DE LA RSE
100 fiches opérationnelles
74 cas pratiques
72 conseils
30 illustrations
FARID BADDACHE (ESSEC, EHESS) est directeur général Europe, Moyen-Orient et Afrique de BSR (Business for Social Responsibility),
réseau mondial d’entreprises et d’expertise dédié à la RSE et au développement durable. Auteur de différents ouvrages et articles, il apporte
l’expérience nourrie de projets effectués avec plus d’une centaine de clients sur ces sujets.
STÉPHANIE LEBLANC (Sciences Po Bordeaux – masters Communication publique et politique) est directrice adjointe de la com-
munication de BSR. Spécialiste de la communication internationale du développement durable, elle a plus de dix ans d’expérience dans la
création de contenus et le déploiement de stratégies de communication s’appuyant sur la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE).
Configuration requise :
• PC avec processeur Pentium, 32 Mo de RAM, système d’exploitation Windows 9x, ou supérieur.
• Macintosh avec processeur PowerPC ou Gx, 32 Mo de RAM, système d’exploitation MacOS 9.2, ou supérieur.
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MODULE 1 CONCEPTS ET CADRAGE
• FICHE 1 • Développement durable : définition, historique et concept
• FICHE 2 • La responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) : concept et
niveaux de maturité
• FICHE 3 • Parties prenantes : concept et lien avec la RSE
• FICHE 4 • Création de valeur partagée : concept et principes RSE
• FICHE 5 • La direction développement durable/RSE
• FICHE 6 • Social business : définition
• FICHE 7 • Le business case autour de la RSE
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SOMMAIRE
Fiche 26 Intégrer les attentes des parties prenantes dans la stratégie RSE 99
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SOMMAIRE
7
SOMMAIRE
8
SOMMAIRE
Fiche 87 Créer des dispositifs de dialogue adaptés aux enjeux locaux 291
9
SOMMAIRE
Index 333
© Groupe Eyrolles
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Introduction
Face aux défis de notre temps, le développe- Examinons tout d’abord la question des attentes
ment durable permet de revisiter la mondialisa- clients. L’idée d’un changement climatique est
tion et ses modèles de prospérité. Il travaille à largement acceptée et la prise de conscience de
les rendre économiquement viable, mais aussi l’impact carbone des produits s’est généralisée.
Or, la production de jus de banane génère une
socialement équitable et écologiquement tolé-
forte empreinte carbone. Comment l’acceptabi-
rable. Une telle lame de fond met bien évide-
lité du produit va-t-elle évoluer ? L’empreinte
ment les entreprises en première ligne. En effet,
carbone ne va- t-elle pas progressivement
le développement durable, en donnant un rôle
rendre le produit moins attrayant pour le
et une responsabilité prépondérantes au secteur consommateur, qui lui préférera des produits
privé pour protéger l’avenir de notre planète et plus locaux, plus compétitifs, à plus faible
de nos sociétés, modifie profondément les règles empreinte carbone ?
du jeu sur les marchés. Ensuite, il y a la question de la distribution. Au
Prenons le cas du changement climatique. Cette cours des dix dernières années, le prix du car-
thématique semble bien éloignée des préoccu- burant a considérablement augmenté les coûts
pations d’une PME ; mais prenons l’exemple logistiques. Le prix du carburant peut bien
d’une PME agroalimentaire fabriquant des jus de fluctuer à court terme, la tendance lourde est
qu’il augmente. En effet, ce prix reflète au quo-
banane. Les problématiques auxquelles elle doit
tidien le prix d’une matière première dont
faire face sont caractéristiques : trouver des ba-
l’usage coûtera toujours plus cher à notre société,
nanes en qualité et quantité suffisantes, et à bon
qui doit impérativement s’adapter aux consé-
prix, est aussi vital pour elle que d’être capable
quences du changement climatique. Sur des
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d’innover dans les recettes et de sécuriser les produits à faibles marges, à l’instar d’un produit
bons canaux de distribution. Précisément, le à faible transformation comme le jus de banane,
changement climatique soulève plusieurs ques- comment rester compétitif et absorber l’éléva-
tions pour notre PME. tion des coûts ? Il faudra nécessairement se
11
INTRODUCTION
renouveler : inventer de nouvelles recettes, de décrypter, d’analyser, d’intégrer dans les dé-
monter en gamme et vendre plus cher à des cisions stratégiques et opérationnelles, au même
consommateurs désireux d’acheter plus sophis- titre que tout un ensemble de données de mar-
tiqué, innover dans les processus logistiques, ché plus classiques, alimentant le quotidien de
identifier les opportunités de réduction des départements, de chargés de production, de
coûts et d’évolution vers un business model marketing, d’activités commerciales et finan-
moins énergivore… cières, pour n’en citer que quelques uns.
Enfin, évoquons les approvisionnements. Les Pourtant, l’entreprise est peu guidée pour trou-
bassins de production de bananes ont évolué. ver sa voie et définir son approche. Si, par
Dans certaines régions tropicales, il devient par exemple, la directive 2014/95/UE ou bien le
exemple plus difficile de produire des bananes décret d’application de l’article 225 de la loi
en quantité et de qualité à un coût compétitif. Grenelle-II imposent le reporting social et envi-
Ainsi, soit les producteurs devront faire évoluer ronnemental à de nombreuses entreprises, il
leurs techniques de production, soit les appro- reste néanmoins à leur charge d’en faire un outil
visionnements devront s’orienter vers de nou- de décision et de pilotage économique. Si de
veaux bassins de production, qui n’offrent pas nombreux référentiels comme l’ISO 26000 défi-
nissent un cadre consensuel dans lequel articu-
nécessairement un savoir-faire équivalent. Dans
ler une démarche cohérente et viennent
tous les cas, les circuits d’approvisionnements
utilement épauler les entreprises, là encore,
évolueront considérablement dans les pro-
l’entreprise reste seule pour incarner sa dé-
chaines années. Pour une PME qui produit du
marche et écrire sa feuille de route.
jus, ces changements sont également critiques.
Le concept de responsabilité sociale de l’entre-
Acceptabilité, compétitivité, gestion des risques,
prise (RSE) est l’application des principes de
innovation… toute entreprise, multinationale
développement durable au monde de l’entre-
ou PME, doit aujourd’hui considérer sérieuse-
prise. La RSE ne cherche pas à donner bonne
ment la question du changement climatique et
conscience aux entreprises, elle est un levier
se poser de bonnes questions pour assurer a
d’innovation et de transformation pour l’entre-
minima la pérennité de ses activités. A maxima,
prise. Outil de dialogue, de retour d’expérience
le changement climatique peut également offrir
et d’impact, la RSE est avant tout un esprit, une
de nouveaux leviers d’innovation. Ce sujet fait
démarche, une façon différente de faire des af-
partie intégrante des facteurs qui façonnent ses
faires en créant de la valeur partagée. Outil de
marchés.
dialogue tout d’abord, la RSE s’inscrit dans une
Ceci n’est pourtant qu’un exemple tiré d’une dynamique d’échange d’informations, visant
thématique environnementale. En effet, le déve- autant à réduire les asymétries entre les parties
loppement durable invite aujourd’hui l’entre- prenantes, qu’à créer une vision partagée per-
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prise à se positionner sur un ensemble de sujets mettant à chacun de prendre ses responsabilités
environnementaux, sociaux et sociétaux beau- et d’agir en conséquence pour avoir une contri-
coup plus vaste. Pour les entreprises, ce champ bution plus positive sur le monde. Démarche de
apporte une nouvelle complexité qu’il convient retour d’expérience, la RSE fait émerger des in-
12
INTRODUCTION
novations de rupture comme de progrès continu, sens, doit imbriquer ses pièces en s’appuyant
nourries de l’expérience et de la discussion sur ces trois grands piliers :
entre les acteurs d’un même sujet. Finalité de ■ Maîtriser les fondamentaux (f modules 1 et
création de valeur partagée, enfin. La RSE n’est 11) : s’appuyer sur des concepts, les standards
crédible et ne prend tout son sens que lorsqu’elle et les référentiels déjà bien établis pour
permet à l’entreprise d’avoir un impact positif construire sur des fondamentaux solides.
et durable aussi bien sur l’agenda du dévelop- ■ Viser la pertinence (f modules 2, 5, 6, 7, 8 et
pement durable que sur ses propres réalités 9) : définir et intégrer une démarche RSE en
stratégiques et opérationnelles (ouvrir une nou- se posant les questions les plus pertinentes
velle usine, lancer un nouveau produit, sélec- pour identifier les priorités et s’appuyer sur
tionner un nouveau fournisseur, expliquer des le retour d’expérience.
chiffres à un investisseur, etc.) – et que cet impact
■ Mesurer l’impact (f modules 3, 4 et 10) :
soit reconnu comme tel par toute la multiplicité mesurer et rendre compte pour piloter, dialo-
et la diversité de ses parties prenantes. guer, améliorer l’impact des actions.
Ce livre est un guide pratique à destination de Nourri de la passion pour le développement
toutes les entreprises, grandes ou petites, de tous durable et de l’expérience cumulée de plus de
les secteurs économiques. Il permet, étape par vingt-cinq ans de travail de ses auteurs, ce livre
étape, de bien se familiariser avec les concepts, met l’accent, enfin, sur le retour d’expérience,
définir et déployer une démarche de RSE, les bonnes questions à se poser, les outils pra-
réussir à intégrer et à alimenter un changement tiques. Loin d’une démarche prescriptive qui
positif au quotidien, ainsi que réussir à démon- pourrait rendre plus compliquées que néces-
trer tant la responsabilité de l’entreprise sur saire des démarches qui doivent rester simples
l’agenda du développement durable, que sa ca- et portées par le bons sens, cet ouvrage entend
pacité à saisir les opportunités sociales, environ- avant tout donner des orientations, de l’inspira-
nementales et sociétales offertes par notre tion et un cadre de réflexion dans lequel le
monde en pleine mutation. Cet ouvrage a été lecteur est acteur, où il pourra puiser et butiner
pensé sur l’idée qu’une démarche RSE fonc- des idées pour définir, déployer ou enrichir sa
tionne comme un puzzle qui, pour avoir du propre démarche RSE.
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13
Module 1
CONCEPTS ET CADRAGE
L
a responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) est une discipline jeune, dévelop-
pée depuis une trentaine d’années à travers les questions de citoyenneté d’entre-
prise ou de relation aux parties prenantes. Pour autant, des questions comme le
dialogue social, ou la responsabilité de l’entreprise en matière d’aménagement du
territoire sont bien plus anciennes. Aujourd’hui, une certitude : fort du retour d’expé-
rience de nombreuses entreprises et du fait de l’existence de réglementations, de
référentiels, de méthodologie et de multiples initiatives, la jeunesse n’empêche pas
la robustesse de la discipline. Autant ne pas réinventer la roue. Quelques définitions
portées dans ce chapitre permettent de clarifier les concepts, et les rôles et responsa-
bilités attendus de la part des entreprises sur les questions de développement durable.
Il faut connaître ces concepts pour initier avec succès une démarche RSE.
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Fiche 1 Développement durable : définition, historique et concept 17
16 Concepts et cadrage
DÉVELOPPEMENT DURABLE :
DÉFINITION, HISTORIQUE ET CONCEPT 1
Le développement durable est un concept qui se formalise dès le début des années 1970 en réac-
tion aux conséquences environnementales et sociales de la mondialisation et de l’industrialisation.
Le développement durable propose de revoir les priorités en mettant sur le même plan d’impor-
tance l’économie, le social, l’environnement et les générations futures.
RÉPONDRE AUX BESOINS DU PRÉSENT Puis, la conférence des Nations Unies sur l’envi-
SANS COMPROMETTRE CEUX DU FUTUR ronnement humain tenu à Stockholm en 1972
vient jeter les bases du concept alors appelé
Notre avenir à tous « écodéveloppement », en visant à intégrer
La définition du développement durable admise équité sociale et écologie dans les modèles de
aujourd’hui est celle extraite du rapport de la développement économique Nord et Sud. Le
Commission mondiale sur l’environnement et le Programme des Nations Unies pour l’environne-
développement Notre avenir à tous publié en ment (PNUE) et le Programme des Nations
1987, également appelé « rapport Brundtland », Unies pour le développement (PNUD) sont créés
du nom de la présidente de la commission, en ce sens.
Mme Gro Harlem Brundtland. La définition est la
Après le premier sommet de Stockholm, l’ONU
suivante : « Un développement qui répond aux
organisera des « sommets de la terre » décen-
besoins du présent sans compromettre la capa-
naux ayant vocation à réunir les dirigeants au-
cité des générations futures de répondre aux
tour des enjeux et du développement durable, à
leurs. »
Nairobi en 1982, Rio de Janeiro en 1992,
Historique Johannesburg en 2002 et de nouveau à Rio de
Le concept de développement durable prend Janeiro en 2012 (aussi connu comme Rio + 20).
son origine au début des années 1970, quand le Depuis, les vingt dernières années ont vu le
Club de Rome, groupe de réflexion composé de concept de développement durable prendre de
scientifiques, d’économistes, de fonctionnaires l’ampleur, notamment grâce aux activités des
et d’industriels de cinquante-trois pays, com- grandes ONG environnementales et humani-
mande à une équipe de chercheurs du taires pour faire prendre conscience à l’opinion
Massachusetts Institute of Technology un rap- publique de l’épuisement des ressources natu-
port dont la publication a une portée retentis- relles, du réchauffement climatique, mais aussi
sante : « Halte à la croissance ? Rapport sur les de l’impact social et humain de la mondialisa-
limites de la croissance » (également connu sous tion (« usines de la sueur » dans les chaînes
le nom de Rapport Meadows). Pour la première d’approvisionnement, minéraux de zones de
fois, la croissance économique est jugée incom- conflit, etc.). Les grands accidents industriels
patible avec la protection de l’environnement, le comme ceux de Seveso (1976), Tchernobyl
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rapport faisant état des dangers écologiques du (1986), ou plus récemment celui du Deep Water
développement économique et démographique Horizon (2010) ou du Rana Plaza (2013) ont
incroyable que connaît le monde lors des Trente largement mis en avant la responsabilité envi-
Glorieuses. ronnementale et sociale des entreprises (RSE).
Concepts et cadrage 17
FICHE 1
DÉVELOPPEMENT DURABLE :
DÉFINITION, HISTORIQUE ET CONCEPT
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18 Concepts et cadrage
FICHE 1
DÉVELOPPEMENT DURABLE :
DÉFINITION, HISTORIQUE ET CONCEPT
Nord
(Pays industrialisés)
Société
(Les personnes)
Génération Génération
d’aujourd’hui de demain
Environnement Économie
(La nature) (Argent et
Entreprises)
Sud / Est
(Pays en voie de développement)
POUR RÉSUMER
Le développement durable, dont la définition admise est celle donnée dans le rapport Brundtland de 1987
est « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations
futures de répondre aux leurs ». Le développement durable s’articule autour de trois piliers (social, environ-
nemental et économique) et propose de revoir les priorités de la mondialisation avec le développement des
populations comme objectif, l’économie comme moyen et la protection de l’environnement comme condition.
Le développement durable est un enjeu politique aussi bien aux échelles nationales (de nombreux pays ont
mis en place des politiques de développement durable) qu’à l’échelle internationale (avec notamment les
Sommets de la terre décennaux). L’opinion publique est sensibilisée aux enjeux du développement durable
notamment au travers de la couverture médiatique des grands scandales économiques (Enron, Worldcom),
sociaux (Rana Plaza) ou environnementaux (BP/Deep Water Horizon) de ces vingt dernières années.
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Concepts et cadrage 19
2 LA RESPONSABILITÉ SOCIALE DE L’ENTREPRISE (RSE) :
CONCEPT ET NIVEAUX DE MATURITÉ
La responsabilité sociale des entreprises (RSE) est la contribution au développement durable des
entreprises. La RSE établit que la capacité d’une entreprise à se maintenir sur le marché se mesure
aussi bien en matière de performance financière et économique, qu’environnementale et sociale.
de triple bottom line, ou en français « triple bi- sociale et économique à laquelle vient s’ajouter
lan », qui consiste à prendre en compte dans la la gouvernance. Dans un guide publié en 2012
dernière ligne du compte de résultat, les perfor- CAP vers la RSE : Faire de la responsabilité so-
mances de l’entreprise en matière de 3 P pour ciétale de l’entreprise un levier de performance,
20 Concepts et cadrage
FICHE 2
LA RESPONSABILITÉ SOCIALE DE L’ENTREPRISE (RSE) :
CONCEPT ET NIVEAUX DE MATURITÉ
voici quelques-uns des domaines d’action rela- Les différentes phases de maturité
tifs à la responsabilité sociale des entreprises ■ La phase de préconformité : l’important est
identifiés par le MEDEF : de mettre l’entreprise sur le chemin de la
■ Performance environnementale : protection conformité. En matière de gouvernance, il
de la biodiversité, réduction des émissions de faut se concentrer sur l’éthique et les défis que
gaz à effet de serre, économie des ressources représente la réglementation à respecter. Le
et de l’énergie, tri et valorisation des déchets, niveau de transparence et de reporting est très
analyse du cycle de vie, etc. bas, les risques sont élevés. L’engagement
■ Performance sociale et sociétale : santé et avec les parties prenantes est presque inexis-
sécurité au travail, égalité et diversité, forma- tant et les réponses aux pressions des ONG
tion, etc. limitées. On s’attache à limiter le risque-
fournisseur sur la base des risques légaux. La
■ Performance économique et gouvernance :
stratégie RSE est inexistante, toute l’attention
achats responsables, marketing responsable,
de l’entreprise est portée sur la gestion des
reporting, éthique des affaires, engagement
risques.
des parties prenantes.
■ La phase de conformité : l’entreprise est au
LA COURBE DE MATURITÉ RSE fait des exigences de conformité et dispose
DES ENTREPRISES d’une cartographie de ses risques majeurs. En
La plupart des entreprises connaissent une matière de gouvernance, il existe des procé-
courbe de maturité RSE similaire à celle déve- dures pour assurer la conformité réglemen-
loppée par le réseau BSR. taire et un reporting se met en place, mais il
Conformité
Pré-conformité
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Concepts et cadrage 21
FICHE 2
LA RESPONSABILITÉ SOCIALE DE L’ENTREPRISE (RSE) :
CONCEPT ET NIVEAUX DE MATURITÉ
Cas pratique
Illustrons les différentes phases de maturité avec le secteur automobile. Les constructeurs souhaitant vendre des
véhicules en Europe n’ont d’autre choix que d’anticiper et de se plier aux exigences des émissions polluantes
applicables aux véhicules routiers légers Euro 5 et Euro 6. Ils sont en phase de conformité. Quelques marques
comme Renault investissent massivement sur les véhicules électriques afin d’offrir une solution en rupture avec la
logique de réduction continue des émissions. Elles sont en maturité de post-conformité. Enfin, des marques mettent
à disposition des solutions de mobilité alternatives offrant un système de partage et de location de véhicules,
disponibles sur un espace urbain où des points de contacts sont mis à disposition avec une grande densité, sur
des véhicules électriques. L’exemple Autolib de Bolloré est précurseur en ce sens. Ces entreprises sont en logique
de maturité intégrée dans la mission.
n’y a ni objectifs ni engagements d’améliora- niveau, par les membres de la direction ; des
tion. Les parties prenantes sont traitées dans indicateurs de mesure de la performance sont
un objectif de maîtrise des risques, l’entre- déployés dans les départements de l’entre-
prise débute avec la signature de codes et de prise. L’entreprise établit son reporting sur la
chartes d’éthique, au regard desquels les base d’objectifs de progrès ambitieux. La
équipes internes auditent les fournisseurs. En collaboration est effective avec les parties
matière de stratégie RSE, la mise en confor- prenantes, de manière continue. La gestion
mité est vue comme une opportunité de des chaînes d’approvisionnement se fait avec
maîtriser les risques et réduire les coûts des programmes ambitieux de formation et de
opérationnels. capacity building. La stratégie RSE dispose
■ La phase de post-conformité : l’entreprise d’un cadre global qui est intégré dans l’en-
travaille sur quelques initiatives RSE straté- semble des processus de l’entreprise.
giques et se pose comme l’un des leaders de ■ La phase d’intégration dans la mission : La
son secteur en la matière. Une stratégie RSE RSE fait partie intégrante de l’ADN de l’entre-
est définie, portée par des équipes en interne prise, de sa culture, de ses produits et ser-
qui ont, dans leurs fonctions, une part de vices. La direction est convaincue des béné-
responsabilité face au développement du- fices économiques de la RSE et la porte au
rable. Le reporting est en place et permet quotidien. Le reporting est intégré entre la
d’identifier des objectifs de progrès ainsi que performance financière et la performance
les axes d’amélioration. La gestion des four- RSE, qui sont tout aussi importantes l’une que
nisseurs est portée par des initiatives clés et l’autre pour la direction, les employés, les
l’innovation produit. La stratégie RSE est investisseurs et les autres parties prenantes.
clairement liée aux objectifs de développe- Ces derniers sont engagés dans la perfor-
ment de l’entreprise et à sa vision de la res- mance de l’entreprise et collaborent via des
ponsabilité. partenariats soutenus sur les enjeux les plus
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22 Concepts et cadrage
FICHE 2
LA RESPONSABILITÉ SOCIALE DE L’ENTREPRISE (RSE) :
CONCEPT ET NIVEAUX DE MATURITÉ
POUR RÉSUMER
La responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) est l’application au monde de l’entreprise des principes
de développement durable et de ses trois piliers environnementaux, sociaux et économiques. La RSE repose
sur la double idée que l’entreprise a une responsabilité vis-à-vis de la société et de l’environnement dans
lesquelles elle évolue, et que la performance d’une entreprise se mesure non seulement en matière de résultats
financiers mais également de prise en compte de cette responsabilité sociale et environnementale dans ses
processus de management. Il existe différents niveaux de maturité de la RSE dans les entreprises, qui est
fonction de la gouvernance ou du degré d’intégration de la RSE dans la stratégie globale de l’entreprise,
de sa capacité à être transparente vis-à-vis de sa performance RSE, ainsi que du degré de prise en compte
et d’ouverture de l’entreprise avec son écosystème (les parties prenantes mais également l’ensemble de sa
chaîne de valeur).
Concepts et cadrage 23