Thèse Bergeret Borderline
Thèse Bergeret Borderline
Thèse Bergeret Borderline
PAR
NICOLAS HOUDE
LA PERSONNALIT BORDERLINE :
DISP ARITS ET CONVERGENCES DIAGNOSTIQUES ENTRE
L' APPROCHE TAXINOMIQUE DU DSM-IV-TR
ET LE MODLE NOSOLOGIQUE PSYCHODYNAMIQUE DE JEAN BERGERET
SEPTEMBRE 2010
Universit du Qubec Trois-Rivires
Service de la bibliothque
Avertissement
LA PERSONNALIT BORDERLINE :
DISP ARITS ET CONVERGENCES DIAGNOSTIQUES ENTRE
L' APPROCHE TAXINOMIQUE DU DSM-IV-TR
ET LE MODLE NOSOLOGIQUE PSYCHODYNAMIQUE DE JEAN BERGERET
PAR
NICOLAS HOUDE
Cet essai fait tat des rsultats obtenus dans le cadre d'une recherche documentaire
borderline. Cet ouvrage vise explorer les disparits et convergences entre deux champs
limite. Bien que ce terme soit utilis par ces deux avenues psychodiagnostiques, il existe
des diffrences fondamentales entre ces deux concepts cliniques, voire une absence de
consensus, ainsi que plusieurs similarits. La question suivante est au centre de cet
symptomatologie. Cet ouvrage se veut avant tout exploratoire. Enfin, il serait intressant
Table des matires ... .................................. . ... ..... .. ....... ............ ... ..... ... IV
Introduction ...................................................................................... 1
L'valuation multiaxiale ..................... .... .. .... .... ... ...... ... . ... .... . .... Il
Les troubles de la personnalit .. .. .... ... .. ......... .. .... ......... ... .... ........ 13
Le groupe C ...................................................................... 16
Le trouble de la personnalit borderline ...... ... .. ... .. ... . ... . ....... . .......... 20
Taxinomie et nosologie................................................................ 45
Normalit et psychopathologie ............ ... ...... ...... ........... . ...... ... .. ... ... 46
Convergences ................................................................................ 52
Nomenclature ......... ..... .... ......... ...... ............ .............. ... ............. 53
Symptomatologie.................................................. ...................... 55
Conclusion. .. .. .. .. . .. .. .. . .. .. .. . .. . .. .. .. .. . .. .. .. .. . . .. .. . .. . .. . . . . .. . .. . .. . .. . . .. . .. .. . .. .... 65
Appendice B : Modles intgrer... ...... ......... .... .. ... ... ......... ............ ......... 74
Tableau
doit d'tre excute partir de modles scientifiques. Cet acte propose la classification
des individus selon leurs symptmes (contenu manifeste) mais aussi, dans certains cas,
est affect. La nomenclature propre chaque science se doit d'tre concise et devrait
propose que les troubles de la personnalit s'expriment sous trois principaux groupes
prsents selon une taxinomie particulire. Par ailleurs, l' approche europenne
structurelle, est davantage sollicite dans la seconde sans toutefois y exclure la symp-
Le trouble de la personnalit limite est trs rpandu dans la population clinique, voire
de plus en plus frquent, et il semble qu' il existe plusieurs acceptions pour le dfinir. Ce
concept est sans contredit assez ambigu pour ce qui est de ses positions taxinomique et
nosologique. Il semble y avoir une absence de consensus cet gard et il est sans doute
possible d' viter que les cliniciens considrent ce type de personnalit comme tant une
avec les symptmes prsents par l' approche amricaine du DSM -IV -TR, mais rares
sont les crits o il y est fait mention. Ainsi, les divergences entre ces modles suggrent
diffrentes thories paradigmatiques. Or, il est possible de croire qu'un modle intgr
nosologique davantage concis et avec une vision plus clectique, voire holistique, de ce
Cette dcision de recherche prend assise sur le DSM-IV-TR (APA, 2003) puisqu' il
est l'outil diagnostique le plus rpandu en psychologie ainsi que sur la vision holistique
de Jean Bergeret (1975, 1996a, 1996c, 2004) et son intgration des principaux auteurs
plusieurs autres.
Dans les sections suivantes, il sera question des lments prsents ci-contre. Les
dtaille des perspectives diagnostiques. Ces perspectives seront dcrites de cette faon :
autres volutions).
5
Cet ouvrage prendra fin avec une discussion au niveau des disparits et convergences
intgrer, une convergence des perspectives psychodiagnostiques, pour ce qui est de leur
htrognit et homognit, sera aussi discute quant sa porte dans les domaines
clinique et pdagogique, mais aussi par rapport aux limites de ce modle. Un lexique
accompagne cet essai afin d'en faciliter la lecture, lequel est joint la toute fin et
personnalit borderline tel que prsent par le DSM-IV-TR (Manuel diagnostique des
(Bergeret, 1975, 1996a, 2004) quant l' amnagement limite de la personnalit. Il s' agit
d'une tentative pistmologique afin de dgager ces deux entits la fois convergentes
diagnostique dans les domaines clinique et pdagogique. Voici tout d'abord un aperu
des aspects historiques concernant le diagnostic de borderline puis une brve description
Aspects historiques
Le terme borderline a t cit pour la premire fois en 1884 en psychiatrie dans les
travaux de Hugues (cit dans Bergeret, 1975) afin de dcrire des individus qui oscillaient
dans Bergeret, 1975) proposent galement un ouvrage faisant tat des preuves
cliniques des folies-limites , qui suggre galement un intrt pour ce type de psycho-
de tableaux cliniques distincts qui ne correspondaient pas avec les lignes psychotique et
nvrotique classiques. Ces tats pouvaient tre classifis comme des formes attnues
personnalit (Bergeret, 2004). En outre, il est estim que le terme de nvrose fut
(Bergeret, 1996a).
Depuis ces annes, la psychiatrie a tent de dgager une nomenclature propre ces
nvrotiques (voir Tableau l , p. 9). Cela a d' ailleurs permis de crer une liste de
pathologies aussi tendue qu'htrogne au niveau des appellations qui amne maintes
quente utilise (Bergeret, 1996a). Ces diffrentes appellations, cette nomenclature, ont
pour but d' amliorer le champ scientifique de l' valuation, mais peuvent galement
quant au caractre morbide (voir Appendice A pour les nombreuses autres appellations
Les sections qui suivent traiteront des principales distinctions entre la taxinomie et la
nosologie, ainsi que la prsentation gnrale des deux modles susmentionns, soit le
Tableau 1
Taxinomie et nosologie
pense, thoriques et athoriques, propose une vision bien elle de dcrire les diffrents
classes selon deux champs d' tude particuliers. La taxinomie ou nosographie propose
les pathologies et de les classer puis de prsenter les relations entre elles. La nosologie a
Perspectives psychodiagnostiques
Voici une prsentation des deux modles psychopathologiques proposs dans cet
ouvrage. Il s' agira tout d'abord de l'approche amricaine du Manuel diagnostique des
troubles mentaux (DSM-IV-TR, APA, 2003) puis de l' approche europenne psycho-
L 'valuation multiaxiale
2003), de type taxinomique, comporte cinq axes susceptibles de mieux intgrer les
diffrents critres pouvant structurer l' valuation psychopathologique. C' est en fait
et sociales de l'individu. Selon cette approche, il faut tenir compte des divers troubles
Ces axes sont les suivants, dans l'ordre. L'Axe 1 considre les troubles cliniques et
les autres situations pouvant faire l' objet d' un examen clinique. Cet axe peut comporter
plusieurs lments tels que les troubles anxieux, somatoformes, factices, sexuels, disso-
ciatifs, de l'humeur, du sommeil, de l' alimentation, etc. L' Axe II sert quant lui
indiquer les troubles de la personnalit ainsi que le retard mental. Une mauvaise
utilisation des mcanismes de dfense peut aussi tre intgre cet axe. Celui-ci propose
une chronicit quant au trouble tandis que l'axe premier est habituellement situationnel.
L' Axe III est rserv aux affections mdicales gnrales. Il importe toutefois de
stipuler que mme s'il existe une distinction entre les troubles des Axes l, II et III, cela
ne signifie pas qu' il existe entre eux des diffrences fondamentales (APA, 2003). L' Axe
de vie, stress familial ou interpersonnel, etc.). En dernier lieu, l' Axe V permet de rendre
compte de l'valuation globale du fonctionnement. Une chelle est rserve cet effet,
compte d' une altration du fonctionnement due des facteurs d' ordre physique ou
environnemental procurant une limitation (AP A, 2003). Cette valuation est effectue
13
sur une chelle de 1 100 (un score lev caractrisant un niveau suprieur de fonction-
nement).
durable des conduites et de l'exprience vcue qui dvie notablement de ce qui est
attendu dans la culture de l'individu, qui est envahissant et rigide, qui apparat
l' adolescence ou au dbut de l'ge adulte, qui est stable dans le temps et qui est source
gnraux suivants doivent tre respects pour tablir un tel diagnostic (APA, 2003).
A. Modalit durable de l' exprience vcue et des conduites qui dvie notablement
de ce qui est attendu dans la culture de l' individu. Cette dviation est manifeste
et des vnements) ;
de la rponse motionnelle) ;
sociales diverses ;
14
importants;
E. Ce tableau n'est pas mieux expliqu par les manifestations ou les consquences
F. Ce mode durable n' est pas d aux effets physiologiques directs d'une substance
Ces troubles de la personnalit sont d' ailleurs classifis en trois groupes, selon la
paranoaque est caractrise par une mfiance souponneuse envers les autres dont les
intentions sont interprtes comme malveillantes. On note aussi que l'individu peut
s' attendre sans raison suffisante ce que les autres l'exploitent, lui nuisent ou le
motionnelles. On peut aussi noter que l' individu ne recherche, ni n' apprcie, les
15
elle caractrise par une gne aige dans les relations proches, par des distorsions
d' autres symptmes tels que des ides de rfrence, des croyances bizarres qui influen-
Enfin, on remarque une anxit excessive en situation sociale qui ne diminue pas quand
l' individu se familiarise avec la situation et qui est due des craintes perscutoires plutt
antisociale est caractrise par un mpris et une transgression des droits d'autrui - on
peut aussi noter une incapacit de se conformer aux normes sociales, une tendance
tromper par profit ou par plaisir, une impulsivit, une irresponsabilit persistante
d' honorer des obligations financires) et une absence de remords, indique par le fait
d' tre indiffrent ou de se justifier aprs avoir bless, maltrait ou vol autrui. La
personnalit borderline est caractrise par une impulsivit marque et une instabilit
des relations interpersonnelles, de l' image de soi et des affects (voir p. 19 pour la
histrionique est caractrise par des rponses motionnelles excessives et une qute
16
d'attention - on peut aussi noter que l'individu est mal l'aise dans les situations o il
n' est pas le centre d'attention d'autrui et que l'expression motionnelle est souvent
caractrise par des fantaisies ou des comportements grandioses, un besoin d'tre admir
et un manque d'empathie - on peut galement noter que l' individu a un sens grandiose
de sa propre importance, qu'il est absorb par des fantaisies de succs illimit, de
qui semblent souvent anxieux et craintifs. La personnalit vitante est caractrise par
une inhibition sociale, par des sentiments de ne pas tre la hauteur et une
hypersensibilit au jugement ngatif d'autrui - on peut aussi noter que l'individu vite
les activits sociales professionnelles qui impliquent des contacts importants avec autrui
par crainte d'tre critiqu, dsapprouv ou rejet et une rticence s'impliquer avec
autrui moins d'tre certain d'tre aim. Par ailleurs, la personnalit dpendante est
pris en charge - on peut galement noter que l'individu a du mal prendre des dcisions
dans la vie courante sans tre rassur ou conseill de manire excessive par autrui et
cherche de manire urgente une autre relation qui puisse assurer les soins et le soutien
compulsive est quant elle caractrise par une proccupation par l'ordre, la perfection
et le contrle - on peut aussi noter des proccupations par les dtails, les rgles, les
17
inventaires, l' organisation ou les plans au point que le but principal de l' activit est
perdu de vue et une rticence dlguer des tches ou travailler avec autrui moins
personnalit ne peuvent remplir tous les critres ou ne sont pas inclus dans la taxinomie
sorte, selon deux critres particuliers. Tout d' abord, le type de personnalit du sujet
satisfait aux critres gnraux d' un trouble de la personnalit et des traits de plusieurs
troubles diffrents de la personnalit sont prsents, mais les critres d'aucun trouble en
particulier ne sont remplis ou bien l' individu a un type de personnalit qui satisfait aux
personnalit qu'il est cens prsenter n' est pas inclus dans cette classification. Il pourrait
ici s'agir d' une personnalit dpressive ou d' une personnalit passive-agressive.
TR (AP A, 2003), suggrent des critres de recherches pour deux troubles particuliers. Il
s'agit tout d'abord du trouble de la personnalit dpressive. Ce trouble est caractris par
une humeur habituelle avant tout abattue, morose, sombre, triste ou sans joie et une
image de soi reposant sur la croyance de ne pas tre la hauteur, sur des ides de
dvalorisation et sur une faible estime de soi. La personne est aussi critique envers elle-
mme, elle se fait des reproches et se dprcie. Elle exprime galement une propension
18
d' autrui ainsi qu' une tendance prouver de la culpabilit ou des remords.
s' agit d'individus qui rsistent passivement l'accomplissement des tches profes-
par les autres. Ils sont souvent maussades et ergoteurs (pointilleux/chicaniers) et ils
ressentiment envers ceux qui ont apparemment plus de chance et alternent entre dfiance
hostile et contrition. Le Tableau 2 (p. 19) prsente la synthse des troubles de la person-
borderline. Il s' agit d' une prsentation des principales caractristiques diagnostiques
Tableau 2
Trouble de la personnalit non 1) Satisfait aux critres gnraux d' un TP mais les
spcifi critres d'aucun trouble en particulier ne sont
remplis;
2) Ou satisfait aux critres gnraux des TP mais le
TP particulier qu' il est cens prsenter n' est pas
inclus dans cette classification (p. ex. person-
nalits dpressive ou passive-agressive).
20
d'instabilit des relations interpersonnelles, de l'image de soi et des affects, avec une
impulsivit marque qui apparat au dbut de l'ge adulte et qui est prsent dans des
contextes divers. Au moins cinq des manifestations suivantes doivent tre prsentes pour
ce diagnostic.
Tout d' abord, on note des efforts effrns pour viter les abandons rels ou imagins.
Les individus ayant reu le trouble de la personnalit borderline ressentent une peur
intense d' tre abandonns lie l'intolrance la solitude et au besoin d'avoir d' autres
gens avec soi. Il ressentent galement une colre inapproprie quand ils sont confronts
invitable de l'emploi du temps. Par exemple, ils sont brutalement bouleverss quand le
la rage quand une personne importante leurs yeux est en retard de quelques minutes ou
Ces individus sont trs sensibles aux circonstances de l' environnement. En effet, la
perception d' une sparation ou d' un rejet imminents ou encore la perte d'une structure
comportement. Ils peuvent croire qu'ils sont abandonns parce qu' ils sont
21
mauvais et les efforts effrns pour viter l'abandon peuvent aller jusqu' des actes
dvalorisation. Ils peuvent idaliser un partenaire potentiel ou une personne qui pourrait
s' occuper d' eux aprs seulement une ou deux rencontres, exiger de passer beaucoup de
temps avec cette personne et partager les dtails les plus intimes ds le dbut de la
relation. Toutefois ils peuvent galement basculer trs vite de l' idalisation la
dvalorisation (leur opinion des autres peut se retourner brusquement, le partenaire tant
tour tour vu comme un soutien gnreux puis comme mchant et cruel), estimant que
cette personne ne s'occupe pas assez d' eux, ne donne pas assez ou n' est pas assez
prsente.
Ils peuvent prouver de l'empathie et prendre soin d' autrui, mais seulement dans
l'attente que l'autre sera son tour disponible pour satisfaire leurs besoins et exigences.
De telles oscillations traduisent souvent le fait qu' ils sont dus par une personne dont le
soutien tait idalis, puis dont le rejet ou l' abandon est anticip.
dramatiques de l' image de soi, avec des bouleversements des objectifs, des valeurs et
22
des dsirs professionnels. Les ides et les projets concernant la carrire, l' identit
individus peuvent aussi passer brutalement d'une position o ils qumandent de l'aide
l' ide qu'ils ont le droit de se venger pour les mauvais traitements reus dans le pass.
Bien que leur image de soi soit fonde sur la notion d' tre bon ou mauvais, ils
habituellement dans les situations o l'individu ressent l'absence d' une relation
Il est aussi possible de noter une impulsivit dans au moins deux domaines
manire irresponsable, avoir des crises de boulimie, utiliser des drogues, s' engager dans
lation est frquente. Le dcs par suicide survient chez 8 10 % de ces personnes et les
automutilations (p. ex., brlures, coupures) ainsi que les gestes ou menaces suicidaires
sont trs frquents. Des comportements suicidaires rpts sont souvent l' origine de la
demande de soins. Ces actes autodestructeurs sont souvent prcipits par des menaces de
23
un soulagement dans la mesure o elle vient reconfirmer que l' individu peut ressentir
On note une instabilit affective due une ractivit marque de l 'humeur (p. ex. ,
et rarement plus de quelques jours). Leur humeur dysphorique de base est souvent
claircie par des priodes de bien-tre ou de satisfaction. Ces pisodes peuvent reflter la
Il est aussi possible d'identifier des sentiments chroniques de vide. Les individus
bagarres rptes). Ils peuvent alors tre trs sarcastiques et acerbes et avoir des paroles
trs virulentes. La colre de l'individu est souvent provoque par l' impression que son
partenaire ou la personne qui s'occupe de lui le nglige, ne donne pas assez, n' est pas
assez attentionn ou risque de le quitter. Ces accs de colre sont souvent suivis par de la
honte et de la culpabilit et contribuent l' impression qu'a l'individu d' tre mauvais.
24
dissociatifs svres (p. ex. , de la dpersonnalisation) dans des situations de stress. Ces
habituellement une svrit et une dure insuffisantes pour justifier un diagnostic sup-
ou ce qui est peru comme tel, peut provoquer la rmission des symptmes.
propose les lments suivants pour ce qui est de sa rpartition dans la population. Tout
gnrale (Widdiger & Weissman, 1991 ; cits dans Barlow & Durand, 2007) et environ
cinq fois plus frquente chez les parents biologiques du premier degr. Cette prvalence
est aussi associe un risque familial plus lev pour les troubles lis l'utilisation
lence est comprise entre 30 et 60 %. De plus, en tenant compte des caractristiques lies
au sexe de l' individu, il est not que le diagnostic de personnalit borderline est fait dans
75 % des cas chez la femme (APA, 2003 ; Barlow & Durand, 2007).
auteurs stipulent que des facteurs familiaux tels que la sparation prcoce avec les
2003) sont spcifiques en ce qui a trait aux troubles de la personnalit et ceux-ci sont
personnalit depuis au moins un an, celui-ci peut tre diagnostiqu avant 18 ans (AP A
2003). Or, pour certains auteurs, le terme de borderline en tant que diagnostic
Outre le terme de personnalit borderline utilis par le DSM-IV-TR (APA, 2003), les
terme - une nomenclature - diffrent pour cet tat, soit la personnalit motionnellement
associs peuvent se joindre aux critres numrs ci-haut. Voici une brve description de
Il arrive que les individus borderline aient aussi tendance se saborder juste avant
d'atteindre un but (p. ex., en quittant l' cole juste avant d'obtenir un diplme ; ou en
rgressant svrement, juste aprs avoir discut des progrs qu'ils ont faits sous traite-
ment ; ou encore en dtruisant une bonne relation un moment o il devient clair que
Certains individus prsentent galement des symptmes d' allure psychotique (p. ex.,
gogiques) pendant les priodes de stress. Ces personnes peuvent tre plus rassures par
des objets transitionnels (p. ex., un animal de compagnie ou un objet inanim) que par la
cits dans Barlow & Durand, 2007) stipulent que 67 % des personnes borderline sont
suicide choues. Le risque de suicide qui rsulte de ce trouble est trs lev chez le
jeune adulte et dcrot progressivement par la suite. Il est aussi frquent d' observer des
pertes d' emploi rptes, des tudes interrompues et des checs conjugaux. On retrouve
plus souvent dans l' enfance des individus borderline des antcdents de mauvais
Il faut aussi mentionner que la personnalit borderline est souvent observe en mme
temps que certains troubles de l'humeur. Ainsi, selon Widiger et Rogers (1989), on
bipolaire. Il faut toutefois s'assurer que le dbut du trouble de la personnalit est prcoce
et qu' il s' agit d' une longue volution pour effectuer ce double diagnostic (APA, 2003).
Parmi les autres troubles de l' Axe 1 qui sont souvent associs on note les troubles des
fie aux principales distinctions entre les caractristiques communes aux troubles de la
sera tudi et compar avec l'approche europenne de Jean Bergeret, modle psycho-
et modernes (Bergeret, 1975, 1996a, 1996c, 2004). La section suivante fait tat de
Tableau 3
Dpendante - Peur d' tre abandonn - Ragit J' abandon avec des senti-
- Ragit en devenant ments de vide affectif, de rage et
petit petit plus serei- des revendications
ne et soumise et re- - Peur de perdre la relation et non
cherche de manire les soins et le soutien concrets de
urgente une relation de la personne
substitution qui lui
apportera soutien et
soms
30
Reid, Roussillon, Stone, Winnicott et plusieurs autres) afin de dcrire une nosologie plus
La psychodynamique
nosologique, faisant tat d' une dmarche mtapsychologique (Bergeret, 1996b). Les
les instances psychiques (le a*, le Moi* et le Surmoi* ; plus tard l'Idal du Moi*) qui
s' intriquent l' intrieur de l' appareil psychique dans une interaction particulire selon la
agressive, la recherche d' quilibre. Or, ce point de vue pourrait tre exprim par l' ana-
logie suivante: lorsqu' un canal se dverse dans deux ruisseaux et qu' un de ceux-ci est
obstru, l' eau va dborder dans l' autre ruisseau (Freud, 2001b).
La psychanalyse s' intresse aussi la relation d' objet et aux mcanismes de dfense
manire dont l' individu interagit avec son environnement, avec les autres. Certaines
lement bases sur ce concept, notamment avec les tats-limites (Kemberg, 2006). Il
32
semble que ce type de thrapie rduit significativement les tentatives de suicide et les
hospitalisations diminueraient d' au moins 19 % dans certains cas (Clarkin et al. , 2001).
les mcanismes de dfense, renvoie aux faons qu' a la personne de s'adapter la ralit
interne et externe. Ces divers mcanismes de dfense sont mobiliss par le Moi afin de
(Bergeret, 1996a). Cela dit, dans la conception de la gense de la structure de base, une
cela, la structure (ou l' amnagement) est fixe. Cette structure se construit selon
certaines fixations et rgressions sur un continuum faisant rfrence aux stades dvelop-
(Bergeret, 1996a). Pour ce qui est de la structure psychotique, il est possible d'observer
Pour la structure nvrotique, les diverses structures qui en manent sont la structure
dite hystrique de conversion (la plus volue au plan libidinal et moque). Toutes ces
et la nvrose y tant les aspects morbides. Les principaux lments associs aux struc-
tures psychotique et nvrotique sont prsents dans le Tableau 4 (p. 34) en comparaison
Tableau 4
que dans cette section, plusieurs termes seront utiliss afin de dsigner l' tat-limite. Ces
termes sont d'ailleurs largement utiliss par Bergeret (1975 , 1996a, 1996c, 2004). Cet
auteur dfinit entre autre l' tat-limite comme un amnagement, une organisation, une
soit les structures psychotique et nvrotique. Ces termes seront utiliss dans cette section
constitue, s'amnage, d' une faon particulire. L'volution moque de l' tat limite se
fixe entre les deux sous-stades anaux (le premier tant passif et le second actif) tels que
prsents par Abraham (cit dans Bergeret, 1996a). Or, bien que sa position nosologique
se situe cet endroit, au stade anal, la primaut libidinale est dite phallique et le
cularits importantes considrer selon Bergeret (1975, 1996a, 2004) en ce qui a trait
l' tiopathognse des comportements. Tout d' abord, il est noter que l' angoisse de
l' tat-limite se nomme angoisse dpressive : il s'agit d' une angoisse d' abandon, de
36
perte d' objet. De plus, la nature du conflit psychique se situe entre les instances
De son ct, la relation objectale est dite anac1itique' . Elle se prsente dans une
racine de cet anac1itisme objectal. L'tat-limite ne porte ainsi pas le mme regard sur les
individus adultes: asexus, ils se distinguent parce qu' ils sont grands et non parce
qu' ils sont hommes et femmes . De plus, ce type de relation d'objet propose que
l' autre doive ventuellement tre gard distance moyenne, dans une ligne orbitale,
Ce mme type d' ambivalence a d'ailleurs intress Freud ds 1929 (Freud, 1951) au
sujet de la socit et, reprenant une parabole d'Arthur Schopenhauer, il dcrit les
relations humaines d'une faon tout fait anaclitique. C'est le psychanalyste amricain
Modell (cit dans Darcourt, 1979) qui remarqua que cette mtaphore se rapproche
Un jour d'hiver glacial, les porcs-pics d'un troupeau se serrrent les uns contre
les autres afin de se protger contre le froid par la chaleur rciproque. Mais,
douloureusement gns par les piquants, ils ne tardrent pas s' carter de
nouveau les uns des autres. Obligs de se rapprocher de nouveau en raison du
froid persistant, ils prouvrent une fois de plus l'action dsagrable des
piquants, et ces alternatives de rapprochement et d' loignement durrent jusqu'
ce qu' ils aient trouv une distance convenable o ils se sentirent l'abri des
maux (Freud, 1951 , p. 112).
1 Du grec "anaklitos", qui signifie se pencher vers , s'appuyer sur (Bergeret, 1996a).
37
Les mcanismes de dfense sont quant eux aussi divers qu'instables chez l' tat-
clivage du Moi n' est pas un vritable clivage moque chez les tats-limites, il s' agit
constituant sur un registre anaclitique, l' autre avec une protection contre l'angoisse
dpressive qui maintient l' individu hors des vicissitudes psychiques crant habituel-
entre ce qui est bon (Idal du Soi) et mauvais (immdiatement projet vers l'extrieur)
ainsi qu' un clivage externe (entre gentils et mchants: non-Soi). ceci s'ajoute une
(Bergeret, 1975, 1996a). Ils se dfendent contre la dpression qui est faite surtout d'un
Bergeret (1987), la dpression essentielle (ou narcissique) est la forme dpressive la plus
Cette dpression se caractrise d' ailleurs par la recherche constante d' un anaclitisme
rassurant , soit d'une source interne ou externe visant calfeutrer le vide intrieur.
te qu'il soit significatif pour l' individu et non ncessairement traumatique en soit. Il peut
s' agir, par exemple, d'une entre brutale ou trop prcoce dans l' dipe, voire lorsqu' il est
rel et non fantasmatique (p. ex. actes incestueux). D'autres traumatismes au cours de la
L' tat-limite est tre caractris par trois facteurs principaux: l' immaturit affective,
Moi travers la relation objectale (Bergeret, 1975, 1996b). Cette pathologie prendrait
racine dans l'interaction avec les autres. Plusieurs auteurs tels que Kernberg soutiennent
Le dveloppement psycho sexuel s'organise quant lui sous une forme de latence
chronique, voire une adolescence perptuelle (Bergeret, 1996a). Or, lorsque l'volution
atteint la priode de latence, celle-ci se fige et ne permet pas d'accder une primaut
diffuse et non structure et c'est pourquoi les termes d' astructuration de la person-
stipulent qu' il s'agirait d'un trouble de l' identit (Bourgeois, 2005). Il existe cependant
caractrise par une pseudo-latence qui se perptue parfois jusqu' la mort. Bergeret
(1996a) dmontre qu'il s'agit d'un blocage volutif de la maturit affective du Moi suite
s'illustre par un accs pathologique dramatique, brutal, inattendu, trs grave. Cet accs
cence physique si ce n' est que cette snescence elle seule puisse constituer l'unique
traumatisme.
40
De plus, pour ce qui est des volutions aigus, l'clatement du tronc commun se
caractrise par une dcompensation du mme type que la prcdente, mais pouvant
l' occasion d' un second traumatisme psychique dsorganisateur. Or, cet clatement du
tronc commun s'exprime avec trois avenues possibles. Il s' agit de la voie nvrotique, de
la voie psychotique ainsi que de la voie psychosomatique. Ces types d'volutions sont
prsents comme tant davantage pathologiques et fragiles si on les compare aux amna-
gements suivants.
indique que pulsion et objet partiel se sont souds trop tt suite une prcocit de
Les divers amnagements caractriels se dirigent quant eux vers la ligne nvro-
tique. Ces amnagements prennent naissance lorsque l'angoisse dpressive est rejete
41
suggre une angoisse prdpressive de perte d' objet et une dpendance anaclitique tan-
dis que la psychose de caractre se caractrise par une erreur de l' valuation affective de
la ralit. Mme si ces amnagements se situent prs des ples structurels, il faut
concevoir qu' il ne s'agit pas de structures, mais bien d'astructurations. En dernier lieu,
la perversion de caractre propose un refus de considrer que les autres possdent leur
propre narcissisme. Bergeret (1996a, p. 169) suggre d'ailleurs les termes de petits
l'individu. Bien que davantage prs du ple nvrotique, ces amnagements demeurent
borderline dans le domaine clinique par les professionnels des deux approches susmen-
tionnes. Ainsi, il peut tre difficile d'orienter adquatement les traitements puisque les
cliniciens s'appuient sur diffrents outils diagnostiques, ces modles peuvent parfois tre
De plus, l'tude de ce trouble dans le milieu universitaire peut parfois tre difficile
puisque les enseignants doivent pallier au manque d'tudes des disparits et conver-
gences de ces approches. Cet essai a pour objectif de dcrire les principales disparits et
Bergeret (1975, 1996a, 2004). Cet essai pourrait ainsi influencer des tudes
psychodiagnostique et pdagogique.
Discussion
La section suivante fait tat des rsultats de la prsente dmarche afin de tenter de
rpondre la question centrale cet essai, soit quelles sont les principales disparits et
s'agit d' une prsentation des principales distinctions caractrisant les deux modles ainsi
Cette section propose galement une rflexion quant la dfinition ventuelle d' un
porte et les limites d' un tel modle seront explores en perspective du domaine clinique
Disparits
Cette section fait tat des principales distinctions entre le modle taxinomique du
Bergeret (Bergeret, 1975, 1996a, 2004). Ces principales distinctions se situent au niveau
et de la dpression.
45
Taxinomie et nosologie
l' cole de pense psychanalytique suggre que les comportements observables, soit les
serait donc issue du fait que le modle du DSM-IV-TR est dit taxinomique tandis que
l'approche thorique de Jean Bergeret est dite nosologique. Le premier modle tant
stipule que seulement quelques symptmes doivent tre prsents pour diagnostiquer le
ainsi pourraient n' avoir qu' une caractristique diagnostique en commun, soit cinq
critres sur neuf chacune. Toutefois, les sous-groupes prsents par Bergeret (1996a),
soit les caractres dits narcissiques, peuvent apporter le mme type de confusion si
serait prsente sous forme de honte chez l'tat-limite. Il s' agirait davantage d' un senti-
ment de blessure narcissique que de la sensation d'avoir fait du tort l' autre ou d' avoir
moralement mal agi. L' autre, l' objet, est considr par le sujet comme un objet partiel en
Normalit et psychopathologie
modle amricain (DSM -IV -TR, AP A, 2003), mais peut aussi se concevoir avec une
analytique. Selon cette dernire, l' individu possderait une structure de personnalit qui,
si elle dcompense, se rompt selon ses lignes de conception, tel un diamant qui se brise.
Pourtant, selon ce modle, lorsque la structure est compense, il s' agit d' une expression
personnalit.
Toutefois, dans le DSM-IV-TR (APA, 2003), on note qu' il s' agit de troubles de la
personnalit. Il ne s' agit donc pas d'tats psychologiques quilibrs. Ces tats psycho-
procurent une souffrance celui-ci. Afin de mieux saisir cette notion, voici la dfinition
de s' interroger sur la situation inverse, soit le concept de normalit. En effet, il est
possible de se poser la question si cette normalit ne serait pas que la simple absence
de pathologie. Doit-on parler d'une normalit objective, par exemple pour ce qui est de
symptomatologie ?
48
Pour des auteurs tels que Jean Bergeret, la normalit possde une valeur beaucoup
plus adaptative que normative. Celui-ci a d' ailleurs propos un essai de dfinition, une
tentative de circonscrire ce concept dans une dmarche visant aller au-del de l' ide
effet, cet auteur suggre que seuls les individus ayant une structuration de la
personnalit peuvent tre considrs comme normaux. Or, les individus ne s' tant pas
structurs avec une fixit certaine sont condamns se contenter d'une pseudo-
est pertinent de s' interroger sur l' altration du fonctionnement et la souffrance vcue par
celles-ci. Or, l' individu borderline doit ainsi se contenter d' une pseudo-normalit ,
Pour ce qui est du modle amricain, cette normalit est constate par l'absence de
d' ailleurs privilgi par certains cliniciens en ce qui a trait la comprhension du trouble
pas altrer le poids de la dfinition prsente ci-haut. L'individu serait donc, selon cette
dfinition, atteint ou non d' un trouble mental particulier. Ainsi, il ne s' agirait pas d' un
Narcissisme
Si on considre l' tat-limite dans son tat prmorbide, on assiste une pseudo-
que. Tous ces caractres sont regroups selon les caractres narcissiques. Ainsi, la
ce niveau. Ainsi, aucune mention de cette dimension narcissique n'est faite dans la
Bergeret fait mention plusieurs reprises (Bergeret, 1996a) n'est cependant pas une
note entre autre Reid, J eanneau (Bergeret, 1996c) et Stone (Stone, 1980). Il s' agirait
donc de crer une catgorie part pour tenter de dgager ce narcissisme , tentative
Dpression
trouble soit souvent associ un trouble de l' humeur l' Axe 1), il importe de noter que
dpressif p eut tre un symptme, mais n' est pas un lment diagnostique essentiel
puisqu' il ne suffit que de cinq des neuf manifestations (symptmes) pour qu' un tel
diagnostic puisse tre port. Or, le modle thorique de Bergeret stipule que la
suggre que l'angoisse ainsi que les dfenses des tats-limites s'expriment sous une
En outre, il semble aussi exister plusieurs types de comorbidits entre le premier axe
(Adams, Bemat & Luscher, 2001). Cette comorbidit peut alors poser problme pour ce
qui est de classifier correctement les symptmes quant des critres multiples sans
Convergences
Outre ces distinctions fondamentales entre les modles prsents dans cet essai, on
retrouve galement des convergences possibles en faisant une tude plus approfondie.
Ainsi, la section suivante fait tat des principales convergences entre ces approches qui
Chronicit et fixit
Malgr la distance manifeste entre les deux modles, il est possible de constater
qu'ils convergent certains gards. En effet, on peut tout d'abord remarquer que ces
cette position serait discutable si on considre que l'clatement du tronc commun des
53
tats-limites peut amener ce type d'organisation dans des voies structurelles diffrentes,
Nomenclature
En outre, dans une perspective plus large, les critres diagnostiques spcifiques
dmontr que l'utilisation correcte de ces critres augmente l'accord entre les cliniciens
et les investigateurs (AP A, 2003). Or, il semble y avoir une convergence l' intrieur de
essai, ce qui n' est pas le cas pour le diagnostic de borderline. Par exemple, les lments
le caractre de cette structure, suggre quant elle par l' cole analytique, la
perspective psychodynamique.
affirme que le contenu manifeste est un indicateur insuffisant afin de faire un diagnostic.
54
Il faut aussi explorer plusieurs lments intrapsychiques selon ce modle. Ainsi, un tat-
limite diagnostiqu par le modle de Bergeret pourrait tout aussi bien prsenter les
perversion de caractre peuvent tre perues comme des lments paranoaques par
l' entourage de l' tat-limite, allant mme jusqu' appeler ceux-ci des petits para-
noaques (Bergeret, 1996a, p. 169) tel que dj mentionn dans cet essai.
peut-tre aussi explorer tant donn qu'il s' apparente au niveau de la nomenclature la
drant la nosologie psychodynamique ainsi que la valeur que prend le terme trouble de
d' une forme lgre de psychose? Psychose qui serait par exemple paranode, avec une
exacerbation de l' utilisation de mcanismes dits obsessionnels (le besoin de contrle par
exemple, ou la peur d' tre souill par l' objet externe) ou encore d' une manifestation
qu' il faut comprendre dans sa globalit et non en ciblant seulement certains aspects
Symptomatologie
psychodynamique de Bergeret (1975, 1996a, 2004), on note entre autres les efforts pour
viter les abandons rels ou imagins (relatif l' angoisse d' abandon, de perte d' objet),
les relations interpersonnelles instables et intenses caractrises par l' alternance entre
affective, relation objectale anaclitique et clivage de l' objet). L' impulsivit est aussi un
DSM-IV-TR seraient peut-tre reconsidres puisqu'elles sont l' tude dans les
recherches (Critres et axes proposs pour des tudes supplmentaires ; APA, 2003).
Cette reconsidration se situerait principalement, non pas en ce qui a trait leur position
personnalit et aux symptmes qui les caractrisent qui s' apparentent aussi aux
principaux symptmes psychopathologiques parfois dcrits par Bergeret dans ses tudes
Donc tous les symptmes sont pertinents, mais ne sont pas essentiels au diagnostic et
contenu manifeste. Or, il est aussi parfois possible de remarquer des fonnations
en son contraire servant fuir l'angoisse dpressive. Le Tableau 5 (p. 57) rsume les
Tableau 5
Disparits
Convergences
Porte et limites
pourraient tre mises en relation dans un modle intgr afin d' amliorer le
58
holistique qu' idiosyncrasique. Cela dit, l' intgration de ces deux modles diagnostiques
permettent pas d' explorer la pathologie dans sa globalit. Or, il semble que la
Waldinger, 1993).
59
l'unanimit.
sidrer car l'objectif ultime n'est pas de crer un modle trop compliqu, voire un casse-
tte quant au diagnostic diffrentiel, mais bien un outil servant faciliter et optimiser
l'arbre dcisionnel du clinicien en vue d'un traitement. Bergeret (1975) suggre d'ail-
leurs qu'en psychiatrie analytique, les professionnels compliquent trop un modle qui a
(PDM Task Force, 2006) est un outil novateur permettant au clinicien d' approche
analytique de s' appuyer sur un manuel diagnostique s' apparentant au DSM. Toutefois, il
est aussi possible que ce type d'instrument nuise davantage que facilite le travail des
psychologues. L' idal ne serait-il pas de crer une convergence entre les diverses appro-
ches puisqu'elles tendent toutes vers le mme objectif, soit de poser un diagnostic prcis
plutt que de gnrer de nouveaux outils qui renforcent l 'htrognit des diagnostics.
demandent qu' tre optimiss et qui sont dj grandement utiliss par un large ventail
de professionnels? L'avenir du DSM est principalement cibl ici. Or, il s' agit que ce
modle se trouve une voie intgrative permettant de mieux dfinir et ainsi dlimiter les
troubles de la personnalit de faon holistique. Les thories les plus rpandues devraient
peut-tre ainsi tre prises en considration. Les troubles de la personnalit non spcifis
Voici la prsentation d'un modle qui permettrait d' intgrer les deux approches
prsentes dans cet essai. Il s' agit bien sr d' un schma hypothtique provisoire et
propose deux VOles concernant la personnalit borderline. D' une part, le modle
spcifis ainsi que les troubles l' tude pour le DSM-V, soit les troubles de personnalit
D' autre part, l'approche nosologique de Jean Bergeret (Bergeret, 1975, 1996a, 2004)
que les mots psychose et nvrose sont entre guillemets puisqu'ils n'appartiennent pas
L' originalit d'un tel modle intgrer serait de proposer les deux approches cte
cte afin d' avoir une vue d'ensemble et ainsi faciliter la comprhension holistique du
piste de recherche en ce qui a trait aux points de vue taxinomique et nosologique (au
(au niveau pratique). Il est ainsi probable qu' une intgration de ces deux modles,
d' abord en pdagogie puis en expertise clinique, puisse favoriser une meilleure
chodiagnostique favorisant l' accord entre les cliniciens. Ce dit modle proposerait de
conjuguer, dans une future dmarche de recherche, certaines approches l' intrieur d' un
modle intgr.
dans le systme de sant priv et publique. Outre le DSM-IV-TR (APA, 2003), plusieurs
personnalit borderline. Par exemple, les tudes de Jean Bergeret (1975, 1996a, 1996c,
limite de la personnalit.
63
En considrant que le dcs par suicide survient chez 8 10 % des individus ayant un
Or, les mthodes psychanalytiques, telles que les mthodes projectives, semblent
1992). Certains auteurs proposent galement une certaine efficacit pour ce qui est de la
thrapie comportementale dialectique (TCD) (Adams et al., 2001 ; Barlow & Durand,
tomatique chez l' individu prsentant un trouble de la personnalit borderline. Ainsi, les
deux modles prsents dans cet ouvrage sont cibls comme tant des outils diagnos-
tiques importants.
optique prventive. De plus, la dpression vcue par une personne avec un trouble de la
personnalit dpendante, par exemple, diffre largement du vcu dpressif d'un individu
propres (c' est--dire la relation objectale anaclitique, l' angoisse dpressive, les mcanis-
mes de dfense dficients et/ou inadquats, etc.) ainsi que l'tude de la taxinomie
approches tudies possdent des lments complmentaires. Quelles sont les princi-
mentales devraient prendre en compte tous les lments qui doivent tre mis en relation
afin de mieux exprimer la complmentarit de ces modles et ainsi faire bnficier les
67
principaux concerns, soit les patients, d' une approche globale centre sur l' empirisme
domaine de la psychologie; o l' esprit scientifique devrait prvaloir par l' amlioration
continue d'un champ d' expertise et l' ouverture aux diffrentes faons de concevoir des
approches mentionnes dans cet ouvrage. Il pourrait s' agir par exemple du Structured
serait galement intressant de faire ensuite le mme exercice avec d' autres modles
Les bnfices seraient perus autant par les professionnels que par la clientle et les
tudiants en psychologie. C' est donc dans le but de crer une meilleure prise en charge
thrapeutique, afin de limiter l' impact au niveau des nombreuses dfinitions et amliorer
modle intgr, issu d' une dmarche pistmologique, qui permettrait de concevoir un
syndrome particulier selon des conditions tout aussi particulires. Animae medica soit.
Rfrences
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An overview. Comprehensive handbook ofpsychopathology, 18,491-507.
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and object relations approach. Phoenix : Zeig, Tucker and Co.
compulsion, des paranodes avorts, la paranoa sensitive, les apathiques, les person-
triopathes, etc.
Nous pouvons comprendre aussi dans cette position nosologique incertaine nombre
d'tats dit mixtes , ou dpressifs , d'tats d'angoisse diffuse de toute vidence non
Modles intgrer
Modles intgrer
Groupe A Nvroti<pe
Ps}clK>ti<pe
P~anoia'Pe Obsessionnelle
Schiz ophnique
Sdlizoide Hystri<pe .cf algoisse
Schizot}pique rr..flanoolique
(hystropootXque)
Paranoaq.te
GroupeB H ystri<pe de conv ersion
Adisocie
Bordledine Il AslrudmatioflS de la persamalit Il
His1rioa<pe
Natcissique ITro commm des ,tats-:limites 1
Caractres narcissiaues
Abaldorni<pe
De destine
Nam ssique-phobique
Phlique
Dp"essif
HypondriaCJle
Psychasthqae
Psychopa1bique
HypomnaCJle
Lexique
a : Instance psychique, dans la deuxime thorie de l 'appareil psychique nonce par
S. Freud, qui est la plus ancienne, la plus importante et la plus inaccessible des trois. Le
a est en relation troite et conflictuelle avec les deux autres instances, le moi et le
surmoi, qui en sont des modifications et des diffrenciations. Selon S. Freud, le a est
inconnu et inconscient. Rservoir premier de l'nergie psychique, il reprsente l'arne
o s'affrontent pulsions de vie et pulsion de mort. La ncessit imprieuse de la
satisfaction pulsionnelle rgit le cours de ses processus. Expression psychique des
pulsions, ses contenus inconscients sont d'origines diffrentes; pour partie, il s'agit de
tendances hrditaires, de dterminations innes, d'exigences somatiques et, pour partie,
des faits acquis, de ce qui provient du refoulement. La conqute du a, ce noyau de notre
tre pour Freud, ce lieu d'tre pour J. Lacan, est facilite par la psychanalyse. a
la sollicitude peut tre une formation ractionnelle contre des reprsentations violentes
ou agressives, de mme que les exigences de propret de l 'obsessionnel constituent une
formation ractionnelle contre son dsir de souiller. C'est un mcanisme prcoce mais
fragile qui se dveloppe avec prdilection pendant la priode de latence au profit des
valeurs mises en avant par les contextes historiques, sociaux et culturels, et au dtriment
des besoins pulsionnels frustes, agressifs ou sexuels directs, tout en cherchant les
drainer de faon indirecte. Cet aspect pulsionnel et utilitaire contribue l'adaptation du
sujet sa ralit ambiante. b
Idal du Moi: Instances psychique qui choisit parmi les valeurs morales et thiques
requises par le surmoi celles qui constituent un idal auquel le sujet aspire. L' idal du
moi apparat tout d'abord pour S. Freud [ ... ] comme un substitut du moi idal. Sous
l' influence des critiques parentales et du milieu extrieur, les premires satisfactions
narcissiques procures par le moi idal sont progressivement abandonnes et c' est sous
forme de ce nouvel idal du moi que le sujet cherche les reconqurir. [ ... ] Pour Freud,
le fanatisme, l' hypnose ou l'tat amoureux reprsentent trois cas o un objet extrieur :
le chef, l'hypnotiseur, l'aim, vient occuper la place de l'idal du moi au point mme o
le sujet projette son moi idal. b
Surmoi: Instance de notre personnalit psychique dont le rle est de juger le moi. [ ... ]
introduit par Freud en 1923 [ ... ]. Le surmoi, qui inhibe nos actes ou qui produit le
remords, est l'instance judiciaire de notre psychisme . Il est donc au centre de la
question morale. a