Chapitre I

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Chapitre I : Synthse bibliographique

1- Introduction
Notre pays jouit de potentialits naturelles des phosphates dont leur traitement
thermique demande une nergie norme. En effet, de nombreux travaux ont t mens et
dvelopps, dans le but de mettre au point des traitements et des voies de valorisation des
phosphates moins coteuses du point de vue rendement global [7 - 17]. Toutefois, les rsultats
restent incomplets notamment dans le cas du traitement thermique. Un protocole de mlange
chaud, non abord par les chercheurs diffrents chelles, qui sera tudi tout le long de ce
travail de thse a pour objectif deffectuer un traitement thermique des phosphates qui
minimise le cot nergtique tout en respectant les normes dutilisation. Bien entendu, tout
gain nergtique a des consquences bnfiques sur la protection de lenvironnement. Nous
allons dans ce qui suit prsenter une synthse bibliographique permettant dtablir un tat
dart sur le contexte scientifique de notre recherche ; en tenant en compte la situation
industrielle des procds de traitement thermique des phosphates au Maroc. Pour ressortir la
diversit des problmes sur lesquels nous focalisons, nous exposons des gnralits sur : les
phosphates naturels, leffet des impurets et de la calcination sur la qualit du phosphate et de
ces drives et sur les processus de valorisation des phosphates et sur lenvironnement. Enfin,
nous aborderons les phosphates en tant que milieux granulaires afin de prvoir les
comportements des mlanges granulaires.

2 - Les phosphates naturels: effets des impurets et de la calcination sur la


qualit chimiques et les processus de transformation
2. 1 - Aperu sur les apatites
Les apatites sont des minraux de formule chimique gnrale: Me10(XO4)6Y2 o Me
reprsente le plus souvent un cation divalent, XO4 un groupement trivalent et Y un anion
monovalent. Ils admettent un grand nombre de substitutions (impurets) des teneurs parfois
levs qui peuvent modifier fortement leurs proprits physicochimiques. Ils permettent
lincorporation dun grand nombre dlments au sein de sa structure cristalline. A l'chelle
atomique, que ce soit par la cration des lacunes et/ou pour des raisons d'encombrement
strique, les substitutions ioniques modifient les paramtres de la maille de la structure

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apatitique. A plus grande chelle, les substitutions engendrent, de manire gnrale, des
variations de cristallinit, de la stabilit thermique et de la solubilit [18].
Le tableau 1. 1 donne un aperu non exhaustif des diffrentes substitutions pouvant tre
releves sur les sites Me2+, XO43- et Y- [19].
Tableau 1. 1 : Principales substitutions possibles de Me2+, XO43- et de Y- dans le rseau
apatitique Me10(XO4)6Y2 [19].
Me2+

XO43-

Y-

Ca2+

Sr2+

Ba2+

PO43-

OH-

Cd2+

Pb2+

Mn2+

AsO43-

F-

Eu2+

Ed4+

Mg2+

VO43-

Cl-

Cu2+

Al3+

La3+

SO42-

Br-

Nd3+

Na+

Li+

HPO42-

I-

K+

U4+

Th4+

CO32-

CO32-

lacune

...

...

MnO43-

O2-

GeO44-

S2-

SiO44-

lacune

GrO43-

...

...

...
Le rseau apatitique est trs flexible. Il prsente un ensemble de plans, d'axes de
symtrie et de tunnels qui sont une des caractristiques essentielles de 1'apatite. Les tunnels
sont perpendiculaires au plan de rfrence 001 et traversent le cristal d'un bout l'autre, leurs
axes constituent des axes de symtrie. Le diamtre de ces tunnels peut varier entre 3 3.5 A
et ils ont pour intrt l'change avec l'extrieur, par exemple lchappement des gaz et
lapport des lments trangers [19]. Il peut admettre la fois des substitutions anioniques et
cationiques.
La valeur des paramtres de maille, la position des ions, leur rpartition entre les sites,
la dformation des angles et des longueurs de liaison sont bien videmment relies la nature
des ions de substitution: rayon ionique, charge, polarisabilit, lectrongativit, ... etc. Les
grandeurs thermodynamiques comme la solubilit, l'enthalpie de formation vont, elles aussi,
dpendre de ces substitutions [19].

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2. 2 - Aperu sur les phosphates naturels


L'analyse minralogique par diffraction des rayons X de diffrents phosphates montre
qu'ils sont composs principalement d'apatites [16 - 20].
Il existe dans la nature des gisements sous forme de phosphate de calcium suivant deux
origines gologiques connues: (i) origine sdimentaire (le plus rpandu dans le monde 90%)
form, il y a 70 millions dannes dans des lits de sdiments marins par des facteurs
climatique, gographique et de courants ocaniques et (ii) origine volcanique ou ign.
i) Les phosphates sdimentaires (PS) : la plupart des phosphates naturels (PN) du
monde sont d'origine sdimentaire et sont les plus commercialiss [20]. Ils sont
principalement composs du groupe de l'apatite en liaison avec autres minraux accessoires et
impurets. Les PS se trouvent dans des formations d'ge gologique trs diffrent, souvent en
couches paisses relativement horizontales (peu affectes par la tectonique, alpine (atlasique)
pour le Maroc), et peuvent tre la base de terrains de recouvrement peu profonds. Ils sont
reprsents surtout par les ples fluorapatite - hydroxyle [Ca10(PO4)6(OH, F)2] et/ou
fluorapatite carbonate (appele francolites) [Ca10(PO4)6-x(CO3, F)x(OH, F)2] o x est
gnralement voisin de "1" [20]. Les francolites ayant une importante substitution des
carbonates sur le phosphate sont les plus fortement ractives. Elles sont mtastables par
rapport la fluorapatite et peuvent tre systmatiquement altres par les effets combins du
lessivage, du mtamorphisme et du temps. Les phosphates naturels d'un mme gisement
sdimentaire se trouvent sous forme des couches relativement homognes ; chacune delles
ses propres caractristiques selon les conditions gologiques et des altrations aprs dpt
[20]. Etant poreux, ils offrent une plus grande surface spcifique et par consquent une grande
solubilit [16 , 17].

La teneur de CO2 dans les francolites avec excs de fluor varie selon les ges
gologiques. En effet, les roches sdimentaires plus anciennes contiennent gnralement des
francolites avec une quantit limite de substitution carbonate alors que des phosphates
naturels sdimentaires plus jeunes peuvent avoir des compositions qui englobent le modle
francolite (Figure 1. 1).

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CO2(%)
0

Pliocne-Miocne
Eocne
Eocne-Palocne
Paliocne-cretac
Cretac suprieur
Cretac
Permien
Dvonien
Ordovicien
Cambrien
Infracambrien
Prcambrien

Figure 1. 1 : Variation de la teneur en CO2 dans les francolites avec excs de fluor de divers
ges gologiques [20].
ii) Les phosphates magmatiques (igns) : ils sont dorigine volcanique et se diffrent
galement dun dpt lautre et dans la mme mine. Ils ont fourni environ 10% 20% de la
production mondiale des dix dernires annes. Ils contiennent gnralement des varits de
fluoroapatite, d'hydroxyapatite ou de chlorapatite qui sont relativement peu ractives et donc
moins appropries pour l'application directe en fertilisation. Les apatites pures de ces varits
contiennent lgrement plus de 42% de P2O5.
Dautres types de phosphates de moindre importance, existent aussi tels que les
phosphates mtamorphiques ayant une forme intermdiaire de phosphate plus complexes. Ce
sont gnralement des roches sdimentaires qui ont subi des altrations dues la temprature
et la pression, donnant lieu une recristallisation. A cause de leur origine sdimentaire, ils
contiennent les mmes impurets que les PS.
2. 2. 1 - Effet de la substitution carbonate sur les caractristiques des francolites
Les francolites se diffrent des fluorapatites par leurs compositions chimiques [21]. Le
tableau 1. 2 reprsente quelques compositions chimiques moyennes de francolite et de
fluorapatite.

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Tableau 1. 2 : Comparaison entre quelques compositions chimiques moyenne de fluorapatite


et de francolite [21].
Compositions chimiques (%)

Fluorapatite

Francolite

CaO

55.6

55.1

P2O5

42.2

34.0

CO2

0.0

6.3

3.77

5.04

Na2O

0.0

1.4

MgO

0.0

0.7

Le remplacement de certains groupements par d'autres dans le rseau apatitique


s'accompagne gnralement d'une variation des paramtres cristallographiques suivant le
volume des groupements substitus [19 - 21]. Le tableau 1. 3, ci-dessous, rsume les
paramtres cristallographiques du phosphate naturel de Benguerir (Bassins de Gantour),
dhydroxyapatite, de fluorapatite et de francolite.
Tableau. 1. 3 : Paramtres cristallographiques du phosphate naturel de Benguerir compars
ceux des apatites naturelles et synthtiques [22].
Paramtre

Phosphate de

cristallins

Benguerir

9.360

9.421

9.372

6.889

6.882

6.888

Hydroxyapatite Fluorapatite

Francolite
9.369 (Variable avec la
teneur en CO2 et H2O)
6.890 (Variable avec H2O)

La comparaison de ces paramtres avec dautres apatites synthtiques et naturelles


reportes dans la littrature nous permet de conclure que le phosphate des Bassins de
Guantour est compos principalement de la francolite [22]. Il apparat donc que, les
phosphates naturels peuvent tre caractriss par leurs paramtres cristallographiques (a et c)
et leurs teneurs en CO2. Ainsi, la qualit chimique sera, certainement, affecte par les teneurs
du CO2 et de H2O dans la formule des PN.
Dans les francolites, la valeur "a" du paramtre cristallographique diminue de 9.369
0.001 approximativement 9.320 0.001 avec la substitution maximale de carbonates et
une teneur de fluor infrieure celle de la fluorapatite stchiomtrique. La quantit maximale
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de substitution est de 6% 7% de CO2 en poids. La figure 1. 2 reprsente la variation de la


valeur du paramtre cristallographique "a" en fonction de la corrlation des CO32- avec PO43-

3-

PO4 /Poids des formules


"a"

6.8

9.38

6.4

9.37

6.0

9.36

5.6

9.35

5.2

9.34

4.8

9.33

4.4

9.32

4.0

Paramtre cristallographique "a"

Moles PO 43-/Poids des formules

en poids des formules [20].

9.31
0.0

0.2

0.4

0.6

0.8

1.0

1.2

1.4

1.6

2-

Moles CO3 /Poids des formules

Figure 1. 2 : Francolites avec excs de fluor, variation de la valeur du paramtre


cristallographique a et de PO43- en fonction de la corrlation des CO32- [20].
Il apparat que, daprs la figure 1. 2, le paramtre cristallographique "a" diminue avec
la croissance du ratio CO32-/PO43-, et par consquent avec la croissance CaO/P2O5, dans la
formule des PN.
2. 2. 2 - Effet de la substitution carbonate sur la solubilit des francolites
La ractivit chimique est un paramtre principal lors de lattaque du phosphate ou lors
de son utilisation directe. Le comportement de solubilit du phosphore dans les solvants
lgers tels que (i) le citrate d'ammonium neutre (CAN), (ii) l'acide citrique 2 % (AC) et (iii)
l'acide formique 2 % (AF) fournit une trs bonne indication de la ractivit chimique [21].
En outre, les acides minraux dilus peuvent galement tre utiliss pour mesurer la ractivit
chimique du phosphate.

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La solubilit dans le CAN des francolites ayant une substitution maximale de CO32(CaO/P2O5 = 1.67) est d'environ 7 % du P2O5. Cette valeur diminue avec la diminution de la
substitution carbonate jusqu' environ 1 2 % du P2O5. Pour les francolites ayant une
substitution carbonate trs faible (CaO/P2O5 = 1.33), la solubilit est la mme que dans les
apatites magmatiques (Figure 1. 3). Nous notons que, les phosphates marocains ont une
solubilit qui varie entre 4.5 7 %.

S (%) = -20.48 + 16.5 * CaO/P2O5 (%)


R = 0.87

Solubilit dans CAN (% P2O5)

7
6
5
4
3
2
1
0
1.30

1.35

1.40

1.45

1.50

1.55

1.60

1.65

1.70

CaO/P2O5(%)

Figure 1. 3 : Relation entre le ratio CaO/P2O5 en poids et le P2O5 soluble dans le CAN, pour
des francolites en excs de fluor [20].
Daprs ce qui prcde, il apparat que la solubilit des francolites augmente avec la
diminution du paramtre cristallographique "a" et la croissance de degr de substitution
carbonate. Cela veut dire que, seules les carbonates lis avec l'apatite qui dterminent la
solubilit des francolites. Alors que, les carbonates libres affectent la dissolution des
phosphates naturels parce qu'ils sont plus solubles que ces derniers. La prsence des
carbonates en quantit significative peut annuler la solubilit du phosphate naturel [21 - 23].
Ainsi, on note que dautres impurets affectent galement la solubilit [17]. En consquence,
le taux des impurets (composition chimique) dterminent les problmatiques et lgislations

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de la valorisation des PN. Pour cela, on fait toujours recourir aprs toute valorisation des
caractristiques chimiques.
2. 2. 3 - Caractristiques chimiques de quelques phosphates marchants
Les phosphates marchands sont caractriss par leurs proprits physico-chimiques et
minralogiques (teneurs en P2O5, le CaO/P2O5 et les impurets) ; les plus connus dans le
monde sont: de Florida et de Nord de Carolina (USA), de Khouribga (Maroc), de Gafsa
(Tunisie), de Kola (Russie), et de Taba (Sngal). La teneur en P2O5 du phosphate marchand
se situe entre 26 et 38 % (Tableau 1. 4) [24].
Tableau 1. 4 : Composition chimique de quelques phosphates marchands [24].
Karatau

Eastern

Gafsa

Khouribga

Florida

Jordan

Taba

P2O5 %

28.9

28.1

29.6

32.0

32.1

33.9

36.7

CaO %

43.0

49.5

50.4

51.8

47.2

52.0

50.0

SO3 %

0.9

1.5

3.3

1.9

1.1

1.3

0.01

SiO2 %

7.2

8.2

2.8

2.3

8.0

3.2

5.0

F%

3.0

3.2

3.4

3.9

3.7

4.0

5.0

MgO %

2.2

0.8

0.7

0.5

0.5

0.2

0.04

Fe2O3 %

1.5

0.3

0.4

0.2

1.4

0.2

0.9

Al2O3 %

0.6

0.5

0.4

0.4

1.1

0.2

1.1

CO2 %

6.0

7.1

6.8

5.6

3.5

4.2

1.8

Cd (ppm)

40

15

9.1

86.7

As (ppm)

14

11

4.5

13.3

11.3

17.4

Cr (ppm)

35

23

144

200

60

92

140

Hg (ppm)

75

20

144

855

199

48

270

U (ppm)

84

123

44

88

141

78

67

V (ppm)

63

52

27

106

108

70

523

Suite la diversit des proprits physico-chimiques et cristallographiques, le PN est un


terme gnral et une appellation commerciale pour environ 300 phosphates de diffrentes
qualits dans le monde. Il dcrit des assemblages minraux naturels contenant une

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concentration leve de minraux phosphats. De ce fait, la teneur de P2O5 potentiel n'est pas
un critre sr pour estimer la qualit du phosphate qui est affecte par les impurets [24].
2. 3 - Les impurets des phosphates
Les dpts de qualit suprieure des phosphates naturels sont puiss jour par jour
dans le monde. Tandis que les sources actuelles seront drives des sources de qualit
infrieure contenant diverses impurets qui peuvent se rencontrer selon trois origines
principales: (i) celles lies aux lments substitus dans la structure de lapatite, (ii) celles
provenant des autres phases prsentes dans les phosphates et (iii) celles dpendant des
conditions physico-chimiques lors de la formation des phosphates. Ces impurets sont parfois
bien spares (exogangue) ou intimement mlanges au minerai (endogangue), les teneurs de
ces impurets changent considrablement parmi les sources de phosphate naturel et dans le
mme gisement selon les conditions de sdimentations [7]. Elles incluent, dans diverses
combinaisons et concentrations, de la matire organique, de quartz, des minraux argileux,
des carbonates, des lments radioactifs et des oxydes de mtaux... .En effet, la matire
organique (MO) est un constituant caractristique des phosphates sdimentaires, elle prsente
en association aux minraux (argileux ou carbonats) [25]. Les carbonates sont
principalement reprsents par de la calcite, de la dolomite, de la ferrifre et de lankrite, ils
introduisent donc Ca, Fe et Sr comme principales impurets dans la structure cristalline [25].
Par ailleurs, le quartz peut se rencontrer en tant que graines dtritiques ou en tant que varits
microcristallines. Les autres silicates peuvent comprendre des feldspaths et des micas (biotite
et muscovite). La teneur en silice va dpendre principalement de la proportion de quartz et de
minraux des argiles dtritiques ou noformes (muscovite, illite, kaolinite, montmorillonite
) pendant la diagense. Le quartz peut reprsenter une proportion importante de la matrice
des phosphates. Entre autre, les zolites, y compris la clinoptilolite et la heulandite, sont de
temps en temps trouves [16 , 17 , 24 , 25].
Les PN contiennent galement des lments dangereux comprenant des mtaux lourds,
par exemple le cadmium (Cd), le chrome (Cr), le mercure (Hg) et le plomb (Pb). Ainsi que
des lments radioactifs, comme l'uranium (U) qui se prsente sous diffrentes formes des
oxydes, plus ou moins en quilibre radioactif avec ses descendants, les teneurs en U
dpendent donc fortement de lintensit des conditions rductrices. On note que, la matire
organique peut tre responsable des teneurs leves en U, larsenic (As) et le baryum (Ba), et
beaucoup moins en plomb (Pb), en cadmium (Cd) et en zinc (Zn) [26].

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Chapitre I : Synthse bibliographique

2. 4 - Effet des impurets sur la qualit des phosphates et de ses drives et sur les
procds de valorisation.
L'ensemble des impurets, aussi bien majeures qu' l'tat de traces, manifeste des effets
nfastes lors des diffrentes tapes de transformation des phosphates en ses drives ainsi que
sur lutilisation directe [27 , 28]. Dans le domaine industriel, la matire organique pose de
srieux problmes. Elle agit, trs fortement, sur le ralentissement des cintiques de la
cristallisation des cristaux de dihydrat. Elle influence galement la forme des cristaux de
hmi-hydrat qui ont un rle direct sur la filtrabilit et la permabilit des acides
phosphoriques lors de sa sparation de la phosphogypse [27 - 29]. En effet, la matire
organique provoque la formation des mousses qui dfavorise le refroidissement de la raction
de l'attaque du phosphate par lacide sulfurique (raction exothermique). Ainsi, la temprature
et la viscosit de la bouillie augmentent ; ce qui entraine la formation des phosphogypses
hmi-hydrats.
En plus, la prsence des composants organiques constitue un lment gnant [14 , 27 29]:
- ils rduisent les sulfates en sulfures et entranent par la suite une intense corrosion des
racteurs [30 - 32].
- ils contaminent galement le produit fini en donnant la couleur noire lacide
phosphorique qui varie entre le vert clair et le vert fonc [30].
- ils gnent considrablement la rcupration des mtaux lourds, lors de leur extraction en
interagissant avec les solvants organiques pour former des mulsions stables et/ou des crasses
linterface organo-aqueuse.
- ils ont un effet ngatif sur le stockage de lacide phosphorique commercial [27].
Les argiles occupent une place importante parmi les minraux associs aux phosphates.
Leurs impacts sur le traitement et la valorisation des minerais de phosphates sont galement
prsents, ils affectent la filtrabilit et la qualit des acides produits. Ainsi, ils gnrent des
encrassements le long des processus de transformations [30 - 32].
En outre, les constituants MgO, Al2O3, Fe2O3 et F affectent la qualit chimique de
l'acide et changent ses caractristiques physiques, notamment sa viscosit et sa densit [28].
Elles sont par ailleurs gnratrices d'ennuis lors de la concentration de l'acide (formation de
boues), de son stockage et de son expdition (post-prcipitation). Ainsi, le fluor est considr
comme un abaisseur de la ractivit. Tandis que, le calcium et les carbonates libres rduisent

14

Chapitre I : Synthse bibliographique

la solubilit du phosphate [28].


Pour les mtaux lourds, par exemple le cadmium (Cd) qui est probablement l'lment le
plus recherch en raison de sa toxicit potentiellement leve pour la sant humaine. Il peut
tre contenu dans les aliments qui proviennent de cultures fertilises par des engrais
phosphats contenant une quantit de cadmium plus que la norme. De plus, on trouve le
chrome (Cr), le mercure (Hg) et le plomb (Pb). Ces mtaux peuvent changer de forme et
devenir de ce fait plus ou moins mobiles [33 , 34]. Ils ne possdent aucune activit biologique
favorable. De plus, leur dure de vie est infinie. Deux facteurs accentuent la gravit des
polluants mtalliques. Dune part, ils ne sont pas biodgradables et dautre part, ils
saccumulent dans lenvironnement et en particulier dans les sdiments en sassociant avec les
matires organiques et inorganiques par le jeu des phnomnes dadsorption, de complexation
et de combinaisons chimiques [35 , 36]. On trouve ainsi dans les phosphates des lments
radioactifs, qui sont considrs comme toxiques pour lhomme et les animaux [26 , 27].
Lenrichissement des phosphates (minimisation du taux des impurets des valeurs
admissibles par les utilisateurs) apparat donc comme une tape importante, la fois pour la
production de lacide phosphorique et dengrais dcontamins, et pour la rcupration et la
stabilit des mtaux lourds et des radiolments.
2. 5 - Enrichissement des phosphates
Les PN peuvent subir, selon les impurets, des oprations d'enrichissement
mcaniques et/ou thermiques tel que : le concassage, le criblage, le lavage, le tamisage, le
schage, la calcination, la sparation magntique, la flottation et lenrichissement sec. Ces
oprations ont t tudies par de nombreux auteurs qui sont cits par A. Bendada [27]. Les
teneurs des impurets et de la BPL (BPL : Bone Phosphate Lime = phosphate de chaux avec
% PBL = 2.185 x % P2O5) sont corrles entre eux. Cest pour cela, en fonction de la teneur
en BPL, on distingue quatre catgories des phosphates: trs basse teneur (TBT), basse teneur
(BT), moyen teneur (MT) et haute teneur (HT).
Les phosphates HT et MT ont des teneurs en BPL = 68% et sont considrs comme des
produits marchands, dans ce cas on utilise des mthodes conventionnelles tel que le schage
et le lavage qui sont destins liminer, respectivement, lhumidit et les fractions argileuses
fines. Autre mthodes de sparation peuvent aussi utiliss, par exemple le concassage et le
criblage, pour enlever les gros matriaux siliceux durs. Par contre, pour les phosphates BT et
TBT, on utilise souvent quelques oprations mcaniques prcdentes suivies par la
15

Chapitre I : Synthse bibliographique

calcination. Lobjectif de cette dernire est la stabilisation des mtaux lourds, la


dshydratation de lhumidit dadsorption et leau structurale, le grillage de la matire
organique, dcomposition des carbonates et autres composs volatils sous forme gazeuse ou
sous forme des fines. Lopration de la calcination est souvent associe par lextinction pour
retirer le magnsium, elle est utilise dans les zones ayant une nergie faible cot et de
ressource limite en eau [16].
Il en dcoule que la calcination est complmentaire aux autres oprations. Toutefois,
elle est consommatrice dnergie o une partie importante se perd lors de la phase de
refroidissement. La dtermination de la temprature de calcination est importante pour
minimiser la consommation dnergie. Pour cela on distingue deux cas : la premire o les
ractions exothermiques apportent un pouvoir calorifique au bilan nergtique total de la
calcination qui se droule entre 600 et 800C [17]. La seconde o les ractions
endothermiques ncessitant une importante consommation de carburant, dans ce cas, la
temprature varie de 800 1000C [17 , 21]. En plus de llimination de la matire organique
et des carbonates, presque totalement, schappent sous forme gazeuse du CO et du CO2, et
parfois des sulfures minraux, SO2 et SO3 et dautres impurets inutiles, cette opration agit
galement sur les proprits de lusage du minerai (composition, granulomtrie, densit,
porosit, surface spcifique, duret, capacit calorifique, conductivit thermique.) [9 , 37 ,
38] et elle na, par contre, aucun effet notable jusqu environ 800C sur les composs
minraux qui rsistent la dgradation thermique.
Il en note que, la plupart des transformations associs la calcination ont, haute
temprature, une cintique rapide particulirement pour des granulomtries infrieures pour
lesquelles la matire organique, les carbonates et les mtaux lourds se modifient, de faon
significative, par combinaison mutuelle [37 , 38]. En outre, le mode de la calcination est un
facteur intressant tenir en compte. Dans ce contexte, une tude comparative de la
calcination du phosphate en four rotatif, pendant 30 min, et en four clair (Flash) pendant 4
secondes, a t ralise par Blazy. Il en rsulte que la calcination dynamique en four flash
1000C donne des rsultats plus intressants que la calcination en four rotatif 950C, tant au
niveau de la qualit du phosphate calcin-lav quau niveau de la fabrication de lacide
phosphorique [14]. De ce fait, la rapidit dlvation de la temprature lintrieur des
particules, gnre de la vapeur deau et des gaz volatils pouvant schapper par diffusion [39].
On diffrenci donc entre deux mode de calcination:

16

Chapitre I : Synthse bibliographique

i) La calcination flash : la calcination flash est une opration trs rapide dun solide,
gnralement sous forme fine en suspension dans un gaz. Les valeurs typiques sont des
chauffages et refroidissements de lordre de 103 105 K.s-1 et des dures dexposition de
lordre de quelques diximes de secondes jusqu quelques secondes. La reprsentation de
lvolution de la temprature en fonction du temps permet dobtenir lhistorique thermique
des particules (Figure 1. 4).

relle
thorique

Temprature (C)

800

600

400

200

0
0

Temps (heure)

Figure 1. 4 : Temprature du four flash en fonction du temps [40].


ii) La calcination lente : le plateau isotherme de temprature dure, en gnral, plusieurs
heures.
Bien que la plupart des transformations chimiques et physiques aient une cintique
rapide haute temprature, le temps trs court de rsidence dans le four mne des
transformations qui peuvent partiellement ne pas tre termines. Les changements sont
cintiquement bloqus et les produits incompltement grill. Les proprits des solides
prpars donc, sous les procds de chauffage flash, sont diffrentes de celles de matriaux
traits dans des conditions de calcination o lquilibre chimique et physique a pu tre atteint
[41].
Daprs ce qui prcde, il apparat important de connaitre les ractions mise en jeu lors
de la calcination.

17

Chapitre I : Synthse bibliographique

2. 6 - La chimie des phosphates durant la calcination


La connaissance des ractions chimiques se produisant lors de la calcination des
phosphates naturels au contact de lair une grande porte pratique. Elle a un double espoir :
(i) connaissance plus complte des proprits des minraux et (ii) meilleure comprhension
des phnomnes et mcanismes mises en jeu pendant la calcination. Les aspects de ces
ractions

ont

fait

lobjet

de

nombreuses

tudes

aussi

bien

thoriquement

quexprimentalement [16 , 17].


2. 6. 1 - Ractions chimiques associes la calcination
Due la complexit des phosphates, la calcination fait intervenir plusieurs ractions
chimiques dont la cintique dpend des paramtres de marche. On distingue:
i) Ractions exothermiques : elles apportent, par la combustion de la matire
organique, le complment de chaleur ncessaire pour la calcination du phosphate. Elles
peuvent tre dcrites suivant lquation gnrale:

CxHyOzSt+ ((x+y)/4 + (t-z)/2) O2

x CO2+ y/2 H2O + t SO2

 Combustion du carbone organique : elle concerne la plus grande quantit du carbone


organique et se fait la temprature de calcination. Le carbone organique rsulte
probablement du monoxyde de carbone (CO) [42] suivant la raction:
C

1/2 O2

H = - 29.4 kcal.mol-1

CO

Il soxyde ensuite au cours du refroidissement des gaz conformment la raction :


CO +

1/2 O2

H = - 68.2 kcal.mol-1

CO2

La somme de ces deux ractions caractrise la conversion du carbone en CO2.


 Chaleur de combustion des sulfures minraux : Si lon considre que les pyrites sont des
sulfures minraux une temprature infrieure 800C, deux ractions sont possibles:
- raction de combustion:
FeS2

5/2 O2

FeO + 2 SO2

H = -163.2 kcal/mol

- raction de formation de CaS:


FeS2 +

CaO

FeO +2 CaS

18

+1/2 O2

H = 52 kcal /mol

Chapitre I : Synthse bibliographique

 Chaleur de formation des silicates de calcium: Les principales ractions concernent


essentiellement la formation de la wollastonite (CaSiO3) et de la larnite (Ca2SiO4) partir du
Quartz (SiO2) et de la chaux (CaO).
SiO2

CaO

CaSiO3

H = - 21 kcal/mol

SiO2

2CaO

Ca2SiO4

H = - 29 kcal/mol

ii) Ractions endothermiques : Il sagit des ractions chimiques qui ncessitent un


apport calorifique.
 Dcomposition des carbonates: Seules les ractions de la dcomposition de la dolomite et
de la calcite sont habituelles lors de la calcination [42].
- De formule CaMg(CO3)2, la dolomite est un minral commun quon peut trouver dans
des couches peu paisses le plus souvent, sous forme de couches alternes de magnsium et
de calcium. Elle ressemble beaucoup la calcite (compose uniquement du calcium) except
le fait quelle ne ragit que trs peu avec lacide chaud et, seulement, lorsquelle est sous
forme de la poudre.
CaMg(CO3)2

CaO +

MgO

2CO2

H = 710 kcal/kg CO2

- La dcarbonatation de la calcite intervient entre 600 et 800C et se fait suivant la


raction :
CaCO3

CaO +

CO2

H = 965 kcal/kg CO2

Par la prsence, dans le phosphate brut, du dioxyde de soufre ou des sulfures minraux,
la chaux ainsi produite peut subir une sulfatation exothermique avec excs de lair selon la
raction suivante.
CaO (s)

SO2 (g)

1/2 O2 (g)

CaSO4(s)

L'hydroxyde (chaux teinte) est obtenu par addition deau la chaux vive.
CaO + H2O > Ca(OH)2

H = - 15.67 kcal/mol

On assiste ensuite une raction partielle de la chaux ainsi forme avec le di-phosphate
de calcium (Ca2P2O7).
CaO +

Ca2P2O7

19

Ca3(PO4)2

Chapitre I : Synthse bibliographique

Le phosphate tricalcique ragit immdiatement avec le fluorure de calcium pour former


une fluorapatite phosphocalcique selon la raction suivante.
3 Ca3(PO4)2

CaF2

Ca10(PO4)6F2

Cette raction s'effectue 900 C pendant plusieurs heures [43].


 La dshydratation : La calcination provoque, sous leffet de la temprature, la
dshydratation et llimination de leau de constitution sous forme de vapeur deau.
2. 6. 2 - Comportement des polluants durant la calcination
Les contaminants les plus frquemment cits sont les mtaux lourds (cadmium, plomb,
arsenic, cuivre, mercure, zinc,...), les carbonates et la matire organique. Le problme de la
contamination des matriaux extraits a conduit, trs tt, les pays industrialiss mettre au
point des procdures et dvelopper des mthodes dvaluation pour, la prise des dcisions de
gestion.
i) Rpartition des mtaux lourds : En gnral, la rpartition des mtaux lourds dans le
phosphate calcin et dans les gaz volatils dpend de leurs tensions de vapeur. Toutefois,
pendant la calcination, la majorit des mtaux se concentrent beaucoup plus dans le solide que
dans les gaz. La vaporisation reste trs faible en dessous de 700C et mme au-del, bien
quelle soit significative, due leur trs faible concentration dans les gaz [37 , 38 , 44].
ii) Emission des polluants : La calcination des phosphates entrane, en gnral,
lmission des polluants organiques. La concentration et lampleur de celle-ci dpendent de la
quantit initiale du comportement et de lorigine de ces polluants dans le milieu. Les
composs les plus frquents rencontrs sont le SOx, le NOx, le protoxyde dazote N2O, le CO,
le CO2 et le fluor.
Contrairement la partie organique, les mtaux lourds des phosphates ne sont dtruits
que partiellement lors de la calcination. La plus grande partie reste dans le rsidu solide et les
plus volatils, en trs faible quantit, svaporent en fonction de leur proprit et de leur
spciation [44]. On signale que, les mcanismes de dgradation thermique influenceront
sensiblement les proprits physico-chimiques du produit fini. Ainsi, ils favorisent la
rcupration des mtaux lourds dans les procds de purification de lacide phosphorique.

20

Chapitre I : Synthse bibliographique

2. 7 - Effet de la calcination sur les proprits physiques du phosphate


i) Les dimensions de la maille lmentaire et la taille des cristaux.
Les modifications de la temprature de calcination entranent des substitutions de PO43par CO32- et F- dans le rseau apatitique [45]. Le paramtre "a" de la maille lmentaire
augmente avec la temprature surtout entre 500 et 950C. Au del de 950C, il a atteint la
valeur de la fluorapatite. Les pics de diffraction des rayons X du phosphate sont devenus plus
distincts, plus nets et plus forts avec la calcination au-dessus de 700 C [21 , 46]. L'effet
majeur de calcination dun francolite au dessus 800 C est la libration de dioxyde de carbone
avec une augmentation du paramtre "a" et de la taille des cristaux et la recristallisation
stchiomtrique de la fluorapatite avec sgrgation de CaO et CaF2 [21] (Figure 1. 5).

2400
Paramtre "a"
La taille moyenne des cristaux

9.365

2000
Paramtre a (A)

9.360
1600

9.355
9.350

1200

9.345
800

9.340
9.335

La taille moyenne des cristaux (A)

9.370

400
500

600
700
800
900
Tempratude de calcination (C)

1000

Figure 1. 5 : Variation du paramtre a et la taille moyenne des cristaux en fonction de la


temprature [21].
La valeur du paramtre "a" et la taille des cristaux de la matire minrale des francolites
augmentent successivement, dans lintervalle de temprature comprise entre 500 et 950C, de
9.335 et 500 jusqu 9.364 et 2200 .

21

Chapitre I : Synthse bibliographique

ii) La surface spcifique, la porosit, la densit et la ractivit chimique.


a) la surface spcifique : Des essais effectus sur deux chantillons diffrents du phosphate
en provenance du Maroc (phosphates sdimentaires) et de l'Utah (phosphates igns) indiquent
que la surface spcifique des phosphates augmente avec la diminution de temprature de
calcination. Cette variation remarquable, dans une gamme de temprature comprise entre
500C et 800C, attribue l'agrgation de grains fins avec les gros grains et la destruction
des pores des minerais [21].
b) la porosit : La porosit du phosphate augmente tantt avec la croissance de la temprature
jusqu' environ 700 C, au-del, elle diminue brutalement et la destruction des pores devient
trs svre, ce qui peut tre rflchi sur la ractivit du produit calcin [21]. On note, que la
vitesse de la croissance de la porosit, pour les tempratures infrieure 700C, dpend du
taux des impurets, surtout la matire organique et les carbonates.
c) la densit : La densit diminue relativement des tempratures de calcination infrieure
750 C. Au-dessus de cette temprature, certains changements dans la densit se produisent,
o la densit augmente lgrement avec la croissance de la temprature. La densit pondre
varie selon l'effondrement de la porosit interne des particules. Par ailleurs, la densit vraie,
pratiquement, naffecte pas avec la temprature de calcination, sauf des tempratures
relativement leves lorsque la transition de cristal peut avoir lieu [21].
d) la ractivit chimique : La ractivit du phosphate dpend de proprits physico-chimiques
et cristallographiques qui sont couples entre eux et avec la temprature de la calcination. Il
en dcoule, daprs ltude de 17 phosphates avant et aprs calcination l'aide d'une solution
de CAN, que le comportement de solubilit (ractivit chimique) des phosphates calcin audessus de 750C, diminue lgrement cause de la recristallisation [21 , 47]. Cette ractivit
atteint sa valeur la plus basse lorsque le minerai est calcin environ 950 C en raison de
ltendue du phnomne de frittage. La chute de la ractivit et de la surface spcifique sont
dues une altration des carbonates mous [48] et la prsence de CaCO3 et de CaO libres dans
le produit [31].

22

Chapitre I : Synthse bibliographique

3- Gnralit sur les procds de traitement thermique des phosphates


Dans cette section, nous allons proposer un bref rappel sur la technologie des procds
de la calcination base de : lit fluidis et four tournant qui sont parmi les fours traditionnels
largement utiliss. Ces fours polyvalents se comportent comme des changeurs de chaleur. Ces
derniers se caractrisent par les grandeurs classiques (coefficient de transfert thermique, la
surface dchange et la diffrence de la temprature logarithmique moyenne) et les proprits
thermophysiques des milieux interchangeant de la chaleur. Ces caractristiques sont couples
entre eux. Les tudes sur lchangeur de chaleur, sont bases sur des modles empiriques
valids lchelle des laboratoires o lchangeur est de lordre de quelques centimtres
environ dun mtre. Mais lorsquon fait une extrapolation vers lindustrie, lerreur de calcul
devient importante cause de la variation des paramtres thermophysiques le long de
lchangeur [49].
3. 1 - Calcination en four tournant
Les fours tournants constituent une technologie de choix dans des nombreux procds
chimiques tels que : le schage dans lindustrie agroalimentaire, la calcination des ciments, de
coke de ptrole et des phosphates,. On les trouve aussi en mtallurgie.
La gomtrie du four tournant (diamtre et longueur) est particulirement importante
sur le plan des dbits de solide que peut charrier le four et sur le plan de temps de sjour. La
gamme des diamtres des fours tournants est comprise entre une dizaine de centimtres
jusqu 7 mtres. Quant la longueur, il existe des fours mesurant 1 mtre qui sont plutt des
fours tournants de laboratoires, mais aussi des fours mesurant jusqu 100 mtres. Des fours
tournants de grande longueur et de grands diamtres seront privilgis pour des applications
ncessitant de longs temps de sjour et des dbits massiques importants. Les diffrents types
des fours tournants sont indiqus dans la littrature [50]. La modlisation mathmatique d'un
four rotatif de calcination a t effectue par Michle DUBOIS [51].
i) Le dimensionnement du four tournant : les dimensions et la gomtrie sont des
caractristiques techniques particulirement importantes pour le dimensionnement des
installations industrielles qui est conditionn par les valeurs des paramtres opratoires tels
que: le temps de sjour, le taux de remplissage et la cadence de linstallation.
ii) Les diffrents systmes de chauffage des fours tournants : on distingue
principalement deux modes de chauffage, le chauffage direct et le chauffage indirect.
23

Chapitre I : Synthse bibliographique

- Le chauffage direct consiste envoyer des gaz chauds du sens de la progression du solide.
Un ou plusieurs brleurs est (sont) donc plac(s) lentre ou la sortie du four et les gaz
chauds quils produisent parcourent lintrieur du tube afin de chauffer le solide. Sur des fours
de trs grandes longueurs, une srie de brleurs est dispose tout au long du tube rotatif.
- Le chauffage indirect consiste chauffer les parois du tube rotatif, il peut tre ncessaire
dans le cas o un contact entre la charge et les gaz chauds de combustion nest pas souhait.
iii)- Etudes thoriques du transport des solides granulaires dans les fours tournants :
ltude de lcoulement travers le cylindre rotatif revt une grande importance parce que le
type de mouvement va fortement influencer le mlange. Ceci conditionnera lintensit des
transferts de chaleur et de masse et finalement aura un impact considrable sur le rendement de
la calcination. Ces tudes concernent: i) le rgime dcoulement, ii) lestimation du temps de
sjour et iii) les modes de transfert thermiques [52].
Influence de la temprature sur la calcination en four tournant : on distingue deux
types de chauffage:
- Chauffage uniforme : le four est chauff dune manire constante et uniforme sur toute sa
longueur. Ce choix de chauffage est gnralement typique des fours tournants lectriques, o
lintrt est de garder la mme temprature sur toute la longueur du cylindre.
- Chauffage non uniforme : le chauffage est diffrent sur le long du four. Ce type de
chauffage est semblable la configuration de chauffage contre-courant frquemment
rencontre en industrie, o le brleur du four se situe la sortie du cylindre. On peut
rencontrer aussi des fours industriels chauffs en mode co-courant, dans ce cas, le brleur
est plac lentre du cylindre.
Influence du temps de sjour sur la calcination en four tournant : ici on note la
dpendance entre le temps de sjour, la temprature de calcination, la cadence et langle
dinclinaison du four [50].
Les tudes sur la distribution du temps de sjour des solides dans un four ont indiqu
que le mouvement des solides peut tre trait comme un dbit de la matire, avec un peu de
dispersion axiale. Les fours actuels sont manipuls en tant que mlangeurs idaux avec un
degr de mixage, afin d'identifier les facteurs qui causent le mouvement rapide ou lent des
particules dans le four.

24

Chapitre I : Synthse bibliographique

Le temps de rsidence moyen des solides est dfini comme le rapport entre la quantit
de la matire dans le four dans les conditions de fonctionnement et le dbit d'entre de la
matire, selon l'quation:

m
qm

(1. 1)

Ou: est le temps de rsidence moyen (s).


m : la masse du phosphate dans le four dans les conditions de fonctionnement (kg).
qm: le dbit du phosphate dans le four (kg/s).
Le temps de rsidence dpend du milieu ractionnel, des caractristiques des
quipements et des paramtres de marche de procd. Lexpression thorique 1. 1 nest pas
souvent vrifie dans les procds continus. Pour cela, on trouve dans la littrature des
relations permettant destimer empiriquement ou semi-empiriquement le temps de sjour
partir dautres paramtres de fonctionnement du four [53].
3. 2 - Calcination en four lit fluidis
La fluidisation consiste faire circuler une phase fluide (un gaz ou un liquide)
travers un lit de particules, pour les mettre en suspension. Le terme fluidisation vient du fait
que la suspension liquide/solide ou gaz/solide est amene dans un tat semblable celui dun
fluide. On obtient de cette manire un mlange intense de gaz et de matriaux permettant
datteindre une cintique chimique leve. Cela veut dire quun lit fluidis offre une grande
surface dchange entre le gaz et le solide, une grande intensit des transferts thermiques entre
le gaz et les particules, et entre le lit fluidis et la paroi du racteur, ce qui conduit une
excellente homognit des tempratures et facilitera le contrle de cette temprature par
apport ou retrait de chaleur. De plus, les vitesses de transfert de matire entre le gaz et les
solides sont leves. Le comportement des solides en tat fluidis offre la possibilit
deffectuer des oprations en mode continu et de recycler des poudres ou des gaz; ces
caractristiques constituent des avantages importants pour les applications industrielles.
Parmi

les

applications

possibles

des

lits

fluidiss

on

peut

citer:

le

chauffage/refroidissement de gaz ou de solides diviss, la production ou la rcupration


d'nergie thermique, la calcination des ciments, des phosphates, des boues, le
schage/dsorption, la gazification de combustibles solides. La formulation de la fluidisation
a t cite dans la littrature [54 , 55].

25

Chapitre I : Synthse bibliographique

La calcination du phosphate base de lit fluidis est une opration efficace qui aboutit
un produit fini de meilleur qualit tous en contrlant l'mission de polluants. Cependant, le
poids nergtique de la calcination est tellement considrable, il doit tre donc un bon thme
de rflexion du point de vue conomie dnergie [31 , 55]. La figure. 1. 6 illustre le schma
descriptif du procd de calcination du phosphate base de lit fluidis.

Figure 1. 6 : Schma synoptique du procd DORR-OLIVER de la calcination du


phosphate.
B. 201 , 202
B. 205
BV
C.103
C.501
G.101 106
G.301
M.101
Y101

:
:
:
:
:
:
:
:
:

Soufflante air de fluidisation et de refroidissement


Ventilateur de dpoussirages
Boite vent
Convoyeur raclette
Elvateur godets
Cyclones
Electrofiltre
Crible
Classificateur

Daprs le schma, il apparat que la section du refroidissement comporte trois lits


fluidiss, ce qui augmente le cot de linstallation et complique la commande du
procd. La ralisation de notre protocole de mlange se focalisera au rechange des lits
fluidiss de cette section par un mlangeur sous forme dun four tournant.

26

Chapitre I : Synthse bibliographique

4 - Aperu sur le mlange des milieux granulaires


4. 1 - Les phosphates sont des matriaux structures granulaires
Les phosphates sont des matriaux structures granulaires polyphasiques, poreux et
volutifs. Ils sont des assembls des particules discrtes, dsignes sous le terme gnrique de
grains, qui sont gnralement arranges de manire dsordonne et prsentent souvent des
diffrences de forme, de taille, de densit et d'tat de surface qui les caractrises. Avec la
diversit des caractristiques physico-chimiques et cristallographiques, les phosphates ont une
htrognit qui se manifeste diversement et diffrentes chelles, ils se comportent
fortement en fonction des proprits thermique, hydrique, mcanique et chimiques qui sont,
jusquau maintenant, mal connues et coupls entre eux [57]. Les effets de ces proprits
peuvent acclrer ou amoindrir selon la temprature qui induit diffrentes modifications ;
accompagns des pertes de lhumidit et du feu [58]. Ils impliquent des mcanismes
particuliers (les avalanches, les forces de contact, les votes granulaires, la dilatance, les
collisions inlastiques entre grains et la sgrgation) totalement absents dans les matires
fluides [59].
4. 2 - Transfert thermique au sein des milieux granulaires
Le transfert thermique se fait suivant trois modes diffrents (conduction, convection et
rayonnement) qui dpendent du profil chimique, minralogique et des paramtres de marche
du procd [60]. Ces modes sont complexes car ils sont, dune part, conditionns par la
structure granulaire du matriau et, dautre part, peuvent se trouver coupls des transferts de
masse. A haute temprature, les phosphates vont se dshydrater, se griller de la matire
organique et se dcomposer en carbonates avec libration dautres impurets volatils. Ils
peuvent subir des problmes divers, tels que la sgrgation, lagglomration et/ou le
collage.
Les proprits thermophysiques prsentent certaines caractristiques spcifiques qui ne
sont pas bien connues et non encore matrises. Elles sont fonction de [61]: (i) la composition
chimique et la fraction massique de chaque composant, (ii) la manire dont les diffrentes
phases sont distribues, (iii) la nature des contacts entre les diffrentes phases et (iv) les
proprits dabsorption et dmission des composants.

27

Chapitre I : Synthse bibliographique

Suite la complexit des phnomnes mises en jeu, lors de ltude ou de la


manipulation des milieux granulaires ou de ces mlanges, et par analogie avec les sols et les
ciments [62 - 64], la modlisation du comportement thermo-hydro-chimio-mcanique
(THCM) coupl reprsente une approche plus approprie [62 - 64]. Cette description
phnomnologique peut dcrire par la thermodynamique des processus irrversibles applique
aux systmes ouverts et la mcanique des milieux granulaires. Elle permette de comprendre et
de suivre lvolution des phnomnes associs, et des dissipations lis aux phnomnes de
transfert de chaleur et de masse, de filtration de phases, de diffusion des constituants gazeux,
du changement de phase et des avancements des ractions chimiques [62]. Malgr cela, la
littrature scientifique est extrmement pauvre en termes danalyse, de manipulation et de
modlisation. Cest pourquoi nous nous sommes limits ici quelques gnralits et concepts
simples pour prvoir le comportement des mlanges granulaires haute temprature.
4. 3 - Mlange des milieux granulaires
Le mlange des milieux granulaires est une opration cl pour de nombreux domaines
industriels. La dualit mlange - sgrgation impose penser une certaine qualit de
mlange qui peut tre atteinte en jouant sur les aspects dynamiques et/ou thermiques. Ces
derniers sont lis aux mcanismes de mlange qui prcdent la mise en mouvement des
particules et aux modes de transfert thermique qui se droulent durant la mise en mouvement
des particules. Ces mcanismes et modes dpendent des proprits dcoulement des produits
et des possibilits technologiques des appareils de mlange. De ce point de vue, les
mlangeurs utiliss dans lindustrie sont de trois principaux types, selon que lagitation est
produite par un mobile interne (mlangeurs convectifs), par la mise en rotation de la cuve
(mlangeurs tambour), ou bien encore par le propre coulement du matriau (mlangeurs
statiques).
Pour viter de compliquer cette tude an faisant appel la thorie dhomognisation
des mlanges et la distribution des particules, nous considrons que la condition
dhomognit est vrifie.
4. 3. 1 - Conditions de miscibilit de mlange granulaires
i) Loi des masses : en cas de miscibilit, un certain nombre de proprits extensives suivent
une loi dite des masses: si la proprit P du solide si vaut Pi, et que l'on mlange des masses
mi des solides i entre eux, alors la proprit P du mlange vaut:
28

Chapitre I : Synthse bibliographique

i=n

m P
P=

i =1
i=n

i i

(1. 2)

i =1

La valeur de P est la moyenne des valeurs pour chaque solide pondre par les masses.
Cependant, cette loi ne s'applique pas toutes les proprits extensives pour tous les
systmes. En effet, il peut se produire des ractions chimiques ou physiques modifiant les
proprits. Ainsi, cette loi des masses est en gnral respecte pour des proprits telles que le
volume ou la capacit calorifique, mais pas toujours. Les proprits intensives (la
temprature, la pression...), quant elles, ne suivent pas une loi des masses.
ii) Temprature de mlanges granulaires : dans le cas d'un mlange dit idal des solides,
les tempratures Ti et lnergie calorifique apporte par chacun des solides est mise en
commun. Le bilan des changes thermiques se traduit par:
i =n

m C

i =1

pi

T =

i =n

m C

i =1

pi

Ti

(1. 3)

O Cpi est la chaleur spcifique du solide i. La temprature finale T peut donc se


calculer par:
i=n

m C

T=

i
i =1
i =n

pi

(1. 4)

m C

i =1

Ti

pi

Dans certains cas, les interactions entre les deux solides absorbent ou au contraire
gnrent de la chaleur. Particulirement, dans notre cas, le phosphate chaud fournit de la
chaleur au froid. De ce fait, la vitesse de la temprature du refroidissement du mlange
diminue en fonction du temps de mlange.
4. 3. 2 - Mcanismes de mlange et de sgrgation granulaires
i) Mcanismes de mlange granulaires
Les diffrents mcanismes de mlange sont dcrits, selon Lacey [65], de la faon
suivante:

29

Chapitre I : Synthse bibliographique

 Mlange par convection: les particules subissent un mouvement en bloc lors de leur mise
en mouvement;
 Mlange par diffusion: lorsque les particules se dplacent, elles subissent des chocs
responsables du caractre alatoire de leur dplacement. Au contraire de la diffusion
molculaire, une nergie extrieure doit tre dans ce cas apporte aux particules;
 Mlange par cisaillement: si un milieu granulaire subit une action mcanique, un brassage
des particules se produit au niveau des plans de glissements entre couches adjacentes.
Il est souvent difficile de dissocier ces trois mcanismes. La prpondrance de lun ou
lautre de ces mcanismes est impose par le type de mlangeur utilis mais aussi par la
nature des particules. Le mlangeur privilgie un mcanisme selon son action mcanique.
Seules des notions qualitatives peuvent tre mises pour valuer laction des caractristiques
des poudres sur le type de mcanisme.
ii) Mcanismes de sgrgation
La sgrgation, aussi appele d-mlange, est le processus inverse du mlange. Les
phnomnes de sgrgation apparaissent dans un mlangeur quand des diffrences de
proprits entre les particules (diffrence de taille des particules, de forme et de densit)
imposent un mouvement prfrentiel de certaines dentre elles dans une certaine partie du
mlangeur.
Le mlange des poudres est fortement dpendant des proprits dcoulement des
constituants, elles-mmes lies directement aux caractristiques des poudres, telles que la
cohsion, la distribution granulomtrique, la densit vraie et apparente, la forme et proprits
de surface des particules et la friabilit.
Les paramtres ambiants comme lhumidit et la temprature jouent aussi un rle
important car ils peuvent modifier les caractristiques des grains au cours du mlange. Ces
diffrents paramtres influent sur les liaisons inter-particulaires et interviennent sur lquilibre
des forces appliques aux particules.
Daprs ce qui prcdent, il apparat donc intressant de relier les caractristiques des
produits, les mcanismes de mlanges et le systme dagitation afin de favoriser plus
dchange entre les milieux mlangs.

30

Chapitre I : Synthse bibliographique

5 - Conclusion
Ce premier chapitre bibliographique, nous a permis de rappeler les principes de base des
mcanismes de traitement thermique des phosphates qui est une tape indispensable pour une
meilleure valorisation des phosphates. Il en rsulte que les problmatiques et les enjeux sont
multiples, lors de cette opration de traitement thermique. Ceci provient essentiellement des
impurets qui ont des effets nfastes sur la qualit des phosphates et de ses drives et sur les
oprations de valorisation. Ces problmatiques sont couples entre eux. Elles ncessitent une
optimisation ou une innovation dun nouveau procd de traitement thermique conforme aux
exigences imposes par les utilisateurs.
L'opration de calcination apparat la plus approprie pour l'enrichissement des
phosphates. Cependant, son cot nergtique lev et ses pertes calorifiques pendant la phase
du refroidissement imposent penser un traitement thermique optimal. Dans ce sens, notre
protocole Mlange chaud propos dans le cadre de cette thse vise une amlioration du
traitement. En effet, comme nous allons le prouver par la suite, il est possible daboutir un
produit fini avec des caractristiques acceptables en mlangeant judicieusement le phosphate
brut et le phosphate calcin 800C.

31

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