Les Experts Du Comité D'entreprise: Numéros Juridiques

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 88

Numros Juridiques

Les experts
du comit
dentreprise
Experts du comit dentreprise Fvrier 2015

Numros juridiques

Linstance de coordination
Le point spcial

des CHSCT

Numro juridique n 26 Fvrier 2015 ISSN 2101-4418


AVANT-PROPOS

Numros
juridiques
Liaisons sociales
1, rue Eugne et Armand Peugeot
92856 Rueil-Malmaison Cedex
Tl. : 01 76 73 30 00
Fax : 01 76 73 48 82
www.wk-rh.fr Les experts du comit
Prsident, directeur de la publication
Hubert Chemla dentreprise
Directrice gnrale du ple Droit
et Rglementation Face lacclration des restructurations dentreprises et la complexit du
Isabelle Bussel
monde des affaires, les comits dentreprise sont confronts
Directrice de linfocentre Droit social
Sylvie Duras des situations difficiles apprhender. Afin de les aider dans
leurs diffrentes attributions et leur permettre de rendre un avis clair, ils
RDACTION
Rdactrice en chef peuvent recourir lassistance de plusieurs types dexperts. La loi
Natacha Marignier du 14 juin 2013 relative la scurisation de lemploi (L. n 2013-504,
remplace ad interim
par Sandra Limou (3819) JO 16 juin) a largi leur champ daction mais, pour certains dentre eux, a
Rdactrice encadr les dlais de ralisation de leur mission.
Marie Mourat (4119)

Secrtaire de rdaction unique Lexpert-comptable


Catherine Ducroux (3977)
Le comit dentreprise peut faire appel lexpert-comptable de
Conception graphique son choix, inscrit au tableau de lOrdre, dans le cadre de lexamen annuel des
Yvon Larguier
comptes, de lexamen
PUBLICIT des documents comptables et de gestion,
Directrice commerciale Publicit La loi du 14 juin dune procdure dalerte conomique,
Sandrine Vinot (4272)
2013 a largi dune opration de concentration, dune offre
Directrice de publicit
Anne Mallet (3857) le champ daction publique dacquisition, dune procdure de
ABONNEMENTS des experts mais, licenciement conomique dau moins
Service abonnements
pour certains 10 salaris sur 30 jours, ou encore
0 825 08 08 00 - Fax : 01 44 72 20 27
dentre eux, pour lexamen du rapport sur la participation.
Service VPC
ric Huguenin (3644) Suite la loi du 14 juin 2013, lexpert-
a encadr les dlais
Librairie en ligne comptable peut galement intervenir lors
www.wkf.fr de ralisation de la consultation sur les orientations
Service lecteurs
01 76 73 39 75
de leur mission stratgiques de lentreprise, lors de
FABRICATION
la ngociation dun accord de maintien de
Directrice de production lemploi ou dun accord majoritaire en cas de licenciement conomique dau
Palmira Andrade moins 10 salaris sur 30 jours. Le dlai dans lequel se droule
Responsable de production
Christine Buonomano
la mission de lexpert-comptable est fix par la loi en cas de licenciement
Imprim par conomique et doffre publique dacquisition.
Roto Champagne - 52000 Chaumont Sagissant des autres domaines, les dlais sont tablis par accord
Routage
BRI, ZI des Vignes
entre lemployeur et le CE ou, dfaut, par dcret.
61-79, rue Saint-Andr - 93000 Bobigny Rmunr, sauf exception, par lentreprise, il exerce son activit
DITEUR en toute indpendance, dans le respect du secret professionnel
Wolters Kluwer France et de son obligation de discrtion.
SAS au capital de 155 000 000 euros

Expert technique
Sige social :
1, rue Eugne et Armand Peugeot
92856 Rueil-Malmaison Cedex
RCS Nanterre 480 081 306
Dans les entreprises dau moins 300 salaris, le comit dentreprise peut recourir
Associ unique un expert rmunr par lemployeur loccasion de tout projet important
Holding Wolters Kluwer France dintroduction de nouvelles technologies, lorsquil est susceptible davoir des
incidences sociales. Le recours cet expert ncessite un accord entre
Dpt lgal : FVRIER 2015
lemployeur et la majorit des membres lus du comit dentreprise.
dfaut, la dcision est prise par le prsident du tribunal de grande instance
statuant en urgence.

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 3


AVANT-PROPOS

Lexpert technique doit remettre son rapport dans un dlai raisonnable fix par
un accord entre lemployeur et le comit d'entreprise ou, dfaut, par dcret.
Il est tenu par le secret professionnel pour les questions relatives aux procds
de fabrication et par une obligation de discrtion lgard des informations
prsentes comme confidentielles par lemployeur.

Lexpert libre
Le comit dentreprise peut faire appel tout expert rmunr par ses soins pour
la prparation de ses travaux. Sa mission sinscrit dans le cadre des fonctions
exerces par le comit en matire conomique, professionnelle et sociale.
Contrairement lexpert-comptable qui dispose de pouvoirs dinvestigation
largis, lexpert libre a accs uniquement aux documents dtenus par le comit
dentreprise et au local de ce dernier. Nanmoins, un usage ou un accord
collectif peuvent prvoir un accs dautres locaux.
Par exception, dans le cadre de la fermeture dun tablissement ayant pour
consquence un projet de licenciement conomique (entreprise dau moins
1 000 salaris), le CE peut faire appel un expert qui nest pas ncessairement
un expert-comptable dont les honoraires sont la charge de lemployeur.

Lexpert judiciaire de gestion


Dans plusieurs types de socits (socits anonymes, SARL, socits en
commandite par actions et socits par actions simplifies), le comit
dentreprise peut demander au tribunal de commerce, statuant en la forme
des rfrs, la dsignation dun ou de plusieurs experts. Cette expertise vise
vrifier lopportunit et la lgalit dune ou de plusieurs oprations de gestion,
prises par les dirigeants de la socit, qui savrent contestables.

Zoom : Le droit dalerte conomique


du comit dentreprise
Lorsque la situation conomique de lentreprise savre proccupante,
le comit dentreprise a la possibilit dexercer un droit dalerte. Cette procdure
permet au CE de demander des explications lemployeur sur un ou des faits
proccupants, dlaborer un rapport et de saisir les organes dirigeants
de lentreprise qui sont alors tenus de lui donner une rponse motive.

Linstance de coordination
des CHSCT
La loi du 14 juin 2013 relative la scurisation de lemploi a institu,
pour les entreprises comptant plusieurs CHSCT, la possibilit de mettre en place
une instance temporaire de coordination. Une fois constitue linitiative
de lemployeur, elle est charge dorganiser le recours une expertise unique,
lorsque ces comits sont concerns par un projet commun. Si linstance
de coordination peut rendre un avis sur le projet, il ne se substitue pas
celui des CHSCT concerns.

4 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Numros juridiques

Sommaire Fvrier 2015

Les experts du comit


dentreprise
BARTHLMY AVOCATS
Michel MORAND, Professeur associ, Universit Auvergne Clermont 1, Avocat
Jean-Julien JARRY, Avocat Gwennhal FRANOIS, Matre de confrences,
Universit Auvergne Clermont 1, Avocat

Lexpert-comptable Ce Numro
1 du comit dentreprise 7
Modalits de recours un expert
Offres publiques dacquisition
Procdure de licenciement conomique 24
23
23 juridique
annule
LA DSIGNATION 8 Procdures concernes 24 et remplace
la prcdente
Entreprises concernes 8 Cadre de la dsignation 24 dition
Qui procde la dsignation ? 9 Modalits de dsignation 25 doctobre 2010
Comit dentreprise 9 Contenu de la mission 25
Dlgation unique du personnel 9 Ngociation de laccord sur la procdure
Comit dtablissement et CCE 9 de licenciement conomique 26
Dlgus du personnel 11 Choix de lexpert-comptable 27
Commission conomique du CE 11 Commission conomique du CE ou du CCE 27
Comit de groupe 11 Participation 28
Comit dentreprise europen 12 Orientations stratgiques de lentreprise 28
Qui peut tre dsign ? 12 Ngociation de laccord de maintien de lemploi 29
Expert-comptable inscrit au tableau de lOrdre 12 Recoupements entre les diffrentes missions 29
Socit dexpertise comptable 12 Litiges 30
Choix de lexpert 12
Modalits de la dsignation 13 LES MOYENS DACTION 33
Vote facultatif du comit 13 Assistance de lexpert-comptable 33
Rgles de majorit 13 Accs aux documents 34
Participation du prsident 13 Libre accs dans lentreprise 38
Intervention du juge 14 Contacts et runions avec les membres du CE 39
Moment de la dsignation 14 Contact avec le personnel 40
Litiges relatifs la dsignation 16 Contact avec les organisations syndicales 40
Opportunit du recours 16
Rgularit de la dsignation 16 LES OBLIGATIONS DE LEXPERT 41
Lettre de mission 41
LES MISSIONS 19 Dlais de ralisation de la mission 41
Examen annuel des comptes 19 Principe 41
Comptes concerns 19 Dlais conventionnels 42
tendue de la mission 19 Dlais rglementaires 42
Environnement conomique Dlais lgaux 42
et situation de lentreprise 20 Point de dpart des dlais 42
Groupe et unit conomique et sociale 20 Rdaction dun rapport 42
Examen des documents comptables Obligation dindpendance 43
et de gestion 21 Obligation de secret professionnel
De quels documents sagit-il ? 21 et de discrtion 43
Dans quelle entit cette assistance est-elle possible ? 21 Principe 43
Modalits de recours lexpert 22 lgard du comit dentreprise 43
Oprations de concentration 22 lgard des tiers 44
Oprations concernes 22 Sanctions 44

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 5


Numros juridiques

Sommaire Les experts du comit dentreprise

HORS TEXTES Responsabilit de lexpert-comptable 44 LEXERCICE DE LA MISSION 57


Procdure lgard du comit dentreprise 44 tendue de la mission 57
de conciliation lgard de lemployeur et des salaris 45 Moyens 57
Page 49 Responsabilit pnale 45 Obligations 59
Lexpert libre Sanctions disciplinaires 45 Rmunration 59
en cas de recherche
dun repreneur
Page 66
LA RMUNRATION DE LEXPERT
Prise en charge
Fixation des honoraires
47
47
47
3Les autres experts 61
Contestation par lemployeur 47 LEXPERT LIBRE 62
Consultation sur les orientations Dsignation 62
stratgiques 49 Contenu de la mission 64
Cas particulier des frais 49 Dure de la mission 64
Moyens mis en uvre 64

2 Lexpert technique 51
Rmunration

LEXPERT-COMPTABLE DU COMIT
65

LA DSIGNATION 52 DE GROUPE 67
Entreprises concernes 52 Mission 67
Entreprise dau moins 300 salaris 52 Dsignation 68
Apprciation de leffectif 52 Moyens daction 68
Initiative du comit dentreprise 52 tendue du pouvoir dinvestigation 69
Vote du comit dentreprise 52 Rmunration 70
Rpartition des comptences 53
Dlgus du personnel 53 LEXPERT JUDICIAIRE DE GESTION 71
But du recours lexpertise 53 Dsignation 71
Accord de lemployeur 53 Mission dexpertise 72
Choix de lexpert 54 Rapport 72
Intervention du prsident du TGI 54 Rmunration 72

LES CONDITIONS DE RECOURS 55


Nouvelles technologies 55
Importance des incidences sociales 56

ZOOM
DROIT DALERTE CONOMIQUE DU COMIT DENTREPRISE 73

Le point spcial
Linstance de coordination
des CHSCT
Cas permettant la coordination 80 Moyens et obligations de linstance 82
Composition de linstance 81 Modalits de lexpertise unique 82
Fonctionnement de linstance 81 Contestation de lexpertise 85

6 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


1
Lexpert-comptable
du comit
dentreprise
La dsignation

Les missions

Les moyens daction

Les obligations de lexpert

La rmunration de lexpert

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 7


Les experts du comit dentreprise

Le comit dentreprise a la possibilit de recourir lassistance dun expert-comptable inscrit au


tableau de lOrdre dans un certain nombre de cas limitativement dfinis par le Code du travail. Cette
intervention sinscrit dans le cadre des attributions consultatives du comit dentreprise relatives aux
questions conomiques (C. trav., art. L. 2323-6). Dans le cadre de ce chapitre, nous analysons suc-
cessivement les modalits de sa dsignation, ses missions, ses moyens daction, ses obligations ainsi
que sa rmunration.

LA DSIGNATION

central dentreprise exerant lensemble des attri-


butions dfinies par les textes, la seule exception
ENTREPRISES CONCERNES de celles qui seraient incompatibles avec la
1 TOUTES LES ENTREPRISES prsence ltranger du sige social (CE, 29 juin
Le droit de recourir un expert-comptable sexerce 1973, n 77982).
dans toutes les entreprises, quels que soient leur Il va de soi que la facult de recourir lassistance
forme juridique ou leur effectif, ds lors quun dun expert-comptable doit tre reconnue dans
comit dentreprise existe (C. trav., art. L. 2325-35). son principe de tels comits, la prsence du
Ainsi dans une union dpartementale de mutuelles, sige social ltranger pouvant simplement avoir
le comit dentreprise peut se faire assister dun pour effet dexclure, de fait, certains cas de recours
expert-comptable pour lexamen des comptes qui lexpertise-comptable.
lui sont communiqus (Cass. soc., 30 avr. 1997,
n 95-20.563P). Il en est de mme concernant le CE
dune caisse primaire dassurance maladie, peu impor-
tant les spcificits de la comptabilit de cet organisme 3 ENTREPRISE SANS COMIT DENTREPRISE
(Cass. soc., 8 oct. 2014, n 13-15.769P). MAIS AVEC DP
Reste enfin le cas des entreprises au sein desquelles
Larticle L. 2325-35 ne comporte aucune rfrence les dlgus du personnel exercent temporaire-
une condition deffectif minimum (Cass. soc., ment, en application de larticle L. 2313-13 du
12 avr. 2012, n 10-27.470), la facult de recourir Code du travail, les attributions conomiques re-
lassistance dun expert-comptable nest donc levant du comit. Il sagit dentreprises norma-
pas rserve aux seuls comits obligatoirement lement soumises lobligation de constituer un
constitus (en application de larticle L. 2322-1 comit dentreprise, cest--dire employant au
du Code du travail) dans les entreprises employant moins 50 salaris, mais dans lesquelles la mise
au moins 50 salaris. En effet, les comits crs en place du comit na pu, faute de candidatures,
par convention ou accord collectif de travail tre effectue et a donn lieu un constat de
dans les entreprises employant moins de carence dans les conditions prvues larticle
50 salaris (C. trav., art. L. 2322-3) et ceux main- L. 2324-8 du mme code.
tenus malgr une rduction importante et durable Dans ce cas, le 5e alina de larticle L. 2313-13 du
du personnel ramenant leffectif en dessous de Code du travail prvoit expressment que les
50 salaris, bnficient du mme droit de se faire dlgus du personnel peuvent avoir recours
assister dun expert-comptable. aux experts rmunrs par lemployeur, dans
Il en va de mme sagissant des comits communs les conditions prvues aux articles L. 2325-35 et
mis en place dans le cadre des units conomiques suivants, dont lexpert-comptable.
et sociales reconnues par convention ou par dci- En est-il de mme lorsque, malgr lobligation qui
sion de justice et regroupant au moins 50 salaris lui en est faite par larticle L. 2324-3, lemployeur
(C. trav., art. L. 2322-4). dau moins 50 salaris na pas organis dlections
en vue de la dsignation des membres du comit
dentreprise ? Larticle L. 2313-13 prcise que ce
nest quen cas de carence constate aux lections
2 SOCIT TRANGRE que les dlgus du personnel se trouvent investis
En ce qui concerne les socits trangres ayant des attributions conomiques du comit dentreprise,
des tablissements en France, la jurisprudence jusqu sa mise en place effective. Toutefois, il nous
administrative considre quelles sont soumises parat difficile pour lemployeur dallguer le non-
la lgislation sur les comits dentreprise. Elles respect de sa part dune obligation lgale pour refuser
doivent donc mettre en place, lorsquelles em- un droit aux dlgus du personnel.
ploient en France au moins 50 salaris, des comits
dtablissement et mme, le cas chant, un comit

8 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

treprise, subsistent indpendamment. Les dlgus


du personnel, au titre de leurs attributions relevant
QUI PROCDE du comit dentreprise, peuvent avoir recours
un expert-comptable dans le cadre de larticle
LA DSIGNATION ? L. 2325-35 du Code du travail.

4 RECOURS UN EXPERT-COMPTABLE
Le comit dentreprise peut se faire assister dun 7 COMIT DTABLISSEMENT ET CCE
expert-comptable de son choix (C. trav., art. Dans les entreprises structure plus complexe
L. 2325-35) : ayant des comits dtablissement et un comit
en vue de lexamen annuel des comptes prvu central dentreprise, cest en considration de la
aux articles L. 2323-8 et L. 2323-9 ; nature des missions dassistance prvues par
en vue de lexamen des documents mentionns larticle L. 2325-35 que doit tre dtermin
larticle L. 2323-10, dans la limite de deux fois lauteur de la dsignation de lexpert-comp-
par exercice ; table.
dans les conditions prvues larticle L. 2323-20, Selon larticle L. 2327-15 du Code du travail, les
relatif aux oprations de concentration ; comits dtablissement ont les mmes attribu-
dans le cadre de la procdure dalerte cono- tions que les comits dentreprise dans la limite
mique prvue aux articles L. 2323-78 et suivants ; des pouvoirs confis aux chefs de ces tablis-
lors de la mise en uvre de la procdure de sements. Quant au comit central dentreprise,
consultation pour licenciement conomique dans larticle L. 2327-2 prcise, en son premier alina,
les entreprises dau moins 10 salaris dans une quil exerce les attributions conomiques qui con-
mme priode de 30 jours (C. trav., art. L. 1233- cernent la marche gnrale de lentreprise et qui
30) ; excdent les limites des pouvoirs des chefs
lors de lexamen du rapport relatif la parti- dtablissement.
cipation (C. trav., art. D. 3323-14) ; Cest donc en fonction de cette rpartition des
dans le cadre de la consultation sur les orien- comptences entre comits dtablissement et
tations stratgiques de lentreprise (C. trav., art. comit central dentreprise que doit tre dter-
L. 2323-7-1) ; min, pour chacune des missions vises larticle
lors de la ngociation dun accord de maintien L. 2325-35, lauteur de la dsignation de lexpert-
dans lemploi (C. trav., art. L. 5125-1) ; comptable.
lors de la conclusion dun accord collectif en
cas de licenciement conomique (C. trav., art. Examen des comptes
L. 1233-34 et L. 1233-24-1) pour assister les or- et des documents de gestion
ganisations syndicales dans la ngociation ; Lorsque les comptes sociaux comme les docu-
dans le cadre de la recherche dun repreneur ments de gestion sont tablis au niveau de len-
quand lentreprise envisage la fermeture dun ta- treprise entire, ils sont prsents ou commu-
blissement qui aurait pour consquence un projet niqus au comit central dentreprise. Dans ce
de licenciement collectif (C. trav., art. L. 1233- cas, il ny a aucune raison pour que le comit
57-17) dans les entreprises et tablissements dau dtablissement, dpourvu de toute autonomie
moins mille salaris. Lexpert dsign ce titre budgtaire, exige lassistance dun expert-comp-
nest pas ncessairement un expert-comptable ; table.
dans le cadre dune offre publique dacquisition En revanche, dans le cas inverse, lorsquune
(C. trav., art. L. 2323-21 et s). direction financire existe au niveau de ltablis-
sement, son comit doit pouvoir obtenir lassis-
tance dun expert-comptable, pour lexamen
5 COMIT DENTREPRISE annuel des comptes (Cass. soc., 14 dc. 1999, n 98-
Dans les entreprises structure simple au sein 16.810P; Cass. soc., 11 mars 1992, n 89-20.670P,
desquelles est constitu un comit dentreprise Dr. social 1993, note Maurice Cohen; Cass. soc.,
unique, la dtermination de lauteur de la dsi- 27 mai 2008, n 07-12.582).
gnation de lexpert-comptable ne soulve, en fait Dans larrt du 11 mars 1992, il sagissait dun comit
comme en droit, aucune difficult puisquil sagit dtablissement regroupant cinq centres de soins
du seul comit constitu. appartenant une association grant, par ailleurs,
dautres centres de soins. Les budgets de fonction-
nement, propres chaque tablissement, sont fixs
par lautorit administrative de tutelle, comme cest
6 DLGATION UNIQUE DU PERSONNEL la rgle dans ce secteur dactivits. Cette tutelle bud-
Dans les entreprises de moins de 200 salaris, les gtaire conduit considrer chaque tablissement
dlgus du personnel peuvent constituer la dl- comme une vritable entreprise autonome tablissant
gation du personnel au comit dentreprise ses propres documents comptables sans consolidation
(C. trav., art. L. 2326-1). Dans ce cas, les attribu- administrative au niveau de lassociation gestionnaire.
tions et les rgles de fonctionnement des deux Pour cette raison, ces documents doivent tre pr-
institutions, dlgus du personnel et comit den- sents au comit dtablissement et non au comit
central dentreprise, le comit dtablissement jouant,

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 9


Les experts du comit dentreprise

pour cet examen, le rle dun vritable comit dentre-


prise autonome. Dailleurs la Cour de cassation considre que les
comits dtablissement ne sont pas investis
Selon Maurice Cohen (note prcite), ds lors dune telle prrogative (Cass. soc., 1er mars 2005,
que les pouvoirs du chef dtablissement compor- n 03-20.429P ; Cass. soc., 6 avr. 2005, n 02-31.130P).
tent des attributions conomiques et financires Pour plus de dtails, voir Zoom p. 73.
entranant un devoir de consultation du comit
dtablissement, celui-ci peut demander lassistance Opration de concentration
dun expert-comptable rmunr par lemployeur Lopration de concentration vise larticle
pour lexamen annuel des comptes . L. 2323-20 ne pouvant concerner que lensemble
De mme, le recours un expert-comptable par le de lentreprise, le recours un expert-comptable
comit dtablissement dune des socits partie au sein dune entreprise partie une opration
une unit conomique et sociale (UES) est justifi, de concentration ne peut rsulter que dune
nonobstant la dsignation dun expert-comptable dlibration du comit central dentreprise.
par le comit central dentreprise. En effet, lauto-
nomie de cette socit, qui garde sa personnalit Rapport sur la participation
juridique, justifie un examen approfondi des La rserve de participation tant calcule partir
comptes (Cass. soc., 28 nov. 2007, n 06-12.977P) des rsultats comptables et fiscaux de lentreprise,
ce niveau. cest au comit central dentreprise que doit tre
La Cour de cassation admet donc que le droit prsent le rapport prvu larticle D. 3323-14
du comit central dentreprise dtre assist pour du Code du travail. Cest donc lui qui peut choisir
lexamen annuel des comptes de lentreprise ne de faire appel un expert-comptable pour lassister
prive pas le comit dtablissement du droit cette occasion.
dtre lui aussi assist par un expert-comptable
charg de lui fournir tous lments dordre Procdure de consultation
conomique, social et financier ncessaires la pour licenciement conomique
comprhension des documents comptables de La procdure de consultation prvue larticle
ltablissement et lapprciation de sa situation L. 1233-30 du Code du travail en cas de licen-
(Cass. soc. 9 nov. 2011, n 10-16.702; Cass. soc., ciement dau moins 10 salaris dans une mme
8 avr. 2014, n 13-10.541P). priode de 30 jours peut concerner, selon les cas :
En effet, la mise en place dun comit dtablissement soit la fois le comit central dentreprise et le
suppose que ltablissement dispose dune autonomie ou les comits dtablissement intresss ;
suffisante en matire de gestion du personnel et de soit le seul comit dtablissement intress.
conduite de lactivit de ltablissement. Il appartient
au seul comit dtablissement dapprcier loppor- Si le licenciement ne concerne quun seul ta-
tunit de se faire assister dun expert pour lexamen
des comptes de cet tablissement. blissement, pour des motifs propres cet tablis-
sement, et relve de la seule dcision du chef
Le fait que la comptabilit soit tenue au niveau dtablissement, cest au seul niveau du comit
de lentreprise nempche pas le comit dtab- dtablissement concern que doit tre organise
lissement de se faire assister par un expert (Cass. la procdure de consultation prvue par larticle
soc., 8 dc. 2009, n 08-17.718 ; Cass. soc., 31 mars L. 1233-30. Cest donc ce comit dtablissement
2010, n 09-11.065 ; Cass. soc., 19 mai 2010, n 09- quil appartient de dcider de recourir ou non
14.282 ; Cass. soc., 23 mars 2011, n 09-67.512) lassistance dun expert-comptable. Cette solution
mme si les comptes spcifiques ltablissement est confirme par la jurisprudence :
nont pas t diffrencis dans la comptabilit de Lorsque des licenciements envisags dans un ta-
lentreprise (Cass. soc., 19 nov. 2014, n 13-10.415). blissement ayant le caractre dun tablissement dis-
Nanmoins, un comit dtablissement ne peut pas tinct intressent les salaris de ce seul tablissement
dcider, en mars 2012, dexaminer les comptes de et relvent des attributions du chef de ltablissement,
la socit arrts au 30 juin 2011, alors que ceux-ci la procdure prvue larticle L. 1233-30 se droule
ont dj t rgulirement examins par le comit devant le comit dtablissement (CE, 11 juin 1982,
central dentreprise avec lassistance du mme cabinet n 21943P).

Lorsque la procdure concerne la fois le co-


dexpertise-comptable et quils ont t approuvs
par lassemble gnrale des actionnaires au mois
de dcembre 2011 (CA Nmes, 14 fvr. 2013, mit central dentreprise et le ou les comits
n 12/02910). dtablissements intresss, larticle L. 1233-36
du Code du travail prvoit que la dsignation
Procdure dalerte dun expert-comptable, en application de larticle
La procdure dalerte suppose la connaissance de L. 2325-35, est alors effectue par le comit central
faits de nature affecter de manire proccupante dentreprise.
la situation conomique de lentreprise (C. trav., Aux termes de larticle L. 1233-36, il en est ainsi
art. L. 2323-78). Cest donc au comit central lorsque les mesures envisages excdent le pou-
dentreprise quil revient de la dclencher et de voir du ou des chefs dtablissements concerns
requrir, dans le cadre de cette procdure, las- ou visent plusieurs tablissements simultan-
sistance ventuelle dun expert-comptable. ment.

10 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

En rservant en pareil cas au comit central lassistance dun expert-comptable rmunr par
dentreprise la possibilit de recourir lassistance lemployeur pour toutes les missions prvues par
de lexpert, la loi semble exclure cette possibilit larticle L. 2325-35.
pour le ou les comits dtablissement concerns. Larticle L. 2313-14 du Code du travail confirme
Toutefois, le comit dtablissement concern par le prcisment cette possibilit sagissant de lexercice
projet de licenciement retrouve la facult de dsigner du droit dalerte conomique.
un expert lorsque le comit central dentreprise na Comme indiqu prcdemment (voir n 3), la
pris cet gard aucune dcision, faisant ainsi preuve facult pour les dlgus du personnel de recourir
de carence dans laccomplissement de sa mission un expert-comptable reste rserve aux cas
(Cass. soc., 25 janv. 1995, n 92-13.546P). Ce pouvoir
disparat lorsque le comit central dentreprise a d- dabsence de comit dentreprise, par suite dune
cid, au terme dun vote rgulier, de ne pas faire carence constate dans les conditions prvues
appel un expert (CA Lyon, 12 dc. 1996, n 96/08168; larticle L. 2324-8, donc aux entreprises dau
RJS 1/97, n 26). moins 50 salaris.
Ainsi, dans une entreprise de moins de 50 salaris,
Orientations stratgiques des dlgus du personnel consults sur un projet
de lentreprise de licenciement collectif pour motif conomique,
Eu gard la finalit de cette consultation (C. trav. concernant au moins 10 salaris dans une mme p-
art. L. 2323-7-1), il paratrait cohrent de consi- riode de 30 jours, ne sauraient recourir lassistan-
ce dun expert-comptable. En effet, ils nexercent
drer, en cas dentreprise structures complexes, pas, en pareil cas, les attributions conomiques du
que seul le comit central dentreprise puisse comit dentreprise.
procder cette dsignation.

Ngociation dun accord relatif 9 COMMISSION CONOMIQUE DU CE


la procdure de licenciement conomique Larticle L. 2325-23 du Code du travail prvoit,
Cest lexpert-comptable dsign dans le cadre de dans les entreprises dau moins 1 000 salaris, la
la procdure de licenciement conomique qui cration au sein du comit dentreprise ou du
peut tre dsign, et lui seul, pour apporter toute comit central dentreprise dune commission
analyse utile aux organisations syndicales rela- conomique charge notamment dtudier les
tives aux ngociations de laccord (C. trav., art. documents conomiques et financiers recueillis
L. 2325-35-II). par le comit dentreprise et toute question quil
lui soumet. Larticle L. 2325-25 consacre la possi-
Licenciement collectif avec fermeture bilit pour cette commission de se faire assister
dun site par lexpert-comptable qui assiste le comit
Larticle L. 1233-90-1 du Code du travail rservait dentreprise .
cette dsignation lexpert-comptable dsign dans Il rsulte de ces dispositions que la commission
la procdure de licenciement conomique. Ce texte conomique ne peut, contrairement au comit
ayant t abrog par la loi du 29 mars 2014 dentreprise, faire appel un expert-comptable
(L. n 2014-384, JO 1er avr.), la rdaction de larticle de son choix. Elle peut simplement dcider de se
L. 1233-57-17 du Code du travail, qui permet au faire assister par celui choisi par le comit
comit dentreprise de se faire assister, ne limite dentreprise.
plus la dsignation, ce qui semble laisser le choix On peut considrer que la commission
au comit dentreprise de dsigner un autre expert- conomique, si elle est saisie par le comit dentre-
comptable que celui dj dsign dans le cadre du prise, peut recourir lexpert-comptable, choisi
licenciement conomique. par ce dernier, pour lensemble des cas viss par
Ensuite et compte tenu de la mission dvolue au larticle L. 2325-35 du Code du travail.
comit dentreprise (participation la recherche En outre, larticle L. 2323-79 consacre expres-
dun repreneur), la dsignation devrait se faire sment la possibilit pour la commission
au niveau du comit central dentreprise dans une conomique de se faire assister, une fois par exer-
entreprise structures complexes. cice comptable, de lexpert-comptable prvu
NOTER larticle L. 2325-35 en cas de dclenchement de
Pour la consultation du comit dentreprise dans les la procdure dalerte.
conditions de larticle L. 1233-57-10 3e du Code du
travail, lemployeur doit notamment informer les re-
prsentants du personnel du droit de recours un 10 COMIT DE GROUPE
expert. Le comit de groupe peut se faire assister par un
expert-comptable. Celui-ci est rmunr par
lentreprise dominante. Pour oprer toute vrifi-
8 DLGUS DU PERSONNEL cation ou tout contrle qui entrent dans ces mis-
Lorsquils exercent, en application de larticle sions, lexpert a accs aux mmes documents que
L. 2313-13 du Code du travail, les attributions les commissaires aux comptes des entreprises
conomiques du comit dentreprise, les constitutives du groupe (C. trav., art. L. 2334-4).
dlgus du personnel sont habilits recourir Pour plus de dtails, voir n 126 et s.

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 11


Les experts du comit dentreprise

11 COMIT DENTREPRISE EUROPEN 13 SOCIT DEXPERTISE COMPTABLE


Un comit dentreprise (CE) europen peut tre Les experts-comptables peuvent exercer leur pro-
constitu dans toute entreprise dau moins 1 000 fession soit titre individuel et en leur propre
salaris dans les tats membres de la Communaut nom, soit en qualit de salari dun autre expert-
europenne ou dans lespace conomique euro- comptable, dune association de gestion et de
pen, et comportant au moins un tablissement comptabilit ou dune socit dexpertise comp-
dau moins 150 salaris dans au moins deux de table, soit en qualit de mandataire social dune
ces tats (C. trav., art. L. 2341-1). socit dexpertise comptable (Ord. 19 sept. 1945,
Lorsque le CE europen est institu par accord n 45-2138 modifie par ord. 25 mars 2004,
conclu dans le cadre dun groupe spcial de ngo- n 2004-279, JO 27 mars 2004, art. 12).
ciation, cet accord doit notamment prvoir les Le comit dentreprise peut choisir un cabinet ou
tablissements concerns et leur localisation, la une socit dexpertise comptable inscrite au
composition, les attributions du CE europen et tableau de lOrdre.
ses conditions de fonctionnement (C. trav., art. Le guide des missions de lexpert-comptable das-
L. 2342-9). Les membres du CE europen institu sistance au comit dentreprise prvues par la loi
par accord et les experts qui les assistent sont et le rglement (dition 2014), labor par lOrdre
tenus au secret professionnel et une obligation des experts-comptables, admet sans aucune
de discrtion (C. trav., art. L. 2342-10). rserve la dsignation dune socit dexpertise
En labsence daccord, un CE europen est ins- comptable inscrite au tableau de lOrdre :
titu ds lors que les conditions fixes par le Le comit dentreprise peut faire appel tout
Code du travail sont remplies (C. trav., art. membre de lOrdre, personne physique ou personne
L. 2343-1). Dans ce cas, le CE europen et son morale. Si la mission est confie une socit dexper-
bureau peuvent tre assists dexperts de leur tise comptable, celle-ci doit, ds le dmarrage de la
choix, dont lexpert-comptable. Lentreprise ou mission, procder la dsignation de lexpert-comp-
table qui en assumera la responsabilit, et informer
lentreprise dominante du groupe dentreprises le comit dentreprise et son prsident de cette dsi-
de dimension commu nau tai re prennent en gnation dans la lettre de mission (p. 43).
charge les frais affrents lintervention dun
expert (C. trav., art. L. 2343-13). En pratique, la dsignation par le comit dentre-
Le CE europen peut se substituer au comit de prise dun cabinet ou dune socit dexpertise
groupe ds lors que celui-ci met un vote favorable comptable, sans prcision de lexpert personnelle-
(C. trav., art. L. 2345-2). Dans ce contexte, les ment choisi, est souvent la rgle, compte tenu
dispositions des articles L. 2332-1 et suivants du notamment de la spcialisation de certains
Code du travail, relatives aux comits de groupe, cabinets ou socits pour de telles missions.
sappliquent, notamment sur le rle de lexpert. NOTER
La socit dexpertise comptable peut, sous sa res-
ponsabilit, faire excuter la mission par des colla-
borateurs non inscrits au tableau (Cass. soc., 10 juill.
1995, n 92-17.010).

14 CHOIX DE LEXPERT
QUI PEUT TRE DSIGN ? Le comit dentreprise dispose dune grande libert
dans le choix de lexpert.
12 EXPERT-COMPTABLE INSCRIT Toutefois, la commission conomique, en appli-
AU TABLEAU DE LORDRE cation de larticle L. 2325-25 du Code du travail,
Le comit dentreprise peut se faire assister dun ne peut se faire assister que par lexpert-comptable
expert-comptable de son choix (C. trav., art. du comit dentreprise, ce qui la prive donc de
L. 2325-35). Ainsi, lexpert dsign doit tre inscrit toute possibilit de dsigner un autre expert que
au tableau de lOrdre des experts-comptables. celui librement choisi par le comit (voir n 9).
Larticle 3 de lordonnance du 19 septembre 1945 De la mme manire, lexpert-comptable dsign
n 45-2138, portant institution de lOrdre des dans le cadre de la procdure de licenciement
expert-comptable et rglementant le titre et la conomique sera le mme qui pourra ensuite
profession dexpert-comptable (JO 21 sept. 1945), effectuer une mission daccompagnement des
subordonne en effet lusage du titre et lexercice organisations syndicales pour la signature dun
de la profession cette inscription. Est donc exclue accord dentreprise portant sur cette procdure
la dsignation de tout expert ne remplissant pas et le PSE (C. trav., art. L. 2325-35 II).
cette condition, quil sagisse notamment : Avec laccord de la direction de lentreprise, la mission
dun titulaire du diplme dexpertise-comptable de lexpert-comptable peut tre scinde en deux
non inscrit au tableau de lOrdre ; parties, confies deux experts-comptables diffrents
dun commissaire aux comptes sil nest pas en (CA Paris, 1re ch. A, 5 mai 1998, n 96/17676).
mme temps expert-comptable. Le comit est libre de changer dexpert chaque
mission.

12 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

Pour toute mission, lexpert-comptable est libre que les rsolutions du comit sont prises la
daccepter ou de refuser son concours (Guide majorit des membres prsents, ce qui conduit
des missions de lexpert-comptable, p. 44). faire entrer en ligne de compte les abstentions
ainsi que les votes blancs ou nuls.
Cette rgle de majorit sapplique la dcision
sur le principe mme du recours un expert-
comptable ainsi qu la dcision sur le choix de
lexpert-comptable.
Cependant certains auteurs prconisent que la
dsignation de lexpert-comptable soit prise la
MODALITS majorit des voix exprimes et non des personnes
DE LA DSIGNATION prsentes. Ainsi, selon M. Cohen et L. Milet ( Le
droit des comits dentreprise et des comits de
15 VOTE FACULTATIF DU COMIT groupe , LGDJ, 11e d., 2015, p. 684), la dsigna-
La dcision de recourir pour une mission donne tion dun expert-comptable est une dcision
lassistance dun expert-comptable, comme celle relative au fonctionnement du comit, adopte
relative au choix de lexpert, appartient au comit ds lors la majorit des votes exprims.
dentreprise. La dsignation de lexpert nest pas En tout tat de cause, cette majorit doit tre
subordonne un vote du comit. Un tel vote apprcie par rapport aux participants au vote,
nest ncessaire que dans le cas dun dsaccord cest--dire, en lespce, aux seuls membres ti-
entre les membres du comit (Cass. crim., 12 avr. tulaires du comit dentreprise ainsi quaux
1988, n 87-80.985). supplants remplaant, le cas chant, certains
En pratique, le comit dentreprise dcide de titulaires absents.
procder une expertise et dsigne lexpert au Si la dcision de recourir lassistance dun expert-
cours dune runion du comit. La question comptable comme celle relative au choix de
devrait tre inscrite lordre du jour et figurer lexpert ne constituent pas en effet en elles-mmes
au procs-verbal. Toutefois, il a t jug que le et au sens strict des consultations , par le prsi-
recours un expert-comptable, pour lexamen dent, des membres lus du comit en tant que
annuel des comptes, na pas figurer express- dlgation du personnel, elles sinscrivent en re-
ment lordre du jour de la runion au cours de vanche incontestablement dans loptique de telles
laquelle le principe de cette assistance doit tre consultations. Cest bien en effet pour lclairer
discut. Il suffit que lordre du jour ait un lien et lui permettre de formuler un avis sur les infor-
suffisant avec lobjet de la dsignation, comme mations ou documents qui lui seront soumis par
par exemple rapport annuel densemble (CA le prsident que la dlgation du personnel dcide
Rennes, 13 dc. 2013, n 12/06850). Ceci tant, de recourir lassistance dun expert-comptable
ni un dsaccord sur le primtre de lexpertise- de son choix.
comptable envisage, ni labsence allgue de Se pose donc le problme du vote du prsident
comptabilit propre aux entits conomiques du comit dentreprise.
composant lta blis se ment ne peuvent faire
obstacle linscription du point litigieux lordre
du jour de la runion du comit central dtab- 17 PARTICIPATION DU PRSIDENT
lissement. Le refus oppos par lemployeur carac- En application de larticle L. 2325-18 du Code
trise, dans ces circonstances, un trouble mani- du travail, le prsident du comit ne participe
festement illicite (CA Versailles, 22 mai 2013, pas au vote lorsquil consulte les membres lus
n 13/00292). du comit en tant que dlgation du personnel .
Le comit prcise la mission quil confie lexpert. Cette disposition sapplique en cas de recours
NOTER un expert-comptable. Cest en ce sens que stait
Lopposition de lemployeur lexcution de la prononce la Cour de cassation avant mme
mission de lexpert-comptable dsign par le comit lintervention de la loi du 28 octobre 1982 (Cass.
dentreprise conformment lordre du jour, constitue soc., 5 mai 1983, n 81-16.787P) et quelle la fait
un trouble manifestement illicite que le prsident depuis (Cass. soc., 26 nov. 1987, n 86-14.530P).
du tribunal de grande instance doit faire cesser (Cass. Enfin, et bien quaucun texte ne le prvoit expres-
soc., 11 mars 1992, n 89-17.264P). sment, la logique conduit considrer que ces
rgles de vote et de majorit valables pour la dsi-
gnation dun expert-comptable par le comit
16 RGLES DE MAJORIT dentreprise, par un comit dtablissement ou
Lorsque, dfaut daccord unanime des membres par le comit central dentreprise, le sont gale-
du comit dentreprise, un ou plusieurs votes ment lorsque la dsignation mane des dlgus
savrent ncessaires pour dcider de recourir du personnel exerant, en application de larticle
lexpert et le dsigner, il convient de dterminer L. 2313-13 du Code du travail, les attributions
la ou les rgles de majorit applicables ces votes. conomiques du comit dentreprise.
Larticle L. 2325-18 du Code du travail prvoit

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 13


Les experts du comit dentreprise

18 INTERVENTION DU JUGE La Cour de cassation prcise que : si le droit


La dcision du comit de recourir lassistance pour le comit dentreprise, appel procder
dun expert-comptable impliquant de sa part le lexamen annuel des comptes, de recourir un
plus souvent un vote majoritaire, un partage des expert-comptable dont la rmunration incombe
voix sur lopportunit dun tel recours conduit lemployeur sexerce au moment o les comptes
lcarter sans possibilit, pour quelque instance lui sont transmis, il ne rsulte pas des articles L.
judiciaire que ce soit, de se substituer la dcision 2325-35, L. 2325-36, L. 2325-37 et L. 2325-40
du comit. du Code du travail, interprts la lumire de la
Si le partage des voix concerne en revanche, Directive n 2002/14/CE du 11 mars 2002 tab-
non pas la dcision de recourir lassistance dun lissant un cadre gnral relatif linformation et
expert-comptable, mais le choix de lexpert, la la consultation des travailleurs dans la Com-
question se pose de savoir si le juge peut dsigner munaut europenne, que la dsignation de cet
un expert non choisi par le comit. expert doit intervenir lors de la runion dinfor-
Dans la mesure o le choix de lexpert appartient, mation au cours de laquelle les comptes lui sont
aux termes de larticle L. 2325-35 du Code du prsents.
travail, au seul comit dentreprise, un tribunal En effet, la teneur de cette runion dinformation
ne saurait normalement substituer sa dcision ainsi que lventuelle proximit de la date la-
celle du comit. quelle lassemble gnrale examine les comptes
de la socit sont sans incidence sur le droit du
comit dentreprise de se faire assister par un
expert-comptable en vue de la comprhension
de ces comptes et de lapprciation de la situation
de lentreprise, ds lors que cette dsignation
intervient dans un dlai raisonnable (Cass. soc.,
15 dc. 2009, n 08-17.722P). En lespce, la dsig-
MOMENT nation a eu lieu deux mois aprs la runion de
DE LA DSIGNATION transmission des comptes et quinze jours avant
la tenue de lassemble gnrale.
La dcision de recourir lassistance dun expert- De mme, il a t jug que le recours un expert-
comptable relve du libre choix du comit dentre- comptable est possible mme lorsque cette dcision
prise. Celle-ci peut en principe intervenir tout a t prise le 6 mars de lanne N + 1 au titre des
moment. Cette libert de choix du comit se comptes clos le 31 dcembre de lanne coule (CA.
trouve cependant limite en pratique, en fonction Nancy, 7 mai 2013, n 12/02088).
de la mission confie lexpert-comptable. Par ailleurs, certains juges du fond ont considr
que, mme si le recours un expert-comptable
sexerce au moment o les comptes lui sont trans-
19 EXAMEN ANNUEL DES COMPTES mis, la dsignation de cet expert peut intervenir
Pour lexamen annuel des comptes, la mission avant la transmission des comptes (CA Nmes,
de lexpert-comptable doit sexercer avant la 5 dc. 2013, n 12/05791 ; CA Reims, 10 dc. 2013,
runion du comit dentreprise qui y est consacre. n 12/02907).
En effet, cette mission nest pas permanente. Elle Sur les dlais de ralisation de la mission, voir
est aligne sur les prrogatives du comit dentre- n 65 et s.
prise qui commencent avec la communication
des comptes et sachvent avec la runion consa- Toutefois, si la dsignation intervient tardive-
cre lexamen des comptes de lexercice (Cass. ment, aprs lapprobation des comptes, la rmu-
soc., 13 janv. 1999, n 96-22.477). nration de lexpert-comptable nest pas la
En pratique, cest donc au cours de cette priode charge de lemployeur (Cass. soc., 13 janv. 1999,
que le comit dentreprise dcide de recourir n 96-22.477).
lassistance dun expert-comptable, dsigne lexpert Il en va diffremment si le comit na pas obtenu,
et dfinit sa mission. Ceci suppose que le comit avant la runion, la communication des do-
dentreprise se dcide suffisamment tt afin que cuments qui doivent lui tre transmis. Dans ce
lexpert-comptable puisse exercer sa mission avant cas, le comit ne saurait tre priv du droit de
la runion consacre lexamen des comptes. procder lexamen des comptes et de se faire
La jurisprudence admet que le droit pour le comit assister par un expert-comptable.
dentreprise de procder lexamen annuel des Le comit peut alors dsigner un expert-comptable
comptes de lentreprise et de se faire assister dun aprs lapprobation des comptes par lassemble
expert-comptable, dont la rmunration est la gnrale (Cass. soc., 2 mars 1993, n 90-12.868P).
charge de lemployeur, sexerce au moment o
les comptes lui sont transmis, et est indpendant Cela tant, rien ne soppose ce quun comit
de la date laquelle ces comptes sont approuvs dcide de recourir lassistance dun expert-
(Cass. soc., 18 dc. 2007, n 06-17.389P ; Cass. comptable donn pour les 2 4 examens annuels
soc., 17 fvr. 2004, n 02-11.404). de comptes inclus dans son mandat.

14 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

En effet, si chaque examen des comptes est annuel, Elle prend fin avec la remise du document qui
aucun texte ninterdit une dsignation pour peut contribuer ltablissement du rapport du
plusieurs examens successifs dans la limite simple- comit dentreprise, ainsi que dun avis qui sera
ment de la dure du mandat du comit, qui ne joint en cas de saisine des organes dadministration
saurait bien videmment engager les comits sui- ou de surveillance (Guide des missions de lexpert-
vants. Une telle dsignation ne peut avoir pour comptable, p. 78 ; voir Zoom p. 73).
effet de confrer la mission dassistance de
lexpert-comptable un caractre permanent, ses
interventions se droulant ponctuellement 23 LICENCIEMENT CONOMIQUE
loccasion de chaque examen annuel. Sagissant de lassistance lors de la mise en uvre
Compte tenu de cette possibilit pour le comit de la procdure de consultation prvue larticle
dentreprise de dsigner un expert-comptable soit L. 1233-30 du Code du travail (licenciement dau
pour un exercice donn, soit pour la dure de moins 10 salaris dans une mme priode de
son mandat, sa dlibration doit en pratique tre 30 jours), larticle L. 1233-34 fixe avec prcision
claire et prciser le ou les exercices au titre le moment de la dsignation de lexpert-comp-
desquels lassistance est requise. table.
Il prcise en effet que le comit dentreprise prend
sa dcision lors de la premire runion de consul-
20 EXAMEN DES DOCUMENTS PRVISIONNELS tation prvue larticle L. 1233-30. La mission
Sagissant de lexamen des documents de gestion, de lexpert-comptable prend fin lissue de la
notamment prvisionnels, tablis dans certaines procdure de consultation, soit la dernire ru-
socits et groupements dintrt conomique nion (Guide des missions de lexpert-comptable,
(documents mentionns larticle L. 2323-10 du p. 88).
Code du travail), larticle L. 2325-35 limite deux Cette mme rgle sapplique galement en cas de
fois par exercice la possibilit pour le comit dsignation de lexpert par le comit central den-
dentreprise de recourir lassistance dun expert- treprise, dans le cas o les consultations concer-
comptable, ce qui correspond la priodicit nent la fois le comit central et un ou plusieurs
selon laquelle sont communiqus au comit les comits dtablissement (C. trav., art. L. 1233-36 :
documents concerns. cet article renvoie en effet expressment, sagissant
La mission prend fin lissue de la runion du des conditions de la dsignation, aux articles
comit dentreprise consacre la prsentation L. 1233-34 et s.).
du rapport de lexpert-comptable (Guide des Lors de cette dsignation, le comit dentreprise
missions de lexpert-comptable, p.70). pourra galement mandater lexpert-comptable
pour assister les organisations syndicales dans la
21 RAPPORT SUR LA PARTICIPATION ngociation de laccord collectif relatif au contenu
En ce qui concerne le rapport relatif la partici- du PSE et aux modalits de consultation du comit
pation, larticle D. 3323-14 du Code du travail dentreprise et aux modalits de mise en uvre
prvoit lorsque le comit dentreprise est appel des licenciements (C. trav., art. L. 1233-34).
siger pour examiner le rapport relatif laccord Il pourra galement lui donner pouvoir dinter-
de participation, les questions ainsi examines venir si le projet entrane la fermeture dun site
font lobjet de runions distinctes ou dune men- dans lentreprise ou ltablissement dau moins
tion spciale son ordre du jour. Le comit peut 1 000 salaris, avec obligation de recherche dun
se faire assister par lexpert-comptable prvu repreneur (C. trav. art. L. 1233-57-17).
larticle L. 2325-35 du Code du travail .
Autrement dit, lassistance de lexpert-comptable
ne peut, pour cette mission, sexercer en dehors 24 CONSULTATION SUR LES ORIENTATIONS
de la runion consacre lexamen du rapport, STRATGIQUES DE LENTREPRISE
ce qui exclut la possibilit pour le comit dentre- Le dlai de consultation du comit dentreprise
prise de faire appel lexpert tout moment. court compter de la communication par lem-
ployeur des informations prvues par le Code du
travail pour cette consultation, ou de linformation
22 PROCDURE DALERTE par lemployeur de leur mise disposition dans
Concernant la procdure dalerte conomique, la base de donnes conomiques et sociales
cest uniquement pour ltablissement de son rap- (C. trav., art. R. 2323-1).
port que le comit dentreprise, ou la commission On peut penser que la dsignation de lexpert-
conomique dans les entreprises employant au comptable devra intervenir lors dune premire
moins 1 000 salaris, peut se faire assister dun runion visant communiquer ces informations
expert-comptable, une fois seulement par exercice puisque le dlai de consultation du comit dentre-
(C. trav., art. L. 2323-79). La mission commence prise en dpendra. En effet, dfaut daccord, le
donc au plus tt la date o le comit dentreprise comit dentreprise est rput avoir t consult
dcide dtablir un rapport (Cass. soc., 19 fvr. et avoir rendu un avis ngatif lexpiration dun
2002, n 00-14.776P). dlai de deux mois compter de la communication

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 15


Les experts du comit dentreprise

par lemployeur des informations support de la comptable, et que lemployeur ne saurait sy


consultation, quand le comit fait appel un ex- opposer.
pert-comptable (C. trav., art. R. 2323-1-1). d- Ce principe est, par exemple, confirm dans une dci-
faut, ce dlai est dun mois. La dcision de faire sion du Tribunal de grande instance de Grenoble :
appel lexpertise comptable conditionne donc Il rsulte des dispositions de larticle L. 2325-35
la dure du dlai de consultation du comit. Si la que le comit dentreprise a seul qualit pour appr-
dsignation intervient aprs la premire runion, cier lutilit de lexpertise comptable, et que sa dci-
sion, ainsi que le choix de lexpert-comptable, sim-
celle-ci naurait pas pour effet de prolonger le posent lemployeur (TGI Grenoble, 23 nov. 1984,
dlai de deux mois, qui a commenc courir Dr. ouvrier 1985, p. 93).
compter de la premire runion.
De mme, la Cour de cassation a jug que le prsi-
dent du comit central dentreprise na pas le pouvoir
25 ACCORD DE MAINTIEN DE LEMPLOI de sopposer la dcision du comit de dsigner
Un expert-comptable peut tre mandat par le un expert (Cass. soc., 12 mars 1991, n 89-41.941P).
comit dentreprise pour accompagner les orga-
nisations syndicales dans lanalyse du diagnostic Lemployeur ne peut sy opposer
et dans la ngociation dun accord de maintien Si lemployeur soppose la dsignation par le
de lemploi (C. trav., art. L. 5125-1). comit dentreprise dun expert-comptable pour
Sa dsignation peut intervenir ds la runion au lune ou lautre des missions numres larticle
cours de laquelle le comit est inform des graves L. 2325-35, il sexpose alors des poursuites
difficults conomiques conjoncturelles de len- pnales au titre du dlit dentrave au fonction-
treprise, mais galement en cours de ralisation nement rgulier du comit dentreprise, dlit
du diagnostic. la lettre du texte, comme il sagit prvu et rprim par larticle L. 2328-1 du Code
daccompagner les organisations syndicales du travail (Cass. crim., 30 oct. 2006, n 05-82.447P).
dans lanalyse du diagnostic et dans la ngo- Toute entrave est punie de un an de prison et dune
ciation, la dsignation ne pourrait intervenir une amende de 3 750 euros (C. trav., art. L. 2328-1).
fois le diagnostic fait et analys par les organisa- En revanche, lemployeur peut contester un tel
tions syndicales. Pourtant, par une interprtation recours sil estime que la dsignation a t effectue
moins proche de la lettre du texte, on pourrait ad- irrgulirement, ou que les conditions de sa nomi-
mettre que la dsignation ne concerne que la ra- nation ne sont pas remplies (voir n 15).
lisation du diagnostic, voire seulement laccom-
pagnement des organisations syndicales dans la Saisine du juge en urgence
ngociation. Selon larticle L. 2325-40 du Code du travail, le
prsident du tribunal de grande instance est
comptent en cas de litige sur la rmunration
26 OPRATION DE CONCENTRATION de lexpert-comptable.
Quand une entreprise fait lobjet dune offre La Cour de cassation reconnat la comptence du
publique dacquisition, lemployeur informe le prsident du tribunal de grande instance statuant
comit dentreprise. Cest au cours de cette runion en urgence : lorsque [] il y a dsaccord sur
dinformation que celui-ci peut procder la la ncessit dune expertise et litige sur la rmu-
dsignation de lexpert-comptable (C. trav., art. nration de lexpert, la dcision doit tre prise,
L. 2323-21). en vertu de larticle L. 2325-35 du Code du travail,
par le prsident du tribunal de grande instance
statuant en urgence (Cass. soc., 13 juin 1990,
n 87-16.948P, voir n 51).

28 RGULARIT DE LA DSIGNATION
Comme toute dcision du comit dentreprise, la
LITIGES RELATIFS rgularit de la dsignation, pour une mission
LA DSIGNATION donne, dun expert-comptable peut tre conteste
soit par le prsident soit par tout autre membre
27 OPPORTUNIT DU RECOURS du comit.
Le comit dentreprise dcide seul Sil ne peut sopposer la dsignation dun expert-
Le premier alina de larticle L. 2325-35 du Code comptable, lemployeur peut donc contester un
du travail prvoit que le comit dentreprise peut tel recours sil estime que la dsignation a t
se faire assister dun expert-comptable de son effectue irrgulirement ou que les conditions
choix pour les missions institutionnelles quil de sa nomination ne sont pas remplies.
numre ensuite. Une telle contestation peut porter aussi bien sur
Il en rsulte que le comit dentreprise est seul lorganisation ou sur le droulement du vote que
juge de lopportunit de recourir, pour lune ou sur la nature de la mission confie, ou encore sur
lautre de ces missions, lassistance dun expert- le montant de la dsignation.

16 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

Cette contestation relve normalement de la dci- NOTER


sion du tribunal de grande instance statuant au La contestation peut galement seffectuer de manire
fond dans le cadre dune action en annulation de indirecte par le biais dun contentieux sur le montant
la dcision du comit dentreprise. des honoraires. Lemployeur refusera alors de rgler
En cas durgence ou de trouble manifestement le montant des honoraires au motif notamment de
illicite, le juge des rfrs peut cependant, sur la lirrgularit de la dsignation.
base de larticle 808 du Code de procdure civile, Lavantage dune telle action est de permettre une
se prononcer, sauf sil estime quune contestation saisine en rfr du prsident du tribunal de grande
srieuse sur le fond le conduit renvoyer laffaire instance et dobtenir une dcision sur le fond (C. trav.,
devant le tribunal. art. L. 2325-40 ; voir n 83).

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 17


Les experts du comit dentreprise

LES MISSIONS
Lesattributionsconomiquesducomitdentre- 30 TENDUE DE LA MISSION
prisesontnombreusesetvaries.Cestpourquoi Lamissiondelexpert-comptableportesurtous
lesmissionslgalesdelexpert-comptabledu leslmentsdordreconomique,financierou
comitdentreprisesontconsquentesafinde socialncessaireslacomprhensiondescomptes
permettreaucomitdexercerpleinementses etlapprciationdelasituationdelentreprise
attributions.Pluttquedesattacherunedis- (C. trav., art. L. 2325-36).
tinctionclassiqueentrelesmissionscaractre Cettemissionconsisterendrelescomptesintel-
habituel,ordinaire,etlesmissionscaractre ligiblesaucomitdentrepriselorsdeleurexamen
vnementiel,extraordinaire,nousavonsprfr, annueletluipermettredapprcierlasituation
pourlaclartdelexpos,prsentersuccessive- delentreprisedanssonenvironnement(Guide
mentcesdiffrentesmissionslgalesdassistance. des missions de lexpert-comptable dassistance au
Lescasderecoursparlecomitdentrepriseun comit dentreprise, Ordre des experts-comptables,
expert-comptablermunrparlentreprisesont dition 2014, p. 61).
dterminsparlelgislateuretdoiventtrestric- NOTER
temententendus. Ladsignationdelexpert-comptablenestpascondi-
Ainsi,leCodedutravailneprvoitpasquele tionneauconstatdundsaccordoudunmanque
comitdentreprisesoitassistdunexpertr- detransparencedanslacommunicationdesinfor-
munrparlentrepriseencasdinformation- mationsparlemployeur.Ledroitducomitdentre-
consultationsurleprojetdecessiondelentre- prisedesefaireassisterdunexpertnestsubordonn
prise(Cass. soc., 14 mars 2006, n 05-13.670P). aucuneconditionpralable,sicenestvidemment
Toutefoislaloidu14 juin2013relativelas- laprsentationdescomptes(CA Lyon, 12 fvr. 2013,
curisationdelemploi(L. n 2013-504, JO 16 juin) n 12/01953).
alargilesmissionsdassistancedelexpert-comp- Mission pdagogique
tableenpermettantnotammentlaprsencede LOrdredesexperts-comptablesprcisequ ilappar-
celui-ci,nonplusuniquementauprsducomit tientlexpert-comptabledetraduire enlangage
dentreprise,maisgalementauprsdesorga- clairetaccessibledesnon-spcialisteslesdonnes
nisationssyndicalesenvuedelangociation comptables,conomiques,financiresetsociales
daccordsportantsurlemploiouleslicenciements rsultantdesdocumentscommuniqusparlem-
collectifs. ployeur,etdeceuxquilauraitpurunirparailleurs
(Guide des missions de lexpert-comptable, p. 61).
Lerapportfinaldecettemissiondoiteneffetper-
mettreaucomitdentreprisedeformulertoutes
observationsutilessurlasituationconomique
etsocialedelentreprise.

Mission de traducteur des comptes


EXAMEN ANNUEL Lamissiondelexpert-comptableestdiffrentede
DES COMPTES celleducommissaireauxcompteshabilitcontr-
leretcertifierlescomptes.Ellesassimileeneffet
29 COMPTES CONCERNS pluttunemissiondetraducteurdescomptes.
Lecomitdentreprisepeutsefaireassisterdun LeministreduTravailaprcisclairementcette
expert-comptableenvuedelexamenannueldes questiondanslesdbatsparlementairesayant
comptes(C. trav., art. L. 2325-35, 1). prcdladoptiondelaloidu28 octobre1982 :
Danslessocitscommerciales, lemployeur Ilconvientdvitertouteconfusionenrappelant
communiqueaucomitdentreprise,avantleur quelerledelexpert-comptablenestpascelui
prsentationlassemble gnraledesaction- duncontrleur,maisdapporterlintelligibilit
nairesoulassembledesassocis,lensemble descomptesetleurcrdibilitauprsdesmembres
des documents transmis annuellement ces ducomitdentreprise ouencore : Lerlede
assemblesainsiquelerapportdescommissaires lexpert-comptableestdclairerlesreprsentants
auxcomptes (C. trav., art. L. 2323-8). dupersonnelsurlesensdescomptesquileur
Danslesentreprisesnerevtantpaslaformede sontprsents[].
socit commerciale, lassistance du comit Ainsi lexpert-comptablenepeuttreconsidr
dentrepriseparunexpert-comptableportesur commecontrleurfinancierpermanentdelen-
lesdocumentscomptablestablisauseindeces treprise.Ilestsimplementunconseillerdelen-
entreprises(C. trav., art. L. 2323-9). treprisepourlexamendesdocumentscomptables
quelecomitaconnatre (JO db. Ass. nat.,
7 juin 1982, p. 3066).

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 19


Les experts du comit dentreprise

LeGuide de lOrdre des experts-comptables prcise, Laloiprcisequelamissiondelexpert-comptable


danslemmesens,quelamissiondexamenan- portesurtousleslmentsncessaires,nonseu-
nueldescomptes nesauraittreassimile lementlacomprhensiondescomptes,mais
cellequexerceunorganedecontrletelquele aussilapprciationdelasituationdelentre-
commissaireauxcomptes.Lexpert-comptable prise(C. trav., art. L. 2325-36).
retraiteetanalyselesinformationsmaisneffectue PourM.CohenetL. Milet( Le droit des comits
paslarvisiondescomptespourlecomitden- dentreprise et des comits de groupe , LGDJ 2015,
treprise.Ilpeut,toutefois,rpondredesinter- p. 691), lexpert-comptable nepeutpassedis-
rogationsparticuliresquelecomitdentreprise penserdexaminerlenvironnementconomique
seposeraitloccasiondelexamendescomptes danslequelsinsrelentreprise .Ainsilexpert
parcelui-ci (Guide des missions de lexpert-comp- duCEdunefilialepeutrclamerlescomptes
table p. 62). delasocitmre(Cass. crim., 26 mars 1991,
n 89-85.909P).Delammemanire,lexpertdun
comitdegroupepeutsefairecommuniquerles
31 ENVIRONNEMENT CONOMIQUE ET SITUATION comptesconsolidsdugroupe,ycomprisceux
DE LENTREPRISE desfilialestrangres(Cass. soc., 6 dc. 1994,
Apprciation de la situation n 92-21.437P).
de lentreprise PourlOrdredesexperts-comptables,ilappartient
Lapprciationdelasituationdelentrepriseentre lexpert-comptable du comit dentreprise
danslamissionlgaledelexpert-comptable dapprcierquelssontlesdocumentsutiles
(C. trav., art. L. 2325-36).Cedernierpeutainsi lexercicedesamission.Silestimeutiledele
avoiraccstouslesdocumentsluipermettant faire,conditionderespecterlobjetdesamission,
dapprciercettesituationcomme,parexemple : ilpourrapoussersesinvestigationsversdautres
unetudesurlasituationconomiquedelentre- socitsdugroupeauquellentrepriseappartient,
priseraliseparunesocitdeconseil(Cass. ycomprislessocitstrangres (Guide des
crim., 23 avr. 1992, n 90-84.031P) ; missions de lexpert-comptable p. 62).
lescomptesdesautressocitsdugroupe(Cass. ComptetenudelajurisprudencedelaCourde
soc., 8 nov. 1994, n 92-11.443P) ; cassationconsidrantquecestlexpert-comp-
lesdocumentsrelatifslvolutiondelactivit tabledapprcierlesdocumentsquilestimences-
(Cass. soc., 8 janv. 1997, n 94-21.475) ; saireslexercicedesamission,dslorsquelle
ltudedeschargesdepersonneldestinefour- nexcdepaslobjectifdfiniparlaloi(voir n 54
nirdesexplicationscohrentessurlasituationde et s.), ilrevientlexpert-comptablededterminer
lentreprise(Cass. soc., 17 mars 1998, n 96-16.613). dansquellemesureuneanalysedelenvironne-
ltudedelastructuredesrmunrationsduper- mentconomiqueestutilesamission.
sonneldestinefourniraucomitdesexplications
cohrentessurlasituationdelentreprise(Cass.
soc., 10 janv. 2012, n 10-21.270P).Ltudedes 32 GROUPE ET UNIT CONOMIQUE ET SOCIALE
chargesdupersonneletdusystmedermunra- Danslesentreprisesstructurescomplexes,des
tionpermeteneffetaucomitdentreprisedap- difficultspeuventapparatrelorsquelexpert-
prhenderleslmentsdordresocialncessaires comptableentendexaminerlasituationdesdiff-
lexamendelamassesalarialeetsonvolution ; rentessocitsoudelasocitmre,aumotifde
lanalysedesfichiersrelatifslarmunration mieuxapprcierlasituationdelentrepriseoude
dupersonnel(Cass. soc., 5 fvr. 2014, n 12-23.345). ltablissementpourlequellecomitdentreprise
Pourplusdedtails, voir n 54 et s. lasollicit.

Cependant,lanalysedelasituationcomparedes Dmarche ncessaire la mission


hommesetdesfemmesnentrepasdanslamission de lexpert
delexpert-comptable(Cass. soc., 10 janv. 2012, Lexpertducomitdentreprisepeutavoiraccs
n 10-21.270P).Danscetteaffaire,levoletdela lacomptabilitdes divisions delentreprise
missionportantsurlgalithomme/femme(ca- (Cass. soc., 16 mai 1990, n 87-17.555P),dslors
ractrisationdescartsdermunration,politique quecettedmarcheestncessairelaccomplis-
derecrutementetdepromotion,accslaforma- sementdelamissiondelexpert.Eneffet :
tion)excdaitlamissionquipeuttreconfie lamissiondelexpert-comptableportesurtous
lexpert-comptabledslorsquunetelletudenest leslmentsdordreconomique,financierouso-
pasncessairelabonnecomprhensiondes cialncessaireslintelligencedescompteset
comptesetdelasituationdeltablissement. lapprciationdelasituationdelentreprise ;
pouroprertoutevrificationoutoutcontrle
Apprciation de lenvironnement quientredanslexercicedecettemission,lexpert-
conomique de lentreprise comptableaaccsauxmmesdocumentsquele
Lexpert-comptablepeut-ilpourautantpousser commissaireauxcomptesetpeutsefairecommu-
sesprrogativesjusquapprcierlenvironnement niquerlespicesutileslexercicedesamission.
conomiquedelentreprise ? Ilappartientauseulexpert-comptabledsignpar

20 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

lecomitdentreprisedapprcierlesdocuments runionsdelacommissionconomiqueducomit
quilestimeutileslexercicedesamissionds danslesentreprisesquiensontdotes(voir n 60) ;
lorsquellenexcdepaslobjetdfiniparlarticle participerlarunionaucoursdelaquelleestexa-
minsonrapport(voir n 60).
L. 2325-36duCodedutravail.
Danslemmesens,laCourdecassationadmet
quelexpert-comptable peut,sicelasavren-
cessaire,rclamerlacommunicationdescomptes
delasocitmre (Cass. crim., 26 mars 1991,
n 89-85.909P).
Enconsquence,laCourdecassationapprouvela
condamnationduprsidentdudirectoiredune
socitanonymeetdesafilialeautitredudlitden- EXAMEN DES DOCUMENTS
traveaufonctionnementducomitdentreprise,
pouravoirrefusdecommuniquerlexpert-comp-
COMPTABLES ET DE GESTION
table,mandatparlecomitdentreprisedunefiliale,
lescomptesannuelsdelasocitmre. LarticleL.2325-35,2duCodedutravailprvoit,
danslalimitededeuxfoisparexercice,quele
Demme,laCourdecassationfaitdroitla comitdentreprisepeutsolliciterlassistancedun
emandedecommunicationdinformationsjuri-
d expert-comptabledesonchoixenvuedelexamen
diques,conomiques,comptablesetfinancires dedocumentscomptablesetdegestionmention-
relativesdautrestablissements,voiresocits nslarticleL.2323-10.
dugroupe.Eneffet,elleconsidrequelamission
delexpertnestpasexclusivementcomptable,et
doitpermettreaucomitdtablissementquile 33 DE QUELS DOCUMENTS SAGIT-IL ?
dsignedeconnatrelasituationdecettablis- Ilsagitdesdocumentsmentionnslarticle
sementsecondairedanslensembledelentreprise, L. 2323-10duCodedutravailquiprcise : Dans
etparrapportauxautrestablissementsrgionaux lessocitsmentionneslarticleL.232-2du
deserviceaprsventeaveclesquelsildoitpouvoir Codedecommerce,lesdocumentstablisen
secomparer(Cass. soc, 18 nov. 2009, n 08-16.260P). applicationdecetarticleetdesarticlesL.232-3
etL.232-4dummecodesontcommuniqusau
Cadre de la mission comitdentreprise.
Cesarrtsnesignifientpaspourautantqueles Ilenestdemmedanslessocitsnonmention-
jugesvaliderontsystmatiquementtoutedemande neslarticleL.232-2quitablissentcesdocu-
dinformation concernantdautressocitsque ments.Lesinformationscommuniquesaucomit
cellepourlaquellelexpert-comptableestmandat, dentrepriseenapplicationduprsentarticlesont
silslestimentexcessive. rputes confidentielles au sens de larticle
Lorsquelexpert-comptableexcdelecadreinitial L. 2325-5.
desamissionpourltendredautrestravaux Lesdispositionsquiprcdentsappliquentaux
quinentrentpasdanslecadredelexamenannuel groupementsdintrtconomiquementionns
descomptes,lentreprisenapasprendreen larticleL.251-13duCodedecommerce.
chargelecotsupplmentaire. Lecomitdentreprisepeutsefaireassisterdun
NOTER expert-comptablepourlexamen(C. com., art.
Agissanthorsdeslimitesdesaqualitdexpertpour L. 232-2 L. 232-4) :
lexamenannueldescomptes,cestravauxpourront delasituationdelactifralisableetdisponible
ventuellementtreprisenchargeparlecomit (valeursdexploitationexclues)etdupassifexi-
dentreprisesursasubventiondefonctionnement, gible ;
lexpertagissantcettefoisenqualit dexpertlibre ducomptedersultatprvisionnel ;
(voir n 114 et s.). dutableaudefinancement ;
Surleplanpratique,lalettredemissionquedoit dubilanannuel ;
tablirlexpert-comptablerevtdoncunegrande duplandefinancementprvisionnel ;
importancepuisquellepourrapermettredersou- desrapportscritssurlvolutiondelasocit
dre,apriori, leslitigesventuelsrelatifsltendue oudugroupementtablisparlesdirigeants ;
delamissiondexpert-comptable (voir n 64). du rapport dress par le commissaire aux
EN RSUM comptes.
Sagissantdelexamenannueldescomptes,lamission
delexpert-comptableconsiste :
examinerlesdocumentsauxquelsilaaccs(voir 34 DANS QUELLE ENTIT CETTE ASSISTANCE
n 29 et s.) ; EST-ELLE POSSIBLE ?
analyserlenvironnementconomiquedelentre- Ces documents sont obligatoires dans les
prise,danslalimitencessairelexcutiondela socitscommerciales(C. com., art. L. 232-2)et
mission(voir n 31) ; lesgroupementsdintrtconomique(C. com,
rdigerunrapport(voir n 70) ; art. L. 251-13), ainsiquepourlespersonnes
participerdventuellesrunionsprparatoires moralesdedroitprivayantuneactivitcono-
aveclesmembresducomitdentrepriseoudes

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 21


Les experts du comit dentreprise

mique,commelessocitsciviles,lessocits Lecadreetlobjetdelamissionsontcommuns
cooprativesoulesassociationsayantuneactivit lexamenannueldescomptesetdesdocuments
conomique(C. com., art. L. 612-2),etlesta- comptablesetprvisionnelsdegestion :ilsagira
blissements publics de ltat (D. n 85-295, pourlexpert-comptabledassurerlintelligence
1er mars 1985, JO 5 mars, art. 34). descomptesetdepermettreaucomitdentreprise
Cesentreprisessonttenuesdeconstituerdes dapprcierlasituationdelentrepriseenluitra-
documentscomptablesprvisionnelscondition duisantenlangageclairetaccessiblelesdonnes
quellesatteignentuneffectifde300 salarisou comptablesrsultantdesdocumentstablispar
plus,ouunchiffredaffairesnetgalousuprieur lemployeur.
18 000 000 euroslaclturedunexercice Lamissiondelexpert-comptableconsiste
(C. com., art. R. 232-2 et R. 612-3, D. n 85-295, clairerlecomitdentreprisesur :
art. 34). lavraisemblancedeshypothses ;
Lecomitdentreprisepeutsefaireassisterdun la cohrence densemble des informations
expert-comptablermunrparlentreprise,en retenuesaveclasituationdelentreprise ;
vuedelexamendesdocumentsprvisionnels, lesincidencesconomiques,socialesetfinan-
danstouteslesentreprisestenuesdtablirdetels cires (Guide des missions de lexpert-comptable
documentsouquilestablissent,quellequesoit p. 69).
leurformejuridique(Cass. soc., 30 avr. 1997,
n 95-20.563P).Ilnyadoncpaslieudedistinguer
selonlaformejuridiquedelentreprise.
Ledroitderecourirunexpert-comptablesexerce
doncdanstouteslesentreprises,dslorsquele
comitdentrepriseexisteetquelesdocuments
prvisionnelssonttablis.
OPRATIONS
DE CONCENTRATION
35 MODALITS DE RECOURS LEXPERT
Lesrglesdedsignationdelexpert-comptable 36 OPRATIONS CONCERNES
ducomitdentreprisesontapplicables(voir n 15 Lecomitdentreprisepeutsefaireassisterdun
et s.). expert-comptabledesonchoixlorsduneop-
Lecomitdentreprisenestabsolumentpasli rationdeconcentration,danslesconditionsde
parlechoixquilaurapufairedunexpert-comp- larticleL.2323-20 (C. trav., art. L. 2325-35, 3).
tableautitredelexamenannueldescomptes. Sontconcerneslesoprationsdeconcentration
Ilpeutdoncfaireappelunautreexpert-comptable. tellesquedfinieslarticleL.430-1duCodede
Enpratique,cedoublechoixestpeufrquent, commerce,cest--dire :
tantdonnquelesconditionsdexamendes lorsquedeuxouplusieursentreprisesantrieure-
comptesetdesdocumentsprvisionnelsdegestion mentindpendantesfusionnent ;
sont,dansunecertainemesure,complmentaires. lorsquuneouplusieurspersonnes,dtenantdj
lecontrleduneentrepriseaumoins,oulorsquune
ouplusieursentreprisesacquirent,directementou
indirectement,quecesoitparprisedeparticipation
aucapitalouachatdlmentsdactifs,contratou
Prsentation des comptes du comit toutautremoyen,lecontrledelensembleoude
dentreprise par lexpert-comptable partiesduneoudeplusieursautresentreprises ;
lorsquuneentreprisecommuneaccomplissantde
Laloidu5 mars2014(L. n 2014-288, JO 6 mars) fixedenouvellesrgles maniredurabletouteslesfonctionsduneentit
detransparencedescomptesdescomitsdentreprisedepuisle1er janvier conomiqueautonomeestcre.
2015.TouslesCEsonttenusdtablirdescomptesannuels.Desmodalits
diffrentesdtablissementetdeprsentationdescomptessontprvues Cesoprationsdeconcentrationdoivent,deplus,
enfonctiondelatailledescomitsdentreprise(nombredesalaris,montant runirlestroisconditionssuivantes(C. com., art.
desressourcesannuelles,totaldeleurbilan).Ellesserontprcisespar L. 430-2) :
dcret. lechiffredaffairestotalmondialhorstaxesde
LesCEdevantadopteruneprsentationsimplifiedeleurscomptesannuels
lensembledesentreprisesoudegroupesdeper-
doiventconfiercelle-ciunexpert-comptable.Lecotestprisencharge
parlecomitdentreprisesursasubventiondefonctionnement(C. trav.,
sonnesphysiquesoumoralespartieslaconcen-
art. L. 2325-57).Selonunprojetdedcretsoumislacommissionnationale trationestsuprieur150 millionsdeuros ;
delangociationcollectivedu15 dcembre2014,sontconcernsparcette lechiffredaffairestotalhorstaxesralisen
prsentationsimplifielesCEexcdantleseuilde153 000 eurosde Francepardeuxaumoinsdesentreprisesou
ressourcesannuelles,maisnexcdantpaslesseuilssuivants,pourau groupes de personnes physiques ou morales
moinsdeuxdecestroiscritres : concernsestsuprieur50 millionsdeuros ;
50salarislaclturedunexercice ; loprationnentrepasdanslechampdappli-
3,1 millionsdeurospourlesressourcesannuelles cationdurglementeuropenn 139/2004du
1 550 000 eurospourletotaldubilan. Conseil,du20 janvier2004,relatifaucontrle
desconcentrationsentreentreprises.

22 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

Estpartieloprationdeconcentrationlensemble a pportesauprojetdeconcentrationparlAutorit
desentitsconomiquesquisontaffectes,direc- delaConcurrencequipeutimposerdesmodifi-
tementouindirectement,parlaprisedecontrle cationsauprojetinitial. (Guide des missions de
Cass. soc., 26 oct. 2010, n 09-65.565P ; Cass. soc., lexpert-comptable p. 120).
2 juill. 2014, n 13-17.357P ; Cass. soc., 2 juill. 2014,
n 13-17.361).Dslorsqueloprationprojetea RAPPEL
poureffetdesupprimerlundesacteursdumarch LeCodedutravailneprvoitpasquelecomit
etauneincidencesurlasituationdessalarisdes dentreprisesoitassistdunexpertrmunrpar
socitsqui,indirectement,ensontlacible,cesso- lentrepriseencasdinformation-consultationsurle
citssontpartieslopration ;lecomitcentral projetdecessiondelentreprise(Cass. soc., 14 mars
dentreprisedelunitconomiqueetsocialequelles 2006, n 05-13.670P).
constituentestdoncfondrecourirlassistance Danslhypothseouncomitdentreprisedsigne
dunexpert-comptablechargdanalyserleprojet. unexpert-comptablesuitelannonceduneopra-
(Cass. soc., 26 oct. 2010, n 09-65.565P). tiondeconcentration,lamissiondecetexpertne
peuttretenduelaprocduredinformation-
consultationsurleprojetdecessiondelentreprise.
37 MODALITS DE RECOURS UN EXPERT
Lanotificationduneoprationdeconcentration
faitlobjetduncommuniqupubliparlAutorit
delaconcurrence(C. com. art. L. 430-3)ou,en
casdoprationdeconcentrationdedimension
communautaire,parlaCommissioneuropenne
(Rglement europen n 139/2004 du Conseil
20 janv. 2004 sur les concentrations). Lemployeur OFFRES PUBLIQUES
runitlecomitdentrepriseauplustarddans DACQUISITION
undlaidetroisjourscompterdecettepubli-
cation. 38 NATURE DE LA MISSION
Aucoursdecetterunion,lecomitdentreprise Laloidu29 mars2014visantreconqurirlco-
ou,lecaschant,sacommissionconomique nomierelle(L. n 2014-384, JO 1er avril) renforce
seprononcentsurlerecoursunexpert dans lesprrogativesducomitdentrepriseencasdoffre
lesconditionsprvuesparlarticleL.2325-35et publiquedacquisition(OPA),eninstaurant,en
suivantsduCodedutravail .Danscecas,le particulier,uneprocduredeconsultationson
comitdentrepriseoulacommissionconomique profit.Enoutre,lecomitdentreprisepeutdsor-
tiennentunedeuximerunionafindentendre maissefaireassisterdunexpert-comptablermu-
lesrsultatsdestravauxdelexpert. nrparlentreprise(C. trav., art. L. 2323-21 et s.).
Silecomitdentrepriseserunitdjenraison Quanduneentreprisefaitlobjetduneoffre
dudptduneoffrepubliquedacquisition(OPA), publiquedacquisition,elledoitrunirsoncomit
lemployeurnapaslobligationdorganiserune dentreprise.Lorsdecetterunion,celui-cidcide
runionspcifiquementloprationdeconcen- silsouhaite :
tration(C. trav. L. 2323-20). Ilpeut,danscette procderlauditiondelauteurdeloffre ;
hypothse,norganiserquuneseulerunionqui dsignerunexpert-comptable,danslescondi-
porteralafoissurlOPAetsurloprationde tionsprvueslarticleL.2325-35duCodedu
concentration. travail(C. trav., art. L. 2323-21).
Concernantlesdocumentsauxquelslexpert-
comptableaaccs,larticleL.2325-37prcise Audition de lauteur de loffre
quilsagitdesdocumentsdetouteslessocits par le comit dentreprise
intressesparlopration. Lorsquelecomitdentreprisedcidedaudi-
SelonlOrdredesexperts-comptables, dansle tionnerlauteurdeloffreetquilamandatun
cadredecettemission,etenfonctiondelade- expert-comptableautitredesoninformation-
mandedeslus,lexpertapprcienotamment : consultationsurunprojetdOPA,ilpeutsefaire
lapertinencestratgique,conomiqueetfinan- assister de cet expert lors de cette audition
ciredelopration ; (C. trav. L. 2323-21-1).
leplandaffaires(business plan) combindu Lauditionsetientdansundlaidunesemaine
nouvelensembleetlessynergiesgnresqui compterdudptduprojetdoffrepublique
sontenvisages ; dacquisition.
lesventuellesconsquencesorganisationnelles Lorsdesonaudition,lauteurdeloffrepeutse
etsociales(emplois,statutscollectifs)delop- faireassisterdespersonnesdesonchoix.Ilpr-
ration,ycompristerme. senteaucomitdentreprisesapolitiqueindus-
Sonapprciationportedoncaussisurlvaluation trielleetfinancire,sesplansstratgiquespour
desrisquesetdesopportunitsdelopration, lasocitconcerneetlesrpercussionsdela
tantconomiquesetsociauxquefinanciers. miseenuvredeloffresurlensembledesint-
Unautreobjectiflamissionseradeporterune rts,lemploi,lessitesdactivitetlalocalisation
apprciationsurlesmodificationsventuelles descentresdedcisiondecettesocit.

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 23


Les experts du comit dentreprise

Lauteurdeloffreadresseaucomitdelentreprise prisepourlicenciementconomiqueprvue
quienfaitlobjet,danslestroisjourssuivantsa larticleL. 1233-30duCodedutravail.
publication,lanotedinformationsurlaquelle Ilenrsultelesconditionscumulativessuivantes :
lAutoritdesmarchsfinanciersapposeunvisa lelicenciementconomiquedoitintervenirdans
pralable(C. mon. fin. art. L. 621-8 IX ; C. trav., uneentrepriseouuntablissementoccupantau
art. L. 2323-22). moins50 salaris ;
ildoitconcerneraumoins10 salarisdansune
Consultation du comit dentreprise mmepriodede30jours.
sur lopration Ledroitdassistancenestdoncpasprvupourles
Lexpertdsigntabliunrapportquivaluela autresprocduresdelicenciementconomique :
politiqueindustrielleetfinancireetlesplans licenciementconomiqueindividuel,licenciement
stratgiquesquelauteurdeloffreenvisagedappli- conomiquecollectif(quelquesoitlenombredes
querlasocitobjetdeloffre,ainsiqueles salarislicencis)dansuneentreprisedontleffectif
rpercussionsdeleurmiseenuvresurlen- estinfrieur50salaris,licenciementcollectif
sembledesintrts,lemploi,lessitesdactivit infrieur10salarisdansuneentreprisedont
etlalocalisationdescentresdedcisiondecette leffectifestaumoinsgal50salaris.
derniresocit(C. trav., art. L. 2323-22-1). Cettelimitationderecourslexpert-comptable
LarticleL.2325-37duCodedutravailprcise peuttredpasseparlexercicedudroitdalerte.
quelexpert-comptableaaccsauxdocuments Eneffet,loccasiondunlicenciementconomique
ncessairesllaborationdesonrapport. concernantmoinsde10salaris,lesfaitspeuvent
Ildisposedundlaidetroissemainescompter parfoisjustifierlengagementparlecomitdentre-
dudptduprojetdoffrepubliquedacquisition. priseduneprocduredalertepermettantaucomit
Pralablementlavismotivrenduparleconseil dedemanderlassistancedunexpert-comptable
dadministrationouleconseildesurveillancesur (voir Zoom p. 73).
lintrtdeloffreetsurlesconsquencesdecelle- Parailleurs,lorsquilexistedanslentrepriseun
cipourlasocitvise,sesactionnairesetses comitdentreprise,lemployeurquienvisagede
salaris,lecomitdelentreprisefaisantlobjet procderunlicenciementcollectifpourmotif
deloffreestrunietconsultsurleprojetdoffre. conomiquedaumoins10 salarisdansune
Aucoursdecetterunion,ilexaminelerapport mmepriodede30 joursdoitruniretconsulter
tabliparlexpert-comptableetpeutdemander cecomit,peuimportantqueleffectifdelentre-
laprsencedelauteurdeloffre(C. trav., art. prisesoitpassendessousduseuilde50 salaris.
L. 2323-23). Cecomitdentreprisepeutalorsrecourirlassis-
Lecomitdentreprisemetsonavisdansundlai tancedunexpert-comptable(Cass. soc., 12 juill.
dunmoiscompterdudptduprojetdoffre 2010, n 09-14.192P).
publiquedacquisition.Enlabsencedavisdans ATTENTION
cesdlais,ilestrputavoirtconsult. Lerapportdposparlexpert-comptabledansle
Lavisducomitdentrepriseainsiquelerapport cadreduneprcdenteprocduredeconsultation
delexpert-comptablesontreproduitsdansla surunprojetdelicenciementcollectifdclarnulle,
noteenrponsetablieparlasocitfaisantlobjet fautepourlemployeurdavoirfournilesinformations
deloffreou,silyalieu,danslanotedinformation ncessaireslaconsultation,neconstituepasun
communetablieparlauteurdeloffreetlasocit documentsusceptibledclairerlecomit.Lecomit
faisantlobjetdeloffre. estdoncendroit,partirdumomentolaprocdure
est reprise, de dsigner nouveau un expert-
comptablepourtreclairsurlapertinencedu
projetquiluiestsoumis(Cass. soc., 8 juill. 1997,
n 95-13.177P).

40 CADRE DE LA DSIGNATION
Par qui doit tre dsign lexpert-comptable
PROCDURE lorsquuneentrepriseeststructureenplusieurs
DE LICENCIEMENT tablissementsimpliquantlexistencelafoisde
CONOMIQUE comitsdtablissementetduncomitcentral
dentreprise ?Ilconvientdeserfrerauxrgles
Lecomitdentreprisepeutsefaireassisterdun applicablesenmatiredeconsultationdesinsti-
expert-comptablelorsquelaprocduredeconsul- tutionsreprsentativesdupersonneldanslecadre
tationsurunlicenciementpourmotifconomique dunlicenciementcollectifpourmotifconomique.
estmiseenuvre(C. trav., art. L. 2325-35, 5). Dansuneentreprisecomportantdestablis-
sementsdistincts,sileprojetdelicenciementse
cantonneuntablissementetrelvedespouvoirs
39 PROCDURES CONCERNES duseulchefdtablissement,laconsultation
LarticleL.2325-35,5renvoieexpressment sopreauniveauducomitdtablissement.Dans
laprocduredeconsultationducomitdentre- cesconditions,cestcecomitdtablissement

24 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

quipeutavoirrecoursunexpert-comptable. enapprcierlesconsquencesfinancires,co-
Enrevanche,sileprojetdelicenciementexcde nomiquesetsocialesetmettreuneopinion
lespouvoirsduoudeschefsdtablissement (Guide des missions de lexpert-comptable p. 83).
concernsouviseplusieurstablissementssi- Ilcompltecettedfinitiondanslestermessui-
multanment,larticleL.1233-36duCodedu vants : Lexpert-comptabledoitapprcierlaralit
travailprvoitlaconsultationlafoisducomit delasituationinvoqueparlemployeurainsique
centraldentrepriseetduoudescomitsdta- lesrieuxetlaptitudedesmesuresenvisages
blissementintresss,etprcisequeladsignation assurerlertablissementdelasituationdansdes
ventuelledunexpert-comptableestalorseffec- dlaiscompatiblesavecltatactueldelentreprise.
tueparlecomitcentraldentreprise. titredexemple,ildoitrecherchersilebilanavan-
Lacarenceducomitcentraldentreprisenepeut tages/cotdulicenciementprojetestsatisfaisant
cependant priver le comit dtablissement etmesurerlecotconomiqueetfinancierdece
concernparleprojetdelicenciementdudroit licenciement,comptetenunotammentdescharges
dtreassistparunexpert-comptable(Cass. soc., inhrentesauxmesuresdaccompagnement.
25 janv. 1995, n 92-13.546P ; voir n 7).Ilenva Lexpressiondesonavissurleprojetpeutleconduire
diffremmentlorsquelecomitcentraldentre- attirerlattentionsurdesmesuresindispensables,
priseadcid,autermedunvotergulier,dene quilestimeraitavoirtngliges.[]
pasfaireappelunexpert-comptable(CA Lyon, Lexpert-comptableprocdeunexamenaussi
12 dc. 1996, n 96/08168 ; RJS 1/97, n 26). objectifquepossible,lpoqueoilestnomm,
delasituationdelentrepriseet,selonlescas,du
secteurdactivitdugroupeauquellentreprise
41 MODALITS DE LA DSIGNATION appartient,duprojetprsentetdesmoyensde
Enprincipe,laconsultationducomitdentreprise rtablirlasituation.Sesanalysescontribueront
alieuaucoursdedeuxrunionsquidoiventtre clairerlecomitdentreprisedanslaformula-
espacesdaumoins15jours(C. trav., art. L. 1233- tiondventuellespropositions (Guide des mis-
30). Ladcisionducomitdentreprisederecourir sions de lexpert-comptable p. 86).
lassistancedunexpert-comptabledoittreprise
lorsdelapremirerunionducomit(C. trav., Limites
art. L. 1233-34). Lecomitdentreprisenepeutfaireappelun
Afindetenircomptedecettedsignation,lapro- expert-comptablequedanslecadredelunedes
cduredelicenciementestamnage. missionslgalesprvueslarticleL.2325-35du
Pour plus de dtails, voirNumrojuridique Codedutravail.
Licenciement conomique : Motifs procdures . Danscesconditions,uncomitdentrepriseinform
etconsultsurunprojetdetransfertdactivit
dunesocituneautresocitnimpliquant
42 CONTENU DE LA MISSION aucunlicenciementconomique,nepeutdcider
Objet derecourirunexpert-comptablermunrpar
SelonlarticleL. 2325-36,lamissiondelexpert- lentrepriseautitredelarticleL.2325-35(Cass.
comptableporte surtousleslmentsdordre soc., 26 nov. 1996, n 94-18.575).
conomique,financierousocialncessairesla Delammemanire,silexpert-comptabledsign
comprhensiondescomptesetlapprciation parlecomitdentreprisedanslecadredunprojet
delasituationdelentreprise . delicenciementconomiqueapourtcheprinci-
Pralablement la consultation du comit paledassisterlecomit,enrendantnotamment
dentrepriseintervenantdanslecadredelarticle lisibleslesdocumentsdinformation,comptables
L. 1233-30 du Code du travail, lemployeur ouconomiquesremiscedernieretenanalysant
adresse,aveclaconvocationlapremirerunion, leplansocialprsent,ilnapaspourautantmission
toutrenseignementutilesurleslicenciements deprocderlareconstitutiondelacomptabilit
projets,etnotamment laoulesraisonsco- produite(CA Paris, 16 dc. 1998 ; RJS 4/99, n 538).
nomiques,financiresoutechniquesduprojet NOTER
delicenciement (C. trav., art. L. 1233-31). Sidesmissionsnentrentpasstricto sensu dansle
Cestdoncpartirdecetteanalysedelensemble cadredelarticleL.2325-35,5duCodedutravail,
desraisonsconomiques,techniquesetfinancires ellespeuventseconcevoirdanslecadrede lex-
invoquesparlemployeurquelexpert-comptable pertiselibre prvuelarticleL.2325-41duCode
serammedapprcierlasituationdelentreprise dutravail(voir n 114 et s.).
et,parconsquent,depermettreaucomitde
donnersonavissurleprojetdelicenciementcol- Examen de lenvironnement
lectifenvisag. conomique de lentreprise
Danssonguide,lOrdredesexperts-comptables Laquestionseposedesavoirsilexamendelenvi-
dfinitclairementlobjetdelinterventiondelex- ronnementconomiquedelentreprisefaitpartie
pert-comptableencasdelicenciementcono- delamissiondelexpert-comptabledanslecadre
mique :elle consisteprincipalementanalyser duneprocduredelicenciementcollectifpour
lesraisonsetlapertinencedelamesureenvisage, motifconomique.

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 25


Les experts du comit dentreprise

Examen ncessaire mais limit motifconomiquecommelexamendespossibi-


Silestvraiquelapriseencomptedelenviron- litsdereclassementseffectuentauniveaudu
nementconomiquedelentrepriseestncessaire groupe(Cass. soc., 29 janv. 2008, n 06-44.751).
unejusteapprciationdesasituation,ilnen Lexpert-comptableducomitdentreprisenedoit
restepasmoinsquelexpert-comptablenapas cependantpasprocderuneanalysedescomptes
pourautantlamissiondeprocderuneanalyse dessocitsdugroupe,pasplusquilnepeut
proprementditedecetenvironnement. consacrerunepartietropimportantedesesdili-
Toutestquestiondemesureetilimportenotam- gencescetexamen.
mentdedistinguersilesdveloppementsconsa-
crslenvironnementdelentreprisesesituent Analyse du plan de sauvegarde
danslecadredelapprciationdelasituationde de lemploi
lentrepriseousilsformentaucontraireuncha- Lamissiondelexpert-comptablepeut-elletre
pitredistinctdurapportdelexpert-comptable. tenduelanalyseduplandesauvegardedelem-
Sitelestlecas,cesdveloppementsneseront ploi(PSE)prsentparlentreprise ?
probablementpasprisenchargeautitredela LePSEcomporteunensembledemesuresdesti-
missionlgaledelexpert-comptable. nes la fois viter des licenciements et
Silnappartientpaslexpert-comptabledepro- reclasserlepersonneldontlelicenciementnapu
cderunexamenapprofondidelenvironnement trevit.Orlobjetdelamissiondelexpert-
conomiquedelentreprise,enrevanche,lex- comptableestlapprciationdelasituationde
pert-comptabledoittenircompte,pourapprcier lentrepriseauregarddesraisonsconomiques,
lasituationconomiquedecelle-ci,desrensei- techniquesetfinanciresprsentesparlem-
gnementsquilapuseprocurersurlesecteur ployeur.LanalyseduPSEconstituedoncune
dactivitdanslequelsinsrelentreprise.Cette missionspcifiquequinentrepas,a priori, dans
tudeestdautantplusjustifiequeleprojetde lecadredesesattributions.
licenciementsconomiquesestfondsuruner- Cependant,ilpeuttreutileaucomitdentreprise
organisationdelentreprise. dvaluerlecotduPSEmisenuvreparlentre-
Lajurisprudenceconsidreeneffetquunetelle prise.Ainsilinsuffisanceduplanpeutsejustifier
rorganisationjustifiedeslicenciementsdansla parlesdifficultsconomiquesfondamentalesde
mesureo,enlabsencededifficultscono- lentreprise(trsoreriesonplusbasniveau, etc.).
miques,cetterorganisationatdcidedans Dslors,lanalyseduPSEparlexpert-comptable
lintrtdelentrepriseetdumaintiendesacomp- nepeutseconcevoirquedanslecadredelappr-
titivit (Cass. soc., 11 janv. 2006, nos 05-40.977P ciationdelasituationconomiquedelentreprise.
et 04-46.201P). SelonlOrdredesexperts-comptables,lerapport
Le Guide de lOrdre des experts-comptables re- delexpert-comptable analyselesincidences
jointcetteanalyse : Lediagnosticdelasitua- conomiquesetsocialesdesmesuresenvisages
tionetlapprciationdelapertinencedessolu- dansleprojetderestructuration.Ilportenotam-
tionsexigentquelexpert-comptable,plusencore mentuneapprciationsurlemodedecalculdu
quepourlesmissionsdexpertisedescomptes sureffectif,surlapertinencedesmesuresenvisa-
annuels,sinformedesfacteursextrieurslen- gesetsurleuradquationlapopulationconcer-
treprise(secteurprofessionnel,appartenance ne.Ilmesurelecotduplandesauvegardede
ungroupe,conjoncture)etanalyselesconditions lemploi,lesmoyensdispositionetformule,le
internesdesonexploitation (Guide des missions caschant,despropositions (Guide des missions
de lexpert-comptable p. 86). de lexpert-comptable, p. 87).
Cetteapprochenerpondpasseulementaux NOTER
impratifstechniquesinhrentslamissionde UnedcisiondhomologationdunPSEpeuttre
lexpert ;elleestgalementimposedansdenom- annuledfautdassistancedunexpert-comptable
breuxcasparlargumentationdveloppeparla etderemisedesonrapportladlgationunique
directiondelentrepriselappuiduprojet. dupersonnel(TA Montreuil, 5e ch., 20 dc. 2013,
Ltenduedecesinvestigationsnepeutdonctre n 1309825 ; v. Liaisons soc. quot. n 16705, Juris
fixea priori. Lexpert-comptabledoitsentenir Thema, 4 nov. 2014).
auxinvestigationsdirectementutileslexcution Enlespce,celle-cinapumettreunavisclair
surlePSE.
desamission.

Socit appartenant un groupe


Ilenestdemmepourlasituationdelentreprise 43 NGOCIATION DE LACCORD SUR LA PROCDURE
auseindugroupeauquelelleappartient,lecas DE LICENCIEMENT CONOMIQUE
chant.Danscertainscas,eneffet,ilnestpas Danslesentreprisesdaumoins50salaris,le
possibledavoiruneideprcisedelasituation projetdelicenciementconomiquecollectifpeut
conomiqueduneentrepriseenfaisantabstraction tremisenuvreparlebiaisdunaccordmajo-
dugroupeauquelelleappartient.Ceciestdautant ritaire rpondant aux conditions de larticle
plusvraiquelajurisprudenceaconsacrleprin- L. 1233-24-1duCodedutravail.Lecontenude
cipeselonlequellapprciationdelaralitdu cetaccordestdfiniparlarticleL. 1233-24-2du

26 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

Codedutravail.IlportesurlecontenuduPSE 44 CHOIX DE LEXPERT-COMPTABLE


etpeutaussiportersur : Lexpert-comptableintervenantdanslecadrede
lesmodalitsdinformationetdeconsultationdu laprocduredelicenciementpourmotifcono-
comitdentreprise ; miqueestlibrementchoisiparlecomitdentre-
lapondrationetleprimtredapplicationdes priseselonlesrglesdedsignationprcdemment
critresdordredeslicenciements ; voques(voir n 4 et s.). Lecomitdentreprisea
lecalendrierdeslicenciements ; enparticuliertoutelibertpourchoisirunexpert-
lenombredesuppressionsdemploietlescat- comptableautrequeceluiprocdantventuel-
goriesprofessionnellesconcernes ; lementlexamenannueldescomptes.
lesmodalitsdemiseenuvredesmesuresde Enrevanche,lexpert-comptabledsigndansle
formation,dadaptationetdereclassement. cadredelaprocduredeconsultationpourlicen-
ciementconomiqueestmandatpourapporter
Danslecadredecettengociation,lecomit touteanalyseutileauxorganisationssyndicales
dentreprisepeutmandaterunexpert-comptable pourprparerlangociationdelaccorddentre-
(celuidsigndanslecadredelaprocdurede priseprvudanslecadredecetteprocdure
consultationpourlicenciementconomique) (C. trav., art. L. 2325-35 II).
afinquilapportetouteanalyseutileauxorga-
nisationssyndicales (C. trav., art. L. 1233-34).
Cettemissionseraprciseparlecomitdentre-
prise.Entouttatdecause,onpeutnaturellement
penserquelexpert-comptableapporteraauxorga-
nisationssyndicalespartieslangociationde
laccordtousclairagessurlasituationcono-
miquedelentrepriseoudugroupenotamment COMMISSION CONOMIQUE
pourprciserlesmesuresduPSEoulenombre DU CE OU DU CCE
desuppressiondemploisprvu.Maisilestpro-
bablequecesinvestigationsporterontgalement 45 ASSISTANCE DE LEXPERT-COMPTABLE
surlesdiffrentspointsabordsparlaccordcol- Danslesentreprisesdaumoins1 000salaris,
lectif. unecommissionconomiqueestcreausein
Enrevanche,saparticipationauxrunionsde ducomitdentrepriseouducomitcentral
ngociationaveclemployeuretlesorganisations dentreprise.Cettecommissionestchargeno-
syndicalesreprsentativesnestpasprvue.Elle tammentdtudierlesdocumentsconomiques
neparatpossiblequesilensembledesorga- etfinanciersrecueillisparlecomitdentreprise
nisationssyndicalesreprsentativesladmetainsi et toute question que ce dernier lui soumet
quelemployeur. (C. trav., art. L. 2325-23).
SelonlOrdredesexperts-comptables, lesl- Lacommissionconomiquenestpasuneentit
mentsquelexpert-comptablepeuttreamen juridiquedistincteducomitdentreprise :elle
analyseretlecontenudesamissionpeuvent estlmanationducomitdentrepriseoudu
notammenttre : comitcentraldentreprise.
lanalyseduprojet : Ellenexercedoncaucunpouvoirdistinctetses
leprojetderorganisation(enltatdavan- attributionssordonnentsurlesattributionsco-
cementdestravauxdeprparationduprojet nomiquesducomitdentreprise.Elleapour
parlentreprise),lasituationconomiqueetso- vocationdtudierlensembledesdocumentsco-
cialedelentrepriseetlesproblmesquecherche nomiquesetfinanciersrecueillisparlecomit
rsoudreleprojetdelicenciementpourmotif dentreprise.Ellepeutaussitresolliciteparle
conomique,lesincidencesconomiquesetso- comitdentreprisepourtoutequestiondordre
cialespotentiellesduprojet ; conomiqueetfinancier.
lecalendrierenvisagparlentreprise,pour Danslecadredecettemissiondeprparationdes
laprparationetlamiseenuvreduprojet ; attributionsconsultativesducomitdentreprise
lesmesuressocialesetleplandesauvegarde danslordreconomique,lacommissionpeutse
delemploienvisagsparladirection ; faireassisterparlexpert-comptablequiassistele
etc. ; comitdentreprise(C. trav., art. L. 2325-25).
lappuiauxreprsentantsdupersonnelpourfor- NOTER
mulerleurspropositionsdanslecadredelango- Lacommissionconomiquepeutsefaireassisterdes
ciationdelaccord.Celles-cipourrontparexemple autresexpertschoisisparlecomitdentreprisedans
portersur :lesmoyensduredressementdelen- lesconditionsfixesauxarticlesL.2325-38et
treprise ;lecontenuoulesmodalitsdesrorga- L. 2325-41duCodedutravail :lexperttechnique
nisations ;lesmesuressocialesetlePSE ;lecontenu etlesexpertslibres(C. trav., art. L. 2325-25).
delaccord, etc. Guide des missions de lexpert- Lassistanceainsiapportelacommissionco-
comptable p. 84) nomique,danslecadredunemissiondtude,
tendfaciliterlacomprhensiondesdocuments
examineret/ouclairerlesaspectscono-

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 27


Les experts du comit dentreprise

miques,sociauxoufinanciersdelaquestion
traiter(Guide des missions de lexpert-comptable,
p. 108).
Danscesseuleshypothses,lexpertassistantla
ORIENTATIONS
commissionconomiqueestrmunrparlem- STRATGIQUES
ployeur.Enrevanche,lacommissionconomique DE LENTREPRISE
instituedemanirepermanentepeuttoutmo-
mentdemanderlassistancedunexpertpourtoute 47 MISSION PROSPECTIVE
questionquiluiestsoumiseparlecomitden- Laloisurlascurisationdelemploidu14 juin
treprise :sicesquestionsnentrentpasdansle 2013(L. n 2013-504, JO 16 juin) prvoitquele
cadredeshypothsesdassistancepourlesquelles comitdentreprisedoittreconsulttouslesans
unexpert-comptableestrmunrparlentre- sur lesorientationsstratgiquesdelentreprise
prise,lacommissionconomiquefaitappelaux etsur leursconsquencessurlactivit,lemploi,
expertslibresducomitdentreprise.Ilssontalors lvolutiondesmtiersetdescomptences,lorga-
rmunrssursonbudgetdefonctionnement. nisationdutravail,lerecourslasous-traitance,
lintrim,descontratstemporairesetdes
stages (C. trav., art. L. 2323-7-1).
Danslecadredecetteconsultation,lecomit
metunavissurcesorientationsetpeutproposer
desalternatives.Cetavisesttransmislorgane
chargdeladministrationoudelasurveillance
delentreprise,quiformuleunerponseargu-
PARTICIPATION mente.Lecomitenreoitcommunicationet
46 EXAMEN DU RAPPORT peutyrpondre.
Lemployeurprsente,danslessixmoisquisui- Lecomitdentreprisepeutsefaireassisterde
ventlaclturedechaqueexercice,unrapportau lexpert-comptabledesonchoixenvuedelexa-
comitdentreprise(ousacommissionspcia- mendesorientationsstratgiquesdelentreprise.
lise)comportantlafoisdesprcisionssurles Lamissiondelexpert-comptableparatcomporter
lmentsservantdebasedecalculdumontant trois volets.Dunepart,ilsagirapourluidaider
delarservespcialedeparticipationetdesindi- lecomitdentrepriselacomprhensiondesdo-
cationssurlagestionetlutilisationdessommes cumentstransmisparlemployeur,enparticulier
affectescetterserve(C. trav., art. D. 3323-13). lesinformationscontenuesdanslabasededon-
Lecomitdentrepriseestappelsigerpour nesconomiquesetsociales,afinquecelui-ci
examinercerapport.Danslecadredecetexamen, puisseformulerunavissurcesorientations.
lecomitdentreprisepeutsefaireassisterpar cetitre,ildoit,entreautres,restituerlesinfor-
unexpert-comptablermunrparlentreprise mationsetlesdonnesprvisionnellesdansle
(C. trav., art. D. 3323-14 ; Cass. soc., 28 janv. 2009, contextedelentreprise(groupedappartenance
n 07-18.284P). et/ousecteurdactivit),contribuerclairerle
SelonlOrdredesexperts-comptables,lerapport comitdentreprisesurlesimpactsorganisation-
delexpert-comptabledoitpermettreaucomit nels,financiersetsociauxdesoptionsstratgiques,
dentreprisedecomprendrelesmcanismesde lassisterpourobtenirdesprcisionset/oudes
calculdumontantdelarservespcialedepar- informations complmentaires permettant
ticipationetdefairelelienaveclesrsultatsde dapprcier celles contenues dans la base de
lentreprise.Ildoit,decefait,comporter,outre donnesconomiquesetsocialesetdanslapr-
unrappeldelventuelaccorddeparticipation parationdudbataveclemployeurlorsdela
envigueurdanslentreprise,unepartiepda- consultation(Guide des missions de lexpert-comp-
gogiquedfinissantetexplicitantlestermesde table p. 103).
laformuledecalcul,lavrificationdescalculs Dautrepart,ilassistelecomitdansllaboration
etsonavis.Laprsentationdelavrificationdu lecaschant,desorientationsalternativesque
calculdelarservespcialedeparticipationdoit celui-cipeutproposer.
mettreenvidencelincidencedesdiffrentspara- Unefoisquelecomitdentreprisearenduson
mtresdegestiondelentreprisesurlemontant avis,lamissiondelexpert-comptablenestpas
finaldelaparticipation.Lexpert-comptablemet termine.Eneffet,ilavocationaccompagnerle
cetgardenvaleurleslmentsfavorablesou comitdanslacomprhensiondelarponsear-
dfavorablesauxsalaris,leslmentsrcurrents gumenteformuleparlorganechargdeladmi-
ounonetdtaillelesventuellesdivergences nistrationoudelasurveillanceainsique,lecas
relevesavecsesproprescalculs.Ilporteenoutre chant,dansllaborationdesaproprerponse.
uneapprciationsurlesrsultatsdelagestion Ilnesagitdoncplusicidavoirunevisiondu
dessommesaffectescollectivement(Guide des fonctionnementconomiquedelentreprisepar
missions de lexpert-comptable p. 74). unregardsurdesdocumentsquiretracentlant-
rioritconomique(examenannueldescomptes)
mais,aucontraire,dapprhenderlesvolutions

28 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

prvisibles.Cestdoncunephaseessentiellequi Enrevanche,ilnesemblepasqueletexteautorise
estdenatureengagerlentreprisemaisgalement lexpert-comptableassisterauxrunionsde
lecomitdentreprise,selonlavismis. ngociation,saufaccorddelemployeuretde
lensembledesorganisationssyndicalesrepr-
sentatives.
cetitre,lOrdredesexperts-comptablesrecom-
mandelexpert-comptabledsignde :
sassurerdelacohrenceconomiquedesdiff-
rentesmesuresderedressementproposesparlem-
ployeur,etdeleurefficacitamliorerdurablement
NGOCIATION DE LACCORD lasituationdelentit ;
DE MAINTIEN DE LEMPLOI examinerlespropositionsdelemployeurentermes
[damnagement]deladuredutravail,sesmo-
dalitsdorganisationetderpartitionainsiquela
48 MISSION DACCOMPAGNEMENT rmunrationausensdelarticleL. 3221-3etsimuler
Laloidu14 juin2013surlascurisationdelem- limpactdepropositionsalternatives ;
ploiainstitulapossibilit,pourlesentreprises vrifierladquationlasituationdes effortspro-
faisantfacedimportantesdifficultscono- portionns envisagspour lesdirigeantssalaris ,
miques,dengocierunaccorddemaintiende lesmandatairessociauxetlesactionnaires ,en
lemploi.Cetaccordmajoritairepeutprvoir,en mesurerlimpactetventuellementproposerdesal-
ternatives ;
contrepartiedumaintienduncertainnombre
valuerlespropositionsquibnficieraientaux
demplois,desefforts(rmunration,tempsde salarisenconsquence duneamliorationdela
travail)consentisparlessalaris,lesdirigeants situationconomiquedelentreprise lissuede
etlesactionnaires(C. trav., art. L. 5125-1 et s.). lapriodedapplicationdelaccordoudesasuspen-
Laconclusiondecetypedaccordsupposele siontellequeprvuelarticleL5125-5 ;
constatpartagentrelemployeuretlesorgani- analyserladaptationdesmesuresdaccompagne-
sationssyndicales degravesdifficultscono- mentpourlessalarisquirefuseraientlapplication
miquesconjoncturellesdanslentreprise . delaccordleurcontratdetravail,etproposerdes
alternatives ;
LarticleL. 5125-1duCodedutravailprvoit conseiller sur la clause pnale applicable si
lassist ancepossibledunexpert-comptable, lemployeurnexcutepassesengagements ;
lequelestmandatparlecomitdentreprise. apprcierlesmesuresenvisagesparlemployeur
Lamissiondfinielgalementaundoubleobjectif. encasdchecsurleredressementdelentit :les
Dunepart,celui-cipourraprocderlanalyse salarisayantacceptlaccordnedoiventpastre
du diagnostic tabliparlemployeurrvlantles lssencasdePSEdurantoulissuedelapriode
gravesdifficultsconomiques.Linterventionde dedeuxans ;
assisterlesreprsentantsdupersonneldanslad-
lexpert-comptableseraessentielleetaboutira
finitiondesmodalitsdesuividelaccord ;
doncsoitconforterlasituationdcriteparlem- contribuerlaprparationdelacommunication
ployeuretpermettralengagementdelangocia- relativelaccord(Guide des missions de lexpert-
tiondelaccorddemaintiendelemploi,soit,au comptable p. 96).
contraire,auconstatquelentreprisenesetrouve
pasensituationdegrandesdifficultscono-
miquesconjoncturelleset,enconsquence,dis-
suaderadelengagementdunetellengociation.
Toutefoislavisdelexpert-comptablenaurapas
pourconsquencedelierlapositionquiserafi-
nalementadopteparlesorganisationssyndicales
quipourronttredunaviscontrairequantlop- RECOUPEMENTS ENTRE
portunitdengagerounonunengociation. LES DIFFRENTES MISSIONS
Lautrevoletdelamission,siunengociationest
finalementengage,est daccompagner les 49 MISSIONS DE LEXPERT-COMPTABLE
organisations syndicales dans la ngociation. LarticleL.2325-36duCodedutravaildfiniten
Cetermesoulvedesquestionsquantaucontenu uneseulephraselecontenudelamissiondelexpert-
prcisdelamissiondelexpert. comptableducomitdentreprisepourlensemble
toutlemoins,lexpert-comptablepourradonner desmissionssusceptiblesdeluitreconfies : La
sonavissurlenombredemploisprservsetsur missiondelexpert-comptableportesurtousles
lensembledesmesuresconomiquesetsociales lmentsdordreconomique,financierousocial
contenuesdanslaccord.Ilpourranotamment ncessaireslacomprhensiondescompteset
mesurersiellespermettentlentreprisedepasser lapprciationdelasituationdelentreprise.
lecapdifficileetapprciersileseffortsdemands Ilestcertainquelesinvestigationsprennentune
auxsalaris,etceuxconsentisparlesdirigeants orientationdiffrenteenfonctiondelamission
etactionnairessontsuffisantsoudisproportionns maisilestgalementvidentquedetrsnom-
parrapportlasituationconomiquedelentre- breuxrecoupementsseproduisent.
prise.

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 29


Les experts du comit dentreprise

Ainsi,lexpert-comptablequiaprocdlanalyse bilitdobtenirparcebiaislassistancedelexpert,
descomptesannuelsestplusmmedeffectuer, alorsquilnelepeutpasautitredeslicencie-
silestsaisipeudetempsaprs,unenouvellemis- ments.
sionloccasiondunlicenciementconomique NOTER
oudelexercicedudroitdalerte. Lextensiondesmissionsdelexpert-comptable,ne
Lecumuldemissionseffectuesparlemme delaloidu14 juin2013,aurainvitablementpour
expertpeutventuellementconduire,danscer- consquenceuneaugmentationdu budget expert-
tainescirconstances,unerelativisationdeshono- comptable,mmesi,concernantlexpertiserelative
rairesdelexpert. auxorientationsstratgiques,leshonorairesdecet
Enrevanche,dansuneaffaireolemmeexpert- expertsontpartiellementlachargeducomit
comptableatsollicitsuccessivementdansle dentreprise.Eneffet,saufaccordentrelemployeur
etlecomitdentreprise,lecomitcontribue,surson
cadredudroitdalertepuisdansceluidunepro- budgetdefonctionnement,aufinancementdecette
cduredelicenciementconomique,laCourdap- expertisehauteurde20 %,danslalimitedutiers
peldeChambry,toutenadmettantqueles2 mis- desonbudgetannuel(C. trav., art. L. 2323-7-1).
sionsserecoupaientpartiellement,aconsidr
queleurfinalitdiffrentesopposaitcequelles
puissentsesuppler(CA Chambry, 12 oct. 1992 ;
Dr. ouvrier 1993 p. 67).
Cestenfaitaucontenudurapportqueloriginalit
dunemissionparrapportlautreapparatclai-
rement.
Enoutre,unlicenciementconomiquedemoins LITIGES
de10 salarispeutjustifier,pourlecomit 50 COMPTENCE DU TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE
dentreprise,ledclenchementdelaprocdure Lalettredemissionprciselesdemandesfaites
dalerteconomique,cequiluidonnelapossi- lexpert-comptableparlecomitdentreprise.

Mission de lexpert-comptable en cas de recherche dun repreneur

Laloidu14 juin2013surlascurisationdelemploi(L. n 2013-504, lanalysedesmoyensmisenuvrepourlarecherchedurepre-


JO 16 juin) ainstitulobligationderecherchedunrepreneuren neur,lamthodologie,lesciblesdmarchesetlapprciationde
casdefermetureduntablissementdansuneentreprisedaumoins leurpertinence ;
1 000salaris,sinscrivantdanslecadredunprojetdelicenciement lanalysedudossierremisauxcandidatsquisemanifesterontet
collectif(C. trav., art. L. 1233-57-9 et s.). desdocumentsdecommunicationdestinsattirerdescandidats,
Laloidu29 mars2014 (L. n 2014-384, JO 1er avr.) visantrecon- lesactifsquilestprvudecder,laqualitdesinformationscom-
qurirlconomierelle,diteloi Florange ,ainsiquelaloidu muniques,lesconditionsdelventuellecession ;
31 juillet2014(L. 2014-856, JO 1er aot), relativelconomiesociale lanalysedesprojetsdereprise,notammentleuradquationla
etsolidaire,ontrenforclaportedecetteobligation. situationconomiqueetsocialedelactivitconcerne,lacapacit
Pour en savoir plus surlesobligationsdelemployeuren desrepreneursprenniseretdvelopperlactivitetlesemplois
casdecessiondesite,voirNumrojuridique Le licenciement concerns,laformulationdesuggestionsauxrepreneursou
conomique, Motif Procdures . lentreprisepermettantdamliorerleprojetetlespotentielsde
Lecomitdentrepriseestinformsurleprojetdefermeturedelta- prennitetdedveloppementdelactivitconcerne ;
blissementetsurlesactionsquelemployeurenvisagepourtrouver laformulationdavisoudepropositions,oulappuiaucomit
unrepreneur.Ilestensuiteconsultsurlesoffresdereprise,etpeut dentreprisepourlaborerunprojetdereprisesuscitoupromu
galementparticiperlarecherchedunrepreneur.Danscecadre,le par celui-ci, par exemple la reprise par tout ou partie des
comitdentreprisepeutrecourirlassistancedunexpert-comptable. salaris (Guide des missions de lexpert-comptable, dition 2014
p.89 et 90).
NOTER
Ilprcisegalementque laidellaborationdunprojetde
Lorsquelecomitdentrepriserecourtlassistancedun repriseimpliquepotentiellementuneassistancetechniqueimpor-
expert,lemployeureninformesansdlailautoritadmi- tantedelexpert-comptablepouvantcomporterundiagnosticstrat-
nistrative(C. trav., art. L. 1233-57-17). gique,laralisationdunplandaffaires,llaborationdesolutions
juridiquesetfinancires,etc. (Guide p.90).
Danscettehypothse,lamissiondelexpertestdfinieparlarticle Pourtablirsonrapport,lexpertaaccsauxdocumentsdetoutes
L.1233-57-17duCodedutravail :analyserleprocessusderecherche lessocitsintressesparlopration(C. trav., art. L.2325-37).
dunrepreneur,samthodologieetsonchamp,apprcierlesinfor- Lexpertdoitprsentersonrapportdanslesdlaisprvuslarticle
mationsmisesladispositiondesrepreneurspotentiels,tudierles L. 1233-30duCodedutravail.Ainsisontapplicableslesdlais
offresderepriseetapportersonconcourslarecherchedunrepreneur prvusdanslecadredelaconsultationducomitdentreprisesur
parlecomitdentrepriseetllaborationdeprojetsdereprise. leprojetdelicenciementconomique(deux,troisouquatremois,
SelonlOrdredesexperts-comptables, lecontenudelamission selonlenombredelicenciementsouselonledlaifixparaccord
pourrainclure,parexemple : dentreprise).

30 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

Lemployeurpeutcontestercertainesdentreelles, festementillicitequilconvenaitdefairecesser
estimantquellesnentrentpasdanslecadrede (Cass. soc., 10 oct. 1989, n 87-19.997P).
lamissionlgaledelexpert-comptable.Ilsadresse
pourcelaautribunaldegrandeinstance,selon
laprocdurededroitcommun. 51 RMUNRATION DE LEXPERT
Deplus,ilestpossibledesaisirleprsidentdu Laplupartdutemps,lescontestationsportantsur
tribunaldegrandeinstanceenrfrsurlefon- lemontantdeshonorairesdelexpert-comptable
dementdesarticles 808et 809duCodedepro- ont,enfait,pourorigineunecontestationsur
cdurecivile.Seloncettepremiredisposition, ltenduedelamission,celle-cinentrantpas,du
danstouslescasdurgence,leprsidentdu pointdevuedelemployeur,dansleshypothses
tribunaldegrandeinstancepeutordonneren dassistancelgalermunreparlentreprise.
rfrtouteslesmesuresquineseheurtent Dslors,ilyalafoislitigesurltenduedela
aucunecontestationsrieuseouquejustifie missionetsurlarmunrationdelexpert-comp-
lexistencedundiffrend .Cedeuximetexte table.Danscesconditions,leprsidentdutribunal
prvoit,quantlui,queleprsidentduTGI degrandeinstancestatuantenrfr,comptent
peuttoujours, mmeenprsencedunecontes- encasdelitigesurlarmunrationdelexpert-
tationsrieuse,prescrireenrfrlesmesures comptable,estcomptent.Ilseprononcealors
conservatoiresouderemiseentatquisimpo- surlefond.Ladcisionnapasdecaractrepro-
sent,soitpourprvenirundommageimminent, visoireetlesvoiesderecourssontcellesdudroit
soitpourfairecesseruntroublemanifestement commun(C. trav., art. L. 2325-40 ; C. trav., art.
illicite . Les juges du fond peuvent ainsi R. 2325-7).Lorsquilyadsaccordsurlancessit
ordonnerunesocitderemettrelexpertles duneexpertiseetlitigesurlarmunrationde
renseignementsncessaires. lexpert,ladcisionestgalementprise,envertu
LaCourdecassationconsidreeneffetque le delarticleL.2325-40duCodedutravail,parle
faitpourunesocitderefuserdefournirlexpert prsidentduTGIstatuantenurgence(Cass. soc.,
dsignparlecomitdtablissementdesrensei- 13 juin 1990, n 87-16.948P).
gnementsncessairesaprsavoirdclar,desa Surlensembledesquestionsrelativeslacontes-
propreautorit,quelamissiondecetexperttait tationdeshonorairesdelexpert-comptable,voir
devenuesansobjet,constituaituntroublemani- n 83 et s.

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 31


Les experts du comit dentreprise

LES MOYENS DACTION


rsoudre . Il prcise que la dlgation ne consti-
tue en aucun cas un transfert de la responsabilit
ASSISTANCE de lexpert-comptable . Ce dernier assure la
supervision des travaux (Guide des missions de
DE LEXPERT-COMPTABLE lexpert-comptable dassistance au comit dentre-
Tout comme lexpert dsign par un tribunal peut prise, dition 2014 p. 48).
se faire assister dans laccomplissement de sa
mission par la personne de son choix, qui inter- 53 EXPERT TECHNIQUE EN CAS
vient alors sous son contrle et sa responsabilit DE LICENCIEMENT CONOMIQUE
(C. proc. civ., art. 278-1), lexpert-comptable peut En cas de licenciement pour motif conomique
se faire assister ou donner dlgation des colla- visant au moins 10 salaris dans une mme
borateurs qualifis, salaris ou non, titulaires ou priode de 30 jours, lexpert-comptable dsign
non du diplme dexpert-comptable, travaillant par le comit dentreprise peut tre assist par
sous son contrle. un expert technique dans les conditions prvues
En pratique, les cabinets spcialiss dans lassis- larticle L. 2325-41 (C. trav., art. L. 1233-34),
tance des comits dentreprise dlguent en effet cest--dire celles relatives aux experts libres.
frquemment, pour des raisons tenant la fois De cette rfrence larticle L. 2325-41, il rsulte
leur implantation gographique et la rentabilit que :
de leur structure, la mission qui leur est confie la dcision dassistance par un expert technique
par les comits dentreprise des collaborateurs nappartient pas lexpert-comptable mais au
qui nont pas ncessairement la qualit dexpert- comit dentreprise lui-mme ;
comptable, membre de lOrdre des experts- il en est de mme sagissant du choix de lexpert ;
comptables. sa rmunration est prise en charge par le comit
Cette assistance de lexpert-comptable par ses dentreprise et non par lentreprise.
collaborateurs doit tre distingue de lassistance Dans la mesure o lexpert technique nest autre,
ventuelle par un expert technique prvue par en dfinitive, quun expert dit libre ou
larticle L. 1233-34 du Code du travail en cas de contractuel , on pourrait sinterroger sur la por-
licenciement pour motif conomique dau moins te et lintrt de cette prcision. En effet, mme
10 salaris dans une mme priode de 30 jours. sans rfrence un texte spcifique, le comit
dentreprise peut toujours faire appel un expert
sur le fondement et dans les conditions de larticle
52 COLLABORATEURS L. 2325-41. Cependant, la mission confie un
Un expert-comptable peut faire appel un colla- tel expert ne peut tre, en pareil cas, dassister lex-
borateur ds lors que le travail est excut sous pert-comptable. Il ne peut donc sagir que dune
sa responsabilit (Cass. soc., 10 juill. 1995, n 92- mission autonome, complmentaire ou parallle,
17.010). Ainsi, si la mission dexpertise a t par- exerce dans les limites et avec les seuls moyens
faitement remplie, puisquelle a donn au comit prvus pour de tels experts par larticle L. 2325-
tous les lments ncessaires lintelligence des 41, sagissant notamment de laccs aux documents
comptes et lapprciation de la situation de len- et aux locaux de lentreprise.
treprise, peu importe que : Nanmoins, en prcisant que lexpert technique
le collaborateur ne soit pas un expert-comptable peut assister en cas de licenciement cono-
diplm ; mique lexpert-comptable, le deuxime alina de
le rapport ne comporte aucune indication re- larticle L. 1233-34 lui confre, indirectement,
lative lexpert qui la tabli ; dautres prrogatives et moyens que ceux dun
aucun expert-comptable nait assist les mem- simple expert libre. Assistant de lexpert-comp-
bres du comit dentreprise lors de la runion table, il peut notamment, dans les mmes condi-
consacre lexamen des comptes. tions et limites que les collaborateurs (voir n 52),
Lexpert-comptable peut donc se faire assister, et avec les mmes obligations de secret et de dis-
cest--dire seconder, dans lexercice de sa mission crtion, accder aux locaux de lentreprise, et
et notamment pour la collecte de tous les lments non au seul local du comit, ainsi quaux docu-
utiles son accomplissement. ments dtenus par lexpert-comptable, et non
Selon lOrdre des experts-comptables, celui-ci simplement ceux dtenus par le comit lui-
peut dlguer une partie de ses travaux en fonc- mme.
tion de la comptence et de lexprience des col- La rfrence faite aux conditions prvues larticle
laborateurs, du volume de la mission, des dlais L. 2325-41 ne concerne que les modalits de dsi-
respecter, du niveau de qualification des travaux gnation et de rmunration.
effectuer, et de la complexit des problmes

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 33


Les experts du comit dentreprise

comptes, dapprcier les documents quil estime


utiles lexercice de sa mission ds lors quelle
ACCS AUX DOCUMENTS nexcde pas son objet (Cass. crim., 23 avr. 1992,
54 CONTENU n 90-84.031P ; Cass. soc., 25 sept. 2013, n 11-27.055 ;
Mmes documents que Cass. soc., 8 oct. 2014, n 13-16.845P).
le commissaire aux comptes Par ailleurs, lexpert, tenu des obligations de
La mission de lexpert-comptable porte sur tous secret et de discrtion, ne peut se voir opposer le
les lments dordre conomique, financier ou caractre confidentiel des documents demands
social ncessaires la comprhension des comptes (Cass. soc., 15 dc. 2009, n 08-18.228P). Les don-
et lapprciation de la situation de lentreprise. nes que lemployeur ne conteste pas possder
Pour oprer toute vrification ou tout contrle doivent lui tre communiques.
qui entre, dans lexercice de ses missions, Si les documents demands entrent dans la mission
lexpert-comptable a accs aux mmes documents de lexpert-comptable, le refus par lemployeur de
que le commissaire aux comptes (C. trav., art. les lui communiquer constitue un trouble mani-
L. 2325-37 ; Cass. soc., 8 nov. 1994, n 92-11-443P). festement illicite quil convient de faire cesser, en
Lexpert-comptable peut donc se faire commu- imposant la socit la remise des documents solli-
niquer toutes les pices quil estime utiles lexer- cits (Cass. soc., 17 fvr. 2004, n 02-11.404), le
cice de sa mission : contrats, livres, documents cas chant sous astreinte prononce en rfr (CA
comptables et registres des procs-verbaux Versailles, 4 janv. 2006, n 05/06641).
(C. com., art. L. 823-13). Lexpert-comptable disposant dun droit de com-
Rfrence tant faite aux prrogatives du com- munication des documents ncessaires lac-
missaire aux comptes et non du comit dentre- complissement de sa mission, a qualit pour saisir
prise, lexpert-comptable, appel assister ce der- le juge des rfrs dune demande de communi-
nier, peut demander communication de pices cation de ces pices (Cass. soc., 26 mars 2014,
auxquelles le comit, en tant que tel, na pas accs. n 12-26.964P).
De mme, les documents mis la disposition de Les juges du fond nont pas rechercher si les do-
lexpert ne sauraient tre limits ceux qui doivent cuments demands sont ncessaires laccomplis-
tre fournis aux actionnaires (Guide des missions sement de la mission de lexpert (Cass. soc., 15
de lexpert-comptable, p. 37). dc. 2009, n 08-18.228P).
Cependant les articles L. 2325-36 et L. 2325-37 Nanmoins, le juge peut sanctionner tout abus
du Code du travail qui dfinissent la mission ainsi de droit caractris (Cass. soc., QPC, 12 sept. 2013,
que laccs aux documents doivent tre combins : n 13-12.200P). Si ce dernier ne contrle pas luti-
la finalit de la mission conditionne nces- lit concrte des documents, il peut nanmoins
sairement ltendue de laccs aux documents, vrifier que ceux-ci sont en lien avec la mission
limite aux lments ncessaires lintelligence confie par le comit et contrler en tout tat de
des comptes et lapprciation de la situation de cause labsence dabus de droit.
lentreprise. En effet, le commissaire aux comptes Ces principes sappliquent galement dans le cadre
a une mission permanente de contrle de la rgu- des nouvelles missions de lexpert-comptable, issues
larit, de la sincrit de toute la comptabilit de de la loi n 2013-504 du 14 juin 2013 (assistance du
lentreprise, alors que lexpert-comptable du CE en cas de consultation sur les orientations strat-
comit dentreprise na aucune mission de giques de lentreprise, ngociation dun accord de
maintien de lemploi, etc.) et de la loi n 2014-384 du
contrle : il est charg, pour le compte de son 29 mars 2014 (assistance du CE en cas de licencie-
mandat par le CE, de missions ponctuelles dexpli- ment conomique avec fermeture dun site, offre pu-
cation, dintelligence des comptes et dapprciation blique dacquisition). En effet, les articles L. 2325-36
de la situation de lentreprise. et L. 2325-37 du Code du travail, qui dfinissent
Lexpert-comptable ne peut avoir accs aux mmes de manire gnrale ltendue de la mission, et les
documents que le commissaire aux comptes seu- documents auxquels lexpert-comptable a accs ont
lement dans la mesure o ces documents lui sont vocation sappliquer ces nouvelles missions.
utiles pour lexercice de sa mission lgale de com-
prhension des comptes et dapprciation de la Particularits lies certaines missions
situation de lentreprise. Lorsquil est saisi dans le cadre dune opration
Il sensuit que laccs aux documents de lentre- de concentration prvue larticle L. 2323-20 du
prise par lexpert-comptable sera conditionn Code du travail ou dune opration de recherche
par sa mission spcifique (Circ. DRT n 12, de repreneurs (C. trav., art. L. 1233-57-9 et s.),
30 nov. 1984). lexpert a accs aux documents de toutes les
socits intresses par lopration.
Lexpert, seul juge des documents utiles En outre, lorsquil est saisi dans le cadre dune offre
sa mission publique dacquisition (C. trav., art. L. 2323-21
La Cour de cassation considre quil nappartient L. 2323-26-1 A), lexpert-comptable a accs
quau seul expert-comptable dsign par le comit aux documents ncessaires llaboration du
dentreprise, dont les pouvoirs dinvestigation rapport prvu larticle L. 2323-22-1 (C. trav.,
sont assimils ceux du commissaire aux art. L. 2325-37).

34 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

55 TENDUE ET LIMITES Documents communicables


Documents non communicables Documents du comit dentreprise
Ltat actuel de la jurisprudence permet de fixer Lexpert-comptable du comit dentreprise peut
la nature des documents dont la communication demander lensemble des documents dont la loi
nest pas obligatoire. prvoit la communication obligatoire au comit
dentreprise. Il peut galement solliciter ceux dont
Documents excdant le cadre de la mission les membres du comit dentreprise peuvent ob-
lgale de lexpert tenir, titre personnel, communication et copie.
Si lexpert-comptable du comit dentreprise peut Le comit dentreprise doit notamment obtenir
seul apprcier les documents utiles lexercice de communication de lensemble des documents
sa mission, encore convient-il que cette mission obligatoirement transmis annuellement las-
nexcde pas lobjet dfini par larticle L. 2325-36 semble gnrale des actionnaires ou lassemble
du Code du travail (Cass. crim., 23 avr. 1992, n 90- des associs, ainsi que du rapport des commis-
84.031P). Ainsi, un comit dentreprise qui a d- saires aux comptes (C. trav., art. L. 2323-8).
sign un expert-comptable pour procder lexa- Les membres du comit dentreprise ont galement
men annuel des comptes ne peut, au titre de cette droit aux mmes communications et aux mmes
mission, demander lentreprise la communi- copies que les actionnaires dans les conditions
cation de documents permettant danalyser la si- prvues par les articles L. 225-100 et suivants du
tuation compare des hommes et des femmes dans Code de commerce (C. trav., art. L. 2323-8).
lentreprise (CA Rennes, 27 avr. 2010, n 09-2465 ; Toutefois, le fait que le comit ait pu tre en
Cass. soc., 10 janv. 2012, n 10-21.270P). possession des documents utiles lexpert ne dis-
Enfin, dans le cadre dune analyse de la situation pense pas lemployeur de mettre la disposition
dun tablissement dune entreprise, lexpert ne de ce dernier, qui a accs aux mmes documents
peut pas demander la communication des comptes que le commissaire aux comptes, les documents
consolids du groupe auquel appartient lentre- annexes dont la connaissance lui est indispen-
prise, qui sont trangers lexamen de la situation sable (Cass. crim., 12 avr. 1988, n 87-80.985).
de ltablissement (CA Dijon, 30 juill. 2013,
n 12/01711). Comptabilit analytique
Lexpert-comptable peut demander la communi-
Documents inexistants cation de la comptabilit analytique de la socit
Lexpert-comptable ne peut exiger la production et de ses diffrentes divisions (Cass. soc., 16 mai
de documents nexistant pas et dont ltablis- 1990, n 87-17.555P).
sement nest pas obligatoire pour lentreprise Telle tait galement la position ministrielle. En
(Cass. soc., 27 mai 1997, n 95-20.156P). effet, selon un parlementaire, des entreprises
Il ne peut donc exiger de lentreprise que soient de plus en plus nombreuses tiennent aujourdhui,
raliss pour son compte : des travaux, notes, sta- dans un souci de bonne gestion, une comptabilit
tistiques ou rapports dont llaboration ne simpose analytique. Celle-ci leur sert aussi, au travers des
pas au regard des textes. informations quelle contient, tablir lannexe
leur bilan et leur compte de rsultat annuel.
Documents dont la communication porterait Le caractre facultatif de llaboration de cette
atteinte la vie prive comptabilit ne fait pas obstacle sa communi-
Lexpert, tenu par application de larticle L. 2325- cation lexpert-comptable du comit dentre-
42 du Code du travail des obligations de secret prise (Rp. min. n 60933, 17 dc. 1984, JO Ass.
et de discrtion, ne peut se voir opposer le carac- nat. 17 mars 1986, p. 1124).
tre confidentiel des documents demands (Cass. La seule limite la possibilit pour lexpert-
soc., 15 dc. 2009, n 08-18.228P). comptable dobtenir communication de la comp-
REMARQUE tabilit analytique rside dans la finalit mme
En lespce, lexpert-comptable a sollicit des ren- de sa mission (qui est non seulement de rendre
seignements tels que le numro de matricule, le sexe, les comptes intelligibles au comit dentreprise,
la date de naissance des salaris, le total de la rmu- mais aussi de lui permettre dapprcier la situa-
nration brute annuelle, le dtail de lensemble des tion de lentreprise). Cette limite est rappele
rubriques constituant cette rmunration brute par la circulaire DRT n 12 du 30 novembre
annuelle. 1984 : laccs aux documents de lentreprise
Nanmoins, la Cour de cassation semble ouvrir par lexpert-comptable sera conditionn par sa
clairement la possibilit pour lexpert de se voir mission spcifique .
communiquer tout lment relatif la rmu-
nration des salaris (Cass. soc., 5 fvr. 2014, Comptabilit prvisionnelle
n 12-23.345). En effet, il a t jug que lanalyse La Cour de cassation admet la communication
des fichiers relatifs la rmunration du per- de la comptabilit prvisionnelle (Cass. soc., 29
sonnel relve de la mission de lexpert-comptable, oct. 1987, n 85-15.244P). En effet, fait partie de
dsign en application des articles L. 2325-35 la mission de lexpert-comptable lanalyse de la
et L. 2325-36 du Code du travail. projection hypothtique dans le futur .

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 35


Les experts du comit dentreprise

Comptabilit des exercices antrieurs de sa mission auprs des tiers qui ont accompli
Lexpert-comptable peut demander les comptes des oprations pour le compte de la personne ou
de lanne prcdant lanne au cours de laquelle de lentit. Toutefois, ce droit dinformation ne
il effectue sa mission. Toutefois, cette demande peut stendre la communication des pices,
doit porter sur la communication seule, et non contrats et documents quelconques dtenus par
sur un nouvel examen de ceux-ci (Cass. soc., des tiers, moins quils ny soient autoriss par
16 mai 1990, n 87-17.555P). une dcision de justice (C. com., art. L. 823-14).
Ainsi, lexpert peut se faire communiquer, fins Ainsi la communication des pices, contrats et
de comparaison, les lments comptables, juri- documents dtenus par un tiers nest pas possible
diques et fiscaux relatifs aux exercices 2008 et moins dune autorisation obtenue par voie judi-
2009 mme si la mission lui ayant t confie ciaire. De tels documents ne peuvent donc tre
porte sur lexamen des seuls comptes de lanne communiqus lexpert-comptable qu la condi-
2010, ds lors quil neffectue pas un examen des tion que le comit dentreprise, demandeur dans
comptes de ces exercices antrieurs et quil estime laction judiciaire et qui il incombe de ce fait la
que cette communication lui est ncessaire pour charge de la preuve, puisse tablir que cette
parvenir une bonne intelligence des comptes communication est ncessaire la mission de
de ce dernier exercice, et pour apprhender de lexpert-comptable (CA Versailles, 21 sept. 1990 ;
faon pertinente la situation de lentreprise (CA CA Versailles, 17 oct. 1990 ; RJS 12/90, n 991,
Versailles, 3 juill. 2013, n 12/06676 ; CA Dijon, p. 650).
30 juill. 2013, n 12/01711).
Autres documents
Filiale Groupe Lexpert-comptable peut aussi prendre connais-
Cest dans ce domaine que la jurisprudence de la sance :
Cour de cassation a interprt, dans un sens trs dune tude des charges de personnel destine
large, les possibilits de recherches de lexpert- fournir au comit dentreprise des explications
comptable. Celui-ci peut en effet demander la sur la situation de lentreprise (Cass. soc., 17 mars
communication : 1998, n 96-16.613 ; CA Rennes, 27 avr. 2010,
des comptes de la socit mre afin dapprcier la n 09/02465 ; RJS 7/10, n 607) ;
situation conomique dune filiale (Cass. crim., de documents relatifs lvolution de lactivit de
26 mars 1991, n 89-85.909P ; Cass. soc., 5 mars 2008, lentreprise (Cass. soc., 8 janv. 1997, n 94-21.475) ;
n 07-12.754) ; des documents disponibles au registre du com-
de la comptabilit analytique de la socit et de merce concernant les administrateurs ainsi que
ses diffrentes divisions (Cass. soc., 16 mai 1990,
n 87-17.555P). les procs-verbaux des conseils dadministration
et des assembles gnrales de la socit (Cass.
Plus gnralement, lexpert dispose dun pouvoir soc., 21 fvr. 1996, n 93-16.474P).
gnral dinvestigation auprs des socits du
groupe, ce pouvoir tant reconnu au commis- Confidentialit des informations
saire aux comptes (Cass. soc., 27 nov. 2001, La Cour de cassation a confirm quil appartenait
n 99-21.903P). au seul expert de dterminer les documents utiles
De la mme manire, le refus dun employeur lexercice de sa mission (Cass. soc., 25 sept. 2013,
dune filiale franaise de communiquer lexpert- n 11-27.055). cet gard, il ny a pas lieu de re-
comptable de son comit dentreprise des docu- chercher si les documents sollicits par la socit
ments de la socit mre domicilie sur le territoire dexpertise sont ncessaires laccomplissement
dun autre tat membre de lUnion europenne de sa mission et celle-ci ne peut se voir opposer
constitue un trouble manifestement illicite. Lem- le caractre confidentiel des documents rclams
ployeur ntait pas dans limpossibilit de produire dans la mesure o lexpert est tenu des obliga-
les documents demands, qui appartenaient la tions de secret et de discrtion.
socit mre et concernaient lensemble du Lemployeur nest donc pas en mesure de contester
groupe, ces documents ayant t communiqus la liste des documents dont la transmission lui a
pour des exercices antrieurs (Cass. soc., 5 mars t demande au motif, notamment, quils ont
2008, n 07-12.754P). dj t transmis aux membres du CE (CA Nancy,
NOTER 7 mai 2013, n 12/02163).
Pour sa part, lexpert-comptable du comit de groupe Ceci tant, lentreprise peut prciser ce quelle
peut se faire communiquer les comptes consolids estime confidentiel afin de limiter la divulgation
du groupe, y compris ceux des filiales trangres si- dinformations sensibles dans le rapport de
tues ltranger (Cass. soc., 6 dc. 1994, n 92-41.437; lexpert, mais elle ne peut pas qualifier toutes les
Dr. social 1995, p. 40, note M. Cohen). informations donnes de confidentielles. Elle
devra indiquer prcisment celles quelle entend
qualifier comme telles et ce, le cas chant, sous
Conventions passes avec des tiers le contrle du juge. Ce dernier apprciera sil
Le commissaire aux comptes peut galement existe, ou non, une atteinte excessive aux missions
recueillir toutes les informations utiles lexercice confies lexpert par le comit dentreprise (TGI

36 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

Lyon, 9 juill. 2012, CE c./ St ADIA, n 12/01153 ; ployeur et le comit dentreprise ou, dfaut
RJS 3/13 n 216 ; TGI vry, 9 nov. 2012, CCE c./ daccord, par dcret en Conseil dtat. Ce dlai ne
Sanofi Aventis R & D, n 12/01095). peut tre prorog que par commun accord.
Laccord ou, dfaut, le dcret dterminent, au
sein de ce dlai le dlai dans lequel lexpert peut
56 MODALITS DE COMMUNICATION demander lemployeur toutes les informations
Forme quil juge ncessaires la ralisation de sa mission
La direction est redevable de linformation et le dlai de rponse de lemployeur cette
demande par lexpert-comptable (Guide des demande (C. trav., art. L. 2325-42-1).
missions de lexpert-comptable, p. 34). Sagissant de la consultation sur les orientations
Lexpert-comptable est en droit de consulter sur stratgiques de lemployeur, larticle R. 2325-6-1
place, dans les locaux de lentreprise, les documents du Code du travail prvoit que la demande dinfor-
et fichiers lectroniques tablis par cette dernire mations complmentaires de lexpert-comptable
et qui relvent de son champ dinvestigation. doit tre faite au plus tard dans les trois jours de
Il peut tre amen demander copie, dans les sa dsignation. Lemployeur rpond cette
locaux de lentreprise, des documents ncessaires demande dans les cinq jours.
laccomplissement de sa mission. La prise de Sagissant des oprations de concentration, les
notes, cette occasion, fait partie des mthodes mmes dlais de trois jours et de cinq jours sont
de travail normales. Il en est de mme pour la applicables (C. trav., art. R. 2325-6-2).
ralisation des copies, photocopies et scanners.
Il convient donc de permettre lexpert-comptable Licenciements conomiques collectifs
de faire les copies qui lui sont ncessaires. Concernant les licenciements conomiques
Selon M. Cohen et L. Milet, le refus non justifi dau moins 10 salaris dans une mme priode
dune entreprise denvoyer lexpert-comptable de 30 jours, lexpert-comptable demande lem-
les photocopies des documents demands pour- ployeur au plus tard dans les dix jours de sa dsi-
rait tre constitutif du dlit dentrave car il allon- gnation toutes les informations quil juge nces-
gerait la dure des investigations et retarderait saires la ralisation de sa mission. Lemployeur
linformation du comit (M. Cohen et L. Milet, rpond alors dans le dlai de huit jours compter
le droit des comits dentreprise et des comits de de la date laquelle la demande de lexpert-comp-
groupe , LGDJ 2015, 11e dition, p. 697). table est formule (C. trav., art. L. 1233-35).
La Cour de cassation a prcis que lexpert-comp-
table peut obtenir la communication de la dcla- Litiges relatifs la communication
ration annuelle des donnes sociales (DADS) par de documents
voie lectronique (Cass. soc., 10 janv. 2012, n 10- Litiges relatifs au dlai
21.270P). Cet arrt ne conduit pourtant pas n- On peut penser que ces dlais sont impratifs. Il
cessairement considrer que lexpert peut exiger en rsulte que si lexpert-comptable ne les respecte
la transmission de tout document par voie lec- pas, la mission risque dtre remise en cause. En
tronique, mais uniquement, notre avis, la com- tout tat de cause, cela naura pas pour effet de
munication par voie lectronique des seuls do- prolonger les dlais de consultation prvus.
cuments dj dmatrialiss (comme la DADS, Quant lemployeur, si celui-ci ne respecte pas
en principe). les dlais ou ne satisfait pas aux demandes de
Selon lOrdre des experts-comptables, lexpert documents sollicits, larticle L. 2323-4 du Code
doit pouvoir bnficier dinformations brutes. Les du travail dfinit les rgles applicables. Dans cette
informations sont le plus souvent adresses hypothse, les membres lus du comit dentre-
lexpert-comptable par voie postale ou lectro- prise peuvent saisir le prsident du TGI statuant
nique. La communication sous forme de fichiers en la forme des rfrs pour quil ordonne lem-
facilite les travaux de lexpert-comptable qui peut ployeur la communication des lments man-
ainsi traiter directement les donnes (Guide des quants. Le juge statue dans un dlai de huit jours.
missions de lexpert-comptable, p. 37). Cette saisine na pas pour effet de prolonger les
Laspect confidentiel et/ou volumineux de certains dlais de consultation. Toutefois, en cas de diffi-
documents peut justifier que cette communication cults particulires daccs aux informations n-
ne se fasse pas par envoi. cessaires la consultation, le juge peut dcider
Le Guide de lOrdre des experts-comptables prcise, la prolongation des dlais de consultation, quil
en outre quil est souhaitable, en pratique, que les sagisse des dlais lgaux, rglementaires ou fixs
modalits de communication des pices soient en accord avec les membres du comit dentre-
dtermines dun commun accord par les intresss prise.
(Guide des missions de lexpert-comptable, p. 54).
Refus par lemployeur de communiquer
Dlais les informations ou les documents
Dlais conventionnels et rglementaires Le fait pour lemployeur de sopposer lexcution
Lexpert-comptable remet son rapport dans un de la mission de lexpert-comptable, en refusant
dlai raisonnable fix par un accord entre lem- la communication des documents demands,

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 37


Les experts du comit dentreprise

constitue un dlit dentrave au fonctionnement ces collaborateurs, quils accompagnent lexpert-


du comit dentreprise et autorise le comit dentre- comptable ou quils interviennent seuls.
prise et lexpert-comptable lui-mme (Cass. soc.,
26 mars 2014, n 12-26.964P) saisir le juge des
rfrs pour faire cesser ce trouble manifestement 58 MODALITS
illicite (Cass. soc., 4 juill. 2012, n 11-11.694). Limit certaines missions
Le juge enjoint lemployeur produire les pices Cette libert daccs ne concerne que les interven-
demandes, le cas chant sous astreinte (CA tions de lexpert-comptable au titre de lune ou
Nancy, 7 mai 2013, n 12/02163). lautre des missions prvues larticle L. 2325-35
La Cour de cassation admet galement que dans pour lesquelles il est rmunr par lentreprise.
le cadre dun litige portant sur la rmunration REMARQUE
de lexpert-comptable, le prsident du TGI puisse Par consquent, si un expert-comptable intervient
statuer sur une demande connexe de communi- titre dexpert rmunr par le comit dentreprise
cation des documents par une dcision au fond pour la prparation de ses travaux (en application
(Cass. soc., 26 oct. 2010, n 09-15.601P). de larticle L. 2325-41), mme sil sagit de celui assu-
En outre, lorsquune procdure dalerte est en rant par ailleurs pour le compte du comit certaines
cours, le juge de la mise en tat peut ordonner la des missions institutionnelles, il ne peut revendiquer,
communication lexpert-comptable des pices sauf accord entre lemployeur et la majorit des
membres lus du comit, le libre accs dautres locaux
que celui-ci sollicitait (Cass. soc., 25 sept. 2013, que le local du comit (C. trav., art. L. 2325-41).
n 11-27.055).

Libre accs et non droit de visite


NOTER
En cas dexpertise dans le cadre dun licenciement
conomique dau moins 10 salaris sur une mme Cest pour lui permettre dexercer sa mission, et
priode de 30 jours (assistance en cas de ngociation essentiellement pour prendre connaissance des
dun accord majoritaire ou dans le cadre de la documents qui lui sont ncessaires, que le libre
consultation du CE), si les documents fournis accs de lentreprise est reconnu lexpert-comp-
lexpert sont incomplets, une procdure spcifique table.
permet denjoindre lemployeur de fournir les l- Cette libert daccs concerne les locaux dans les-
ments dinformation. Ainsi, le comit dentreprise
ou les organisations syndicales reprsentatives (en
quels lexpert-comptable peut obtenir communi-
cas de ngociation dun accord majoritaire) pr- cation des documents quil souhaite consulter,
sentent une demande en ce sens au Direccte. Elle ainsi que ceux mis la disposition du comit
doit tre motive et justifier la pertinence des l- dentreprise, pour y rencontrer le cas chant ses
ments requis. Il se prononce aprs instruction dans membres. Si une visite des installations et des
un dlai de cinq jours. Sil dcide de faire droit la lieux dexploitation peut savrer utile afin dac-
demande, le Direccte adresse une injonction lem- qurir une meilleure connaissance de la ralit
ployeur par tout moyen permettant de lui confrer conomique et sociale de lentreprise, il peut
une date certaine (C. trav., art. L. 1233-57-5 ; C. trav.,
art. D. 1233-12). demander laccs ces locaux. Ce libre accs ne
Pour plus de dtails, voir Numro juridique Le
sapparente pas pour autant un pouvoir daudi-
tion ou dinterrogation du personnel ni un
licenciement conomique, Motif Procdures .
droit de visite impliquant tout moment la
libert de circuler dans les bureaux et/ou ateliers
de lentreprise (Guide des missions de lexpert-
comptable, p. 54).
NOTER
Compte tenu de la nature des missions susceptibles
LIBRE ACCS dtre confies lexpert-comptable, il nest pas vi-
dent de dterminer dans quelle mesure lexamen de
DANS LENTREPRISE certains locaux de lentreprise peut savrer ncessaire
lexercice de sa mission. Une telle ncessit ne
57 PRINCIPE pourrait, la rigueur, se concevoir que dans le cadre
Lexpert-comptable dispose dun libre accs dans dun licenciement conomique, dans la mesure o
les raisons du licenciement peuvent ne pas tre uni-
lentreprise (C. trav., art. L. 2325-39). quement conomiques ou financires mais galement
Si lemployeur soppose lentre de lexpert-comp- techniques, et o lintervention de lexpert-comptable
table dans lentreprise afin de procder lexamen consiste analyser les raisons et la pertinence de
annuel des comptes, il commet un dlit dentrave la mesure envisage, en apprcier les consquences
au fonctionnement rgulier du comit dentreprise financires, conomiques et sociales (Guide des
(Cass. crim., 9 nov. 2004, n 03-83.683). missions de lexpert-comptable, p. 83).
Dans la mesure o lexpert-comptable peut se
faire assister, pour lexercice de ses missions et
notamment pour la collecte de renseignements, Pendant les horaires de travail
par certains collaborateurs (voir n 52), la libert Sagissant des locaux auxquels lexpert-comptable
daccs dans lentreprise est galement reconnue a libre accs, la finalit mme de ce libre accs

38 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

conduit considrer quil ne peut sexercer que ventuellement choisis pour leur comptence
dans le cadre des horaires des services concerns. (C. trav., art. L. 2323-79).
En effet, la communication de documents, qui
justifie le libre accs aux locaux, implique la pr- Rmunration
sence de personnes qui les dtiennent et lexpert- Sil ne fait aucun doute que le temps consacr par
comptable ne saurait donc, ne serait-ce que pour les membres du comit dentreprise ces contacts
ce motif, imposer sa prsence en dehors des p- peut tre valablement imput sur le crdit dheures
riodes dactivit de lentreprise. dont ils disposent pour lexercice de leurs fonc-
tions (crdit lgal ou conventionnel), la question
Respect des rgles daccs se pose en pratique de savoir si le temps qui y est
lentreprise consacr par lexpert-comptable doit ou non tre
Une dernire limite la libert daccs dans lentre- rmunr par lentreprise.
prise rsulte de lobligation, pour lexpert-comp- En labsence de disposition lgale sur ce point,
table, de respecter les procdures ou formalits on peut considrer, par analogie avec les runions
ventuellement en vigueur concernant, dune prparatoires la remise de son rapport (voir
faon gnrale, lentre dans lentreprise. n 60), que le temps pass par lexpert-comptable
De telles formalits ou procdures qui peuvent ces contacts entre dans sa mission et doit donc
se justifier pour des raisons aussi bien de scurit tre rmunr.
que de simple organisation, ne sont pas incom-
patibles avec laccs aux locaux dans lesquels peut
se rendre lexpert-comptable. 60 RUNIONS
Runions prparatoires
la remise du rapport
Indpendamment des contacts ayant pu avoir lieu
en cours de mission (voir n 59), il arrive frquem-
ment quune fois son rapport tabli, lexpert-
comptable soit amen le prsenter, hors la pr-
sence du prsident, aux membres du comit
CONTACTS ET RUNIONS dentreprise au cours dune runion prparatoire
AVEC LES MEMBRES DU CE la sance plnire du comit. La participation
une runion prparatoire entre dans la mission
59 CONTACTS dassistance de lexpert-comptable et doit tre r-
Charg de mission par la dlgation du personnel munre par lentreprise (Cass. soc., 8 nov. 1994,
au comit dentreprise, lexpert-comptable peut n 92-11.443P).
tre amen, son initiative ou leur demande, Pour sa part, lOrdre des experts-comptables juge
rencontrer, en dbut ou en cours de mission, les opportunes de telles runions prparatoires.
membres de cette dlgation. En pratique, de tels Une runion prparatoire la sance du comit
contacts ont dailleurs effectivement lieu, soit dentreprise est gnralement organise desti-
dans les locaux habituellement mis la disposition nation des reprsentants du personnel. Elle permet
du comit et auxquels lexpert-comptable a libre de :
accs (voir n 58), soit mme, dans certains cas, fournir oralement des explications complmen-
en dehors de lentreprise. taires qui savrent ncessaires ;
dresser la liste des questions quil convient
Objet de ces contacts daborder en sance plnire (Guide des missions
En dbut de mission, des contacts peuvent avoir de lexpert-comptable, p. 56).
pour objet de dfinir, dans la limite du cadre fix
par les dispositions lgales, certains aspects du Runion plnire
contenu de la mission ou de son droulement. du comit dentreprise
En cours de mission, ils peuvent notamment Dans quelle mesure lexpert-comptable peut-il
rpondre au souci des membres du comit dtre assister la runion du comit dentreprise consa-
informs de son tat davancement. cre lexamen annuel de son rapport ou aux
Pour les missions sexerant dans le cadre de la dlibrations pour lesquelles son assistance a t
procdure dalerte, on peut mme considrer que requise ?
de tels contacts sont en fait indispensables. En Seul larticle D. 3323-14 du Code du travail prvoit
application des dispositions de larticle L. 2323-80 expressment une runion du comit dentreprise
du Code du travail, le comit peut en effet tre pour examiner le rapport relatif laccord de par-
amen, dans le cadre de cette procdure, tablir ticipation.
un rapport. Or, si le comit dentreprise choisit Toutefois, selon la chambre criminelle de la Cour
de se faire assister par un expert-comptable, de cassation, lorsque lobjet de la runion du
notamment pour ltablissement de ce rapport, comit est la discussion dun dossier transmis
il apparat logique que ce dernier participe ses lentreprise par lexpert-comptable du comit, ce
travaux, au mme titre dailleurs que des salaris dernier est en droit dimposer, par un vote majo-

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 39


Les experts du comit dentreprise

ritaire, la participation de lexpert ses discussions, nombre des interlocuteurs avec lesquels il peut
alors mme que la runion en cause nest pas celle sentretenir (CA Paris, 1re ch. A, 5 mai 1998,
consacre lexamen des comptes annuels (Cass. n 96/17676).
crim., 25 mai 1983, n 82-92.280). LOrdre des experts-comptables va dans le mme
Lexpert peut participer au dbat. Toutefois, sens en indiquant que lexpert-comptable peut
ntant pas membre du comit dentreprise, il na avoir, avec les membres du personnel, des entre-
bien sr pas le droit de voter. tiens quil estime tre ncessaires lexercice de
sa mission avec laccord de la direction (Guide
des missions de lexpert-comptable, p. 52). Ce qui
signifie donc qu dfaut de cet accord, de tels
entretiens ne sauraient avoir lieu.

CONTACTS
AVEC LE PERSONNEL
61 MARGE DE MANUVRE DE LEXPERT-COMPTABLE
La consultation, par lexpert-comptable ou par CONTACT AVEC
ses collaborateurs, des documents ncessaires LES ORGANISATIONS
pour excuter les tches entrant dans lexercice SYNDICALES
de la mission implique invitablement certains
contacts avec le ou les membres du personnel
chargs de lui prsenter ces documents. 62 LIEN DIRECT AVEC LES ORGANISATIONS
Bien que cela ne soit prvu par aucun texte, ces SYNDICALES
mmes personnes sont souvent galement ame- Llargissement des missions dexpertise, issu de
nes, en pratique, apporter lexpert, au plan la loi du 14 juin 2013 dans le cadre de la ngo-
strictement technique, certaines prcisions ou ciation dun accord de maintien de lemploi ou
explications. dun accord relatif au licenciement conomique,
Hormis ces contacts matriellement indispen- ncessitera probablement des runions frquentes
sables, les pouvoirs dinvestigation de lexpert- tout au long de la procdure de ngociation avec
comptable ne lui permettent, en revanche, pas les organisations syndicales de salaris.
dexiger de communiquer avec le personnel. Il semblerait, en revanche, que, quelle que soit
Lexpert ne disposant pas dun pouvoir propre la mission, lexpert-comptable ne puisse pas
daudition ou dinterrogation du personnel, il ne assister la ngociation sans laccord de tous les
peut tre fait grief lentreprise de limiter le participants.

40 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

LES OBLIGATIONS DE LEXPERT


63 PRINCIPE les objectifs et les axes de la mission ;
Dans laccomplissement des missions susceptibles la nature et ltendue des investigations ;
de lui tre confies, lexpert-comptable du comit les documents, informations et entretiens
dentreprise est tenu de respecter certaines obli- demands ;
gations rsultant tant de la nature de sa mission les noms des intervenants ;
que des rgles rgissant lexercice de sa profes- le calendrier des travaux ;
sion. le montant des honoraires (Guide des missions
Lintervention de lexpert-comptable tant destine de lexpert-comptable, p. 44).
clairer le comit dentreprise en vue de lexamen Lintrt de la lettre de mission est de dfinir,
de certains documents ou pour lui permettre de pralablement au dbut des travaux de lexpert,
formuler un avis, il doit par ailleurs raliser sa leur nature exacte en mme temps que leur cot
mission dans les dlais compatibles avec la finalit prvisible et, le cas chant, de prvenir certains
de cette mission, laquelle donne lieu en pratique litiges ultrieurs. Si lemployeur conteste tel ou
ltablissement dun rapport. Les dlais dexper- tel point de la lettre de mission, il lui appartient
tise ont t prciss par la loi du 14 juin 2013 (L. de faire part lexpert, ainsi quventuellement
n 2013-504, JO 16 juin) et le dcret du 27 dcem- au comit dentreprise, de ses rserves ou de son
bre 2013 (D. n 2013-1305, JO 31 dc.). dsaccord, ce qui peut permettre de trouver, sans
Enfin, comme tout membre de lOrdre, lexpert- attendre lachvement de la mission, une solution
comptable du comit dentreprise veille conser- amiable ou, dfaut, contentieuse aux diffrends
ver, tant lgard de lemployeur que des membres quelle est susceptible de susciter.
du comit, une totale indpendance, et respecter
par ailleurs les obligations de secret professionnel
et de discrtion auxquelles il est soumis.

DLAIS DE RALISATION
DE LA MISSION
LETTRE DE MISSION 65 PRINCIPE
64 INTRT Lune des grandes innovations de la loi du 14 juin
Une fois dsign, lexpert-comptable adresse 2013 sur la scurisation de lemploi est dencadrer
lemployeur, ainsi dailleurs quau secrtaire du les dlais de consultation du comit dentreprise.
comit, une lettre de mission. Le Code de don- Ils sont dsormais fixs larticle L. 2323-3 du
tologie des professionnels de lexpertise comptable Code du travail. lissue de ces dlais, le comit
(voir D. n 2012-432, 30 mars 2012, JO 31 mars), est rput avoir t consult et labsence davis
rend obligatoire son tablissement (art. 151). vaut avis ngatif. La loi fixe galement les dlais
Le guide des missions de lexpert-comptable das- dans lesquels les experts auxquels a recours le
sistance au comit dentreprise prvoit express- comit dentreprise doivent rendre leur rapport.
ment ltablissement dune lettre de mission dans REMARQUE
les termes suivants : La lettre de mission est Auparavant, aucun texte nencadrait de manire
une obligation dontologique. Ainsi, lorsque lex- gnrale les dlais dans lesquels lexpert-comptable
pert-comptable dcide de rpondre favorablement devait raliser sa mission. Les dlais ou plus exac-
la demande du comit dentreprise, il confirme tement la priode pendant laquelle lexpert-comptable
sa dcision de manire formelle et dfinit avec le devait effectuer sa mission diffraient selon la
comit dentreprise , ou avec son reprsentant, nature de celle-ci. Ainsi, afin de permettre lexpert-
la nature et lobjectif de la mission, ventuellement comptable de remplir au mieux sa mission, lem-
ployeur devait lui remettre les documents dont il
complts de demandes additionnelles particu- avait besoin dans les meilleurs dlais. Le dlai suffisant
lires, en fonction des besoins et des attentes de dont devait disposer lexpert devait tre valu en
ces derniers. [] Il prcise les procdures mettre tenant compte des difficults spcifiques que pr-
en uvre et les conditions de ralisation de la sentait lexamen auquel le comit dentreprise se
mission. Ces modalits, dtermines dans le cadre livrait (Circ. DRT n 1, 30 nov. 1984). dfaut les
des dispositions lgales et de la jurisprudence juges pouvaient allonger les dlais accords lexpert
applicable, ne sont ni codifies ni normalises. (Cass. soc., 19 oct. 1994, n 92-21.547).
Toutefois, la lettre de mission devrait a minima Les dlais de ralisation des missions de lexpert-
comporter les lments suivants : comptable sinscrivent logiquement dans le cadre

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 41


Les experts du comit dentreprise

des dlais qui sappliquent ces consultations dans le cadre de la consultation du comit sur
(Guide des missions de lexpert-comptable p. 49). les orientations stratgiques de lentreprise,
Lexpert doit remettre son rapport au plus tard
quinze jours avant lexpiration du dlai imparti
66 DLAIS CONVENTIONNELS au comit pour mettre son avis (C. trav., art.
Le dlai dans lequel se droule la mission de lex- R. 2325-6-1) ;
pert-comptable est fix par accord entre lem- en matire dopration de concentration, lar-
ployeur et le comit dentreprise ou, dfaut dac- ticle R. 2325-6-2 du Code du travail prvoit que
cord, par dcret. Ce dlai, qui doit tre raisonnable, le rapport doit tre remis dans un dlai de huit
peut tre prorog dun commun accord (C. trav., jours compter de la notification de la dcision
art. L. 2325-42-1). de lAutorit de la concurrence ou de la Commis-
Laccord dtermine au sein du dlai dexpertise sion europenne saisie du dossier, ce rapport de-
le dlai dans lequel lexpert peut demander lem- vant tre prsent au cours de la deuxime runion
ployeur toutes les informations quil juge nces- prvue pour entendre les rsultats des travaux de
saires la ralisation de sa mission et le dlai de lexpert.
rponse de lemployeur cette demande.
Selon la Direction gnrale du travail (DGT),
laccord qui fixe les dlais de lexpertise est lo- 68 DLAIS LGAUX
giquement de mme nature que laccord enca- Au demeurant, il existe deux situations dans les-
drant les dlais de consultation du comit dentre- quelles aucun accord ne peut se substituer aux
prise. Il doit, pour tre valide, tre sign, dune rgles dfinies lgalement :
part, par lemployeur ou par son reprsentant et, en matire de licenciement pour motif co-
dautre part, par la majorit des lus titulaires nomique, larticle L. 1233-35 du Code du travail
prsents, conformment aux rgles applicables impose la remise du rapport de lexpert au plus
aux rsolutions. Pour le calcul du vote des lus, tard 15 jours avant lexpiration du dlai prvu
il nest tenu compte que des membres prsents, pour la runion du comit dentreprise au cours
sachant que les abstentions, les votes blancs ou de laquelle celui-ci est appel mettre son avis
nuls sont assimils des votes sopposant la r- sur lopration projete et sur le projet de licen-
solution. Laccord nest donc adopt que si la moi- ciement collectif ;
ti plus un des membres titulaires prsents votent en matire doffre publique dacquisition, lex-
expressment en faveur de son adoption (Circ. pert tablit un rapport qui value la politique in-
DGT 2014/1, 18 mars 2014, fiche n 3, NOR: dustrielle et financire et les plans stratgiques
ETST1404425C). que lauteur de loffre envisage dappliquer la
En effet, laccord qui fixe les dlais de consultation socit objet de loffre ainsi que les rpercussions
du comit dentreprise est adopt la majorit de leur mise en uvre sur lensemble des intrts,
des membres titulaires lus du comit (C. trav. lemploi, les sites dactivit et la localisation des
L. 2323-3). Selon la DGT, cet accord, ds lors quil centres de dcision de cette dernire socit. Il
fixe des rgles de fonctionnement et dorganisation dispose dun dlai de trois semaines compter
des runions du comit, doit pouvoir suivre le du dpt du projet doffre publique dacquisition
mme rgime que le rglement intrieur du co- (C. trav., art. L. 2323-22-1).
mit, et doit, pour tre valide, tre sign, dune
part, par lemployeur ou par son reprsentant, et
dautre part par la majorit des lus titulaires pr- 69 POINT DE DPART DES DLAIS
sents, conformment aux rgles applicables aux Pour que les dlais qui simposent lexpert-comp-
rsolutions (Circ. DGT 2014/1, 18 mars 2014, fiche table soient respects, encore faut-il que celui-ci
n 2). dispose des documents ncessaires la rdaction
On peut penser galement quil y aura un lien de sa mission. En cas de dfection de lemployeur,
entre le dlai de consultation et le dlai dexpertise, cela peut aboutir remettre en cause ces dlais.
les deux dlais pouvant tre fixs simultanment.
Ensuite, il est possible dadmettre que la fixation
des dlais sera soit ponctuelle, cest--dire locca-
sion de chaque mission de lexpert, soit perma-
nente (pour la dure du mandat des membres du
comit dentreprise), pour certaines missions sus-
ceptibles dtre rcurrentes (prsentation annuelle RDACTION DUN RAPPORT
des comptes, consultation annuelle sur les orien- 70 UNE PRATIQUE COURANTE
tations stratgiques). Si la rdaction dun rapport crit tait une pratique
courante et recommande par lOrdre des experts-
comptables (Guide des missions de lexpert-comp-
67 DLAIS RGLEMENTAIRES table, p. 56), elle ne prsentait, jusqu la loi
Le dlai de lexpertise na t fix par dcret, n 2013-504 du 14 juin 2013, aucun caractre
dfaut daccord, que dans deux hypothses : obligatoire.

42 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

Une obligation lgale formulation des diagnostics et les propositions,


Dsormais, le nouvel article L. 2325-42-1 du Code scenarii et conseils quil peut tre amen formuler.
du travail, en fixant le dlai dans lequel lexpert Il cherche sappuyer sur des donnes et des faits
doit remettre son rapport, suppose que soit rdig tablis, dans un souci dobjectivit de ses travaux.
un tel rapport. Cette exigence concerne toutes Selon les entreprises, les cultures de dialogue
les expertises vises larticle L. 2325-35 du Code social et les sujets en questions, les points de vue
du travail. des diffrentes parties prenantes peuvent tre di-
NOTER vergents ou convergents. Dans tous les cas, lin-
Cependant, en raison de leur nature mme, les mis- dpendance et le professionnalisme de lexpert-
sions dassistance aux organisations syndicales dans comptable sont un appui fort pour que les travaux
la ngociation (accord sur la procdure de licencie- clairent et explicitent les termes de dbats au
ment conomique et accord de maintien de lemploi) sein de lentreprise (Guide des missions de lex-
sembleraient chapper la rdaction dun rapport. pert-comptable, Charte des bonnes pratiques, Annexe
Ces rapports doivent tre remis dans les dlais n 2.2).
dfinis conventionnellement, rglementairement
ou lgalement pour chacune des missions de
lexpert-comptable (voir n 65 et s.).
Dans le cadre de la procdure de consultation des
reprsentants du personnel sur le projet de licen-
ciement conomique, larticle L. 1233-34 du Code
du travail prvoit que le rapport est en outre remis
aux organisations syndicales. OBLIGATION
DE SECRET PROFESSIONNEL
Erreur ou inexactitude ET DE DISCRTION
Dans la mesure o lexpert-comptable porte la
responsabilit du contenu du rapport, les erreurs 72 PRINCIPE
ou inexactitudes quil pourrait comporter sont Lordonnance du 19 septembre 1945 modifie
susceptibles dengager sa responsabilit. (Ord. n 45-2138) relative la profession dexpert-
REMARQUE comptable pose en son article 21 le principe selon
Une dcision de la Cour dappel de Paris du 30 mai lequel les experts-comptables sont tenus au secret
1991 (JCP 1992, E II 302) prcise que le rapport professionnel dans les conditions et sous les peines
tabli par lexpert-comptable appartient au seul co- prvues larticle 226-13 du Code pnal.
mit dentreprise et que lemployeur na pas qualit Lexpert-comptable est notamment tenu au secret
pour en demander la rectification ou la suppression, professionnel pour toutes les questions relatives
sauf faire de cette mesure la rparation dun pr- aux procds de fabrication, et une obligation
judice caus par une faute dlictuelle ou quasi d- de discrtion lgard des informations revtant
lictuelle. un caractre confidentiel et prsentes comme
telles par lemployeur (C. trav., art. L. 2325-42 et
L. 2325-5).

73 LGARD DU COMIT DENTREPRISE


Autoris prendre connaissance, pour lexercice
OBLIGATION de sa mission, dautres documents que ceux com-
DINDPENDANCE muniqus par lemployeur au comit dentreprise,
lexpert-comptable peut, par ce biais, avoir
71 DFINITION connaissance dinformations confidentielles non
Lindpendance constitue pour lexpert-comptable connues du comit. La question se pose ds lors
une obligation fondamentale dans lexercice de de savoir sil est tenu, concernant ces informations,
son activit. Cette obligation concerne bien vi- au secret professionnel lgard du comit dentre-
demment toutes les missions quil peut tre amen prise ou, plus prcisment, de ses membres lus.
assurer, et en particulier les missions dassistance Le comit dentreprise tant client de lexpert-
du comit dentreprise. comptable et ordonnateur de sa mission, ses
LOrdre des experts-comptables dveloppe, membres ne sauraient tre considrs comme des
dans sa charte des bonnes pratiques annexe au tiers son gard. Dans ses relations avec le comit
Guide des missions de lexpert-comptable dassistance dentreprise, lexpert-comptable ne saurait se
au comit dentreprise, cette obligation : Lind- retrancher derrire une obligation de secret et de
pendance de lexpert-comptable fait partie int- discrtion pour refuser de rpondre des ques-
grante de sa dontologie professionnelle ; elle tions qui relvent du champ dinvestigation du
sapplique, tant lgard de la direction de lentre- comit et entrent dans les limites de sa mission,
prise qu lgard du comit dentreprise. Cette savoir : assurer la comprhension des comptes
indpendance guide les analyses quil ralise, la et permettre lapprciation de la situation de

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 43


Les experts du comit dentreprise

lentreprise. Il ne saurait ds lors violer le secret borateurs de lexpert-comptable appels


professionnel en lui rendant compte du rsultat lassister dans lexercice de sa mission.
de ses investigations. NOTER
LOrdre des experts-comptables considre donc cet gard, il est intressant de rappeler les dispo-
que lexpert-comptable qui est mandat par le sitions de larticle 8.5.2. de la convention collective
comit dentreprise ne peut pas se retrancher der- nationale des experts-comptables et commissaires
rire le secret professionnel pour refuser de r- aux comptes prcisant : Les collaborateurs sont
pondre des questions de ses mandants portant tenus, indpendamment dune obligation de rserve
sur des aspects qui relvent du champ dinvesti- gnrale, une discrtion absolue sur tous les faits
gation normal du comit dentreprise. [] En ef- quils peuvent apprendre en raison de leurs fonctions
ou de leurs missions ainsi que de leur appartenance
fet, la confidentialit nest pas opposable lex- au cabinet. Cette obligation de rserve concerne
pert-comptable du comit dentreprise dont les exclusivement la gestion et le fonctionnement du
prrogatives sont assimiles celles du commissaire cabinet et des entreprises clientes, leur situation
aux comptes (Guide des missions de lexpert- financire et les projets les concernant. Ces dispo-
comptable dassistance au comit dentreprise, p. 39). sitions ne font pas obstacle lapplication de larticle
Il apporte ensuite aux experts quelques recom- L. 2325-5 du Code du travail. Les documents ou
mandations. En cas de difficults portant sur rapports quils tabliront ou dont communication
certains documents, il est donc utile de dfinir leur sera donne sont la proprit du cabinet ou du
client du cabinet. Ils ne pourront ni en conserver de
des rgles permettant lexpert-comptable de copies ou de photocopies ni en donner communi-
remplir sa mission tout en prservant, dans ces cation des tiers sans laccord crit du membre de
cas, le caractre sensible de certaines informa- lOrdre ou de la compagnie.
tions : lentreprise pourra indiquer lexpert- Toute inobservation cette stricte obligation consti-
comptable les points qui lui paraissent sensibles tue une faute lourde, et justifie non seulement un
et elle examinera avec lui quelles peuvent tre les congdiement immdiat, mais en outre, la rparation
modalits de restitution de ces donnes (ou de du prjudice caus .
linformation) aux reprsentants du personnel.
Ces prcautions tant prises, le caractre sensible
de certaines informations sera rappel par lexpert- 75 SANCTIONS
comptable ses mandants et explicitement indi- Lexpert-comptable qui ne respecte pas son obli-
qu aux membres lus du comit dentreprise par gation de secret professionnel peut tre poursuivi
la direction de lentreprise. (Guide p. 40). par lemployeur ou par le comit dentreprise.
Sur le plan pnal, il encourt une peine de un an
de prison et de 15 000 euros damende (C. pn.,
74 LGARD DES TIERS art. 226-13). Sur le plan civil, il peut tre
Principe condamn verser des dommages-intrts.
La mission dassistance assume par lexpert- Les manquements lobligation de discrtion ne
comptable sexerant au profit exclusif des sont pas pnalement sanctionns mais peuvent
membres du comit dentreprise, toutes per- entraner, sur le plan civil, une condamnation au
sonnes autres que les membres du comit versement de dommages-intrts.
doivent tre considres par lexpert-comptable
comme des tiers, quil sagisse des personnes
trangres lentreprise ou des salaris de celle-
ci.
Il ne fait aucun doute qu leur gard, lexpert-
comptable est tenu lobligation de secret pro-
fessionnel consacre par larticle 21 de lordonnance
du 19 septembre 1945, ainsi qu lobligation de RESPONSABILIT
discrtion laquelle peuvent tre soumis les mem- DE LEXPERT-COMPTABLE
bres du comit dentreprise eux-mmes. Lexpert-comptable peut voir sa responsabilit
engage dans deux hypothses : sil ne respecte
Cas particulier des collaborateurs pas le contrat quil a pass avec le comit dentre-
LOrdre des experts-comptables prcise : Le de- prise et si, au cours de sa mission, il commet une
voir de discrtion simpose lensemble des col- faute qui cause un prjudice lemployeur, un
laborateurs des membres de lOrdre (Guide des salari ou toute autre personne.
missions de lexpert-comptable dassistance au comit
dentreprise, p. 40).
Par collaborateur , il convient dentendre toute 76 LGARD DU COMIT DENTREPRISE
personne, salarie ou non, participant, mme Cest le comit dentreprise qui dcide de recourir
de manire occasionnelle, lactivit de lexpert. lassistance dun expert-comptable, qui le choisit
Lensemble du dispositif concernant les relations et dfinit sa mission (voir n 5 et s.). Il existe donc
de lexpert-comptable avec les membres du comit une relation contractuelle entre le comit den-
dentreprise ou avec les tiers, sapplique aux colla- treprise et lexpert-comptable, mme si la rmu-

44 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

nration de ce dernier est la charge de lentre- la responsabilit civile de lexpert-comptable ds


prise. lors quil tablit (C. civ., art. 1382) :
Lexpert-comptable peut engager sa responsabilit que lexpert-comptable a commis une faute ;
et tre condamn, le cas chant, payer des dom- et que cette faute lui a caus un dommage.
mages-intrts (C. civ., art. 1147) : Lemployeur peut alors demander des dommages-
sil nexcute pas sa mission telle quelle est intrts en rparation du prjudice subi.
dfinie par la lettre de mission rdige par le comit Il en est de mme si lexpert-comptable commet
dentreprise (voir n 64) ou par la dlibration du une faute ayant entran un prjudice lgard
comit prvoyant le recours lexpert-comptable ; dun salari ou de toute autre personne (par
sil ne respecte pas les dlais de ralisation exemple, par la diffusion dinformations person-
de sa mission. nelles ou confidentielles).
La responsabilit de lexpert-comptable peut tre La victime, si elle tablit un lien de causalit
engage condition cependant que sa mission entre la faute de lexpert et le prjudice quelle
entre dans le cadre des comptences qui sont a subi, pourra rclamer des dommages-intrts.
lgalement reconnues lexpert-comptable (voir ATTENTION
n 29 et s.) et que linexcution qui lui est repro- Rappelons que lexpert-comptable, ainsi que ses
che ne provienne pas dune cause trangre collaborateurs sont tenus par une obligation de dis-
qui ne peut lui tre impute, indpendamment crtion et de secret professionnel dont le non-respect
de toute mauvaise foi de sa part. Le comit dentre- peut engager leur responsabilit civile (voir n 72
prise ou lemployeur ne doivent donc tre en rien et s.).
responsable des retards ou inexcutions reprochs
lexpert-comptable (voir notamment n 56 sur le 78 RESPONSABILIT PNALE
problme de laccs aux documents). Lexpert-comptable peut tre poursuivi pnale-
En dehors de cette relation contractuelle, la res- ment sil contrevient son obligation de secret
ponsabilit de lexpert-comptable peut tre mise professionnel (C. pn., art. 226-13 ; voir n 75).
en cause par le comit dentreprise, si lexpert com-
met une faute non contractuelle dont il est tabli
quelle a caus un dommage au comit (o cer- 79 SANCTIONS DISCIPLINAIRES
tains de ses membres). Lexpert-comptable peut LOrdre des experts-comptables peut prononcer
alors tre condamn rparer le prjudice par le des sanctions disciplinaires lencontre dun
versement de dommages-intrts (C. civ., art. 1382). expert-comptable qui naurait pas respect les
rgles de la profession.
Par ailleurs, un expert-comptable salari peut, sil
77 LGARD DE LEMPLOYEUR ET DES SALARIS commet une faute dans le cadre de sa mission,
Lemployeur, qui na pas de relation contractuelle tre sanctionn par la socit dexpertise-comptable
avec lexpert-comptable bien que la rmunration qui lemploie. Selon la gravit de la faute, cette
de ce dernier soit sa charge, peut mettre en cause sanction peut aller jusquau licenciement.

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 45


Les experts du comit dentreprise

LA RMUNRATION DE LEXPERT
lexpert-comptable (voir n 64) na quune valeur
indicative.
PRISE EN CHARGE REMARQUE
Sil estime excessif le montant de cette valuation,
80 PAR LENTREPRISE lemployeur doit, en pratique, faire part lexpert de
Seul juge de lopportunit de recourir lassistance son dsaccord ou, pour le moins, de ses rserves.
dun expert-comptable et du choix de lexpert, le dfaut, son accord tacite sur le montant estim des
comit dentreprise nassume en revanche pas, honoraires pourrait, dans le cadre dune contestation
sauf exception (assistance lors de la consultation ultrieure, lui tre oppos ds lors que le montant
sur les orientations stratgiques), la charge de sa dfinitif ne serait pas sensiblement diffrent de celui
prvu ds lorigine.
rmunration. Lexpert-comptable est rmunr
par lentreprise (C. trav., art. L. 2325-40). Aucune disposition lgale ne prvoie un accord
NOTER pralable de lemployeur sur les honoraires ap-
Bien que larticle L. 2325-35 ne le mentionne pas pliqus. Par consquent, celui-ci est tenu den as-
explicitement, lexpert-comptable dsign par le co- surer le paiement sous rserve, en cas de litige,
mit dentreprise en vue de lassister pour lexamen quils correspondent au travail fourni, dans le
du rapport annuel relatif la participation, doit tre dlai imparti par la procdure engage, et quils
rmunr par lemployeur (Cass. soc., 28 janv. 2009, ne soient pas exagrs (CA Grenoble, 1er juill. 2013,
n 07-18.284P). n 12/03958).
Cependant, lentreprise na assumer la charge De manire gnrale, la Cour de cassation consi-
de la rmunration que si la mission de lexpert en- dre que, sauf abus, lemployeur supporte le cot
tre bien dans lun des cas limitativement numrs des honoraires et des frais de lexpert-comptable
par larticle L. 2325-35 du Code du travail et ne du comit dentreprise (Cass. soc., 26 sept. 2007,
va pas au-del. dfaut, sa rmunration sera n 06-17.862).
la charge, en tout ou partie, du comit dentre-
prise.
Lorsque le comit de groupe dsigne un expert-
comptable, cest lentreprise dominante qui rmu-
nre lexpert-comptable dsign par le comit de
groupe (C. trav., art. L. 2334-4).
CONTESTATION
PAR LEMPLOYEUR
82 MONTANT DE LA RMUNRATION
Si lemployeur a lobligation de rmunrer lex-
pert-comptable, il a le droit de vrifier que le
FIXATION DES HONORAIRES travail effectu correspond bien au prix demand
81 FIXS LIBREMENT PAR LEXPERT-COMPTABLE et il peut tre amen contester le montant des
dfaut dun barme comparable, par exemple, honoraires de lexpert (tant au regard des tarifs
celui en vigueur pour les commissaires aux pratiqus que des heures prtendument passes
comptes, le montant de ses honoraires est libre- ltablissement du rapport final).
ment fix par lexpert-comptable en fonction du ATTENTION
volume et de la qualit du travail fourni. Lordon- Le refus de rmunrer lexpert-comptable constitue
nance du 19 septembre 1945 modifie rglemen- un dlit dentrave au fonctionnement rgulier du comit
tant la profession dexpert-comptable indique en dentreprise (Cass. crim., 13 fvr. 1990, n 89-81.592).
effet que les honoraires doivent tre quitables
et constituer la juste rmunration du travail Les motifs de la contestation peuvent tre divers :
fourni comme du service rendu (art. 24). lemployeur peut estimer que le prix demand
Ds lors, ce nest quaprs lachvement de la mis- par lexpert est excessif au regard de la quantit
sion que peut tre fix le montant prcis des hono- de travail fourni et de sa qualit ;
raires, compte tenu notamment des travaux effec- il peut galement, tout en ayant expressment
tus, de leur complexit, de leur qualit, du temps ou tacitement accept lvaluation contenue dans
pass par les divers intervenants et des taux de la lettre de mission, remettre en cause le montant
facturation. des honoraires correspondant cette valuation
Le montant des honoraires indiqu dans la lettre sil apparat que la mission ne sest pas, en fait,
de mission tablie avant le dbut des travaux de droule dans les conditions initialement prvues ;

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 47


Les experts du comit dentreprise

il peut enfin considrer que certains travaux na pas un caractre provisionnel (Cass. soc., 8 janv.
facturs excdent le cadre de la mission confie 2002, n 00-15.815P).
telle que dfinie par la loi, et refuser en con- NOTER
squence de prendre en charge la rmunration Lorsquil est saisi dune action portant sur la rmu-
correspondant ces travaux. nration de lexpert-comptable, le prsident du tri-
NOTER bunal de grande instance a le pouvoir de statuer sur
La mission de lexpert-comptable prend fin par la une demande connexe de communication de docu-
remise du rapport. Ds lors, toutes prestations et/ou ments par une dcision au fond (Cass. soc. 26 oct.
diligences effectues par lexpert, aprs cette remise, 2010, n 09-15.601P).
nentrent pas dans le cadre de sa mission et ne sont Pour procder cette valuation, le juge sassure
donc pas la charge de lemployeur (CA Grenoble, que les investigations de lexpert-comptable nont
1er juill. 2013, n 12/03958). pas dpass le cadre lgal de sa mission, et dter-
mine le montant des honoraires en fonction de
limportance et de la nature de la mission.
83 SAISINE DU PRSIDENT Le montant des honoraires relve de lapprciation
DU TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE souveraine du juge du fond (prsident du TGI
Larticle L. 2325-40 du Code du travail donne ou cour dappel). La Cour de cassation se borne
comptence au prsident du tribunal de grande donc dans cette matire vrifier quil a rendu
instance pour connatre des litiges sur la rmunra- une dcision motive et sans se contredire (Cass.
tion de lexpert-comptable, larticle R. 2325-7 pr- soc., 21 oct. 1998, n 97-10.058 ; Cass. soc., 30 mai
cisant quil est alors saisi et statue en la forme des 2000, n 98-19.895).
rfrs. Sa saisine peut intervenir soit avant le
dbut de la mission, soit aprs son achvement. Adquation des travaux la mission lgale
de lexpert
Saisine avant le dbut de la mission Pour procder la fixation des honoraires de
Il nappartient pas au prsident du tribunal de lexpert-comptable, le prsident du tribunal de
grande instance, saisi en application de larticle grande instance est conduit vrifier ladquation
L. 2325-40 du Code du travail, de fixer au pra- des travaux facturs la mission lgale de lexpert
lable le montant des honoraires de lexpert-comp- et se prononcer sur ltendue de la mission. Si
table. En effet, lordonnance du 19 septembre certains travaux facturs excdent le cadre normal
1945 organisant la profession dexpert-comptable de la mission confie, une rduction en con-
prvoit que les honoraires de lexpert-comptable squence des honoraires demands peut tre d-
constituent la rmunration du travail fourni, cide (Cass. soc., 21 oct. 1998, n 97-10.058 ; Cass.
cest--dire excut, comme du service rendu. soc., 10 juill. 1995, n 92-17.010).
Il peut, en revanche, avant le dbut de la mission La mission confie lexpert-comptable par la loi
et sans prjuger du montant dfinitif des hono- doit respecter une certaine mesure, et ne peut
raires, allouer une provision et en ordonner le consister en un audit financier du groupe ni en
versement, au besoin sous astreinte. une analyse dtaille de chacune des entits le
REMARQUE composant. Ainsi, lorsque le rapport dfinitif remis
La demande visant faire condamner lemployeur aux membres du comit central dentreprise est
au paiement dune provision doit tre prsente de- 2 fois plus volumineux que la version intermdiaire,
vant le premier juge et sera considre comme nou- comporte une analyse trs dtaille des contrats
velle et donc irrecevable si elle est prsente pour la intragroupe et est consacr pour moiti lanalyse
premire fois en appel. En effet, elle ne poursuit pas individuelle des 18 entits actives du groupe, il y
la mme fin que la demande de communication a lieu de considrer que lexpert a outrepass sa
lexpert-comptable des documents utiles sa mission, mission. En effet, le rapport intermdiaire permet-
dont elle ne constitue ni la consquence ni le com-
plment (Cass. soc., 13 mai 2014, n 12-25.544P).
tait dj au comit central dentreprise dappr-
hender les comptes de la socit et dapprcier la
situation financire de lentreprise. Une rduction
Saisine aprs lachvement dhonoraires est donc justifie (CA Versailles,
de la mission 18 avr. 2013, n 11/07436).
Rle du juge De la mme manire, un expert-comptable ne peut
Saisi, aprs lachvement de la mission, soit lini- rclamer des honoraires que pour les investigations
tiative de lemployeur, soit le plus souvent celle normalement ncessaires lexcution de la mission
de lexpert-comptable la suite du refus de lem- qui lui a t confie par le comit dentreprise et
ployeur de lui rgler lintgralit de ses honoraires, non pour des investigations disproportionnes au
il appartient au prsident du tribunal de grande regard des questions souleves. Ds lors, lexpert
instance, statuant en rfr, de fixer le montant ne peut consacrer prs des trois quarts de son rap-
dfinitif des honoraires. port au bilan conomique des socits alors que
Lordonnance ainsi rendue est une dcision au le comit dentreprise ne linterrogeait pas prin-
fond qui nappartient pas la catgorie des ordon- cipalement sur cette question (CA Bordeaux,
nances de rfrs et la condamnation prononce 30 avr. 2014, n 13/3978 ; RJS 7/14, n 576).

48 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

Apprciation de limportance et de la nature


du travail
Le juge apprcie galement le prix de la prestation Procdure de conciliation
de lexpert-comptable en tenant compte de la
nature de la mission, de la qualit des travaux, LOrdre des experts-comptables conseille, dans son Guide des missions de
lexpert-comptable dassistance au comit dentreprise (2014), le recours
du temps pass, du cot des honoraires, de la
pralable, en cas de litige sur le montant des honoraires, la procdure de
qualification du personnel, des difficults ren- conciliation organise par le conseil rgional de lOrdre (p. 129). Il renvoie
contres par lexpert pour remplir sa mission et au Code de dontologie des professionnels de lexpertise-comptable qui
du contexte dans lequel elle se droule. prconise la conciliation (D. n 2012-432 du 30 mars 2012 , JO 31 mars,
Un rapport rendu avec du retard, incomplet et suc- art. 159 et 160).
cinct peut justifier une rduction des honoraires Selon larticle 159 du dcret, en cas de contestation par le client ou adhrent
(CA Aix-en-Provence, 28 nov. 2013, n 13/00937). des conditions dexercice de la mission, ou de diffrend sur les honoraires,
En lespce, le juge relve quune fois enlevs les les experts-comptables sefforcent de faire accepter la conciliation ou larbi-
pages de gardes et pages blanches, les illustrations trage du prsident du conseil rgional de lOrdre avant toute action en
inutiles et le dernier titre (trait de faon gnrale justice.
et non spcifique lentreprise), il ne restait plus Selon larticle160, avec laccord des deux parties, le prsident du conseil
que 41 pages pertinentes sous forme de powerpoint, rgional de lOrdre arbitre le litige ou le fait arbitrer par lun des ressortissants
soit au mieux 14 pages papier, pour analyser les de son conseil quil dsigne cet effet. Cet arbitrage est soumis aux rgles
comptes financiers et sociaux d'une association com- nonces par les articles1451 et suivants du Code de procdure civile.
pose au minimum de 32 structures et d'environ Larbitre veille au respect dune procdure contradictoire, et est astreint
900 salaris. au secret professionnel .
Le recours cette procdure de conciliation nest pas obligatoire et suppose
De la mme manire, une cour dappel peut rduire donc laccord des deux parties. Ainsi lexpert-comptable peut toujours
le montant des honoraires eu gard la survalua- saisir directement le prsident du tribunal de grande instance en application
tion du nombre dheures et leur absence de jus- de larticle L. 2325-40 du Code du travail, sans que lemployeur ne puisse
se prvaloir du non-respect par lexpert de la recommandation de lOrdre
tification partielle (CA Bordeaux, 30 avr. 2014,
sur ce point (CA Limoges, 27juin 2013, n12/01313). De la mme manire,
n 13/3978 ; RJS 7/14, n 576). lemployeur peut refuser de sen remettre la procdure de conciliation
En lespce, le temps de travail journalier est factur, organise par le Conseil rgional.
sans quun justificatif en soit apport, un tarif d-
passant les tarifs habituels dicts par le Conseil de
lordre des experts-comptables. Un mail de quelques
phrases est compt, sans justifications prcises, pour
50 minutes de travail, et un mail du 30 avril 2012
comportant une simple phrase a mme t factur sultation du comit dentreprise sur les orienta-
pour 25 minutes . tions stratgiques prvoit quune partie des hon-
oraires de lexpert-comptable est la charge du
En revanche, de simples similitudes avec les rap- comit dentreprise. Ainsi le comit contribue sur
ports prcdemment tablis par le mme expert son budget de fonctionnement au financement
ne justifient pas une rduction des honoraires alors de lexpertise hauteur de 20 % du montant des
que lanalyse laquelle il a t procd est diffrente honoraires de lexpert-comptable et ce, dans la
(CA Paris, 14 fvr. 2013, n 12/05750). limite du tiers de son budget annuel de fonction-
De manire gnrale, la Cour de cassation estime nement.
que les honoraires nont pas tre rduits ds Cette prise en charge ponctuelle par le comit den-
lors que le travail accompli par le collaborateur treprise simpose, sauf accord avec lemployeur.
de lexpert-comptable, sous la responsabilit de
ce dernier, a donn au comit tous les lments
ncessaires lintelligence des comptes et lap-
prciation de la situation de lentreprise (Cass.
soc., 10 juill. 1995, n 92-17.010).

CAS PARTICULIER DES FRAIS


85 PRINCIPE
Outre ses honoraires proprement dits, lexpert-
comptable est amen en pratique facturer cer-
tains frais notamment de secrtariat, de tirage et
CONSULTATION de dplacement. La question peut ds lors se poser
SUR LES ORIENTATIONS de savoir si la charge de ces frais incombe lentre-
STRATGIQUES prise au mme titre que les honoraires.
Larticle L. 2325-40 du Code du travail ne visant
84 PRISE EN CHARGE PARTIELLE PAR LE CE pas prcisment les honoraires de lexpert-
Par exception la prise en charge des honoraires comptable mais plus gnralement sa rmunra-
de lexpert-comptable par lemployeur, larticle tion , les frais engags pour lexercice de sa mis-
L. 2323-7-1 du Code du travail relatif la con- sion doivent donc tre inclus dans sa

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 49


Les experts du comit dentreprise

rmunration puisque ncessaires laccomplis- EXEMPLES


sement de celle-ci. Il a ainsi t jug qu lheure de la communication
Lexpert est en droit de prtendre au rembour- lectronique, il nincombe pas lemployeur de sup-
sement des frais condition de justifier : porter le cot de tirages destins tous les membres
des dpenses effectivement engages, du CE, deux exemplaires tant suffisants, lun destin
quils taient ncessaires lexercice de sa lentreprise, lautre au comit central dentreprise
mandant, les membres de ce dernier pouvant y avoir
mission. accs par un envoi lectronique (CA Metz, 10 sept.
Cependant, le juge peut dcider que les frais 2013, n 13/00387 ; CA Paris, 14 fvr. 2013, n 12/05750).
exposs (dplacements, dactylographie, repro- De la mme manire, un cot de dactylographie et de
graphie) ont t survalus et en dcider la graphisme hauteur de 5 euros par page a t jug
rduction. excessif (TGI Paris, ord. rf., 7 mars 2014, n 12/59276).

50 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


2
Lexpert technique
La dsignation

Les conditions de recours

Lexercice de la mission

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 51


Les experts du comit dentreprise

Le rle consultatif du comit dentreprise nest pas rserv aux seules questions conomiques mais concerne
aussi les questions technologiques. Lassistance du comit par lexpert technique sinscrit dans le cadre
des articles L. 2323-13 et L. 2323-14 du Code du travail. Selon ce premier article, le comit dentreprise
est inform et consult, pralablement tout projet important dintroduction de nouvelles technologies,
lorsque celles-ci sont susceptibles davoir des consquences sur lemploi, la qualification, la rmunration,
la formation ou les conditions de travail .
Larticle L. 2323-14 ajoute : Lorsque lemployeur envisage de mettre en uvre des mutations tech-
nologiques importantes et rapides, il tablit un plan dadaptation. Ce plan est transmis, pour information
et consultation, au comit dentreprise en mme temps que les autres lments dinformation relatifs
lintroduction de nouvelles technologies. Le comit dentreprise est rgulirement inform et consult
sur la mise en uvre de ce plan. En effet, larticle L. 2325-38 prvoit que dans les entreprises dau
moins 300 salaris, le comit dentreprise peut recourir un expert technique loccasion de tout projet
important dans les cas numrs aux articles L. 2323-13 et L. 2323-14 .
Seront successivement abords dans le cadre de ce chapitre la dsignation de lexpert technique, les con-
ditions de recours, et lexercice de sa mission.

LA DSIGNATION
entreprise dont leffectif global atteint 300 salaris,
quel que soit leffectif de chacun des tablis-
ENTREPRISES CONCERNES sements.

86 ENTREPRISE DAU MOINS 300 SALARIS Modalits de dcompte


Cest exclusivement dans les entreprises dau moins Il sagit de leffectif correspondant lactivit
300 salaris que le comit dentreprise peut avoir normale de lentreprise et non celui existant
recours un expert rmunr par lentreprise loc- ponctuellement la date de la consultation.
casion de tout projet important dintroduction de Sont pris en compte (C. trav. L. 2322-6 et L. 1111-2) :
nouvelles technologies (C. trav., art. L 2325-38). intgralement les salaris sous contrat dure
Dans les units conomiques et sociales dau indtermine temps plein et les travailleurs
moins 300 salaris dotes dun comit dentreprise domicile ;
commun, conformment larticle L. 2322-4 du au prorata de leur temps de prsence au
Code du travail, celui-ci peut aussi recourir un cours des 12 mois prcdant, les salaris sous
expert technique. contrat dure dtermine, les salaris sous
Dans les entreprises de moins de 300 salaris, le contrat de travail intermittent, les salaris mis
comit dentreprise doit aussi, en application de disposition par une entreprise extrieure qui sont
larticle L. 2323-13 du Code du travail, tre in- prsents dans les locaux de lentreprise utilisatrice
form et consult pralablement tout projet im- et y travaillent depuis au moins un an et les tra-
portant dintroduction de nouvelles technologies, vailleurs temporaires, exception faite toutefois
mais il ne peut recourir lexpert prvu larticle de ceux remplaant un salari absent ou dont le
L. 2325-38 du Code du travail. Sil souhaite se contrat de travail est suspendu ;
faire assister, il doit faire appel un expert r- au prorata de leurs horaires de prsence, les
munr par ses soins (voir n 114 et s.). salaris temps partiel.

87 APPRCIATION DE LEFFECTIF
Niveau dapprciation
Larticle L. 2325-38 du Code du travail vise les
entreprises et non les tablissements dau moins
300 salaris. Cest donc leffectif de lentreprise
dans son ensemble qui doit tre pris en consid- INITIATIVE DU COMIT
ration pour dterminer, dans les entreprises com- DENTREPRISE
portant plusieurs tablissements, si un comit
dtablissement consult en application de larticle 88 VOTE DU COMIT DENTREPRISE
L. 2323-13 peut ou non recourir lassistance de Linitiative de recourir lassistance dun expert
lexpert prvu larticle L. 2325-38. Cette solution technique appartient au comit dentreprise qui
conduit donc reconnatre cette facult tous doit en fait se prononcer sur la ncessit de lexper-
les comits dtablissement existant au sein dune tise, sur le choix de lexpert et sur ltendue de

52 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

sa mission. Cela suppose donc en pratique autant prise, tre informs et consults sur les con-
de votes au sein du comit que de dcisions squences de lintroduction des nouvelles tech-
prendre, la participation chacun de ces votes nologies pour les salaris des tablissements con-
tant rserve aux membres titulaires du comit, cerns.
ainsi quaux supplants remplaant ventuel-
lement certains titulaires absents.
Comme pour la dsignation de lexpert-comptable 90 DLGUS DU PERSONNEL
(voir n 17), et pour les mmes raisons, le prsident Les dlgus du personnel qui exercent tempo-
du comit ne saurait prendre part ces votes, rairement, en labsence de comit dentreprise par
dautant que le deuxime alina de larticle suite dune carence constate dans les conditions
L. 2325-38 prend soin de prciser que le recours de larticle L. 2324-8 du Code du travail, les at-
lexpert fait lobjet en pareil cas dun accord tributions conomiques relevant du comit den-
entre lemployeur et la majorit des membres treprise, peuvent tre consults sur un projet im-
lus du comit . portant dintroduction de nouvelles technologies.
Si lentreprise compte au moins 300 salaris, ils
peuvent avoir recours, dans les mmes conditions
89 RPARTITION DES COMPTENCES que le comit dentreprise, un expert technique
Dans les entreprises au sein desquelles sont insti- (C. trav. L. 2313-13 al. 5).
tus des comits dtablissement et un comit
central dentreprise, la possibilit de recours un
expert bnficie au comit central ou aux comits 91 BUT DU RECOURS LEXPERTISE
dtablissement, en fonction du niveau auquel Le recours lexpertise nest pas subordonn
est organise la consultation sur le projet din- un manque dinformation ou une information
troduction de nouvelles technologies. incomplte de la direction et ne constitue pas une
sanction son gard. Au contraire, le recours
Un projet concernant lentreprise lexpert permet au comit dentreprise dapprcier
Si le projet concerne plusieurs tablissements et le contenu et les incidences du projet. Lexpertise
que la dcision prendre excde les limites des est destine lui procurer une information opti-
pouvoirs des chefs dtablissement concerns, male afin quil puisse rendre son avis en toute
cest le comit central dentreprise qui est consult connaissance de cause.
et qui peut donc recourir lassistance dun expert
(C. trav. art. L. 2327-15 et L. 2327-2).
En revanche, en cas de carence du comit central
dentreprise, on peut estimer que le comit dtab-
lissement peut recourir un expert technique.
En effet, la solution dgage pour la dsignation
de lexpert-comptable (Cass. soc., 25 janv. 1995,
n 92-13.546P ; voir n 7) semble transposable ACCORD DE LEMPLOYEUR
la dsignation de lexpert technique. 92 NCESSIT DUN ACCORD
Le recours lexpert technique fait lobjet dun
Un projet concernant un tablissement accord entre lemployeur et la majorit des
Les comits dtablissement disposent des mmes membres lus du comit (C. trav., art.
attributions que les comits dentreprise, dans L. 2325-38). Contrairement au recours lexpert-
la limite des pouvoirs confis aux chefs de ces comptable, il ne peut tre impos lemployeur.
tablissements (C. trav., art. L. 2327-15). Ainsi, Laccord de lemployeur porte, non seulement
si le projet ne concerne quun seul tablissement sur le principe mme du recours un expert, mais
et relve des pouvoirs du chef de cet tablisse- galement sur son choix ainsi que sur ltendue
ment, cest ce comit dtablissement qui est con- de sa mission. Cet accord est mentionn dans le
sult et donc habilit recourir lassistance procs-verbal de la runion au cours de laquelle
dun expert. il a t pris.
En cas de dsaccord sur la ncessit dune exper-
Un projet concernant lentreprise, tise, sur le choix de lexpert ou sur ltendue de
dclin dans diffrents tablissements la mission qui lui est confie, la dcision est prise
Si la consultation est organise la fois au niveau par le prsident du tribunal de grande instance
du comit central dentreprise et dun ou plusieurs statuant en urgence (C. trav., art. L. 2325-38).
comits dtablissement, les comits dtablisse- NOTER
ment peuvent se faire assister dun expert dont Le refus de lemployeur de recourir un expert ne
la mission est limite aux effets des oprations constitue donc pas le dlit dentrave.
envisages sur la situation des salaris de ltablis-
sement.
En effet, les comits dtablissement doivent,
mme dans le cadre dun projet global dentre-

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 53


Les experts du comit dentreprise

En tout tat de cause, la saisine du prsident du


tribunal de grande instance doit avoir lieu avant
CHOIX DE LEXPERT que les nouvelles technologies ne soient intro-
duites dans lentreprise (Cass. soc., 28 oct. 1996,
93 COMPTENCE ET IMPARTIALIT n 94-15.914P).
La notion dexpert technique ne correspondant
aucune qualification particulire ni, a fortiori,
aucune profession reconnue ou rglemente, 96 DCISION DU PRSIDENT DU TGI
tout spcialiste susceptible dclairer le comit Les dcisions rendues tant des jugements au
dentreprise, non seulement au plan technique fond, les principes gouvernant les ordonnances
mais galement quant aux consquences du pro- de rfr ne leur sont pas applicables.
jet sur lemploi, la qualification, la rmunration, Elles nont donc pas un caractre provisoire et
la formation ou les conditions de travail du per- revtent lautorit de la chose juge au principal.
sonnel, peut tre dsign. Elles sont excutoires par provision de plein droit
Contrairement lexpert auquel peut recourir le et sont exposes aux voies de recours de droit
CHSCT en application de larticle L. 4614-12 du commun (appel et cassation).
Code du travail, lexpert du comit dentreprise
nest pas obligatoirement un expert agr.
Cest donc en considration de ses comptences que 97 COMPTENCE DU PRSIDENT DU TGI
les membres du comit et lemployeur ou, dfaut, Le prsident du tribunal de grande instance sas-
le prsident du tribunal de grande instance, vont sure que les conditions lgales de lexpertise
prendre leur dcision. Il peut, par exemple, tre fait sont remplies : effectif, existence, nature, im-
rfrence aux tudes dj publies par lexpert ainsi portance, incidence du projet.
qu ses diplmes et son activit professionnelle. NOTER
En outre, lexpert doit tre impartial et il peut Le juge ne peut se borner constater que lemployeur
tre cart si des critiques srieuses sont faites a fait effectuer une expertise pour son propre compte
sur sa comptence ou son impartialit (a contrario : et en dduire que le comit peut en faire autant, sans
Cass. soc., 2 juill. 1987, n 85-18.434P). vrifier lexistence dun projet important dintroduc-
tion de nouvelles technologies (Cass. soc., 3 mars
1988, n 86-12.762P).
Le juge ne peut statuer que sur la ncessit de
lexpertise, sur le choix de lexpert, sur ltendue
de sa mission ainsi que sur sa rmunration
(C. trav., art. L. 2325-38 et L. 2325-40).
INTERVENTION
DU PRSIDENT DU TGI tendue de la mission
Le prsident du TGI peut fixer ltendue de la
94 PRINCIPE mission de lexpert technique. Elle est dtermine
Le prsident du tribunal de grande instance (TGI) en vue de garantir au comit dentreprise un avis
statue en urgence en cas de dsaccord sur la nces- clair sur lintroduction de nouvelles techno-
sit dune expertise, sur le choix de lexpert, ou logies dans lentreprise.
sur ltendue de la mission qui lui est confie
(C. trav., art. L. 2325-38), et en cas de litige sur sa Choix de lexpert
rmunration (C. trav., art. L. 2325-40). Le juge a, en outre, la possibilit darbitrer, voire
La dcision du prsident du TGI est prise en la de fixer le choix de lexpert.
forme des rfrs. Il sagit cependant dune dci- Il dsigne lexpert de faon discrtionnaire, avec
sion au fond. pour seul objectif de retenir lhomme de lart,
de comptence, dindpendance et dimpartia-
lit incontestables, sans tre tenu de choisir tel
95 PRIODE DE SAISINE ou tel expert propos par chacune des parties.
En cas de contestation, la saisine du prsident du REMARQUE
TGI doit avoir lieu avant toute intervention de Cependant, selon M. Cohen et L. Milet, la phrase de
lexpert. Dans cette hypothse, il ne peut y avoir larticle L. 2325-38 selon laquelle la dcision est
recours lexpert avant que le juge nait statu prise par le prsident du tribunal de grande ins-
sur le litige qui lui est soumis (Circ. DRT n 12, tance [] signifie que le juge tranche entre les
30 nov. 1984). propositions des parties linstance, et non pas ultra
Lexpert qui interviendrait avant toute dcision petita (au-del de la demande). Sil ny a quune seule
du tribunal de grande instance serait considr proposition, celle du comit, le juge qui donne sa-
tisfaction sur le fond au comit devrait entriner
comme un expert libre (C. trav., art. L. 2325-41), cette proposition. Ils relvent cependant quil arrive
donc la charge financire du comit dentreprise, que le juge choisisse malgr tout lui-mme lexpert
sauf si le tribunal tranche finalement et a posteriori ( Le droit des comits dentreprise et des comits de
en faveur de son intervention. groupe , LGDJ, d. 2015, p. 710).

54 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

LES CONDITIONS DE RECOURS


La facult de recourir un expert technique est est largement rpandue dans le secteur de lactivit
ouverte au titre de deux consultations : ou dans le reste de lconomie (Circ. DRT n 12,
sur le fondement de larticle L. 2323-13 du Code 30 nov. 1984).
du travail, pour tout projet important dintroduc- Cette notion doit donc sapprcier par rfrence
tion de nouvelles technologies susceptibles davoir aux lments de technologie jusqu prsent uti-
des consquences sur lemploi, la qualification, liss dans lentreprise ou dans ltablissement en
la rmunration, la formation ou les conditions cause, et non dune manire gnrale (Cass. soc.,
de travail ; 9 juill. 1997, n 95-20.294).
sur le fondement de larticle L. 2323-14 du mme Nest pas concerne par larticle L. 2323-13 du
code, pour le plan dadaptation tabli par lem- Code du travail lentreprise qui acquiert un qui-
ployeur lorsquil envisage de mettre en uvre des pement informatique afin de remplacer un mat-
mutations technologiques importantes et rapides. riel de technologie identique qui napporte pas
Nous dvelopperons ici les conditions de recours de modification la situation du personnel. Il
lexpert technique lors de la consultation sur nen serait pas de mme si cette entreprise renou-
un projet important dintroduction de nouvelles velait un matriel en squipant dune machine
technologies. Les conditions de recours lex- faisant appel une technologie nettement diff-
pertise lors de la consultation sur le plan dadap- rente (Circ. DRT n 12, 30 nov. 1984).
tation seront voques dans lencadr p. 56.
Suivant larticle L. 2323-13 du Code du travail, Exemples jurisprudentiels
le comit dentreprise est inform et consult, Constituent un projet dintroduction de nouvelles
pralablement tout projet important dintro- technologies :
duction de nouvelles technologies, lorsque celles- le changement de matriel informatique qui a
ci sont susceptibles davoir des consquences sur non seulement pour effet de doter lentreprise dun
lemploi, la qualification, la rmunration, la for- matriel plus performant sur le plan technique,
mation ou les conditions de travail . mais encore de modifier profondment les mthodes
Le recours lexpertise suppose donc que le projet : de gestion (Cass. soc., 2 juill. 1987, n 85-18.434P).
soit important et introduise de nouvelles tech- En lespce, le projet entranait une connexion entre
nologies dans lentreprise ; les divers matriels informatiques des entreprises
et ait des incidences sociales consquentes. du groupe, la multiplication des terminaux au sein
de lentreprise, llaboration de programmes qui
devait stablir sur plusieurs annes, ainsi quun accs
aux terminaux par un nombre plus important de
salaris. Chaque secteur devait grer ses propres
informations et tait responsable des donnes quil
entrerait dans lordinateur.

lintroduction dune nouvelle technologie dans


NOUVELLES TECHNOLOGIES un ensemble de services regroupant de nombreux
98 NOTION DE TECHNOLOGIE membres du personnel qui utilisaient dautres tech-
Il nexiste pas de dfinition lgale de cette notion. nologies, si le comit central dentreprise ou le comit
Selon la DGT, le mot technologie doit tre entendu dtablissement nont jamais eu se prononcer sur
dans son sens le plus large. titre dexemple, il les consquences pour ces personnels ou pour ces
sagit de lautomatisation, de linformatique scien- services des systmes plus modernes dont la direction
tifique ou industrielle, de la robotique, de la tl- veut les doter (Cass. soc., 9 juill. 1997, n 95-20.294) ;
matique (Circ. DRT n 12, 30 nov. 1984). la mise en uvre dune pagination assiste par
ATTENTION ordinateur aboutissant linversion totale des
La notion de nouvelles technologies ne vise pas modalits de la rdaction et de la production
les amnagements techniques des outils et matriels (Cass. crim., 13 dc. 1994, n 93-85.092P).
de production, la nouvelle implantation de machines Ds lors que le changement des technologies
existantes, la rorganisation des temps ou des pro- modifie lorganisation du travail et les conditions
cdures de travail, les changements des rythmes de de travail des salaris, les juges reconnaissent un
production, etc. degr suffisant de nouveaut permettant le recours
un expert.
99 NOUVEAUT DES TECHNOLOGIES INTRODUITES En revanche, lutilisation, dans des conditions
Dfinition nouvelles, de techniques dj en vigueur dans
La notion de nouvelle technologie recouvre lentreprise ne constitue pas un projet entrant
lintroduction dune technologie diffrente dans dans les prvisions de larticle L. 2323-13 du Code
lentreprise ou ltablissement, mme si celle-ci du travail (Cass. soc., 15 oct. 1987, n 85-16.558P).

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 55


Les experts du comit dentreprise

prendre de dcision pralable cette consultation,


sauf caractriser le dlit dentrave au fonctionne-
Mutations technologiques ment du comit dentreprise (Circ. DRT n 12, 30
nov. 1984 ; Cass. crim., 13 dc. 1994, n 93-85.092P).
importantes et rapides La dsignation dun expert technique est donc
Le recours un expert technique peut galement accompagner la consultation tardive si la dcision dintroduction de nouvelles
du comit dentreprise sur le plan dadaptation labor par lemployeur qui technologies dans lentreprise a dj t prise et
envisage de mettre en uvre des mutations technologiques importantes et mise en uvre par lemployeur.
rapides, sur le fondement de larticle L. 2323-14 du Code du travail. Cette Aussi, le comit dentreprise ne peut, au cours dune
consultation porte donc sur des projets qui vont au-del de la simple intro- procdure dinformation-consultation relative un
duction de nouvelles technologies dans lentreprise, dans la mesure o ils projet de restructuration, dsigner un expert en tech-
entranent des mutations technologiques importantes et rapides. nologie au motif que ce projet sinscrit dans le cadre
Ce plan dadaptation labor par lemployeur est transmis, pour information de ladoption et la mise en place au pralable dune
et consultation, au comit dentreprise en mme temps que les autres l- nouvelle technologie pour laquelle il navait pas t
ments dinformation relatifs lintroduction de nouvelles technologies. consult car prsente sans consquence sur les
Le comit dentreprise est rgulirement inform et consult sur la mise conditions de travail : il ne sagissait plus dun projet,
en uvre de ce plan. mais dun systme technique dj mis en place (CA
Paris 14e ch., 28 janv. 2009, n 08/16831).

En revanche, si le choix dun logiciel est dj


arrt par lemployeur mais que sa mise en uvre
En lespce, le plan directeur de rationalisation ,
concernait seulement soit la mise en place de projets reste ltat de projet, en sorte quil ny a pas en-
anciens dont le comit avait t inform en son temps, core eu introduction de nouvelles technologies,
soit lutilisation, dans des conditions nouvelles, de le comit dentreprise peut solliciter une expertise
techniques dj en vigueur dans lentreprise, soit technique (Cass. soc., 28 oct. 1996, n 94-15.914P).
une innovation peu importante.
Voir Numro juridique Comit dentreprise :
Moyens dinformation Attributions . 101 IMPORTANCE DU PROJET
Le projet doit tre important, cest--dire la fois
concerner le personnel dun secteur dactivit,
dun service ou dun atelier de lentreprise , et
tre susceptible d apporter de relles modifica-
tions dans la situation du personnel concern
dans le domaine de lemploi, de la qualification,
de la rmunration, de la formation ou des condi-
IMPORTANCE tions de travail. Il suffit, aux termes mmes de la
DES INCIDENCES SOCIALES loi, que lun de ces facteurs soit concern (Circ.
DRT n 12, 30 nov. 1984).
100 DFINITION DU PROJET Limportance du projet sapprcie donc en fonction :
Le projet est un plan ou un programme, cest ce des modifications quil apporte dans lorganisa-
que lon propose de faire un moment donn. tion et la marche de lentreprise et des cons-
Le projet doit tre arrt avec certitude par la direc- quences quil peut avoir sur lemploi, la qualifica-
tion de lentreprise, mais non encore mis en uvre. tion, la rmunration et la formation ou les
conditions de travail du personnel (Cass. crim.,
Un projet labor 3 mai 1994, n 93-80.911P) ;
Le projet doit tre suffisamment mri et labor. de la taille et de lactivit de lentreprise, car les
Ainsi, de simples hypothses, des esquisses, des consquences dune mme modification ne seront
propositions de bureaux dtudes ne sont pas, par pas les mmes pour le personnel.
exemple, assimilables un projet autorisant le Ainsi, le comit est consult et peut recourir un
recours lexpertise (Circ. DRT n 12, 30 nov. 1984). expert sur :
EXEMPLE un projet visant mettre en place un nouveau
Le fait que lemployeur demande un cabinet dexper- systme informatique affectant 600 postes de tra-
tise dtudier une restructuration de certains services vail et impliquant une nouvelle formation du per-
et lintroduction dans lun des tablissements dqui- sonnel (Cass. soc., 28 oct. 1996, n 94-15.914P) ;
pements informatiques ne suffit pas tablir lexistence la mise en oeuvre, dans un journal, dune pagi-
dun tel projet (Cass. soc., 3 mars 1988, n 86-12.762P). nation assiste par ordinateur en raison des r-
percussions importantes sur les conditions de
travail de plusieurs catgories de personnel (Cass.
Un projet mais non une dcision soc. 13 dc. 1994, n 93-85.092P).
Lexpertise vise aider le comit dentreprise En revanche, ne constitue pas un projet important
rendre un avis dans le cadre de sa consultation pr- dintroduction de nouvelles technologies linstallation
vue par larticle L. 2323-13 du Code du travail. La dun micro-ordinateur au service comptable, nayant
consultation du comit dentreprise doit prcder pour effet que la suppression ponctuelle dun seul
la dcision de lemployeur. Celui-ci ne peut pas emploi (Cass. crim., 29 mars 1994, n 93-80.962).

56 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

LEXERCICE DE LA MISSION
Afin de pallier tout conflit entre la direction et le
comit dentreprise, il est fortement recommand
de dterminer, ds le dpart, dans laccord : MOYENS
prcisment le contenu de la mission ;
les modalits daccs lentreprise et aux lieux Pour exercer sa mission telle que dfinie par
ncessaires la ralisation de la mission ; accord entre lemployeur et la majorit des
les informations fournies lexpert ; membres lus du comit ou, dfaut, par le pr-
les dates du terme de la mission et de remise sident du tribunal de grande instance, lexpert
du rapport dexpertise ; dsign dispose de certains moyens qui lui sont
les honoraires de lexpertise. reconnus par la loi.
En cas de dsaccord, il revient au prsident du
tribunal de grande instance de fixer le contenu
et les conditions dexcution de la mission. 104 LIBRE ACCS DANS LENTREPRISE
Lexpert technique a libre accs dans lentreprise
(C. trav., art. L. 2325-39).
Outre les locaux mis la disposition du comit
dentreprise, cela concerne tous les locaux de
lentreprise que lexpert peut estimer utile de visi-
ter pour lexercice de sa mission, parmi lesquels,
bien sr, les ateliers ou les installations o doivent
TENDUE DE LA MISSION tre mises en uvre les nouvelles technologies.
102 DFINITION PAR ACCORD ENTRE COMIT Ce droit comporte cependant les mmes limites
DENTREPRISE ET EMPLOYEUR que celles applicables lexpert-comptable, quil
Le recours cet expert fait lobjet dun accord sagisse de laccs aux locaux dont la visite ne
entre lemployeur et la majorit des membres lus serait pas utile laccomplissement de la mission
du comit (C. trav., art. L. 2325-38). Ltendue de confie, du respect des heures douverture ou de
la mission confie lexpert technique est fonction fonctionnement de lentreprise ou des services
de la nature et de limportance du projet, mais concerns, ou encore de lobligation de respecter
galement des points sur lesquels le comit dentre- les rgles ou procdures en vigueur concernant
prise souhaite tre clair, quil sagisse des aspects laccs lentreprise elle-mme ou certains de
strictement techniques du projet ou de ses cons- ses locaux (procdures administratives ou rgles
quences sur lemploi, la qualification, la rmu- de scurit notamment) (voir n 58).
nration, la formation ou les conditions de travail Le libre accs dans lentreprise tant justifi par
du personnel. la mission de lexpert, il est limit sa ralisation.
Il doit lui permettre davoir accs toute source
dinformation en vue de ltablissement, en
103 RLE DU JUGE EN CAS DE DSACCORD connaissance de cause, de son rapport.
Si un accord entre lemployeur et la majorit des
membres lus ne peut tre trouv quant ltendue
de la mission de lexpert technique, cest le pr- 105 ACCS AUX DOCUMENTS
sident du tribunal de grande instance statuant en Lexpert technique a accs aux lments dinfor-
urgence qui la prcise (C. trav., art. L. 2325-38). mation sur le projet et ses consquences transmis
Il tient alors compte du projet soumis la consul- au comit dentreprise et dsormais toutes les
tation du comit dentreprise, des souhaits expri- informations quil juge ncessaires la ralisa-
ms par ce dernier et des observations ventuelles tion de sa mission (C. trav., art. L. 2325-38 et
de lemployeur. R. 2325-6-3).
De mme, si le juge, saisi dun dsaccord sur la nces-
sit dune expertise technique, dcide que le comit Informations dtenues
dentreprise peut recourir un expert technique, il par le comit dentreprise
doit dfinir ltendue de sa mission. Lexpertise ne Lexpert technique dispose des lments dinfor-
peut porter que sur les aspects techniques ou sur mation concernant le projet et ses consquences
les consquences sur lemploi, la qualification, la en matire demploi, de qualification, de rmun-
rmunration, la formation ou les conditions de ration, de formation et de conditions de travail.
travail du personnel concern par le projet. Ces lments sont remis aux membres du comit
De mme, en cas de dsaccord sur le choix de lexpert, un mois avant la runion au cours de laquelle
la dcision est prise par le prsident du TGI statuant celui-ci doit tre consult (C. trav., art. L. 2325-38
en urgence (C. trav., art. L. 2325-38). et L. 2323-13).

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 57


Les experts du comit dentreprise

Dans le cas dune mise en uvre de mutations tech- 1 et R. 2323-1-1). Ce dlai rglementaire est port
nologiques rapides et importantes, le plan dadap- deux mois en cas dintervention dun expert,
tation transmis au comit dentreprise doit aussi trois mois en cas de saisine dun ou de plusieurs
tre transmis lexpert (C. trav., art. L. 2323-14). CHSCT et quatre mois si une instance de coor-
dination des CHSCT a t mise en place cette
Informations ncessaires sa mission occasion (Circ. DGT n 2014/1, 18 mars 2014,
Larticle R. 2325-6-3 du Code du travail issu du NOR : ETST1404425C).
dcret du 27 dcembre 2013 (n 2013-1305, JO
31 dc.) ouvre de nouvelles perspectives dinfor-
mations lexpert technique. En effet, il peut 107 CONTACTS AVEC LES MEMBRES DU CE
dsormais demander lemployeur, au plus tard ET RUNIONS PLNIRES DU COMIT
dans les trois jours de sa dsignation, toutes les Dbut de mission
informations quil juge ncessaires la rali- Aucune disposition lgale ninterdit lexpert de
sation de sa mission. rencontrer, en dbut comme en cours de mission,
Lemployeur doit rpondre cette demande les membres du comit dentreprise ds linstant
dans les cinq jours. o ces derniers peuvent disposer, dans le cadre
Lexpert technique peut donc obtenir tous les de leur crdit dheures, du temps ncessaire de
documents dont lui seul sera en mesure de dter- telles rencontres.
miner leur utilit par rapport la mission. Seuls Dans la mesure o ltendue de la mission de
les documents sans rapport avec celle-ci peuvent lexpert est fonction de ce que souhaitent les
tre, le cas chant, carts. De ce point de vue, membres lus du comit, de tels contacts peuvent
la jurisprudence dgage au sujet des documents savrer indispensables avant mme que la mission
auxquels lexpert-comptable peut avoir accs peut ne lui soit confie. Si, pour quelque cause que ce
srement tre transpose lexpert technique soit, la demande dexpertise nest pas en dfinitive
(voir n 55 et 56). retenue, le temps consacr par lexpert pressenti
ces contacts pralables naura pas lui tre rmu-
nr par lentreprise.
106 DLAIS DEXPERTISE
Le nouvel article L. 2325-42-1 du Code du travail, Terme de la mission
issu de la loi du 14 juin 2013 relative la scuri- En fin de mission, une runion prparatoire
sation de lemploi (n 2013-504, JO 16 juin), en- la runion plnire du comit dentreprise est
cadre dsormais le dlai de lexpertise technique. galement concevable.
Comme lexpert-comptable, lexpert technique Par analogie avec les principes applicables lassis-
doit remettre son rapport dans un dlai raison- tance du comit dentreprise par lexpert-comp-
nable fix par accord entre lemployeur et le comit table, dont la rmunration incombe de la mme
dentreprise (voir n 65 67). manire lemployeur (voir n 80 et s. ; Cass. soc.,
Le dlai peut tre prorog dun commun accord. 8 nov. 1994, n 92-11.443P), la participation une
Il parat ici assez logique dadmettre que cest telle runion entre dans la mission dassistance
chacune des missions de lexpert technique que de lexpert technique et les honoraires et frais qui
le dlai dexpertise doit tre fix. en dcoulent sont donc la charge de lemployeur.
dfaut daccord, lexpert doit rendre son rap-
port dans un dlai de vingt et un jours compter Runion du comit dentreprise
de la dsignation de lexpert (C. trav., art. De la mme manire que le comit dentreprise
R. 2325-6-3). peut imposer, par un vote majoritaire (voir n 60 ;
Ce dlai simpose sauf si lemployeur na pas Cass. crim., 25 mai 1983, n 82-92.280), la prsence
rpondu dans le dlai requis la demande de re- de lexpert-comptable au cours de la runion
mise de documents. Dans cette hypothse, on consacre lexamen de son rapport et la for-
peut penser que le prsident du TGI, statuant en mulation de son avis, on peut certainement consi-
rfr, pourra prolonger le dlai en imposant la drer que lexpert technique doit pouvoir tre
communication des documents ncessaires la prsent cette runion.
mission. Cest dailleurs en ce sens que se prononce la
Ce dlai dexpertise est intgrer dans les dlais circulaire ministrielle du 30 novembre 1984
de consultation du comit dentreprise qui, sauf (Circ. DRT n 12) : lexpert peut assister la
disposition lgislative spciale, sont dsormais runion du comit dentreprise consacre lexa-
fixs par accord entre lemployeur et le comit men du projet dintroduction de nouvelles tech-
dentreprise, adopt la majorit des membres nologies .
titulaires lus (C. trav., art. L. 2323-3). dfaut
daccord, le comit dentreprise est rput avoir
t consult et avoir rendu un avis ngatif lex- 108 CONTACTS AVEC LE PERSONNEL
piration dun dlai de un mois compter de la Pas plus que pour lexpert-comptable, le Code
communication par lemployeur des informations du travail ne prvoit la possibilit pour lexpert
ncessaires la consultation (C. trav., art. R. 2323- technique de sentretenir, dans le cadre de sa

58 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

mission, avec les membres du personnel de lentre- cle 226-13 du Code pnal. Nanmoins, ce rappel
prise. peut tre utile en pratique.
Sil souhaite prendre contact avec des salaris,
parce quil lestime utile pour sa mission, il doit Informations donnes comme
donc pralablement demander et obtenir lauto- confidentielles par lemployeur
risation de lemployeur. Lobligation de discrtion lgard des informa-
tions caractre confidentiel concerne celles qui
ont t prsentes comme telles par lemployeur.
Dans la mesure o lexpert technique a dsormais
accs non seulement aux lments dinformation
dtenues par le comit dentreprise mais galement
toutes les informations quil juge ncessaires la
ralisation de sa mission (C. trav., art. L. 2325-38
OBLIGATIONS et R. 2325-6-3 ; voir n 105), la question de ltendue
109 EXCUTION DE LA MISSION CONFIE de son obligation de discrtion se pose dans des
Ltendue de sa mission ayant t dfinie par termes similaires lobligation de discrtion de
accord entre lemployeur ou, dfaut, par dcision lexpert-comptable qui assiste le comit dentreprise
du tribunal de grande instance, lexpert technique (voir n 72 et s.).
doit lexercer conformment aux prvisions de Ainsi, dans ses relations avec le comit dentre-
cet accord ou de cette dcision. prise, lexpert technique ne saurait se retrancher
Il doit en outre rendre son rapport dans les dlais derrire une obligation de secret et de discrtion
fixs dans cet accord et, dfaut dun tel accord, pour refuser de rpondre des questions qui
dans un dlai de 21 jours compter de sa dsi- relvent du champ dinvestigation du comit et
gnation (voir n 106). entrent dans les limites de sa mission.
dfaut, sa responsabilit lgard du comit La mission dassistance assume par lexpert tech-
dentreprise pourra tre engage et ses honoraires nique sexerant au profit exclusif des membres
rduits par le juge. du comit dentreprise, toutes personnes autres
que les membres du comit doivent tre consi-
dres par lexpert comme des tiers, quil sagisse
110 SECRET PROFESSIONNEL ET DISCRTION des personnes trangres lentreprise comme
Principe des salaris de celle-ci, y compris les autres re-
la diffrence de lexpert-comptable, lexpert prsentants du personnel et notamment les d-
technique nest pas tenu de par son statut ou sa lgus syndicaux. Obligations de secret et de dis-
profession une obligation gnrale de secret crtion trouvent donc sappliquer. Le
professionnel. manquement de lexpert pourra engager sa res-
Aussi, les dispositions de larticle L. 2325-42 du ponsabilit civile, ainsi que sa responsabilit
Code du travail, selon lesquelles les experts sont pnale concernant lobligation de secret profes-
tenus aux obligations de secret et de discrtion sionnel.
telles que dfinies larticle L. 2325-5, prennent
une importance particulire.
Elles ont pour effet de soumettre lexpert aux
mmes obligations de secret et de discrtion que
les membres du comit dentreprise, savoir :
au secret professionnel pour toutes les ques-
tions relatives aux procds de fabrication ;
lobligation de discrtion lgard des infor- RMUNRATION
mations revtant un caractre confidentiel et 111 PAR LENTREPRISE
prsentes comme telles par lemployeur. Lexpert technique est, comme lexpert-comptable,
rmunr par lentreprise (C. trav., art. L. 2325-40).
Procds de fabrication De la mme manire que pour lexpert-comptable
Compte tenu de la nature des missions suscep- (voir n 85), les frais engags par lexpert technique
tibles de lui tre confies, lexpert technique est pour lexercice de sa mission doivent tre inclus
certainement, parmi les experts auxquels le comit dans sa rmunration puisque ncessaires
dentreprise peut avoir recours, celui pour lequel laccomplissement de celle-ci. Ainsi, les frais de
lobligation de secret professionnel, sur ce point, secrtariat, reprographie ou dplacement engags
trouve le plus souvent sappliquer. par lexpert sont la charge de lemployeur,
Il nest dailleurs pas ncessaire que lemployeur condition quil justifie des dpenses quil a effec-
rappelle expressment cette obligation de secret tivement engages et quelles soient rellement
pour que sa violation par lexpert engage sa res- ncessaires sa mission.
ponsabilit, non seulement au plan civil (rpa- ATTENTION
ration du prjudice subi par lentreprise) mais Si les conditions de recours lexpertise technique
galement au plan pnal sur la base de larti- ne sont pas remplies, le comit dentreprise qui d-

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 59


Les experts du comit dentreprise

cide de faire appel un expert libre sur un projet


dintroduction de nouvelles technologies, en ap- sa rmunration (C. trav., art. L. 2325-40 ; C. trav.,
plication de larticle L. 2325-41, doit prendre en art. R. 2325-7). Saisi par lemployeur ou plus fr-
charge sa rmunration, sur son budget de fonction- quemment par lexpert, il lui appartient alors de
nement. fixer, aprs achvement de la mission, le montant
dfinitif des honoraires, objet de la contestation.
Pour procder cette valuation, il sassure dabord
112 ACCORD PRALABLE que les investigations de lexpert technique nont
Dans la mesure o le recours lexpert technique pas dpass le cadre de sa mission, tel que dfini
rsulte dun accord entre lemployeur et la majorit par laccord entre lemployeur et le comit dentre-
des membres lus du comit, rien ninterdit que prise ou par la dcision du TGI.
cet accord prvoit le montant des honoraires cor- Il dtermine ensuite le montant des honoraires en
respondant la mission dont il dfinit ltendue. fonction de limportance et de la nature de la mis-
Afin de dterminer le cot de lexpertise, il est sion. Il prend en compte notamment le travail
souhaitable que lexpert, pralablement tout fourni, sa complexit, sa qualit, les taux de fac-
commencement dexcution, tablisse une lettre turation pratiqus. Les rgles dgages par les juges
de mission arrtant approximativement la dure sur les honoraires de lexpert-comptable sont trans-
et le montant de ses honoraires. posables lvaluation des honoraires de lexpert
En pareil cas, lemployeur est li par ce montant technique (voir n 83).
fix. Cependant, sil considre que la mission na Les honoraires de lexpert constituant la rmu-
pas t excute selon les prvisions de laccord, nration du travail quil a fourni, il nappartient
il devra porter ce litige devant le prsident du tri- pas au juge, saisi pour statuer sur un dsaccord
bunal de grande instance. sur la ncessit de lexpertise, le choix de lex-
pert ou ltendue de sa mission, de fixer cette
occasion le montant des honoraires. (C. trav., art.
113 CONTESTATION PAR LEMPLOYEUR L. 2325-38). Il peut, en revanche, condition
Le prsident du tribunal de grande instance, sta- dtre saisi cette fin, allouer une provision
tuant en rfr, est comptent en cas de litige sur valoir sur la rmunration de lexpertise.

60 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


3
Les autres experts
Lexpert libre

Lexpert-comptable du comit de groupe

Lexpert judiciaire de gestion

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 61


Les experts du comit dentreprise

Le comit dentreprise a la possibilit de recourir dautres experts : lexpert libre, rmunr par le CE
pour la prparation de ses travaux ; lexpert de son choix, rmunr par lentreprise, en cas de fermeture
dun tablissement dans une entreprise dau moins 1 000 salaris, dans le cadre de lobligation pour
lemployeur de rechercher un repreneur ; et lexpert judiciaire de gestion dans certaines socits (socits
par actions, socits anonymes et SARL). Par ailleurs, le comit de groupe peut galement recourir
lassistance dun expert-comptable en vue de rendre intelligibles les documents, notamment comptables,
qui lui sont fournis.

LEXPERT LIBRE
Le comit dentreprise peut faire appel deux
types dexperts en fonction de la nature des mis-
sions qui leur sont confies : DSIGNATION
les uns interviennent pour des missions insti- 114 PRINCIPE
tutionnelles : ce sont lexpert-comptable dans les Sagissant de la dsignation de lexpert, les pro-
cas prvus larticle L. 2325-35 du Code du travail, blmes qui se posent concernent la qualit de
(voir n 1 et s.) et lexpert technique dans le cas celui auquel on veut avoir recours, la forme de
prvu larticle L. 2325-38 (voir n 86 et s.). Leurs la dsignation, lobjet prcis de la dsignation du
pouvoirs dinvestigation sont larges, aussi bien comit et linstitution pouvant recourir lexpert.
lgard des documents que des locaux auxquels
ils ont accs, et leur rmunration est acquitte
par lentreprise ; 115 QUALIT DE LEXPERT
Aucune condition nest exige de lexpert choisi
les autres interviennent pour des missions stric- par le comit pour laider dans la prparation de
tement contractuelles : le mandat confi au comit ses travaux.
dentreprise a pour objet dassurer lexpression Il peut sagir de toute personne ayant une com-
collective des salaris, permettant la prise en ptence particulire dans les domaines o il aura
compte permanente de leurs intrts dans les intervenir, notamment tout permanent ou col-
dcisions relatives la gestion et lvolution laborateur dune organisation syndicale, con-
conomique et financire, lorganisation du dition quil ne soit pas dsign ce titre mais
travail, la formation professionnelle et aux tech- compte tenu de ses qualits de juriste, de finan-
niques de production (C. trav., art. L. 2323-1). cier, de comptable, dconomiste, etc. dfaut
Cette mission lamne prsenter des vux dune telle comptence, la dsignation pourrait
loccasion des informations priodiques quil tre utilement critique car ne correspondant
reoit, et des avis pralablement aux dcisions pas lobjectif de larticle L. 2325-41 du Code
unilatrales de gestion intressant la vie du travail, qui est de permettre au comit, par le
conomique (C. trav., art. L. 2323-6) et les condi- recours une personne qualifie dexercer plus
tions de travail (C. trav., art. L. 2323-27). Dot efficacement les attributions conomiques et
pour ces activits de la personnalit civile (C. trav., socio-conomiques quil dtient, notamment en
art. L. 2325-1), il peut, en outre, afin de prparer vertu des articles L. 2323-6 et L. 2323-78 (Circ.
ses runions plnires, avoir recours tout expert DRT n 12, 30 nov. 1984).
de son choix (C. trav., art. L. 2325-41). Il peut Il peut sagir aussi bien dune personne salarie
rmunrer ce dernier puisquil dispose dun budget de lentreprise quextrieure celle-ci. Dans ce
annuel de fonctionnement gal 0,2 % de la masse dernier cas, elle peut tre aussi bien une personne
salariale brute (C. trav., art. L. 2325-43). physique quune personne morale exerant une
Le comit dentreprise peut faire appel tout expert activit conomique dans le domaine pour lequel
rmunr par ses soins pour la prparation de ses lexpertise savre ncessaire.
travaux. Le recours un expert donne lieu dlib- Les experts-comptables et les experts techniques
ration du comit. Lexpert choisi par le comit dispose peuvent tre choisis comme experts contractuels,
des documents dtenus par celui-ci. Il a accs au en particulier pour des missions de mme nature
local du comit et, dans des conditions dfinies par
accord entre lemployeur et la majorit des membres que celles auxquelles ils peuvent tre appels en
lus du comit, aux autres locaux de lentreprise application des articles L. 2325-35 L. 2325-37,
(C. trav., art. L. 2325-41). lorsque les conditions ne sont pas runies pour
que la mission puisse tre considre comme
institutionnelle. En pareil cas, et dune manire
gnrale, chaque fois quil est fait appel lun de

62 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

ces experts, ce dernier ne dispose que des moyens Tout dabord, le principe mme du recours un
et du statut des experts librement choisis, et non expert donne lieu dlibration du comit.
des moyens qui leur sont reconnus par la loi en Ensuite, il est procd au choix de la personne,
cas dexpertise obligatoire. physique ou morale (C. trav., art. L. 2325-41).
La dcision de recourir un expert est une rso-
lution du comit, prise en sance ordinaire, la
116 QUI PEUT RECOURIR LEXPERT ? majorit des membres prsents conformment
Entreprise structure complexe larticle L. 2325-18 du Code du travail (v. gale-
Les fonctions du comit dentreprise dans lordre ment Circ. DRT n 12, 30 nov. 1984).
conomique et professionnel tant exerces, en De mme, le comit choisit lexpert par une rso-
cas de structure complexe, aussi bien par le comit lution. La nature mme de la mission de lexpert,
dtablissement (dans les limites des pouvoirs savoir aider le comit exercer efficacement
du chef dtablissement qui le prside) que par ses fonctions dans lordre conomique (fonctions
le comit central dentreprise, le recours lex- dans lesquelles le comit agit en tant que dlga-
pert est possible, tant par le comit dtablissement tion du personnel), a ncessairement comme con-
que par le comit central dentreprise, mme si squence que le prsident ne participe au vote
larticle L. 2325-41 du Code du travail sur lexpert ni en ce qui concerne le principe du recours
ne vise que le comit dentreprise. De mme, le lexpert ni propos du choix de sa personne
comit commun constitu entre plusieurs socits (C. trav., art. L. 2325-18).
juridiquement distinctes peut recourir un expert, NOTER
ds lors quest constate lexistence dune unit En cas de dispositions conventionnelles, il est imp-
conomique et sociale. ratif pour le comit dentreprise de respecter les
La mission de lexpert est notamment condi- conditions de dsignation prvues. Si aux termes
tionne par la capacit de linstitution financer dun accord dentreprise, lemployeur doit tre in-
sa rmunration sur le seul budget de fonction- form du choix du comit de recourir un expert
nement. Ainsi se pose avec une certaine acuit la libre au plus tard le lendemain de la deuxime
difficult de rpartir ( dfaut de dispositions runion dinformation, et que le CCE len informe
au cours de la troisime runion, alors le CCE na
lgales dfinissant au moins une solution de droit pas respect laccord et ne peut donc pas demander
commun) la subvention de 0,2 % entre les deux au juge de suspendre la procdure sous prtexte
niveaux de reprsentation du personnel. quil y aurait un trouble manifestement illicite (Cass.
soc., 16 oct. 2013, n 12-17.484).
Carence de CE dans une entreprise
dau moins 50 salaris
Les dlgus du personnel peuvent tre amens,
en cas de carence du comit, exercer les missions 118 OBJET DE LA DSIGNATION
incombant au comit en matire conomique et La mission de lexpert est de faciliter la prpara-
professionnelle. Ils peuvent avoir recours aux tion des travaux du comit. Elle ne doit pas pour
experts rmunrs par lemployeur dans les condi- autant tre obligatoirement ponctuelle, cest--
tions prvues aux articles L. 2325-35 et suivants dire lie un ordre du jour et aux questions qui
(C. trav., art. L. 2313-13). y figurent. On peut trs bien concevoir une mis-
Ils peuvent galement recourir aux experts pour sion dure dtermine ou indtermine, por-
des missions contractuelles ds lors quils dis- tant sur toutes les questions de la comptence
posent dun budget de fonctionnement en appli- de lexpert mises lordre du jour des runions
cation de larticle L. 2313-13 alina 6 du Code du comit dans ce mme temps.
du travail : Le budget de fonctionnement dont En tout tat de cause, si la mission faisant lobjet dun
le montant est dtermin larticle L. 2325-43 contrat avec lexpert est permanente, le changement
est gr conjointement par lemployeur et les de majorit au sein du comit ne peut pas tre consi-
dlgus du personnel. dr comme une cause de rupture anticipe licite des
Ce texte peut toutefois tre source de difficults relations avec lexpert, sauf pour ce dernier. Il peut,
en effet, arrter son intervention ds que le climat de
dans la mesure o la gestion est conjointe avec confiance et son indpendance ne sont plus garantis.
lemployeur, et non autonome.
notre avis, la notion de gestion conjointe ne peut La seule limite la fixation par le comit de lobjet
empcher les dlgus du personnel de recourir un de la mission est quelle se rapporte strictement
expert pour une mission contractuelle. Elle signifie aux attributions de linstitution en matire co-
simplement quils doivent tenir compte de lavis de nomique, professionnelle et sociale. En outre,
lemployeur (exprim en pratique par un vote) pour les honoraires peuvent tre acquitts par prlve-
laffectation dune partie du budget une telle dpense.
ment sur le seul budget de fonctionnement. Il
ne faut pas, cependant, que le recours de tels
organismes dtourne le budget de fonctionnement
117 FORME DE LA DSIGNATION de son objet. Tel serait le cas si lorganisme en
La dsignation de lexpert intervient en deux question a comme mission une assistance lacti-
temps. vit syndicale.

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 63


Les experts du comit dentreprise

CONTENU DE LA MISSION DURE DE LA MISSION


119 PRINCIPE 120 AUCUN DLAI
La mission de lexpert libre doit simplement sins- Aucune disposition nimpose un dlai minimum
crire dans le cadre des fonctions exerces par le ou maximum. Cest au comit dentreprise de le
comit en matire conomique et profession- fixer.
nelle, telles que ces fonctions sont dfinies, pour
lessentiel, aux articles L. 2323-6 L. 2323-78 du
Code du travail, ce qui relve dun domaine trs
large.
dfaut, la dcision du comit dentreprise serait
critiquable et pourrait tre annule par dcision
judiciaire. Ce serait alors le tribunal de grande MOYENS MIS EN UVRE
instance statuant selon le droit commun qui 121 PRINCIPE
aurait connatre du litige et non le prsident de Contrairement aux experts requis pour des
ce tribunal statuant en la forme des rfrs. En missions institutionnelles dont les pouvoirs
revanche, en fonction de lurgence, la voie du dinvestigation sont largis, lexpert choisi par
rfr est, bien sr, possible. Cette action pour le comit dentreprise pour laider dans la pr-
annulation pourrait tre intente mme si lexpert paration de ses travaux ne peut tendre son ac-
nest pas rmunr pour la mission quil effectue, tion au-del des propres limites du comit. Cette
ds lors que cette dernire se situe en dehors du diffrence de traitement tend dmontrer que,
cadre de comptence du comit. pour le lgislateur, laction mene par lexpert-
Le texte de larticle L. 2325-41 du Code du travail comptable ou par lexpert technique, bien quini-
prcisant que le comit peut faire appel tout tie par le comit dentreprise, sinscrit dans
expert pour la prparation de ses travaux , ne lintrt gnral de lentreprise. Au contraire,
doit pas tre interprt strictement. Si un tel le caractre contractuel de la mission dexpert
recours doit donner lieu dlibration du comit libre, prvue par larticle L. 2325-41, fait que
dentreprise , il nest pas, notre avis, ncessaire celle-ci nest destine qu faciliter la dfense
de trouver dans lordre du jour de la runion o des intrts particuliers des salaris pris collec-
la dcision est prise, la justification prcise du tivement.
mandat de lexpert.
Par travaux du comit, il y a lieu dentendre
lensemble des tches auxquelles ses membres 122 ACCS AUX DOCUMENTS ET AUX LOCAUX
sont convis pour assurer efficacement les attri- Lexpert choisi par le comit dispose des docu-
butions de linstitution. ments dtenus par celui-ci. Il a accs au local du
De la mme manire que la formation co - comit dentreprise et, dans des conditions dfinies
nomique initiale doit aider la comprhension par accord entre lemployeur et la majorit des
des mcanismes conomiques et financiers, le membres lus du comit, aux autres locaux de
recours par le comit dentreprise aux services lentreprise (C. trav., art. L. 2325-41 al. 3).
dun expert afin davoir un clairage permanent
sur tel ou tel problme de sa comptence corres- Documents
pond bien lobjet assign son recours par Lexpert choisi par le comit dentreprise dispose
larticle L. 2325-41. des documents dtenus par ce dernier.
Sur dcision du comit, la mission de lexpert Mme si rien nest prvu sur le sujet dans le Code
peut tre dassister dans son travail toute com- du travail, rien ninterdit quune rgle instaure
mission cre par lui, en particulier les commis- dans lentreprise permette laccs dautres docu-
sions obligatoires lgalement ou conventionnelle- ments dans lintrt de la mission de lexpert.
ment, parmi lesquelles, bien sr, la commission Au demeurant, elle sinscrirait dans lesprit de
conomique, dans les entreprises dont leffectif larticle L. 2325-4, do il rsulte que les rgles
justifie sa mise en place. du Code du travail relatives au fonctionnement
notre sens, le comit peut aussi, en application de ou aux pouvoirs du comit dentreprise, ne font
larticle L. 2325-41, demander un expert libre de pas obstacle aux dispositions conventionnelles
vrifier les comptes relatifs ses activits sociales et ou aux usages plus favorables en la matire.
culturelles. En effet, le comit dentreprise est charg
de la gestion annuelle des activits sociales et cultu- Locaux
relles (C. trav., art. R. 2323-21).
Local du comit dentreprise
Lexpert a un accs de droit au local du comit
dentreprise et tous les autres locaux qui lui sont
attribus. Lemployeur ne saurait en interdire
laccs.

64 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

Autres locaux proccupante la situation conomique de lentre-


Par accord collectif ou usage, il est possible prise, C. trav., art. L. 2323-78), lemployeur ne
dtendre la facult daccder, pour lexpert, devrait pas avoir les prsenter comme telles
dautres locaux que ceux du comit dentreprise pour que lobligation de discrtion soit respecte.
(C. trav., art. L. 2325-4). Cependant afin dviter tout problme, il est
Il nous semble donc que lemployeur doit nces- souhaitable que lemployeur le prcise ou le
sairement engager une ngociation avec les rappelle autant que ncessaire.
reprsentants lus du comit en vue de dfinir
dans quelles conditions laccs aux autres locaux
de lentreprise est possible. Toutefois cette obli-
gation de ngocier nest pas une obligation de
conclure.
Le but de cette ngociation, qui nous parat obli-
gatoire, est de prciser les rgles respecter par
lexpert libre, compte tenu des spcificits de lentre- RMUNRATION
prise considre (non-divulgation des secrets de 125 PRINCIPE
fabrication auxquels cet expert aurait accs, heures Cest au comit dentreprise quil revient de rmu-
pendant lesquelles il exercera sa mission, modalits nrer les services de lexpert dont il sest dot
de ses dplacements lintrieur de lentreprise, etc.). pour des missions autres quinstitutionnelles,
donc pour la prparation de ses travaux.
Le montant de lexpertise est tabli et ngoci entre
123 PARTICIPATION LA RUNION DU CE CONSACRE lexpert et le comit dentreprise. Le cot peut se
LEXAMEN DU RAPPORT traduire en honoraires si lexpert intervenant est
Lexpert libre peut assister la runion du comit un travailleur indpendant ou relevant dune pro-
dentreprise consacre lexamen de la question fession librale, ds lors quil nest pas dans un tat
sur laquelle il a tabli son rapport si la majorit de subordination lgard du comit. Lexpertise
des membres le souhaite et si lemployeur ne sy peut galement tre rgle en tant que salaire si
oppose pas (Cass. soc., 22 nov. 1988, n 86-13.368P ; lexpert est bnficiaire dun contrat dure dter-
Cass. crim, 26 avr. 1988, n 86-93.566P). mine dont le motif est lexcution dune tche
occasionnelle prcisment dfinie et non durable.
Il doit affecter le cot de lexpertise sur son budget
124 RESPECT DU SECRET PROFESSIONNEL de fonctionnement (C. trav., art. L. 2325-43) et
ET DE LOBLIGATION DE DISCRTION non sur celui des activits sociales et culturelles.
Dans lexercice de ses missions, lexpert libre est Il est possible quil y ait contentieux sur le montant
soumis aux rgles de secret professionnel en ce qui des honoraires entre le comit et son expert. Si,
concerne les procds de fabrication et dobligation en revanche, la majorit des membres du comit
de discrtion lgard des informations prsentant accepte le prix demand, on voit mal comment
un caractre confidentiel et donnes comme telles une action pourrait tre engage par lemployeur
par lemployeur ou par son reprsentant. ou par les dlgus hostiles cette dcision.
Les membres du comit dentreprise sont soumis Le contentieux, dfaut de dispositions exorbi-
ces obligations (C. trav., art. L. 2325-5). tantes du droit commun, relve du tribunal de
Concernant lobligation de discrtion, certaines grande instance qui est le juge comptent. En cas
informations tant par nature confidentielles (par durgence, la procdure classique des rfrs est
exemple, celles de nature affecter de manire toujours possible.

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 65


Les experts du comit dentreprise

Lexpert libre en cas de recherche dun repreneur

Les entreprises dau moins 1000 salaris qui envisagent de fermer Sagissant des documents extrieurs lentreprise concerne
un tablissement doivent au pralable rechercher un repreneur, par la fermeture dun tablissement, une distinction apparat
lorsque cette fermeture aurait pour consquence un projet de li- selon quil sagit dun expert-comptable ou dun autre expert.
cenciement collectif (C. trav., art. L. 1233-57-9 et s.). Le comit Lexpert-comptable peut, en effet, en application de larticle
dentreprise est inform sur le projet de fermeture de ltablissement L. 2325-37 du Code du travail, avoir accs aux documents de
et sur les actions que lemployeur envisage pour trouver un repre- toutes les socits intresses par lopration, alors que ce nest
neur. Il est ensuite consult sur les offres de reprise, et peut galement pas le cas dun autre type dexpert, ce qui devrait alors cantonner
participer la recherche dun repreneur. Dans ce cadre, le comit les documents accessibles ceux mis disposition par les repre-
dentreprise peut recourir lassistance dun expert-comptable (voir neurs potentiels.
p. 30) ou lexpert de son choix rmunr par lentreprise. Toutefois, larticle L.1233-57-16 du Code du travail prvoit que
NOTER
si le comit dentreprise souhaite participer la recherche dun
repreneur, il aura accs aux documents dfinis 4 6 de larticle
Lorsque le comit dentreprise recourt lassistance
L. 1233-57-14. Ainsi le comit dentreprise aura accs :
dun expert, lemployeur en informe sans dlai lautorit
administrative (C. trav., art. L. 1233-57-17). toutes informations ncessaires aux entreprises candidates la
La consultation relative ce projet de fermeture ncessite parmi reprise de ltablissement, exceptes les informations dont la com-
les informations transmises au comit dentreprise que soit indiqu munication serait de nature porter atteinte aux intrts de lentreprise
aux reprsentants du personnel le droit de recourir un expert ou mettrait en pril la poursuite de lensemble de son activit ;
(C. trav., art. L. 1233-57-10). aux offres de reprise reues ;
aux rponses motives chacune des offres de reprise reues.
Ces documents sont donc la disposition de lexpert du comit
Missions dentreprise.
La mission de lexpert consiste (C. trav., art. L. 1233-57-17) :
analyser le processus de recherche du repreneur, sa mthodologie
et son champ ; Accs dans lentreprise
apprcier les informations mises disposition des repreneurs dfaut de dispositions particulires le prvoyant expressment,
potentiels ; lexpert qui na pas la qualit dexpert-comptable ne parat avoir
tudier les offres de reprise ; accs quaux seuls locaux du comit dentreprise.
apporter son concours la recherche dun repreneur par le
comit dentreprise et llaboration des projets de reprise.
Dlais dexpertise
Lexpert prsente son rapport dans les dlais prvus larticle
Documents accessibles L. 1233-30 du Code du travail (C. trav., art. L. 1233-57-17).
Ces missions postulent donc la transmission de documents dtenus
par lentreprise, mais galement mis la disposition par les ventuels
repreneurs.

66 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

LEXPERT-COMPTABLE
DU COMIT DE GROUPE
lexpert du comit dentreprise (J. Auroux, JO Db.
Ass. nat., 8 juin 1982, p. 3133).
MISSION La circulaire DRT n 6 du 28 juin 1984 prcise : Le
comit de groupe peut, comme le comit dentreprise
126 IDENTIT DE MISSION loccasion de lexamen annuel des comptes, se faire
AVEC LEXPERT-COMPTABLE DU CE assister dun expert-comptable de son choix. Ce der-
Rendre intelligibles les informations nier est rmunr par la socit dominante.
Comme le comit dentreprise, le comit de groupe Sagissant des rgles relatives la mission de lexpert-
reoit des informations sur lactivit de lensemble comptable et laccs aux documents, les prcisions
apportes dans la circulaire relative au comit dentre-
conomique dont il a en charge la reprsentation prise sont galement valables, en tenant compte tou-
des salaris. Ainsi, tout comme le comit dentre- tefois du fait que lexpert-comptable du comit de
prise, il peut recourir lassistance dun expert- groupe intervient au niveau de la socit dominante
comptable en vue de rendre intelligibles les et des autres entreprises constitutives du groupe.
documents, notamment comptables, qui lui sont
fournis. Quel que soit son volume, linformation Position doctrinale
natteint son objectif que si elle est la fois com- Plusieurs auteurs estiment que ce mode de raison-
prise et crdible. Tel est le but poursuivi par le nement est conforme la logique du texte.
lgislateur au travers de la possibilit, pour ces La loi utilise les mmes termes que pour lexpert-
institutions reprsentatives du personnel, de comptable du comit dentreprise et il y a lieu,
recourir un expert-comptable pour des missions logiquement, dappliquer les mmes principes :
institutionnelles. libre choix de lexpert par le comit de groupe
De ce but identique dcoulent des convergences votant la majorit ; assistance, non seulement
entre la mission de lexpert-comptable du comit au cours des runions, mais aussi en dehors des
dentreprise et celle de lexpert du comit du runions afin de prparer celles-ci, examen appro-
groupe. Pour lexercice des missions prvues fondi de la situation du groupe, etc. (M. Cohen,
par larticle L. 2332-1, le comit de groupe peut L. Milet Le droit des comits dentreprise et des
se faire assister par un expert-comptable. Celui- comits de groupe LGDJ, 11e d., 2015, p. 211).
ci est rmunr par lentreprise dominante. Pour Les litiges relatifs la dsignation dexperts-
oprer toute vrification ou tout contrle entrant comptables du comit de groupe appellent le
dans lexercice de ces missions, lexpert-comptable respect des mmes normes que ceux de la nomi-
a accs aux mmes documents que les commis- nation de lexpert-comptable du comit dentre-
saires aux comptes des entreprises constitutives prise (B. Teyssi, Juris. Classeur, Dr. trav., Fasc.
du groupe (C. trav., art. L. 2334-4). 15-50, n 134).
La lecture compare de ce texte avec celui des
articles L. 2325-35 et suivants du Code du travail
fait ressortir des similitudes dans leur rdaction, 127 EXCEPTION : DIFFRENCES LIES LA NATURE
sur le principe mme du recours lexpert-comp- DU COMIT DE GROUPE
table, de sa rmunration et des moyens dexer- Nanmoins, les diffrences sensibles existent entre
cice de sa mission. les deux types de mission.
On notera cependant que larticle L. 2334-4 est muet Elles sexpliquent par le fait que le contenu de la
sur le domaine dintervention de lexpert-comptable, mission de lexpert-comptable doit sapprcier
son mode de dsignation et de rmunration, ainsi par rfrence aux attributions du comit de
que sur les modalits de rsolution des litiges sus- groupe, qui sont diffrentes et moins vastes que
ceptibles dintervenir en la matire. celles du comit dentreprise dans lordre
LAdministration du travail, lOrdre des experts- conomique et social. Le comit de groupe a un
comptables et la doctrine ont pris le parti dune iden- rle de rception de linformation, alors que le
tit de principe de lexercice de la mission de lexpert
du comit dentreprise et du comit de groupe.
comit dentreprise doit, en plus de cette mission,
donner des avis pralablement certaines dci-
sions. Toutefois les informations fournies se
Position ministrielle situant au niveau du groupe, ses attributions ont
Le ministre du Travail indique que le choix de un domaine gographique plus tendu (Yves
lexpert-comptable relve dune dcision du comit Chauvy, Avocat gnral la Cour de cassation,
de groupe et que les litiges relatifs sa dsignation Le comit de groupe et son expert-comptable ,
appellent la mme procdure que ceux concernant RJS 1/95 p. 7).

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 67


Les experts du comit dentreprise

Sur le plan des textes, la situation est paradoxale


puisque contrairement larticle L. 2325-35 qui
dfinit les missions de lexpert-comptable du DSIGNATION
comit dentreprise de faon exhaustive et prcise,
larticle L. 2334-4 du Code du travail est trs 130 PRINCIPE
gnral et calque lobjet de lintervention de lex- La dcision de recours un expert-comptable doit
pert-comptable sur le rle du comit de groupe. tre prise la majorit des membres prsents du
Or, le comit de groupe a pour mission dtre comit dentreprise. Les articles L. 2334-1 et sui-
inform : vants du Code du travail, qui dfinissent les rgles
sur lactivit, la situation financire, lvolution et de fonctionnement du comit de groupe nexigent
les prvisions demploi annuelles ou pluriannuelles pas, comme le prvoit larticle L. 2325-18 pour le
et sur les actions ventuelles de prvention envisages comit dentreprise, que le prsident sabstienne
compte tenu de ces prvisions dans le groupe et dans de participer au vote lorsquil consulte les membres
chacune des entreprises qui le composent ; lus du comit en tant que dlgation du personnel.
dans les domaines cits ci-dessus, des perspectives Le prsident ne prend pas pour autant part au vote
conomiques du groupe pour lanne venir ; ni sur le principe du recours lexpert ni sur le
du dpt de toute offre publique dachat ou choix du candidat retenu.
dchange dont fait lobjet lentreprise dominante. La dsignation de lexpert-comptable ne soulve
La mission de lexpert-comptable est dclairer les aucune difficult particulire, notamment sur la
membres du comit de groupe en leur facilitant la dure du mandat. Le choix du comit peut porter
comprhension des comptes (Cass. soc., 10 fvr. sur nimporte quel professionnel condition quil
2000, n 98-15.623).
soit inscrit lOrdre. Lintress peut tre choisi
parmi les experts ayant dj un ou plusieurs man-
dats, en application de larticle L. 2325-35, auprs
128 DES INFORMATIONS SUR CHAQUE SOCIT de comits dentreprise de socits appartenant
DU GROUPE au groupe.
Le fait que les informations recueillies par le
comit de groupe concernent lensemble et cha-
cune des entreprises qui composent le groupe
sparment, a ncessairement une incidence sur
les moyens dexercice de la mission. En parti-
culier, lexpert du comit de groupe peut avoir
exercer ses investigations dans des locaux dif- MOYENS DACTION
frents. Autre diffrence : la nature des docu- 131 DOCUMENTS
ments. En effet, lorsque des comptes consolids Pour exercer sa mission, lexpert-comptable du
sont tablis au niveau du groupe, le comit les comit de groupe a accs aux mmes documents
reoit et la mission de lexpert-comptable est que les commissaires aux comptes (C. trav., art.
alors de les rendre intelligibles. Sagissant des L. 2334-4, al. 2). Les obligations des entreprises rela-
informations synthtiques reues par le comit tives la disponibilit des documents simposent
de groupe, lanalyse de lexpert porte sur un rap- dans leurs relations avec lexpert-comptable et visent :
port de la socit dominante qui, normalement, la socit dominante, en particulier lorsquelle
ne devrait pas poser de difficult de comprhen- tablit des comptes et un bilan consolid, donc
sion, pas davantage, en tout cas, que le rapport quun rapport est dress par un commissaire aux
annuel dactivit prsent au comit dentreprise comptes ;
indpendamment de la communication des docu- les autres socits appartenant au groupe, soit
ments comptables. de droit (filiales) parce que la socit dominante
y dtient plus de 50 % du capital, soit lorsque le
comit a pris linitiative, accepte par la direction
129 ABSENCE DE BUDGET ou sanctionne par dcision judiciaire, de solliciter
DE FONCTIONNEMENT sa reprsentation au sein du groupe lorsque la par-
Le fait que le comit de groupe ne dispose pas ticipation au capital est comprise entre 10 et 50 %.
dun budget de fonctionnement, bien que la per- NOTER
sonnalit civile lui ait t reconnue (Cass. soc., Le juge peut vrifier la ncessit des documents de-
23 janv. 1990, n 86-14.947P), lempche a priori mands au regard de la mission confie et sanctionner
de missionner lexpert-comptable au-del de sa tout abus de droit caractris (Cass. soc., QPC 12 sept.
mission lgale, faute de moyens pour le rmu- 2013, n 13-12.200P).
nrer. Cette situation engendre des contentieux
sur ltendue de cette mission, qui dpasse le strict Tous documents disponibles
cadre de la comptabilit. dans le groupe
Nature des documents
Comme le commissaire aux comptes, lexpert-
comptable du comit de groupe peut se faire com-

68 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

muniquer les comptes consolids, les documents En revanche, pas plus que lexpert du comit
permettant de vrifier, outre les valeurs et docu- dentreprise, celui du comit de groupe ne peut
ments comptables, la sincrit et la concordance, exiger que les documents lui soient adresss.
avec les comptes annuels et les comptes con- Son seul droit est de les consulter sur place.
solids, des informations contenues dans les
rapports respectifs de gestion de la socit et du
groupe. Au surplus, il peut se faire communiquer 132 LOCAUX, OBLIGATION DE DISCRTION
sur place toutes les pices quil estime utiles ET SECRET PROFESSIONNEL
lexercice de sa mission et notamment tous Contrairement ce que prvoit larticle L. 2325-39
contrats, livres, documents comptables et registres du Code du travail pour lexpert du comit dentre-
de procs-verbaux, tant auprs de la socit, des prise, larticle L. 2334-4 ne dispose pas que lexpert
socits mres ou filiales, que pour des comptes du comit de groupe a accs aux locaux de lentre-
consolids, auprs de lensemble des entreprises prise. La logique impose toutefois de ladmettre,
comprises dans la consolidation. dans la mesure o laccs aux documents (qui,
lui, est prvu expressment) ne pourrait, dfaut,
Nature de la mission tre effectif.
Sil a accs aux mmes documents que les com- De mme, il est logique dtendre lexpert du
missaires aux comptes des diffrentes socits comit de groupe les rgles relatives lobligation
composant le groupe, cest ncessairement avec de discrtion et au secret professionnel prvus
les rserves lies la finalit spcifique de la larticle L. 2325-5 du Code du travail.
mission. En effet, celle-ci consiste faciliter la
comprhension par les membres du comit de
groupe des informations qui leur sont donnes
sur lactivit, la situation financire et lvolution
de lemploi ainsi que, sils sont tablis, des comptes
et bilans consolids et du rapport du commissaire
aux comptes correspondant.
Les attributions de lexpert-comptable au niveau TENDUE DU POUVOIR
du groupe doivent permettre de mieux clairer DINVESTIGATION
le comit de groupe dans lexercice de son pouvoir
et de ses attributions. En cela, elles sont diffrentes 133 MARGE DE MANUVRE DE LEXPERT
de celles du commissaire aux comptes qui sont La mission de lexpert-comptable du comit
de certifier les comptes du groupe. dentreprise est justifie par la ncessit de rendre
intelligibles des documents comptables et finan-
Documents dentreprises extrieures ciers (bilans, comptes de rsultats, annexes, rap-
Plus dlicate est la question de savoir si, indirecte- ports du commissaire aux comptes) que le comit
ment, lexpert-comptable du comit de groupe reoit, comme tout actionnaire.
peut avoir accs des lments dinformation co- Le comit de groupe reoit galement des infor-
nomique dentreprises qui ne se situent pas dans mations spares sur chacune des socits com-
le primtre du comit de groupe, mais dans celui posant le groupe. Ceci justifie sans doute laccs
de la consolidation des comptes du groupe, y com- aux mmes documents, dans chacune des socits,
pris lorsquil sagit de certaines filiales trangres. que ceux auxquels le commissaire aux comptes
Lorsque les comptes consolids nenglobent pas peut prtendre.
les mmes socits que celles faisant partie du La mission tant de mme nature que celle de
groupe, il convient de fournir lexpert les docu- lexpert du comit dentreprise, il ny a aucune rai-
ments comptables tels quils sont tablis. En effet, son de ne pas adopter pour lexpert-comptable du
il ny a pas lieu de procder une consolidation comit de groupe la mme interprtation restrictive
spcifique qui ne comprendrait que les socits de ses pouvoirs dinvestigation. Soutenue par une
faisant partie du groupe au sens de larticle partie de la doctrine et admise par la jurisprudence,
L. 2331-1 du Code du travail (Circ. DRT, n 6, cette interprtation est inspire de la mission pda-
20 juin 1984). gogique de lexpert-comptable. Il sagit dclairer
La Cour de cassation reconnat lexpert-comptable le comit sur la situation exacte de lensemble du
le droit de consulter, auprs de la socit dominante, groupe et de chaque socit sparment. Ds lors,
les lments dtenus par elle concernant lensemble le Conseil suprieur de lOrdre peut trs bien affir-
des entreprises franaises et trangres comprises mer que cette mission doit tre conduite dans le
dans ltablissement des comptes consolids. En mme esprit que celui qui prside la mission
effet, lexpert-comptable du comit de groupe a dexamen des comptes annuels pour un comit
accs aux mmes documents que les commissaires dentreprise (Guide des missions de lexpert-comp-
aux comptes des entreprises constitutives du groupe table dassistance au comit dentreprise, prvues par
dont la comptence stend toutes les entreprises la loi et le rglement, dition 2014, p. 111).
comprises dans la consolidation (Cass. soc., 6 dc. On peut, dans ces conditions, sinterroger sur lint-
1994, n 92-21.437P). rt quil peut y avoir, pour lexpert-comptable du

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 69


Les experts du comit dentreprise

comit de groupe, solliciter des documents dune


socit lorsque le comit dentreprise a dj fait La rmunration de lexpert du comit de groupe
raliser un rapport par un expert-comptable, en est de mme nature que celle prvue pour lexpert
application de larticle L. 2325-35 du Code du tra- du comit. De mme, lexpert du comit de groupe
vail. Cette investigation par lexpert du comit de est tenu, pour la fixation du montant de ses hono-
groupe devrait tre justifie, non par lintelligence raires, aux mmes impratifs que son confrre
des comptes de la socit, puisque les comptes ont travaillant pour le comit dentreprise.
dj t clairs, mais par une exigence suppl- Si les articles L. 2325-40 et R. 2325-7 du Code
mentaire ncessitant davoir accs tel ou tel docu-
ment.
du travail donnent comptence au prsident du
tribunal de grande instance, statuant en la forme
des rfrs, pour rgler les litiges sur la rmun-
ration de lexpert-comptable du comit dentre-
prise, rien de semblable nest prvu par larticle
L. 2334-4 concernant lexpert-comptable du
comit de groupe. Ds lors que les conditions
dutilisation de la procdure durgence sont ru-
RMUNRATION nies, comptence doit tre donne au prsident
134 LA CHARGE DE LEMPLOYEUR du tribunal de grande instance (Cass. soc., 13 dc.
Comme pour les experts du comit dentreprise 1994, n 92-12.671).
investis de missions institutionnelles, lexpert Le refus persistant et injustifi de lemployeur
choisi par le comit de groupe pour analyser les de rgler les honoraires dus peut, comme la
informations reues par le comit et les rendre Cour de cassation le juge pour lexpert du comit,
intelligibles est rmunr par lemployeur. constituer un dlit dentrave. Les peines prvues
Cest lentreprise dominante, dfinie par larticle larticle L. 2328-1 sappliquent aux entraves au
L. 2331-1 du Code du travail et dont le dirigeant fonctionnement rgulier du comit de groupe
de droit est prsident du comit de groupe, (C. trav., art. L. 2335-1 : emprisonnement de un an
quincombe cette obligation. et amende de 3 750 euros).

70 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Les experts du comit dentreprise

LEXPERT JUDICIAIRE DE GESTION


Dans les socits par actions, dans les socits Celle-ci est prsente par voie dassignation devant
anonymes et dans les SARL, le comit dentreprise le prsident du tribunal de commerce statuant
peut demander au tribunal de commerce, statuant en la forme des rfrs.
en la forme des rfrs, la dsignation dun ou de NOTER
plusieurs experts chargs de prsenter un rapport Le comit dentreprise ne peut diriger sa demande
sur une ou plusieurs oprations de gestion. Cette qu lencontre de la socit dont il assure la repr-
expertise a pour objet dobtenir des claircisse- sentation du personnel (Cass. soc., 10 sept. 2013,
ments sur la lgalit et lopportunit dune ou n 12-16.509P).
plusieurs oprations de gestion dcides par les
dirigeants dune entreprise.
En fonction des rsultats de la mission, la proc- 136 CONDITIONS DE FOND
dure dalerte peut tre dclenche. Primtre de la mission
Seuls les actes de gestion accomplis par les
dirigeants peuvent faire lobjet dune expertise de
gestion, cest--dire ceux rsultant des conseils
dadministration, des grants, du directoire. Au
contraire, les actes pris par lassemble des associs
ne peuvent tre soumis lexpert de gestion (Cass.
com., 12 janv. 1993, n 90-21.899).
DSIGNATION Lexpertise tend faire obtenir des informations
135 CONDITIONS DE FORME sur une ou plusieurs oprations de gestion pr-
Seuls les comits constitus au sein des socits cisment dfinies. Si la demande porte sur une
anonymes (C. com., art. L. 225-231), des socits opration complexe, lexpertise doit pouvoir
en commandite par actions (C. com., art. L. 226-1), porter sur lensemble du processus, en tenant
des socits par actions simplifies (C. com., art. compte de son aspect financier et conomique.
L. 227-1) et des socits responsabilit limite Est indiffrent le point de savoir si la mesure
(SARL) (C. com., art. L. 223-37) peuvent solliciter dexpertise porte ou non atteinte lintrt social
du tribunal la dsignation dun expert de gestion. (Cass. soc., 10 sept. 2013, n 12-16.509P).
Hormis dans ces structures, aucun expert de gestion Elle peut avoir pour objet de remettre en cause
ne peut tre dsign par un comit dentreprise. la totalit de la gestion. Elle peut, en revanche,
En effet, selon la Cour de cassation si la possibilit concerner des actes de gestion dj accomplis ou
pour les comits dentreprise de socits anonymes de simples projets (Cass. com., 21 oct. 1997,
de demander une expertise de gestion [] a t n 95-17.904P).
tendue par la loi aux socits responsabilit limi-
te et aux socits par actions simplifies, ces exten- Caractre exceptionnel
sions nont pas concern dautres types de socits En raison du caractre drogatoire aux rgles
ou de personnes morales, quel que soit le caractre gnrales de fonctionnement des socits, lexper-
commercial ou non des activits de celles-ci tise doit tre exceptionnelle. Les intrts du deman-
(Cass. com., 30 nov. 2004, n 01-16.274). deur doivent tre menacs loccasion dune opra-
La demande est faite par le comit, ce qui suppose tion de gestion dtermine et suspecte.
une dcision collgiale, prise sous forme de rso- Le demandeur doit fournir des prsomptions
lution en sance plnire, la majorit des mem- suffisantes pour tablir lutilit de lexpertise.
bres prsents. Le prsident du comit na pas
participer au vote. Il convient aussi, selon les Caractre contestable de lopration
mmes formes, de dsigner la personne charge de gestion
de reprsenter le comit. Les actes de gestion incrimins doivent avoir un
Laction judiciaire est faite en application des caractre contestable. En effet, il convient de
articles L. 223-37 et L. 225-231 du Code de rechercher si les actes en question sont conformes
commerce. Elle est ralise par un mandataire lintrt de la socit et tendent bien la rali-
ad hoc spcialement dsign cet effet. Le man- sation de lobjet social.
dat de reprsenter le comit dentreprise est
souvent donn son secrtaire. La demande ne Caractre non subsidiaire de laction
peut pas, notre sens, tre prsente par celui- Le comit dentreprise na pas dmontrer que
ci (ou tout autre mandataire) tant que le procs- tous les moyens dinformation lgaux et statutaires
verbal relatant le vote du comit favorable la ont t puiss, avant de pouvoir exercer laction
dsignation dun expert de gestion na pas t tendant demander lexpertise de gestion (Cass.
adopt. com., 21 oct. 1997, n 95-17.904P).

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 71


Les experts du comit dentreprise

Mais, mme si la demande remplit toutes les le dbiteur des honoraires : la dcision de justice
conditions de recevabilit exiges par la loi, la peut mettre les honoraires la charge de la socit
dsignation dun expert ne simpose pas au juge. (voir n 139).
Sil procde la dsignation, le tribunal est juge
du choix de la personne et nest pas tenu par le
respect dune liste dexperts judiciaires. Son seul
critre est destimer que la personne est comp-
tente. Puisquil sagit de contrler des oprations
de gestion, il est possible destimer que le choix
se portera souvent sur un expert-comptable ou
sur un commissaire aux comptes. RAPPORT
138 RDACTION DUN RAPPORT
Lopration dexpertise se termine par la produc-
tion dun rapport qui est destin au comit dentre-
prise, non seulement lorsquil est demandeur mais
aussi lorsque le tribunal de commerce a t saisi
par les actionnaires ou porteurs de parts mino-
ritaires ou par le ministre public.
MISSION DEXPERTISE Ce rapport est annex au rapport du commissaire
137 PRINCIPE aux comptes. Il est, de ce fait, prsent la pro-
La dcision de justice qui fait droit la demande chaine assemble gnrale des actionnaires.
doit dterminer :
le nombre dexperts dsigns : le comit dentre-
prise est habilit solliciter la dsignation dun
ou de plusieurs experts. Le prsident du tribunal
de commerce choisit la personne de son choix
en qualit dexpert ;
ltendue de la mission : la ncessit de ne pas
faire porter lexpertise sur lensemble de la gestion RMUNRATION
oblige, de fait, le juge ne confier lexpert quune 139 PRINCIPE
mission limite en rapport avec la ou les opra- Larticle L. 223-37 (concernant les SARL) et
tions de gestion incrimines; larticle L. 225-231 (concernant les socits ano-
les pouvoirs dinvestigation de lexpert pour nymes) du Code de commerce prvoient que la
mener bien la mission qui lui est confie : il dcision de justice peut mettre les honoraires
sagit notamment des documents qui peuvent la charge de la socit.
tre consults, comme les contrats, livres, dfaut, le comit dentreprise pourrait indis-
documents comptables, registres de procs- cutablement, pour payer les honoraires de lexpert,
verbaux, etc. Ces documents devant tre consul- puiser dans son budget de fonctionnement ali-
ts sur place, les modalits daccs aux locaux ment par la contribution spcifique de 0,2 % de
doivent tre dtermines; la masse salariale qui lui est verse par lemployeur
les dlais de la mission dexpertise puisque, par (C. trav., art. L. 2325-43).
nature, elle ne peut pas tre permanente ds lors En ce qui concerne les autres frais de procdure,
quelle porte sur des actes bien dlimits de ils sont acquitts par le comit dentreprise, sauf
gestion ; dcision contraire spcialement motive (C. proc.
le montant des honoraires ; civ., art. 696).

72 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


ZOOM
Droit dalerte conomique
du comit dentreprise
Lorsque la situation conomique de lentreprise savre proccupante, le comit dentreprise a la possibilit
dexercer un droit dalerte (C. trav., art. L. 2323-78 et s.). Cette procdure permet au comit de demander
des explications lemployeur sur un ou des faits proccupants, dlaborer un rapport et de saisir les
organes dirigeants de lentreprise qui sont alors tenus de lui donner une rponse motive. En cas de
carence du comit dentreprise, cette procdure peut tre dclenche par les dlgus du personnel (C.
trav., art. L. 2313-14). Le CE est ainsi, linstar du commissaire aux comptes (C. com., art. L. 234-1),
un acteur institutionnel dans le cadre de la prvention des difficults de lentreprise. Le droit dalerte
confr au comit dentreprise permet le recours lassistance dun expert-comptable (C. trav., art.
L. 2323-79).

Cas o le droit dalerte EXEMPLES


est possible Difficults financires
Le comit dentreprise peut trouver des lments
MULTIPLICIT DES SITUATIONS pour dclencher la procdure dalerte dans la base
Le comit dentreprise peut dclencher la pro- de donnes conomiques et sociales (C. trav., art.
cdure dalerte interne conomique lorsquil a L. 2323-7-2), dont les lments sont rgulirement
connaissance de faits de nature affecter de mis jour (C. trav., art. R. 2323-1-6). En effet, la
manire proccupante la situation conomique base de donnes regroupe un ensemble dinfor-
de lentreprise (C. trav., art. L. 2323-78). mations qui sont communiques de manire
Le recours lalerte nest que facultatif pour le priodique au comit dentreprise. La base de
comit dentreprise, contrairement au commissaire donnes contient ainsi des informations chiffres
aux comptes qui est tenu de lexercer chaque fois sur lanne en cours, sur les deux annes prc-
quil relve, loccasion de lexercice de sa mission, dentes et, telles quelles peuvent tre envisages,
un fait de nature compromettre la continuit sur les trois annes suivantes (voir encadr p. 74).
de lexploitation. Pour autant, le volume des si- De mme, le comit dentreprise trouvera dans
tuations o la procdure peut tre dclenche est les informations trimestrielles quil reoit en appli-
singulirement plus vaste pour le comit dentre- cation des articles L. 2323-50 et suivants du Code
prise dans la mesure o ce dernier peut y recourir du travail, des lments pour ventuellement
chaque fois quil a connaissance de faits de nature dclencher la procdure dalerte. Parmi celles-ci,
affecter de manire proccupante la situation figurent lvolution gnrale des commandes et
conomique de lentreprise. de la situation financire, les retards ventuels
Ces faits sont non seulement ceux de nature de lentreprise dans le paiement des cotisations
compromettre la continuit de lentreprise et qui de scurit sociale.
entranent de droit la procdure dalerte dclen- Les lments du rapport annuel sur lactivit de
che par le commissaire aux comptes, mais aussi lentreprise sont de la mme faon autant dindi-
ceux dont, au demeurant, le comit dentreprise cateurs pouvant servir au comit dans le cadre
peut estimer quils sont proccupants. de cette procdure, en particulier lorsquappa-
Le champ dapplication a mme t largi par la raissent des variations par rapport lanne pr-
jurisprudence qui considre que cette procdure cdente qui tmoignent dune baisse relle ou
est applicable dans les organismes de scurit potentielle dactivit ou de rentabilit.
sociale, lesquels peuvent obir des considrations La Cour de cassation a ainsi pu juger que le dficit
de nature conomique (Cass. soc., 19 fvr. 2002, dune activit stratgique pour le devenir de
n 00-14.776P). lentreprise, et ce, malgr une rorganisation, per-
En lespce, il sagissait de la fermeture dun labora- mettait au comit dentreprise dengager sans abus
toire de prothses dentaires entranant des suppres- la procdure dalerte ds lors que cette activit
sions demplois et remettant en cause les missions tait bnficiaire et en forte croissance chez les
traditionnelles de lorganisme. principaux concurrents de lentreprise (Cass. soc.,
27 nov. 2012, n 11-21.566).

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 73


Droit dalerte du comit dentreprise

que certains indicateurs peuvent rvler le carac-


tre proccupant de la situation conomique de
lentreprise. Il sagit notamment (Rp. min. n 4136 ;
La base de donnes conomiques et sociales JOAN Q. 29 sept. 1986, p. 3355) :
Institue par la loi du 14 juin 2013 sur la scurisation de lemploi des reports renouvels dchances ;
(L. n 2013-504, JO 16 juin), la base de donnes conomiques et sociales de la notification de protts ;
regroupe un ensemble dinformations destines aux institutions reprsen- du non-paiement de cotisations fiscales ou para-
tatives du personnel et aux dlgus syndicaux. Elle permet la mise fiscales ;
disposition des informations ncessaires la nouvelle consultation du du retard dans le paiement des salaires ;
comit dentreprise sur les orientations stratgiques de lentreprise, et est des pertes entranant une diminution de lactif
destine remplacer, au plus tard au 31 dcembre 2016, la communication net ;
de lensemble des informations conomiques et sociales transmises de du refus dapprobation des comptes par lassem-
faon rcurrente au CE. Sa mise en place est obligatoire dans les entreprises
dau moins 300 salaris depuis le 14 juin 2014, et dans les entreprises de
ble gnrale ou du refus de certification des
moins de 300 salaris compter du 14 juin 2015. comptes par le commissaire aux comptes.
Pourtant, certains de ces lments ne traduisent
Pour en savoir plus, voir Numro juridique Le bilan social pas ipso facto une situation proccupante, comme
dont le Point spcial est consacr la base de donnes conomiques par exemple le non-paiement des cotisations fis-
et sociales. cales ou parafiscales. A contrario, certains lments
peuvent rvler trop tardivement la dgradation
de la situation de lentreprise.
Modifications structurelles Aussi, la dfinition trs gnrale retenue par le
Peuvent galement tre considrs comme des lgislateur permet de prendre en compte tout type
faits de nature affecter la situation conomique dlments de nature affecter de manire proc-
de lentreprise des lments qui annonceraient cupante la situation de lentreprise. Ainsi, au-del
un changement prochain en terme defficacit des lments comptables et financiers prcdem-
(restructuration juridique et/ou conomique, va- ment voqus, le comit dentreprise peut arguer
riation du volume ou de la structure des effectifs) de difficults conomiques telles quune baisse
ou encore la suppression dun tablissement ou importante et durable des commandes, un fl-
des licenciements pour motif conomique, y com- chissement substantiel des investissements, un
pris dordre structurel. gonflement important et durable des stocks pou-
titre dexemple, la Cour de cassation admet le vant saccompagner de plans de restructuration
dclenchement de la procdure dalerte dans le et de licenciements.
cadre de lacquisition par un groupe mondial Si la gamme des lments qui peuvent tre retenus
dune entreprise concurrente, et ce en raison des est large, les comits dentreprise doivent en appr-
inquitudes suscites par les rponses contradic- cier limportance et la pertinence au regard de la
toires, insuffisantes et incohrentes de la direction situation conomique de lentreprise (Rp. min.
(Cass. soc., 18 janv. 2011, n 10-30.126P). A contra- n 4136 ; JOAN Q. 29 sept. 1986, p. 3355).
rio, la seule annonce dun projet de fusion sans
quaucun lment de fait de nature caractriser
une situation conomique proccupante ne soit CONTRLE JUDICIAIRE
rvl ne permet pas dengager une procdure Lemployeur peut toujours saisir le juge sil estime
dalerte (Cass. soc., 30 juin 1993, n 90-20.158P). que le comit dentreprise a, tort, engag une
Le comit dentreprise conserve par ailleurs la fa- procdure dalerte. Le juge peut considrer que
cult de prciser la mission de lexpert auquel il les informations donnes par lemployeur au
peut recourir dans le cadre de cette procdure et comit dentreprise ntaient pas de nature
de la complter, lorsque des faits en relation avec affecter de manire proccupante la situation co-
ceux ayant motiv lexercice du droit dalerte sont nomique de lentreprise (Cass. soc., 21 nov. 2006,
ports sa connaissance pendant le cours de sa n 05-45.303)
mission. La mission de lexpert-comptable stend En lespce, les informations donnes au comit
aux faits de nature confirmer la situation cono- dentreprise dune Cram concernaient limpact sur
mique proccupante de lentreprise qui sont la suite lemploi des mesures envisages par la Cnav en vue
ncessaire de ceux ayant motiv lexercice du droit de rduire les effectifs des services informatiques au
dalerte (Cass. soc., 28 oct. 1996, n 95-10.274P ; plan national et local.
Cass. soc., 11 mars 2003, n 01-13.434P). La Cour de cassation estime que la question de
savoir si la situation de lentreprise est proccu-
Principaux indicateurs des difficults pante est une question de fait et quil revient donc
Labsence de liste prcise et exhaustive des faits aux seuls juges du fond de lapprcier. Cette ques-
permettant lalerte est une volont du lgislateur tion chappe donc au contrle de la Cour de cas-
et permet de couvrir la diversit des situations sation (Cass. soc., 11 mars 2003, n 01-13.434P).
proccupantes pouvant se prsenter en pratique. Sil apparat que lemployeur peut contester la
Pour autant, le ministre des Affaires sociales a procdure dalerte engage par le comit dentre-
rappel, dans le cadre dune rponse ministrielle, prise devant le juge, il nest pas autoris pour

74 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Droit dalerte du comit dentreprise

autant refuser de lui fournir des explications. Rponse


(Cass. soc., 8 mars 1995, n 91-16.002P). Plus Lemployeur qui refuserait de rpondre sexpo-
encore, le refus de lemployeur de fournir des serait dabord des poursuites pour dlit
explications au comit dentreprise peut lgitimer dentrave. En outre, ce refus pourrait lgitimer
le dclenchement de la procdure dalerte (Cass. le dclenchement de la procdure dalerte (Cass.
soc., 11 mars 2003, n 01-13. 434P). soc., 11 mars 2003, n 01-13.434P).
La rponse de lemployeur peut se rvler insuf-
fisante ou peut confirmer le caractre proccupant
de la situation, ce qui autorise le comit dentre-
Droulement de la procdure prise passer la deuxime phase de la procdure
DIFFRENTES TAPES dalerte, savoir ltablissement dun rapport.
La procdure dalerte engage par le comit Ainsi, en labsence de rponse pertinente de la
dentreprise comprend trois phases successives direction, le comit dentreprise peut, par exemple,
(C. trav., art. L. 2323-78) : considrer que la rorganisation mise en place
premire phase : demande dexplication par le na pas permis de redresser lune des activits de
comit dentreprise ; lentreprise, que les rsultats financiers ont t
deuxime phase : tablissement dun rapport ; mauvais et que le dficit na cess de crotre pen-
troisime phase : examen du rapport tabli par dant trois ans.
le comit dentreprise. En lespce, le tribunal a considr bon droit que
Cest seulement loccasion de la deuxime tape les conditions de dclenchement du droit dalerte
de la procdure que le comit dentreprise peut taient runies, les faits de nature affecter de manire
solliciter lassistance de lexpert-comptable ou proccupante la situation conomique de lentreprise
demander entendre le commissaire aux comptes tant tablis objectivement. Les juges ont relev lim-
portance de lactivit formation sur lvolution de
(C. trav., art. L. 2323-79). Chaque tape de la pro- lentreprise, eu gard aux performances des concur-
cdure doit tre strictement respecte par les rents dans ce secteur risquant de lui faire perdre
reprsentants du personnel. Ainsi, la dsignation terme des marchs, le caractre dficitaire de cette
immdiate de lexpert-comptable par le comit activit en dpit de la rorganisation effectue, et
dentreprise, avant mme la demande dexplication labsence de rponses pertinentes de la direction,
lemployeur, est prmature et ne respecte pas celles communiques tant dmenties par les mauvais
la procdure (CA Paris, 1re ch. B, 21 juin 1990, rsultats persistants (CA Versailles, 1re ch. sect. I,
n 89/3112). 19 mai 2011, n 09/09771 ; RJS 10/11, n 814).
En revanche, la poursuite de la procdure dalerte
est infonde ds lors que le comit dentreprise a
DEMANDE DEXPLICATION reu toutes les explications dans le cadre dune
Question consultation pour restructuration (CA Paris, 18e ch.
Lorsque le comit dentreprise entend mettre en sect. C, 23 oct. 2008, n 07/13994).
uvre la procdure dalerte, il commence par

TABLISSEMENT DUN RAPPORT


demander lemployeur de lui fournir des expli-
cations sur les faits de nature affecter de manire
proccupante la situation conomique de lentre- Rdaction
prise ports sa connaissance (C. trav., art. Le comit dentreprise tablit un rapport sil na
L. 2323-78). Cette demande est inscrite de droit pu obtenir de rponse suffisante ou si cette
la prochaine sance du comit dentreprise. Il rponse confirme le caractre proccupant de la
nest donc pas ncessaire, dans ce cas, que le se- situation. Lorsque leffectif de lentreprise est
crtaire et le prsident du comit dentreprise dau moins 1 000 salaris, cest la commission
saccordent sur linscription de cette question conomique dtablir ce rapport (C. trav., art.
lordre du jour. L. 2323-78, al. 3).
En pratique, il faudra quintervienne, dans un pre-
mier temps, une dcision collgiale de la dl- Destinataires
gation du personnel (lemployeur ne peut pas Ce rapport est transmis lemployeur et au com-
prendre part au vote) de demander lemployeur missaire aux comptes (C. trav., art. L. 2323-78,
des explications : il sagit du point de dpart de la al. 4). Le comit dentreprise peut dcider de ne
procdure dalerte. pas donner dautre publicit ce rapport et la
La question proprement dite, rdige si possible procdure dalerte prend fin. Le comit dentre-
avec prcision, est alors mise lordre du jour de prise peut toutefois dcider de saisir de ses conclu-
la runion suivante. Dans les socits commer- sions lorgane charg de ladministration ou de
ciales, le prsident du conseil dadministration, la surveillance dans les socits ou personnes
le directoire ou le grant ont lobligation de com- morales qui en sont dotes, ou den informer les
muniquer au commissaire aux comptes les associs dans les autres formes de socits ou les
demandes dexplication du comit dentreprise membres dans les groupements dintrt cono-
sur le fondement de larticle L. 2323-78 du Code mique (C. trav., art. L. 2323-80). Le rapport du
du travail (C. com., art. L. 234-3). comit dentreprise conclut en mettant un avis

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 75


Droit dalerte du comit dentreprise

sur lopportunit de saisir ou non de ses conclu- du tribunal de grande instance statuant en la
sions lorgane ou les associs prcits. forme des rfrs.
Si le comit dentreprise dcide de donner une
telle publicit son rapport, il le fera par un vote Convocation des commissaires aux comptes
la majorit de ses membres prsents, le prsident Le comit dentreprise peut convoquer le com-
ny prenant pas part. missaire aux comptes pour lentendre. Celui-ci
ne pourra dautant moins se soustraire cette au-
Moyens pour tablir le rapport dition que, outre que cela constituerait une faute
Assistance de lexpert-comptable engageant sa responsabilit, son comportement
Le comit dentreprise peut se faire assister dun pourrait lgitimer une demande de rvocation
expert-comptable pour tablir le rapport une fois devant le tribunal comptent. En outre, lexpi-
par exercice comptable (C. trav., art. L. 2323-79). ration de son mandat, il pourrait ne pas tre renou-
Selon le Guide des missions de lexpert-comptable vel.
dassistance au comit dentreprise de lOrdre des
experts-comptables (dition 2014, p. 77), cet expert- Assistance de deux salaris
comptable doit aider le comit dentreprise Le comit dentreprise peut enfin sadjoindre, avec
apprcier la situation de lentreprise. Il doit mettre voix consultative, deux salaris de lentreprise
un avis sur lorigine et lampleur des difficults choisis pour leur comptence et en dehors du
de lentreprise, ainsi que sur les explications comit. Les salaris disposent de cinq heures
donnes par la direction. Il peut galement tre chacun pour assister le comit en vue de ltablis-
appel exprimer un avis sur le traitement des sement du rapport. Ce temps est rmunr comme
difficults propos par le comit dentreprise. temps de travail (C. trav., art. L. 2323-79).
Ces analyses seront menes en prenant en compte
le contexte sectoriel et, le cas chant, le contexte
du groupe dappartenance de lentreprise. Il appr- EXAMEN DU RAPPORT
ciera notamment la pertinence des mesures pro- Les organes de direction examinent le rapport
poses ou des diffrents scnarios envisags, le du comit dentreprise (C. trav., art. L. 2323-81).
dlai ncessaire au rtablissement de la situation Dans les socits conseil dadministration ou
et la disponibilit des moyens. conseil de surveillance, lexamen de ce rapport
En outre, lexpert-comptable doit formuler un doit tre inscrit lordre du jour de la prochaine
avis crit qui sera joint au rapport tabli par le runion dudit organe, condition toutefois que
comit dentreprise. Cet avis peut attirer lattention celui-ci ait pu tre saisi au moins quinze jours
sur des mesures susceptibles de contribuer lam- lavance. La rponse de lemployeur doit tre
lioration de la situation et qui nauraient pas t motive.
identifies par lentreprise. Dans les autres personnes morales, ces disposi-
Ce document peut tre structur de la faon sui- tions sappliquent lorgane charg de ladminis-
vante (Guide des missions de lexpert-comptable, tration ou de la surveillance, lorsquelles en sont
dition 2014, p. 78) : dotes.
rappel de la procdure et de la manire dont Enfin, dans les autres formes de socits ou dans
elle a t engage ; les groupements dintrt conomique, lorsque
rappel des questions du CE et des rponses de le comit dentreprise a dcid dinformer les as-
la direction ; socis ou les membres de la situation de lentre-
visa de lexpert-comptable. prise, le grant ou les administrateurs sont alors
Si le comit dentreprise dcide de saisir les organes tenus de leur communiquer le rapport tabli par
chargs de ladministration ou de la surveillance le comit dentreprise (C. trav., art. L. 2323-81).
de la socit ou les associs des conclusions de La fin de cette troisime phase constitue le terme
son rapport, lavis de lexpert-comptable est joint de la procdure dalerte reconnue au comit
cette saisine. dentreprise.
Lassistance du comit dentreprise par un expert- Il est possible qu la suite de cette procdure
comptable loccasion de la procdure dalerte dalerte, le commissaire aux comptes engage une
est assez comparable, dans ses modalits, aux nouvelle procdure en fonction de ses propres
missions institutionnelles de lexpert-comptable. prrogatives et obligations en la matire. En pareil
La dsignation est faite par la majorit des cas, le comit dentreprise reoit dailleurs com-
membres du comit dentreprise, lemployeur ne munication dun certain nombre de documents,
pouvant y participer. La mission de lexpert-comp- en particulier le rapport spcial tabli cette oc-
table stend aux faits faisant suite ceux ayant casion par le commissaire aux comptes.
motiv le droit dalerte (Cass. soc., 29 sept. 2009,
n 08-15.035P).
Les honoraires de celui-ci seront acquitts par OBLIGATION DE DISCRTION
lentreprise. Les informations concernant lentreprise, com-
Les litiges relatifs la rmunration de lexpert- muniques dans le cadre de la procdure dalerte
comptable sont de la comptence du prsident conomique, ont par nature un caractre confi-

76 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Droit dalerte du comit dentreprise

dentiel. Toute personne pouvant y accder est du comit dtablissement qui met en uvre une
tenue leur gard une obligation de discrtion telle procdure dalerte, peut tre annule par le
(C. trav., art. L. 2323-82). juge (Cass. soc., 26 sept. 2012, n 11-12.548).
Il se peut toutefois que des difficults soient
constates dans un seul tablissement et quelles
soient de nature affecter de manire proccu-
Droit dalerte et entreprise pante la situation de toute lentreprise : dans ce
structure complexe cas, il apparat conforme au texte que le droit
dalerte puisse tre engag, mais seulement par
ENTREPRISES DOTES DE COMITS DENTREPRISE le comit central dentreprise. On entrevoit mal,
ET DUN COMIT CENTRAL DENTREPRISE en effet, eu gard la comptence limite du
Quand lentreprise comporte des tablissements comit dtablissement, et bien quil ait des prro-
distincts, dots de comits dtablissement et dun gatives identiques celles du comit dentreprise
comit central dentreprise, la constatation de (C. trav., art. L. 2327-15), comment celui-ci pour-
faits proccupants au niveau dun tablissement rait, sauf dpasser largement son cadre de com-
permet-elle de mettre en uvre la procdure ptence, saisir les organes dirigeants de lentre-
dalerte et, si tel est le cas, la comptence appar- prise.
tient-elle au comit dtablissement ou au comit
central dentreprise ?
La question a t tranche de manire trs claire UNIT CONOMIQUE ET SOCIALE
par la Cour de cassation. Elle a considr que les De nombreuses interrogations subsistent sur la
comits dtablissement ne peuvent tre investis mise en uvre de la procdure dalerte au sein
de la prrogative dexercer le droit dalerte, qui dune unit conomique et sociale (UES).
est subordonn lexistence de faits de nature Lapplication de la procdure dalerte dans ce
affecter de manire proccupante la situation co- cadre est sans doute possible. Il faudra nanmoins
nomique de lentreprise et non celle des tablis- que les difficults rencontres par lune des
sements (Cass. soc., 1er mars 2005, n 03-20.429P ; socits de lUES soient de nature avoir des
Cass. soc., 6 avr. 2005, n 02-31.130P ; Cass. soc., consquences sur lUES toute entire en raison
12 oct. 2005, n 04-15.794P). Ds lors, la rsolution de la communaut dintrts existante.

Vers un droit dalerte du commissaire aux comptes du CE

La loi du 5 mars 2014 relative la formation professionnelle, En labsence de runion du CE (dans un dlai fix par dcret),
lemploi et la dmocratie sociale (L. n 2014-288, JO 6 mars) ins- en labsence de convocation du commissaire aux comptes ou si,
titue lobligation, pour les comits dentreprise remplissant certains lissue de la runion du comit dentreprise, le commissaire
critres (qui seront fixs par dcret), de faire certifier leurs comptes aux comptes constate que les dcisions prises ne permettent pas
par au moins un commissaire aux comptes et un supplant distincts dassurer la continuit de lexploitation, il informera de ses d-
de ceux de lentreprise. En cas de comptes consolids, le comit marches le prsident du tribunal de grande instance et lui en
dentreprise devra nommer deux commissaires aux comptes communiquera les rsultats.
(C. trav., art. L. 2325-54 nouveau). Ces dispositions seront appli- Le juge pourra alors convoquer les dirigeants du CE pour envisager
cables compter du 1er janvier 2016. Le commissaire aux comptes les mesures propres redresser la situation. lissue de cet entretien
du CE disposera alors dun droit dalerte (C. trav., art. L. 2325-55 ou si les dirigeants ne se sont pas rendus sa convocation, le prsident
nouveau). Un dcret doit prciser les modalits dapplication du du TGI pourra demander aux commissaires aux comptes, aux mem-
nouveau dispositif. bres et reprsentants du personnel, aux administrations publiques,
Lorsque le commissaire aux comptes du CE relvera, loccasion aux organismes de scurit sociale et de prvoyance ainsi quaux
de lexercice de sa mission, des faits de nature compromettre services chargs de centraliser les risques bancaires et les incidents
la continuit de lexploitation du comit dentreprise, il en in- de paiement, communication de tout renseignement susceptible de
formera le secrtaire et le prsident du CE. lui donner une exacte information sur la situation conomique et
dfaut de rponse du secrtaire du CE ou si cette rponse ne financire du comit dentreprise (C. com., art. L. 611-2).
lui permet pas dtre assur de la continuit de lexploitation du Dans un dlai de six mois compter du dclenchement de la
CE, le commissaire aux comptes tablira un rapport spcial. Il procdure dalerte, le commissaire aux comptes pourra reprendre
invitera lemployeur, par un document crit dont la copie sera le cours de la procdure au point o il avait estim pouvoir y
transmise au prsident du tribunal de grande instance comptent mettre un terme lorsque, en dpit des lments ayant motiv son
et aux membres du CE, runir le comit dentreprise afin que apprciation, la continuit de lexploitation du comit dentreprise
ce dernier dlibre sur les faits relevs. Le commissaire aux demeure compromise et que lurgence commande ladoption de
comptes sera convoqu cette runion. mesures immdiates.

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 77


Droit dalerte du comit dentreprise

LA PROCDURE DALERTE DU COMIT DENTREPRISE

Phase 1

Runion 1 :
LeLecomit
comitdentreprise
dentreprisepose
pose laladirection
directiondes
desquestions
questionssur
surles
lesfaits
faitsdedenature
nature
proccupante

Runion 2 :
La direction apporte ses rponses
Le comit dentreprise choisit la suite donner

Rponses confirmant
Rponses non satisfaisantes Rponses rassurantes
linquitude

Poursuite de la procdure lalerte Fin de la procdure

Le comit dentreprise
Poursuitepeut faire
de la appel lalerte
procdure un expert-comptable

Phase 2

Droulement de la mission de lexpert-comptable


Prparation dun rapport par le comit dentreprise

Runion 3 :
Choix
Choixdedesaisine
saisinedes
desorganes
organesdadministration
dadministrationououdedesurveillance
surveillance

Si oui Si non

Enclenchement Phase 3 Fin de la procdure lalerte

Phase 3

Saisine des organes dadministration ou de surveillance


Rponse motive des organes dadministration ou de surveillance

Source : Guide des missions de lexpert-comptable dassistance au comit dentreprise, prvues par la loi et le rglement.
Ordre des experts-comptables dition 2014.

78 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Le point spcial

Linstance de
coordination
des CHSCT
80 Cas permettant la coordination
81 Composition de linstance
81 Fonctionnement de linstance
82 Moyens et obligations de linstance
82 Modalits de lexpertise unique
85 Contestation de lexpertise

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 79


Le point spcial

La loi du 14 juin 2013 sur la scurisation de lemploi (L. n 2013-504, JO 16 juin) prvoit, pour les entreprises comptant
plusieurs CHSCT, la possibilit de mettre en place une instance temporaire de coordination.
Une fois constitue linitiative de lemployeur, elle est charge dorganiser le recours une expertise unique, lorsque
ces comits sont concerns par un projet commun. Linstance de coordination peut rendre un avis sur le projet, mais
il ne se substitue pas celui des CHSCT concerns.
Le dcret du 26 juin 2013 (D. n 2013-552, JO 28 juin) fixe les modalits dapplication relatives au fonctionnement
de cette instance.

Cas permettant un projet important modifiant les lune des consultations du CHSCT
conditions de sant et de scurit ou porte sur un projet commun plu-
la coordination les conditions de travail (deuxime sieurs tablissements (C. trav., art.
cas dexpertise au sens de larticle L. 4616-1). Il sagit des consultations
1 ENTREPRISES COMPORTANT L. 4614-12 du Code du travail), relatives :
PLUSIEURS CHSCT un projet de restructuration et de une dcision damnagement im-
En principe, le cadre naturel dim- compression des effectifs au sens des portant modifiant les conditions de
plantation du CHSCT est ltablis- articles L. 4614-12-1 et L. 2323-15 sant et de scurit ou les conditions
sement et non lentreprise. Ds lors, du Code du travail. de travail (C. trav., art. L. 4612-8) ;
une entreprise peut comporter plu- Ces deux types de projets ont souvent un projet dintroduction de nouvelles
sieurs CHSCT. un impact sur plusieurs tablis - technologies (C. trav., art. L. 4612-9) ;
En outre, dans les tablissements dau sements. Or, la multiplication des un plan dadaptation lors de la mise
moins 500 salaris, plusieurs CHSCT expertises en pareil cas, outre le cot en uvre de mutations techno -
peuvent tre constitus (C. trav., art. quelle engendre, dmultiplie les logiques importantes et rapides
L. 4613-4) : contentieux, en particulier si lexper- (C. trav., art. L. 4612-10) ;
soit par accord entre le comit tise est utilise des fins dilatoires. toute question de la comptence
dentre prise ou dtablissement et Aussi, les partenaires sociaux, dans du CHSCT sur saisine par lem-
lemployeur, en fonction de certains laccord national interprofessionnel ployeur, par le comit dentreprise
critres (la nature, la frquence et la du 11 janvier 2013, puis le lgislateur, ou par les dlgus du personnel
gravit des risques ; la dimension et dans le cadre de la loi du 14 juin 2013 (C. trav., art. L. 4612-13).
la rpartition des locaux ou groupes (L. n 2013-504), ont cr une ins- ATTENTION
de locaux ; le nombre de travailleurs tance reprsentative du personnel Les autres types de consultation du
occups dans ces locaux ou groupes pouvant tre mise en place lini- CHSCT ne sont pas viss par lexpertise
de locaux ; les modes dorganisation tiative de lemployeur et de manire unique. Sont donc notamment exclues
du travail) ; temporaire. Il sagit de mettre fin celles sur :
soit, en labsence daccord, par dci- ce que les professionnels appellent les mesures prises en vue de faciliter
sion de linspecteur du travail. Cette parfois les grappes dexpertises, la mise, la remise ou le maintien au tra-
dcision est susceptible dun recours et ainsi instituer, dans de telles situa- vail des accidents du travail, des inva-
lides de guerre, des invalides civils et
hirarchique devant le Direccte. tions, une expertise unique. des travailleurs handicaps, notamment
En consquence, une mme entre- sur lamnagement des postes de travail
prise peut accueillir en son sein de (C. trav., art. L. 4612-11) ;
trs nombreux CHSCT disposant cha- 3 DCISION DE LEMPLOYEUR les documents se rattachant la
cun de la plnitude des prrogatives Seul lemployeur peut dcider de mission du CHSCT, notamment sur le
affirmes aux articles L. 4612-1 et mettre en place linstance de coordi- rglement intrieur (C. trav., art.
suivants du Code du travail. nation (C. trav., art. L. 4616-1). L. 4612-12).
Parmi ces prrogatives figure le droit Sa mise en place se rattache lexis- Linstance de coordination a pour
de recourir un expert dans les condi- tence dun projet spcifique, elle ne mission dorganiser le recours une
tions poses aux articles L. 4614-12 perdure donc pas. Lemployeur nest expertise unique dans les conditions
et L. 4614-12-1 du Code du travail. pas tenu de linstaurer pour un nou- prvues au 2 de larticle L. 4614-12
veau projet au motif quil y a dj eu et larticle L. 4614-13 du Code du
recours loccasion dun prcdent travail (C. trav., art. L. 4616-1).
2 PROJET COMMUN PLUSIEURS projet. Il convient dintroduire dans le champ
TABLISSEMENTS Il sagit donc dune dcision du chef daction potentiel de linstance de
Si le risque grave (premier cas dex- dentreprise et non du chef dtablis- coordination lexpertise en cas de
pertise pour les CHSCT au sens de sement : en effet, cette nouvelle ins- restructuration et de compression des
larticle L. 4614-12 du Code du tra- tance est mise en place au niveau de effectifs. En effet, mme si larticle
vail) est, dans la plupart des cas, rat- lentreprise et concerne plusieurs ta- L. 4616-1 du Code du travail ne le
tachable un lieu dexcution du blissements. mentionne pas expressment, la rf-
contrat de travail, donc un tablis- rence linstance de coordination est
sement, voire une partie seulement 4 CHAMP DACTION explicite larticle L. 4614-12-1 du
de ltablissement, il nen va pas de Linstance de coordination tempo- mme code qui accorde les mmes
mme des cas dexpertise suivants : raire des CHSCT est cre lorsque droits au CHSCT et linstance.

80 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Linstance de coordination des CHSCT

NOTER 6 DSIGNATION ET REMPLACEMENT en fonction du primtre du projet


Contrairement au CHSCT, linstance DES MEMBRES qui lui est soumis, le secrtaire devra
de coordination ne peut recourir un AYANT VOIX DLIBRATIVE tre dsign chaque fois que lins-
expert en cas de risque grave. Lors de la premire runion suivant la tance de coordination est mise en
dsignation des reprsentants du per- place par lemployeur.
sonnel au CHSCT, la dlgation du
personnel choisit en son sein 3 repr-
Composition sentants, par ordre de priorit, suscep- 8 ORDRE DU JOUR
tibles de siger au sein de linstance de Lordre du jour des runions de lins-
de linstance coordination (C. trav., art. R. 4616-1). tance et, le cas chant, les diffrents
Cette dsignation doit avoir lieu la documents dinformation qui y sont
5 DIFFRENTES CATGORIES majorit des membres prsents. Le annexs sont transmis par le prsi-
DE MEMBRES prsident de linstance de coordina- dent aux membres de linstance
Linstance de coordination est com- tion peut sans doute prendre part au quinze jours au moins avant la date
pose (C. trav., art. L. 4616-2) : vote, dans la mesure o le CHSCT de la runion, sauf cas exceptionnel
de lemployeur ou de son repr- nest pas consult en lespce dans le justifi par lurgence (C. trav., art.
sentant, qui prside. Les textes ne cadre de ses attributions. R. 4616-5).
donnent toutefois aucune prcision Le reprsentant dun CHSCT lins- Lorsque linstance est runie dans le
quant la qualit du reprsentant de tance de coordination, qui cesse ses cadre dun projet de restructuration
lemployeur. Il est sans doute prf- fonctions pendant la dure normale et de compression des effectifs
rable que cette personne se situe, de son mandat, est remplac la ru- (C. trav., art. L. 2323-15), lordre du
comme lemployeur, au niveau de nion suivante du CHSCT concern jour et les documents sy rapportant
lentreprise et non dun ou de plu- pour la priode restante du mandat sont transmis sept jours au moins
sieurs tablissements concerns par courir. Il nest pas pourvu son avant la date fixe pour la runion
le projet ; remplacement si la priode restant (C. trav., art. R. 4616-5).
de 3 reprsentants de chaque courir est infrieure trois mois. Lordre du jour de chaque runion est
CHSCT concern par le projet en pr- Si linstance temporaire de coordina- tabli par le prsident et le secrtaire
sence de moins de 7 comits, ou de tion des CHSCT est mise en place (voir modle dordre du jour p. 87).
2 reprsentants de chaque comit en avant cette runion, une runion Il est transmis linspecteur du travail
prsence de 7 15 comits, et de 1 au- extraordinaire est tenue en urgence (C. trav., art. L. 4614-8 ; C. trav., art.
del de 15 comits. Les reprsentants pour dsigner son remplaant L. 4616-4).
sont dsigns par la dlgation du per- (C. trav., art. R. 4616-2).
sonnel de chaque CHSCT en son sein, Lorsque linstance est mise en place,
pour la dure de leur mandat ; la liste nominative de ses membres 9 RUNIONS DE LINSTANCE
des personnes suivantes : mdecin est affiche dans les locaux affects Les dcisions concernant les moda-
du travail, inspecteur du travail, agent au travail de chaque tablissement lits de fonctionnement de linstance
des services de prvention de lorga- concern par le projet commun. de coordination et lorganisation des
nisme de scurit sociale et, le cas Cette liste doit indiquer la qualit, travaux sont adoptes la majorit
chant, agent de lorganisme profes- les coordonnes et lemplacement du des membres prsents, comme pour
sionnel de prvention du btiment et travail habituel des membres de le CHSCT (C. trav., art. L. 4614-2 ;
des travaux publics (OPPBTP) et res- linstance (C. trav., art. R. 4616-3). C. trav., art. L. 4616-4).
ponsable du service de scurit et des La dsignation des membres de lins- Linstance peut dcider de rendre un
conditions de travail ou, dfaut, tance de coordination devrait valoir avis sur le projet commun, mais celui-
agent charg de la scurit et des pour toute la dure de leur mandat. ci ne se substitue pas celui des
conditions de travail. Il nest donc pas ncessaire de pro- CHSCT concerns.
Ces personnes sont celles territoria- cder une nouvelle dsignation si Linstance indique lors de la pre -
lement comptentes pour ltablis- une nouvelle instance est mise en mire runion si elle rendra un avis
sement dans lequel se runit lins- place loccasion dun autre projet (C. trav., art. R. 4616-8).
tance de coordination sil est concern important au cours de leur mandat.
par le projet et, sinon, celles territo-
rialement comptentes pour ltablis- 10 PROCS-VERBAUX DES RUNIONS
sement concern le plus proche du Les procs-verbaux des runions de
lieu de runion. Fonctionnement linstance de coordination ainsi que
Seuls lemployeur ou son reprsen- lavis de cette dernire sont commu-
tant ainsi que les reprsentants des de linstance niqus par lemployeur aux membres
CHSCT ont voix dlibrative. de la dlgation du personnel des
Un accord dentreprise peut prvoir 7 SECRTAIRE DE LINSTANCE CHSCT concerns par le projet com-
des modalits particulires de com- Les reprsentants du personnel au sein mun.
position de linstance de coordi - de linstance choisissent parmi eux le Ils sont transmis, leur demande,
nation, notamment si un nombre secrtaire (C. trav., art. R. 4616-4). aux mdecins du travail, aux inspec-
important de CHSCT sont concerns tant donn que linstance de coor- teurs du travail, aux agents des ser-
(C. trav., art. L. 4616-5). dination aura un primtre fluctuant vices de prvention de lorganisme

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 81


Le point spcial

de la scurit sociale et, le cas 14 HEURES DE DLGATION quen ce qui concerne les procds
chant, aux agents de lOPPBTP des De faon gnrale, lemployeur laisse de fabrication, et non la politique
tablissements concerns. chacun des reprsentants du per- commerciale par exemple.
Ils sont aussi conservs au sige social sonnel le temps ncessaire lexercice
de lentreprise (C. trav., art. R. 4616-7). de ses fonctions. Informations donnes
Le Code du travail ne prvoit pas de comme confidentielles
crdit dheures spcifique lexercice soumises la discrtion
des fonctions de reprsentant sigeant Lobligation de discrtion ne joue qu
Moyens et obligations linstance de coordination. lgard des informations donnes
Les reprsentants linstance peuvent comme confidentielles par lem-
de linstance utiliser les heures de dlgation ployeur, ce qui pourra tre mentionn
accordes au titre de leur mandat de au procs-verbal afin dviter toute
11 PRPARATION ET ORGANISATION membre du CHSCT. contestation, mais la condition, bien
DES RUNIONS Ce temps est au moins gal : entendu, que ce procs-verbal ne soit
Les runions de linstance ont lieu 2 heures par mois dans les tablisse- pas communiqu in extenso aux sala-
dans un local appropri et pendant ments employant jusqu 99 salaris ; ris de lentreprise.
les heures de travail, sauf exceptions 5 heures par mois dans les tablisse- Le manquement cette obligation peut
justifies par lurgence (C. trav., art. ments employant de 100 299 salaris ; tre sanctionn par des sanctions ci-
R. 4616-6). 10 heures par mois dans les tablis- viles (dommages-intrts) et discipli-
Le CHSCT tout comme linstance de sements employant de 300 499 sala- naires.
coordination ne disposant pas de ris ;
budget de fonctionnement, le Code 15 heures par mois dans les tablis-
du travail impose lemployeur de lui sements employant de 500 1 499 sa-
allouer les moyens ncessaires la laris ; Modalits de
prparation et lorganisation des 20 heures par mois dans les tablis-
runions (C. trav., art. L. 4614-9 ; sements employant au moins 1 500 sa- lexpertise unique
C. trav., art. L. 4616-4). laris.
Ces moyens comprennent, au mini- Ce temps peut tre dpass en cas de 16 DSIGNATION DE LEXPERT
mum, les moyens de dactylographie circonstances exceptionnelles, ou de Relvent de linstance de coordina-
ncessaires, de reproduction, de trans- participation linstance de coordina- tion :
mission et de diffusion des procs- tion (C. trav., art. L. 4614-3). la dcision de recourir un expert,
verbaux (comme des panneaux mme si elle a t largement prd-
daffichage) et une documentation termine par la dcision de lem-
juridique et technique adapte aux 15 SECRET PROFESSIONNEL ployeur de mettre en place une ins-
risques particuliers de ltablissement ET DISCRTION tance de coordination ;
(Circ. DRT n 93-15, 25 mars 1993). Principe le choix de lexpert ;
Destinataires dinformations parti- la dlimitation prcise de sa mission.
culires, les membres de linstance Cette instance doit se prononcer au
12 ACCS AUX INFORMATIONS de coordination, tout comme les cours de la premire runion (C. trav.,
Linstance de coordination doit, membres du CHSCT, ont une obli- art. L. 4616-3).
linstar du CHSCT, recevoir de lem- gation de discrtion lgard des Participent ce vote les membres de
ployeur les informations qui lui sont informations prsentant un caractre linstance ayant voix dlibrative
ncessaires pour lexercice de ses confidentiel et donnes comme telles (C. trav., art. L. 4616-2, voir n 5).
missions (C. trav., art. L. 4614-9 ; par lemployeur. Ils sont tenus au Nanmoins, il semble que lemployeur
C. trav., art. L. 4616-4). secret professionnel pour toutes les (ou son reprsentant) ne peut y par-
Sont vises les informations relatives questions relatives aux procds de ticiper, en application de la rgle
au projet qui a justifi la mise en place fabrication (C. trav., art. L. 4614-9; pose par la Cour de cassation qui le
de linstance de coordination, et ses C. trav., art. L. 4616-4). prive du droit de participer au vote
incidences sur les conditions de tra- relatif la dsignation dun expert
vail, la sant et la scurit des salaris. Procds de fabrication par le CHSCT (Cass. soc., 26 juin
Sont galement concernes les infor- soumis au secret professionnel 2013, n 12-14.788P).
mations ncessaires dans le cadre Le non-respect du secret professionnel Cette dcision est adopte la majorit
dune restructuration et dune com- est un dlit puni larticle 226-13 du des membres prsents (C. trav., art.
pression des effectifs. Code pnal : La rvlation dune L. 4614-2 ; C. trav., art. L. 4616-4).
information caractre secret par une
personne qui en est dpositaire soit par
13 ENQUTES ET INSPECTIONS tat ou par profession, soit en raison 17 BNFICIAIRES DE LA DSIGNATION
Linstance de coordination du CHSCT dune fonction ou dune mission tem- Expert agr
reoit galement les moyens nces- poraire, est punie de un an dempri- Lexpert dsign par linstance de
saires aux dplacements imposs par sonnement et de 15 000 damende. coordination est choisi parmi les
les enqutes ou inspections (C. trav., Les membres de linstance de coor- experts agrs en vue de laccomplis-
art. L. 4614-9 ; C. trav., art. L. 4616-4). dination et du CHSCT ny sont tenus sement de missions dexpertise au

82 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Linstance de coordination des CHSCT

profit des CHSCT en raison dun pro- auxquels ont donn lieu ces exper- tre cart parce quil a effectu de
jet important modifiant les conditions tises (C. trav., art. R. 4614-14). multiples interventions pour le
de sant et de scurit ou les conditions Sur la procdure dagrment, voir compte de la direction de lentreprise,
de travail (C. trav., art. L. 4616-1, sur encadr ci-dessous. ce seul fait ne suffisant pas pour quil
renvoi larticle L. 4614-12, 2 du Code soit souponn de complaisance vis-
du travail). Libre choix de linstance -vis de lemployeur (Cass. soc., 3 fvr.
Chaque anne, un arrt fixe la liste de coordination 1999, n 97-16.068).
des experts agrs auxquels le Il parat vident que vaut pour linstance
CHSCT peut faire appel, tout comme de coordination, comme pour le
la dure de validit de lagrment, qui CHSCT, la rgle selon laquelle, sauf 18 CONDUITE DE LA MISSION
ne peut excder cinq annes renou- abus manifeste, nul na le pouvoir de Objet de la mission
velables. Il prcise les domaines dans contrler le choix de lexpert ds lors Lexpert dsign par linstance de
lesquels lexpert est agr (C. trav., que ce dernier est agr, que son agr- coordination intervient dans le cadre
art. R. 4614-7 ; Arr. 31 dc. 2012, ment est toujours valable et quil corres- dun projet important modifiant les
NOR : ETST1243216A, JO 9 janv. 2013 ; pond au contenu de lexpertise sollicite conditions de sant et de scurit ou
Arr. 1er juill. 2013, JO 18 juill., NOR : (Cass. soc., 18 dc. 2012, n 11-17.634). les conditions de travail (C. trav.,
ETST1317804A ; Arr. 24 dc. 2014, Ds lors que le cabinet dexpertise dis- art. L. 4616-1 et L. 4614-12, 2, voir
JO 30 dc., NOR : ETST1431097A). pose dun agrment ministriel dans encadr p. 84).
Les experts agrs adressent chaque le domaine vis, tout abus est exclu Comme pour lexpertise mise en
anne au ministre du Travail la liste (Cass. soc., 8 juill. 2009, n 08-16.676P). uvre par le CHSCT au titre de cette
des expertises ralises au cours de Le fait que lexpert soit agr est syno- mme rubrique, ltablissement dune
lanne civile coule. Ils fournissent, nyme dimpartialit. Ainsi, un expert lettre de mission prcisant les
sa demande, une copie des rapports dsign par une cour dappel ne peut contours de la tche de lexpert, la-

Procdure dagrment des experts

La procdure dagrment des experts dsigns professionnelle de lexpertise au regard des rgles
par linstance de coordination est la mme que dfinies selon les modalits prvues larticle R. 4614-9
celle existant pour les experts des CHSCT en raison du Code du travail,
dun projet important modifiant les conditions de la compatibilit de lagrment demand
de sant et de scurit ou de conditions de travail avec les activits autres que dexpertise.
(C. trav., art. L.4616-1, sur renvoi larticle Il peut sagir, par exemple, dun mdecin spcialiste,
L. 4614-12, 2 du Code du travail). dun ergonome, dun technicien de prvention, etc.

Demande Retrait ou suspension


La demande dagrment est adresse au ministre Si les conditions prvues larticle R. 4614-8 du Code
charg du Travail, par tous moyens, y compris du travail cessent dtre remplies ou lorsque la qualit
lectronique, permettant dtablir une date certaine des expertises cesse dtre conforme aux obligations
avant le 1er mars ou avant le 1er septembre de lanne professionnelles, mthodologiques et dontologiques,
en cours pour produire effet respectivement au lagrment peut tre suspendu pour une dure
1er juillet de la mme anne et au 1er janvier de nexcdant pas un an, ou retir par le ministre charg
lanne suivante. Le silence gard pendant plus de du Travail aprs avis du Conseil dorientation sur les
quatre mois compter de la date limite de rception conditions de travail. Aucun agrment ne peut tre
de la demande vaut dcision de rejet (C. trav., art. retir ou suspendu sans que lexpert agr ait pu
R. 4614-11). prsenter ses observations (C. trav., art. R. 4614-9).
Lagrment concerne les personnes physiques et
morales (C. trav., art. R. 4614-7). Il est dlivr en Cas particulier de la sous-traitance
tenant compte notamment (C. trav., art. R. 4614-8) : Les experts agrs peuvent, le cas chant,
de lexprience professionnelle et des comptences sous-traiter une partie des travaux que ncessite
du demandeur pour mener des expertises dans les lexpertise. Le sous-traitant doit tre agr
domaines mentionns larticle R. 4614-6 pour sauf sil intervient en tant quorganisme habilit
lesquels lagrment est sollicit (sant et scurit raliser des contrles techniques ou des vrifications
au travail, organisation du travail et de la production), de conformit, dans le cadre de la rglementation
de la pertinence des mthodes dintervention relative la sant et la scurit au travail.
proposes, Dans ce cas, le sous-traitant ne peut tre la personne ou
des engagements dontologiques relatifs lorganisme ayant procd prcdemment ce contrle
la prvention des conflits dintrt et la pratique ou cette vrification (C. trav., art. R. 4614-15).

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 83


Le point spcial

Projet important modifiant les conditions de sant


et de scurit ou les conditions de travail

Linstance de coordination des CHSCT a pour mission de leurs tches (Cass. soc., 30mars 2011, n09-68.161),
dorganiser le recours une expertise unique par un expert de changement dhoraires dcid par lemployeur, qui
agr dans les conditions prvues au 2 de larticle L. affecte directement 255 salaris sur un effectif de 400,
4614-12 du Code du travail, cest--dire en cas de projet alors que, pour le mdecin du travail, le travail post est en
important modifiant les conditions de sant et de scurit soit perturbateur des rythmes biologiques et en conclut
ou les conditions de travail (C. trav., art. L. 4616-1). quil est prfrable de se rapprocher de ces rythmes bio-
logiques (Cass. soc., 24 oct. 2000, n98-18.240P),
Notion de projet important de mise en place dun systme dvaluation des salaris.
Il sagit notamment de : En lespce, il impose ces derniers de prendre des
transformation importante des postes de travail engagements de rendement et defficacit, assortis dune
dcoulant de la modification de loutillage, dun obligation de rsultat entranant un changement des
changement de produit ou de lorganisation du travail, conditions de travail (TGI Rouen, rfr, 15 oct. 2009,
modification des cadences ou des normes de n09/00502 ; SSL n1420, p.15),
productivit lies ou non la rmunration du travail de fusion provisoire de deux services dans lattente dun
(C.trav., art. L.4614-12 ; C.trav., art. L.4612-8). dmnagement de lentreprise (Cass. soc., 26 janv. 2012,
Selon ladministration (Circ. DRT n12, 30 nov. 1984 n10-20.353),
concernant le comit dentreprise), par projet important il ayant pour objet de contrler lactivit des machinistes-
faut entendre tout projet qui concerne le personnel dun receveurs en les exposant des sanctions disciplinaires
secteur dactivit, dun service ou dun atelier de dpendant du rsultat des tests de dpistage de
lentreprise . stupfiants effectus sans intervention mdicale (Cass.
Le nombre de salaris concerns par le projet de soc., 8 fvr. 2012, n11-10.382P),
rorganisation ne dtermine pas, lui seul, limportance dintroduction dun systme de golocalisation visant la
du projet. Il nen constitue quun indice. Ce qui compte totalit des vhicules dune entreprise. Ce projet concerne
vritablement, cest la porte de ce projet sur la sant, sur un nombre significatif de salaris, et se traduit par une
la scurit ou sur les conditions de travail des salaris diminution de lautonomie des conducteurs. Il est donc de
(Cass. soc., 10 fvr. 2010, n08-15.086P). nature modifier les conditions de travail (TGI Valence, 1re
Lexpertise se justifie lorsquelle permet au CHSCT de ch., 5 dc. 2012, ord. rfr n12/00632 ; Liaisons soc.
donner un avis circonstanci sur un projet important qui quot. n16263, Juris. Hebdo n10/2013, 15 janv. 2013).
risque de toucher rellement la sant ou la scurit des En revanche, nest pas un projet important autorisant le
salaris. Elle ne peut avoir lieu qu partir dun projet dont CHSCT recourir un expert :
llaboration est termine, prt tre mis en uvre ou le ramnagement de lorganigramme prvoyant la
dj effectif depuis quelques mois (Cass. soc., 24 oct. restructuration de lencadrement sans transformation
2000, n98-18.240P). importante des postes de travail, sans aucun changement
Les modifications des conditions de travail doivent tre de mtiers, aucun nouvel outil ni modification des
durables (Cass. soc., 13 nov. 2007, n06-13.205) et cadences ou normes de productivit (Cass. soc., 26juin
significatives (Cass. soc., 16 sept. 2008, n07-18.754). 2001, n99-16.096P),
la mise en place dun nouveau logiciel informatique ou la
Exemples rorganisation dun service nimpactant pas la sant, la
Est reconnu comme ouvrant droit expertise, le projet : scurit ou les conditions de travail des salaris (Cass. soc.,
de rorganisation entranant la disparition dune socit 4mai 2011, n09-67.476 et n09-66.556),
appele devenir un tablissement de la socit le dploiement de nouveaux logiciels, et le fait de fournir
absorbante, ainsi quune nouvelle organisation des aux salaris occupant des fonctions de consultants dans les
tablissements de la socit absorbe et le transfert dune entreprises clientes des ordinateurs portables, sans que
partie du personnel au service dune socit relevant dun ces modifications entranent des rpercussions
autre groupe. Peu importe que dautres socits que celle importantes sur les conditions de travail des salaris en
absorbe soient concernes par ces modifications (Cass. termes dhoraires, de tches et de moyens mis leur
soc., 29 sept. 2009, n08-17.023P), disposition (Cass. soc., 8 fvr. 2012, n10-20.376),
de rorganisation dune activit de lentreprise lharmonisation des systmes informatiques utiliss. En
consistant en un regroupement de chaque type dactivit lespce, les logiciels ralisant des oprations quotidiennes
sur un seul site, ce qui a pour consquence soit des demeurent identiques, seules sont modifies larchitecture
transformations de postes de travail, soit des mutations et la prsentation des crans. Les postes de travail ne sont
gographiques pour certains salaris. Ce projet touche au pas modifis, laugmentation de la rentabilit et lefficacit
total 199 salaris et a une incidence directe sur lactivit, des services nont pas dincidence sur les conditions de
le lieu et les conditions de travail (Cass. soc., 26 oct. 2010, travail, sur la sant ou sur la scurit.
n09-12.922), En outre, lemployeur met en place dimportantes mesures
de transfert dactivits saccompagnant dun de formation, daccompagnement et de tutorat du
dplacement gographique des salaris et dune volution personnel (Cass. soc., 27juin 2012, n10-26.248).

84 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Linstance de coordination des CHSCT

bore en concertation avec linstance si lexpertise est organise dans le


de coordination et lemployeur, cadre dun projet de restructuration Contestation
constitue un moyen dviter les dif- accompagn dune compression des
frends (voir n 21 et s.). effectifs, le rapport est remis au plus de lexpertise
En particulier, il est important que tard quinze jours avant lexpiration du
la lettre de mission mentionne le dlai prvu larticle L. 1233-30 du 21 COMPTENCE DU TGI
montant des honoraires dont le paie- Code du travail, dans lequel le comit Lemployeur qui entend contester la
ment sera sollicit. Laccord donn dentreprise doit rendre son avis. ncessit de lexpertise, la dsignation
par lemployeur aux termes de la Labsence de remise du rapport de de lexpert, le cot, ltendue ou le
lettre de mission est de nature lexpert dsign na pas pour effet de dlai de lexpertise, saisit le juge judi-
exclure toute contestation ultrieure, prolonger ce dernier dlai (C. trav., ciaire. Ces litiges relvent de la com-
ds lors que lexpertise est ralise art. R. 4616-9 ; Instr. DGEFP-DGT ptence du prsident du tribunal de
dans le dlai imparti et correspond n 2013-13, 19 juill. 2013, NOR : grande instance appel se prononcer
aux critres de qualit quil est permis ETSD1319060J ; voir schma p. 88). au fond, mais saisi et statuant en la
dattendre de semblable prestation. forme des rfrs (C. trav., art.
Avis de linstance L. 4614-13, al. 2 et R. 4614-19 et s.).
Moyens de la mission de coordination Les rgles qui gouvernent le traite-
Accs aux informations ncessaires Ds lors que linstance de coordina- ment des litiges ns de la dsignation
Lexpert de linstance de coordination tion a indiqu, lors de la premire ru- dun expert par le CHSCT valent
du CHSCT doit pouvoir exiger direc- nion, quelle entendait rendre un avis lidentique pour ceux qui naissent
tement de lemployeur les informa- (lequel psera bien entendu fortement suite la dsignation dun expert par
tions ncessaires lexercice de sa lorsque les CHSCT auront se pro- linstance de coordination.
mission (C. trav., art. L. 4614-9 ; noncer leur tour), la remise du rap-
C. trav., art. L. 4616-4, voir n 12). port dexpertise marque le point de d-
part du dlai qui lui est laiss pour 22 DIFFRENTS TYPES DE CONTESTATION
Accs aux locaux lexprimer (C. trav., art. R. 4616-8). Opportunit de lexpertise
La rgle pose propos de lexpert du Ce dlai est en principe de quinze En cas de projet important modifiant
CHSCT selon laquelle lemployeur ne jours. Il est de sept jours lorsque les conditions de sant et de scurit
peut sopposer lentre de lexpert lexpertise a t organise en raison ou les conditions de travail, la contes-
dans ltablissement est aussi applicable de la prsentation dun projet de tation de lemployeur sur lopportu-
pour lexpert dsign par linstance de restructuration assorti dune com- nit de lexpertise peut concerner uni-
coordination (C. trav., art. L. 4616-1 pression des effectifs (C. trav., art. quement le point de savoir si le projet
et C. trav., art. L. 4614-13, al. 3). Ainsi, R. 4616-8). litigieux est un projet important
ce dernier peut exiger de pntrer dans lexpiration de ce dlai, linstance de modifiant ces conditions (Cass. soc.,
tous les tablissements affects par le coordination est rpute avoir t 14 fvr. 2001, n 98-21.438P ; Cass.
projet important qui a justifi la mise consulte (C. trav., art. L. 4616-3). soc., 18 dc. 2012, n 11-17.634).
en place de linstance, sous rserve,
bien entendu, que cela soit ncessaire Transmission du rapport Qualit de lexpert
pour recueillir des informations utiles Le rapport de lexpert et, le cas chant, Sauf abus manifeste, le juge ne peut
la correcte excution de la mission lavis de linstance de coordination contrler le choix de lexpert auquel
dexpertise dont il est charg. sont transmis par lemployeur aux le CHSCT a fait appel (Cass. soc.,
CHSCT concerns par le projet ayant 26 juin 2001, n 99-11.563P ; Cass.
justifi la mise en place de linstance. soc., 18 dc. 2012, n 11-17.634).
19 RAPPORT DEXPERTISE Les CHSCT rendent ensuite leur avis Ds lors que lexpert choisi dispose
Remise du rapport (C. trav., art. L. 4616-3). dun agrment ministriel dans le
Le rapport de lexpert a bien entendu domaine dont relve le projet au titre
vocation permettre linstance de duquel le comit est consult, sa com-
coordination et aux CHSCT de rendre 20 HONORAIRES LIS LEXPERTISE ptence ne peut pas tre conteste de-
un avis clair. Ce rapport doit tre Les frais dexpertise sont la charge de vant le juge judiciaire (Cass. soc.,
remis aux membres de linstance de lemployeur (C. trav., art. L. 4616-1 et 8 juill. 2009, n 08-16.676P ; voir
coordination dans un dlai prcis L. 4614-13). n 17).
(C. trav., art. L. 4616-3, al. 2) : Ce dernier est donc tenu non seulement
en principe, dans le dlai de un mois au paiement des honoraires stricto sensu Cot de lexpertise
compter de la dsignation de lex- mais aussi des frais inhrents lex- La contestation peut tre prsente ds
pert. Ce dlai peut tre prolong pour cution de la mission dont lexpert solli- le dpart, au moment de la transmis-
tenir compte des ncessits de lexper- cite la prise en charge par lentreprise. sion de la lettre de mission ou lissue
tise sans pouvoir excder soixante Ces frais peuvent videmment tre im- de lexpertise lorsque lexpert adresse
jours. Il est donc important que portants dans le cadre dune expertise sa note dhonoraires lentreprise.
lexpert soit inform dans les plus sollicite par linstance de coordination, Le juge, en retenant que le cot de
brefs dlais pour disposer du temps en particulier si lexpert envisage de se lexpertise demande est manifeste-
ncessaire pour mener bien son rendre dans divers tablissements int- ment survalu, peut faire ressortir
expertise ; resss par le projet important. labus de la dsignation de lexpert et

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 85


Le point spcial

annuler celle-ci (Cass. soc., 26 juin dun projet de restructuration accom- lentre de lexpert dans ltablis-
2001, n 99-18.249P). pagn dune compression des effectifs sement et/ou ne lui fournit pas les
Il peut aussi rduire le montant des de lentreprise emportant obligation informations ncessaires lexercice
honoraires de lexpert au vu du travail dtablir un plan de sauvegarde de de sa mission.
effectivement ralis. Peu importe lemploi, les ventuels litiges chappent Cette contestation de lexpertise
quil y ait eu, avant le dbut de au juge judiciaire. En effet, les contes- unique est adresse au Direccte
lexper tise, acceptation par lem- tations relvent alors de la comptence territo rialement comptent pour
ployeur et le CHSCT (ou linstance du Direccte, et en cas de recours de la connatre du plan de sauvegarde de
de coordination du CHSCT) du tarif dcision prise par ce dernier, du juge lemploi. La contestation peut tre
propos par lexpert (Cass. soc., administratif (C. trav., art. L. 4616-1 prsente par tout moyen sous r-
15 janv. 2013, n 11-19.640P). et L. 4614-13, al. 2). serve quil lui confre date certaine.
Par ailleurs, lemployeur peut tre tenu Le Direccte doit se prononcer dans
de prendre en charge les honoraires Contestations possibles les cinq jours compter de la date de
de lexpert, quand bien mme le juge Lemployeur peut contester : rception de la demande et sa dci-
estime que le projet en question la ncessit de lexpertise, encore sion est notifie lauteur de celle-
nouvre pas droit expertise. En quil est possible de sinterroger sur la ci. Copie de sa dcision est adresse
lespce, un TGI a rejet la demande place dune telle contestation, lentre- aux autres parties (C. trav., art.
dun employeur visant lannulation prise ayant pris linitiative de consti- R. 4616-10).
du recours lexpertise par le CHSCT tuer linstance de coordination afin La dcision de lautorit administra-
raison dun projet important modi- dorganiser le recours lexpertise ; tive peut tre conteste, dans un dlai
fiant les conditions de travail. En dpit la dsignation de lexpert, le cot, de deux mois, devant le tribunal
de lappel interjet par lemployeur, ltendue ou le dlai de lexpertise, administratif, lexclusion de tout
lexpert a achev sa mission dans les mme si, sur ce dernier point, le champ autre recours administratif ou con-
45 jours qui lui taient impartis ouvert une ventuelle contestation tentieux (C. trav., art. L. 1235-7-1,
(C. trav., art. R. 4614-18). Bien que la est l encore assez rduit, le dlai dans al. 2).
cour dappel ait finalement dclar lequel lexpert doit remettre son rap- Le tribunal statue alors dans un
lexpertise injustifie, lemployeur a port tant fix par dcret (voir n 19). dlai de trois mois. Si, lissue de
t condamn en assumer le cot. ce dlai, il ne sest pas prononc, ou
En effet, lexpert ntait pas en tort et Procdure en cas dappel, le litige est port
le CHSCT ne possde pas de budget La contestation peut tre porte par devant la cour ad ministrative
(Cass. soc., 15 mai 2013, n 11-24.218P). (C. trav., R. 4616-10 ; C. trav., art. dappel, galement tenue de statuer
L. 4614-13) : dans un dlai de trois mois. Si
lemployeur, avant transmission lissue de ce dlai, elle ne sest pas
23 PROJET DE RESTRUCTURATION lauto rit administrative de la prononce, ou en cas de pourvoi en
ET DE COMPRESSION DES EFFECTIFS demande de validation ou dhomo- cassation, le litige est port devant
Comptence du Direccte logation du plan de sauvegarde de le Conseil dtat dont la dcision
Lorsque lintervention dun expert a lemploi ; nest cette fois-ci pas enferme dans
t sollicite par linstance de coordi- les membres de linstance de coordi- un dlai particulier (C. trav., art.
nation loccasion de la prsentation nation, lorsque lemployeur soppose L. 1235-7-1, al. 4).

Annexes
Modle dordre du jour de la runion Schma relatif la consultation de linstance en cas
de linstance de coordination des CHSCT de projet de restructuration et de compression des effectifs

86 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Linstance de coordination des CHSCT

Modle dordre du jour de la runion de linstance


de coordination des CHSCT

Ordre du jour de la runion du (date) de linstance de coordination des CHSCT de (entreprise)

1- Dsignation dun expert, dans le cadre du projet ( prciser)

(Le cas chant, lors de la premire runion)

2- Choix sur lmission dun avis

(Le cas chant, lors de la premire runion)


En application de larticle R. 4616-8 du Code du travail, linstance de coordination doit indiquer, lors de la premire
runion, si elle rendra un avis.

ventuellement :
(En cas de consultation sur un projet autre quun projet de restructuration et de compression des effectifs)
Si elle dcide dmettre un avis, il est rappel quelle devra le faire dans un dlai de 15 jours compter de la remise
du rapport de lexpert. dfaut davoir remis son avis dans ce dlai, elle sera rpute avoir t consulte.

ventuellement :
(En cas de consultation sur un projet de restructuration et de compression des effectifs)
Si elle dcide dmettre un avis, il est rappel quelle devra le faire dans un dlai de 7 jours compter de la remise
du rapport de lexpert. dfaut davoir remis son avis dans ce dlai, elle sera rpute avoir t consulte.

(Signatures du prsident et du secrtaire)

P. J. : Ensemble des documents affrents.

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 87


Le point spcial

SCHMA DEXEMPLE SUR LE DROULEMENT DE LA CONSULTATION DE LINSTANCE DE COORDINATION ET DES CHSCT


en cas de projet de restructuration et de compression des effectifs

T 1re runion du comit dentreprise

Dlai de convocation de linstance :


sept jours au moins avant la runion

T+7 1re runion de linstance :


choix de lexpert (C. trav., art. L. 4614-12-1)
+
Dcision de rendre ou non
un avis (C. trav., art. R. 4616-8)

Dlais de lexpertise
(C. trav., art. R. 4614-18)

J 15 Remise du rapport de lexpert


(C. trav., art. L. 4614-12-1)

Convocation de linstance
sept jours au moins avant la runion

J8 Avis de linstance
sept jours aprs la remise du rapport
de lexpert (C. trav., art. R. 4616-8, al. 2)
Convocation du CHSCT
trois jours au moins avant la runion

J3
Convocation du CE
+
Remise, le cas chant, des avis
de linstance et des CHSCT
J Dernire runion du CE
(C. trav., art. L. 1233-30)

Source : Instr. DGEFP/DGT n 2013-13, 19 juill. 2013 ; NOR : ETSD1319060J

88 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


INDEX
Les experts
du comit dentreprise
groupe 32 OFFRES PUBLIQUES
EXPERT-COMPTABLE moment de dsignation 19 DACQUISITION 38, 68
situation de lentreprise 31 ORIENTATIONS STRATGIQUES
unit conomique et sociale 32 DE LENTREPRISE 24, 47
ACCS DANS LENTREPRISE 57 EXAMEN DES DOCUMENTS COMPTABLES PRSIDENT DU TGI 83
ACCORD DE MAINTIEN ET DE GESTION 33 et s. PROCDURE DALERTE 7, 22
DE LEMPLOI 25, 48 EXPERT-COMPTABLE INSCRIT RAPPORT DE LEXPERT 70
ASSISTANCE DE LEXPERT 52 et s. AU TABLEAU DE LORDRE 12 RAPPORT RELATIF
AUTEUR DE LA DSIGNATION 5 et s. EXPERT LIBRE 32 LA PARTICIPATION 21, 46
CHOIX DE LEXPERT 14 EXPERT TECHNIQUE 53 RECHERCHE DUN REPRENEUR p. 30
COLLABORATEURS 52, 74 FRAIS 85 RMUNRATION 80 et s.
COMIT CENTRAL DENTREPRISE 7, 32 GROUPE DE SOCITS 32, 42 conciliation p. 49
COMIT DE GROUPE 10 INDPENDANCE 71 contestation 82 et s.
COMIT DENTREPRISE 5, 27 LETTRE DE MISSION 64 fixation 81
COMIT DENTREPRISE EUROPEN 11 LICENCIEMENT CONOMIQUE 39 et s. frais 85
COMIT DTABLISSEMENT 7, 32, 40 cadre de la dsignation 40 orientations stratgiques
COMMISSION CONOMIQUE 9, 45 choix de lexpert 44 de lentreprise 84
CONCENTRATION (opration de) 26, 36 contenu de la mission 42 prsident du TGI 83
CONTACTS AVEC LE COMIT dlai 68 prise en charge 80
DENTREPRISE 59 limites 42 RESPONSABILIT DE LEXPERT 76 et s.
CONTACTS AVEC LE PERSONNEL 61 modalits de dsignation 23, 41 RUNION PLNIRE 60
DLAI DE RALISATION ngociation dun accord RUNION PRPARATOIRE 60
DES MISSIONS 65 et s. majoritaire 43 SECRET PROFESSIONNEL 72 et s.
DLGATION UNIQUE procdures concernes 39 SOCIT DEXPERTISE COMPTABLE 13
DU PERSONNEL 6 LITIGES UNIT CONOMIQUE ET SOCIALE 32
DLGUS DU PERSONNEL 8 dsignation 27 et s.
DSIGNATION 15 et s. documents 56
intervention du juge 18 mission 50
litiges 27 et s. rmunration 51, 83 et s. EXPERT TECHNIQUE
moment 19 et s. MISSIONS 29 et s.
participation du prsident 17 accord de maintien de lemploi 48 DLAIS DEXPERTISE 106
rgles de majorit 16 dlai de ralisation 65 et s. DSIGNATION 86 et s.
vote facultatif 15 examen annuel des comptes 29 et s. accord de lemployeur 92
DISCRTION 72 et s. examen des documents comptables choix de lexpert 93
DOCUMENTS 54 et s. et de gestion 33 et s. comit central dentreprise 89
comit dentreprise 55 licenciement conomique 39 et s. comit dentreprise 89
commissaire aux comptes 54 litiges 50 comit dtablissement 89
communicables 55 offres publiques dacquisition 38 dlgus du personnel 90
comptabilit analytique 55 orientations stratgiques litiges 94 et s.
comptabilit exercices antrieurs 55 de lentreprise 47 vote 88
comptabilit prvisionnelle 55 opration de concentration 36 et s. DISCRTION 110
convention de cession dactions 55 rapport relatif la participation 46 ENTREPRISES CONCERNES 86 et s.
convention avec des tiers 55 recherche dun repreneur p. 30 EXPERT LIBRE 111
dlai 56 recoupement 49 INCIDENCES SOCIALES 100 et s.
excdant le cadre de mission 55 MOYENS DACTION 52 et s. LITIGES 94 et s.
filiale 55 collaborateurs 52 dsignation 97
forme 56 contacts avec le personnel 61 rmunration 113
groupe 55 documents 54 et s. MISSIONS 102 et s.
inexistants 55 expert technique 53 MOYENS 104 et s.
litiges 56 libre accs aux locaux 57 contacts avec le personnel 108
non communicables 55 runion avec comit documents 105
portant atteinte la vie prive 55 dentreprise 60 libre accs dans lentreprise 104
ENTREPRISES CONCERNES 1 OBLIGATIONS DE LEXPERT 63 et s. runion avec le CE 107
ENTREPRISE DE 50 SALARIS dlai ralisation des missions 65 et s. MUTATIONS TECHNOLOGIQUES p. 56
SANS COMIT DENTREPRISE 3 discrtion 72 et s. NOUVELLES TECHNOLOGIES 98 et s.
ENTREPRISE TRANGRE 2 indpendance 71 OBJET 91
EXAMEN ANNUEL DES COMPTES 29 et s. lettre de mission 64 OBLIGATIONS DE LEXPERT 109 et s.
comptes concerns 29 rapport crit 70 RMUNRATION 111 et s.
environnement conomique 31 responsabilit 76 et s. SECRET PROFESSIONNEL 110
tendue de la mission 30 secret professionnel 72 et s.

Numros juridiques Liaisons sociales Fvrier 2015 89


INDEX

AUTRES EXPERTS POINT SPCIAL :


INSTANCE DE COORDINATION DES CHSCT
EXPERT LIBRE
DSIGNATION 114 et s.
auteur de la dsignation 116
forme 117 AGRMENT (DES EXPERTS) 17, p. 83 LOCAUX 18
qualit 115 AVIS 19 MDECIN DU TRAVAIL 5, 10
objet 118 CAS DE RECOURS 1 et s. MEMBRES 5
DURE DE MISSION 120 CONTESTATION 21 et s. MISSION DE LEXPERT 18
MISSION 119 COMPOSITION 5 et s. MODIFICATION DES CONDITIONS
MOYENS 121 et s. DSIGNATION : DE TRAVAIL 2, 4, 18, p. 84, 22
documents 122 des membres de linstance 6 MOYENS 11 et s.
locaux 122 de lexpert 16, 17, 22 MUTATIONS TECHNOLOGIQUES 4
runion du comit dentreprise 123 DISCRTION 15 NOUVELLES TECHNOLOGIES 4
OBLIGATION DE SECRET ET ENQUTES 13 ORDRE DU JOUR 8, p. 87
DE DISCRTION 124 EXPERTISE 2, 4, 16 et s. PRSIDENT 5, 8
RECHERCHE DUN REPRENEUR p. 66 FONCTIONNEMENT 7 et s. RAPPORT DEXPERTISE 19
RMUNRATION 125 HEURES DE DLGATION 14 RESTRUCTURATION 4, 19, 23, p. 88
HONORAIRES DE LEXPERT 18, 20, 22 RUNIONS 9, 10, 11, p. 87
EXPERT-COMPTABLE INFORMATIONS 12, 18 SECRET PROFESSIONNEL 15
DU COMIT DE GROUPE INSPECTEUR DU TRAVAIL 5, 8, 10 SECRTAIRE 7
DSIGNATION 130
DOCUMENTS 131
LOCAUX 132
MISSION 126 et s.
OBLIGATIONS DE SECRET
ET DE DISCRTION 132
POUVOIR DINVESTIGATION 133
RMUNRATION 134

EXPERT JUDICIAIRE DE GESTION


DSIGNATION 135 et s.
conditions de fond 136 Zoom
conditions de forme 135
MISSION 137 DROIT DALERTE CONOMIQUE DU COMIT DENTREPRISE p. 73
RAPPORT 138
RMUNRATION 139

90 Liaisons sociales Fvrier 2015 Numros juridiques


Prix de labonnement aux Numros juridiques : 422,69 TTC/an
Labonnement comprend 10 Numros par an et les archives on-line
des deux dernires annes.

Prix de vente au Numro : 44,00 TTC.


Prix du boitier pour stocker vos Numros juridiques : 19,50 lunit.

Commission paritaire : 1214 T 91609


ISSN : 2101-4418

Prix reliure Numros juridiques : 17 euros

Vous aimerez peut-être aussi