 – Variation des énergies propres avec le champ électrique appliqué F (tracé pour
ag = 4ad ).

Oscillation dans le double puits et émission de rayonnement


1. Pour avoir une oscillation importante entre les deux puits, il faut que les états propres de
l’hamiltonien soient des combinaisons linéaires de |ψg i et |ψd i avec des poids comparables, ce
qui impose de travailler près de la résonance dégagée précédemment : Eg + ag F = Ed + ad F .
Si c’est bien le cas, un électron initialement préparé dans le puis de gauche se trouvera avec
certitude dans le puits de droite au bout d’une demi-période, puis de nouveau dans le puits de
gauche au bout d’une période, et ainsi de suite. L’amplitude du dipole moyen est alors maximale,
égale à 2d0 . Comme l’amplitude du champ rayonné par un dipole oscillant est proportionnelle à
l’amplitude de l’oscillation du dipole, ceci garantit que le champ électromagnétique rayonné sera
lui aussi maximal.
Si on n’est pas au voisinage de la résonance, les états propres de Ĥ sont à peu près égaux à
|ψg i et |ψd i : un électron préparé initialement dans le puits de gauche y restera et aucun champ
appréciable ne sera rayonné.

Remarque. Bien que cela ne soit pas explicitement demandé dans l’énoncé, on peut mener
des calculs plus quantitatifs pour cette question en procédant de la manière suivante :
1. Les états propres de l’hamiltonien sont
Ç å Ç å
cos(θ/2) − sin(θ/2)
|φ+ i = et |φ− i =
sin(θ/2) cos(θ/2)

2. L’état initial s’écrit

|ψ(0)i = |ψg i = cos(θ/2)|φ+ i − sin(θ/2)|φ− i

et son évolution est

|ψ(t)i = cos(θ/2)e−i(α+β)t/~ |φ+ i − sin(θ/2)e−i(α−β)t/~ |φ− i .


ˆ
3. Le dipole moyen vaut hdi(t) = hψ(t)|d|ψ(t)i et un calcul long, mais sans réelle difficulté,
conduit à :
hdi(t) = d0 cos2 θ + sin2 θ cos(2βt) .
Ä ä
22 2. Le double puits quantique asymétrique

4. Pour maximiser la partie oscillante du dipole moyen, il faut choisir sin2 θ = 1, ce qui revient
à se placer à résonance, auquel cas β = J.
2. Supposons qu’on se place à résonance. L’écart d’énergie entre les deux états propres |ψ± i
de l’hamiltonien vaut 2J et l’état initial
1
|ψ(0)i = |ψg i = √ (|ψ+ i + |ψ− i)
2
va évoluer en
1 Ä
|ψ(t)i = eiΦ(t) √ e−iJt/~ |ψ+ i + e+iJt/~ |ψ− i
ä
2
où Φ(t) est une phase globale sans importance ici. La période de l’oscillation de l’électron est
T = π~/J et c’est également la période du champ rayonné. On mesure une période du champ
de 0,7 ps, ce qui correspond à J = 3 meV.

Remarque. Des structures à puits quantiques similaires à celle étudiée dans ce problème ont
été récemment réalisées afin de produire un rayonnement laser dans le domaine de l’infrarouge
lointain. La conception de ces structures doit être soigneusement étudiée afin d’assurer un dé-
peuplement efficace du niveau inférieur rendant possible une inversion de population. Le premier
dispositif laser à puits quantiques ayant fonctionné dans le domaine de l’infrarouge lointain re-
posait ainsi sur une structure périodique, chaque période étant constituée d’un ensemble de sept
puits quantiques couplés par effet tunnel. Le tout est placé dans un champ électrique statique
de plusieurs kV par cm [R. Kohler et al., Terahertz semiconductor-heterostructure laser, Nature
417, 156-159 (2002)].
3. Électron flottant sur de l’hélium liquide 23

3 Électron flottant sur de l’hélium liquide


On considère un électron de masse m et de charge q, en mouvement à la surface d’un bain
d’hélium liquide (figure 1). On suppose que le mouvement de l’électron dans le plan Oxy de
la surface est limité par des électrodes non représentées sur la figure. On ne s’intéresse dans ce
problème qu’au mouvement dans la direction z perpendiculaire à la surface.

Vide
0
hélium
liquide

Figure 1 – Géométrie du dispositif.

La quantification du mouvement de l’électron


1. Le potentiel d’interaction entre l’électron et l’hélium liquide est supposé infini si l’électron
est à l’intérieur du liquide (z < 0). En déduire la valeur de la fonction d’onde ψ(z, t) de l’électron
pour z < 0, et rappeler la condition de continuité de ψ(z, t) en z = 0.
2. Quand l’électron est placé dans le demi-espace z ≥ 0, il possède une énergie potentielle
d’origine électrostatique, due à son interaction avec son « image » électrique dans l’hélium.
Cette énergie a pour expression

Λ q2 ε−1
V (z) = − avec Λ= ,
z 4πǫ0 4(ε + 1)

où ε est la constante diélectrique de l’hélium.


Rappeler l’équation qui régit l’évolution temporelle de la fonction d’onde ψ(z, t) de l’électron.
3. On cherche les solutions stationnaires de cette équation sous la forme ψ(z, t) = φ(z) e−iEt/~ .
Donner sans démonstration l’équation vérifiée par φ(z) (équation de Schrödinger indépendante
du temps). Dans la suite, on notera En , où n est un entier strictement positif, les énergies
négatives (états liés) pour lesquelles cette équation admet une solution.
4. Recherche de l’état fondamental.
On se donne pour z ≥ 0 la fonction d’onde φ1 (z) = c1 z e−κ1 z , où c1 et κ1 sont des nombres
réels strictement positifs.
(a) Déterminer le coefficient κ1 et l’énergie E1 tels que φ1 soit solution de l’équation de Schrö-
dinger indépendante du temps. On exprimera κ1 et E1 en fonction de m, Λ et ~.
(b) Combien de fois la fonction φ1 (z) change-t-elle de signe sur l’intervalle [0, +∞[ ?
En déduire que φ1 (z) décrit l’état fondamental du système.
(c) Déterminer c1 (en fonction de κ1 ) pour que φ1 (z) soit normalisée.
R +∞
On donne 0 un e−u du = n! .
(d) Déterminer la valeur moyenne z1 = hzi pour un électron préparé dans l’état φ1 (z). On
exprimera le résultat en fonction de m, Λ et ~.
24 3. Électron flottant sur de l’hélium liquide

(e) On rappelle la masse et la charge de l’électron : m = 9.1 × 10−31 kg et q = −1.6 × 10−19 C.


On donne également (4πǫ0 )−1 = 9 × 109 J.m.C−2 et ε ≈ 1.057.
Calculer l’énergie E1 (en Joule, puis en milli-électronVolt) et l’extension z1 (en nanomètres)
de la fonction d’onde φ1 (z).
5. Recherche du premier état excité.
On considère maintenant la fonction d’onde normalisée φ2 (z) = c2 z (1 − κ2 z) e−κ2 z , où c2 et κ2
sont des nombres réels strictement positifs. On ne cherchera pas à calculer c2 .
(a) Déterminer le coefficient κ2 et l’énergie E2 tels que φ2 soit solution de l’équation de Schrö-
dinger indépendante du temps.
(b) Vérifier la relation E2 = E1 /4. Donner en GHz les fréquences ν1 = |E1 |/h, ν2 = |E2 |/h,
ainsi que la fréquence ν0 correspondant à la transition φ1 ↔ φ2 , définie par hν0 = |E1 − E2 |.
(c) Justifier que φ2 correspond au premier état excité du mouvement de l’électron le long de
l’axe Oz.

Action d’un champ électrique et absorption de rayonnement


On applique sur le système un champ électrique uniforme E > 0, indépendant du temps,
orienté suivant Oz, au moyen d’une paire d’électrodes parallèles à la surface du liquide (figure
2). La différence de potentiel entre les électrodes est notée U et la distance entre électrodes est
ℓ = 4 mm. On a E = U/ℓ.


0 U

Figure 2 – Une tension positive U tend à comprimer les électrons sur la surface de l’hélium, ce
qui modifie la position des niveaux d’énergie Ej , j = 1, 2, . . .

En plus du champ constant précédent, on envoie une onde électromagnétique de fréquence ν


sur l’électron piégé et on mesure la fréquence ν1→2 qui induit la transition entre les deux niveaux
d’énergie les plus bas. On trouve

U (Volt) ν1→2 (GHz)


0 118
50 220

On utilise dans cette partie les notations de Dirac, et on introduit en particulier les kets |φj i,
j = 1, 2 correspondant aux fonctions d’onde φj (z) vues dans la première partie.

1. En utilisant les résultats de la première partie, expliquer le résultat obtenu pour U = 0.


2. La présence du champ électrique E ajoute l’énergie potentielle supplémentaire

W (z) = −q E z
3. Électron flottant sur de l’hélium liquide 25

(a) Donner l’expression des éléments de matrice hφi |Ŵ |φj i de Ŵ , en fonction de la valeur
moyenne
R∞
zi de la position de l’électron dans le niveau i = 1 ou i = 2, et de la quantité
d = 0 z φ1 (z)φ2 (z)dz.
(b) On choisit U = 50 V. Evaluer en GHz la quantité |qEz1 |/h.
(c) On note Ĥ0 la restriction du Hamiltonien au sous-espace de base {|φ1 i, |φ2 i}, en l’absence de
champ électrique. En présence du champ électrique, le hamiltonien total s’écrit Ĥ = Ĥ0 + Ŵ .
Evaluer en GHz les quatre coefficients hφi |Ĥ|φj i/h, pour i, j = 1, 2, en prenant U = 50
V. En déduire que l’on peut négliger les termes √ non diagonaux de la matrice lors de sa
diagonalisation. On donne z2 = 4 z1 , et d = −64 2 z1 /243.
(d) Donner dans ce cas la variation de la fréquence ν1→2 avec la différence de potentiel U . On
exprimera le résultat en fonction de E1 , E2 , z1 , ℓ, q et h.
(e) Retrouver le résultat expérimental obtenu pour U = 50 V.

Arrachage de l’électron par effet tunnel


Pour une tension U négative, l’électron peut être arraché à la surface. On souhaite évaluer le
temps moyen nécessaire pour qu’un électron préparé sur le niveau d’énergie E1 s’échappe. Pour
cela, on considére que lorsqu’il est dans le niveau E1 , l’électron
– oscille dans le puits de potentiel près du liquide avec un temps caractéristique T = ~/E1
– « tente sa chance » de s’échapper par effet tunnel avec une probabilité p à chaque oscillation.

1. Pour évaluer analytiquement p, on applique au potentiel réel Vtot (z) = V (z) + W (z) vu par
l’électron (figure 3) le résultat connu pour une barrière carrée :

p ≃ e−2KL

La longueur L = zb − za correspond à la distance»entre les deux points za et zb où Vtot (z) = E1


(za < zb ). Le coefficient K est donné par K = 2m(Vtot,max − E1 )/~. Dans toute la suite on
négligera le déplacement du niveau E1 induit par le champ électrique.

Vtot (z)

za zb z
Vtot, max

E1

Figure 3 – Potentiel total vu par l’électron pour une tension U négative.

(a) Pour U = 0, évaluer la force qEv = −dV /dz, prise au point z = z1 , qui est ressentie par
l’électron du fait de son interaction avec son image électrique (Ev est un champ électrique
effectif « vu » par l’électron en z = z1 ). On exprimera qEv en fonction de m, Λ et ~.
(b) Dans tout ce qui suit on supposera que le champ électrique E appliqué par les électrodes est
tel que |qE| ≪ m2 Λ3 /~4 . Interpréter physiquement cette hypothèse, et justifier le fait que
l’on néglige le déplacement du niveau E1 .
26 3. Électron flottant sur de l’hélium liquide

(c) Écrire l’équation permettant de déterminer za et zb , en fonction de E1 , Λ, q et E.


(d) En utilisant l’expression de E1 , et l’hypothèse |qE| ≪ m2 Λ3 /~4 , donner une expression
simple pour za et zb . En déduire qu’on peut prendre L ≃ mΛ2 /(2~2 qE).
(e) Montrer que dans cette approximation, on a Vtot,max − E1 ≃ |E1 |.
(f) Exprimer p en fonction de m, Λ, ~, q et E.
2. On veut maintenant calculer la « durée de vie » de l’électron en présence du champ électrique.
(a) En utilisant les relations de dispersion de Heisenberg, donner l’ordre de grandeur de la vitesse
v1 de l’électron sur le niveau d’énergie E1 , en fonction de l’excursion z1 de son déplacement.
En déduire que T = ~/E1 donne une bonne approximation du temps caractéristique d’aller-
retour de l’électron piégé.
(b) Exprimer en fonction de p la probabilité Pn que l’électron soit encore piégé à la surface de
l’hélium après n « tentatives » de s’échapper. Montrer que pour p ≪ 1 et np2 ≪ 1, cette
probabilité s’écrit Pn ∼ e−np .
(c) On suppose p ≪ 1. Montrer que la probabilité que l’électron soit encore piégé au voisinage
de la surface à l’instant t peut s’écrire P (t) = e−t/τ , et exprimer la durée de vie moyenne τ
de l’électron sur le niveau d’énergie E1 , en fonction de T et p.
(d) On réalise avec les électrodes un champ |E| = 104 V/m. Évaluer p, puis la durée de vie τ .
(e) Pour un champ E donné, la durée de vie de l’état fondamental d’énergie E1 est-elle plus
longue ou plus courte que celle de l’état d’énergie E2 ? Lequel de ces deux niveaux est-il le
plus facile à « ioniser » ?

Solution

La quantification du mouvement de l’électron


1. L’électron ne peut pas pénétrer dans l’hélium liquide, donc on a ψ(z < 0, t) = 0, et ψ(z, t)
est continue (mais non dérivable) en z = 0.
2. On utilise la forme générale de l’équation de Schrödinger :

∂ψ ~2 ∂ 2 ψ Λ
i~ =− − ψ
∂t 2m ∂z 2 z
3. On posant ψ(z, t) = φ(z)e−iEt/~ on obtient l’équation indépendante du temps :

~2 d2 φ Λ
− − φ = En φ et E = En .
2m dz 2 z
4. Etat fondamental.
(a) En dérivant deux fois φ1 (z) et en reportant dans l’équation précédente, on trouve que
κ1 = mΛ/~2 , et E1 = −mΛ2 /(2~2 ) = −~2 κ21 /(2m).
(b) La fonction d’onde φ1 (z) ne change pas de signe, elle correspond donc à l’état fondamental
de l’électron.
3/2
(c) En utilisant la condition de normalisation 0+∞ |φ1 (z)|2 dz = 1, on obtient c1 = 2 κ1 .
R

(d) On obtient z1 = hzi = 0+∞ z |φ1 (z)|2 dz = 3/(2κ1 ) = 3~2 /(2mΛ).


R
3. Électron flottant sur de l’hélium liquide 27

(e) On trouve E1 = -1.04 10−22 J = -0.65 meV, et z1 = 11.5 nm.


5. Premier état excité.
(a) En dérivant deux fois φ2 (z) et en reportant dans l’équation précédente, on trouve que
κ2 = mΛ/(2~2 ), E2 = −mΛ2 /(8~2 ) = −~2 κ22 /(2m)
(b) On a κ2 = κ1 /2, ce qui donne bien E2 = E1 /4. On trouve ν1 = 157 GHz, ν2 = 39 GHz, et
ν0 = ν1 − ν2 = 118 GHz.
(c) La fonction φ2 a un changement de signe, elle correspond donc au premier état excité du
mouvement de l’électron le long de l’axe Oz.

Action d’un champ électrique et absorption de rayonnement


1. La fréquence de transition de 118 GHz pour U = 0 correspond bien aux résultats de la
première partie.
2. Effet du champ électrique.
(a) Eléments de matrice diagonaux (réels) : hφ1 |Ŵ |φ1 i = −q E z1 , hφ2 |Ŵ |φ2 i = −q E z2 .
Eléments non diagonaux (qui sont ici réels et égaux) : hφ1 |Ŵ |φ2 i = hφ2 |Ŵ |φ1 i = −q E d
(b) L’échelle d’énergie du champ appliqué est donnée (en unités de fréquence) par |qEz1 |/h =
|qU z1 |/(hℓ) ∼ 35 GHz.
(c) En utilisant les résultats précédents, on obtient : a1 = hφ1 |Ĥ|φ1 i/h = - 157 + 35 = - 122
GHz, a2 = hφ2 |Ĥ|φ2 i/h = - 39 + 140 = 101 GHz, et b = hφ1 |Ĥ|φ2 i/h»= 13 GHz.
Les valeurs propres de Ĥ sont alors de la forme E± = ((a1 + a2 ) ± (a1 − a2 )2 + 4b2 )/2,
avec 4b2 ≪ (a1 − a2 )2 . A l’ordre le plus bas on peut donc négliger les termes non diagonaux,
et les valeurs propres sont simplement a1 = - 122 GHz, et a2 = + 101 GHz.
(d) On a donc hν1→2 = E2 − E1 − 3q E z1 = E2 − E1 + 3|q U | z1 /ℓ.
(e) Pour U = 50 V on trouve 3|q U | z1 /ℓ = 105 GHz, en assez bon accord avec l’expérience.

Arrachage de l’électron par effet tunnel


1. Détermination de p.
(a) En utilisant l’expression z1 = 3~2 /(2mΛ), on trouve qEv = −Λ/z12 = −(4/9)m2 Λ3 /~4 .
(b) La condition |qE| ≪ m2 Λ3 /~4 revient à dire que |qE| ≪ |qEv |, donc que E est une petite
perturbation. Ceci est cohérent avec l’hypothèse d’absence de déplacement du niveau E1 .
(c) La condition d’intersection s’écrit −Λ/z − |qE| z = −|E1 |, ou encore |qE| z 2 − |E1 | z + Λ = 0.
(d) On vérifie facilement (voir aussi la figure) qu’il existe une solution proche de zéro, qui
s’obtient en négligeant le terme en z 2 dans l’équation du second degré : za ∼ Λ/|E1 | = 4z1 /3.
L’autre solution s’obtient au contraire en négligeant le terme en Λ, et vaut zb ∼ |E1 |/|qE|.
Comme za ≪ zb , on a L ∼ zb = mΛ2 /(2~2 |qE|).
»
(e) On obtient Vtot,max = −2 Λ|qE|, ce qui est petit en valeur absolue devant E1 . On vérifie
»
donc bien que Vtot,max − E1 ≃ |E1 |, et par conséquent K = 2m|E1 |/~ = κ1
(f) On a donc finalement p = exp (−2κ1 L) = exp −m2 Λ3 /(~4 |qE|) ≪ 1.


2. Calcul de la « durée de vie » de l’électron en présence du champ électrique.


(a) D’après les relations de Heisenberg, on a v1 ∼ ~/(mz1 ), donc le temps caractéristique
d’oscillation est z1 /v1 = mz12 /~ = 9~/(8E1 ). Une approximation acceptable de cette valeur
est obtenue en prenant T ∼ ~/|E1 |. On obtient numériquement T ∼ 10−12 s.
28 3. Électron flottant sur de l’hélium liquide

(b) La probabilité de rester piégé après une « tentative » est 1 − p, donc après n tentatives qui
sont des évènements aléatoires indépendants on a Pn = (1 − p)n = en log(1−p) ≃ e−np .
(c) Le nombre de « tentatives » au bout d’un temps t est n = t/T , donc la probabilité de
« survie » au bout de t est P (t) = e−pt/T . C’est une loi exponentielle, avec une durée de vie
τ = T /p.
(d) On obtient numériquement p = 3.7 × 10−8 , et donc τ = 10−12 /p = 27 µs
(e) Un niveau excité étant « moins lié » à la surface, sa durée de vie sera plus courte et il
s’ionisera donc plus facilement.

Pour en savoir plus


Les deux niveaux vibrationnels d’énergies E1 et E2 étudiés dans ce problème ont été proposés
pour réaliser des bits quantiques ou « qubits ».
Une description plus détaillée de cette situation physique (dont ce problème est inspiré) se
trouve sur l’URL en libre accès : http ://arxiv.org/abs/quant-ph/0007113.
4. États quantiques vibrationnels d’atomes piégés 29

4 États quantiques vibrationnels d’atomes piégés


On s’intéresse au mouvement quantique à une dimension d’atomes piégés dans une onde
lumineuse stationnaire d’intensité I(x) = I0 sin2 (kx), où k est le vecteur d’onde de la lumière.
L’onde crée sur les atomes un potentiel proportionnel à son intensité :

V (x) = V0 sin2 (kx) . (1)

On considère des atomes de césium (masse m = 2.2 10−25 kg) localisés dans le puits centré en
x = 0. On néglige l’effet tunnel entre puits adjacents ainsi que les interactions entre atomes et
l’effet de la gravité. On utilise un faisceau lumineux de longueur d’onde λ = 2π/k = 0.85 µm.

Étude des atomes dans l’état fondamental du puits


1. Développer au deuxième ordre en x l’expression de V (x) au voisinage du minimum x = 0.
En utilisant la mécanique classique, en déduire la fréquence ν = ω/(2π) des petites oscillations
des atomes en ce point.
2. Rappeler sans démonstration l’énergie E0 de l’état fondamental d’un oscillateur harmonique
quantique, dont l’hamiltonien est Ĥ = p̂2 /(2m) + V (x̂) avec V (x) = mω 2 x2 /2.
À quelle condition sur E0 et V0 le développement effectué à la question précédente est-il légitime
pour déterminer l’énergie de l’état fondamental ?
3. Donner la valeur de ν pour un potentiel tel que V0 /h = 106 Hz. Peut-on effectivement utiliser
l’approximation harmonique pour calculer l’énergie de l’état fondamental dans ce potentiel ?
4. On prépare un atome dans l’état fondamental |n = 0i de ce puits grâce au refroidissement
par laser. On rappelle l’expression de la fonction d’onde ψ0 (x) de cet état et l’amplitude de
probabilité pour l’impulsion ϕ0 (p) associée :
2 2 å1/4
e−x /(4ℓ ) 2ℓ2
Ç »
2 ℓ2 /~2
ψ0 (x) = , ϕ0 (p) = e−p , avec ℓ = ~/(2mω) . (2)
(2πℓ2 )1/4 π~2

Donner sans démonstration les dispersions (ou écarts types) en position ∆x0 et en impulsion
∆p0 pour cet état. Que peut-on dire de l’inégalité de Heisenberg dans ce cas ?
5. Calculer numériquement les dispersions de position ∆x0 et de vitesse ∆v0 = ∆p0 /m pour
le puits de profondeur V0 /h = 106 Hz.
6. Compte tenu de l’extension spatiale de l’état |n = 0i, peut-on le visualiser en observant avec
un microscope la lumière diffusée par les atomes à λ = 0.85 µm ?
7. Lorsqu’on « lâche » les atomes en éteignant le laser qui les piège, ils effectuent un vol libre.
On admettra qu’au bout d’un temps de vol tv suffisamment long, leur distribution spatiale (en
x) reproduit à une homothétie près leur distribution en p initiale, avec ∆x(tv ) = ∆p(0)tv /m. Si
on peut visualiser une taille ∆x(tv ) de l’ordre de 100 µm, quelle temps de vol tv doit-on utiliser ?

Préparation des atomes dans le premier état excité |n = 1i



On rappelle l’action de l’opérateur création ↠= (X̂ − iP̂ )/ 2 sur une fonction ϕ(p) :

i~ dϕ iℓp
↠ϕ(p) = − ϕ(p) . (3)
2ℓ dp ~
30 4. États quantiques vibrationnels d’atomes piégés

1. Rappeler sans démonstration l’énergie de l’état |n = 1i.


2. Exprimer l’état |n = 1i en fontion de ↠et de |n = 0i. En déduire l’amplitude de probabilité
pour l’impulsion ϕ1 (p) en fonction de ϕ0 (p) et de l’opérateur ↠, puis calculer explicitement
ϕ1 (p). Tracer la densité de probabilité pour l’impulsion pour cet état.
3. On souhaite faire passer les atomes de l’état |n = 0i à l’état |n = 1i. Pour cela, on induit
à l’aide d’un laser auxiliaire une transition entre ces deux états pendant une durée t ajustable.
Pendant cette période, on admettra que l’évolution de l’atome (due à la fois à l’énergie cinétique
p̂2 /(2m), au potentiel V (x̂) et au laser auxiliaire) dans le sous-espace de base {|n = 0i, |n = 1i}
est décrite par l’hamiltonien :

Ç å
′ ~ 0 g
Ĥ = dans la base {|n = 0i, |n = 1i}. (4)
2 g 0

(a) Les états |n = 0i et |n = 1i sont-ils états propres de Ĥ ′ ? Sinon, déterminer ces états propres.
Donner les valeurs propres correspondantes.
(b) Sachant que l’atome est initialement dans l’état |n = 0i, calculer son état ultérieur |ψ(t)i,
d’abord dans la base propre de Ĥ ′ , puis dans la base {|n = 0i, |n = 1i}.
(c) Calculer en fonction de g la durée tR la plus courte non nulle pendant laquelle il faut
appliquer le laser auxiliaire pour que l’atome soit avec certitude dans l’état |n = 1i à l’issue
de cette phase. Déterminer la valeur de tR pour g/(2π) = 1 MHz.
4. Cette méthode (appelée « transition Raman »), associée au refroidissement par laser, peut
être utilisée pour préparer sélectivement l’état |n = 1i à partir de l’état |n = 0i. Pour visualiser
la distribution en impulsion de l’état obtenu, on applique une phase de vol libre puis on me-
sure la distribution du nuage d’atomes. Des résultats typiques sont représentés sur la figure 4.
Commenter brièvement ces distributions et calculer approximativement la durée du vol libre.

Figure 1 – (a,b) : Visualisations du nuage


d’atomes après un temps de vol pour les états
initiaux |n = 0i et |n = 1i. (c,d) Profil de la
densité atomique selon l’axe x, mesuré le long de
chaque flèche représentée sur les figures a et b.
On ne tiendra pas compte de la ligne pointillée.
Note : La variable x correspond à la position
où l’atome est détecté après un temps de vol de
durée tv , et est reliée à l’impulsion initiale p de
l’atome par une homothétie. Selon les directions
y et z, les atomes sont confinés par un potentiel
qu’on ne cherchera pas à décrire.
4. États quantiques vibrationnels d’atomes piégés 31

Préparation d’un état non stationnaire


On reprend l’hamiltonien Ĥ ′ donné en (4) couplant |n = 0i et |n = 1i, mais on l’applique
seulement pendant la durée tR /2. On laisse ensuite l’atome évoluer sous l’effet de l’hamiltonien
Ĥ = p̂2 /(2m) + V (x̂) pendant une durée ajustable τ . On termine comme précédemment par une
phase de vol libre pour analyser l’état obtenu.

1. Déterminer l’état obtenu à l’issue de la phase d’application de l’hamiltonien Ĥ ′ .


2. Déterminer l’état obtenu après l’évolution de durée τ sous l’effet de Ĥ. Calculer les densités
de probabilité pour l’impulsion pour les valeurs de τ : 0, 1/(4ν), 1/(2ν), 3/(4ν).
3. La distribution spatiale obtenue après vol libre est représentée sur la figure 2 pour des durées
τ = qτ0 , où q est un entier. Justifier qualitativement la forme de ces courbes, et déterminer la
valeur de τ0 .

Figure 2 – Evolution de la distribution en impulsion


d’une superposition des niveaux vibrationnels |n = 0i
et |n = 1i pour différentes durées τ .

Préparation d’un état comprimé


1. Lemme. On considère un système d’hamiltonien Ĥ indépendant du temps. L’état du sys-
tème à l’instant t est noté |ψ(t)i. On étudie l’évolution dans le temps de la valeur moyenne d’une
quantité physique A, d’observable associée Â. Montrer que l’équation d’évolution de la valeur
moyenne hÂi(t) = hψ(t)|Â|ψ(t)i s’écrit :
dhÂi(t)
i~ = hψ(t)|[Â, Ĥ]|ψ(t)i , (5)
dt
où [Â, B̂] = ÂB̂ − B̂  est le commutateur des opérateurs  et B̂. On commencera par déduire de
l’équation de Schrödinger l’équation d’évolution du bra hψ(t)| et on utilisera ensuite la formule
standard de dérivation d’un produit pour la quantité hψ(t)|Â|ψ(t)i.
2. Quelques commutateurs utiles.
(a) Â et B̂ étant deux opérateurs quelconques, montrer que [Â, B̂ 2 ] = [Â, B̂]B̂ + B̂[Â, B̂].
(b) En partant du commutateur [x̂, p̂] = i~, montrer que
[x̂, p̂2 ] = 2i~p̂ , [x̂2 , p̂] = 2i~x̂ . (6)
(c) On pose Ĉ = x̂p̂ + p̂x̂. Montrer que
[x̂2 , p̂2 ] = 2i~Ĉ , [x̂2 , Ĉ] = 4i~x̂2 , [p̂2 , Ĉ] = −4i~p̂2 . (7)
32 4. États quantiques vibrationnels d’atomes piégés

3. On définit les trois quantités

hp̂2 i 1 ω
Ec (t) = , Ep (t) = mω 2 hx̂2 i , U (t) = hĈi . (8)
2m 2 2

Les atomes sont initialement préparés dans l’état ψ0 (x) du piège pour lequel on rappelle que
Ec = Ep = ~ω/4 et U = 0. On coupe soudainement le piège à l’instant 0. On admettra que
les valeurs de hx̂2 i, hp̂2 i et hĈi à l’instant t = 0 ne sont pas modifiées lors de cette coupure
soudaine. On laisse ensuite le piège éteint pendant une durée τ1 . Pendant cette phase de vol
libre, l’hamiltonien est donc Ĥ = p̂2 /(2m). Écrire les équations d’évolution des trois quantités
Ec , Ep et U , et donner la valeur de ces quantités à l’instant τ1 en fonction de ~, ω et τ1 .
4. Après le vol libre de durée τ1 , on rebranche soudainement le potentiel V (x). Là encore,
on admettra que les valeurs de hx̂2 i, hp̂2 i et hĈi à l’instant t = τ1 ne sont pas modifiées lors
de ce branchement soudain. On laisse alors l’atome évoluer jusqu’à l’instant τ2 sous l’effet de
l’hamiltonien Ĥ = p̂2 /(2m) + V (x̂).

(a) Écrire les équations d’évolution des trois quantités Ec , Ep et U pendant cette période.
(b) Que remarque-t-on pour la quantité E(t) = Ec (t) + Ep (t) ? Commenter ce résultat.
(c) Écrire deux équations d’évolution couplées pour T (t) = Ec (t) − Ep (t) et pour U (t). Montrer
que ces équations s’intègrent entre les instants τ1 et τ2 pour donner

T (τ2 ) = c T (τ1 ) − s U (τ1 ) , U (τ2 ) = s T (τ1 ) + c U (τ1 ) , (9)

où on a posé c = cos(θ), s = sin(θ) et θ = 2ω(τ2 − τ1 ).


»
5. Montrer que la valeur minimale de T (τ2 ) quand τ2 varie est égale à − U (τ1 )2 + T (τ1 )2 .
6. En déduire que l’extension minimale de la distribution en impulsion des atomes s’écrit :

(∆p2 )min »
= 1 + 2ξ − 2 ξ + ξ2 avec ξ = (ωτ1 /2)2 . (10)
∆p20

7. Comment se comporte ce minimum quand ξ → 0 ou quand ξ → ∞ ? En déduire que pour


des paramètres τ1 et τ2 bien choisis, on obtient un état comprimé, c’est-à-dire un état dont la
dispersion en p est plus faible que celle de l’état fondamental |n = 0i.
8. Que peut-on dire de la valeur initiale de ∆x (avant expansion du nuage) pour un état
comprimé ainsi défini ?
9. Les résultats expérimentaux obtenus pour τ1 = τ2 = 0 et pour τ1 = 8 µs, τ2 − τ1 = 0.4 µs
sont montrés sur la figure 3. Commenter ces résultats.
4. États quantiques vibrationnels d’atomes piégés 33

Figure 3 – (a-b) Visualisations du nuage


d’atomes après un temps de vol pour les para-
mètres (a) : τ1 = τ2 = 0 et (b) : τ1 = 8 µs,
τ2 − τ1 = 0.4 µs. (c-d) Profil de la densité ato-
mique selon l’axe x, mesuré le long de chaque
flèche représentée sur les figures a-b. Note : La
variable x correspond à la position où l’atome
est détecté après un temps de vol de durée tv , et
est reliée à l’impulsion initiale p de l’atome par
une homothétie. Selon les directions y et z, les
atomes sont confinés par un potentiel qu’on ne
cherchera pas à décrire.

Solution

Étude des atomes dans l’état fondamental du puits


1. »
On développe 2 2 et une pulsation
» V (x) ≃ V0 (kx) , ce qui correspond à une raideur κ = 2V0 k »
ω = κ/m = 2V0 k2 /m . La fréquence des petites oscillations vaut donc ν = 2V0 /(mλ2 ).
2. L’état fondamental de l’hamiltonien d’un oscillateur harmonique à une dimension a pour
énergie E0 = ~ω/2 = hν/2. Pour que le développement de la question précédente soit valable
pour estimer cette énergie, il faut que E0 ≪ V0 .
3. La fréquence ν vaut pour les valeurs numériques proposées par l’énoncé ν = (2 106 ×
6.62 10−34 /(2.2 10−25 × (0.85 10−6 )2 ))1/2 = 9.1 104 Hz. L’énergie du fondamental hν/2 est donc
22 fois plus petite que la profondeur du puits V0 et l’approximation harmonique est justifiée.
4. La distribution de probabilité pour la position,
2 2
e−x /(2ℓ )
P0 (x) = |ψ0 (x)|2 = ,
(2πℓ2 )1/2

est la distribution gaussienne d’écart-type ∆x0 = ℓ. La distribution de probabilité pour l’impul-


sion,
Ç 2 å1/2
2 2ℓ 2 2 2
P̃0 (p) = |ϕ0 (p)| = 2
e−2p ℓ /~ ,
π~
est la distribution gaussienne d’écart-type ∆p0 = ~/(2ℓ). L’inégalité de Heisenberg est saturée
dans ce cas : ∆x0 ∆p0 = ~/2.
5. On trouve ∆x0 = 20 nm et ∆v0 = 12 mm/s.
6. Cet état a une extension caractéristique de l’ordre de ℓ. On ne peut donc pas visualiser
optiquement la densité de probabilité associée car ℓ ∼ 20 nm est très en dessous de la limite de
diffraction pour une longueur d’onde visible.
34 4. États quantiques vibrationnels d’atomes piégés

7. La relation ∆x(tv ) = tv ∆v0 , associée à la contrainte ∆x(tv ) ≥ 100 µm, conduit à tv =


∆x(tv )/∆v0 ≥ 8 ms.

Préparation des atomes dans le premier état excité |n = 1i.


1. L’énergie du niveau |ni est En = (n + 1/2)~ω. Le premier niveau excité a donc pour énergie
3~ω/2 .

2. On sait que |n + 1i = a† |ni/ n + 1, donc :
ã3/2
i 2ℓ pℓ
Å
† 2 ℓ2 /~2
ϕ1 (p) = a ϕ0 (p) = − p e−p = −2i ϕ0 (p) .
(2π)1/4 ~ ~

3. (a) Les états propres de Ĥ ′ ne sont pas |n = 0i et |n = 1i, mais

1
|±i = √ (|n = 0i ± |n = 1i) .
2

Les valeurs propres correspondantes sont ±~g/2.


(b) On décompose l’état initial |n = 0i sur la base des états propres de Ĥ ′ :

1
|ψ(0)i = |n = 0i = √ (|+i + |−i) ,
2

et on en déduit l’état à l’instant t :


1
|ψ(t)i = √ (e−igt/2 |+i + eigt/2 |−i) .
2

L’état de l’atome est (à une phase près) égal à |n = 1i = (|+i − |−i)/ 2 à l’instant t tel que
gt = π. Pour g/(2π) = 1 MHz, on trouve t = 0.5 µs.
4. On voit apparaître selon la direction x les formes attendues pour les densités de probabilité
en impulsion pour l’état |n = 0i (figures a et c) et pour l’état |n = 1i (figures b et d). La taille
des nuages (environ 100 micromètres de demi-largeur à mi-hauteur pour |n = 0i) est compatible
avec le temps de vol de 8 ms calculé précédemment.

Préparation d’un état non stationnaire


1. Si on prend gt = π/2 dans l’expression

1
|ψ(t)i = √ (e−igt/2 |+i + eigt/2 |−i) ,
2
on trouve
1 1
|ψ(t)i = √ (e−iπ/4 |+i + eiπ/4 |−i) = √ (|n = 0i − i|n = 1i) .
2 2
2. Durant l’évolution dans le potentiel V (x), les état propres de l’hamiltonien sont les états
|ni et on a donc :

1 Ä
|ψ(t + τ )i = √ e−iωτ /2 |n = 0i − ie−3iωτ /2 |n = 1i .
ä
2
4. États quantiques vibrationnels d’atomes piégés 35

La densité de probabilité pour l’impulsion est


1
P̃ (p) = |ϕ0 (p) − ie−iωτ ϕ1 (p)|2
2
ce qui conduit à (en posant q = 2pℓ/~) :
1 2
τ =0 P̃ (p) = |ϕ0 (p) − iϕ1 (p)|2 ∝ (1 − q)2 e−q /2
ωτ = 0
2
1 2
τ = 1/(4ν) ωτ = π/2 P̃ (p) = |ϕ0 (p) − ϕ1 (p)|2 ∝ (1 + q 2 )e−q /2
2
1 2
τ = 1/(2ν) ωτ = π P̃ (p) = |ϕ0 (p) + iϕ1 (p)|2 ∝ (1 + q)2 e−q /2
2
1 2
τ = 3/(4ν) ωτ = 3π/2 P̃ (p) = |ϕ0 (p) + ϕ1 (p)|2 ∝ (1 + q 2 )e−q /2
2

3. On voit évoluer la superposition avec une période d’environ 6τ0 , avec des déformations vers
la gauche ou vers la droite suivant les coefficients de la superposition. On sait par ailleurs que la
fréquence vaut 90 kHz, ce qui correspond à une période de 11 µs. Il y a donc environ τ0 = 2 µs
entre deux enregistrements successifs.

Préparation d’un état comprimé


1. Lemme (théorème d’Ehrenfest). L’équation d’évolution du bra hψ(t)| est

dhψ(t)|
−i~ = hψ(t)|Ĥ
dt
dont on déduit
dhψ(t)|Â|ψ(t)i dhψ(t)| d|ψ(t)i
i~ = i~ Â|ψ(t)i + i~hψ(t)|Â
dt dt dt
= −hψ(t)|Ĥ Â|ψ(t)i + hψ(t)|ÂĤ|ψ(t)i
= hψ(t)|[Â, Ĥ]|ψ(t)i .

2. Quelques commutateurs utiles.


(a) On trouve en développant :

[Â, B̂]B̂ + B̂[Â, B̂] = ÂB̂ 2 − B̂ ÂB̂ + B̂ ÂB̂ − B̂ 2 Â = [Â, B̂ 2 ] .

(b) Les deux résultats [x̂, p̂2 ] = 2i~p̂ et [x̂2 , p̂] = 2i~x̂ découlent directement du résultat précé-
dent, associé à [x̂, p̂] = i~.
(c) Là aussi, on trouve presque immédiatement le résultat annoncé en développant les commuta-
teurs et en utilisant les résultats précédents : [x̂2 , p̂2 ] = 2i~Ĉ, [x̂2 , Ĉ] = 4i~x̂2 et [p̂2 , Ĉ] = −4i~p̂2 .
3. Durant cette phase de vol libre, le théorème d’Ehrenfest entraîne tout d’abord que Ec (t) =
Ec (0). On a par ailleurs :
dEp ω2 ω2
= h[x2 , p2 ]i = hĈi = ωU
dt 4i~ 2
et
dhCi 1 2 dU
= h[Ĉ, p2 ]i = hp2 i = 4Ec donc = 2ωEc
dt 2mi~ m dt
36 4. États quantiques vibrationnels d’atomes piégés

U (t) varie donc linéairement en temps, et Ep (t) quadratiquement. En t = τ1 , on a donc

~ω ~ω 2 τ1 ~ω
Ec (τ1 ) = , U (τ1 ) = 2Ec (0) ωτ1 = , Ep (t) = (1 + ω 2 τ12 ) .
4 2 4
4. (a) En présence du potentiel V (x), on trouve pour Ec (énergie cinétique) :

dEc ω2 2 2 ω2
= h[p , x ]i = − hĈi = −ωU ,
dt 4i~ 2
pour Ep (énergie potentielle) :

dEp ω2 ω2
= h[x2 , p2 ]i = hĈi = ωU ,
dt 4i~ 2
et pour la quantité C

dhCi 1 mω 2 2
= h[Ĉ, p2 ]i + h[Ĉ, x2 ]i = p2 − 2mω 2 x2 = 4Ec − 4Ep ,
dt 2mi~ 2i~ m
ou encore
dU
= 2ω(Ec − Ep ) .
dt
(b) On remarque que l’énergie moyenne totale E(t) = Ec (t)+Ep (t) est constante. L’hamiltonien
est indépendant du temps et l’énergie est donc une quantité conservée.
(c) Par soustraction des équations d’évolution pour Ec et Ep , on trouve :

dT dU
= −2ωU , = 2ωT ,
dt dt
qui peut encore s’écrire T̈ + 4ω 2 T = 0, Ü + 4ω 2 U = 0, d’où la solution indiquée dans l’énoncé
en fonction des conditions initiales T (τ1 ) et U (τ1 ).
5. Les extrema de T sont obtenus
» pour tan(θ) = −U (τ1 )/T (τ1 ). Les»minima correspondent
aux points où cos(θ) = −T (τ1 )/ U (τ1 )2 + T (τ1 )2 et sin(θ) = U (τ1 )/ U (τ1 )2 + T (τ1 )2 , d’où
»
Tmin = − U (τ1 )2 + T (τ1 )2 .
6. On a à l’instant τ2 :

∆p2 (τ2 ) = 2mEc (τ2 ) = m(E(τ2 ) + T (τ2 )) .

L’énergie totale E(τ2 ) ne varie pas pendant la deuxième phase et on a donc E(τ2 ) = E(τ1 ) =
Ec (τ1 ) + Ep (τ1 ), avec Ec (τ1 ) = ~ω/4 et Ep (τ1 ) = ~ω(1 + 4ξ)/4, ce qui donne


E(τ2 ) = (1 + 2ξ) .
2
Le minimum de ∆p2 (τ2 ) est atteint aux mêmes instants que le minimum de T (τ2 ). Relions la
valeur de ce minimum au paramètre ξ : U (τ1 )2 = (~ω)2 ξ et T (τ1 )2 = (Ec (τ1 ) − Ep (τ1 ))2 =
(~ω)2 ξ 2 , ce qui donne Tmin = −~ω ξ + ξ 2 . On en déduit
p

~mω  » 
∆p2min = 1 + 2ξ − 2 ξ + ξ 2 .
2
ce qui correspond au résultat donné dans l’énoncé, compte tenu de ∆p20 = ~mω/2.
4. États quantiques vibrationnels d’atomes piégés 37

7. La valeur de ∆p2min est toujours inférieure à ∆p20 : on a donc bien un état « comprimé ».
La compression peut être arbitrairement grande car ∆p2min /∆p20 ∼ 1/(4ξ) quand ξ → ∞. Dans
la limite opposée ξ → 0, on trouve ∆p2min ≃ ∆p20 , ce qui est logique : si la phase de vol libre est
trop courte, il n’y a pratiquement pas de modification de la distribution en impulsion.
8. Pour un état comprimé en impulsion, ∆x augmente pour satisfaire l’inégalité de Heisenberg.
9. On constate effectivement une diminution de largeur en impulsion du nuage nettement en
dessous de celle de l’état fondamental. Les paramètres expérimentaux correspondent à ξ = 5.2,
ce qui devrait conduire à une compression de ∆pmin /∆p0 ∼ 0.2. La compression trouvée en
pratique n’est pas aussi spectaculaire, avec un ∆p/∆p0 ∼ 0.5.

Note. Les données expérimentales présentées dans ce problème sont extraites des références :
– I. Bouchoule, H. Perrin, A. Kuhn, M. Morinaga, C. Salomon, Phys. Rev. A, Rapid Comm.
59, R8 (1999) : Neutral atoms prepared in Fock states of a one dimensional harmonic
potential
– M. Morinaga, I. Bouchoule, J.C. Karam, C. Salomon, Phys. Rev. Lett. 83, 4037, (1999) :
Manipulation of motional quantum states of neutral atoms
– I. Bouchoule, Thèse de doctorat, Université Pierre et Marie Curie - Paris VI (06/10/2000) :
Refroidissement par bandes latérales d’atomes de Cesium et quelques applications.
http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00141435/fr/
38 5. Détection « non destructive » de bombes

5 Détection « non destructive » de bombes


On dispose de bombes qui peuvent exister sous deux formes, réelles ou factices (figure 1).
La différence entre une bombe réelle et une bombe factice est la suivante : quand un neutron
tape sur une bombe réelle, le neutron est absorbé et la bombe explose ; au contraire, une bombe
factice transmet le neutron sans exploser et sans changer l’état du neutron. Le but du problème
est de proposer une méthode (quantique !) permettant de déterminer avec une bonne probabilité
si une bombe donnée est réelle ou factice, sans la faire exploser.

Figure 1 – Une bombe factice transmet un neutron incident sans exploser. Une bombe réelle
explose quand elle est heurtée par le neutron.

1. Lemme. On considère un sytème quantique d’hamiltonien Ĥ(t). On se donne deux solu-


tions quelconques |ψ(t)i et |ψ ′ (t)i de l’équation de Schrödinger. Montrer que le produit scalaire
hψ(t)|ψ ′ (t)i ne varie pas dans le temps.
2. Un séparateur de faisceaux pour neutrons. On envoie un neutron sur une lame ma-
térielle L (figure 2). Cette lame crée une barrière de potentiel sur laquelle le neutron peut être
transmis ou réfléchi. On rappelle que l’étude du mouvement de la particule peut se faire de deux
façons équivalentes :
(i) On décrit l’état du neutron par des paquets d’ondes qui évoluent dans le temps.
(ii) On suppose que le neutron est dans un état d’énergie E bien définie et on décrit son état par
des superpositions de quelques ondes planes.
Dans cette question 2 ainsi que dans les questions 3 et 4, on utilise le point de vue (i). Dans la
question 5, on utilisera le point de vue (ii).
(a) On suppose qu’à l’instant t0 , avant de toucher la lame, l’état du neutron est

|ψ(t0 )i = |φ1 i (1)

où |φ1 i représente le paquet d’ondes incident représenté sur la figure 2. L’interaction du


neutron avec la lame est décrite par un hamiltonien qu’on ne cherchera pas à écrire expli-
citement. À l’instant ultérieur t1 , l’état du neutron est une superposition de l’état |φ3 i (le
neutron a été réfléchi par la lame) et de l’état |φ4 i (le neutron a été transmis par la lame) :

|ψ(t1 )i = ρ|φ3 i + τ |φ4 i (2)

où hφi |φj i = δi,j (i, j = 1, 3, 4). Les coefficients ρ et τ sont choisis réels et positifs ou nuls.
Expliquer pourquoi ρ2 + τ 2 = 1.
5. Détection « non destructive » de bombes 39

Figure 2 – Lame semi-réfléchissante pour neutron.

(b) On suppose qu’on envoie maintenant le neutron par l’autre voie d’entrée, dans l’état symé-
trique de |φ1 i par rapport à la lame :
|ψ ′ (t0 )i = |φ2 i (3)
tel que hφj |φ2 i = δj,2 , (j = 1, . . . , 4). L’état à l’instant t1 s’écrit alors
|ψ ′ (t1 )i = τ ′ |φ3 i + ρ′ |φ4 i . (4)
En utilisant le lemme, expliquer pourquoi les coefficients τ ′ et ρ′ vérifient :
|ρ′ |2 + |τ ′ |2 = 1 , τ ρ′ + ρτ ′ = 0 . (5)
Note. On prendra dans la suite τ ′ = τ , ρ′ = −ρ. On décrira donc l’action de la lame
semi-réfléchissante par
|φ1 i évolue vers ρ|φ3 i + τ |φ4 i , (6)
|φ2 i évolue vers τ |φ3 i − ρ|φ4 i . (7)
3. Un interféromètre de Mach-Zehnder pour neutrons. On considère le dispositif re-
présenté sur la figure 3 composé de deux lames semi-réfléchissantes identiques L et L′ et de deux
miroirs parfaits Ma et Mb . On définit les instants t0 , ..., t3 de la manière suivante :
t0 : le neutron est dans l’état |ψ(t0 )i = |φ1 i, en amont de la première lame L.
t1 : après interaction avec L, l’état du neutron est dans la superposition (6) de |φ3 i et |φ4 i.
t2 : le neutron s’est propagé dans l’interféromètre. Dans cette propagation,
|φ3 i évolue vers ei∆a |φ′1 i , (8)
i∆b
|φ4 i évolue vers e |φ′2 i , (9)
où |φ′1 i et |φ′2 i sont les états entrants de la deuxième lame L′ , et où les phases ∆a et ∆b peuvent
être ajustées par l’expérimentateur.
t3 : le neutron a interagi avec la lame L′ et son état peut s’écrire à cet instant
|ψ(t3 )i = α|φ′3 i + β|φ′4 i . (10)
L’évolution des états |φ′1,2 i vers les états |φ′3,4 i lors de l’interaction avec L′ se fait de manière
similaire à (6)-(7).
40 5. Détection « non destructive » de bombes

Figure 3 – Interféromètre de Mach-Zehnder pour le neutron.

(a) Montrer que la probabilité PB de détecter le neutron dans la voie de sortie B de l’interféro-
mètre, c’est-à-dire dans l’état |φ′4 i, est égale à
PB = 2ρ2 τ 2 (1 − cos ∆) , (11)
où on a posé ∆ = ∆a − ∆b .
(b) Calculer de même la probabilité PA de trouver le neutron dans la voie de sortie A.
(c) Que vaut PA + PB ? Commenter ce résultat.
(d) Montrer qu’il existe des choix de phase ∆ pour lesquels on est certain que le neutron sortira
dans la voie A, quels que soient les coefficients ρ et τ . On fera ce choix de phase dans la
question suivante.
4. Un premier pas vers la détection « non destructive » de bombes.
On dispose d’une bombe dont on ignore si elle est réelle ou factice. On la place sur le bras LMb L′
de l’interféromètre de la figure 3.
(a) Si la bombe est factice, quelles sont les probabilités de trouver le neutron dans les voies de
sortie A et B ? On rappelle qu’on a fait le choix de phase trouvé à la question 3(d).
(b) Si la bombe est réelle, quelle est la probabilité qu’elle explose ?
(c) On suppose que la bombe est réelle et qu’elle n’a pas explosé quand le neutron a traversé
l’interféromètre. Quelles sont les probabilités de détecter ce neutron dans les voies de sortie
A et B ?
(d) Dans quel cas est-on certain que la bombe est réelle sans qu’elle ait explosé ?
(e) On définit un facteur de mérite F qui est la probabilité de détecter une bombe réelle sans
la faire exploser. Que vaut le facteur de mérite F (ρ, τ ) pour l’interféromètre de la figure 3 ?
(f) Quel est le couple (ρ, τ ) qui maximise le facteur de mérite ?
5. Vers une détection « non destructive » arbitrairement bonne. On réalise mainte-
nant l’interféromètre linéaire (de type Fabry-Perot) représenté sur la figure 4, les lames L et L′
étant toujours identiques, mais placées perpendiculairement au trajet du neutron. On note D la
distance entre les lames.
On modélise l’état d’un neutron par une superposition d’ondes planes e±ikx , où k est le vecteur
d’onde du neutron. Les amplitudes η, µ, ν, ξ des différentes ondes dépendent de la région consi-
dérée et sont indiquées sur la figure 4. On donne par convention une amplitude de 1 à l’onde
incidente arrivant de x = −∞. Les amplitudes des ondes planes e±ikx de part et d’autre d’une
lame sont reliées par les mêmes coefficients τ et ρ que ceux utilisés ci-dessus.
5. Détection « non destructive » de bombes 41

(a) Au niveau de la lame L. Justifier que l’on a µ = τ − ρ ν et η = ρ + τ ν .


(b) Au niveau de la lame L′ . Justifier que l’on a ξ eikD = τ µ eikD et ν e−ikD = ρ µ eikD .
(c) Montrer que pour tout choix de (ρ, τ ), il existe des valeurs de D pour lesquelles on est
certain qu’un neutron incident sera transmis par cet interféromètre (c’est-à-dire |ξ| = 1 et
η = 0) .
(d) On suppose qu’une bombe, réelle ou factice, est placée entre L et L′ . Montrer qu’on peut
atteindre des facteur de mérite arbitrairement proches de 1 pour la détection d’une bombe
réelle.

Figure 4 – Interféromètre permettant d’atteindre une détection « non destructive » efficace.

Solution

1. Lemme. |ψ(t)i et ψ ′ (t)i sont deux solutions de i~|ψ̇i = Ĥ(t)|ψi. Par conséquent :

d i −i
Å ã Å ã
hψ(t)|ψ ′ (t)i = hψ(t)|Ĥ † (t) |ψ ′ (t)i + hψ(t)| Ĥ(t)|ψ ′ (t)i = 0 , (12)
dt ~ ~

où on a utilisé le fait que l’hamiltonien Ĥ est hermitien : Ĥ † = Ĥ. Ce résultat prouve en


particulier que
– un état initialement normé le reste au cours de l’évolution,
– deux états initialement orthogonaux le restent au cours de l’évolution.
2. Un séparateur de faisceau pour neutrons.
(a) Puisque l’état initial est normé, l’état final doit l’être également. Comme les états φ3 et φ4
sont supposés orthogonaux, on a ρ2 + τ 2 = 1. Ce résultat exprime que la somme des probabilités
d’avoir une réflexion (ρ2 ) et une transmission (τ 2 ) est égale à 1.
(b) L’état initial est là aussi normé, et l’état final doit l’être également, d’où |ρ′ |2 + |τ ′ |2 = 1.
Par ailleurs l’état initial |φ2 i est orthogonal à l’état initial |φ1 i. Les états finaux ρ |φ3 i + τ |φ4 i et
τ ′ |φ3 i+ρ′ |φ4 i correspondants doivent donc également être orthogonaux, ce qui donne ρτ ′ +ρ′ τ =
0. Cette condition est bien satisfaite pour le choix proposé par l’énoncé : ρ′ = −ρ, τ ′ = τ .
3. Un interféromètre de Mach-Zehnder pour neutrons.
(a) À l’instant t3 , juste avant la traversée de la lame L′ , l’état du neutron est :

|ψ(t3 )i = ρ ei∆a |φ′1 i + τ ei∆b |φ′2 i . (13)


42 5. Détection « non destructive » de bombes

Juste après la traversée de la lame L′ , l’état est donc


|ψ(t4 )i = ρ ei∆a ρ|φ′3 i + τ |φ′4 i + τ ei∆b τ |φ′3 i − ρ|φ′4 i (14)
 

i∆a 2 i∆b 2 i∆a i∆b


Ä ä Ä ä
= e ρ +e τ |φ′3 i + ρτ e −e |φ′4 i . (15)
La probabilité PB de trouver le neutron dans la voie B correspondant à l’état |φ′4 i vaut :
PB = |ρτ ei∆a − ei∆b |2 = 2ρ2 τ 2 (1 − cos ∆) .
Ä ä
(16)
(b) La probabilité PA vaut quant à elle
PA = |ei∆a ρ2 + ei∆b τ 2 |2 = ρ4 + τ 4 + 2ρ2 τ 2 cos ∆ . (17)
(c) On trouve que PA + PB = (ρ2 + τ 2 )2 = 1, ce qui était bien sûr attendu. En absence
d’absorption au niveau des lames ou des miroirs, on est certain que le neutron incident sortira
dans une des deux voies A ou B.
(d) Si on choisit ∆ = 0 (modulo 2π), on trouve que PB = 0 quelle que soit la valeur du couple
(ρ, τ ) : les deux chemins « réflexion sur L – transmission sur L′ » et « transmission sur L –
réflexion sur L′ » interfèrent destructivement pour la voie de sortie B.
4. Un premier pas vers la détection « non destructive » de bombes.
(a) Si la bombe est factice, elle n’a aucune influence sur l’état du neutron. On est certain de
trouver le neutron dans la voie de sortie A : PA = 1, PB = 0.
(b) L’état du neutron après la lame L est ρ|φ3 i + τ |φ4 i. Regarder si une bombe réelle située au
niveau du miroir Mb explose ou non revient à mesurer si le neutron a été réfléchi ou transmis
sur la lame L. La probabilité que la bombe explose est le module carré du coefficient de |φ4 i,
c’est-à-dire τ 2 .
(c) Si la bombe est réelle et n’a pas explosé, c’est que le neutron est passé par le chemin LMa L′
et il est donc incident sur la lame L′ dans l’état |φ′1 i. Après traversée de cette lame L′ , son état
est ρ|φ′3 i + τ |φ′4 i. Les probabilités de détecter ce neutron dans les voies de sortie A et B sont
donc respectivement ρ2 et τ 2 .
(d) Si après le passage du neutron dans l’interféromètre, la bombe n’a pas explosé et si le neutron
est détecté dans la voie de sortie B, alors on est certain que la bombe était réelle. En revanche,
si le neutron est détecté dans la voie A, on ne peut rien conclure.
(e) Le facteur de mérite est le produit de deux probabilités : pour que la bombe réelle soit
détectée de manière non destructive, il faut que la bombe n’explose pas (probabilité ρ2 d’après
la question b) et il faut que le neutron soit détecté dans la voie B (probabilité τ 2 d’après la
question c). On a donc F = ρ2 τ 2 .
(f ) On doit maximiser le produit ρ2 τ 2 en gardant la somme ρ2 + τ 2 égale à 1. Le maximum est
atteint pour ρ2 = τ 2 = 1/2, et le facteur de mérite vaut alors 1/4. Dans ce cas, la moitié des
bombes réelles explosent. Sur la moitié restante, seulement 50 % donnent lieu à une détection du
neutron en B et sont ainsi repérées de manière non destructive. C’est mieux que rien, mais ce
n’est pas encore très efficace...
5. Vers une détection « non destructive » arbitrairement bonne.
(a) Au point x = 0, on a deux ondes incidentes, une depuis la gauche (eikx ) et l’autre depuis
la droite (νe−ikx ). Ces deux ondes donnent naissance à deux ondes s’éloignant de la lame, l’une
vers la droite (µeikx ) et l’autre vers la gauche (ηe−ikx ). En utilisant (6) et (7), on trouve que les
amplitudes de ces différentes ondes sont reliées par
µ = τ − ρν η = ρ + τν . (18)
5. Détection « non destructive » de bombes 43

(b) Au point x = D, on a une seule onde incidente d’amplitude complexe µeikD qui peut être
réfléchie ou transmise. On a donc en ce point :

ξeikD = τ µeikD νe−ikD = ρµeikD . (19)

(c) On exprime ν en fonction de µ à l’aide de (19), ν = ρµe2ikD , et on reporte ce résultat dans


(18), ce qui donne :
τ
µ= . (20)
1 + ρ2 e2ikD
On peut alors en déduire les amplitudes transmises (ξ) et réfléchies (η) par cet interféromètre de
type Fabry–Perot :

τ2 1 + e2ikD
ξ= η=ρ . (21)
1 + ρ2 e2ikD 1 + ρ2 e2ikD

On peut vérifier qu’on a bien |ξ|2 + |η|2 = 1. Par ailleurs le choix 2kD = π modulo 2π conduit
à ξ = 1, η = 0. Même si les coefficients de réflexion de chaque lame sont très proches de 1, on
peut avoir une transmission parfaite si la distance D entre les lames est bien choisie.
(d) On se place dans la situation où 2kD = π modulo 2π. Si la bombe est factice, on est certain
que le neutron sera transmis par le dispositif. Placer une bombe réelle entre les deux lames revient
à mesurer si le neutron a été transmis (probabilité τ 2 ) ou réfléchi (probabilité ρ2 ) par la première
lame, la bombe explosant dans le premier cas et pas dans le second.
Pour obtenir un bon facteur de mérite, il faut choisir ρ très proche de 1 (et donc τ très proche de
0), envoyer un neutron depuis la gauche, et détecter si ce neutron est transmis ou réfléchi. Avec
une bombe factice, le neutron sera détecté avec certitude dans l’onde transmise ξeikx . Avec une
bombe réelle, on aura soit une explosion (avec une très faible probabilité τ 2 ), soit un neutron
réfléchi dans l’onde ηe−ikx (avec une probabilité ρ2 voisine de 1). La détection d’un neutron
réfléchi permet donc de s’assurer de manière « non destructive » de la présence d’une bombe
réelle. Le facteur de mérite vaut ρ2 ∼ 1.
Pour en savoir plus, voir par exemple The Elitzur-Vaidman bomb tester, Wikipedia.
44 6. Principe d’une horloge atomique

6 Principe d’une horloge atomique


Depuis 1967, les unités de temps et de fréquence sont définies à partir d’une transition entre
deux niveaux d’énergie de l’atome de césium. On considère la transition E1 ↔ E2 entre les
deux niveaux d’énergie les plus bas de cet atome (E2 > E1 ), et on définit la seconde comme la
durée pendant laquelle une onde électromagnétique résonante avec cette transition effectue 9 192
631 770 périodes d’oscillation. Le but de ce problème est d’étudier comment on peut réaliser en
pratique cette résonance entre l’onde électromagnétique et la transition E1 ↔ E2 . Pour simplifier,
on suppose dans ce problème que les niveaux d’énergie E1 et E2 sont non dégénérés 1 , et on note
|ψ1 i et |ψ2 i les états associés. On néglige le mouvement du centre de masse de l’atome et on
restreint la dynamique interne de l’atome au sous-espace de dimension 2 engendré par |ψ1 i et
|ψ2 i. En absence d’onde électromagnétique, l’hamiltonien de l’atome de césium s’écrit donc dans
la base {|ψ1 i, |ψ2 i} : Ç å
E1 0
Ĥ0 = . (1)
0 E2
On note |ψ(t)i = a1 (t)|ψ1 i + a2 (t)|ψ2 i l’état de l’atome à un instant t quelconque et on pose
E2 − E1 = ~ω0 .

1. En absence d’onde électromagnétique, donner l’expression de a1 (t) et a2 (t) en fonction de


a1 (0) et a2 (0). Si l’atome est préparé à l’instant t = 0 dans l’état |ψ1 i, quelle est la probabilité
de le trouver dans l’état |ψ2 i à l’instant t ?
2. On envoie sur l’atome une onde électromagnétique de pulsation ω. On supposera que le
couplage (d’origine magnétique) entre l’atome et l’onde peut s’écrire dans la base {|ψ1 i, |ψ2 i} :
Ç å
0 1
V̂ (t) = v(t) cos(ωt) , (2)
1 0

où la fonction réelle v(t) est proportionnelle à l’amplitude de l’onde électromagnétique. L’hamil-


tonien total du système est alors Ĥ(t) = Ĥ0 + V̂ (t).
À partir de l’équation de Schrödinger i~(d|ψ(t)i/dt) = Ĥ(t)|ψ(t)i, exprimer da1 /dt et da2 /dt en
fonction de a1 (t), a2 (t) et des paramètres du problème (E1 , E2 , ω, v(t)). Le but des questions qui
suivent est de résoudre de manière approchée ce système différentiel.
On suppose dans toute la suite que l’atome est préparé à l’instant t = 0 dans l’état |ψ1 i.
3. Montrer que l’on a pour t > 0
1
Z t ′
a2 (t) = v(t′ ) cos(ωt′ ) a1 (t′ ) e−iE2 (t−t )/~ dt′ . (3)
i~ 0

4. À partir de (3), on peut obtenir une valeur approchée de a2 (t), valable à l’ordre 1 en v, en
prenant pour a1 (t′ ) le résultat à l’ordre 0 en v trouvé en question 1. Donner cette expression
approchée de a2 (t) en supposant que a1 (0) = 1.
5. On suppose à partir de maintenant que la quantité v(t) est donnée par la fonction en « double
créneau » représentée sur la figure 1. Cette fonction vaut v0 dans les deux intervalles de largeur
2τ centrés respectivement en ta et tb , et elle est nulle partout ailleurs. Quelle est la probabilité
de trouver l’atome dans l’état |ψ2 i pour t < ta − τ ?
6. On s’intéresse aux temps t compris entre les deux créneaux : ta + τ < t < tb − τ .
1. Une valeur propre est dite « non dégénérée » quand il n’y a qu’un vecteur propre, à un coefficient multiplicatif
près, qui lui est associé.
6. Principe d’une horloge atomique 45

Figure 1 – Fonction en double créneau donnant le couplage entre l’atome et l’onde électro-
magnétique, correspondant à la méthode des franges de Ramsey.

(a) Donner l’expression de a2 (t). On mettra cette expression sous forme d’une somme de deux
termes, respectivement proportionnels à 1/(ω − ω0 ) et 1/(ω + ω0 ).
(b) Montrer que la probabilité P2 de trouver l’atome dans l’état |ψ2 i est indépendante du temps
t sur l’intervalle considéré.
(c) On suppose que la pulsation ω de l’onde est choisie proche de la pulsation de résonance
atomique ω0 : |ω − ω0 | ≪ ω0 . Expliquer pourquoi ceci permet de négliger (sauf pour des
valeurs particulières de (ω − ω0 )τ ) l’un des deux termes intervenant dans l’expression de
a2 (t). Donner l’expression ainsi simplifiée de P2 . On mettra cette expression sous la forme
ã2
v0 τ
Å
P2 (∆) = F (τ ∆), (4)
~

où ∆ = ω − ω0 et où F est une fonction mathématique que l’on précisera.


(d) Tracer P2 en fonction de ∆. Expliquer en quoi cette variation permet de verrouiller la
fréquence de l’onde électromagnétique sur la transition E1 ↔ E2 de l’atome.
(e) Donner une valeur approchée de la largeur totale à mi-hauteur de la fonction P2 (∆). Com-
ment varie la précision de la mesure de fréquence en fonction de la durée τ de cette mesure ?
Discuter le résultat obtenu en terme de « relation d’incertitude » associée à la transformée
de Fourier temps-fréquence.
7. On s’intéresse aux temps t après le deuxième créneau : t > tb + τ .

(a) En continuant à utiliser l’approximation introduite en question 6 (c) et découlant de


|ω − ω0 | ≪ ω0 , calculer a2 (t).
(b) On pose T = tb −ta . Calculer la probabilité P2 de trouver l’atome dans l’état |ψ2 i en fonction
de v0 , τ, T et ∆. Tracer schématiquement la variation de P2 avec ∆ pour T = 10 τ (on ne
demande pas un graphe très précis). Pour T ≫ τ , montrer que P2 (∆) oscille rapidement avec
une période qu’on reliera à T . Donner une valeur approchée de la largeur totale à mi-hauteur
du pic central de la fonction P2 (∆).
(c) Interpréter ce phénomène d’oscillation en terme d’interférences entre deux « chemins quan-
tiques » conduisant d’un même état initial vers un même état final.
8. La précision avec laquelle on peut ajuster la fréquence de l’onde électromagnétique sur la
transition atomique dépend de la largeur à mi-hauteur du pic central de la fonction P2 (∆).
Que gagne-t-on à utiliser une fonction en double créneau au lieu d’un simple créneau de largeur
τ ≪ T ? Discuter le résultat obtenu dans les mêmes termes que ceux de la question 6 (e).
46 6. Principe d’une horloge atomique

9. Un résultat de mesure de P2 (obtenu avec une fontaine atomique) est donné en figure 2.
Commenter ce résultat en précisant les valeurs de T et τ utilisées. Quelles sont les différences
notables entre ce résultat expérimental et les prédictions du modèle approché étudié plus haut ?
10. On admet qu’on sait pointer le maximum du pic central montré dans l’insert de la figure
2 avec une précision relative de 10−4 par rapport à sa largeur. Quelle est la précision relative
de l’horloge ainsi obtenue (erreur sur la mesure de fréquence, divisée par la fréquence mesu-
rée) ? Quelle est l’incertitude sur le temps indiqué par une telle horloge au bout d’un siècle de
fonctionnement ?

Figure 2 – Résultat expérimental pour la probabilité P2 de trouver un atome de césium dans


l’état |ψ2 i après une excitation en double créneau. L’insert en haut à droite représente un zoom
sur la partie centrale de la courbe principale. Cette figure correspond à l’expérience décrite dans
l’article de G. Santarelli et al., Phys. Rev. Lett. 82, 4619 (1999).

Solution

1. En absence d’onde électromagnétique, l’hamiltonien a pour états propres |ψ1 i et |ψ2 i.


Si l’état initial est |ψ(0)i = a1 (0)|ψ1 i + a2 (0)|ψ2 i, l’état à l’instant t s’écrit : |ψ(t)i =
a1 (0) e−iE1 t/~ |ψ1 i + a2 (0) e−iE2 t/~ |ψ2 i, c’est-à-dire aj (t) = aj (0) e−iEj t/~ , j = 1, 2. Si a2 (0) = 0,
P2 (t) = 0 à tout temps.
2. En présence du couplage au champ, l’équation de Schrödinger i~ d|ψ(t)i/dt = (Ĥ0 +
V̂ (t))|ψ(t)i s’écrit sur la base {|ψ1 i, |ψ2 i} :
da1 da2
i~ = E1 a1 + v(t) cos(ωt) a2 (t), i~ = E2 a2 + v(t) cos(ωt) a1 (t). (5)
dt dt
3. L’équation sur a2 s’intègre par exemple par la méthode « de variation de la constante » :
1
Z t ′
−iE2 t/~
a2 (t) = a2 (0) e + v(t′ ) cos(ωt′ ) a1 (t′ ) e−iE2 (t−t )/~ dt′ . (6)
i~ 0

On retrouve le résultat de l’énoncé pour a2 (0) = 0. On peut également se contenter de vérifier


6. Principe d’une horloge atomique 47

que la fonction a2 (t) proposée dans l’énoncé vérifie bien l’équation différentielle du premier ordre
en temps trouvée à la question précédente, avec la bonne condition initiale en t = 0.
4. Selon la méthode approchée proposée par l’énoncé (qu’on appelle théorie des perturbations
dépendant du temps, cf. Chapitre 17, § 1 du cours), on injecte la valeur de a1 à l’ordre 0 en v,
c’est-à-dire a1 (t′ ) = exp(−iE1 t′ /~), dans l’équation (3). Comme cette équation est elle-même
proportionnelle au couplage v, on obtient alors l’expression de a2 valable à l’ordre 1 inclus en v :

e−iE2 t/~ t
Z

a2 (t) = v(t′ ) cos(ωt′ ) ei(E2 −E1 )t /~ dt′ . (7)
i~ 0

5. Pour t < ta − τ , la fonction figurant dans l’intégrale entre 0 et t de l’équation (7) est
identiquement nulle. La probabilité de trouver l’atome dans l’état |ψ2 i est donc nulle pour cet
intervalle de temps.
6. (a) L’intégrale figurant dans (7) pour des temps entre les deux créneaux se calcule relati-
vement simplement et on trouve :

v0 e−iE2 t/~
Ç å
i(ω+ω0 )ta sin[(ω + ω0 )τ ] sin[(ω − ω0 )τ ]
a2 (t) = e + ei(ω0 −ω)ta . (8)
i~ ω + ω0 ω − ω0

(b) La seule dépendance de a2 vis-à-vis de t est le préfacteur global e−iE2 t/~ . Comme la pro-
babilité P2 est donnée par P2 = |a2 |2 , ce préfacteur n’intervient pas dans P2 , qui est donc
indépendante de t pour t ∈ [ta + τ, tb − τ ].
(c) Si ω est proche de ω0 , le terme proportionnel à 1/(ω + ω0 ) est généralement très petit
devant le terme proportionnel à 1/(ω − ω0 ) et on peut le négliger. Les seuls instants où cette
approximation n’est pas valable sont les voisinages des τn tels que (ω − ω0 )τn = nπ, où n est un
entier, puisque le terme en 1/(ω − ω0 ) s’annule en ces points. Une fois le terme en 1/(ω + ω0 )
négligé, on trouve :
ã2 ã2
v0 τ sin x
Å Å
P2 (∆) = F (τ ∆) avec F (x) = . (9)
~ x
(d) La fonction F (x) intervenant dans P2 (∆) est tracée en figure 3. Cette fonction est « piquée »
autour de x = 0, ce qui signifie que P2 est maximale pour ω = ω0 . C’est une figure typique de
résonance et la maximisation expérimentale de la probabilité P2 permet d’assurer que l’onde
électromagnétique a une pulsation ω voisine de ω0 .
(e) La précision de la mesure de fréquence est directement proportionnelle à la largeur de la
courbe de résonance : pour un rapport signal/bruit donné, plus cette courbe est étroite, mieux
on s’approchera de la valeur recherchée ω = ω0 . La largeur totale à mi-hauteur de cette fonction
de ∆ est ≈ π/τ , ce qui correspond à la relation de Fourier usuelle : en interagissant avec les
atomes pendant une durée τ , on obtient une courbe de réponse en fréquence de largeur variant
comme 1/τ .
7. (a) En ne gardant que les termes en 1/(ω − ω0 ), on trouve pour t > tb + τ :

v0 e−iE2 t/~ sin(τ ∆) Ä −i∆ta ä


a2 (t) = e + e−i∆tb . (10)
i~ ∆
(b) Le calcul de P2 = |a2 |2 donne
ã2
v0 τ
Å
P2 (∆) = 4 cos2 (T ∆/2) F (τ ∆). (11)
~
48 6. Principe d’une horloge atomique

1.0

0.5

0.0
-10 -5 0 5 10

Figure 3 – Fonction F (x) intervenant dans P2 (∆), probabilité de trouver l’atome dans l’état
|ψ2 i après le premier créneau.

Ce résultat est indépendant de t. Cette fonction est tracée en figure 4 dans le cas particulier
T = 10 τ . Elle oscille rapidement avec ∆ sous l’effet du terme en cos2 (T ∆/2), avec une période
en ∆ égale à 2π/T . La largeur totale à mi-hauteur du pic central est de π/T .

0
-10 -5 0 5 10

Figure 4 – Variation de P2 (au coefficient (v0 τ /~)2 près) en fonction de x = τ ∆ dans le cas
particulier T = 10 τ .

(c) Dans cette image perturbative, l’atome peut transiter de |ψ1 i vers |ψ2 i durant le premier
pulse ou durant le second ; l’équation (8) correspond à l’addition des amplitudes correspondantes,
et elle donne l’amplitude de probabilité totale de trouver l’atome en |ψ2 i pour t > tb + τ . Le
terme en 4 cos2 (∆T /2) dans l’équation (11) correspond à l’interférence des amplitudes associées
à ces deux chemins.
8. Avec le double créneau (méthode des franges de Ramsey), on remplace une largeur en π/τ
par une largeur en π/T . La précision est donc bien meilleure. Dans les termes de la question
6 (e), on peut considérer qu’on a remplacé la durée d’interaction τ par la durée totale T (et non
pas 2τ comme on aurait pu le croire naïvement).
9. On trouve que la largeur totale à mi-hauteur de la courbe « enveloppe » en fonction de
∆/2π est de 80 Hz. Cette largeur est par ailleurs égale à 1/(2τ ), ce qui donne τ = 6.3 ms. La
largeur totale à mi-hauteur du pic central est de 1 Hz, et correspond à 1/(2T ), soit T = 0.5 s.
6. Principe d’une horloge atomique 49

L’expérience n’est pas dans la limite perturbative, puisque la probabilité de transition approche 1
à la résonance. Par ailleurs, il y a un certain brouillage des franges sur les ailes, dû essentiellement
à une dispersion des vitesses des atomes et donc des temps T .
10. La raie a une largeur de 1 Hz. Si on sait pointer son centre avec une précision relative de
10−4 , on a un ajustement de ω sur ω0 à 10−4 Hz près, soit une précision relative de l’horloge de
10−14 . Le retard ou l’avance d’une telle horloge au bout d’un siècle de fonctionnement correspond
à environ 30 microsecondes (1 siècle=3600 × 24 × 365 × 100 = 3.2 109 s).
50 7. Propagation et étalement d’un paquet d’ondes

7 Propagation et étalement d’un paquet d’ondes


1. On considère un système quantique d’hamiltonien Ĥ indépendant du temps et on note
|ψ(t)i son état à l’instant t. On se donne une observable  elle aussi indépendante du temps
et on s’intéresse à l’évolution dans le temps de la valeur moyenne de cette observable : a(t) =
hψ(t)|Â|ψ(t)i.
(a) Rappeler l’équation d’évolution du ket |ψ(t)i et en déduire celle du bra hψ(t)|.
(b) En déduire que la quantité da/dt est reliée à la valeur moyenne du commutateur [Â, Ĥ] =
ÂĤ − Ĥ Â :
da
i~ = hψ(t)|[Â, Ĥ]|ψ(t)i. (1)
dt
2. Évolution du centre d’un paquet d’ondes. On considère une particule ponctuelle de
masse m en mouvement libre (pas de potentiel) le long de l’axe x. On note x̂ et p̂ ses opérateurs
position et impulsion.
(a) Rappeler (sans justification) l’action de x̂ et de p̂ sur une fonction d’onde ψ(x).
(b) Comparer x̂p̂ ψ(x) et p̂x̂ ψ(x). En déduire que [x̂, p̂] = i~ 1̂, où 1̂ est l’opérateur identité.
(c) On se donne deux opérateurs  et B̂. Montrer que [Â, B̂ 2 ] = [Â, B̂]B̂ + B̂[Â, B̂]. En déduire
que [x̂, p̂2 ] = 2i~ p̂.
(d) On pose p̄(t) = hψ(t)| p̂ |ψ(t)i et x̄(t) = hψ(t)| x̂ |ψ(t)i. À l’aide des questions précédentes,
exprimer dp̄/dt et dx̄/dt en fonction de p̄, x̄ et m. En déduire les valeurs de p̄(t) et x̄(t) en
fonction de p̄(0), x̄(0), t et m.
(e) On note ψ(x, t) la fonction d’onde associée au ket |ψ(t)i. À l’instant initial t = 0, la particule
(ω)
est préparée dans l’état fondamental φ0 (x) d’un oscillateur harmonique de pulsation ω :
(ω)
ψ(x, 0) = φ0 (x) = C exp(−x2 / 2a20 ), (2)

où a0 = (~/(mω))1/2 et où C est un coefficient de normalisation. On coupe le potentiel


harmonique à l’instant t = 0 et on laisse ensuite la particule évoluer librement (expérience
de temps de vol). Déterminer la position moyenne et l’impulsion moyenne de la particule à
un instant t > 0.
3. Étalement du paquet d’ondes. On s’intéresse encore à l’évolution du paquet d’ondes
d’une particule libre préparée dans l’état (1) à l’instant t = 0 et on cherche maintenant à calculer
les quantités

p2 (t) = hψ(t)| p̂2 |ψ(t)i, x2 (t) = hψ(t)| x̂2 |ψ(t)i, γ(t) = hψ(t)| x̂p̂ + p̂x̂ |ψ(t)i.
(3)
On rappelle qu’on a pour l’état (1) : p2 (0) = m~ω/2, x2 (0) = ~/(2mω) et γ(0) = 0. On donne
la valeur des commutateurs : [x̂2 , p̂2 | = 2i~ (x̂p̂ + p̂x̂), [x̂p̂, p̂2 ] = [p̂x̂, p̂2 ] = 2i~ p̂2 .
(a) Exprimer dp2 /dt, dx2 /dt, dγ/dt en fonction de p2 , x2 , γ et m.
(b) En déduire que l’étalement de la distribution en position de la particule est tel que x2 (t) =
x2 (0) 1 + ω 2 t2 .
4. Oscillateur harmonique à deux dimensions. La particule peut maintenant se propager
dans le plan xy et elle est décrite par une fonction d’onde ψ(x, y, t). À l’instant t = 0, la particule
est préparée dans l’état fondamental d’un oscillateur harmonique de pulsations ωx selon l’axe x
(ω ) (ω )
et ωy (< ωx ) selon y : ψ(x, y, 0) = φ0 x (x) φ0 y (y).
7. Propagation et étalement d’un paquet d’ondes 51

(a) Comparer les variances initiales ∆x2 (0) et ∆y 2 (0) des distributions en position selon les
deux axes.
(b) On supprime le potentiel harmonique à l’instant t = 0, on laisse la particule se propager
librement dans le plan xy pendant une durée t et on mesure l’ellipticité du nuage ε(t) =
∆x(t)/∆y(t). Indiquer si le signe de ε(t) − 1 peut changer au cours du temps et commenter
l’origine physique de ce phénomène.
(c) Quand un gaz de particules décrites par la mécanique classique est à l’équilibre thermique
à température T dans un potentiel harmonique de pulsation ωx selon l’axe x, les variances
∆x2 et ∆p2x vérifient « l’équipartition de l’énergie »(kB est la constante de Boltzmann) :

1 1 ∆p2x 1
mωx2 ∆x2 = kB T, = kB T. (4)
2 2 2m 2
Donner l’évolution de l’ellipticité d’un tel gaz dans une expérience de temps de vol, en
supposant ωy < ωx . En considérant l’évolution dans le temps du signe de ε(t) − 1, expliquer
pourquoi cette expérience permet de déterminer sans ambiguïté si le comportement du gaz
est régi par la physique classique ou la physique quantique. Dans quelle catégorie peut-on
classer l’expérience de temps de vol présentée en figure 1 ?

Figure 1 – Expérience de temps de vol menée avec des atomes de rubidium, dans un état initial
correspondant à un « condensat de Bose-Einstein ». La figure (a) correspond à l’instant t = 0 et
les figures suivantes aux instants t = 5, 10, 15, 20 ms (images : Laboratoire Kastler Brossel).

Solution

Propagation et étalement d’un paquet d’ondes


1. (a) On a i~(d|ψi/dt) = Ĥ|ψi et −i~(dhψ|/dt) = hψ|Ĥ.
(b) On utilise
da dhψ| d|ψi
= Â|ψi + hψ|Â (5)
dt dt dt
et on en déduit le résultat de l’énoncé.
2. (a) x̂ : ψ(x) → xψ(x) et p̂ : ψ(x) → −i~(dψ/dx).
(b) On déduit immédiatement de ce qui précède que (x̂p̂ − p̂x̂)ψ(x) = −i~x(dψ(x)/dx) +
i~d(xψ(x))/dx = i~ψ(x).
(c) [Â, B̂ 2 ] = ÂB̂ 2 − B̂ 2 Â = ÂB̂ 2 − B̂ ÂB̂ + B̂ ÂB̂ − B̂ 2 Â = [Â, B̂]B̂ + B̂[Â, B̂]. En utilisant
[x̂, p̂] = i~, on en déduit immédiatement [x̂, p̂2 ] = 2i~ p̂.
(d) La relation (1) donne p̄˙ = 0 et x̄˙ = p̄/m, soit p̄(t) = p̄(0) et x̄(t) = x̄(0) + p̄(0)t/m.
52 7. Propagation et étalement d’un paquet d’ondes

(e) Pour l’état initial considéré, on constate immédiatement que p̄(0) = 0 et x̄(0) = 0, puisque
ψ(x, 0) est une gaussienne centrée en 0 ainsi que sa transformée de Fourier. On en déduit donc
que la position moyenne et l’impulsion moyenne restent nulles à tout instant t > 0.
˙ ˙
3. (a) On déduit de la relation (1) les relations suivantes : p2 = 0, x2 = γ̄/m et γ̄˙ = 2p2 /m.
(b) Compte tenu des condition initiales, on trouve : p2 (t) = p2 (0), γ̄(t) = 2tp2 (0)/m et x2 (t) =
x2 (0) + p2 (0)t2 /m2 , dont on déduit le résultat donné dans l’énoncé.
4. (a) Si ωx > ωy , la distribution initiale en x est plus étroite que celle en y : ε2 (0) =
∆x2 (0)/∆y 2 (0) = ωy /ωx < 1.
(b) Comme l’hamiltonien à deux dimensions s’écrit comme la somme de p2x /2m et de p2y /2m, les
distributions selon les deux directions évoluent de manière indépendante. On peut donc appliquer
à chacune de ces distributions le résultat de la question précédente. L’ellipticité vérifie :

ωy 1 + ωx2 t2
ε2 (t) = . (6)
ωx 1 + ωy2 t2

Aux temps longs, cette fonction tend vers ωx /ωy , qui est supérieur à 1. Il y a donc un instant
particulier où l’ellipticité s’inverse. Cette inversion est une conséquence de l’inégalité de Heisen-
berg : si la distribution en position selon x est plus comprimée que celle en y, la distribution en
impulsion selon x doit être plus large. Aux temps longs, l’étalement du paquet d’ondes reflète la
distribution en impulsion initiale : le paquet d’ondes s’étale plus vite selon x, d’où la nécessaire
inversion d’ellipticité.
(c) Pour un gaz de particules classiques√ à température T , les distributions en impulsion selon
les axes x et y ont la même largeur mkB T , même si les pulsations selon ces axes ne sont pas les
mêmes. Aux longs temps d’expansion, on s’attend donc à trouver une distribution circulaire, mais
pas d’ellipticité inversée. Les données de la figure 1 montrent une claire inversion d’ellipticité, en
accord avec la prédiction quantique.
8. Interférences de grosses particules 53

8 Interférences de grosses particules


On mène une expérience de fentes d’Young avec des particules matérielles supposées sphé-
riques de rayon R et de masse volumique ρ = 1000 kg/m3 (figure 1). Ces particules sont émises
par une source portée à la température T = 300 K. Elles se propagent le long de l’axe y de
l’interféromètre avec une vitesse v telle que
1 1
mv 2 = kB T, (1)
2 2
où m est la masse de la particule et kB la constante de Boltzmann.

1. Exprimer la longueur d’onde λ de la particule en fonction de ρ, R, T et de la constante de


Planck h.
2. On note D la distance entre le plan des fentes et l’écran de détection. Rappeler l’expression
de l’interfrange xi en fonction de λ, D et a dans le cas où la largeur de chaque fente ℓ est petite
devant la distance entre fentes a. On supposera également a ≪ D. Dans la suite, on pourra
utiliser ce résultat même si ℓ ≈ a.
3. Pour pouvoir observer de manière satisfaisante les franges d’interférence, on pose que les
deux conditions suivantes doivent être satisfaites :
• R ≤ xi /2 : cette condition traduit le fait qu’une particule ne doit pas « s’étaler » sur plusieurs
franges d’interférence.
• R ≤ a/2 : cette condition traduit le fait que les particules doivent passer dans les fentes sans
toucher leur bord (R ≤ ℓ/2), sachant par ailleurs que ℓ ≤ a = ℓ + ℓ′ .
On fixe D et on optimise a pour observer des interférences avec les particules les plus grosses
possibles. Quelle est la taille maximale Rmax pour laquelle les interférences sont observables ? On
exprimera Rmax en fonction de D, ρ, T , kB et h. Quelle valeur doit-on choisir pour la distance
entre fentes a ?
4. La longueur de l’interféromètre est D = 1 m. Quelle est la valeur de Rmax ? À quelle vitesse
correspond cette taille maximale ? Quelle est la longueur d’onde correspondante ? Indiquer en
quelques lignes les principaux obstacles à la réalisation de cette expérience. Rappel : kB =
1.4 10−23 J/K, h = 6.6 10−34 J.s.

Figure 1 – Gauche : interféromètre à fentes d’Young. Droite : Plan des fentes ; chaque fente a
pour largeur ℓ, la distance entre les centres des fentes est a et la zone opaque entre les fentes est
de largeur ℓ′ (a = ℓ + ℓ′ ).
54 8. Interférences de grosses particules

Solution

Interférences de gros objets


» √
1. On a λ = h/(mv) avec v = kB T /m, soit λ = h/ mkB T . On utilise m = ρ(4π/3)R3 , ce
qui donne finalement  
3 h
λ= p . (2)
4π ρR3 kB T
2. Si ℓ ≪ a et a ≪ D, l’interfrange dans une expérience de fentes d’Young est donné par
xi = λD/a.
3. Pour que les deux conditions nécessaires données dans l’énoncé puissent être simultanément
satisfaites, il faut que R2 ≤ axi /4, soit R2 ≤ λD/4. En remplaçant λ par sa valeur, on arrive
alors à :  
7/2 1 3 hD
R ≤ √ , (3)
8 π ρkB T
soit   !2/7
1 3 hD
Rmax = √ . (4)
8 π ρkB T
On prend alors a = 2Rmax et on obtient un système de franges d’interférence d’interfrange
xi = 2Rmax .
4. La valeur maximale de R pour les paramètres de l’énoncé est de 55 nm. La masse correspon-
dante est de 7.1 10−19 kg, la vitesse est v = 7.6 cm/s et la longueur d’onde vaut λ = 1.2 10−14 m.
Avec des particules « aussi grosses », il est très difficile de maintenir la cohérence entre les deux
bras de l’interféromètre. Les collisions entre la particule et les molécules du gaz résiduel dans
l’enceinte où est menée l’expérience, dont la fréquence augmente avec la taille de la particule,
risquent d’introduire des déphasages incontrôlés. Il en va de même pour les champs électriques
résiduels, si la particule est préparée par mégarde avec une charge électrique non nulle. De plus,
on remarque que la vitesse de la particule est très faible, et que les effets de la gravitation seront
considérables pendant le temps de parcours (13 secondes) entre le plan des fentes et le plan de
détection.
9. Y a-t-il toujours un état lié dans un puits de potentiel 1D ? 55

9 Y a-t-il toujours un état lié dans un puits de potentiel 1D ?


1. On se donne un système quantique d’hamiltonien Ĥ. On considère la base |ψn i (n =
0, 1, 2, . . .) formée par les vecteurs propres de Ĥ et on note En les énergies associées. On suppose
les En rangées par ordre croissant E0 ≤ E1 ≤ E2 . . .. On se donne un vecteur d’état |ψi normé
quelconque. Montrer que la valeur moyenne de l’énergie dans l’état |ψi est toujours supérieure à
l’énergie de l’état fondamental :
hψ|Ĥ|ψi ≥ E0 . (1)

On pourra utiliser le développement de |ψi sur la base |ψn i : |ψi = n cn |ψn i.


P

2. On considère une particule quantique de masse m en mouvement le long de l’axe x, soumise


à un potentiel V (x). On suppose que le potentiel V (x) est en tout point négatif et tend vers 0
quand x tend vers ±∞ (cf. figure 1a). On se donne un état propre ψα (x) de l’hamiltonien

p̂2
Ĥ = + V (x̂) (2)
2m

avec l’énergie Eα . Rappeler sans démonstration la condition sur Eα pour que cet état propre soit
un état lié.

Figure 1 – (a) Exemple d’un potentiel V (x) négatif en tout point et tendant vers 0 quand x
tend vers ±∞. (b) Exemple de deux potentiels V1 (x) et V2 (x) vérifiant en tout point V2 (x) ≤
V1 (x) ≤ 0.

3. La particule peut être placée dans le potentiel V1 (x) ou dans le potentiel V2 (x) de la figure
1b, les hamiltoniens correspondants étant

p̂2
Ĥj = + Vj (x̂), j = 1, 2. (3)
2m

On suppose que V1 (x) et V2 (x) tendent vers 0 quand x tend vers ±∞ et que l’on a

V2 (x) ≤ V1 (x) ≤ 0 pour tout x. (4)

On se donne une fonction d’onde ψ(x) quelconque. Montrer que les moyennes des énergies po-
tentielles hψ|Vj (x̂)|ψi vérifient

hψ|V2 (x̂)|ψi ≤ hψ|V1 (x̂)|ψi. (5)


56 9. Y a-t-il toujours un état lié dans un puits de potentiel 1D ?

(j) (j)
4. On note |ψ0 i (j = 1, 2) les états fondamentaux des hamiltoniens Ĥj et E0 les énergies
associées. En utilisant ce qui précède, montrer que
(2) (1)
E0 ≤ E0 . (6)
(1) (1) (2)
On pourra considérer l’énergie moyenne de Ĥ2 dans l’état |ψ0 i et la comparer à E0 et E0 .
5. On rappelle 1 qu’un puits de potentiel carré [par exemple V (x) = V0 < 0 pour −a < x < a,
V (x) = 0 pour |x| ≥ a] admet toujours au moins un état lié.
Déduire de ce qui précède que tout potentiel V (x) du type de celui tracé sur la figure 1a, c’est-
à-dire continu, négatif et tendant vers 0 à l’infini admet lui aussi au moins un état lié.

Solution

Y a-t-il toujours un état lié dans un puits de potentiel 1D ?


1. La valeur moyenne de l’énergie s’écrit n |cn |2 En , ce qui est supérieur ou égal à 2
n |cn | E0 .
P P

La fonction d’onde étant normée, n |cn |2 = 1, d’où le résultat.


P

2. Les états liés sont les états d’énergie négative, pour lesquels la probabilité de présence tend
vers 0 quand x tend vers ±∞.
3. Le résultat est immédiat :
Z +∞ Z +∞
2
hψ|V2 (x̂)|ψi = |ψ(x)| V2 (x) dx ≤ |ψ(x)|2 V1 (x) dx = hψ|V1 (x̂)|ψi. (7)
−∞ −∞

4. D’après la question 1, on a
(2) (2) (2) (1) (1)
E0 = hψ0 |Ĥ2 |ψ0 i ≤ hψ0 |Ĥ2 |ψ0 i (8)
(2)
puisque |ψ0 i est l’état fondamental de Ĥ2 . Par ailleurs, on sait d’après la question 3 que
(1) (1) (1) (1) (1) (1) (1) (1) (1)
hψ0 |V2 (x̂)|ψ0 i ≤ hψ0 |V1 (x̂)|ψ0 i ⇒ hψ0 |Ĥ2 |ψ0 i ≤ hψ0 |Ĥ1 |ψ0 i = E0 (9)
(1)
puisque la moyenne de l’énergie cinétique dans l’état |ψ0 i est la même pour Ĥ1 et Ĥ2 . La
combinaison de (8) et (9) donne le résultat recherché.
5. Si le potentiel V (x) est continu et strictement négatif en certains points, on peut trouver un
potentiel carré V2 (x) tel que V (x) ≤ V2 (x) en tout point. On sait que l’hamiltonien correspondant
(2)
à V2 a au moins un état lié, donc que l’énergie E0 de son état fondamental est strictement
négative. L’énergie de l’état fondamental de l’hamiltonien correspondant à V (x) est inférieure à
(2)
E0 (question 4) et elle est par conséquent strictement négative elle aussi. L’état fondamental
correspondant à V (x) est donc un état lié. Cette propriété ne s’étend pas à trois dimensions.

1. cf. livre de cours, chapitre 4, § 3.2.


10. Interférences entre deux condensats de Bose–Einstein 57

10 Interférences entre deux condensats de Bose–Einstein


1. L’état d’un atome piégé
Des atomes de masse m sont confinés dans un piège décrit par un potentiel harmonique de
pulsation ω. Les atomes sont refroidis à une température si basse que l’on peut considérer qu’ils
se trouvent tous dans l’état fondamental du piège et on néglige toute interaction entre eux. On
considère le mouvement à une dimension suivant l’axe Ox. On rappelle que la fonction d’onde
de l’état fondamental ψ0 (x) dans le potentiel V (x) = mω 2 x2 /2 est une gaussienne
2
ψ0 (x) = A e−αx , (1)

où A est une constante de normalisation que l’on ne cherchera pas à calculer. On rappelle
également que la moyenne et l’écart-type d’une distribution de probabilité gaussienne P (u) ∝
2 2
e−u /(2σ ) sont respectivement hui = 0 et ∆u = σ.
(a) En imposant à ψ0 (x) d’être état propre de l’hamiltonien de l’atome, montrer que α =
mω/(2~) et retrouver l’expression de l’énergie de cet état fondamental.
(b) On donne ω = 2π × 10 Hz et m = 4 × 10−26 kg. Calculer la moyenne hxi et l’écart-type ∆x0
associés à la distribution de probabilité de la position de l’atome dans l’état fondamental du
piège.
(c) On rappelle que la transformée de Fourier de ψ0 (x) s’écrit
2 /(4~2 α)
ϕ0 (p) = B e−p , (2)

où B est une autre constante qu’on ne cherchera pas à calculer. En déduire les valeurs
analytiques et numériques de la moyenne hvi et de l’écart-type ∆v0 associés à la distribution
en vitesse des atomes.
(d) Donner la valeur du produit ∆x0 ∆p0 des écarts-types en position et en impulsion. Com-
menter le résultat obtenu.
2. Étalement d’un paquet d’ondes gaussien
À l’instant t = 0, on coupe le potentiel confinant les atomes qui se propagent ensuite librement.
On rappelle que la fonction d’onde d’un atome à un instant t après la coupure du piège est
donnée par
1
Z
2 t/(2m~)
ψ(x, t) = √ ϕ(p, t) eixp/~ dp avec ϕ(p, t) = ϕ0 (p) e−ip . (3)
2π~
On admettra que la fonction d’onde à l’instant t peut être mise sous la forme

ψ(x, t) = N (t) G1 (x, t) G2 (x, t) , (4)

où N (t) est une constante de normalisation que l’on ne cherchera pas à déterminer et où les
fonctions G1 (x, t) et G2 (x, t) sont des fonctions gaussiennes respectivement réelles et imaginaires
de la variable x :
2 / 4∆x2 (t)
G1 (x, t) = e−x avec ∆x2 (t) = ∆x20 (1 + ω 2 t2 ), (5)
~t 1
Å ã
2 / 2R2 (t)
G2 (x, t) = ei x avec 2
R (t) = 1+ 2 2 . (6)
m ω t
(a) Montrer que l’écart-type ∆p(t) de la distribution en impulsion est constant dans ce cas.
58 10. Interférences entre deux condensats de Bose–Einstein

(b) Tracer l’écart type ∆x(t) en fonction du temps et calculer la valeur de ∆x(t) pour un temps
t = 40 ms, en reprenant les paramètres de la question 1.
3. La figure d’interférence des deux condensats
On souhaite étudier une expérience réalisée en 1997 par le groupe de W. Ketterle au MIT (USA),
portant sur l’interférence de deux condensats de Bose–Einstein. Pour réaliser cette expérience,
les physiciens ont partagé en deux l’assemblée d’atomes à l’aide d’un faisceau laser, créant ainsi
un potentiel symétrique, centré en O (x = 0), et possédant deux minima (figure 1a). Au voisinage
des minima, le potentiel est en bonne approximation harmonique de pulsation ω et la séparation
d entre les minima est supposée grande devant ∆x0 . On admettra que l’on peut décrire l’état de
chaque atome dans ce potentiel par la superposition
1 d d
ï Å ã Å ãò
Ψ(x) = √ ψ0 x − + ψ0 x + . (7)
2 2 2

À l’instant t = 0, les expérimentateurs coupent le potentiel confinant les atomes. Leur paquet
d’ondes s’étale alors comme calculé à la question 2. Au bout d’une durée t, on prend une photo-
graphie de la distribution des atomes ; un résultat typique est montré sur la figure 1b.

Figure 1 – (a) Trait plein épais : potentiel V (x) à double minimum créé à l’aide d’un faisceau
laser. Trait pointillé : approximations harmoniques au voisinage des deux minima de potentiels.
Trait plein fin : fonctions ψ0 (x ± d/2), états propres de l’hamiltonien obtenu pour les approxi-
mations harmoniques. (b) Figure d’interférence obtenue en relâchant les atomes initialement
confinés dans le potentiel V (x). Cette figure, extraite de M.R. Andrew et al., Science 275, 637
(1997), a été obtenue après un temps de vol de 40 ms.

(a) On considère l’état d’interférence en un point x proche de O, de sorte que |x| ≪ d. En faisant
l’approximation G1 (x − d/2, t) ≈ G1 (x + d/2, t) ≈ G1 (d/2, t), montrer que la probabilité
de présence autour de O s’écrit après un temps de vol de durée 1 t telle que ω 2 t2 ≫ 1 :
2π~t
P(x, t) ∝ cos2 (πx/ℓ) avec ℓ= . (8)
md
(b) Pour l’expérience considérée, d = 40 µm et t = 40 ms. Calculer ℓ et comparer au résultat de
la figure 1b.
1. En pratique, on explore un intervalle de durées t telles que ∆x(t) soit compris entre d/4 et d.
10. Interférences entre deux condensats de Bose–Einstein 59

On cherche maintenant à interpréter physiquement le résultat (8) et à le généraliser pour


rendre compte de l’ensemble de l’interférogramme montré en figure 1b. On souhaite en parti-
culier expliquer pourquoi le système de franges est à peu près rectiligne, avec un interfrange
qui est sensiblement le même en tout point du plan. On se limite au mouvement le long de
l’axe Ox dans les questions (c-d-e-f ) et on étend le problème à l’ensemble du plan Oxy dans
la question (g). Il est inutile de faire les applications numériques dans ce qui suit.
(c) En raisonnant en termes classiques, donner la vitesse v+ ou v− qu’un atome doit avoir pour
se trouver au voisinage du point O à l’instant t, s’il se trouvait en x = +d/2 ou x = −d/2 à
l’instant 0.
(d) Quelles sont les longueurs d’onde λ± et les vecteurs d’onde k± correspondants ?
(e) Quelle figure d’interférence attend-on si on superpose les deux ondes planes eik± x ? Relier
ce résultat à celui obtenu en (8).
(f) Reprendre les trois questions (c-d-e) précédentes, en considérant l’interférence au voisinage
d’un point x0 quelconque sur l’axe (pas nécessairement |x0 | ≪ d/2).
(g) On s’intéresse dans cette dernière question au mouvement dans le plan xOy. Les deux
minima de potentiels sont supposés situés sur l’axe x, en x = ±d/2 et y = 0. Les nuages
d’atomes piégés au voisinage de ces deux minima sont supposés isotropes à l’instant t = 0, et
leur extension ∆x0 = ∆y0 est négligeable devant la séparation d entre les nuages. Reprendre
les questions (c-d-e) en considérant le voisinage d’un point M (x0 , y0 ) quelconque du plan.

Solution

Interférences entre deux condensats de Bose–Einstein


1. L’état d’un atome piégé
(a) On a
dψ0 d2 ψ0
= −2αxψ0 , = −2αψ0 + 4α2 x2 ψ0 , (9)
dx dx2
ce qui donne en reportant dans l’équation aux valeurs propres pour Ĥ :

~2 2 1 ~2
− 4α + mω 2 = 0, 2α = E, (10)
2m 2 2m
d’où la valeur α = mω/(2~) indiquée dans l’énoncé et l’énergie de l’état fondamental E = ~ω/2.
(b) La distribution de probabilité en position est
2
P(x) = |ψ0 (x)|2 ∝ e−2αx . (11)

La valeur moyenne de cette distribution est hxi = 0 et sa variance est ∆x20 = 1/(4α), soit un
écart-type  
~
∆x0 = ≈ 4.6 10−6 m. (12)
2mω
(c) La distribution de probabilité pour l’impulsion est
2 /(2~2 α)
P(p) = |ϕ0 (p)|2 ∝ e−p . (13)
60 10. Interférences entre deux condensats de Bose–Einstein

On en déduit que la distribution en impulsion est de valeur moyenne nulle et de variance ∆p20 =
~2 α = ~mω/2. La distribution en vitesse vérifie donc
 
∆p0 ~ω
hvi = 0, ∆v0 = = = 2.9 10−4 m/s. (14)
m 2m
(d) Le produit ∆x0 ∆p0 est égal à ~/2 : l’inégalité de Heisenberg devient une égalité pour ces
fonctions d’onde gaussiennes et réelles.
2. Étalement d’un paquet d’ondes gaussien
(a) La distribution en impulsion est donnée par P(x, t) = |ϕ(p, t)|2 = |ϕ0 (p)|2 , et ne dépend
donc pas du temps. Il en va de même pour tous les moments de la distribution, en particulier
l’écart-type.
(b) La variation de√∆x(t) avec t correspond à une branche d’hyperbole. Pour t = 40 ms, le
facteur d’expansion 1 + ω 2 t2 vaut environ 2.7, ce qui donne ∆x(t) ≈ 12.4 µm.
3. La figure d’interférence des deux condensats
(a) Après expansion, la fonction d’onde d’un atome s’écrit

N (t)
Ψ(x, t) = √ [G1 (x − d/2, t)G2 (x − d/2, t) + G1 (x + d/2, t)G2 (x + d/2, t)] (15)
2
N (t)
≈ √ G1 (d/2, t) [G2 (x − d/2, t) + G2 (x + d/2, t)] , (16)
2
et la parenthèse de la dernière ligne s’écrit explicitement comme :
2 +d2 /4)/2R2 (t) 2 (t) 2 (t)
G2 (x − d/2, t) + G2 (x + d/2, t) = ei(x eixd/2R
Ä ä
+ e−ixd/2R . (17)

La densité de probabilité pour la position est alors

P(x, t) ∝ cos2 xd/2R2 (t)


î ó
(18)

ce qui correspond à la forme en cos2 (πx/ℓ) annoncée dans l’énoncé avec l’interfrange

2πR2 (t) 2π~t


ℓ= ≈ . (19)
d md
(b) L’échelle de la figure est environ 140, et l’interfrange mesuré sur cette figure est de 2.4 mm.
L’interfrange réel mesuré est donc de 17 micromètres environ. Ceci est en très bon accord avec
la prédiction ci-dessus qui donne ℓ = 16.6 micromètres.
(c) La vitesse d’un atome partant de x = ±d/2 et arrivant au voisinage de x = 0 après un
temps t est v± = ∓d/(2t).
(d) La longueur d’onde est λ = 2π~/(m|v± |) = 4π~t/(md) et les vecteurs d’onde sont k± =
mv± /~ = ∓md/(2~t).
(e) Quand on superpose deux ondes variant comme e±ikx , on obtient une onde stationnaire de
période ℓ = π/k = λ/2. Ceci correspond bien au résultat trouvé ci-dessus : ℓ = 2π~t/(md).
(f ) Pour un point x0 quelconque, la vitesse v+ que doit avoir un atome pour se trouver en ce
point à l’instant t sachant qu’il était en +d/2 à l’instant 0 est v+ = (x0 − d/2)/t, soit un vecteur
d’onde k+ = m(x0 − d/2)/(~t). De même, le vecteur d’onde attribué à un atome initialement
en −d/2 et arrivant au point x0 à l’instant t est k− = m(x0 + d/2)/(~t). Au voisinage de x0 , la
10. Interférences entre deux condensats de Bose–Einstein 61

figure d’interférence résultant de la superposition de eik+ x et de eik− x correspond à une sinusoïde


d’argument (k− − k+ )x. Comme k− − k+ = md/(~t) est indépendant de x0 , on en déduit que
l’interfrange est le même en tout point x0 de l’axe. Le contraste est en revanche dépendant de
x0 car les amplitudes G1 (x0 ± d/2) sont différentes.
(g) Les vecteurs d’onde associés à un atome initialement en x = ±d/2, y = 0 et arrivant en
(x0 , y0 ) à l’instant t sont Ç å
~k± = m x 0 ∓ d/2
. (20)
~t y
~ ~
La figure d’interférence obtenue en superposant eik+ ·~r et eik− ·~r correspond à des franges parallèles
à l’axe y puisque ky+ = ky− , et d’interfrange ℓ = 2π/|kx− − kx+ | égal à celui déterminé plus
haut. Ce résultat est notablement différent des franges de forme hyperbolique obtenues quand
on fait interférer deux sources ponctuelles monochromatiques (par exemple des rides à la surface
de l’eau créées par deux pointes vibrant sinusoïdalement).
62 11. Moment magnétique du deutéron

11 Moment magnétique du deutéron


Le noyau de deutérium a un moment magnétique M ~ˆ , et en le plongeant dans un champ
magnétique uniforme parallèle à un axe z, on observe trois états d’énergies E0 , 0, −E0 , respecti-
vement notés {|+i, |0i, |−i}, et associés à l’interaction entre Mz et Bz . On posera E0 = ~ω > 0.
On admettra que l’observable M̂x , associée à la projection du moment magnétique du deutéron
sur l’axe x perpendiculaire à z, a la forme M̂x = µ0 Â, avec µ0 > 0, où Â est défini par
1 1 1
Â|+i = √ |0i, Â|0i = √ [|+i + |−i], Â|−i = √ |0i .
2 2 2

1. Ecrire la matrice de  dans la base {|+i, |0i, |−i}, et calculer les valeurs propres m1 , m2
et m3 de M̂x , en ordonnant les valeurs propres m1 > m2 > m3 . Vérifier (sans les
recalculer) que les vecteurs propres normalisés correspondants s’écrivent
Ö è Ö è Ö è
1 √1 1
1
1
1

|1i = 2 , |2i = √ 0 , |3i = − 2 .
2 2 2
1 −1 1

2. On suppose qu’à l’instant t = 0 l’état du noyau est |ψ(0)i = |1i, calculer hEi et ∆E.
3. Calculer la valeur moyenne hM̂x i dans l’état |ψ(t)i obtenu par évolution de |ψ(0)i sous
l’action du champ magnétique Bz .
4. Quelles sont les probabilités de trouver m1 , m2 et m3 à l’instant t lors d’une mesure de M̂x
sur l’état |ψ(t)i ?
5. Interpréter physiquement cette évolution de la composante M̂x du moment magnétique.

Solution

Moment magnétique du deutéron


1. Dans la base {|+i, |0i, |−i}, Â est représenté par la matrice
Ö è
0 1 0
1
A= √ 1 0 1
2 0 1 0

Les valeurs propres de  sont a1 = 1, a2 = 0, a3 = −1. d’où les vecteurs propres et valeurs
propres de M̂x
|1i m1 = µ0 ; |2i m2 = 0 ; |3i m3 = −µ0 .
√ √
2. |ψ(0)i = |1i = [|+i + 2|0i + |−i]/2 et hEi = 0, ∆E = E0 / 2.

3. On a |ψ(t)i = [|+ie−iωt + 2|0i + |−ieiωt ]/2 d’où hMx i = µ0 cos ωt.
4. Puisque P (mi ) = |hi|ψ(t)i|2 , on obtient P (+µ0 ) = (1 + cos ωt)2 /4, P (0) = (sin ωt)2 /2,
P (−µ0 ) = (1 − cos ωt)2 /4.
5. Cette composante transverse du moment magnétique a un mouvement sinusoïdal de pulsa-
tion ω. De façon générale, on montrerait que la composante du moment magnétique dans
le plan perpendiculaire à B a un mouvement circulaire uniforme de vitesse angulaire ω
autour de B (précession de Larmor, voir les chapitres 8 et 12 du cours).
12. Mesure QND d’une composante de spin 63

12 Mesure QND d’une composante de spin

A. Mesure Quantique Non-Destructive

On veut mesurer l’état d’un qubit “a" sans effectuer de mesure directe sur ce qubit (mesure
Quantique Non-Destructive, ou “QND"). Par exemple, si le qubit est une particule de spin 1/2,
on ne va pas utiliser un appareil de Stern et Gerlach, mais faire interagir ce qubit “a" pendant un
temps τ avec une autre particule de spin 1/2, désignée comme qubit “b". On note ~σ ~ˆa /(~/2),
ˆa = S
ˆb = S
~σ ~ˆb /(~/2) les deux observables de spin, et |a : ±iz , |b : ±iz les états propres des observables
σ̂az et σ̂bz . Après l’interaction, on mesure l’état du qubit b, et on souhaite ainsi effectuer une me-
sure “indirecte" de l’état de spin du qubit a. Pour éviter toute confusion il est vivement conseillé
de conserver les notations complètes (⊗) des produits tensoriels.

1. Pour un seul spin 1/2 on note |±ix et |±iy√les états propres de σ̂x et σ̂y ,√et on choisit les
phases des états pour que |±ix =√ (|+iz ± |−iz )/ 2, et |±iy = (|+iz ± i |−iz )/ 2. Montrer que
|±iy = (e±iφ |+ix + e∓iφ |−ix )/ 2 et déterminer φ.

2. On suppose que les qubits sont immobiles, et on décrit leur interaction par un hamiltonien
Ĥm = ~g σ̂az ⊗ σ̂bx /2, agissant pendant un créneau temporel de durée τ . On négligera l’ac-
tion de tout champ extérieur pendant la durée de l’interaction. Montrer que Ĥm , σ̂az ⊗ Iˆb et
Iˆa ⊗ σ̂bx commutent, où Iˆa , Iˆb désignent les opérateurs identité dans chaque espace. Détermi-
ner les vecteurs propres communs de ces opérateurs, et toutes les valeurs propres correspondantes.

3. On suppose qu’à l’instant initial le système de deux qubits est placé dans l’état |ψ+ (0)i =
|a : +iz ⊗ |b : +iy , et on ajuste la durée de l’interaction pour avoir gτ = π/2. Ecrire |ψ+ (0)
dans la base {|a : ±iz ⊗ |b : ±ix }, puis calculer l’état final |ψ+ (τ )i du système dans la base
{|a : ±iz ⊗ |b : ±iz }. Même question si l’état initial est |ψ− (0)i = |a : −iz ⊗ |b : +iy .

4. Donner une interprétation de ces résultats en termes de mouvement de précession, en consi-


dérant l’expression de Ĥm et la sphère de Bloch du qubit b. On examinera séparément les deux
cas où le qubit a est soit dans l’état |a : +iz , soit dans l’état |a : −iz , et on montrera que dans
chaque cas le qubit b effectue un mouvement de précession autour d’un axe que l’on précisera.
Comment s’interprète alors la condition gτ = π/2 ?

5. On suppose maintenant que l’état initial est l’état normé

|ψ(0)i = (α |a : +iz + β |a : −iz ) ⊗ |b : +iy

et on applique Ĥm pendant une durée τ = π/(2g) comme précédemment. En utilisant le résultat
des questions précédentes et le principe de superposition linéaire, déterminer l’état |ψ(τ )i du
système de deux spins. Pour quelles valeurs de α et β cet état est-il intriqué ?

6. Après cette interaction, on mesure la composante suivant z du spin du qubit b. Que trouve-
t-on et avec quelles probabilités ? Après cette mesure, que peut-on prédire sur la valeur de la
composante suivant z du spin du qubit a ? L’état du qubit a est-il changé lors de la mesure ?
Justifier le nom de “mesure QND" attribué à ce type d’interaction.
64 12. Mesure QND d’une composante de spin

B. Interférences et mesure QND

Dans cette partie on souhaite utiliser une mesure QND pour tenter de détecter le “chemin suivi"
dans une expérience d’interférence. On va d’abord montrer qu’une expérience de précession est
formellement identique à une expérience d’interférence, puis tenter d’utiliser la mesure QND.

1. On suppose que le qubit a est préparé dans l’état |χ(0)i = |a : +ix , puis évolue ensuite
sous l’action d’un champ magnétique parallèle à z correspondant au hamiltonien Ĥaz = ~ω σ̂az .
(a) Que vaut |χ(t)i ? Comment s’appelle cette évolution du spin ?
(b) Après avoir appliqué Ĥaz pendant un temps T , on mesure (directement) l’état de a dans
la base |a : ±ix . Quels résultats peut-on trouver, et avec quelles probabilités ?
(c) Montrer que la dépendance temporelle de ces probabilités peut s’interpréter comme une
interférence entre les amplitudes de probabilités associées aux deux “chemins" possibles |a : +iz
ou |a : −iz menant de l’état initial |a : +ix à l’état final |a : ±ix .

2. On considère maintenant qu’après avoir été préparé dans l’état |χ(0)i, le qubit “a" interagit
avec le qubit “b", préparé dans l’état |b : +iy , via le hamiltonien Ĥm de la partie A. On suppose
que l’état des deux qubits évolue d’abord sous l’action de Ĥm pendant le temps τ = π/(2g), en
l’absence de champ extérieur, puis ensuite sous l’action de Ĥaz ⊗ Iˆb , pendant un temps T , en
l’absence de Ĥm . Ecrire l’état du système de deux qubits :
(a) avant l’interaction entre les deux qubits (cf question A.5)
(b) après l’interaction entre les deux qubits pendant τ (cf question A.5)
(c) après une action de Ĥaz ⊗ Iˆb pendant T. On exprimera d’abord cet état dans la base
{ |a : ±iz ⊗ |b : ±iz }, puis dans la base { |a : ±ix ⊗ |b : ±iz }.

3. Quels résultats peut-on trouver si on mesure le qubit a selon x et le qubit b selon z


dans l’état obtenu à la question 2.c ci-dessus ? Quelle est la probabilité de trouver a dans l’état
|a : +ix , en ignorant l’état du qubit b ? Cette loi de probabilité résulte-elle d’un phénomène
d’interférences ? Interpréter le résultat obtenu.

4. On suppose maintenant que Bernard mesure la composante du qubit b non plus suivant z
mais suivant y, et qu’Alice mesure toujours celle de a suivant x. Quelle est la probabilité pour
que les mesures d’Alice et Bernard donnent toutes deux le résultat +1 ? Montrer qu’on retrouve
dans ce cas un phénomène (oscillatoire) d’interférences.
En examinant les phases des oscillations associées aux différents résultats possibles pour les
mesures de a suivant x et de b suivant y, expliquer pourquoi ce phénomène est compatible avec
le résultat de la question précédente. Discuter (plusieurs points de vues sont possibles).

Solution

Mesure QND d’une composante de spin


A. Mesure QND d’une composante de spin
1. On a φ = π/4, comme le montre le calcul suivant :
√ √
|±ix = (|+iz ± |−iz )/ 2, |±iy = (|+iz ± i |−iz )/ 2

|±iy = ((1 ± i)|+ix + (1 ∓ i)|−ix )/2 = (e±iπ/4 |+ix + e∓iπ/4 |−ix )/ 2
12. Mesure QND d’une composante de spin 65

2. Les opérateurs agissant sur a et b commutent, et Ĥm a pour états propres |a : ±iz ⊗|b : ±ix .
Ses valeurs propres ±~g/2 sont obtenues par produit des valeurs propres de σaz et σbx .

3. On a :

|ψ+ (0)i = |a : +iz ⊗ |b : +iy



|ψ+ (τ )i = |a : +iz ⊗ (eiπ/4−igτ /2 |b : +ix + e−iπ/4+igτ /2 |b : −ix )/ 2

= |a : +iz ⊗ (|b : +ix + |b : −ix )/ 2 (car gτ /2 = π/4)
= |a : +iz ⊗ |b : +iz

De même |ψ− (τ )i = i|a : −iz ⊗ |b : −iz . L’état du qubit a ne change pas, et l’état du qubit
b “recopie" cet état.

4. Interprétation avec la sphère de Bloch du qubit b :


z Etat final
du qubit b
si az = +1
Beff si
az=-1
y
Etat initial
x du qubit b

Beff si Etat final


az=+1 du qubit b
si az = -1

5. L’état initial est

|ψ(0)i = (α |a : +iz + β |a : −iz ) ⊗ |b : +iy = α |a : +iz ⊗ |b : +iy + β |a : −iz ⊗ |b : +iy

donc par superposition linéaire de l’évolution des deux termes :

|ψ(τ )i = α |a : +iz ⊗ |b : +iz + iβ |a : −iz ⊗ |b : −iz

Cet état est intriqué si α 6= 0 et β 6= 0.

6. On a un état corrélé de type EPR : la mesure du qubit b donne +1 avec la probabilité |α|2
et −1 avec la proba |β|2 , comme si l’on avait mesuré directement le qubit a. Pour chacun
de ces résultats, l’état du qubit a est parfaitement connu après la mesure (réduction du
paquet d’onde). On obtient donc la valeur de σaz par une “mesure indirecte", aussi appelée
mesure QND.
B. Interférences et mesure QND

1. On a √|χ(0)i = |a : +ix = (|a : +iz + |a : −iz )/ 2 et |χ(t)i = (e−iωt |a : +iz + eiωt |a :
−iz )/ 2. C’est à nouveau un mouvement de précession.
66 12. Mesure QND d’une composante de spin

On trouve les résultats ±1 avec les probabilités

P+ = |x ha : +|χ(T )i|2 = cos2 (ωT )

P− = |x ha : −|χ(T )i|2 = sin2 (ωT )


Le terme ωT joue le rôle d’une différence de phase entre les deux “bras" de l’interféromètre.

2. On a successivement :

|ψ(a)i = (|a : +iz + |a : −iz )/ 2 ⊗ |b : +iy

|ψ(b)i = (|a : +iz |b : +iz + i|a : −iz |b : −iz )/ 2

|ψ(c)i = (e−iωT |a : +iz |b : +iz + ieiωT |a : −iz |b : −iz )/ 2
e−iωT ieiωT
|ψ(d)i = (|a : +ix + |a : −ix ) ⊗ |b : +iz + (|a : +ix − |a : −ix ) ⊗ |b : −iz
2 2
3. On a 4 résultats possibles (++, +−, −+, −−) qui ont tous une probabilité 1/4.

Pour le qubit a seul on a P + = 1/4 + 1/4 = 1/2 : pas d’interférence !


Trois explications possibles :
- le qubit b indique le “chemin suivi par le qubit a", qui est soit |a : +iz soit |a : −iz : pas
d’interférence (“complémentarité")
- la mesure QND a exercé une “action en retour" qui brouille la phase entre |a : +iz et
|a : −iz (“perturbation due à la mesure")
- le qubit a s’est intriqué avec “l’environnement" (qubit b) : effet de “décohérence".

4. L’état |ψ(d)i devient :

|ψ(d)i = (e−iωT (|a : +ix + |a : −ix ) ⊗ (|b : +iy + |b : −iy )



+ eiωT (|a : +ix − |a : −ix ) ⊗ (|b : +iy − |b : −iy ))/(2 2)
= (cos(ωT )|a : +ix ⊗ |b : +iy + cos(ωT )|a : −ix ⊗ |b : −iy

− i sin(ωT )|a : +ix ⊗ |b : −iy − i sin(ωT )|a : −ix ⊗ |b : +iy )/ 2

Les 4 résultats possibles (++, +−, −+, −−) ont maintenant les probabilités :

P++ = P−− = cos2 (ωT )/2, P+− = P−+ = sin2 (ωT )/2

Réapparition d’un effet d’interférence !


Par contre pour le qubit d’Alice considéré seul, on a toujours P+ = P++ + P+− = 1/2, et
P− = P−+ + P−− = 1/2, car les oscillations sont en opposition de phase. Ces résultats sont
donc compatible avec la question précédente, et ne dépendent pas de ce que fait ou ne fait
pas Bernard, sinon on aurait une transmission instantanée d’information à distance.

Dans les 3 points de vue précédents :


- à condition de connaitre son résultat, la mesure de b suivant Oy a effacé l’information
relative au chemin suivi par le qubit a (“gomme quantique" ou “quantum eraser")
12. Mesure QND d’une composante de spin 67

- pour chacun des sous-ensembles correspondant à un résultat donné ± de la mesure de


Bernard, on n’a plus d’information sur les états |a : +iz et |a : −iz : pas de brouillage de
phase.
- le qubit a étant intriqué avec le qubit b, on a une situation EPR : Alice et Bernard pris
séparément ne voient pas d’interférences, mais leurs résultats sont fortement corrélés.
68 13. Interférences et intrication dans un double puits de potentiel

13 Interférences et intrication dans un double puits de potentiel


2 |Si |Si |Li1|Li2

B AOM X AOM Y C
852 nm

780 nm

Figure 1 – Le dispositif expérimental utilise des lasers très focalisés, qui créent les deux puits
de potentiel dans lesquels on peut piéger les atomes. Les dispositifs notés “AOM" permettent
de déplacer un piège par rapport à l’autre. On détecte la fluorescence émise par les atomes à
780 nm, ce qui permet de les visualiser. Les deux carrés brillants correspondent à deux pixels
d’une caméra sur laquelle on fait l’image des atomes, qui émettent de la lumière à 780 nm. Les
expériences impliquent de capturer d’abord un ou deux atomes dans des pièges profonds et bien
séparés, puis de réduire beaucoup la profondeur des pièges et leur distance, afin d’obtenir de
l’effet tunnel entre les deux puits. Cette opération est délicate à réaliser, car il faut éviter que
les atomes s’échappent du piège, et aussi éviter les fluctuations de positions ou d’intensité des
lasers, qui modifient les paramètres de l’effet tunnel.

– A. Mouvement d’un seul atome dans le double puits


1. On considère des atomes neutres placés dans un piège harmonique dont la taille est de
l’ordre du µm. Un tel piège peut être réalisé à l’aide d’un faisceau laser très focalisé,
et est appelé “pince optique" (“optical tweezer") : les atomes sont alors piégés au
point où la taille du faisceau est la plus faible (point de focalisation, voir Fig. 1).
Dans ce problème, ce piège sera décrit par un potentiel d’oscillateur harmonique à
une dimension, qui confine l’atome le long d’une direction Oy. Si deux faisceaux lasers
sont utilisés, on obtiendra un double piège, la distance entre les deux pièges pouvant
être modifiée en déplaçant le point de focalisation des lasers (voir Fig. 1).
a. Rappeler (sans faire de calcul) la fonction d’onde normalisée φ0 (y) et l’énergie E0
d’un atome de masse m dans l’état fondamental d’un piège harmonique de fréquence
angulaire ω. On posera σ 2 = ~/(2mω).
b. Donner (sans faire de calcul) la valeur moyenne hyi et la dispersion ∆y de la
position de l’atome dans cet état.
2. On suppose qu’un seul atome est présent dans le double piège, et on note |φG i et |φD i
les états correspondant à une localisation de l’atome dans l’état fondamental du puits
de gauche ou le puits de droite, centrés respectivement en y = −a et y = +a. Dans
cette question les deux puits sont supposés indépendants.
a. Donner l’expression des fonctions d’ondes φG (y) et φD (y) correspondant à ces deux
états, ainsi que les valeurs moyennes hφG | y | φG i, hφD | y |φD i et les dispersions ∆yG ,
∆yD correspondantes.
13. Interférences et intrication dans un double puits de potentiel 69

b. On considère l’espace des états de dimension deux engendré par les états |φG i et
|φD i. Donner l’expression du Hamiltonien Ĥ0 décrivant le mouvement de l’atome dans
cet espace “tronqué".
3. On suppose maintenant que l’atome peut passer par effet tunnel d’un puits à l’autre, et
on décrit ce couplage dans la base des états gauche et droit, que l’on notera désormais
{|Gi, |Di}, et que l’on supposera orthonormée. L’effet tunnel est décrit par un terme
supplémentaire Ŵ , purement non diagonal, dont les éléments de matrice seront notés
~J/2. Le Hamiltonien Ĥ = Ĥ0 + Ŵ en présence d’effet tunnel s’écrit alors dans la
base {|Gi, |Di} :
Ç å
~ ω J
Ĥ =
2 J ω
a. Déterminer les valeurs propres E± et les états propres |χ± i de Ĥ. Compte-tenu
des propriétés habituelles de l’effet tunnel, quel est le signe de J ?
b. On suppose que l’atome est placé initialement dans le puits de gauche (état |Gi),
déterminer son état |ψG (t)i à un instant t ultérieur, dans la base {|χ+ i, |χ− i}.
c. En déduire l’expression de |ψG (t)i dans la base {|Gi, |Di}.
d. Déterminer le temps le plus court ts > 0 au bout duquel les probabilités de trouver
l’atome dans les puits de gauche ou de droite sont égales entre elles.
e. Reprendre les questions b. à d. si l’atome est initialement dans l’état |Di.
4. Les courbes de la Fig. 2 (en haut) montrent la probabilité PL de détecter l’atome dans
le puits de gauche, en partant d’un état initial dans le puits de gauche (courbe bleue,
points circulaires) ou dans le puits de droite (courbe rouge, points triangulaires).

B 1.0 C 1.0
0.8 0.8
0.6 0.6
PL

0.4 0.4
0.2 0.2
0 0
E F
1. 0.8  0.8  
    



.8
 
  
 

0.6 0.6
 

  

P11

 
.6  









0.4 0.4
  
       

.4    
 

   
 


.2 0.2 0.2
0. 0 0
0 0.25 0.5 0.75 1 0 0.5 1.0 1.5 2.0 0 0.5 1.0 1.5
2 2J Time (ms) Time (ms)

Figure 2 – Courbes expérimentales. Les courbes B et C sont décrites et utilisées dans la question
A4. Les courbes E et F sont décrites et utilisées dans la question B5.

a. Donner les expressions des probabilités attendues PL (G → G) et PL (D → G).


b. En évaluant la période d’oscillation sur la figure, déterminer les valeurs (en Hz) de
|J|/(2π) correspondant aux courbes (B) et (C).
c. Les valeurs des probabilités mesurées n’atteignent pas les valeurs 0 et 1 prévues
par le calcul de la partie précédente. Pouvez vous donner des explications possibles
pour cette observation ? (voir légende de la Fig. 1).
70 13. Interférences et intrication dans un double puits de potentiel

– B. Mouvement de deux atomes indépendants dans le double puits


1. On suppose maintenant que deux atomes notés 1 et 2 sont placés dans les deux puits.
Une base de l’espace des états est formée par les quatre états produits tensoriels :
{|1 : Gi ⊗ |2 : Gi, |1 : Gi ⊗ |2 : Di, |1 : Di ⊗ |2 : Gi, |1 : Di ⊗ |2 : Di}
qui seront notés de façon plus compacte {|GGi, |GDi, |DGi, |DDi}, où par convention
l’état de l’atome 1 est écrit avant celui de l’atome 2. On définit l’opérateur Π̂ de
permutation des deux atomes par son action dans cette base :
Π̂ |GGi = |GGi, Π̂ |GDi = |DGi, Π̂ |DGi = |GDi, Π̂ |DDi = |DDi.
Ainsi, l’action de l’opérateur permutation est d’échanger les états |GDi et |DGi, alors
que les états |GGi et |DDi sont inchangés.
a. Montrer qu’il existe un état, noté |Si, obtenu comme une combinaison linéaire
des états |GDi et |DGi, qui est inchangé par l’action de l’opérateur permutation.
Expliciter aussi l’état |Ai, également combinaison linéaire des états |GDi et |DGi,
qui est changé en son opposé par l’action de Π.
b. Montrer que les états {|GGi, |Si, |Ai, |DDi} forment une base orthonormée et
expliciter la matrice de l’opérateur permutation dans cette base.
2. On s’intéresse maintenant à l’évolution de la paire d’atomes.
a. On suppose que la paire d’atomes est initialement placée dans l’état |GDi. Quelle
est pour cet état la probabilité de trouver un atome dans chaque puits ? de trouver les
deux atomes dans le même puits ? Même question pour l’état |DGi, puis pour l’état
|Si. Que peut-on dire des états |GGi et |DDi ?
b. Partant de l’état initial |GDi, on laisse évoluer la paire d’atomes pendant un temps
t. En supposant que les deux atomes évoluent indépendamment l’un de l’autre, quel
est alors l’état produit tensoriel |ψGD (t)i ? Quelles sont les probabilités de trouver un
atome dans chaque puits ? de trouver les deux atomes dans le même puits ?
c. Mêmes questions si on part de l’état |DGi.
d. On suppose maintenant que la paire d’atomes est initialement placée dans l’état
|Si, qui évolue pendant un temps t pour devenir un état |ψS (t)i que l’on déterminera.
Quelles sont alors les probabilités de trouver un atome dans chaque puits ? de trouver
les deux atomes dans le même puits ?
3. On s’intéresse maintenant au cas particulier où t = ts défini dans la question A.3.d.
a. Comparer les résultats obtenus dans les questions b. et d. ci-dessus lorsque t = ts .
b. Pouvez vous expliquer pourquoi les résultats obtenus sont qualitativement différents
dans ces deux cas ? On pourra écrire explicitement les états |ψGD (ts )i et |ψDG (ts )i,
ainsi que leur somme |ψS (ts )i.
4. Reprendre la question B.2.d., en remplaçant l’état |Si par l’état |Ai. Commenter.
5. Les courbes de la Fig. 2 (en bas) montrent la probabilité P11 de détecter l’atome
dans deux puits différents, soit en partant de l’état |GDi (courbes violettes, points
circulaires), soit en partant de l’état |Si (courbes noires, points carrés).
a. Tracer les courbes attendues théoriquement, en utilisant les résultats de la partie
précédente. On considérera une variation de t de 0 à 2π/|J|.
b. Peut-on dire que les résultats expérimentaux sont en accord acceptable avec ces
prédictions ? Quel phénomène spécifique peut être considéré comme une mise en évi-
dence de l’effet d’interférence destructive attendu ?
13. Interférences et intrication dans un double puits de potentiel 71

– C. Etude de l’effet de l’interaction entre atomes

1. Dans les parties précédentes, on a étudié des effets d’interférence en négligeant toute
interaction directe entre les deux atomes. Il s’agit en fait d’une approximation, car si
les deux atomes sont dans le même puits ils interagissent faiblement, ce qui peut se
décrire en ajoutant un terme supplémentaire dans le Hamiltonien du système, dans
une base de dimension 4 faisant intervenir les deux atomes.
a. En l’absence d’interactions entre atomes, le Hamiltonien pour deux atomes est
Ĥ2at = Ĥ1 ⊗ Iˆ2 + Iˆ1 ⊗ Ĥ2 , où 1 et 2 désignent les deux atomes, et Iˆ est l’opérateur
identité. En déduire que dans la base {|GGi, |GDi, |DGi, |DDi} on a :

á ë
2ω J J 0
~ J 2ω 0 J
Ĥ2at = , (1)
2 J 0 2ω J
0 J J 2ω

b. Pouvez vous sans diagonaliser explicitement cette matrice déterminer les


énergies propres associées ? On pourra utiliser la structure du Hamiltonien Ĥ2at , et le
fait que les énergies propres des deux atomes pris séparément dont déjà connues.

2. En présence d’interactions, les termes diagonaux correspondant aux états |GGi et


|DDi doivent être augmentés de l’énergie d’interaction que l’on prendra égale à 2~U .
On veut identifier les valeurs propres et les états propres du Hamiltonien Ĥtot .
√ √
a. Montrer que les états |ψ− i = (|GGi − |DDi)/ 2 et |Ai = (|GDi − |DGi)/ 2
sont états propres de Ĥtot avec des valeurs propres que l’on précisera. Les interactions
entre atomes et l’effet tunnel modifient-ils l’évolution du système préparé dans |Ai ?
√ √
b. On considère |ψ+ i = (|GGi + |DDi)/ √ 2 et |Si = (|GDi + |DGi)/√ 2. Montrer
que les états |ψa i = (|ψ+ i − a |Si)/ 1 + a2 et |ψb i = (|ψ+ i − b |Si)/ 1 + b2 sont
états propres de Ĥtot avec des valeurs propres que l’on précisera, en calculant a et b
en fonction des données du problème (par convention on prendra |a| > |b|).

3. On souhaite finalement étudier l’évolution des états |Si et |GDi sous l’action de Ĥtot .
a. Exprimer les états |Si et |GDi dans la base {|Ai, |ψ− i, |ψa i, |ψb i} (on pourra vérifier
directement sur leurs coefficients que les états |Si et |GDi sont bien normés).
b. Donner l’expression de l’état |ψS (t)i tel que |ψS (0)i = |Si, et de l’état |ψGD (t)i
tel que |ψGD (0)i= |GDi.
c. Calculer les probabilités P11 (ψS (t)) et P11 (ψGD (t)) de trouver les deux atomes dans
des puits différents pour les deux états ci-dessus.
d. Calculer aussi les probabilités Pm (ψS (t)) et Pm (ψGD (t)) de trouver les deux atomes
dans le même puits pour les deux états ci-dessus.
e. Quelle est la valeur minimale de la probabilité P11 (ψS (t)), ou de manière équivalente
la valeur maximale de la probabilité Pm (ψS (t)) ? En déduire une condition sur U et
|J| pour que les interactions entre atomes ne changent pas les conclusions de la partie
précédente (caractère “destructif" de l’effet d’interférence).
72 13. Interférences et intrication dans un double puits de potentiel

Solution

– A. Mouvement d’un seul atome dans le double puits


1. On considère des atomes neutres placés dans un piège harmonique.
a. Rappeler (sans faire de calcul) la fonction d’onde normalisée φ0 (y) et l’énergie E0
d’un atome de masse m dans l’état fondamental d’un piège harmonique de fréquence
angulaire ω. On posera σ 2 = ~/(2mω).
2 2 2
Rép : φ0 (y) = 1/(2πσ 2 )1/4 e−y /(4σ ) = (mω/(π~))1/4 e−mωy /(2~) et E0 = ~ω/2.
b. Donner (sans faire de calcul) la valeur moyenne hyi et la dispersion ∆y de la
position de l’atome dans cet état.
Rép : hyi = 0 et ∆y = σ.
2. On suppose qu’un seul atome est présent dans le double piège.
a. Donner l’expression des fonctions d’ondes φG (y) et φD (y) correspondant à ces deux
états, ainsi que les valeurs moyennes hφG | y | φG i, hφD | y |φD i et les dispersions ∆yG ,
∆yD correspondantes.
2 2 2 2
Rép : φG (y) = 1/(2πσ 2 )1/4 e−(y+a) /(4σ ) et φD (y) = 1/(2πσ 2 )1/4 e−(y−a) /(4σ ) .
On a donc hφG | y | φG i = −a, hφD | y |φD i = +a et ∆yG = ∆yD = σ.
b. On considère l’espace des états de dimension deux engendré par les états |φG i et
|φD i. Donner l’expression du Hamiltonien Ĥ0 décrivant le mouvement de l’atome dans
cet espace “tronqué".
Rép : Ĥ0 est une matrice 2 × 2 diagonale dont les deux éléments valent E0 = ~ω/2.
3. On suppose maintenant que l’atome peut passer par effet tunnel d’un puits à l’autre.
a. Déterminer les valeurs propres E± et les états propres |χ± i de Ĥ. Compte-tenu
des propriétés habituelles de l’effet tunnel, quel est le signe de J ?
Rép : Energies propres E± = 2~ (ω ± J), états propres |χ± i = √12 (|Gi ± |Di). On
s’attend à ce que l’état symétrique |χ+ i ait l’énergie la plus basse, il faut donc J < 0.
b. On suppose que l’atome est placé initialement dans le puits de gauche (état |Gi),
déterminer son état |ψG (t)i à un instant t ultérieur, dans la base {|χ+ i, |χ− i}.
Rép : On a |ψG (0)i = |Gi = √12 (|χ+ i + |χ− i) donc

1
|ψG (t)i = √ (|χ+ ie−iE+ t/~ + |χ− ie−iE− t/~ )
2
c. En déduire l’expression de |ψG (t)i dans la base {|Gi, |Di}.
iωt
e−√ 2 iωt
Rép : |ψG (t)i = 2
(|χ+ ie−iJt/2 + |χ− ieiJt/2 ) = e− 2 (|Gi cos( Jt Jt
2 ) − i|Di sin( 2 ))
d. Déterminer le temps le plus court ts > 0 au bout duquel les probabilités de trouver
l’atome dans les puits de gauche ou de droite sont égales entre elles.
Rép : Ceci est obtenu pour Jt = −π/2 √ (avec t > 0 puisque J < 0), donc ts = π/(2|J|),
et |ψG (ts )i = e−iωts /2 (|Gi + i |Di)/ 2.
e. Reprendre les questions b. à d. si l’atome est initialement dans l’état |Di.
iωt
e−√ 2 iωt
Rép : |ψD (t)i = 2
(−i|Gi sin( Jt
(|χ+ ie−iJt/2 − |χ− ieiJt/2 ) = e− 2
Jt
2 ) + |Di cos( 2 ))
iωt √
et pour la même valeur de ts on obtient |ψD (ts )i = e− 2 (i|Gi + |Di)/ 2.
4. Analyse des courbes de la Fig. 2 (en haut).
a. Donner les expressions des probabilités attendues PL (G → G) et PL (D → G).
13. Interférences et intrication dans un double puits de potentiel 73

Rép : D’après les questions précédentes PL (G → G) = cos2 (Jt/2) = (1 + cos(Jt))/2


et PL (D → G) = sin2 (Jt/2) = (1 − cos(Jt))/2.
b. En évaluant la période d’oscillation sur la figure, déterminer les valeurs (en Hz) de
|J|/(2π) correspondant aux courbes (B) et (C).
Rép : Les périodes d’oscillation sont respectivement 1.9 ms et 1.3 ms environ, ce qui
correspond à des fréquences |J|/(2π) ∼ 1000/1.9 ∼ 530 Hz pour (B), et |J|/(2π) ∼
1000/1.3 ∼ 770 Hz pour (C). Une erreur d’une centaine de Hz est acceptable.
c. Les valeurs des probabilités mesurées n’atteignent pas les valeurs 0 et 1 prévues
par le calcul de la partie précédente. Pouvez vous donner des explications possibles
pour cette observation ? (voir légende de la Fig. 1).
Rép : Deux effets contribuent à cette observation : d’une part, l’atome peut être perdu
(en s’échappant du piège) pendant la phase de préparation, entre la capture et la me-
sure ; d’autre part le contraste des oscillations est réduit par des fluctuations de la
valeur de J, à cause de variations de la barrière tunnel dues à des fluctuations d’in-
tensité ou de position des faisceaux laser du piège (cet effet de “brouillage" est d’autant
plus important que le temps écoulé est plus grand).
– B. Mouvement de deux atomes indépendants dans le double puits
1. On suppose maintenant que deux atomes notés 1 et 2 sont placés dans les deux puits.
a. Montrer qu’il existe un état, noté |Si, obtenu comme une combinaison linéaire
des états |GDi et |DGi, qui est inchangé par l’action de l’opérateur permutation.
Expliciter aussi l’état |Ai, également combinaison linéaire des états |GDi et |DGi,
qui est changé en son opposé par l’action de Π.
√ √
Rép : On a |Si = (|GDi + |DGi)/ 2 et |Ai = (|GDi − |DGi)/ 2.
b. Montrer que les états {|GGi, |Si, |Ai, |DDi} forment une base orthonormée et
expliciter la matrice de l’opérateur permutation dans cette base.
Rép : La base {|GGi, |Si, |Ai, |DDi} est bien orthonormée, et Π̂ est représenté par
une matrice 4 × 4 diagonale, comportant trois “1" et un “-1" pour |Ai.
2. On s’intéresse maintenant à l’évolution de la paire d’atomes.
a. On suppose que la paire d’atomes est initialement placée dans l’état |GDi. Quelle
est pour cet état la probabilité de trouver un atome dans chaque puits ? de trouver les
deux atomes dans le même puits ? Même question pour l’état |DGi, puis pour l’état
|Si. Que peut-on dire des états |GGi et |DDi ?
Rép : Pour les états |GDi, |DGi et |Si on a toujours un atome dans chaque puits,
et jamais deux atomes dans le même puits. Au contraire pour les états |GGi et |DDi
les deux atomes sont dans le même puits.
b. Partant de l’état initial |GDi, on laisse évoluer la paire d’atomes pendant un temps
t. En supposant que les deux atomes évoluent indépendamment l’un de l’autre, quel
est alors l’état produit tensoriel |ψGD (t)i ? Quelles sont les probabilités de trouver un
atome dans chaque puits ? de trouver les deux atomes dans le même puits ?

Rép : Pour l’état initial |GDi l’état de la paire d’atomes est le produit tensoriel des
états des atomes individuels :

|ψGD (t)i
= e−iωt (|1 : Gi cos(Jt/2) − i |1 : Di sin(Jt/2)) ⊗ (−i|2 : Gi sin(Jt/2) + |2 : Di cos(Jt/2))
= e−iωt (−i|GGi sin(Jt)/2 + |GDi cos2 (Jt/2) − |DGi sin2 (Jt/2)) − i|DDi sin(Jt)/2)
74 13. Interférences et intrication dans un double puits de potentiel

La probabilité pour que les deux atomes soient dans des puits différents est alors
cos4 (Jt/2) + sin4 (Jt/2), et la probabilité pour qu’ils soient dans le même puits est
sin2 (Jt)/2 = 2 sin2 (Jt/2) cos2 (Jt/2). La somme des deux probabilités vaut bien 1.
c. Mêmes questions si on part de l’état |DGi.
Rép : Si on part de l’état |DGi on a de même :

|ψDG (t)i
= e−iωt ((−i|1 : Gi sin(Jt/2) + |1 : Di cos(Jt/2)) ⊗ (|2 : Gi cos(Jt/2) − i |2 : Di sin(Jt/2))
= e−iωt (−i|GGi sin(Jt)/2 − |GDi sin2 (Jt/2) + |DGi cos2 (Jt/2)) − i|DDi sin(Jt)/2)

et les probabilités sont les mêmes que dans la question précédente.


d. On suppose maintenant que la paire d’atomes est initialement placée dans l’état
|Si, qui évolue pendant un temps t pour devenir un état |ψS (t)i que l’on déterminera.
Quelles sont alors les probabilités de trouver un atome dans chaque puits ? de trouver
les deux atomes dans le même puits ?
Rép : Par combinaison linéaire des deux états précédents on obtient :

|ψS (t)i = e−iωt (cos(Jt)|Si − i sin(Jt)(|GGi + |DDi)/ 2)

La probabilité pour que les deux atomes soient dans des puits différents est alors
cos2 (Jt), et pour qu’ils soient dans le même puits sin2 (Jt). La somme de ces deux
probabilités vaut bien 1.
3. On s’intéresse maintenant au cas particulier où t = ts défini dans la question A.3.d.
a. Comparer les résultats obtenus dans les questions b. et d. ci-dessus lorsque t = ts .
Rép : Pour t = ts (situation où un seul atome est “partagé" entre les deux puits avec
des probabilités égales), on trouve que :
- pour l’état initial |GDi ou |DGi, les probabilités de trouver les atomes dans le même
puits ou dans des puits différents sont toutes les deux égales à 0.5, ce qui correspond
au résultat “intuitif".
- pour l’état initial |Si, la probabilités de trouver les atomes dans des puits différents
vaut zéro, et celle de les trouver dans le même puits vaut 1 : les atomes sont toujours
tous les deux dans le même puits !
b. Pouvez vous expliquer pourquoi les résultats obtenus sont qualitativement différents
dans ces deux cas ? On pourra écrire explicitement les états |ψGD (ts )i et |ψDG (ts )i,
ainsi que leur somme |ψS (ts )i.
Rép : Ce résultat est beaucoup moins intutif, et résulte d’une interférence entre am-
plitudes de probabilités associées à l’état intriqué de la paire d’atomes. On peut le voir
plus directement en écrivant :

|ψGD (ts )i = e−iωts (i|GGi + |GDi − |DGi + i|DDi)/2


|ψDG (ts )i = e−iωts (i|GGi − |GDi + |DGi + i|DDi)/2

qui fait clairement apparaitre l’interférence destructive pour les états |GDi et |DGi.
4. Reprendre la question B.2.d., en remplaçant l’état |Si par l’état |Ai. Commenter.
Rép : On trouve alors que |ψA (t)i = e−iωt |Ai : l’état est stationnaire, et les deux
atomes ne vont jamais dans le même puits ! Ce comportement surprenant est associé
au fait qu’il n’y a qu’un seul état antisymétrique dans l’espace des états.
13. Interférences et intrication dans un double puits de potentiel 75

5. Les courbes de la Fig. 2 (en bas) montrent la probabilité P11 de détecter l’atome
dans deux puits différents, soit en partant de l’état |GDi (courbes violettes, points
circulaires), soit en partant de l’état |Si (courbes noires, points carrés).
a. Tracer les courbes attendues théoriquement, en utilisant les résultats de la partie
précédente. On considérera une variation de t de 0 à 2π/|J|.
Rép : On obtient la courbe ci-dessus, où l’axe horizontal est le temps en unités de
2π/|J| (qui deviennent des ms en utilisant les valeurs précédentes de |J|).
E
1.0
1.
0.8
0.8
P11

0.6
0.6
GD
0.4
0.4
0.2
0.2
0.
000 0.25
0.25 0.5
0.5 0.75
0.75 1
1.0
!"#$%&'
Time 2Π2J(|)|*

b. Peut-on dire que les résultats expérimentaux sont en accord acceptable avec ces
prédictions ? Quel phénomène spécifique peut être considéré comme une mise en évi-
dence de l’effet d’interférence destructive attendu ?
Rép : Comme pour les courbes à un atome, on observe une diminution du contraste
des oscillations, et on n’atteint pas les valeurs 0 et 1. Néanmoins, le contraste de
l’oscillation partant de l’état |Si est clairement plus élevé que pour l’état |GDi, comme
on l’attend théoriquement. On peut aussi remarquer que la valeur minimale de la
probabilité à partir de l’état |Si est inférieure à 0.5, ce qui n’est pas possible si on
part de l’état |GDi. Ceci peut être considéré comme une mise en évidence de l’effet
d’interférence destructive attendu.
– C. Etude de l’effet de l’interaction entre atomes
1. Les deux atomes sont dans le même puits et ils interagissent faiblement.
a. En l’absence d’interactions entre atomes, le Hamiltonien pour deux atomes est
Ĥ2at = Ĥ1 ⊗ Iˆ2 + Iˆ1 ⊗ Ĥ2 , où 1 et 2 désignent les deux atomes, et Iˆ est l’opérateur
identité. En déduire la matrice de H2at dans la base {|GGi, |GDi, |DGi, |DDi}.
Rép : On obtient l’expression indiquée en utilisant la définition du produit tensoriel.
b. Pouvez vous sans diagonaliser explicitement cette matrice déterminer les
énergies propres associées ? On pourra utiliser la structure du Hamiltonien Ĥ2at , et le
fait que les énergies propres des deux atomes pris séparément dont déjà connues.
Rép : Les énergies propres sont (~(ω + J), ~ω, ~ω, ~(ω − J)), ce qui correspond aux
sommes des énergies propres (~(ω + J)/2, ~(ω − J)/2) de chacun des deux atomes.
2. En présence d’interactions, les termes diagonaux correspondant aux états |GGi et
|DDi doivent être augmentés de l’énergie d’interaction que l’on prendra égale à 2~U .
On veut identifier les valeurs propres et les états propres du Hamiltonien Ĥtot .
√ √
a. Montrer que les états |ψ− i = (|GGi − |DDi)/ 2 et |Ai = (|GDi − |DGi)/ 2
sont états propres de Ĥtot avec des valeurs propres que l’on précisera. Les interactions
entre atomes et l’effet tunnel modifient-ils l’évolution du système préparé dans |Ai ?
76 13. Interférences et intrication dans un double puits de potentiel

Rép : Ce sont bien des états propres, avec les valeurs propres respectives ~(ω + 2U )
pour |ψ− i et ~ω pour |Ai : cet état n’intervient donc ni dans l’effet tunnel, ni dans
les interactions entre atomes.
√ √
b. On considère |ψ+ i = (|GGi + |DDi)/ √ 2 et |Si = (|GDi + |DGi)/ √ 2. Montrer
que les états |ψa i = (|ψ+ i − a |Si)/ 1 + a et |ψb i = (|ψ+ i − b |Si)/ 1 + b2 sont
2

états propres de Ĥtot avec des valeurs propres que l’on précisera, en calculant a et b
en fonction des données du problème (par convention on prendra |a| > |b|).
Rép : Ce sont bien des états propres, avec les√valeurs propres respectives √
~(ω+bJ) pour
2 2
|ψa i et ~(ω + aJ) pour |ψb i, où a = (U + J + U )/J, et √ b = (U − J 2 + U 2 )/J.
Remarque
√ : on vérifie facilement qu’on a aussi a = J/( J 2 + U 2 − U ) et b =
−J/( J 2 + U 2 + U )), ce sont d’autres écritures des mêmes quantités.
3. On souhaite finalement étudier l’évolution des états |Si et |GDi sous l’action de Ĥtot .
a. Exprimer les états |Si et |GDi dans la base {|Ai, |ψ− i, |ψa i, |ψb i} (on pourra vérifier
directement sur leurs coefficients que les états |Si et |GDi sont bien normés).
√ √ √
Rép : On a |Si = (|ψa i 1 + a2 − |ψb i 1 + b2 )/(b − a) et |GDi = (|Si + |Ai)/ 2, ces
états sont bien normés.
b. Donner l’expression de l’état |ψS (t)i tel que |ψS (0)i = |Si, et de l’état |ψGD (t)i
tel que |ψGD (0)i= |GDi.
Rép : On a

|ψS (t)i = e−iωt ((|ψ+ i − a |Si) e−ibJt − (|ψ+ i − b |Si) e−iaJt )/(b − a),

|ψGD (t)i = e−iωt ((|ψ+ i − a |Si) e−ibJt − (|ψ+ i − b |Si) e−iaJt )/(b − a) + |Ai)/ 2.

c. Calculer les probabilités P11 (ψS (t)) et P11 (ψGD (t)) de trouver les deux atomes
dans des puits différents pour les deux états ci-dessus.
Rép : P11 (ψS (t)) = |(b e−iaJt − a e−ibJt )/(b − a)|2 , et
P11 (ψGD (t)) = (1 + |(b e−iaJt − a e−ibJt )/(b − a)|2 )/2.
d. Calculer aussi les probabilités Pm (ψS (t)) et Pm (ψGD (t)) de trouver les deux atomes
dans le même puits pour les deux états ci-dessus.
Rép : Pm (ψS (t)) = |(e−iaJt − e−ibJt )/(b − a)|2 = 1 − P11 (ψS (t)), et
Pm (ψGD (t)) = |(e−iaJt − e−ibJt )/(b − a)|2 /2 = 1 − P11 (ψGD (t)).
e. Quelle est la valeur minimale de la probabilité P11 (ψS (t)), ou de manière équivalente
la valeur maximale de la probabilité Pm (ψS (t)) ? En déduire une condition sur U et
|J| pour que les interactions entre atomes ne changent pas les conclusions de la partie
précédente (caractère “destructif" de l’effet d’interférence).
Rép : La dérivée de P11 (ψS (t)) par rapport à t est égale à 2abJ sin((a − b)Jt)/(a − b)
et s’annule pour (a − b)Jtmin = π. En ce point P11 (ψS (tmin )) = (a + b)2 /(a − b)2 =
U 2 /(U 2 + J 2 ). On peut aussi trouver directement la valeur maximale de Pm (ψS (t)),
qui vaut J 2 /(U 2 + J 2 ). On en déduit donc que si U ≪ |J|, les conclusions de la partie
précédente ne sont pas modifiées par les interactions.

Vous aimerez peut-être aussi