Citoyenneté Athénienne
Citoyenneté Athénienne
Citoyenneté Athénienne
PRÉSENTATION
La personnalité de Clisthène
Elargissement du demos
LA DÉMOCRATIE AU V° SIÈCLE
On appelle le souvent le V° siècle "siècle de Périclès", à cause de
l'influence déterminante que cet homme politique eut sur le destin de sa cité
à cette époque. C'est l'âge d'or de la démocratie athénienne et l'apogée de sa
puissance dans le monde grec.
La démocratie et l'impérialisme
Athènes ayant pris la part la plus importante dans la lutte contre les
barbares devait légitimement en retirer quelques bénéfices. Elle prend la tête
d'une confédération de 150 cités alliées qui deviendront bientôt sujettes. La
"Ligue de Délos", censée protéger contre une menace militaire devient
rapidement une source de profit. Le phoros (ὁ φορός), une contribution
financière imposée à tous les membres, permet de constituer un trésor qui
assurera l'hégémonie et la prospérité de la cité dominante.
Jusqu'en 454, ce trésor est conservé à Délos mais, à cette date, il est
transféré à Athènes qui, dès lors, en use à sa guise. Tous les rouages du
pouvoir démocratique sont impliqués : le montant de l'impôt est voté par
l'Ecclesia sur proposition des stratèges et c'est la Boulè qui tient à jour le
registre des versements. Le paiement s'effectue à l'occasion des Grandes
Dionysies et, en cas de contestation, les cités alliées peuvent faire appel ...
devant l'Héliée. Cette manne donnera à la démocratie les moyens financiers
sans lesquels elle n'aurait peut-être pas pu fonctionner. La construction des
Longs Murs, les travaux d'embellissement de l'Acropole, le paiement des
indemnités aux bouleutes, aux héliastes et aux citoyens assistant aux séances
de la Pnyx n'auraient sans doute pas été possible sans cette "contribution"
forcée. Athènes se sert aussi de son pouvoir pour faire absorber par ses alliés
son trop-plein de population. Certains citoyens partent y résider comme
clérouques (κληροῦχοι, "colons" recevant un lot de terre). Elle traite ainsi
les cités de la ligue comme les colonies dont elle ne dispose pas.
Il faut bien admette que l'établissement de la démocratie athénienne
et ses idéaux de liberté sont indissociables de son impérialisme.
LES CRISES
A la fin du V° siècle et au IV° siècle, la démocratie athénienne
traverse de graves crises, dues pour l'essentiel à la situation extérieure. Le
fonctionnement des institutions se trouve parfois interrompu mais la
démocratie parvient toujours à se rétablir.
La guerre du Péloponnèse
Ces deux décisions ont sans aucun doute contribué à la défaite finale
mais elles vont surtout servir d'argument aux adversaires du régime pour
remettre en question les principes mêmes de la démocratie directe. Pour
beaucoup, ces votes malencontreux de l'Ecclesia prouvent que la foule, en
situation de crise, poussée par la passion et manipulée par d'habiles
démagogues, est incapable de prendre les décisions raisonnables qu'une
analyse lucide commanderait. On pourrait objecter que l'envoi de
l'expédition de Sicile n'a pas été arraché par les vociférations d'une foule
hystérique et irresponsable (M.I. Finley rappelle opportunément qu'à cette
occasion beaucoup de citoyens votaient leur propre départ en campagne !)
mais a donné lieu à de longs débats et à un vote conforme à la constitution.
Le procès des stratèges pose un autre problème. Il n'est certes pas anormal
que les dix aient fait l'objet d'une mise en accusation collective car ils
constituaient un collège et étaient à ce titre collectivement responsables de
l'exécution de leur charge. Cependant, la procédure du jugement collectif
était, en principe, anti-constitutionnelle, chacun devant répondre
personnellement de ses actes et faire l'objet d'un verdict individuel. Il semble
donc qu'en ce cas la Boulè n'ait pas rempli son rôle, sans doute sous la
pression de l'Ecclesia.
L'appauvrissement de la cité
MYTHOLOGIE ET CITOYENNETÉ
AUTOCHTONIE ET ISOGONIE
L'isogonie (ἡ ἰσογονία) :
Le partage de la citoyenneté
La participation à la citoyenneté
Mais il faut noter aussi qu'une prise de parole à l'Assemblée n'est pas
sans risque. Si chacun est libre de ses propos, il est aussi responsable de ce
qu'il dit et tout autre citoyen peut lui en demander raison devant l'assemblée.
Toute proposition de décret jugée contraire à la constitution peut conduire
son rapporteur devant un tribunal. Rappelons enfin qu'au V° siècle,
l'ostracisme peut frapper un citoyen manifestement trop ambitieux ou jugé
dangereux pour la démocratie en raison du pouvoir que lui confèrent ses
actions ou son prestige.
LES LOIS
• Nomos, c'est "ce qui est établi en partage", ce qui signifie à la fois
l'usage collectif et le droit qui vaut également pour toute une
communauté.
Le plus ancien est le mot thesmos. C'est celui qui devrait qualifier les
lois de Dracon et de Solon, concernant essentiellement le droit privé et
criminel. Nomos n'apparaît qu'avec la réforme de Clisthène et inclut aussi le
droit constitutionnel. Quant aux psephismata, ce sont les décrets, les
décisions législatives prises par l'Ecclesia.
Pourtant l''idée que le nomos doit primer s'impose donc peu à peu
dans l'esprit des Athéniens. C'est le terme qui est employé pour introduire
la fameuse prosopopée du Criton de Platon. C'est aussi celui qu'utilise
Démosthène dans le Contre Aristogiton. Cette prééminence accordée au
nomos accompagne probablement une prise de conscience de la notion
même de "loi", dont les contours se précisent progressivement pendant la
période démocratique.
Νόµοι Lois
Ἀγράφῳ δὲ νόµῳ τὰς ἀρχὰς µὴ Aucune loi non écrite ne sera
χρῆσθαι µηδὲ περὶ ἑνός. appliquée par les magistrats, en
Ψήφισµα δὲ µηδὲν µήτε βουλῆς aucun cas. Aucun décret, qu'il
µήτε δήµου νόµου κυριώτερον émane du Conseil ou du peuple,
εἶναι. Μηδὲ ἐπ΄ ἀνδρὶ νόµον ne prévaudra sur une loi. Il ne
ἐξεῖναι θεῖναι, ἐὰν µὴ τὸν αὐτὸν sera pas permis d'établir une loi
ἐπὶ πᾶσιν Ἀθηναίοις, ἐὰν µὴ pour un individu si la même loi
ἑξακισχιλίοις δόξῃ κρύβδην ne s'applique pas à tous les
ψηφιζοµένοις. Athéniens, sauf si la décision est
prise par 6 000 votants dans un
(Andocide, Sur les Mystères, 87) scrutin à bulletin secret."
Pour en donner une définition précise, nous pouvons dire que l' ἀστός
est le citoyen qui ne jouit que de droits civils alors que le πολίτης dispose en
plus de droits et de devoirs politiques.
• De sexe masculin,
• Libre,
• De père athénien, et, à partir de la loi de Périclès de 451, de père ET
de mère athéniens unis par un mariage légitime,
• Majeur : l'accession à la majorité civique était fixée à vingt ans.
L'assemblée des démotes se réunit une fois par an pour valider les
droits à la citoyenneté de tous les jeunes garçons ayant atteint l'âge requis
dans l'année. La vérification porte sur deux points : l'âge du nouveau citoyen
et son appartenance à une famille lui donnant droit à la citoyenneté.
Aristote nous indique qu'au IV° siècle, la liste des éphèbes de l'année
était gravée sur une stèle de bronze dite "éponyme". L'accès à la citoyenneté
était donc placé sous une double identification éponymique : celle de la tribu
du nouveau citoyen et celle de l'archonte éponyme en fonction l'année de ses
dix-huit ans. Cette double identification permettait de tenir à jour un
recensement de la population citoyenne qui facilitait la mobilisation en cas
de conflit militaire ou la nomination à certaines fonctions soumises à une
limite d'âge. La quarante deuxième stèle servait, par exemple, au
recrutement des arbitres judiciaires, obligatoirement âgés de plus de soixante
ans.
Les ouvertures :
Les néo-citoyens ne jouissaient pas pour autant de tous les droits d'un
citoyen de naissance. Ils ne pouvaient exercer de magistrature ni de fonction
religieuse à caractère civique. Enfin, leur citoyenneté n'était transmissible
aux enfants mâles que si ceux-ci étaient issus d'un mariage légitime avec une
femme athénienne.
Jusqu'en 457, seuls les citoyens membres des deux premières classes
peuvent accéder à l'archontat. A cette date, les zeugites purent devenir
archontes mais les thètes, semble-t-il, n'eurent jamais ce droit (ou cette
obligation).
Il est probable que les classes censitaires ont été maintenues pour
tenir compte de l'impact des inégalités de fortune sur l'exercice de la
citoyenneté. Sur le plan politique, les thètes n'avaient pas les moyens
financiers d'assurer une charge publique pendant toute une année et, de ce
fait, la fonction d'archonte ne pouvait leur être attribuée. Quant aux
affectations dans l'armée, elles nous montrent que les fantassins et les
hoplites devaient probablement payer leur propre équipement alors que la
cité (ou de riches hiérarques) finançait en totalité la marine et, probablement,
l'équipement des fantassins légers.
A partir de 451, il faut donc avoir un père et une mère athéniens libres
et, de surcroît, unis par un mariage légitime. Ceci exclut tous les candidats à
la citoyenneté nés de l'union d'un père athénien avec une étrangère. Si cette
mesure était entrée en vigueur plus tôt, des hommes politiques aussi
éminents que Clisthène, Thémistocle ou Cimon, dont les mères étaient de
Sicyone ou de Thrace, n'auraient pas été citoyens.
Déroulement
LES NON-CITOYENS
La citoyenneté, avant de se définir par des droits et des devoirs, est
d'abord caractérisée par la limite du demos, donc par l'exclusion des non-
citoyens.
Les femmes
Par ailleurs, la loi de 451 lui confère la parité avec son mari dans la
transmission de la citoyenneté.
Les étrangers
Les mineurs
Les mineurs, comme les femmes, ne sont pas pour autant tenus à
l'écart de la politeia. Ils participent à des cérémonies religieuses à caractère
civique dans lesquelles ils ont parfois une place prépondérante. C'est ainsi
que l'entrée dans l'adolescence est marquée par une période de retraite au
sanctuaire de Brauron. Les jeunes adolescents, mis à l'écart de leurs familles,
sont pris en charge par la cité. Cette initiation revêt un double caractère
religieux et civique. D'autres cérémonies telles les Panathénées, donnent une
place prépondérante aux jeunes gens, en particulier aux filles.
Les esclaves
Athènes est une cité grecque que son régime démocratique, entre le
V° et le IV° siècle, ne place pas en dehors de son temps ni de son espace.
L'esclavage est un élément constitutif de toutes les sociétés antiques en
Europe et au Moyen-Orient, Athènes en a profité et on peut dire que c'est le
travail forcé dans les mines du Laurion qui a permis à la cité d'amasser
suffisamment d'argent pour repousser l'envahisseur perse et poser les bases
de son régime démocratique.
Sans nier la souffrance des êtres humains qui ont été pendant cette
époque soumis à la vente, aux humiliations, aux châtiments et à tous les
autres aspects de la déshumanisation, il faut reconnaître l'abîme qui nous
sépare des anciens en ce domaine. Pour eux, l'esclavage est "normal" et,
avant l'ère chrétienne, on ne trouve aucun texte qui remette
fondamentalement en question son principe.