Choc Cardiogénique
Choc Cardiogénique
Choc Cardiogénique
Choc cardiogénique
MD Schaller R é s u m é. – Un état de choc peut se développer lors d’un infarctus myocardique étendu
P Eckert du ventricule gauche ou du ventricule droit, d’une rupture d’un cordage ou d’un pilier de la
D Tagan valve mitrale, d’une perforation du septum ou de la paroi ventriculaire suite à une nécrose,
dans l’évolution d’une myocardite ou des cardiomyopathies, des valvulopathies, lors d’une
tamponnade, d’embolie pulmonaire ou encore après chirurgie cardiaque. Le traitement
consiste à suppléer à la fonction cardiaque essentiellement par des vasopresseurs, des
inotropes, éventuellement des vasodilatateurs, une oxygénation suffisante en recourant au
besoin à la ventilation mécanique, une assistance circulatoire éventuellement ventriculaire.
La cause de l’état de choc doit être corrigée dans la mesure du possible. Ainsi, lors d’un
infarctus aigu, tout doit être mis en œuvre pour reperfuser au plus vite le myocarde :
thrombolyse associée à une pompe à contre-pulsion intra-aortique, angioplastie ou pontages
chirurgicaux. Les complications mécaniques liées à l’infarctus ainsi que les valvulopathies
relèvent de la chirurgie. Lorsque l’état de choc persiste, en dépit de toutes les mesures, une
transplantation peut être envisagée, une assistance mécanique circulatoire permettant
d’attendre la disponibilité d’un greffon.
© 1999, Elsevier, Paris.
Définition
L’état de choc cardiogénique est l’expression d’une défaillance aiguë et – une oligurie (inférieure à 20 mL/h) ;
sévère de la pompe cardiaque entraînant une altération profonde de la – une altération de l’état de conscience (agitation, confusion, coma).
perfusion périphérique et une anoxie tissulaire progressive. Il est défini
cliniquement par la présence des signes suivants [95] : Le profil hémodynamique est caractérisé par un débit cardiaque effondré
(index cardiaque inférieur à 2 L/min/m2) associé le plus souvent à des
– une hypotension artérielle systolique (inférieure à 90 mmHg) ou une chute pressions de remplissage ventriculaire élevées (pression artérielle pulmonaire
de pression artérielle systolique de 30 mmHg par rapport à la valeur de base, bloquée, ou PAPO, supérieure à 18 mmHg) et des résistances systémiques très
pendant une durée minimale de 30 minutes ; fortement augmentées [18, 79]. Plus rarement, l’état de choc est lié à une
– des troubles de la perfusion périphérique (extrémités froides, cyanosées et défaillance élective ou prédominante du ventricule droit ; la pression
marbrées) ; auriculaire droite devient égale ou supérieure à celle de l’oreillette gauche
– une sudation profuse ; [20, 63].
Classification physiopathologique
Les facteurs qui déterminent la performance ventriculaire sont au nombre de – la contraction ;
cinq :
– la fréquence cardiaque.
– la précharge, égale au volume télédiastolique ventriculaire, qui dépend de
la pression transmurale et de la distensibilité ventriculaire (relation pression- Les différents types de chocs cardiogéniques peuvent être logiquement
volume diastolique ventriculaire) ; classés en fonction de l’altération primaire de l’un ou l’autre des déterminants
– la contractilité myocardique ; du débit cardiaque. Cette classification est nécessairement schématique, vu la
complexité des mécanismes en cause qui ne permet pas toujours de rapporter
– la postcharge, qui désigne la tension pariétale instantanée durant l’éjection à un facteur unique la responsabilité des désordres fonctionnels observés. Elle
ventriculaire, et qui dépend du rayon de la cavité et de la pression a le mérite d’identifier le mécanisme initial et d’en déduire les principes
intraventriculaire au cours de la systole ; thérapeutiques [42, 46].
Anomalies de la précharge
Marie-Denise Schaller : Privat-docent et agrégée, médecin-chef.
Philippe Eckert : Médecin associé. Diminution
Damien Tagan : Médecin associé.
Service B du département de médecine interne, division des soins intensifs de médecine, – Par diminution de la durée de la diastole (tachycardie, tachyarythmie).
centre hospitalier universitaire Vaudois, CH-1011 Lausanne, Suisse.
© Elsevier, Paris
Infarctus massif du ventricule gauche La tachycardie et la diminution de la pression différentielle systémique sont
Les études anatomopathologiques ont démontré que, chez la plupart des généralement les premiers signes de la chute du débit cardiaque. À un stade
malades décédés d’un état de choc, la nécrose est très étendue, intéressant plus plus avancé l’hypotension s’installe, le pouls devient filant, les extrémités
de 40 % de la masse ventriculaire gauche [3]. Toutefois, la quantité maximale pâles, froides et moites. À l’auscultation cardiaque, les bruits sont lointains
de nécrose myocardique incompatible avec la survie n’a pas été établie, des (baisse de contractilité) avec présence d’un galop protodiastolique (B3)
patients ayant survécu à une destruction de près de 70 % de la masse souvent associé à un galop présystolique (B4), ou d’un galop de sommation.
ventriculaire gauche [67]. La lésion peut être unique ou se constituer à la faveur La dyspnée et la tachypnée peuvent évoluer vers une respiration périodique
de plusieurs dommages de moindre étendue et d’âges différents. Elle de type Cheyne-Stokes. La stase ou l’œdème pulmonaire, les troubles de l’état
correspond le plus souvent à des obstructions multiples réparties sur les trois de conscience et l’oligurie sont habituels à ce stade.
troncs coronariens ; elle est plus rarement liée à une occlusion unique La libération de la CK et de son isoenzyme CK-MB (plus spécifique d’une
intéressant le tronc commun ou la portion proximale de l’interventriculaire lésion du muscle myocardique) peut être soit précoce et massive, reflétant une
antérieure. lésion d’emblée étendue (si elle ne survient pas dans le cadre d’une
Une fois installé, l’état de choc contribue à aggraver l’ischémie myocardique : thrombolyse ou reperfusion par dilatation coronarienne), soit plus modérée
l’élévation de la pression diastolique ventriculaire compromet la perfusion mais prolongée dans le temps, suggérant une extension progressive de la
des territoires sous-endocardiques, alors que simultanément l’hypotension nécrose [45]. Au cours du choc cardiogénique, il est habituel d’observer une
systémique diminue la pression de perfusion des vaisseaux collatéraux. Ce élévation disproportionnée de l’activité des CK totales par rapport à celle de
cercle vicieux conduit à l’extension de la nécrose comme en témoignent les l’isoenzyme CK-MB. Ce phénomène traduit l’existence d’une
lésions d’âges différents retrouvées à l’autopsie et à une dégradation rhabdomyolyse associée d’origine anoxique. La troponine I, normalement
fonctionnelle progressive (fig 1) [7, 45]. indétectable dans le sérum, est un marqueur très précoce et hautement
Par ailleurs, l’état de choc déclenche généralement une stimulation spécifique d’une lésion myocardique. Elle pourrait à l’avenir remplacer le
vasoconstrictrice intense, comme en attestent les concentrations plasmatiques dosage de la CK-MB.
extrêmes de catécholamines, d’angiotensine II, d’aldostérone et de L’examen des gaz du sang montre habituellement une acidose métabolique,
vasopressine [89]. Par leurs effets sur le tonus artériolaire et veinulaire, ces compensée ou non, plus rarement une acidose mixte (œdème pulmonaire
agents augmentent la postcharge et la précharge et contribuent à accroître les asphyxiant) ; le gradient alvéoloartériel d’oxygène est franchement augmenté
besoins en oxygène du myocarde ischémique. Ce déséquilibre s’accentue et l’hypoxémie est marquée ; l’élévation du taux artériel de lactate est
avec le développement de lésions pulmonaires anoxiques (poumon de choc). constante ; elle reflète l’anoxie tissulaire et constitue de ce fait un bon indice
La conjonction d’une augmentation de la perméabilité capillaire et d’une de la durée et de la gravité du choc.
élévation de la pression intraluminale conduit à une extravasation massive de À la radiographie thoracique, les signes d’œdème pulmonaire se manifestent
liquide dans les espaces interstitiels et alvéolaires. Il en résulte une admission par un infiltrat interstitiel (lignes B de Kerley), voire alvéolo-interstitiel, et
veineuse accrue avec aggravation de l’hypoxémie et réduction une turgescence hilaire. La silhouette cardiaque n’est pas toujours agrandie
supplémentaire du transport d’oxygène au myocarde et à la périphérie. (diminution de la compliance ventriculaire).
Un examen échocardiographique doit être réalisé sans délai, au lit du malade.
Clinique et diagnostic Il montre habituellement une akinésie étendue avec hyperkinésie des
Le diagnostic d’infarctus myocardique aigu est établi dès que deux des trois territoires sains, plus rarement une hypokinésie globale. Il permet d’exclure
éléments suivants sont présents, à savoir symptômes évocateurs, une cause mécanique à la décompensation cardiaque (communication
modifications électrocardiographiques typiques et ascension de l’activité des interventriculaire, dysfonction mitrale, rupture de cordage) ou une
enzymes spécifiques. tamponnade.
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Tableau I. – Effets adrénergiques et dopaminergiques des catécholamines. Tableau II. – Choc cardiogénique : médicaments et posologie en fonction de la
réponse hémodynamique.
β1 β2 α DA1 DA2
Médicaments Doses (µg/kg/min)
Noradrénaline +++ 0 +++ 0 0
Inotropes positifs et vasopresseurs
Adrénaline +++ ++ +++ 0 0
Hypotension modérée
Dopamine ++ + +/++ +++ +++
Dobutamine 5-20
Dobutamine +++ ++ + 0 0 + dopamine 2-5
DA1, DA2 récepteurs dopaminergiques. Hypotension marquée
Dopamine 10-20
+ dobutamine 5-30
(DA1). Il s’y ajoute une inhibition de la libération de noradrénaline par
Hypotension réfractaire, choc grave
stimulation des récepteurs DA2 présynaptiques. L’augmentation des doses, Noradrénaline 0,02-3
au-delà de 5 µg/kg/min, provoque le recrutement cumulatif des récepteurs α + dopamine 10-20
qui conduit à une vasoconstriction systémique progressive. À dose + dobutamine 5-30
intermédiaire (2-5 µg/kg/min), la dopamine exerce un effet β1, ce qui a pour
conséquence d’augmenter le débit cardiaque, le volume d’éjection systolique
et la pression artérielle. Toutefois, en dépit de son inotropisme, la dopamine • Inhibiteurs de la phosphodiestérase (PDE),
tend à élever les pressions de remplissage ventriculaire. L’origine de ce tels que amrinone, milrinone, énoximone et piroximone [8]
phénomène n’est pas claire : on invoque l’effet de la veinoconstriction sur la Ils combinent un effet inotrope positif et vasodilatateur par action directe sur
précharge ou l’augmentation de la postcharge secondaire à la vasoconstriction le tonus de la musculature lisse. La réponse à l’administration intraveineuse
artériolaire. est caractérisée par une amélioration de la performance cardiaque, assez
L’intérêt de la dopamine est d’améliorer la performance ventriculaire sans comparable à celle obtenue par l’association dobutamine-nitroprussiate de
abaisser la pression artérielle et de stimuler la diurèse hydrosodée par son sodium : augmentation du débit cardiaque, réduction des pressions de
action sur le flux plasmatique rénal et la cellule tubulaire proximale. Ses remplissage, augmentation du dP/dt ventriculaire gauche et abaissement des
propriétés en feraient l’agent de choix du traitement de l’insuffisance résistances périphériques et coronariennes. À doses élevées, les effets
cardiaque aiguë avec tension basse et oligurie, mais son emploi est limité dans vasodilatateurs prédominent sur l’action inotrope et le danger existe
les cardiopathies ischémiques, du fait de sa moins bonne tolérance d’aggraver l’hypotension chez des malades dont la perfusion myocardique est
(arythmies) et de ses effets systémiques. À doses élevées (supérieures à largement dépendante de la pression artérielle diastolique. Leur emploi dans
10 µg/kg/min), la dopamine entraîne une vasoconstriction périphérique le traitement du choc cardiogénique est donc limité. Des études préliminaires
réalisant une augmentation néfaste de la postcharge et une réduction du flux ont démontré l’intérêt potentiel d’une association des inhibiteurs de la PDE
plasmatique rénal. C’est la raison pour laquelle on a intérêt à l’associer à la aux β-adrénergiques. Cependant, leur principale indication reste
dobutamine en choisissant une dose initiale voisine de 5 µg/kg/min qui est l’insuffisance cardiaque grave, non ischémique, réfractaire aux
augmentée en fonction de la réponse obtenue. Cette technique de titration vise β-adrénergiques par désensibilisation des récepteurs, et le syndrome de bas
à rétablir des conditions cardiocirculatoires adéquates en utilisant des doses débit après chirurgie cardiaque en CEC [31] ; leur relative longue durée
minimales d’inotropes, afin d’éviter les effets secondaires tout en prévenant d’action rend toutefois leur maniement difficile en situations aiguës.
les phénomènes de tolérance. Toutefois, lorsque l’effet presseur est
essentiellement souhaité, les doses peuvent être augmentées en fonction de la • Glycosides digitaliques
réponse clinique à 20 µg/kg/min, voire davantage. Ils ont un effet inotrope largement inférieur à celui des agents
• Noradrénaline β-adrénergiques [37], tout en ayant une marge thérapeutique beaucoup plus
étroite et une durée d’action prolongée. Ils n’ont pas d’indication dans cette
Elle possède une action α- et β1-adrénergique et vasoconstrictrice artériolaire situation.
puissante (tableau I). Son emploi dans le choc cardiogénique est restreint aux
cas où l’hypotension artérielle reste réfractaire aux doses élevées de • Ventilation en pression positive
dopamine. La dose initiale de 0,02 µg/kg/min en perfusion intraveineuse peut
L’œdème bronchique et alvéolaire augmente les résistances à l’écoulement
être augmentée progressivement jusqu’à restauration d’une pression artérielle
moyenne voisine de 65-70 mmHg [7, 16]. Dans les états de choc majeur, il est gazeux et diminue la compliance pulmonaire. Il en résulte, chez le patient en
parfois nécessaire de recourir à des doses d’emblée élevées, par exemple de respiration spontanée, la génération de pressions inspiratoires
l’ordre de 0,5 à 3 µg/kg/min. Le gain escompté est d’améliorer la perfusion intrathoraciques fortement négatives qui sont susceptibles de modifier les
coronarienne en élevant la pression diastolique aortique. Il ne faut toutefois conditions de charge ventriculaire :
pas oublier que la noradrénaline augmente les besoins métaboliques du – le retour veineux accru sous l’effet du gradient favorable entre les veines
myocarde, atténuant ainsi le bénéfice escompté. systémiques et l’oreillette droite, conduit à l’augmentation du volume
télédiastolique ventriculaire droit et, par interférence ventriculaire, à la
• Dobutamine compression diastolique ventriculaire gauche ;
Elle est essentiellement un agoniste des récepteurs β1-adrénergiques, mais – l’élévation du gradient de pression systolique transpariétal compromet la
elle possède en plus, par son isomère lévogyre, une action sur les récepteurs vidange du ventricule gauche et entraîne de ce fait l’augmentation du volume
α1-myocardiques qui lui confère un effet inotrope complémentaire sans télésystolique et la réduction du volume d’éjection systolique.
accélération de la fréquence cardiaque. À cela s’ajoute une stimulation des Il a été montré que, dans ces conditions, l’élévation de la pression
récepteurs α1-périphériques qui compense partiellement les effets relaxants intrathoracique qui résulte d’une ventilation assistée (CPAP ou PEP) améliore
de la stimulation β 2 -adrénergique sur le tonus artériolaire et veineux la performance ventriculaire gauche et augmente le débit cardiaque [85, 86] alors
(tableau II). La réponse hémodynamique à cette double action se manifeste qu’elle produit l’inverse chez le sujet sain [15]. Cette différence de réponse
par une augmentation du volume d’éjection systolique et du débit cardiaque s’explique par le fait que le ventricule gauche défaillant est extrêmement
sans accélération notable de la fréquence, un abaissement des pressions de sensible aux variations de la postcharge, alors qu’il tolère relativement bien
remplissage et une diminution modérée des résistances périphériques. Cette une diminution de la précharge (fig 3). En d’autres termes, lorsque la pression
dernière est due en partie à l’abaissement réflexe du tonus vasomoteur sous de remplissage gauche est suffisamment élevée (PAPO supérieure à
l’effet de l’augmentation du débit cardiaque et en partie à l’action directe de 18 mmHg), le bénéfice de l’élévation de la pression intrathoracique sur
la dobutamine sur les récepteurs β2-adrénergiques. L’effet sur la pression l’éjection ventriculaire gauche se traduit par une augmentation du débit
artérielle est variable et dépend de l’importance relative de l’augmentation cardiaque en dépit de la diminution de la précharge ; lorsque les pressions de
du débit cardiaque et de la vasodilatation périphérique. Ces propriétés remplissage sont plus basses (inférieures à 12 mmHg), les effets sur le retour
particulières font de la dobutamine l’agent inotrope de choix dans le choc veineux prédominent et le débit cardiaque s’abaisse [39]. En pratique, compte
cardiogénique [32]. C’est une substance sûre, d’action rapide, efficace et peu tenu de ces effets opposés, il est prudent d’utiliser une faible pression positive
arythmogène. De plus, comme l’ont démontré plusieurs études initiale (+ 5 cmH2O) en associant au besoin une expansion volémique sous
expérimentales et cliniques, la dobutamine ne compromet pas les conditions contrôle hémodynamique par Swan-Ganz pour prévenir une réduction de la
d’oxygénation myocardique et ne provoque pas d’extension de la nécrose au précharge et une baisse du débit cardiaque. Il est important de ne pas
stade aigu de l’infarctus du myocarde. En bref, la dobutamine améliore la provoquer d’hyperinflation pulmonaire et de surveiller de près la réponse
fonction ventriculaire systolique sans beaucoup modifier les conditions de hémodynamique, pour choisir la pression intrathoracique optimale qui permet
charge. Elle s’administre sous contrôle hémodynamique à doses progressives d’assurer le meilleur débit d’oxygène à la périphérie (DO2). Il faut savoir que
(5-30 µg/kg/min). Elle peut être utilement associée à la dopamine le sevrage ventilatoire s’accompagne d’un risque accru de dysfonction
(5-20 µg/kg/min) [87], voire à la noradrénaline, lorsque l’hypotension artérielle ventriculaire et d’ischémie myocardique, pouvant exiger l’administration de
demeure préoccupante. β-adrénergiques et de vasodilatateurs.
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Vasodilatateurs
• Nitroprussiate de sodium
Par une action directe sur la musculature lisse, il entraîne une vasodilatation
artérielle et veineuse [19]. En présence d’une augmentation importante des
5 Infarctus du ventricule droit. pressions de remplissage, l’association de nitroprussiate aux β-adrénergiques
Schéma résumant l’attitude théra-
peutique lors de choc cardiogéni-
peut entraîner une diminution notable de la stase pulmonaire tout en
que survenant dans le cadre de l’in- améliorant l’éjection ventriculaire. Le nitroprussiate s’administre en
farctus ventriculaire droit : si la perfusion intraveineuse à une dose de 0,2-0,5 µg/kg/min, à augmenter
restauration d’une fréquence suffi- progressivement en fonction de la réponse hémodynamique [19]. La durée de
sante, par atropine ou pacemaker
auriculoventriculaire, ne permet pas
vie très courte de la substance la rend très maniable et permet d’ajuster la dose
de corriger l’état de choc, une ex- de façon très précise. Les effets toxiques ne s’observent qu’après
pansion volémique associée éven- administration prolongée de doses élevées.
tuellement à de la dobutamine est
entreprise. Si l’état de choc persiste,
le traitement est poursuivi comme
Phentolamine
lors de choc cardiogénique en gé-
néral. IV : intraveineux. Inhibiteur des récepteurs α 1 - et α 2 -adrénergiques, c’est aussi un
vasodilatateur mixte avec une action préférentielle sur le compartiment
artériel. Elle entraîne les mêmes effets hémodynamiques que le nitroprussiate
systolique, avec une baisse parallèle du volume télésystolique, sans de sodium mais, à dose élevée (supérieure à 5 µg/kg/min), elle a un effet
modification notable de la fréquence cardiaque. Lorsque, sous traitement chronotrope positif plus marqué. Elle possède, par ailleurs, une action
inotrope, la pression télédiastolique ventriculaire droite s’abaisse, il est inotrope positive indirecte par la levée du mécanisme physiologique de
recommandé de reprendre l’expansion volémique sous contrôle rétroaction exercée par les récepteurs α2-présynaptiques, aboutissant à une
hémodynamique pour obtenir le débit optimal. libération accrue passive de noradrénaline dans la fente synaptique. La dose
Dans la règle, les vasodilatateurs sont à éviter. S’ils doivent être utilisés en initiale est de 2 à 3 µg/kg/min puis adaptée en fonction de la réponse. Dans
raison d’une atteinte ventriculaire gauche associée, ils seront administrés ces circonstances, l’amélioration des conditions hémodynamiques est
prudemment sous contrôle hémodynamique constant. Le danger de précipiter obtenue sans augmentation notable de la fréquence cardiaque, ni extension
la dysfonction cardiaque en réduisant le retour veineux existe. La CPIA a été de l’ischémie myocardique.
proposée, notamment lors d’atteinte biventriculaire.
Rupture d’un pilier
Traitement des troubles de la conduction et du rythme C’est un phénomène rare, rencontré dans moins de 0,1 % des infarctus
Diverses statistiques montrent que plus de la moitié des malades ayant un myocardiques aigus. Le pilier postérieur est le plus souvent atteint, car il est
infarctus du ventricule droit ont besoin d’un entraînement systolique dépourvu de circulation de suppléance. La rupture entraîne une régurgitation
transitoire à la phase aiguë. Malheureusement, l’accélération de la fréquence mitrale suraiguë et massive, un œdème pulmonaire asphyxiant et un état de
ventriculaire, par entraînement systolique conventionnel, se révèle choc irréversible. Le traitement associant vasodilatateurs, CPIA et inotropes
fréquemment insuffisante, vu l’inefficacité de la contraction ventriculaire positifs ne constitue qu’un support temporaire permettant d’attendre une
droite ou la non-réponse à la stimulation électrique. Dans ces conditions, intervention d’urgence [7, 97]. La mortalité est considérable, voisine de 70 %.
l’entraînement systolique auriculaire, ou mieux, la restauration d’un
synchronisme auriculoventriculaire par entraînement séquentiel permet Perforation septale
d’obtenir, par un meilleur remplissage ventriculaire, une élévation
Trouvée chez 1-2 % des patients décédés d’infarctus, elle survient
significative de la pression artérielle, du débit cardiaque et du volume
généralement entre le deuxième et le cinquième jour, plus rarement entre le
d’éjection systolique, parfois suffisante pour corriger l’état de choc [65].
sixième et le quinzième, après un infarctus transmural [7]. Elle complique
Pour les mêmes raisons, il est urgent de réduire une fibrillation auriculaire aussi bien les infarctus inférieurs qu’antérieurs, même si la perfusion septale
(choc électrique) ou de corriger une bradycardie sinusale (atropine, voire dépend essentiellement de l’interventriculaire antérieure. Elle se manifeste
entraînement auriculaire) (fig 5). souvent par une récidive de douleurs et l’apparition d’un souffle
holosystolique dans la région parasternale gauche inférieure ou apicale,
Complications mécaniques irradiant classiquement en « rayons de roue », s’accompagnant parfois d’un
frémissement palpable, qui ne se distingue pas toujours de celui de
Dysfonction de pilier l’insuffisance mitrale aiguë. Le diagnostic est posé par la mise en évidence
d’une élévation significative de la saturation en oxygène (environ 10 %) entre
L’ischémie aiguë, voire la nécrose d’un muscle papillaire, entraîne la l’oreillette droite et l’artère pulmonaire. Si la brèche est large, le shunt gauche-
dysfonction d’un pilier (antérieur ou postérieur, selon le siège de la lésion droit entraîne une importante surcharge de pression pour le ventricule droit et
coronarienne) et l’installation d’une insuffisance mitrale aiguë de volume pour le ventricule gauche, aboutissant à une insuffisance
[18, 88]. Le retentissement fonctionnel varie en fonction de l’importance de la biventriculaire, voire un état de choc. L’investigation hémodynamique à but
régurgitation systolique. Dans les formes graves, il n’est pas rare de mesurer diagnostique est superflue lorsque l’échocardiogramme bidimensionnel avec
une onde v géante (supérieure à 50 mmHg) sur le tracé de la PAPO, qui rend doppler démontre à l’évidence la perforation (fig 6). Dès que les conditions
compte de la brutalité d’apparition des manifestations cliniques : la dyspnée, hémodynamiques le permettent, une angiographie est pratiquée pour
l’œdème pulmonaire et l’état de choc peuvent s’installer en quelques minutes. confirmer le diagnostic, évaluer l’importance du shunt, ses répercussions
Le souffle holosystolique apexien et parasternal peut passer inaperçu dans le fonctionnelles et l’état des vaisseaux coronariens.
concert des râles pulmonaires ou manquer lorsque la régurgitation est L’approche thérapeutique est identique à celle de l’insuffisance mitrale aiguë
massive. Le diagnostic est rapidement posé par échocardiographie (ETT avec sévère. Là encore, l’institution précoce de l’assistance circulatoire [23, 34] est
doppler ou ETO). recommandée en cas d’échec du traitement vasodilatateur [96]. Dans la règle,
Le traitement d’urgence vise à réduire la postcharge pour limiter la la correction chirurgicale est indispensable [24, 25] car le choc traduit
régurgitation, tout en améliorant l’éjection ventriculaire dans l’aorte. On habituellement un shunt gauche-droit important (Q pulmonaire/Q systémique
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supérieur à 2,5). Les techniques opératoires permettent actuellement L’échocardiographie révèle habituellement une hypokinésie globale,
d’entreprendre cette chirurgie de réparation dans les 24 à 48 heures qui touchant les deux ventricules. À l’occasion, on constate des zones
suivent l’accident, avant le développement d’une insuffisance cardiaque d’hypokinésie localisées correspondant à des troubles électro-
irréversible [61, 81]. La coexistence d’un infarctus du ventricule droit assombrit cardiographiques en imposant pour un infarctus. En cas de doute, une
le pronostic. coronarographie est indiquée. L’utilité de la biopsie myocardique reste
controversée puisque d’une part, le diagnostic histopathologique peut poser
Rupture de la paroi libre problème en cas de prélèvement en zone saine en raison de l’inhomogénéité
de l’atteinte inflammatoire et que d’autre part, la démonstration de l’efficacité
C’est un événement catastrophique, habituellement mortel, survenant plus des immunosuppresseurs n’a pas encore été établie de manière irréfutable. La
fréquemment que la perforation septale entre le troisième et le cinquième jour biopsie devrait apporter la preuve d’une nécrose cellulaire, avec infiltration
après les premiers symptômes (extrêmes : 1 jour-3 semaines) [7]. Cette
lymphocytaire, éventuellement permettre la détection des virus par
complication se développe plus souvent lors d’infarctus ventriculaire gauche,
visualisation directe ou culture.
chez la femme, chez le sujet âgé ou hypertendu. Le diagnostic est présumé
sur l’association d’une bradycardie, sinusale ou non, avec stase jugulaire Le traitement est symptomatique : support inotrope par des amines,
aiguë, perte de connaissance et dissociation électromécanique. Le massage entraînement électrosystolique temporaire, traitement des arythmies et
cardiaque externe est inefficace et la mort survient habituellement avant que ventilation mécanique, voire assistance circulatoire ou ventriculaire.
toute manœuvre thérapeutique puisse être entreprise. Quelques cas L’évolution est parfois surprenante avec une récupération fonctionnelle quasi
exceptionnels ont survécu grâce à une intervention immédiate. Dans ces complète. Ceci explique la difficulté de poser l’indication à la mise sur liste
situations pouvant se dégrader extrêmement rapidement, on se contente de urgente de transplantation cardiaque, qui parfois représente le traitement de
l’image échocardiographique avant la chirurgie. En présence d’un faux dernier recours [100].
anévrisme ventriculaire, la chirurgie préventive est préconisée en raison d’un
risque élevé de rupture à court ou à long terme.
Valvulopathies aiguës
Stade terminal des cardiomyopathies dilatées
Insuffisance aortique aiguë
Le terme de cardiomyopathie dilatée désigne une maladie du muscle
cardiaque d’étiologie inconnue, qui se manifeste par une dysfonction Une insuffisance aortique aiguë massive peut compliquer une endocardite
systolique progressive et une dilatation touchant le plus souvent les deux aiguë, une dissection de l’aorte ascendante ou un traumatisme (rupture d’une
ventricules. Le cours de la maladie n’est pas prévisible, mais son pronostic valve par décélération ou par lacération de l’aorte).
est grave avec une mortalité voisine de 30 à 50 % dans les
2 ans qui suivent le diagnostic. L’évolution est émaillée d’épisodes de Le volume régurgité dépend à la fois de la dimension de l’orifice aortique, du
décompensation aiguë. À un stade avancé, les valeurs hémodynamiques gradient de pression diastolique à travers la valve et de la durée de la diastole.
enregistrées révèlent une détérioration fonctionnelle que ne laisse pas Lors de régurgitation aiguë, le ventricule gauche, peu distensible, est
supposer l’examen clinique avec, typiquement, un abaissement majeur de incapable de s’adapter à la surcharge de volume. Il en résulte une ascension
l’index cardiaque (1-1,5 L/min/m_), une PAPO très élevée (supérieure à très marquée de la pression télédiastolique, qui peut excéder la pression
30 mmHg) et des résistances artérielles systémiques fortement accrues auriculaire gauche et entraîner alors une fermeture précoce de la valve
(supérieures à 2 000 dyn/s/cm5). mitrale [13]. Ces conditions réalisent un tableau d’œdème pulmonaire aigu,
L’examen clinique frappe davantage par les signes de bas débit que par la parfois associé à un état de choc. Les signes périphériques classiques de
congestion pulmonaire. La cardiomégalie est évidente à la radiographie l’insuffisance aortique chronique manquent par le fait que le volume
thoracique comme à l’échocardiogramme. L’hypokinésie et la dilatation d’éjection systolique n’est pas augmenté. Une pression artérielle différentielle
ventriculaire sont extrêmes et la fraction d’éjection effondrée (fréquemment peu modifiée, l’absence d’un souffle de Durosiez et du pouls capillaire
inférieure ou égale à 20 %) (fig 7). peuvent égarer [ 1 3 ] . À l’auscultation, le souffle diastolique est
remarquablement court en raison de l’augmentation rapide de la pression
Le traitement de la décompensation associe les agents inotropes positifs
diastolique ventriculaire gauche, qui annule le gradient de régurgitation. À la
(essentiellement la dobutamine) aux vasodilatateurs. L’assistance circulatoire
radiographie, le cœur est habituellement de dimension normale avec des
(CPIA) ou ventriculaire n’a de sens ici que dans l’attente d’une
transplantation cardiaque imminente. signes de congestion pulmonaire. L’échocardiogramme avec doppler permet
de confirmer la régurgitation, d’en estimer les répercussions fonctionnelles et
parfois d’en reconnaître la cause (végétation, dissection, lacération). La
Myocardite aiguë détérioration peut être si rapide qu’elle constitue une indication à une
intervention réparatrice d’urgence [55]. Tout délai ne peut qu’aggraver le
pronostic.
La myocardite est une cause rare de choc cardiogénique. Le plus souvent, elle
se manifeste par une insuffisance cardiaque gauche aiguë avec troubles du Le traitement médical se résume aux vasodilatateurs associés le cas échéant
rythme et de conduction. Sur le plan fonctionnel, l’atteinte diffuse du muscle aux β-adrénergiques. La CPIA est formellement contre-indiquée, car elle
entraîne une perte de contractilité et un défaut de compliance. accroît encore la régurgitation en augmentant la pression diastolique aortique.
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Cardiologie-Angéiologie CHOC CARDIOGÉNIQUE 11-038-B-10
A B
7 A. Échocardiogramme bidimensionnel en incidence parasternale long axe d’une cardio- Le diamètre diastolique de cette cavité est fortement augmenté à 89 mm. Noter l’akinésie
myopathie congestive terminale chez un jeune homme de 27 ans. VG : ventricule totale du septum interventriculaire (S) et le faible mouvement de la paroi postérieure du
gauche ; VD : ventricule droit ; S : septum ; Ao : aorte. ventricule gauche. Par planimétrie, la fraction d’éjection chez ce malade est estimée à 17 %.
B. Examen en mode TM du même malade, au niveau du ventricule gauche.
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Tamponnade
L’accumulation rapide de moins de 200 mL de liquide dans un péricarde non
distensible peut déjà entraîner une tamponnade. En revanche, si
l’épanchement s’installe progressivement, le sac s’adapte pour contenir des
volumes considérables sans gêne mécanique apparente ; c’est donc davantage
la vitesse d’installation que le volume de l’épanchement qui est le facteur
déterminant.
La pression intrapéricardique, normalement proche de la pression
intrapleurale, est nettement inférieure à la pression diastolique des ventricules
droit et gauche. L’accumulation de liquide élève la pression intrapéricardique
et diminue la pression transpariétale. Lorsque la pression péricardique
dépasse les pressions diastoliques ventriculaires, on observe une égalisation
caractéristique des pressions auriculaires (gauche et droite) et artérielle
pulmonaire diastolique [93]. Le défaut de remplissage des ventricules est à
l’origine de la diminution du volume d’éjection systolique et finalement du
débit cardiaque. 8 Enregistrement des courbes de pression chez un patient en état de choc dû à une
tamponnade : la pression artérielle pulmonaire (PAP) diastolique est très voisine de la
Il est à relever qu’en présence d’une dysfonction ventriculaire gauche grave pression mesurée dans l’oreillette droite (POD) et de la pression artérielle pulmonaire
associée, l’élévation de la PAPO persiste en cas de tamponnade et bloquée (PAPO). Le tracé de pression auriculaire droite ne comporte pas de creux Y mais le
l’égalisation des pressions fait défaut. Un hématome intrapéricardique creux X est bien visible. Après ponction péricardique, on voit réapparaître le creux Y. Par
ailleurs, il n’y a plus d’égalisation des pressions des cavités gauche et droite. Les barres
localisé (synéchies par exemple) peut comprimer les cavités cardiaques de verticales correspondent aux complexes QRS à l’électrocardiogramme (ECG).
manière asymétrique et réaliser un tableau hémodynamique d’insuffisance
ventriculaire gauche ou droite, sans égalisation des pressions. Par ailleurs,
lorsque la tamponnade s’associe à une hypovolémie, les pressions de
remplissage n’augmentent que modérément.
Clinique et diagnostic
Le diagnostic de tamponnade doit être suspecté chaque fois qu’un état de choc
s’accompagne d’une stase veineuse marquée (turgescence jugulaire), d’un
pouls paradoxal et d’une tachycardie. Dans sa forme suraiguë, la tamponnade
se manifeste par une syncope avec bradycardie, turgescence jugulaire et
dissociation électromécanique rapidement fatale. Ce tableau dramatique est
la conséquence habituelle d’une perforation pariétale ou d’une dissection de
l’aorte ascendante.
À la radiographie thoracique, le cœur peut rester de dimension normale ou
prendre un aspect globuleux, si l’épanchement s’est constitué
progressivement. Un microvoltage des complexes QRS et une alternance
électrique sur l’électrocardiogramme sont suggestifs mais non
pathognomoniques. Le cathétérisme cardiaque droit montre, outre les
modifications déjà mentionnées, une morphologie caractéristique du tracé de
pression auriculaire droite avec un creux x prédominant (relaxation
auriculaire) contrastant avec la diminution, voire la disparition du creux y (qui
correspond à la chute de pression due à la vidange auriculaire, immédiatement 9 Échocardiogramme bidimensionnel en incidence parasternale gauche long axe
(diastole-systole), montrant un large épanchement péricardique. La paroi de l’oreillette
après l’ouverture de la tricuspide) (fig 8). Ce dernier élément permet de la gauche (la) est modérément soulevée par l’épanchement, tamponnant au moment de
distinguer d’autres conditions pathologiques limitant l’expansion l’examen.
ventriculaire, comme l’infarctus étendu du ventricule droit et la péricardite Iv : ventricule gauche ; pe : épanchement péricardique ; S : septum ; Ao : aorte ; dia :
constrictive [93]. Toutefois, l’examen de choix est l’échocardiographie qui diastole ; sys : systole.
permet de mettre en évidence le décollement péricardique, la quantité et
l’aspect (homogène ou non du liquide intrapéricardique) et la déformation des
cavités cardiaques : écrasement des cavités droites durant l’inspiration et ou l’application d’une PEP. Si l’état du malade est très préoccupant, il est
relative expansion des ventricules durant l’expiration (fig 9). recommandé d’effectuer, sous anesthésie locale, une ponction péricardique
de décharge avant d’entreprendre le drainage chirurgical.
Traitement
Le traitement approprié est de lever l’obstacle par ponction péricardique sous Embolie pulmonaire massive
contrôle échocardiographique ou par drainage chirurgical. La
péricardiocentèse sous-xiphoïdienne a l’avantage de pouvoir être effectuée au
lit du malade, d’éviter l’anesthésie générale et d’entraîner une amélioration Le développement brutal d’une hypertension artérielle pulmonaire lors
hémodynamique immédiate après la soustraction d’un volume restreint de d’embolie massive peut entraîner un état de choc par défaillance ventriculaire
liquide (20 à 50 mL). Lorsque la situation est moins urgente, le drainage droite aiguë [ 6 9 ] . Cette situation s’observe en général chez le sujet
chirurgical est préféré car il est plus efficace ; il met à l’abri des récidives et il préalablement sain, lorsque l’obstruction dépasse 60 % du lit artériel
fournit l’occasion d’une biopsie péricardique à but diagnostique. pulmonaire, mais des embolies moins étendues ont les mêmes conséquences
chez les malades ayant des antécédents pulmonaires ou cardiaques. L’état de
Certaines précautions sont nécessaires. En effet, l’anesthésie générale chez choc exprime la dépression aiguë de la fonction ventriculaire droite en
ces malades peut entraîner, par réduction brutale de la précharge, une réponse à la surcharge de pression et se manifeste par une diminution du
hypotension artérielle avec tachycardie et diminution supplémentaire du débit
volume d’éjection systolique et du débit cardiaque, en dépit de l’élévation de
cardiaque. Il convient donc de ne pas intervenir sans une surveillance
la pression télédiastolique ventriculaire droite et de l’accélération de la
hémodynamique minimale (pression veineuse centrale). Dans le délai qui
précède l’intervention, il est important d’éviter toute manipulation qui fréquence. Plusieurs études ont démontré le rôle clé de l’ischémie du
pourrait entraîner une diminution du retour veineux, de la fréquence ventricule droit dans ces conditions.
cardiaque ou de la contractilité ventriculaire. Il est même souvent utile de Le phénomène apparaît lié, en premier lieu, à la diminution du gradient de
procéder à une expansion volémique préventive afin d’obtenir des pressions perfusion coronarienne secondaire à l’élévation de la pression
de remplissage suffisantes (pression auriculaire droite entre 20 et 25 mmHg), intraventriculaire droite et à la chute de la pression aortique [14]. La diminution
en y associant, au besoin, des agents inotropes (dopamine ou dobutamine) ou des apports qui en résulte est d’autant moins bien tolérée que la dilatation
vasopresseurs (noradrénaline) sous contrôle hémodynamique. Une attention ventriculaire augmente les besoins myocardiques en oxygène.
particulière doit être apportée à la ventilation artificielle. L’élévation de la Expérimentalement, on peut démontrer que l’administration d’un
pression intrathoracique qu’entraîne la ventilation intermittente en pression vasoconstricteur artériel (phényléphrine) ou la compression de l’aorte
positive (IPPV) suffit parfois à rompre l’équilibre circulatoire en diminuant améliore la performance cardiaque, ce qui tend à confirmer le rôle
la précharge ventriculaire [70]. Ce phénomène est exacerbé par l’hypovolémie déterminant de la perfusion du ventricule droit [73].
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