Rivures

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Rivures

J.F. Debongnie

7 novembre 2012

Table des matires


1 Gnralits 2
2 Pratique de la rivure 2
2.1 Types de rivets, et leur pose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
2.2 Gamme des oprations d'excution d'une rivure . . . . . . . . . . 5
3 Calcul des rivures 5
3.1 Section du rivet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
3.2 Rsistance des pices assembles . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3.2.1 Section nette et coecient d'utilisation de la tle . . . . . 6
3.2.2 Contrainte nominale de la tle . . . . . . . . . . . . . . . 8
3.2.3 Pince longitudinale et pince transversale . . . . . . . . . . 8
4 Vrication des rivets 9
4.1 Calcul l'adhrence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
4.2 Calcul au cisaillement et la pression de contact . . . . . . . . . 10
5 Rivets sollicits en traction 12

1
1 Gnralits
Les rivures constituent des assemblages permanents. Selon leur destination,
on distingue traditionnellement
 les rivures de force, que l'on rencontre dans les constructions mtalliques
en acier ou en mtaux lgers ;
 les rivures de force et d'tanchit, en chaudronnerie ;
 les rivures d'tanchit, dans les rservoirs, les chemines en tles, les
tuyauteries sans surpresssion ;
 les rivures de liaison des lments de tles ( aviation, automobile).
Dans beaucoup d'applications, les rivures ont t supplantes par la soudure.
Une rivure demande en eet plus de travail, et les pices soudes sont plus
simples et moins chres. En outre, le faonnage des rivets la bouterolle soumet
l'oue des ouvriers rude preuve. Cependant, les rivures sont trs sres et d'un
contrle trs facile (au son, quand on frappe l'assemblage). Par ailleurs, dans le
cas des alliages lgers, on prfre encore souvent la rivure qui permet d'viter
les consquences de l'chauement de soudage.

2 Pratique de la rivure
2.1 Types de rivets, et leur pose

Le rivet plein se prsente avant pose comme une tige possdant une tte, la
tige ayant une longueur susante pour pouvoir former la deuxime tte. Pour
assembler des picesPd'acier dont la somme des paisseurs est t, la tige doit
P
avoir une longueur t + f , avec f = (1, 5 1, 7)d (g. 1). Le diamtre d du

Figure 1  Rivet avant pose


trou est suprieur au diamtre d1 du rivet, pour faciliter la pose :
d d1 + 1mm (d1 10mm)
Pour les mtaux lgers, on a
d d1 + 0, 1mm (d1 10mm)
d1 + 0, 2mm (d1 > 10mm)

2
Il existe deux manires de poser les rivets : chaud ou froid.
1. Les rivets d'acier ayant un diamtre de 10mm et plus sont poss chaud.
On porte le rivet la temprature du rouge clair ( 900 C ), on forme la
tte la bouterolle et on maintient celle-ci en place jusqu' une tempra-
ture de l'ordre de 500 C (g 2). En se refroidissant, le rivet se contracte et

Figure 2  Faonnage du rivet

provoque un serrage important des tles. La contrainte du rivet avoisine,


pour les qualits les plus tendres (acier : Rm = 340M P a), la limite las-
tique. Il en rsulte que l'assemblage est capable de reprendre de grands
eorts transversaux au rivet par frottement. ce fait peut tre mis prot
dans les rivures d'tanchit, ainsi qu'en fatigue (g. 3).

Figure 3  Comportement du rivet mont chaud

2. Les rivets d'acier de diamtre infrieur 10mm, ainsi que les rivets de
mtaux lgers et de cuivre sont monts froid. Le serrage rsiduel reste
faible et on ne peut compter sur un eort de frottement important. La
transmission de l'eort dans ces rivures se fait ici essentiellement par ci-
saillement du rivet et pression des tles sur le manteau de sa tige (g. 4).

Pour les applications o la tte ne peut dpasser de la tle, on utilise des rivets
tte noye, dont l'une des ttes est noye dans une fraisure. La scurit est

3
Figure 4  Comportement du rivet mont froid

moins grande et la main-d'uvre est plus coteuse (g5).

Figure 5  Rivet tte noye

Les rivets creux (g. 6) s'utilisent surtout en construction aronautique, dans


les appareils de prcision, dans l'industrie lgre ou encore, pour assembler des
pices de cuir. Lorsqu'un des cts est inaccessible, on utilise le rivet borgne,

Figure 6  Rivet creux


encore appel rivet POP. Il s'agit d'un rivet creux dans lequel passe un mandrin
paul. On introduit le rivet avec son mandrin dans le trou, puis on tire sur le
mandrin en prenant appui sur la tte apparente du rivet. Le mandrin forme la
seconde tte du rivet, puis casse (g 7).

Figure 7  Rivet borgne, encore appel rivet POP

4
2.2 Gamme des oprations d'excution d'une rivure

1. Il faut d'abord faire un plan de la rivure pour dterminer le nombre et la


position des rivets.
2. Traage : aprs avoir blanchi la tle, on marque les axes avec une pointe
d'acier dur. On marque alors les centres au pointeau.
3. Perage des trous. Jadis, ce perage de faisait par poinonnage. Il en rsul-
tait un fort crouissage qui rendait le trou fragile. Actuellement, les trous
sont fors.
4. S'il y a lieu, cintrage des tles.
5. Pose des rivets.
6. Pour les soudures d'tanchit, on eectue un rematage (g 8).

Figure 8  Matage classique (a) et matage anglais (b)

 Le matage classique consistait chanfreiner les tles, puis en presser


le biseau avec un matoir, sorte de burin mouss.
 La matage anglais, plus rapide, consiste faire une rainure l'extr-
mit de la tle l'aide d'un burin mont sur marteau pneumatique.
On peut alors mater la partie infrieure de la rainure. L'avantage est la
disparition de l'opration de chanfreinage.
 Les ttes de rivets sont galement mates, sauf pour les trs faibles
paisseurs, pour lequelles on utilise des joints.

3 Calcul des rivures


3.1 Section du rivet

Lorsque le modelage du rivet est parfait, le trou est entirement rempli.


cependant, cette condition ne peut tre vrie que si le rivet n'est pas trop
long. Un rivet trop long peut en eet amber lors du faonnage, ce qui rend le
remplissage imposssible (g 9). C'est pourquoi il convient de respecter la rgle
[1, 4]
(1)
X
t 4d
C'est une rgle de bonne pratique. Si elle n'est pas respecte, il y a lieu de
majorer la section du rivet [1].

5
Figure 9  Flambage d'un rivet trop long

3.2 Rsistance des pices assembles

3.2.1 Section nette et coecient d'utilisation de la tle


Les trous de rivets aaiblissent les tles. Sans tenir compte de l'invitable
concentration de contrainte (qui ne joue pas un rle fondamental en statique), on
dnit la section nette en soustrayant la section brute la somme des diamtres
de rivets. Le coecient d'utilisation est par dnition le rapport entre la
contrainte qui existerait en l'absence de trous et la contrainte nominale calcule
dans la section nette. pour une simple range de n rivets (g. 10), on a donc

Figure 10  Notion de section nette

An (` nd)t
= =
Ab `t
S'il y a plusieurs ranges de rivets, le problme est plus complexe. Consi-
drons une rivure double couvre-joint et trois ranges de rivets, la range
extrieure tant incomplte (g11). On admet dans les calculs que chaque rivet
reprend une charge gale. Il faut alors suivre la progression de l'eort. Dans la
zone dlimite sur la gure, le nombre de rivets qui se partagent l'eort F est
donn par (3 + 4 12 ) = 5. L'eort par rivet est donc ici F/5. On peut donc
tablir le tableau suivant pur les tles assembles :
Section eort section nette contrainte nominale
I F (a d)t F
(ad)t
II 4
5F (a 2d)t 4 F
5 (a2d)t
III 2
5F (a 2d)t 2 F
5 (a2d)t

6
Figure 11  Rivure double couvre-jont trois ranges de rivets, la premire
tant incomplte

La section dangereuse sera la section I si


1 4

ad 5(a 2d)
soit si
5a 10d 4a ad
ce qui donne
a 6d
ce qui est gnralement le cas. On a alors
ad d
= =1
a a
Posant, par exemple, a = 7d, on obtient un coecient d'utilisation
6
= = 0, 86
7

Remarque On notera que si la premire range avait t complte, on aurait


eu en tout 6 rivets, ce qui aurait men au tableau suivant :
Section eort section nette contrainte nominale
I F (a 2d)t F
(a2d)t
II 4
6F (a 2d)t 4 F
6 (a2d)t
III 2
6F (a 2d)t 2 F
6 (a2d)t

La contrainte dans la range I aurait alors t gale 1,5 fois celle de la range
II. C'est ce qui justie la premire range incomplte.
Revenant au cas de la rivure premire range incomplte, le couvre-joint
peut tre dcoup en sinusode sur son bord, ce qui rduit sa section brute de
moiti, mais cet endroit les couvre-joints ne reprennent encore qu'un cinquime
de la charge. Cette forme du bord est prfrable pour l'ecacit du matage dans
le cas de rivures devant assurer l'tanchit.

7
3.2.2 Contrainte nominale de la tle
On dnit naturellement la contrainte nominale de la tle par
F
nom = (2)
A
ce qui mne la scurit
s=
(lim ) tle (3)
nom
Pour une sollicitation statique, lim = Re et une scurit normale sera de l'ordre
de 1,25 1,5.

3.2.3 Pince longitudinale et pince transversale


D'autre part, il convient de mnager une pince longitudinale e susante pour
viter la dchirure du mtal (g. 12). Des accidents se sont produits du fait de

Figure 12  Pince longitudinale e et pince transversale e0

la ngligence de cette condition [1], qui ne doit donc pas tre perdue de vue. Ce
type de ruine se faisant par cisaillement technologique, on utilise la contrainte
nominale
F
= (4)
2zet
o z est le nombre de rivets correspondant la charge F . En admettant une
limite de cisaillement technologique lim = 0, 8Re, et une scurit de 1,25, on
obtient la condition
F
e 0, 78
tRe
que les rgles CM66 arrondissent
F
e 0, 8
tRe
En outre, les mmes rgles xent une second condition :
e 1, 5d

ce qui donne nalement


 
F
e max 1, 5d , 0, 8 (5)
tRe

8
Figure 13  Billement d'une tle rive trop prs de son bord et oxydation
conscutive.

Cependant, il ne faut pas exagrer la pince longitudinale, pour viter l'oxydation


par billement (g.13). De bonnes valeurs sont
e 4d (pice pince entre deux autres)
2, 5d (autres cas) (6)
Pour la pince transversale e0 , prendre
e
e0 (7)
2

4 Vrication des rivets


On utilise gnralement des rivets lgrement plus doux que les matriaux
assembler. Le principe est qu'un ruine de la rivure est moins grave qu'une ruine
des pices assembles.

4.1 Calcul l'adhrence

Lorsque les rivets sont monts chaud, ils se contractent en se refroidissant,


ce qui provoque un fort serrage des pices assembles. Des essais ont montr que
la contrainte dans le rivet dpasse toujours 70% de sa limite lastique et, pour
des rivets tendres, avoisine celle-ci [1, 2, 3, 6]. il en rsulte que l'assemblage peut
reprendre un eort important par frottement des pices l'une sur l'autre. Si
est la contrainte dans le rivet, cet eort vaut
d2
F =
4
o est le coecient de frottement. Pour des conditions favorables (tles d'acier
doux nettoyes au chalumeau), on peut compter sur un coecient de frottement
= 0, 45. Notant alors = , on peut compter sur une valeur

lim = 0, 7Re(rivet) (8)


Ds lors, si l'on dimensionne la rivure l'adhrence, la scurit d'une rivure
z rivets et n surfaces de frottement (g. 14) soumise une force F sera donne
par
2
zn d4 lim
s= (9)
F
Comme en cas de glissement, il existe encore une rserve de rsistance par ci-
saillement, la scurit pourra tre trs limite (jusqu' s=1).

9
Figure 14  Deux surfaces de frottement

Ce mode de raisonnement s'impose pour les constructions o se posent des


problmes d'tanchit (chaudronnerie). On considre galement qu'il constitue
une base raisonnable du calcul la fatigue, car l'adhrence vite le contact
direct entre les tles et les rivets. Cependant, ce calcul ne s'applique ni aux
rivets d'acier de petites dimensions, ni aux rivets non ferreux, qui se posent
froid.

4.2 Calcul au cisaillement et la pression de contact

Pour des charges dpassant la limite de glissement (et pour les rivets poss
froid, quelle que soit la charge), l'eort passe par le contact entre le rivet et
les pices assembles. Il importe plus que jamais que le rivet rmplisse bien son
trou si l'on veut viter l'arrachement de sa tte (g. 15)

Figure 15  Rivet pos froid : il faut que le rivet soit bien ajust au trou,
sous peine d'arrachement de sa tte.

1. On vrie d'abord le rivet au cisaillement technologique


F lim
= 2 (10)
zn d4 s

On admet gnralement la limite


lim = 0, 8lim (11)
2. D'autre part, il faut viter que la pression de contact entre les pices
assembles et le rivet ne soient trop importantes. Cette pression, suppose
uniformment rpartie sur la demi-circonfrence du rivet (g. 16), vaut
Frivet
p= (12)
dt
Cependant, dans les rivures simplement cisailles, la rpartition des pres-
sions est trs ingale (g17). Cet eet s'attnue trs nettement pour des

10
Figure 16  Pression de contact

Figure 17  Rpartition des pressions de contact

rivures multiplement cisailles. On dnit donc un coecient r de rpar-


tition des pressions :
r = 1, 11 (rivure simplement cisaille)
= 1 (rivure multiplement cisaille) (13)
La condition vrier est alors
plim
r p (14)
s
D'une manire assez gnrale, la limite de pression est
plim = 2lim (15)
Si l'on dimensionne la limite lastique, cette valeur de plim met l'abri
de dformations plastiques apprciables. S'il s'agit, par exemple, de river
un support de pice mcanique, il faudra obtenir une scurit normale.
Mais dans les assemblages du gnie civil, qui ne demandent pas un dimen-
sionnement prcis, on peut descendre jusqu' 0,6 fois la scurit habituelle.
Dans les assemblages courants, la condition sur la pression diamtrale ne
joue que rarement un rle. Considrons par exemple un assemblage double
couvre-joint, gure 18. La pression ne sera dimensionnante que si
d2
2plim dtmin 2 lim
4

11
Figure 18  Comparaison entre la pression de contact et la rsistance au ci-
saillement

soit
d 4 plim 4 2Re
= 3
tlim lim 0, 8Re
Or, on n'utilise jamais d'aussi gros rivets, car ils pourraient reprendre la charge
tout en tant trs distants les uns des autres. Les tles auraient alors la possibilit
de biller (g 19) ce qui est prjudiciable l'tanchit, la tenue la corrosion

Figure 19  Billement de pices lies par des rivets trop carts

et mme la rpartition des eorts. Pour xer les ides, voici des formules
empiriques en usage en Allemagne [5] :
r
d tmin
50 2 (acier) (16)
mm mm
d 2tmin (alliages lgers) (17)

5 Rivets sollicits en traction


La traction est une solllicitation dangereuse pour les rivets. En l'absence de
prcautions spciales, une traction excentre risque d'arracher les ttes (g20).
Il faut donc raidir l'aide de voiles les pices portant les rivets. Dans ces
conditions, le rivet peut reprendre par extension une charge gale sa limite
lastique. Si le rivet est pos froid, c'est vident. Si le rivet est pos chaud,
il se comporte comme un boulon prcontraint, et la plus grande partie de la
charge est en fait reprise par dtente des tles. On a donc
lim = Re, lim = 0, 8Re
et la formule classique
1 2 2
= 2 + 2
s2 lim lim

12
Figure 20  Rivets en traction, avec cornires : risque d'arrachement des ttes
de rivets

Figure 21  On amliore sensiblement les choses en raidissant les cornires par


des voiles

est d'application avec les limites ci-dessus [1, 3].

13
Rfrences
[1] Rgles de calcul des constructions en acier (rgles CM66)  Paris, 1979.
[2] C. Massonnet  Rsistance des matriaux, second d., Sciences et Lettres,
Lige, 1967.
[3]  , lments de statique des constructions, vol. 2. Constructions mtalliques,
AEES, Lige, 1970.
[4] G. Niemann  Maschinenelemente, 2. d., Springer, Berlin, 1975.

[5] H. Roloff et W. Matek  Maschinenelemente, 7. d., Vieweg, Braunsch-


weig, 1976.
[6] W. Wilson et W. Olivier   Tension tests of rivets , Univ. Illinois Eng.
Exp. Sta. Bull 210.

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