CBRN Module - F 2
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international de la lutte
contre le terrorisme
chimique, biologique,
radiologique ou nucléaire
MODULE 6
NATIONS UNIES
New York, 2017
© Nations Unies, avril 2017. Tous droits réservés pour tous pays.
Les appellations employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent
n’impliquent de la part du Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies aucune prise de
position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités,
ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.
Les vues et opinions exprimées dans la présente publication ne reflètent pas nécessairement
celles de l’un quelconque des États ou de tiers.
La présente publication n’a pas fait l’objet d’une mise au point rédactionnelle.
INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
Origine et finalité du Programme de formation juridique contre le terrorisme
et du présent module relatif au terrorisme chimique, biologique, radiologique
ou nucléaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
iii
3.2.4 Les dispositions relatives à la compétence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3.2.5 La coopération internationale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3.3 La Convention internationale pour la répression des actes
de terrorisme nucléaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
3.3.1 La confidentialité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.3.2 Les incriminations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.3.3 Les dispositions relatives à la compétence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
3.3.4 La coopération internationale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
3.3.5 Les différences de champ d’application et de définitions entre
la Convention internationale pour la répression des actes de
terrorisme nucléaire, la Convention sur la protection physique
des matières nucléaires et son amendement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.4 La Convention internationale pour la répression des attentats terroristes
à l’explosif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
3.4.1 Les incriminations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.4.2 Les dispositions relatives à la compétence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3.4.3 La coopération internationale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3.5 Le Protocole de 2005 relatif à la Convention pour la répression
d’actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime
(Convention SUA de 2005). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.5.1 Le but stratégique élargi de la Convention SUA de 2005. . . . . . . . . . . . 40
3.5.2 Le rapport entre la Convention SUA de 2005 et les instruments
relatifs à la non-prolifération nucléaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.5.3 Le contexte des actions visant à contrôler les armes biologiques,
chimiques ou nucléaires menées pendant la rédaction de la
Convention SUA de 2005. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.5.4 Dispositions en matière d’arraisonnement et de fouille concernant
les armes BCN et d’autres infractions visées par la Convention
SUA de 2005 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
3.6 Le Protocole de 2005 relatif au Protocole pour la répression d’actes illicites contre
la sécurité des plates-formes fixes situées sur le plateau continental (Protocole SUA
de 2005 sur les plates-formes fixes). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
3.7 La Convention sur la répression des actes illicites dirigés contre l’aviation
civile internationale (Convention de Beijing de 2010) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
3.7.1 Les incriminations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
3.7.2 Les dispositions relatives à la compétence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
3.7.3 La responsabilité des personnes morales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
3.7.4 Les mesures de protection des personnes accusées. . . . . . . . . . . . . . . . . 59
3.7.5 La coopération internationale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
3.7.6 Les dispositions supplémentaires relatives au droit humanitaire
et aux accords de maîtrise des armements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
iv
CONCLUSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
4.1 Examen législatif conjoint des infractions visées par la Convention sur
la protection physique des matières nucléaires et son amendement de
2005 et par la Convention internationale pour la répression des actes de
terrorisme nucléaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
4.2 Examen législatif conjoint de l’instrument de 2005 relatif à la navigation
maritime et de l’instrument de 2010 relatif à l’aviation civile . . . . . . . . . . . . . . . 64
4.3 L’application des instruments juridiques internationaux de lutte contre
le terrorisme chimique, biologique, radiologique ou nucléaire. . . . . . . . . . . . . . . 64
4.4 Le rapport entre les instruments juridiques internationaux de lutte contre
le terrorisme chimique, biologique, radiologique ou nucléaire et les autres
instruments multilatéraux et bilatéraux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
ANNEXE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
GLOSSAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
v
INTRODUCTION
Le Programme de formation juridique contre le terrorisme est l’un des outils mis au point
par le Service pour assurer le transfert des connaissances et des compétences nécessaires au
renforcement de la capacité des États à s’acquitter de leurs obligations juridiques internatio-
nales en matière de lutte contre le terrorisme.
1
2 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
Le présent module relatif aux infractions relevant du terrorisme chimique, biologique, radio-
logique ou nucléaire a vocation à être employé dans le cadre d’actions de renforcement des
capacités destinées aux responsables politiques, aux législateurs, aux juges et aux procureurs.
Cela étant, il peut également s’avérer utile dans le cadre d’actions de renforcement des capa-
cités visant de plus larges publics, tels que les agents des services de répression.
1. LES INSTRUMENTS JURIDIQUES
INTERNATIONAUX DE LUTTE
CONTRE LE TERRORISME CHIMIQUE,
BIOLOGIQUE, RADIOLOGIQUE
OU NUCLÉAIRE
3
4 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
coopération qu’elle prévoit concerne l’échange entre États parties, en conformité avec leur
législation nationale, de renseignements afin de détecter, prévenir et combattre les infractions
visées par la Convention et d’enquêter sur elles. Enfin, la Convention exige des États parties
qu’ils adoptent certaines mesures relatives à la prise en charge des matières, installations et
engins radioactifs saisis suite à la commission d’une infraction qu’elle vise.
Outre les instruments juridiques internationaux de lutte contre le terrorisme chimique, biologique,
radiologique ou nucléaire qui viennent d’être mentionnés, d’autres instruments internationaux sont
de la plus haute importance s’agissant des armes de destruction massive, à savoir la Convention
sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques
(biologiques) ou à toxines et sur leur destruction (Convention sur les armes biologiques), la Conven-
tion sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes
chimiques et sur leur destruction (Convention sur les armes chimiques) et le Traité sur la non-
prolifération des armes nucléairesa.
En outre, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté en 2004 la résolution 1540, qui impose aux
États de prendre certaines mesures, énoncées dans la résolution, visant à réduire le risque de
prolifération et à empêcher l’accès d’acteurs non étatiques à des armes de destruction massive, en
particulier à des fins terroristes (voir section 2.2). Le présent module n’étudie ni la Convention sur
les armes biologiques ni la Convention sur les armes chimiques, dont les dispositions présentent
toutefois certaines similitudes avec celles des instruments de lutte contre le terrorisme chimique,
biologique, radiologique ou nucléaire. Par conséquent, les États sont invités à en tenir également
compte lorsqu’ils élaborent leur législation en matière de lutte contre le terrorisme chimique, bio-
logique, radiologique ou nucléaire.
a
Il est à noter, par exemple, que l’article VII de la Convention sur les armes chimiques impose aux États
parties d’ériger en infractions pénales, dans leur législation interne, les actes prohibés par la Convention, et
qu’il contribue par là même à prévenir et à réprimer la prolifération des armes chimiques. L’article IV de la
Convention sur les armes biologiques impose également aux États de prendre des mesures pour “interdire et
empêcher” certains actes, qu’il s’agisse de mesures législatives, administratives ou réglementaires.
Éléments communs
La plupart des instruments juridiques internationaux de lutte contre le terrorisme chimique,
biologique, radiologique ou nucléaire mentionnés plus haut présentent des points communs.
De façon générale, ces instruments:
1. Chaque acte délictueux est défini en fonction de ses éléments objectifs et matériels
(actus reus, par exemple, causer des destructions, poser des explosifs, capturer des aéronefs
ou des navires, etc.). Parfois, un élément constitutif supplémentaire de l’infraction réside
dans la création d’un danger, que la cause de ce danger ait été intentionnelle ou non (par
exemple, les actes de violence commis à bord d’un aéronef ne sont pas tous visés par la
Convention pour la répression d’actes illicites dirigés contre la sécurité de l’aviation civile;
l’infraction visée ne concerne que les actes qui risquent de compromettre la sécurité de
l’aéronef en vol). Les instruments juridiques internationaux de lutte contre le terrorisme
chimique, biologique, radiologique ou nucléaire ne définissent pas le terme “acte terroriste”
et ne font pas de la motivation terroriste une condition sine qua non à la qualification de
certains actes en tant qu’infractions. La motivation terroriste n’est un élément constitutif
de l’infraction que dans certains cas. Dès lors, elle est définie comme l’intention de
“contraindre une personne physique ou morale, une organisation internationale ou un
gouvernement à accomplir un acte ou à s’en abstenir1 » ou d’“intimider une population
ou [de] contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir ou
à s’abstenir d’accomplir un acte quelconque2 ».
2. Les dispositions créant des infractions exigent généralement aussi un élément subjectif
(mens rea), à savoir que l’infraction soit commise “intentionnellement”. Cette intention
“générale” s’accompagne souvent d’une intention dite “spéciale”, par exemple l’intention
supplémentaire de l’auteur de causer la mort ou des blessures physiques graves.
3. Les instruments obligent en outre les États parties à ériger ces actes (définis dans
l’instrument concerné), y compris la tentative et la complicité, en infractions pénales dans
leur législation interne.
5. Les instruments ne fixent pas de peines précises mais exigent que les infractions soient
passibles de sanctions appropriées tenant compte de leur gravité.
1
Voir, par exemple, l’alinéa b iii du paragraphe 1 de l’article 2 de la Convention internationale pour la répression des
actes de terrorisme nucléaire.
2
Article 3 bis de la Convention SUA de 2005.
1—LES INSTRUMENTS JURIDIQUES INTERNATIONAUX DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN 7
1.4 La compétence
L’un des principaux objectifs des instruments juridiques internationaux de lutte contre le
terrorisme chimique, biologique, radiologique ou nucléaire est de veiller à ce que le plus
d’États parties possible soient compétents pour engager des poursuites contre les auteurs des
infractions définies dans les instruments concernés, afin de priver ceux-ci de tout refuge.
Cet objectif est poursuivi par la voie de dispositions imposant aux États parties de se déclarer
compétents pour connaître des infractions établies par les instruments en question dans
différentes circonstances. De façon générale, ces instruments imposent aux États parties
d’établir leur compétence lorsque l’infraction est commise sur le territoire de l’État, à bord
d’un navire battant pavillon de l’État en question ou d’un aéronef immatriculé dans l’État,
ou par un ressortissant dudit État. On parle alors de chefs obligatoires de compétence, que
les États parties sont tenus d’intégrer dans leur législation nationale. Les instruments en
question prévoient également une obligation pour les États parties d’établir leur compétence
pour connaître des infractions lorsque leur auteur présumé se trouve sur le territoire d’un
État qui n’accorde pas l’extradition en vertu d’une demande présentée par un autre État
partie ayant compétence. En outre, les instruments proposent également plusieurs chefs
facultatifs de compétence, tels que le principe de personnalité passive, en vertu duquel les
États parties pourraient établir leur compétence sur des infractions commises à l’étranger
contre leurs ressortissants4.
3
En cas de conflit armé, par principe, les normes applicables du droit international humanitaire prévalent en
tant que lex specialis. Aux termes du paragraphe 2 de l’article 19 de la Convention internationale pour la répression
des attentats terroristes à l’explosif, “[l]es activités des forces armées en période de conflit armé, au sens donné à
ces termes en droit international humanitaire, qui sont régies par ce droit ne sont pas régies par la présente Conven-
tion”. Des dispositions similaires figurent dans les instruments ultérieurs cités dans le présent module.
4
Les instruments juridiques internationaux de lutte contre le terrorisme chimique, biologique, radiologique ou
nucléaire ne précisent pas quel organisme public sera chargé d’engager des poursuites, cet aspect étant laissé à
l’appréciation de chaque État. Par exemple, les États peuvent choisir de centraliser les poursuites engagées contre
les auteurs d’infractions à caractère terroriste au sein d’unités spécialisées, ou au contraire de répartir la charge de
travail différemment. Pareilles décisions sont intégralement fondées sur des considérations nationales et sur les
politiques nationales en matière pénale.
8 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
concerné doit soit remettre la personne à l’État requérant, soit soumettre l’affaire aux auto-
rités nationales compétentes pour l’exercice de l’action pénale.
Par exemple, la Convention internationale pour la répression des attentats terroristes à l’ex-
plosif (ainsi que d’autres instruments utilisant des formulations identiques ou très similaires)
dispose, au paragraphe 1 de son article 8, qu’un État partie qui n’extrade pas la personne
vers l’État partie requérant est “tenu [...] de soumettre l’affaire, sans retard excessif et sans
aucune exception, que l’infraction ait été ou non commise sur son territoire, à ses autorités
compétentes pour l’exercice de l’action pénale selon une procédure conforme à la législation
de cet État. Ces autorités prennent leur décision dans les mêmes conditions que pour toute
autre infraction de caractère grave conformément aux lois de cet État.”
En matière d’extradition, ces instruments apportent une valeur ajoutée à plusieurs titres:
• Les infractions prévues dans les instruments internationaux de lutte contre le terro-
risme sont de plein droit considérées comme cas d’extradition dans tout traité d’ex-
tradition existant entre des États parties.
• Les États parties s’engagent à considérer les infractions prévues par les instruments
comme cas d’extradition dans tout traité d’extradition conclu ultérieurement.
• Les États parties qui n’assujettissent pas l’extradition à l’existence d’un traité sont
tenus de considérer les infractions prévues par les instruments juridiques internatio-
naux de lutte contre le terrorisme chimique, biologique, radiologique ou nucléaire
comme passibles d’extradition entre eux.
• Les États parties qui font normalement de l’existence d’un traité une condition pour
l’extradition peuvent, s’ils le souhaitent, utiliser l’instrument international comme base
juridique de l’extradition en cas de demande émanant d’un autre État partie.
• Les dispositions de tous les traités et arrangements d’extradition entre États parties
au même instrument international relatives aux infractions concernées sont “réputées
modifiées” en cas d’incompatibilité avec ledit instrument.
• Il est interdit aux États parties de rejeter la demande d’extradition adressée par un
autre État partie (relative à toute infraction prévue par l’instrument en question) au
motif qu’elle concerne une infraction politique, une infraction connexe à une infraction
1—LES INSTRUMENTS JURIDIQUES INTERNATIONAUX DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN 9
politique, ou une infraction inspirée par des mobiles politiques (voir discussion
ci-après), aucune des infractions visées par l’instrument ne pouvant être considérée
comme telle à des fins d’extradition.
• Aucune disposition des instruments n’impose d’obligation aux États parties d’extrader
(concernant toute infraction visée par les instruments) si la partie requise a des raisons
sérieuses de croire que la demande a été présentée aux fins de poursuivre ou de punir
une personne pour des considérations de race, de religion, de nationalité, d’origine
ethnique ou d’opinions politiques, ou que la situation de cette personne risque d’être
compromise pour cette raison (voir la discussion ci-après).
• Les États parties sont tenus de s’accorder l’entraide judiciaire la plus large possible
pour toute enquête, procédure pénale ou procédure d’extradition relative aux infrac-
tions visées par l’instrument concerné, y compris pour l’obtention des éléments de
preuve nécessaires aux fins de la procédure.
• Il est interdit aux États parties de rejeter la demande d’entraide judiciaire adressée
par un autre État partie relative à toute infraction visée par un instrument au motif
qu’elle concerne une infraction politique, une infraction connexe à une infraction
politique, ou une infraction inspirée par des mobiles politiques (voir discussion
ci-après), aucune des infractions visées par l’instrument ne pouvant être considérée
comme telle à des fins d’entraide judiciaire.
• Aucune disposition des instruments n’impose d’obligation aux États parties de s’ac-
corder l’entraide judiciaire concernant toute infraction visée par les instruments si la
partie requise a des raisons sérieuses de croire que la demande a été présentée aux
fins de poursuivre ou de punir une personne pour des considérations de race, de
religion, de nationalité, d’origine ethnique ou d’opinions politiques, ou que la situation
de cette personne risque d’être compromise pour cette raison (voir discussion ci-après).
Pour les besoins de l’extradition ou de l’entraide judiciaire entre États Parties, aucune des
infractions visées à l’article 2 n’est considérée comme une infraction politique, comme
une infraction connexe à une infraction politique ou comme une infraction inspirée par
des mobiles politiques. En conséquence, une demande d’extradition ou d’entraide judi-
ciaire fondée sur une telle infraction ne peut être refusée pour la seule raison qu’elle
concerne une infraction politique, une infraction connexe à une infraction politique, ou
une infraction inspirée par des mobiles politiques.
En apparence répétitif, l’article 11 décline sous différentes formes l’exception fondée sur le
caractère politique d’une infraction, en parlant d’“infraction politique, d’infraction connexe
à une infraction politique ou d’infraction inspirée par des mobiles politiques” afin de rejeter
expressément et intégralement toutes les justifications avancées pour faire appliquer cette
exception, laquelle ne peut donc être reconnue, quelle qu’en soit la formulation, dans aucune
convention où figure cet article. Cette disposition est devenue une règle classique dans les
instruments internationaux de lutte contre le terrorisme conclus par la suite et a également
été intégrée aux instruments juridiques internationaux de lutte contre le terrorisme chimique,
biologique, radiologique ou nucléaire adoptés après la Convention internationale pour la
répression des attentats terroristes à l’explosif5.
La clause de non-discrimination
En vertu des instruments juridiques internationaux de lutte contre le terrorisme chimique,
biologique, radiologique ou nucléaire, les auteurs présumés d’infractions dont l’extradition a
été demandée (ou à propos desquels une demande d’entraide judiciaire a été formulée) sont
protégés par une solide clause de non-discrimination. Si l’État qui reçoit une demande d’ex-
tradition ou d’entraide judiciaire a de sérieuses raisons de croire que la demande a été pré-
sentée aux fins de poursuivre ou de punir une personne pour des considérations de race, de
religion, de nationalité, d’origine ethnique ou d’opinions politiques, ou que le fait de donner
suite à la demande risque de porter préjudice à la situation de cette personne pour l’une ou
l’autre de ces considérations, les dispositions relatives à la non-discrimination autorisent l’État
à rejeter la demande d’extradition ou d’entraide judiciaire.
Les autres instruments dont il est question dans le présent module comportent des disposi-
tions similaires.
5
Voir le paragraphe 2 de l’article 10 de la Convention SUA de 2005; l’article 2 du Protocole SUA de 2005
sur les plates-formes fixes; l’article 13 de la Convention de Beijing de 2010; et l’article 12 du Protocole complé-
mentaire à la Convention pour la répression de la capture illicite d’aéronefs.
1—LES INSTRUMENTS JURIDIQUES INTERNATIONAUX DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN 11
Un tableau comparatif de l’ensemble des éléments communs aux instruments juridiques interna-
tionaux de lutte contre le terrorisme chimique, biologique, radiologique ou nucléaire figure en
annexe au présent module..
2. LES RÉSOLUTIONS DU CONSEIL DE
SÉCURITÉ AYANT TRAIT À LA LUTTE
CONTRE LE TERRORISME CHIMIQUE,
BIOLOGIQUE, RADIOLOGIQUE
OU NUCLÉAIRE
Dans sa résolution, le Conseil de sécurité note avec préoccupation les liens étroits existant
entre le terrorisme international et le transfert illégal de matières nucléaires, chimiques, bio-
logiques et autres présentant un danger mortel et, à cet égard, souligne qu’il convient de
renforcer la coordination des efforts accomplis aux échelons national, sous-régional, régional
et international afin de renforcer une action mondiale face à ce grave problème et à la lourde
menace qu’il fait peser sur la sécurité internationale.
13
14 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
1. Quelles mesures votre pays a-t-il prises pour appliquer la résolution 1373 (2001) du Conseil
de sécurité?
2. Quelles mesures prévoit-il de prendre à cet égard? Consultez si nécessaire les rapports
que votre pays a envoyés au Comité contre le terrorisme.
3. La résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité ne définit pas explicitement les “actes
de terrorisme”. Pour quelle raison, selon vous? Discutez des avantages et inconvénients
de cette approche.
6. Selon la Charte des Nations Unies, quelles sont les conséquences juridiques de la violation
par un État de la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité?
7. Quel est le rôle du Comité contre le terrorisme eu égard à la résolution 1373 (2001) du
Conseil de sécurité?
non étatiques. Dans cette résolution, le Conseil affirme que “la prolifération des armes
nucléaires, chimiques et biologiques et de leurs vecteurs constitue une menace pour la paix
et la sécurité internationales”.
La résolution 1540 (2004) tente, à dessein, de régler la question des menaces qui ne sont
pas visées par les instruments existants relatifs à la non-prolifération, en particulier les menaces
ayant trait au trafic d’armes nucléaires, chimiques ou biologiques, de leurs vecteurs et des
éléments connexes, considérées dans la résolution comme ajoutant une dimension nouvelle
à la prolifération.
Dans sa résolution 1540 (2004), le Conseil de sécurité appelle également les États à pro-
mouvoir la coopération en matière de non-prolifération. Il affirme son attachement aux traités
multilatéraux dont le but est d’éliminer ou de prévenir la prolifération des armes de destruc-
tion massive et l’importance de leur application pleine et entière par tous les États qui y sont
parties. Il décide en outre qu’aucune des obligations énoncées dans la résolution ne doit être
interprétée d’une manière qui la mette en contradiction avec les droits et obligations des
États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, à la Convention sur les
armes chimiques ou à la Convention sur les armes biologiques, ou d’une manière qui modifie
les responsabilités de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ou celles de
l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).
Il est à noter que l’application des dispositions relatives à l’incrimination énoncées dans les
sept instruments juridiques internationaux de lutte contre le terrorisme chimique, biologique,
radiologique ou nucléaire est l’une des mesures que peuvent prendre les États dans le cadre
du respect des obligations qui leur sont imposées en vertu du paragraphe 2 de la résolu-
tion 1540 (2004) du Conseil de sécurité. Ce paragraphe impose à tous les États d’“adopter
et appliquer, conformément à leurs procédures internes, une législation appropriée et efficace
interdisant à tout acteur non étatique de fabriquer, se procurer, mettre au point, posséder,
transporter, transférer ou utiliser des armes nucléaires, chimiques ou biologiques ou leurs
vecteurs, en particulier à des fins terroristes, réprimant toutes les tentatives de l’une quel-
conque de ces activités, le fait d’y participer en tant que complice et le fait d’y fournir
assistance ou de la financer”. La résolution 1540 (2004) est ainsi directement liée aux sept
instruments juridiques internationaux visés par le présent module du Programme de formation
juridique contre le terrorisme.
2—LES RÉSOLUTIONS DU CONSEIL DE SÉCURITÉ AYANT TRAIT À LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN 17
Le Comité 1540
La résolution 1540 (2004) a donné naissance à un comité formé de tous les membres du
Conseil de sécurité, chargé de suivre la mise en œuvre de la résolution. Le Conseil de sécurité
a prorogé le mandat du Comité 1540, organe subsidiaire du Conseil, à plusieurs reprises. Il
l’a encore fait récemment dans sa résolution 1977 (2011), et ce pour une durée de dix ans.
Chaque prorogation a donné lieu à un élargissement du mandat du Comité, notamment en
ce qui concerne le rapprochement des demandes et des offres d’assistance et le recueil de
pratiques efficaces. Le Comité dispose de quatre groupes de travail chargés respectivement
du suivi et de la mise en œuvre dans les pays; de l’assistance; de la coopération avec les
organisations internationales, y compris les comités du Conseil de sécurité créés par les
résolutions 1267 (1999) et 1373 (2001); et de la transparence et des relations avec les médias.
Le Comité 1540 produit de très nombreux documents qui facilitent l’application de la résolution
ou en permettent le suivi: rapports annuels sur l’état de l’application, matrice (formulaire) pour
chaque État Membre de l’ONU sur les mesures d’application nationales prises par cet État, recueil
de bonnes pratiques de mise en œuvre internationales et nationales, offres et demandes d’assis-
tance, rapports nationaux, plans d’action nationaux de mise en œuvre et activités de sensibilisation,
etc. Tous ces documents figurent sur le site Web du Comité (http://www.un.org/fr/sc/1540/). Depuis
2015, il ressort des rapports que de nombreux États ont pris un large éventail de mesures pour
mettre en œuvre la résolution depuis 2004, même s’il reste beaucoup à faire.
Le Comité est épaulé par un groupe d’experts et, à ses côtés, collabore avec les États Membres,
notamment en participant à des discussions avec les États et les organismes internationaux,
régionaux et sous-régionaux.
Quelles mesures votre pays a-t-il prises pour appliquer la résolution 1540 (2004) du Conseil de
sécurité? Consultez, si nécessaire, la matrice établie par le Comité 1540 pour votre pays.
Quelles mesures prévoit-il de prendre à cet égard? Consultez, si nécessaire, les rapports ou le plan
d’action national adressés par votre pays au Comité 1540.
Indiquez les effets qui, selon vous, ont déjà été produits par la résolution en faveur de la paix et
de la sécurité internationales.
En quoi la résolution 1540 a-t-elle comblé les lacunes dont souffrait le droit international avant
son adoption?
Principales caractéristiques
• Cette convention internationale est la première à imposer aux États parties de prendre
des mesures appropriées afin de veiller, dans la mesure du possible, à ce que les
matières nucléaires soient protégées durant leur transport international.
• Elle impose aux États parties de considérer comme des infractions punissables en
vertu de leur droit national certains actes, dont le vol ou la menace de vol de matières
nucléaires, et d’établir leur compétence sur les infractions visées dans certains cas.
• Elle prévoit des mécanismes de coopération et d’échange d’informations.
Avantages
• La Convention établit des niveaux minimaux de protection des matières nucléaires
durant leur transport international, contribuant ainsi à la sécurité nucléaire.
• Elle facilite la coopération internationale et l’échange d’informations.
• Elle crée un réseau d’autorités centrales et de points de contact nationaux, pour faci-
liter la coordination.
La Convention sur la protection physique des matières nucléaires a été adoptée en 1979
après deux ans de négociations, sur la base d’un projet rédigé par les États-Unis d’Amérique6.
Elle est entrée en vigueur le 8 février 1987 et son dépositaire est le Directeur général de
l’Agence internationale de l’énergie atomique.
6
Maria de Lourdes Vez Carmona, “Le régime international de protection physique des matières nucléaires et
l’amendement à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires”, Bulletin de droit nucléaire de
l’OCDE, janvier 2005. Consultable à l’adresse: http://www.oecd-ilibrary.org/docserver/download/6705022ec002.
pdf?expires=1490970708&id=id&accname=ocid195767&checksum=C84982F234CA15D1D768F8C3D62D346F.
19
20 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
Les niveaux de protection obligatoire par catégorie de matières nucléaires sont énoncés à l’an-
nexe I de la Convention. L’annexe II classe les matières nucléaires en différentes catégories.
Selon l’article 2, les mesures de protection physique visées par la Convention (articles 3
et 4 et paragraphe 3 de l’article 5) s’appliquent uniquement aux matières nucléaires utilisées
à des fins pacifiques lors d’un transport nucléaire international. Les autres dispositions de la
Convention s’appliquent également aux matières nucléaires employées à des fins pacifiques
en cours d’utilisation, de stockage et de transport sur le territoire national.
L’article 4 interdit à tout État partie d’exporter des matières nucléaires à moins que celui-ci
n’ait reçu l’assurance que lesdites matières seront protégées pendant le transport nucléaire
international conformément aux niveaux énoncés à l’annexe I. Il interdit aussi à tout État
partie l’importation de matières nucléaires en provenance d’un État non partie à la Conven-
tion à moins qu’il n’ait reçu la même assurance. En outre, l’article 4 dispose qu’un État
partie ne doit autoriser sur son territoire le transit de matières nucléaires entre des États non
parties à la Convention que s’il a, dans toute la mesure possible, reçu l’assurance que lesdites
matières seront protégées en cours de transport international conformément aux niveaux
énoncés à l’annexe I.
3.1.2 La confidentialité
L’article 6 fait obligation aux États parties de prendre les mesures appropriées compatibles
avec leur législation nationale pour protéger le caractère confidentiel de tout renseignement
qu’ils reçoivent à titre confidentiel en vertu des dispositions de la Convention d’un autre État
partie ou à l’occasion de leur participation à une activité exécutée en application de la
Convention. L’article établit en outre que les États parties ne sont pas tenus de fournir des
renseignements que leur législation nationale ne permet pas de communiquer ou qui com-
promettraient leur sécurité nationale ou la protection physique des matières nucléaires.
3—LES INSTRUMENTS JURIDIQUES INTERNATIONAUX DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN 21
a) Lorsque l’infraction est commise sur le territoire dudit État ou à bord d’un
navire ou d’un aéronef immatriculé dans ledit État;
b) Lorsque l’auteur présumé de l’infraction est un ressortissant dudit État.
En outre, tout État partie doit prendre les mesures éventuellement nécessaires pour établir
sa compétence aux fins de connaître desdites infractions lorsque l’auteur présumé de l’in-
fraction se trouve sur son territoire et que ledit État ne l’extrade pas dans l’un quelconque
des États mentionnés à l’alinéa a ou b.
L’article 8 prévoit par ailleurs qu’un État partie puisse établir sa compétence aux fins de
connaître des infractions visées par la Convention lorsqu’il participe à un transport nucléaire
international en tant qu’État exportateur ou importateur de matières nucléaires.
Les États Parties désignent et s’indiquent mutuellement leurs services centraux et les
correspondants qui sont chargés d’assurer la protection physique des matières nucléaires
22 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
En cas de vol, de vol qualifié ou de toute autre obtention illicite de matières nucléaires, ou
de menace vraisemblable d’un tel acte, les États parties apportent leur coopération et leur
aide dans toute la mesure possible, conformément à leur législation nationale, pour la récu-
pération et la protection desdites matières, à tout État qui en fait la demande. En pareil cas,
les États parties prennent les dispositions nécessaires pour informer aussitôt que possible les
autres États qui leur semblent intéressés et, le cas échéant, les organisations internationales.
En outre, les États parties intéressés échangent, en tant que de besoin, des renseignements
entre eux ou avec des organisations internationales afin de protéger les matières nucléaires
menacées, de vérifier l’intégrité des conteneurs d’expédition ou de récupérer les matières
nucléaires illicitement enlevées. Ce faisant, ils coordonnent leurs efforts par la voie diploma-
tique et par d’autres moyens prévus d’un commun accord, en tant que de besoin; se prêtent
assistance si la demande en est faite; et assurent la restitution des matières nucléaires volées
ou manquantes, à la suite des événements ci-dessus mentionnés.
1. Est-il utile que les États ne disposant d’aucune matière nucléaire deviennent parties à la Conven-
tion sur la protection physique des matières nucléaires? Dans l’affirmative, pour quelles
raisons?
2. Un État partie à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires peut-il trans-
porter des matières nucléaires vers un État qui n’y est pas partie?
3.
Les infractions visées par la Convention sur la protection physique des matières nucléaires
sont-elles intégrées à votre législation nationale?
4. Un État partie à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires peut-il deman-
der l’extradition de l’auteur présumé d’une infraction à un État non partie en l’absence de
traité d’extradition entre ces deux États?
5. Le vol d’une source radioactive est-il considéré comme une infraction dans la Convention sur
la protection physique des matières nucléaires?
Principales caractéristiques
• L’Amendement à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires
élargit le champ d’application de la Convention et oblige les États parties à protéger
les installations et matières nucléaires employées à des fins pacifiques en cours d’uti-
lisation, en entreposage et en cours de transport.
• Il impose à tout État partie d’élaborer, de mettre en œuvre et de maintenir un système
approprié de protection physique des matières et installations nucléaires sous sa juri-
diction, et notamment d’établir et de maintenir un cadre législatif et réglementaire
pour régir la protection physique.
• Les États parties à l’Amendement à la Convention doivent prendre les mesures éven-
tuellement nécessaires pour établir leur compétence et considérer comme punissables
3—LES INSTRUMENTS JURIDIQUES INTERNATIONAUX DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN 23
Avantages
• L’Amendement à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires
renforce la sécurité nucléaire.
• Il complète la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme
nucléaire.
Environ vingt ans après son adoption, plusieurs États parties à la Convention sur la protection
physique des matières nucléaires ont commencé à s’inquiéter du champ d’application limité
de la Convention qui, par exemple, établit uniquement des obligations de protection des
matières nucléaires durant le transport international, mais ne s’applique pas aux installations
nucléaires.
Après plusieurs années de négociations, les États parties à la Convention sur la protection
physique des matières nucléaires ont adopté à l’unanimité, le 8 juillet 2005, un amendement
à la Convention, entré en vigueur le 8 mai 2016.
Il établit également 12 principes fondamentaux de protection physique des matières et ins-
tallations nucléaires, que les États parties doivent appliquer “pour autant qu’il soit raisonnable
et faisable”.
3.2.2 La confidentialité
L’article 6 impose aux États parties de prendre les mesures appropriées compatibles avec
leur législation nationale pour protéger le caractère confidentiel de toute information qu’ils
reçoivent à titre confidentiel en vertu des dispositions de la Convention sur la protection
physique des matières nucléaires ainsi modifiée d’un autre État partie ou à l’occasion de leur
24 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
S’agissant des infractions auxiliaires, outre celles visées par la Convention sur la protection
physique des matières nucléaires, et comme le veut tout instrument moderne de lutte contre
le terrorisme, l’Amendement à la Convention érige également en infraction le fait d’organiser
intentionnellement la commission de certaines infractions, de donner l’ordre à d’autres per-
sonnes de les commettre ou de contribuer à leur commission.
2. Le vol de matières nucléaires dans une installation nucléaire est-il régi par l’Amendement à la
Convention sur la protection physique des matières nucléaires?
3. Le vol d’une source radioactive est-il régi par l’Amendement à la Convention sur la protection
physique des matières nucléaires?
4. Votre pays considère-t-il comme une infraction pénale la contrebande de matières nucléaires?
Il existe plusieurs autres instruments juridiques internationaux ayant trait à la sécurité nucléaire,
juridiquement contraignants ou non, adoptés par l’Agence internationale de l’énergie atomique
(AIEA) et placés sous son égide. Citons notamment la Convention sur la notification rapide d’un
accident nucléaire de 1986 (INFCIRC/335) et la Convention sur l’assistance en cas d’accident
nucléaire ou de situation d’urgence radiologique de 1986 (INFCIRC/336), toutes deux juridiquement
contraignantes, qui établissent le système international de préparation aux situations d’urgence et
d’organisation des secours. Parmi les instruments juridiques non contraignants promulgués sous
l’égide de l’AIEA, il convient de citer les Recommandations de sécurité nucléaire sur la protection
physique des matières et des installations nucléaires [INFCIRC/225/Révision 5 (Collection sécurité
nucléaire de l’AIEA, n° 13)] et le Code de conduite sur la sûreté et la sécurité des sources radioac-
tives de 2003 (IAEA/CODEOC/2004), ainsi qu’à titre complémentaire les Orientations pour l’impor-
tation et l’exportation de sources radioactives (IAEA/CODEOC/IMO-EXP/2012, édition 2012).
26 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
Généralités
Des négociations visant à l’adoption d’une Convention internationale pour la répression des
actes de terrorisme nucléaire ont été organisées afin de combler les lacunes du régime juri-
dique international de la prévention et de la lutte contre les actes de terrorisme nucléaire.
La Convention a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en avril 2005 et
ouverte à la signature en septembre 2005. Elle est entrée en vigueur le 7 juillet 2007. Son
dépositaire est le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies.
Principales caractéristiques
• La Convention établit des infractions relatives à la détention, l’emploi ou la menace
d’emploi de matières nucléaires et radioactives, ou de dommages à des installations
nucléaires, dans l’intention d’entraîner la mort d’une personne ou de lui causer des
dommages corporels graves, ou de causer des dégâts substantiels à des biens ou à
l’environnement.
• Elle établit des infractions relatives aux menaces d’emploi ou au fait d’exiger illicite-
ment la remise de matières ou engins radioactifs ou d’installations nucléaires.
• Elle impose aux États parties d’ériger en infractions pénales les infractions visées par
la Convention et de prendre les mesures qui peuvent être nécessaires pour établir leur
compétence pour connaître de ces infractions dans certaines circonstances.
• Elle impose aux États parties de réprimer les infractions concernées par des peines
tenant dûment compte de leur gravité.
• Elle impose aux États parties de coopérer en prenant toutes les mesures possibles afin
de prévenir ou contrarier la préparation d’infractions destinées à être commises à
l’intérieur ou à l’extérieur de leurs territoires.
• Elle impose aux États parties de coopérer en prenant toutes les mesures possibles afin
de prévenir les infractions visées par la Convention, y compris, le cas échéant, en
adaptant leur législation nationale.
• Elle impose aux États parties de coopérer en échangeant des renseignements en confor-
mité avec les dispositions de leur législation nationale afin de détecter, prévenir et
combattre les infractions visées par la Convention, et d’enquêter sur elles, et précise
les mesures à prendre pour la restitution de matières nucléaires ou d’engins radioactifs
saisis suite à la commission d’une infraction visée par la Convention à l’État partie
auquel ils appartiennent.
• Elle considère les infractions visées par la Convention comme cas d’extradition dans
tout traité d’extradition conclu entre les États parties avant l’entrée en vigueur de la
Convention et impose aux États parties de considérer ces infractions comme cas
d’extradition dans tout traité d’extradition à conclure par la suite entre eux.
• Elle dispose que les États parties qui ne subordonnent pas l’extradition à l’existence
d’un traité reconnaissent les infractions prévues par la Convention comme cas d’ex-
tradition entre eux dans les conditions prévues par la législation de l’État requis.
• Enfin, elle dispose qu’aux fins de l’extradition ou de l’entraide judiciaire, aucune des
infractions visées par la Convention n’est considérée comme une infraction
politique.
3—LES INSTRUMENTS JURIDIQUES INTERNATIONAUX DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN 27
Avantages
• La Convention comble les lacunes du régime juridique international en vigueur concer-
nant les actes de terrorisme ayant trait à des matières nucléaires ou engins
radioactifs.
• Elle impose aux États parties des obligations, à savoir de prendre toutes les mesures
possibles pour prévenir les infractions visées par la Convention et pour réprimer les
actes de terrorisme nucléaire relevant de la Convention, tout en reconnaissant à tous
les États le droit de développer et d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et
leur intérêt légitime à jouir des avantages que peut procurer l’utilisation pacifique de
l’énergie nucléaire.
3.3.1 La confidentialité
En vertu du paragraphe 2 de l’article 7, les États parties prennent les mesures voulues en
accord avec leur législation nationale pour préserver le caractère confidentiel des informations
reçues à titre confidentiel en application des dispositions de la Convention. Le paragraphe 3
du même article établit en outre que les États parties ne sont pas tenus de communiquer
des informations que leur législation nationale leur interdit de divulguer ou qui risqueraient
de mettre en péril la sécurité nationale ou la protection physique de matières nucléaires.
1. Commet une infraction au sens de la présente Convention toute personne qui, illici-
tement et intentionnellement:
À titre d’exemple, en 1992 en Pridniestrovie, des voleurs ont dérobé une caisse dans laquelle se
trouvaient des matières radioactives. Ils ont menacé de les faire exploser s’il n’était pas mis fin aux
combats en République de Moldovaa. Quelle(s) disposition(s) de la Convention internationale pour
la répression des actes de terrorisme nucléaire, en vertu du paragraphe 1 b de l’article 2, le cas
échéant, pourrai(en)t s’appliquer à cet enchaînement de faits?
a
“Radioactive Material Stolen from Transdniestr”, JPRS-Proliferation Issues, 3 avril 1992. Consultable à
l’adresse: http://www.nti.org/analysis/articles/radioactive-material-stolen-transdniestr/.
3. Commet également une infraction quiconque tente de commettre une infraction
visée au paragraphe 1 du présent article.
En 1974, la police de Vienne a reçu un appel d’un homme se présentant comme membre d’un
groupe connu sous le nom de “Justice Guerrillas”. Selon lui, des matières radioactives avaient été
placées dans un train en direction de Rome. La police a trouvé une quantité importante, mais non
létale, d’iodine 131, une matière radioactive, sous le siège d’un compartiment de première classe
du train express reliant Vienne à Rome. Aucune menace n’a été proférée contre des personnes ou
des biens. On pense que la contamination était liée à une cargaison d’iodine 131 médicale laissée
sans surveillance, qui avait été expédiée par un laboratoire pharmaceutique de Vienne et qui était
destinée à un hôpital de Linz à des fins de diagnostic. Cet incident a fait couler beaucoup d’encre
et déclenché une série de canulars, qui ont entraîné de nombreux retards de trains. Un homme
ayant des antécédents de troubles mentaux, arrêté dans le cadre de cette attaque, a prétendu que
ses actions avaient pour but d’attirer l’attention sur les mauvais traitements subis par les patients
atteints de troubles mentaux dans les hôpitaux autrichiensa.
1. Supposons qu’il se soit agi d’une infraction à caractère international si l’homme arrêté n’avait
pas été de nationalité autrichienne ou si les matières radioactives avaient été retrouvées une fois
que le train se serait trouvé en territoire italien. Les actions de cet homme correspondraient-elles
à une “menace crédible”, au sens du paragraphe 2 a de l’article 2 de la Convention internationale
pour la répression des actes de terrorisme nucléaire, de commettre une infraction visée au
paragraphe 1 b du même article?
3—LES INSTRUMENTS JURIDIQUES INTERNATIONAUX DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN 29
2. Dans l’affirmative, les matières concernées relèvent-elles de la définition des “matières radioac-
tives” visée au paragraphe 1 de l’article premier de la Convention?
Le 18 janvier 1982, cinq roquettes volées à l’armée française ont été tirées sur la centrale nucléaire
de Creys-Malville, près de Lyon, alors en constructionb. Elles se sont écrasées sur les murs en béton
de 80 mètres de haut qui devaient abriter le cœur du réacteur. Deux roquettes ont touché la coque
extérieure en béton armé, provoquant des dommages légers, et ont manqué le cœur du réacteur,
encore vide. Aucun blessé n’a été à déplorer. Peu après l’attentat, un homme l’a revendiqué au
nom d’un “comité pacifiste et écologiste”. Le 8 mai 2003, Chaïm Nissim, élu en 1985 au Grand
conseil de la République et canton de Genève sous les couleurs des Verts, a fini par avouer en
être l’auteur. Selon lui, les armes avaient été procurées par Carlos (dit “le Chacal”), par l’intermé-
diaire des Cellules communistes combattantes belges.
Supposons que la réponse à la question précédente soit affirmative. Chaïm Nissim a déclaré
que son groupe avait “pris toutes les précautions imaginables pour être bien sûrs qu’aucun
ouvrier ne risquait d’être touché, nous avons donc commis un attentat non violentc ».
1. Quel type d’intention parmi celles visées au paragraphe 1 b de l’article 2, le cas échéant, s’ap-
pliquerait aux actes commis par M. Nissim et son groupe?
2. Les actes commis par Carlos et les Cellules communistes combattantes relèveraient-ils de la
Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire?
a
Le récit de cet incident est basé sur une description faite par Brian Michael Jenkins, dans “Protecting
Surface Transportation Systems and Patrons from Terrorist Activities: Case Studies of Best Security Practices and
a Chronology of Attacks”, IISTPS Report 97-4. Consultable à l’adresse http://transweb.sjsu.edu/project/9704.html
et Robert K. Mullen, “Nuclear Violence”, dans Preventing Nuclear Terrorism: The Report and Papers of the
International Task Force on Prevention of Nuclear Terrorism (Paul Leventhal et Yonah Alexander, dir. publ.,
Lexington (Massachussetts): Lexington Books, 1987), p. 242 et 246.
b
Eliot Marshall, “Super Phénix Unscathed in Rocket Attack”, Science, vol. 215, n° 4533 (février 1982),
p. 64.
c
http://nissim.blog.tdg.ch/about.html.
L’une des questions essentielles auxquelles il a fallu répondre au cours des négociations a
été celle de savoir si la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme
nucléaire devait traiter des activités des États, y compris celles de leurs forces armées. Le
préambule de la Convention se lit comme suit:
Notant que les activités des forces armées des États sont régies par des règles de droit
international qui se situent hors du cadre de la présente Convention et que l’exclusion
de certains actes du champ d’application de la Convention n’excuse ni ne rend licites des
actes par ailleurs illicites et n’empêche pas davantage l’exercice de poursuites sous l’empire
d’autres lois7.
Cette disposition du préambule doit être lue conjointement avec l’article 4, qui se lit comme suit:
2. Les activités des forces armées en période de conflit armé, au sens donné à ces termes
en droit international humanitaire, qui sont régies par ce droit, ne sont pas régies par la
présente Convention, et les activités accomplies par les forces armées d’un État dans
l’exercice de leurs fonctions officielles, en tant qu’elles sont régies par d’autres règles de
droit international, ne sont pas régies non plus par la présente Convention.
L’article 8 dispose que les États parties s’efforcent d’adopter des mesures appropriées pour
assurer la protection des matières radioactives, en tenant compte des recommandations et
fonctions de l’AIEA applicables en la matière.
Aux termes de l’article 18, après avoir saisi des matières ou engins radioactifs ou des instal-
lations nucléaires ou avoir pris d’une autre manière le contrôle de ces matières, engins ou
7
Cette disposition était basée sur une disposition similaire de la Convention internationale pour la répression
des attentats terroristes à l’explosif, qui avait été rédigée en vue d’exclure du champ d’application de cette convention
les activités des forces armées des États.
3—LES INSTRUMENTS JURIDIQUES INTERNATIONAUX DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN 31
installations après la perpétration d’une infraction visée à l’article 2, l’État partie qui les
détient doit: a) prendre les mesures nécessaires pour neutraliser les matériaux ou engins
radioactifs, ou les installations nucléaires; b) veiller à ce que les matériaux nucléaires soient
détenus de manière conforme aux garanties applicables de l’AIEA; et c) prendre en consi-
dération les recommandations applicables à la protection physique ainsi que les normes de
santé et de sécurité publiées par l’AIEA.
L’article traite également des régimes spéciaux applicables en cas de détention de matières
nucléaires ou radioactives. Ainsi, le paragraphe 3 b de l’article 18 s’applique lorsqu’il n’est
pas licite pour un État partie qui détient des matières ou engins radioactifs ou des installa-
tions nucléaires de les avoir en sa possession. En pareil cas, l’État en question est tenu de
veiller à ce que ceux-ci soient, dès que possible, confiés à un État qui peut les détenir de
manière licite et qui a fourni les assurances nécessaires conformes aux exigences formulées
au paragraphe 1 du même article (relatives à la neutralisation, à la sûreté et à la protection
physique).
Ces dispositions détaillées, qui tiennent compte des régimes spéciaux applicables à la déten-
tion de matières ou engins radioactifs ou d’installations nucléaires et de leurs exigences
particulières quant à la neutralisation et à la protection physique de ces matières, engins ou
installations, soulignent également le rôle particulier des États ayant les capacités nécessaires
pour prêter assistance dans des situations de sortie de crise et le rôle central, dans ces situa-
tions, d’organisations internationales dotées d’un mandat spécialisé, telles que l’AIEA.
Enfin, le paragraphe 4 de l’article 7 impose aux États parties d’informer le Secrétaire général
de l’Organisation des Nations Unies du nom de leurs organes et centres de liaison compétents
chargés de communiquer et de recevoir les informations visées à l’article 7, notamment les
informations relatives à la commission des infractions visées à l’article 2 et aux préparatifs
de telles infractions dont ils auraient eu connaissance. Le Secrétaire général de l’Organisation
des Nations Unies doit communiquer les informations relatives aux organes et centres de
liaison compétents à tous les États parties et à l’AIEA. L’accès à ces organes et à ces centres
doit être ouvert en permanence.
32 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
1. Le vol d’une source radioactive est-il considéré comme une infraction pénale en vertu de la
Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire?
3. Une camionnette transportant une source radioactive serait-elle considérée comme installation
nucléaire en vertu de la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme
nucléaire?
4. Votre pays a-t-il, en application du paragraphe 4 de l’article 7, désigné des organes et centres
de liaison compétents?
5. Les canulars se rapportant à des matières nucléaires constituent-ils une infraction pénale en
vertu de la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire?
a) Tout réacteur nucléaire, y compris un réacteur embarqué à bord d’un navire, d’un
véhicule, d’un aéronef ou d’un engin spatial comme source d’énergie servant à propulser
ledit navire, véhicule, aéronef ou engin spatial, ou à toute autre fin;
b) Tout dispositif ou engin de transport aux fins de produire, stocker, retraiter ou
transporter des matières radioactives.
L’Amendement à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires définit le
terme “installation nucléaire” comme suit:
3—LES INSTRUMENTS JURIDIQUES INTERNATIONAUX DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN 33
d) Par “installation nucléaire”, il faut entendre une installation (y compris les bâtiments
et équipements associés) dans laquelle des matières nucléaires sont produites, traitées, utili-
sées, manipulées, entreposées ou stockées définitivement, si un dommage causé à une telle
installation ou un acte qui perturbe son fonctionnement peut entraîner le relâchement de
quantités significatives de rayonnements ou de matières radioactives.
Principales caractéristiques
• La Convention impose aux États parties de qualifier d’infraction pénale l’emploi illicite
et intentionnel d’engins explosifs ou autres engins meurtriers dans ou contre un lieu
public, une installation gouvernementale ou une autre installation publique, un système
de transport public ou une infrastructure dans l’intention de provoquer la mort ou
des dommages corporels graves, ou de causer des destructions massives de ce lieu, de
cette installation, de ce système ou de cette infrastructure, lorsque ces destructions
entraînent ou risquent d’entraîner des pertes économiques considérables.
• Elle impose aux États parties une obligation de coopérer en prenant toutes les mesures
possibles pour empêcher la préparation sur leurs territoires d’attentats terroristes à
l’explosif.
• Elle considère les infractions visées par la Convention comme cas d’extradition.
• Elle envisage la possibilité d’une extradition ad hoc, l’extradition pouvant être fondée
sur la Convention en l’absence de traité, et la modification des dispositions de traités
d’extradition existants dans la mesure où ils s’avèrent incompatibles avec les disposi-
tions de la Convention.
• Elle impose à chaque État partie d’établir sa compétence lorsque l’infraction est com-
mise par un de ses ressortissants, ou à bord d’un navire battant son pavillon ou d’un
aéronef immatriculé conformément à sa législation au moment où l’infraction a été
commise.
• Elle autorise chaque État partie à établir sa compétence lorsque l’infraction est com-
mise contre l’un de ses ressortissants; lorsqu’elle est commise contre une installation
publique dudit État située en dehors de son territoire, y compris une ambassade ou
des locaux diplomatiques ou consulaires dudit État ; lorsqu’elle est commise par un
apatride qui a sa résidence habituelle sur son territoire; lorsque l’infraction commise
a pour objectif de contraindre ledit État à accomplir un acte quelconque ou à s’en
abstenir; ou lorsqu’elle est commise à bord d’un aéronef exploité par le gouvernement
dudit État.
• Elle rend impossible de refuser l’extradition de l’auteur d’une infraction au seul motif
que l’infraction présenterait un caractère politique.
34 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
• Elle impose aux États l’obligation de poursuivre les personnes concernées ou de les
extrader vers un autre État compétent afin qu’ils soient jugés.
Avantages
• La Convention renforce la coopération internationale entre les États pour l’élaboration
et l’adoption de mesures efficaces et pratiques destinées à prévenir les actes terroristes
et à en poursuivre et punir les auteurs.
• Elle prévoit des moyens supplémentaires d’engager la responsabilité pénale, dont le
fait de tenter de commettre une infraction, de s’en rendre complice, d’organiser la
commission d’une infraction ou de donner l’ordre à d’autres personnes de la com-
mettre, et de contribuer à la commission d’une infraction par un groupe de personnes
agissant de concert.
Au milieu des années 90, il existait déjà plusieurs instruments juridiques internationaux de
lutte contre le terrorisme portant notamment sur la prise d’otages, le détournement, ou des
actes portant atteinte à la sûreté de la navigation aérienne ou maritime, mais aucun ne traitant
particulièrement des attentats terroristes à l’explosif en tant que tel. Une succession d’attentats
à l’explosif en 1995 et en 1996, dans différentes parties du monde, a conduit à l’adoption
de la Convention internationale pour la répression des attentats terroristes à l’explosif en
décembre 1997. La Convention est entrée en vigueur le 23 mai 20018. Son dépositaire en
est le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies.
1. Commet une infraction au sens de la présente Convention toute personne qui illicite-
ment et intentionnellement livre, pose, ou fait exploser ou détonner un engin explosif ou
autre engin meurtrier dans ou contre un lieu public, une installation gouvernementale ou
une autre installation publique, un système de transport public ou une infrastructure:
8
Pierre Klein, “Convention internationale pour la répression des attentats terroristes à l’explosif”, consultable à l’adresse :
http://legal.un.org/avl/pdf/ha/icstb/icstb_f.pdf.
9
Voir le paragraphe 3 de l’article premier de la Convention internationale pour la répression des attentats terroristes à
l’explosif, selon laquelle “engin explosif ou autre engin meurtrier” s’entend: “a) De toute arme ou de tout engin explosif ou
incendiaire qui est conçu pour provoquer la mort, des dommages corporels graves ou d’importants dégâts matériels, ou qui
en a la capacité; ou b) De toute arme ou de tout engin qui est conçu pour provoquer la mort, des dommages corporels graves
ou d’importants dégâts matériels, ou qui en a la capacité, par l’émission, la dissémination ou l’impact de produits chimiques
toxiques, d’agents biologiques, toxines ou substances analogues ou de rayonnements ou de matières radioactives”.
3—LES INSTRUMENTS JURIDIQUES INTERNATIONAUX DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN 35
2. Commet également une infraction quiconque tente de commettre une infraction au
sens du paragraphe 1 du présent article.
A. Le 1er janvier 1976, les autorités postales américaines ont saisi un petit paquet contenant une
charge faible conçue pour faire exploser une fiole de gaz neurotoxique à l’ouverture du paquet.
L’engin a été désamorcé par des démineurs de l’armée américaine. Un groupe étranger a été
soupçonné de participationa.
B. Le 6 janvier 2002, l’ambassade des États-Unis à Wellington a reçu une lettre contenant du
cyanure. La lettre avait été envoyée de Nouvelle-Zélande et comprenait une note menaçant de
perturber l’Open de golf de Nouvelle-Zélande.
C. Le 14 février 2002, neuf étrangers ont été arrêtés à Rome, soupçonnés de préparer une attaque
contre l’ambassade des États-Unis à l’aide de cyanure et d’explosifs à base de poudre noire. Les
autorités ont saisi 10 kilos de poudre noire et 4,4 kilos de ferrocyanure de potassium qui, au
contact d’un produit très acide ou chauffé, peut libérer un gaz de cyanure d’hydrogène extrême-
ment toxique, ainsi qu’une carte comportant les plans détaillés de l’attentat. Quatre des hommes
arrêtés avaient des liens avec Al-Qaidab.
2. Laquelle des infractions visées à l’article 2 de la Convention s’appliquera à ces scénarios?
a
Hamid Mohtadi et Antu Murshid, “A Global Chronology of Incidents of Chemical, Biological, Radioactive
and Nuclear Attacks: 1950-2005”, 7 juillet 2006, p. 11. Consultable à l’adresse: https://people.uwm.edu/mohtadi/
files/2016/07/A-Global-Chronology-of-Incidents-of-Chemical-Biological-and-Radionuclear-Attacks.doc-1u8sbvu.pdf
b
Melinda Henneberger, “A Nation Challenged: Rome; Investigators Show that U.S. Embassy is Vulnerable”,
27 février 2002; Eric Croddy, Matthew Osborne et Kimberly McCloud, “Chemical Terrorist Plot in Rome?”, James
Martin Center for Non-Proliferation Studies.
36 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
Il est rarement possible pour les autorités de maîtriser à tel point une situation tactique
qu’elles sont certaines de pouvoir intervenir précisément lorsque les conspirateurs ont com-
mencé à exécuter l’infraction, de sorte que des poursuites pourraient être entamées, mais
avant que l’acte violent soit exécuté. “Il se peut par exemple que l’agent qui a pour mission
de surveiller l’opération tombe soudainement malade ou ait un accident de la circulation.
Des pluies torrentielles peuvent ôter toute visibilité, ou bien une panne de courant peut
interrompre la surveillance audiovisuelle. L’impossibilité de garantir la maîtrise d’une situation
menaçant d’avoir des conséquences catastrophiques oblige les autorités à interrompre les
préparatifs avant la tentative, ce qui compromet la possibilité d’entamer des poursuites et de
mener une enquête plus approfondie. De plus, un régime de coopération internationale contre
le terrorisme ne peut guère être satisfaisant si, juridiquement, cette coopération dépend de
la commission effective ou de la tentative de commission d’une attaque visant à faire des
centaines de morts. Enfin, le phénomène nouveau que sont les attentats suicides réduit à
néant l’effet de dissuasion du processus de justice pénale. Si l’on veut réduire la violence
terroriste, il faut que les autorités recentrent leur attention sur une intervention proactive au
stade de la planification et des préparatifs11.
10
Il convient de souligner que le respect par un État de ses obligations en vertu de la résolution 1540 (2004)
l’autoriserait à poursuivre les auteurs de ces actes, dans le but d’interdire à tout acteur non étatique “de fabriquer,
se procurer, mettre au point, posséder, transporter, transférer ou utiliser” des armes chimiques et de réprimer “toutes
les tentatives de l’une quelconque de ces activités, le fait d’y participer en tant que complice et le fait d’y fournir
assistance ou de la financer”. Un État partie à la Convention sur les armes chimiques serait également tenu d’in-
terdire à tout acteur non étatique de “mettre au point, fabriquer, acquérir d’une autre manière, stocker ou conserver
[des] armes chimiques, ou transférer, directement ou indirectement, [des] armes chimiques à qui que ce soit;
employer [des] armes chimiques; [...] [ou] aider, encourager ou inciter quiconque, de quelque manière que ce soit,
à entreprendre [pareille activité]”.
11
ONUDC, Service de la prévention du terrorisme, “La prévention des actes terroristes: une stratégie de justice
pénale intégrant les normes de l’État de droit à la mise en œuvre des instruments des Nations Unies contre le
terrorisme”, octobre 2006. Document de travail pour l’assistance technique, Service de la prévention du terrorisme,
p. 7. Consultable à l’adresse : http://www.unodc.org/documents/terrorism/Publications/Preventing_Terrorist_Acts/French.pdf.
3—LES INSTRUMENTS JURIDIQUES INTERNATIONAUX DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN 37
En 1975, selon des informations non confirmées diffusées dans les médias, un groupe terroriste
inconnu aurait dérobé des bonbonnes de gaz moutarde dans un abri enterré américain de stockage
de munitions situé dans la République fédérale d’Allemagne d’alors. Selon les mêmes sources, le
vol aurait été suivi de menaces de libérer le gaz contre la population de Stuttgart, à moins que le
Gouvernement de la République fédérale d’Allemagne ne libère des prisonniers politiquesa. Si ces
informations étaient avérées, l’élément international requis par la Convention internationale pour
la répression des attentats terroristes à l’explosif, au paragraphe 2 b de l’article 6, selon lequel
l’“infraction est commise contre une installation publique dudit État située en dehors de son ter-
ritoire, y compris une ambassade ou des locaux diplomatiques ou consulaires dudit État”, serait-il
rempli? Dans l’hypothèse où un dépôt militaire étranger relève d’une “installation publique”, ce
scénario est le parfait exemple de la difficulté d’appliquer la Convention internationale pour la
répression des attentats terroristes à l’explosif, faute de preuves que le groupe terroriste en question
ait “livr[é], pos[é], ou fait exploser ou détonner” les bonbonnes “dans ou contre un lieu public,
une installation gouvernementale ou une autre installation publique, un système de transport public
ou une infrastructure”, en vertu du paragraphe 1 de l’article 2.
a
Jenkins et Rubin, 1978. Voir cependant David Claridge, “The Baader-Meinhof Gang (1975)”, dans Toxic
Error: Assessing Terrorist Use of Chemical and Biological Weapons (Jonathan B. Tucker, dir. publ., MIT Press,
2000), p. 95 à 106.
1. Faire exploser une bombe qui libère des matières radioactives constitue-t-il systématiquement
un acte criminel en vertu de la Convention internationale pour la répression des attentats terroristes
à l’explosif?
2. Votre législation nationale définit-elle le terme “engin explosif ou autre engin meurtrier”?
3. Existe-t-il des actes qui constituent un acte criminel à la fois en vertu de la Convention inter-
nationale pour la répression des attentats terroristes à l’explosif et en vertu de la Convention
internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire?
Principales caractéristiques
• La Convention pour la répression d’actes illicites contre la sécurité de la navigation
maritime de 1988 prévoit un régime juridique international de coopération interna-
tionale relative à la commission d’actes illicites contre la sécurité de la navigation
maritime. Pareils actes incluent notamment le fait de s’emparer d’un navire par la
force, certains actes de violence à l’encontre de personnes se trouvant à bord d’un
navire et le placement à bord de dispositifs propres à détruire ou endommager le
navire. Les États parties sont dans l’obligation d’extrader ou de poursuivre les auteurs
présumés des infractions. Des dispositions similaires figurent dans le Protocole pour
la répression d’actes illicites contre la sécurité des plates-formes fixes situées sur le
plateau continental de 1988, qui traite des actes illicites contre la sécurité des plates-
formes fixes situées sur le plateau continental.
• Le Protocole de 2005 relatif à la Convention pour la répression d’actes illicites contre
la sécurité de la navigation maritime (Convention SUA de 2005) vise à renforcer la
Convention SUA de 1988 afin de prendre effectivement en compte les risques crois-
sants que représente le terrorisme international pour la navigation maritime.
• Les traités SUA de 2005 élargissent de façon considérable l’éventail des infractions
concernées, en incluant, par exemple, le fait d’utiliser un navire d’une manière qui
provoque la mort ou des dommages corporels ou matériels graves, le transport de
terroristes dans le but d’éviter des poursuites pénales, ou le transport maritime non
autorisé d’armes de destruction massive.
• La Convention SUA de 2005 intègre également des dispositions relatives aux procé-
dures d’arraisonnement de navires soupçonnés d’être utilisés dans le cadre d’activités
terroristes.
3—LES INSTRUMENTS JURIDIQUES INTERNATIONAUX DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN 39
Avantages
• Il s’agit du premier instrument international qui traite de certains types de terrorisme
en mer et du transport illicite à bord d’un navire d’armes de destruction massive, de
matières nucléaires ou autres matières radioactives et des équipements, matières et
technologies connexes.
Historique
12
Pour des informations complémentaires concernant le détournement du navire de croisière Achille Lauro et
ses conséquences, voir le Programme de formation juridique de l’ONUDC contre le terrorisme, module 5, Infractions
terroristes dans le domaine des transports (aviation civile et navigation maritime), section 3.2, consultable à l’adresse :
https://www.unodc.org/documents/terrorism/Publications/Module_on_Transport/Module_5_Transport_offences_F.pdf.
40 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
considérés et interprétés, entre les Parties au Protocole, comme un seul et même instrument.
Les dispositions adoptées en 2005 et les articles révisés de la Convention pour la répression
d’actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime de 1988 sont appelés la “Conven-
tion de 2005 pour la répression des actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime
(Convention SUA de 2005)13».
Les instruments de l’OMI adoptés en 2005 créent de nouvelles infractions relatives aux armes
biologiques, chimiques ou nucléaires et autres matières radioactives, qui ne figuraient pas
dans les instruments antérieurs ayant trait à la navigation maritime. Il s’agit également des
premiers instruments applicables aux équipements, matières et technologies servant à la
conception, à la fabrication ou au lancement d’armes de destruction massive14. Par consé-
quent, ce sont les premiers instruments juridiques internationaux relatifs à la prévention et
à la répression du terrorisme chimique, biologique, radiologique ou nucléaire en milieu mari-
time. Ce module aborde les aspects de ces instruments qui présentent un intérêt dans la
lutte contre le terrorisme chimique, biologique, radiologique ou nucléaire. Pour une analyse
détaillée des deux instruments, voir le Programme de formation juridique de l’ONUDC
contre le terrorisme, module 5, Infractions terroristes dans le domaine des transports (aviation
civile et navigation maritime).
Ainsi qu’il sera précisé ci-après, la Convention SUA de 2005 s’est inspirée non seulement
d’instruments antérieurs relatifs à la sécurité des transports, mais également de concepts
ayant trait à la non-prolifération nucléaire consacrés dans des traités relatifs aux armes bio-
logiques, chimiques ou nucléaires. Ces concepts sont, par définition, préventifs. Les infractions
supplémentaires créées par la Convention SUA de 2005 exigent la répression d’actes tels que
le transport à bord d’un navire d’une arme biologique, chimique ou nucléaire dans certaines
conditions, afin de réduire la probabilité que l’objet transporté soit utilisé dans le cadre d’un
acte de terrorisme. La Convention SUA de 2005 a également créé des mécanismes détaillés
de coopération et de répression, en particulier s’agissant de la fouille et de l’arraisonnement,
afin de faire appliquer ce but préventif.
Cette démarche proactive s’inscrit dans la logique innovante des instruments internationaux
relatifs au terrorisme introduite par la Convention internationale pour la répression du finan-
cement du terrorisme. Celle-ci visait à réduire l’incidence des violences terroristes en incri-
minant les actes non violents consistant à fournir ou à réunir des fonds dans l’intention de
13
La Convention SUA de 2005 et le Protocole SUA de 2005 sur les plates-formes fixes sont entrés en vigueur
le 28 juillet 2010.
14
La Convention SUA de 2005 est ainsi harmonisée avec la résolution 1540 (2004) qui définit, aux fins de
la résolution, les “éléments connexes” comme les matières, équipements et technologies couverts par les traités et
arrangements multilatéraux pertinents, ou figurant sur les listes de contrôle nationales, susceptibles d’être utilisés
aux fins de la conception, de la mise au point, de la fabrication ou de l’utilisation d’armes nucléaires, chimiques
ou biologiques ou leurs vecteurs. L’application de la Convention SUA de 2005 impose aux États de prendre des
mesures déjà couvertes par la résolution, par exemple, arrêter et instituer des activités efficaces de contrôle aux
frontières et mettre en place dans le pays des dispositifs efficaces de contrôle de l’exportation et du
transbordement.
3—LES INSTRUMENTS JURIDIQUES INTERNATIONAUX DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN 41
les voir utilisés ou en sachant qu’ils seront utilisés à des fins terroristes. De même, le Protocole
SUA de 2005 sur les plates-formes fixes vise à limiter l’accès des terroristes et d’autres acteurs
non étatiques à des armes biologiques, chimiques ou nucléaires et à réduire le risque qu’elles
soient effectivement utilisées. Il érige ainsi en infraction pénale le fait de transporter illicite-
ment et intentionnellement ce type d’armes ou des équipements, matières ou logiciels ou des
technologies connexes qui contribuent de manière significative à la conception, à la fabrication
ou au lancement d’une arme biologique, chimique ou nucléaire et établit des procédures de
dissuasion et de répression concertées.
Ces trois instruments multilatéraux sont notamment mentionnés, car ils établissent des obli-
gations relatives à la non-prolifération des armes biologiques, chimiques ou nucléaires, à
l’instar de la Convention SUA de 2005.
3.5.3 Le contexte des actions visant à contrôler les armes biologiques,
chimiques ou nucléaires menées pendant la rédaction
de la Convention SUA de 2005
La Convention SUA de 2005 a été adoptée alors que le contrôle des armes biologiques,
chimiques ou nucléaires (dites “armes BCN”) était à l’ordre du jour du Conseil de sécurité
et de plusieurs conférences diplomatiques. Le Conseil de sécurité a pris plusieurs mesures
visant à contrer les risques d’utilisation d’armes BCN à des fins terroristes, dont l’adoption
de la résolution 1540 (2004).
La Convention SUA de 2005 apporte un certain nombre d’ajouts substantiels aux infractions
créées par l’article 3 de la Convention SUA de 1988. En effet, elle a modifié l’article 3 de
la Convention SUA de 1988 en éliminant d’autres moyens de participation à une infraction,
qui font désormais l’objet du nouvel article 3 quater. L’infraction de menace, auparavant visée
au paragraphe 2 c de l’article 3 de la Convention SUA de 1988, a été reformulée comme
suit:
2. Commet également une infraction toute personne qui menace de commettre l’une
quelconque des infractions visées aux paragraphes 1 b, c et e, si cette menace est de
nature à compromettre la sécurité de la navigation du navire en question, ladite menace
étant assortie ou non, en vertu du droit interne, d’une condition, afin de contraindre une
personne physique ou morale à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte
quelconque.
En créant de nouvelles infractions par l’insertion des articles 3 bis, ter et quater, la Convention
SUA de 2005 adopte une orientation stratégique radicalement nouvelle, absente des instru-
ments antérieurs relatifs aux actes de terrorisme contre l’aviation ou la navigation maritime.
L’article 3 bis érige en infraction l’utilisation d’armes BCN contre un navire ou leur déver-
sement à partir d’un navire, l’utilisation d’un navire pour provoquer la mort ou des dommages
corporels ou matériels graves, et le transport d’armes BCN ou de matières connexes. L’ar-
ticle 3 ter crée une infraction relative au transport, tandis que l’article 3 quater regroupe les
différents moyens par lesquels une infraction peut être commise, autres que la commission
de l’acte proscrit directement par l’auteur de l’infraction.
1. Commet une infraction au sens de la présente Convention toute personne qui illici-
tement et délibérément:
a) Lorsque cet acte, par sa nature ou son contexte, vise à intimider une population
ou à contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir ou
à s’abstenir d’accomplir un acte quelconque…
Les actes incriminés sont ensuite énumérés aux sous-alinéas i, ii, iii et iv de cet alinéa a. Ces
infractions portent principalement, mais pas exclusivement, sur des actes d’utilisation d’un
navire comme arme ou comme vecteur, et seront examinées successivement.
a) i) Utilise contre ou à bord d’un navire, ou déverse à partir d’un navire, des
explosifs, des matières radioactives ou des armes BCN, d’une manière qui
provoque ou risque de provoquer la mort ou des dommages corporels ou
matériels graves;
3—LES INSTRUMENTS JURIDIQUES INTERNATIONAUX DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN 43
15
Il est fait référence aux armes et matières BCN dans plusieurs alinéas de l’article 3 bis; la terminologie
technique en sera abordée après cette description introductive des nouvelles infractions établies aux paragraphes 1 a
et 1 b de l’article 3 bis.
16
Par exemple, la Convention SUA de 1988 a été adoptée en réaction au détournement de l’Achille Lauro et
au meurtre commis à bord par des terroristes en 1985, mais, contrairement à l’article 3 bis, toutes les infractions
visées au paragraphe 1 de son article 3 sont des infractions d’intention générale qui ne supposent aucun motif
terroriste visant à contraindre ou intimider un gouvernement ou une population. En évitant le risque que la Conven-
tion s’applique à des passagers indisciplinés d’un bateau de croisière qui détériorent un espace de divertissement
ou à des vandales qui détruisent les lampadaires d’un port, le critère de “sécurité de la navigation” rend la Conven-
tion SUA inapplicable dans des circonstances injustifiées qui ne présentent pas le caractère de gravité requis. L’ar-
ticle 3 bis abaisse le seuil de dommage, mais renforce l’exigence de l’élément moral (mens rea) en intégrant la notion
d’intention et de but dans le chapeau du paragraphe 1 a.
44 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
b) i) Des explosifs ou des matières radioactives, en sachant que ceux-ci sont destinés
à provoquer ou à menacer de provoquer la mort, des dommages corporels ou matériels graves,
ladite menace étant assortie ou non, en vertu du droit interne, d’une condition, afin d’inti-
mider une population ou de contraindre un gouvernement ou une organisation internationale
à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte quelconque;
Les pratiques du secteur maritime et des marins exigeaient d’intégrer un dessein criminel
spécifique en tant qu’élément constitutif de l’infraction visée au sous-alinéa i du paragraphe 1 b,
dans la mesure où des explosifs ou des matières radioactives peuvent être transportés à des
fins totalement légitimes.
b) ii) Toute arme BCN, en sachant qu’il s’agit d’une arme BCN au sens de l’article
premier;
Ainsi, le fait de transporter à bord d’un navire une arme BCN en connaissance de cause est
une infraction établie par la Convention SUA de 2005.
Le sous-alinéa iii du paragraphe 1 b dispose que toute personne commet une infraction, au
sens de la Convention, si elle transporte illicitement et délibérément à bord d’un navire:
b) iii) Les matières brutes ou produits fissiles spéciaux, équipements ou matières spé-
cialement conçus ou préparés pour le traitement, l’utilisation ou la production de produits
fissiles spéciaux, en sachant que ces matières, produits ou équipements sont destinés à une
activité explosive nucléaire ou à toute autre activité nucléaire non soumise à des garanties
en vertu d’un accord de garanties généralisées de l’AIEA;
Le sous-alinéa iv du paragraphe 1 b de l’article 3 bis dispose que toute personne commet
une infraction, au sens de la Convention, si elle transporte illicitement et délibérément à bord
d’un navire:
b) iv) Des équipements, matières ou logiciels ou des technologies connexes qui contribuent
de manière significative à la conception, la fabrication ou au lancement d’une arme BCN,
en ayant l’intention de les utiliser à cette fin.
3—LES INSTRUMENTS JURIDIQUES INTERNATIONAUX DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN 45
En octobre 2003, le navire BBC China quitte un port du Moyen-Orient avec à son bord des tubes
pour centrifugeuse destinés à être utilisés dans l’enrichissement de l’uranium. Les tubes avaient été
produits en Asie du Sud-Est et expédiés vers le port du Moyen-Orient, où ils avaient été enregistrés
en tant que matériel usagé. Les services de renseignements occidentaux avaient connaissance de
ce chargement et le Gouvernement allemand a demandé au propriétaire allemand du navire d’au-
toriser la fouille de la cargaison. Le navire a accosté à Tarente (Italie), où les éléments de centri-
fugeuse destinés à un pays d’Afrique du Nord ont été trouvés. Cette découverte a été décrite
comme ayant contribué à la décision ultérieure du pays concerné de démanteler son programme
d’armement nucléairea.
a
Global Security Newswire of the Nuclear Threat Initiative, 31 décembre 2003. Consultable à
l’adresse: http://www.nti.org/gsn/.
Commet une infraction au sens de la présente Convention toute personne qui illicitement et
délibérément transporte à bord d’un navire une autre personne en sachant que cette personne
a commis un acte qui constitue une infraction visée à l’article 3, 3 bis ou 3 quater ou une
des infractions visées par l’un des traités énumérés dans l’Annexe et en ayant l’intention
d’aider cette personne à échapper à des poursuites pénales.
Sont énumérés en annexe à la Convention SUA de 2005 neuf traités relatifs au terrorisme:
la Convention pour la répression de la capture illicite d’aéronefs (Convention de La Haye);
la Convention pour la répression d’actes illicites dirigés contre la sécurité de l’aviation civile
(Convention de Montréal); la Convention sur la prévention et la répression des infractions
contre les personnes jouissant d’une protection internationale, y compris les agents diploma-
tiques (1973); la Convention internationale contre la prise d’otages (1979); la Convention
sur la protection physique des matières nucléaires (1979); le Protocole pour la répression des
actes illicites de violence dans les aéroports servant à l’aviation civile internationale (1988);
le Protocole sur les plates-formes fixes; la Convention internationale pour la répression des
46 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
C’est en termes clairs que le Conseil de sécurité a fait part de son inquiétude face à la
mobilité des terroristes dans le dispositif de la résolution 1373, par laquelle, agissant en vertu
du chapitre VII de la Charte, il a décidé que tous les États doivent:
a) Illicitement et délibérément blesse ou tue toute personne, lorsque ces faits présentent
un lien de connexité avec l’une des infractions visées au paragraphe 1 de l’article 3 ou à
l’article 3 bis ou 3 ter; ou
b) Tente de commettre une infraction visée au paragraphe 1 de l’article 3, au para-
graphe 1 a i, ii ou iii de l’article 3 bis ou à l’alinéa a du présent article; ou
3—LES INSTRUMENTS JURIDIQUES INTERNATIONAUX DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN 47
17
L’alinéa d de l’article 3 quater n’est pas applicable à l’alinéa c du même article, à savoir le fait de se rendre
complice d’une infraction.
48 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
les personnes qui organisent la commission d’infractions visées par ces instruments ou donnent
l’ordre à d’autres personnes de les commettre.
La différence entre, d’une part, un acte commis délibérément au sens du chapeau de l’alinéa e
de l’article 3 quater et, d’autre part, un acte commis dans l’intention de servir un but criminel
ou en sachant que le but est de nature criminelle peut être illustrée par l’exemple qui suit.
Un chauffeur de taxi peut avoir “délibérément” transporté un groupe de passagers et leurs
bagages entre un hôtel et le terminal d’un transbordeur et les avoir aidés à charger et déchar-
ger leurs bagages au départ et à l’arrivée du trajet. Si, une fois à bord du transbordeur, ces
personnes sortent une arme chimique de leurs bagages, capturent illicitement le navire et
tuent des membres d’équipage et des passagers, le chauffeur pourrait, du fait des actions du
groupe, être soupçonné, puisqu’il a physiquement contribué à la commission de l’infraction
en fournissant un moyen de transport. Cependant, puisqu’il ignorait les desseins criminels
du groupe et, en l’absence de connaissance ou d’intention délictueuse de sa part, le chauffeur
ne serait pas pénalement responsable des actes commis.
L’examen ci-dessus n’a pas permis de déterminer si une infraction visée par la Convention
doit être commise ou tentée pour qu’une contribution délibérée à la commission de cette
infraction soit elle-même incriminée au sens de l’alinéa e de l’article 3 quater. La Convention
de Beijing, en revanche, a examiné et tranché cette question au début du paragraphe 5 de
son article premier, libellé comme suit:
Chaque État Partie confère aussi le caractère d’infraction pénale à l’un ou l’autre des
actes suivants ou aux deux, lorsqu’ils sont commis intentionnellement, que les infractions
50 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
Dans la mesure où relativement peu de pays ont déjà mis en œuvre l’une de ces conventions
ou les deux, les États ont encore la possibilité de choisir de ratifier et d’appliquer les deux
instruments séparément ou conjointement. En effet, il existe des chevauchements considé-
rables entre les infractions devant être créées en application des deux instruments. Par consé-
quent, toute incohérence entre des textes portant incrimination pourrait être source de risque
et de confusion juridiques. Dans l’intérêt de l’efficacité législative, il pourrait également se
révéler avantageux de regrouper les infractions contre la navigation maritime et les infractions
contre l’aviation dans les mêmes dispositions législatives. Toutefois, les considérations pra-
tiques pouvant varier, il n’est sans doute pas nécessaire que la Convention SUA de 2005 ou
la Convention et le Protocole de Beijing soient adoptés simultanément.
De ce fait, les États souhaiteront peut-être unifier leur processus d’analyse et de mise en
œuvre législatives de l’instrument de 2005 sur la navigation maritime et de l’instrument
de 2010 sur l’aviation. Si tel était le cas, il en ressortirait immédiatement que la Convention
de Beijing, contrairement à la Convention SUA de 2005, énonce que la contribution à la
commission d’une infraction par un groupe constitue une infraction indépendamment de la
réussite ou de l’échec du but ou de l’activité du groupe criminel. Du fait qu’il manque une
formule essentielle dans la Convention SUA de 2005, à savoir “que les infractions visées […]
soient ou non effectivement commises ou tentées”, celle-ci est ouverte à interprétation. Les
deux infractions visées par ces instruments pourraient être harmonisées en précisant que la
contribution à la commission d’une infraction contre la navigation maritime ou contre l’aviation
ne doit pas s’accompagner d’une tentative d’exécution ou d’une exécution réussie de l’infraction
envisagée. En précisant que la tentative ou la consommation d’une infraction n’entre pas en
ligne de compte dans la contribution à une infraction terroriste, la loi aurait un effet préventif,
en permettant de sanctionner les actes visant à contribuer à une action terroriste, voire en
décourageant de tels actes de contribution délibérée à l’activité ou au but criminels d’un
groupe. On harmoniserait également les infractions visant la sûreté de la navigation maritime
et de l’aviation.
former individuellement un dessein illicite peut engager sa responsabilité pénale. Ils admettent
toutefois que ces entités peuvent encourir des sanctions civiles ou administratives. En guise
de sanction ultime, l’existence juridique de l’entité peut être annulée par le retrait de ses
statuts ou d’autres mécanismes juridiques qui reconnaissent ou lui octroient sa personnalité
juridique.
Aucun des instruments internationaux de lutte contre le terrorisme n’avait abordé la question
de la responsabilité pénale des personnes morales jusqu’à l’adoption de la Convention inter-
nationale pour la répression du financement du terrorisme. Cette dernière exige de ses États
parties qu’ils confèrent le caractère d’infraction au fait de fournir ou réunir des fonds dans
l’intention ou en sachant que ces fonds seront utilisés en vue de commettre une infraction
terroriste selon la définition de la Convention et de son annexe. Par nature, des activités
consistant à fournir ou réunir des fonds à grande échelle impliquent probablement des
banques, des institutions financières, des organisations non gouvernementales et d’autres
personnes morales. De ce fait, l’article 5 de la Convention internationale pour la répression
du financement du terrorisme exige des États parties qu’ils prennent les mesures nécessaires
pour que la responsabilité d’une personne morale soit engagée pour les actes accomplis par
ses représentants dans des circonstances précises. Le type de responsabilité pénale a été laissé
à l’appréciation des autorités nationales de chaque État partie.
Dans ses articles 3 ter et 3 quater, la Convention SUA de 2005 crée de nouvelles infractions
susceptibles de concerner des sociétés de transport maritime, des transitaires, des fabricants
et d’autres personnes morales, ainsi que des capitaines de navires ou d’autres personnes
responsables. Certaines de ces personnes peuvent agir à des fins criminelles ou en connais-
sance de cause. L’article 3 ter de la Convention SUA de 2005 incrimine le fait de transporter
une personne en sachant que celle-ci a commis une infraction visée par la Convention et en
ayant l’intention de l’aider à s’échapper.
Cet article pourrait s’appliquer à une société de transport maritime qui permet à des fugitifs
de s’échapper à bord d’un de ses navires après un attentat terroriste de type chimique, bio-
logique, radiologique ou nucléaire, parce qu’elle considère leur cause idéologique ou autre
d’un œil favorable. Tel serait ainsi le cas si l’attentat en question a été commis contre un
navire, à bord d’un navire ou à partir d’un navire ou s’il relève d’une infraction visée dans
l’un quelconque des traités figurant en annexe à la Convention.
L’article 3 quater énumère plusieurs moyens par lesquels des infractions visées par la Conven-
tion peuvent être commises par des personnes autres que leurs auteurs physiques. Serait ici
visé le recours à des personnes morales pour faciliter la commission d’une infraction créée
par la Convention, par exemple, un transitaire qui fournirait un conditionnement et des
documents falsifiés pour le transport de matières, d’équipements et de technologies nucléaires
en sachant qu’ils seront utilisés en violation d’un accord de garanties de l’AIEA pour la
fabrication d’une arme nucléaire et en ayant l’intention de servir cette fin.
L’article sur la responsabilité des personnes morales, qui figure dans la Convention interna-
tionale pour la répression du financement du terrorisme de 1999, a été adopté sans modifi-
cation substantielle dans la Convention SUA de 2005, en tant qu’article 5 bis libellé comme
suit:
1. Chaque État Partie, conformément aux principes de son droit interne, prend les
mesures nécessaires pour que la responsabilité d’une personne morale située sur son
52 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
2. Elle est engagée sans préjudice de la responsabilité pénale des personnes physiques
qui ont commis les infractions.
3. Chaque État Partie veille en particulier à ce que les personnes morales dont la res-
ponsabilité est engagée en vertu du paragraphe 1 fassent l’objet de sanctions pénales,
civiles ou administratives efficaces, proportionnées et dissuasives. Ces sanctions peuvent
être notamment d’ordre pécuniaire.
ainsi l’objet de modifications rédactionnelles. Le nouvel article 2 bis crée des infractions
supplémentaires relatives aux armes BCN:
Commet une infraction au sens du présent Protocole toute personne qui illicitement et
délibérément, lorsque cet acte, par sa nature ou son contexte, vise à intimider une popu-
lation ou à contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir
ou à s’abstenir d’accomplir un acte quelconque:
a) Utilise contre ou à bord d’une plate-forme fixe, ou déverse à partir d’une plate-
forme fixe des explosifs, des matières radioactives ou des armes BCN, d’une manière
qui provoque ou risque de provoquer la mort ou des dommages corporels ou matériels
graves; ou
b) Déverse, à partir d’une plate-forme fixe, des hydrocarbures, du gaz naturel
liquéfié, ou d’autres substances nocives ou potentiellement dangereuses, qui ne sont
pas visés à l’alinéa a, en quantités ou concentrations qui provoquent ou risquent de
provoquer la mort ou des dommages corporels ou matériels graves; ou
c) Menace de commettre l’une quelconque des infractions visées à l’alinéa a ou b;
ladite menace étant assortie ou non, en vertu du droit interne, d’une condition.
Les nouveaux moyens de commettre une infraction ou d’y participer établis aux articles 2
et 2 bis du Protocole SUA de 2005 sur les plates-formes fixes tel que modifié sont définis à
l’article 2 ter. Ils sont, en substance, identiques aux autres moyens de commettre une infrac-
tion ou d’y participer établis à l’article 3 quater de la Convention SUA de 2005 et ne sont
donc pas analysés ici.
1. Si un pays enclavé ne dispose pas d’accès à la mer ni de plates-formes fixes sur le plateau
continental, pourquoi adopterait-il les instruments relatifs à la sûreté maritime?
2. Une menace de libération de substances chimiques dangereuses en cas de refus d’un gouver-
nement de verser une somme d’argent peut-elle être considérée comme une infraction relevant
de la Convention SUA de 2005?
4. En quoi l’article 3 ter de la Convention SUA de 2005 est-il cohérent avec l’importance accordée
par les responsables politiques et les services de répression à la mobilité géographique des
terroristes?
5. Quelle innovation la Convention SUA de 2005 a-t-elle mise en place vis-à-vis de l’exception
fondée sur le caractère politique d’une infraction en matière de coopération internationale? Le
nouvel article sur le principe de non-discrimination introduit par la Convention SUA de 2005
annule-t-il l’effet de l’élimination de l’exception fondée sur le caractère politique d’une infraction,
ou bien les deux dispositions peuvent-elles être conciliées?
6.
Un navire militaire d’un État qui soupçonne un navire battant pavillon d’un autre État de
transporter des armes BCN a-t-il autorité pour stopper ce navire en haute mer, l’arraisonner
et le fouiller pour y rechercher des armes et des éléments de preuve? Certaines conditions
doivent-elles être respectées avant ou pendant un tel arraisonnement? Si des armes sont
découvertes, quel État est en droit d’exercer sa compétence sur le navire et sa cargaison?
Pour un tableau comparatif entre la Convention pour la répression d’actes illicites contre la
sécurité de la navigation maritime de 1988 et sa version de 2005, ainsi qu’entre le Protocole
54 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
pour la répression d’actes illicites contre la sécurité des plates-formes fixes situées sur le
plateau continental de 1988 et son protocole de 2005, voir le Programme de formation
juridique de l’ONUDC contre le terrorisme, module 5: Infractions terroristes dans le domaine
des transports (aviation civile et navigation maritime).
Principales caractéristiques
• La Convention érige en infractions pénales et impose aux États parties de punir
l’utilisation d’aéronefs civils dans le but de provoquer la mort ou de causer des dom-
mages corporels graves ou des dégâts graves, l’utilisation d’aéronefs civils pour libérer
ou décharger une arme BCN, ou des substances semblables, afin de provoquer la
mort ou de causer des dommages corporels ou des dégâts graves, et l’utilisation de
toute arme BCN, ou de substances semblables, à bord d’un aéronef civil ou contre
un aéronef civil.
• Elle érige en infraction pénale et impose aux États parties de punir le transport illicite
de toute arme BCN ou de matières ou technologies connexes contribuant de façon
significative à la mise au point d’une arme BCN.
• Elle prévoit expressément la responsabilité pénale des commanditaires et des organisa-
teurs d’une infraction, ainsi que la responsabilité des personnes qui, sciemment, aident
l’auteur d’une infraction à se soustraire à une enquête, à des poursuites ou à une peine18.
• Elle érige en infraction pénale et impose aux États parties de punir le fait de menacer
de commettre une infraction, lorsque la menace est crédible.
• Elle prévoit que, dans certaines conditions, le fait de contribuer ou de consentir à contri-
buer à une infraction, qu’elle soit effectivement commise ou non, peut être punissable.
• Elle dispose qu’une personne morale peut être tenue pénalement responsable si le
droit interne applicable le prévoit.
• Elle élargit les chefs de compétence prévus par les instruments précédents en exigeant
que chaque État partie établisse sa compétence lorsque l’infraction est commise par
l’un de ses ressortissants, et en permettant à chaque État partie d’établir sa compétence
lorsque l’infraction vise ses ressortissants.
• Elle consacre les principes de traitement équitable et de non-discrimination.
• Enfin, elle interdit à un État de refuser d’extrader l’auteur d’une infraction au seul
motif que celle-ci serait de nature politique.
Avantages
• Elle modernise le régime juridique de la sécurité de l’aviation afin de tenir compte
de menaces nouvelles et émergentes contre l’aviation civile, y compris l’utilisation
d’armes ou de substances BCN.
18
Il est à noter que cette convention a trait à la résolution 1540 (2004) s’agissant du transport aérien de la
même façon que le Protocole SUA de 2005 s’agissant du transport maritime.
3—LES INSTRUMENTS JURIDIQUES INTERNATIONAUX DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN 55
• Elle érige en infractions pénales plusieurs actes constituant des menaces nouvelles et
émergentes contre l’aviation civile, dont certains actes préparatoires, renforçant par là
même la capacité des États à prévenir la commission des infractions en question et à
poursuivre et sanctionner leurs auteurs.
• Elle renforce le régime conventionnel international de la lutte contre le terrorisme,
contribuant ainsi à la réalisation des objectifs des Nations Unies en matière de lutte
internationale contre le terrorisme.
Après les attaques terroristes perpétrées le 11 septembre 2001 contre plusieurs cibles aux États-
Unis, l’Assemblée de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) a adopté la réso-
lution A33-1 en octobre de la même année. Cette résolution chargeait le Conseil de l’OACI
et son Secrétaire général de “s’attaquer aux menaces nouvelles et émergentes contre l’aviation
civile, et en particulier d’examiner si les conventions existantes en matière de sûreté de l’aviation
[étaient] suffisantes” et chargeait également le Conseil de convoquer une conférence ministé-
rielle sur la sûreté de l’aviation dans le but de prévenir, de combattre et d’éradiquer les actes
de terrorisme impliquant l’aviation civile et de renforcer par ailleurs la sûreté de l’aviation. En
vertu de cette résolution et des recommandations de la Conférence ministérielle de haut niveau
sur la sûreté de l’aviation tenue en février 2002, le Conseil de l’OACI a approuvé un projet
de révision des instruments relatifs à la sûreté de l’aviation. Le Secrétariat de l’OACI a réalisé
une enquête auprès des États membres de l’OACI et mené un travail de réflexion interne.
L’élaboration d’un nouvel instrument a été activement poursuivie après la négociation, en 2005,
des Protocoles à la Convention de l’OMI pour la répression d’actes illicites contre la sécurité
de la navigation maritime et de son protocole sur les plates-formes fixes.
La Convention de Beijing de 2010 crée de nouvelles infractions relatives aux armes BCN et
aux substances radioactives qui ne figuraient pas dans les instruments antérieurs concernant
l’aviation. Il s’agit donc du premier instrument juridique international relatif à la prévention
et à la répression du terrorisme chimique, biologique, radiologique ou nucléaire dans l’avia-
tion. Le présent module aborde les aspects de cette convention qui présentent un intérêt
dans la lutte contre le terrorisme chimique, biologique, radiologique ou nucléaire. Pour une
analyse détaillée de la Convention dans son intégralité, voir le Programme de formation
juridique de l’ONUDC contre le terrorisme, module 5: Infractions terroristes dans le domaine
des transports (aviation civile et navigation maritime).
56 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
g) Libère ou décharge à partir d’un aéronef en service une arme BCN ou des matières
explosives ou radioactives, ou des substances semblables, d’une manière qui provoque ou est
susceptible de provoquer la mort, ou de causer des dommages corporels graves ou des dégâts
graves à des biens ou à l’environnement; ou
h) Utilise contre un aéronef ou à bord d’un aéronef en service une arme BCN ou des
matières explosives ou radioactives, ou des substances semblables, d’une manière qui provoque
ou est susceptible de provoquer la mort, ou de causer des dommages corporels graves ou
des dégâts graves à des biens ou à l’environnement; ou
i) Transporte, fait transporter ou facilite le transport à bord d’un aéronef:
1) Des explosifs ou des matières radioactives, en sachant que ceux-ci sont destinés
à provoquer, ou à menacer de provoquer la mort ou des dommages corporels ou
matériels graves, ladite menace étant assortie ou non, en vertu du droit national,
d’une condition, afin d’intimider une population ou de contraindre un gouvernement
ou une organisation internationale à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte
quelconque; ou
2) Toute arme BCN, en sachant qu’il s’agit d’une arme BCN au sens de l’article 2;
ou
3) Des matières brutes ou produits fissiles spéciaux, équipements ou matières spé-
cialement conçus ou préparés pour le traitement, l’utilisation ou la production de
produits fissiles spéciaux, en sachant que ces matières, produits ou équipements sont
destinés à une activité relative aux explosifs nucléaires ou à toute autre activité
nucléaire non soumise à des garanties en vertu d’un accord de garanties avec l’Agence
internationale de l’énergie atomique; ou
4) Des équipements, matières ou logiciels, ou des technologies connexes qui contri-
buent de manière significative à la conception, à la fabrication ou au lancement
d’une arme BCN sans autorisation licite et avec l’intention de les utiliser à cette
fin;
étant entendu que pour les activités faisant intervenir un État Partie, y compris celles
qui sont entreprises par une personne ou une personne morale autorisée par un État
Partie, il n’y a pas infraction en vertu des sous-alinéas 3 et 4 si le transport de ces
articles ou matières est compatible avec ou destiné à une utilisation ou activité compatible
avec ses droits, responsabilités et obligations en vertu du traité multilatéral de non-
prolifération applicable auquel il est partie, y compris ceux qui sont cités à l’article 7.
Les infractions relatives au transport d’armes BCN présentent de nombreux points communs
avec celles figurant dans certains instruments juridiques internationaux, tels que les traités
relatifs à la non-prolifération nucléaire et aux armes biologiques et chimiques, cités à l’article 7
de la Convention de Beijing de 2010.
a) S’entendre avec une ou plusieurs autres personnes en vue de commettre une infrac-
tion visée aux paragraphes 1, 2 ou 3 du présent article et qui, lorsque le droit interne l’exige,
implique un acte commis par un des participants en vertu de cette entente; ou
b) Contribuer de toute autre manière à la perpétration d’une ou de plusieurs infractions
visées aux paragraphes 1, 2 ou 3 du présent article par un groupe de personnes agissant de
concert et:
i) Soit pour faciliter l’activité criminelle générale du groupe ou servir le but de
celui-ci, lorsque cette activité ou ce but suppose la perpétration d’une infraction
visée aux paragraphes 1, 2 ou 3 du présent article;
ii) Soit en sachant que le groupe a l’intention de commettre une infraction visée
aux paragraphes 1, 2 ou 3 du présent article.
L’alinéa a du paragraphe 5 décrit une infraction reposant sur l’entente délictueuse ou infrac-
tion du type conspiracy, tandis que l’alinéa b décrit une infraction relevant de l’association
de malfaiteurs. Au sens de l’alinéa a, l’infraction visée peut se rapporter à la notion d’entente
58 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
délictueuse telle qu’elle était définie originellement en common law, dans laquelle le simple
fait de s’entendre pour commettre un acte illicite est punissable en tant qu’infraction. Un
autre moyen possible d’incrimination est de s’appuyer sur la forme que cette infraction a
prise dans la législation récente, qui exige généralement un acte commis par un des partici-
pants en vertu de l’entente. Cet élément est communément appelé acte manifeste (overt tact),
lequel établit l’existence de l’infraction à l’égard de tous les individus qui participent à cette
entente.
Au sens de l’alinéa b, l’infraction établie peut aussi prendre la forme d’une contribution
apportée intentionnellement ou en connaissance de cause afin de faciliter l’activité criminelle
du groupe ou de servir le but de ce dernier.
Chaque État Partie confère aussi le caractère d’infraction pénale à l’un ou l’autre des
actes suivants ou aux deux, lorsqu’ils sont commis intentionnellement, que les infractions
visées aux paragraphes 1, 2 ou 3 du présent article soient ou non effectivement commises
ou tentées…
En vertu de l’alinéa a du paragraphe 5, l’infraction établie peut être une entente délictueuse
nécessitant ou non au regard du droit national un acte manifeste comme élément essentiel
de sa commission. Toutefois, elle ne doit pas exiger que l’infraction matérielle faisant l’objet
de cette entente délictueuse soit tentée ou perpétrée. En vertu de l’alinéa b, l’infraction établie
peut relever de l’association de malfaiteurs et viser la participation à un groupe ayant une
activité ou un but criminel, que l’accomplissement d’un acte matériel de préparation soit ou
non requis. Elle ne doit cependant pas exiger la réalisation ou la tentative de réalisation de
l’activité ou du but substantiel pour lequel le groupe se prépare. La disposition énoncée dans
le chapeau du paragraphe 5 de l’article premier de la Convention de Beijing produit un effet
direct et clair dans le cas des infractions relatives à l’aviation qu’elle établit. Elle peut toutefois
avoir un effet rétroactif imprévisible sur la compréhension et l’interprétation du type
d’infraction que constitue l’association de malfaiteurs devant être établi en vertu de l’alinéa e
de l’article 3 quater de la Convention SUA de 2005.
Les chefs de compétence obligatoires et facultatifs reconnus par les instruments antérieurs
ont été élargis dans la Convention de Beijing et son protocole, en vertu du paragraphe 2 de
l’article 8:
Tout État partie peut également établir sa compétence aux fins de connaître de ces infractions
dans les cas suivants:
a) Si l’infraction est commise contre un ressortissant de cet État;
b) Si l’infraction est commise par un apatride qui a sa résidence habituelle sur le ter-
ritoire de cet État.
1. Chaque État Partie, conformément aux principes de son droit national, peut prendre
les mesures nécessaires pour que la responsabilité d’une personne morale située sur son
territoire ou constituée sous l’empire de sa législation soit engagée lorsqu’une personne
responsable de la direction ou du contrôle de cette personne morale a, en cette qualité,
commis une infraction visée à l’article premier. Cette responsabilité peut être pénale, civile
ou administrative.
2. Ladite responsabilité est engagée sans préjudice de la responsabilité pénale des per-
sonnes physiques qui ont commis les infractions.
3. Si un État Partie prend les mesures nécessaires pour engager la responsabilité d’une
personne morale en vertu du paragraphe 1 du présent article, il s’efforce de veiller à ce
que les sanctions pénales, civiles ou administratives applicables soient efficaces, propor-
tionnées et dissuasives. Ces sanctions peuvent être notamment d’ordre pécuniaire.
l’article 15 de la Convention de Tokyo impose à l’État dans le territoire duquel une personne
a été débarquée ou remise d’accorder à cette personne un traitement qui, en ce qui concerne
sa protection et sa sécurité, n’est pas moins favorable que celui qu’il accorde à ses nationaux
dans des cas analogues.
L’obligation d’accorder à une personne en détention toutes facilités pour communiquer immé-
diatement avec le plus proche représentant qualifié de l’État dont elle a la nationalité a été
reprise dans la Convention de La Haye et dans la Convention de Montréal, à l’article 6 de
ces deux instruments. Le Protocole pour la répression des actes illicites de violence dans les
aéroports servant à l’aviation civile internationale de 1988, s’il ajoute de nouvelles infractions
à la Convention de Montréal, ne prévoit aucune garantie supplémentaire pour les personnes
accusées. La Convention sur le marquage des explosifs plastiques et en feuilles aux fins de
détection ne contient aucune disposition pénale et n’apporte pas de nouvelles garanties.
En vertu de l’article 17, les États parties s’accordent l’entraide judiciaire la plus large possible
dans les procédures pénales relatives aux infractions visées par la Convention.
3—LES INSTRUMENTS JURIDIQUES INTERNATIONAUX DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN 61
Article 6
2. Les activités des forces armées en période de conflit armé, au sens donné à ces termes
en droit international humanitaire, qui sont régies par ce droit, ne sont pas régies par la
présente Convention, et les activités accomplies par les forces armées d’un État dans
l’exercice de leurs fonctions officielles, dans la mesure où elles sont régies par d’autres
règles de droit international, ne sont pas régies non plus par la présente Convention.
Article 7
1. Lors du détournement de l’un des avions utilisés pour les attentats du 11 septembre 2001,
les auteurs ont rapidement pris le contrôle de l’appareil et vaporisé des gaz lacrymogènes, du
capsicum et un autre irritant en première classe afin de forcer les passagers et le personnel
de bord à se diriger vers l’arrière de l’avion. Ils ont affirmé détenir une bombe. L’utilisation de
gaz lacrymogène relève-t-elle de la définition d’une “arme BCN” au sens de la Convention
sur la répression des actes illicites dirigés contre l’aviation civile internationale?
2. Le déclenchement d’un dispositif explosif radioactif dans un aéroport constitue-t-il une infrac-
tion en vertu de la Convention?
4. Le transport d’une arme chimique par un avion militaire constitue-t-il un acte criminel en vertu
de la Convention?
4. CONCLUSION
Pour une discussion plus approfondie des réflexions et des solutions potentielles à l’interdé-
pendance entre ces instruments et d’autres instruments juridiques, voir les Dispositions légis-
latives modèles contre le terrorisme du Service de la prévention du terrorisme de l’ONUDC,
ainsi que le Manuel de droit nucléaire: législation d’application, publié par l’AIEA19.
19
Consultables à l’adresse : https://www.unodc.org/tldb/fr/model_laws_treaties.html. Les Dispositions législatives
modèles contre le terrorisme ont été rédigées pour favoriser une ratification rapide de l’intégralité des instruments
juridiques universels de lutte contre le terrorisme.
63
64 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
Dans certains cas, il sera préférable d’appliquer d’autres instruments que ceux étudiés dans le
présent module. Les traités bilatéraux et régionaux d’extradition et d’entraide judiciaire indiquent
souvent des délais et d’autres précisions, ce qui n’est pas faisable dans des instruments universels
ouverts à tous les États, qui se doivent d’être adaptés à différents systèmes juridiques.
Exception
Élément fondée sur
Exception accordée aux
commun/ Obligation d’extra- Coopération le caractère Clause
Compétence forces armées ou
instrument der ou de poursuivre internationale politique de non-
militaires d’un État d’une discrimi-
juridique
infraction nation
Convention sur Article 8: Article 4: Article 10: Article 11: s.o. s.o.
ANNEXE
la protection 1. Tout État Partie a) Rien dans la présente L’État Partie sur le 1. Les infractions visées
physique des prend les mesures Convention ne modifie territoire duquel se à l’article 7 sont de
matières éventuellement les autres droits, trouve l’auteur plein droit comprises
nucléaires nécessaires pour établir obligations et responsabi- présumé de l’infrac- comme cas d’extradition
sa compétence aux fins lités qui découlent pour tion, s’il n’extrade pas dans tout traité
radiologique ou nucléaire
de connaître des les États Parties du droit ce dernier, soumet d’extradition en vigueur
infractions visées à international, en l’affaire, sans aucune entre des États Parties.
l’article 7 dans les cas particulier des buts et exception et sans Les États Parties
ci-après: principes de la Charte retard injustifié, à ses s’engagent à inclure ces
a) Lorsque l’infraction des Nations Unies et du autorités compétentes infractions parmi les cas
est commise sur le droit humanitaire pour l’exercice de d’extradition dans tout
territoire dudit État ou international. l’action pénale, selon traité d’extradition à
à bord d’un navire ou b) Les activités des forces une procédure conclure entre eux.
d’un aéronef immatri- armées en période de conforme à la 2. Si un État Partie qui
culé dans ledit État; conflit armé, au sens législation dudit État. subordonne l’extradition
b) Lorsque l’auteur donné à ces termes en à l’existence d’un traité
présumé de l’infraction droit humanitaire est saisi d’une demande
est un ressortissant international, qui sont d’extradition par un
dudit État. régies par ce droit ne autre État Partie avec
sont pas régies par la lequel il n’est pas lié par
présente Convention, et un traité d’extradition, il
les activités menées par peut considérer la
les forces armées d’un présente Convention
État dans l’exercice de comme constituant la
leurs fonctions officielles, base juridique de
en tant qu’elles sont l’extradition pour ce qui
régies par d’autres règles concerne les infractions
internationaux de lutte contre le terrorisme chimique, biologique,
65
66
Exception fondée
Élément commun/ Exception accordée Obligation sur le caractère Clause de
instrument aux forces armées ou d’extrader ou Coopération politique d’une non-
juridique Compétence militaires d’un État de poursuivre internationale infraction discrimination
Convention sur la 2. Tout État Partie prend c) Rien dans la présente 3. Les États Parties qui ne
protection également les mesures Convention n’est consi- subordonnent pas l’extradi-
physique des éventuellement nécessaires déré comme une tion à l’existence d’un
pour établir sa compétence autorisation licite de traité reconnaissent lesdites
matières
aux fins de connaître recourir ou de menacer infractions comme cas
nucléaires (suite)
desdites infractions lorsque de recourir à la force d’extradition entre eux
l’auteur présumé de contre des matières ou dans les conditions prévues
l’infraction se trouve sur son des installations nucléaires par le droit de l’État requis.
territoire et que ledit État utilisées à des fins 4. Entre États Parties,
ne l’extrade pas conformé- pacifiques. chacune de ces infractions
ment à l’article 11 dans l’un
d) Rien dans la présente est considérée, aux fins de
quelconque des États Convention n’excuse ou l’extradition, comme ayant
mentionnés au ne rend licites des actes été commise tant au lieu
paragraphe 1. par ailleurs illicites, ni de sa perpétration que sur
3. La présente Convention n’empêche l’exercice de le territoire des États Parties
n’écarte aucune compétence poursuites en vertu tenus d’établir leur
pénale exercée conformé- d’autres lois. compétence conformément
ment aux lois nationales. 5. La présente Convention aux dispositions du
4. Outre les États Parties ne s’applique pas à des paragraphe 1 de l’article 8.
mentionnés aux para- matières nucléaires
graphes 1 et 2, tout État utilisées ou conservées à
Partie peut, conformément des fins militaires ou à
au droit international, établir une installation nucléaire
sa compétence aux fins de contenant de telles
connaître des infractions matières.
MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
Exception fondée
Élément commun/ Exception accordée Obligation sur le caractère Clause de
instrument aux forces armées ou d’extrader ou Coopération politique d’une non-
juridique Compétence militaires d’un État de poursuivre internationale infraction discrimination
Convention Article 9: Article 4: Article 11: Article 13: Article 15: Article 16:
internationale 1. Chaque État Partie 1. Aucune disposition de 1. Dans les cas où les 1. Les infractions prévues à Aux fins de l’extradi- Aucune disposition de
pour la répression adopte les mesures qui la présente Convention ne dispositions de l’article 9 l’article 2 sont de plein tion ou de l’entraide la présente Convention
des actes de peuvent être nécessaires modifie les autres droits, sont applicables, l’État droit considérées comme judiciaire entre États ne doit être interpré-
terrorisme pour établir sa compétence obligations et responsabili- Partie sur le territoire cas d’extradition dans tout Parties, aucune des tée comme impliquant
nucléaire en ce qui concerne les tés qui découlent pour les duquel se trouve traité d’extradition conclu infractions visées à une obligation
États et les individus du
infractions visées à l’article 2 l’auteur présumé de entre États Parties avant l’article 2 n’est d’extradition ou
lorsque: droit international, en l’infraction est tenu, s’il l’entrée en vigueur de la considérée comme d’entraide judiciaire si
a) L’infraction est commise particulier des buts et ne l’extrade pas, de présente Convention. Les une infraction l’État Partie requis a
sur son territoire; ou principes de la Charte des soumettre l’affaire, sans États Parties s’engagent à politique, ou connexe des raisons sérieuses
Nations Unies et du droit retard excessif et sans considérer ces infractions à une infraction de croire que la
b) L’infraction est commise à
international humanitaire. aucune exception, que comme cas d’extradition politique, ou inspirée demande d’extradition
bord d’un navire battant
2. Les activités des forces l’infraction ait été ou dans tout traité d’extradi- par des mobiles pour les infractions
son pavillon ou d’un
armées en période de non commise sur son tion à conclure par la suite politiques. En visées à l’article 2 ou
aéronef immatriculé
conflit armé, au sens territoire, à ses autorités entre eux. conséquence, une la demande d’entraide
conformément à sa
donné à ces termes en compétentes pour 2. Lorsqu’un État Partie qui demande d’extradi- concernant de telles
législation au moment où
droit international l’exercice de l’action subordonne l’extradition à tion ou d’entraide infractions a été
l’infraction a été commise;
humanitaire, qui sont pénale selon une l’existence d’un traité est judiciaire fondée sur présentée aux fins de
ou
régies par ce droit, ne procédure conforme à la saisi d’une demande une telle infraction poursuivre ou de punir
c) L’infraction est commise législation de cet État. ne peut être refusée une personne pour
sont pas régies par la d’extradition par un autre
par l’un de ses Ces autorités prennent pour la seule raison des considérations de
présente Convention, et État Partie avec lequel il
ressortissants. leur décision dans les qu’elle concerne une race, de religion, de
les activités accomplies n’est pas lié par un traité
2. Chaque État Partie peut par les forces armées d’un mêmes conditions que d’extradition, l’État Partie infraction politique, nationalité, d’origine
également établir sa État dans l’exercice de pour toute autre requis a la latitude de une infraction ethnique ou d’opinions
compétence à l’égard de leurs fonctions officielles, infraction ayant un considérer la présente connexe à une politiques, ou que
telles infractions lorsque: caractère grave au infraction politique, donner suite à cette
MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
Exception fondée
Élément commun/ Exception accordée Obligation sur le caractère Clause de
instrument aux forces armées ou d’extrader ou Coopération politique d’une non-
juridique Compétence militaires d’un État de poursuivre internationale infraction discrimination
Convention En cas de modification,
internationale l’État Partie concerné en
pour la répression informe immédiatement le
des actes de Secrétaire général.
terrorisme 4. Chaque État Partie
nucléaire (suite) adopte également les
mesures qui peuvent être
nécessaires pour établir sa
compétence en ce qui
concerne les infractions
visées à l’article 2 dans les
cas où l’auteur présumé de
l’infraction se trouve sur son
territoire et où il ne
l’extrade pas vers l’un
quelconque des États Parties
qui ont établi leur compé-
tence conformément aux
paragraphes 1 et 2 du
présent article.
5. La présente Convention
n’exclut l’exercice d’aucune
compétence pénale établie
par un État Partie conformé-
ment à sa législation
MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
nationale.
Exception fondée
Élément commun/ Exception accordée Obligation sur le caractère Clause de
instrument aux forces armées ou d’extrader ou Coopération politique d’une non-
juridique Compétence militaires d’un État de poursuivre internationale infraction discrimination
Convention Article 6: Article 19: Article 8: Article 9: Article 11: Article 12:
internationale 1. Chaque État Partie 1. Aucune disposition de 1. Dans les cas où les 1. Les infractions prévues à Pour les besoins de Aucune disposition de
pour la répression adopte les mesures qui la présente Convention dispositions de l’ar- l’article 2 sont de plein l’extradition ou de la présente Conven-
des attentats peuvent être nécessaires ne modifie les autres ticle 6 sont applicables, droit considérées comme l’entraide judiciaire tion ne doit être
terroristes à pour établir sa compétence droits, obligations et l’État Partie sur le cas d’extradition dans tout entre États Parties, interprétée comme
l’explosif en ce qui concerne les responsabilités qui territoire duquel se traité d’extradition conclu aucune des impliquant une
infractions visées à découlent pour les États trouve l’auteur présumé entre États Parties avant infractions visées à obligation d’extradi-
l’article 2 lorsque: et les individus du droit de l’infraction est tenu, l’entrée en vigueur de la l’article 2 n’est tion ou d’entraide
a) L’infraction a été international, en s’il ne l’extrade pas, de présente Convention. Les considérée comme judiciaire si l’État
commise sur son territoire; particulier des buts et soumettre l’affaire, sans États Parties s’engagent à une infraction Partie requis a des
ou principes de la Charte retard excessif et sans considérer ces infractions politique, comme raisons sérieuses de
des Nations Unies, et du aucune exception, que comme cas d’extradition une infraction croire que la
b) L’infraction a été
droit international l’infraction ait été ou dans tout traité d’extradi- connexe à une demande d’extradition
commise à bord d’un navire
humanitaire. non commise sur son tion à conclure par la suite infraction politique pour les infractions
battant son pavillon ou
2. Les activités des forces territoire, à ses autorités entre eux. ou comme une visées à l’article 2 ou
d’un aéronef immatriculé
armées en période de compétentes pour 2. Lorsqu’un État Partie qui infraction inspirée la demande d’entraide
conformément à sa
conflit armé, au sens l’exercice de l’action subordonne l’extradition à par des mobiles concernant de telles
législation au moment où
donné à ces termes en pénale selon une l’existence d’un traité est politiques. En infractions a été
l’infraction a été commise;
droit international procédure conforme à saisi d’une demande conséquence, une présentée aux fins de
ou
humanitaire, qui sont la législation de cet d’extradition par un autre demande d’extradi- poursuivre ou de
c) L’infraction a été État. Ces autorités tion ou d’entraide punir une personne
régies par ce droit ne État Partie avec lequel il
commise par l’un de ses prennent leur décision judiciaire fondée sur pour des considéra-
sont pas régies par la n’est pas lié par un traité
ressortissants. dans les mêmes une telle infraction tions de race, de
présente Convention, et d’extradition, l’État Partie
2. Chaque État Partie peut les activités menées par conditions que pour requis a la latitude de ne peut être refusée religion, de nationa-
également établir sa les forces armées d’un toute autre infraction considérer la présente pour la seule raison lité, d’origine
compétence sur de telles État dans l’exercice de de caractère grave Convention comme qu’elle concerne une ethnique ou d’opi-
infractions lorsque: leurs fonctions officielles, conformément aux lois constituant la base infraction politique, nions politiques, ou
en tant qu’elles sont de cet État. juridique de l’extradition en une infraction que donner suite à
a) L’infraction est commise
ce qui concerne les connexe à une cette demande
contre l’un de ses ressortis- régies par d’autres règles
de droit international, ne infractions prévues à infraction politique,
sants; ou
sont pas non plus régies l’article 2. L’extradition est ou une infraction
par la présente subordonnée aux autres inspirée par des
Convention. conditions prévues par la mobiles politiques.
législation de l’État requis.
ANNEXE
71
72
Exception fondée
Élément commun/ Exception accordée Obligation sur le caractère Clause de
instrument aux forces armées ou d’extrader ou Coopération politique d’une non-
juridique Compétence militaires d’un État de poursuivre internationale infraction discrimination
Convention b) L’infraction est commise 3. Les États Parties qui ne porterait préjudice à
internationale contre une installation subordonnent pas l’extradi- la situation de cette
pour la répression publique dudit État située tion à l’existence d’un personne pour l’une
des attentats en dehors de son territoire, traité reconnaissent les quelconque de ces
y compris une ambassade infractions prévues à considérations.
terroristes à
ou des locaux diploma- l’article 2 comme cas
l’explosif (suite)
tiques ou consulaires dudit d’extradition entre eux
État; ou dans les conditions prévues
c) L’infraction est commise par la législation de l’État
par un apatride qui a sa requis.
résidence habituelle sur son 4. Les infractions prévues à
territoire; ou l’article 2 sont, le cas
d) L’infraction est commise échéant, considérées aux
avec pour objectif de fins d’extradition entre
contraindre ledit État à États Parties comme ayant
accomplir un acte quel- été commises tant au lieu
conque ou à s’en abstenir; de leur perpétration que
ou sur le territoire des États
ayant établi leur compé-
e) L’infraction est commise
tence conformément aux
à bord d’un aéronef
paragraphes 1 et 2 de
exploité par le gouverne-
l’article 6.
ment dudit État.
5. Les dispositions de tous
3. Lors de la ratification, de
les traités ou accords
l’acceptation ou de
d’extradition conclus entre
l’approbation de la présente
MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
Exception fondée
Élément commun/ Exception accordée Obligation sur le caractère Clause de
instrument aux forces armées ou d’extrader ou Coopération politique d’une non-
juridique Compétence militaires d’un État de poursuivre internationale infraction discrimination
Convention SUA Article 6: Article 2 bis: Article 10: Article 11: Article 11 bis: Article 11 ter:
de 2005 1. Chaque État Partie prend 1. Aucune disposition de 1. L’État Partie sur le 1. Les infractions visées aux Pour les besoins de Aucune disposition de
les mesures nécessaires la présente Convention territoire duquel l’auteur articles 3, 3 bis, 3 ter et l’extradition ou de la présente Conven-
pour établir sa compétence n’a d’incidence sur les ou l’auteur présumé de 3 quater sont de plein l’entraide judiciaire tion n’est interprétée
aux fins de connaître des autres droits, obligations l’infraction est décou- droit considérées comme entre États Parties, comme impliquant
infractions visées aux et responsabilités des vert est tenu, dans les cas d’extradition dans tout aucune des une obligation
articles 3, 3 bis, 3 ter et États et des individus en cas où l’article 6 traité d’extradition existant infractions visées à d’extradition ou
3 quater quand l’infraction vertu du droit internatio- s’applique, s’il ne entre États Parties. Les l’article 3, 3 bis, d’entraide judiciaire, si
est commise: nal, en particulier des l’extrade pas, de États Parties s’engagent à 3 ter ou 3 quater l’État Partie requis a
a) À l’encontre ou à bord buts et principes de la soumettre l’affaire, sans considérer ces infractions n’est considérée des raisons sérieuses
d’un navire battant, au Charte des Nations Unies, retard et sans aucune comme cas d’extradition comme une de penser que la
moment de la perpétration du droit international exception, que l’infrac- dans tout traité d’extradi- infraction politique, demande d’extradition
de l’infraction, le pavillon relatif aux droits de tion ait été ou non tion qu’ils pourront comme une pour les infractions
de cet État; ou l’homme et aux réfugiés commise sur son conclure entre eux par la infraction connexe à visées à l’article 3,
et du droit international territoire, à ses autorités suite. une infraction 3 bis, 3 ter ou
b) Sur le territoire de cet
humanitaire. compétentes pour 2. Un État Partie qui politique ou comme 3 quater ou la
État, y compris sa mer
2. La présente Conven- l’exercice de l’action subordonne l’extradition à une infraction demande d’entraide
territoriale; ou
tion ne s’applique pas pénale selon une l’existence d’un traité a la inspirée par des concernant de telles
c) Par un ressortissant de procédure conforme à mobiles politiques. infractions a été
aux activités des forces faculté, lorsqu’il reçoit une
cet État. la législation de cet En conséquence, présentée aux fins de
armées en période de demande d’extradition d’un
2. Un État Partie peut conflit armé, au sens État. Ces autorités autre État Partie avec une demande poursuivre ou de
également établir sa donné à ces termes en prennent leur décision lequel il n’est pas lié par d’extradition ou punir une personne
compétence aux fins de droit international dans les mêmes un traité d’extradition, de d’entraide judiciaire pour des raisons
connaître de l’une quel- humanitaire, qui sont conditions que pour considérer la présente fondée sur une telle tenant à sa race, sa
conque de ces infractions: régies par ce droit, ni toute autre infraction Convention comme infraction ne peut religion, sa nationa-
de caractère grave être rejetée pour la lité, son origine
MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
Exception fondée
Élément commun/ Exception accordée Obligation sur le caractère Clause de
instrument aux forces armées ou d’extrader ou Coopération politique d’une non-
juridique Compétence militaires d’un État de poursuivre internationale infraction discrimination
Protocole SUA Article 3: Article 2 bis: Article 10: Article 11: Article 11 bis: Article 11 ter:
de 2005 sur les 1. Chaque État Partie prend La Convention s’applique La Convention La Convention s’applique La Convention La Convention
plates-formes les mesures nécessaires également mutatis s’applique également également mutatis s’applique égale- s’applique également
fixes pour établir sa compétence mutandis. mutatis mutandis. mutandis. ment mutatis mutatis mutandis.
aux fins de connaître des mutandis.
infractions visées aux
[Le Protocole ne modifie [Le Protocole ne modifie [Le Protocole ne modifie [Le Protocole ne
articles 2, 2 bis et 2 ter
pas l’exception accordée pas l’obligation pas les dispositions relatives [Le Protocole ne modifie pas
quand l’infraction est
à l’usage militaire et en d’extrader ou de à la coopération modifie pas la clause de
commise:
période de conflit armé.] poursuivre.] internationale.] l’exception fondée non-discrimination.]
a) À l’encontre ou à bord sur le caractère
d’une plate-forme fixe alors politique d’une
qu’elle se trouve sur le infraction.]
plateau continental de cet
État; ou
b) Par un ressortissant de
cet État.
2. Un État Partie peut
également établir sa
compétence aux fins de
connaître de l’une quel-
conque de ces infractions:
a) Lorsqu’elle est commise
par une personne apatride
qui a sa résidence habi-
tuelle dans cet État;
MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
b) Lorsque, au cours de sa
perpétration, un ressortis-
sant de cet État est retenu,
menacé, blessé ou tué; ou
c) Lorsqu’elle est commise
dans le but de contraindre
cet État à accomplir un
acte quelconque ou à s’en
abstenir.
Exception fondée
Élément commun/ Exception accordée Obligation sur le caractère Clause de
instrument aux forces armées ou d’extrader ou Coopération politique d’une non-
juridique Compétence militaires d’un État de poursuivre internationale infraction discrimination
3. Tout État Partie qui a
établi sa compétence pour
les cas visés au para-
graphe 2 en informe le
Secrétaire général. Si ledit
État Partie annule ensuite
cette compétence, il en
informe le Secrétaire
général.
4. Chaque État Partie prend
les mesures nécessaires
pour établir sa compétence
aux fins de connaître des
infractions visées aux
articles 2, 2 bis et 2 ter
dans les cas où l’auteur
présumé de l’infraction se
trouve sur son territoire et
où il ne l’extrade pas vers
l’un quelconque des États
Parties qui ont établi leur
compétence conformément
aux paragraphes 1 et 2.
5. Le présent Protocole
n’écarte aucune compé-
tence pénale exercée
conformément à la
législation nationale.
ANNEXE
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78
Exception fondée
Élément commun/ Exception accordée Obligation sur le caractère Clause de
instrument aux forces armées ou d’extrader ou Coopération politique d’une non-
juridique Compétence militaires d’un État de poursuivre internationale infraction discrimination
Convention de Article 8: Article 6: Article 10: Article 12: Article 13: Article 14:
Beijing de 2010 1. Tout État Partie prend les 1. Aucune disposition de L’État Partie sur le 1. Les infractions visées à Aucune des Aucune disposition de
mesures nécessaires pour la présente Convention territoire duquel l’auteur l’article premier sont de infractions visées à la présente Conven-
établir sa compétence aux ne modifie les autres présumé de l’une des plein droit comprises l’article premier ne tion ne sera interpré-
fins de connaître des droits, obligations et infractions est décou- comme cas d’extradition sera considérée, aux tée comme impliquant
infractions visées à l’article responsabilités qui vert, s’il ne l’extrade dans tout traité d’extradi- fins d’extradition ou une obligation
premier dans les cas découlent pour les États pas, soumet l’affaire, tion conclu entre États d’entraide judiciaire, d’extradition ou
suivants: et les individus du droit sans aucune exception Parties. Les États Parties comme une d’entraide judiciaire si
a) Si l’infraction est international, en et que l’infraction ait s’engagent à comprendre infraction politique, l’État Partie requis a
commise sur le territoire de particulier des buts et ou non été commise les infractions comme cas comme une des raisons sérieuses
cet État; principes de la Charte sur son territoire, à ses d’extradition dans tout infraction liée à une de croire que la
des Nations Unies, de la autorités compétentes traité d’extradition à infraction politique demande d’extradition
b) Si l’infraction est
Convention relative à pour l’exercice de conclure entre eux. ou comme une concernant les
commise à l’encontre ou à
l’aviation civile internatio- l’action pénale. Ces 2. Si un État Partie qui infraction inspirée infractions visées à
bord d’un aéronef immatri-
nale et du droit interna- autorités prennent leur subordonne l’extradition à par des motifs l’article premier ou la
culé dans cet État;
tional humanitaire. décision dans les l’existence d’un traité est politiques. En demande d’entraide
c) Si l’aéronef à bord mêmes conditions que conséquence, une judiciaire concernant
2. Les activités des forces saisi d’une demande
duquel l’infraction est pour toute infraction de demande d’extradi- de telles infractions a
armées en période de d’extradition par un autre
commise atterrit sur son droit commun de tion ou d’entraide été présentée aux fins
conflit armé, au sens État Partie avec lequel il
territoire avec l’auteur caractère grave judiciaire fondée sur de poursuivre ou de
donné à ces termes en n’est pas lié par un traité
présumé de l’infraction conformément au droit une telle infraction punir une personne
droit international d’extradition, il a la latitude
encore à bord; de cet État. ne peut être refusée pour des raisons de
humanitaire, qui sont de considérer la présente
d) Si l’infraction est régies par ce droit, ne Convention comme au seul motif qu’elle race, de religion, de
commise à l’encontre ou à sont pas régies par la constituant la base concerne une nationalité, d’origine
bord d’un aéronef donné présente Convention, et juridique de l’extradition en infraction politique, ethnique, d’opinions
en location sans équipage à une infraction liée à politiques ou de sexe,
MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
GLOSSAIRE*
Acteur non étatique: personne ou entité qui, n’agissant pas sous l’autorité légale d’un État,
mène des activités tombant sous le coup de la présente résolution (résolution 1540 (2004)
du Conseil de sécurité des Nations Unies).
* Le lecteur est invité à se référer à chaque convention pour établir si un terme donné y est défini. Le glossaire
<?>
proposé ci-après est fourni uniquement à titre d’illustration et reprend des termes définis dans certaines des conven-
tions. Ces définitions ne s’appliquent toutefois pas à l’ensemble des conventions.
81
82 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
Engin: tout dispositif explosif nucléaire; ou tout engin à dispersion de matières radioactives
ou tout engin émettant des rayonnements qui, du fait de ses propriétés radiologiques, cause
la mort, des dommages corporels graves ou des dommages substantiels aux biens ou à l’en-
vironnement (article 1-4 de la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme
nucléaire).
Engin explosif ou autre engin meurtrier: toute arme ou tout engin explosif ou incendiaire
qui est conçu pour provoquer la mort, des dommages corporels graves ou d’importants dégâts
matériels, ou qui en a la capacité; ou toute arme ou tout engin qui est conçu pour provoquer
la mort, des dommages corporels graves ou d’importants dégâts matériels, ou qui en a la
capacité, par l’émission, la dissémination ou l’impact de produits chimiques toxiques, d’agents
biologiques, toxines ou substances analogues ou de rayonnements ou de matières radioactives
(article 1-3 de la Convention internationale pour la répression des attentats terroristes à l’explosif).
Forces armées d’un État: forces qu’un État organise, entraîne et équipe conformément à
son droit interne, essentiellement aux fins de la défense nationale ou de la sécurité nationale,
ainsi que les personnes qui agissent à l’appui desdites forces armées et qui sont placées
officiellement sous leur commandement, leur autorité et leur responsabilité (article 1-4 de la
Convention internationale pour la répression des attentats terroristes à l’explosif; article 1-6 de la
Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire).
Matière brute: l’uranium contenant le mélange d’isotopes qui se trouve dans la nature;
l’uranium dont la teneur en U 235 est inférieure à la normale; le thorium; toutes les matières
GLOSSAIRE 83
Matière radioactive: toute matière nucléaire ou autre substance radioactive contenant des
nucléides qui se désintègrent spontanément (processus accompagné de l’émission d’un ou
de plusieurs types de rayonnements ionisants tels que les rayonnements alpha, bêta, gamma
et neutron), et qui pourraient, du fait de leurs propriétés radiologiques ou fissiles, causer la
mort, des dommages corporels graves ou des dommages substantiels aux biens ou à l’envi-
ronnement (article 1-1 de la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme
nucléaire; article 2 e de la Convention sur la répression des actes illicites dirigés contre l’aviation
civile internationale).
Précurseur: tout réactif chimique qui entre à un stade quelconque dans la fabrication d’un
produit chimique toxique, quel que soit le procédé utilisé. Cela comprend tout composant
clef d’un système chimique binaire ou à composants multiples (article 2 de la Convention SUA
de 2005; article 2 i de la Convention sur la répression des actes illicites dirigés contre l’aviation civile
internationale).
Produit chimique toxique: tout produit chimique qui, par son action chimique sur des
processus biologiques, peut provoquer chez les êtres humains ou les animaux la mort, une
incapacité temporaire ou des dommages permanents. Cela comprend tous les produits
chimiques de ce type, quels qu’en soient l’origine ou le mode de fabrication, qu’ils soient
obtenus dans des installations, dans des munitions ou ailleurs (article 2 de la Convention SUA
de 2005; article 2 d de la Convention sur la répression des actes illicites dirigés contre l’aviation
civile internationale).
Produit fissile spécial: le plutonium 239; l’uranium 233; l’uranium enrichi en uranium 235
ou 233; tout produit contenant un ou plusieurs des isotopes ci-dessus; et tels autres produits
fissiles que le Conseil des gouverneurs désignera de temps à autre. Toutefois, le terme “pro-
duit fissile spécial” ne s’applique pas aux matières brutes (article XX-1 du Statut de l’Agence
internationale de l’énergie atomique).
Sabotage: tout acte délibéré dirigé contre une installation nucléaire ou des matières nucléaires
en cours d’utilisation, en entreposage ou en cours de transport, qui est susceptible, directe-
ment ou indirectement, de porter atteinte à la santé et à la sécurité du personnel ou du
public ou à l’environnement en provoquant une exposition à des rayonnements ou un relâ-
chement de substances radioactives (article 1 e de l’Amendement à la Convention sur la protection
physique des matières nucléaires).
84 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
Uranium enrichi en uranium 235 ou 233: l’uranium contenant soit de l’uranium 235, soit
de l’uranium 233, soit ces deux isotopes, en quantité telle que le rapport entre la somme de
ces deux isotopes et l’isotope 238 soit supérieur au rapport entre l’isotope 235 et l’isotope
238 dans l’uranium naturel (article 1 b de la Convention sur la protection physique des matières
nucléaires; article 1-2 de la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme
nucléaire; article 2 g de la Convention sur la répression des actes illicites dirigés contre l’aviation
civile internationale).
LISTE DES CONTRIBUTEURS
L’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) remercie les diverses
organisations et personnes ci-après pour leurs contributions précieuses au présent module.
L’ONUDC remercie tout particulièrement les participants à la réunion du Groupe d’experts
pour l’élaboration d’un programme de formation sur le régime juridique international de la
lutte contre le terrorisme chimique, biologique, radiologique ou nucléaire, tenue à Vienne les
26 et 27 août 2015:
Maria Lorena Capra, Première Secrétaire au Ministère des affaires étrangères (Argentine)
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86 MODULE 6—LE RÉGIME JURIDIQUE INTERNATIONAL DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CBRN
Charles S. Matich, Mission permanente des États-Unis d’Amérique auprès des organisations
internationales à Vienne (États-Unis d’Amérique)
Anthony Wetherall, Conseiller juridique au Bureau des affaires juridiques de l’Agence inter-
nationale de l’énergie atomique
Andrew Opolot, Conseiller juridique à la Direction des affaires juridiques et des relations
extérieures de l’Organisation de l’aviation civile internationale
Dorota Lost-Sieminska, Directrice du Bureau des affaires juridiques de la Division des affaires
juridiques et des relations extérieures de l’Organisation internationale pour les migrations
Les agents de l’ONUDC cités ci-après ont également contribué à l’élaboration du présent
module:
Laura Adal (consultante auprès de l’ONUDC) et Yuliya Hauff (stagiaire à l’ONUDC) ont
également contribué au présent module.
Centre international de Vienne, Boîte postale 500, 1400 Vienne (Autriche)
Tél.: (+43-1) 26060-0, Fax: (+43-1) 26060-5866, www.unodc.org
V.16-04240