Les Experts Du Comité D'entreprise: Numéros Juridiques
Les Experts Du Comité D'entreprise: Numéros Juridiques
Les Experts Du Comité D'entreprise: Numéros Juridiques
Les experts
du comit
dentreprise
Experts du comit dentreprise Fvrier 2015
Numros juridiques
Linstance de coordination
Le point spcial
des CHSCT
Numros
juridiques
Liaisons sociales
1, rue Eugne et Armand Peugeot
92856 Rueil-Malmaison Cedex
Tl. : 01 76 73 30 00
Fax : 01 76 73 48 82
www.wk-rh.fr Les experts du comit
Prsident, directeur de la publication
Hubert Chemla dentreprise
Directrice gnrale du ple Droit
et Rglementation Face lacclration des restructurations dentreprises et la complexit du
Isabelle Bussel
monde des affaires, les comits dentreprise sont confronts
Directrice de linfocentre Droit social
Sylvie Duras des situations difficiles apprhender. Afin de les aider dans
leurs diffrentes attributions et leur permettre de rendre un avis clair, ils
RDACTION
Rdactrice en chef peuvent recourir lassistance de plusieurs types dexperts. La loi
Natacha Marignier du 14 juin 2013 relative la scurisation de lemploi (L. n 2013-504,
remplace ad interim
par Sandra Limou (3819) JO 16 juin) a largi leur champ daction mais, pour certains dentre eux, a
Rdactrice encadr les dlais de ralisation de leur mission.
Marie Mourat (4119)
Expert technique
Sige social :
1, rue Eugne et Armand Peugeot
92856 Rueil-Malmaison Cedex
RCS Nanterre 480 081 306
Dans les entreprises dau moins 300 salaris, le comit dentreprise peut recourir
Associ unique un expert rmunr par lemployeur loccasion de tout projet important
Holding Wolters Kluwer France dintroduction de nouvelles technologies, lorsquil est susceptible davoir des
incidences sociales. Le recours cet expert ncessite un accord entre
Dpt lgal : FVRIER 2015
lemployeur et la majorit des membres lus du comit dentreprise.
dfaut, la dcision est prise par le prsident du tribunal de grande instance
statuant en urgence.
Lexpert technique doit remettre son rapport dans un dlai raisonnable fix par
un accord entre lemployeur et le comit d'entreprise ou, dfaut, par dcret.
Il est tenu par le secret professionnel pour les questions relatives aux procds
de fabrication et par une obligation de discrtion lgard des informations
prsentes comme confidentielles par lemployeur.
Lexpert libre
Le comit dentreprise peut faire appel tout expert rmunr par ses soins pour
la prparation de ses travaux. Sa mission sinscrit dans le cadre des fonctions
exerces par le comit en matire conomique, professionnelle et sociale.
Contrairement lexpert-comptable qui dispose de pouvoirs dinvestigation
largis, lexpert libre a accs uniquement aux documents dtenus par le comit
dentreprise et au local de ce dernier. Nanmoins, un usage ou un accord
collectif peuvent prvoir un accs dautres locaux.
Par exception, dans le cadre de la fermeture dun tablissement ayant pour
consquence un projet de licenciement conomique (entreprise dau moins
1 000 salaris), le CE peut faire appel un expert qui nest pas ncessairement
un expert-comptable dont les honoraires sont la charge de lemployeur.
Linstance de coordination
des CHSCT
La loi du 14 juin 2013 relative la scurisation de lemploi a institu,
pour les entreprises comptant plusieurs CHSCT, la possibilit de mettre en place
une instance temporaire de coordination. Une fois constitue linitiative
de lemployeur, elle est charge dorganiser le recours une expertise unique,
lorsque ces comits sont concerns par un projet commun. Si linstance
de coordination peut rendre un avis sur le projet, il ne se substitue pas
celui des CHSCT concerns.
Lexpert-comptable Ce Numro
1 du comit dentreprise 7
Modalits de recours un expert
Offres publiques dacquisition
Procdure de licenciement conomique 24
23
23 juridique
annule
LA DSIGNATION 8 Procdures concernes 24 et remplace
la prcdente
Entreprises concernes 8 Cadre de la dsignation 24 dition
Qui procde la dsignation ? 9 Modalits de dsignation 25 doctobre 2010
Comit dentreprise 9 Contenu de la mission 25
Dlgation unique du personnel 9 Ngociation de laccord sur la procdure
Comit dtablissement et CCE 9 de licenciement conomique 26
Dlgus du personnel 11 Choix de lexpert-comptable 27
Commission conomique du CE 11 Commission conomique du CE ou du CCE 27
Comit de groupe 11 Participation 28
Comit dentreprise europen 12 Orientations stratgiques de lentreprise 28
Qui peut tre dsign ? 12 Ngociation de laccord de maintien de lemploi 29
Expert-comptable inscrit au tableau de lOrdre 12 Recoupements entre les diffrentes missions 29
Socit dexpertise comptable 12 Litiges 30
Choix de lexpert 12
Modalits de la dsignation 13 LES MOYENS DACTION 33
Vote facultatif du comit 13 Assistance de lexpert-comptable 33
Rgles de majorit 13 Accs aux documents 34
Participation du prsident 13 Libre accs dans lentreprise 38
Intervention du juge 14 Contacts et runions avec les membres du CE 39
Moment de la dsignation 14 Contact avec le personnel 40
Litiges relatifs la dsignation 16 Contact avec les organisations syndicales 40
Opportunit du recours 16
Rgularit de la dsignation 16 LES OBLIGATIONS DE LEXPERT 41
Lettre de mission 41
LES MISSIONS 19 Dlais de ralisation de la mission 41
Examen annuel des comptes 19 Principe 41
Comptes concerns 19 Dlais conventionnels 42
tendue de la mission 19 Dlais rglementaires 42
Environnement conomique Dlais lgaux 42
et situation de lentreprise 20 Point de dpart des dlais 42
Groupe et unit conomique et sociale 20 Rdaction dun rapport 42
Examen des documents comptables Obligation dindpendance 43
et de gestion 21 Obligation de secret professionnel
De quels documents sagit-il ? 21 et de discrtion 43
Dans quelle entit cette assistance est-elle possible ? 21 Principe 43
Modalits de recours lexpert 22 lgard du comit dentreprise 43
Oprations de concentration 22 lgard des tiers 44
Oprations concernes 22 Sanctions 44
2 Lexpert technique 51
Rmunration
LEXPERT-COMPTABLE DU COMIT
65
LA DSIGNATION 52 DE GROUPE 67
Entreprises concernes 52 Mission 67
Entreprise dau moins 300 salaris 52 Dsignation 68
Apprciation de leffectif 52 Moyens daction 68
Initiative du comit dentreprise 52 tendue du pouvoir dinvestigation 69
Vote du comit dentreprise 52 Rmunration 70
Rpartition des comptences 53
Dlgus du personnel 53 LEXPERT JUDICIAIRE DE GESTION 71
But du recours lexpertise 53 Dsignation 71
Accord de lemployeur 53 Mission dexpertise 72
Choix de lexpert 54 Rapport 72
Intervention du prsident du TGI 54 Rmunration 72
ZOOM
DROIT DALERTE CONOMIQUE DU COMIT DENTREPRISE 73
Le point spcial
Linstance de coordination
des CHSCT
Cas permettant la coordination 80 Moyens et obligations de linstance 82
Composition de linstance 81 Modalits de lexpertise unique 82
Fonctionnement de linstance 81 Contestation de lexpertise 85
Les missions
La rmunration de lexpert
LA DSIGNATION
4 RECOURS UN EXPERT-COMPTABLE
Le comit dentreprise peut se faire assister dun 7 COMIT DTABLISSEMENT ET CCE
expert-comptable de son choix (C. trav., art. Dans les entreprises structure plus complexe
L. 2325-35) : ayant des comits dtablissement et un comit
en vue de lexamen annuel des comptes prvu central dentreprise, cest en considration de la
aux articles L. 2323-8 et L. 2323-9 ; nature des missions dassistance prvues par
en vue de lexamen des documents mentionns larticle L. 2325-35 que doit tre dtermin
larticle L. 2323-10, dans la limite de deux fois lauteur de la dsignation de lexpert-comp-
par exercice ; table.
dans les conditions prvues larticle L. 2323-20, Selon larticle L. 2327-15 du Code du travail, les
relatif aux oprations de concentration ; comits dtablissement ont les mmes attribu-
dans le cadre de la procdure dalerte cono- tions que les comits dentreprise dans la limite
mique prvue aux articles L. 2323-78 et suivants ; des pouvoirs confis aux chefs de ces tablis-
lors de la mise en uvre de la procdure de sements. Quant au comit central dentreprise,
consultation pour licenciement conomique dans larticle L. 2327-2 prcise, en son premier alina,
les entreprises dau moins 10 salaris dans une quil exerce les attributions conomiques qui con-
mme priode de 30 jours (C. trav., art. L. 1233- cernent la marche gnrale de lentreprise et qui
30) ; excdent les limites des pouvoirs des chefs
lors de lexamen du rapport relatif la parti- dtablissement.
cipation (C. trav., art. D. 3323-14) ; Cest donc en fonction de cette rpartition des
dans le cadre de la consultation sur les orien- comptences entre comits dtablissement et
tations stratgiques de lentreprise (C. trav., art. comit central dentreprise que doit tre dter-
L. 2323-7-1) ; min, pour chacune des missions vises larticle
lors de la ngociation dun accord de maintien L. 2325-35, lauteur de la dsignation de lexpert-
dans lemploi (C. trav., art. L. 5125-1) ; comptable.
lors de la conclusion dun accord collectif en
cas de licenciement conomique (C. trav., art. Examen des comptes
L. 1233-34 et L. 1233-24-1) pour assister les or- et des documents de gestion
ganisations syndicales dans la ngociation ; Lorsque les comptes sociaux comme les docu-
dans le cadre de la recherche dun repreneur ments de gestion sont tablis au niveau de len-
quand lentreprise envisage la fermeture dun ta- treprise entire, ils sont prsents ou commu-
blissement qui aurait pour consquence un projet niqus au comit central dentreprise. Dans ce
de licenciement collectif (C. trav., art. L. 1233- cas, il ny a aucune raison pour que le comit
57-17) dans les entreprises et tablissements dau dtablissement, dpourvu de toute autonomie
moins mille salaris. Lexpert dsign ce titre budgtaire, exige lassistance dun expert-comp-
nest pas ncessairement un expert-comptable ; table.
dans le cadre dune offre publique dacquisition En revanche, dans le cas inverse, lorsquune
(C. trav., art. L. 2323-21 et s). direction financire existe au niveau de ltablis-
sement, son comit doit pouvoir obtenir lassis-
tance dun expert-comptable, pour lexamen
5 COMIT DENTREPRISE annuel des comptes (Cass. soc., 14 dc. 1999, n 98-
Dans les entreprises structure simple au sein 16.810P; Cass. soc., 11 mars 1992, n 89-20.670P,
desquelles est constitu un comit dentreprise Dr. social 1993, note Maurice Cohen; Cass. soc.,
unique, la dtermination de lauteur de la dsi- 27 mai 2008, n 07-12.582).
gnation de lexpert-comptable ne soulve, en fait Dans larrt du 11 mars 1992, il sagissait dun comit
comme en droit, aucune difficult puisquil sagit dtablissement regroupant cinq centres de soins
du seul comit constitu. appartenant une association grant, par ailleurs,
dautres centres de soins. Les budgets de fonction-
nement, propres chaque tablissement, sont fixs
par lautorit administrative de tutelle, comme cest
6 DLGATION UNIQUE DU PERSONNEL la rgle dans ce secteur dactivits. Cette tutelle bud-
Dans les entreprises de moins de 200 salaris, les gtaire conduit considrer chaque tablissement
dlgus du personnel peuvent constituer la dl- comme une vritable entreprise autonome tablissant
gation du personnel au comit dentreprise ses propres documents comptables sans consolidation
(C. trav., art. L. 2326-1). Dans ce cas, les attribu- administrative au niveau de lassociation gestionnaire.
tions et les rgles de fonctionnement des deux Pour cette raison, ces documents doivent tre pr-
institutions, dlgus du personnel et comit den- sents au comit dtablissement et non au comit
central dentreprise, le comit dtablissement jouant,
En rservant en pareil cas au comit central lassistance dun expert-comptable rmunr par
dentreprise la possibilit de recourir lassistance lemployeur pour toutes les missions prvues par
de lexpert, la loi semble exclure cette possibilit larticle L. 2325-35.
pour le ou les comits dtablissement concerns. Larticle L. 2313-14 du Code du travail confirme
Toutefois, le comit dtablissement concern par le prcisment cette possibilit sagissant de lexercice
projet de licenciement retrouve la facult de dsigner du droit dalerte conomique.
un expert lorsque le comit central dentreprise na Comme indiqu prcdemment (voir n 3), la
pris cet gard aucune dcision, faisant ainsi preuve facult pour les dlgus du personnel de recourir
de carence dans laccomplissement de sa mission un expert-comptable reste rserve aux cas
(Cass. soc., 25 janv. 1995, n 92-13.546P). Ce pouvoir
disparat lorsque le comit central dentreprise a d- dabsence de comit dentreprise, par suite dune
cid, au terme dun vote rgulier, de ne pas faire carence constate dans les conditions prvues
appel un expert (CA Lyon, 12 dc. 1996, n 96/08168; larticle L. 2324-8, donc aux entreprises dau
RJS 1/97, n 26). moins 50 salaris.
Ainsi, dans une entreprise de moins de 50 salaris,
Orientations stratgiques des dlgus du personnel consults sur un projet
de lentreprise de licenciement collectif pour motif conomique,
Eu gard la finalit de cette consultation (C. trav. concernant au moins 10 salaris dans une mme p-
art. L. 2323-7-1), il paratrait cohrent de consi- riode de 30 jours, ne sauraient recourir lassistan-
ce dun expert-comptable. En effet, ils nexercent
drer, en cas dentreprise structures complexes, pas, en pareil cas, les attributions conomiques du
que seul le comit central dentreprise puisse comit dentreprise.
procder cette dsignation.
14 CHOIX DE LEXPERT
QUI PEUT TRE DSIGN ? Le comit dentreprise dispose dune grande libert
dans le choix de lexpert.
12 EXPERT-COMPTABLE INSCRIT Toutefois, la commission conomique, en appli-
AU TABLEAU DE LORDRE cation de larticle L. 2325-25 du Code du travail,
Le comit dentreprise peut se faire assister dun ne peut se faire assister que par lexpert-comptable
expert-comptable de son choix (C. trav., art. du comit dentreprise, ce qui la prive donc de
L. 2325-35). Ainsi, lexpert dsign doit tre inscrit toute possibilit de dsigner un autre expert que
au tableau de lOrdre des experts-comptables. celui librement choisi par le comit (voir n 9).
Larticle 3 de lordonnance du 19 septembre 1945 De la mme manire, lexpert-comptable dsign
n 45-2138, portant institution de lOrdre des dans le cadre de la procdure de licenciement
expert-comptable et rglementant le titre et la conomique sera le mme qui pourra ensuite
profession dexpert-comptable (JO 21 sept. 1945), effectuer une mission daccompagnement des
subordonne en effet lusage du titre et lexercice organisations syndicales pour la signature dun
de la profession cette inscription. Est donc exclue accord dentreprise portant sur cette procdure
la dsignation de tout expert ne remplissant pas et le PSE (C. trav., art. L. 2325-35 II).
cette condition, quil sagisse notamment : Avec laccord de la direction de lentreprise, la mission
dun titulaire du diplme dexpertise-comptable de lexpert-comptable peut tre scinde en deux
non inscrit au tableau de lOrdre ; parties, confies deux experts-comptables diffrents
dun commissaire aux comptes sil nest pas en (CA Paris, 1re ch. A, 5 mai 1998, n 96/17676).
mme temps expert-comptable. Le comit est libre de changer dexpert chaque
mission.
Pour toute mission, lexpert-comptable est libre que les rsolutions du comit sont prises la
daccepter ou de refuser son concours (Guide majorit des membres prsents, ce qui conduit
des missions de lexpert-comptable, p. 44). faire entrer en ligne de compte les abstentions
ainsi que les votes blancs ou nuls.
Cette rgle de majorit sapplique la dcision
sur le principe mme du recours un expert-
comptable ainsi qu la dcision sur le choix de
lexpert-comptable.
Cependant certains auteurs prconisent que la
dsignation de lexpert-comptable soit prise la
MODALITS majorit des voix exprimes et non des personnes
DE LA DSIGNATION prsentes. Ainsi, selon M. Cohen et L. Milet ( Le
droit des comits dentreprise et des comits de
15 VOTE FACULTATIF DU COMIT groupe , LGDJ, 11e d., 2015, p. 684), la dsigna-
La dcision de recourir pour une mission donne tion dun expert-comptable est une dcision
lassistance dun expert-comptable, comme celle relative au fonctionnement du comit, adopte
relative au choix de lexpert, appartient au comit ds lors la majorit des votes exprims.
dentreprise. La dsignation de lexpert nest pas En tout tat de cause, cette majorit doit tre
subordonne un vote du comit. Un tel vote apprcie par rapport aux participants au vote,
nest ncessaire que dans le cas dun dsaccord cest--dire, en lespce, aux seuls membres ti-
entre les membres du comit (Cass. crim., 12 avr. tulaires du comit dentreprise ainsi quaux
1988, n 87-80.985). supplants remplaant, le cas chant, certains
En pratique, le comit dentreprise dcide de titulaires absents.
procder une expertise et dsigne lexpert au Si la dcision de recourir lassistance dun expert-
cours dune runion du comit. La question comptable comme celle relative au choix de
devrait tre inscrite lordre du jour et figurer lexpert ne constituent pas en effet en elles-mmes
au procs-verbal. Toutefois, il a t jug que le et au sens strict des consultations , par le prsi-
recours un expert-comptable, pour lexamen dent, des membres lus du comit en tant que
annuel des comptes, na pas figurer express- dlgation du personnel, elles sinscrivent en re-
ment lordre du jour de la runion au cours de vanche incontestablement dans loptique de telles
laquelle le principe de cette assistance doit tre consultations. Cest bien en effet pour lclairer
discut. Il suffit que lordre du jour ait un lien et lui permettre de formuler un avis sur les infor-
suffisant avec lobjet de la dsignation, comme mations ou documents qui lui seront soumis par
par exemple rapport annuel densemble (CA le prsident que la dlgation du personnel dcide
Rennes, 13 dc. 2013, n 12/06850). Ceci tant, de recourir lassistance dun expert-comptable
ni un dsaccord sur le primtre de lexpertise- de son choix.
comptable envisage, ni labsence allgue de Se pose donc le problme du vote du prsident
comptabilit propre aux entits conomiques du comit dentreprise.
composant lta blis se ment ne peuvent faire
obstacle linscription du point litigieux lordre
du jour de la runion du comit central dtab- 17 PARTICIPATION DU PRSIDENT
lissement. Le refus oppos par lemployeur carac- En application de larticle L. 2325-18 du Code
trise, dans ces circonstances, un trouble mani- du travail, le prsident du comit ne participe
festement illicite (CA Versailles, 22 mai 2013, pas au vote lorsquil consulte les membres lus
n 13/00292). du comit en tant que dlgation du personnel .
Le comit prcise la mission quil confie lexpert. Cette disposition sapplique en cas de recours
NOTER un expert-comptable. Cest en ce sens que stait
Lopposition de lemployeur lexcution de la prononce la Cour de cassation avant mme
mission de lexpert-comptable dsign par le comit lintervention de la loi du 28 octobre 1982 (Cass.
dentreprise conformment lordre du jour, constitue soc., 5 mai 1983, n 81-16.787P) et quelle la fait
un trouble manifestement illicite que le prsident depuis (Cass. soc., 26 nov. 1987, n 86-14.530P).
du tribunal de grande instance doit faire cesser (Cass. Enfin, et bien quaucun texte ne le prvoit expres-
soc., 11 mars 1992, n 89-17.264P). sment, la logique conduit considrer que ces
rgles de vote et de majorit valables pour la dsi-
gnation dun expert-comptable par le comit
16 RGLES DE MAJORIT dentreprise, par un comit dtablissement ou
Lorsque, dfaut daccord unanime des membres par le comit central dentreprise, le sont gale-
du comit dentreprise, un ou plusieurs votes ment lorsque la dsignation mane des dlgus
savrent ncessaires pour dcider de recourir du personnel exerant, en application de larticle
lexpert et le dsigner, il convient de dterminer L. 2313-13 du Code du travail, les attributions
la ou les rgles de majorit applicables ces votes. conomiques du comit dentreprise.
Larticle L. 2325-18 du Code du travail prvoit
En effet, si chaque examen des comptes est annuel, Elle prend fin avec la remise du document qui
aucun texte ninterdit une dsignation pour peut contribuer ltablissement du rapport du
plusieurs examens successifs dans la limite simple- comit dentreprise, ainsi que dun avis qui sera
ment de la dure du mandat du comit, qui ne joint en cas de saisine des organes dadministration
saurait bien videmment engager les comits sui- ou de surveillance (Guide des missions de lexpert-
vants. Une telle dsignation ne peut avoir pour comptable, p. 78 ; voir Zoom p. 73).
effet de confrer la mission dassistance de
lexpert-comptable un caractre permanent, ses
interventions se droulant ponctuellement 23 LICENCIEMENT CONOMIQUE
loccasion de chaque examen annuel. Sagissant de lassistance lors de la mise en uvre
Compte tenu de cette possibilit pour le comit de la procdure de consultation prvue larticle
dentreprise de dsigner un expert-comptable soit L. 1233-30 du Code du travail (licenciement dau
pour un exercice donn, soit pour la dure de moins 10 salaris dans une mme priode de
son mandat, sa dlibration doit en pratique tre 30 jours), larticle L. 1233-34 fixe avec prcision
claire et prciser le ou les exercices au titre le moment de la dsignation de lexpert-comp-
desquels lassistance est requise. table.
Il prcise en effet que le comit dentreprise prend
sa dcision lors de la premire runion de consul-
20 EXAMEN DES DOCUMENTS PRVISIONNELS tation prvue larticle L. 1233-30. La mission
Sagissant de lexamen des documents de gestion, de lexpert-comptable prend fin lissue de la
notamment prvisionnels, tablis dans certaines procdure de consultation, soit la dernire ru-
socits et groupements dintrt conomique nion (Guide des missions de lexpert-comptable,
(documents mentionns larticle L. 2323-10 du p. 88).
Code du travail), larticle L. 2325-35 limite deux Cette mme rgle sapplique galement en cas de
fois par exercice la possibilit pour le comit dsignation de lexpert par le comit central den-
dentreprise de recourir lassistance dun expert- treprise, dans le cas o les consultations concer-
comptable, ce qui correspond la priodicit nent la fois le comit central et un ou plusieurs
selon laquelle sont communiqus au comit les comits dtablissement (C. trav., art. L. 1233-36 :
documents concerns. cet article renvoie en effet expressment, sagissant
La mission prend fin lissue de la runion du des conditions de la dsignation, aux articles
comit dentreprise consacre la prsentation L. 1233-34 et s.).
du rapport de lexpert-comptable (Guide des Lors de cette dsignation, le comit dentreprise
missions de lexpert-comptable, p.70). pourra galement mandater lexpert-comptable
pour assister les organisations syndicales dans la
21 RAPPORT SUR LA PARTICIPATION ngociation de laccord collectif relatif au contenu
En ce qui concerne le rapport relatif la partici- du PSE et aux modalits de consultation du comit
pation, larticle D. 3323-14 du Code du travail dentreprise et aux modalits de mise en uvre
prvoit lorsque le comit dentreprise est appel des licenciements (C. trav., art. L. 1233-34).
siger pour examiner le rapport relatif laccord Il pourra galement lui donner pouvoir dinter-
de participation, les questions ainsi examines venir si le projet entrane la fermeture dun site
font lobjet de runions distinctes ou dune men- dans lentreprise ou ltablissement dau moins
tion spciale son ordre du jour. Le comit peut 1 000 salaris, avec obligation de recherche dun
se faire assister par lexpert-comptable prvu repreneur (C. trav. art. L. 1233-57-17).
larticle L. 2325-35 du Code du travail .
Autrement dit, lassistance de lexpert-comptable
ne peut, pour cette mission, sexercer en dehors 24 CONSULTATION SUR LES ORIENTATIONS
de la runion consacre lexamen du rapport, STRATGIQUES DE LENTREPRISE
ce qui exclut la possibilit pour le comit dentre- Le dlai de consultation du comit dentreprise
prise de faire appel lexpert tout moment. court compter de la communication par lem-
ployeur des informations prvues par le Code du
travail pour cette consultation, ou de linformation
22 PROCDURE DALERTE par lemployeur de leur mise disposition dans
Concernant la procdure dalerte conomique, la base de donnes conomiques et sociales
cest uniquement pour ltablissement de son rap- (C. trav., art. R. 2323-1).
port que le comit dentreprise, ou la commission On peut penser que la dsignation de lexpert-
conomique dans les entreprises employant au comptable devra intervenir lors dune premire
moins 1 000 salaris, peut se faire assister dun runion visant communiquer ces informations
expert-comptable, une fois seulement par exercice puisque le dlai de consultation du comit dentre-
(C. trav., art. L. 2323-79). La mission commence prise en dpendra. En effet, dfaut daccord, le
donc au plus tt la date o le comit dentreprise comit dentreprise est rput avoir t consult
dcide dtablir un rapport (Cass. soc., 19 fvr. et avoir rendu un avis ngatif lexpiration dun
2002, n 00-14.776P). dlai de deux mois compter de la communication
28 RGULARIT DE LA DSIGNATION
Comme toute dcision du comit dentreprise, la
LITIGES RELATIFS rgularit de la dsignation, pour une mission
LA DSIGNATION donne, dun expert-comptable peut tre conteste
soit par le prsident soit par tout autre membre
27 OPPORTUNIT DU RECOURS du comit.
Le comit dentreprise dcide seul Sil ne peut sopposer la dsignation dun expert-
Le premier alina de larticle L. 2325-35 du Code comptable, lemployeur peut donc contester un
du travail prvoit que le comit dentreprise peut tel recours sil estime que la dsignation a t
se faire assister dun expert-comptable de son effectue irrgulirement ou que les conditions
choix pour les missions institutionnelles quil de sa nomination ne sont pas remplies.
numre ensuite. Une telle contestation peut porter aussi bien sur
Il en rsulte que le comit dentreprise est seul lorganisation ou sur le droulement du vote que
juge de lopportunit de recourir, pour lune ou sur la nature de la mission confie, ou encore sur
lautre de ces missions, lassistance dun expert- le montant de la dsignation.
LES MISSIONS
Lesattributionsconomiquesducomitdentre- 30 TENDUE DE LA MISSION
prisesontnombreusesetvaries.Cestpourquoi Lamissiondelexpert-comptableportesurtous
lesmissionslgalesdelexpert-comptabledu leslmentsdordreconomique,financierou
comitdentreprisesontconsquentesafinde socialncessaireslacomprhensiondescomptes
permettreaucomitdexercerpleinementses etlapprciationdelasituationdelentreprise
attributions.Pluttquedesattacherunedis- (C. trav., art. L. 2325-36).
tinctionclassiqueentrelesmissionscaractre Cettemissionconsisterendrelescomptesintel-
habituel,ordinaire,etlesmissionscaractre ligiblesaucomitdentrepriselorsdeleurexamen
vnementiel,extraordinaire,nousavonsprfr, annueletluipermettredapprcierlasituation
pourlaclartdelexpos,prsentersuccessive- delentreprisedanssonenvironnement(Guide
mentcesdiffrentesmissionslgalesdassistance. des missions de lexpert-comptable dassistance au
Lescasderecoursparlecomitdentrepriseun comit dentreprise, Ordre des experts-comptables,
expert-comptablermunrparlentreprisesont dition 2014, p. 61).
dterminsparlelgislateuretdoiventtrestric- NOTER
temententendus. Ladsignationdelexpert-comptablenestpascondi-
Ainsi,leCodedutravailneprvoitpasquele tionneauconstatdundsaccordoudunmanque
comitdentreprisesoitassistdunexpertr- detransparencedanslacommunicationdesinfor-
munrparlentrepriseencasdinformation- mationsparlemployeur.Ledroitducomitdentre-
consultationsurleprojetdecessiondelentre- prisedesefaireassisterdunexpertnestsubordonn
prise(Cass. soc., 14 mars 2006, n 05-13.670P). aucuneconditionpralable,sicenestvidemment
Toutefoislaloidu14 juin2013relativelas- laprsentationdescomptes(CA Lyon, 12 fvr. 2013,
curisationdelemploi(L. n 2013-504, JO 16 juin) n 12/01953).
alargilesmissionsdassistancedelexpert-comp- Mission pdagogique
tableenpermettantnotammentlaprsencede LOrdredesexperts-comptablesprcisequ ilappar-
celui-ci,nonplusuniquementauprsducomit tientlexpert-comptabledetraduire enlangage
dentreprise,maisgalementauprsdesorga- clairetaccessibledesnon-spcialisteslesdonnes
nisationssyndicalesenvuedelangociation comptables,conomiques,financiresetsociales
daccordsportantsurlemploiouleslicenciements rsultantdesdocumentscommuniqusparlem-
collectifs. ployeur,etdeceuxquilauraitpurunirparailleurs
(Guide des missions de lexpert-comptable, p. 61).
Lerapportfinaldecettemissiondoiteneffetper-
mettreaucomitdentreprisedeformulertoutes
observationsutilessurlasituationconomique
etsocialedelentreprise.
lecomitdentreprisedapprcierlesdocuments runionsdelacommissionconomiqueducomit
quilestimeutileslexercicedesamissionds danslesentreprisesquiensontdotes(voir n 60) ;
lorsquellenexcdepaslobjetdfiniparlarticle participerlarunionaucoursdelaquelleestexa-
minsonrapport(voir n 60).
L. 2325-36duCodedutravail.
Danslemmesens,laCourdecassationadmet
quelexpert-comptable peut,sicelasavren-
cessaire,rclamerlacommunicationdescomptes
delasocitmre (Cass. crim., 26 mars 1991,
n 89-85.909P).
Enconsquence,laCourdecassationapprouvela
condamnationduprsidentdudirectoiredune
socitanonymeetdesafilialeautitredudlitden- EXAMEN DES DOCUMENTS
traveaufonctionnementducomitdentreprise,
pouravoirrefusdecommuniquerlexpert-comp-
COMPTABLES ET DE GESTION
table,mandatparlecomitdentreprisedunefiliale,
lescomptesannuelsdelasocitmre. LarticleL.2325-35,2duCodedutravailprvoit,
danslalimitededeuxfoisparexercice,quele
Demme,laCourdecassationfaitdroitla comitdentreprisepeutsolliciterlassistancedun
emandedecommunicationdinformationsjuri-
d expert-comptabledesonchoixenvuedelexamen
diques,conomiques,comptablesetfinancires dedocumentscomptablesetdegestionmention-
relativesdautrestablissements,voiresocits nslarticleL.2323-10.
dugroupe.Eneffet,elleconsidrequelamission
delexpertnestpasexclusivementcomptable,et
doitpermettreaucomitdtablissementquile 33 DE QUELS DOCUMENTS SAGIT-IL ?
dsignedeconnatrelasituationdecettablis- Ilsagitdesdocumentsmentionnslarticle
sementsecondairedanslensembledelentreprise, L. 2323-10duCodedutravailquiprcise : Dans
etparrapportauxautrestablissementsrgionaux lessocitsmentionneslarticleL.232-2du
deserviceaprsventeaveclesquelsildoitpouvoir Codedecommerce,lesdocumentstablisen
secomparer(Cass. soc, 18 nov. 2009, n 08-16.260P). applicationdecetarticleetdesarticlesL.232-3
etL.232-4dummecodesontcommuniqusau
Cadre de la mission comitdentreprise.
Cesarrtsnesignifientpaspourautantqueles Ilenestdemmedanslessocitsnonmention-
jugesvaliderontsystmatiquementtoutedemande neslarticleL.232-2quitablissentcesdocu-
dinformation concernantdautressocitsque ments.Lesinformationscommuniquesaucomit
cellepourlaquellelexpert-comptableestmandat, dentrepriseenapplicationduprsentarticlesont
silslestimentexcessive. rputes confidentielles au sens de larticle
Lorsquelexpert-comptableexcdelecadreinitial L. 2325-5.
desamissionpourltendredautrestravaux Lesdispositionsquiprcdentsappliquentaux
quinentrentpasdanslecadredelexamenannuel groupementsdintrtconomiquementionns
descomptes,lentreprisenapasprendreen larticleL.251-13duCodedecommerce.
chargelecotsupplmentaire. Lecomitdentreprisepeutsefaireassisterdun
NOTER expert-comptablepourlexamen(C. com., art.
Agissanthorsdeslimitesdesaqualitdexpertpour L. 232-2 L. 232-4) :
lexamenannueldescomptes,cestravauxpourront delasituationdelactifralisableetdisponible
ventuellementtreprisenchargeparlecomit (valeursdexploitationexclues)etdupassifexi-
dentreprisesursasubventiondefonctionnement, gible ;
lexpertagissantcettefoisenqualit dexpertlibre ducomptedersultatprvisionnel ;
(voir n 114 et s.). dutableaudefinancement ;
Surleplanpratique,lalettredemissionquedoit dubilanannuel ;
tablirlexpert-comptablerevtdoncunegrande duplandefinancementprvisionnel ;
importancepuisquellepourrapermettredersou- desrapportscritssurlvolutiondelasocit
dre,apriori, leslitigesventuelsrelatifsltendue oudugroupementtablisparlesdirigeants ;
delamissiondexpert-comptable (voir n 64). du rapport dress par le commissaire aux
EN RSUM comptes.
Sagissantdelexamenannueldescomptes,lamission
delexpert-comptableconsiste :
examinerlesdocumentsauxquelsilaaccs(voir 34 DANS QUELLE ENTIT CETTE ASSISTANCE
n 29 et s.) ; EST-ELLE POSSIBLE ?
analyserlenvironnementconomiquedelentre- Ces documents sont obligatoires dans les
prise,danslalimitencessairelexcutiondela socitscommerciales(C. com., art. L. 232-2)et
mission(voir n 31) ; lesgroupementsdintrtconomique(C. com,
rdigerunrapport(voir n 70) ; art. L. 251-13), ainsiquepourlespersonnes
participerdventuellesrunionsprparatoires moralesdedroitprivayantuneactivitcono-
aveclesmembresducomitdentrepriseoudes
mique,commelessocitsciviles,lessocits Lecadreetlobjetdelamissionsontcommuns
cooprativesoulesassociationsayantuneactivit lexamenannueldescomptesetdesdocuments
conomique(C. com., art. L. 612-2),etlesta- comptablesetprvisionnelsdegestion :ilsagira
blissements publics de ltat (D. n 85-295, pourlexpert-comptabledassurerlintelligence
1er mars 1985, JO 5 mars, art. 34). descomptesetdepermettreaucomitdentreprise
Cesentreprisessonttenuesdeconstituerdes dapprcierlasituationdelentrepriseenluitra-
documentscomptablesprvisionnelscondition duisantenlangageclairetaccessiblelesdonnes
quellesatteignentuneffectifde300 salarisou comptablesrsultantdesdocumentstablispar
plus,ouunchiffredaffairesnetgalousuprieur lemployeur.
18 000 000 euroslaclturedunexercice Lamissiondelexpert-comptableconsiste
(C. com., art. R. 232-2 et R. 612-3, D. n 85-295, clairerlecomitdentreprisesur :
art. 34). lavraisemblancedeshypothses ;
Lecomitdentreprisepeutsefaireassisterdun la cohrence densemble des informations
expert-comptablermunrparlentreprise,en retenuesaveclasituationdelentreprise ;
vuedelexamendesdocumentsprvisionnels, lesincidencesconomiques,socialesetfinan-
danstouteslesentreprisestenuesdtablirdetels cires (Guide des missions de lexpert-comptable
documentsouquilestablissent,quellequesoit p. 69).
leurformejuridique(Cass. soc., 30 avr. 1997,
n 95-20.563P).Ilnyadoncpaslieudedistinguer
selonlaformejuridiquedelentreprise.
Ledroitderecourirunexpert-comptablesexerce
doncdanstouteslesentreprises,dslorsquele
comitdentrepriseexisteetquelesdocuments
prvisionnelssonttablis.
OPRATIONS
DE CONCENTRATION
35 MODALITS DE RECOURS LEXPERT
Lesrglesdedsignationdelexpert-comptable 36 OPRATIONS CONCERNES
ducomitdentreprisesontapplicables(voir n 15 Lecomitdentreprisepeutsefaireassisterdun
et s.). expert-comptabledesonchoixlorsduneop-
Lecomitdentreprisenestabsolumentpasli rationdeconcentration,danslesconditionsde
parlechoixquilaurapufairedunexpert-comp- larticleL.2323-20 (C. trav., art. L. 2325-35, 3).
tableautitredelexamenannueldescomptes. Sontconcerneslesoprationsdeconcentration
Ilpeutdoncfaireappelunautreexpert-comptable. tellesquedfinieslarticleL.430-1duCodede
Enpratique,cedoublechoixestpeufrquent, commerce,cest--dire :
tantdonnquelesconditionsdexamendes lorsquedeuxouplusieursentreprisesantrieure-
comptesetdesdocumentsprvisionnelsdegestion mentindpendantesfusionnent ;
sont,dansunecertainemesure,complmentaires. lorsquuneouplusieurspersonnes,dtenantdj
lecontrleduneentrepriseaumoins,oulorsquune
ouplusieursentreprisesacquirent,directementou
indirectement,quecesoitparprisedeparticipation
aucapitalouachatdlmentsdactifs,contratou
Prsentation des comptes du comit toutautremoyen,lecontrledelensembleoude
dentreprise par lexpert-comptable partiesduneoudeplusieursautresentreprises ;
lorsquuneentreprisecommuneaccomplissantde
Laloidu5 mars2014(L. n 2014-288, JO 6 mars) fixedenouvellesrgles maniredurabletouteslesfonctionsduneentit
detransparencedescomptesdescomitsdentreprisedepuisle1er janvier conomiqueautonomeestcre.
2015.TouslesCEsonttenusdtablirdescomptesannuels.Desmodalits
diffrentesdtablissementetdeprsentationdescomptessontprvues Cesoprationsdeconcentrationdoivent,deplus,
enfonctiondelatailledescomitsdentreprise(nombredesalaris,montant runirlestroisconditionssuivantes(C. com., art.
desressourcesannuelles,totaldeleurbilan).Ellesserontprcisespar L. 430-2) :
dcret. lechiffredaffairestotalmondialhorstaxesde
LesCEdevantadopteruneprsentationsimplifiedeleurscomptesannuels
lensembledesentreprisesoudegroupesdeper-
doiventconfiercelle-ciunexpert-comptable.Lecotestprisencharge
parlecomitdentreprisesursasubventiondefonctionnement(C. trav.,
sonnesphysiquesoumoralespartieslaconcen-
art. L. 2325-57).Selonunprojetdedcretsoumislacommissionnationale trationestsuprieur150 millionsdeuros ;
delangociationcollectivedu15 dcembre2014,sontconcernsparcette lechiffredaffairestotalhorstaxesralisen
prsentationsimplifielesCEexcdantleseuilde153 000 eurosde Francepardeuxaumoinsdesentreprisesou
ressourcesannuelles,maisnexcdantpaslesseuilssuivants,pourau groupes de personnes physiques ou morales
moinsdeuxdecestroiscritres : concernsestsuprieur50 millionsdeuros ;
50salarislaclturedunexercice ; loprationnentrepasdanslechampdappli-
3,1 millionsdeurospourlesressourcesannuelles cationdurglementeuropenn 139/2004du
1 550 000 eurospourletotaldubilan. Conseil,du20 janvier2004,relatifaucontrle
desconcentrationsentreentreprises.
Estpartieloprationdeconcentrationlensemble a pportesauprojetdeconcentrationparlAutorit
desentitsconomiquesquisontaffectes,direc- delaConcurrencequipeutimposerdesmodifi-
tementouindirectement,parlaprisedecontrle cationsauprojetinitial. (Guide des missions de
Cass. soc., 26 oct. 2010, n 09-65.565P ; Cass. soc., lexpert-comptable p. 120).
2 juill. 2014, n 13-17.357P ; Cass. soc., 2 juill. 2014,
n 13-17.361).Dslorsqueloprationprojetea RAPPEL
poureffetdesupprimerlundesacteursdumarch LeCodedutravailneprvoitpasquelecomit
etauneincidencesurlasituationdessalarisdes dentreprisesoitassistdunexpertrmunrpar
socitsqui,indirectement,ensontlacible,cesso- lentrepriseencasdinformation-consultationsurle
citssontpartieslopration ;lecomitcentral projetdecessiondelentreprise(Cass. soc., 14 mars
dentreprisedelunitconomiqueetsocialequelles 2006, n 05-13.670P).
constituentestdoncfondrecourirlassistance Danslhypothseouncomitdentreprisedsigne
dunexpert-comptablechargdanalyserleprojet. unexpert-comptablesuitelannonceduneopra-
(Cass. soc., 26 oct. 2010, n 09-65.565P). tiondeconcentration,lamissiondecetexpertne
peuttretenduelaprocduredinformation-
consultationsurleprojetdecessiondelentreprise.
37 MODALITS DE RECOURS UN EXPERT
Lanotificationduneoprationdeconcentration
faitlobjetduncommuniqupubliparlAutorit
delaconcurrence(C. com. art. L. 430-3)ou,en
casdoprationdeconcentrationdedimension
communautaire,parlaCommissioneuropenne
(Rglement europen n 139/2004 du Conseil
20 janv. 2004 sur les concentrations). Lemployeur OFFRES PUBLIQUES
runitlecomitdentrepriseauplustarddans DACQUISITION
undlaidetroisjourscompterdecettepubli-
cation. 38 NATURE DE LA MISSION
Aucoursdecetterunion,lecomitdentreprise Laloidu29 mars2014visantreconqurirlco-
ou,lecaschant,sacommissionconomique nomierelle(L. n 2014-384, JO 1er avril) renforce
seprononcentsurlerecoursunexpert dans lesprrogativesducomitdentrepriseencasdoffre
lesconditionsprvuesparlarticleL.2325-35et publiquedacquisition(OPA),eninstaurant,en
suivantsduCodedutravail .Danscecas,le particulier,uneprocduredeconsultationson
comitdentrepriseoulacommissionconomique profit.Enoutre,lecomitdentreprisepeutdsor-
tiennentunedeuximerunionafindentendre maissefaireassisterdunexpert-comptablermu-
lesrsultatsdestravauxdelexpert. nrparlentreprise(C. trav., art. L. 2323-21 et s.).
Silecomitdentrepriseserunitdjenraison Quanduneentreprisefaitlobjetduneoffre
dudptduneoffrepubliquedacquisition(OPA), publiquedacquisition,elledoitrunirsoncomit
lemployeurnapaslobligationdorganiserune dentreprise.Lorsdecetterunion,celui-cidcide
runionspcifiquementloprationdeconcen- silsouhaite :
tration(C. trav. L. 2323-20). Ilpeut,danscette procderlauditiondelauteurdeloffre ;
hypothse,norganiserquuneseulerunionqui dsignerunexpert-comptable,danslescondi-
porteralafoissurlOPAetsurloprationde tionsprvueslarticleL.2325-35duCodedu
concentration. travail(C. trav., art. L. 2323-21).
Concernantlesdocumentsauxquelslexpert-
comptableaaccs,larticleL.2325-37prcise Audition de lauteur de loffre
quilsagitdesdocumentsdetouteslessocits par le comit dentreprise
intressesparlopration. Lorsquelecomitdentreprisedcidedaudi-
SelonlOrdredesexperts-comptables, dansle tionnerlauteurdeloffreetquilamandatun
cadredecettemission,etenfonctiondelade- expert-comptableautitredesoninformation-
mandedeslus,lexpertapprcienotamment : consultationsurunprojetdOPA,ilpeutsefaire
lapertinencestratgique,conomiqueetfinan- assister de cet expert lors de cette audition
ciredelopration ; (C. trav. L. 2323-21-1).
leplandaffaires(business plan) combindu Lauditionsetientdansundlaidunesemaine
nouvelensembleetlessynergiesgnresqui compterdudptduprojetdoffrepublique
sontenvisages ; dacquisition.
lesventuellesconsquencesorganisationnelles Lorsdesonaudition,lauteurdeloffrepeutse
etsociales(emplois,statutscollectifs)delop- faireassisterdespersonnesdesonchoix.Ilpr-
ration,ycompristerme. senteaucomitdentreprisesapolitiqueindus-
Sonapprciationportedoncaussisurlvaluation trielleetfinancire,sesplansstratgiquespour
desrisquesetdesopportunitsdelopration, lasocitconcerneetlesrpercussionsdela
tantconomiquesetsociauxquefinanciers. miseenuvredeloffresurlensembledesint-
Unautreobjectiflamissionseradeporterune rts,lemploi,lessitesdactivitetlalocalisation
apprciationsurlesmodificationsventuelles descentresdedcisiondecettesocit.
Lauteurdeloffreadresseaucomitdelentreprise prisepourlicenciementconomiqueprvue
quienfaitlobjet,danslestroisjourssuivantsa larticleL. 1233-30duCodedutravail.
publication,lanotedinformationsurlaquelle Ilenrsultelesconditionscumulativessuivantes :
lAutoritdesmarchsfinanciersapposeunvisa lelicenciementconomiquedoitintervenirdans
pralable(C. mon. fin. art. L. 621-8 IX ; C. trav., uneentrepriseouuntablissementoccupantau
art. L. 2323-22). moins50 salaris ;
ildoitconcerneraumoins10 salarisdansune
Consultation du comit dentreprise mmepriodede30jours.
sur lopration Ledroitdassistancenestdoncpasprvupourles
Lexpertdsigntabliunrapportquivaluela autresprocduresdelicenciementconomique :
politiqueindustrielleetfinancireetlesplans licenciementconomiqueindividuel,licenciement
stratgiquesquelauteurdeloffreenvisagedappli- conomiquecollectif(quelquesoitlenombredes
querlasocitobjetdeloffre,ainsiqueles salarislicencis)dansuneentreprisedontleffectif
rpercussionsdeleurmiseenuvresurlen- estinfrieur50salaris,licenciementcollectif
sembledesintrts,lemploi,lessitesdactivit infrieur10salarisdansuneentreprisedont
etlalocalisationdescentresdedcisiondecette leffectifestaumoinsgal50salaris.
derniresocit(C. trav., art. L. 2323-22-1). Cettelimitationderecourslexpert-comptable
LarticleL.2325-37duCodedutravailprcise peuttredpasseparlexercicedudroitdalerte.
quelexpert-comptableaaccsauxdocuments Eneffet,loccasiondunlicenciementconomique
ncessairesllaborationdesonrapport. concernantmoinsde10salaris,lesfaitspeuvent
Ildisposedundlaidetroissemainescompter parfoisjustifierlengagementparlecomitdentre-
dudptduprojetdoffrepubliquedacquisition. priseduneprocduredalertepermettantaucomit
Pralablementlavismotivrenduparleconseil dedemanderlassistancedunexpert-comptable
dadministrationouleconseildesurveillancesur (voir Zoom p. 73).
lintrtdeloffreetsurlesconsquencesdecelle- Parailleurs,lorsquilexistedanslentrepriseun
cipourlasocitvise,sesactionnairesetses comitdentreprise,lemployeurquienvisagede
salaris,lecomitdelentreprisefaisantlobjet procderunlicenciementcollectifpourmotif
deloffreestrunietconsultsurleprojetdoffre. conomiquedaumoins10 salarisdansune
Aucoursdecetterunion,ilexaminelerapport mmepriodede30 joursdoitruniretconsulter
tabliparlexpert-comptableetpeutdemander cecomit,peuimportantqueleffectifdelentre-
laprsencedelauteurdeloffre(C. trav., art. prisesoitpassendessousduseuilde50 salaris.
L. 2323-23). Cecomitdentreprisepeutalorsrecourirlassis-
Lecomitdentreprisemetsonavisdansundlai tancedunexpert-comptable(Cass. soc., 12 juill.
dunmoiscompterdudptduprojetdoffre 2010, n 09-14.192P).
publiquedacquisition.Enlabsencedavisdans ATTENTION
cesdlais,ilestrputavoirtconsult. Lerapportdposparlexpert-comptabledansle
Lavisducomitdentrepriseainsiquelerapport cadreduneprcdenteprocduredeconsultation
delexpert-comptablesontreproduitsdansla surunprojetdelicenciementcollectifdclarnulle,
noteenrponsetablieparlasocitfaisantlobjet fautepourlemployeurdavoirfournilesinformations
deloffreou,silyalieu,danslanotedinformation ncessaireslaconsultation,neconstituepasun
communetablieparlauteurdeloffreetlasocit documentsusceptibledclairerlecomit.Lecomit
faisantlobjetdeloffre. estdoncendroit,partirdumomentolaprocdure
est reprise, de dsigner nouveau un expert-
comptablepourtreclairsurlapertinencedu
projetquiluiestsoumis(Cass. soc., 8 juill. 1997,
n 95-13.177P).
40 CADRE DE LA DSIGNATION
Par qui doit tre dsign lexpert-comptable
PROCDURE lorsquuneentrepriseeststructureenplusieurs
DE LICENCIEMENT tablissementsimpliquantlexistencelafoisde
CONOMIQUE comitsdtablissementetduncomitcentral
dentreprise ?Ilconvientdeserfrerauxrgles
Lecomitdentreprisepeutsefaireassisterdun applicablesenmatiredeconsultationdesinsti-
expert-comptablelorsquelaprocduredeconsul- tutionsreprsentativesdupersonneldanslecadre
tationsurunlicenciementpourmotifconomique dunlicenciementcollectifpourmotifconomique.
estmiseenuvre(C. trav., art. L. 2325-35, 5). Dansuneentreprisecomportantdestablis-
sementsdistincts,sileprojetdelicenciementse
cantonneuntablissementetrelvedespouvoirs
39 PROCDURES CONCERNES duseulchefdtablissement,laconsultation
LarticleL.2325-35,5renvoieexpressment sopreauniveauducomitdtablissement.Dans
laprocduredeconsultationducomitdentre- cesconditions,cestcecomitdtablissement
quipeutavoirrecoursunexpert-comptable. enapprcierlesconsquencesfinancires,co-
Enrevanche,sileprojetdelicenciementexcde nomiquesetsocialesetmettreuneopinion
lespouvoirsduoudeschefsdtablissement (Guide des missions de lexpert-comptable p. 83).
concernsouviseplusieurstablissementssi- Ilcompltecettedfinitiondanslestermessui-
multanment,larticleL.1233-36duCodedu vants : Lexpert-comptabledoitapprcierlaralit
travailprvoitlaconsultationlafoisducomit delasituationinvoqueparlemployeurainsique
centraldentrepriseetduoudescomitsdta- lesrieuxetlaptitudedesmesuresenvisages
blissementintresss,etprcisequeladsignation assurerlertablissementdelasituationdansdes
ventuelledunexpert-comptableestalorseffec- dlaiscompatiblesavecltatactueldelentreprise.
tueparlecomitcentraldentreprise. titredexemple,ildoitrecherchersilebilanavan-
Lacarenceducomitcentraldentreprisenepeut tages/cotdulicenciementprojetestsatisfaisant
cependant priver le comit dtablissement etmesurerlecotconomiqueetfinancierdece
concernparleprojetdelicenciementdudroit licenciement,comptetenunotammentdescharges
dtreassistparunexpert-comptable(Cass. soc., inhrentesauxmesuresdaccompagnement.
25 janv. 1995, n 92-13.546P ; voir n 7).Ilenva Lexpressiondesonavissurleprojetpeutleconduire
diffremmentlorsquelecomitcentraldentre- attirerlattentionsurdesmesuresindispensables,
priseadcid,autermedunvotergulier,dene quilestimeraitavoirtngliges.[]
pasfaireappelunexpert-comptable(CA Lyon, Lexpert-comptableprocdeunexamenaussi
12 dc. 1996, n 96/08168 ; RJS 1/97, n 26). objectifquepossible,lpoqueoilestnomm,
delasituationdelentrepriseet,selonlescas,du
secteurdactivitdugroupeauquellentreprise
41 MODALITS DE LA DSIGNATION appartient,duprojetprsentetdesmoyensde
Enprincipe,laconsultationducomitdentreprise rtablirlasituation.Sesanalysescontribueront
alieuaucoursdedeuxrunionsquidoiventtre clairerlecomitdentreprisedanslaformula-
espacesdaumoins15jours(C. trav., art. L. 1233- tiondventuellespropositions (Guide des mis-
30). Ladcisionducomitdentreprisederecourir sions de lexpert-comptable p. 86).
lassistancedunexpert-comptabledoittreprise
lorsdelapremirerunionducomit(C. trav., Limites
art. L. 1233-34). Lecomitdentreprisenepeutfaireappelun
Afindetenircomptedecettedsignation,lapro- expert-comptablequedanslecadredelunedes
cduredelicenciementestamnage. missionslgalesprvueslarticleL.2325-35du
Pour plus de dtails, voirNumrojuridique Codedutravail.
Licenciement conomique : Motifs procdures . Danscesconditions,uncomitdentrepriseinform
etconsultsurunprojetdetransfertdactivit
dunesocituneautresocitnimpliquant
42 CONTENU DE LA MISSION aucunlicenciementconomique,nepeutdcider
Objet derecourirunexpert-comptablermunrpar
SelonlarticleL. 2325-36,lamissiondelexpert- lentrepriseautitredelarticleL.2325-35(Cass.
comptableporte surtousleslmentsdordre soc., 26 nov. 1996, n 94-18.575).
conomique,financierousocialncessairesla Delammemanire,silexpert-comptabledsign
comprhensiondescomptesetlapprciation parlecomitdentreprisedanslecadredunprojet
delasituationdelentreprise . delicenciementconomiqueapourtcheprinci-
Pralablement la consultation du comit paledassisterlecomit,enrendantnotamment
dentrepriseintervenantdanslecadredelarticle lisibleslesdocumentsdinformation,comptables
L. 1233-30 du Code du travail, lemployeur ouconomiquesremiscedernieretenanalysant
adresse,aveclaconvocationlapremirerunion, leplansocialprsent,ilnapaspourautantmission
toutrenseignementutilesurleslicenciements deprocderlareconstitutiondelacomptabilit
projets,etnotamment laoulesraisonsco- produite(CA Paris, 16 dc. 1998 ; RJS 4/99, n 538).
nomiques,financiresoutechniquesduprojet NOTER
delicenciement (C. trav., art. L. 1233-31). Sidesmissionsnentrentpasstricto sensu dansle
Cestdoncpartirdecetteanalysedelensemble cadredelarticleL.2325-35,5duCodedutravail,
desraisonsconomiques,techniquesetfinancires ellespeuventseconcevoirdanslecadrede lex-
invoquesparlemployeurquelexpert-comptable pertiselibre prvuelarticleL.2325-41duCode
serammedapprcierlasituationdelentreprise dutravail(voir n 114 et s.).
et,parconsquent,depermettreaucomitde
donnersonavissurleprojetdelicenciementcol- Examen de lenvironnement
lectifenvisag. conomique de lentreprise
Danssonguide,lOrdredesexperts-comptables Laquestionseposedesavoirsilexamendelenvi-
dfinitclairementlobjetdelinterventiondelex- ronnementconomiquedelentreprisefaitpartie
pert-comptableencasdelicenciementcono- delamissiondelexpert-comptabledanslecadre
mique :elle consisteprincipalementanalyser duneprocduredelicenciementcollectifpour
lesraisonsetlapertinencedelamesureenvisage, motifconomique.
miques,sociauxoufinanciersdelaquestion
traiter(Guide des missions de lexpert-comptable,
p. 108).
Danscesseuleshypothses,lexpertassistantla
ORIENTATIONS
commissionconomiqueestrmunrparlem- STRATGIQUES
ployeur.Enrevanche,lacommissionconomique DE LENTREPRISE
instituedemanirepermanentepeuttoutmo-
mentdemanderlassistancedunexpertpourtoute 47 MISSION PROSPECTIVE
questionquiluiestsoumiseparlecomitden- Laloisurlascurisationdelemploidu14 juin
treprise :sicesquestionsnentrentpasdansle 2013(L. n 2013-504, JO 16 juin) prvoitquele
cadredeshypothsesdassistancepourlesquelles comitdentreprisedoittreconsulttouslesans
unexpert-comptableestrmunrparlentre- sur lesorientationsstratgiquesdelentreprise
prise,lacommissionconomiquefaitappelaux etsur leursconsquencessurlactivit,lemploi,
expertslibresducomitdentreprise.Ilssontalors lvolutiondesmtiersetdescomptences,lorga-
rmunrssursonbudgetdefonctionnement. nisationdutravail,lerecourslasous-traitance,
lintrim,descontratstemporairesetdes
stages (C. trav., art. L. 2323-7-1).
Danslecadredecetteconsultation,lecomit
metunavissurcesorientationsetpeutproposer
desalternatives.Cetavisesttransmislorgane
chargdeladministrationoudelasurveillance
delentreprise,quiformuleunerponseargu-
PARTICIPATION mente.Lecomitenreoitcommunicationet
46 EXAMEN DU RAPPORT peutyrpondre.
Lemployeurprsente,danslessixmoisquisui- Lecomitdentreprisepeutsefaireassisterde
ventlaclturedechaqueexercice,unrapportau lexpert-comptabledesonchoixenvuedelexa-
comitdentreprise(ousacommissionspcia- mendesorientationsstratgiquesdelentreprise.
lise)comportantlafoisdesprcisionssurles Lamissiondelexpert-comptableparatcomporter
lmentsservantdebasedecalculdumontant trois volets.Dunepart,ilsagirapourluidaider
delarservespcialedeparticipationetdesindi- lecomitdentrepriselacomprhensiondesdo-
cationssurlagestionetlutilisationdessommes cumentstransmisparlemployeur,enparticulier
affectescetterserve(C. trav., art. D. 3323-13). lesinformationscontenuesdanslabasededon-
Lecomitdentrepriseestappelsigerpour nesconomiquesetsociales,afinquecelui-ci
examinercerapport.Danslecadredecetexamen, puisseformulerunavissurcesorientations.
lecomitdentreprisepeutsefaireassisterpar cetitre,ildoit,entreautres,restituerlesinfor-
unexpert-comptablermunrparlentreprise mationsetlesdonnesprvisionnellesdansle
(C. trav., art. D. 3323-14 ; Cass. soc., 28 janv. 2009, contextedelentreprise(groupedappartenance
n 07-18.284P). et/ousecteurdactivit),contribuerclairerle
SelonlOrdredesexperts-comptables,lerapport comitdentreprisesurlesimpactsorganisation-
delexpert-comptabledoitpermettreaucomit nels,financiersetsociauxdesoptionsstratgiques,
dentreprisedecomprendrelesmcanismesde lassisterpourobtenirdesprcisionset/oudes
calculdumontantdelarservespcialedepar- informations complmentaires permettant
ticipationetdefairelelienaveclesrsultatsde dapprcier celles contenues dans la base de
lentreprise.Ildoit,decefait,comporter,outre donnesconomiquesetsocialesetdanslapr-
unrappeldelventuelaccorddeparticipation parationdudbataveclemployeurlorsdela
envigueurdanslentreprise,unepartiepda- consultation(Guide des missions de lexpert-comp-
gogiquedfinissantetexplicitantlestermesde table p. 103).
laformuledecalcul,lavrificationdescalculs Dautrepart,ilassistelecomitdansllaboration
etsonavis.Laprsentationdelavrificationdu lecaschant,desorientationsalternativesque
calculdelarservespcialedeparticipationdoit celui-cipeutproposer.
mettreenvidencelincidencedesdiffrentspara- Unefoisquelecomitdentreprisearenduson
mtresdegestiondelentreprisesurlemontant avis,lamissiondelexpert-comptablenestpas
finaldelaparticipation.Lexpert-comptablemet termine.Eneffet,ilavocationaccompagnerle
cetgardenvaleurleslmentsfavorablesou comitdanslacomprhensiondelarponsear-
dfavorablesauxsalaris,leslmentsrcurrents gumenteformuleparlorganechargdeladmi-
ounonetdtaillelesventuellesdivergences nistrationoudelasurveillanceainsique,lecas
relevesavecsesproprescalculs.Ilporteenoutre chant,dansllaborationdesaproprerponse.
uneapprciationsurlesrsultatsdelagestion Ilnesagitdoncplusicidavoirunevisiondu
dessommesaffectescollectivement(Guide des fonctionnementconomiquedelentreprisepar
missions de lexpert-comptable p. 74). unregardsurdesdocumentsquiretracentlant-
rioritconomique(examenannueldescomptes)
mais,aucontraire,dapprhenderlesvolutions
prvisibles.Cestdoncunephaseessentiellequi Enrevanche,ilnesemblepasqueletexteautorise
estdenatureengagerlentreprisemaisgalement lexpert-comptableassisterauxrunionsde
lecomitdentreprise,selonlavismis. ngociation,saufaccorddelemployeuretde
lensembledesorganisationssyndicalesrepr-
sentatives.
cetitre,lOrdredesexperts-comptablesrecom-
mandelexpert-comptabledsignde :
sassurerdelacohrenceconomiquedesdiff-
rentesmesuresderedressementproposesparlem-
ployeur,etdeleurefficacitamliorerdurablement
NGOCIATION DE LACCORD lasituationdelentit ;
DE MAINTIEN DE LEMPLOI examinerlespropositionsdelemployeurentermes
[damnagement]deladuredutravail,sesmo-
dalitsdorganisationetderpartitionainsiquela
48 MISSION DACCOMPAGNEMENT rmunrationausensdelarticleL. 3221-3etsimuler
Laloidu14 juin2013surlascurisationdelem- limpactdepropositionsalternatives ;
ploiainstitulapossibilit,pourlesentreprises vrifierladquationlasituationdes effortspro-
faisantfacedimportantesdifficultscono- portionns envisagspour lesdirigeantssalaris ,
miques,dengocierunaccorddemaintiende lesmandatairessociauxetlesactionnaires ,en
lemploi.Cetaccordmajoritairepeutprvoir,en mesurerlimpactetventuellementproposerdesal-
ternatives ;
contrepartiedumaintienduncertainnombre
valuerlespropositionsquibnficieraientaux
demplois,desefforts(rmunration,tempsde salarisenconsquence duneamliorationdela
travail)consentisparlessalaris,lesdirigeants situationconomiquedelentreprise lissuede
etlesactionnaires(C. trav., art. L. 5125-1 et s.). lapriodedapplicationdelaccordoudesasuspen-
Laconclusiondecetypedaccordsupposele siontellequeprvuelarticleL5125-5 ;
constatpartagentrelemployeuretlesorgani- analyserladaptationdesmesuresdaccompagne-
sationssyndicales degravesdifficultscono- mentpourlessalarisquirefuseraientlapplication
miquesconjoncturellesdanslentreprise . delaccordleurcontratdetravail,etproposerdes
alternatives ;
LarticleL. 5125-1duCodedutravailprvoit conseiller sur la clause pnale applicable si
lassist ancepossibledunexpert-comptable, lemployeurnexcutepassesengagements ;
lequelestmandatparlecomitdentreprise. apprcierlesmesuresenvisagesparlemployeur
Lamissiondfinielgalementaundoubleobjectif. encasdchecsurleredressementdelentit :les
Dunepart,celui-cipourraprocderlanalyse salarisayantacceptlaccordnedoiventpastre
du diagnostic tabliparlemployeurrvlantles lssencasdePSEdurantoulissuedelapriode
gravesdifficultsconomiques.Linterventionde dedeuxans ;
assisterlesreprsentantsdupersonneldanslad-
lexpert-comptableseraessentielleetaboutira
finitiondesmodalitsdesuividelaccord ;
doncsoitconforterlasituationdcriteparlem- contribuerlaprparationdelacommunication
ployeuretpermettralengagementdelangocia- relativelaccord(Guide des missions de lexpert-
tiondelaccorddemaintiendelemploi,soit,au comptable p. 96).
contraire,auconstatquelentreprisenesetrouve
pasensituationdegrandesdifficultscono-
miquesconjoncturelleset,enconsquence,dis-
suaderadelengagementdunetellengociation.
Toutefoislavisdelexpert-comptablenaurapas
pourconsquencedelierlapositionquiserafi-
nalementadopteparlesorganisationssyndicales
quipourronttredunaviscontrairequantlop- RECOUPEMENTS ENTRE
portunitdengagerounonunengociation. LES DIFFRENTES MISSIONS
Lautrevoletdelamission,siunengociationest
finalementengage,est daccompagner les 49 MISSIONS DE LEXPERT-COMPTABLE
organisations syndicales dans la ngociation. LarticleL.2325-36duCodedutravaildfiniten
Cetermesoulvedesquestionsquantaucontenu uneseulephraselecontenudelamissiondelexpert-
prcisdelamissiondelexpert. comptableducomitdentreprisepourlensemble
toutlemoins,lexpert-comptablepourradonner desmissionssusceptiblesdeluitreconfies : La
sonavissurlenombredemploisprservsetsur missiondelexpert-comptableportesurtousles
lensembledesmesuresconomiquesetsociales lmentsdordreconomique,financierousocial
contenuesdanslaccord.Ilpourranotamment ncessaireslacomprhensiondescompteset
mesurersiellespermettentlentreprisedepasser lapprciationdelasituationdelentreprise.
lecapdifficileetapprciersileseffortsdemands Ilestcertainquelesinvestigationsprennentune
auxsalaris,etceuxconsentisparlesdirigeants orientationdiffrenteenfonctiondelamission
etactionnairessontsuffisantsoudisproportionns maisilestgalementvidentquedetrsnom-
parrapportlasituationconomiquedelentre- breuxrecoupementsseproduisent.
prise.
Ainsi,lexpert-comptablequiaprocdlanalyse bilitdobtenirparcebiaislassistancedelexpert,
descomptesannuelsestplusmmedeffectuer, alorsquilnelepeutpasautitredeslicencie-
silestsaisipeudetempsaprs,unenouvellemis- ments.
sionloccasiondunlicenciementconomique NOTER
oudelexercicedudroitdalerte. Lextensiondesmissionsdelexpert-comptable,ne
Lecumuldemissionseffectuesparlemme delaloidu14 juin2013,aurainvitablementpour
expertpeutventuellementconduire,danscer- consquenceuneaugmentationdu budget expert-
tainescirconstances,unerelativisationdeshono- comptable,mmesi,concernantlexpertiserelative
rairesdelexpert. auxorientationsstratgiques,leshonorairesdecet
Enrevanche,dansuneaffaireolemmeexpert- expertsontpartiellementlachargeducomit
comptableatsollicitsuccessivementdansle dentreprise.Eneffet,saufaccordentrelemployeur
etlecomitdentreprise,lecomitcontribue,surson
cadredudroitdalertepuisdansceluidunepro- budgetdefonctionnement,aufinancementdecette
cduredelicenciementconomique,laCourdap- expertisehauteurde20 %,danslalimitedutiers
peldeChambry,toutenadmettantqueles2 mis- desonbudgetannuel(C. trav., art. L. 2323-7-1).
sionsserecoupaientpartiellement,aconsidr
queleurfinalitdiffrentesopposaitcequelles
puissentsesuppler(CA Chambry, 12 oct. 1992 ;
Dr. ouvrier 1993 p. 67).
Cestenfaitaucontenudurapportqueloriginalit
dunemissionparrapportlautreapparatclai-
rement.
Enoutre,unlicenciementconomiquedemoins LITIGES
de10 salarispeutjustifier,pourlecomit 50 COMPTENCE DU TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE
dentreprise,ledclenchementdelaprocdure Lalettredemissionprciselesdemandesfaites
dalerteconomique,cequiluidonnelapossi- lexpert-comptableparlecomitdentreprise.
Lemployeurpeutcontestercertainesdentreelles, festementillicitequilconvenaitdefairecesser
estimantquellesnentrentpasdanslecadrede (Cass. soc., 10 oct. 1989, n 87-19.997P).
lamissionlgaledelexpert-comptable.Ilsadresse
pourcelaautribunaldegrandeinstance,selon
laprocdurededroitcommun. 51 RMUNRATION DE LEXPERT
Deplus,ilestpossibledesaisirleprsidentdu Laplupartdutemps,lescontestationsportantsur
tribunaldegrandeinstanceenrfrsurlefon- lemontantdeshonorairesdelexpert-comptable
dementdesarticles 808et 809duCodedepro- ont,enfait,pourorigineunecontestationsur
cdurecivile.Seloncettepremiredisposition, ltenduedelamission,celle-cinentrantpas,du
danstouslescasdurgence,leprsidentdu pointdevuedelemployeur,dansleshypothses
tribunaldegrandeinstancepeutordonneren dassistancelgalermunreparlentreprise.
rfrtouteslesmesuresquineseheurtent Dslors,ilyalafoislitigesurltenduedela
aucunecontestationsrieuseouquejustifie missionetsurlarmunrationdelexpert-comp-
lexistencedundiffrend .Cedeuximetexte table.Danscesconditions,leprsidentdutribunal
prvoit,quantlui,queleprsidentduTGI degrandeinstancestatuantenrfr,comptent
peuttoujours, mmeenprsencedunecontes- encasdelitigesurlarmunrationdelexpert-
tationsrieuse,prescrireenrfrlesmesures comptable,estcomptent.Ilseprononcealors
conservatoiresouderemiseentatquisimpo- surlefond.Ladcisionnapasdecaractrepro-
sent,soitpourprvenirundommageimminent, visoireetlesvoiesderecourssontcellesdudroit
soitpourfairecesseruntroublemanifestement commun(C. trav., art. L. 2325-40 ; C. trav., art.
illicite . Les juges du fond peuvent ainsi R. 2325-7).Lorsquilyadsaccordsurlancessit
ordonnerunesocitderemettrelexpertles duneexpertiseetlitigesurlarmunrationde
renseignementsncessaires. lexpert,ladcisionestgalementprise,envertu
LaCourdecassationconsidreeneffetque le delarticleL.2325-40duCodedutravail,parle
faitpourunesocitderefuserdefournirlexpert prsidentduTGIstatuantenurgence(Cass. soc.,
dsignparlecomitdtablissementdesrensei- 13 juin 1990, n 87-16.948P).
gnementsncessairesaprsavoirdclar,desa Surlensembledesquestionsrelativeslacontes-
propreautorit,quelamissiondecetexperttait tationdeshonorairesdelexpert-comptable,voir
devenuesansobjet,constituaituntroublemani- n 83 et s.
Comptabilit des exercices antrieurs de sa mission auprs des tiers qui ont accompli
Lexpert-comptable peut demander les comptes des oprations pour le compte de la personne ou
de lanne prcdant lanne au cours de laquelle de lentit. Toutefois, ce droit dinformation ne
il effectue sa mission. Toutefois, cette demande peut stendre la communication des pices,
doit porter sur la communication seule, et non contrats et documents quelconques dtenus par
sur un nouvel examen de ceux-ci (Cass. soc., des tiers, moins quils ny soient autoriss par
16 mai 1990, n 87-17.555P). une dcision de justice (C. com., art. L. 823-14).
Ainsi, lexpert peut se faire communiquer, fins Ainsi la communication des pices, contrats et
de comparaison, les lments comptables, juri- documents dtenus par un tiers nest pas possible
diques et fiscaux relatifs aux exercices 2008 et moins dune autorisation obtenue par voie judi-
2009 mme si la mission lui ayant t confie ciaire. De tels documents ne peuvent donc tre
porte sur lexamen des seuls comptes de lanne communiqus lexpert-comptable qu la condi-
2010, ds lors quil neffectue pas un examen des tion que le comit dentreprise, demandeur dans
comptes de ces exercices antrieurs et quil estime laction judiciaire et qui il incombe de ce fait la
que cette communication lui est ncessaire pour charge de la preuve, puisse tablir que cette
parvenir une bonne intelligence des comptes communication est ncessaire la mission de
de ce dernier exercice, et pour apprhender de lexpert-comptable (CA Versailles, 21 sept. 1990 ;
faon pertinente la situation de lentreprise (CA CA Versailles, 17 oct. 1990 ; RJS 12/90, n 991,
Versailles, 3 juill. 2013, n 12/06676 ; CA Dijon, p. 650).
30 juill. 2013, n 12/01711).
Autres documents
Filiale Groupe Lexpert-comptable peut aussi prendre connais-
Cest dans ce domaine que la jurisprudence de la sance :
Cour de cassation a interprt, dans un sens trs dune tude des charges de personnel destine
large, les possibilits de recherches de lexpert- fournir au comit dentreprise des explications
comptable. Celui-ci peut en effet demander la sur la situation de lentreprise (Cass. soc., 17 mars
communication : 1998, n 96-16.613 ; CA Rennes, 27 avr. 2010,
des comptes de la socit mre afin dapprcier la n 09/02465 ; RJS 7/10, n 607) ;
situation conomique dune filiale (Cass. crim., de documents relatifs lvolution de lactivit de
26 mars 1991, n 89-85.909P ; Cass. soc., 5 mars 2008, lentreprise (Cass. soc., 8 janv. 1997, n 94-21.475) ;
n 07-12.754) ; des documents disponibles au registre du com-
de la comptabilit analytique de la socit et de merce concernant les administrateurs ainsi que
ses diffrentes divisions (Cass. soc., 16 mai 1990,
n 87-17.555P). les procs-verbaux des conseils dadministration
et des assembles gnrales de la socit (Cass.
Plus gnralement, lexpert dispose dun pouvoir soc., 21 fvr. 1996, n 93-16.474P).
gnral dinvestigation auprs des socits du
groupe, ce pouvoir tant reconnu au commis- Confidentialit des informations
saire aux comptes (Cass. soc., 27 nov. 2001, La Cour de cassation a confirm quil appartenait
n 99-21.903P). au seul expert de dterminer les documents utiles
De la mme manire, le refus dun employeur lexercice de sa mission (Cass. soc., 25 sept. 2013,
dune filiale franaise de communiquer lexpert- n 11-27.055). cet gard, il ny a pas lieu de re-
comptable de son comit dentreprise des docu- chercher si les documents sollicits par la socit
ments de la socit mre domicilie sur le territoire dexpertise sont ncessaires laccomplissement
dun autre tat membre de lUnion europenne de sa mission et celle-ci ne peut se voir opposer
constitue un trouble manifestement illicite. Lem- le caractre confidentiel des documents rclams
ployeur ntait pas dans limpossibilit de produire dans la mesure o lexpert est tenu des obliga-
les documents demands, qui appartenaient la tions de secret et de discrtion.
socit mre et concernaient lensemble du Lemployeur nest donc pas en mesure de contester
groupe, ces documents ayant t communiqus la liste des documents dont la transmission lui a
pour des exercices antrieurs (Cass. soc., 5 mars t demande au motif, notamment, quils ont
2008, n 07-12.754P). dj t transmis aux membres du CE (CA Nancy,
NOTER 7 mai 2013, n 12/02163).
Pour sa part, lexpert-comptable du comit de groupe Ceci tant, lentreprise peut prciser ce quelle
peut se faire communiquer les comptes consolids estime confidentiel afin de limiter la divulgation
du groupe, y compris ceux des filiales trangres si- dinformations sensibles dans le rapport de
tues ltranger (Cass. soc., 6 dc. 1994, n 92-41.437; lexpert, mais elle ne peut pas qualifier toutes les
Dr. social 1995, p. 40, note M. Cohen). informations donnes de confidentielles. Elle
devra indiquer prcisment celles quelle entend
qualifier comme telles et ce, le cas chant, sous
Conventions passes avec des tiers le contrle du juge. Ce dernier apprciera sil
Le commissaire aux comptes peut galement existe, ou non, une atteinte excessive aux missions
recueillir toutes les informations utiles lexercice confies lexpert par le comit dentreprise (TGI
Lyon, 9 juill. 2012, CE c./ St ADIA, n 12/01153 ; ployeur et le comit dentreprise ou, dfaut
RJS 3/13 n 216 ; TGI vry, 9 nov. 2012, CCE c./ daccord, par dcret en Conseil dtat. Ce dlai ne
Sanofi Aventis R & D, n 12/01095). peut tre prorog que par commun accord.
Laccord ou, dfaut, le dcret dterminent, au
sein de ce dlai le dlai dans lequel lexpert peut
56 MODALITS DE COMMUNICATION demander lemployeur toutes les informations
Forme quil juge ncessaires la ralisation de sa mission
La direction est redevable de linformation et le dlai de rponse de lemployeur cette
demande par lexpert-comptable (Guide des demande (C. trav., art. L. 2325-42-1).
missions de lexpert-comptable, p. 34). Sagissant de la consultation sur les orientations
Lexpert-comptable est en droit de consulter sur stratgiques de lemployeur, larticle R. 2325-6-1
place, dans les locaux de lentreprise, les documents du Code du travail prvoit que la demande dinfor-
et fichiers lectroniques tablis par cette dernire mations complmentaires de lexpert-comptable
et qui relvent de son champ dinvestigation. doit tre faite au plus tard dans les trois jours de
Il peut tre amen demander copie, dans les sa dsignation. Lemployeur rpond cette
locaux de lentreprise, des documents ncessaires demande dans les cinq jours.
laccomplissement de sa mission. La prise de Sagissant des oprations de concentration, les
notes, cette occasion, fait partie des mthodes mmes dlais de trois jours et de cinq jours sont
de travail normales. Il en est de mme pour la applicables (C. trav., art. R. 2325-6-2).
ralisation des copies, photocopies et scanners.
Il convient donc de permettre lexpert-comptable Licenciements conomiques collectifs
de faire les copies qui lui sont ncessaires. Concernant les licenciements conomiques
Selon M. Cohen et L. Milet, le refus non justifi dau moins 10 salaris dans une mme priode
dune entreprise denvoyer lexpert-comptable de 30 jours, lexpert-comptable demande lem-
les photocopies des documents demands pour- ployeur au plus tard dans les dix jours de sa dsi-
rait tre constitutif du dlit dentrave car il allon- gnation toutes les informations quil juge nces-
gerait la dure des investigations et retarderait saires la ralisation de sa mission. Lemployeur
linformation du comit (M. Cohen et L. Milet, rpond alors dans le dlai de huit jours compter
le droit des comits dentreprise et des comits de de la date laquelle la demande de lexpert-comp-
groupe , LGDJ 2015, 11e dition, p. 697). table est formule (C. trav., art. L. 1233-35).
La Cour de cassation a prcis que lexpert-comp-
table peut obtenir la communication de la dcla- Litiges relatifs la communication
ration annuelle des donnes sociales (DADS) par de documents
voie lectronique (Cass. soc., 10 janv. 2012, n 10- Litiges relatifs au dlai
21.270P). Cet arrt ne conduit pourtant pas n- On peut penser que ces dlais sont impratifs. Il
cessairement considrer que lexpert peut exiger en rsulte que si lexpert-comptable ne les respecte
la transmission de tout document par voie lec- pas, la mission risque dtre remise en cause. En
tronique, mais uniquement, notre avis, la com- tout tat de cause, cela naura pas pour effet de
munication par voie lectronique des seuls do- prolonger les dlais de consultation prvus.
cuments dj dmatrialiss (comme la DADS, Quant lemployeur, si celui-ci ne respecte pas
en principe). les dlais ou ne satisfait pas aux demandes de
Selon lOrdre des experts-comptables, lexpert documents sollicits, larticle L. 2323-4 du Code
doit pouvoir bnficier dinformations brutes. Les du travail dfinit les rgles applicables. Dans cette
informations sont le plus souvent adresses hypothse, les membres lus du comit dentre-
lexpert-comptable par voie postale ou lectro- prise peuvent saisir le prsident du TGI statuant
nique. La communication sous forme de fichiers en la forme des rfrs pour quil ordonne lem-
facilite les travaux de lexpert-comptable qui peut ployeur la communication des lments man-
ainsi traiter directement les donnes (Guide des quants. Le juge statue dans un dlai de huit jours.
missions de lexpert-comptable, p. 37). Cette saisine na pas pour effet de prolonger les
Laspect confidentiel et/ou volumineux de certains dlais de consultation. Toutefois, en cas de diffi-
documents peut justifier que cette communication cults particulires daccs aux informations n-
ne se fasse pas par envoi. cessaires la consultation, le juge peut dcider
Le Guide de lOrdre des experts-comptables prcise, la prolongation des dlais de consultation, quil
en outre quil est souhaitable, en pratique, que les sagisse des dlais lgaux, rglementaires ou fixs
modalits de communication des pices soient en accord avec les membres du comit dentre-
dtermines dun commun accord par les intresss prise.
(Guide des missions de lexpert-comptable, p. 54).
Refus par lemployeur de communiquer
Dlais les informations ou les documents
Dlais conventionnels et rglementaires Le fait pour lemployeur de sopposer lexcution
Lexpert-comptable remet son rapport dans un de la mission de lexpert-comptable, en refusant
dlai raisonnable fix par un accord entre lem- la communication des documents demands,
conduit considrer quil ne peut sexercer que ventuellement choisis pour leur comptence
dans le cadre des horaires des services concerns. (C. trav., art. L. 2323-79).
En effet, la communication de documents, qui
justifie le libre accs aux locaux, implique la pr- Rmunration
sence de personnes qui les dtiennent et lexpert- Sil ne fait aucun doute que le temps consacr par
comptable ne saurait donc, ne serait-ce que pour les membres du comit dentreprise ces contacts
ce motif, imposer sa prsence en dehors des p- peut tre valablement imput sur le crdit dheures
riodes dactivit de lentreprise. dont ils disposent pour lexercice de leurs fonc-
tions (crdit lgal ou conventionnel), la question
Respect des rgles daccs se pose en pratique de savoir si le temps qui y est
lentreprise consacr par lexpert-comptable doit ou non tre
Une dernire limite la libert daccs dans lentre- rmunr par lentreprise.
prise rsulte de lobligation, pour lexpert-comp- En labsence de disposition lgale sur ce point,
table, de respecter les procdures ou formalits on peut considrer, par analogie avec les runions
ventuellement en vigueur concernant, dune prparatoires la remise de son rapport (voir
faon gnrale, lentre dans lentreprise. n 60), que le temps pass par lexpert-comptable
De telles formalits ou procdures qui peuvent ces contacts entre dans sa mission et doit donc
se justifier pour des raisons aussi bien de scurit tre rmunr.
que de simple organisation, ne sont pas incom-
patibles avec laccs aux locaux dans lesquels peut
se rendre lexpert-comptable. 60 RUNIONS
Runions prparatoires
la remise du rapport
Indpendamment des contacts ayant pu avoir lieu
en cours de mission (voir n 59), il arrive frquem-
ment quune fois son rapport tabli, lexpert-
comptable soit amen le prsenter, hors la pr-
sence du prsident, aux membres du comit
CONTACTS ET RUNIONS dentreprise au cours dune runion prparatoire
AVEC LES MEMBRES DU CE la sance plnire du comit. La participation
une runion prparatoire entre dans la mission
59 CONTACTS dassistance de lexpert-comptable et doit tre r-
Charg de mission par la dlgation du personnel munre par lentreprise (Cass. soc., 8 nov. 1994,
au comit dentreprise, lexpert-comptable peut n 92-11.443P).
tre amen, son initiative ou leur demande, Pour sa part, lOrdre des experts-comptables juge
rencontrer, en dbut ou en cours de mission, les opportunes de telles runions prparatoires.
membres de cette dlgation. En pratique, de tels Une runion prparatoire la sance du comit
contacts ont dailleurs effectivement lieu, soit dentreprise est gnralement organise desti-
dans les locaux habituellement mis la disposition nation des reprsentants du personnel. Elle permet
du comit et auxquels lexpert-comptable a libre de :
accs (voir n 58), soit mme, dans certains cas, fournir oralement des explications complmen-
en dehors de lentreprise. taires qui savrent ncessaires ;
dresser la liste des questions quil convient
Objet de ces contacts daborder en sance plnire (Guide des missions
En dbut de mission, des contacts peuvent avoir de lexpert-comptable, p. 56).
pour objet de dfinir, dans la limite du cadre fix
par les dispositions lgales, certains aspects du Runion plnire
contenu de la mission ou de son droulement. du comit dentreprise
En cours de mission, ils peuvent notamment Dans quelle mesure lexpert-comptable peut-il
rpondre au souci des membres du comit dtre assister la runion du comit dentreprise consa-
informs de son tat davancement. cre lexamen annuel de son rapport ou aux
Pour les missions sexerant dans le cadre de la dlibrations pour lesquelles son assistance a t
procdure dalerte, on peut mme considrer que requise ?
de tels contacts sont en fait indispensables. En Seul larticle D. 3323-14 du Code du travail prvoit
application des dispositions de larticle L. 2323-80 expressment une runion du comit dentreprise
du Code du travail, le comit peut en effet tre pour examiner le rapport relatif laccord de par-
amen, dans le cadre de cette procdure, tablir ticipation.
un rapport. Or, si le comit dentreprise choisit Toutefois, selon la chambre criminelle de la Cour
de se faire assister par un expert-comptable, de cassation, lorsque lobjet de la runion du
notamment pour ltablissement de ce rapport, comit est la discussion dun dossier transmis
il apparat logique que ce dernier participe ses lentreprise par lexpert-comptable du comit, ce
travaux, au mme titre dailleurs que des salaris dernier est en droit dimposer, par un vote majo-
ritaire, la participation de lexpert ses discussions, nombre des interlocuteurs avec lesquels il peut
alors mme que la runion en cause nest pas celle sentretenir (CA Paris, 1re ch. A, 5 mai 1998,
consacre lexamen des comptes annuels (Cass. n 96/17676).
crim., 25 mai 1983, n 82-92.280). LOrdre des experts-comptables va dans le mme
Lexpert peut participer au dbat. Toutefois, sens en indiquant que lexpert-comptable peut
ntant pas membre du comit dentreprise, il na avoir, avec les membres du personnel, des entre-
bien sr pas le droit de voter. tiens quil estime tre ncessaires lexercice de
sa mission avec laccord de la direction (Guide
des missions de lexpert-comptable, p. 52). Ce qui
signifie donc qu dfaut de cet accord, de tels
entretiens ne sauraient avoir lieu.
CONTACTS
AVEC LE PERSONNEL
61 MARGE DE MANUVRE DE LEXPERT-COMPTABLE
La consultation, par lexpert-comptable ou par CONTACT AVEC
ses collaborateurs, des documents ncessaires LES ORGANISATIONS
pour excuter les tches entrant dans lexercice SYNDICALES
de la mission implique invitablement certains
contacts avec le ou les membres du personnel
chargs de lui prsenter ces documents. 62 LIEN DIRECT AVEC LES ORGANISATIONS
Bien que cela ne soit prvu par aucun texte, ces SYNDICALES
mmes personnes sont souvent galement ame- Llargissement des missions dexpertise, issu de
nes, en pratique, apporter lexpert, au plan la loi du 14 juin 2013 dans le cadre de la ngo-
strictement technique, certaines prcisions ou ciation dun accord de maintien de lemploi ou
explications. dun accord relatif au licenciement conomique,
Hormis ces contacts matriellement indispen- ncessitera probablement des runions frquentes
sables, les pouvoirs dinvestigation de lexpert- tout au long de la procdure de ngociation avec
comptable ne lui permettent, en revanche, pas les organisations syndicales de salaris.
dexiger de communiquer avec le personnel. Il semblerait, en revanche, que, quelle que soit
Lexpert ne disposant pas dun pouvoir propre la mission, lexpert-comptable ne puisse pas
daudition ou dinterrogation du personnel, il ne assister la ngociation sans laccord de tous les
peut tre fait grief lentreprise de limiter le participants.
DLAIS DE RALISATION
DE LA MISSION
LETTRE DE MISSION 65 PRINCIPE
64 INTRT Lune des grandes innovations de la loi du 14 juin
Une fois dsign, lexpert-comptable adresse 2013 sur la scurisation de lemploi est dencadrer
lemployeur, ainsi dailleurs quau secrtaire du les dlais de consultation du comit dentreprise.
comit, une lettre de mission. Le Code de don- Ils sont dsormais fixs larticle L. 2323-3 du
tologie des professionnels de lexpertise comptable Code du travail. lissue de ces dlais, le comit
(voir D. n 2012-432, 30 mars 2012, JO 31 mars), est rput avoir t consult et labsence davis
rend obligatoire son tablissement (art. 151). vaut avis ngatif. La loi fixe galement les dlais
Le guide des missions de lexpert-comptable das- dans lesquels les experts auxquels a recours le
sistance au comit dentreprise prvoit express- comit dentreprise doivent rendre leur rapport.
ment ltablissement dune lettre de mission dans REMARQUE
les termes suivants : La lettre de mission est Auparavant, aucun texte nencadrait de manire
une obligation dontologique. Ainsi, lorsque lex- gnrale les dlais dans lesquels lexpert-comptable
pert-comptable dcide de rpondre favorablement devait raliser sa mission. Les dlais ou plus exac-
la demande du comit dentreprise, il confirme tement la priode pendant laquelle lexpert-comptable
sa dcision de manire formelle et dfinit avec le devait effectuer sa mission diffraient selon la
comit dentreprise , ou avec son reprsentant, nature de celle-ci. Ainsi, afin de permettre lexpert-
la nature et lobjectif de la mission, ventuellement comptable de remplir au mieux sa mission, lem-
ployeur devait lui remettre les documents dont il
complts de demandes additionnelles particu- avait besoin dans les meilleurs dlais. Le dlai suffisant
lires, en fonction des besoins et des attentes de dont devait disposer lexpert devait tre valu en
ces derniers. [] Il prcise les procdures mettre tenant compte des difficults spcifiques que pr-
en uvre et les conditions de ralisation de la sentait lexamen auquel le comit dentreprise se
mission. Ces modalits, dtermines dans le cadre livrait (Circ. DRT n 1, 30 nov. 1984). dfaut les
des dispositions lgales et de la jurisprudence juges pouvaient allonger les dlais accords lexpert
applicable, ne sont ni codifies ni normalises. (Cass. soc., 19 oct. 1994, n 92-21.547).
Toutefois, la lettre de mission devrait a minima Les dlais de ralisation des missions de lexpert-
comporter les lments suivants : comptable sinscrivent logiquement dans le cadre
des dlais qui sappliquent ces consultations dans le cadre de la consultation du comit sur
(Guide des missions de lexpert-comptable p. 49). les orientations stratgiques de lentreprise,
Lexpert doit remettre son rapport au plus tard
quinze jours avant lexpiration du dlai imparti
66 DLAIS CONVENTIONNELS au comit pour mettre son avis (C. trav., art.
Le dlai dans lequel se droule la mission de lex- R. 2325-6-1) ;
pert-comptable est fix par accord entre lem- en matire dopration de concentration, lar-
ployeur et le comit dentreprise ou, dfaut dac- ticle R. 2325-6-2 du Code du travail prvoit que
cord, par dcret. Ce dlai, qui doit tre raisonnable, le rapport doit tre remis dans un dlai de huit
peut tre prorog dun commun accord (C. trav., jours compter de la notification de la dcision
art. L. 2325-42-1). de lAutorit de la concurrence ou de la Commis-
Laccord dtermine au sein du dlai dexpertise sion europenne saisie du dossier, ce rapport de-
le dlai dans lequel lexpert peut demander lem- vant tre prsent au cours de la deuxime runion
ployeur toutes les informations quil juge nces- prvue pour entendre les rsultats des travaux de
saires la ralisation de sa mission et le dlai de lexpert.
rponse de lemployeur cette demande.
Selon la Direction gnrale du travail (DGT),
laccord qui fixe les dlais de lexpertise est lo- 68 DLAIS LGAUX
giquement de mme nature que laccord enca- Au demeurant, il existe deux situations dans les-
drant les dlais de consultation du comit dentre- quelles aucun accord ne peut se substituer aux
prise. Il doit, pour tre valide, tre sign, dune rgles dfinies lgalement :
part, par lemployeur ou par son reprsentant et, en matire de licenciement pour motif co-
dautre part, par la majorit des lus titulaires nomique, larticle L. 1233-35 du Code du travail
prsents, conformment aux rgles applicables impose la remise du rapport de lexpert au plus
aux rsolutions. Pour le calcul du vote des lus, tard 15 jours avant lexpiration du dlai prvu
il nest tenu compte que des membres prsents, pour la runion du comit dentreprise au cours
sachant que les abstentions, les votes blancs ou de laquelle celui-ci est appel mettre son avis
nuls sont assimils des votes sopposant la r- sur lopration projete et sur le projet de licen-
solution. Laccord nest donc adopt que si la moi- ciement collectif ;
ti plus un des membres titulaires prsents votent en matire doffre publique dacquisition, lex-
expressment en faveur de son adoption (Circ. pert tablit un rapport qui value la politique in-
DGT 2014/1, 18 mars 2014, fiche n 3, NOR: dustrielle et financire et les plans stratgiques
ETST1404425C). que lauteur de loffre envisage dappliquer la
En effet, laccord qui fixe les dlais de consultation socit objet de loffre ainsi que les rpercussions
du comit dentreprise est adopt la majorit de leur mise en uvre sur lensemble des intrts,
des membres titulaires lus du comit (C. trav. lemploi, les sites dactivit et la localisation des
L. 2323-3). Selon la DGT, cet accord, ds lors quil centres de dcision de cette dernire socit. Il
fixe des rgles de fonctionnement et dorganisation dispose dun dlai de trois semaines compter
des runions du comit, doit pouvoir suivre le du dpt du projet doffre publique dacquisition
mme rgime que le rglement intrieur du co- (C. trav., art. L. 2323-22-1).
mit, et doit, pour tre valide, tre sign, dune
part, par lemployeur ou par son reprsentant, et
dautre part par la majorit des lus titulaires pr- 69 POINT DE DPART DES DLAIS
sents, conformment aux rgles applicables aux Pour que les dlais qui simposent lexpert-comp-
rsolutions (Circ. DGT 2014/1, 18 mars 2014, fiche table soient respects, encore faut-il que celui-ci
n 2). dispose des documents ncessaires la rdaction
On peut penser galement quil y aura un lien de sa mission. En cas de dfection de lemployeur,
entre le dlai de consultation et le dlai dexpertise, cela peut aboutir remettre en cause ces dlais.
les deux dlais pouvant tre fixs simultanment.
Ensuite, il est possible dadmettre que la fixation
des dlais sera soit ponctuelle, cest--dire locca-
sion de chaque mission de lexpert, soit perma-
nente (pour la dure du mandat des membres du
comit dentreprise), pour certaines missions sus-
ceptibles dtre rcurrentes (prsentation annuelle RDACTION DUN RAPPORT
des comptes, consultation annuelle sur les orien- 70 UNE PRATIQUE COURANTE
tations stratgiques). Si la rdaction dun rapport crit tait une pratique
courante et recommande par lOrdre des experts-
comptables (Guide des missions de lexpert-comp-
67 DLAIS RGLEMENTAIRES table, p. 56), elle ne prsentait, jusqu la loi
Le dlai de lexpertise na t fix par dcret, n 2013-504 du 14 juin 2013, aucun caractre
dfaut daccord, que dans deux hypothses : obligatoire.
LA RMUNRATION DE LEXPERT
lexpert-comptable (voir n 64) na quune valeur
indicative.
PRISE EN CHARGE REMARQUE
Sil estime excessif le montant de cette valuation,
80 PAR LENTREPRISE lemployeur doit, en pratique, faire part lexpert de
Seul juge de lopportunit de recourir lassistance son dsaccord ou, pour le moins, de ses rserves.
dun expert-comptable et du choix de lexpert, le dfaut, son accord tacite sur le montant estim des
comit dentreprise nassume en revanche pas, honoraires pourrait, dans le cadre dune contestation
sauf exception (assistance lors de la consultation ultrieure, lui tre oppos ds lors que le montant
sur les orientations stratgiques), la charge de sa dfinitif ne serait pas sensiblement diffrent de celui
prvu ds lorigine.
rmunration. Lexpert-comptable est rmunr
par lentreprise (C. trav., art. L. 2325-40). Aucune disposition lgale ne prvoie un accord
NOTER pralable de lemployeur sur les honoraires ap-
Bien que larticle L. 2325-35 ne le mentionne pas pliqus. Par consquent, celui-ci est tenu den as-
explicitement, lexpert-comptable dsign par le co- surer le paiement sous rserve, en cas de litige,
mit dentreprise en vue de lassister pour lexamen quils correspondent au travail fourni, dans le
du rapport annuel relatif la participation, doit tre dlai imparti par la procdure engage, et quils
rmunr par lemployeur (Cass. soc., 28 janv. 2009, ne soient pas exagrs (CA Grenoble, 1er juill. 2013,
n 07-18.284P). n 12/03958).
Cependant, lentreprise na assumer la charge De manire gnrale, la Cour de cassation consi-
de la rmunration que si la mission de lexpert en- dre que, sauf abus, lemployeur supporte le cot
tre bien dans lun des cas limitativement numrs des honoraires et des frais de lexpert-comptable
par larticle L. 2325-35 du Code du travail et ne du comit dentreprise (Cass. soc., 26 sept. 2007,
va pas au-del. dfaut, sa rmunration sera n 06-17.862).
la charge, en tout ou partie, du comit dentre-
prise.
Lorsque le comit de groupe dsigne un expert-
comptable, cest lentreprise dominante qui rmu-
nre lexpert-comptable dsign par le comit de
groupe (C. trav., art. L. 2334-4).
CONTESTATION
PAR LEMPLOYEUR
82 MONTANT DE LA RMUNRATION
Si lemployeur a lobligation de rmunrer lex-
pert-comptable, il a le droit de vrifier que le
FIXATION DES HONORAIRES travail effectu correspond bien au prix demand
81 FIXS LIBREMENT PAR LEXPERT-COMPTABLE et il peut tre amen contester le montant des
dfaut dun barme comparable, par exemple, honoraires de lexpert (tant au regard des tarifs
celui en vigueur pour les commissaires aux pratiqus que des heures prtendument passes
comptes, le montant de ses honoraires est libre- ltablissement du rapport final).
ment fix par lexpert-comptable en fonction du ATTENTION
volume et de la qualit du travail fourni. Lordon- Le refus de rmunrer lexpert-comptable constitue
nance du 19 septembre 1945 modifie rglemen- un dlit dentrave au fonctionnement rgulier du comit
tant la profession dexpert-comptable indique en dentreprise (Cass. crim., 13 fvr. 1990, n 89-81.592).
effet que les honoraires doivent tre quitables
et constituer la juste rmunration du travail Les motifs de la contestation peuvent tre divers :
fourni comme du service rendu (art. 24). lemployeur peut estimer que le prix demand
Ds lors, ce nest quaprs lachvement de la mis- par lexpert est excessif au regard de la quantit
sion que peut tre fix le montant prcis des hono- de travail fourni et de sa qualit ;
raires, compte tenu notamment des travaux effec- il peut galement, tout en ayant expressment
tus, de leur complexit, de leur qualit, du temps ou tacitement accept lvaluation contenue dans
pass par les divers intervenants et des taux de la lettre de mission, remettre en cause le montant
facturation. des honoraires correspondant cette valuation
Le montant des honoraires indiqu dans la lettre sil apparat que la mission ne sest pas, en fait,
de mission tablie avant le dbut des travaux de droule dans les conditions initialement prvues ;
il peut enfin considrer que certains travaux na pas un caractre provisionnel (Cass. soc., 8 janv.
facturs excdent le cadre de la mission confie 2002, n 00-15.815P).
telle que dfinie par la loi, et refuser en con- NOTER
squence de prendre en charge la rmunration Lorsquil est saisi dune action portant sur la rmu-
correspondant ces travaux. nration de lexpert-comptable, le prsident du tri-
NOTER bunal de grande instance a le pouvoir de statuer sur
La mission de lexpert-comptable prend fin par la une demande connexe de communication de docu-
remise du rapport. Ds lors, toutes prestations et/ou ments par une dcision au fond (Cass. soc. 26 oct.
diligences effectues par lexpert, aprs cette remise, 2010, n 09-15.601P).
nentrent pas dans le cadre de sa mission et ne sont Pour procder cette valuation, le juge sassure
donc pas la charge de lemployeur (CA Grenoble, que les investigations de lexpert-comptable nont
1er juill. 2013, n 12/03958). pas dpass le cadre lgal de sa mission, et dter-
mine le montant des honoraires en fonction de
limportance et de la nature de la mission.
83 SAISINE DU PRSIDENT Le montant des honoraires relve de lapprciation
DU TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE souveraine du juge du fond (prsident du TGI
Larticle L. 2325-40 du Code du travail donne ou cour dappel). La Cour de cassation se borne
comptence au prsident du tribunal de grande donc dans cette matire vrifier quil a rendu
instance pour connatre des litiges sur la rmunra- une dcision motive et sans se contredire (Cass.
tion de lexpert-comptable, larticle R. 2325-7 pr- soc., 21 oct. 1998, n 97-10.058 ; Cass. soc., 30 mai
cisant quil est alors saisi et statue en la forme des 2000, n 98-19.895).
rfrs. Sa saisine peut intervenir soit avant le
dbut de la mission, soit aprs son achvement. Adquation des travaux la mission lgale
de lexpert
Saisine avant le dbut de la mission Pour procder la fixation des honoraires de
Il nappartient pas au prsident du tribunal de lexpert-comptable, le prsident du tribunal de
grande instance, saisi en application de larticle grande instance est conduit vrifier ladquation
L. 2325-40 du Code du travail, de fixer au pra- des travaux facturs la mission lgale de lexpert
lable le montant des honoraires de lexpert-comp- et se prononcer sur ltendue de la mission. Si
table. En effet, lordonnance du 19 septembre certains travaux facturs excdent le cadre normal
1945 organisant la profession dexpert-comptable de la mission confie, une rduction en con-
prvoit que les honoraires de lexpert-comptable squence des honoraires demands peut tre d-
constituent la rmunration du travail fourni, cide (Cass. soc., 21 oct. 1998, n 97-10.058 ; Cass.
cest--dire excut, comme du service rendu. soc., 10 juill. 1995, n 92-17.010).
Il peut, en revanche, avant le dbut de la mission La mission confie lexpert-comptable par la loi
et sans prjuger du montant dfinitif des hono- doit respecter une certaine mesure, et ne peut
raires, allouer une provision et en ordonner le consister en un audit financier du groupe ni en
versement, au besoin sous astreinte. une analyse dtaille de chacune des entits le
REMARQUE composant. Ainsi, lorsque le rapport dfinitif remis
La demande visant faire condamner lemployeur aux membres du comit central dentreprise est
au paiement dune provision doit tre prsente de- 2 fois plus volumineux que la version intermdiaire,
vant le premier juge et sera considre comme nou- comporte une analyse trs dtaille des contrats
velle et donc irrecevable si elle est prsente pour la intragroupe et est consacr pour moiti lanalyse
premire fois en appel. En effet, elle ne poursuit pas individuelle des 18 entits actives du groupe, il y
la mme fin que la demande de communication a lieu de considrer que lexpert a outrepass sa
lexpert-comptable des documents utiles sa mission, mission. En effet, le rapport intermdiaire permet-
dont elle ne constitue ni la consquence ni le com-
plment (Cass. soc., 13 mai 2014, n 12-25.544P).
tait dj au comit central dentreprise dappr-
hender les comptes de la socit et dapprcier la
situation financire de lentreprise. Une rduction
Saisine aprs lachvement dhonoraires est donc justifie (CA Versailles,
de la mission 18 avr. 2013, n 11/07436).
Rle du juge De la mme manire, un expert-comptable ne peut
Saisi, aprs lachvement de la mission, soit lini- rclamer des honoraires que pour les investigations
tiative de lemployeur, soit le plus souvent celle normalement ncessaires lexcution de la mission
de lexpert-comptable la suite du refus de lem- qui lui a t confie par le comit dentreprise et
ployeur de lui rgler lintgralit de ses honoraires, non pour des investigations disproportionnes au
il appartient au prsident du tribunal de grande regard des questions souleves. Ds lors, lexpert
instance, statuant en rfr, de fixer le montant ne peut consacrer prs des trois quarts de son rap-
dfinitif des honoraires. port au bilan conomique des socits alors que
Lordonnance ainsi rendue est une dcision au le comit dentreprise ne linterrogeait pas prin-
fond qui nappartient pas la catgorie des ordon- cipalement sur cette question (CA Bordeaux,
nances de rfrs et la condamnation prononce 30 avr. 2014, n 13/3978 ; RJS 7/14, n 576).
Lexercice de la mission
Le rle consultatif du comit dentreprise nest pas rserv aux seules questions conomiques mais concerne
aussi les questions technologiques. Lassistance du comit par lexpert technique sinscrit dans le cadre
des articles L. 2323-13 et L. 2323-14 du Code du travail. Selon ce premier article, le comit dentreprise
est inform et consult, pralablement tout projet important dintroduction de nouvelles technologies,
lorsque celles-ci sont susceptibles davoir des consquences sur lemploi, la qualification, la rmunration,
la formation ou les conditions de travail .
Larticle L. 2323-14 ajoute : Lorsque lemployeur envisage de mettre en uvre des mutations tech-
nologiques importantes et rapides, il tablit un plan dadaptation. Ce plan est transmis, pour information
et consultation, au comit dentreprise en mme temps que les autres lments dinformation relatifs
lintroduction de nouvelles technologies. Le comit dentreprise est rgulirement inform et consult
sur la mise en uvre de ce plan. En effet, larticle L. 2325-38 prvoit que dans les entreprises dau
moins 300 salaris, le comit dentreprise peut recourir un expert technique loccasion de tout projet
important dans les cas numrs aux articles L. 2323-13 et L. 2323-14 .
Seront successivement abords dans le cadre de ce chapitre la dsignation de lexpert technique, les con-
ditions de recours, et lexercice de sa mission.
LA DSIGNATION
entreprise dont leffectif global atteint 300 salaris,
quel que soit leffectif de chacun des tablis-
ENTREPRISES CONCERNES sements.
87 APPRCIATION DE LEFFECTIF
Niveau dapprciation
Larticle L. 2325-38 du Code du travail vise les
entreprises et non les tablissements dau moins
300 salaris. Cest donc leffectif de lentreprise
dans son ensemble qui doit tre pris en consid- INITIATIVE DU COMIT
ration pour dterminer, dans les entreprises com- DENTREPRISE
portant plusieurs tablissements, si un comit
dtablissement consult en application de larticle 88 VOTE DU COMIT DENTREPRISE
L. 2323-13 peut ou non recourir lassistance de Linitiative de recourir lassistance dun expert
lexpert prvu larticle L. 2325-38. Cette solution technique appartient au comit dentreprise qui
conduit donc reconnatre cette facult tous doit en fait se prononcer sur la ncessit de lexper-
les comits dtablissement existant au sein dune tise, sur le choix de lexpert et sur ltendue de
sa mission. Cela suppose donc en pratique autant prise, tre informs et consults sur les con-
de votes au sein du comit que de dcisions squences de lintroduction des nouvelles tech-
prendre, la participation chacun de ces votes nologies pour les salaris des tablissements con-
tant rserve aux membres titulaires du comit, cerns.
ainsi quaux supplants remplaant ventuel-
lement certains titulaires absents.
Comme pour la dsignation de lexpert-comptable 90 DLGUS DU PERSONNEL
(voir n 17), et pour les mmes raisons, le prsident Les dlgus du personnel qui exercent tempo-
du comit ne saurait prendre part ces votes, rairement, en labsence de comit dentreprise par
dautant que le deuxime alina de larticle suite dune carence constate dans les conditions
L. 2325-38 prend soin de prciser que le recours de larticle L. 2324-8 du Code du travail, les at-
lexpert fait lobjet en pareil cas dun accord tributions conomiques relevant du comit den-
entre lemployeur et la majorit des membres treprise, peuvent tre consults sur un projet im-
lus du comit . portant dintroduction de nouvelles technologies.
Si lentreprise compte au moins 300 salaris, ils
peuvent avoir recours, dans les mmes conditions
89 RPARTITION DES COMPTENCES que le comit dentreprise, un expert technique
Dans les entreprises au sein desquelles sont insti- (C. trav. L. 2313-13 al. 5).
tus des comits dtablissement et un comit
central dentreprise, la possibilit de recours un
expert bnficie au comit central ou aux comits 91 BUT DU RECOURS LEXPERTISE
dtablissement, en fonction du niveau auquel Le recours lexpertise nest pas subordonn
est organise la consultation sur le projet din- un manque dinformation ou une information
troduction de nouvelles technologies. incomplte de la direction et ne constitue pas une
sanction son gard. Au contraire, le recours
Un projet concernant lentreprise lexpert permet au comit dentreprise dapprcier
Si le projet concerne plusieurs tablissements et le contenu et les incidences du projet. Lexpertise
que la dcision prendre excde les limites des est destine lui procurer une information opti-
pouvoirs des chefs dtablissement concerns, male afin quil puisse rendre son avis en toute
cest le comit central dentreprise qui est consult connaissance de cause.
et qui peut donc recourir lassistance dun expert
(C. trav. art. L. 2327-15 et L. 2327-2).
En revanche, en cas de carence du comit central
dentreprise, on peut estimer que le comit dtab-
lissement peut recourir un expert technique.
En effet, la solution dgage pour la dsignation
de lexpert-comptable (Cass. soc., 25 janv. 1995,
n 92-13.546P ; voir n 7) semble transposable ACCORD DE LEMPLOYEUR
la dsignation de lexpert technique. 92 NCESSIT DUN ACCORD
Le recours lexpert technique fait lobjet dun
Un projet concernant un tablissement accord entre lemployeur et la majorit des
Les comits dtablissement disposent des mmes membres lus du comit (C. trav., art.
attributions que les comits dentreprise, dans L. 2325-38). Contrairement au recours lexpert-
la limite des pouvoirs confis aux chefs de ces comptable, il ne peut tre impos lemployeur.
tablissements (C. trav., art. L. 2327-15). Ainsi, Laccord de lemployeur porte, non seulement
si le projet ne concerne quun seul tablissement sur le principe mme du recours un expert, mais
et relve des pouvoirs du chef de cet tablisse- galement sur son choix ainsi que sur ltendue
ment, cest ce comit dtablissement qui est con- de sa mission. Cet accord est mentionn dans le
sult et donc habilit recourir lassistance procs-verbal de la runion au cours de laquelle
dun expert. il a t pris.
En cas de dsaccord sur la ncessit dune exper-
Un projet concernant lentreprise, tise, sur le choix de lexpert ou sur ltendue de
dclin dans diffrents tablissements la mission qui lui est confie, la dcision est prise
Si la consultation est organise la fois au niveau par le prsident du tribunal de grande instance
du comit central dentreprise et dun ou plusieurs statuant en urgence (C. trav., art. L. 2325-38).
comits dtablissement, les comits dtablisse- NOTER
ment peuvent se faire assister dun expert dont Le refus de lemployeur de recourir un expert ne
la mission est limite aux effets des oprations constitue donc pas le dlit dentrave.
envisages sur la situation des salaris de ltablis-
sement.
En effet, les comits dtablissement doivent,
mme dans le cadre dun projet global dentre-
LEXERCICE DE LA MISSION
Afin de pallier tout conflit entre la direction et le
comit dentreprise, il est fortement recommand
de dterminer, ds le dpart, dans laccord : MOYENS
prcisment le contenu de la mission ;
les modalits daccs lentreprise et aux lieux Pour exercer sa mission telle que dfinie par
ncessaires la ralisation de la mission ; accord entre lemployeur et la majorit des
les informations fournies lexpert ; membres lus du comit ou, dfaut, par le pr-
les dates du terme de la mission et de remise sident du tribunal de grande instance, lexpert
du rapport dexpertise ; dsign dispose de certains moyens qui lui sont
les honoraires de lexpertise. reconnus par la loi.
En cas de dsaccord, il revient au prsident du
tribunal de grande instance de fixer le contenu
et les conditions dexcution de la mission. 104 LIBRE ACCS DANS LENTREPRISE
Lexpert technique a libre accs dans lentreprise
(C. trav., art. L. 2325-39).
Outre les locaux mis la disposition du comit
dentreprise, cela concerne tous les locaux de
lentreprise que lexpert peut estimer utile de visi-
ter pour lexercice de sa mission, parmi lesquels,
bien sr, les ateliers ou les installations o doivent
TENDUE DE LA MISSION tre mises en uvre les nouvelles technologies.
102 DFINITION PAR ACCORD ENTRE COMIT Ce droit comporte cependant les mmes limites
DENTREPRISE ET EMPLOYEUR que celles applicables lexpert-comptable, quil
Le recours cet expert fait lobjet dun accord sagisse de laccs aux locaux dont la visite ne
entre lemployeur et la majorit des membres lus serait pas utile laccomplissement de la mission
du comit (C. trav., art. L. 2325-38). Ltendue de confie, du respect des heures douverture ou de
la mission confie lexpert technique est fonction fonctionnement de lentreprise ou des services
de la nature et de limportance du projet, mais concerns, ou encore de lobligation de respecter
galement des points sur lesquels le comit dentre- les rgles ou procdures en vigueur concernant
prise souhaite tre clair, quil sagisse des aspects laccs lentreprise elle-mme ou certains de
strictement techniques du projet ou de ses cons- ses locaux (procdures administratives ou rgles
quences sur lemploi, la qualification, la rmu- de scurit notamment) (voir n 58).
nration, la formation ou les conditions de travail Le libre accs dans lentreprise tant justifi par
du personnel. la mission de lexpert, il est limit sa ralisation.
Il doit lui permettre davoir accs toute source
dinformation en vue de ltablissement, en
103 RLE DU JUGE EN CAS DE DSACCORD connaissance de cause, de son rapport.
Si un accord entre lemployeur et la majorit des
membres lus ne peut tre trouv quant ltendue
de la mission de lexpert technique, cest le pr- 105 ACCS AUX DOCUMENTS
sident du tribunal de grande instance statuant en Lexpert technique a accs aux lments dinfor-
urgence qui la prcise (C. trav., art. L. 2325-38). mation sur le projet et ses consquences transmis
Il tient alors compte du projet soumis la consul- au comit dentreprise et dsormais toutes les
tation du comit dentreprise, des souhaits expri- informations quil juge ncessaires la ralisa-
ms par ce dernier et des observations ventuelles tion de sa mission (C. trav., art. L. 2325-38 et
de lemployeur. R. 2325-6-3).
De mme, si le juge, saisi dun dsaccord sur la nces-
sit dune expertise technique, dcide que le comit Informations dtenues
dentreprise peut recourir un expert technique, il par le comit dentreprise
doit dfinir ltendue de sa mission. Lexpertise ne Lexpert technique dispose des lments dinfor-
peut porter que sur les aspects techniques ou sur mation concernant le projet et ses consquences
les consquences sur lemploi, la qualification, la en matire demploi, de qualification, de rmun-
rmunration, la formation ou les conditions de ration, de formation et de conditions de travail.
travail du personnel concern par le projet. Ces lments sont remis aux membres du comit
De mme, en cas de dsaccord sur le choix de lexpert, un mois avant la runion au cours de laquelle
la dcision est prise par le prsident du TGI statuant celui-ci doit tre consult (C. trav., art. L. 2325-38
en urgence (C. trav., art. L. 2325-38). et L. 2323-13).
Dans le cas dune mise en uvre de mutations tech- 1 et R. 2323-1-1). Ce dlai rglementaire est port
nologiques rapides et importantes, le plan dadap- deux mois en cas dintervention dun expert,
tation transmis au comit dentreprise doit aussi trois mois en cas de saisine dun ou de plusieurs
tre transmis lexpert (C. trav., art. L. 2323-14). CHSCT et quatre mois si une instance de coor-
dination des CHSCT a t mise en place cette
Informations ncessaires sa mission occasion (Circ. DGT n 2014/1, 18 mars 2014,
Larticle R. 2325-6-3 du Code du travail issu du NOR : ETST1404425C).
dcret du 27 dcembre 2013 (n 2013-1305, JO
31 dc.) ouvre de nouvelles perspectives dinfor-
mations lexpert technique. En effet, il peut 107 CONTACTS AVEC LES MEMBRES DU CE
dsormais demander lemployeur, au plus tard ET RUNIONS PLNIRES DU COMIT
dans les trois jours de sa dsignation, toutes les Dbut de mission
informations quil juge ncessaires la rali- Aucune disposition lgale ninterdit lexpert de
sation de sa mission. rencontrer, en dbut comme en cours de mission,
Lemployeur doit rpondre cette demande les membres du comit dentreprise ds linstant
dans les cinq jours. o ces derniers peuvent disposer, dans le cadre
Lexpert technique peut donc obtenir tous les de leur crdit dheures, du temps ncessaire de
documents dont lui seul sera en mesure de dter- telles rencontres.
miner leur utilit par rapport la mission. Seuls Dans la mesure o ltendue de la mission de
les documents sans rapport avec celle-ci peuvent lexpert est fonction de ce que souhaitent les
tre, le cas chant, carts. De ce point de vue, membres lus du comit, de tels contacts peuvent
la jurisprudence dgage au sujet des documents savrer indispensables avant mme que la mission
auxquels lexpert-comptable peut avoir accs peut ne lui soit confie. Si, pour quelque cause que ce
srement tre transpose lexpert technique soit, la demande dexpertise nest pas en dfinitive
(voir n 55 et 56). retenue, le temps consacr par lexpert pressenti
ces contacts pralables naura pas lui tre rmu-
nr par lentreprise.
106 DLAIS DEXPERTISE
Le nouvel article L. 2325-42-1 du Code du travail, Terme de la mission
issu de la loi du 14 juin 2013 relative la scuri- En fin de mission, une runion prparatoire
sation de lemploi (n 2013-504, JO 16 juin), en- la runion plnire du comit dentreprise est
cadre dsormais le dlai de lexpertise technique. galement concevable.
Comme lexpert-comptable, lexpert technique Par analogie avec les principes applicables lassis-
doit remettre son rapport dans un dlai raison- tance du comit dentreprise par lexpert-comp-
nable fix par accord entre lemployeur et le comit table, dont la rmunration incombe de la mme
dentreprise (voir n 65 67). manire lemployeur (voir n 80 et s. ; Cass. soc.,
Le dlai peut tre prorog dun commun accord. 8 nov. 1994, n 92-11.443P), la participation une
Il parat ici assez logique dadmettre que cest telle runion entre dans la mission dassistance
chacune des missions de lexpert technique que de lexpert technique et les honoraires et frais qui
le dlai dexpertise doit tre fix. en dcoulent sont donc la charge de lemployeur.
dfaut daccord, lexpert doit rendre son rap-
port dans un dlai de vingt et un jours compter Runion du comit dentreprise
de la dsignation de lexpert (C. trav., art. De la mme manire que le comit dentreprise
R. 2325-6-3). peut imposer, par un vote majoritaire (voir n 60 ;
Ce dlai simpose sauf si lemployeur na pas Cass. crim., 25 mai 1983, n 82-92.280), la prsence
rpondu dans le dlai requis la demande de re- de lexpert-comptable au cours de la runion
mise de documents. Dans cette hypothse, on consacre lexamen de son rapport et la for-
peut penser que le prsident du TGI, statuant en mulation de son avis, on peut certainement consi-
rfr, pourra prolonger le dlai en imposant la drer que lexpert technique doit pouvoir tre
communication des documents ncessaires la prsent cette runion.
mission. Cest dailleurs en ce sens que se prononce la
Ce dlai dexpertise est intgrer dans les dlais circulaire ministrielle du 30 novembre 1984
de consultation du comit dentreprise qui, sauf (Circ. DRT n 12) : lexpert peut assister la
disposition lgislative spciale, sont dsormais runion du comit dentreprise consacre lexa-
fixs par accord entre lemployeur et le comit men du projet dintroduction de nouvelles tech-
dentreprise, adopt la majorit des membres nologies .
titulaires lus (C. trav., art. L. 2323-3). dfaut
daccord, le comit dentreprise est rput avoir
t consult et avoir rendu un avis ngatif lex- 108 CONTACTS AVEC LE PERSONNEL
piration dun dlai de un mois compter de la Pas plus que pour lexpert-comptable, le Code
communication par lemployeur des informations du travail ne prvoit la possibilit pour lexpert
ncessaires la consultation (C. trav., art. R. 2323- technique de sentretenir, dans le cadre de sa
mission, avec les membres du personnel de lentre- cle 226-13 du Code pnal. Nanmoins, ce rappel
prise. peut tre utile en pratique.
Sil souhaite prendre contact avec des salaris,
parce quil lestime utile pour sa mission, il doit Informations donnes comme
donc pralablement demander et obtenir lauto- confidentielles par lemployeur
risation de lemployeur. Lobligation de discrtion lgard des informa-
tions caractre confidentiel concerne celles qui
ont t prsentes comme telles par lemployeur.
Dans la mesure o lexpert technique a dsormais
accs non seulement aux lments dinformation
dtenues par le comit dentreprise mais galement
toutes les informations quil juge ncessaires la
ralisation de sa mission (C. trav., art. L. 2325-38
OBLIGATIONS et R. 2325-6-3 ; voir n 105), la question de ltendue
109 EXCUTION DE LA MISSION CONFIE de son obligation de discrtion se pose dans des
Ltendue de sa mission ayant t dfinie par termes similaires lobligation de discrtion de
accord entre lemployeur ou, dfaut, par dcision lexpert-comptable qui assiste le comit dentreprise
du tribunal de grande instance, lexpert technique (voir n 72 et s.).
doit lexercer conformment aux prvisions de Ainsi, dans ses relations avec le comit dentre-
cet accord ou de cette dcision. prise, lexpert technique ne saurait se retrancher
Il doit en outre rendre son rapport dans les dlais derrire une obligation de secret et de discrtion
fixs dans cet accord et, dfaut dun tel accord, pour refuser de rpondre des questions qui
dans un dlai de 21 jours compter de sa dsi- relvent du champ dinvestigation du comit et
gnation (voir n 106). entrent dans les limites de sa mission.
dfaut, sa responsabilit lgard du comit La mission dassistance assume par lexpert tech-
dentreprise pourra tre engage et ses honoraires nique sexerant au profit exclusif des membres
rduits par le juge. du comit dentreprise, toutes personnes autres
que les membres du comit doivent tre consi-
dres par lexpert comme des tiers, quil sagisse
110 SECRET PROFESSIONNEL ET DISCRTION des personnes trangres lentreprise comme
Principe des salaris de celle-ci, y compris les autres re-
la diffrence de lexpert-comptable, lexpert prsentants du personnel et notamment les d-
technique nest pas tenu de par son statut ou sa lgus syndicaux. Obligations de secret et de dis-
profession une obligation gnrale de secret crtion trouvent donc sappliquer. Le
professionnel. manquement de lexpert pourra engager sa res-
Aussi, les dispositions de larticle L. 2325-42 du ponsabilit civile, ainsi que sa responsabilit
Code du travail, selon lesquelles les experts sont pnale concernant lobligation de secret profes-
tenus aux obligations de secret et de discrtion sionnel.
telles que dfinies larticle L. 2325-5, prennent
une importance particulire.
Elles ont pour effet de soumettre lexpert aux
mmes obligations de secret et de discrtion que
les membres du comit dentreprise, savoir :
au secret professionnel pour toutes les ques-
tions relatives aux procds de fabrication ;
lobligation de discrtion lgard des infor- RMUNRATION
mations revtant un caractre confidentiel et 111 PAR LENTREPRISE
prsentes comme telles par lemployeur. Lexpert technique est, comme lexpert-comptable,
rmunr par lentreprise (C. trav., art. L. 2325-40).
Procds de fabrication De la mme manire que pour lexpert-comptable
Compte tenu de la nature des missions suscep- (voir n 85), les frais engags par lexpert technique
tibles de lui tre confies, lexpert technique est pour lexercice de sa mission doivent tre inclus
certainement, parmi les experts auxquels le comit dans sa rmunration puisque ncessaires
dentreprise peut avoir recours, celui pour lequel laccomplissement de celle-ci. Ainsi, les frais de
lobligation de secret professionnel, sur ce point, secrtariat, reprographie ou dplacement engags
trouve le plus souvent sappliquer. par lexpert sont la charge de lemployeur,
Il nest dailleurs pas ncessaire que lemployeur condition quil justifie des dpenses quil a effec-
rappelle expressment cette obligation de secret tivement engages et quelles soient rellement
pour que sa violation par lexpert engage sa res- ncessaires sa mission.
ponsabilit, non seulement au plan civil (rpa- ATTENTION
ration du prjudice subi par lentreprise) mais Si les conditions de recours lexpertise technique
galement au plan pnal sur la base de larti- ne sont pas remplies, le comit dentreprise qui d-
Le comit dentreprise a la possibilit de recourir dautres experts : lexpert libre, rmunr par le CE
pour la prparation de ses travaux ; lexpert de son choix, rmunr par lentreprise, en cas de fermeture
dun tablissement dans une entreprise dau moins 1 000 salaris, dans le cadre de lobligation pour
lemployeur de rechercher un repreneur ; et lexpert judiciaire de gestion dans certaines socits (socits
par actions, socits anonymes et SARL). Par ailleurs, le comit de groupe peut galement recourir
lassistance dun expert-comptable en vue de rendre intelligibles les documents, notamment comptables,
qui lui sont fournis.
LEXPERT LIBRE
Le comit dentreprise peut faire appel deux
types dexperts en fonction de la nature des mis-
sions qui leur sont confies : DSIGNATION
les uns interviennent pour des missions insti- 114 PRINCIPE
tutionnelles : ce sont lexpert-comptable dans les Sagissant de la dsignation de lexpert, les pro-
cas prvus larticle L. 2325-35 du Code du travail, blmes qui se posent concernent la qualit de
(voir n 1 et s.) et lexpert technique dans le cas celui auquel on veut avoir recours, la forme de
prvu larticle L. 2325-38 (voir n 86 et s.). Leurs la dsignation, lobjet prcis de la dsignation du
pouvoirs dinvestigation sont larges, aussi bien comit et linstitution pouvant recourir lexpert.
lgard des documents que des locaux auxquels
ils ont accs, et leur rmunration est acquitte
par lentreprise ; 115 QUALIT DE LEXPERT
Aucune condition nest exige de lexpert choisi
les autres interviennent pour des missions stric- par le comit pour laider dans la prparation de
tement contractuelles : le mandat confi au comit ses travaux.
dentreprise a pour objet dassurer lexpression Il peut sagir de toute personne ayant une com-
collective des salaris, permettant la prise en ptence particulire dans les domaines o il aura
compte permanente de leurs intrts dans les intervenir, notamment tout permanent ou col-
dcisions relatives la gestion et lvolution laborateur dune organisation syndicale, con-
conomique et financire, lorganisation du dition quil ne soit pas dsign ce titre mais
travail, la formation professionnelle et aux tech- compte tenu de ses qualits de juriste, de finan-
niques de production (C. trav., art. L. 2323-1). cier, de comptable, dconomiste, etc. dfaut
Cette mission lamne prsenter des vux dune telle comptence, la dsignation pourrait
loccasion des informations priodiques quil tre utilement critique car ne correspondant
reoit, et des avis pralablement aux dcisions pas lobjectif de larticle L. 2325-41 du Code
unilatrales de gestion intressant la vie du travail, qui est de permettre au comit, par le
conomique (C. trav., art. L. 2323-6) et les condi- recours une personne qualifie dexercer plus
tions de travail (C. trav., art. L. 2323-27). Dot efficacement les attributions conomiques et
pour ces activits de la personnalit civile (C. trav., socio-conomiques quil dtient, notamment en
art. L. 2325-1), il peut, en outre, afin de prparer vertu des articles L. 2323-6 et L. 2323-78 (Circ.
ses runions plnires, avoir recours tout expert DRT n 12, 30 nov. 1984).
de son choix (C. trav., art. L. 2325-41). Il peut Il peut sagir aussi bien dune personne salarie
rmunrer ce dernier puisquil dispose dun budget de lentreprise quextrieure celle-ci. Dans ce
annuel de fonctionnement gal 0,2 % de la masse dernier cas, elle peut tre aussi bien une personne
salariale brute (C. trav., art. L. 2325-43). physique quune personne morale exerant une
Le comit dentreprise peut faire appel tout expert activit conomique dans le domaine pour lequel
rmunr par ses soins pour la prparation de ses lexpertise savre ncessaire.
travaux. Le recours un expert donne lieu dlib- Les experts-comptables et les experts techniques
ration du comit. Lexpert choisi par le comit dispose peuvent tre choisis comme experts contractuels,
des documents dtenus par celui-ci. Il a accs au en particulier pour des missions de mme nature
local du comit et, dans des conditions dfinies par
accord entre lemployeur et la majorit des membres que celles auxquelles ils peuvent tre appels en
lus du comit, aux autres locaux de lentreprise application des articles L. 2325-35 L. 2325-37,
(C. trav., art. L. 2325-41). lorsque les conditions ne sont pas runies pour
que la mission puisse tre considre comme
institutionnelle. En pareil cas, et dune manire
gnrale, chaque fois quil est fait appel lun de
ces experts, ce dernier ne dispose que des moyens Tout dabord, le principe mme du recours un
et du statut des experts librement choisis, et non expert donne lieu dlibration du comit.
des moyens qui leur sont reconnus par la loi en Ensuite, il est procd au choix de la personne,
cas dexpertise obligatoire. physique ou morale (C. trav., art. L. 2325-41).
La dcision de recourir un expert est une rso-
lution du comit, prise en sance ordinaire, la
116 QUI PEUT RECOURIR LEXPERT ? majorit des membres prsents conformment
Entreprise structure complexe larticle L. 2325-18 du Code du travail (v. gale-
Les fonctions du comit dentreprise dans lordre ment Circ. DRT n 12, 30 nov. 1984).
conomique et professionnel tant exerces, en De mme, le comit choisit lexpert par une rso-
cas de structure complexe, aussi bien par le comit lution. La nature mme de la mission de lexpert,
dtablissement (dans les limites des pouvoirs savoir aider le comit exercer efficacement
du chef dtablissement qui le prside) que par ses fonctions dans lordre conomique (fonctions
le comit central dentreprise, le recours lex- dans lesquelles le comit agit en tant que dlga-
pert est possible, tant par le comit dtablissement tion du personnel), a ncessairement comme con-
que par le comit central dentreprise, mme si squence que le prsident ne participe au vote
larticle L. 2325-41 du Code du travail sur lexpert ni en ce qui concerne le principe du recours
ne vise que le comit dentreprise. De mme, le lexpert ni propos du choix de sa personne
comit commun constitu entre plusieurs socits (C. trav., art. L. 2325-18).
juridiquement distinctes peut recourir un expert, NOTER
ds lors quest constate lexistence dune unit En cas de dispositions conventionnelles, il est imp-
conomique et sociale. ratif pour le comit dentreprise de respecter les
La mission de lexpert est notamment condi- conditions de dsignation prvues. Si aux termes
tionne par la capacit de linstitution financer dun accord dentreprise, lemployeur doit tre in-
sa rmunration sur le seul budget de fonction- form du choix du comit de recourir un expert
nement. Ainsi se pose avec une certaine acuit la libre au plus tard le lendemain de la deuxime
difficult de rpartir ( dfaut de dispositions runion dinformation, et que le CCE len informe
au cours de la troisime runion, alors le CCE na
lgales dfinissant au moins une solution de droit pas respect laccord et ne peut donc pas demander
commun) la subvention de 0,2 % entre les deux au juge de suspendre la procdure sous prtexte
niveaux de reprsentation du personnel. quil y aurait un trouble manifestement illicite (Cass.
soc., 16 oct. 2013, n 12-17.484).
Carence de CE dans une entreprise
dau moins 50 salaris
Les dlgus du personnel peuvent tre amens,
en cas de carence du comit, exercer les missions 118 OBJET DE LA DSIGNATION
incombant au comit en matire conomique et La mission de lexpert est de faciliter la prpara-
professionnelle. Ils peuvent avoir recours aux tion des travaux du comit. Elle ne doit pas pour
experts rmunrs par lemployeur dans les condi- autant tre obligatoirement ponctuelle, cest--
tions prvues aux articles L. 2325-35 et suivants dire lie un ordre du jour et aux questions qui
(C. trav., art. L. 2313-13). y figurent. On peut trs bien concevoir une mis-
Ils peuvent galement recourir aux experts pour sion dure dtermine ou indtermine, por-
des missions contractuelles ds lors quils dis- tant sur toutes les questions de la comptence
posent dun budget de fonctionnement en appli- de lexpert mises lordre du jour des runions
cation de larticle L. 2313-13 alina 6 du Code du comit dans ce mme temps.
du travail : Le budget de fonctionnement dont En tout tat de cause, si la mission faisant lobjet dun
le montant est dtermin larticle L. 2325-43 contrat avec lexpert est permanente, le changement
est gr conjointement par lemployeur et les de majorit au sein du comit ne peut pas tre consi-
dlgus du personnel. dr comme une cause de rupture anticipe licite des
Ce texte peut toutefois tre source de difficults relations avec lexpert, sauf pour ce dernier. Il peut,
en effet, arrter son intervention ds que le climat de
dans la mesure o la gestion est conjointe avec confiance et son indpendance ne sont plus garantis.
lemployeur, et non autonome.
notre avis, la notion de gestion conjointe ne peut La seule limite la fixation par le comit de lobjet
empcher les dlgus du personnel de recourir un de la mission est quelle se rapporte strictement
expert pour une mission contractuelle. Elle signifie aux attributions de linstitution en matire co-
simplement quils doivent tenir compte de lavis de nomique, professionnelle et sociale. En outre,
lemployeur (exprim en pratique par un vote) pour les honoraires peuvent tre acquitts par prlve-
laffectation dune partie du budget une telle dpense.
ment sur le seul budget de fonctionnement. Il
ne faut pas, cependant, que le recours de tels
organismes dtourne le budget de fonctionnement
117 FORME DE LA DSIGNATION de son objet. Tel serait le cas si lorganisme en
La dsignation de lexpert intervient en deux question a comme mission une assistance lacti-
temps. vit syndicale.
Les entreprises dau moins 1000 salaris qui envisagent de fermer Sagissant des documents extrieurs lentreprise concerne
un tablissement doivent au pralable rechercher un repreneur, par la fermeture dun tablissement, une distinction apparat
lorsque cette fermeture aurait pour consquence un projet de li- selon quil sagit dun expert-comptable ou dun autre expert.
cenciement collectif (C. trav., art. L. 1233-57-9 et s.). Le comit Lexpert-comptable peut, en effet, en application de larticle
dentreprise est inform sur le projet de fermeture de ltablissement L. 2325-37 du Code du travail, avoir accs aux documents de
et sur les actions que lemployeur envisage pour trouver un repre- toutes les socits intresses par lopration, alors que ce nest
neur. Il est ensuite consult sur les offres de reprise, et peut galement pas le cas dun autre type dexpert, ce qui devrait alors cantonner
participer la recherche dun repreneur. Dans ce cadre, le comit les documents accessibles ceux mis disposition par les repre-
dentreprise peut recourir lassistance dun expert-comptable (voir neurs potentiels.
p. 30) ou lexpert de son choix rmunr par lentreprise. Toutefois, larticle L.1233-57-16 du Code du travail prvoit que
NOTER
si le comit dentreprise souhaite participer la recherche dun
repreneur, il aura accs aux documents dfinis 4 6 de larticle
Lorsque le comit dentreprise recourt lassistance
L. 1233-57-14. Ainsi le comit dentreprise aura accs :
dun expert, lemployeur en informe sans dlai lautorit
administrative (C. trav., art. L. 1233-57-17). toutes informations ncessaires aux entreprises candidates la
La consultation relative ce projet de fermeture ncessite parmi reprise de ltablissement, exceptes les informations dont la com-
les informations transmises au comit dentreprise que soit indiqu munication serait de nature porter atteinte aux intrts de lentreprise
aux reprsentants du personnel le droit de recourir un expert ou mettrait en pril la poursuite de lensemble de son activit ;
(C. trav., art. L. 1233-57-10). aux offres de reprise reues ;
aux rponses motives chacune des offres de reprise reues.
Ces documents sont donc la disposition de lexpert du comit
Missions dentreprise.
La mission de lexpert consiste (C. trav., art. L. 1233-57-17) :
analyser le processus de recherche du repreneur, sa mthodologie
et son champ ; Accs dans lentreprise
apprcier les informations mises disposition des repreneurs dfaut de dispositions particulires le prvoyant expressment,
potentiels ; lexpert qui na pas la qualit dexpert-comptable ne parat avoir
tudier les offres de reprise ; accs quaux seuls locaux du comit dentreprise.
apporter son concours la recherche dun repreneur par le
comit dentreprise et llaboration des projets de reprise.
Dlais dexpertise
Lexpert prsente son rapport dans les dlais prvus larticle
Documents accessibles L. 1233-30 du Code du travail (C. trav., art. L. 1233-57-17).
Ces missions postulent donc la transmission de documents dtenus
par lentreprise, mais galement mis la disposition par les ventuels
repreneurs.
LEXPERT-COMPTABLE
DU COMIT DE GROUPE
lexpert du comit dentreprise (J. Auroux, JO Db.
Ass. nat., 8 juin 1982, p. 3133).
MISSION La circulaire DRT n 6 du 28 juin 1984 prcise : Le
comit de groupe peut, comme le comit dentreprise
126 IDENTIT DE MISSION loccasion de lexamen annuel des comptes, se faire
AVEC LEXPERT-COMPTABLE DU CE assister dun expert-comptable de son choix. Ce der-
Rendre intelligibles les informations nier est rmunr par la socit dominante.
Comme le comit dentreprise, le comit de groupe Sagissant des rgles relatives la mission de lexpert-
reoit des informations sur lactivit de lensemble comptable et laccs aux documents, les prcisions
apportes dans la circulaire relative au comit dentre-
conomique dont il a en charge la reprsentation prise sont galement valables, en tenant compte tou-
des salaris. Ainsi, tout comme le comit dentre- tefois du fait que lexpert-comptable du comit de
prise, il peut recourir lassistance dun expert- groupe intervient au niveau de la socit dominante
comptable en vue de rendre intelligibles les et des autres entreprises constitutives du groupe.
documents, notamment comptables, qui lui sont
fournis. Quel que soit son volume, linformation Position doctrinale
natteint son objectif que si elle est la fois com- Plusieurs auteurs estiment que ce mode de raison-
prise et crdible. Tel est le but poursuivi par le nement est conforme la logique du texte.
lgislateur au travers de la possibilit, pour ces La loi utilise les mmes termes que pour lexpert-
institutions reprsentatives du personnel, de comptable du comit dentreprise et il y a lieu,
recourir un expert-comptable pour des missions logiquement, dappliquer les mmes principes :
institutionnelles. libre choix de lexpert par le comit de groupe
De ce but identique dcoulent des convergences votant la majorit ; assistance, non seulement
entre la mission de lexpert-comptable du comit au cours des runions, mais aussi en dehors des
dentreprise et celle de lexpert du comit du runions afin de prparer celles-ci, examen appro-
groupe. Pour lexercice des missions prvues fondi de la situation du groupe, etc. (M. Cohen,
par larticle L. 2332-1, le comit de groupe peut L. Milet Le droit des comits dentreprise et des
se faire assister par un expert-comptable. Celui- comits de groupe LGDJ, 11e d., 2015, p. 211).
ci est rmunr par lentreprise dominante. Pour Les litiges relatifs la dsignation dexperts-
oprer toute vrification ou tout contrle entrant comptables du comit de groupe appellent le
dans lexercice de ces missions, lexpert-comptable respect des mmes normes que ceux de la nomi-
a accs aux mmes documents que les commis- nation de lexpert-comptable du comit dentre-
saires aux comptes des entreprises constitutives prise (B. Teyssi, Juris. Classeur, Dr. trav., Fasc.
du groupe (C. trav., art. L. 2334-4). 15-50, n 134).
La lecture compare de ce texte avec celui des
articles L. 2325-35 et suivants du Code du travail
fait ressortir des similitudes dans leur rdaction, 127 EXCEPTION : DIFFRENCES LIES LA NATURE
sur le principe mme du recours lexpert-comp- DU COMIT DE GROUPE
table, de sa rmunration et des moyens dexer- Nanmoins, les diffrences sensibles existent entre
cice de sa mission. les deux types de mission.
On notera cependant que larticle L. 2334-4 est muet Elles sexpliquent par le fait que le contenu de la
sur le domaine dintervention de lexpert-comptable, mission de lexpert-comptable doit sapprcier
son mode de dsignation et de rmunration, ainsi par rfrence aux attributions du comit de
que sur les modalits de rsolution des litiges sus- groupe, qui sont diffrentes et moins vastes que
ceptibles dintervenir en la matire. celles du comit dentreprise dans lordre
LAdministration du travail, lOrdre des experts- conomique et social. Le comit de groupe a un
comptables et la doctrine ont pris le parti dune iden- rle de rception de linformation, alors que le
tit de principe de lexercice de la mission de lexpert
du comit dentreprise et du comit de groupe.
comit dentreprise doit, en plus de cette mission,
donner des avis pralablement certaines dci-
sions. Toutefois les informations fournies se
Position ministrielle situant au niveau du groupe, ses attributions ont
Le ministre du Travail indique que le choix de un domaine gographique plus tendu (Yves
lexpert-comptable relve dune dcision du comit Chauvy, Avocat gnral la Cour de cassation,
de groupe et que les litiges relatifs sa dsignation Le comit de groupe et son expert-comptable ,
appellent la mme procdure que ceux concernant RJS 1/95 p. 7).
muniquer les comptes consolids, les documents En revanche, pas plus que lexpert du comit
permettant de vrifier, outre les valeurs et docu- dentreprise, celui du comit de groupe ne peut
ments comptables, la sincrit et la concordance, exiger que les documents lui soient adresss.
avec les comptes annuels et les comptes con- Son seul droit est de les consulter sur place.
solids, des informations contenues dans les
rapports respectifs de gestion de la socit et du
groupe. Au surplus, il peut se faire communiquer 132 LOCAUX, OBLIGATION DE DISCRTION
sur place toutes les pices quil estime utiles ET SECRET PROFESSIONNEL
lexercice de sa mission et notamment tous Contrairement ce que prvoit larticle L. 2325-39
contrats, livres, documents comptables et registres du Code du travail pour lexpert du comit dentre-
de procs-verbaux, tant auprs de la socit, des prise, larticle L. 2334-4 ne dispose pas que lexpert
socits mres ou filiales, que pour des comptes du comit de groupe a accs aux locaux de lentre-
consolids, auprs de lensemble des entreprises prise. La logique impose toutefois de ladmettre,
comprises dans la consolidation. dans la mesure o laccs aux documents (qui,
lui, est prvu expressment) ne pourrait, dfaut,
Nature de la mission tre effectif.
Sil a accs aux mmes documents que les com- De mme, il est logique dtendre lexpert du
missaires aux comptes des diffrentes socits comit de groupe les rgles relatives lobligation
composant le groupe, cest ncessairement avec de discrtion et au secret professionnel prvus
les rserves lies la finalit spcifique de la larticle L. 2325-5 du Code du travail.
mission. En effet, celle-ci consiste faciliter la
comprhension par les membres du comit de
groupe des informations qui leur sont donnes
sur lactivit, la situation financire et lvolution
de lemploi ainsi que, sils sont tablis, des comptes
et bilans consolids et du rapport du commissaire
aux comptes correspondant.
Les attributions de lexpert-comptable au niveau TENDUE DU POUVOIR
du groupe doivent permettre de mieux clairer DINVESTIGATION
le comit de groupe dans lexercice de son pouvoir
et de ses attributions. En cela, elles sont diffrentes 133 MARGE DE MANUVRE DE LEXPERT
de celles du commissaire aux comptes qui sont La mission de lexpert-comptable du comit
de certifier les comptes du groupe. dentreprise est justifie par la ncessit de rendre
intelligibles des documents comptables et finan-
Documents dentreprises extrieures ciers (bilans, comptes de rsultats, annexes, rap-
Plus dlicate est la question de savoir si, indirecte- ports du commissaire aux comptes) que le comit
ment, lexpert-comptable du comit de groupe reoit, comme tout actionnaire.
peut avoir accs des lments dinformation co- Le comit de groupe reoit galement des infor-
nomique dentreprises qui ne se situent pas dans mations spares sur chacune des socits com-
le primtre du comit de groupe, mais dans celui posant le groupe. Ceci justifie sans doute laccs
de la consolidation des comptes du groupe, y com- aux mmes documents, dans chacune des socits,
pris lorsquil sagit de certaines filiales trangres. que ceux auxquels le commissaire aux comptes
Lorsque les comptes consolids nenglobent pas peut prtendre.
les mmes socits que celles faisant partie du La mission tant de mme nature que celle de
groupe, il convient de fournir lexpert les docu- lexpert du comit dentreprise, il ny a aucune rai-
ments comptables tels quils sont tablis. En effet, son de ne pas adopter pour lexpert-comptable du
il ny a pas lieu de procder une consolidation comit de groupe la mme interprtation restrictive
spcifique qui ne comprendrait que les socits de ses pouvoirs dinvestigation. Soutenue par une
faisant partie du groupe au sens de larticle partie de la doctrine et admise par la jurisprudence,
L. 2331-1 du Code du travail (Circ. DRT, n 6, cette interprtation est inspire de la mission pda-
20 juin 1984). gogique de lexpert-comptable. Il sagit dclairer
La Cour de cassation reconnat lexpert-comptable le comit sur la situation exacte de lensemble du
le droit de consulter, auprs de la socit dominante, groupe et de chaque socit sparment. Ds lors,
les lments dtenus par elle concernant lensemble le Conseil suprieur de lOrdre peut trs bien affir-
des entreprises franaises et trangres comprises mer que cette mission doit tre conduite dans le
dans ltablissement des comptes consolids. En mme esprit que celui qui prside la mission
effet, lexpert-comptable du comit de groupe a dexamen des comptes annuels pour un comit
accs aux mmes documents que les commissaires dentreprise (Guide des missions de lexpert-comp-
aux comptes des entreprises constitutives du groupe table dassistance au comit dentreprise, prvues par
dont la comptence stend toutes les entreprises la loi et le rglement, dition 2014, p. 111).
comprises dans la consolidation (Cass. soc., 6 dc. On peut, dans ces conditions, sinterroger sur lint-
1994, n 92-21.437P). rt quil peut y avoir, pour lexpert-comptable du
Mais, mme si la demande remplit toutes les le dbiteur des honoraires : la dcision de justice
conditions de recevabilit exiges par la loi, la peut mettre les honoraires la charge de la socit
dsignation dun expert ne simpose pas au juge. (voir n 139).
Sil procde la dsignation, le tribunal est juge
du choix de la personne et nest pas tenu par le
respect dune liste dexperts judiciaires. Son seul
critre est destimer que la personne est comp-
tente. Puisquil sagit de contrler des oprations
de gestion, il est possible destimer que le choix
se portera souvent sur un expert-comptable ou
sur un commissaire aux comptes. RAPPORT
138 RDACTION DUN RAPPORT
Lopration dexpertise se termine par la produc-
tion dun rapport qui est destin au comit dentre-
prise, non seulement lorsquil est demandeur mais
aussi lorsque le tribunal de commerce a t saisi
par les actionnaires ou porteurs de parts mino-
ritaires ou par le ministre public.
MISSION DEXPERTISE Ce rapport est annex au rapport du commissaire
137 PRINCIPE aux comptes. Il est, de ce fait, prsent la pro-
La dcision de justice qui fait droit la demande chaine assemble gnrale des actionnaires.
doit dterminer :
le nombre dexperts dsigns : le comit dentre-
prise est habilit solliciter la dsignation dun
ou de plusieurs experts. Le prsident du tribunal
de commerce choisit la personne de son choix
en qualit dexpert ;
ltendue de la mission : la ncessit de ne pas
faire porter lexpertise sur lensemble de la gestion RMUNRATION
oblige, de fait, le juge ne confier lexpert quune 139 PRINCIPE
mission limite en rapport avec la ou les opra- Larticle L. 223-37 (concernant les SARL) et
tions de gestion incrimines; larticle L. 225-231 (concernant les socits ano-
les pouvoirs dinvestigation de lexpert pour nymes) du Code de commerce prvoient que la
mener bien la mission qui lui est confie : il dcision de justice peut mettre les honoraires
sagit notamment des documents qui peuvent la charge de la socit.
tre consults, comme les contrats, livres, dfaut, le comit dentreprise pourrait indis-
documents comptables, registres de procs- cutablement, pour payer les honoraires de lexpert,
verbaux, etc. Ces documents devant tre consul- puiser dans son budget de fonctionnement ali-
ts sur place, les modalits daccs aux locaux ment par la contribution spcifique de 0,2 % de
doivent tre dtermines; la masse salariale qui lui est verse par lemployeur
les dlais de la mission dexpertise puisque, par (C. trav., art. L. 2325-43).
nature, elle ne peut pas tre permanente ds lors En ce qui concerne les autres frais de procdure,
quelle porte sur des actes bien dlimits de ils sont acquitts par le comit dentreprise, sauf
gestion ; dcision contraire spcialement motive (C. proc.
le montant des honoraires ; civ., art. 696).
sur lopportunit de saisir ou non de ses conclu- du tribunal de grande instance statuant en la
sions lorgane ou les associs prcits. forme des rfrs.
Si le comit dentreprise dcide de donner une
telle publicit son rapport, il le fera par un vote Convocation des commissaires aux comptes
la majorit de ses membres prsents, le prsident Le comit dentreprise peut convoquer le com-
ny prenant pas part. missaire aux comptes pour lentendre. Celui-ci
ne pourra dautant moins se soustraire cette au-
Moyens pour tablir le rapport dition que, outre que cela constituerait une faute
Assistance de lexpert-comptable engageant sa responsabilit, son comportement
Le comit dentreprise peut se faire assister dun pourrait lgitimer une demande de rvocation
expert-comptable pour tablir le rapport une fois devant le tribunal comptent. En outre, lexpi-
par exercice comptable (C. trav., art. L. 2323-79). ration de son mandat, il pourrait ne pas tre renou-
Selon le Guide des missions de lexpert-comptable vel.
dassistance au comit dentreprise de lOrdre des
experts-comptables (dition 2014, p. 77), cet expert- Assistance de deux salaris
comptable doit aider le comit dentreprise Le comit dentreprise peut enfin sadjoindre, avec
apprcier la situation de lentreprise. Il doit mettre voix consultative, deux salaris de lentreprise
un avis sur lorigine et lampleur des difficults choisis pour leur comptence et en dehors du
de lentreprise, ainsi que sur les explications comit. Les salaris disposent de cinq heures
donnes par la direction. Il peut galement tre chacun pour assister le comit en vue de ltablis-
appel exprimer un avis sur le traitement des sement du rapport. Ce temps est rmunr comme
difficults propos par le comit dentreprise. temps de travail (C. trav., art. L. 2323-79).
Ces analyses seront menes en prenant en compte
le contexte sectoriel et, le cas chant, le contexte
du groupe dappartenance de lentreprise. Il appr- EXAMEN DU RAPPORT
ciera notamment la pertinence des mesures pro- Les organes de direction examinent le rapport
poses ou des diffrents scnarios envisags, le du comit dentreprise (C. trav., art. L. 2323-81).
dlai ncessaire au rtablissement de la situation Dans les socits conseil dadministration ou
et la disponibilit des moyens. conseil de surveillance, lexamen de ce rapport
En outre, lexpert-comptable doit formuler un doit tre inscrit lordre du jour de la prochaine
avis crit qui sera joint au rapport tabli par le runion dudit organe, condition toutefois que
comit dentreprise. Cet avis peut attirer lattention celui-ci ait pu tre saisi au moins quinze jours
sur des mesures susceptibles de contribuer lam- lavance. La rponse de lemployeur doit tre
lioration de la situation et qui nauraient pas t motive.
identifies par lentreprise. Dans les autres personnes morales, ces disposi-
Ce document peut tre structur de la faon sui- tions sappliquent lorgane charg de ladminis-
vante (Guide des missions de lexpert-comptable, tration ou de la surveillance, lorsquelles en sont
dition 2014, p. 78) : dotes.
rappel de la procdure et de la manire dont Enfin, dans les autres formes de socits ou dans
elle a t engage ; les groupements dintrt conomique, lorsque
rappel des questions du CE et des rponses de le comit dentreprise a dcid dinformer les as-
la direction ; socis ou les membres de la situation de lentre-
visa de lexpert-comptable. prise, le grant ou les administrateurs sont alors
Si le comit dentreprise dcide de saisir les organes tenus de leur communiquer le rapport tabli par
chargs de ladministration ou de la surveillance le comit dentreprise (C. trav., art. L. 2323-81).
de la socit ou les associs des conclusions de La fin de cette troisime phase constitue le terme
son rapport, lavis de lexpert-comptable est joint de la procdure dalerte reconnue au comit
cette saisine. dentreprise.
Lassistance du comit dentreprise par un expert- Il est possible qu la suite de cette procdure
comptable loccasion de la procdure dalerte dalerte, le commissaire aux comptes engage une
est assez comparable, dans ses modalits, aux nouvelle procdure en fonction de ses propres
missions institutionnelles de lexpert-comptable. prrogatives et obligations en la matire. En pareil
La dsignation est faite par la majorit des cas, le comit dentreprise reoit dailleurs com-
membres du comit dentreprise, lemployeur ne munication dun certain nombre de documents,
pouvant y participer. La mission de lexpert-comp- en particulier le rapport spcial tabli cette oc-
table stend aux faits faisant suite ceux ayant casion par le commissaire aux comptes.
motiv le droit dalerte (Cass. soc., 29 sept. 2009,
n 08-15.035P).
Les honoraires de celui-ci seront acquitts par OBLIGATION DE DISCRTION
lentreprise. Les informations concernant lentreprise, com-
Les litiges relatifs la rmunration de lexpert- muniques dans le cadre de la procdure dalerte
comptable sont de la comptence du prsident conomique, ont par nature un caractre confi-
dentiel. Toute personne pouvant y accder est du comit dtablissement qui met en uvre une
tenue leur gard une obligation de discrtion telle procdure dalerte, peut tre annule par le
(C. trav., art. L. 2323-82). juge (Cass. soc., 26 sept. 2012, n 11-12.548).
Il se peut toutefois que des difficults soient
constates dans un seul tablissement et quelles
soient de nature affecter de manire proccu-
Droit dalerte et entreprise pante la situation de toute lentreprise : dans ce
structure complexe cas, il apparat conforme au texte que le droit
dalerte puisse tre engag, mais seulement par
ENTREPRISES DOTES DE COMITS DENTREPRISE le comit central dentreprise. On entrevoit mal,
ET DUN COMIT CENTRAL DENTREPRISE en effet, eu gard la comptence limite du
Quand lentreprise comporte des tablissements comit dtablissement, et bien quil ait des prro-
distincts, dots de comits dtablissement et dun gatives identiques celles du comit dentreprise
comit central dentreprise, la constatation de (C. trav., art. L. 2327-15), comment celui-ci pour-
faits proccupants au niveau dun tablissement rait, sauf dpasser largement son cadre de com-
permet-elle de mettre en uvre la procdure ptence, saisir les organes dirigeants de lentre-
dalerte et, si tel est le cas, la comptence appar- prise.
tient-elle au comit dtablissement ou au comit
central dentreprise ?
La question a t tranche de manire trs claire UNIT CONOMIQUE ET SOCIALE
par la Cour de cassation. Elle a considr que les De nombreuses interrogations subsistent sur la
comits dtablissement ne peuvent tre investis mise en uvre de la procdure dalerte au sein
de la prrogative dexercer le droit dalerte, qui dune unit conomique et sociale (UES).
est subordonn lexistence de faits de nature Lapplication de la procdure dalerte dans ce
affecter de manire proccupante la situation co- cadre est sans doute possible. Il faudra nanmoins
nomique de lentreprise et non celle des tablis- que les difficults rencontres par lune des
sements (Cass. soc., 1er mars 2005, n 03-20.429P ; socits de lUES soient de nature avoir des
Cass. soc., 6 avr. 2005, n 02-31.130P ; Cass. soc., consquences sur lUES toute entire en raison
12 oct. 2005, n 04-15.794P). Ds lors, la rsolution de la communaut dintrts existante.
La loi du 5 mars 2014 relative la formation professionnelle, En labsence de runion du CE (dans un dlai fix par dcret),
lemploi et la dmocratie sociale (L. n 2014-288, JO 6 mars) ins- en labsence de convocation du commissaire aux comptes ou si,
titue lobligation, pour les comits dentreprise remplissant certains lissue de la runion du comit dentreprise, le commissaire
critres (qui seront fixs par dcret), de faire certifier leurs comptes aux comptes constate que les dcisions prises ne permettent pas
par au moins un commissaire aux comptes et un supplant distincts dassurer la continuit de lexploitation, il informera de ses d-
de ceux de lentreprise. En cas de comptes consolids, le comit marches le prsident du tribunal de grande instance et lui en
dentreprise devra nommer deux commissaires aux comptes communiquera les rsultats.
(C. trav., art. L. 2325-54 nouveau). Ces dispositions seront appli- Le juge pourra alors convoquer les dirigeants du CE pour envisager
cables compter du 1er janvier 2016. Le commissaire aux comptes les mesures propres redresser la situation. lissue de cet entretien
du CE disposera alors dun droit dalerte (C. trav., art. L. 2325-55 ou si les dirigeants ne se sont pas rendus sa convocation, le prsident
nouveau). Un dcret doit prciser les modalits dapplication du du TGI pourra demander aux commissaires aux comptes, aux mem-
nouveau dispositif. bres et reprsentants du personnel, aux administrations publiques,
Lorsque le commissaire aux comptes du CE relvera, loccasion aux organismes de scurit sociale et de prvoyance ainsi quaux
de lexercice de sa mission, des faits de nature compromettre services chargs de centraliser les risques bancaires et les incidents
la continuit de lexploitation du comit dentreprise, il en in- de paiement, communication de tout renseignement susceptible de
formera le secrtaire et le prsident du CE. lui donner une exacte information sur la situation conomique et
dfaut de rponse du secrtaire du CE ou si cette rponse ne financire du comit dentreprise (C. com., art. L. 611-2).
lui permet pas dtre assur de la continuit de lexploitation du Dans un dlai de six mois compter du dclenchement de la
CE, le commissaire aux comptes tablira un rapport spcial. Il procdure dalerte, le commissaire aux comptes pourra reprendre
invitera lemployeur, par un document crit dont la copie sera le cours de la procdure au point o il avait estim pouvoir y
transmise au prsident du tribunal de grande instance comptent mettre un terme lorsque, en dpit des lments ayant motiv son
et aux membres du CE, runir le comit dentreprise afin que apprciation, la continuit de lexploitation du comit dentreprise
ce dernier dlibre sur les faits relevs. Le commissaire aux demeure compromise et que lurgence commande ladoption de
comptes sera convoqu cette runion. mesures immdiates.
Phase 1
Runion 1 :
LeLecomit
comitdentreprise
dentreprisepose
pose laladirection
directiondes
desquestions
questionssur
surles
lesfaits
faitsdedenature
nature
proccupante
Runion 2 :
La direction apporte ses rponses
Le comit dentreprise choisit la suite donner
Rponses confirmant
Rponses non satisfaisantes Rponses rassurantes
linquitude
Le comit dentreprise
Poursuitepeut faire
de la appel lalerte
procdure un expert-comptable
Phase 2
Runion 3 :
Choix
Choixdedesaisine
saisinedes
desorganes
organesdadministration
dadministrationououdedesurveillance
surveillance
Si oui Si non
Phase 3
Source : Guide des missions de lexpert-comptable dassistance au comit dentreprise, prvues par la loi et le rglement.
Ordre des experts-comptables dition 2014.
Linstance de
coordination
des CHSCT
80 Cas permettant la coordination
81 Composition de linstance
81 Fonctionnement de linstance
82 Moyens et obligations de linstance
82 Modalits de lexpertise unique
85 Contestation de lexpertise
La loi du 14 juin 2013 sur la scurisation de lemploi (L. n 2013-504, JO 16 juin) prvoit, pour les entreprises comptant
plusieurs CHSCT, la possibilit de mettre en place une instance temporaire de coordination.
Une fois constitue linitiative de lemployeur, elle est charge dorganiser le recours une expertise unique, lorsque
ces comits sont concerns par un projet commun. Linstance de coordination peut rendre un avis sur le projet, mais
il ne se substitue pas celui des CHSCT concerns.
Le dcret du 26 juin 2013 (D. n 2013-552, JO 28 juin) fixe les modalits dapplication relatives au fonctionnement
de cette instance.
Cas permettant un projet important modifiant les lune des consultations du CHSCT
conditions de sant et de scurit ou porte sur un projet commun plu-
la coordination les conditions de travail (deuxime sieurs tablissements (C. trav., art.
cas dexpertise au sens de larticle L. 4616-1). Il sagit des consultations
1 ENTREPRISES COMPORTANT L. 4614-12 du Code du travail), relatives :
PLUSIEURS CHSCT un projet de restructuration et de une dcision damnagement im-
En principe, le cadre naturel dim- compression des effectifs au sens des portant modifiant les conditions de
plantation du CHSCT est ltablis- articles L. 4614-12-1 et L. 2323-15 sant et de scurit ou les conditions
sement et non lentreprise. Ds lors, du Code du travail. de travail (C. trav., art. L. 4612-8) ;
une entreprise peut comporter plu- Ces deux types de projets ont souvent un projet dintroduction de nouvelles
sieurs CHSCT. un impact sur plusieurs tablis - technologies (C. trav., art. L. 4612-9) ;
En outre, dans les tablissements dau sements. Or, la multiplication des un plan dadaptation lors de la mise
moins 500 salaris, plusieurs CHSCT expertises en pareil cas, outre le cot en uvre de mutations techno -
peuvent tre constitus (C. trav., art. quelle engendre, dmultiplie les logiques importantes et rapides
L. 4613-4) : contentieux, en particulier si lexper- (C. trav., art. L. 4612-10) ;
soit par accord entre le comit tise est utilise des fins dilatoires. toute question de la comptence
dentre prise ou dtablissement et Aussi, les partenaires sociaux, dans du CHSCT sur saisine par lem-
lemployeur, en fonction de certains laccord national interprofessionnel ployeur, par le comit dentreprise
critres (la nature, la frquence et la du 11 janvier 2013, puis le lgislateur, ou par les dlgus du personnel
gravit des risques ; la dimension et dans le cadre de la loi du 14 juin 2013 (C. trav., art. L. 4612-13).
la rpartition des locaux ou groupes (L. n 2013-504), ont cr une ins- ATTENTION
de locaux ; le nombre de travailleurs tance reprsentative du personnel Les autres types de consultation du
occups dans ces locaux ou groupes pouvant tre mise en place lini- CHSCT ne sont pas viss par lexpertise
de locaux ; les modes dorganisation tiative de lemployeur et de manire unique. Sont donc notamment exclues
du travail) ; temporaire. Il sagit de mettre fin celles sur :
soit, en labsence daccord, par dci- ce que les professionnels appellent les mesures prises en vue de faciliter
sion de linspecteur du travail. Cette parfois les grappes dexpertises, la mise, la remise ou le maintien au tra-
dcision est susceptible dun recours et ainsi instituer, dans de telles situa- vail des accidents du travail, des inva-
lides de guerre, des invalides civils et
hirarchique devant le Direccte. tions, une expertise unique. des travailleurs handicaps, notamment
En consquence, une mme entre- sur lamnagement des postes de travail
prise peut accueillir en son sein de (C. trav., art. L. 4612-11) ;
trs nombreux CHSCT disposant cha- 3 DCISION DE LEMPLOYEUR les documents se rattachant la
cun de la plnitude des prrogatives Seul lemployeur peut dcider de mission du CHSCT, notamment sur le
affirmes aux articles L. 4612-1 et mettre en place linstance de coordi- rglement intrieur (C. trav., art.
suivants du Code du travail. nation (C. trav., art. L. 4616-1). L. 4612-12).
Parmi ces prrogatives figure le droit Sa mise en place se rattache lexis- Linstance de coordination a pour
de recourir un expert dans les condi- tence dun projet spcifique, elle ne mission dorganiser le recours une
tions poses aux articles L. 4614-12 perdure donc pas. Lemployeur nest expertise unique dans les conditions
et L. 4614-12-1 du Code du travail. pas tenu de linstaurer pour un nou- prvues au 2 de larticle L. 4614-12
veau projet au motif quil y a dj eu et larticle L. 4614-13 du Code du
recours loccasion dun prcdent travail (C. trav., art. L. 4616-1).
2 PROJET COMMUN PLUSIEURS projet. Il convient dintroduire dans le champ
TABLISSEMENTS Il sagit donc dune dcision du chef daction potentiel de linstance de
Si le risque grave (premier cas dex- dentreprise et non du chef dtablis- coordination lexpertise en cas de
pertise pour les CHSCT au sens de sement : en effet, cette nouvelle ins- restructuration et de compression des
larticle L. 4614-12 du Code du tra- tance est mise en place au niveau de effectifs. En effet, mme si larticle
vail) est, dans la plupart des cas, rat- lentreprise et concerne plusieurs ta- L. 4616-1 du Code du travail ne le
tachable un lieu dexcution du blissements. mentionne pas expressment, la rf-
contrat de travail, donc un tablis- rence linstance de coordination est
sement, voire une partie seulement 4 CHAMP DACTION explicite larticle L. 4614-12-1 du
de ltablissement, il nen va pas de Linstance de coordination tempo- mme code qui accorde les mmes
mme des cas dexpertise suivants : raire des CHSCT est cre lorsque droits au CHSCT et linstance.
de la scurit sociale et, le cas 14 HEURES DE DLGATION quen ce qui concerne les procds
chant, aux agents de lOPPBTP des De faon gnrale, lemployeur laisse de fabrication, et non la politique
tablissements concerns. chacun des reprsentants du per- commerciale par exemple.
Ils sont aussi conservs au sige social sonnel le temps ncessaire lexercice
de lentreprise (C. trav., art. R. 4616-7). de ses fonctions. Informations donnes
Le Code du travail ne prvoit pas de comme confidentielles
crdit dheures spcifique lexercice soumises la discrtion
des fonctions de reprsentant sigeant Lobligation de discrtion ne joue qu
Moyens et obligations linstance de coordination. lgard des informations donnes
Les reprsentants linstance peuvent comme confidentielles par lem-
de linstance utiliser les heures de dlgation ployeur, ce qui pourra tre mentionn
accordes au titre de leur mandat de au procs-verbal afin dviter toute
11 PRPARATION ET ORGANISATION membre du CHSCT. contestation, mais la condition, bien
DES RUNIONS Ce temps est au moins gal : entendu, que ce procs-verbal ne soit
Les runions de linstance ont lieu 2 heures par mois dans les tablisse- pas communiqu in extenso aux sala-
dans un local appropri et pendant ments employant jusqu 99 salaris ; ris de lentreprise.
les heures de travail, sauf exceptions 5 heures par mois dans les tablisse- Le manquement cette obligation peut
justifies par lurgence (C. trav., art. ments employant de 100 299 salaris ; tre sanctionn par des sanctions ci-
R. 4616-6). 10 heures par mois dans les tablis- viles (dommages-intrts) et discipli-
Le CHSCT tout comme linstance de sements employant de 300 499 sala- naires.
coordination ne disposant pas de ris ;
budget de fonctionnement, le Code 15 heures par mois dans les tablis-
du travail impose lemployeur de lui sements employant de 500 1 499 sa-
allouer les moyens ncessaires la laris ; Modalits de
prparation et lorganisation des 20 heures par mois dans les tablis-
runions (C. trav., art. L. 4614-9 ; sements employant au moins 1 500 sa- lexpertise unique
C. trav., art. L. 4616-4). laris.
Ces moyens comprennent, au mini- Ce temps peut tre dpass en cas de 16 DSIGNATION DE LEXPERT
mum, les moyens de dactylographie circonstances exceptionnelles, ou de Relvent de linstance de coordina-
ncessaires, de reproduction, de trans- participation linstance de coordina- tion :
mission et de diffusion des procs- tion (C. trav., art. L. 4614-3). la dcision de recourir un expert,
verbaux (comme des panneaux mme si elle a t largement prd-
daffichage) et une documentation termine par la dcision de lem-
juridique et technique adapte aux 15 SECRET PROFESSIONNEL ployeur de mettre en place une ins-
risques particuliers de ltablissement ET DISCRTION tance de coordination ;
(Circ. DRT n 93-15, 25 mars 1993). Principe le choix de lexpert ;
Destinataires dinformations parti- la dlimitation prcise de sa mission.
culires, les membres de linstance Cette instance doit se prononcer au
12 ACCS AUX INFORMATIONS de coordination, tout comme les cours de la premire runion (C. trav.,
Linstance de coordination doit, membres du CHSCT, ont une obli- art. L. 4616-3).
linstar du CHSCT, recevoir de lem- gation de discrtion lgard des Participent ce vote les membres de
ployeur les informations qui lui sont informations prsentant un caractre linstance ayant voix dlibrative
ncessaires pour lexercice de ses confidentiel et donnes comme telles (C. trav., art. L. 4616-2, voir n 5).
missions (C. trav., art. L. 4614-9 ; par lemployeur. Ils sont tenus au Nanmoins, il semble que lemployeur
C. trav., art. L. 4616-4). secret professionnel pour toutes les (ou son reprsentant) ne peut y par-
Sont vises les informations relatives questions relatives aux procds de ticiper, en application de la rgle
au projet qui a justifi la mise en place fabrication (C. trav., art. L. 4614-9; pose par la Cour de cassation qui le
de linstance de coordination, et ses C. trav., art. L. 4616-4). prive du droit de participer au vote
incidences sur les conditions de tra- relatif la dsignation dun expert
vail, la sant et la scurit des salaris. Procds de fabrication par le CHSCT (Cass. soc., 26 juin
Sont galement concernes les infor- soumis au secret professionnel 2013, n 12-14.788P).
mations ncessaires dans le cadre Le non-respect du secret professionnel Cette dcision est adopte la majorit
dune restructuration et dune com- est un dlit puni larticle 226-13 du des membres prsents (C. trav., art.
pression des effectifs. Code pnal : La rvlation dune L. 4614-2 ; C. trav., art. L. 4616-4).
information caractre secret par une
personne qui en est dpositaire soit par
13 ENQUTES ET INSPECTIONS tat ou par profession, soit en raison 17 BNFICIAIRES DE LA DSIGNATION
Linstance de coordination du CHSCT dune fonction ou dune mission tem- Expert agr
reoit galement les moyens nces- poraire, est punie de un an dempri- Lexpert dsign par linstance de
saires aux dplacements imposs par sonnement et de 15 000 damende. coordination est choisi parmi les
les enqutes ou inspections (C. trav., Les membres de linstance de coor- experts agrs en vue de laccomplis-
art. L. 4614-9 ; C. trav., art. L. 4616-4). dination et du CHSCT ny sont tenus sement de missions dexpertise au
profit des CHSCT en raison dun pro- auxquels ont donn lieu ces exper- tre cart parce quil a effectu de
jet important modifiant les conditions tises (C. trav., art. R. 4614-14). multiples interventions pour le
de sant et de scurit ou les conditions Sur la procdure dagrment, voir compte de la direction de lentreprise,
de travail (C. trav., art. L. 4616-1, sur encadr ci-dessous. ce seul fait ne suffisant pas pour quil
renvoi larticle L. 4614-12, 2 du Code soit souponn de complaisance vis-
du travail). Libre choix de linstance -vis de lemployeur (Cass. soc., 3 fvr.
Chaque anne, un arrt fixe la liste de coordination 1999, n 97-16.068).
des experts agrs auxquels le Il parat vident que vaut pour linstance
CHSCT peut faire appel, tout comme de coordination, comme pour le
la dure de validit de lagrment, qui CHSCT, la rgle selon laquelle, sauf 18 CONDUITE DE LA MISSION
ne peut excder cinq annes renou- abus manifeste, nul na le pouvoir de Objet de la mission
velables. Il prcise les domaines dans contrler le choix de lexpert ds lors Lexpert dsign par linstance de
lesquels lexpert est agr (C. trav., que ce dernier est agr, que son agr- coordination intervient dans le cadre
art. R. 4614-7 ; Arr. 31 dc. 2012, ment est toujours valable et quil corres- dun projet important modifiant les
NOR : ETST1243216A, JO 9 janv. 2013 ; pond au contenu de lexpertise sollicite conditions de sant et de scurit ou
Arr. 1er juill. 2013, JO 18 juill., NOR : (Cass. soc., 18 dc. 2012, n 11-17.634). les conditions de travail (C. trav.,
ETST1317804A ; Arr. 24 dc. 2014, Ds lors que le cabinet dexpertise dis- art. L. 4616-1 et L. 4614-12, 2, voir
JO 30 dc., NOR : ETST1431097A). pose dun agrment ministriel dans encadr p. 84).
Les experts agrs adressent chaque le domaine vis, tout abus est exclu Comme pour lexpertise mise en
anne au ministre du Travail la liste (Cass. soc., 8 juill. 2009, n 08-16.676P). uvre par le CHSCT au titre de cette
des expertises ralises au cours de Le fait que lexpert soit agr est syno- mme rubrique, ltablissement dune
lanne civile coule. Ils fournissent, nyme dimpartialit. Ainsi, un expert lettre de mission prcisant les
sa demande, une copie des rapports dsign par une cour dappel ne peut contours de la tche de lexpert, la-
La procdure dagrment des experts dsigns professionnelle de lexpertise au regard des rgles
par linstance de coordination est la mme que dfinies selon les modalits prvues larticle R. 4614-9
celle existant pour les experts des CHSCT en raison du Code du travail,
dun projet important modifiant les conditions de la compatibilit de lagrment demand
de sant et de scurit ou de conditions de travail avec les activits autres que dexpertise.
(C. trav., art. L.4616-1, sur renvoi larticle Il peut sagir, par exemple, dun mdecin spcialiste,
L. 4614-12, 2 du Code du travail). dun ergonome, dun technicien de prvention, etc.
Linstance de coordination des CHSCT a pour mission de leurs tches (Cass. soc., 30mars 2011, n09-68.161),
dorganiser le recours une expertise unique par un expert de changement dhoraires dcid par lemployeur, qui
agr dans les conditions prvues au 2 de larticle L. affecte directement 255 salaris sur un effectif de 400,
4614-12 du Code du travail, cest--dire en cas de projet alors que, pour le mdecin du travail, le travail post est en
important modifiant les conditions de sant et de scurit soit perturbateur des rythmes biologiques et en conclut
ou les conditions de travail (C. trav., art. L. 4616-1). quil est prfrable de se rapprocher de ces rythmes bio-
logiques (Cass. soc., 24 oct. 2000, n98-18.240P),
Notion de projet important de mise en place dun systme dvaluation des salaris.
Il sagit notamment de : En lespce, il impose ces derniers de prendre des
transformation importante des postes de travail engagements de rendement et defficacit, assortis dune
dcoulant de la modification de loutillage, dun obligation de rsultat entranant un changement des
changement de produit ou de lorganisation du travail, conditions de travail (TGI Rouen, rfr, 15 oct. 2009,
modification des cadences ou des normes de n09/00502 ; SSL n1420, p.15),
productivit lies ou non la rmunration du travail de fusion provisoire de deux services dans lattente dun
(C.trav., art. L.4614-12 ; C.trav., art. L.4612-8). dmnagement de lentreprise (Cass. soc., 26 janv. 2012,
Selon ladministration (Circ. DRT n12, 30 nov. 1984 n10-20.353),
concernant le comit dentreprise), par projet important il ayant pour objet de contrler lactivit des machinistes-
faut entendre tout projet qui concerne le personnel dun receveurs en les exposant des sanctions disciplinaires
secteur dactivit, dun service ou dun atelier de dpendant du rsultat des tests de dpistage de
lentreprise . stupfiants effectus sans intervention mdicale (Cass.
Le nombre de salaris concerns par le projet de soc., 8 fvr. 2012, n11-10.382P),
rorganisation ne dtermine pas, lui seul, limportance dintroduction dun systme de golocalisation visant la
du projet. Il nen constitue quun indice. Ce qui compte totalit des vhicules dune entreprise. Ce projet concerne
vritablement, cest la porte de ce projet sur la sant, sur un nombre significatif de salaris, et se traduit par une
la scurit ou sur les conditions de travail des salaris diminution de lautonomie des conducteurs. Il est donc de
(Cass. soc., 10 fvr. 2010, n08-15.086P). nature modifier les conditions de travail (TGI Valence, 1re
Lexpertise se justifie lorsquelle permet au CHSCT de ch., 5 dc. 2012, ord. rfr n12/00632 ; Liaisons soc.
donner un avis circonstanci sur un projet important qui quot. n16263, Juris. Hebdo n10/2013, 15 janv. 2013).
risque de toucher rellement la sant ou la scurit des En revanche, nest pas un projet important autorisant le
salaris. Elle ne peut avoir lieu qu partir dun projet dont CHSCT recourir un expert :
llaboration est termine, prt tre mis en uvre ou le ramnagement de lorganigramme prvoyant la
dj effectif depuis quelques mois (Cass. soc., 24 oct. restructuration de lencadrement sans transformation
2000, n98-18.240P). importante des postes de travail, sans aucun changement
Les modifications des conditions de travail doivent tre de mtiers, aucun nouvel outil ni modification des
durables (Cass. soc., 13 nov. 2007, n06-13.205) et cadences ou normes de productivit (Cass. soc., 26juin
significatives (Cass. soc., 16 sept. 2008, n07-18.754). 2001, n99-16.096P),
la mise en place dun nouveau logiciel informatique ou la
Exemples rorganisation dun service nimpactant pas la sant, la
Est reconnu comme ouvrant droit expertise, le projet : scurit ou les conditions de travail des salaris (Cass. soc.,
de rorganisation entranant la disparition dune socit 4mai 2011, n09-67.476 et n09-66.556),
appele devenir un tablissement de la socit le dploiement de nouveaux logiciels, et le fait de fournir
absorbante, ainsi quune nouvelle organisation des aux salaris occupant des fonctions de consultants dans les
tablissements de la socit absorbe et le transfert dune entreprises clientes des ordinateurs portables, sans que
partie du personnel au service dune socit relevant dun ces modifications entranent des rpercussions
autre groupe. Peu importe que dautres socits que celle importantes sur les conditions de travail des salaris en
absorbe soient concernes par ces modifications (Cass. termes dhoraires, de tches et de moyens mis leur
soc., 29 sept. 2009, n08-17.023P), disposition (Cass. soc., 8 fvr. 2012, n10-20.376),
de rorganisation dune activit de lentreprise lharmonisation des systmes informatiques utiliss. En
consistant en un regroupement de chaque type dactivit lespce, les logiciels ralisant des oprations quotidiennes
sur un seul site, ce qui a pour consquence soit des demeurent identiques, seules sont modifies larchitecture
transformations de postes de travail, soit des mutations et la prsentation des crans. Les postes de travail ne sont
gographiques pour certains salaris. Ce projet touche au pas modifis, laugmentation de la rentabilit et lefficacit
total 199 salaris et a une incidence directe sur lactivit, des services nont pas dincidence sur les conditions de
le lieu et les conditions de travail (Cass. soc., 26 oct. 2010, travail, sur la sant ou sur la scurit.
n09-12.922), En outre, lemployeur met en place dimportantes mesures
de transfert dactivits saccompagnant dun de formation, daccompagnement et de tutorat du
dplacement gographique des salaris et dune volution personnel (Cass. soc., 27juin 2012, n10-26.248).
annuler celle-ci (Cass. soc., 26 juin dun projet de restructuration accom- lentre de lexpert dans ltablis-
2001, n 99-18.249P). pagn dune compression des effectifs sement et/ou ne lui fournit pas les
Il peut aussi rduire le montant des de lentreprise emportant obligation informations ncessaires lexercice
honoraires de lexpert au vu du travail dtablir un plan de sauvegarde de de sa mission.
effectivement ralis. Peu importe lemploi, les ventuels litiges chappent Cette contestation de lexpertise
quil y ait eu, avant le dbut de au juge judiciaire. En effet, les contes- unique est adresse au Direccte
lexper tise, acceptation par lem- tations relvent alors de la comptence territo rialement comptent pour
ployeur et le CHSCT (ou linstance du Direccte, et en cas de recours de la connatre du plan de sauvegarde de
de coordination du CHSCT) du tarif dcision prise par ce dernier, du juge lemploi. La contestation peut tre
propos par lexpert (Cass. soc., administratif (C. trav., art. L. 4616-1 prsente par tout moyen sous r-
15 janv. 2013, n 11-19.640P). et L. 4614-13, al. 2). serve quil lui confre date certaine.
Par ailleurs, lemployeur peut tre tenu Le Direccte doit se prononcer dans
de prendre en charge les honoraires Contestations possibles les cinq jours compter de la date de
de lexpert, quand bien mme le juge Lemployeur peut contester : rception de la demande et sa dci-
estime que le projet en question la ncessit de lexpertise, encore sion est notifie lauteur de celle-
nouvre pas droit expertise. En quil est possible de sinterroger sur la ci. Copie de sa dcision est adresse
lespce, un TGI a rejet la demande place dune telle contestation, lentre- aux autres parties (C. trav., art.
dun employeur visant lannulation prise ayant pris linitiative de consti- R. 4616-10).
du recours lexpertise par le CHSCT tuer linstance de coordination afin La dcision de lautorit administra-
raison dun projet important modi- dorganiser le recours lexpertise ; tive peut tre conteste, dans un dlai
fiant les conditions de travail. En dpit la dsignation de lexpert, le cot, de deux mois, devant le tribunal
de lappel interjet par lemployeur, ltendue ou le dlai de lexpertise, administratif, lexclusion de tout
lexpert a achev sa mission dans les mme si, sur ce dernier point, le champ autre recours administratif ou con-
45 jours qui lui taient impartis ouvert une ventuelle contestation tentieux (C. trav., art. L. 1235-7-1,
(C. trav., art. R. 4614-18). Bien que la est l encore assez rduit, le dlai dans al. 2).
cour dappel ait finalement dclar lequel lexpert doit remettre son rap- Le tribunal statue alors dans un
lexpertise injustifie, lemployeur a port tant fix par dcret (voir n 19). dlai de trois mois. Si, lissue de
t condamn en assumer le cot. ce dlai, il ne sest pas prononc, ou
En effet, lexpert ntait pas en tort et Procdure en cas dappel, le litige est port
le CHSCT ne possde pas de budget La contestation peut tre porte par devant la cour ad ministrative
(Cass. soc., 15 mai 2013, n 11-24.218P). (C. trav., R. 4616-10 ; C. trav., art. dappel, galement tenue de statuer
L. 4614-13) : dans un dlai de trois mois. Si
lemployeur, avant transmission lissue de ce dlai, elle ne sest pas
23 PROJET DE RESTRUCTURATION lauto rit administrative de la prononce, ou en cas de pourvoi en
ET DE COMPRESSION DES EFFECTIFS demande de validation ou dhomo- cassation, le litige est port devant
Comptence du Direccte logation du plan de sauvegarde de le Conseil dtat dont la dcision
Lorsque lintervention dun expert a lemploi ; nest cette fois-ci pas enferme dans
t sollicite par linstance de coordi- les membres de linstance de coordi- un dlai particulier (C. trav., art.
nation loccasion de la prsentation nation, lorsque lemployeur soppose L. 1235-7-1, al. 4).
Annexes
Modle dordre du jour de la runion Schma relatif la consultation de linstance en cas
de linstance de coordination des CHSCT de projet de restructuration et de compression des effectifs
ventuellement :
(En cas de consultation sur un projet autre quun projet de restructuration et de compression des effectifs)
Si elle dcide dmettre un avis, il est rappel quelle devra le faire dans un dlai de 15 jours compter de la remise
du rapport de lexpert. dfaut davoir remis son avis dans ce dlai, elle sera rpute avoir t consulte.
ventuellement :
(En cas de consultation sur un projet de restructuration et de compression des effectifs)
Si elle dcide dmettre un avis, il est rappel quelle devra le faire dans un dlai de 7 jours compter de la remise
du rapport de lexpert. dfaut davoir remis son avis dans ce dlai, elle sera rpute avoir t consulte.
Dlais de lexpertise
(C. trav., art. R. 4614-18)
Convocation de linstance
sept jours au moins avant la runion
J8 Avis de linstance
sept jours aprs la remise du rapport
de lexpert (C. trav., art. R. 4616-8, al. 2)
Convocation du CHSCT
trois jours au moins avant la runion
J3
Convocation du CE
+
Remise, le cas chant, des avis
de linstance et des CHSCT
J Dernire runion du CE
(C. trav., art. L. 1233-30)