3 Hydrogeologie
3 Hydrogeologie
3 Hydrogeologie
DUT
Filière : Génie civil
Cours :
Hydrogéologie
Pr.AlaeEddine BARKAOUI
2017-2018
SOMMAIRE
1. Systèmes hydrologiques
1.1 Le bassin hydrologique
1.2 Le bassin hydrogéologique ou des eaux souterraines
1.3 L'aquifère avec sa nappe d'eau souterraine
2. Identification géologique de l'aquifère
2.1 Formations lithostratigraphiques et hydrogéologiques
2.2 Surfaces limites du réservoir
2.3 Les formations hydrogéologiques et les aquifères
2.3.1 Formations hydrogéologiques perméables, gisements d'eau souterraine, origines des aquifères
2.3.2 Formations hydrogéologiques imperméables imposant les limites géologiques des aquifères
2.3.3 Formations hydrogéologiques semi-perméables à l'origine de l'aquifère multicouche
3. Identification hydrodynamique de l'aquifère
3.1 Concept d'aquifère
3.2 Zonalité d’un aquifère
3.3 Types hydrodynamiques
3.3.1 Aquifère à nappe libre
3.3.2 Aquifère à nappe captive
3.3.3 Aquifère à nappe semi-captive
4. Aquifère, réservoir d'eau souterraine
4.1 Caractéristiques physico-chimiques du réservoir
4.1.1 Morphologie et interconnection des vides
4.1.2 Classification hydrogéologique des réservoirs
4.1.3 Etude granulométrique et caractéristiques du milieu poreux
4.1.4 Paramètres des vides ; Porosité et surface spécifique
4.2 Types d'eau souterraine
4.2.1 L'eau gravitaire
4.2.2 L'eau de rétention
4.3 Caractéristiques hydrogéologiques du complexe eau/réservoir
4.3.1 Porosité efficace
4.3.2 Valeurs et facteurs de la porosité efficace
4.3.3 Facteurs de la porosité efficace
4.3.4 Emmagasinement souterrain
5. Aquifère, conduite d'eau souterraine
5.1 Loi de Darcy : dispositif expérimental
5.2 Enoncé de la loi de Darcy
5.3 Perméabilité et Transmissivité
5.4. Débit d’une nappe
5.5. Vitesse d’écoulement
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6. Pompages d'essais
6.1 Equipement technique
6.2 Effet du pompage sur l'aquifère - Cône de dépression
6.3 Enregistrement des paramètres hydrodynamiques
7. Cartographie de l'aquifère
7.1 Cartes structurales de l'aquifère
7.1.1 Cartes de la configuration de l'aquifère.
7.1.2 Cartes de la structure du réservoir
7.2 Cartes piézométriques
7.2.1 Mesure des niveaux piézométriques
7.2.2 Report des niveaux piézométriques
7.2.3 Tracé des courbes hydroisohypses
7.2.4 Interprétation des cartes piézométriques
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Introduction
L'hydrogéologie est une science qui étudie les phénomènes que peuvent subir les fluides dans le
milieu souterrain, en fonction du type de réservoir. Elle permet de suivre l'évolution des
pollutions pouvant se propager dans les sols et les eaux souterraines, et de déterminer les moyens
les plus appropriés pour les combattre. Elle est également indispensable lors de la mise en place
de puits de captages, afin de localiser précisément le lieux d'implantation ; ceci par l'étude des
nappes d'eaux disponibles sur le terrain. Pour cela, plusieurs approches d'études se recoupent : la
partie géologique du terrain, avec les formations existantes (appelées formations
lithostratigraphiques), la partie hydrodynamique et son aspect physico-chimique. Enfin, la partie
pratique "in situ", très importante pour évaluer les paramètres d'écoulement (pompages d'essai).
1. Systèmes hydrologiques
Le cycle de l'eau est planétaire et perpétuel. Pour l'exécution des études hydrogéologiques il est
nécessaire de le fractionner, conventionnellement, en domaines d'espace et en durées accessibles
aux observations, expérimentations et mesures, donc en systèmes hydrologiques. L'étude du
cycle de l'eau situe les systèmes hydrologiques dans leur environnement et permet d'analyser leur
comportement hydrodynamique.
Trois domaines d'espaces interdépendants, emboîtés, peuvent être circonscrits. Ils identifient 3
systèmes hydrologiques, dans l'ordre de grandeur décroissant :
Le bassin hydrologique est circonscrit par les lignes de crêtes topographiques, délimitant le
bassin versant d'un cours d'eau et de ses affluents. Il correspond donc, en surface au bassin
hydrogéographique. Il est admis que ses limites se superposent, au mieux, à celles du bassin
hydrogéologique. Ces conditions sont en général réalisées pour les grandes unités, de l'ordre de
quelques centaines de millier de km².
L'aquifère, identifié par la géologie, est l'unité de domaine d'étude des eaux souterraines. Le
bassin hydrogéologique est constitué d'un ou de plusieurs aquifères.
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2/ Identification géologique de l'aquifère
Une formation lithostratigraphique est constituée par un corps de terrain de nature homogène :
sable, calcaire, grès, granite, argile, gypse, etc. Elle est désignée par le nom de la région (ou de la
localité) où elle a été observée et décrite ou par un terme d'étage. Exemples : calcaire de
Champigny, alluvions de la Crau, sables albiens du bassin de Paris.
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Elle est identifiée par 3 ensembles de données fixes : surfaces limites, localisation dans le sous-
sol et structure.
• Structure du réservoir
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La pétrologie, la sédimentologie, l'analyse structurale et la géochimie déterminent les
caractéristiques physiques et chimiques du réservoir. C'est-à-dire sa structure. Une importance est
apportée à la granulométrie et à la fissuration. La distribution des données dans l'espace est
exprimée par des coupes et cartes structurales.
Les matériaux ayant la propriété de se laisser traverser par l'eau à des vitesses appréciables
(quelques mètres à des milliers de mètres par an), sous l'impulsion de différences d'altitudes ou
pente de la nappe appelée gradients, sont dits perméables. Ce sont les graviers, les alluvions, les
sables gros et moyens, les calcaires fissurés, etc.
Les vitesses d'écoulement de l'eau souterraine, dans certains matériaux, sont très faibles,
pratiquement non mesurables (quelques millimètres par an). Ils constituent les formations
hydrogéologiques imperméables imposant les limites géologiques des aquifères. Ce sont les silts,
les argiles, les marnes, etc.
Certains matériaux, comme les sables très fins, les sables argileux, de très faible perméabilité
permettent dans des conditions hydrodynamiques favorables, les échanges verticaux ascendants
ou descendants entre aquifères superposés, par un phénomène naturel appelé la drainance. Ils
constituent les formations hydrogéologiques semi-perméables. Une structure hydrogéologique,
constituée d'une alternance de formations hydrogéologique perméables et semi-perméables
identifie un aquifère multicouche.
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3/ Identification hydrodynamique de l'aquifère
Un aquifère est un système hydrologique, hydrodynamique. Il est donc identifié par 5 ensembles
de caractéristiques quantifiables :
• Un réservoir, domaine d'espace fini, caractérisé par ses conditions aux limites et ses
dimensions ou configuration et par son organisation interne ou structure. Il est identifié
par une (ou une combinaison de formation hydrogéologique).
• Des processus internes ou mécanismes hydrodynamiques, hydrochimiques et
hydrobiologiques, entraînant 3 fonctions du réservoir vis-à-vis de l'eau souterraine :
stockage, conduite (transfert de quantités d'eau ou d'énergie) et milieu d'échanges
géochimiques.
• Une séquence du cycle de l'eau, avec des interactions avec l'environnement se traduisant
par 3 comportements, hydrodynamique, hydrochimique et hydrobiologique. Elle est
caractérisée par le couple impulsion/réponse exprimé par une relation ou fonction de
transfert.
• La variabilité dans l'espace de ces caractéristiques.
• Des conditions de temps, toutes les mesures de caractéristiques étant rapportées à une
date donnée ou a une durée moyenne. Ces dernières, basées sur des historiques,
permettent les prévisions.
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3.2 Zonalité d'un aquifère
Une coupe depuis la surface du sol jusqu'à la nappe phréatique montre la zonalité suivante:
- une zone non saturée contenant de l'air, de l'eau de rétention et de l'eau gravitaire en
transit; la base de cette zone est imprégnée d'eau provenant de la remontée capillaire à
partir de la zone saturée.
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Zonalité de l'eau dans un aquifère à nappe libre (adapté de G. CASTANY). (1) eau de rétention;
(2) eau gravitaire; (3) remontée capillaires; (4) surface piézométrique; (5) surface de la nappe.
La base de l'aquifère, appelé substratum, est constituée par une formation hydrogéologique
imperméable; Par contre sa limite supérieure est de 3 types :
Les puits et sondages du premier aquifère, rencontré sous la surface du sol, présentent un niveau
d'eau dont l'altitude est appelé par convention, le niveau piézométrique. Souvent, ce niveau est
mesuré dans des ouvrages de petit diamètre, appelés piézomètres. L'ensemble des niveaux
piézométriques mesurés en différents points à une date donnée, détermine la surface
piézométrique.
De même que les cotes du niveau du sol permettent de tracer la surface topographique, elle est
représentée sur des cartes piézométriques par des courbes d'égal niveau piézométrique ou
courbes hydroisohypses. C'est une limite hydrodynamique. Cette surface peut s'élever ou
s'abaisser librement dans la formation hydrogéologique perméable, d'où la dénomination
d'aquifère à nappe libre.
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3.3.2. Aquifère à nappe captive
Dans les aquifères plus profonds, les eaux souterraines sont emprisonnées dans la formation
hydrogéologique perméable, entre 2 formations imperméables fixes : le substratum à la base et le
toit au sommet.
Etant donné la situation en profondeur, l'aquifère subit une pression, dirigée de haut en bas, égal
au poids de la colonne de terrains de densité moyenne 2,5 (soit 2,5 bars par tranche de 10m) qui
le surmonte jusqu'à la surface du sol. La pression atmosphérique étant négligeable, cette pression,
dite géostatique, est équilibrée par la pression de couche ou de pore qui règne à l'intérieur de
l'aquifère.
Par exemple, l'aquifère des sables albiens de Paris, dont la base du toit est à 600m de profondeur
sous la capitale, la pression de couche est de 150 bars.
Les eaux souterraines sont dites ascendantes. Si le niveau piézométrique se situe au dessus de la
surface du sol, l'eau jaillit naturellement. C'est l'artésianisme. Donc, si le captage des aquifères
profonds exige des sondages coûteux, leur exploitation s'effectue souvent à faible profondeur et
parfois même sans pompage, l'artésianisme produisant un débit naturel en surface.
Comme pour les aquifères à nappe libre, l'ensemble des niveaux piézométriques permet de tracer
la surface piézométrique. Mais celle-ci fictive, n'est pas matérialisée sur le terrain. Elle n'indique
pas la profondeur de l'eau sous la surface du sol.
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3.3.3. Aquifère à nappe semi-captive
Le toit ou le substratum (ou les 2) de l'aquifère sont souvent constitués par une formation semi-
perméable. Celle-ci permet, dans certaines conditions hydrodynamiques favorables (différences
de charge) des échanges d'eau (ou de pression) avec l'aquifère superposé ou sous-jacent, appelé
drainance. Ce phénomène implique un aquifère à nappe semi-captive.
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4/ Aquifère, réservoir d'eau souterraine
Les fonctions, réservoir et conduite, sont déterminées essentiellement par les dimensions et les
interconnections des vides. Ces dernières assurent la continuité du milieu aquifère.
L'étude morphologique des vides porte sur leur nature, leur forme et leurs dimensions. Deux
grands types de vides, pores et fissures, caractérisent respectivement le milieu poreux et le milieu
fissuré.
Les pores sont des vides de forme plus ou moins sphérique, de petites dimensions (ordre de
grandeur millimétrique), ménagés entre les particules solides ou grains, constituant le réservoir.
Les grains ne sont jamais jointifs.
Les dimensions des vides sont étroitement liés à celles des grains, dont la mesure est plus
directement accessible. Les diamètres des grains des roches meubles perméables s'étalent dans
une gamme de 0.06 à 16 mm. Il est plus petit, de 0.1 à 0.001 mm, soit d'ordre de grandeur
micrométrique, dans les argiles, milieu dit imperméable.
Les pores communiquent entre eux, dans le sens de l'écoulement de l'eau souterraine, permettant
le déplacement des particules d'eau. Celles-ci suivent des trajets ou trajectoires, plus ou moins
compliqués, identifiant les lignes de courant.
Cet agencement est une des conditions de base pour la validité des lois de l'hydrodynamique
souterraine. Par exemple la pierre ponce volcanique qui renferme un grand nombre de vides,
mais sans interconnections, est imperméable. C'est pourquoi il ne faut pas confondre porosité et
perméabilité. La porosité est la propriété du réservoir de stocker ou de libérer de l'eau
souterraine. La perméabilité est son aptitude à conduire son écoulement.
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• Morphologie des fissures et milieu fissuré
Les fissures sont des fentes de forme allongée, à ouverture plus ou moins large; Leur ensemble
constitue la fissuration, phénomène naturel dont l'origine est essentiellement mécanique. Les
fissures sont classées, suivant leurs dimensions, en 2 types : les microfissures (ouvertures de
quelques dixièmes de millimètres)et les macrofissures (ouvertures supérieure à quelques
millimètres).
Basée sur la lithologie et le (ou les) types de vides, elle est importante pour l'étude quantitative de
l'infiltration, des fonctions du réservoir et des comportements de l'aquifère. Elle est à la base de
l'établissement des colonnes, coupes et cartes hydrogéologiques.
Les deux grands types de vides permettent de distinguer deux grandes catégories de réservoirs :
Toutefois les roches compactes présentent souvent des caractères mixtes avec coexistence de
pores et de fissures.
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Elle repose sur :
Une roche meuble, milieu poreux, est constituée d’un assemblage de particules solides, ou grains.
Leurs caractéristiques géométriques, leur répartition et leur disposition vont déterminer le type de
réservoir. L’analyse granulométrique a pour but la mesure des diamètres des grains par des
paramètres granulométriques.
Les dimensions des grains des roches meubles s’étalent dans une gamme, en général continue.
L’analyse granulométrique a pour but le tri, par des tamis standards, des grains en fourchettes de
diamètres conventionnels. Une première opération est dons le classement des grains en gammes
de diamètres déterminés. C’est-à-dire l’établissement d’une classification granulométrique.
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Désignation Diamètres des grains
(mm)
Caillou, pierre, bloc Supérieur à 16
Tamis Gravier, gravillon 16 à 2
Gros 2 à 0,5
Sable Moyen 0,5 à 0,25
Fin 0,25 à 0,06
Silt 0,06 à 0,002
Argile Inférieur à 0,002
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• Courbe granulométrique cumulative
Le couple de données concernant une phase granulométrique, diamètre et poids, obtenu par
tamisage, est porté sur le graphique :
• En abscisses logarithmiques les diamètres des grains, en mm, déterminés par les
dimensions des mailles des tamis ;
• En ordonnée linéaire les poids cumulés, en grammes, exprimés en pourcentage du poids
de l’échantillon étudié.
Le graphique obtenu est la courbe granulométrique cumulative. Le sédiment est représenté par le
secteur du diagramme positionné sous la courbe.
Par convention, si U est compris entre 1 et 2, la granulométrie est dite uniforme. S’il est
supérieur à 2, elle est variée.
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4.1.4. Paramètres des vides ; Porosité et surface spécifique
Les deux paramètres principaux des vides sont la porosité, et la surface spécifique. Tous sont
exprimés en référence au volume total de l'échantillon car la géologie évalue les volumes des
formations hydrogéologiques.
• Porosité totale
La porosité totale, ou porosité, est la propriété d'un milieu poreux ou fissuré, de comporter des
vides interconnectés ou non. Elle est exprimée, en pourcentage, par le relation suivante :
Ce paramètre est d'une utilisation pratique très limitée en hydrogéologie, un réservoir n'étant
jamais complètement dépourvu de son eau. C'est pourquoi les facteurs de la porosité seront
étudiés avec la porosité efficace.
La surface spécifique d'un milieu poreux ou fissuré est le rapport de la surface totale des grains
ou des parois des fissures, soit à l'unité de volume d'échantillon (surface volumique), soit à l'unité
de masse (surface massique) du solide. C'est le facteur principal des actions physico-chimiques
d'interface eau/roche (phénomènes d'adsorption). Elle croit fortement lorsque le diamètre des
grains ou la densité des fissures diminue.
Il convient de distinguer, pour définir les caractéristiques hydrogéologiques des réservoirs, deux
types d'eau souterraine : l'eau gravitaire et l'eau de rétention.
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4.2.1. L'eau gravitaire
L'eau gravitaire est la fraction de l'eau souterraine libérée par l'action de la force de gravité. C'est
l'eau mobilisable. Elle seule circule dans les aquifères, sous l'action des gradients et alimente les
ouvrages de captage et les sources. Le volume d'eau gravitaire libéré est fonction du temps
d'égouttage et de la granulométrie.
L'eau de rétention est la fraction de l'eau souterraine, maintenue dans les vides à la surface des
grains ou des parois des microfissures, par des forces supérieures à celles de la gravité. Elle n'est
donc pas mobilisable. Attirée fortement à la surface du solide, elle fait corps avec lui et
appartient physiquement et mécaniquement à la même phase de l'aquifère, réservoir/eau de
rétention.
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La limite de séparation des 2 phases eau/grain, est le lieu de champs de force. Ceux-ci attirent, en
les orientant perpendiculairement à la surface, les dipôles qui sont solidement fixés. La molécule
est adsorbée.
Les forces d'attraction moléculaire décroissent, très rapidement, de la surface des grains vers le
centre des vides. Les liaisons deviennent de plus en plus lâches et l'eau peut-être libérée du
réservoir par des forces de plus en plus faibles. Les molécules devenues libres, à une distance très
faible de la surface du grain (1 à 2 microns) peuvent être déplacées par la force de gravité. Cet
état n'étant pas constant, cette conception explique, en partie, l'accroissement en fonction du
temps, du volume d'eau gravitaire obtenue par égouttage.
• L'eau adsorbée constitue un film continu, mince pellicule d'une épaisseur de l'ordre du
dixième de micron, soit l'empilement de quelques dizaines de molécules. En pourcentage
du volume total, elle augmente en fonction de la granulométrie : 2 à 5% dans les sables
gros, 10 à 15 dans les sables fins et 40 à 50 dans les argiles.
• L'eau pelliculaire représente une pellicule de l'épaisseur de l'ordre du micron. Elle peut se
déplacer à la surface des grains sous l'action de l'attraction des molécules d'eau voisines.
Les paramètres de la fonction réservoir de l'aquifère peuvent être mesurés en laboratoire et sur le
terrain. En laboratoire, le complexe eau/réservoir ou aquifère, est caractérisé par un paramètre
hydrodynamique important, la porosité efficace. Sur le terrain, les pompages d'essai, l'étude des
fluctuations de la surface piézométrique, déterminent les paramètres hydrodynamiques de
l'emmagasinement souterrain, dont le principal est le coefficient d'emmagasinement.
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4.3.1. Porosité efficace
La porosité efficace, exprimée en pourcentage, est le rapport du volume d'eau gravitaire que le
réservoir peut contenir à l'état saturé, puis libérer sous l'effet d'un égouttage complet, à son
volume total.
Types de Coefficient de
d10 mm Porosité (n) Porosité efficace (ne)
sédiments perméabilité K
Gravier moyen 2.5 45 40 3.10-1
Sable gros 0.250 38 34 2.10-3
Sable moyen 0.125 40 30 6.10-4
Sable fin 0.09 40 28 7.10-4
Sable très fin 0.045 40 24 2.10-5
Sable silteux 0.005 32 5 1.10-9
Silt 0.003 36 3 3.10-8
Silt argileux 0.001 38 - 1.10-9
Argile 0.0002 47 - 5.10-10
Il est utile de relier la porosité efficace aux caractéristiques physiques des réservoirs. Celles-ci
constituent la trame de la distribution spatiale des données ponctuelles. Les trois facteurs
principaux de la porosité efficace sont :
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• Les diamètres respectifs des grains,
• L'arrangement des grains,
• La surface spécifique des grains.
La porosité efficace, la granulométrie étant uniforme, diminue avec le diamètre des grains ;
La porosité efficace diminue lorsque la granulométrie est variée. Pour un sédiment mixte, elle
est, en générale, plus faible que celle de l'un quelconque des constituants, d'où la prise en compte
du diamètre efficace d10.
L'arrangement des grains exprime leur disposition dans l'espace. La porosité est fortement
influencée par l'arrangement des grains. Elle décroît de 47.6% pour l'arrangement cubique, le
plus lâche, à 25.9% pour l'arrangement rhomboédrique le plus tassé. Une conséquence est la
diminution de la porosité avec la profondeur.
Les forces de liaison entre l'eau et le réservoir ont une intensité maximale à la surface des grains.
La grandeur de cette surface est donc importante. C'est pourquoi un paramètre a été défini, la
surface spécifique des grains. La porosité efficace croît avec la surface spécifique des grains.
Des études et expérimentations, sur le terrain, permettent de mesurer, en place et sur un volume
important, les paramètres de l'emmagasinement de l'eau dans les réservoirs.
Sous l'effet d'un abaissement unitaire de niveau piézométrique, entraînant une différence de
charge, l'eau est libérée du réservoir :
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Le coefficient d'emmagasinement, noté S (sans dimension), est le rapport du volume d'eau
libérée ou emmagasinée par unité de surface de l'aquifère 1m² à la variation de charge
hydraulique, Δ h, correspondante.
Dans l'aquifère à nappe libre, le coefficient d'emmagasinement est égal, en pratique, à la porosité
efficace. Par contre dans l'aquifère à nappe captive, il est 100 à 1000 (voir 10000) fois plus petit.
Il varie de 0.2 à 0.01 pour les nappes libres et de 0.001 à 0.0001 pour les nappes captives.
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5/ Aquifère, conduite d'eau souterraine
La loi de Darcy, établie expérimentalement, est la base de l'hydrodynamique souterraine. Elle est
applicable sur le terrain dans des conditions bien définies.
Dispositif avec écoulement latéral: il représente mieux l'écoulement des eaux dans un aquifère.
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Dispositif avec écoulement latéral.
La loi de Darcy n'est strictement applicable que pour des milieux homogènes où l'écoulement de
l'eau est laminaire. Elle ne peut être utilisée en particulier pour les réseaux karstiques.
Application à un aquifère
* Niveau piézométrique.
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Cône de rabattement induit par un pompage.
Influence d'un prélèvement en nappe à proximité d'un cours d'eau (d'après Rouxel-David et
Cordonnier).
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* Gradient hydraulique
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5.2. Enoncé de la loi de Darcy
Avec ce dispositif, H. Darcy a montré que le volume d'eau, Q en m3/s, filtrant de haut en bas dans
la colonne de sable de hauteur l en m, à travers la section totale, perpendiculaire à la direction
verticale d'écoulement, A en m², est fonction d'un coefficient de proportionnalité, K en m/s,
caractéristique du sable et de la perte de charge par unité de longueur du cylindre de sable, h/l
sans dimension; D'où l'expression de la loi de Darcy :
La perméabilité est l'aptitude d'un réservoir à se laisser traverser par l'eau, sous l'effet d'un
gradient hydraulique. Elle exprime la résistance du milieu à l'écoulement de l'eau qui le traverse.
"La perméabilité est l'aptitude d'un réservoir à se laisser traverser par l'eau sous l'effet
d'un gradient hydraulique" (G. CASTANY). Elle est mesurée notamment par le
coefficient de perméabilité K défini par la loi de Darcy comme le volume d'eau gravitaire
traversant une unité de section perpendiculaire à l'écoulement en 1 seconde sous l'effet
d'une unité de gradient hydraulique. En prenant comme unités le m2 et le m3, K est
exprimé en m/s
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Carte des transmissivités en Aquitaine (d'après J. MANIA).
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101 1 10-1 10-2 10-3 10-4 10-5 10-6 10-7 10-8 10-9 10-10 10-11
K(m/s)
Granulométrie homogène Gravier pur Sable pur Sable très fin Silt Argile
Gravier gros
variée Gravier et sable Sable et argile-limons
et moyen
C'est le volume d'eau traversant une section transversale de l'aquifère en une unité de temps. Son
calcul est délicat; il faut connaître l'épaisseur de l'aquifère et l'écartement des courbes
isopiézométriques. Pour les grandes nappes, on subdivise la section générale en sections
élémentaires équipées de couples de piézomètres (forages d'essai).
Q = K. A. i
Q: débit en m3/s
K: coefficient de perméabilité en m/s
A: section de la nappe en m2
i: gradient hydraulique
Il est possible d'évaluer la vitesse de transfert de l'eau par utilisation d'un marqueur radio-actif, le
Tritium. Cet isotope radio-actif de l'hydrogène est produit naturellement par la composante
neutronique du rayonnement cosmique sur l'azote atmosphérique. La teneur induite dans les
pluies est de l'ordre de 5 U.T. Mais la production principale de tritium résulte des essais aériens
de la bombe H à partir de 1952. La teneur des précipitations a été multipliée par 1000 en 1963
sous nos latitudes. L'arrêt des essais après 1963 a entraîné une décroissance exponentielle de la
teneur en tritium: dans les années 90, il y en a encore 15 U.T., soit 3 fois plus que la normale
d'avant 1952.
Des eaux depassant 20 U.T. ont un âge de quelques dizaines d'années car elles reflètent le pic de
1963. Des teneurs comprises entre 10 et 20 U.T. indiquent des eaux récentes, infiltrées dans la
dernière décennie ou des mélanges d'eaux post-nucléaires, à tritium thermonucléaire, et d'eaux
plus récentes. Des teneurs comprises entre 2 et 10 U.T. correspondent à des eaux post-nucléaires
mélangées à une eau ancienne. Enfin, des teneurs trés faibles sont celles d'une eau infiltrée avant
les essais thermo-nucléaires (il ne subsiste plus que 0,5 U.T. après 42 ans dans une eau
primitivement à 5 U.T.); c'est le cas de nombreux aquifères profonds.
Des analyses systématiques de la teneur en tritium des précipitations et de l'eau des sources d'une
même région permettent d'obtenir une évaluation plus précise. Les mesures ont été faites à Evian.
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En 1963, la source d'Evian-Cachat ne contenait pas de tritium alors que les pluies en avaient
2900 U.T. L'aparition du tritium en 1965 s'explique par une contamination de l'eau ancienne par
quelques pourcents d'eau de surface. Le pic du tritium est localisé en 1979 dans l'eau de la
source, ce qui implique un temps de filtration de 16 ans. Le trajet parcouru dans l'aquifère est
d'environ 4 km depuis la zone d'alimentation: on aboutit à une vitesse d'écoulement de la nappe
de 250 m par an.
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Hétérogénéité des aquifères et vitesse d'écoulement (adapté de DROGUE in GUILLEMIN et
ROUX).
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6/ Pompages d'essais
Les expérimentations, par pompage à débit constant sur les puits et sondages sont exécutées par
des pompages d'essais. Elles consistent à mesurer l'accroissement des rabattements du niveau
piézométrique et leur remontée après l'arrêt de l'opération.
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6.2. Effet du pompage sur l'aquifère - Cône de dépression
Le prélèvement de l'eau dans une nappe (libre ou captive) déclenche une déformation de la
surface piézométrique. La vitesse de l'eau dans le cylindre est différente de l'eau dans l'aquifère et
l'abaissement de l'eau dans l'ouvrage, appelé niveau dynamique, se propage dans l'espace de
l'aquifère.
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Cela entraîne la formation d'un cône qui s'étend dans l'aquifère, le cône de rabattement.
Le cône de rabattement suit les hétérogénéités du sédiment, et forme une géométrie elliptique.
L'aile du cône se déplace dans l'aquifère jusqu'à une limite susceptible de compenser les
prélèvements.
• Les formations très perméables : le cône se propage très loin dans le puits
• Les formations peu perméables : le cône se propage dans un espace limité
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6.3. Enregistrement des paramètres hydrodynamiques
Les résultats expérimentaux donnent les variations du niveau dynamique (ou rabattement) en
fonction du temps de pompage.
Ces valeurs sont ensuite reportées sur des graphiques. L'allure des courbes, et leur interprétation
nous renseigne sur le régime de l'aquifère.
Plusieurs méthodes sont utilisées : les plus communes sont la méthodes de Theis, et la méthode
de Jacob plus simple à mettre en œuvre.
Phénomène de
Etat transitoire Rencontre d'une limite Etat d'équilibre
drainance
Les différents paramètres (transmissivité, coefficient d'emmagasinement, etc.), sont ensuite calculés à
partir de ces courbes.
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7/ Cartographie de l'aquifère
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Exemple : Carte de l'aquifère multicouche des sables albiens de Paris
Les données sur les caractéristiques physiques du réservoir permettent de dresser des cartes
représentant la structure de l'aquifère. Les 3 principales catégories d'information portent sur :
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7.2. Cartes piézométriques
Les cartes piézométriques représentent à une date donnée, la distribution spatiale des charges et
des potentiels hydrauliques. Elles figurent également les conditions aux limites
hydrodynamiques.
Elles sont les documents de base de l'analyse et de la schématisation des fonctions capacitives et
conductrices du réservoir, et du comportement hydrodynamique de l'aquifère. C'est la synthèse la
plus importante d'une étude hydrogéologique.
Elles doivent être effectuées avec des piézomètres dans des conditions de stabilisation et pour
l'ensemble de la région cartographiée au cours d'une période la plus courte possible. En effet ce
document a une valeur de référence à une date donnée. En cas de variations importantes au cours
de la campagne de relevés, il faut effectuer des corrections en rapportant les résultats à une cote
de référence d'un (ou de plusieurs) ouvrage représentatif en observation continue.
Les points d'eau, affectés de leur code de référence et de leur niveau piézométrique, sont reportés
sur une carte topographique en courbes de niveau à grande échelle, en général à 1/50000.
L'échelle de la carte est choisi en tenant compte de la densité des points de mesure et des fonds
topographiques existants. La priorité est donnée à la précision du nivellement. La date, à laquelle
ont été effectuées les mesures, est portée sur la carte.
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Pour les cartes à petites échelles ou poursuivant des objectifs particuliers, comme l'évaluation de
la réserve, les données moyennes sont retenues.
La surface piézométrique est, comme la surface du sol, représentée par des courbes d'égale
altitude de niveau d'eau, soit d'égal niveau piézométrique, dites courbes hydroisohypses. Le
dessin de ces courbes comporte successivement le choix de leur équidistance et la technique de
leur tracé.
L'équidistance des courbes hydroisohypses est la distance constante entre des plans horizontaux
d'égal niveau piézométrique.
Elle dépend de la précision et de la densité des mesures, des valeurs du gradient hydraulique, et
de l'échelle de la carte. En général, elle est de l'ordre du mètre (0.5, 1 ou 2m) pour les cartes à
1/1000 et 1/20000 ; de 5 ou 10m pour celles à 1/50000 et 1/100000.
Il est effectué par différentes méthodes d'interpolation, adaptés à la précision et à la densité des
données disponibles.
L'interprétation des cartes piézométriques, appuyée sur les cartes structurales du réservoir,
aboutit à 5 opérations :
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L'interprétation globale des cartes structurales et piézométriques aboutit à l'identification des
zones privilégiées pour l'implantation des stations d'essais et des ouvrages de captages. Elle
contribue également à la prescription des mesures de protection de la qualité des eaux
souterraines captées pour l'alimentation humaine.
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