X Ens Psi Maths 2011 Sujet

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 6

CX1611

Banque commune École Polytechnique – ENS de Cachan


PSI
Session 2011
__________

Épreuve de Mathématiques
__________

Durée : 4 heures
__________

Aucun document n’est autorisé

L’usage de calculatrice électronique de poche à alimentation autonome, non imprimante et


sans document d’accompagnement, est autorisé selon la circulaire n°99018 du 1 er février
1999. De plus, une seule calculatrice est admise sur la table, et aucun échange n’est autorisé
entre les candidats.

Si, au cours de l’épreuve, un candidat repère ce qui lui semble être une erreur d’énoncé, il le
signale sur sa copie et poursuit sa composition en expliquant les raisons des initiatives qu’il
est amené à prendre.

__________

1 TOURNEZ LA PAGE S.V.P.


Préambule

Avertissement : La lecture des rappels et définitions ci-dessous n’est pas


optionnelle. Le candidat devra se reporter à ce préambule à chaque fois qu’une
notion nouvelle sera utilisée dans l’énoncé. Les parties 1,2 et 3 sont largement
indépendantes.
On désignera par Rd l’espace euclidien de dimension d ≥ 1. On notera | · | la norme
euclidienne canonique

d
!1/2
X
|X| = x2i pour X = (x1 , . . . , xd ) ∈ Rd ,
i=1

associée au produit scalaire canonique


d
X
hX, Y i = xi yi pour X, Y ∈ Rd .
i=1

On considérera Md (R) l’ensemble des matrices carrées réelles de taille d et Md (C) l’en-
semble des matrices carrées complexes de taille d. On notera Idd la matrice carrée identité
de taille d, 0d la matrice nulle de taille d, et Diag(λ1 , . . . , λd ) la matrice carrée diagonale
dont les coefficients sur la diagonale sont donnés par λ1 , . . . , λd ∈ C.
On note Td+ (C) l’ensemble des matrices triangulaires supérieures de taille d sur C, c’est-
à-dire M ∈ Td+ (C) si et seulement si Mi,j = 0 pour tout i > j. On note Sd (R) l’ensemble
des matrices M réelles symétriques (c’est-à-dire telles que Mi,j = Mj,i pour tout i, j), et
on note Ad (R) l’ensemble des matrices M réelles antisymétriques (c’est-à-dire telles que
Mi,j = −Mj,i pour tout i, j).
On dira que deux matrices M1 , M2 ∈ Md (C) sont semblables dans C s’il existe une
matrice P ∈ Md (C) inversible telle que M2 = P −1 M1 P , et on dira que deux matrices
M1 , M2 ∈ Md (R) sont semblables dans R s’il existe une matrice P ∈ Md (R) inversible telle
que M2 = P −1 M1 P .
On dira qu’une matrice M ∈ Md (C) est nilpotente s’il existe k ∈ N \ {0} tel que M k = 0.
On définit l’exponentielle d’une matrice A ∈ Md (C) par

X An
exp(A) = .
n=0
n!

On définit sur l’espace des matrices Md (R) la norme suivante

|AX|
|||A||| := sup .
X∈Rd , X6=0 |X|

On notera <e z la partie réelle d’un nombre complexe z ∈ C.

2
1 Matrices et réversibilité
On considère A ∈ Md (R). On lui associe le système paramétré par U0 ∈ Rd

U 0 (t) = AU (t), U (0) = U0 ∈ Rd (1)

composé d’une équation différentielle de la variable réelle (notée t), à valeurs dans Rd , et
d’une donnée en t = 0.
1. Montrer en utilisant le théorème de Cauchy-Lipschitz que (1) admet, pour tout U0 ∈
Rd , une unique solution sur [0, +∞).
2. On considère une matrice A ∈ Md (R). Montrer que la suite
n
X Ak
Sn =
k!
k=0

est une suite de Cauchy pour la norme ||| · ||| et en déduire que exp(A) est bien défini.
3. Montrer que pour A ∈ Md (R) la matrice exp(A) est inversible, et que pour P ∈ Md (R)
inversible on a
exp P −1 AP = P −1 exp(A)P.


4. On admettra que pour A ∈ Md (R), la fonction

EA : R 7→ Md (R), t → exp(tA)

est C 1 sur R et que sa dérivée vérifie


d
EA (t) = A EA (t).
dt
Montrer que la solution de (1) est donnée par U (t) = exp(tA) U0 .
5. En utilisant un changement de variable, montrer, que pour toute donnée finale U0 ∈ Rd ,
l’équation (1) admet une unique solution U (t), t ≤ 0.
6. On dira que le système (1) est irréversible bien orienté si pour toute norme N sur Rd
on a
∀ U0 ∈ R d , lim N (U (t)) = 0. (2)
t→+∞

Il sera dit irréversible mal orienté si pour toute norme N sur Rd on a

∀ U0 ∈ Rd , U0 6= 0, lim N (U (t)) = +∞. (3)


t→+∞

On parlera simplement de système irréversible lorsque l’orientation ne sera pas précisée.


Dans le cas contraire, le système sera dit non orienté. Montrer que les assertions (2) et
(3) sont vérifiées pour toute norme N sur Rd dès qu’elles sont vérifiées pour la norme
euclidienne canonique | · |.
7. Le but de cette question est de démontrer le théorème de trigonalisation de Schur :
toute matrice de Md (C) est semblable dans Md (C) à une matrice de Td+ (C)
(triangulaire supérieure). Nous allons raisonner par récurrence sur la dimension d.
(a) Montrer que la propriété est vraie pour d = 1.
(b) Montrer que, pour d ≥ 2, toute matrice de Md (C) est semblable à une matrice
qui s’écrit par blocs  
λ ...
M0 =
0d−1 N
avec N ∈ Md−1 (C).

3 TOURNEZ LA PAGE S.V.P.


(c) Appliquer l’hypothèse de récurrence à la matrice N et conclure.
8. Montrer que, pour tout ε > 0, toute matrice M ∈ Md (C) est semblable à une matrice
de la forme D + Nε avec D la matrice diagonale dont les coefficients diagonaux sont
les valeurs propres de M et Nε une matrice dont tous les coefficients sont de modules
plus petits que ε. On pourra utiliser la question précédente ainsi que le changement
de base par la matrice de passage P = Diag(δ, δ 2 , . . . , δ d ) pour un δ > 0 bien choisi.
9. Montrer que pour un réel α > 0 et une fonction numérique dérivable g sur un intervalle
J de R, l’inégalité différentielle g 0 ≤ α g implique g(t) ≤ eα(t−s) g(s) pour tout segment
[s, t] inclus dans J.
10. On considère A = D + Nε avec D = Diag(λ1 , . . . , λd ) et Nε une matrice dont tous
les coefficients sont de modules plus petits que ε. Montrer en utilisant les questions
précédentes que les solutions de (1) vérifient

|U (t)| ≤ e(σ+dε)t |U0 |

avec σ = max{<e λ1 , . . . , <e λd }.


11. On considère une matrice A ∈ Md (R). En utilisant les questions précédentes 5 et 6,
montrer l’équivalence entre le fait que le système (1) soit irréversible bien orienté et
le fait que les valeurs propres de A soient toutes de partie réelle strictement négative.
De même montrer l’équivalence entre le fait que le système (1) soit irréversible mal
orienté et le fait que les valeurs propres de A soient toutes de partie réelle strictement
positive.
12. Montrer qu’un système irréversible bien orienté vérifie

∀ U0 ∈ Rd , U0 6= 0, lim N (U (t)) = +∞
t→−∞

et qu’un système irréversible mal orienté vérifie

∀ U0 ∈ Rd , lim N (U (t)) = 0.
t→−∞

2 Matrices et entropie
1. On considère une norme N associée à un produit scalaire sur Rd , que nous noterons
1/2
hU1 , U2 iN pour deux vecteurs U1 , U2 ∈ Rd . On rappelle l’identité N (U ) = hU, U iN .
On appelle entropie du système (1) une norme N associée à un produit scalaire sur
Rd qui vérifie
d
∀ U0 ∈ Rd , ∀ t ≥ 0, N (U (t)) ≤ 0
dt
et on appelle entropie stricte du système (1) une norme N associée à un produit scalaire
sur Rd qui vérifie
d
∀ U0 ∈ Rd , U0 6= 0, ∀ t ≥ 0, N (U (t)) < 0.
dt
Justifier que ces définitions ont bien un sens (justifier en particulier la dérivabilité par
rapport à t).
2. On considère la matrice suivante de M2 (R) :
 
−1 3
A= .
0 −1

(a) Calculer explicitement la matrice exp(tA) pour tout t ∈ R.

4
(b) Montrer que le système (1) associé à A est irréversible bien orienté.
(c) Montrer que la norme euclidienne | · | n’est pas une entropie pour ce système.
3. En vous inspirant de la question précédente, montrer que plus généralement, en toute
dimension d ≥ 2, il existe des matrices A ∈ Md (R) telles que le système (1) soit
irréversible bien orienté mais dont la norme euclidienne usuelle | · | sur Rd n’est pas
une entropie.
4. On souhaite montrer le théorème suivant : tout système irréversible bien orienté
admet une entropie stricte.
(a) Montrer que pour un système irréversible bien orienté, pour toute norme N as-
sociée à un produit scalaire sur Rd ,

∀ U0 ∈ Rd , ∀ t ∈ R, N (exp(tA)U0 ) ≤ C e−λ t N (U0 ) (4)

pour des constantes C ≥ 1 et λ > 0. On utilisera les questions 8, 11 et 12 de la


partie 1.
(b) Montrer que la borne supérieure λ0 des λ pour lesquels (4) est vrai est la plus
grande des parties réelles des valeurs propres (et donc qu’elle ne dépend pas de
la norme N ). On pourra s’inspirer de la question 11 de la partie 1.
(c) Cette borne inférieure est-elle toujours atteinte (i.e., (4) est-elle toujours vérifiée
pour λ0 ) ? (on démontrera la réponse).
(d) On considère une norme N associée à un produit scalaire sur Rd . Montrer que les
deux assertions suivantes sont équivalentes :
(i) La norme N est une entropie stricte du système (1).
(ii) L’inégalité (4) est vérifiée pour la norme N avec des constantes λ > 0 et
C = 1.
(e) Montrer que la norme NA définie par le produit scalaire suivant est bien définie :
Z +∞
∀ U1 , U2 ∈ Rd , hU1 , U2 iNA := hexp(sA)U1 , exp(sA)U2 i ds.
0

Démontrer le théorème annoncé au début de la question 4 en utilisant NA .


5. Dans le cas de la dimension d = 2 et de la matrice A de la question 2, calculer
explicitement la norme NA définie dans la question 4 (e).
6. On considère une fonction g de la variable réelle x, continue et bornée sur R avec
g(0) = 1, et un système (1) irréversible bien orienté en dimension d = 1. On note
f (t, x) := g(U (t)) pour tout x ∈ R et t ≥ 0, où U (t) est la solution de (1) au temps t
pour la donnée initiale U0 = x. Montrer que l’intégrale
|x|2
e−
Z
2
f (t, x) √ dx
R 2π
est bien définie et converge vers 1 lorsque t → +∞.

3 Matrices et hypocoercivité
On dira que le système (1) est hypocoercif s’il admet une entropie stricte N mais que la
norme euclidienne usuelle | · | est une entropie mais pas une entropie stricte pour ce système.

5 TOURNEZ LA PAGE S.V.P.


1. Montrer que la norme euclidienne usuelle est une entropie de (1) si et seulement si on
a l’inégalité suivante :
∀ X ∈ Rd , hAX, Xi ≤ 0
et qu’elle est une entropie stricte de (1) si et seulement si on a :
∀ X ∈ Rd , X 6= 0, hAX, Xi < 0.
Remarquer que cette formulation ne dépend plus du problème d’évolution. Nous par-
lerons donc sans ambiguı̈té d’hypocoercivité pour une matrice A ∈ Md (R).
2. Montrer que si A = S+K où S ∈ Sd (R) de valeurs propres toutes strictement négatives
et K ∈ Ad (R), alors le système est irréversible bien orienté et admet la norme |·| comme
entropie stricte. On utilisera le fait que toute matrice S ∈ Sd (R) est semblable (dans
R) à une matrice diagonale.
3. On considère, avec d = 2, la matrice A = T0 + L0 avec
   
0 1 0 0
T0 = , L0 = .
−1 0 0 −1
Montrer l’hypocoercivité de A et calculer la norme NA de la question 4 (e), Partie 2.
4. On considère maintenant A = T + L sur Rd (d ≥ 2) avec
 
T0 0
T = ,
0 Idd−2
où T0 est la matrice carrée de taille 2∗2 définie dans la question 3, L = Diag(0, λ2 , . . . , λd )
est une matrice diagonale avec une valeur propre nulle et les autres strictement néga-
tives : λi < 0, 2 ≤ i ≤ d. Montrer que le système (1) est irréversible bien orienté.
5. Sous les mêmes hypothèses que la question précédente, montrer l’hypocoercivité de la
matrice A.
6. Montrer que si N est une matrice nilpotente non nulle sur Rd , d ≥ 2, alors
hN X, Xi, X ∈ Rd = R.


On pourra commencer par montrer qu’il existe deux vecteurs unitaires e1 , e2 tels que
N (e1 ) = 0 et N (e2 ) = e1 .
7. On considère une matrice A = S + K + κ N , avec S ∈ Sd (R) matrice symétrique
de valeurs propres toutes strictement négatives, K ∈ Ad (R) matrice antisymétrique,
N ∈ Md (R) matrice réelle nilpotente non nulle, et κ ≥ 0. Montrer qu’il existe κ0 > 0
tel que :
– pour 0 ≤ κ ≤ κ0 , la norme euclidienne est une entropie stricte,
– pour κ > κ0 , la norme euclidienne n’est pas une entropie,
– pour κ = κ0 , la norme euclidienne est une entropie mais pas une entropie stricte.
8. Montrer que les matrices irréversibles bien orientées forment un ensemble ouvert parmi
2
les matrices (dans cette question et les suivantes, on identifiera Md (R) avec Rd et on
2
utilisera les notions de topologie de Rd ).
9. On appelle E l’ensemble des matrices qui admettent la norme euclidienne comme
entropie et E 0 l’ensemble des matrices qui admettent la norme euclidienne comme
entropie stricte. Montrer que E est un ensemble convexe fermé et E o est un ensemble
convexe ouvert.
10. On appelle point extrémal d’un ensemble convexe F un point de F qui ne peut s’écrire
comme barycentre de points de F distincts de lui-même. Déterminer l’ensemble des
points extrémaux de l’ensemble
F = ∂E ∩ {A = (aij )i,j=1,...,d , ∀ i, j, |aij | ≤ 1}
où on a noté ∂E = E \ E o .

FIN DE L'EPREUVE

Vous aimerez peut-être aussi