Le Turboréacteur - AAAF
Le Turboréacteur - AAAF
Le Turboréacteur - AAAF
Diagramme Température-Entropie
T/T0
Combustion
Détente Turbine
Détente Tuyère
Compression
S-S0
Table des matières
Préambule
Bref historique du turboréacteur
2
Préambule
Autorisation de publication dans le site Web de l’AAAF : Serge Eury, directeur R&T de Snecma
Moteurs
3
Bref historique du turboréacteur
Selon nos sources, le turboréacteur est né en Europe dans les années qui ont précédé la
2ème guerre mondiale. La liste des inventeurs de moteurs de ce type est plutôt longue et il est
difficile de dire qui fut réellement le précurseur. En fait, la plupart des idées pour propulser
des engins volants était dans l’air (à double titre !) depuis le milieu du XIXème siècle. Comme
beaucoup de technologies qui font appel à de multiples disciplines, celle du turboréacteur
d’aujourd’hui est le produit d’une longue succession d’inventions où chaque ingénieur et
chaque technicien a apporté sa contribution, aussi modeste fut-elle.
Le principe consistant à créer un jet propulsif par compression puis chauffage de l’air a
été breveté en 1908 par le français René Lorin. Dans ce cas, la compression était produite par
un moteur à piston. En parallèle, a émergé le principe de la turbine à gaz qui transforme
l’énergie des gaz de combustion en énergie de rotation (Suédois G. de Laval). L’association de
ces 2 principes conduit dans les années 30, aux idées puis à la réalisation des premiers
turbomoteurs. Ceux-ci entraînaient une hélice. Le turboréacteur n’était pas loin. En 1930,
Maurice Roy décrit une « turbofusée » qui a tous les constituants de base du turboréacteur.
Les premiers turboréacteurs furent fabriqués un peu plus tard, lorsque les matériaux et
les technologies le permirent. Ils apparurent presque simultanément, à partir de 1937, en
Grande Bretagne (Franck Whittle), en Allemagne (Pabst von Ohain, Heinkel) et en France
(Sensaud de Lavaud, René Anxionnaz, Rateau, ).
4
Pour ne pas disparaître, les entreprises qui étudiaient et fabriquaient des moteurs à
ème
pistons avant la 2 guerre mondiale ont du se reconvertir rapidement à ce nouveau type de
moteur qu’était le turboréacteur. Les autres ont périclité. Le développement extraordinaire de
l’aviation à réaction commerciale a conduit à une forte expansion de cette industrie, mais aussi
à une sélection impitoyable. Elle a donné lieu à de nombreux regroupements industriels. En
France, par exemple, la société Gnôme et Rhone qui avait absorbé les Moteurs d’Aviation
Lorraine, donna naissance à la Snecma en 1945. D’autres sociétés renommées telles que :
Hispano-Suiza, TURBOMECA (1938) et MICROTURBO (1961) rejoignirent le Groupe Snecma un
plus tard.
Entre les grands industriels restants, pour les principaux avionneurs : Boeing,
Airbus…et les principaux motoristes : General Electric, Pratt&Withney, Rolls Royce, Snecma
SA… la compétition est certes sévère, mais les coopérations croisées sont aussi très actives.
Dans ces coopérations, la France et la Grande Bretagne, avec Concorde et ses moteurs
Olympus 593, puis l’Europe, avec AIRBUS, la France et les USA avec les moteurs CFM 56 de
CFMI (50% Snecma-50% GE) et bien d’autres encore sont exemplaires .
Pour ceux qui veulent en savoir plus sur l’histoire du turboréacteur en France, je
recommande l’ouvrage de A.Bodemer et R.Laugier « L’ATAR et tous les autres moteurs à
réaction Français », Edition L.D.REBER, 1996. Je recommande aussi la visite du musée des
moteurs de Snecma, à Villaroche, près de Melun (Conservateur : Jacques Hauvette de Snecma
Moteurs).
5
Chapitre I
La propulsion des avions "à réaction" s'appuie, principalement, sur deux branches de la
science physique :
• 1°) la mécanique : avec le principe de "l'action et de la réaction",
• 2°) l'aérodynamique : avec les "jets propulsifs".
(nous verrons en annexe que la transformation d’énergie dans le turboréacteur s’appuie sur
une troisième branche, la thermodynamique).
La réaction:
Elle est la conséquence d'une action. Par exemple, imaginez que vous êtes dans une
barque sur l'eau d’un étang. Lorsque vous tirez sur les rames, vous exercez une « action » qui
propulse la barque par « réaction ». Si vous plongez hors de la barque ou si vous sautez sur la
berge, la barque va de se déplacer en sens contraire, par la réaction qui résulte de l'action que
vous avez exercée en vous éjectant du bateau.
Il est à noter que cette action est quasi instantanée et qu’il en est de même pour la réaction. La
barque subit une impulsion et sera freinée par le frottement de l’eau au bout de quelques secondes. On
notera aussi qu’il existe un autre couple action-réaction, permanent celui-là, qui équilibre le poids de la
barque par la poussée d’Archimède, l’empêchant ainsi de couler.
Action
Réaction
6
Les deux figures ci-après illustrent cette expérience qui est à la portée de chacun.
Réaction :
déplacement
du ballon,
Gonflage
Action : jet
propulsif
Les "turboréacteurs" (qui seuls font l’objet du présent document) ainsi que les
"statoréacteurs" et les "pulsoréacteurs", n'emportent pas avec eux les gaz de propulsion,
mais seulement le carburant. Ils absorbent de l'air et le rejettent après l'avoir accéléré. Les
propulseurs à hélice, procèdent de même, bien que les limites du volume d’air que les hélices
accélèrent, ne soient difficiles à matérialiser.
7
Chapitre II
P = Mj*Vj²
Si l’avion, donc le moteur , est en vol, la poussée "nette" réellement utilisable est
inférieure à celle que donne cette formule, car il faut lui déduire l'effet inverse à celui du jet,
qui correspond à l'air absorbé par la manche d'entrée. Cet effet est le produit du débit absorbé
par la vitesse à l'entrée d'air qui est à peu près égale à la vitesse d'avancement de l'avion. La
poussée nette de ce turboréacteur s'exprime alors par la formule :
P = Qj*Vj - Qo*Vo
La différence entre le débit sortant (Qj) et le débit entrant (Qo) provient essentiellement
du débit de carburant (en plus) et de l' air éventuellement prélevé dans le moteur pour la
pressurisation de la cabine(en moins).
8
2.4 Le turboréacteur « mono-flux »
En première approche, dans le cas le plus simple d’un turboréacteur , celui du
turboréacteur « mono-flux » ( ou « simple flux ») on peut écrire que les deux débits Qj et Qo
sont égaux ; dans ce cas la formule de la poussée nette sera :
Pnet = Qj*(Vj - Vo)
Vo Vj
Qj
Turboréacteur mono-flux
Vj/second.
Qj/secondaire
Vo
Vj/prim.
Qj/primaire
Vo Qj/secondaire Vj/mél.
Qj/primaire
9
2.6 Les autres types de propulseurs
Les statoréacteurs sont basés sur le même principe de fonctionnement que les
turboréacteurs, avec les 3 phases « compression-combustion-détente » mais avec une
différence fondamentale : ils ne comporte pas de pièces mobiles. Il n’y a donc pas de
compresseur ni de turbine. La compression est assurée par la seule manche d’entrée, à
condition que le statoréacteur soit en mouvement. Un statoréacteur se présente comme un
gros tuyau occupé en son centre par la chambre de combustion.
Statoréacteur
Ce type de propulseur ne peut donc pas démarrer au point fixe. Il faut l’amener à une certaine
vitesse d’avancement (environ 200 km/h) pour qu’il puisse commencer à fonctionner. En
revanche, il est très bien adapté aux très grandes vitesses, quoique gourmand en carburant.
Des solutions mixtes turbo-stato sont étudiées afin de pouvoir couvrir de très larges domaines
de vol , du décollage à plus de trois fois la vitesse du son. Les principales difficultés, aux
grandes vitesses, sont de stabiliser la combustion et de trouver des systèmes matériaux
tenant à très hautes températures. Aux dernières nouvelles, l’avion sans pilote NASA X-43A a
atteint Mach 7 en mars 2004 avec un tel type de propulseur !
10
Les moteurs à hélice, et tout particulièrement les « turbopropulseurs » qui utilisent les
mêmes « générateurs de gaz » que les turboréacteurs, peuvent être considérés, soit comme le
cas limite des turboréacteurs à très grands taux de dilution, mais sans carénage de la
« soufflante », soit comme de petites « ailes tournantes ». Dans le premier cas, on considère
que la soufflante accélère modérément une grande quantité d’air créant une réaction vers
l’avant. Dans le deuxième cas, on considère que la résultante des efforts aérodynamiques
exercés par l’air sur les pales crée une force de traction dans l’axe moteur.
Sur un turbopropulseur, les pales de l’hélice sont entraînées par plusieurs étages de
turbine. Pour obtenir des vitesses en bout de pâle qui ne soient pas trop élevées, il peut être
nécessaire d’utiliser un réducteur de vitesse de rotation, ce dernier étant en général constitué
d’un boîtier d’engrenages monté sur l’arbre d’entraînement turbine-hélice: voir le schéma ci-
dessous. C’est le cas des 4 moteurs TP400 du futur transporteur militaire Européen l’A400M.
Du fait du prélèvement d’énergie important pour faire tourner l’hélice, la poussée du jet
qui s’échappe de la tuyère est très faible, la vitesse d’éjection étant elle même très faible.
Tous ces moteurs sont bien adaptés aux avions ayant des vitesses de vol modérées. Ils
présentent l’avantage d’être peu gourmands en carburant.
Turbopropulseur
11
Chapitre III
Chambre de
Manche Turbine
Compresseur combustion
d’entrée d’air Tuyère
12
3.1.2 Le principe de la réchauffe (ou Post-Combustion ou PC)
Il est à noter que dans certains cas, on peut être amené à accroître la poussée en
chauffant à nouveau l’air avant de l’éjecter, dans une partie désignée « canal PC » située entre
la turbine et la tuyère. Pour cela on utilise un « système de réchauffe » ou « post-combustion »
ou encore « PC », dans lequel on injecte du carburant qui est brûlé avec ce qui reste d’oxygène
dans les gaz sortant de la chambre de combustion puis de la turbine. Voir schéma ci-dessous :
Système PC(Réchauffe)
Compresseur BP
(ou soufflante) Compresseur HP
Flux Secondaire
Flux Primaire
Tout comme les turboréacteurs mono-flux, ces derniers peuvent être équipés d’une réchauffe.
13
3.1.4 Cas du turboréacteur « double-flux , à double, voire triple-corps ».
Le raisonnement est semblable à celui du cas précédent ; mais il est poussé beaucoup
plus loin. Dans ce type de moteur, on cherche à obtenir du flux secondaire un maximum de
poussée avec des vitesses d’éjection pas trop élevées. Le compresseur basse-pression du cas
précédent devient une « soufflante » de grand diamètre, diamètre très supérieur à celui du
compresseur de base. Si cette soufflante devait être entraînée par la turbine de base, au même
régime de rotation (en tours par minute) les vitesses aérodynamiques que l’on rencontrerait
au rayon extérieur de la soufflante seraient trop élevées pour obtenir un fonctionnement
efficace. La solution consiste donc à entraîner cette soufflante par une turbine différente de la
première et tournant plus lentement. Ceci est illustré sur le schéma ci-dessous, dans le cas
d’un double-corps.
+ ==>
Turboréacteur double-corps ,
double-flux (avec nacelle)
Les turboréacteurs qui propulsent les avions de transports civils subsoniques modernes
sont presque tous du type double-corps, double-flux.
La soufflante reçoit la totalité de l’air qui pénètre dans le moteur. Un grande partie de cet
air va constituer le flux secondaire, l’autre partie va constituer le flux primaire. Ce dernier
passe par un compresseur BP (basse pression) solidaire de la soufflante, par un compresseur
HP (haute pression), par la chambre de combustion, par la turbine HP (haute pression) et, pour
finir, par la turbine basse pression (BP) avant d’être éjecté.
Le flux secondaire est éjecté par une tuyère secondaire, le flux primaire par une tuyère
primaire, sauf dans le cas où les deux flux sont mélangés. Dans ce dernier cas, les deux flux
sont éjectés par une tuyère commune
Ces différents organes seront présentés plus en détail dans les § suivants.
Le rapport entre le débit d’air du flux secondaire et celui du flux secondaire se nomme le
« rapport de dilution » désigné par la lettre « λ » (λ = Qs/Qp). C’est un paramètre important. En
général λ est supérieur à 5 et peut atteindre, voire dépasser, la valeur de 10.
14
Le dessin ci-dessous donne une image d’un turboréacteur de ce type (cas des flux
séparés).
Turbine BP
Flux
d’entrée
d‘air total
Flux d’air
primaire
Compresseur Chambre de
HP combustion Turbine HP
3.2.1 L’admission
Elle se fait au travers d’une « manche d’entrée d’air » qui doit alimenter la soufflante ou
les compresseurs en air, à des vitesses convenables (environ la moitié de la célérité du son
locale) et de façon homogène .
Sur les moteurs d’avions subsoniques il s’agit d’un conduit assez simple. A l’arrêt et au
faibles vitesses, l’air y est accéléré ; aux grandes vitesses, il est au contraire légèrement
ralenti.
Sur les moteurs d’avions supersoniques les choses se compliquent. La vitesse de l’air
devant l’entrée peut dépasser largement la vitesse du son (on a couramment un nombre de
Mach voisin de 2). Il faudra donc le ralentir fortement pour assurer un fonctionnement correct
des compresseurs tout en minimisant les pertes engendrées par les ondes de choc et les
décollement aérodynamiques qui apparaissent aux vitesses supersoniques. Ces manches
deviennent alors des organes plus complexes, avec des formes appropriées et, le cas échéant,
des parties réglables. On notera que le fait de ralentir fortement l’air aspiré conduit à
augmenter sa pression et donc à participer déjà à la phase de compression du cycle. Pour plus
de détail se reporter à la présentation de Gérard Laruelle consultable sur le site internet de
l’AAAF.
15
3.2.2 La compression
Les compresseurs sont en général de deux types :
- les compresseur axiaux et les soufflantes,
- les compresseurs centrifuges.
Il y a également une solution mixte : le compresseur « axialo-centrifuge ».
On notera que la vitesse des particules d’air relative à l’aubage mobile et la vitesse
mécanique se combinent en chaque point de cet aubage mobile pour donner la vitesse absolue
(ou réelle). Cela se fait en additionnant les vecteurs vitesses correspondants : voir annexe 2.
Vitesse de
rotation
A A’
Vitesse
de l’air
Rayon r
16
Un compresseur complet possède toute une succession d’étages, dont l’allongement
des aubes, c’est à dire leur hauteur rapportée au diamètre de la roue ou de l’aubage, est de
plus en plus faible au fur et à mesure qu'on progresse dans le compresseur.
Pied de l’aube et
sa plateforme
Sommet de
l’aube
Les derniers étages de compresseurs ont ainsi une section de passage très faible
puisque l’air est de plus en plus comprimé et donc occupe un volume de plus en plus restreint.
De l’entrée à la sortie du compresseur, le débit d’air ( en masse) est bien sûr constant
(aux prélèvements près). Le rapport de pression total est le produit du rapport de pression de
chaque étage.
17
En général, dans l’état de nos connaissances actuelles, pour fournir le bon rapport de
pression (autour de 1,5-1,6) avec des rendements optimums et en utilisant au mieux
l’entraînement fourni par la turbine, la soufflante doit tourner à une vitesse mécanique à la
périphérie de l’ordre de 400 m/s, les vitesses au pied des aubes ne devant pas être trop
inférieures à 200 m/s. Cela signifie que les vitesses aérodynamiques vues par l’aubage mobile
sont supersoniques sur une hauteur d’aube importante et que la soufflante devient une source
de bruit prédominante. Différentes solutions pour réduire ce bruit, autres que les deux cités ci-
dessus, ont été explorées. La plus simple en théorie est de réduire les vitesses : ainsi une
réduction de vitesse aérodynamique vue par l’aubage mobile, de 20%, peut réduire le bruit de
5dB. Il y a alors deux difficultés : la première est de conserver la même poussée, donc le
même rapport de pression, avec ces vitesses réduites ; la deuxième est de pouvoir faire
tourner la turbine qui entraîne la soufflante à des vitesses suffisantes.
Pour traiter la première contrainte, on peut : soit accroître la charge des aubages (c’est à
dire les forces qu’ils exercent sur l’air), soit augmenter le débit d’air aspiré par la soufflante
(augmentation du rapport de dilution). Pour la deuxième contrainte, on arrive vite en butée des
possibilités sauf à utiliser pour la soufflante un « réducteur de régime » (système à engrenage)
ou l’entraînement par un turbine indépendante (turbine libre).
Une troisième voie a également été explorée : il s’agit de celle de la « soufflante contra-
rotative ». Au lieu d’avoir un aubage mobile suivi d’un aubage fixe, on utilise deux aubages
mobiles consécutifs, tournant en sens inverse l’un de l’autre. Chaque aubage apportant la
moitié de la puissance requise pour donner la poussée, il peut tourner à une vitesse presque
moitié de celle d’une soufflante classique. La difficulté est toutefois d’obtenir le moyen de faire
tourner des aubages à deux vitesses de rotation opposées ( par un système d’engrenages ou
avec deux arbres d’entraînement différents, par exemple…) sans complexifier ni alourdir le
moteur.
Dans un compresseur
Aubage
Aubag
centrifuge, un « rouet » composé de
fixe
palettes radiales (voir dessin ci- e fixe
contre) aspire l’air axialement et le
refoule radialement après l’avoir
accéléré et comprimé, grâce à l’effet
de la force centrifuge. Cet air est
ensuite redressé dans un aubage fixe
qui transforme une partie de sa
vitesse en pression. Un collecteur
récupère finalement cet air comprimé
pour l’amener dans l’axe de la
chambre de combustion.
Un tel compresseur présente Rouet
l’avantage de fournir un taux de
Rouet
mobile
compression, en un étage, supérieur mobil
à celui d’un compresseur axial en 5
étages. En contre-partie, son
Vue de face Coupe
encombrement radial est important et
conduit à des maîtres couples
rédhibitoires en matière de poussée. Schéma d’un compresseur centrifuge
En revanche, son utilisation est très intéressante pour les moteurs d’hélicoptères dont
le but est beaucoup moins de pousser que de faire tourner leurs pales.
18
3.2.3 La chambre de combustion
La chambre de combustion est destinée à chauffer l’air qui sort du dernier étage de
compresseur HP afin de lui apporter l’énergie nécessaire à faire mouvoir la ou les turbines et à
donner suffisamment de poussée à la tuyère. Cette apport de chaleur se fait par la combustion
de l’oxygène de l’air avec un carburant, du kérosène (hydrocarbure) en l’occurrence. Elle doit
être la plus complète possible et la répartition des températures dans les gaz la plus
homogène possible.
Une chambre de combustion est constituée d’un «tube à flamme » ou « foyer » en forme
de tore (généralement) . Celui-ci est enfermé dans un « carter de chambre », également de
forme torique, le tout situé dans l’axe du moteur, entre le compresseur (HP) et la turbine (HP).
Les schémas ci-dessus et ci-dessous en donnent une illustration.
Bougie d’allumage
Arrivée de
carburant
Air destiné à
la combustion
Injecteur
Air de dilution et de refroidissement
19
L’air pénètre en amont du carter de chambre ; une grande partie ( environ 50%) passe par
la « tête » du foyer pour alimenter les systèmes d’injection, une autre partie la contourne. L’air
de contournement sert à la fois au refroidissement des parois, à diluer et à bien mélanger
l’écoulement dans le foyer, comme on peut le voir sur les schémas ci-dessus.
Nous avons vu qu’une chambre de combustion doit chauffer l’air de façon homogène,
sans pic de température. Elle doit également fonctionner de façon stable, sans extinction
intempestive, et être capable de ré-allumage en vol. Pour satisfaire la qualité de notre
environnement, elle doit fournir le minimum d’émissions polluantes.
Les résidus d’une combustion complète kérosène-oxygène sont le gaz carbonique
(CO2) et l’eau (H2O). Bien que peu désirables pour cause d’effet de serre, ils sont
théoriquement inévitables. Les oxydes d’azote (NOx), dangereux pour la santé, sont produits
pas l’oxydation de l’azote de l’air dans les zones de pressions et de températures élevées qui
règnent dans le foyer.. Les monoxydes de carbone (CO) et les restes d’hydrocarbures imbrûlés
sont également dangereux et peuvent être fortement réduits par une meilleure qualité de la
combustion, tout comme les fumées (Carbone : C). Ces actions vont de pair avec l’amélioration
du rendement de combustion . Ceci a toutefois des limites théoriques liées au principe de
Carnot (voir annexe) . Dans un foyer courant moderne, on ne peut utiliser réellement que de
l’ordre de 35% de l’énergie calorifique du kérosène.
Différents types de chambre de combustion existent ou sont étudiés pour agir sur
certains de ces émissions indésirables. Pour réduire les NOx, citons les chambre conçues
pour limiter le temps de séjour des gaz brûlés dans les zones de hautes pressions et hautes
températures. Citons aussi, les chambre dites à « double-tête », adaptées pour les régimes de
fonctionnement du moteur « ralenti » et « plein gaz », avec deux rangées d’injecteurs, l’une
fonctionnant en permanence, l’autre uniquement à puissance maximale, au décollage.
Une question pourrait nous être posée : « comment se fait-il que l’air chauffé dans la
chambre ne cherche pas aussi à s’échapper vers l’avant, c’est à dire vers le compresseur ? » .
Une réponse est que la « perméabilité » à l’air des derniers aubages de compresseur est
moindre que celle des premiers aubages de turbines, l’air comprimé puis chauffé et dilaté est
donc conduit naturellement vers l’aval. Une autre réponse est que, dés le démarrage du
moteur, le fonctionnement est amorcé avec ce sens de l’écoulement.
Cette situation a cependant ses limites. Si le compresseur cherche à comprimer plus que
ce que peut avaler la turbine, il se produit des retours pulsés de gaz chauds vers l’avant. Cela
entraîne des phénomènes de pompage sur le compresseur avec décrochage de l’ écoulement
sur les aubes. Le « système de régulation » dont on parlera plus loin doit éviter de se trouver
dans de telles situations.
20
Les principaux paramètres qui caractérisent le fonctionnement d’un foyer sont : le débit
d’air entrant, le débit de carburant, la pression d’entrée, les température entrée d’air et de
sortie des gaz, la commande étant assurée par le débit de carburant. Nous verrons plus loin
que l’écart entre les températures locales et la température moyenne, en sortie de chambre de
combustion (« profil de température »), joue un rôle très important vis à vie de la tenue
mécanique des aubes des premiers étages de turbine.
Vitesse de
rotation
Barrière thermique
Vitesse
de l’air
Cicuits internes
21
On notera que le « profil de température » à la sortie de la chambre de combustion est un
facteur important de la tenue thermo-mécanique des aubages. En effet, si ce profil présente
des pics de températures très élevées en certains points, les aubes qui y seront soumises
peuvent être détruites.
Lorsque les pressions et les températures en sortie du dernier étage de turbine sont
telles que le jet est subsonique (cas des moteurs civils double-flux et cas des moteurs
militaires ou de transport supersonique à régime réduit), nous avons indiqué qu’une tuyère
simplement convergente permet d’accélérer l’écoulement avant de l’éjecter. A l’éjection, la
pression statique dans l’écoulement est égale à la pression ambiante : voir 1ère figure ci-
dessous.
Eclatement
du jet
Vitesse
d’éjection
Vitesse Croissante Vitesse Croissante
Vitesse
Pression d’éjection
ambiante
Pression Décroissante Pression Décroissante
Pression
ambiante
Cas d’une tuyère convergente avec Cas d’une tuyère convergente avec
jet subsonique jet supersonique
22
Si l’écoulement est supersonique, la pression statique en sortie peut-être supérieure à la
pression ambiante. Le jet qui doit continuer à se détendre pour arriver à l’équilibre des
pressions, va « éclater » et va conduire à des pertes de poussée notables : voir 2ème figure ci-
dessus. L’utilisation d’une tuyère « convergente-divergente » permet alors de détendre
complètement les gaz avant leur éjection et d’obtenir le maximum de poussée : voir figure de
gauche ci-dessous.
En contre-partie, l’écoulement passe par une vitesse sonique au niveau du col de la
tuyère, ce qui conduit à limiter le débit qui la traverse, quelque soit la pression amont. Ce débit
ne peut augmenter que si l’on augmente la température de l’écoulement (cas de la réchauffe,
par exemple).
Col de la
tuyère
Les tuyères des moteurs subsoniques qui ont des sections d’éjection fixes sont en
général de conception simple. Le plus souvent elles font partie de la nacelle(voir chapitre 4).
Les tuyères des moteurs supersoniques, souvent à section variable, sont beaucoup plus
complexes. Une des difficultés résident dans le fait de pouvoir faire varier les sections.
L’image ci-dessous, en donne un exemple. La variation de section de sortie du flux primaire et
de celle du flux total est obtenue par l’ouverture plus ou moins grande de « volets » primaires
et secondaires dont les axes de rotation sont fixés à la périphérie des tuyères. Cette ouverture
est obtenue par l’action de « vérins ».
Volets
Secondaires
Volets
Primaires
23
3.2.7 L’inversion de jets avec le système de « réverse »
Sur les turboréacteurs d’avions civils subsoniques, ces volets de reverse viennent dévier
le flux secondaire, comme le montre le schéma ci-contre. Elles sont en général intégrées dans
la paroi de la tuyère.
Sur le moteur Olympus 593 de Concorde, la réverse dévie la totalité du flux au niveau de
la tuyère d’éjection .
Volet de
Fonctionnement avec réverse
réverse
24
3.2.8 Les paliers et enceintes
Les arbres qui relient compresseur et turbine doivent pouvoir tourner à très grandes
vitesses. Leur tenue mécanique est fondamentale.
Même à grandes vitesses, ils doivent pouvoir rester rigoureusement rectilignes,
parfaitement dans l’axe moteur. Ils doivent pouvoir supporter des efforts de plusieurs tonnes
ainsi qu’un minimum de balourds accidentels.
Des « paliers », constitués de roulements à billes ou à rouleaux, soutiennent ces arbres
en s’appuyant sur les structures fixes du turboréacteur. Selon le nombre de corps : simple-
corps, double-corps ou triple-corps, ils sont respectivement au nombre de 3, 4 (ou 5) et 8(ou
9). Dans le cas des moteurs à corps multiples, il y a plusieurs paliers inter-arbres.
Pour éviter le déplacement vers l’avant ou vers l’arrière des ensembles mobiles, le palier
amont est un palier de butée, monté sur roulement à billes. En fait, le déplacement
longitudinal des arbres, et donc celui des corps, est contrôlé dans des « enceintes »
pressurisées. Celles ci contiennent des pistons, solidaires des arbres, sur lesquels s’exercent
des efforts de pression appropriés et variables selon les cas de vol.
Afin de contribuer au bon rendement du moteur et donc à sa moindre consommation de
carburant, les paliers et roulements doivent produire un minimum de pertes par frottement. Ils
sont lubrifiés par de l’huile , voire par du kérosène. Cette huile doit être refroidie par le
carburant et renouvelée pour compenser les fuites. Sur un turboréacteur de la classe de
poussée de 10 000 daN, la consommation d’huile est de l’ordre de 0,2 à 0,3 litres pour 1 000
km. Chaque moteur est ainsi équipé d’un système de lubrification entraîné par la même prise
de mouvement que la pompe à carburant. La solution consistant à utiliser des roulements non
lubrifiés est encore au stade de la recherche.
On notera que, sur les moteurs de combat qui sont soumis à de fortes accélérations
dans différentes directions (« facteurs de charges ») et à des vols sur le dos, la lubrification est
une opération plus délicate que sur les autres types de moteurs.
Sur les moteurs civils et tout particulièrement sur les turboréacteurs double-flux à grand
rapport de dilution, l’ingestion accidentelle de corps étrangers, celle d’une oie (par exemple),
peut avoir des conséquences graves pour le moteur. En effet, cette ingestion peut occasionner
des pertes d’aubes de soufflante et entraîner un balourd de l’ensemble mobile trop important
pour pouvoir être supporté par les structures fixes. Sur certains moteurs modernes, le
déclenchement d’un système de « découpleur » permet alors de désolidariser le palier amont
du reste de la structure. L’ensemble mobile sujet au balourd peut alors orbiter sur un axe qui
lui même tournera autour de l’axe moteur. Cet ensemble sera finalement freiné par frottement
sur le carter de soufflante, évitant ainsi tout risque d’éclatement du moteur.
25
3. 3 Le pilotage du turboréacteur
Comme pour un moteur d'automobile la puissance, donc la poussée d'un turboréacteur,
croît avec la quantité de carburant utilisé.
En agissant sur la manette des gaz, le pilote fixe un objectif de poussée. Un système de
régulation équipé d’un calculateur électronique règle le débit de carburant fourni par une
pompe entraînée par le moteur. Pour donner le bon débit, il mesure quelques paramètres clefs
tels que les régimes de rotation, les pressions et températures en différents points, etc.... Il doit
éviter que le moteur n'entre en survitesse ou dans des domaines de températures trop élevées
ou encore dans des domaines de dysfonctionnement aérodynamique (décrochages, pompage
du compresseur, etc…). Ce réglage est également fonction du domaine de vol (pression et
température extérieures, vitesse de vol).
Poussée
Capteurs Actionneurs
CALCULATEUR
NUMERIQUE
26
3.4 Le carburant
Son pouvoir calorifique est de l’ordre de 10 000 kilocalories par kg , pour un densité qui
est de l’ordre de 80% de celle de l’eau. Les autres hydrocarbures courants ont des pouvoirs
calorifiques voisins, décroissant légèrement quand leur densité croît. Ainsi le butane a un
pouvoir calorifique de 11 000 kilocalories par kg ; le méthane, le plus simple des
hydrocarbures, a un pouvoir calorifique de 12 000 kilocalories par kg. À l’extrémité de la série,
l'hydrogène a un pouvoir calorifique près de 3 fois plus élevé.
Tous ces carburants ont également à peu près la même températures de fin de
combustion soit environ 2300°C , en supposant que tout l'oxygène de l'air (rappelons que la
proportion d'oxygène dans l'air est d'environ de 23,2 %) et que tout le carburant soient brûlés.
Dans ce cas, on dit que le mélange de combustion carburant-oxygène a une richesse égale à 1
ou qu’il est « stœchiométrique ». Dans la réalité, le mélange courant a une richesse inférieure
et voisine de la valeur 1.
Une richesse supérieure à 1, correspondant à un « mélange riche », produirait des suies
et des imbrûlés et un peu moins de calories qu’à la richesse de 1. Une richesse trop inférieure
à 1, correspondant à un « mélange pauvre », n’apporterait pas suffisamment de calories, avec
une température en fin de combustion qui baisserait vite avec la richesse.
Comme nous l’avons écrit précédemment, seule une partie de l’oxygène de l’air venant
du compresseur est brûlée dans la chambre de combustion. Les gaz qui résultent de la
combustion sont ensuite mélangés avec l’autre partie de l’air qui a contourné et refroidi le
tube à flamme, pour donner un mélange chaud et homogène à l’entrée du distributeur de
turbine.
NOTA sur l’ensemble de ce chapitre : pour ceux qui souhaiteraient voir une
présentation animée du fonctionnement des turboréacteurs, je recommande la visite
du site Web de Snecma Moteurs « snecma-moteurs .com ».
27
Chapitre IV
i = Angle d’incidence
Trainée
Vo=Vitesse de vol
è Trainée = ρ*S*Cx*V² /2
28
Le coefficient de portance aérodynamique augmente quand l’ « angle d’incidence » (
angle que font les ailes par rapport à la vitesse de l’avion) augmente… jusqu’au moment où
l’aile « décroche » ; la portance chute alors brusquement. Le coefficient de traînée, quant à lui,
augmente toujours et de plus en plus, avec l’incidence.
On appelle « finesse (aérodynamique) » d’un avion, le rapport Cz/Cx. Plus la finesse est
grande et meilleures sont les capacités planantes de l’avion. L’idéal, qui n’est pas de notre
monde, serait d’avoir une finesse infinie ce qui signifierait que le coefficient de traînée est nul
et que l’on peut voler sans dépenser beaucoup d’énergie ! En fait, pour un avion de transport
civil long courrier moderne, du type A340, cette finesse est voisine de 20 ; pour un avion de
combat elle est inférieure à 5 alors que pour un planeur elle est de l’ordre de 50.
Les performances d’une aile dépendent aussi d’autre paramètres tels que son
« allongement » et la forme de son « profil ». La résolution des équations des écoulements
aérodynamiques avec l’apport de l’informatique ont permis d’approcher les performances
maximales de ces ailes. Les « volets » mobiles insérés dans l’aile jouent un rôle important
sur la portance et la traînée. En particulier ils contribuent à augmenter la portance de l’aile aux
vitesses peu élevées. Les aérofreins eux, augmentent la traînée.
Ajoutons que lorsque l’avion vole à des vitesses de plus en plus élevées, des «ondes de
chocs » apparaissent, d’abord localement jusqu’à concerner tout l’avion. Elles correspondent
à l’accumulation sur un cône, des perturbations de type acoustique que tout objet volant
communique au milieu ambiant, mais qui ne peuvent, par nature, se propager plus vite que le
son.
Ces ondes de choc viennent perturber la qualité des écoulements et la validité des
équations propres aux régimes subsoniques. Lorsque la vitesse de vol est supersonique c’est
tout l’avion qui est soumis à l’effet de ces ondes de choc. Mais cela aussi peut se résoudre
mathématiquement.
Pour en savoir plus, je vous recommande de consulter les documents élaborés par Jean
Delery, Président de la Commission Aérodynamique de l’AAAF. Ces documents sont
également présentés dans le site Web de l’AAAF, section « jeunes ».
29
Résultante des forces de traînée sur l’avion
Les moteurs doivent être installés sur l’avion de telle sorte qu’ils lui fassent bénéficier
d’un maximum de poussée, tout en perturbant au minimum la portance des ailes. De plus,
leurs fixations doivent être totalement fiables tout en réduisant au maximum le transfert de
vibrations (et de bruit) dans la cabine des passagers (cas des avions civils).
4.2 La nacelle
30
Dans le cas d’un moteur à flux mélangés, le conduit
d’éjection de la nacelle peut être équipé d’un « mélangeur » qui
a pour but d’améliorer le mélange des flux primaire et
secondaire avant leur éjection, ceci afin d’optimiser la poussée
globale.
Dans les lignes qui précèdent nous avons surtout traité du cas des avions de transports
civils, en général subsoniques. Revenons sur le cas des avions militaires. S’ils sont
supersoniques, la présence du ou des moteur(s) ne doit pas trop augmenter la traînée. Nous
avons vu que les moteurs militaires sont du type simple-flux, ou double-flux avec un très
faible taux de dilution (débit d’air secondaire/débit d’air primaire). Ils ont, à même poussée, un
maître couple (ou un diamètre extérieur) très inférieur à celui des moteurs civils. Ceci facilite
leur installation sur avion. Le ou les moteur(s) sont en général très intégrés à la cellule. La
configuration de la prise d’air, d’une part, et celle de la tuyère (voir § 3.2.6), d’autre part, jouent
un rôle important sur l’optimisation des performances.
Toute l'énergie des turboréacteurs est elle utilisée pour la poussée et donc pour le vol
d’un avion?
Non : une partie de l'air du compresseur HP (ou du compresseur unique) est prélevée
dans les derniers étages, là où la pression est la plus élevée, pour refroidir les parties chaudes
du moteur. Dans ces parties chaudes il y a les aubages de turbines HP. Ceux-ci sont, comme
nous l’avons vu, soumis à des températures très élevées . Aussi, bien qu'utilisant des
matériaux « réfractaires », ils ne résisteraient pas longtemps à ces températures, températures
élevées combinées à des efforts mécaniques importants (chiffrés en tonnes), s’ils n’étaient
refroidis.
Mais ça ne s’arrête pas là ! De l'air est également prélevé pour alimenter la pressurisation
de la cabine de l'avion (dans le cas des avions civils).
De plus, le moteur et l'avion ayant besoin de courant électrique, celui-ci est fourni par un
générateur électrique qui est entraîné par l'arbre HP du moteur au moyen d’un jeu
d’engrenages coniques. Cette énergie électrique est également parfois fournie par un moteur
auxiliaire, sorte de petit turboréacteur, placé en général dans la queue de l'avion et dont la
poussée est réduite au minimum afin d’utiliser au mieux son énergie pour entraîner un
alternateur.
Au total, une vingtaine, voire plus, de % du débit d'air HP et quelques % de la puissance
mécanique totale sont prélevés pour ces diverses servitudes. Ces valeurs sont toutefois très
variables d’un type de moteur à un autre et d’un régime de fonctionnement à un autre. Il est à
noter que l’air prélevé n’est pas entièrement perdu pour la poussée, une partie étant
réintroduite dans le jet, mais avec des pertes de pression.
31
Chapitre V
Pour passer des concepts décrits dans les chapitres précédents à la réalisation physique
d’un turboréacteur il va falloir franchir plusieurs étapes, à savoir :
o le choix des différents matériaux,
o le dessin et le calcul mécanique de chacune des pièces qui le constitue,
o la fabrication de ces pièces ,
o l’assemblage de ces pièces pour réaliser les différents modules (compresseurs,
chambre de combustion, turbines, etc…),
o le montage des modules pour constituer le moteur complet,
o le contrôle qualité des fabrications et du montage,
o les essais au banc pour vérifier que les performances requises seront bien
obtenues.
Il faudra que le produit fini, c’est à dire le moteur, répondent aux spécifications
contractuelles. Celles ci ont été définies de telle sorte qu’il soit :
Ø Efficace ; Un turboréacteur doit être capable de propulser l’avion qu’il équipe
avec une charge marchande (ou d’emport) et le rayon d’action (distance franchissable)
requis. Pour cela il doit fournir une gamme de poussée maximale pour un poids et une
consommation minimale ;
Ø Très opérationnel, c’est à dire capable de fonctionner efficacement dans un
vaste domaine de températures, de pressions ambiantes et de vitesses de vol. Ainsi, les
moteur des avions civils doivent être opérationnels jusqu'à plus 10.000 m d'altitude, ceux
des avions militaires jusqu'à 20.000 m et plus. À ces altitudes les pressions ambiantes sont
fortement réduites , respectivement : 1/4 de la pression atmosphérique et moins du
1/20éme à 20.000m ;
Ø Totalement fiable. Il doit être capable de fonctionner avec un taux de pannes
inférieur à 1°/°°, pendant plusieurs milliers d’heures sans révision, alors que ces pièces
sont soumises à des contraintes importantes associées, pour les parties chaudes, à des
températures très élevées (plus de 2000°C pour les plus chaudes). Ces contraintes sont
d'autant plus pénalisantes que l'on cherche à alléger au maximum les turboréacteurs ce
qui conduit à exercer les efforts sur moins de matière solide.
Ø Pour répondre aux besoins de protection de l'environnement, un turboréacteur,
surtout civil, doit émettre le moins de polluants possible (oxydes de carbone, oxydes
d'azote, fumées, hydrocarbures...). Il doit également faire le moins de bruit possible, tout
particulièrement au voisinage des aéroports. Quant au bang sonique, il ne doit toucher
aucune zone habitée. Des normes internationales ou locales fixent les niveaux des
émissions polluantes et de bruit à ne pas dépasser.
Ø Enfin, son coût de production et d’exploitation (incluant l’entretien) devra être
optimisé afin qu’il soit compétitif pour l’utilisateur et rentable pour le fabriquant.
32
5.2 Les matériaux d'un turboréacteur
Dans les parties froides , on choisit des matériaux tels que le titane ou bien des
matériaux « composites à matrice organique » (CMO). Ces derniers sont constitués de fibres
très résistantes, par exemple en carbone, qui sont noyées dans une matrice. Cette dernière
fait office de liant répartissant les contraintes dans la pièce.
Dans les parties moyennement chaudes, on choisit des matériaux à base d'acier et de
titane. L’utilisation de matériaux composites constitués, par exemple, de fibres en carbure de
silicium noyées dans un matrice d’alliage de titane pourrait permettre, à l’avenir, de réaliser
des pièces alliant résistance mécanique et légèreté (cas des anneaux aubagés monoblocs :
« ANAM », pour les roues de compresseur).
33
Dans les parties encore plus chaudes , nous entrons dans le domaine des matériaux à
base d'alliages de nickel et de cobalt. Les matériaux « composites à matrice céramique » (C M
C) sont encore au début de leur carrière (pour les chambres de combustion, les volets de
tuyères d’avions militaires, les mélangeurs d’avions civils…) mais leur avenir semble
prometteur. Ils sont constitués de fibres très résistantes, par exemple du carbure de silicium,
qui sont noyées dans une matrice, en général de même nature.
Sur les aubes de turbines HP, et particulièrement sur celles qui sont les plus proches de
la sortie de chambre de combustion, les températures sont tellement élevées que même les
matériaux métalliques les plus réfractaires ne sauraient résister longtemps. Les températures
de parois des pièces peuvent atteindre 2000°C. La solution consiste alors à utiliser des
systèmes de refroidissement par air. Cet air, relativement plus frais (environ 500°C), prélevé
sur le compresseur HP, circule de diverses manières à l'intérieur des aubes et est émis en
paroi, pour assurer un « pompage des calories ». Ces systèmes de refroidissement sont
avantageusement combinés à l'utilisation de « barrières thermiques » sur les parois des aubes
et également sur les parois de chambres de combustion. Ces barrières thermiques jouent le
rôle de retardateur vis-à-vis du flux thermique provenant de l'air chaud et du rayonnement de la
chambre.
Les contraintes ne sont pas seulement d’origine interne. Les moteurs doivent pouvoir
résister à l’ingestion de corps étrangers et en particulier d’oiseaux de grande taille. Les aubes
de soufflantes qui sont les premières touchées, sont conçues pour ne pas être détruites ou, du
moins, pour ne pas entraîner la destruction du reste du moteur lors d’impacts importants.
Dans les parties chaudes, la force centrifuge des roues mobiles combinée à de fortes
températures crée des contraintes très importantes et qui, de plus, sont « cycliques ». En effet,
l’alternance de phases de démarrage, ralenti, plein gaz, vol de croisière, etc… entraîne des
phénomènes de fatigue qui au bout de plusieurs milliers de cycles peuvent conduire à des
ruptures de pièces. C’est ainsi qu’en tordant et détordant un morceau de fil de fer on arrive à le
rompre sans l’usage de pince coupante. Sur les avions civils court-courrier, un cycle
correspond à peu près à une heure de vol. Sur les avions long-courrier, ce sera environ 1O
fois plus. Ainsi pour un grand nombre de pièces, ce sera plus le nombre de cycles que le
nombre d’heures de vol qui conditionnera leur durée de vie.
34
5.4 La fabrication et le contrôle qualité du turboréacteur
La fabrication d'un turboréacteur est une affaire délicate. La précision recherchée est
une précision horlogère. Pour de nombreuses pièces elle est de l'ordre de du 100ème de
millimètre.
Tout commence par le production de liasses de plan désignées « liasses de série », qui
décrivent toutes les pièces du turboréacteur. Ces liasses sont ensuite traitées par des services
spécialisés pour définir les « gammes de fabrication ».
La fabrication proprement dite débute par des « bruts » traités en forge ou en fonderie.
Les forges martèlent les pièces à partir de lingots d’alliages de titane, de fer ou de nickel,
jusqu’à leur donner une forme proche de la forme finale. C’est le cas des aubes de fan ou de
compresseur. L’utilisation de poudres compactées permet de réaliser des disques d’aubages
très résistants en super-alliages de nickel, par « forgeage isotherme ».
En fonderie sont réalisées les aubes de turbines et certains carters. Les aubes de
turbines destinées à fonctionner à très hautes températures font l’objet de procédés tout à fait
particuliers (« solidification dirigée ») qui leur donnent des structures « mono-cristallines » .
Ces structures leurs confèrent des résistances améliorées aux températures extrêmes.
Pour les amener à la bonne dimension, ces pièces font l’objet d’usinage par enlèvement
de matière. Cet usinage peut être effectué de façon conventionnelle ou à grande vitesse, à
l’aide d’outils solides , de rayons laser ou autres .
Pour assembler des pièces fixes, voire mobiles, on fait appel à toutes les formes de
soudage et de brasage. Bien sûr certaines pièces de dimensions importantes sont assemblées
de façon mécanique, à l’aide de boulons, ou, pour les aubes sur les disques, par des attaches
« males(aubes)-femelles(disques) » de formes spécifiques.
Les aubes mobiles de soufflantes et les volets de tuyères peuvent être réalisés par le
formage de tôles d’alliage de titane ou de fer puis leur brasage par « diffusion », avec des
renforts internes (cas des aubes de soufflantes réalisées par le procédé SPFDB). Les rotors de
compresseurs sont souvent réalisés d’un seul tenant, aubes et disques, par usinage
tridimensionnel. Ce sont des DAM (Disques Aubagés Monoblocs).
Certaines pièces comme les disques font, en fin de fabrication, l’objet de traitements. Il
s’agit souvent de traitements thermiques, qui améliorent encore leurs propriétés mécaniques.
Il peut s’agir aussi de traitement chimique ou par plasma, etc… Les barrières thermiques sur
les aubes de turbines HP sont déposées de façon similaire.
Les machines utilisées sont le plus souvent des machines à commande numérique. Des
programmes informatiques liés aux plans des pièces, commandent les différentes opérations
d’usinage ou autre. Elles sont pilotées par des opérateurs qui interviennent tout
particulièrement au moment de la préparation des pièces et des programmes ou en cas
d’incident.
Il ne faut pas oublier que sur les turboréacteurs, il y a également des équipements
électronique et informatiques pour lesquelles les méthodes de fabrication sont celles propres
à ces techniques avec toutefois un souci aigu de la fiabilité.
35
On notera que les ensembles mobiles font l’objet d’une attention toute particulière. En
raison des vitesses de rotation très élevées, tout déséquilibre ou balourd pourra être fatal au
moteur. Pour les équilibrer de façon parfaite, les constituants, tels que les aubes, sont répartis
en tenant compte de leur masse exacte.
Tous ces modules sont ensuite assemblés entre eux dans le montage final.
Forgeage, pressage
Fonderie
Formage-brasage:SPF DB
Projection thermique
36
Chacune des étapes que nous venons de citer fait l’objet
d’opérations de « contrôle qualité », très performantes.
Il s'agira bien sûr de contrôler les dimensions des pièces
mais également la bonne santé de la matière utilisée et la
présence ou non de défauts résultant des opérations de
fabrication. C'est ainsi qu'il est extrêmement important de
pouvoir détecter la présence d’anomalies dans la structure de
l’alliage ou du composite ou la présence de micro-fissures qui,
à la longue, conduiront à la rupture des pièces.
Contrôle dimensionnel
d’un aubage
Une notion importante dans la fabrications des turboréacteur est celle de "série", c'est à
dire du nombre de pièces de même type que l’on devra fabriquer. Dans l’industrie automobile
on pourra être amené à fabriquer des centaines de milliers de moteurs identiques. Dans
l'aéronautique, au contraire, on fabrique rarement plus de 10 000 moteurs identiques à raison
de moins de 1 000 par an.
Il est une deuxième notion qui fait la différence avec l'industrie automobile ; il s'agit de la
notion de durée. La durée de vie moyenne d'une automobile est de cinq à dix ans, celle d'un
moteur d'avion est de vingt ans et plus. Mais cette différence dans la durée ne s'arrête pas là.
Pour concevoir un moteur il faut plusieurs années et pour réaliser un moteur de série il faut
près d'un an.
Avant d'être mise en service commercial, une nouvelle version d’un turboréacteur doit
faire l'objet de nombreux essais, au point fixe et en vol, qui conduiront à la certification par
des autorités nationales ou internationales. Le moteur ne pourra être autorisé à voler qu'après
l'attribution d'un bon de vol. Pour un moteur militaire on parlera de qualification.
Par la suite, avant d’être livré, chaque moteur fabriqué devra être essayé dans un banc
d’essais au sol afin de vérifier que ses performances sont bien conformes à celles du moteur
certifié ou qualifié.
37
Chapitre VI
Leur puissance:
Ce n’est pas une grandeur très utilisée (les motoristes et avionneurs préfèrent la
poussée). Pour le plus gros des moteurs cités ci-dessus, elle est de l’ordre de 80 MégaWatt.
Ceci représente environ 110 000 CV, 1000 fois plus qu’une automobile de tourisme de classe
moyenne !
Leur masse :
Toujours pour le plus gros des turboréacteurs, cette masse est de l’ordre de 7 500 Kg,
soit environ 50 fois plus élevée que celle du moteur d’une automobile moyenne.
Rapporté à sa masse, un turboréacteur est à peu près 20 fois plus puissant que celui
d’une automobile.
La consommation en carburant :
Elle dépend avant tout de la poussée du moteur. Pour comparer les performances de
moteurs entre eux, on utilise la notion de « consommation spécifique » qui s’exprime en Kg
par daN de poussée et par heure. Pour les moteurs de dernière génération, elle varie assez peu
d’un moteur à l’autre, soit autour de 0,55 en vol de croisière.
Pour le GE 90, en croisière toujours, la consommation effective de carburant est de plus
de 3000 kg/h soit près de 4000 litres par heure. Cela représente environ 400 litres au 100km,
soit environ 80 fois plus qu’une automobile économique.
Il ne faut toutefois pas perdre de vue que la consommation au décollage et en montée est
beaucoup plus importante qu’en croisière. Finalement, sur un vol complet de ~10 000 km, un
B777 qu’équipent 2 GE 90 consommera en moyenne de l’ordre de 1800 litres au 100km, pour
environ 400 passagers avec leurs bagages, soit environ 5 litres aux 100 km par passager ;
c’est à dire un peu moins qu’une voiture moyenne.
Pour 4 passagers, l’avantage peut revenir à l’automobile, mais celle-ci aura une vitesse
moyenne dix fois plus faible. Sur les grandes distances c’est certainement l’avion à réaction
qui l’emporte !
38
La fiabilité :
J’ai déjà cité cette notion fondamentale pour les moteurs d’avions. Elle conditionne la
sécurité des personnes et des biens. C’est une notion statistique qui s’apprécie d’abord pour
les divers constituants puis, globalement, au niveau du moteur. A ce niveau on utilise
couramment le « taux d’arrêt moteur en vol » (IFSD : In Flight Shut Down).
La plupart des moteurs se situe à moins d’un arrêt pour 500 000 heures de vol, ou encore
moins d’un arrêt pour 400 millions de km.
Pour en donner une représentation plus imagée, on pourrait dire qu’un turboréacteur
moderne doit pouvoir faire plus de 2 allers et retours Terre- planète Mars (lorsqu’elle est à sa
plus grande distance de la Terre), et ceci sans panne. Ce n’est bien entendu qu’une image,
puisque comme vous le savez, un turboréacteur et un avion, ne peuvent pas voler dans le
vide !
Le bruit :
A courte distance, un avion est manifestement bruyant. Ses moteurs sont une des
sources de bruit principales, mais les ailes avec leurs volets et les trains d’atterrissage sont
loin d’avoir une contribution négligeable dans certaines conditions de vol.
L’impact de l’aviation sur les nuisances sonores doit être toutefois relativisé.
Globalement, les avions ne constituent pas la plus grande source de gêne acoustique. Dans
l'Union Européenne, on estime qu’environ 40% de la population est exposée au bruit du trafic
routier, 20% étant exposée à des niveaux excédant 65 dB(A). Moins de 10% de cette
population est gênée par le bruit des avions. Ce chiffre est quand même beaucoup trop
important, d’autant plus que la sensation de gêne est accrue par la répétition à longueur de
journée de bruits intermittents de niveaux élevés. Ces bruits, qui sont souvent de fréquences
très basses, sont mal atténués par l’effet de distance et par les murs des maisons modernes.
Des progrès très importants ont été accomplis depuis le début de l’ère des
turboréacteurs civils, c’est à dire il y a plus de 50 ans. Des réductions supérieures à 10dB ont
été constatées aussi bien au décollage, qu’au survol et à l’approche (atterrissage).
Une autre façon de mesurer la gêne consiste à déterminer la surface des zones autour
des aéroports dans lesquelles les habitants sont soumis à des niveaux de bruit supérieurs à 85
dB (par exemple). Depuis une cinquantaine d’année, ces surfaces ont été divisées par plus de
7, tout cela malgré l’augmentation très importante du trafic aérien.
Les recherches qui sont menées actuellement et qui vont encore se poursuivre,
devraient permettre d’obtenir des réductions de bruit du même ordre de grandeur dans les
vingt ans à venir.
La pollution atmosphérique :
Dans les chapitres précédents, j’ai consacré quelques lignes aux émissions qui résultent
de la combustion du kérosène dans les turboréacteurs. Ce problème d’émissions polluantes
est important. Il est pris à bras le corps par les scientifiques et les industriels.
Il faut là aussi relativiser l’ampleur du rôle des avions.
Actuellement, la situation est la suivante :
o L ’impact global de l ’aviation sur ce problème crucial d’environnement est
relativement faible.
o Le transport aérien participe à moins de 5% aux émissions polluantes au
voisinage des zones habitées.
o Le gaz carbonique (CO2) émis par le transport aérien ne contribue que pour 2 %
à l’effet de serre autour du globe terrestre.
o L’impact des oxydes d’azote (NOx) est non mesurable.
o L’effet des traînées de condensation (vapeur d’eau transformée en eau liquide
et en glace) est sensible mais reste à préciser.
o Les spécialistes estiment que l’éruption majeure d’un volcan, comme il s’en
produit tous les 2 ou 3 ans, génère autant d’émissions que toute la flotte des avions en
service dans le monde pendant une année.
39
Mais ce « peu » en matière de pollution, c’est encore trop ! Il ne faut pas baisser la garde.
Les recherches menées doivent conduire et conduiront à des progrès très importants. Au
cours des 50 dernières années, les émissions ont été globalement réduites de 50% (chiffre
bien entendu variable suivant les espèces de « polluant »: oxydes de carbone, oxydes d’azote,
etc…), grâce aux nouvelles technologies et grâce à une réduction de plus de 50% des
consommations spécifiques. D’ici le milieu de ce siècle, ces émissions devraient être réduites
à nouveau d’autant.
Poussée maximale : 16 900 daN au point fixe au sol avec réchauffe, 14 300 sans
réchauffe, 44 460 à Mach 2 à 16 130 m d’altitude.
Consommation spécifique de carburant : 0,9 au point fixe au sol sans réchauffe, 1,21 à
Mach 2, à 16 130 m d’altitude. C’est plus de 2 fois plus que pour un avion subsonique, mais
pour une vitesse 2 à 2,5 fois plus élevée .
Bruit : C’est un des gros handicaps de l’avion supersonique. Il y a le bruit des moteurs
dont les jets sont très rapides (leur bruit varie à, environ, la puissance 8 de leur vitesse) ; mais
il y a aussi les ondes de choc de l’avion qui le suivent comme un vaste sillage dès qu’il vole à
vitesse supersonique.
Emissions polluantes : la situation est comparable à celle des avions subsoniques à
deux aspects près : ils consomment plus et volent plus haut…mais ils sont beaucoup moins
nombreux.
Si un nouvel avion supersonique civil devait voir le jour, son bruit et ses émissions
conditionneraient son avenir commercial.
La gamme de poussées est moins large que pour les moteurs d’avions civils
subsoniques. Un des moteurs les plus puissant, le F119 de Pratt & Whitney destiné au
JSF(Joint Strike Fighter) a une poussée de 9 800 daN au point fixe au sol, sans réchauffe et de
15 600 daN avec réchauffe.
Le M88 de Snecma Moteurs qui équipe le Rafale a des poussées qui, dans les mêmes
conditions, sont respectivement de 5 000 et 7 500 daN.
Les autres paramètres de ces moteurs varient beaucoup selon les conditions de vol.
D’un moteur à l’autre les consommations spécifiques varient de plus de 2 à moins de
0,6 par daN et par heure selon qu’on utilise ou non la réchauffe.
40
Annexe 1
La thermodynamique du Turboréacteur
Jusqu’à présent je n’ai évoqué des sciences physiques que les branches de la
mécanique et de l’aérodynamique. Il est une autre branche de la physique qui explique le
fonctionnement interne du turboréacteur : il s’agit de la « thermodynamique ». Elle s’intéresse
à la transformation en mouvement et en poussée de l’énergie calorifique apportée dans le
moteur.
Comme pour tous les moteurs, le fonctionnement du turboréacteur peut être représenté
en termes de « cycle ». Comme le moteur à explosion des automobiles, ce cycle comporte une
phase de compression, puis une phase de combustion et une phase de détente dans laquelle
on récupère de l’énergie pour la locomotion. Toutefois, à la différence du moteur à explosion
dont ces phases se produisent dans le même lieu (le cylindre) et de façon successive dans le
temps, le turboréacteur les enchaîne en continu mais dans des organes différents : le
compresseur, puis la chambre de combustion puis la détente dans la turbine et dans la tuyère.
Diagramme Température-Entropie
T/T0
Combustion
Détente Turbine
Compression
41
L’entropie est une notion un peu plus abstraite. C’est une « fonction d’état » d’un
système dont on ne manipule que la variation. La variation d’entropie instantanée, si elle est
« réversible », est égale à la quantité de chaleur reçue ou fournie(dQs), divisée par la
température de la source (Ts ) soit dS = dQs/Ts. Si elle n’est pas réversible, elle est supérieure
à cette quantité, l’écart correspondant aux pertes.
Dans la nature, tous les phénomènes réels connus voient toujours leur entropie croître.
Ainsi, on ne récupère jamais plus d’énergie qu’on n’en transforme. Le rapport entre les deux
(énergie transformée /énergie fournie) est le rendement de la transformation, toujours inférieur
à 1.
Une représentation graphique du cycle d’un turboréacteur simple corps-simple flux est
fournie sur le diagramme « température-entropie » ci-dessous.
La compression (flèche bleue ), incluant l’admission d’air fait passer d’une pression
ambiante (« isobare » P/P0=1) à une autre, de pression plus élevée mais aussi de température
plus élevée (ici, P/P0=40).
La combustion (flèche rouge ) se fait à pression constante le long de cette isobare.
La température augmente d’une quantité correspondant à l’énergie calorifique apportée par
cette combustion. Cette énergie est aussi liée à la variation d’entropie, en abscisse.
La détente dans la turbine (flèche verte ) qui doit fournir l’énergie de compression
amène le fluide à une pression intermédiaire (ici, P/P0=5). La variation de température entre
l’entrée et la sortie de turbine est égale, au pertes de transmission près, à celle de la
compression.
Comme l’isobare sur laquelle aboutit cette détente a une pression supérieure à celle de
la pression de départ, il reste de l’énergie pour une détente dans la tuyère (flèche fuschia )
qui donnera la poussée.
Sur un turboréacteur double-flux, double-corps, une grande partie de cette énergie
pourra être utilisée pour entraîner la soufflante, via une turbine BP.
On notera que si les compressions et détentes se faisaient sans perte, ce qui n’a jamais
lieu dans la réalité, les portions de courbes les représentant dans le diagramme T-S seraient
verticales. L’écart par rapport à la verticale, c’est à dire l’augmentation d’entropie, correspond
à ces pertes.
Pression P Température T
42
Le fonctionnement du turboréacteur obéit aux différents principes de la
thermodynamique qui sont rappelés ci-après :
Chaleur Travail
E1
E1 = E2
Variation d’énergie = 0
E2
Deuxième principe : une machine qui évolue dans un cycle et qui n’échange de la chaleur
qu’avec une seule source extérieure ne peut pas fournir de travail. Elle ne peut être qu’un frein.
Le corollaire de ce principe est que pour fournir du travail, cette machine doit absorber
de la chaleur mais aussi en restituer une partie. Ainsi le turboréacteur brûle du carburant pour
sa propulsion mais rejette aussi des gaz chauds.
Travail de Propulsion
Chaleur
(pertes) De E1 à E2 :
Travail de Propulsion égal à:
E1 E2 Chaleur de Combustion
moins
Pertes (sous forme de chaleur)
Chaleur de Combustion
Deuxième principe
43
En fait, ces schémas sont surtout représentatifs du fonctionnement d’un moteur à
explosion pour lequel on peut considérer qu’on agit sur des volumes d’air physiquement
délimités par chaque cylindre. Sur un turboréacteur, le fonctionnement est quasi continu, mais
on peut imaginer une masse d’air, par exemple sur une seconde, qui entre avec l’énergie E1 et
ressort avec l’énergie E2. Elle reçoit au passage une certaine quantité de chaleur et du travail
de compression et fournit du travail de détente et de propulsion avec des pertes (en partie,
sous forme de chaleur).
Compresseurs
4%
Foyer:
DeltaPress.
1%
Turbines
4%
Jets
26%
Pertes
Utilisation etpuissance
de la puissanceénergétique
utile /puissance
du carburant
énergétique du carburant
44
Rendements de différents types de moteurs d’avions à turbines
45
Annexe 2
Les vitesses d’écoulement d’air dans les aubages peuvent se représenter par des
vecteurs . Dans les aubes mobiles, ils se combinent de telle sorte que :
Ø la vitesse dans un repère « absolue liée au moteur » est égale à :
Ø la vitesse relative à l’aubage…… à laquelle on ajoute :
Ø la vitesse d’entraînement mécanique (vitesse de rotation).
Les schémas ci-dessous montrent comment se déterminent, en première approche, les
vitesses sur une coupe d’étage de compresseur, d’une part, et sur une coupe d’étage de
turbine, d’autre part.
Pour le compresseur : on voit bien l’accélération de vitesses (avec déviation) à la sortie
de l’aubage mobile et le ralentissement dans le redresseur.
Pour la turbine : on voit bien l’accélération de vitesses (avec déviation) à la sortie de
l’aubage fixe et le ralentissement dans l’aubage mobile .
Vitesse
Absolue d’entrée
Vitesse de
rotation
Vitesse
relative
d’entrée Vitesse
absolue d’entrée Vitesse de
rotation
Vitesse
absolue Vitesse de Vitesse
de sortie rotation Vitesse absolue
relative de sortie
d’entrée
Vitesse
relative de
sortie Vitesse relative de sortie
Aubage Fixe Aubage Fixe Aubage Mobile
Aubage Mobile
(redresseur) (distributeur)
46