Fiche
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La responsabilité civile est l’obligation de répondre du dommage causé à autrui par un acte ou
un fait contraire à l’ordre juridique. L’auteur de ce dommage, se voit donc obliger de réparer ce
dernier en offrant à la victime une compensation dite dommages et intérêts. La responsabilité
civile a pour objectif également de prendre conscience au responsable de ses actes.
La notion de responsabilité civile met en relief deux fonctions essentielles :
Fonction de sanction et de prévention.
La responsabilité civile permet de prévenir la réalisation du dommage par la crainte
légitime de la sanction qu’elle engendre.
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En revanche, la responsabilité civile est encourue pour tout fait quelconque qui cause un
dommage à autrui d’où son objectivité.
La responsabilité pénale tend à punir. Elle a pour but de prononcer une peine
(répression) qui doit être proportionnée à la gravité de la faute de son auteur. L’on
relève que la victime ne profite pas de la sanction infligée.
L’application de la loi pénale est requise par le ministère public (procureur du Roi) qui
peut déclencher la responsabilité par le biais de l’action publique. Cette action est
intentée devant les juridictions répressives.
En matière civile, l’action est exercée par la victime elle même ou par les personnes qui
la représente et ce devant les juridictions civiles.
Il faut savoir qu’il existe un lien entre la responsabilité civile et la responsabilité pénale, dans la
mesure où un même fait peut parfois être à l’origine des deux systèmes de responsabilité. Ainsi,
le principe « le criminel tient le civil en l’Etat » consacre ce lien.
Tel est le cas d’un automobiliste qui conduit un véhicule sans être titulaire du permis de
conduire et provoque un accident mortel. Il y a en l’espèce une infraction pénale et une
obligation à réparation au profit des ayants causes de la victime.
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Dans cette hypothèse, la victime ou ses héritiers ont le choix entre deux options :
Voie pénale : Porter plainte devant le procureur du ROI pour déclencher le procès pénal
tout en se constituant partie civile. Le cas échéant, le juge pénal aura à se prononcer
quant à la sanction pénale et les indemnités de réparation octroyées à la victime.
Il se peut également que la victime ou ses ayants causes intentent une action pénale et une
action civile indépendante. Le cas échéant, le juge civil devra attendre que le juge pénal se
prononce quant à l’affaire et sera lié par sa décision. En ce sens, le juge civil saisi d’une action en
réparation du préjudice subi à l’occasion d’une infraction doit surseoir à statuer jusqu’à ce que le
juge pénal ait rendu le verdict final. On dit que « le criminel tient le civil en l’Etat ».
Il existe une catégorie de contrat où il y a des aménagements. Tel est le cas pour contrat
de transport : Aérien par ex il y a des plafonds à ne pas dépasser. Le juge doit à son tour
se conformer à ces aménagements. On ne peut échapper aux aménagements du contrat
et ce pour sauvegarder l’équilibre du contrat.
Pourquoi est-on juridiquement responsable ? Le problème qui s’est toujours posé est de savoir si
l’on va fonder la responsabilité sur une faute ou non.
Cette problématique a donné lieu à des controverses.
En principe, on est responsable du dommage que l’on cause par sa faute. Autrement dit, il n’y
aura pas de responsabilité civile si l’auteur du dommage n’est pas fautif.
La notion de faute a été donc considérée selon les auteurs de l’ancien droit français comme une
condition sine qua none pour l’établissement de la responsabilité.
Seulement, cette condition de faute nouvellement introduite a entrainé un certain nombre
d’injustices dans la mesure où la victime pouvait rester sans réparation du dommage qu’elle a
subi. De ce fait, elle n’a pas été maintenue.
Peu à peu, la théorie générale de responsabilité civile fondée sur la faute a évolué à travers une
évolution jurisprudentielle, législative et doctrinale. On ne va plus avoir à prouver la faute.
-La loi du 21 Avril 1990 qui a été insérée dans le code minier, la responsabilité du
concessionnaire d’une mine pour les dommages causés aux propriétaires de la surface (la
victime n’a pas à prouver de faute)
-La loi du 9 Avril 1998 sur les accidents de travail (Loi qui retenait la responsabilité sans faute
permettant au salarié, victime d’un accident du travail d’obtenir une indemnisation sans avoir à
prouver la faute de son employeur)
-La loi de 1924 sur les exploitations des aéronefs (la victime n’a pas à prouver de faute)
Un secteur a été alors développé pour faire face à ces risques. Il s’agit de la collectivisation des
risques par le biais d’assurance, fonds de garantie … La collectivisation des risques aide à ne pas
laisser une personne seule face à une indemnisation trop lourde pour elle.
Partie I – Les conditions de la responsabilité civile délictuelle
1-Un dommage subi par la victime: Atteinte portée à autrui dans sa personne ou dans ses biens.
3-Un lien de causalité entre le fait et le dommage : Le fait doit être la cause du dommage. Il
s’agit d’un lien qui unit la cause à son effet.
Titre 1- Le dommage
Appelé également préjudice, il doit être certain, direct et déterminé pour pouvoir être
réparable.
Ainsi, la responsabilité civile ne peut être engagée que si la victime apporte la preuve du
préjudice. (Dans la responsabilité pénale par exemple, même en l’absence de dommage, la
responsabilité est engagée).
Une action en responsabilité peut être justifiée par des dommages patrimoniaux et des
dommages extrapatrimoniaux.
Un dommage patrimonial est une atteinte qui se matérialise notamment par une perte
patrimoniale. Dès lors il est aisément chiffrable puisqu’il dispose d’une valeur patrimoniale,
pouvant s’exprimer en argent.
On peut alors distinguer entre deux types de dommages patrimoniaux :
A- Le dommage matériel
B- Le dommage pécuniaire
Il s’agit d’une perte d’argent qui peut prendre la forme d’une perte subie ou d’un manque à
gagner. La victime doit donc dépenser directement une certaine somme ou en être privée à
cause du fait générateur. L’on peut assimiler à cette perte, la perte éventuelle d’un profit, par
exemple : Lorsqu’il y a un incendie d’une usine, l’on est certainement obligé de la fermer. Cette
fermeture entrainera donc une perte de profit.
On peut identifier deux sous catégories du dommage pécuniaire :
La personne qui subit une atteinte à son intégrité physique peut subir en parallèle un dommage
pécuniaire. Frais et soins d’hospitalisation par exemple.
L’incapacité temporaire d’activité résultant d’une blessure peut entrainer un dommage
pécuniaire. En ce sens, la jurisprudence française admet l’action même lorsque le blessé n’avait
pas d’activité professionnelle au moment de l’accident, par le fait d’avoir été diminué. Cette
diminution pourrait éventuellement avoir des conséquences à son égard dès lors qu’il voudra
chercher du travail.
Il s’agit d’une perte d’argent dans l’exercice d’une activité lucrative. Il n’y a pas forcément
atteinte à un bien. (Concurrence déloyale entre deux commerçants)
Les dommages extrapatrimoniaux sont des atteintes à des valeurs autres que le patrimoine de la
victime. Ce sont toujours des atteintes à la personne.
Le « dommage moral » dans sa conception la plus large comprend les souffrances morales
{sentiment de diminution et d’inquiétude face à l’avenir}, les souffrances physiques, le préjudice
psychologique, le préjudice d’agrément, le préjudice esthétique, le préjudice sexuel, le préjudice
d’affection…
L’indemnisation de ce dommage a été critiquée par une partie de la doctrine française, du fait
que ce type de dommage soit difficilement chiffrable. Il est en effet difficile d’estimer en argent
la souffrance humaine par exemple.. Par ailleurs, il est également difficile de réparer une atteinte
aux sentiments par les dommages et intérêts.
1-Préjudice moral
Ces préjudices moraux, comme l’atteinte à l’honneur (Bernard Tapie a obtenu 45 millions
d’euros en réparation de l’atteinte à son honneur), l’atteinte à la réputation, et au crédit de la
personne, et l’intrusion dans la vie privée de la personne (Photos diffusées dans les réseaux
sociaux par exemple) méritent d’être réparés. De son côté, la personne morale peut subir un
préjudice moral. Le fait de saboter la réputation de l’entreprise en est l’exemple type.
Toutefois, pendant très longtemps, la jurisprudence a refusé de réparer le préjudice moral étant
donné la difficulté d’appréciation. Il a fallu attendre 1833 pour que cette réparation soit admise
par les juges.
2-Les conséquences morales d’une atteinte à l’intégrité physique
- Préjudice d’agrément, c’est lorsqu’une personne ne peut plus exercer une activité
d’agrément qu’elle pouvait faire avant.
Quant à sa définition, dans un Arrêt d’Assemblée plénière du 19 décembre 2003, la Cour a dit
que le préjudice d’agrément « est un préjudice subjectif de caractère personnel résultant des
troubles ressentis dans les conditions d’existence ».
3- Préjudice d’affection
Il s’agit de la douleur que suscite chez les proches parents de la victime immédiate, la perte d’un
être cher ou la vue des graves souffrances que subi cet être.
Ce préjudice d’affection fait partie des dommages dits par ricochet.
Le préjudice par ricochet est un dommage causé à autrui en conséquence d’un fait commis sur
une victime.
Certains auteurs ont critiqué cette indemnisation car ils ont soulevé le caractère indécent que
revêt toute commercialisation des sentiments d’affection. =Indécent de monnayer un sentiment,
très difficile d’évaluer en argent un sentiment, une souffrance.
Principe : Le dommage ne doit pas être éventuel ou hypothétique, il doit exister, doit être
certain.
Exception : Cependant, Le juge peut parfois accepter une certaine marge d’aléas.
Le dommage certain s’oppose ainsi au dommage éventuel, trop hypothétique pour être réparé.
Les juges de fond considèrent que la simple exposition à un risque ne constitue pas un dommage
certain et qu’elle ne peut donc être indemnisée.
Cependant, le préjudice futur peut être réparé dès lors qu’il présente un caractère certain de sa
survenance. Le juge peut accepter donc une certaine marge d’aléa.
Paragraphe 1 – L’aléa affecte l’évolution future d’un dommage actuel (Dommage déjà réalisé)
L’aléa est l’adjectif qui caractérise une convention dans laquelle les chances de gains ou de
pertes pour l’une comme pour l’autre des parties sont liées à la survenance d’un événement
dont on ne peut connaître à l’avance s’il interviendra ou pas, et quelles en seront les
conséquences.
Il s’agit de :
-L’incertitude quant à l’évolution future de l’organisme : L’on ne peut pas savoir par exemple si
une blessure va évoluer en bien ou va s’aggraver par exemple.
-L’évolution future d’un dommage actuel : Cette situation se présente lorsque le dommage se
poursuit après le jugement ; un accident corporel laisse subsister une incapacité. Cette dernière
peut connaître une évolution même dans le cas où les médecins la déclarent consolidée.
La même remarque peut être faite pour tous les dommages continus, exemple des dommages
qui peuvent résulter entre voisins. Dans ces cas il y a admission du principe de réparation.
Une solution a été retenue par la Cour de Cassation qui date de 1932 :
Dans cette affaire les demandeurs étaient des propriétaires fonciers obligés en vertu d’une loi
d’installer sur leur terrain une ligne électrique.
Ils demandent la réparation non seulement du préjudice actuel mais également du préjudice
futur devant résulter du fonctionnement et de l’entretien de la ligne.
Les juridictions inférieures se sont opposées à cette demande sur la base de l’incertitude du
dommage.
La cour de cassation a donné raison aux propriétaires, s’est fondée pour tenir compte d’une
certaine marge d’aléa, et a tenu compte de :
« La prolongation certaine et directe d’un état de choses »
Cette notion sert actuellement à départager les dommages futurs certains de ceux qui sont
purement hypothétiques. C’est donc au juge d’apprécier l’étendu du dommage futur et certain.
La Jurisprudence aujourd’hui admet que la perte d’une chance peut fonder une action en
responsabilité civile. Cependant, cette perte de chance doit être sérieuse.
La perte de chance est la disparition par le fait du défendeur d'une éventualité favorable qui
devait se produire dans un avenir proche et qui n'a pas pu être tentée, ce qui en fait un
dommage particulier, intermédiaire entre le dommage éventuel non réparé et le dommage
certain qui lui est entièrement réparé.
(C'est l'exemple de l'avocat qui n'a pas fait appel dans le délai requis et qui a fait perdre à son
client la chance de gagner).
Ceci est différent en matière de pourparlers contractuels, depuis l’arrêt Manoukian, on ne peut
demander l'indemnisation de la perte de chance de conclure le contrat.
L’aléa consiste dans le fait que l’on ignore si en courant sa chance, la victime pourrait réussir ou
non.
L’hypothèse classique concernant la perte d’une chance passée est celle de l’étudiant qui
s’apprête à passer un examen et ne peut s’y présenter du fait d’un accident.
C’est une chance qui existait à un moment donné et qui a été définitivement perdue du fait de
l’auteur du dommage. Nous ne pouvons savoir si l’étudiant aurait réussi l’examen. Cependant, il
existe un préjudice certain et actuel, le fait de ne pas avoir pu tenter sa chance.
La difficulté sera alors de calculer le dommage réparable. C’est alors uniquement l’appréciation
objective des juges quant au succès ou pas qui va déterminer si le dommage est certain ou non.
La chance perdue qui aurait pu améliorer l’avenir de la victime :
Dans ce cas, l’aléa porte non seulement sur l’existence du succès mais également sur les
conséquences qui l’aurait entrainé s’il avait été remporté ; exemple d’un accident de circulation
qui a empêché la victime de se présenter à un concours dont dépendait sa carrière.
La perte de chance apparaît aussi en matière médicale. Il a été jugé qu’une faute médicale avait
fait perdre à la victime une chance de guérison ou de survie.
Dans tous ces cas, le juge va se livrer à une appréciation portant non seulement sur la
vraisemblance du succès mais également sur l’importance du profit qu’aurait pu tirer la victime.
Les juges pondèrent donc le gain espéré par la probabilité de gain.
En revanche certaines hésitations existent dans les hypothèses où le dommage donne lieu au
versement de prestation à un autre titre que celui de la responsabilité civile.
En matière d’assurance, le problème a été tranché par la loi. Elle a dans certaines situations
tranché le problème du cumul entre le bénéfice de la responsabilité et celui d’un autre système
d’indemnisation (assurance).
La loi française de 1930 et marocaine de 1934 ont distingué entre les assurances de personne
(assurance vie) et les assurances de dommage.
En cas d’assurance de personne, la loi a permis le cumul ; c’est à dire qu’elle admet que le
bénéfice d’une assurance de personne puisse se cumuler avec l’indemnité au titre de la
responsabilité civile. (Assurance vie)
Seule la personne lésée dans ses intérêts propres a le droit d’obtenir réparation.
Cependant, le dommage collectif et le dommage par ricochet sont parfois réparables.
Une collectivité est un ensemble, généralement assez dense, d’individus groupés naturellement
ou rassemblés pour une certaine durée par des sentiments, des intérêts, des droits ou des
devoirs communs.
Il est fréquent qu’une catégorie sociale ou professionnelle, une société civile ou commerciale
soient lésées par des pratiques qui lui portent préjudice. Ces personnes morales pour intenter
une action en responsabilité, doivent justifier d’un dommage subi par le groupement lui même.
Exemple : Atteinte à son patrimoine, sa réputation.
Il convient de distinguer entre le droit à réparation des membres de la collectivité lésée et celui
de la personne morale qui l’a représente
Ces personnes morales peuvent non seulement obtenir réparation des dommages qu’elles ont
subi dans leurs intérêts propres, mais elles peuvent également obtenir réparation des atteintes
portées aux intérêts collectifs bien qu’elles n’aient pas subies elles même des dommages
personnels.
Toutefois, le droit à réparation d’une personne moral suite à un dommage collectif a évolué dans
le temps, la Cour de cassation a ainsi procédé par étape :
Tout d’abord elle adopte une position très restrictive en 1923, elle a donc estimé que la
personne morale ne peut demander réparation d’un dommage causé à un intérêt collectif que si
elle est autorisée légalement à défendre en justice ses intérêts collectifs. Cette jurisprudence a
été fortement critiquée, puisqu’elle a été très restrictive.
Depuis, les choses on évoluées.
Il y a eu une double évolution {législative} ; {jurisprudentielle}.
Au niveau législatif
Au niveau jurisprudentiel
-En matière pénale : La défense au niveau des associations n’était pas admise.
Le fondement de cette solution est l’idée du mandat tacite. On considère qu’en se regroupant
dans une association, les membres sont censés lui donner mandat d’agir à leur place. Le
groupement pourra donc demander réparation.
Arrêt, 14 juin 1971, Le Pen : Une association dont l’objet était de perpétuer le souvenir des
déportés morts a été admise à agir contre Jean-Marie Le Pen pour infraction d’apologie des
crimes de guerre, suite à l’atteinte aux intérêts collectifs (les déportés morts).
Une Victime par ricochet est un « tiers subissant un préjudice matériel ou moral du fait des
dommages causés à la victime directe »
Aujourd’hui la jurisprudence admet l’indemnisation des victimes indirectes et cela que les
préjudices invoqués soient matériels ou moraux.
Dans le cas du préjudice moral, il s’agit de l’indemnisation de la douleur que suscite chez les
proches parents de la victime directe, la perte d’un être cher ou encore la vue des souffrances
qu’elle endure.
La Jurisprudence, a dans une deuxième phase été marqué par un arrêt révolutionnaire et a donc
admis l’indemnisation d’autres proches dès lors que ces derniers apportent la preuve d’un lien
d’affection qui les unit à la victime.
{Chambre mixte, Arrêt Dangereux du 27 février 1970, arrêt de principe} : Dans les faits, il
s’agissait d’une concubine {aucun lien de droit avec la victime} a qui la cassation reconnaît le
droit à réparation. Depuis cet arrêt la Cour de cassation ne fait plus référence au lien de droit
entre la victime initiale et celle par ricochet.
Les tribunaux ont admis des présomptions de faits au profit des proches parents (lien de droit).
Ainsi, ces personnes n’ont pas à apporter en justice la preuve d’un lien d’affection qui les unissait
à la victime.
Pour ce qui est des concubins, la Cour de Cassation a exigé une véritable communauté de vie.
Pour ce qui est des proches habilités à se prévaloir de cette demande, ce sont toutes les
personnes avec lesquelles la personne a eu un lien affectif ou économique (fiancé ou personne
qui a grandit avec une famille).
L’arrêt Dangereux de 1970 est un arrêt de principe qui a reconnu à la concubine qui n’a aucun
lien de droit avec la victime, le droit à réparation à condition de prouver une véritable
communauté de vie. Ce droit a également été reconnu aux proches qui ne disposent pas d’un
lien de droit mais qui justifient d’un lien économique ou affectif avec la victime. Concernant les
proches parents, une présomption de fait leur a été reconnue au vu du lien de droit existant
avec la victime.
Le lien de causalité est celui qui lie un fait générateur au préjudice qu’il a causé.
L’appréciation de la causalité est essentielle pour déterminer les responsabilités. Seulement, il
existe un problème de définition et d’appréciation de la causalité.
Deux théories classiques sont alors avancées par la doctrine :
La notion de causalité a été étudiée par la doctrine allemande et française. Cette dernière a
repris les conclusions des juristes allemands.
Selon les partisans de cette théorie, toutes les conditions d’un dommage doivent être
considérées comme équivalentes. Elles sont toutes censées être la cause du dommage.
Cette théorie repose sur l’idée que si l’on supprime une de ces conditions, le dommage disparaît.
Il n y a donc pas de raison de distinguer parmi celles-ci, celle qui aurait un lien plus étroit avec le
dommage.
Exemple : le propriétaire d’un véhicule a omis de fermer son véhicule à clés, cette imprudence
a permis le vol du véhicule, le voleur provoque un accident.
Selon cette théorie le voleur a une part de responsabilité tout comme le propriétaire de la
voiture.
Selon les partisans de cette thèse, il n’est pas question de faire une distinction entre les faits à
condition qu’ils soient tous nécessaires à la réalisation du dommage.
Ainsi, tous les événements sans lesquels le dommage ne se serait pas produit sont équivalents.
La jurisprudence retient la théorie de l’équivalence des conditions pour les responsabilités pour
faute.
Responsabilité pour faute : Tout fait fautif de l’homme qui cause à autrui un dommage.
Paragraphe 2- La théorie de la causalité adéquate (l’élément vraisemblable)
La théorie considère au contraire, qu’il faut faire un tri, parmi toutes les causes à l’origine du
dommage. Ainsi, on ne considère pas que tous les événements concourants au dommage sont
équivalents. Il s’agit alors de distinguer les conditions rendant le dommage objectivement
probable (Cause efficiente) et les conditions qui sont incapables de créer le dommage sans le
concours fortuit des autres.
On considère donc que la cause adéquate est « l’événement qui selon le court naturel des
choses devait entrainer le dommage par opposition aux autres antécédents ».
(Par exemple : je tape une personne qui m’a insultée. Si on applique la théorie de causalité
adéquate, on retiendra l’insulte étant donné qu’elle correspond à la cause la plus importante du
dommage.)
Arrêt chambre civile 1ère de la Cour de Cassation, du 17 Février 1993 Une personne est victime
d’un accident de circulation dont le fautif est l’autre conducteur. La personne victime de
l’accident est hémophile et a donc déjà subi plusieurs transfusions sanguines, mais à la suite de
l’accident celle ci doit en subir d’autres. Il s’avère en suite que cette personne a le SIDA. On
ignore quelle transfusion l’a contaminé. Dans ce cas le juge, va établir un calcul de probabilité :
S’il ressort de ce calcul qu’il y a plus de chance que la contamination soit antérieure à l’accident,
la responsabilité du conducteur ne sera pas retenue. A contrario, la responsabilité du conducteur
sera retenue s’il ressort du calcul qu’il est plus probable que la contamination ait eu lieu après
l’accident.
La jurisprudence est entre les deux théories, mais les arrêts de la Cour de Cassation penchent
plus vers la théorie de la causalité adéquate.
Section 2- Preuve du lien de causalité
En revanche il y a des cas retenus par le droit positif qui ont apporté un certain nombre
d’exceptions : Il s’agit de la présomption de causalité : (Présomption simple)
-Les maladies transmissibles telles que le SIDA : La loi n° 91-1406 du 31 décembre 1991 relative
à l’indemnisation des personnes contaminées par le sida et l’hépatite C par voie transfusionnelle.
La loi a posé une présomption au profit des transfusés qui à la suite de transfusions étaient
contaminées par le virus du Sida. La loi pose une présomption de causalité. La victime n’a qu’à
rapporter deux preuves : la transfusion (fait générateur) et l’apparition de la contamination
(dommage).
Ce qu’il faut retenir c’est que le lien de causalité est présumé. Pour que le défendeur soit dégagé
de sa responsabilité il faut qu’il rapporte la preuve contraire. Contrairement à la règle qui dit que
la victime est à la seule à prouver ; Ceci est donc pour alléger la tâche probatoire des victimes.
-La présomption irréfragable : Ne supporte pas la preuve contraire apportée par le défendeur.
Selon l’article 1382 al. 1er du Code Civil français, « On est responsable, non seulement du
dommage que l’on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des
personnes dont on doit répondre, ou des choses que l’on a sous sa garde ».
Cet article établit ainsi le principe général de la responsabilité civile. Ainsi, pour engager la
responsabilité civile du défendeur, il va falloir un fait générateur de la responsabilité, un
préjudice, et un lien de causalité entre les deux.
Celle- ci entraine selon les cas, soit une exonération totale soit partielle.
Dans ce cas, il s’agit d’un événement de force majeure. Lorsque cet événement exceptionnel et
auquel on ne peut faire face se présente, cela entraine une exonération totale de l’auteur.
A- L’extériorité
L’extériorité est une condition inhérente à la notion de cause étrangère. Ainsi, par exemple le
défendeur ne peut pas invoquer (comme lui étant étranger) un fait dont ses obligation le rende
responsable. L’événement doit être extérieur à la sphère du défendeur. Le chauffeur de taxi ne
peut pas invoquer comme cause étrangère le fait qu’il n’ait plus de frein.
Le fait d’un tiers : est également exonératoire. N’est considéré tiers qu’une personne
qui n’est pas sous la responsabilité du défendeur.
Dans les cas où la personne est civilement responsable d’un certains nombre
d’individus, la responsabilité incombe à la personne considérée par le droit comme
étant responsable : Commettants avec préposés, instituteurs avec élèves.
L’instituteur ne peut pas invoquer comme fait extérieur, l’accident provoquant le
décès d’un enfant. Celui-ci est responsable des enfants pendant la récréation.
Il faut donc que ce soit un tiers qui n’a pas de responsabilité vis à vis de la victime.
Ceci a été élaboré par un arrêt significatif du 30 Octobre 1967 concernant l’affaire
de la SNCF. Pour que cette dernière s’exonère de sa responsabilité du fait d’un
sabotage commis par une personne inconnue quant à ses installations, la SNCF doit
démontrer que l’auteur de la dégradation ne fait pas partie de son personnel.
Le cas fortuit : La condition d’extériorité est remplie dès lors qu’un phénomène
indépendant de la volonté du défendeur est à l’origine du dommage.
En droit français, n’est pas considéré comme cas fortuit le fait inhérent à la personne
du défendeur par exemple la maladie physique ou mentale.
La Cour de cassation a par ailleurs affirmé de manière constante que le vice interne
de la chose (machine) ne constitue jamais une cause étrangère susceptible
d’exonérer le gardien vis-à-vis de la victime.
L’appréciation de ces deux caractères Imprévisible et irrésistible est « in abstracto ». Elle doit se
faire par référence au bon père de famille (le juge va essayer de comparer le comportement de
la personne au moment où il y a le fait dommageable à celui d’un homme diligent, prévenant et
prudent qui tiendra compte des circonstances de lieu, de temps, de saison).
Si le défendeur n’a pas fourni tous les efforts possibles qu’un homme normal aurait fait, il ne
pourra se prévaloir de ces deux caractères. Ainsi par exemple, l’orage, le verglas et la tempête
sont considérés comme imprévisible et irrésistible dès lors qu’ils apparaissent exceptionnels. Il
faut savoir prendre ses précautions.
On remarque que la jurisprudence est beaucoup plus sévère en matière contractuelle, le juge ne
fait pas allusion au bon père de famille.
Un événement est jugé imprévisible lorsqu’il n’y avait aucune raison particulière de penser qu’il
se produirait. Seul sera retenu un événement normalement et raisonnablement imprévisible.
De manière générale, pour vérifier cette condition, les tribunaux s’appuient sur la probabilité de
réalisation de l’événement mais aussi sur la soudaineté de l’événement, sa fréquence ou son
intensité. Cette appréciation est faite par référence tant à des circonstances externes (temps,
lieu) qu’à des circonstances propres à l’agent (ses connaissances et expériences).
Quant à l’individu, il faut qu’il lui ait été impossible, pendant l’événement, d’agir autrement qu’il
ne l’a fait. L’événement doit être irrésistible dans sa survenance et dans ses conséquences.
L’irrésistibilité comporte en conséquence un double aspect : inévitabilité et insurmontabilité.
Paragraphe 2- Les conséquences de la cause étrangère= L’exonération du défendeur
L’événement présentant les caractères de la force majeure a pour effet de libérer totalement le
défendeur de la responsabilité qu’il encourt.
En revanche, dans un certain nombre de régimes spéciaux de réparation, la force majeure est
privée d’effet exonératoire. En guise d’exemples, la responsabilité du défendeur est ainsi
maintenue même en présence d’un événement de force majeure en droit français. C’est le cas
dans le régime d’indemnisation des dommages résultant d’une infraction, dans celui des
accidents de la circulation, dans les régimes de responsabilité du fait des téléphériques et du fait
des aéronefs.
La jurisprudence a évolué dans ce sens. Dans les années 50, la Cour de cassation avait admis que
le cas fortuit pouvait avoir un effet d’exonération partielle et entraîner une diminution de la
réparation mise à la charge du défendeur.
La cour de cassation actuellement, admet que le cas fortuit n’a aucun effet exonératoire, il ne
diminue en rien les droits de la victime s’il n’a pas présenté, pour l’auteur du dommage, les
caractères d’imprévisibilité et d’irrésistibilité de la force majeure.
Il est fréquent que l’auteur du dommage pour s’exonérer de sa responsabilité invoque le fait
d’un tiers. Cependant pour que le fait du tiers soit exonératoire, il ne faut pas que le défendeur
soit civilement responsable de ce dernier. Le tiers ne peut pas être un préposé vis à vis de son
commettant.
Généralement, le concours entre le fait reproché au défendeur et le fait d’un tiers implique une
responsabilité solidaire entre les deux coauteurs dans la mesure où il y a un partage de
responsabilité.
Seulement, cette question du fait du tiers peut se poser quand il y a plusieurs coauteurs du fait
du même dommage.
On dit de deux ou plusieurs personnes qu’elles sont tenues « in solidum » lorsqu’elles ont
contracté une obligation solidaire, et ce sans que se produisent les autres effets de la solidarité.
L’exemple type est celui des relations d’un assuré avec son assureur.
Dans le cas d’un accident de la circulation la victime peut s’adresser à l’assuré, à l’assureur ou
aux deux à la fois pour exiger le dédommagement auquel elle peut prétendre.
La Responsabilité étant partagée, chaque co-auteur est responsable en partie du dommage, la
victime est en droit d’intenter une action à l’encontre de l’un des responsables qui est
généralement le plus solvable. Ce dernier peut ensuite exercer un recours conte les co-auteurs.
L’obligation solidaire protège les intérêts de la victime contre la possibilité d’exonération de
responsabilité d’un co-auteur, dans la mesure où la responsabilité est partagée.
L’obligation solidaire constitue donc un obstacle à l’effet exonératoire partiel de la cause
étrangère.
En ce qui concerne le partage du montant du dédommagement :
Si les co-auteurs sont tous jugés coupables d’une faute, le recours est en principe
proportionné à la gravité respective des fautes.
Si l’un des co-auteurs est coupable d’une faute alors que l’autre non, celui qui est
responsable sans faute aura un recours intégral contre l’autre.
Si tous sont responsables pour un fait non fautif, on partage leur responsabilité de
façon égale.
Il existe une controverse énorme entre les auteurs ainsi qu’au niveau de la jurisprudence.
Selon les partisans de la doctrine, cet effet exonératoire ne doit jouer que si la victime a commis
une faute très grave, inexcusable.
Le fait générateur de responsabilité est, avec le dommage et le lien de causalité, un des trois
éléments nécessaires pour mettre en œuvre la responsabilité délictuelle ou contractuelle d’un
individu.
Le fait générateur est la cause du dommage. C’est l’événement qui est à l’origine du préjudice,
ou encore le fait matériel qui va causer le dommage.
On distingue trois types de faits générateurs, qui peuvent engager la responsabilité civile
délictuelle d’une personne :
-Le fait personnel
-Le fait d’autrui
-Le fait des choses
Sur la base des articles 77 et 78 du DOC et 1382 et 1383 du CCF, seul un fait fautif est susceptible
d’engager la responsabilité personnelle de l’auteur d’un dommage.
La faute est une notion qui n’est définie ni par le DOC ni par le code civil français.
La faute est une notion de droit c’est à dire que les juges de cassation vont pouvoir la contrôler
et savoir si effectivement le fait qualifié de faute est considéré comme tel ou pas.
La jurisprudence considère comme fautifs tous les comportements qui lui paraissent anormaux
tel que l’imprudence, la négligence ou même la simple maladresse.
Marcel Planiol définit la faute civile comme étant un comportement que l’on peut juger
défectueux, soit parce qu’il est inspiré par l’intention de nuire, soit parce qu’il va à l’encontre
d’une règle juridique, soit parce qu’il apparait déraisonnable et maladroit.
L’élément objectif de la faute est caractérisé selon la doctrine classique par deux éléments :
Il faut qu’il y ait violation d’une norme de conduite et que le fait soit illicite.
Cette violation peut consister soit en un acte positif (Faute par commission) soit en une simple
abstention (Faute par omission).
Faute par omission (Quasi-délit) Article 1383 du Code Civil français et 78 du DOC
Il s’agit d’une faute qui résulte d’un comportement négatif, là ou la loi ou les usages de la société
exige d’adopter une attitude positive afin d’éviter le dommage à autrui. Elle est la traduction de
l’adage « qui peut et n’empêche, prêche »
Un comportement est qualifié de faute au sens des articles 77 et 78 du DOC lorsque la victime a
établit que le responsable a une attitude contraire aux normes de conduite. Donc il y a une série
de règles, de lois, règlements imposés aux particuliers et dès qu’ils sont violés, une faute est
établie.
L’on constate que lorsque les textes sont formels il n y a aucune difficulté d’appréciation mais
lorsqu’il y a des devoirs pas imposés par des textes issus de la coutume, des usages
professionnels, c’est le juge qui apprécie au cas par cas si il y a violation.
Tout acte accompli avec l’intention de nuire est considéré comme fautif
Il y a un principe général de droit qui prévoit que « nul n’a le droit de chercher a nuire a
autrui » et qui a été consacré par l’Arrêt Clément Baillard en 1915. Il s’agit d’un terrain
acheté par Mr Baillard. Dans ce terrain il y avait un élevage et à proximité se trouvaient
des ballons dirigeables. L’acquéreur a installé des pieux pour faire exploser ces ballons
dirigeables. Le propriétaire des ballons a obtenu gain de cause car Mr Baillard cherchait
à lui nuire.
b. L’illicéité
Il faut que le fait soit illicite. A priori, le fait doit être prohibé par le droit. Cependant, il n’est pas
nécessaire qu’un texte prévoie l’illicéité d’un comportement. Les juges tirent de la formule
générale de l’article 1382, et 77 du DOC, le pouvoir de décider eux même de l’illicéité de l’acte.
L’élément subjectif est l’élément moral de la faute qui recouvre une composante qui va
intervenir l’appréciation de la réparation.
L’on va ainsi se référer à la capacité de discernement de l’auteur de la faute (imputabilité).
Progressivement, la jurisprudence et la loi du 3 Janvier 1968 ont supprimé cette exigence, dans
la mesure où la conception de la faute a évolué et qu’elle est devenue totalement objective. En
ce sens la responsabilité civile des personnes agissant sous l’empire d’un trouble mental peut
être engagée.
Le bouleversement a été plus radical avec deux arrêts rendus en Assemblée plénière de la Cour
de cassation le 9 Mai 1984 concernant la responsabilité du fait personnel.
L’arrêt Lemaire (Assemblée plénière 9 mai 1984) : A la suite d’une erreur commise par
un électricien dans le montage d’une douille, un enfant de treize ans avait été
mortellement électrocuté en vissant une ampoule. L’électricien avait été condamné
pénalement pour homicide involontaire. Mais au plan civil les juges avaient considéré
que l’enfant avait commis une faute en ne fermant pas le disjoncteur avant de revisser
l’ampoule. La responsabilité avait, de ce fait, été partagée par moitié. Le pourvoi des
parents reprochait aux juges du fond d’avoir retenu une faute à l’encontre de l’enfant
victime du dommage, sans rechercher s’il avait une capacité suffisante de
discernement. La Cour de cassation rejette ce pourvoi au motif que la cour d’appel «
n’était pas tenue de vérifier si le mineur était capable de discerner les conséquences
de son acte ». Elle estime que le mineur avait effectivement commis une faute qui
avait causé le dommage subi.
L’arrêt Derguini, un enfant de cinq ans avait été heurté mortellement par un véhicule
alors qu’il traversait sur un passage protégé. Au civil, la cour d’appel avait partagé par
moitiés les responsabilités, l’enfant ayant, par son imprudence, contribué à la
réalisation de son propre dommage. Les parents se pourvoient en cassation sur le
même fondement que celui examiné dans l’arrêt Lemaire et, là encore, la Haute
juridiction se prononce en faveur d’une suppression de la recherche systématique de
la capacité de discernement chez l’enfant victime.
Il résulte de ces arrêts que la capacité de discernement n’est plus un élément constitutif de la
faute. Celle-ci se réduit désormais à un élément objectif matériel et d’illicéité et ce pour qu’il y
ait une meilleure indemnisation des victimes.
Une telle position est évidemment défavorable et fâcheuse pour les victimes qui se trouvent
privées d’indemnisation, alors que la personne inconsciente qui a commis ce dommage (par sa
faute) est fortunée et assurée.
L’Abus de droit est tout simplement une faute particulière et abusive qu’un individu commettrait
dans l’exercice de son droit. Arrêt Clément Baillard.
Cette notion n’est pas reconnue en droit Romain, le code civil français n’y a pas fait non plus
allusion.
La notion d’abus de droit a été reconnue avec beaucoup de difficultés, et des divergences
doctrinales profondes.
C’est donc vers le début du 20ème siècle qu’il y a eu les premières tentatives pour dégager un
principe général de l’abus du droit.
Cette tentative s’est heurtée à de vives critiques et a engendré des problèmes juridiques :
Deux théories ont été avancées :
Théorie de l’absolutisme. Selon M. Planiol (Adversaire de la théorie de l’abus de droit),
parler d’un usage abusif du droit serait antinomique.
Il considère que « le droit cesse là où l’abus commence ».
Plus précisément un acte ne peut être à la fois conforme et contraire au droit.
Pour Planiol, la théorie de l’abus de droit n’existe pas. C’est une conception radicale
puisqu’on peut pertinemment considérer qu’on est dans l’exercice d’un droit tout en
commettant une faute.
A l’opposé de la précédente, cette théorie considère que les droits ne sont pas absolus
car chacun d’eux a une finalité et une fonction sociale.
Ainsi, Josserand définissait l’abus de droit comme suit : « l’action contraire au but de
l’institution à son esprit et sa finalité ».
Il y aurait abus dès que le droit serait détourné de sa finalité normale (ça nous rappelle
l’excès de pouvoir en matière administrative).
Ainsi le droit de propriété, le droit d’acheter une maison, est un droit donné à chaque
propriétaire par la loi. Seulement, ce droit est limité par des dispositions légales telle que
la règle d’urbanisme, le droit de servitude…
La jurisprudence peut exiger au propriétaire une modération dans l’exercice de son droit
(Arrêt Clément Bayard). En d’autres termes, elle peut par exemple limiter le droit de
propriété dans la mesure où l’on peut jouir du droit de propriété mais pas au détriment
d’autrui.
Cependant, il reste des domaines où l’abus de droit est exclu puisque certains droits sont
jugés discrétionnaires, exemple : Droit de faire un testament, le fait de partager un bien
indivis, l’acquisition de la mitoyenneté d’un mur.
La faute intentionnelle ne peut pas être garantie par une assurance, c’est à dire que
l’assureur ne répond pas des pertes et dommages provenant de la faute intentionnelle
ou dolosive de l’assuré.
En droit du travail par exemple, l’employeur répond entièrement aux accidents dus à la
faute intentionnelle.
2- La faute lourde est la faute particulièrement grossière faite par le débiteur d’une
obligation qui dénote de son imprudence et négligence à l’égard des dangers qu’il crée.
C’est une faute non-intentionnelle, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de volonté à causer un
dommage, mais elle doit consister en une erreur de conduite grossière.
La Cour de Cassation française la définit comme« une négligence d’une extrême gravité
dénotant l’inaptitude du débiteur à accomplir sa mission contractuelle».
En effet, le salarié n’est responsable vis-à-vis de son employeur de l’inexécution de son
contrat de travail qu’en cas de faute grave.
- Contrairement à la faute intentionnelle, la faute lourde peut être assurée (remboursée par
l’assurance)
- L’effet de la faute lourde consiste à l’élimination de la limitation légale et proportionnelle
au droit à réparation. Et même en ce domaine, elle n’est pas toujours admise (exemple : en
droit aérien, les plafonnements en cas d’accident ne sont écartés qu’en cas de faute
inexcusable et non pas de faute lourde).
3-La faute inexcusable apparait lorsqu’un dommage établit est extrêmement grave mais
où l’intention de le commettre n’existe pas. Celle-ci se distingue de la faute
intentionnelle.
La responsabilité du fait d’autrui est la responsabilité engagée d’une personne pour le dommage
causé par le fait d’une autre personne dont il est juridiquement responsable.
La responsabilité du fait d’autrui est régit par l’article 1384 du code civile français et par l’article
85 du DOC. Ces articles énoncent :
Section 1- La Responsabilité des maitres et des commettants pour les faits de leurs
domestiques et préposés. Article 85 du DOC et 1384 du CCF
Cette hypothèse est le cas de responsabilité du fait d’autrui le plus fréquent notamment dans le
cadre de la responsabilité des entreprises. Il s’agit par ex de la situation dans laquelle un
employé cause un dommage et engage dès lors la responsabilité délictuelle de son employeur.
Le champ d’application des articles 85 et 1384 est limité aux commettants du secteur privé et
uniquement pour les dommages causés par les préposés à des tiers par oppositions aux
cocontractants (responsabilité contractuelle).
Il s’agit par exemple de la situation dans laquelle un employé cause un dommage et engage dès
lors la responsabilité de son employeur.
La responsabilité du commettant est une véritable responsabilité du fait d’autrui car elle n’est
pas fondée sur une faute du commettant (présomption de faute), mais elle est fondée sur une
présomption de responsabilité qui est une responsabilité objective et qui résulte d’un lien de
préposition dans la mesure où le préposé agit sous l’ordre de son commettant. Lorsqu’un
chauffeur travaille dans une société et qu’il provoque un accident pendant ses heures de travail,
le commettant sera responsable et il ne pourra pas se dégager de cette responsabilité qui pèse
sur lui contrairement aux parents…
A- Lien de préposition.
Cette notion a été définie par la jurisprudence comme : «Le droit de donner au préposé des
ordres ou des instructions sur la manière de remplir les fonctions auxquels il est employé ».
Le lien de préposition signifie qu’il y a un rapport de subordination entre le commettant et le
préposé, c’est à dire un rapport hiérarchique de type employeur/employé.
En effet, a Jurisprudence admet que le lien de préposition va au delà du contrat de travail, c’est
notamment le cas d’une activité bénévole.
Il faut noter qu’il ne suffit pas de recevoir des instructions de la part d’une personne pour être
son préposé.
Aussi, il faut que le préposé n’ait pas de marge de manœuvre.
-Préposé d’une banque qui détourne des fonds qui on été remis par les clients.
-Préposé d’une entreprise de surveillance qui met le feu a l’entrepôt dont il avait la garde, on
se trouve la en présence d’un abus de confiance.
Le défaut d’autorisation
Pour que l’abus de fonction soit retenu, il faut que le préposé ait agi par sa
propre volonté, sans avoir été autorisé par le commettant.
Si le commettant n’a pas donné d’autorisation, il va falloir qu’il le prouve.
Exemple. Un employé prend la voiture de son employeur et commet un
accident.
L’employeur devra prouver qu’il n’a pas donné autorisation à son préposé pour
que sa responsabilité ne soit pas engagée.
L’abus de fonction nécessite que le proposé ait agit à des fins personnelles
En revanche, Les parents sont responsables du dommage que causent leurs enfants à autrui. Il
s’agit d’une présomption de faute dans leurs surveillances.
La victime n’a donc pas à prouver la faute du responsable (des parents).
Les parents peuvent se dégager de cette responsabilité en prouvant qu’ils n’ont pas commis de
faute. C’est une présomption simple et non irréfragable
La responsabilité du commettant peut donc être assimilée à celle d’un garant, c’est à dire qu’il va
endosser vis à vis du créancier (la victime) la dette de responsabilité du débiteur principal qui
est le préposé.
Le commettant est donc un débiteur de 2ème rang dont l’obligation est subordonnée à la
défaillance du débiteur principal.
La victime doit nécessairement établir la responsabilité du préposé d’abord pour pouvoir
engager la responsabilité du commettant. Il faut toujours qu’il y ait responsabilité du préposé
pour que le commettant soit responsable.
Il faut noter qu’autrefois il était possible pour le commettant de se retourner contre son préposé
même si celui ci n’avait pas excédé les limites de sa mission.
Cet arrêt est important car il affirme « n’engage pas sa responsabilité à l’égard des tiers, le
préposé qui agit sans excéder les limites de la mission qui lui a été impartie par son
commettant. ».
Cela signifie donc que, lorsque le préposé est resté dans le cadre de sa mission, seule la
responsabilité du commettant peut être engagée à l’égard de la victime et le commettant n’a pas
de recours à l’encontre du préposé.
Dans cet arrêt il y’a une immunité du préposé vis a vis des tiers.
La condition est qu’il n’excède pas sa mission. (L’abus de fonction fait disparaître l’immunité).
Lorsque le préposé commet une infraction pénale intentionnelle, il n’est plus dans le
cadre de sa mission. Cette infraction fait qu’il devient responsable vis a vis des tiers.
Lorsqu’il y a une faute intentionnelle même si elle n’est pas pénale.
Lorsque Le préposé a bénéficié d’une délégation de pouvoir, il pourrait dans ce cas voir
sa responsabilité personnelle engagée dans la mesure où l’on ne peut plus considérer
qu’il a reçu des directives. Arrêt cour de cassation chambre civile 2 28 Mars 2006 Rtdciv
Année 2007 page 137)
Section 2- Les cas de responsabilité personnelle encourue à l’occasion d’un dommage causé
par autrui
Responsabilité des pères et mères du fait de leurs enfants
Responsabilité des artisans du fait de leurs apprentis
Responsabilité des instituteurs du fait de leurs élèves
Dans toutes ces hypothèses « le fait d’autrui apparaît moins comme la cause de la
responsabilité mais plutôt comme un élément qui révèle une déficience de son propre
comportement permettant de présumer la faute ». (Faute de surveillance qui les
responsabilise)
Paragraphe 1 - La responsabilité des père et mère du fait de leurs enfants mineurs, Article 85
du DOC et 1384 du CCF
Autorité parentale
Minorité de l’enfant :
Cohabitation
Fait de l’enfant
La R suppose que l’enfant doit avoir causé un dommage susceptible d’engager sa R.
l’enfant doit être mineur, non émancipé et doit être soumis à l’autorité parentale.
Au Maroc, cette responsabilité incombe au père et ce n’est qu’au décès du père que la
mère devient responsable à son tour de l’enfant mineur habitant avec eux.
A la différence du droit marocain, en France, la loi du 4 juin 1870 a remplacé la puissance
paternelle par l’autorité parentale (Père et mère solidairement responsable)
Au Maroc, une fois la réunion de ces conditions, une présomption de faute pèse sur les
parents qui sont donc présumés fautifs jusqu’à preuve du contraire et la victime est
dispensée d’établir la preuve de la faute des parents. Ces derniers peuvent s’exonérer
en démontrant qu’ils n’ont commis aucune faute de surveillance ou d’éducation de
l’enfant ou que la survenance du dommage est du à un cas de force majeur, cas fortuit
ou fait de la victime.
En France, on présumait que quand l’enfant avait commis une faute dommageable, il y avait
soit une faute dans son éducation soit une faute dans sa surveillance. Les parents devaient
alors prouver qu’ils n’avaient commis ni une faute de surveillance ni une faute d’éducation.
L’on constate que lorsque les conditions cumulatives étaient réunies, les parents étaient
responsables. Les juges retenaient que les parents pouvaient s’exonérer en démontrant
l’absence de faute.
En effet, la responsabilité des parents est désormais considérée comme une responsabilité
objective depuis l’arrêt Bertrand (19 Février 1997) qui a opéré un important revirement de
la Jurisprudence (Changement de la position de la cour de cassation).
La Cour d’appel de Bordeaux retient la responsabilité du père au motif que celle-ci ne peut
être dégagée que lorsque les parents démontrent la force majeure ou la faute de la victime.
La Cour de cassation rejette en invoquant une violation du droit des parents de s’exonérer de
la responsabilité en prouvant qu’ils n’ont commis aucune faute, mais confirme la décision
selon laquelle « seule la force majeure ou la faute de la victime pouvait exonérer M. X… de
la responsabilité de plein droit » du père au motif que la responsabilité est encourue du fait
des dommages causés par son fils mineur habitant avec lui, et que la Cour d’appel n’avait
donc pas à rechercher l'existence d'un défaut de surveillance du père.
Si l’on n’a pas à rechercher l’absence de faute c’est que la faute est indifférente.
Depuis l’arrêt Bertrand, l’absence de faute des parents n’est plus exonératoire et la
responsabilité des parents est présumée. Cet arrêt relève que la responsabilité des parents
du fait de leurs enfants est devenue une responsabilité de plein droit, une responsabilité
objective sans faute, une présomption de responsabilité dont les parents ne peuvent
s’exonérer qu’en démontrant la force majeure ou le fait de la victime. Cette objectivation de
la responsabilité a donc pour ultime objectif la protection de la victime par le biais de
l’indemnisation.
L’état du droit français est alors en harmonie avec l’idée de ce principe de présomption de
responsabilité.
Or, dans l’état actuel du droit marocain, c’est la présomption de faute qui existe.
Contrairement à la France, au Maroc, l’exonération des parents de leur responsabilité ne peut se
faire que s’ils démontrent qu’ils n’ont pas commis de faute.
(Comparer la responsabilité du fait des parents en France avec celle des commettant)
Cette responsabilité est encourue par un artisan, c’est à dire le professionnel qui exerce
pour son compte une activité artisanale, du fait de son apprenti, que l’artisan est chargé
de former aux règles du métier.
Cette responsabilité se rapproche plus de celle des parents puisqu’elle repose également
sur une présomption de faute et donc simple, c’est à dire que l’artisan peut se dégager
de cette responsabilité en prouvant qu’il a bien surveillé ou a bien formé l’apprenti et
donc en prouvant qu’il n’a pas commis de faute.
L’on remarque que la Responsabilité de l’artisan est moins sévère que celle des
commettants puisque ce dernier ne peut pas se dégager de sa responsabilité que s’il
prouve la survenance d’une cause étrangère ou l’abus de fonction.
Il faut souligner qu’il ne peut y avoir de cumul de R du fait d’autrui dans la mesure où
lorsqu’un dommage est causé par un apprenti mineur dans le cadre d’un ct
d’apprentissage, c’est l’artisan qui est tenu pour R et non pas les parents.
Seulement elle reste plus proche de la responsabilité du fait personnel car elle n’est pas
fondée sur une présomption de faute mais sur une responsabilité fondée sur une faute.
Etant donné que c’est une responsabilité qui n’implique aucune présomption, il revient à
la victime de prouver la faute d’imprudence ou de négligence de l’instituteur ayant causé
le dommage.
Nous pouvons constater que nous sommes en présence d’un un cas mitigé. Il s’agit en
effet d’une responsabilité du fait d’autrui qui peut être déguisée sous une autre forme.
Ce qu’il faut savoir c’est que cet article concerne les instituteurs du privé et du public, ainsi que
les fonctionnaires de la jeunesse et des sports.
Pour mettre en œuvre cette responsabilité il faut deux conditions :
2- Le dommage causé par l’enfant doit être commis au moment de sa surveillance par
l’instituteur.
Arrêt de la Cour d’Appel de RABAT. Jeu avec une balle de tennis par exemple. On considère que
c’est un jeu courant et pas dangereux en soit ce qui fait que n’entraine pas une faute le fait
d’avoir laissé les enfants jouer seuls. Il appartient alors au juge d’apprécier cette faute.
Il ressort de la Cour d’appel de Rabat qu’il appartient au juge d’apprécier s’il y a faute ou non.
Dans certains cas, la responsabilité peut aller au delà de la responsabilité des parents
(Organismes, associations…)
En France, Jusqu’en 1991, la responsabilité du fait d’autrui ne concernait que les cas prévus par
la loi (Code Civil).
Mais par un arrêt de l’assemblée plénière du 29 mars 1991, la Cour de Cassation française a
opéré un important revirement jurisprudentiel (changement de point de vue).
La Cour de cassation a admis qu’une association, qui avait la charge d’organiser et de contrôler à
titre permanent le mode de vie d’un handicapé mental devait répondre des faits de celui ci. Il
s’agit de l’arrêt BLIECK 29 Mars 1991.
En l’espèce, la personne inadaptée avait mis le feu à une forêt et l’organisme a été déclaré
responsable.
Cette décision a apporté une grande nouveauté : C’est la 1ère fois que la cour de cassation admet
la responsabilité du fait d’autrui en dehors des cas cités par le code civil.
Position du Droit Marocain : Le droit Marocain semble avoir résolu ce problème puisque l’article
85 alinéa 5 du DOC prévoit que le père , la mère et les autres parents ou conjoints, répondent
des dommages causés par les insensés, et autres infirmes d'esprit, même majeurs habitant avec
eux.
Ce qui fait que tous les parents qui sont chargés de l’handicapé mental peuvent voir leur
responsabilité engagée.
La même règle s’applique à ceux qui se chargent contractuellement de la surveillance du majeur
incapable. Celle-ci est fondée sur une responsabilité légale et une responsabilité contractuelle.
Chapitre 3- La responsabilité du fait des choses -Articles 87 et 88 du DOC et 1384 code français-
A côté du principe général du fait personnel des articles 77 et 78, le DOC prévoit une
responsabilité du fait des choses.
La responsabilité du fait de la chose est règlementée par l’article 88 du DOC et 1384 du CCF.
C’est un régime qui engage la responsabilité du gardien de la chose.
Il faut ainsi qu’il y ait intervention matérielle de la chose dans la réalisation du dommage.
Il s’agit d’une présomption légale de responsabilité. (Objective/ Responsabilité sans faute). La
victime dans ce régime autonome de responsabilité n’a pas à prouver la faute du gardien mais à
prouver l’intervention causale de la chose dans la réalisation du dommage.
Le régime de la responsabilité délictuelle du fait des choses a subi une importante évolution
puisque le code civil français de 1804 n’avait prévu que des hypothèses limitées de la
responsabilité du fait des choses : La responsabilité du fait des animaux ou des bâtiments en
ruine- Article 1385 et 1386 du code civil.
L’article 1385 a repris une vielle institution du droit romain « actio de pauperie » qui permettait
à la victime de demander au propriétaire d’un esclave ou d’un animal qui était tous les deux
assimilés à une chose la réparation des dommages causés par ces derniers.
De même, une action pouvait être exercée contre le propriétaire d’un bâtiment en ruine dont
l’effondrement avait causé un dommage à autrui.
En dehors de ces cas, la réparation des dommages causés par le fait d’une chose était soumise
au droit commun.
L’Arrêt JAND’HEUR a consolidé l’arrêt Teffaine et a posé les bases du principe général de la
responsabilité du fait des choses quelque soit leur nature.
Notion de chose :
Cependant certaines choses ont été exclut du champ d’application de l’article 1384 (choses
réglementées par toutes lois spéciales).
Au moment où une loi spéciale réglemente une chose, c’est à cette loi d’intervenir en cas de
dommage et non pas l’article 1384 du code civile français ou l’article 88 du DOC. Exemples :
Cependant La Cour de Cassation a retenu dans certains de ces cas la responsabilité du gardien :
Elle a considéré l’adolescent qui a donné un coup de pied à une bouteille qui a atterrit sur la tête
d’une personne, responsable. Arrêt du 10 février1982 JCP 1983 2ème partie 20069.
Elle a considéré également que le propriétaire du fond sur lequel s’est accumulé une couche de
neige devient son propriétaire et le cas échéant gardien de cette chose. Ce dernier devait
nettoyer son toit.
Une chose sur laquelle une personne exerce un pouvoir de garde (Garde de la chose)
Lorsque la chose est en mouvement et que celle-ci est entrée en contact avec la victime
Dans cette hypothèse, la Cour de Cassation a admit formellement la présomption de causalité,
c’est à dire que la chose a eu un rôle actif dans la production du dommage. Par exemple : une
bouteille de gaz qui explose et blesse la victime. La Cour de Cassation a décidé que la victime n’a
pas à prouver le rôle actif de la chose, mais seulement l’intervention matérielle de la chose à
l’aboutissement du dommage.
Lorsque la chose est inerte ou lorsqu’elle n’est pas entrée en contact avec la victime
Dans les autres cas, la Jurisprudence est très hésitante quant au rôle de la chose dans la
survenance du dommage.
C’est le cas d’une chose inerte ou encore lorsque la chose n’est pas entrée en contact avec le
siège du dommage.
En effet il est fréquent qu’une chose soit l’occasion d’un dommage bien qu’elle fut inerte au
moment où la victime s’est blessée :
Le gardien pour s’exonérer de la responsabilité du fait de la chose inerte doit prouver le rôle
passif de la chose et établir le comportement normal de la chose, que la chose a été à sa place et
que c’est la faute de la victime, qu’il ne l’a pas vu ou que c’est un cas de force majeure ou fortuit.
B- La garde de la chose
1- Notion de la garde et détermination du gardien
Garde juridique. Selon certaines décisions, la responsabilité des faits des choses étant une
responsabilité objective, doit être liée directement au propriétaire de la chose.
Garde matérielle. En revanche, d’autres décisions restent attachées à une conception subjective,
c’est à dire au système de la responsabilité pour faute qui considère que le gardien est la
personne qui avait au moment du dommage la possibilité d’empêcher celui-ci.
Arrêt Frank : En l’espèce, le docteur Franck avait prêté son automobile à son fils (mineur et
sans permis) qui la laissa en stationnement dans une rue.
La voiture fut volée et le voleur renversa et tua un facteur.
Les ayant droits du facteur poursuivirent le docteur Franck en le tenant pour gardien et
responsable du véhicule.
L’arrêt les débouta de leur demande en retenant qu’au moment de l’accident le fils du docteur
avait été dépossédé de la voiture par le vol et en avait donc été privé de l’usage, de la
direction et du contrôle. Il n’en avait alors plus la garde et n’était plus soumis à la présomption
de l’article 1384 al. 1er du Code civil.
L’Arrêt Frank (2 Décembre1941) a mis fin à la controverse entre la garde juridique et la garde
matérielle et a marqué ainsi une date importante dans l’élaboration de la notion de garde.
La Jurisprudence à partir de cet arrêt, a établie une définition de la garde qui est consacré encore
aujourd’hui : « est considéré comme gardien, la personne qui au moment de la réalisation du
dommage exerçait en toute indépendance un pouvoir d’usage de direction et de contrôle sur
la chose ».
Le propriétaire est alors présumé gardien, mais il s'agit d’une présomption simple qui peut être
renversée par l’apport d’une preuve contraire, c’est-à-dire que le propriétaire peut s’exonérer
de la responsabilité en prouvant qu’il a transféré la garde de la chose volontairement à un tiers.
L’on constate que la qualité de gardien est en principe liée à la notion de garde.
Il arrive donc que le propriétaire de la chose transfert la garde de celle-ci, ce qui en fait un
transfert volontaire.
A contrario, il est possible que le transfert soit involontaire, c’est le cas en matière de vol.
L’arrêt de la chambre civile 9 juin 1993 JCP 94 2eme partie n° 22202 « Le propriétaire de la
chose bien qu’en la confiant à un tiers ne cesse d’en être responsable que s’il est établi que ce
tiers a reçu corrélativement toute possibilité de prévenir lui-même le préjudice que cette
chose peut causer ».
- Le transfert involontaire : Dans ce cas, le propriétaire est considéré comme étant privé de
son usage. C’est la solution retenue par l’arrêt Frank dans l’hypothèse du vol.
Dans ce cas, le transfert de garde s’opère au détriment de l’utilisateur en l’occurrence, le voleur.
Cet état de chose doit pouvoir être étendu à tous les cas de dépossession involontaire.
Le propriétaire de la chose est donc présumé gardien, sauf dans les cas où il démontre avoir
perdu la garde de la dite chose à travers un transfert de la garde.
Selon l’arrêt Franck la garde est alternative. L’on constate que la garde est normalement exercée
par une personne à la fois. C’est le principe de l’unicité de la garde.
La garde de structure signifie qu’il sera considéré comme gardien celui qui a fabriqué la
chose suite à un vice interne.
Exemple : Est retenue la responsabilité du fabricant qui est gardien de structure de la
chose, et qui peut être responsable de tous les vices internes de cette chose.
L’exception que l’on relève de ces deux cas est que dans certaines situations telle que la garde
des choses dangereuses ou bien des choses dotées d’un dynamisme propre, la Cour de Cassation
a pu désigner deux gardiens, l’un responsable des dommages dû à la structure (vice interne de la
chose), l’autre est responsable des dommages dû au comportement, c’est-à-dire à l’utilisation de
la chose.
Ainsi le fabriquant serait gardien de la structure et celui qui a le pouvoir de direction sur la chose
serait considéré comme gardien de comportement. La Jurisprudence a consacré cette thèse
(comportement et structure) dans certaines hypothèses seulement.
La garde commune (Cela veut dire que la garde peut ne pas être exercée par une seule
personne)
Toutefois, la Cour de Cassation a insisté sur le fait qu’il n’y ait pas de hiérarchie entre co-
gardiens, par exemple : les joueurs d’un match de football sont considérés comme co-gardiens du
ballon.
Dans le cas où il y a une hiérarchie, seule la personne qui exerce le pouvoir dominant de
direction sur la chose est considérée comme gardien. Arrêt de la 2ème chambre civile, du 8 mars
1995.
Cet arrêt a désigné comme gardien le skippeur d’un bateau, et a refusé cette qualité à ses
coéquipiers.
Ainsi, par exemple, lorsque l’activité pratiquée permet au juge d’identifier la personne exerçant
la garde au moment du fait dommageable, celle-ci lui est attribuée même si la garde n’était
exercée que temporairement (par exemple : dans un match de baseball improvisé, la qualité de
gardien est attribuée successivement à chaque joueur qui touche la balle en dernier {arrêt du 22
mars 2002}).
Inconvénient : En général, la garde commune est fondée sur la responsabilité des co-gardiens.
Toutefois, cette garde commune peut entraîner la non indemnisation de la victime dans le cas où
cette dernière est également gardienne à son tour.
La décision de la Cour de Cassation est fondée dans ce cas sur l’incompatibilité de la qualité de
victime et du gardien.
En d’autres termes, pour que la responsabilité du gardien d’une chose soit engagée, il
faut que le dommage soit commis par une chose, et que cette dernière soit sous sa
garde. La victime devra seulement prouver l’intervention de la chose dans la réalisation
du dommage.
L’arrêt JAND’HEUR a posé un principe qui affirme que la responsabilité du gardien était
établie du seul fait que la chose sur laquelle il exerçait ses pouvoirs de garde a causé un
dommage à autrui.
Le droit marocain impose une double preuve dans la mesure où le gardien pour
s’exonérer de sa responsabilité, doit justifier d’un cas fortuit ou de force majeure et doit
démontrer qu’il a entrepris tous les actes nécessaires afin d’éviter le dommage.
Le droit français n’exige en revanche pour l’exonération du gardien que la preuve du cas
fortuit ou de force majeur.
Il faut noter que la jurisprudence française a interprété de façon libérale la notion
d’intervention de la chose dans la mesure où elle n’a pas exigé un contact physique entre
la chose et la victime.
Tel a été le cas en matière de ski où il a été jugé que le simple fait d’effrayer la victime
sans la heurter pouvait être considéré comme étant une cause du dommage.
A été jugé également causal l’intervention d’un véhicule qui a jeté des cailloux sur la
victime. La victime doit prouver l’intervention matérielle de la chose.
L’on constate que le droit marocain est beaucoup plus sévère quant à l’exonération du
gardien.
Section 3- Les régimes spéciaux régissant la responsabilité du fait des animaux et des
bâtiments en ruine (Article 86, 87, 88, 89 du DOC).
Paragraphe 1- La responsabilité du fait des animaux (Article 86)
Juridiquement l’animal est considéré comme une chose, l’article 86 du DOC régit le cas des
animaux domestiques même s’ils se sont égarés ou échappés, et l’article suivant, 87 du DOC
concerne les animaux sauvages.
Normalement, tout animal, quelle que soit sa nature zoologique relève du champ d’application
des articles 86, 87 du DOC.
La seule condition qui se pose, c’est qu’il faut que l’animal soit approprié.
Ce qui veut dire tout simplement que l’animal sauvage est par définition dépourvu de gardien,
et ne peut engager la responsabilité de personne.
(La notion d’appropriation n’existe pas).
En revanche, L’animal égaré ou échappé reste sous la responsabilité de son propriétaire (article
86, al 1).
Il faut alors que cet animal ait causé un dommage à autrui pour pouvoir engager la
responsabilité du propriétaire.
Il faut noter que le propriétaire, fermier ou possesseur du fonds n'est pas responsable du
dommage causé par les animaux sauvages ou non sauvages provenant du fonds, s'il n'a rien fait
pour les y attirer ou les y maintenir.
Le régime de cette responsabilité est fondé sur une présomption de faute simple contrairement
à la responsabilité du fait des choses qui est fondée sur une présomption de responsabilité.
Une présomption de faute permet à la victime de ne pas prouver la faute, c’est à dire que le
gardien de l’animal est présumé responsable et pour qu’il puisse s’exonérer il devra établir qu’il
y a eu une force majeure, un cas fortuit, ou le fait de la victime (par exemple : les ruches
d’abeilles qui existent sur un fond appartiennent au propriétaire du fond, et il en est
responsable).
Cette forme de responsabilité pèse bien entendu sur tous les propriétaires d’animaux. Ainsi, les
affaires impliquant les responsables de parcs zoologiques sont très nombreuses.
L’article 89, prévoit la responsabilité du propriétaire d’un édifice ou autre construction suite à
une vétusté, un défaut d'entretien, ou à un vice de construction. Dans ce régime, c’est le
propriétaire qui est responsable indépendamment du fait qu’il exerce un pouvoir sur la chose. Il
s’agit alors d’une présomption de responsabilité.
L’article 89 a par ailleurs retenu la responsabilité d’une personne qui est chargé de l’entretien du
bâtiment. Il peut y avoir par exemple un litige sur la responsabilité : la responsabilité incombe
soit au possesseur actuel, soit au propriétaire.
Le DOC a retenu la responsabilité de celui qui est chargé de l’entretien du bâtiment, c’est à dire
le possesseur actuel.
L’on relève que cette forme de responsabilité est destinée à inciter les propriétaires
d’immeubles à entretenir correctement leurs bâtiments.
Toute forme de réparation autre que pécuniaire peut-être considérée comme une réparation en
nature. Il existe divers procédés :
La réparation en nature consiste à remettre les choses matériellement dans l’état où elles
étaient avant le dommage : Reprise d’un travail mal fait, réparation ou reconstruction d’un bien
détérioré ou détruit…
Cette réparation en nature trouve son terrain d’élection en matière de troubles anormaux de
voisinage. Dans ce domaine le tribunal va soit réduire, soit cesser ou supprimer les nuisances
quelle qu’elle soit. Par exemple : interdiction sous astreinte d’un laboratoire de pâtisserie qui
empêche les voisins de dormir). La réparation en nature consiste donc soit à réduire soit à
supprimer les manifestations futures du dommage.
La reconstitution de situation matérielle est possible en cas d’un dommage causé à un bien
matériel par la restauration ou le remplacement de l’objet détruit.
- Atteinte à la vie privée : En France, la loi du 17 juillet 1970 tendant à renforcer la garantie
des droits individuels des citoyens a introduit dans le code civil une disposition selon
laquelle « chacun a droit au respect de sa vie privée », et qui donne aux juges les moyens
de faire cesser, la cas échéant en urgence, toute atteinte à la vie privée.
La réparation peut être convenue par un accord qui a une force obligatoire entre l’auteur du
dommage et la victime qui a subit un préjudice. Si aucun accord n’est réalisé, la question est
soumise au juge qui apprécie souverainement la possibilité et l’opportunité d’une réparation en
nature. Par ailleurs, cette liberté d’appréciation du juge rencontre certaines limites :
Le principe est que la réparation peut se faire en nature. Seulement, cette réparation en nature
peut rencontrer certains obstacles.
Ainsi, La réparation n’est pas possible dans certaines situations : Situation édictée par la loi, tel
est le cas pour l’obligation de faire ou de ne pas faire. Cette interdiction constitue donc un
obstacle légal qui découle de l’article 261 du DOC.
La disposition de l’article 261 du DOC, édicte que l’obligation de faire ou de ne pas faire se résout
en Dommages-intérêts en cas d’inexécution. Ce texte semble imposer la réparation en
Dommages-Intérêts dans une grande majorité de cas. En effet, la plupart des obligations entrent
dans cette catégorie.
Selon la doctrine classique française cette disposition a pour but de respecter les libertés
individuelles et le juge civil n’a pas le pouvoir d’imposer directement aux particuliers un acte ou
une abstention (obligation de faire ou de ne pas faire). Le cas échéant, pour réparer le
dommage, le seul moyen de pression consisterait à condamner le responsable à des dommages-
intérêts. Cette doctrine est fondée sur cet adage {nul ne peut être contraint d’exécuter un acte}
L’obligation de faire ou de ne pas faire rentre dans la sphère de la vie privée, et le juge n’a pas
le droit d’imposer à une personne de faire ou de ne pas faire.
Cette conception a été l’objet de critique, puisqu’on a reproché de donner le choix au débiteur
de son obligation qui fait que le créancier peut être lésé.
- La responsabilité résultante du refus d’un artiste ou d’un auteur d’exécuter une œuvre de
l’esprit, ou encore un professeur de donner un cours. Il s’agit de tous les contrats relatifs à
l’esprit et aux activités artistiques. Ils sont considérés comme des obligations personnelles.
(Un arrêt de la Cour de Cassation a refusé de contraindre un peintre de peindre un tableau
qu’on lui a commandé. Idem pour un comédien qui a refusé de faire son spectacle à la
dernière minute).
Impossibilité matérielle :
Celle-ci tient parfois de la nature du dommage. Il en est ainsi par exemple, en matière de
dommage corporel, on ne pourrait pas réparer la perte d’un organe humain (l’ablation d’un rein,
perte d’un œil). La Loi du talion par exemple qui implique la mise en œuvre de la réciprocité du
dommage, n’existe pas. De même, lorsque le préjudice consiste en la perte d’un corps certain
(table du 18ème siècle par exemple) et qui devait être livré. Dans tous ces cas l’indemnité ne peut
se résoudre qu’en dommage et intérêt.
Impossibilité juridique :
Elle résulterait du respect du principe de la continuité du service public par exemple. Ainsi, si un
établissement public à caractère administratif cause un préjudice continu à une personne voisine
dans le cadre de sa mission de service public, la réparation en nature impliquerait la fermeture
de l’établissement. Hors, le principe de la continuité du service public fait que c’est impossible et
que par conséquent la réparation ne peut se faire que par équivalent.
Chapitre II- La réparation pécuniaire (Dommages-Intérêts)
Lorsque le préjudice invoqué par le demandeur est jugé réparable, le tribunal doit procéder à
l’évaluation des Dommages-Intérêts. Cette évaluation doit selon une jurisprudence française
constante être réalisée au jour du jugement définitif, et non pas à la date de sa réalisation. Cette
solution présente des avantages pour la victime qui ne subit pas les effets de la dépréciation
monétaire.
Le principe de la réparation intégrale du préjudice impose au juge une évaluation parfaite qui est
quand même difficile. Ce dernier est doté d’un pouvoir souverain d’appréciation. L’évaluation du
dommage se fait à travers l’appréciation in concreto, qui est une appréciation subjective, c’est à
dire qu’on ne peut pas se référer à une chose préétablie dans la mesure où le juge doit analyser
la situation au cas par cas en tenant compte des aspects subjectifs de la situation. (Age, sexe…).
L’évaluation peut être liée à :
L’évaluation des dommages matériels est facile en principe. Néanmoins, des difficultés
d’application se sont présentées en matière de la détérioration d’un bien usagé. Le problème
s’est posé de savoir si l’indemnité devrait se calculer sur la base du coût de réparation de la
voiture ou en fonction de la valeur de remplacement de l’objet. La jurisprudence est hésitante
lorsque par exemple, la valeur de remise en état dépasse la valeur de remplacement. Selon la
jurisprudence la victime ne peut prétendre qu’à la valeur de remplacement de la chose et non
pas au cout de la réparation. Il est donc Impossible de réparer la chose puisque le coût de
remplacement excède la valeur de la chose.
Lorsqu’il s’agit d’une voiture de collection, certains arrêts ont pu retenir la valeur de réparation
et non pas de remplacement. (Chose unique)= Limite du principe.
b. Le dommage corporel
La mise en œuvre de cette réparation peut poser des problèmes en matière des dommages
extrapatrimoniaux, puisque ce préjudice ne peut être évalué de manière précise par le juge. Il
est en effet difficile de « doser » les souffrances ou les « impressions psychologiques ». En effet,
les sentiments éprouvés lors d’un événement donné varient d’une personne à l’autre et ne
peuvent être réellement évaluées.
Dans toutes ces hypothèses les Dommages-Intérêts jouent un rôle plutôt satisfacteur que
compensateur (symbolique). On prend l’exemple de ce qui s’est passé en France après l’attaque
terroriste du Vendredi 13 Novembre 2015. La somme alloué ne va pas rendre à la victime son
bras par exemple.
La révision de l’indemnité peut être motivée par la modification des éléments intrinsèques du
dommage. Après la transaction ou la décision judiciaire, il se peut que le dommage vienne à se
modifier soit dans le sens d’une diminution soit dans celui d’une aggravation des conséquences
du dommage.
C’est surtout le cas des accidents corporels ayant entrainés au début une incapacité temporaire
par exemple. Il peut s’avérer par la suite qu’il y a aggravation du dommage.
Ce qu’il faut retenir c’est que lorsqu’il y a amélioration de l’état de la victime, aucune révision
n’est admise dans le sens d’une diminution des droits de la victime.
En revanche, en cas d’aggravation de l’état de la victime, la jurisprudence se montre favorable à
la révision. En effet, la jurisprudence considère les aggravations comme des dommages
nouveaux susceptibles de justifier l’allocation d’une indemnité supplémentaire. Il y a donc un
double dommage.
Les juges de fond traitent les questions de faits. L’évaluation du préjudice étant une question de
fait (et non pas de droit), relève du pouvoir souverain du juge.
Question de fait= Traitée par les juges du fond (Juge du tribunal et de la cour d’appel)
Question de droit=Traitée par les Juges de la cour de cassation qui vérifient si la décision des
juges du fond n’a pas violé la loi. (Mauvaise interprétation d’un article par exemple)
Les juges du fond disposent d’une grande liberté d’appréciation pour fixer le montant de
l’indemnité, ils n’ont pas à justifier les moyens d’appréciation pour l’évaluation du dommage et
qui ont servi à la détermination du montant de l’indemnité.
Lorsqu’un même fait dommageable a donné lieu à plusieurs préjudices, les juges du fond vont
procéder à une évaluation globale sans pour autant préciser le détail des sommes alloués pour
chaque chef de dommage.
Cependant, cette liberté d’appréciation des juges trouve une limite : Elle peut se heurter au
contrôle de la Cour de Cassation. La Cour de Cassation va vérifier si le juge s’est référé au
principe de la réparation intégrale du préjudice.
La Cour de Cassation veille également à ce que l’évaluation soit réalisée in concreto, d’une
manière subjective par les juges du fond puisqu’il n’y a pas un barème pour évaluer un
préjudice.
Beaucoup d’auteurs pensent que le contrôle de la Cour de Cassation est faible et que cette
dernière doit être sévère en montrant une rigueur vis-à-vis du juge.
Titre II- Les aménagements du droit à réparation
Le principe de la réparation intégrale est parfois tenu à l’échec à travers certains aménagements
qui peuvent émaner d’une loi ou d’un contrat.
La plupart des dispositions législatives ayant trait à l’aménagement visent en effet à limiter
l’étendu de la réparation mais sans pour autant retirer au juge le pouvoir d’appréciation. Ainsi, le
juge garde son pouvoir d’appréciation quant à l’étendu de la réparation, mais reste encadrer
dans la mesure où il ne pourra dépasser le plafond légal.
Seulement, il arrive que le juge perde ce pouvoir d’appréciation. De ce fait, le législateur en droit
français peut évaluer lui-même les Dommages-Intérêts. C’est le cas par exemple en matière de
dommages et intérêts pour retard de paiement.
L’article 1151 du Code Civil français, indique de son côté que le dommage indirect n’est
également pas pris en considération. Il s’agit là de la conséquence découlant de l’exigence d’un
lien de causalité entre le fait générateur et le dommage.
Les articles 1150 et 1151 n’ont par ailleurs pas leur équivalent en droit marocain.
Le législateur intervient dans certains cas directement dans l’évaluation des Dommages et
Intérêts et ce en fixant un plafond que le juge doit respecter. Cette disposition légale est édictée
en faveur du débiteur puisque les dommages pourraient être beaucoup plus importants que le
plafond fixé par le législateur. Ce plafonnement légal a pour objet de faciliter l’évaluation des
risques en matière de responsabilité civile afin de permettre une couverture par le biais de
l’assurance sans laquelle l’équilibre financier du débiteur et sa solvabilité pourraient être
compromis lors de la survenance d’un sinistre. Cet argument a été invoqué notamment en
matière de transport aérien et maritime pour justifier les plafonnements légaux :
Par le Traité de Varsovie le 12 octobre 1929, qui fixe le régime applicable en matière de
responsabilité civile des transporteurs aériens à l’égard de certains dommages
spécifiques.
Par la convention de Bruxelles du 20 Avril 1961, qui prévoit un plafonnement légal en
matière de transport maritime.
Toutefois, toute faute intentionnelle inexcusable en matière de transport écarte la limitation.
Il faut noter que ces textes qui limitent les droits de la victime s’étendent également aux
victimes par ricochet.
Les articles 1153, 1154, 1155 du Code Civil français prévoient des mesures particulières pour
l’indemnisation des dommages :
Les dommages et intérêts moratoires surviennent lorsque le dommage subi provient du retard
de l'exécution, à la différence des dommages et intérêts compensatoires qui interviennent
lorsqu'ils sont dus à l'inexécution ou à la mauvaise exécution d'une obligation ou d'un devoir
juridique.
Les textes du DOC qui traitent les intérêts (article 261 et suivants) ne contiennent aucune
disposition analogue à celle de l’article 1153 du Code Civil français. Ainsi, le juge marocain doit
dans tous les cas rechercher la perte effective que le créancier a éprouvée et les gains dont il a
été privé. Ce qui revient à dire qu’il est à la charge du tribunal d’évaluer au cas par cas le
montant des dommages et intérêts à allouer.
En ce qui concerne, la capitalisation des intérêts, appelée l’anatocisme, c’est l’opération par
laquelle les intérêts échus et non payés s’ajoutent au capital. C’est ce que prévoit les articles
1154 et 1155 du code civil français. Cette disposition n’a pas son équivalent non plus Au Maroc.
Les parties à un contrat ont la possibilité d’organiser la responsabilité contractuelle. Ils peuvent
en effet alléger, voir supprimer les effets de la responsabilité par le biais des clauses limitatives
ou exonératoires de responsabilité (Section 1). Les parties peuvent également aménager la
responsabilité par le biais des clauses pénales (Section 2) qui permettent au contractant de
prévoir à l’avance le montant éventuel de Dommages et Intérêts.
Nous constatons alors que ces clauses sont légitimées au nom de la liberté conventionnelle
fondée sur l’autonomie de volonté à condition de respecter l’ordre public et les bonnes mœurs.
Se poserait la question de savoir si l’on peut s’engager et ne pas répondre en même temps à cet
engagement ?
La responsabilité contractuelle implique justement le respect de son propre engagement et ce
conformément à l’article 230 du DOC qui stipule que « Le contrat est la loi des parties ».
Cependant, si en vertu, de la liberté contractuelle ces clauses sont valables, elles ne doivent pas
contrevenir à la réglementation impérative d’une part, et ne doivent pas porter sur une
obligation essentielle du contrat d’autre part. C’est ce que prévoit la jurisprudence.
Du DOC
- Article 232 du DOC, pose un principe, selon lequel, on ne peut pas exclure sa responsabilité
d’avance en cas de faute lourde ou dol. (Clause nulle)
- Article 737 du DOC, qui interdit les clauses limitatives ou exclusives de responsabilité en
matière de location d’ouvrage.
- Article 806 du DOC, selon lequel, toute stipulation tendant à exonérer le dépositaire de sa
responsabilité pour perte ou détérioration de la chose par son fait ou sa négligence est
nulle.
- Article 743 du DOC, relatif à la responsabilité de l’hôtelier.
- Article 62 du DOC, qui interdit les conventions d’irresponsabilité en cas de dommage
corporel. Ceci est retrouvé même en matière délictuelle
Des Textes spéciaux qui ont établis des interdictions de déroger aux règles de
responsabilité
- Article 751 du DOC, en matière de contrat de travail, les parties ne peuvent pas à l’avance
éluder la responsabilité qui sera encourue en cas de rupture abusive
- Article 195 du décret du 10 Juillet 1962, portant réglementation de l’aéronautique
De la Jurisprudence française
La clause pénale est un moyen de pression pour inciter le débiteur à exécuter ses obligations.
Elle permet aux deux parties de prévoir à l’avance le montant éventuel des Dommages et
Intérêts que l’auteur du dommage va devoir payer.
La validité de ces clauses est affirmée en droit français par l’article 1152 du CCF. Cet article
s’avère sévère puisqu’il stipule que lorsqu’on prévoit un dédommagement, son montant doit
être respecté. Or dans certains cas la victime n’est pas du tout protégée et c’est pour cette
raison que cet article a été complété par la loi française du 9 juillet 1975 qui confère désormais
aux juges le pouvoir de modérer ou d’augmenter la somme convenue si celle-ci est
manifestement excessive ou dérisoire. Dans ce cas la volonté des parties est contrecarrée par les
juges.
Le DOC quant à lui n’a consacré la clause pénale qu’en 1995, mais en pratique il en a été fait
usage entre les contractants (Sauf qu‘elle n’était pas appelé clause pénale)
(Par exemple : dans les pénalités de contrat de livraison de biens ; contrats de construction).
Comme en France, l’article 264 du DOC reconnait au tribunal la possibilité de réduire ou
d’augmenter le montant s’il est jugé excessif ou dérisoire.
L’on retient que les dispositions de l’article 264 sont d’ordre public. Par conséquent, on ne peut y
déroger.
La clause limitative de responsabilité a pour but de fixer un plafond qui ne peut pas être
dépassé.
La clause pénale fixe un montant déterminé à l’avance qu’on appelle forfait. Le juge peut
intervenir pour l’augmenter ou le diminuer.
La clause pénale par rapport à la clause limitative de responsabilité a été considérée comme un
instrument de tyrannie des groupes puissants.
Certains auteurs ont soutenu que les clauses limitatives de responsabilité contrairement à la
clause pénale étaient considérées comme des obligations de moyens alors qu’en matière de
clauses pénales, elles étaient considérées comme des obligations de résultats.