La Hiérarchie Dans L'univers Chez Spinoza
La Hiérarchie Dans L'univers Chez Spinoza
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CHEZ SPINOZA
LIBRAIRIE FELIX ALCAN
Du même Auteur :
JUIN 1 2 1973
LA HIÉRARCHIE
DANS L'UNIVERS
CHEZ SPINOZA
Emile LASBAX
Professeur agrégé de Philosophie au Lycée de Roanne,
Docteur ès-Lettres.
PARIS
LIBRAIRIE FÉLIX ALCAN
108, Boulevard Saint-Germain, 108
1 l
9 9
BIBLIOTHÊCA
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TABLE DES MATIÈRES
ÀYEBTISSEMEMT BIBLIOGRAPHIQUE 1*
INTRODUCTION
Caractères généraux du Spinozisme.
LIVRE PREMIER
Les origines phylogénétiques du système.
CHAPITRE PREMIER
Les grands courants de la philosophie antique.
—
Le courant Judéo-oriental chez Philon-le-Juif.
6. Le —
rayonnement de la procession et la notion de la continuité hié-
rarchique de l'univers. —
Le Panthéisme dynamique originaire. 22
7. —
La première rupture d'équilibre. —
L'adaptation à l'Intel-
lectualisme grec Plotin. - Conciliation des deux courants par
:
CHAPITRE II
La Révolution Cartésienne.
11. —
Modifications dans le milieu et les conditions d'exis-
tence avec la Révolution Cartésienne. —
Le point de vue antique
de la qualité et le point de vue moderne de la quantité. Substi- —
tution de l'idée de parallélisme à l'idée de hiérarchie. Le —
parallélisme des substances . . 51
12. —
Le Postulat nouveau de la prééminence du connaître
sur l'être et la conception statique de la substance. La pensée —
philosophique perd peu à peu sa vie 59
LIVRE II
L'Evolution ontogénétique.
CHAPITRE PREMIER
Le Thème directeur de l'Adaptation.
CHAPITRE II
16. —
La méthode générale. —
L'Analyse et la Synthèse chez
Descartes et les critiques de Spinoza. —
Idéalisme et Réalisme.
— Réapparition de l'Idée plotinienne de causalité 75
17. —
La Hiérarchie spinoziste des genres de connaissance et
son point d'aboutissement. —
Identité finale de Dieu et de la
Vérité. —
La connaissance du troisième genre, communion de
l'Ame humaine avec la Causalité de l'Essence divine. La Béati- —
tude éternelle dans cette union avec Dieu 82
18. —
L'Essence divine atteinte par intuition. Nature de —
cette Essence. —
Deux acceptions de l'essence chez Spinoza :
CHAPITRE III
Réalisme. —
Nature des Attributs dans l'Absolu. — Les puissances
successives de la Procession panthéiste 124
23. —
Les Attributs privilégiés : a) la Pensée, puissance infinie
de production des Idées '.
136
24. —
Les Attributs privilégiés : b) l'Etendue, puissance infi-
nie de production des Corps ; . . . 139
25. —
Liens de l'Etendue avec la Pensée. — La continuité
des autres Attributs infinis. ..... 147
26. Détermination des Attributs inconnus. Les diverses —
interprétations de ces Attributs. —
Les Attributs, traductions
parallèles de la substance dans des langues différentes 151
30. —
Détermination finale des- Attributs intermédiaires. —
Les Puissances animatrices de l'Univers. Dans quelle mesure —
ces Puissances sont connaissables Appel à la notion théologique
:
33. —
La Volonté divine et la Personnalité morale de Dieu ;
35. —
Le Dieu de l'Ecriture. —
L'Esprit de Dieu et ses diverses
déterminations V Anima et YAnimus;
: la Mens — 21*
36. —
La certitude mathématique et la certitude morale. —
Rapports de la Raison et de la Foi 221
37. —
La Prophétie et sa nature : les qualités morales des
Prophètes 22<
CHAPITRE IV
La hiérarchie des Modes dans la Nature naturée.
CHAPITRE V
La Conversion.
51. —
Aspect correspondant du Mal : l'isolement de l'individu
dans l'état de nature. —
L'obéissance à laLoi sociale 299
52. —
Retour au Problème théologique de l'Election. Le —
« Secours externe » de Dieu. Vraie nature de l'Election divine
•des Hébreux 305
-
C. — La Conversion dans les Modes de VAnimiis.
54. —
La Charité universelle et l'Amour de Dieu dans le
Théologico-Politique 321
57. —
Dernière forme du Mal l'Erreur et l'isolement de
:
l'Idée inadéquate. La —
Purification de l'Entendement 332
60. —
Les Transpositions successives du thème de la Conver-
sion et les différents aspects de la Causalité. Conciliation de —
la finalité providentielle et de la nécessité mathématique. —
Rapports définitifs de la Procession et de ja Conversion. La —
Réalisation de l'Eternité consciente la vie des Individus parti-
:
CONCLUSION
Adaptation insuffisante du système de Spinoza. — Faiblesse de
la théorie de l'Etendue. — La transposition du Panthéisme
d'émanation en Panthéisme mathématique réalisée seulement
par Leibniz, grâce à la découverte de la Loi de continuité 355
AVERTISSEMENT BIBLIOGRAPHIQUE
AVERTISSEMENT BIBLIOGRAPHIQUE XI
(1) Pour les écrits non traduits par Appuhn, — les Lettres et le Traité poli-
tique, — nous avons usage aussi de l'édition Saisset (Paris, 1861); mais
fait
INTRODUCTION
Caractères généraux du Spinozistne.
unité de la substance.
ne convient pas d'exagérer, sans doute, une telle inter-
Il
dès sa vie présente, une vie que semble encore devoir abréger
une maladie redoutable, il prétendra atteindre l'immorta-
lité, la réaliser, s'identifier avec Dieu.
Cette vie en Dieu, cette expérience terrestre etcomme
cette sensation d'éternité, voilà l'acte simple, la communion
ineffable qui condensera tout le système dans une intuition
instantanée. Ce sera l'aboutissement de YEthique, la flèche
qui, du sommet de l'édifice, s'élancera vers le Ciel. On
pourra dès lors retirer l'échafaudage; la construction sera
achevée, et, par cet appel anticipé à la vie immortelle, elle
semblera braver le temps et défier les siècles.
remit l'une à ses amis pour la publier plus tard, sous le voile
de l'anonymat de l'autre il alluma, nous dit-on, un feu de
;
phie n'est pas pour lui une satisfaction de dilettante: elle est
sa seule raison d'exister, et comme la flamme intérieure
qui entretient son organisme et son âme. Atteint dès sa
jeunesse d'une maladie inguérissable, dont il suit pas à pas
les progrès avec la froide indifférence du savant qui assiste
impassible- à un déroulement nécessaire de phénomènes
naturels, c'est à la méditation qu'il demande son unique
remède. son cabinet de travail est devenu pour lui une
Si
« sépulture », c'est son corps seulement qu'il y ensevelit
peu à peu mais, par là même, son âme y puise une sura-
;
CHAPITRE PREMIER
Les grands courants de la pensée antique.
avons vu Dieu. »
Voilà sans doute la source où il faudra chercher, bien
plus primitivement Maïmonide, la doctrine
que chez
spinoziste que toute détermination est négation, et dans
tous les cas, que sur l'infinité des attributs de la substance,
deux seulement peuvent nous être accessibles. Sans doute,
on dira que la thèse de Chasdaï Grescas permettait à
Spinoza de corriger la thèse de Maïmonide, et par là on
croira avoir expliqué la solution de V Ethique ; mais c'est
que la conciliation, en réalité se trouvait déjà tout entière
dans Plotin. Revenons donc sur ce point. Si nous avons
d'ailleurs anticipé un instant sur la pensée de Spinoza,
c'est uniquement pour montrer qu'il ne suffit pas de recou-
rir à quelques ouvrages de sa bibliothèque, comme à des
CHAPITRE PREMIER 39
De Abrahamo, 24).
On ne saurait trop insister sur cette conception de
Philon, car nous verrons bientôt qu'elle contient en germe
toute la théorie spinoziste des attributs infinis. D'une part,
Philon estime que Dieu étant une Providence, et devant
par suite avoir des attributs moraux, ces attributs doivent
pouvoir s'induire des attributs humains correspondants,
élevés jusqu'à l'infini Un Dieu Tout-Puissant ne peut être
:
Cependant, quand
contemple dans l'Intelligence
elle
La Révolution Cartésienne.
variations quantitatives.
Ainsi se fit jour la notion de loi, c'est-à-dire de relation
constante entre ces Kepler en
variations quantitatives.
fournissait le type à la science par ses études des mouve-
ments planétaires à la prétendue explication de ces mou-
:
semblait-il pas dès lors qu'il dût exister une affinité assez
profonde ? Une philosophie moins imbue de rationalisme
eût pu se dire que l'Intelligence, si bien adaptée à la matière,
représentait peut-être au fond, comme elle, une sorte de
chute de la vie et de l'âme, si bien qu'il valait mieux avouer
par une interversion fondamentale, que l'Idée était une
chute de l'Ame, plutôt que l'Ame une chute de l'Idée.
Mais, une telle hypothèse, l'intellectualisme ne pouvait h
concevoir. Plotin n'entrevit même pas qu'elle était pour
tant suggérée par le sentiment judéo-oriental de l'Infinit*
et de l'Ineffabilité divines il ne s'aperçut pas que c'étai
;
dans cet acte, l'esprit atteint une réalité qui se conçoit indé-
pendamment de toutes les autres, cette réalité est une subs-
tance la substance pensante.
:
dans cet acte, l'esprit atteint une réalité qui se conçoit indé-
pendamment de toutes les autres, cette réalité est une subs
tance : la substance pensante.
Pourtant Descartes ne va pas jusqu'au bout de sa con
ception de l'indépendance logique de la substance. Par un*
restriction que ne semble pas exiger cette logique, il ajoute
« Pour entendre ce que sont des substances, il faut seule
L'Evolution Ontogénétique.
CHAPITRE PREMIER
Le Thème directeur de l'Adaptation.
la substance, comme
Dieu de l'Infinitisme antique, devait
le
pour sa doctrine !
L'Essence divine
et son passage à l'Existence.
Dieu. j
2° croyance droite ;
trompé ceux qui en ont fait bon usage. Cette Raison dit
notamment que, par la propriété des nombres proportion-
nels, cela est ainsi et ne pouvait pas être ni arriver autre-
ment. (C. Tr. II, i, tr. App. i, p. 102.)
Mais il n'importe pas moins de remarquer qu'une telle
connaissance ne mérite que le nom de croyance, « parce
que les choses que nous saisissons par la Raison toute seule
ne sont pas vues par nous, mais nous font simplement
connaître, par la conviction qui se fait dans l'esprit, que cela
88 LA HIERARCHIE CHEZ SPINOZA
^^ t& 4*
(^>t
LIVRE II CHAPITRE II 89
...
vente, parce que, seule, elle objective la connaissance ; par
delà l'idée pure, elle nous fait atteindre la chose mime, ou
plutôt elle nous conduit jusqu'au point même où l'idée
coïncide avec son objet.
Ainsi présentée, la doctrine spinoziste dépasse infiniment
déjà la théorie cartésienne ; Descartes ne voyait guère
d'opposition qu'entre la connaissance claire et la connais-
sance confuse, entre l'entendement d'un côté, les sens et
l'imagination de l'autre. Mais l'entendement demeurait jus-
qu'au bout le sujet individuel qui pense les idées ; à aucun
moment il ne. se confondait avec l'objet. Il est vrai que,
dans les Regulœ, Descartes lui aussi avait parlé d'une
sorte d'intuition des « natures simples ». A y regarder de
près, cependant, la différence grande entre les deux
est
conceptions. La première demeure une vision intuitive de
l'idée ou du concept mathématique elle n'est pas, comme
;
(C. Tr., ibid. p. 103.) C'est cet amour que Spinoza décrit,
en termes éloquents, comme une véritable jouissance mysti-
que. Par opposition au premier genre qui, ne produisant
qu'une connaissance confuse, ne peut engendrer que des
90 LA HIÉRARCHIE CHEZ SPINOZA
gence de Dieu et les choses conçues par Dieu sont une seule
et même chose.
En résumé, c'est toujours dans la mesure où Spinoza se
rattache à la pensée hébraïque de l'Infinitisme divin, qu'il
abandonne délibérément le point de vue cartésien : c'est
pourquoi Dieu n'apparaît plus seulement comme le soutien
et le garant de la Vérité, mais « comme la Vérité même ».
Vérité est Dieu même ». (C. Tr. H, xv, tr. App. i, p. 134).»
Telle est la doctrine qui, du Court-Traité au De Emenda-
tione, et du De Emendatione à YEthique, se poursuivra sans
modifications réelles. Peut-être, dans le Court-Traité sur-
tout, quelques formules passagères, ainsi que nous l'avons
indiqué, trahissent dans la pensée de l'Auteur des tirail-
lements dans le sens du Cartésianisme. Tantôt (11 e part,
ch. m) faisant des « concepts vrais » le troisième mode de
connaissance, ne distingue plus de la croyance droite,
il
divine.
Toute la distance qui sépare Spinoza de Descartes est
la substitution de Dieu à l'esprit. En posant la vérité en
fonction, non plus de l'entendement seul, mais de la
causalité divine, dans ce plan suprême où le sujet et l'objet
sont confondus à leur source indivisible, Spinoza échappe
pour adopter le point de vue
à l'idéalisme intellectualiste
judéo-alexandrin du dogmatisme substantialiste. La pensée
en effet loin d'être, comme pour Descartes, la réalité pre-
mière, devient ici une réalité dérivée sujet et objet, ;
&IBLIOTHECA
100 LA HIERARCHIE CHEZ SPINOZA
s*
/1° « L'être de la puissance se dit en ayant, égard à la
Puissance de Dieu, par laquelle il a pu, dans la Liberté
absolue de sa Volonté, créer tout ce qui n'existait pas>
encore ;
Du Nature natu-
second point de vue, qui est celui de la
rée, l'essence devient un intelligible conçu par l'entende-
ment, et l'existence ne lui est plus nécessairement liée.
Spinoza s'attache à éclaircir ces notions dès le début des
Pensées Métaphysiques (I., ch. n), dans sa « Réponse à cer-
taines questions sur V Essence » toute les essences des:
donc très bien qui disent que Dieu est la Vie. Il ne manque
pas de théologiens qui comprennent que c'est pour cette
raison (que Dieu est la Vie et ne se distingue pas de la Vie),
que les Juifs quand ils juraient disaient par Dieu vivant, :
bas. Cette Vie sait pourquoi elle vit elle connaît son prin- :
ble. Or, il est clair qu'en Dieu, une distinction semblable n'a
(Eth. i, 24 dém.)
LIVRE II — CHAPITRE II 113
I, fin.)
que Dieu est un être immuable ». (Cog. Met. H, iv, tr. App.,
t. I, § 2-5.) Il est pourtant des gens qui posent des questions
aussi ridicules : « Ils demandent si Dieu n'est pas plus
vieux maintenant que lorsqu'il a créé Adam..., ce qui
revient à lui attribuer une durée plus longue pour chaque
jour écoulé, et à supposer par suite qu'il est continuel-
lement comme créé par lui-même... Or c'est là manifeste-
ment une pétition de principe... La durée en effet est une
affection non de l'essence, mais de l'existence. Or l'exis-
tence de Dieu étant une production de son Essence
(venant de son essence, existentia (ejus) est de ipsius
essentia), nous ne pouvons attribuer aucune durée à
Dieu ; attribuer à Dieu la durée, c'est distinguer en
U6 LA HIÉRARCHIE CHEZ SPINOZA
Dieu est dit cause de soi, il doit être dit aussi cause de
toutes choses ». Mais il a déjà été dit, quelques propositions
plus haut (Prop. 16, Cor. i), « que la causalité vis à vis des
choses est de natuie efficiente ». Et pourtant, même effi-
ciente, elle se distingue de la causalité physique Spinoza :
L'Existence de Dieu.
La hiérarchie fondamentale
des Attributs divins dans la Nature naturante.
de l'entendement.
a) Le premier aspect est présenté par le Court Traité :
f
128 LA HIÉRARCHIE CHEZ SPINOZA
I
lances différentes, car il est de la nature d'une substance
que chacun de ses attributs soit conçu par soi (per se
[
concipiaturj... Loin donc qu'il y ait absurdité à attribuer
plusieurs attributs à une même substance, il n'y a rien de
plus clair que ceci... qu'à proportion de la réalité ou de
l'être qu'il possède, un être a un plus grand nombre d'attri-
t. il, p. 231).
donc autre chose au fond
L'infinité de la substance n'est
que son indivisibilité, ou, ce qui revient au même, sa conti-
nuité, puisque le continu désigne justement ce qu'on ne
saurait diviser en parties. Et Spinoza explique que s'il a
défini l'existence de Dieu par l'Eternité, c'est encore au sens
où sa durée forme un continu indivisible, que l'imagination
se complaît à découper ensuite en moments séparés, créant
par là des fantômes de problèmes, arrivant à se demander,
par exemple, comme l'indiquaient les Cogitata, si Dieu n'est
pas plus vieux maintenant qu'à l'époque .où il a créé le
Monde. En sorte que c'est dans la notion de continuité que
se résout en dernière analyse le redoutable problème, posé
à Maïmonide et à Spinoza par la Scolastique juive tradi-
tionnelle, de la conciliation de l'Essence indéterminée de
Dieu avec sa détermination ultérieure par une multiplicité
infinie d'attributs. L'Existence divine, la Nature naturante
tout entière est un Continu, et c'est par là qu'elle se mani-
feste par une infinité d'attributs. Quant à cette continuité
à son tour, elle se ramène, nous le savons, à une continuité
de Puissances, puisque l'attribut exprime dans l'absolu la
Puissance de l'Etre originaire.
Telle est la conclusion qui découle naturellement de tou-
tes les affirmations éparses de Spinoza. De ces trois prémis-
ses :
une réalité qui les fonde terme pour terme suivant la for-
mule « infinita infmîtis modis », où linfinité des modes
:
I
LIVRE II — CHAPITRE III 139
( Eth. V, Préface.)
142 LA HIÉRARCHIE CHEZ SPINOZA
que cela est difficile, je dis que cela est impossible. Car h
matière, étant donnée en repos, persévérera dans son repos
l
LIVRE II CHAPITRE III 145
p. 429).
Reste à savoir maintenant en quoi consiste au juste cet
attribut divin, seul principe capable, aux yeux de Spinoza,
de rendre compte de l'existence des corps ? La solution est
analogue ici à celle de l'Attribut-Pensée : De même que
YAbsoluta Cogitatio était une Puissance de produire des
pensées particulières, la « Res extensa », ou si l'on veut
1' « Absoluta extensio » est la Puissance de produire les
corps particuliers (et même le Mouvement en général, car
le « Motus et Quies » est, comme l'Intellect infini, un mode
de la Nature naturée). Spinoza dans le
Ainsi la définit
Court Traité «En outre, après avoir montré qu'en dehors
:
au corps.
Nous allons essayer d'établir l'existence de cette hiérar-
chie dans toute la suite de cette étude. Mais d'avance nous
voyons ne servirait à rien d'objecter contre une telle
qu'il
interprétation, l'absence chez Spinoza de formules précises
affirmant cette hiérarchie : car Y Ethique était composée
more geometrico, c'est-à-dire au strict point de vue de
l'entendement. Or l'entendement ayant transposé une fois
pour toutes, dès la sortie de l'absolu, la continuité en
parallélisme, et ne pouvant, d'autre part, connaître claire-
ment dans cette hiérarchie que les deux termes privilégiés
érigés par Descartes en substances, la Pensée et l'Etendue,
pour ces deux raisons, Spinoza se voyait à jamais interdit
d'introduire les termes intermédiaires dans la chaîne de ses
déductions : il lui était aussi impossible d'exprimer, dan's
son langage intellectualiste, la continuité de l'âme et du
corps, qu'il est impossible au mathématicien d'exprimer
rationnellement les rapports que peut soutenir dans l'absolu
la figure géométrique avec son équation analytique. Il y a
là, pour l'entendement, deux expressions parallèles, deux
domaines radicalement irréductibles l'un à l'autre.
Pourtant, à y regarder de près, la notion de continuité
reste le ressort caché de tout le système. Partout présente,
elle transparaît sous les formules parallélistes qui en sont
la traduction intellectuelle mais précisément parce que
;
l'étendue. Or de
deux attributs et de leurs affections, il
ces
est impossible de déduire aucun autre attribut. Je conclus
donc que l'âme humaine ne peut connaître que les attri-
buts de la pensée et de l'étendue ». (Ep. 6k, V.-L., t. n,
p. 391).
Mais, encore une fois, si la réponse était satisfaisante chez
un Descartes qui n'admettait dans l'univers que les deux
séries de modalités en question, elle était loin de l'être
également chez Spinoza qui, ayant transcendé par l'intui-
projecteurs entre eux : (on sait par exemple qu'ils sont per-
pendiculaires en Descriptive). Or, si nous nous en rap-
LIVRE II CHAPITRE III 173
note 4).
Voilà certes une théorie des rapports de l'âme et du corps
dans la passion, assez différente de celle de YEthique ;
non pas que ce mode fut « cause », par ses propres varia-
tions, des variations correspondantes de ses deux projec-
tions il ne joue au contraire
: entre celles-ci que le rôle
d'un organe de transmission. Ainsi adviendrait-il d'une
épure où l'initiative des déformations des figures appar-
tiendrait non pas au corps projeté, mais de part et d'autre
à ses deux projections respectives, le corps ne faisant lui-
même qu'en subir le contre-coup et se bornant à les trans-
mettre de l'une de ces projections à l'autre.
N'est-ce pas par là d'ailleurs que Spinoza affirme dans
Joute sa force le primat de V intelligence sur le sentiment ?
12
178 LA HIÉRARCHIE CHEZ SPINOZA
d' « idea » c'est qu'il donne à ce mot son sens le plus large,
celui de sujet de perception en général, qu'il s'agisse de la
« connaissance d'un objet ou du fait d' « éprouver, » et de
sentir ce même objet, avec cette remarque
que d'ailleurs
Y idea se rapporte à l'attribut-pensée, tandis que Yanima,
mode parallèle à Y idea se rapporte à un attribut inconnu
différent de la pensée.
L'erreur fondamentale était donc bien, comme nous l'in-
avait procédé.
Il donc entendu qu'un attribut ne peut être véritable-
est
ment saisi en soi que par le mode correspondant un :
modes, et naturellement —
ainsi que cela se passait pour
la Pensée —
non pas à n'importe quel mode, mais aux
modes supérieurs de la hiérarchie des « animae » analo-
gues sans doute à ce que l'Intellect infini représentait dans
la hiérarchie parallèle des « mentes ». De même en effet
qu'il n'appartenait pas indifféremment à toutes les âmes
pensantes de connaître l'essence absolue de la Cogitatio,
mais seulement à ces « mentes » qui étaient parvenues par
une purification suffisante de l'entendement, à s'identifier
avec sa puissance, dans la connaissance du troisième genre,
de même ne pouvaient aspirer à saisir l'essence de
« YAbsoluta Animatio », si l'on peut ainsi s'exprimer, que
que nous les jugions les seuls dans lesquels doive consister
cet Etre parfait, au contraire, nous trouvons en nous
quelque chose qui nous révèle clairement l'existence non
seulement d'un plus grand nombre, mais d'une infinité
d'attributs parfaits, devant appartenir à cet Etre avant qu'il
puisse être dit parfait. Et d'où vient cette idée de perfection?
Ce quelque chose ne peut venir de ces deux attributs,
attendu que deux ne font que deux et non une infinité. Non
de moi, certainement, ou il faudrait alors que je pusse
donner ce que je n'ai pas. D'où donc enfin, sinon des attri-
buts infinis qui nous disent qu'ils sont, sans nous dire en
même temps ce qu'ils sont car de deux seulement nous
;
ix, § 2.)
P. 30 et 31.)
Cette vérité, écrit-il à Simon de Vries (Ep. 9, V.-L., t. II,
p. 224), Spinoza croit l'avoir suffisamment démontrée :
nous ont été accessibles: celles qui dans la série des émana-
tions constituent les deux termes extrêmes, la Pensée et
l'Etendue. Nous avons vu aussi comment, de ces deux Puis-
sances encore indéterminées et ineffables,, se détachaient, à
la façon de « Modes immédiats », les deux couches extrê-
mes d'une Personnalité divine à la base l'individualité
:
divin ?
'
sion claire dans la pensée, ne sont que des traductions
intellectuelles d'une réalité beaucoup plus profonde, desti-
née à rester éternellement cachée aux yeux de l'entende-
ment. Les « esprits animaux », en effet, demeurent inacces-
sibles à ses prises et pourtant ne sont-ils pas, en somme, le
moteur obscur de l'étendue, suivant la conception du Court
Traité ? Car si Spinoza peut dire que l'étendue est animée
dans toutes ses parties, quoiqiïà des degrés divers, le peut-il
autrement qu'en supposant derrière cette étendue, ou plutôt
intimement lié à elle et la longeant constamment en quel-
que sorte, un principe d'animation physique, quelque
,
Dieu est la Vie. » (Ibid. § 4.) Mais, tandis que la force imma-
nente à l'Essence divine est la Vie dans toute sa plénitude,
la Vie infiniment surabondante de l'Un primitif dans le
33. Quels sont ces « Propres » ? Nous les avons déjà cités:
Sage, Miséricordieux, Souverain Bien, Providence, etc.,
d'une façon générale ceux qui désignent, plutôt que des
opérations de l'entendement, des actes de la volonté. Or, il
l'universelle nécessité.
De ce point de vue évidemment, Bien
Mal ne sont que et
des êtres de raison, sans signification objective au regard
de Dieu qui, voyant toutes choses comme également néces-
saires, ne saurait leur attribuer aucune valeur. « Ils appel-
lent Dieu le Souverain Bien, dit Spinoza si cependant ils ;
liberté de sa Volonté.
Le corollaire suivant précise d'ailleurs l'explication :
« La Volonté et l'Entendement soutiennent avec la Nature
nous avons dit être libre, elle se conserve aussi par le con-
cours de Dieu, et aucun homme ne veut ou ne fait quoi que
ce soit, sinon ce que Dieu a décrété de toute éternité qu'il
voudrait et ferait. Comment cela est possible tout en main-
tenant la liberté humaine, cela passe notre compréhension ;
14
nO LA HIÉRARCHIE CHEZ SPINOZA
attributs correspondants.
Spinoza Volonté par quoi Dieu se veut aimer
dit : « la
lui-même ». N'est-ce pas caractériser, par là, la nature de
ce Mode infini ? La Volonté divine est une Volonté d'amour;
elje définit la morale de Dieu. Dieu
Personnalité affective et
son Individualité !
distinction.
Juste et le Bon. » (Th. pol. ch. n, tr. App. II, p. 45.) C'est là
ce qui fera désormais la divinité de l'Ecriture « elle doit :
qui inspire les Prophètes est celui-là même qui inspire les
enseignements des savants : pour que l'unité s'établisse, en
effet, importe de se
entre toutes les parties de la doctrine, il
cette fois pour les désigner les termes que nous leur avions
déjà respectivement assignés mens, animus, anima. Il est
:
Révélations de l'Ecriture ?
œuvres et je te montrerai ma
par mes œuvres» (ibicL
foi
pas avec lui d'autre rapport que les autres choses créées et
diaire ? Ne
nous sommes-nous pas toujours interdit,
fidèle à notre méthode, de chercher l'explication de
Spinoza « après lui » ? Comme dans tout organisme, c'est
à l'évolution antérieure, tant ontogénique que phylogéni-
que, qu'il faut demander le secret de la création du germe
et « l'Idée directrice » de son développement. Pourquoi
d'ailleurs s'efforcer, par des artifices de logique, à chercher
en dehors du système les raisons de sa cohérence, quand il
tence d'un Dieu infini avec des êtres finis, il reste encore à
résoudre la seconde: transposer le panthéisme dynamique
en panthéisme mathématique, exprimer en termes d'intel-
ligence une procession qui est, par sa nature, ineffable.
Sous cette forme, la solution du problème fut incontesta-
blement suggérée à Spinoza par Philon, ou plutôt par la
tendance que Philon avait déjà systématisée dans sa
philosophie, et qui devait acquérir dans la Théologie juive
et chrétienne une si grande fortune l'idée de considérer
:
17
258 LA HIERARCHIE CHEZ SPINOZA
18
?74 LA HIÉRARCHIE CHEZ SPINOZA
de la
àtiTsipo; matière impliquait, en sens inverse,
la passi-
e
« Chaque chose,, est-iT dit, au III Livre de Y Ethique,
s'efforce autant qu'il est en elle, de persévérer dans son
être » (Eth. fil, P. 6). Et cet effort, ce « conatits » n'est rien
en dehors de l'essence actuelle de cette chose [ibid. Pr. 1) ;
1
LIVRE II — CHAPITRE IV 283
de surabondance.
Suivons alors l'ordre de la procession à l'origine, une
:
les modes.
Mais si la procession traduit ainsi les progrès croissants
du mal, n'appelle-t-elle pas un effort inverse de conversion
qui tendra à éliminer ce principe mauvais et à retrouver
l'indivisibilité primitive de la substance ? Le thème de la
conversion est par là tout tracé il faudra diminuer pro-
:
destruction et de la mort.
Que faudra-t-il alors pour retrouver l'éternité? Diminuer
progressivement l'influence destructive des causes externes,
?8S LA HIÉRARCHIE CHEZ SPINOZA
On
ne saurait trop le répéter, le corps, en mourant ne
passe pas de l'existence au néant il semble qu'il se
;
On
ne saurait douter qu'une telle théorie ne vînt heu-
reusement compléter la doctrine un peu imprécise de
l'éternité des corps, esquissée à peine dans les derniers
théorèmes de YEthique. Mai» il est probable que si
Spinoza avait cru devoir la supprimer du manuscrit édité,
c'est qu'il comptait l'englober, en la modifiant peut-être,
LIVRE II — CHAPITRE V 297
51. —
Correspondant aux modes de X anima, le conatus
exprime d'une façon plus vivante que dans les modes de
l'étendue, l'instinct biologique de conservation. Spinoza
l'appelle ordinairement appétit : « L'appétit n'est rien
d'autre que l'essence même de l'homme, de la nature de
laquelle suit nécessairement ce qui sert à sa conservation. »
demande de la renforcer.
C'est justement ce souci de conserver intact, au sein de
pouvoir de l'individu qui dirige toute la Politi-
l'Etat, le
que de Spinoza et le conduit à se séparer de Hobbes :
avantages terrestres.
D'ailleurs Jehovah ne le comprend pas autrement {Exode
ch. xxxvi, vs. 10). « Voici, jeconclus une alliance parlaquelle
je ferai devant tout ton peuple des merveilles qui n'ont
pointété faites sur toute la terre, ni dans toutes les nations.
Ainsi Moïse n'a en vue que l'élection des Hébreux, telle
que je l'ai expliquée, et il n'a pas demandé autre chose à
Dieu.j> (Th. pol. ch. m. tr. App. n. p. 79.) Ilsuffit à mon
LIVRE II CHAPITRE V 307
53. —
Correspondant aux modes de Yanimus, le cona-
tus n'est plus désormais le simple effort d'adaptation à la
nature matérielle, au milieu physique extérieur ou au mi-
lieu social, mais un effort plus profond et plus intime de
purification du désir et de la volonté, pratique de la vertu
et développement de l'esprit de charité en cela consiste
:
tion à réduire. » (Eth. Il, 7.) Les cœurs ne sont pas vain-
cus par les armes, mais par l'amour et la générosité.
(lbid. Append. xi).
l'attribut de la Pensée.
(II ch. x, § 12.) qu'il est très faux que Dieu puisse com-
muniquer son éternité aux Créatures ; et que le Fils de Dieu
n'estpas une Créature, ?nais est, comme le Père, éterneL
Quand donc nous disons que le Père a engendré le Fils
de toute éternité, nous voulons dire seulement qu'il a
communiqué au Fils son Eternité ».
Mais si le Fils de Dieu n'est pas une Créature, quel
rapport unit donc la Personne du Christ du Théologico-
Politique avec cet Entendement Infini du Court Traité
qui est, aux yeux de Spinoza, le véritable Fils de Dieu?
pour résoudre Ja difficulté, de distinguer
// suffit, le Christ 7
Mode de CAnimus, du Christ, Mode de la Pensée divine.
Au premier point de vue, qui est le point de vue de son
Humanité, le Christ représente dans les échelons les plus
élevés de YAnimus, au sommet de la Nature naturée parti-
culière (et non pas universelle), l'analogue de ces Anges
de l'Ecriture qui constituaient également les modes supé-
rieurs de Y Anima : « Nous connaissons à' la vérité que
Dieu peut se communiquer aux hommes immédiatement
car, sans employer de moyens corporels d'aucune sorte, il
communique son Essence à notre âme toutefois pour ;
68, Se o lie.)
Avec lTdée de Dieu, c'est-à-dire avec les modes de la
Pensée, nous atteindrons le maximum d'approfondisse-
ment du conatus, puisque nous pénétrerons dans les plans
les plus intérieurs de la en sorte que
vie spirituelle ;
lité de Dieu.
rurg —
non pas impersonnelle comme YAbsoluta Cogitatio
qui est de la façon la plus indéterminée Potentia Ideas
:
formandi —
mais personnelle cette fois, et dont les essences
dérivées ne sont que des émanations ou des parcelles.
L'âme' humaine est au nombre de ces essences, à un
-certain rang de la procession des modes elle est, par :
des « idées des idées des Affections » (dé m. du Th.). Tous les
340 LA HIERARCHIE CHEZ SPINOZA
accessible.
Pour achever conversion "cependant, un effort de plus
la
/ouloir divin.
Or, ce Vouloir étant tout Amour, la connaissance qui en
st l'équivalent dans les modes de la Pensée est ce même
(P. $1), une « Idea Mentis » qui est unie à la «Mens » comme
la Mens au corps. Or ce qui remonte en Dieu c'est
est unie
le groupe Mens == Idea Mentis, et, en parvenant ainsi à
l'éternité, il se sépare du troisième élément^ le « corps ».
/° Procession et Conversion
2° Double Procession et
Double Conversion chez
Spinoza.
£a Mat /ère.
a, VA '**» \
^X
liimersi
22
e
Nature Naturée
=:
i5 4» l 'articulièi e.
Modes finis. )
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'reur, d„ J/«/ et (I la Mori.
^
1
Haine. lsj'em des iniiTid«sV^ Individualités mate-
ll.iée isolât inadeqn aie.
y (elat de
I
Effort d'Intériorisation.
-«88
ie
i Conversion vers la Spiritualité.
CONCLUSION
8616 4
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de la Terre, d'après des documents SERTILLANGES. (Voir Saint Thomas
inédits, par Jean Bari'ZI. 1 vol. in-8. [Cou- d'Aquin.)
ronné par VAcadémie française.) 10 fr. VOLTAIRE. Les sciences au XVIII e siècle.
— La philosophie de Leibniz, par B. Rus- Voltaire physicien, par Em. Saigey. In-8.5fr.
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Préface de M. Lévy-Bruhi, 3 fr. 75 médiévale. 4 e éd. 1 vol. in-8 10 fr.
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