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UNIVERSITE TOULOUSE III‐ PAUL SABATIER
FACULTE DE CHIRURGIE DENTAIRE
Année 2012 Thèse n° 2012‐TOU3‐3057
THESE
POUR LE DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN CHIRURGIE DENTAIRE
Présentée et soutenue publiquement
par
Abdelkader DOUARA
Le 17 décembre 2012
PROPOSITION D’UN PROTOCOLE DE RECHERCHE
EPIDEMIOLOGIQUE SUR LA SATISFACTION DES BESOINS
DE TRAITEMENT EN ORTHOPEDIE DENTO‐FACIALE
Directeur de thèse : Docteur Christine MARCHAL‐SIXOU
Co‐directeur : Docteur Olivier Hamel
JURY
Président : Professeur Philippe POMAR
1er assesseur : Docteur Christine MARCHAL‐SIXOU
2ème assesseur : Docteur olivier HAMEL
3ème assesseur : Docteur Karim NASR
4ème assesseur : Docteur Bertrand ARCAUTE
3
FACULTÉ DE CHIRURGIE DENTAIRE
‐‐‐‐‐‐‐‐‐
DIRECTION HONORARIAT
DOYEN DOYENS HONORAIRES
Mr SIXOU Michel Mr LAGARRIGUE Jean
Mr LODTER Jean-Philippe
ASSESSEURS DU DOYEN Mr PALOUDIER Gérard
Mr SOULET Henri
• ENSEIGNANTS :
Mme GRÉGOIRE Geneviève ÉMÉRITAT
Mr CHAMPION Jean
Mr HAMEL Olivier Mr PALOUDIER Gérard
Mr POMAR Philippe
• PRÉSIDENTE DU COMITÉ SCIENTIFIQUE
Mme GRIMOUD Anne-Marie
• ÉTUDIANT :
Mr HAURET-CLOS Mathieu
CHARGÉS DE MISSION
Mr PALOUDIER Gérard
Mr AUTHER Alain
RESPONSABLE ADMINISTRATIF
Mme GRAPELOUP Claude
‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐‐
PERSONNEL ENSEIGNANT
56.01 PÉDODONTIE
Chef de la sous-section : Mr VAYSSE
Professeur d'Université : Mme BAILLEUL-FORESTIER
Maîtres de Conférences : Mme NOIRRIT-ESCLASSAN, Mr VAYSSE
Assistants : Mr DOMINÉ, Mme GÖTTLE
Chargé d’Enseignement : Mme BACQUÉ, Mme PRINCE-AGBODJAN, Mr TOULOUSE
56.02 ORTHOPÉDIE DENTO-FACIALE
Chef de la sous-section : Mr BARON
Maîtres de Conférences : Mr BARON, Mme LODTER, Mme MARCHAL-SIXOU, Mr ROTENBERG,
Assistants : Mme ELICEGUI, Mme OBACH-DEJEAN, Mr PUJOL
Chargés d'Enseignement : Mr GARNAULT, Mme MECHRAOUI, Mr MIQUEL
56.03 PRÉVENTION, ÉPIDÉMIOLOGIE, ÉCONOMIE DE LA SANTÉ, ODONTOLOGIE LÉGALE
Chef de la sous-section : Mr HAMEL
Professeur d'Université : Mme NABET, Mr PALOUDIER, Mr SIXOU
Maître de Conférences : Mr HAMEL
Assistant : Mr MONSARRAT
Chargés d'Enseignement : Mr DURAND, Mr PARAYRE, Mr VERGNES
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57.01 PARODONTOLOGIE
Chef de la sous-section : Mr BARTHET
Maîtres de Conférences : Mr BARTHET
Assistants : Mr MOURGUES, Mme VINEL
Chargés d'Enseignement : Mr. CALVO, Mme DALICIEUX-LAURENCIN, Mr LAFFORGUE, Mr PIOTROWSKI,
Mr SANCIER
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L'université Paul Sabatier déclare n'être pas responsable des opinions émises par les candidats.
(Délibération en date du 12 Mai 1891).
Mise à jour au 1er novembre 2012
5
REMERCIEMENTS
A ma mère, pour toute ton affection, à ma mère pour ton amour, à ma mère pour tout,
tout simplement.
A mon père, pour toutes les valeurs que tu m’as inculquées et l’éducation que tu m’as
donné.
Je vous AIME.
A mes deux sœurs Meni et Sonito. Je serai toujours là pour vous, je vous aime.
A Nadjla, Samir et Fatma, le mektoub a fait que je n’ai pu vous connaître, j’espère vous
voir dans l’au‐delà inchAllah.
A mes deux grands‐mères, qu’Allah vous garde parmi nous le plus longtemps.
A Fateh, à la fois mon petit et mon grand frère. Pour tout ce qu’on a fait et tout ce
qu’on va faire inchAllah.
A mon Oncle Mahidinne, ma tante Zouzou et Saki, pour toute l’affection que vous
m’avez donné.
A Kanou, Yas, Ren et Mahdi pour toutes les soirées et rigolades de famille à « rue du
rec » et au « boulibou ».
A mes frères Redoine, Tarko et Moha, je n’aurai pas assez de mots pour dire ce que je
pense de vous.
A mes potes, Amel « mémel », Jamel dit « Arsène », Khalid dit le « platane », Hassan
« le président », Ahmed et Myriam pour votre accueil et les soirées passées en votre
compagnie, Karim «cheikh Saadane », Salima, Jean‐Flo et Neness.
6
A mes Pines‐Co, Sihem et Faiza, pour toutes les soirées Rémoises et les balades
Parisiennes !
A Zak, je te renvoie la balle « si on te ferme la porte, passe par la fenêtre », à méditer.
Ps : règle ton GPS.
A Johann, mon kahel libéré, que de rigolade à sébasto.
A mes co‐internes : Steph, Gonzo, Antoinette, Popy, Samira, Thomas, Aline et Jo.
A mes amis de Toulouse : Claire (merci pour tout), Manu, Julien, Ralph et
Caroline.
A Faiza Hammou et Samia merci pour votre accueil et votre confiance.
Et à tous ceux que j’ai oublié.
7
A notre président de thèse,
Monsieur Philippe POMAR
‐Professeur des Universités, Praticien Hospitalier d’Odontologie,
‐Vice‐Doyen de la Faculté de Chirurgie Dentaire de Toulouse,
‐Lauréat de l'Institut de Stomatologie et Chirurgie Maxillo‐Faciale de la Salpêtrière,
‐Chargé de cours aux Facultés de Médecine de Toulouse‐Purpan, Toulouse‐Rangueil
et à la Faculté de Médecine de Paris VI,
‐Enseignant‐chercheur au CNRS
‐Laboratoire d’Anthropologie Moléculaires et Imagerie de Synthèse (AMIS – UMR
5288 CNRS)
‐Habilitation à Diriger des Recherches (H.D.R.),
‐Chevalier dans l'Ordre des Palmes Académiques
Vous nous faites l’honneur de présider notre thèse et nous vous en
remercions. Nous avons pu apprécier votre enseignement et votre
compétence pendant toutes ces années. Veuillez recevoir l’expression de
notre plus profonde gratitude.
8
A notre jury de thèse,
Madame Christine MARCHAL‐SIXOU
‐Maître de Conférences des Universités, Praticien Hospitalier d’Odontologie,
‐Docteur en Chirurgie Dentaire,
‐Spécialiste qualifié en Orthopédie Dento‐Faciale,
‐D.E.A. d’Ethique Médicale et Biologique,
‐Diplôme Universitaire de Recherche Clinique en Odontologie (D.U.R.C.O.)
‐Diplôme d’Odontologie Légale et Ethique (D.U.O.L.E.),
‐Doctorat de l’Université Paris Descartes mention : Ethique Médicale et Biologique.
Nous vous remercions d’avoir inspiré ce sujet de thèse et de nous avoir guidé
avec gentillesse, patience et compétence. Ce fut pour nous un grand honneur.
Veuillez trouver ici, le témoignage de notre reconnaissance et l’assurance de
toute notre gratitude.
9
A notre jury de thèse,
Monsieur Olivier HAMEL
‐Maître de Conférences des Universités, Praticien Hospitalier d’Odontologie,
‐Vice‐Doyen de la Faculté de Chirurgie Dentaire de Toulouse,
‐Chef de Service du Service d’Odontologie – Hôtel Dieu, Pôle Odontologie du C.H.U.,
‐Responsable de la sous‐section "Prévention, Epidémiologie, Economie de la Santé,
Odontologie Légale",
‐Enseignant‐chercheur au Laboratoire d’Ethique Médicale et de Médecine Légale
de la Faculté de Médecine de l’Université Paris Descartes (EA 4569),
‐Docteur en Chirurgie Dentaire,
‐Diplôme d’Etudes Approfondies en Ethique Médicale et Biologique,
‐Docteur de l’Université Paris Descartes.
Vous m’avez fait l’honneur d’accepter de me guider dans mon travail. C’est
avec beaucoup d’investissement et de sérieux que vous avez dirigé cette
thèse. J’ai pu apprécier dans la précision de vos corrections tout le
dévouement et les efforts consentis pour donner à ce travail ce qu’il a de
qualité. Pour votre infinie patience, recevez en ces quelques mots
l’expression de ma plus profonde gratitude.
10
A notre jury de thèse,
Monsieur Karim NASR
‐Maître de Conférences des Universités, Praticien Hospitalier d’Odontologie,
‐Docteur en Chirurgie Dentaire,
‐Lauréat de l’Université Paul Sabatier.
Je suis très reconnaissant pour la spontanéité avec laquelle vous avec
accepté de siéger à ce jury. Vous m’avez transmis votre savoir toujours avec
enthousiasme.
Soiyez assuré de mon profond respect.
11
A notre jury de thèse,
Monsieur Bertrand ARCAUTE
‐Assistant hospitalo‐universitaire d’Odontologie,
‐Docteur en Chirurgie Dentaire,
‐Master 1 «Biosanté», mention : Anthropologie
Pour l’honneur et le plaisir de votre présence au sein de ce jury.
12
TABLE DES MATIERES
Table des matières
Introduction ........................................................................................................ 17
I. Généralités sur l’Orthopédie Dento‐Faciale (ODF) ............................ 18
1. Définition ........................................................................................................................................... 18
2. Examen clinique du patient ...................................................................................................... 19
2.1 Examen clinique exo‐buccal .......................................................................................................... 19
2.1.1 Examen clinique exo‐buccal de face ....................................................................................... 19
2.1.2 Examen clinique exo‐buccal de profil .................................................................................... 20
2.2 Examen clinique endo‐buccal ....................................................................................................... 21
2.2.1 Examen arcades séparées ........................................................................................................... 21
2.2.1.1 Examen des tissus mous endo‐buccaux ............................................................................ 21
2.2.1.2 La formule dentaire .................................................................................................................... 21
2.2.1.2.1 Position ........................................................................................................................................ 21
2.2.1.2.2 Forme ........................................................................................................................................... 21
2.2.2 Examen des arcades en occlusions ......................................................................................... 22
2.2.2.1 Sens sagittal ................................................................................................................................... 22
13
2.2.2.2 Sens vertical .................................................................................................................................. 23
2.2.2.3 Sens transversal ........................................................................................................................... 23
2.3 Examen fonctionnel ........................................................................................................................... 24
2.3.1 La ventilation .................................................................................................................................... 24
2.3.2 La déglutition .................................................................................................................................... 24
2.3.3 La phonation ..................................................................................................................................... 25
2.3.4 La mastication .................................................................................................................................. 26
3. Indications de traitement ................................................................................................ 26
3.1 Anomalies dentaires ......................................................................................................................... 26
3.1.1 Les anomalies de nombre ........................................................................................................... 26
3.1.2 Les anomalies de forme ............................................................................................................... 27
3.1.3 Les anomalies de taille ................................................................................................................. 28
3.1.4 Les anomalies d’éruption ............................................................................................................ 28
3.1.5 Les anomalies de situation ......................................................................................................... 28
3.1.6 Les anomalies de position ........................................................................................................... 28
3.1.7 La dysharmonie dento‐dentaire ............................................................................................... 29
3.1.8 La dysharmonie dento‐maxillaire ........................................................................................... 29
3.2 Les anomalies alvéolaires ............................................................................................................... 30
3.2.1 Les anomalies du sens sagittal .................................................................................................. 30
3.2.2 Les anomalies du sens vertical ................................................................................................. 31
3.2.3 Les anomalies du sens transversal .......................................................................................... 31
3.2.3.1 L’endo‐alvéolie ............................................................................................................................. 31
3.2.3.1.1 L’endo‐alvéolie maxillaire ................................................................................................... 31
3.2.3.1.2 L’endo‐alvéolie mandibulaire ............................................................................................ 32
3.2.3.2 L’exo‐alvéolie ................................................................................................................................ 32
3.3 Les anomalies basales ...................................................................................................................... 32
3.3.1 Les anomalies du sens sagittal .................................................................................................. 32
3.3.1.1 Les anomalies de classe II ....................................................................................................... 32
3.3.1.1.1 Les anomalies de classe II.1 ................................................................................................ 32
3.3.1.1.1.1 Les anomalies de classe II.1 face longue .................................................................... 33
3.3.1.1.1.2 Les anomalies de classe II.1 face courte .................................................................... 34
3.3.1.1.2 Les anomalies de classe II.2 ................................................................................................ 34
14
3.3.2 Les anomalies du sens sagittal de classe III ........................................................................ 35
3.3.2.1 Les anomalies de classe III par brachygnathie ............................................................... 36
3.3.2.2 Les anomalies de classe III par prognathie mandibulaire ......................................... 37
3.3.3 Les anomalies du sens vertical ................................................................................................ 37
3.3.3.1 L’excès vertical ............................................................................................................................. 38
3.3.3.2 L’insuffisance verticale ............................................................................................................. 39
3.3.4 Les anomalies du sens transversal .......................................................................................... 40
3.3.4.1 Au maxillaire ................................................................................................................................. 40
3.3.4.2 A la mandibule .............................................................................................................................. 40
3.3.5 Les latérognathies .......................................................................................................................... 41
4. Traitement orthodontique .............................................................................................. 42
4.1 Le traitement orthopédique .......................................................................................................... 42
4.2 Le traitement orthodontique multibague ................................................................................ 43
4.3 Le traitement en 2 phases ............................................................................................................. 43
4.4 Age du traitement ............................................................................................................................... 44
4.4.1 Les différentes phases de croissance ..................................................................................... 44
4.4.2 Anomalie du sens transversal ................................................................................................... 45
4.4.3 Anomalie du sens vertical ........................................................................................................... 46
4.4.3.1 Infraclusion .................................................................................................................................... 46
4.4.3.2 Supraclusion .................................................................................................................................. 46
4.4.4 Anomalie du sens antéro‐postérieur ...................................................................................... 47
4.4.4.1 La Classe II ..................................................................................................................................... 47
4.4.4.2 La Classe III ................................................................................................................................................................ 48
II. RESUME DE LA RECHERCHE ...................................................................... 49
III. JUSTIFICATIF SCIENTIFIQUE ................................................................... 50
1. ETAT ACTUEL DES CONNAISSANCES ............................................................................. 50
15
2. LES DIFFERENTS INDICES ORTHODONTIQUES ......................................................... 50
3. L’IOTN ..................................................................................................................................... 55
3.1 La composante esthétique ou Aesthetic Component (AC) ............................................... 55
3.2 La composante de santé dentaire ou Dental Health Component (DHC) .................... 59
3.3 La règle de la composante de santé dentaire ......................................................................... 62
3.4 Exemple d’utilisation de la composante de santé dentaire (DHC) ................................ 63
3.4.1 Dents absentes ................................................................................................................................. 63
3.4.1.1 Inclusion .......................................................................................................................................... 63
3.4.1.2 Agénésie .......................................................................................................................................... 64
3.4.1.3 Dent enclavée ................................................................................................................................ 64
3.4.2 Surplomb ............................................................................................................................................ 65
3.4.2.1 Surplomb positif .......................................................................................................................... 66
3.4.2.2 Surplomb négatif sans difficultés de mastication et d’élocution ........................... 66
3.4.2.3 Surplomb négatif avec difficultés de mastication et d’élocution ........................... 67
3.4.3 Occlusion croisée ........................................................................................................................ 67
3.4.4 Déplacement du point de contact ............................................................................................ 67
3.4.5 La supraclusion et l’infraclusion .............................................................................................. 68
3.4.6 L’occlusion des secteurs latéraux ............................................................................................ 69
IV. OBJECTIFS ...................................................................................................... 70
1. OBJECTIF PRINCIPAL ......................................................................................................... 70
2. OBJECTIFS SECONDAIRES ................................................................................................. 70
V. CONCEPTION DE LA RECHERCHE ............................................................ 71
1. SCHEMA / METHODES ....................................................................................................... 71
2. EXAMINATEURS ................................................................................................................... 71
VI. CRITERES D’ELIGIBILITE .......................................................................... 72
16
1. CRITERES D’INCLUSION .................................................................................................... 72
2. CRITERES DE NON INCLUSION ........................................................................................ 72
3. MODALITE DE RECRUTEMENT ....................................................................................... 72
VII. CRITERES D’EVALUATION ...................................................................... 73
1. Echelle hiérarchique .......................................................................................................... 73
2. Evaluation des besoins ..................................................................................................... 73
3. Evaluation de la fiabilité ................................................................................................... 75
VIII. PROTOCOLE ............................................................................................... 76
Conclusion ........................................................................................................... 81
Bibliographie ...................................................................................................... 82
17
Introduction
L’orthopédie dento‐faciale est une discipline très spécialisée où la volonté d’un
traitement par le patient qui le sollicite et le praticien qui dispense le soin peuvent
révéler d’une motivation différente.
Pour le patient l’esthétique sera le facteur motivant une consultation. Pour le
praticien, la présence d’anomalies orthodontiques justifie la mise en place d’un
traitement.
L’objectif de cette thèse est de proposer un protocole pour évaluer les besoins de
mettre en place un traitement orthodontique chez les patients d’une population
donnée.
Plusieurs indices orthodontiques d’évaluation de ces besoins furent créés au cours
des 40 dernières années. L’indice retenu pour l’élaboration du protocole est l’Index of
Orthodontic Treatment Need (IOTN) pour sa facilité d’utilisation et sa
reproductibilité.
18
I. Généralités sur l’Orthopédie Dento‐Faciale (ODF)
1. Définition
L’orthopédie dento‐faciale est la partie de la médecine bucco‐dentaire consacrée à
l’étude et au traitement des troubles liés aux anomalies de la forme des mâchoires et
de la position des dents. (Ordre des chirurgiens dentistes).
Cette discipline permet le traitement des malformations maxillo‐dento‐faciales, elle
consiste à rétablir un équilibre fonctionnel, restaurer une bonne fonction masticatrice
et aider à prévenir les maladies des dents et de leur support. (Société française
d’orthopédie dento‐faciale).
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) la thérapeutique en général a pour
but :
‐ de diminuer les handicaps
‐ d’amener le patient vers un état de bien être
‐ d’augmenter les chances du patient de durabilité fonctionnelle et tissulaire.
‐ de permettre l’adaptation à toutes les modifications futures.
Cette définition s’applique à l’orthopédie dento‐faciale car elle a pour but (1):
‐ d’améliorer l’esthétique faciale, les fonctions masticatoires et les fonctions oro‐
faciales.
‐ de permettre de rétablir une occlusion équilibrée et un positionnement lingual
correct et ainsi éviter des désordres cranio‐mandibulaires.
‐ de permettre une amélioration de l’hygiène bucco‐dentaire.
‐ de stabiliser les dents soumises aux forces occlusales.
L’ODF a donc pour objectif l’établissement :
‐ de contacts dento‐dentaires corrects pour assurer la fonction masticatoire
‐ d’une occlusion fonctionnelle et statique non pathogène
‐ de facteurs assurant un déroulement normal des fonctions oro‐faciales
19
‐ d’un équilibre musculaire de l’appareil manducateur
‐ de la protection de l’articulation temporo‐mandibulaire
‐ d’une esthétique acceptable par le patient
‐ de la pérennisation des résultats.
2. Examen clinique du patient
2.1 Examen clinique exo‐buccal
L’examen de la face a pour but d’observer l’esthétique du patient et d’identifier les
anomalies qui peuvent altérer l’harmonie du visage.
Cet examen va permettre d’évaluer ou d’identifier la symétrie du visage, l’égalité des
étages de la face, le sourire, la musculature faciale ainsi que l’état de surface des
téguments. (2)
2.1.1 Examen clinique exo‐buccal de face
Le patient est debout et le praticien assis en face de lui pour l’enfant ; patient debout
et praticien debout pour l’adulte.
Cet examen prend en compte les tissus mous de la face. Le but de cet examen est de
rechercher une éventuelle dissymétrie.
Au cours de cet examen on doit évaluer :
‐ la symétrie du visage par rapport au plan sagittal médian
‐ l’égalité des trois étages faciaux (trichion‐ophryon, ophryon‐point sous nasal,
point sous nasal‐menton).
‐ le parallélisme entre les plans de Francfort cutané, plan bi‐pupillaire et le plan
d’occlusion.
20
2.1.2 Examen clinique exo‐buccal de profil
Cet examen se fait toujours en position de repos. Son but est d’évaluer le profil sous
nasal du patient.
La position du menton va être évaluée selon le plan de Simon (perpendiculaire au
plan de Francfort cutané passant par le point sous orbitaire) et le plan de Izard
(perpendiculaire au plan de Francfort cutané passant par la glabelle). Le menton doit
se positionner entre ces 2 lignes et on parle alors de profil ortho‐frontal (3).
L’examen de profil doit permettre d’évaluer également :
‐ l’angle naso‐labial (102° chez les garçons et les filles) (4).
‐ l’angle naso‐frontal (131° chez les garçons et 134° chez les filles) (5).
‐ l’angle goniaque (140° chez l’enfant et 120° chez l’adulte).
‐ La position des lèvres par rapport aux lignes fictives S de Steiner (relie le
pogonion cutané au milieu de la limite inférieure du nez. Les 2 lèvres doivent
affleurer cette ligne), Z de Tweed (du pogonion cutané et tangente à la lèvre la
plus proéminente. La ligne doit affleurer la pointe du nez) et la ligne E de Ricketts
(joint le pogonion cutané à la pointe du nez). Statistiquement la lèvre la lèvre
inférieure est à 0mm +/‐ 2mm chez l’enfant de 9 ans mais est postérieure de 2
mm en fin de croissance.
‐ le volume de la pyramide nasale et du menton.
‐ l’égalité des étages entre le point sous‐nasal/lèvre supérieure, épaisseur
bilabiale, lèvre inférieure/sillon labio‐mentonnier, sillon labio‐
mentonnier/menton (valable seulement pour la typologie caucasienne).
21
2.2 Examen clinique endo‐buccal
L’examen endobuccal permet l’étude de la denture et des tissus mous de la cavité
buccale. Il permet aussi de déterminer si l’hygiène bucco‐dentaire et l’état du
parodonte sont compatibles avec le traitement orthodontique (6).
2.2.1 Examen arcades séparées
2.2.1.1 Examen des tissus mous endo‐buccaux
L’examen des tissus mous apprécie :
‐ l’état des muqueuses et du parodonte
‐ la longueur la position et la texture des freins labiaux ou lingual
‐ la présence de brides, cicatrices ou tissus hyperplasiques
‐ l’oro‐pharynx
‐ la position linguale au repos, sa taille et sa forme
2.2.1.2 La formule dentaire
Elle permet de connaître le nombre et le type de dents présentes, la concordance
entre l’âge civil du patient et son âge dentaire. (7)
2.2.1.2.1 Position
On peut apprécier certaines anomalies :
‐ l’ectopie dentaire
‐ la dent en ré‐inclusion
2.2.1.2.2 Forme
Les anomalies de forme peuvent être de 2 types : acquises ou génétiques.
22
Les anomalies de forme acquises sont souvent dues à des parafonctions, mais elles
peuvent aussi être la conséquence de traumatismes. (Exemple : intrusion ou luxation
latérale d’une dent temporaire entrainant la lésion du germe sous‐jacent).
Les anomalies de forme génétiques interviennent de manière héréditaire ou
accidentelle lors de la formation de lame dentaire ; on peut avoir une fusion ou une
division du germe. On parle alors de fusion ou de gémination.
La géminition est une division plus ou moins complète d’un germe dentaire au niveau
de la couronne et qui peut s’étendre jusqu’aux racines.
La fusion est l’union de deux dents par coalescence de deux germes dentaires. Il
existe deux types de fusion :
‐ dents d’une même lignée (deux dents temporaires ou deux dents permanentes)
‐ fusion de deux dents de lignées différentes (une dent temporaire et une dent
permanente) on parle alors de fusion diphtongue.
2.2.2 Examen des arcades en occlusions
L’examen des arcades en occlusion se fait dans les trois sens de l’espace :
‐ sagittal
‐ vertical
‐ transversal
2.2.2.1 Sens sagittal
Les rapports dentaires molaires sont appréciés par la classification d’Angle qui
permet de définir la position des arcades dentaires dans le sens antéro‐postérieur. La
référence est constituée par la position de la cuspide mésio‐vestibulaire de la
première molaire maxillaire qui, en occlusion, vient s’appliquer dans le sillon
vestibulaire de la première molaire mandibulaire (7).
Cette classification est cependant complétée par la description de la position des
canines et des incisives permanentes.
23
On distingue trois classes :
‐ la classe I correspond à la normalité, la pointe cuspidienne de la canine maxillaire
est dans l’embrasure entre canine et première prémolaire inférieure, les incisives
centrales maxillaires sont au contact du bord occlusal des incisives centrales
mandibulaires avec des axes normaux.
‐ la classe II se caractérise par une distocclusion de la première molaire
mandibulaire et comprend deux divisions en fonctions de l’axe des incisives
maxillaires. La classe II.1 se manifeste par une vestibuloversion des incisives et la
classe II.2 par une linguoversion.
‐ la classe III se définit par la mésiocclusion des molaires et des canines.
L’examen des arcades en occlusion va permettre d’évaluer le surplomb incisif dont la
valeur normale est de 2mm.
2.2.2.2 Sens vertical
Le rapport vertical évalue le recouvrement des incisives centrales mandibulaires par
les incisives centrales maxillaires. Le recouvrement vertical normal est de 2mm.
Si on a une diminution, on parlera alors d’infraclusion. Si on une augmentation, on
parlera de supraclusion.
2.2.2.3 Sens transversal
Les dysmorphoses du sens transversal correspondent aux anomalies observées dans
le plan frontal. Elles se traduisent par des malocclusions vestibulo‐linguales au niveau
des secteurs latéraux et une déviation des milieux inter‐incisifs.
Ces anomalies peuvent être maxillaire ou mandibulaire, basale ou alvéolaire. Elles
proviennent d’une diminution ou d’une augmentation du diamètre du sens
transversal du maxillaire ou de la mandibule.
24
Pour une diminution du diamètre transversal on parle d’endognathie si l’anomalie est
basale et d’endoalvéolie si l’anomalie alvéolaire. De même, si on a une augmentation
du diamètre du sens transversal on parlera d’exognathie et d’exoalvéolie.
2.3 Examen fonctionnel
Cet examen concerne les fonctions de ventilation, phonation, déglutition, mastication
et posture. Il consiste à faire le bilan des praxies orofaciales.
Le patient peut exprimer un besoin de traitement en orthodontie pour des difficultés
à mastiquer ou à parler (8).
Cet examen doit repérer le déroulement anormal des fonctions et les tics (succion
digitale, tic de mordillement des joues, bruxisme et interposition labiale entre les
deux arcades) (7).
2.3.1 La ventilation
L’examen de la ventilation reste centré sur la sphère ORL, le patient doit
normalement respirer par le nez. La respiration buccale n’étant qu’une respiration de
suppléance lors de l’effort physique. La respiration buccale permanente est anormale,
elle peut être liée à une hyperplasie des tissus lymphoïdes, une diminution de la
perméabilité nasale (hypertrophie des cornets, rhinite allergique entraînant une
hypertrophie des muqueuses nasales) ou une anomalie anatomique à l’origine d’une
interposition linguale entre les deux arcades dentaires (frein lingual trop court).
2.3.2 La déglutition
A la naissance, la déglutition se déroule selon un mode de succion‐déglutition. Le
nouveau‐né déglutit avec la langue interposée entre les arcades, lèvres serrées. A ce
stade de déglutition infantile c’est le contact entre les deux lèvres qui commande le
réflexe de déglutition.
25
Chez l’adulte, l’arcade est en occlusion voire en position d’intercuspidation maximale.
Les muscles masticateurs se contractent pour stabiliser la mandibule en occlusion.
Ensuite il y a élévation et protraction de la langue dont la pointe s’applique sur la
région rétro‐incisive. Puis se fait une obturation vers l’arrière des fosses nasales et de
la trachée. Et enfin, on observe un arrêt de la respiration quand le bol alimentaire
passe dans l’œsophage.
Chez le nouveau né, il y a respiration en même temps que la déglutition.
Avant de devenir une déglutition adulte il y a une phase de transition, de 4 ans jusqu’à
10 ans en moyenne.
La phase de transition correspond à un mode de déglutition très variable. C’est une
déglutition atypique (non physiologique).
Rix et Ballard ont proposé une classification des déglutitions atypiques:
1. arcades en occlusion avec poussée linguale antérieure. Si le patient a une lèvre
inférieure tonique, on aboutit à une infraclusion. Si il a une lèvre hypotonique on a
une infraclusion plus une vestibuloversion des incisives.
2. Arcades en inocclusion avec poussée linguale antérieure. Il n’y aura pas
d’infraclusion mais une vestibuloversion des incisives d’autant plus sévère que les
orbiculaires ont peu de tonicité.
3. Arcades en occlusion et la langue en position haute et distale. Il y aura une
hyperstimulation de l’arcade supérieure qui va aboutir à une rétroalvéolie supérieure
et inférieure, et à une supraclusion d’autant plus importante qu’il y a contraction des
lèvres et des muscles mentonniers.
2.3.3 La phonation
La phonation est directement liée à la position linguale au repos et en fonction. Elle
est sous la dépendance de la morphologie linguale et de l’anatomie environnante. Elle
26
peut être rééduquée dans la mesure où le cadre environnemental est correct (10). Les
anomalies de la phonation peuvent être causées par des problèmes de ventilation
et/ou de déglutition.
2.3.4 La mastication
La mastication normale est unilatérale alternée.
La malocclusion est source de traumatismes occlusaux et perturbe le fonctionnement
de l’appareil manducateur.
Le diagnostic précoce d’un trouble de la mastication se fait par l’observation des
angles fonctionnels de Planas (9). Quand ils sont inégaux, il faut intervenir de façon
précoce car cela peut aboutir à des abrasions de denture d’un côté. A plus long terme,
la langue va se positionner de façon asymétrique créant une dissymétrie.
3. Indications de traitement
On ne traite que les anomalies qui provoquent un handicap (psychique, esthétique ou
fonctionnel) ou qui constituent un risque potentiel de survenue de ce handicap.
Ces anomalies sont susceptibles de porter atteinte au développement harmonieux de
la face ou des arcades, d’exposer les dents aux traumatismes, de favoriser les lésions
parodontales, d’entraîner des troubles articulaires et de nuire aux fonctions oro‐
faciales.
Il est admis que le bon alignement des dents favorise le maintien d’une bonne hygiène
dentaire propice à assurer la prophylaxie des caries dentaires et des
parodontopathies d’une part et le fonctionnement harmonieux de l’articulation
temporo‐mandibulaire d’autre part.
3.1 Anomalies dentaires
3.1.1 Les anomalies de nombre
Les anomalies de nombre peuvent être par défaut ou par excès.
27
Par défaut : c’est l’agénésie qui est la diminution numérique (vient du grec qui veut
dire absence de génération). L’agénésie peut aller de une à six dents ; au‐delà on
parlera de d’oligodontie ou d’anodontie qui est une absence totale de dents
permanentes. Les agénésies des dents temporaires sont très rares, il faut d’abord
penser à une fusion plutôt qu’à une agénésie.
Par excès : ce sont les dents surnuméraires. Le plus souvent, un germe dentaire plus
ou moins dysmorphique est en surnombre sur l’arcade maxillaire ou mandibulaire.
Lorsque la dent surnuméraire est semblable à son homologue, il faudra observer
minutieusement la couronne et la racine (longueur, forme, position) afin de
déterminer quelle sera la dent à extraire pour intégrer les critères occlusaux et
esthétiques.
3.1.2 Les anomalies de forme
Les anomalies de morphologie dentaire peuvent être à l’origine de malposition
dentaire, de dent retenue ou de dysmorphose. Elles peuvent être uniques ou
multiples, unilatérales ou bilatérales, symétriques ou dissymétriques.
On retrouve : ‐ le nanisme (touche surtout les incisives latérales, on parle de dent
riziforme).
‐ la gémination d’une dent lactéale ou permanente, qui peut aller de la
couronne jusqu’à la racine.
‐ la fusion de deux dents voisines.
‐ la dens in dente de l’incisive centrale supérieure.
‐ l’hypertrophie cingulaire (incisive pour la plupart, au niveau de la première
molaire on parle de tubercule de Carabelli)
‐ le gigantisme coronographique.
28
3.1.3 Les anomalies de taille
On distingue la macrodontie et la microdontie.
Macrodontie : c’est l’augmentation du volume des dents. Elle peut être localisée à une
dent ou s’étendre à un groupe de dents, ou encore toucher toute la denture. Ce sont
les incisives centrales qui sont le plus touchées.
Microdontie : c’est la réduction du volume des dents. Comme la macrodontie, elle
peut être localisée à une dent ou s’étendre sur un groupe de dent voire à toute la
denture.
3.1.4 Les anomalies d’éruption
Les anomalies d’éruption peuvent être dues à :
‐ un traumatisme entravant le processus d’éruption ou entraînant une ankylose.
‐ des lésions pathologiques infectieuses ou tumorales.
‐ des anomalies anatomiques radiculaires (racines courbes, en S, en Z, en
baillonette)
3.1.5 Les anomalies de situation
Transposition : interversion dans la position normale de deux dents, qui peut être
complète ou partielle. La transposition touche surtout les canines.
Hétérotypie : on parle d’hétérotypie lorsqu’une dent est positionnée loin de son site
normal d’éruption.
3.1.6 Les anomalies de position
Mésioposition et distoposition : dent dont l’axe longitudinal est parallèle à
l’orientation physiologique et positionnée en mésial ou en distal par rapport à sa
position physiologique.
29
Une dent en linguoposition et en vestibuloposition : dent dont l’axe longitudinal est
parallèle à l’orientation physiologique et en position vestibulaire ou linguale.
La rotation axiale : rotation de la dent autour de son grand axe.
La version : inclinaison anormale de la dent selon son grand axe. La version peut être
vestibulaire, linguale, mésiale ou distale.
3.1.7 La dysharmonie dento‐dentaire
La dysharmonie dento‐dentaire ou DDD est le rapport entre les dimensions
mésiodistales des dents supérieures et inférieures. Elle résulte d’un polymorphisme
de variété clinique qui touche la forme et la taille des dents. Elle touche surtout le bloc
incisivo‐canin.
L’évaluation de la dysharmonie entre les deux arcades dentaires se fait par le calcul
de l’indice Bolton.
L’indice de Bolton se calcule en faisant le rapport entre la somme des diamètres
mésio‐distaux des dents mandibulaires et la somme des diamètres mésio‐distaux des
dents maxillaires (11).
On parle d’indice global quand on prend en compte les dents de la première molaire à
l’autre première molaire ; et d’indice antérieur quand on ne tient compte que des six
dents antérieures.
3.1.8 La dysharmonie dento‐maxillaire
La dysharmonie dento‐maxillaire ou DDM correspond à la disproportion entre le
diamètre des dents et le périmètre d’arcade correspondant.
Un des signes de la DDM est l’encombrement dentaire.
Cette dysharmonie est due à une indépendance génétique et physiologique de
l’évolution de la dent et de l’arcade dentaire correspondante.
30
La DDM peut être par excès lorsque la somme des diamètres mésio‐distaux est plus
importante que le périmètre d’arcade.
Elle peut être aussi par défaut lorsque la somme des diamètres mésio‐distaux des
dents est plus faible que le périmètre d’arcade.
La DDM peut être antérieure, latérale ou postérieure.
3.2 Les anomalies alvéolaires
3.2.1 Les anomalies du sens sagittal
On distingue deux types d’anomalies : la pro‐alvéolie et la rétro‐alvéolie.
La pro‐alvéolie est une anomalie du sens antéro‐portérieur qui se localise au niveau
des incisives maxillaires et mandibulaires. Elle se caractérise par une inclinaison
vestibulaire augmentée.
La pro‐alvéolie maxillaire se manifeste par une prochéïlie supérieure pouvant être
associé à une interposition labiale inférieure entre les deux arcades et des diastèmes
inter‐dentaires. On note aussi une augmentation de la convexité faciale.
La pro‐alvéolie mandibulaire se caractérise par une prochéïlie inférieure pouvant
être associé à une occlusion antérieure inversée et des diastèmes inter‐dentaires.
La rétro‐alvéolie est une anomalie du sens antéro postérieur qui se localise au niveau
des incisives mandibulaires et maxillaires. Elle se caractérise par une inclinaison
linguale augmentée des incisives.
La rétro‐alvéolie maxillaire se manifeste par une rétro‐chéilie maxillaire, un profil
avec une convexité diminuée, un encombrement dentaire et parfois un articulé
inversé antérieur.
La rétro‐alvéolie mandibulaire se manifeste par une rétro‐chéilie inférieure et parfois
un encombrement dentaire antérieur.
Lorsque les deux arcades sont atteintes on parle de bipro‐alvéolie ou de birétro‐
alvéolie.
31
3.2.2 Les anomalies du sens vertical
On distingue deux anomalies : la supraclusion et l’infraclusion.
La supraclusion est une anomalie alvéolo‐dentaire du sens vertical, localisée au
secteur antérieur qui se caractérise par un excès de recouvrement (supérieur à
3mm). Elle peut être uni ou bimaxillaire et concerner deux, quatre incisives ou tout le
bloc incisivo‐canin. La localisation maxillaire ou mandibulaire se détermine par la
position des bords incisifs par rapport à la ligne d’occlusion.
L’infraclusion est une anomalie du sens vertical localisée au secteur antérieur ou
latéral.
L’infraclusion antérieure se caractérise par une diminution ou une absence de
recouvrement antérieur. Elle peut s’étendre jusqu’au canine.
L’infraclusion latérale se caractérise par une absence de contact en inter‐cuspidation
au niveau des dents cuspidées et avec un contact incisif.
3.2.3 Les anomalies du sens transversal
Les dysmorphoses du sens transversal correspondent aux anomalies observées dans
le plan frontal. Elles se traduisent par des malocclusions vestibulo‐linguales, d’origine
alvéolaire, au niveau des secteurs latéraux, une déviation des milieux inter‐incisifs et
une asymétrie plus ou moins marquée du visage. Elles peuvent être maxillaires ou
mandibulaires, symétriques ou asymétriques et peuvent entrainer des anomalies
cinétiques (latérodéviation).
3.2.3.1 L’endo‐alvéolie
L’endo‐alvéolie :
Elle peut être maxillaire ou mandibulaire.
3.2.3.1.1 L’endo‐alvéolie maxillaire
L’endo‐alvéolie maxillaire est une anomalie du sens transversal se traduisant par une
inclinaison linguale d’un ou des deux secteurs latéraux.
32
L’endo‐alvéolie symétrique :
Avec linguoclusion unilatérale, la latérodéviation est systématique on parle de
syndrome de Cauhépé et Fieux (12).
Avec linguoclusion bilatérale, la latérodéviation est rare. Il est difficile de différencier
cette anomalie avec une endognathie maxillaire.
L’endo‐alvéolie asymétrique :
Avec linguoclusion unilatérale, sans latérodéviation dû à un développement
asymétrique du maxillaire n’entrainant pas de troubles cinétiques de l’occlusion.
3.2.3.1.2 L’endo‐alvéolie mandibulaire
Elle est très rare, et se traduit par une linguo‐version des secteurs latéraux
mandibulaires. Elle peut aller jusqu’à l’inocclusion latérale totale dans les cas sévères.
3.2.3.2 L’exo‐alvéolie
C’est une anomalie alvéolaire qui se traduit par une augmentation du diamètre
transversal avec une inclinaison vestibulaire des secteurs latéraux. Souvent localisée
à une ou deux dents. Elle est rarement totale et on parle alors de syndrome de Brodie
(13).
Le diagnostic différentiel entre exo‐alvéolie supérieure et endo‐alvéolie inférieure se
fait en fonction de la taille des maxillaires.
3.3 Les anomalies basales
Ces anomalies ne concernent que les bases osseuses.
3.3.1 Les anomalies du sens sagittal
3.3.1.1 Les anomalies de classe II
3.3.1.1.1 Les anomalies de classe II.1
La classe II.1 est caractérisée par une classe II dentaire, une vestibuloversion des
incisives maxillaires et un surplomb augmenté.
33
Le diagnostic céphalométrique de la classe II se fait essentiellement en appréciant la
position antéro‐postérieure des points A et B par l’angle ANB qui sera augmenté
(>4°). Sa localisation mandibulaire ou maxillaire se fait par la mesure de l’angle SNA.
L’angle SNA sera augmenté (>82°) pour une localisation maxillaire. L’angle SNB sera
diminué pour une localisation mandibulaire (< 80°).
Dans le cas des classes II.1 avec une dimension verticale normale, on note très peu
d’altération de la cinématique mandibulaire et donc peu de répercussion sur les ATM.
En revanche, lorsque la dimension est très augmentée, il y a un proglissement
mandibulaire qui sollicite fortement l’articulation.
3.3.1.1.1.1 Les anomalies de classe II.1 face longue
A l’examen clinique exo‐buccal, on constate :
‐ une face étroite
‐ un étage inférieur de la face diminué
‐ un profil convexe
‐ une béance labiale au repos
‐ un angle goniaque ouvert
‐ un menton petit et fuyant
L’examen clinique endo‐buccal nous montre :
‐ une arcade supérieure en V
‐ une classe II molaire et canine
‐ un surplomb augmenté
L’analyse de la téléradiographie de profil révèle :
‐ un angle goniaque ouvert
‐ un FMA augmenté
‐ un angle facial diminué
‐ une hauteur faciale antérieure augmentée
34
‐ un angle ANB augmenté (si promaxillie : SNA augmenté, SNB normal et ANB
augmenté. Si rétromandibulie : SNA normal, SNB diminué et ANB augmenté. Si
origine mixte : SNA augmenté, SNB diminué et ANB augmenté)
3.3.1.1.1.2 Les anomalies de classe II.1 face courte
A l’examen clinique exo‐buccal, on observe :
‐ une face courte et carrée
‐ un étage inférieur diminué
‐ une inocclusion labiale au repos
‐ un sillon labio mentonnier marqué
‐ un profil convexe
L’examen clinique endo‐buccal montre :
‐ une supracclusion antérieure
‐ une classe II molaire et canine
‐ un surplomb augmenté
L’analyse de la téléradiographie de profil révèle :
‐ un angle goniaque fermé
‐ un FMA diminué
‐ un angle ANB augmenté
3.3.1.1.2 Les anomalies de classe II.2
La classe II.2 se définit par une classe II dentaire, une supraclusion antérieure et une
linguoversion des incisives maxillaire.
On retrouve une rétrognathie mandibulaire. C’est une pathologie héréditaire.
Il existe trois types de classe II.2 :
‐ linguoversion des incisives centrales supérieures et une position normale des
incisives latérales.
‐ linguoversion des quatre incisives qui peuvent entrainer une ectopie des canines
voire une inclusion.
35
‐ l’arcade mandibulaire vient s’encastrer dans l’arcade maxillaire, on parle alors
d’occlusion en « couvercle de boite ».
Dans les trois cas on retrouve une supraclusion pouvant aller jusqu’à la morsure
palatine.
A l’examen exo‐buccal on note :
‐ une typologie brachyfacial (une face courte, un étage inférieur diminué et une
face de forme carrée)
‐ des lèvres fines et une musculature péri‐orale tonique
‐ profil sous‐nasal plat voire concave
‐ un angle goniaque fermé
‐ des muscles élévateurs toniques
A l’examen endo‐buccal, on note :
‐ un sourire gingival
‐ des facettes d’usure des faces palatines des incisives maxillaires et des faces
vestibulaires des incisives mandibulaires
‐ un recouvrement incisif augmenté
‐ un parodonte très résistant
‐ un surplomb diminué
‐ une classe II dentaire
L’analyse de la téléradiographie de profil révèle :
‐ un angle FMA diminué
‐ un angle ANB augmenté
La palpation au niveau de l’insertion des muscles temporaux peut être douloureuse.
3.3.2 Les anomalies du sens sagittal de classe III
Les anomalies de classe III ont en commun une classe III dentaire et rassemblent un
ensemble de dysmorphies maxillaires ou mandibulaires auxquelles des anomalies
occlusales peuvent être associées.
36
Il existe quatre étiologies (14):
‐ primaire héréditaire : la langue serait le facteur transmis de par sa forme, sa
position et sa fonction.
‐ secondaire avec une occlusion incisive inversée.
‐ une origine mixte liée à une brachygnathie maxillaire (associée à des canines
ectopiques ou incluses, une agénésie ou microdontie des incisives latérales, des
séquelles de fissures ou de fente palatine).
‐ une respiration buccale entrainant une langue basse et antérieure.
En résumé, tout ce qui peut contribuer à entraîner une position linguale basse et
antérieure est susceptible d’entrainer l’apparition d’une classe III basale.
Dans les formes cliniques, on distingue la brachygnathie maxillaire qui est un
hypodéveloppement du maxillaire, du prognathisme mandibulaire qui est un
hyperdéveloppement mandibulaire. Ces deux anomalies peuvent être associées.
Il faut surtout faire le diagnostic différentiel avec le proglissement par la manœuvre
de DENEVREZE (9).
3.3.2.1 Les anomalies de classe III par brachygnathie
L’examen clinique exo‐buccal, montre :
‐ une région nasale et génienne creuse
‐ une lèvre supérieure fine et rétruse
‐ un angle nasolabial ouvert
A l’examen clinique endo‐buccal on retrouve :
‐ une occlusion incisive inversée
‐ un encombrement antérieur maxillaire
‐ des canines maxillaires souvent incluses ou ectopiques
‐ une arcade mandibulaire normale
‐ un surplomb diminué voire négatif
‐ une classe III molaire
L’analyse de la téléradiographie de profil montre :
37
‐ un FMA normal ou diminué
‐ un angle SNA diminué
‐ un angle ANB diminué
Dans les formes sévères le maxillaire s’emboîte dans la mandibule.
3.3.2.2 Les anomalies de classe III par prognathie mandibulaire
L’examen clinique exo‐buccal, montre:
‐ une face longue
‐ un profil concave
‐ une progénie et prochéilie inférieure
A l’examen clinique endo‐buccal on retrouve :
‐ une DDM
‐ un articulé inversé antérieur
‐ une classe III molaire et canine
‐ un surplomb négatif
‐ un maxillaire et une mandibule quasi normaux. Mais la longueur de la branche
horizontale mandibulaire est augmentée et la branche montante est courte.
L’analyse de la téléradiographie de profil révèle :
‐ un angle SNA normal
‐ un angle SNB augmenté
‐ un angle ANB diminué
‐ un FMA augmenté
3.3.3 Les anomalies du sens vertical
Les bases osseuses et les arcades dentaires sont bien positionnées dans le sens
sagittal mais la dimension verticale est altérée soit par excès soit par défaut.
38
3.3.3.1 L’excès vertical
Les maxillaires ont eu un développement vertical excessif, ce qui peut avoir une
répercussion esthétique et fonctionnelle.
On peut constater à l’examen exo‐buccal :
‐ des narines étroites
‐ une face allongée
‐ des lèvres en inocclusion au repos avec des dents visibles
‐ une lèvre supérieure courte
‐ la possibilité d’une compensation alvéolaire verticale faisant apparaitre un
sourire gingival
‐ un profil cutané convexe
‐ un menton effacé
‐ un angle goniaque augmenté
‐ un ramus court
‐ une accentuation de l’échancrure sous mandibulaire
‐ un angle naso‐labial normal au repos mais augmenté si la lèvre supérieure est
contracté.
L’examen endo‐buccal nous montre :
‐ une arcade en V et étroite
‐ un encombrement dentaire inconstant
‐ un palais profond
‐ une inocclusion antérieure fréquente
‐ des gingivites et lésions parodontales malgré une hygiène correcte du fait de la
respiration buccale
L’examen céphalométrique va permettre de noter :
‐ une typologie de type rotation mandibulaire postérieure
‐ un FMA augmenté (> 30°)
‐ des angles GoGn/SN et Occl/SN augmentés
‐ des plans palatins et mandibulaires divergents
39
‐ une hauteur faciale inférieure augmentée (>50°)
‐ une encoche prégoniaque peu marquée
L’examen fonctionnel permet de constater une ventilation buccale ou mixte, une
déglutition avec interposition linguale et des muscles péri‐oraux hypotoniques.
L’interposition linguale et l’absence de contact incisif perturbent la cinématique
mandibulaire et peuvent entraîner des désordres cranio‐mandibulaires.
3.3.3.2 L’insuffisance verticale
L’insuffisance verticale se définit par des maxillaires avec un développement vertical
insuffisant.
A l’examen exo‐buccal, on retrouve chez ces patients :
‐ une face courte
‐ un visage large
‐ une mandibule carrée
‐ un étage inférieur diminué
‐ une lèvre supérieure qui recouvre toutes les incisives
‐ un profil plat voire concave
‐ un sillon labio‐mentonnier très marqué
‐ un angle goniaque fermé
A l’examen endo‐buccal, on peut voir :
‐ une supraclusion antérieure
‐ souvent une classe II
‐ une inclinaison linguale des secteurs latéraux mandibulaires fréquente
A l’examen céphalométrique, on note :
‐ une mesure du sens vertical diminué
‐ une typologie de type rotation antérieure
‐ un FMA diminué (<20°)
40
‐ des angles GoGN/SN et Occl/SN diminués
‐ une hauteur de l’étage inférieur diminuée (<44°)
‐ un parallélisme des plans bispinal et mandibulaire
‐ une encoche prégoniaque effacée
L’examen fonctionnel va montrer des muscles élévateurs très développés et une
musculature péri‐orale hypertonique.
Cette anomalie est souvent associée à un bruxisme.
3.3.4 Les anomalies du sens transversal
Ces anomalies se traduisent par une augmentation ou par une diminution du sens
transversal, elles peuvent être uni ou bilatérales.
3.3.4.1 Au maxillaire
Lorsqu’il y a une diminution de la base osseuse on parlera alors d’endognathie.
L’endognathie maxillaire symétrique s’accompagne d’une absence de latérodéviation.
On retrouve une voûte palatine étroite, un encombrement dentaire pouvant être à
l’origine d’une perturbation de la cinématique mandibulaire. La respiration buccale et
l’interposition linguale sont les étiologies retenues.
L’end‐ alvéolie avec une latéro‐déviation peut engendrer une endognathie unilatérale
si elle n’est pas prise en charge précocement.
Le diagnostic différentiel entre l’endo‐alvéolie bilatérale sans latérodéviation et
l’endognathie vraie se fera cliniquement (inclinaison des procès alvéolaires latéraux
dans l’endo‐alvéolie) et radiologiquement (téléradiographie de face).
3.3.4.2 A la mandibule
Cette anomalie est rare et liée à une anomalie de forme dans les cas sévères. Elle
s ‘accompagne d’un effondrement de l’étage inférieur de la face.
41
3.3.5 Les latérognathies
Salagnac défini la latérognathie comme étant : « une anomalie de forme ou de
dimension ou de volume affectant un ou deux cotés de la mandibule et
s’accompagnant le plus souvent, mais non obligatoirement, d’une déviation latérale
de la mandibule par rapport au plan de symétrie du visage » (15). Il propose une
classification basée sur :
‐ les latérodysmorphoses d’origine mandibulaire pure ou prédominante, liées à
une pathologie condylienne des muscles masticateurs, une latérogénie ou de
cause essentielle
‐ les latérodysmorphoses entrant dans le cadre d’une asymétrie faciale ou cranio‐
faciale ou cervico‐cranio‐faciale, liées aux grand syndromes malformatifs ou
d’origine congénitale, avec ou sans déviation du menton
‐ les latéro‐dysmorphoses secondaires à une pathologie dite de « voisinage », c’est
à dire à une lésion de tissus sous‐jacents ou à un dysfonctionnement de ces
structures.
L’examen exobuccal montre une déviation du menton ainsi qu’une obliquité du plan
bi‐commissural par rapport au plan bi‐pupillaire. L’examen endobuccal met en
évidence une obliquité du plan d’occlusion, une endocclusion du coté de la déviation
et une exocclusion du coté opposé. L’occlusion en relation centrée correspond à
l’occlusion en intercuspidation maximale.
Le diagnostic différentiel doit être effectué avec les latérodéviations. Les
latérodéviations sont des troubles fonctionnels soit d’origine occlusale, soit d’origine
articulaire ou soit d’origine musculaire.
Le diagnostic des latérognathies nécessite un examen radiologique complet
(orthopantomogramme, téléradiographie de face, de profil et axiale). On pourra
contater que les hémi‐arcades droite et gauche ne coïncident pas sur la
téléradiographie de profil.
42
4. Traitement orthodontique
Le traitement orthodontique se divise en deux parties en fonction de l’âge auquel il
s’applique (16,17) :
‐ le traitement dit orthopédique ou précoce chez l’enfant et l’adolescent.
‐ le traitement dit orthodontique multibague chez l’adulte.
On ne traite pas une anomalie pour elle‐même. On traite les anomalies qui entraînent
des handicaps. On traitera les anomalies susceptibles :
‐ de porter atteinte à la croissance de la face ou des arcades dentaires.
‐ de nuire aux fonctions orales et nasales.
‐ d’exposer les dents aux traumatismes.
Il faut prendre en considération les circonstances qui pourraient favoriser
l’apparition de lésions carieuses et parodontales ou de troubles articulaires.
4.1 Le traitement orthopédique
Chez l’enfant l’orthopédie dento‐faciale a pour but de favoriser une croissance
harmonieuse de la face et des mâchoires en aidant au bon développement des
fonctions orales et nasales, en interceptant les anomalies apparues précocement et en
diminuant les risques de traumatismes dentaires.
Chez l’adolescent l’ODF traite les anomalies établies en portant une attention
particulière à l’esthétique du visage et à l’occlusion de la denture définitive.
Le traitement orthopédique va utiliser un appareillage qui permet pendant la période
de croissance de l’enfant, d’orienter la croissance maxillaire, de favoriser la correction
du décalage dans les trois sens de l’espace. Il va permettre aussi de récupérer une
harmonie souhaité afin d’éviter le recours par voie chirurgicale une fois la croissance
maxillaire terminée.
Selon certains auteurs (Carapezza) le traitement précoce permet une diminution de la
durée de la contention ; pour d’autre, il peut suffire dans le meilleur des cas ou il peut
43
permettre une diminution de l’importance de la dysmorphose voire éviter le recours
à la chirurgie orthognatique (18,19,20,21).
Pour Harrisson et O’brien, le traitement orthopédique pour les enfants n’est pas plus
efficace que faire un traitement orthodontique lorsque l’enfant est en début
d’adolescence (22).
Les troubles des fonctions oro‐faciales doivent être corrigées par rééducation au plus
tôt, dès que l’environnement nécessaire à cette correction est compatible avec
l’acquisition par l’enfant des procédures correctives. On parlera de traitement
fonctionnel.
4.2 Le traitement orthodontique multibague
Le traitement orthodontique permet d’améliorer l’apparence du visage, de la denture
et de l’occlusion. Ce traitement va favoriser une bonne santé parodontale et
articulaire. L’orthodontie peut aussi aider à la réalisation de prothèse dans de
meilleures conditions.
La phase de traitement multibague doit permettre une correction totale des
dysmorphoses corrigibles. Cette phase peut être précédée par une phase de
traitement précoce, interceptif qui aura eu lieu, soit en denture temporaire, soit en
denture mixte et surtout en période de croissance.
Le traitement orthodontique doit intégrer la participation active du patient.
TWEED et ANDREWS sont partisans d’un traitement plus tardif en denture définitive
afin de «travailler avec efficacité» (23).
4.3 Le traitement en 2 phases
Selon Lautrou et Salvadori le concept implique deux phases thérapeutiques distinctes
(24) :
‐ phase précoce dite orthopédique
‐ phase tardive en denture adulte dite orthodontique
44
Ces deux phases sont séparées par une phase d’interruption plus ou moins longue.
SALVADORI et Coll. (1979) : "Si nous pouvons intervenir en période de croissance,
nous devons le faire car nous avons en notre possession les moyens thérapeutiques
d'utiliser cette croissance" (23).
4.4 Age du traitement
4.4.1 Les différentes phases de croissance
La croissance est l’ensemble des transformations aboutissant à la maturation
définitive de l'individu. C'est un phénomène continu, irrégulier. C'est le résultat :
‐ d'un phénomène quantitatif : l’augmentation des dimensions
‐ d'un phénomène qualitatif : la maturation (ossification et dentition).
Le rythme de croissance doit être aussi pris en compte. C’est la variation d’intensité
de la croissance au cours des différentes étapes de l’enfance et de l’adolescence.
Courbe des différentes phases de la croissance staturale.
‐ La période infantile de la naissance à 4 ans, période durant laquelle le taux de
croissance diminue de façon importante après une phase de croissance rapide durant
les 6 premiers mois. Elle correspond à la période de la première dentition.
‐ La période juvénile de 2 ans à 10‐11 ans pour les filles et 12‐13 ans pour les garçons.
Le taux de croissance staturale diminue. Elle correspond à la moyenne enfance avec
45
l’établissement de la denture mixte et à la grande enfance durant laquelle on notera
une grande stabilité dimensionnelle des arcades et une denture mixte stable.
‐ La période adolescente de 10‐11 ans pour les filles et de 12‐13 ans pour les garçons
jusqu’à l’âge adulte. Elle correspond à une augmentation du taux de croissance de
façon considérable jusqu’au pic pubertaire (en moyenne 12 ans chez les filles et 14
ans chez les garçons). Ce taux diminue ensuite progressivement jusqu’à s’annuler
totalement vers 15‐16 ans chez les filles et 18 ans chez les garçons.
L’étude de la croissance staturale permet de donner une indication sur la croissance
faciale. Toutefois, cette courbe ne tient compte que de l’âge civil et les variations
inter‐individuelles sont très importantes, ce qui ne permet pas de situer un sujet en
particulier sur cette courbe, de façon fiable, uniquement en fonction de l’âge civil. En
effet seulement 40% des enfants ont un âge osseux en phase avec leur âge
chronologique. Il faudra donc déterminer l’âge osseux d’un sujet, correspondant à un
stade de développement osseux précis à partir d’une radiographie du poignet ou de la
main ou du stade de maturation sexuelle.
4.4.2 Anomalie du sens transversal
Les anomalies du sens transversal ont le plus souvent une origine fonctionnelle
(position basse de la langue, tic de succion, respiration buccale). Le but du traitement
sera de rétablir des rapports transversaux normaux. Dans le cas d’endo‐alvéolie il
faut agir le plus tôt possible, en denture temporaire pour éviter une transformation
en anomalie basale.
Les objectifs du traitement sont :
‐ augmentation du diamètre transversal du maxillaire
‐ correction d’une linguoclusion bilatérale
‐ amélioration de la ventilation nasale
Plusieurs moyens sont à notre disposition afin de prendre l’endo‐alvéolie:
46
‐ la rééducation fonctionnelle de la ventilation (il faut vérifier au préalable la
perméabilité des voies aériennes supérieures)
‐ la suppression des prématurités afin d’éviter la transformation d’une latéro‐
déviation en latéro‐gnathie.
‐ le Quad‐helix et la plaque palatine qui vont avoir une action d’expansion
alvéolaire.
Le traitement de choix pour l’endognathie est la disjonction de la suture palatine
médiane. Il faut patienter car la disjonction maxillaire nécessite un ancrage dentaire
solide sur les premières molaires et peut avoir des conséquences sur les sutures de la
base du crâne. (Le traitement par disjonction ne doit pas être réalisé avant l’âge de
huit ans). Le Disjoncteur va permettre une disjonction inter‐maxillaire. Elle peut être
lente (en 3 mois uniquement chez l’enfant très jeune), semi‐rapide (en 3 semaines),
rapide (en une dizaine de jours. Chez les enfants entre 8 et 14 ans) ou ultra‐rapide
(sous anesthésie locale. Cette méthode doit être exceptionnelle).
4.4.3 Anomalie du sens vertical
4.4.3.1 Infraclusion
Lorsqu’elle est d’origine alvéolaire elle est la conséquence d’une parafonction ou
d’une interposition entre la mandibule et le maxillaire (doigts, langue, lèvre, stylo, … ).
Cette habitude doit cesser au plus tôt soit par rééducation sans appareillage, soit par
un dispositif empêchant l’interposition. Cette intervention peut débuter en denture
temporaire.
4.4.3.2 Supraclusion
La supraclusion peut résulter d’une altération de la dimension verticale postérieure.
C’est l’ensemble des altérations par défaut de croissance de l'unité condylienne, elles
peuvent être uni ou bilatérales : ankyloses, hypoplasie, syndrome du premier arc.
Un article de Int Orthod Mai 2007 étudie une technique de correction de l’insuffisance
verticale postérieure par chirurgie d’ostéotomie de la branche montante de la
47
mandibule associée à une section du chef ptérygoïdien de la sangle ptérygo‐
masseterine (23).
Dans le cas où l’origine de la supracclusion est alvéolaire :
PHILIPPE distingue (23) :
Les traitements préventifs, destinés à mettre le sujet dans de bonnes conditions
de santé et d’équilibre bucco facial, avant même qu’une supraclusion ne soit
diagnostiquée (mais avec une vigilance accrue si l’hérédité fait naître quelques
craintes) ;
Les traitements d’interception, conçus pour empêcher le développement d’une
supraclusion débutante, mais reconnue ;
Les traitements correctifs, adaptés aux supraclusion avérées, dont l’objectif sont
d’établir des rapports incisifs qui permettent une fonction occlusale satisfaisante.
PARKER et coll citent les modalités thérapeutiques qui nous sont offertes (23) :
Ingression des incisives maxillaires et mandibulaires ;
Vestibulo‐version incisive ;
Egression des molaires maxillaires et/ou mandibulaires ;
Augmentation de la hauteur de l’étage facial inférieur.
4.4.4 Anomalie du sens antéro‐postérieur
4.4.4.1 La Classe II
Lautrou et Salvadori préconisent, pour les classes II.1 une intervention de préférence
au moment de l’évolution des dents définitives des secteurs latéraux (juste avant le
pic de croissance) de telle sorte que la fin du traitement arrive après le pic pubertaire
alors que la quasi totalité de la croissance est réalisée (24).
Pour les classes II.2, le traitement comportera un redressement des incisives
centrales qui au final aboutira au traitement d’une classe II.1.
Le traitement des classes II doit débuter au plus tôt en denture adolescente stable.
48
4.4.4.2 La Classe III
Le diagnostic différentiel avec le proglissement doit être fait.
Dans le cas d’un proglissement, le traitement sera étiologique et consistera à
supprimer la cause par réglage occlusal. Le traitement doit être débuté le plus tôt
possible.
La classe III squelettique peut avoir deux origines : l’héréditaire ou la dysfonction
oro‐faciale.
Le traitement des classes III d’origine fonctionnelle fait appel à la rééducation des
fonctions oro‐faciales avec dans le cas de macroglossie une indication de
glossoplastie à l’adolescence.
La classe III héréditaire concerne soit la mandibule (prognatisme mandibulaire) soit
le maxillaire (brachygnathie maxillaire)
Si on traite la classe III par avancée maxillaire, on utilisera le masque facial de Delaire
qui doit être utilisé à l’âge de 10 ans selon son créateur.
Mais la brachygnatie maxillaire se traite par une expansion maxillaire et une avancée
maxillaire. La disjonction inter‐maxillaire déterminera alors le début du traitement.
La classe III avec prognatisme mandibulaire se traite par ralentissement voire
blocage de la croissance mandibulaire. Mais les résultats inconstants et iatrogènes
des différents techniques ont vu les professionnels préférer la chirurgie
orthognatique en denture définitive adulte en fin de croissance. (9)
49
II. RESUME DE LA RECHERCHE
Les besoins de traitement en orthodontie peuvent être plus ou moins difficiles à
évaluer. En effet, certains critères d’évaluations peuvent être très subjectifs et donc
différents selon chaque praticien. De plus, les professionnels de santé ne peuvent
évaluer seulement les patients qui consultent.
Le but de cette étude est de trouver un système permettant de rendre des évaluations
reproductibles et qui puisse évaluer l’ensemble de la population, même celle qui ne
consulte pas.
Pour cela, plusieurs indices ont été crées. Nous avons sélectionné l’indice prenant en
compte le plus de critère et le plus reproductible afin de pouvoir proposer une étude
fiable tout en limitant le caractère subjectif des examinateurs.
50
III. JUSTIFICATIF SCIENTIFIQUE
1. ETAT ACTUEL DES CONNAISSANCES
Les besoins de traitement en orthodontie peuvent varier du simple au triple selon les
populations étudiées dans le monde, allant de 21,3 % en France et peuvent affleurer
les 74% environ en Turquie. Ces variations importantes amènent à s’interroger
quand aux critères menant à un traitement orthodontique (25‐30).
2. LES DIFFERENTS INDICES ORTHODONTIQUES
Ces indices furent créés dans le but d’évaluer les besoins de traitement en
orthodontie au cours des dépistages afin de sensibiliser les organismes de santé aux
besoins de traitements orthodontiques.
Un indice doit posséder 5 qualités et être (31):
‐ flexible (il doit permettre de faire des mesures à des moments différents et avec
des praticiens différents)
‐ valide (mesurer ce pour quoi il est fait)
‐ modifiable
‐ quantifier les paramètres évalués
‐ mis en œuvre rapidement par des examinateurs entrainés
Au cours des dernières décennies plusieurs indices ont été mis au point:
En 1960 Grainger a développé l’index de sévérité de la malocclusion (MSE‐
Malocclusion Severity Estimate) dans le centre de recherche de Burlington. Cet indice
mesure l’esthétique, la fonction et la difficulté de traitement. La fiabilité et la
reproductivité de cet indice était très faible (Tang 1993). C’est pourquoi de
nombreuses critiques ont été faites concernant l’utilisation de cet indice (32, 33, 34).
Cet indice a été développé pour les patients de 12 ans en dentition mixte. De plus, le
MSE ne prend pas en compte le désordre occlusal.
51
Suite à ces lacunes, le MSE a été révisé plus tard par Grainger pour le TPI.
En 1966 Summers développe l’index occlusal (OI‐ occlusal index). Summers a compté
9 caractéristiques (relation molaire, recouvrement, surplomb, articulé croisé
postérieur, béance postérieure, déplacement dentaire, milieux, décalage des milieux,
absence congénitale de dents) de l’occlusion a différente étapes du développement
(dentition temporaire, mixte et permanente). L’OI est un dérivé du MSE avec des
tentatives d’assimiler la denture mixte. Initialement désigné pour déterminer les
besoins de traitement, il fut aussi utilisé par de nombreux chercheurs pour évaluer un
traitement. Cet index tient compte de l’âge dentaire mais n’est calculé qu’à partir de
l’examen des arcades dentaires (32, 33, 34).
En 1967 Grainger modifie le MSE en intégrant la malocclusion et la notion de
« handicap» subit par le patient et crée l’index de priorité du traitement (TPI‐
Treatment Priority Index). Le TPI était utilisé pour évaluer la gravité des
malocclusions dans le but de classer les patients en fonction de l’importance de la
malocclusion, du degré de handicap ou de la priorité de traitement.
6 facteurs permettent de déterminer un handicap dans le TPI :
‐ une esthétique inacceptable
‐ une réduction significative de la fonction masticatoire
‐ une fonction occlusale traumatogène pouvant provoquer une lésion tissulaire
‐ une altération de la phonation
‐ une occlusion instable
‐ des pertes de tissus d’origine traumatique.
Cet indice prend en compte le facteur handicap.
En raison de l’absence d’une analyse de la dentition mixte, le TPI ne parvient pas à
traiter correctement les problèmes au sein de la malocclusion dans ce stade de
dentition. Ghafari (1989) a trouvé que le TPI était un indicateur épidémiologique
valide de la malocclusion, mais a prouvé que les valeurs enregistrées dans la dentition
temporaire et mixte ne pouvaient prédire la gravité de la malocclusion en denture
permanente (32‐35).
52
En 1968, Salzman décrira l’index d’enregistrement des caractéristiques du handicap
occlusal (HMAR‐ Handicapping Malocclusion Assessment). C’est un index a été
officiellement approuvé par la direction de l’Association Américaine des
Orthodontistes tel un indice pour déterminer que l’orthodontie était médicalement
nécessaire pour le traitement des malocclusions handicapante. Le HMAR permettra
d’évaluer l’importance d’une malocclusion et des dysmorphoses dento‐maxillaires en
considérant que ces derniers entraineront un préjudice (impossibilité de maintenir
une hygiène bucco‐dentaire et donc un état de bien être, trouble esthétique, de la
phonation et de l’appareil manducateur). Le système HMAR réduit les erreurs de
mesure car l’index enregistre les besoins de traitements. C’est le seul indice qui prend
en compte, enregistre et pèse les problèmes fonctionnels (34).
En 1986 Jenny présente l’indice esthético‐dentaire (DAI‐Dental Aesthetic Index) qui
utilise un paramètre dentaire et un paramètre esthétique. Dix mesures de traits
occlusaux sont enregistrées et pondérées. Ces valeurs sont ensuite ajoutés à une
constante pour donner le DAI total qui représente à la fois les aspects physiques et
esthétiques de l’occlusion. Le DAI a été initialement développé pour l’analyse de la
dentition permanente, mais peut être adapté pour le stade de dentition mixte.
Le DAI évaluerai surtout la sévérité de la malocclusion (36).
Lorsque le score obtenu est de 25 ou moins, la malocclusion est normale ou mineure.
Entre 26 et 30, cela représente une malocclusion définie avec un traitement facultatif
indiqué. De 30 à 35, la malocclusion est sévère avec un traitement recommandé. Au
delà de 36, la malocclusion est définie comme très sévère ou handicapante.
Le DAI permet de différencier les cas de nécessité plus ou moins grande au sein de
différent niveau de gravité.
En 1989 Shaw et al publient l’index de nécessité de traitement orthodontique (IOTN‐
Index of Orthodontic Treatment Need) (34, 37‐39).
Cet indice est composé de 2 indices :
‐ un indice esthétique (AC‐ Aesthetic Component). Composante esthétique
53
développée à Cardiff, en 1987, par Evans et Shaw (40).
‐ un indice dentaire (DHC‐Dental Health Component). Composante de santé
dentaire mis au point en 1989 à Manchester, par Brook et Shaw (41).
L’IOTN a servi dans beaucoup de travaux de Recherche mais la version originale a
subi de légères modifications destinées à améliorer sa cohérence et sa fiabilité.
L’indice esthétique est évalué à partir d’une collection de photographies classées en
fonction de leur attirance sur une échelle de 1 à 10 et comparée au sujet. L’indice
dentaire est calculé à partir de paramètres dentaires mesurés et catégorisés.
Une analyse bibliographique de l’équipe ayant créée le DAI concluait que le besoin
orthodontique est plus largement défini avec l’IOTN qu’avec le DAI.
En 1991 Richmond décrit l’index de notation estimée appariée (PAR‐Peer Assessment
Rating index) qui est basé sur (42) :
‐ l’alignement dentaire
‐ la relation inter‐arcades des secteurs dentaires
‐ le surplomb
‐ le recouvrement
‐ la déviation des milieux inter incisifs
Richmond et d’autres auteurs montrent dans une étude réalisée en 1995 que le PAR
donne des résultats équivalents à l’IOTN (43).
Selon Cooper l’IOTN peut s’avérer fiable dans la notation de l’évolution de patients
suivis sur une longue période à condition que les moulages soient évalués par le
même examinateur (44). En 1997, les auteurs du PAR reconnaissent que même bien
conduite, une étude utilisant les indices n’est pas forcément reproductible lorsqu‘elle
est effectuée par différents examinateurs et qu’il est donc nécessaire de trouver une
méthode fiable et universelle (45).
54
En 1998, l’Indice de Complexité, de Résultats et de Besoin de traitement
orthodontique (ICON‐Index of Complexity, Outcome and Need) a été développé dans
le but de créer un index international réutilisable et prenant en compte la complexité
du cas. L’ICON est basé sur l’opinion consensuelle de 97 orthodontistes issue de 8
pays européens (Allemagne, Espagne, Grande Bretagne, Grèce, Pays‐Bas, Hongrie,
Italie, Norvège) et des Etats‐Unis (39,46).
L’évaluation des 3 paramètres ciblés par l’ICON (complexité des cas, résultat
thérapeutique et besoin de traitement) peut se faire en une seule fois, aussi bien
cliniquement chez les patients que sur des moulages. L’ICON comme son nom
l’indique peut aussi bien servir à juger de l’existence ou non d’un besoin de
traitement orthodontique, à mesurer la complexité des cas et à évaluer les résultats
thérapeutiques.
Il évalue 5 composantes :
1) l’esthétique,
2) la présence d’un encombrement ou d’espacements au niveau du maxillaire,
3) les relations inter arcades sagittales au niveau du bloc incisivo‐canin et les
relations inter arcades transversales au niveau des prémolaires et molaires en
s’intéressant en particulier à l’existence ou non d’un articulé croisé,
4) les rapports incisifs verticaux en évaluant l’importance éventuelle d’une béance
et/ou d’une supraclusion,
5) les relations inter arcades sagittales des secteurs latéraux.
Considérations générales sur l’utilisation de l’ICON :
1) Lorsque l’index est utilisé pour évaluer les résultats thérapeutiques, on considère
généralement que le niveau de coopération du patient a été satisfaisant lors du
déroulement du traitement.
2) L’utilisation de l’index peut quelquefois nécessiter la prise de clichés
radiographiques pour confirmer ou infirmer une inclusion.
3) En dehors de l’évaluation esthétique, les traits occlusaux concernant les dents
temporaires ne sont pas enregistrés. La seule exception concerne des dents
55
temporaires qui sont laissées en place expressément pour éviter de recourir à une
restauration prothétique lorsqu’il y a une agénésie des dents permanentes de
remplacement.
L’ICON diffère des 2 composantes de l’IOTN (composante esthétique et composante
de santé dentaire) qui distinguent 3 niveaux dans l’appréciation du besoin de
traitement : un besoin de traitement nul, un besoin de traitement modéré et un
besoin de traitement avéré.
L’étude de ces indices montre que les paramètres esthétiques, fonctionnels ou
prophylactiques sont des paramètres importants malgré une évaluation imprécise et
subjective.
3. L’IOTN
L’indice choisi sera l’IOTN (Index of Orthodontic Treatment Need) ou Index de
nécessité de traitement en orthodontie.
L’ICON (Index of Complexity, Outcome and Need) qui réutilise notamment la
composante esthétique (AC) de l’IOTN ne semble pas pour l’instant être en mesure de
remplacer le PAR (Peer Assessment Rating ) ou l’IOTN. En effet l’ICON présente un
seuil relativement bas pour affirmer un besoin de traitement. L’ICON évaluera que
46% de la population présente un besoin en orthodontie là où l’IOTN en évaluera
36% (47).
De plus, l’IOTN a été préféré au DAI pour sa capacité de reproductibilité, caractère
moins marqué pour le DAI (48).
3.1 La composante esthétique ou Aesthetic Component (AC)
La composante esthétique consiste en 10 photographies montrant différents niveaux
d’attirance de la denture sur une échelle de 1 à 10. La photo 1 est la plus attirante et
56
la photo 10 la moins attirante du point de vue strictement de l’alignement dentaire ou
esthétique orthodontique (figure 3et4). Le principe est que chaque individu doit
pouvoir être identifié et évalué selon cette échelle. Ainsi, le besoin de traitement
relatif peut être déterminé une fois que la denture permanente est en place pour
estimer les modifications subséquentes à la croissance et à la maturation. Il peut
également être utile d’évaluer le besoin en soins avec cette composante esthétique.
L’esthétique orthodontique est évaluée sur des moulages.
· Les dents antérieures doivent être évaluées sur la seule base de l’attirance
orthodontique qu’elles présentent au moment de l’enregistrement. Toute tentative de
prédiction de l’apparence future de la denture doit être évitée. Les dyschromies de
l’émail, les fractures et autres fêlures, le mauvais état gingival doivent être ignoré lors
de l’évaluation.
· Quand on demande aux sujets d’évaluer l’esthétique de leur denture, la seule et
même phrase suivante doit être prononcée : « Voici une série de 10 photographies
représentant différents niveau d’attirance de la denture. La photo N°1 est la plus
attirante et la N°10 la moins attirante du point de vue de l’esthétique orthodontique.
Où placeriez‐vous vos propres dents sur cette échelle».
57
Figure 3: Composante esthétique de l’IOTN : séries de photos polychromes pour
évaluation directe sur le patient.
58
59
3.2 La composante de santé dentaire ou Dental Health Component
(DHC)
La composante de santé dentaire est basée sur les effets préjudiciables de différents
traits de malocclusion sur la santé des structures dentaires. Elle a été développée
pour maintenir une certaine validité et fiabilité lorsque le besoin de traitement est
évalué par un seul ou plusieurs dentistes ou orthodontistes.
La composante de santé dentaire (DHC) catégorise la sévérité des malocclusions en
termes de retentissement sur la longévité de la denture. Cette sévérité est objectivée
par un chiffre auquel est adjointe une lettre de l’alphabet qui sert à qualifier de façon
spécifique la malocclusion (tableau I).
Tableau I: Qualificatifs utilisés pour identifier les différents traits de
malocclusion
a Surplomb h,i Dents absentes (agénésie,
inclusion)
b Surplomb négatif non l Linguoclusion postérieure
accompagné de
problèmes masticatoires ou
d’expression.
c Occlusion croisée m Surplomb négatif accompagné
de
problèmes masticatoires ou
d’expression.
d Déplacement de point de contact p Anomalies liées à une fente
labioalvéolaire
et/ou palatine
e Infraclusion s Dents déciduales submergées
f Supraclusion t Dents ayant fait une éruption
partielle, mais enclavées et
coincées
contre les dents adjacentes
g Bonne occlusion x Présence de dents
surnuméraires
Les cinq niveaux de sévérité sont résumés dans le tableau II. Le niveau 5 correspond
60
aux malocclusions les plus sévères. Il inclus entre autres, des traits de malocclusions
comme l’inclusion, un surplomb supérieur à 9mm et des anomalies crânio‐faciales
comme les fentes labio‐alvéolaires et/ou palatines.
Les mêmes anomalies occlusales existent avec les niveaux 4, 3 et 2 mais elles sont
moins sévères. Le niveau 1 correspond à de petites déviations par rapport à la
normale.
L’index dentaire, DHC, est un instrument simple permettant un jugement impartial et
reproductible des malocclusions. Il indexe les malocclusions selon des
caractéristiques occlusales qui pourraient endommager la denture et les structures
adjacentes. Chacune de ces caractéristiques est corrélée à la longévité de la denture et
à une fonction correcte. L'indice est gradué en cinq niveaux bien distincts appelés
"grades" déterminés par des caractéristiques bien définies : du grade 1 (aucun besoin
du traitement) au grade 5 (un grand besoin).
Pendant l'évaluation du DHC, toutes les anomalies sont observées, néanmoins seule la
caractéristique la plus sévère est enregistrée.
Les niveaux de besoin de traitement sont classés comme suit :
·Niveau 5 : très grand
·Niveau 4 : grand
·Niveau 3 : modéré
·Niveau 2 : petit
·Niveau 1: pas besoin
Ainsi, un surplomb exagéré supérieur à 9mm, sera enregistré 5a (le « a »
correspondant au qualificatif du surplomb positif).
61
Tableau II : composante de santé dentaire de l’IOTN
Niveau a Surplomb exagéré > 9mm
5 h Agénésies multiples avec implications prothétiques (plus d’une
dent
i absente par quadrant) nécessitant de l’orthodontie pré‐
restauratrice.
Dents retenues (à l’exception des troisièmes molaires) due à un
m encombrement, un déplacement, la présence de dents
surnuméraires, de dents temporaires non exfoliées ou toute autre
pathologie.
p Surplomb inversé > à 3,5mm avec difficultés de mastication ou
s d’élocution
rapportées par le sujet.
Séquelles de fentes labio‐alvéolaires et/ou palatines
Dents temporaires submergées.
Niveau a Surplomb augmenté > 6mm mais ≤9mm
4 b Occlusion inversée avec surplomb > 3,5mm avec absence de
difficultés de mastication ou d’élocution rapportées par le sujet.
c Occlusion croisée antérieure ou postérieure avec un écart > 2mm
entre la position de relation centrée et la position d’intercuspidie
maximale.
d Déplacement de points de contact > 4mm
e Infraclusion antérieure ou latérale > 4mm
f
Supraclusion sévère et complète avec trauma labial ou palatine
associé
h Agénésie moins importante (pas plus d’une dent absente par
quadrant)
nécessitant de l’orthodontie pré prothétique ou une fermeture
orthodontique de l’espace pour éviter le port d’une prothèse.
l Linguoclusion postérieure avec absence de surface occlusale
fonctionnelle au niveau de l’un ou des 2 segments latéraux de
l’arcade.
m Occlusion inversée > 1mm, mais ≤ 3,5mm avec difficultés de
masticationou d’élocution enregistrées par le praticien.
t Eruption partielle de dents inclinées ou enclavées contre les dents
x adjacentes.
Dents surnuméraires.
Niveau a Surplomb augmenté > 3,5 mais ≤ 6mm avec inocclusion labiale.
3 b Occlusion inversée > 1mm mais ≤ 3,5mm
c
Occlusion croisée antérieure ou postérieure avec un écart > 1mm
mais ≤ 2mm entre la position de relation centrée et l’intercuspidie
maximale.
d Déplacement de points de contact > 2mm mais ≤ 4mm
e Infraclusion antérieure ou latérale >2mm mais ≤4mm
f Supraclusion exagérée et complète sans traumatisme gingival.
62
Niveau a Surplomb exagérée >3,5mm et ≤6 avec occlusion labiale.
2 b Surplomb inversé > 0mm, mais ≤1mm
c Occlusion croisée antérieure ou postérieure avec un espace ≤ 1mm
entre la position de relation centrée et d’intercuspidie maximale.
d Déplacement de points de contact >1mm mais ≤2mm
e Infraclusion antérieure ou postérieure >1mm mais ≤2mm
f Supraclusion exagérée ≥3,5 mm sans contact gingival
g Occlusion postérieure et antérieure presque normale sans autres
anomalies avec un décalage inférieure à 1/2 dent.
Niveau Malocclusion infime inclus avec un décalage inférieure à <1mm
1
3.3 La règle de la composante de santé dentaire
Une règle a été mise au point spécialement pour l’évaluation de la composante de
santé dentaire. En outre, elle contient sous une forme abrégée, la plupart des
informations contenues dans le tableau III (figure 3.2). La règle est surtout utilisable
dans le cas d’une évaluation clinique où toutes les informations concernant
l’occlusion labiale, le décalage entre la relation centrée et l’intercuspidie maximale et
les difficultés de mastication et d’élocution sont disponibles. Avec la composante de
santé dentaire seul le trait de malocclusion le plus sévère est enregistré.
63
Abréviations : i = incompetent lips = inocclusion labiale / c = competent lips =
occlusion labiale / O.B =
Overbite = recouvrement / G+P = Gingival + palatal trauma = traumatisme gingival et
palatin / Dev = déviation / Interdig = intercuspidation.
Figure 5 : la règle de la composante de santé dentaire de l’IOTN
3.4 Exemple d’utilisation de la composante de santé dentaire (DHC)
3.4.1 Dents absentes
L’absence de dents réfère essentiellement à 3 situations : dents retenues, agénésies et
dents extraites (extraction inappropriée).
3.4.1.1 Inclusion
64
Dans ce cas il s’agit d’une inclusion de 21 et non d’une agénésie. Dans cette situation,
il faut normalement un examen radiographique pour bien évaluer le cas et confirmer
le diagnostic d’inclusion. Le niveau 5 i est enregistré.
3.4.1.2 Agénésie
Ici, on note une agénésie de 12 et 22. Il ne manque qu’une dent par quadrant, le score
sera alors 4h. S’il manquait plus d’une dent par quadrant, le score serait 5h.
3.4.1.3 Dent enclavée
Cette photo montre une 33 qui a fait une éruption partielle mais est restée enclavée et
« coincée » entre les dents adjacentes. Le score est de 4t.
65
3.4.2 Surplomb
Le surplomb correspond à la distance entre le bord libre des incisives maxillaires et la
face vestibulaire de leurs homologues mandibulaires. Il est mesuré en positionnant la
règle parallèlement au plan occlusal et de façon radiaire par rapport à la ligne
d’arcade. Le surplomb est enregistré au niveau de l’incisive la plus proéminente
(latérale ou centrale).
Le surplomb est dit positif quand les incisives maxillaires sont en avant des incisives
mandibulaires dans le sens antéropostérieur. Il est dit négatif quand les incisives
mandibulaires sont en avant de leurs homologues du maxillaire. Dans le cadre de
l’utilisation de l’IOTN, on parle d’occlusion inversé et donc de surplomb négatif,
uniquement quand les 4 incisives maxillaires sont en linguocclusion. Si le surplomb
négatif est supérieur à 1mm il est important de chercher si l’individu a des difficultés
pour mastiquer ou pour s’exprimer. Il existe de nombreuses méthodes d’investigation
de l’expression orale mais une approche simple consiste à demander au sujet de
compter de 1 à 70 en notant les problèmes de prononciation. De plus, tous les signes
et symptômes de dysfonctions mandibulaires doivent être recherchés.
66
3.4.2.1 Surplomb positif
Sur cette photo, on note un surplomb positif supérieur à 3,5mm mais inférieur à
6mm. L’examen exobuccal montre une occlusion labiale au repos. Le score est 2a.
3.4.2.2 Surplomb négatif sans difficultés de mastication et d’élocution
Ici, on a un surplomb supérieur à 3,5 mm. Etant donné qu’il n’y a pas de difficultés
masticatoire et d’élocution, le score est de 4b.
67
3.4.2.3 Surplomb négatif avec difficultés de mastication et d’élocution
L’image nous montre ici un surplomb négatif supérieur à 3,5mm en valeur absolue. Le
praticien note une difficulté à l’élocution et à la mastication. Le score sera 4m.
3.4.3 Occlusion croisée
On parle d’occlusion croisée au niveau du secteur antérieur quand 1, 2 ou 3 incisives
sont en linguocclusion. Au niveau du secteur postérieur, l’occlusion croisée postérieur
réfère à toute relation allant de cuspide à cuspide à un croisement de l’articulé dans le
sens vestibulo‐lingual. Le niveau de sévérité de ce trait de malocclusion dépend de
l’importance du décalage entre l’occlusion de relation centrée (ORC) et l’occlusion
d’intercuspidation maximale (ICM).
3.4.4 Déplacement du point de contact
Le déplacement de point de contact est mesuré entre les points de contact
anatomique de 2 dents adjacentes lorsqu’une d’entre elle dévie de la ligne d’arcade.
Les déplacements de point de contact correspondent donc aux malpositions des
unités dentaires.
Comme les dents maxillaires sont en général plus larges que leurs homologues de la
mandibule, le déplacement de point de contact y est souvent plus sévère. Il faut aussi
savoir que les déplacements de point de contact sont le plus souvent retrouvés entre
68
les canines et les incisives latérales.
Pour ce cas un score de 4d sera attribué grâce à la règle de la composante de santé
dentaire.
Un déplacement de point de contact impliquant une dent temporaire et une dent
permanente n’est pas noté.
3.4.5 La supraclusion et l’infraclusion
Ces traits de malocclusion concernent uniquement les incisives. La supra et
l’infraclusion sont mesurées à l’endroit où elles sont le plus accentuée. Il est donc
important de bien noter qu’il n’y a aucun traumatisme gingival ou palatin dû à la
supraclusion.
Cette photo montre, une supraclusion sévère et complète avec un traumatisme
69
vestibulaire mandibulaire et palatin. Le score est 4f.
Dans ce cas, la supraclusion est inférieure à 3,5mm et sans contact gingival. Le score
est 2f.
Cette infraclusion est de 3mm environ elle aura donc un score de 3e.
3.4.6 L’occlusion des secteurs latéraux
L’occlusion des secteurs latéraux est estimée sans tenir compte du fait que les
rapports sont de type Classe I, II ou III d’Angle. Il est plus important de voir comment
les dents s’engrènent. Idéalement, les cuspides palatines au maxillaire s’engrènent
dans les sillons et embrasures à la mandibule.
70
IV. OBJECTIFS
1. OBJECTIF PRINCIPAL
L’objectif de ce travail est de proposer un protocole d’évaluation des besoins de
traitement en orthopédie dento‐faciale. Ce protocole pourra devenir la base d’une
étude épidémiologique.
En effet, l’appréciation souvent subjective des besoins nécessite la mise en place d’un
protocole avec des critères objectifs (tels l’hygiène bucco dentaire, l’occlusion,
l’encombrement dentaire, l’esthétique), applicables et reproductibles par l’ensemble
des praticiens ; omnipraticiens et orthodontistes. Sera utilisé pour cela de l’index de
besoin de traitement en orthodontie (IOTN). Il se base sur la santé bucco‐dentaire à
travers le « dental health component (DHC)» et sur l’esthétique « aesthetic
component (AC) ». En effet cet index va permettre de prendre en compte à la fois les
besoins réels évoqués par le praticien et la demande du patient.
L’évaluation de ces besoins doit tenir compte à la fois des paramètres scientifiques
nécessaires à la détermination d’un diagnostic orthodontique (en se basant sur
l’examen clinique exobuccal, endobuccal et fonctionnel), et des paramètres
épidémiologiques tels que l’âge de la population, sa localisation et l’offre de soins
dans ces régions.
2. OBJECTIFS SECONDAIRES
Un des objectifs secondaire de cette étude est d’évaluer la qualité de dépistage et de
prévention des chirurgiens dentistes devant les anomalies orthodontiques chez les
enfants et adolescents.
Un autre objectif secondaire est de sensibiliser les autorités de santé afin qu’elles
adaptent leur mode de dépistage dans le but d’améliorer la prise en charge
orthodontique.
71
V. CONCEPTION DE LA RECHERCHE
1. SCHEMA / METHODES
Ce protocole de recherche permet la mise en place d’une étude diagnostique,
prospective, transversale non randomisé. Cette étude de masse s’adressera à un
échantillon représentatif de la population n’ayant jamais eu de traitement
orthodontiques.
Cette étude peut être mono ou multicentrique. L’étude monocentrique est moins
représentative de la population que la multicentrique, cependant les marges
d’erreurs seront moins élevées du fait de faible nombre d’examinateurs. A l’inverse,
l’étude multicentrique diminuera la fiabilité par la multiplication des examinateurs
mais sera plus représentative.
2. EXAMINATEURS
Deux examinateurs (afin d’éviter d’augmenter le risque d’erreur inter‐examinateurs),
au préalable formés à l’examen clinique et à l’usage des indices, examineront
l’ensemble des patients d’une région défini si l’étude est multicentrique.
Les examinateurs seront munis d’une fiche d’évaluation de chaque patient, d’un
tableau récapitulant les différents niveaux de la composante de la santé dentaire
(tableau II), d’une plaque des dix photos permettant d’évaluer la composante
esthétique (figure 3) et d’une règle de la santé dentaire de l’IOTN (Figure 5).
72
VI. CRITERES D’ELIGIBILITE
1. CRITERES D’INCLUSION
Ce protocole concerne les adolescents âgés entre 11 et 16 ans dans une région
définie. A cette période, toutes les dents ont évoluées et les patients n’ont pas encore
forcément bénéficiés d’un traitement orthodontique.
Seul les enfants n’ayant pas reçu de traitement orthodontique seront inclus.
Une lettre d’information ainsi qu’une demande d’autorisation d’examen et
d’intégration à l’étude doit être envoyé aux parents de chaque enfant susceptible
d’intégrer l’étude.
2. CRITERES DE NON INCLUSION
Tous les patients plus jeunes ou plus vieux, ayant déjà eu un traitement
orthodontiques, ou n’ayant pas retourné l’autorisation parentale ne seront pas inclus
à l’étude.
3. MODALITE DE RECRUTEMENT
Les adolescents âgés entre 11 et 16 ans seront recrutés dans les établissements
scolaires d’une région donnée. Toutes les formalités administratives et les demandes
d’autorisations auprès des autorités doivent être faites avant le début de l’étude.
73
VII. CRITERES D’EVALUATION
1. Echelle hiérarchique
Pour avoir une bonne fiabilité dans l’enregistrement des différents traits de
malocclusion, il est important d’adopter une technique d’évaluation systématisée et
fiable.
Quand il existe plus d’une caractéristique de même niveau de sévérité dans un même
cas, une échelle hiérarchique est utilisée pour évaluer la malocclusion : dents
manquantes, surplomb incisif, occlusion croisée, déplacement et recouvrement
incisif.
L’échelle hiérarchique prend en compte les traits de malocclusion dans l’ordre de
sévérité suivant.
1. Missing teeth: dent(s) absente(s) (avulsions, luxations, agénésies, dents incluses…)
2. Overjets : surplomb (positif ou négatif)
3. Crossbites : articulé(s) croisé(s)
4. Displacement of contact points : déplacement(s) de points de contact ou
malpositions
5. Overbites : recouvrement (béances comprises et considérées comme des
recouvrements négatifs).
L’ordre de priorité d’enregistrement (échelle hiérarchique) est mémorisable grâce à
l’acronyme « MOCDO » basé sur la lettre initiale en langue anglaise des 5 catégories
ci‐dessus. Seul le trait de malocclusion le plus sévère est enregistré. Par exemple s’il
existe une dent incluse (5.i) en même temps qu’un surplomb exagéré supérieur ou
égal à 9mm (5.a) seul le 5i est enregistré et représente le score global IOTN pour
l’individu. Mais dans une perspective de recherche, on peut enregistrer tous les traits
de malocclusion de l’individu.
2. Evaluation des besoins
L’évaluation des besoins en orthodontie se fait en fonction des scores des deux
74
composants de l’IOTN.
‐ Composante de Santé Dentaire :
Concernant la Composante de Santé Dentaire (DHC), les niveaux 4 et 5 objectivent un
besoin de traitement avéré, alors que pour le niveau 3 la nécessité de traitement sera
modérée. Les différents points qui entrainerons un score de 1 ou 2 montrerons que le
besoin de traitement sera faible voire nul.
Niveau 4 et 5 Besoin de traitement avéré
Niveau 3 Besoin de traitement modéré
Niveau 1 et 2 Besoin de traitement nul ou faible
‐ Composante Esthétique :
Pour la composante esthétique (AC) de l’IOTN, le besoin de traitement sera avéré
pour les niveaux 8 à 10 et modéré pour les patients avec des niveaux compris entre 5
et 7. Cependant les niveaux 1 à 4 ne nécessiteront pas de traitement.
Niveau 1 à 4 Besoin de traitement nul ou faible
Niveau 5 à 7 Besoin de traitement modéré
Niveau 8 à 10 Besoin de traitement avéré.
Ainsi le score pour le besoin de traitement avéré peut débuter pour la composante de
santé dentaire à 3 et pour la composante esthétique à 4. Actuellement la valeur limite
recommandée pour entreprendre un traitement au Royaume Uni est 3 (pour la
composante de santé dentaire) accompagné d’un score au moins égale à 6 (pour la
composante esthétique).
75
3. Evaluation de la fiabilité
Les résultats obtenus devront être soumis au coefficient kappa de Cohen afin
d’évaluer la fiabilité inter‐examinateur.
Le test non paramétrique Kappa (K) de Cohen permet de chiffrer l’accord entre deux
ou plusieurs observateurs ou techniques lorsque les jugements sont qualitatifs.
Le calcul du Kappa se fait de la manière suivante :
Où Pr(a) est l'accord relatif entre codeurs et Pr(e) la probabilité d'un accord aléatoire.
Si les codeurs sont totalement en accord κ = 1. S'ils sont totalement en désaccord κ ≤
0.
De 0 à 0,2 : accord très faible
0,2 à 0,4 : accord faible
0,4 à 0,6 : accord modéré
0,6 à 0,8 : accord fort
0,8 à 1 : accord presque parfait
Il existe des logiciels qui calculent le Kappa, il suffit seulement d’enregistrer les
données nécessaires pour obtenir les résultats. (49)
76
VIII. PROTOCOLE
Chaque examinateur sera muni de la fiche patient, de la série de photos polychromes,
de la série de photos monochrome, du tableau de la composante de santé dentaire et
de la règle. Chaque examinateur aura aussi tout le matériel nécessaire pour la
réalisation d’empreintes et la coulée des modèles en plâtre.
77
78
Niveau a Surplomb exagéré > 9mm
5 h Agénésies multiples avec
79 implications prothétiques (plus d’une
dent
i absente par quadrant) nécessitant de l’orthodontie pré‐
restauratrice.
Dents retenues (à l’exception des troisièmes molaires) due à un
m encombrement, un déplacement, la présence de dents
surnuméraires, de dents temporaires non exfoliées ou toute autre
pathologie.
p Surplomb inversé > à 3,5mm avec difficultés de mastication ou
s d’élocution
rapportées par le sujet.
Séquelles de fentes labio‐alvéolaires et/ou palatines
Dents temporaires submergées.
Niveau a Surplomb augmenté > 6mm mais ≤9mm
4 b Occlusion inversée avec surplomb > 3,5mm avec absence de
difficultés de mastication ou d’élocution rapportées par le sujet.
c Occlusion croisée antérieure ou postérieure avec un écart > 2mm
entre la position de relation centrée et la position d’intercuspidie
maximale.
d Déplacement de points de contact > 4mm
e Infraclusion antérieure ou latérale > 4mm
f
Supraclusion sévère et complète avec trauma labial ou palatine
associé
h Agénésie moins importante (pas plus d’une dent absente par
quadrant)
nécessitant de l’orthodontie pré prothétique ou une fermeture
orthodontique de l’espace pour éviter le port d’une prothèse.
l Linguoclusion postérieure avec absence de surface occlusale
fonctionnelle au niveau de l’un ou des 2 segments latéraux de
m l’arcade.
Occlusion inversée > 1mm, mais ≤ 3,5mm avec difficultés de
t masticationou d’élocution enregistrées par le praticien.
Eruption partielle de dents inclinées ou enclavées contre les dents
x
adjacentes.
Dents surnuméraires.
Niveau a Surplomb augmenté > 3,5 mais ≤ 6mm avec inocclusion labiale.
3 b Occlusion inversée > 1mm mais ≤ 3,5mm
c
Occlusion croisée antérieure ou postérieure avec un écart > 1mm
mais ≤ 2mm entre la position de relation centrée et l’intercuspidie
maximale.
d Déplacement de points de contact > 2mm mais ≤ 4mm
e Infraclusion antérieure ou latérale >2mm mais ≤4mm
f Supraclusion exagérée et complète sans traumatisme gingival.
Niveau a Surplomb exagérée >3,5mm et ≤6 avec occlusion labiale.
2 b Surplomb inversé > 0mm, mais ≤1mm
c Occlusion croisée antérieure ou postérieure avec un espace ≤ 1mm
entre la position de relation centrée et d’intercuspidie maximale.
d Déplacement de points de contact >1mm mais ≤2mm
e Infraclusion antérieure ou postérieure >1mm mais ≤2mm
f Supraclusion exagérée ≥3,5 mm sans contact gingival
g Occlusion postérieure et antérieure presque normale sans autres
anomalies avec un décalage inférieure à 1/2 dent.
80
Niveau Malocclusion infime inclus avec un décalage inférieure à <1mm
1
81
Conclusion
L’objectif de cette thèse a été de proposer un protocole permettant d’évaluer les
besoins de traitements en orthodontie pour une population donnée.
Dans une perspective de quantification des anomalies occlusales à des fins
épidémiologiques, des indices orthodontiques ont été mis au point. Ces indices
permettent d’identifier certains aspects de la malocclusion et d’évaluer la perception
esthétique du patient.
Cependant la malocclusion dentaire n’est pas considérée comme une maladie à
part entière et reste difficile à établir.
L’IOTN a été l’indice choisi parmi le grand nombre d’indices existants. Il permet à
la fois de prendre en compte la perception esthétique du patient et d’évaluer la
présence d’anomalies occlusales par le praticien.
Les besoins de traitement en orthodontie pouvant être évalués, les résultats
auront pour but de sensibiliser les orthodontistes et les omnipraticiens sur le
dépistage et la prise en charge des patients.
Une étude de grande envergure pourra alerter les autorités afin d’adapter le
système de santé sur le dépistage et la prise en charge des malocclusions dentaires.
82
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RESUME EN FRANÇAIS :
Les malocclusions ne peuvent être considérées comme des maladies dans la mesure où les
sujets qui en sont porteurs ne se plaignent généralement ni de douleurs, ni de signes
fonctionnels directement associés à cette condition. Dans cette mesure, la perception de la
nécessité d’un traitement orthodontique par celui qui procure les soins et le demandeur relève
de motivations très différentes.
Dans ces conditions, l’objectif de cette thèse est de proposer un protocole de recherche
épidémiologique pour évaluer les besoins de traitement en orthodontie en tenant compte de la
malocclusion et de la demande du patient. Plusieurs indices orthodontiques ont été proposé au
cours des dernières années afin d’évaluer ces besoins. Un indice parmi cette liste exhaustive a
été choisi et un protocole a été créé autour de cet indice.