Intérêt de La Culture in Vitro
Intérêt de La Culture in Vitro
Intérêt de La Culture in Vitro
Mots clés
Conservation, valorisation, espèces menacées, espèces d’intérêt,
Nouvelle-Calédonie
1. INTRODUCTION
La Nouvelle-Calédonie est considérée comme l'un des 34
"hotspots" de la biodiversité mondiale du fait de l'originalité de sa
flore. Ce territoire de 19000 km2 possède, en effet, 2432 espèces
de plantes vasculaires endémiques (76.4% d'endémicité) se
développant au sein d'une grande variété de végétation [1].
Malheureusement, la pression anthropique a conduit à la réduction
et à la fragmentation de ces écosystèmes et de fait à la réduction
du nombre de populations et d'espèces végétales, en particulier
des plus originales. Notre laboratoire s'est positionné depuis 1996
comme le seul en Nouvelle-Calédonie à utiliser la culture in vitro
comme moyen de multiplication d'espèces en danger. Divers
programmes soutenus tant par les Provinces Nord, Sud et Iles de
la Nouvelle-Calédonie que par le Programme Forêt Sèche ont
ainsi permis de s'attacher à sauvegarder trois espèces appartenant Figure 1. Etude en culture in vitro d’embryons de
à des genres endémiques; deux palmiers en danger critique Pritchardiopsis jeanneneyii. A : Pied adulte ; B : Fruit mature ;
Lavoixia macrocarpa et Pritchardiopsis jeanneneyii [2], C : Fruit disséqué révélant la graine ; D : Graine disséquée
provenant de forêts denses humides du Mont Panié et de la Forêt révélant l’embryon ; E : Embryon ; F-H : mise en culture
Nord ainsi qu'une Rubiaceae, Captaincookia margaretae [2], d’embryons sur milieu MS non dilué transplanté après deux
provenant de la forêt sclérophylle. Cette dernière présente par mois sur MS additionné de diverses hormones (H) ; I-J : mise
ailleurs un intérêt dans le cadre de la réhabilitation de ces forêts en culture d’embryon sur milieu MS non dilué additionné de
ainsi qu'un intérêt commercial. En effet, outre l'aspect sauvegarde dinitrophénol puis transplanté après deux mois sur MS
d'espèces rares, la multiplication d'espèces d'intérêt économique, additionné de diverses hormones (J).
D’après Fogliani et al. [2].
Figure 2. Etude en culture in vitro d’embryons de Lavoixia Figure 3. Etude en culture in vitro de Captaincookia
macrocarpa sur milieu MS pendant 9 mois jusqu’à margaretae. A : Graine ; B : Embryon ; C : Mise en culture de
régénération d’une plante entière. D’après Fogliani et al. [2]. l’embryon ; D, E : Cotylédon (D) et feuille (E) placés sur
milieu calogène ; F : Masse de cal ; G : Différenciation
2.1.1 Cas de Pritchardiopsis jeannenyii caulogène ; H : Séparation des parties aériennes et culture
La figure 1 présente les résultats obtenus pour cette espèce. Les sur milieu rhizogène ; I : Développement racinaire ;
embryons placés sur milieu MS non dilué, additionné de J : plantule néoformée ; K : Acclimatation de la plantule.
saccharose à 30 g/L, présentent un développement racinaire après D’après Fogliani et al. [2].
2 mois (Fig. 1G). Si ce milieu est supplémenté de dinitrophenol, 2.3 Cas de Geissois pruinosa (Cunoniaceae)
des cals embryonnaires se forment (Fig. 1I). Le moyen de
La figure 4 récapitule comment à partir d’un échantillon de feuille
provoquer un développement aérien est aujourd’hui encore
ou de tige prélevé sur un plant adulte de Geissois pruinosa, il est
recherché mais en attendant la production de biomasse est assurée.
possible d’obtenir un plant néoformé. Dans le cas des feuilles, un
passage par un cal est indispensable sur milieu MS dilué au ½
2.1.2 Cas de Lavoixia macrocarpa additionné de 2-4D à 0.5 mg/l, d’ANA à 0.5 mg/l et de saccharose
La figure 2 présente le protocole optimal qui a permis, à partir à 30 g/L, avant d’obtenir de nouveau une partie aérienne. Puis, la
d’embryons extraits de fruits matures, d’obtenir de nouveaux partie racinaire est développée sur milieu MS non dilué. Quant
plants régénérés après 9 mois de culture. Huit milieux ont fait aux tiges, le milieu favorable (MS, saccharose 20g/L, ANA 0.5
l’objet d’études, tous constitués de MS non dilué additionné ou mg/l, BAP 0.5 mg/L) conduit à un bourgeonnement multiple
non d’ABA à diverses concentrations (2, 5, 10 ng/L ; 0.01, 0.1, 1, permettant d’envisager une séparation des différentes parties
10 mg/L) mais aussi de saccharose à 20 g/L (agar 6g/L, pH= 5.8). aériennes placées sur un milieu rhizogène de type MS non dilué.
Les embryons sont cultivés pendant 2 mois à l’obscurité avant
d’être soit replacés à la lumière, soit conservés à l’obscurité. Il
apparait que l’acide abcissique n’a pas d’effet notoire sur la
germination et la croissance alors que la lumière apparait néfaste
pendant les deux premiers mois mais indispensable par la suite.
2.2 Cas de Captaincookia margaretae
(Rubiaceae)
La figure 3 résume le protocole idéal à la multiplication de cette
espèce. La première étape correspond à l’extraction de l’embryon
(Fig. 3A&B) qui placé sur milieu MS non dilué, additionné de
30g/L de saccharose (Fig. 3C), permet d’obtenir une plantule
capable de fournir cotylédons et/ou feuilles après 3 mois. Ces
derniers (Fig. 3D&E) incubés sur un milieu MS dilué au ½
additionné de 30g/L de saccharose, d’ANA à 0.5 mg/L et de BAP
à 0.5 mg/L (agar 7g/L) fournissent des cals (Fig. 3F). Ceux-ci sont
utilisés soit pour fabriquer de la biomasse, soit pour obtenir de
nouvelles plantules par différenciation en parties aériennes (Fig.
3G) qui sont alors subdivisées (Fig. 3H) et placées sur milieu MS Figure 4. Etude en culture in vitro de Geissois puinosa.
non dilué conduisant au développement du système racinaire (Fig A : Echantillon de feuille sur milieu calogène ; B : Cal ;
3I) et à la néoformation d’une plantule entière (Fig. 3J) prête à C : Cal après multiplication cellulaire ; D : Cal différencié en
être acclimatée (Fig. 3K). L’acclimatation se fait en trois étapes parties aériennes ; E : Séparation des parties aériennes et
consistant en l’ouverture du tube puis le transfert dans un pot en culture sur milieu rhizogène ; F : Bourgeonnement intensif à
verre plus large avant un transfert définitif en pot placé en serre.
partir d’échantillons de tige ; G : plantule néoformée prête à être acclimatée. D’après Fogliani & Bouraïma-Madjèbi [3].
2.4 Cas des deux fougères natives d’intérêt Les résultats obtenus au cours de l’étude de cette espèce ont fait
l’objet d’un poster exposé au colloque et qui est présenté ici dans
économique : Lygodium reticulatum la figure 5.
(Schizaeceae) et Davallia solida var.solida
(Davalliaceae)
5. REFERENCES
[1] Jaffré, T., Morat, Ph., Veillon, J-M., Rigault, F. and
Dagostini, G. 2004. Composition et caractérisation de la
flore indigène de Nouvelle-Calédonie. Documents
Scientifiques et Techniques, volume spécial II 4, Institut de
recherche pour le Développement, centre de Nouméa, 133
p.
[2] Fogliani, B., Bouraïma-Madjèbi, S. and Médevielle, V.
2007. In vitro germination and development of three
endangered species of Rubiaceae and Palmae from New
Caledonia. Biodiversity extinction crisis Conference, an
Australasian and Pacific response, Sydney, Australia, 10-12
juillet 2007.
[3] Fogliani, B. and Bouraïma-Madjèbi, S. 2003.
Multiplication of Cunonia macrophylla and Geissois
pruinosa (Cunoniaceae), species with potential economic
interests growing in New Caledonian «maquis minier».
Preservation and ecological restoration in tropical mining
environments, Noumea, New Caledonia, 15-20 juillet 2003.
[4] Médevielle, V., Bouraïma-Madjèbi S. and Fogliani B.,
2008. Multiplication de fougères natives de Nouvelle-
Calédonie d’intérêt horticole : Lygodium reticulatum et
Davallia solida var. solida. Cinquième C.I.P.A.M.,
Nouméa, Nouvelle-Calédonie, 3-6 novembre.
Figure 6. Etude en culture in vitro de Myoporum
crassifolium. A : Mise en culture sur milieu ESA [5] Fogliani, B., Médevielle, V., Klein, N., Dubois, E. and
(eau+sucre+agar) ; B, C : Rhizogénèse après 20 jours sur Bouraïma-Madjèbi, S. 2009. Propagation of Myoporum
milieu MS supplémenté en ANA à 0.5mg/L ; D, E, F : Etapes crassifolium Forst. f. (Myoporaceae): a new caledonian
de sevrage. D’après Fogliani et al., [5]. shrub with potential applications. New Forest. (soumis)
[6] Murashige. T. and Skoog, F. 1962. A revised medium for
rapid growth bioassays with tobacco tissue cultures.
Physiologia plantarum. 15, 473-497.