Cours de Mathématiques MP Maths Spé 2003
Cours de Mathématiques MP Maths Spé 2003
Cours de Mathématiques MP Maths Spé 2003
david Delaunay
5 novembre 2013
c b n a : Paternité + Pas d’Utilisation Commerciale + Partage dans les mêmes conditions :
Le titulaire des droits autorise l’exploitation de l’œuvre originale à des fins non commerciales, ainsi que
la création d’œuvres dérivées, à condition qu’elles soient distribuées sous une licence identique à celle
qui régit l’œuvre originale.
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Première partie
Algèbre
3
Chapitre 1
Exemple Egalité, inférieur ou égal et inclusion sont des relations binaires classiques.
Définition
Si R est une relation binaire sur E, on dit que :
- R est réflexive si ∀x ∈ E, xRx ;
- R est symétrique si ∀x, y ∈ E, xRy ⇒ yRx ;
- R est transitive si ∀x, y, z ∈ E, xRy et yRz ⇒ xRz ;
- R est antisymétrique si ∀x, y ∈ E, xRy et yRx ⇒ x = y.
Exemple Les relations d’ordre sont, par définition, les relations réflexives, antisymétriques et transitives.
5
1.1. RELATION D’ÉQUIVALENCE
Exemple L’équivalence des suites (ou de fonctions au voisinage de a ∈ R̄ ) est une relation
d’équivalence.
Remarque En fait une relation d’équivalence se comprend comme « une égalité modulo certains
critères ».
Cl(x) := {y ∈ E/xRy}
Pour x ∈ R,
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CHAPITRE 1. ELÉMENTS D’ALGÈBRE GÉNÉRALE
Pour celle-ci Cl(a) = Cl(c) = {a, c}, Cl(b) = Cl(d) = {b, d} et Cl(e) = {e}.
Remarque Cl(x) réunit les éléments de E qui sont « égaux modulo la relation R ».
Proposition
On a les propriétés
∀x ∈ E, x ∈ Cl(x),
∀x, y ∈ E, xRy ⇒ Cl(x) = Cl(y),
∀x, y ∈ E, x 6 Ry ⇒ Cl(x) ∩ Cl(y) = ∅
Ainsi une classe d’équivalence n’est jamais vide et deux classes d’équivalence distinctes sont
disjointes.
dém. :
x ∈ Cl(x) car la relation R est réflexive.
Si xRy alors pour tout z ∈ Cl(y) on a yRz et donc xRz par transitivité. Ainsi Cl(y) ⊂ Cl(x) et par
symétrie on a l’autre inclusion et donc l’égalité.
Enfin, par contraposée, si Cl(x) ∩ Cl(y) 6= ∅ alors pour un certain z ∈ Cl(x) ∩ Cl(y), on a xRz et yRz
donc par symétrie et transitivité, on obtient xRy.
Remarque Si y est élément d’une classe d’équivalence Cl(x) alors xRy et donc Cl(x) = Cl(y). Ainsi,
tout élément d’une classe d’équivalence détermine celle-ci.
Définition
Tout élément y d’une classe d’équivalence est appelé représentant de celle-ci.
Remarque Les classes d’équivalence réalisent une partition de E ; cette partition est obtenue en
regroupant entre eux les éléments qui sont « égaux modulo la relation R ».
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1.1. RELATION D’ÉQUIVALENCE
Définition
On appelle ensemble quotient de E par R l’ensemble des classes d’équivalence pour
relation R.
On le note E/R.
Remarque E/R se comprend comme l’ensemble obtenu lorsqu’on « identifie entre eux les éléments
qui sont égaux modulo R ».
a≡b [n] ⇔ n | (b − a)
Proposition
La relation de congruence modulo n est une relation d’équivalence sur Z.
dém. :
Sans difficultés, on vérifie que la relation est réflexive, symétrique et transitive.
Définition
Pour a ∈ Z, on note ā la classe d’équivalence de a ∈ Z pour la relation de congruence
modulo n.
Ainsi
ā = {a + kn/k ∈ Z} = a + nZ
Définition
On note Z/nZ l’ensemble quotient de Z par la relation de congruence modulo n.
Théorème
Z/nZ est un ensemble fini à n éléments qui sont
0̄, 1̄, . . . , (n − 1)
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CHAPITRE 1. ELÉMENTS D’ALGÈBRE GÉNÉRALE
dém. :
0̄, 1̄, . . . , (n − 1) sont des éléments de Z/nZ.
Pour a, b ∈ {0, . . . , n − 1},
ā = b̄ ⇒ n | (b − a) ⇒ a = b
Par suite, les classes 0̄, 1̄, . . . , (n − 1) sont deux à deux distinctes.
Pour tout ā ∈ Z/nZ, en considérant le reste r ∈ {0, 1, . . . , n − 1} de la division euclidienne de a par n,
on obtient ā = r̄. Ainsi toutes les classes d’équivalence figurent parmi 0̄, 1̄, . . . , (n − 1).
Exemple Z/2Z = {0̄, 1̄}, Z/3Z = {0̄, 1̄, 2̄}.
Proposition
On a
dém. :
n | a0 − a et n | b0 − b entraînent n | (a0 + b0 ) − (a + b) = (a0 − a) + (b0 − b) et n | (a0 b0 ) − (ab) =
(a0 − a)b0 + a(b0 − b)
Définition
On définit deux opérations + et × sur Z/nZ en posant
ā + b̄ = a + b et ā × b̄ = ab
déf déf
Remarque La définition ci-dessus est cohérente puisque le résultat de ces opérations ne dépend pas des
représentants a, b choisis pour chaque classe.
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1.2. GROUPES
1.2 Groupes
1.2.1 Structure de groupe
1.2.1.1 Définition
Définition
On appelle groupe tout couple (G, ? ) formé d’un ensemble G et d’une loi de composition
interne ? sur G vérifiant :
1) ? est associative i.e. ∀a, b, c ∈ G, (a ? b) ? c = a ? (b ? c) ;
2) ? possède un neutre i.e. ∃e ∈ G, ∀a ∈ G, a ? e = a = e ? a
(cet élément e est alors unique) ;
3) tout élément de G est symétrisable ? i.e. ∀a ∈ G, ∃b ∈ G, a ? b = e = b ? a
(cet élément b est alors unique et appelé symétrique de a, noté a−1 ).
Si de plus ? est commutative, on parle de groupe abélien.
Lorsque la loi est notée × ou., on dit que le groupe est noté multiplicativement ( e → 1,
a ? b → ab )
Lorsque la loi est notée +, on dit que le groupe est noté additivement (e → 0, a ? b → a + b,
a−1 → −a ). Cette dernière notation est réservée au groupe commutatif.
Exemple (C, +), (R, +), (Z, +) sont des groupes abéliens de neutre 0.
Exemple (C? , ×), (R? , ×), (R+? , ×) sont des groupes abéliens de neutre 1.
Proposition
On a
∀k, ` ∈ Z, ak ? a` = ak+` et (ak )` = ak`
dém. :
Il suffit de discuter selon les signes des exposants d’itérations considérés, c’est un peu lourd. . .
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CHAPITRE 1. ELÉMENTS D’ALGÈBRE GÉNÉRALE
Remarque Si le groupe est noté additivement, on note k.a l’itéré d’ordre k de a. On a alors
Définition
On note S(E) l’ensemble des permutations de E i.e. des bijections de E vers E.
Théorème
(S(E), ◦) est un groupe de neutre IdE .
Ce groupe est non commutatif dès que CardE > 3.
Théorème
(Z/nZ, +) est un groupe abélien à n éléments de neutre 0̄.
De plus
∀ā ∈ Z/nZ, − ā = (−a)
dém. :
ā + b̄ = (a + b) = (b + a) = b̄ + ā donc + est commutative sur Z/nZ.
(ā + b̄) + c̄ = a + b + c̄ = (a + b) + c = a + (b + c) = ā + (b̄ + c̄) donc + est associative sur Z/nZ.
ā + 0̄ = a + 0 = ā = 0̄ + ā donc 0̄ est élément neutre de (Z/nZ, +).
ā + (−a) = a − a = 0̄ = (−a) + ā donc ā est symétrisable et −ā = (−a).
Exemple n = 2, Z/2Z = {0̄, 1̄}.
+ 0̄ 1̄
0̄ 0̄ 1̄
1̄ 1̄ 0̄
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1.2. GROUPES
Remarque Dans une table d’opérations sur chaque ligne figure chaque élément de groupe ; cela
provient de la bijectivité de l’application x 7→ a ? x sur G.
On a la même propriété sur les colonnes.
Proposition
∀k ∈ Z, k.ā = ka.
dém. :
Par récurrence pour k ∈ N.
Cas k = 0 : 0.ā = 0̄ = 0.a.
Supposons la propriété vraie au rang k > 0.
Récurrence établie.
Pour k ∈ Z− , on peut écrire k = −p avec p ∈ N.
On a alors
k.ā = −(p.ā) = −pa = −pa = ka
Définition
Soient ?1 , . . . , ?n des lois de composition interne sur des ensembles E1 , . . . , En . On appelle
loi produit sur E = E1 × · · · × En la loi ? définie par
Proposition
Si (G1 , ?1 ),. . . , (Gn , ?n ) sont des groupes de neutres e1 , . . . , en alors G = G1 × . . . × Gn
muni de la loi produit ? est un groupe de neutre e = (e1 , . . . , en ).
De plus :
- l’inverse d’un élément (x1 , . . . , xn ) ∈ G est (x−1 −1
1 , . . . , xn ) ;
- si tous les groupes (G1 , ?1 ),. . . , (Gn , ?n ) sont commutatifs, le groupe (G, ?) l’est aussi.
Exemple Pour (G1 , ?1 ) = (G2 , ?2 ) = (Z, +), la loi produit sur Z2 que nous notons + est définie par :
Exemple Pour (G1 , ?1 ) = (R+? , ×) et (G2 , ?2 ) = (R, +), la loi produit sur R+? × R que nous notons
? est définie par :
(r, θ) ? (r0 , θ0 ) = (rr0 , θ + θ0 )
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CHAPITRE 1. ELÉMENTS D’ALGÈBRE GÉNÉRALE
Proposition
Si (G, ?) est un groupe alors F(X, G) muni de la loi produit est une groupe de neutre ẽ : x 7→
e.
De plus :
−1
- l’inverse d’un élément f : X → G est x 7→ (f (x)) ;
- si le groupe (G, ?) est commutatif, le groupe (F(X, G), ?) l’est aussi.
Exemple Soit X un ensemble quelconque. L’ensemble F(X, R) des fonctions réelles définies sur X est
un groupe abélien pour l’addition des fonctions.
1.2.3 Sous-groupe
(G, ?) désigne un groupe de neutre e.
1.2.3.1 Définition
Définition
On appelle sous-groupe d’un groupe (G, ?) toute partie H de G vérifiant :
1) e ∈ H ;
2) ∀x, y ∈ H, x ? y −1 ∈ H.
Théorème
Si H est un sous-groupe d’un groupe (G, ?) alors (H, ?) est un groupe de même neutre.
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1.2. GROUPES
Un = {z ∈ C/z n = 1}
avec ω = e2iπ/n .
Théorème
Les sous-groupes de (Z, +) sont les nZ avec n ∈ N.
dém. :
nZ est un sous-groupe de (Z, +) car nZ ⊂ Z, 0 = n × 0 ∈ nZ et si x, y ∈ nZ, on peut écrire x = nk et
y = n` avec k, ` ∈ Z de sorte que x − y = n(k − `) ∈ nZ.
Inversement, soit H un sous-groupe de (Z, +).
Cas H = {0} :
On a H = nZ avec n = 0.
Cas H 6= {0} :
On introduit H + = {x ∈ H/x > 0}.
Il existe x0 ∈ H tel que x0 6= 0. Si x0 > 0 alors x0 ∈ H + , sinon −x0 ∈ H + . Dans les deux cas H + 6= ∅.
Rappelons : Toute partie non vide de N admet un plus petit élément.
Ici H + est une partie non vide de N, on peut donc introduire n = min H + .
On a n ∈ H et n > 0.
Montrons nZ ⊂ H i.e. ∀k ∈ Z, nk ∈ H.
Par récurrence pour k ∈ N.
Cas k = 0, nk = 0 ∈ H.
Supposons la propriété vraie au rang k > 0.
n(k + 1) = nk + k ∈ H car nk, k ∈ H.
Récurrence établie.
Pour k ∈ Z− , on peut écrire k = −p avec p ∈ N.
On a alors nk = −(np) ∈ H car np ∈ H.
Ainsi nZ ⊂ H.
Inversement, soit x ∈ H. Par division euclidienne, x = qn + r avec 0 6 r < n.
On a alors r = x − qn ∈ H car qn ∈ nZ ⊂ H.
Si r > 0 alors r ∈ H + ce qui est impossible car r < n = min H + .
Il reste r = 0 et donc x = qn ∈ nZ.
Ainsi H ⊂ nZ puis par double inclusion H = nZ.
Remarque Le naturel n tel que H = nZ est unique car
Si H = {0} alors n = 0 et si H 6= {0} alors n = min {x ∈ H/x > 0}.
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CHAPITRE 1. ELÉMENTS D’ALGÈBRE GÉNÉRALE
Définition
On appelle morphisme d’un groupe (G, ?) vers un groupe (H, >) toute application ϕ : G → H
vérifiant
∀x, y ∈ G, ϕ(x ? y) = ϕ(x)>ϕ(y)
Exemple L’exponentielle complexe z 7→ ez est un morphisme du groupe (C, +) vers (C? , ×).
1.2.4.2 Propriétés
Proposition
La composée de deux morphismes de groupes en est un.
Proposition
Si ϕ est un morphisme d’un groupe (G, ?) vers un groupe (H, >) alors
Plus généralement
∀x ∈ G, ∀n ∈ Z, ϕ(xn ) = ϕ(x)n
dém. :
ϕ(eG ) = ϕ(eG ? eG ) = ϕ(eG )>ϕ(eG ) et en composant par ϕ(eG )−1 on obtient eH = ϕ(eG ).
Aussi ϕ(x)>ϕ(x−1 ) = ϕ(x ? x−1 ) = ϕ(eG ) = eH donc en composant par ϕ(x)−1 à gauche on obtient
ϕ(x−1 ) = ϕ(x)−1 .
Proposition
L’image directe (resp. réciproque) d’un sous-groupe par un morphisme de groupes est un sous-
groupe.
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1.2. GROUPES
dém. :
Soit ϕ : G → H morphisme de groupes.
Soit K un sous-groupe de (G, ?). Montrons que
ϕ(K) = {ϕ(x)/x ∈ K}
est un sous-groupe de (H, >).
D’une part eH ∈ ϕ(K) car eH = ϕ(eG ) avec eG ∈ K.
D’autre part, pour y, y 0 ∈ f (K), on peut écrire y = ϕ(x) et y 0 = ϕ(x0 ) avec x, x0 ∈ K et alors
y>y 0−1 = ϕ(x ? x0−1 ) ∈ ϕ(K) car x ? x0−1 ∈ K.
Ainsi ϕ(K) est un sous-groupe de (H, >).
Soit L un sous-groupe de (H, >). Montrons que
ϕ−1 (L) = {x ∈ G/ϕ(x) ∈ L}
est un sous-groupe de (G, ?).
D’une part eG ∈ ϕ−1 (L) car ϕ(eG ) = eH ∈ L.
D’autre part, pour x, x0 ∈ ϕ−1 (L), on a ϕ(x ? x0−1 ) = ϕ(x)>ϕ(x0 )−1 ∈ L car ϕ(x), ϕ(x0 ) ∈ L.
Ainsi ϕ−1 (L) est un sous-groupe de (G, ? ).
1.2.4.3 Noyau et image
Définition
Si ϕ est un morphisme d’un groupe (G, ?) vers un groupe (H, >) on introduit
- son noyau ker ϕ = ϕ−1 ({eH }) qui est un sous-groupe de (G, ?) ;
- son image Imϕ = ϕ(G) qui est un sous-groupe de (H, >).
Proposition
Soit ϕ un morphisme du groupe (G, ?) vers le groupe (H, >).
ϕ est injectif si, et seulement si, ker ϕ = {eG } et
ϕ est surjectif si, et seulement si, Imϕ = H.
Définition
On appelle isomorphisme tout morphisme de groupe bijectif.
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CHAPITRE 1. ELÉMENTS D’ALGÈBRE GÉNÉRALE
Proposition
La composée de deux isomorphismes est un isomorphisme.
Proposition
La bijection réciproque d’un isomorphisme est un isomorphisme.
Définition
S’il existe un isomorphisme entre deux groupes, ceux-ci sont dits isomorphes.
Exemple Les groupes R+? , × et (R, +) sont isomorphes, cela signifie que, d’un point de vue
+ 0̄ 1̄ 2̄ 3̄ × 1 i −1 −i
0̄ 0̄ 1̄ 2̄ 3̄ 1 1 i −1 −i
1̄ 1̄ 2̄ 3̄ 0̄ et i i −1 −i 1
2̄ 2̄ 3̄ 0̄ 1̄ −1 −1 −i 1 i
3̄ 3̄ 0̄ 1̄ 2̄ −i −i 1 i −1
Les deux groupes (Z/4Z, +) et (U4 , ×) se comportent de façon semblables ; ils sont isomorphes via
l’application ϕ qui envoie k̄ sur ik .
+ e a b c
e = (0̄, 0̄)
e e a b c
a = (1̄, 0̄)
a a e c b en notant
b b c e a
b = (0̄, 1̄)
c c b a e c = (1̄, 1̄)
(Z/2Z)2 , + se comporte d’une façon différente ; il n’est pas isomorphe aux précédents.
Définition
On appelle groupe engendré par un élément a ∈ G l’ensemble
hai = ak /k ∈ Z
déf
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1.2. GROUPES
Théorème
hai est un sous-groupe de (G, ?) contenant a.
De plus, pour tout sous-groupe H de G
a ∈ H ⇒ hai ⊂ H
Remarque Même si la loi ? n’est pas commutative, le sous-groupe hai est commutatif car
ak ? a` = ak+` = a`+k = a` ? ak
En particulier
h2i = 2k /k ∈ Z = {. . . , 1/8, 1/4, 1/2, 1, 2, 4, 8, . . .}
et pour ω = e2iπ/n
hωi = ω k /k ∈ Z = 1, ω, . . . , ω n−1 = Un
car ω n = 1.
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CHAPITRE 1. ELÉMENTS D’ALGÈBRE GÉNÉRALE
Exemple Dans (C? , ×), 2 est d’ordre +∞ alors que ω = e2iπ/n est d’ordre n.
Théorème
Soit a un élément de G.
Si a est d’ordre infini alors < a > est isomorphe à (Z, +) via l’application
ϕ : k ∈ Z 7→ ak
Si a est d’ordre fini égal à n ∈ N? alors hai est isomorphe à (Z/nZ, +) via l’application
ψ : k̄ ∈ Z/nZ 7→ ak
dém. :
Considérons l’application ϕ : k ∈ Z → ak .
ϕ est morphisme de groupes surjectif de (Z, +) sur (hai , ?).
En effet
ϕ(k + `) = ak+` = ak ? a` = ϕ(k) ? ϕ(`)
ker ϕ est un sous-groupe de (Z, +) donc il existe un unique n ∈ N tel que
ker ϕ = nZ
Cas n = 0
ker ϕ = {0}, le morphisme ϕ est injectif et induit donc un isomorphisme de (Z, +) vers Imϕ = hai.
L’ensemble hai est en particulier infini et donc a est alors d’ordre infini.
Cas n 6= 0
On remarque
∀k, ` ∈ Z, ak = a` ⇔ k ≡ ` [n]
On peut alors considérer l’application ψ : Z/nZ → G déterminée par ψ(k̄) = ak .
ψ est un morphisme de groupes car
¯ = ψ(k + `) = ak+` = ak ? a` = ψ(k̄) ? ψ(`)
ψ(k̄ + `) ¯
k̄ ∈ ker ψ ⇔ ak = a0 ⇔ k̄ = 0̄
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1.2. GROUPES
donc ker ψ = {0̄}. On en déduit que ψ définit un isomorphisme de (Z/nZ, +) vers hai
En particulier Card hai = CardZ/nZ = n et donc a est un élément d’ordre fini n.
Remarque Si a est d’ordre infini hai = ak /k ∈ Z et les éléments ak sont deux à deux distincts.
Si a est d’ordre fini n alors hai = e, a, a2 , . . . , an−1 et les éléments e, a, a2 , . . . , an−1 sont deux à
deux distincts.
Corollaire
Si a est d’ordre infini alors
∀n ∈ N? , an 6= e
Si a est d’ordre fini alors son ordre apparaît comme le plus petit n ∈ N? vérifiant
an = e
ω n+2 = ω 2 , j 19 = j,. . .
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CHAPITRE 1. ELÉMENTS D’ALGÈBRE GÉNÉRALE
ak ? a` = ak+` = a` ? ak
Exemple Pour n > 3, le groupe (Sn , ◦) n’est pas monogène car non commutatif.
Définition
Un groupe est dit cyclique s’il est monogène et fini.
Théorème
(Z/nZ, +) est un groupe cyclique dont les générateurs sont les m̄ avec m ∧ n = 1.
dém. :
Z/nZ = h1̄i car
h1̄i = {k.1̄/k ∈ Z} = k̄/k ∈ Z = Z/nZ
Si m̄ est générateur de Z/nZ alors il existe k ∈ Z tel que k.m̄ = 1̄ et donc km ≡ 1 [n]. Il existe alors
` ∈ Z tel que
km + n` = 1
et ainsi m ∧ n = 1 en vertu du théorème de Bézout.
Inversement, si m ∧ n = 1 alors il existe k, ` ∈ Z tel que km + `n = 1 et donc
km ≡ 1 [n]
hm̄i = Z/nZ
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1.2. GROUPES
Théorème
Si (G, ? ) est un groupe cyclique de cardinal n alors (G, ? ) est isomorphe à (Z/nZ, +) via
l’application
k̄ ∈ Z/nZ 7→ ak
où a désigne un génératrice du groupe (G, ? ).
dém. :
On a G = hai et CardG = n donc a est un élément d’ordre n.
Par suite G = hai est isomorphe à (Z/nZ, +) via l’application ψ : k̄ ∈ Z/nZ 7→ ak .
Corollaire
Les générateurs de (Un , ×) sont les ω m = e2imπ/n avec m ∧ n = 1
Ces éléments sont appelés racines primitives n-ième de l’unité.
dém. :
(Un , ×) est un groupe cyclique engendré par ω = e2iπ/n .
L’application ψ : Z/nZ → Un définie par ψ(k̄) = ω k est alors un isomorphisme de groupes, celui-ci
échange les générateurs de (Z/nZ, +) avec ceux de (Un , ×).
Exemple Dans la figure ci-dessous, les générateurs des groupes (U1 , ×), (U2 , ×), (U3 , ×), (U4 , ×) sont
entourés
Théorème
hAi est un sous-groupe de (G, ?) qui contient A.
De plus, pour tout sous-groupe H de (G, ? ),
A ⊂ H ⇒ hAi ⊂ H
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CHAPITRE 1. ELÉMENTS D’ALGÈBRE GÉNÉRALE
dém. :
Posons S = {H sous - groupe de (G, ?)/A ⊂ H}. Par définition
\
hAi = H
H∈S
On a hAi ⊂ G, e ∈ hAi car pour tout H ∈ S, e ∈ H et pour tout x, y ∈ hAi, x ? y −1 ∈ hAi car pour tout
H ∈ S, x ? y −1 ∈ H puisque x, y ∈ H. Ainsi hAi est un sous-groupe de (G, ? ).
Puisque A est inclus dans tout H ∈ S, on a A ⊂ hAi.
Enfin, si H est un sous-groupe de (G, ?)
A ⊂ H ⇒ H ∈ S ⇒ hAi ⊂ H
Exemple Pour a ∈ G,
h{a}i = ak /k ∈ Z = hai
Exemple Pour a, b ∈ G,
En fait
h{a, b}i = {produits finis d’itérés de a et b}
Définition
On appelle partie génératrice d’un groupe toute partie engendrant le groupe en question.
Exemple Les groupes monogènes sont ceux possédant une partie génératrice à un élément.
Exemple {(1, 0), (0, 1)} est une partie génératrice du groupe (Z2 , +).
Exemple Tout élément de Sn pouvant s’écrire comme produit de transpositions, l’ensemble des
transpositions constitue donc une partie génératrice de (Sn , ◦).
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1.3. ANNEAUX ET CORPS
Définition
On appelle anneau tout triplet (A, +, ×) formé d’un ensemble A et de deux lois de composition
interne + et × sur A vérifiant :
1) (A, +) est un groupe abélien de neutre 0 ;
2) × est associative et possède un neutre 1 ;
3) × est distributive sur + i.e.
Si de plus la loi × est commutative, on dit que l’anneau (A, +, ×) est commutatif.
Exemple (Z, +, ×), (R, +, ×), (C, +, ×) sont des anneaux commutatifs de neutre 0 et 1.
Proposition
∀a, b ∈ A, 0A × a = a × 0A = 0A , (−a) × b = −(ab) = a × (−b)
Plus généralement
∀n ∈ Z, (n.a) × b = n.(ab) = a × (n.b)
Théorème
Si a et b sont deux éléments commutant (i.e. ab = ba ) d’un anneau A on a pour tout n ∈ N
(ab)n = an bn , !
n
n n n n
X n k n−k
(ab) = a b , (a + b) = a b et
k=0
k
n−1
X
an − bn = (a − b) ak bn−1−k
k=0
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CHAPITRE 1. ELÉMENTS D’ALGÈBRE GÉNÉRALE
Définition
Un élément a d’un anneau (A, +, ×) est dit inversible s’il existe b ∈ A tel que
ab = ba = 1
Cet élément b est alors unique, on l’appelle inverse de a et il est noté a−1 .
Théorème
L’ensemble U (A) des éléments inversibles de l’anneau (A, +, ×) est un groupe multiplicatif.
De plus un élément (a1 , . . . , an ) ∈ A est inversible si, et seulement si, les a1 , . . . , an le sont et
son inverse est alors (a−1 −1
1 , . . . , an ).
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1.3. ANNEAUX ET CORPS
Proposition
Si X est un ensemble et (A, +, ×) est un anneau alors l’ensemble F(X, A) muni des lois
produits est un anneau de neutres
0̃ : x 7→ 0A et 1̃ : x 7→ 1A
De plus un élément f ∈ F(X, A) est inversible si, et seulement si, pour tout x ∈ X, f (x) l’est
−1
et son inverse est alors x 7→ [f (x)] .
1.3.3 Sous-anneau
(A, +, ×) désigne un anneau
Définition
On appelle sous-anneau de (A, +, ×) toute partie B de A vérifiant :
1) 1A ∈ B ;
2) ∀x, y ∈ B, x − y ∈ B ;
3) ∀x, y ∈ B, xy ∈ B.
Théorème
Si B est un sous-anneau de (A, +, ×) alors B peut être muni des lois + et × définies par
restriction des lois sur A et (B, +, ×) est alors un anneau de mêmes neutres que A.
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CHAPITRE 1. ELÉMENTS D’ALGÈBRE GÉNÉRALE
Proposition
Si ϕ est un morphisme de l’anneau (A, +, ×) vers (B, +, ×) alors
ϕ(0A ) = 0B ;
∀x ∈ A, ϕ(−x) = −ϕ(x) ;
∀x ∈ A, ∀n ∈ Z, ϕ(n.x) = n.ϕ(x) ;
∀x ∈ A, ∀n ∈ N, ϕ(xn ) = ϕ(x)n et
∀x ∈ A, x ∈ U (A) ⇒ ϕ(x) ∈ U (B) avec ϕ(x)−1 = ϕ(x−1 )
Proposition
La composée de deux morphismes d’anneaux est un morphisme d’anneaux.
Proposition
L’application réciproque d’un isomorphisme d’anneaux est un isomorphisme d’anneaux.
Proposition
L’image directe (ou réciproque) d’un sous-anneau par un morphisme d’anneaux est un sous-
anneau.
Théorème
(Z/nZ, +, ×) est un anneau commutatif de neutres 0̄ et 1̄.
De plus, dans Z/nZ, m̄ est inversible si, et seulement si, m ∧ n = 1.
dém. :
(Z/nZ, +) est un groupe abélien de neutre 0̄.
On vérifie aisément que la loi × est commutative, associative sur Z/nZ et possède un neutre 1̄. On vérifie
aussi que la loi × est distributive sur +.
Soit m̄ ∈ Z/nZ.
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1.3. ANNEAUX ET CORPS
m̄ inversible si, et seulement si, il existe k̄ ∈ Z/nZ vérifiant k̄ m̄ = 1̄ i.e. si, et seulement si, il existe
k ∈ Z tel que. km ≡ 1 [n]. Ainsi m̄ est inversible si, et seulement si, il existe k, ` ∈ Z tels que
km + `n = 1
4̄−1 = 3̄
On a alors
4̄x̄ = 9̄ ⇔ x̄ = 3̄ × 9̄
Ainsi
4̄x̄ + 2̄ = 0̄ ⇔ x̄ = 5̄
Les solutions de l’équation étudiées sont donc les 5 + 11k avec k ∈ Z.
Remarque Pour la résolution d’une équation 4x ≡ 6 [10], 4 et 10 ne sont pas premiers entre eux.
Cependant
4x ≡ 6 [10] ⇔ ∃k ∈ Z, 4x = 6 + 10k ⇔ ∃k ∈ Z, 2x = 3 + 5k
ce qui nous ramène à l’équation 2x ≡ 3 [5] avec 2 ∧ 5 = 1 qu’on peut résoudre.
Pour l’équation 4x ≡ 7 [10], une étude similaire assure l’inexistence de solution.
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CHAPITRE 1. ELÉMENTS D’ALGÈBRE GÉNÉRALE
On a
3k ≡ 1 [8] ⇔ 3̄k̄ = 1̄ dans Z/8Z
Après résolution, on parvient à k ≡ 3 [8].
Ainsi ( (
9x ≡ 3 [21] x = 26 + 56`
⇔ ∃k, ` ∈ Z, ⇔ ∃` ∈ Z, x = 26 + 56`
5x ≡ 2 [8] k = 3 + 8`
Les solutions de l’équation étudiées sont donc les x = 26 + 56` avec ` ∈ Z.
1.3.6 Intègrité
Soit (A, +, ×) un anneau.
Attention : On a
∀a, b ∈ A, a = 0A ou b = 0A ⇒ ab = 0A
La réciproque n’est pas toujours vraie !
Exemple Dans l’anneau (Z2 , +, ×), on a (1, 0) × (0, 1) = (0, 0) alors que (1, 0), (0, 1) 6= (0, 0)
Exemple Dans l’anneau (F(R, R), +, ×), considérons les fonctions données par
1 1 1 1
Exemple Dans (M2 (R), +, ×), pour A = et B = , on a AB = O2 alors que
1 1 −1 −1
A, B 6= O2 .
Définition
Lorsque a, b ∈ A vérifient ab = 0A avec a, b 6= 0A , on dit que a et b sont des diviseurs de zéro.
Exemple En général les anneaux F(X, K), L(E) et Mn (K) possèdent des diviseurs de zéros.
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1.3. ANNEAUX ET CORPS
Définition
Un anneau (A, +, ×) est dit intègre si
1) A est commutatif ;
2) A non réduit à {0A } ;
3) A ne possède pas de diviseurs de zéros.
Proposition
Dans un anneau intègre (A, +, ×) :
∀a, b ∈ A, ab = 0A ⇒ a = 0A ou b = 0A
dém. :
C’est l’absence de diviseurs de zéro !
Proposition
Dans un anneau intègre (A, +, ×) :
∀a, b, c ∈ A, (ab = ac et a 6= 0) ⇒ b = c
dém. :
Si ab = ac alors ab − ac = 0 et donc a(b − c) = 0.
Si de plus a 6= 0 alors, par intégrité b − c = 0 et donc b = c.
x2 = 1A ⇔ (x − 1A )(x + 1A ) = 0A
Théorème
L’anneau (Z/nZ, +, ×) est intègre si, et seulement si, n est un nombre premier.
dém. :
Supposons n premier.
n > 2 et puisque CardZ/nZ = n, on a Z/nZ 6= {0̄}.
(Z/nZ, +, ×) est commutatif.
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CHAPITRE 1. ELÉMENTS D’ALGÈBRE GÉNÉRALE
1.3.7 Corps
1.3.7.1 Définition
Définition
On appelle corps tout anneau (K, +, ×) vérifiant
1) (K, +, ×) est commutatif ;
2) K est non réduit à {0K } et
3) Tous les éléments de K, sauf le nul, sont inversibles.
Exemple (Q, +, ×), (R, +, ×), (C, +, ×) et (K(X), +, ×) sont des corps usuels.
Proposition
Tout corps est intègre.
dém. :
Soit K un corps. K est commutatif et non réduit à {0}.
Pour a, b ∈ K, si ab = 0K et a 6= 0K alors on peut introduire a−1 et on a b = a−1 (ab) = 0K .
Ainsi, K ne possède pas de diviseurs de zéro et donc intègre.
1.3.7.2 Sous-corps
Soit (K, +, ×) un corps.
Définition
On appelle sous-corps d’un corps (K, +, ×) toute partie L de K vérifiant :
1) L est un sous-anneau de (K, +, ×) ;
2) ∀x ∈ L, x 6= 0K ⇒ x−1 ∈ L.
Théorème
Si L est un sous-corps d’un corps (K, +, ×) alors L peut être muni des lois + et × définies par
restriction des lois sur K et alors (L, +, ×) est un corps.
est un corps pour les lois usuelles car sous-corps de (R, +, ×).
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1.3. ANNEAUX ET CORPS
Théorème
(Z/pZ, +, ×) est un corps si, et seulement si, p est un nombre premier.
dém. :
Supposons que (Z/pZ, +, ×) est un corps.
(Z/pZ, +, ×) est intègre et donc p est nombre premier.
Supposons que p est un nombre premier.
(Z/pZ, +, ×) est un anneau commutatif et puisque p = Card(Z/pZ) > 2, Z/pZ 6= {0̄}.
Pour tout m̄ ∈ Z/pZ, si m̄ 6= 0̄ alors p ne divise pas m et donc, puisque p est un nombre premier,
m∧p=1
Soit ā ∈ (Z/pZ)\ {0̄} et considérons l’application f : Z/pZ → Z/pZ définie par f (k̄) = āk̄.
L’application f est bijective car :
Or f (0̄) = 0̄ donc
f (1̄), . . . , f (p − 1) = 1̄, . . . , p − 1 à l’ordre près
En faisant le produit des termes
f (1̄) . . . f (p − 1) = 1̄ . . . p − 1
puis
āp−1 × 1̄ . . . p − 1 = 1̄ . . . p − 1
Enfin, les éléments 1̄, . . . , p − 1 étant inversibles dans l’anneau Z/pZ, on obtient par simplification
āp−1 = 1̄
Remarque La démarche se généralise à l’étude des itérés d’un groupe abélien fini.
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CHAPITRE 1. ELÉMENTS D’ALGÈBRE GÉNÉRALE
Considérons
I = {k ∈ Z/k.1K = 0K }
Proposition
I est un sous-groupe de (Z, +).
dém. :
I ⊂ Z, 0 ∈ I et pour k, ` ∈ I on a k − ` ∈ I car
Définition
L’entier n ainsi introduit est appelé caractéristique du corps K.
Remarque Dans un corps de caractéristique nulle, aucune somme non triviale de 1K n’est égale à 0K .
Dans un corps de caractéristique non nulle, celle-ci est le plus petit nombre de 1K qu’il faut sommer
pour obtenir 0K .
Théorème
Quand elle n’est pas nulle, la caractéristique d’un corps est un nombre premier.
dém. :
Par l’absurde. Supposons qu’un corps K soit de caractéristique p non nulle et non première.
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1.4. ÉLÉMENT D’ARITHMÉTIQUE
Définition
On appelle idéal de l’anneau (A, +, ×) toute partie I de A vérifiant :
1) 0A ∈ I ;
2) ∀x, y ∈ I, x + y ∈ I ;
3) ∀a ∈ A, ∀x ∈ I, ax ∈ I [absorption].
Remarque Un idéal est en particulier un sous-groupe additif (il suffit de prendre 3) avec a = −1 )
Exemple Le noyau d’un morphisme d’anneaux ϕ : A → B est un idéal de (A, +, ×). En effet :
ker ϕ ⊂ A, 0A ∈ ker ϕ car ϕ(0A ) = 0B .
Soient x, y ∈ ker ϕ.
ϕ(x + y) = ϕ(x) + ϕ(y) = 0A + 0A = 0A donc x + y ∈ ker ϕ.
Soit de plus a ∈ A.
ϕ(ax) = ϕ(a)ϕ(x) = ϕ(a) × 0A = 0A donc ax ∈ ker ϕ.
Proposition
Soit I un idéal de l’anneau (A, +, ×)
Si 1A ∈ I alors I = A.
Idem si I ∩ U (A) 6= ∅.
dém. :
Par absorption 1A ∈ I entraîne A ⊂ I puis =.
De même, pas absorption, I ∩ U (A) 6= ∅ entraîne 1A ∈ I puis I = A.
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CHAPITRE 1. ELÉMENTS D’ALGÈBRE GÉNÉRALE
1.4.1.2 Opérations
Proposition
Si I et J sont deux idéaux de (A, +, ×) alors I ∩ J est un idéal.
De plus I ∩ J est inclus dans I et J et contient tout idéal inclus dans I et J.
dém. :
I ∩ J ⊂ A, 0 ∈ I et 0A ∈ J donc 0 ∈ I ∩ J.
Si x, y ∈ I ∩ J alors x, y ∈ I donc x + y ∈ I. De même x + y ∈ J donc x + y ∈ I ∩ J.
Si a ∈ A et x ∈ I ∩ J alors x ∈ I donc ax ∈ I. De même ax ∈ J donc ax ∈ I ∩ J.
Proposition
Si I et J sont deux idéaux de (A, +, ×) alors
I + J = {x + y/x ∈ I, y ∈ J}
déf
est un idéal.
De plus I + J contient I et J et est inclus dans tout idéal contenant I et J.
dém. :
Pour x ∈ I, x = x + 0 ∈ I + J car 0 ∈ J. Ainsi I ⊂ I + J et de même J ⊂ I + J.
0 ∈ I + J car 0 = 0 + 0 et 0 ∈ I, J.
Pour x, y ∈ I + J, on peut écrire x = x0 + x00 et y = y 0 + y 00 avec x0 , y 0 ∈ I et x00 , y 00 ∈ J.
On a alors x + y = (x0 + y 0 ) + (x00 + y 00 ) ∈ I + J car x0 + y 0 ∈ I et x00 + y 00 ∈ J.
Enfin, pour a ∈ A, ax = (ax0 ) + (ax00 ) ∈ I + J car ax0 ∈ I et ax00 ∈ J.
Enfin si K est un idéal contenant I et J alors K contient I + J car stable pour l’addition.
1.4.1.3 Idéaux principaux
Définition
On appelle idéal engendré par x ∈ A l’ensemble
xA = {xu/u ∈ A}
déf
Proposition
xA est un idéal contenant l’élément x et inclus dans tout idéal contenant x.
dém. :
x = x × 1 ∈ xA et si I est un idéal contenant x alors par absorption, il contient xA.
Il reste à montrer que xA est un idéal.
On a xA ⊂ A et 0A = x × 0A ∈ xA.
Pour y, z ∈ xA, on peut écrire y = xu et z = xv avec u, v ∈ A et alors y + z = x(u + v) ∈ xA.
Enfin pour a ∈ A, ay = x(au) ∈ xA.
Définition
Un idéal I de l’anneau (A, +, ×) est dit principal s’il est de la forme xA pour un certain x ∈ A.
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1.4. ÉLÉMENT D’ARITHMÉTIQUE
Théorème
Les idéaux de (Z, +, ×) sont tous principaux.
dém. :
Les idéaux de (Z, +, ×) sont des sous-groupes de (Z, +) donc de la forme nZ avec n ∈ N.
Théorème
Si K est un corps, les idéaux de (K [X] , +, ×) sont tous principaux.
dém. :
Soit I un idéal de K [X].
Si I = {0} alors I = P K [X] avec P = 0.
Sinon, soit P un polynôme non nul de I de degré minimal.
Par absorption P K [X] ⊂ I.
Pour A ∈ I, par division euclidienne A = P Q + R avec deg R < deg P . R = A − P ∈ I car A ∈ I et
P ∈ P K [X] ⊂ I.
Or deg R < deg P donc par minimalité du degré de P parmi les polynômes non nuls de I, on peut
affirmer R = 0 et donc A ∈ P K [X]. Ainsi I ⊂ P K [X] puis I = P K [X].
1.4.2 Divisibilité dans un anneau intègre
Soit (A, +, ×) un anneau intègre.
1.4.2.1 Divisibilité
Définition
On dit que a ∈ A divise b ∈ A s’il existe u ∈ A tel que b = au. On note alors a | b.
Exemple a divise 0A et 0A | a ⇒ a = 0A .
La notion de diviseurs de zéro dans le cadre arithmétique ne doit pas être confondue avec celle du cadre
de l’intégrité !
Théorème
On a équivalence entre :
(i) a | b ;
(ii) b ∈ aA ;
(iii) bA ⊂ aA.
dém. :
Par définition (i) ⇔ (ii)
(ii) ⇒ (iii) Si b ∈ aA alors bA ⊂ aA car aA est un idéal.
(iii) ⇒ (ii) Supposons bA ⊂ aA. Puisque b ∈ bA, on a b ∈ aA.
Proposition
Soient a, b, c ∈ A.
a | b et b | c ⇒ a | c.
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CHAPITRE 1. ELÉMENTS D’ALGÈBRE GÉNÉRALE
dém. :
bA ⊂ aA et cA ⊂ bA ⇒ cA ⊂ aA.
Proposition
Soient a, b, c ∈ A.
a | b et a | c ⇒ a | (b + c)
dém. :
bA ⊂ aA et cA ⊂ aA ⇒ (b + c)A ⊂ bA + cA ⊂ aA car aA est un idéal.
1.4.2.2 Association
Définition
On dit que a ∈ A est associé à b ∈ A si a et b se divise mutuellement.
Proposition
Ceci définit une relation d’équivalence sur A.
Théorème
Soient a, b ∈ A. On a équivalence entre :
(i) a et b sont associés ;
(ii) aA = bA ;
(iii) ∃u ∈ U (A), b = au.
dém. :
(i) ⇔bA ⊂ aA et aA ⊂ bA ⇔ (ii)
(i) ⇒ (iii) Supposons a et b associés.
il existe u, v ∈ A tels que b = au et a = bv.
On a alors a = a(uv).
Cas a = 0A : b = au = 0A et donc b = a × 1.
Cas a 6= 0A : Par intégrité, uv = 1 et donc u ∈ U (A) puis b = au avec u ∈ U (A).
(iii) ⇒ (i) Supposons qu’il existe u ∈ U (A) tel que b = au.
On a donc b ∈ aA puis bA ⊂ aA.
Aussi a = bu−1 donc aA ⊂ bA puis =.
Exemple Dans Z, a et b sont associés si, et seulement si, |a| = |b|.
Ainsi tout entier est associé à un unique entier naturel.
∃λ ∈ K? , A = λB
Ainsi tout polynôme non nul est associé à un unique polynôme unitaire.
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1.4. ÉLÉMENT D’ARITHMÉTIQUE
Dans la suite nous exploitons cette interprétation pour revoir l’arithmétique des entiers.
1.4.3.1 Pgcd et ppcm
Théorème
Soient a, b ∈ Z. Il existe unique d ∈ N tel que
aZ + bZ = dZ
On a alors
d | a, d | b et ∀c ∈ Z, (c | a et c | b) ⇒ c | d
dém. :
aZ et bZ sont des idéaux de Z donc aZ + bZ aussi.
Par suite, il existe d ∈ N unique vérifiant aZ + bZ = dZ.
Puisque aZ ⊂ aZ + bZ = dZ, on a d | a. De même d | b.
Si c | a et c | b alors aZ ⊂ cZ et bZ ⊂ cZ donc dZ = aZ + bZ ⊂ cZ puis c | d.
Définition
Ce naturel d est appelé pgcd de a et b :
d = pgcd(a, b)
déf
Corollaire
Si d est le pgcd de a et b alors il existe u, v ∈ Z vérifiant d = au + bv.
Théorème
Soient a, b ∈ Z. Il existe unique m ∈ N tel que
aZ ∩ bZ = mZ
On a alors
a | m, b | m et ∀c ∈ Z, (a | c et b | c) ⇒ m | c
dém. :
aZ et bZ sont des idéaux de Z donc aZ ∩ bZ aussi. Par suite, il existe m ∈ N unique vérifiant aZ ∩ bZ =
mZ.
Puisque mZ ⊂ aZ, on a a | m et de même b | m.
Si a | c et b | c alors cZ ⊂ aZ ∩ bZ = mZ donc m | c.
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CHAPITRE 1. ELÉMENTS D’ALGÈBRE GÉNÉRALE
Définition
Ce naturel m est appélé ppcm de a et b :
m = ppcm(a, b)
déf
dZ = a1 Z + · · · + an Z et mZ = a1 Z ∩ . . . ∩ an Z
Définition
Deux entiers a et b sont dits premiers entre eux si aZ + bZ = Z (autrement dit si leur pgcd
vaut 1).
On note a ∧ b = 1.
Rappel :
Deux entiers sont premiers entre eux si, et seulement si, ils ne possèdent pas de facteurs premiers en
commun.
Théorème
Soient a, b ∈ Z. On a équivalence entre :
(i) a et b sont premiers entre eux ;
(ii) ∃u, v ∈ Z, au + bv = 1.
dém. :
(i) ⇒ (ii) via l’égalité de Bézout.
(ii) ⇒ (i) via 1 ∈ aZ + bZ donc aZ + bZ = Z.
Corollaire
On a
∀a, b, c ∈ Z, (a ∧ b = 1 et a ∧ c = 1) ⇒ a ∧ (bc) = 1
∀a, b ∈ Z, a ∧ b = 1 ⇒ ∀α, β ∈ N, aα ∧ bβ = 1
Théorème
On a
∀a, b, c ∈ Z, (a | bc et a ∧ b = 1) ⇒ a | c
dém. :
cZ = c(aZ + bZ) = acZ + bcZ ⊂ aZ donc a | c.
Proposition
On a
∀a, b, c ∈ Z, (a | c, b | c et a ∧ b = 1) ⇒ ab | c
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1.4. ÉLÉMENT D’ARITHMÉTIQUE
dém. :
cZ = c (aZ + bZ) = acZ + bcZ ⊂ abZ + abZ = abZ
1.4.4 Arithmétique dans K [X]
Dans K [X],
A | B ⇔ B.K [X] ⊂ A.K [X]
De plus
A, B sont associés ⇔ A.K [X] = B.K [X] ⇔ ∃λ ∈ K? , B = λA
Enfin rappelons que si I est un idéal de (K [X] , +, ×) alors il existe un polynôme P ∈ K [X] tel que
I = P K [X]. Quitte à choisir un polynôme associé, on peut supposer P unitaire ou nul et ce qui le
détermine alors de façon unique.
On peut alors reprendre l’arithmétique dans Z présentée ci-dessus et l’adapter à K [X] :
Définition
On appelle pgcd de deux polynômes A, B ∈ K [X] l’unique polynôme D ∈ K [X] unitaire ou
nul tel que
AK [X] + BK [X] = DK [X]
Définition
On appelle ppcm de deux polynômes A, B ∈ K [X] l’unique polynôme M ∈ K [X] unitaire
ou nul tel que
AK [X] ∩ BK [X] = M K [X]
Définition
On dit que deux polynômes A, B ∈ K [X] sont premiers entre eux si, et seulement si, leur pgcd
vaut 1.
Rappel :
Si K est un sous-corps de C, deux polynômes de K [X] sont premiers entre eux si, et seulement si, ils
n’ont pas de racines complexes en commun.
Exemple Soit P ∈ C [X].
Le polynôme P est à racines simples si, et seulement si, P ∧ P 0 = 1.
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CHAPITRE 1. ELÉMENTS D’ALGÈBRE GÉNÉRALE
Lemme
Si p est un nombre premier et α ∈ N? alors
ϕ(pα ) = pα − pα−1
dém. :
Pour k ∈ [[1, pα ]], le pgcd de k et pα est un diviseur de pα .
Puisque p est premier les naturels diviseurs de pα sont 1, p, p2 , . . . , pα .
Par suite pgcd(k, pα ) = 1, p, . . . ou pα .
On en déduit que
k ∧ pα 6= 1 ⇔ p | k
Par suite, les entiers k ∈ [[1, pα ]] qui ne sont pas premiers avec pα sont ceux qui sont les multiples de p
suivants : p, 2p, . . . , pα .
Il y en a pα−1 et donc
ϕ(pα ) = Card [[1, pα ]] − pα−1 = pα − pα−1
Lemme
Si n et m sont deux entiers naturels non nuls premiers entre eux alors ϕ(nm) = ϕ(n)ϕ(m).
dém. :
Pour k ∈ Z, on note k̄, k̂ et k̇ les classes d’équivalence de k dans Z/mnZ, Z/mZ et Z/nZ.
Considérons l’application π : Z/mnZ → Z/mZ × Z/nZ définie par π(k̄) = (k̇, k̂).
Cette application est bien définie car
et ainsi
k̄ = `¯ ⇒ k̂ = `ˆ et k̇ = `˙
On vérifie aisément que cette application est un morphisme d’anneaux.
Etudions le noyau de π.
Si x̄ ∈ ker π alors π(x̄) = (0̇, 0̂) i.e. x̄ = 0̄ et ẋ = 0̇. On alors m | x et n | x donc mn | x puisque
m ∧ n = 1. Ainsi x̄ = 0̄ ce qui permet d’affirmer ker π = {0̄}.
Le morphisme π est donc injectif.
Puisque
Card(Z/nmZ) = nm = Card(Z/nZ)Card(Z/mZ) < +∞
on peut affirmer par cardinalité que π est bijective et finalement π est un isomorphisme.
Par cet isomorphisme, il y a autant d’éléments inversibles dans Z/mnZ que dans Z/mZ × Z/nZ.
Il y a exactement ϕ(mn) éléments inversibles dans Z/mnZ.
Les éléments inversibles de Z/mZ × Z/nZ sont les couples formés par un élément inversible de Z/mZ
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1.4. ÉLÉMENT D’ARITHMÉTIQUE
Théorème
Si n > 2 a pour décomposition primaire
n = pα αN
1 . . . pN
1
dém. :
On a
ϕ(n) = ϕ(pα1 α2 αN α1 α2 αN
1 p2 . . . pN ) = ϕ(p1 )ϕ(p2 . . . pN )
car pα α2 αN
1 ∧ (p2 . . . pN ) = 1 puisque les nombres premiers pi sont deux à deux distincts.
1
De même
YN
ϕ(n) = ϕ(pα α2 αN
1 )ϕ(p2 ) . . . ϕ(pN ) =
1
ϕ(pαi )
i
i=1
Or
ϕ(pα ) = pα − pα−1 = pα (1 − 1/p)
donc
N N N
Y Y 1 Y 1
ϕ(n) = pα
i
i
1− =n 1−
i=1 i=1
pi i=1
pi
1.4.6 Musculation
1.4.6.1 Une relation
Proposition
X
∀n ∈ N? , ϕ(n) = ϕ(d)
d|n
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CHAPITRE 1. ELÉMENTS D’ALGÈBRE GÉNÉRALE
dém. :
Considérons les n nombres rationnels
1 2 k n
, ,..., ,...,
n n n n
Par réduction au même dénominateur, on peut écrire
k p
= avec d | n et p ∧ d = 1
n d
Il y a exactement ϕ(d) fractions qui se réduisent sous cette forme et donc
X
ϕ(n) = ϕ(d)
d|n
1.4.6.2 Nombre de diviseurs
Pour n ∈ N? , notons
Div(n) = {d ∈ N? /d | n} et δ(n) = CardDiv(n)
Pour n = 6, Div(6) = {1, 2, 3, 6} et δ(6) = 4.
Exprimons δ(n).
Pour n = pα avec p nombre premier on a
Div(pα ) = {1, p, . . . , pα } et δ(pα ) = α + 1
Pour m ∧ n = 1, montrons δ(mn) = δ(m)δ(n).
Considérons l’application f : Div(m) × Div(n) → Div(mn) définie par f (a, b) = ab.
L’application considérée est bien définie par
(a | m et b | n) ⇒ ab | mn
Montrons que f est bijective.
Supposons f (a, b) = f (c, d). On a ab = cd.
a divise cd or a ∧ d = 1 (car a et d sont diviseurs de m et n premiers entre eux) donc a divise c.
De même c divise a et donc a = c puis b = d.
Ainsi f est injective.
Soit d ∈ Div(mn).
Posons a = pgcd(d, m) et b = pgcd(d, n).
On a (a, b) ∈ Div(m) × Div(n). Montrons que f (a, b) = ab = d.
On a a | d, b | d et a ∧ b = 1 (car a et b sont diviseurs de m et n premiers entre eux) donc ab | d.
Inversement, par égalité de Bézout on peut écrire a = du + mv et b = du0 + nv 0 donc ab = dw + mnvv 0 .
Puisque d divise mn alors d divise ab puis finalement d = ab.
Ainsi f est surjective et donc bijective.
De la bijectivité de f , on déduit
δ(mn) = δ(m)δ(n)
Par suite, si
n = pα αN
1 . . . pN
1
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1.4. ÉLÉMENT D’ARITHMÉTIQUE
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Chapitre 2
Exemple On peut visualiser géométriquement les opérations à l’intérieur d’un espace vectoriel en
commençant par visualiser le vecteur nul 0E et en convenant que tout vecteur sera représenté en partant
de celui-ci.
Exemple K est un K-espace vectoriel. Ici, vecteurs et scalaires se confondent et le produit extérieur
correspond à la multiplication sur K.
45
2.1. STRUCTURE D’ESPACE VECTORIEL
Proposition
Si L est un sous-corps de K alors par restriction du produit extérieur, tout K-espace vectoriel
est encore un L-espace vectoriel.
dém. :
La propriété (1) est conservée alors que la propriété (2) valant pour tout λ, µ ∈ K vaut a fortiori pour tout
λ, µ ∈ L.
Proposition
Si X désigne un ensemble et E un K-espace vectoriel alors F(X, E) est un K-espace vectoriel
pour les lois + et . définies par :
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CHAPITRE 2. ELÉMENTS D’ALGÈBRE LINÉAIRE
2.1.3.1 Définition
Définition
On appelle sous-espace vectoriel d’un K-espace vectoriel E toute partie F de E vérifiant :
1) 0E ∈ F ;
2) ∀λ, µ ∈ K, ∀x, y ∈ F , λx + µy ∈ F .
Exemple Géométriquement, les sous-espaces vectoriels non triviaux se visualisent comme des droites
et des plans contenant le vecteur nul.
Théorème
Si F est un sous-espace vectoriel d’un K-espace vectoriel E alors F est aussi un K-espace
vectoriel pour les lois restreintes.
2.1.3.2 Opérations
Proposition
Si F et G sont deux sous-espaces vectoriels de E alors
F ∩ G = {x ∈ E/x ∈ F et x ∈ G}
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2.1. STRUCTURE D’ESPACE VECTORIEL
Soient λ, µ ∈ K et x, y ∈ F ∩ G.
On a λx + µy ∈ F ∩ G car λx + µy ∈ F puisque x, y ∈ F et F est un sous-espace vectoriel et de même
λx + µy ∈ G.
Proposition
Si F et G sont deux sous-espaces vectoriels de E alors
F + G = {a + b/a ∈ F, b ∈ G}
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CHAPITRE 2. ELÉMENTS D’ALGÈBRE LINÉAIRE
Définition
On appelle espace vectoriel engendré par une partie A de E l’intersection VectA de tous les
sous-espaces vectoriels de E contenant A.
Théorème
VectA est un sous-espace vectoriel de E contenant A.
De plus, pour tout sous-espace vectoriel F de E :
A ⊂ F ⇒ VectA ⊂ F
VectA ⊂ E.
0 ∈ VectA car pour tout F ∈ S, 0 ∈ F .
Soient λ, µ ∈ K et x, y ∈ VectA, λx + µy ∈ VectA car pour tout F ∈ S, x, y ∈ F donc λx + µy ∈ F .
Enfin, pour tout F ∈ S, on a A ⊂ F donc A ⊂ VectA.
De plus, si F est un sous-espace vectoriel de E contenant A alors F ∈ S et donc VectA ⊂ F par la
définition de VectA.
Ex :Pour A = {u}, Vect(u) = K.u = {λ.u/λ ∈ K}.
Proposition
A ⊂ B ⇒ VectA ⊂ VectB.
dém. :
Supposons A ⊂ B. On a alors A ⊂ VectB or VectB est un sous-espace vectoriel donc VectA ⊂ VectB
Proposition
Vect(A ∪ B) = VectA + VectB.
dém. :
A ⊂ VectA donc A ⊂ VectA + VectB. De même, B ⊂ VectA + VectB donc A ∪ B ⊂ VectA + VectB.
Or VectA + VectB est un sous-espace vectoriel donc Vect(A ∪ B) ⊂ VectA + VectB.
Inversement A ⊂ A ∪ B donc VectA ⊂ Vect(A ∪ B). Aussi VectB ⊂ Vect(A ∪ B). Or Vect(A ∪ B) est
un sous-espace vectoriel donc VectA + VectB ⊂ Vect(A ∪ B).
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2.1. STRUCTURE D’ESPACE VECTORIEL
Proposition
Si F est un sous-espace vectoriel de E alors VectF = F .
dém. :
F ⊂ VectF et puisque F est un sous-espace vectoriel contenant F , on a aussi VectF ⊂ F .
Vect(F ∪ G) = F + G
Définition
On appelle application linéaire de E vers E 0 toute application f : E → E 0 vérifiant :
Théorème
L’ensemble L(E, E 0 ) des applications linéaires de E vers E 0 est un espace vectoriel pours les
lois usuelles de neutre l’application linéaire nulle õ.
dém. :
C’est un sous-espace vectoriel de F(E, E 0 ).
Définition
Lorsque E 0 = K, on parle de forme linéaire et on note E ? au lieu de L(E, K).
L’espace E ? est appelé espace dual de E.
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CHAPITRE 2. ELÉMENTS D’ALGÈBRE LINÉAIRE
Définition
Lorsque E 0 = E, on parle d’endomorphisme et on note L(E) au lieu de L(E, E).
L(E) est un anneau pour les lois + et ◦ de neutres 0̃ et IdE .
Définition
Lorsque f est bijective, on parle d’isomorphisme et on dit que les espaces E et E 0 sont
isomorphes.
On note GL(E, E 0 ) l’ensemble des isomorphismes de E vers E 0 .
Définition
Lorsque f est bijective et E 0 = E, on parle d’automorphisme et on note GL(E) = GL(E, E)
l’ensemble des automorphismes de E. (GL(E), ◦) est le groupe des inversibles de l’anneau
(L(E), +, ◦), on l’appelle groupe linéaire de E.
2.1.4.2 Propriétés
Proposition
Si f ∈ L(E, E 0 ) alors f (0E ) = 0F et
n
! n
X X
∀(λi )16i6n ∈ Kn , ∀(xi )16i6n ∈ E n f λ i xi = λi f (xi )
i=1 i=1
dém. :
f (0E ) + f (0E ) = f (0E + 0E ) = f (0E ) donc f (0E ) = 0E 0 .
La deuxième relation s’obtient en raisonnant par récurrence.
Proposition
L’image directe (resp. réciproque) d’un sous-espace vectoriel par une application linéaire est
un sous-espace vectoriel.
dém. :
Soit f ∈ L(E, E 0 ).
Considérons F un sous-espace vectoriel de E et étudions f (F ).
f (F ) ⊂ E 0 et 0F = f (0E ) ∈ f (F ).
Soient λ, µ ∈ K et x, y ∈ f (F ). On peut écrire x = f (a) et y = f (b) avec a, b ∈ F .
On a alors λx + µy = f (λa + µb) ∈ f (F ). Ainsi f (F ) est un sous-espace vectoriel de E 0 .
Considérons F 0 un sous-espace vectoriel de E 0 et étudions f −1 (F 0 ).
f −1 (F 0 ) ⊂ E et 0E ∈ f −1 (F 0 ) car f (0E ) = 0E 0 ∈ F 0 . Soient λ, µ ∈ K et x, y ∈ f −1 (F 0 ). f (λx +
µy) = λf (x) + µf (y) ∈ F 0 donc λx + µy ∈ f −1 (F 0 ). Ainsi f −1 (F 0 ) est un sous-espace vectoriel de E.
Proposition
Si f ∈ L(E, E 0 ) et A ⊂ E alors f (Vect(A)) = Vect(f (A)).
dém. :
A ⊂ VectA donc f (A) ⊂ f (VectA). Or f (VectA) est un sous-espace vectoriel donc Vectf (A) ⊂
f (VectA).
Inversement, f (A) ⊂ Vectf (A) donc f −1 (f (A)) ⊂ f −1 (Vectf (A)). Or A ⊂ f −1 (f (A)) donc A ⊂
f −1 (Vectf (A)). Or f −1 (Vectf (A)) est un sous-espace vectoriel donc VectA ⊂ f −1 (Vectf (A)) puis
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2.1. STRUCTURE D’ESPACE VECTORIEL
f (VectA) ⊂ f (f −1 (VectA)). Or f (f −1 (Vectf (A))) ⊂ Vectf (A) donc f (VectA) ⊂ Vectf (A).
Exemple f (Vect(u1 , . . . , un )) = Vect(f (u1 ), . . . , f (un )).
Définition
On appelle noyau et image d’une application linéaire f de E vers E 0 les ensembles ker f =
f −1 ({0E 0 }) et Imf = f (E). Ce sont des sous-espaces vectoriels de respectivement E et E 0 .
Proposition
Soit f ∈ L(E, E 0 ).
f est injective si, et seulement si, ker f = {0},
f est surjective si, et seulement si, Imf = E 0 .
Exemple L’application (f, g) 7→ g ◦ f est une application bilinéaire de L(E, E 0 ) × L(E 0 , E 00 ) vers
L(E, E 00 ).
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CHAPITRE 2. ELÉMENTS D’ALGÈBRE LINÉAIRE
Définition
Soient E1 , . . . , En et E 0 des K-espaces vectoriels. Une application m : E1 × · · · × En → E 0
est dite multilinéaire si pour tout i ∈ {1, . . . , n} et tout x1 , . . . , x̂i , . . . , xn ) ∈ E1 × · · · × Êi ×
· · · × En , l’application xi 7→ m(x1 , . . . , xi , . . . , xn ) est linéaire de Ei vers E 0 .
F ∩ G = {0E } et F + G = E
Exemple
Théorème
Si F et G sont deux sous-espaces vectoriels de E supplémentaires alors
∀x ∈ E, ∃!(a, b) ∈ F × G, x = a + b
dém. :
Existence :
Soit x ∈ E. Puisque E = F + G, on peut écrire x = a + b avec (a, b) ∈ F × G.
Unicité :
Supposons (a, b) ∈ F × G et (a0 , b0 ) ∈ F × G vérifiant
a + b = a0 + b0
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2.2. DÉCOMPOSITION EN SOMME DIRECTE
On a alors
a − a0 = b0 − b ∈ F ∩ G = {0}
donc a = a0 et b = b0 .
Corollaire
L’application (
F ×G→E
ϕ:
(a, b) 7→ a + b
est un isomorphisme de K-espace vectoriel.
Théorème
p et q sont des endomorphismes de E vérifiant
p + q = IdE , p2 = p, q 2 = q et q ◦ p = p ◦ q = 0̃
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CHAPITRE 2. ELÉMENTS D’ALGÈBRE LINÉAIRE
dém. :
F = ker q = ker(Id − p) = ker(p − Id) = {x ∈ E/p(x) = x}.
2.2.2.2 Projecteur
Définition
On appelle projecteur tout endomorphisme p de E vérifiant p2 = p.
Théorème
Si p est un projecteur de E alors
- F = Imp et G = ker p sont des sous-espaces vectoriels de E supplémentaires ;
- p est la projection vectorielle sur F parallèlement à G.
dém. :
Commençons par établir que Imp = ker(p − Id).
L’inclusion ker(p − Id) ⊂ Imp est immédiate et l’inclusion Imp ⊂ ker(p − Id) découle de l’égalité
p2 = p.
Soit x ∈ Imp ∩ ker p.
On a p(x) = x et p(x) = 0 donc x = 0.
Ainsi Imp ∩ ker p = {0}.
Soit x ∈ E.
Analyse : Supposons x = a + b avec a ∈ Imp et b ∈ ker p.
On a p(x) = a et donc b = x − p(x).
Synthèse : Posons a = p(x) et b = x − p(x).
On a a ∈ Imp, x = a + b et p(b) = p(x) − p2 (x) = 0 donc b ∈ ker p.
Ainsi Imp + ker p = E et finalement Imp et ker p sont supplémentaires dans E.
Enfin, pour tout x ∈ E, x = p(x) + (x − p(x)) avec p(x) ∈ Imp et x − p(x) ∈ ker p donc p(x) est le
projeté de x sur Imp parallèlement à ker p.
2.2.3 Somme directe de plusieurs sous-espaces vectoriels
Définition
On dit que les sous-espaces vectoriels F1 , . . . , Fn sont en somme directe si
∀(x1 , . . . , xn ) ∈ F1 × · · · × Fn , x1 + · · · + xn = 0E ⇒ x1 = . . . = xn = 0E
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2.2. DÉCOMPOSITION EN SOMME DIRECTE
Théorème
Si F1 , . . . , Fn sont en somme directe alors
n
X
∀x ∈ Fi , ∃!(x1 , . . . , xn ) ∈ F1 × · · · × Fn , x = x1 + · · · + xn
i=1
dém. :
Existence : Par définition d’une somme.
Unicité : Supposons x = x1 + · · · + xn = x01 + · · · + x0n avec xi , x0i ∈ Fi .
On a (x1 − x01 ) + · · · + (xn − x0n ) = 0 avec xi − x0i ∈ Fi donc x1 − x01 = . . . = xn − x0n = 0 puis
(x1 , . . . , xn ) = (x01 , . . . , x0n ).
Définition
n
X n
Lorsque les espaces F1 , . . . , Fn sont en somme directe, leur somme Fi est notée ⊕ Fi ou
i=1
i=1
F1 ⊕ · · · ⊕ Fn afin de souligner la propriété précédente.
Proposition
On a équivalence entre :
(i) les sous-espaces vectoriels
F1 , . . . , Fn sont en somme directe ;
Xi−1
(ii) ∀i ∈ {2, . . . , n} , Fj ∩ Fi = {0E }.
j=1
dém. :
(i) ⇒ (ii) Supposons les sous-espaces
vectoriels F1 , . . . , Fn en somme directe.
Xi−1
Soient i ∈ {2, . . . , n} et x ∈ Fj ∩ Fi .
j=1
i−1
X
On peut écrire x = xj avec xj ∈ Fj .
j=1
n
X
Posons alors xi = −x et xk = 0E pour k > i. On a xj = 0E avec pour tout j, xj ∈ Fj .
j=1
PuisqueXles F1 , . . . , Fn sont en somme directe, on obtient xj = 0E pour tout j et on en déduit x = 0E .
Ainsi ( Fj ) ∩ Fi ⊂ {0E } puis =.
j6=i
(ii) ⇒ (i) Supposons (ii).
Soit (x1 , . . . , xn ) ∈ F1 × . . . × Fn .
n−1
X
Si x1 + · · · + xn = 0E alors xn = −(x1 + · · · + xn−1 ) ∈ Fj ∩ Fn donc xn = 0E .
j=1
On simplifie alors la relation précédente et on obtient x1 + · · · + xn−1 = 0E .
En reprenant le procédé, on obtient successivement xn−1 = 0E , . . . , x1 = 0E .
Ainsi les sous-espaces vectoriels F1 , . . . , Fn sont en somme directe.
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CHAPITRE 2. ELÉMENTS D’ALGÈBRE LINÉAIRE
Exemple Deux sous-espaces vectoriels F1 et F2 sont en somme directe si, et seulement si,
F1 ∩ F2 = {0E }.
Exemple Trois sous-espace vectoriel F1 , F2 , F3 sont en somme directe si, et seulement si,
F1 ∩ F2 = {0E } et (F1 ⊕ F2 ) ∩ F3 = {0E }
n
Exemple Si F1 , . . . , Fn sont en somme directe et si ⊕ Fi ∩ Fn+1 = {0E } alors les espaces
i=1
F1 , . . . , Fn et Fn+1 sont en somme directe.
Définition
On dit que des sous-espaces vectoriels E1 , . . . , En de E forment une décomposition en somme
directe si :
- les sous-espaces vectoriels E1 , . . . , En sont en somme directe ;
- la somme des sous-espaces vectoriels E1 , . . . , En est égale à E.
Autrement dit n
E = ⊕ Ei
i=1
Exemple
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2.2. DÉCOMPOSITION EN SOMME DIRECTE
Théorème
Si E1 , . . . , En réalisent une décomposition en somme directe de E alors
∀x ∈ E, ∃!(x1 , . . . , xn ) ∈ E1 × . . . × En , x = x1 + · · · + xn
Corollaire
L’application
E1 × . . . × En → E
(x1 , . . . , xn ) 7→ x1 + · · · + xn
est alors un isomorphisme de K-espace vectoriel.
∀x ∈ E, ∃!(x1 , . . . , xn ) ∈ E1 × · · · × En , x = x1 + · · · + xn
Proposition
pi est la projection sur F = Ei parallèlement à G = ⊕ Ej .
j6=i
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CHAPITRE 2. ELÉMENTS D’ALGÈBRE LINÉAIRE
dém. :
Les espaces F et G sont supplémentaires car E = E1 ⊕ · · · ⊕ En donne E = F ⊕ G (si la somme d’un
vecteur de F et de G est nulle, en transitant par les Ei , on obtient que les deux vecteurs sont nuls).
Pour tout x ∈ E, on peut écrire
X
x = p1 (x) + · · · + pn (x) = pi (x) + pj (x)
j6=i
X
avec pi (x) ∈ F et pj (x) ∈ G donc pi (x) est le projeté de x sur F parallèlement à G.
j6=i
Théorème
n
X
IdE = pi , p2i = pi et pi ◦ pj = 0̃ si i 6= j.
i=1
dém. :
n
X
IdE = pi car on a l’égalité x = x1 + · · · + xn avec xi = pi (x) pour tout x ∈ E.
i=1
p2i = pi car pi est une projection.
Pour i 6= j, pi ◦ pj = 0 car Impj = Fj ⊂ ker pi .
2.2.6 Définition d’une application linéaire par ses restrictions linéaires
Théorème
n
On suppose E = ⊕ Ei .
i=1
Si, pour tout i ∈ {1, . . . , n}, fi désigne une application linéaire de Ei vers E 0 alors il existe
une unique application linéaire f de E vers E 0 prolongeant les fi i.e. vérifiant
∀1 6 i 6 n, ∀x ∈ Ei , f (x) = fi (x)
dém. :
Analyse / Unicité :
Supposons f solution
n
X
Pour x ∈ E, on peut écrire x = pi (x) avec xi ∈ Ei et alors par linéarité,
i=1
n
X n
X
f (x) = f (pi (x)) = fi (pi (x))
i=1 i=1
n
X
ce qui détermine entièrement par la relation f = fi ◦ pi .
i=1
Synthèse / Existence :
Xn
Considérons f = fi ◦ pi .
i=1
Par opérations (composition et somme) sur les applications linéaires, f est application linéaire de E
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2.3. BASE D’UN ESPACE VECTORIEL
vers E 0 .
Soit x ∈ Ei . On a x = pi (x) donc
n
X
f (x) = fj (pj ◦ pi (x)) = fi (pi (x)) = fi (x)
j=1
Corollaire
Si deux applications linéaires sont égales sur chacun des espaces d’une décomposition en
somme directe, elles sont égales.
Exemple Si I = {1, . . . , n} il est usuel d’identifier la famille (ai )16i6n et le n-uplet (a1 , . . . , an ).
Proposition
E I est un K-espace vectoriel pour les lois
(ai )i∈I + (bi )i∈I = (ai + bi )i∈I et λ.(ai )i∈I = (λ.ai )i∈I
dém. :
(E I , +, .) = (F(I, E), +, .).
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CHAPITRE 2. ELÉMENTS D’ALGÈBRE LINÉAIRE
Définition
Une famille (ai )i∈I ∈ E I est dite à support fini si l’ensemble {i ∈ I/ai 6= 0E } est fini
(autrement dit, tous les ai sont nuls sauf un nombre fini). On note E (I) l’ensemble de ces
familles.
Exemple Cas I = N.
E N est l’ensemble des suites (un )n∈N d’éléments de
E.
E (N) = (un ) ∈ E N /∃N ∈ N, ∀n > N, un = 0E .
Proposition
E (I) est un sous-espace vectoriel de E I .
dém. :
E (I) ⊂ E I , (0)i∈I ∈ E (I) et une combinaison linéaire de deux familles à support fini est évidemment à
support fini.
Définition
X
Si (ai )i∈I ∈ E (I) alors on introduit la somme de ses éléments notée ai qui est un vecteur
i∈I
de E.
Exemple Cas I = ∅ :
Seul le vecteur nul est combinaison linéaire de la famille vide.
Cas CardI = 1 :
Les combinaisons linéaires de (x) sont les λx avec λ ∈ K.
Cas CardI = n :
Quitte à réindexer, on peut supposer I = {1, . . . , n}.
Les combinaisons linéaires de (xi )16i6n sont les λ1 x1 + · · · + λn xn avec λi ∈ K.
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2.3. BASE D’UN ESPACE VECTORIEL
Proposition
Les combinaisons linéaires d’une famille infinie correspondent aux combinaisons linéaires des
sous-familles finies.
Exemple Dans K [X], les combinaisons linéaires des monômes X k avec k ∈ N sont exactement les
polynomes.
Proposition
Si F est un sous-espace vectoriel de E alors
X
∀(xi )i∈I ∈ F I , ∀(λi ) ∈ K(I) , λ i xi ∈ F
i∈I
dém. :
La propriété est immédiate pour CardI 6 2.
On l’établit par récurrence, pour I fini.
Enfin, par simplification des zéros superflus, on l’obtient pour I quelconque à partir d’une sous-famille
finie.
Proposition
Si f ∈ L(E, E 0 ) alors
!
X X
I (I)
∀(xi )i∈I ∈ E , ∀(λi ) ∈ K , f λ i xi = λi f (xi )
i∈I i∈I
dém. :
La propriété est immédiate pour CardI 6 2. On l’établit par récurrence, pour I fini. Enfin, par simplification
des zéros superflus, on l’obtient pour I quelconque.
Définition
On note Vect(xi )i∈I l’espace vectoriel engendré par {xi /i ∈ I}.
Proposition
Vect(xi )i∈I est l’ensemble des combinaisons linéaires de la famille (xi )i∈I .
dém. :
Notons F l’ensemble des combinaisons linéaires de la famille (xi )i∈I .
On a évidemment F ⊂ Vect(xi )i∈I car Vect(xi )i∈I est un sous-espace vectoriel donc stable par combinaison
linéaire. Inversement, on vérifie que F est un sous-espace vectoriel de E et puisqu’il contient chaque xi ,
il est inclus dans Vect(xi )i∈I .
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CHAPITRE 2. ELÉMENTS D’ALGÈBRE LINÉAIRE
Définition
Une famille (xi )i∈I de vecteurs de E est dite génératrice si Vect(xi )i∈I = E ce qui signifie
que tout vecteur de E est combinaison linéaire de cette famille :
X
∀x ∈ E, ∃(λi )i∈I ∈ K(I) , x = λ i xi
i∈I
Exemple (u, v) est liée si, et seulement si, il existe (α, β) 6= (0, 0) tel que αu + βv = 0E .
Cela équivaut encore à dire
∃λ ∈ K, u = λv ou ∃µ ∈ K, u = µv
Attention : (u, v) liée n’implique pas qu’il existe λ ∈ K tel que v = λu (prendre u = 0E et v 6= 0E
quelconque)
Cependant
(u, v) liée et u 6= 0E ⇒ ∃λ ∈ K, v = λu
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2.3. BASE D’UN ESPACE VECTORIEL
Proposition
Une famille infinie est libre si, et seulement si, toutes ses sous-familles finies le sont.
dém. : X
( ⇒ ) Soit J ⊂ I un ensemble fini. Supposons λj xj = 0E avec (λj ) ∈ KJ .
j∈J
X
Pour i ∈ I\J posons λi = 0. On a λi xi = 0E avec (λi ) ∈ K(I) donc λi = 0 pour tout i ∈ I et en
i∈I
Xi ∈ J.
particulier pour tout
( ⇐ ) Supposons λi xi = 0E avec (λi ) ∈ K(I) .
i∈I
X
Posons J = {i ∈ I/λi 6= 0}. En supprimant les zéros, on obtient λi xi = 0E avec J fini.
i∈J
Puisque la sous-famille finie (xi )i∈J est supposée libre, on obtient
∀i ∈ J, λi = 0
et l’on peut conclure que l’ensemble J est vide i.e. λi = 0 pour tout i ∈ I.
Exemple E = F(R, R). Pour a ∈ R, on note ea l’application de R vers R définie par ea (t) = eat .
Montrons que (ea )a∈R est une famille libre d’élément de F(R, R).
Soient a1 , . . . , an des réels deux à deux distincts.
Supposons
λ1 ea1 + · · · + λn ean = 0
Pour tout t ∈ R,
λ1 ea1 t + λ2 ea2 t + · · · + λn ean t = 0
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CHAPITRE 2. ELÉMENTS D’ALGÈBRE LINÉAIRE
2.3.5 Base
Définition
On appelle base de E toute famille (ei )i∈I de vecteurs de E à la fois libre et génératrice.
Théorème
Si (ei )i∈I est une base de E alors
X
∀x ∈ E, ∃!(λi )i∈I ∈ K(I) , x = λ i ei
i∈I
dém. :
X (ei )i∈I X
Existence : car la famille est génératrice. X
Unicité : Supposons λ i ei = µi ei avec (λi )i∈I , (µi )i∈I ∈ K(I) . On a (λi − µi )ei = 0 donc
i∈I i∈I i∈I
λi = µi pour tout i ∈ I car la famille (ei )i∈I est libre.
Définition
La famille (λi )i∈I est alors appelée famille des coordonnées (ou composantes) de x dans la
base (ei )i∈I .
Exemple Les coordonnées de x = (x1 , . . . , xn ) ∈ Kn dans la base canonique sont ses éléments xi .
Exemple Les coordonnées de P ∈ K [X] dans la base canonique sont ses coefficients.
La famille (δi,j )i∈I est donc la famille des coordonnées de ej dans la base (ei )i∈I .
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2.3. BASE D’UN ESPACE VECTORIEL
Théorème
Si (ei )i∈I est une base de E et (yi )i∈I une famille de vecteurs de E 0 alors il existe une unique
application linéaire f : E → E 0 vérifiant
∀i ∈ I, f (ei ) = yi
dém. :
Analyse/Unicité : Supposons f solution.
X X X
Pour e ∈ E, on peut écrire e = λi ei avec (λi )i∈I ∈ K(I) et alors f (e) = λi f (ei ) = λi yi ce
i∈I i∈I i∈I
qui détermine entièrement f . X X
Synthèse/Existence : Considérons l’application f qui à e = λi ei associe f (e) = λ i yi .
i∈I i∈I
On vérifie aisément que f est linéaire et transforme ei en yi .
Corollaire
Si deux applications linéaires f, g ∈ L(E, F ) sont égales sur chacun des vecteurs d’une base
de E alors elles sont égales sur E.
Proposition
Si (xi )i∈I une famille génératrice de vecteurs de E et si f ∈ L(E, E 0 ) est surjective alors
(f (xi ))i∈I est une famille de vecteurs de E 0 génératrice.
dém. :
Pour tout y ∈ F , il existe x ∈ E tel que y =X f (x). X
Or, il existe aussi (λi ) ∈ K(I) telle que x = λi xi et alors y = λi f (xi ).
i∈I i∈I
Ainsi, (f (xi ))i∈I est génératrice.
Proposition
Si (xi )i∈I une famille libre de vecteurs de E et si f ∈ L(E, E 0 ) est injective alors (f (xi ))i∈I
est une famille libre de E 0 .
dém. : X
Supposons λi f (xi ) = 0E 0 .
X i∈I X X
On a f ( λi xi ) = 0 donc λi xi ∈ ker f = {0E } puis λi xi = 0E .
i∈I i∈I i∈I
Or la famille (xi )i∈I est libre donc ∀i ∈ I, λi = 0.
Ainsi (f (xi ))i∈I est libre.
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CHAPITRE 2. ELÉMENTS D’ALGÈBRE LINÉAIRE
Théorème
Soient f ∈ L(E, E 0 ) et (ei )i∈I une base de E.
1) f est injective si, et seulement si, (f (ei ))i∈I est libre.
2) f est surjective si, et seulement si, (f (ei ))i∈I est génératrice de E 0 .
3) f est un isomorphisme si, et seulement si, (f (ei ))i∈I est une base de E 0 .
dém. :
1) ( ⇒ ) déjà vue.
( ⇐ ) Supposons
X (f (ei ))i∈I libre. X
Soit x = λi ei tel que f (x) = 0E 0 . On a λi f (ei ) = 0E 0 donc λi = 0 pour tout i puis x = 0E .
i∈I i∈I
2) ( ⇒ ) déjà vue.
( ⇐ ) Supposons (f (ei ))i∈I génératrice.
X X
Pour tout y ∈ F , on peut écrire y = λi f (ei ) et donc y = f (e) avec e = λi ei .
i∈I i∈I
3) via 1) et 2)
2.4 Dimension et codimension
2.4.1 Dimension
Définition
On dit qu’un K-espace vectoriel est de dimension finie s’il possède une famille génératrice
finie. On sait qu’un tel espace possède alors une base finie et que toute base de cet espace est
formée du même nombre de vecteurs appelé dimension de celui-ci.
Exemple dim {0} = 0, dim Kn = n, dim Mn,p (K) = np, dim Kn [X] = n + 1, dim K = 1,
dimC C = 1 et dimR C = 2.
Définition
Si un K-espace vectoriel E n’est pas de dimension finie, on pose dim E = +∞.
Théorème
Deux espaces vectoriels isomorphes ont même dimension.
La réciproque est vrai en situation de dimension finie.
dém. :
Car un isomorphisme transforme une base de l’un en une base de l’autre.
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2.4. DIMENSION ET CODIMENSION
Théorème
Si E et F sont deux K-espaces vectoriels de dimensions finies alors E × F est de dimension
finie et
dim E × F = dim E + dim F
dém. :
Soit (e1 , . . . , en ) est une base de E et (f1 , . . . , fm ) une base de F .
L’application
Kn+m → E×F
(x1 , . . . , xn , y1 , . . . , ym ) 7→ (x1 e1 + · · · + xn en , y1 f1 + · · · + ym fm )
est un isomorphisme de K-espaces vectoriels.
Corollaire
Si E1 , . . . , En K-espaces vectoriels de dimensions finies alors
Corollaire
Si E est de dimension finie, toute famille de vecteurs de E a au plus dim E vecteurs et toute
famille génératrice de vecteurs de E a au moins dim E vecteurs.
Théorème
Soit E est un K-espace vectoriel de dimension finie et (ei )i∈I une famille de vecteurs de E.
On suppose
CardI = dim E
On a équivalence entre :
(i) (ei )i∈I est une base de E ;
(ii) (ei )i∈I est une famille libre ;
(iii) (ei )i∈I est une famille génératrice de E.
N
Exemple Soit (Pn )n∈N ∈ K [X] une famille de polynômes de degrés étagés (i.e. ∀n ∈ N, deg Pn = n
)
Montrons que (Pn )n∈N est une base de K [X].
Commençons par étudier la sous-famille (Pk )06k6n .
Supposons
λ0 P0 + · · · + λn Pn = 0
On a
λn Pn = −(λ0 P0 + · · · + λn−1 Pn−1 )
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CHAPITRE 2. ELÉMENTS D’ALGÈBRE LINÉAIRE
Théorème
Si F est un sous-espace vectoriel d’un K-espace vectoriel E de dimension finie alors F est de
dimension finie et
dim F 6 dim E
De plus
dim F = dim E ⇔ F = E
Théorème
Tout sous-espace vectoriel d’un K-espace vectoriel de dimension finie admet au moins un
supplémentaire.
dém. :
Soit F un sous-espace vectoriel de dimension p d’un K-espace vectoriel E de dimension n.
F possède une base (e1 , . . . , ep ) qui est aussi une famille libre de vecteurs de E et peut donc être
complétée en une base (e1 , . . . , ep , ep+1 , . . . , en ) de E. Posons alors G = Vect(ep+1 , . . . , en ).
On a F ∩ G = {0} car la famille (e1 , . . . , en ) est libre et F + G = E car la famille (e1 , . . . , en )
est génératrice de E. Ainsi les vecteurs complétant une base de F en une base de E engendrent un
supplémentaire de F .
Définition
On appelle base adaptée au sous-espace vectoriel F de E toute base de E obtenue en
complétant une base de F en une base de E.
2.4.4 Dimension d’une somme de sous-espaces vectoriels
Théorème
Si F et G sont des sous-espaces vectoriels de dimensions finies d’un K-espace vectoriel E
alors F + G et F ∩ G sont de dimensions finies et
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2.4. DIMENSION ET CODIMENSION
dém. :
On complète une base de F ∩ G, d’une part, en une base de F et, d’autre part, en une base de G puis on
forme une base de F + G en considérant la famille de tous ses vecteurs.
Corollaire
Si F et G sont en somme directe alors
Théorème
n
X
Si F1 , . . . , Fn sont des sous-espaces vectoriels de dimensions finies alors Fi est de
i=1
dimension finie et
n
X n
X
dim Fi 6 dim Fi
i=1 i=1
De plus, il y a égalité si, et seulement si, les sous-espaces vectoriels F1 , . . . , Fn sont en somme
directe.
Ainsi
n
n X
dim ⊕ Fi = dim Fi
i=1
i=1
dém. :
Par récurrence sur n ∈ N? .
Pour n = 1 : ok
Supposons la propriété vraie au rang n > 1.
Soient F1 , . . . , Fn , Fn+1 des sous-espaces vectoriels de E. On a
n+1 n
!
X X
Fi = Fi + Fn+1
i=1 i=1
donc
n+1
X n
X n
X n+1
X
dim Fi 6 dim Fi + dim Fn+1 6 dim Fi + dim Fn+1 = dim Fi
i=1 i=1 i=1 i=1
n n n
!
X X X
De plus, il y a égalité si, et seulement si, dim Fi = dim Fi et Fi ∩ Fn+1 = {0E } ce qui
i=1 i=1 i=1
signifie que F1 , . . . , Fn , Fn+1 sont en somme directe.
Récurrence établie.
Corollaire
Si F1 , . . . , Fn sont en somme directe alors
n
n X
dim ⊕ Fi = Fi
i=1
i=1
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CHAPITRE 2. ELÉMENTS D’ALGÈBRE LINÉAIRE
On a équivalence entre :
n
(i) E = ⊕ Ei ;
i=1
Xn
(ii) E = Ei ;
i=1
(iii) E1 , . . . , En sont en somme directe.
dém. :
(i) ⇔ (ii) et (iii) : ok
n
X n
X
(ii) ⇒ (iii) : car dim Ei = dim E = dim Ei .
i=1 i=1
Xn n
X
(iii) ⇒ (ii) : car dim Ei = dim Ei = dim E.
i=1 i=1
Corollaire
Si F et G deux sous-espaces vectoriels d’un K-espace vectoriel E de dimension finie vérifiant
Exemple Soient E un K-espace vectoriel de dimension finie n et B = (ei )16i6n une base de E.
Soient 0 = n0 6 n1 < n2 < · · · < np−1 6 n des entiers.
Posons Ej = Vect(enj−1 +1 , . . . , enj ) pour 1 6 j 6 p.
Les sous-espaces vectoriels E1 , . . . , Ep forment une décomposition en somme directe de E.
Définition
p
Inversement, si E = ⊕ Ej alors en accolant des bases des sous-espaces vectoriels
j=1
E1 , . . . , Ep , on forme une base de E. Une telle base est dite adaptée à la décomposition
p
E = ⊕ Ei .
i=1
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2.4. DIMENSION ET CODIMENSION
Théorème
Soit f ∈ L(E, E 0 ).
Si G est un supplémentaire de ker f dans E alors f induit par restriction un isomorphisme de
G vers Imf .
dém. :
Considérons la restriction fG : G → Imf . Celle-ci est bien définie et linéaire.
Soit x ∈ ker fG . x ∈ G est fG (x) = 0 i.e. f (x) = 0. Ainsi x ∈ ker f ∩ G = {0}. Par suite fG est
injective.
Pour y ∈ Imf , il existe x ∈ E tel que f (x) = y. Or on peut écrire x = a + b avec a ∈ G et b ∈ ker f et
on a alors y = f (x) = f (a) + f (b) = f|G (a) donc y ∈ ImfG . Ainsi fG est surjective.
Corollaire
Deux sous-espaces vectoriels supplémentaires d’un même sous-espace vectoriel sont
isomorphes.
dém. :
Soient G et H deux supplémentaires d’un sous-espace vectoriel F dans un K-espace vectoriel E.
La projection q sur H parallèlement à F a pour noyau F et pour image H. Comme G est un supplémentaire
de F , on peut conclure.
Définition
On appelle codimension d’un sous-espace vectoriel F de E, la dimension commune des
supplémentaires de F dans E. On la note
codimF ou codimE F
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CHAPITRE 2. ELÉMENTS D’ALGÈBRE LINÉAIRE
2.5 Rang
2.5.1 Rang d’une famille de vecteurs
Définition
On appelle rang d’une famille de vecteurs d’un K-espace vectoriel la dimension de l’espace
qu’elle engendre
rg(xi )i∈I = dim Vect {xi /i ∈ I}
déf
Proposition
Soit (x1 , . . . , xp ) une famille de vecteurs d’un K-espace vectoriel E.
rg(x1 , . . . , xp ) 6 p avec égalité si, et seulement si, la famille (x1 , . . . , xp ) est libre.
dém. :
dim Vect(x1 , . . . , xp ) 6 p et il y a égalité si, et seulement si, (x1 , . . . , xp ) est libre.
Proposition
Soit (xi )i∈I une famille de vecteurs d’un K-espace vectoriel E de dimension finie n.
rg(xi )i∈I 6 n avec égalité si, et seulement si, la famille (xi )i∈I est génératrice de E.
dém. :
dim Vect(x1 , . . . , xp ) 6 dim E avec égalité si, et seulement si, (x1 , . . . , xp ) est génératrice de E.
2.5.2 Rang d’une application linéaire
Définition
On appelle rang d’une application linéaire f la dimension de son image :
Proposition
Soit f ∈ L(E, E 0 ) avec dim E < +∞
On a rgf 6 dim E avec égalité si, et seulement si, f injective.
dém. :
Introduisons (e1 , . . . , en ) une base de E avec n = dim E
rgf = dim Imf = dim f (E), or f (E) = f (Vect(e1 , . . . , en )) = Vect(f (e1 ), . . . , f (en )).
Par suite rgf 6 n avec égalité si, et seulement si, (f (e1 ), . . . , f (en )) est libre i.e. f injective.
Proposition
Soit f ∈ L(E, E 0 ) avec dim E 0 < +∞
On a rgf 6 dim E 0 avec égalité si, et seulement si, f surjective.
dém. :
rgf = dim Imf avec Imf ⊂ F .
Par suite rgf 6 dim F avec égalité si, et seulement si, Imf = F i.e. f surjective.
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2.5. RANG
Théorème
Soient f ∈ L(E, E 0 ) et g ∈ L(E 0 , E 00 ).
On a
rg(g ◦ f ) 6 min(rgf, rgg)
De plus, si f surjective rg(g ◦ f ) = rgg et si g injective rg(g ◦ f ) = rgf .
dém. :
rg(g ◦ f ) = dim Im(g ◦ f ) = dim g(f (E)).
D’une part, g(f (E)) = Imgf (E) donc rg(g ◦ f ) = rggf (E) 6 dim f (E) = rgf avec égalité quand g est
injective.
D’autre part, g(f (E)) ⊂ g(F ) = Img donc rg(g ◦ f ) 6 rgg avec égalité quand f est surjective.
Corollaire
On ne modifie pas le rang d’une application linéaire en composant celle-ci avec un
isomorphisme.
Théorème
Si f ∈ L(E, E 0 ) est de rang fini alors ker f est de codimension finie et rgf = codim ker f .
dém. :
Posons r = rgf et considérons (yi )16i6r une base de Imf .
Pour tout i ∈ {1, . . . , r}, considérons xi un antécédent de yi par f et introduisons G = Vect(xi )16i6r .
La famille (xi )16i6r est libre car son image par f est libre, c’est donc une base de G et donc dim G = r.
Montrons que G est supplémentaire de ker f .
X r r
X
Soit x ∈ ker f ∩ G alors x = λi xi et f (x) = λi yi = 0. Or la famille (yi )16i6r est libre donc
i=1 i=1
λ1 = . . . = λr = 0 puis x = 0. Ainsi ker f ∩ G = {0}.
Xr
Pour tout x ∈ E, f (x) = λ i xi .
i=1
r
X
Posons a = λi xi ∈ G de sorte que f (a) = f (x).
i=1
En introduisons b = x − a, on obtient x = a + b avec a ∈ G et b ∈ ker f .
Ainsi E = G + ker f .
Finalement E = G ⊕ ker f et on peut conclure.
Corollaire
Si dim E < +∞ alors
rgf + dim ker f = dim E
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CHAPITRE 2. ELÉMENTS D’ALGÈBRE LINÉAIRE
Théorème
Soit f ∈ L(E, E 0 ).
On suppose n = dim E = dim E 0 < +∞.
On a équivalence entre :
(i) f est un isomorphisme ;
(ii) f est injective ;
(iii) f est surjective ;
(iv) rgf = n ;
(v) ∃g ∈ L(E 0 , E), g ◦ f = IdE ;
(vi) ∃h ∈ L(E 0 , E), f ◦ h = IdE 0 .
De plus si tel est le cas f −1 = g = h.
dém. :
(i) ⇔ (ii) et (iii)
(ii) ⇒ (iv) car rgf = dim E − dim ker f = n.
(iv) ⇒ (iii) car rgf = n = dim F donc f surjective.
(iii) ⇒ (ii) car dim ker f = dim E − rgf = n − n = 0
(i) ⇒ (v) et (vi) ok
(v) ⇒ (ii) car g ◦ f injective entraîne f injective.
(vi) ⇒ (iii) car f ◦ h surjective entraîne f surjective.
Corollaire
Si dim E < +∞, ce qui précède permet de caractériser les automorphismes de E.
2.5.4 Application : interpolation de Lagrange
Soient a0 , . . . , an des éléments de K deux à deux distincts.
Théorème
L’application ϕ : Kn [X] → Kn+1 définie par ϕ(P ) = (P (a0 ), . . . , P (an )) est un
isomorphisme de K-espaces vectoriels.
dém. :
ϕ est évidemment linéaire.
dim Kn [X] = n + 1 = dim Kn+1 < +∞.
Soit P ∈ ker ϕ. On a P (a0 ) = . . . = P (an ) = 0. Ainsi P admet au moins n + 1 racines, or deg P 6 n
donc P = 0. Ainsi ker ϕ = {0} puis, par le théorème d’isomorphisme, ϕ est un isomorphisme.
Corollaire
∀(b0 , . . . , bn ) ∈ Kn+1 , ∃!P ∈ Kn [X] , ∀i ∈ [[0, n]] , P (ai ) = bi .
dém. :
C’est la bijectivité de ϕ.
Exprimons P .
Notons (e0 , . . . , en ) la base canonique de Kn+1 .
Xn Xn n
X
b = (b0 , . . . , bn ) = bk ek et P = ϕ−1 (b) = bk ϕ−1 (ek ) = bk Lk en posant Lk = ϕ−1 (ek )
k=0 k=0 k=0
Exprimons Lk
Puisque ϕ(Lk ) = ek , on a Lk (ai ) = 0 si i 6= k et Lk (ak ) = 1.Y
Ainsi a0 , . . . , âk , . . . , an sont racines distinctes de Lk et donc (X − ai ) | Lk .
i6=k
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2.5. RANG
Y Y
Or deg (X − ai ) = n et deg Lk 6 n donc on peut écrire Lk = λ (X − ai ) avec λ ∈ K.
i6=k i6=k
−1
Y Y X − ai
Sachant Lk (ak ) = 1 on a λ = (ak − ai ) puis Lk = .
ak − ai
i6=k i6=k
Définition
Les polynômes L0 , . . . , Ln sont appelés polynômes interpolateurs de Lagrange en les
a0 , . . . , an . Ils forment une base de Kn [X].
2.5.5 Application : Hyperplan
Soit E un K-espace vectoriel de dimension quelconque.
Définition
On appelle hyperplan de E tout sous-espace vectoriel de E de codimension 1.
Théorème
Les hyperplans sont les noyaux des formes linéaires non nulles.
dém. :
Soit ϕ ∈ E ? , ϕ 6= 0.
On a Imϕ ⊂ K donc rgϕ 6 1.
Si rgϕ = 0 alors ϕ = 0 ce qui est exclu.
Par suite rgϕ = 1 et par le théorème du rang, on obtient ker ϕ est de codimension 1.
Inversement, soit H est un hyperplan, D = Vect(u) une droite vectorielle supplémentaire de H.
∀x ∈ E, ∃!(a, λ) ∈ H × K, x = a + λu
Considérons l’application ϕ : x 7→ λ.
ϕ est une forme linéaire non nulle de noyau H.
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CHAPITRE 2. ELÉMENTS D’ALGÈBRE LINÉAIRE
( )
Z b
Exemple H = f ∈ C([a, b] , C)/ f (t) dt = 0 est un hyperplan de C([a, b] , C).
a
Définition
Si un hyperplan H noyau d’une forme linéaire non nulle ϕ, on dit que l’équation ϕ(x) = 0
définit l’hyperplan H.
Proposition
Si H est un hyperplan et si u ∈
/ H alors H et D = Vect(u) sont supplémentaires dans E.
dém. :
H ∩ Vectu = {0} car u ∈ /H
Soit ϕ une forme linéaire non nulle de noyau H. On a ϕ(u) 6= 0.
Soit x ∈ E et λ = ϕ(x)/ϕ(u). On a ϕ(λu) = ϕ(x) donc x − λu ∈ H. Ainsi x ∈ H + Vectu.
Finalement H et Vectu sont supplémentaires.
Proposition
Si ψ est une forme linéaire s’annulant sur un hyperplan H : ϕ(x) = 0 (avec ϕ forme linéaire
non nulle) alors ψ est colinéaire à ϕ.
dém. :
Introduisons u ∈/ H et posons α = ψ(u)/ϕ(u) de sorte que ψ(u) = αϕ(u).
Pour tout x ∈ Vectu, ψ(x) = αϕ(x) et pour tout x ∈ H, ψ(x) = 0 = αϕ(x).
Puisque les applications linéaires ψ et αϕ coïncident sur deux sous-espaces vectoriels supplémentaires,
elles sont égales.
Remarque Si deux formes linéaires non nulles définissent le même hyperplan, elles sont colinéaires.
∀x ∈ E, ∃!(x1 , . . . , xn ) ∈ Kn , x = x1 e1 + · · · + xn en
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2.6. DUALITÉ EN DIMENSION FINIE
Théorème
La famille B ? = (e?1 , . . . , e?n ) est une base de E ? appelée base duale de B.
dém. :
dim E ? = dim E = n
B ? = (e?1 , . . . , e?n ) est formée de n = dim E ? éléments de E ? .
Supposons λ1 e?1 + · · · + λn e?n = 0.
Pour tout x ∈ E, λ1 e?1 (x) + · · · + λn e?n (x) = 0.
En x = ei , on obtient λi = 0.
Ainsi la famille B ? est libre et c’est donc une base de E ? .
Corollaire
∀ϕ ∈ E ? , ∃!(a1 , . . . , an ) ∈ Kn , ϕ = a1 e?1 + · · · + an e?n .
Remarque Si l’on note x1 , . . . , xn les coordonnées dans B d’un vecteur générique x ∈ E alors les
formes linéaires sur E sont les applications de la forme
ϕ : x 7→ a1 x1 + · · · + an xn
Les hyperplans sur E sont alors définis par des équations de la forme
a1 x1 + · · · + an xn = 0
avec (a1 , . . . , an ) 6= 0.
dém. :
Par contraposée, supposons x 6= 0E . La famille libre (x) peut être complétée en une base B et l’application
ϕ = x? de la base duale B ? vérifie ϕ(x) = 1 6= 0.
Théorème
Si (ϕ1 , . . . , ϕn ) une base de E ? , il existe une unique base B de E telle que B ? = (ϕ1 , . . . , ϕn ).
Cette base B est appelée base antéduale (ou préduale) de (ϕ1 , . . . , ϕn ).
dém. :
Considérons l’application φ : E → Kn définie par φ(x) = (ϕ1 (x), . . . , ϕn (x)).
φ est linéaire.
dim E = n = dim Kn < +∞.
Si φ(x) = 0 alors pour tout i ∈ {1, . . . , n}, ϕi (x) = 0 donc, puisque la famille L est génératrice, pour
tout ϕ ∈ E ? , ϕ(x) = 0. En vertu du lemme, on peut affirmer x = 0.
L’application linéaire ϕ est injective et par le théorème d’isomorphisme, c’est un isomorphisme.
Introduisons (ε1 , . . . , εn ) la base canonique de Kn .
Unicité :
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CHAPITRE 2. ELÉMENTS D’ALGÈBRE LINÉAIRE
Si B = (e1 , . . . , en ) est une base vérifiant L = B ? alors ϕi (ej ) = δi,j et donc ∀j ∈ {1, . . . , n} , φ(ej ) =
εj .
Par suite ej = φ−1 (εj ) ce qui détermine B de façon unique.
Existence :
Posons B = (e1 , . . . , en ) avec pour tout i ∈ {1, . . . , n}, ei = φ−1 (εi ).
B = (e1 , . . . , en ) est une base de E. On peut introduire sa base duale B ? = (e?1 , . . . , e?n ).
Pour tout j ∈ {1, . . . , n}, φ(ej ) = εj donc ϕi (ej ) = δi,j = e?i (ej ).
Les applications linéaires ϕi et e?i coïncident sur une base, elles sont donc égales.
2.6.3 Application : définition d’un sous-espace vectoriel par système d’équations
Lemme
Si F est un sous-espace vectoriel de dimension p de E alors l’ensemble F ◦ constitué des
formes linéaires de E s’annulant sur F est un sous-espace vectoriel de dimension q = n − p.
dém. :
Soit (e1 , . . . , ep ) une base de F complétée en B = (e1 , . . . , en ) base de E.
Soit B ? = (e?1 , . . . , e?n ) la base duale de B.
Soit ϕ ∈ E ? , on peut écrire ϕ = a1 e?1 + · · · + an e?n .
ϕ ∈ F ◦ ⇔ ∀1 6 j 6 p, ϕ(ej ) = 0
donc
ϕ ∈ F ◦ ⇔ ∀1 6 j 6 p, aj = 0
Ainsi F ◦ = Vect(e?p+1 , . . . , e?n ) est un sous-espace vectoriel de dimension q = n − p.
Lemme
Si (ϕ1 , . . . , ϕq ) est une famille libre de formes linéaires alors F =
{x ∈ E/∀1 6 k 6 q, ϕk (x) = 0} est un sous-espace vectoriel de dimension p = n − q.
dém. :
Complétons la famille (ϕ1 , . . . , ϕq ) en une base de (ϕ1 , . . . , ϕn ) de E ? de base antéduale (e1 , . . . , en ).
Soit x = x1 e1 + · · · + xn en ∈ E.
x ∈ F ⇔ ϕ1 (x) = . . . = ϕq (x) = 0
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2.7. STRUCTURE D’ALGÈBRE
base de F ◦ l’ensemble G des solutions du système formé est un sous-espace vectoriel de dimension p
contenant F , c’est donc F .
Exemple Dans R4 .
Notons x = (x1 , x2 , x3 , x4 ).
Le
( système
x1 + x2 + x3 − x4 = 0
x1 − x2 + x3 + x4 = 0
définit un sous-espace vectoriel de dimension 4 − 2 = 2.
Corollaire
Si F est le sous-espace vectoriel solution du système
ϕ1 (x) = 0
...
ϕq (x) = 0
F ◦ = Vect(ϕ1 , . . . , ϕq )
dém. :
On a Vect(ϕ1 , . . . , ϕq ) ⊂ F ◦ et il y a égalité des dimensions.
Remarque Si L est un sous-corps de K alors toute K-algèbre est aussi par restriction une L-algèbre.
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CHAPITRE 2. ELÉMENTS D’ALGÈBRE LINÉAIRE
2.7.2 Sous-algèbre
Définition
On appelle sous-algèbre d’une K-algèbre A toute partie B de A vérifiant :
1) 1A ∈ B ;
2) ∀λ, µ ∈ K, ∀x, y ∈ B, λx + µy ∈ B ;
3) ∀x, y ∈ B, xy ∈ B.
Exemple
RN = F(N, R) est une R-algèbre.
C = (un ) ∈ RN /(un ) converge est une sous-algèbre de RN .
C0 = (un ) ∈ RN /un → 0 n’est pas une sous-algèbre de RN car ne contient par la suite (1)n∈N .
Théorème
Une sous-algèbre est une K-algèbre pour les lois restreintes possédant les mêmes neutres.
dém. :
C’est un sous-espace vectoriel et un sous-anneau et la propriété calculatoire 3) est évidemment conservée.
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2.7. STRUCTURE D’ALGÈBRE
(x1 , . . . , xn ) 7→ xα αn
1 . . . xn
1
avec αi ∈ N.
Définition
On appelle fonction polynôme sur Kn toute combinaison linéaire de fonctions monômes
sur Kn .
On note P(Kn ) l’ensemble de ces fonctions.
Théorème
P(Kn ) est une sous-algèbre de F(Kn , K).
De plus la famille des fonctions monômes (x1 , . . . , xn ) 7→ xα αn
1 . . . xn avec (α1 , . . . , αn ) ∈
1
n
N en est une base.
dém. :
P(Kn ) ⊂ F(Kn , K), 1̃ ∈ P(Kn ), P(Kn ) est l’espace vectoriel engendré par les fonctions monômes et
enfin P(Kn ) est stable par produit car le produit de deux fonctions monômes est une fonction monôme.
Ainsi P(Kn ) est une sous-algèbre de F(Kn , K).
Par définition, la famille des fonctions monômes est génératrice. Montrons sa liberté en raisonnant par
récurrence sur n > 1.
Pour n = 1 : ok.
Supposons la propriété de liberté établie au rang n > 1.
Soit (λα1 ,...,αn ,αn+1 ) une famille de scalaires à support fini.
Supposons
αn αn+1
X
λα1 ,...,αn ,αn+1 xα
1 . . . xn xn+1 = 0
1
αn+1 ∈N α1 ,...,αn ∈N
α1 ,...,αn ∈N
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CHAPITRE 2. ELÉMENTS D’ALGÈBRE LINÉAIRE
Or ceci vaut pour tout x1 , . . . , xn ∈ K donc par hypothèse de récurrence, on a λα1 ,...,αn+1 = 0 pour tout
(α1 , . . . , αn+1 ) ∈ Nn+1 .
Récurrence établie.
Corollaire
La description d’une fonction polynôme sur Kn comme combinaison linéaire de monômes est
unique. Cela permet par exemple de définir le degré d’une fonction polynôme.
Exemple Géométriquement les sous-espaces affines se visualisent comme étant des points, des droites
ou des plans ne passant pas nécessairement par ~o.
Proposition
Soient V = a + F un sous-espace affine et b un vecteur
b∈V ⇔b−a∈F
dém. :
Si b ∈ V alors on peut écrire b = a + u avec u ∈ F donc b − a = u ∈ F .
Si b − a ∈ F alors b = a + (b − a) ∈ a + F .
De plus, si b ∈ V alors pour tout u ∈ F , b + u = a + (b − a + u) ∈ a + F . Ainsi b + F ⊂ a + F et de
façon semblable a + F ⊂ b + F puis =.
Proposition
L’intersection de deux sous-espaces affines V et W de directions F et G est soit vide, soit égal
à un sous-espace affine de direction F ∩ G.
dém. :
Supposons V ∩ W 6= ∅. Considérons a ∈ V ∩ W . On a V = a + F et W = a + G.
Par suite, pour x ∈ E, x ∈ V ∩ W ⇔ x − a ∈ F ∩ G et ainsi V ∩ W = a + F ∩ G.
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2.8. SOUS-ESPACE AFFINE
Proposition
Si f ∈ L(E, E 0 ) et si V est un sous-espace affine de E de direction F alors f (V ) est un
sous-espace affine de E 0 de direction f (F ).
dém. :
Soit a ∈ V . On peut écrire V = a + F et alors f (V ) = f (a) + f (F ) est un sous-espace affine de
direction f (F ).
Proposition
Si f ∈ L(E, E 0 ) et si V 0 est un sous-espace vectoriel de E 0 de direction F 0 alors f −1 (V 0 ) est
soit vide, soit égal à un sous-espace affine de E de direction f −1 (F 0 ).
dém. :
Si f −1 (V 0 ) 6= ∅, on peut introduire a ∈ f −1 (V 0 ). On a alors f (a) ∈ V 0 et donc V 0 = f (a) + F 0 . Par
suite, pour x ∈ E, x ∈ f −1 (V 0 ) ⇔ f (x − a) ∈ F 0 . Ainsi f −1 (V 0 ) = a + f −1 (F 0 ) est un sous-espace
affine de direction f −1 (H).
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Chapitre 3
Matrices et déterminants
Exemple On note
0 0
Ei,j = 1 ∈ Mn,p (K)
0 0
appelée matrice élémentaire d’indice (i, j) de Mn,p (K).
Théorème
Mn,p (K) est un K-espace vectoriel de dimension np et d’élément nul On,p .
La famille des matrices élémentaires (Ei,j )16i6n,16j6p est une base de Mn,p (K)
Définition
Pour A = (ai,j ) ∈ Mn,p (K) et B = (bj,k ) ∈ Mp,q (K), on pose AB = (ci,k ) ∈ Mn,q (K)
avec
Xp
ci,k = ai,j bj,k
déf
j=1
85
3.1. CALCUL MATRICIEL
Définition
Pour A = (ai,j ) ∈ Mn,p (K), on pose t A = (a0j,i ) ∈ Mp,n (K) avec
a0j,i = ai,j
déf
Proposition
∀λ, µ ∈ K, ∀A, B ∈ Mn,p (K), t (λA + µB) = λt A + µt B
∀A ∈ Mn,p (K), ∀B ∈Mp,q (K), t (AB) = t B t A.
∀A ∈ Mn,p (K), t t A = A
Théorème
Mn (K) est une K-algèbre de dimension n2 de neutres On et In .
Celle-ci est non commutative dès que n > 2.
Exemple L’ensemble Dn (K) formé des matrices diagonales est une sous-algèbre commutative de
Mn (K).
On observe
λ1 (0) µ1 (0) λ1 µ1 (0)
.. .. =
..
. . .
(0) λn (0) µn (0) λn µn
Exemple L’ensemble Tn+ (K) formé des matrices triangulaires supérieures est une sous-algèbre de
Mn (K).
On observe
?0 ?00
λ1 ? µ1 λ1 µ1
.. .. =
..
. . .
(0) λn (0) µn (0) λn µn
Proposition
Les matrices commutant avec toutes les matrices de Mn (K) sont les matrices scalaires i.e. les
matrices λIn avec λ ∈ K.
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CHAPITRE 3. MATRICES ET DÉTERMINANTS
dém. :
Les matrices scalaires commutent avec toute matrice de Mn (K).
Inversement, soit A = (ai,j ) une matrice commutant avec tout élément de Mn (K)
∀M ∈ Mn (K), AM = M A
ϕA (X) = AX
Définition
On pose
ker A = ker ϕA = {X ∈ Mp,1 (K)/AX = 0},
ImA = ImϕA = {Y = AX/X ∈ Mp,1 (K)}
et rgA = dim ImA.
Proposition
Si C1 , . . . , Cp désignent les colonnes de A alors
dém. :
Notons (E1 , . . . , Ep ) la base canonique de Mp,1 (K).
donc
ImA = Vect(C1 , . . . , Cp )
car AEj = Cj .
Proposition
∀A ∈ Mn,p (K), rg(A) 6 min(n, p),
∀A ∈ Mn,p (K), ∀B ∈ Mp,q (K), rg(AB) 6 min(rgA, rgB).
dém. :
rgA = rgϕA 6 min(dim Mp,1 (K), dim Mn,1 (K)) = min(p, n).
On vérifie aisément ϕAB = ϕA ◦ ϕB .
rg(AB) = rg(ϕA ◦ ϕB ) 6 min(rgϕA , rgϕB ) = min(rgA, rgB).
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3.1. CALCUL MATRICIEL
Théorème
On a la formule du rang
rgA + dim ker A = p
Exemple Soit
1 0 1
A= 0 1 1 ∈ M3 (R)
1 −1 0
On a
x1 + x3 = 0
x1 0 (
x2 = x1
A x2 = 0 ⇔ x2 + x3 = 0 ⇔
x3 0
x3 = −x1
x1 − x2 = 0
Donc
x1 1
ker A = x1 /x1 ∈ R = Vect 1
−x1 −1
1 −1
On a alors
ker A = {x ∈ Kp /Ax = 0} et ImA = {y = Ax/x ∈ Kp }
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CHAPITRE 3. MATRICES ET DÉTERMINANTS
AB = BA = In
Exemple Une matrice triangulaire supérieure est inversible si, et seulement si, ses coefficients
diagonaux sont non nuls et alors
−1
a1 ? 1/a1 ?
..
=
..
. .
(0) an (0) 1/an
Théorème
L’ensemble GLn (K) des matrices inversibles de Mn (K) est un groupe multiplicatif de
neutre In .
dém. :
C’est le groupe des inversibles de Mn (K).
Proposition
On ne modifie pas le rang d’une matrice en la multipliant par une matrice inversible.
dém. :
Soient P ∈ GLn (K) et A ∈ Mn,p (K).
On a rg(P A) 6 A et rgA = rg(P −1 P A) 6 rg(P A) puis =.
Théorème
Pour A ∈ Mn (K), on a équivalence entre :
(i) A est inversible ;
(ii) ker A = {0} ;
(iii) ImA = Mn,1 (K) ;
(iv) rgA = n ;
(v) ∃B ∈ Mn (K), AB = In ;
(vi) ∃C ∈ Mn (K), CA = In .
De plus si tel est le cas B = C = A−1 .
dém. :
(i) ⇔ (iv) est connu et le reste est alors immédiat.
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3.1. CALCUL MATRICIEL
t t
t A B A C
Exemple = t t .
C D B D
Théorème
Sous réserve de compatibilité des types matriciels
0
A B0 A + A0 B + B0
A B
+ 0 0 =
C D C D C + C0 D + D0
et
A0 B0 AA0 + BC 0 AB 0 + BD0
A B
=
C D C0 D0 CA0 + DC 0 CB 0 + DD0
Exemple Soit
On −In
A= ∈ M2n (R)
In On
On a
−In On
A2 = = −I2n
On −In
Exemple Soit
A B
M= avec A, B ∈ Mn (K)
On A
On a
A2
2 AB + BA
M =
On A2
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CHAPITRE 3. MATRICES ET DÉTERMINANTS
Exemple Soit
A B
M= avec A, B, C, D ∈ Mn (K)
C D
Pour
X1
X= avec X1 , X2 ∈ Mn,1 (K)
X2
on a
AX1 + BX2
MX =
CX1 + DX2
Ln
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3.2. REPRÉSENTATIONS MATRICIELLES
Ln B
Enfin, on a encore
L1 C1 · · · L1 Cq
AB =
.. ..
. .
Ln C1 · · · Ln Cq
et on retrouve derrière cette expression la démarche du produit matricielle qui calcule le coefficient
d’indice (i, j) de la matrice AB en faisant le produit de la i-ème ligne de A par la j-ème colonne de B.
Définition
On note
λ1
.
Mate (x) = . ∈ Mn,1 (K)
déf .
λn
la matrice des coordonnées de x dans la base e.
(0)
Exemple Mate (ei ) = 1 = Ei
(0)
Théorème
L’application x 7→ Mate (x) est un isomorphisme du K-espace vectoriel E vers Mn,1 (K).
Définition
Soit x1 , . . . , xp ∈ E. On note
Mate x1 , . . . , Mate xp
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CHAPITRE 3. MATRICES ET DÉTERMINANTS
Proposition
Si A = MatB (x1 , . . . , xp ) alors rgA = rg(x1 , . . . , xp ).
dém. :
Notons ϕ l’isomorphisme x ∈ E 7→ Mate (x).
Les colonnes C1 , . . . , Cp de A sont données pas Cj = ϕ(xj ).
rgA = rg(C1 , . . . , Cp ) = dim Vect(C1 , . . . , Cp )
donc
rgA = dim Vect(ϕ(x1 ), . . . , ϕ(xp )) = dim ϕ(Vect(x1 , . . . , xp ))
Mais l’application ϕ est un isomorphisme donc
rgA = dim ϕ(Vect(x1 , . . . , xp )) = dim Vect(x1 , . . . , xp ) = rg(x1 , . . . , xp )
an,j
donc Mat(E1 ,...,En ) (Cj ) = Cj
Par suite
Mat(E1 ,...,En ) (C1 , . . . , Cp ) = A
xp
Par suite
Mat(E1 ,...,Ep ) (L1 , . . . , Ln ) = t A
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3.2. REPRÉSENTATIONS MATRICIELLES
akn
et alors
a20 an0
1 a0 ···
1 a1 a21 ··· an1
A=
.. .. .. ..
. . . .
1 an a2n ··· ann
Soit (L0 , . . . , Ln ) la base de Kn [X] formée des polynômes d’interpolation de Lagrange en a0 , . . . , an .
Puisque ϕ(Lk ) = ck , la matrice de ϕ dans (L0 , . . . , Ln ) et C est In+1 .
Théorème
Pour u ∈ L(E, F ) on a est l’unique matrice A ∈ Mn,p (K) vérifiant
∀x ∈ E, ∀y ∈ F, y = u(x) ⇔ Y = AX
Théorème
L’application u ∈ L(E, F ) 7→ Mate,f (u) ∈ Mn,p (K) est un isomorphisme de K-espaces
vectoriels.
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CHAPITRE 3. MATRICES ET DÉTERMINANTS
Définition
Pour u ∈ L(E), on note
Mate (u) = Mate,e (u) ∈ Mn (K)
déf
Théorème
L’application u ∈ L(E) 7→ Mate (u) ∈ Mp (K) est un isomorphisme de K-algèbres.
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3.2. REPRÉSENTATIONS MATRICIELLES
Proposition
0
0 −1
Pee = Mate,e0 (IdE ) ∈ GLn (K) et Pee = Pee0
Théorème
Si P est la matrice de passage d’une base e à une base e0 d’un K-espace vectoriel E alors
∀x ∈ E, X = P X 0
3.2.5.3 Nouvelle matrice d’une application linéaire
Théorème
Si P est la matrice de passage d’une base e à une base e0 d’un K-espace vectoriel E et si Q est
la matrice de passage d’une base f à une base f 0 d’un K-espace vectoriel F alors
∀u ∈ L(E, F ), A0 = Q−1 AP
On a X = P X 0 et Y = QY 0 . Si y = u(x) alors
Y = AX et Y 0 = A0 X 0
A = QA0 P −1
Corollaire
On a
∀u ∈ L(E), A0 = P −1 AP
avec A = Mate (u), A0 = Mate0 (u).
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CHAPITRE 3. MATRICES ET DÉTERMINANTS
B = Q−1 AP
Proposition
L’équivalence de matrice est une relation d’équivalence sur Mn,p (K).
Théorème
Soient A ∈ Mn,p (K) et r ∈ N avec 0 6 r 6 min(n, p).
avec
Ir Or,p−r
Jr = ∈ Mn,p (K)
On−r,r On−r,p−r
dém. :
(⇐) Car rg(Jr ) = r et l’on ne modifie pas le rang en multipliant par des matrices inversibles.
(⇒) Soient E et F deux K-espaces vectoriels de dimensions p et n munis de bases e et f .
On considère u ∈ L(E, F ) déterminée par
Mate,f (u) = A
Si r = rgA alors r = rgu et donc dim ker u = p − r.
Soit G un supplémentaire de ker u dans E :
E = G ⊕ ker u
avec dim G = r.
Soit une base e0 = (e01 , . . . , e0r , e0r+1 , . . . , e0p ) adaptée à la décomposition E = G ⊕ ker u.
L’application uG : G → Imu est un isomorphisme de K-espace vectoriel.
Posons
f10 = u(e01 ), . . . , fr0 = u(e0r )
La famille (f10 , . . . , fr0 ) est base de Imu, on peut la compléter en une base f 0 = (f10 , . . . , fp0 ) de F .
On obtient Mate0 ,f 0 (u) = Jr donc A et Jr sont équivalentes car représentent la même application linéaire.
Corollaire
Deux matrices sont équivalentes si, et seulement si, elles ont le même rang.
Corollaire
∀A ∈ Mn,p (K), rg(t A) = rgA.
Ainsi rgA est le rang de la famille des colonnes de A mais aussi le rang de la famille de ses
lignes.
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3.2. REPRÉSENTATIONS MATRICIELLES
dém. :
Si A est équivalente à Jr alors t A est équivalente à t Jr qui est de rang r.
Proposition
Ceci définit une relation d’équivalence sur Mn (K).
Exemple Si A est semblable à une matrice scalaire λIn alors il existe P ∈ GLn (K) telle que
A = P −1 (λIn )P et donc A = λP −1 P = λIn .
Proposition
Deux matrices semblables sont équivalentes et ont donc même rang.
La réciproque est fausse.
Protocole :
Pour montrer qu’une matrice A de Mn (K) est semblable à une matrice B simple, il est fréquent de
transposer le problème en termes vectoriels.
- on choisit un K-espace vectoriel E de dimension n muni d’une base B ;
- on introduit un endomorphisme u représenté par A dans B,
- on détermine (souvent par analyse-synthèse) une nouvelle base de E dans laquelle u est représentée
par B.
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CHAPITRE 3. MATRICES ET DÉTERMINANTS
3.2.8 Traces
3.2.8.1 Trace d’une matrice carrée
Définition
On appelle trace d’une matrice A = (ai,j ) ∈ Mn (K) le scalaire
Proposition
La trace définit une forme linéaire non nulle sur Mn (K).
dém. :
? ?
∈ Mn (K)? \ 0̃ .
tr = E1,1 + · · · + En,n
Exemple L’ensemble des matrices de trace nulle de Mn (K) est un hyperplan car noyau d’une forme
linéaire non nulle.
Théorème
dém. :
Introduisons les coefficients des matrices A et B : A = (ai,j ) ∈ Mn,p (K) et B = (bj,i ) ∈ Mp,n (K).
Les matrices AB et BA sont carrées donc on peut calculer leur trace et on a
n
X p
n X
X
tr(AB) = [AB]i,i = ai,j bj,i
i=1 i=1 j=1
et
p
X p X
X n
tr(BA) = [BA]j,j = bj,i ai,j
j=1 j=1 i=1
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3.3. ALGORITHME DU PIVOT DE GAUSS
Définition
On appelle trace d’un endomorphisme d’un K-espace vectoriel de dimension finie la trace
commune aux matrices représentant l’endomorphisme.
Exemple Soit p une projection vectorielle d’un K-espace vectoriel E de dimension finie.
On sait
E = Imp ⊕ ker p
Dans une base adaptée à cette décomposition, la matrice de p est de la forme
Ir O
O O
Théorème
La trace définit une forme linéaire sur L(E) vérifiant
dém. :
Plus généralement étudions le produit matriciel par une matrice diagonale.
Pour D = diag(λ1 , . . . , λn ), DA = (λi ai,j ) et AD = (λj ai,j ).
3.3.1.2 Transvection
Soient i 6= j ∈ {1, . . . , n} et λ ∈ K.
On pose
Ti,j (λ) = In + λEi,j ∈ Mn (K)
Ti,j (λ) est inversible et Ti,j (λ)−1 = Ti,j (−λ).
Théorème
∀A ∈ Mn,p (K), Ti,j (λ)A est obtenue par Li ← Li + λLj .
∀A ∈ Mm,n (K), ATi,j (λ) est obtenue par Cj ← Cj + λCi .
dém. :
Pour A ∈ Mn,p (K), Ti,j(λ)A = A + λEi,j A.
O
Or Ei,j A est la matrice aj,1 · · · aj,p où la j-ème ligne de A figure en i-ème ligne.
O
3.3.1.3 Permutation
Soit σ ∈ Sn .
On pose
P (σ) = (δi,σ(j) ) ∈ Mn (K)
12 3 4
Exemple Pour n = 4 et σ = (1 4 2) = on a
41 3 2
0 1 0 0
0 0 0 1
P (σ) =
0
0 1 0
1 0 0 0
Théorème
∀σ, σ 0 ∈ Sn , P (σ 0 ◦ σ) = P (σ 0 )P (σ)
dém. :
n
X n
X
[P (σ 0 )P (σ)]i,j = [P (σ 0 )]i,k [P (σ)]k,j = δi,σ0 (k) δk,σ(j) = δi,σ0 ◦σ(j) .
k=1 k=1
Corollaire
P (σ) est inversible et P (σ)−1 = P (σ −1 ).
Théorème
∀A ∈ Mn,p (K), la matrice P (σ)A est obtenue par Lσ(i) ← Li .
∀A ∈ Mm,n (K), la matrice AP (σ) est obtenue par Cj ← Cσ(j) .
dém. :
n
X
[P (σ)A]σ(i),j = δσ(i),σ(k) ak,j = ai,j .
k=1
···
0 0 p1 (?)
0
··· 0 0 ··· 0 p2
..
0
··· 0 0 ··· 0 0 . p3
.. .. .. .. .. ..
.
. . . . 0 .
. .. .. .. .. .. ..
..
. . . . . . pr
0 ··· 0 0 ··· 0 0 ··· 0 ··· 0 (0)
Exemple
0 p1 ? ? ? ?
0 0 0 p2 ? ?
avec p1 , p2 , p3 6= 0
0 0 0 0 p3 ?
0 0 0 0 0 0
est une matrice échelonnée de rang 3
Proposition
Une telle matrice échelonnée de rang r est de rang r.
dém. :
Par opérations sur les colonnes, il est aisé de la transformer en Jr .
Théorème
Par transvections sur les lignes, on peut transformer n’importe quelle matrice A ∈ Mn,p (K)
en une matrice échelonnée de rang r = rgA
dém. :
Si A = On,p : ok
Sinon, on considère l’indice j de la première colonne non nulle de la matrice A.
Si a1,j = 0, on transforme ce coefficient en un coefficient non nul par une opération L1 ← L1 + Li avec
i choisi de sorte que ai,j 6= 0. On parvient alors a
0 · · · 0 p1 (?)
0 · · · 0 α2
avec p1 6= 0
.. .. ..
. . . (?)
0 · · · 0 αn
On annule tous les coefficients en dessous de p1 par l’opération Li ← Li − αi /p1 L1 et on parvient à
0 · · · 0 p1 (?)
0 ··· 0 0
.. .. ..
. . A0
.
0 ··· 0 0
On reprend alors le processus précédent avec A0 .
3.3.4 Applications : inversion d’une matrice
Proposition
On peut transformer A ∈ GLn (K) en In en opérant sur les lignes.
dém. :
Dans le cas où A ∈ GLn (K), l’algorithme du pivot de Gauss transforme A en
p1 (?)
..
.
pn
par transvections sur les lignes. Par dilatation des lignes on peut poursuivre la transformation en
1 ?
..
.
1
puis en In par transvections sur les lignes de A.
Proposition
Les opérations sur les lignes qui transforment A en In transforment parallèlement In en A−1 .
dém. :
Notons T1 , . . . , Tm les matrices associées aux opérations sur les lignes transformant A en In .
On a Tm . . . T1 .A = In donc Tm . . . T1 .In = A−1 .
0 1 1
Exemple On peut ainsi déterminer l’inverse de A = 1 0 1 en transformant par opérations sur
1 1 0
les lignes
0 1 1 1 0 0 1 0 0 −1/2 1/2 1/2
1 0 1 0 1 0 en 0 1 0 1/2 −1/2 1/2
1 1 0 0 0 1 0 0 1 1/2 1/2 −1/2
3.4 Déterminants
3.4.1 Définitions
3.4.1.1 Déterminant d’une matrice carrée
Définition
On appelle déterminant d’une matrice A = (ai,j ) ∈ Mn (K) le scalaire :
X n
Y
det A = ε(σ) aσ(i),i
déf
σ∈Sn i=1
encore noté
a1,1 ... a1,n
.. ..
. .
an,1 ... an,n
[n]
n
Y
Exemple Si A = (ai,j ) ∈ Tn+ (K) alors det A = ai,i .
i=1
n
Y
En effet pour i > j, ai,j = 0 donc aσ(i),i = 0 dès qu’il existe i vérifiant σ(i) > i.
i=1
En simplifiant les termes correspondants de la somme définissant le déterminant, il ne reste que les
permutations σ vérifiant
∀i ∈ {1, . . . , n} , σ(i) 6 i
Or pour une telle permutation σ(1) 6 1 donc σ(1) = 1 puis σ(2) 6 2 donc σ(2) = 2 car σ est injective,
etc. Au final σ = Id et il ne reste qu’un terme dans la somme donnant le déterminant de A d’où la
formule.
Proposition
et donc
X n
Y
det A = ε(σ) ai,σ(i)
σ∈Sn i=1
Théorème
Pour tout A, B ∈ Mn (K)
det(AB) = det A. det B
De plus A est inversible si, et seulement si, det A 6= 0 et alors det A−1 = 1/det A.
Corollaire
SLn (K) = {A ∈ Mn (K)/ det A = 1} est un sous-groupe de (GLn (K), ×) appelé groupe
spécial linéaire d’ordre n.
dém. :
SLn (K) est le noyau du morphisme de groupe GLn (K) → K? qui envoie A sur det A.
Corollaire
Deux matrices semblables ont même déterminant.
dém. :
Si B = P −1 AP avec P ∈ GLn (K) alors det B = det P −1 det A det P = det A.
Théorème
Pour tout u, v ∈ L(E),
det(u ◦ v) = det u det v
De plus u est inversible si, et seulement si, det u 6= 0 et alors det u−1 = 1/det u.
Corollaire
SL(E) = {u ∈ L(E)/ det u = 1} est un sous groupe de (GL(E), ◦) appelé groupe spécial
linéaire de E.
Proposition
Si e0 = (e01 , . . . , e0n ) est une autre base de E alors
dém. :
Soient P la matrice de passage de e à e0 et A = Mate (x1 , . . . , xn ), A0 = Mate0 (x1 , . . . , xn ).
Notons X1 , . . . , Xn les colonnes de A et X10 , . . . , Xn0 celles de A0 .
Par formule de changement de bases : Xj = P Xj0 donc A = P A0 .
En effet
Rappel :
Pour ϕ : E n → F multilinéaire :
alternée signifie :
∃i 6= j, xi = xj ⇒ ϕ(x1 , . . . , xn ) = 0F
antisymétrique signifie :
ϕ(xσ(1) , . . . , xσ(n) ) = ε(σ)ϕ(x1 , . . . , xn )
pour tout σ ∈ Sn .
puis
det (C1 , . . . , Ci + λCj , . . . , Cn ) = det (C1 , . . . , Ci , . . . , Cn )
(E1 ,...,En ) (E1 ,...,En )
car le déterminant multipliant λ possède deux colonnes identiques Cj étant positionné à l’indice j.
det (C1 , . . . , αCi , . . . , Cn ) = α det (C1 , . . . , Ci , . . . , Cn )
(E1 ,...,En ) (E1 ,...,En )
et
det (Cσ(1) , . . . , Cσ(n) ) = ε(σ) det (C1 , . . . , Cn )
(E1 ,...,En ) (E1 ,...,En )
Exemple Calculons
1 1 1 ... 1
1 2 2 ... 2
1 2 3 ... 3
.. .. .. .. ..
. . . . .
1 2 3 ... n
En retranchant à chaque ligne la précédente (en commençant par la dernière)
1 1 1 ... 1
1 2 2 ... 2 1 1
1 2 3 ... 3
= .. =1
.. .. .. . . .. .
. . .
. . 0
1
1 2 3 ... n
Finalement
Dn = (a + (n − 1)b)(a − b)n−1
Théorème
Développement de det A selon sa i-ème ligne :
n
X n
X
det A = ai,j Ai,j = (−1)i+j ai,j ∆i,j
j=1 j=1
(−1)n+1
+ − +
− + −
+ − +
..
.
(−1)n+1 +
En permutant les colonnes selon le cycle σ = 1 2 · · · n − 1
1 ··· 1
Dn = (−1)n+1 × (−1)n−2 ×
..
+ Dn−1 = −1 + Dn−1
. (0)
(0) 1 [n−1]
Puisque D2 = 2, on obtient Dn = 2 − n.
Dn = aDn−1 − bcDn−2
Ainsi (Dn ) est une suite récurrente linéaire d’ordre 2.
Rappel :
On appelle suite récurrente linéaire d’ordre 2 toute suite (un )n∈N ∈ KN vérifiant
avec (p, q) ∈ K × K? .
Pour exprimer son terme général, on introduit l’équation caractéristique associée
r2 + pr + q = 0
de discriminant ∆.
Cas K = C.
Si ∆ 6= 0 : 2 racines r1 , r2 et un = λr1n + µr2n avec λ, µ ∈ C.
Si ∆ = 0 : 1 racine double r et un = (λn + µ)rn avec λ, µ ∈ C.
Cas K = R.
Si ∆ > 0 ou ∆ = 0 : semblable avec λ, µ ∈ R.
Si ∆ < 0 : 2 racines conjuguées re±iθ et un = (λ cos(nθ) + µ sin(nθ)) rn avec λ, µ ∈ R.
Dans chaque cas, λ, µ se déterminent à partir des deux rangs initiaux de la suite (un ).
a21 an−1
1 a1 ··· 1
Vn (a1 , ..., an ) =
.. .. .. ..
. . . .
1 an a2n ··· an−1
n
Théorème
Y
Vn (a1 , ..., an ) = (aj − ai )
16i<j6n
dém. :
Par récurrence sur n > 1.
Cas n = 1 : ok
Supposons la propriété vraie au rang n > 1.
Soient a1 , . . . , an , an+1 ∈ K
Cas : les a1 , . . . , an ne sont pas deux à deux distincts
Y
Vn+1 (a1 , . . . , an , an+1 ) = 0 = (aj − ai )
16i<j6n+1
n
Y
f (x) = αn (x − ai )
i=1
et ainsi on affirme
n
Y
Vn+1 (a1 , . . . , an , an+1 ) = Vn (a1 , . . . , an ) (an+1 − ai )
i=1
Récurrence établie.
dém. :
On a
Ip O A B
M=
O D O Iq
Or, en développant selon les premières lignes
Ip O
det = det D
O D
et en développant selon les dernières lignes
A B
det = det A
O Iq
Corollaire
A1 (?)
.. = det A1 × · · · × det An
.
(0) An
3.4.7 Comatrice
Définition
On appelle comatrice de A ∈ Mn (K) la matrice des cofacteurs de A, on la note
Théorème
dém. :
n
X n
X
A0i,k ak,j =
t
(comA)A i,j
= ak,j Ak,i = det A.δi,j
k=1 k=1
car se comprend comme le développement selon la i-ème colonne de la matrice obtenue en remplaçant
dans A sa i-ème colonne par sa j-ème colonne.
Corollaire
Si A ∈ GLn (K) alors
1 t
A−1 = (comA)
det A
Proposition
Le rang d’une matrice extraite est inférieur au rang de la matrice dont elle est issue.
dém. :
Car le rang d’une matrice est le rang de la famille de ses lignes ou de ses colonnes.
Définition
On appelle déterminant d’ordre r extrait de A ∈ Mn,p (K) tout déterminant d’une matrice
carrée d’ordre r extraite de A.
Exemple Les mineurs de A ∈ Mn (K) sont exactement ses déterminants extraits d’ordre n − 1.
Théorème
Le rang de A ∈ Mn,p (K) est l’ordre maximal des déterminants non nuls extraits de A.
dém. :
Si A possède un déterminant extrait d’ordre r non nul alors rgA > r car A admet une matrice extraite de
rang r.
Inversement, posons r le rang de A ∈ Mn,p (K).
A possède r colonnes indépendantes.
Notons B la matrice extraite formée par ces colonnes. B ∈ Mn,r (K) et B est de rang r.
B possède r lignes indépendantes.
Notons C la matrice extraite de B constituée pas ces lignes. C ∈ Mr (K) et C est de rang r.
La matrice C est une matrice carrée inversible donc det C 6= 0 et par suite A possède un déterminant
extrait d’ordre r non nul.
d’équation matricielle AX = B.
Définition
On dit que le système Σ est échelonné si la matrice A l’est.
Un système échelonné est facile à résoudre. En effet, quitte à permuter les inconnues, un tel système est
de la forme
p1 x1 + ?x2 + · · · + ?xr + ?xr+1 + · · · + ?xp = b1
p2 x2 + · · · + ?xr + ?xr+1 + · · · + ?xp = b2
..
.
pr xr + ?xr+1 + · · · + ?xp = br
0 = br+1
..
.
0 = bn
Définition
Les r premières équations sont appelées équations principales.
Les n − r dernières équations sont appelées équations de compatibilité.
Les inconnues x1 , . . . , xr sont appelées inconnues principales.
Les inconnues xr+1 , . . . , xp sont appelées inconnues paramètres.
Si les équations de compatibilité sont toutes vérifiées (i.e. de la forme 0 = 0 ) alors le système peut-être
transformée en le système équivalent
x = ?xr+1 + · · · + ?xp + ?
1
x2 = ?xr+1 + · · · + ?xp + ?
..
.
xr = ?xr+1 + · · · + ?xp + ?
en fonction de a, b ∈ R. (
x+y+z =1
Σ⇔
(a − 1)z = b − 1
Cas a 6= 1
(
x+z =1−y
Σ⇔
(a − 1)z = b − 1
et donc
a−b b−1
S= − y, y, /y ∈ R
a−1 a−1
Cas a = 1 (
x+y+z =1
Σ⇔
0=b−1
Sous-cas b 6= 1 : S = ∅.
Sous-cas b = 1 :
Σ⇔x=1−y−z
et
S = {(1 − y − z, y, z)/y, z ∈ R}
d’équation matricielle AX = B.
Définition
On dit qu’un tel système est de Cramer si la matrice A est inversible.
Théorème
Le système Σ est de Cramer si, et seulement si, det A 6= 0.
De plus, si tel est le cas, son unique solution est le n uplet (x1 , ..., xn ) avec pour tout j ∈
{1, . . . n}
a1,1 · · · b1 · · · a1,n
.. .. ..
. . .
an,1 · · · bn · · · an,n
xj =
a1,1 · · · a1,n
.. ..
. .
an,1 · · · an,n
dém. :
Le système Σ est de Cramer si, et seulement si, la matrice A est inversible i.e. det A 6= 0.
On a alors AX = B ⇔ X = A−1 B.
Posons
x1
1 t
X = ... = A−1 B = (comA)B
det A
xn
Pour tout j ∈ {1, . . . , n},
n n
1 X t 1 X
xj = (comA) i,j bj = Aj,i bj
det A i=1 det A i=1
n
X
avec Aj,i bj qui se comprend comme le développement selon la j-ème colonne du déterminant suivant
i=1
a1,1
··· b1 ··· a1,n
.. .. ..
. . .
an,1 ··· bn ··· an,n
Exemple Soient a, b, c ∈ K deux à deux distincts et d ∈ K.
Considérons le système
x+y+z =1
ax + by + cz = d
a x + b2 y + c2 z = d2
2
Puisque
1 1 1
a b c = (b − a)(c − a)(c − b) 6= 0
2
b2 c2
a
3.4.10 Musculation
Soit A ∈ Mn (K). Etudions rg(comA).
Si rgA = n alors A est inversible donc t comA aussi puis rg(comA) = n.
Si rgA 6 n − 2 alors tous les mineurs de A sont nuls donc comA = On puis rg(comA) = 0.
Si rgA = n − 1 alors At comA = On donne Imt comA ⊂ ker A. Or dim ker A = 1 donc rgcomA 6 1.
Or comA 6= On car A possède un mineur non nul donc rgA = 1.
Définition
N
X
On appelle valeur de P = ak X k ∈ K [X] en u ∈ L(E) l’application
k=0
N
X
P (u) := ak uk ∈ L(E)
k=0
Théorème
L’application ϕu : K [X] → L(E) définie par ϕu (P ) = P (u) est un morphisme de K-
algèbres.
dém. :
L’application ϕu est bien définie entre deux K-algèbres.
ϕu (1) = IdE .
Soient λ, µ ∈ K et P, Q ∈ K [X].
+∞
X +∞
X
On peut écrire P = ak X k et Q = bk X k avec (ak ), (bk ) suites nulles à partir d’un certain rang.
k=0 k=0
119
4.1. EVALUATIONS POLYNOMIALES
On a
+∞
X +∞
X +∞
X
ϕu (λP + µQ) = (λak + µbk )uk = λ ak uk + µ bk uk = λϕu (P ) + µϕu (Q)
k=0 k=0 k=0
et
+∞ X
X n +∞ X
X n +∞
X +∞
X
ϕu (P Q) = ak bn−k un = ak uk ◦ bn−k un−k = ak uk ◦ b` u` = P (u) ◦ Q(u)
k=0 k=0 n=0 k=0 k=0 `=0
Exemple Puisque
X 3 − 2X + 1 = (X − 1)(X 2 + X − 1)
on a
u3 − 2u + IdE = (u − IdE )(u2 + u − IdE )
Exemple Si
n
Y
P = X n + an−1 X n−1 + · · · + a0 = (X − αk )
k=1
alors
n
Y
P (u) = (u − αk IdE )
k=1
Théorème
K [u] est une sous-algèbre commutative de L(E).
De plus, si A est une sous-algèbre de L(E) contenant u alors K [u] ⊂ A.
Ainsi K [u] est la plus petite sous-algèbre de E contenant u, on l’appelle algèbre engendrée
par u.
dém. :
K [u] ⊂ L(E), IdE ∈ K [u] car pour P (X) = 1 on a P (u) = IdE .
Soient λ, µ ∈ K et v, w ∈ K [u]. Il existe P, Q ∈ K [X] tels que v = P (u) et w = Q(u).
On a alors λv + µw = (λP + µQ)(u) ∈ K [u] et v ◦ w = (P Q)(u) ∈ K [u] donc K [u] est une sous-
algèbre de L(E).
De plus, w ◦ v = (QP )(u) = (P Q)(u) = v ◦ w donc K [u] est une sous-algèbre commutative de L(E).
Si A est une sous-algèbre de L(E) contenant u alors par récurrence
∀n ∈ N, un ∈ A
puis K [u] = Vect uk /k ∈ N ⊂ A.
Corollaire
Si v commute avec u alors v commute avec les polynômes en u.
dém. :
Introduisons Cv = {w ∈ L(E)/w ◦ v = v ◦ w}.
On vérifie aisément que Cv est une sous-algèbre de L(E) et puisque u ∈ Cv on a K [u] ⊂ Cv .
N
X
P (M ) := ak M k ∈ Mn (K)
k=0
λ1 (0)
Exemple Si M =
.. alors
.
(0) λn
λk1
(0)
∀k ∈ N, M k =
..
.
(0) λkn
puis par linéarité
P (λ1 ) (0)
∀P ∈ K [X] , P (M ) =
..
.
(0) P (λn )
λ1 ?
Exemple Si M =
.. alors
.
(0) λn
λk1
?
∀k ∈ N, M k =
..
.
(0) λkn
A ?
Exemple De même si M = (avec A, B carrées) alors
O B
P (A) ?
∀P ∈ K [X] , P (M ) =
O P (B)
Exemple Puisque
∀k ∈ N, (t M )k = t (M k )
par linéarité
∀P ∈ K [X] , P (t M ) = t P (M )
Théorème
L’application ϕM : K [X] → Mn (K) définie par ϕM (P ) = P (M ) est un morphisme de
K-algèbres.
Définition
On dit que A ∈ Mn (K) est un polynôme en M ∈ Mn (K) s’il existe P ∈ K [X] tel que
A = P (M ).
On note K [M ] := {P (M )/P ∈ K [X]} l’ensemble des polynômes en M
Théorème
K [M ] est une sous-algèbre commutative de Mn (K) incluse dans toute sous-algèbre de
Mn (K) contenant M ; on l’appelle algèbre engendrée par M .
Corollaire
Si A ∈ Mn (K) commute avec M alors A commute avec les polynômes en M .
dém. :
Puisque P ∧ Q = 1, il existe des polynômes V et W tel que V P + W Q = 1.
On a alors Id = V (u) ◦ P (u) + W (u) ◦ Q(u).
Soit x ∈ ker P (u) ∩ ker Q(u)
On a
x = (V (u) ◦ P (u)) (x) + (W (u) ◦ Q(u)) (x) = 0
donc ker P (u) et ker Q(u) sont en somme directe.
Montrons ker P (u) ⊕ ker Q(u) ⊂ ker(P Q)(u)
Puisque (P Q)(u) = Q(u) ◦ P (u) on a ker P (u) ⊂ ker P Q(u).
De même ker Q(u) ⊂ ker(P Q)(u) et donc ker P (u) ⊕ ker Q(u) ⊂ ker(P Q)(u).
Inversement
Soit x ∈ ker(P Q)(u).
On a
x = (W (u) ◦ Q(u)) (x) + (V (u) ◦ P (u)) (x) = a + b
avec a = (W (u) ◦ Q(u)) (x) et b = (V (u) ◦ P (u)) (x).
On a
P (u)(a) = (P (u) ◦ W (u) ◦ Q(u)) (x) = (W (u) ◦ (P Q)(u)) (x) = 0
De même Q(u)(b) = 0 et donc a ∈ ker P (u) et b ∈ ker Q(u).
Ainsi ker(P Q)(u) ⊂ ker P (u) ⊕ ker Q(u) puis l’égalité.
Corollaire
Si P1 , . . . , Pm sont des polynômes deux à deux premiers entre eux alors :
m
!
Y m
ker Pk (u) = ⊕ ker Pk (u)
k=1
k=1
Rappel Si K est un sous-corps de C, deux polynômes de K [X] sont premiers entre eux si, et seulement
si, ils n’ont pas de racines complexes en commun.
Or X 2 − X = (X − 1)X avec (X − 1) ∧ X = 1
donc E = ker(p2 − p) = ker(p − Id) ⊕ ker p.
Posons F = ker(p − Id) et G = ker p.
∀x ∈ F, p(x) = x et ∀x ∈ G, p(x) = 0 donc p est la projection sur F parallèlement à G.
2
Exemple On appelle symétrie de E tout s ∈ L(E)
vérifiant s = Id.
2 2
Puisque s − IdE = 0̃, on a E = ker s − IdE .
Or X 2 − 1 = (X − 1)(X + 1) avec (X − 1) ∧ (X + 1) = 1 donc E = ker(s − Id) ⊕ ker(s + Id).
Posons F = ker(s − Id) et G = ker(s + Id).
∀x ∈ F, s(x) = x et ∀x ∈ G, s(x) = −x donc s est la symétrie par rapport à F et parallèlement à G.
S = ker P (D)
P = (X − λ1 )α1 . . . (X − λm )αm
Cas général :
Soit y ∈ E et z la fonction définie de sorte y = eλ z i.e. z : t → e−λt y(t). On a
donc
y ∈ ker(D − λId)α ⇔ z ∈ ker Dα
avec c0 , c1 , . . . , cα−1 ∈ C.
Ainsi
ker(D − λId)c = tc(c0 + c1 t + · · · + cα−1 tα−1 )eλt /c0 , c1 , . . . , cα−1 ∈ C
m
X m
X
Remarque dim ker P (D) = dim ker(D − λk Id)αk = αk = n.
k=1 k=1
∀x ∈ F , u(x) ∈ F
Proposition
Si F et G sont stables par u alors F + G et F ∩ G aussi.
dém. :
u(F + G) = u(F ) + u(G) ⊂ F + G.
u(F ∩ G) ⊂ u(F ) ∩ u(G) ⊂ F ∩ G.
Théorème
Si u et v commutent alors Imu et ker u sont stables par v.
dém. :
Pour tout x ∈ ker u, u(v(x)) = v(u(x)) = v(0) = 0 donc v(x) ∈ ker u.
Pour tout y ∈ Imu, on peut écrire y = u(x) et alors v(y) = v(u(x)) = u(v(x)) ∈ Imu.
Exemple Imu est stable par u et uImu est surjective si, et seulement si, Imu2 = Imu car ImuImu = Imu2
Théorème
Si F est stable par u et v ∈ L(E) alors pour tout λ ∈ K, F est stable par λu, u + v et u ◦ v.
De plus (λu)F = λuF , (u + v)F = uF + vF et (u ◦ v)F = uF ◦ vF
dém. :
(λu)(F ) = λu(F ) ⊂ λF ⊂ F .
(u + v)(F ) ⊂ u(F ) + v(F ) ⊂ F + F ⊂ F .
(u ◦ v)(F ) = u(v(F )) ⊂ u(F ) ⊂ F .
Pour tout x ∈ F
(λu)F (x) = (λu)(x) = λu(x) = λuF (x) = (λuF )(x).
(u + v)F (x) = (u + v)(x) = u(x) + v(x) = uF (x) + vF (x) = (uF + vF )(x).
(u ◦ v)F (x) = (u ◦ v)(x) = u(v(x)) = u(vF (x)) = uF (vF (x)) = (uF ◦ vF )(x).
Corollaire
Si F est stable par u ∈ L(E) alors F est stable par tout polynôme en u et
dém. :
{v ∈ L(E)/F est stable par v} est une sous-algèbre de L(E) contenant u donc contenant K [u].
Pour P = an X n + · · · + a1 X + a0 ,
n
P (u)F = (an un + · · · + a1 u + a0 Id)F = an (uF ) + · · · + a1 uF + a0 IdF = P (uF )
Proposition
Si F est stable par u alors ker uF = ker u ∩ F et ImuF ⊂ Imu ∩ F .
dém. :
Soit x ∈ ker uF . On a x ∈ F et u(x) = uF (x) = 0 donc x ∈ ker u ∩ F .
Soit x ∈ ker u ∩ F . On a uF (x) = u(x) = 0 donc x ∈ ker uF .
ImuF ⊂ Imu car uF est restriction de u et ImuF ⊂ F car F est stable par u.
A B
(ii) ⇒ (i) Supposons la matrice de u dans B de la forme avec A ∈ Mp (K).
O C
Pour tout 1 6 j 6 p, u(ej ) ∈ Vect(e1 , . . . , ep ) donc u(ej ) ∈ F puis, par linéarité, pour tout x ∈ F ,
u(x) ∈ F .
Théorème
On suppose E = E1 ⊕ · · · ⊕ Em et avec E1 , . . . , Em des sous-espaces vectoriels de E munis
de bases B1 , . . . , Bm . On note B la base de E obtenue en accolant B1 , . . . , Bm .
Pour u ∈ L(E) on a équivalence entre :
(i) chaque Ek est stable par u ;
(ii) la matrice de u dans la base B obtenue en accolant les bases B1 , . . . , Bm est de la forme
A1 O
..
.
O Am
n
Remarque La réduction d’un endomorphisme u de E consiste à écrire E = ⊕ Fi avec Fi stable par u
i=1
et uFi « simple ». En dimension finie, la réduction d’un endomorphisme correspond à l’obtention d’une
représentation matricielle simple (la plus diagonale possible)
x 6= 0E et ∃λ ∈ K, u(x) = λx
Définition
On dit que λ est valeur propre de u s’il existe un vecteur x ∈ E vérifiant
u(x) = λx et x 6= 0E
Définition
Lorsque u(x) = λx avec x 6= 0E , on dit que x est vecteur propre associée à la valeur propre λ
ou encore que λ est valeur propre associée au vecteur propre x.
Définition
On appelle spectre de u l’ensemble des valeurs propres de u, on le note Spu.
Théorème
On a équivalence entre :
(i) λ est valeur propre de u ;
(ii) Eλ (u) 6= {0E } ;
(iii) l’endomorphisme u − λId n’est pas injectif.
Définition
Si λ est valeur propre de u alors Eλ (u) est appelé sous-espace propre associé à la valeur
propre λ.
dém. :
u et u − λId commutent donc Eλ (u) est stable par u.
De plus, pour tout x ∈ Eλ (u), u(x) = λx donc uEλ (u) = λId.
Remarque Si u et v commutent alors les sous-espaces propres de u sont stables pas v.
En effet Eλ (u) = ker(u − λId) et v commute avec u − λId qui est un polynôme en u.
Théorème
Les sous-espaces propres de u ∈ L(E) sont en somme directe.
dém. :
Soient λ1 , . . . , λm des valeurs propres deux à deux distinctes de u.
Puisque les polynômes (X − λ1 ), . . . , (X − λm ) sont deux à deux premiers entre eux, en appliquant le
lemme de décomposition des noyaux à P = (X − λ1 ) . . . (X − λm ) on obtient
m
ker P (u) = ⊕ ker(u − λk Id)
k=1
Analyse :
Si cette équation possède une solution P 6= 0 alors en posant n = deg P , on peut écrire
P = an X n + · · · + a1 X + a0 avec an 6= 0. L’équation XP 0 (X) = λP (X) donne
∀0 6 k 6 n, λak = nak
Si |λ| > 1 alors la suite (λn u0 ) est bornée si, et seulement si, u0 = 0 et c’est alors la suite nulle.
Si |λ| 6 1 alors la suite (λn u0 ) est bornée et non nulle pour tout u0 6= 0.
Finalement SpT = [−1, 1] et
AX = λX et X 6= 0
On dit alors que la colonne X est vecteur propre associé à la valeur propre λ.
On appelle spectre l’ensemble SpA formé des valeurs propres de A.
Remarque En identifiant Kn et Mn,1 (K) on peut aussi percevoir les vecteurs propres de A comme
étant les x ∈ Kn vérifiant Ax = λx et x 6= 0.
Définition
Pour λ ∈ K, on note Eλ (A) = ker(A − λIn ) l’espace des solutions de l’équation AX = λX.
Lorsque λ est valeur propre de A, Eλ (A) est appelé sous-espace propre de A associé à la valeur
propre λ.
Théorème
Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie non nulle et B une base de E.
Si A = MatB u alors SpA = Spu et les sous-espaces propres associés à une même valeur
propre se correspondent via représentation matricielle dans la base B.
dém. :
Pour x ∈ E et X = MatB (x) on a
u(x) = λx ⇔ AX = λX et x 6= 0E ⇔ X 6= 0
Corollaire
Deux matrices semblables ont le même spectre.
dém. :
Car elles représentent le même endomorphisme.
De plus
∀λ ∈ K, χA (λ) = det(A − λIn )
dém. :
A = (ai,j ), A − XIn = (ai,j − Xδi,j ) et
X n
Y X
χA = ε(σ) (ai,σ(i) − δi,σ(i) X) = ε(σ)Pσ
σ∈Sn i=1 σ∈Sn
Ainsi
χA = (−1)n X n + (−1)n−1 tr(A)X n−1 + · · ·
Le coefficient constant de χA est χA (0).
Or pour λ ∈ K,
X n
Y
χA (λ) = ε(σ) (aσ(i),i − δσ(i),i λ) = det(A − λI)
ε∈Sn i=1
λ1 ? n
..
Y
Exemple Pour A = , χA = (λi − X).
.
0 λn i=1
A ?
Exemple Pour M = avec A, B carrées χM = χA χB .
0 B
Corollaire
A ∈ Mn (K) possède au plus n valeurs propres.
dém. :
Car un polynôme de degré n admet au plus n racines.
Corollaire
A ∈ Mn (C) possède au moins une valeur propre complexe.
dém. :
χA ∈ C [X] est un polynôme non constant, il possède donc au moins une racine dans C.
Remarque Aussi A ∈ M2n+1 (R) possède au moins une valeur propre réelle.
Corollaire
∀A ∈ Mn (K), Sp(t A) = SpA.
dém. :
χt A = det(t A − XIn ) = det t (A − XIn ) = det(A − XIn ) = χA .
λ1 ?
Exemple Si A =
.. alors SpA = {λ1 , . . . , λn }.
.
0 λn
A ?
Exemple Si M = avec A, B carrées alors SpM = SpA ∪ SpB
O B
On a
−2 − X 1 −1 −2 − X 1 −1
det(A − XI3 ) = 1 −2 − X 1 = −1 − X −1 − X
0
1 −1 −X −1 − X 0 −1 − X
−(2 + X) 1 −1
det(A − XI3 ) = (1 + X)2 1 0 = −(1 + X)2 (2 + X)
1
1 0 1
Ainsi Sp(A) = {−1, −2}
donc
1
E−2 (A) = Vect −1
−1
donc
1 0
E−1 (A) = Vect 1 , 1
0 1
Via C1 ← C1 + · · · + Cn
n − 1 − X 1 ··· 1
−X (1) ..
. −X (1)
det(A − XIn ) =
..
=
. .. ..
. .
(1) −X
n−1−X (1) −X
puis via L2 ← L2 − L1 , . . . , Ln ← Ln − L1
n−1−X 1 ··· 1
0 −X − 1 (0)
det(A − XIn ) =
.. ..
. .
0 (0) −X − 1
Ainsi
χA = (−1)n (X − (n − 1))(X + 1)n−1
x1
.
X= .. ∈ E−1 (A) ⇔ (A + In )X = 0
xn
x1 + · · · + xn = 0
⇔ .. ⇔ x1 + · · · + xn = 0
.
x1 + · · · + xn = 0
Ainsi E−1 (A) est l’hyperplan formé des colonnes de somme nulle.
x1
.
X= .. ∈ En−1 (A) ⇔ (A + In )X = nX
xn
x1 + · · · + xn = nx1
⇔ .. ⇔ x1 = . . . = xn
.
x1 + · · · + xn = nxn
1
.
.. .
Ainsi En−1 (A) = Vect
Proposition
Si A, B ∈ Mn (K) sont semblables alors χA = χB .
dém. :
Si B = P −1 AP avec P ∈ GLn (K) alors χB = det(P −1 AP − XIn ) = det P −1 (A − XIn )P =
det(A − XIn ) = χA .
Définition
On appelle polynôme caractéristique de u ∈ L(E), le polynôme caractéristique commun aux
matrices représentant l’endomorphisme u ; on le note χu .
Théorème
Pour u ∈ L(E), χu est un polynôme de degré exactement n = dim E de la forme
De plus, pour tout λ ∈ K, χu (λ) = det(u − λIdE ) et les valeurs propres de u sont exactement
les racines de χu .
dém. :
Si A ∈ Mn (K) est la matrice de u dans une base de E, χu = χA avec trA = tru et det A = det u.
De plus, χu (λ) = χA (λ) = det(A − λIn ) = det(u − λIdE ) et χu (λ) = 0 ⇔ ker(u − λIdE ) 6= {0} ⇔
λ ∈ Spu.
Corollaire
u ∈ L(E) possède au plus dim E valeurs propres.
Corollaire
Si E est un C-espace vectoriel de dimension finie alors tout u ∈ L(E) possède au moins une
valeur propre.
Remarque Si E est un R-espace vectoriel de dimension impaire alors tout u ∈ L(E) possède au moins
une valeur propre.
Définition
Soient u ∈ L(E) et λ ∈ K. On appelle multiplicité de λ en tant que valeur propre de u ∈ L(E),
l’ordre de multiplicité de λ en tant que racine de χu ; on la note mλ (u) (idem en A ∈ Mn (K)
pour mλ (A) )
Remarque Abusivement λ valeur propre de multiplicité 0 signifie que λ n’est pas valeur propre.
λ ?
Exemple Soit A = λ avec λ 6= µ.
0 µ
On a χA = −(X − λ)2 (X − µ)
λ est valeur propre double et µ est valeur propre simple de A.
λ1 (?)
Exemple Soit A =
..
.
(0) λn
n
Y
On a χA = (−1)n (X − λi ).
i=1
Les valeurs propres de A sont les λ1 , . . . , λn comptées avec multiplicité.
Théorème
X
∀u ∈ L(E), mλ (u) 6 dim E
λ∈Spu
avec égalité si, et seulement si, le polynôme χu est scindé dans K [X].
(idem pour A ∈ Mn (K) )
dém. :
La somme des multiplicités des racines d’un polynôme non nul est inférieur à son degré avec égalité si,
et seulement si, ce polynôme est scindé.
Corollaire
Si K = C alors u ∈ L(E) possède exactement n valeurs propres comptées avec multiplicité.
(idem en A ∈ Mn (C) ).
dém. :
Dans C [X], tout polynôme non constant est scindé.
dém. :
Soit λ ∈ Spu.
D’une part, F = Eλ (u) = ker(u − λId) 6= {0} donc dim F > 1.
D’autre part, F est stable par u donc χuF | χu .
Or χuF = (λ − X)dim F car uF = IdF donc λ est racine de multiplicité au moins dim F de χu .
Corollaire
Si λ est une valeur propre simple alors le sous-espace propre associé est de dimension 1.
4.5 Diagonalisation
E désigne un K-espace vectoriel de dimension n ∈ N?
4.5.1 Endomorphisme diagonalisable
Définition
Un endomorphisme u ∈ L(E) est dit diagonalisable lorsqu’il existe une base de E dans
laquelle la matrice de u est diagonale. Une telle base est appelée base de diagonalisation de u.
Exemple IdE est diagonalisable et n’importe qu’elle base de E est base de diagonalisation.
Théorème
Pour u ∈ L(E), on a équivalence entre :
(i) u est diagonalisable ;
(ii) il existe une base de E formée de vecteurs propres de u.
dém. :
(i) ⇒ (ii) Supposons u diagonalisable et considérons B = (e1 , . . . , en ) une base de diagonalisation de u.
La matrice de u dans B est de la forme
λ1 0
..
.
0 λn
Pour tout i ∈ {1, . . . , n}, on a u(ei ) = λi ei avec ei 6= 0 donc ei vecteur propre de u.
La famille B est donc une base de vecteurs propres de u.
(ii) ⇒ (i) Supposons l’existence d’une base B = (e1 , . . . , en ) de vecteurs propres de u.
Pour tout i ∈ {1, . . . , n}, on a u(ei ) = λi ei avec λi la valeur propre associée au vecteur propre ei .
La matrice de u dans la base B est alors de la forme
λ1 0
..
.
0 λn
Proposition
Si u ∈ L(E) est diagonalisable alors
1) u possède n valeurs propres comptées avec multiplicité ;
2) les matrices diagonales représentant u sont celles dont les coefficients diagonaux sont les
valeurs propres de u comptées avec multiplicité.
dém. :
Si D = diag(λ1 , . . . , λn ) représente l’endomorphisme u dans une base B = (e1 , . . . , en ) alors
n
Y
n
χu = χD = (−1) (X − λi )
i=1
est donc les λ1 , . . . , λn sont exactement les valeurs propres de u comptées avec multiplicité.
Ainsi u possède n valeurs propres comptées avec multiplicité et une matrice diagonale représentant u a
pour coefficients diagonaux ses valeurs propres.
Inversement, soit ∆ = diag(µ1 , . . . , µn ) avec µ1 , . . . , µn = λ1 , . . . , λn à l’ordre près.
Il existe une permutation σ ∈ Sn tel que pour tout i ∈ {1, . . . , n}, µi = λσ(i) .
Considérons alors la famille Bσ = (eσ(1) , . . . , eσ(n) ). Par permutation d’une base, la famille Bσ est
une base de E et pour tout i ∈ {1, . . . , n}, u(eσ(i) ) = λσ(i) eσ(i) donc la matrice de u dans Bσ est la
matrice ∆.
Théorème
Si u ∈ L(E) possède n = dim E valeurs propres distinctes alors u est diagonalisable et ses
sous-espaces propres sont des droites vectorielles.
dém. :
Soient λ1 , . . . , λn les valeurs propres deux à deux distinctes de u.
Soient e1 , . . . , en des vecteurs propres associés.
La famille B = (e1 , . . . , en ) est libre car formée de vecteurs propres associés à des valeurs propres deux
à deux distinctes. Etant formée de n = dim E vecteurs de E, c’est une base de E diagonalisant u.
On a alors
MatB u = diag(λ1 , . . . , λn ) = D
et donc
n
Y
χu = χD = (−1)n (X − λi )
i=1
Puisque les λ1 , . . . , λn sont deux à deux distincts, les valeurs propres de u sont toutes simples et les
sous-espaces propres sont donc de dimension 1.
1 0
E= ⊕ Eλ (u)
λ∈Sp(u)
X
(iii) dim Eλ (u) = dim E.
λ∈Sp(u)
dém. :
Rappelons que les sous-espaces propres d’un endomorphisme sont en somme directe.
(i) ⇒ (ii) Supposons u diagonalisable.
Soit B = (e1 , . . . , en ) une base de diagonalisation. Pour tout i ∈ {1, . . . , n}, ei est vecteur propre de u
donc ei ∈ ⊕ Eλ (u) puis E ⊂ ⊕ Eλ (u) et enfin E = ⊕ Eλ (u).
λ∈Sp(u) λ∈Sp(u) λ∈Sp(u)
m
m X
(ii) ⇒ (iii) Car l’on sait dim ⊕ Fi = dim Fi .
i=1
i=1
(iii) ⇒ (i) Une famille formée par concaténation de bases des espaces Eλ (u) est une famille libre formée
de dim E vecteurs, c’est donc une base de vecteurs propres.
Corollaire
Soit u ∈ L(E). On a équivalence entre :
(i) u est diagonalisable ;
(ii) χu est scindé dans K [X] et pour tout λ ∈ Sp(u), dim Eλ (u) = mλ (u).
dém. :
(i) ⇒ (ii) Supposons u diagonalisable.
Notons λ1 , . . . , λm les valeurs propres de u.
m
Dans une base adaptée à E = ⊕ Eλj (u) la matrice de u est
j=1
λ1 Iα1 0
..
.
0 λm Iαm
χu est scindé et pour tout k ∈ {1, . . . , m}, λk est racine de χu de multiplicité nk = dim Eλk (u).
(ii) ⇒ (i) Supposons (ii)
Puisque χu est scindé,
X la somme des multiplicités
X de ses racines égale son degré.
Ainsi deg χu = mλ (u) et donc dim Eλ (u) = dim E ce qui entraîne la diagonalisabilité
λ∈Sp(u) λ∈Sp(u)
de u.
4.5.3 Matrice diagonalisable
Définition
Une matrice A ∈ Mn (K) est dite diagonalisable lorsqu’elle est semblable à une matrice
diagonale i.e. il existe P ∈ GLn (K) et D ∈ Dn (K) vérifiant
Exemple Si A = MatB u alors l’endomorphisme u est diagonalisable si, et seulement si, la matrice A
l’est.
Théorème
Soit A ∈ Mn (K). On a équivalence entre :
(i) A est diagonalisable ;
m
(ii) Mn,1 (K) = ⊕ Eλi (A) ;
X i=1
(iii) n = dim Eλ (A) ;
λ∈Sp(A)
(iv) χA est scindé dans K [X] et pour tout λ ∈ Sp(A), dim Eλ (A) = mλ (A).
De plus, les matrices diagonales semblables à A sont alors celles dont les coefficients
diagonaux sont les valeurs propres de A comptées avec multiplicité.
dém. :
On transpose ce qui précède au cadre matriciel.
Théorème
Si A ∈ Mn (K) admet n valeurs propres distinctes alors A est diagonalisable et de plus ses
sous-espaces propres sont des droites vectorielles.
1 a
Exemple Considérons A = ∈ M2 (R).
0 1
χA (X) = (1 − X)2 , SpA = {1}.
Si A est diagonalisable alors A est semblable à I2 donc égale à I2 .
Ainsi A est diagonalisable si, et seulement si, a = 0.
1 1 0
Exemple Soit A = 0 1 1 ∈ M3 (R).
0 0 2
χA = −(X − 1)2 (X − 2), SpA = {1, 2}.
0 1 1
dim E1 (A) = 3 − rg(A − I3 ), or rg(A − I3 ) = rg 0 0 1 = 2 donc
0 0 1
dim E1 (A) = 1 < 2 = m1 (A).
La matrice A n’est donc pas diagonalisable.
1 ··· 1
Exemple Soit A = ... .. ∈ M (R) avec n > 2.
. n
1 ··· 1
χA = (n − X)X n−1 , Sp(A) = {0, n}.
dim E0 (A) = n − rgA = n − 1 et dim E1 (A) = 1 (valeur propre simple).
Puisque dim E0 (A) + dim En (A) = n, A est diagonalisable semblable à D = diag(n, 0, . . . , 0).
Exemple Soient E un R-espace vectoriel de dimension 3 muni d’une base B = (e1 , e2 , e3 ) et u ∈ L(E)
déterminé dont la matrice dans B est par
1 1 −1
A= 1 1 1
1 1 1
x3
x1 + x2 − x3 = 0
(
x2 = −x1
u(x) = 0 ⇔ AX = 0 ⇔ x1 + x2 + x3 = 0 ⇔
x3 = 0
x1 + x2 + x3 = 0
Bilan Si A est diagonalisable alors on a A = P DP −1 avec P matrice dont les colonnes forme une base
de vecteurs propres de A et D matrice diagonale dont les coefficients diagonaux sont les valeurs propres
respectives des colonnes formant P .
Exemple Soit
0 0 0 1
0 0 1 0
A=
0
1 0 0
1 0 0 0
χA = (X − 1)2 (X + 1)2 via C1 ← C1 + C4 et C2 ← C2 + C3 .
Sp(A) = {1, −1}.
1 0 1 0
0 1 0 1
E1 (A) = Vect , , E−1 (A) = Vect ,
0 1 0 −1
1 0 −1 0
cos θ − sin θ
Exemple Pour θ 6= 0 [π], considérons R(θ) = ∈ M2 (K).
sin θ cos θ
2
χR(θ) = X − 2 cos θX + 1.
∆ = −4 sin2 θ < 0
Cas K = R
La matrice R(θ) n’est pas diagonalisable car χR(θ) non scindé.
Cas K = C
On a
SpC (Rθ ) = eiθ , e−iθ
et ! (
x cos θx − sin θy = eiθ x
X= ∈ Eeiθ (R(θ)) ⇔ ⇔ ix + y = 0
y sin θx + cos θy = eiθ y
!
i
Eeiθ (R(θ)) = Vect .
1
!
−i
Par conjugaison Ee−iθ (R(θ)) = Vect .
1
iθ
i −i −1 e 0
Pour P = , on a R(θ) = P D(θ)P avec D(θ) = .
1 1 0 e−iθ
Remarque L’équation de degré 2 ici résolue possède plus de deux solutions car l’anneau Mn (K) n’est
pas intègre.
Remarque Plus généralement, cette démarche permet de résoudre des équations de la forme
P (M ) = A avec P (M ) polynôme en la matrice inconnue M .
Définition
L’écriture u = λ1 p1 + · · · + λm pm est appelée décomposition spectrale de l’endomorphisme
diagonalisable u.
Théorème
m
X
∀q ∈ N, uq = λqk pk .
k=1
dém. :
Par récurrence sur q ∈ N.
Pour q = 0 : ok
Supposons la propriété établie au rang q > 0.
Xm m
X m X
X m m
X
uq+1 = u ◦ uq = λj pj ◦ λqk pk = λj λqk δj,k pk = λq+1
k pk .
j=1 k=1 j=1 k=1 k=1
Récurrence établie.
Corollaire
m
X
∀P ∈ K [X], P (u) = P (λk )pk .
k=1
D1 , . . . , Dm vérifient D1 + · · · + Dm = In et Dj Dk = δj,k Dk .
On a alors A = λ1 P D1 P −1 + · · · + λm P Dm P −1 = λ1 A1 + · · · + λm Am
avec A1 + · · · + Am = In et Aj Ak = δj,k .
Définition
m
X
L’écriture A = λk Ak est appelée décomposition spectrale de la matrice diagonalisable A.
k=1
Théorème
m
X
∀q ∈ N, Aq = λqk Ak .
k=1
Corollaire
∀P ∈ K [X], P (A) = P (λ1 )A1 + · · · + P (λm )Am .
4 −2
Exemple Soit A = ∈ M2 (R).
3 −1
2
χA = X − 3X + 2 = (X − 1)(X − 2).
SpA = {1, 2}, A est diagonalisable.
Déterminons sa décomposition spectrale : A = A1 + 2A2 .
Considérons L polynôme tel que L(1) = 1 et L(2) = 0.
L(X) = 2 − X convient et alors
−2 2 3 −2
A1 = L(A) = 2I2 − A = et A2 = I2 − A1 =
−3 3 3 −2
Théorème
Soient u ∈ L(E) un endomorphisme diagonalisable et v ∈ L(E).
On a équivalence entre :
(i) v commute avec u ;
(ii) les sous-espaces propres de u sont stables par v.
dém. :
(i) ⇒ (ii) déjà vue.
(ii) ⇐ (i) Supposons (ii).
Puisque u est diagonalisable E = ⊕ Eλ (u).
λ∈Spu
Pour λ ∈ Spu et x ∈ Eλ (u) : (v ◦ u)(x) = v(u(x)) = v(λx) = λv(x) et (u ◦ v)(x) = u(v(x)) = λv(x)
car v(x) ∈ Eλ (u). Ainsi les endomorphismes u ◦ v et v ◦ u coïncident sur tous les sous-espaces propres
de u et puisque E = ⊕ Eλ (u), ces endomorphismes sont égaux.
λ∈Spu
Corollaire
L’ensemble des endomorphismes v ∈ L(E) commutant avec u diagonalisable est une algèbre
de dimension X 2
(dim Eλ (u))
λ∈Sp(u)
dém. :
Notons λ1 , . . . , λm les valeurs propres de u diagonalisable.
m
Dans une base B adaptée à la décomposition E = ⊕ Eλk (u) la matrice de u est de la forme
k=1
λ1 Iα1 0
..
.
0 λm Iαm
Exemple
Les matrices
commutant avec :
1 0 0 a b 0
- D = 0 1 0 sont les matrices de la forme c d 0 ;
0 0 2 0 0 e
1 0 0 a 0 0
- D = 0 2 0 sont les matrices de la forme 0 b 0 ;
0 0 3 0 0 c
1 0 0 a 0 b
- D = 0 2 0 sont les matrice de la forme 0 e 0 .
0 0 1 c 0 d
4.6 Trigonalisation
E désigne un K-espace vectoriel de dimension finie n ∈ N? .
4.6.1 Trigonalisabilité
Définition
Un endomorphisme u de E est dit trigonalisable lorsqu’il existe une base E dans laquelle
la matrice de u est triangulaire supérieure. Une telle base est dite base de trigonalisation de
l’endomorphisme u.
Définition
Une matrice A ∈ Mn (K) est dite trigonalisable lorsqu’elle est semblable à une matrice
triangulaire supérieure.
4.6.2 Caractérisation
Théorème
Pour u ∈ L(E), on a équivalence entre :
(i) u est trigonalisable ;
(ii) χu est scindé dans K [X] ;
De plus, les matrices triangulaire supérieure représentant u ont pour coefficients diagonaux les
valeurs propres de u comptées avec multiplicité.
(Idem pour A ∈ Mn (K) )
dém. :
(i) ⇒ (ii) Supposons u trigonalisable. Il existe une base de E dans laquelle la matrice de u est de la forme
λ1 ?
T =
..
.
0 λn
On a alors
n
Y
χu = χT = (−1)n (X − λi )
i=1
Ainsi χu est scindé dans K [X] et les valeurs propres de u sont les λ1 , . . . , λn comptées avec multiplicité.
(ii) ⇒ (i) Par récurrence sur n ∈ N?
Pour n = 1, c’est immédiat car une matrice de taille 1 est considérée triangulaire supérieure.
Supposons la propriété établie au rang n > 1.
Soit u un endomorphisme d’un K-espace vectoriel E de dimension n + 1.
On suppose χu scindé. Celui-ci possède donc une racine λ et celle-ci est alors valeur propre de u. Soit
e un vecteur propre associé. Considérons D = Vect(e) et H un sous-espace vectoriel supplémentaire de
Corollaire
Tout endomorphisme du C-espace vectoriel E est trigonalisable.
Corollaire
Toute matrice de Mn (C) est trigonalisable.
dém. :
Car de polynôme caractéristique scindé.
Corollaire
Si χu est scindé dans K [X] alors tru et det u sont la somme et le produit des valeurs propres
comptées avec multiplicité.
(Idem pour A ∈ Mn (K) )
Exemple Si A est une matrice de rang 1 alors dim ker A = n − 1 et donc 0 est valeur propre de
multiplicité au moins n − 1 de la matrice A. Le polynôme χA est alors scindé et la matrice A est donc
semblable à une matrice de la forme
0 ?
..
.
0
(0) λ
avec λ1 , . . . , λm les valeurs propres deux à deux distinctes et α1 , . . . , αm leurs multiplicités respectives.
On admet qu’il est possible de rendre la matrice A semblable à une matrice diagonale par blocs de la
forme
T1 (0)
..
.
(0) Tm
avec Tk ∈ Mαk (K) de la forme
λk ε1 (0)
..
λk .
..
. εαk −1
(0) λk
où ε1 , . . . , εαk −1 = 0 ou 1.
Concrètement, si χA (X) = (X + 1)(X − 1)3 , on peut rendre la matrice A semblable à l’une des matrices
−1 0 0 0 −1 0 0 0 −1 0 0 0 −1 0 0 0
0 1 0 0 0 1 1 0 0 1 0 0
ou 0 1 1 0
, ,
0 0 1 0 0 0 1 0 0 0 1 1 0 0 1 1
0 0 0 1 0 0 0 1 0 0 0 1 0 0 0 1
−1 0 −1
Exemple Soit A = 2 −3 −5 ∈ M3 (R).
−1 1 1
3
χA = −(X + 1) . SpA = {−1}
La matrice A est trigonalisable sans être diagonalisable car A 6= −I3 .
Rendons A semblable à l’une des matrices
−1 1 0 −1 0 0 −1 1 0
0 −1 0 , 0 −1 1 ou 0 −1 1
0 0 −1 0 0 −1 0 0 −1
1
E−1 (A) = Vect 1.
0
Puisque dim E−1 (A) = 1, seule la forme
−1 1 0
0 −1 1
0 0 −1
est possible.
En effet pour les deux autres formes, le sous-espace propre associé à la valeur propre −1 est de
dimension 2.
D’un point de vue vectoriel, si u est représenté par la matrice A, il s’agit de trouver des vecteurs
e1 , e2 , e3 vérifiant u(e1 ) = −e1 , u(e2 ) = −e2 + e1 et u(e3 ) = −e3 + e2 .
En restant dans le cadre matriciel, nous cherchons des colonnes C1 , C2 , C3 vérifiant AC1 = −C1 ,
AC2 = −C2 +C1 et AC3 = −C3 + C2 .
1
Prenons C1 = 1.
0
Après résolution
de l’équation matricielle (A + I3 )C2 = C1 ,
0
C2 = 2 convient.
−1
Après résolution
de l’équation matricielle (A + I3 )C3 = C2 ,
1
C3 = 0 convient
0
Finalement, pour
1 0 1
P = 1 2 0 ∈ GL3 (R)
0 −1 0
on a
−1 1 0
P −1 AP = 0 −1 1
0 0 −1
−1 −3 −1
Exemple Soit A = −1 1 1 ∈ M3 (R).
−2 −3 0
χA = −(X + 2)(X − 1)2 .
1 est valeur propre
double
et −2 est valeur
propre
simple
1 1
E−2 (A) = Vect 0, E1 (A) = Vect −1
1 1
La matrice A n’est pas diagonalisable, cependant elle est trigonalisable, essayons de la rendre semblable
−2 0 0
0 1 1
0 0 1
C1 , C2
Déterminons , C3 vérifiant
AC1 = −2C1 , AC2 = C2 et AC3 = C3 + C2 .
1 1 0
C1 = 0, C2 = −1 et, après résolution de l’équation AC3 = C3 + C2 , C3 = 0
1 1 −1
conviennent.
Pour
1 1 0
P = 0 −1 0 ∈ GL3 (R)
1 1 −1
on a
−2 0 0
P −1 AP = 0 1 1
0 0 1
Définition
On appelle polynôme annulateur de A ∈ Mn (K) tout polynôme P ∈ K [X] vérifiant P (A) =
On .
a b
Exemple Soit A = ∈ M2 (K).
c d
On vérifie par le calcul que P = X 2 − (a + d)X + (ad − bc) est annulateur de A.
Exemple Soit
λ1 (0)
D=
.. ∈ Mn (K)
.
(0) λn
Pour P ∈ K [X], on a
P (λ1 ) (0)
P (D) =
..
.
(0) P (λn )
Par suite P = (X − λ1 ) . . . (X − λn ) est annulateur de D.
Théorème
L’ensemble des polynômes annulateurs de u ∈ L(E) est un sous-espace vectoriel et un idéal
de K [X].
Idem en A ∈ Mn (K).
dém. :
Notons I = P ∈ K [X] /P (u) = 0̃ .
I ⊂ K [X], 0 ∈ I.
Soient λ, µ ∈ K et P, Q ∈ I.
(λP + µQ)(u) = λP (u) + µQ(u) = 0̃.
Ainsi λP + µQ ∈ I.
Soient P ∈ I et Q ∈ K [X].
(P Q)(u) = P (u) ◦ Q(u) = 0̃ car P (u) = 0̃.
Ainsi P Q ∈ I.
Plus rapidement, on pouvait aussi remarque que I est le noyau du morphisme d’algèbres P 7→ P (u).
Corollaire
Si P annule u et si P | Q alors Q annule u.
Idem en A ∈ Mn (K).
4.7.3 Valeurs propres et polynômes annulateurs
Lemme
Si λ est valeur propre de u ∈ L(E) alors pour tout P ∈ K [X], P (λ) est valeur propre de P (u).
dém. :
Soit λ une valeur propre de u. Il existe x 6= 0E tel que u(x) = λx.
On a u2 (x) = u(λx) = λ2 x,. . . , un (x) = λn x.
Soit P = an X n + · · · + a1 X + a0 ∈ K [X].
Exemple Si p est une projection vectorielle alors X 2 − X = X(X − 1) est annulateur de p et donc
Spp ⊂ {0, 1}.
SpR A = {1}
Puisque 1 est valeur propre et puisque les valeurs propres de A sont deux à deux conjuguées
Théorème
Le polynôme caractéristique χu de u ∈ L(E) est annulateur de u.
Idem en A ∈ Mn (K).
a b
Exemple Pour A = ∈ M2 (K), χA = X 2 − tr(A)X + det(A) est annulateur de A.
c d
1 1
Exemple Soit A = ∈ M2 (R).
−2 4
χA = X 2 − 5X + 6 = (X − 2)(X − 3).
Puisque ΠA | χA donc ΠA = X − 1, X − 2 ou (X − 2)(X − 3).
Les cas ΠA = 1, X − 1 ou X − 2 sont à exclure et il reste ΠA = (X − 2)(X − 3).
1 0 0
Exemple Soit D = 0 1 0 ∈ M3 (R).
0 0 2
2
χD = −(X − 1) (X − 2) et ΠD = (X − 1)(X − 2).
Théorème
Soit u ∈ L(E). On a équivalence entre :
(i) u est diagonalisable ;
(ii) u annule un polynôme scindé simple.
(idem pour A ∈ Mn (K) )
dém. :
(i) ⇒ (ii) Ci-dessus
(ii) ⇐ (i) Si u annule un polynôme scindé simple alors Πu divise celui-ci et est donc lui-même scindé
simple.
Exemple Soit T : Mn (R) → Mn (R) définie par T (M ) = t M . T ∈ L (Mn (R)).
On a T 2 = Id donc X 2 − 1 annule T .
Puisque le polynôme X 2 − 1 est scindé simple, l’endomorphisme T est diagonalisable.
De plus SpT ⊂ {1, −1}.
E1 (T ) = ker(T − Id) = Sn (R) et E−1 (T ) = ker(I + Id) = An (R)
On en déduit trT = dim Sn (R) − dim An (R) = n et det T = (−1)dim An (R) = (−1)n(n−1)/2 .
En fait, l’endomorphisme T est la symétrie vectorielle par rapport à Sn (K) et parallèlement à An (K).
Théorème
Si u ∈ L(E) est diagonalisable et si F est un sous-espace vectoriel stable par u alors uF est
diagonalisable.
dém. :
Si u est diagonalisable alors u annule un polynôme scindé simple P et alors P (uF ) = (P (u))F = 0̃
donc uF annule un polynôme scindé simple et est donc diagonalisable.
Corollaire
Soit u ∈ L(E) diagonalisable.
Les sous-espaces vectoriels stables par u sont ceux admettant une base de vecteurs propres.
dém. :
Si F est stable par u alors uF est diagonalisable donc F admet une base de vecteurs propres de uF qui
sont aussi vecteurs propres de u.
Inversement, si (e1 , . . . , ep ) est une base de F formée de vecteurs propres alors pour tout j ∈ {1, . . . , p},
u(ej ) ∈ Vect(ej ) ⊂ F et donc F est stable par u.
Exemple Soient u et v ∈ L(E) diagonalisables.
Montrons que si u et v commutent alors il existe une base de E formée de vecteurs propres communs à
u et v [base de diagonalisation commune].
Puisque u est diagonalisable, E = ⊕ Eλ (u).
λ∈Spu
Pour λ ∈ Spu, Eλ (u) est stable par v, or v est diagonalisable donc vEλ (u) l’est aussi. Ainsi, il existe une
base Bλ de Eλ (u) formée de vecteurs propres de v. Cette base est a fortiori formée de vecteur propre de
u. En accolant les bases Bλ , on forme une base de E formée de vecteurs propres communs à u et v.
Matriciellement, on a obtenu que si A, B ∈ Mn (K) sont diagonalisables et commutent alors il existe
P ∈ GLn (K) vérifiant P −1 AP et P −1 BP sont diagonales.
Considérons alors
1 0
T = ∈ Mn+1 (R)
0 R
La matrice T est inversible et
−1 1 0
T =
0 R−1
de sorte que
λ ?
λ1
(QT )−1 AQT =
..
.
(0) λn
Récurrence établie.
Exemple Soit A ∈ Mn (K) nilpotente. Il existe p ∈ N? tel que Ap = On .
Ainsi le polynôme scindé X p annule A et donc A est trigonalisable.
De plus SpA ⊂ {0} et donc A est semblable à une matrice triangulaire supérieure stricte.
On en déduit χA = (−1)n X n et An = On .
Corollaire
Tout endomorphisme induit par un endomorphisme trigonalisable est lui-même trigonalisable.
dém. :
Car l’endomorphisme induit est annulé par le même polynôme scindé.
Puisque u et v est trigonalisable, cet endomorphisme annule un polynôme scindé et la matrice A est aussi
annulé par celui-ci. On en déduit que A0 est trigonalisable et de même B 0 est trigonalisable.
De plus u ◦ v = v ◦ u entraîne AB = BA puis A0 B 0 = B 0 A0 . Par application de l’hypothèse de
récurrence, on peut affirmer qu’il existe P 0 ∈ GLn (K) telle que les matrices P 0−1 A0 P 0 et P 0−1 B 0 P 0
sont triangulaires supérieures. Considérons alors
1 0
P = 0 ∈ Mn+1 (K)
0 P
On a det P = det P 0 6= 0 donc P est inversible et en opérant par produit par blocs, on obtient P −1 AP
et P −1 BP triangulaires supérieures.
Récurrence établie.
Espaces préhilbertiens
165
5.1. STRUCTURE RÉELLE
et
ϕ(z, z) = 0 ⇒ z = 0
Ainsi ϕ est définie positive et donc ϕ est un produit scalaire sur C.
En fait, pour z = a + ib et z 0 = a0 + ib0 avec a, b, a0 , b0 ∈ R, ϕ(z, z 0 ) = aa0 + bb0 .
ϕ(B, A) = tr t BA = trt t
BA = tr t AB = ϕ(A, B)
Or
n
X n
X
t t
a2i,j
AA j,j
= A j,i
[A]i,j =
i=1 i=1
Remarque Sur E = Mn,1 (R), ϕ(X, Y ) = tr(t XY ) = t XY car t XY est une matrice uni-coefficient.
Ainsi le produit scalaire canonique sur Mn,1 (R) est donné par
ϕ(X, Y ) = t XY = x1 y1 + · · · + xn yn
avec X = t x1 · · · xn et Y = t y1 · · · yn .
L’action de ce produit scalaire est la même que celles du produit scalaire sur Rn .
Exemple Soit ( )
+∞
X
2
E = ` (N, R) = u∈R / N
u2n < +∞
n=0
X 1 2
Pour u, v ∈ `2 (R), la série u + vn2 .
un vn est absolument convergente car |un vn | 6
2 n
On pose
+∞
X
ϕ(u, v) = un vn
n=0
2
Sans peine, on vérifie que ϕ est produit scalaire sur ` (N, R).
1 2
Pour f, g ∈ L2 (I, R), la fonction f g est intégrable sur I car |f g| 6 f + g2 .
2
Posons Z
ϕ(f, g) = f (t)g(t) dt
I
Sans peine, on vérifie que ϕ est un produit scalaire sur L2 (I, R).
Définition
On appelle espace euclidien tout espace préhilbertien réel de dimension finie.
Exemple Rn , C et Mn,p (R) sont des espaces euclidiens pour le produit scalaire canonique.
Proposition
∀x ∈ E, kxk = 0 ⇒ x = 0E .
∀λ ∈ R, ∀x ∈ E, kλxk = |λ| kxk.
dém. :
kxk = 0 ⇒ (x | x) = 0 donc kxk = 0 ⇒ x = 0E .
2 2
kλxk = (λx | λx) = λ2 (x | x) = λ2 kxk donc kλxk = |λ| kxk.
Proposition
2 2 2
ka + bk = kak + 2(a | b) + kbk ,
2 2 2
ka − bk = kak − 2(a | b) + kbk ,
2 2
(a − b | a + b) = kak − kbk .
dém. :
2
ka + bk = (a + b | a + b) = (a | a + b) + (b | a + b) par linéarité en la première variable.
2
ka + bk = (a | a) + (a | b) + (b | a) + (b | b) par linéarité en la deuxième variable.
2 2 2
ka + bk = kak + 2(a | b) + kbk par symétrie.
Les autres identités s’obtiennent de façon analogue.
Proposition
2 2 2 2
ka + bk + ka − bk = 2 kak + 2 kbk
dém. :
En sommant les deux premières identités remarquables.
Proposition
1 2 2
(a | b) = ka + bk − ka − bk
4
dém. :
En faisant la différence des deux premières identités remarquables.
Théorème
Exemple Sur Rn ,
n
n
!1/2 n
!1/2
X X X
xk yk 6 x2k yk2
k=1 k=1 k=1
Théorème
avec égalité si, et seulement si, (x | y) = |(x | y)| = kxk kyk i.e. x, y colinéaires et (x | y) > 0.
Exemple Dans C, il y a égalité dans l’inégalité |z + z 0 | 6 |z| + |z 0 | si, et seulement si, z et z 0 figurent
sur une même demi-droite droite issue de O.
Corollaire
La norme euclidienne est une norme : tout espace préhilbertien réel est automatiquement un
espace normé.
Théorème
Le produit scalaire est une application bilinéaire continue pour la norme euclidienne.
dém. :
(. | .) est une application bilinéaire vérifiant |(x | y)| 6 1 × kxk kyk est elle est donc continue.
Définition
Une application ϕ : E × E → F est dite sesquilinéaire si
1) ∀y ∈ E, l’application x 7→ ϕ(x, y) est semi-linéaire,
2) ∀x ∈ E, l’application y 7→ ϕ(x, y) est linéaire.
n
X
Exemple Sur E = Cn considérons ϕ : (x, y) 7→ x̄k yk = x̄1 y1 + · · · + x̄n yn .
k=1
Soient λ, µ ∈ C et x, y, z ∈ Cn .
n
X
ϕ(x, λy + µz) = x̄k (λyk + µzk ) = λϕ(x, y) + µϕ(x, z)
k=1
Exemple Sur E = Mn,p (C) l’application ϕ : (A, B) 7→ tr (A? B) définit un produit scalaire hermitien.
Exemple Sur ( )
+∞
X
2 N 2
E = ` (N, C) = u∈C / |un | < +∞
n=0
+∞
X
ϕ(u, v) = ūn vn définit un produit scalaire hermitien.
n=0
Exemple Sur Z
2
E = L2c (I, C) = f ∈ C(I, C)/ |f | < +∞
I
Z
ϕ(f, g) = f¯g définit un produit scalaire hermitien.
I
Remarque En particulier
Z b
ϕ(f, g) = f (t)g(t) dt
a
définit un produit scalaire hermitien sur C([a, b] , C)
Définition
On appelle espace hermitien tout espace préhilbertien complexe de dimension finie.
Exemple Cn et Mn,p (C) sont des espaces hermitiens pour le produit scalaire canonique.
Proposition
∀x ∈ E, kxk = 0 ⇒ x = 0E .
∀λ ∈ C, ∀x ∈ E, kλxk = |λ| kxk.
dém. :
kxk = 0 ⇒ (x | x) = 0 donc kxk = 0 ⇒ x = 0E .
2 2 2
kλxk = (λx | λx) = λ̄λ (x | x) = |λ| kxk donc kλxk = |λ| kxk.
Proposition
2 2 2
ka + bk = kak + 2Re(a | b) + kbk ,
2 2 2
ka − bk = kak − 2Re(a | b) + kbk .
dém. :
2
ka + bk = (a + b | a + b) = (a | a) + (a | b) + (b | a) + (b | b) par sesquilinéarité.
Or (a | b) + (b | a) = (a | b) + (a | b) = 2Re(a | b).
Proposition
2 2 2 2
ka + bk + ka − bk = 2 kak + 2 kbk
dém. :
En sommant les deux premières identités remarquables.
Proposition
1 2 2
i
2 2
(a | b) = ka + bk − ka − bk − ka + ibk − ka − ibk
4 4
dém. :
(a | b) = Re(a | b) + iIm(a | b)
1 2 2
avec Re(a | b) = ka + bk − ka − bk et Im(a | b) = −Re(i(a | b)) = −Re(a | ib).
4
Théorème
∀x, y ∈ E, |(x | y)| 6 kxk kyk avec égalité si, et seulement si, la famille (x, y) est liée.
dém. :
Cas x = 0E : ok.
2
Cas x 6= 0E : Considérons le vecteur u = (x | y)x − kxk y.
2 2 2 2 2 4 2 4 2 2 2
kuk > 0 donne |(x | y)| kxk − 2 |(x | y)| kxk + kxk kyk > 0 donc kxk kyk > |(x | y)| kxk
2 2 2
puis |(x | y)| 6 kxk kyk
De plus, il y a égalité si, et seulement si, u = 0.
Or si u = 0 alors la famille (x, y) est liée.
2
Inversement, si la famille (x, y) est liée alors, puisque x 6= 0, on peut écrire y = λx et u = λ kxk x −
2
λ kxk x = 0.
Théorème
∀x, y ∈ E, kx + yk 6 kxk + kyk
dém. :
2 2 2 2 2 2 2 2
kx + yk = kxk +2Re(x | y)+kyk 6 kxk +2 |(x | y)|+kyk 6 kxk +2 kxk kyk+kyk = (kxk + kyk)
Proposition
Le produit scalaire hermitien est une application continue pour la norme hermitienne.
dém. :
Pour (x0 , y0 ) ∈ E 2 ,
(x | x) = 0 ⇒ x = 0E
Définition
On dit qu’une famille (ei )i∈I de vecteurs de E est orthogonale si elle est constituée de vecteurs
deux à deux orthogonaux i.e.
∀i, j ∈ I, i 6= j ⇒ (ei | ej ) = 0
Proposition
Toute famille orthogonale ne comportant pas le vecteur nul est libre.
dém. :
Soit (e1 , . . . , en ) une famille orthogonale finie ne comportant pas le vecteur nul.
Supposons λ1 e1 + · · · + λn en = 0E .
2
Pour tout 1 6 j 6 n, (ej | λ1 e1 + · · · + λn en ) = (ej | 0E ) donne λj kej k = 0 et donc λj = 0.
dém. :
Par récurrence sur n ∈ N? .
Pour n = 1 : ok
Supposons la propriété établie au rang n > 1.
Soit (e1 , . . . , en , en+1 ) une famille orthogonale.
2 2 2
En exploitant ka + bk = kak + 2Re(a | b) + kbk avec a = e1 + · · · + en et b = en+1 , on obtient
2 2 2
ke1 + · · · + en + en+1 k = ke1 + · · · + en k + ken+1 k
car (a | b) = 0.
2 2 2 2
Par hypothèse de récurrence ke1 + · · · + en + en+1 k = ke1 k + · · · + ken k + ken+1 k .
Récurrence établie.
Proposition
Toute famille orthonormée est libre.
dém. :
Car orthogonale sans le vecteur nul.
Définition
On appelle base orthonormée de E toute base de E qui soit aussi une famille orthonormée.
Exemple La base canonique de Mn,p (K) est orthonormée pour le produit scalaire canonique.
En effet (Ei,j | Ek,` ) = tr(t Ei,j Ek,` ) = tr(Ej,i Ek,` ) = tr(δi,k Ej,` ) = δi,k δj,` .
(e1 , . . . , ep , ep+1 , . . . , em )
Le vecteur em+1 = y/kyk est alors tel que la famille (e1 , . . . , ep , . . . , em+1 ) soit orthonormée : cela
contredit la définition de m.
Corollaire
Tout espace euclidien E (ou hermitien) possède au moins une base orthonormée.
dém. :
Il suffit de compléter en une base orthonormée la famille orthonormée vide.
5.3.4 Coordonnées dans une base orthonormée
Soit E un espace euclidien (resp. hermitien) de dimension n ∈ N? et B = (e1 , . . . , en ) une base
orthonormée de celui-ci.
5.3.4.1 Calcul des coordonnées d’un vecteur
Théorème
Les coordonnées x1 , . . . , xn d’un vecteur x de E dans la base orthonormée B sont données par
xk = (ek | x) de sorte que
Xn
x= (ek | x)ek
k=1
dém. : !
X n n
X n
X
x= xk ek donc (ek | x) = ek | x` e` = x` (ek | e` ) = xk .
k=1 `=1 `=1
Corollaire
La matrice A = (ai,j ) ∈ Mn (K) d’un endomorphisme u de A dans une base orthonormée
B = (e1 , . . . , en ) est déterminée par ai,j = (ei | u(ej )).
dém. :
Le coefficient d’indice (i, j) de A est la i-ème composante dans B du vecteur u(ej ).
Xn
Exemple Pour u ∈ L(E), tru = (ek | u(ek )).
k=1
Théorème
Pour x, y ∈ E de coordonnées x1 , . . . , xn et y1 , . . . , yn dans la base orthonormée B on a
Cas euclidien :
2
(x | y) = x1 y1 + · · · + xn yn = t XY et kxk = x21 + · · · + x2n = t XX
Cas hermitien :
2 2 2
(x | y) = x̄1 y1 + · · · + x̄n yn = X ? Y et kxk = |x1 | + · · · + |xn | = X ? X
dém. :
X n n
X
x= xk ek et y = yk ek donc
k=1 k=1
n n
! n X
n n
X X X X
(x | y) = xk ek | y` e` = x̄k y` (ek | e` ) = x̄k yk
k=1 `=1 k=1 `=1 k=1
F ⊥ = {x ∈ E/∀a ∈ F, (a | x) = 0}
⊥
Exemple {0E } = E et E ⊥ = {0E }.
Exemple
F ⊥ = {x ∈ E/∀1 6 k 6 m, (ek | x) = 0}
5.4.2 Propriétés
Théorème
F ⊥ est un sous-espace vectoriel fermé de E.
dém. :
F ⊥ ⊂ E et 0E ∈ F ⊥ car 0E est orthogonal à tous les vecteurs de E, notamment ceux de F .
Soient λ, µ ∈ K et x, y ∈ F ⊥ .
Pour tout a ∈ F , (a | λx + µy) = λ(a | x) + µ(a | y) = 0 donc λx + µy ∈ F ⊥ .
Soit (xn ) ∈ (F ⊥ )N convergeant vers un élément x∞ .
Soit a ∈ F . Pour tout n ∈ N, (a | xn ) = 0 donc à la limite (a | x∞ ) = 0 car le produit scalaire est
continue.
On en déduit x∞ ∈ F ⊥ .
ker ϕa sous-espace vectoriel fermé de E.
Proposition
1) F ⊂ F ⊥⊥ ;
2) F ⊂ G ⇒ G⊥ ⊂ F ⊥ ;
3) (F + G)⊥ = F ⊥ ∩ G⊥ ;
4) (F ∩ G)⊥ ⊃ F ⊥ + G⊥ .
dém. :
1) Soit x ∈ F . Pour tout y ∈ F ⊥ , (x | y) = 0 donc x ∈ F ⊥⊥ .
2) Supposons F ⊂ G.
Soit x ∈ G⊥ . Pour tout y ∈ F on a (x | y) = 0 car x ∈ G⊥ et y ∈ G. Par suite x ∈ F ⊥ .
Ainsi F ⊂ G ⇒ G⊥ ⊂ F ⊥ .
3) Puisque F ⊂ F + G et G ⊂ F + G, on a (F + G)⊥ ⊂ F ⊥ , (F + G)⊥ ⊂ G⊥ et donc (F + G)⊥ ⊂
F ⊥ ∩ G⊥ .
Inversement, soit x ∈ F ⊥ ∩ G⊥ . Pour tout y ∈ F + G, on peut écrire y = a + b avec a ∈ F et b ∈ G et
alors (x | y) = (x | a) + (x | b) = 0. Ainsi F ⊥ ∩ G⊥ ⊂ (F + G)⊥ puis l’égalité.
4) Puisque F ∩ G ⊂ F et F ∩ G ⊂ G alors F ⊥ ⊂ (F ∩ G)⊥ , G⊥ ⊂ (F ∩ G)⊥ et donc F ⊥ + G⊥ ⊂
(F ∩ G)⊥ car (F ∩ G)⊥ est un sous-espace vectoriel
Attention : Il se peut que l’inclusion F ⊂ F ⊥⊥ soit stricte.
∀(x, y) ∈ F × G, (x | y) = 0
Exemple
Proposition
On a équivalence entre :
(i) F et G sont orthogonaux ;
(ii) F ⊂ G⊥ ;
(iii) G ⊂ F ⊥ .
dém. :
(i) ⇒ (ii) Supposons F et G sont orthogonaux.
Soit x ∈ F . Pour tout y ∈ G, (x | y) = 0 donc x ∈ G⊥ . Ainsi F ⊂ G⊥ .
(ii) ⇒ (i) Supposons F ⊂ G⊥ .
Pour tout x ∈ F et y ∈ G, (x | y) = 0 car x ∈ G⊥ et y ∈ G. Ainsi F et G sont orthogonaux.
Par un argument de symétrie, on a aussi (i) ⇔ (ii).
x ∈ F ∩ G ⇒ (x | x) = 0
Proposition
Si F1 , . . . Fm sont des sous-espaces vectoriels de E deux à deux orthogonaux alors ceux-ci
sont en somme directe.
dém. :
Supposons x1 + · · · + xm = 0 avec chaque xk dans Fk .
2
Pour tout 1 6 k 6 m, (xk | x1 + · · · + xm ) = (xk | 0) = 0 donne kxk k = 0 car (xk | xj ) = 0
pour j 6= k.
Ainsi xk = 0 pour tout 1 6 k 6 m.
Définition
Lorsque les sous-espaces vectoriels F1 , . . . , Fm sont deux à deux orthogonaux, on dit qu’ils
n
⊥
sont en somme directe orthogonale et leur somme est notée ⊕ Fk .
k=1
E = F ⊕⊥ G
Exemple Dans Mn (R) muni du produit scalaire canonique les sous-espaces vectoriels Sn (R) et
An (R) sont supplémentaires orthogonaux.
En effet :
Soient A ∈ Sn (R) et B ∈ An (R).
(A | B) = tr(t AB) = tr(AB) et (A | B) = (B | A) = tr(t BA) = −tr(BA) = tr(AB) donc
(A | B) = 0.
Ainsi Sn (R) et An (R) orthogonaux et donc en somme directe.
De plus, pour tout M ∈ Mn (R), on peut écrire
1 1
M + tM + M − tM
M=
2 2
1 1
M + t M ∈ Sn (R) et M − t M ∈ An (R).
avec
2 2
Ainsi
Mn (R) = Sn (R) ⊕⊥ An (R)
Théorème
Si F et G sont supplémentaires orthogonaux alors
F ⊥ = G et G⊥ = F
dém. :
On sait déjà G ⊂ F ⊥ .
Pour tout x ∈ F ⊥ , on peut écrire x = u + v avec u ∈ F et v ∈ G.
Or (x | u) = 0 donc u = 0E puis x = v ∈ G. Ainsi F ⊥ ⊂ G puis l’égalité.
Corollaire
Si F admet un supplémentaire orthogonal, celui-ci est unique et c’est F ⊥ .
On dit alors que F ⊥ est le supplémentaire orthogonal de F .
Corollaire
Si F admet un supplémentaire orthogonal alors F ⊥⊥ = F .
dém. :
Car F ⊥⊥ = G⊥ = F .
Théorème
Si F est un sous-espace vectoriel de dimension finie alors
E = F ⊕⊥ F ⊥
dém. :
On sait déjà que F et F ⊥ sont orthogonaux.
Montrons F + F ⊥ = E.
Soit B = (e1 , . . . , em ) une base orthonormée de F .
Analyse : Soit x ∈ E. Supposons x = a + b avec a ∈ F et b ∈ G.
Xm
On a a = (ek | a)ek or (ek | a) = (ek | x) − (ek | b) = (ek | x) car ek ∈ F et b ∈ F ⊥ .
k=1
m
X
On en déduit a = (ek | x)ek et b = x − a.
k=1
m
X
Synthèse : Soient x ∈ E, a = (ek | x)ek et b = x − a.
k=1
On a évidemment a ∈ F et x = a + b. Reste à vérifier b ∈ F ⊥ .
F = Vect(e1 , . . . , em ) et (ek | b) = (ek | x) − (ek | a) = 0 donc b ∈ F ⊥ .
Corollaire
Si F est un sous-espace vectoriel de dimension finie alors
F ⊥⊥ = F
Corollaire
Si F et G sont des sous-espaces vectoriels d’un espace euclidien ou hermitien E alors
1) F ⊕⊥ F ⊥ = E et F ⊥⊥ = F ;
2) dim F ⊥ = dim E − dim F ;
3) (F + G)⊥ = F ⊥ ∩ G⊥ ;
4) (F ∩ G)⊥ = F ⊥ + G⊥ .
dém. :
1) Car F est de dimension finie.
2) Car F et F ⊥ sont supplémentaires.
3) Toujours vraie.
4) En exploitant 3) avec F ⊥ et G⊥ on obtient (F ⊥ + G⊥ )⊥ = F ∩ G puis F ⊥ + G⊥ = (F ∩ G)⊥
5.4.7 Application : hyperplan et forme linéaire
5.4.7.1 Droite normale d’un hyperplan en dimension finie
Définition
Si H est un hyperplan d’un espace euclidien ou hermitien E alors H ⊥ est une droite de E
appelée droite normale de H. Les vecteurs non nuls de cette droite sont appelés vecteurs
normaux à H.
Théorème
Si a est un tel vecteur normal à l’hyperplan H alors
∀x ∈ E, x ∈ H ⇔ (a | x) = 0
dém. :
En effet
(a | x) = 0 ⇔ x ∈ Vect(a)⊥ = H ⊥⊥ = H
5.4.7.2 Représentation d’une forme linéaire
∀ϕ ∈ E ? , ∃!a ∈ E, ∀x ∈ E, ϕ(x) = (a | x)
dém. :
Soit ϕ ∈ E ? . Introduisons B = (e1 , . . . , en ) base orthonormée de E.
Unicité : Soit a solution, s’il en existe.
n
X n
X n
X
a= (ek | a)ek = (a | ek )ek = ϕ(ek )ek
k=1 k=1 k=1
n
! n
X X
ϕa (ek ) = (a | ek ) = ϕ(e` )e` | ek = ϕ(e` )(e` | ek ) = ϕ(ek )
`=1 `=1
Les applications linéaires ϕa et ϕ coïncident sur une base, elles sont donc égales.
Remarque Si H = ker ϕ avec ϕ forme linéaire non nul, alors a ∈ E tel que ϕ : x 7→ (a | x) est un
vecteur normal à H.
Pour u, v ∈ E, l’application x 7→ [u, v, x] est une forme linéaire sur E donc il existe un unique vecteur
a ∈ E tel que
∀x ∈ E, [u, v, x] = (a | x)
Définition
On appelle projection orthogonale sur F la projection pF sur F parallèlement à F ⊥ .
m
⊥
Exemple Si E = ⊕ Ek alors les projecteurs p1 , . . . , pm associés à cette décomposition sont des
k=1
projections orthogonales. En effet pk est sur Ek parallèlement à ⊕ Ej = Ek⊥ .
j6=k
Proposition
p2F = pF , ImpF = ker(pF − Id) = F , ker pF = F ⊥ et Id − pF = pF ⊥ .
dém. :
Ce sont les propriétés usuelles des projections et symétries qui sont ici particularisées.
Théorème
∀x ∈ E, kpF (x)k 6 kxk
dém. :
Soit x ∈ E.
On peut écrire x = a + b avec a ∈ F et b ∈ F ⊥ .
2 2 2
Par Pythagore kxk = kak + kbk car a et b sont orthogonaux donc kxk > kak = kpF (x)k.
Théorème
∀x, y ∈ E, (pF (x) | y) = (x | pF (y))
dém. :
Soient x, y ∈ E.
On peut écrire x = a + b et y = c + d avec a ∈ F, b ∈ F ⊥ , c ∈ F et d ∈ F ⊥ .
(pF (x) | y) = (a | c + d) = (a | c) + (a | d) = (a | c) car a ∈ F et d ∈ F ⊥ .
(x | pF (y)) = (a + b | c) = (a | c) + (b | c) = (a | c) car b ∈ F ⊥ et c ∈ F .
Par suite (pF (x) | y) = (x | pF (y)).
De même
(sF (x) | y) = (a−b | c+d) = (a | c)−(b | d) = (a+b | c−d) = (x | sF (y)) car (a | d) = (b | c) = 0.
Théorème
Si F est un sous-espace vectoriel de dimension finie de base orthonormée (e1 , . . . , em ) alors
m
X
∀x ∈ E, pF (x) = (ek | x)ek
k=1
dém. :
m
X m
X m
X
p(x) = (ek | p(x))ek = (p(ek ) | x)ek = (ek | x)ek
k=1 k=1 k=1
(a | x)
∀x ∈ E, pD (x) = 2 a
kak
(a | x)
∀x ∈ E, pH (x) = x − 2 a
kak
Corollaire
Si (e1 , . . . , en ) est une famille orthonormée de vecteurs de E alors
n
X 2 2
∀x ∈ E, |(ek | x)| 6 kxk
k=1
dém. :
Soit (e1 , . . . , en ) une famille orthonormée.
En posant F = Vect(e1 , . . . , en ). La relation kpF (x)k 6 kxk donne celle proposée.
Exemple Si (en )n∈N est une famille orthonormée de vecteurs de E alors pour tout x ∈ E, la série
X +∞
X
2 2 2
numérique |(en | x)| converge et |(en | x)| 6 kxk .
n=0 X 2
En effet, par ce qui précède, les sommes partielles de la série à termes positifs |(en | x)| sont
2
majorées par kxk .
Proposition
s2F = Id, ker(sF − Id) = F , ker(sF + Id) = F ⊥ , sF = 2pF − Id et −sF = sF ⊥ .
(a | x) (a | x)
∀x ∈ E, pD (x) = 2 a et sD (x) = 2 2 a−x
kak kak
(a | x) (a | x)
∀x ∈ E, pH (x) = x − 2 a et sH (x) = x − 2 2 a
kak kak
Théorème
dém. :
Puisque sF = 2pF − IdE
En développant
(sF (x) | sF (y)) = 2(pF (x) | pF (y)) − 2(pF (x) | y) − 2(x | pF (y)) + (x | y)
Or (pF (x) | y) = (x | pF (y)) et (pF (x) | pF (y)) = (x | p2F (y)) = (x | pF (y)) donc en simplifiant
dém. :
d(x, F ) = inf kx − yk = min kx − yk = kx − pF (x)k.
y∈F y∈F
Exemple Soient a 6= 0E et D = Vect(a).
(a | x)
∀x ∈ E, d(x, D) =
x − 2 a
kak
|(a | x)|
∀x ∈ E, d(x, H) =
kak
5.5.4.1 Énoncé
Théorème
Si (e1 , . . . , en ) est une famille libre de vecteurs de E alors il existe une unique famille
(v1 , . . . , vn ) telle que :
1) (v1 , . . . , vn ) est une famille orthonormée ;
2) ∀1 6 k 6 n, Vect(e1 , . . . , ek ) = Vect(v1 , . . . , vk ) ;
3) ∀1 6 k 6 n, (ek | vk ) ∈ R+? .
On dit que la famille (v1 , . . . , vn ) est la famille orthonormalisée de (e1 , . . . , en ) par le procédé
de Schmidt.
dém. :
Par récurrence sur n ∈ N? .
Pour n = 1 :
Soit (e1 ) une famille libre. On a e1 6= 0E .
Analyse : Si (v1 ) est solution alors on a Vect(v1 ) = Vect(e1 ). On peut donc écrire v1 = λe1 . Or kv1 k = 1
donc |λ| ke1 k = 1 et (e1 | v1 ) ∈ R+? donne λ ∈ R+? . Ainsi v1 = e1 /ke1 k.
Synthèse : v1 = e1 /ke1 k convient.
Supposons la propriété au rang n ∈ N? .
Soit (e1 , ..., en , en+1 ) une famille libre.
Analyse : Supposons (v1 , . . . , vn , vn+1 ) une famille solution.
Nécessairement (v1 , . . . , vn ) est l’orthonormalisée de (e1 , . . . , en ) ce qui détermine (v1 , . . . , vn ) de
manière unique. vn+1 ∈ Vect(e1 , . . . , en+1 ) permet d’écrire vn+1 = λ1 e1 + · · · + λn en + λen+1
Or F = Vect(e1 , . . . , en ) = Vect(v1 , . . . , vn ), on peut donc aussi écrire vn+1 = µ1 v1 + · · · + µn vn +
λen+1 .
Pour tout 1 6 i 6 n, (vi | vn+1 ) = 0 donne µi = −λ(vi | en+1 ).
Xn Xn
Par suite vn+1 = λ(en+1 − (en+1 | vi )vi ) = λ avec u = en+1 − (vi | en+1 )vi = en+1 −
i=1 i=1
pF (en+1 ).
kvn+1 k = 1 donne |λ| kuk = 1 d’où |λ| = 1/kuk.
Enfin (en+1 | vn+1 ) = (u | vn+1 ) = λ(u | u) donne λ ∈ R+? .
Finalement vn+1 = u/kuk ce qui détermine vn+1 de manière unique.
5.5.4.2 Algorithme
Dans la pratique pour orthonormaliser (e1 , . . . , en ) :
- Etape 1 : on pose u1 = e1 ;
- Etape 2 : on pose u2 = e2 + λu1 et on détermine λ pour que (u1 | u2 ) = 0 ;
- Etape 3 : on pose u3 = e3 + λu1 + µu2 et on détermine λ et µ pour que (u1 | u3 ) = (u2 | u3 ) = 0 ;
- etc.
- Etape finale : on forme (v1 , . . . , vn ) en normant chaque vecteur v1 = u1 /ku1 k, v2 = u2 /ku2 k. . .
5.5.4.3 Exemples
Exemple Dans R3 muni du produit scalaire canonique considérons la famille (e1 , e2 , e3 ) avec
Exemple Dans M2 (R) muni du produit scalaire canonique (A | B) = tr(t AB) considérons la famille
(A1 , A2 , A3 ) avec
1 0 1 1 1 0
A1 = , A2 = et A3 =
0 1 1 1 0 0
On vérifie aisément que cette famille est libre et le processus d’orthonormalisation de Schmidt donne
1 0 0 1 1/2 0
B1 = , B2 = et B3 =
0 1 1 0 0 −1/2
puis
1 1 0 1 0 1 1 1 0
C1 = √ , B2 = √ et B3 = √
2 0 1 2 1 0 2 0 −1
Exemple Calcul de
Z 1
m= inf (t2 − (at + b))2 dt
(a,b)∈R2 0
On a m = d(X 2 , R1 [X])2 .
2
Soit p = pR1 [X] . On a m =
X 2 − p(X 2 )
.
Déterminons p(X 2 ).
Pour cela formons une base orthonormée de R1 [X].
On en déduit
p(X 2 ) = X − 1/6
Puis après calculs m = 1/180.
Théorème
L’ensemble On (R) des matrices orthogonales de Mn (R) est un sous-groupe compact de
(GLn (R), ×) appelé groupe orthogonal d’ordre n.
dém. :
On (R) ⊂ GLn (R), In ∈ On (R).
Soient A, B ∈ On (R). AB ∈ On (R) car t (AB) t t t
−1AB t=t B tAAB =t BB = In .
−1 t −1
Soit A ∈ On (R). A ∈ On (R) car A A = A A = A A = In .
Ainsi On (R) est un sous-groupe de (GL n (R), ×).
On (R) = A ∈ Mn (R)/t AA = In = f −1 ({In }) avec f : A ∈ Mn (R) → t AA.
Puisque f est continue et {In } fermé, On (R) est un fermé relatif à Mn (R) et c’est donc une partie
fermée.
195
6.1. AUTOMORPHISMES ORTHOGONAUX
(X | Y ) = t XY = x1 y1 + · · · + xn yn
Pour tout 1 6 i, j 6 n,
n
X n
X
t t
AA i,j
= A A =
i,k k,j
ak,i ak,j = (Ci | Cj )
k=1 k=1
(L | L0 ) = Lt L0 = `1 `01 + · · · + `n `0n
En remarquant que
At A
i,j
= (Lj | Li )
on démontre comme ci-dessus (i) ⇔ (iii).
Exemple La matrice
2 1 −2
1
A= 1 2 2
3
2 −2 1
est orthogonale.
En effet ses colonnes sont unitaires et deux à deux orthogonales.
Définition
Les matrices orthogonales de déterminant 1 sont appelées matrice de rotation.
Proposition
L’ensemble SOn (R) des matrices de rotation de Mn (R) est un sous-groupe compact de
(GLn (R), ×).
On l’appelle groupe spécial orthogonal d’ordre n.
dém. :
SOn (R) = On (R) ∩ SLn (R)
avec On (R) sous-groupe compact de GLn (R) et
SLn (R) = {A ∈ Mn (R)/ det A = 1} sous-groupe fermé de (GLn (R), ×).
Rappel Les matrices de rotation de M2 (R) sont exactement les matrices de la forme
cos θ − sin θ
R(θ) =
sin θ cos θ
avec θ ∈ R.
De plus, ces dernières commutent entre elles car R(θ)R(θ0 ) = R(θ + θ0 ).
dém. :
Rappelons que si x et y sont des vecteurs de colonnes composantes X, Y dans une base orthonormée
alors (x | y) = t XY .
Notons C1 , . . . , Cn les colonnes de P .
Les colonnes C1 , . . . , Cn sont les colonnes composantes des vecteurs e01 , . . . , e0n dans la base orthonormée
B donc pour tout 1 6 i, j 6 n,
(e0i | e0j ) = t Ci Cj = (Ci | Cj )
Par suite, la famille B 0 est orthonormée si, et seulement si, la famille (C1 , . . . , Cn ) l’est i.e. P ∈ On (R).
De plus, si tel est le cas, MatB0 B = P −1 = t P .
Corollaire
Si B et B 0 sont deux bases orthonormées directes d’un espace euclidien orienté alors det B 0 =
B
1.
Remarque C’est cette relation qui permet de définir le produit mixte de n = dim E vecteurs d’un
espace euclidien orienté.
Attention : Les projections orthogonales autres que IdE n’en sont pas.
Théorème
Soit u un endomorphisme de E. On a équivalence entre :
(i) u est orthogonal ;
(ii) u conserve la norme i.e.
dém. :
(i) ⇒ (ii) Supposons l’endomorphisme u orthogonal
Pour tout x ∈ E,
2 2
ku(x)k = (u(x) | u(x)) = (x | x) = kxk
donc ku(x)k = kxk.
(ii) ⇒ (i) Supposons que pour tout x ∈ E, ku(x)k = kxk.
D’une part
2 2 2 2
ku(x + y)k = ku(x) + u(y)k = ku(x)k + 2(u(x) | u(y)) + ku(y)k
et d’autre part
2 2 2 2
ku(x + y)k = kx + yk = kxk + 2(x | y) + kyk
Or ku(x)k = kxk et ku(y)k = kyk donc
(u(x) | u(y)) = (x | y)
Corollaire
Si u est un endomorphisme orthogonal alors Spu ⊂ {1, −1}.
En particulier 0 ∈
/ Spu et donc u est un automorphisme.
dém. :
Soit λ ∈ Spu et x 6= 0E vecteur propre associé.
D’une part ku(x)k = kλxk = |λ| kxk, d’autre part ku(x)k = kxk. On en déduit |λ| = 1
Théorème
Soient u ∈ L(E) et B = (e1 , . . . , en ) une base orthonormée de E.
On a équivalence entre :
(i) u est orthogonal ;
(ii) la famille u(B) = (u(e1 ), . . . , u(en )) est une base orthonormée ;
(iii) MatB (u) ∈ On (R).
dém. :
(i) ⇒ (ii) Supposons l’endomorphisme u orthogonal.
Pour tout 1 6 i, j 6 n,
(u(ei ) | u(ej )) = (ei | ej ) = δi,j
donc la famille u(B) = (u(e1 ), . . . , u(en )) est orthonormée et c’est donc une base orthonormée.
(ii) ⇒ (iii) Supposons u(B) orthonormée.
Puisque MatB u = MatB u(B), MatB (u) ∈ On (R) car matrice de passage entre deux bases orthonormées.
(iii) ⇒ (i) Supposons A = MatB (u) ∈ On (R).
Soit x un vecteur de E de colonne de composantes X dans la base B.
2
Puisque la base B est orthonormée kxk = t XX.
Puisque u(x) a pour colonne de composantes AX,
2 2
ku(x)k = t (AX)AX = t X t AAX = t XX = kxk
6.1.5 Rotations
Proposition
Si u ∈ O(E) alors det u = ±1.
Définition
On appelle rotation de E tout automorphisme orthogonal de déterminant 1.
Proposition
L’ensemble SO(E) des rotations de E est un sous-groupe compact de (GL(E), ◦) appelé
groupe spécial orthogonal de E.
dém. :
SO(E) = O(E) ∩ SL(E) avec SL(E) = {u ∈ L(E)/ det u = 1} sous-groupe fermé.
Cette rotation est alors notée Rotθ et son action est donnée par la figure suivante
Cette rotation est notée RotD,θ et action est donnée par la figure suivante
Exemple Soit E un espace vectoriel euclidien muni d’une base orthonormée directe B = (~i, ~j, ~k) et f
l’endomorphisme de matrice dans B
0 0 1
A= 1 0 0
0 1 0
dém. :
Soit B = (e1 , . . . , en ) une base orthonormée de E.
Posons A = MatB (u) = (ai,j ). On sait ai,j = (ei | u(ej )).
Unicité : Supposons u? endomorphisme solution.
Posons B = MatB (u? ).
Pour tout 1 6 i, j 6 n,
bi,j = (ei | u? (ej )) = (u(ei ) | ej ) = aj,i
Par suite B = t A ce qui détermine u? de façon unique.
Existence : Soit u? l’endomorphisme déterminé par MatB (u? ) = t A.
Pour tout x, y ∈ E de composantes X, Y dans la base orthonormée B,
(u(x) | y) = t (AX)Y = t X t AY = (x | u? (y))
Définition
L’endomorphisme u? est appelé adjoint de l’endomorphisme u.
6.2.2 Opérations
Théorème
Soient u, v ∈ L(E) et λ, µ ∈ R.
(λu + µv)? = λu? + µv ? , (u ◦ v)? = v ? ◦ u? et u?? = u.
Si u est inversible alors u? aussi et (u? )−1 = (u−1 )? .
dém. :
Via représentation dans une base orthonormée, ces propriétés sont les analogues de propriétés bien
connues de la transposition matricielle.
Corollaire
?
∀u ∈ L(E), ∀n ∈ N, (u? )n = (un )? et ∀P ∈ R [X], P (u? ) = (P (u)) .
Théorème
∀u ∈ L(E), rg(u? ) = rg(u), tr(u? ) = tr(u), det u? = det u, χu? = χu .
dém. :
Via représentation dans une base orthonormée, ces propriétés sont les analogues de propriétés bien
connues de la transposition matricielle.
Corollaire
u et u? ont mêmes valeurs propres comptées avec multiplicité.
dém. :
Les valeurs propres de u comptées avec multiplicité sont les racines comptées avec multiplicité de χu .
Proposition
⊥ ⊥
ker(u? ) = [Imu] et Im(u? ) = [ker u] .
dém. :
⊥
Soit x ∈ [Imu] .
2
On a ku (x)k = (x | u(u? (x)) = 0 et donc x ∈ ker u? .
?
⊥
Ainsi [Imu] ⊂ ker(u? ).
⊥
Par égalité des dimensions, [Imu] = ker(u? )
? ⊥ ⊥
Enfin ker u = ker(u ) = [Imu ] puis Im(u? ) = [ker u] .
??
6.2.4 Sous-espaces vectoriels stables
Théorème
Un sous-espace vectoriel F est stable pour u si, et seulement si, F ⊥ est stable pour u? .
dém. :
Supposons F est stable par u.
Soit x ∈ F ⊥ . Montrons que u? (x) ∈ F ⊥ .
Pour tout y ∈ F , (u? (x) | y) = (x | u(y)) = 0 car x ∈ F ⊥ et u(y) ∈ F .
Par suite u? (x) ∈ F ⊥ . et ainsi F ⊥ est stable par u? .
Inversement, si F ⊥ est stable par u? alors F ⊥⊥ = F est stable par u?? = u.
Corollaire
Les hyperplans stables par u sont ceux possédant un vecteur normal qui est vecteur propre
de u? .
dém. :
Soit H = Vect(a)⊥ .
H est stable par u si, et seulement si, H ⊥ = Vect(a) est stable par u? i.e. a vecteur propre de u? .
6.3 Théorème spectral
6.3.1 Endomorphismes autoadjoints
Définition
Un endomorphisme u de E est dit autoadjoint (ou symétrique) si u? = u.
Exemple Si p est une projection orthogonale alors p? = p donc p est un endomorphisme autoadjoint.
Inversement, si p est une projection et si p? = p alors Imp = (ker p? )⊥ = (ker p)⊥ et donc p est une
projection orthogonale.
Théorème
Soient u ∈ L(E) et B une base orthonormée de E.
On a équivalence entre :
(i) u est autoadjoint ;
(ii) ∀x, y ∈ E, (u(x) | y) = (x | u(y)) [autoadjonction] ;
(iii) la matrice MatB u est symétrique.
dém. :
(i) ⇔ (ii) par définition de l’adjoint.
(i) ⇔ (iii) car MatB (u? ) = t MatB (u) puisque B est orthonormée.
Corollaire
L’ensemble S(E) des endomorphismes autoadjoints de E est un sous-espace vectoriel de L(E)
n(n + 1)
de dimension .
2
dém. :
Sn (R) et S(E) sont isomorphismes via représentation matricielle dans la base orthonormée B.
dém. :
Soit A ∈ Sn (R).
Munissons E = Rn du produit scalaire canonique et considérons u l’endomorphisme de Rn représenté
par A dans la base canonique.
Puisque A est symétrique et B orthonormée, l’endomorphisme u est autoadjoint. Il existe donc une base
orthonormée B 0 diagonalisant u. Par changement de base, on a alors A = P DP −1 avec D diagonale et
P orthogonale car matrice de passage entre deux bases orthonormées.
Exemple Pour A ∈ Mn (R), t AA est diagonalisable car symétrique réelle.
Ses valeurs propres sont appelées valeurs singulières de A.
i 1
Exemple Pour A = , χA = X 2 donc SpA = {0}.
1 −i
Puisque A 6= O2 , la matrice A n’est pas diagonalisable.
Théorème
Si u est un endomorphisme autoadjoint
dém. :
Soit B = (e1 , . . . , en ) une base orthonormée de vecteurs propres de u.
λ1 0
MatB (u) =
.. et ρ(u) = max |λi |
. 16i6n
0 λn
Soit x ∈ E tel que kxk = 1.
Par l’inégalité de Cauchy-Schwarz
|(u(x) | x)| 6 ku(x)k kxk 6 kuk
Par suite
sup |(u(x) | x)| 6 kuk
kxk=1
n
X n
X
Soit x ∈ E. On peut écrire x = xi ei et alors u(x) = λ i xi ei .
i=1 i=1
Puisque la base B est orthonormée,
n
X n
X
2 2
ku(x)k = λ2i x2i 6 ρ2 (u)x2i = ρ2 (u) kxk
i=1 i=1
Corollaire
2
∀f ∈ L(E), kf k = kf ? ◦ f k et kf k = kf ? k.
dém. :
On a
!2
2 2
kf k = sup kf (x)k = sup kf (x)k = sup (f (x) | f (x)) = sup |(f ? ◦ f (x) | x)| = kf ? ◦ f k
kxk=1 kxk=1 kxk=1 kxk=1
2
Puisque kf ? ◦ f k 6 kf ? k kf k on a kf k 6 kf ? k kf k.
On en déduit kf k 6 kf ? k que kf k = 0 ou non.
Ainsi pour tout f ∈ L(E), kf k 6 kf ? k.
Par suite kf ? k 6 kf ?? k = kf k et donc kf k = kf ? k.
Algèbre bilinéaire
0
Exemple Sur E = Cpm ([a, b] , R),
Z b
ϕ(f, g) = f (t)g(t) dt
a
209
7.1. FORMES BILINÉAIRES SYMÉTRIQUES ET FORME QUADRATIQUE
Théorème
L’ensemble BS(E) des formes bilinéaires symétriques sur E est un sous-espace vectoriel de
F(E × E, R).
dém. :
BS(E) ⊂ F(E × E, R) et 0̃ ∈ BS(E).
Pour λ, µ ∈ R et ϕ, ψ ∈ BS(E).
(λϕ + µψ)(x, αy + βz) = λϕ(x, αy + βz) + µψ(x, αy + βz).
Or ϕ et ψ sont linéaires en leur deuxième variable donc (λϕ + µψ)(x, αy + βz) = αλϕ(x, y) +
βλϕ(x, z) + αµψ(x, y) + βµψ(x, z).
puis (λϕ + µψ)(x, αy + βz) = α(λϕ + µψ)(x, y) + β(λϕ + µψ)(x, z).
Ainsi λϕ + µψ est linéaire en sa deuxième variable.
De plus (λϕ + µy)(y, x) = λϕ(y, x) + µψ(y, x) = λϕ(x, y) + µψ(x, y) = (λϕ + µψ)(x, y).
Ainsi λϕ + µψ est symétrique et donc bilinéaire.
2
Exemple Sur E espace préhilbertien, k . k est la forme quadratique associée au produit scalaire.
Proposition
Si q est une forme quadratique alors
dém. :
q(x + y) = ϕ(x + y, x + y) = ϕ(x, x + y) + ϕ(y, x + y) = q(x) + 2ϕ(x, y) + q(y) car ϕ est bilinéaire
et symétrique.
Théorème
Si q est une forme quadratique il n’existe qu’une unique forme bilinéaire symétrique ϕ vérifiant
∀x ∈ E, q(x) = ϕ(x, x)
dém. :
Si q est la forme quadratique associée à la forme bilinéaire symétrique ϕ alors
q(x + y) = q(x) + 2ϕ(x, y) + q(y) et q(x − y) = q(x) − 2ϕ(x, y) + q(y) donc en sommant
Exemple Sur Mn (R), montrer que q(A) = tr(A2 ) définit une forme quadratique.
Idée : Posons ϕ(A, B) = tr(AB).
ϕ est visiblement une forme bilinéaire symétrique et q est la forme quadratique associée.
Z +∞
Exemple Sur E = R [X], montrons que q(P ) = P (t)P 00 (t)e−t dt définit une forme quadratique.
0
Analyse : Si q est une forme quadratique alors sa forme polaire ϕ est donnée par :
Z +∞
1 1
ϕ(P, Q) = (q(P + Q) − q(P − Q)) = (P (t)Q00 (t) + P 00 (t)Q(t)) e−t dt
4 2 0
Exemple Ici E = Rn .
L’application x 7→ xi est une forme linéaire donc l’application x 7→ xi xj est une forme quadratique de
1
forme polaire (x, y) 7→ (xi yj + xj yi ).
2
En particulier x 7→ x2i est une forme
Xquadratique de forme polaire (x, y) 7→ xi yi .
Par combinaison linéaire, x 7→ ai,j xi xj est une forme quadratique sur Rn .
16i6j6n
Sa forme polaire s’obtient par dédoublement :
- le terme carré x2i devient xi yi ;
1
- le terme rectangle xi xj devient (xi yj + xj yi ).
2
Concrètement q(x) = x21 − 2x2 x3 est une forme quadratique de forme polaire
ϕ(x, y) = x1 y1 − (x2 y3 + x3 y2 ).
7.1.3 Positivité
Définition
Une forme quadratique q sur E est dite :
- positive si ∀x ∈ E, q(x) > 0 ;
- négative si ∀x ∈ E, q(x) 6 0 ;
- définie si ∀x ∈ E, q(x) = 0 ⇒ x = 0E .
Ce vocabulaire se transpose aux formes bilinéaires symétriques.
Exemple Un produit scalaire est une forme bilinéaire symétrique définie positive.
0
Exemple Sur E = Cpm ([a, b] , R),
Z b
ϕ(f, g) = f (t)g(t) dt
a
Exemple Sur E = R2 ,
q(x) = x21 + 2x22 est une forme quadratique définie positive ;
q(x) = x21 est une forme quadratique positive (mais non définie) ;
q(x) = x21 − 2x22 n’est pas remarquable ;
2 1 3
q(x) = x21 + x2 + x1 x2 = (x1 + x2 )2 + x22 est une forme quadratique définie positive.
2 4
Théorème
Si q est une forme quadratique positive de forme polaire ϕ alors
2
∀x, y ∈ E, (ϕ(x, y)) 6 q(x)q(y)
dém. :
Pour tout λ ∈ R, q(λx + y) = λ2 q(x) + 2λϕ(x, y) + q(y) > 0.
Cas q(x) 6= 0
∆ 6 0 donne 4ϕ(x, y)2 − 4q(x)q(y) 6 0 puis l’inégalité voulue.
Cas q(x) = 0
Pour tout λ ∈ R, 2λϕ(x, y) + q(y) > 0 entraîne ϕ(x, y) = 0 puis l’inégalité voulue.
0
Exemple Sur E = Cpm ([a, b] , R),
Z !1/2 !1/2
b Z b Z b
2 2
f (t)g(t) dt 6 f (t) dt g(t) dt
a a a
q : x 7→ (u(x) | x)
ϕ : (x, y) 7→ (u(x) | y)
dém. :
L’application ϕ : E × E → R est bien définie et évidemment bilinéaire.
Puisque l’endomorphisme u est autoadjoint,
∀x ∈ E, x 6= 0E ⇒ (u(x) | x) > 0
Théorème
Soit u un endomorphisme autoadjoint de E.
On a équivalence entre ;
(i) u est positif (resp. défini positif) ;
(ii) Spu ⊂ R+ (resp. Spu ⊂ R+? ).
dém. :
(i) ⇒ (ii) Supposons u positif.
Soit λ une valeur propre de u et x un vecteur propre associé.
2 2 2
(u(x) | x) = (λx | x) = λ kxk et (u(x) | x) > 0 donc λ kxk > 0 puis λ > 0 car kxk > 0.
(ii) ⇒ (i) Supposons Sp(u) ⊂ R+ .
Par le théorème spectral, il existe une base orthonormée B = (e1 , . . . , en ) diagonalisant u :
λ1 (0)
MatB u =
..
.
(0) λn
n
X
(u(x) | x) = λi x2i > 0
i=1
dém. :
Car 0 ∈/ Spu ⇔ u ∈ GL(E)
Proposition
Si A ∈ Sn (R) alors l’application
q : X 7→ (AX | X) = t XAX
dém. :
L’application ϕ : Mn,1 (R) × Mn,1 (R) → R est bien définie et évidemment bilinéaire.
Définition
Une matrice symétrique réelle A est dite :
- positive si ∀X ∈ Mn,1 (R), t XAX > 0 ;
- négative si ∀X ∈ Mn,1 (R), t XAX 6 0 ;
- définie si ∀X ∈ Mn,1 (R), t XAX = 0 ⇒ X = 0.
On note Sn+ (R) (resp. Sn++ (R) ) l’ensemble des matrices symétriques réelles carrées d’ordre
n positives (resp. définies positives).
Remarque Une matrice symétrique réelle A est définie positive si, et seulement si,
Théorème
Soit A ∈ Sn (R). On a équivalence entre :
(i) A est positive (resp. définie positive) ;
(ii) SpA ⊂ R+ (resp. SpA ⊂ R+? ).
dém. :
(i) ⇒ (ii) Supposons A positive.
Soit λ ∈ SpA et X vecteur propre associé.
t 2 2
XAX = λt XX = λ kXk > 0 avec kXk > 0 donc λ > 0.
+
(ii) ⇒ (i) Supposons SpA ⊂ R .
La matrice A est orthogonalement semblable à une matrice diagonale, donc il existe P ∈ On (R) telle
que t P AP = D avec D = diag(λ1 , . . . , λn ).
Théorème
Soient ϕ une forme bilinéaire symétrique sur E et B = (e1 , . . . , en ) une base de E.
Il existe une unique matrice A ∈ Sn (R) vérifiant
∀1 6 i, j 6 n, ai,j = ϕ(ei , ej )
dém. :
Unicité : Supposons A = (ai,j ) solution.
Pour x = ei et y = ej , ϕ(ei , ej ) = t Ei AEj en notant Ek la colonne élémentaire d’indice k.
Or t Ei AEj = t Ei Cj avec Cj la j-ème colonne de A puis t Ei AEj = ai,j .
Ainsi A = (ϕ(ei , ej ))16i,j6n ce qui détermine A de façon unique.
Existence : Considérons A = (ai,j ) avec ai,j = ϕ(ei , ej ).
Puisque ϕ(ej , ei ) = ϕ(ei , ej ) on a aj,i = ai,j et donc la matrice A est symétrique.
Xn Xn
Pour x, y ∈ E, x = xi ei et y = yj ej .
i=1 j=1
D’une part, par bilinéarité,
n X
X n
ϕ(x, y) = xi yj ϕ(ei , ej )
i=1 j=1
D’autre part,
n
X n
X n
X n X
X n
t
XAY = xi [AY ]i = xi ai,j yj = xi yj ϕ(ei , ej )
i=1 i=1 j=1 i=1 j=1
Définition
Cette matrice A est appelée matrice de la forme bilinéaire symétrique ϕ dans la base B =
(e1 , . . . , en ) :
MatB ϕ = (ϕ(ei , ej )) ∈ Mn (R)
∀x ∈ E, q(x) = t XAX
1 1 t
(X + Y )A(X + Y ) − t (X − Y )A(X − Y )
ϕ(x, y) = (q(x + y) − q(x − y)) =
4 4
Après développement et en exploitant t Y AX = t XAY , on obtient
ϕ(x, y) = t XAY
Définition
On appelle matrice d’une forme quadratique q dans une base B la matrice de sa forme polaire ϕ.
On note MatB q = MatB ϕ.
7.2.3 Positivité
Théorème
Si A est la matrice d’une forme bilinéaire symétrique ϕ (ou d’une forme quadratique q ), on a
équivalence entre :
(i) ϕ est positive (resp. définie positive) ;
(ii) A ∈ Sn+ (R) (resp. A ∈ Sn++ (R) ) ;
(iii) SpA ⊂ R+ (resp. SpA ⊂ R+? ).
dém. :
(i) ⇔ (ii) car ϕ(x, x) = t XAX.
(ii) ⇔ (iii) déjà vue.
Exemple Sur E = R2 , posons
q(x) = 2x21 + x22 − 2x1 x2
La matrice de q dans la base canonique est
2 −1
A=
−1 1
On a SpA ⊂ R+? donc q est définie positive.
Exemple La matrice
1 1 1
···
1 2 n+1
1 1 1
···
H=
2 3 n+2
.. .. ..
. . .
1 1 1
···
n+1 n+2 2n + 1
est symétrique définie positive.
Z 1
En effet c’est la matrice du produit scalaire (P, Q) 7→ P (t)Q(t) dt dans la base canonique de
0
Rn−1 [X].
Remarque Plus généralement, si B = (e1 , . . . , en ) est une base quelconque d’un espace euclidien E
alors la matrice G(e1 , . . . , en ) = ((ei | ej )) ∈ Sn++ (R) car un produit scalaire est défini positif.
Théorème
L’application Φ : S(E) 7→ BS(E) définie par Φ(u) = ϕu est un isomorphisme de R-espace
vectoriel.
dém. :
L’application Φ est évidemment linéaire et on a l’égalité de dimensions
n(n + 1)
dim S(E) = = dim BS(E) < +∞
2
Soit u ∈ ker Φ. Pour tout x, y ∈ E, (u(x) | y) = ϕu (x, y) = 0 donc pour tout x ∈ E, u(x) = 0 et
donc u = 0̃.
Finalement l’application Φ est injective est c’est donc un isomorphisme.
Définition
On appelle endomorphisme autoadjoint associé à une forme bilinéaire symétrique ϕ l’unique
u ∈ S(E) vérifiant
∀x, y ∈ E, ϕ(x, y) = (u(x) | y)
Proposition
Si B = (e1 , . . . , en ) est une base orthonormée alors l’endomorphisme autoadjoint u associé à
une forme bilinéaire symétrique ϕ est donnée par
MatB u = MatB ϕ
dém. :
[MatB u]i,j = (ei | u(ej )) = (u(ei ) | ej ) = ϕ(ei , ej ) = [MatB ϕ]i,j .
7.3 Diagonalisation d’une forme bilinéaire symétrique
E désigne un R-espace vectoriel de dimension n ∈ N? .
7.3.1 Formule de changement de base
Théorème
Soient B = (e1 , . . . , en ) et B 0 = (e01 , . . . , e0n ) deux bases de E.
Si A et A0 désignent les matrices d’une forme bilinéaire symétrique ϕ sur E dans les bases B
et B 0 alors
A0 = t P AP
avec P la matrice de passage de B à B 0
On dit alors que les matrices A et A0 sont congruentes.
dém. :
Soient x, y ∈ E de colonnes composantes X, Y dans B et X 0 , Y 0 dans B 0 .
On a X = P X 0 et Y = P Y 0
ϕ(x, y) = t XAY = t X 0t P AP Y 0 = t X 0 A0 Y 0 .
Par unicité de la matrice décrivant l’action d’une forme bilinéaire symétrique, A0 = t P AP .
Exemple Soit A ∈ Sn++ (R). Montrons qu’il existe T ∈ Tn+ (R) vérifiant A = t T T .
Soit E un R-espace vectoriel de dimension n muni d’une base B.
Soit ϕ la forme bilinéaire symétrique déterminée par MatB ϕ = A.
Puisque A ∈ Sn++ (R), ϕ est un produit scalaire.
Soit B 0 l’orthonormalisée de B par le procédé de Schmidt.
On a P = MatB B 0 ∈ Tn+ (R).
Par formule de changement de bases MatB0 ϕ = t P AP .
Or MatB0 ϕ = In car B 0 est une base orthonormée pour le produit scalaire ϕ.
On en déduit t P AP = In puis A = t T T avec T = P −1 ∈ Tn+ (R).
donc rgq = 3.
Définition
Une forme quadratique q (resp. une forme bilinéaire symétrique) est dite non dégénérée si
rgq = dim E.
dém. :
Soit B = (e1 , . . . , en ) une base de E et A = MatB ϕ.
Puisque A ∈ Sn (R), il existe P ∈ On (R) et D ∈ Dn (R) telle que D = t P AP .
Considérons alors B 0 la base de E déterminée par MatB B 0 = P .
Par formule de changement de base,
MatB0 ϕ = D
Si de plus E est euclidien alors, en partant de B orthonormée, la base B 0 est orthonormée car MatB B 0 ∈
On (R).
Remarque On ne peut rien affirmer d’immédiat sur les coefficients diagonaux de la matrice diagonale
obtenue. En particulier, on ne peut pas parler de valeurs propres dans le cadre d’une forme bilinéaire
symétrique. . .
Exemple Soient ϕ une forme bilinéaire symétrique définie positive et ψ une forme bilinéaire
symétrique sur E.
Montrons qu’il existe une base diagonalisant simultanément ϕ et ψ.
Puisque ϕ est un produit scalaire sur E, (E, ϕ) est un espace euclidien.
Par réduction d’une forme bilinéaire symétrique, il existe alors une base orthonormée B de l’espace
euclidien (E, ϕ) diagonalisant ψ.
On a alors MatB ϕ = In car B est orthonormée et MatB ψ ∈ Dn (R) car B diagonalise ψ.
Analyse
223
Chapitre 8
Eléments d’analyse
8.1.1 Définition
Définition
Lorsqu’elle existe, on appelle borne supérieure d’une partie A de R le plus petit des majorants
de A, on la note sup A.
Lorsqu’elle existe, on appelle borne inférieure de A le plus grand des minorants de A, on la
note inf A.
Théorème
Si A est une partie de R non vide et majorée alors sup A existe dans R.
Si A est une partie de R non vide et minorée alors inf A existe dans R.
dém. :
Par construction (hors-programme) de la droite réelle.
225
8.1. BORNE SUPÉRIEURE, BORNE INFÉRIEURE
Théorème
Si A est une partie non vide et majorée de R alors
dém. :
Pour tout a ∈ A, on a a 6 sup A car sup A est majorant de A.
Pour ε > 0, sup A − ε n’est pas majorant de A donc il existe a ∈ A vérifiant a > sup A − ε.
Proposition
Soient λ ∈ R et A une partie de R. On note
λA = {λa/a ∈ A}
déf
sup(λA) = λ sup A
dém. :
Cas λ = 0 :
λA = {0}, sup(λA) = 0 = λ sup A
Cas λ > 0 :
λA est une partie de R non vide.
Pour a ∈ A, a 6 sup A donc
λa 6 λ sup A
λA est majorée par λ sup A donc sup(λA) existe et
sup(λA) 6 λ sup A
De même
1 1
sup A = sup (λA) 6 sup λA
λ λ
d’où λ sup A 6 sup λA puis =.
sup(λA) = λ inf A
Proposition
Soient A, B des parties de R. On note
A + B = {a + b/a ∈ A, b ∈ B}
déf
dém. :
sup A et sup B existent.
A + B est une partie de R non vide.
Pour a ∈ A et b ∈ B,
a + b 6 sup A + sup B
A + B est majorée par sup A + sup B donc sup(A + B) existe et
Pour a ∈ A et b ∈ B,
b = a + b − a 6 sup(A + B) − a
En passant à la borne sup,
sup B 6 sup(A + B) − a
puis
a 6 sup(A + B) − sup B
puis
sup A + sup B 6 sup(A + B)
8.1.3 Extension à R̄
Rappel : R̄ = R ∪ {+∞, −∞} est la droite numérique achevée.
Définition
Soit A une partie de R non vide.
Si A n’est pas majorée alors on pose sup A = +∞.
Si A n’est pas minorée alors on pose inf A = −∞.
Remarque Ainsi toute partie non vide de R possède une borne supérieure et une borne inférieure
dans R̄.
Théorème
Si A est une partie non vide de R alors il existe une suite (un ) d’éléments de A telle que
un → sup A
dém. :
Cas A n’est pas majorée :
sup A = +∞.
Pour tout n ∈ N, A n’est pas majorée par n et il existe au moins un élément de A strictement supérieur
àn. Notons un un tel élément. En faisant varier n, on construit ainsi une suite (un ) vérifiant un ∈ A et
un > n donc
un → +∞ = sup A
M − 1/(n + 1) < un 6 M
Cela permet de définir une suite (un ) d’éléments de A convergeant vers M = sup A.
Définition
Pour f : X → R, on pose
Remarque Si f est majorée alors sup f est le plus petit des majorants de f .
X
Si f n’est pas majorée alors sup f = +∞
X
Remarque Une suite réelle u = (un )n>n0 est application de X = {n ∈ N/n > n0 } vers R ; la
définition qui précède s’applique donc aux suites réelles :
8.1.4.2 Opérations
Proposition
Soient f, g : X → R majorées.
f 6 g ⇒ sup f 6 sup g
X X
dém. :
Pour tout x ∈ X, f (x) 6 g(x) 6 sup g donc sup f 6 sup g.
X X X
Proposition
Soient λ ∈ R+ et f : X → R majorée.
sup(λf ) = λ sup f
X X
dém. :
On a
sup(λf ) = sup {λf (x)/x ∈ X} = sup λ {f (x)/x ∈ X}
X
Proposition
Soient f, g : X → R majorées.
dém. :
Pour tout x ∈ X,
f (x) + g(x) 6 sup f + sup g
X X
donc
sup(f + g) 6 sup f + sup g
X X X
√
Exemple Pour f (x) = cos x, g(x) = sin x, f (x) + g(x) = cos x + sin x = 2 cos(x − π/4).
Ici √
sup f = 1, sup g = 1 et sup(f + g) = 2 < sup f + sup g
R R R R R
8.2 Limite
D désigne une partie de R et K désigne R ou C.
8.2.1 Définitions quantifiées
8.2.1.1 limite en a ∈ R
Définition
On dit que f : D → K est définie au voisinage de a ∈ R si
∀α > 0, D ∩ [a − α, a + α] 6= ∅
Définition
Soient f : D → K définie au voisinage de a ∈ R et ` ∈ K.
On dit que f tend vers ` en a si
On note alors f −
→ ` ou f (x) −−−→ `.
a x→a
Remarque Cette définition peut être transformée en une définition équivalente en remplaçant :
- |x − a| 6 α par |x − a| < α ;
- |f (x) − `| 6 ε par |f (x) − `| < ε.
Définition
Soit f : D → R définie au voisinage de a ∈ R.
On dit que f tend vers +∞ en a si
On note alors f −
→ +∞ ou f (x) −−−→ +∞.
a x→a
Remarque f −
→ +∞ signifie ∀M ∈ R, f (x) > M au voisinage de a.
a
Remarque Sous réserve d’existence, on définit aussi la limite à droite de f en a comme étant la limite
en a de fD∩]a,+∞[ .
8.2.1.2 limite en +∞
Définition
On dit que f : D → K est définie au voisinage de +∞ si D n’est pas majorée.
Définition
Soient f : D → K définies au voisinage de +∞ et ` ∈ K.
On dit que f tend vers ` en +∞ si
Définition
Soit f : D → R définie au voisinage de +∞.
On dit que f tend vers +∞ en +∞ si
Remarque Ces deux dernières définitions s’appliquent aux suites (un )n>n0 réelles en prenant
D = {n ∈ N/n > n0 }.
x → +∞
Exemple Etudions la limite quand de x − ln x.
ln x ln x
Quand x → +∞, x − ln x = x 1 − → +∞ car → 0.
x x
Théorème
Soient a < b ∈ R̄
Si f : ]a, b[ → R est monotone de ]a, b[ alors f admet des limites en a+ et b− qui sont inf f
]a,b[
et sup f .
]a,b[
Remarque Cet outil permet, entre autre, de calculer le sup et l’inf d’une fonction réelle à partir de son
tableau de variation.
Définition
On dit que f est dominée par g en a si
8.2.2.2 Prépondérance
Définition
On dit que f est négligeable devant g en a si on peut écrire au voisinage de a
Cette écriture permet aisément de justifier les propriétés usuelles d’opérations sur les o(. . .) :
o(g) + o(g) = o(g), o(g)h = o(gh), o(42g) = o(g),. . .
8.2.2.3 Équivalents
Définition
On dit que f est équivalente à g en a si f − g = o(g).
a
On note alors f ∼ g ou encore f (x) ∼ g(x) quand x → a.
a
Remarque Pour déterminer un équivalent, on opère sur les o(. . .) avant de conclure avec le symbole ∼.
x2 + x + 2 ln x x2 + o(x2 ) x2
√ =p ∼ √ = x3/2
x+1 x + o(x) x
Quand x → 0+ ,
x2 + x + 2 ln x 2 ln x + o(ln x)
√ = p ∼ 2 ln x
x+1 1 + o(1)
Proposition
On suppose f et g à valeurs réelles strictement positives.
Si f ∼ g → ` 6= 1 alors ln f ∼ ln g.
a a
dém. :
ln f = ln g + ln (f /g)
Or f /g −
→ 1 donc ln (f /g) −
→ 0 alors que
a a
+∞ si ` = +∞
ln g → −∞ si ` = 0+
ln ` sinon
Définition
On dit que f : D → K admet un développement limité à l’ordre n en a ∈ R si on peut écrire :
Proposition
Soit f : D → K définie en a . On a équivalence entre :
(i) f est dérivable en a ;
(ii) f admet un développement limité à l’ordre 1 en a.
De plus, celui-ci est alors de la forme
dém. :
(ii)⇒(i) Si f admet un développement limité à l’ordre 1 en a de la forme f (x) = a0 +a1 (x−a)+o(x−a)
alors, en prenant x = a, on obtienta0 = f (a) puis
f (x) − f (a)
= a1 + o(1) −−−→ a1
x−a x→a
Théorème
Soient I un intervalle et f : I → K
Si f est de classe C n alors f admet un développement limité à l’ordre n en tout a ∈ I de la
forme
n
X f (k) (a)
f (x) = (x − a)k + o ((x − a)n )
k!
k=0
√
Exemple DL2 (1) de 1 + x.
Quand x → 1.
On pose x =
√ √ hp→ 0.
√ 1 + h avec
1 + x = 2 + h = 2 1 + h/2, u = h/2 → 0.
√ 1 1
1 + u = (1 + u)1/2 = 1 + u − u2 + o(u2 ) donc
√ 2 √ 8
√ √ 2 2
1+x= 2+ (x − 1) − (x − 1)2 + o((x − 1)2 )
4 32
1
Exemple DL4 (0) de .
cos x
Quand x → 0
1 1
= .
cos x 1 1
1 − x2 + x4 + o(x4 )
| 2 24{z }
u→0
1 1
u = − x2 + x4 + o(x4 ) × − 1
2 24
1
u2 = x4 + o(x4 ) ×1
4
2 4
o(u ) = o(x ).
1
Un développement limité à l’ordre 2 de est adapté.
1+u
1 1 1 5
= 1 − u + u2 + o(u2 ) donne = 1 + x2 + x4 + o(x4 ).
1+u cos x 2 24
ln(1 + x) − x
Exemple DL2 (0) de :
chx − 1
On peut anticiper une simplification par x2 lors des calculs. Pour cette raison, on part de DL4 (0) au
numérateur et dénominateur.
ln(1 + x) − x − 1 x2 + 1 x3 − 1 x4 + o(x4 )
Quand x → 0, = 2 1 2 3 1 44
chx − 1 2 x + 24 x + o(x )
4
ln(1 + x) − x 2 5
Au termes des calculs, = −1 + x − x2 + o(x2 ).
chx − 1 3 12
Ici la fonction considérée, qui n’était pas définie en 0, s’y prolonge par continuité avec la valeur −1 en 0.
2
Le prolongement obtenu est alors dérivable en 0 et de tangente d’équation y = −1 + x en 0.
3
5
Puisque − x2 6 0, la courbe est en dessous de sa tangente au voisinage de 0.
12
Exemple Les développements limités sont des développement asymptotiques exprimés avec
gk (x) = (x − a)k .
ln(1 + x)
Exemple DA à la précision x2 de √ en 0.
1+ x
Quand x → 0
√
ln(1 + x) 1 2 1
√ = x − x + o(x ) 1 − x + x + o(x) = x − x3/2 + x2 + o(x2 ).
2
1+ x 2 2
1
Exemple DA de √ à 3 termes au voisinage de +∞.
x2 +x+1
Quand x → +∞
1 1 1 1 1 2 1 1
√ = √ avec u = + 2 → 0, u = 2 + o 2
.
2
x +x+1 x 1 + u x x x x
1 1 3 2 1 1 1 1 1
√ = 1 − u + u + o(u) donc √ = − 2 − 3 +o
1+u 2 8 2
x +x+1 x 2x 8x x3
Quand x → +∞,
π 1 π 1 1 1
arctan x = − arctan = − + 3 + o
2 x 2 x 3x x3
8.3 Continuité
8.3.1 Définition
D désigne une partie de de R.
Remarque Si f : D → K admet une limite en a ∈ D celle-ci est nécessairement égale à f (a)
Définition
Une fonction f : D → K est dite continue en a ∈ D si f (x) −−−→ f (a).
x→a
Une fonction f : D → K est dite continue si elle l’est en tout a ∈ D.
Exemple Si f, g : D → R sont continues alors sup(f, g) : x 7→ max(f (x), g(x)) l’est aussi.
En effet, on remarque
1
max(a, b) = (a + b + |a − b|)
2
donc
1
sup(f, g) = (f + g + |f − g|)
2
est continue par opérations sur les fonctions continues.
Etudions la continuité de f .
Soit a ∈ R.
Cas a < 0 :
Au voisinage de a, f (x) = 0 et donc f est continue en a.
Cas a > 0 :
Au voisinage de a, f (x) = e−1/x et donc f est continue en a.
Cas a = 0.
Quand x → 0+ , f (x) = e−1/x → 0 = f (0) et quand x → 0− , f (x) = 0 → 0 = f (0).
Ainsi f est aussi continue en 0 et finalement f est continue sur R.
∃x ∈ [a, b] , f (x) = x
Exemple Soit f : [0, +∞[ → R continue. On suppose que ` = lim f existe dans R.
+∞
Montrons que f est bornée.
(1) Pour ε = 1, il existe A ∈ R+ tel que pour tout x > A, |f (x) − `| 6 1 et donc |f (x)| 6 1 + |`|.
Ainsi f est bornée sur [A, +∞[. Sur [0, A], f est continue sur un segment donc bornée. Au final f est
bornée sur R+ .
(2) On introduit g = f ◦ tan : [0, π/2[ → R.
g est continue sur [0, π/2[ et se prolonge par continuité en π/2 en posant g(π/2) = `.
La fonction obtenue est alors continue sur le segment [0, π/2] donc bornée. Par suite f l’est aussi.
Théorème
Soit f : I → R.
Si
1) f est continue ;
2) f est strictement monotone ;
Alors f réalise une bijection de I vers un intervalle J dont les extrémités sont les limites de f
aux extrémités de I.
De plus f −1 : J → I est continue, de même stricte monotonie que f et son tableau de variation
s’obtient par symétrie du tableau de variation de f .
Remarque Soit f : I → R.
Si f est continue et si f 0 (x) existe et f 0 (x) > 0 sauf pour un nombre fini de valeurs de x alors f est
strictement croissante.
√
Exemple Considérons f : x 7→ x − 2 x définie sur R+ . √
f est continue sur R , dérivable sur ]0, +∞[ et f 0 (x) = 1 − 1/ x.
+
x 0 1 +∞
f 0 (x) || − 0 +
f (x) 0 & −1 % +∞
Considérons ϕ = f[1,+∞[ .
ϕ0 (x) > 0 sauf pour x = 1 donc réalise une bijection de [1, +∞[ vers [−1, +∞[.
1 +∞ −1 +∞
, −1
ϕ 1 % +∞ ϕ 1 % +∞
Considérons ψ = f[0,1] .
ψ 0 (x) < 0 sauf pour x = 0 ou 1 donc ψ réalise une bijection de [0, 1] vers [−1, 0].
1 0 −1 0
,
ψ 0 & −1 ψ −1 1 & 0
8.4 Dérivation
I et J désignent des intervalles non singuliers (i.e. contenant au moins deux points).
8.4.1 Nombre dérivé
Définition
On dit que f : I → K est dérivable en a ∈ I si le taux de variation
1
(f (a + h) − f (a))
h
admet une limite finie quand h → 0 (avec h 6= 0 ). Cette limite est notée f 0 (a).
Définition
On dit que f : I → K est dérivable si elle est dérivable en tout a ∈ I ; on peut alors introduire
sa fonction dérivée
f0 : I → K
dém. :
Posons K ∈ R tel que
f (b) − f (a) = K(b − a)
i.e. K déterminé par
f (b) − f (a)
K=
b−a
et introduisons ϕ : x 7→ f (x) − K(x − a).
ϕ est continue sur [a, b], dérivable sur ]a, b[ et ϕ(a) = f (a) = ϕ(b).
Par application théorème de Rolle, il existe c ∈ ]a, b[ vérifiant ϕ0 (c) = 0 i.e. f 0 (c) = K.
Exemple Soient f : [a, b] → R de classe C 2 et g la fonction affine prenant les mêmes valeurs que f en a
et b.
f (b) − f (a)
g(x) = (x − a) + f (a)
b−a
Il est intéressant de savoir mesurer l’erreur commise lorsqu’on remplace f (x) par g(x) (comme dans la
méthode d’intégration des trapèzes).
Montrons que
(x0 − a)(x0 − b) 00
∀x0 ∈ ]a, b[ , ∃c ∈ ]a, b[ , f (x0 ) − g(x0 ) = f (c)
2
Corollaire
Soient f : I → K dérivable et M ∈ R+ . On a équivalence entre :
(i) ∀x ∈ I, |f 0 (x)| 6 M ;
(ii) f est M lipschitzienne i.e.
Corollaire
Soit f : [a, b] → K.
Si
1) f est continue sur [a, b] ;
2) f est de classe C 1 sur ]a, b] ;
3) f 0 converge en a
Alors f est de classe C 1 sur [a, b]
1 1
f (x) = −
sin x x
Quand x → 0+ ,
1 1 x − sin x 1
− = ∼ x→0
sin x x x sin x 6
Quand x → 0+ ,
x2 − 13 x4 − x2 + 21 x4 + o(x4 ) 1
f 0 (x) = − 2 2 ∼
x sin x 6
On en déduit que f est classe C 1 sur [0, π/2] avec f 0 (0) = 1/6.
8.4.5 Difféomorphisme
Théorème
Soient ϕ : I → J une bijection continue et x ∈ I.
Si ϕ est dérivable en x et si ϕ0 (x) 6= 0 alors ϕ−1 est dérivable en y = ϕ(x) et
1
(ϕ−1 )0 (y) =
ϕ0 (x)
Définition
Pour k ∈ N? ∪ {∞}, on appelle C k -difféomorphisme de I vers J toute application ϕ : I → J
bijective telle que ϕ et ϕ−1 soient de classe C k .
Proposition
L’application réciproque d’un C k -difféomorphisme de I vers J est un C k -difféomorphisme de
J vers I.
Proposition
La composée d’un C k -difféomorphisme de I vers J par un C k -difféomorphisme de J vers K
est un C k -difféomorphisme de I vers K.
Théorème
Soit ϕ : I → R une fonction de classe C k avec k ∈ N? ∪ {∞}.
On a équivalence entre :
(i) ϕ réalise un C k difféomorphisme de I vers J = ϕ(I) ;
(ii) ϕ0 ne s’annule pas.
dém. :
(i) ⇒ (ii) Supposons (i). ϕ−1 et ϕ sont dérivables et ϕ−1 (ϕ(x)) = x. En dérivant cette relation, ϕ0 (x) ×
(ϕ−1 )(ϕ(x)) = 1 donc ϕ0 (x) 6= 0.
(ii) ⇒ (i) Supposons (ii).
Par continuité de ϕ0 , ϕ0 est de signe strict constant donc ϕ est strictement monotone et réalise une bijection
de I vers l’intervalle J = ϕ(I). ϕ est de classe C k et puisque ϕ0 ne s’annule pas ϕ−1 est dérivable et
1
(ϕ−1 )0 =
ϕ0 ◦ ϕ−1
Exemple Soit f : [0, +∞[ → R une fonction dérivable telle que f (0) = lim f .
+∞
Montrons que f 0 s’annule.
Par un C 1 -difféomorphisme on se ramène à [0, 1[ et on conclut.
8.4.6 Convexité
Définition
On dit que f : I → R est convexe si
Théorème
Soit f : I → R dérivable. On a équivalence entre :
(i) f est convexe ;
(ii) f 0 est croissante.
Remarque Le graphe d’une fonction convexe est au dessus de ses tangentes et en dessous de ses cordes.
8.5 Intégration
I désigne un intervalle de R contenant au moins deux points.
8.5.1 Intégrale
Définition
Une fonction f : [a, b] → K est dite continue par morceaux s’il existe a0 = a < a1 < · · · <
an = b vérifiant pour tout i ∈ {1, . . . , n}, f est continue sur ]ai−1 , ai [ et admet des limites
−
finies en a+
i−1 et ai .
Une fonction f : I → K est dite continue par morceaux si elle l’est sur tout segment [a, b]
inclus dans I.
Définition
Pour f : I → K continue par morceaux et a, b ∈ I on donne un sens à
Z b
f (t) dt
a
Exemple Calculons
Z 1
t+1
dt
0 t2 + t + 1
On a
d 2
(t + t + 1) = 2t + 1
dt
donc on décompose
Z 1 Z 1 Z 1
t+1 1 2t + 1 1 1
dt = dt + dt
0 t2 + t + 1 2 0 t2 + t + 1 2 0 t2 + t + 1
Z 1 1
2t + 1 2
Or dt = ln t + t + 1 = ln 3
0 t2 + t + 1 0
Z 1 Z 1
1 1
et 2+t+1
dt = dt.
0 t 0 (t + 1/2)2 + 3/4
Sachant Z
du 1 u
= arctan
u2 + a2 a a
√
ici u = t + 1/2 et a = 3/2 donc
Z 1 1
1 2 2t + 1 π
dt = √ arctan √ = √
0 t2 + t + 1 3 3 0 3 3
Finalement Z 1
t+1 1 π
dt = ln 3 + √
0 t2 + t + 1 2 6 3
Exemple Calculons
Z 1 p
1 − x2 dx
0
On réalise le changement de variable x = sin t.
dx = cos t dt, pour t = 0, x = 0 et pour t = π/2, x = 1.
Z 1 p Z π/2 p Z π/2
1 − x2 dx = 1 − sin2 t cos t dt = cos2 t dt
0 0 0
Exemple On étudie
Z π/2
In = sinn (t) dt
0
Z π/2
(ou encore cosn (u) du via u = π/2 − t ).
0
Pour n > 2,
Z π/2
In = sin t. sinn−1 (t) dt
0
Par intégration par parties,
π/2
Z π/2
In = − cos t. sinn−1 t 0 + (n − 1) cos2 (t) sinn−2 (t) dt
0
Or π/2
− cos t. sinn−1 t 0 = 0
et Z π/2 Z π/2
cos2 (t) sinn−2 (t) dt = (1 − sin2 (t)) sinn−2 (t) dt = In − In−2
0 0
donc
In = (n − 1)(In − In−2 )
puis enfin
n−1
In = In−2
n
Par cette relation de récurrence, il est possible d’exprimer In en fonction de I1 ou de I0 selon la parité
de n.
Cas n impair : n = 2p + 1.
2p 2p 2p − 2
I2p+1 = I2p−1 = I2p−3 = . . .
2p + 1 2p + 1 2p − 1
A terme
2p 2p − 2 2
I2p+1 = · · · I1
2p + 1 2p − 1 3
Or
2p(2p − 2) . . . 2 = 2p p!,
(2p + 1)!
(2p + 1)(2p − 1) . . . 3 =
2p p!
et Z π/2
I1 = sin(t) dt = 1
0
donc
(2p p!)2
I2p+1 =
(2p + 1)!
Cas n pair : n = 2p
De façon analogue
(2p)! π
I2p =
(2p p!)2 2
8.5.2 Primitive
Théorème
Soient f : I → K et a ∈ I
Si f est continue alors il existe une unique primitive à la fonction f s’annulant en a, c’est
l’application Z x
x 7→ f (t) dt
a
Remarque On ne peut par exprimer les primitives des fonctions suivantes à l’aide des fonctions
2 sin t cos t et 1
usuelles : t 7→ e−t , t 7→ , t 7→ , t 7→ , t 7→ ,. . .
t t t ln t
Corollaire
Si f : I → K est continue et si F est une primitive de f alors
Z b
b
∀a, b ∈ I, f = [F ]a
a
Proposition
Soient a < b et f : [a, b] → R
Z b
Si f est continue et si f (t) dt = 0 alors f s’annule.
a
dém. : Z b
En introduisant F une primitive de f , la relation f (t) dt = 0 donne F (a) = F (b) et le théorème de
a
Rolle permet de conclure que F 0 = f s’annule.
Proposition
Soient a < b et f : [a, b] → R.
Z b
Si f est continue, f > 0 et si f (t) dt = 0 alors f = 0̃.
a
dém. : Z b
0
On intoduit F une primitive de f . Puisque F = f > 0, on a F croissante et f (t) dt = 0 donne
a
0
F (a) = F (b) et donc F est constante. On en déduit que f = F = 0.
On peut généraliser :
Théorème
Soient f : I → K et a ∈ I.
Si f est de classe C n+1 alors pour tout x ∈ I
n x
f (k) (a) (x − t)n (n+1)
X Z
k
f (x) = (x − a) + f (t) dt
k! a n!
k=0
donc Z x+1
f 0 (x) = f (x + 1) − f (x) − (x + 1 − t)f 00 (t) dt
x
Z x+1
Or quand x → +∞, f (x) → 0, f (x + 1) → 0 et (x + 1 − t)f 00 (t) dt → 0 car
x
Z x+1
(x + 1 − t)f (t) dt 6 max |f 00 |
00
x [x,x+1]
On généralise :
Théorème
Soient f : I → K et M ∈ R+ .
Si f est de classe C n+1 et si
∀x ∈ I, f (n+1) (x) 6 M
h2 M2
|f (a + h) − f (a) − hf 0 (a)| 6
2
On en déduit
h2 M2
|hf 0 (a)| 6 2M0 +
2
Pour h > 0, cela conduit à
2M0 h2 M2
|f 0 (a)| 6 +
h 2
La fonction f 0 est donc bornée et
2M0 h2 M2
M1 6 +
h 2
p
Cette dernière relation vaut pour tout h > 0, il s’agit ensuite de trouver l’optimal. C’est h = 2 M0 /M2
et l’on obtient p
M1 6 2 M0 M2
Corollaire
Si f : [0, 1] → K est continue par morceaux alors
n Z 1 n−1 Z 1
1X 1X
f (k/n) → f (t) dt et f (k/n) → f (t) dt
n 0 n 0
k=1 k=0
Exemple Etudions
2n
X 1
lim
n→+∞ k
k=n+1
On a
2n n n n
X 1 X 1 1X n 1X 1
= = =
k n+k n n+k n 1 + k/n
k=n+1 k=1 k=1 k=1
1
La fonction f : x 7→ est continue par morceaux sur [0, 1] donc
1+x
2n Z 1
X 1 dt
→ = ln 2
k 0 1 +t
k=n+1
On a !
n n
X 1 X kα
k α = nα+1
n nα
k=1 k=1
avec
n 1
1 X kα
Z
1
→ tα dt =
n nα 0 α+1
k=1
donc
n
X nα+1
kα ∼
α+1
k=1
Définition
Soit (un ) ∈ RN
un → +∞ ⇔ ∀M ∈ R, ∃N ∈ N, ∀n > N, un > M
Exemple Etudions
n
X 1
lim
n→+∞ k
k=1
On remarque que
1 1
ln(k + 1) − ln k 6 ln 1 + 6
k k
Par suite
n n
X 1 X
> ln(k + 1) − ln k > ln(n + 1) → +∞
k
k=1 k=1
Ainsi
n
X 1
lim = +∞
n→+∞ k
k=1
√
Exemple Soit (un ) ∈ (R+ )N . On suppose que n
un → ` ∈ [0, 1[. Montrons que un → 0.
Introduisons ρ ∈ ]`, 1[, par exemple le milieu
1+`
ρ=
2
√ √
Puisque n un → ` < ρ, pour n assez grand n un 6 ρ donc 0 6 un 6 ρn .
Or ρn → 0 donc par encadrement un → 0.
√
On montre de façon similaire n un → ` > 1 ⇒ un → +∞.
Théorème
Si (un ) est une suite réelle croissante alors (un ) admet une limite qui est sup(un ) ∈ R∪{+∞}.
1
Sn+1 − Sn = > 0 donc (Sn ) est croissante.
(n + 1)!
Pour k > 1, k! = 1 × 2 × · · · × k 6 1 × 2 × · · · × 2 = 2k−1 .
Par suite
n
X 1 1 − 1/2n
Sn 6 1 + k−1
=1+ 63
2 1 − 1/2
k=1
Définition
Un développement asymptotique d’une suite est la décomposition de son terme général en
somme de termes simples ordonnés en négligeabilité croissante.
n
1
Exemple Formons un DA à trois termes de 1 + .
n
Quand n → +∞.
n
1 1 1 1 1
1+ = exp n ln(1 + ) = exp 1 − + 2 +o
n n 2n 3n n2
Par composition n
1 e 11e 1
1+ =e− + +o
n 2n 24n2 n2
tan x = x
donc xn ∼ nπ.
Ainsi on peut écrire xn = nπ + o(n).
Considérons maintenant yn = xn − nπ.
On a yn ∈ ]−π/2, π/2[ et tan yn = tan xn = xn donc yn = arctan xn → π/2.
π
Ainsi yn = + o(1) puis
2
π
xn = nπ + + o(1)
2
π 1
zn = − arctan xn = − arctan
2 xn
donc
1
zn ∼ −
nπ
1 1
Ainsi zn = − +o et enfin
nπ n
π 1 1
xn = nπ + − +o
2 nπ n
Lemme
Si (un ) est de Cauchy alors (un ) est bornée.
dém. :
Pour ε = 1, il existe N ∈ N tel que pour tout m, n > N , |um − un | 6 1.
En particulier pour tout n > N , |un − uN | 6 1 et donc |un | 6 1 + |uN |.
Par suite, (un ) est majorée par M = max {|u0 | , |u1 | , . . . , |uN −1 | , 1 + |uN |}.
Théorème
Soit (un ) une suite réelle ou complexe. On a équivalence entre :
(i) (un ) est convergente ;
(ii) (un ) est de Cauchy.
dém. :
(i) ⇒ (ii) Supposons un → ` et exploitons |um − un | 6 |um − `| + |un − `|.
Pour ε > 0, il existe N ∈ N vérifiant
(ii) ⇒ (i)
Cas : suite réelle
Soit (un ) une suite réelle de Cauchy.
(un ) est bornée ce qui permet d’introduire
On a an 6 un 6 bn . Pour conclure, nous allons montrer que (an ) et (bn ) sont adjacentes.
Puisque {un+1+p /p ∈ N} ⊂ {un+p /p ∈ N}, on a an+1 > an et bn+1 6 bn .
Etudions la limite de bn − an .
Pour ε > 0, il existe N ∈ N vérifiant
∀n > N, ∀p ∈ N, |un+p − un | 6 ε
Définition
On appelle suite récurrente d’ordre 1 de fonction itératrice f toute suite (un ) ∈ DN vérifiant
∀n ∈ N, un+1 = f (un )
Théorème
Si f (D) ⊂ D (i.e. ∀x ∈ D, f (x) ∈ D ) alors pour tout a ∈ D il existe une unique suite
(un ) ∈ DN telle que
u0 = a et ∀n ∈ N, un+1 = f (un )
u0 ∈ D et ∀x ∈ D, f (x) ∈ D
∀n ∈ N, un ∈ D ;
- on analyse les limites finies possibles en passant la relation de récurrence un+1 = f (un ) à la limite ;
- on s’adapte (étude de monotonie. . . )
Exemple Etudions la suite (un ) déterminée par
La fonction itératrice f : x 7→ ln(1 + x) est définie sur ]−1, +∞[, il est facile d’en obtenir le tableau de
variation.
∀n ∈ N, un ∈ ]0, +∞[
La fonction
1 α
f : x 7→ x+
2 x
est définie sur R? .
x2 − α
f est dérivable et f 0 (x) =
2x
Proposition
Si |un+1 − `| 6 q |un − `| avec q ∈ [0, 1[ alors un → `.
dém. :
|un − `| 6 q |un−1 − `| 6 . . . 6 q n |u0 − `| → 0
√
Exemple Soit (un ) la√suite définie par : u0 = 1 et un+1 = 3 − un .
Considérons f : x 7→ 3 − x définie sur ]−∞, 3]
ce qui donne √
−1 + 13
`=
2
car ` > 0.
Posons √
−1 + 13
α=
2
On a
√ √ |un − α| |un − α|
|un+1 − α| = 3 − un − 3 − α = √ √ 6 √
3 − un + 3 − α 3−α
avec
1 1
q=√ = ∈ [0, 1[
3−α α
Ainsi
|un − α| 6 q n |u0 − α|
et donc un → α.
8.6.5 Musculation
8.6.5.1 Un théorème du point fixe
Soit f : R → R une fonction lipschitzienne de rapport q ∈ [0, 1[ :
Montrons que f admet un unique point fixe et que toute suite récurrente de fonction itératrice f converge
vers icelui.
Unicité : Soient α, β deux points fixes de f .
On a
|f (α) − f (β)| 6 q |α − β|
donc
|α − β| 6 q |α − β|
ce qui entraîne α = β car q < 1.
Existence : Soit (un ) une suite récurrente de fonction itératrice f .
Montrons que (un ) converge.
On a
|un+1 − un | = |f (un ) − f (un−1 )| 6 q |un − un−1 | 6 . . . 6 q n |u1 − u0 |
Pour tout p ∈ N
donc
p−1 p−1
X X 1 − qp
|un+p − un | 6 |un+k+1 − un+k | 6 q n+k |u1 − u0 | = q n |u1 − u0 |
1−q
k=0 k=0
puis
qn
|un+p − un | 6 |u1 − u0 |
1−q
ce qui produit un majorant indépendant de p.
Soit ε > 0. Puisque
qn
|u1 − u0 | −−−−−→ 0
1−q n→+∞
Théorème
Si (un ) est une suite numérique convergeant vers ` alors
u1 + · · · + un
vn = →`
n
dém. :
On a
1
vn − ` = ((u1 − `) + · · · + (un − `))
n
Pour ε > 0, il existe N ∈ N vérifiant
∀n > N , |un − `| 6 ε
Pour n > N ,
|u1 − `| + · · · + |uN −1 − `| n − N + 1
|vn − `| 6 + ε
n n
donc
|u1 − `| + · · · + |uN −1 − `|
|vn − `| 6 +ε
n
Or
|u1 − `| + · · · + |uN −1 − `| C te
= →0
n n
donc il existe N 0 ∈ N tel que pour n > N 0 ,
|u1 − `| + · · · + |uN −1 − `|
6ε
n
Ainsi pour n > max(N, N 0 ), |vn − `| 6 2ε ce qui permet de conclure.
Exemple Considérons à nouveau (un ) donnée par
et on en déduit
2
un ∼
n
On sait intégrer sur les segments [a, b] et on souhaite étendre la notion à tout intervalle et ainsi donner un
sens entre autre à Z +∞ Z 1
−t dt
e dt et √
0 0 t
I désigne un intervalle de R contenant au moins deux points.
9.1 Intégrale impropre
9.1.1 Intégrale sur un intervalle semi-ouvert
Définition
Soit f : [a, b[ → C continue par morceaux avec aZ ∈ R et b ∈ R ∪ {+∞}.
x
On dit que l’intégrale de f sur [a, b[ converge si f converge quand x → b− .
a
On pose alors Z Z x
f = lim f
[a,b[ déf x→b− a
Remarque L’intégrale converge si, et seulement si, les aires hachurées convergent quand x → b−
265
9.1. INTÉGRALE IMPROPRE
Proposition
Soit f : [a, b[ → C continue par morceaux avec a ∈ R et b ∈ R ∪ {+∞}.
Z c ∈ [a, b[, on a équivalence entre :
Pour
(i) f converge ;
Z[a,b[
(ii) f converge.
[c,b[
De plus Z Z c Z
f= f+ f
[a,b[ déf a [c,b[
dém.
Z x : Z c Z x Z c
f= f+ f avec f = C te .
a a c a
Remarque On ne change pas laZ nature d’une intégrale sur [a, b[ en modifiant les valeurs de la fonction
intégrée sur [a, c] : la nature de f ne dépend pas que du comportement de f au voisinage de b
[a,b[
Proposition
Soit f : [a, b[ → C une fonction continue de primitive F .
OnZa équivalence entre :
(i) f converge ;
[a,b[
(ii) F (x) converge quand x → b− .
De plus, on a alors Z
b−
f = lim
−
F − F (a) = [F ]a
[a,b[ b déf
Définition
Soit f : ]a, b] → C continue par morceaux avec a ∈ R ∪ {−∞} et b ∈ R.
Z b
On dit que l’intégrale de f sur ]a, b] converge si f converge quand x → a+ .
x
On pose alors
Z Z b
f = lim f
]a,b] x→a+ x
Z
Exemple Etude de e−t dt.
[0,+∞[
La fonction t 7→ e−t est définie et continue par morceaux sur [0, +∞[
Z x
e−t dt = 1 − e−x −−−−−→ 1
0 x→+∞
Z Z
donc e−t dt converge et e−t dt = 1.
[0,+∞[ [0,+∞[
Z
Exemple Etude de 1 dt
[0,+∞[
Z
dt
Exemple Etude de .
[1,+∞[ t
Pour la fonction inverse, il y a trop d’espace entre la courbe et l’axe des abscisses pour que l’intégrale
converge, la fonction inverse converge trop lentement vers 0 en +∞.
Z
dt
Exemple Etude de √ .
√]0,1] t
La fonction t 7→ 1/ t est définie et continue par morceaux sur ]0, 1].
Z 1
dt h √ i1 √
Z
dt
Z
dt
√ = 2 t = 2 − 2 x −−−−→ 2 donc √ converge et √ =2
x t x x→0 +
]0,1] t ]0,1] t
Z
dt
Exemple Etude de .
]0,1] t
La fonction t 7→ 1/t est définie et continue par morceaux sur ]0, 1]
Z 1 Z
dt dt
= − ln x −−−−→ +∞ donc diverge.
x t x→0 +
]0,1] t
Pour la fonction inverse, il y a trop d’espace entre la courbe et l’axe des ordonnées pour que l’intégrale
converge, cette fonction tend trop rapidement vers +∞ en 0+ .
Définition
Soit f : ]a, b[ → C continue par morceaux avec a ∈ R ∪ {−∞} et b ∈ R ∪ {+∞}.
On dit que l’intégrale de f sur ]a, b[ converge si, pour c ∈ ]a, b[, les intégrales de f sur ]a, c] et
sur [c, b[ convergent. On pose alors
Z Z Z
f = f+ f
]a,b[ déf ]a,c] [c,b[
Proposition
Soit f : ]a, b[ → C une fonction continue de primitive F .
OnZa équivalence entre :
(i) f converge ;
]a,b[
(ii) F converge en a+ et b− .
De plus, on a alors Z
b−
f = lim
−
F − lim
+
F = [F ]a+
]a,b[ b a
Z
dt
Exemple Etude de .
R 1 + t2
1
La fonction t 7→ est définie et continue par morceaux sur R.
1 + t2
R = ]−∞, 0] ∪ [0, +∞[
Z x Z
dt π dt π
2
= arctan x −
− −− −
→ donc 2
converge et vaut .
1+t x→+∞ 2 [0,+∞[ 1 + t 2
Z0 0 Z
dt π dt π
2
= − arctan(x) −−−−−→ donc 2
converge et vaut .
x 1 + tZ x→−∞
Z
2 ]−∞,0] 1 + t 2
dt dt
Par suite 2
converge et 2
= π.
R 1+t R 1+t
Z
Exemple Etude de t dt.
R
La fonction t 7→ t est définie et continue par morceaux sur R.
R = ]−∞, 0] ∪ [0, +∞[
Z x Z Z
1 2
t dt = x −−−−−→ +∞ donc t dt diverge puis t dt aussi.
0 2 x→+∞ [0,+∞[ R
Z x Z
Attention : Ici t dt = 0 −−−−−→ 0. On n’aurait pu vouloir poser t dt = 0 mais cela n’est pas
−x x→+∞ R
Z x+1
1
conforme à la définition. En fait, on peut aussi remarquer t dt = x + −−−−−→ +∞ et cette
Z −x 2 x→+∞
fois-ci t dt n’a plus de sens.
R
C’est pour cette raison que la convergence d’une l’intégrale sur ]a, b[ s’étudie en la coupant en deux et
non en étudiant conjointement les deux bornes.
Z b
9.1.4 Notation avec a, b ∈ R̄
a
Proposition
Z
Si f : [a, b] → C est continue par morceaux alors f converge et
[a,b[
Z Z
f= f
[a,b[ [a,b]
dém. :
Rappelons qu’une fonction continue par morceaux sur un segment y est bornée.
Ainsi, il existe M ∈ R+ vérifiant
∀t ∈ [a, b] , |f (t)| 6 M
On a alors Z Z b Z b
x
f− f 6 |f | 6 (b − x)M −−−−→ 0
a a x x→b−
Remarque En conséquence :
Pour f : [a, b] → C continue par morceaux, les intégrales suivantes
Z Z Z Z
f, f, f et f
[a,b] [a,b[ ]a,b] ]a,b[
Définition
Soit f : I → C est continue par morceaux. En notant a < b ∈ R̄ les extrémités de I, on pose
Z b Z
f= f
a déf I
Z +∞ Z Z
Exemple e−t dt = e−t dt = e−t dt = 1.
0 [0,+∞[ ]0,+∞[
Z 1 Z Z
dt dt dt
√ = √ = √ = 2.
0 t ]0,1] t ]0,1[ t
Définition
Pour a 6 b ∈ R̄, on note Z a Z b
f =− f
b déf a
Théorème Z
Soit f : I → C continue par morceaux telle que f converge.
I
Pour tous a, b, c distincts éléments ou extrémités de I, on a
Z b Z c Z b
f (t) dt = f (t) dt + f (t) dt
a a c
9.1.5 Propriétés
Théorème
Z f, gZ: I → C continues par
Soient Z morceaux
Z et λ ∈ C
Si f et g convergent alors λf , f + g convergent.
I I I I
De plus on a alors Z Z Z Z Z
λf = λ f et f +g = f+ g
I I I I I
dém. :
Par opérations sur les limites.
Z Z Z
Exemple Si f + g et f convergent alors g converge.
I I I
En effet g = (f + g) + (−1)g.
Z Z Z
Attention : Pour exploiter la relation f +g = f+ g, il faut préalablement justifier la
I I I
convergence d’au moins deux des intégrales engagées.
Z +∞ Z +∞ Z +∞
Ceci empêche d’écrire 0 dt = 1 dt + (−1) dt.
0 0 0
Z Z Z
Exemple Si f converge et g diverge alors f + g diverge.
I I I
Z Z Z
Attention : Si f et g divergent alors on ne peut rien dire sur la nature de f + g.
I I I
Théorème
Soient f, g : I →Z R continues
Z par morceaux. Z Z
Si f 6 g et que f et g convergent alors f 6 g.
I I I I
dém. :
Par comparaison de limites.
Théorème
Soit f : I → C continue par morceaux.
Z Z Z Z
Si f converge alors f¯ convergent et alors f¯ = f .
I I I I
dém. :
Par conjugaison de limites.
Corollaire
Z Z Z
f converge si, et seulement si, Ref et Imf convergent.
I Z Z I Z I
De plus on a alors f = Ref + i. Imf .
I I I
Z +∞ Z +∞
Exemple Etude de cos(t)e−t dt et sin(t)e−t dt.
Z +∞ 0 0
x x x
e(i−1)t
Z Z
it −t (i−1)t 1 1+i
e e dt = e dt = → =
0 0 i−1 0
x→+∞ 1−i 2
On en déduit Z +∞ Z +∞
1
cos(t)e−t dt = sin(t)e−t dt =
0 0 2
9.2 Intégrabilité
Rappel : Soit f : [a, b[ → R une fonction croissante.
Si f est majorée alors f admet une limite finie en b− .
Si f n’est pas majorée alors f diverge vers +∞ en b− .
9.2.1 Fonctions positives
Théorème
Soit f : I → R continue par morceaux et positive.
OnZa équivalence entre :
(i) f converge ;
I Z β
(ii) ∃M ∈ R, ∀ [α, β] ⊂ I, f 6 M.
α
De plus, si tel est le cas :
Z Z β
f = sup f
I [α,β]⊂I α
dém. :
Notons a < b ∈ R̄ les extrémités Zde I.
Z b
(i) ⇒ (ii) Supposons que f= f converge.
I a
Pour tout [α, β] ⊂ I,
Z b Z α Z β Z b Z β
f= f+ f+ f> f
a a α β α
Z
Ainsi pour M = f on a la propriété et de plus on a l’inégalité
I
Z Z β
f > sup f
I [α,β] α
dém.
Z : Z β Z β Z Z
Si g converge alors pour tout [α, β] ⊂ I, f 6 g 6 g = M donc f est intégrable et f
I α α I I
converge.
+∞
e−t
Z
Exemple Nature de dt.
0 t2+1
e−t
La fonction f : t 7→ 2 est définie et continue par morceaux sur [0, +∞[.
t +1
Pour t > 0, on a 0 6 f (t) 6 e−t .
Z +∞ Z +∞ −t
−t e
Or e dt converge donc par comparaison de fonctions positives, 2+1
dt converge.
0 0 t
Z +∞
ln(t + 1)
Exemple Nature de dt
1 t
ln(t + 1)
La fonction f : t 7→ est définie et continue par morceaux sur [1, +∞[.
t
ln 2
Pour t > 1, on a f (t) > > 0.
Z +∞ t Z +∞
dt ln(t + 1)
Or diverge donc par comparaison de fonctions positives dt diverge.
1 t 1 t
Définition
Soit f : I → C continue par morceaux.
On dit que f est intégrable (sur I ) si
Z β
∃M ∈ R, ∀ [α, β] ⊂ I, |f | 6 M
α
Remarque Pour f : I → R ou C continue par morceaux. Puisque |f | est une fonction positive
Z
f est intégrable sur I si, et seulement si, |f | converge
I
Z
On dit encore que l’intégrale f est absolument convergente.
I
Théorème Z
Si f : I → C continue par morceaux est intégrable alors l’intégrale f converge et
I
Z Z
f 6 |f |
I I
dém. :
Cas f à valeurs positives
C’est immédiat compte tenu des résultats qui précède.
Cas f à valeurs réelles
On pose f + = sup(f, 0) et f − = sup(−f, 0).
Les fonctions f + , f − : I → R+ sont continues par morceaux et vérifient f = f + − f − .
On a aussi |f | = f + + f − donc 0 6 f +Z, f − 6 |fZ |. Z
Par comparaison de fonctions positives f + et f − convergent puis par opérations f aussi.
I I I
Cas f à valeurs complexes
On écrit f = Ref + iImf .
Ref, Imf : I → R sont continues par morceaux. Z Z
Puisque |Ref | , |Imf | 6 |f |, on a, par comparaison de fonctions positives, |Ref | et |Imf | convergent
Z Z Z I I
donne Z c Z y Z c Z y
f+ f 6 |f | + |f |
x c x c
A la limite quand x → a+ Z
Z y Z Z y
f+ f 6 |f | + |f |
]a,c] c ]a,c] c
ce qui donne Z Z
f 6 |f |
I I
Z Z
Attention : Il se peut que f converge et |f | diverge.
I I
Définition Z Z Z
Si f converge alors que |f | diverge, on dit que f est semi-convergente.
I I I
Z +∞ Z +∞
sin t
Exemple On verra que dt et cos(t2 ) dt sont des intégrales semi-convergentes.
0 t 0
Proposition
Si f : I → C continue par morceaux est intégrable sur I alors f est intégrable sur tout
intervalle non singulier J inclus dans I.
dém. :
Pour [α, β] ⊂ J, on a [α, β] ⊂ I donc
Z β Z
|f | 6 |f | = M
α I
Proposition
Soient f : I → C continue par morceaux et c un élément de I qui n’en est pas une extrémité.
On pose I − = I ∩ ]−∞, c] et I + = I ∩ [c, +∞[.
Si f est intégrable sur I − et I + alors f l’est aussi sur I = I − ∪ I + .
dém. :
Soit [α, β] ⊂ I. Quitte à agrandir le segment [α, β], on peut supposer c ∈ [α, β].
Z β Z c Z β Z Z
|f | = |f | + |f | 6 |f | + |f | = M
α α c I− I+
Théorème
Soient f, g : [a, b[ → C continues par morceaux avec a ∈ R et b ∈ R ∪ {+∞}.
Si f = O(g) et si g est intégrable alors f est intégrable.
b
dém. :
Supposons f = O(g) avec g intégrable.
b
Il existe c ∈ [a, b[ et M ∈ R+ vérifiant
Or ϕ = M |g| est intégrable sur [a, b[ donc sur [c, b[. Par domination, f est intégrable sur [c, b[ et puisque
f est de plus intégrable sur [a, b] (segment), on a f intégrable sur [a, b[.
Corollaire
Si f = o(g) avec g intégrable alors f l’est aussi.
b
Si f ∼ g alors f est intégrable si, et seulement si, g l’est.
b
dém. :
Car
f = o(g) ⇒ f = O(g)
b b
et f ∼ g ⇒ f = O(g) et g = O(f )
b b b
Attention : Ces résultats sont faux en termes de convergence.
Cependant, ils peuvent se transposer aux fonctions positives ou plus généralement aux fonctions de
signe constant au voisinage de b. Ainsi :
dém. :
La fonction t 7→ 1/tα est définie et continue par morceaux sur [1, +∞[.
Cette fonction est positive donc son intégrabilité équivaut à la convergence de l’intégrale.
Quand x → +∞
Cas α 6= 1
Z x
dt
1 1
x +∞ si α < 1
α
= − → 1
1 t α − 1 tα−1 1 si α > 1
α−1
Cas α = 1 Z x
dt
= ln x → +∞
1 t
Finalement Z +∞
dt
converge si, et seulement si, α > 1
1 tα
Z +∞ Z +∞ Z +∞
dt dt dt
Exemple converge alors que et √ divergent.
1 t2 1 t 1 t
Théorème
1
t 7→ est intégrable sur ]0, 1] si, et seulement si, α < 1
tα
dém. :
La fonction t 7→ 1/tα est définie et continue par morceaux sur ]0, 1]. Elle est positive.
Quand x → 0+
Cas α 6= 1
Z 1
dt
1 1
1 +∞ si α > 1
= → 1
x tα 1 − α tα−1 x si α < 1
1−α
Cas α = 1 Z 1
dt
= − ln x → +∞
x t
Finalement Z 1
dt
converge si, et seulement si, α < 1
0 tα
Z 1 Z 1 Z 1
dt dt dt
Exemple √ converge alors que et divergent.
0 t 0 t 0 t2
Z +∞
dt
Remarque diverge pour toute valeur de α.
0 tα
Z 1 Z 1
λ dt
Exemple Pour λ ∈ R, t dt = converge si, et seulement si, λ > −1.
0 0 t−λ
Théorème
Soient a < b ∈ R.
1
t 7→ est intégrable sur [a, b[ si, et seulement si, α < 1
(b − t)α
1
t 7→ est intégrable sur ]a, b] si, et seulement si, α < 1
(t − a)α
Z 1 Z 2
dt dt
Exemple √ converge et diverge.
0 1−t 1 t−1
Quand t → +∞
f (t) → 1.
Il existe A ∈ R+ tel que
∀t > A, f (t) > 1/2
et alors Z x Z A Z x Z A
1
f (t) dt = f (t) dt + f (t) dt > f (t) dt + (x − A) → +∞
0 0 A 0 2
Z +∞ 2
t
donc dt diverge.
0 t2 +1
Z +∞
dt
Exemple Nature de .
0 +1 t4
La fonction f : t 7→ 1/(t4 + 1) est définie et continue par morceaux sur [0, +∞[.
Quand t → +∞,
f (t) → 0, on ne peur rien en conclure
f (t) ∼ 1/t4
Z +∞
dt
Or t 7→ 1/t4 est intégrable sur [1, +∞[ (car 4 > 1 ) donc f est intégrable sur [0, +∞[ et
0 t4 + 1
converge.
Z +∞
2
Exemple Nature de e−t dt.
0
2
La fonction f : t 7→ e−t est définie et continue par morceaux sur [0, +∞[.
Quand t → +∞,
( f (t) → 0 )
t2 f (t) → 0 donc f (t) = o(1/t2 )
Z +∞
2
2
Or t 7→ 1/t est intégrable sur [1, +∞[ (car 2 > 1 ) donc f est intégrable sur [0, +∞[ et e−t dt
0
converge.
Z +∞
cos t
Exemple Nature de dt.
0 1 + t2
La fonction f : t 7→ cos(t)/(1 + t2 ) est définie et continue par morceaux sur [0, +∞[.
Quand t → +∞,
( f (t) → 0 ) √
f (t) ∼ cos(t)/t2 . t3/2 f (t) ∼ cos(t)/ t → 0 donc f (t) = o(1/t3/2 ) et on peut conclure que f est
Z +∞
cos t
intégrable sur [0, +∞[ et dt converge.
0 1 + t2
Z +∞
1
Exemple Nature de 2 + 1)
dt.
1 ln(t
La fonction f : t 7→ 1/ln(t2 + 1) est définie et continue par morceaux sur [1, +∞[.
Quand t → +∞, tf (t) → +∞.
Il existe a ∈ [1, +∞[ tel que pour t > a, tf (t) > 1 et donc f (t) > 1/t > 0.
On a alors Z x Z a Z x
1 1 dt
2 + 1)
dt > 2 + 1)
dt + −−−−−→ +∞
1 ln(t 1 ln(t a t x→+∞
Z +∞
1
Ainsi l’intégrale 2 + 1)
dt diverge.
1 ln(t
1
t 7→ α est intégrable sur ]−∞, −a] si, et seulement si, α > 1
|t|
Z 1
cos t
Exemple Nature de √ dt.
0 t
√
La fonction f : t 7→ cos(t)/ t est définie et continue par morceaux sur ]0, 1].
Quand t → 0+ ,
f (t) → +∞ √ (on ne peut√rien en conclure)
f (t) ∼ 1/ t or t → 1/ t est intégrable sur ]0, 1] ( α = 1/2 < 1 ) donc f est intégrable sur ]0, 1] et
Z 1
cos t
√ dt converge.
0 t
Z 1
Exemple Nature de ln t dt.
0
La fonction f : t 7→ ln t est définie et continue par morceaux sur ]0, 1].
Quand t → 0+ ,
( f (t) → −∞ )
√ √
tf (t) → 0 donc f (t) = o 1/ t .
√ Z 1
Or t → 1/ t est intégrable sur ]0, 1] ( α = 1/2 < 1 ) donc f est intégrable sur ]0, 1] et ln t dt
0
converge.
Z 1
ln t
Exemple Nature de dt.
0 t
La fonction f : t 7→ ln(t)/t est définie et continue par morceaux sur ]0, 1].
Quand t → 0+ , tf (t) → −∞.
Il existe a > 0 tel que sur ]0, a], f (t) 6 −1/t 6 0
Z 1 Z a Z 1
ln t dt ln t
dt 6 − + dt −−−−→ −∞
x t x t a t x→0+
Z 1
ln t
donc l’intégrale dt diverge.
0 t
√
Z 1
dt
Or t 7→ 1/ 1 − t est intégrable sur [0, 1[ donc f aussi et √ converge.
0 1 − t3
Z 2
dt
Exemple Nature de 2−1
.
1 t
2
La fonction f : t 7→ 1/(t − 1) est définie et continue par morceaux par morceaux sur ]1, 2].
Quand t → 1+ , t = 1 + h avec h → 0+ .
1 1
f (t) ∼ =
2h 2(t − 1)
1
Or t 7→ n’est pas intégrable sur ]1, 2] donc f non plus.
t−1 Z 2
dt
Puisque f est de signe constant 2−1
diverge.
1 t
Z 1
Exemple Nature de ln(1 − t2 ) dt.
0
La fonction f : t 7→ ln(1 − t2 ) est définie et continue par morceaux sur [0, 1[.
Quand t → 1− , t = 1 − h avec h → 0+ .
f (t) ∼ ln(2h)
donc √ √
1 − tf (t) ∼ h ln(2h) → 0
1 1
Ainsi f (t) = o √ or √ est intégrable sur [0, 1[ donc f est intégrable sur [0, 1[ et
Z 1 1−t 1−t
ln(1 − t2 ) dt converge.
0
1
t−1
Z
Exemple Etude de dt
0 ln t
La fonction f : t 7→ (t − 1)/ln t est définie et continue par morceaux sur ]0, 0[ = ]0, 1/2] ∪ [1/2, 1[.
Quand t → 0+ , f (t) → 0 donc f est intégrable sur ]0, 1/2].
Quand t → 1− , f (t) → 1 donc f est intégrable sur [1/2, 1[.
Z 1
t−1
Finalement f est intégrable sur ]0, 1[ et dt converge.
0 ln t
Exemple Calculons
Z 1
ln t
dt
0 (1 + t)2
f : t 7→ ln(t)/(1 + t)2 est définie et continue par morceaux sur ]0, 1].
√ Z 1
ln t
Quand t → 0+ , tf (t) → 0 donc 2
dt converge.
0 (1 + t)
Pour ε > 0 Z 1 1 Z 1
ln t ln t dt
2
dt = − +
ε (1 + t) 1 + t ε ε t(t + 1)
et donc Z 1
ln t ln ε 1
dt = + [ln t − ln(t + 1)]ε
ε (1 + t)2 1+ε
puis
Z 1
ln t ε ln ε
dt = − + ln(1 + ε) − ln 2 → − ln 2
ε (1 + t)2 1+ε x→0
donc Z 1
ln t
dt = − ln 2
0 (1 + t)2
Remarque Ici, procéder à une intégration par parties généralisé aurait réécrit l’intégrale étudiée comme
différence de deux divergences.
Théorème
Soient I un intervalle d’extrémités a < b ∈ R̄ et u, v : I → K de classe C 1 .
Si deux des propriétés qui suivent sont vérifiées alors la troisième l’est aussi :
Z b
(i) u0 v converge ;
a
Z b
(ii) uv 0 converge ;
a
(iii) uv converge en a+ et b− .
De plus on a alors
Z b Z b
0 b−
uv= [uv]a+ − uv 0
a a
dém. :
On remarque :
Z b
- (iii) ⇔ (uv)0 converge ;
a
- (uv)0 = u0 v + uv 0 ;
Z b Z b Z b
- f +g = f+ g sous réserve de deux convergences.
a a a
Cela permet d’obtenir le résultat voulu.
dém. :
Cas ϕ strictement croissant.
Sous cas I = [a, b[ :
a b α β
−1
ϕ α % β ϕ a % b
α = ϕ(a), β = lim ϕ et ϕ(I) = [α, β[.
b−
Z β
(ii) ⇒ (i) Supposons que l’intégrale f (u) du converge.
α
Z x Z ϕ(x)
0 =
f (ϕ(t)) ϕ (t) dt f (u) du
a u=ϕ(t) α
Z β
−
converge quand x → b vers f (u) du
Z b α
dém. : Z
(i) équivaut à dire que |f (ϕ(t))ϕ0 (t)| dt converge
I Z
Or ϕ est de signe constant, donc (i) équivaut à dire que |f (ϕ(t))| ϕ0 (t) dt converge.
0
Z I
Par changement de variable cela revient à dire que |f | converge i.e. (ii).
J
√
+∞
e− t
Z
Exemple Calcul de √ dt.
0√ √ t
La fonction f : t 7→ e− t / t est définie et√continue par morceaux sur ]0, +∞[.
Réalisons le changement
√ de variable u = t
La fonction
√ t →
7 t est une application de classe C 1 strictement croissante.
2
u = t, t = u , dt = 2u du.
Quand t → 0+ , u → 0+ , quand t → +∞, u → +∞.
Formellement
Z +∞ −√t Z +∞
e
√ dt = 2e−u du
0 t 0
Puisque l’intégrale obtenue par le changement de variable est convergente, il en est de même de
l’intégrale initiale et donc
√
+∞
e− t
Z
+∞
dt = −2e−u 0 = 2
√
0 t
Définition
On appelle suite croissante de segments de réunion I toute suite (Jn ) telle que
∀n ∈ N, Jn est un segment
[ (i.e. de la forme [an , bn ] )
∀n ∈ N, Jn ⊂ Jn+1 et Jn = I.
n∈N
Théorème
Soient f : I → R+ continue par morceaux et (Jn ) une suite croissante de segments de
réunion I.
On a équivalence entre :
(i) f est intégrable
Z sur I ;
(ii) la suite f converge.
Jn
De plus, si tel est le cas Z Z
f = lim f
I n→+∞ Jn
dém. : Z
Notons que la suite f est croissante car Jn ⊂ Jn+1 et f > 0.
Jn
(i) ⇒ (ii)Z f intégrable sur I.
Supposons Z
La suite f est croissante et majorée par f donc elle converge et
Jn I
Z Z
lim f6 f
n→+∞ Jn I
Z
(ii) ⇒ (i) Supposons que la suite f converge.
Jn
Pour [α, β] ⊂ I, il existe n1 , n2 ∈ N tels que α ∈ Jn1 et β ∈ Jn2 car la réunion des Jn est égale à I.
Z β Z Z
Pour n = max(n1 , n2 ), α, β ∈ Jn puis [α, β] ⊂ Jn et f6 f 6 lim f.
α Jn n→+∞ Jn
Par suite f est intégrable sur I et
Z Z β Z
f = sup f 6 lim f
I [α,β] α n→+∞ Jn
Z
Remarque Pour étudier la convergence de f (t) dt on étudie généralement la limite de
Z x [0,+∞[
f (t) dt quand x → +∞. Ici la variable x est réelle. Avec l’outil précédent, pour Jn = [0, n], on peut
0 Z n
se contenter d’étudier la limite de f (t) dt quand n ∈ N → +∞.
0
Attention : Pour une fonction f : I → R ou C, l’implication (i) ⇒ (ii) et le « De plus »restent vraies
mais l’implication (ii) ⇒ (i) est fausse.
Z 2nπ Z +∞
Par exemple sin(t) dt = 0 −−−−−→ 0 alors que sin(t) dt diverge.
0 n→+∞ 0
9.5 Musculation
9.5.1 Intégrales de Bertrand
Théorème
Z +∞
dt
Pour α, β ∈ R, converge si, et seulement si, α > 1 ou ( α = 1 et β > 1 ).
e tα (ln t)β
dém. :
La fonction f : t 7→ 1/tα (ln t)β est définie, continue et positive sur [e, +∞[.
Cas α < 1
t1−α
tf (t) = −−−−→ +∞
(ln t)β t→+∞
donc pour t assez grand
f (t) > 1/t > 0
Z +∞ Z +∞
dt dt
Or diverge donc par comparaison de fonctions positives, diverge.
e t e tα (ln t)β
Cas α > 1 :
Sous cas inutile : β > 0
On a
tα f (t) −−−−→ 0
t→+∞
α
donc f est intégrable sur [e, +∞[ car f (t) = o(1/t ) avec α > 1.
Sous cas général :
On introduit m ∈ ]1, α[, on a
1
tm f (t) = α−m −−−−→ 0
t (ln t)β t→+∞
donc f est intégrable sur [e, +∞[ car f (t) = o(1/tm ) avec m > 1.
Cas α = 1
Z x Z ln x
dt du
=
e t(ln t)β u=ln t 1 uβ
converge quand x → +∞ si, et seulement si, β > 1.
9.5.2 L’intégrale de Dirichlet
Proposition
Z +∞
sin t
L’intégrale dt converge.
0 t
dém. :
sin t
La fonction t 7→ est définie et continue par morceaux sur ]0, +∞[.
t Z
sin t
Cette fonction se prolonge par continuité en 0 donc dt converge.
Z ]0,1] t
sin t
Etudions dt
[1,+∞[ t
Soit A > 1. Par intégration par parties
A A Z A
− cos t
Z
sin t cos t
dt = − dt
1 t t 1 1 t2
Quand A → +∞,
Z A Z +∞
cos A cos t cos t
→ 0 et dt −−−−−→ dt
A 1 t2 A→+∞ 1 t2
car cette dernière intégrale converge puisque
cos t 1
= O
t2 t→+∞ t2
Remarque Par une intégration par parties judicieuse, on peut montrer
+∞ +∞
1 − cos t
Z Z
sin t
dt = dt
0 t 0 t2
Proposition
sin t
La fonction t 7→ n’est pas intégrable sur ]0, +∞[
t
dém. : Z +∞
sin t
Montrons que t dt diverge, le problème se posant en +∞.
0
nπ n kπ n π
|sin t| |sin t|
Z Z Z
X X sin u
dt = dt = du
0 t (k−1)π t 0 u + (k − 1)π
k=1 k=1
Or Z π Z π
sin u sin u 2
du > du =
0 u + (k − 1)π 0 kπ kπ
donc Z nπ n
sin t
dt > 2 1
X
t → +∞
0 π k
k=1
Z +∞
sin t π
Remarque On peut montrer que dt = mais c’est une autre histoire. . .
0 t 2
Séries numériques
On a
n
X 1 1 1 − 1/2n 1
k
= = 1 − n −−−−−→ 1
2 2 1 − 1/2 2 n→+∞
k=1
On va écrire
+∞
X 1
=1
n=1
2n
K désigne le corps R ou C.
10.1 Vocabulaire
10.1.1 Série numérique
Définition
Soit (un )n>n0 une suite numérique.
On appelle série de terme général un la suite (Sn )n>n0 avec
n
X
Sn = uk
k=n0
X X
Cette série est notée un ou un .
n>n0
Sn est appelé somme partielle de rang n de cette série.
Remarque Une série est un cas particulier de suite, c’est une suite de sommes partielles.
X
Exemple La série n est la suite des sommes partielles
n>0
n
X n(n + 1)
Sn = k=
2
k=0
293
10.1. VOCABULAIRE
X
Exemple La série q n est la suite des sommes partielles
n>0
n
X 1 − q n+1
Sn = qk = (si q 6= 1 )
1−q
k=0
X1
Exemple La série est la suite des sommes partielles
n
n>1
n
X 1
Sn = (avec n > 1 )
k
k=1
n
X
uk = vn
k=0
On suppose désormais les séries étudiées définies à partir du rang n0 = 0, on peut s’y ramener quitte à
définir les premiers termes de la série comme étant nul.
Définition
X
On dit que qu’une série un converge si la suite de ses sommes partielles converge.
On pose alors
+∞
X Xn
uk := lim uk
n→+∞
k=0 k=0
X1
Exemple Etude de .
n
n>1
Pour n > 1, la fonction t 7→ 1/t étant décroissante, on a
n n Z
1 X k+1 dt
Z n+1
X dt
> = = ln(n + 1) → +∞
k k t 1 t
k=1 k=1
X1
Ainsi diverge (DV).
n
n>1
X
Remarque un converge si, et seulement si, la somme des aires hachurées converge.
X (−1)n−1
Exemple Etude de .
n
n>1
Pour n > 1,
n n 1 1
(−1)k−1 1 − (−t)n
X X Z Z
k−1 k−1
= (−1) t dt = dt
k 0 0 1+t
k=1 k=1
Or
1 1 1
tn
Z Z Z
dt 1
= ln 2 et 0 6 dt 6 tn dt =
0 1+t 0 1+t 0 n+1
donc
n
X (−1)k−1
−−−−−→ ln 2
k n→+∞
k=1
X (−1)n−1 +∞
X (−1)n−1
Ainsi converge et = ln 2
n n=1
n
n>1
Proposition
X
Si la série un converge alors un → 0.
dém. :
n
X
Posons Sn = uk . Si (Sn ) converge en posant S sa limite
k=0
un = Sn − Sn−1 → S − S = 0
Définition
Si (un ) ne tend pas vers 0 alors on dit que la série de terme général un diverge grossièrement
(DVG).
X
Exemple La série cos n diverge grossièrement.
En effet si cos n → 0 alors la relation cos 2n = 2 cos2 n − 1 donne à la limite l’absurdité 0 = −1.
X1
Exemple La série diverge non grossièrement.
n
n>1
Théorème
n0 ∈ N. On a équivalence entre :
SoitX
(i) un converge ;
n>0
X
(ii) un converge.
n>n0
dém. :
Les sommes partielles de deux séries diffèrent d’une constante.
Corollaire
On ne modifie pas la nature d’une série en en modifiant la valeur d’un nombre fini de termes
(en revanche cela modifie la valeur de la somme. . . ).
Définition
X +∞
X
Si la série un converge, on introduit Rn = uk appelé reste de rang n de cette série.
k=n+1
( !)Pour introduire le reste de rang n d’une série il est nécessaire que celle-ci soit convergente.
Théorème
X
Si un converge alors pour tout n ∈ N,
+∞
X n
X +∞
X
uk = uk + uk
k=0 k=0 k=n+1
De plus
+∞
X
Rn = uk −−−−−→ 0
n→+∞
k=n+1
dém. :
Notons S la somme de la série. On veut montrer S = Sn + Rn
Pour m > n,
Xm X n Xm
uk = uk + uk
k=0 k=0 k=n+1
10.1.4 Opérations sur les séries convergentes
Théorème
X X X X
Si un et vn sont convergentes alors pour tout λ ∈ K, les séries λun et u n + vn
convergent et
+∞
X +∞
X +∞
X +∞
X +∞
X
λuk = λ uk et (uk + vk ) = uk + vk
k=0 k=0 k=0 k=0 k=0
dém. :
Par opérations sur les limites.
X X X
Exemple Si un et (un + vn ) convergent alors vn converge car vn = (un + vn ) + (−1).un .
( !)Pour écrire
+∞
X +∞
X +∞
X
(uk + vk ) = uk + vk
k=0 k=0 k=0
X X X
( !)Si un et vn divergent on ne peut rien dire sur la nature de (un + vn ).
Théorème
Soient (un ) et (vn ) deux suites réelles vérifiant un 6 vn pour tout n ∈ N.
X X +∞
X +∞
X
Si un et vn convergent alors un 6 vn .
n=0 n=0
dém. :
Par comparaison de limites.
Théorème
Soit
X (zn ) une suite complexe.
X
Si zn converge alors zn aussi et
+∞
X +∞
X
zk = zk
k=0 k=0
dém. :
Par conjugaison de limites.
Corollaire
OnX a équivalence entre :
(i) z converge ;
Xn X
(ii) Re(zn ) et Im(zn ) convergent.
De plus, on a alors
+∞
X +∞
X +∞
X
zk = Re(zk ) + i Im(zk )
k=0 k=0 k=0
dém. :
1 1
( ⇒ ) car Re(zn ) = (zn + zn ) et Im(zn ) = (zn − zn ).
2 2i
( ⇐ ) car zn = Re(zn ) + iIm(zn ).
Définition
Une série à termes positifs (SATP) est une série dont le terme général appartient à R+ .
Théorème
X
Soit un une SATP. On a équivalence entre :
X
(i) un converge ;
n
X
(ii) ∃M ∈ R, ∀n ∈ N, uk 6 M .
k=0
De plus, si tel est le cas,
+∞
X n
X
uk = sup uk
n∈N
k=0 k=0
dém. :
La suite (Sn ) des sommes partielles est croissante car Sn − Sn−1 = un > 0. Ainsi, cette suite converge
si et seulement si elle est majorée et sa limite est alors sa borne supérieure.
X X n
Remarque Si un est une série à termes positifs divergente alors uk −−−−−→ +∞
n→+∞
k=0
Corollaire
X X
Soient un et vn deux séries à termes positifs vérifiant
∀n ∈ N, un 6 vn
X X
Si vn converge alors u aussi.
X X n
Si un diverge alors vn aussi.
X 1
Exemple Nature de .
n2
n>1
1 1 X 1 X 1
Pour n > 2, 2 6 or converge donc par comparaison de SATP,
n n(n − 1) n(n − 1) n2
n>2
X 1
converge puis converge.
n2
n>1
X ln n
Exemple Nature de .
n+1
n>1
ln n ln n 1
n ∼ ln n → +∞ donc pour n assez grand, > .
n+1 n+1 n
X1 X ln n
Or diverge donc, par comparaison de SATP, diverge.
n n+1
Plus précisément
n
X ln k
−−−−−→ +∞
k + 1 n→+∞
k=1
car la suite des sommes partielles est croissante puisque ses termes sont positifs.
X
Remarque Puisque |un | est une série à termes positifs :
X
(un ) sommable si, et seulement si, |un | converge
Définition
X
Si la suite (un ) est sommable on dit que la série un converge absolument.
X (−1)n−1 X 1
Exemple La série 2
converge absolument (CVA) car converge.
n n2
n>1 n>1
Théorème
X
Si un est absolument convergente alors celle-ci converge et
X+∞ X +∞
un 6 |un |
n=0 n=0
dém. :
Posons
n
X n
X
Sn = uk et Tn = |uk |
k=0 k=0
On suppose (Tn ) convergente. Nous allons établir la convergence de (Sn ) en appliquant le critère de
Cauchy. Puisque (Tn ) converge
∀ε > 0, ∃N ∈ N, ∀n > N, ∀p > 0, |Tn+p − Tn | 6 ε
Or n+p
n+p
X X
|Tn+p − Tn | = |uk | > uk = |Sn+p − Sn |
k=n+1 k=n+1
donc on peut écrire
∀ε > 0, ∃N ∈ N, ∀n > N, ∀p > 0, |Sn+p − Sn | 6 ε
Par suite (Sn ) satisfait le critère de Cauchy et donc
+∞converge.
+∞
X X
Enfin, puisque |Sn | 6 Tn , on obtient à la limite un 6 |un |
n=0 n=0
Remarque Pour une série changeant de signe ou une série à termes complexes.
CVA ⇒ CV
Pour une série à termes positif, ou plus généralement, pour une série à terme de signe constant à partir
d’un certain rang :
CVA ⇔ CV
X X
( !)Il se peut que un converge et |un | diverge.
Définition
Une série convergente non absolument convergente est dite semi-convergente (SCV).
X (−1)n−1
Exemple La série est semi-convergente.
n
n>1
Théorème
X X
Si un = O(vn ) et si vn CVA alors un CVA.
dém. : X
Supposons un = O(vn ) et vn CVA.
Il existe M ∈ R et N ∈ N vérifiant
Théorème
X 1
Pour α ∈ R, la série à termes positifs converge si, et seulement si, α > 1.
nα
n>1
dém. :
Cas α 6 1
1 1 X1 X 1
Puisque pour tout n > 1, α > et puisque diverge, par comparaison de SATP, diverge.
n n n nα
Cas α > 1
X 1
est une série à terme positifs. Nous allons montrer que ses sommes partielles sont majorées.
nα
n>1
1
La fonction x 7→ α est décroissante sur ]0, +∞[, donc pour k > 2
x
Z k
1 dt
6
kα k−1 t α
On a alors
n Z n
X 1 dt
6
kα 1 t α
k=2
puis
Z +∞
dt
Sn 6 1 +
1 tα
avec convergence de l’intégrale.
X 1
Par conséquent la série converge.
nα
n>1
X 1 X 1 X1 X 1
Exemple et convergent alors que et √ divergent.
n2 n1,001 n n
X 1 1
Exemple Nature de tan − .
n n
n>1
On sait
1
tan u = u + u3 + o(u3 )
3
1 1 1 X 1 X 1 1
tan − ∼ 3 or CVA donc tan − CVA donc CV.
n n 3n n3 n n
X n+1
Exemple Nature de .
n2 + 1
n>0
n+1 1 X1 X n+1
2
∼ or DV donc par équivalence de SATP, DV.
n +1 n n n2 + 1
X √
Exemple Nature de e− n
.
n>0
√ √
X √
2 − n 4 −X − n 1 X 1
n e =X e → 0 donc e =o or CVA donc e− n CVA donc CV.
n2 n2
X ln n
Exemple Nature de .
n2 + 1
n>1
3/2 ln n ln n ln n 1 X 1 X ln n
n ∼ √ → 0 donc 2 =o or CVA donc CVA donc CV.
n2 + 1 n n +1 n3/2 n 3/2 n2 + 1
X 1
Exemple Nature de .
ln n
n>1
1 1 1 1
n× → +∞ donc pour n assez grand, n × > 1 et > .
ln nX ln X
n ln n n
1 1
Puisque diverge, par comparaison de SATP, diverge.
n ln n
n>1
X 1
Exemple Nature de avec dn le nombre de diviseurs positifs de n.
d2n
n>1
Pour p nombre premier dp = 2.
Puisqu’il y a une infinité de nombre premiers, (1/d2n ) ne tend pas vers 0 et donc la série diverge
grossièrement.
Idées récurrentes : X
- Si (un ) ne tend pas vers 0 alors un diverge grossièrement ;
X
α
- Si un ∼ C/n (avec C 6= 0 ) alors un converge si, et seulement si, α > 1 ;
X
- Si on détermine α > 1 tel que n un → 0 alors un = o (1/nα ) et donc
α
un converge absolument ;
X
- Si nun → ` 6= 0 alors un diverge.
Théorème
Soit q ∈ C. X
Si |q| > 1 alors q n diverge grossièrement.
X
Si |q| < 1 alors q n est absolument convergente et
+∞
X 1
qn =
n=0
1−q
dém. :
Cas |q| > 1 :
n
On a |q n | = |q| > 1 donc la suite (q n ) ne tend par vers 0 et il y a divergence grossière.
Cas |q| < 1 :
n n+1
X k 1 − |q| 1
|q| = →
1 − |q| 1 − |q|
k=0
X
donc q n CVA
De plus
n
X 1 − q n+1 1
qk = →
1−q 1−q
k=0
donc
+∞
X 1
qk =
1−q
k=0
+∞
X 1 1 1 1
Exemple n
= 1 + + + · · · + n + · · · = 2.
n=0
2 2 4 2
Théorème
X
Soit un une série à termes non nuls.
On suppose
un+1 +
un → ` ∈ R ∪ {+∞}
X
Si ` > 1 alors u diverge grossièrement.
X n
Si ` < 1 alors un est absolument convergente.
Si ` = 1 alors on ne peut rien conclure.
dém. :
Cas ` > 1 :
A partir d’un certain rang n0 on a
|un+1 /un | > 1
et donc (|un |)n>n0 est croissante. Elle ne peut alors converger vers 0 que si elle est constante égale à 0
ce qui est exclu.
Cas ` < 1 :
On introduit q ∈ ]`, 1[. A partir d’un certain rang n0 , |un+1 /un | 6 q et donc
|un | 6 q n−n0 |un0 | = M q n
avec M = q −n0 |un0 |. Ainsi
un = O(q n )
X X
Or |q| < 1 donc q n CVA puis un aussi.
Cas ` = 1 :
Considérons un = 1/nα avec α ∈ R.
On a
un+1
un → 1
X
alors que un converge si, et seulement si, α > 1.
Remarque C’est un critère grossier réservé aux suites dont le terme général comporte un produit (terme
géométrique, factoriel,. . . ) induisant la nature de la série.
!
X 2n
Exemple Nature de un avec un = 1/ .
n>0
n
(n!)2 un+1 (n + 1)2 1 X
un = > 0 et = → donc un CVA donc CV.
(2n)! un (2n + 1)(2n + 2) 4
n>0
X (−1)n−1 X (−1)n−1
Exemple Les séries et ln(1 + ) sont alternées.
n n
n>1 n>1
Théorème
X
Soit un une série alternée.
X
Si la suite (|un |) est décroissante et si |un | → 0 alors la série un est convergente.
De plus, la somme de la série est encadrée par les sommes partielles consécutives.
+∞
X
Enfin, pour tout n ∈ N, le reste Rn = uk vérifie :
k=n+1
- Rn est du signe de un+1 ;
- |Rn | 6 |un+1 |.
dém. :
Quitte à considérer (−un ), on peut supposer
∀n ∈ N, un = (−1)n |un |
n
X
Posons Sn = uk .
k=0
X (−1)n
Exemple Nature de .
n3 + 1
n>2
(−1)n X (−1)n
= 1
(1) C’est une série alternée et 3
décroît vers 0 donc converge.
n + 1 n3 + 1 n3 + 1
n>2
(−1)n X (−1)n
X
1 1
(2) 3 =O 3
et 3
CVA donc CVA.
n +1 n n n3 + 1
n>2
n 1 2 3 4 5
|un | 1/2 1 1/4 1/3 1/6
(−1)n (−1)n
1 1
n−1
= + 2 +o
n + (−1) n n n2
X (−1)n X 1 X
1
Or CV par le CSSA et 2
et o convergent absolument donc
n n n2
X (−1)n
CV.
n + (−1)n−1
n>1
(−1)n−1
X
Exemple Nature de ln 1 + √ .
n
n>1
(−1)n−1 (−1)n−1
1 1
ln 1 + √ = √ − +o
n n 2n n
X (−1)n−1
√ CV par le CSSA
n
1 1 1 X1
Mais − +o ∼− et diverge, donc par comparaison de séries à termes de signe
2n n 2n n
X 1 1
constant, − +o DV.
n n
X (−1)n
Finalement √ diverge.
n + (−1)n
n>2
N N N N
X sin n X Sn − Sn−1 X Sn X Sn−1
= = −
n=1
n n=1
n n=1
n n=1
n
donc
1 − ei(n+1)
2
|Sn | 6
6
1 − ei |1 − ei |
Sn+1 Sn 1 X Sn
Puisque (Sn ) est bornée, → 0 et =O 2
donc est absolument
n+1 n(n + 1) n n(n + 1)
N
X Sn
convergente et donc la somme partielle converge quand n → +∞.
n=1
n(n + 1)
N
X sin n
Par opération, on en déduit que la suite de terme général converge quand n → +∞ et donc la
n=1
n
X sin n
série converge.
n
n>1
On peut montrer que
+∞
X sin n π−1
=
n=1
n 2
10.4 Applications
10.4.1 Etude de suites
Théorème
X
La suite (un ) et la série (un+1 − un ) sont de même nature.
dém. :
n
X
On a Sn = (uk+1 − uk ) = un+1 − u0 donc (Sn ) converge si, et seulement si, (un ) converge.
k=0
n
X 1 √
Exemple Montrons que la suite de terme général un = √ − 2 n converge.
k=1
k
X
Etudions la série (un+1 − un ).
On a
1 √ √
un+1 − un = √ −2 n+1+2 n
n+1
puis
r
1 1 √ 1 √
un+1 − un = √ q −2 n 1+ +2 n
n 1+ 1 n
n
Ainsi
√ √
1 1 1 1
un+1 − un = √ (1 + O (1/n)) − 2 n 1 + +O + 2 n = O
n 2n n2 n3/2
X
La série (un+1 − un ) est absolument convergente donc converge puis (un ) converge.
dém. :
Nous allons étudier la nature de la série de terme général un+1 − un .
On a
1 1 1 1 1 1
un+1 − un = − ln 1 + = − +O =O
n+1 n n+1 n n2 n2
donc la série de terme général un+1 − un est absolument convergente donc convergente.
Définition !
n
X 1
On pose γ = lim − ln n appelée constante d’Euler.
n→+∞ k
k=1
On a γ = 0, 577 à 10−3 près.
Théorème
n
X 1
= ln n + γ + o(1)
k
k=1
dém. :
n
X 1
Puisque un → γ on peut écrire un = γ + o(1) donc − ln n = γ + o(1)
k
k=1
n
X 1
Cor : ∼ ln n
k
k=1
+∞
X (−1)n−1
Exemple Calcul de .
n=1
n
On peut affirmer que la série converge par le CSSA.
2n
(−1)k−1
X 1 1 1 1 1
S2n = = 1 + + ··· + − + + ··· +
k 3 2n − 1 2 4 2n
k=1
donc
1 1 1 1 1 1 1 1
S2n = 1 + + + + ··· + + −2 + + ··· +
2 3 4 2n − 1 2n 2 4 2n
puis
2n n
X 1 X1
S2n = − = ln(2n) + γ − ln n − γ + o(1) = ln 2 + o(1)
k k
k=1 k=1
+∞
X (−1)n−1
Par suite = ln 2.
n=1
n
dém. :
Etape 1 : Commençons par établir l’existence d’une constante C > 0 telle que
1
n! ∼ Cnn+ 2 e−n
nIn = (n − 1)In−2
or
(−1)k−1 (−1)k−1
1 1 1
ln 1 + = − 2
+ o
k k 2k k2
X (−1)k−1
est convergente et
k
k>1
1 1 1 1 1
− +o ∼−
2 k2 k2 2 k2
X −1
1
Par équivalence de série à termes de signe constant, la série +o converge et donc
n2 n2
n
(−1)k−1
X
ln 1 +
k
k=1
∀k > N, 1 − αk x > 0
Or " #
n
Y n
X
k
ln 1 − αk x
ln 1−α x =
k=N k=N
et
ln 1 − αk x ∼ −αk x car αk x → 0
X X
αn converge absolument et donc la série ln 1 − αk x
Puisque |α| < 1, la série géométrique
converge. Ainsi
Xn
ln 1 − αk x −−−−−→ `
n→+∞
k=N
puis
Pn (x) −−−−−→ PN (x)e`
n→+∞
Proposition
La suite (an ) converge vers x.
dém. :
10n x − 1 < b10n xc 6 10n x donc x − 10−n < an 6 x.
Pour tout n ∈ N? , on pose αn = 10n (an − an−1 ).
Proposition
∀n ∈ N? , αn ∈ {0, 1, . . . , 9}.
dém. :
10n (an − an−1 ) = b10n xc − 10 10n−1 x ∈ Z.
Puisque n−1
x 6 10n−1 x < 10n−1 x + 1
10
on a
10 10n−1 x 6 10n x < 10 10n−1 x + 10
et donc
10 10n−1 x 6 b10n xc < 10 10n−1 x + 10
Ainsi
10an−1 6 an < 10an−1 + 10
et donc 0 6 αn < 10.
Théorème
+∞
X αn
x = bxc + n
n=1
10
dém. :
N N
X αn X
= an − an−1 = aN − a0 → x − bxc
n=1
10n n=1
d’où l’égalité
+∞
X αn
x = bxc +
n=1
10n
Définition
αn est appelé n-ième décimale (en base 10) du nombre x (après la virgule).
La suite (αn )n>1 est appelée suite des décimales du nombre x.
On écrit parfois
x = bxc , α1 α2 . . .
Remarque Le nombre x est décimal si, et seulement si, la suite de ses décimales stationne à 0.
Le nombre x est rationnel si, et seulement si, la suite de ses décimales est périodique à partir d’un
certain rang.
On a Z n+1 Z n Z n+1
f (t) dt 6 f (n) 6 f (t) dt et f (n + 1) 6 f (t) dt 6 f (n)
n n−1 n
Cas f croissante :
Z n Z n+1 Z n+1
f (t) dt 6 f (n) 6 f (t) dt et f (n) 6 f (t) dt 6 f (n + 1)
n−1 n n
Théorème
Soit f : [0, +∞[ → R continue par
Z morceaux, décroissante et positive.
n
La série de terme général wn = f (t) dt − f (n) est convergente.
n−1
dém. :
Puisque f est décroissante, on a
Z n
f (n) 6 f (t) dt 6 f (n − 1)
n−1
et donc
0 6 wn 6 f (n − 1) − f (n)
X
La nature de (f (n − 1) − f (n)) est celle de la suite (f (n)).
Or la fonction
X f est décroissante et minorée, elle converge donc en +∞ et par suite (f (n)) aussi. Ainsi
la série (f (n − 1) − f (n)) converge et par comparaison de SATP, la série de terme général wn est
convergente.
Corollaire
X Z +∞
Sous les hypothèses qui précédent, la série f (n) et l’intégrale impropre f (t) dt sont
0
de même nature.
dém. : n
X X XZ
Puisque wn converge, f (n) et f (t) dt sont de même nature.
n>0 n>1 n−1
Or
n Z
X k Z n
f (t) dt = f (t) dt
k=1 k−1 0
X 1
Exemple Considérons la série .
nα (ln n)β
n>2
1
Pour α > 0, on montre que la fonction f : t 7→ est décroissante sur un intervalle [A, +∞[
tα (ln t)β
Z +∞
X 1 dt
avec A assez grand. Par suite la nature de α β
est celle de i.e. convergente si,
n (ln n) e t (ln t)β
α
n>2
et seulement si, α > 1 ou α = 1 et β > 1.
donc
Z N +1 N Z N
dt X 1 dt
α
6 α
6 α
n+1 t k n t
k=n+1
Quand N → +∞,
Z +∞ +∞ Z +∞
dt X 1 dt
6 6
n+1 tα kα n t α
k=n+1
Exemple En particulier
+∞
X 1 1
2
∼
k n
k=n+1
En sommant Z n+1 n Z n
dt X 1 dt
6 6
1 tα kα 0 tα
k=1
(avec convergence de l’intégrale de droite).
Or Z n Z n+1
dt n1−α dt n1−α
α
= et ∼
0 t 1−α 1 tα 1−α
donc par comparaison
n
X 1 n1−α
∼
kα 1−α
k=1
Cas α 6 0.
On écrit α = −β (avec β > 0 ) et on étudie
n n
X 1 X
= kβ
kα
k=1 k=1
En sommant Z n n
X Z n+1
tβ dt 6 kβ 6 tβ dt
0 k=1 1
Or
n n+1
nβ+1 nβ+1
Z Z
β
t dt = et tβ dt ∼
0 β+1 1 β+1
donc par encadrement
n n
X nβ+1 X 1 n1−α
kβ ∼ i.e. α
∼
β+1 k 1−α
k=1 k=1
Exemple En particulier
n
X 1 √
√ ∼2 n
k=1
k
Théorème
X X
Soient un une série numérique et vn une série à termes positifs convergente.
+∞ +∞
!
X X X
Si un = o(vn ) alors la série un converge et uk = o vk .
k=n+1 k=n+1 !
X +∞
X +∞
X
Si un = O(vn ) alors la série un converge et uk = O vk .
k=n+1 k=n+1
X +∞
X +∞
X
Si un ∼ vn alors la série un converge et uk ∼ vk .
k=n+1 k=n+1
dém. :
Cas un = o(vn ). X
Par comparaison, la série un est absolument convergente.
Soit ε > 0. Il existe N ∈ N tel que
Ainsi !
+∞
X +∞
X
uk = o vk
k=n+1 k=n+1
Exemple Déterminons un équivalent simple de
+∞
X 1
k2 + 1
k=n+1
1 1 X 1
On a ∼ 2 et est une SATP CV donc
k2 +1 k k2
k>1
+∞ +∞
X 1 X 1 1
∼ ∼
k2 + 1 k2 n
k=n+1 k=n+1
Théorème
X X
Soient un une série numérique et v une série à termes positifs divergente.
n n
!n
X X
Si un = o(vn ) alors uk = o vk .
k=0 k=0 !
Xn X n
Si un = O(vn ) alors uk = O vk .
k=0 k=0
n
X n
X
Si un ∼ vn alors uk ∼ vk .
k=0 k=0
dém. :
n
X X
Remarquons que vk −−−−−→ +∞ car vn est une SATP DV.
n→+∞
k=0
Cas un = o(vn ).
Soit ε > 0. Il existe N ∈ N vérifiant
Pour n > N , n −1
Xn NX −1 X NX n
X
uk 6 uk + uk 6 uk + ε vk
k=0 k=0 k=N k=0 k=N
n
X
Or, puisque vk → +∞, il existe N 0 ∈ N tel que
k=0
−1
NX n
X
0
∀n > N , uk 6 ε vk
k=0 k=0
Exemple Soit (un )n>1 une suite numérique convergeant vers `. On peut écrire
et alors
1 1
(u1 + · · · + un ) = ` + (ε1 + · · · + εn )
n n
X
Puisque εn = o(1) avec 1 est une SATP divergente
n>0
n n
!
X X
εk = o 1 = o(n)
k=1 k=1
Ainsi
1 1
(u1 + · · · + un ) = ` + o(n) = ` + o(1) → `
n n
1 1 1 1 1
S =1− + − + ··· + − + ···
2 3 4 2k + 1 2k + 2
Permutons les termes de S de la manière suivante :
1 1 1 1 1 1 1 1
S =1− + + − + + ··· + − + + ···
2 4 3 6 8 2k + 1 4k + 2 4k + 4
on obtient
1 1 1 1 1 1
S= − + − + ··· − + + ···
2 4 6 8 4k + 2 4k + 4
puis
1 1 1 1 1
S= 1− + − + ··· = S
2 2 3 4 2
Ainsi, on peut changer la somme d’une série en en permutant ses termes !
Théorème
X X +∞
X +∞
X
Si un CVA alors pour tout σ ∈ S(N), uσ(n) CVA et uσ(n) = un .
n=0 n=0
dém. :
Cas ∀n ∈ N, un > 0
Xn XN
uσ(k) 6 uk avec N = max {σ(0), . . . σ(n)} donc
k=0 k=0
n
X +∞
X
uσ(k) 6 uk
k=0 k=0
X +∞
X +∞
X
Par suite uσ(n) converge et uσ(n) 6 un .
n=0 n=0
X +∞
X +∞
X +∞
X
Le même résultat appliqué à uσ(n) et σ −1 donne un = uσ(σ−1 (n)) 6 uσ(n) d’où l’égalité.
n=0 n=0 n=0
Cas ∀n ∈ N, un ∈ R
−
On introduit u+
n = max(un , 0) et un = max(−un , 0).
On a un = un − un et |un | = un + u−
+ − +
n. X X
−
Puisque 0 6 u+ n , un 6 |un |, par comparaison de SATP, u+
n et u−
n convergent.
X X X
u+ u−
Par l’étude qui précède, uσ(n) converge puisque uσ(n) =
σ(n) et σ(n) convergent puis
−
u+
σ(n) + uσ(n) .
+∞
X +∞
X +∞
X +∞
X +∞
X +∞
X
− −
De plus uσ(n) = u+
σ(n) − uσ(n) = u +
n − un = un
n=0 n=0 n=0 n=0 n=0 n=0
Cas ∀n ∈ N, un ∈ C
On transite par Re(un ) et Im(un ).
X1
Exemple Soit σ ∈ S(N? ). Nature de .
nσ(n)
n>1
1 2 1 1 1 1
a + b2 , on a
Sachant ab 6 6 + .
2 nσ(n) 2 n2 σ(n)2
X 1
Or 2
converge absolument et par permutation des termes d’une série absolument convergente,
X 1n X 1
2
aussi. Par comparaison de séries à termes positifs, on obtient convergente.
σ(n) nσ(n)
n>1
Théorème
Soit up,q ∈ C pour p, q ∈ N.
X +∞
XX
Si pour tout q ∈ N, |up,q | converge et si |up,q | converge alors
p>0 q>0 p=0
+∞ X
X +∞ +∞ X
X +∞
up,q = up,q
q=0 p=0 p=0 q=0
dém. :
Cas ∀p, q ∈ N, up,q > 0
X +∞
XX
Par hypothèse on sait déjà que up,q converge et up,q aussi.
p>0 q>0 p=0
+∞
X X
Pour tout p ∈ N, 0 6 up,q 6 up,q . Par comparaisons de SATP, up,q converge.
p=0 q>0
Pour tout M, N ∈ N,
M X
X N N X
X M N X
X +∞ +∞ X
X +∞
up,q = up,q 6 up,q 6 up,q
p=0 q=0 q=0 p=0 q=0 p=0 q=0 p=0
Quand N → +∞ : on obtient
M X
X +∞ +∞ X
X +∞
up,q 6 up,q
p=0 q=0 q=0 p=0
+∞
XX
Ainsi up,q converge et
p>0 q=0
X +∞
+∞ X +∞ X
X +∞
up,q 6 up,q
p=0 q=0 q=0 p=0
Exemple Montrons
+∞ X+∞ +∞
X 1 X 1
3
=
p=1 q=p
q n=1
n2
+∞ X
X +∞
Commençons par interpréter le premier membre sous la forme up,q .
p=1 q=1
1
Posons up,q = 3 si q > p et 0 sinon.
X q
|up,q | converge car up,q = 0 pour p > q.
p>1
+∞ q +∞
X X 1 1 XX
|up,q | = = donc |up,q | converge.
p=1 p=1
q3 q2 p=1q>1
Par le théorème de Fubini, on a l’égalité :
+∞ X
X +∞ +∞ X
X +∞
up,q = up,q
q=1 p=1 p=1 q=1
qui se comprend (u0 v0 +u0 v1 +u0 v2 +· · · )+(u1 v0 +u1 v1 +u1 v2 +· · · )+(u2 v0 +u2 v1 +u2 v2 +· · · )+· · · .
Pb :Peut-on réorganiser la somme en u0 v0 + (u0 v1 + u1 v0 ) + (u0 v2 + u1 v1 + u2 v0 ) + · · · ?
Définition
X X
On appelle produit de Cauchy des séries un et vn la série de terme général wn =
Xn
uk vn−k .
k=0
Théorème
X X X
Si un et vn convergent absolument alors la série produit de Cauchy wn aussi et
+∞ +∞
! +∞
!
X X X
wn = un vn
n=0 n=0 n=0
dém. :
Cas ∀n ∈ N, un , vn > 0
On introduit CN = (p, q) ∈ N2 /p, q 6 N et TN = (p, q) ∈ N2 /p + q 6 N .
X N
X N
X X N
X
up vq = up vq et up vq = wn
(p,q)∈CN p=0 q=0 (p,q)∈TN n=0
TN ⊂ CN et up vq > 0 donne
N
X N
X N
X +∞
X +∞
X
wn 6 up vq 6 up vq
n=0 p=0 q=0 p=0 q=0
X
Ainsi wN converge et
+∞
X +∞
X +∞
X
wn 6 up vq
n=0 p=0 q=0
CN ⊂ T2N donne
N
X N
X 2N
X
up vq 6 wn
p=0 q=0 n=0
Cas ∀n ∈ N, un , vn ∈ R
− + −
On transite par u+n , un et vn , vn .
Cas ∀n ∈ N, un , vn ∈ C
On transite par les parties réelles et imaginaires.
dém. :
Pour z = 0 : ok.
Pour z 6= 0, on introduit un = z n /n! 6= 0.
= |z| → 0 < 1 donc par la règle de d’Alembert,
un+1 X 1
On a z n est absolument convergente.
un n+1 n!
n>0
Définition
On pose
+∞ n
X z
exp(z) =
déf
n=0
n!
Proposition
∀z ∈ C, exp(z) = exp z̄.
dém. :
Par conjugaison de séries convergentes.
Proposition
∀z, z 0 ∈ C, exp(z) exp(z 0 ) = exp(z + z 0 ).
dém. :
+∞ n X +∞ 0n
X z z
exp(z) exp(z 0 ) =
n=0
n! n=0
n!
avec
n
X z k z 0n−k 1
wn = = (z + z 0 )n
k! (n − k)! n!
k=0
Proposition
∀x ∈ R, exp(x) = ex .
dém. :
exp(0) = 1.
Ainsi
exp(h) − 1
→1
h
puis
exp(x + h) − exp(x)
→ exp(x)
h
La fonction x 7→ exp(x) est solution de l’équation différentielle y 0 = y vérifiant la condition initiale
y(0) = 1, c’est donc la fonction exponentielle réelle.
+∞
X 1
Exemple = e.
n=0
n!
2
Remarque Pour θ ∈ R, on a |exp(iθ)| = exp(iθ) exp(−iθ) = 1 donc exp(iθ) ∈ U .
A partir de la fonction exponentielle complexe, on définit les fonctions cos et sin par :
CV S
On note alors un −−−→ u.
I
329
11.1. SUITES DE FONCTIONS
tn
un (t) =
1 + tn
Soit t ∈ R+ .
Quand n → +∞
Si t ∈ [0, 1[ alors un (t) → 0.
Si t = 1 alors un (t) = 1/2 → 1/2.
Si t ∈ ]1, +∞[ alors un (t) → 1.
CV S
Finalement un −−−→ u avec
0 si t ∈ [0, 1[
u : t 7→ 1/2 si t = 1
1 si t = ]1, +∞[
Soit t ∈ R+ .
Quand n → +∞
Pour n assez grand, t < n donc
n
t
un (t) = 1− = exp (n ln(1 − t/n)) → e−t
n
CV S
Ainsi un −−−→ u avec
u : t 7→ e−t
un (t) = n2 tn (1 − t)
11.1.3 Propriétés
Soit (un ) une suite de fonctions de I vers K.
Théorème
CV S
Si un −−−→ u alors la fonction u est unique.
I
On l’appelle limite simple de la suite (un ) et on note u = lim (un ).
n→+∞
Proposition
CV S CV S
Si un −−−→ u et si J ⊂ I alors un −−−→ u.
I J
dém. :
Qui peut le plus, peut le moins.
Proposition
CV S
Si un −−−→ u et si chaque un est positive alors u est positive.
I
dém. :
Si toutes les fonctions un sont positives alors pour tout t ∈ I, u(t) > 0 par passage à la limite de
l’inégalitéun (t) > 0.
Proposition
CV S
Si un −−−→ u et si chaque un est croissante alors u est croissante.
I
dém. :
Si toutes les fonctions un sont croissantes alors pour tout x 6 y ∈ I, u(x) 6 u(y) par passage à la limite
de l’inégalitéun (x) 6 un (y).
CV S
( !)un −−−→ u et chaque unZcontinue n’implique
Z pas u continue.
CV S
un −−−→ u n’implique pas un (t) dt → u(t) dt.
I I
11.1.4 Convergence uniforme
Soit (un ) une suite de fonctions de I vers K.
Définition
On dit que (un ) converge uniformément vers u : I → K si
Pour la convergence simple, le rang N est susceptible de dépendre de t alors que pour la convergence
uniforme N doit convenir pour tout t ∈ I (on dit qu’il est uniforme en t ).
Remarque La convergence simple se comprend comme la convergence des fonctions « point par
point ».
La convergence uniforme se comprend comme la convergence des fonctions « dans leur globalité ».
Proposition
CV U CV S
Si un −−−→ u alors un −−−→ u.
Ainsi, s’il y a convergence uniforme, c’est vers la limite simple de la suite de fonctions ; en
particulier il y a unicité de la limite uniforme.
dém. :
Qui peut le plus, peut le moins.
Proposition
CV U CV U
Si un −−−→ u et si J ⊂ I alors un −−−→ u.
I J
dém. :
Immédiate car si une propriété vaut pour tout t ∈ I elle vaut aussi pour tout t ∈ J ⊂ I.
Théorème
Soit (un ) une suite de fonctions de I vers K.
On a équivalence entre :
(i) (un ) converge uniformément vers une fonction u : I → K ;
(ii) A partir d’un certain rang, les fonctions un − u sont bornées et kun − uk∞,I → 0.
dém. :
∀t ∈ I, |un (t) − u(t)| 6 ε équivaut àkun − uk∞,I 6 ε.
Protocole Pour étudier la convergence uniforme de (un ) :
- on déterminer la limite simple u de la suite (un ) ;
- on étudie si kun − uk∞ = sup |un (t) − u(t)| → 0.
t∈I
Pour cela on peut :
- calculer kun − uk∞ en dressant le tableau de variation de un − u ou |un − u| ;
- majorer |un (t) − u(t)| par une quantité de limite nulle indépendante de t.
t+n
un (t) =
n(1 + t2 )
Soit t ∈ R.
Quand n → +∞,
1
un (t) →
1 + t2
CV S
Ainsi un −−−→ u avec
1
u : t 7→
1 + t2
Etudions
1 t
un (t) − u(t) =
n 1 + t2
En vertu de l’inégalité
2 |ab| 6 a2 + b2
on a
1
|un (t) − u(t)| 6
2n
donc
1
kun − uk∞ 6 →0
2n
CV U
Finalement un −−−→ u.
Etudions un − u. On a (
tn si t ∈ [0, 1[
un (t) − u(t) =
0 si t = 1
donc kun − uk∞ = 1 qui ne tend pas vers 0 donc la suite de fonctions (un ) ne converge pas
uniformément.
Cependant pour a ∈ [0, 1[,
kun − uk∞,[0,a] = an → 0
donc
CV U
un −−−→ 0̃
[0,a]
Soit t ∈ [0, 1]
Quand n → +∞
Si t = 0 alors un (t) = 0 → 0.
Si t ∈ ]0, 1] alors un (t) → 0 par croissances comparées.
CV S
Finalement un −−−→ u = 0̃.
En étudiant les variations de δn (t) = un (t) − u(t) on obtient
t 0 1/(n + 1) 1
un (t) − u(t) 0 % un (1/(n + 1)) & 0
donc n
1 n 1 1
kun − uk∞ = un = 1− ∼
n+1 n+1 n+1 e
Par conséquent la suite de fonctions (un ) ne converge pas uniformément.
Cependant pour a ∈ ]0, 1].
1
Pour n assez grand 6 a, et puisque
n+1
t 0 1/(n + 1) a 1
un (t) − u(t) 0 % un (1/(n + 1)) & un (a) & 0
Théorème
La convergence uniforme entraîne la convergence en moyenne quadratique qui entraîne elle-
même la convergence en moyenne quadratique.
dém. : √
k . k1 6 b − a k . k2 6 (b − a) k . k∞ .
Définition
X
On dit que la série de fonctions un converge simplement si la suite (Sn ) de ses sommes
partielles converge simplement.
La limite simple de la suite (Sn ) est alors appelée somme de la série de fonctions et on la note
+∞
X
un
n=0
Théorème
On a équivalence entre :X
(i) la série de fonctions u converge simplement sur I ;
X n
(ii) la série numérique un (t) converge pour chaque t ∈ I.
De plus, si tel est le cas !
+∞
X +∞
X
un (t) = un (t)
n=0 n=0
dém. :
(i) ⇔ ∀t ∈ I, (Sn (t)) converge.
n
! n
X X
Or S(t) = uk (t) = uk (t) donc
k=0
X k=0
(i) ⇔ ∀t ∈ I, un (t) converge.
De plus, on a alors !
+∞
X +∞
X
un (t) = lim Sn (t) = un (t)
n→+∞
n=0 n=0
Définition
X
Si un converge simplement, on introduit son reste de rang n
+∞
X +∞
X
Rn = uk : t 7→ uk (t)
k=n+1 k=n+1
Proposition
X
Si la série de fonctions un converge simplement alors
+∞ n +∞
CV S
X X X
uk = uk + uk et Rn −−−→ 0̃
k=0 k=0 k=n+1
dém. :
Pour tout t ∈ I,
+∞
! +∞ n +∞ n +∞
!
X X X X X X
uk (t) = uk (t) = uk (t) + uk (t) = uk + uk (t)
k=0 k=0 k=0 k=n+1 k=0 k=n+1
De plus, pour tout t ∈ I, Rn (t) → 0 car Rn (t) est le reste d’une série numérique convergente.
Exemple Considérons
X unX : R → R définie par un (t) = tn .
Pour t ∈ R, un (t) = tn converge si, et seulement si, t ∈ ]−1, 1[.
X +∞
X
Par suite la série de fonctions un converge simplement sur ]−1, 1[ et sa somme un est définie
n=0
sur ]−1, 1[. De plus !
+∞ +∞
X X 1
un (t) = tn =
n=0 n=0
1−t
un (t) = 1/nt
X X
Pour t ∈ R, un (t) = 1/nt converge si, et seulement si, t > 1.
X +∞
X
Par suite, la série de fonctions un converge simplement sur ]1, +∞[ et sa somme un est définie
n=1
sur ]1, +∞[. La somme de cette fonction est la fonction zêta de Riemann
+∞
X 1
ζ : t 7→ t
n=1
n
X
Remarque L’étude de la convergence simple de un donne le domaine de définition de la
+∞
X
fonction un .
n=0
Définition
X
On dit que la série de fonctions un converge uniformément lorsque la suite (Sn ) de ses
sommes partielles converge uniformément.
Théorème
On a équivalence entre :X
(i) la série de fonctions un converge uniformément ;
CV U
X
(ii) la série de fonctions un converge simplement et Rn −−−→ 0̃.
dém. :
CV U
(i) ⇔ ∃S : I → K, Sn −−−→ S
CV S CV U
⇔ ∃S : I → K, Sn −−−→ S et Sn − S −−−→ 0̃
⇔ (ii)
CV U
Remarque On étudiera Rn −−−→ 0̃ en évaluant si kRn k∞ → 0
(−1)n
Exemple Considérons un : R+ → R définie par un (t) = avec n ∈ N? .
n+t
X (−1)n X
Pour t ∈ R+ , la série est convergente en vertu du CSSA donc un converge simplement
n+t
+
sur R .
+∞
X (−1)n
La fonction t 7→ est donc définie sur R+
n=1
n + t
On a
+∞
X (−1)k
Rn (t) =
k+t
k=n+1
Par le CSSA,
1 1
|Rn (t)| 6 6
n+1+t n+1
donc
1
kRn k∞ 6 →0
n+1
X
Par suite un converge uniformément sur R+ .
Définition
X
On dit que la série de fonctions un converge normalement lorsque :
- les fonctions un sont
X bornées ;
- la série numérique kun k∞ est convergente.
Théorème
X
Si la série de fonctions un converge normalement alors celle-ci converge uniformément.
+∞
X
De plus, un est bornée et
n=0
X+∞
+∞
X
un
6 kun k∞
n=0 ∞ n=0
dém. : X
Supposons la série de fonctions un normalement convergente sur I.
X
Pour tout t ∈ I, |un (t)| 6 kun k∞ donc par comparaison de SATP, la série numérique un (t) est
X
absolument convergente donc convergente. Ainsi la série de fonctions un converge simplement.
De plus, pour tout t ∈ I,
+∞
X +∞
X
|Rn (t)| 6 |uk (t)| 6 kuk k∞
k=n+1 k=n+1
donc
+∞
X
kRn k∞ 6 kuk k∞ → 0
k=n+1
X
Ainsi la séries de fonctions un converge uniformément.
De plus, pour tout t ∈ I,
! +∞
X+∞ X X +∞ +∞
X
un (t) = un (t) 6 |un (t)| 6 kun k∞
n=0 n=0 n=0 n=0
+∞
X
donc un est bornée et
n=0
X+∞
+∞
X
un
6 kun k∞
n=0 ∞ n=0
Remarque CN ⇒ CV U ⇒ CV S.
Les réciproques sont fausses.
sin(nt)
Exemple Considérons un (t) = avec n ∈ N? et t ∈ R.
n2 + t2
1 1
On a |un (t)| 6 6 2
n2 + t2 n
Les fonctions un sont bornées et kun k∞ 6 1/n2 .
X 1 X
Or 2
converge donc, par comparaison de séries à termes positifs, la série de fonctions un
n
converge X normalement.
Par suite un converge simplement et uniformément sur R.
1 1
Exemple Considérons un (t) = − avec n ∈ N? et t ∈ [0, +∞[.
n n + t
X X 1 1 1 1 t t
Pour t ∈ R+ , un (t) = − avec − = ∼ 2.
n n+t n n + t Xn(n + t) n
Par équivalence de série à termes positifs, il y a convergence de un (t) et donc la série de fonctions
converge simplement sur R+ .
Etudions la convergence normale. Puisque
t 0 +∞
un (t) 0 % 1/n
un est bornée et kun k∞,R+ = 1/n. Il n’y a pas convergence normale sur R+
X
Cependant pour a > 0, on a kun k∞,[0,a] = un (a) et puisque un (a) converge, il y a convergence
normale (et donc uniforme) de la série de fonctions étudiée sur [0, a] pour tout a ∈ R+ .
Remarque En pratique la convergence uniforme d’une série de fonctions s’obtient le plus souvent :
- par convergence normale ;
- par kRn k∞ → 0 en exploitant le critère spécial des séries alternées (s’il s’applique. . . )
Théorème
CV U
Si un −−−→ u et si chaque un est continue en a ∈ I alors u est continue en a.
dém. :
Exploitons
|u(t) − u(a)| 6 |u(t) − un (t)| + |un (t) − un (a)| + |un (a) − u(a)|
Soit ε > 0. Il existe N ∈ N tel que pour tout n ∈ N,
n > N ⇒ ∀t ∈ I, |un (t) − u(t)| 6 ε
Fixons un tel n > N . La relation précédente donne
|u(t) − u(a)| 6 2ε + |un (t) − un (a)|
La fonction un étant continue en a, il existe α > 0 tel que
∀t ∈ I, |t − a| 6 α ⇒ |un (t) − un (a)| 6 ε
En vertu de la relation initiale, on a alors
∀t ∈ I, |t − a| 6 α ⇒ |u(t) − u(a)| 6 3ε
Ainsi u est continue en a.
Corollaire
La limite uniforme d’une suite de fonctions continues est continue.
Exemple Soit un : [0, 1] → R définie par un (t) = tn . La limite simple de (un ) n’est pas continue alors
que chaque un l’est : il n’y a pas convergence uniforme sur [0, 1]
Corollaire
X +∞
X
Si un est une série de fonctions continues uniformément convergente alors un est
n=0
continue.
dém. :
n +∞
CV U
X X
Sn = uk −−−→ S = un et chaque Sn est continue donc S est continue.
k=0 n=0
(−1)n tn
Introduisons un : t ∈ [0, 1] 7→ .
2n + 1 X
Pour tout t ∈ [0, 1], la série numérique un (t) converge via CSSA.
X
Par suite la série de fonctions un converge simplement sur [0, 1] et donc S est définie sur [0, 1].
De plus, par le CSSA,
tn+1 1
|Rn (t)| 6 6
2n + 3 2n + 3
1
et donc kRn k∞ 6 → 0.
X 2n + 3
Ainsi un converge uniformément sur [0, 1], or chaque un est continue donc S est continue sur [0, 1].
Proposition
Si tel est le cas (un ) converge simplement vers u sur I.
dém. :
CV U
Pour t ∈ I, il existe [a, b] ⊂ I tel que t ∈ [a, b] et un −−−→ u entraîne un (t) −−−−−→ u(t).
[a,b] n→+∞
Exemple Si (un ) converge uniformément sur I alors un converge uniformément sur tout segment de I.
( !)La réciproque est fausse : la convergence uniforme sur tout segment de I n’implique pas la convergence
uniforme sur I.
1 1 X
Exemple Précédemment, pour un (t) = − , on a vu que un convergeait normalement sur
X n n+t
[0, a] pour tout a > 0 donc un converge uniformément sur tout segment de [0, +∞[.
Théorème
Si (un ) converge uniformément vers u sur tout segment de I et si chaque un est continue alors
u est continue.
dém. :
Soit t0 ∈ I.
Si t0 n’est pas extrémité de I, il existe α > 0 tels que [t0 − α, t0 + α] ⊂ I.
Par convergence uniforme de (un ) sur le segment [t0 − α, t0 + α], on peut affirmer que la fonction u est
continue sur ce segment et en particulier la fonction u est continue en t0 .
Si t0 est une extrémité de I : idem avec des segments [t0 , t0 + α] ou [t0 − α, t0 ].
Corollaire
X
Si un est une série de fonctions continues convergeant uniformément sur tout segment de
I alors sa somme est continue.
tn
Introduisons un : R → R définie par un (t) = .
(2n + 1)!
Pour t ∈ R.
tn tn
1 1 1
un (t) = =o 2
car par croissances comparées → 0.
X (2n + 1) 2n (2n − 1)! n (2n − 1)!
donc un (t) est absolument convergente et donc convergente.
X
Ainsi un converge simplement sur R et donc S est définie sur R.
un n’est pas bornée sur R, il n’y a pas convergence normale sur R.
Soit a > 0.
an
Sur [−a, a], |un (t)| 6 avec égalité quand t = a.
(2n + 1)!
Par suite
an
kun k∞,[−a,a] = = un (a)
(2n + 1)!
X
et donc un converge normalement donc uniformément sur [−a, a].
X
Puisque ceci vaut pour tout a > 0, on peut affirmer que un converge uniformément sur tout segment
de R, or chaque un est continue donc S est continue sur R.
11.3.3 Limite
Soient (un ) une suite de fonctions de I vers K et a un point ou une extrémité éventuellement infinie de I.
Théorème
Si (un ) converge uniformément sur I vers u : I → K et si chaque un tend vers une limite finie
`n en a alors la suite (`n ) converge et
Autrement dit
lim lim un (t) = lim lim un (t)
t→a n→+∞ n→+∞ t→a
dém. :
Montrons que la suite (`n ) est de Cauchy.
Soient n, m ∈ N.
`n − `m = lim (un (t) − um (t))
t→a
On a alors
∀m, n ∈ N, m, n > N ⇒ ∀t ∈ I, |um (t) − un (t)| 6 2ε
A la limite quand t → a
∀m, n ∈ N, m, n > N ⇒ |`m − `n | 6 2ε
La suite (`n ) est de Cauchy, elle est donc convergente. Posons ` sa limite.
Montrons u(t) −−−→ `. On a
t→a
∀n ∈ N, n > N 0 ⇒ |`n − `| 6 ε
Pour n = max(N, N 0 ), on a
puis
∀t ∈ I, |t − a| 6 α ⇒ |u(t) − `| 6 3ε
Cas a = +∞
Il existe A tel que
∀t ∈ I, t > A ⇒ |un (t) − `n | 6 ε
puis
∀t ∈ I, t > A ⇒ |u(t) − `| 6 3ε
Cas a = −∞
Semblable.
Corollaire
X
Si un converge uniformément sur I et si chaque un tend vers une limite finie `n en a alors
X
la série numérique `n converge et
+∞
X +∞
X
un (t) −−−→ `n
t→a
n=0 n=0
Autrement dit
+∞
X +∞
X
lim un (t) = lim un (t)
t→a t→a
n=0 n=0
dém. :
n
X +∞
X X n
Sn = un converge uniformément vers S = un et Sn −
→ lim uk donc par le théorème de la
a a
k=0 ! n=0 k=0
n
X n
X
double limite, la suite lim uk converge et S −
→ lim lim uk .
a a n→+∞ a
k=0 k=0
Exemple Etudions
+∞
X (−1)n
S : t > 0 7→
n=0
nt + 1
Définition :
(−1)n
Introduisons un : t ∈ R+? 7→ .
X nt + 1
Pour t > 0, un (t) converge en vertu du CSSA.
X
un converge simplement sur R+? donc S est définie sur R+? .
Continuité :
Par le critère spécial des séries alternées
1
|Rn (t)| 6
(n + 1)t + 1
X
Par le théorème de la double limite, la série lim un converge et
+∞
+∞
X
lim S = lim un = 1 + 0 + 0 + · · · = 1
+∞ +∞
n=0
donc
+∞
X (−1)n t
t(S(t) − 1) =
n=1
nt + 1
Introduisons
(−1)n t
vn : t > 0 7→
nt + 1
X
Le critère spécial des séries alternées s’applique à vn (t) donc
t 1
|Rn (t)| 6 6
(n + 1)t + 1 n+1
1 X
On en déduit kRn k∞ 6 et donc vn converge uniformément sur R+? .
n+1
Puisque
(−1)n
lim vn =
+∞ n
X (−1)n
le théorème de la double limite, la série converge et
n
+∞
X (−1)n
lim t(S(t) − 1) = = − ln 2
t→+∞
n=1
n
On en déduit
ln 2
S(t) − 1 ∼ −
t→+∞ t
Remarque On peut encore par une méthode analogue approfondir le développement asymptotique
précédent.
Définition :
s
Posons un : s 7→ 1/nX définie sur ]1, +∞[ pour n ∈ N? .
La série de fonctions un converge simplement sur ]1, +∞[ et la fonction ζ est sa somme.
Monotonie :
Les fonctions un sont décroissantes donc par sommation ζ est décroissante.
Convexité :
Les fonctions un sont convexes donc par sommation ζ est convexe.
Continuité :
1 X
kun k∞,]1,+∞[ = , un ne converge par normalement sur ]1, +∞[
n
1 X
Soit a > 1. kun k∞,[a,+∞[ = a . un converge normalement sur [a, +∞[.
X n
un converge uniformément sur tout segment de ]1, +∞[ or chaque un est continue donc ζ est continue
sur ]1, +∞[.
Limite en +∞ :
Par convergence uniforme et théorème de la double limite
+∞
X 1
lim ζ(s) = lim = 1 + 0 + 0 + ··· = 1
s→+∞
n=1
s→+∞ ns
+
Limite en 1 :
Par monotonie, on peut affirmer que la fonction ζ admet une limite en 1+ .
Puisque
n
X 1
ζ(s) >
ks
k=1
à la limite
n
X 1
lim+ ζ(s) >
s→1 k
k=1
n
X 1
Or ceci vaut pour tout n et on sait −−−−−→ +∞ donc
k n→+∞
k=1
lim ζ(s) = +∞
s→1+
Equivalent en 1+ :
1
La fonction t 7→ s est décroissante donc
t
Z n+1 Z n
dt 1 dt
s
6 s 6
n t n n−1 ts
On en déduit Z +∞ Z +∞
dt dt
6 ζ(s) 6 1 +
1 ts 1 ts
i.e.
1 1
6 ζ(s) 6 1 +
s−1 s−1
Par suite
1
ζ(s) ∼
s→1 s − 1
donc
1 1 1
ζ(s) − 1 = s + o ∼
2 2s 2s
Théorème
Soit (un ) une suite de fonctions de [a, b] vers K.
Si (un ) converge uniformément sur [a, b] et si ! chaque un est continue alors la fonction u =
Z b Z b
lim un est continue et la suite un (t) dt converge vers u(t) dt.
n→+∞ a a
Autrement dit Z b Z b
lim un (t) dt = lim u(t) dt
n→+∞ a a n→+∞
dém. : Z b
u est continue car limite uniforme d’une suite de fonctions continues, on peut donc introduire u.
a
Puisque
Z Z
b Z b b
un (t) dt − u(t) dt 6 |un (t) − u(t)| dt 6 (b − a) kun − uk∞ → 0
a a a
on a Z b Z b
un (t) dt → u(t) dt
a a
Corollaire
X
Soit un est une série de fonctions de [a, b] vers K
Si
1) chaque
X un est continue ;
2) un converge uniformément sur [a, b] ;
+∞
X XZ b
alors sa somme un est continue et la série numérique un (t) dt converge vers
n=0 a
Z +∞
bX
un (t) dt.
a n=0
Autrement dit
+∞ Z
X b Z +∞
bX
un (t) dt = un (t) dt
n=0 a a n=0
dém. :
n +∞ Z b Z b n Z b Z +∞
bX
CV U
X X X
Sn = uk −−−→ S = un donc Sn → S i.e. uk → un .
k=0 n=0 a a k=0 a a n=0
+∞ Z 1
X 1 1
Exemple Considérons S : t 7→ − sur [0, 1] et calculons S(t) dt
n=1
n n+t 0
1 1
Introduisons un : [0, 1] → R définie par un (t) = − .
n n+t
On a
1 1
kun k∞ = =O
n(n + 1) n2
X
La série de fonctions un converge normalement sur [0, 1] donc uniformément et :
Z 1 Z +∞
1X +∞ Z 1
1 1 X 1 1
S(t) dt = − dt = − dt
0 0 n=0 n n+t n=1 0 n n+t
Or Z 1
1 1 1 n+1
− dt = − ln
0 n (n + t) n n
et
n n
X 1 k+1 X 1
− ln = − ln(n + 1) → γ
k k k
k=1 k=1
donc Z 1
S(t) dt = γ
0
1
Exemple Considérons un : [0, +∞[ → R définie par un (t) = e−t/n .
Z +∞ n
1 CV U
kun k∞ = → 0 donc un −−−−→ 0̃ alors que un (t) dt = 1 ne tend pas vers 0 !
n [0,+∞[ 0
11.4.2 Dérivation
Lemme
Soient (ϕn ) une suite de fonctions continues de I vers K et a ∈ I.
On note Φn la primitive de ϕn qui s’annule en a.
Si (ϕn ) converge uniformément sur tout segment de I vers une fonction ϕ, alors la suite de
fonctions (Φn ) converge uniformément sur tout segment de I vers la primitive Φ de ϕ qui
s’annule en a.
dém. : Z x Z x
Φn (x) = ϕn (t) dt et puisque ϕ est continue, Φ(x) = ϕ(t) dt.
a a
Soit [α, β] un segment de I. Quitte à agrandir ce segment, on peut supposer que a ∈ [α, β].
Pour tout x ∈ [α, β]
Cas x > a
Z x
|Φn (x) − Φ(x)| 6 |ϕn (t) − ϕ(t)| dt 6 (x − a) kϕn − ϕk∞,[α,β] 6 (β − α) kϕn − ϕk∞,[α,β]
a
Cas x 6 a
Idem.
Ainsi
kΦn − Φk∞,[α,β] 6 (β − α) kϕn − ϕk∞,[α,β] → 0
Théorème
Soit (un ) une suite de fonctions de classe C 1 de I vers K
Si (un ) converge simplement sur I et si (u0n ) converge uniformément sur tout segment de I ;
alors la fonction u = lim un est de classe C 1 et u0 = lim u0n .
n→+∞ n→+∞
Ainsi 0
lim un = lim u0n
n→+∞ n→+∞
pour tout x ∈ I.
Par unicité de limite, Φ(x) = u(x) − u(a) puis u(x) = Φ(x) + u(a)
Par suite u est de classe C 1 avec u0 = ϕ = lim u0n .
De plus, soit [α, β] ⊂ I.
On a
un (x) − u(x) = Φn (x) − Φ(x) + un (a) − u(a)
donc
kun − uk∞,[α,β] 6 kΦn − Φk∞,[α,β] + |un (a) − u(a)|
CV U
or Φn −−−→ Φ et un (a) → u(a) donc
[α,β]
kun − uk∞,[α,β] → 0
+∞
!0 +∞
X X
un = u0n
n=0 n=0
(−1)n
Introduisons les fonctions un : ]0, +∞[ → R définies par un (t) = .
X n+t
Soit t > 0. la série numérique un (t) converge en vertu du CSSA.
X
La série de fonctions un converge alors simplement sur ]0, +∞[ et sa somme S est donc bien définie
sur ]0, +∞[.
(−1)n+1
un est de classe C 1 et u0n (t) = .
(n + t)2
X
Soit t > 0. La série numérique u0n (t) converge en vertu du CCSA
On a
1 1
|Rn (t)| 6 6
(n + 1 + t)2 (n + 1)2
donc
1
kRn k∞ 6 →0
(n + 1)2
X
Ainsi la série de fonctions u0n converge uniformément sur ]0, +∞[.
On peut alors affirmer que S est de classe C 1 et
+∞
X (−1)n+1
S 0 (t) =
n=0
(t + n)2
(−1)0+1
Par le CSSA, S 0 (t) est du signe de son premier terme 6 0.
t2
La fonction S est donc décroissante.
Pour compléter le tableau de variation de S, exploitons le CSSA pour encadrer S par deux sommes
partielles consécutives :
1 1 1
− 6 S(t) 6
t t+1 t
On peut alors affirmer S −−→ 0 et S −−→ +∞.
+∞ + 0
Théorème
Soit (un ) une suite de fonctions de classe C p de I vers K.
Si les suites (un ),. . . , (u(p−1)
n ) convergent simplement sur I et si la suite de fonctions (un(p) )
converge uniformément sur tout segment de I alors la fonction u = lim un est de classe C p
n→+∞
et pour tout k ∈ {1, . . . , p},
u(k) = lim u(k)
n
n→+∞
dém. :
Par récurrence sur p ∈ N? .
Pour p = 1 : ok
Supposons la propriété vraie au rang p et étudions celle-ci au rang p + 1.
Puisque (u(p)
n ) converge simplement et que (un
(p+1)
) converge uniformément sur tout segment, on peut
(p) 1
affirmer que lim un est de classe C et
n→+∞
0
lim u(p)
n = lim un(p+1)
n→+∞ n→+∞
De plus (u(p)
n ) converge uniformément sur tout segment.
Par l’hypothèse de récurrence, on a alors lim un de classe C p et pour tout k ∈ {1, . . . , p},
n→+∞
(k)
lim un = lim u(k)
n
n→+∞ n→+∞
En particulier
(p)
lim un = lim un(p)
n→+∞ n→+∞
Récurrence établie.
Corollaire
X
Soit un une série de fonctions de classe C p de I vers K.
X X X
Si les séries un ,. . . , un(p−1) convergent simplement et si la série un(p) converge
+∞
X
uniformément sur tout segment de I alors la fonction un est de classe C p et, pour tout
n=0
k ∈ {1, . . . , p},
+∞
!(k) +∞
X X
un = u(k)
n
n=0 n=0
+∞
X 1
Exemple Montrons que la fonction ζ : s 7→ s
est de classe C ∞ sur ]1, +∞[.
n=1
n
s
Introduisons un : ]1, +∞[
X → R définie par u n (s) = 1/n .
La série de fonctions un converge simplement sur ]1, +∞[ et ζ est sa somme.
(− ln n)k
Les fonctions un sont de classe C ∞ sur ]1, +∞[ et u(k)n (s) = .
ns
Sur [a, +∞[ ⊂ ]1, +∞[,
(k) (ln n)k
un (s) 6 donc
na
(k)
(ln n)k
un
=
∞,[a,+∞[ na
X (ln n)k X
Or est convergente (série de Bertrand) donc u(k)
n converge normalement sur [a, +∞[ et
na
finalement converge uniformément sur tout segment de ]1, +∞[.
On peut conclure que ζ est de classe C ∞ sur ]1, +∞[ et
+∞
X (− ln n)p
ζ (p) (s) =
n=1
ns
Théorème
Soit (un ) une suite de fonctions de I vers K
Si
1) la suite (un ) converge simplement vers u ;
2) les fonctions un et la fonction u est continue par morceaux ;
3) il existe ϕ : I → R continue par morceaux et intégrable vérifiant
Exemple Etude de
Z +∞
1 + 2 sin(t/n)
lim dt
n→+∞ −∞ 1 + t2
Posons un : R → R définie par
1 + 2 sin(t/n)
un (t) =
1 + t2
CV S 1
On a un −−−→ u avec u(t) = .
1 + t2
Les fonctions un et la fonction u sont continues par morceaux.
De plus
3
|un (t)| 6 = ϕ(t)
1 + t2
avec ϕ intégrable sur R.
Par convergence dominée, les fonctions un et la fonction u sont intégrables et
Z +∞ Z +∞
1 + 2 sin(t/n) dt
lim dt = =π
n→+∞ −∞ 1 + t2 −∞ 1 + t2
Exemple Etude de
Z π/2
lim sinn (t) dt
n→+∞ 0
Posons un : [0, π/2] → R définie par un (t) = sinn (t) sur [0, π/2].
CV S
un −−−→ u avec
1 si t = π/2
u(t) =
0 sinon
Les fonctions un et la fonction u sont continues par morceaux.
Pour tout n ∈ N,
|un | 6 1 = ϕ
ϕ est intégrable sur [0, π/2] car définie et continue sur un segment.
et donc
Z π/2
lim sinn (t) dt = 0
n→+∞ 0
Remarque Ici la suite de fonctions (un ) ne converge par uniformément vers u mais on est parvenu à
permuter limite et intégrale.
Exemple Etude de
Z +∞
n
lim e−t dt
n→+∞ 0
n
Posons un : R+ → R définie par un (t) = e−t .
Pour t ∈ [0, 1[, un (t) −−−−−→ 1.
n→+∞
Pour t = 1, un (t) −−−−−→ 1/e.
n→+∞
Pour t > 1, un (t) −−−−−→ 0.
n→+∞
CV S
Ainsi un −−−→ u avec
1 si t ∈ [0, 1[
u(t) = 1/e si t = 1
0 si t > 1
Z n n
t
Exemple Etude de lim 1− ln t dt
Z n
n→+∞
Z 0 n
Problème : et non .
Z 0n IZ
+∞
Solution : f (t) dt = f˜(t) dt avec
0 0
f (t) si t 6 n
f˜(t) =
0 sinon
CV S
Ainsi un −−−→ u avec u : t 7→ e−t ln t
Les fonctions un et la fonction u sont continues par morceaux.
Sachant ln(1 + u) 6 u on a pour t ∈ ]0, n[
La fonction ϕ est continue par morceaux sur ]0, +∞[ et intégrable car
√
tϕ(t) −−−−→ 0 et t2 ϕ(t) −−−−→ 0
+ t→0 t→+∞
Z n n
t
Remarque En calculant 1− ln t dt, on parvient à montrer alors
0 n
Z +∞
e−t ln t dt = −γ
0
On peut aussi :
- procéder par comparaison ;
- réexprimer l’intégrale (par changement de variable, intégration par parties, astuce,. . . ) ;
- raisonner par les ε.
Exemple Montrons que pour tout f ∈ C 1 ([a, b] , K),
Z b Z b
int
f (t)e dt → 0 ou f (t) sin(nt) dt → 0 ?
a a
Ainsi Z b
f (t)eint dt → 0
a
Théorème
X
Soit un une série de fonctions de I vers K.
Si
X +∞
X
1) un converge simplement et un est continue par morceaux ;
n=0
2) les fonctions un sont continues par morceaux et intégrables sur I ;
XZ
3) la série numérique |un | converge
I
+∞
X XZ
Alors la fonction un est intégrable sur I, la série un converge abolument et
n=0 I
+∞
Z X +∞ Z
X
un = un
I n=0 n=0 I
Exemple Montrons
Z 1 +∞
ln t X 1
dt =
0 t−1 n=1
n2
On a
+∞
1 X
=− tn sur [0, 1[
1−t n=0
donc
+∞
ln t X
= (− ln t)tn sur ]0, 1[
t − 1 n=0
On a alors
Z 1 Z +∞
ln t X
dt = un (t) dt
0 t−1 ]0,1[ n=0
Z 1 +∞ +∞
ln t X 1 X 1
dt = 2
= 2
0 t−1 n=0
(n + 1) n=1
n
En remarquant
Z n
Z X n Z
X
Sn = uk = un
I I k=0 k=0 I
on affirme
n Z
X +∞
Z X
uk → un
k=0 I I n=0
et donc
+∞ Z
X +∞
Z X
un = un
n=0 I I n=0
Exemple Montrons
1 +∞
(−1)n
Z
dt X
=
0 1 + t2 n=0
2n + 1
On peut écrire
+∞
1 1 X
= = (−1)n t2n sur [0, 1[
1 + t2 1 − q n=0
Par suite
Z 1 Z +∞
dt X
= un
0 1 + t2 [0,1[ n=0
CV S 1
On a Sn −−−→ S avec S(t) = .
1 + t2
Les fonctions Sn et S sont continues par morceaux.
1 − (−1)n+1 t2n+2 2
|Sn (t)| = 6 = ϕ(t)
1 + t2 1 + t2
avec ϕ intégrable.
Par convergence dominée
Z 1 Z 1
Sn (t) dt → S(t) dt
0 0
Or
1 n
1X n Z 1 n
(−1)k
Z Z X X
k 2k
Sn (t) dt = (−1) t dt = (−1)k t2k dt =
0 0 k=0 0 2k + 1
k=0 k=0
donc
+∞ Z 1
X (−1)n dt
=
n=0
2n + 1 0 1 + t2
avec en substance la convergence de la série introduite.
Espaces normés
Enjeu : on désire étendre l’analyse fonctionnelle aux objets vectoriel, cela nécessite de savoir mesurer la
longueur séparant deux vecteurs.
K désigne R ou C et E désigne un K-espace vectoriel.
12.1 Norme
12.1.1 Définition
Définition
On appelle norme sur E toute application N : E → R+ vérifiant :
1) ∀x ∈ E, N (x) = 0 ⇒ x = 0E [séparation].
2) ∀λ ∈ K, ∀x ∈ E, N (λ.x) = |λ| N (x) [homogénéité]
3) ∀x, y ∈ E, N (x + y) 6 N (x) + N (y) [inégalité triangulaire].
On dit alors que le couple (E, N ) est un espace normé.
Remarque Les normes sont usuellement notées N (.), k . k ou | . |, elles servent à définir la longueur
d’un vecteur.
Exemple Dans un espace euclidien la norme euclidienne associée au produit scalaire est une norme.
Exemple Si F est un sous-espace vectoriel d’un espace E normé par k . k alors la restriction
k . kF : F → R+ définit une norme sur F encore notée k . k.
Proposition
Si k . k est une norme sur E alors :
a) ∀x ∈ E, kxk = 0 ⇔ x = 0E ,
b) ∀x ∈ E, k−xk = kxk,
c) ∀x, y ∈ E, |kxk − kyk| 6 kx − yk [inégalité triangulaire renversée].
359
12.1. NORME
dém. :
a) ( ⇒ ) par définition et ( ⇐ ) par homogénéité avec λ = 0.
b) par homogénéité avec λ = −1.
c) par l’inégalité triangulaire kxk = kx − y + yk 6 kx − yk + kyk donc kxk − kyk 6 kx − yk et par
un raisonnement symétrique kyk − kxk 6 kx − yk.
Définition
Un vecteur x d’un espace E normé par k . k est dit unitaire si kxk = 1.
1
Exemple Si x 6= 0E alors u = x est un vecteur unitaire colinéaire à x.
kxk
n q n
!1/2
X 2 2
X 2
kxk1 := |x1 | + · · · + |xn | = |xk |, kxk2 := |x1 | + · · · + |xn | = |xk | et
k=1 k=1
Théorème
k . k1 définit une norme sur Kn .
dém. :
k . k1 : Kn → R+ est bien définie.
n
X
Si kxk1 = 0 alors |xk | = 0.
k=1
Par somme nulle de quantités positives |x1 | = . . . = |xn | = 0 et donc x = 0Kn .
n
X n
X n
X
kλxk = |λxk | = |λ| |xk | = |λ| |xk | |λxn | = |λ| kxk1
k=1 k=1 k=1
Enfin,
n
X n
X n
X n
X
kx + yk1 = |xk + yk | 6 (|xk | + |yk |) = |xk | + |yk | = kxk1 + kyk1
k=1 k=1 k=1 k=1
n
X 2
Si kxk2 = 0 alors |xk | = 0.
k=1
2 2
Par somme nulle de quantités positives |x1 | = . . . = |xn | = 0 et donc x = 0Kn .
v v
u n u n
uX 2
u 2X 2
kλxk2 = t |λxk | = t|λ| |xk | = |λ| kxk2
k=1 k=1
n
X
2 2
kx + yk2 = |xk + yk |
k=1
Or |xk + yk | 6 |xk | + |yk | donc
n
X n
X n
X
2 2 2
kx + yk2 = |xk | + 2 |xk | |yk | + |yk |
k=1 k=1 k=1
On en déduit v v
n
X
u n u n
uX 2
uX 2
|xk | |yk | 6 t |xk | t |yk |
k=1 k=1 k=1
donc
2 2
kx + yk2 6 (kxk2 + kyk2 )
puis
kx + yk2 6 kxk2 + kyk2
n
Finalement k . k2 est une norme sur K .
Théorème
k . k∞ définit une norme sur Kn .
dém. :
k . k∞ : Kn → R+ est bien définie
Si kxk∞ = 0 alors pour tout 1 6 k 6 n, 0 6 |xk | 6 kxk∞ donc |xk | = 0 et donc x = 0Kn .
kλxk = max |λxk | = |λ| max |xk | = |λ| kxk∞
16k6n 16k6n
kx + yk∞ = max |xk + yk | 6 max (|xk | + |yk |) 6 max |xk | + max |yk | = kxk∞ + kyk∞
16k6n 16k6n 16k6n 16k6n
n
Finalement k . k∞ est une norme sur K .
Remarque Plus généralement, pour p ∈ [1, +∞[, on peut montrer que
p p 1/p
kxkp = (|x1 | + · · · + |xn | )
définit une norme sur Kn . De plus kxk∞ = lim kxkp .
p→+∞
d(x, y) := ky − xk
Proposition
a) ∀x, y ∈ E, d(x, y) = 0 ⇔ x = y [séparation],
b) ∀x, y ∈ E, d(x, y) = d(y, x) [symétrie],
c) ∀x, y, z ∈ E, d(x, z) 6 d(x, y) + d(y, z) [inégalité triangulaire],
d) ∀x, y, z ∈ E, d(x + z, y + z) = d(x, y) [invariance par translation].
dém. :
a) ky − xk = 0 ⇔ y − x = 0E .
b) ky − xk = kx − yk.
c) kz − xk = k(z − y) + (y − x)k 6 kz − yk + ky − xk.
d) k(y + z) − (x + z)k = ky − xk.
Définition
On appelle distance de a ∈ E à une partie non vide X de E le réel
12.1.4 Boules
Soit k . k une norme sur E.
Définition
Soient a ∈ E et r > 0. On définit :
B(a, r) := {x ∈ E/ kx − ak < r} boule ouverte de centre a et de rayon r.
Bf (a, r) := {x ∈ E/ kx − ak 6 r} boule fermée de centre a et de rayon r.
S(a, r) := {x ∈ E/ kx − ak = r} sphère de centre a et de rayon r.
Exemple Dans (C, | . |), B(a, r) = D(a, r) := {z ∈ C/ |z − a| < r} est le disque ouvert de centre a et
de rayon r.
Définition
Les boules de centre 0E et de rayon 1, sont appelées boules unités.
Proposition
B(a, r) = a + rB(0E , 1) et B(a, r) = a + rB(0E , 1).
Ainsi les boules générales se déduisent des boules des boules unités par homothéties et
translations.
dém. :
a + rB(0E , 1) = {a + ru/ kuk < 1}.
Si x ∈ a + rB(0E , 1) alors kx − ak = kruk = r kuk < r donc x ∈ B(a, r).
1
Si x ∈ B(a, r) alors pour u = (x − a), on a x = a + ru avec kuk < 1.
r
Proposition
Les boules sont des parties convexes.
dém. :
Etudions B(a, r).
Soient x, y ∈ B(a, r). [x, y] = {(1 − λ)x + λy/λ ∈ [0, 1]}.
Soit z ∈ [x, y]. On peut écrire z = (1 − λ)x + λy avec λ ∈ [0, 1].
On a alors kz − ak 6 λ kx − ak+(1−λ) ky − ak < λr+(1−λ)r = r l’inégalité stricte étant maintenue
car l’un au moins des deux facteurs λ ou 1 − λ est strictement positif.
∀x ∈ A, kxk 6 M
∃M ∈ R+ , ∀x ∈ X, kf (x)k 6 M
Théorème
Si X est un ensemble non vide alors l’ensemble B(X, E) des fonctions bornées de X vers E
est un K-espace vectoriel normé et celui-ci peut être normé par
dém. :
B(X, E) ⊂ F(X, E) et F(X, E) est un K-espace vectoriel.
0̃ ∈ B(X, E).
Soient λ, µ ∈ K et f, g ∈ B(X, E).
Il existe M, M 0 ∈ R+ tels que
∀x ∈ X, kf (x)k 6 M et kg(x)k 6 M 0
On a alors
∀x ∈ X, kλf (x) + µg(x)k 6 |λ| M + |µ| M 0
donc λf + µg ∈ B(X, E).
B(X, E) est un sous-espace vectoriel de F(X, E), c’est donc un K-espace vectoriel.
Pour f ∈ B(X, E), l’ensemble A = {kf (x)k /x ∈ X} est une partie de R non vide et majorée, on peut
donc introduire kf k∞ = sup A et puisque A ⊂ R+ , on a kf k∞ ∈ R+ .
L’application k . k∞ : B(X, E) → R+ est donc bien définie.
Si kf k∞ = 0 alors sup {kf (x)k /x ∈ X} = 0 donc pour tout x ∈ X, kf (x)k = 0 puis f = 0.
kλf k∞ = sup {kλf (x)k /x ∈ X} = sup {|λ| kf (x)k /x ∈ X} = sup |λ| {kf (x)k /x ∈ X} = |λ| kf k∞
car |λ| > 0.
Pour x ∈ X,
kf (x) + g(x)k 6 kf (x)k + kg(x)k 6 kf k∞ + kgk∞
donc
kf + gk∞ 6 kf k∞ + kgk∞
Théorème
Si X est un ensemble non vide alors B(X, K) est une K-algèbre et on y définit une norme
d’algèbre par
kf k∞ := sup {|f (t)| /t ∈ R} = sup {|f (t)|}
t∈R
dém. :
On sait déjà que B(X, K) est un espace vectoriel normal par k . k∞ .
F(X, K) est une K-algèbre.
B(X, K) ⊂ F(X, K), 1̃ ∈ B(X, K).
Soient λ, µ ∈ K2 et f, g ∈ B(X, K).
On a déjà λf + µg ∈ B(X, K) et aussi f g ∈ B(X, K) car
Théorème
Tout K-espace vectoriel de dimension finie peut être muni d’une norme.
dém. :
Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie n ∈ N.
Si n = 0 alors E = {0E } est muni de la norme définie par N (0E ) = 0.
Si n ∈ N? . Soit B = (e1 , . . . , en ) une base de E.
Considérons l’isomorphisme ϕ : E → Kn qui envoie x sur (x1 , . . . , xn ) le n-uplet de ses composantes
dans B.
Considérons alors k . k une norme sur Kn et posons, pour tout x ∈ E, N (x) = kϕ(x)k.
On vérifie aisément que N définit une norme sur E.
Définition
En choisissant sur Kn k . k = k . k1 , k . k2 , ou k . k∞ , la norme N ci-dessus est notée k . k1,B ,
k . k2,B ou k . k∞,B .
Exemple En particulier kAk∞ = max |ai,j | définit une norme sur Mn (K).
16i,j6n
On a
∀A, B ∈ Mn (K), kABk∞ 6 n kAk∞ kBk∞
donc, en posant kAk = n kAk∞ , on définit une norme d’algèbre sur Mn (K).
Définition
X
On note `1 (N, K) l’ensemble des suites u = (un ) ∈ KN sommable i.e. telle que |un |
converge.
Théorème
`1 (N, K) est un K-espace vectoriel normé par
+∞
X
kuk1 := |un |
n=0
dém. :
`1 (N, K) ⊂ KN et KN est un K-espace vectoriel.
(0)n∈N ∈ `1 (K).
Pour λ, µ ∈ K et u, v ∈ `1 (N, K),
λu + µv ∈ `1 (N, K)
+∞
X +∞
X +∞
X
kλuk1 = |λun | = |λ| |un | = |λ| |un | = |λ| kuk1
n=0 n=0 n=0
+∞
X +∞
X +∞
X +∞
X
ku + vk1 = |un + vn | 6 (|un | + |vn |) = |un | + |vn | = kuk1 + kvk1
n=0 n=0 n=0 n=0
Définition
2 N
X note2` (N, K) l’ensemble des suites u = (un ) ∈ K de carré sommable i.e. telle que
On
|un | converge.
Théorème
`2 (N, K) est un K-espace vectoriel normé par
+∞
!1/2
X 2
kuk2 := |un |
n=0
dém. :
`2 (N, K) ⊂ KN et KN est un K-espace vectoriel.
0 ∈ `2 (K).
Pour λ ∈ K et u ∈ `2 (N, K), λu ∈ `2 (N, K).
Pour u, v ∈ `2 (N, K),
2 2 2 2 2
|(u + v)n | 6 |un | + 2 |un | |vn | + |vn | 6 2 |un | + |vn |
car 2ab 6 a2 + b2 .
Par comparaison de séries à termes positifs, u + v ∈ `2 (N, K).
`2 (N, K) est un sous-espace vectoriel de KN , c’est donc un K-espace vectoriel.
L’application k . k2 : `2 (N, K) → R+ est bien définie.
+∞
X 2 2
Si kuk2 = 0 alors |un | = 0 donc pour tout n ∈ N, |un | = 0 puis u = 0.
n=0
v v v
u +∞ u +∞ u +∞
uX 2
u X 2 2
uX 2
kλuk = t |λun | = t |λ| |un | = |λ| t |un | = |λ| kuk2
n=0 n=0 n=0
+∞
X +∞
X +∞
X +∞
X
2 2 2 2
ku + vk2 = |un + vn | 6 |un | + 2 |un | |vn | + |vn |
n=0 n=0 n=0 n=0
Ainsi
2 2
ku + vk2 6 (kuk2 + kvk2 )
puis
ku + vk2 6 kuk2 + kvk2
Définition
On note `∞ (N, K) l’ensemble des suites (un ) ∈ KN bornée.
Théorème
`∞ (N, K) est une K algèbre normée par
dém. :
`∞ (N, K) = B(N, K).
Remarque `1 (N, K) ⊂ `2 (N, K) ⊂ `∞ (N, K) et ces inclusions sont strictes.
Théorème
L1 (I, K) est un K-espace vectoriel normé par
Z
kf k1 := |f (t)| dt
I
dém. :
L1 (I, K) ⊂ C(I, K) et C(I, K) est un K-espace vectoriel.
0̃ ∈ L1 (I, K).
Soient λ, µ ∈ K et f, g ∈ L1 (I, K).
|(λf + µg)(t)| 6 |λ| |f (t)|+|µ| |g(t)| donc par comparaison de fonctions positives λf +µg ∈ L1 (I, K).
Finalement L1 (I, K) est un sous-espace vectoriel de C(I, K) et c’est donc un K-espace vectoriel.
L’application k . k1Z: L1 (I, K) → R+ est bien définie.
Si kf k1 = 0 alors |f (t)| dt = 0 or |f | est continue et positive sur I non singulier donc f = 0̃.
I
Z
kλf k1 = |λ| |f (t)| dt = |λ| kf k1
I
Z
kf + gk1 6 |f (t)| + |g(t)| dt = kf k1 + kgk1
I
Définition
On note L2 (I, K) l’ensemble des fonctions f : I → K continue et de carré intégrable.
Théorème
L2 (I, K) est un K-espace vectoriel normé par
Z 1/2
2
kf k2 := |f (t)| dt
I
dém. :
L2 (I, K) ⊂ C(I, K) et C(I, K) est un K-espace vectoriel.
0 ∈ L2 (I, K).
car 2ab 6 a2 + b2
Par comparaison de fonctions positives f + g ∈ L2 (I, K).
Finalement L2 (I, K) est un sous-espace vectoriel de C(I, K) et c’est donc un K-espace vectoriel.
L’application k . k2 : ZL2 (I, K) → R+ est bien définie.
2 2
Si kf k2 = 0 alors |f (t)| dt = 0 or |f | est continue et positive sur I non singulier donc ∀t ∈
I
2
I, |f (t)| = 0 puis f = 0̃.
Z 2
2 2
kλf k2 = |λ| |f (t)| dt = |λ| kf k2
I
Z Z
2 2 2 2
kf + gk2 6 (|f (t)| + |g(t)|) dt = kf k2 +2 |f (t)| |g(t)| dt + kgk2
I I
Par l’inégalité de Cauchy-Schwarz, pour f, g : [a, b] → R continue par morceaux,
Z !1/2 Z !1/2
b Z b b
2 2
f (t)g(t) dt 6 f (t) dt g(t) dt
a a a
donc ici Z
|f (t)| |g(t)| dt 6 kf k2 kgk2
I
et enfin
2 2
kf + gk2 6 (kf k2 + kgk2 )
ce qui permet de conclure.
Définition
On note L∞ (I, K) l’ensemble des fonctions f : I → K continues et bornées.
Théorème
L∞ (I, K) est une K algèbre normée par
kf k∞ := sup |f (t)|
t∈I
dém. :
L∞ (I, K) = B(I, K) ∩ C(I, K) et k . k∞ est la restriction de la norme sur B(I, K).
Remarque Si I = [a, b] alors L1 (I, K) = L2 (I, K) = L∞ (I, K) = C([a, b] , K).
Ainsi k . k1 , k . k2 et k . k∞ sont des normes sur C([a, b] , K).
Remarque En dehors de ce cas, les espaces L1 (I, K), L2 (I, K), L∞ (I, K) ne sont pas aisément
comparables.
∀f ∈ E, kf k∞ 6 α kf k1
Appliquée en f = fn , on obtient
α
16 −−→ 0
n + 1 n∞
Absurde
Conclusion : k . k1 et k . k∞ ne sont pas équivalentes sur E.
Définition
Deux normes N1 et N2 sur un même espace E sont dites équivalentes lorsqu’elles se dominent
mutuellement i.e.
On définit ainsi une relation d’équivalence sur l’ensemble des normes sur E.
Théorème
Sur un K-espace vectoriel de dimension finie, toutes les normes sont deux à deux équivalentes.
(admis)
Exemple Sur E = C([a, b] , K), les normes k . k1 , k . k2 et k . k∞ ne sont pas deux à deux équivalentes.
Proposition
Si N1 et N2 sont deux normes équivalentes alors toute boule de centre a pour l’une des normes
est incluse et contient des boules de même centre a pour l’autre norme.
dém. :
Supposons αN2 6 N1 6 βN2 et considérons B = B1 (a, r).
On a B2 (a, r/β) ⊂ B car N2 (x − a) < r/β ⇒ N1 (x − a) < r
et B ⊂ B2 (a, r/α) car N1 (x − a) < r ⇒ N2 (x − a) < r/α.
Exemple Sur R2
Définition
On dit qu’une notion est invariante par passage à une norme équivalente si lorsqu’elle est
vérifiée dans une espace normé (E, N1 ) est l’est encore dans l’espace normée (E, N2 ) quand
N2 est équivalente à N1 .
Exemple La notion de partie bornée est invariante par passage à une norme équivalente.
En effet, une partie est bornée si, et seulement si, elle est incluse dans une boule de centre 0E est cette
notion n’est pas changée lorsqu’on passe à une norme équivalente.
De même pour la notion de suite ou de fonction bornée.
Remarque Si deux normes ne sont pas équivalentes, certaines propriétés peuvent être vraies pour une
norme sans l’être pour l’autre.
Exemple Dans E = C ([0, 1] , K), considérons la suite (fn ) des fonctions fn : t 7→ ntn .
n
On a kfn k1 = → 1 donc la suite (fn ) est bornée pour k . k1 .
n+1
En revanche kfn k∞ = n → +∞ donc la suite (fn ) n’est pas bornée pour k . k∞ .
Conclusion : on retrouve à nouveau que k . k1 et k . k∞ ne sont pas équivalentes sur E.
Théorème
Si un → ` et un → `0 alors ` = `0 .
dém. :
0 6 k` − `0 k 6 k` − un k + kun − `0 k → 0 donc k` − `0 k = 0 puis ` = `0 .
Définition
On dit qu’une suite u = (un ) d’éléments de E converge s’il existe ` ∈ E tel que un → `.
Cet élément ` est alors unique, on l’appelle limite de u et on note ` = lim u ou ` = lim un .
n→+∞
Corollaire
Deux normes équivalentes définissent les mêmes suites convergentes et celles-ci ont mêmes
limites pour les deux normes.
Attention : Si N1 et N2 ne sont pas équivalentes, il se peut qu’une suite converge pour une norme et
diverge pour l’autre voire qu’elles convergent toutes deux pour ces normes mais vers des limites
différentes !
Théorème
Si αn ∈ K → α et un ∈ E → ` alors αn .un → α.`.
Si un ∈ E → ` et vn ∈ E → `0 alors λun + µvn → λ` + µ`0 .
Si de plus, E est une algèbre normée, un vn → ``0 .
dém. :
kαn .un − α.`k 6 kαn .un − α.un k + kα.un − α.`k = |αn − α| kun k + |α| kun − `k → 0.
kλun + µ` − (λ` + µ`0 )k 6 |λ| kun − `k + |µ| kvn − `0 k → 0.
kun vn − ``0 k 6 kun vn − un `0 k + kun `0 − ``0 k 6 kun k kvn − `0 k + |`0 | kun − `k → 0.
Exemple Soit A ∈ Mp (K). On suppose An → B. Montrons B 2 = B.
Par extraction A2n → B et par opération A2n = An × An → B 2 .
Par unicité de limite B 2 = B.
Définition
Les suites scalaires uj = (uj (n)) sont appelées suites coordonnées de la suite vectorielle u
dans la base B.
Les suites composantes de u dans la base canonique de R2 sont (n2 ) et (1/(n + 1)).
Proposition
La suite u est bornée si, et seulement si, ses suites composantes le sont.
dém. :
Choisissons k . k = k . k∞,B .
Si u est bornée alors il existe M ∈ R+ tel que
∀n ∈ N, ku(n)k 6 M
Or
ku(n)k = max {|u1 (n)| , . . . , |up (n)|}
donc pour tout j ∈ {1, . . . , p} et tout n ∈ N
|uj (n)| 6 M
∀n ∈ N, ku(n)k 6 M
dém. :
(i) ⇒ (ii) Supposons que la suite u converge vers ` = `1 e1 + · · · + `p ep .
Pour tout j ∈ {1, . . . , p},
|uj (n) − `j | 6 ku(n) − `k∞,B → 0
donc uj (n) → `j .
(ii) ⇒ (i) Supposons que pour tout j ∈ {1, . . . , p}, uj (n) → `j . Considérons alors ` = `1 e1 + · · · + `p ep .
On a
Xp
ku(n) − `k∞,B = max {|u1 (n) − `1 | , . . . , |up (n) − `p |} 6 |uj (n) − `j | → 0
j=1
donc u → `.
Exemple Dans R2 , n
1 1
n sin , 1 + −−−−−→ (1, e)
n n n→+∞
Proposition
k . k définit une norme sur E.
Définition
(E, k . k) est appelé espace normé produit des espaces normés (E1 , N1 ), . . . , (Ep , Np )
12.4.5.2 Convergence
Soit u = (u(n)) une suite d’éléments de E. Pour tout n ∈ N,
u(n) = (u1 (n), . . . , up (n))
Définition
Les suites vectorielles uj = (uj (n)) sont appelées suites coordonnées de la suite u.
n 1
Exemple Supposons E1 = E2 = Mp (K) et pour A ∈ Mp (K) considérons un = A , A .
n+1
1
Les suites coordonnées de u sont (An ) et A .
n+1
Proposition
La suite u est bornée si, et seulement si, ses suites coordonnées le sont.
Théorème
On a équivalence entre :
(i) u converge ;
(ii) les suites u1 , . . . , up convergent.
De plus, si tel est le cas lim u = (lim u1 , . . . , lim up ).
Exemple Dans R2 ,
2 1 1
2
, 3 =O
(n + 1) n n2
Définition
On dit que u = (un ) ∈ E N est négligeable devant v = (vn ) ∈ F N si kun k = o (kvn k)
i.e.
∀ε > 0, ∃N ∈ N, ∀n > N, kun kE 6 ε kvn kF
On note alors un = o(vn ).
Exemple Dans R2 ,
2 1 1
, =o
(n + 1)2 n3 n
Définition
Soient u = (un ) et v = (vn ) deux suites d’éléments de E.
On dit que u est équivalente à v si un − vn = o(vn ).
On note alors un ∼ vn .
On définit ainsi une relation d’équivalence sur l’ensemble des suites d’éléments de E.
Exemple Dans R2 ,
2 1 2
, ∼ , 0
(n + 1)2 n3 n2
∀α > 0, B(a, α) ∩ X 6= ∅
Exemple Les extrémités finies d’un intervalle non vide de R sont adhérentes à celui-ci.
Théorème
Soit X une partie non vide.
On a équivalence entre :
(i) a est adhérent à X ;
(ii) ∃(xn ) ∈ X N , xn → a ;
(iii) d(a, x) = 0
dém. :
(i) ⇒ (ii) Supposons que pour tout α > 0, B(a, α) ∩ X 6= ∅.
1
Pour n ∈ N et α = > 0, l’ensemble B(a, 1/(n + 1)) ∩ X est non vide.
n+1
Soit xn un élément de celui-ci. En faisant varier n, cela définit une suite (xn ) ∈ X N vérifiant
1
kxn − ak 6 →0
n+1
et donc xn → a.
(ii) ⇒ (iii) Considérons (xn ) ∈ X N telle que xn → a.
On a 0 6 d(a, X) 6 kxn − ak → 0 donc d(a, X) = 0.
(iii) ⇒ (i) Supposons d(a, X) = 0. Rappelons que d(a, X) = inf A avec A = {kx − ak /x ∈ X}.
Pour tout α > 0, A n’est pas minorée par α et donc il existe x ∈ X tel que kx − ak < α. On a alors
x ∈ B(a, α) et donc B(a, α) ∩ X 6= ∅.
1
Ip ∈ GLp (K) → Op
n
On note alors f −
→ ` ou f (x) −−−→ `
a x→a
Remarque On obtient une définition équivalent en remplaçant 6 α (resp. 6 ε ) par < α (resp. < ε ).
Ainsi
f−→ ` ⇔ ∀ε > 0, ∃α > 0, f (B(a, α) ∩ X) ⊂ B(`, ε)
a
Théorème
Si f − → `0 alors ` = `0 .
→ ` et f −
a a
dém. :
Soit ε > 0. Il existe α, α0 > 0 tels que
et
∀x ∈ X, kx − akE 6 α0 ⇒ kf (x) − `0 kF 6 ε
Pour α00 = min(α, α0 ) > 0 et x ∈ B(a, α00 ) ∩ X (qui est non vide car a est adhérent à X ), on a
kf (x) − `k 6 ε et kf (x) − `0 k 6 ε. On en déduit
k` − `0 k 6 k` − f (x)k + kf (x) − `0 k 6 2ε
Théorème
Soient f : X ⊂ E → F , a un élément adhérent à X et ` ∈ F .
On a équivalence entre :
(i) f −
→ `;
a
(ii) ∀(xn ) ∈ X N , xn → a ⇒ f (xn ) → `.
dém. :
(i) ⇒ (ii) Supposons f −
→ `.
a
Soit (xn ) ∈ X N telle que xn → a.
Soit ε > 0. Il existe α > 0 tel que
∀x ∈ X, kx − ak 6 α ⇒ kf (x) − `k 6 ε
∀n ∈ N, n > N ⇒ kxn − ak 6 α
et donc
n > N ⇒ kf (xn ) − `k 6 ε
(ii) ⇒ (i) Par contraposée.
Supposons f 6 − →`. Il existe ε > 0 tel que
a
1 1
Soit n ∈ N, pour α = > 0, il existe xn ∈ X tel que kxn − ak 6 et kf (xn ) − `k > ε.
n+1 n+1
N
En faisant varier n, ceci détermine une suite (xn ) ∈ X telle que xn → a et f (xn ) 6 →`.
Corollaire
Si f tend vers ` en a alors ` est adhérent à f (X).
Ce dernier résultat est une extension du théorème de passage à la limite des inégalités.
12.5.3.2 Opérations
Théorème
Soient f, g : X ⊂ E → F et a ∈ E adhérent à X.
Si f −
→ ` et g −→ `0 alors f + g −
→ ` + `0 .
a a a
→ ``0 .
Si de plus F est une algèbre normée alors f g −
a
dém. :
Soit (xn ) ∈ X N de limite a.
On a f (xn ) → ` et g(xn ) → `0 .
Par opérations sur les suites vectorielles convergentes, (f + g)(xn ) → ` + `0 .
Or ceci vaut pour toute suite (xn ) ∈ X N convergeant vers a donc par la caractérisation séquentielle des
limites, λf + µg −→ λ` + µ`0 .
a
Même démarche pour le produit dans une algèbre normée.
Théorème
Soient α : X ⊂ E → K, f : X ⊂ E → F et a adhérent à X.
Si α −
→ λ et f −
→ ` alors α.f −
→ λ.`.
a a a
dém. :
Par la caractérisation séquentielles des limites et opérations sur les suites vectorielles convergentes.
12.5.3.3 Composition
Théorème
Soient f : X ⊂ E → F et g : Y ⊂ F → G telles que f (X) ⊂ Y et a adhérent à X.
Si f −
→ b et si g →
− ` alors g ◦ f −
→ `.
a b a
dém. :
Par la caractérisation séquentielles des limites.
Notons que b est adhérent à Y car b = lim f est adhérent à f (X) et f (X) ⊂ Y .
a
Corollaire
Si f −
→ ` alors kf k −
→ k`k.
a a
12.5.3.4 Comparaison
Théorème
Soient f : X ⊂ E → F , g : X ⊂ E → R et a adhérent à X.
Si kf (x) − `k 6 g(x) et g −
→ 0 alors f −
→ `.
a a
dém. :
Par la caractérisation séquentielles des limites et comparaison de suites réelles.
12.5.4 Convergence à valeurs dans espace de dimension finie
Soient F un K-espace vectoriel de dimension finie et B = (e1 , . . . , ep ) une base de F .
Considérons f : X ⊂ E → F .
X p
Pour tout x ∈ X, on peut écrire f (x) = f1 (x)e1 + · · · + fp (x)ep = fj (x)ej avec fi (x) ∈ K.
j=1
Définition
Les applications scalaires f1 , . . . , fp sont appelées fonctions composantes de f relatives à la
base (e1 , . . . , ep ).
Théorème
Soit a adhérent à X. On a équivalence entre :
(i) la fonction vectorielle f converge en a ;
(ii) les fonctions numériques f1 , . . . , fp convergent en a.
De plus si tel est le cas
p
X
lim f = lim f1 .e1 + · · · + lim fp .ep = lim fj ej
a a a a
j=1
dém. :
Par la caractérisation séquentielles des limites.
12.5.5 Convergence à valeurs dans un espace normé produit
Soient F1 , . . . , Fp des espaces vectoriels normés respectivement par N1 , . . . , Np et F = F1 × . . . × Fp
l’espace vectoriel normé produit.
Pour x = (x1 , . . . , xp ) ∈ F , kxk = max Nj (xj ).
16j6n
Considérons f : X ⊂ E → F .
Pour tout x ∈ X f (x) = (f1 (x), . . . , fp (x)) avec fj (x) ∈ Fj .
Définition
Les applications f1 , . . . , fp sont appelées applications coordonnées de f .
Théorème
Soit a ∈ E adhérent X. On a équivalence entre :
(i) f converge en a ;
(ii) f1 , . . . , fp convergent en a.
De plus, si tel est le cas,
lim f = lim f1 , . . . , lim fp
a a a
dém. :
Par la caractérisation séquentielles des limites.
12.5.6 Exemples
p
Exemple Dans R2 , étudions lim x2 + xy + y 2 .
(x,y)→(0,0)
p
Soit f : (x, y) 7→ x2 + xy + y 2 définie sur X = R2 car
2
x2 + xy + y 2 > (x + 1/2) + 3y 2 /4
xy
Exemple Dans R2 , étudions lim p .
(x,y)→(0,0) x2 + y 2
xy
Soit f : (x, y) 7→ p définie sur X = R2 \ {(0, 0)}.
x2 + y 2
(0, 0) est adhérent à X
Quand (x, y) → (0, 0) (avec (x, y) ∈ X ) p
On pose x = r cos θ, y = r sin θ avec r = x2 + y 2 → 0 et θ incontrôlable.
Par composition, on a alors
f (x, y) = r cos θ sin θ → 0
Attention : Etudier lim ne correspond pas à étudier lim lim ou lim lim
(x,y)→(0,0) x→0 y→0 y→0 x→0
x2 − y 2
Exemple Dans R2 , étudions lim .
(x,y)→(0,0) x2 + y 2
x2 − y 2
Soit f : (x, y) 7→ définie sur X = R2 \ {(0, 0)}.
x2 + y 2
(0, 0) est adhérent à X.
Ici lim lim f (x, y) = −1 et lim lim f (x, y) = 1. . .
x→0 y→0 y→0 x→0
p
Pour x = r cos θ, y = r sin θ avec r = x2 + y 2 → 0, on a f (x, y) = cos2 θ − sin2 θ qui ne semble
pas converger. . .
Puisque f (1/n, 0) → 1 et f (0, 1/n) → −1, la fonction f diverge en (0, 0).
xyz
Exemple Dans R3 , étudions lim .
(x,y,z)→(0,0,0) x2 + y 2 + z 2
xyz
Soit f : (x, y, z) 7→ 2 définie sur X = R3 \ {(0, 0, 0)}.
x + y2 + z2
Quand (x, y, z) → (0, 0, 0) (avec (x, y, z) ∈ X ) p
On pose x = r cos ϕ sin θ, y = r sin ϕ sin θ, z = r cos θ avec r = x2 + y 2 + z 2 → 0 et ϕ, θ
incontrôlables.
xyz
= r cos ϕ sin ϕ cos2 θ sin θ → 0
x2 + y 2 + z 2
z2
Exemple Dans C, étudions de lim .
z→0 |z|
z2
Soit f : z 7→ définie sur X = C? .
|z|
0 est adhérent à C? .
Quand z → 0 (avec z ∈ C? )
On peut écrire z = reiθ avec r = |z| → 0.
On a alors
f (z) = re2iθ → 0
Définition
Soient f : X ⊂ E → F , g : X ⊂ E → G et a ∈ E adhérent à X.
On dit que f est dominée par g en a si
Exemple Dans R2 .
xy = O(x2 + y 2 ) quand (x, y) → (0, 0)
1
En effet |xy| 6 (x2 + y 2 ).
2
Exemple Dans C.
Re(z) = O (z) quand z → 0
En effet |Re(z)| 6 |z|.
2
C, z = o(z) quand z → 0.
Exemple Dans
2
En effet z = |z| |z| avec |z| → 0.
Définition
Soient f, g : X ⊂ E → F et a adhérent à X.
On dit que f est équivalente à g en a si f (x) − g(x) = o (g(x)) quand x → a.
On note alors f (x) ∼ g(x) quand x → a.
On définit ainsi une relation d’équivalence sur F(X, F ).
Exemple Dans R2 .
x2 + y 2 + x2 y 2 ∼ x2 + y 2 quand (x, y) → 0
En effet
+∞ n
X z
ez − 1 = z +
n=2
n!
Or pour |z| 6 1,
+∞ n +∞ 2
X z X |z| 2
6 = C te |z|
n! n!
n=2 n=2
n
!
n
X n
(Ip + A) = Ip + nA + Ak
k=2
k
puis
(Ip + A)n − Ip ∼ nA
lim f (x)
x→a,x∈X 0
Proposition
Si a est adhérent à X 0 ⊂ X et si f converge en a alors fX 0 converge en a vers la même limite.
dém. :
Qui peut le plus, peut le moins.
Proposition
Soient r > 0 et X 0 = B(a, r) ∩ X.
Si fX 0 converge en a alors f converge en a vers la même limite
dém. :
Supposons fX 0 converge vers ` en a.
Soit ε > 0. Il existe α > 0 tel que
donc
∀x ∈ X, kx − akE < α0 ⇒ kf (x) − `kF 6 ε
Proposition
On suppose X = X 0 ∪ X 00 avec a adhérent à X 0 et X 00 .
Si fX 0 et fX 00 convergent en a vers la même limite alors f converge en a vers cette limite.
dém. :
Notons ` la limite commune.
Soit ε > 0. Il existe α0 , α00 > 0 tels que
Définition
Soit f : X ⊂ E → F avec X non bornée.
On dit que f (x) tend vers ` ∈ F quand kxk → +∞ si
Définition
Soient f : X ⊂ E → R et a ∈ E adhérent à X.
On dit que f tend vers +∞ en a si
1
Exemple Dans R2 , étudions lim .
(x,y)→(0,0) x2 + y2
f : (x, y) 7→ 1/(x2 + y 2 ) est définie sur X = R2 \ {(0, 0)}.
(0, 0) est adhérent à X.
Quand (x, y) → (0, 0) (avec (x, y) ∈ X )
x2 + y 2 → 0 avec x2 + y 2 > 0.
1 1
Or −−−−→ +∞ donc 2 → +∞.
t t→0+ x + y2
1
Exemple Dans C, étudions lim .
|z|→+∞ z + 1
f : z 7→ 1/(z + 1) est définie sur X = C\ {−1}.
X n’est pas bornée.
Quand |z| → +∞ (avec z ∈ X ).
1 1
On a |z + 1| > |z| − 1 donc 6 → 0 (pour |z| > 1 ).
z+1 |z| − 1
1
Ainsi lim =0
|z|→+∞ z + 1
12.6 Continuité
E et F désignent des K-espace vectoriel normés par k . kE et k . kF .
12.6.1 Définition
Définition
On dit que f : X ⊂ E → F est continue en a ∈ X si f (x) −−−→ f (a).
x→a
Définition
On dit que f : X ⊂ E → F est dite continue si f est continue en chaque point a ∈ X.
On note C(X, F ) l’ensemble des fonctions continues de X vers F .
1
Exemple La fonction z 7→ est continue sur C? .
z
En effet pour a ∈ C? ,
1 1 |z − a|
− = −−−→ 0
z a |z| |a| z→a
Soit (x0 , y0 ) ∈ R2 .
Cas x0 6= y0 .
Au voisinage de (x0 , y0 ),
sin y − sin x sin y0 − sin x0
f (x, y) = −−−−−−−−−→ = f (x0 , y0 )
y−x (x,y)→(x0 ,y0 ) y0 − x0
Cas x0 = y0 .
Quand (x, y) → (x0 , x0 ) avec x 6= y
sin y − sin x 2 sin y−x x+y
2 cos 2
f (x, y) = = → cos x0 = f (x0 , x0 )
y−x y−x
En effet
2 sin 2t
−−−→ 1 et y − x → 0
t t→0
Quand (x, y) → (x0 , x0 ) avec x = y
f (x, y) = cos x → cos(x0 ) = f (x0 , x0 )
d(x, A) − kx − yk 6 d(y, A)
Ainsi
d(x, A) − d(y, A) 6 kx − yk
Par un raisonnement symétrique on a aussi d(y, A) − d(x, A) 6 ky − xk et donc
Théorème
Les fonctions lipschitziennes sont continues.
dém. :
Soit f : X ⊂ E → F une fonction lipschitzienne.
Il existe k ∈ R+ tel que
∀x, y ∈ X, kf (y) − f (x)kF 6 k ky − xkE
Soit a ∈ X.
Quand x → a, kf (x) − f (a)kF 6 k kx − akE → 0 donc f (x) → f (a).
Ainsi f est continue en chaque a ∈ X.
Ainsi les formes linéaires composantes dans une base sont lipschitziennes et donc continues.
En particulier : (x1 , . . . , xp ) 7→ xi , z 7→ Re(z), z 7→ Im(z) et A 7→ ai,j sont continues
Exemple Soient (E1 , N1 ),. . . , (Ep , Np ) des espaces normés et (E, k . k) l’espace normé produit.
Pour x = (x1 , . . . , xp ) ∈ E, on pose pj (x) = xj .
L’application pj est j-ème projection coordonnées.
Pour tout x, y ∈ E, Nj (pj (x) − pj (y)) = Nj (xj − yj ) 6 kx − yk.
Les projections coordonnées pj sont lipschitziennes donc continues.
En particulier les applications suivantes sont continues
E×F → E E×F → F
et
(x, y) 7 → x (x, y) 7 → y
Théorème
Soient f, g : X ⊂ E → F et λ ∈ K.
Si f et g sont continues alors λf et f + g sont continues.
De plus, si F est une algèbre normée alors f g est continue.
dém. :
Par opérations sur les limites en tout point a ∈ X.
Corollaire
C(X, F ) est un sous-espace vectoriel de F(X, F ).
Si F est une algèbre normée alors C(X, F ) est une sous-algèbre de F(X, F )
Exemple L’application det : Mp (K) → K est continue par somme et produit de fonctions continues.
Exemple L’application
E×E → E
σ:
(x, y) 7 → x+y
est continue.
En effet les applications coordonnées p : (x, y) 7→ x et q : (x, y) 7→ y sont continues de E × E vers E
donc par somme de fonctions continues, σ = p + q est continue.
Théorème
Soient α : X ⊂ E → K et f : X ⊂ E → F .
Si α et f sont continues alors α.f est continue.
dém. :
Par opérations sur les limites en tout point a ∈ X.
Exemple L’application
K×E → E
p:
(λ, x) 7→ λ.x
est continue.
En effet les applications α : (λ, x) 7→ λ et f : (λ, x) 7→ x sont continues donc p = α.f l’est aussi.
Théorème
Soient f : X ⊂ E → F et g : Y ⊂ F → G telle que f (X) ⊂ Y .
Si f et g sont continues alors g ◦ f est continue.
dém. :
Par opérations sur les limites en tout point a ∈ X.
sin(x + y 2 )
Exemple La fonction f : (x, y) 7→ est continue sur R2 par opérations sur les
2 + ln(1 + x2 + y 2 )
fonctions continues.
xy
Exemple Soit f (x, y) = si (x, y) 6= (0, 0) et f (0, 0) = 0.
x2 + y2
Pour tout y ∈ R.
xy
Si y 6= 0 alors x 7→ f (x, y) = est continue.
x2
+ y2
Si y = 0 alors x 7→ f (x, y) = 0 est continue.
Par symétrie on a aussi, pour tout x ∈ R, y 7→ f (x, y) est continue.
Ainsi la fonction f est « continue en x et en y ».
Cependant la fonction f n’est pas continue puisque f (1/n, 1/n) = 1/2 6 →f (0, 0).
Théorème
Si F est de dimension finie alors f : X ⊂ E → F est continue si, et seulement si, ses fonctions
coordonnées dans une base de F le sont.
Théorème
Si F est un espace normé produit alors f : X ⊂ E → F est continue si, et seulement si, ses
fonctions coordonnées le sont.
Proposition
LC(E, F ) est un K-espace vectoriel et LC(E) est une K-algèbre.
dém. :
LC(E, F ) = L(E, F ) ∩ C(E, F ) est un sous-espace vectoriel de F(E, F ).
LC(E) est un sous-espace vectoriel de L(E) contenant IdE et vérifiant
∀u, v ∈ LC(E), u ◦ v ∈ LC(E)
Théorème
Soit une application linéaire u : E → F . On a équivalence entre :
(i) u est continue ;
(ii) u est continue en 0E ;
(iii) ∃k > 0, ∀x ∈ E, ku(x)kF 6 k kxkE [lipschitzianité en 0] ;
(iv) u est lipschitzienne.
dém. :
(i) ⇒ (ii) : ok
(ii) ⇒ (iii) : Supposons u continue en 0.
Pour ε = 1, il existe α > 0 tel que
∀x ∈ E, kxk 6 α ⇒ ku(x)k 6 1
Posons k = 1/α ∈ R+ et montrons que
∀x ∈ E, ku(x)k 6 k kxk
Pour x = 0 : ok
α
Pour x 6= 0, posons x0 = x. On a kx0 k 6 α donc ku(x0 )kF 6 1.
kxk
α 1
Or ku(x0 )k = ku(x)k donc puis ku(x)k 6 kxk.
kxk α
(iii) ⇒ (iv) : Supposons qu’il existe k > 0 tel que ku(x)k 6 k kxk pour tout x ∈ E.
Pour x, y ∈ E,
ku(x) − u(y)k = ku(x − y)k 6 k kx − yk
donc u est lipschitzienne.
(iv) ⇒ (i) : ok
Exemple Soient E = C([0, 1] , K) et u : E → K définie par u(f ) = f (1).
u est une forme linéaire sur E.
Cas k . kE = k . k∞ .
Pour tout f ∈ E, |u(f )| = |f (1)| 6 kf k∞ donc u est continue.
Cas k . kE = k . k1 .
1
Pour fn : t 7→ tn , |u(fn )| = 1 et kfn k1 = → 0.
n+1
Par suite u n’est pas continue.
et donc
ku(x)k 6 |x1 | ku(e1 )k + · · · + |xn | ku(en )k 6 k kxk
avec k = ku(e1 )k + · · · + ku(en )k.
Corollaire
Si E est de dimension finie LC(E, F ) = L(E, F ) et LC(E) = L(E)
∀x ∈ E, ku(x)k 6 k kxk
Nous allons définir le plus petit k tel que cette propriété soit vérifiée.
Définition
On pose kukLC(E,F ) = sup ku(x)kF appelé norme d’opérateur de u et simplement
kxkE 61
noté kuk.
Théorème
Si u ∈ LC(E, F ) alors ∀x ∈ E, ku(x)k 6 kuk kxk.
dém. :
Pour x = 0E : ok.
1 1
Pour x 6= 0E , on introduit x0 = x. On a kx0 k = 1 donc ku(x0 )k 6 kuk. Or ku(x0 )k = ku(x)k
kxk kxk
donc ku(x)k 6 kuk kxk.
Corollaire
kuk est le plus petit k ∈ R+ vérifiant
∀x ∈ E, ku(x)k 6 k kxk
Théorème
L’application u 7→ kuk définit une norme sur LC(E, F ).
dém. :
k . k : LC(E, F ) → R+
kuk = 0 ⇒ ∀x ∈ E, ku(x)k 6 kuk kxk = 0 donc u(x) = 0 puis u = õ.
kλuk = sup kλu(x)k = sup |λ| ku(x)k = |λ| kuk
kxk61 kxk61
ku + vk = sup k(u + v)(x)k 6 sup (ku(x)k + kv(x)k) 6 kuk + kvk.
kxk61 kxk61
Théorème
∀u ∈ LC(E, F ), ∀v ∈ LC(F, G), v ◦ u ∈ LC(E, G) et kv ◦ uk 6 kvk kuk.
dém. :
∀x ∈ E, k(v ◦ u)(x)k 6 kvk ku(x)k 6 kvk kuk kxk donc kv ◦ uk 6 kvk kuk.
Corollaire
L’application u 7→ kuk définit une norme d’algèbre sur LC(E).
ku(x)kF
kuk = sup
x6=0E kxkE
dém. :
Pour x 6= 0E , on a ku(x)kF 6 kuk kxkE donc
ku(x)kF
6 kuk
kxkE
On a Z x Z x
|u(f )(x)| 6 |f (t)| dt 6 kf k∞ dt 6 (b − a) kf k∞
a a
donc
ku(f )k∞ 6 (b − a) kf k∞
Ainsi u est continue et kuk 6 (b − a).
Soit f : x 7→ 1.
f ∈ E, kf k∞ = 1, u(f ) : x 7→ x − a et ku(f )k∞ = b − a.
ku(f )k
Par suite 6 kuk donne (b − a) 6 kuk et on peut conclure kuk = b − a.
kf k
Si x = 0E ou y = 0F : ok
α α
Sinon, on pose x0 = x et y 0 = y. On a k(x0 , y 0 )k = α donc kb(x0 , y 0 )k 6 1.
kxk kyk
α2 1
Or kb(x0 , y 0 )k = kb(x, y)k donc kb(x, y)k 6 2 kxk kyk.
kxk kyk α
(iii) ⇒ (i) Supposons qu’il existe k ∈ R+ tel que kb(x, y)k 6 k kxk kyk pour tout x ∈ E et y ∈ F .
Soit (x0 , y0 ) ∈ E × F .
kb(x, y) − b(x0 , y0 )k = kb(x, y) − b(x0 , y)k + kb(x0 , y) − b(x0 , y0 )k
donc
kb(x, y) − b(x0 , y0 )k = kb(x − x0 , y)k + kb(x0 , y − y0 )k 6 k kx − x0 k kyk + k kx0 k ky − y0 k
Quand (x, y) → (x0 , y0 ), b(x, y) → b(x0 , y0 ) et donc b est continue en (x0 , y0 ).
Exemple Si E est une algèbre normée × : E × E → E est continue car kxyk 6 kxk kyk.
Corollaire
Si E et F sont de dimensions finies alors toute application bilinéaire au départ de E × F est
continue.
dém. :
Si E = {0E } ou F = {0E } : ok
Sinon, on introduit B = (e1 , . . . , en ) une base de E, C = (f1 , . . . , fp ) une base de F et on considère
k . kE = k . k∞,B et k . kF = k . k∞,C .
X n X p
Pour x = xi ei ∈ E et y = yj fj ∈ F on a
i=1 j=1
p
n X
X
b(x, y) = xi yj b(ei , fj )
i=1 j=1
donc
kb(x, y)k 6 k kxk kyk
p
n X
X
avec k = kb(ei , fj )k.
i=1 j=1
Théorème
Soit m : E = E1 × · · · × Ep → F une application multilinéaire. On a équivalence entre :
(i) m est continue ;
(ii) ∃k ∈ R+ , ∀x = (x1 , . . . , xp ) ∈ E, km(x)kF 6 k kx1 kE1 · · · kxp kEp .
dém. :
Même principe qu’au dessus.
Corollaire
Les applications multilinéaires au départ d’un produit d’espaces dimensions finies sont
continues.
dém. :
Semblable à l’étude relative à la bilinéarité.
Théorème
k . k est une norme d’algèbre sur Mn (K) vérifiant
dém. :
kAk = kϕA k.
Exemple Pour kXk = max |xj |, on a
16j6n
n
X
kAk = max |ai,j |
16i6n
j=1
x1 y1
n
. . X
En effet pour X = . et Y = . = AX, on a pour tout i ∈ {1, . . . , n}, yi = ai,j xj et
. .
j=1
xn yn
donc
n
X n
X
|yi | 6 |ai,j | |xj | 6 |ai,j | kXk∞ 6 k kXk∞
j=1 j=1
n
X
avec k = max |ai,j |.
16i6n
j=1
Ainsi kY k∞ 6 k kXk∞ donc kAk 6 k.
n
X
Inversement, soit i0 l’indice tel que k = |ai0 ,j | et soit X la colonne définie de sorte que pour tout
j=1
j ∈ {1, . . . , n}, |xj | = 1 et ai,j xj = |ai,j |.
On a kXk∞ = 1 et pour Y = AX, les calculs précédents donne |yi | 6 k kXk∞ = k.
X n n
X
Or on a aussi par construction yi0 = ai0 ,j xj = |ai0 ,j | = k donc kY k∞ = k
j=1 j=1
kAXk∞
Par suite = k puis kAk = k.
kXk∞
K désigne R ou C
(E, k . k) désigne un K-espace vectoriel normé.
Les notions qui suivront ne seront pas modifiées lorsqu’on passe d’une norme à une norme équivalente.
13.1 Parties ouvertes et parties fermées
13.1.1 Voisinage
Définition
On appelle voisinage d’un élément a de E toute partie V de E vérifiant
∃α > 0, B(a, α) ⊂ V
Exemple
Proposition
Si V est un voisinage de a et W une partie de E contenant V alors W est un voisinage de a.
dém. :
Il existe α > 0 tel que B(a, α) ⊂ V or V ⊂ W donc B(a, α) ⊂ W
401
13.1. PARTIES OUVERTES ET PARTIES FERMÉES
Proposition
Si V1 , . . . , Vn sont des voisinages de a alors V1 ∩ . . . ∩ Vn est un voisinage de a.
dém. :
Il existe α1 , . . . , αn > 0 tels que pour tout i ∈ {1, . . . , n}, B(a, αi ) ⊂ Vi .
Pour α = min {α1 , . . . , αn } > 0, B(a, α) ⊂ V1 ∩ . . . ∩ Vn .
Remarque Ce résultat est faux pour une intersection infinie. Par exemple
\
[−1/n, 1/n] = {0}
n∈N?
∀a ∈ U, ∃α > 0, B(a, α) ⊂ U
Exemple
Exemple Dans E = R, les intervalles ouverts ]a, b[ , ]a, +∞[ , ]−∞, a[ sont des parties ouvertes.
Proposition
Une réunion (finie ou infinie) de parties ouvertes est une partie ouverte.
dém. : [
Soient (Ui )i∈I une famille de parties ouvertes de E et U = Ui .
i∈I
Soit a ∈ U , il existe i ∈ I tel que a ∈ Ui . Puisque Ui est un ouvert, il existe α > 0 tel que B(a, α) ⊂ Ui
et donc B(a, α) ⊂ U .
[
Exemple Soient X ⊂ E et α > 0. Xα = B(a, α) est un ouvert de E contenant X.
a∈X
Proposition
Une intersection finie de parties ouvertes est une partie ouverte.
dém. :
n
\
Soit (Ui )16i6n une famille finie de parties ouvertes de E et U = Ui .
i=1
Soit a ∈ U . Pour tout i ∈ {1, . . . , n}, il existe αi > 0 tel que a ∈ Ui . Pour α = min {α1 , . . . , αn } > 0,
on a pour tout i ∈ {1, . . . , n}, B(a, α) ⊂ B(a, αi ) ⊂ Ui donc B(a, α) ⊂ U .
Remarque Une intersection infinie de parties ouvertes peut ne pas être ouverte. Par exemple
\
]−1/n, 1/n[ = {0}
n∈N?
Proposition
Si U1 , . . . , Up sont des parties ouvertes des espaces normés E1 , . . . , Ep alors U = U1 ×· · ·×Up
est une partie ouverte de l’espace normé produit E = E1 × · · · × Ep .
dém. :
Commençons par préciser les boules de E.
Notons N1 , . . . , Np les normes sur E1 , . . . , Ep et k . k la norme sur E.
Pour x = (x1 , . . . , xp ) ∈ E, kxk = max Nj (xj ).
16j6p
Soient a = (a1 , . . . , ap ) et r > 0.
Ainsi
p
Y
B(a, r) = Bj (aj , r)
j=1
tel que Bj (aj , αj ) ⊂ Uj . Considérons alors α = min {α1 , . . . , αp } > 0. Pour tout j ∈ {1, . . . , p},
Bj (aj , α) ⊂ Uj donc
Yp p
Y
B(a, α) = Bj (aj , α) ⊂ Uj = U
j=1 j=1
Exemple
Exemple Dans E = R, les intervalles fermés [a, b] , [a, +∞[ , ]−∞, a] sont des parties fermées de R.
Proposition
Une intersection (finie ou infinie) de parties fermées est un fermé.
dém. :
Par passage au complémentaire d’une union d’ouverts.
Proposition
Une union finie de parties fermées est fermée.
dém. :
Par passage au complémentaire d’une intersection d’ouverts.
Remarque Une union infinie de parties fermées peut ne pas être fermée. Par exemple
[
[1/n, 1] = ]0, 1]
n∈N?
Théorème
Soit F une partie de E. On a équivalence entre :
(i) F est fermée ;
(ii) ∀(xn ) ∈ F N , xn → a ⇒ a ∈ F [F contient les limites de ses suites convergentes].
dém. :
(i) ⇒ (ii) Par contraposée.
Supposons qu’il existe (xn ) ∈ F N telle que xn → a et a ∈/ F.
Soit α > 0. Pour n assez grand kxn − ak < α donc xn ∈ B(a, α) et donc B(a, α) ∩ F 6= ∅.
Ainsi a ∈ CE F et
∀α > 0, B(a, α) 6⊂ CE F
La partie CE F n’est pas ouverte et donc F n’est pas fermée.
(ii) ⇒ (i) Par contraposée.
Supposons F non fermée i.e. CE F non ouvert.
Il existe a ∈ CE F tel que
∀α > 0, B(a, α) ∩ F 6= ∅
Soit n ∈ N. Pour α = 1/(n + 1) > 0, il existe xn ∈ B(a, 1/(n + 1)) ∩ F .
En faisant varier n, ceci détermine (xn ) ∈ F N tel que xn → a avec a ∈
/ F.
Proposition
Si F1 , . . . , Fp sont des parties fermées des espaces vectoriels normés E1 , . . . , Ep alors F =
F1 × . . . × Fp est une partie fermée de l’espace vectoriel normé produit E = E1 × · · · × Ep .
dém. :
Soit (x(n)) ∈ F N une suite convergente de limite a.
On peut écrire x(n) = (x1 (n), . . . , xp (n)) avec xj (n) → aj où a = (a1 , . . . , ap ).
Pour tout j ∈ {1, . . . , p}, (xj (n)) ∈ FjN , or Fj est fermée donc aj ∈ Fj puis a ∈ F .
Exemple
Proposition
Soit A une partie de X. On a équivalence entre :
(i) A est un voisinage de a relatif à X ;
(ii) il existe α > 0 tel que B(a, α) ∩ X ⊂ A.
dém. :
(i) ⇒ (ii) Si A est un voisinage de a relatif à X alors il existe V voisinage de a tel que A = V ∩ X. Il
existe α > 0 tel B(a, α) ⊂ V et alors B(a, α) ∩ X ⊂ A.
(ii) ⇒ (i) Supposons qu’il existe α > 0 tel que B(a, α) ∩ X ⊂ A. Pour V = B(a, α) ∪ A, V est un
voisinage de A et V ∩ X = (B(a, α) ∩ X) ∪ (A ∩ X) = A.
Définition
On appelle ouvert relatif à X tout ensemble de la forme U ∩ X avec U ouvert de E.
Exemple
Proposition
Soit A une partie de X. On a équivalence entre :
(i) A est un ouvert relatif à X ;
(ii) A est voisinage relatif à X de chacun de ses points.
dém. :
(i) ⇒ (ii) Si A est un ouvert relatif à X alors A = U ∩ X avec U ouvert.
Pour tout a ∈ A, a ∈ U or U est ouvert donc U est voisinage de a et A = U ∩ X est voisinage de a
relatif à X.
(ii) ⇒ (i) Supposons (ii)
Soit a ∈ A. A est un voisinage relatif à X de a donc il existe αa > 0 tel que B(a, αa ) ∩ X ⊂ A.
Posons alors
[
U= B(a, αa )
a∈A
Définition
On appelle fermé relatif à X tout ensemble de la forme F ∩ X avec F fermé de E.
Exemple
Exemple ]0, 1] est un fermé relatif de ]0, +∞[ car ]0, 1] = ]0, +∞[ ∩ [0, 1].
Proposition
Soit A une partie de X. On a équivalence entre :
(i) A est un fermé relatif à X ;
(ii) le complémentaire de A dans X est un ouvert relatif à X ;
dém. :
(i) ⇔ (ii) car A = F ∩ X donne X\A = CE F ∩ X.
Proposition
Soit A une partie de X. On a équivalence entre :
(i) A est un fermé relatif à X ;
(ii) A contient les limites de ses suites convergeant dans X.
dém. :
(i) ⇒ (ii) Supposons A = F ∩ X avec F fermé. Si (xn ) ∈ AN converge vers x ∈ X alors puisque
(xn ) ∈ F N , on a x ∈ F donc x ∈ F ∩ X = A.
(ii) ⇒ (i) Par contraposée. Supposons que le complémentaire de A dans X n’est pas un ouverte relatif à
X. Il existe alors a ∈ X\A tel que X\A n’est pas voisinage relatif à X de a. Pour tout α > 0, on a alors
B(a, α) ∩ X 6⊂ X\A et donc B(a, α) ∩ A 6= ∅. Cette propriété utilisée avec α = 1/(n + 1) permet de
construire une suite (xn ) ∈ AN tel que xn → a ∈ X\A.
Lemme
Soient f : X ⊂ E → F et a ∈ E adhérent à X.
On a équivalence entre :
(i) f −
→ `;
a
(ii) Pour tout voisinage V de `, f −1 (V ) est un voisinage de a relatif à X.
dém. :
(i) ⇒ (ii) Supposons f −
→ `.
a
Soit V un voisinage de `. Il existe ε > 0 tel que B(`, ε) ⊂ V . Or il existe α > 0 tel que B(a, α) ∩ X ⊂
f −1 (B(`, ε)) donc B(a, α) ∩ X ⊂ f −1 (V ) et par suite f −1 (V ) est un voisinage de a relatif à X.
(ii) ⇒ (i) Supposons (ii).
Soit ε > 0. Pour V = B(`, ε), V est un voisinage de ` donc f −1 (V ) est un voisinage de a relatif à X et
donc on peut alors conclure que f − → `.
a
Théorème
Soit f : X ⊂ E → F . On a équivalence entre :
(i) f est continue ;
(ii) l’image réciproque de chaque ouvert de F est un ouvert relatif à X ;
(iii) l’image réciproque de chaque fermé de F est un fermé relatif à X.
dém. :
(i) ⇒ (ii) Supposons f continue et considérons V un ouvert de F . Pour tout a ∈ f −1 (V ), f (a) ∈ V or V
est ouvert donc V est voisinage de f (a) et donc f −1 (V ) est voisinage de a relatif à X. Par suite f −1 (V )
est ouvert relatif à X car voisinage de chacun de ses points.
(ii) ⇒ (i) Supposons (ii). Pour tout a ∈ X et tout ε > 0 considérons V = B(f (a), ε) ouvert de F .
f −1 (V ) est un ouvert relatif à X. Or a ∈ f −1 (V ) donc f −1 (V ) est un voisinage de a relatif à X et donc
il existe α > 0 tel que B(a, α) ∩ X ⊂ f −1 (B(`, ε)). On a alors pour tout x ∈ X, kx − ak < α ⇒
kf (x) − `k < ε.
(ii) ⇔ (iii) via f −1 (CF Y ) = CX f −1 (Y ) pour Y ⊂ F .
Remarque Le résultat est faux en terme d’image directe sin(]0, π[) = ]0, 1] et exp(R− ) = ]0, 1].
Corollaire
Pour f : E → F continue, l’image réciproque d’une partie ouverte (resp. fermée) de F est une
partie ouverte de E (resp. fermée).
dém. :
Car un ouvert (resp. un fermé) relatif à E est un ouvert (resp. un fermé) de E.
Les ensembles {x ∈ E/f (x) = α}, {x ∈ E/f (x) 6 α} et {x ∈ E/f (x) > α} sont fermés.
Les ensembles {x ∈ E/f (x) 6= α}, {x ∈ E/f (x) < α} et {x ∈ E/f (x) > α} sont ouverts.
∃α > 0, B(a, α) ⊂ X
Exemple
Exemple L’intérieur d’un intervalle non vide est l’intervalle ouvert de mêmes extrémités.
Théorème
X ◦ est la réunion des ouverts inclus dans X.
Par suite X ◦ est le plus grand ouvert inclus dans X.
dém. :
Notons U la réunion des ouverts inclus dans X.
U est un ouvert inclus dans X et U contient tous les ouverts inclus dans X. Montrons U = X ◦
U est un ouvert inclus dans X donc X est voisinage de chacun des points de U et donc U ⊂ X ◦ .
Inversement, si a ∈ X ◦ il existe α > 0 tel que B(a, α) ⊂ X. B(a, α) est alors un ouvert inclus dans X
donc B(a, α) ⊂ U puis a ∈ U . Ainsi X ◦ ⊂ U puis =.
Corollaire
Une partie X est ouverte si, et seulement si, X ◦ = X.
dém. :
Si X est une partie ouverte alors le plus grand ouvert inclus dans X est X et donc X ◦ = X.
Si X ◦ = X alors X est une partie ouverte car un intérieur est un ouvert.
Définition
On dit qu’un élément a est adhérent à X si X intercepte tous les voisinages de a i.e. :
∀α > 0, B(a, α) ∩ X 6= ∅
Exemple
Exemple L’adhérence d’un intervalle non vide est l’intervalle fermé de mêmes extrémités.
Exemple L’adhérence d’une boule ouverte est la boule fermée de mêmes centre et rayon.
En effet, si x ∈ B(a, r) alors il existe (xn ) ∈ B(a, r)N telle que xn → x et l’inégalité kxn − ak < r
donne à la limite kx − ak 6 r donc x ∈ B̄(a, r).
Inversement, si x ∈ B̄(a, r) alors x = lim(xn ) avec
n
xn = a + (x − a) ∈ B(a, r)
n+1
Proposition
On a
◦
CE X̄ = (CE X)
dém. :
◦
x ∈ CE X̄ ⇔ x ∈
/ X̄ ⇔ ∃α > 0, B(a, α) ∩ X̄ = ∅ ⇔ ∃α > 0, B(a, α) ⊂ CE X ⇔ a ∈ (CE X) .
Théorème
X̄ est l’intersection des fermés contenant X.
Par suite X̄ est le plus petit fermé contenant X.
dém. :
Le complémentaire de l’intersection des fermés contenant X est la réunion des ouverts inclus dans le
complémentaire de X, c’est donc l’intérieur du complémentaire de X.
Corollaire
Une partie X est fermée si, et seulement si, X̄ = X.
dém. :
Si X est une partie fermée alors X est le plus petit fermé contenant X et donc X̄ = X.
Si X̄ = X alors X est une partie fermée car une adhérence est un fermé.
¯ = X̄.
Exemple X̄
13.2.3 Frontière
Définition
On appelle frontière d’une partie X de E l’ensemble Fr(X) = X̄\X ◦ .
Exemple
Exemple Dans E = R :
Fr ([a, b[) = [a, b] \ ]a, b[ = {a, b}.
Fr (Q) = Q̄\Q◦ = R.
Proposition
Fr(X) = X̄ ∩ CE X = Fr(CE X) et donc Fr(X) est une partie fermée.
dém. :
Fr(X) = X̄\X ◦ = X̄ ∩ CE (X ◦ ) = X̄ ∩ CE X.
∀t ∈ [0, 1] , γ(t) ∈ X
Définition
Une partie X de E est dite connexe par arcs si, pour tout a, b ∈ X, il existe un chemin inscrit
dans X d’extrémités a et b.
Exemple
Proposition
Les parties convexes sont connexes par arcs.
dém. :
Soit X une partie convexe.
Pour tout a, b ∈ X, [a, b] = {(1 − λ)a + λb/λ ∈ [0, 1]} ⊂ X.
Considérons alors γ : t ∈ [0, 1] 7→ γ(t) = (1 − t)a + tb.
γ est continue, γ(0) = a, γ(1) = b et γ ([0, 1]) ⊂ A.
Exemple Les boules, les sous-espaces vectoriels et les sous-espaces affines sont des parties connexes
par arcs car convexes.
Remarque - la réunion de deux connexes par arcs non disjoints est évidemment connexe par arcs ;
- l’intersection de deux connexes par arcs ne l’est pas nécessairement. ;
- le produit cartésien de deux connexes pas arcs est connexe par arcs.
Théorème
L’image directe d’un connexe par arcs par une application continue est connexe par arcs.
dém. :
Soit f : X ⊂ E → F continue avec X connexe par arcs.
Pour a0 , b0 ∈ f (X), il existe a, b ∈ X tels que a0 = f (a) et b0 = f (a).
Puisque X est connexe par arcs, il existe γ : [0, 1] → E continue telle que γ(0) = a, γ(1) = b et
γ ([0, 1]) ⊂ X.
Considérons alors γ 0 = f ◦ γ : [0, 1] → F . γ 0 est continue, γ 0 (0) = a0 , γ 0 (1) = b0 et γ 0 ([0, 1]) =
f (γ ([0, 1])) ⊂ f (X).
Exemple Le cercle U = {z ∈ C/ |z| = 1} est connexe par arcs.
En effet c’est l’image du connexe R par l’application continue t 7→ eit .
Exemple GLn (R) n’est pas connexe par arcs car det GLn (R) = R? et R? n’est pas connexe par arcs.
La fonction v : X → R définie par v(x, y) = f (y) − f (x) est continue et ne s’annule pas en vertu de
l’injectivité de f . L’image par v de X est donc un intervalle de R qui ne contient pas 0. Par suite
v(X) ⊂ R+? ou v(X) ⊂ R−? et dans les deux cas f est strictement monotone.
13.4 Densité
13.4.1 Définition
Définition
Une partie X de E est dite dense si X̄ = E.
Théorème
On a équivalence entre :
(i) X est une partie dense de E ;
(ii) ∀a ∈ E, ∀α > 0, B(a, α) ∩ X 6= ∅ ;
(iii) ∀a ∈ E, ∃(an ) ∈ X N , an → a.
dém. :
(ii) et (iii) signifient E ⊂ X̄.
Exemple Q et R\Q sont des parties denses de R.
Définition
Une partie X 0 de E est dite dense dans X si X ⊂ X 0 .
Soit f solution.
On a f (0 + 0) = f (0) + f (0) donc f (0) = 0.
On a f (2a) = f (a + a) = f (a) + f (a) = 2f (a),. . .
Par récurrence, on montre
∀a ∈ R, ∀n ∈ N, f (na) = nf (a)
Puisque f (x) + f (−x) = f (0) = 0 on a f (−x) = −f (x).
Par suite, on a
∀a ∈ R, ∀n ∈ Z, f (na) = nf (a)
Soit x = p/q ∈ Q avec p ∈ Z et q ∈ N? .
p
f (x) = pf (1/q) et f (1) = qf (1/q) donc f (x) = f (1) = αx en posant α = f (1).
q
Les fonctions x 7→ f (x) et x 7→ αx sont continues sur R et coïncident sur la partie Q dense dans R,
elles sont donc égales sur R.
Corollaire
Toute fonction continue sur [a, b] peut s’exprimer comme limite uniforme d’une suite de
fonctions polynomiales.
Corollaire
P([a, b] , K) est dense dans C([a, b] , K) normé par k . k∞ .
dém. :
Remarque Puisque k . k1 et k . k2 sont dominés par k . k∞ , ces résultats de densité valent encore pour
ces normes.
N ∞ k.k
Il existe une suite (Pn ) ∈ R [X] telle que Pn −−−− → f.
On a alors Z 1 Z 1 Z 1
2
P n (t)f (t) dt − f (t) dt 6
|Pn (t) − f (t)| |f (t)| dt
0 0 0
et donc Z 1 Z 1 Z 1
f 2 (t) dt 6 kPn − f k∞
Pn (t)f (t) dt − |f (t)| dt → 0
0 0 0
Ainsi Z 1 Z 1
Pn (t)f (t) dt → f 2 (t) dt
0 0
Z 1
et puisque Pn (t)f (t) dt = 0, on en déduit
0
Z 1
f 2 (t) dt = 0
0
Par nullité de l’intégrale d’une fonction continue et positive, on peut conclure f = 0.
D’autre part
Z b Z b
1 b 1
g(t)eint dt = g(t)e−int a + g 0 (t)e−int dt
a in in a
et donc Z
b |g(a)| + |g(b)| 1 b 0
Z
C te
−int
g(t)e dt = + |g (t)| dt = →0
n n a n
a
Ainsi il existe N ∈ N tel que Z
b
−int
∀n > N, g(t)e dt 6 ε
a
puis Z
b
−int
∀n > N, f (t)e dt 6 (b − a + 1)ε
a
Théorème
Les sous-groupes de (R, +) sont de la forme aZ avec a ∈ R ou bien sont des parties denses
dans R.
dém. :
Soit H un sous-groupe de (R, +).
Si H = {0} alors H = aZ avec a = 0.
Sinon, il existe h ∈ H tel que h 6= 0 et, quitte à considérer son opposé, on peut supposer h > 0.
Posons alors a = inf H + avec H + = {h ∈ H/h > 0}.
Cette borne inférieure existe car H + est une partie de R non vide et minorée.
Cas a > 0 :
Montrons H = aZ.
Commençons par justifier a ∈ H.
Puisque a = inf H + , 2a n’est pas minorant de H + et donc il existe b ∈ H + tel que a 6 b < 2a.
Si b > a alors b − a > 0 or, par opération dans le sous-groupe H, on a b − a ∈ H. Ainsi b − a ∈ H + .
Cependant b − a < a = inf H + , c’est absurde.
On en déduit b = a et, puisque b ∈ H + , on obtient a ∈ H.
Sachant a ∈ H, on peut affirmer aZ = hai ⊂ H.
Inversement, soit x ∈ H.
Par division euclidienne, on peut écrire x = aq + r avec a ∈ Z et r ∈ [0, a[.
Notons que r = x − aq ∈ H car x ∈ H et aq ∈ aZ ⊂ H.
Si r > 0 alors r ∈ H + . Or r < a = inf H + . C’est absurde.
On en déduit r = 0 puis x = aq ∈ aZ.
Par double inclusion, on obtient H = aZ.
Cas a = 0 :
Montrons que H est dense dans R.
Soient x ∈ R et ε > 0.
Puisque inf H + = 0, il existe h ∈ H + tel que 0 < h < ε.
Posons alors n = E (x/h) ∈ Z.
On a x/h − 1 < n 6 x/h donc x − h < nh 6 x puis nh ∈ ]x − ε, x].
Or nh ∈ H donc on peut affirmer H ∩ ]x − ε, x + ε[ 6= ∅.
Exemple Montrons que {cos(n)/n ∈ N} est dense dans [−1, 1].
Considérons H = Z + 2πZ.
H est un sous-groupe de (R, +).
S’il est de la forme aZ avec a ∈ R alors, puisque Z ⊂ H = aZ, on a a ∈ Q.
De plus, puisque 2πZ ⊂ H = aZ, on a aussi π ∈ aQ.
On en déduit que π est rationnel.
C’est absurde.
On peut donc affirmer que H = Z + 2πZ est un sous-groupe dense dans R.
Considérons alors x ∈ [−1, 1] et θ = arccos x ∈ [0, π] ⊂ R.
Il existe une suite d’éléments de H convergeant vers θ et donc il existe deux suites d’entiers (an ) et (bn )
telles que an + 2πbn → θ.
On a alors cos(|an |) = cos(an + bn ) → cos θ = x.
Compacité et complétude
K désigne R ou C.
(E, k . k) désigne un K-espace vectoriel normé.
14.1 Compacité
14.1.1 Suite extraite
Définition
On appelle extractrice toute application ϕ : N → N strictement croissante.
Proposition
Si ϕ : N → N est une extractrice alors
∀k ∈ N, ϕ(k) > k
dém. :
Par récurrence sur k ∈ N obtenue en exploitant ϕ(k + 1) > ϕ(k) + 1 car ϕ(k + 1) > ϕ(k) avec
ϕ(k + 1) ∈ N
Définition
On appelle suite extraite (ou sous-suite) d’une suite u = (un )n∈N d’éléments E toute suite
v = (vk )k∈N pour laquelle il existe une extractrice ϕ vérifiant
∀k ∈ N, vk = uϕ(k)
Remarque En posant nk = ϕ(k), une suite extraire peut se percevoir comme une suite (unk )k∈N avec
nk < nk+1 .
421
14.1. COMPACITÉ
Proposition
Si w est une suite extraire d’une suite v extraite d’une suite u alors w est extraite de u.
dém. :
On suppose (vk ) = (uϕ(k) ) et (w` ) = (vψ(`) ) avec ϕ et ψ extractrices.
On a alors (w` ) = (uθ(`) ) avec θ = ϕ ◦ ψ extractrice.
Proposition
Si (un ) converge vers ` alors toute suite extraite de (un ) converge aussi vers `.
dém. :
Soit (vk ) = (uϕ(k) ) une suite extraite de (un ) avec un → `.
Soit ε > 0. Il existe N ∈ N tel que pour tout n > N
, kun − `k
6 ε.
Or pour k > N , ϕ(k) > k > N donc kvk − `k =
uϕ(k) − `
6 ε.
Ainsi vk → `.
1
Exemple Soit un = (−1)n + . u2n → 1 et u2n+1 → −1 donc Adh(u) = {1, −1}.
n+1
Remarque Les valeurs d’adhérence d’une suite sont les valeurs au voisinage desquelles s’accumule une
infinité de termes de la suite.
Théorème
Toute suite bornée d’éléments de K admet au moins une valeur d’adhérence.
Remarque Dans une partie compacte K, on ne peut répartir les éléments d’une suite sans qu’il y ait
accumulation au voisinage d’un point de K.
Exemple Sur E = R,
[a, +∞[ n’est pas compact.
En effet la suite définie par un = a + n n’a pas de valeur d’adhérence.
]a, b] n’est pas compact.
En effet, la suite définie un = a + (b − a)/(n + 1) n’a qu’une valeur d’adhérence et celle-ci n’est pas
élément de ]a, b].
Théorème
Toute partie compacte est fermée et bornée.
dém. :
Soit K une partie compacte.
Montrons que K est fermée.
Soit (xn ) une suite convergente d’éléments de K et posons ` sa limite.
Puisque K est compact, (xn ) admet une valeur d’adhérence dans K, or puisque ` est la seule valeur
d’adhérence de la suite convergente (xn ), on peut conclure que ` ∈ K. En vertu de la caractérisation
séquentielle des parties fermées, on obtient K fermée.
Montrons que K est bornée.
Par l’absurde, supposons K non bornée. Pour tout n ∈ N, il existe xn ∈ K tel que kxn k > n. En faisant
varier n, cela détermine une suite (xn ) ∈ K N telle que kxn k → +∞. Or cette suite n’a pas de valeur
d’adhérence. Absurde.
Proposition
Toute partie fermée d’une partie compacte est elle-même compacte.
dém. :
Soit F une partie fermée d’un compact K.
Soit (xn ) une suite d’éléments de F . La suite (xn ) apparaît aussi comme une suite d’éléments du compact
K, elle admet donc une valeur d’adhérence ` ∈ K c’est-à-dire qu’il existe une extractrice ϕ telle que
xϕ(n) → `. La suite (xϕ(n) ) est une suite convergente d’éléments du fermé F donc ` ∈ F . Finalement,
(xn ) admet une valeur d’adhérence dans F .
Proposition
Si K1 , . . . , Kp sont des parties compactes d’espaces vectoriels normés E1 , . . . , Ep alors K =
K1 × · · · × Kp est une partie compacte de l’espace vectoriel normé produit E = E1 × · · · × Ep .
dém. :
Cas p = 2
Soit (un )n∈N une suite d’éléments de K1 × K2 .
Pour tout n ∈ N, on peut écrire un = (xn , yn ) avec xn ∈ K1 et yn ∈ K2 .
La suite (xn ) est une suite d’éléments du compact K1 donc elle admet une valeur d’adhérence x dans
K1 . Ainsi, il existe une extractrice ϕ telle que xϕ(n) → x avec x ∈ K1 .
La suite extraite (yϕ(n) ) est une suite d’éléments du compact K2 donc elle admet une valeur d’adhérence
y dans K2 . Ainsi, il existe une extractrice ψ telle que yϕ(ψ(n)) → y avec y ∈ K2 .
Or, par extraction d’une suite convergente, on a encore xϕ(ψ(n)) → x et donc uϕ(ψ(n)) = (xϕ(ψ(n)) , yϕ(ψ(n)) ) →
(x, y) avec (x, y) ∈ K1 , K2 . Finalement, toute suite d’éléments de K1 ×K2 admet une valeur d’adhérence
dans K1 × K2 .
Cas général
On généralise la démarche précédente en raisonnant par récurrence.
Corollaire
En dimension finie, toute suite bornée admet une valeur d’adhérence.
dém. :
Car une telle suite évolue dans une boule fermée qui est compacte.
Exemple Soient F une partie fermée non vide d’un K-espace vectoriel de dimension finie et x un
vecteur de E.
Montrons qu’il existe y ∈ F tel que d(x, F ) = ky − xk.
Par définition
d(x, F ) = inf ky − xk
y∈F
Remarque En dimension infinie les résultats qui précèdent ne sont plus valables.
Corollaire
Soit f : K ⊂ E → F .
Si K est une partie compacte et si f est continue alors f est bornée.
Ainsi C(K, F ) ⊂ B(K, F ).
dém. :
Une fonction continue sur un compact à une image compacte donc bornée.
Proposition
Toute fonction uniformément continue est continue.
dém. :
Qui peut le plus, peut le moins.
Proposition
Toute fonction lipschitzienne est uniformément continue.
dém. :
Supposons f : X ⊂ E → F lipschitzienne. Il existe k ∈ R+ tel que
∀x, y ∈ X, kf (y) − f (x)k 6 k ky − xk
Sans perte de généralité, on peut suppose k > 0.
Soit ε > 0. Pour α = ε/k > 0, on a
∀x, y ∈ X, ky − xk 6 α ⇒ kf (y) − f (x)k 6 ε
Théorème
Soit f : K ⊂ E → F .
Si K est une partie compacte et si f est continue alors f est uniformément continue.
dém. :
Par l’absurde supposons que f n’est pas uniformément continue.
Il existe ε > 0 tel que
∀α > 0, ∃x, y ∈ X, ky − xk 6 α et kf (y) − f (x)k > ε
1
Soit n ∈ N. Pour α = > 0, il existe xn , yn ∈ K vérifiant
n+1
1
kyn − xn k 6 et kf (yn ) − f (xn )k > ε
n+1
En faisant varier n, cela détermine deux suites (xn ) et (yn ) d’éléments de K telles que kyn − xn k → 0
et kf (yn ) − f (xn )k > ε. Puisque la suite
(xn ) évolue dans
le compact K, il existe une extractrice ϕ telle
que xϕ(n) → x avec x ∈ K. Puisque
yϕ(n) − xϕ(n)
→ 0, on a aussi yϕ(n) → x. Or f est continue
donc f (xn ) → f (x) et f (yn ) → f (x). En passant à la limite la relation kf (yn ) − f (xn )k > ε, on obtient
alors une absurdité.
Corollaire
Toute fonction continue de [a, b] vers F est uniformément continue.
dém. :
Car [a, b] est une partie compacte.
14.2 Complétude
14.2.1 Suite de Cauchy
Définition
Une suite (xn ) d’éléments de E est dite de Cauchy si elle vérifie :
Proposition
Toute suite convergente est de Cauchy.
dém. :
Supposons xn → `.
Pour tout ε > 0, il existe N ∈ N, tel que pour tout n > N , kxn − `k 6 ε/2.
Pour n, m > N on a alors kxn − xm k 6 kxn − `k + k` − xm k 6 ε.
Proposition
Toute suite de Cauchy est bornée.
dém. :
Supposons (xn ) de Cauchy.
Pour ε = 1, il existe N ∈ N, tel que pour tout m, n > N , kxm − xn k 6 1.
En particulier pour tout n > N , kxn k 6 1 + kxN k.
Pour M = max(kx0 k , . . . , kxN −1 k , 1 + kxN k) on a ∀n ∈ N, kxn k 6 M .
Proposition
Toute suite de Cauchy ayant une valeur d’adhérence converge vers celle-ci.
dém. :
Supposons (xn ) de Cauchy ayant une valeur d’adhérence `.
Il existe une extractrice ϕ telle que xϕ(n) → `.
Soit ε > 0. Il existe N ∈ N tel que ∀m, n >
N, kxm −
xn k 6 ε
De plus, il existe N 0 ∈ N
tel que ∀n > N 0 ,
x
ϕ(n) − `
6
ε.
0
Pour n > max(N, N ), xϕ(n) − xn 6 ε et xϕ(n) − `
6 ε donc kxn − `k 6 2ε.
14.2.2 Espace de Banach
Définition
Un espace normé (E, k . k) est dit complet si toute suite de Cauchy d’éléments de cet espace
converge.
On appelle espace de Banach tout espace normé complet.
On appelle algèbre de Banach toute algèbre normée complète.
Théorème
Tout K-espace vectoriel de dimension finie est un espace de Banach.
dém. :
Une suite de Cauchy d’un K-espace vectoriel de dimension finie est bornée, elle admet donc une valeur
d’adhérence et donc elle converge.
Théorème
Soit X un ensemble non vide.
L’algèbre B(X, K) normée par k . k∞ est une algèbre de Banach
dém. :
Soit (fn ) une suite de Cauchy d’éléments de B(X, K).
Soit ε > 0, il existe N ∈ N tel que pour tout m, n > N , kfm − fn k∞ 6 ε.
Pour x ∈ X, on a alors |fm (x) − fn (x)| 6 kfm − fn k∞ 6 ε.
Ainsi la suite (fn (x)) est une suite de Cauchy d’éléments de K. On peut affirmer que celle-ci converge.
Posons f (x) sa limite ce qui permet de définit f : X → K.
Montrons que f est bornée.
La suite (fn ) étant de Cauchy, elle est bornée donc il existe M ∈ R+ tel que ∀n ∈ N, kfn k∞ 6 M . On
a alors pour tout x ∈ X, |fn (x)| 6 kfn k∞ 6 M . En passant à la limite, on obtient |f (x)| 6 M et donc
f est bornée. Ainsi f ∈ B(X, K).
Montrons que fn → f pour k . k∞ .
Soit ε > 0, il existe N ∈ N tel que pour tout m, n > N , kfm − fn k∞ 6 ε.
Pour x ∈ X, on a alors |fm (x) − fn (x)| 6 kfm − fn k∞ 6 ε.
Quand m → +∞, on obtient |f (x) − fn (x)| 6 ε.
Ceci valant pour tout x ∈ X, on a encore kf − fn k∞ 6 ε.
Finalement la suite de Cauchy (fn ) converge.
Exemple Un sous-espace vectoriel F de dimension finie d’un espace normé E est une partie complète.
En effet la norme sur E induit une norme sur F . F muni de cette norme est un espace de Banach car de
dimension finie, c’est donc une partie complète de E.
Théorème
Les parties complètes sont fermées.
dém. :
Soit A une partie complète d’un espace normé E.
Soit (xn ) une suite convergente d’éléments de A.
Cette suite est de Cauchy et donc converge dans A car la partie A est complète.
Par la caractérisation séquentielle des parties fermées, A est fermée.
Corollaire
Les sous-espaces vectoriels de dimension finie d’un espace normé sont des parties fermées.
Théorème
Les parties fermées d’un espace de Banach sont complètes.
dém. :
Soit A une partie fermée d’un espace de Banach E.
Soit (xn ) une suite de Cauchy d’élément de A. (xn ) est une suite de Cauchy d’éléments de E or E est
complet donc (xn ) converge. Or A est une partie fermée donc la limite de (xn ) est élément de A. Ainsi,
on peut affirmer que (xn ) converge dans A.
Exemple C([a, b] , K) est un sous-espace vectoriel fermé de B([a, b] , K) muni de k . k∞ (car la limite
uniforme d’une suite de fonctions continues est continue) c’est donc une partie complète.
Proposition
Si f converge en a alors f vérifie le critère de Cauchy en a.
dém. :
Soit ε > 0. Il existe α > 0 tel que
∀x ∈ X, kx − ak 6 α ⇒ kf (x) − f (a)k 6 ε
On a alors
∀x, y ∈ X, kx − ak 6 α et ky − ak 6 α ⇒ kf (y) − f (x)k 6 2ε
Théorème
Si F est complet et si f vérifie le critère de Cauchy en a alors f converge en a.
dém. :
Soit (xn ) ∈ X N de limite a.
Soit ε > 0, il existe α > 0 tel que
donc
kf (xn ) − f (xm )k 6 ε
La suite (f (xn )) est donc de Cauchy, or F est complet donc la suite (f (xn )) converge. Montrons que sa
limite ne dépend pas la suite (xn ) convergeant vers a.
Soient (xn ) et (yn ) ∈ X N de limite a.
Par l’étude qui précède f (xn ) → `x et f (yn ) → `y .
Considérons (zn ) définie par z2n = xn et z2n+1 = yn .
(zn ) ∈ AN et zn → a donc f (zn ) → `z .
Par extraction et unicité de limite `x = `z = `y .
En notant ` la valeur commune des limites des suites (f (xn )) avec (xn ) ∈ X N convergeant vers a, la
caractérisation séquentielle des limite donne f −→ `.
a
14.3.1 Vocabulaire
Définition
Soit (un ) une suite d’éléments de E. On appelle série de terme général un la suite (Sn ) définie
par
Xn
Sn = uk
k=0
X
Cette série est notée un et Sn est appelé somme partielle de rang n de cette série.
X X 1
Exemple Soit A ∈ Mp (K), An et An sont des séries de matrices.
n!
Définition
X
On dit que la série un converge si la suite (Sn ) converge.
Sa limite S est alors appelée somme de la série et est notée
+∞
X
un
n=0
On introduit aussi
+∞
X
Rn = uk = S − Sn
k=n+1
Théorème
X
Si un est une série absolument convergente d’éléments d’un espace complet celle-ci
converge et
X+∞
X +∞
un
6 kun k
n=0 n=0
dém. :
n
X n
X
Posons Sn = uk et Tn = kuk k.
k=0 k=0
Puisque la suite (Tn ) converge, elle vérifie le critère de Cauchy.
Soit ε > 0, il existe N ∈ N tel que
∀n > N, ∀p > 0, |Tn+p − Tn | 6 ε
Or
n+p
X
Tn+p − Tn = kuk k
k=n+1
et
n+p
X
kSn+p − Sn k =
uk
6 Tn+p − Tn
k=n+1
donc
∀n > N, ∀p > 0, kSn+p − Sn k 6 ε
La suite (Sn ) vérifie le critère de Cauchy et donc converge puisque E est complet.
De plus pour tout n ∈ N
X n
X n
uk
6 kuk k
k=0 k=0
Corollaire
En dimension finie, les séries absolument convergentes sont convergentes.
dém. :
Car les espaces normés de dimensions finies sont complets.
Exemple Dans E = Mp (K) algèbre normée, considérons A ∈ Mp (K) vérifiant kAk < 1.
X (−1)n−1
La série An est absolument convergente.
n
n>1
En effet
(−1)n−1 n
A
= 1 kAn k 6 1 kAkn 6 kAkn
n
n n
X n
et la série numérique kAk converge car kAk < 1 donc, par comparaison de série à termes positifs,
il y a absolue convergence de la série
X (−1)n−1
An
n
n>1
Puisque l’espace Mp (K) est complet (car de dimension finie), cette série converge ce qui permet
d’introduire
+∞
X (−1)n−1 n
A
n=1
n
n
X
wn = uk vn−k
k=0
Théorème
X X
Si un et vn sont des séries absolument convergente d’une algèbre normée complète E
X
alors la série produit de Cauchy wn est absolument convergente et
+∞
! +∞
! +∞
X X X
un vn = wn
n=0 n=0 n=0
dém. :
On a
n
X
X n n
X
kwn k =
uk vn−k
6 kuk vn−k k = kuk k kvn−k k = tn
k=0 k=0 k=0
X X X
avec tn la série produit de Cauchy de kun k et kvn k. Puisque celles-ci sont des séries à termes
X
positifs convergentes, leur produit de Cauchy tn est convergent et
+∞ +∞
! +∞
!
X X X
tn = kun k kvn k
n=0 n=0 n=0
X
Par comparaisons de série à termes positifs, on peut affirmer que wn est absolument convergente.
De plus, pour n ∈ N,
n
X n
X n
X n
X k+`6n
X k,`6n
X
uk vk − wk = uk v` − uk v` = uk v`
k=0 k=0 k=0 k,`=0 k,`=0 k+`>n
Or
k,`6n
X
k,`6n
X k,`6n
X n
X n
X n
X
u v 6 ku v k 6 ku k kv k = ku k kv k − tk
k `
k ` k ` k k
k+`>n k+`>n k+`>n k=0 k=0 k=0
donc
n
X X n n
X
X n n
X n
X
uk vk − wk
6 kuk k kvk k − tk −−−−−→ 0
n→+∞
k=0 k=0 k=0 k=0 k=0 k=0
On en déduit ! !
+∞
X +∞
X +∞
X
un vn = wn
n=0 n=0 n=0
14.3.4 Séries de référence
Soit (E, k . k) une algèbre de Banach.
14.3.4.1 Série géométrique
Théorème
X
Pour a élément de E vérifiant kak < 1, la série géométrique an est absolument convergente
+∞
X
et sa somme an est l’inverse de l’élément 1E − a.
n=0
dém. : X X
n
kan k 6 kak avec kak ∈ [0, 1[ donc kan k CV et ainsi an est absolument convergente.
De plus pour tout n ∈ N,
Xn
(1E − a) ak = 1E − an+1
k=0
n+1
et an+1 → 0 car
an+1
6 kak
→ 0 donc à la limite on obtient
+∞
!
X
k
(1E − a) a = 1E
k=0
De même on a aussi !
+∞
X
k
a (1E − a) = 1E
k=0
Exemple Pour A ∈ Mp (K) vérifiant kAk < 1 (avec k . k norme d’algèbre) on a
+∞
X
An = (Ip − A)−1
n=0
Théorème
X 1
Pour tout a élément de E la série exponentielle an est absolument convergente.
n!
dém. :
On a
1 n
a
= 1 kan k 6 1 kakn
n!
n! n!
X 1
Or pour tout t ∈ R, la série exponentielle tn converge donc par comparaison de séries à termes
X 1 n!
positifs an est absolument convergente.
n!
Définition
On appelle exponentielle de a ∈ E la somme de cette série et on note
+∞
X 1 n
exp(a) = a
n=0
n!
Exemple exp(0E ) = 1E .
Théorème
Si a, b ∈ E commutent alors exp(a + b) = exp(a) exp(b).
dém. :
+∞ +∞
X 1 n X 1 n
exp(a) = a et exp(b) = b .
n=0
n! n=0
n!
Par produit de Cauchy de séries absolument convergentes
+∞ Xn
X 1 k 1
exp(a) exp(b) = a bn−k
n=0
k! (n − k)!
k=0
Or !
n n
X 1 k 1 1 X n 1
a bn−k = ak bn−k = (a + b)n
k! (n − k)! n! k n!
k=0 k=0
Corollaire
∀a ∈ E, exp(a) est inversible et exp(a)−1 = exp(−a).
Ainsi
eλ1
0
exp(A) =
..
.
0 eλn
Cas A diagonalisable : !
N N
−1 −1
X 1 k X 1 k
A = P DP k
avec D diagonale. A = P D P k
et A =P D P −1
k! k!
k=0 k=0
Ainsi
exp(A) = P exp(D)P −1
Cas A nilpotente :
Supposons Ap = On .
Pour N > p,
N p
X 1 k X 1 k
A = A
k! k!
k=0 k=0
Ainsi
p−1
X 1 k
exp(A) = A
k!
k=0
Exemple Soit
3 1 2
A= 1 1 1 ∈ M3 (R)
−2 −1 −1
On a χA = −(X − 1)3 et donc la matrice A est trigonalisable.
Par Cayley-Hamilton, on a (A − I3 )3 = O3 . Posons N = A − I3 .
On a A = I3 + N avec I3 et N commutant donc
1 2
exp(A) = exp(I3 ) exp(N ) = e I3 + N + N
2
Ainsi
7/2 1 5/2
exp(A) = e 1 1 1
−5/2 −1 −3/2
alors f possède un unique point fixe et toute suite (xn ) donnée par
(
x0 ∈ A
∀n ∈ N, xn+1 = f (xn )
ky − xk = kf (y) − f (x)k 6 k ky − xk
∀n ∈ N, xn+1 = f (xn )
kxn+1 − xn k 6 k n kx1 − x0 k
X X
Puisque k n converge, par comparaison de série à termes positifs, la série xn+1 − xn est absolument
convergente donc convergente. On en déduit que la suite (xn ) converge et puisque la partie A est fermée
sa limite ` est élément de A.
Puisque f est continue xn+1 = f (xn ) → f (`) et sachant xn+1 → `, on en déduit f (`) = `.
Proposition
Si f : I → E est dérivable en a alors
quand t → a.
En conséquence, la fonction f est continue en a.
dém. :
Quand t → a (avec t 6= a ), on peut écrire
1
(f (t) − f (a)) = f 0 (a) + o(1)
t−a
439
15.1. DÉRIVATION D’UNE FONCTION D’UNE VARIABLE RÉELLE
donc
f (t) − f (a) = (t − a).f 0 (a) + o(t − a)
et cette relation vaut encore pour t = a.
Définition
Si f 0 (a) 6= 0E , la droite f (a) + Vect(f 0 (a)) est appelée tangente à f en t = a.
Proposition
Les fonctions dérivables de I vers E sont continues.
dém. :
Si f : I → E est dérivable alors f est continue en tout a ∈ I.
Proposition
Soit f : I → E de fonctions coordonnées f1 , . . . , fp dans une base B = (e1 , . . . , ep ) de E.
On a équivalence entre :
(i) f est dérivable ;
(ii) f1 , . . . , fp sont dérivables.
De plus si tel est le cas
p
X
∀t ∈ I, f 0 (t) = fj0 (t)ej
j=1
Exemple x : I → Rn définie par x(t) = (x1 (t), . . . , xn (t)) est dérivable si, et seulement si, x1 , . . . , xn
le sont.
On a alors x0 (t) = (x01 (t), . . . , x0n (t)).
Exemple A : I → Mn,p (K) est dérivable si, et seulement si, les fonctions coefficients t 7→ ai,j (t) le
sont.
On a alors 0
a1,1 (t) · · · a01,p (t)
A0 (t) =
.. ..
. .
a0n,1 (t) · · · a0n,p (t)
Théorème
Soient f, g : I → E et λ ∈ K.
Si f et g sont dérivables alors λf et f + g le sont aussi et
(λf )0 = λf 0 , (f + g)0 = f 0 + g 0
dém. :
Par opérations sur les limites.
Corollaire
L’ensemble D(I, E) des fonctions de I vers E dérivables est un sous-espace vectoriel de
F(I, E) et l’application f 7→ f 0 y est linéaire.
Théorème
Soient f : I → E et u ∈ L(E, F ).
Si f est dérivable alors u(f ) : t 7→ u(f (t)) est dérivable et
0
[u(f )] = u(f 0 )
dém. :
Soit a ∈ I. Quand h → 0 (avec h 6= 0 )
1 1
(u(f (a + h)) − u(f (a))) = u (f (a + h) − f (a)) → u(f 0 (a))
h h
car u est continue puisque linéaire au départ d’un K-espace vectoriel de dimension finie.
Attention : Ici écrire la formule (u(f ))0 = f 0 × u0 (f ) n’a pas de sens car u0 n’en a pas.
Théorème
Soient f : I → E, g : I → F et b : E × F → G bilinéaire.
Si f et g sont dérivables alors b(f, g) : t 7→ b(f (t), g(t)) est dérivable et
dém. :
Quand h → 0
1
(b (f (a + h), g(a + h)) − b (f (a), g(a))) → b (f 0 (a), g(a)) + b (f (a), g 0 (a))
h
car l’application bilinéaire b est continue puisque dim E, F < +∞.
Corollaire
Si α : I → K et f : I → E sont dérivables alors α.f aussi et (α.f )0 = α0 .f + α.f 0 .
dém. :
L’application produit extérieur K × E → E est bilinéaire.
Corollaire
On suppose que E est une algèbre.
Si f, g : I → E sont dérivables alors f g l’est aussi (f g)0 = f 0 g + f g 0 .
En particulier D(I, E) est une sous-algèbre de F(I, E).
dém. :
L’application produit E × E → E est bilinéaire.
Corollaire
Si E est un espace euclidien dont on note (. | .) le produit scalaire :
Si f, g sont dérivables alors (f | g) : t 7→ (f (t) | g(t)) est dérivable et
(f | g)0 = (f 0 | g) + (f | g 0 )
dém. :
(. | .) est une application bilinéaire.
Théorème
Soient f1 : I → E1 , . . . , fp : I → Ep et m : E1 × E2 × · · · × Ep → F multilinéaire.
Si f1 , . . . , fp sont dérivables alors m(f1 , . . . , fp ) : t 7→ m(f1 (t), . . . , fp (t)) est dérivable et
p
X
m(f1 , . . . , fp )0 = m(f1 , . . . , fj0 , . . . , fp )
j=1
X n
Y
det A(t) = ε(σ) aσ(i),i (t)
σ∈Sn i=1
on a
n
d X
(det A(t)) = det (C1 (t), . . . , Ci0 (t), . . . , Cn (t))
dt i=1
B
Théorème
Soient f : I → E dérivable et k . k une norme sur E.
S’il existe M ∈ R+ tel que
∀t ∈ I, kf 0 (t)k 6 M
alors
∀a, b ∈ I, kf (b) − f (a)k 6 M |b − a|
dém. :
Soient a, b ∈ I.
Si a = b : ok.
Sinon, quitte à échanger a et b on peut supposer a < b.
Soit ε > 0. Considérons
Aε est une partie de R non vide et majorée donc possède une borne supérieure s.
Par caractérisation d’une borne supérieure, il existe une suite (tn ) d’éléments de Aε convergeant vers s.
Puisque pour tout n ∈ N, tn ∈ [a, b], on a aussi s ∈ [a, b].
Puisque pour tout n ∈ N, kf (tn ) − f (a)k 6 (M +ε)(tn −a), on a aussi kf (s) − f (a)k 6 (M +ε)(s−a)
car f est continue.
Ainsi s est élément de l’ensemble Aε . En fait Aε est une partie fermée et une borne supérieure est
adhérente. . .
Nous allons montrer s = b en raisonnant par l’absurde et en supposant s < b.
Puisque
1
kf (s + h) − f (s)k −−−−→ kf 0 (s)k 6 M < M + ε
h h→0+
kf (b) − f (a)k 6 M (b − a)
Corollaire
Soit f : I → E dérivable.
Si la dérivée de f est nulle alors f est constante.
dém. :
On applique l’inégalité des accroissements finis avec M = 0.
Proposition
Soit f : I → E de fonction coordonnées f1 , . . . , fp dans une base B = (e1 , . . . , ep ) de E.
On a équivalence entre :
(i) f est n fois dérivable ;
(ii) f1 , . . . , fp sont n fois dérivables.
De plus, si tel est le cas :
(n)
∀t ∈ I, f (n) (t) = f1 (t)e1 + · · · + fp(n) (t)ep
dém. :
Par récurrence sur n ∈ N.
Théorème
Soient f, g : I → E et λ ∈ K.
Si f et g sont n fois dérivables alors λf et f + g le sont aussi et
dém. :
Par récurrence sur n ∈ N.
Corollaire
L’ensemble Dn (I, E) des fonctions n fois dérivables de I vers E est un sous-espace vectoriel
de F(I, E).
Théorème
Soient f : I → E et u ∈ L(E, F ).
Si f est n fois dérivable alors u(f ) aussi et
dém. :
Par récurrence sur n ∈ N.
Théorème
Soit b : E × F → G une application bilinéaire.
Si f : I → E et g : I → F sont n fois dérivables alors b(f, g) l’est aussi et
n
!
(n)
X n
b(f, g) = b f (n−k) , g (k)
k=0
k
dém. :
Par récurrence sur n ∈ N.
Pour n = 0 : ok.
Supposons la propriété vraie au rang n > 0.
Soient f : I → E et g : I → F des fonctions n + 1 fois dérivables.
Par hypothèse de récurrence b(f, g) est n fois dérivable et
n
!
(n)
X n
b(f, g) = b f (n−k) , g (k)
k=0
k
Or pour tout k ∈ {0, . . . , n}, f (n−k) et g (k) sont dérivables donc b f (n−k) , g (k) aussi.
Par suite b(f, g) est n + 1 fois dérivables et
n
!
(n+1)
X n h (n+1−k) (k) i
b(f, g) = b f ,g + b f (n−k) , g (k+1)
k=0
k
Récurrence établie.
Corollaire
Si α : I → K et f : I → E sont n fois dérivables alors α.f aussi.
Corollaire
On suppose que E est une algèbre.
Si f, g : I → E sont n fois dérivables alors f g aussi.
En particulier Dn (I, E) est une sous-algèbre de C(I, E)
Corollaire
Soit E un espace euclidien
Si f, g : I → E sont n fois dérivables alors (f | g) aussi.
Théorème
Pour n ∈ N ∪ {∞}, l’ensemble C n (I, E) des fonctions de classe C n de I vers E est un sous-
espace vectoriel (voire une sous-algèbre) de F(I, E).
Définition
On appelle subdivision d’un segment [a, b] de R toute suite finie σ = (a0 , . . . , an ) strictement
croissante d’extrémités a et b :
b−a
ai = a + i
n
b−a
∀1 6 i 6 n, ai − ai−1 =
n
Définition
On appelle support d’une subdivision σ = (a0 , . . . , an ) de [a, b] l’ensemble
Définition
On dit qu’un subdivision σ de [a, b] est plus fine qu’une subdivision σ 0 de [a, b] si
Supp(σ 0 ) ⊂ Supp(σ)
Définition
On appelle réunion de deux subdivisions σ1 et σ2 de [a, b] la subdivision σ de support
Supp(σ1 ) ∪ Supp(σ2 ). Elle est plus fine que σ1 et σ2 .
∀i ∈ {1, . . . , n} , f]ai−1 ,ai [ est prolongeable en une fonction continue sur [ai−1 , ai ]
Remarque f]ai−1 ,ai [ est prolongeable en une fonction continue sur [ai−1 , ai ] si, et seulement si,
1) f est continue sur ]ai−1 , ai [ ;
−
2) f converge en a+i−1 et ai .
Remarque Si σ est adaptée à f est si σ 0 est plus fine que σ alors σ 0 est aussi adaptée à f .
Théorème
0
L’ensemble Cpm ([a, b] , E) des fonctions continues par morceaux de [a, b] vers E est un sous-
espace vectoriel de l’espace B([a, b] , E) des fonctions bornées.
dém. :
Montrons pour commencer que les fonctions continues par morceaux de [a, b] vers E sont bornées.
Soit f : [a, b] → E continue par morceaux.
kf k∞ = sup kf (t)k
t∈[a,b]
Proposition
Une fonction f : [a, b] → E est continue par morceaux si, et seulement si, ses fonctions
coordonnées dans une base de E le sont.
dém. :
( ⇒ ) Une subdivision adaptée à la continuité par morceaux de f est évidemment adaptée à la continuité
par morceaux des ses fonctions composantes.
(⇐) Une réunion de subdivisions adaptées à chaque fonction coordonnée détermine une subdivision
adaptée à f .
Définition
Une fonction f : I → E est dite continue par morceaux si s
Exemple La fonction t 7→ b1/tc est continue par morceaux sur ]0, +∞[.
Proposition
0
L’ensemble Cpm (I, E) des fonctions continue par morceaux de I vers E est un sous-espace
vectoriel de F(I, E).
dém. :
0 0
Cpm (I, E) ⊂ F(I, E) et 0̃ ∈ Cpm (I, E).
0
Soient λ, µ ∈ K et f, g ∈ Cpm (I, E).
Pour tout [a, b] ⊂ I, f[a,b] et g[a,b] sont continues par morceaux donc (λf + µg)[a,b] = λf[a,b] +
0
µg[a,b] l’est aussi. Ainsi λf + µg ∈ Cpm (I, E).
Proposition
f : I → E est continue par morceaux si, et seulement si, ses fonctions coordonnées dans une
base de E le sont.
Proposition
Si f : I → E est continue par morceaux alors kf k : I → R l’est aussi.
dém. :
Une subdivision adaptée à la continuité par morceaux de f[a,b] le sera aussi à kf k[a,b] .
Définition
Une fonction f : [a, b] → E est dite de classe C k par morceaux s’il existe σ = (a0 , a1 , ..., an )
subdivision de [a, b] vérifiant
∀i ∈ {1, . . . , n} , f]ai−1 ,ai [ est prolongeable en une fonction de classe C k sur [ai−1 , ai ]
Remarque f]ai−1 ,ai [ est prolongeable en une fonction de classe C k sur [ai−1 , ai ] ssi
1) f est de classe C k sur ]ai−1 , ai [ ;
−
2) f, f 0 , . . . , f (k) convergent en a+
i−1 et ai .
Définition
Une fonction f : I → E est dite de classe C k par morceaux si ses restrictions à tout segment
[a, b] ⊂ I sont C k par morceaux.
Proposition
k
L’ensemble Cpm (I, E) des fonctions de classe C k par morceaux de I vers E est un sous-espace
0
vectoriel de Cpm (I, E).
Proposition
f : I → E est de classe C k par morceaux si, et seulement si, ses fonctions coordonnées dans
une base de E le sont.
Proposition
L’ensemble E([a, b] , E) des fonctions en escalier de [a, b] vers E est un sous-espace vectoriel
0
de Cpm ([a, b] , E).
Proposition
ϕ : [a, b] → E est en escalier si, et seulement si, ses fonctions coordonnées dans une base de
E le sont.
Théorème
0
∀f ∈ Cpm ([a, b] , E) , ∀ε > 0, ∃ϕ ∈ E ([a, b] , E) , ∀t ∈ [a, b] , kf (t) − ϕ(t)k 6 ε.
dém. :
Cas f continue sur [a, b].
Soit ε > 0. Puisque f est continue sur le segment [a, b], elle y est uniformément continue et donc il existe
α > 0 tel que
∀s, t ∈ [a, b] , |s − t| < α ⇒ |f (s) − f (t)| 6 ε
b−a
ai = a + i
n
Considérons ϕ : [a, b] → E définie par ϕ(t) = f (ai ) sur ]ai−1 , ai ] et ϕ(a) = f (a).
La fonction ϕ est une fonction en escalier et pour tout i ∈ {1, . . . , n} et tout t ∈ ]ai−1 , ai ], on a
b−a
|t − ai | 6 6α
n
et donc
kf (t) − ϕ(t)k 6 ε
Corollaire
0
E([a, b] , E) est une partie dense de Cpm ([a, b] , E) normé par k . k∞ .
On peut alors dire que les fonctions continues par morceaux sur [a, b] sont limites uniformes
de suites de fonctions en escalier.
Théorème
dém. :
On reprend la démarche précédente en considérant ϕ définie sur [ai−1 , ai ] de sorte que ϕ(ai−1 ) =
f (ai−1 ) et ϕ(ai ) = f (ai ).
Par construction :
Z
N ∞ k.k
∀(ϕn ) ∈ E ([a, b] , E) , ϕn −−−−
→ f ⇒ I[a,b] (ϕn ) → f
[a,b]
15.3.2 Propriétés
Théorème
Soient f, g : I → E continues par morceaux et λ ∈ K.
Z b Z b Z b Z b Z b
∀a, b ∈ I, λf = λ f, f +g = f+ g
a a a a a
dém. :
N k . k∞ k . k∞ k . k∞
Soient (ϕn ), (ψn ) ∈ E ([a, b] , E) telles que ϕn −−−− → f et ψn −−−− → g. On a ϕn + ψn −−−− → f + g.
Z b Z b Z b
Or I[a,b] (ϕn + ψn ) = I[a,b] (ϕn ) + I[a,b] (ψn ) donc à la limite f +g = f+ g
a a a
Théorème
Soit f : I → E continue par morceaux et u ∈ L(E, F ).
!
Z b Z b
∀a, b ∈ I, u(f ) = u f
a a
dém. :
N k . k∞ k . k∞
Soient (ϕn ) ∈ E ([a, b] , E) telles que ϕn −−−− → f . On a u(ϕn ) −−−− → u(f ). !
Z b Z b
Or on vérifie I[a,b] (u(ϕn )) = u(I[a,b] (ϕn )) donc à la limite u(f ) = u f .
a a
Théorème
Si (e1 , . . . , ep ) est une base de E et f : I → E une fonction continue par morceaux de
fonctions coordonnées f1 , . . . , fp dans B alors
Z b Z b ! Z b !
f (t) dt = f1 (t) dt e1 + · · · + fp (t) dt ep
a a a
dém. :
Dans le même esprit qu’au dessus.
Théorème
Soit f : I → E continue par morceaux.
Z
b
Z b
∀a 6 b ∈ I,
f
6 kf k
a
a
dém. :
En observant
I[a,b] (ϕ)
6 I[a,b] (kϕk).
Définition
o
Soient f ∈ Cpm (I, E) et a, b ∈ I. On pose
Z
f si a < b
Z b [a,b]
f= 0 Z si a = b
a
− f si a > b
[a,b]
Théorème
Soit f : I → E continue par morceaux.
Z b Z c Z b
∀a, b, c ∈ I, f= f+ f
a a c
Remarque Les théorèmes de linéarité précédemment présentés demeure vraie mais l’inégalité
triangulaire nécessite le bon ordre des bornes pour être affirmée.
15.3.4 Primitive
Définition
On appelle primitive de f : I → E, s’il en existe, toute fonction F : I → E dérivable vérifiant
F0 = f.
Proposition
Si f : I → E admet des primitives, celles-ci se déduisent les unes des autres par addition d’une
constante vectorielle.
dém. :
Si F est primitive de f alors F + C aussi car (F + C)0 = F 0 = f .
Si F et G sont deux primitives de f alors (F − G)0 = 0 et donc F − G est constante.
Théorème
Soient f : I → E et a ∈ I.
Si f est continue alors f possède une unique primitive s’annulant en a, c’est F : x 7→
Z x
f (t) dt.
a
dém. : Z x
La fonction F : x 7→ f (t) dt est définie de I vers E et s’annule en a.
a
Soit x ∈ I. Montrons
1
(F (x + h) − F (x)) −−−→ f (x)
h h→0
Soit h > 0.
Z
1
1
x+h
1 Z x+h
(F (x + h) − F (x)) − f (x)
=
f (t) − f (x) dt
6
kf (t) − f (x)k dt
h
h
h x
x
Remarque On a donc la formule Z x
d
f (t) dt = f (x)
dx a
Corollaire
Si f : I → E est continue de primitive F alors
Z b
b
∀a, b ∈ I, f (t) dt = [F (t)]a
a
dém.
Z x
: Z x
f (t) dt = F (x) − F (a) car x 7→ f (t) dt et F sont primitives de f .
a a
Théorème
Soient b : E × F → G bilinéaire, u : I → E et v : I → F de classe C 1 .
Z b Z b
0 b
∀a, b ∈ I, b(u , v) = [b(u, v)]a − b(u, v 0 )
a a
dém. :
Puisque la dérivée de b(u, v) est b(u0 , v) + b(u, v 0 )
Z b Z b Z b
0 b
b(u0 , v) + b(u, v 0 ) = (b(u, v)) = [b(u, v)]a
a a a
15.3.6 Formules de Taylor
Théorème
Soient f : I → E de classe C n+1 et a ∈ I.
n x
(x − a)k (x − t)n (n+1)
X Z
∀x ∈ I, f (x) = f (k) (a) + f (t) dt
k! a n!
k=0
dém. :
Par récurrence en exploitant l’intégration par parties
Z x x Z x
(x − t)n (n+1) (x − t)n+1 (n+1) (x − t)n+1 (n+2)
f (t) dt = − f (t) + f (t) dt
a n! (n + 1)! a a (n + 1)!
Remarque Par le changement de variable affine t = a + (x − a)u, on peut réécrire le reste intégral
x 1
(x − t)n (n+1) (1 − u)n (n+1)
Z Z
f (t) dt = (x − a)n+1 f (a + (x − a)u) du
a n! 0 n!
Corollaire
Si f est C n+1 et f (n+1) bornée alors
n n+1
X (x − a)k (k)
|x − a|
∀a, x ∈ I,
f (x) − f (a)
6 sup
f (n+1) (t)
k!
(n + 1)! t∈I
k=0
dém. :
On a
(n+1)
1
(1 − u)n (n+1) 1 1
Z
Z
f
n
(n+1)
∞
f (a + (x − a)u) du
6
(1 − u)
f
du =
0 n! n! 0 ∞ (n + 1)!
Théorème
Soient f : I → E de classe C n et a ∈ I.
n
X (x − a)k (k)
Quand x → a, f (x) = f (a) + o ((x − a)n ).
k!
k=0
Cette relation est appelée développement limité de f à l’ordre n en a.
dém. :
Puisque que f est classe C n ,
n−1 x
(x − a)k (k) (x − t)n−1 (n)
X Z
∀x ∈ I, f (x) = f (a) + f (t) dt
k! a (n − 1)!
k=0
et alors
x x
(x − t)n−1 (n) (x − a)n (n) (x − t)n−1
Z Z
f (t) dt = f (a) + ϕ(t) dt
a (n − 1)! n! a (n − 1)!
et alors pour |x − a| 6 α,
x
(x − t)n−1 (x − a)n
Z
ϕ(t) dt
6ε
a (n − 1)!
n!
Soit z ∈ C? .
On souhaite exprimer un argument de z en fonction de x = Re(z), y = Im(z).
On a déjà les solution suivantes
dém. :
x iy
z = x + iy et z 0 = p +p ∈ U ont le même argument.
x2 + y 2 x2 + y 2
Théorème
Si z : I → U est de classe C n (avec n > 1 ) alors il existe une fonction θ : I → R de classe
C n , unique à l’addition d’une constante multiple de 2π près, telle que ∀t ∈ I, z(t) = eiθ(t) .
dém. :
Unicité à « 2π près »
Soit t 7→ θ(t) solution.
z(t) = eiθ(t) , z 0 (t) = iθ0 (t)z(t) donc θ0 (t) = z 0 (t)/iz(t).
Soit t0 ∈ I.
Z t 0
z (u)
θ(t) = θ(t0 ) + du
t0 iz(u)
La fonction θ : I → C est bien définie et est primitive de la fonction t 7→ z 0 (t)/iz(t). Puisque cette
dernière est de classe C n−1 , on peut affirmer que θ est de classe C n .
Soit g : I → C donnée par
g(t) = z(t)e−iθ(t)
∀t ∈ I, z(t) = eiθ(t)
Remarque On peut montrer que le théorème est encore valable dans le cas n = 0.
Corollaire
Soit z : I → C? de classe C n (avec n > 1 ).
Il existe des fonctions r : I → R+ et θ : I → R de classe C n vérifiant
∀t ∈ I, z(t) = r(t)eiθ(t)
dém. :
La fonction t 7→ z(t)/|z(t)| est de classe C n et à valeurs dans U .
Corollaire
Soit f : t ∈ I 7→ (x(t), y(t)) ∈ R2 une fonction de classe C n (avec n > 1 ) vérifiant
∀x ∈ X, un (x) → u(x)
Définition
On dit que (un ) converge uniformément vers u : X → F si
Proposition
La convergence uniforme entraîne la convergence simple vers la même limite.
Remarque Sur B(X, F ) espace des fonctions bornées de X vers F , on peut introduire k . k∞ définie
par
kf k∞ = sup kf (x)kF
x∈X
CV U
un −−−→ un ⇔ kun − uk∞ → 0
463
16.1. MODES DE CONVERGENCE
Définition
X
On dit que un converge simplement si
X
∀x ∈ X, un (x) converge
Définition
X
On dit que un converge uniformément si
CV U
X
un converge simplement et Rn −−−→ 0̃
Définition
X
On dit que un converge normalement si
1) chaque un est bornée
X;
2) la série numérique kun k∞ converge
Théorème
La convergence normale entraîne la convergence uniforme.
dém.
X: X
Si un converge normalement alors pour tout x ∈ X, la série vectorielle un (x) converge absolument
car
kun (x)k 6 kun k∞
X
et donc (puisque E est complet car de dimension finie) un converge simplement.
De plus
+∞
X
+∞
X +∞
X
uk (x)
6 kuk (x)k 6 kuk k∞ → 0
k=n+1 k=n+1 k=n+1
Remarque Les théorèmes qui suivront prolongeant ceux pour les fonctions numériques se démontrent
de la même manière en substituant kk ||.
Théorème
Soit (un ) une suite de fonctions de X ⊂ E vers F .
Si
1) chaque un est continue ;
2) (un ) converge uniformément vers u : X → F ;
alors la fonction u est continue.
Corollaire
Si
1) chaque u Xn est continue ;
2) la série un converge uniformément sur X ;
+∞
X
alors la fonction un est continue.
n=0
Ce résultat se généralise aux séries de fonctions.
K = {xn /n ∈ N} ∪ {`}
∀n ∈ N, kxn k 6 M
∀n ∈ N, kxn − ak > α0
et donc
K ∩ B(a, α0 ) = ∅
ce qui signifie donc B(a, α) ⊂ U .
La partie U étant ouverte, la partie K est donc fermée et finalement compacte.
Théorème
Soit f : X ⊂ E → F .
Si pour tout compact K ⊂ X, fK est continue alors f est continue.
dém. :
Soit a ∈ X. Considérons (xn ) une suite d’élément de X de limite a.
La partie K = {xn /n ∈ N} ∪ {a} est compacte donc fK est continue.
Or (xn ) ∈ K N et xn → a ∈ K donc
fK (xn ) → fK (a)
et
f (xn ) → f (a)
Par la caractérisation séquentielle des limites, on peut conclure que f est continue en a.
Exemple Soit f : E → R.
Si
∀M > 0, fBf (0E ,M ) est continue
alors f est continue sur tout compacte de E et donc est continue (sur E ).
En effet tout compact K de E peut être inclus dans une boule Bf (0E , M ) où l’on sait f continue.
alors f est continue sur tout compact de D(0, 1) est donc est continue.
En effet K un compact non vide inclus dans D(0, 1).
Proposition
La convergence uniforme sur tout compact entraîne la convergence simple.
Théorème
Soit (un ) suite de fonctions de X ⊂ E vers F .
Si
1) chaque un est continue ;
2) (un ) converge uniformément sur tout compact vers u : X → F ;
alors la fonction u est continue.
Corollaire
Si
1) chaque
X un est continue ;
2) un converge uniformément sur tout compact de X ;
+∞
X
alors la fonction un est continue.
n=0
Théorème
Soit (un ) une suite de fonctions de X ⊂ E vers F et a ∈ X̄.
Si
1) (un ) converge uniformément sur X vers une fonction u ;
2) pour tout n ∈ N, un − → `n ;
a
Alors la suite (`n ) converge et en notant ` sa limite
u(x) −−−→ `
x→a
Ainsi
lim lim un (x) = lim lim un (x)
x→a n→+∞ n→+∞ x→a
Corollaire
Si X
1) un converge uniformément sur X ;
2) pour tout n ∈ N, un −
→ `n ;
X a
Alors la série `n converge et
+∞
X +∞
X
un (x) −−−→ `n
x→a
n=0 n=0
+∞
X (−1)n−1 n
Exemple Considérons à nouveau la fonction L : z 7→ z définie sur D(0, 1).
n=1
n
(−1)n−1 n −1
On a −1 ∈ D(0, 1) et un (z) = z −−−−→
n z→−1 n
X −1 X
Or la série divergente donc la série de fonction un ne converge par uniformément sur
n
D(0, 1).
Théorème
Soit (un ) une suite de fonctions de [a, b] vers F .
Si
1) chaque un est continue ;
2) (un ) converge uniformément vers u : [a, b] → F
alors la fonction u est continue et
Z b
la suite ( un ) converge et
a
Z b Z b
un (t) dt −−−−−→ u(t) dt
a n→+∞ a
Autrement dit Z b Z b
lim un = lim un
a n→+∞ n→+∞ a
Corollaire
Si
1) chaque
X un est continue ;
2) un converge uniformément sur [a, b]
+∞
X
alors la fonction un est continue et
n=0
+∞ Z
X b Z +∞
bX
un = un
n=0 a a n=0
16.3.2 Dérivation
Théorème
Soit (un ) une suite de fonctions de I vers F .
Si
1) chaque un est de classe C 1 ;
2) (un ) converge simplement vers u : I → F ;
3) (u0n ) converge uniformément sur tout segment vers v : I → F ;
alors u est de classe C 1 et 0
lim un = lim u0n
n→+∞ n→+∞
Corollaire
Si
1) chaque
X un est de classe C 1 ;
2) un converge simplement sur I ;
X
3) u0n converge uniformément sur tout segment de I ;
+∞
X
alors la fonction un est de classe C 1 I et
n=0
+∞
!0 +∞
X X
un = un
n=0 n=0
16.3.3 Application
Soient E une algèbre normée de dimension finie.
Fixons a ∈ E et considérons la fonction
ea : t 7→ ea (t) = exp(t.a) ∈ E
avec
+∞ n
X t n
exp(t.a) = .a
n=0
n!
Théorème
L’application ea : t 7→ exp(t.a) est de classe C ∞ sur R et
dém. :
Introduisons les fonctions un : R → E définies par
tn n
un (t) = .a
n!
X
La série un converge simplement et sa somme est la fonction ea .
Chaque un est de classe C 1 et
tn−1
un (t) = .an si n > 1 et un (t) = 0 si n = 0
(n − 1)!
Soit M > 0.
Sur [−M, M ],
M n−1 M n−1 n
kun (t)k 6 kan k 6 kak
(n − 1)! (n − 1)!
On en déduit
n−1
(M kak)
kun k∞,[−M,M ] 6 kak
(n − 1)!
X xn X (M kak)n−1
Or on sait que pour tout x ∈ R, converge donc converge.
n! (n − 1)!
n>1
X
Par comparaison de séries à terme positifs, on obtient que un converge normalement sur [−M, M ].
X
Finalement, par convergence uniforme sur tout segment de R de un , on peut affirmer que ea est une
fonction de classe C 1 et
+∞ +∞ n
X tn−1 X t n+1
e0a (t) = n
.a = .a = a exp(t.a) = exp(t.a)a
n=1
(n − 1)! n=0
n!
dém. :
Pour tout x ∈ X, la fonction t 7→ f (x, t) est intégrable sur I et donc F (x) est bien définie.
Etudions la continuité en a ∈ X via la caractérisation séquentielle des limites.
Soit (xn ) une Z de X convergeant vers a.
Z suite d’éléments
F (xn ) = f (xn , t) dt = un (t) dt avec un (t) = f (xn , t).
I I
Pour tout t ∈ I, un (t) = f (xn , t) −−−−−→ f (a, t) = u∞ (t),
n→+∞
Ainsi (un ) converge simplement vers la fonction u∞ : t 7→ u(a, t).
Chaque un et u∞ sont continues par morceaux.
Pour tout n ∈ N, |un (t)| 6Z ϕ(t) avec ϕ intégrable.
Z
Par convergence dominée un (t) dt −−−−−→ u∞ (t) dt i.e. F (xn ) → F (a).
I n→+∞ I
Par caractérisation séquentielle des limites, F est continue en a.
Remarque Les propriétés 1) et 2) sont évidemment réunies si f est continue sur X × I.
473
17.1. LIMITE ET CONTINUITÉ
Z +∞
cos(xt)
Exemple Soit F : x ∈ R 7→ dt.
0 1 + t2
cos(xt)
Considérons f : (x, t) 7→ définie sur R × [0, +∞[.
1 + t2
∀x ∈ R, t 7→ f (x, t) est continue par morceaux sur [0, +∞[.
∀t ∈ [0, +∞[, x 7→ f (x, t) est continue sur R.
1
∀(x, t) ∈ R × [0, +∞[, |f (x, t)| 6 = ϕ(t)
1 + t2
1
avec ϕ : [0, +∞[ → R+ continue par morceaux et intégrable sur [0, +∞[ car ϕ(t) ∼ .
t→+∞ t2
Par domination, la fonction F est définie et continue sur R.
Z 1
Exemple Soit F (x) = tx ln(t) dt pour x > 0.
0
dém. :
F est définie et continue sur tout compact inclus dans X donc définie et continue sur X.
Z +∞
dt
Exemple Soit F : x ∈ ]0, +∞[ 7→
1 t(1 + tx )
1
Considérons f : (x, t) 7→ définie sur ]1, +∞[ × [0, +∞[.
t(1 + tx )
Définition de F
Soit x > 0.
La fonction t 7→ f (x, t) est continue par morceaux sur [0, +∞[ et
1
f (x, t) ∼ avec x + 1 > 1
t→+∞ tx+1
Z +∞
dt
Donc F (x) = est bien définie
1 t(1 + tx )
Continuité de F
La fonction f est continue sur ]0, +∞[ × [1, +∞[.
Soit a > 0.
Pour x > a,
1 1
|f (x, t)| = 6 a+1 = ϕa (t)
t(1 + tx ) t
avec ϕa : [1, +∞[ → R+ continue par morceaux et intégrable en vertu de l’étude qui précède.
Par domination, la fonction F est continue sur chaque intervalle [a, +∞[ (avec a > 0 ) donc elle est
continue sur ]0, +∞[.
Z +∞
Exemple Soit F : x ∈ ]0, +∞[ 7→ sin(t2 )e−xt dt.
0
Considérons f : (z, t) 7→ sin(t2 )e−xt définie sur ]0, +∞[ × [0, +∞[.
Soit x > 0.
La fonction t 7→ f (x, t) est continue par morceaux sur [0, +∞[ et
Z +∞
Donc F (x) = sin(t2 )e−xt dt est bien définie.
0
Soit a > 0.
∀(x, t) ∈ [a, +∞[ × ]0, +∞[ , |f (x, t)| = e−at = ϕa (t)
avec ϕa : ]0, +∞[ → R+ continue par morceaux et intégrable.
Par domination, la fonction F est continue sur chaque intervalle [a, +∞[ avec a > 0 donc elle aussi
continue sur ]0, +∞[.
dém. :
Soit K est un compact inclus dans X.
La partie K × [a, b] est compacte et f y est continue donc bornée. Ainsi, il existe MK ∈ R+ vérifiant
∀(x, t) ∈ K × [a, b] , |f (x, t)| 6 MK = ϕK (t) avec ϕK intégrable sur [a, b].
Par domination sur tout compact, F est définie et continue sur X.
Z π
Exemple Soit F (x) = ex sin θ dθ avec x ∈ R.
0
Considérons f : (x, θ) 7→ exp(x sin θ) définie sur R × [0, π].
La fonction F est bien définie en tant qu’intégrale d’une fonction continue sur le segment [0, π].
Soit [a, b] ⊂ R.
Pour (x, θ) ∈ [a, b] × [0, π],
|f (x, θ)| 6 eb = ϕ(t)
La fonction constante ϕ est intégrable sur [0, π].
Par domination, F est continue sur [a, b] et puisque ce ceci vaut pour chaque [a, b] ⊂ R, on peut affirmer
que F est continue.
Z x
sin t
Exemple Soit F (x) = dt avec x > 0.
0 x+t
Par le changement de variable t = xu,
Z x Z 1
sin t sin(xu)
F (x) = dt = du
0 t + x 0 1+u
sin(xu)
L’application f : (x, u) 7→ est définie et continue sur ]0, +∞[ × [0, 1] et
1+u
|f (x, u)| 6 1 = ϕ(u) avec ϕ intégrable sur [0, 1]
donc F est continue sur ]0, +∞[.
17.1.4 Limite
Pour étudier, autrement que par continuité, la limite d’une fonction définie par une intégrale on peut :
- procéder par comparaison ;
- exploiter convergence dominée et caractérisation séquentielle des limites ;
- raisonner par les epsilon. . .
Z π/2
Exemple Pour x > 0, posons F (x) = (sin t)x dt
0
Etudions
lim F (x)
x→+∞
+∞
e−xt
Z
Exemple Pour x > 0, posons F (x) = dt.
0 1+t
Etudions lim F (x).
x→+∞
On a
+∞ +∞
e−xt
Z Z
1
06 dt 6 e−xt dt = −−−−−→ 0
0 1+t 0 x x→+∞
donc par encadrement F tend vers 0 en +∞.
Etudions lim F (x).
x→0+
On a
1/x
e−1
Z
1 1
F (x) > dt = ln 1 + −−−−→ +∞
0 1+t e x x→0+
donc par comparaison F tend vers +∞ en 0.
17.2 Dérivation
On étudie dans cette partie les fonctions de la forme
Z
F : x ∈ X 7→ f (x, t) dt
I
Définition
Soit f : (x, t) 7→ f (x, t) définie sur X × I.
∂f
On dit que f admet une dérivée partielle si
∂x
∀t ∈ I, la fonction x 7→ f (x, t) est dérivable
On pose alors
∂f d
(x, t) = (f (x, t))
∂x dx
Théorème
Soit f : X × I → K telle que Z
0) ∀x ∈ I, la fonction t 7→ f (x, t) est continue par morceaux et l’intégrale f (x, t) dt
I
converge Z
de sort que F (x) = f (x, t) dt soit définie sur X.
I
∂f
Si f admet une dérivée partielle vérifiant
∂x
∂f
1) ∀x ∈ I, t 7→ (x, t) est continue par morceaux sur I ;
∂x
∂f
2) ∀t ∈ I, x 7→ (x, t) est continue sur X ;
+
∂x
3) ∃ϕ : I → R continue par morceaux et intégrable vérifiant
∂f
∀(x, t) ∈ X × I, (x, t) 6 ϕ(t)
∂x
Z
Alors la fonction F : x 7→ f (x, t) dt est définie et de classe C 1 sur X et
I
Z
∂f
F 0 (x) = (x, t) dt
I ∂x
dém. :
Etudions la dérivabilité en a ∈ X
F (x) − F (a)
−−−→?
x−a x→a
F (x) − F (a)
Z
= un (t) dt
x−a I
avec
f (xn , t) − f (a, t)
un (t) =
xn − a
Soit t ∈ I.
f (xn , t) − f (a, t) h(xn ) − h(a)
un (t) = =
xn − a xn − a
en introduit la fonction h : x 7→ f (x, t) qui est dérivable par hypothèse. On a
∂f
un (t) −−−−−→ h0 (a) = (a, t)
n→+∞ ∂x
∂f
Ainsi la suite de fonctions (un ) converge simplement vers u∞ : t 7→ (a, t).
∂x
Chaque un et u∞ sont continues par morceaux.
Soit t ∈ I.
L’application h : x 7→ f (x, t) est dérivable et sa dérivée vérifie
∂f
|h0 (x)| = (x, t) 6 ϕ(t)
∂x
i.e.
F (xn ) − F (a)
Z
∂f
→ (a, t) dt
xn − a I ∂x
Par la caractérisation séquentielle des limites
F (x) − F (a)
Z
∂f
−−−→ (a, t) dt
x−a x→a I ∂x
Corollaire
La conclusion demeure si l’on substitue à l’hypothèse de domination 4), une hypothèse de
domination sur tout compact de X s’énonçant ;
4bis) ∀K compact inclus dans X, ∃ϕK : I → R+ continue par morceaux et intégrable vérifiant
∂f
∀(x, t) ∈ K × I, (x, t) 6 ϕK (t)
∂x
On peut aussi avantageusement parler de domination sur tout segment inclus dans X.
17.2.2 Calculs par dérivation
Z +∞
2
Exemple Soit F : x ∈ R 7→ e−t eitx dt.
−∞
2
Considérons f : (x, t) 7→ e−t eitx définie sur R × ]−∞, +∞[.
2
Soit x ∈ R. La fonction t 7→ f (x, t) est continue par morceaux et |f (x, t)| = e−t donc t 7→ f (x, t) est
intégrable sur ]−∞, +∞[. Ainsi la fonction F est définie sur R.
2 ∂f
La fonction x 7→ f (x, t) = e−t eitx est dérivable donc f admet une dérivée partielle avec
∂x
∂f 2
(x, t) = it e−t eitx
∂x
∂f
∀x ∈ R, t 7→ (t, x) est continue par morceau sur ]−∞, ∞[.
∂x
∂f
∀t ∈ ]−∞, +∞[, x 7→ (x, t) est continue sur R.
∂x
∂f 2
∀(x, t) ∈ R × ]−∞, +∞[, (x, t) 6 t e−t = ϕ(t)
∂x
avec ϕ : ]−∞, +∞[ → R+ continue par morceaux et intégrable car t2 ϕ(t) −−−−−→ 0.
|t|→+∞
Par domination F est de classe C 1 sur R et
Z +∞
2
F 0 (x) = it e−t eitx dt
−∞
1 x
t −1
Z
Exemple Soit F : x ∈ ]−1, +∞[ 7→ dt pour x > −1.
0 ln t
tx − 1
Considérons f : (x, t) 7→ définie sur ]−1, +∞[ × ]0, 1[.
ln t
Soit x > −1. La fonction t 7→ f (x, t) est continue par morceaux sur ]0, 1[.
Quand t → 1− .
t = 1 − h avec h → 0+ .
(1 + h)x − 1
f (x, t) = → x et donc f est intégrable sur [1/2, 1[.
ln(1 + h)
Quand t → 0+ .
On a
0 si x > 0
tx −−−−→ 1 si x = 0
t→0+
+∞ si x ∈ ]−1, 0[
Si x > 0, on obtient f (x, t) → 0 ce qui permet un prolongement par continuité.
Si x < 0, on a f (x, t) = o (tx ) = o 1/t−x avec −x < 1.
Dans les deux cas, t 7→ f (x, t) est intégrable sur ]0, 1/2].
Finalement t 7→ f (x, t) est intégrable sur ]0, 1[ et donc F est définie sur ]−1, +∞[.
tx − 1 ∂f
La fonction x 7→ f (x, t) = est dérivable donc f admet une dérivée partielle et
ln t ∂x
∂f
(x, t) = tx
∂x
∂f
∀x ∈ ]−1, +∞[, t 7→ (x, t) est continue par morceaux sur ]0, 1[
∂x
∂f
∀t ∈ ]0, 1[, x 7→ (x, t) est continue sur ]−1, +∞[.
∂x
Soit a > −1. Pour x ∈ [a, +∞[,
∂f
(x, t) 6 ta = ϕ(t)
∂x
avec ϕ : ]0, 1[ → R+ continue par morceaux et intégrable sur ]0, 1[.
Par domination sur tout compact, F est de classe C 1 et
Z 1
1
F 0 (x) = tx dt =
0 x+1
On en déduit Z x
dt
F (x) = F (0) + = ln(1 + x)
0 1+t
∂j f dj
(x, t) = (f (x, t))
∂xj dxj
Théorème
Si f : X × I → K vérifie Z
1) ∀x ∈ I, t 7→ f (x, t) est continue par morceaux et l’intégrale f (x, t) dt converge ;
n I
∂f ∂ f
et si f admet des dérivées partielles , . . . , n vérifiant ∀j ∈ {1, . . . , n}
∂x ∂x
∂j f
2) ∀x ∈ X, t 7→ j
(x, t) est continue par morceaux ;
∂x
j
∂ f
3) ∀t ∈ I, x 7→ (x, t) est continue ;
∂xj
+
4) ∃ϕj : I → R continue par morceaux et intégrable vérifiant
j
∂ f
∀(x, t) ∈ X × I, j (x, t) 6 ϕj (t)
∂x
Z
Alors la fonction F : x 7→ f (x, t) dt est définie et de classe C n sur X et pour tout j ∈
I
{1, . . . , n} :
∂j f
Z
(j)
F (x) = (x, t) dt
I ∂xj
dém. :
Par récurrence sur n > 1.
Corollaire
La conclusion demeure si l’on substitue à l’hypothèse de domination, une hypothèse de
domination sur tout compact de X.
Exemple Soit
+∞
e−xt
Z
F : x 7→ dt
0 1 + t2
1
y 00 + y =
x
e−xt
Considérons f : (x, t) 7→ définie sur ]0, +∞[ × [0, +∞[
1 + t2
Pour tout x ∈ ]0, +∞[, t 7→ f (x, t) est continue par morceaux sur [0, +∞[ et intégrable car
t2 f (x, t) −−−−→ 0
t→+∞
Pour t ∈ [0, +∞[, la fonction x 7→ f (x, t) est deux fois dérivable sur ]0, +∞[ donc les dérivées partielles
∂f ∂2f
et existent et
∂x ∂x2
∂f e−xt ∂2f e−xt
(x, y) = −t 2
et 2
(x, t) = t2
∂x 1+t ∂x 1 + t2
∂f ∂2f
∀x ∈ ]0, +∞[, t 7→ (x, t) et t 7→ (x, t) sont continues par morceaux.
∂x ∂x2
2
∂f ∂ f
∀t ∈ [0, +∞[, x 7→ (x, t) et x 7→ (x, t) sont continues.
∂x ∂x2
Pour a > 0, sur [a, +∞[ × [0, +∞[, on a
2
∂f
(x, t) 6 e−at et ∂ f (x, t) 6 e−at
∂x ∂x2
dém. :
Soit k ∈ N? .
∂kf
∀x ∈ X, t 7→ (x, t) est continue par morceaux sur [a, b].
∂xk
k
∂ f
∀t ∈ [a, b], x 7→ (x, t) est continue sur X.
∂xk
Soit [α, β] segment inclus dans X.
∂kf
étant continue sur le compact [α, β] × [a, b], elle y est bornée et il existe donc Mk ∈ R+ vérifiant
∂xk
k
∂ f
∀(x, t) ∈ [α, β] × [a, b] , k (x, t) 6 Mk
∂x
avec t 7→ Mk intégrable sur [a, b].
Par domination, F est de classe C n sur [α, β] et puisque ceci vaut pour [α, β] ⊂ X, F est de classe C n
sur X.
Z π
Exemple Soit F : x ∈ R 7→ cos(x sin θ) dθ.
0
xy 00 + y 0 + xy = 0
dém. :
La fonction g : t 7→ tx−1 e−t est définie et continue par morceaux sur ]0, +∞[.
Cette fonction est positive donc
Z +∞
tx−1 e−t dt converge si, et seulement si, g est intégrable sur ]0, +∞[
0
g est intégrable sur ]0, 1] si, et seulement si, 1 − x < 1 i.e. x > 0
Définition
Pour tout x > 0, on pose
Z +∞
Γ(x) = tx−1 e−t dt
0
Z +∞
Exemple Γ(1) = e−t dt = 1.
0
Proposition
∀x > 0, Γ(x + 1) = xΓ(x).
dém. : Z +∞
On a Γ(x + 1) = tx e−t dt
0
Pour 0 < ε 6 A, on a par intégration par parties
Z A Z A
x −t
x −t A
t e dt = −t e ε + xtx−1 e−t dt
ε ε
Proposition
√
Γ(1/2) = π.
dém. :
+∞ +∞
e−t √
Z Z
2
Γ(1/2) = √ dt = 2 e−u dt = π via t = u2 changement de variable bijectif de
0 t 0
classe C 1 .
17.3.2 Continuité
Théorème
La fonction Γ est définie et continue sur R+? .
dém. :
Considérons g(x, t) = tx−1 e−t définie sur R+? × ]0, +∞[.
∀x > 0, t 7→ g(x, t) est continue par morceaux sur ]0, +∞[.
∀t ∈ ]0, +∞[, x 7→ g(x, t) est continue sur R+? .
Soit [a, b] ⊂ R+? .
Pour tout x ∈ [a, b], si t > 1, tx−1 6 tb−1 et si t 6 1, tx−1 6 ta−1 . Dans les deux cas
Par suite
|g(x, t)| 6 (ta−1 + tb−1 )e−t = ϕa,b (t)
avec ϕa,b intégrable sur ]0, +∞[ car somme de deux fonctions intégrables.
La fonction Γ est continue sur [a, b] et puisque ceci vaut pour [a, b] ⊂ R+? , Γ est continue sur R+? .
17.3.3 Dérivabilité
Lemme
∀x > 0, ∀n ∈ N? , t 7→ (ln t)n tx−1 e−t est intégrable sur ]0, +∞[.
dém. :
La fonction h : t 7→ (ln t)n tx−1 e−t est continue par morceaux sur ]0, +∞[.
Quand t → +∞, t2 h(t) = t2 (ln t)n tx−1 e−t → 0.
Quand t → 0+ , pour ρ ∈ ]0, x[, t1−ρ h(t) ∼ (ln t)n tx−ρ → 0 avec 1 − ρ < 1
Théorème
La fonction Γ est de classe C ∞ sur R+? et
Z +∞
∀n ∈ N, Γ(n) (x) = (ln t)n tx−1 e−t dt
0
dém. :
g(x, t) = tx−1 e−t = e(x−1) ln t e−t .
La fonction x 7→ g(x, t) est de classe C ∞ donc pour tout n ∈ N, la fonction g admet une dérivée partielle
∂ng
pour tout n ∈ N? et
∂xn
∂ng
(x, t) = (ln t)n tx−1 e−t
∂xn
∂ng
La fonction est continue sur R+? × ]0, +∞[.
∂xn
Pour tout [a, b] ⊂ ]0, +∞[ et tout (x, t) ∈ [a, b] × ]0, +∞[,
n
∂ g n a−1
+ tb−1 )e−t = ϕn,a,b (t)
∂xn (x, t) 6 (ln t) (t
Séries entières
Ce sont des sommes de séries de fonctions, on étudiera le problème de convergence, on observera leur
régularité et on verra que grand nombre de fonctions usuelles peuvent s’écrire ainsi.
18.1 Convergence des séries entières
18.1.1 Série entière
Définition
On appelle série entière définie par la suite de coefficients (an ) ∈ CN , la série des fonctions
un : z ∈ C 7→ an z n . X X
Par abus, cette série de fonctions un est notée an z n .
X
L’ensemble D des z ∈ C pour lesquels la série numérique an z n converge est appelé
domaine de convergence de la série entière et la fonction S : D → C définie par
+∞
X
S(z) = an z n
n=0
X +∞
X
n
Exemple La série entière an z converge en z = 0 et an 0n = a0 .
n=0
En effet 00 = 1 et 0n = 0 pour n ∈ N? .
X
Exemple La série entière z n converge pour tout z ∈ C tel que |z| < 1 et on a
+∞
X 1
zn =
n=0
1−z
487
18.1. CONVERGENCE DES SÉRIES ENTIÈRES
X 1
Exemple La série entière z n converge pour tout z ∈ C et par définition
n!
+∞
X 1 n
z = ez
n=0
n!
X
Exemple Si à partir d’un certain rang an = 0 alors la série entière an z n CV sur C et sa somme est
une fonction polynôme.
X
Sur quel domaine et comment converge une série entière an z n ?
Lemme
Soit ρ > 0 tel que la suite (an ρn ) est bornée.
X
Pour tout z ∈ C tel que |z| < ρ, la série an z n est absolument convergente.
dém. :
Il existe M ∈ R+ tel que |an ρn | 6 M pour tout n ∈ N.
On peut alors écrire
n n
|an z n | = |aρn × (z/ρ) | 6 M |z/ρ|
X n
X
Or |z/ρ| < 1 donc |z/ρ| est absolument convergente et par comparaison an z n aussi.
Définition
X
On appelle rayon de convergence de la série entière an z n , le nombre
X
Exemple Considérons zn.
{ρ > 0/(ρn ) est borne} = [0, 1] donc R = 1.
X 1
Exemple Considérons zn.
n!
{ρ > 0/(ρn /n!) est borne} = R+ donc R = +∞.
X
Exemple Considérons n!z n .
{ρ > 0/(an ρn ) est borne} = {0} donc R = 0.
Théorème
X
Soient an z n une série entière de rayon de convergence R et z ∈ C.
X
Si |z| < R alors la série a z n est absolument convergente.
Xn
Si |z| > R alors la série an z n diverge grossièrement et plus précisément la suite (an z n )
n’est pas bornée.
dém. :
Notons A = {ρ > 0/(an ρn ) est borne} et R = sup A.
Si |z| < R alors |z| ne majore pas A et doncXil existe ρ > 0 tel que |z| < ρ et tel que la suite (an ρn ) soit
bornée. En vertu du lemme d’Abel, la série an z n est absolument convergente.
n
Si |z| > R alors |z| ∈
/ A et donc (an z ) n’est pas bornée.
Corollaire
Soit D le domaine de convergence d’une série entière de rayon de convergence R.
Si R = 0 alors D = {0}.
Si R = +∞ alors D = C.
Si R ∈ ]0, +∞[ alors D(0, R) ⊂ D ⊂ D(0, R) en notant X D(0, R) = {z ∈ C/ |z| < R}
Sur le cercle de centre 0 et de rayon R, les natures de an z n peuvent être diverses.
Idée On saitX
|z| < R ⇒ an z n converge
X
|z| > R ⇒ an z n diverge.
ParXcontraposition :
Si an z n CV alors |z| 6 R.
X
Si an z n DV alors R 6 |z|.
Soit z ∈ C. n(n+1)
Posons un (z) = (−1) 2 (n − 1)2n z n .
Pour z 6= 0 et n > 2, on a un 6= 0.
n+1 n+1
un+1 (z)
= n 2 z
un (z) n − 1 2n z n → 2 |z|
X
Si |z| < 1/2 alors un (z) est absolument convergente.
X
Si |z| > 1/2 alors un (z) diverge grossièrement.
On en déduit R = 1/2.
X
Pour tout z ∈ C? , un (z) est absolument convergente (et aussi pour z = 0 ) donc R = +∞.
X
Remarque Plus généralement, soit F ∈ C(X)\ {0}, le rayon de convergence de F (n)z n vaut 1 car
pour z 6= 0
F (n + 1)z n+1 F (n + 1)
= |z| → |z|
|F (n)z n | F (n)
en effet
ap np + · · · ap np
F (n) = ∼ = λnp−q
bq nq + · · · bq nq
donc
F (n + 1) λ(n + 1)p−q
∼ →1
F (n) λnp−q
18.1.4.2
Cas des séries lacunaires
X
Remarque an z 2n est une série entière plus précisément
X X
an z 2n = bn z n
avec b2p = ap et b2p+1 = 0.
Le rayon de convergence d’une telle série peut souvent se déterminer par la démarche précédente.
X (−1)n
Si |z| < 1 alors z 2n+1 est absolument convergente.
n+1
X (−1)n
Si |z| > 1 alors z 2n+1 est grossièrement divergente.
n+1
On en déduit R = 1
Théorème
1) Si an = O(bn ) alors Ra > Rb .
2) Si an = o(bn ) alors Ra > Rb .
3) Si an ∼ bn alors Ra = Rb .
dém. :
1) Pour z ∈ C, anX z n = O(bn z n ). X
Si |z| < Rb alors bn z n est absolument convergente et par comparaison an z n l’est aussi.
X
Puisque an z n converge pour tout |z| < Rb , on a Rb 6 Ra .
2) Car an = o(bn ) ⇒ an = O(bn ) 3) car an ∼ bn ⇒ an = O(bn ) et bn = O(an ).
Corollaire
Si à partir d’un certain rang |an | 6 |bn | alors Ra > Rb .
X X
Exemple Les séries entières an z n |an | z n ont même rayon de convergence.
X
Exemple Si (an ) est bornée et ne tend pas vers 0 alors an z n a un rayon de convergence égal à 1.
X
En effet an = O(1) et z n a un rayon de convergence égal à 1 donc R > 1.
X
De plus, puisque an 6 →0, an z n diverge pour z = 1 et donc R 6 1.
Finalement R = 1.
Théorème
X
Soit an z n une série entière de rayon de convergence R.
X
Pour λ ∈ C, la série entière λan z n a pour rayon de convergence
0 R si λ 6= 0
R =
+∞ si λ = 0
dém. :
Cas λ = 0 : ok X X
Cas λ ∈ C? : la série numérique an z n converge si, et seulement si, λan z n converge.
18.1.5.2 Somme
Définition
X X X
On appelle somme des séries entières an z n et bn z n la série entière (an + bn )z n .
Théorème
X X
Si Ra et Rb sont les rayons de convergence des séries entières an z n et bn z n alors le
X
rayon de convergence R de la série entière somme (an + bn )z n vérifie
R > min(Ra , Rb )
dém. :
On remarque an z n + bn z n = (an + bn )z n .
Soit z ∈ C tel que |z| <Xmin(Ra , RX b ).
n
Les séries numériques an z et bn z n convergent absolument donc par somme la série numérique
X
(an + bn )z n converge aussi et de plus
+∞
X +∞
X +∞
X
n n
(an + bn )z = an z + bn z n
n=0 n=0 n=0
X
n
Puisque (an + bn )z converge pour tout |z| < min(Ra , Rb ), on a
min(Ra , Rb ) 6 R
Remarque Il est possible que R > min(Ra , Rb ), par exemple quand bn = −an .
Proposition
Si Ra 6= Rb alors R = min(Ra , Rb ).
dém. :
Quitte à échanger supposons Ra < Rb .
On sait déjà que R > X
Ra . X X
Pour Ra < |z| < Rb , an z n diverge alors que bn z n converge donc (an + bn )z n diverge.
On en déduit R = Ra = min(Ra , Rb ).
X
Exemple Soit an z n une série entière de rayon de convergence R.
X X
Considérons a2p z 2p et a2p+1 z 2p+1 de rayons de convergence R0 et R00 .
Montrons R = min(R0 , R00 ).
Remarquons
X X
a2p z 2p = bn z n avec b2p = a2p et b2p+1 = 0
X X
a2p+1 z 2p+1 = cn z n avec c2p = 0 et c2p+1 = a2p+1
X X
D’une part an = bn + cn pour tout n ∈ N donc an z n est la somme des séries entières a2p z 2p et
X
a2p+1 z 2p+1 puis R > min(R0 , R00 ).
D’autre part, |bn | , |cn | 6 |an | donc R0 , R00 > R puis min(R0 , R00 ) > R.
Finalement R = min(R0 , R00 ).
18.1.5.3 Produit
Définition
X X X
On appelle produit des séries entières an z n et bn z n la série entière cn z n avec
n
X
cn = ak bn−k .
k=0
Théorème
X X
Si Ra et Rb sont les rayons de convergence des séries entières an z n et bn z n alors le
X
rayon de convergence R de la série entière produit cn z n vérifie
R > min(Ra , Rb )
dém. :
On remarque
n
X
cn z n = (ak z k )(bn−k z n−k )
k=0
X X X
n
Ainsi la série numérique cn z est le produit de Cauchy des séries numériques an z n et bn z n .
X X
Pour z ∈ C tel que |z| < min(Ra , Rb ), an z n et bn z n sont absolument convergentes donc par
X
produit de Cauchy cn z n est absolument convergente et de plus
+∞ +∞
! +∞ !
X X X
n n n
cn z = an z bn z
n=0 n=0 n=0
X
Puisque cn z n converge pour tout |z| < min(Ra , Rb ), on a min(Ra , Rb ) 6 R.
X
Exemple Soit an z n une série entière de rayon de convergence R > 1.
X Xn
Etudions la série entière Sn z n avec Sn = ak .
k=0
n
X X X X
Pour tout n ∈ N, Sn = ak × 1 donc Sn z n est le produit des séries entières an z n et zn.
X k=0
n
Par suite Sn z est de rayon de convergence > min(R, 1) = 1 et pour tout z ∈ C tel que |z| < 1,
+∞ +∞
X 1 X
Sn z n = an z n
n=0
1 − z n=0
Définition
X
Si an z n est une série entière de rayon de convergence R > 0, le disque D(0, R) =
{z ∈ C/ |z| < R} est appelé disque ouvert de convergence.
Théorème
Une série entière de rayon de convergence R > 0 converge normalement, et donc
uniformément, sur tout compact non vide inclus dans le disque ouvert de convergence D(0, R).
dém.X:
Soit an z n une série entière de rayon de convergence R > 0.
Cette série entière est par définition la série des fonctions un : z 7→ an z n
Soit K un compact non vide inclus dans D(0, R).
X
Finalement un converge normalement sur K.
Corollaire
La somme d’une série entière de rayon de convergence R > 0 est continue sur son disque
ouvert de convergence.
dém. :
Par convergence uniforme sur tout compact d’une série de fonctions continues.
Attention : Il peut y avoir convergence en un z0 ∈ C tel que |z0 | = R sans pour autant que la somme y
soit continue.
Proposition
X X
Si an z n est une série entière de rayon de convergence R ∈ R+? et si an Rn est
+∞
X
absolument convergente alors la fonction z 7→ an z n est définie et continue sur D(0, R).
n=0
dém. : X
En effet kun k∞,D(0,R) = |an | Rn est sommable donc un converge normalement.
+∞
X (−1)n n
Exemple z 7→ z est définie et continue sur D(0, 1).
n=0
n2 + 1
Définition
L’ensemble I des x pour lesquels la série numérique converge vérifie ]−R, R[ ⊂ I ⊂ [−R, R],
on l’appelle intervalle de convergence de la série entière étudiée.
Théorème
X
La série entière an xn converge normalement sur tout segment inclus dans ]−R, R[.
Corollaire
+∞
X
La fonction S : x 7→ an xn est continue sur ]−R, R[.
n=0
Attention : Par la seule connaissance du rayon de convergence, on ne peut rien dire a priori sur la
définition et l’éventuelle continuité de S en ±R.
Exemple Etudions
+∞
X (−1)n−1 n
S : x 7→ x
n=1
n
S est une série entière de rayon de convergence R = 1.
S est donc assurément définie et continue sur ]−1, 1[.
Etude en x = −1
X (−1)n−1 X −1
(−1)n = diverge.
n n
S n’est pas définie en −1.
Etude en x = 1
X (−1)n−1 X (−1)n−1
1n = converge via le critère spécial.
n n
S est définie en 1.
Continuité en 1
(−1)n−1 n
Considérons un : [0, 1] → R définie par un (x) = x avec n > 1.
n
Les
X fonctions u n sont continues.
un (x) converge par le critère spécial.
1 1 1
|Rn (x)| 6 |un+1 (x)| 6 xn+1 6 donc kRn k∞ = sup |Rn (x)| 6 → 0.
n+1 n+1 x∈[0,1] n + 1
Il y a convergence uniforme sur [0, 1] donc S est continue sur [0, 1].
18.2.2 Dérivation
Définition
X
On appelle série entière dérivée d’une série entière an xn la série entière
X X
nan xn−1 = (n + 1)an+1 xn
n>1
Lemme
Série entière et série entière dérivée ont le même rayon de convergence.
dém. : X X
Notons R et R0 les rayons de convergence des séries entières an xn et nan xn−1 .
n>1
+∞
X +∞
X
∀x ∈ ]−R, R[ , S 0 (x) = nan xn−1 = (n + 1)an+1 xn
n=1 n=0
dém. :
Notons un : x 7→ an xn . X X
Les fonctions un sont de classe C 1 , un converge simplement sur ]−R, R[ et u0n converge normalement
sur tout segment inclus dans ]−R, R[ car la série entière dérivée a pour rayon de convergence R.
+∞
X (−1)n−1 n
Exemple Considérons à nouveau S(x) = x définie et continue sur ]−1, 1]
n=1
n
R = 1 donc S est de classe C 1 sur ]−1, 1[.
Pour tout x ∈ ]−1, 1[,
+∞
X 1
S 0 (x) = (−1)n−1 xn−1 =
n=1
1+x
+∞
X (−1)n−1 n
∀x ∈ ]−1, 1] , x = ln(1 + x)
n=1
n
Théorème
X
Si an xn est une série entière de rayon de convergence R > 0 alors sa fonction somme
+∞
X
S : x 7→ an xn est de classe C ∞ sur ]−R, R[ et ses dérivées successives s’obtiennent en
n=0
dérivant terme à terme :
+∞
X
∀p ∈ N, ∀x ∈ ]−R, R[ , S (p) (x) = n(n − 1) . . . (n − p + 1)an xn−p
n=p
ou encore
+∞
X
∀p ∈ N, ∀x ∈ ]−R, R[ , S (p) (x) = (n + p)(n + p − 1) . . . (n + 1)an+p xn
n=0
18.2.3 Intégration
Théorème
X
Si an xn est une série entière de rayon de convergence R > 0 alors pour tout [α, β] ⊂
Z βX+∞
]−R, R[, on peut calculer an tn dt en intégrant terme à terme :
α n=0
Z +∞
β X +∞
X Z β
an tn dt = an tn dt
α n=0 n=0 α
dém. :
Car la série de fonctions converge uniformément sur le segment [α, β].
Exemple On obtient
+∞ Z +∞
1/2 X Z 1/2
X 1 1 n dt 1/2
n+1
= t dt = = [− ln(1 − t)]0 = ln 2
n=0
n + 1 2 0 n=0 0 1−t
Théorème
X
Si an xn est une série entière de rayon de convergence R > 0 alors la série entière
X an
xn+1 est aussi de rayon de convergence R et sa somme
n+1
+∞
X an n+1
x 7→ x
n=0
n +1
dém. : X an X
La dérivée de la série entière xn+1 est an xn , ces deux séries entières ont donc le même
n+1
rayon de convergence et la seconde est la dérivée de la première.
S (n) (0)
∀n ∈ N, an =
n!
dém. :
S est de classe C ∞ sur ]−R, R[ et
+∞
X
S (p) (x) = (n + p)(n + p − 1) . . . (n + 1)an+p xn
n=0
alors
∀n ∈ N, an = bn
dém. :
+∞
X +∞
X
n
Notons Sa : x 7→ an x et Sb : x 7→ bn x n .
n=0 n=0
Par hypothèse, il existe r > 0 tel que
On a alors
(p)
∀p ∈ N, ∀x ∈ ]−r, r[ , Sa(p) (x) = Sb (x)
donc
(p) (p)
Sa (0) S (0)
ap = = b = bp
p! p!
X
Exemple Soit an xn est une série entière de rayon de convergence R > 0 et de somme
+∞
X
S : x ∈ ]−R, R[ 7→ an xn
n=0
Montrons
S est paire si, et seulement si, ∀p ∈ N, a2p+1 = 0
( ⇐ ) Supposons ∀p ∈ N, a2p+1 = 0.
+∞
X +∞
X
S(x) = an xn = a2p x2p donc S est une fonction paire définie sur ]−R, R[ ou [−R, R].
n=0 p=0
( ⇒ ) Supposons S paire.
+∞
X +∞
X
Pour tout x ∈ ]−R, R[, S(x) = S(−x) donc an xn = (−1)n an xn .
n=0 n=0
Par identification des coefficients de séries entières de rayons de convergence > 0, on a pour tout n ∈ N,
an = (−1)n an et donc ∀p ∈ N, a2p+1 = 0.
De même, on montre :
S est impaire si, et seulement si, ∀p ∈ N, a2p = 0
X +∞
X
n
∀x ∈ ]−r, r[ , an x converge et f (x) = an xn
n=0
1
Exemple Considérons f : x 7→ définie sur ]−∞, 1[
1−x
f est développable en série entière sur ]−1, 1[ car on sait
+∞
1 X
= xn
1 − x n=0
et donc f (x) apparaît sur ]−1, 1[ comme égale à la somme d’une série entière convergente.
1
Exemple Considérons f : x 7→ définie sur R.
1 + x2
f est développable en série entière sur ]−1, 1[ car
+∞ +∞
1 1 X X
= = un = (−1)n x2n
1 + x2 u=−x2 1 − u |u|<1 n=0 n=0
et donc f (x) apparaît sur ]−1, 1[ comme égale à la somme d’une série entière convergente.
Définition
On dit que f : I → C est développable en série entière en 0 s’il existe r > 0 telle que f est
développable en série entière sur ]−r, r[.
1 1
Exemple Les fonctions x 7→ , , ex sont développables en série entière en 0.
1 − x 1 + x2
Définition
On appelle série de Taylor d’une fonction f : I → C de classe C ∞ la série entière
X f (n) (0)
xn
n!
Théorème
Si f : I → C est développable en série entière sur ]−r, r[ alors
+∞
X
∀x ∈ ]−r, r[ , f (x) = an xn
n=0
f (n) (0)
∀n ∈ N, an =
n!
Autrement dit, il n’y a qu’une seule série entière qui puisse correspondre à f à savoir sa série
de Taylor.
+∞ (n)
X f (0) n
f (x) = x
n=0
n!
dém. :
X +∞
X
Il existe une série entière an xn de rayon de convergence R > r tel que sur ]−r, r[ , f (x) = an xn .
n=0
+∞
X
Considérons alors la fonction S : x 7→ an xn .
n=0
La fonction S est définie et de classe C ∞ sur ]−R, R[ donc sur ]−r, r[
Puisque f et S coïncident sur ]−r, r[, f est de classe C ∞ sur ]−r, r[.
De plus, pour tout n ∈ N,
S (n) (0) f (n) (0)
an = =
n! n!
donc la série entière introduite n’est autre que la série de Taylor de f .
Remarque Une fonction qui n’est pas de classe C ∞ ne peut pas être développable en série entière.
Remarque Si f est de classe C ∞ on peut étudier si f est développable en série entière en vérifiant si
n
X f (k) (0)
xk −−−−−→ f (x)
k! n→+∞
k=0
On peut pour cela exploiter l’inégalité de Taylor-Lagrange ou l’égalité de Taylor avec reste intégrale.
avec M ∈ R+ et K > 0.
Montrons que f est développable en série entière en 0.
Pour tout x ∈ [−1, 1],
n
X f (k) (0) k
f (n+1)
∞ n+1
f (n+1)
∞ xn+1 n+1
f (x) − x 6 x 6 6 M K n+1 |x|
k! (n + 1)! (n + 1)!
k=0
n+1
Pour |x| < r = min(1, 1/|K|) on a (K |x|) → 0 et donc
n
X f (k) (0)
xk → f (x)
k!
k=0
X f (n) (0)
Ainsi la série xn converge et
n!
+∞ (n)
X f (0) n
f (x) = x
n=0
n!
La fonction f s’écrit sur ]−r, r[ comme égale à la somme d’une série entière convergente, elle est donc
développable en série entière sur ]−r, r[.
Attention : Il existe des fonctions de classe C ∞ qui ne sont pas développables en série entière.
Théorème
Si f, g : I → C sont développables en série entière sur ]−r, r[ alors pour tout λ ∈ C, λf , f + g
et f g sont développables en série entière sur ]−r, r[.
dém. : X X
Il existe des séries entières an xn et bn xn de rayons de convergence Ra , Rb > r telles que
sur ]−r, r[,
+∞
X +∞
X
n
f (x) = an x et g(x) = bn xn
n=0 n=0
+∞
X +∞
X
(λf )(x) = λf (x) = λ an xn = λan xn
n=0 n=0
La fonction λf est sur ]−r, r[ somme d’une série entière convergente, elle est donc développable en série
entière.
Pour tout x ∈ ]−r, r[, on a
+∞
X +∞
X +∞
X
(f + g)(x) = f (x) + g(x) = an xn + bn xn = (an + bn )xn
n=0 n=0 n=0
La fonction f + g est sur ]−r, r[ somme d’une série entière convergente, elle est donc développable en
série entière.
Enfin par produit de Cauchy de séries absolument convergentes
+∞
! +∞
! +∞ X
n
!
X X X
n n
(f g)(x) = f (x)g(x) = an x bn x = ak bn−k xn
n=0 n=0 n=0 k=0
La fonction f g est sur ]−r, r[ somme d’une série entière convergente, elle est donc développable en série
entière.
+∞ +∞
X 1 n X (−1)n n
Exemple Pour tout x ∈ R, ex = x et e−x = x donc les fonctions ch et sh sont
n=0
n! n=0
n!
développables en série entière sur R avec
+∞ +∞
X 1 X 1
chx = x2n et shx = x2n+1
n=0
(2n)! n=0
(2n + 1)!
Théorème
Si f : I → C est développable en série entière sur ]−r, r[ alors f¯, Re(f ) et Im(f ) l’est aussi.
dém. :
+∞
X +∞
X +∞
X
Si f (x) = an xn sur ]−r, r[ alors f (x) = an xn , Re(f (x)) = Re(an )xn , Im(f (x)) =
n=0 n=0 n=0
+∞
X
Im(an )xn .
n=0
Les fonction s f¯, Re(f ) et Im(f ) sont donc développables en série entière sur ]−r, r[ car sommes de
séries entières convergentes sur cet intervalle.
donc les fonctions cos et sin sont développables en série entière sur R avec
+∞ +∞
X (−1)n 2n X (−1)n 2n+1
cos x = x et sin x = x
n=0
(2n)! n=0
(2n + 1)!
Théorème
Si f : I → C est développable en série entière sur ]−r, r[ alors ses dérivées successives le sont
aussi.
dém. :
+∞
X
Si f (x) = an xn sur ]−r, r[ alors par dérivation de la somme d’une série entière
n=0
+∞
X
f 0 (x) = (n + 1)an+1 xn
n=0
et donc f 0 est développable en série entière sur ]−r, r[. Il en est de même de f 00 , . . . , f (n) , . . ..
Théorème
Si f : I → C est développable en série entière sur ]−r, r[ avec
+∞
X
f (x) = a n xn
n=0
dém. :
+∞ +∞
X an n+1 X
On sait que x 7→ x est la primitive s’annulant en 0 de x 7→ an xn .
n=0
n + 1 n=0
Théorème
Pour tout α ∈ R, la fonction x 7→ (1 + x)α est développable en série entière sur ]−1, 1[ et
+∞
X α(α − 1) . . . (α − n + 1) n
(1 + x)α = x
n=0
n!
dém. :
Posons
α(α − 1) . . . (α − n + 1)
an =
n!
X
et étudions la série entière an xn
On a
α(α − 1) α−n
a0 = 1, a1 = α, a2 = , . . . , an+1 = an
2 n+1
X
Déterminons le rayon de convergence R de la série entière an xn .
Cas α ∈ N
Pour n > α, an = 0 et donc R = +∞ (polynôme)
Cas α ∈ /N
Pour tout n ∈ N, an 6= 0
? n
Pour x ∈R , considérons un = an x
un+1 |α − n|
et = |x| → |x| donc R = 1.
un n+1
Dans les deux cas la fonction
+∞
X
S : x 7→ an xn
n=0
donc
+∞
X +∞
X
S 0 (x) = (n + 1)an+1 xn = (α − n)an xn
n=0 n=0
puis
+∞
X +∞
X
S 0 (x) = α an xn − x nan xn−1 = αS(x) − xS 0 (x)
n=0 n=1
(1 + x)0 + αy = 0
Or λ = S(0) = a0 = 1 donc
S(x) = (1 + x)α
Exemple Cas α ∈ N
Si α = p ∈ N
p
+∞
!
X p(p − 1) . . . (p − k + 1) X p
(1 + x)p = xk = xk
k! k
k=0 k=0
Lemme
1
∀a ∈ C? , ∀p ∈ N, x 7→ est développable en série entière sur ]−r, r[ avec r = |a|.
(x − a)p+1
dém. :
Pour |x| < |a|,
+∞
1 1 1 X −1 n
=− = x
x−a a 1 − x/a n=0 an+1
Par dérivation à l’ordre p
+∞
(−1)p p! X (−1)(n + p)(n + p − 1) . . . (n + 1) n
= x
(x − a)p+1 n=0
an+p+1
Ainsi
+∞
1 X (−1)p−1 (n + p)! n
= x
(x − a)p+1 n=0
an+p+1 p!n!
Théorème
Toute fonction rationnelle dont 0 n’est pas pôle est développable en série entière en 0.
dém. :
Soit x 7→ F (x) une fonction rationnelle définie en 0.
Notons a1 , . . . , an de multiplicités respectives p1 , . . . , pn les pôles de F .
La décomposition en éléments simple de F (x) est de la forme
pi
n X
X λi,j
F (x) = E(x) +
i=1 j=1
(x − ai )j
Ainsi F est combinaison linéaire de fonctions développables en série entière sur ]−r, r[ avec r =
min |ai |.
16i6n
Exemple Formons le développement en série entière en 0 de
1
f : x 7→
(x − 1)2 (x + 2)
La partie entière de f est nulle, 1 est pôle double et −2 est pôle simple. La décomposition en éléments
simple de f est alors de la forme
1 a b c
f (x) = 2
= + +
(x − 1) (x + 2) x + 2 x − 1 (x − 1)2
avec 0
1 1 1 1 1 1
a= = ,c= = et b = =−
2
(x − 1) x=−2
9 (x + 2) x=1
3 (x + 2)
9
x=1
1
f : x 7→
x2 + x + 1
Pour x ∈ ]−1, 1[,
+∞ +∞
1−x X
3n
X
f (x) = = (1 − x)x = an xn
1 − x3 n=0 n=0
f : x 7→ ln(1 + x + x2 )
+∞
0 1 + 2x (1 + 2x)(1 − x) 1 + x − 2x2 2
X
f (x) = = = = (1 + x − 2x ) x3n
1 + x + x2 1 − x3 1 − x3 n=0
− 21 − 32 · · · − 2n−1
α(α − 1) . . . (α − n + 1) (2n)!
= 2
= (−1)n n 2
n! n! (2 n!)
+∞
X (2n)! 2n
donc (arcsin x)0 = x puis
n=0
(2n n!)2
+∞
X (2n)! x2n+1
arcsin x =
n=0
(2n n!)2 2n + 1
Ainsi f vérifie l’équation différentielle (1 − x2 )f 0 (x) − xf (x) = 1, de plus f (0) = 0 et dont f est
solution sur ]−1, 1[ du problème différentiel
(
(1 − x2 )y 0 − xy = 1
Σ:
y(0) = 0
Finalement
+∞
X (2p p!)2 2p+1
S(x) = x
p=0
(2p + 1)!
Synthèse : Considérons
+∞
X (2p p!)2 2p+1
S : x 7→ x
p=0
(2p + 1)!
donc R = 1.
Par les calculs qui précèdent, on peut affirmer que S est solution sur ]−1, 1[ du problème différentiel Σ.
Or le problème différentiel Σ admet une solution unique donc f = S.
18.4 Applications
18.4.1 Régularité d’un prolongement continu
ex − 1
Exemple Soit f : R? → R définie par f (x) = .
x
Quand x → 0, ex = 1 + x + o(x) donc
x + o(x)
f (x) = →1
x
On peut prolonger f par continuité en 1 en posant f (0) = 1.
Montrer que la fonction f ainsi prolongée est de classe C ∞ sur R.
Pour tout x ∈ R,
+∞
x
X 1 n
e −1= x
n=1
n!
Pour tout x ∈ R? ,
+∞ +∞
ex − 1 X 1 n−1 X 1
= x = xn
x n=1
n! n=0
(n + 1)!
puis pour tout x ∈ R,
+∞
X 1
f (x) = xn
n=0
(n + 1)!
Ainsi f est développable en série entière sur R et donc c’est une fonction de classe C ∞ .
De plus
1
∀n ∈ N, f (n) (0) =
n+1
car par série de Taylor
f (n) (0) 1
=
n! (n + 1)!
Exemple De même, on obtient que la fonction sinus cardinal est de classe C ∞ sur R.
sin x
Remarque On en déduit que la fonction x 7→ se prolonge en une fonction de classe C ∞ car
ex − 1
sin x sin x x x sin x
x
= x
est produit des deux fonctions x 7→ x et x 7→ qui se prolongent en
e −1 x e −1 ∞ e −1 x
des fonctions de classe C .
+∞
X 1
Exemple Calculons xn .
n=0
(2n)!
On a immédiatement R = +∞.
Si x > 0 alors
+∞ +∞
X 1 X 1 √ 2n √
xn = x = ch x
n=0
(2n)! n=0
(2n)!
Si x 6 0 alors
+∞ +∞ +∞
X 1 X (−1)n n X (−1)n p 2n p
xn = |x| = |x| = cos |x|
n=0
(2n)! n=0
(2n)! n=0
(2n)!
+∞
X (−1)n n
Exemple Calculons x .
n=2
n2 − 1
On a immédiatement R = 1.
Par décomposition en éléments simples
1 1 1 1
2
= −
n −1 2 n−1 n+1
Pour x ∈ ]−1, 1[ et x 6= 0,
+∞ +∞
(−1)n xn 1 X (−1)n−1 n
X 1 1
= x = ln(1 + x) − x + x
n=2
n+1 x n=3 n x 2
avec un rayon de convergence R = +∞. Cette série entière converge donc normalement sur tout
segment inclus dans R et donc en particulier sur [0, π].
Puisque les fonctions sommées sont continues et que la série de fonctions converge uniformément
+∞
πX +∞ Z π
(−1)n 2n (−1)n 2n
Z X
t dt = t dt
0 n=0
(2n + 1)! n=0 0
(2n + 1)!
Exemple Calculons
Z 1
ln(1 + t)
I= dt
0 t
Sur ]0, 1[,
+∞ +∞
ln(1 + t) X (−1)n−1 n−1 X (−1)n−1 n−1
f (t) = = t = t
t n=1
n n=1
n
(et la relation vaut aussi 1 et peut valoir en 0 par prolongement par continuité)
Posons un : ]0, 1[ → R définie par
(−1)n−1 n−1
un (t) = t
n
X +∞
X
La série de fonctions un converge simplement et sa somme un = f est continue par morceaux.
n=1
Chaque un est continue par morceaux et intégrable sur ]0, 1[.
XZ
Enfin la série |un | converge car
Z Z 1 n−1
t 1
|un | = dt =
]0,1[ 0 n n2
+∞
X 1 π2
Sachant 2
= , on peut achever le calcul de I,
n=1
n 6
+∞ +∞ +∞ +∞
! +∞
X 1 X 1 X 1 X 1 X 1
I= − = + −2
p=0
(2p + 1)2 p=1 (2p)2 p=0
(2p + 1)2 p=1 (2p)2 p=1
(2p) 2
et donc
+∞ +∞ +∞
X 1 1X 1 1X 1 π2
I= − = =
n=1
n2 2 p=1 p2 2 n=1 n2 12
f C 1 sur R :
2 −1/x2 2
Quand x → 0 (avec x 6= 0 ), f 0 (x) = 3
e = 2X 3 e−X → 0 car |X| → +∞.
x X=1/x
Ainsi f est de classe C 1 sur R et f 0 (0) = 0.
f C ∞ sur R :
1 2 2
Quand x → 0 (avec x 6= 0 ) f (n) (x) = Pn e−1/x = Pn (X)e−X → 0 avec Pn polynôme.
x X=1/x
On montre alors par récurrence sur n ∈ N que f est de classe C n avec f (n) (0) = 0.
Finalement f est de classe C ∞ sur R et sa série de Taylor est nulle.
f non développable en série entière
Par l’absurde, si f est développable en série entière sur ]−r, r[ alors
+∞
X f (n) (0)
∀x ∈ ]−r, r[ , f (x) = an xn = 0 car an = =0
n=0
n!
avec x
(x − t)n (n+1)
Z
Rn (x) = f (t) dt
0 n!
Par le changement de variable t = xu, on peut écrire
1
(1 − u)n (n+1)
Z
n+1
Rn (x) = x f (xu) du
0 n!
Choisissons y tel que |x| < y < r. Puisque f (n+1) est croissante, on a
et donc
1
(1 − u)n (n+1)
Z
n+1 n+1
|Rn (x)| 6 |x| f (yu) du 6 |x/y| Rn (y)
0 n!
De plus Rn (y) 6 f (y) car les termes de la somme partielle de Taylor en y sont tous positifs et donc
n+1
|Rn (x)| 6 |x/y| f (y) −−−−−→ 0
n→+∞
Finalement f est aussi égale à la somme de sa série de Taylor sur ]−r, r[.
Séries de Fourier
∀t ∈ R, f (t + 2π) = f (t)
Proposition
Pour g : [a, a, +2π[ → C, il existe une unique fonction f : R → C 2π-périodique vérifiant
f[a,a+2π[ = g.
dém. :
Analyse : Supposons f solution.
Soit t ∈ R. Pour tout n ∈ Z, f (t) = f (t − 2nπ).
Pour n = b(t − a)/2πc, t − 2nπ ∈ [a, a + 2π[ donc f (t) = g(t − b(t − a)/2πc 2π) ce qui détermine f
de façon unique.
Synthèse : f (t) = g(t − b(t − a)/2πc 2π) convient.
Remarque Pour g : [a, a + 2π] → C vérifiant g(a) = g(a + 2π), il existe aussi une unique fonction
f : R → C 2π-périodique prolongeant g.
517
19.1. FONCTIONS 2π PÉRIODIQUES
19.1.2 Régularité
Définition
On note C2π l’algèbre des fonctions f : R → C continues 2π-périodiques.
Proposition
Soient f : R → C 2π-périodique et a ∈ R. On a équivalence entre :
(i) f est continue ;
(ii) f[a,a+2π] est continue.
dém. :
(i) ⇒ (ii) ok
(ii) ⇒ (i) Si f[a,a+2π] est continue alors f[a+2π,a+4π] aussi.
Par continuité à droite et à gauche en a + 2π on obtient f[a,a+4π] continue.
Plus généralement, on montre que, pour tout k, ` ∈ N, f[a−2kπ,a+2`π] est continue.
Finalement, par continuité sur tout compact, f est continue.
Exemple La fonction triangle est continue.
En effet, sa restriction à [−π, π] est la fonction t 7→ |t| qui est continue.
Définition
On note CM2π l’algèbre formée des fonctions f : R → C 2π-périodiques et continues par
morceaux.
Proposition
Soient f : R → C 2π-périodique et a ∈ R. On a équivalence entre :
(i) f est continue par morceaux ;
(ii) f[a,a+2π] est continue par morceaux.
dém. :
(i) ⇒ (ii) ok
(ii) ⇒ (i) Supposons f[a,a+2π] continue par morceaux.
Il existe σ = (a0 , . . . , an ) subdivision de [a, a + 2π] telle que pour tout i ∈ {1, . . . , n}, f]ai−1 ,ai [ se
prolonge en une fonction continue sur [ai−1 , ai ].
Considérons alors σ 0 = (a0 , . . . , an , a1 + 2π, . . . , an + 2π), σ 0 est une subdivision de [a, a + 4π]
permettant d’établir que f[a,a+4π] est continue par morceaux.
Plus généralement, on montre que, pour tout k, ` ∈ N, f[a−2kπ,a+2`π] est continue par morceaux.
Exemple La fonction créneau est continue par morceaux car sa restriction à [−π, π] l’est via la
subdivision σ = (−π, 0, π).
Plus généralement
Proposition
Soient f : R → C 2π-périodique et a ∈ R. On a équivalence entre :
(i) f est de classe C p par morceaux ;
(ii) f[a,a+2π] est C p par morceaux.
Exemple Les fonctions créneau et triangle sont C ∞ par morceaux car le sont sur [−π, π] via la
subdivision σ = (−π, 0, π).
dém. :
Par la relation de Chasles
Z a+2π Z b Z b+2π Z a+2π
f (t) dt = f (t) dt + f (t) dt + f (t) dt
a a b b+2π
Or par 2π périodicité
Z b Z b+2π
f (t) dt = f (t) dt
a a+2π
Définition
Cette valeur commune est appelée intégrale sur une période de f .
Attention : Ecrire Z Z 2π Z 2π
τ (t) dt = τ (t) dt = t dt
2π 0 0
n’est pas valable car τ (t) n’est pas égal à t sur tout l’intervalle [0, 2π].
Lemme
Soit f : R → C 2π-périodique.
Z 2π
1
Si f est continue et de classe C par morceaux alors D(f ) = 0.
0
dém. :
Soit σ = (a0 , . . . , an ) une subdivision de [0, 2π] adaptée à la fonction C 1 par morceaux f .
Z 2π Xn Z ai
D(f ) = D(f )
0 k=1 ai−1
Par suite Z 2π n
X
D(f ) = f (ai ) − f (ai−1 ) = f (an ) − f (a0 ) = 0
0 k=1
Théorème
Pour f, g 2π-périodiques, continues et C 1 par morceaux
Z 2π Z 2π
D(f )(t)g(t) dt = − f (t)D(g(t)) dt
0 0
dém. : Z 2π
f g est continue et C 1 par morceaux donc D(f g) = 0.
0
Or, sauf en un nombre fini de points par période
D(f g)(t) = (f g)0 (t) = f 0 (t)g(t) + f (t)g 0 (t) = D(f )(t)g(t) + f (t)D(g)(t)
donc Z 2π
(D(f )(t)g(t) + f (t)D(g)(t)) dt = 0
0
Définition
Pour f, g ∈ C2π , on pose
Z 2π
1
(f | g) = f (t)g(t) dt
2π 0
Théorème
(. | .) définit un produit hermitien sur C2π .
dém. :
(. | .) est évidemment une forme sesquilinéaire hermitienne.
Z 2π
1 2
(f | f ) = |f (t)| dt > 0 et si (f | f ) = 0 alors par intégrale nulle d’une fonction continue
2π 0
positive, f[0,2π] est la fonction nulle, puis, par périodicité, f = 0.
Corollaire
C2π est un espace normé par k . k2 avec
Z 2π
2 1 2
kf k2 = |f (t)| dt
2π 0
Pour m ∈ N et n ∈ N? ,
Z 2π
1
(sm | cn ) = sin(mt) cos(nt) dt = . . . = 0
2π 0
Pour m, n ∈ N? ,
Z 2π
1
(sm | sn ) = sin(mt) sin(nt) dt = . . . = 0
2π 0
Définition
Pour n ∈ Z, on note en la fonction de C2π définie par en (t) = eint .
Théorème
(en )n∈Z est une famille orthonormée de C2π .
dém. : Z 2π
1
(em | en ) = ei(n−m)t dt.
2π0 Z 2π
2 1
Cas m = n : ken k = 1 dt = 1.
2π 0
1 1 i(n−m)t
Cas m 6= n : (em | en ) = e = 0.
2π i(n − m)
Définition
[
On note Pn = Vect(ek )−n6k6n et P = Vect(en )n∈Z = Pn .
n∈N
Les éléments de P sont appelés polynôme trigonométrique, ils sont de la forme
X
t 7→ cn eint
n∈Z
∃N ∈ N, ∀n ∈ N, |n| > N ⇒ cn = 0
Définition
On note P = Vect(en )n∈Z l’espace des polynômes trigonométriques.
Théorème
Corollaire
P est dense dans C2π pour k . k∞ et pour k . k2 et k . k1 .
Z 2π
1
Exemple c0 (f ) = f (t) dt est la valeur moyenne de f .
2π 0
Cas n = 0, c0 (f ) = 0.
1 − (−1)n
Cas n 6= 0, cn (f ) = .
iπn
2
Ainsi c2p (f ) = 0 et c2p+1 (f ) = .
iπ(2p + 1)
Définition
On appelle série de Fourier de f la suite de fonctions (Sn (f ))n∈N avec Sn (f ) le polynôme
trigonométrique déterminé par
n
X
Sn (f ) = ck (f )ek
k=−n
Exemple a0 (f ) = 2c0 (f ) et b0 (f ) = 0.
Proposition
Pour tout n ∈ N,
an − ibn an + ibn
cn = , c−n =
2 2
et
an = cn + c−n et bn = i(cn − c−n )
dém. : Z 2π
1 1
cn (f ) = f (t)(cos(nt) − i sin(nt)) dt = an (f ) − ibn (f ) etc.
2π 0 2
Proposition
n
a0 X
∀t ∈ R, Sn (f )(t) = + ak cos(kt) + bk sin(kt).
2
k=1
dém. :
On a
n
X n
X
Sn (f )(t) = ck eikt = c0 + ck eikt + c−k e−ikt
k=−n k=1
avec
ck eikt + c−k e−ikt = (ck − c−k ) cos(kt) + i(ck − c−k ) sin(kt) = ak cos(kt) + bk sin(kt)
Théorème
Si f est une fonction réelle alors an (f ) et bn (f ) sont réels.
Si f est paire alors
2 π
Z
an (f ) = f (t) cos(nt) dt et bn (f ) = 0
π 0
Si f est impaire alors
Z π
2
an (f ) = 0 et bn (f ) = f (t) sin(nt) dt
π 0
dém. :
Si f est à valeurs réelles alors an (f ) et bn (f ) sont réels par intégration d’une fonction réelle.
Si f est paire alors
1 π 2 π
Z Z
an (f ) = f (t) cos(nt) dt = f (t) cos(nt) dt
π −π π 0
Par suite
4
b2p (f ) = 0 et b2p+1 (f ) =
π(2p + 1)
La somme de Fourier partielle de rang 2n + 1 de f est alors donnée par
n
X 4
S2n+1 (f )(t) = sin((2p + 1)t)
p=0
(2p + 1)π
dém. :
Par l’inégalité triangulaire
Z Z
1 −int 6 1
|cn (f )| = f (t)e dt |f (t)| dt
2π 2π 2π
2π
Proposition
n Z 2π
X 2 1 2
∀f ∈ CM2π , ∀n ∈ N, |ck (f )| 6 |f (t)| dt
2π 0
k=−n
dém. :
Cas f continue :
n
X
Commençons par interpréter le premier membre. On introduit Sn (f ) = ck (f )ek .
k=−n
Par Pythagore
n
X
2 2
kSn (f )k2 = |ck (f )|
k=−n
dém. :
n
X 2
Posons un = |ck (f )|
k=−n
La suite (un )n∈N est croissante et majorée en vertu de l’inégalité de Bessel. On en déduit qu’elle est
2 2
convergente et donc un+1 − un = |cn (f )| + |c−n (f )| −−−−−→ 0.
n→+∞
Remarque Pour une fonction de classe C 1 , on aurait pu aussi montrer le résultat directement par une
intégration par parties pour une fonction de classe C 1 :
Z 2π 2π Z 2π
f (t)e−int
−int 1
f (t)e dt = + f 0 (t)e−int dt −−−−−−→ 0
0 −int 0 in 0 |n|→+∞
Corollaire
Si f est continue et C 1 par morceaux alors cn (f ) = o(1/n) quand |n| → +∞.
dém. :
1
Si f est continue et C 1 par morceaux alors cn (f ) = cn (D(f )) avec cn (D(f )) −−−−−−→ 0.
in |n|→+∞
Remarque Plus généralement, si f est de classe C p−1 et de classe C p par morceaux alors
cn (f ) = o(1/np ) quand |n| → +∞.
Remarque Ces résultats se transposent aux coefficients trigonométriques via les relations :
an (f ) = cn (f ) + c−n (f ) et bn (f ) = i(cn (f ) − c−n (f )).
dém. :
Notons en : t 7→ eint . On observe alors que cn (f ) = (en | f ).
La famille (ek )−n6k6n est une base orthonormée de Pn donc la projection orthogonale de f sur Pn est
n
X n
X
(ek | f )ek = ck (f )ek = Sn (f )
k=−n k=−n
kSn (f ) − f k2 → 0
dém. :
On a kSn (f ) − f k2 = d(f, Pn ).
Soit ε > 0. Par le théorème de Weierstrass trigonométrique il existe ϕ ∈ P tel que kf − ϕk∞ 6 ε et
donc kf − ϕk2 6 kf − ϕk∞ 6 ε car k . k2 6 k . k∞ .
Soit N ∈ N tel que ϕ ∈ PN .
Pour tout n > N , ϕ ∈ Pn donc d(f, Pn ) 6 kf − ϕk2 6 ε.
Ainsi d(f, Pn ) −−−−−→ 0.
n→+∞
19.3.2 Formule de Parseval
Théorème
Pour f : R → C continue par morceaux et 2π-périodique
n Z 2π
X 2 1 2
lim |ck | = |f (t)| dt
n→+∞ 2π 0
k=−n
On écrit
Z 2π +∞
1 2
X 2
|f (t)| dt = |cn |
2π 0 n=−∞
dém. :
Cas f continue
k.k
2 2 2
Puisque Sn (f ) −−−→ f , on a kSn (f )k2 → kf k2 .
Xn
Or a Sn (f ) = ck ek avec les ck ek deux à deux orthogonaux. Par Pythagore
k=−n
n
X n
X
2 2 2
kSn (f )k2 = kck ek k2 = |ck |
k=−n k=−n
et donc
n
X 2 2
lim |ck | = kf k2
n→+∞
k=−n
dém. :
On a
n
X n
X
2 2 2 2
|ck | = |c0 | + |ck | + |c−k |
k=−n k=1
1 1
avec a0 = 2c0 et pour k > 1, ck = (ak − ibk ), c−k = (ak + ibk ) de sorte que
2 2
2 2 1 1 2 2
|ck | + |c−k | = (ak − ibk )(āk + ib̄k ) + (ak + ibk )(āk − ib̄k ) = |ak | + |bk |
4 2
Exemple Soit f la fonction créneau.
4
an = 0, b2p = 0 et b2p+1 =
π(2p + 1)
Par la formule de Parseval :
2 +∞ Z 2π
|a0 | 1 X 2 2
1 2
+ |an | + |bn | = |f (t)| dt
4 2 n=1 2π 0
Ainsi
+∞ +∞
1 X 4(1 − (−1)n )2 8 X 1
= 2 =1
2 n=1 n2 π 2 π p=0 (2p + 1)2
Par suite
+∞
X 1 π2
=
(2p + 1)2 8
k=0
+∞
X 1
On en déduit la valeur de S = .
n=1
n2
En effet
+∞ +∞
X 1 X 1 1 π2
S= + = S +
p=1
(2p)2 p=0 (2p + 1)2 4 8
π2
donne S = .
6
Définition
On dit que la série de Fourier de f converge en t ∈ R si la suite numérique (Sn (f )(t))n∈N
converge.
Sa limite est alors appelée somme de Fourier de f en t.
On note alors
n +∞ +∞
X X a0 X
S(f )(t) = lim ck eikt = cn eint = + an cos(nt) + bn sin(nt)
n→+∞
n=−∞
2 n=1
k=−n
Définition
On dit que f est développable en série de Fourier si sa série de Fourier converge sur R et que
la somme de Fourier de f est égale à f .
Remarque f est développable en série de Fourier si sa série de Fourier converge simplement vers
elle-même.
Proposition
Si f est développable en série de Fourier alors
+∞ +∞
X a0 X
∀t ∈ R, f (t) = cn eint = + an cos(nt) + bn sin(nt)
n=−∞
2 n=1
Théorème
Soit f : R → C 2π-périodique
Si f est continue et de classe C 1 par morceaux alors la série de Fourier de f converge
uniformément vers f sur R i.e.
kSn (f ) − f k∞ −−−−−→ 0
n→+∞
dém. :
On a
n
X n
X n
X
Sn (f ) = ck ek = c0 e0 + ck ek + c−k e−k
k=−n k=1 k=1
avec ck = ck (f ) et ek : t 7→ eikt
X.
Etudions la série de fonctions cn en . On a
X X
Par comparaison de série à termes positifs, |cn | converge et donc la série de fonctions cn en
converge normalement et donc uniformément. Ainsi
n +∞
CV U
X X
ck ek −−−−−→ ck ek
n→+∞
k=1 k=1
De même,
n +∞
CV U
X X
c−k e−k −−−−−→ c−k e−k
n→+∞
k=1 k=1
Par opération, on obtient
+∞ +∞
CU
X X
Sn (f ) −−−−−→ c0 e0 + ck ek + c−k e−k = S(f )
n→+∞
k=1 k=1
Par convergence uniforme, on peut affirmer S(f ) ∈ C2π et kSn (f ) − S(f )k∞ → 0.
Or k . k2 6 k . k∞ , on a donc aussi kSn (f ) − S(f )k2 → 0.
Cependant, par convergence en moyenne quadratique, on sait que kSn (f ) − f k2 → 0.
Par unicité de limite S(f ) = f .
Corollaire
Si f : R → C 2π-périodique est continue et C 1 par morceaux alors
+∞ +∞
X a0 X
∀t ∈ R, f (t) = cn eint = + an cos(nt) + bn sin(nt)
n=−∞
2 n=1
Remarque Ce cadre ne s’applique pas à la fonction créneau car celle-ci n’est pas continue.
Définition
On appelle régularisée de f la fonction
1
f ? : t 7→ f (t+ ) + f (t− )
2
Remarque f ? est une fonction 2π-périodique, continue par morceaux coïncidant avec f en tous les
points où f est continue.
Définition
On dit que f est régularisée si f ? = f .
Théorème
Soit f : R → C 2π-périodique.
Si f est de classe C 1 par morceaux alors la série de Fourier de f converge simplement vers la
régularisée de f i.e.
1
f (t+ ) + f (t− )
∀t ∈ R, Sn (f )(t) →
2
(admis)
Corollaire
Si f : R → C 2π-périodique est C 1 par morceaux et égale à sa régularisée alors
+∞ +∞
X a0 X
∀t ∈ R, f (t) = cn eint = + an cos(nt) + bn sin(nt)
n=−∞
2 n=1
f est continue et C 1 par morceaux, par le théorème de convergence normale, la série de Fourier de f
converge uniformément vers f (et donc f est développable en série de Fourier)
Puisque f est paire
2 π
Z
bn (f ) = 0, an (f ) = cos(αt) cos(nt)dt
π 0
Or
1
cos a cos b = (cos(a + b) + cos(a − b))
2
donc Z π
1 sin(απ) 2α
an (f ) = cos((α + n)t) + cos((α − n)t)dt = (−1)n
π 0 π α 2 − n2
Puisque f est développable en série de Fourier
+∞
sin(απ) sin(απ) X 2α
∀t ∈ R, f (t) = + (−1)n 2 cos(nt)
πα π n=1
(α − n2 )
Pour t = π
+∞
sin(απ) sin(απ) X 2α
cos(απ) = +
απ π n=1
(α − n2 )
2
Puisque α ∈
/ Z, sin(απ) 6= 0 et on obtient
+∞
1 1 X 2α
cot(απ) = +
απ π n=1 α2 − n2
On en déduit
+∞
1 X 2x
cot x − =
x n=1 x2 − n2 π 2
2t
En effet, posons fn : t 7→ .
t2 − n2 π 2
X +∞
X
La fonction fn est continue par morceaux sur ]0, x] et fn converge simplement sur ]0, x] avec fn :
n=1
1
t 7→ cot t − continue par morceaux sur ]0, x].
t
Z Z Z
2t 2t
|fn (t)| dt = − 2 − n2 π 2
dt = 2 π 2 − t2
dt
]0,x] ]0,x] t ]0,x] n
et donc
x2
Z
x
|fn (t)| dt = − ln n2 π 2 − t2 0 = − ln 1 − 2 2
]0,x] n π
On observe que
Z
1
|fn (t)| dt = O
]0,x] n2
XZ
donc |fn | converge.
Par le théorème d’intégration terme à terme de Fubini, on a alors
+∞ +∞ Z +∞
x2
Z
X 2t X 2t X
2 2 2
dt = dt = ln 1 − 2 2
]0,x] n=1 t − n π n=1 ]0,x]
t2 − n2 π 2 n=1
n π
Finalement, on obtient
+∞
x2
sin x X
ln = ln 1 − 2 2
x n=1
n π
Or
+∞ +∞
x2 x2
X Y
ln 1 − 2 2 = ln 1− 2 2
n=1
n π n=1
n π
en notant
+∞ n
x2 x2
Y Y
1 − 2 2 = lim 1− 2 2
n=1
n π n→+∞ k π
k=1
donc
+∞
Y x2
sin x
= 1−
x n=1
(nπ)2
et finalement
+∞
x2
Y
sin x = x 1−
n=1
(nπ)2
Cette relation vaut pour x ∈ ]0, π[ et par imparité pour x ∈ ]−π, π[, c’est le développement eulérien de
la fonction sinus.
19.4 Approfondissements
19.4.1 Suites de carré sommable indexées sur Z
Définition
Une suite u = (un )n∈Z ∈ CZ est dite de carré sommable s’il y a convergence quand n tend
n
X 2
vers l’infini de |uk | . On note alors
k=−n
+∞
X n
X
2 2
|un | = lim |uk |
n→+∞
n=−∞ k=−n
Proposition
On a équivalence entre :
(i) u ∈ `2 (Z, C) ;
Xn
2
(ii) ∃M ∈ R+ , ∀n ∈ N, |uk | 6 M ;
X k=−n
X
2 2
(iii) les séries |un | et |u−n | convergent.
n>1 n>1
De plus, on a alors
+∞
X +∞
X +∞
X
2 2 2 2
|un | = |u0 | + |un | + |u−n |
n=−∞ n=1 n=1
dém. :
n
X 2
(i) ⇒ (ii) avec M = lim |uk | .
n→+∞
k=−n
X 2
X 2
(ii) ⇒ (iii) car |un | et |u−n | dont des série à termes positifs aux sommes partielles majorées
par M .
n
X n
X n
X
2 2 2 2
(iii) ⇒ (i) car |uk | = |u0 | + |uk | + |u−k | .
k=−n k=1 k=1
1
Exemple La suite (un )n∈Z avec un = est élément de `2 (Z, C).
1 + |n|
Théorème
`2 (Z, C) est un sous-espace vectoriel de CZ .
dém. :
`2 (Z, C) ⊂ CZ et CZ est un C-espace vectoriel.
0 ∈ `2 (Z, C).
Soient λ ∈ C et u ∈ `2 (Z, C). On obtient aisément λu ∈ `2 (Z, C).
Soient u, v ∈ `2 (Z, C).
2 2 2 2 2 2
|un + vn | 6 (|un | + |vn |) 6 |un | + 2 |un | |vn | + |vn | 6 2 |un | + |vn | car 2ab 6 a2 + b2 .
X 2
X 2
X 2
Puisque |un | et |vn | convergent, par comparaison de séries à termes positifs, |un + vn |
converge. X
2
De même, |u−n + v−n | converge aussi.
Ainsi u + v ∈ `2 (Z, C).
Théorème
`2 (Z, C) est un espace préhilbertien complexe pour le produit scalaire hermitien défini par
+∞
X n
X
(u | v) = ūn vn = lim ūk vk
n→+∞
n=−∞ k=−n
dém. :
n
X
Soient u, v ∈ `2 (Z, C). Montrons que ūk vk converge quand n → +∞.
k=−n
n
X n
X n
X
ūk vk = ū0 v0 + ūk vk + ū−k v−k
k=−n k=1 k=1
Puisque
1 2 2
|ūn vn | 6 |un | + |vn |
2
n
!
X X X
les séries ūn vn et ū−n v−n convergent et par conséquent ūk vk converge.
k=−n
Ainsi l’application (. | .) : `2 (Z, C) × `2 (Z, C) → C est bien définie.
Il est clair que v 7→ (u | v) est linéaire et que (v | u) = (u | v).
+∞
X 2
De plus (u | u) = |un | > 0 avec nullité ssi ∀n ∈ Z, un = 0 i.e. u = 0.
n=−∞
Finalement (. | .) est un produit scalaire hermitien sur `2 (Z, C).
Corollaire
+∞
X
2 2
`2 (Z, C) est normé par k . k2 avec kuk2 = |un | .
n=−∞
Définition
On appelle analyse de Fourier d’une fonction f : R → C continue et 2π-périodique la suite
Remarque On note parfois fˆ(n) = cn (f ) ce qui introduit fˆ : Z → C qui est aussi appelée analyse de
Fourier de f .
Théorème
L’application F : C2π → `2 (Z, C) définie par F(f ) = (cn (f ))n∈Z est une isométrie linéaire.
dém. :
Pour tout n ∈ Z, cn (λf + µg) = λcn (f ) + µcn (g) donc F(λf + µg) = λF(f ) + µF(g).
Ainsi l’application f 7→ F(f ) est linéaire.
Par l’égalité de Parseval
+∞ Z
2
X 1
2 2 2
kF(f )k2 = |cn (f )| = |f (t)| dt = kf k2
n=−∞
2π 2π
dém. :
Posons ϕ : C2π × C2π → C l’application définie par
+∞
X
ϕ(f, g) = cn (f )cn (g)
n=−∞
+∞
1/2k+1
X
ikt si k > 0
f (t) = ck e avec ck =
0 si k < 0
k=−∞
Pour affirmer que cette écriture est effectivement le développement en série de Fourier de f , il faut
assurer que les coefficients cn sont bien les coefficients de Fourier de f . Pour cela, il suffit de calculer
cn (f ) en procédant à une intégration terme à terme
Pour n ∈ Z,
+∞ i(k−n)t
Z 2n X
1 e
cn (f ) = dt
2n 0 2k+1
k=0
i(k−n)t k+1
Posons uk (t) = e /2 . X
Les fonctions uk sont continues et kuk k∞ = 1/2k+1 donc uk converge normalement.
Puisqu’il y a convergence uniforme, on peut intégrer terme à terme
+∞ Z 2n i(k−n)t
X 1 e
cn (f ) = dt = cn
2n 0 2k+1
k=0
Finalement, l’identité
+∞
X 1 int
f (t) = n+1
e
n=0
2
est la décomposition de f en série de Fourier.
K désigne R ou C.
E désigne un K-espace vectoriel de dimension finie n ∈ N?
I désigne un intervalle de R d’intérieur non vide.
20.1 Les équations linéaires d’ordre 1
20.1.1 Equation différentielle scalaire
Définition
On appelle équation différentielle scalaire linéaire d’ordre 1 définie sur I toute équation de la
forme
x0 = a(t)x + b(t)
avec t 7→ a(t) et t 7→ b(t) fonctions continues de I vers K et d’inconnue t 7→ x(t) fonction
dérivable de I vers K.
543
20.1. LES ÉQUATIONS LINÉAIRES D’ORDRE 1
λ(t)
Solution particulière : y(t) = avec t 7→ λ(t) fonction dérivable.
1 + t2
Théorème
Soit (t0 , x0 ) ∈ I × K. Il existe une unique fonction x : I → K solution de l’équation x0 =
a(t)x + b(t) et vérifiant la condition initiale x(t0 ) = x0 .
dém. :
Introduisons A la primitive s’annulant en t0 de la fonction continue a : I → K.
Unicité : Si x est solution alors
d
x(t)e−A(t) = (x0 (t) − a(t)x(t)) e−A(t) = b(t)e−A(t)
dt
puis Z t
A(t) −A(u)
x(t) = e x0 + e b(u) du
t0
Exemple Cas E = K.
Les endomorphismes sur K sont les applications x 7→ ax avec a ∈ K.
Une équation à valeurs dans K s’apparente à une équation scalaire.
Remarque Pour alléger les écritures, il est fréquent d’adopter la notation d’opérateur, on écrit f x au
lieu de f (x).
L’équation étudiée se réécrit alors x0 = a(t)x + b(t).
l’équation vectorielle
x0 = a(t)x + b(t)
équivaut à l’équation matricielle
X 0 = A(t)X + B(t)
En notant ai,j (t) les coefficients de la matrice A(t), bi (t) les coefficients de la colonne B(t) et xi (t) les
coefficients de la colonne X(t), l’équation étudiée équivaut encore au système différentiel
0
x = a1,1 (t)x1 + · · · + a1,n (t)xn + b1 (t)
1
..
.
0
xn = an,1 (t)x1 + · · · + an,n (t)xn + bn (t)
En pratique, c’est fréquemment sous la forme d’un système différentiel que sont présentés les équations
linéaires vectorielles.
Proposition
Les solutions de l’équation (E) : x0 = a(t)x + b(t) sont des fonctions de classe C 1 .
dém. :
Soit x une solution de (E). La fonction x est dérivable et
Posons B : L(E) × E → E définie par B(u, x) = u(x). L’application B est bilinéaire donc continue
(car dim E < +∞ ). Puisque x0 = B(a, x) + b, la fonction x0 est continue et donc x est de classe C 1 .
Définition
Soit (t0 , x0 ) ∈ I × E. Le problème de Cauchy consiste à déterminer les solutions de l’équation
(E) vérifiant la condition initiale x(t0 ) = x0 .
Exemple Pour les équations scalaires, on a montré que le problème de Cauchy avait une solution
unique.
Théorème
(admis)
Pour t0 ∈ I et x0 ∈ E, il existe une unique solution sur I au système
(
x0 = a(t)x + b(t)
x(t0 ) = x0
Définition
L’équation (E0 ) : x0 = a(t)x est appelée équation homogène associée à l’équation x0 =
a(t)x + b(t).
Théorème
L’ensemble S0 des solutions sur I de l’équation homogène (E0 ) est un sous-espace vectoriel
de C 1 (I, E) de dimension n = dim E.
dém. :
Les solutions sont de classe C 1 donc S0 ⊂ C 1 (I, E).
La fonction nulle est évidemment solution.
Soient λ1 , λ2 ∈ K et x1 , x2 ∈ S0 . Pour tout t ∈ I,
(λx1 + λx2 )0 (t) = λ1 x01 (t) + λ2 x02 (t) = λ1 a(t)x1 (t) + λ2 a(t)x2 (t)
Or a(t) est un endomorphisme donc par linéarité
(λx1 + λx2 )0 (t) = a(t)(λ1 x1 (t) + λ2 x2 (t)) = a(t) [(λ1 x1 + λ2 x2 )(t)]
Ainsi λ1 x1 + λ2 x2 ∈ S0 et donc S0 est un sous-espace vectoriel de C 1 (I, E).
Pour t0 ∈ I, considérons l’application Et0 : S0 → E définie par Et0 : x 7→ x(t0 ).
Et0 est une application linéaire car
Et0 (λ1 x1 + λ2 x2 ) = (λ1 x1 + λ2 x2 )(t0 ) = λ1 x1 (t0 ) + λ2 x2 (t0 ) = λ1 Et0 (x1 ) + λ2 Et0 (x2 )
Par le théorème de Cauchy linéaire, on peut affirmer que Et0 est bijective.
Par suite Et0 est un isomorphisme et donc dim S0 = dim E.
Exemple L’ensemble des solutions d’un système de la forme
(
x0 = a(t)x + b(t)y
y 0 = c(t)x + d(t)y
Définition
On appelle système fondamental de solutions de l’équation homogène x0 = a(t)x toute base
(ϕ1 , . . . , ϕn ) de l’espace S0 .
20.1.4.3 Wronskien
Définition
On appelle wronskien dans une base B de E d’une famille (ϕ1 , . . . , ϕn ) de solutions de
l’équation x0 = a(t)x, la fonction wB : I → K définie par : wB (t) = det(ϕ1 (t), . . . , ϕn (t)).
B
Théorème
Soit (ϕ1 , . . . , ϕn ) un système fondamental de solution de l’équation x0 = a(t)x.
On a équivalence entre :
(i) (ϕ1 , . . . , ϕn ) est un système fondamental de solutions :
(ii) ∀t0 ∈ I, ωB (t0 ) 6= 0 ;
(iii) ∃t0 ∈ I, wB (t0 ) 6= 0.
dém. :
Rappelons que l’application Et0 : S0 → E est un isomorphisme d’espaces vectoriels.
Par suite (ϕ1 , . . . , ϕn ) est une base de S0 si, et seulement si, la famille (Et0 (ϕ1 ), . . . , Et0 (ϕn )) =
(ϕ1 (t0 ), . . . , ϕn (t0 )) est une base de E.
Corollaire
Ou bien un wronskien est la fonction nulle, ou bien il ne s’annule jamais.
Remarque Ainsi les valeurs prises en chaque t0 ∈ I par un système fondamental de solutions forment
une base de E.
Théorème
L’ensemble S des solutions sur I de (E) : x0 = a(t)x + b(t) est un sous-espace affine de
C 1 (I, E) de direction S0 (et donc de dimension n )
dém. :
Les solutions sont des fonctions de classe C 1 car dérivables et de dérivées continues donc S ⊂ C 1 (I, E).
Par le théorème de Cauchy-linéaire on peut assurer l’existence d’au moins une solution x̃ à l’équation
étudiée.
On a alors
x ∈ S ⇔ x0 − ax = x̃0 − ax̃ ⇔ (x − x̃)0 = a(x − x̃)
et donc
x ∈ S ⇔ x − x̃ ∈ S0
Ainsi S = x̃ + S0 est un sous-espace affine de direction S0 .
Remarque Pour résoudre (E) :
- on type l’équation (E) ;
- on résout l’équation homogène (E0 ) ;
- on cherche une solution particulière ;
- on exprime la solution générale.
x0 = a(t)x + b(t)
Théorème
On peut trouver par quadrature une solution particulière de l’équation x0 = a(t)x + b(t) de la
forme
x(t) = λ1 (t)ϕ1 (t) + · · · + λn (t)ϕn (t)
avec λ1 , . . . , λn fonctions dérivables.
dém. :
Soit B une base de E.
Posons A(t) = MatB a(t), B(t) = MatB b(t) et X(t) = MatB (x(t)).
L’équation x0 = a(t)x + b(t) équivaut à
X 0 = A(t)X + B(t)
W 0 (t) = (X10 (t) | . . . | Xn0 (t)) = (A(t)X1 (t) | . . . | A(t)Xn (t)) = A(t)W (t)
On a alors
puis
x0 (t) = a(t)x(t) + b(t) ⇔ W (t)Λ0 (t) = B(t)
Or W (t) est inversible car det W (t) = wB (t) 6= 0 donc
Enfin la fonction t 7→ W (t)−1 B(t) est continue, on peut donc déterminer par quadrature une fonction
t 7→ Λ(t) telle que Λ0 (t) = W (t)−1 B(t) et alors x(t) = λ1 (t)ϕ1 (t) + · · · + λn (t)ϕn (t) est solution
particulière de l’équation x0 = a(t)x + b(t).
20.2 Equation linéaire d’ordre 1 à coefficient constant
E désigne un K-espace vectoriel de dimension finie n ∈ N?
20.2.1 Définition
Définition
On appelle équation différentielle à valeurs dans E linéaire d’ordre 1 à coefficient constant
définie sur I toute équation différentielle de la forme x0 = ax + b(t) avec a ∈ L(E), t 7→ b(t)
continue de I vers E et d’inconnue t 7→ x(t) dérivable de I vers E.
Remarque Via l’introduction d’une base de E, une telle équation différentielle correspond :
- à une équation matricielle X 0 = AX + B(t) avec A ∈ Mn (K) ;
- à un système différentiel
0
x1 = a1,1 x1 + · · · + a1,n xn + b1 (t)
.. avec ai,j ∈ K
.
0
xn = an,1 x1 + · · · + an,n xn + bn (t)
d
(exp(ta)) = a ◦ exp(ta)
dt
Théorème
Pour a ∈ L(E) et x0 ∈ E, l’unique solution à l’équation x0 = ax vérifiant x(0) = x0 est la
fonction
x : t 7→ exp(ta)x0
dém. :
Mettons de côté la notation d’opérateur pour cette démonstration.
x(t) = [exp(ta)] (x0 )
x(0) = [exp(0.a)] (x0 ) = IdE (x0 ) = x0
x(t) = B(exp(ta), x0 ) avec B : L(E)×E → E l’application bilinéaire déterminée par B(u, x) = u(x).
Puisque la fonction t 7→ exp(ta) est dérivable et t 7→ x0 est constante, la fonction t 7→ x(t) est dérivable
et x0 (t) = B(a ◦ exp(ta), x0 ) = a(exp(ta)(x0 )) = a(x(t))
Corollaire
L’espace S0 des solutions sur R de l’équation homogène x0 = ax est S0 =
{t 7→ exp(ta)x0 /x0 ∈ E}.
Exemple Si B = (e1 , . . . , en ) est une base de E alors les application ϕ1 , . . . , ϕn définie par
ϕi : t 7→ exp(ta)ei forment un système fondamental de solutions.
X 0 = AX ⇔ Y 0 = DY
!
y1
Posons Y = .
y2
( (
0 y10 = y1 y1 (t) = λ1 et
Y = DY ⇔ ⇔ avec λ1 , λ2 ∈ K
y20 = −y2 y2 (t) = λ2 e−t
! ! (
x1 y1 x1 = 2y1 + y2
2 1
X = PY ⇔ = ⇔
x2 1 1 y2 x2 = y1 + y2
−t
! ! !
2λ1 et + λ2 e 2et e−t
X 0 = AX ⇔ X(t) = = λ1 + λ2
λ1 et + λ2 e−t et e−t
! !
2et e−t
X1 (t) = et X2 (t) = définissent un système fondamental de solutions.
et e−t
Solution particulière :
X(t) = λ1 (t)X1 (t) + λ2 (t)X2 (t) avec λ1 , λ2 fonctions dérivables.
donc ( (
0
2λ01 (t)et + λ02 (t)e−t = 1 λ01 (t) = (1 − t)e−t
X = AX + B(t) ⇔ ⇔
λ01 (t)et + λ02 (t)e−t = t λ02 (t) = (2t − 1)et
λ1 (t) = te−t et λ! t
2 (t) = (2t − 3)e conviennent
4t − 3
X(t) = est solution particulière.
3t − 3
Solution générale : ! ! !
2et e−t 4t − 3
X(t) = λ1 + λ2 +
et e−t 3t − 3
avec λ1 , λ2 ∈ R i.e. (
x1 (t) = 2λ1 et + λ2 e−t + 4t − 3
avec λ1 , λ2 ∈ R
x2 (t) = λ1 et + λ2 e−t + 3t − 3
Exemple Résolvons (
x01 = x1 − x2
x02 = x1 + x2
Système différentiel de taille 2 linéaire homogène à coefficients constants.
Equation matricielle : X 0 = AX avec
!
x1
1 −1
A= et X =
1 1 x2
χA (X) = (X − 1)2 + 1.
Cas K = C ! !
1 1
Sp(A) = {1 ± i}, E1+i (A) = Vect et E1−i (A) = Vect .
−i i
−1 1 1 1+i 0
A = P DP avec P = et D =
−i i 0 1−i
et donc
X 0 = AX ⇔ Y 0 = DY avec Y = P −1 X
!
y1
En écrivant Y = ,
y2
( (
0 y10 = (1 + i)y1 y1 (t) = λ1 e(1+i)t
Y = DY ⇔ ⇔ avec λ1 , λ2 ∈ C
y20 = (1 − i)y2 y2 (t) = λ2 e(1−i)t
!
y1
1 1
X = PY =
−i i y2
!
0
λ1 e(1+i)t + λ2 e(1−i)t
X = AX ⇔ X(t) = avec λ1 , λ2 ∈ C
−iλ1 e(1+i)t + iλ2 e(1−i)t
! !
e(1+i)t e (1−i)t
X1 (t) = (1+i)t
et X2 (t) = définissent un système fondamental de solutions.
−ie ie(1−i)t
Cas K = R : !
e(1+i)t
(1) X1 (t) = est solution complexe de l’équation X 0 = AX or la matrice A est réelle donc
−ie(1+i)t
! !
cos(t)et sin(t)et
Re(X1 (t)) = et Im(X1 (t)) = sont des solutions réelles de l’équation
sin(t)et − cos(t)et
X 0 = AX.
Puisque
cos(t)et sin(t)et
w(t) = = −et 6= 0
sin(t)et − cos(t)et
ces deux solutions sont indépendantes et forment un système fondamental de solutions.
Solution générale ! !
cos(t)et sin(t)et
X(t) = α +β avec α, β ∈ R
sin(t)et − cos(t)et
( ( (
x01 = x1 − x2 x2 = x1 − x01 x2 = x1 − x01
(2) ⇔ ⇔ qu’on sait résoudre. . .
x02 = x1 + x2 x01 − x001 = x1 + (x1 − x01 ) x001 − 2x01 + 2x1 = 0
Exemple Résolvons (
x01 = 3x1 + 2x2
x02 = −2x1 − x2
χA (X) = (X − 1)2 .!
1
E1 (A) = Vect
−1
1 1
La matrice A est trigonalisable semblable à T = .
! 0 1
1
Posons C1 = .
−1
!
1/2
On détermine C2 tel que AC2 = C2 + C1 , C2 = convient.
0
On a
−1 1 1/2 1 1
A = PTP avec P = et T =
−1 0 0 1
et donc
X 0 = AX ⇔ Y 0 = T Y avec Y = P −1 X
!
y1
En posant Y = ,
y2
( (
0 y10 = y1 + y2 y1 (t) = λ1 et + λ2 tet
Y = TY ⇔ ⇔ avec λ1 , λ2 ∈ K
y20 = y2 y2 (t) = λ2 et
1 1/2
X = PY =
−1 0
1 t
t
λ1 e + λ2 (t + )e
X 0 = AX ⇔ X(t) = 2
−λ1 et − λ2 tet
Exemple Lorsque les fonctions a et b sont constantes, on parle d’équation à coefficients constants.
Proposition
Les solutions de (E) sont de classe C 2 et plus généralement de classe C n+2 si a, b, c sont C n .
Lemme
On a équivalence entre
(i) x est solution sur I de l’équation (E) : x00 = a(t)x0 + b(t)x + c(t) ;
(ii) x est le premier élément d’un couple (x, y) solution sur I du système différentiel :
(
x0 = y
(Σ) :
y 0 = a(t)y + b(t)x + c(t)
dém. :
(i) ⇒ (ii) Si x est solution sur I de l’équation alors le couple (x, x0 ) est solution sur I du système.
(ii) ⇒ (i) Si x est le premier élément d’un couple (x, y) solution sur I du système alors x0 = y donc x
est deux fois dérivable et pour tout t ∈ I,
x00 (t) = y 0 (t) = a(t)y(t) + b(t)x(t) + c(t) = a(t)x0 (t) + b(t)x(t) + c(t)
Théorème
Si t0 ∈ I et x0 , x00 ∈ K alors il existe une unique solution sur I au problème de Cauchy
l’équation 00 0
x = a(t)x + b(t)x + c(t)
x(t0 ) = x0
0
x (t0 ) = x00
dém. :
x est solution du problème de Cauchy posé si, et seulement si, x est le premier élément d’un couple (x, y)
solution du système différentiel linéaire
(
x0 = y
y 0 = a(t)y + b(t)x + c(t)
20.3.3 Structure de l’ensemble des solutions
Soient a, b, c : I → K continues. On étudie l’équation
Définition
L’équation (E0 ) : x00 = a(t)x0 + b(t)x est appelée équation homogène associée à (E).
Théorème
L’ensemble S0 des solutions sur I de l’équation homogène E0 : x00 = a(t)x0 + b(t)x est un
sous-espace vectoriel de C 2 (I, K) de dimension 2.
dém. :
Les solutions de l’équation homogène sont de classe C 2 donc S0 ⊂ C 2 (I, K).
La fonction nulle est évidemment solution de (E0 ) et donc 0̃ ∈ S0 .
Soient λ, µ ∈ K et x, y ∈ S0 .
donc
(λx + µy)00 = λx00 + µy 00 = a(t)(λx + µy)0 + b(t)(λx + µy) + c(t)
Ainsi λx + µy ∈ S0 et donc S0 est un sous-espace vectoriel de C 2 (I, K).
Soit t0 ∈ I. Considérons Et0 : S0 → K2 définie par Et0 (x) = (x(t0 ), x0 (t0 )).
L’application Et0 est linéaire et par le théorème de Cauchy-linéaire, elle est bijective, c’est donc un
isomorphisme. Par suite
dim S0 = dim K2 = 2
20.3.3.2 Système fondamental de solutions
Définition
On appelle système fondamental de solutions de l’équation homogène x00 = a(t)x0 + b(t)x
toute base (ϕ, ψ) de l’espace S0 .
Remarque Si (ϕ, ψ) est un système fondamental de solutions alors la solution générale de l’équation
(E0 ) est
x(t) = λϕ(t) + µψ(t)
Définition
On appelle wronskien d’une famille (ϕ, ψ) de solutions de l’équation homogène la fonction
ϕ(t) ψ(t)
t 7→ w(t) = 0
ϕ (t) ψ 0 (t)
Théorème
Si ϕ, ψ sont solutions de l’équation homogène alors on a équivalence entre :
(i) (ϕ, ψ) est un système fondamental de solutions ;
(ii) ∀t ∈ I, w(t) 6= 0 ;
(iii) ∃t0 ∈ I, w(t0 ) 6= 0.
dém. :
Soit t0 ∈ I, l’application Et0 : S0 → K2 définie par Et0 (x) = (x(t0 ), x0 (t0 )) est un isomorphisme
d’espaces vectoriels. Par conséquent la famille (ϕ, ψ) est un système fondamental de solutions de (E0 )
si, et seulement si, la famille (Et0 (ϕ), Et0 (ψ)) est une base de K 2 i.e. si, et seulement si, w(t0 ) 6= 0.
Théorème
L’ensemble S des solutions sur I de l’équation complète x00 = a(t)x0 + b(t)x + c(t) est un
plan affine de C 2 (I, K) de direction S0 .
dém. :
Les solutions sur I de l’équation complète sont de classe C 2 donc S ⊂ C 2 (I, K).
Par le théorème de Cauchy-linéaire on peut assurer l’existence d’une solution x̃.
Pour x ∈ C 2 (I, K)
x ∈ S ⇔ x00 − ax0 − bx = c ⇔ (x − x̃)00 = a(x − x̃)0 + b(x − x̃)
et donc
x ∈ S ⇔ x − x̃ ∈ S0 ⇔ x ∈ x̃ + S0
Ainsi l’ensemble S des solutions sur I est un sous-espace affine de direction S0 .
Remarque Pour résoudre x00 = a(t)x0 + b(t)x + c(t) :
- on type l’équation ;
- on résout l’équation homogène ;
- on détermine une solution particulière ;
- on exprime la solution générale.
Supposons connu un système fondamental (ϕ, ψ) de solutions de l’équation homogène x00 = a(t)x0 +
b(t)x.
La solution générale de l’équation homogène est
Théorème
Par quadrature, on peut trouver une solution particulière sur I de l’équation
de la forme
x(t) = λ(t)ϕ(t) + µ(t)ψ(t)
avec λ, µ : I → K fonctions dérivables vérifiant :
(
λ0 (t)ϕ(t) + µ0 (t)ψ(t) = 0
λ0 (t)ϕ0 (t) + µ0 (t)ψ 0 (t) = c(t)
dém. :
Le système proposé est de Cramer car de déterminant
ϕ(t) ψ(t)
ϕ (t) ψ 0 (t) = w(t) 6= 0
0
On obtient (
λ0 (t) = − sin(t)f (t)
µ0 (t) = cos(t)f (t)
Pour Z t Z t
λ(t) = − sin(u)f (u) du et µ(t) = f (u) cos(u) du
0 0
on a Z t
y(t) = λ(t) cos(t) + µ(t) sin(t) = sin(t − u)f (u) du
0
solution particulière.
Solution générale
Z t
y(t) = sin(t − u)f (u) du + λ cos(t) + µ sin(t) avec λ, µ ∈ R
0
Exemple Résolvons
(E) : (t2 + 2t + 2)y 00 − 2(t + 1)y 0 (t) + 2y(t) = 0
Pour tout t ∈ R, t2 + 2t + 2 6= 0 donc (E) est équivalente à une équation différentielle linéaire d’ordre 2
homogène définie sur R.
Recherchons les fonctions polynomiales solutions.
Soit y(t) = tn + · · · une fonction polynomiale.
Exemple Résolvons
(E) : (1 + t2 )y 00 + 4ty 0 + 2y = 0
Pour tout t ∈ R, 1 + t2 6= 0 donc (E) est équivalente à une équation différentielle linéaire d’ordre 2
homogène définie sur R.
Recherchons les fonctions développables en série entière au voisinage de 0.
Analyse : X
Soit y la somme de la série entière an tn de rayon de convergence R > 0.
Sur ]−R, R[,
+∞
X +∞
X
y(t) = an tn , y 0 (t) = nan tn−1
n=0 n=1
et
+∞
X +∞
X
y 00 (t) = n(n − 1)an tn−2 = (n + 2)(n + 1)an+2 tn
n=2 n=0
ce qui donne
+∞
X
(1 + t2 )y 00 + 4ty 0 + 2y = (n + 2)(n + 1)(an+2 + an )tn
n=0
∀n ∈ N, an+2 + an = 0
On a alors pour tout p ∈ N, a2p = (−1)p a0 et a2p+1 = (−1)p a1 puis par absolue convergence
+∞
X +∞
X +∞
X +∞
X
y(t) = a2p t2p + a2p+1 t2p+1 = a0 (−1)p t2p + a1 (−1)p t2p+1
p=0 p=0 p=0 p=0
ce qui donne
a0 a1 t
y(t) = 2
+
1+t 1 + t2
Synthèse :
1 1
Soient ϕ(t) = et ψ(t) = .
1 + t2 1 + t2
ϕ est développable en série entière sur ]−1, 1[ et par les calculs qui précèdent est solutions de l’équation
différentielle (E) sur ]−1, 1[.
Or (1 + t2 )ϕ00 (t) + 4tϕ0 (t) + 2ϕ(t) est une fonction rationnelle et puisqu’elle est nulle sur ]−1, 1[, elle
l’est aussi sur R. Ainsi ϕ est solution de (E) sur R. Il en est de même pour ψ.
Enfin ϕ et ψ sont deux solutions indépendantes donc elles forment un système fondamental de solutions
de (E).
Solution générale :
λ + µt
y(t) = avec λ, µ ∈ R
1 + t2
x(t) = λ(t)ϕ(t)
dém. :
Si x = λϕ alors x0 = λ0 ϕ + λϕ0 et x00 = λ00 ϕ + 2λ0 ϕ0 + λϕ00 de sorte que
Remarque Cette démarche peut aussi être utilisée pour trouver une solution particulière d’une équation
x00 = a(t)x0 + b(t)x + c(t) de la forme x(t) = λ(t)ϕ(t) avec λ fonction deux fois dérivable.
Ceci offre une alternative à la méthode de la variation des constantes lorsqu’on connaît une solution
homogène ϕ ne s’annulant pas.
Exemple Résolvons
(E) : (1 + t2 )y 00 + 4ty 0 + (1 − t2 )y = 0
en posant z = (1 + t2 )y.
Soient y : R → R deux fois dérivable et z : R → R définie par z(t) = (1 + t2 )y(t).
z est deux fois dérivable
z(t) = (1 + t2 )y(t)
z 0 (t) = (1 + t2 )y 0 (t) + 2ty(t)
z 00 (t) = (1 + t2 )y 00 (t) + 4ty 0 (t) + 2y(t)
On remarque
(1 + t2 )y 00 (t) + 4ty 0 (t) + (1 − t2 )y(t) = z 00 (t) − z(t)
donc
y est solution de (E) sur R ⇔ z est solution sur R de (E 0 ) : z 00 − z = 0
(E 0 ) est une équation différentielle linéaire d’ordre 2 homogène à coefficients constants.
Solution générale
z(t) = λet + µe−t
et
λet + µe−t
y(t) = avec λ, µ ∈ R
1 + t2
Exemple Résolvons
(E) : (1 + t2 )2 y 00 + 2t(1 + t2 )y 0 + y = 0
via le changement de variable u = arctan t.
Commençons par étudier le changement de variable : il s’agit d’exprimer la fonction donnant l’ancienne
variable en fonction de la nouvelle. On a
u = arctan t ⇔ t = tan u
« z(u) = y(t) »
z(u) = y(tan u)
y(t) = z(arctan t)
1
y 0 (t) = z 0 (arctan t)
1 + t2
1 2t
y 00 (t) = z 00 (arctan t) − z 0 (arctan t)
(1 + t2 )2 (1 + t2 )
On remarque que
Ainsi
y est solution de (E) sur R
⇔ ∀t ∈ R, (1 + t2 )2 y 00 (t) + 2t(1 + t2 )y 0 (t) + y(t) = 0
⇔ ∀t ∈ R, z 00 (arctan t) + z(arctan t) = 0
⇔ ∀u ∈ I, z 00 (u) + z(u) = 0.
Ainsi y est solution de (E) sur R si, et seulement si, z est solution sur I de (E 0 ) : z 00 + z = 0.
(E 0 ) est une équation différentielle linéaire d’ordre 2 à coefficients constants de solution générale
λ + µt
y(t) = z(arctan t) = √
1 + t2
Si a s’annule alors
- on commence par résoudre (E) sur les plus grands intervalles J ⊂ I sur lesquels a ne s’annule pas ;
- on procède ensuite au raccord des solutions aux points où a s’annule.
A quelle(s) condition(s) sur λ et λ0 peut-on prolonger y en 0 pour obtenir une solution sur R ?
Continuité en 0 :
Quand t → 0+ , y(t) = t2 + λt → 0.
Quand t → 0− , y(t) = t2 + λ0 t → 0.
Le prolongement en 0 est possible avec y(0) = 0 sans conditions sur λ, λ0 .
Dérivabilité en 0 :
Quand t → 0+ , y 0 (t) = 2t + λ → λ donc yd0 (0) = λ.
Quand t → 0− , y 0 (t) = 2t + λ0 → λ0 donc yd0 (0) = λ0 .
Le prolongement en 0 est dérivable si, et seulement si, λ = λ0 et alors y 0 (0) = λ
Equation différentielle en 0 :
0y 0 (0) − y(0) = 0 : ok.
Finalement :
Solution générale sur R : y(t) = t2 + λt avec λ ∈ R.
A quelle(s) condition(s) sur λ et λ0 peut-on prolonger y en 0 pour obtenir une solution sur R ?
Continuité en 0 :
Quand t → 0+ , y(t) = λt2 → 0.
Quand t → 0− , y(t) = λ0 t2 → 0.
On peut prolonger y par continuité en 0 par y(0) = 0 sans conditions sur λ, λ0 .
Quand t → 0+ , y 0 (t) = 2λt → 0 donc yd0 (0) = 0.
Quand t → 0− , y(t) = 2λ0 t → 0 donc yg0 (0) = 0
Le prolongement en 0 est dérivable avec y 0 (0) = 0 sans conditions sur λ, λ0 .
Equation différentielle en 0 :
0y 0 (0) − 2y(0) = 0 : ok.
Finalement :
Solution générale sur R
λt2 si t > 0
y(t) = 0 si t = 0 avec λ, λ0 ∈ R
0 2
λ t si t < 0
λ λ0
∀t ∈ ]0, 1[ , y(t) = et ∀t > 1, y(t) =
ln t ln t
Continuité en 1 :
+∞ si λ0 > 0
+
Quand t → 1 , y(t) → 0 si λ0 = 0 .
0
−∞ si λ < 0
−∞ si λ > 0
Quand t → 1− , y(t) → 0 si λ = 0
+∞ si λ < 0
Le prolongement par continuité en 1 n’est possible que si λ = λ0 = 0 et alors y(t) = 0 sur ]0, +∞[.
Inversement, cette fonction est évidemment solution sur ]0, +∞[
Solution générale sur ]0, +∞[ : y(t) = 0.
A quelle(s) condition(s) sur λ et λ0 peut-on prolonger y en 0 pour obtenir une solution sur R ?
Continuité en 0 :
Quand t → 0+ , y(t) = t ln t + λt → 0.
Quand t → 0− , y(t) = t ln |t| + λ0 t → 0.
On peut prolonger y par continuité en 0 par y(0) = 0 sans conditions sur λ, λ0 .
Quand t → 0+ , y 0 (t) = λ + 1 + ln t → −∞.
Le prolongement en 0 n’est pas être dérivable en 0.
Il n’y a pas de solutions sur R à l’équation (E)
Continuité en 1 :
Quand t → 1+ , y(t) → λ + µe.
Quand t → 1− , y(t) → λ0 + µ0 e.
On peut prolonger y en 1 si, et seulement si, λ + µe = λ0 + µ0 e et alors y(1) = λ + µe.
Dérivabilité en 1 :
Quand t → 1+ , y 0 (t) = λ + µet → λ + µe donc yd0 (1) = λ + µe
Quand t → 1− , y 0 (t) = λ0 + µ0 et → λ0 + µ0 e donc yg0 (1) = λ + µe
Le prolongement par continuité en 1 est dérivable et y 0 (1) = λ + µe.
Dérivabilité à l’ordre 2 en 1 :
Remarque Comme pour les équations d’ordre 1 différents comportements sont possibles lors des
raccords.
Par exemple, pour l’équation différentielle t2 y 00 + ty 0 − y = 0, la solution générale sur R+? ou sur R−?
est y(t) = λt + µ/t et la solution générale sur R est y(t) = λt.
(E) : y 0 = f (x, y)
Définition
On appelle solution de (E) tout couple (I, y) formé d’un intervalle d’intérieur non vide I et
d’une fonction y : I → R dérivable vérifiant :
1) ∀x ∈ I, (x, y(x)) ∈ U ;
2) ∀x ∈ I, y 0 (x) = f (x, y(x)).
On dit encore que y est une solution de E sur I.
Remarque Une solution de (E) sur I est nécessairement une fonction de classe C 1 .
i p p h
Exemple Considérons y : x 7→ tan x2 définie sur I = − π/2, π/2 .
(I, y) est une solution de l’équation
y 0 = 2x(1 + y 2 )
Proposition
Si (I, y) est une solution de (E) alors pour tout intervalle d’intérieur non vide J ⊂ I, (J, yJ )
est aussi solution de (E).
Définition
Une solution de (E) est dite maximale si elle ne peut pas être prolongée en une solution définie
sur un intervalle strictement plus grand.
573
21.1. EQUATION D’ORDRE 1 RÉSOLUE EN Y 0
i p p h
Exemple y : x 7→ tan x2 sur I = − π/2, π/2 est solution maximale car y(x) −−−−−
√−−→ +∞.
x→± π/2
Proposition
Toute solution de (E) peut être prolongée en une solution maximale (admis).
(E) : y 0 = f (x, y)
Définition
On appelle courbe intégrale de (E) tout graphe dans R2 d’une solution maximale de (E).
Théorème
Les courbes intégrales de (E) sont tangentes au champ de vecteurs
→ R2
U
(x, y) 7→ (1, f (x, y))
dém. :
Soit (I, y) une solution maximale de (E).
Si (x0 , y0 ) est un point de la courbe intégrale définie par (I, y) alors y(x0 ) = y0 et y 0 (x0 ) = f (x0 , y0 )
de sorte
Remarque On peut anticiper l’allure des courbes intégrales en visualisant le champ de vecteurs
proposé.
(E) : y 0 = f (x, y)
Soit (x0 , y0 ) ∈ U
Définition
Le problème de Cauchy consiste à déterminer les solutions de l’équation y 0 = f (x, y)
satisfaisant la condition initiale : y(x0 ) = y0 .
Exemple Si y 0 + a(x)y = b(x) est une équation linéaire définie sur I alors pour tout x0 ∈ I et y0 ∈ R,
le problème de Cauchy
(
y 0 = a(x)y + b(x)
y(x0 ) = y0
Proposition
Soit y : I → R une fonction continue. On a équivalence entre :
(i) y est solution sur I du problème de Cauchy
(
y 0 = f (x, y)
y(x0 ) = y0
(ii) y vérifie Z x
∀x ∈ I, y(x) = y0 + f (t, y(t)) dt
x0
dém. :
(i) ⇒ (ii) Supposons (i)
Puisque la fonction y est de classe C 1 ,
Z x
y(x) = y(x0 ) + y 0 (t) dt
x0
donc Z x
y(x) = y0 + f (t, y(t)) dt
x0
et puisque Z x
x 7→ f (t, y(t)) dt
x0
Corollaire
Les courbes intégrales de l’équation différentielle (E) : y 0 = f (x, y) constituent alors une
partition de l’ouvert U .
dém. :
Par l’existence du théorème précédent, par tout point de U il passe une courbe intégrale.
Par l’unicité du théorème précédent, deux courbes intégrales qui se coupent sont confondues.
Exemple Si une fonction constante égale à λ est solution de (E) sur R alors aucune autre solution
maximale de (E) ne prend la valeur λ.
Exemple Enfermement des courbes intégrales de l’équation y 0 = (y − 1)(y + 1) par les fonctions
constantes x 7→ 1 et x 7→ −1 solutions
∀x ∈ J, z(x) = y(x)
Remarque En observant
b b b
y 0 (t) dt y 0 (t) dt
Z Z Z
b= dt = >
0 0 1 + t2 y 2 (t) 0 1 + b2 y 2 (t)
p
on montre b > π/2.
x
f : (x, y) 7→ est définie et de classe C 1 sur l’ouvert U = R2 \ {(0, 0)}.
x2+ y2
Par le théorème de Cauchy-Lipschitz, ce problème de Cauchy admet une solution maximale unique
définie sur un intervalle ouvert I contenant 0 : I = ]a, b[ avec a < 0 < b, a, b ∈ R̄.
Parité :
Considérons z : x ∈ J 7→ y(−x) avec J = ]−b, −a[.
z(0) = y(0) = 1, z est dérivable et
x x
z 0 (x) = −y 0 (−x) = =
(−x)2 + y(−x)2 x + z(x)2
Ainsi z est solution du problème de Cauchy définissant la solution maximale y et donc z est une
restriction de y. On en déduit J ⊂ I et
∀x ∈ J, z(x) = y(x)
Z b
t dt 1
y(x) 6 y(0) + = y(0) + ln(b2 + 1)
0 t2 +1 2
Définition
Une solution de (E) est un couple (I, y) formé d’un intervalle non singulier I et d’une fonction
y : I → R dérivable vérifiant
Protocole de résolution
Analyse : Soit (I, y) une solution de (E).
On a
a(x)b(y)y 0 = −c(x)d(y)
Sous réserve :
d(y) 0 a(x)
y =−
b(y) b(x)
soit
p(y(x))y 0 = q(x)
avec p = d/b et q = −a/b fonctions continues.
En introduisant P et Q primitives de p et q, on obtient :
P (y) = Q(x) + C te
ce qui fournit des équations cartésiennes vérifiées par les courbes intégrales.
Si de plus, on peut inverser P , on obtient
y = P −1 (Q(x) + C te )
Remarque Contrairement aux équations linéaires, il y a ici corrélation entre l’intervalle de résolution et
les constantes descriptives possibles. On peut alors :
- pour une constante donnée, rechercher la solution maximale correspondante ;
- pour un intervalle donné, rechercher les constantes possibles.
(E) : ex+y y 0 + 1 = 0
Pour C > 0,
∀x ∈ R, e−x + C > 0
et la fonction x 7→ ln(e−x + C) est solution maximale sur R.
Pour C < 0,
e−x + C > 0 ⇔ x < − ln(−C)
et donc
∀x ∈ I, e−x + C > 0 ⇔ I ⊂ ]−∞, − ln(−C)[
La fonction x 7→ ln(e−x + C) est solution maximale sur ]−∞, − ln(−C)[.
y(x) − 1
Puisque la fonction x 7→ est définie et continue sur un intervalle et puisque cette fonction ne
y(x)
s’annule pas, elle est de signe constant sur I. Ainsi il existe ε = ±1 tel que
y(x) − 1 2
∀x ∈ I, = εex +C
y(x)
puis
1 2
= 1 − λex
y(x)
1 2
Puisque 6= 0, on a 1 − λex 6= 0 et
y(x)
1
y(x) =
1 − λex2
Résumons :
Si y est solution de (E) prenant la valeur 0 ou 1 alors y est constante.
Si y est solution de (E) sur un intervalle I ne prenant pas les valeurs 0 et 1 alors
2 1
∃λ ∈ R? , ∀x ∈ I, 1 − λex 6= 0 et y(x) =
1 − λex2
donc
2
∀x ∈ I, e−x 6= 1 ⇔ I ⊂ ]−∞, 0[ ou I ⊂ ]0, +∞[
1
La fonction x 7→ alors solution maximale sur ]−∞, 0[ et sur ]0, +∞[.
1 − e x2
Cas λ ∈ ]0, 1[ :
On a
2 √
e−x 6= λ ⇔ x 6= ± − ln λ
√
Posons xλ = − ln λ.
On a
2
∀x ∈ I, 1 − λe−x 6= 0 ⇔ I ⊂ ]−∞, −xλ [ ou I ⊂ ]−xλ , xλ [ ou I ⊂ ]xλ , +∞[
1
La fonction x 7→ est alors solution maximale sur ]−∞, −xλ [, ]−xλ , xλ [ ou ]xλ , +∞[.
1 − λex2
(E) : y 0 = f (y)
Il s’agit d’une équation résolue en y 0 mais aussi d’une équation à variables séparables.
Exemple y 0 = y + y 2 est une équation autonome d’ordre 1.
Proposition
Si (I, y) est solution de (E) alors pour tout a ∈ R, la fonction τa y : t 7→ y(t − a) est solution
de (E) sur l’intervalle a + I.
dém. :
Par composition τa y est définie et dérivable sur a + I avec (τa y)0 (t) = y 0 (t − a) = f (y(t − a)) =
f (τa y(t)).
Théorème
Soient J un intervalle de R et f : J → R.
Si l’intervalle J est ouvert et si f y est de classe C 1 alors, pour tout y0 ∈ J, il existe une unique
solution maximale au problème de Cauchy
(
y 0 = f (y)
y(0) = y0
De plus, celle-ci est définie sur un intervalle ouvert contenant 0 et toute autre solution de ce
problème de Cauchy est restriction de cette solution maximale.
Corollaire
Les solutions de l’équation y 0 = f (y) sont alors constantes ou injectives (et donc monotones)
dém. :
Soit (I, y) une solution de l’équation y 0 = f (y) non injective.
Il existe a < b ∈ I tels que y(a) = y(b). Par le théorème de Rolle, il existe t0 ∈ ]a, b[ tel que y 0 (t0 ) = 0
et alors f (y(t0 )) = 0. Posons y0 = y(t0 ) de sorte que vérifie f (y0 ) = 0.
Puisque la fonction t 7→ y0 est solution sur R de l’équation y 0 = f (y), c’est une solution maximale et y
en est une restriction. Ainsi, y est une fonction constante.
Résumons :
y 0 (t)
∀t ∈ I, − =1
y 3 (t)
donc il existe C ∈ R tel que
1 1
∀t ∈ I, =t+C
2 y(t)2
1
Puisque > 0, on a
y 2 (t)
1
∀t ∈ I, t + C > 0 et y(t)2 =
2(t + C)
puis
1
|y(t)| = p
2(t + C)
La fonction t 7→ y(t) est continue sur un intervalle et ne s’annule pas, elle est donc de signe constant.
Définition
On appelle solution du système (Σ) tout triple (I, x, y) formé d’un intervalle non singulier I
et de deux fonctions x, y : I → R dérivables vérifiant :
1) ∀t ∈ I, (x(t), y(t)) ∈ U ;
2) ∀t ∈ I, x0 (t) = f (x(t), y(t)) et y 0 (t) = g(x(t), y(t)).
On dit encore que (x, y) est solution de (Σ) sur I.
On peut encore parler de solution maximale.
Proposition
Si (I, x, y) est solution de (Σ) alors pour tout a ∈ R, (a + I, τa x, τa y) est solution de (Σ).
Définition
On appelle ligne de champ du système (Σ) tout arc de R2 paramétré par
(
x = x(t)
avec t ∈ I
y = y(t)
Proposition
En tout point régulier, une ligne de champ est tangente au champ de vecteurs
U → R2
(x, y) 7→ (f (x, y), g(x, y))
dém. :
Soit (I, x, y) une solution maximale de (Σ).
Soit (x0 , y0 ) un point régulier de la ligne de champ associée.
Il existe t0 ∈ I tel que (x0 , y0 ) = (x(t0 ), y(t0 )) et on a (x0 (t0 ), y 0 (t0 )) 6= (0, 0).
La tangente en ce point régulier est dirigée par (x0 (t0 ), y 0 (t0 )) = (f (x0 , y0 ), g(x0 , y0 )).
( ( (
x0 = x + 3y x0 = x + 2y x0 = x + 2y
y 0 = −3x + y y0 = x − y y0 = x − y
Théorème
Soient f, g : U ⊂ R2 → R.
Si U est ouvert et si f et g y sont de classe C 1 alors, pour tout (x0 , y0 ) ∈ U , il existe une unique
solution maximale au problème de Cauchy formé par le système
(
x0 = f (x, y)
(Σ) :
y 0 = g(x, y)
Corollaire
Si (I, x, y) est solution maximale du système (Σ) alors :
- ou bien la fonction t 7→ (x(t), y(t)) est injective ;
- ou bien elle est périodique définie sur R.
dém. :
Soit (I, x, y) une solution maximale du système (Σ).
Supposons qu’il existe a < b ∈ I tel que
(x(a), y(a)) = (x(b), y(b))
Posons alors T = b − a et considérons (x̃, ỹ) avec x̃(t) = x(t − T ) et ỹ(t) = y(t − T ).
(T + I, x̃, ỹ) est solution du système (Σ) et cette solution est maximale car la solution (I, x, y) l’est.
De plus (
x̃(b) = x(a) = x(b)
ỹ(b) = y(a) = y(b)
En vertu du théorème de Cauchy-Lipschitz, les solutions (I + T, x̃, ỹ) et (I, x, y) sont égales.
On en déduit I = T + I donc
I = R et ∀t ∈ R, x(t) = x(t − T ) et y(t) = y(t − T )
Définition
On appelle solution de (E) tout couple (I, x) formé d’un intervalle non singulier I et d’une
fonction x : I → R deux fois dérivable et vérifiant :
1) ∀t ∈ I, (x(t), x0 (t)) ∈ U ;
2) ∀t ∈ I, x00 (t) = f (x(t), x0 (t)).
On dit encore que x est solution de (E) sur I.
On peut encore parler de solution maximale.
Exemple On sait résoudre l’équation autonome x00 = ax + bx0 avec a, b ∈ R et ses solutions
maximales sont définies sur R.
Proposition
Si x est solution de (E) sur I alors pour tout a ∈ R, t 7→ x(t − a) est solution de (E) sur a + I.
Lemme
Soit x : I → R une fonction dérivable.
On a équivalence entre :
(i) x est solution de (E) sur I ;
(ii) (x, x0 ) est solution sur I du système
(
x0 = y
(Σ) :
y 0 = f (x, y)
Définition
On appelle ligne de phase de (E) tout arc de R2 paramétré par
(
x = x(t)
avec t ∈ I
y = x0 (t)
Remarque Les lignes de phase de (E) sont les lignes de champ de (Σ).
Proposition
En tout point régulier, une ligne de phase de (E) est tangente au champ de vecteurs
→ R2
~ U
F :
(x, y) 7→ (y, f (x, y))
dém. :
Par correspondance avec la tangence des lignes de champ de
(
x0 = y
(Σ) :
y 0 = f (x, y)
Théorème
Soit f : U ⊂ R2 → R.
Si U est ouvert et si f y est de classe C 1 alors, pour tout (x0 , x00 ) ∈ U , il existe une unique
solution maximale au problème de Cauchy formé par l’équation
x00 = f (x, x0 )
Corollaire
Si x est une solution maximale (E) alors ou bien t 7→ (x(t), x0 (t)) est injective ou bien x est
périodique définie sur R.
Z
Or l’intégrale θ0 (s) ds converge car θ0 est bornée et l’intervalle [0, b[ est bornée.
[0,b[
On en déduit θ(t) −−−−→
−
`.
t→b
On peut donc prolonger θ par continuité en b en posant θ(b) = `.
Quand t → b−
Z t Z t Z b
0 0 00 2
θ (t) = θ (0) + θ (s) ds = −ω sin θ(s) ds → −ω 2 sin θ(s) ds
0 0 0
Etape 9 : Périodicité
Enfin par parité
t −2t1 −t1 0 t1 2t1
θ0 (t) 0 + + 0 − − 0
θ(t) −α % 0 % α & 0 & −α
0 0
Puisque (θ(−2t1 ), θ (−2t1 )) = (θ(2t1 ), θ (2t1 )), on peut affirmer que θ est T = 4t1 périodique.
Posons ψ : [2t1 , 4t1 ] → R définie par ψ(t) = θ(4t1 − t).
On vérifie que ψ est solution de l’équation différentielle et satisfait (ψ(2t1 ), ψ 0 (2t1 )) = (θ(2t1 ), θ0 (2t1 )).
Calcul différentiel
K désigne R ou C.
E, F, G et H désignent des R-espaces vectoriels de dimensions finies indifféramment normés.
U, V désignent des ouverts non vides de E et F .
I désigne un intervalle ouvert non vide de R.
22.1 Différentielle d’une fonction
22.1.1 Développement limité à l’ordre 1
Soient f : U ⊂ E → F et a ∈ U
Définition
On appelle développement limité à l’ordre 1 de f en a toute écriture :
avec ` ∈ L(E, F ).
Ainsi ϕ(h) = o(h) quand h → 0E signifie aussi ϕ(h) = khk ε(h) avec ε −−→ 0F .
0E
Proposition
Si f admet un développement limité à l’ordre 1 en a alors l’application linéaire ` qui le décrit
est unique, on l’appelle application linéaire tangente à f en a.
dém. :
Supposons que `, m ∈ L(E, F ) conviennent.
`(h) − m(h) = o(h) = khk ε(h) avec ε −−→ 0F
0E
597
22.1. DIFFÉRENTIELLE D’UNE FONCTION
Proposition
Si f est différentiable en a alors f est continue en a.
dém. :
Quand h → 0E , f (a + h) = f (a) + [df (a)] (h) + o(h) → f (a) car l’application linéaire df (a) est
continue puisqu’au départ d’un espace de dimension finie.
Proposition
Soient f : I ⊂ R → F et a ∈ I. On a équivalence entre :
(i) f est dérivable en a ;
(ii) f est différentiable en a.
De plus, on a alors df (a) : h 7→ h.f 0 (a) et f 0 (a) = df (a)(1).
dém. :
(i) ⇒ (ii) Supposons f dérivable en a.
1 1
Quand h → 0, (f (a + h) − f (a)) → f 0 (a) donc (f (a + h) − f (a)) = f 0 (a)+o(1) puis f (a+h) =
h h
f (a) + h.f 0 (a) + o(h) = f (a) + `(h) + o(h) avec ` : h 7→ h.f 0 (a), ` ∈ L(R, F ).
Par suite f est différentiable en a et df (a) : h 7→ h.f 0 (a).
(ii) ⇒ (i) Supposons f différentiable en a.
Quand h → 0, f (a + h) = f (a) + df (a)h + o(h) donc
1 1
(f (a + h) − f (a)) = (df (a)h + o(h)) = df (a)(1) + o(1) → df (a)(1)
h h
Ainsi f est dérivable en a et f 0 (a) = df (a)(1).
Proposition
Les fonctions différentiables sont continues.
dém. :
Soit a ∈ U .
(λf + µg)(a + h) = λf (a + h) + µg(a + h) = λ (f (a) + df (a)h + o(h)) + µ (g(a) + dg(a)h + o(h))
Par suite (λf + µg)(a + h) = (λf + µg)(a) + `(h) + o(h)
avec ` = λdf (a) + µdg(a) ∈ L(E, F )
Par suite λf + µg est différentiable en a et d(λf + µg)(a) = λdf (a) + µdg(a).
Exemple Une application affine est différentiable et sa différentielle est sa partie linéaire.
Théorème
Soient f : U ⊂ E → F , g : U ⊂ E → F et b : F × G → H bilinéaire.
Si f et g sont différentiables alors b(f, g) l’est aussi et
dém. :
Soit a ∈ U .
b(f, g)(a + h) = b (f (a + h), g(a + h)) = b (f (a) + df (a)h + o(h), g(a) + dg(a)h + o(h))
En développant
avec
ϕ(h) = b (f (a), dg(a)h + o(h)) + b (df (a)h + o(h), g(a)) + b (df (a)h, dg(a)h) + b (o(h), o(h))
Or les applications df (a) et dg(a) sont lipschitziennes car linéaires en dimension finie donc continues
et kb(x, y)k 6 k kxk kyk car b est bilinéaire en dimension finie donc continue.
Par suite ϕ(h) = o(h) et donc b(f, g)(a + h) = b(f, g)(a) + `(h) + o(h)
avec ` : h 7→ b ( df (a)h, g(a)) + b (f (a), dg(a)h) linéaire.
Ainsi b(f, g) est différentiable en a et
Abusivement, on écrit
dém. :
L’application b : F × F → F définie par b(x, y) = xy est bilinéaire.
Corollaire
Si α : U ⊂ E → R et f : U → F sont différentiables alors αf aussi
d(αf ) = (dα)f + α( df )
dém. :
L’application b : R × F → F définie par b(λ, x) = λ.x est bilinéaire.
Exemple La fonction det : Mn (K) → K est différentiable car det est somme et produit de fonctions
différentiables.
Théorème
Soient f : U ⊂ E → F et g : V ⊂ F → G telles que f (U ) ⊂ V .
Si f et g sont différentiables alors g ◦ f aussi et pour tout a ∈ U ,
dém. :
Soit a ∈ U .
Quand h → 0,
f (a + h) = f (a) + df (a)(h) + o(h) = f (a) + k
avec k = df (a)(h) + o(h) = O(h) car kdf (a)(h)k 6 kdf (a)k khk.
Puisque k → 0
g(f (a) + k) = g(f (a)) + dg(f (a))(k) + o(k)
puis
(g ◦ f )(a + h) = g (f (a)) + dg(f (a)) (df (a)h + o(h)) + o(h)
(g ◦ f )(a + h) = g(f (a + h)) = g (f (a + df (a)h + o(h)))
puis
(g ◦ f )(a + h) = g (f (a)) + dg(f (a)) (df (a)h) + o(h)
puisque dg(f (a)) est lipschitzienne.
Ainsi
(g ◦ f )(a + h) = (g ◦ f )(a) + `(h) + o(h)
avec ` = dg(f (a)) ◦ df (a) ∈ L(E, H).
Finalement g ◦ f est différentiable en a et d(g ◦ f )(a) = dg(f (a)) ◦ df (a).
Exemple Les fonctions rationnelles sur Rp sont différentiables car l’inverse d’une fonction polynomiale
est différentiable par un argument de composition.
Corollaire
Soient f : U ⊂ E → R et ϕ : I ⊂ R → R telles que f (U ) ⊂ I.
Si f est différentiable et ϕ dérivable ϕ(f ) = ϕ ◦ f l’est aussi
dϕ(f ) = ϕ0 (f ).df
dém. :
d(ϕ ◦ f )(a) = dϕ(f (a)) ◦ df (a) or dϕ(f (a)) : h 7→ ϕ0 (f (a))h donc d(ϕ ◦ f )(a) = ϕ0 (f (a)).df (a).
1 1 df
Exemple d(f n ) = nf n−1 df , d = − 2 df , d (ln f ) = ,. . .
f f f
Corollaire
Soient γ : I ⊂ R → E et f : U ⊂ E → F telles que γ(I) ⊂ U .
Si γ est dérivable et f différentiable alors t 7→ f (γ(t)) est dérivable et
dém. :
(f ◦ γ)0 (t) = d(f ◦ γ)(t)(1) = (df (γ(t)) ◦ dγ(t)) (1) = df (γ(t))γ 0 (t) car γ 0 (t) = dγ(t)(1).
Remarque L’application γ est un appelé un arc : elle se comprend comme le paramétrage d’un mobile
inscrit évoluant dans E.
Théorème
Soit f : U ⊂ E → F .
On a équivalence entre :
(i) f est différentiable ;
(ii) les fonctions coordonnées de f dans une base de F le sont.
dém. :
Soient B = (ε1 , . . . , εn ) une base de F et f1 , . . . , fn les fonctions composantes de f dans la base B.
Notons B ? = (ε?1 , . . . , ε?n ) la base duale de B.
Pour tout 1 6 i 6 n, fi = ε?i ◦ f donc (i) ⇒ (ii) par composition de fonctions différentiables puisque ε?i
est différentiable car linéaire.
On a aussi f = f1 .ε1 + · · · + fn .εn donc (ii) ⇒ (i) par opération sur les fonctions différentiables. En effet
la fonction constante égale à εi est différentiable et par composition avec l’application bilinéaire produit
extérieur nous pouvons affirmer que si fi : U → R est différentiable, l’application fi .εi : U → F l’est
aussi.
Définition
On dit que f est dérivable en a selon le vecteur h si la fonction t 7→ f (a + t.h) est dérivable
en 0.
On pose alors
1
Dh f (a) = lim (f (a + t.h) − f (a))
t→0 t
Proposition
Si f est différentiable en a alors f est dérivable en a selon tout vecteur h ∈ E et
Dh f (a) = df (a).h
dém. :
Quand h → 0E , f (a + h) = f (a) + df (a)h + o(h).
Pour h ∈ E fixé.
Quand t → 0, f (a+t.h) = f (a)+ df (a) (t.h)+o(t) = f (a)+ tdf (a) (h)+o(t) car df (a) est linéaire.
1
Par suite (f (a + t.h) − f (a)) → df (a)h.
t
1
Dj f (a) = Dej f (a) = lim (f (a + t.ej ) − f (a))
t→0 t
1
D1 f (x1 , x2 ) = lim (f (x1 + t, x2 ) − f (x1 , x2 )) = x22
t→0 t
1
D2 f (x1 , x2 ) = lim (f (x1 , x2 + t) − f (x1 , x2 )) = 2x1 x2
t→0 t
Définition
Sous réserve d’existence, l’application Dj f : U ⊂ E → F est appelée j-ème dérivée partielle
de f dans la base B.
Théorème
Si f : U ⊂ E → F est différentiable alors les dérivées partielles de f dans la base B =
(e1 , . . . , ep ) existent et pour tout a ∈ U on a
Dj f (a) = df (a)ej
De plus,
p
X p
X
∀h = hj ej ∈ E, df (a)h = Dh f (a) = hj Dj f (a)
j=1 j=1
dém. :
Si f est différentiable alors pour tout a ∈ U et tout h ∈ E, f est dérivable a selon le vecteur h et
Dh f (a) = df (a)h
En particulier pour h = ej ,
Dj f (a) = Dej f (a) = df (a)ej
De plus, si h1 = h1 e1 + · · · + hp ep alors
p
X p
X p
X
df (a)h = df (a) h j ej = hj df (a)ej = hj Dj f (a)
j=1 j=1 j=1
Remarque Sous l’hypothèse « f est différentiable en a », les dérivées partielles permettent de calculer
la différentielle de f . . . Il reste à savoir calculer les dérivées partielles de f !
xj 7→ f (x1 e1 + · · · + xj ej + · · · + xp ep )
(
U ⊂ R3 → F
Exemple Soit f : .
(x, y, z) 7→ f (x, y, z)
On munit R3 de sa base canonique B
Les applications partielles de f dans B en (x0 , y0 , z0 ) sont :
f (., y, z) : x 7→ f (x, y0 , z0 ), f (x, ., z) : y 7→ f (x0 , y, z0 ) et f (x, y, .) : z 7→ f (x0 , y0 , z).
(
U ⊂C→C
Exemple Soit f : .
z 7→ f (z)
On munit C de sa base canonique B = (1, i).
Les applications partielle de f dans B en z = a + ib sont :
x 7→ f (x + ib) et y 7→ f (a + iy).
Théorème
Sous réserve d’existence, les dérivées partielles de f : U ⊂ E → F dans B = (e1 , . . . , ep )
sont les dérivées des applications partielles de f dans B.
Autrement dit
d
Dj f (x) = (f (x1 e1 + · · · + xp ep ))
dxj
dém. :
La j-ème application partielle de f en x = x1 e1 + · · · + xp ep est fj : xj 7→ f (x1 e1 + · · · + xj ej + . . . +
xp ep ).
Sous réserve d’existence
1 1
Dj f (x) = lim (f (x + tej ) − f (x)) = lim (fj (xj + t) − fj (xj )) = fj0 (xj )
t→0 t t→0 t
Définition
Si l’on convient de noter x1 , . . . , xp les composantes de la variable x dans la base B, il est
∂f ∂f
usuel de noter ,..., les dérivées partielles de f . Ainsi
∂x1 ∂xp
∂f d 1
(x) = (f (x)) = lim (f (x + tej ) − f (x))
∂xj dxj t→0 t
2
Exemple Soit f : M2 (R) → M2 (R) définie par f (M ) = M .
a b
Les dérivées partielles dans la base canonique de f en M = sont :
c d
2
∂f d 2
d a + bc ab + bd 2a b ∂f c a+d
(M ) = M = = , (M ) = ,. . .
∂a da da ac + cd bc + d2 c 0 ∂b 0 c
∂f 1 ∂f 1
(0, 0) = lim (f (t, 0) − f (0, 0)) = 1 et (0, 0) = lim (f (0, t) − f (0, 0)) = −1
∂x t→0 t ∂y t→0 t
Théorème
Soit f : U ⊂ E → F . On a équivalence entre :
(i) f est de classe C 1 dans la base B ;
(ii) f est différentiable et df est continue.
dém. :
(ii) ⇒ (i) Supposons f différentiable et df continue.
Les dérivées partielles de f dans B existent et sont données par Dj f (a) = df (a)ej .
Puisque l’application a 7→ df (a) est continue, puisque l’application constante a 7→ ej est continue
et puisque l’application b : L(E, F ) × E → F définie par b(u, x) = u(x) est continue car bilinéaire
en dimension finie, on peut affirmer que l’application a 7→ Dj f (a) est continue par opérations sur les
fonctions continues.
(i) ⇒ (ii) Supposons f de classe C 1 dans la base B.
Cas : E = R2 , F = R et B = (e1 , e2 ) la base canonique de R2 .
f : (x1 , x2 ) 7→ f (x1 , x2 ).
Soit a = (a1 , a2 ) ∈ U .
Quand h = (h1 , h2 ) → (0, 0), f (a + h) = f (a) + `(h) + o(h) ?
On a f (a + h) − f (a) = f (a1 + h1 , a2 + h2 ) − f (a1 , a2 + h2 ) + f (a1 , a2 + h2 ) − f (a1 , a2 ).
En appliquant le TAF aux applications partielles x1 7→ f (x1 , a2 + h2 ) et x2 7→ f (a1 , x2 ), il existe, d’une
part, ch compris entre a1 et a1 + h1 et, d’autre part, dh compris entre a2 et a2 + h2 vérifiant :
∂f ∂f
f (a + h) − f (a) = h1 (ch , a2 + h2 ) + h2 (a1 , dh )
∂x1 ∂x2
Quand h → (0, 0), (ch , a2 + h2 ) → (a1 , a2 ) et (a1 , dh ) → (a1 , a2 ) donc par continuité des dérivées
∂f ∂f
partielles de f , on obtient f (a + h) − f (a) = h1 (a1 , a2 ) + h2 (a1 , a2 ) + o(h)
∂x1 ∂x2
∂f ∂f
Ainsi f (a + h) = f (a) + `(h) + o(h) avec ` : (h1 , h2 ) 7→ h1 (a) + h2 (a) linéaire.
∂x1 ∂x2
∂f ∂f
On en déduit que f est différentiable en a et df (a) = (a)e?1 + (a)e?2 .
∂x1 ∂x2
∂f
Par opérations sur les fonctions continues, df est continue. En effet les applications a 7→ (a),
∂x1
∂f
a 7→ (a) sont continues, les applications a 7→ e?1 et a 7→ e?2 sont continues car constantes et enfin
∂x2
l’application produit extérieur est continue.
Corollaire
La notion de classe C 1 ne dépend pas du choix de la base B.
dém. :
L’énoncé (ii) ne fait pas référence à la base B.
En fait cette assertion (ii) aurait pu être prise comme définition du concept de fonction de classe C 1 .
Corollaire
Les fonctions de classe C 1 sont continues.
dém. :
Car différentiables.
Exemple Les fonctions constantes sont de classe C 1 car de dérivées partielles nulles donc continues.
22.3.2 Opérations
Soient B = (e1 , . . . , ep ) une base de E et j ∈ {1, . . . , p}
Théorème
Soient f, g : U ⊂ E → F et λ, µ ∈ R.
Si f et g sont de classe C 1 alors λf + µg aussi et
dém. :
f et g sont différentiables donc λf + µg aussi et d(λf + µg) = λ df + µ dg.
Les dérivées partielles de λf + µg existent et
Dj (λf + µg)(a) = d(λf + µg)(a)ej = (λ df (a) + µ dg(a)) ej = λDj f (a) + µDj g(a).
Les dérivées partielles de λf + µg sont donc continues.
Corollaire
L’ensemble C 1 (U, F ) des fonctions de classe C 1 de u vers F est un sous-espace vectoriel de
C(U, F ).
Théorème
Soient f : U ⊂ E → F , g : U ⊂ E → G et b : F × G → H bilinéaire.
Si f et g sont de classe C 1 alors b(f, g) aussi et
dém. :
f et g sont différentiables donc b(f, g) aussi et db(f, g) = b( df, g) + b(f, dg).
Les dérivées partielles de b(f, g) existent et
Dj b(f, g)(a) = b (df (a)(ej ), g(a)) + b (f (a), dg(a)(ej )) = b (Dj f (a), g(a)) + b (f (a), Dj g(a)).
Les dérivées partielles de b(f, g) sont donc continues.
Corollaire
Si F est une algèbre alors C 1 (U, F ) est une sous-algèbre de C(U, F ).
Théorème
Soit f : U ⊂ E → F .
On a équivalence entre :
(i) f est de classe C 1 ;
(ii) les fonctions coordonnées de f dans une base de F sont de classe C 1 .
De plus, on a alors (Dj f )i = Dj (fi ) en notant fi et (Dj f )i les fonctions coordonnées de f
et Dj f .
dém. :
Soit C = (ε1 , . . . , εn ) base de F .
(ii) ⇒ (i) On a f = f1 ε1 + · · · + fn εn donc
22.3.3 Composition
On suppose E et F munis de bases B = (e1 , . . . , ep ) et C = (ε1 , . . . , εn ).
Théorème
Soient f : U ⊂ E → F et g : V ⊂ F → G telles que f (U ) ⊂ V .
Si f et g sont de classe C 1 alors g ◦ f est de classe C 1 et pour tout a ∈ U
n
X
Dj (g ◦ f )(a) = Dj fi (a).Di g(f (a))
i=1
Par suite
Dj (g ◦ f )(a) = dg(f (a)) (Dj (f )(a))
n
X n
X
Or f = fi εi donc Dj (f )(a) = Dj (fi )(a)εi puis
i=1 i=1
n
! n
X X
Dj (g ◦ f )(a) = dg(f (a)) Dj (fi )(a)εi = Dj (fi )(a).Di g(f (a))
i=1 i=1
d
(f (γ(t))) = df (γ(t)).γ 0 (t) = x01 (t)D1 f (γ(t)) + · · · + x0p (t)Dp f (γ(t))
dt
dém. :
Rappelons que pour g une fonction dérivable g 0 (t) = dg(t).1.
Par suite
d
(f (γ(t))) = d(f (γ(t)).1 = df (γ(t)) ◦ dγ(t).1 = df (γ(t)).γ 0 (t)
dt
n
X
Or γ 0 (t) = x0j (t)ej donc par linéarité
j=1
p
X p
X
df (γ(t)).γ 0 (t) = x0j (t) df (γ(t)).ej = x0j (t)Dj f (γ(t))
j=1 j=1
d ∂f
(f (x(t), y(t), z(t))) = x0 (t) (x(t), y(t), z(t))
dt ∂x
∂f ∂f
+y 0 (t) (x(t), y(t), z(t)) + z 0 (t) (x(t), y(t), z(t))
∂y ∂z
∂f
Attention : Ici écrire n’aurait pas de sens.
∂t
d ∂f ∂f
(f (x(t), y(t)) = x0 (t) (x(t), y(t)) + y 0 (t) (x(t), y(t))
dt ∂u ∂v
d ∂f ∂f
f (2t, 1 + t2 ) = 2 (2t, 1 + t2 ) + 2t (2t, 1 + t2 )
dt ∂x ∂y
d ∂f ∂f
(f (cos(t), sin(t))) = − sin t (cos t, sin t) + cos t (cos t, sin t)
dt ∂a ∂b
∂g d
(u, v) = (f (ϕ(u, v), ψ(u, v))
∂u du
∂ϕ ∂f ∂ψ ∂f
= (u, v) (ϕ(u, v), ψ(u, v)) + (u, v) (ϕ(u, v), ψ(u, v))
∂u ∂x ∂u ∂y
∂g d
(u, v) = (f (ϕ(u, v), ψ(u, v))
∂v dv
∂ϕ ∂f ∂ψ ∂f
= (u, v) (ϕ(u, v), ψ(u, v)) + (u, v) (ϕ(u, v), ψ(u, v))
∂v ∂x ∂v ∂y
∂f
Attention : Ici écrire n’aurait pas de sens.
∂u
Remarque Les résultats qui précèdent se retiennent sous la forme de « la règle de la chaîne » :
∂ ∂x1 ∂f ∂xp ∂f
(f (x1 , . . . , xp )) = + ··· +
∂u ∂u ∂x1 ∂u ∂xp
Proposition
En notant f1 , . . . , fn les fonctions coordonnées de f
∂f
En notant les dérivées partielles de f
∂xj
∂f1 ∂f1
(a) · · · (a)
∂x1 ∂xp
Jac(f )(a) =
.. ..
. .
∂fn ∂fn
(a) · · · (a)
∂x1 ∂xp
dém. :
Les colonnes Jac(f )(a) = MatB,C (df (a)) sont formées par les composantes dans C des vecteurs df (a)ej =
Dj f (a) et l’on sait (Dj f )i = Dj (fi ).
Exemple Soit f : R3 → R2 définie par f (x, y, z) = x2 + y 2 + z 2 , xyz .
2x 2y 2z
Jac(f )(x, y, z) =
yz xz xy
Théorème
Pour f : U ⊂ E → F et g : V ⊂ F → G de classe C 1 telles que f (U ) ⊂ V on a
dém. :
C’est la vision matricielle de l’égalité d(g ◦ f )(a) = (dg(f (a))) ◦ df (a).
22.3.5 Difféomorphisme
22.3.5.1 Définition
Définition
On appelle C 1 -difféomorphisme d’un ouvert U de E vers un ouvert V de F toute application
bijective ϕ : U → V telle que ϕ et ϕ−1 sont de classe C 1 .
L’application ϕ : U → V définie par ϕ(r, θ) = (r cos θ, r sin θ) est une bijection
de U vers V .
p
−1 2 2
Son application réciproque est ϕ : (x, y) 7→ x + y , arctan (y/x) .
Puisque ϕ et ϕ−1 sont de classe C 1 , ϕ est un C 1 -difféomorphisme de U vers V .
Proposition
La composée de deux difféomorphismes en est un.
Proposition
La bijection réciproque d’un difféomorphisme en est un.
Théorème
Si ϕ est C 1 difféomorphisme d’un ouvert U ⊂ E vers un ouvert V ⊂ F alors pour tout a ∈ U ,
−1
dϕ(a) est un isomorphisme de E vers F et ( dϕ(a)) = dϕ−1 (ϕ(a)).
dém. :
D’une part ϕ−1 ◦ ϕ = IdU donne dϕ−1 (ϕ(a)) ◦ dϕ(a) = dIdU (a) = IdE pour tout a ∈ U
D’autre part ϕ ◦ ϕ−1 = IdV donne dϕ(ϕ−1 (b)) ◦ dϕ−1 (b) = dIdV (b) = IdF pour tout b ∈ V .
En b = ϕ(a), on obtient dϕ(a) ◦ dϕ−1 (ϕ(a)) = IdF .
−1
Par suite dϕ(a) est un isomorphisme et ( dϕ(a)) = dϕ−1 (ϕ(a)).
Corollaire
S’il existe un C 1 difféomorphisme d’un ouvert non vide de E vers un ouvert de F alors
dim E = dim F .
dém. :
Car E et F sont isomorphes.
Corollaire
Si ϕ est un C 1 difféomorphisme d’un ouvert U ⊂ E vers un ouvert V ⊂ F alors pour tout
a ∈ U , la matrice Jac(ϕ)(a) est inversible et
−1
(Jac(ϕ)(a)) = Jac(ϕ−1 )(ϕ(a))
dém. :
−1
C’est la vision matricielle de l’égalité ( dϕ(a)) = dϕ−1 (ϕ(a)).
1
Remarque Cette formule est celle qui prolonge l’identité (ϕ−1 )0 (ϕ(a)) = connue pour les
ϕ0 (a)
−1
fonctions réelles permet d’exprimer les dérivées partielles de ϕ en fonction de celles de ϕ.
Définition
On appelle jacobien d’une application f : U ⊂ E → F de classe C 1 le déterminant de la
matrice jacobienne de f .
Exemple Si ϕ est un C 1 -difféomorphisme alors son jacobien ne s’annule pas car sa matrice jacobienne
est inversible.
Théorème
On suppose dim E = dim F .
Si ϕ : U ⊂ E → F est une application injective de classe C 1 dont le jacobien ne s’annule pas
alors V = ϕ(U ) est un ouvert de F et ϕ est un C 1 -difféomorphisme de U sur V .
Remarque Ce théorème permet de justifier qu’une application est un C 1 -difféomorphisme sans étudier
le caractère C 1 de l’application réciproque et donc sans avoir besoin d’exprimer celle-ci !
∂kf
= Di1 (. . . (Dik f ) . . .)
∂xi1 . . . ∂xik
∂f ∂f
(x, y) = (1 + xy)exy et (x, y) = x2 exy
∂x ∂y
∂2f ∂2f
2
(x, y) = (2y + xy 2 )exy , (x, y) = (2x + x2 y)exy
∂x ∂y∂x
∂2f ∂2f
(x, y) = (2x + x2 y)exy , (x, y) = x3 exy
∂x∂y ∂y 2
Exemple Les application linéaires sont C ∞ car leur dérivées partielles sont constantes.
En effet pour une application linéaire f , Dj f (a) = df (a)ej = f (ej ).
En particulier (x1 , . . . , xp ) 7→ xj , z 7→ Re(z), Im(z) et A 7→ ai,j sont des fonctions de classe C ∞ .
Proposition
Si f : U ⊂ E → F est de classe C k+1 alors f est de classe C k .
dém. :
Si f est de classe C k+1 alors les dérivées partielles d’ordre k de f existent et sont de classe C 1 donc
continues.
22.4.3 Opérations
Soit k ∈ N ∪ {∞}.
Lemme
On a équivalence entre :
(i) f est de classe C k+1 ;
(ii) les dérivées partielles de f existent et sont de classe C k .
dém. :
Les dérivées partielles d’ordre k + 1 de f sont les dérivées partielles d’ordre k des dérivées partielles
de f .
Théorème
Soient f, g : U ⊂ E → F et λ, µ ∈ R.
Si f et g sont de classe C k alors λf + µg l’est aussi.
dém. :
Par récurrence pour k ∈ N.
Pour k = 0 : ok
Supposons la propriété établie au rang k > 0.
Soient f et g de classe C k+1 .
f et g sont de classe C 1 donc λf + µg aussi et pour tout 1 6 j 6 p, Dj (λf + µg) = λDj f + µDj g.
Puisque Dj f et Dj g sont de classe C k , on obtient Dj (λf + µg) de classe C k en vertu de l’hypothèse de
récurrence.
Ainsi les dérivées partielles de λf + µg existent et sont de classe C k donc λf + µg est de classe C k+1 .
Récurrence établie.
Pour k = ∞.
Si f et g sont de classe C ∞ alors f et g sont de classe C k pour tout k ∈ N et donc λf + µg aussi.
Corollaire
L’ensemble C k (U, F ) des fonctions de classe C k de U vers F est un sous-espace vectoriel de
C(U, F ).
Corollaire
La notion de fonction de classe C k ne dépend pas du choix de la base B.
dém. :
Par récurrence pour k ∈ N.
Pour k = 0 : ok
Supposons la propriété établie au rang k > 0.
Supposons f de classe C k+1 dans la base B = (e1 , . . . , ep ).
Les dérivées partielles D1 f, . . . , Dp f de f dans B existent et sont de classe C k .
Soit B 0 = (e01 , . . . , e0p ) une autre base de E, notons D0 1 f, . . . , D0 p f les dérivées partielles de f dans B 0 .
Celles-ci sont des combinaisons linéaires des dérivées partielles D1 f, . . . , Dp f .
En effet puisque f est au moins de classe C 1 , f est différentiable et donc
Xp p
X
D0 j f (a) = df (a)e0j = αi,j Di f (a) en posant e0j = αi,j ei .
i=1 i=1
Puisque les dérivées partielles dans B sont de classe C k dans B, par combinaison linéaire, les dérivées
partielles dans B 0 sont de classe C k dans B et donc dans B 0 par hypothèse de récurrence.
On en déduit que f est de classe C k+1 dans la base B 0 .
Récurrence établie.
Pour k = ∞ : ok
Théorème
Soient f : U ⊂ E → F , g : U ⊂ E → G et b : F × G → H bilinéaire.
Si f et g sont de classe C 1 alors b(f, g) l’est aussi.
dém. :
Par récurrence pour k ∈ N.
Pour k = 0 : ok car l’application bilinéaire b est continue.
Supposons la propriété établie au rang k > 0.
Soient f et g de classe C k+1 .
f et g sont de classe C 1 donc b(f, g) aussi et pour tout 1 6 j 6 p, Dj b(f, g) = b (Dj f, g) + b (f, Dj g).
Puisque Dj f et Dj g sont de classe C k et puisque f, g sont aussi de classe C k , on peut affirmer que
Dj b(f, g) est de classe C k en vertu de l’hypothèse de récurrence.
Ainsi les dérivées partielles de b(f, g) existent et sont de classe C k donc b(f, g) est de classe C k+1 .
Récurrence établie.
Pour k = ∞ : ok.
Corollaire
Si F est une algèbre alors C k (U, F ) est une sous-algèbre de F(U, F ).
Exemple L’application det : Mn (R) → R est de classe C ∞ par somme et produit de fonctions C ∞ .
Théorème
Soit f : U ⊂ E → F .
On a équivalence entre :
(i) f est de classe C k ;
(ii) les fonctions composantes de f dans une base de F sont de classe C k .
dém. :
Notons f1 , . . . , fn les fonctions coordonnées de f dans une base B = (ε1 , . . . , εn ).
On démontre l’équivalence par récurrence sur k ∈ N sachant que pour une fonction de classe C 1 on a
(Dj f )i = Dj (fi )
Théorème
Soient f : U ⊂ E → F et g : V ⊂ F → G telles que f (U ) ⊂ V .
Si f et g sont de classe C k alors g ◦ f l’est aussi.
dém. :
Par récurrence pour k ∈ N.
Pour k = 0 : ok
Supposons la propriété établie au rang k > 0.
Soient f et g de classe C k+1 .
n
X
1
f et g sont de classe C donc g ◦ f aussi et pour tout 1 6 j 6 p, Dj (g ◦ f )(a) = Dj fi (a)Di g(f (a))
i=1
en notant f1 , . . . , fn les fonctions composantes dans une base de F .
Puisque Dj fi et Dj g sont de classe C k et puisque f est aussi de classe C k , on peut affirmer que Dj (g ◦ f )
est de classe C k en vertu de l’hypothèse de récurrence et des théorèmes d’opérations.
Ainsi les dérivées partielles de g ◦ f existent et sont de classe C k donc g ◦ f est de classe C k+1 .
Récurrence établie.
Pour k = ∞ : ok.
Di (Dj f ) = Dj (Di f )
(admis)
Corollaire
Si f : U ⊂ E → F est de classe C k alors pour tout i1 , . . . , ik ∈ {1, . . . , p} et tout σ ∈ Sk on
a:
Diσ(1) Diσ(2) . . . Diσ(k) (f ) . . . = Di1 (Di2 (. . . Dik (f ) . . .))
|ϕ(x)|
kϕk = sup
x6=0E kxk
Théorème
Soit f : U → R de classe C 1 .
S’il existe k ∈ R+ vérifiant
∀a ∈ U, kdf (a)k 6 k
alors f est k lipschitzienne
dém. :
Soit γ : [0, 1] → E définie par γ(t) = (1 − t)a + tb = a + t(b − a)
γ est de classe C 1 et prend ses valeurs dans U .
Soit ϕ = f ◦ γ : [0, 1] → R.
ϕ(0) = f (a), ϕ(1) = f (b) et ϕ est de classe C 1 .
ϕ0 (t) = df (γ(t)).γ 0 (t) donc
|ϕ(1) − ϕ(0)| 6 M |1 − 0|
donc
|f (b) − f (a)| 6 M = k kb − ak
Corollaire
Soient U un ouvert convexe et f : U → R de classe C 1 .
Si
∀a ∈ U, df (a) = 0
alors f est constante.
22.5.2 Gradient
22.5.2.1 Définition
Ici E désigne un espace vectoriel euclidien dont on note ( . | . ) le produit scalaire.
Théorème
Si f : U ⊂ E → R est une application de classe C 1 alors pour tout a ∈ U , il existe un unique
vecteur dans E noté gradf (a) et appelé gradient de f en a vérifiant
De plus, si B = (e1 , . . . , ep ) est une base orthonormée de E alors gradf (a) = D1 f (a)e1 +
· · · + Dp f (a)ep .
dém. :
Analyse : Si gradf (a) est solution alors
p
X p
X
gradf (a) = (gradf (a) | ej )ej = Dj f (a)ej
j=1 j=1
car
(gradf (a) | ej ) = Dej f (a) = Dj f (a)
Synthèse : Posons gradf (a) = D1 f (a)e1 + · · · + Dp f (a)ep .
p
X
Puisque f est de classe C 1 , f est diffentiable en a et pour tout h = hj ej ∈ E,
j=1
p
X p
X
Dh f (a) = df (a)h = hj .df (a)ej = hj Dj f (a) = (gradf (a) | h)
j=1 j=1
Remarque En fait h 7→ df (a)(h) est une forme linéaire sur E donc par représentation d’une forme
linéaire dans un espace euclidien, il existe un unique vecteur gradf (a) tel que
∀h ∈ E, df (a)h = (gradf (a) | h)
Corollaire
Le développement limité à l’ordre 1 de f en a s’écrit alors
1
Du f (a) = lim (f (a + tu) − f (a))
t→0 t
Cette quantité se comprend comme étant la pente de f dans la direction donnée par le vecteur u.
Puisque Du f (a) = (gradf (a) | u), cette pente est maximale quand u a le sens et la direction de
gradf (a).
Ainsi le vecteur gradf (a) indique la direction de la plus grande pente, son sens donne le sens de
progression croissante sur cette pente et kgradf (a)k donne la valeur de cette pente maximale.
Définition
Soit f : X ⊂ E → R et γ : I → R un arc continue inscrit dans U (i.e. γ(I) ⊂ U )
On dit que l’arc γ est une ligne de niveau de f si la fonction f ◦ γ est constante.
Proposition
Soient f : U ⊂ E → R et γ : I ⊂ R → E un arc C 1 .
Si γ est une ligne de niveau de f alors en tout point régulier de γ le vecteur gradient est normal
à la tangente à l’arc γ.
dém. :
Par dérivation d’une fonction constante
d
(f (γ(t))) = df (γ(t))γ 0 (t) = (gradf (γ(t)) | γ 0 (t)) = 0
dt
∂F ∂f ∂F ∂f
(M ) = (x, y) et (M ) = (x, y)
∂x ∂x ∂y ∂y
Définition
On appelle vecteur gradient de F en M le vecteur
−−→ ∂F ∂F
grad F (M ) = (M )~i + (M )~j
∂x ∂y
On vérifie
−−→
F (M + ~h) = F (M ) + (grad F (M ) | ~h) + o(~h) quand ~h → ~0
−−→
Cette relation caractérise le vecteur grad F (M ) et assure que celui-ci est indépendant du choix du repère
orthonormé R.
Si (r, θ) est un système de coordonnées polaires de M dans R, on pose f˜(r, θ) = F (M ).
Définition
f˜ est appelée représentation polaire de F dans le repère R.
Sous réserve d’existence, on pose
∂F ∂ f˜ ∂F ∂ f˜
(M ) = (r, θ) et (M ) = (r, θ)
∂r ∂r ∂θ ∂θ
Proposition
On a
−−→ ∂F 1 ∂F
grad F (M ) = (M )~ur + (M )~uθ
∂r r ∂θ
en notant ~ur = cos θ~i + sin θ~j et ~uθ = − sin θ~i + cos θ~j.
dém. :
Si (r, θ) est un système de coordonnées polaires de M alors ses coordonnées cartésiennes sont (r cos θ, r sin θ).
Par suite f˜(r, θ) = f (r cos θ, r sin θ).
On en déduit
∂ f˜ ∂f ∂f
(r, θ) = cos θ (r cos θ, r sin θ) + sin θ (r cos θ, r sin θ)
∂r ∂x ∂y
∂ f˜ ∂f ∂f
(r, θ) = −r sin θ (r cos θ, r sin θ) + r cos θ (r cos θ, r sin θ)
∂θ ∂x ∂y
ce qui se réécrit
∂F ∂F ∂F
(M ) = cos θ (M ) + sin θ (M ) (1)
∂r ∂x ∂y
∂F ∂F ∂F
(M ) = −r sin θ (M ) + r cos θ (M ) (2)
∂θ ∂x ∂y
1
cos θ × (1) − sin θ × (2) donne
r
∂F ∂F 1 ∂F
(M ) = cos θ (M ) − sin θ (M )
∂x ∂r r ∂θ
1
sin θ × (1) + cos θ × (2) donne
r
∂F ∂F 1 ∂F
(M ) = sin θ (M ) + cos θ (M )
∂y ∂r r ∂θ
On en déduit
−−→ ∂F ∂F ∂F 1 ∂F
grad F (M ) = (M )~i + (M )~j = (M )~ur + (M )~uθ
∂x ∂y ∂r r ∂θ
Remarque Le physicien retrouve les relations (1) et (2) de la démonstration ci-dessus en écrivant
∂F ∂x ∂F ∂y ∂F ∂F ∂x ∂F ∂y ∂F
= + et = +
∂r ∂r ∂x ∂r ∂y ∂θ ∂θ ∂x ∂θ ∂y
Remarque Dans un esprit analogue, on peut aussi présenter le laplacien en coordonnées polaires et
obtenir
∂2F ∂2F ∂2F 1 ∂F 1 ∂2F
∆F = + = + +
∂x2 ∂y 2 ∂r2 r ∂r r2 ∂θ2
On peut aussi étudier une fonction définie sur une partie de l’espace géométrique en coordonnées
cartésiennes, cylindriques ou sphériques. . .
Définition
Soit f : X ⊂ E → R.
On dit que f admet un minimum (global) en a ∈ A si
Définition
On dit qu’une application f : U ⊂ E → R de classe C 1 admet un point critique en a ∈ U si
df (a) = 0.
Proposition
Soient B = (e1 , . . . , ep ) une base de E, f : U ⊂ E → R de classe C 1 et a ∈ U .
On a équivalence entre :
(i) a est point critique de f ;
(ii) ∀j ∈ {1, . . . , p} , Dj f (a) = 0.
dém. :
(i) ⇒ (ii) via Dj f (a) = df (a)ej .
p
X
(ii) ⇒ (i) via pour tout h = h1 e1 + · · · + hp ep ∈ E, df (a)h = hj Dj f (a).
j=1
Théorème
Si f : U ⊂ E → R de classe C 1 admet un extremum local en a ∈ U alors a est point critique
de f .
dém. :
Cas a minimum local :
Il existe α > 0 tel que B(a, α) ⊂ U et ∀x ∈ B(a, α), f (x) > f (a).
1
Pour tout h ∈ E, df (a)h = Dh f (a) = lim (f (a + t.h) − f (a)).
t→0 t
Quand t → 0+ ,
1
Pour t suffisamment proche de 0, a + t.h ∈ B(a, α) et (f (a + t.h) − f (a)) > 0 donc à la limite
t
df (a)h > 0.
Quand t → 0− ,
On obtient de façon semblable df (a)h 6 0.
Ainsi df (a)h = 0 pour tout h ∈ E.
Attention : Ce résultat ne s’applique qu’à une fonction de classe C 1 définie sur un ouvert.
22.5.3.2 En pratique
∂f ∂f
(x, y) = 2x + y et (x, y) = 2y + x.
∂x ∂y
( (
2x + y = 0 x=0
⇔
x + 2y = 0 y=0
Proposition
Si f : I × J → R est minorée alors
inf f (x, y) = inf inf f (x, y)
(x,y)∈I×J x∈I y∈J
dém. :
Posons m = inf f (x, y).
(x,y)∈I×J
Pour tout x ∈ I et y ∈ J, m 6 f (x, y) donc m 6 inf f (x, y) puis
y∈J
m 6 inf inf f (x, y)
x∈I y∈J
Inversement, pour x0 ∈ I et y0 ∈ J,
or
inf inf f (x, y) 6 inf f (x0 , y)
x∈I y∈J y∈J
donc
inf inf f (x, y) 6 f (x0 , y0 )
x∈I y∈J
Par suite inf inf f (x, y) minore f et donc
x∈I y∈J
inf inf f (x, y) 6 m
x∈I y∈J
Finalement
inf inf f (x, y) = m
x∈I y∈J
Exemple Calculons
1
M = inf x + y +
x,y>0 xy
Exemple Calculons
La partie T est compacte et non vide et la fonction f : (x, y) 7→ xy(1 − x − y) est continue sur T donc
f admet un maximum en a ∈ T et M = f (a).
Puisque la fonction f est nulle sur le bord de T strictement positive sur l’intérieur de T on peut affirmer
que a appartient à l’ouvert U = T ◦ . Or f est de classe C 1 sur l’ouvert U donc a est point critique de f .
∂f ∂f
(x, y) = y(1 − 2x − y), (x, y) = x(1 − 2y − x),
∂x ∂y
( ( (
y(1 − 2x − y) = 0 2x + y = 1 x = 1/3
⇔ ⇔
x(1 − 2y − x) = 0 x + 2y = 1 y = 1/3
car x, y 6= 0 pour a ∈ U .
Finalement
1
M = f (1/3, 1/3) =
27
Théorème
Si f est de classe C 2 alors pour tout a ∈ U on peut écrire quand h = (hx , hy ) → 0,
1
2
f (a + h) = f (a) + `(h) + q(h) + o khk
2
avec
∂f ∂f
`(h) = df (a)h = (a)hx + (a)hy
∂x ∂y
et
∂2f 2 ∂2f ∂2f
q(h) = (a)hx + 2 (a)hx hy + (a)h2y
∂x2 ∂x∂y ∂y 2
dém. :
Soit a un élément de l’ouvert U . Il existe une boule centrée en a incluse dans U . Pour h ∈ E suffisamment
petit, on a
∀t ∈ [0, 1] , a + t.h ∈ U
Or
ϕ(1) = f (a + h), ϕ(0) = f (a)
et
∂f ∂f ∂f ∂f
ϕ0 (t) = (a + t.h)hx + (a + t.h)hy , ϕ0 (0) = (a)hx + (a)hy = `(h)
∂x ∂y ∂x ∂y
et enfin
∂2f ∂2f ∂2f
ϕ00 (t) = (a + t.h)h2
x + 2 (a + t.h)hx hy + (a + t.h)h2y
∂x2 ∂x∂y ∂y 2
et
∂2f ∂2f ∂2f
ϕ00 (0) = (a)h2
x + 2 (a)h x hy + (a)h2y = q(h)
∂x2 ∂x∂y ∂y 2
Il reste à montrer Z 1
2
(1 − t) (ϕ00 (t) − ϕ00 (0)) dt = o khk
0
Soit ε > 0. Par continuité des dérivées partielles d’ordre 2 en a, il existe α > 0 tel que
2
∂2f
2 2
2 2
∂ f
6 ε, ∂ f (a + k) − ∂ f (a) 6 ε et ∂ f (a + k) − ∂ f (a) 6 ε
kkk 6 α ⇒ 2 (a + k) − 2
(a) 2 2
∂x ∂x ∂x∂y ∂x∂y ∂y ∂y
On a alors
2
khk 6 α ⇒ ∀t ∈ [0, 1] , |ϕ00 (t) − ϕ00 (0)| 6 4ε khk
car k = t.h vérifie kkk 6 α.
Par suite Z 1
00 00
2
(1 − t) (ϕ (t) − ϕ (0)) dt 6 2ε khk
0
Ainsi Z 1
2
(1 − t) (ϕ00 (t) − ϕ00 (0)) dt = o khk
0
Remarque Plus généralement, si B = (e1 , . . . , ep ) est une base de E, pour f : U ⊂ E → R de classe
C 2 , on a
1 2
f (a + h) = f (a) + `(h) + q(h) + o(khk ) quand h → 0E
2
avec ` = df (a) forme linéaire donnée par
MatB ` = D1 f (a) · · · Dp f (a) = L
et q forme quadratique donnée par
MatB q = (Di Dj f (a)) = H
Théorème
Soient U un ouvert de R2 et f : U → R de classe C 2 .
Si a est un point critique de f (i.e. p = q = 0 ) alors :
- si rt − s2 < 0 alors a n’est pas extremum de f ;
- si rt − s2 > 0 et r > 0 alors a est minimum local de f ;
- si rt − s2 > 0 et r < 0 alors a est maximum local de f .
dém. :
Par développement limité à l’ordre 2
1
2
1
2
f (a + h) − f (a) = q(h) + o khk = q(h) + khk ε(h)
2 2
avec q(h) = r.h2x + 2s.hx hy + t.h2y une forme quadratique et ε −−−→ 0.
(0,0)
On va étudier le signe de q(h) en procédant à une diagonalisation de la forme quadratique q.
Dans la base canonique orthonormée B = (e1 , e2 ) la matrice de la forme quadratique q est
r s
MatB q = =A
s t
La matrice A étant symétrique réelle, il existe P ∈ O2 (R) tel que
λ1 0
A = P Dt P avec D =
0 λ2
et λ1 , λ2 les deux valeurs propres de A.
Considérons alors la base orthonormée B 0 = (e01 , e02 ) déterminée par MatB B 0 = P ∈ O2 (R). Par formule
de changement de base, la matrice de la forme quadratique q dans la base B 0 est
MatB0 q = t P AP = D
Pour h = h01 e01 + h02 e02 , on a q(h) = λ1 (h01 )2 + λ2 (h02 )2 dont le signe est déteminable en fonction de ceux
de λ1 et λ2 .
Puisque les matrices D et A sont semblables, par égalité du déterminant et de la trace
(
rt − s2 = λ1 λ2
r + t = λ1 + λ2
Cas rt − s2 < 0.
On a λ1 λ2 < 0. Quitte à échanger on peut supposer λ1 < 0 < λ2 .
1 λ1 1 λ1 1 λ1
f (a + e01 ) − f (a) = 2 + 2 o(1) = 2 + o ∼ <0
n 2n n 2n n2 2n2
et
1 λ2 1 λ2
f (a + e02 ) − f (a) = 2 + o ∼ >0
n 2n n2 2n2
∂f ∂f
(x, y) = 3x2 − 3y, (x, y) = 3y 2 − 3x
∂x ∂y
Etude en (0,0) :
r = 0, s = −3, t = 0, rt − s2 = −9 < 0. Il n’y a pas d’extremum local
Etude en (1, 1) :
r = 6, s = −3, t = 6, rt − s2 = 27 > 0 et r > 0. Il y a minimum local.
Définition
Résoudre sur U une équation aux dérivées partielles d’ordre 1 en la fonction inconnue f , c’est
déterminer toutes les fonctions f : U → R de classe C 1 vérifiant une relation donnée engageant
f et/ou ses dérivées partielles.
Proposition
Les solutions sur R2 de l’équation
∂f
(x, y) = 0
∂x
sont les fonctions
f : (x, y) 7→ C(y) avec C ∈ C 1 (R, R)
dém. :
Soit f : R2 → R de classe C 1 solution de l’équation aux dérivées partielles
∂f
(x, y) = 0
∂x
∂f
Soit y ∈ R fixé. L’application partielle x 7→ f (x, y) a pour dérivée (x, y).
∂x
L’application partielle x 7→ f (x, y) est donc de dérivée nulle sur R, c’est donc une fonction constante.
Ainsi il existe Cy ∈ R telle que
∀x ∈ R, f (x, y) = Cy
Considérons alors C : R → R définie par C(y) = Cy .
On définit ainsi une application C : R → R vérifiant
Soit x0 ∈ R fixé. La composition y 7→ (x0 , y) 7→ f (x0 , y) est de classe C 1 , donc C est une fonction C 1 .
Résumons :
∂f
Si f est solution sur R2 de l’équation (x, y) = 0 alors il existe C : R → R de classe C 1 vérifiant
∂x
∀(x, y) ∈ R2 , f (x, y) = C(y)
∂f
(x, y) = xy
∂x
est
1 2 C1
f (x, y) = x y + C(y) avec C : R → R
2
z 0 (y) = xz(y)
g : (u, v) = f (2u − v, v − u)
g = f ◦ Φ est de classe C 1 .
∂g ∂f ∂f ∂f ∂f
(u, v) = 2 (2u − v, v − u) − (2u − v, v − u) = 2 (x, y) − (x, y)
∂u ∂x ∂y ∂x ∂y x=2u−v
y=v−u
f est solution sur R2 \ {(0, 0)} de l’équation aux dérivées partielles proposée E
∂f ∂f
⇔ ∀(x, y) ∈ R2 \ {(0, 0)} , x (x, y) − y (x, y) = 0,
∂y ∂x
+? ∂g
⇔ ∀(r, θ) ∈ R × R, (r, θ) = 0
∂θ
( ⇒ ) immédiat et ( ⇐ ) car Φ est surjective.
C1
⇔ ∃C : R+? → R, ∀(r, θ) ∈ R+? × R, g(r, θ) = C(r),
C1 p
⇔ ∃C : R+? → R, ∀(x, y) ∈ R2 \ {(0, 0)} , f (x, y) = C( x2 + y 2 ),
p
( ⇐ ) car g = f ◦ Φ et ( ⇒ ) car Φ est surjective et Φ(r, θ) = (x, y) ⇒ r = x2 + y 2 .
1
C
⇔ ∃C̃ : R+? → R, ∀(x, y) ∈ R2 \ {(0, 0)} , f (x, y) = C̃(x2 + y 2 ).
√
( ⇒ ) via C̃ = C ◦ . et ( ⇐ ) via C̃ = C ◦ .2 .
Finalement, la solution générale sur R2 \ {(0, 0)} de l’équation aux dérivées partielles E est
C1
f (x, y) = C(x2 + y 2 ) avec C : R → R.
Définition
Résoudre sur U une équation aux dérivées partielles d’ordre 2 en la fonction inconnue f , c’est
déterminer toutes les fonctions f : U → R de classe C 2 vérifiant une relation donnée engageant
f et/ou ses dérivées partielles d’ordre 1 et 2.
Proposition
La solution générale sur R2 de l’équation aux dérivées partielles
∂2f
(x, y) = 0
∂x2
est
C2
f : (x, y) 7→ xC(y) + D(y) avec C, D : R → R
Proposition
La solution générale sur R2 de l’équation aux dérivées partielles
∂2f
(x, y) = 0
∂x∂y
est
C2
f : (x, y) 7→ C(x) + D(y) avec C, D : R → R
L’application Φ : (u, v) 7→ ((u + v)/2, (u − v)/2c) est une bijection de classe C 2 de R2 vers R2 .
L’application Φ : (r, θ) 7→ (r cos θ, r sin θ) est une bijection de classe C 2 de R+? × ]−π/2, π/2[ vers
R+? × R.
Soit f : R+? × R → R de classe C 2 et g : R+? × ]−π/2, π/2[ → R définie de sorte que
« g(r, θ) = f (x, y) »i.e.
g(r, θ) = f (r cos θ, r sin θ)
g = f ◦ Φ est de classe C 2 .
Après calculs,
∂2g ∂2f ∂2f ∂2f
r2 2 (r, θ) = x2 2 + 2xy + y2 2
∂r ∂x ∂x∂y ∂y x=r cos θ
y=r sin θ
Définition
On appelle pavé de R2 toute partie P de R2 de la forme P = [a, b] × [c, d] avec a < b et c < d.
Théorème
Si f : [a, b] × [c, d] → C est une fonction continue alors les fonctions
Z d Z b
x 7→ f (x, y) dy et y 7→ f (x, y) dx
y=c x=a
sont continues et
! !
Z c Z d Z d Z b
f (x, y) dy dx = f (x, y) dx dy
x=a y=c y=c x=a
dém. :
Puisque la fonction f est continue sur le compact [a, b] × [c, d], elle y est bornée et donc il existe M ∈ R+
vérifiant
∀(x, y) ∈ [a, b] × [c, d] , |f (x, y)| 6 M
Z d
Etudions x 7→ f (x, y) dy.
y=c
Pour tout y ∈ [c, d], la fonction x 7→ f (x, y) est continue sur [a, b].
Pour tout x ∈ [a, b], la fonction y 7→ f (x, y) est continue par morceaux sur [c, d].
Pour tout (x, y) ∈ [a, b] × [c, d], |f (x, y)| 6 M = ϕ(y) avec ϕ intégrable sur [c, d].
Z d
Par domination, on en déduit que la fonction x 7→ f (x, y) dy est définie et continue sur [a, b].
y=c
Z b
On procède de même pour la fonction y 7→ f (x, y) dx.
x=a
641
23.1. INTÉGRALE DOUBLE SUR UN COMPACT SYMPATHIQUE
Z d Z x Z d
g(x) = f (t, y) dt dy = u(x, y) dy
c a c
Z x
Comme ci-dessus, on peut affirmer que pour tout chaque x ∈ [a, b], la fonction y 7→ u(x, y) = f (t, y) dt
a
est définie et continue sur [c, d] de sorte que l’intégrale
Z définissant g existe bien.
x
Pour y ∈ [c, d] fixé, la fonction x 7→ u(x, y) = f (t, y) dt est la primitive s’annulant en a de la
a
∂u
fonction x 7→ f (x, y). On en déduit l’existence de avec
∂x
∂u
= f (x, y)
∂x
∂u
Pour tout y ∈ [c, d], la fonction x 7→ (x, y) = f (x, y) est continue sur [a, b].
∂x
∂u
Pour tout x ∈ [a, b], la fonction y 7→ (x, y) = f (x, y) est continue par morceaux sur [c, d].
∂x
∂u
Pour tout (x, y) ∈ [a, b] × [c, d], (x, y) = |f (x, y)| 6 M = ϕ(y) avec ϕ intégrable sur [c, d].
∂x
Par domination, on en déduit que g est de classe C 1 et
Z d Z d
0 ∂u
g (x) = (x, y) dy = f (x, y) dy
c ∂x c
Z d Z b Z b Z b Z d
0
f (x, y) dx dy = g(b) = g(a) + g (x) dx = 0 + f (x, y) dy dx
c a a a c
Définition
La valeur commune de ces deux intégrales est appelée intégrale (double) de f sur [a, b] × [c, d],
on la note ZZ
f
[a,b]×[c,d]
ZZ
Remarque f se comprend comme le volume algébrique de la portion d’espace comprise
[a,b]×[c,d]
entre le plan (xOy) et la surface Σf : z = f (x, y).
ZZ
Exemple Calculons I = 1.
[a,b]×[c,d]
!
Z b Z d Z b
I= 1 dy dx = (d − c) dx = (b − a)(d − c) = Aire ([a, b] × [c, d])
x=a y=c x=a
Définition
Une partie A du plan R2 est dite x-élémentaire si on peut écrire
et
Définition
Si A est une partie x -élémentaire de R2 alors pour toute fonction f : A → C continue, on
pose !
ZZ Z b Z ϕ2 (x)
f (x, y) dy dx = f (x, y) dy dx
A x=a y=ϕ1 (x)
Z ϕ2 (x)
Remarque On peut montrer qu’ici x 7→ f (x, y) dy est une fonction continue.
y=ϕ1 (x)
Définition
Une partie A du plan R2 est dite y-élémentaire si on peut écrire
Définition
Si A est une partie y -élémentaire alors pour toute fonction f : A → C continue, on pose
!
ZZ Z d Z ψ2 (y)
f (x, y) dx dy = f (x, y) dx dy
A y=c x=ψ1 (y)
Définition
Une partie A du plan R2 est dite élémentaire si elle à la fois x et y-élémentaire.
Théorème
Si A désigne une partie élémentaire et f : A → C une fonction continue alors
ZZ ZZ
f (x, y) dx dy = f (x, y) dy dx
A A
ZZ
Exemple Calculons 1.
A
!
ZZ Z b Z y=ϕ2 (x) Z b Z b
1= 1dy dx = ϕ2 (x) dx − ϕ1 (x) dx = Aire(A)
A a y=ϕ1 (x) a a
ZZ
xy dx dy avec A = (x, y) ∈ R2 /x, y > 0 et x + y 6 1 .
Exemple Calculons I =
A
Z 1−x Z 1
Attention : Ecrire ici xy dx dy n’a pas de sens.
y=0 x=0
Définition
Si A est une partie simple alors pour toute fonction f : A → C continue, on appelle intégrale
(double) de f sur A le scalaire :
ZZ n ZZ
X
f= f
A i=1 Ai
ZZ n ZZ
X n
X
Exemple 1= f= Aire(Ai ) = Aire(A)
A i=1 Ai i=1
Théorème
Avec
Z Z des notations Zimmédiates
Z ZZ
λf + µg = λ f +µ g,
A ZZ A A
f >0⇒ f > 0,
ZZ A
f > 0 et f = 0 ⇒ f = 0,
Z Z ZAZ
f 6 |f |,
A A
dém. :
Les propriétés sont immédiates lorsque A est une partie élémentaire et s’étendent facilement au cas où A
dém. :
La description de A et B comme réunion de parties élémentaires d’intérieurs deux à deux disjoints
entraîne une telle description pour A ∪ B rendant la propriété énoncée immédiate.
Théorème
Soit A est une partie incluse dans U .
Si A et ϕ(A) sont des parties simples de R2 alors pour toute fonction f : ϕ(A) → C continue
on a la relation
ZZ ZZ
D(u, v)
f (u, v) du dv = f (u(x, y), v(x, y)) dx dy
ϕ(A) A D(x, y)
Le passage d’une quantité à l’autre est appelé changement de variable défini par la relation
(u, v) = ϕ(x, y).
Aire(ϕ(A)) = Aire(A)
a b
Si ϕ est une similitude de rapport λ alors = λU avec U ∈ O2 (R) donc ad − bc = ±λ2 et
c d
Aire(ϕ(A)) = λ2 Aire(A)
Définition
Une partie A du plan R2 est dite θ-élémentaire si on peut écrire :
Théorème
Si A est une partie simple et θ-élémentaire alors pour toute fonction f : A → C continue
!
ZZ Z θ2
Z r2 (θ)
f= f (r cos θ, r sin θ)r dr dθ
A θ=θ1 r=r1 (θ)
Exemple Calculons ZZ
I= x dx dy
A
Exemple Calculons ZZ
I= x dx dy
A
x2 + y 2 − 2x = 0 ⇔ (x − 1)2 + y 2 = 1
On peut écrire
D = (x, y, z) ∈ R3 /0 6 x 6 1, 0 6 y 6 1 − x, 0 6 z 6 1 − x − y
et alors
Z 1 Z 1−x Z 1−x−y Z 1 Z 1−x
1
I= xyz dz dy dx = xy(1 − x − y)2 dy dx
x=0 y=0 z=0 2 x=0 y=0
Passage en coordonnées
cylindriques :
x = ρ cos ϕ
En écrivant y = ρ sin ϕ , dx dy dz devient ρ dρ dϕ dθ.
z=z
Passage en coordonnées
sphériques :
x = r sin θ cos ϕ
En écrivant y = r sin θ sin ϕ dx dy dz devient r2 sin θ dr dϕ dθ.
z = r cos θ
Définition
On dit qu’une f : I × J → R+ continue est intégrable s’il existe un réel M tel que pour tout
pavé P = [a, b] × [c, d] ⊂ I × J, ZZ
f 6M
P
On pose alors ZZ ZZ
f= sup f
I×J P pavé ⊂I×J P
Proposition
Soit f : I × J → R+ continue et (Pn ) est une suite croissante de pavés de réunion I × J :
1) ∀n ∈ N, Pn = [an , bn ] × [cn , dn ] ;
2) ∀n ∈ N, P[n ⊂ Pn+1 ;
3) I × J = Pn .
n∈N
On a équivalence entre :
(i) f est intégrable
Z Z ;
(ii) la suite f converge.
Pn n∈N
De plus, on a alors ZZ ZZ
f = lim f
I×J n→+∞ Pn
dém. : Z Z
Notons pour commencer que la suite f est croissante car f positive et Pn ⊂ Pn+1 .
Pn
puis ZZ ZZ
f 6 lim f
I×J n→+∞ Pn
Théorème
L1 (I × J, K) est un sous-espace vectoriel de C(I × J, K)
dém. :
L1 (I × J, K) ⊂ C(I × J, K) et 0 ∈ L1 (I × J, K).
Soient λ, µ ∈ K et f, g ∈ L1 (I × J, K).
Pour tout pavé P ⊂ I × J,
ZZ ZZ ZZ ZZ ZZ
|λf + µg| 6 |λ| |f | + |µ| |g| 6 |λ| |f | + |µ| |g|
P P P I×J I×J
dém. :
Pour tout pavé P ⊂ I × J, ZZ ZZ ZZ
|f | 6 ϕ6 ϕ=M
P P I×J
Proposition
Soit f : I × J → R+ continue etZ (PZn ) estune suite croissante de pavés de réunion I × J :
Si f est intégrable alors la suite f converge et
Pn n∈N
ZZ ZZ
f = lim f
I×J n→+∞ Pn
dém. :
Cas f à valeurs réelles :
Les fonctions f + et f − sont intégrables et positives donc
ZZ ZZ ZZ ZZ ZZ ZZ
f= f+ − f− → f+ − f− = f
Pn Pn Pn I×J I×J I×J
dém. :
Cas f positive :
Pε = [a + ε, b − ε] × [c + ε, d − ε]
On a Pε ⊂ I ◦ × J ◦ donc ZZ ZZ
f6 f
Pε I ◦ ×J ◦
Puisque f est continue sur le compact [a, b] × [c, d], f y est majorée par un certain M et alors
Z Z ZZ
f− f 6 M (2ε(b − a) + 2ε(d − c))
P Pε
ZZ ZZ
Quand ε → 0+ , on obtient f→ f et donc
Pε P
ZZ ZZ
f6 f
P I ◦ ×J ◦
ZZ ZZ
On en déduit que f est intégrable sur I × J et f6 f.
I×J I ◦ ×J ◦
Cas f à valeurs réelles : l’équivalent est immédiate en revenant à |f | et l’égalité s’obtient par l’intermédiaire
de f + et f − .
Cas f à valeurs complexes : Idem.
23.2.3 Propriétés
Théorème
Avec
Z Z des notations entendues
ZZ ZZ
λf + µg = λ f +µ g
I×J ZZ I×J I×J
f >0⇒ f >0
Z Z I×J
f > 0 et f = 0 ⇒ f = 0̃
Z Z I×J
ZZ
f 6 |f |
I×J I×J
dém. :
Si (Pn )n∈N est une suite croissante de pavés de réunion I × J,
ZZ ZZ ZZ ZZ ZZ ZZ
λf + µg = lim λf + µg = lim λ f +µ g =λ f +µ g
I×J n→+∞ Pn n→+∞ Pn Pn I×J I×J
Les trois autres propriétés peuvent être obtenues avec une démarche analogue.
23.2.4 Formules de Fubini
23.2.4.1 Cas des fonctions positives
Théorème
Soit f : I × J → R+ continue.
Si
1) ∀x ∈ ZI, y 7→ f (x, y) est intégrable sur J ;
2) x 7→ f (x, y) dy est continue par morceaux et intégrable sur I ;
J
Alors
1) fZ Zest intégrable sur I × JZ ; Z
2) f (x, y) dx dy = f (x, y) dy dx.
I×J I J
dém. ;
Soit P = [a, b] × [c, d] ⊂ I × J.
ZZ Z b Z d Z b Z Z Z
f= f (x, y) dy dx 6 f (x, y) dy dx 6 f (x, y) dy dx
P a c a J I J
Z d
Fixons le segment [c, d], ce qui précède assure que la fonction x 7→ f (x, y) dy est intégrable sur I et
c
! !
Z Z d Z b Z d ZZ
f (x, y) dy = sup f (x, y) dy dx 6 f
I c [a,b]⊂I a c I×J
Il ne reste plus qu’à passer à la limite quand « le segment [c, d] tend vers J ».
Soit (Jn ) = ([cn , dn ]) une suite croissante de segments de réunion J.
Pour tout x ∈ I, Z dn Z
ϕn (x) = f (x, y) dy −−−−−→ f (x, y) dy = ϕ(x)
cn n→+∞ J
CS
Ainsi ϕn −−−→ ϕ. Les fonctions ϕn et ϕ sont continues par morceaux et
[a,b]
Z dn Z
|ϕn (x)| = f (x, y) dy 6 f (x, y) dy = ϕ(x)
cn J
Or !
Z Z dn ZZ
f (x, y) dy dx 6 f
I cn I×J
donc à la limite Z Z ZZ
f (x, y) dy dx 6 f
I J I×J
Remarque On peut énoncer un résultat analogue en échangeant les rôles de x et y : cela propose deux
démarches pour calculer l’intégrale double de f , c’est souvent à l’origine d’exercice conduisant au
calcul d’intégrales non triviales.
2
Exemple Considérons f : (x, y) 7→ e−(1+x )y sur R × R+ .
La fonction f est continue et positive.
1) Soit x ∈ R,
2 2
La fonction y 7→ e−(1+x )y est intégrable sur R+ car e−(1+x )y = O(e−y ) quand y → +∞ et
Z +∞ " 2
#+∞
−(1+x2 )y e−(1+x )y 1
e dy = − 2
=
0 1+x 1 + x2
0
Z +∞
1
2) La fonction x 7→ f (x, y) dy = est continue par morceaux et intégrable sur R car
0 1 + x2
1 1
∼ 2 quand x → ±∞.
1 + x2 x
On en déduit que f est intégrable sur R × R+ et
ZZ Z +∞ Z +∞ Z +∞
dx π
f (x, y) dx dy = f (x, y) dy dx = =
R×R+ −∞ 0 −∞ 1 + x2 2
Remarque Ce résultat peut être utilisé pour donner la valeur d’intégrales non triviales en procédant au
calcul d’intégrales doubles dans les deux ordres possibles
On en déduit
1
y−1
Z
dy = ln 2
0 ln y
Théorème
Soit f : I × J → C continue.
Si
1) f est intégrable ;
2) ∀x ∈ ZI, y 7→ f (x, y) est intégrable sur J ;
3) x 7→ f (x, y) dy est continue par morceaux et intégrable sur I ;
J
Alors ZZ Z Z
f= f (x, y) dy dx
I×J I J
Corollaire
Soit f : I × J → C continue.
Si f est intégrable alors sous réserve d’intégrabilité des fonctions engagées dans la relation
Z Z Z Z
f (x, y) dy dx = f (x, y) dx dy
I J J I
x2 − y 2
Exemple Considérons f (x, y) = sur ]0, 1] × ]0, 1].
(x2 + y 2 )2
On observe
d −x d y
f (x, y) = =
dx x2 + y 2 dy x2 + y 2
D’une part
Z 1 Z 1 Z 1
dx π
f (x, y) dy dx = =
x=0 y=0 x=0 x2 + 1 4
D’autre part
1 Z 1 1
− dy
Z Z
π
f (x, y) dx dy = =−
y=0 x=0 y=0 y2 + 1 4
Conclusion : f n’est pas intégrable sur ]0, 1] × ]0, 1] !
2 2
Considérons f (x, y) = e−(x +y ) sur R+2 .
f est continue et positive sur R+2 .
−r 2
Considérons maintenant g(r, θ) = f (r cos θ, r sin θ)r = r e .
2
1) Soit r ∈ R+ . La fonction θ 7→ re−r est intégrable sur [0, π/2] et
Z π/2
2 π
re−r dr =
0 2
Z π/2
2 π 2
2) La fonction r 7→ re−r dθ = re−r est intégrable sur R+ .
0 2
On en déduit que g est intégrable sur R+ × [0, π/2]
!
ZZ Z Z +∞ π/2 Z +∞
2 π −r2 π
g(r, θ) dr dθ = re−r dθ dr = re dr =
R+ ×[0,π/2] 0 0 0 2 4
ω : U → L(Rn , R)
ce qui introduit P1 , . . . , Pn : U → R continues (ce sont les fonctions composantes de ω dans la base B ?
).
L’application e?i : (x1 , . . . , xn ) 7→ xi est linéaire donc différentiable et de?i (a) = e?i .
Abusivement, on note dxi au lieu de e?i et on peut désormais écrire
ω(x) = P1 (x) dx1 + · · · + Pn (x) dxn
Théorème
Si ω est une forme différentielle sur U alors il existe d’uniques applications P1 , . . . , Pn : U →
R continues vérifiant
X n
ω= Pi dxi
i=1
Proposition
n
X
La forme différentielle ω = Pi dxi est exacte si, et seulement si, il existe une fonction
i=1
f : U → R de classe C 1 vérifiant
∂f
∀i ∈ {1, . . . , n} , = Pi
∂xi
dém. :
La famille (dx1 , . . . , dxn ) étant une base, on peut identifier les composantes dans celle-ci.
Exemple Considérons la forme différentielle
définie sur R3 .
∂f
(x, y, z) = x − yz (1)
∂x
∂f
(x, y, z) = y − xz (2)
∂y
∂f (x, y, z) = z − xy
(3)
∂z
Supposons f solution.
1
(1) donne f (x, y, z) = x2 − xyz + C(y, z).
2
∂C 1
Dans (2), on obtient (y, z) = y donc C(y, z) = y 2 + D(z).
∂y 2
0 1 2
Dans (3), on obtient D (z) = z donc D(z) = z + C te .
2
1 2
x + y + z − xyz + C te .
2 2
Finalement f (x, y, z) =
2
Inversement, une telle fonction est solution du système et donc ω est une forme différentielle exacte.
1
Exemple Considérons la forme différentielle ω(x, y) = (x dy − y dx) définie sur R2 .
2
∂f
(x, y) = −y/2 (1)
∂x
∂f
(x, y) = +x/2 (2)
∂y
Supposons f solution.
(1) donne f (x, y) = −xy/2 + C(y).
Dans (2) on obtient C 0 (y) = x. C’est impossible.
Le système n’est pas compatible, la forme différentielle n’est pas exacte.
Proposition
n
X
Soit ω = Pi dxi une forme différentielle de classe C 1 sur U .
i=1
Si ω est exacte alors
∂Pi ∂Pj
∀i 6= j ∈ {1, . . . , n} , =
∂xj ∂xi
dém. :
Si ω est exacte alors il existe f : U → R de classe C 1 telle que ω = df . Les dérivées partielles de f sont
alors des fonctions de classe C 1 donc f est de classe C 2 et on peut appliquer le théorème de Schwarz.
∂Pi ∂Pj
∀i 6= j ∈ {1, . . . , n} , =
∂xj ∂xi
x dy − y dx
Exemple ω(x, y) = est une forme différentielle fermée sur U = R2 \ {(0, 0)}.
x2 + y 2
−y x
En effet pour P (x, y) = 2 et Q(x, y) = 2 , on a
x + y2 x + y2
∂P y 2 − x2 ∂Q
(x, y) = 2 = (x, y)
∂y (x + y 2 )2 ∂x
Définition
Un ouvert U est dit étoilé si
∃a ∈ U, ∀x ∈ U, [a, x] ⊂ U
Exemple R2 \ R− × {0} est étoilé mais R2 \ {(0, 0)} n’est pas étoilé.
Théorème
Une forme différentielle fermée définie sur un ouvert étoilé est exacte.
xdy − ydx
est exacte sur U = R2 \ R− × {0} car
Exemple La forme différentielle ω(x, y) =
x2 + y 2
fermée sur un étoilé.
On obtient comme primitive
y
θ(x, y) = 2 arctan p
x + x2 + y 2
p
En effet, pour r(x, y)(= x2 + y 2 , on a
(
x = r cos θ dx = cos θ dr − r sin θ dθ
donc puis
y = r sin θ dy = sin θ dr + r cos θ dθ
r2 dθ = −r sin θ dx + r cos θ dy = −y dx + x dy.
En revanche que U = R2 \ {(0, 0)}, on ne peut rien dire.
On verra plus tard que cette forme n’est pas exacte sur U = R2 \ {(0, 0)}.
I
Lorsque l’arc Γ est fermé (i.e. M (a) = M (b) ), on note ω.
Γ
Exemple Soient a, b > 0 et Γ = ([0, 2π] , M ) avec M (t) = (a cos t, b sin t).
x2 y2
Γ est un paramétrage de l’ellipse d’équation 2 + 2 = 1.
a b
1
Considérons ω(x, y) = (x dy − y dx).
2
1 2π
I Z
ω= ab cos2 t + ab sin2 t = πab
Γ 2 0
Proposition
Z
L’intégrale ω est inchangée par changement de paramétrage croissant.
ZΓ
L’intégrale ω est transformée en son opposé par changement de paramétrage décroissant.
Γ
dém. :
Γ = ([a, b] , M ) avec M : t ∈ [a, b] 7→ M (t) = (x1 (t), . . . , xn (t)).
Z Z bXn
ω= Pi (x1 (t), . . . , xn (t))x0i (t) dt
Γ a i=1
Remarque Ce qui précède permet de parler abusivement d’intégrale curviligne le long d’une courbe
orientée.
Définition
On appelle arc C 1 par morceaux toute famille Γ = (Γ1 , Γ2 , . . . , Γp ) formée d’arcs compacts
Γj = ([aj , bj ] , Mj ) de classe C 1 vérifiant la condition de continuité
Définition
Soient ω une forme différentielle définie sur U et Γ = (Γ1 , Γ2 , . . . , Γp ) un arc C 1 par morceaux
inscrit dans U . On appelle intégrale (curviligne) de ω le long de Γ le réel
Z p Z
X
ω= ω
Γ j=1 Γj
I
Exemple Calculons ω avec ω = x dy et
(OIJ)+
dém. :
Cas Γ arc de classe C 1 :
∂f
Si ω = df alors Pi = donc
∂xi
Z Z b
d
ω= (f (M (t))) dt = f (M (b)) − f (M (a))
Γ a dt
1
Cas Γ arc de classe C par morceaux :
Z n Z
X n
X
ω= ω= f (Mi (bi )) − f (Mi (ai )) = f (Mn (bn )) − f (M1 (a1 ))
Γ i=1 Γi i=1
Corollaire I
Si Γ est un arc fermé et ω une forme différentielle exacte alors ω = 0.
Γ
x dy − y dx
Exemple Soit ω(x, y) = forme différentielle définie sur l’ouvert U = R2 \ {(0, 0)}.
x2 + y 2
Proposition
Si F~ dérive d’un potentiel V alors
−−−→ −−→
F (M ) · dM = V (M (b)) − V (M (a))
dém.
−−−→: −−→
F (M ) · dM = dV
Théorème
Si ω(x, y) = P (x, y)dx + Q(x, y) dy est une forme différentielle de classe C 1 définie sur un
ouvert U contenant D alors I ZZ
∂Q ∂P
ω= −
∂D + D ∂x ∂y
dém. :
Cas : D est une partie élémentaire.
ZZ ZZ ZZ
∂Q ∂P ∂Q ∂P
− = −
D ∂x ∂y D ∂x D ∂y
ZZ Z b Z ϕ2 (x) ! Z b
∂P ∂P
− =− (x, y) dy dx = P (x, ϕ1 (x)) − P (x, ϕ2 (x)) dx
D ∂y x=a y=ϕ1 (x) ∂y a
Ainsi ZZ Z Z I
∂P
− = P (x, y) dx − P (x, y) dx = P (x, y) dx
D ∂y Γ1 Γ2 ∂D +
car les intégrales le long des arcs Γ01 et Γ02 s’annulent puisque les arcs sont parcourues en sens inverse.
Corollaire I I I
1
Aire(D) = x dy = − y dx = x dy − y dx.
∂D + ∂D + 2 ∂D +
(
x = cos3 t
avec t ∈ [0, 2π]
y = sin3 t
est un paramétrage direct du bord de D.
I Z 2π
1 1 3π
Aire(D) = x dy − y dx = 3 cos2 t sin2 t dt =
2 ∂D + 2 0 8
Corollaire I
1
Aire(D) = r2 dθ.
2 ∂D +
dém. (
: (
r = r(t) x = r(t) cos θ(t)
Pour avec t ∈ [a, b] on a avec t ∈ [a, b] puis après calcul
θ = θ(t) y = r(t) sin θ(t)
I Z b
1 1
Aire(D) = x dy − y dx = r2 (t)θ0 (t) dt
2 ∂D + 2 a
Géométrie
671
Chapitre 24
E désigne un espace affine euclidien d’origine O (i.e. un ensemble de points en bijection avec un espace
−−→ −−→
euclidien E via une application M 7→ OM vérifiant OO = 0E = ~0 ).
En pratique E est le plan géométrique ou l’espace géométrique.
Définition
On appelle arc paramétré de E tout couple Γ = (I, M ) formé d’un intervalle I d’intérieur non
vide de R et d’une application M : I → E.
−−→
On appelle classe de l’arc Γ, la classe de la fonction vectorielle t 7→ OM (t). M (t) est alors
appelé point courant de paramètre t ∈ I de l’arc Γ, SuppΓ = {M (t)/t ∈ I} est appelé support
de l’arc Γ et enfin on dit que Γ est un paramétrage de SuppΓ.
Définition
Un arc Γ = (I, M ) de classe C k est dit compact si I = [a, b].
Les points A = M (a) et B = M (b) sont appelés extrémités initiale et finale de l’arc Γ. Le
)
Exemple
Dans l’espace géométrique muni d’un repère orthonormé (O;~i, ~j, ~k), le système
x = R cos t
y = R sin t avec t ∈ [0, 2π]
z = ht
détermine l’arc Γ = (I, M ) avec M (t) le point de coordonnées (R cos, R sin t, ht )
Γ est la paramétrage d’une portion d’hélice.
Remarque Selon que l’angle géométrique entre ~v (t) et ~a(t) est aigu ou obtus il y a accélération ou
décélération.
d 2 d
En effet (v ) = (~v | ~v ) = 2(~a, ~v ).
dt dt
Définition
Soit t0 ∈ I. On dit que le point M0 = M (t0 ) de l’arc Γ = (I, M ) est régulier si ~v (t0 ) 6= ~0,
sinon, on dit que ce point est stationnaire.
On dit le point M0 est birégulier si ~v (t0 ) et ~a(t0 ) ne sont pas colinéaires.
Enfin, on dit que l’arc Γ est régulier (resp. birégulier) si tous ses points le sont.
f : t ∈ I 7→ f (t)
en une fonction
f˜ : u ∈ J 7→ f˜(u)
définie de sorte que f (t) = f˜(u).
Plus précisément, la fonction f˜ est définie par f˜ = f ◦ ϕ−1 .
On a alors
∀t ∈ I, f (t) = f˜(ϕ(t)) et ∀u ∈ J, f˜(u) = f (ϕ−1 (u))
En dérivant ces relations, on obtient
f 0 (t) = ϕ0 (t)f˜0 (ϕ(t)) (1) et f˜0 (u) = (ϕ−1 )0 (u)f 0 (ϕ−1 (u)) (2)
Afin de manipuler plus aisément ces relations, on réalise les abus suivants :
- on écrit u pour ϕ(t) et t pour ϕ−1 (u) ;
du dt
- on écrit pour ϕ0 (t) et pour (ϕ−1 )0 (u) ;
dt du
- on confond f (t) et f˜(u) ;
df df
- on écrit et pour f 0 (t) et f˜0 (u).
dt du
Les relations (1), (2) et (3) s’écrivent alors
df du df df dt df du dt
= , = et =1
dt dt du du du dt dt du
On peut aussi dériver à l’ordre 2 et écrire
2
d2 f d2 u df d2 f
du
2
= 2 +
dt dt du dt du2
Définition
On appelle paramétrage C k admissible d’un arc Γ = (I, M ) de classe C k , tout arc Γ0 = (J, M )
obtenu par un changement de paramétrage u = ϕ(t) avec ϕ C k -difféomorphisme de I vers J.
Définition
Une notion relative à un arc invariante par changement de paramétrage est qualifiée de
géométrique.
Proposition
La régularité et la birégularité d’un point sont des notions géométriques.
dém. :
Soit Γ = (I, M ) un arc de classe C 2 .
Réalisons le changement de paramétrage donné par u = ϕ(t).
D’une part
−−→ −−→
dOM du dOM
=
dt dt du
donc
−−→ −−→
dOM ~ dOM ~
=0⇔ =0
dt du
D’autre part
−−→ −−→ 2 2 −−→
d2 OM d2 u dOM du d OM
= +
dt2 dt2 du dt du2
donc
−−→ −−→ ! −−→ −−→ !
dOM d2 OM dOM d2 OM
Vect , = Vect ,
dt dt2 du du2
Définition
Une notion relative à un arc invariante par changement de paramétrage croissant est qualifiée
de géométrique orientée.
Exemple Le sens du vecteur vitesse en un point régulier est une notion géométrique orientée.
24.1.5 Tangente
Soient Γ = (I, M ) un arc de classe C 1 et t0 ∈ I.
On désire étudier l’existence d’une tangente en M0 = M (t0 ).
Définition
Sous réserve d’existence, on appelle tangente à l’arc Γ en M0 la position limite de la droite
(M0 M (t)) quand t → t0 (avec t 6= t0 )
Remarque Comme les droites (M0 M (t)) pivotent autour du point M0 , dire que celles-ci ont une
position limite quand t → t0 signifie qu’elles admettent un vecteur directeur ~u(t) tel que
~u(t) −−−→ ~u0 6= ~0.
t→t0
La droite passant par M0 et dirigée par ~u0 est alors la tangente.
−
Remarque On peut aussi parler de demi-tangente si l’on travaille avec t → t+
0 et t → t0 .
Ces notions sont géométriques orientées.
Théorème
Si l’un des vecteurs dérivés successifs
−−→ −−→
dOM d2 OM
(t0 ), (t0 ), . . .
dt dt2
n’est pas nul alors Γ admet une tangente en M0 = M (t0 ) et qui est dirigée par le premier de
ces vecteurs à être non nul.
dém. :
La droite (M0 M (t)) est dirigée par
−−−→
M0 M (t) −−−→ ~0
t→t0
ce qui ne permet de rien dire. . . Notons p > 1 le plus petit entier tel que
−−→
dp OM
(t0 ) 6= ~0
dtp
−−→
−−→ −−−→ (t − t0 )p dp OM −−−−−−−−→
OM (t) = OM0 + p
(t0 ) + o ((t − t0 )p )
p! dt
donc
−−→
−−−→ (t − t0 )p dp OM −−−−−−−−→
M0 M (t) = p
(t0 ) + o ((t − t0 )p )
p! dt
−−→ −−→
p! −−−→ dp OM −−→ dp OM
~ut = M0 M (t) = (t0 ) + o(1) → (t0 ) 6= ~0
(t − t0 )p dtp dtp
Corollaire
En un point régulier, un arc admet une tangente dirigée par le vecteur vitesse.
On a
−−→ −R sin t
dOM
R cos t 6= ~0
dt
h
donc l’hélice admet une tangente en M (t) qui est la droite donnée par le paramétrage
x = R cos t − λR sin t
y = R sin t + λR cos t avec λ ∈ R
z = ht + λh
Définition
Pour a, b ∈ I, on appelle distance curviligne le long de l’arc Γ de A = M (a) à B = M (b) le
réel Z b
d−−→
OM
dΓ (A, B) =
a
dt
Remarque Motivation cinématique : dΓ (A, B) est l’intégrale de la vitesse entre les instants t = a et
t = b ce qui donne la distance parcourue.
Proposition
C’est une notion géométrique orientée.
dém. :
Soient ϕ : I → J un C 1 difféomorphisme et considérons Γ0 = (J, M ) le paramétrage C k -admissible
correspondant au changement de paramétrage u = ϕ(t).
d−
Z b
−→
d−
Z β
−→
OM
OM
dΓ (A, B) = (t)
dt et dΓ0 (A, B) = (u)
du
a
dt α
du
Remarque Si ϕ est décroissante alors ϕ0 (t) < 0 et dΓ0 (A, B) = −dΓ (A, B)
Définition
On appelle longueur d’un arc compact la distance curviligne de son extrémité initiale à son
extrémité finale.
Sa longueur est
−−→
Z
Z 2π
dOM
2π p Z 2π p p
L=
=
02 02 02
x +y +z = R2 + h2 = 2π R2 + h2
dt
0 0 0
Proposition
s est une application dérivable et
−−→
ds
dOM
=
dt
dt
dém. :
d−−→
Z t
−−→
OM
dOM
Car s : t 7→
est la primitive de
s’annulant en t0 .
dt dt
t0
Définition
On appelle abscisse curviligne le long de Γ toute fonction s : I → R dérivable et vérifiant
−−→
ds
dOM
=
dt
dt
Proposition
Si s est une abscisse curviligne le long de l’arc Γ alors
dém. :
−−→
Z b
dOM
b
dΓ (M (a), M (b)) =
= [s(t)]a
dt
a
−−→
ds
dOM
=
dt
dt
−−→
dOM
Puisque est de classe C k−1 et ne s’annule pas, s0 est de classe C k−1 et donc s de classe C k .
dt
De plus s0 est strictement positive et donc s réalise un C k -difféomorphisme strictement croissant de I vers
l’intervalle J = s(I).
Réalisons le changement de paramétrage défini par la relation s = s(t).
Définition
Le paramétrage C k admissible Γ0 = (J, M ) ainsi obtenu est appelé paramétrage normal de
l’arc Γ.
Proposition
Ce paramétrage est réalisé à vitesse constante égale à 1.
dém. :
−−→ −−→ −−→
−−→
−−→
dOM dt dOM dOM
dOM
dOM
= = /
donc est unitaire.
ds ds dt dt
dt
ds
Définition
−−→
~ dOM
Le vecteur T = est appelé vecteur tangent au point M , c’est une notion géométrique
ds
orientée.
−−→
dq OM
Supposons de plus, qu’il existe un plus petit entier q > p+1 tel que ~v = (t0 ) ne soit pas colinéaire
dtq
à ~u.
Par Taylor-Young
−−→ −−→
−−→ −−−→ dOM hq dq OM −−−→
OM (t0 + h) = OM0 + h (t0 ) + · · · + (t0 ) + o(hq )
dt q! dtq
hp
q
−−−−−−−−−→
h
M0 M (t0 + h) = + o(hp ) ~u + + o(hq ) ~v
p! q!
Les coordonnées du point M (t0 + h) dans le repère oblique (M0 ; ~u, ~v ) sont
hp 1 hq 1
x(h) = + o(hp ) ∼ hp et y(h) = + o(hq ) ∼ hq
p! p! q! q!
Remarque Un point régulier est soit un point ordinaire, soit un point d’inflexion.
Un point birégulier est un point ordinaire.
Remarque On peut montrer que les valeurs des entiers p et q sont géométriques.
Définition
Si OM (t) → +∞, on dit que Γ présente une branche infinie en a.
Définition
Supposons que Γ ait une branche infinie en a.
Si la droite (OM (t)) admet une position limite alors cette droite limite D est appelée direction
asymptotique de l’arc Γ en a.
−−−−→
d(M (t), D) = (OM (t) | ~v )
−−→
Introduisons la distance algébrique d(t) = (~v | OM (t)).
Définition
Si d(t) → ±∞ alors on dit que Γ présente une branche parabolique de direction D.
Définition
Si d(t) → d alors la droite ∆ = D + d~v est dite asymptote à Γ en a (car d(M (t), ∆) → 0 ).
En étudiant si d(t) → d+ ou d− on peut positionner courbe et asymptote.
~ = Rotπ/2 (T~ ).
dirige la tangente en tout point M . On pose N
Définition
Le repère orthonormé direct (M ; T~ , N
~ ) est appelé repère de Frénêt au point M .
Chacune des valeurs α(t) est déterminée à un multiple de 2π près. Cependant, puisque l’application
−−→
1 dOM
t 7→ T~ (t) =
d−−→
dt (t)
OM
dt (t)
est de classe C k−1 et prend pour valeur des vecteurs unitaires, on peut par le théorème de relèvement
déterminer une fonction α : I → R de classe C k−1 telle que
Définition
α est appelée détermination angulaire le long de l’arc Γ.
Proposition
cos α − sin α
~
T
~
et N
.
sin α cos α
24.2.3.3 Courbure
Définition
dα
On pose γ = appelée courbure le long de l’arc Γ.
ds
Proposition
dT~ ~
~ et dN = −γ T~ .
= γN
ds ds
dém. :
dα
− sin α
cos α dT~ ds ~
~ et de même on obtient dN = −γ T~ .
T~ donc = γN
ds dα ds
sin α
cos α
ds
Interprétons la courbure
Soit M0 = M (s0 ).
−−→ −−→
dOM d2 OM
(s0 ) = T~ et ~ donc
(s0 ) = γ N
ds ds2
−−→ −−→ !
d2 OM
dOM 1 0
Det (s0 ), (s0 ) = 0 γ =γ
ds ds2
Ainsi
M0 est birégulier ⇔ γ 6= 0
De plus, si tel est le cas, la formule de Taylor-Young donne
−−→ −−→ −−−→
−−→ −−−→ dOM 1 2 d2 OM
OM (s0 + h) = OM0 + h (s0 ) + h (s0 ) + o(h2 )
ds 2 ds2
donc
−−−→ γ
M0 M (s0 + h) = (h + o(h)) T~ + h2 + o(h2 ) N~
2
Dans le repère de Frénêt (M0 ; T~ , N
~ ), le point M (s0 + h) a pour coordonnées
γ 2 γ γ
x = h + o(h) ∼ h et y = h + o(h2 ) ∼ h2 ∼ x2
2 2 2
γ
Ainsi, asymptotiquement, M (s0 + h) évolue sur la parabole d’équation y = x2 .
2
Définition
Si M est birégulier on pose
R = 1/γ : rayon de courbure en M .
I = M + RN ~ : centre de courbure en M .
C(I, |R|) : cercle osculateur en M .
Remarque Le cercle osculateur est le cercle le plus proche de la courbe au point considéré.
dém. :
dv
v
Det(~v , ~a) = = γv 3 .
dt
0 γv 2
Définition
On appelle arc cartésien défini par le système
(
x = x(t)
avec t ∈ I
y = y(t)
−−→
l’arc Γ = (I, M ) avec M (t) le point déterminé par OM (t) = x(t)~i + y(t)~j.
Proposition
L’arc Γ est de classe C k , ~v (t) = x0 (t)~i + y 0 (t)~j et ~a(t) = x00 (t)~i + y 00 (t)~j.
x α
0
Exemple Soient A et ~u 6= ~0.
y0 β
(
x = x0 + αt
avec t ∈ R est un paramétrage cartésien régulier de la droite (A; ~u).
y = y0 + βt
x
0
Exemple Soient Ω et R > 0.
y0
(
x = x0 + R cos t
avec t ∈ [0, 2π] est un paramétrage cartésien birégulier du cercle C(Ω, R).
y = y0 + R sin t
(
x(t + T ) = x(t)
Exemple Si alors alors M (t + T ) = M (t). Etude sur [0, T ].
y(t + T ) = y(t)
y 0 (t)
m(t) = ∈ R ∪ {∞}
x0 (t)
Par la formule de Taylor-Young et l’unicité des coefficients d’un développements limités, on obtient :
1
x(t0 ) = a0 , x0 (t0 ) = a1 , x00 (t0 ) = a2 ,. . .
2
et donc
−−→
a
0 1 dk OM a
k
M (t0 ) et ∀1 6 k 6 n, k
(t0 )
k! dt
b0 bk
! !
ap 0 1 ap
L’entier p est le plus petit > 1 tel que 6= et on peut prendre ~u .
bp 0 p! bp
ap aq 1 aq
L’entier q est le plus petit > p + 1 tel que
6= 0 et on peut prendre ~v .
bp bq q! bq
On peut alors donner l’allure de la courbe au voisinage de M0 .
ds p 02
= x + y 02
dt
dx dx dt
cos α =
=
ds dt ds
sin α = dy =
dy dt
ds dt ds
Enfin la courbure Γ est donnée par
dα dα dt
γ= =
ds dt ds
Théorème
On a
x0 y 00 − x00 y 0
γ=
(x2 + y 2 )3/2
dém. :
Car
Det(~v , ~a)
γ=
v3
24.3.6 Etude pratique
Exemple Etudions l’arc paramétré par
(
x = cos3 t
y = sin3 t
t 0 π/4√
x0 (t) 0 − −3/2√ 2
x(t) 1 & 1/2√2
y(t) 0 % 1/2√2
y 0 (t) 0 + 3/2 2
Etude en t = 0 :
x(t) = 1 − 3 t2 + o(t3 )
2
y(t) = t3 + o(t3 )
−3/2 0
Par suite p = 2, ~u , q = 3, ~v .
0 1
M (0) est un point de rebroussement de première espèce.
Etude en t = π/4. √
M (π/4) a pour coordonnées x = y = 1/2 2. Il se situe à la distance 1/2 de l’origine sur la droite ∆.
La tangente en ce point a pour pente
y 0 (π/4)
m= = −1
x0 (π/4)
Longueur :
ds p 0 2
= x (t) + y 0 (t)2 = 3 |sin t cos t|
dt
et Z 2π Z π/2
L= 3 |sin t cos t| dt = 12 sin t cos t dt = 6
0 0
Courbure :
Pour t ∈ ]0, π/2[,
ds
= 3 sin t cos t
dt
Une détermination angulaire s’obtient en résolvant
dx dx dt
cos α =
= = − cos t
ds dt ds
sin α = dy = dy dt = sin t
ds dt ds
α = π − t convient
On en déduit
dα dα dt −1
γ= = =
ds dt ds 3 sin t cos t
3t 3t2
Les fonctions x : t 7→ et y : t 7→ 3 sont définies et de classe C ∞ sur ]−∞, −1[ et ]−1, +∞[.
t3 +1 t +1
1 − 2t3
x0 (t) = 3 3
(t + 1)2
3
y 0 (t) = 3t 2 − t
(t3 + 1)2
On a ( √
x0 (t) = 0 ⇔ t = 1/ 2
3
√
y 0 (t) = 0 ⇔ t = 0 ou t =
3
2
On obtient le tableau des variations simultanées suivant
√ √
−1− −1+
3 3
t −∞ 0 1/ 2 2 +∞
x0 (t) + + + √0 − √ −
3 3
x(t) 0 % +∞ −∞ % 0 % √ 4 & √ 2 & 0
3 3
y(t) 0 & −∞ +∞ & 0 % 2 % 4 & 0
y 0 (t) − − 0 + + 0 −
Etude quand t → +∞
O est point limite.
y(t) − 0
= t −−−−→ +∞. Il y a une tangente verticale.
x(t) − 0 t→+∞
y(t) 3t
= t → −1 et y(t) + x(t) = 2 → −1
x(t) t −t+1
La droite ∆ : x + y + 1 = 0 est asymptote en −1+ .
(t + 1)2
y(t) + x(t) + 1 = 2 > 0, la courbe est au dessus de l’asymptote.
t −t+1
x(t) = 3t + o(t3 )
.
y(t) = 3t2 + o(t3 )
On en déduit
3 0 18 2 3
~v (0) et ~a puis γ = 3 = et R =
0 6 3 3 2
Exemple Soit Γ un arc régulier de courbure constante. Considérons un paramétrage normal de cet arc et
déterminons x et y en fonction de l’abscisse curviligne s.
dα
Puisque = γ avec γ constant, on a α(s) = γs + α0 puis
ds
dx dy
= cos α = cos(γs + α0 ) et = sin α = sin(γs + α0 ).
ds ds
Cas γ = 0
(
x(s) = cos(α0 )s + x0
y(s) = sin(α0 )s + y0
x cos α
0 0
Le support de l’arc Γ est inclus dans la droite (A; ~u) avec A et ~u .
y0 sin α0
Cas γ 6= 0
1
x(s) = sin(γs + α0 ) + x0
γ
1
y(s) = − cos(γs + α0 ) + y0
γ
1
Le support de l’arc Γ est inclus dans le cercle C(Ω, R) avec R = .
|γ|
On a
d~uθ d~vθ
= ~vθ et = −~uθ
dθ dθ
24.4.1 Définition
Soit θ 7→ r(θ) une fonction de I vers R.
Définition
On appelle arc polaire défini par
r = r(θ) avec θ ∈ I
Proposition
Si r est de classe C k alors Γ l’est aussi et
−−→ −−→
dOM 0 d2 OM
= r (θ)~uθ + r(θ)~vθ et = (r00 (θ) − r(θ)) ~uθ + 2r0 (θ)~vθ
dθ dθ2
−−→
OH = d~uα avec H projeté orthogonal de O sur D.
d
r= avec θ ∈ ]α − π/2, α + π/2[ définit un paramétrage polaire de D.
cos(θ − α)
−→
OΩ = R~uα
r = 2R cos(θ − α) avec θ ∈ [−α + π/2, α + π/2] définit un paramétrage polaire de C.
−−→ p
OK = ~uα
e
p
r= définit un paramétrage polaire de la conique de foyer O, de directrice D et
1 + e cos(θ − α)
d’excentricité e.
p
Notons que la directrice a alors pour équation polaire r = .
e cos(θ − α)
M (θ + T ) = RotO,T (M (θ))
On limite l’étude à un segment de longueur T et on complète la courbe obtenue par la rotation RotO,kT
avec k ∈ Z.
Exemple Si r(θ + π) = −r(θ) ( π-antipériodicité) alors M (θ + π) = M (θ). Etude sur [0, π] et courbe
intégralemeent obtenue !
Allure :
On peut déterminer l’allure de l’arc en M (θ0 ) = O en dressant le tableau de signe de r au voisinage
de θ0 .
Quelques cas usuels :
θ θ0 θ θ0
Cas Cas
r(θ) + 0 − r(θ) − 0 +
θ θ0 θ θ0
Cas Cas
r(θ) + 0 + r(θ) + 0 ||
−−→
dOM
(θ) = r0 (θ)~uθ + r(θ)~vθ 6= ~0
dθ
Si r2 + 2r02 − rr00 (θ) < 0 alors la concavité est tournée vers l’extérieur.
1
Remarque En notant u = on a
r
r2 + 2r02 − rr00
u + u00 =
r3
Les annulations avec changement de signe de u + u00 permettent de déterminer les inflexions de Γ.
24.4.4.2 Cas θ0 = −∞
Idem mais avec des enroulements en sens inverse.
24.4.4.3 Cas θ0 ∈ R
−→
Si r(θ) → r0 alors il y a un point limite L donné par OL = r0 ~uθ0 .
On peut éventuellement étudier ce point en l’adjoignant à la courbe.
Supposons désormais r(θ) → ±∞
Γ présente une branche infinie.
Remarque d(θ) est l’ordonnée du point M (θ) dans le repère polaire (O; ~uθ0 , ~vθ0 ).
Courbure γ
dα dα dθ r2 + 2r02 − rr00
γ= = et γ =
ds dθ ds (r2 + r02 )3/2
r = tan(2θ)
i π π π πh
La fonction r : θ 7→ tan(2θ) est définie et de classe C ∞ sur les intervalles − + k , + k
4 2 4 2
avec k ∈ Z.
π
r(θ + ) = r(θ) donc
2
M (θ + π/2) = RotO,π/2 (M (θ))
i π πh
On peut limiter l’étude à − , .
4 4
r(−θ) = −r(θ) donc
M (−θ) = s(Oy) (M (θ))
h πh
On peut limiter l’étude de 0, .
4
r0 (θ) = 2(1 + tan2 2θ) > 0
θ 0 π/4
0
r (θ) 2 +
r(θ) 0 % +∞
Etude en θ = 0
r(θ) = 0, c’est un passage par l’origine. La tangente a pour équation θ = 0.
θ 0
r(θ) − 0 +
−
Etude quand θ → (π/4)
r(θ) → +∞, il y a une branche infinie de direction D : θ = π/4.
sin 2θ
d(θ) = r(θ) sin(θ − π/4) = sin(θ − π/4)
cos 2θ
+
Posons θ = π/4 − h avec h → 0 ,
cos 2h cos 2h 1
d(θ) = − sin h = − →−
sin 2h 2 cos h 2
1
La droite ∆ = D − ~vπ/4 est asymptote à la courbe.
2
Quand h → 0+ , cos 2h 6 cos h et donc d(θ) > −1/2.
La courbe est au dessus de l’asymptote.
Etude en θ = π
r(θ) = 0, c’est un passage par l’origine. La tangente a pour équation θ = π.
θ π
r(θ) + 0 +
Etude en θ = π/2.
r(θ) = 1 et r0 (θ) = −1. tan V = −1 donc V = −π/4 [π].
Longueur
−−→
Z 2π
dOM
L=
dθ
0
avec
−−→
√
dOM
p
2 02
θ
= r + r = 2 + 2 cos θ = 2 cos
dθ
2
x
car 1 + cos x = 2 cos2 .
2
On en déduit Z π
θ
L=2 cos dθ = 8
0 2
Courbure en tout point régulier.
On suppose θ ∈ ]−π, π[.
ds θ
= 2 cos , α = θ + V avec V déterminé par
dθ 2
r0 θ
cos V = √ = − sin
2
r +r 02 2
sin V = √
r θ
= cos
r2 + r02 2
θ π 3θ π
V = + convient puis α = + et
2 2 2 2
dα dα dθ 3
γ= = =
ds dθ ds 4 cos θ2
1
r=
cos3 θ
1 ∞
i π π h
La fonction r : θ → est définie et de classe C sur les intervalles − + kπ, + kπ
cos3 θ 2 2
avec k ∈ Z.
r(θ + π) = −r(θ) donc
M (θ + π) = M (θ)
i π πh
On peut limiter l’étude à − , .
2 2
r(−θ) = r(θ) donc
M (−θ) = s(Ox) (M (θ))
h πh
On peut limiter l’étude à 0, .
2
sin θ
r0 (θ) = 3 4 .
cos θ
θ 0 π/2
r0 (θ) 0 +
r(θ) 1 % +∞
Etude en θ = 0 :
r(θ) = 1 et r0 (θ) = 0. La tangente est orthoradiale.
−
Etude quand θ → (π/2) :
r(θ) → +∞, il y a une branche parabolique de direction θ = π/2.
1
d(θ) = r(θ) sin(θ − π/2) = − 2 → −∞.
cos θ
La courbe présente une branche parabolique verticale.
x a
0
Exemple Soient A et ~u 6= ~0.
y0 b
La droite (A; ~u) a pour équation
−b(x − x0 ) + a(y − y0 ) = 0
x
0
Exemple Soient Ω et R > 0.
y0
Le cercle C(Ω, R) a pour équation
(x − a)2 + (y − b)2 = R2
Exemple Soit
Γ : x3 + y 3 − 3xy = 0
On étudie l’intersection de Γ avec toutes les droites passant par O :
Dt : y = tx avec t ∈ R et D∞ : x = 0.
Γ ∩ D∞ =? ( (
x3 + y 3 − 3xy = 0 x=0
⇔
x=0 y=0
Γ ∩ D∞ = {O}.
Γ ∩ Dt =?
t 6= −1
( (
3 3
x + y − 3xy = 0
x=0
⇔ ou x = 3t/(1 + t3 )
y = tx y=0
y = 3t2 /(1 + t3 )
Si t = −1, Γ ∩ Dt = {O}. (
0
x = 3t/(1 + t3 )
Si t 6= −1, Γ ∩ Dt = {O, M (t)} avec M (t) point courant de l’arc Γ paramétré par .
y = 3t2 /(1 + t3 )
Ainsi Γ = Γ0 ∪ {O} = Γ0 car O ∈ Γ0 pour t = 0.
Finalement Γ est le folium de Descartes déjà étudié.
Exemple Soit Γ : x3 = x2 + y 2
Soient M = (x, y) ∈ R2 et (r, θ) un système de coordonnées polaires de M .
M ∈ Γ ⇔ r3 cos3 θ = r2 ⇔ r = 0 ou r cos3 θ = 1
1
Considérons la courbe Γ0 : r = déjà étudiée.
cos3 θ
On a Γ = {O} ∪ Γ0 .
Définition
On dit que la relation f (x, y) = 0 définit (implicitement) une fonction ϕ : x 7→ y au voisinage
de (x0 , y0 )
Si le vecteur gradient de f en M0 n’est pas horizontal, alors Γ est au voisinage de M0 le graphe d’une
fonction x 7→ y de classe C k .
Exemple f (x, y) = x2 + y 2 − 1 et Γ : x2 + y 2 − 1 = 0.
Soit M = (x0 , y0 ) ∈ Γ.
∂f
(x0 , y0 ) = 2y0 .
∂y
Si y0 6= 0 alors au voisinage de M , Γ est le graphe d’une fonction ϕ : x 7→ y.
Exemple Considérons
Γ : y exy = x
Le point O appartient à Γ.
Visualisons Γ au voisinage de O.
On introduit f (x, y) = y exy − x fonction de classe C ∞ telle que Γ : f (x, y) = 0.
∂f
f (0, 0) = 0 et (0, 0) = 1 6= 0
∂y
donc la relation f (x, y) = 0 définit implicitement au voisinage de (0, 0) une fonction ϕ : x 7→ y de
classe C ∞ .
quand x → 0.
La relation f (x, ϕ(x)) = 0 donne alors
2
+bx3 +o(x3 )
(ax + bx2 + cx3 + o(x3 ))eax =x
a = 1, b = 0 et c = −1
Finalement
ϕ(x) = x − x3 + o(x3 ) quand x → 0
On peut en déduire l’allure de ϕ au voisinage de O et donc celle de Γ.
Théorème
Soient U un ouvert de R2 , f : U → R de classe C k (avec k ∈ N? ∪ {∞} ) et (x0 , y0 ) ∈ U tel
que f (x0 , y0 ) = 0.
Si
∂f
(x0 , y0 ) 6= 0
∂x
alors il existe deux intervalles ouverts I et J centrés respectivement en x0 et y0 et il existe une
fonction ψ : J → I de classe C k vérifiant
Définition
On dit que la relation f (x, y) = 0 définit implicitement une fonction ψ : y 7→ x au voisinage
de (x0 , y0 )
Théorème
Si M0 (x0 , y0 ) est un point régulier de Γ : f (x, y) = 0 alors Γ admet une tangente en M0 dont
−−→
le vecteur grad f (M0 ) est vecteur normal.
Cette droite a pour équation
∂f ∂f
(x0 , y0 ).(x − x0 ) + (x0 , y0 ).(y − y0 ) = 0
∂x ∂y
dém. :
∂f
Si (x0 , y0 ) 6= 0 alors la relation f (x, y) = 0 définit implicitement au voisinage de (x0 , y0 ) une
∂y
fonction ϕ : x 7→ y. Au voisinage du point M les courbes Γ et Γϕ se correspondent et donc Γ admet une
tangente en M qui est la droite d’équation y = ϕ0 (x0 )(x − x0 ) + ϕ(x0 ).
Puisque
∂f ∂f
ϕ(x0 ) = y0 et ϕ0 (x0 ) = − (x0 , y0 )/ (x0 , y0 )
∂x ∂y
on parvient l’équation proposée.
∂f
Si (x0 , y0 ) 6= 0 : même démarche avec l’introduction de ψ : y 7→ x.
∂x
Exemple Considérons le folium de Descartes
Γ : x3 + y 3 − 3xy = 0
f (x, y) = x3 + y 3 − 3xy
( ( (
−−→ 3x2 − 3y = 0 x=0 x=1
grad f (M0 ) = ~0 ⇔ 2
⇔ ou
3y − 3x = 0 y=0 y=1
Le point O appartient à Γ alors que le point de coordonnées (1, 1) n’y appartient pas.
Ainsi O est le seul point
non régulier de Γ.
x
0
La tangente en M0 6= O à Γ a pour équation
y0
(x30 − y0 )x + (y03 − x0 )y = x0 y0
24.6 Coniques
24.6.1 Définition
Définition
On appelle conique du plan toute courbe Γ définie par une équation du second degré i.e. une
équation de la forme
ax2 + 2bxy + cy 2 + 2dx + 2ey + k = 0
avec (a, b, c) 6= (0, 0, 0).
Remarque On peut montrer que cette notion ne dépend pas du repère choisi. En effet dans un nouveau
repère les coordonnées sont des expressions affines de x, y et une équation du second degré est alors
transformée en une équation de degré 6 2. Pour des raisons de changement de coordonnées inverse, la
nouvelle équation est obligatoirement de degré 2.
Théorème
x
0
Si M0 est un point régulier d’une conique Γ : ax2 + 2bxy + cy 2 + 2dx + 2ey + k = 0
y0
avec (a, b, c) 6= 0
alors la tangente en ce point a pour équation
x2 → x0 x, 2xy → x0 y + xy0 , 2x → x + x0
dém. :
Puisque le point M est régulier, Γ admet une tangente en ce point dont le vecteur gradient est vecteur
normal. Ainsi
2ax + 2by + 2d
0 0
~n
2bx0 + 2cy0 + 2e
soit encore
et enfin
ax0 x + b(x0 y + xy0 ) + cy0 y + d(x + x0 ) + e(y + y0 ) + k = 0
car ax20 + 2bx0 y0 + cy02 + 2dx0 + 2ey0 + k = 0 puisque M0 ∈ Γ.
Ainsi
M ∈ Γ ⇔ F (M ) = 0
On va déterminer un repère du plan dans lequel l’expression de F est plus simple.
24.6.2.1 Dérectangulation
Pour M (x, y)R , on a
F (M ) = ax2 + 2bxy + cy 2 + 2dx + 2ey + k
Puisque
−−→
OM = x~i + y~j
On peut alors écrire
−−→ −−→
F (M ) = q(OM ) + 2`(OM ) + k
avec
−−→ −−→
q(OM ) = ax2 + 2bxy + cy 2 , `(OM ) = dx + ey
q est une forme quadratique et ` est une forme linéaire de matrices
a b
Mat(~i,~j) (q) = = A, Mat(~i,~j) (`) = d e
b c
Par réduction de la matrice symétrique réelle A, il existe P ∈ O2 (R) telle que A = P DP −1 avec
λ 0
D=
0 µ
et alors
Mat(~u,~v) (`) = α β
Introduisons le repère orthonormé R0 = (O; ~u, ~v ).
−−→
Si M (x, y)R0 alors OM = x~u + y~v et donc
−−→ −−→
q(OM ) = λx2 + µy 2 , `(OM ) = αx + βy
et donc
F (M ) = λx2 + µy 2 + 2αx + 2βy + k
Ainsi dans R0 = (O; ~u, ~v )
Γ : λx2 + µy 2 + 2αx + 2βy + k = 0
Définition
La conique Γ est dite non dégénérée si la forme quadratique q qui lui est associée est non
dégénérée i.e. si ac − b2 6= 0.
Supposons la conique Γ non dégénérée.
On a ac − b2 = λµ 6= 0 donc λ, µ 6= 0.
On peut écrire
F (M ) = λ(x − x0 )2 + µ(y − y0 )2 + C te
avec x0 = −α/λ et y0 = −β/µ.
Considérons le point Ω(x0 , y0 )R0 .
Introduisons le repère orthonormé R00 = (Ω, ~u, ~v ).
−−→ −−→ −→
Puisqu’on a ΩM = OM − OΩ, si M (x, y)R0 alors M (x − x0 , y − y0 )R00 .
Ainsi, si M (x, y)R00 alors
Théorème
−−→
Le centre d’une conique non dégénérée Γ est l’unique point M vérifiant grad F (M ) = ~0
dém. :
Pour M (x, y)R00 ,
F (M ) = λx2 + µy 2 + F (Ω)
donc
−−→
grad F (M ) = 2λx~u + 2µy~v
Par suite ( (
−−→ 2λx = 0 x=0
grad F (M ) = ~0 ⇔ ⇔ ⇔M =Ω
2µy = 0 y=0
Remarque Pour une conique non dégénérée Γ, son centre Ω peut être directement déterminé dans le
repère initial en calculant le gradient de F dans ce repère.
Classification :
Γ : λx2 + µy 2 = χ
Quitte à passer l’équation à l’opposé, on peut supposer λ > 0.
Cas µ > 0 (i.e. ac − b2 > 0 )
Si χ < 0 alors Γ = ∅.
Si χ = 0 alors Γ = {Ω}.
x2 y2
r r
χ χ
Si χ > 0 alors Γ : 2 + 2 = 1 avec a = et b =
a b λ µ
La courbe Γ est alors un cercle de centre Ω (si λ = µ ), un ellipse d’axe focal (Ω; ~u) (si λ < µ ) ou une
ellipse d’axe focal (Ω; ~v ) (si λ > µ ).
Cas µ < 0 (i.e. ac − b2 < 0 ) r
x2 y2
r
2 1 1
Si χ = 0 alors Γ : 2 − 2 = 0 avec a = ,b= − .
a b λ µ
Γ est alors la réunion de deux droites sécantes
r en Ω. r
x2 y2 χ χ
Si χ > 0 alors Γ : 2 − 2 = 1 avec a = ,b= .
a b λ −µ
Γ est une hyperbole d’axe focal (Ω; ~u).
x2 y2
Si χ < 0 alors Γ : − 2 + 2 = 1 et Γ est une hyperbole d’axe focal (Ω; ~v ).
a b
Cas α = 0
On a Γ : µy 2 + 2βy + k = 0 équation lacunaire en x.
Selon le signe de ∆ = 4β 2 − 4µk, Γ est vide, une droite, ou la réunion de deux droites parallèles à
l’axe dirigé par ~u.
Cas α 6= 0
µy 2 + 2αx + 2βy + k = 0 ⇔ µ(y − y0 )2 + 2α(x − x0 )
avec x0 , y0 bien choisis.
Soit S le point de coordonnées (x0 , y0 ) dans R0 = (O; ~u, ~v ).
Dans le repère orthonormée R00 = (S; ~u, ~v ),
Γ : µy 2 + 2αx = 0
F (M ) = x2 + 2kxy + y 2 − 2(x + y)
1 k
La forme quadratique associée à Γ a pour matrice A = dans la base (~i, ~j).
k 1
1 1
~u = √ (~i + ~j) et ~v = √ (−~i + ~j) sont vecteurs propres associés aux valeurs propres 1 + k et 1 − k.
2 2
1 1
Le centre de la conique est le point Ω de coordonnées , dans le repère R = (O;~i, ~j).
k+1 k+1
Dans le repère R0 = (Ω; ~u, ~v ),
F (M ) = (1 + k)x2 + (1 − k)y 2 + F (Ω)
avec F (Ω) = −2/(k + 1).
Finalement, dans le repère R0 ,
x2 y2
Γ: 2 + 2 =1
(1+k)2 1−k2
Si k ∈ ]−1, 1[ alors on obtient l’équation réduite
√ √
x2 y2 2 2
Γ : 2 + 2 = 1 avec a = ,b= √
a b 1+k 1 − k2
a2 1 − k2 1−k
= = .
b2 (1 + k)2 1+k
Si k = 0 alors a = b et Γ est un cercle.
Si k ∈ ]−1, 0[ alors a > b et Γ est une ellipse d’axe focal est (Ω, ~u).
Si k ∈ ]0, 1[ alors b > a et Γ est une ellipse d’axe focal est (Ω, ~v ).
Si |k| > 1 alors on obtient l’équation réduite
√ √
x2 y2 2 2
Γ : 2 − 2 = 1 avec a = et b = √
a b k+1 k2 − 1
Γ est une hyperbole d’axe focal (Ω, ~u).
Cas k = 1
La conique Γ est dégénérée.
Dans R = (O;~i, ~j),
Γ : (x + y)(x + y − 2) = 0
Γ est la réunion de droites parallèles.
Cas k = −1 :
La conique Γ est dégénérée.
Dans R = (O;~i, ~j),
Γ : (x − y)2 − 2(x + y) = 0
1 1
Considérons le repère orthonormé R0 = (O; ~u, ~v ) avec ~u = √ (~i + ~j) et ~v = √ (−~i + ~j).
2 2
−−→
Soit M (x, y)R et M (x0 , y 0 )R0 .La relation OM = x~i + y~j = x0 ~u + y 0~v donne
( √ ( √
x = (x0 − y 0 )/ 2 x + y = 2x0
√ puis √
y = (x0 + y 0 )/ 2 x − y = − 2y 0
√ √
Dans R0 = (O; ~u, ~v ), Γ : (− 2y)2 − 2 2x = 0 puis
√
Γ : y 2 = 2x
Γ est une parabole de sommet O et d’axe (O; ~u).
E désigne l’espace géométrique muni d’un repère orthonormé direct R = (O;~i, ~j, ~k).
k désigne un élément de N? ∪ {∞}.
25.1 Surfaces définies par paramétrage
25.1.1 Nappes paramétrées
Définition
On appelle domaine de R2 toute partie U de R2 ouverte et connexe par arcs.
Définition
On appelle nappe paramétrée de E tout couple Σ = (U, M ) formé d’un domaine U de R2 et
d’une application M : (u, v) ∈ U 7→ M (u, v) ∈ E.
−−→
On appelle classe de la nappe Σ la classe de la fonction vectorielle (u, v) 7→ OM (u, v).
M (u, v) est appelé point courant de paramètre (u, v) de Σ.
SuppΣ = {M (u, v)/(u, v) ∈ U } est appelé support de la nappe Σ.
On dit aussi que Σ est un paramétrage de son support.
727
25.1. SURFACES DÉFINIES PAR PARAMÉTRAGE
Définition
Soit (u, v) 7→ (x(u, v), y(u, v), z(u, v)) une fonction de classe C k de U ⊂ R2 vers R3 .
On appelle nappe cartésienne définie par le système
x = x(u, v)
y = y(u, v) avec (u, v) ∈ U
z = z(u, v)
x = u cos(ϕ)
Exemple y = u sin(ϕ) avec (u, ϕ) ∈ R2
z=u
est un paramétrage cartésien C ∞ du cône de sommet O d’équation x2 + y 2 = z 2 .
x = cos ϕ sin θ
Exemple y = sin ϕ sin θ avec (ϕ, θ) ∈ R2
z = cos θ
est un paramétrage cartésien C ∞ de la sphère unité.
x = R cos ϕ
Exemple y = R sin ϕ
z=z
est un paramétrage cartésien du cylindre d’équation cartésienne x2 + y 2 = R2 .
En
( posant
ϕ=t
,
z = ht
on définit le paramétrage d’une hélice tracée sur ce cylindre.
Définition
Soit M0 = M (u0 , v0 ) avec (u0 , v0 ) ∈ U .
On appelle arcs coordonnées en M0 tracés sur Σ les arcs obtenus pour
( (
u = u0 u=t
et
v=t v = v0
Définition
−−→ −−→
∂ OM ∂ OM
Le point M0 est dit régulier si les vecteurs (u0 , v0 ) et (u0 , v0 ) constituent une
∂u ∂v
famille libre.
Sinon on dit que le point est stationnaire.
Définition
La nappe Σ est dite régulière si tous ses points le sont.
Remarque Si M0 est régulier alors les tangentes en M0 aux arcs coordonnées existent et sont
distinctes : elles déterminent un plan passant par M0 .
Théorème
Si M0 est régulier et si Γ est un arc régulier tracé sur Σ passant par M0 alors la tangente à Γ
en M0 est incluse dans le plan Π passant par M0 et dirigé par
−−→ −−→
∂ OM ∂ OM
(u0 , v0 ) et (u0 , v0 )
∂u ∂v
dém. :
Supposons l’arc Γ obtenu à partir d’une application t 7→ (u(t), v(t)).
On a M (t) = M (u(t), v(t)).
Soit t0 tel que (u(t0 ), v(t0 )) = (u0 , v0 ) de sorte que M (t0 ) = M0 .
La tangente à l’arc Γ en le point régulier M0 est dirigée par
−−→ −−→ −−→
dOM d −−→ ∂ OM ∂ OM
(t0 ) = OM (u(t), v(t) = u0 (t0 ) (u0 , v0 ) + v 0 (t) (u0 , v0 )
dt dt t=t0 ∂u ∂v
Définition
Si M0 est régulier alors le plan Π est appelé plan tangent à Σ en M0 .
La droite perpendiculaire à Π en M0 est appelée droite normale à Σ en M0 .
−−→ −−→
∂ OM ∂ OM
Remarque Pour étudier la régularité d’un point, on calcule ~n = ∧ .
∂u ∂v
Si ~n 6= ~0 alors le point est régulier et le plan tangent en ce point a pour vecteur normal ~n.
Exemple Considérons
x = z cos ϕ
y = z sin ϕ avec (ϕ, z) ∈ R2
z=z
Σ : f (x, y, z) = 0
(x − x0 )2 + (y − y0 )2 + (z − z0 )2 = R2
Σϕ : z = ϕ(x, y)
Proposition
Le système
x = u
y=v avec (u, v) ∈ U
z = ϕ(u, v)
1 0
−−→ −−→
∂ OM 0 ∂ OM 1
et
∂u ∂ϕ ∂v ∂ϕ
(u, v) ∂y (u, v)
∂x
ne sont pas colinéaires.
Introduisons les notations de Monge associée à ϕ en (x0 , y0 ) :
Théorème
En M0 de coordonnées (x0 , y0 , ϕ(x0 , y0 )), la surface Σϕ admet un plan tangent qui est le plan
Π d’équation
i.e.
z = p(x − x0 ) + q(y − y0 ) + ϕ(x0 , y0 )
Pour positionner localement Σϕ par rapport à son plan tangent Π, on étudie le signe au voisinage de
(x0 , y0 ), de
∂ϕ ∂ϕ
δ(x, y) = ϕ(x, y) − (x0 , y0 )(x − x0 ) + (x0 , y0 )(y − y0 ) + ϕ(x0 , y0 )
∂x ∂y
∂δ ∂δ
On a δ(x0 , y0 ) = 0 et (x0 , y0 ) = (x0 , y0 ) = 0 donc (x0 , y0 ) est point critique de δ et selon que
∂x ∂y
(x0 , y0 ) est extremum local ou non de δ, on peut préciser le signe de δ au voisinage de (x0 , y0 ).
Définition
On dit que la relation f (x, y, z) = 0 définit implicitement ϕ : (x, y) 7→ z au voisinage de
(x0 , y0 , z0 ).
∂f ∂f
Remarque Par permutation des variables, les conditions (x0 , y0 , z0 ) 6= 0 et (x0 , y0 , z0 ) 6= 0
∂x ∂y
permettent de définir implicitement des fonctions (y, z) 7→ x et (x, z) 7→ y.
Théorème
Si M0 (x0 , y0 , z0 ) est un point régulier de Σ alors Σ admet un plan tangent en M0 dont
−−→
grad f (M0 ) est vecteur normal.
dém. :
∂f
Quitte à permuter les variables, on peut supposer (x0 , y0 , z0 ) 6= 0.
∂z
La relation f (x, y, z) = 0 définit alors implicitement une fonction ϕ : (x, y) 7→ z au voisinage de
(x0 , y0 , z0 ).
Au voisinage de M0 , les surfaces Σ et Σϕ se confondent.
Puisque Σϕ admet un plan tangent en M0 d’équation
z = p(x − x0 ) + q(y − y0 ) + ϕ(x0 , y0 )
avec ϕ(x0 , y0 ) = z0 ,
∂ϕ ∂f ∂f ∂ϕ ∂f ∂f
p= (x0 , y0 ) = − / (x0 , y0 , z0 ) et q = (x0 , y0 ) = − / (x0 , y0 , z0 )
∂x ∂x ∂z ∂y ∂y ∂z
on obtient que Σ admet un plan tangent en M0 d’équation
∂f ∂f ∂f
(x0 , y0 , z0 )(x − x0 ) + (x0 , y0 , z0 )(y − y0 ) + (x0 , y0 , z0 )(z − z0 ) = 0
∂x ∂y ∂z
Exemple En un point M0 (x0 , y0 , z0 ) du cône Σ : x2 + y 2 = z 2 autre que O, M0 est régulier et le plan
tangent en ce point à pour équation x0 x + y0 y − z0 z = 0.
Théorème
Si les surfaces Σ1 et Σ2 ne sont pas tangentes en M0 alors au voisinage de M0 , Σ1 ∩ Σ2 est le
support d’un arc régulier de classe C k dont la tangente en M0 est Π1 ∩ Π2 .
dém. :
−−→ −−→
En M0 , grad f1 (M0 ) ∧ grad f2 (M0 ) 6= ~o.
Quitte à permuter les variables, on peut supposer
∂f1 ∂f2 ∂f1 ∂f2
− (x0 , y0 , z0 ) 6= 0
∂y ∂z ∂z ∂y
∂f2
(x0 , y0 , z0 ) 6= 0
∂z
(
f1 (x, y, z) = 0
Etudions Σ1 ∩ Σ2 au voisinage de M0 i.e. résolvons au voisinage de (x0 , y0 , z0 ).
f2 (x, y, z) = 0
∂f2
Puisque (x0 , y0 , z0 ) 6= 0, la relation f2 (x, y, z) = 0 définit implicitement au voisinage de (x0 , y0 , z0 )
∂z
une fonction ψ : (x, y) 7→ z de classe C k .
Au voisinage de (x0 , y0 , z0 ) :
( (
f1 (x, y, z) = 0 f1 (x, y, ψ(x, y)) = 0
⇔
f2 (x, y, z) = 0 z = ψ(x, y)
∂g
Puisque (x0 , y0 ) 6= 0, la relation g(x, y) = 0 définit implicitement au voisinage de (x0 , y0 ) une
∂y
fonction ϕ : x 7→ y de classe C k .
Au voisinage de (x0 , y0 , z0 )
( (
f1 (x, y, z) = 0 y = ϕ(x)
⇔
f2 (x, y, z) = 0 z = ψ(x, ϕ(x))
Au final, au voisinage de M0 , Σ1 ∩ Σ2 est le support d’un arc régulier cartésien donné par
x = t
y = ϕ(t)
z = ψ(t, ϕ(t))
x2 y2
Exemple Σ : + = 1 est un cylindre elliptique de direction verticale.
a2 b2
2 2
x z
Σ : 2 − 2 = 1 est un cylindre hyperbolique de direction ~j.
a c
Proposition
On a
M ∈ Σ ⇔ ∃t ∈ R, M + t~u ∈ Γ
On peut former une équation cartésienne de Σ par élimination de t.
25.3.2 Cônes
Soient Ω un point et Γ une courbe de l’espace ne contenant pas Ω.
Définition
On appelle cône de sommet Ω engendré par Γ la surface Σ réunion des droites (ΩM ) avec M
parcourant Γ.
Ces droites sont appelées génératrices du cône.
Exemple Considérons
x2 y2 z2
Σ: 2
+ 2 − 2 =0
a b c
Σ est un cône de sommet O engendré par l’ellipse
2
x y2
2
+ 2 =1
a b
z=c
Proposition
On a
−−→
M ∈ Σ ⇔ M = Ω ou ∃t ∈ R, Ω + tΩM ∈ Γ
On peut former une équation cartésienne de Σ par élimination de t.
Ce qui implique
(x − 1)2 + y 2 + z 2 − 2(x + y − 1)(x − 1) = 0
−−→
∃t ∈ R, Ω + tΩM ∈ Γ
x2 y2 z2
Exemple Σ : + − = 0 est l’équation d’un cône de révolution d’axe (Oz).
a2 a2 c2
Proposition
On a
−−→ −→
M ∈ Σ ⇔ ∃P ∈ Γ, AM = AP et AM · ~u = AP · ~u
On peut former une équation cartésienne de Σ par élimination de P .
dém. :
−−→ −→
Les conditions AM = AP et AM · ~u = AP · ~u définissent par intersection d’une sphère et d’un plan le
cercle centré sur ∆ passant par P .
(
2
(y − 1) + z 2 = 1
Exemple Γ : et ∆ = (Oz).
x=0
2 2 2 2 2 2
x + y + z = X + Y + Z
z = Z
M (x, y, z) ∈ Σ ⇔ ∃(X, Y, Z) ∈ R3 , 2
(Y − 1) + Z 2 = 1
X=0
2
x + y2 = Y 2
X = 0
⇔ ∃(X, Y, Z) ∈ R3 ,
2Y = Y 2 + z 2
Z=z
2
x + y2 = Y 2
X = 0
⇔ ∃(X, Y, Z) ∈ R3 ,
2Y = x2 + y 2 + z 2
Z=z
2
⇔ 4(x2 + y 2 ) = x2 + y 2 + z 2
Ainsi 2
Σ : 4(x2 + y 2 ) = x2 + y 2 + z 2
25.4 Quadriques
25.4.1 Bestiaire dégénéré
25.4.1.1 Paraboloïde elliptique
Définition
On appelle paraboloïde elliptique ( PE ) toute surface admettant une équation de la forme
x2 y2
+ =z
a2 b2
dans un repère orthonormé bien choisi.
x2 y2
C’est le graphe de l’application (x, y) 7→ 2
+ 2.
a b
La droite (Oz) et les plans (Oxz) et (Oyz) sont éléments de symétrie.
Si a = b, c’est une surface obtenue par révolution d’une parabole autour de l’axe (Oz).
25.4.1.2 Paraboloïde hyperbolique
Définition
On appelle paraboloïde hyperbolique ( PH ) toute surface admettant un équation de la forme
x2 y2
2
− 2 =z
a b
dans un repère orthonormé bien choisi.
x2 y2
C’est le graphe de l’application (x, y) 7→ − .
a2 b2
La droite (Oz) et les plans (Oxz) et (Oyz) sont éléments de symétrie.
Exemple Considérons la surface Σ : z = xy.
1 1
Soient ~u = √ (~i + ~j), ~v = (−~i + ~j).
2 2
Si M a pour coordonnées (x, y, z) dans R et (x0 , y 0 , z 0 ) dans R0 = (O; ~u, ~v , ~k), on a
0 0
√
x = (x − y )/√ 2
y = (x0 + y 0 )/ 2
0
z =z
En observant
x y
x2 y2
+ =µ
− = z ⇔ ∃µ ∈ R, a b
a2 b2
x y
− µ=z
a b
on obtient
x y
+ =λ
Dλ0 avec Dλ0 : a x b y
[
Σ=
λ∈R λ
− =z
a b
Définition
On appelle ellipsoïde (nom masculin) toute surface admettant une équation cartésienne de la
forme
x2 y2 z2
+ + =1
a2 b2 c2
dans un repère orthonormé bien choisi.
Définition
On appelle hyperboloïde à une nappe toute surface admettant une équation cartésienne de la
forme
x2 y2 z2
+ − =1
a2 b2 c2
x2 y2 z2
C: + − = 0 est cône asymptote intérieur.
a2 b2 c2
O, (Ox), (Oy), (Oz), (Oxy), (Oyz) et (Oxz) sont éléments de symétrie.
Si a = b alors H1 est une surface de révolution d’axe (Oz).
Exemple Soient ∆ et D deux droites non coplanaires et non orthogonales.
La surface de révolution d’axe ∆ engendrée par D est un hyperboloïde à une nappe.
Exemple Considérons
x2 y2 z2
Σ: 2
+ 2 − 2 =1
a b c
On a
x2 y2 z2 x2 z2 y2 x z x z y y
+ − = 1 ⇔ − = 1 − ⇔ − + = 1 − 1 +
a2 b2 c2 a2 c2 b2 a c a c b b
Considérons :
x z y y
− =λ 1−
1− =0
Dλ : a x c z b y et D∞ : x bz
λ
+ = 1+ + =0
a c b a c
[
On a évidemment Dλ ⊂ Σ
λ∈R∪{∞}
Inversement si M (x, y, z) ∈ Σ alors
Si 1 − y/b 6= 0 alors pour λ = (x/a − z/c)/(1 − y/b), on a M ∈ Dλ .
Aussi, pour
x z y y
− =λ 1+
1+ =0
D0 λ : a x c z b y et D0 ∞ : x bz
λ
+ = 1− + =0
a c b a c
on obtient [
Σ= D0 λ
λ∈R∪{∞}
Définition
On appelle hyperboloïde à deux nappes toute surface admettant une équation cartésienne de la
forme
x2 y2 z2
+ − = −1
a2 b2 c2
dans un repère orthonormé bien choisi.
On peut représenter un hyperboloïde à deux nappes par les paramétrages
x = a cos ϕsht
y = b sin ϕsht avec (ϕ, t) ∈ R2 et ε = ±1
z = εccht
x2 y2 z2
C: + − = 0 est cône asymptote extérieur.
a2 b2 c2
O, (Ox), (Oy), (Oz), (Oxy), (Oyz) et (Oxz) sont éléments de symétrie.
Si a = b alors H2 est une surface obtenue par révolution d’une hyperbole autour de l’axe (Oz).
Remarque On peut distinguer une équation d’H1 et d’H2 en comptant le nombre de signe moins.
25.4.3 Quadriques
Définition
On appelle quadrique toute surface pouvant être définie par une équation du second degré i.e.
une équation de la forme
avec (a, b, c, d, e, f ) 6= 0.
Exemple Les surfaces des deux bestiaires précédents sont des quadriques.
Théorème
Aux points réguliers, on peut former une équation du plan tangent à une quadrique par
dédoublement.
avec
−−→ −−→
q(OM ) = ax2 + by 2 + cz 2 + 2(dxy + eyz + f zx) et `(OM ) = gx + hy + iz
q est une forme quadratique et ` une forme linéaire avec
a d f
Mat(~i,~j,~k) (q) = d b e = A et Mat(~i,~j,~k) (`) = g h i
f e c
P = Mat(~i,~j,~k) (~u, ~v , w)
~
et alors
~ (`) =
Mat(~u,~v,w) α β γ
Considérons R0 = (O; ~u, ~v , w).
~
−−→
Pour M (x, y, z)R0 , on OM = x~u + y~v + z w
~ et donc
−−→ −−→
q(OM ) = λx2 + µy 2 + νz 2 , `(OM ) = αx + βy + γz
et alors
F (M ) = λx2 + µy 2 + νz 2 + 2(αx + βy + γz) + k
Définition
La quadrique Σ est dite non dégénérée si la forme quadratique q n’est pas dégénérée (i.e.
rgq = 3 )
Supposons la quadrique Σ non dégénérée.
On a
λ 0 0
rgq = rg 0 µ 0 =3
0 0 ν
donc λ, µ, ν 6= 0.
On peut alors écrire
Σ : λx2 + µy 2 + νz 2 = χ
avec χ = −F (Ω).
Le point Ω est alors centre de symétrie de la quadrique Σ.
Définition
Le point Ω est appelé centre de la quadrique non dégénérée Σ.
On dit qu’une quadrique non dégénérée est une quadrique à centre.
Théorème
−−→
Le centre d’une quadrique non dégénérée est l’unique point M vérifiant grad F (M ) = ~0.
Classification de
Σ : λx2 + µy 2 + νz 2 = χ
Quitte à permuter ~u, ~v , w
~ on peut supposer λ et µ de même signe et quitte à passer l’équation à l’opposé,
on peut supposer λ, µ > 0.
Cas ν > 0
Si χ < 0 alors Σ = ∅.
Si χ = 0 alors {Ω}.
Si χ > 0 alors
x2 y2 z2
r r r
χ χ χ
Σ : 2 + 2 + 2 = 1 avec a = ,b = ,c =
a b c λ µ ν
Σ est un ellipsoïde.
De plus, si deux des valeurs propres λ, µ, χ sont égales, c’est un ellipsoïde de révolution.
Cas ν < 0
Si χ = 0 alors r r
x2 y2 z2
r
1 1 1
Σ : 2 + 2 − 2 = 0 avec a = ,b = ,c = −
a b c λ µ ν
Σ est un cône de sommet Ω engendré par une ellipse.
Si χ > 0 alors
x2 y2 z2
r r r
χ χ χ
Σ : 2 + 2 − 2 = 1 avec a = ,b = ,c =
a b c λ µ −ν
Σ est un hyperboloïde à une nappe.
Si χ < 0 alors r
x2 y2 z2
r r
−χ −χ χ
Σ : 2 + 2 − 2 = −1 avec a = ,b = ,c =
a b c λ µ ν
Σ est un hyperboloïde à deux nappes.
Dans chacune des trois situations précédentes, si λ = µ on obtient une surface de révolution.
25.4.4.3 Quadrique dégénérée
On suppose la quadrique Σ dégénérée et donc rgq = 1 ou 2.
Cas
λ 0 0
rg(q) = rg 0 µ 0 = 2
0 0 ν
~ on peut supposer λ, µ 6= 0 et ν = 0.
Quitte à permuter ~u, ~v , w,
Dans R0 = (O; ~u, ~v , w),
~
Σ : λx2 + µy 2 + 2(αx + βy + γz) + k = 0
Cas γ = 0
L’équation précédente est lacunaire en z, Σ est donc un cylindre de direction w
~ de section conique (non
dégénérée)
Cas γ 6= 0
Par translation d’origine, on parvient à Σ : λx2 + µy 2 + 2γz = 0.
Si λµ > 0 alors quitte à transformer w~ en −w,~ on obtient
x2 y2
Σ:z= +
a2 b2
Σ est un paraboloïde elliptique.
Si λ = µ, c’est une surface de révolution.
~ en −w,
Si λµ < 0 alors quitte à transformer w ~ on obtient
x2 y2
Σ:z= 2
− 2
a b
Σ est un paraboloïde hyperbolique.
Cas rg(q) = 1
~ on peut supposer λ 6= 0 et µ = ν = 0.
Quitte à permuter les vecteurs ~u, ~v , w,
Dans R0 = (O; ~u, ~v , w),
~
Σ : λx2 + 2(αx + βy + γz) + k = 0
−−→
On peut écrire βy + γz = (~a | OM ) avec ~a(0, β, γ).
00 0
pde l’axe (O; ~u), on peut trouver un repère R = (O, ~u, ~v , w
Par rotation autour ~ 0 ) dans lequel ~a(0, k~ak , 0)
avec δ = k~ak = β 2 + γ 2 .
−−→
Pour M (x, y, z)R0 et M (x0 , y 0 , z 0 )R00 , on a x = x0 et (~a | OM ) = k~ak y 0 de sorte que
25.4.5 En pratique
Soient k ∈ R et
Σ : 2x2 + y 2 − 4xy − 4yz − 2y + 4z = k
Σ est une quadrique.
Pour M de coordonnées (x, y, z) dans R = (O;~i, ~j, ~k), posons
La forme quadratique associée à Σ a pour matrice dans la base (~i, ~j, ~k),
2 −2 0
A = −2 1 −2
0 −2 0
En calculant χA , on obtient les valeurs propres sont 1, 4, −2. Par le calcul on obtient
2 2
E1 (A) = Vect 1 et E4 (A) = Vect −2
−2 1
On pose alors
2/3 2/3 −1/3
~u 1/3 , ~v −2/3 et w
~ = ~u ∧ ~v −2/3
−2/3 1/3 −2/3
Le point Ω de coordonnées (1, 1, −1) dans R = (Ω; ~u, ~v , w)~ est le centre de la quadrique Σ.
Pour M de coordonnées (x, y, z) dans le repère (Ω; ~u, ~v , w),
~
F (M ) = x2 + 4y 2 − 2z 2 + F (Ω)
avec F (Ω) = −3 − k.
Finalement, dans R = (Ω; ~u, ~v , w),
~
Σ : x2 + 4y 2 − 2z 2 = k + 3
I Algèbre 3
1 Eléments d’algèbre générale 5
1.1 Relation d’équivalence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.1.1 Relation binaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.1.2 Relation d’équivalence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.1.3 Classe d’équivalence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.1.4 Ensemble Z/nZ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2 Groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2.1 Structure de groupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2.1.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2.1.2 Itéré d’un élément . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2.1.3 Groupe symétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.2.1.4 le groupe (Z/nZ, +) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.2.2 Structure produit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.2.2.1 Produit cartésien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.2.2.2 Structure fonctionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.2.3 Sous-groupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.2.3.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.2.3.2 les sous-groupes de (Z, +) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.2.4 Morphisme de groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.2.4.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.2.4.2 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.2.4.3 Noyau et image . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.2.4.4 Notion d’isomorphisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.2.5 Groupe engendré par un élément . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.2.5.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.2.5.2 Ordre d’un élément . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.2.6 Groupe cyclique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
1.2.7 Partie génératrice d’un groupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
1.3 Anneaux et corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.3.1 Structure d’anneau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.3.1.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.3.1.2 Règle de calcul dans un anneau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.3.1.3 Éléments inversible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
1.3.2 Structure produit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
1.3.3 Sous-anneau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
1.3.4 Morphisme d’anneaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
751
TABLE DES MATIÈRES
3 Matrices et déterminants 85
3.1 Calcul matriciel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
3.1.1 Matrice rectangle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
3.1.2 Matrice carrée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
3.1.3 Noyau, image et rang d’une matrice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
3.1.4 Matrices inversibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
3.1.5 Calcul par blocs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
3.2 Représentations matricielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
3.2.1 Matrice des coordonnées d’un vecteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
3.2.2 Matrice d’une application linéaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
3.2.3 Matrice d’un endomorphisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
3.2.4 Transport du vectoriel au matriciel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
3.2.5 Formules de changement de bases . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
3.2.5.1 Matrice de passage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
3.2.5.2 Nouvelle coordonnées d’un vecteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
3.2.5.3 Nouvelle matrice d’une application linéaire . . . . . . . . . . . . . . . 96
3.2.6 Matrices équivalentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
3.2.7 Matrices semblables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
3.2.8 Traces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
3.2.8.1 Trace d’une matrice carrée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
3.2.8.2 Trace d’un endomorphisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
3.3 Algorithme du pivot de Gauss . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
3.3.1 Opérations élémentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
3.3.1.1 Dilatation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
3.3.1.2 Transvection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
3.3.1.3 Permutation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
3.3.2 Matrice échelonnée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
3.3.3 Algorithme du pivot de Gauss . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
3.3.4 Applications : inversion d’une matrice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
3.4 Déterminants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
3.4.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
3.4.1.1 Déterminant d’une matrice carrée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
3.4.1.2 Déterminant d’un endomorphisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
3.4.1.3 Déterminant d’une famille de vecteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
3.4.2 Opérations élémentaires sur les déterminants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
3.4.3 Développement d’un déterminant selon une rangée . . . . . . . . . . . . . . . . 109
3.4.4 Déterminant tridiagonal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
3.4.5 Déterminant de Vandermonde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
3.4.6 Déterminant d’une matrice triangulaire par blocs . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
3.4.7 Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
3.4.7.1 Calcul de rang . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
3.4.7.2 Comatrice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
3.4.7.3 Formules de Cramer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
3.4.7.4 Musculation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
3.4.7.5 Calcul de rang . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
3.4.7.6 Résolution de système d’équations linéaires . . . . . . . . . . . . . . 117
II Analyse 223
8 Eléments d’analyse 225
8.1 Borne supérieure, borne inférieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225
8.1.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225
8.1.2 Propriétés calculatoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 226
8.1.3 Extension à R̄ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228
8.1.4 Extension aux fonctions et aux suites réelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229
8.1.4.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229
8.1.4.2 Opérations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229
8.2 Limite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 230
8.2.1 Définitions quantifiées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 230
8.2.1.1 limite en a ∈ R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 230
8.2.1.2 limite en +∞ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231
8.2.1.3 Théorème de la limite monotone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232
8.2.2 Outils de comparaison asymptotique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233
8.2.2.1 Domination . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233
8.2.2.2 Prépondérance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233
8.2.2.3 Équivalents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234
8.2.3 Développements limités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235
8.2.3.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235
8.2.3.2 Développements limités de référence . . . . . . . . . . . . . . . . . . 236
8.2.3.3 Opérations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 236
8.2.4 Développements asymptotiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238
8.3 Continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239
8.3.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239
8.3.2 Théorème des valeurs intermédiaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240
8.3.3 Continuité sur un segment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240
8.3.4 Théorème de la bijection monotone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241
8.4 Dérivation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242
8.4.1 Nombre dérivé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242
8.4.2 Théorème de Rolle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242
8.4.3 Théorème des accroissements finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243
8.4.4 Limite de la dérivée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244
8.4.5 Difféomorphisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245
8.4.6 Convexité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247