L'esprit Et Le Corps Au Piano
L'esprit Et Le Corps Au Piano
L'esprit Et Le Corps Au Piano
L’ESPRIT ET LE CORPS
AU PIANO
Olivia PALOYAN
Promotion 2000
CEFEDEM Rhône-Alpes
INTRODUCTION: ………………………………………………………..page 3
a) Préparation mentale
b) La concentration
c) Le trac
d) Les trous de mémoire
CONCLUSIONS: ……………………………………………………………………page 23
ANNEXES : ………………………………………………………………………….page 24
BIBLIOGRAPHIE : …………………………………………………………………page 32
Il s’agit d’être plus efficace dans notre manière d’appréhender le piano, donc d’essayer
de voir quels sont les problèmes principaux, voire les « blocages » éventuels qui rendent
impossibles un certain bien-être au piano. Cela nécessite donc aussi de réfléchir à sa propre
pratique. Comme le souligne J. BERBAUM :
« Mieux apprendre suppose d’abord une meilleure connaissance de sa manière
habituelle d’apprendre. Une telle connaissance des résultats auxquels on parvient, permettent
alors d’envisager des manières nouvelles à expérimenter. »
Le but n’est pas de proposer une méthode de travail et encore moins un mode
d’emploi du piano, mais plutôt d’essayer de savoir sur quoi se baser pour trouver sa propre
approche du piano, puis voir si ces données ne pourraient pas nous aider ainsi que les élèves
dans leur apprentissage du piano. Autrement dit, il s’agit de faire le lien entre les données
didactiques connues (et qui fonctionnent) et de les appliquer au piano, tout cela dans un but de
recherche du sens de notre activité de pianiste ou tout simplement de musicien et d’essayer de
palier aux « blocages » éventuels qui nous empêchent de progresser.
Cela implique donc aborder des problèmes qui ne sont pas en eux-mêmes directement
liés au piano, comme essayer de comprendre comment l’esprit et le corps fonctionnent
ensemble, d’où naît l’émotion musicale, quel est le rôle de la culture générale ou de l’analyse,
pourquoi rechercher une bonne posture au piano, mais aussi la respiration, la mémorisation, la
concentration, la préparation pour jouer en public etc … , choses qui ne sont pas
nécessairement abordées dans le cours de piano, souvent limité à travailler une ou plusieurs
œuvres.
Autrement dit à travers le cours de piano, qu’est-il est bon d’enseigner ? Le piano
n’étant qu’une infime partie de la musique, la musique elle-même ne serait-elle pas une piste
de recherche pour évoluer vers une connaissance plus approfondie de l’être humain ?
Par quoi commencer lorsque l’on aborde une partition nouvelle ? Faut-il
commencer par l’analyse tout de suite, ou bien un déchiffrage préalable est-il nécessaire ?
Et si il y a analyse, quelle sorte d’analyse faut-il faire ?
C’est ce que nous verrons dans un premier temps en essayant de comprendre ce qu’il
faut analyser exactement d’une façon consciente, puis dans un deuxième temps comment
l’esprit fonctionne à ce sujet, en essayant d’avoir le point de vue des sciences cognitives.
Que faut-il analyser exactement ? Cela dépend bien sûr de l’époque et du style mais
aussi de la façon dont on considère le texte musical.
La revue Marsyas ( n° 28 de Décembre 1993) examinait les rapports qu’il existe entre rhétorique
et musique en posant la question « Peut-on parler de rhétorique musicale ?, ce qui reviendrait
à relier l’art des sens au langage, à la grammaire et à la syntaxe, par l’intermédiaire des
disciplines littéraires » (page 17), l’intérêt primordial de la rhétorique étant de « fournir des
outils analytiques d’une grande clarté applicables (…) à un répertoire très élargi » (page 24).
Cela reviendrait presque à considérer la musique comme un langage. Mais est-ce
vraiment le cas ?
a) La structure :
Plutôt que de langage, au sens d’expression verbale, prenons le terme dans un sens
plus large de « système structuré de signes non verbaux » (Petit Larousse).
A. BOUCOURECHLIEV (Le Langage musical) définit la musique comme un « système de
différences qui structure le temps sous la catégorie du sonore ». Pour lui donc, il existe « une
sémantique musicale élémentaire mais elle ne saurait être confondue avec le sens (…). On lui
préférerait (…) le modèle inverse, où le sens graviterait autour de la structure (…) L’œuvre
accomplie, la structure donc, est la seule réalité qui se dresse devant nous, avec laquelle nous
pouvons dialoguer, que nous pouvons interroger et sur laquelle nous pouvons dire quelque
chose ». Elle laisserait ainsi au destinataire un espace pour son imagination personnelle : « le
sens c’est vous ». C’est en se confrontant à la structure de l’œuvre et en faisant ressortir ses
différences et ses similitudes (selon BOUCOURECHLIEV, hauteurs, durées, intensités,
registres, timbres, masses, modes d’attaques) que nous pourrons faire des associations
(« images, idées, sentiments, fantasmes que l’œuvre suscite en nous »).
La TGS ajoute une troisième idée : « après l’analyse incontournable, il faut retrouver
le tout originel, mais non plus simplement perçu, senti, mais expliqué, médiatement par des
concepts ad hoc ».
Le fait qu’il y ait une interaction entre les deux hémisphères du cerveau aux fonctions
apparemment différentes, nous montre l’utilité de l’analyse pour comprendre une partition.
Selon Charles ROSEN, l’absence d’éléments reconnaissables dans le style ou le langage sont
un obstacle à la compréhension musicale (cf. annexe 2):
Selon Eric FOTTORINO (Voyage au centre du cerveau), « une fois son langage
installé, l’individu entre dans sa pensée, l’aiguise, la partage ou la confronte. Il se construit
une représentation du monde, tant il est vrai que l’esprit, Aristote l’avait bien senti, ne peut se
passer d’images ». Le langage n’est donc qu’un moyen pour se construire une représentation
mentale d’une œuvre à jouer.
Selon les neuropsychologues, il n’y a pas de dichotomie entre les productions verbales
et les productions iconiques internes dans notre cerveau (cf. Annexe 5 ). Toutefois, ce langage
et cette connaissance de l’œuvre ne se concrétiseront pas s’il n’y a pas d’interaction entre la
matière sonore et le concept mis en œuvre.
Le travail cérébral a ses limites. Pour qu’une œuvre prenne sens et que le
travail puisse évoluer, et certainement se modifier, il faut une
concrétisation par la matière sonore.
Il reste que l’analyse est souvent post ou ante posée dans le travail pianistique. Sous
quelle forme pourrait-on la rendre interactive avec le geste ? Ou, si elle est ante posée,
comment la prolonger dans un geste d’appropriation de la partition ?
Pour comprendre la notion de système, quoi de mieux que de le construire soi-même ?
On dit souvent que l’improvisation est nécessaire. Après donc une recherche du système de
l’œuvre et un repérage du langage du compositeur, pourquoi ne pas improviser à partir de ce
langage en construisant les notions de tension/détente ou de fréquence harmonique ou encore,
toujours selon l’œuvre, la notion de structure rythmique. L’improvisation permettrait
d’inscrire la structure dans un mouvement et de la rendre interactive avec le geste pianistique.
Selon PIAGET, la cognition est fondée sur l’activité concrète de tout l’organisme,
c’est à dire le couplage sensori-moteur. Le monde n’est pas quelque chose qui nous est donné
mais une chose à laquelle nous prenons part en fonction de notre manière de bouger, de
toucher, de respirer … C’est ce que F. VARELA appelle la cognition en tant que
« enaction ».
Les sciences, et en particulier les sciences cognitives, paraissent donc confirmer le fait
que lorsque nous apprenons, le cerveau fonctionne de façon holistique : nous avons donc
besoin de « toute notre tête », c’est à dire de nos deux hémisphères, lorsque nous nous
retrouvons devant une partition.
Le travail d’une œuvre pianistique a donc déjà commencé lorsque nous avons abordé
la question de l’analyse et il continuera lorsque nous jouerons l’œuvre en public, à condition
de considérer ce moment comme un retour de notre travail et non comme une fin en soi.
Si l’on se place du point de vue de Philippe MEIRIEU, pour qui apprendre c’est
comprendre (« Apprendre oui… mais comment ? page 38) », l’apprentissage du texte
commence au moment de l’analyse de la partition (sauf si on a l’occasion d’entendre un
enregistrement de l’œuvre, puisque la musique est alors perçue principalement par
l’hémisphère droit, alors que l’hémisphère gauche, analytique intervient secondairement).
Mais il ne faut pas perdre de vue que la musique est d’abord auditive et non visuelle,
d’où la nécessité d’une concrétisation par la matière sonore le plus rapidement possible faite
au préalable par le déchiffrage.
Notons ce que dit D. HOPPENOT dans « Le Violon Intérieur » : « Pour bien des
violonistes, le travail instrumental consiste à répéter un même mouvement sous des formes
variées afin d’acquérir un automatisme technique : on joue lentement, vite, éventuellement en
décomposant. On recommence jour après jour, mais on oublie que le temps ne peut faire
mûrir que ce qui a été fécondé ».
C’est ce que confirme E. FOTTORINO lorsqu’il dit que le cerveau a besoin de temps
et de repos pour intégrer ce qui a été perçu.
HOPPENOT poursuit : « Dire « ça viendra avec le temps » équivaut souvent à
reconnaître plus ou moins consciemment la stérilité des efforts entrepris. Il semble bien que
cette façon de travailler conduit difficilement à la réalisation de transformations et
d’acquisitions durables. Elle exige au contraire un entraînement intensif sans lequel bien des
lacunes apparaîtraient, et fait entrer le violoniste dans un cercle infernal puisque la répétition
et la pratique sont les seuls garants de la technique, il devient impensable de s’interrompre
quelque temps de jouer ou de travailler . Les aléas extérieurs prennent rapidement des
proportions démesurées et rien n’est plus possible ces fameux jours où l’on est « pas en
forme ». Le travail, loin d’être occasion d’approfondissement et de recherche n’est alors
qu’un simple moyen de conserver un état, une nécessité pour ne pas régresser ».
Si donc la répétition ne paraît pas fructueuse quels seraient les autres moyens
d’apprendre un texte musical ? Examinons tout d’abord quels pourraient être les différents
facteurs qui interviennent dans l’apprentissage d’un texte.
b) Points d’appui :
• L’accès par les canaux sensoriels ( visuel, auditif, kinesthésique), n’est possible que
grâce aux mémoires sensorielles (une pour chacune des modalités sensorielles) qui
« permettent la conservation pendant un temps très bref (de l’ordre de quelques dixièmes de
secondes) d’une trace des informations captées par nos récepteurs sensoriels »*2.
Ces traces sont généralement appelées des « images sensorielles » ou plus simplement
des sensations. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les sensations sont donc les
premières expériences que l’on a d’une stimulation ».
• Voyons maintenant ce qui pourrait constituer les pôles physiques dans l’acquisition
d’un texte.
Nous avions vu que les sensations jouaient un rôle important dans l’apprentissage
d’une texte mais ces sensations ne sont possibles qu’avec un contact, un rapport au clavier.
Ce premier contact se fait par la peau, la pulpe des doigts de la main là où naît la sensation.
Pour Brigitte BOUTHINON DUMAS, il y a une interaction entre la sensation tactile et
la stabilité de la main, c’est à dire la conscience de l’empreinte. Pour elle la qualité du son
dépend directement de la qualité du toucher. C’est donc par une interaction entre l’écoute et
l’exigence du toucher faite par l’empreinte de la main que nous pourrons modifier le résultat
sonore. Lorsque nous avons le son désiré, la main saura le retrouver grâce à une
représentation mentale et sensorielle (plaisir tactile). Les doigts seraient donc des « capteurs
sonores ».
« Nous avons fini par comprendre que nous utilisons nos mains à partir de l’image
que nous nous en faisons dans notre cerveau » explique le Docteur Jean-Hubert LEVAME.
L’article montrait que la main chez l’homme, occupait un tiers de l’étendue de la zone
frontale ascendante, avec une place beaucoup plus importante pour le pouce que pour les
autres doigts. Les organes du langage occupent également un tiers de la zone motrice, le reste
du corps n’occupe que le dernier tiers. C’est donc grâce à cette image mentale de la main,
cette empreinte déjà formée dans notre cerveau, associée à un résultat sonore anticipé, que
nous pourrons prévoir les notes, accords et sons d’une partition, à condition bien sûr de
l’avoir déjà expérimenté par ailleurs. Nous pouvons d’ailleurs développer cette image de la
main (cf. annexe 4 ).
Une fois donc les sensations visuelles, auditives et tactiles repérées, elles
deviennent des perceptions, c’est à dire des représentations conscientes,
qui s’inscrivent dans le cerveau. Elles se traduisent par le geste
instrumental qui permet de les réaliser.
Comme nous le dit Emmanuelle MORESCO, dans son mémoire Culte du geste /
culture des gestes : « A partir d’une idée de son, , il s’agit d’essayer un geste et de le modifier
s’il ne correspond pas à l’intention de son. L’écoute intérieure permet d’anticiper le geste,
d’écouter le son qui en découle et de le chanter en même temps (…) En général, c’est le
résultat sonore (précision d’attaque, qualité de son) qui indique si le geste a bien été préparé
(…). » J. ESTOURNET résume cette idée en déclarant que geste et intention musicale ne font
qu’un : l’un comme l’autre sont au service du son. L’intention musicale va naître du geste, et
le geste de l’intention musicale. A un geste correspond une intention musicale et à une
intention musicale correspond un geste.
L’utilisation du bras entier implique l’utilisation des muscles de ce bras. Or les muscles sont
aussi un organe de la perception ; ils renseignent le cerveau sur nos postures et nos
mouvements. Selon un article de Pour la Science ( Pour la science n° 248 – Juin 1998): « … le
cerveau connaît nos mouvements grâce aux messages que lui adressent nos muscles et il tient
compte de ceux provenant des autres sens ». Le travail du déplacement, possible par les
muscles, est à associer aux sens auditif et visuel : anticiper la note que l’on veut entendre et
éventuellement la viser. Mais si on peut anticiper le visuel, l’auditif et le mental, on ne peut
pas anticiper physiquement le geste puisque nous sommes obligés de jouer toutes les notes y
compris celles qui sont juste avant le déplacement.
En revanche, d’après B.BOUTHINON DUMAS, « on anticipe mentalement :
- la lecture de la note,
- le son à venir,
- la sensation à venir. »
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Ce qui paraît confirmer les recherches sur le mouvement dans Pour la science « les
muscles sont des organes moteurs, et ils sont aussi pourvus de capteurs sensibles à leurs
longueurs et à leurs allongements : les informations qu’ils transmettent au système nerveux
nous font accéder comme les autres sens à la conscience de notre corps et à sa place dans
l’environnement. » Pour éviter de brouiller ou de surcharger ces informations, il faut que le
geste soit le plus direct et le plus simple possible, c’est à dire se limiter à deux points, celui de
départ et celui d’arrivée, sans considérer le « trajet ». « Le cerveau intègre donc des messages
musculaires multiples, afin d’en extraire perceptivement une forme motrice unique ».
Il faut donc rechercher une économie de mouvements pour éviter les gestes
« parasites » c’est à dire qui vont informer inutilement notre cerveau. Pour éviter ces gestes
parasites, le déplacement doit se faire dans la détente pour, comme nous le disait
G. KAEMPER, se servir de l’élan et de la pesanteur : « … les mouvements ne sont pas le
résultat des seules contractions musculaires, mais que c’est la pesanteur leur cause
essentielle, que c’est l’élan qui leur donne leur arrondi, leur continuité, leur fluidité ».
Nous avons essayé de rassembler les données qui nous permettraient de mieux
apprendre une partition.
Qu’est-ce qui, maintenant pourrait nous aider à améliorer notre façon de jouer et qui
constituerait un travail de fond ?
A partir de ce que nous savons sur notre façon d’apprendre la partition, quels
éléments pourraient constituer un travail de fond, c’est à dire une réflexion se faisant à plus ou
moins long terme sur une difficulté particulière ou sur un point que nous aimerions
améliorer ?
Ce type de recherche est toujours destiné à servir la musique, mais jouer du piano
implique nécessairement le corps et l’esprit, intimement liés, et nous conduit donc dans
d’autres domaines.
Quels sont les problèmes d’un pianiste nécessitant une recherche générale plus
approfondie ? Lorsqu’il s’agit de jouer, les « problèmes techniques » se posent souvent en
premier. Que faut-il entendre par problèmes techniques ? Concernent-ils seulement les
doigts ?
a) Considérer le corps comme un tout :
La posture a un lien avec la sonorité inhérente à l’œuvre. Le seul fait de lever la tête
change la sonorité. Baisser la tête bloque la mobilité des bras. T. MEYSSAN, dans son livre
« Etre son corps, le geste juste », dit que « la tête doit être posée au sommet de la colonne,
comme une boule sur la pointe d’un bilboquet et non pas en avant de la colonne ». D’où
l’importance d’avoir une colonne vertébrale bien verticale puisque selon T. MEYSSAN elle
« constitue l’axe médian du corps. Elle supporte la tête et renferme un système nerveux
complexe ».
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Selon B. BOUTHINON-DUMAS, « le son fait partie intégrante d’un équilibre du
corps entier, alchimie du physique et du psychisme associé » et selon D. HOPPENOT « ce
n’est que dans la recherche systématique de son équilibre que le violoniste (idem pianiste)
peut trouver la solution de ses problèmes instrumentaux ».
Philippe CHAMAGNE ( dans son livre Prévention des troubles fonctionnels chez les
musiciens – page 38), essaie de décrire un équilibre stable : « Une fois défini le
fonctionnement du buste employé par le musicien, il convient de le replacer dans son contexte
d’utilisation. La position érigée va lui donner en même temps stabilité, mobilité et fluidité
dans le geste. Cependant, seule la recherche de cette posture érigée dans un équilibre stable
peut lui permettre de gérer une attitude dans la plus grande économie d’énergie. Le musicien
trouve cet équilibre stable par la répartition des pressions et des tensions musculaires (…)
Pour la position assise, l’équilibre stable est recherché à partir des ischions. Les pressions
exercées sont réparties d’une façon égale sur ces derniers, de même que les tensions
musculaires sur les abdominaux et les muscles dorsolombaires (…) Le travail du musicien
doit rester minimal ; cela se fait grâce à l’équilibre des courbures vertébrales, qui est obtenu
par le placement de la tête du musicien ».
De plus, une meilleure posture favorisera une meilleure respiration donc une
meilleure oxygénation musculaire et cérébrale.
La recherche d’une sonorité est aussi liée à l’écoute et donc au retour entre celle-ci et
le son produit.
Lors de notre recherche par la posture et le geste se construiront des représentations
mentales du son que nous pouvons enrichir, élargir par l’expérience. Selon M. RIQUIER, la
qualité du son est un concept : elle est « fonction de l’idée que l’on se fait d’une certaine
sonorité. C’est à dire que le son est créé consciemment ou inconsciemment à l’intérieur, dans
le mental (c’est l’idée que l’on a du son de l’instrument que nous jouons) et que c’est notre
conception propre du son qui est alors extériorisée ensuite dans l’instrument ».
Pour élargir ces idées sonores, outre l’expérience, l’imagination joue un grand rôle et
il est possible de la cultiver. Le fonctionnement holistique du cerveau nous a appris que nous
pouvions faire des associations liées à ce que nous vivons, voyons, entendons, sentons,
ressentons, touchons … que ce soit consciemment ou inconsciemment. Nos expériences nous
construisent et notre cerveau se nourrit de ce qui l’entoure. Pour donner un exemple, O.
MESSIAEN traduisait différents sons en couleurs (phénomène sensoriel appelé synopsie cf.
E. FOTTORINO page 150) et A. RIMBAUD, poète, associait une couleur aux voyelles.
Selon Xavier LAMEYRE, les images mentales sont partout dans le cerveau (cf.
annexe 5), donc tout ce dont nous nous « nourrissons », suscitera chez nous des associations
qui nous permettront de mieux saisir le caractère d’une œuvre, ou le mouvement d’une cellule
ou d’une phrase. Par exemple, la danse nous permet d’imager la relation entre nos gestes et
intentions musicales, ainsi que le théâtre et le cinéma, la littérature … qui grâce au vécu des
personnages acteurs agira sur nous comme des expériences et suscitera des sentiments et
émotions que peut-être nous n’aurions jamais eus dans notre vie.
La peinture peut colorer nos impressions sonores et peut être mise en relation avec
l’époque des œuvres étudiées. C. DRAPEAU nous dit que « tout ce qui nous informe nous
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affecte, d’une manière ou d’une autre (...) tout ce qui pénètre par les portes des sens nous
transforme. Les couleurs agissent sur le corps et l’esprit (…) ont un certain effet sur notre
humeur et notre intérieur à cause des associations mémorielles qu’elles provoquent ».
Les concerts, en particulier avec d’autres instruments que le piano, enrichissent notre
palette sonore. Nous pouvons beaucoup apprendre en voyant jouer :en effet, des recherches
sur le cerveau ( J’apprends à apprendre), ont permis de déceler une famille de neurones
« miroirs » (découvertes par le chercheur italien MIZZOLATI et étudiée à Lyon par Marc
JANNEROD et Jean DECETY). « Ces neurones miroirs ont une utilité cognitive
considérable. C’est en codant les représentations des autres en action à l’intérieur de notre
cerveau, en engrammant ces images que nous nous comprenons mutuellement. Posséder le
reflet d’autrui accomplissant une tâche précise est tout à la fois un apprentissage et partage
d’une expérience enfouie en chacun et aussitôt reconnue lorsqu’elle surgit sans crier gare au
quotidien ».
D’où l’importance de regarder faire, au concert ou en cours, par des exemples que
donne le professeur, puisque « faire et regarder faire sont des équivalents corticaux ».
L’autre mémoire est inconsciente et les systèmes qui la composent interviennent dans
pratiquement l’ensemble de nos activités cognitives. C’est celle qui, confrontée à
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l’information, va laisser une trace physiologique et va, d’une façon ou d’une autre, influencer
tout traitement ultérieur de l’information. Elle dépend de notre familiarité avec l’activité
réalisée.
Nous utilisons ce type de mémoire qui nous permet de rejouer un morceau, plus ou
moins inconsciemment : « Tous ces travaux nous montrent que la mémoire intervient de
multiples façons et pas seulement lorsque nous faisons l’effort de mémoriser une information
ou de la récupérer. Elle intervient sans que nous nous en rendions compte… ».
Dans notre travail, quels éléments pourraient nous aider à améliorer cette mémoire
inconsciente, à mieux nous souvenir du texte, même en dehors d’un apprentissage « par
cœur » ?
Les connaissances, les souvenirs et les savoirs se construisent toujours doublés d’une
émotion. L’organisation du système nerveux est telle que ce qui provient des sens doit passer
par le cerveau limbique ( cerveau des émotions). Selon le professeur Pierre GLOOR de
Montréal (en 1982) : « On peut supposer que tout ce que nous éprouvons par nos sens, en
particulier dans les modalités visuelles et auditives, doit finalement être transmis aux
structures limbiques pour conférer à l’expérience son caractère immédiat. La contribution
limbique propre à ce processus pourrait être attribuer un rôle d’affect ou de motivation à un
percept. Cette continuité limbique est probablement la condition préalable permettant à un
percept d’être vécu ou évoqué consciemment. Cela pourrait impliquer que tout événement
consciemment perçu, possède une sorte de dimension affective, aussi petite soit-elle ».
Lors de notre travail en profondeur de la partition, chaque détail peut être associé à un
sentiment, une émotion ou une impression, ou bien encore un geste, une couleur sonore, un
caractère inhérent à chaque élément. Le cerveau fonctionne comme un comparateur :
l’homme ne connaît que ce qu’il reconnaît.
Il nous faut faire constamment des associations avec les éléments déjà
connus et ceux que nous apprenons, être actif et réceptif face à
l’information nouvelle.
Grâce à l’appui physique, nous sommes « propulsés » vers la pulsation suivante (d’où
la notion de geste) et c’est l’espace entre ces deux pulsations, qu’il faut intérioriser. Dans ce
sens, le rythme est aussi expression, émotion et sensation.
Pour le développer, il faut donc tenir compte de la précision du geste par lequel se
concrétise le rythme, en s’aidant de la respiration pour une prise de conscience physique de ce
rythme, en tant qu’expérience. Cela suppose une anticipation. Selon D. HOPPENOT « c’est
toujours sur l’expiration qu’il faudra jouer, le geste ayant été préparé par une inspiration
adéquate préalable. ».
L’improvisation sur une cellule rythmique, que ce soit tout seul ou en groupe, ainsi
qu’une pratique d’ensemble peuvent également aider à acquérir une pulsation rythmique
exacte car elles nous obligent à « être là au bon moment » et donc développent notre sens du
rythme.
Enfin, la pratique d’une musique qui exige un « je » affirmé, une présence rythmique
comme par exemple la musique espagnole, nous aidera à ressentir le rythme en rapport avec
le caractère de l’œuvre.
Après avoir vu la liste ( non exhaustive ) des objectifs à long terme, essayons d’analyser ce
qui pourrait nous aider à améliorer notre façon de jouer en général.
Quels problèmes se posent quand on joue, que ce soit pour ses amis, en public ou en
concours ?
Jouer une ou plusieurs œuvres pour un public est la finalité du travail que l’on s’est
proposé de faire. En effet, aussi bien l’apprentissage de la partition que les objectifs de
recherche, sont autant de moyens pour transmettre le message de la partition ou bien notre
propre vision de ce message afin d’ouvrir différents horizons ( imagination, sonorité …).
A l’inverse d’un disque écouté et réécouté, l’interprétation d’une même œuvre n’est
jamais identique d’une fois à l’autre. Lorsqu’on la joue pour la première fois devant
quelqu’un, il est difficile de savoir « comment ça va sortir ». Le problème est essentiellement
dû aux conditions d’environnement et de perception de soi chaque fois différentes, modifiant
le habituel. D’où l’importance de se préparer mentalement avant de jouer.
a) Préparation mentale
Nous avions vu avec E. FOTTORINO qu’au niveau du cerveau il n’existe aucune différence
entre agir et imaginer l’action ; donc s’imaginer jouer devant les personnes, vivre à l’avance
les évènements techniquement comme émotionnellement, (à condition de savoir déjà quel est
le message à faire passer) nous aidera à nous préparer aux conditions extérieures et au stress
qu’engendre souvent le fait de jouer.
b) La concentration
Après la « préparation mentale » qui nous aidera donc à nous détendre, une
fois que nous aurons réussi à « désapprendre à juger » et à nous faire confiance,
la concentration viendra d’elle-même pour être là « au bon moment » et obtenir
un état de rendement maximal, c’est à dire une « présence » musicale pour la
transmission du « message ».
c) Le trac :
Se pose aussi le problème des différents touchers de piano lorsqu’on arrive sur scène
avec un piano que l’on ne connaît pas, sachant que le trac influe sur le toucher (tremblement
des doigts). Là aussi, la réponse est sûrement dans la forme d’esprit que nous aurons face à ce
piano inconnu.
Il est nécessaire de s’ adapter rapidement aux nouvelles sensations tactiles et auditives
qui se présentent à nous. Cela demande une présence d’esprit, « un rassemblement de soi » (=
concentration) selon B. BOUTHINON-DUMAS.
« Les armes sont d’abord le refus de la fatalité du trac (…). Il faut refuser l’idée
de devenir une proie facile, de se laisser surprendre par ses désordres, ou tout au
moins d’apprendre à se ressaisir le plus rapidement possible ».
« Penser la musique comme une activité et une expérience horizontale » comme le dit
L. FLEISCHER nous aidera à résoudre ce problème des différents touchers de piano. Cela
nous évitera au moment de jouer de se demander comment aborder les premières notes, mais
de penser tout de suite à une phrase faisant partie du temps musical. B. BOUTHINON-
DUMAS préconise aussi de considérer la première note d’un morceau comme un
prolongement pour intérioriser la première phrase et anticiper afin de ne pas se laisser
surprendre.
Ils représentent aussi des sujets d’angoisse lorsqu’on est souvent amené à jouer par
cœur comme au piano.
Nous avons vu que la mémoire est partout dans le cerveau, et par conséquent nous
avons plusieurs sortes de mémoires. Mais le fait de jouer devant quelqu’un, de se sentir
écouté, regardé, provoque une perception inhabituelle de soi et un « dédoublement de la
personnalité » selon B. BOUTHINON-DUMAS. Cette perception inhabituelle de soi est due
au « moi n°1 » qui prend le dessus et qui plus que jamais se juge et pose des questions, alors
qu’il est sûrement trop tard pour se les poser.
Pour D. HOPPENOT, « la panne redoutée (la mémoire donc) résulte toujours d’une
absence momentanée d’un instant de désunion entre la conscience corporelle et la conduite
musicale. Le remède consiste à obtenir à tout moment une coïncidence parfaite entre le geste
et la pensée ».
D. HOPPENOT précise qu’il est aussi utile de cultiver et d’associer le maximum de
« mémoires possibles ». Un des moyens possibles au piano pour vérifier que notre mémoire
n’est pas faite uniquement d’automatismes consiste à « travailler comme un film au ralenti »
selon l’expression de H. NEUHAUS. On pourra ainsi anticiper et retracer notre mémoire
auditive et visuelle qui se complètera alors par la mémoire des gestes.
Il est aussi nécessaire d’apprendre à se faire confiance, de laisser-faire ce moi n°2 en
situation de stress. C’est un état d’esprit qui se cultive et ne vient pas nécessairement du
premier coup puisqu’il faut apprendre à mettre de côté notre ego.
Il n’est donc pas surprenant qu’à partir d’une particularité neurologique nécessaire
(et indépendante) au développement de la plus sophistiquée des aptitudes humaines – le
langage – nous ayons élaboré une activité culturelle raffinée, source de créativité.
En fin de compte, pourquoi ces recherches sur ce qui serait notre façon de fonctionner
autant physiquement que mentalement ?
Ce fut pour moi essayer de comprendre pourquoi certaines façons de travailler ne
fonctionnent pas, quelles seraient les sources de nos blocages, et quelles seraient les données
pouvant nous aider à pallier à nos difficultés.
D’ abord dans un but de recherche personnelle, elles m’ont permis de faire le point à
un moment donné de mon évolution. Pour moi, enseigner est devenu une nécessité donnant
ainsi un sens nouveau à ma pratique.
La musique est une spécificité de l’être humain : elle est déjà en nous et ne demande
qu’à être révélée et développée. Elle est aussi un moyen d’expression autant de l’esprit que du
corps ; par son intermédiaire, on peut accéder à une meilleure connaissance de soi et donc des
autres, autant par la connaissance de notre démarche d’apprentissage et de recherche que par
notre réaction devant les situations.
C’est pourquoi elle exige aussi une continuelle remise en cause de soi. Elle est en
même temps une « école de vie » car on ne parvient jamais à la perfection : il y a toujours
quelque chose à améliorer et à rechercher, que ce soit musicalement ou par l’un des aspects de
notre personnalité.
- Fabrice ANDRIVON
- Thierry ARNAL
Lorsque vous abordez un texte nouveau, commencez-vous à le lire à voix basse dans son
intégralité, ou à voix haute en prononçant les phrases ?
Est ce que vous analysez la versification, le texte… ? Si oui, à quel moment ? Au début de
votre lecture, au milieu lorsque vous commencez à connaître le texte ou à la fin lorsque vous
connaissez le texte par cœur ?
F.A. Le travail de versification fait aussi partie du travail à la table, c’est à dire
qu’on commence tous les comédiens, metteur en scène…etc à lire le texte ensemble, et
puis du style du texte ; tout dépend du texte travaillé mais on fait attention à la forme, à
la façon dont c’est écrit … bon éventuellement à en donner une vision sur la scène.
Donc d’abord attention à la forme et ensuite allez vous plus vers le détail ?
T.A. Oui on peut dire ça puisqu’au départ c’est un travail qui va se faire sur
plusieurs étapes ; c’est un calcul grossier mais c’est surtout que ça dépend du texte ;
automatiquement, chaque texte est écrit d’une certaine façon et ça nous amène quand
même à un travail particulier de chaque texte et au bout d’un moment le travail sera de
plus en plus précis.
F.A. Sinon, la versification pure si on fait du RACINE ; il y a un énorme travail
de rythme, de pause…
Et est ce que l’analyse de la versification vous indique par exemple quels mots faire ressortir
ou est ce qu’il y a des règles particulières ?
F.A. Chacun sa méthode je crois ; moi je fais très attention au sens, en fait. Je
ne peux apprendre que si je comprends bien ; je ne peux pas apprendre par cœur
bêtement, mais je sais qu’il y en a qui apprennent par cœur par automatisme.
T.A. C’est très diversifié, il y en a qui s’enregistrent ou qui travaillent avec un
répétiteur, peut-être pour le sens. Moi je n’aime pas mettre déjà l’interprétation…Je ne
me dis pas, « bon je vais dire ça d’une certaine façon …»
F.A. Moi j’ai des mémoires visuelles, c’est à dire la place qu’occupe la phrase
sur la page, carrément.
T.A. Quand on avance on prend des repères ; on se dit qu’on va jusque là, et là,
telle phrase nous amène à autre chose. Ca c’est la mémoire sur le texte ; mais après on a
la mémoire…, on va bouger, il va y avoir un geste associé avec un mot, une phrase, une
intonation particulière…Il n’y a pas que la mémoire du texte en fait.
F.A. Et puis il y a aussi la mémoire qui se fait sur le texte des autres…
Robert ZATORRE était curieux de savoir ce qui ce passe quand on évoque une
mélodie dans la tête, sans la chanter ou la jouer. Pour contraindre ses cobayes à penser une
mélodie, il leur demande de dire si un mot d'une chanson est plus haut ou plus bas qu'un autre
(par exemple « allons » et « patrie » dans la Marseillaise). La caméra à positions révèle que
l'activation cérébrale est exactement la même que celle provoquée par l'écoute de la mélodie.
Seule différence : lorsque la mélodie est imaginée, le cortex visuel aussi est activé, ce qui
laisse penser qu'un schéma tonal peut être associé à des schémas visuels (…)
Cette idée ne doit pas laisser croire qu'il y aurait des circuits neuronaux génétiquement
déterminés, "précablés" pour réagir à ces accords et à ces intervalles particuliers. Il est
probable que les neurones du cortex auditif d'un sujet seront sensibles aux caractéristiques des
musiques occidentales (gamme à 12 demi-tons) s’il grandit en Occident, alors qu'ils réagiront
à d'autres caractéristiques s'il est éduqué en Inde ou en Indonésie. Le cerveau se développe en
effet en fonction de son environnement, seules les grandes lignes de sa structure étant
génétiquement déterminées. Un occidental fait d'ailleurs très difficilement la différence entre
2 morceaux joués par un gamelan balinais et un balinais ne distinguera guère Mozart de
Vivaldi, qui évoque pour lui une sorte de musique militaire (sa seule référence en matière de
musique occidentale) (…) Pour de nombreux spécialistes, la sensibilité mélodique est liée au
langage. Il y aurait donc une sorte de grammaire dans la hauteur des sons.
« Une mésaventure similaire est arrivée à une jeune infirmière victime d'un accident
vasculaire cérébral. Rentrant chez elle après un long séjour à l'hôpital, elle reprend ses
habitudes, en particulier celle de chanter une chanson à son jeune fils pour l'endormir.
Heureux de renouer avec ce rituel familial, l'enfant ne peut cependant s'empêcher
d'interrompre sa mère à peine a-t-elle entonné le premier couplet. "Pourquoi ne chantes-tu
pas la vraie chanson ?". L'infirmière a beau se reprendre, ses efforts restent vains. Elle se
souvient des paroles, mais l'air ne ressemble à rien. Elle ne sait plus chanter, ni reconnaître
aucune mélodie. Pourtant, à l'hôpital, elle avait subi de nombreux tests, qui à la grande
satisfaction des médecins, garantissaient le fonctionnement parfaitement normal de son
cerveau. Personne n'avait songé à évaluer sa capacité à reconnaître la musique(…) Trouble
rarissime que les spécialistes nomment "amusie" ».
"Les neurologues mènent l'enquête principalement dans deux directions. D'une part,
l'étude de l'activité cérébrale par des techniques d'imagerie (qui ont fait d'énormes progrès ces
dernières années) ; d'autre part, l'étude des victimes de lésions cérébrales, leurs troubles,
renseignent sur les circuits ou les zones du cerveau impliquées dans le traitement de la
musique. Cette approche, dite neurophysiologique, est la spécialité d'Isabelle Peretz, guitariste
classique et neuropsychologue à l'université de Montréal. Elle a tout particulièrement étudié
les cas du businessman et de l'infirmière. "Ce qui m'a le plus surprise, dit-elle, c'est l'effet très
spécifique de ces lésions". Elle pense aussitôt à Chébaline, le compositeur russe, auteur dans
les années cinquante, de symphonies très remarquées. A la suite d'un accident cérébral dans
l'hémisphère gauche, siège du langage, il perdit l'usage et la compréhension de la parole, ce
qui ne l'empêcha pas de composer la dernière de ses cinq symphonies, celle que
Chostakovitch jugeait la plus brillante. Un cas inverse de ceux des canadiens. Ils ont perdu la
musique mais pas le langage. Ces trois exemples indiquent clairement que les facultés
langagières et musicales sont dissociables. »
« En effet, de récents travaux ont montré le rôle actif de l’hémisphère droit (chez un droitier )
dans l’économie du décodage d’informations verbales et, plus précisément, dans le traitement
holistique lors de l’encodage du matériel verbal. Si cet hémisphère développe une action
spécifique, il n’en reste pas moins en permanente interaction avec l’hémisphère gauche pour
ce qui est relatif à l’activité langagière, activité traditionnellement réservée à cet hémisphère
ci, longtemps qualifié de majeur. Pourrait-on dire en conséquence que les images mentales ou
leurs substituts représentatifs sont partout dans le cerveau , pas seulement du côté des zones
sensorielles ( primaires et secondaires ) mais aussi du côté de zones considérées jusqu’à
présent à dominante motrice ou conceptuelle ? A cette question il est possible d’ avancer une
réponse positive…
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