Chimiotherapie Antivirale

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Traitement des infections

virales

Dr. ILES FZ

I. Introduction:

Premiers traitements antiviraux: annes 1960


Vaccination antivariolique: 1796
Dveloppement lent et difficile de la chimiothrapie antivirale
dfaut dtre virulicides, les antiviraux sont virostatiques
inhibant la multiplication des virus

Sites de rplication virale


Les virus dpendent troitement de la cellule hte, ce ne sont pas des entits
viables par elles mme; le virus exploite le mtabolisme de la cellule, les voies
mtaboliques sont donc identiques.
Sites cellulaires de rplication variables : ADN noyau (sauf pox, irido); ARN
cytoplasme (sauf retro, orthomyxo, borna, delta)

Cytoplasme
Virus ARN (sauf Rtro,
Orthomyxo)
Et Pox
Mixte
Rtro
Et
Hpad
na

Noyau

Virus ADN (sauf Pox)


Et
Orthomyxovirus

Des dcouvertes progressives


2007 : Maraviroc / Raltgravir (HIV)
2006 : Tlaprevir (HCV)
2001 : Tnofovir (HIV - HBV)
1997 : Enfuvirtide (HIV)
1996 : Cidofovir (CMV)
1995 : Saquinavir (HIV) / Lamivudine (HIV-HBV)
1993 : Zanamivir (influenza) / PMPA (HIV)
1990 : Nevirapine (HIV)
1987 : AZT (HIV)
1977 : Acyclovir (HSV)
1972 : Ribavirine
1964 : Amantadine

II- Cibles de la chimiothrapie antivirale


Les diffrentes tapes de la multiplication virale sont des
cibles potentielles pour les antiviraux.
1- Inhibiteurs dentre:
Attachement, Fusion-pntration
2- Dcapsidation
3- Rplication: Transcriptase reverse , ADN polymrases,
ARN messagers, Integrase
4-Etapes finales de la multiplication: protases
5- Libration

Cibles potentielles des antiviraux


Pntration

Dcapsidation
Rplication

Fixation

Transcription

Maturationassemblage
Libration

III- Les diffrentes classes dantiviraux

1-Inhibiteurs dentre:
a- Attachement:
la surface des membranes cellulaires des structures complexes
servent de rcepteurs ou co-rcepteurs spcifiques pour
lattachement des virus. les plus tudis sont les rcepteurs CD4
et les co- rcepteurs CCR5 et CXCR4 qui fixent le VIH par
lintermdiaire de la GP120.

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Maraviroc : mode daction


Le maraviroc est un inhibiteur allostrique du
rcepteur CCR5
Puissante activit antivirale in vitro et in vivo sur les
virus CCR5 tropiques, y compris ceux multi-rsistants
aux autres classes dARV, mais pas sur les virus
CXCR4 ou de tropisme dual/mixte
gp120

Rcepteur
libre

Site de liaison du
gp120 sur le CCR5
Haute affinit

MVC ( )
li au
CCR5

Site de liaison
bloqu par MVC
Trs faible affinit

Blocage
entre du virus

Dorr P, Antimicrob Agents Chemother 2005;49 :4721-32; Mosley M, CROI 2006, Abst. 598

b- Inhibiteurs de fusion
l'enfuvirtide= T20
Cette molcule bloque la fusion entre
lenveloppe virale du VIH et la
membrane cellulaire, qui se fait grce
la GP 41
Le mcanisme d'action de l'enfuvirtide
est de se fixer sur la gp41 et empchant
ainsi le virion d'amorcer la squence de
fusion-lyse, qui en temps normal
aboutit la pntration de la capside du
VIH dans le cytoplasme de la cellule.

2- dcapsidation:

Rappel: virus de la grippe

Les inhibiteurs de dcapsidation:


Deux molcules: Amantadine, Rimantadine
Traitement prventif de la grippe A, inactif sur la grippe B
(absence de protine M2)
Ils agissent sur la pompe proton de la protine M2 des virus de
la grippe A et empche lacidification de lintrieur du virus
empchant leur dcapsidation et par consquent la libration du
gnome.
Lmergence rapide de mutants rsistants ces molcules limit
leur utilisation.

3- Inhibiteurs de lintgration:
Pour le VIH: bloquent ltape de transfert du brin dADN vers
lADN cellulaire=Virion
Ex: Raltegravir

4-Les inhibiteurs de la rplication:


En fonction des familles de virus , la synthse des
acides nucliques viraux ncessite des enzymes prsents
uniquement dans les cellules infectes et codes par le
gnome viral, cest le cas de :

L ADN polymrase
La Transcriptases inverse

Rappel: nucloside-nuclotide
Un nucloside correspond un sucre+une base.
Il est phosphoryl en nuclotide par des kinases au niveau du
cytoplasme

base.

sucre

Les dsoxyribonuclotides triphosphates des quatres


bases(A-T-C-G) sont des substrats des ADN polymrases.

3.1 Analogues nuclosidiques


modification de leur sucre ou de leur base purique ou
pyrimidique.
Comme les nuclosides , ils doivent tre phosphoryls pour tre
actifs.ils sont donc triphosphoryls pour exercer leur activit
antivirale.

Phosphorylation:
- Cellulaires: (kinases )
- Virales: (tymidine kinase HSV, VZV), Phosphotransfrase
(CMV)
Cest la premire phosphorylation qui est assure par les
enzymes virales, la deuxime et troisime est assure par les
kinases cellulaires.

Mode daction des IN


Il se fait de diffrentes faons, souvent additives:
- Comptition avec le substrat naturel
- Blocage de llongation par incapacit de fixer un autre
nucloside sur lanalogue artificiel

Les diffrentes classes d'inhibiteurs


nuclosidiques
Analogue nucleosidique par substitution du sucre.+++++
Analogue nucleosidique par substitution de la base.

Analogues nucleosidiques par


substitution de sucre:
Molcules anti HSV, VZV et CMV
Acycloguanosine:Aciclovir
Ganciclovir
Molcules anti VIH (reverse transcriptase)
Zidovudine,=Azidothymidine

Molcules anti VIH et anti hpatite B (HBV)


Lamivudine
Molcules anti VHB
Entcavir

Aciclovir : mcanismes d'action


G

Spcificit

Aciclovir: spcificit

Exemples d'analogues nuclosidiques


G

Valaciclovir

Valganciclovir

Zidovudine

Lamivudine

Entecavir

Valopicitabine

Analogue nucleosidique par substitution de la base


(Ribavirine)
La ribavirine est un analogue de ribonucloside : la base drive
de la guanine, mais le sucre reste le ribose.
Cet analogue doit tre triphosphoryl pour agir.
La ribavirine est utilise dans le traitement des infections lies
des virus ARN :
Virus de lhpatite C (VHC).
Virus respiratoire syncytial (VRS).
Virus des fivres hmorragiques (fivre de lassa, fivre
hmorragique avec syndrome rnal FHSR).
La ribavirine est toxique pour les globules rouges : (Anmie
hmolytique) elle est contre-indique au cours de la grossesse.
On l'utilise dans le traitement de l'hpatite chronique C, en
association avec l'interfron .

3.2 Analogues nuclotidiques :


Adfovir (analogue de ladnosine) VIH+VHB
Tnofovir (analogue de ladnosine) VIH+VHB
Cidofovir (analogue de la cytosine) CMV

Adfovir : la voie des phosphonates

Exemples d'analogues nuclotidiques


(phosphonates)

3.3 Analogues non nuclosidiques de la RT:


Ex: Nevirapine
Ces molcules agissent de manire non comptitive sur la RT.
Les inhibiteurs non nuclosidiques de la transcriptase
inverse (INNTI) sont des molcules qui se lient directement
des acides amins hydrophobes proches du site catalytique de
la rtro transcriptase, sans transformation pralable.
Leur activit est importante.
Agissent uniquement sur le HIV-1 mais cause de
l'apparition rapide d'une rsistance (croise avec toutes les
autres molcules), ces produits ne sont utiliss qu'en
association avec des inhibiteurs nuclosidiques et/ou des
antiprotases.

Les analogues non nuclosidiques de la RT

Pauwels, Current Opinion in Pharmacology 2004, 4:437446

3.4 drivs des pyrophosphates:


Acide phosphonoformique=foscarnet

Le foscarnet est un analogue de pyrophosphate, inhibant


lADN polymrase du CMV, sans tre mtabolis dans la
cellule.

il forme un complexe avec lADN polymrase au site de


fixation du pyrophosphate empchant ainsi la sparation entre
pyrophosphate et nucloside triphosphate et inhibant
lextension.

Indication : Utilis en perfusions, dans les infections CMV,


et HSV et VZV devenus rsistants l'acyclovir chez les
patients immunodprims.

Effets secondaires : toxicit rnale, hypocalcmie

Foscarnet
PFA, sel trisod de lacide phosphonoformique (1987)

Antiviral
large spectre
inhibant la
multiplication
de tous les
herpesviridae

ADN polymrase
UL54

dNTP

O
HO-P-C

ADN + HO-P-O-P-OH
OH OH
pyrophosphate

PFA
OH

OH

Fixation non comptitive, slective et rversible, sur le site de


liaison du rsidu pyrophosphate prsent sur lADN polymrase

P
Dsoxyribonucloside
5phosphate

Dsoxyribonuclotide
triphosphate

PFA
P

pyrophosphate

5- Les inhibiteurs de la maturation


Anti protases:
La protase du HIV pour rle de cliver des prcurseurs
protiques pour gnrer des protines actives ; sans ce clivage
les particules virales produites ne sont pas infectieuses.
Les inhibiteurs de la protase (les IP) sont des
peptidomimtiques de synthse qui se logent dans le site actif
de lenzyme (protase du VIH), et bloque son activit.
Saquinavir, Indinavir, Nelfinavir, Ritonavir, Lopinavir

Inhibition action
de la protease

6- Les inhibiteurs de la libration


Rappel: Virus de la grippe: Libration

Inhibiteurs de la neuraminidase du virus de la grippe


(influenzae A et B)
La neuraminidase intervient en fin de cycle pour cliver les
rsidus dacide sialique qui sont des rcepteurs au virus
Elle libre les virions noforms aprs leur bourgeonnement
Les inhibiteurs de la neuraminidase empche le dtachement des
virions noforms en restant attachs aux rcepteurs (acide
sialique)
- Zanamivir
- Oseltamivir

Action prventive et curative sur les virus de la grippe A et B.


Mutants rsistants rares

Action des inhibiteurs de neuraminidase

Moscona NEJM 353;13 september 29, 2005

Linterferon

IV-mthodes dtude de la sensibilit aux


antiviraux

1-Mthodes phnotypiques :
A- Mesure in vitro de lactivit inhibitrice dun antiviral :

Calcul de la concentration inhibitrice CI50 pour lherpes virus


ou CI90 pour lHIV.

Des cultures de cellules permissives sont infectes par un


inoculum viral de concentration connue en prsence de
concentrations croissantes dun antiviral..

Phnotype : tude de la rplication


d'une souche in vitro
Mise en culture du virus en
prsence de concentration
croissante d'antiviraux

Srum

0,001 100 M
de 3TC, ADV ou TDF

Dtermination des EC50


Virus "sauvage"

Production Virale (%)


100

Virus rsistant
Sauvage

Rsistant

Facteur de
rsistance

0.05

20

80
60
50
40
20
0
0,001

0,01

0,1

10

100

1000

Concentration antiviral (M)

B- Mesure in vivo de la dcroissance de la charge


virale :
Lefficacit virologique dun traitement est value in
vivo par la dcroissance de la charge virale sous
traitement par rapport la charge virale initiale.
Laugmentation des charges virales sous traitement
bien conduit doit faire suspecter une mergence de
souches de virus rsistantes qui chappent au
traitement.

2- Mthodes gnotypiques :
Gnotype de rsistance :

Dtermination de la squence nuclotidique dune rgion du


gnome viral implique dans les mcanismes de rsistance.
Ex1 (VIH ): dtermination de la squence de la polymrase
virale (reverse transcriptase).
Ex2 (VHB):gne de rsistance la lamivudine.

Rsistance: identification des mutations associes la


rsistance
Polymrase

178

TP

336

Spacer

Domaines

680

Transcriptase inverse
G F

RNAse H

83
2

B C D E

GGVFLVDKNPHN TTESRLVVDFS
25
36 37
47

SNLSWLSLDVSAAFYHI VLGFRKIPMGVGLSPFLLAQFTSAICS AFSYMDDVVLG SLGIHLNPNKTT LNFMGYVIGSW


* *
*
*
* * *
* *
*
* *
*
*
* *

75

91

Lamivudine :
rt L80V/I

ETV :

163

189

rt V173L
rt L180M
rt I169T

rt T184S
ADV :
LdT :
rt L80V/I

rt A181T/V

200

210 230

241 247

257

rt M204V/I/S
rt S202G

rt I233V
rt M204I

rt M250L
rt N236T

V- limites de la chimiothrapie antivirales :

Cytotoxicit :
Lmergence de mutants rsistants:
La latence
Spectre dactivit trs troit :

Conclusions
Plus la variabilit virale est importante plus le risque de slectionner une
souche rsistante prexistante est grand.

Plus la molcule est efficace plus le risque de rsistance diminue.

L'observance au traitement s'avre tre un paramtre cl dans la prvention de


la rsistance (tolrance, rythme des prises sont des critres cls).

La combinaison d'antiviraux peut se rvler indispensable pour des virus ayant


un niveau de rplication et un taux de mutations levs. Cette ncessit se
rvlera indispensable pour des traitements de longue dure.

L'utilisation irraisonne de molcules antivirales conduit inexorablement vers


la slection de virus rsistants pouvant se rvler encore plus nfastes que la
souche initiale.

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