177 - Rumi Contes Soufis PDF
177 - Rumi Contes Soufis PDF
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Contes Soufis
Le prdicateur
Abandonner la colre
Laguicheuse
L a chaudire de ce monde
Les crottes
La terre et le sucre
Lor du bois
Le perroquet
Le puits du lion
Salomon et Azral
Le moustique
Les oiseaux
La cage
Le vieux musicien
La plainte
Livrogne
Un passant trouva au milieu de la nuit un ivrogne
endo!mi au pied dun mur. I1 le secoua et lui dit :
<< O ivrogne ! Quas-tu bu pour tre dans cet tat ? >>
Lautre rpondit :
<< Jai bu ce quil y avait dans cette cruche !
- Et quy avait-il dans cette cruche?
- Ce que jai bu !
- Mais cest justement cela que je te demande :
Quas-tu bu ?
- Ce quil y avait dans cette cruche !
- Ecoute ! dit le passant, lve-toi et viens avec moi !
Je temmne la prison car tu es ivre !
- Laisse-moi donc tranquille !
- Allons, lve-toi et suis-moi en prison! >>
Alors livrogne sexclama :
<< Mais enfin, si javais la force de marcher, je
retournerais chez moi ! >>
42 Le Mesnevi
Le doute
Muaviya, loncle de tous les fidles, tait dans son palais
en train de dormir. Son palais tait clos et les portes
verrouilles. I1 tait impossible quun tranger puisse y
pntrer. Cependant quelquun toucha Muaviya pour le
rveiller. Quand il ouvrit les yeux, il ne vit personne et
se dit :
* Il est impossible de pntrer dans mon palais. Qui a
pu faire cela? *
Aprs de longues recherches, il trouva quelquun qui
se dissimulait derrire une tenture. I1 lui dit :
<< Qui es-tu et comment te nomme-t-on ?
- Le peuple mappelle Satan !
- E t pourquoi mas-tu rveill ?
- Parce que cest lheure de la prire et quil faut que
tu te rendes la mosque. Noublie pas que le prophte
a dit que la prire ne devait souffrir aucun retard. >P
Muaviya lui dit :
a Cest trange que tu invoques cette raison car
jamais rien de bon nest venu de toi ! Cest comme si un
voleur venait en prtendant vouloir monter la garde !
- Autrefois, rpliqua Satan, jtais un ange et mon
me se nourrissait de mes prires. Jtais alors le
compagnon des autres anges et ceci est rest dans ma
nature. I1 mest impossible doublier le pass !
- Tu dis vrai mais il nempche que tu as barr la
route bien des sages. Tu ne peux pas tre le feu et ne
pas brler! Dieu ta fait consumeur et quiconque
tapproche est ncessairement brl. Ta prtendue
sagesse ressemble au chant des oiseaux imits par des
chasseurs.
- Ote le doute de ton cur, dit Satan, je suis une
pierre de touche pour le vrai et le faux. Je ne puis
Contes soufk 43
enlaidir ce qui est beau. Mon existence nest quun
miroir pour le beau et pour le laid. Je suis comme un
jardinier qui coupe des branches mortes. Larbre pro-
teste : Je suis innocent ! Pourquoi me dtruis-tu? Et
moi de rpondre : Ce nest pas parce que tu es tordu
mais parce que tu es dessch et sans sve ! Ta nature,
lessence de ta graine est mauvaise. Jamais tu nas t
crois avec une bonne essence. Pourtant ta nature aurait
tout eu gagner si lon tavait greff une bouture de
bonne essence !
- Tais-toi ! sexclama Muaviya, cest en vain que tu
tentes de me convaincre ! w
I1 se tourna vers Dieu et dit :
u Mon Seigneur! Ses paroles sont comme un brouil-
lard! Aide-moi! I1 est trs fort pour argumenter et je
redoute ses ruses. N
Satan dit :
u Celui qui est pris dun mauvais doute devient sourd
devant des milliers de tmoins. Ne te lamente pas
devant Dieu cause de moi. Pleure plutt devant ta
propre mchancet. Tu me maudis sans raison mais tu
ferais mieux de te regarder ! w
Muaviya de rpondre :
u Cest le mensonge qui fait natre le doute dans le
cur !
- As-tu donc un critre pour distinguer le vrai du
faux ?
- Le vrai procure la paix du cur mais le mensonge
ne touche pas le cur. Cest comme une huile quon a
mlange avec de leau : elle ne peut plus brler. Dis-
moi. Toi, lennemi de tous ceux qui veillent, pourquoi
mas-tu rveill? Rponds-moi et je saurai si tu dis
vrai! w
Satan tenta de se drober mais Muaviya le pressa de
sexpliquer et il finit par avouer :
u Je vais te dire la vrit. Je tai rveill pour que tu
ne sois pas en retard la mosque. Car si tu avais t en
retard, ton repentir aurait submerg lunivers. Les
44 Le Mesnevi
larmes auraient coul de tes yeux et le repentir de
quelquun qui fait de ses prires un plaisir est encore
plus fort que la prire. Je tai donc rveill afin que ton
repentir ne te permette pas de te rapprocher encore de
Dieu! P
Muaviya sexclama :
<< Maintenant tu dis la vrit ! Tu nes quune araigne
en qute de mouches. Et tu mas pris pour une
mouche ! >>
Traces
La mosque
Des hypocrites se runirent et dcidrent de construire
une belle mosque pour honorer la foi. Ils en construisi-
rent donc une juste ct de celle que le prophte avait
lui-mme difie. Leur but tait en ralit de diviser la
communaut. Quand ils eurent termin le toit, la
coupole et le plafond, ils se rendirent auprs du
prophte et, sagenouillant devant lui, ils lui demand-
rent dhonorer leur nouvelle mosque de sa prsence.
<< Cette mosque, dirent-ils, a t btie afin de
devenir un lieu de paix, un lieu dabondance pour les
dmunis. Viens honorer ce lieu de ta prsence afin que
tous soient joyeux! B
Quelle merveille cet t si de telles paroles taient
vraiment sorties de leur cur !
Le prophte, qui tait comprhensif avec chacun, les
coutait avec le sourire et nos hypocrites pensaient donc
quil allait accepter, mais lui distinguait leurs faux-
semblants aussi nettement quun poil dans un bol de lait.
I1 allait pourtant se dcider y aller quand Dieu linspira
en lui disant :
<< Ils tont dit tout le contraire de ce quils pensent ! *
En effet, leur intention tait de faire venir dans cette
mosque un prdicateur de Sham. Le prophte leur
rpondit :
<Jaurais
i volontiers accept votre requte, mais
lheure est au combat et je dois partir en voyage. Quand
nous serons de retour, nous irons vous rendre visite. w
A son retour, les hypocrites lui rappelrent sa pro-
messe et Dieu dit son prophte :
<< Dmasque leur hypocrisie, dt-il en coter une
guerre! B
Le prophte dit alors aux hypocrites :
<<Ninsistezpas davantage si vous ne voulez pas
46 Le Mesnevi
que je dvoile vos secrets devant tout le monde. >>
I1 entendait montrer ainsi quil ntait pas dupe, mais
les hypocrites protestrent :
<< Que Dieu nous protge! Nous jurons que nos
intentions sont pures ! >>
Ils jurrent avec une grande insistance mais les justes
nont pas besoin de jurer.
Le prophte demanda :
<< Qui dois-je croire de vous ou de Dieu?
- Nous attestons sur le livre de Dieu que nous avons
bti cette mosque en son honneur ! >>
En dpit de ces protestations, le prophte refusa
finalement de cder.
Or lun des compagnons du prophte se prit penser :
<< Que signifie ceci? Le prophte a toujours pargn
la honte quiconque. Que veut dire cette nouvelle
faon dagir? Les prophtes ne sont-ils pas ceux qui
couvrent la honte des pcheurs ? >>
En mme temps quil pensait cela, il se repentait de
cette pense et, la tte pleine de contradictions, il finit
par sendormir.. .
I1 fit alors un rve o il vit la mosque des hypocrites
remplie de bouse de vache. Des murs de la mosque
suintait une cre fume noire qui brlait ses narines. Ils
se ryeilla alors et se mit pleurer :
<< O mon Seigneur ! Pardonne-moi ma rvolte envers
ton messager ! >>
Le chameau perdu
Prires
Peur
Soixante-dix ans
Cercueil
maison ! B
Larc
La charge
Le miel du vin
pntrer. N
Lhomme constata alors que la bouteille tait pleine
de miel et il fut pris de honte. Le cheikh lui dit :
Q< Avant davoir des regrets, va me chercher du vin. Je
La souris
Larbre du savoir
La rumeur circulait quil existait en Inde un arbre dont
le fruit dlivrait de la vieillesse et de la mort. Un sultan
dcida alors denvoyer un de ses hommes la recherche
de cette merveille.
Lhomme partit donc et, pendant des annes, il visita
maintes villes, maintes montagnes et maints plateaux.
Quand il demandait aux passants o se trouvait cet
arbre de vie, les gens souriaient en pensant quil tait
fou. Ceux qui avaient un cur pur lui disaient :
<< C e sont des racontars! Abandonne cette
recherche! w
Dautres, pour se moquer de lui, lenvoyaient vers des
forts lointaines.
Le pauvre homme natteignait jamais son but car ce
quil demandait tait impossible. I1 perdit alors lespoir
56 Le Mesnevi
et prit le chemin du retour, les larmes aux yeux.
EnAchernin,il rencontra un cheikh et lui dit :
G O cheikh, prends piti de moi car je suis dsespr !
- Pourquoi es-tu si triste?
- Mon sultan ma charg de trouver un arbre dont le
fruit est le capital de la vie. Chacun le convoite. Jai
cherch longtemps, mais en vain. Et tout le monde sest
moqu de moi. D
LeAcheikhse mit rire :
<< O cur naf et pur! Cet arbre est le savoir. Seul le
savant le comprend. On lappelle parfois arbre, parfois
soleil ou ocan ou nuage. Ses uvres sont infinies mais il
est unique. Un homme est ton pre, mais lui-mme, il
est le fils de quelquun dautre. >>
Chair interdite
La bouche de Mose
DieuAordonnaun jour Mose :
u O Mose ! Que ta bouche soit sans pch lorsque tu
tadresses moi pour prier !
- Mais, Seigneur ! dit Mose, je ne possde pas une
telle bouche! >>
Dieu rpondit :
a Alors, prie par la bouche de quelquun dautre. Car
il est impossible que tu commettes un pch avec une
autre bouche que la tienne ! B
Toi aussi, va! Et tche quil y ait, jour et nuit, des
bouches qui prient ta place !
lie
Le citadin et le paysan
La mare
L e secret du chien
Pauvre chacal
Lidiot
Le serpent-dragon
Llphant
La bien-aime de lamoureux
Le trsor
Le matre dcole
La balance et le balai
Le derviche de la montagne
La mute et te chameau
Cheikh
I1 tait une fois un cheikh qui tait le plus clair parmi
les homme de la terre. Le peuple le considrait comme
un prophte. Un matin, sa femme lui dit :
u Ton cur est aussi dur que le roc !Est-ce que cela fait
partie des rgles de la sagesse? Tous nos enfants sont
morts, et moi, force de pleurer, je suis devenue courbe
comme un arc. Toi, personne ne ta jamais vu pleurer.
Ny a-t-il pas de place pour la piti dans ton cur ? Nous
sommes tous attachs toi et nous te servons jour et nuit,
mais que pouvons-nous esprer de quelquun qui ne
connat pas la piti ? Quappelle-t-onun cheikh ? Cest un
vieillard dont les cheveux et la barbe sont blancs. Sache
que le vritable cheikh na pas mme un poil dexistence,
Celui qui na aucune prtention dexistence, que ses
cheveux soient noirs ou blancs, celui-l est un cheikh!
Noublie pas que Jsus a parl dans son berceau ! B
Le cheikh rpondit :
<< Tu fais erreur si tu crois quil nexiste ni piti ni
tendresse dans mon cur. Jai piti des infidles qui
risquent ienfer cause de leurs blasphmes. Lorsquun
chien me mord, je demande Dieu de lui offrir un
caractre plus doux car sil mordait quelquun dautre, il
courrait le risque dtre lapid. H
Contes soufu 79
La femme rpliqua :
<< Si vraiment tu as une telle tendresse pour luni-
vers tout entier, pourquoi ny a-t-il pas trace de larmes
dans tes yeux alors que le destin nous a repris nos
enfants? >>
Le cheikh rpondit :
<< Quils soient morts ou vivants, ils ne disparatront
jamais des yeux de mon cur. Pourquoi pleurerais-je
alors que je les vois sans cesse, l, devant moi? On ne
pleure quelquun que lorsquon est spar de lui ! B
Un autre jour, un homme nomm Behlul demanda
ce mme cheikh :
a Dis-moi comment tu te portes. Dans quel tat te
trouves-tu ? B
I1 rpondit :
a Tous les voyageurs subissent Sa volont et les
rivires coulent dans le sens quIl ordonne. La vie et la
mort vont l o I1 veut. Certains reoivent des messages
de condolances et dautres des flicitations. Personne
ne peut sourire sIl nen a donn lordre ! *
Behlul dit alors :
M Tu dis vrai et tu as cent mille fois raison. Mais
explique-moi ceci un peu plus clairement afin que
lignorant comme le savant puissent profiter de ta
sagesse. Prpare-nous un festin de mets varis afin que
chacun puisse manger ce qui lui convient ! B
Le cheikh :
N Chacun sait que rien ni personne ne peut faire quoi
que ce soit sans la volont de Dieu, mme la feuille de
larbre. Et Ses ordres sont en grand nombre et personne
nen peut faire le compte car qui pourrait compter les
feuilles dun arbre? Ce qui est infini ne peut tre
dlimit par les mots. Les dcrets de Dieu trouvent
lacceptation chez Ses cratures. Quand la crature se
soumet la dcision de Dieu, la vie et la mort lui
semblent gales. Sa vie nest pas tourne vers le gain,
mais vers Dieu. Sa mort nest pas cause par les
80 Le Mesnevi
maladies ou les preuves, mais par Dieu. Sa foi ne
sadresse pas aux houris et au paradis, mais Dieu. Elle
renonce au blasphme, non par crainte de lenfer, mais
par crainte de Dieu. Ceci est dans sa nature. Ce nest
pas une chose quelle a acquise par ses efforts ou par la
pratique de lasctisme. Elle rit seulement lorsquelle
constate que Dieu la accepte. Pour elle, le destin est
une friandise. Si un serviteur de Dieu est dune telle
nature, pourquoi dirait-il : O mon Dieu! Change ma
destine!
Cest parce quil savait que la mort de ses enfants
avait t voulue par Dieu que cette mort lui tait aussi
douce que les kudu@ (ptisserie orientale).
Aveugle
Chercheur de vrit
Le fils de Myriam
Le peuple de Saba
Le ruisseau de la lune
Le tambour du voleur
Graines
Niche
La table vide
Hammam
Prodige
La lumire intrieure
Vingt enfants
I1 y avait une femme qui, tous les ans, donnait naissance
un enfant. Mais, chaque fois, le bb mourait au
bout de six mois, quand ce ntait pas aprs deux ou
trois. Comme son dernier-n venait, lui aussi, de
mourir, elle adressa cette prire Dieu :
<< O mon Dieu! Cet enfant est un fardeau pour moi
pendant neuf mois et je le perds au bout de trois mois.
Ainsi, les faveurs que tu moffres se transforment en
tourments ! D
La pauvre femme alla aussi exprimer son chagrin
devant des hommes de Dieu :
<< Mes vingt enfants sont tous morts les uns aprs les
autres et, chaque fois, le feu de la sparation a brl
mon cur. >>
Or, une nuit, elle fit un rve : elle vit le paradis,
jardin ternel et parfait. Je dis un jardin, faute dautre
mot. Bien sr, le paradis est indescriptible mais un
jardin en est une image.
Bref, cette femme rvait du paradis. Et l, elle vit un
palais sur lentre duquel son nom tait grav. Elle en
fut remplie de joie et entendit une voix qui lui disait :
Contes soufis 97
<< Ce palais est offert qui est capable de sacrifier son
me Dieu. Pour mriter une telle faveur, il faut servir
longtemps. Tu commences prendre de lge mais
jamais tu ne tes rfugie en Dieu et cest pour cela que
tu as subi toutes ces preuves. >>
La femme dit alors :
<< O Seigneur! Je souhaite encore de nombreuses
annes comme celles que jai vcues ! Que je sois noye
dans le sang! >>
Puis elle dambula dans ce jardin et, soudain, elle y
rencontra ses propres enfants. Alors, elle scria :
<< O mon Dieu! Mes enfants taient cachs mes
yeux mais pas aux tiens. Celui qui ne peut voir lInconnu
ne mrite pas dtre appel Homme ! D
Toi, tu ne souhaites pas que ton nez saigne. Pourtant
il saigne et le sang qui coule te procure la sant. Le fruit
a une peau paisse mais sa chair est savoureuse. Sache
que le corps est ta peau. Ton me, qui est renferme,
vaut bien davantage. Lintrieur de lhomme est ce quil
y a de plus beau. Aussi, recherche cette beaut !
Lesprit
La ville
La mosque cache
Tambours
La ville de lamour
Pois chiches
Regarde! et vois comme les pois chiches qui bouillent
dans la marmite remontent la surface lorsquils sont
vaincus ! On les voit sagiter sans cesse dans la marmite
et ils se disent :
N Pourquoi nous a-t-on achets? Pour nous torturer
en nous faisant ainsi bouillir? >>
E t le cuisinier, tout en tournant sa louche dans la
marmite, leur rpond :
<< Mon but est de vous faire cuire ! Vous tes crus
et il faut que vous soyez cuits par le feu de la spa-
ration afin que vous acquriez un got. Ce nest
quainsi que vous pourrez vous mler lme. Cette
cuisson na pas pour but de vous torturer. Quand vous
tiez dans le jardin, vous avez absorb de leau et vous
tes devenus tout verts. Cette boisson que vous avez
Contes soufis 105
reue et votre floraison, tout ceci tait destin au feu ! B
Les pois chiches rpliquent :
<< Sil en est ainsi, matre ! aide-nous afin que nous
soyons bien bouillis ! Dans ce bouillonnement o nous
sommes, tu es notre architecte. Frappe sur notre tte
avec ta louche si cest l une bonne chose. Frappe sur
notre tte afin que nous ne soyons pas rvolts comme
un lphant qui rve de lInde. >>
Le cuisinier :
<< Moi aussi, jtais comme vous : un morceau de
terre. Mais, en combattant ce feu, jai pris de la valeur.
Moi aussi, jai bouilli dans la marmite de ce monde et
dans la marmite de mon corps. Cest par ces deux
cuissons que je me suis rapproch de la vraie significa-
tion. Cest ainsi que jai acquis un esprit. Moi, je suis
devenu un esprit mais toi, il faut te cuire une fois de plus
si lon veut que tu chappes ton tat animal! >>
Demande plutt Dieu quil te fasse comprendre le
sens de ses subtilits !
Le vent
Frapper
Sacrifice
(Commentaire de LAyet :<< Sacrifie quatre oiseaux.. . >>)
O toi! Tu es lAbraham de notre temps. Toi aussi, tu
dois gorger quatre oiseaux qui, tels des bandits de
grand chemin, font obstacle ta route. Ils crvent les
yeux des hommes senss. I1 y a dans le corps humain
quatre attributs correspondant ces oiseaux. Si on les
sacrifie, la voie de lme se libre.
O Abraham! Egorge-les, si tu veux que tes pieds
soient dlis. Si tu dsires ressusciter le peuple et
le rendre ternel, tu devras les gorger vivants!
Ces oiseaux sont le paon, le canard, le corbeau et le
Contes soufis 109
coq. Ils symbolisent quatre types de caractres.
Le coq reprsente le dsir charnel, le paon la vanit,
le corbeau le dsir de longvit et le canard lavidit.
Ventre
<< Linfidle mange avec ses sept ventres mais le croyant
se contente dun seul! D (Hahdiths - paroles du
prophte. )
Un groupe dinfidles arriva un jour la mosque. Ils
dirent au prophte :
<< O toi qui es gnreux envers tous ! Nous venons te
demander lhospitalit. Notre voyage a t long. Offre-
nous la lumire de ta sagesse ! D
Le prophte sadressa alors son entourage :
<< O mes amis ! Rpartissez ces invits entre vous tous
car mes attributs doivent aussi tre les vtres ! >>
Chacun des membres de lentourage du prophte se
chargea donc dun invit. I1 nen resta quun seul, un
homme de forte corpulence. Personne ne lavait invit
et il restait dans la mosque comme la lie reste dans un
verre de vin. Ce fut donc le prophte qui soccupa de lui
et lemmena sa demeure.
Or le prophte possdait sept chvres qui lui procu-
raient du lait. Elles avaient pour habitude de sappro-
cher de la maison iheure des repas afin quon les
traye. Linfidle, sans vergogne, absorba le lait des sept
chvres ainsi que tout ce quil put trouver comme pain et
autre nourriture. La famille du prophte fut fort attris-
te de voir ainsi la part de chacun engloutie. Cet homme
trange, au ventre en timbale, avait dvor le repas de
dix-huit personnes.
110 Le Mesnevi
Quand vint lheure daller se coucher, lhomme se
retira dans sa chambre. Une servante, prise de colre
son gard, ly enferma.
Au milieu de la nuit, linfidle ressentit de violents
maux de ventre. I1 se prcipita vers la porte mais, hlas,
la trouva close, verrouille de lextrieur. I1 tenta
comme un forcen de louvrir, mais en vain. La pression
qui habitait son ventre lui rendait lespace de sa
chambre de plus en plus troit. En dsespoir de cause, il
retourna se coucher. Dans ses rves, il se vit, lui, au
milieu des ruines. En effet, son cur tombait lui aussi en
ruine. Cette sensation fut si forte quil rompit ses
ablutions et souilla son lit.
Au rveil, il devint comme fou de chagrin la vue du
dsastre. << La terre tout entire, se disait-il, ne suffirait
pas couvrir pareille honte. Ce somme ma t pire
quune nuit blanche. Ce que je mange dun ct, je le
rejette de lautre pour salir ! Dans quelle situation me
suis-je mis? P
Comme un homme au seuil de la tombe, il attendit
laube et louverture de la porte en se lamentant. I1 tait
comme une flche sur un arc band, prt senfuir en
courant afin que nul ne voie son tat. Au matin, le
prophte vint lui ouvrir la porte puis se cacha derrire
une tenture par dlicatesse. Bien qutant parfaitement
au courant de la msaventure de son hte, il ne voulait
pas le montrer car ctait la sagesse et la volont de Dieu
qui avaient mis lhomme dans cette situation. Ctait
dans son destin de connatre semblable msaventure.
Lanimosit peut engendrer lamiti et les btiments
finissent par tomber en ruine.
Un importun apporta le lit souill au prophte et lui
dit :
u Vois ce qua fait ton invit ! *
Le prophte rpondit en souriant :
u Apporte-moi une cruche deau afin que je nettoie
ceci toyt de suite !
- O don de Dieu! sexclama alors son entourage,
Contes soufis 111
que nous soyons sacrifis pour toi ! Cest nous de nous
occuper de ceci. Ne ten soucie pas ! Ce travail est fait
pour la main et non pas pour le cur. Nous mettons
notre bonheur dans le fait dtre tes serviteurs. Si toi-
mme tu assures le service, quelle sera notre utilit?
- Je comprends, dit le prophte, mais il y a dans tout
cela une sagesse cache ! s
Chacun attendit donc la rvlation de ce secret. Le
prophte nettoya le lit de son hte avec grand soin.
Or, linfidle possdait une statuette qui lui venait de
ses anctres. En chemin, il saperut soudain quil lavait
gare. Plein dangoisse, il se dit : u Srement, je lai
oublie dans ma chambre. N
I1 rpugnait revenir sur les lieux de sa honte mais
lavidit fut la plus forte et il rebroussa chemin. Arriv
la demeure du prophte, il vit que celui-ci tait en train
de laver de ses propres mains le lit souill. Sur-le-
champ, il oublia sa statuette et poussa de grandes
lamentations. I1 se frappa le visage des deux mains et se
cogna la tte contre les murs si bien que son visage se
couvrit de sang. Le prophte voulut le calmer mais,
alerte par ses cris, la foule accourut. Lhomme se
prostnerna devant le prophte en disant :
<< O toi ! La quintessence de lunivers ! Tu obis aux
ordres de Dieu ! Moi qui ne suis quune parcelle infime,
jexprime ma honte devant toi! N
A la vue de cette effusion, le prophte le prit dans ses
bras et le calma. I1 ouvrit lil de son me.
Sil ne pleuvait pas, lherbe ne resplendirait pas. Si
lenfant ne criait pas, on ne lui donnerait pas de lait.
Lil qui pleure est ncessaire. Ne mange pas excessive-
ment car le pain ne fait quaugmenter la soif de son
essence.
Touch par la tendresse du prophte, lhomme
sveilla comme sil sortait dun long somme. Le pro-
phte lui aspergea le visage avec de leau et dit :
<< Viens moi pour trouver la vrit car tu as
beaucoup de chemin parcourir sur cette voie. B
112 Le Mesnevi
Le soulagement
Le paon
Indescriptible
brlerais toutes ! B
Lignorant me prend en piti cause de ma stupidit
et moi, jai piti de lui car je sais de quoi il sagit !
Nourriture
Fiert
Deux anges
La gazelle
Le fil de Ipe
Piges
La corde au cou
Lorigine de lorigine
Pleurs
Dsir
Rve
Baraka
Le feu de la nostalgie
Acte manqu
La perle
I1 y avait un homme, nomm Nasuh, qui soccupait au
hammam du service des femmes. Son visage tait trs
effmin, ce qui lui permettait de dissimuler sa virilit.
Ctait un matre dans lart du dguisement. Et, depuis
des annes quil agissait ainsi, personne navait dcou-
vert son secret. Mais, en dpit de son visage et de sa voix
flte, son dsir tait ardent. I1 couvrait sa tte dun
voile mais ctait un jeune homme bouillant.
Souvent il se repentait de cette activit mais son dsir
reprenait le dessus. Un jour, il alla voir un sage afin que
celui-ci lui procure le secours de ses prires. Le sage
comprit demble la situation et nen laissa rien paratre.
Ses lvres taient comme cousues mais, dans son cur,
les secrets taient dvoils. Car ceux qui connaissent les
secrets ont la bouche ferme dun sceau.
Ainsi, avec un lger sourire, il dit au jeune homme :
<< Que Dieu te fasse repentir de ce que tu sais! >>
Cette prire traversa les sept cieux et fut agre car
les prires de ce cheikh taient diffrentes des autres.
138 Le Mesnevi
Dieu cra donc un prtexte pour tirer Nasuh de la
situation dans laquelle il stait mis. Un jour, alors que
Nasuh remplissait une bassine deau, la fille du sultan
gara une perle. Ctait lun des joyaux qui ornaient ses
boucles doreilles. Toutes les femmes prsentes se
prcipitrent de tous cts pour la retrouver et lon
ferma les portes. On eut beau fouiller partout, la perle
demeura introuvable. Pour ne rien ngliger, il fut dcid
dinspecter les personnes prsentes, de regarder dans
leur bouche, leurs oreilles et dans tous les trous et
fentes. On ordonna chacune de se dvtir pour tre
fouille.
Nasuh, retir dans un coin, le visage ple, manqua
svanouir de peur. I1 pensait la mort et son corps
tremblait comme, une feuille. I1 se disait :
<< O mon Dieu ! Jai beaucoup pch ! Jai manqu
mes bonnes rsolutions. Et quand viendra mon tour
dtre fouill, qui peut dire combien de tortures je
subirai? Je sens dj lodeur de roussi de mes poumons.
Ah! Je ne souhaite personne, ft-il infidle, de
connatre pareille passe! Plt au ciel que ma mere ne
met pas enfant ! Ou quun lion met dvor ! O mon
Dieu ! Je me confie en Ta misricorde. Prends piti de
moi ! Accorde-moi la grce car chaque pore de ma peau
est comme mordu par un serpent. Si tu couvres ma
honte, je me repentirai de tous mes pchs. Accepte
encore une fois mon repentir et si je nhonore pas cette
promesse, fais de moi ce que Tu voudras ! >>
Tandis quil marmonnait ainsi, Nasuh entendit quel-
quun dire :
M On a fouill presque tout le monde. Mais o est
donc pass Nasuh? Quelle vienne afin de subir, elle
aussi, la fouille. >)
En entendant cela, Nasuh scroula comme un mur
qui seffondre. Sa raison labandonna et il demeura au
sol, inanim. Dans cet tat, alors quil tait hors de lui-
mme, il put atteindre le secret de la vrit. Alors que
rien ne subsistait de son existence, une faveur fut faite
Contes soujis 139
son me. Celle-ci schappa de la raison pour rejoindre
la vrit. Ce fut alors que dferla la vague de la
misricorde.
Soudain quelquun cria :
Voici la perle! Je viens de la trouver! Rassurez-
vous et rjouissez-vous avec moi ! >>
Les femmes battirent des mains en disant :
<< Tout sarrange ! >>
Lme de Nasuh revint la surface et ses yeux
revirent le jour. Chacun lui faisait des excuses pour
avoir dout de son honntet.
<< Nous tavons calomnie, Nasuh ! Mais comme cest
toi qui tais la plus proche de la fille du sultan, ntait41
pas normal que tu sois souponne en premier? >>
En fait, les femmes auraient bien voulu commencer la
fouille par elle, mais, par respect pour son intimit avec
la fille du sultan, elles avaient voulu lui laisser ainsi une
occasion de se dbarrasser de la perle. Tandis quelles
faisaient amende honorable, Nasuh disait :
<< Ne vous excusez pas. Je suis coupable et ma
culpabilit dpasse la vtre. Ce qui marrive est une
faveur de Dieu mais, en ralit, je suis pire que vous ne
vous limaginez. Tout ce que vous avez pu dire mon
sujet nest pas le centime de mes pchs. Qui croit
connatre mes fautes nen sait en fait quune infime
partie. Dieu, qui jette un voile sur toute honte, connais-
sait bien mes pchs. Iblis, qui fut un temps mon matre,
tait devenu mon disciple. Dieu connaissait mes fautes
mais il l a a caches pour mpargner la honte. Avec sa
misricorde, il ma ouvert le chemin du repentir. Mme
si chacun de mes poils devenait une langue, cela ne
suffirait pas pour exprimer ma gratitude. >>
Quelque temps aprs, quelquun vint le voir de la part
de la fille du sultan pour linviter accomplir son service
au hammam. Elle ne voulait, lui dit-on, tre servie que
par elle. Nasuh rpondit :
<< Va! Je suis sorti de cette impasse. Dis que Nasuh
est malade! >>
140 Le Mesnevi
Et il se disait :
<< Je suis mort et ressuscit! Cet instant de peur que
jai vcu est inoubliable. Aprs un tel avertissement,
seul un ne persvrerait dans lerreur ! >>
Lne et le renard
Lne meurtri
Subsistance
Un homme pieux avait entendu quelquun rapporter ces
paroles du prophte :
<< La subsistance de lme vient vous de la part de
Dieu. Que vous le vouliez ou non, elle finit par vous
trouver car elle est amoureuse de vous. B
Dcid exprimenter la chose, notre homme grimpa
dans les montagnes et, l, se dit :
Contes soufis 147
<<Voyonsun peu si ma subsistance viendra me
chercher jusquici, dans ce lieu isol. >>
Et sur ce, il sendormit. Or une caravane qui stait
gare vint passer par cet endroit. En voyant un
homme endormi ainsi en plein dsert, les voyageurs se
dirent :
u Que fait cet homme en pleine montagne, loin de la
ville et hors de tout chemin ? Est-il mort ou vivant ? Na-
t-il rien craindre des animaux sauvages? >>
On se mit le secouer mais lui, dsireux de mener
lexprience jusqu son terme, ne disait rien. I1 restait
comme inerte, les yeux clos. Les voyageurs se dirent :
<< Le pauvre homme! Il est quasiment mort de
faim ! B
E t ils apportrent du pain et de la nourriture.
Soucieux de son exprience, lhomme se tint coi et ne
desserra pas les dents. Alors les gens redoublrent de
piti envers lui :
<< Mon Dieu! I1 va mourir de faim, cela est sr!
Allons chercher un couteau. B
On introduisit un couteau entre ses dents et ainsi on
parvint desserrer ses mchoires. On lui fit avaler de la
sorte un bol de soupe et des fragments de pain.
Lhomme se dit alors :
N Voil ! Tu as compris le secret ! B
Et son cur se disait :
<< Cest Dieu qui procure la subsistance du corps et de
lme. Que ceci te serve de preuve. Cette subsistance
vient la rencontre de ceux qui lattendent patiem-
ment. %
148 Le Mesnevi
Leffmin
Histoire de fou
Nettoyer lme
Voyage
moi, je reste l! B
O vous qui vous inquitez de votre subsistance, levez-
vous et venez vous servir. Mais mieux vaut avoir
confiance et ne pas sinquiter car ta part est aussi
amoureuse de toi que tu les delle. Elle ne fait des
caprices que parce quelle connat ton impatience. Si tu
tais patient, elle viendrait soffrir toi. I1 ny a pas de
vritable opulence sans confiance.
La vache et lle
Convaincu
Chien de Satan
Radis
Un jour, un voleur dit un des soldats du sultan :
N Tout ce que jai fait a t voulu par Dieu !
- I1 en va de mme pour moi ,rpliqua le soldat.
Si quelquun vole des radis un talage et tente de se
disculper en disant : << Cest Dieu qui la voulu! B
donne-lui un coup de poing sur la tte et remets les radis
en place car ceci aussi, cest la volont de Dieu.
O idiot ! Tu sais bien quaucun picier nacceptera ce
prtexte. Alors comment peux-tu compter sur Lui? O
ignorant ! En persistant dans cette erreur, tu ruines ton
158 Le Mesnevi
sang et tes biens. Si un tel argument pouvait servir, alors
nimporte qui pourrait tarracher la moustache avec
cette excuse.
Moi aussi, je suis plein de dsirs mais la crainte de
Dieu lie mes mains et mes bras.
Quand il sagit de satisfaire ton ego, tu as de la
volont comme vingt personnes. Et pour le reste, tu
invoques la volont de Dieu !
Larbre fruitier
Le pauvre
Leila
Des ignorants dirent un jour Medjoun :
<< Leila nest pas si belle que a ! Dans notre ville, il en
est des milliers qui la surpassent en beaut et en
raffinement. D
Medjoun rpondit :
<< Lapparence est une cruche. La beaut est le vin.
Dieu moffre du vin sous cette apparence. A vous, il
offre du vinaigre dans la mme cruche afin que vous
abandonniez lamour des apparences. La main de Dieu
dispense le poison et le miel dans la mme cruche. La
cruche est bien visible mais, pour les aveugles, le vin
nexiste pas. >>
Poils
11 y avait un prdicateur dune grande loquence.
Hommes et femmes ne se lassaient pas de lcouter. Un
jour, un homme nomm Djouha, le visage voil, se
Le jeu de lamour
Muezzin
Le chat et la viande
Le vin
La partie dchecs
Le sultan aimait beaucoup jouer aux checs avec
Delkak mais chaque fois que ce dernier le mettait mat, il
entrait dans une violente colre.
<< Que tu sois damn ! >> lui criait-il.
I1 prenait les pices sur lchiquier et les lui lanait la
tte.
<< Tiens ! Voici le roi ! >) disait-il.
Delkak, avec beaucoup de patience, esprait le
secours de Dieu. Un jour, le sultan lui ordonna de faire
168 Le Mesnevi
une partie et Delkak se mit trembler comme sil se
trouvait nu sur la glace. De nouveau, le sultan perdit.
Quand vint le moment fatal, Delkak se rfugia dans un
coin de la pice et se cacha sous six couches ddredons
afin de se protger du jet des pices.
<< Que fais-tu donc? >> lui demanda le sultan.
De sous les dredons, Delkak lui rpondit :
<< Que tu sois damn deux fois ! Quand tu dbordes de
colre, nul nose dire la vrit. Cest toi qui as perdu la
partie mais, en ralit, cest moi qui suis mis mat par tes
coups et me vois contraint de me protger sous les
dredons pour te dire : Que tu sois damn ! >>
Linvit
Linstant secret
L e prisonnier
Le membre dur
La perle du sultan
Un jour, le sultan tait dans son boudoir, entour de sa
cour. Il sortit dun coffret une perle prcieuse et la mit
dans la main de son vizir en lui demandant :
<< Quelle est sa valeur?
- Cent sacs dor ! rpondit le vizir.
- Ecrase-la ! ordonna le sultan.
- Comment oserais-je ? dit le vizir. Cette perle est le
fleuron de votre trsor !
- Je suis content de ta rponse! B dit le sultan et il
lui fit des cadeaux et lui rendit honneur.
Un peu aprs, alors que dautres sujets de conversa-
tion avaient t puiss, le sultan donna cette mme
perle son chambellan en lui disant :
<< Quelle est sa valeur aux yeux de ceux quhabite le
dsir ?
- Cette perle vaut la moiti de votre royaume, dit le
chambellan. Que Dieu la protge de tout pril!
- Ecrase-la ! ordonna le sultan.
- O mon sultan! rpondit le chambellan, ce serait
un grand dommage. Voyez cette lumire et cette
beaut. Lcraser, ce serait porter atteinte au trsor de
mon sultan! B
Le sultan fut satisfait de cette rponse et il le combIa
de cadeaux en louant sa sagesse.
Puis, plusieurs beys ou mirs subirent la mme
preuve et, par imitation, tous donnrent la mme
rponse afin de connatre la faveur du sultan. Finale-
ment, le sultan posa la mme question Eyaz :
<< Que vaut cette perle?
- Certainement, elle vaut davantage quon ne le dit !
rpondit Eyaz.
- Ecrase-la! B ordonna le sultan.
Or Eyaz, prvenu en rve de ceci, avait deux pierres
180 Le Mesnevi
dans sa poche. I1 sen saisit et crasa la perle sans
hsiter.
Celui qui met son espoir dans lunion avec le Bien-
Aim ne craint pas dtre cras. Lhomme pieux vit
dans la crainte de son sort au jour du jugement. Mais le
sage na pas de souci. I1 sait ce quil a sem et donc ce
quil va rcolter.
Quand Eyaz eut cras la perle, les courtisans dirent :
<< Celui qui a cras une perle si lumineuse ne peut
tre quun blasphmateur !
- Quel est le plus prcieux, demanda Eyaz,lordre
du sultan ou la perle? Vous, vous tes intresss par la
perle et non par le sultan. Moi, je ne suis pas attir par
les pierres, comme le sont les infidles. Seul le sultan me
proccupe. Lme qui est prisonnire dune pierre
colore ignore lordre du sultan ! B
A ces mots, les beys, les mirs, le chambellan et le
vizir inclinrent la tte en se lamentant. Le sultan fit
signe au bourreau.
<< Venge-moi de ces misrables! dit-il, car ils ont
prfre une pierre mes ordres.
- O sultan! Tu es celui auprs de qui les gnreux
trouvent la source de leur gnrosit. Les plus gnreux
ont honte devant la munificence de tes faveurs. Linso-
lence et lignorance des blasphmateurs provient de
labondance inpuisable de ta clmence. Au moment du
pillage, le peuple veille pour protger ses biens. Puisque
la crainte de perdre ses biens lempche de dormir,
comment pourrait-il dormir sans craindre de perdre la
vie ? Loubli nat de linadvertance et du ramollisse-
ment. Laisse-leur la vie car ils ont vu ton visage et ne
supporteront pas den tre spars. Mme si la mort est
amre, elle ne peut ltre autant que la sparation. I1 est
agrable de mourir avec lespoir de te rejoindre mais il
est amer de vivre dans les tourments de la sparation.
En enfer, les infidles se disent : Nous ne serions pas
aussi tristes sil nous avait honors dun seul regard!
Afin que ceux qui sont avilis par linsolence puissent
Contes soufis 181
tre lavs par lEuphrate de ta misricorde, laisse
scouler le flot de ton pardon ! >>
Tailles
Lesclave abus
La mche
Les beys
Le chasseur et loiseau
Vol
Le gardien
La bien-aime
Le cheval blanc
Quelquun demanda un bey de lui prter un cheval. Le
bey rpondit :
<< Volontiers ! Prends mon cheval blanc.
- Non ! Non ! fit lautre.
- Pourquoi donc ? demande le bey.
- Ce cheval est un animal trange : il marche
lenvers, cest--dire que lorsquil se dplace, sa queue
le prcde !
- Et alors? Tu nas qu tourner sa queue vers ta
maison! >>
Puisque le dsir est la queue de ton ego, tu progresses
reculons. Alors, tourne cette queue vers lapptit de
lautre monde. Quand le dsir du sommeil ou la
gourmandise saffaiblissent, le dsir de ta raison sen
trouve renforc. Cest comme couper les branches dun
arbre. A leur place repoussent des branches plus
vigoureuses. Tourne donc la queue de ton ego dans
cette direction et il parviendra au but, ft-ce reculons !
I1 est vrai cependant que les chevaux obissants sont
plus commodes. Ils ne reculent pas lorsquon leur dit
davancer.
196 Le Mesnevi
Le parfum du prophte
Le visage peint
Paroles
Rien
L e malade et le soufi
La mre
Le chemin de la prire
Un commerant, arrivant un matin devant sa boutique,
vit que lentre en tait barre par un groupe de
femmes. Ses pieds le brlaient cause du long chemin
quil avait parcouru mais il ne pouvait passer, tant
lendroit tait encombr de femmes, toutes plus belles
les unes que les autres. I1 sadressa lune delles et lui
dit :
M 6 ma fille ! Que vous tes nombreuses !
- Ne te mets pas en colre pour cela! rpliqua la
femme. En ralit, notre nombre est encore insuffisant
et la pnurie de femmes engendre lhomosexualit ! N
Ne te proccupe pas des vnements de ton temps.
Ne prends pas en considration les uvres indigestes du
destin. Ne te fais pas de souci pour ta subsistance. Si tu
es dans le besoin ou dans la scheresse, si tu grelottes,
quimporte ! Considre ces preuves amres comme un
signe de misricorde et le pouvoir sur nos cits comme
une torture.
Le chemin de la prire est plein dempreintes de fer
cheval. Mais celles-ci sont tournes en arrire !
Contes soufk 211
Maux
Une iemme dit un jour son man :
u O toi qui as quitt le chemin de la gnrosit!
Regarde-moi ! Combien de temps resterai-je ainsi mal-
traite et dpenaille ? N
Le mari rpondit :
N Je travaille pour assurer ta subsistance. Sans doute
suis-je pauvre mais mes pieds et mes mains sont solides.
Cest mon devoir de thabiller et de te nourrir et je ny ai
jamais manqu ! >>
La femme montra alors le col de sa chemise qui tait
sale et fait dune toffe grossire.
<< Ce col me meurtrit la peau. Pourquoi mobliges-tu
porterun tel vtement ?
- O femme! rpondit lhomme, rponds ma
question : est-il prfrable de divorcer ou de subir Ia
rudesse de son col? De ces deux maux, lequel est le
pire? w
toi qui te plains! Les difficults, la pauvret, les
preuves et ladversit sont ainsi. Sans doute est-il amer
de renoncer un dsir mais il lest encore plus de
sloigner de la vrit. Jener est srement difficile,
mais mqins que de se dtourner de la vrit. Si Dieu te
dit : << O malade! Comment te portes-tu? >> Crois-tu
donc que ta maladie va persister ? Mme si tu nentends
pas sa voix, sa question te procure du plaisir. I1 y a bien
longtemps que tu bous dans la marmite, dessch ! Et
tu nas mme pas atteint le milieu de la cuisson !
212 Le Mesnevi
Le sage et le prtre
Mat
Patience
Un disciple avait envie de rencontrer cheikh Ebul-
Hassan Harkaani. I1 quitta donc la ville de Talkan pour
la ville de Harkan. I1 traversa maintes montagnes et
valles en priant Dieu afin quil lui permette un jour de
contempler le visage du cheikh. Aprs bien des tribula-
tions, il finit par dcouvrir la maison du cheikh. Plein de
respect, il frappa la porte. De lintrieur, la femme du
cheikh lui rpondit en criant :
<< Que veux-tu? Que viens-tu faire ici? B
Le disciple rpondit :
<< Je suis venu rendre visite au cheikh! n
La femme alors se mit 3 rire :
<< Nas-tu vraiment rien de mieux faire? Tu as
travers tout le pays pour voir le visage dun imbcile !
Peut-tre en avais-tu assez de ton pays? B
Ainsi, cette femme vilipenda son mari sans vergogne.
Mais, ce nest pas mon affaire que de rapporter ses
propos. Ce qui est sr, cest que ses paroles noyrent de
chagrin le cur du disciple. Les larmes aux yeux, il
demanda :
<< O est-il, ce beau cheikh ?
- Cest un hypocrite! dit la femme. Un pige pour
les idiots! Une laisse pour les gars! Combien de
personnes comme toi sont ainsi venues et se sont mises
en pril par sa faute ! I1 vaut mieux que tu ten retournes
sans le voir ! D
Le disciple se mit crier :
<< Cest assez prsent ! La lumire des hommes de
Dieu a couvert lOrient et loccident. Tes paroles
sataniques ne marracheront pas dici. Je ne suis pas
venu ici comme un nuage pouss par le vent pour quitter
ce seuil comme de la poussire. O femme, tu souffles
pour teindre le flambeau de la vrit. Mais tu ne
218 Le Mesnevi
russiras qu te brler la tte. Peut-on teindre le soleil
dun souffle? Si tu nhabitais pas dans cette maison, je
lacrerais ton visage. Remercie le ciel dtre le chien de
cette maison ! >>
Puis, le disciple demanda autour de lui o lon pouvait
trouver le cheikh. Et quelquun lui rpondit :
<< I1 est parti chercher du bois dans la fort ! >>
Satan qui cherche cacher la lumire sous la pous-
sire mit le doute dans le cur du disciple, qui se dit :
<< Comment ce cheikh peut-il garder semblable
femme en sa maison et vivre avec elle? Comment ces
deux opposs peuvent-ils sunir ? >>
Mais, en mme temps, il se disait :
Je ne dois pas juger le cheikh car ce serait un
pch. B
Alors, son ego lui posait cette question :
e Comment Gabriel peut-il vivre avec Satan? Com-
ment le guide peut-il vivre avec celui qui gare les
gens? >>
Tandis quil tait assailli par toutes ces penses, il vit
le cheikh, mont sur un lion, qui venait sa rencontre.
Le lion tirait un chargement de bois et un serpent servait
de fouet au cheikh. Quand celui-ci aperut le disciple, il
se mit sourire. Car la lumire de son cur lui avait fait
dcouvrir ses penses. I1 lui dcrivit celles-ci et lui conta
ses aventures comme sil y avait assist.
a Si je ne montrais pas de patience envers elle, dit-il,
comment ce lion pourrait-il tirer mon fardeau? Je suis
joyeux, ivre et fidle, comme un chameau sous la charge
que Dieu lui a offerte. Je ne prends pas trop en
considration les critiques du peuple. Nous pouvons
supporter le fardeau de cette idiote et de milliers de gens
comme elle. Ce destin est une leon pour nos lves. >>
Toutes ces paroles te sont adresses afin que tu
supportes avec patience les personnes de mauvais carac-
tre.
Contes soufis 219
Successeurs
Le cercle
ges
Logique
Les crieurs
La souris et la grenouille
Le riche et le derviche
Talents
Histoire de cheval
Ivre
Fortune
Lidiot
Djuha rpondit :
<< Jai eu une offre neuf cents pices dor, mais moi,
jen demande mille ! >>
Ladjoint du juge rpliqua :
<< Nas-tu pas honte de demander un tel prix? La
valeur de cette malle est par trop vidente ! D
Djuha lui dit :
<( Comment peux-tu dire une chose pareille alors que
notre pauvret ! B
Sa femme se rendit donc chez le juge, accompagne
de quelques autres femmes car elle avait demand
lune delles de raconter son histoire sa place afin que
le juge ne reconnaisse pas sa voix.
I1 est vrai que les sourcils et les fossettes dune femme
peuvent tre autant darcs et de flches. Mais sans le
242 Le Mesnevi
secours de la voix, ces armes natteignent pas le gibier.
E t le juge dit la femme :
<< Amne-moi ton mari si tu veux que je rsolve ton
problme. >>
Djuha se rendit donc au tribunal. Le juge ne le
reconnut pas puisquil se trouvait dans une malle la
seule fois o il lavait rencontr. En revanche, il
connaissait sa voix pour lavoir entendu marchander
avec son adjoint. I1 lui dit :
e Pourquoi maltraites-tu ainsi ta femme? *
Djuha rpondit :
Que mon me et ma tte soient sacrifies devant la
loi ! Si je mourais linstant, il ne me resterait mme pas
de quoi me payer un linceul ! De plus, je perds chaque
fois que je joue aux ds ! >>
En entendant cette voix, le juge le reconnut immdia-
tement et lui dit :
<< Ah ! le jeu de ds ! Tu y as jou une fois avec moi
dj ! Ce nest plus mon tour. Va jouer avec quelquun
dautre! B
La belle servante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Le prdicateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Abandonner la colre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
L'aguicheuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
La chaudire de ce monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Lescrottes ............................. 23
La terre et le sucre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
L'ordubois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
Le perroquet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
Le puits du lion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
Salomon et Azral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
Le moustique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Les oiseaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Lacage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Le vieux musicien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Laplainte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
L'ivrogne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
Ledoute . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
Traces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
Lamosque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Le chameau perdu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
Prires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
Peur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
Soixante-dix ans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
Cercueil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
246 Le Mesnevi
Larc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
La charge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
La crote des choses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
Le miel du vin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
Lasouris . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
Larbre du savoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Quatre pices dor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
Chair interdite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
La bouche de Mose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
lie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
Le citadin et le paysan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
Lamare . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
Le secret du chien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Pauvre chacal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Lidiot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
Le serpent-dragon. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
Llphant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
La bien-aime de lamoureux . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Le trsor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Le matre dcole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
La balance et le balai . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
Le derviche de la montagne . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
La mule et le chameau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . n
Cheikh . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
Aveugle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
Chercheur de vrit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
Le fils de Myriam . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
Le peuple de Saba . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
Le ruisseau de la lune . . . . . . . . . . . . . . . . . . .:. . 86
Le tambour du voleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
Graines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
Niche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
La table vide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
Hammam . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
Prodige . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
La lumire intrieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
Le langage des animaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
Vingt enfants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
Table des matires 247
L'esprit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
Laville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
La mosque cache ....................... 101
Tambours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
I a ville de l'amour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
Pois chiches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
La jument et son poulain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
Levent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
Frapper . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
Sacrifice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
Ventre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
Le soulagement ......................... 112
Lepaon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
Indescriptible. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
Nourriture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
Fiert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
Deux anges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
Lagazelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
Le fil de l'pe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
Piges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
La corde au cou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
L'origine de l'origine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
Pleurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
Dsir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
Rve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
Baraka . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
Une poigne de terre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
L e s babouches prcieuses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
Le feu de la nostalgie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
Acte manqu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
La perle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
L'ne et le renard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
L'ne meurtri . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
Subsistance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
L'effmin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
Histoire de fou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
Nettoyer l'me . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
Voyage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
248 Le Mesnevi
La vache et lle ......................... 153
Lanterne en plein jour ..................... 154
Convaincu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
ChiendeSatan .......................... 156
Radis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
Larbrefruitier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
Lepauvre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
Leila ................................ 160
Poils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
Le feu de lamour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
Muezzin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
Le chat et la viande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
Levin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164
La partie dchecs ........................ 167
Linvit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
Linstant secret .......................... 169
Le prisonnier ........................... 171
La guerre contre lego ..................... 172
Quarante pices dargent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
Le membre dur ......................... 174
Laperledusultan ........................ 179
Tailles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181
Lesclaveabus ......................... 181
Lamche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184
Lesbeys . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
Le chasseur et loiseau ..................... 186
Vol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188
Legardien ............................ 189
La bien-aime .......................... 190
....................
Le trsor dans la cendre 191
Le cheval blanc ......................... 195
.....................
Le parfum du prophte 196
Le visage peint .......................... 198
Paroles ............................... 199
Rien ................................ 200
......................
Le malade et le soufi 201
Lamre .............................. 209
Lechemindelaprire ..................... 210
Table des matires 249
Maux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211
Le sage et le prtre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
Mat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213
Patience . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 217
Successeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
Le cercle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
veill dans le rve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221
Ages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224
Logique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224
Les crieurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225
La souris et la grenouille.................... 227
Le riche et le derviche ..................... 228
Talents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229
Histoire de cheval . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231
Les trois fils ............................ 233
Ivre ................................. 235
Fortune . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237
L'idiot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239
Le juge dans la malle ...................... 239
Souffle. patience. silence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244