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Etude de structures

elanc
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econtraintes en
mat
eriaux composites, application `
a la comception des
gridshells
Cyril Douthe

To cite this version:


Cyril Douthe. Etude de structures elancees precontraintes en materiaux composites, application
a` la comception des gridshells. Engineering Sciences. Ecole des Ponts ParisTech, 2007. English.
<pastel-00003723>

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publics ou prives.

THSE
prsente pour lobtention du diplme de
Docteur de lcole Nationale des Ponts et Chausses
Spcialit : Structures et Matriaux
par
Cyril DOUTHE

TUDE DE STRUCTURES LANCES PRCONTRAINTES


EN MATRIAUX COMPOSITES :
APPLICATION LA CONCEPTION DES GRIDSHELLS

Soutenue le 16 novembre 2007 lE.N.P.C


devant le jury compos de :

Rapporteurs :

P. BOISSE
R. MOTRO

Examinateurs :

P. ROLLET
B. VAUDEVILLE

Directeur de thse :

J.-F. CARON

Conseiller scientifique : O. BAVEREL

TUDE DE STRUCTURES LANCES PRCONTRAINTES


EN MATRIAUX COMPOSITES :
APPLICATION LA CONCEPTION DES GRIDSHELLS

Thse de doctorat de lcole Nationale des Ponts et Chausses


soutenue le 16 novembre 2007 par Cyril DOUTHE
devant le jury compos de :
Philippe BOISSE et Ren MOTRO, rapporteurs
Pascal ROLLET et Bernard VAUDEVILLE, examinateurs
Jean-Franois CARON, directeur de thse
Olivier BAVEREL, conseiller scientifique

Remerciements
mon directeur de thse, Jean-Franois Caron, pour sa confiance et son estime, pour la
libert laisse pendant ces trois annes et pour le temps pass relire le mmoire et ses prcieux
conseils de rdaction, sans lesquels le document final naurait pas la clart quon lui a trouve.
mon conseiller scientifique, Olivier Baverel, pour sa disponibilit malgr un emploi du
temps compliqu, pour la richesse de nos discussions et toutes les ides qui en sont nes, pour
ce plaisir denseigner quil ma transmis et pour mavoir introduit dans la communaut des
structures lgres o se mlent architectes, chercheurs et ingnieurs.
Philippe Boisse, prsident du jury ainsi que rapporteur, pour les kilomtres parcourus
pour que la soutenance ait bien lieu et pour ses remarques qui seront trs utiles pour la suite de
ce travail.
mon autre rapporteur, Ren Motro, pour sa connaissance des technologies modernes, pour
lintrt port mon travail et pour ses encouragements rpts persvrer dans cette voie.
Pascal Rollet et Bernard Vaudeville, qui ont bien voulu participer au jury, lire attentivement
le manuscrit et prsenter le regard dun architecte et dun ingnieur sur ce travail.
lcole Nationale des Ponts et Chausses et ses directeurs de la recherche successifs
qui ont tmoign un intrt certain pour les structures innovantes en matriaux composites et
financ le programme exprimental de cette thse.
Aux techniciens du laboratoire Christophe Bernard, Gilles Moreau, Didier Berg et Alain Tanain, Ali Karrech, Fadi Jouneid, Adelade Feraille, Courine Rouby, et tous ceux qui ont trouv,
ne serait-ce quune heure, pour aider la construction du prototype, ainsi qu Marie-Franoise
Kaspi qui a pris soin de nous pour quon ne meure pas de froid et de soif.
Laurent Heydel et Philippe Nicolon pour le temps pass bnvolement aux mesures sur le
gridshell, ainsi qu Didier Bouteloup, Cyril Romieux et Jean-Mickal qui ont aid certaines fois.
Alain Ehrlacher, Adlade Feraille, Gilles Foret, Marie-Franoise Kaspi, Robert Le Roy, tous
les membres du laboratoire et Karam Sab, son directeur, qui mont adopt et considr comme
faisant dj partie de lquipe.
Sylvain, Hassen, Mouhammad, Hoai-Son, Joanna, Lina, Tiffany, Corinne et Julien, les copains de toutes les pauses et du mois daot Champs-sur-Marne.
Mathilde, pour sa relecture minutieuse du mmoire et toutes les corrections orthographiques et formelles quelle a pu y apporter et pour mavoir accompagn au jour le jour pendant
ces trois ans et un peu plus.

Table des matires


Introduction

1 Les gridshells

1.1

Quest-ce quun gridshell ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

1.2

Historique des gridshells . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

16

1.3

Le gridshell de Mannheim . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

18

1.4

Le gridshell du muse de Downland . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

22

1.5

Les autres ralisations principales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

27

1.6

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

32

2 Les matriaux composites


2.1

Les matriaux composites dans le gnie civil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2.2

Intrt des matriaux composites pour les gridshells : dmonstration par la mthode de Ashby . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2.3
2.4

33
33
40

Comportement des tubes composites pultruds flchis pour une application aux
gridshells . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

52

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

73

3 La mthode de relaxation dynamique : un outil pour ltude des structures lances


prcontraintes en grands dplacements

75

3.1

Historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

76

3.2

Lalgorithme de la relaxation dynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

81

3.3

Dfinition des efforts intrieurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

87

3.4

Dfinition des liaisons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

94

3.5

Stabilit et convergence de lalgorithme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

97

3.6

Schma gnral de lalgorithme de relaxation dynamique . . . . . . . . . . . . . . 104

3.7

Validation du programme AlgoRD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106

3.8

Exemple dapplication : les nexorades . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119

viii

Table des matires

3.9

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122

4 Forme et gridshells

125

4.1

Historique de la recherche de la forme en compression pure . . . . . . . . . . . . . 126

4.2

Formes funiculaires contour impos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130

4.3

Formes funiculaires contour libre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136

4.4

Formes surface impose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147

4.5

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152

5 Conception et tude numrique du comportement mcanique du premier gridshell en


composites

153

5.1

Codes et mthodes de dimensionnement des gridshells en matriaux composites

154

5.2

Conception du prototype . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156

5.3

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175

6 Ralisation et tude exprimentale du premier gridshell en composites

177

6.1

Construction du prototype . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177

6.2

Tests de chargement avant et aprs triangulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182

6.3

Comparaison avec un modle numrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188

6.4

Ralisation dune ouverture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200

6.5

Cot du prototype . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201

6.6

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202

Conclusion et perspectives

205

A Le programme de relaxation dynamique : AlgoRD

211

A.1 Prsentation gnrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211


A.2 Dfinition de la structure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
A.3 Dfinition des paramtres de lalgorithme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221
A.4 Analyse des rsultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222
B Plans et mesures du premier gridshell en matriaux composites

225

B.1 Plan dexcution du prototype . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225


B.2 Plans du protocole exprimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228
B.3 Rsultats des mesures effectues sur le prototype . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 230
B.4 Comparaisons entre les dplacements du modle et du prototype . . . . . . . . . . 234

Table des matires

ix

Liste des notations

237

Liste des figures

243

Liste des tableaux

251

Bibliographie

253

Introduction
Les couvertures de btiment sont des structures spcifiques, leur chargement principal est en
gnral leur propre poids. Chercher concevoir ces structures les plus lgres possible permet
des avances conomiques, cologiques et esthtiques. Les mthodes constructives ont volues
avec les poques et les matriaux disponibles, mais toujours autour de trois axes principaux :
ladaptation de la forme et du matriau, lutilisation de la double courbure et la minimisation
des efforts de flexion. Cest en cherchant saffranchir compltement des efforts de flexion sous
poids propre que Frei Otto a dvelopp les structures de gridshells. Ces coques discrtes
double courbure rsultent de linversion dun filet suspendu, elles sont donc les exacts funiculaires de leur propre poids. De plus, il met au point un procd constructif original et trs
conomique qui permet dobtenir des surfaces gauches par dformation lastique et triangulation dune grille plane sans rigidit en cisaillement et constitue dlments rectilignes standard.
Aprs quelques ralisations mineures, le potentiel esthtique et mcanique de ces structures
clate avec la construction du gridshell de Mannheim en 1975.
Pourtant le btiment ne fait pas cole et reste pendant vingt-cinq ans le seul gridshell au
monde, malgr des qualits remarquables sur le plan structurel. Deux raisons principales seront avances pour expliquer cette situation : dune part les mthodes de calcul de lpoque
ngligent la flexion dans les lments et par consquent ne permettent pas dtudier prcisment les contraintes dans la structure et dautre part, les lments de la grille sont en bois
lamell-coll et leur tat de flexion permanente pose des problmes de fluage et de durabilit
des assemblages. Dans le premier chapitre, aprs un historique des gridshells, on verra que les
progrs de ces dernires annes en matire de simulation numrique et les efforts de la filire
bois pour rationaliser les profils ont permis un renouveau de ces structures en Angleterre avec
les gridshells du muse de Downland et du Savill Building.
Il semble cependant possible daller plus loin dans cette rationalisation en proposant des
solutions alternatives plus durables et plus performantes qui intgrent des nouveaux matriaux
fibrs synthtiques en lieu et place de ce matriau composite anisotrope naturel quest le bois.
Les polymres renforcs de fibres de verre ou de carbone sont relativement nouveaux dans le
gnie civil et la construction. Leurs applications actuelles copient les solutions techniques qui
ont t optimises pour lacier (armature pour bton, renforcement par collage, poutrelle en I
ou en H, etc.). Beaucoup plus souples que lacier, les composites apparaissent rarement comme
la solution la plus pertinente pour ces applications dans lesquelles les exigences de raideur
conduisent un surdimensionnement de la structure en terme de rsistance. En revanche, les
contraintes constructives des gridshells lies leur processus de montage utilisent la dformabi-

Introduction

lit des lments. Leur allongement lastique important et leur module dYoung lev font donc
des composites de bons candidats pour ce type de structure. On remarque dailleurs que partout
o une grande dformabilit et une grande raideur sont exiges en mme temps, ils simposent :
ailes de planeur, arcs, skis, cannes pche, pare-chocs. . . Dans le deuxime chapitre, on dmontrera donc que les composites verre/rsine constituent vritablement une alternative intressante
au bois pour la construction des gridshells et on tudiera plus en dtail le comportement mcanique de ces matriaux dans les conditions de flexion en grands dplacements qui sont celles
des lments dun gridshell.
Effectivement, lamplitude des dplacements qui interviennent durant le montage des gridshells est grande et leur calcul ncessite lutilisation de mthodes numriques capables de
prendre en compte des non-linarits gomtriques. Par le pass, trois mthodes ont t utilises
pour le calcul des gridshells : la mthode des densits de forces, la mthode de Newton-Raphson
et la mthode de relaxation dynamique. Cest cette dernire qui a t choisie ici et qui sera expose dans le troisime chapitre. Son principe consiste remplacer la recherche de ltat dquilibre
statique par un calcul dynamique fictif qui, par amortissements successifs, va conduire ltat
dquilibre statique. Les modles utiliss pour le calcul dynamique et le calcul des efforts intrieurs sont exposs, ainsi quun modle original pour la prise en compte des excentricits au
niveau des liaisons. Viennent ensuite ltude de la stabilit de lalgorithme et sa validation par
de nombreuses comparaisons avec dautres modles analytiques et numriques, ce qui donnera
loccasion dillustrer galement la polyvalence de la mthode.
la diffrence de la plupart des structures double courbure existantes, la forme des gridshells ne peut pas tre impose : elle est lunique forme dquilibre qui satisfait un ensemble
donn de contraintes gomtriques et de conditions dappui. La recherche de la forme est donc
un enjeu en soi et elle fait lobjet du quatrime chapitre. Trois mthodes sont dveloppes. La
premire a t systmatise par Frei Otto : elle repose sur ltude de modles rduits parfaitement tendus et conduit des formes dont le contour ou les points dappui sont imposs. La
deuxime constitue lun des objets de ce travail, elle est indissociable de lutilisation de la mthode de relaxation dynamique et de la prise en compte de la raideur en flexion des lments ;
elle conduit des formes dont les contours libres sont lexpression de la raideur naturelle de
la matire. La troisime nest quesquisse mais semble trs prometteuse pour la conception de
structures pour des enveloppes courbes, elle permet de fabriquer des grilles en quilibre sur des
surfaces dont la forme est impose.
Cependant la donne de la forme ne suffit pas dfinir une structure. Il faut bien entendu
en tudier le comportement mcanique. Dans le cinquime chapitre, on aborde tout dabord la
question du rglement de construction de rfrence pour la dfinition des chargements et des critres de dimensionnement des lments. Il semble aujourdhui naturel que cette tude sinscrive
dans le cadre des Eurocodes. Il nexiste pas de tome spcifiquement ddi aux matriaux composites, mais des coefficients partiels de scurit et des critres spcifiques ont dj t proposs
et seront examins ici. titre dillustration, ils sont mis en uvre dans ltude dun prototype de
gridshell en composites construit lcole Nationale des Ponts et Chausses. Cette tude comprend la description des matriaux utiliss et lidentification de leurs proprits mcaniques, la
dfinition de la forme, ltude de deux variantes de triangulation et celle du comportement sous

Introduction

chargement rglementaire. Chacune de ces tapes permet de mettre en lumire certains traits
spcifiques du comportement des gridshells.
Le sixime chapitre dcrit la construction de ce prototype et le programme exprimental ralis en collaboration avec lcole Nationale des Sciences Gographiques. Les diffrentes tapes
du montage et les techniques utilises sont tout dabord expliques, ainsi que les tests de chargement effectus sur la structure avant et aprs triangulation. Les rsultats de ces tests seront
ensuite analyss afin notamment de quantifier leffet de la triangulation. Ils seront galement
confronts un modle numrique construit partir du relev des positions des appuis de la
structure relle. Cela permettra en outre de mieux comprendre le comportement densemble de
la structure et lvolution des contraintes dans les lments. Enfin, quelques lments de bilan
sur les cots de ce prototype sont donns afin de montrer sa comptitivit par rapport des
structures dj exploites industriellement dans la construction.
Le dernier chapitre rappellera les principaux rsultats de ce travail et conclura sur lefficacit
des outils proposs pour lanalyse des structures lances prcontraintes en matriaux composites, la pertinence des structures de gridshells pour la ralisation de couvertures de moyenne
ou de grande porte. Un dernier mot sera ajout sur les perspectives de dveloppement du
programme et des mthodes, ainsi que sur les nouvelles applications envisageables.

Chapitre 1

Les gridshells
Le mot gridshell est un emprunt la langue anglaise qui na pas dquivalent en franais ; il
importe donc avant toute chose de dfinir ce que sont les gridshells et le concept structurel sur
lequel ils reposent. Il sagit dune famille de rsilles gauches issues dun processus de montage
particulier ; les gridshells sont des structures double courbure obtenues par dformation lastique dune grille plane sans rigidit en cisaillement. Lintrt de la double courbure repose sur
lutilisation de la raideur de la forme pour couvrir de grands espaces. Cette ide trs ancienne a
permis la construction de nombreux btiments extraordinaires, avec une grande varit de matriaux. On examinera successivment les techniques de construction et les caractristiques de ces
diffrents ouvrages, afin de mieux comprendre les spcificits des gridshells. Puis, aprs un bref
historique, les principales ralisations de ce type de structures seront prsentes. Laccent sera
particulirement mis sur deux ouvrages emblmatiques : le grand hall de lexposition horticole
de Mannheim de 1975 et latelier du muse de Downland de 2002.

1.1

Quest-ce quun gridshell ?

1.1.1 Une structure et une forme


Le mot gridshell, parfois aussi orthographi grid shell, est un emprunt la langue anglaise
qui na pas dquivalent en franais ; les Allemands en revanche utilisent le mot Gitterschale dont
le nom anglais est probablement la traduction. Il est form des mots grid et shell, qui signifient
respectivement grille et coque ; il dsigne ainsi une coque dont la surface est forme
dune grille au lieu dtre continue. Le concept de gridshell dans son acception la plus courante
correspond donc un type particulier de structures qui regroupe ce quon pourrait appeler en
franais les rsilles gauches (par opposition aux rsilles planes).
Dans IL10 Gitterschalen [78], louvrage que Frei Otto et lInstitut fr leichte Flchentragwerke
(Institut pour les structures lgres ou IL) de Stuttgart ont consacr ltude des gridshells, la
dfinition est cependant plus prcise : Un gridshell est une structure de barres, courbe dans
lespace. Les barres forment une grille plane avec une maille rectangulaire et un espacement
constant entre chaque noeud. La forme du gridshell est dtermine par retournement de la

1. Les gridshells

forme dun filet suspendu. De la mme faon que le retournement de la chanette donne la
courbe idale dun arc sans flexion, le retournement de la forme du filet conduit une surface funiculaire dans laquelle le gridshell est sans flexion. Le principe constructif sur lequel
reposent les gridshells est donc celui dune grille plane rgulire, forme de deux directions de
barres continues et articules entre elles au niveau de chaque intersection. Une telle grille na
pas de rigidit en cisaillement, ce qui la rend facilement dformable en dehors de son plan et
transformable en une surface gauche. Cette surface, comme la grille dont elle est issue, contient
des degrs de libert en rotation que lon peut bloquer avec des moyens de contreventement
traditionnels et disposer ainsi dune coque rigide.
Les gridshells sont donc une famille particulire de rsilles gauches dont le concept est indissociable dune certaine typologie de formes et de la mthode constructive dobtention de ces
formes. Ce qui est recherch avec ces structures, cest la surface idale dont la gomtrie garantit
labsence de moment de flexion sous poids propre, la coque la plus lgre.

1.1.2 Des structures et de la lgret


Pour caractriser la lgret dune structure, il est dusage de considrer le rapport entre
les deux principaux types de chargements auxquels elle est soumise : les chargements permanents ou de poids propre et les chargements variables comme le vent, la neige ou les charges
lies lexploitation de louvrage. Lorsque ce rapport est lev, le comportement de la structure
est essentiellement dtermin par les charges permanentes qui sont constantes et parfaitement
connues. En revanche, plus ce rapport est faible, plus la structure est considre comme lgre.
Les chargements de service avec leur variabilit dans le temps et leurs diffrences de nature
jouent alors un rle important dans le dimensionnement de louvrage ce qui augmente la complexit du travail de conception. Pourquoi alors chercher concevoir les structures les plus
lgres possibles ?
Dans le livre Leicht und Weit [92], Jrg Schlaich, qui est galement issu de l cole de Stuttgart , voit pour cela trois raisons. Dun point de vue cologique, ces structures permettent
dconomiser de la matire et, de part leur conception mme, sont en gnral faciles dmonter,
voire recycler. Dun point de vue conomique, elles requirent le dveloppement de dtails et
de mthodes de construction de haute technicit ce qui cre du travail pour une main duvre
qualifie et par l mme plus de richesse pour la socit. Enfin, dun point de vue culturel, lger
et fin sont des adjectifs plus valorisants que lourd et pais. Les structures lgres stimulent
lingnieur parce quelles sadressent autant son savoir, ses capacits et son exprience
qu son imagination et son intuition. Elles sont pour lui loccasion de proposer des solutions
constructives originales et pertinentes et dapporter ainsi une contribution notable la culture
architecturale.
partir de son exprience professionnelle, Jrg Schlaich distingue quatre directions de recherche pour guider le concepteur de structures lgres :
La flexion dans les lments doit tre vite le plus possible car, dans un lment flchi,
toute la matire nest pas sollicite au maximum de sa capacit. Ainsi dans une poutre, la

1.1 Quest-ce quun gridshell ?

matire situe dans la partie centrale ne participe que trs peu la reprise des efforts, elle
alourdit donc inutilement la structure.
Les matriaux doivent tre choisis en fonction de la nature des efforts quils subissent et
de leur proprits mcaniques et physiques relatives. Dans ce sens, la dmarche propose
ici se rapproche beaucoup de la mthode de choix des matriaux dveloppe par Michael
Ashby sur laquelle le chapitre 2.2 reviendra.
Une meilleure utilisation de toute la capacit de rsistance des matriaux peut tre obtenue
par lusage de la prcontrainte. De la mme faon que la prcontrainte dans le bton
permet ce dernier de reprendre des efforts de tension, la raideur gomtrique procure
par la prcontrainte permet un lment tendu de reprendre plus facilement des charges
latrales et des efforts de compression par dtension .
La forme de la structure et sa courbure sont galement sources de rigidit parce quelles
permettent de reprendre tout ou partie des efforts perpendiculaires la structure sous
forme de traction ou de compression. Plus on se rapproche du funiculaire dun chargement, plus on vite la flexion dans les lments et plus on est lger. Dans lespace, lorsquelles sont bien conues, les surfaces double courbure reprennent les efforts perpendiculaires la surface uniquement sous forme defforts membranaires, cest--dire dans le
plan local de la surface et sans flexion. Ce dernier point est dexprience quotidienne : tant
quelle reste plate, une feuille de papier est incapable de porter toute sa longueur, mais elle
la franchit largement si lon lui donne une forme de gouttire. Si lon vient recharger cette
feuille de papier en son milieu, on saperoit quelle est encore trs dformable parce que
la surface ainsi obtenue nest qu simple courbure. Il est impossible dobtenir une surface
double courbure partir dune feuille de papier ou de toute autre surface courbure
gaussienne nulle. La rsistance que lon peut attendre dune surface double courbure est
cependant bien suprieure celle dune surface simple courbure, en tmoigne lextraordinaire finesse et robustesse dune simple coquille duf.
Si lon confronte la dfinition donne par Frei Otto aux critres ci-dessus, les gridshells en
matriaux composites semblent pouvoir permettre la construction de grands espaces, libres de
tout support, avec une trs grande lgret. Dune part la forme obtenue par inversion dun
filet garantit labsence de flexion sous poids propre. Dautre part, compte tenu des proprits
mcaniques requises pour les diffrentes phases de construction, il est montr dans le paragraphe 2.2 que le bois et les matriaux composites sont les meilleurs matriaux pour ce type
dapplication. Enfin, la double courbure de la coque dans sa forme finale assure thoriquement
un fonctionnement membranaire sous chargement asymtrique.
Le premier gridshell na cependant vu le jour quen 1962 et, comme la quasi totalit des
gridshells qui ont t construits depuis, il tait fait de bois. Lide dutiliser du bois flchi pour
la construction dabris nest pas nouvelle, elle est mme couramment mise en uvre pour la
structure des yourtes mongoles. Nanmoins, la ralisation dune couverture de grande porte
avec une structure en bois ncessite des techniques daboutage et de collage qui nont t dveloppes quau sicle dernier ce qui explique en grande partie que ce type de structures ne soit
apparu que rcemment. Les matriaux composites tant issus dune technologie encore plus r-

1. Les gridshells

cente, leur utilisation comme lments de structure dans le gnie civil tait, il y a dix ans, encore
confidentielle, si bien que le prototype de gridshell construit lcole Nationale des Ponts et
Chausses est le premier gridshell en composite au monde (cf. paragraphe 6). Ainsi cette structure double courbure originale pourrait tre une rponse moderne au trs vieux problme de
la couverture sans appuis intermdiaire dun grand espace, problme auquel les rponses sont
directement lies aux matriaux disponibles chaque poque.

1.1.3 De la double courbure


De pierre et de briques
On prte souvent linvention de la coupole aux assyriens dont la civilisation stendit sur
lensemble du deuxime millnaire avant notre re. Construites partir de briques en terre
crue, ces coupoles hmisphriques taient montes sur cintres de roseaux et rserves aux salles
dapparat des palais. Cette forme ne se dveloppera rellement autour de la Mditerranne
quavec lavnement de lempire romain. En effet, les Grecs ne sont gure enclins lusage de la
maonnerie et du mortier pour leurs btiments hors du commun et ne construisent donc que trs
peu de votes lexception de quelques ouvrages remarquables par encorbellement. Drivs
des tombeaux plan circulaire crtois, les tombeaux coupole (tholos) mycniens revlent un
nouveau sentiment de lespace et une puissance constructive que rien ne laissait prsager. Cette
srie de monuments funraires culmine avec le trsor dAtre Mycnes dat de la seconde
moitie du XIIIme sicle av. J.-C. (cf. figure 1.1) [. . .]. Haute de 13,20 m sur 14,50 m de diamtre, la
tholos a la forme dune ruche et constitue la plus grande salle sans soutient intrieur de lantiquit
europenne : elle ne sera dpasse que par le Panthon de lempereur Hadrien Rome. 1

Fig. 1.1 Coupe de la vote du trsor dAtre.

Fig. 1.2 il de la vote du Panthon Rome.

Ce dernier, avec ses 43,30 m de diamtre, est rest de lan 125 jusquau sicle dernier la
plus grande coupole du monde occidental (cf. figure 1.2). La structure de cet ouvrage, encore
parfaitement conserve, est celle dune coque nervure en bton coule dans un parement de
briques. Le degr de finition de cette coque est tel que la masse volumique et la raideur du
bton diminuent au fur et mesure que lon se rapproche du sommet de ldifice. ct de ce
btiment extraordinaire, la demie coupole cylindrique se gnralise dans lempire romain pour la
couverture des absides, dites en cul de four , dans les monuments publics comme les thermes
1 Papaioannou,[82]

, 1972, p. 38.

1.1 Quest-ce quun gridshell ?

romains ou les basiliques civiles. Ensuite, en dehors de quelques glises de taille modeste, cette
forme architecturale se perd dans lempire romain dOccident, mais perdure quelques temps
dans lempire byzantin avec notamment la basilique Sainte Sophie Istanboul construite en 537
sous lempereur Justinien. Sa trs haute coupole de 32 m de diamtre est situe prs de 56
m au dessus du sol. Entirement en brique, elle repose sur quatre colonnes principales dune
surface de 100 m2 chacune, cest dire la masse de cette coupole.
Le dme est rinvent en Occident par Filippo Brunelleschi en 1436, date de la construction
du dme de Santa Maria del Fiore Florence. Il met au point cette occasion une technique de
montage originale : la coupole est faite de deux hlices de briques qui reposent lune sur lautre
et qui ne ncessitent donc pas de cintre. On assiste alors une sorte de renouveau de la coupole
durant toute la Renaissance italienne et, peu peu, partout ailleurs en Europe.

De bton et dacier
Lune des difficults principales rencontres dans la ralisation des coupoles sphriques rside dans le fait que, soumises leur propre poids, leurs mridiens sont comprims et leurs parallles tendus. Les structures en maonnerie comme le Panthon Rome ou la basilique Sainte
Sophie Istanboul, nont quune rsistance trs faible en traction ; il est donc ncessaire daugmenter considrablement les paisseurs au niveau de la base de leur coque l o les tensions
sont les plus importantes. Le poids total des coupoles augmente en consquence. Linvention du
bton arm en 1870 par Joseph Monier et du bton prcontraint par Eugne Freyssinet en 1928
va permettre un vritable essor des coques en voile mince. Grce aux aciers introduits dans le bton, ingnieurs et architectes disposent dun matriau qui fonctionne aussi bien en compression
quen traction et vont ainsi pouvoir gagner beaucoup en lgret.

Fig. 1.3 Lauditorium Kregse du MIT de Eero Saarinen.


Les capacits plastiques du matriau mettent quelques dizaines dannes tre assimiles et
beaucoup dingnieurs et darchitectes restent encore figs sur lancien vocabulaire de formes.
Le huitime de sphre de lauditorium Kresge du Massachusetts Institute of Technology construit
en 1955 par Eero Saarinen en est un bel exemple (cf. figure 1.3). De base triangulaire, cette coque
a une porte de 48,5 m et une paisseur en partie courante dune dizaine de centimtres peine.
Elle ne peut cependant se porter seule et ncessite des poutres de rives dont la hauteur varie de
50,8 cm 91,4 cm au niveau des appuis. Le poids total de la coque nest plus que de 400 kg/m2
[86].

10

1. Les gridshells

Si le bton arm permet de raliser des coques qui travaillent en tension, les armatures de
ce dernier nen doivent pas moins tre dimensionnes avec prcision car cest sur elles seules
que repose la tenue de louvrage. La thorie des coques dvelopps ds le dbut du XXme sicle
pose en pratique rapidement des problmes gomtriques dune grande complexit, de sorte
que, jusqu lapparition des mthodes numriques fondes sur la mthode des lments finis,
seule ltude gomtrique des surfaces simples (surfaces de rvolution et surfaces rgles) tait
raisonnablement possible. En dehors des cylindres et autres silos, ce sont donc principalement
les surfaces rgles qui se sont dveloppes, car elles ont lavantage dtre faciles raliser
partir de planches de bois rectilignes. Parmi les constructions les plus marquantes, on peut citer
trois btiments construits en 1958 :
lglise de lAtlandide Montevideo en Uruguay de larchitecte Elado Dieste dont les
faades reposent sur la juxtaposition de conodes (cf. figure 1.4) ;
le pavillon Philipps de lExposition Universelle de Bruxelles fruit de la collaboration
entre Le Corbusier et Yannis Xenakis. La forme est ici le produit dun assemblage complexe
de parabolodes hyperboliques en une sorte de structure plisse (cf. figure 1.5) ;
le restaurant Los Manantiales Xochimilco au Mexique d Felix Candela dont la forme
est obtenue par rotation de 60dun lment de parabolode hyperbolique (cf. figure 1.6).

Fig. 1.4 Lglise de lAtlantide Montevideo


de E. Dieste.

Fig. 1.5 Modle du pavillon Philipps de


Y. Xenakis.

Fig. 1.6 Le restaurant Los Manantiales de F. Candela en construction.


Il y a cependant comme une incohrence concevoir des structures qui travaillent principalement en tension avec un matriau, le bton, qui na de rsistance quen compression. Certains
sorientent vers la recherche de la forme en compression pure qui vite tout effort de traction.

1.1 Quest-ce quun gridshell ?

11

Dans le plan par exemple, cette courbe peut tre obtenue par inversion dune chanette soumise
son propre poids. Un des grands utilisateurs de cette technique est larchitecte catalan Antonio
Gaudi qui ralise pour lglise de la Colonia Gell (1908-1916) un modle trs complexe de lensemble des lments porteurs au moyen de fils et de petits sacs de sable (cf. paragraphe 4.1.2).
De ce projet audacieux entirement en brique mais de porte maximale somme toute modeste,
seule la crypte a t ralise.
Cest un ingnieur suisse, Heinz Isler, qui renouvellera cette technique en ladaptant la
recherche de surfaces funiculaires. Il utilise pour cela des tissus avec une faible raideur en cisaillement quil charge deau ou de pltre afin de raliser des maquettes solides aprs le gel ou
la prise du matriau (cf. E. Ramm [87] et paragraphe 4.1.2). Ltude par photogramtrie de la
forme obtenue nest cependant que la premire tape de la conception de la coque. Une analyse
structurelle est ensuite indispensable pour le dimensionnement des renforts passifs et actifs dans
le bton. En outre, comme la forme de la coque est trs libre, la structure du coffrage donne lieu
des chefs duvre de charpente. Ce procd autorise Heinz Isler saffranchir des poutres
de rives qui alourdissaient la coque de Saarinen et passer seulement quelques centimtres
dpaisseur sur lensemble de la coque comme dans le cas de la station service de Deitigen au
bord de lautoroute N1 en Suisse (cf. figure 1.7 ci-dessous).

Fig. 1.7 Coques de Heinz Isler au-dessus dune station service.


Dautres cherchent plutt remplacer le bton par un autre matriau comme lacier qui a
lui de bonnes proprits en traction. Ainsi Bernard Lafaille ralise en 1935 un hyperbolode de
rvolution de 14 m de porte laide dune tle soude de 1,2 mm dpaisseur raidie localement
par de fines lames transversales pour seulement 13 kg/m2 . Son concepteur ne russira cependant
pas imposer ce type de formes sur un projet et tout au long de sa vie ne ralisera que des
couvertures simple courbure. Ses recherches sur les voiles minces structurels en font nanmoins
un prcurseur des structures textiles dont le procd industriel de fabrication ntait pas encore
au point [73].

De cbles et de toiles
Sil est dusage de faire remonter les premiers emplois des toiles tendues pour se protger
des intempries des origines lointaines (voire prhistoriques), il reste indniable quelles ont
connues une volution trs importante au cours des cinquantes dernires annes. Ces structures
(campements militaires, couverture des arnes Rome) taient principalement temporaires et d-

12

1. Les gridshells

montables ; dsormais elles ont de plus en plus une vocation fixe et durable, comme par exemple
lorsquelles sont utilises pour la couverture des quais de la gare de Lourdes (cf. figure 1.8). Cette
volution a t permise par le dveloppement de tissus techniques partir de fibres de synthse
dont la rsistance mcanique et la durabilit sont suprieures celles des fibres naturelles ainsi
que par le dveloppement doutils de calcul numrique qui permettent dapprhender la forme
de ces structures et den tudier le comportement (cf. paragraphe 3.1.2).

Fig. 1.8 Couverture des quais de la gare de Lourdes.


La difficult principale de rsolution de ces deux problmes est lie la nature mme des
matriaux utiliss puisquils nont de raideur ni en compression ni en flexion. Il faut donc faire en
sorte que la toile reste tendue quelles que soient les actions extrieures qui sy appliquent, faute
de quoi des plis apparatront et la structure vieillira prmaturment. Lquation qui gouverne
lquilibre local de la toile est donne ci-dessous avec T1 et T2 qui reprsentent les tensions
principales, R1 et R2 les rayons de courbure principaux associs et p la pression extrieure.
T2
T1
+
=p
R1
R2
Pour tre en quilibre, la surface doit tre double courbure inverse, cest--dire telle que R1
et R2 soient toujours de signes contraires, ou bien tre soumise une pression permanente ce
que lon ralise en pratique dans les structures gonflables. Toutes les surfaces double courbure
inverse ne sont cependant pas des surfaces en quilibre et toutes celles double courbure positive
ne sont pas gonflables laide dune pression hydrostatique. Tout lenjeu de la premire tape
de la conception dune structure textile est de trouver une forme qui satisfasse en tout point la
relation dquilibre ci-dessus. Quelques formes dquilibre ont une expression analytique simple
comme le parabolode hyperbolique ou le tube cylindrique sous pression pour lequel C. Wielgosz
et al. a mis au point un modle analytique et numrique complet pour lanalyse statique ou
dynamique et le flambement [99, 60, 100]. En dehors de ces rares exemples, ce problme, quil est
convenu dappeller la recherche de forme , est trs complexe et a suscit le dveloppement de
mthodes exprimentales et numriques spcifiques qui seront dveloppes dans le chapitre 4.
De plus, ces structures ont un poids propre de lordre dune dizaine de kilogrammes par
mtre carr, ce qui en fait des constructions extrmement sensibles au vent. Comme elles sont

1.1 Quest-ce quun gridshell ?

13

souples, leur comportement met en jeu des interactions fluide-structure qui viennent sajouter
aux effets non-linaires lis la prcontrainte. Ces phnomnes sont difficilement pris en compte
par les bureaux dtudes si bien que lusage est de prvoir des facteurs de scurit importants.
Ainsi dans ltat de lart dress par Marc Malinowski [67] dont ce paragraphe sinspire trs
largement, on trouve que le rglement impose que la toile soit sollicite seulement 20% de sa
rsistance rupture.

De verre et de mtal
Les coques de verre et de mtal commencent se dvelopper, daprs Jrgen Graf [45], avec
lengouement de la noblesse anglaise pour les serres tropicales au XIXme sicle. Le palmier
devenu le symbole de la puissance et de la richesse culturelle de lempire britanique, il tait
ncessaire de concevoir des btiments dans lesquels ces plantes puissent recevoir lumire et chaleur en quantit suffisante. Grce la rvolution technique et industrielle anglaise, un nouveau
type de construction en verre et mtal, dit adoss la maison , voit donc le jour : protgs du
vent du nord par un mur maonn (celui de la maison), les palmiers profitent de toute la chaleur
accumule par la verrire qui les entoure. Rapidement les jardiniers saperoivent que la serre
fonctionne dautant mieux que les rayons du soleil frappe sa surface perpendiculairement et en
concluent tout naturellement quune enveloppe double courbure est la forme la plus efficace
pour leurs btiments.

Fig. 1.9 Vue extrieure de la serre du Bicton Garden, 1825.


Cest ainsi quen 1825, John Claudius Loudon, paysagiste, construit la fameuse serre de Bicton
Garden dans le sud du Devon (cf. figure 1.9). Elle est constitue dun dme central de 8,3 m de
haut et de deux domes latraux symtriques, le tout couvrant une surface denviron 200 m2 . Les
nervures en fer forg de la coupole sont espaces denviron 18 cm et recouvertes de panneaux de
verre qui servent de contreventement la structure mtallique et lui confre toute sa rigidit. Le
mme principe constructif est adopt pour de nombreuses serres comme celle du Kew Garden
Londres (1844) ou celle du Kibble Palace Glasgow (1873). Il ne tarde pas sortir du domaine
botanique et tre appliqu dautres types de btiments comme la Bourse du Commerce de
Paris rnove en 1889.

14

1. Les gridshells

Actuellement, la plupart des rglements de construction interdisent le verre structurel, la


structure mtallique doit tre stable indpendamment de sa couverture. Avant la pose de cette
dernire, on a donc affaire une rsille, une grille mtallique dont la forme et la rigidit sont celle
dune coque dont la surface est discrte au lieu dtre continue. De cette constatation vient le
nom de gridshell (ou Gitterschale en allemand) souvent utilis pour dcrire ce genre de structure
[42, 9, 93, 94, 95, 59, 27, 107]. Le plus souvent, le systme de contreventement adopt est fait
de croix de Saint-Andr en cbles prcontraints pour ne pas trop perdre en transparence. La
structure de la coupole sphrique de la piscine de Neckarsulm en Allemagne due lquipe de
Jrg Schlaich est une belle illustration de cette technique2 (cf. figure 1.10).

Fig. 1.10 Coupole sphrique de la piscine de Neckarsulm.


Sur ce projet, lespacement entre les nervures est suprieur au mtre, il nest donc plus possible de rattrapper la non-planit des quadrangles forms par la structure mtallique et de
couvrir cette structure avec des panneaux plans comme dans le cas de la serre du Bicton Garden.
La coupole de la piscine est donc ralise laide de panneaux de verre double courbure. Sil
est techniquement possible aujourdhui de fabriquer de tels verres, le procd reste trs coteux
et cela limite son application des structures exceptionnelles.

Fig. 1.11 Couverture de la cour intrieure du British Museum.


Pour palier ce dsavantage, il est ncessaire de partir du principe que la structure doit tre
couverte par des panneaux plans. Une premire solution consiste concevoir un pavage de
la surface laide de triangles, forcment plans. Toutes les surfaces peuvent tre dcoupes
2 Cf.

A. Holgate [50], p.106-109.

1.1 Quest-ce quun gridshell ?

15

ainsi, y compris les plus libres comme lillustre la couverture du hall de la DG Bank Berlin
fruit de la collaboration en 2001 de larchitecte Frank Gehry et de lingnieur Jrg Schlaich
(cf. paragraphe 4.4.1 et J. Glymph [43]) ou celle de la cour Elisabeth II du Bristish Museum
Londres conue par Norman Foster et Buro Happold en 2000 (cf. figure 1.11). Une telle structure
est encore trs coteuse : le dcoupage en triangles des plaques de verre engendre beaucoup de
perte de matire et les nuds de la structure mtallique sont des pices dune complexit rare :
six barres y convergent avec une orientation dans lespace chaque fois diffrente ce qui ncessite
la fabrication dassemblages standard dix-huit articulations comme pour le projet berlinois ou
de milliers de pices uniques comme pour le projet du British Museum.
Une deuxime solution a conduit au dveloppement de surfaces obtenues par translation
dont le bureau dtude de Jrg Schlaich (Schlaich Bergermann und Partner) est un fervent dfenseur [50]. Le principe de la gnration de ces surfaces est expos dans larticle de J. Glymph
[43] et se fonde sur le fait quentre deux vecteurs parallles un plan peut toujours tre dfini. Si
le maillage dune surface gauche est construit de telle sorte que deux lments opposs soient
toujours parallles alors il est certain quune couverture avec des panneaux plans est possible. Si
deux courbes quelconques de lespace, appeles gnratrices, se dplacent par translation lune
le long de lautre et vice versa, elles dfinissent un maillage dans lequel les quatre coins dun
lment sont toujours dans le mme plan. La libert de formes ainsi ralisables est immense, en
tmoigne la couverture de la maison des hippopotames du zoo de Berlin (cf. figure 1.12). Pour
gnrer cette forme, une courbe deux bosses est utilise dans le sens longitudinal et couple
une parabole diffrente sur chacune des bosses. La surface obtenue aprs translations rciproques des diffrentes courbes est ensuite coupe sur un des cts pour dgager une surface
verticale sur le bassin extrieur.

Fig. 1.12 Gnration de la forme de la maison des hippopotames Berlin.

Les surfaces par translation permettent une standardisation importante des lments car, si
les courbes gnratrices sont dcoupes avec un seul et mme pas, lensemble de la structure
est constructible avec un seul type dassemblage et un seul type dlment lexception de ceux
situs sur le primtre de la surface. Toute la construction de ces coques reposent donc sur la
conception de cet assemblage qui doit tre capable de sorienter dans les trois directions de lespace pour chacune des quatre barres qui viennent sy rattacher et de permettre la prcontrainte
des cbles de triangulation. Cet assemblage est donc une pice de haute technologie qui reste
coteuse et qui na pas permis aux structures double courbure de se dmocratiser.

16

1. Les gridshells

De bois et de planches
Les structures de coques en bois sont trs anciennes en particulier dans larchitecture navale
et religieuse. Ces coques sont souvent raidies en de multiples endroits par des diaphragmes ou
des cloisons qui divisent lespace intrieur et cassent la perspective. Leurs portes restent faibles
en comparaison des ouvrages prsents ci-dessus, notamment parce quelles ont longtemps t
limites par la taille des grumes et les techniques dassemblage. Le dveloppement des colles et
du lamell-coll permet de rabouter facilement les pices de bois et, par l, ouvre la voie vers la
ralisation des premiers gridshells.

1.2

Historique des gridshells

1.2.1 Les premiers gridshells


Pour Frei Otto, les gridshells sont les pendants surfaciques de la chanette inverse. Ses
premires expriences sur des modles suspendus de tissus et de pltre durcis commencent
ds la fin de la deuxime guerre mondiale avec pour but avou de dcouvrir des formes de
votes faciles construire avec des briques et bon march 3 . Sa dmarche initiale est donc tout
fait similaire celle de Heinz Isler [87]. Une quinzaine dannes plus tard, il a abandonn ses
recherches sur les surfaces continues pour se consacrer aux rseaux discrets et construit en 1962
un premier gridshell Berkeley aux tats-Unis. Il sagit dune structure exprimentale quatre
arches de rives de 52 m2 avec une porte maximum de 7,80 m dont la forme est le rsultat de
linversion de celle dun filet suspendu aux quatre coins. La structure a t leve la main et
rigidifie dans sa forme finale par blocage des rotations au niveau des nuds.Cette ralisation
dans le cadre dun enseignement sur les mthodes de recherche de forme et la construction de
gridshells montre que lessentiel des concepts structurels sont dj clairement dfinis.
Le pavillon dexposition Deubau Essen en Allemagne construit la mme anne le confirme.
Dune taille suprieure celle du prcdent, ce btiment qui constitue ici la fois les murs et
la toiture couvre 198 m2 et franchit 16,82 m.Contrairement celui de Berkeley qui tait en acier,
il est ralis en bois lamell-coll avec des sections de 60 x 40 mm. Cela permet dajouter un
systme de couverture en toile plastique enduite maintenue par des lattes de bois simplement
cloues sur la grille principale et dintgrer une ouverture en partie basse en renforant simplement les mailles avoisinantes par des plaques de contre-plaqu. Ce premier btiment, par son
niveau de dtails, prfigure les structures de grande porte venir.
Il faudra pourtant attendre cinq ans avant quun nouveau projet voie le jour pour lexposition
universelle de 1967 Montral o Frei Otto est charg de la conception du pavillon allemand.
Sous le grand rseau de cbles de la couverture, il loge un gridshell de 365 m2 pour abriter
une salle de confrence. La porte (17,5 m) naugmente pas et les techniques employes sont
sensiblement identiques aux prcdentes. La principale nouveaut provient de la prfabrication
en Allemagne de lintgralit de la grille qui est transporte en un seul morceau replie sur
elle-mme.
3 IL10

Gitterschalen, [78], p. 20

1.2 Historique des gridshells

17

Suivent ensuite diffrents projets plus ambitieux (72 m de porte pour la piscine de Borkum
en Allemagne en 1966, 88 m pour un hall dexposition Monaco en 1969, 90 m pour une couverture de tribune pour les jeux olympiques de Mnich en 1972), mais aucun ne remportera les
concours darchitecture.

1.2.2 Les travaux de lInstitut fr leichte Flchentragwerke


En 1970, cependant, les travaux de lInstitut fr leichte Flchentragwerke (IL) sur les structures
lgres commencent tre connus et une compagnie japonaise intresse par la production industrielle de structures lgres va financer un programme de recherche de deux ans sur les
gridshells et envoyer Stuttgart une quipe de trois architectes qui viennent renforcer lquipe
du programme allemand de recherche extraordinaire (Sonderforschungsbereich 64) sur les structures spatiales de grande porte. Du travail de cette quipe natra le seul ouvrage entirement
consacr aux gridshells paru ce jour : IL10 Gitterschalen [78].
Il comporte quatre parties dimportance ingale. La premire fait linventaire des diffrentes
techniques utilises et justifie leur choix. Elle dfinit les gridshells selon la formule donne au
paragraphe 1.1.1 comme des structures issues dune grille de poutres plane dont la forme rsulte
du retournement dun filet suspendu. Diffrentes varits de grille sont tudies au travers de
diffrents pavages rguliers du plan, mais seul le pavage de paralllogrammes satisfait les conditions de continuit des barres et de cinmatique ncessaires la mise en forme de la structure.
Les techniques de ralisation du modle inverser sont galement explores et le plus pertinent est retenu. Dans ce dernier, chaque intersection de la grille est reprsente par un anneau
mtallique sur lequel viennent saccrocher de petites chaines correspondant aux barres. Enfin,
les mthodes de mesure de la gomtrie sont dtailles, avec un accent particulier mis sur les
dispositifs photogramtriques dvelopps pour les rseaux de cbles du stade olympique de
Mnich.
La deuxime partie sur laquelle le paragraphe 4.1.1 reviendra, est consacre lexploration
systmatique des formes ralisables partir dun filet suspendu. Lobjectif est le dveloppement
dun vocabulaire formel nouveau pour les architectes et la classification de ces formes en un
certain nombre de familles : les filets ponctuellements suspendus, les filets deux bords rigides,
les filets un bord rigide ouvert, les filets un bord rigide ferm, les filets bords rigides ouverts
ou ferms, les filets points de suspension intrieurs, les filets mixtes lments comprims, etc.
La varit des formes tudies est immense : la moindre modification de la gomtrie de la grille
ou de ses conditions dappui entraine une modification de la forme. Les 150 structures prsentes
sont des structures optimises dans lesquelles toutes les chanes sont parfaitement tendues, cest-dire que pour chacune delles, le primtre du filet et la longueur des chanes sur le bord ont t
ajusts pour quaucune ne fasse de ventre . Cette partie comprend galement plusieurs pages
sur la problmatique inverse qui consiste chercher la grille dveloppe qui permet daboutir
une forme donne. La mthode propose est une mthode constructive dans laquelle on trace
la grille barre par barre, au compas, partir de deux lignes directrices. Lapproche choisie et la
dtermination de ses limites restent empiriques, une gnralisation mathmatique du problme
ntant volontairement pas cherche.

18

1. Les gridshells

Jusquici, les auteurs ne se sont intresss quaux formes, la troisime partie est donc naturellement ddie ltude des structures ainsi obtenues. Le retournement de la forme est une
tape virtuelle : la gomtrie du filet suspendu est mesure par photogrammtrie mais contient
des erreurs en ce sens que les points ny sont pas exactement en quilibre. Elle est donc corrige
numriquement laide de la mthode des densits de force dveloppe par Klaus Linkwitz,
de luniversit de Stuttgart, qui travaille en troite collaboration avec lquipe de lIL (cf. paragraphe 3.1.2). Cette mthode permet en outre de connatre les efforts de tension qui existent
dans les diffrents lments. Les relations entre courbure et rpartition des efforts sont donc analyses partir de ltude du cas simple dune famillle de filets suspendus par les quatre coins.
Linsuffisance de cette mthode pour lanalyse des cas de charges autres que liniques est souligne et les grandes lignes dune analyse par la mthode de Newton-Raphson et les lments
finis sont prsentes. Ces mthodes sont alors appliques ltude dun des modles prcdents
et le comportement gnral des gridshells sous les autres types de charges (charges de neige
symtrique ou dissymtrique, charge latrale de vent, charge ponctuelle) en est dduit. Puis, la
fin de la partie inventorie la plupart des dtails constructifs des gridshells : matriaux possibles,
systmes de fixation, dancrage, de rigidification, de couverture et de montage.
Les projets de gridshells voqus plus haut, raliss ou non, font lobjet de la quatrime partie
de louvrage. LEs esquisse du gridshell de Mannheim (cf. paragraphe ci-dessous) sont inclusent
ainsi que la description de deux nouvelles structures exprimentales ralises au dbut des annes 70 pour valider certaines solutions technologiques qui seront mises en uvre Mannheim :
une de 6,68 m de porte sur le terrain de lIL Stuttgart en 1973 et une structure double bosse
de 12,5 m par 6 m luniversit Polytechnic North London en 1974 pour laquelle intervient pour
la premire fois le bureau dtude anglais Ove Arup and Partners.

1.3

Le gridshell de Mannheim

1.3.1 Contexte
Une exposition horticole, le Bundesgartenschau, se tient tous les deux ans dans lune des principales villes dAllemagne. Pendant six mois, elle accueille environ un million de visiteurs dans
un parc ou jardin ramnag pour loccasion et dans divers halls dexposition et de restauration.
Les villes de Mannheim et Ludwigshafen ont t choisies en 1970 pour lorganisation de lexposition de 1975 et cest lagence darchitecture Mutschler and Partners qui va remporter le concours
du btiment polyvalent. Leur projet initial est une structure tendue supporte par des ballons ;
ils se tournent donc vers Frei Otto qui est devenu la rfrence sur les structures tendues depuis la
ralisation du pavillon de Montral en 1967. Aprs quelques essais, cette solution ne savre pas
viable et ils adoptent lide dune structure de gridshell plusieurs domes (cf. figure 1.13). Une
maquette inverse de la structure est donc rapidement ralise selon les mthodes dcrites plus
haut et approuve par les deux municipalits. Un appel doffre pour les tudes de la structure en
bois est lanc en septembre 1973 et remport par le bureau dingnieurie anglais Ove Arup and
Partners. Au sein de celui-ci, le projet est confi lingnieur Edmund Happold qui smancipera
plus tard pour crer le bureau dtudes Buro Happold, responsable de la conception de la quasi

1.3 Le gridshell de Mannheim

19

totalit des gridshells depuis trente ans (cf. paragraphe 1.5). Cest de larticle de E. Happold [48]
publi juste aprs la livraison du btiment en 1975 par ce dernier que sont tires la plupart des
informations ci-dessous.

1.3.2 Dimensionnement de la structure


Le dimensionnement de cette structure est une gageure sur bien des points : le type de structure est nouveau, la porte prvue est quatre fois suprieure celle des gridshells prcdents et
la construction doit tre termine en dix-huit mois pour lexposition. La premire tche consiste
donc raliser la maquette inverse de la structure, optimiser le maillage et la dcoupe du filet
pour obtenir la forme tendue optimale qui sappuie sur le contour souhait par les architectes
(cf. figure 1.14). La gomtrie de la maquette est ensuite mesure par photogrammtrie puis corrige numriquement par lquipe de lInstitut fr Anwendungen der Geodsie im Bauwesen (IAGB
ou Institut pour lapplication de la godsie dans la construction) du professeur Linkwitz par la
mthode des densits de forces (cf. paragraphe 3.1.2).

Fig. 1.13 Vue arienne du gridshell de Mannheim.

Fig. 1.14 Maquette inverse du gridshell de


Mannheim.

Une fois lenveloppe extrieure du btiment dfinie, il est ncessaire dvaluer les efforts qui
sy appliquent. Comme il est impossible de dduire directement des codes de calcul les actions
climatiques qui sexercent sur cette forme, des essais en soufflerie sont effectus. Les pressions
partielles de vent sont ainsi dtermine lintrieur et lextrieur du btiment. La charge de
neige choisie (40 kg/m2 ) correspond la valeur maximale de cette charge observe sur une
priode de recul de cinquante ans, soit deux fois la dure de vie estime de louvrage. Quant au
poids propre de la structure avec sa couverture, il est estim 20 kg/m2 .
En ce qui concerne le matriau, Frei Otto choisit dimporter du pruche de louest (tsuga heterophylla), un arbre originiaire de la cte ouest des tats-Unis qui peut atteindre 60 m de haut avec
des troncs trs droits dun diamtre de plus de 2 m. Lensemble des proprits mcaniques de
cette essence est analys : le comportement instantan, linfluence de lhumidit sur le module
dYoung, sur la rsistance la rupture, la dilatation thermique dans les diffrentes orientations
du matriaux, etc. Compte tenu des valeurs trouves et des courbures atteindre dans la forme
finale, la section maximale des lments de la grille ne peut dpasser les 50 x 50 mm. De plus, ces
lments sont amens tre flchis en permanence ; il importe donc de connatre leurs caract-

20

1. Les gridshells

ristiques long terme en fluage et en relaxation. Des expriences spcifiques sont donc montes
avec des lattes soumises une courbure constante laide dun cble excentr dont on mesure
la variation de contrainte. Il apparat ainsi que cette contrainte diminue de 30 % 40 % en cinquante jours, ce qui va dans le sens de la scurit si lon considre que la rsistance rupture
varie peu.

En parallle ces tests sur le bois, dautres tests sont raliss sur des maquettes afin de mieux
comprendre le comportement des gridshells et dtudier les mcanismes permettant de contrevenir aux instabilits structurelles. Au dbut de ltude, le bureau de Klaus Linkwitz nest pas
en mesure de fournir la gomtrie finale du gridshell de Mannheim, Edmund Happold dcide
donc de faire les premires expriences sur un modle lchelle 1/16e du gridshell dEssen
de 1962 (cf. paragraphe 1.2.1). Diffrents types de grille sont tests : grille articule au niveau
des nuds, grille encastre, grille articule avec un contreventement lche par cbles et grille
encastre avec un contreventement par cbles chaque intersection. Sans surprise, cette dernire
version de structure est beaucoup plus rigide. Quelques tests sur des assemblages encastrs ont
lieu ensuite et montrent quil est, pour ainsi dire, impossible de considrer les intersections de
la grille comme des nuds rigides.

Forts de ces rsultats, les ingnieurs mettent au point, par une analyse aux dimensions, les
facteurs pertinents pour le changement dchelle : la porte de louvrage, la rigidit hors plan
de la grille par unit de longueur, la rigidit en cisaillement des noeuds de la grille, la rigidit
axiale de la grille et la rigidit en cisaillement apporte par le systme de contreventement.
Ils constatent alors que, pour tre capable de reprendre les charges imposes au gridshell de
Mannheim, une grille double nappe avec contreventement est indispensable. Cette solution
technologique nest pas sans consquences car, lors de la mise en forme de la grille, la nappe
suprieure de la grille sallonge alors que la nappe infrieure raccourcit. Pour permettre ces
dformations, une certaine souplesse est ncessaire au niveau des assemblages, ce qui est en
contradiction avec la recherche du nud le plus rigide. De nouveaux tests en laboratoire sont
donc effectus pour valuer la raideur en cisaillement des connections et aboutissent la cration
dun trou oblong pour les noeuds de toutes les lattes suprieures de la grille.

Lensemble des donnes recueillies est ensuite utilis pour une quinzaine de simulations
numriques de lensemble de la structure de Mannheim dans sa forme finale. Par rapport
la structure relle, le maillage du modle numrique est trs lche (une latte tous les 6 m au
lieu dune tous les 50 cm), il ne tient pas compte de la prcontrainte dans les barres, ni de leur
forme courbe entre deux noeuds du maillage et nintgre que des charges ponctuelles au niveau
des nuds et des conditions aux limites fixes. Malgr quelques difficults de convergence, des
zones de faiblesses sont mises en vidence et renforces soit par des cales insres entre les deux
nappes pour augmenter la raideur en cisaillement de la grille soit par un doublement local de la
section des lattes. De nouvelles simulations sont alors effectues et la charge de ruine est value
2,85 fois la charge maximale ce qui, tous facteurs de scurit confondus, est jug admissible.

1.3 Le gridshell de Mannheim

21

1.3.3 Ralisation de la structure


Au niveau des appuis du gridshell, une trs grande varit de solutions est mise en uvre
dont la plus courante est un appui direct sur des longrines en bton. Dans les zones o les
charges retransmises par la grille sont relativement uniformes dans tous les cas de charge, la
grille repose sur des cbles tendus semblables aux cbles de ralingue des structures tendues (cf.
figure 1.15). Au niveau des ouvertures, ce sont des arches en bois lamell-coll qui soutiennent
la grille. Enfin, sur un des cts de la halle, une ligne introduit une singularit dans la courbure
du plus grand dme (voir la photographie arienne de la figure 1.13). De part et dautre de cette
brisure, la grille est interrompue et repose sur une poutre de valle (le pendant des cbles de
valle des structures tendues), elle-aussi en lamell-coll. Quel que soit le systme de fondation
considr, la grille ne repose pas directement sur ses appuis mais sur des plaques intermdiaires
de contre-plaqu de forte paisseur qui servent viter les concentrations de contraintes dans
les barres.

Fig. 1.15 Dtail du dispositif de fixation de


la grille sur un cble.

Fig. 1.16 Les tours de levage et les rpartiteurs en H de Mannheim.

Enfin, dernire difficult rsoudre : le montage. Au dpart, lentreprise de charpente charge de la construction du btiment propose de mettre en forme la grille laide de grues de
levage comme pour les gridshells dEssen ou de Montral. Les dimensions beaucoup plus importantes de la grille de Mannheim, la raideur de la structure en double nappe et le nombre
dengins ncessaires pour viter de trop concentrer les efforts rendent la chose impossible. Lentreprise se rabat alors sur un systme alternatif de tours dchafaudage. Celles-ci mesurent un
mtre de large, ont une hauteur adaptable par palier de 30 cm et sont stables jusqu 17 m de
haut ; elles sont compltes en tte dun rpartiteur en H pour ne pas poinonner la grille. En
procdant de proche en proche et en poussant progressivement en diffrents points de la grille,
un chariot lvateur ordinaire suffit la mise en forme gnrale de la structure (cf. figure 1.16).
Chaque fois quune zone atteint la bonne courbure ou entre en contact avec une ligne dappuis,
elle est rigidifie par des lattes de bois pose le long des diagonales des mailles de la grille. Et
ainsi de suite jusqu la rigidification totale de la structure. Enfin, avant lagrment dfinif, le
contrleur mandat par la ville exige un test de chargement sur la structure relle. Plus dune
centaine de poubelles sont donc empruntes la ville de Mannheim et remplies deau, puis sus-

22

1. Les gridshells

pendues la structure pour simuler une charge de neige de 40 kg/m2 sur une zone de 500 m2 .
Les dplacements observs par lquipe de lIAGB avec des thodolites ne dpassent pas 8 cm,
soit 1/750e de la porte, ce qui est plus que suffisant. La couverture en PVC transparent peut
donc tre pose et le btiment ouvert au public.
Le gridshell du Bundesgartenschau de Mannheim est le plus grand gridshell construit ce
jour et il demeure la rfrence inconteste de ce type de structure, dont il est dailleurs rest pendant 25 ans le seul reprsentant. Les savoir-faire constructifs dvelopps pendant sa conception
nont gure connu dvolution par la suite et les gridshells prsents dans les deux paragraphes
suivants en reprennent tous les grandes lignes. En revanche, pour le calcul de la structure, les
approximations sont pertinentes mais considrables : la gomtrie thorique est celle dun filet
pas dune grille en flexion, lpaisseur des diffrentes couches est nglige, la prcontrainte dans
les barres galement et lanalyse structurelle de la structure reste rudimentaire, si bien que cest
dans ce domaine quil reste des phnomnes comprendre et expliquer.

1.4

Le gridshell du muse de Downland

1.4.1 Le projet et son contexte


Le gridshell du muse de Downland, qui a vu le jour en 2002 au Royaume-Uni, constitue
pour beaucoup le symbole du renouveau de ce type de structures. Le projet a fait lobjet dune
communication abondante dans la presse spcialise en architecture, sur internet4, 5, 6 et dans les
revues scientifiques dingnieurie (cf. O. Kelly [58] et R. Harris [49]). Cest de ce dernier article
que sont tires la plupart des informations de cette section.
Le matre douvrage du gridshell de Downland est le Weald and Downland Open Air
Museum , un muse et un centre de restauration de lhabitat en bois de la rgion du Sussex
dans le sud de lAngleterre. Depuis 1970, ses conservateurs et artisans parcourent la campagne
environnante la recherche de vieilles maisons traditionnelles en mauvais tat, les dmontent
afin de les reconstruire sur le terrain du muse aprs restauration. Ce muse est donc une
sorte de conservatoire de larchitecture vernaculaire de la rgion. Son atelier de charpente tant
devenu trop exigu, il tait ncessaire de construire un nouveau btiment. Le cahier des charges de
celui-ci indique que la nouvelle construction devait la fois tre caractristique de larchitecture
du dbut du XXIme sicle et sinscrire dans la tradition de lartisanat local ; de plus, la main
duvre et les matriaux devaient, dans la mesure du possible, tre issus de la rgion. Compte
tenu de ces contraintes, la rponse de larchitecte Edward Cullinan, qui propose un gridshell en
bois associ une couverture traditionnelle, apparat dune grande pertinence.
Sur le plan architectural, Edward Cullinans confine toutes les activits commerciales dans
une construction maonne semi enterre qui sert de socle au gridshell qui abrite lui latelier
de charpente de 700 m2 . Lenveloppe de la structure forme trois bulbes arrondis entrecoups de
deux valles. Sa hauteur ondule ainsi entre 7 et 9,5 m tandis que, dans un mme mouvement,
4 http

://www.wealddown.co.uk/downland-gridshell-construction-progress.htm

6 http

://vs2.i-dat.org/unstructured02/eco2.html

5 en.wikipedia.org/wiki/Weald_and_Downland_Gridshell

1.4 Le gridshell du muse de Downland

23

Fig. 1.17 Couverture du gridshell de Downland en court de montage.


sa largeur varie de 12 16,5 m. La longueur totale de ldifice est denviron 50 m. Il sappuie
en priphrie sur la dalle de bton qui surmonte le rez-de-chausse et repose sur des arches en
lamell-coll ces deux extrmits. Tous les lments de structure en bois, y compris le gridshell
lui-mme, sont en chne vert en provenance de Normandie qui nest situe qu 250 km du site
du muse. La crte du btiment prsente des pentes relativement faibles, elle est donc couverte
laide dun systme de voliges et de feuille de zinc (cf. figure 1.17). La partie intermdiaire de
la couverture accueille des panneaux de polycarbonate transparents pour faire entrer la lumire.
Lintroduction de ce matriau plastique au milieu du reste tonne, mais il faut noter que
le polycarbonate est recyclable et que, ces panneaux tant lgrement distordus, il tait impossible de leur substituer des vitrages ordinaires. Enfin, la couverture des flancs est constitue
dun empilement de tuiles de thuya gant (thuya gigantea), un bois local qui ne ncessite aucun
traitement de surface. Lensemble des solutions techniques adoptes pour la couverture et les
fondations satisfont donc amplement la deuxime partie du cahier des charges et ses exigences
cologiques. En ce qui concerne les exigences de la premire partie de ce cahier des charges, les
paragraphes suivants montrent quelles sont galement satifaites, tant pour la conception, que la
ralisation et le montage de ce gridshell.

1.4.2 La recherche de forme


Edward Cullinans cherchait depuis quelques annes une occasion de raliser un gridshell.
Il en avait compris les principaux principes constructifs : le degr de libert en cisaillement qui
permet la mise en forme de la grille et limportance de la double courbure de la forme finale
qui donne la coque toute sa rigidit. La premire esquisse du btiment, celle prsente lors du
concours, est donc trs proche de la forme finale. Cependant il reste difficile pour lui de savoir
quelle grille permettra dobtenir cette forme et quelles doivent tre les dimensions de cette grille
pour quelle puisse rsister aux diffrents chargements rglementaires. Il se tourne donc vers les
ingnieurs du Buro Happold, seul bureau dtudes avoir dimensionn des gridshells ce jour.
Les contraintes esthtiques imposes par larchitecte, les dimensions gnrales de la structure, la rpartition des charges permanentes (notamment le poids de la couverture de la crte) et

24

1. Les gridshells

limportance relative des charges climatiques font quil apparat draisonnable que cette forme
soit funiculaire de son propre poids. La recherche de forme ne peut donc tre effectue par inversion dun filet ou selon la mthode des densits de force. Cest donc Chris Williams, professeur
dans le dpartement darchitecture et de gnie civil de luniversit de Bath, qui va tre charg
de cette tape et dfinir une forme qui soit en quilibre sous lensemble des charges permanentes. Chris Williams a dj une premire exprience sur les gridshells puisquil faisait partie
de lquipe qui a fait ltude aux lments finis du gridshell de Mannheim7 . Sappuyant sur ses
travaux [2] et ceux de son collgue luniversit de Bath, Michael Barnes [13, 14, 15, 3], il va dvelopper un programme spcifique de recherche de forme prenant en compte la flexion dans les
lments. Ce programme repose sur la mthode de la relaxation dynamique dont les principes
sont dvelopps dans le paragraphe 3.1.3. Les dtails de la procdure permettant dapprocher la
forme dsire par larchitecte nont cependant jamais t publis et on peut se demander si Buro
Happold et luniversit de Bath nont pas un intrt commercial rester vasifs sur les mthodes
et algorithmes quils utilisent.

1.4.3 Les maquettes dtude


Une fois la recherche de forme effectue, une premire maquette au centime a pu tre ralise en fil de fer. Son but tait dune part de montrer au client la faisabilit du passage de la
grille plane au gridshell surface gauche ; et dautre part de mettre en vidence leffet rigidifiant des cbles de contreventement. Dans la version dfinitive du projet, ceux-ci sont cependant
remplacs par une troisime direction de latte de bois en peau extrieure. Cette solution a deux
avantages principaux : elle divise par deux le nombre de nouveaux lments installer puisque
les lattes travaillent aussi bien en traction quen compression, et elle permet une fixation aise
de la couverture sur ces lattes qui constituent des lments filants rgulirement espacs dans
le sens longitudinal sur les flancs et transversal sur la crte de la structure (cf. figure 1.17). Une
deuxime maquette en bois lchelle 1/30e est ensuite confectionne par un tudiant de luniversit de Bath pour la simulation des tapes de montage. Elle est suivie rapidement dun autre
modle en bois lchelle 1/43e dans lequel des clous sont ajouts la structure afin de mieux
reprsenter le poids propre de la structure relle. Cette maquette met en vidence deux difficults lors du montage : des cbles additionnels seront ncessaires pour contraindre la structure
pouser la forme des valles ainsi que pour coller aux arches en bois au niveau des extrmits
de la structure. Elle permet galement de comprendre le comportement de la grille pendant les
phases intermdiaires de construction et linfluence de modifications locales des conditions aux
limites sur la forme gnrale de la structure.

1.4.4 Le dimensionnement de la structure


Pendant le montage, la grille est soutenue en de multiples points par un chafaudage si bien
que sa stabilit est assure par ce dernier ; cest donc la configuration finale de la structure qui
va tre dterminante pour le dimensionnement selon lEurocode 5. Lanalyse numrique des
7 http

://www.smartgeometry2007.com/bio/williams_bio.asp

1.4 Le gridshell du muse de Downland

25

contraintes sous chargement est effectue en parallle avec la mthode de la relaxation dynamique et avec un programme de calcul par lments finis du commerce. Aprs plusieurs essais
avec diffrents espacements entre les lattes de la grille et diffrentes sections de lattes, il savre
quune distance de 1,0 m entre deux lattes est suffisante dans la plupart des zones moyennant
une redensification ponctuelle avec des lattes tous les 0,5 m afin dviter des concentrations
defforts trop importantes dans les creux entre les dmes (cf. figure 1.18). La grille est forme
de quatre couches superposes, deux dans chaque direction, formes de lattes de 50 x 35 mm.
Comme pour le gridshell de Mannheim, le doublement des lattes a t ncessaire pour gagner
de linertie en flexion et pour pouvoir reprendre des chargements antisymtriques.

Fig. 1.18 La structure du gridshell de Downland aprs analyse des contraintes.


En ce qui concerne le matriau, les tests mens luniversit de Bath ont montr que, parmi
les essences locales, le chne tait celui qui possdait les meilleures proprits mcaniques. Un
chne vert de Normandie a t choisi en raison de sa disponibilit et de la qualit des grumes
(30 MPa de rsistance rupture en flexion, soit une classe D30 selon la rglementation europenne). Aucun dfaut dalignement suprieur cinq degrs et aucun nud ntant tolrables
dans les lattes de la grille, ils sont limins systmatiquement du bois brut. Le bois qui arrive
latelier de prfabrication est ainsi dcoup en lments de 0,6 m qui sont ensuite rassembls
en latte de 6 m par aboutage entures multiples. Aprs quoi, celles-ci sont apportes par camion sur le site du chantier o elles sont assembles entre elles par joints biseauts en bout pour
former les barres de la grille dont la longueur atteint 37 m pour la structure principale et 50 m
pour le contreventement longitudinal.
Les quatre couches de lattes doivent ensuite tre assembles laide dune pice qui permette
la fois la rotation des deux directions de barres entre elles et le glissement relatif des couches
les unes sur les autres. Pour le gridshell de Mannheim, cette connection tait ralise laide
dun boulon traversant et de trous oblongs. Avec le recul, cette solution est juge insatisfaisante
car elle affaiblit la section des barres lendroit o elles sont le plus sollicites. Un nouveau type
de connection est donc dvelopp et brevet par lentreprise de charpente et le bureau dtude.
Comme on peut le voir sur la figure 1.19, cet assemblage est constitu de trois plaques mtalliques qui enserrent les diffrentes nappes. La force de serrage des quatre boulons a t tudie

26

1. Les gridshells

pour permettre la rotation des barres et leur glissemment. La plaque du milieu comporte deux
pics en face suprieure et infrieure afin de fixer la position du noeud et pour que seuls des
glissements relatifs autour de cette position soient autoriss. De plus, deux boulons opposs sur
chaque assemblage sont prolongs afin dobtenir des points de fixations pour les lattes de contreventement. Enfin, par endroit, la plaque infrieure accueille de petits dispositifs de suspension
pour des charges lgres qui pourront tre ajoutes lors de lexploitation du btiment.

Fig. 1.19 Systme de connection du gridshell de Downland.


Lessentiel des dtails techniques de la grille tant arrt, un prototype de grille de 5 x 2,5 m
a t construit sur le site afin de vrifier la dformabilit effective de la grille. La surface double
courbure ralise a un rayon de courbure minimum de 5 m, soit lgrement moins que le plus
petit des rayons de courbure de la forme finale. Aucun problme particulier ntant signaler,
la construction du btiment est lance.

1.4.5 La construction du btiment


Le systme de levage de la grille mis en uvre Mannheim, avec la plupart des ouvriers qui
travaillent sous la structure en suspension, ne respecte pas les standards de scurit actuellement
en vigueur en Grande-Bretagne. La grille est galement trop lourde pour pouvoir tre mise en
place par un systme de grues qui risquerait de provoquer un arrachement des points de levage.
Plutt que de lever la grille, il a donc t dcid de la construire en hauteur et de la laisser
descendre sous son propre poids jusqu ce que les extrmits des barres entrent en contact avec
le sol et leurs appuis. Une plateforme de 50 x 25 m est ainsi assemble la hauteur des creux
entre les dmes et est surmonte par un systme complexe dtais de longueur et dorientation
rglable qui permettront dajuster la hauteur de la grille au fur et mesure que lchafaudage
sera dmont (cf. figure 1.20). Langle entre les deux directions de la grille nest pas fix puisque
cest justement ce degr de libert en cisaillement qui garantit la dformabilit de la grille ; la
configuration initiale de la grille est donc choisie de telle sorte que sa longueur initiale soit
gale la longueur finale du gridshell. Les positions des points situs dans le plan de symtrie
de la structure ne varient donc que verticalement, le contrle de leur alignement permettra de
sassurer qu chaque tape les dformations de la grille restent symtriques. Le processus de
mise en forme progressive de la grille est ensuite initi et contrl en permanence par ordinateur
laide de deux cent capteurs rpartis sur la grille (cf. figure 1.20).

1.5 Les autres ralisations principales

27

Les difficults rencontres sur les maquettes dtudes ont t galement rencontres sur la
structure relle et des cbles ont d tre ajouts pour forcer la dformation des diagonales de
certaines mailles dans les creux et prs des extrmits. Aucune autre complication ne sera note
jusqu ce que la structure atteigne ses fondations sur lesquelles elle est simplement visse. Des
cales en bois, issues des chutes de la construction de la grille, sont ensuite loges entre tous les
nuds de la grille pour augmenter la rsistance en cisaillement des nappes superposes. Enfin,
le contreventement et la couverture sont installs.

Fig. 1.20 La structure du gridshell de Downland en cours de montage.


Globalement, ce processus de construction sest avr trs performant puisque, sur les 10 000
joints raliss, seulement 145 sont casss lors du montage. Il dmontre donc la faisabilit technique de telles structures mais aussi sa viabilit conomique. En effet, larticle de R. Harris [49]
compare les cots de construction au mtre carr du gridshell de Downland avec ceux dautres
btiments ayant un programme voisin construit par le bureau dtude Buro Happold ces dernires annes. Avec 1097 /m2 , il se situe dans la moyenne des prix observs puisque le btiment
le moins cher est revenu 780 /m2 et le plus cher 1520 /m2 . Le gridshell de Downland fut
donc logiquement suivi dun certain nombre dautres ralisations.

1.5

Les autres ralisations principales

1.5.1 Le pavillon du Japon de lexposition Hannovre 2000


Le thme de lexposition universelle de Hannovre tait lenvironnement et le Japon dsirait
en profiter pour proposer une structure dont les matriaux puissent tre entirement recycls
aprs dmontage. La conception de ce btiment a t confie larchitecte japonais Shigeru
Ban8 , associ pour loccasion Frei Otto et aux ingnieurs de Buro Happold. Celui-ci conoit
un tunnel ondulant de papier support par des tubes de carton assembls entre eux par de
simples sangles (cf. figure 1.21). Bien que larchitecture de papier ait t autorise rcemment
par le ministre de la construction au Japon, aucun btiment de cette taille (70 m de long, 15 m
de haut et 35 m de porte maximale) navait encore t construit et les autorits allemandes ont
impos laddition darches de renfort en bois et ce malgr les calculs dmontrant la stabilit de
la structure.
8 http

://www.designboom.com/history/ban_expo.html

28

1. Les gridshells

Dabord assemble plat sur un chafaudage spcial conu par lentreprise qui ralisera deux
ans plus tard lchafaudage du muse de Downland, la structure a t amene jusqu sa forme
finale en trois semaines. Aucun bton na t utilis pour les fondations, simplement constitues
de caisses de bois remplies de sble. Quant la couverture, un papier imprgn spcialement
import du Japon a t prfr au PVC que seulement quelques entreprises sont en mesure
de recycler. Il semble donc que la plupart des mthodes employes pour la construction du
gridshell de Downland, dont la forme trois bosses ressemble trangement celle-ci, aient t
dveloppes pour le pavillon du Japon mme si ce dernier, en dehors de son extraordinaire souci
cologique, bnficie dune notorit moins grande.

Fig. 1.21 Intrieur du pavillon du Japon de Shigeru Ban.

1.5.2 Le Savill Building du grand parc de Windsor


Depuis juin 2006, le plus grand gridshell du Royaume Uni se trouve au cur du domaine
royal du grand parc de Windsor et forme la nouvelle entre des jardins Savill [8]. la diffrence
des trois btiments ci-dessus, ce gridshell ne forme que le toit de la structure (cf. figure 1.22) et ne
descend pas jusquau sol ce qui permet douvrir de larges vues sur la campagne environnante.
La conception de la toiture est luvre de larchitecte Glenn Howells en collaboration avec les
ingnieurs de Buro Happold, ceux-l mmes qui avaient travaill sur le gridshell de Downland.
Ici encore, les diffrents composants de la grille ont t assembls plat sur un chafaudage
comportant 200 points de hauteurs ajustables afin datteindre la forme finale trois dmes.
La gomtrie de rfrence du toit sappuie sur des formes simples : longs de 90 m et de
largeur quasiment constante (environ 25 m), les bords extrieurs du toit suivent larc de laxe
central du btiment ; la section transversale est forme dune srie de paraboles dont la hauteur
varie de 4,5 m 9,5 m dans le sens longitunal selon une sinusode. Ingnieurs et architectes
ajustent ensuite cette forme de faon ce quelle puisse effectivement rsulter de la dformation
dune grille plane. Tous restent toujours trs discrets sur les mthodes de recherche de forme
mises en uvre pour y parvenir.
Dun point de vue technologique, la grille est faite dun mlze local et suit une maille carre
dun mtre de ct avec des sections de 80 x 50 mm. Pour gagner en inertie, elle est ddouble
et on utilise une technique de connection identique celle dveloppe pour le gridshell de

1.5 Les autres ralisations principales

Fig. 1.22 Intrieur du Savill building.

29

Fig. 1.23 Ancrages de la couverture.

Downland. Les lments longitudinaux de 36 m de long sont tris et assembls de sorte quils
ne prsentent aucun nud, les chutes de bois tant rutilises pour carter les deux couches
de la grille et pour retransmettre les efforts tranchants dans la coque. La structure est rigidifie
non pas par des cbles dacier mais par des lattes de bouleau de 12 mm dpaisseur. Sur ces
lattes viennent sajouter un pare-vapeur, une couche disolation et une couverture traditionnelle
en tuile de chne de 100 x 20 mm. Enfin, le primtre de la toiture est support par des tubes
mtalliques de 400 mm de diamtre qui reposent eux-mmes sur une srie de quadripodes
en acier. Afin de mieux rpartir les efforts entre la grille et les tubes, la liaison entre les deux
est assure par des plaques de contre-plaqu haute rsistance de 300 x 39 mm qui viennent
sintercaler dans la grille sur un ou deux mtres (cf. figure 1.23). Ainsi, mme si la forme du
gridshell nest pas le produit de linversion dun filet et que, par consquent, les efforts ny
transitent pas de faon idale, avec ses 17 kg/m2 et la cohrence de ses choix technologiques, ce
projet dmontre que les gridshells en bois ont atteint une certaine maturit.

1.5.3 Le gridshell artisanal de Pishwanton


Le gridshell de Pishwanton de 2002 est rapprocher des premires ralisations de Frei Otto
par sa taille (80 m2 ), ceci prs quil sagit dun vrai btiment et pas dune simple structure
de dmonstration. Conu par larchitecte Christopher Day et lingnieur David Tasker, ce btiment quasi-rustique transforme une structure de haute technologie en un lment de la culture
constructive traditionnelle et, avec un cot de 90 000 euros ( comparer aux 7,5 millions deuros
du Savill Building et aux 3 millions deuros du gridshell de Downland), la met financirement
la porte de tous9 .
Comme pour le Savill Building, le gridshell ne constitue que la couverture du btiment, les
murs extrieurs en forme dhexagone sont raliss partir de pierres locales maonnes (voir la
maquette dtude de la figure 1.24). La porte de la coque est de dix mtres. Elle est constitue
dune grille carre en mlze de deux fois vingt lattes de douze mtres de long et dune section
de 35 x 25 mm relies entre elles par un simple systme de boulons. Elle a t mise en forme en
deux heures par une douzaine de volontaires sans autre moyen de levage que des tais et des
9 http

://vs2.i-dat.org/unstructured02/gridshell.html

30

1. Les gridshells

cordes pour rabattre les angles. Le contreventement de la grille est assur par plusieurs couches
de planches de bois directement visses dans la grille. Ces couches, trois en partie courante,
quatre dans les angles qui sont plus sollicits, sont disposes perpendiculairement les unes aux
autres pour augmenter la rigidit. La couverture est compose dune paisseur de lige pour
lisolation, dune membrane plastique pour ltanchit et dune couche de bouse de cheval et
de vache aujourdhui entirement recouverte dherbes folles (cf. figure 1.25).

Fig. 1.24 Maquette dtude du gridshell.

Fig. 1.25 Couverture vgtale de Pishwanton.

La recherche de forme na vraisemblablement pas dpass le stade de la maquette dtude, ni


mme fait lobjet de mesures prcises de gomtrie. Lanalyse structurelle rsulte de calculs de
coin de table base de changements dchelle et de thorie des coques lmentaire. Une analyse
numrique complte de la mise en forme de la structure et de son comportement sous charges
na pas pu tre effectue en raison des incertitudes importantes sur la qualit des matriaux et de
son prix prohibitif. Le dimensionnement de la structure nest donc quun dimensionnement en
contrainte. Pour vrifier le bon comportement statique du btiment rel, un test de chargement,
quivalent au cas de neige le plus dfavorable, a eu lieu laide de 700 sacs de sable de 20 kg
chacun, rpartis sur lensemble de la structure : un dplacement maximum de 25 mm a t
mesur, ce qui est tout fait admissible. Compte tenu de lpaisseur de bois rajoute sur le
gridshell en lui-mme, on peut se demander si la grille na pas seulement servi de cintre et
si tous les efforts ne transitent pas dans la coque forme par les diffrentes couches de bois.
Quoiquil en soit ce projet dmontre la remarquable simplicit constructive des gridshells qui
peuvent saffranchir sur des btiments modestes de lexprience et du savoir-faire trs protg
de quelques grands bureaux dtudes. Les applications de taille rduite dans lesquelles des
espaces libres de poteaux sont ncessaires, sont nombreuses : salles de rception, salles de classe
ou de sport. . . et le gridshell de Pishwanton pourrait contribuer largement donner confiance
dans lefficacit et llgance des formes courbes de ce type de structure.

1.5.4 Tour dobservation du zoo dHelsinki


La tour dobservation du zoo dHelsinki du finlandais Ville Hara (cf. figure 1.26) est le projet
qui a gagn la comptition darchitecture ouverte aux tudiants de luniversit technologique de
la ville en 200010 . Cet ouvrage dune dizaine de mtres comporte deux tages supports par 72
10 http

://www.arcspace.com/architects/ville_hara/tower/index.htm

1.5 Les autres ralisations principales

31

lments de bois lamell-coll de 12 m de long et dune section de 60 x 60 mm. Ces derniers,


pr-cintrs en usine selon sept gabarits diffrents, ont t monts un par un, directement en
place de sorte que seule une lgre flexion tait ncessaire pour atteindre la forme finale. Ltape
de mise en forme et de levage de la structure avant rigidification na donc pas lieu dtre ici. De
plus, les diffrents lments sont connects entre eux par des plaques de clous et par des rivets,
le degr de libert en rotation de la grille nexiste donc pas. Ceci garantit une certaine stabilit
la forme mais induit des moments dencastrement dans les lments de la grille. Les paliers des
tages jouent quant eux le rle de diaphragmes et sont relis entre eux par les escaliers. Ainsi,
bien que ce btiment semble proche des gridshells prsents plus haut, les choix constructifs qui
ont t faits ici entrainent un fonctionnement structurel trs diffrent des prcdents.

Fig. 1.26 Tour dobservation du zoo dHelsinki.


La recherche de forme repose sur ltude de maquettes lchelle photographies numriquement. Limage obtenue sert de guide pour le dessin en trois dimensions de la structure
selon lequel les diffrents lments en lamell-coll seront usins. Du fait du prcintrage de
ces lments, les prcontraintes de flexion lies la mise en forme de la structure ne sont pas
trs importantes et elles sont ngliges pour lanalyse structurelle. Celle-ci peut donc tre effectue directement partir de la gomtrie finale de la structure fournie par les architectes, avec
un logiciel de calcul aux lments finis standard et suivant le canevas gnral de leurocode11 .
Des tests exprimentaux statiques et dynamiques sur louvrage rel ont confirm la validit des
hypothses prises en compte dans la modlisation.

1.5.5 Le gridshell modulaire de Flimwell


Certains sites internet12, 13 ajoutent le gridshell modulaire du centre du bois de Flimwell dans
le Sussex la liste des gridshells raliss. Ce btiment prsente certes une toiture pose sur une
grille mais celle-ci na quune simple courbure, elle-mme pose sur des arches en bois. Cette
grille ne porte que sur trois ou quatre mtres dans le sens o elle na pas de courbure ; il ny a
donc pas deffet coque ce qui est incompatible avec la dfinition mme des gridshells.
11 http

://www.lusas.com/case/civil/wooden_tower.html
://en.wikipedia.org/wiki/Gridshell
13 http ://vs2.i-dat.org/unstructured02/gridshell.html
12 http

32

1. Les gridshells

1.6

Conclusion

Le concept de grishell nest pas, comme on a pu le voir, un concept clairement dfini. Si


tout le monde semble sentendre sur le fait quil sagit de structures de coques discrtes, tous
ny incluent pas le procd de montage partir dune grille plane. Cest pourtant l que rside
la grande originalit de ces structures : elles permettent de raliser des formes libres double
courbure partir dlments rectilignes standard en rsumant les difficults techniques la
seule question du levage et de la mise en forme. Ds 1975, le btiment du Bundesgartenschau de
Mannheim rvlait un univers formel radicalement nouveau par rapport aux formes des grandes
couvertures construites par le pass. Il dmontrait galement la validit du concept de gridshell
sur le plan mcanique, cest--dire le passage par simple triangulation dune grille souple
une structure dune grande rigidit et dune lgret exceptionnelle. Pourtant, cette construction
extraordinaire ne fait pas cole et est reste un objet unique en son genre pendant prs de 25 ans
pour ne renatre quaujourdhui.
On peut voquer trois raisons cela. La premire est dordre sociologique et architectural : le
dveloppement des gridshells ncessite une rflexion profonde sur la faon dhabiter un espace
courbe, dapprhender un volume qui nest plus simplement born par des plans orthogonaux.
En ce sens, les gridshells sont le pendant synclastique des formes issues de larchitecture textile
et ils profitent maintenant de lexprience acquise depuis quelques annes dans ce domaine. La
deuxime raison est technologique : lusage de matriaux soumis des courbures importantes
et une contrainte de flexion permanente est certes courant dans les objets quotidients (panier
en osier, passoire de mnage, arbalte, etc.) mais il demeure compltement inhabituel lchelle
dun btiment. Pour rassurer matres duvre et matres douvrage, ils importent donc de trouver le matriau adquat et les technologies dassemblage, de raboutage qui apporteront des
garanties suffisantes sur la prennit de louvrage. Cest cette tche quest consacr ltude systmatique des proprits mcaniques et environnementales des matriaux du paragraphe 2.2 ;
elle montrera quavec e bois, les matriaux composites semblent particulirement adapts pour
cette application. La troisime raison enfin est dordre calculatoire : le passage dune grille plane
une rsille gauche na pas de solution analytique simple et le niveau de prcision requis pour
la gomtrie dpasse celui de la maquette. Cest donc le dveloppement de la puissance de calcul
des ordinateurs et de nouveaux algorithmes de calcul non-linaire qui vont permettre dtudier
avec prcision le comportement mcanique de structures. Parmi ces algorithmes, la mthode de
relaxation dynamique semble la plus performante, elle sera expose dans le chapitre 3 et mise
en uvre pour les calculs de tous les gridshells prsents les chapitres suivants.

Chapitre 2

Les matriaux composites


La plupart des gridshells construits ce jour ont une structure principale en bois. Compte
tenu des contraintes mcaniques imposes durant le montage, ce choix semble le plus pertinent
parmi les matriaux de construction traditionnels. Cependant il existe dans dautres secteurs
dactivit des matriaux trs rpandus comme les matriaux composites verre/rsine qui offrent
des performances quivalentes, voire meilleures que celles du bois, en terme dallongement
rupture et de raideur. Il semble donc intressant dtudier plus prcisment les proprits de ces
matriaux et leur adaptation ce type dapplication.
Ce chapitre est donc consacr aux matriaux composites dans le gnie civil et pour les gridshells. On y rappelle tout dabord les principales caractristiques de ces matriaux polymres
renforcs par des fibres et leur procd dlaboration, notamment la pultrusion. On passe galement en revue leurs principales applications dans le gnie civil : armature pour bton, renforcement de structure, lment de structure de ponts et de couverture de grande porte. . . Ensuite,
on montre que les composites verre/rsine sont des matriaux adapts pour la construction de
gridshell et quils constituent une alternative intressante au bois. Pour cela, une mthode originale pour le choix des matriaux dans la conception dune pice mcanique, appele mthode de
Ashby, est utilise. Par une comparaison systmatique des proprits des matriaux, elle permet
deffectuer une analyse multicritre des contraintes et des objectifs spcifiques des gridshells
et dexhiber le ou les matriaux les plus adapts pour cette application. Enfin, on tudie plus
prcisemment le comportement mcanique des composites pultruds flchis dans le cadre de
sollicitation en grande dformation des gridshells.

2.1

Les matriaux composites dans le gnie civil

2.1.1 Gnralits sur les matriaux composites


Par dfinition, les matriaux composites sont forms dau moins deux matriaux issus de
familles diffrentes (cramiques, polymres ou mtaux). Les faons de combiner ces familles de
matriaux sont extrmement varies et de nature trs diverses selon que lobjet est destin au
rotor dun hlicoptre ou au remplissage dune portire de voiture. Sans quon les appelle ainsi,

34

2. Les matriaux composites

les matriaux composites sont employs depuis trs longtemps dans le gnie civil. Le torchis
en est un bel exemple : terre grasse argileuse malaxe avec de la paille hache ou du foin,
[il est] utilis pour lier les pierres dun mur ou pour former le hourdis dune construction en
colombage 1 . Le bton arm en est un autre, plus rcent : les armatures dacier consituent le
renfort du mortier qui joue le rle de matrice. Par certains cts, on peut galement voir le bois
comme un composite naturel form de fibres ligneuses relies par de la cellulose. Cependant
quand on parle de matriaux composites dans le gnie civil, on ne pense pas ces matriaux
mais plutt aux composites constitus dune matrice organique renforc par des fibres. Ces fibres
sont essentiellement de trois types : verre, carbone et aramide, tandis que les matrices sont en
gnral thermodurcissables : polyesters, phnoliques ou poxydes Les rsines thermoplastiques sont certes plus faciles mettre en forme et usiner, mais elles sont beaucoup moins
rsistantes que les thermodurcissables. La structure de ces composites allie les qualits mcaniques dun renfort en fibre aux qualits ductiles dune matrice polymre. Celle-ci ayant des
proprits mcaniques beaucoup plus faibles que celles du renfort, son rle est dassurer la cohsion du matriau dans son ensemble et le transfert par cisaillement des contraintes aux fibres.
Les principales proprits mcaniques de ces constituants sont indiques dans le tableau 2.1.
Tab. 2.1 Proprits mcaniques des constituants des composites fibre/rsine [41]
Densit
t/m3
Verre
Aramide
Carbone

2,5
1,45
1,8

Epoxyde
Polyester
Vinylester

1,2
1,2
1,15

Coefficient
rupture
de Poisson
MPa
Renforts fibrs
74 86
0,2 0,25 2500 3200
130
0,4
2900
230 390 0,3 0,35 2500 3200
Matrices rsineuses
4,5
0,4
130
4,0
0,4
80
3,3
0,4
75
Module
GPa

Allongement
erupture

Prix
e/kg

4,5 5
2,6
0,6 1,3

3 14
80
80 160

2
2,5
4

7 23
3
4,5

On observe que, parmi ces matriaux, les moins chers que lon puisse fabriquer sont les
composites verre/polyester ; ce sont donc les seuls qui ont une chance de se dvelopper dans
le gnie civil. En effet, les quantits de matriau consommes dans ce domaine sont telles que
la question du prix est centrale dans le choix du matriau utilis. Il importe donc de choisir un
processus industriel de fabrication capable de fournir de grandes quantits de matriau un
prix relativement bas. Si les procds de fabrications des composites sont multiples : moulage
par contact, moulage par projection simultane, enroulement filamentaire, etc., mais il ny a que
la pultrusion qui semble en mesure de rpondre ce double objectif de cot et de volume2 .

2.1.2 La pultrusion
Le mot pultrusion est une contraction des termes anglo-saxons pull (tirer) et extrusion. Il sagit
dun procd industriel qui permet de fabriquer des profils de section constante hautement
1 Cf.

2 Cf.

Dictionnaire Le petit Robert, 1992


M. Chatain, [30], 1993

2.1 Les matriaux composites dans le gnie civil

35

renforc dans le sens longitudinal. Pour ce faire, les fibres de renfort sont tires travers un bain
dimprgnation puis dans une filire chauffe, de manire initier la raction de polymrisation.
la sortie de la filire, le profil solide est refroidi suffisamment pour pouvoir tre pinc dans
la tireuse sans risque de dformation. [23]. Une ligne de pultrusion typique est illustre sur la
figure 2.1. Elle peut tre couple dautres installations de faon amliorer les performances
des profils comme par exemple une ligne denroulement filamentaire qui va ajouter des fibres
en dehors de laxe principal. Des techniques de fabrication de profils courbes existent galement
mais elles sont assez peu rpandues. Les taux de fibres obtenus avec cette mthode vont jusqu
60 %.

Fig. 2.1 Schma de principe dune ligne de pultrusion.


Les sections possibles sont trs varies : des plats, des profils en I, en H ou en T, des tubes
ferms, etc. Elles peuvent facilement accueillir des renforts locaux sous forme dinserts mtalliques ainsi que des fibres optiques pour des systmes avancs de mtrologie ou de transmission
de donnes. Cest un procd trs conomique car le niveau de standardisation est lev et les
quantits produites importantes. Les applications aussi sont trs varies : flches, btons de ski,
conduites de fluide, garde-corps, boulonnerie, poutres, panneaux de faade ou de signalisation,
fentres, bancs, tous types de poteaux (lectrique, tlphonique, lampadaire, feux de signalisation, porte-drapeau, etc.). La plupart des ralisations actuelles dans le domaine du gnie civil
sont faites laide de profils pultruds. Ils sont utiliss comme armature dans le bton, comme
renforts de structure ainsi que comme lments porteurs de ponts. Bien quencore marginal, le
march des composites dans la construction est en pleine expansion, les ouvrages mettant en
uvre ces matriaux se multiplient comme on va le voir dans les paragraphes qui suivent.

2.1.3 Applications pour le renforcement des structures


Armatures pour bton
Le bton arm est Le matriau bon march le plus rpandu. Seulement, avec le temps, leau
et dautres agents aggressifs sinfiltrent jusquaux armatures mtalliques qui se corrodent et font
clater le bton, ce qui remet en cause la sret de louvrage. Partant de cette constatation et du

36

2. Les matriaux composites

fait que les composites verre/rsine et carbone/rsine ne rouillent pas, de nombreux laboratoires
ont entrepris ds les annes 1990 de remplacer les armatures mtalliques par ces derniers. Ces
programmes de recherche courent encore pour la plupart car les problmes poss par ce changement de technologie sont nombreux. En effet, le verre est une solution beaucoup moins coteuse
que le carbone, mais il est attaqu par les bases. Or les formulations de bton avaient justement
t faites pour tre le plus basiques possible pour protger les aciers des attaques acides. De
nouveaux types de verre alcali-rsistants ont donc t dvelopps ainsi que de nouveaux btons moins basiques. La question de la liaison entre le composite et le bton a galement pos de
nombreux problmes qui commencent peine tre rgls aujourdhui (Quelle gomtrie pour
les composites pour obtenir le maximum dadhrence et un rendement maximum de toutes les
fibres ? Comment grer les diffrences de coefficients de dilatation thermique ? etc). Dautres
questions sont encore ouvertes : comment retrouver la souplesse de conception des cages darmatures assembles par plastification des aciers ? Faut-il prfrer les rsines thermodurcissables
plus rigides pour lesquelles la prfabrication est incontournable, aux rsines thermoplastiques
formables sur chantier ?
Deux technologies sortent pour le moment du lot : les btons-textiles renforcs par des tissus
souples et les btons arms de barres composites appeles rebar, pour reinforcing bars : barre
de renforcement. Pour lune comme pour lautre de ces techniques, les ralisations sont peu
nombreuses. Un btiment prototype a t construit lUniversit Technique dAix-la-chapelle
avec des panneaux de faades en bton renforc laide de tissus de fibres de verre. Ces lments
ne sont pas structurels et, comme il ny a plus dpaisseur minimum ncessaire pour lenrobage
des aciers, le niveau de finesse atteint est remarquable, peine plus dun centimtre. Quelques
ponts avec des armatures en verre existent aussi aux tats-Unis (29 ponts routiers daprs Saskia
Jlich [55]), au Canada (10 ponts routiers et 1 pont pitonnier toujours daprs S. Jlich [55]) et
au Japon (3 ponts). La plupart ont t construits laide de technologies brevetes, proprits
dentreprises de travaux publics qui mettent en avant la rapidit de mise en uvre et la lgret
de leur solutions, comme par exemple G. Barefoot et F. Matta qui proposent un pont constructible
en cinq jours [11].

Renforcement et rparation des structures


La vie des ouvrages dart en bton est pleine de pripties : leurs matriaux vieillissent, se
dgradent sous les effets des sels de dverglaage et des cycles gel-dgel ; les imperfections, voire
les erreurs de conception et dexcution finissent par transparatre et entranent des dsordres
dans les structures ; les charges appliques varient et augmentent avec le trafic routier, etc. Les
origines des pathologies sont multiples et les consquences sont certaines : la surveillance et la
rhabilitation des ouvrages dart en France cotent 45 milliards deuros par an. Les interventions les plus courantes sont de trois types : rfection de ltanchit pour limiter la corrosion,
rparation de la structure ou renforcement pour amliorer les performances et la durabilit de
louvrage. Les techniques de renforcement sont nombreuses : ragrage par mortier hydraulique,
injection de polymre dans les zones fissures, projection de bton fibr, ajout de cbles de prcontrainte ou collage de tles dacier. Cette dernire solution est trs efficace mais elle prsente

2.1 Les matriaux composites dans le gnie civil

37

quelques problmes au niveau de la rpartition des efforts entre aciers intrieurs et aciers colls.
Par ailleurs, le poids propre des tles et leur rigidit spcifiques rendent difficiles les conditions
dapplication in situ. En consquence, ds 1990, au Japon est apparue une technique de rparation qui substitue aux tles mtalliques des feuillets composites moins lourds, plus performants
mcaniquement et plus facile mettre en uvre 3 .

Fig. 2.2 Chantier de renforcement dun pont sur lautoroute A6 prs de Toutry.
Cette technique de rparation par composites a fait lobjet de nombreuses recherches dont
la plupart sont toujours en cours, notamment lcole Nationale des Ponts et Chausses (cf.
G. Foret et O. Limam [63, 64]). Paralllement, les ralisations concrtes se multiplient en Amrique du Nord, notamment au Canada et au Nord des tats-Unis o les sollicitations climatiques
sont plus rudes, et au Japon pour augmenter la rsistance des ouvrages dart et des btiments
les plus stratgiques vis--vis du risque sismique. En Europe et en France, les applications sont
moins nombreuses, peut-tre parce que le rglement franais impose depuis longtemps dj de
protger les ouvrages par une chape dtanchit. Quelques exemples existent quand mme, notamment le renforcement par des plats de carbone du pont sur lA6 hauteur de Toutry qui est
pass en 2007 de deux trois voies de circulation (cf. figure 2.2). Un guide de recommandation
supervis par lAssociation Franaise de Gnie Civil devrait paratre dans le courant de lanne
[4].

2.1.4 Applications structurelles


Les applications dans lesquelles les composites sont utiliss comme lments structurels porteurs sont peu nombreuses et la plupart du temps copient les structures qui ont t optimises
pour lacier ce qui est contre-performant. Les familles de construction se diversifient peu peu
et vont maintenant du pont routier la couverture de btiments de prestige.
Ponts et passerelles
Dans le domaine des ouvrages dart, les composites sont employs pour trois postes principaux : le haubanage, les poutres principales et le tablier. Au dbut des annes 1990, les composites taient des matriaux nouveaux, ils suscitaient un engouement important et de nombreux
3 Cf

P. Hamelin [46]

38

2. Les matriaux composites

ouvrages exprimentaux avec des haubans en fibre de carbone ont alors vu le jour, en particulier
au Japon avec pas moins de onze passerelles et neuf ponts routiers (cf. S. Jlich [55]). Quelques
ouvrages ont aussi t construits en Amrique du Nord et en Europe, dont la passerelle de
Laroin en France pour laquelle un systme dancrage de joncs en carbone a t dvelopp par
lENPC et brevet avec lentreprise Freyssinet (cf. figure 2.3). Lvolution du prix du carbone
nayant pas t trs favorable par la suite, les aciers hautes performances sont rests la solution
la plus rentable pour la ralisation des haubans [55].

Fig. 2.3 La passerelle de Laroin, France.

Fig. 2.4 La passerelle dAberfeldy, cosse.

Seuls les composites verre/rsine semblent donc mme de pntrer le march du gnie
civil, notamment grce aux structures produites par le procd trs conomique de pultrusion.
Leurs proprits mcaniques tant plus modestes, ils ont t principalement utiliss pour les
poutres et les tabliers. 109 ponts pour pitons et 12 ponts routiers entirement en composites
existent aujourdhui aux tats-Unis, ainsi que 17 en Europe, dont lun des tout premiers est
la passerelle dAberfeldy en Ecosse (cf. figure 2.4). Leur porte est en gnral modeste, une
quinzaine de mtres en moyenne, ce qui permet une prfabrication quasiment intgrale en usine.
La lgret du matriau rend le transport et la mise en uvre de ces structures faciles ce qui
entrane une interruption minimale du trafic sur les voies franchies. Le faible cot dentretien
est galement un point qui est mis en avant par les entreprises qui proposent ces ponts sur
catalogue.
Les raisons de ce succs grandissant ne sont donc pas lies aux performances mcaniques
des composites. Il faut dire que les typologies structurelles sont en gnral directement inspires de celles qui ont t optimises pour les ponts mtalliques : poutres treillis, poutres en I de
grandes tailles et poutres-caissons. La relative souplesse du matriau ncessite paradoxalement
de concevoir des sections visuellement plus massives que celles quon aurait eues pour une solution quivalente en acier. Sur les premiers ouvrages, le collage ntait pas encore considr
comme une technologie sre et ce surdimensionnement tait accentu par lutilisation dassemblages par rivets et par boulons ce qui gnre des surcontraintes importantes dans des profils
uniaxiaux.
Linnovation par la reproduction est un procd courant lorsquun matriau nouveau apparat, mais il atteint rapidement ses limites, car les techniques de construction sont adaptes
au matriau pour lequel elles ont t dveloppes grce une longue exprience. Il faut donc

2.1 Les matriaux composites dans le gnie civil

39

inventer de nouvelles formes et de nouvelles mthodes pour les composites, cest--dire :


tirer parti des dformations lastiques importantes et de la haute rsistance rupture des
fibres ;
minimiser et simplifier les assemblages pour diminuer les concentrations de contrainte et
les cots ;
utiliser au maximum des lments prfabriqus pour augmenter leur qualit et rduire les
cuts.
Des recherches dans ce sens ont t effectues par Saskia Jlich dans sa thse [55] sous la
direction de J.-F. Caron. Elle y dtaille un projet de passerelle en bow-string de 40 m de porte
dans laquelle les arches principales sont des poutres droites post-flambes dont les forces de
rappel lastique servent mettre en tension les cbles et les haubans qui les sous-tendent, crant
ainsi une poutre prcontrainte dune grande rigidit (cf. figure 2.5). Afin de tirer le meilleur
parti de la rsistance des lments, les assemblages de la structure ont galement t optimiss,
notamment les ancrages des haubans (cf. S. Chataigner [29]). Le prsent travail sur les gridshells
est en quelque sorte une application de cette mme dmarche des structures de btiment.

Fig. 2.5 Maquette de la passerelle tout composite dveloppe au LAMI.

Couverture sandwich
Les seuls emplois des composites dans le btiment taient jusqu peu limits aux menuiseries de porte et de fentre, aux garde-corps et aux chemins de cbles lectriques. Lanne
2004 a vu la construction de la premire couverture entirement en composite en Isral avec les
deux tourelles du centre Yitzhak Rabin Tel Aviv (cf. figure 2.6). Lobjectif premier de larchitecte Moshe Safdie ntait pourtant pas de raliser une structure particulirement innovante et
le projet initial prvoyait des coques en bton. Une deuxime solution entirement en acier a
galement t tudie mais lune comme lautre des structures contredisait par leurs poids la
lgret attendue pour ses formes trs libres. La proximit entre le bureau dtude mandataire et
luniversit de Delft va conduire au dveloppement dune troisime variante qui sera finalement
retenue : des coques composites formes de deux peaux extrieures base de tissus de verre
primprgns drapes sur un moule en polymre dense qui sert aussi dme de la coque. Les
entreprises capables de produire un tel sandwich nexistant pas sur place, les coques ont t
dimensionnes et prfabriqus en Hollande avant dtre achemines jusquau chantier par route

40

2. Les matriaux composites

et par mer [39]. Les raccords entre les diffrents pices sont raliss in situ avec de nouveaux
tissus de verre, lensemble de la structure tant finalement mis en place dun seul tenant au
moyen dune grue. Les dtails sont particulirement soigns et leur conception procde dune
dmarche spcifique aux composites : par exemple, la coque reposant sur des appuis ponctuels,
des inserts mtalliques ont t intgrs au droit des futurs poteaux ds les premires tapes de
la prfabrication pour garantir une liaison sans perage entre ceux-ci et les composites. Le cot
de cette structure sur mesure peut tre contest, le centre Rabin reste la premire couverture de
grande porte au monde avoir t ralise en composites. . .

Fig. 2.6 Maquette du centre Yitzhak Rabin Tel-Aviv.


Depuis, une autre couverture de 25 m de porte a vu le jour Bahrein. Il sagit l aussi dune
coque sandwich en fibre de verre. La forme simple courbure est cependant beaucoup moins
intressante et le niveau de finition et les dtails plus banals, notamment parce que la coque est
appuye continuement sur des bords droits. Ces deux btiments restent les deux seuls exemples
de couverture de grande porte connus ce jour. Dans lun comme dans lautre, la solution en
composite sandwich aurait pu tre remplace par des coques moins chres faites de matriaux
traditionnels (bton ou acier), cest la recherche du prestige li linnovation technologique qui
a guid le choix du matriau plutt quune rflexion sur ladquation entre forme, fonction
et matriau. Dans la partie qui suit, on dmontrera que les composites sont, avec le bois, les
matriaux idaux pour les structures lances prcontraintes comme les gridshells ; pour cela,
on utilisera la mthode de choix des matriaux propose par M. Ashby.

2.2

Intrt des matriaux composites pour les gridshells : dmonstration par la mthode de Ashby

2.2.1 Principe de la mthode de Ashby


Tous les gridshells prsents dans le chapitre 1 ont une structure principale en bois une
exception prs, le pavillon du Japon pour lexposition universelle de Hannovre dont la structure
est en carton. Parmi les diffrents matriaux de construction traditionnels, le bois est effectivement le plus adapt au processus de montage trs particulier des gridshells. Les matriaux
cimentaires sont trop raides et trop fragiles en traction et les mtaux malgr un allongement
en rupture lv ont un comportement lasto-plastique qui entrainent gnralement une localisation des dformations incompatible avec la mise en forme de cette famille de structures. Le

2.2 Intrt des matriaux composites pour les gridshells : dmonstration par la mthode de Ashby

41

ct atypique et relativement novateur des gridshells laisse cependant imaginer quil y a sans
doute des matriaux plus appropris, notamment les composites verre/rsine, qui offrent des
performances intressantes pour la construction de ces rsilles gauches.
Lingnieur, qui dsire concevoir une pice mcanique, a aujourdhui sa disposition entre
40 000 et 80 000 matriaux. Comme il est rare que les performances de cette pice dpendent
dune seule proprit, il est ncessaire de prendre en compte une combinaison de proprits,
comme par exemple les rapports rsistance/poids ou rigidit/poids utiles pour la conception
de produits lgers. Lide simpose alors de reprsenter une proprit en fonction dune autre
et de tracer dans cet espace de proprits les domaines quoccupe chaque famille de matriaux ;
les plages de variations des grandeurs tant en gnral trs importantes, lchelle logarithmique
est souvent la plus approprie. Il est frappant de constater que, quelles que soient les proprits
(rsistance, tnacit, conductivit thermique. . .), les membres dune mme famille se regroupent
et que, malgr la grande varit existante des mtaux, ceux-ci occupent un espace distinct de
celui des polymres, des cramiques ou des composites. Les diagrammes ainsi obtenus sont trs
utiles car ils concentrent un grand nombre dinformations sous une forme compacte et accessible,
et ils permettent lapplication dune technique doptimisation des performances qui constitue la
base de la procdure de choix de M. Ashby [7].
La premire tape de cette procdure consiste traduire les spcifications et la fonction de
lobjet en un ensemble dobjectifs (le moins cher possible, le plus lger, le moins polluant, le
plus sr, etc.) et de contraintes (charge minimale supporter, dimension maximale, temprature
normale de fonctionnement, etc.). La deuxime tape est consacre la construction dindices
de performance qui reprsentent le mieux possible les objectifs atteindre. Ces indices de performances sont des fonctions de trois types de paramtres : des exigences fonctionnelles, des
paramtres gomtriques et des proprits du matriau. En gnral, les types de paramtres
sont indpendants les uns des autres si bien que le choix du meilleur matriau devient indpendant des dtails de conception. On peut alors passer la troisime tape : construire les cartes
de matriaux avec les proprits mcaniques intervenant dans les indices de performance, et
choisir le meilleur matriau pour lindice considr. Souvent il y a plusieurs indices optimiser
et il faut tablir un systme de pondration pertinent partir de ces indices avant de pouvoir
conclure. Cette mthode est gnrale et peut tre applique une grande varit de problmes,
notamment aux gridshells.

2.2.2 Caractristiques fonctionnelles des gridshells au sens de Ashby


Comme expliqu ci-dessus, la mthode de Ashby commence par la dfinition dindices de
performance qui doivent traduire les caractristiques fonctionnelles des gridshells. Ces indices
doivent faire intervenir des proprits des matriaux, comme leur module dYoung, leur rsistance, leur prix ou leur contenu nergtique, de faon pouvoir comparer les matriaux entre
eux. Sept indices de performances sont proposs ici, ils traduisent respectivement : la capacit
du matriau se dformer durant la mise en forme, sa rigidit laquelle est lie celle de la
forme triangule, sa fragilit, son cot financier, son contenu nergtique, son impact environnemental et sa durabilit. Un facteur de forme est galement ajout afin dintgrer les possibilits

42

2. Les matriaux composites

technologiques qui permettent dobtenir des sections gomtriquement plus performantes.


Indice I1
La premire caractristique des gridshells est leur processus de mise en forme : la grille doit
tre capable de supporter de grandes dformations lastiques de faon former des surfaces
avec des courbures importantes. Le meilleur matriau pour la phase de montage est donc celui
qui, pour un diamtre d donn de barres, permet dobtenir le plus faible rayon de courbure r. Si
lon considre une poutre de module dYoung E, les contraintes maximales en flexion max sont
donnes par :
max = E

d
2r

(2.1)

En introduisant la contrainte maximale lastique e , on obtient le rayon de courbure minimal ;


il vaut :
r min =

dE
2 e

(2.2)

Le meilleur matriau pour ltape de mise en forme est celui qui autorise le rayon de courbure
le plus petit, cest donc celui qui maximise le rapport e /E. I1 , le premier indice de performance
maximiser est donc dfini par :
I1 =

e
E

(2.3)

Indice I2
La deuxime caractristique des gridshells, en tant que structure, est quils doivent satisfaire les critres de dimensionnement dfinis par les rglements de calcul en vigueur dans le
btiment. Pour la phase de service du gridshell, le meilleur matriau est celui qui offre la plus
grande rigidit pour cette mme dimension de barre. Pour dfinir cette rigidit, il faut choisir
le phnomne physique dont linfluence est la plus importante pour le dimensionnement du
gridshell. On montre au paragraphe 5.2.4 que lorsque le systme de couverture est souple, les
dplacements ne sont pas dimensionnants. On montre galement que, comme la structure triangule fonctionne comme une coque, les dformations sous chargements extrieurs sont petites
devant les dformations survenues durant la phase de montage. Par consquent, les variations
de contraintes sous charges sont faibles et, si les critres de dimensionnement en contrainte sont
vrifis pendant la phase de montage, ils le seront aussi pendant la phase de service. En fait, le
phnomne physique lastique dterminant pour lanalyse structurelle des gridshells est donc
le claquage ou le flambement de la coque (cf. paragraphe 5.2.4).
I2 , le deuxime indice de performance doit donc tre une mesure de la rigidit de la forme
finale vis--vis du flambement. Pour obtenir une expression de la pression critique pcr qui va
provoquer le claquage de la coque, on suppose que cette charge est proche de celle qui provoque
linstabilit dune coque cylindre quivalente soumise un chargement hydrostatique, cest-dire du type :
pcr =

3EI
b3
R

(2.4)

2.2 Intrt des matriaux composites pour les gridshells : dmonstration par la mthode de Ashby

43

b reprsente le rayon de courbure de la coque, E son module


Dans lexpression ci-dessus, R
dYoung et I linertie par unit de longueur qui est une fonction de d4 , la puissance 4 du diamtre
des barres. Le seul paramtre li au matriau qui intervient dans cette expression est le module
dYoung, plus il est lev, plus la charge critique de flambement est leve et plus la structure
est sre. I2 , le deuxime indice de performance maximiser est donc choisi ainsi :
I2 = E

(2.5)

Indice I3
En plus de ces deux indices, il semble ncessaire dexiger des matriaux slectionns quils
soient capables de se dformer sans subir dendommagement. On dfinit donc pour cela un troisime indice li la tnacit K Ic des matriaux. On commence par supposer que ces matriaux,
quels quils soient, prsentent avant chargement des micro-fissures dont la longueur maximale
est ac . La contrainte f laquelle se produit la rupture du matriau est alors donne par :
CK Ic
f =
ac

(2.6)

Dans cette expression, C est une constante qui dpend de la gomtrie de la pice et de celle
de la fissure, elle est en gnral proche de 1. Lors de la mise en forme des gridshells, les barres
subissent des dformations importantes ; les matriaux adquats doivent donc permettre une
dformation lastique suffisante sans endommagement, cest--dire sans atteindre la contrainte
rupture f . La dformation lastique maximale e f peut tre value partir de la loi de Hooke
et de lexpression (2.6) :
ef =

f
E

soit

ef =

CK Ic

E ac

(2.7)

Les matriaux pour lesquels le risque dendommagement est le plus faible sont donc ceux
qui ont la plus forte valeur de lindice :
I3 =

K Ic
E

(2.8)

Facteurs de forme
Au-del des proprits mcaniques propres du matriau, il est bien connu qu masse gale
certaines gomtries de section sont plus efficaces que dautres : en flexion, les sections en I
ou en H sont beaucoup plus performantes que les sections pleines, de mme en torsion les
profils tubulaires. On sait galement quil nest pas possible technologiquement de fabriquer
nimporte quelle section avec nimporte quel matriau. Il semble donc ncessaire dlargir le
concept dindice de performance en y intgrant une mesure du rendement de la gomtrie.
Pour cela, Ashby propose dintroduire dans la procdure de choix des matriaux un facteur de
forme caractristique des performances de la section4 . Les performances de lensemble matriaugomtrie sont alors values partir des proprits des matriaux tablies pour des sections
4 Cf.

M. Ashby [7], chapitre 7

44

2. Les matriaux composites

circulaires pleines multiplies par la valeur du facteur de forme adimensionnel. Par exemple,
le facteur de forme f pour un tube circulaire flchi dont lpaisseur est gale au vingtime du
diamtre est dfini comme le rapport de linertie de rfrence et son inertie :
f =

Ire f
d4 /64
=
I
(d4 (d d/20)4 )/64

soit

f ' 5

(2.9)

Pour tenir compte de ce facteur de forme dans lindice I2 qui mesure la rigidit dune structure flchie forme de tube creux plutt que de ronds pleins, on modifie I2 de la faon suivante :
I2 = E

et

Ib2 = f E

(2.10)

Les valeurs maximales de ces facteurs sont limites la fois par des contraintes technologiques de fabrication (laminage, soudage, etc.) et par des contraintes physiques qui font que,
passe une certaine limite, les modes dendommagement changent (flambage global, flambage
local, plastification ou risque de fissuration plus grand, etc.). Voici quelques valeurs courantes
daprs [7] de facteurs de forme pour les matriaux qui seront tudis dans ce chapitre :
Bois : f =2,
Composite Verre/rsine : f =15,
Composite Carbone/rsime : f =25,
Titane : f =35,
Cramique technique : f =35.
Les facteurs de forme sont dun emploi dlicat, ils entranent des distorsions des cartes de
matriau car leur valeur dpend du type dapplication choisi et surtout du type de section
envisage pour chaque matriau. Pour un indice ou une proprit du matriau donne, il existe
donc une infinit de cartes de matriau possible ; cest pourquoi les cartes ne tiennent pas compte
des facteurs de forme. Cest, comme on le verra un peu plus loin, lutilisateur de pondrer ses
indices en fonction des critres quil aura choisi.

Indice I4
Les applications envisages pour les gridshells se situent dans le domaine du gnie civil :
chapiteaux ambulants, couvertures pour installations sportives, pour des bassins ou des cuves,
etc. Les quantits de matriau consommes par ce domaine sont trs importantes si bien que
leur prix est un facteur dterminant dans le choix des techniques de constructions employes.
Pour que les structures de gridshell aient une chance de se dvelopper, il faut quelles soient
conomiques ; le but de la conception est donc simple : rsistance et rigidit au meilleur prix.
Pour valuer le prix dune structure de gridshell partir du cot relatif par unit de volume des
matriaux CR , il faut estimer son volume. Celui-ci est dfini comme le produit de la longueur
totale de barre utilises Ltot par la section des barres S. Le cot des matriaux de la structure
scrit donc : cot= CR Ltot S. Or la section ncessaire la bonne tenue de louvrage est celle
qui permet de supporter un certain niveau de charge rglementaire q ELU sans provoquer de
flambement de la structure, cest--dire celle qui vrifie lquation (2.4) pour pcr = q ELU . Soit, en

2.2 Intrt des matriaux composites pour les gridshells : dmonstration par la mthode de Ashby

45

tenant compte de lexpression de linertie en fonction de laire de la section (I = S2 ) :


q ELU =

3EI
b3
R

soit

q ELU =

3S2
E
b3
R

(2.11)

partir de lexpression ci-dessus, on peut dduire une expression de S en fonction des autres
paramtres du problme :

s
S=

b3
q ELU R
3E

(2.12)

Et ainsi une premire estimation du cot de la structure en fonction du matriau.


s
cot = Ltot

b 3 CR
q ELU R
3
E1/2

(2.13)

Le matriau qui permet de construire un gridshell au moindre prix est donc celui qui maximise la valeur du quatrime indice, I4 , dfinit comme suit :
I4 =

E1/2
CR

(2.14)

Indice I5
Il faut noter que le prix dun matriau ne reprsente cependant que les cots de lentreprise
qui le fabrique et quen gnral, le cot global pour la socit dun procd industriel, notamment en terme dnergie consomme et dimpact sur lenvironnement nest pas pris en compte.
Ces aspects sont pourtant capitaux et doivent prendre dans les annes venir une importance
croissante dans la conception des structures si lon souhaite prserver la qualit de lenvironnement. On choisit donc comme cinquime indice ce que M. Ashby dfinit comme le contenu
nergtique des matriaux5 . Les dpenses nergtiques qui surviennent au cours de la vie dun
matriau sont multiples (fabrication, transports, mise en uvre, vie en uvre, dmantellement
et ventuellement recyclage). Malheureusement, Ashby ne prcise pas les termes quil intgre
dans son indice. Aprs comparaison des valeurs de la figure 2.10 avec celles recueillies par Lina
Bouhaya [25], il semble vraisemblable que lindice dAshby prenne en compte lnergie de lensemble du cycle de vie du matriau. Il nest de toute faon pas indispensable davoir une grande
prcision sur ces valeurs, car les ordres de grandeur sont assez fiables et permettent de distinguer
les grandes familles de matriau.
Pour le reste, le raisonnement qui fait le lien entre le contenu nergtique par unit de volume
Q et les proprits mcaniques du matriau est en tout point identique celui fait pour calculer
le cot de la structure, si bien que la valeur du cinquime indice maximiser est donne par :
I5 =
5 Cf.

M. Ashby, [7], 2000, chapitre 16.

E1/2
Q

(2.15)

46

2. Les matriaux composites

Indice I6
Lnergie ntant quune des contributions de limpact environnemental dun matriau, il est
ncessaire de construire un autre indice, souvent appel co-indicateur qui ralise la somme
de lensemble des contributions en fonction de la gravit des dommages causs (production de
nitrate, dozone, de dchets ultimes ou cancrignes, de mtaux lourds, etc.). La dfinition de
cet indice est controverse et nest pas encore unifie en Europe bien que de nombreux efforts
soient entrepris dans ce sens. De plus, les valeurs (en millipoints par kilogrammes) prsentes
ci-dessous voluent avec le temps et le type de procd industriel mis en uvre6 . Labrviation
GFRP dsigne les matriaux composites matrice polymre renforce de fibres de verre (Glass
Fiber Reinforced Polymer) et CFRP les matriaux composites matrice polymre renforce de
fibres de carbone (Carbon Fiber Reinforced Polymer).
Titane :

80-100

Bton :

0,6-1

GFRP :

12

Aluminium :

10-18

Bton arm :

1,5-2,5

CFRP :

20-25

Acier inox :

16-18

Brique :

0,5-1

Bois :

0,6-0,8

Acier au carbone :

4-4,3

Verre :

2-2,2

Les valeurs ci-dessus sont difficilement comparables en ltat car on ne construit pas la mme
chose avec un kilogramme dacier et un kilogramme de bois. Il faut donc dfinir I6 , le sixime
indice de faon prendre en compte les valeurs de lco-indicateur Y, les masses volumiques
des matriaux et leur module dYoung :
I6 =

E1/2
Y

(2.16)

Indice I7
Une autre caractristique majeure des structures de gnie civil est que la plupart des btiments sont soumis une garantie dcennale : les bonnes proprits mcaniques doivent se
conserver dans le temps. Les dgradations de ces proprits ont des origines diffrentes mais se
traduisent en gnral par une oxydation ou une corrosion du matriau. De nombreuses tudes
traitent de la durabilit de telle ou telle substance dans diffrents environnement aggressifs :
eau sale, rayonnement ultraviolet, prsence dair et deau, milieux acides ou basiques, etc. La
rsistance ces attaques peut alors tre exprime sur une chelle allant de A (excellent)
D (mauvais). La figure 2.11 reprend ces informations pour six atmosphres diffrentes. On
remarque que les valeurs pour les bois ne sont pas portes sur le graphique ; des estimations
ayant t trouves ailleurs dans le livre, elles sont rappelles ici : C pour la tenue leau sale, C
pour la rsistance aux acides, B pour la rsistance aux bases et B pour le tenue aux ultraviolets.
De faon gnrale, ces informations peu prcises sont dune utilit limite, elles permettent nanmoins dattirer lattention sur des risques potentiels sous certains environnements et de faire un
tri qualitatif entre les diffrentes familles de matriaux.
6 Cf.

M. Ashby [7],chapitre 16

2.2 Intrt des matriaux composites pour les gridshells : dmonstration par la mthode de Ashby

47

2.2.3 Recherche du meilleur matriau


La premire tape de la mthode de Ashby est maintenant termine, les caractristiques
fonctionnelles des gridshells ont t transformes en une srie de sept indices lis au matriau
que lon rappelle ici :
Indice de dformabilit : I1 = /E,
Indice de rigidit : I2 = E,
Indice de fragilit : I3 = K Ic /E,
Indice cot/rigidit : I4 = E1/2 /CR ,
Indice contenu nergtique/rigidit : I5 = E1/2 /Q,
Indice impact environnemental/rigidit : I6 = E1/2 /Y,
Indice de durabilit : I7 .
Tous les indices ne sont pas traits de la mme faon par M. Ashby. Les cinq premiers sont
tudis exhaustivement et peuvent tre combins entre eux pour construire des cartes de matriau et chercher quel est le meilleur matriau pour les gridshells. Pour le sixime indice, seul
lco-indicateur Y est voqu sous forme de tableau. Quant au septime indice, il est abord
sparemment des autres proprits dans une carte circulaire spcifique (celle de la figure 2.11),
malheureusement incomplte, puisquelle ne rpertorie pas les bois.

Fig. 2.7 Carte Module dYoung/Rsistance avec deux domaines dlimits par les droites I1 = 0,2
et I2 = 9 GPa.
La premire de ces cartes, celle de la figure 2.7, concerne les indices I1 et I2 , elle reprsente le
module dYoung en GPa en fonction de la contrainte lastique maximale en MPa. Pour maximiser I1 , il faut dcaler la droite oblique de pente 1 le plus possible vers la droite du diagramme.
Pour maximiser I2 , il faut remonter le plus haut possible la droite horizontale. Le domaine isol

48

2. Les matriaux composites

sur la figure 2.7 est dlimit par les droites I1 = 0,2 et I2 = 9 GPa, ce qui correspond aux valeurs obtenues pour des bois relativement denses comme le pin, le chne et le frne qui sont les
matriaux choisis jusqu ce jour pour la ralisation des gridshells. On remarque que plusieurs
matriaux possdent de meilleures performances, surtout en terme de raideur, notamment les
composistes en fibre de verre (GFRP), les composites en fibre de carbone (CFRP), le titane, les
aciers fortement crouis et les cramiques techniques.
Pour liminer rapidement les matriaux trop fragiles pour le gnie civil, on utilise la carte de
la figure 2.8 qui reprsente la tnacit des matriaux en MPa.m1/2 en fonction de leur module
dYoung en GPa. Les indices concerns sont I2 et I3 . Comme dans le diagramme prcdent, la
valeur de rfrence choisie pour I2 est gale celle des bois denses, cest--dire 9 GPa. Pour
lindice I3 , caractristique de la capacit se dformer sans se rompre, on choisit arbitrairement
une valeur lgrement suprieure celle du verre qui est lexemple typique du matriau fragile couramment employ dans la construction. Le domaine des matriaux admissibles pour les
structures de gridshells est donc ici dlimit par la droite verticale I2 = 9 GPa et par la droite
oblique de pente 1, I3 = 0,025. Outre les bois, les bons candidats sont donc : les mtaux, les
composites verre/rsine et carbone/rsine. Par rapport au matriaux slectionns sur le diagramme 2.7, le diagramme 2.8 permet dexclure les cramiques techniques qui sont bien trop
cassantes pour ce type dapplication.
Vient ensuite la question du prix. Il sagit de dterminer parmi les matriaux prcdents
lesquels sont les plus conomiques. On construit pour cela la carte de matriaux de la figure 2.9
avec en abscisse le prix relatif par unit de volume en e/m3 et en ordonne le module dYoung
en GPa. Les isovaleurs de lindice I2 sont reprsentes sous forme de droites verticales, celles de
lindice I4 = E1/2 /CR par des droites obliques de pente 2 (lquation de ces droites est du type :
log E = 2 log(CR ) + 2 log I4 ). On prend de nouveau comme rfrence les valeurs des indices du
bois, cest--dire I2 = 9 GPa et I4 = 1. Il semble alors quaucun des matriaux prssentis nest plus
conomique que le bois. Toutefois, si on prend en compte lefficacit des sections propre chaque
matriau, autrement dit les facteurs de forme dfinis plus haut ( savoir 15 pour les composites
verre/rsine, 25 pour les composites carbone/rsine et 35 pour le titane), seuls les composites
base de fibres de verre semblent mme de concurrencer les bois. En effet, la valeur moyenne
de lindice I4 pour les GFRP qui est de 0,33 sans coefficient de forme, passe 1,29 quand on tient
compte de la gomtrie de la section, ils atteignent donc le niveau des meilleurs bois. Dans le
mme temps, lindice des CFRP passe de 0,05 0,26 et celui du titane passe de 0,05 0,30 ce qui
est insuffisant dans les deux cas. Il ny a donc que les composites verre/rsine qui constituent
une alternative conomiquement viable au bois pour la construction de gridshell.
Le dernier aspect considrer est le contenu nergtique des matriaux. On observe pour
cela le diagramme de la figure 2.10 qui prsente le module dYoung en GPa en fonction du
contenu nergtique par unit de volume en GJ/m3 . Les indices concerns par ce graphique
sont les indices I2 et I5 . Comme prcdemment on choisit de fixer comme valeur de rfrence
les indices du bois, savoir I2 = 9 GPa et I5 = 0,5. Comme sur la figure 2.9, les isovaleurs de
I5 sont des droites de pente 2. On constate alors que les composites verre/rsine sont trs loin
derrire les bois, puisque leur meilleur indice vaut : 0,02. En tenant compte du facteur de forme,
on arrive au mieux 0,078. On pourrait alors tre tent de conclure que les bois sont de loin

2.2 Intrt des matriaux composites pour les gridshells : dmonstration par la mthode de Ashby

49

Fig. 2.8 Carte Tnacit/Module dYoung avec deux domaines dlimits par les droites
I2 = 9 GPa et I3 = 0,025.

Fig. 2.9 Carte module dYoung-prix relatif par unit de volume avec deux domaines dlimits
par les droites I2 = 9 GPa et I4 = 0,01.

50

2. Les matriaux composites

les matriaux les plus cologiques pour les structures de gridshells, surtout si lon rajoute ces
chiffres ceux des co-indicateurs du paragraphe 2.2.2.
Sur ce dernier point, il ne faut cependant pas oublier que le bois est sensible aux atmosphres
agressives sil nest pas trait convenablement et que, bien souvent, les produits utiliss pour le
protger sont fortement polluants. Des produits cologiques existent galement mais ils ne sont
malheureusement pas encore dusage courant. Quoi quil en soit, ces traitements au cours de la
vie en uvre du matriau ont un cot, tant nergtique et environnemental que financier, quil
faut additioner au cut des matriaux. De plus, si on considre que les performances affiches
pour le bois sont celles de pices sans dfaut, il faut ajouter ce bilan les cots lis la suppression des nuds et autres problmes de paralaxe pour la construction de barres de grandes
longueurs. La plupart des colles mises en uvre pour ces raboutages (cf. paragraphe 1.4 et article
de D. Harris [49]) ont un bilan cologique dsastreux, ce qui est trop souvent oubli quand on
parle du bois comme du matriau cologique par excellence. L aussi des colles plus saines existent,
mais elles sont marginales. Les composites verre/rsine au contraire sont stables dans la plupart
des atmosphres comme on peut le voir sur la figure 2.11 et ne ncessitent quun entretien minimal ; leur cot de vie en uvre est donc rduit. De plus, il existe des processus de fabrication en
continu, notamment la pultrusion (cf. paragraphe 2.1.2), qui permettent la production de barres
avec des proprits mcaniques constantes sans autres limites de longueur que les dimensions
de la pice dans laquelle les machines sont installes. Lcart considrable avec les bois quon observait sur le plan du contenu nergtique est donc rduit dautant et devient acceptable compte
tenu des autres avantages des composites.
Si lon rcapitule lensemble des informations prsentes sur les cinq figures de cette section,
on constate que :
les composites verre/rsine ont des capacits de mise en forme semblables celle du bois ;
les composites verre/rsine sont trois fois plus raides que le bois ;
leur fragilit en dformation est du mme ordre de grandeur ;
leur prix est comparable ;
le cot dentretien des composites verre/rsine est plus faible que celui du bois du fait
dune excellente durabilit ;
limpact environnemental des composites est plus important que celui du bois.

2.2.4 Conclusion
Les gridshells sont des structures dun type nouveau, il tait donc ncessaire de chercher
le matriau le plus adapt pour leur construction. Pour cela, on a utilis la mthode systmatique de Ashby qui permet de comparer les proprits de matriaux aussi divers que possible.
Il semble que le bois et les composites verre/rsine soient les plus appropris : dformables,
rigides et conomiques. Le bilan environnemental des composites est moins bon que celui du
bois, mais leurs performances mcaniques nettement suprieures garanties par un procd fiable
de fabrication industrielle et leur facilit dassemblage par collage en font une alternative trs
intressante tudier.

2.2 Intrt des matriaux composites pour les gridshells : dmonstration par la mthode de Ashby

51

Fig. 2.10 Carte module dYoung-contenu nergtique par unit de volume avec deux domaines
dlimits par les droites I2 = 9 GPa et I5 = 0,01.

Fig. 2.11 Rsistance des matriaux six environnements courants.

52

2. Les matriaux composites

2.3

Comportement des tubes composites pultruds flchis pour une


application aux gridshells

Dans les gridshells, les barres sont essentiellement flchies, les contraintes dans le matriau
sont donc des contraintes longitudinales. Lutilisation de profils pultruds tubulaires apparat
alors particulirement indique : le procd est conomique et permet la production en grande
longueur de barres continues dans lesquelles les fibres sont concentres dans la direction principale du tube. Pour viter le gauchissement des sections en cas de flexion dvie, il est galement
prfrable de choisir une section circulaire. On verra par ailleurs dans le paragraphe 3.3.3 que,
lorsquune telle section est associe certains assemblages, cela permet dviter lapparition de
moment de torsion dans les barres.
Cependant si lon regarde la plupart des applications des composites dans le gnie civil
(cf. paragraphe 2.1) ainsi que dans les autres domaines, on constate que jamais les composites
ne sont utiliss en tat de flexion permanente. Cette partie est donc consacre ltude du
comportement mcanique en grande transformation court et long terme des composites
verre/rsine pultruds. Aprs une courte introduction gnrale sur le comportement isotrope
transverse, les proprits mcaniques des tubes utiliss pour cette recherche seront identifies et
un modle simple pour la prdiction du mode de ruine des tubes flchis sera propos.

2.3.1 Gnralits sur le comportement mcanique des pultruds


Comportement isotrope transverse
La nature composite de ces matriaux leur confre une structure htrogne et un comportement mcanique anisotrope. Cependant, selon le procd industriel choisi, des symtries existent
dans le matriau fini. Ainsi les lments obtenus par enroulement filamentaire prsentent une
symtrie de rvolution. Les pices rsultant de la cuisson de tissus primprgns possdent les
mmes symtries que les tissus eux-mmes, cest--dire bien souvent deux plans de symtrie ;
leur comportement est plutt orthotrope. Les pices injectes avec des fibres courtes ont des
fibres peu prs quitablement rparties dans toutes les directions, le matriau est donc quasiment isotrope. Les profils pultruds quant eux admettent au moins un plan de symtrie
perpendiculairement laxe du profil et, selon la forme du profil, un ou plusieurs plan de
symtrie. Pour les tubes circulaires utiliss pour ce travail, tout plan contenant laxe du tube est
un plan de symtrie : le comportement mcanique de ces lments sera donc isotrope transverse.
Le comportement isotrope transverse est caractris par cinq coefficients dlasticit (cf. A. Ehrlacher [40]) :
le module dYoung dans le sens long : EL ;
le module dYoung dans le sens transverse : ET ;
le module de glissement dans tout plan contenant laxe : GLT ;
les deux coefficients de Poisson : LT et TN .
On note que la symtrie des coefficients dlasticit entrane : LT /EL = TL /ET et que, pour les
matriaux isotropes transverses, le module de cisaillement dans le plan perpendiculaire laxe

2.3 Comportement des tubes composites pultruds flchis pour une application aux gridshells

53

sexprime en fonction des autres constantes dlasticit GTN = ET /2(1 + TN ). Les valeurs de
ces constantes dpendent dune part de la teneur en fibre ou du pourcentage de renfort dans le
poids total et dautre part de lorientation des fibres par rapport laxe du profil, pour chacune
des couches qui constituent le composite. Il existe plusieurs modles qui permettent de calculer
ces constantes partir de proprits de chacun des constituants, on ne citera quun, dvelopp
par A. Diaz Diaz, J.-F. Caron et A. Ehrlacher [40] parce quil a lavantage davoir t associ un
outil numrique tlchargeable gratuitement et polyvalent appel MACLAM7 .
Pour les composites unidirectionnels du type de ceux utiliss pendant la thse, on peut faire
quelques remarques dordre gnral8 : le comportement dans laxe est gouvern par le taux de
fibre et par les proprits mcaniques des fibres parce que la raideur de la matrice est ngligeable
devant celle des renforts. En revanche dans le sens perpendiculaire laxe, le comportement
du composite est trs proche de celui de la rsine parce que cest elle qui assure la cohsion
du matriau et que les fibres nont quasiment aucune rsistance dans le sens transverse et en
cisaillement.
En ce qui concerne la rupture, le type de phnomne observ dpend du type de sollicitation.
En traction, ce sont essentiellement les fibres qui sont sollicites, la rupture se produit donc
lorsquon atteint la rsistance en traction des fibres. En compression, lessentiel de la charge
est toujours repris par les fibres mais la matrice joue un rle stabilisateur trs important pour
empcher que celles-ci ne flambent, la rupture survient donc par flambement local des fibres
lorsque la rsine nest plus capable dassurer son rle. En cisaillement, la rsine est soumise des
contraintes importantes car cest elle qui assure la transmission des efforts ; la rupture a donc lieu
lorsque la contrainte limite en cisaillement de la rsine est atteinte. La flexion est un phnomne
complexe (cf. paragraphe 2.3.4) qui combine les trois types prcdents de sollicitations ; le mode
de rupture le plus probable est difficile prvoir car il dpend beaucoup de la gomtrie du
profil tudi.
On se rend bien compte sur ces quelques exemples simples que si lon veut dfinir un critre
de rupture pour ce genre de matriau, il faut prendre en compte lanisotropie du matriau
et les valeurs des contraintes rupture dans chacune des directions principales. Le critre le
plus couramment utilis est le critre de Tsa-Hill ou de Hill. Pour un lment de structure en
contrainte plane, il est dfini par lquation suivante :
v
u
u L 2 T 2 LT 2
L T
t
+
+
rupt
1
rupt
rupt
rupt
L
T
LT
(L )2

(2.17)

avec : L la contrainte longitudinale, T la contrainte transverse, LT le cisaillement dans le plan


rupt

rupt

rupt

( L, T ) et L , T et LT les contraintes limites rupture pour les sollicitations simples


correspondantes. Il ne faut pas oublier de tenir compte dans lexpression (2.17) de ce que ces
contraintes limites rupture sont diffrentes en traction et en compression. Un exemple dapplication de ce critre de ruine sera donn au paragraphe 2.3.4.
7 http
8 Cf.

://maclam.cimav.edu.mx/maclam3.htm
Daniel Gay, [41], 1999, chapitre 3.

54

2. Les matriaux composites

Comportement long terme


Ces dernires annes, de nombreuses recherches ont t consacres ltude du comportement long terme des composites pultruds [62, 1, 70], lamins [70], tisss [96] et mme de
la rsine polyester seule [53]. De nombreux aspects ont t abords, notamment linfluence de
la temprature et de leau de mer [62, 70], celle du rayonnement ultraviolet [97] et celle des
chargements cycliques pouvant entraner une rupture par fatigue [38]. Tous ces rsultats ont
permis dalimenter les bases de donnes qui sont lorigine de diagrammes comme celui de la
figure 2.11.
Dans les structures de gridshells, la gomtrie des barres est fixe par triangulation aprs
ltape de mise en forme. Les diffrents lments sont soumis des contraintes de flexion permanentes et importantes qui peuvent se relaxer peu peu avec le temps. Il est donc indispensable
de connatre le comportement en fluage-relaxation des matriaux utiliss afin de dimensionner
le btiment en connaissance de cause. Les tudes qui traitent du cas particulier des lments
avec une charge permanente de flexion sont cependant rares. Dans larticle de B. Abdel-Magid
[1], deux types diffrents de composites, lun en fibre de verre avec une rsine polyurthane,
lautre avec une rsine poxy, sont soumis des tests de flexion trois points. Leffet de la temprature est manifeste pour les deux matriaux dont les dformations augmentent mesure que
les contraintes diminuent. Le comportement du deuxime composite base de rsine poxy est,
malgr tout, nettement meilleur que celui du premier dont la contrainte rupture a quasiment
t divise par deux pour une temprature de 25C. Cest donc essentiellement la rsine et la
qualit de linterface fibre/matrice qui rgissent les phnomnes de fluage et de relaxation.
La rsine envisage pour la construction des gridshells est une rsine polyester parce quelle
fournit les meilleures performances au meilleur prix. Aucune donne ntant disponible sur ce
type de composite, un protocole dessai spcifique (cf. figure 2.12) a t dvelopp par JeanFranois Caron [28] dans le but didentifier les paramtres de la loi de comportement long
terme. Ces essais ont ports sur une vingtaine de tubes tests en flexion quatre points avec
plusieurs niveaux de chargement allant de 10 % 45 % de la charge rupture. Ils ont montr
que, quel que soit le niveau de la charge, les dformations diffres correspondent environ 8 %
des dformations instantanes et que, au-del de 30 % de la contrainte rupture, un modle
de comportement visco-lastique linaire nest plus suffisant pour analyser les dformations
des chantillons. Pour des niveaux de charges infrieurs, les paramtres caractristiques dun
modle rhologique de Kelvin-Voigt ont donc pu tre identifis et aboutir une expression de
la complaisance du matriau comme dans les articles de B. Abdel-Magid [1] et de McBagonluri
[70].
Larticle de Jean-Franois Caron [28] montre donc que le fluage des composites matrice
polyester nest pas ngligeable mais quil est limit. Il est difficile dtre plus prcis car les
proprits des rsines sont relativement variables dun fabricant lautre. Le protocole dessai
propos reste malgr tout trs simple et trs rapide de mise en uvre. On peut donc envisager
que, pour la construction dun gridshell en composite verre/rsine, un fournisseur soit rapidement slectionn et que des essais de fluage soient effectus en parallle des autres tudes de
structure. Cest dailleurs ce qui avait t fait pour la construction du gridshell de Mannheim o

2.3 Comportement des tubes composites pultruds flchis pour une application aux gridshells

55

lidentification des paramtres du fluage du bois, les tests sur les assemblages et les calculs de
changement dchelle taient mens de front [48].

Fig. 2.12 Plan du bti de fluage dvelopp dans [28].

2.3.2 Identification du comportement longitudinal


Contexte et protocole exprimental
La mise en forme des structures de gridshells par flexion fait subir au matriau de grandes
transformations. Il est important que celles-ci restent dans un domaine lastique pour pouvoir
pallier les alas de chantier et pour quventuellement on puisse dmonter la structure. Il faut
donc vrifier que le comportement des tubes demeure linaire lastique lors de toute la phase de
montage. On tudie pour cela le comportement en flexion des tubes pultruds verre/polyester
prvus pour la construction du gridshell prototype du LAMI. Le diamtre extrieur des tubes
est de 42 mm, le diamtre intrieur de 35 mm, soit une paisseur moyenne de 3,5 mm. La section
est compose dune partie centrale avec des fibres uniquement dans laxe du profil, recouverte,
lintrieur et lextrieur, par une couche de mat avec des orientations alatoires de fibre pour
protger la partie rsistante du tube.

Fig. 2.13 Protocole exprimental pour ltude des tubes composites en grande transformation.
Le protocole exprimental reprsent sur la figure 2.13 est celui dun long tube flchi sous
laction dun cble tendu entre ses extrmits. Cette exprience a t choisie, car il existe une

56

2. Les matriaux composites

expression simple en grande transformation de la gomtrie post-flambe du tube connue sous


le nom d elastica dEuler (cf. paragraphe 3.7.1). Lexprience est pilote en dplacement par le
raccourcissement progressif de la longueur du cble. Un capteur de force est plac sur le cble et
une jauge de dformation est colle mi-longueur sur la partie suprieure en tension du tube.
Le dplacement mi-longueur et la longueur du cble sont mesurs chaque tape. La barre est
dcharge une fois afin de vrifier la rversibilit des dformations.

Identification du module dYoung longitudinal


Pour identifier le comportement des tubes, le plus simple est de connatre leur courbe
contrainte-dformation. La dformation maximale est donne par une jauge situe sur le tube
mi-longueur. Si lon nglige la contrainte lie leffort normal devant celle lie aux efforts de
flexion, la contrainte maximale peut tre value laide de la force F dans le cble, de la flche
f mi-longueur, du rayon R du tube et de son inertie I selon la formule ci-dessous.
max =

F f R
I

(2.18)

Comme on peut le constater sur la figure 2.14, la courbe e est parfaitement rectiligne
avec une pente identique en charge et en dcharge. On en dduit donc que le comportement
des tubes en grande transformation est bien linaire lastique jusqu la rupture. Sur les trois
tests qui ont t raliss, on trouve un module dYoung moyen de 26,7 GPa avec un cart type
de 0,3 GPa. Cest ce module qui sera considr comme le module dYoung longitudinal EL du
matriau par la suite. On note galement que, pour chacun des trois essais, des craquements
ont t audibles avant la rupture du tube aux alentours de 320 MPa. Cela incite penser quil y
a dj, ce niveau de sollicitation, un dbut dendomagement et que la rupture du tube serait
sans doute survenue si lon avait maintenu cette charge constante assez longtemps, comme a pu
le constater Aude Petel [83] lors de ses essais. La contrainte longitudinale rupture du tube en
f lex

flexion L

se situe vers 350 MPa.

Comparaison avec lelastica dEuler


La courbe thorique de lelastica dEuler peut tre entirement caractrise laide dun paramtre adimensionnel (cf. J. Courbon [33] et paragraphe 3.7.1). Si lon note l la longueur du tube,
a la longueur du cble et Fc la force critique de flambement dEuler (calcule laide du module
dYoung moyen que lon vient dvaluer exprimentalement), les mesures prises au cours de lexprience permettent de construire trois paramtres adimensionnels : F/Fc , a/l, f /l. De chacun
de ces paramtres on peut dduire un angle initial pour chaque pas de temps (cf. tableau 3.1).
La comparaison de ces angles est prsente sur la figure 2.15.
Les courbes obtenues pour les paramtres a/l et f /l sont parallles mais il existe entre elles
un dcalage denviron 0,1 radians. Ce dcalage sexplique par la prsence dune excentricit eexp
entre le tube et le cble. Cette excentricit au niveau du point dapplication de la charge induit
un moment flchissant constant dans le tube avant mme que lon commence raccourcir le

2.3 Comportement des tubes composites pultruds flchis pour une application aux gridshells

57

cble ce qui se traduit par lapparition dun angle initial supplmentaire que lon peut valuer
selon (2.19). Les calculs donnent une valeur de 0,096 radians ce qui correspond peu de choses
prs au dcallage entre les deux courbes.
init =

360
320
280
240
200
160
120
80
40
0
0.0

l Finit eexp
EI

1.2
1.0
0.8
0.6
0.4
0.2
0.2

0.4

0.6

0.8

1.0

1.2

1.4

Fig. 2.14 Comportement dun tube flchi

(2.19)



Angle fonction de F/Fcr


Angle fonction de a/l

Angle fonction de f/l


0.0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200

Fig. 2.15 Comparaisons des angles initiaux

Quant la courbe lie au paramtre F/Fc , on peut considrer quelle suit approximativement
les deux autres. Les fluctuations qui demeurent sont principalement dues la sensibilit de
la gomtrie au changement de force dans le cble. En effet, une augmentation de 5 % de la
tension du cble se traduit par une augmentation de 30 % de langle initial (cf. tableau 3.1).
Cest pourquoi les diffrents frottements dans le systme peuvent altrer la mesure du capteur
de force et conduire de grandes variations de langle initial correspondant. Lapproximation
qui est faite semble satisfaisante et on peut donc conclure que la forme post-flambe prise par
un tube correspond bien la courbe caractristique de lelastica dEuler.

2.3.3 Identification du comportement transverse


Remarques sur le mode de ruine
Lors des essais prsents sur la figure 2.13, la rupture des tubes est trs brutale et trs violente.
L o les contraintes taient les plus fortes, on peut voir sur la figure 2.16 que la section est
comme pulvrise. On remarque aussi une grande fissure longitudinale, comme si le tube stait
cras sur lui-mme, avec une rupture de la rsine sur laxe neutre de la section. Ce phnomne
a t dsign sous le nom dovalisation par L. Brazier [26, 56] ; pour les tubes homognes, il
nest sensible que pour des rapports e/R (paisseur sur rayon) suprieurs 1/50. Pour les tubes
tests ici, le rapport e/R vaut 1/6 ; lanisotropie du matriau semble donc jouer un rle trs
important. Pour bien comprendre le comportement en grande transformation des tubes flchis,
il faut tudier les dformations transversales dans le profil car lclatement du pultrud est si
soudain quil est impossible de dterminer si la ruine est provoque par la rupture de la partie
comprime, par son instabilit ou par la rupture de la rsine du fait de lovalisation.

58

2. Les matriaux composites

Fig. 2.16 Rupture caractristique dun tube flchi.

Dtermination exprimentale du module transverse ET


Le phnomne dovalisation fait intervenir le module dYoung transverse ET du matriau
et introduit des contraintes transversales dans la section. Il parat donc ncessaire de mettre en
place un dispositif exprimental qui permette de mesurer ET ainsi que la rsistance rupture
rupt

. On se propose donc de faire un essai de compression du tube dans le sens transverse

(cf. figure 2.17). La mesure de la force P exerce par le plateau suprieur de la presse et du
dplacement du point dapplication de la charge P permet de connatre exprimentalement la
raideur Kexp du tube (2.20).
Kexp =

(2.20)

Fig. 2.17 Exprience de flexion transverse dun tube


On peut galement obtenir une expression analytique de cette raideur. Pour cela, on considre que le tube pris dans le sens transverse peut tre assimil une poutre circulaire dont la
largeur est gale la longueur de lchantillon. De plus, lessai de la figure 2.17 possde deux
plans de symtrie contenant chacun laxe du tube : le premier est parallle au plateau de la
presse, le deuxime parallle la direction de chargement. On peut donc rduire ltude analytique de ce protocole exprimental ltude dun quart de la section du tube, cest--dire
ltude de la poutre formant un quart de cercle de la figure 2.18. Les conditions dappuis de
cette poutre sont le rsultat des coupes effectues le long des plans de symtrie : le dplacement
radial est libre, mais le dplacement orthoradial et la rotation sont bloqus.

2.3 Comportement des tubes composites pultruds flchis pour une application aux gridshells

59

w
R

Fig. 2.18 Essai de compression dun anneau

Fig. 2.19 Systme isostatique associ 2.18

Pour valuer la raideur de cette poutre, il faut dterminer le dplacement du point dapplication de la charge. On calcule tout dabord pour cela le moment MT dans la poutre. Comme la
structure est hyperstatique de degr un, on utilise le thorme de Mnabra qui permet dvaluer le moment hyperstatique MT partir dune structure isostatique associe. On considre ici
celle de la figure 2.19. Dans cette dernire, on a not R le rayon moyen du tube, e son paisseur, L
la longueur de tube tudie et le paramtre angulaire associ labscisse curviligne. On calcule
ensuite MP , le moment d au chargement P/2 appliqu par la presse, et M1 , le moment unitaire
li la coupure qui a t effectue en = /2. Leurs expressions sont donnes ci-dessous.
MP =

P
R(1 cos( ))
2

et

M1 = 1

(2.21)

Ensuite, daprs le thorme de Mnabra, le moment MT dans le systme hyperstatique est


de la forme MP + X M1 o X est solution de lquation suivante :
Z

M p M1 Rd + X

M12 Rd = 0

(2.22)

On en dduit donc la valeur de X et lexpression finale du moment MT :


MT =

PR
(1 cos( ))

(2.23)
rupt

On remarque que la contrainte tangentielle rupture dans le tube T


rupt

est donne par (2.24) :

rupt

MT e
6 Prupt R
=
2IT
e3 L

(2.24)

partir de lexpression du moment MT et de celle du moment MP li au chargement P,


on peut calculer le dplacement sous le point dapplication de la charge P. On remarque tout
dabord compte tenu de la symtrie de la structure par rapport au plan parallle aux plateaux

60

2. Les matriaux composites

de la presse, le dplacement est le double du dplacement radial w observ en = /2 (cf. figure 2.18). Ce dernier se calcule aisment laide du thorme de Pasternak dont lexpression
est donne par :

w( = ) =
2

MT MP

Rd =
ET IT
2

(2.25)

Tous calculs faits, on trouve pour lexpression suivante :


=

PR3
2

ET IT 4

(2.26)

Finalement, on obtient donc comme valeur de la raideur thorique Kth :


Kth =

soit

Kth = ET

e3 L

3
2
R 3 ( 8)

(2.27)

laide des deux expressions de la raideur donnes par les quations (2.20) et (2.27), on
dduit lexpression (2.28) du module dYoung transversal ET en fonction des donnes de lessai
de compression.
ET =

P R3
24
3
3
e L

(2.28)

Deux sries dessais ont t effectues, la premire comporte 9 chantillons dune longueur L
denviron 40 mm et la seconde 4 chantillons dune longueur denviron 20 mm. Les rsultats
exprimentaux de ces 13 essais donnent pour Kexp des valeurs identiques avec le mme niveau
de dispersion pour les deux sries, soit une valeur moyenne de 748 N/mm avec un cart type
de 51 kN/mm. laide des caractristiques gomtriques des chantillons tudis (e = 3,40 mm
et R = 19,16 mm), on peut dduire une valeur du module dYoung transverse :
ET = 5,9 0,4 GPa.

(2.29)

De plus, tous les essais effectus ont t conduits jusqu la rupture de faon valuer la
contrainte rupture dans le sens transverse du matriau. La valeur de la contrainte qui est
retenue pour la rupture est celle de lapparition de la premire fissure longitudinale qui apparat bien avant la rupture complte du tube. En effet au-del de cette premire fissuration la
contrainte mesure correspond plus la rsistance de la structure du tube qu celle du matriau. La charge critique dapparition de la premire fissure se repre assez facilement par des
craquements du matriau ainsi que par une rupture de pente sur la courbe force-dplacement
rupt

de lessai. laide de (2.24), on dduit ensuite la valeur de la rsistance rupture T

Sur lensemble des essais effectus, on distingue nettement deux groupes de valeurs de rsistance rupture, le premier se situe vers 25,5 2 MPa et le second vers 11,9 2 MPa. Tous les
chantillons de 20 mm appartiennent au deuxime groupe dont la rsistance est la plus basse.
On est donc tent de penser quil y a un effet dchelle et que lendommagement li la dcoupe
des chantillons a une importance dautant plus grande que lchantillon est petit. Pour pouvoir
conclure, il faudrait complter ces essais par une troisime srie dessais avec des chantillons

2.3 Comportement des tubes composites pultruds flchis pour une application aux gridshells

61

dune longueur suprieure 40 mm. Cela na pas t fait parce que lutilisation dchantillons
plus longs accentue les dfauts de paralllisme des plateaux de la presse ce qui conduit des
concentrations de contraintes et une rupture prcoce des lments. Il faudrait donc revoir le
dispositif dessai et mettre une rotule en amont dun des plateaux. Le temps manquant pour
cela, il a t dcid dadmettre pour les contraintes rupture tangentielle les valeurs fournies
par le fabricant.

Comparaison avec les donnes du fabricant

Dans le sens longitudinal, les donnes du tableau 2.2 fournies par le fabriquant sont en relativement bon accord avec les rsultats trouvs exprimentalement dans la partie 2.3.2. Dans le
sens transverse, la valeur exprimentale du module dYoung est suprieure de 50% la valeur
annonce par le fabriquant pour le module dYoung de la rsine. Ceci est tout fait comprhensible : les tubes sont recouverts de deux couches de mat (une lintrieur et une autre
lextrieur) qui contiennent des fibres et qui viennent augmenter la raideur du tube dans le sens
transverse.
Tab. 2.2 Proprits mcaniques des tubes fournies par le fabriquant.
Sens
Longitudinal
Transverse

comp (en MPa)


220
60

f lex (en MPa)


350

trac (en MPa)


500
50

E (en GPa)
25
3,8

Les mmes causes entranant les mmes effets, on sattendrait trouver le mme type de
rsultats pour la rsistance rupture dans le sens transverse. On constate au contraire que la
rsistance rupture est nettement plus faible (-50 % dans le meilleur des cas) que celle de la
rsine seule. Cet cart important peut sexpliquer par la nature des essais effectus. En effet, tous
les chantillons tests sont des portions de tube, ils possdent donc tous une gomtrie courbe
qui entraine une sollicitation svre du matriau et une trs grande sensibilit aux imperfections.
Les rsultats du fabriquant de tubes sont issus dprouvettes planes sollicites en traction simple
dans lesquelles le champ de contrainte est uniforme. Il est donc vraisemblable que les valeurs
relles des rsistances rupture du tube dans le sens transverse soient plus proches de celles du
tableau 2.2 que celles issues du paragraphe prcdent.
Les valeurs prises en compte par la suite seront donc les suivantes :
pour les modules dYoung : ET = 5,9 GPa et EL = 26,7 GPa,
rupt

pour les rsistances rupture dans les parties en compression : T


rupt
L

f lex
L

comp

= T

= 60 MPa et

=
= 350 MPa ;
rupt
et pour les rsistances rupture dans les parties en tension : T
= Ttrac = 50 MPa et
rupt
L = Ltrac = 500 MPa.

62

2. Les matriaux composites

2.3.4 Ovalisation des sections


Principe de la modlisation
Sous laction des efforts de flexion dans les tubes, on observe une distortion de leur section
transversale. En effet, les contraintes de traction dans la fibre suprieure et de compression dans
la fibre infrieure entranent un crasement de la section. Ce mcanisme dovalisation induit une
forte augmentation des contraintes transversales et une instabilit lie une perte de rigidit de
la section. Comme on peut le voir dans la bibliographie abondante de larticle de Karamanos
[56] de nombreux articles traitent du problme et se rfrent pour beaucoup la thorie de Brazier [26]. Celui-ci propose une cinmatique des dplacements transversaux telle quune section
circulaire flchie se dforme de faon ellipsodale. Lnergie de dformation lie cette ovalisation est ensuite considre comme gale celle de la dformation dun anneau de longueur
unit. Elle vient sajouter lnergie de flexion de la fibre moyenne du tube. Dans cette modlisation, lovalisation est donc traite comme la somme de deux phnomnes unidimensionnels
et non comme un problme de coque. Cette approximation, non ngligeable, permet dj une
bonne apprhension du phnomne et permet une estimation analytique des contraintes lies
lovalisation.

Approche phnomnologique
Lorsque lon soumet une section un moment de flexion positif, les fibres suprieures sont
tendues et les fibres infrieures sont comprimes. Les unes et les autres tendent se rapprocher
de laxe neutre de la section de faon retrouver leur tat dquilibre. Ce phnomne peut se
traduire par un effort extrieur, appliqu chaque fibre, dirig perpendiculairement la fibre
neutre de la section et proportionnel lallongement de la fibre. Ces efforts extrieurs provoquent
un crasement de la section que lon nomme ovalisation. De plus, si lon se place dans le cadre
des hypothses de Navier-Bernouilli, les sections droites restant droites, lallongement des fibres
est proportionnel la distance la fibre neutre. Par consquent, on peut considrer que, dans
notre cas, ltude de la cinmatique du phnomne dovalisation se rduit ltude dune section
de tube soumise un effort proportionnel la distance laxe neutre de la fibre. Cest un
problme plan de mcanique des poutres qui, compte tenu des symtries de la gomtrie et du
chargement, se ramne ltude du quart de cercle de la figure 2.20 soumis un chargement
p sin reprsentatif des efforts induits par les fibres.
Le systme est hyperstatique de degr un. Pour dterminer linconnue hyperstatique, on
utilise nouveau le thorme de Mnabra. Pour cela, on considre le problme isostatique de
la figure 2.21 associ celui hyperstatique de la figure 2.20. On note R le rayon moyen du tube,
e son paisseur et L la longueur de tube tudie. On calcule alors M p le moment d aux efforts
dovalisation p sin( ), et M1 le moment unitaire li la coupure qui a t effectue en = /2
dont les expressions sont donnes ci-dessous :
Mp =

pR2
(1 + cos(2 ))
4

et

M1 = 1

(2.30)

2.3 Comportement des tubes composites pultruds flchis pour une application aux gridshells

63

11111111111111111111111
00000000000000000000000
00000000000000000000000
11111111111111111111111
p*sin
00000000000000000000000
11111111111111111111111
00000000000000000000000
11111111111111111111111
00000000000000000000000
11111111111111111111111
00000000000000000000000
11111111111111111111111
00000000000000000000000
11111111111111111111111
00000000000000000000000
11111111111111111111111
00000000000000000000000
11111111111111111111111
v
00000000000000000000000
1 11111111111111111111111
00000000000000000000000
11111111111111111111111
w
00000000000000000000000
11111111111111111111111
00000000000000000000000
11111111111111111111111
R
00000000000000000000000
11111111111111111111111

11111111111111111111111
00000000000000000000000
p*sin
00000000000000000000000
11111111111111111111111
00000000000000000000000
11111111111111111111111
00000000000000000000000
11111111111111111111111
00000000000000000000000
11111111111111111111111
00000000000000000000000
11111111111111111111111
00000000000000000000000
11111111111111111111111
00000000000000000000000
11111111111111111111111
00000000000000000000000
11111111111111111111111
v
00000000000000000000000
11111111111111111111111
00000000000000000000000
11111111111111111111111
w
00000000000000000000000
11111111111111111111111
00000000000000000000000
11111111111111111111111
R
00000000000000000000000
11111111111111111111111

Fig. 2.20 Ovalisation dun quart de cercle

Fig. 2.21 Systme isostatique associ 2.20

Daprs le thorme de Mnabra, le moment MT dans le systme hyperstatique est de la


forme M p + X M1 o X est solution de lquation (2.22). On en dduit donc la valeur de X et
lexpression finale du moment MT .
MT =

pR2
cos(2 )
4

(2.31)

Du point de vue cinmatique, on se place dans le cadre des hypothses de Navier-Bernouilli


et on suppose que les rotations sont petites au cours de lovalisation. On note w( ) le dplacement radial, v( ) le dplacement tangentiel et 0 la drivation par rapport . Les dformations
dans la structure sont caractrises par la dformation axiale eT et la variation de courbure T :
eT =

v0 + w
R

et

T =

v0 w00
R2

(2.32)

Pour simplifier le problme, on fait lhypothse que la structure est inextensible, ce qui revient
supposer eT = 0. On en dduit alors que v0 = w. En substituant ce rsultat dans lexpression
(2.32), on obtient pour lexpression :
T =

w + w00
R2

(2.33)

De plus, le quart de cercle tudi est une section dun tube en composite. La proprit mcanique de la poutre qui modlise la section est donc le module dYoung ET dans la direction
transverse. Le comportement de la poutre scrit donc :
M T = ET IT T

avec

IT =

e3 L
12

(2.34)

En combinant les expressions (2.33) et (2.34), on obtient une quation diffrentielle du deuxime
ordre en w. Aprs rsolution de cette dernire, on trouve pour w lexpression suivante, o C1 et

64

2. Les matriaux composites

C2 sont deux constantes dintgration :


w=

pR4
cos(2 ) + C1 cos( ) + C2 sin( )
ET e 3 L

(2.35)

Comme on a fait lhypothse que la poutre est inextensible, on peut calculer lexpression
(2.36) du dplacement tangentiel v par simple intgration de lexpression de w.
v=

1 pR4
sin(2 ) + C1 sin( ) C2 cos( )
2 ET e 3 L

(2.36)

En utilisant les conditions aux limites, cest--dire le fait que v(0) = v( 2 ) = 0, on dmontre
que C1 = 0 et C2 = 0. Les dplacements lis lovalisation de la section sont donc donns par
les expressions :
w=

pR4
cos(2 )
ET e 3 L

et

v=

1 pR4
sin(2 )
2 ET e 3 L

(2.37)

Si lon dfinit le paramtre dovalisation de la section comme le rapport du dplacement


radial maximum wmax au rayon R du tube, on obtient :
=

pR3
wmax
=
R
ET e 3 L

(2.38)

En introduisant le paramtre dans (2.37), on remarque que lon obtient exactement les
expressions (2.39) et (2.40) admises par Brazier [26] pour sa modlisation de la cinmatique du
phnomne dovalisation. Sous leffet dun couple de flexion, la section dun tube circulaire de
rayon R se transforme donc en une ellipse de demi grand axe R(1 + ) et de demi petit axe
R (1 ).
w( ) = R cos(2 )

(2.39)

v( ) = R sin(2 )
2

(2.40)

Dtermination de lamplitude de lovalisation


Dans le paragraphe prcdent, on a montr que la transformation de la section dun tube
flchi tait caractrise par un paramtre dovalisation qui dtermine lamplitude des dformations transverses de la section. On va maintenant tenter de relier ce paramtre au chargement
extrieur rellement appliqu au tube, cest--dire au changement de courbure longitudinale L .
On utilise pour cela une approche nergtique comme dans larticle Karamanos [56] en
ladaptant un tube isotrope transverse. On tudie dans un premier temps lnergie Uo lie
lovalisation de la section que lon assimile une poutre circulaire. Si lon se place dans le
cadre des hypothses de Navier-Bernouilli et que lon suppose que la poutre est inextensible,
lnergie dovalisation dpend uniquement du changement de courbure transversale T . Si lon
suppose de plus que les rotations sont petites au cours de lovalisation, lexpression de la variation de courbure est donne par (2.33). En introduisant lexpression de w (2.39) dans (2.33),

2.3 Comportement des tubes composites pultruds flchis pour une application aux gridshells

65

on obtient une nouvelle expression de T et de la dformation transversale eT en fonction de


lpaisseur comprise entre e/2 et e/2 :
T =

3 cos(2 )
R

eT =

et

3 cos(2 )

(2.41)

Lors de la transformation considre la section se dforme dans un plan perpendiculaire


laxe du tube, cest donc le module dYoung transverse du matriau ET qui doit tre pris en
compte dans le calcul des contraintes lies lovalisation. Lnergie de dformation dovalisation
Uo est donc donne par :
1
Uo =
2

1
T eT dS =
2
S

Z 2 Z e/2
e/2

ET ( T )2 Rdd

(2.42)

Compte tenu de lexpression (2.41), lnergie dovalisation scrit finalement :


Uo =

3 e3
ET 2
8 R

(2.43)

Dans un deuxime temps, on sintresse lnergie lie la flexion longitudinale UL . Celleci se calcule aisment daprs la thorie des poutres de Navier-Bernouilli en fonction de la
contrainte longitudinale L et de la dformation longitudinale e L .
1
UL =
2

1
L e L dS =
2
S

Z 2 Z e/2
0

e/2

EL e L 2 Rdd

(2.44)

Comme le tube est initialement droit et quil nest soumis qu une contrainte de flexion
simple, on dduit lexpression de e L en fonction de la courbure L impose au tube et de y la
distance laxe neutre.
eL = L y

(2.45)

Dans la configuration initiale, la distance laxe neutre est ( R + ) sin( ). Dans la configuration dforme, le dplacement en chaque point du tube est donn par wer + ve T et la distance
y scrit donc :

y = ( R + + w) er + v e T ey = ( R + + w) sin( ) + v cos( )

(2.46)

En remplaant dans lexpression ci-dessus, v et w par les valeurs donnes en (2.39 et 2.40),
lexpression finale de la dformation longitudinale est donc :

e L = L R [1 + + cos(2 )] sin( ) sin(2 ) cos( )


R
2

(2.47)

Lnergie de dformation longitudinale (2.44) devient alors :


UL =

3
5
1 2 3
L R eEL 1 + 2
2
2
8

(2.48)

66

2. Les matriaux composites

On remarque quen remplaant les caractristiques de lanisotropie du matriau EL et ET par


celle dun matriau isotrope E, les expressions de Uo et UL sont identiques celles prsentes
par Karamanos [56]. On remarque galement que, si on avait pris en compte leffet Poisson
dans le calcul des contraintes longitudinale L et transversale T , on aurait abouti aux mmes
quations pour les nergies UL (2.48) et Uo (2.43) car les dformations e L et eT sont orthogonales
R
( e L eT = 0).
Enfin, dans un troisime temps, on calcule lnergie totale de dformation U par unit de
longueur de tube. Elle est dfinie comme la somme de lnergie de flexion longitudinale et de
lnergie dovalisation U = UL + Uo . On sait alors que la valeur du paramtre solution du
problme dovalisation est celle qui minimise lnergie totale U, cest--dire telle que dU/d =
0. Aprs rsolution de cette quation, on obtient lexpression de en fonction de la valeur
normalise de la courbure longitudinale L :
1
= 2
1 + 56 2

avec

R2
= L
e

s
EL
ET

(2.49)

On remarque nouveau que cette expression est trs semblable celle obtenue pour un
matriau isotrope ( = L R2 /e), lanisotropie tant lie au paramtre EL /ET . Lamplitude des
dformations dovalisation sera donc dautant plus grande que le rapport des modules longitudinal et transverse sera grand. Si lon considre par exemple le cas du matriau dont les
proprits sont donnes dans le tableau (2.2) et lexpression (2.49), on obtient une augmentation
du paramtre denviron 650% par rapport au cas isotrope et donc une augmentation dautant
de lamplitude des dformations dues lovalisation. Le phnomne dovalisation pour les tubes
composites est donc sensible pour des rapports R2 /e beaucoup plus faibles que pour des tubes
isotropes et la rupture risque de se produire pour des chargements moins levs.

Critre de Tsa-Hill
Dans les essais de flexion reprsents sur la figure 2.13, la brutalit de la rupture ne permet
pas de trancher entre les diffrents modes de ruine. En effet, la varit des fissures observes
(crasement du tube, rupture de la partie comprime) permettent denvisager une rupture des
fibres en compression (rupture due L ), une ovalisation de la section (rupture due T ), une
combinaison des deux ou une rupture lie linstabilit de la partie comprime. Pour valuer la
contribution de ces diffrents modes ou des diffrentes contraintes correspondantes, on va dans
un premier temps utiliser le critre de Tsa-Hill et dans un second temps vrifier la stabilit de
la zone en compression.
On remarque tout dabord que toutes les ruptures observes lors de ces essais lont t dans
la partie centrale du tube, l o la courbure est maximale. Or dans cette partie, le cisaillement
LT est nul puisque leffort tranchant est nul (la tangente la courbe en ce point est parallle
la ligne daction des forces). On ne tiendra donc pas compte du terme de cisaillement dans
lexpression du critre de Tsa-Hill (2.17). Ensuite, on peut calculer les valeurs des termes L et
T , en fonction de dformations longitudinales e L (2.47) et des dformations transversales eT

2.3 Comportement des tubes composites pultruds flchis pour une application aux gridshells

67

(2.41) pour lesquelles lexpression du paramtre de lovalisation en fonction de L a t donne


plus haut en (2.49).
L =

EL
LT ET
eL +
eT
1 TL LT
1 TL LT

et

T =

TL EL
ET
eL +
eT
1 TL LT
1 TL LT

(2.50)

laide de lexpression (2.50), on montre que, quelle que soit la partie de la section considre, le critre est toujours maximal en peau. On peut alors tracer la valeur maximale du critre
de Tsa-Hill dans lensemble de la section en fonction de langle . Les valeurs du critre pour un
tube de rayon R = 19,25 mm et dpaisseur e = 3,5 mm sont reprsentes sur la figure (2.22) pour
quatre valeurs de la courbure L (0,25 - 0,35 - 0,45 et 0,55 m-1 ). On voit ainsi lvolution du profil
des contraintes dans le tube, notamment au niveau de laxe neutre. Ces profils de contraintes
ont t valids par une modlisation avec un logiciel de calcul aux lments finis par Aude Petel
[83].

Fig. 2.22 Variation du critre de Tsa-Hill en


fonction de langle .

Fig. 2.23 Critre de Tsa-Hill en fonction de


la courbure longitudinale L .

On constate que la valeur maximale du critre est atteinte en = 3/2 quelle que soit la
valeur de la courbure L . En effet, cest l que se cumulent une contrainte de compression dans
le sens longitudinal et une contrainte de tension dans le sens transverse, ce qui correspond
la sollicitation la plus dfavorable de la section. La ruine du profil survient donc dans la zone
de compression pour une courbure longitudinale de 0,626 m-1 , ce qui correspond un rayon
de courbure de 1,60 m. Au del de la ruine, il est intressant dtudier lvolution du critre
avec la courbure L afin notamment de se rendre compte de limportance de laugmentation de
contrainte du fait de lovalisation. Ainsi, sur la figure (2.23), on a trac la valeur du critre pour la
situation de rfrence sans ovalisation ainsi que dans le cas o lovalisation est prise en compte.
On constate que lovalisation est ngligeable (infrieure 3 %) jusqu une courbure de 0,08 m-1
(soit jusqu 13 % de la contrainte rupture), faible (infrieure 10 %) jusqu une courbure de
0,29 m-1 (soit jusqu 46 % de la contrainte rupture) et dterminante au-del. Pour diminuer
linfluence des contraintes de traction dans la rsine sur la rupture, on peut envisager de changer
de processus de fabrication des profils et de rajouter des fibres perpendiculairement laxe par
enroulement filamentaire. Les performances du pultrud sen trouveraient amliores mais le
cot du matriau augmenterait denviron 30 %.

68

2. Les matriaux composites

2.3.5 Instabilit locale de la partie comprime


Domaine de validit de lapproche propose
La partie infrieure dun tube en flexion est comprime, elle est donc sujette une instabilit
locale de flambement. Une premire approche du phnomne consiste assimiler la contrainte
limite de flambement local dans le tube flchi celle dun tube soumis une compression uniforme. Daprs larticle de Karamanos [56], cette mthode malgr sa simplicit fournit des rsultats remarquablement bons (en terme de moment critique, de courbure et de longueur donde
de flambement) en comparaison avec les rsultats dune analyse non-linaire aux lments finis
si lon reste dans une gamme raisonnable de courbure (-1 0,95). Dans cette expression,
reprsente la courbure normalise ; elle se dduit aisment de la courbure longitudinale L
laide des caractristiques gomtriques et mcaniques de la section du tube.

R2 1 TL LT
= L
e

(2.51)

Dans le cadre de cette tude, L varie entre -0,6 m-1 et 0,6 m-1 , ce qui correspond une
courbure normalise variant entre -0,063 et 0,063. Il est donc tout fait lgitime de restreindre
ltude de linstabilit des tubes en flexion celle du flambement symtrique dun cylindre
en compression. Ce problme a dj t abondamment trait depuis 50 ans, notamment par
Timoshenko [101], Billingtion [22] et Bazant [20]. Le plus souvent, leurs ouvrages ne traitent en
dtail que le cas dun matriau isotrope ; ici les tubes sont constitus dun matriau isotrope
transverse, il apparat donc ncessaire de prsenter nouveau lensemble du raisonnement.
Flambement axisymtrique dun cylindre
Ltude de la stabilit du cylindre est faite par la mthode variationnelle. On calcule lnergie
potentielle totale du systme en sachant que celle-ci est minimale pour le dplacement solution
du problme. On va montrer que, pour certaines valeurs du chargement, le dplacement radial
nest pas nul et que, par consquent, la section est instable.
On considre pour commencer un cylindre circulaire de longueur l, dpaisseur constante
e, de rayon mdian R soumis une force axiale uniforme Nzz qui est positive en traction et
constante dans le temps (cf. figure 2.24). Le systme de coordonnes cylindriques est choisi de
sorte que dans le repre local, laxe ez est orient le long de laxe du tube, laxe e T selon la tangente et laxe er selon la normale sortante. On note u le dplacement selon ez , w le dplacement
selon er et v le dplacement selon e T . Pour les proprits mcaniques du matriau, on note EL
le module dYoung longitudinal, ET le module dYoung transverse, LT et TL les coefficients de
Poisson. Le sens longitudinal du matriau concide avec laxe du cylindre, cest--dire avec ez .
Description des dformations et des contraintes
On suppose que le flambement du tube est parfaitement axisymtrique. Cette hypothse
simplifie beaucoup les calculs et on montre en gnral que les premiers modes de flambement

2.3 Comportement des tubes composites pultruds flchis pour une application aux gridshells

69

Fig. 2.24 Flambement symtrique dun cylindre (notations).

non symtriques sont obtenus pour des nergies trs proches de celle du mode axisymtrique
(quelques pour-cents). Les diffrentes variables ne dpendent donc ici que de z et le dplacement v est nul. On note 0 la drivation par rapport lunique variable z du problme. On peut
alors calculer les dformations dans le cylindre partir de leurs dfinitions en fonction des
dplacements u et w :

eL

w0 + u0
= u +
2
w 1 w 2
+
=
R 2 R
0

(2.52)

eT

TL = 0

Par mesure de simplification dans (2.52), on va ngliger u0 devant u0 et w2 devant w. En


revanche, on ne fait pas dhypothse sur les ordres de grandeurs respectifs de u et de w ; la
prise en compte dun terme non-linaire en w dans la dformation e L est indispensable la
prdiction du phnomne de flambement. On reconnat par ailleurs dans eT , la dformation
lie au changement du rayon du tube de R R + w (en effet eT = (2 ( R + w) 2R)/2R =
w/R). Le dplacement radial w entrane galement de la flexion dans le tube. Dans le cadre des
hypothses des coques de Kirchhoff-Love, la variation de courbure longitudinale est L = w00 .
Les autres variations de courbure sont nulles car le flambement est suppos axisymtrique. On
peut ensuite dduire les contraintes longitudinales L et transversales T en fonction de , la
position dans lpaisseur du tube :

L =

T =

EL
LT ET
(e L + L ) +
eT
1 TL LT
1 TL LT
TL EL
ET
(e L + L ) +
eT
1 TL LT
1 TL LT

(2.53)

70

2. Les matriaux composites

quation caractristique
Pour tablir lquation diffrentielle caractristique du problme, on calcule lnergie potentielle de dformation lastique U de f du tube.
U

de f

1
=
2

Z l Z e/2
e/2

(L (e L + L ) + T eT )2Rddz

(2.54)

En remplaant les contraintes par leurs expressions en fonctions des dformations et en


intgrant par rapport , la position dans lpaisseur, on obtient :
U

de f

R
=
1 TL LT

Z l
0

EL ee2L + ET ee2T + 2TL EL ee L eT + EL

e3 2
dz
12 L

(2.55)

Si lon considre que leffort de compression Nzz est constant au cours du flambement, lnergie potentielle lie aux efforts extrieurs U ext peut sexprimer de la faon suivante :
U ext = 2RNzz u(l )

(2.56)

Les dplacements u et w solutions du problme minimisent lnergie potentielle totale de


la structure U f lamb = U de f + U ext . Pour de petites variations (cinmatiquement admissibles) u
du dplacement axial et w du dplacement radial autour de la solution, la variation dnergie
U f lamb doit tre nulle. Daprs (2.54) et (2.56), ces variations dnergie scrivent :
U

f lamb

=
+

Z l

2Re
EL (e L + TL eT )e L + ET (LT e L + eT )eT dz
1 TL LT 0
Z l
e3
2R
EL L L dz 2RNzz u(l )
1 TL LT 0
12

(2.57)

Les variations de dformations e L , eT et L se calculent laide des expressions (2.52).

e L = u0 + w0 w0

w
eT =

L = w00

(2.58)

En insrant ces expressions dans (2.57), on obtient :


U f lamb =

2R
1 TL LT

Z l
0

EL e(e L + TL eT )u0 + EL e(e L + TL eT )w0 w0

+ ET e(LT e L + eT )

w
e3
+ EL L w00 dz 2RNzz u(l )
R
12

(2.59)

On intgre ensuite par partie tous les produits dans lesquels interviennent les drives de u
et w en tenant compte des conditions aux limites de lexprience illustre sur la figure 2.24. Du
point de vue des dplacements, le plan sur lequel repose le cylindre est immobile verticalement

2.3 Comportement des tubes composites pultruds flchis pour une application aux gridshells

71

u(0) = u(0) = 0 et, comme w est une perturbation de lquilibre, w(0) = w(l ) = 0. De plus,
les moments aux extrmits du cylindre sont nuls, donc : w00 (0) = w00 (l ) = w00 (0) = w00 (l ) = 0.
U

f lamb

Z l

2R
1 TL LT

0
EL e(e L + TL eT )0 u EL e (e L + TL eT )w0 w

+ ET e(LT ezz + eT )
+ 2R

e3
w
+ EL zz 00 w dz
R
12

EL e
(e L (l ) + TL eT (l )) Nzz u(l )
1 TL LT

(2.60)

Comme u et w minimisent U, lexpression (2.60) doit tre nulle quels que soient u et w. Les
termes sous lintgrale doivent donc tre nuls. On obtient ainsi le systme diffrentiel suivant :

0 = (e L + TL eT )0

EL e
0
=
(e L (l ) + TL eT (l )) Nzz

1 TL LT

0 = EL e (e L + TL eT )w0 0 + ET e (LT e L + eT ) + EL e L 00
R
12

(2.61)

En intgrant la premire quation de (2.61) et en tenant compte de la deuxime quation de


(2.61), on obtient :

EL e
(e L + TL eT ) = Nzz
1 TL LT

(2.62)

On remplace alors (e L + TL eT ) par sa valeur en fonction de Nzz dans la troisime quation


de (2.61) :

e
Nzz
EL
e3 00
Nzz w00 + ET (LT
+ eT ) +
L = 0
R
EL e
1 TL LT 12

(2.63)

Enfin, on remplace eT et L par leur valeur en fonction de w :


Nzz
w
EL
e3 0000
e
+ )+
w =0
Nzz w00 + ET (LT
R
EL e
R
1 TL LT 12

(2.64)

La solution particulire de lquation ci-dessus est vidente :


Nzz
Nzz
et e0T = LT
EL e
EL e
N
Nzz R
zz
u0 =
z et w0 = LT
EL e
EL e
e0L =

Soit

(2.65)

Lquation diffrentielle homogne associe (2.64) fournit lquation caractristique qui


gouverne la stabilit du cylindre :
ET

we
EL
e3 0000
00

N
w
+
w =0
zz
R2
1 TL LT 12

(2.66)

72

2. Les matriaux composites

tude de la stabilit de la section


Lquation (2.66) est une quation diffrentielle du quatrime ordre qui admet comme solution priodique les fonctions de la forme w = w0 sin(mx/l ), o m est un entier qui dcrit
le nombre dondes quaura la dforme du cylindre aprs flambement. Ces solutions sont bien
en accord avec les conditions aux limites en dplacement w(0) = w(h) = 0 et en moment
w00 (0) = w00 (h) = 0. La substitution de w = w0 sin(mx/l ) dans lquation (2.66) conduit la
charge critique suivante :

EL
e3 m 2
e l 2
+
Nzz = ET 2
R m
1 TL LT 12 l

(2.67)

Cette charge critique dpend de m/l, elle est minimale pour :


(1 ) E 12 1/4
m
TL LT
T
=
l
EL
e2 R2

(2.68)

La charge critique vaut alors :


e2
cr
Nzz
=
R

s
ET E L
3(1 TL LT )

(2.69)

Cette valeur de la charge critique est en accord avec celle trouve par Bazant [20] dans le
cas dun matriau anisotrope. On vrifie dailleurs facilement que, dans le cas o le matriau
est isotrope, on retrouve la valeur communment admise dans les ouvrages de rfrence [101],
[22], [20]. Pour connatre lordre de grandeur de la contrainte de compression qui provoque le
flambement local du cylindre en flexion, on utilise les valeurs du tableau 2.2 pour les caractristiques mcaniques de la section. Le rayon de courbure maximal du tube dans la configuration
dforme Rmax
est valu partir de lexpression (2.41) :
f

1 1
R
max
Rmax
=

+
=
T
f
R
1 3

(2.70)

Le paramtre de lovalisation se calcule partir de la courbure impose au tube daprs


les expressions de (2.49). Pour une courbure impose L = 0,5 m-1 , lamplitude de lovalisation
est de = 1,82 % si bien que le rayon de courbure final est Rmax
= 20,36 mm. La valeur de la
f
contrainte limite de flambement local se dduit ensuite de lexpression (2.69) :
max
f lamb =

cr
Nzz
= 982 MPa
e

(2.71)

2.3.6 Conclusion sur le mode de ruine des tubes en flexion


La contrainte critique de flambement est beaucoup plus lve que la contrainte longitudinale maximale observe lors des essais (350 MPa). Ce nest donc pas linstabilit de la partie
comprime du tube qui entrane la ruine. La figure 2.22 montre galement quavec les valeurs

2.4 Conclusion

73

des paramtres du composites du tableau 2.2, la valeur maximale du critre est atteinte en fibre
infrieure du tube et non pas dans les parties latrales. Cest donc la contrainte longitudinale
qui provoque la rupture en compression du tube.
Le modle propos pour lvaluation des contraintes dans la section ovalise du tube est trs
simple et la comparaison numrique qui a t faite par Aude Petel [83] avec un modle tridimensionnel de tube avec les mmes paramtres de matriau a montr que les ordres de grandeurs
taient exacts. Il semble donc que les grandes fissures longitudinales que lon observe exprimentalement ne soient quune consquence de la rupture en compression des fibres. On note
cependant que la rsistance rupture de la partie comprime qui a t prise en compte dans le
modle est la rsistance rupture en flexion, ce qui est une hypothse forte. Cest vraisemblablement lclaircissement du problme du couplage flexion-compression dans les composites, qui
permettra de trancher dfinitivement la question de lorigine de la rupture.

2.4

Conclusion

Dans le domaine du gnie civil, les matriaux composites verre/rsine sont des matriaux
nouveaux qui commencent se rpandre grce au procd industriel de pultrusion qui permet la production dobjets de section standardise des tarifs trs conomiques. Les premires
applications dans ce secteur sont malgr tout assez conservatrices et se cantonnent une copie des structures en acier du dbut du XXe sicle : armatures pour bton, renforcement par
collage, treillis, etc. Beaucoup plus souples que lacier, les composites apparaissent rarement
comme la solution la plus pertinente pour ces applications dans lesquelles les exigences de raideur conduisent un surdimensionnment de la structure en composites et une trs faible
sollicitation de leur rsistance rupture.
En revanche, les contraintes constructives des gridshells lies leur processus de montage
utilisent la dformabilit des composites. Leur allongement lastique important et leur module
dYoung lev en font des bons candidats a priori pour ce type de structure. On a dailleurs vu
par une tude systmatique selon la mthode de Ashby que les composites constituent, avec
le bois, les meilleurs matriaux pour les gridshells. Pour un prix quivalent, les performances
mcaniques des composites sont meilleures. En contrepartie, leur bilan environnemental est
moins bon, ce qui fait apparatre le bois comme la solution la plus cologique. Le dveloppement
de bio-composites partir de fibres de lin ou de chanvre et de rsine naturelle pourrait alors
constituer lalternative la plus intressante.
Par ailleurs, la plupart des applications des composites dans le gnie civil et dans les autres
domaines nutilisant pas des pultruds flchis en permanence et en grande dformation, il
tait ncessaire dtudier le comportement mcanique court et long terme des composites
verre/rsine pultruds. On a constat que le comportement instantan du matriau reste linaire
lastique jusqu la rupture de la partie comprime du tube. Il ny a donc pas de non-linarits
matrielles prendre en compte dans le calcul des gridshells. En revanche de grands dplacements synonymes de non-linarits gomtriques apparaissent lors du montage, loutil de calcul
dvelopp au chapitre suivant devra donc tre capable de les modliser.

74

2. Les matriaux composites

Par ailleurs, on a constat dans les tubes flchis que, sil nentrane pas la ruine du profil, le
phnomne dovalisation nest pas ngligeable. Dans les tests qui ont t effectus il contribue
plus de 10 % de la contrainte totale lorsque celle-ci atteint 46 % de la rsistance rupture. Il vaut
donc mieux rester en de de cette valeur. Une limitation de la contrainte 30 % de la contrainte
rupture instantane semble raisonnable, dautant que cela permet dviter des fluages trop
importants. On verra au paragraphe 5.1.2 que cette valeur est en accord avec les coefficients de
scurit recommands par lEurocomp [32].

Chapitre 3

La mthode de relaxation dynamique :


un outil pour ltude des structures
lances prcontraintes en grands
dplacements

Les gridshells sont des structures dont la forme est obtenue par dformation lastique dune
grille sans rigidit en cisaillement. Les dplacements et les dformations qui interviennent durant la phase de montage sont importants si bien que leur calcul requiert des mthodes capables
de prendre en compte des non-linarits gomtriques. Ce chapitre commence par un bref historique des mthodes numriques utilises pour les gridshells : mthode de Newton-Raphson,
mthode exprimentale associe la mthode des densits de forces et mthode de relaxation
dynamique. Cest cette dernire qui a t choisie pour le calcul des gridshells par la suite. Son
principe consiste remplacer une recherche dtat dquilibre statique par un calcul dynamique
fictif qui, par amortissements successifs, va conduire ltat dquilibre statique.

Les dtails du calcul dynamique de cet algorithme sont tout dabord prsents. Viennent
ensuite les descriptions du calcul des efforts intrieurs et dun modle de liaison original. Les
diffrents paramtres de la mthode tant dfinis, une mthode doptimisation de ces paramtres
est propose afin de garantir la stabilit de lalgorithme et sa rapidit de convergence. Plusieurs
tests sont ensuite effectus pour valuer linfluence de la densit et de luniformit du maillage,
les performances et la prcision de la relaxation dynamique par rapport celles dun logiciel de
calcul aux lments finis classique, linfluence des excentricits sur ces performances et la capacit du programme tre utilis pour lanalyse structurelle et la recherche de charges critiques
de flambement. Enfin, la polyvalence de cet algorithme est illustre au travers dun problme de
recherche de forme sur des structures gomtries complexes : les nexorades.

76

3. La mthode de relaxation dynamique

3.1

Historique

Daprs la dfinition du chapitre 1, les gridshells sont des structures indissociables de leur
processus de montage, leurs formes sont obtenues par dformation dune grille sans rigidit
en cisaillement. Du point de vue local du matriau, le passage de la grille la coque reste un
processus linaire lastique rversible ce qui garantit notamment la dmontabilit de la structure.
Les phnomnes non-linaires qui apparaissent durant la mise en forme des gridshells sont donc
de nature gomtrique uniquement. La prise en compte de ces non-linarits dans le calcul des
structures ncessite lutilisation de mthodes de calcul numrique spcifiques. La mthode dite
de Newton-Raphson est la plus connue et la plus rpandue de ces mthodes, elle est base sur la
mthode des lments finis classiques et prsente immdiatement ci-dessous. trangement elle
na jamais t utilise pour le calcul des gridshells. La puissance de calcul requise pour sa mise
en uvre est relativement importante, ce qui nest certes plus un frein aujourdhui mais ltait
dans les annes soixante, soixante-dix, si bien que la mthode utilise par Frei Otto pour le calcul
de la Multihalle der Bundesgartenschau de Mannheim est totalement diffrente de celle-ci. On a vu
dans le paragraphe 1.2.2 quelle constitue une subtile association dun travail sur maquettes,
de mesures par photogrammtrie et dun algorithme de calcul appel mthode des densits de
force dont les grands principes sont prciss ici. Cette mthode a t dveloppe pour le calcul
des rseaux de cbles et est encore couramment employe pour leur conception dans les pays
latins et germaniques. Dans les pays anglo-saxons, on utilise plutt un autre algorithme, appel
mthode de relaxation dynamique et dvelopp peu prs la mme priode. Il a t rcemment
adapt pour le calcul des gridshells de Hannovre ou de Downland (cf. paragraphes 1.5.1 et 1.4).
Cet algorithme simple et performant a t choisi pour lanalyse des gridshells de cette thse
et son historique sera dtaill la fin de ce paragraphe et les dtails de son fonctionnement le
seront dans le reste du chapitre.

3.1.1 La mthode de Newton-Raphson et ses variantes


La mthode dite de Newton-Raphson est la plus connue et la plus rpandue des mthodes
de calcul non-linaire implmentes dans les logiciels de calculs aux lments finis. Les nonlinarits qui apparaissent dans le calcul des gridshells sont de nature gomtrique : les dformations importantes de la structure entre sa configuration initiale et sa configuration sous chargement sont telles que les proprits mcaniques sont sensiblement diffrentes dans les deux
configurations et que lhypothse des petits dplacements que lon fait souvent dans le cadre
de lanalyse des structures de gnie civil nest donc plus valable. Aprs avoir calcul les dplacements sur la configuration intiale, il est ncessaire de rcrire les quations dquilibre sur la
configuration dforme. En gnral celles-ci ne sont pas vrifies et conduisent de nouveaux
dplacements et donc une nouvelle configuration dforme dont on devra vrifier lquilibre :
la rsolution des problmes en grands dplacements ncessite donc une analyse incrmentale de
la structure.
Dans le cas linaire, les dplacements inconnus u sont dduits de la matrice de rigidit de
la structure dans la configuration initiale K et des efforts extrieurs f laide de la formule sui-

3.1 Historique

77

vante : f = K u. Pour les problmes non-linaires, la charge f est dcompose en incrments f


suffisamment petits pour assurer la convergence. Toutefois, ces incrments ne garantissent pas
le suivi dun comportement rel, car il existe un cumul derreurs au cours des incrments successifs. La matrice de rigidit tangente conduit la linarisation du comportement lintrieur
de chaque incrment et cette linarisation par morceaux scarte progressivement de la courbe
du comportement rel (cf. figure 3.1 et manuel de A. Chateauneuf [31] chapitre 14). Il est donc
ncessaire dintroduire des procdures itratives garantissant lquilibre des forces internes et
externes la fin de chaque incrment de charge. La mthode la plus rpandue est la mthode
dite de Newton-Raphson, dont lalgorithme est prsent succintement ici.

Fig. 3.1 Schma de rsolution sans et avec itrations dquilibre.

Pour un nime incrment de charge f, on calcule un dplacement additionnel u0n laide


de la matrice de rigidit tangente K(un1 ) obtenue partir des dplacements un1 qui quilibrent le chargement de lincrmentation prcdente. La forme incrmentale de lquation dquilibre est donne par :
f = K(un1 ) u0n

(3.1)

On peut alors calculer une premire estimation du dplacement total la nime itration :

= un1 + u0n et en dduire la matrice de rigidit tangente correspondante. Puis de l, on


calcule les efforts intrieurs lis laccroissement f de la charge : K(u0n ) u0n , ainsi quune estin en fonction des efforts intrieurs obtenus
mation des efforts intrieurs la nime itration fint
litration prcdente :
n
n 1
fint
= K(u0n ) u0n + fint
(3.2)
u0n

La structure est en quilibre si le rsidu des efforts R0n est nul :


n
R0n = nf fint

(3.3)

Si celui-ci nest pas nul, on peut calculer un dplacement complmentaire u1n qui va quilibrer ce rsidu, cest--dire tel que :
K(u0n ) u1n = R0n

(3.4)

78

3. La mthode de relaxation dynamique

Ensuite, on calcule une seconde estimation du dplacement total la nime itration : u1n =
un1 + u0n + u1n , puis la matrice de rigidit tangente, puis le nouveau rsidu. Et on procde
ainsi, de proche en proche, jusqu ce que le rsidu soit considr comme suffisamment proche
de zro. On passe alors lincrment de charge suivant et on commence une nouvelle srie
ditrations et ainsi de suite jusqu ce que toute la charge ait t applique la structure.
Diffrentes variantes de cette mthode ont t dveloppes, notamment les mthodes de
Newton-Raphson initiale et modifies. Elles reposent toutes sur un contrle en force du processus, mais dautres auteurs ont propos des mthodes alternatives de contrle en dplacement
ou en longueur darc. Cette dernire, appele mthode de arc-length, est aujourdhui reconnue
comme la meilleure mthode de contrle. Cependant, comme les mthodes de Newton-Raphson,
elle requiert une certaine exprience pour atteindre le niveau de performance dsir.

3.1.2 La mthode des densits de force


Pour Frei Otto et lInsitut pour les structures lgres de Stuttgart (IL), les gridshells sont
un moyen dobtenir une coque en compression parfaite sous poids propre par dformation
lastique puis contreventement dune grille sans rigidit en cisaillement. En supposant que la
raideur en flexion des lments est ngligeable, ils peuvent obtenir la forme naturelle de ces
grilles en compression simple par inversion dun filet tendu soumis son propre poids. Or,
leurs travaux sur la couverture du pavillon allemand de lexposition universelle de Montral en
1967 et sur les btiments du stade olympique de Munich de 1972, leur ont permis de dvelopper
un ensemble de techniques performant pour le calcul des rseaux de cbles et des filets tendus
qui a t voqu dans le paragraphe 4.1.1. Ce calcul se fonde sur la ralisation de maquettes
et ltude de leur gomtrie par photogrammtrie. La prcision de la mesure de ces modles
rduits tant insuffisante pour garantir lquilibre de la structure relle, elle est corrige laide
dune nouvelle mthode de calcul pour les structures tendues : la mthode des densits de force,
fruit de la collaboration entre lInstitut pour les structures lgres et lInstitut pour lapplication
de la godsie dans la construction.

Fig. 3.2 Structure de quatre cbles et un nud libre.


La mthode des densits de force propose une linarisation du problme non-linaire de la
recherche de ltat dquilibre des structures tendues par lintroduction de coefficients de densit
de force. Pour comprendre la signification de ces coefficients, on tudie la structure simple de la
figure 3.2. Elle est compose de quatre cbles relis entre eux au nud 5. Les extrmits 1, 2, 3
et 4 sont fixes. Le problme est de savoir quelles sont les tensions ~Ti5 dans chacun des lments

3.1 Historique

79

(i varie de 1 4) qui permettront dobtenir un quilibre du nud 5 et de savoir quelles sont les
longueurs Li5 dans cette gomtrie dquilibre. Pour rsoudre ce problme, on crit tout dabord
la condition dquilibre du nud 5 :
4

~Ti5 = ~0 soit

i =1

Ti5

Li5 ~ui5 = ~0

(3.5)

i =1

Si lon projette lquation vectorielle (3.5) sur chacun des axes du plan et que lon exprime la
longueur Li5 en fonction des coordonnes des diffrents nuds, on obtient :

Ti5 p(x

x5 xi

x i )2 + ( y5 y i )2

y5 yi

Ti5 p
( x5 x i )2 + ( y5 y i )2
i =1
i =1
4

= 0

(3.6)

= 0

Le systme dquations form par (3.6) est fortement non-linaire ; il ne peut donc pas tre
rsolu simplement. Lide de Schek et Linkwitz [91, 65] a t de substituer au terme non-linaire
Ti5 /Li5 un coefficient qi5 suppos connu et appel densit de force de llment i. Ce coefficient
peut tre interprt comme la raideur gomtrique de llment i de sorte que pour une mme
densit de force, llment sera dautant plus tendu quil sera long. Si on introduit ces coefficients
qi5 dans (3.6) , on obtient un systme linaire dune grande simplicit, dont on peut trouver
aisment la solution :
4

qi5 ( x5 xi ) = 0

i =1
4

qi5 (y5 yi )

x5 =
do

=0

y5 =

i =1

4i=1 qi5 xi
4i=1 qi5
4i=1 qi5 yi
4i=1 qi5

(3.7)

On remarque que x5 est le barycentre des ( xi , qi ) et y5 celui des (yi , qi ). partir des coordonnes du nud 5 que lon vient de dterminer et des coordonnes des autres nuds, il est trs
facile de calculer les longueurs Li5 de tous les lments et ensuite den dduire les tensions par
Ti5 = qi5 Li5 . Dans la configuration ainsi dfinie, la structure est alors en quilibre, la gomtrie
et les efforts de tous les lments sont parfaitement connus.
Pour les dtails de la gnralisation de cet exemple un rseau de cbles avec un grand
nombre de degrs de libert, on se rapportera aux articles de H. Schek et K. Linkwitz [91, 65]
ainsi qu louvrage de Ren Motro sur les structures de tensgrits [71], on na pas jug utile
de les dvelopper ici. En effet, si la mthode des densits de force a une importance historique
pour la recherche de forme des gridshells au sein de lquipe de Frei Otto cest grce elle
quils dterminent avec exactitude la gomtrie du filet suspendu dont ils tirent par inversion la
forme de ces structures de poutres en compression parfaite elle ne permet pas de prendre en
compte la raideur en flexion des lments. Celle-ci a cependant une influence sur leurs formes
et donc sur la forme dquilibre des gridshells. Une valuation de lapproximation ainsi faite par
lIL pour quelques structures est propose au paragraphe 4.2.2 et dans le cas du prototype au
paragraphe 6.3.2.

80

3. La mthode de relaxation dynamique

la suite de la ralisation du stade olympique de Munich, la mthode des densits de force


a connu un certain succs en Allemagne et en France o elle est aujourdhui courrament utilise.
Elle a t tendue la recherche de forme des toiles tendues par B. Maurin et R. Motro [69]
(elle prend alors le nom de mthode des densits de surface ) et plus rcemment celle des
coques parfaitement comprimes par B. Maurin et R. Motro [68]. Elle a t applique dans de
nombreux projets de recherche qui couvrent une grande varite de structures tendues, parmi
lesquels on peut citer les travaux de Ren Motro sur les structures de tensgrit [71] et ceux de
Saskia Jlich qui utilise les densits de force pour uniformiser les contraintes dans les haubans
dune passerelle en bow-string [55]. Enfin, on peut remarquer que la mthode des densits de
force permet dobtenir par itrations successives des surfaces daire minimale ou des rseaux
isocontraint [55]. Lavantage des surfaces daire minimale est que tous les lments de la structure
y sont sollicits de la mme faon, linconvnient est que ces surfaces sont en gnral trs plates
ce qui augmente le risque de formation de poches deau et de surcharge de la structure.

3.1.3 La mthode de relaxation dynamique


Paralllement la mthode des densits de force en Allemagne, une autre mthode de calcul non-linaire de structure a t dveloppe au Royaume-Uni partir des annes soixante :
la mthode de relaxation dynamique. Contrairement la mthode des densits de force qui est
spcifique aux structures tendues, la mthode de relaxation dynamique est une mthode numrique plus gnrale de rsolution de problmes mcaniques qui reposent sur des quations
aux drives partielles complexes. Son concept apparat pour la premire fois dans un article
de A. S. Day et J. R. Otter [77] qui procdent par analogie avec les mouvements de la houle.
Ils remplacent les quations de continuit et de mouvement de la mcanique des fluides par
celles de llasticit et de la dynamique de la mcanique des structures. La rsolution dun systme dquations non-linaires est ainsi simplifie en un calcul explicite itratif et linaire ; et
la solution dquilibre statique est alors comprise comme le rsultat dun processus dynamique
amorti. Le raisonnement sous-jacent est cependant trs physique : si lon considre par exemple,
une poutre en porte--faux au bout de laquelle on vient suspendre dun seul coup une charge.
Elle va osciller puis, du fait de lamortissement intrinsque du matriau, se stabiliser dans sa
position dquilibre statique. Cest exactement ce phnomne que la mthode reproduit, ceci
prs que le comportement dynamique rel de la structure est remplac par un comportement
dynamique fictif dfini pour dissiper lnergie cintique au plus vite et converger rapidement
vers la position dquilibre statique qui seule est recherche.
La mthode de relaxation dynamique ne prend son nom quen 1965 dans deux articles successifs de A. S. Day [36] et P. Otter [76]. Les problmes traits dans ces deux articles sont des
problmes dlasticit linaire : dformation de plaques minces, de rservoir sous pression et
de barrages votes. Des effets non-linaires lis des fissures dans le matriau sont introduits
pour la premire fois par Holland [51] et les premiers calculs en grands dplacements sont dus
Rushton [88]. Depuis, la mthode a connu de nombreuses applications pour la rsolution dune
grande varit de problmes parmi lesquels on peut citer : ltude de structures hyperlastiques
de D. Oakley [74, 75] et viscolastique de M. Salehi [89], lanalyse du comportement post-flamb

3.2 Lalgorithme de la relaxation dynamique

81

des structures de G. Ramesh [84] ou W. Zhang [108] avec dans ces deux articles un couplage
intressant entre la mthode de relaxation dynamique et la mthode de arc-length, lanalyse du
comportement plastique avec endommagement des structures de G. Ramesh [85] et ltude statique des milieux granulaires de J. Bardet [10]. Il faut noter ici, que la dynamique molculaire,
dont il est souvent question dans la communaut des milieux granulaires [34, 57], est une mthode explicite de calcul numrique dont les quations et les principes sont trs proches de ceux
de la relaxation dynamique, mais quau contraire de cette dernire, la dynamique molculaire
a pour but ltude du comportement dynamique rel des grains et que, par consquent, les paramtres damortissement et de masse doivent y tre dfinis selon les proprits relles de la
structure. Ces dnominations proches sont parfois source de confusion et certaines applications
de la mthode de la relaxation dynamique se trouvent ainsi masques comme celle dA. Alaoui
et K. Sab [5].
La premire application aux structures tendues est due A. S. Day et J. Bunce [37] qui
cherchent valuer les dformations dun rseau de cbles. Cest Michael Barnes qui, le premier,
utilise la relaxation dynamique pour la recherche de forme et lanalyse structurelle des structures
tendues et gonflables [13]. A cette poque, la mthode est en plein essor ; en trois ans, quatre
thses seront soutenues luniversit de la City de Londres : celle de M. Barnes sur le mme sujet
que larticle prcit [12], celle de D. Wakefield sur les rseaux de cbles supports par des arches
en compression [104], celle de M. Papadrakakis sur des aspects plus mathmatiques [80] et celle
de B. Topping sur le calcul de structures modulables [102]. Les mthodes dveloppes alors
vont faire cole et donner lieu de nombreuses ralisations [14, 105]. La mthode de relaxation
dynamique est aujourdhui la mthode de rfrence pour le calcul des structures tendues dans
le monde anglo-saxon ; elle a dailleurs fait lobjet dun ouvrage rcent relativement accessible de
Wanda Lewis [61]. Llment triangulaire de membrane dvelopp par M. Barnes est encore trs
largement utilis [106, 47, 61], mme si un lment quadrangulaire a t propos par P. Gosling
et W. Lewis [44].
Lapplication de la mthode de relaxation dynamique aux structures rticules spatiales autocontraintes, aussi appeles structures en tensgrit, a fait lobjet de la thse de S. Belkacem [21],
mais la mthode de la relaxation dynamique savre ici moins performante pour la recherche
de forme que la mthode des densits de force qui lui a t prfr dans les publications plus
rcentes sur le sujet [71, 16]. Les derniers dveloppement de la mthode autour de la recherche
de forme des gridshells ont t suscits par la construction du gridshell de Hannovre (cf. paragraphe 1.5.1). cette occasion, Michael Barnes et son quipe dveloppent un lment de poutre
capable de reprendre des efforts de flexion [15, 2, 3]. Cest cet lment qui est repris et adapt
dans ce travail de recherche et qui sera prsent dans le paragraphe 3.3.

3.2

Lalgorithme de la relaxation dynamique

3.2.1 Un comportement dynamique fictif


La mthode de relaxation dynamique est un outil numrique qui utilise un calcul dynamique
amorti pour trouver ltat dquilibre statique dun systme mcanique. Le comportement dyna-

82

3. La mthode de relaxation dynamique

mique du systme na dans cette mthode aucune importance en lui-mme, il nest quun moyen
de parvenir un tat dquilibre statique. En tant que moyen, il na donc pas reproduire une
certaine ralit physique du mouvement, mais se doit plutt dtre le plus efficace possible
afin dobtenir rapidement des rsultats prcis et fiables. Les paramtres caractristiques de la
structure qui ninterviennent que dans le calcul dynamique (les coefficients damortissements
intrinsques des matriaux et les masses inertielles des lments) peuvent donc tre librement
dfinis de faon optimiser la vitesse de convergence de lalgorithme et sa robustesse. En effet,
les taux damortissement intrinsques des matriaux ou de la structure influent sur le nombre
doscillations ncessaires avant datteindre une certaine stabilisation autour de lquilibre mais
ninfluencent pas, mme indirectement, la nature de ltat dquilibre. Ils peuvent donc tre
choisis arbitrairement. Loptimisation de ces paramtres visqueux est possible [81, 103] et prsente plus bas (cf. paragraphe 3.5) mais elle est techniquement dlicate. Ainsi, le plus souvent
[15, 2, 47, 61] et notamment dans le programme dvelopp pour cette thse, on lui prfre un
amortissement compltement artificiel appel amortissement cintique .
Lamortissement cintique a t propos par P. Cundall en 1976 [35]. Son principe repose sur
lchange au cours dun mouvement non-amorti entre lnergie cintique et lnergie potentielle
lastique. En effet, dans un systme mcanique conservatif, lnergie mcanique se conserve ;
chaque minimum de lnergie potentielle du systme correspond donc un maximum de son
nergie cintique. Or ltat dquilibre statique est un tat dans lequel lnergie potentielle est
minimale. Lide de P. Cundall est donc de remplacer la recherche dune position dquilibre par
celle dun maximum dnergie cintique. La procdure consiste ainsi laisser la structure libre
dosciller, cest--dire sans aucun amortissement, jusqu ce que lnergie cintique atteigne un
maximum. La structure est alors arrte : les vitesses de tous les nuds sont remises artificiellement zro. Si cette position est la position dquilibre, la structure est immobile et le calcul
est termin ; sinon, la structure est nouveau laisse libre dosciller jusquau prochain maximum dnergie cintique o, comme prcdemment, les vitesses sont remises zro. Et ainsi de
suite jusqu ce que lnergie cintique de tous les modes de vibrations ait t dissipe et que
lquilibre soit atteint. Ce principe de lamortissement cintique est illustr par la figure 3.3 qui
prsente les variations de lnergie cintique au cours du temps dune structure quelconque.
titre dexemple, considrons le pendule de la figure 3.4. Il est constitu dune masse suspendue un support indformable par une tige galement indformable. Larticulation de la
tige sur le support est une articulation parfaite et lair est suppos sans frottement. Si la masse
est lche de cette position, elle va descendre en suivant un arc de cercle et selon un mouvement
acclr, sa vitesse va donc crotre jusqu ce que la masse passe au droit du point de fixation de
la tige sur le support. Lnergie cintique est alors maximale, la masse est donc arrte. La position dquilibre est trouve. On voit ainsi, sur un systme un degr de libert, comment cette
mthode damortissement cintique permet de dterminer ltat dquibre. Pour des systmes
plus complexes, le principe reste le mme, il suffit de rpter plusieurs fois cette procdure :
oscillation libre, arrt, oscillation libre, arrt, etc.
Cette mthode remplace donc lamortissement visqueux par un processus abstrait dabsorption progressive de lnergie cintique. La suite des valeurs de lnergie mcanique y forme une
suite dcroissante et borne, elle est donc convergente. Il ny a pas de garantie que le minimum

3.2 Lalgorithme de la relaxation dynamique

83

absolu de lnergie potentielle soit atteint par cette mthode, mais il ny en a pas non plus dans
la mthode avec un amortissement visqueux. Pour vrifier que lquilibre trouv est bien une
position dquilibre stable, la mthode usuelle qui consiste vrifier que la structure retourne
sa position dquilibre aprs perturbation, est en gnral trs efficace.

Fig. 3.3 Variation de lnergie cintique.

Fig. 3.4 Pendule oscillant sans frottement.

3.2.2 Schma explicite de diffrences finies


Dun point de vue pratique, le comportement dynamique est mis en uvre dans la mthode
de relaxation dynamique au travers dun schma explicite de diffrences finies classique. La
position de chaque nud de la structure est dcrite par lensemble de ses trois coordonnes x, y
et z dans un repre cartsien de rfrence. linstant t, la position du nud i est donc dfinie
par le vecteur ~
Xit . Le mouvement de ce nud est rgi par les quations usuelles du mouvement
~ t linstant t est donc donne en fonction de
en dynamique des structures ; son acclration A
i

la masse du nud mi et du rsidu ~Rit des efforts intrieurs et extrieurs par la deuxime loi de
Newton :

~ it = ~Rit
mi A

(3.8)

Si on utilise pour lacclration un schma dapproximation centr, on obtient une relation


~ t lacclration linstant t, V
~ t+t/2 la vitesse linstant suivant t + t/2 et V
~ tt/2 la
entre A
i

vitesse linstant prcdent t t/2.

~ it =
A

~ t+t/2 V
~ tt/2
V
i
i
t

(3.9)

~ t+t/2 lexpression suivante :


De (3.8) et (3.9), on dduit donc pour la vitesse V
i
~ t+t/2 = V
~ tt/2 + t ~Rit
V
i
i
mi

(3.10)

En utilisant pour la vitesse le mme schma dapproximation centr que pour lacclration,
~ t+t/2 la vitesse linstant t + t/2, ~
on obtient une relation entre V
Xit+t la position linstant
i

84

3. La mthode de relaxation dynamique

~ t la position linstant prcdent t.


suivant t + t et X
i
~
~ t+t/2
Xit+t = ~
Xit + t V
i

(3.11)

Puis, en regroupant (3.10) et (3.11), on obtient la formule (3.12) qui permet de calculer la
position linstant t + t en fonction des variables linstant t prcdent.
t2 ~ t
tt/2
t
~X t+t = ~
~
X
Ri
+
t

V
+
i
i
i
mi

(3.12)

Lexpression ci-dessus ne peut cependant pas tre utilise lors de la premire itration de
lalgorithme parce que la vitesse nest pas connue linstant t/2 mais linstant t = 0 o la
vitesse est nulle. Ainsi, si lon considre qu chaque instant, la vitesse moyenne est donne par :

~ tt/2 + V
~ t+t/2 )
~ it = 1 (V
V
i
2 i

(3.13)

~ t/2 = V
~ +t/2 . Pour la
on peut dduire que la vitesse linstant t/2 est telle que : V
i
i
premire itration, lexpression de la vitesse (3.10) devient alors (3.14) tandis que celle de la
position reste inchange.

~ t/2 =
V
i

~
Xit

t ~ 0
Ri
2mi

(3.14)

~ t/2
= ~
Xi0 + t V
i

Si lon laisse de ct le calcul du rsidu des efforts intrieurs et extrieurs qui est dvelopp
dans le paragraphe 3.3, on peut dsormais calculer par rcurrence les positions et les vitesses
des diffrents nuds chaque instant.

3.2.3 Compatibilit avec les conditions aux limites


Les appuis les plus courants bloquent les translations dun nud dans une ou plusieurs
directions et laissent les rotations libres (voir les exemples de la figure 3.5). Des conditions
non-linaires peuvent ventuellement tre ajoutes pour prendre en compte le soulvement de
lappui, mais il est impossible dempcher la rotation dun nud. En effet, cela reviendrait
appliquer un moment ponctuel ce nud ce qui est incompatible avec les hypothses du modle
de poutre sans torsion qui est dcrit dans le paragraphe 3.3 et qui sera utilis dans la suite de
ce travail. Pour pouvoir prendre en compte des bloquages en rotation ou des encastrements, il
faudrait enrichir le modle cinmatique actuel en introduisant des lments de poutre avec des
degrs de libert en rotation chaque nud. Cette modification du mode de calcul des efforts
intrieurs ne change pas le cur de la mthode de relaxation dynamique et on a montr dans
[72] que lon pouvait facilement adapter le programme informatique prsent dans cette thse
un modle classique de poutre plane six degrs de libert (deux translations et une rotation
chaque extrmit). Outre le fait quil augmente les temps de calcul, cet enrichissement du modle
nest pas ncessaire pour le calcul des gridshells, car les conditions aux limites des poutres dans
tous les btiments de ce type construits ce jour sont des rotules.

3.2 Lalgorithme de la relaxation dynamique

85

Fig. 3.5 Diffrents types dappui dans le plan et dans lespace.


En pratique, la compatibilit des dplacements avec les conditions aux limites est assure
chaque itration, le type de vrification effectuer dpendant de la nature physique des appuis
~t=~
de la structure. On suppose qu linstant t, le dplacement U
Xt ~
X 0 du nud i est admisi

sible. En tenant compte de lexpression (3.11) qui donne la position linstant t + t en fonction
de la position linstant prcedent et de la vitesse, on obtient pour le dplacement t + t :

~ t+t = U
~ it + tV
~ t+t/2
U
i
i

(3.15)

~ t+t/2 est compatible avec les condiOn se rend alors compte quil suffit de sassurer que V
i
tions aux limites pour que le nouveau dplacement soit admissible. Si, par exemple, le nud i
est libre de se dplacer selon laxe des x mais quil est bloqu selon y et selon z, on doit imposer
~ t+t/2 ~y = 0 et V
~ t+t/2 ~z = 0. Si le nud i est simplement pos sur un plan perpendiculaire
V
i

laxe des z et quun soulvement vers les z positifs est autoris, les nouvelles conditions de
compatibilits scrivent :
(

~ t+t/2 =
V
i

~ t+t/2 (V
~ t+t/2 ~z)~z
V
i
i
~ t+t/2
V
i

si
si

Vit+t/2 ~z < 0
~ t+t/2 ~z 0
V
i

(3.16)

On note quil ny a par ailleurs aucune difficult particulire tendre le schma prcdent
(3.16) un blocage dans une direction quelconque de lespace. On note galement que le fait
dexprimer la compatibilit des dplacements avec les conditions aux limites sur les vitesses
des nuds et non sur leurs positions permet de calculer lnergie cintique directement sur des
champs de vitesses cinmatiquement admissibles et donc de diminuer un peu le temps de calcul.

3.2.4 Dtermination des pics dnergie cintique


Comme il a t expos plus haut (cf. paragraphe 3.1.3), la mthode de relaxation dynamique
avec amortissement cintique remplace la recherche du minimum de lnergie potentielle par
la recherche de pic dnergie cintique. Cest donc lnergie cintique qui est le paramtre de
contrle de lalgorithme. partir des vitesses calcules dans le paragraphe prcdent, il est ais
dvaluer lnergie cintique de la structure linstant t + t/2 :
Ect+t/2 =

~ t+t/2 V
~ t+t/2 )
2 mi (V
i
i
i

(3.17)

86

3. La mthode de relaxation dynamique

Cette nergie cintique Ect+t/2 est compare lnergie cintique Ectt/2 de linstant prcdent. Si la nouvelle nergie est suprieure la prcdente alors lnergie cintique est en train de
crotre et la structure est laisse libre dosciller. En revanche, si la nouvelle nergie est infrieure
la prcdente, alors on vient de dpasser un pic dnergie. Cest donc la gomtrie linstant t
qui est la gomtrie dans laquelle lnergie potentielle est minimale, cest donc dans cette position que toutes les vitesses sont remises zro avant que la structure ne soit nouveau laisse
libre dosciller.

Fig. 3.6 Interpolation parabolique de lnergie cintique autour du pic.


Michael Barnes fait remarquer dans [15] que le raisonnement ci-dessus assure que la gomtrie linstant t est la gomtrie dans laquelle lnergie cintique est maximale pour une
vision discrte du temps. Pour amliorer la prcision de la dtermination de la gomtrie du
pic dnergie cintique, il introduit une interpolation parabolique de lnergie cintique entre les
instants t 3t/2, t t/2 et t + t/2 (cf. figure 3.6). Le pic dnergie cintique est alors obtenu
linstant correspondant au sommet de la parabole, cest--dire :
t = t + q t

avec

q=

Ectt/2 Ect3t/2
Ect3t/2 2Ectt/2 + Ect+t/2

(3.18)

Il ne reste plus qu dterminer les positions ~


Xit des nuds au moment du passage par le
pic dnergie cintique laide de la gomtrie actuelle des ~
X t+t et des vitesses aux instants

~ t+t/2 et V
~ tt/2 . On obtient alors lexpression suivante :
prcdents V
i
i
~Xit = ~X t+t t V
~ t+t/2 + (t t ) V
~ tt/2
i
i
i

(3.19)

En tenant compte de (3.10) et (3.18), lexpression (3.19) devient :


2
~Xit = ~X t+t t (1 + q) V
~ t+t/2 + q t ~Rit
i
i
mi

(3.20)

Lquation (3.20) montre quil nest pas ncessaire de stocker la valeur des vitesses linstant
t t/2 et quil suffit de garder en mmoire les valeurs des deux nergies cintiques prcdentes

3.3 Dfinition des efforts intrieurs

87

pour calculer les positions de tous les nuds dans la gomtrie du pic. Linterpolation parabolique propose par M. Barnes pour le calcul du pic est donc une opration qui ne demande que
trs peu de temps de calcul supplmentaire, elle est dailleurs assez souvent utilise par dautres
auteurs [84, 47] et notamment dans le prsent travail.

3.3

Dfinition des efforts intrieurs

3.3.1 Contexte gnral de la modlisation


Les structures tudies dans ce mmoire sont des structures faites de poutres, de barres et
de cbles. Seuls ces trois types dlments seront donc dvelopps dans ce paragraphe ; pour
une prsentation dun lment membranaire pour les structures textiles, on pourra se reporter
larticle de Michael Barnes [14] ou louvrage sur les structures tendues de Wanda Lewis [61].
Les grands principes de construction des diffrents lments sont emprunts M. Barnes [15]
que ce travail reformule vectoriellement en trois dimensions et complte par un modle original
de liaison interne avec prise en compte des excentricits entre les diffrents lments.
Le modle cinmatique utilis pour la dformation des poutres est celui de Navier-Bernouilli :
la gomtrie dun lment est donne uniquement par son axe neutre, sa section et son inertie le
long de celui-ci. Et, mme si les transformations mises en uvre sortent du cadre de lhypothse
des petits dplacements, on considre quau cours du chargement, les sections droites restent
droites et perpendiculaires laxe neutre et que le comportement du matriau reste lastique linaire. On a vu dans le paragraphe 2.3.2 que, pour les profils lancs en matriaux composites
fibres de verre utiliss pour le prototype de gridshell prsent dans le chapitre 6, ces hypothses
sont tout fait raisonnables.

Fig. 3.7 Ensemble de nuds dun lment de structure.


Dun point de vue pratique, tous les lments dune structure sont dfinis sparment par
un ensemble ordonn de nuds qui, comme sur la figure 3.7, se succdent de 1 jusqu n. La
nature de llment de structure modlis dfinit les relations, les interactions entre des nuds
successifs partir de leurs positions dans le plan ou dans lespace. Les paragraphes suivants sont
donc ddis la description de ces interactions : traction-compression, flexion plane et flexion
dans lespace. Les interactions entre deux lments de structure distincts sont traites part dans
le paragraphe 3.4.

3.3.2 Les efforts de traction et de compression


Les efforts normaux dans une poutre sont lis sa dformation axiale. En partie courante
de la poutre, le nud i est reli aux nuds i 1 et i + 1 par des lments qui se dforment (cf.

88

3. La mthode de relaxation dynamique

t de
figure 3.7). linstant t, il subit donc deux efforts axiaux dus aux dformations actuelles ei,j
chacun de ces lments. On note ~T t leffort exerc par la barre (i, j) sur le nud i, avec j qui vaut
i,j

i 1 ou i + 1. La relation entre ces efforts et ces dformations est donne par la thorie usuelle
de la mcanique des structures en fonction des raideurs axiales ( ES)i,j des lments.
t
t
Ti,j
= ( ES)i,j ei,j

(3.21)

Pour chaque lment (i, j), on peut dduire les dformations axiales linstant t partir de
t dans la configuration actuelle et de sa longueur L0 dans la configuration au
sa longueur Li,j
i,j

repos. La configuration au repos dsigne une configuration non-prcontrainte de llment, son


tat naturel . La direction des efforts de traction-compression sexprime partir des positions
relatives ~
X t des diffrents nuds, avec ~
Xt = ~
Xt ~
X t . Lexpression (3.21) peut donc scrire :
i,j

i,j

t
~Ti,j
= ( ES)i,j

t L0
Li,j
i,j

L0i,j

t
~
Xi,j

t
soit ~Ti,j
= ( ES)i,j

t
Li,j

1
1 ~t

Xi,j
t
Li,j
L0i,j

(3.22)

On remarque que, pour le calcul des lments de cble, on peut facilement introduire la nonlinarit de leur comportement dans (3.22), grce une condition qui annule leffort repris par
le cble en cas de compression :
(
t
~Ti,j

t )~
t
( ES)i,j (1/L0i,j 1/Li,j
Xi,j
~0

si

t > L0
Li,j
i,j

si

t L0
Li,j
i,j

(3.23)

De plus, dans un certain nombre de problmes de structures tendues, il est ncessaire dimposer un certain niveau de prcontrainte dans la gomtrie finale. Cest par exemple le cas pour
les cbles des ponts haubanns qui ne doivent jamais se dtendre. En gnral, la configuration finale est inconnue avant le dbut du calcul et il est souvent difficile de trouver quelles
peuvent tre les longueurs L0i,j de chaque lment qui permettront dobtenir le niveau de prcontrainte voulu dans la configuration finale. Pour cette raison, Michael Barnes et dautres aprs
lui [13, 106, 47, 61] introduisent dans la formulation des lments cbles un taux de prcontrainte
0 :
impos Ti,j
t
~Ti,j
=

( ES)
L0i,j

i,j

0
( ES)i,j Ti,j
t
+
~Xi,j
t
t
Li,j
Li,j

(3.24)

0 ne drive pas dun potentiel puisquil


Dans cette expression, la force lie la prcontrainte Ti,j

sagit dune force dintensit constante dont la ligne daction est la ligne qui joint le nud i au
nud j ; il sagit donc dune force suiveuse. Or le raisonnement qui prcde la mise en uvre de
la relaxation dynamique repose sur lhypothse que le systme est conservatif, ce qui nest plus
le cas lorsquon introduit des forces suiveuses. La convergence de lalgorithme nest alors plus
dmontre. Pourtant, la mthode fonctionne assez bien, elle est mme trs rpandue dans les
pays anglo-saxons et en Asie o elle est utilise pour la recherche de forme de filets de longueur
minimale dans lesquels tous les lments ont le mme taux de prcontrainte [15, 105, 106, 47, 61].
Cette stabilit de lalgorithme semble sexpliquer par le fait que les forces suiveuses sont toujours

3.3 Dfinition des efforts intrieurs

89

introduites par paire de forces gales, opposes et portes par une mme ligne daction. Elles
ne changent pas les quations dquilibre global de la structure puisquelles ninduisent ni effort
ni moment ; leur influence nest que locale. Lorsque ces forces sont associes des lments de
structure lastiques, on est quasiment sr quun quilibre pourra tre trouv, ft-ce au prix de
grandes dformations des lments lastiques.

3.3.3 Les efforts de flexion


Influence du couplage torsion-flexion
Le modle de calcul des efforts dans les lments flchis reprend les grands principes de celui
prsent par S. Adriaenssens, M. Barnes et C. J. K. Williams [3], ce dernier ayant dj t cit
pour sa collaboration la conception de la forme des gridshells de Hannovre et Downland (cf.
paragraphes 1.5.1 et 1.4). Loriginalit du modle vient de ce quil permet de prendre en compte
la flexion dun lment rectiligne, uniquement partir des degrs de libert en translation des
nuds, et quil ne requiert pas de degrs de libert en rotation. Il est applicable aux problmes
plans faisant intervenir des poutres courbes et droites, mais il admet des restrictions importantes
dans lespace puisquil nest valable que pour les poutres droites avec une symtrie de rvolution
soumises des efforts ponctuels. Ces trois conditions, comme on va le voir, assurent une inertie
semblable dans toutes les directions et une absence totale de torsion dans les lments. Cette
proposition est dmontre dans le paragraphe 273 de la thorie de llasticit de Love [66] ainsi
que sous une forme plus condense par S. Adriaenssens [3] ; en voici les grandes lignes.

Fig. 3.8 Repre local dune poutre dans lespace.


La figure 3.8 reprsente un fragment dune poutre quelconque dans lespace. Sa position par
rapport lorigine du repre de rfrence est dfinie par le vecteur p, lorientation de sa section
par le repre local i x , iy et iz . Lorientation de la tangente laxe neutre de la poutre est donne
par i x , ce qui, en notant par 0 la drivation par rapport labscisse curviligne s, se traduit par :
ix =

dp
= p0
ds

(3.25)

90

3. La mthode de relaxation dynamique

Les vecteurs iy et iz sont orients selon les axes des deux moments principaux dinertie
Iyy et Izz . Lorsque la poutre se dforme, lorientation de ces vecteurs change mais ils restent
perpendiculaires. De sorte que les expressions ci-dessous sont toujours vraies :
iy iz = 0,

iy i x = 0 et

iz i x = 0

(3.26)

Les dformations de la poutre sont caractrises par les variations de courbure y et z et


par la torsion de son axe par unit de longueur 0 . En fonction de ces trois grandeurs on peut
exprimer les changements dorientation du repre local le long de laxe de la poutre :

i x = z iy y iz
i0y = z i x + 0 iz

0
iz = y i x 0 iy

(3.27)

Les efforts intrieurs dans la poutre, quant eux, se dcomposent dans le repre local en un
effort normal N et deux efforts tranchants Ty et Tz . En chaque point, ils quilibrent le chargement
extrieur q par unit de longueur selon :

( Ni x + Ty iy + Tz iz )0 + q = 0

(3.28)

Soit, en dveloppant la drive des efforts intrieurs :


N 0 i x + Ni0x + Ty0 iy + Ty i0y + Tz0 iz + Tz i0z + q = 0

(3.29)

En tenant compte de (3.27) et de (3.26), la projection de lquation dquilibre (3.29) sur les
trois axes locaux donne le systme dquations suivant :

N 0 Ty z + Tz y + q i x = 0
Nz + Ty0 Tz 0 + q iy = 0

Ny + Ty

Tz0

(3.30)

+ q iz = 0

On procde ensuite de mme avec les moments intrieurs qui se dcomposent dans le repre
local de la poutre en un couple de torsion C et deux moments flchissants principaux My et Mz .
Ces moments quilibrent en chaque point le moment uniformment rparti m selon :

(Ci x + My iy + Mz iz )0 + i x ( Ni x + Ty iy + Tz iz ) + m = 0

(3.31)

Soit, en dveloppant la drive des moments intrieurs et le produit vectoriel :


C 0 i x + Ci0x + My0 iy + My i0y + Mz0 iz + Mz i0z + Ty iz Tz iy + m = 0

(3.32)

Puis, en tenant compte de (3.27) et de (3.26), on projette comme prcdemment lquation

3.3 Dfinition des efforts intrieurs

91

dquilibre (3.32) sur les trois axes locaux :

C 0 My z + Mz y + m i x
Cz + My0 Mz 0 Tz + m iy

Cy + My 0 + Mz0 + Ty + m iz

= 0
= 0
= 0

(3.33)

On introduit ensuite les quations de comportement qui relient les moments intrieurs aux
dformations par lintermdiaire de la raideur en torsion GJ de la poutre et de ses deux raideurs
en flexion EIyy et EIzz . Dans le cas gnral dune poutre dont les courbures initiales sont notes
Ky , Kz et 0 , ces quations scrivent :

0
0

C = GJ ( )
My = EIyy (y Ky )

Mz = EIzz (z Kz )

(3.34)

En introduisant ces expressions dans la premire quation dquilibre en moment de (3.33),


on obtient :
C 0 EIyy (y Ky )z + EIzz (z Kz )y + m i x = 0

(3.35)

Or les lments de structure utiliss pour les gridshells sont des poutres rectilignes, cest-dire telles que : Ky = 0 et Kz = 0, dont les moments dinertie principaux sont gaux, cest--dire
tels que : Iyy = Izz = I. Si lon fait lhypothse supplmentaire quaucun couple de torsion nest
appliqu le long de la poutre ( m i x = 0), lquation (3.35) devient :
C 0 EIy z + EIz y = 0 soit

C0 = 0

(3.36)

Le moment de torsion est donc constant dans ce cas et la raideur en torsion de la poutre
na dinfluence que sur la rotation relative de ses extrmits. Le terme extrmit dsigne ici les
bornes de toutes les zones dans lesquelles les quations locales dquilibre sont valables. Pour
les structures de gridshell, ces zones sont dlimites par les appuis et les liaisons entre les barres.
Si les dispositifs dappuis et de liaisons permettent une libre rotation de la barre autour de son
axe neutre, alors il ny a pas de torsion dans la poutre et la forme dquilibre de la poutre ne
dpend que de sa raideur en flexion. Avec le type dassemblage choisi pour la construction des
gridshells de cette thse (cf. paragraphe 3.4), on peut admettre que les rotations sont libres. Cette
hypothse nest pas totalement vrifie car les efforts de serrage qui empchent le glissement
des pices, empchent aussi leur rotation. La torsion des barres dans les structures tudies reste
nanmoins trs faible compte tenu de la souplesse du matriau et de la faible variation dangle
de sorte que cette hypothse reste raisonnable.
Par ailleurs, comme les moments dinerties sont identiques (le gridshell du chapitre 6 est
construit avec des tubes creux circulaires), il nest pas utile de connatre lorientation de la section
pour calculer les efforts de flexion. La modlisation dune poutre droite symtrie de rvolution
qui nest soumise aucun moment de torsion ne ncessite donc pas la prise en compte dun
degr de libert en rotation autour de laxe de la poutre. Le modle prsent dans le paragraphe

92

3. La mthode de relaxation dynamique

suivant ne comprendra donc que trois degrs de liberts en translation par nud.

Les efforts de flexion dans lespace


Le modle de poutre prsent dans ce travail ne comporte pas de degr de libert en rotation,
chaque poutre est reprsente par un ensemble de nuds du type de celui de la figure 3.7. Ltat
de chaque nud i linstant t est dcrit par le vecteur ~
X t de ses trois coordonnes dans lespace.
i

Comme cest la variation de courbure dune poutre qui caractrise sa dformation en flexion, il
importe donc didentifier la courbure instantane partir des positions des points. On remarque
tout dabord que la variation de courbure aux extrmits dune poutre est toujours nulle car la
rotation y est libre et que, par consquent, le moment est nul aux extrmits. Ensuite, en partie
courante, on tudie la variation de courbure de la poutre en un nud i quelconque semblable
celui de la figure 3.9.

Fig. 3.9 Calcul du rayon de courbure local dune poutre droite.


On suppose que ce nud et ces deux plus proches voisins i 1 et i + 1 sont suffisamment
proches pour quon puisse assimiler la dforme de la poutre entre ces points un arc de cercle.
Le rayon de cet arc de cercle est le rayon de courbure rit de la poutre au nud i linstant t. En
remarquant que les nuds i 1, i et i + 1 sont dans un mme plan, on peut calculer ce rayon par
un simple raisonnement de gomtrie plane partir du sinus de langle it form par les deux
segments de droites (i 1, i ) et (i, i + 1) et de la longueur Lit1,i+1 du segment (i 1, i + 1).
rit

Lit1,i+1
2 sin it

avec

sin it

t
k ~Xit1,i ~Xi,i
+1 k
=
t
Lit1,i Li,i
+1

(3.37)

Dans lexpression ci-dessus, on a not ~


Xit1,i le vecteur ~
Xit ~
Xit1 et Lit1,i la longueur ou la
norme de ce vecteur. Ensuite, par la thorie de la mcanique des structures, on peut dduire
~ t au point i :
lexpression de lintensit du moment flchissant M
i

~ it k =
kM

( EI )i
rit

(3.38)

3.3 Dfinition des efforts intrieurs

93

~ t est perpendiculaire localement au plan


On sait par ailleurs que la direction du moment M
i
qui contient la courbe au voisinage de i. Elle est donc perpendiculaire aux vecteurs ~
Xt
et ~
Xt
i 1,i

i,i +1

et son sens est donn par leur produit vectoriel. Lexpression finale du moment dans lespace est
donc donne par :
t
~
Xt
~
Xi,i
+1
~ it = 2 ( EI )i i1,i
M
t
Lit1,i+1 Lit1,i Li,i
+1

(3.39)

~ t est inutilisable car, en tant que moment, il ne modifie


En ltat, la connaissance du moment M
i
que la quantit dacclration angulaire, une grandeur qui nest pas dfinie ici puisque ltat de
la poutre est caractris par les positions de ses nuds. Il faut donc transformer ce moment en
un couple de forces quivalentes appliques aux nuds. Pour cela, on va isoler le ct droit de
la poutre de la figure 3.9 comme indiqu sur la figure 3.10.

Fig. 3.10 quilibre dun segment de poutre flchie.


La poutre (i, i + 1) est en flexion pure, la raction au nud i + 1 est donc situ dans un plan
perpendiculaire ~
Xt
car sil y avait une composante selon ~
Xt
la poutre serait soumise un
i,i +1

i,i +1

effort normal et ne serait plus en flexion pure. On sait galement que le moment li la raction
~F t
~ t . Si ~F t
~ t , lquilibre ne serait plus
quilibre le moment M
avait une composante selon M
i +1,i

i +1,i

~ t . laide de
respect. La raction est donc situe dans un plan perpendiculaire au moment M
i
ces deux conditions, on dduit que la direction de la raction est donne par le produit vectoriel
~ t . Lquilibre des moments en norme donne ensuite :
des normales aux deux plans : ~
Xt
M
i +1,i

~ t k, de sorte que lexpression finale de ~F t


k~Fit+1,i k k ~
Xit+1,i k = k M
i
i +1,i est obtenue par :
~Fit+1,i =

~X t
~t
i +1,i Mi
Lit+1,i

(3.40)

De plus, lquilibre en translation du segment (i, i + 1) impose que lon ait une raction en i
gale et oppose la raction en i + 1, cest--dire telle que ~F t
= ~Ft . Ensuite, de la mme
i,i +1

i +1,i

faon que prcdemment, on isole le ct gauche de la poutre de la figure 3.9 et on calcule la


raction ~F t
au nud i 1 et la raction ~F t
correspondante.
i 1,i

i,i 1

~Fit1,i = ~Fi,it 1 =

~X t
~t
i 1,i Mi
t
Li,i
1

(3.41)

~ t est ainsi transform en deux couples de forces directement appliques aux


Le moment M
i
nuds de la poutre et, pourvu que la poutre soit droite et quelle ait une inertie symtrique par

94

3. La mthode de relaxation dynamique

rotation autour de son axe, ces forces peuvent tre entirement dtermines partir des seules
coordonnes des nuds dans lespace. En chaque point situ en partie courante dune poutre il
~ t , une lie au moment M
~t
y a donc quatre forces lies la flexion, deux lies au moment M
i +1

~ t au nud i 1. En tenant compte des efforts de


au nud i + 1, et une lie au moment M
i 1
traction-compression donn par (3.22), la rsultante des efforts intrieurs au nud i linstant t
est donne par :
t
t
~Ftot,i
~t
= ~Ti,i
1 + Ti,i +1 +

t
~
~t ~t
Xi,i
1 ( Mi Mi 1 )
t
Li,i
1

t
~
~t ~t
Xi,i
+ 1 ( Mi Mi + 1 )
t
Li,i
+1

(3.42)

Les efforts de flexion dans le plan


Si la structure tudie est contenue dans un plan, que son chargement lest aussi et que
ce plan est un plan de symtrie pour les lments, alors le problme est un problme plan et la
structure restera dans son plan au cours de la transformation. Il ny a donc pas de gauchissement
possible des sections, ni de torsion, y compris pour des poutres qui sont initialement courbes.
Pour tenir compte de la courbure initiale dune poutre dans le plan, on peut facilement adapter
le modle spatial. On calcule le rayon de courbure initial ri0 laide de (3.37) et des positions
au repos des nuds et on introduit cette valeur dans le calcul de la variation de courbure et du
~ t donn par (3.39). La nouvelle expression du moment est la suivante :
moment M
i

Mit = ( EI )i

3.4

1
rit

0
t

2
k ~Xi01,i ~Xi,i
k ~Xit1,i ~Xi,i
1
2
+1 k
+1 k

=
(
EI
)

(3.43)
i
t
Lit1,i+1
Lit1,i Li,i
ri0
L0i1,i+1
L0i1,i L0i,i+1
+1

Dfinition des liaisons

3.4.1 Modle sans excentricit


Au niveau dun point de liaison entre plusieurs barres, il existe une interaction entre ces
barres. Pour modliser les efforts qui sappliquent dune barre sur lautre, on dfinit sparment, au niveau du point de liaison, un nud sur chacune des barres. On nglige lexcentricit
entre les axes de ces barres pour faire lapproximation que ces nuds sont gomtriquement
confondus. Selon la mthode expose dans le paragraphe prcdent, on calcule ensuite, pour
chacun de ces nuds, les efforts internes lis la barre laquelle il appartient. On considre
ensuite que leffort qui sexerce sur le point de liaison est gal la somme vectorielle des efforts
internes chacune des barres. Enfin, pour que les nuds des diffrentes barres de la liaison
suivent la mme trajectoire que le point de liaison avec lequel ils sont confondus, on applique
chacun de ces nuds un effort gal celui du point de liaison. Initialement confondus, les
points mcaniques des diffrentes barres sont soumis des forces identiques chaque instant,
ils restent donc confondus chaque instant.
On remarque cependant que lacclration des nuds dune liaison dcoule des efforts dans
chacune des barres connectes. Le dplacement correspondant est donc li, non pas la rigidit
de chacune des barres prise sparement, mais la somme des rigidits de toutes les barres. Pour

3.4 Dfinition des liaisons

95

que le modle soit stable, il faut donc calculer sparemment la masse fictive associe aux rigidits
de chaque barre (cf. paragraphe 3.5) et les additionner pour obtenir la masse fictive affecte au
nud de liaison.

3.4.2 Modle cinmatique des excentricits


Lhypothse des nuds confondus est commode car elle est simple, elle converge facilement
et produit des rsultats de qualit acceptable. Cependant, les barres ont une paisseur et en
pratique il existe une excentricit entre les diffrentes couches superposes dun gridshell. Cette
excentricit est en gnral petite devant les dimensions de la structure et lerreur commise en
la ngligeant pour la recherche de forme nest pas trop importante. Cependant pour lanalyse
structurelle du btiment, elle peut jouer un rle primordial. En effet, par rapport au modle
prcdent, elle rompt la symtrie entre les couches du gridshell et favorise ainsi lapparition
de certains modes de flambement dissymtriques. En ce sens, elle joue le mme rle que les
imperfections de montage qui accentuent les phnomnes dinstabilit des rsilles gauches [42,
9, 27, 107]. De plus, dans lhypothse dune couverture du gridshell par une toile tendue, les
tolrances sur la gomtrie de la structure pour la prfabrication sont denviron 3-4 cm ce qui
est lordre de grandeur de lexcentricit entre les barres. La prise en compte de ces dernires est
donc indispensable pour dcrire la forme du gridshell avec ce niveau de prcision.
Dun point de vue pratique, la modlisation des excentricits est indissociable du choix technologique des pices utilises pour joindre les diffrentes couches du gridshell ; cest la cinmatique de ces pices qui va dterminer les caractristiques de la liaison et ses modifications
au cours de la transformation sous charge. Pour les structures construites durant la thse, les
connecteurs sont toujours les pices dchafaudage orientables prsentes sur la figure 3.11, la
figure 3.12 montrant la cinmatique qui leur est associe.

Fig. 3.11 Assemblage orientable.

Fig. 3.12 Modle cinmatique des connecteurs.

Dans ce modle, le connecteur C qui relie la barre A la barre B est constitu de trois
articulations. La premire est une rotation autour de laxe de la barre A dont la direction dans la
configuration dforme est dfinie par la tangente la barre A (laxe des X sur la figure 3.12). La
deuxime est une rotation autour de laxe de la barre B dont la direction est dfinie de la mme
faon par la tangente la barre B (laxe des Y sur la figure 3.12). La troisime est une rotation

96

3. La mthode de relaxation dynamique

autour de laxe du connecteur C dont la direction est celle de la perpendiculaire commune aux
barres A et B (laxe des Z sur la figure 3.12). Ce systme darticulations garantit dune part
que lorientation dans lespace du connecteur est libre de contrainte et dautre part quaucun
couple de torsion nest appliqu aux barres, de sorte que les hypothses de la modlisation du
paragraphe 3.3 restent valables.

3.4.3 Modle numrique des excentricits


La prise en compte des excentricits dans le modle numrique repose sur le mme raisonnement que lorsque les points taient supposs confondus, car le mouvement de chacun des
nuds dune liaison est identique celui de leur centre de gravit une petite rotation prs.
linstant t, on calcule donc les efforts intrieurs dans chaque barre sparemment, on y ajoute les
efforts extrieurs. Leur somme est alors gale la force applique au centre de gravit des points.
Cette force est ensuite transmise chacun des nuds et leurs nouvelles positions sont calcules.
Cependant dans cette nouvelle position, rien nassure que le connecteur est bien perpendiculaire
aux tangentes des barres et que la distance entre les barres est bien gale la longueur e du
connecteur. Il est donc ncessaire dintroduire une nouvelle tape dans lalgorithme qui modifie
lgrement ces positions pour que les deux conditions prcdentes soient vrifies.
Pour cela, on va considrer le connecteur de la figure 3.12 qui relie le nud i de la barre A et
le nud j de la barre B dont les positions linstant t + t sont notes ~
X t+t et ~
X t+t respectiveA,i

B,j

ment. On peut ensuite calculer par interpolation des positions des nuds voisins, les tangentes
+t
+t
des deux barres ~ttA,i
et ~ttB,j
en ces deux points. La direction ~tCt+t du connecteur est alors donne par le produit vectoriel des deux tangentes puisque le connecteur est perpendiculaire aux
dformes des deux barres.
+t ~ t+t
~tCt+t = ~ttA,i
t B,j

(3.44)

On sait ensuite que les nuds i et j sont situs une distance de eC /2 du centre de gravit
de la liaison dans la direction donne par ~tCt+t , de sorte que leur position linstant t + t doit
tre modifie comme suit :

+t
~
X tA,i
=

t+t
~
XB,j
=

1 ~ t+t ~ t+t
e
( X A,i + XB,j ) + C ~tCt+t
2
2
1 ~ t+t ~ t+t
eC t+t
( X A,i + XB,j ) ~tC
2
2

(3.45)

Il faudrait ensuite tenir compte des modifications des vitesses de ces points du fait du changement de leur position. Une premire implmentation en ce sens a t faite et ainsi quune
seconde qui ngligeait les consquences sur la vitesse de la prise en compte des excentricits. Il
est apparu que le comportement dynamique global de la structure tait sensiblement le mme
dans les deux cas, mais que le temps de calcul dans le premier cas tait somme toute plus important. Cest donc la seconde solution qui a t retenue pour la version finale de lalgorithme.

3.5 Stabilit et convergence de lalgorithme

3.5

97

Stabilit et convergence de lalgorithme

3.5.1 Approche simplifie


La stabilit du schma explicite dintgration des quations du mouvement repose sur un un
choix judicieux des paramtres mi et t. En effet, si la masse mi est trop faible ou si le pas de
temps t est trop grand, des instabilits numriques vont apparatre et lalgorithme va diverger.
Pour aider la dtermination de ces paramtres, Michael Barnes sappuie sur un exemple simple
[15] quon rappelle ci-dessous. Il ne propose cependant pas de dmonstration pour des cas de
structures plus complexes. Cette dmonstration peut tre trouve dans M. Papadrakakis [81] et
P. Underwood [103] et fera lobjet du paragraphe suivant.

Fig. 3.13 Systme masses-ressorts vibrant selon sa plus haute frquence.


La structure que propose dtudier M. Barnes est compose de masses identiques relis entre
elles par des ressorts tous identiques (cf. figure 3.13) . Lorsque ce systme est excit selon sa
frquence de vibration la plus leve, celle qui gouverne les problmes dinstabilit numrique
en dynamique des structures, toutes les masses vibrent en opposition les unes par rapport aux
autres. Les vitesses de tous les nuds i sont alors gales et celles de tous les nuds j galement.
b la masse de chacun des nuds et K la raideur des ressorts.
Pour analyser ce problme, on note m
La vitesse du nud i linstant t + t/2 est alors donne par lexpression (3.10) que lon rappelle
ici :

~ t+t/2 = V
~ tt/2 + t ~Rit
V
i
i
b
m

Quant la vitesse linstant suivant, elle est donne par :

~ t+t/2 V
~ t+t/2 )
~ t+3t/2 = V
~ t+t/2 + t ~Rit 2K t (V
V
i
j
i
i
b
m

(3.46)

Dans lquation (3.46), on a remplac la rsultante des efforts linstant t + 3t/2 par son
expression en fonction de la rsultante linstant t + t/2 et des forces lastiques dues aux
deux ressorts relis au nud i. En soustrayant (3.10) (3.46), on peut liminer le terme en ~Rt et
i

obtenir :

~ t+3t/2 2V
~ t+t/2 + V
~ t+t/2 V
~ tt/2 = 2K t (V
~ t+t/2 )
V
i
i
i
i
j
b
m

(3.47)

Si on reprend le raisonnement ci-dessus pour lun des nud j, on trouve une expression
similaire la prcdente :
2
~ t+t/2 V
~ t+t/2 )
~ t+3t/2 2V
~ t+t/2 + V
~ tt/2 = 2K t (V
V
j
i
j
j
j
b
m

(3.48)

98

3. La mthode de relaxation dynamique

~ ij = V
~j V
~ i la vitesse relative du nud i par
En soustrayant (3.47) (3.48) et en notant V
rapport au nud j, on obtient :
2
~ t+3t/2 2V
~ t+t/2 + V
~ tt/2 = 4K t V
~ t+t/2
V
ij
ij
ij
b ij
m

(3.49)

Le cas limite pour la stabilit de ce systme correspond au cas o les vitesses relatives des
nuds i par rapport aux nuds j linstant t + t/2 sont gales et opposes aux vitesses
linstant t t/2. En effet, si celles-ci sont plus grandes, alors les inversions successives de ces
vitesses relatives peuvent entraner des dplacements de plus en plus importants et conduire
une divergence de lalgorithme. Les valeurs limites des vitesses sont donc donnes par :
~ t+3t/2 = V
~ t+t/2 = V
~ tt/2 , si bien que la substitution de ces valeurs dans lquation (3.49)
V
ij

ij

ij

donne la valeur limite du pas de temps tlim qui assure la stabilit de lalgorithme :
r
tlim =

b
m
K

(3.50)

On remarque que, dans un calcul dynamique rel , cette valeur limite du pas de temps
correspondrait la plus grande valeur du pas de temps qui garantirait la stabilit du schma
centr de diffrences finies. Cependant, dans la mthode de relaxation dynamique, la masse
est un paramtre qui nintervient que dans le comportement dynamique de la structure, elle na
donc pas besoin de reprsenter la masse relle du nud. Ainsi, lquation (3.50) peut tre utilise
pour dterminer la valeur de la masse affecte chaque nud en fonction dun pas de temps
arbitraire (en gnral, on prend t = 1) et de la raideur des lments qui sont relis ce nud.
Michael Barnes fait alors remarquer que, dans lexemple prcdent, la raideur totale K tot de
chaque nud dans la structure vaut 2K si bien que lexpression (3.50) scrit finalemenent : t =

b tot . Il propose ensuite de gnraliser cette expression des structures plus complexes
2m/K
dans lesquelles les nuds ont plus de degrs de libert en remplaant K tot par Kimax , la plus
grande valeur de la raideur instantane de tous les lments de structure relis au nud i. La
masse minimale affecte chaque nud i est donc dfinie de la faon suivante :
mi

t2
Kimax
2

(3.51)

Il ne donne pas de dmonstration de cette formule quil considre comme dcoulant naturellement de (3.50). Il illustre cependant la dtermination Kimax pour des rseaux de cbles.
Dans ces structures, chaque lment ne travaille quen traction, seule compte donc leur raideur axiale ( ES/L0 ) (o E est le module dYoung de llment, S sa section et L0 sa longueur
au repos) et leur raideur gomtrique ( T/L) (o T est la tension et L la longueur de llment
dans la configuration actuelle). La masse affecte au nud i peut donc tre calcule laide de
lexpression des raideurs de tous les lments relis au nud i selon :
mi

t2
2

h ES
L0

+g

T max i
L

(3.52)

3.5 Stabilit et convergence de lalgorithme

99

Si la raideur axiale est facilement value partir des caractristiques gomtriques et mcaniques des lments, la dtermination de la raideur gomtrique maximale au cours du processus est dlicate. M. Barnes a donc t oblig dintroduire un facteur g plus grand que 1 pour
assurer la stabilit de son algorithme ; lestimation de g fait appel lexprience de lutilisateur
et procde bien souvent dune succession dessais et derreurs.
En ce qui concerne les poutres droites en flexion, on a vu dans le modle du paragraphe 3.3
que les nuds ne possdaient que trois degrs de libert en transalation. Or la raideur associe
au moment de flexion est une raideur angulaire ; pour valuer la masse au nud i, il faut donc
transformer cette raideur angulaire en une pseudo-raideur quivalente en translation K f lex . On
va pour cela procder de la mme faon que lors de la transformation du moment flchissant en
couple de forces quivalentes appliques aux nuds. Lexpression du moment flchissant (3.38)
permet de trouver un majorant du moment flchissant Mi :
Mi = EIi

2 sin i
2EIi
<
Li1,i+1
Li1,i+1

(3.53)

partir de cette expression et de (3.40), on dduit ensuite un majorant des efforts intrieurs
quivalents Fi,i+1 et Fi1,i :
Mi
2( EI )i
t
Fi,i+1 = k~Fi,i
<
+1 k =
Li,i+1
Li,i+1 Li1,i+1

et de mme

Fi1,i <

2( EI )i
Li1,i Li1,i+1

(3.54)

Ensuite, on suppose que la pseudo-raideur en flexion est donne par K f lex = F f lex /L. En
faisant la somme de lensemble des efforts appliqus au nud i (cf. expression (3.42)), on obtient
alors une valuation de la raideur en flexion au nud i :
f lex

Ki

2( EI )
2( EI )i1
1 2( EI )i
2( EI )i+1
i
+
+
+
Li2,i
Li,i+2
L2i,i1 Li1,i+1
L2i,i+1 Li1,i+1
1

(3.55)

Or, dans le calcul de la masse fictive affecte chaque nud, seul un majorant de la raideur
est ncessaire la stabilit de lalgorithme. On peut donc simplifier lexpression (3.55) en :
f lex

Ki

2( EI )
2( EI )i+1
2( EI )i1 2( EI )i
+ 3
+ 3 i+
3
Li1,i
Li1,i
Li,i+1
L3i,i+1

(3.56)

Ensuite, pour trouver la masse fictive totale, on ajoute cette valeur de la raideur lexpression
des raideurs axiales lintrieur des crochets de (3.52) pour chacune des poutres auxquelles le
nud i est connect. Dans la plupart des structures lances, la raideur en flexion est trs petite
devant la raideur en traction, elle est donc souvent nglige. M. Barnes ne mentionne quune
seule fois dans [15] la possibilit de prendre en compte cette raideur dans le calcul de la masse
et suggre dajouter un terme en (2EI/L3 ) correspondant lensemble des poutres connectes
au nud i. Cette approche empirique trs simple donne de trs bons rsultats et, moyennant
lajustement du paramtre g de (3.52), garantit la convergence de la plupart des calculs. Le
paragraphe suivant montrera par une approche plus mathmatique quen effet lexpression des
masses fictives propose ici est trs proche des paramtres optimaux de lalgorithme.

100

3. La mthode de relaxation dynamique

3.5.2 Choix des paramtres optimaux


Reformulation du problme
Les expressions prcdentes des masses fictives affectes aux nuds sont approximatives et
sont volontairement surestimes de faon garantir la stabilit de lalgorithme. Pour dterminer
les paramtres de masse optimaux, il faut reformuler le principe de lalgorithme de relaxation
dynamique dun point de vue plus mathmatique, cest--dire rcrire les quations (3.8) (3.51)
dans le cadre formalis classique de la mthode des diffrences finies ou des lments finis. On
regroupe ainsi lensemble des inconnues en dplacement du problme discrtis (lquivalent
des coordonnes des ~
X t ) lintrieur dun vecteur u. Les efforts intrieurs fint un instant queli

conque du processus sont dfinis en fonction des dplacements, le plus souvent par drivation
de lnergie de dformation. Lorsque le problme est linaire et que lon note K la matrice de
rigidit linaire, alors fint est le plus souvent de la forme :
fint = K u

(3.57)

Pour les problmes non-linaires, on peut dfinir fint de faon incrmentale laide dune
matrice de rigidit tangente K(u) et procder chaque tape du processus comme dans le cas
linraire.
fint (u) = K(u) u

(3.58)

Pour simplifier le problme on va supposer que pour toutes les applications qui sont faites
dans les parties qui suivent, la relation entre les efforts intrieurs et les dplacements est linaire
n sont donns par la relation
chaque itration et que, par consquent, les efforts intrieurs fint

(3.57). On a vu dans le chapitre prcdent que lalgorithme de relaxation dynamique est bas
sur lquation diffrentielle du second ordre du mouvement dont lexpression la plus courante
en mcanique des structures est :
n
M u n + C u n + fint
=f

(3.59)

Dans (3.59), M reprsente la matrice de masse et C la matrice damortissement visqueux,


les points sur les lettres indiquent des drivations par rapport au temps, n dsigne le numro
n les efforts intrieurs la nime itration et f les
de lincrmentation du processus itratif, fint

efforts extrieurs. On utilise alors, comme prcdemment (3.10), un schma dapproximation


centr pour la vitesse et lacclration :
u n = (u n+1/2 u n1/2 )/h

et

u n+1/2 = (un+1 un )/h

(3.60)

o h est le pas de temps fix. Pour la vitesse u n , on suppose quelle est gale la vitesse moyenne
entre n 1/2 et n + 1/2 :
u n = (u n+1/2 + u n1/2 )/2

(3.61)

3.5 Stabilit et convergence de lalgorithme

101

On substitue alors (3.61) et (3.60) dans lquation (3.59) :

u n+1/2 =

u n +1

n
f fint
M/h C/2 n1/2
u
+
M/h + C/2
M/h + C/2
n

= u + hu

(3.62)

n+1/2

Pour conserver la forme explicite du systme, il faut supposer que les matrices M et C sont
diagonales. M. Papadrakakis [81] propose de supposer en plus quelles sont toutes les deux
proportionnelles aux termes de la diagonale principale de K. On a ainsi M = mD et C = cD.
Lexpression (3.62) devient alors :

u n+1/2 =

u n +1

2 c h/m n1/2
2h
u
+
D 1 ( f K u n )
2 + c h/m
2 + c h/m
n

= u + hu

(3.63)

n+1/2

Comme D est une matrice diagonale, on peut calculer sparment chaque dplacement inconnu partir des termes diagonaux 1/Kii selon :

u in+1/2 =

u n +1
i

2 c h/m n1/2
2h
u
+
(fi K uin )
2 + c h/m i
Kii (2 + c h/m)

= uin +

(3.64)

huin+1/2

On retrouve ainsi, au terme damortissement visqueux prs, un schma dintgration trs


proche de celui propos dans lapproche simplifie de M. Barnes. Exactement de la mme faon
que dans cette dernire, on voit quici la premire itration ne peut tre calcule laide de (3.64).
Pour initier la rcurrence, on suppose que la vitesse moyenne initiale est nulle et par consquent
que u 1/2 = u 1/2 . En introduisant cette hypothse dans (3.64), on obtient alors :

u 1/2 =

u1

h
D1 (f Ku0 )
2 + c h/m
0

= u + hu

(3.65)

1/2

On dispose prsent de toutes les tapes ncessaires la mise en uvre du calcul de rcurrence ; restent dterminer les paramtres h, m et c qui vont garantir la stabilit et une rapidit
de convergence maximale de lalgorithme.

Dtermination des paramtres optimaux


Avant daller plus loin, on introduit les grandeurs suivantes = (2 c h/m)/(2 + c h/m),
= 2h2 /(2 + c h/m), A = M1 K et b = M1 f. Lquation (3.63) se transforme donc ainsi :
un + b

un+1 = un + (un un1 ) A

(3.66)

102

3. La mthode de relaxation dynamique

Pour tudier la convergence du problme, il est ncessaire de considrer lerreur la nime


itration que lon dfinit comme lcart entre la solution du problme u obtenue pour f = K u
et la position actuelle un . On note u n cet cart.
u n = un u

(3.67)

La substitution de (3.67) dans (3.66) donne lquation caractristique de lvaluation de lerreur :


u n
u n+1 = u n + (u n u n1 ) A

(3.68)

La solution de lquation (3.68) peut tre recherche sous la forme u n+1 = u n . Le processus
ne converge que si est infrieur un et il est dautant plus rapide que est faible. En introduisant la nouvelle valeur de lerreur dans (3.68) et en notant A nimporte laquelle des valeurs
propres de A, on obtient :
A ) + = 0
2 (1 +

(3.69)

Les paramtres optimaux du problme sont donc ceux qui permettront davoir un minimal

quelles que soient les valeurs de A . On va donc tudier les solutions de (3.69) qui minimisent .

Pour (1 + A ) < 2 , les racines de (3.69) sont complexes, leur module est indpendant
de A et il vaut :

| | =

r
=

2 c h/m
2 + c h/m

(3.70)

A ) = 2 , les racines sont relles et gales. Leur module est toujours donn
Pour (1 +
par lexpression (3.70) mais la nullit du discriminant de lquation (3.69) permet dobtenir une
relation supplmentaire entre c h/m et A :

(c h/m)2 = A h2 /m (4 A h2 /m)

(3.71)

A ) > 2 , les deux racines sont relles et le module le plus grand des deux
Pour (1 +
est donn par :

| | =

1
|2 A h2 /m| +
2 + c h/m

q
2A h4 /m2 4A h2 /m + c2 h2 /m2

(3.72)

partir des expressions (3.70) et (3.72), on peut tracer | | en fonction de c h/m pour une
valeur quelconque de A h2 /m (cf. figure 3.14). On observe alors que | | est toujours plus petit
que 1 et que | | est toujours minimal lorsque les deux racines sont relles et gales. Si de plus,
on considre lexpression (3.71) comme lexpression de c h/m en fonction de A h2 /m, on peut
remarquer que cette fonction est symtrique par rapport laxe A h2 /m = 2 et maximale pour
cette valeur. La valeur optimale du rapport h2 /m est donc celle qui rend les valeurs de la plus
symtriques par rapport
et de la plus petite valeur propre min
grande valeur propre max
A
A
2m/h2 . Cest--dire telle que :
min
(h2 /m)opt = 4/(max
A + A )

(3.73)

3.5 Stabilit et convergence de lalgorithme

103

1.0
0.9
0.8
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2

Fig. 3.14 Relation entre | | et c h pour A h2 = 1.


On en dduit ensuite lamortissement optimal partir de (3.71) :
q

max
min
min
(c h/m)opt = 4 max
A A /(A + A )

(3.74)

En outre, on remarque dans lquation (3.71) que, pour que ces paramtres soient dfinis et
que le processus soit convergent (| | < 1) pour tous les A , il est ncessaire que : 4 A h2 /m >
0, ce qui peut se traduire par :

(h2 /m)opt < 4/max


A

(3.75)

Cest cette expression (3.75) qui gouverne la stabilit de lalgorithme. Elle ne fait pas intervenir la plus petite des valeurs propres min
A ; lvaluation de celle-ci ne prsente donc dintrt
que dans le but doptimiser le paramtre damortissement c et la rapidit de la convergence.
Si lalgorithme choisi utilise un amortissement cintique , alors il ny a pas damortissement
visqueux et la connaissance de la valeur de min
A nest pas ncessaire. Les mthodes dvalutation de min
A ne sont donc pas dveloppes ici mais on en trouve diffrentes variantes dans les
articles suivants [81, 103, 90, 74]. Pour ce qui est de lestimation de max
A , cest avant tout une
borne suprieure que lon cherche. M. Papadrakakis propose dutiliser la valeur donne par le
thorme de Greshgorin qui stipule que :
N

max
< max | Aij |
A
i

(3.76)

j =1

En tenant compte du fait que A = M1 K avec Mii = mKii et des quations (3.75) et (3.76), on
obtient lexpression du paramtre de masse minimum m qui garantit la stabilit du problme en
fonction des termes de la matrice de raideur K de la structure :
N

h2 |Kij |
4 Kii
j =1

mopt > max


i

(3.77)

104

3. La mthode de relaxation dynamique

On remarque la similarit entre lexpression ci-dessus et celle donne par Michael Barnes
(3.52). En effet, pour les structures de cbles prsentes dans le paragraphe 3.3, les termes |Kij |
avec j 6= i sont les raideurs axiales ( ES/L)i,j des lments (i, j) et les termes diagonaux |Kii | sont
la somme des raideurs axiales des lments ( ES/L)i,j des lments (i, j). Ainsi, pour les struc2
tures de cbles, N
j=1 | Kij | / | Kii | = 2 et lexpression (3.77) peut scrire m > h /2. La dmonstration de P. Underwood conduit une valeur optimale de la matrice de masse de M = 21 h2 D, cest-

-dire telle que Mii = 12 h2 Kii , exactement la mme valeur que celle de Barnes Mi = 21 t2 Kimax .

Pour les structures de poutres en flexion, il est plus difficile de conclure : dune part il est impossible de dfinir une matrice de raideur avec flexion dans le modle de Barnes et dautre part la
dmonstration ci-dessus ne dit pas comment additionner des termes Kij exprims dans des units diffrentes. Nanmoins, la pseudo-raideur en flexion K f lex propose dans lexpression (3.56)
est un majorant du terme supplmentaire prendre en compte dans (3.77), elle permet donc
dassurer la stabilit de lalgorithme.
Par ailleurs, il faut noter que lexpression (3.77) nest valable que dans le cas o les efforts
intrieurs sont des fonctions linaires des dplacements et o les valeurs propres de K sont
constantes au cours du processus itratif. Si lon dsire prendre en compte la raideur gomtrique des lments dans la structure actuelle, alors le paramtre de masse doit tre rvalu
rgulirement selon (3.77) en remplaant la matrice de raideur linaire par la matrice de raideur totale de la structure. Pour viter davoir recalculer trop souvent le paramtre de masse,
diffrentes mthodes de suivi des acclrations ont t proposes sous le nom de mthode de relaxation dynamique adaptative [103, 10, 90, 74]. Ces mthodes sont souvent performantes daprs
leurs auteurs mais elles compliquent lalgorithme ; nous avons choisi de ne pas les implmenter.
Cependant, comme le modle de calcul des efforts prsent dans le paragraphe suivant prend
en compte la raideur gomtrique des lments, une certaine adaptation de m est donc ncessaire. Aprs une premire tentative dimplmentation de la mthode de P. Underwood, il a t
remarqu quen gnral, entre deux pics dnergie cintique, le paramtre de masse m tait
quasiment constant. En effet, si lon regarde lexpression (3.52) de la masse fictive optimale,
2
1
2 t

m ( ES/L0 + gT/L)m , on voit quentre deux pics dnergie, seule la raideur gomtrique ( T/L)m varie. Si lon choisit un paramtre g suffisamment grand, on peut ne
cest--dire mi =

calculer la masse mi quaprs chaque pic et se prmunir contre des augmentations ventuelles
de la raideur gomtrique dans les lments. En gnral, un coefficient de scurit g de 1,05 est
suffisant pour assurer la stabilit du problme. On dispose ainsi dun assez bon compromis entre
une adaptation permanente qui requiert des temps de calcul plus grands pour chaque itration
et une masse chaque nud constante qui requiert un plus grand nombre ditrations.

3.6

Schma gnral de lalgorithme de relaxation dynamique

Les diffrentes tapes de la mthode de relaxation dynamique ont t prsentes dans les
paragraphes prcdents. Il apparat cependant ncessaire de les rcapituler toutes ici afin davoir
une vision densemble de lalgorithme tel quil a t implment dans Scilab1 , un logiciel libre de
1 Site

internet officiel : http ://www.scilab.org

3.6 Schma gnral de lalgorithme de relaxation dynamique

105

calcul scientifique dvelopp en commun par lInstitut National de Recherche en Informatique et


Automatique (INRIA) et lcole Nationale des Ponts et Chausses. Le programme a t baptis
AlgoRD ; son mode demploi et son fonctionnement sont dcrits dans lannexe A.
1. Dfinition de la gomtrie initiale, de la gomtrie au repos et du chargement ;
2. Dfinition du paramtre de convergence Eclim ;

~ i = ~0 ;
3. Initialisation des vitesses V
4. Calcul des masses mi chaque nud selon (3.52 et 3.56) ;
5. Nouvelle itration t = t + t :
t
(a) Calcul des efforts intrieurs ~
Pint,i
selon (3.42) ;

~ t+t/2 selon (3.10) ;


(b) Calcul des vitesses V
i
(c) Vrification de la compatibilit avec les conditions aux limites selon (3.16) ;
(d) Calcul des positions ~
Xit+t selon (3.11) ;
(e) Modification des positions en fonction des excentricits selon (3.45) ;
(f) Calcul de lnergie cintique Ect+t/2 selon (3.17) ;
Si Ect+t/2 > Ect+t/2 alors retourner en 5a ;
Si Ect+t/2 < Ect+t/2 alors aller en 6 ;

6. Interpolation des positions ~


Xit du pic dnergie cintique selon (3.20) ;

Si Ect+t/2 > Eclim alors retourner en 3 ;


Si Ect+t/2 < Eclim alors lquilibre est trouv ;

7. La position dquilibre est ~


Xisol = ~
Xit

Le critre de convergence est base ici sur lnergie cintique qui est progressivement dissipe, comme dans les articles de M. Barnes [13], S. Belkacem [21] et M. Salehi [89]. Lnergie
cintique limite Eclim , au-del de laquelle on considre que le calcul a converg, est dfinie comme
une fraction (en gnral 1/1000) de la valeur du pic dnergie maximale dtecte jusque l. Le
critre de convergence est dautant plus fort que lnergie cintique limite est faible, cest--dire
que les variations dnergie potentielle entre deux pics successifs sont petites. On note cependant
que certains auteurs (notamment D. Oakley [74], M. Papadrakakis [81] et P. Underwood [103])
nutilisent pas ce critre mais lui prfrent un critre bas sur la convergence du rsidu relatif
des efforts. Les deux mthodes semblent aussi prcises et stables lune que lautre, et parfois
mme sont utilises en parallle (cf. R. Sauv et D. Metzger [90], M. Barnes [14]).
Des garde-fous ont par ailleurs t ajouts afin darrter le calcul si la structure prsente
une instabilit manifeste (du type de celle dcrite dans le paragraphe 3.5.1 avec des oscillations
identiques trs rapproches) et si lalgorithme ne semble pas converger, cest--dire si le nombre
ditrations devient trop important (en gnral suprieur 10000).

106

3. La mthode de relaxation dynamique

3.7

Validation du programme AlgoRD

Avant dtre utilis pour le calcul de gridshells ou dautres types de structures lances prcontraintes, le programme AlgoRD a subi un certain nombre de tests de validation. Le premier
consiste en vrifier la convergence au travers de ltude de linfluence de la densit et de
luniformit du maillage. Le deuxime value les performances relatives du programme, tant
en terme de temps de calcul quen terme de prcision, en le comparant au logiciel dlments
finis AbaqusTM . Le troisime est consacr ltude de linfluence des excentricits sur les performances gnrales du programme. Enfin, dans le dernier test, le programme est utilis comme un
outil pour lanalyse structurelle et la recherche de charges critiques de flambement. Les valeurs
trouves sont compares celles disponibles dans la littrature.

3.7.1 Convergence de lalgorithme


La premire proprit du programme vrifier est sa convergence. Pour cela, plusieurs sries
de tests ont t effectues sur un problme de structure simple : la recherche de la forme dquilibre post-flamb dune poutre sur appuis simples. Cette forme dquilibre est connue depuis
les travaux dEuler (1744) sous le nom delastica, elle est lune des rares solutions analytiques
exactes dun problme de poutre en grandes transformations. Aprs une rapide prsentation
de cette courbe et de ses proprits gomtriques, ce paragraphe compare formes thoriques et
numriques pour diffrents modes de chargements et deux types de maillages (un symtrique
et un dissymtrique) afin dtudier linfluence de la densit et de luniformit du maillage sur la
convergence.

Fig. 3.15 Schma de la dforme dune poutre simple post-flambe.

Lelastica
Les travaux dEuler sur le flambement dans leur formalisme originel sont difficiles comprendre aujourdhui [?] si bien que lanalyse qui suit sinspire presque exclusivement de la
rcriture moderne du problme que lon peut trouver dans un grand nombre de manuels et
darticles, dont J. Courbon [33] et S. Ariaenssens [2]. On considre donc la poutre de longueur
l, dinertie I et de module dYoung E constants, articule ses deux extrmits et soumise un
effort normal de compression F comme indiqu sur la figure 3.15. On suppose que, pour une

3.7 Validation du programme AlgoRD

107

raison quelconque (effet du poids propre, de lexcentricit du chargement, dun dfaut dans le
matriau), la poutre nest plus droite et quun dplacement transversal v( x ) est apparu. Lquilibre local des moments flchissants sur la configuration dforme de la poutre comporte alors
deux termes : le premier Fv est li lexcentricit induite par v sur la force de compression
F, et le second est li la variation de courbure d2 v/dx2 dans le cadre de lhypothse des petits
dplacements.
EI

d2 v
+ Fv = 0
dx2

(3.78)

Les solutions de cette quation diffrentielle sont de la forme : v( x ) = A cos x + B sin x


o est dfini par 2 = F/EI. Pour dterminer les constantes A et B, on se sert des conditions
aux limites v(0) = 0 et v(l ) = 0. En remarquant que crot quand F crot, on constate que, tant
que l < , la seule solution de (3.78) est A = 0 et B = 0 ; lquilibre est donc stable. Lorsque
l = , A est toujours nul, mais B est indtermin, lquilibre est donc instable pour :
Fc =

2 EI
l2

(3.79)

Cette valeur Fc est appele force critique de flambement ou force critique dEuler. Lorsque
F augmente au-del de cette valeur, lhypothse des petits dplacements nest plus respecte et
on ne peut plus assimiler la courbure la drive seconde de la flche d2 v/dx2 . Lquation
diffrentielle (3.78) se transforme donc en :
EI + Fv = 0

(3.80)

Pour rsoudre cette quation diffrentielle, on note langle entre laxe des x et la tangente
la fibre moyenne de la dforme. Puis, en remarquant que = d/ds et dv/ds = sin , on drive
lquation (3.80) par rapport labscisse curviligne s pour obtenir :
EI

d2
= F sin
ds2

(3.81)

Ensuite, on multiplie les deux membres de lquation (3.80) par 2d/ds et on intgre par
rapport pour trouver :

EI

d
ds

= F (cos cos ) car

d
ds

=0

(3.82)

Comme d/ds est ngatif, on peut rcrire lexpression prcdente et exprimer labscisse
curviligne s en fonction de langle :

d
ds = p
k 2(cos cos )

r
avec

k=

=
EI
l

F
Fc

(3.83)

108

3. La mthode de relaxation dynamique

Soit, en utilisant la relation trigonomtrique de langle double :


ds =

q
2k

d
(sin2 2

(3.84)

sin2 2 )

Ensuite, il ny a plus qu crire que la longueur de la poutre est l. On intgre pour cela
lquation (3.84) entre et , et, en remarquant que le problme est symtrique, on obtient :
kl =

Z
0

(sin2

(3.85)

sin2 2 )

Soit, en introduisant le changement de variable sin /2 = sin /2 sin :


kl = 2

Z /2
0

(3.86)

(1 sin2 2 sin2 )

On reconnat une intgrale elliptique la forme canonique de Legendre I (sin 2 ) dont les
valeurs sont calculables numriquement (ou tabules). Lexpression (3.86) devient ainsi : kl =
2I (sin 2 ). On remarque que, quelle que soit la valeur de , I (sin 2 ) > /2 et donc que lexpression (3.86) nest valable que pour kl > , cest--dire pour F > Fc ce qui est cohrent avec le
fait que si la force est infrieure la force critique dEuler, la seule solution du problme est une
poutre droite.
Pour calculer le dplacement maximum mi-porte, on utilise la relation de cinmatique
locale dv = ds sin dans laquelle on remplace ds par sa valeur en fonction de d donn par
(3.84). On intgre par rapport et on trouve :
f =

1
2k

Z
0

sin d

(sin2 2

sin

(3.87)

2)

En utilisant le mme changement de variable que prcdemment et lexpression (3.86), on


obtient :

sin 2
f
=
l
I (sin 2 )

(3.88)

Pour calculer la distance a entre les deux extrmits de la poutre, autrement dit sa porte, on
procde exactement de la mme faon en intgrant la relation dx = ds sin . On trouve alors :
J (sin 2 )
a
=2
l
I (sin 2 )

avec

J (sin ) =
2

Z /2 r
0

1 sin2

sin2 d
2

(3.89)

Les diffrents paramtres adimensionnels caractristiques de lelastica (F/Fc , f /l et a/l) peuvent


donc facilement tre calculs en fonction de et des formules tablies en (3.86), (3.88) et (3.89).
Les principales valeurs de ces paramtres en fonction de dix-sept valeurs de variant de 10
170sont prsentes dans le tableau 3.1 ; elles serviront de rfrences pour des comparaisons avec
les rsultats des tests qui sont effectus dans les deux paragraphes suivant.

3.7 Validation du programme AlgoRD

109

Tab. 3.1 Valeurs des paramtres caractristiques de lelastica.


Angle
F/Fc
a/l
f /l

10
1,004
0,992
0,055

20
1,015
0,970
0,110

30
1,035
0,932
0,161

40
1,064
0,881
0,211

50
1,102
0,817
0,256

60
1,151
0,741
0,297

70
1,214
0,655
0,331

80
1,294
0,559
0,360

Angle
F/Fc
a/l
f /l

100
1,518
0,348
0,396

110
1,678
0,237
0,403

120
1,885
0,123
0,402

130
2,160
0,008
0,393

140
2,542
-0,106
0,375

150
3,105
-0,222
0,349

160
4,030
-0,340
0,312

170
5,950
-0,471
0,260

90
1,393
0,457
0,381

Tests avec dplacement impos des extrmits


Le premier test sapparente aux essais dplacement contrl effectus en laboratoire, il
consiste fixer les positions des deux extrmits de la poutre pour une certaine valeur du
paramtre a/l et vrifier que les valeurs des autres paramtres (F/Fc et f /l) de la forme trouve
par la mthode de relaxation dynamique convergent bien vers les paramtres thoriques. Les
valeurs de a/l imposes correspondent aux 17 valeurs que prend le paramtre lorsque varie
de 10 170(cf. tableau 3.1). Aucun effort nest appliqu la structure en dehors des ractions
induites par le blocage des conditions aux limites en translation. La longueur des barres est fixe
arbitrairement gale 20 m, leur inertie 1 cm4 , leur section 1 cm2 et leur module dYoung
10 GPa. La forme initiale de la poutre est une parabole de 20 m de porte et de 0,5 m de haut
dont la position des extrmits est modifie pour que la distance qui les spare soit gale la
valeur thorique de a pour chaque valeur de .

Fig. 3.16 Dformes obtenues pour un maillage A non-uniforme de densit n = 4.


En prenant exemple sur les tests effectus par Barnes dans [15, 3], il a t choisi dtudier
deux types de maillages. Le premier, not A, est irrgulier et dissymtrique, il est compos dune
succession de segments dont la taille va en diminuant dune extrmit lautre (n segments de
longueur L/(4 n), 2n segments de longueur L/(4 2n), 4n segments de longueur L/(4 4n)
et 8n segments de longueur L/(4 8n)). Le deuxime, not B, est rgulier et symtrique, il
possde le mme nombre dlments que le premier, savoir 15n segments de longueur L/(15n).
Le facteur n est augment progressivement jusqu ce quun niveau de convergence suffisant
soit atteint, soit trois chiffres aprs la virgule pour chacun des paramtres f /L et F/Fc . Les

110

3. La mthode de relaxation dynamique

figures 3.17 et 3.16 prsentent les gomtries obtenues pour diffrentes valeurs de et pour
une densit de n = 4. Il apparat clairement que la dissymtrie du maillage de la figure 3.16 a
une forte influence sur la gomtrie de la forme dquilibre et, par consquent, que la densit de
maillage nest pas satisfaisante. Toutefois si lon augmente la densit du maillage, la dforme de
la poutre redevient symtrique et le programme finit par converger comme on peut le constater
dans les tableaux 3.2 et 3.3 qui montrent les densits de maillage ncessaires respectivement la
convergence des paramtres F/Fc et f /l pour chacune des valeurs de .

Fig. 3.17 Dformes obtenues pour un maillage B, uniforme de densit n = 4.

Tab. 3.2 Convergence de F/Fc .


Elastica thorique

a/l
F/Fc
10
0,992 1,004
20
0,97
1,015
30
0,932 1,035
40
0,881 1,064
50
0,817 1,102
60
0,741 1,151
70
0,655 1,214
80
0,559 1,294
90
0,457 1,393
100 0,348 1,518
110 0,237 1,678
120 0,123 1,885
130 0,008
2,16
140 -0,106 2,542
150 -0,222 3,105
160 -0,34
4,03
170 -0,471 5,95

Densit converge
B
A
16
16
8
16
8
16
4
8
4
8
2
8
4
8
2
8
2
8
2
4
3
4
4
8
4
8
4
8
4
16
4
16
4
16

Tab. 3.3 Convergence de f /l.


Elastica thorique

a/l
f /l
10
0,992 0,055
20
0,97
0,11
30
0,932 0,161
40
0,881 0,211
50
0,817 0,256
60
0,741 0,297
70
0,655 0,331
80
0,559
0,36
90
0,457 0,381
100 0,348 0,396
110 0,237 0,403
120 0,123 0,402
130 0,008 0,393
140 -0,106 0,375
150 -0,222 0,349
160 -0,34 0,312
170 -0,471 0,26

Densit converge
B
A
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
8
1
4
1
8
1
4

On remarque que quelle que soit la valeur de choisie les deux maillages convergent : le
maillage uniforme rapidement alors que le maillage non-uniforme est plus lent. Il finit cependant par se stabiliser au niveau des valeurs thoriques lorsque les dimensions de son plus grand
segment atteignent celles du segment du maillage uniforme minimal pour obtenir la convergence. On remarque galement que le paramtre f /l du tableau 3.3 li aux dplacements et

3.7 Validation du programme AlgoRD

111

la flche est plus rapide converger que le paramtre F/Fc du tableau 3.2 qui est li aux efforts
intrieurs. On retrouve l un rsultat bien connu de la mcanique numrique : les critres de
convergence en effort ou en contrainte sont des critres beaucoup plus exigents, beaucoup plus
svres que les critres en nergie ou en dplacement. De ce point de vue l, la mthode de relaxation dynamique napporte aucun avantage ou dsavantage supplmentaire par rapport aux
mthodes classiques dlments finis.

Tests avec effort impos aux extrmits


Le second test sapparente aux essais force contrle car on impose aux extrmits de la
poutre des efforts qui correspondent une certaine valeur du paramtre F/Fc et de , tandis
quon laisse les extrmits libres de se dplacer horizontalement selon la ligne daction de ces
forces. On vrifie ensuite la convergence des rsultats avec la densit du maillage au travers
des paramtres (a/l et f /l) de la forme trouve par la mthode de relaxation dynamique et
des paramtres thoriques. Les caractristiques gomtriques et mcaniques des barres sont
identiques celles des essais prcdents, la forme initiale de la poutre est toujours une parabole
de 20 m de porte et de 0,5 m de haut. On reprend galement les deux mmes types de maillage
non-uniforme (maillage A) et uniforme (maillage B) et on augmente le facteur n de densit du
maillage progressivement jusqu ce quun niveau de convergence suffisant soit atteint (trois
chiffres aprs la virgule).

Fig. 3.18 Dformes obtenues pour un


maillage uniforme de densit n = 2.

Fig. 3.19 Dformes obtenues pour un


maillage non-uniforme de densit n = 2.

Les figures 3.18 et 3.19 prsentent les gomtries obtenues pour diffrentes valeurs de pour
une densit de n = 2. On constate que, pour le maillage non-uniforme, la boucle de la dforme
se dfait pour des forces leves et que la poutre redevient droite. Comme dans le cas des essais
en dplacement, si lon augmente le maillage, la forme boucle redevient une forme stable et
le programme converge vers les valeurs thoriques. Ces rsultats qualitatifs sont dtaills dans
les tableaux 3.4 et 3.5 qui prsentent respectivements les densits de maillage ncessaires la
convergence des paramtres a/l et f /l en fonction du rapport F/Fc .
Les remarques sur les essais dplacement impos sont pour lessentiel valables galement
pour les essais force impose. Quelle que soit la valeur de choisie, les deux maillages
convergent, le maillage uniforme plus rapidement que le maillage non-uniforme. On observe
cependant que la convergence est plus lente pour les faibles valeurs de . Si lon regarde les
premires valeurs thoriques du tableau 3.5, on constate que le phnomne de flambement est

112

3. La mthode de relaxation dynamique

trs sensible et que, ds que la force de compression dpasse la force critique dEuler, les dformations de la poutre deviennent considrables. Ainsi pour un dpassement de 1,5 % seulement
de Fc , la flche mi-porte atteint dj 11 % de la longueur de la poutre. Les dfauts dapproximation des efforts intrieurs lis la grossiret du maillage entranent donc des variations
importantes de la gomtrie dquilibre, qui sestompent cependant quand on affine le maillage
de la poutre. Cette observation nest pas sans consquence sur le choix de la meilleure stratgie
pour la recherche de forme. Il apparat en effet clairement que les modles pilots en dplacement sont prfrables car ils permettent dobtenir des rsultats prcis pour des densits de
maillage plus faibles et donc pour des temps de calculs moins importants. De tels modles ne
sont pas toujours faciles construire, voire mme impossibles quand aucun point de la gomtrie
dquilibre nest connu comme par exemple avec la mthode de recherche de forme dveloppe
au paragraphe 4.3. Dans ces cas, on aura intrt remplacer le chargement extrieur de compression par des forces de flexion et substituer au phnomne de flambement un calcul en
flexion simple, moins sensible et moins instable (cf. paragraphe 4.3).
Tab. 3.4 Convergence de a/l.
Elastica thorique

F/Fc
a/l
10 1,004 0,992
20 1,015
0,97
30 1,035 0,932
40 1,064 0,881
50 1,102 0,817
60 1,151 0,741
70 1,214 0,655
80 1,294 0,559
90 1,393 0,457
100 1,518 0,348
110 1,678 0,237
120 1,885 0,123
130 2,16
0,008
140 2,542 -0,106
150 3,105 -0,222
160 4,03
-0,34
170 5,95 -0,471

Densit de maillage
B
A
8
64
2
32
2
16
2
16
2
16
2
16
2
16
2
16
2
16
2
16
2
16
2
16
2
16
2
16
2
16
2
16
2
16

Tab. 3.5 Convergence de f /l.


Elastica thorique

a/l
f /l
10 1,004 0,055
20 1,015 0,11
30 1,035 0,161
40 1,064 0,211
50 1,102 0,256
60 1,151 0,297
70 1,214 0,331
80 1,294 0,36
90 1,393 0,381
100 1,518 0,396
110 1,678 0,403
120 1,885 0,402
130 2,16 0,393
140 2,542 0,375
150 3,105 0,349
160 4,03 0,312
170 5,95
0,26

Densit de maillage
B
A
8
64
2
32
2
16
2
16
2
16
2
8
1
8
1
8
1
8
1
8
1
8
1
16
2
16
2
16
2
16
2
16
2
16

3.7.2 Prcision et temps de calcul


La mthode de relaxation dynamique est un outil de calcul non-linaire de structures parmi
dautres. Ses performances en terme de prcision, de stabilit et de rapidit doivent donc tre
compares celles dautres outils numriques comme le logiciel de calculs aux lments finis
AbaqusTM . Les rsultats de deux calculs de structures lances prcontraintes sont donc confronts ici : le premier reprend le problme plan de la poutre post-flambe (cf. figure 3.20) et le second
est un problme de mise en forme dun gridshell simple (cf. figure 3.21) .

3.7 Validation du programme AlgoRD

Fig. 3.20 Poutre post-flambe.

113

Fig. 3.21 Gridshell lmentaire de deux fois cinq barres.

Structures planes
Ltude du flambement dune poutre simple en grande transformation est particulirement
intressante car, on la vu, la gomtrie finale de la structure est connue analytiquement ce qui
permet denrichir la comparaison des diffrents modles numriques entre eux. La structure test
est compose dune poutre droite de 12 m de long de section circulaire de 50 mm de diamtre
et de 2 mm dpaisseur, ce qui correspond une inertie de 8,7 cm4 . La poutre est fabrique
dans un matriau homogne isotrope avec un module dYoung de 35 GPa et un coefficient de
Poisson de 0,3. Elle est simplement appuye sur le sol et soumise deux efforts opposs de
1000 N auxquels une charge linique de 5 N/m a t ajoute pour orienter le phnomne de
flambement. En remarquant que la force critique de flambement de cette poutre est de 209 N et
donc que le rapport F/Fc se situe aux alentours de 5, on dduit daprs le tableau 3.1 que leffort
de compression appliqu devrait provoquer un bouclage de la poutre et converger vers un angle
initial proche de 165 degrs.
Le type dlment de poutre choisi pour la mthode de relaxation dynamique suit une cinmatique de Navier-Bernouilli comme indiqu dans le paragraphe 3.3. Celui choisi par dfaut
dans AbaqusTM est un lment classique de poutre plane de Timoshenko avec trois degrs de libert par nud (deux translations et une rotation). Le solveur spcifique aux problmes avec des
non-linarits gomtriques qui a t slectionn est fond sur la mthode de Newton-Raphson
modifie (cf. paragraphe 3.1.1). Dans un premier temps, on cherche valuer linfluence de la
finesse du maillage sur la gomtrie et les efforts intrieurs dans la poutre. Pour cela, diffrents
calculs avec un nombre total dlments variant de 10 100 sont effectus et compars au calcul
de rfrence de la mthode des lments finis (MEF) tabli sur une structure qui comporte 100
lments. Le tableau 3.6 montre les rsultats de cette comparaison. Uxmax et Uzmax reprsentent
respectivement le dplacement horizontal maximal de la poutre (obtenu aux extrmits) et son
dplacement vertical maximal (obtenu mi-porte). N min et N max sont les deux valeurs extrmes
des efforts normaux et Mmax est le moment flchissant maximal.
Au vu du tableau 3.6, les rsultats de la mthode de relaxation dynamique apparaissent trs
proches de ceux de la mthode des lments finis puisque lcart relatif est infrieur 0,1% tant
sur les efforts que sur les dplacements. Les diffrences qui persistent entre les modles rsident
vraisemblablement dans le fait que les nergies lastiques de dformation prises en compte
sont diffrentes. Outre le fait quil ninclue pas de chargement vertical, le modle analytique ne

114

3. La mthode de relaxation dynamique

prend en compte que les dformations lies au moment flchissant, la mthode de relaxation
dynamique prend aussi en compte les dformations lies leffort normal, mais elle nglige
encore les dformations de cisaillement qui sont intgres dans les lments de Timoshenko du
modle aux lments finis. On note malgr tout que ds 20 lments, lcart entre la mthode
des lments finis de rfrence (avec 100 lments) et la mthode de la relaxation dynamique est
infrieur 1%.
Tab. 3.6 Valeurs caractristiques dune elastica obtenues par diffrentes mthodes.
Modle

Relaxation
dynamique

MEF
Analytique

Nombre
dlments
10
20
30
40
50
100
100

Uzmax
(en cm)
3,54
3,52
3,52
3,52
3,52
3,52
3,512
3,46

Uxmax
(en cm)
8,64
8,44
8,41
8,39
8,39
8,39
8,38
8.42

N min
(en N)
-968
-968
-969
-969
-969
-969
-969

N max
(en N)
728
938
974
979
992
999
999

Mmax
(en N.m)
3 470
3 450
3 450
3 440
3 440
3 440
3 432
3 460

Dans un second temps, on cherche valuer les performances en terme de temps de calcul
entre les deux mthodes numriques. M. Papadrakakis [81] avait dj effectu des comparaisons entre les diffrentes mthodes de Newton-Raphson et la mthode de relaxation dynamique
avec diffrents degrs doptimisation des paramtres dynamiques. Il avait conclu que les deux
familles de mthodes avaient des performances comparables pourvu que lon en utilise les versions les plus performantes : autrement dit, que la rapidit des calculs dpend avant tout de
loptimisation de lalgorithme considr et de sa matrise par lutilisateur. Cest des conclusions
semblables que conduisent les paragraphes qui suivent et plus particulirement les comparaisons qui sont faites sur la structure de gridshell.
En effet, si lon considre le tableau 3.7, on constate que, sur ce problme trs simple, lalgorithme de relaxation dynamique est beaucoup plus lent que le logiciel AbaqusTM . Le fait est
que, pour trouver la position dquilibre finale, la mthode de relaxation dynamique rsoud un
problme de dynamique des structures dans lequel le mouvement effectuer est initi par des
efforts purement horizontaux alors que lessentiel du dplacement est vertical. En revanche, dans
la mthode des lments finis, cet aspect dynamique napparat pas et le problme est rsolu trs
rapidement comme nimporte quel problme non-linaire gomtrique avec peu de degrs de
libert. Si lon dsire amliorer les performances de la mthode de relaxation dynamique, il faut,
dans la mesure du possible, lancer le calcul depuis une gomtrie initiale plus proche de la
forme finale. Cette gomtrie pressentie par le concepteur ou lutilisateur peut tre quelconque
et mme fortement prcontrainte, lessentiel est quelle permette dacclrer le mouvement vers
la position dquilibre. Par exemple, dans le cas de la poutre post-flambe tudie ici, on peut
prendre comme configuration initiale de la poutre droite une parabole de 3,5 m de hauteur et
de 12 m de porte ; le temps de calcul pour une poutre de 30 lments est alors rduit de 256
206 secondes et de 12 084 9 903 itrations pour le mme niveau de prcision.

3.7 Validation du programme AlgoRD

115

Tab. 3.7 Comparaison des temps de calcul en 2D.

Nombre
dlments
10
20
30
40
50
100

Relaxation dynamique
Temps de
Nombre
calcul (en s) ditrations
28
3 374
112
7 580
256
12 084
442
15 409
681
19 779
3 502
50 592

lments finis
Temps de
Nombre
calcul (en s) ditrations
36
57
35
58
35
59
36
62
37
66
41
70

Structures spatiales
La structure spatiale slectionne pour les tests de validation en trois dimensions est un gridshell compos de deux fois cinq barres dans deux directions perpendiculaires (cf. figure 3.21).
Au repos, la grille forme une rsille orthogonale de poutres de 12 m espaces de 2 m les unes des
autres et articules entre elles. Les proprits gomtriques et mcaniques sont les mmes que
dans lexemple prcdent : une section tubulaire de 50 mm diamtre et de 2 mm dpaisseur, un
module dYoung de 35 GPa et un coefficient de Poisson de 0,3. Les dplacements des extrmits
de chacune des dix barres sont libres dans le plan initial de la grille, bloqus perpendiculairement celui-ci. Leurs rotations sont compltement libres. Les excentricits entre les barres sont
ngliges. Une charge de 200 N est applique perpendiculairement au plan de la grille chacun
des vingt-cinq points de connection.
Les types dlment de poutre utiliss dans les modles numriques sont les mmes que dans
lexemple prcdent : une poutre de Navier-Bernouilli avec trois degrs de libert en translation
pour la relaxation dynamique et une poutre de Timoshenko avec six degrs de libert (trois
en translation et trois en rotation) pour AbaqusTM . Le solveur spcifique aux problmes avec
des non-linarits gomtriques, fond sur la mthode de Newton-Raphson modifie, a t une
nouvelle fois slectionn pour la comparaison. Pour valuer linfluence de la finesse du maillage
sur la gomtrie et les efforts dans la poutre, on effectue diffrents calculs avec un nombre
total dlments variant de 6 60 par barre et on compare les rsultats ceux du calcul de la
mthode des lments finis (MEF) tablis sur une structure qui comporte 60 lments. Dans ce
dernier, les liaisons entre les deux directions de barre sont modlises par des connecteurs
qui lient les degrs de libert en translation des nuds des barres au niveau des assemblages
dont lexcentricit est considre comme nulle. La cinmatique des liaisons est donc la mme
dans les deux modlisations.
Le tableau 3.8 montre les rsultats de cette comparaison. Le problme tant parfaitement
symtrique, les dplacements dans lune ou lautre des directions principales de la grille sont
identiques ; par consquent seuls les dplacements maximaux dans la direction x et les dplacements perpendiculaires au plan initial de la grille, respectivement Uxmax et Uzmax sont prsents.
Par ailleurs, lutilisation de connecteurs dans AbaqusTM rend dlicate lobtention des efforts
intrieurs dans les barres ; on se contente donc des ractions dappuis maximales Rmax
z .

116

3. La mthode de relaxation dynamique

Tab. 3.8 Influence de la densit maillage sur la prcision de la forme dun gridshell.
Modle

Relaxation
dynamique
MEF

Nombre
dlments
6
12
24
60
60

Uxmax
(en cm)
1,42
1,37
1,35
1,34
1,36

Uzmax
(en cm)
3,41
3,33
3,30
3,29
3,31

Rmax
z
(en N)
434
450
458
453
459

Comme pour les structures planes, on constate un bon accord entre les valeurs donnes par
les deux mthodes, moins de 1 % dcart. On constate galement que, mme pour des densits assez faibles de maillage (24 lments par barre), les rsultats de la mthode de relaxation
dynamique atteignent ce niveau de prcision. Si lon observe en parallle le tableau 3.9, la comparaison des temps de calcul nest plus de faon vidente en faveur de la mthode des lments
finis. En effet, mme si des rsultats rapides peuvent tre obtenus avec les lments finis pour
le maillage le plus fin, on remarque que, pour les autres densits de maillage, le calcul dure
plusieurs jours alors que le nombre de degrs de libert est trs faible. La mthode de relaxation
dynamique au contraire converge trs rapidement pour les faibles densits de maillage et voit
son temps de calcul augmenter avec le nombre de degrs de libert.
Tab. 3.9 Comparaison des temps de calcul en 3D.

Nombre
dlments
6
12
24
60

Relaxation dynamique
Temps de
Nombre
calcul en s ditrations
61
1 086
345
3 840
938
5 520
7572
18 392

lments finis
Temps de
Nombre
calcul en s ditrations
>3.105
>106
5
>2,5.10
8,5.105
>1,5.105
7.105
188
287

Si lon pousse lexprience un peu plus loin et quon augmente la charge 400 N pour
un maillage 24 lments par barre, alors les temps de calcul de la mthode de relaxation
dynamique sont plus rapides (on passe de 938 667 secondes et de 5 520 3 802 itrations)
alors que le calcul avec AbaqusTM prouve de nouveau de grandes difficults converger. Pour
obtenir un rsultat dans un temps acceptable, on est donc oblig de raffiner encore le maillage,
daugmenter le nombre de degrs de libert ce qui finit force par rallonger srieusement le
temps de calcul. La stratgie mettre en uvre pour diminuer le temps de calcul est donc
contradictoire, le maillage le plus efficace risque donc dtre dlicat trouver. Si lon considre
de plus que la structure tudie ici est une structure symtrique simple avec seulement deux fois
cinq barres et que lobjectif est de pouvoir modliser des structures dune complexit proche de
celle du gridshell de Mannheim (cf. figure 1.14), on doit admettre que les logiciels de calcul du
type dAbaqusTM sont moins performants.

3.7 Validation du programme AlgoRD

117

On est ainsi amen conclure que la dfinition du maillage est une question dlicate pour la
mthode classique des lments finis et que lutilisation de lalgorithme de Newton-Raphson
pour la mise en forme des gridshells est possible mais requiert un niveau dexpertise important.
En revanche, mme si elle nest pas toujours la plus rapide, la mthode de relaxation dynamique
savre prcise, robuste, stable, et facile apprhender. Elle a lavantage de permettre dobtenir
une bonne estimation de la gomtrie dquilibre dune structure avec des lments relativement
pauvres et avec un niveau derreur matris.

3.7.3 Influence des excentricits sur les performances de lalgorithme


La prise en compte des excentricits dans le processus de recherche de forme introduit une
tape supplmentaire dans lalgorithme de relaxation dynamique (cf. paragraphe 3.6). Le but de
ce paragraphe est dvaluer laugmentation du temps de calcul lie cette nouvelle tape ainsi
que lordre de grandeur de lerreur lie aux approximations gomtriques au niveau des liaisons.
Pour cela, on compare les rsultats de deux simulations obtenues lune sans excentricit et lautre
avec un connecteur. Deux structures sont testes : la premire est le gridshell du paragraphe
prcdent (cf. figure 3.21) avec une excentricit de 10 cm ; la deuxime est issue dun grille plane
forme de deux fois dix barres de 12 m de long ayant une section tubulaire de 42 mm de diamtre
et de 3,5 mm dpaisseur et un module dYoung de 26,7 GPa (cf. figure 3.22). Les barres sont
espaces de 1 m les unes des autres et articules entre elles avec une excentricit de 8 cm entre
les axes des barres. Leurs extrmits sont libres de se dplacer sur le plan initial de la grille.
Pour obtenir la forme finale (cf. figure 3.23), une charge uniforme de 40 N/ml est applique sur
chacune des barres. Pour les deux calculs, le critre de convergence Eclim est fix au dix millime
de lnergie cintique du plus haut pic.

Fig. 3.22 Grille initiale.

Fig. 3.23 Rsultat de la recherche de forme.

Les rsultats de ces deux calculs sont prsents dans le tableau 3.10. On observe tout dabord
que, comme on pouvait sy attendre, le temps de calcul est de 30 % plus important pour la
simulation qui prend en compte les excentricits et ce, mme si le nombre ditrations requises
est quasiment identique. Ensuite, on remarque que, en dehors de lcartement des deux couches
de barres, les excentricits nont que peu dinfluence sur la hauteur gnrale de louvrage mais
quelles entranent une augmentation de 5 % de la contrainte maximale dans les barres ce qui
nest pas compltement ngligeable. Enfin on vrifie bien que dans la forme finale, au niveau
des intersections, les connecteurs sont perpendiculaires la tangente aux barres quils relient
puisque les angles mesurs entre le connecteur et celles-ci sont de 90 10-6 prs.

118

3. La mthode de relaxation dynamique

Tab. 3.10 Comparatif des performances de lalgorithme avec et sans excentricit.

Nombre ditrations
Temps CPU
Hauteur maximum (m)
Contrainte maximum (MPa)

Grille 5x5
Sans Avec
5 361 5 678
787
1 005
3,30
3,35
207,7 211,7

Grille 10x10
Sans Avec
4 411 4 485
1 208 1 598
2,77
2,81
119 124,5

De faon gnrale, la simulation de la mise en forme des gridshells est une tape relativement
coteuse en temps de calcul. Il est donc prfrable de ngliger lexcentricit entre les barres
lors des tudes prliminaires et de ne la prendre en compte que dans un second temps, une fois
que lallure gnrale de la forme a t choisie et que lon cherche dimensionner louvrage et sa
couverture.

3.7.4 Analyse structurelle et charges critiques de flambement


La recherche de forme est un calcul de structure en grands dplacements. Comme lalgorithme de relaxation dynamique sest avr efficace pour ce type de calcul, il doit permettre
aussi dobtenir de bons rsultats pour des calculs non-linaires de structures, notamment les
valeurs des charges limites des ouvrages. G. Ramesh et al. [84] proposent une mthode complte
pour ltude du comportement post-flamb des structures dans laquelle ils couplent la relaxation dynamique avec la mthode de longueur darc ou arc-length. Aprs une prsentation du
modle, les auteurs ralisent lanalyse du comportement de plusieurs treillis plans et spatiaux
dj couramment tudis dans la littrature et concluent que leur mthode est dune prcision
comparable aux principales autres mthodes, notamment la mthode des lments finis. Deux de
ces exemples ont donc t slectionns ici afin de vrifier que le programme AlgoRD implment
pour cette thse retrouvait les mmes valeurs.

Fig. 3.24 Poutre treillis dissymtrique.

Fig. 3.25 Dme hexagonal.

La premire structure est une poutre treillis dissymtrique de type Warren de 80 m de porte
dont les dimensions caractristiques sont reportes sur la figure 3.24. Elle est compose de barres
dune raideur axiale ES de 9 MN articules entre elles. chacune de ses extrmits, la poutre
repose sur des rotules. Elle est soumise un chargement dissymtrique constitu de trois forces
ponctuelles P aux nuds 4, 6 et 8. Pour lanalyse, la charge P est augmente progressivement
jusqu atteindre la charge limite de la structure pour laquelle la poutre se retourne. Pour chaque
pas de charge, on mesure le dplacement vertical du nud 9 situ au point le plus haut de la

3.8 Exemple dapplication : les nexorades

119

membrure infrieure de la poutre. On trace ensuite le courbe force-dplacement caractristique


du comportement de la structure que lon peut voir sur la figure 3.26. En comparant avec la
courbe de larticle [84], on vrifie bien que les dplacements sont identiques pour chaque niveau
de chargement et que les charges qui provoquent linstabilit de la structure sont trs proches
(37 kN contre 36 kN).

Fig. 3.26 Comportement de la structure de la


figure 3.24.

Fig. 3.27 Comportement de la structure de la


figure 3.25.

La deuxime structure est un treillis spatial, un dme en forme dtoile base hexagonale.
Ses dimensions principales sont indiques sur la figure 3.25. Les barres qui constituent ce treillis
spatial ont une raideur axiale de 960 kN et sont articules entre elles. Chacune des branches de
ltoile repose sur une rotule parfaite. Un chargement symtrique est appliqu sur la structure
au travers des trois forces reprsentes sur la figure 3.25 et augment progressivement jusqu
dclencher linstabilit de la structure. Comme prcdemment le dplacement du point central
est relev chaque itration de faon tracer la courbe force-dplacement de la figure 3.27. On
constate nouveau la non-linarit du comportement de la structure et une bonne concordance
entre les dplacements de notre modle et ceux de G. Ramesh [84] pour les diffrents paliers
de chargement, ainsi quentre les deux charges critiques (315 contre 333 N). Les rsultats de
larticle de G. Ramesh [84] ayant t valids par dautres mthodes de calcul numrique, on
peut donc conclure que le programme AlgoRD est un outil efficace pour lanalyse non-linaire
des structures et la recherche de la charge critique qui provoque le flambement ou le claquage
de la structure. On pourra donc avantageusement utiliser le mme programme pour toutes les
tapes de la conception des gridshells : de la recherche de forme (cf. paragraphe 4) et lanalyse
structurelle des gridshells (cf. paragraphe 5) .

3.8

Exemple dapplication : les nexorades

La polyvalence de lalgorithme de relaxation dynamique a dj t voque dans le paragraphe 3.1.3. Lexemple prsent ici est cependant trs diffrents des nombreuses applications
dj cites (rseau de cbles, structure hyperlastique, comportement post-flamb des structures)
et des tudes de gridshells venir. Il sagit dintroduire un comportement non-linaire fictif avec
la mthode de relaxation dynamique pour rsoudre un problme de recherche de forme sur des
structures gomtrie complexe : les nexorades.

120

3. La mthode de relaxation dynamique

3.8.1 Dfinition des nexorades


Les nexorades sont une famille de structures spatiales que lon appelle galement structures multi-rciproques. Le nom de nexorade est un nologisme propos par H. Nooshin et
O. Baverel [17, 19]. Il drive du mot latin nexus qui signifie le lien, le nud car cest dune
rflexion sur les connections dans les structures spatiales, en particulier dans les treillis, quest
n le concept de nexorade. En effet, dans les treillis spatiaux, les connections sont des pices
dune grande complexit gomtrique car de nombreuses barres avec des orientations variables
y convergent (cf. figure 3.28). Les connections ont aussi une grande importance pour la stabilit
de louvrage dont la bonne tenue au flambement dpend en grande partie de la prcision de fabrication de ces pices. Celles-ci sont par consquent trs coteuses. Le principe constructif de la
nexorade consiste remplacer cet assemblage complexe par une srie dassemblages trs simples
dans lesquels les barres reposent mutuellement les unes sur les autres et ne sont jamais lies que
deux deux (cf. figure 3.29) do le nom de structures multi-rciproques quon leur donne parfois. Lide de base de ces structures en elle-mme nest pas nouvelle, elle a dailleurs t mise
en uvre depuis des millnaires par les Chinois pour la construction de ponts pour un historique plus complet, on se reportera utilement la thse dOlivier Baverel [17]. Nanmoins
les nexorades en sont une tentative de gnralisation qui permet de transformer nimporte quel
treillis en une structure multi-rciproque. Cette transformation rarrange localement les barres
qui ne sont du coup plus concourrantes, la difficult technologique est alors remplace par une
difficult gomtrique.

Fig. 3.28 Assemblage MEROTM typique.

Fig. 3.29 Assemblage typique dune nexorade.

3.8.2 Recherche de forme des nexorades


Il nexiste pas de solution analytique simple de la transformation dune structure de poutres
en nexorade en dehors de quelques cas particuliers comme les polydres rguliers [17, 98]. La
recherche de la solution numrique de cette transformation sapparente donc un calcul de
recherche de forme. Une mthode utilisant lalgorithme gntique a t propose par Baverel
[17, 18], mais elle manque de souplesse. Une mthode alternative fonde sur lalgorithme de
relaxation dynamique a donc t propose. Par rapport la mthode prcdente, les principes

3.8 Exemple dapplication : les nexorades

121

de la transformation sont conservs : on part dune gomtrie initiale dans laquelle les barres
sont concourantes (cf. figure 3.30.a) et on la transforme en tordant les barres de sorte quelles
forment une structure multi-rciproque dans laquelle lexcentricit entre les barres au niveau des
liaisons est respecte (cf. figure 3.30.b). Comme cette structure nest pas en quilibre, elle va se
mouvoir jusqu ce que toute lnergie cintique de la structure ait t dissipe et que la forme
dquilibre soit trouve (cf. figure 3.30.c).

Fig. 3.30 Principe de la recherche de forme dune nexorade : a) Barres concourantes ; b) Barres
flchies avec excentricts ; c) Nexorade rsultante.
Lutilisation de la mthode de relaxation dynamique pour la recherche de forme des nexorades introduit une notion de comportement mcanique dans un problme au dpart purement
gomtrique. Ce comportement mcanique est fictif et il ninterfre pas avec la gomtrie finale
lorsque celle-ci nest compose que de barres droites, cest--dire lorsque la transformation en
nexorade existe bel et bien. En revanche, lorsque la gomtrie finale prsente des barres flchies, il peut tre intressant de modifier ces paramtres mcaniques (raideur axiale, raideur
en flexion) pour assouplir certains lments et orienter la recherche vers telle ou telle forme
dquilibre non-prcontrainte. La figure 3.31 illustre bien cette libert supplmentaire.

Fig. 3.31 De lintrt du comportement mcanique fictif pour la recherche de forme.


Limage de gauche prsente la structure transformer en nexorade. La figure du centre
montre le rsultat de la recherche de forme avec des barres de raideurs gales, manifestement
les contraintes dans les barres sont importantes. Si lon divise la section des deux diagonales
du carr central par 10000 et que lon garde leur inertie constante, ses barres sont libres de
sallonger et de se raccourcir ce qui permet la structure de converger vers la forme de droite.
Cette forme est non-prcontrainte mais les longueurs des diagonales sont lgrement diffrentes
de celles de la structure de dpart ce qui est une consquence du choix de conception qui a t
fait. Ainsi, grce la mthode de relaxation dynamique, on a pu trouver une forme en quilibre
qui satisfait les contraintes gomtriques de la structure de dpartIl semble ainsi que la mthode
de relaxation dynamique permette une approche plus dterministe de la forme des nexorades :

122

3. La mthode de relaxation dynamique

3.9

Conclusion

La mthode de relaxation dynamique est donc une mthode originale de rsolution de problme de mcanique non-linaire qui remplace la recherche de ltat dquilibre statique par
un calcul dynamique fictif qui, par amortissements successifs, va conduire ltat dquilibre
statique. Les principes gnraux de son algorithme ont t prsents : dabord le schma explicite de diffrences finis qui rgle le calcul dynamique et les dtails de la mise en uvre de
lamortissement cintique, un amortissement artificiel qui permet dabsorber progressivement
toute lnergie cintique de la structure. Ensuite, la mthode de calcul des efforts intrieurs a
t dtaille, notamment le modle de poutre flchie avec seulement trois degrs de libert en
translation dans lespace. Les hypothses de ce modle de poutre (une symtrie de rvolution
de la section et une rotation libre de la barre dans les assemblages) sont restrictives, mais nanmoins adaptes au type de structure tudi dans cette thse. Pour pouvoir modliser dautres
gomtries dlments et considrer les efforts de torsion, il suffit de changer le mode calcul des
efforts intrieurs en enrichissant la cinmatique des lments. Une premire tape dans ce sens
a t effectue pour les structures planes sans difficult thorique nouvelle [72]. Le programme
actuel pourra donc rapidement tre adapt pour des structures de poutres avec six degrs de
libert par nud, ce qui permettra dtendre son domaine dapplication, notament ltude de
profils quelconques et au dversement des structures.
Un modle original pour la prise en compte des excentricits au niveau des liaisons a galement t propos. La cinmatique de ce modle a t dveloppe pour le type particulier de
liaison utilis au laboratoire : des pices dassemblage dchafaudage orientables. Nanmoins,
son principe qui repose sur des relations purement gomtriques entre les barres est facilement
modifiable pour dautres pices de liaison. Ce modle devrait permettre de mieux prvoir dune
part la gomtrie des gridshells qui sont effectivement constitus de plusieurs couches de barres
superposes et dautre part la charge critique de flambement de la structure parce quil permet
de prendre en compte les dfauts de symtrie entre les couches induits par les excentricits.
Par ailleurs, une mthode doptimisation des paramtres de lalgorithme a t dcrite. Lobjectif du calcul dynamique ntant pas la description exacte du mouvement, la masse et lamortissement ne doivent pas obligatoirement reprsenter les proprits relles de la structure. La
mthode doptimisation des paramtres repose donc essentiellement sur ladaptation progressive de la masse affecte aux nuds en fonction de la raideur actuelle des lments de faon
garantir la stabilit de lalgorithme et minimiser le temps de calcul.
Le programme a ensuite subi une srie de tests de validation sur des calculs de structures
en grands dplacements. Ont t vrifies successivement sa convergence avec la densit du
maillage, ses performances relatives et sa prcision, linfluence des excentricits et sa capacit
tre utilis pour lanalyse des structures et la recherche de charges critiques dinstabilit. Le
programme sest avr fiable, facile demploi et certaine fois plus performant quun logiciel
de calcul aux lments finis du commerce. Globalement une vingtaine dlments par barre
suffit pour obtenir une prcision satisafaisante (moins de 1 % derreur sur la gomtrie et les
contraintes). Pour ce qui est des excentricits, lutilisation de connecteurs dpaisseur non nulle,
entrane une augmentation de 30 % du temps de calcul. Il est donc recommand de ne pas

3.9 Conclusion

123

les utiliser durant les premires tapes de la conception des gridshells, notamment celle de la
recherche de forme qui est dveloppe au chapitre suivant, et de les introduire ensuite, lorsque
la forme gnrale est connue, pour lanalyse structurelle et la conception de la couverture. Enfin,
la polyvalence de lalgorithme a t illustre laide dun exemple de recherche de forme sur
des structures multi-rciproques, aussi appeles nexorades.

Chapitre 4

Forme et gridshells
Les gridshells sont des structures indissociables de leur processus de montage : leurs formes
sont obtenues par dformation lastique dune grille sans rigidit en cisaillement. La forme dun
gridshell ne peut donc pas tre impose ex abrupto, elle est lunique forme dquilibre qui satisfait
un certain jeu de contraintes gomtriques et de conditions dappui, lexpression de la raideur
naturelle de la matire. Pour le concepteur, toute la difficult consiste donc trouver les formes
en quilibre et les grilles associes qui rpondent aux exigences dun matre douvrage ou dun
matre duvre. Cest cette tape quil est convenu dappeler la recherche de forme, en anglais
le form-finding.
Malgr une certaine proximit de vocabulaire, la problmatique de la recherche de forme est
trs diffrente de celle de la mise en forme de pices mcaniques par application dun moule
(cf. P. Boisse [24]) parce que lexistence dun moule suppose une connaissance a priori de la forme
exacte d e la pice ce qui est impossible pour les gridshells cause des contraintes imposes par
le processus de montage. Pour dfinir la forme dun gridshell, il faut donc adopter une stratgie :
choisir parmi les paramtres de la grille initiale et de la forme finale les donnes et les variables
sans compromettre la rversibilit du passage de lune lautre. En fonction de la stratgie, trois
familles de formes semblent se dtacher : les formes funiculaires contour impos, les formes
funiculaires contour libre et les formes surface impose.
La premire famille de formes a t tudie par Frei Otto et son quipe de lInstitut fr
leichte Flschentragwerke [78]. Ce sont les premiers stre intresss la recherche de forme
des gridshells, avoir explor et tent de dresser un inventaire des formes ralisables avec
ce type de structure particulire. Leur dmarche repose sur lhypothse que la raideur en
flexion des lments de la grille est ngligeable ce qui leur permet de ne travailler que sur
des filets suspendus. Les formes de lIL dcoulent donc du choix des points de suspension
des filets, de limposition de leurs contours ce qui explique leur regroupement sous le nom
de formes funiculaires contour impos .
La deuxime famille de formes est issue dune stratgie de recherche de forme qui sinspire
de la mthode des filets suspendus. Dans cette stratgie, on conserve lide que la forme
doit tre le funiculaire de son poids propre mais on introduit la raideur en flexion de la
grille ce qui permet dinverser donnes et variables de la mthode des filets suspendus : la
gomtrie de la grille plat nest plus une variable mais une donne et les positions des

126

4. Forme et gridshells

appuis qui taient donnes deviennent variables. Les formes obtenues sont alors dsignes
comme des formes funiculaires contour libre .
La troisime famille de formes mane dune stratgie radicalement oppose la recherche
de formes en compression pure : la surface du gridshell est un trait darchitecte, dfini par
un processus extrieur de cration sans a priori de ralit physique. Lassociation dune
mthode gomtrique de dveloppement des surfaces et de la relaxation dynamique permet de gnrer une grille en quilibre dont la forme est trs proche de cette surface. Cest
pourquoi ces formes sont appeles formes surface impose .
Aprs un bref rappel des mthodes historiques de recherche de forme, les paragraphes qui
suivent examinent successivement chacune de ces trois familles de formes. On sintresse tout
dabord aux formes contour impos et la mthode des filets suspendus. Les structures obtenues par cette mthode sont des structures idales dans lesquelles la raideur en flexion des
lments est nglige. On verra que la mthode de relaxation dynamique permet dtudier le
domaine de validit de cette hypothse et quelle permet dvaluer les efforts mettre en uvre
pour limiter lcart qui spare la grille relle de la forme idale du filet suspendu. On prsentera ensuite la nouvelle stratgie de recherche de forme et, partir de ltude de linfluence des
paramtres de dfinition de la grille, on tablira un certain nombre de conseils pour le concepteur afin de limiter lala lors du passage de la grille la forme courbe. Enfin, on exposera une
dmarche trs prometteuse qui permettrait aux gridshells de servir de structures pour la blob
architecture et les btiments surfaces courbes librement dfinies.

4.1

Historique de la recherche de la forme en compression pure

4.1.1 La recherche de forme lInstitut fr leichte Flchentragwerke


Dans IL10 Gitterschalen [78], louvrage dj cit de Frei Otto et son quipe de lInstitut fr
leichte Flchentragwerke, (IL), la dfinition donne pour les gridshells est la suivante : Un gridshell est une structure de barres, courbe dans lespace. Les barres forment une grille plane avec
une maille rectangulaire et un espacement constant entre chaque noeud. La forme du gridshell
est dtermine par retournement de la forme dun filet suspendu. De la mme faon que le retournement de la chanette donne la courbe idale dun arc sans flexion, le retournement de la
forme du filet conduit une surface funiculaire dans laquelle le gridshell est sans flexion. Ce
que cherchent Frei Otto et son quipe, cest la coque en compression pure et un moyen conomique de la construire. Avec les gridshells, ils pensent pouvoir y parvenir : ltude de modles
rduits de filets doit aboutir la ralisation de filets parfaitement tendus qui, par une opration
intellectuelle de retournement, donneront des formes parfaitement comprimes, pendants surfaciques de la chanette. Si on part dun filet de mailles carres et si on suppose que la raideur
en flexion des lments est ngligeable, alors on est sr que cette forme en compression parfaite
pourra tre obtenue par dformation dune grille plane qui, aprs triangulation, deviendra un
gridshell.
Ces travaux sur les formes prises naturellement par des filets suspendus sinscrivent dans la
continuit des activits passes de lInstitut pour les structures lgres de Stuttgart (IL) dont les

4.1 Historique de la recherche de la forme en compression pure

127

membres sont parmi les premiers sintresser aux problmes de recherche de forme. Ds les
annes 1960, ils observent quun grand nombre de formes naturelles sont des formes dnergie
minimale, cest--dire des formes dans lesquelles les efforts intrieurs sont minimaux. Ils dveloppent alors des programmes exprimentaux afin dobserver et dtudier ces formes dquilibre
pour pouvoir terme les reproduire une plus grande chelle, dans des structures habitables.
Ils sintressent un grand nombre de matriaux dont lenveloppe est une surface courbe en
quilibre : bille de mercure, jaune duf, toile daraigne, films de savon, etc. Ces derniers les
intressent tout particulirement parce quils se prtent facilement lexprimentation et que la
forme native prise par une bulle de savon sur un contour donn est la surface daire minimale
qui sappuie sur ce contour. Ces surfaces ont deux avantages principaux pour la construction de
couvertures de btiments : elles sont celles qui utilisent le moins de matire pour couvrir lespace
lintrieur du contour et elles ont une tension de la surface uniforme ce qui permet doptimiser
le taux de travail du matriau constitutif de la couverture. Un grand nombre de maquettes sont
ralises laide de fils de fer et de films de savon dont celle de la figure 4.1 qui servira vingt
ans plus tard de modle la ralisation dune piste de danse couverte Cologne1 .

Fig. 4.1 Maquette en film de savon du Tanzbrunnen de Cologne.


Certaines de ces maquettes trouveront une application ds les annes soixante-dix et cest
de ltude gomtrique par photogrammtrie de films de savons que natront les formes des
couvertures du pavillon allemand de Montral en 1967 et des btiments du stade olympique de
Munich de 1972 (cf. figure 4.2). Cependant, lpoque de la ralisation de ces deux ouvrages,
les textiles techniques navaient pas atteint un niveau de fiabilit suffisant pour tre utiliss dans
la construction, si bien que ce sont des structures tendues faites de rseaux de cbles dacier qui
reproduisent les formes issues des films de savon. Or le passage dune surface continue une
surface discrte entrane une variation dans le cheminement des efforts puisque lon passe dun
matriau isotrope un rseau avec deux directions privilgies. Pour la structure de Montral,
il semble que cette nouvelle difficult a t rsolue par ltude dun modle rduit du rseau
de cbles. Le stade de Munich, dont les dimensions et les efforts dans les cbles sont plus
importants, a t construit cinq annes plus tard et, dans lentre-temps, la collaboration entre
l Institut pour les structures lgres (IL) et l Institut pour lapplication de la godsie dans la
construction a donne naissance une nouvelle mthode de calcul pour les structures tendues :
la mthode des densits de force (cf. paragraphe 3.1.2). Cest cette mthode qui fut utilise pour
tablir la gomtrie dquilibre exacte des filets suspendus dont sont issus les gridshells.
1 Frei

Otto, [79], p. 81.

128

4. Forme et gridshells

Fig. 4.2 La couverture de cbles du stade olympique de Munich.

4.1.2 Les autres approches


La dmarche propose par lIL pour la recherche de forme des gridshells nest cependant
pas nouvelle et dautres architectes ont dj cherch une gnralisation de la forme de chanette
pour la construction de grandes couvertures. Parmi les premires tentatives, on peut citer celle
de Jacques-Germain Soufflot qui utilise une chanette de rvolution pour dfinir la forme de la
coupole intermdiaire du Panthon de Paris, mais cest surtout des travaux de Gaudi pour la
structure de la Sagrada Famillia ou de la crypte de la Colona Gell que sinspirent les collaborateurs de Frei Otto2 .

Fig. 4.3 Maquette suspendue de Gaudi pour lglise de la Colona Gell et son image inverse.
En effet, pour la conception du systme porteur de ses deux glises, Gaudi se sert de modles rduits dans lesquels les poteaux et les arcs sont reprsents par des ficelles tandis que
de petits sacs de sables ou des fils de billes de plomb figurent le poids propre des lments et
celui de la couverture quils supportent (cf. figure 4.3). Il obtient ainsi une reprsentation inverse du funiculaire de son btiment quil redessine ensuite lendroit laide dun miroir.
Avec ce procd, il est certain que toutes les colonnes seront toujours comprimes et peut donc
sans crainte construire en maonnerie ses difices aux piliers inclins. Larchitecture des glises
de Gaudi chamboule un ordre vertical tabli et rompt avec les schmas habituels de larc en
plein cintre et de larc bris, mais elle garde toujours la hirarchie classique entre les diffrents
constituants de la structure et spare clairement la colonne de la vote.
2 IL10

Gitterschalen, [78], p. 10-28.

4.1 Historique de la recherche de la forme en compression pure

129

Loriginalit des travaux de lIL par rapport ceux de Gaudi rside donc dans la recherche
de structures de surface unitaire, de structures non plus constitues dune juxtaposition dlments rectilignes isols et dun remplissage mais rellement bidimensionnelles ; en ce sens, cette
dmarche se rapproche beaucoup de celle de Heinz Isler [87]. Ce dernier est galement la
recherche dune forme en compression parfaite et utilise galement des modles rduits soumis leur poids propre dont il tudie la gomtrie par photogrammtrie avant de les retourner
virtuellement. Le matriel sur lequel il travaille est cependant diffrent : la plupart du temps,
H. Isler se sert de tissus assez lches quil charge deau ou de pltre et dont la forme se fige
avec le gel ou la prise du matriau. La figure 4.4 montre un exemple dune maquette ralise
selon la technique dIsler partir dune serviette imbibe deau et suspendue aux quatre coins
et, figure 4.5, les tennis couverts raliss Crissier (Suisse) par H. Isler partir dune maquette
similaire.

Fig. 4.4 Forme prise par un tissus gel dans


le style de H. Isler.

Fig. 4.5 Chantier des tennis couverts de Crissier de H. Isler.

On remarque que ces formes et celle de la figure 4.11 obtenue par inversion dun filet suspendu aux quatre coins, prsentent des diffrences importantes, notamment au niveau des rives.
Celles-ci proviennent en fait directement des procds et des matriaux mis en uvre : Heinz
Isler se sert de tissus avec une faible rsistance en cisaillement et une rsistance en flexion nulle
alors quavec les gridshells et les travaux de lIL, cest linverse : la raideur en cisaillement est
nulle et la raideur en flexion faible. Comme on peut le constater sur les figures 4.4 et 4.5, la
mthode de H. Isler conduit naturellement des formes dont les bords font retour, ce qui leur
donne plus de raideur sans quil soit ncessaire de trop renforcer la coque. Cest un avantage
certain par rapport aux filets inverss dont les bords doivent tre rigidifis par des lments de
structure extrieurs du type de ceux du gridshell de Mannheim (cf. paragraphe 1.3). Les coques
en bton de H. Isler ont cependant un inconvnient majeur par rapport aux gridshells : la ralisation de leur coffrage ncessite la fabrication de charpentes complexes double courbure et par
consquent trs coteuses (cf. figure 4.5) ; en revanche, la construction des gridshells ne requiert
quun simple assemblage de barres droites et quelques appareils de levage. Les gridshells ont
t penss ds le dpart avec leur mthode de montage ce qui est, en plus de loptimisation de
la forme, leur grand intrt.

130

4. Forme et gridshells

4.2

Formes funiculaires contour impos

Les formes funiculaires contour impos ont t tudies par Frei Otto et son quipe de
lInstitut fr leichte Flschentragwerke [78]. Lhypothse selon laquelle la raideur en flexion des lments de la grille est ngligeable est au centre de leur dmarche. On verra quelle leur permet de
ne travailler que sur des maquettes de filets suspendus et dtablir une typologie des gridshells
fonde sur le type de contour impos. Cependant les structures obtenues par cette mthode sont
des structures idales, sans flexion, on tudiera donc le degr dapproximation lie cette hypothse et on valuera les efforts mettre en uvre pour limiter lcart qui spare la grille relle
de la forme idale du filet suspendu.

4.2.1 Les formes de filets suspendus


La mthode pratique de lIL pour la recherche de forme des gridshells comporte quatre
temps. Tout dabord, un filet maille carre est construit partir de chanes de dix maillons
mtalliques qui figurent les barres des gridshells et danneaux circulaires qui reprsentent les
assemblages. Dans ltape suivante, un jeu de conditions aux limites est choisi et le filet y est
suspendu ; les longueurs des cbles de rives sont modifies une une jusqu ce que toutes les
chanes soient tendues, quaucune ne fasse de ventre entre deux anneaux et que la courbure globale soit visuellement satisfaisante. On peut voir sur la figure 4.6 un exemple de grille
quadrangulaire suspendue aux quatre coins et en son centre, avec par retournement limage du
gridshell correspondant. Ensuite la gomtrie du filet est releve par photogrammtrie et une
premire approximation des coordonnes de chaque anneau est calcule. Enfin, dans la dernire
tape, les positions que lon vient dvaluer sont recalcules avec la mthode des densits de
forces de faon ce que lquilibre de la structure sous poids propre soit exactement vrifi en
chaque point du maillage.
Dans ce processus, les paramtres dont le choix est laiss libre sont les conditions aux limites
et le galbe dsir des bulbes forms par le filet. Le pas de la grille est donn et les efforts
appliqus sur celle-ci sont invariablement gaux au poids propre. Le contour de la grille et la
longueur des dernires chanes sur les bords du filet sont les paramtres dajustement qui vont
permettre de raliser la forme qui satisfait la fois les conditions aux limites et les attentes du
concepteur en terme de courbure. Pour lquipe de Frei Otto, tout procde donc des conditions
aux limites, cest delles que dcoule la forme des gridshells, la profondeur des poches dessines
par les filets ntant finalement quun paramtre de dilatation verticale de la forme qui nen
change pas la nature. Cest donc fort logiquement que lexploration des formes de gridshells est
mene par type de conditions aux limites et que cest laide de celles-ci que la classification en
famille de lIL a t tablie3 : les filets ponctuellement suspendus, les filets deux bords rigides,
les filets un bord rigide ouvert, les filets un bord rigide ferm, les filets avec des bords rigides
ouverts ou ferms, les filets avec des points de suspensions intrieur, les filets mixtes avec des
lments comprims, etc.
3 IL10

Gitterschalen, [78], p. 68-121.

4.2 Formes funiculaires contour impos

131

Fig. 4.6 Maquette suspendue de lIL et, par retournement, gridshell correspondant.
A partir de cette classification, lexploration des formes lintrieur dune mme famille se
fait par modification des positions des points ou des lignes dappuis, en rapprochant tel ou tel
ancrage, en en surlevant un autre, en retendant un cble de rive, etc. Tout part toujours du choix
des conditions aux limites, ce sont elles qui permettent de contrler la forme et qui lui donnent
naissance. Tout se passe comme si la structure devait sadapter aux limites qui lui sont fixes dans
un projet virtuel o les emplacements des fondations sont dj prvus. Dans lunivers de formes
cr par Frei Otto, les formes parfaitement comprimes des gridshells sont lexpression de jeux
de points dappuis donns. Cet univers est trs riche comme en attestent les cent cinquante
structures prsentes dans IL10 Gitterschalen [78]. Cependant cet univers repose tout entier sur
lhypothse que la raideur en flexion est ngligeable, il importe donc de dterminer le domaine
de validit de cette hypothse.

4.2.2 Les limites de la mthode du filet invers


Lhypothse selon laquelle la raideur en flexion des lments est ngligeable se fonde sur le
fait que, dans la structure finale, la raideur de la coque vient de sa forme et que celle-ci a t spcialement tudie pour reprendre les efforts de poids propre sous forme defforts membranaires,
cest--dire uniquement sous forme defforts normaux dans les lments du gridshells. Or, on
la vu dans le paragraphe 1.1.2, la matire rsiste bien aux efforts normaux (beaucoup mieux
du moins quaux efforts de flexion), les dimensions des lments de la grille peuvent donc tre
rduites et, par consquent, le poids total de la structure aussi. Cette diminution des sections
saccompagne dune diminution de linertie de sorte que la raideur en flexion des lments est
faible, ce qui lgitime a posteriori lhypothse de dpart et la recherche de forme laide dun
rseau de cble. Toutefois linertie de la grille nest pas nulle, on va donc dterminer dans quelle
mesure elle influence la forme finale du gridshell et sa mise en uvre grce la mthode de la
relaxation dynamique et aux lments de poutre dvelopps au paragraphe3.3.
On note que la forme finale de la structure est obtenue par une opration virtuelle de retournement partir dun filet soumis leffet de la gravit et que cette mme gravit sapplique sur
la grille dformer. Durant sa mise en forme, la structure ne repose pas sur ces appuis dfinitifs

132

4. Forme et gridshells

contrairement au filet dont elle est issue, elle ne se dforme que sous laction dune multitude
de forces exerces par un systme de levage ou dchafaudage provisoire qui reproduit les effets
inverss de la pesanteur et qui permet le contrle de la forme. La vraie question autour de la
raideur en flexion des lments nest donc pas de savoir si elle est ngligeable devant le poids
propre de la grille. Il sagit plutt de savoir quels sont les efforts mettre en uvre pour amener
la grille dans sa position finale et quand ceux-ci sont ngligeables devant le poids de la grille
soulever.
Influence de la raideur en flexion sur la forme dune barre simple
Pour ce faire, on commence par tudier la forme lquilibre dune poutre simple avec la
mthode de la relaxation dynamique. Les conditions de la recherche de forme sont identiques
celles mises en uvre lIL : la position des appuis est impose et la structure est soumise son
poids propre. La poutre a une longueur de 10 m, une section de 5 cm2 et une inertie de 10 cm4 ,
son module dYoung est de 30 GPa et elle est soumise un chargement uniformment rparti de
2 N/ml. Les positions des extrmits sont choisies arbitrairement et fixes. Pour chaque position
des appuis, le problme admet deux solutions particulires (cf. figure 4.7) : la premire est
obtenue lorsque la raideur en flexion est nulle (la courbe est alors une chanette) et la deuxime
lorsque le chargement extrieur est nul (la courbe est alors une elastica).

Fig. 4.7 Poutre flchie uniformment charge avec la chanette et lelastica de rfrence.
Les diffrents cartements a des extrmits de la poutre sont dtermins partir des angles
dattaque caractristiques de lelastica qui ont t dcrits dans le tableau 3.1. Pour chaque cartement, on calcule une premire fois la position dquilibre de la poutre flchie et lcart de
hauteur entre la poutre et la chanette. On compare ensuite cet cart un certain seuil qui est dfini comme lcart en dessous duquel on peut considrer que linfluence de la raideur en flexion
sur la forme de la poutre est ngligeable. Ici on a choisi deux seuils : max < 3 cm et max < 1 cm.
Si lcart de hauteur est suprieur au seuil, on divise linertie de la poutre par deux et on calcule
nouveau la forme dquilibre de la poutre flchie et lcart de hauteur entre la poutre et la
chanette. Si cet cart est encore suprieur au seuil que lon sest fix, on recommence jusqu
atteindre linertie limite Ilim pour laquelle la poutre flchie et la chanette sont indiscernables.
partir des inerties limites trouves pour chaque cartement, un facteur adimensionnel est
construit pour permettre la gnralisation de ltude. Il est dfini comme le rapport entre le

4.2 Formes funiculaires contour impos

133

chargement appliqu p et la raideur de flexion de la poutre EIlim /L3 au-del de laquelle lcart
entre la poutre flchie et la chanette est infrieure au seuil choisi. De plus, pour que la valeur
initiale du facteur adimensionnel obtenue lors du premier calcul soit entire, on introduit une
constante multiplicative. Lexpression finale du facteur adimensionnel est donc 3pL3 /2EIlim . Les
valeurs limites de ce facteur pour les diffrents cartements sont prsents dans le tableau 4.1.
Tab. 4.1 Rapports 3pL3 /2EIlim partir desquels la flexion est ngligeable sur 10 m.
Angle
cartement : a/l
Seuil A : max < 3 cm
Seuil B : max < 1 cm

10
0,992
1
64

20
0,970
32
512

30
0,932
128
1024

40
0,881
64
1024

50
0,817
1
512

60
0,741
1
1 024

70
0,655
2 048
8 192

80
0,559
4 096
8 192

90
0,457
16 384
16 384

On remarque tout dabord une grande dispersion des rsultats. La premire ligne du tableau
indique cependant que plusieurs elasticae (celles obtenues pour 10, 50et 60) sont naturellement
trs proches des chanettes correspondantes. En effet, lorsque le facteur adimensionnel 3pL3 /2EI
est petit (cest--dire proche de 1), cela signifie quil nest pas ncessaire de diminuer beaucoup
linertie pour satisfaire le critre de forme, la raideur de flexion influence peu la forme de la
poutre. En revanche, lorsque celui-ci est grand, linertie limite est faible, cest donc que la raideur
en flexion joue un rle important dans la dfinition de la forme lquilibre. Cest le cas des
poutres qui sont construites sur les elasticae qui font des angles de 70, 80et 90avec lhorizontale.
On remarque ensuite que, pour augmenter la prcision et descendre en dessous du centimtre, les valeurs des rapports chargement appliqu sur raideur en flexion sont du mme ordre
jusqu 60(entre 512 et 1024). Au-del, il faut multiplier encore par 8 ou par 16 ces rapports
pour pouvoir ngliger linertie de flexion. On a donc tout intrt concevoir des gridshells dans
lesquels les barres ont des angles dattaque infrieur ou gal 60 parce que la mthode du filet
invers fournira une trs bonne approximation de la gomtrie relle de la grille et parce que la
gomtrie relle sera trs proche du funiculaire de son poids propre. Au-del de 60, la raideur
en flexion a une grande influence sur la forme ; pour atteindre la forme du filet, il faut donc
utiliser des lments trs lancs qui nauront vraisemblablement pas linertie suffisante pour
assurer la stabilit du gridshell.
Par ailleurs, ces rsultats permettent dobtenir trs rapidement une ide de lordre de grandeur des efforts appliquer une grille (en plus de son poids propre) pour quelle pouse la
forme dun filet suspendu. En effet, partir des caractristiques de la grille (sa raideur en flexion)
et de celles de la forme (langle quelle fait avec le sol), le tableau 4.1 donne une estimation de
la charge rpartie en fonction de la prcision souhaite. Par exemple pour le gridshell de Mannheim, on sait daprs E. Happold [48] que la grille est constitue de mailles de 500 x 500 mm
formes par deux nappes superposes de barres dune section de 50 x 50 mm dans chaque direction et que le module dYoung du bois utilis est de 10,4 GPa. La porte du plus grand dme
est de 60 m et sa hauteur de 30 m. Si on suppose que la coupe transversale le long de la barre la
plus longue du dme est une elastica de mmes proportions, on peut dduire la longueur de cette
barre laide du tableau 3.1, cest--dire environ 90 m. On a ainsi tous les lments ncessaire
au calcul de la raideur en flexion dune poutre de la grille.

134

4. Forme et gridshells

Il faut ensuite dterminer de quelle elastica la forme se rapproche le plus. Sur la photographie
de la figure 1.13, on observe que la pente du gridshell nexcde pas 60sur les bords., cest
donc cet angle qui est choisi comme rfrence. Daprs larticle de E. Happold [48], la prcision
souhaite entre la gomtrie du filet suspendu et le gridshell est de 5 cm. En rapportant cette
prcision au 90 m de long de la barre, on en dduit quelle quivaut une prcision de 0,5 cm
entre une barre flchie de 10 m et la chanette correspondante (0,5 cm ' 5 cm 10/90). Cette
prcision tant suprieure celle du tableau 4.1, il faut donc faire de nouveaux calculs pour un
angle 60, on trouve finalement 3pL3 /2EI = 4096. La charge de levage p par unit de longueur
de barre vaut donc 4096 2EI/3L3 .
Il ne reste plus qu valuer la longueur totale de barre reprise par chaque tour de levage.
Sachant que celles-ci sont espaces de 9 m les unes des autres et quil y a deux nappes de deux
barres dans deux directions par mtre de grille, la longueur totale Ltot de barres flchir est de
8 x 9 x 9 m. Leffort P dans chaque tour donn par Ltot p vaut donc :
P = Ltot 4096

2EI
3L3

soit :

P = 8 9 9 4096

2 10, 4 109 54 108


3
12 903

(4.1)

Lapplication numrique donne un effort denviron 13,1 kN. On note quil semble que cet
effort nait pas t calcul pour le dimensionnement des tours de levage. Il a vraisemblablement
t suppos que, de la mme faon que la maquette prend sa forme sous son propre poids, la
charge extrieure appliquer pour flchir la grille serait gale linverse de son propre poids,
soit lquivalent pour chaque tour de Ltot S, cest--dire 13 kN. Cette valeur est tonnamment
proche de la valeur trouve laide de lexpression (4.1) ce qui lgitime a posteriori lhypothse
faite par E. Happold [48] et le fait que lon puisse ngliger dans ce cas prcis la raideur en flexion
des lments.
Influence de la raideur en flexion sur la forme dune grille rectangulaire
Dans le calcul qui prcde sur le gridshell de Mannheim, on a fait lhypothse que la grille
se comportait comme un assemblage de poutres simples indpendantes et que les rapports
3pL3 /2EI calculs pour une poutre simple taient toujours valables. On vrifie ici cette hypothse laide dune grille rectangulaire de 26,2 m par 16,2 m dont les positions des quatre coins
sont imposes et qui est soumise un chargement uniforme vers le haut. la diffrence de
lexemple prcdant o lon divisait par deux linertie des poutres pour converger vers la chanette, on multiplie ici progressivement la charge applique par dix. Dun point de vue physique,
leffet obtenu est identique, il sagit toujours de faire varier le rapport adimensionnel pL3 /EI en
gardant tous les paramtres constants sauf un. chaque tape, on mesure la distance moyenne
qui spare la grille en quilibre du filet invers et on les regroupe dans le tableau 4.2. Comme
pour la poutre simple, mesure que le rapport pL3 /EI augmente, la forme de la grille converge
vers celle du filet suspendu et la raideur en flexion devient ngligeable lorsque le rapport pL3 /EI
est suprieur 1000.
Au dbut, pour les faibles valeurs de pL3 /EI, la structure est trs plate comme on peut le
voir sur la figure 4.8 : les barres centrales sont quasiment droites et seules les barres latrales

4.2 Formes funiculaires contour impos

135

sont dformes. En dehors de lcart qui spare la forme de la figure 4.8 de celle du filet invers
de la figure 4.11, on remarque quelle ne possde quune trs faible courbure. proprits de
section gale, elle aura donc, une fois triangule, une rsistance mcanique et une raideur trs
faibles comparativement celle du filet invers.
Tab. 4.2 volution de la distance entre la grille flchie et le filet invers avec le rapport pL3 /EI.
pL3 /EI
moy en cm
max en cm

1,79
321,6
648,7

17,9
258,5
505,2

179
7,8
17,0

1794
0,0
0,1

Quand on augmente lgrement le rapport pL3 /EI, la distance moyenne entre le filet invers
et la grille reste du mme ordre de grandeur que celle de la grille prcdente : 258 cm pour
pL3 /EI = 17,9 et 321 cm pour pL3 /EI = 1,79. La partie centrale sarrondit un peu mais la structure
reste trs plate (cf. figure 4.9). La flche de la grille dans la partie centrale ne dpasse pas les
5 % de la largeur et 14 % de la longueur de la structure ce qui est encore insuffisant si lon
considre que leffet coque se produit pour des flches suprieures 10 %. Le comportement de
cette structure aprs triangulation devrait donc a priori rester plus proche de celui dune grille
que dune coque.

Fig. 4.8 Grille obtenue pour pL3 /EI=1,79.

Fig. 4.9 Grille obtenue pour pL3 /EI=17,9.

Fig. 4.10 Grille obtenue pour pL3 /EI=179.

Fig. 4.11 Filet invers correspondant.

136

4. Forme et gridshells

En multipliant une nouvelle fois par dix le rapport pL3 /EI, les carts entre la structure et le
filet invers changent dchelle et il devient dlicat lil nu de diffrencier la grille obtenue
pour pL3 /EI = 179 de la figure 4.10 et le filet de la figure 4.11. En passant pL3 /EI=1794,
la grille et le filet sont indiscernables, les carts entre les points sont infrieurs au millimtre
(cf. tableau 4.2). Le facteur adimensionnel propos dans ce paragraphe est donc le bon outil
pour savoir quels sont les efforts appliquer sur une grille rectangulaire pour atteindre la forme
dun filet invers. Lordre de grandeur de ce facteur dpend de langle initial que forment les
barres flchis avec leurs cordes : en de de 60 les effets de la raideur en flexion sur la forme
sont ngligeables pour pL3 /EI 500 ou 1000 ; au del, ils sont ngligeables pour pL3 /EI 5000
ou 10000.
Par ailleurs, plus pL3 /EI est grand, plus les formes des grilles et du filet sont proches,
le comportement des gridshells correspondants sous chargement de poids propre seront donc
proches et leurs raideurs trs leves. Ainsi, mme si techniquement lalgorithme de relaxation
dynamique permet de concevoir et dtudier des formes qui refltent plutt la raideur naturelle
de la grille en flexion que le funiculaire du poids propre de la structure [54], on a intrt
conserver lide gnrale de la recherche de forme selon Frei Otto et chercher des formes qui
se rapprochent du funiculaire de leur poids propre car cest le meilleur moyen de concevoir
des structures lgres, le meilleur moyen dconomiser lnergie et la matire requises pour la
construction dun btiment.

4.3

Formes funiculaires contour libre

Pour les formes funiculaires contour impos, les conditions aux limites sont les points de
dpart de la recherche de forme : cest sur un jeu de points et de lignes dappuis que lon vient
construire la forme dquilibre du filet suspendu par un ajustement progressif de la longueur
des chanes situes sur le bords de la grille. Le contour de la grille nest alors que le rsultat de
tout le processus de dfinition de la forme. La prise en compte de la raideur des lments de
la grille va permettre le retournement de cette perspective : le contour de la grille va devenir
une donne dun problme dont les conditions aux limites sont laisses libres de varier dans
un certain domaine. La dmarche propose ici est donc nouvelle et rendue possible grce
lutilisation de la mthode de relaxation dynamique. Le vecteur de la forme reste une force
verticale uniformment rpartie de sorte que la structure converge vers une grille proche du
funiculaire de son poids propre ce qui garantit les bonnes performances mcaniques de la forme
finale. Ltude qui suit a pour objectif la dtermination de linfluence des paramtres de cette
nouvelle mthode de recherche de forme et ltablissement dune sorte de guide de conception
qui permet de limiter lala du passage de la grille une forme funiculaire contour libre.

4.3.1 Les paramtres de dfinition de la grille


Ds lors que la grille plat devient le point de dpart de la recherche de forme, le problme
devient beaucoup plus riche que ne ltait celui du filet suspendu et la dfinition prcise des

4.3 Formes funiculaires contour libre

137

paramtres qui caractrisent la grille, indispensable. Les travaux de lIL ont montr que les seules
topologies de grille qui satisfassent la fois les conditions cinmatiques de dployabilit de la
grille et les conditions de continuit des barres sont les grilles formes de paralllogrammes4 . Il
y a donc six paramtres pour la recherche de forme :
le contour dans lequel sinscrit la grille (carr, circulaire, elliptique, hexagonal ou de forme
beaucoup plus complexe) ;
le pas de la grille : rgulier ou non, lche ou dense ;
lorientation des deux directions de barres : la fois lune par rapport lautre et par
rapport aux lignes caractristiques du contour ;
les raideurs relatives des lments entre eux ;
les conditions dappui de la grille (appuis fixes ou glissants, sur une ligne droite ou courbe,
sur un plan, etc.) ;
le taux de chargement extrieur.
Les variations de chacune de ces grandeurs sont infinies et une tude systmatique des
possibilits offertes par la mthode semble vaine. Nanmoins, on peut avec quelques essais
se forger une ide de linfluence de lun ou de lautre de ces paramtres et ainsi limiter la part
dalas et orienter la forme dans la direction que lon souhaite. Pour sen convaincre, on tudie
un certain nombre dexemples reprsentatifs construits sur deux contours de grille lmentaires :
un carr et un cercle (cf. respectivement figures 4.12 et 4.13).

Fig. 4.12 Grille lmentaire carre.

Fig. 4.13 Grille lmentaire circulaire.

Les deux grilles ont des proprits semblables : le ct du carr et le diamtre du cercle
mesurent dix mtres, le pas des deux grilles est de un mtre, les proprits des sections sont
identiques (E = 25 GPa, S = 4,2 cm2 et I = 7,9 cm4 ) et toutes les structures sont soumises un
chargement uniforme p de 120 N/ml dirig perpendiculairement au plan de la grille (Les raisons
de ce choix sont expliques dans le paragraphe ci-dessous).

4.3.2 Influence du taux de chargement


Pour dterminer linfluence du taux de chargement sur la forme dune grille, on sintresse
la forme que prend naturellement une poutre sur appuis simples sous laction dune charge uniformment rpartie que lon augmente progressivement. Chaque forme lquilibre est compa4 IL10

Gitterschalen, [78], p. 38-45.

138

4. Forme et gridshells

re la chanette de mme longueur dont les positions des extrmits sont celles des extrmits
de la poutre lquilibre. Pour chaque tape de chargement, on effectue donc deux calculs : un
premier sur une poutre de 10 m de long avec une section de 5 cm2 , une inertie de 10 cm4 et un
module dYoung de 30 GPa dont les extrmits sont libres de se dplacer horizontalement (cf.
schma de la figure 4.14) ; un deuxime sur un cble de mme longueur et mmes proprits
gomtriques et mcaniques avec les extrmits fixes. On note que le problme tudi ici est
diffrent de celui du paragraphe 4.2.2 : la poutre prcdente tait hyperstatique et ses conditions
aux limites fixes lui imposaient une courbure en labsence de chargement ; ici, les appuis sont
libres horizontalement, la poutre ne se dforme que sous laction du chargement extrieur. Le
but est dune part dtudier lordre de grandeur des dformations associes au taux de chargement qui est mesur par le rapport adimensionnel pL3 /EI et dautre part de voir quelle distance
spare la forme de la poutre flchie de celle de la chanette.

Fig. 4.14 Mthode dobtention dune pseudo-chanette.


Aprs chaque calcul, on note langle dattaque de la barre ainsi que la distance moyenne
entre la dforme obtenue et la chanette correspondante. On peut ainsi tracer les deux graphiques des figures 4.15 et 4.16. Le premier reprsente lvolution de langle en fonction du
rapport pL3 /EI, elle permet de savoir quelle va tre la forme prise par une poutre pour un taux
de chargement donn. On constate que, jusqu 50 ou 60, la forme est trs sensible au taux de
chargement car langle augmente rapidement avec le rapport pL3 /EI. Au del de 60, langle
augmente beaucoup plus lentement et tend vers sa limite, 90 ; les deux extrmits de la poutre
sont alors confondues, la poutre est replie sur elle-mme et parfaitement tendue.
Par ailleurs, la comparaison des valeurs du facteur adimensionnel pL3 /EI de la figure 4.15
avec celles du tableau 4.1 montre que les valeurs des rapports de mise en forme de la poutre
sont infrieurs (environ dix fois) celles pour lesquels linfluence de linertie de flexion tait
ngligeable. Cela est logique car ici la forme est dtermine par le taux de chargement et il faut
pour cela que la raideur en flexion ne soit pas ngligeable devant ce dernier, faute de quoi langle
tend vers 90et la poutre se replie sur elle-mme.
Le second graphique (cf. figure 4.16) reprsente la distance moyenne entre la chanette et la
dforme de la poutre en fonction du rapport pL3 /EI. On observe que celle-ci reste infrieure
3 cm tant que langle dattaque reste infrieur 65, avec un optimum vers 57,5. Ces rsultats
sont en accord avec ceux du tableau 4.1, tant sur lordre de grandeur des rapports pL3 /EI que sur
la position du minimum de lcart relatif de hauteur entre lelastica et la chanette. Il semble donc
que la mthode qui consiste laisser les extrmits dune barre soumise un effort vertical, libres
de se dplacer sur un plan horizontal conduise naturellement des formes quasi-funiculaires

4.3 Formes funiculaires contour libre

139

tant que le rapport pL3 /EI reste infrieur 65. Elle peut donc avantageusement tre utilise
pour la recherche de forme de gridshells avec un contour libre. Cest la raison pour laquelle un
chargement de 120 N/ml choisi pour les deux grilles de rfrence (cf. figures 4.12 et 4.13) a t
choisi. Il correspond pour les barres les plus longues (celles de dix mtres) un rapport pL3 /EI
de lordre de 60, exactement dans la zone dans laquelle la dforme de la poutre est proche
de la chanette. Toutes les formes prsentes par la suite auront donc, une fois triangules, un
comportement optimal sous poids propre.

Fig. 4.15 volution de langle avec le rapport pL3 /EI.

Fig. 4.16 volution de la distance la chanette.

4.3.3 Influence des conditions aux limites


Quelle que soit la dmarche de recherche de forme, on constate quon ne peut pas la fois
imposer le contour de la grille et le contour de la forme en quilibre. Dans le cas dun filet
suspendu, cela conduirait des structures partiellement dtendues et donc des structures qui
natteindraient pas lobjectif de la recherche de forme ; ici, la mise en tension de lensemble de
la structure est prfrable (car elle signifie que lon est proche du funiculaire du poids propre),
mais ce nest pas le seul critre structurel et limposition simultane des deux contours conduit
des barres soumises de brusques changements de courbure synonymes de zones de fortes
contraintes comme lillustre les exemples qui suivent.
Sur la figure 4.17, on peut voir la forme que prend la grille carre sous une charge verticale
uniforme lorsquon maintient les extrmits de toutes les barres dans la plan initial de la grille
mais quon les laisse libres de se dplacer horizontalement dans ce plan. Cette forme est comparer celles des trois figures suivantes. La forme de la figure 4.18 a t obtenue en bloquant
compltement les positions des extrmits des barres. Ces positions sont dfinies par une homothtie de rapport 4/5e des positions prcdentes (le rapport 4/5e correspondant peu prs au
dplacement moyen des extrmits la grille de la figure 4.17). La forme de la figure 4.19 rsulte
dun processus similaire au prcdent mais dans lequel les contraintes gomtriques sont plus
souples : les extrmits des barres sont toujours dplaces artificiellement sur les bords dun
carr dont le ct mesure les quatre cinquimes du ct de la grille initiale mais cette fois les
extrmits des barres glissent librement sur le ct du carr. Enfin, la forme de la figure 4.20 est
nouveau obtenue par un assouplissement des conditions aux limites de la deuxime forme,
sur deux cts opposs, les extrmits glissent dsormais librement sur le plan.

140

4. Forme et gridshells

Fig. 4.17 Grille carre avec tous les appuis


glissants sur le plan.

Fig. 4.18 Grille carre avec tous les appuis


bloqus.

Fig. 4.19 Grille carre avec des appuis glissants sur des lignes parallles aux lignes dappuis.

Fig. 4.20 Grille carre avec deux lignes opposes glissants sur le plan et deux sur une
ligne.

Fig. 4.21 Grille circulaire avec tous les appuis


glissants sur le plan.

Fig. 4.22 Grille circulaire avec tous les appuis


bloqus.

Fig. 4.23 Grille circulaire avec tous les appuis glissants sur un cercle.

4.3 Formes funiculaires contour libre

141

On remarque que moins on bloque de degrs de libert, plus la courbure gnrale de la grille
est importante et plus la rpartition des courbures est uniforme. La partie centrale des formes
contraintes est beaucoup plus plate que celle de la forme libre et, de mme, les barres dans les
angles des figures 4.18, 4.19 et 4.20 sont beaucoup plus flchies que celles de la figure 4.17.
Les mmes remarques sont valables dans le cas dune grille circulaire. En effet, si lon considre la forme que prend naturellement la grille circulaire sous laction dune charge uniformment rpartie lorsquon laisse les extrmits de ses barres libres de glisser dans le plan de la
grille (cf. figure 4.21) et celle quelle prend lorsquon bloque les positions de ses extrmits sur
un cercle homothtique (cf. figure 4.22) ou lorsquon les laisse libres de se dplacer sur ce mme
cercle homothtique (cf. figure 4.23), on constate nouveau que la forme libre est plus courbe et
plus uniformment prcontrainte que les deux formes dont les conditions aux limites sont plus
ou moins svrement imposes.

4.3.4 Influence des singularits du contour


Le contour ou le primtre dans lequel sinscrit la grille est dfini par une courbe le long
de laquelle les conditions aux limites varient. On va voir que pour obtenir des formes performantes mcaniquement, les variations des conditions aux limites doivent tre en accord avec les
singularits du contour. On prcise tout dabord quelques points de vocabulaire. On dsigne par
contour lisse un contour continu et drivable, et par contour singulier un contour avec des
points singuliers. De mme, on appelle conditions dappui lisses des conditions dappui qui
ne varient pas brutalement entre deux points dappui successifs et conditions dappui singulires des conditions dappui qui varient brutalement. Ainsi le carr est un contour singulier
et le cercle un contour lisse ; de mme des appuis glissants partout constituent des conditions
dappui lisses et des appuis fixes ponctuellement des conditions dappuis singulires.

Fig. 4.24 Profil de la grille carre avec tous les appuis glissants sur le plan.

Fig. 4.25 Profil de la grille circulaire


avec tous les appuis glissants sur le plan.

Ces prcisions faites, on peut comparer les diffrentes associations possibles : par exemple,
la figure 4.24 et la figure 4.25 qui sont les vues de profil des figures 4.17 et 4.21. La premire
rsulte de lassociation dun contour singulier (le carr) avec des conditions aux limites lisses (les
extrmits de toutes les barres glissent librement sur le plan). La seconde rsulte de lassociation dun contour lisse (le cercle) avec des conditions aux limites lisses (ici aussi, les extrmits
glissent librement sur le plan). On observe que la grille carre conduit une forme moins habitable que la grille circulaire, une forme avec des zones trs plates dans les angles qui sont

142

4. Forme et gridshells

propices lapparition de flexion. Le comportement des formes rsultant de lassociation dun


contour singulier et de conditions dappuis lisses semble donc moins performant que celui des
formes issues de lassociation dun contour lisse et de conditions dappui lisses.
Il semble que la rciproque soit galement vraie et que lassociation dun contour lisse et
de conditions dappui singulires conduit des formes tout aussi peu performantes et peu
habitables. Par exemple, les figures 4.26 et 4.27 sont obtenues en ajoutant des barres de rives sur
les quatre cts de la grille carre lmentaire et en fixant ponctuellement le milieu de chaque
ct sur le plan de la grille. Dans la premire structure, les barres de rive sont interrompues au
droit des appuis ce qui introduit une singularit dans le contour de la grille alors que, dans la
seconde structure, le contour est lisse parce que les barres de rive sont continues. On observe bien
que les ouvertures de la forme avec les rives continues sont plus troites et plus basses que la
forme aux rives brises qui, par ailleurs, touche le sol avec plus dlgance. En outre, les poutres
de rives de la forme de la figure 4.27 ne permettent pas de retransmettre les efforts verticaux en
ligne droite jusquaux appuis, elles seront donc soumise des efforts de flexion important. Pour
optimiser le comportement mcanique de la forme finale, il semble donc prfrable dassocier
des contours et des conditions aux limites de mme nature.

Fig. 4.26 Grille carre sur quatres appuis


avec des barres latrales interrompues.

Fig. 4.27 Grille carre sur quatres appuis


avec des barres latrales continues.

4.3.5 Influence de la rgularit du maillage


Aucun exemple pertinent dans lequel la rgularit du maillage joue un grand rle dans la
recherche de forme na pu tre trouv. Il semble que ce paramtre soit plus li la phase de
conception et de dimensionnement de la structure qu la phase de recherche de forme et que
le principe retenir soit celui dune redensification du maillage dans les zones plus faible
courbure de faon compenser le manque de raideur gomtrique par une raideur matrielle.

4.3.6 Influence de lorientation de la grille par rapport son contour


La grille telle quelle est assemble pour la mise en forme constitue une sorte de macromatriau anisotrope avec deux directions principales et sans rigidit en cisaillement. Lorientation de ces directions par rapport aux lments caractristiques du primtre de la grille, comme
les plans de symtrie, joue donc un rle particulirement important dans le processus. Ainsi, si
lon opre une rotation de 45 des axes de la grille carre lmentaire (cf. figure 4.12) lintrieur

4.3 Formes funiculaires contour libre

143

de son primtre, on obtient une nouvelle grille reprsente sur la figure 4.28. On compare ensuite les dformes des deux grilles sous le mme chargement et avec des conditions aux limites
glissantes partout et on constate que la forme de la figure 4.29 est trs diffrente de la forme
de la figure 4.24. La grille 45 est moins tale, plus haute et possde des parois latrales plus
verticales, car, dans la grille 45, les diagonales sont plus longues que les barres courantes de
la grille carre lmentaire ce qui permet datteindre des hauteurs plus importantes.

Fig. 4.28 Variante 45de la grille lmentaire carre.

Fig. 4.29 Profil de la variante de la grille carre avec tous les appuis glissants.

Une autre illustration du rle jou par lorientation rciproque de la grille et de son contour
est donne par les figures 4.30 et 4.31. Les deux formes sont issues respectivement de la grille
carre lmentaire et de la grille 45. Dans les deux cas, toutes les extrmits des barres sont
libres lexception de celles qui arrivent au milieu de chaque ct du carr dont le dplacement
vertical est bloqu. Dans la seconde figure, les barres dont le dplacement est bloqu ne passent
pas par le centre du carr, elles ne brident donc pas le dveloppement vers le haut de la grille
si bien que la forme de la figure 4.31 offre un espace central beaucoup plus vaste que celle de la
figure 4.30. Pour dgager de grands volumes, on a donc intrt choisir lorientation de la grille
de faon ce que la plupart de ses barres ne suivent pas les directions de plus forte courbure de
la forme finale.

Fig. 4.30 Profil de la grille carre sur quatres


appuis.

Fig. 4.31 Profil de la grille carre 45sur


quatres appuis.

4.3.7 Influence de lorientation relative des deux directions de la grille


Le paragraphe prcdent a mis en vidence limportance du choix de lorientation des directions principales de la grille par rapport son contour. Dans les exemples prsents jusqu
maintenant, les deux directions principales du maillage taient toujours perpendiculaires. Or
rien nimpose ce choix et langle entre ces deux directions peut tre fix librement puisque les
barres sont articules entre elles. Pour tudier linfluence de cet angle indpendamment du ph-

144

4. Forme et gridshells

nomne prcdent, les grilles qui vont tre testes ici sont construites sur un primtre circulaire,
cest--dire sur un primtre qui ne possde pas dorientation ou de ligne directrice particulire.
Quatre angles caractristiques sont choisis : 90, 110, 130et 150et les grilles correspondantes
sont prsentes respectivement sur les figures 4.32, 4.34, 4.36 et 4.38. Les formes dquilibre que
lon peut voir sur les figure 4.33, 4.35, 4.37 et 4.39 ct de la grille dont chacune est issue, sont
obtenues sous chargement uniforme en laissant les extrmits de toutes les barres libres de se
dplacer horizontalement.
On remarque que plus augmente, plus la grille stend dans la direction dfinie par la
bissectrice de . En effet, la grille possde un degr de libert en cisaillement dans son propre
plan ce qui lui permet notamment dtre mise en forme. Ce degr de libert peut aussi tre
utilis pour faire varier langle entre les barres et ainsi modifier le primtre initial de la grille
sans en changer les proprits intrinsques, cest--dire sans consquence sur la forme finale
de la structure. La transformation lie est quivalente au dploiement dun systme de
pantographes dont la direction dextension est donne par la bissectrice de langle obtus de la
grille (langle ). Les coordonnes des points de la grille x et y obtenue pour une transformation
quelconque dangle [0 ; 90 ] sexpriment facilement en fonction des coordonnes des points
x0 et y0 dans la grille de rfrence dangle 0 :

x=

cos(/2)
x0
cos(0 /2)

et

y=

sin(/2)
y0
sin(0 /2)

(4.2)

Ainsi la forme dquilibre de la grille circulaire dangle 130 est quivalente une ellipse
dont les barres sont perpendiculaires et dont le grand axe mesure 1,67 fois le rayon du cercle et
le petit axe 0,78 fois le rayon. De mme la grille dangle 150 est quivalente une ellipse daxe
perpendiculaire de grand axe 2,73 fois le rayon du cercle et de petit axe 0,73 fois le rayon. On
explique ainsi une grande partie de lextension horizontale des formes 4.35, 4.37 et surtout 4.39.
On remarque par ailleurs sur ces quatre figures, un resserrement progressif des barres dans la
zone la plus haute de la forme finale et une faible variation de hauteur dune barre lautre dans
cette zone. La raison en est que la forme finale de la grille est peu de chose prs obtenue par
assemblage darcs indpendants dont la dforme a t tudie dans le paragraphe 4.3.2. Tous
les arcs tant soumis au mme chargement et tous ayant des sections identiques, leur hauteur ne
dpend que de leur longueur. Or plus langle est lev, plus la longueur des barres voisines des
barres qui passent par le centre est proche de la longueur de celles-ci. Les hauteurs de ces barres
sont donc trs proches. Pour garantir la compatibilit des dformes de deux arcs successifs dans
la forme finale, une certaine distance horizontale entre eux est ncessaire et celle-ci crot avec la
diffrence de hauteur. Les arcs du centre tant de longueurs voisines, leurs dformes ont des
hauteurs trs proches et, par consquent les distances qui les sparent sont faibles. Les parties
centrales des figures 4.37 et 4.39 sont donc logiquement plus denses que celles des figures 4.33
et 4.35. Pour viter cette densification, il suffirait dintroduire une irrgularit dans le maillage
initial afin que le grille soit dautant plus resserre que la diffrence entre la longueur entre deux
barres successives est importante.

4.3 Formes funiculaires contour libre

145

Fig. 4.32 Grille initiale avec =90.

Fig. 4.33 Forme finale correspondante.

Fig. 4.34 Grille initiale avec =110.

Fig. 4.35 Forme finale correspondante.

Fig. 4.36 Grille initiale avec =130.

Fig. 4.37 Forme finale correspondante.

Fig. 4.38 Grille initiale avec =150.

Fig. 4.39 Forme finale correspondante.

146

4. Forme et gridshells

4.3.8 Influence de la raideur relative des lments


On rappelle que, dans ce chapitre, il nest question que de recherche de forme, que la raideur des lments ne reprsente pas forcment les proprits gomtriques et mcaniques des
sections de la structure relle. On peut donc librement faire varier les raideurs relatives des lments dune grille pour modifier le rsultat de la recherche de forme ; le dimensionnement de la
structure est une tape indpendante qui fera lobjet du paragraphe 5.1.

Fig. 4.40 Grille carre avec raidisseur.

Fig. 4.41 Grille circulaire avec raidisseur.

On note alors que la raideur dun lment flchi est toujours proportionnelle au facteur
EI/L3 , ce qui signifie quelle nest pas seulement lie aux proprits des sections mais galement
la longueur des barres. section gale, les barres longues sont toujours beaucoup plus souples
que les barres courtes. Ainsi, on pourrait penser que daugmenter linertie dune des barres qui
passe par le centre du carr ou du cercle permet dobtenir une forme avec un double dme. Or il
nen est rien comme on peut le constater sur les figures 4.40 et 4.41. Ces figures sont les rsultats
de simulations identiques celles des figures 4.17 et 4.21 ceci prs quon a multipli linertie de
lune des barres par 32. Les mmes efforts sont appliqus avec les mmes conditions aux limites.
Au lieu de deux dmes jumeaux, on observe un tassement gnral de la structure.
Dans les deux cas, lune des barres qui passent par le centre est trs rigide, elle se dforme
donc peu et se comporte comme un appui semi-rigide pour les barres dans la direction perpendiculaire. Statiquement ces barres sont donc quivalentes des poutres continues sur trois appuis.
Leur porte a donc t divise par deux et par consquent leur raideur en flexion multiplie
par huit. La charge uniforme applique la structure tant inchange, elle est incapable de la
dformer jusquaux hauteurs prcdentes. Modifier les raideurs dune barre dans une direction
a donc des effets considrables sur les raideurs effectives des barres dans la direction oppose.
Pour obtenir les structures deux dmes, on peut par exemple doubler la longueur dun
des cts de la grille carre. Si lon conserve le mme niveau de chargement, les mmes proprits des sections lexception de la barre courte qui passe par le centre dont la raideur vaut
trente-deux fois la raideur des autres barres, on converge alors vers la forme dquilibre de la
figure 4.42. De mme, en considrant que le cercle est une ellipse et doublant la longueur de
son grand axe, la multiplication par 128 de linertie dune des barres qui passent par le centre
conduit la forme de la figure 4.43.

4.4 Formes surface impose

Fig. 4.42 Grille rectangulaire avec raidisseur.

147

Fig. 4.43 Grille elliptique avec raidisseur.

4.3.9 Rcapitulatifs des conseils de conception


Lensemble des essais numriques qui viennent dtre effectus a permis de dterminer linfluence des paramtres de cette nouvelle mthode de recherche de forme. En outre, ils ont permis
dtablir un certain nombre de conseils pour le concepteur afin de limiter lala lors du passage
de la grille la forme courbe ; en voici les principaux :
Le comportement mcanique durant la recherche de forme est un comportement virtuel,
un simple moyen de parvenir la forme finale. Les proprits relles des sections et des
matriaux ne sont introduites que dans ltape de dimensionnement qui fait lobjet du
chapitre suivant.
Les conditions aux limites doivent tre laisses aussi libres que possible pour viter les
formes trop plates et les lments trop forts changements de courbure.
Le primtre de la grille de dpart et les conditions dappuis doivent tre choisis de faon
cohrente, cest--dire en associant les singularits entre elles.
Lorientation des directions principales de la grille dfinit les directions danisotropie de la
grille, elle a donc une influence importante sur la forme finale de la structure. Il faut donc
choisir en consquence lorientation de ces directions par rapport au contour de la grille.
lintrieur dun primtre donn, langle form par les directions principales de la grille
change les proprits intrinsques de la grille. Lorsque les conditions aux limites sont
libres, une augmentation de cet angle provoque une dilatation la structure dans la direction dfinie par la bissectrice de celui-ci et les directions principales de la grille tendent
devenir perpendiculaires.
Une modification ponctuelle de la raideur a des effets sur lensemble de la structure ; elle
influence en particulier les barres dans la direction oppose, car elle leur sert dappui
intermdiaire et augmente considrablement par l leur raideur.

4.4

Formes surface impose

Les formes funiculaires contour libre et contour impos ont quelque chose de frustrant
pour un architecte parce que le processus de cration de la forme leur chappe. Ces formes sont
pourtant dans lair du temps et les btiments surfaces courbes connaissent comme on le verra
un vritable essor avec la blob architecture . On dveloppe donc dans les paragraphes qui

148

4. Forme et gridshells

suivent les bases dune nouvelle mthode de recherche de forme qui va permettre de gnrer
une grille en quilibre dont la forme sera trs proche dune surface impose.

4.4.1 Des structures pour la blob architecture


La blob architecture se distingue de larchitecture classique par labandon de la verticalit, de la rectitude et de la symtrie. Cest une architecture toute en courbes, fluide et souvent
organique que lon appelle parfois aussi blobitecture . lorigine, BLOB (Binary Large OBject)
est un terme technique qui dsigne la reprsentation numrique dun objet et par extension, les
objets conus grce loutil informatique. Les formes courbes intressent les architectes depuis
plusieurs dizaines dannes, notamment le groupe Archigram, mais, avec le dveloppement de
linformatique, elles connaissent aujourdhui un certain succs et les ralisations se multiplient.
On peut citer entre autres latrium de la DG Bank de Frank Gehry (figure 4.44) dont la couverture a dj t mentionne (cf. paragraphe 1.1.3) et le nouveau muse de Graz (figure 4.45) de
Peter Cook, un ancien membre dArchigram.

Fig. 4.44 Intrieur de la DG Bank Berlin


(Allemagne) de Frank Gehry .

Fig. 4.45 Le nouveau muse de Graz (Autriche) de Peter Cook et Colin Fournier.

Lune des principales difficults poses par ces formes est celle de la conception dune structure porteuse adapte. Pour la couverture du btiment de F. Gehry ci-dessus, le bureau dtude
de Jrg Schlaich a propos une mthode particulirement lgante de rationalisation de la forme
par des jeux dhomothties et de translations [43]. Cependant cette solution avec ces facettes
triangulaires et ses diaphragmes de cbles concentriques est assez coteuse et difficilement gnralisable. Il semble que les gridshells pourraient fournir une solution alternative pertinente
pour la construction de telles structures. En effet, une mthode pour la cration de grilles orthogonales sur une surface gauche quelconque a t dveloppe par lIL5 . Elle est brivement
rappele ci-dessous et applique une demi-sphre afin den montrer la simplicit et le potentiel pour la cration de gridshells sur des formes imposes. Cest vraisemblablement la mthode
qui a t utilise pour trouver la grille plat dont est issue le gridshell de Downland (cf. paragraphe 1.4 et figure 1.18), mais aucune information prcise ni aucune tude systmatique nont
pu tre trouves sur le sujet.
5 IL10

Gitterschalen, [78], 1974, p. 140-170.

4.4 Formes surface impose

149

4.4.2 Dveloppement des surfaces gauches


Les gridshells sont des surfaces double courbure obtenues par transformation dune grille
plane forme de deux directions de barres. Pour pouvoir tre mise en forme, la grille doit tre
constitue uniquement de paralllogrammes. Lobjectif de la mthode de dveloppement des
surfaces, dite mthode du compas , est donc la dfinition dune mthodologie de construction
dun rseau de paralllogrammes sur une surface quelconque. La prsentation qui en est faite
ici sinspire trs largement de louvrage IL10 Gitterschalen [78] et de ses figures.
On va commencer par dcrire les diffrentes tapes de la mthode sur une surface plane pour
des raisons de clart videntes. Tout dabord on trace sur le plan deux lignes quelconques que
lon appelle directrices (cf. figure 4.46), qui doivent se croiser une et une seule fois et si possible
ne pas prsenter de variations brusques de courbure. Ces deux lignes sont subdivises laide
dun compas en segments lmentaires selon un pas qui correspond la dimension de la maille
de la future grille.

Fig. 4.46 tape 1 : Construction et subdivision des directrices.


Ensuite, le plan tant divis en quatre rgions par les deux directrices, on en choisit une et,
partir des deux points les plus proches de lintersection des directrices, on construit au compas
un nouveau point gale distance de ces deux points. Ces trois points et lintersection des directrices forment un paralllogramme. Puis, de proche en proche, on construit de nouveaux points
laide de deux points existants et dun compas dont lcartement reste constant. Diffrents tats
davancement sont illustrs sur la figure 4.47.

Fig. 4.47 tape 2 : Construction du maillage de proche en proche laide dun compas.
Le processus sarrte lorsque toute la rgion est couverte de paralllogrammes. On recommence alors depuis lintersection des directrices dans chacune des trois autres rgions du plan.
la fin, on a ralis un maillage du plan par des paralllogrammes dont on peut relier les cts
de faon former des barres continues.

150

4. Forme et gridshells

Fig. 4.48 Schmas de principe du maillage dune sphre avec la mthode du compas : trac
et subdivision des deux directrices ; cration dun nouveau point partir de lintersection et, de
proche en proche, cration dun maillage de paralllogrammes.

4.4.3 Construction dun gridshell hmisphrique


Pour une demi-sphre, le principe de la construction du maillage est exactement le mme
que dans le plan. On commence par tracer deux lignes directrices sur la demi-sphre, que lon
subdivise en lments dgales dimensions. Ensuite, on construit les points du maillage un
un en partant des points les plus proches de lintersection des directrices. La figure 4.48 montre
comment chaque nouveau point est obtenu en calculant lintersection de la demi-sphre avec
deux sphres centres sur les deux points voisins dont la position est dj connue et dont le
rayon est le pas du maillage. Le processus a t automatis et implment de faon ce que la
structure des donnes soient compatibles avec AlgoRD, le programme de relaxation dynamique
dvelopp qui sera prsent au paragrapheA6 . la fin du processus, on a construit sur la sphre
une grille de barres continues et dont toutes les mailles sont des paralllogrammes. Cette grille
peut donc tre mise plat comme le montre la figure 4.49.

Fig. 4.49 Mise plat de la grille hmisphrique de la figure 4.50.

Fig. 4.50 Gridshell hmisphrique pour un


angle de 90entre les directrices.

On note cependant que la structure obtenue aprs ltape de maillage nest pas en quilibre.
En effet, cette tape est purement gomtrique et la raideur en flexion des lments na pas t
prise en compte. Comme les barres qui constituent la structure sont initialement droite (cf. figure 4.49), elles sont fortement prcontraintes dans la configuration de la figure 4.50. Donc, si
on introduit dans cette structure la raideur en flexion des lments ainsi que des conditions aux
6 Cf.

S. Andreatta, [6], 2007, p. 9-11.

4.4 Formes surface impose

151

limites, les barres vont se dplacer jusqu atteindre une position dans laquelle les prcontraintes
de flexion squilibrent entre elles. Pour calculer cette forme dquilibre, la mthode de relaxation dynamique est un outil particulirement adapt et elle va permettre de passer dune simple
construction gomtrique une structure en quilibre.
Par exemple, pour une grille dont les directrices forment un angle de 90 et dont toutes les
barres sont articules sur le sol leurs extrmits, le calcul aboutit la forme de la figure 4.50.
Cette forme nest pas une exactement une demi-sphre, elles est lgrement aplatie sur le dessus.
Pour se rapprocher de la sphre parfaite, on pourrait ajouter des conditions aux limites supplmentaires qui correspondraient autant de points de contrle ou de systmes dchafaudage sur
un chantier. On peut aussi garder ces conditions aux limites trs simples et modifier le maillage,
notamment en variant langle form par les deux directrices. Cest ce que lon a fait ici pour des
angles compris entre 45 et 90. Aprs chaque calcul, les valeurs positives et ngatives des carts
relatifs au rayon de la sphre ont t mesurs et reports sur le graphique de la figure 4.51. Selon
ce critre, il apparat que cest la sphre obtenue pour des directrices perpendiculaires, celle de
la figure 4.50, qui est le plus proche de la sphre.

Fig. 4.51 volution de la distance la sphre en fonction de langle form par les directrices.

4.4.4 Perspectives
Outre le critre de la distance la forme utilis dans le paragraphe prcdent, de nombreux
autres critres sont envisageables pour juger de la pertinence du maillage parmi lesquels on
peut citer : la minimisation des contraintes, leur uniformisation, lhomognisation du maillage,
sa complexit, la minimisation du nombre de points de contrle, etc. La dtermination du critre
opportun, de son domaine de validit est encore un sujet de recherche ouvert. Paralllement se
pose la question de la gnration du maillage et du choix de ses paramtres : comment tracer
les directrices sur une forme quelconque, selon quelles lignes (godsiques, lignes de courbure
moyenne. . .), quelle est linfluence du pas du maillage, comment optimiser le maillage partir
de solution prexistante, etc. Les pistes l aussi sont nombreuses et nont notre connaissance
pas fait lobjet de recherches approfondies ce jour.

152

4. Forme et gridshells

4.5

Conclusion

Le procd de montage des gridshells partir dune grille plane ncessite une tape spcifique de conception dont la finalit est la dfinition mme de la forme de la structure et quon
appelle la recherche de forme. Toutes les formes ntant pas quivalentes sur le plan mcanique,
Frei Otto a dfini comme objectif de la recherche de forme loptimisation du comportement de la
structure vis--vis des efforts de poids propre. Sinspirant des maquettes et de lapproche dAntonio Gaudi, il a mis au point une dmarche qui, par le retournement virtuel de filets suspendus,
donne des formes en compression pure. La forme du filet tant, dans ce protocole, une consquence de ses conditions dappui, il propose donc une classification des gridshells par systme
de fondation.
La nature physique de ses maquettes et leur absence de raideur en flexion orientent cependant trs largement la recherche de forme. Certes on a vu qu lchelle du gridshell de Mannheim, linertie des lments de la grille pouvait tre nglige et que les efforts mettre en uvre
pour dformer la grille taient de lordre du poids propre de celle-ci. Il nen reste pas moins que
cette raideur en flexion existe et que lon peut sen servir pour donner naissance dautres types
de formes dans lesquelles le contour de la forme ou la position finale de ses appuis nest plus
une donne mais une consquence de la forme de la grille plat et de sa raideur. Les paramtres
de la recherche de forme deviennent alors beaucoup plus nombreux et il est ncessaire de bien
comprendre leur influence. Dans ce chapitre, un certain nombre de simulations ont t effectues avec lalgorithme de relaxation dynamique qui permet justement de prendre en compte la
raideur en flexion des lments (ce qui ntait pas possible dans les annes 1970). Ces essais ont
conduit ltablissement de recommandations pour limiter la part dalas et orienter la forme
dans la direction que lon souhaite.
Dans la dernire partie, une troisime mthode, dite mthode du compas , a t prsente.
Elle permet de construire des grilles formes de barres continues et parallles sur une surface
courbe. Lapplication sur une demi-sphre qui en a t faite et son association avec un calcul
avec lalgorithme de relaxation dynamique paraissent trs prometteuses. De nombreuses questions restent encore rsoudre avant de pouvoir appliquer cette mthode nimporte quelle
surface courbe ; nanmoins il semble que lon dispose des moyens thoriques pour concevoir
des structures et le systme de montage dune architecture de courbes.

Chapitre 5

Conception et tude numrique du


comportement mcanique du premier
gridshell en composites
Avant dillustrer par un exemple les mthodes de recherche de forme du chapitre prcdent,
on sefforcera de donner un cadre rglementaire pour ltude du comportement mcanique des
gridshells en composites. Il semble aujourdhui naturel que le dimensionnement dun gridshell
en composites sinscrive dans le cadre gnral des Eurocodes. Comme il nexiste pas de tome
spcifiquement ddi aux matriaux composites, des coefficients partiels de scurit et des critres de vrifications seront proposs sur la base des recommandations trouves dans le livre de
L. Hollaway et P. Head1 .
Lutilisation pratique de ces coefficients sera ensuite mise en lumire par la conception et
ltude numrique du comportement du prototype de gridshell en matriaux composites dont la
construction sur le site de lcole Nationale des Ponts et Chausses ainsi que ltude exprimentale seront dtailles dans le chapitre 6. Aprs la premire tape de la recherche de forme, on
tudiera linfluence des excentricits sur la gomtrie finale de la structure ainsi que linfluence
du procd de montage. Ensuite, on montrera que la triangulation laide dune troisime direction de barres est la solution la plus pertinente pour les gridshells et on proposera une mthode
numrique pour la simulation de la mise en place de ces barres supplmentaires. Les performances mcaniques de deux schmas de triangulation seront galement compares. Enfin, on
effectuera une vrification de la structure selon les rgles prconises au dbut du chapitre et
on en dduira quelques traits spcifiques du comportement mcanique des gridshells en composites.

1 Cf.

L. Hollaway et P. Head, [?], p. 89-105.

154

5. Conception et tude du comportement du prototype

5.1

Codes et mthodes de dimensionnement des gridshells en matriaux composites

Le dimensionnement dun gridshell en composites est une tche dlicate car il nexiste pas
de btiments de rfrence. Seuls quelques gridshells en bois ont t construits dans le monde
et ces structures atypiques apparaissent encore peu sres aux yeux de beaucoup de matres
douvrage, notamment cause de leur procd de construction qui induit un tat de prcontrainte permanente par flexion. De plus, les matriaux composites sont aujourdhui relativement
peu utiliss dans le btiment et le gnie civil (cf. paragraphes 2.1.3 et 2.1.4) ce qui l aussi entrane une certaine mfiance des matres douvrage et des entreprise de construction. Pour le
dimensionnement de la structure, il semble donc important de se rattacher au cadre usuel de la
rglementation des Eurocodes.

5.1.1 Dfinition du cadre rglementaire


Les Eurocodes sont les rglementations europennes unifies de la construction. Ils dfinissent un certain nombre de conditions, de performances quune structure doit satisfaire dans
le cadre de son fonctionnement ; ces conditions sont appeles tats limites. En fonction de la
probabilit doccurrence dun chargement, les exigences sur la structure changent. On distingue
ainsi principalement deux types dtats limites : ltat limite ultime qui dsigne une condition de
non-ruine de la structure sous une combinaison de charges de faible probabilit cest un critre
de scurit et ltat limite de service qui dsigne une limitation de la rponse des structures
sous une combinaison de charge normale cest un critre de confort . La vrification des tats
limites de service porte en gnral sur les dformations de la structure (limitation de flche pour
lacier et le bois ou douverture de fissures pour le bton). La vrification des tats limites ultimes porte en gnral sur la contrainte qui ne doit pas accder la rsistance limite du matriau
et sur la stabilit globale de la structure. En dehors de ltude des cas accidentels, les charges
sont majores par un coefficient de scurit (1,35 pour les charges permanentes et 1,5 pour les
charges variables) et les rsistances minores par un autre coefficient de scurit qui dpend du
matriau.
Les coefficients partiels de scurit sont fonds sur une tude probabiliste des proprits des
chargements extrieurs et des proprits des matriaux de structures. Les coefficients de scurit sur les chargements extrieurs (chargements permanents, dexploitation, de neige, de vent,
effets de la temprature, etc.) et leurs modes de combinaisons sont dfinis dans lEurocode 1.
Ces coefficients de scurit sont indpendants du matriau de la structure et par consquent
parfaitement utilisables pour le dimensionnement dun gridshells en composites. Cependant, si
lEurocode 2 dfinit les critres de vrification des tats limites du bton, lEurocode 3 ceux de
lacier, lEurocode 5 ceux du bois, il nexiste pas dEurocode spcifique pour les composites. Il
est donc ncessaire de se tourner vers dautres ouvrages qui adoptent cette mme dmarche
propabiliste pour la dfinition des coefficients partiels de scurit. Le chapitre 4 du livre de
L.C. Hollaway et P.R. Head [52] est ce titre particulirement intressant et cest de ce dernier
que sont tires les valeurs des paragraphes qui suivent.

5.1 Codes et mthodes de dimensionnement des gridshells en matriaux composites

155

5.1.2 Dfinition des coefficients de scurit des matriaux composites


La principale difficult rencontre lors de ltablissement des coefficients de scurit pour
les polymres renforcs par des fibres de verres est lie la nature composite de ces matriaux
et la grande variabilit de leurs composants (type de fibre et de polymre, fibres longues
ou courtes, tisss ou non, caractristiques de linterface fibre/rsine, etc.) et de leurs procds
dlaboration (moulage, drapage, pultrusion, etc.) ou dassemblage (collage, soudure, rivetage,
etc.). Nanmoins, la plupart des polymres ont des proprits similaires qui ne diffrent que par
leur amplitude : ils prsentent un comportement viscolastique prononc fortement dpendant
de latmosphre extrieure et de la temprature. Les renforts de fibres stabilisent le polymre de
sorte que le comportement des matriaux composites possde les caractristiques attnues de
celui de la matrice.
Compte tenu de ses remarques, Hollaway et Head proposent de prendre en compte pour
les tats limites de services les critres suivants : la dformation des lments court et long
terme, lapparition de la premire fissure, le flambement local des lments et leur comportement
post-flamb, les vibrations, la fatigue et la rsistance aux impacts. Pour les limites ultimes, ils
proposent des critres sur la ruine globale : rupture des sections, flambement global et rsistance
au feu. Lors du dimensionnement dune structure en composites, chacun de ces critres doit tre
vrifi partir des caractristiques de la structure et des valeurs appropries des coeffcients de
scurit des matriaux (court terme pour les critres court terme et long terme pour les critres
long terme).
Les auteurs indiquent ensuite une mthode statistique rigoureuse pour valuer les effets de
la variabilit du matriau, les effets de lenvironnement et les effets du vieillissement. Cependant
cette mthode ncessite de nombreux essais et les donnes manquent aujourdhui pour tablir
des coefficients de scurit dfinitifs . Une premire tentative a t faite dans lEurocomp Design
Code and Standard [32] qui recommande dutiliser un coefficient partiel de scurit pour les tats
limites ultimes qui soit le produit de trois facteurs :
= 1 2 3
1 est un coefficient relatif au mode didentification des proprits mcaniques, 2 est relatif au
procd de production du matriau et 3 aux effets de la temprature et du vieillissement. Les
valeurs caractristiques de ces coefficients sont donnes respectivement dans les tableaux 5.1, 5.2
et 5.3. Daprs les auteurs, quelques rserves doivent tre mises : ces valeurs ne prennent pas en
compte leffet de lhumidit, ne prcisent pas quels sont les coefficients appliquer au module
dYoung et ne considrent pas lanisotropie du matriau.
On peut laide des tableaux 5.1, 5.2 et 5.3, valuer les valeurs des coefficient de scurit
pour un gridshell en composite construit partir de profils pultruds dont les caractristiques
mcaniques ont t values par des essais. court terme, on a donc 1 =1,15 , 2 =1,1 et 3 =1,0
soit une valeur = 1 2 3 de 1,27. long terme, on a 3 =2,5 au lieu de 1,0 de sorte que le
coefficient de scurit devient gal 3,18. On remarque que le coefficient de long terme est 2,5
fois plus lev que le coefficient de court terme ; cela confirme les observations qui ont t faites

156

5. Conception et tude du comportement du prototype

au paragraphe 2.3.1 : pour viter les problmes de fluages, la contrainte dans le matriau ne doit
pas dpasser 30 % de la contrainte rupture.
Tab. 5.1 Coefficient partiel de scurit 1 .
Mthode didentification des proprits
Proprits des plis, des multicouches et des pultruds
dduites dun modle thorique
Proprits des plis dduites de tests mcaniques et proprits des
multicouches et des pultruds dduites dun modle thorique
Proprits dduites de tests mcaniques

1
2,25
1,5
1,15

Tab. 5.2 Coefficient partiel de scurit 2 .


Procd dlaboration
Moulage par projection
Resin transfer moulding
Pr-imprgn
Enroulement filamentaire
Pultrusion

Cure complte en usine


1,4
1,2
1,1
1,1
1,1

Cure partielle en usine


2,0
1,7
1,7
1,7
1,7

Tab. 5.3 Coefficient partiel de scurit 3 .


Temprature de
service
25-50

0-25

5.2

Distorsion
chaud
55-80
80-90
>90
55-70
70-80
>80

Chargement
court terme
1,2
1,1
1,0
1,1
1,0
1,0

Chargement
long terme
3,0
2,8
2,5
2,7
2,6
2,5

Conception du prototype

Quatre grands principes ont guid la phase de conception du prototype du premier gridshell
en matriau composite :
Utilisation optimale des proprits mcaniques des fibres,
Simplicit des connections entre les diffrents lments,
Optimisation de la forme de la structure vis--vis de son chargement et
Faible cot de construction via lutilisation de composants industriels standard.
Ces quatre principes ont conduit la dfinition dun procd constructif particulier et la forme
de la figure 5.1. Les dmarches qui ont men ces choix sont dcrites dans les deux paragraphes
suivants.

5.2 Conception du prototype

157

Fig. 5.1 Vue extrieure du prototype de gridshell en composites.

5.2.1 Choix des matriaux du prototype


Pour utiliser au mieux les proprits mcaniques des fibres, on doit chercher les orienter
uniquement dans le sens des efforts. Dans les gridshells, les barres sont essentiellement flchies,
les contraintes dans le matriau sont des contraintes longitudinales. Des fibres ne sont donc
ncessaires que dans la direction de laxe des barres. Lutilisation de profils pultruds tubulaires
apparat ainsi particulirement indique pour cette application car cest un procd conomique
qui permet la production de barres continues dans lesquelles les fibres sont concentres dans
la direction principale du tube (cf. paragraphe 2.1.2). Dans ce procd, il ny a pas de limite
la longueur des barres en dehors des dimensions du hangar dans lequel est install la ligne
de pultrusion. En thorie, il est donc possible de fabriquer des barres de la longueur que lon
souhaite et de supprimer ainsi tous les problmes de raboutage qui existaient sur les barres des
gridshells en bois (cf. paragraphes 1.3 et 1.4). En pratique, la longueur est limite par le gabarit
routier maximum autoris. Ainsi, moins daffrter un convoi exceptionnel, on doit se limiter
des barres de 13,4 m, ce que lon fait ici.
En ce qui concerne les assemblages, le systme choisi a dj t prsent dans la partie relative la modlisation des connections (cf. paragraphe 3.11) ; il sagit de pices dassemblage
dchafaudage orientables. Ces pices sont standard, produites en grande quantit et dune rsistance mcanique prouve. Elles sont constitues de deux paires de demi-coquilles circulaires
assembles entre elles par une articulation quasiment parfaite. Laxe de cette articulation est
perpendiculaire aux axes des deux profils tubulaires qui sinsrent dans les demi-coquilles. La
liaison ainsi ralise correspond donc celle qui est requise pour la construction dune grille
faite de barres continues et sans rigidit en cisaillement dans son plan.
Les montants dchafaudage standard ont une section circulaire de 48,2 mm ou de 42 mm de
diamtre. Les tubes de 48,2 mm sont les plus rpandus ce qui fait que les pices dassemblage
faites pour ces tubes sont deux fois moins chres. Cependant lobjectif ici est de construire le
gridshell qui dmontrera au mieux les possibilits de mise en forme des composites. courbure
gale, les contraintes sont dautant plus leves que le diamtre des barres est important ; il est
donc prfrable de choisir des tubes de 42 mm. Ce diamtre, courant en construction mtallique,
est galement standard pour les lignes de pultrusion. Les tubes utiliss pour la thse sont donc
des tubes pultruds avec une section circulaire de 42 mm de diamtre extrieur et de 35 mm de

158

5. Conception et tude du comportement du prototype

diamtre intrieur. Ils sont composs dune couche centrale avec des fibres dans laxe du tube
et de deux couches de mat de protection, une lintrieur et une lextrieur. Lpaisseur des
couches de mat est denviron 0,5 mm et celle de la partie structurelle est de lordre de 2,5 mm.
Les proprits mcaniques des tubes ont t values dans le paragraphe 2.3.1 et recenses
dans le tableau 2.2. Le module dYoung longitudinal est de 26,7 GPa et la rsistance rupture
en flexion de 350 MPa. Compte tenu des coefficients de scurit prconis au paragraphe 5.1.2,
il faudrait rduire la valeur de la rsistance rupture dun coefficient de 1,27 court terme
et de 3,18 long terme de sorte que, pour la suite du calcul, on devrait considrer que la
contrainte doit toujours tre infrieure = 275 MPa pendant le montage et 110 MPa pendant
le service de louvrage. Cependant le prototype est une structure exprimentale dont la dure
de vie est limite trois ans. On dcide donc prendre une limite en contrainte plus grande que
celle prconise, de sorte que la rsistance long terme est choisie gale 40% de la rsistance
rupture, soit 140 MPa. Ce niveau de sollicitation permettra en outre une exprience de relaxation
in situ qui ne rentre pas dans le cadre de ce travail mais qui devrait fournir des informations
prcieuses sur la durabilit des structures de gridshells en matriaux composites

5.2.2 Dfinition de la forme


Contraintes gomtriques et structurelles
La forme thorique du prototype doit prendre en compte lensemble des paramtres lis au
matriau du paragraphe prcdent, mais galement un certain nombre dobjectifs gomtriques
et structurels :
La structure doit constituer avec le sol les seules limites de lespace intrieur, elle doit tre
la fois toit et mur. On cherche ainsi donner lide la plus vaste possible du potentiel
architectural des gridshells qui ne sont pas que des structures de couverture. Cela permet
en outre de ne pas avoir traiter de problme de rigidification dun bord libre.
Lespace habitable doit tre le plus grand possible. La forme du prototype doit tre conue
comme sil sagissait dun vrai btiment destin accueillir des activits humaines dans
lequel lespace fonctionnel disponible est le plus grand possible, cest--dire dans lequel
les parois latrales sont les plus verticales possibles.
La structure finale doit satisfaire les critres de dimensionnement usuel dun btiment. Ce
troisime objectif est le complment rglementaire du deuxime : la rsistance et la rigidit
de la structure doivent tre celles dun btiment considr comme sr par les normes en
vigueur. Les dplacements doivent tre matriss et les contraintes rester en dessous dun
certain seuil.
La porte minimale doit tre la plus grande possible et le poids de la structure doit tre
minimis. La performance mcanique dune structure se mesure en terme de porte maximale franchie et de quantit de matire utilise : pour un franchissement donn, plus le
poids dune structure est faible, plus la structure est performante (cf. paragraphe 1.1.2).
Ces objectifs sont donc le pendant du principe doptimisation de la forme vis--vis de son
chargement nonc en introduction.

5.2 Conception du prototype

159

Une consquence immdiate de ces conditions est que le gridshell doit sappuyer continument sur le sol. Les essais qui ont t effectus dans le chapitre prcdent ont montr que les
grilles dont le primtre est anguleux et dont les appuis sont continus, prsentent des zones peu
habitables (cf. figure 4.17). On choisit donc pour le prototype une forme thorique qui soit issue
dune forme arrondie. Le cercle tant trop symtrique, il a t dcid de partir dune ellipse.

Notations et conventions
Avant daller plus loin dans la description du prototype, il est utile de prciser les principales
notations et conventions utilises dans ce chapitre et le suivant. Pour commencer, un repre
cartsien orthonorm est associ la structure. Son centre est le centre de lellipse initiale. Laxe
des x est orient le long du grand axe de lellipse et laxe des y selon le petit axe. Laxe des z est
dfini de telle sorte ce que le tridre soit direct et pointe vers le haut . La grille plat est
donc situe dans le plan z = 0. Les plans x = 0 et y = 0 sont des plans de symtries pour la grille
initiale ainsi que pour les deux gridshells des figures 5.3 et 5.4. Cette symtrie est brise lorsque
lon introduit lexcentricit entre les deux directions de barres ou bien lorsque la structure est
soumise un chargement asymtrique.
Le modle de poutre utilis pour la simulation numrique a t prsent dans le chapitre 3.
Il sagit dune poutre de Navier-Bernouilli sans torsion avec trois degrs de libert en translation
partir desquels on peut dduire les moments de flexion (cf. paragraphe 3.3). Les dplacements
dans chacune des trois directions sont nots respectivement u x , uy et uz ; la norme des dplacements totaux est note u. Les dplacements sont toujours calculs dans le repre de rfrence et,
sauf indication contraire, leur unit est le mtre sur toutes les figures. Les efforts intrieurs sont
les efforts normaux, nots N, les efforts tranchants, nots T et les moments flchissants, nots M.
La contribution des efforts tranchants ntant pas prise en compte dans le calcul des contraintes
axiales totales avec la cinmatique de Navier-Bernouilli, ils ne seront en gnral ni tudis ni
prsents. Les efforts normaux sont mesurs en Newton et compts positivement lorsque les
barres sont en traction. Pour les moments flchissants, linertie des barres tant la mme dans
toutes les directions, on nobserve que leur norme dans le plan local de flexion de la barre. Elle
est mesure en Newton mtre (N.m). Quand aux contraintes axiales, elles sont values partir
des efforts intrieurs selon les formules classiques de la rsistance des matriaux :
max =

N
Mv
+
S
I

et

min =

N
Mv

S
I

(5.1)

o max est la valeur maximale de la contrainte axiale, min sa valeur minimale. S est la section
de la barre, I son inertie et v la distance maximale laxe neutre, ici le rayon extrieur du
tube. La gomtrie du tube est constante le long de son axe et les valeurs respectives de ces
paramtres sont : 4,23 cm2 , 7,91 cm4 et 2,1 cm. Une bonne approximation de la valeur de la
contrainte maximale, qui est mesure en MPa, peut donc tre obtenue en divisant la valeur du
moment par quatre. Enfin, la contrainte de cisaillement est ngligeable et nglige par le modle
de Navier-Bernouilli qui a t adopt.

160

5. Conception et tude du comportement du prototype

De lellipse la forme
La grille de dpart de la forme thorique a donc un primtre elliptique ; son demi grand
axe mesure 12,5 m et son demi petit axe 5,5 m (cf. figure 5.2). Les deux directions de barres
font respectivement un angle de +50et -50avec la direction du grand axe de lellipse. Les barres
sont assembles entre elles tous les 1,2 m ce qui donne une grille avec 17 barres dans chaque
direction. Aucune excentricit au niveau des liaisons entre les barres nest prise en compte. La
forme de la structure est obtenue en deux tapes. Dans la premire, la mthode de recherche de
forme dveloppe au paragraphe 4.3 est mise en uvre : un chargement uniforme de 33 N/ml
dirig vers le haut est appliqu sur toutes les barres tandis que leurs extrmits sont libres de
glisser sur le plan du sol qui est aussi le plan initial de la grille. Cela correspond un rapport
pL3 /EI de 40 pour les barres les plus longues ce qui devraient amener ces barres former un
angle de 57avec le sol (cf. figure 4.15). En outre, cette valeur de langle est la valeur optimale
pour laquelle la dforme dune poutre uniformment charge est le plus proche dune chanette
(cf. figure 4.16).

Fig. 5.2 Forme initiale sur le sol de la grille


elliptique choisie.

Fig. 5.3 Premire tape de la recherche de


forme.

La forme obtenue la fin de cette tape est prsente sur la figure 5.3. Elle est globalement
en accord avec les observations faites dans le paragraphe 4.3 : langle form par les barres les
plus longues et le sol est de 54,5, il y a un lger resserrement des barres vers le centre et pas de
variation notable de la longueur de la structure. En principe, selon la mthode du chapitre 4, la
recherche de forme aurait d sarrter la fin de cette tape : les positions des extrmits des
barres auraient d tre bloques et la forme dquilibre sous poids propre calcule.
Cependant, sans vraiment de raison particulire, une seconde tape a t ajoute : le chargement uniforme a t remplac par le poids propre rel de la structure : 8,4 N/ml de tube et
10 N pour chaque assemblage et, pour viter que la structure ne se remette plat, chaque barre
a t sous-tendue par un cble dont la longueur est dfinie partir de la gomtrie dquilibre
de ltape prcdente et dont la raideur est arbitrairement choisie gale celle des barres de la
grille (cf. figure 5.8). Ainsi les extrmits des barres sont toujours libres de se dplacer horizontalement dans le plan du sol, mais lcartement des points dappuis est maintenu constant. Les
dplacements durant cette tape sont trs importants et la gomtrie de la structure est beaucoup
modifie (cf. figure 5.4).
Le rsultat de la recherche de forme est un gridshell dont le primtre libre ressemble une
coque de cacahoute (cf. figure 5.5). En dehors de laspect esthtique, les deux renfoncements

5.2 Conception du prototype

161

sur les grands cts augmentent la courbure de la coque et amliorent ainsi ses performances
mcaniques. La structure finale mesure : 23,6 m de long, 8,0 m de large et 3,77 m de haut. La
porte au niveau du rtrcissement est de 6,6 m.

Fig. 5.4 Forme thorique finale.

Fig. 5.5 Forme finale vue de dessus.

La forme finale est relativement allonge et ses deux extrmits sont assez basses et plates
si bien que les espaces quelles englobent sont peu pratiques et peu performants mcaniquement parlant (cf. paragraphe 5.2.4). Cest une consquence directe de ltape supplmentaire de
recherche de forme qui a loign la structure du funiculaire de son poids propre et augment
linclinaison du plan des barres par rapport la verticale. On verra dans le paragraphe 6.4 quil
est facile damnager dans ces zones de grandes ouvertures et ainsi de supprimer les points
faibles de la forme et daugmenter significativement le ratio surface couverte sur surface habitable dont la valeur actuelle est de seulement 0,45 (avec une surface habitable de 72,3 m2 et une
surface totale de 154,7 m2 ).
Pour le reste, dans la partie centrale, les parois de la grille de la figure 5.4 sont plus verticales
que celles de la grille de la figure 5.3 puisque langle form par le gridshell et le sol est suprieur
60sur environ 8 m de longueur. Quant la porte maximale de louvrage (8,0 m), elle est tout
fait acceptable compte tenu de la verticalit des parois et de la porte effective des barres de
la grille. En effet, si lon compare ces valeurs avec les proportions dune elastica (cf. tableau 3.1) :
pour une barre de 13,4 m, un angle de 60correspond une porte de 9,9 m et une porte de 8 m
correspond un angle de 75. On se rend compte de la qualit du compromis trouv.

Fig. 5.6 Efforts normaux sous poids propre.

Fig. 5.7 Moments sous poids propre.

La forme satisfait par ailleurs le critre de contrainte fix pour le matriau puisque la contrainte
maximum dans la structure est de 138 MPa (cf. paragraphe 5.1.2). Lessentiel de la contrainte est
d aux moments flchissants puisque leffort normal maximum est de 854 N ce qui correspond
une contrainte de seulement 2 MPa. La contrainte maximale est donc obtenue l o le moment
flchissant est maximum, cest--dire dans la partie centrale de la structure, l o la courbure des

162

5. Conception et tude du comportement du prototype

barres est la plus importante (cf. figure 5.7). Leffort normal maximal est observ dans les barres
les plus courtes situes aux extrmits de la structures, il vaut 853 N (cf. figure 5.6). Partout
ailleurs ou presque, les efforts normaux sont infrieurs 400 N. Pour les ractions horizontales,
on retrouve les mmes carts avec des ractions importantes (824 N) au pied des barres des
extrmits. En dehors de ces barres, les ractions horizontales sont beaucoup plus faibles puisquelles ne dpassent pas 320 N et quelles ont une valeur moyenne de 180 N. Cela sexplique
facilement en considrant le processus thorique dobtention de la forme.
En effet, durant la seconde tape, lcartement entre les extrmits de toutes les barres est
maintenu laide dun cble. Cela induit un effort de compression qui est par construction
suprieur la charge critique de flambement de chaque barre. La formule dEuler et la longueur
de chaque barre permettent dvaluer cette charge : les barres des extrmits sont les plus courtes
(5,08 m), leur charge critique est de : 807 N, alors que la plus petite des autres barres a une
longueur de 7,89 m et une charge de flambement de 334 N. Pour les barres les plus courtes, la
raction horizontale est essentiellement due la compression induite par le cble, alors que celleci devient ngligeable devant la compression due au poids propre lorsque les barres dpassent
10 m.
ce stade, la conception du prototype nest pas termine : il reste encore introduire les
excentricits et tudier la mise en place de la triangulation et le comportement de la structure sous charges. Nanmoins la structure semblait remplir la plupart des critres gomtriques
du cahier des charges ; il a donc t dcid de retransmettre en ltat le plan de fondation du
prototype aux ingnieurs gomtres de lcole Nationale des Sciences Gographiques afin quils
effectuent le reprage des ancrages des barres sur le sol (cf. paragraphe 6.1.1). Les emplacements
de ces ancrages serviront de guides pour le montage du prototype. La structure de celui-ci ne
tient donc pas compte des tapes de conception quil reste traiter et des remarques qui seront
faites dans les paragraphes suivant.
Introduction des excentricits
La forme sans excentricit est une bonne approximation de la forme gnrale dun gridshell.
Nanmoins la prcision dans la dtermination de la gomtrie est au moins gale une excentricit dans un sens ou dans lautre. Ici, la distance entre axes au niveau dun assemblage est de
6,8 cm, on sait donc que la structure relle est comprise dans une enveloppe de plus ou moins
6,8 cm autour de la forme de la figure 5.4. Ce niveau de prcision est insuffisant pour faire un
plan de fondation pour lequel en gnral on demande lentreprise de gros uvre une prcision centimtrique. Cest galement insuffisant pour la fabrication dune couverture en toile et
globalement pour toutes les tches qui ncessitent une prfabrication. Il est donc ncessaire de
pousser la conception un niveau de dtail suprieur et dintroduire les excentricits dans le
modle.
Plusieurs mthodes sont possibles pour cela. On peut reprendre la recherche de forme au
dbut et recommencer les calculs avec les paramtres que lon a dtermins en prenant cette fois
les excentricits en compte. Cette mthode est trs gourmande en temps de calcul, notamment
parce que les excentricits modifient la dynamique du problme : la rotation des points autour

5.2 Conception du prototype

163

du centre de gravit de la liaison (cf. paragraphe 3.4) introduit des pics dnergie cintique
parasites de sorte que la structure nest plus libre dacclrer comme lorsque les excentricits
taient ngliges, des itrations supplmentaires sont donc ncessaires (cf. paragraphe 3.7.3).
Pour gagner du temps, il faut rutiliser au maximum les calculs effectus pour la structure
sans excentricit et relancer les calculs partir de la gomtrie dquilibre de cette dernire en
cartant de force les deux directions de barres au niveau des liaisons. Lalgorithme converge
alors rapidement vers la gomtrie dquilibre avec les excentricits. Pour la structure qui nous
intresse ici, on procde en deux temps, exactement comme pour la recherche de forme sans
excentricit. On commence par imposer un cartement de 6,8 cm entre les nuds relis deux
deux, tout en maintenant le chargement uniforme de 33 N/ml dirig vers le haut. Une fois ce
calcul termin, on peut dterminer la longueur des cbles qui maintiennent lcartement entre les
extrmits des barres. Par rapport au cas o les deux couches de barres taient confondues, on
observe un raccourcissement des cbles des barres intrieures (celles de la couche infrieure)
et un rallongement des cbles des barres extrieures (celles de la couche suprieure). Les
raccourcissements sont trs variables tant en valeurs absolues (de 2,3 cm 10,1 cm) quen valeurs
relatives (de 0,46 % 0,96 %). Les rallongements prsentent exactement la mme variabilit
puisquils sont gaux et opposs 5% prs au raccourcissement du cble qui est symtrique par
rapport au grand axe de lellipse, laxe des x.

Fig. 5.8 Vue de la structure avec ses cbles


provisoires.

Fig. 5.9 Dplacements totaux dus la prise


en compte des excentricits.

Ensuite, pour la seconde tape, on part de la gomtrie dquilibre sans excentricit, on


impose une distance de 6,8 cm au niveau de chaque assemblage et on modifie la longueur
des cbles en fonction des valeurs que lon vient de dterminer dans ltape prcdente. La
figure 5.8 prsente une vue de la structure avec ses cbles provisoires. Aprs convergence, la
forme obtenue est celle qui est la plus proche possible de celle de la figure 5.4. En effet, les
dplacements maximaux entre les deux gomtries sont quasiment symtriques par rapport aux
plans x = 0 et y = 0 et restent de lordre de grandeur de lexcentricit (cf. figure 5.9).
Quant aux efforts intrieurs, ils sont presque inchangs comme on peut le constater sur
la figure 5.10 des moments flchissants (519,7 N.m avec excentricit contre 518,9 N.m sans) et
sur la figure 5.11 des efforts normaux (-954,7 N avec excentricit contre -853,9 N sans). On
observe quand mme un moment de flexion important (environ 450 N.m) au niveau de la liaison
entre les barres des extrmits et localement de la compression dans les barres au voisinage de
certains appuis. Cette compression est essentiellement due au fait que, par endroit, prs du sol,
la structure forme dj des triangles ce qui la rend localement indformable et qui entrane des

164

5. Conception et tude du comportement du prototype

surcontraintes. Le niveau de ces efforts est cependant trs faible et sans consquence sur les
fondations et les contraintes totales.

Fig. 5.10 Moments flchissants sous poids


propre avec prise en compte des excentricits.

Fig. 5.11 Efforts normaux sous poids propre


avec prise en compte des excentricits.

Etude thorique du montage


Le processus qui a abouti la forme du prototype est un processus intellectuel, thorique.
Pour le montage rel de la structure, les deux tapes de la recherche de forme seront ngliges
et le montage se fera en une seule fois. La charge rpartie dirige vers le haut sera reproduite
avec des tais et lcartement des extrmits des barres sera pilot avec des tirants et ce dautant
plus facilement que les calculs effectus lors de la recherche de forme montrent que les efforts
mettre en uvre sont faibles (33 N/ml plus le poids propre). La mthode de construction dcrite
dans le paragraphe 6.1.2 nutilisera pas dautres moyens pour dformer la structure jusqu ce
que les extrmits des barres atteignent leurs positions dfinitives. Cette mthode est base
sur lobservation de la forme et sur des corrections ponctuelles de laltitude de certains points.
Tout est fait au jug , seules les positions finales des extrmits des barres sont parfaitement
contrles. Il importe donc de savoir si, pour un contour donn, un jeu de conditions aux limites
donn, la forme finale dquilibre est indpendante du chemin de chargement suivi.
Dun point de vue thorique, le comportement du matriau reste linaire lastique durant
tout le montage, aucune dissipation extrieure nest introduite car toutes les forces sont conservatives ; on peut donc penser que ltat dquilibre est indpendant du chemin suivi lors de la
mise en forme. Cela semble se vrifier pour une poutre en compression simple : pour un cartement de ses extrmits donn, il existe une infinit de positions dquilibre qui correspondent
chacune un mode de flambement, mais seule lelastica simple du premier mode est une position
dquilibre stable. Ainsi, on peut mettre lhypothse que, si les perturbations introduites lors
de la recherche de forme sont suffisamment importantes, alors la forme finale du prototype est
la seule configuration dquilibre stable de la grille pour les conditions aux limites choisies.
Pour tester cette hypothse, on simule le processus de mise en forme qui sera utilis lors de
la construction du prototype (cf. paragraphe 6.1.2) : la gomtrie initiale est celle de la grille
plat que lon a surleve dun mtre lexception des extrmits des barres (cf. figure 5.12). Des
tirants ont t ajouts pour relier les deux extrmits de certaines des barres. Leurs longueurs
sont celles qui sparent les extrmits des barres de la grille dans la forme finale, elles sont
donnes la dernire ligne du tableau B.1 en annexe. Les autres barres, celles qui nont pas de

5.2 Conception du prototype

165

tirants, ont des extrmits fixes dont les positions sont celles quelles doivent avoir dans la forme
finale. Les barres dont la position est impose sont entoures dun cercle rouge sur le plan de la
figure B.2 en annexe. Le chargement du modle correspond au poids propre rel de la structure.
Le calcul est ensuite lanc de la gomtrie initiale depuis laquelle elle oscille librement jusqu
trouver sa position dquilibre.

Fig. 5.12 Gomtrie initiale de la simulation


du montage

Fig. 5.13 Distance entre la forme thorique


et celle issue de la simulation du montage.

Aprs convergence du calcul, la forme finale issue de la simulation du montage est trs
proche de celle du prototype : en dehors de quatre points isols prs des extrmits, la distance
entre les deux formes nexcde pas 1,5 cm (cf. figure 5.13). Pour le montage, il semble donc
quaucun problme thorique li la mthode de mise en forme ne risque de se produire.

5.2.3 Triangulation de la structure


la fin de ltape de recherche de forme, la grille possde encore son degr de libert en
cisaillement, elle est encore trs souple. Pour que son comportement se rapproche de celui dune
coque, il faut donc bloquer la rotation entre les deux directions de la grille, empcher la dformation des angles forms par ces deux directions. A priori, il nest pas ncessaire dempcher la
dformation des angles de toutes les mailles pour bloquer le degr de libert en cisaillement de
lensemble de la grille. Cependant les barres de la grille principale sont suffisamment souples
pour pouvoir tre mises en forme, elles ne peuvent donc pas tre considres comme suffisamment rigides pour retransmettre par flexion les efforts dune maille contrevente lautre. Il est
donc prfrable de contreventer toutes les mailles.

Choix du type de contreventement


De nombreux systmes de contreventement existent, mais ils ne sont pas tous adapts aux
gridshells. Une premire solution consiste en un blocage des rotations directement au niveau
des assemblages par un systme de clavettes qui empchent les pices de tourner ou par une
solidarisation des deux directions de barres comme cela a t fait Helsinki avec des plaques de
clous (cf. paragraphe 1.5.4). Cette solution nest pas satisfaisante car elle conduit lapparition
de moments de flexion dans les lments et, par consquent, une augmentation de leur section
ce qui va lencontre des objectifs de lgret fixs au paragraphe 1.1.2.

166

5. Conception et tude du comportement du prototype

De ce point de vue, le contreventement traditionnel laide de croix de Saint-Andr est


plus acceptable : lorsque la structure est charge, les cbles des croix assurent un transfert des
charges jusquau fondation uniquement sous forme deffort normal dans les barres. Cependant,
le systme ne fonctionne que si les cbles sont tendus ; il faut donc les prcontraindre. La mise en
uvre de cette prcontrainte est dlicate car les mailles sont interdpendantes ce qui ncessite le
dveloppement dune technologie coteuse dassemblages qui limite les effets de dtension des
cbles dans les mailles voisines. En outre, la prcontrainte doit tre stable dans le temps et les
matriaux composites fluent (cf. paragraphe 2.3.1) ce qui peut entraner une lgre modification
de la forme de la structure et donc une dtension de certains cbles. Compte tenu du nombre
de cbles, il nest pas envisageable de venir les retendre rgulirement comme on fait pour
les cbles de prcontrainte dans les ponts. Ainsi, bien que dune grande transparence et dune
grande lgret, cette solution ne semble pas mme dassurer la rigidification durable dun
gridshell en composites.
Les contreventements par lments rigides sont donc prfrables parce quils travaillent aussi
bien en traction quen compression et quils ne ncessitent pas de prcontrainte. Ces lments
peuvent tre discontinus ou continus. Le systme discontinu correspond la mise en place de
diagonales indpendantes les unes des autres pour chacune des mailles de la grille. Il conduit
une multiplication du nombre dlments qui convergent aux nuds et donc la complication
de lassemblage, laugmentation de sa taille et de son cot. Les systmes continus sont donc
prfrables. Cependant, dune maille lautre, la direction des diagonales change ; le contreventement doit donc tre capable de suivre la courbure de la grille. Or le procd de construction des
gridshells a t tout entier dvelopp pour permettre la construction de surfaces courbes partir
dlments rectilignes. Introduire des barres courbes dans le contreventement serait par consquent contraire cette dmarche. Un systme de triangulation form dlments rectilignes,
rigides en compression et suffisamment souples pour pouvoir pouser la forme de la grille
(cest--dire dlments trs proches de ceux de la grille principale) semble donc bien adapt aux
gridshells. Cest la solution qui a t adopte pour le gridshell de Downland (cf. paragraphe 1.4)
Une autre solution consiste rigidifier la grille par des lments non pas liniques mais
surfaciques. La toiture du Savill Building, par exemple, est contrevente laide de lattes de
bois qui recouvrent la totalit de la surface du gridshell (cf. paragraphe 1.5.2). Ces lattes sont
cloues ou visses directement dans les poutres en bois de la grille. Cette solution nest donc
pas transposable directement aux gridshells en matriaux composites parce que ceux-ci rsistent
mal au choc et au perage. Nanmoins ces techniques dassemblage peuvent tre remplaces par
du soudage, du collage ou des clips ce qui permet dviter les concentrations de contraintes.
Enfin, en prolongeant lide que le gridshell doit tre contrevent par la couverture ellemme, on peut imaginer une dernire solution dans laquelle le gridshell sert la fois de forme
de coffrage et darmature pour une coque en bton. Pour cela, la continuit de la surface est tout
dabord ralise laide dun matriau suffisamment rigide pour supporter le poids du bton,
avec des tles de mtal dploy fixe contre la surface du gridshell par exemple. Ensuite, du
bton est projet sur la grille de faon noyer les poutres de la grille dans celui-ci. A priori
trs peu darmatures supplmentaires sont ncessaires si le processus de dfinition de la forme
a suivi la mthode du paragraphe 4.3. En effet, celle-ci conduit des formes trs proches du

5.2 Conception du prototype

167

funiculaire du poids propre qui constitue le chargement principal de la coque compte tenu du
poids de la couverture en bton. Lensemble de ce procd constitue une technique originale et
conomique pour la construction de coque en bton qui est vraisemblablement adaptable tout
autre mortier hydraulique.
Chacune des trois dernires mthodes de contreventement prsente des avantages. Toutefois
seule la triangulation laide dune troisime direction de barres sera tudie en dtail dans
les paragraphes suivants, essentiellement parce quelle ne ncessite pas de technologie supplmentaire par rapport celle de la grille et parce quelle permet dutiliser les mmes lments
rectilignes, les mmes assemblages et le mme type de modle numrique.

Remarques sur la mise en place numrique de la triangulation


La mise en place pratique de cette triangulation par barre est une chose aise : il suffit de
choisir les emplacements des nouvelles barres sur la grille, de positionner les assemblages sur
les deux directions principales aux endroits correspondants et de flchir les barres pour quelles
suivent les courbes dassemblage en assemblage. La mise en place numrique de la triangulation
est une tape plus dlicate, car elle consiste venir ajouter des lments sur une structure dj
dforme. Ce processus de construction par tapes est dautant plus complexe que la gomtrie
des lments ajouter est inconnue avant la fin de ltape de la recherche de forme. En effet, si
la grille plat possde des mailles rgulires, les diagonales des mailles de la surface gauche ne
sont plus gales ce qui est la contrepartie invitable de la dformabilit de la grille en cisaillement
et du processus de construction des gridshells. Il sagit donc de mettre au point une mthode qui
permette la dfinition de la gomtrie et la mise en place de la troisime direction de barres en
perturbant le moins possible la gomtrie lquilibre de la grille et son champ de contraintes.
On remarque tout dabord que si les mailles de la grille sont irrgulires aprs la mise en
forme, elles forment uniquement des paralllogrammes sur le sol. Il est donc facile de tracer
sur la grille plat, un ensemble de barres parallles qui assure le contreventement de la grille
(cf. figure 5.14). Dans cette configuration initiale, on procde lappariement numrique des
points de la grille et de la triangulation. ce stade, la longueur des barres de la triangulation
nest pas adapte la forme finale de la grille. Pour quelles ne perturbent pas la forme de la grille
lors de leur mise en place, on leur affecte une raideur en traction et compression ngligeable
(un million de fois plus faible que celle des barres de la grille principale) tout en conservant
leur raideur en flexion. Ainsi, lors de la mise en place de la triangulation, la grille principale
va entraner dans son mouvement ces barres molles qui vont se dformer librement en ne
retransmettant la grille principale que les efforts de flexion de la triangulation relle.
Aprs convergence de ce premier calcul, les longueurs dformes des barres de la triangulation sont connues : il sagit des longueurs vraies des barres relles ncessaires la triangulation
effective du gridshell. On peut donc partir de celles-ci dfinir la gomtrie au repos relle de
la structure triangule (cf. figure 5.15). On peut logiquement remarquer que les longueurs des
barres de la triangulation relle sont diffrentes celles de la triangulation molle (cf. figure 5.14).
On relance alors un second calcul avec les longueurs au repos relles et des rigidits rinitialises

168

5. Conception et tude du comportement du prototype

aux valeurs normales pour la triangulation. Le rsultat du calcul est la gomtrie de la structure
triangule.

Fig. 5.14 Gomtrie au repos avec la triangulation de barres molles .

Fig. 5.15 Gomtrie au repos avec la triangulation relle.

En dehors de son aspect pratique pour la dfinition des longueurs au repos des barres de
la triangulation, cette mthode permet de trs peu perturber les efforts intrieurs dans la grille
principale. En effet, si la triangulation est mise en place brutalement, cest--dire directement
avec la vraie raideur des barres, les efforts de prcontrainte dans les nouvelles barres entranent
des variations importantes des efforts normaux comme on peut le voir en comparant les efforts
normaux avant (cf. figure 5.11) et aprs triangulation (cf. figure 5.17) : la compression maximale
passe de -954 N -4 347N et la traction maximale de 501 N 1062 N. En outre, un grand nombre
de barres qui taient initialement comprimes se retrouvent tendues ce qui est improbable physiquement puisque la structure soumise son propre poids dans tous les cas. En revanche avec
-1 083 N en compression et 524 N en traction, les efforts normaux de la structure triangule
laide de la mthode en deux temps dcrite ci-dessus sont beaucoup plus proches de ceux de la
structure non triangule de la figure 5.11 que ne ltaient ceux de la figure 5.16.

Fig. 5.16 Efforts normaux par triangulation


directe.

Fig. 5.17 Efforts normaux avec mise en place


de la triangulation en deux tapes.

Les principales tapes de la triangulation sont donc les suivantes :


1. Appariement des nuds de la grille principale et de la triangulation ;
2. Premier calcul de la structure avec une triangulation molle , sans raideur en tractioncompression ;
3. valutation de la gomtrie au repos relle de la triangulation partir de la gomtrie
dforme du premier calcul ;
4. Second calcul de structure avec les proprits relles de la troisime direction de barres.

5.2 Conception du prototype

169

Performances comparatives de la triangulation retenue


On remarque que la triangulation ralise ci-dessus forme un maillage dhexagones et de
triangles. Le choix de ce maillage vient du fait que, pour la construction du prototype, on ne
dispose pas de pices dassemblage qui permettent de relier trois barres entre elles et ainsi de
trianguler exactement les losanges de la grille. Un excentrement de la rigidification tant invitable, il a t dcid de mettre les fixations de la troisime direction de barres au milieu de deux
assemblages successifs, ce qui a abouti au maillage de la figure 5.18. Il est noter que les deux
directions de barre de la grille principale sont superposes et, thoriquement, distantes dune
excentricit mme si celle-ci nest pas prise en compte ici. Les barres de la troisime direction ne
peuvent donc matriellement pas tre fixes aux barres des deux directions principales mais
une seule de ces directions. Le systme de triangulation obtenu est original et na jamais t mis
en uvre dans aucune structure de gridshells notre connaissance.

Fig. 5.18 Triangulation du prototype.

Fig. 5.19 Triangulation classique.

Pour valuer les performances mcaniques de ce systme de triangulation, on les compare


celles de la structure sans triangulation et celles du systme classique de triangulation
dans lequel les barres passent au droit des intersections de la grille (cf. figure 5.19). Pour cela on
tudie le comportement de ces trois structures sous un chargement croissant appliqu tous les
nuds dont la hauteur est suprieure 1,8 m (cest--dire 55 nuds). Les paliers de chargement
sont des paliers de 200 N. chaque tape, on calcule le dplacement vertical moyen de tous les
nuds chargs ainsi que la moyenne des valeurs absolues des dplacements horizontaux selon y
(la moyenne est nulle).

Fig. 5.20 Comparaison des comportements


verticaux des deux triangulations.

Fig. 5.21 Comparaison des comportements


horizontaux des deux triangulations.

170

5. Conception et tude du comportement du prototype

Ces valeurs sont reportes respectivement sur les graphiques des figures 5.20 et 5.21. Le
terme classique dsigne les courbes de comportement de la triangulation de la figure 5.19,
le terme prototype celles de la triangulation de la figure 5.18. La structure sans triangulation
est comparativement trop souple pour pouvoir tre porte sur le mme graphique. partir des
premires valeurs de chaque courbe, on value galement les raideurs de chaque structure
(cf. tableau 5.4). On constate alors leffet considrable de la triangulation sur la raideur de la
structure qui gagne jusqu un facteur 100 tant sur les dplacements horizontaux que verticaux.
On constate ensuite que la triangulation choisie pour le prototype est beaucoup plus souple que
la triangulation classique (environ deux fois plus souple verticalement et trois fois plus souple
horizontalement) et que la ruine ou le flambage de la structure se produit plus tt pour le
prototype que pour la structure triangulation classique (pour une charge de 30 % infrieure).
Le mode de flambement des deux structures est cependant assez proche.
Tab. 5.4 Raideur des diffrents schmas de triangulation.
en kN/m
Raideur verticale
Raideur horizontale

Classique
235
828

Prototype
114
274

Sans Triangulation
1,9
8,0

Les choix technique et esthtique du prototype ont donc dimportantes consquences sur le
comportement mcanique de la structure. Le fait de fixer la triangulation au milieu des barres
de la grille principale introduit des flexions supplmentaires par rapport la triangulation qui
passe directement au droit des intersections de la grille. Si les incidences sur les contraintes
gnrales sont faibles, ce choix entrane des dplacements au moins deux fois plus importants
dans le modle en hexagones et triangles que dans le modle classique. Du point de vue de la
performance mcanique, il semble donc ncessaire de dvelopper un assemblage qui permette
de relier trois barres entre elles avant de passer la ralisation de gridshell de plus grande
porte.

5.2.4 Le comportement sous chargement rglementaire


La forme finale du prototype est fixe, on tudie maintenant son comportement sous chargement rglementaire laide des Eurocodes et des valeurs du paragraphe 5.1.2. Dans les paragraphes suivant, on passe en revue les chargements utiliss et leurs combinaisons, puis les
dplacements et les contraintes observes sous charges avant de conclure sur la viabilit du
prototype de gridshell en tant que structure de gnie civil.

Dfinition des cas de charges et de leurs combinaisons


Les principaux chargements extrieurs prendre en compte pour le prototype sont : le poids
propre de la structure, le poids de la couverture, la neige et le vent. On rappelle que le poids
propre de la structure est de 0,84 kg/ml de tube et 1 kg pour chaque assemblage. Pour la couverture, diffrentes techniques sont possibles : une couverture traditionnelle avec un systme

5.2 Conception du prototype

171

de voliges et dardoises ou de voliges et de zinc comme pour le gridshell de Downland (cf. figure 1.17) ; une couverture en toile tendue ou assimil comme le tissus PVC transparent de
Mannheim (cf. figure 1.13) ou le papier enduit du pavillon du Japon (cf. figure 1.21). On peut
aussi imaginer une couverture gonflable plus facile tendre sur les surfaces double courbure
positive ou alors un systme de grandes tuiles souples en composite qui pourrait se passer de
voliges. On peut enfin envisager dutiliser le gridshell comme support de coffrage pour une
coque en bton. Le poids du systme de couverture est donc choisi forfaitairement de 20 kg/m2 ,
ce qui est lordre de grandeur des principaux types de couverture envisags lexception de la
couverture en bton que lon tudiera pas ici.
Pour ce qui est des actions climatiques, le prototype est destin tre construit sur le site
de lcole Nationale des Ponts et Chausses Champs-sur-Marne, les valeurs des pressions de
rfrence de la neige et du vent sont donc celle de la Seine-et-Marne : 45 kg/m2 de neige et
N
60 kg/m2 de vent. Deux rpartitions de neige sur la structure sont tudies : la seconde psym
N
est symtrique et la charge maximale est applique sur toute la structure, la deuxime p asym
est

asymtrique et la charge maximale nest applique que sur une moiti de la structure (celle des x
positifs).
Les pressions exerces par le vent sur le prototype dpendent de sa direction et sont dautant
plus importantes que les parois au vent sont verticales. Le vent le plus dfavorable est ici orient
selon laxe des y ; ce sera le seul cas de vent tudi. Localement la pression de vent pV
y est dfinie
partir de la pression de rfrence pre f et des coefficients de pression partielle internes c pi et
externes c pe par pV
y = pre f ( c pe c pi ). Les coefficients externes de pression partielle sont extrapols
partir de ceux qui sappliquent sur une coupole sphrique dont on peut voir lallure gnrale
sur la figure 5.22.

Fig. 5.22 Pressions de vent sur une coupole sphrique daprs lEurocode 1.
Les valeurs caractristiques A, B et C dpendent de la hauteur h sous la coupole (ici h=0) et
de langle dattaque de la coupole dfini par le rapport entre la flche f sous la coupole et sa
porte d (ici 75). Ces valeurs sont donnes par des abaques et valent ici : A=0,6, B=-0,8 et C=0. La
paroi au vent subit une pression alors que la partie suprieure et la paroi sous le vent subissent
une succion. Les efforts de succion entranent une mise en tension de la structure, ils sont donc
facilement repris par le gridshell. Les pressions en revanche engendrent de la compression dans
les lments ce qui peut ventuellement provoquer des instabilits. Pour la pression interne

172

5. Conception et tude du comportement du prototype

(surpression ou dpression), on choisit ensuite ltat plus dfavorable de faon accentuer les
efforts de compression dans la partie au vent, cest--dire une pression interne ngative et un
coefficient partiel c pi =-0,3. La pression totale varie donc de 66 kg/m2 en A, -30 kg/m2 en B et
18 kg/m2 en C.
partir de ces chargements, on dfinit trois combinaisons pour les tats limites de service
(ELS) :
N ,
q1ELS = pp + pcouv + psym
N ,
q2ELS = pp + pcouv + p asym

q3ELS = pp + pcouv + pV
y ;
et trois combinaisons pour les tats limites ultimes (ELU) :
N ,
q1ELU = 1, 35pp + 1, 35pcouv + 1, 5psym
N ,
q2ELU = 1, 35pp + 1, 35pcouv + 1, 5p asym

q3ELU = 0, 9pp + 0, 9pcouv + 1, 5pV


y.
tude des tats limites de service
Les trois combinaisons lELS sont appliques successivement la structure et les dplacements correspondants sont calculs laide du programme de relaxation dynamique. Ensuite,
tout dpend de la nature de la couverture qui doit tre pose sur le gridshell. Sil sagit dune
couverture souple, dune membrane textile, les vrifications lELS (formation de poche deau,
dformations excessives lil, etc.) sont principalement du ressort du concepteur de la toile.
En revanche, sil sagit dune couverture rigide, il est prfrable dutiliser les limitations usuelles
pour les charpentes en bois de sorte que les dplacements verticaux doivent tre infrieurs au
1/200e de la porte de la coque et les dplacements horizontaux infrieurs au 1/125e de la hauteur. Si lon admet que la porte moyenne de louvrage est de 7 m et que sa hauteur maximum
est de 3,7 m, les dplacements verticaux du gridshell sont admissibles sils demeurent infrieurs
3,5 cm et les dplacements horizontaux infrieurs 3,0 cm.

Fig. 5.23 Dplacement vertical sous chargement de neige symtrique.

Fig. 5.24 Dplacement selon y sous chargement de neige symtrique.

Les figures 5.23 et 5.24 reprsentent respectivement les dplacements selon z et selon y.
On constate dune part que les dplacements horizontaux restent admissibles dans lensemble
de la structure et dautre part que les dplacements verticaux sont suprieurs 2,6 cm dans
deux zones trs localises prs des extrmits de la structure, mais que partout ailleurs ils sont
admissibles. Ces deux zones sont de toute vidence les points faibles du gridshell : dans le reste

5.2 Conception du prototype

173

de la structure, le comportement de la structure est celui dune coque et le gridshell ne dveloppe


que des efforts membranaires alors que dans ces deux zones trs plates, la courbure nest pas
suffisante pour pouvoir reprendre les efforts perpendiculaires la surface dans le plan des tubes
et lapparition de flexions importantes est invitable.
Sous le chargement de neige asymtrique, on observe exactement le mme phnomne avec
de grands dplacements verticaux du ct de lextrmit charge. Sous le chargement de vent
orient des y ngatifs vers les y positifs, les dplacements verticaux sont admissibles partout
comme on le voit sur la figure 5.25. En revanche on constate sur la figure 5.26 que le dplacement
selon y de la paroi au vent atteint 7,2 cm ce qui est prs de deux fois le dplacement autoris.
La raison de ces forts dplacements est identique la prcdente, la courbure de la paroi est
faible dans cette zone, le creux de la cacahoute nest pas assez prononc pour donner un
comportement de type coque.

Fig. 5.25 Dplacement vertical sous chargement de vent selon y.

Fig. 5.26 Dplacement selon y sous chargement de vent selon y.

Encore une fois, ces dplacements importants ne sont pas gnants si la couverture est souple
parce quune membrane est capable suivre les dformations de la structure, de sadapter sa
forme. En revanche, il faut admettre quen ltat le prototype nest pas une structure suffisamment rigide pour accueillir une couverture rigide. Il est cependant facile de corriger ces dfauts
de conception parce que les zones dfaillantes sont trs localises. Les extrmits de la structure
sont des zones trs plates, peu habitables et peu pratiques, une premire solution consiste donc
contourner le problme de leur manque de rigidit en les supprimant et en y crant des ouvertures (cf. paragraphe 6.4). En remarquant que la souplesse des extrmits de la structure vient
en grande partie de la faiblesse de leur courbure, on peut, dans une seconde solution, amliorer
leur forme par une modification des conditions aux limites ou du primtre de la grille initiale.
On note que cette solution est valable pour les parties latrales du prototype dans lesquelles
la courbure est faible galement. Dans cette zone, on peut aussi redensifier le maillage pour gagner de la raideur comme cela a t fait dans le gridshell de Downland (cf. figure 1.18). Ltude
de ces solutions conduirait sans aucun doute une forme et une structure qui vrifierait lensemble des critres de dplacement, mais les allers-retours quelle engendrerait sont lapanage
ordinaire de la dmarche de projet ; elle na donc pas lieu dtre ici.

174

5. Conception et tude du comportement du prototype

tude des tats limites ultimes


Aprs les vrifications des tats limites de service, viennent les vrifications des tats limites
ultimes. Les critres portent alors sur les contraintes, le risque dinstabilit de louvrage, la sensibilit aux imperfections et ventuellement ltude de cas de charges accidentels comme ceux
lis la rupture dun des lments pour cause de vandalisme ou de choc dengin. Par manque
de temps, seuls les deux premiers critres seront tudis ici. Pour la sensibilit aux imperfections, il semble que la prise en compte des excentricits dans le modle en fournisse une bonne
estimation au niveau de la raideur de la structure (cf. paragraphe 6.3.3). Il est donc vraisemblable que la modlisation des excentricits et des mcanismes locaux quelles introduisent entre
les barres permettent galement dapprhender laugmentation du risque dinstabilit lis aux
imperfections qui est daprs V. Gioncu [42] et T. Bulenda [27] un point clef du dimensionnement des gridshells. Pour les cas de charges accidentels, lexprience acquise au laboratoire
dans la construction de gridshell semble indiquer que la structure peut supporter facilement la
rupture dun lment grce son degr lev dhyperstaticit. En ce qui concerne le critre de
contrainte, on rappelle que le paragraphe 5.1.2 recommandait de considrer une contrainte
rupture de 275 MPa court terme et de 140 MPa long terme.
Les trois combinaisons q1ELU , q2ELU et q3ELU sont appliques leur tour au prototype. Dans
les deux premiers cas de charge, le dfaut aux extrmits de la structure qui avait t rvl
dans ltude des dplacements provoque le claquage de la coque comme on peut le voir sur la
figure 5.27. Le chargement de lELS est donc trop proche de celui qui entrane linstabilit de
la structure pour que lon puisse considrer la structure comme sre. On remarque cependant
qu lELS, les contraintes naugmentent que de 10 % par rapport la prcontrainte initiale et
natteignent que 152 MPa ce qui est trs loin des 275 MPa autoriss pour les chargements de
court terme. Pour le troisime chargement, la structure tient la charge et les contraintes passent
de 138 MPa 165 MPa, ce qui et de nouveau nettement infrieur la rsistance rupture court
terme. De plus, on remarque que, si on augmente progressivement la charge de vent jusqu
quatre fois la pression de rfrence, on arrive la rupture des tubes sans dclencher dinstabilit
de la structure.

Fig. 5.27 Claquage symtrique du prototype


lELU.

Fig. 5.28 Contraintes maximales sous chargement de vent lELU.

Deux traits caractristiques du comportement des gridshells apparaissent donc dans cet
exemple. Dune part, les variations de contraintes entre la configuration initiale du prototype et
sa configuration dforme sont faibles (environ 10 % daugmentation). Lessentiel de la contrainte

5.3 Conclusion

175

dans les barres dun gridshell est donc amen par ltape de mise en forme, cest la prcontrainte
initiale dans les tubes qui est dimensionnante, notamment parce quelle correspond un chargement de long terme. Dautre part le faible module des matriaux de la grille (bois ou composite)
et limportance de leur dformation lastique font que le risque dinstabilit de ces structures est
lev et en gnral prpondrant par rapport au risque de rupture dun lment lELU sous
chargement de court terme. Aprs ltat de prcontrainte initial, cest donc sur ltude des instabilits de la structure quil faut porter toute son attention lors de la conception dun gridshell.

5.3

Conclusion

Dans le domaine du btiment qui est le domaine dapplication vis par les gridshells en
composites, les codes de rfrence sont les Eurocodes. Il tait donc naturel de sinscrire dans
ce cadre. Comme il nexiste pas dEurocode ddi aux matriaux composites, des coefficients
partiels de scurit adapts leurs spcificits ont t proposs : ils se fondent sur le mode
didentification de leurs proprits mcaniques, le procd de production du matriau et les
effets de la temprature et du vieillissement. Le comportement viscolastique des composites
est dterminant dans la dfinition de ces coefficients : la rsistance rupture est divise par 2,5
entre un chargement court terme et un chargement long terme.
Pour comprendre les implications pratiques de ces variations de coefficients, un exemple de
conception de gridshell en composites a t prsent : le prototype dont ltude exprimentale
fera lobjet du chapitre suivant. On a tout dabord mis en uvre la mthode du paragraphe 4.3
pour dfinir la forme finale partir dune grille elliptique. On a ensuite constat que lintroduction des excentricits dans le modle ne changeait que trs peu la forme de la grille et la
rpartition des efforts dans celle-ci : il nest donc pas ncessaire de prendre en compte les excentricits pour ltape de la recherche de forme. Une simulation du montage a galement t
effectue. Elle a montr quaucun problme li au procd constructif ne risquait de se produire
lors de la ralisation de la structure relle.
Il a ensuite t dmontr que, dans ltat actuel de la technologie, le systme de contreventement le plus pertinent pour les gridshells en composites tait une triangulation des mailles de
la grille laide de barres dans une troisime direction. Comme les barres de la grille principale,
les barres de la triangulation sont droites au repos et doivent tre prcontraintes par flexion pour
tre assembles la grille. Une mthode numrique originale a t dveloppe pour modliser
cette tape : un calcul en deux temps permet de dfinir la longueur au repos des barres de la
triangulation et de simuler la mise en place de celles-ci de faon perturber le moins possible la
gomtrie lquilibre de la grille et son tat de contrainte.
La vrification des tats limites de service a mis en vidence la souplesse du matriau et
limportance du choix de la technique de couverture. En effet, si la couverture est souple, elle
pourra supporter les dplacements importants dun gridshell en composites, ce qui permettra
dobtenir des structures trs lgres. En revanche, si la couverture est rigide, il faut compenser
la souplesse du matriau en densifiant le maillage et en augmentant la double courbure de la
surface. La vrification des tats limites ultimes a tout dabord montr que laugmentation des

176

5. Conception et tude du comportement du prototype

contraintes lies aux chargements extrieurs tait de lordre de 10 % de la contrainte permanente


de flexion. Compte tenu de la faible rsistance des tubes long terme, la prcontrainte est
donc amene jouer un rle prpondrant dans le dimensionnement de la grille. Ensuite, il a
t montr que le risque dinstabilit tait lev et en gnral plus important que le risque de
rupture dun lment sous chargement extrieur. Ltude des instabilits de la structure est donc
une tape indispensable de la conception des gridshells en composites.

Chapitre 6

Ralisation et tude exprimentale du


premier gridshell en composites
Le prototype de gridshell dont la prsentation a t faite dans le chapitre prcdent a t
construit lchelle un sur le site de lcole Nationale des Ponts et Chausses Champs-surMarne. Ce prototype a fait lobjet dun programme exprimental en collaboration avec lcole
Nationale des Sciences Gographiques. Son but tait de mesurer avec la plus grande prcision
possible la gomtrie de la structure et ses dplacements sous divers chargements. Ce chapitre
rapporte dans une premire partie les tapes de la ralisation du premier gridshell en matriaux
composites et dtaille lensemble des techniques utilises : techniques dassemblages et de fondations, techniques de mise en forme de la grille et de contreventement par une troisime direction
de barre. La seconde partie est consacre lanalyse des rsultats des tests de chargement qui
ont t effectues sur la structure avant et aprs triangulation ; elle aboutit une quantification
de leffet de la triangulation en toile sur la rigidit effective de louvrage.
Dans la troisime partie, un modle numrique du prototype est construit partir du relev
des positions des appuis de la structure relle. La gomtrie du modle est alors compare
celle du prototype. Ensuite, des simulations du comportement sous chargement sont effectues
et confrontes aux dplacements rels observs. On teste ainsi la pertinence du modle pour la
prdiction de la forme finale du prototype et ses dformations sous charges. Le modle numrique est galement utilis pour tudier lvolution du comportement de la structure avant et
aprs triangulation ainsi que les changements dans la rpartition des contraintes dans les barres.
Enfin, quelques pistes sont donnes pour la ralisation douvertures ainsi quun bilan des cots
de la construction de ce premier gridshell en matriaux composites.

6.1

Construction du prototype

Cette partie dcrit les principales tapes de la construction du prototype de gridshell en matriaux composites qui sera test dans la partie suivante. Son but est double : on vise dune part
fournir le plus de dtails techniques possible afin dtablir une sorte de mthodologie pour la

178

6. Ralisation et tude exprimentale du premier gridshell en composites

construction de gridshells en composites et dautre part mettre en vidence les facteurs dincertitudes, les moyens de les viter et leurs consquences pratiques sur les mesures exprimentales
qui seront effectues par la suite.

6.1.1 Ralisation des fondations


La premire tape de la construction du prototype est la ralisation des fondations. Le terrain choisi pour le gridshell est situ sur le parking dappoint de lcole Nationale des Ponts et
Chausses. La surface de ce parking nest pas goudronne, mais la terre y a t spcialement
compacte pour viter la formation dornires. Le sol est donc trs dense sur les quarante premiers centimtres. Les ractions dappui calcules au paragraphe 6.3.4 tant relativement peu
leves (1800 N horizontalement et 1650 N verticalement en partie courante, un peu plus au
niveau des extrmits), un simple systme de pieux battus dans le sol a t jug suffisant. Ces
pieux sont constitus de fers bton, dun diamtre de 12 mm, dune longueur de 70 cm dont
50 cm sont ancrs dans le sol, les 20 cm restants servent la connection entre la structure et ses
fondations. Pour faciliter lancrage des barres et pour pouvoir utiliser le mme type dassemblage pour les fondations que pour la grille, des tubes mtalliques de 42 mm de diamtre sont
placs autour des fers et bloqus avec des cales en bois. Le dispositif dancrage du gridshell est
donc trs simple mettre en place et trs peu onreux.
Une grande partie de la qualit des fondations rside dans la prcision du positionnement
des pieux en attente, car ce sont les seuls points de repre que lon possde sur la gomtrie de la
forme finale et cest eux qui vont guider toute la mise en forme de la structure. Le reprage des
positions des pieux et leur marquage sur le sol est donc un point primordial de la construction
du gridshell. Cette opration a t confie Laurent Heydel, Didier Bouteloup et Philippe Nicolon, ingnieurs gomtres et enseignants lcole Nationale des Sciences Gographiques, dans
le cadre de la collaboration entre lcole des Ponts et cette dernire. Pour commencer, le plan de
fondation que lon peut voir sur la figure B.2 en annexe, a t tabli partir de la structure de la
figure 5.4. Lemplacement de la structure sur le site a t choisi en fonction de lencombrement
des installations existantes (cf. figure B.1 en annexe). Puis, laide de tachomtres et de cibles
de rfrence dont les positions sur le site sont considres comme connues et invariables, les emplacements des principaux points dancrage de la structure ont t reports sur le sol et les pieux
ont t installs. Ces points caractristiques sont entours dun cercle sur la figure B.2 en annexe.
On a choisi de ne pas reporter tous les points dancrage sur le sol parce que le gridshell avec ses
fondations compltes constitue une structure fortement hyperstatique et quil est prfrable de
se rserver une certaine libert pour le montage dune structure dont le comportement est, ce
stade, assez mal connu. On a vu par ailleurs dans le paragraphe 5.2.2 que ce mode opratoire ne
changeait pas la forme finale du prototype.
En dehors des incertitudes relatives au placement des fondations sur lesquelles on reviendra
dans le paragraphe 6.2.1, des approximations importantes ont dj t faites ce stade. Tout
dabord le plan des fondations a t tabli partir dune structure sans excentricit (cf. paragraphe 5.2.2). La structure relle qui sappuiera sur ces fondations ne correspond donc ni la
structure idale sans excentricit, ni la structure modifie du paragraphe 5.2.2 puisque les

6.1 Construction du prototype

179

positions de ses fondations sont diffrentes de celles du plan de fondation. Chacune des deux
structures ne fournit quune approximation de la gomtrie relle ; lordre de grandeur de cette
approximation est la taille de lexcentricit : 6,8 cm.
Ensuite, le choix de ne planter que 20 pieux induit une limitation du nombre de points
de contrle de la forme. Certes dautres moyens de contrle existent, notamment les tirants
qui permettent dajuster la distance entre deux extrmits dune barre, mais ils ne permettent
dobtenir quun positionnement relatif. Des modifications entre le primtre au sol de la structure
relle et celui de la structure thorique du paragraphe 5.2 sont donc invitables. Lincertitude
globale sur la gomtrie est donc trop importante pour que lon puisse rutiliser le modle de
la structure thorique de sorte quil sera ncessaire de remesurer les positions de tous les points
dancrage de la structure pour reconstruire un modle numrique plus proche de la structure
relle.

6.1.2 Montage et mise en forme de la grille


Assemblage de la grille
Une fois les principales fondations ralises, la construction du gridshell proprement parler
peut commencer. Tout dabord il faut assembler la grille sur le sol. Comme celle-ci possde un
degr de libert en cisaillement dans son propre plan, langle entre les deux directions de la grille
nest pas fixe ; on peut donc choisir la dimension du grand axe sans modifier en rien la forme
finale de la structure. Pour limiter lemprise au sol de la grille et lencombrement du chantier,
on choisit pour le grand axe de lellipse initiale une longueur de 23,6 m qui correspond la
longueur finale du prototype. Langle initial entre les barres est alors de 52,6 degrs. Cependant,
si langle est libre, il est primordial de conserver les longueurs des barres et les positions des
assemblages de grille initiale. La gomtrie de la figure 5.2 sert donc de rfrence pour tablir
le plan dfinitif de la structure (cf. figure B.3 en annexe). Les barres sont numrotes et les
positions des diffrentes liaisons le long des barres sont rpertories (cf. tableau B.1 en annexe).
Il ne reste ensuite qu prparer les barres et les assembler entre elles sur le site proximit
des fondations.

Fig. 6.1 La grille elliptique du prototype en cours dassemblage.


Les tubes sont tout dabord mis aux dimensions : comme les composites sont relativement
faciles travailler, une scie mtaux suffit pour la dcoupe. Les emplacements de tous les

180

6. Ralisation et tude exprimentale du premier gridshell en composites

assemblages de la barre sont ensuite marqus avec trois tours de ruban adhsif arm. Celui-ci sert
de repre, mais, comme il est pris entre lassemblage et le tube en composite, il permet galement
dviter dendommager le composite lors du serrage de lassemblage, dempcher le glissement
le long de laxe du tube par la formation de boudins et de librer lgrement la rotation autour de
laxe du tube cause de la souplesse de la colle. On se rapproche ainsi des hypothses thoriques
du modle de connection utilis dans lalgorithme de relaxation dynamique (cf. paragraphe 3.4).
Aprs la prparation des barres, le montage de la grille seffectue rapidement et ne requiert que
une demi-journe pour trois personnes, munies de clefs de 22 mm, comme lillustre la figure 6.1.

Mise en forme
La mise en forme dsigne le passage dune grille plat une rsille gauche. La grille est
dforme par flexion jusqu ce que sa forme finale soit atteinte. Pour la construction de notre
prototype de gridshell, diffrents moyens de contrle de la courbure sont mis en uvre. Tout
dabord lallure gnrale de la gomtrie finale est connue et on sait quaprs dformation, elle
est quasiment symtrique par rapport aux plans verticaux qui contiennent les deux axes de lellipse. Ensuite, les positions dfinitives des extrmits de certaines barres ont t reportes sur le
sol ; pour ces barres, on dispose donc de cibles vers lesquelles leurs extmits doivent converger.
Pour les autres barres, on ne possde pas de repres absolus ; en revanche on connat lcartement relatif de leurs extrmits dans la gomtrie finale (cf. dernire ligne du tableau B.1 en
annexe). Ainsi, on peut faire tendre les cartements de ces barres vers leurs valeurs dfinitives
et matriser la position des extrmits des barres qui nont pas de fondations en attente. Lensemble de ces trois mthodes va assurer un niveau de guidage satisfaisant et permettre damener
la structure jusqu la forme souhaite sans encombre.
Dun point de vue pratique, le poids total de la grille nest que de 441 kg, soit 2,05 kg/m2 . Elle
est par consquent facile soulever localement ce qui permet de procder par une succession
de levages et dtayages ponctuels. Le rallongement dun des tais entrane une dformation de
la grille et un soulvement des tais voisins. Ces derniers ntant plus en prise, ils peuvent tre
allongs leur tour, ce qui provoque le soulvement dautres tais, et ainsi de suite. Plus il y
a dtais, moins les efforts appliquer localement pour soulever la grille sont importants. En
utilisant un grand nombre dtais, les efforts fournir sont donc moindre ce qui diminue les
concentrations de contraintes et les risques de poinonnement de la grille. Cependant, au fur et
mesure que la structure slve, la difficult pour gagner des centimtres de flche augmente
et la charge reprise par chaque tais est de plus en plus importante. Pour soulever ces derniers,
on sest aid dun transpalette pour les derniers instants. En dehors de cela, aucun instrument
de levage particulier na t ncessaire.
Paralllement aux tais, des barres supplmentaires sont montes entre les deux extrmits
de la plupart des barres, elles tiennent lieu de tirants. Avec les tais placs au centre de la
grille, si lon pse chaque bout dune barre, on la fait flchir et on ramne facilement ses
extrmits sur le sol. Les tirants permettent alors de maintenir les extrmits des barres dans un
cartement donn jusqu ce quune nouvelle phase de levage entrane un soulvement gnral
de la structure qui va ncessiter de ramener nouveau les extrmits des barres jusquau sol et

6.1 Construction du prototype

181

une modification de cet cartement. En plus, de la mesure de lcartement et de lavancement du


processus de montage, les tirants fournissent donc un moyen trs efficace de mise en forme de
la structure en association avec un systme dtais. La figure 6.2 illustre une tape intermdiaire
du gauchissement de la grille, on y distingue bien les tais verticaux et les tirants sur le sol.

Fig. 6.2 Mise en forme du prototype au moyen dtais et de tirants.


Pour atteindre toutes les cibles et fixer les dix barres principales sur leurs fondations, quatre
personnes ont travaill une journe entire. Ensuite les tais ont t dmonts, et les tirants
remplacs un un par des fondations, identiques celles dcrites prcdemment. Lemplacement
de ces fondations est la position que la barre prend naturellement quand on la rapproche du sol.
Une fois tous les tirants dmonts et toutes les barres ancres dans le sol, la mise en forme de la
structure est termine, il ny a plus qu la rigidifier.

6.1.3 Mise en place de la triangulation


La triangulation de la structure est une tape essentielle de la construction des gridshells car
elle donne toute sa rigidit la structure. La grille de dpart a t conue spcialement pour
contenir un degr de libert en cisaillement qui rende le passage une rsille gauche possible.
Aprs la mise en forme de la grille, la structure possde toujours un degr de libert en cisaillement et ses capacits se dformer sous laction de charges extrieures sont intactes. Il est donc
indispensable de bloquer ce degr de libert en empchant la dformation angulaire de chacune
des cellules du maillage bidirectionnel de la grille ; la triangulation, cest--dire lintroduction
dlments diagonaux dans chaque quadrangle, est la mthode de rigidification la plus simple
compte tenu des choix technologiques faits pour le prototype (cf. paragraphe 5.2.3). Le maillage
adopt pour les diagonales forme des hexagones et des triangles. Comme il a t dit dans le
paragraphe consacr la conception thorique du prototype, on ne dispose pas de pices dassemblage triple qui permettent de trianguler exactement les losanges de la grille en reliant trois
barres entre elles au niveau de chaque nud. Un excentrement de la rigidification tant invitable, il a t dcid de mettre les fixations de la troisime direction de barres au milieu de deux
assemblages successifs, ce qui a abouti au maillage reprsent figure 6.3.

182

6. Ralisation et tude exprimentale du premier gridshell en composites

Fig. 6.3 Le motif en hexagone et triangle.

Fig. 6.4 La triangulation en cours de montage.

Par ailleurs, il faut noter que la triangulation a t mise en place avant que les nouvelles
mesures des positions des pieds de toutes les barres soient effectues. La gomtrie de la structure ntait alors pas assez prcisment connue pour permettre une prparation des tubes de la
triangulation identique celle des tubes de la grille principale : il tait impossible de reprer
les emplacements des assemblages par avance. En effet, la surface gauche forme par la grille
nest pas dveloppable et langle entre les deux directions de la grille varie dune maille lautre
si bien que, pour la troisime direction de barre, les distances entre deux liaisons successives
ne sont pas rgulires. En revanche, on sait exactement quel endroit les tubes de la triangulation sappuient sur la grille principale, on peut donc mettre en place les assemblages sur cette
dernire, avant de venir y glisser les barres de rigidification une une. Linstalation de la triangulation est donc une tape dune grande simplicit. On procde de proche en proche en partant
du bas et on peut ainsi sappuyer sur la structure rigidifie mesure que lon monte et travailler
en toute scurit comme on peut le voir sur la figure 6.4.
Une fois la troisime direction de barres pose, la construction du gridshell est termine. La
structure est ridifie, son comportement mcanique apparant sest amlior, ce que lon vrifie
au travers des tests de chargements qui suivent.

6.2

Tests de chargement avant et aprs triangulation

6.2.1 Protocole exprimental


Le dispositif de chargement
Deux sries de tests de chargement sont effectues sur le prototype, la premire avant triangulation et la seconde aprs ; le but est dvaluer leffet de la troisime direction de barre.
Chaque srie comporte deux tests : un chargement symtrique dont la rpartition est proche
des efforts de poids propres utiliss pour la mise en forme, et un chargement asymtrique, plus
svre, symbolisant une distribution non-uniforme de neige. Les charges sont appliques laide
de grands seaux remplis deau suspendus par des sangles au niveau de certains nuds de la
grille. Le cas de charge symtrique comprend vingt-et-une charges de 50 kg rparties symtriquement de part et dautre du plan mdian du gridshell. Les seaux sont accrochs dans la partie

6.2 Tests de chargement avant et aprs triangulation

183

centrale de la structure (l o elle est la plus courbe) pour viter de trop solliciter ses extrmits
que lon sait plus plates et plus vulnrables (cf. paragraphe 5.2.4). Le cas de charge asymtrique
comprend galement vingt-et-une charges de 50 kg, disposes cette fois toutes du mme ct du
plan mdian de la structure, du ct des x ngatifs pour la premire srie de mesure et du ct
des x positifs pour la seconde (cf. figure B.4 en annexe pour les emplacements prcis de tous les
nuds chargs pour chacun des tests).

Les points de mesure


Pour tous les tests, on mesure les dplacements dune vingtaine de points caractristiques
rpartis sur lensemble du prototype. Ces points sont matrialiss par des cibles rflectrices dont
les positions sont releves laide de tachomtres. Les dplacements de ces points sont dduits
partir des diffrences entre les positions mesures sur la structure charge et les positions de
rfrence tablies sur la structure au repos, aussi appele tat 0 . Pour la premire srie de
mesures, celle qui a lieu avant la triangulation, dix-huit cibles numrotes de A R sont mises
en place et colles sur les tubes exactement au milieu de lespace qui spare deux assemblages
successifs (cf. figure B.6 en annexe). Or cest cet endroit que seront placs les assemblages pour
la triangulation. Une partie des cibles de la premire srie de mesures est donc indisponible pour
la seconde srie. Un second jeu de vingt cibles, numrotes de AA TT, a par consquent d tre
ajout de faon conserver une certaine uniformit dans la rpartition des cibles sur la structure
(cf. figure B.7 en annexe). Ce nouveau jeu de cibles remplace le prcdent pour la mesure des
dplacements. Cette erreur dans la planification de lexprience a pour principale consquence
dempcher la comparaison des dplacements des cibles un un pour la structure avant et aprs
triangulation ; on ne disposera donc que dune vision globale de leffet de la troisime direction
de barre.

La prcision de la mesure
Les mesures de position sont effectues avec des tachomtres, cest--dire des thodolites auquels on a ajout un instrument de mesure de distance. Deux appareils sont utiliss pour chaque
srie de mesures. Ils sont placs en deux points quelconques lintrieur du gridshell et leur position est dduite partir des positions dune dizaine de cibles de rfrence qui sont situes aux
alentours de la structure et dont les coordonnes sont connues. Ensuite les positions de toutes
les cibles colles sur la structure sont mesures quatre fois par chaque appareil : les mesures sont
toutes doubles pour liminer les dfauts de pointage et refaites aprs double retournement du
tachomtre pour liminer les dfauts dangle inhrents lappareil. Aprs chaque test, les donnes (les angles et les distances) sont retraites sur ordinateur laide dun logiciel spcifique
dvelopp par lcole Nationale des Sciences Gographiques de faon obtenir pour chacune
des cibles, ses coordonnes dans lespace et leurs incertitudes.
Les mesures faites par chacun des deux appareils sont redondantes ce qui permet dliminer
relativement facilement les mesures dfectueuses et de considrer que la prcision de lappareil

184

6. Ralisation et tude exprimentale du premier gridshell en composites

de mesure en lui-mme est infrieure au millimtre et la seconde dangle. La plus grande partie de lincertitude de mesure provient donc de la dtermination de la position des stations, elle
est de lordre de 3 mm dans toutes les directions, ce qui forme une sphre de 4 mm de rayon
autour de la station. La mesure de la position de la cible par lappareil najoute quasiment pas
dincertitude supplmentaire, on sait que chaque point se trouve dans une sphre de 4 mm de
rayon. En croisant les mesures issues de deux tachomtres, on sait que la position de la cible appartient lintersection de deux sphres et on augmente ainsi la prcision dans la dtermination
de la position de la cible comme on le voit sur la figure 6.5. Cette amlioration de lincertitude
est cependant difficile quantifier et dpend de chaque point, on retiendra donc simplement
que la prcision gnrale est infrieure 4 mm.

Fig. 6.5 Amlioration de la prcision des mesures laide de deux tachomtres.


Les incertitudes sur les dplacements sont cependant plus importantes. En effet, les deux
sries dessais ont t effectues sur trois jours comme on peut le constater sur le calendrier des
essais ci-dessous (cf. tableau 6.1). Les emplacements des stations sont modifies entre la mesure
de ltat de rfrence et la mesure de la position charge ; les incertitudes lies au positionnement
de la station se cumulent donc et, pour les dplacements, elles atteignent 6 mm dans chaque
direction de lespace, cest--dire que leur norme est connue 8 mm.
Tab. 6.1 Calendrier des mesures effectues sur le prototype.
21 mars 2006
31 mars 2006
11 avril 2006
5 octobre 2006
11 octobre 2006
23 octobre 2006

Premire srie dessais


Mesure de ltat 0 des cibles A R et des extrmits des barres
Mesure des positions des cibles A R sous chargement symtrique
Mesure des positions des cibles A R sous chargement asymtrique
Seconde srie dessais
Mesure de ltat 0 des cibles AA TT et des extrmits des barres
Mesure des positions des cibles AA TT sous chargement symtrique
Mesure des positions des cibles AA TT sous chargement asymtrique

Pour amliorer cette prcision, il ne faudrait plus travailler avec des stations libres, mais avec
des stations qui seraient laplomb dun repre topographique dont la position ne changerait pas
dun test lautre. En effet, pour ltude du comportement, seule une mesure de dplacement est
ncessaire : peu importe que la position de rfrence soit approximativement connue puisque
cest une information relative qui est requise et puisque, lors du calcul du dplacement, les

6.2 Tests de chargement avant et aprs triangulation

185

approximations lies la position de rfrence sannulent par soustraction. Cette modification


du protocole exprimental permettrait a priori de descendre une prcision millimtrique pour
la mesure des dplacements. En revanche, elle serait sans effet sur ltude de la gomtrie du
prototype ltat 0 qui nutilise quune mesure de position. Une prcision centimtrique est
suffisante malgr tout suffisante pour la connaissance de la forme du gridshell et la ralisation
des fondations ou dune couverture en toile.

6.2.2 Rsultats des tests


Tests avant triangulation
La premire srie de tests est effectue sur le gridshell avant triangulation. Lensemble des
dplacements mesurs pour les cas de chargement symtrique et de chargement asymtrique
sont prsents en annexe, respectivement dans les tableaux B.4 et B.5. Les tableaux 6.2 et 6.3 en
constituent une synthses. Les quatre premires lignes de ces tableaux indiquent dans lordre :
le dplacement maximal, le dplacement minimal, la moyenne des dplacements et les carts
types, pour chacune des trois directions de lespace ainsi que pour leur norme. Les trois lignes
suivantes donnent : les dplacements respectivement du centre de la structure, des cibles
situes dans la zone des x ngatifs (la zone charge dans le cas asymtrique) et des cibles situes
dans la zone des x positifs (la zone non charge dans le cas asymtrique). Aucune cible nayant
t colle sur le nud central, le centre dsigne ici un point virtuel dont le mouvement est
assimil la moyenne de celui des points les plus proches du centre de la structure, cest--dire
les points Q et R de la figure B.6 en annexe. Toutes les valeurs donnes pour les dplacements
sont en centimtre.
Tab. 6.2 Dplacement de la structure non-rigidifie sous chargement symtrique.
Dplacements en cm
Maximal
Minimal
Moyenne
cart type
Central
x>0
x<0

ux
8,2
-6,5
1,4
4,4
1,1
-2,2
5,0

uy
15,9
-16,1
1,1
8,0
-0,8
0,1
2,0

uz
6,8
-15,5
-4,7
7,9
-9,6
-4,2
-5,2

u
17,5
2,4
11,9
4,9
9,9
10,2
13,5

Dans le tableau ci-dessus, on observe tout dabord que lamplitude des dplacements est importante dans chacune des directions et quils atteignent 17,5 cm au maximum. On remarque ensuite que les valeurs extrmes des dplacements selon x (+8,2 cm et -6,5 cm) et selon y (+15,9 cm
et -16,1 cm) sont gales et opposes et que les moyennes de ces dplacements sont nulles ( 1,4 cm
selon x et 1,1 cm selon y). La disposition des cibles de mesure sur la structure tant quasiment
symtrique, on vrifie bien que, sous laction de forces extrieures symtriques, le comportement
du gridshell reste symtrique. Ces observations sont confirmes par les trois dernires lignes du
tableau : le point central a un dplacement de seulement 1,1 cm selon x et de -0,8 cm selon y ;
les dplacements moyens des cts droit (x>0) et gauche (x<0) de la structure sont quasiment

186

6. Ralisation et tude exprimentale du premier gridshell en composites

identiques selon z et gaux et opposs selon x. De plus, si lon regarde ces dplacements dans
le dtail (cf. tableau B.4 en annexe), on constate que les points sloignent des plans de symtrie
x = 0 et y = 0, et que laffaissement de la partie centrale charge provoque un soulvement des
points situs dans la partie la plus verticale ou les parois latrales de la structure.
Tab. 6.3 Dplacement de la structure non-rigidifie sous chargement asymtrique.
Dplacements en cm
Maximal
Minimal
Moyenne
cart type
Central
x>0 (non-charg)
x < 0 (charg)

ux
26,1
-10,3
3,6
10,8
-1,9
-4,6
11,9

uy
33,2
-32,8
0,9
14,4
-2,6
-0,1
1,8

uz
11,0
-41,2
-12,6
16,6
-24,9
-7,1
-18,0

u
48,4
4,9
24,6
13,0
25,3
15,9
33,2

Les remarques que lon peut faire sur les rsultats du test sous chargement asymtrique sont
comparables celles du paragraphe prcdent. Tout dabord les amplitudes des dplacements
sont trs importantes puisque le point situ au barycentre des charges appliques se dplace de
presque 50 cm. Ensuite, on vrifie que le dplacement moyen selon y est faible (environ 1 cm) et
que le dplacement du point central selon y est faible galement (le dcalage vers les y ngatifs
sexplique par la position lgrement excentre des points qui servent calculer le dplacement
central), la symtrie selon y est bien conserve. En revanche dans les deux autres directions,
on constate que les points situs dans la zone des x < 0 se dplacent beaucoup plus selon x
(-11,14 cm contre 4,12 cm) et selon z (-18,01 cm contre -7,13 cm) que les autres points ce qui est
tout fait attendu puisque ces points sont situs dans la zone charge.

Tests aprs triangulation


La seconde srie de tests est effectue sur le gridshell triangul et les dplacements mesurs
pour les cas de chargement symtrique et de chargement asymtrique sont prsents respectivement dans les tableaux 6.4 et 6.5. La structure des tableaux est identique celle des tableaux prcdents avec le dplacement maximal, le dplacement minimal, la moyenne des dplacements,
les carts types et le dplacement central pour chacune des trois directions de lespace ainsi que
pour leur norme. On rappelle que les positions des cibles de mesures sont diffrentes de celles
de la premire srie mais que leur rpartition reste semblable. Le dplacement du nud central
est dsormais valu partir de la moyenne de celui des points les plus proches du centre de la
structure, ici les points AA, BB, CC et DD (cf. en annexe figure B.7). Toutes les valeurs sont en
centimtre.
Il faut tout dabord remarquer que, dans les tableaux 6.4 et 6.5, lordre de grandeur des
dplacements moyens est respectivement de 0,9 cm et de 1,5 cm ce qui correspond celui de
la prcision de la mesure ( 8 mm) si lon se rfre au paragraphe 6.2.1. Il faut donc prendre
des prcautions pour les informations que lon pourra tirer de ces dformations. Il semble que,
dans les deux cas de chargement, la symtrie des dplacements selon y soit vrifie puisque les

6.2 Tests de chargement avant et aprs triangulation

187

dplacements moyens et centraux sont quasiment nuls (entre -0,1 cm et 0,3 cm). Pour le cas de
charge symtrique, le dplacement moyen selon x est de -0,1 cm et le dplacement central de
-0,1 cm, la symtrie des dplacements selon x est galement vrifie. Comme prcedemment la
zone charge, celle des x positifs, se dplace verticalement plus que la zone non charge (-1,3 cm
contre -0,2 cm en moyenne).
Tab. 6.4 Dplacements de la structure rigidifie sous chargement symtrique.
en cm
Maximal
Minimal
Moyenne
cart type
Centre
x<0
x>0

ux
1,5
-0,4
0,1
0,4
0,1
-0,1
0,4

uy
1,5
-1,2
0,3
0,6
0,2
0,4
0,1

uz
0,4
-1,2
-0,4
0,5
-0,5
-0,3
-0,4

u
2,3
0,3
0,9
0,5
0,5
0,8
0,9

Tab. 6.5 Dplacement de la structure rigidifie sous chargement asymtrique.


en cm
Maximal
Minimal
Moyenne
cart type
Centre
x<0 (non charg)
x>0 (charg)

ux
1,8
0,0
0,6
0,5
0,4
0,3
0,9

uy
1,8
-2,2
0,2
0,9
0,3
0,4
-0,1

uz
0,6
-3,1
-0,7
1,1
-1,3
-0,2
-1,3

u
3,6
0,3
1,5
0,9
1,5
0,8
2,3

Enfin, si lon regarde le dtail des dplacements des nuds des tableaux B.6 et B.7 en annexe,
on observe les mmes dformations quavant triangulation avec une descente de la structure sous
les deux chargement dans la partie centrale et une lgre remonte des points situs dans les
parties latrales les plus verticales du gridshell. La zone dans laquelle les dplacements sont
maximaux est galement identique dans les deux configurations. Il semble que la dforme de
la structure contrevente soit trs proche de celle de la structure non-contrevente et que ce soit
essentiellement lamplitude des dplacements qui ait chang. Il y a donc eu une augmentation
de la raideur de la structure que le paragraphe suivant tente de quantifier.
Effet de la triangulation
On vient de le voir, les dplacements de la structure triangule sont de lordre de grandeur
de la prcision de la mesure. De plus, les positions des cibles sont lgrement diffrentes entre
la premire et la seconde srie de mesures. Il est donc difficile de quantifier le phnomne de
rigidification de la structure par la troisime direction de barres. Nanmoins, si lon considre
le dplacement vertical moyen des deux points situs dans la partie centrale de la structure
avant rigidification, on trouve un dplacement de -9,6 cm sous chargement symtrique et de
-24,9 cm sous chargement asymtrique. De la mme faon, le dplacement vertical moyen des
quatre points centraux aprs rigidification donne -0,5 cm sous chargement symtrique et -1,3 cm
sous chargement asymtrique. En faisant le rapport de ces dplacements, on estime donc que la
rigidit de la structure a t multiplie par 19 (cf. tableau 6.6).
En revanche, si lon considre les dplacements maximaux, laugmentation de la rigidit est
toujours vidente mais elle est moindre, avec une multiplication par 7,5 sous chargement symtrique et par 13,4 sous chargement asymtrique. Il semble donc que lapport de la triangulation
soit plus important dans le second cas. Cela peut sexpliquer par le fait que le cas de charge
symtrique nest pas trs loign du chargement funiculaire de la coque (un chargement de type
poids propre ). Il est donc repris essentiellement sous forme deffort normal dans les tubes et

188

6. Ralisation et tude exprimentale du premier gridshell en composites

ncessite donc moins de dformation de la structure (17,5 cm de dplacement maximal). Le chargement asymtrique au contraire dveloppe essentiellement des efforts de flexion dont la reprise
requiert une grande dformation (48 cm de dplacement maximal). Avant la mise en place de la
troisime direction de barres, la structure na donc que trs peu de raideur en flexion et se comporte comme des arcs accols entre eux. Aprs contreventement, les dplacements maximaux
observs sont de 2,3 cm sous chargement symtrique et 3,6 cm sous chargement asymtrique. Le
comportement de la structure est dsormais beaucoup plus proche de celui dune coque ce qui
confirme la validit du principe constructif des gridshells qui permettent de raliser des coques
rigides partir de grilles souples.
Tab. 6.6 Quantification exprimentale de leffet de la triangulation.
Dplacements en cm
Avant rigidification
Aprs rigidification
Rapport Avant/Aprs

6.3

Charges symtriques
Central vertical Maximal
9,6
17,5
0,5
2,3
19,2
7,5

Charges asymtriques
Central vertical Maximal
24,9
48,4
1,3
3,6
19,1
13,4

Comparaison avec un modle numrique

Dans les deux sections prcdentes, on a montr par la construction dun prototype lintrt
des structures de gridshell en matriaux composites, tant leur facilit de montage que lefficicacit de leur rigidification. On va maintenant construire un modle numrique de la structure et
comparer sa gomtrie avec celle du prototype. On en dduira une valuation de la prcision
que lon peut raisonnablement attendre de la simulation avec le programme dcrit au chapitre 3
et dans lannexe A. Ensuite, on reproduira numriquement les deux prcdentes sries de tests
de chargement et on comparera les dplacements du modle et les dplacements rels. Pour expliquer les carts observs, deux modles alternatifs seront tudis. Enfin, on utilisera le modle
numrique pour tudier lvolution du comportement de la structure et des contraintes dans les
lments.

6.3.1 Choix du modle de rfrence


Comme il a t remarqu au paragraphe 6.1.1, le plan de fondation ne prenait pas en compte
les excentricits et, pour des raisons pratiques de simplification du montage, plus des deux tiers
des emplacements des pieds des barres taient laisss libres. Il existe donc des carts importants
entre la structure relle et le modle qui a servi la conception de louvrage (cf. paragraphe 5.2).
Lordre de grandeur de ces carts est au moins gal lexcentricit entre les barres (6,8 cm) ce
qui ne permet pas de faire une comparaison prcise entre le prototype et le modle. Il faut donc
construire un nouveau modle numrique qui soit une reprsentation plus juste du prototype.
Pour cela, on effectue un relev systmatique de la position des extrmits de chaque barre
pour construire le nouveau modle partir de ces positions. Les extrmits exactes tant occupes par les assemblages qui relient les barres leurs fondations, on choisit soixante-huit points

6.3 Comparaison avec un modle numrique

189

de rfrence situs proximit de ces extrmits (cf. figure B.5 en annexe). Un premier calcul
est alors lanc partir de la grille elliptique initiale dont on a modifi et impos la position
de ces soixante-huit points. Il conduit une gomtrie qui semble trs proche de celle du prototype mais qui prsente des surcontraintes considrables aux extrmits de certaines barres
(cf. figure 6.6). Le problme vient de ce que les positions des points de rfrence correspondent
aux positions de cibles colles la surface des tubes et non des points sur laxe des barres, il
existe donc un dcalage de 2,1 cm dans une direction quelconque de lespace entre la position
que lon impose et celle que lon souhaiterait imposer. Ce dcalage induit des dformations importantes des extrmits des barres qui sont parfois difficilement compatibles avec les conditions
aux limites et qui conduisent aux surcontraintes que lon observe.

Fig. 6.6 Le premier modle avec ses surcontraintes.

Fig. 6.7 Les contraintes dans le modle de


rfrence.

Pour pallier cet inconvnient, on introduit, pour chaque point de rfrence, un systme de
fondations lastiques compos de trois barres orientes selon les trois axes du repre Oxyz.
Ces barres sont constitues de deux nuds : le premier est reli sans excentricit au point de
rfrence et le second est fixe. Leur raideur est dtermine partir des ractions du modle
numrique du paragraphe 5.2.2 : on cherche dabord la valeur moyenne des ractions sur appuis,
soit environ 200 N, puis on calcule la raideur correspondante en divisant cette valeur par le
dplacement que lon dsire autoriser (ici 2,1 cm). La raideur des appuis introduits est donc de
10 kN/m. Dans ce modle, la position des points de rfrence est libre de varier autour de la
position mesure sur le prototype mais elle est bride. La figure 6.8 prsente la structure obtenu
avec ses appuis lastiques. Cette figure est trs proche de celle du calcul prcdent mais les
surcontraintes ont disparu comme on peut le constater sur la figure 6.7.

Fig. 6.8 Le modle sur appuis lastiques.

Fig. 6.9 Le modle de rfrence.

190

6. Ralisation et tude exprimentale du premier gridshell en composites

Ensuite les appuis lastiques aux points de rfrence sont remplacs par des rotules aux extrmits des barres. Un dernier calcul est lanc. Aprs convergence, on tudie les distances entre
la position mesure des cibles sur le prototype et la position calcule de leurs correspondants
sur laxe du tube ; le tableau 6.7 montre une synthse des rsultats obtenus. On constate tout
dabord que dans les trois directions, la moyenne des carts est nulle ce qui semble en accord
avec le fait que les cibles sont colles de faon tre visibles de lintrieur du gridshell et quelles
pointent donc toutes vers le centre de la structure.
On constate galement que la moyenne des distances (2,8 cm) est quasiment gale au rayon
du tube (2,1 cm) ce qui est tout fait acceptable compte tenu du fait que les cibles sont colles lextrieur du tube et que leurs correspondants numriques sont sur laxe des tubes. Les
distances atteignent ponctuellement le double ou le triple de la valeur autorise. Labsence de
concentration de contraintes et de raction dappuis trs importantes incitent cependant penser
que cette structure est bien la plus proche de celle que lon a effectivement construite. Cest donc
ce modle qui est choisi comme modle de rfrence pour les comparaisons avec le prototype.
Tab. 6.7 Distances entre les points de rfrence et les points de laxe du modle numrique.
Dplacements en cm
Minimal
Maximal
Moyenne
cart type

x
-3,2
3,8
0,1
1,7

y
-5,3
4,5
0,1
2,2

z
-3,9
2,1
-0,7
1,4

1,0
6,8
2,8
1,5

6.3.2 tude de la gomtrie


Comparaison avec le modle de rfrence
La premire tape de la comparaison entre le modle numrique et le prototype consiste
tudier la capacit du programme prdire la gomtrie de la grille aprs dformation. Cette
gomtrie est connue grce aux deux ensembles de cibles utilises pour les tests de chargement.
Les positions ltat 0 des dix-huit cibles de la premire srie (de A R) et des vingt cibles de
la seconde srie (de AA TT) sont donc compares avec les positions des points correspondants
du modle numrique. La totalit des carts observs (diffrence entre la position du modle et
celle du prototype) se trouve dans le tableau B.8 de lannexe. Le tableau 6.8 ci-dessous prsente
une synthse pour les carts dans les trois directions de lespace (x, y, z) ainsi quen norme
(la colonne ). Il est constitue de lcart maximal, de lcart minimal, de la moyenne des carts
(note moyenne I) et de lcart type correspondant, ainsi que de la moyenne des valeurs absolues
des carts (note moyenne II) et de son cart type. Tous les valeurs sont en centimtres.
Les premires remarques concernent les moyennes des carts : selon x et selon y elles sont
quasiment nulles alors que selon z, on observe un dcallage gnral de 3,8 cm vers le haut du
modle numrique. Si lon considre que les emplacements des cibles sur le prototype ont t
choisis pour tre visibles dun point situ au centre du gridshell, le dcalage entre la cible et
le point correspondant sur laxe du tube est globalement radial. Comme il y a autant de cibles

6.3 Comparaison avec un modle numrique

191

du ct des x positifs que des x ngatifs (cf. figure B.6), il semble logique que la somme de ces
dcalages soit nulle. Le mme raisonnement est valable selon y ; en revanche selon z, toutes les
cibles sont situes au-dessus du point dobservation, si bien que le dcallage entre la cible et le
point sur laxe est toujours positif. Cest ce qui explique la valeur positive de la moyenne des
carts selon z. Cette explication est confirme lorsquon tudie la valeur absolue des carts : selon
x et y, la moyenne II est plus importante que la moyenne I (1,7 cm et 1,7 cm contre respectivement
0,4 cm et 1,0 cm), mais elle est de lordre de grandeur du rayon des tubes. Selon z, la moyenne
II est quasiment gale la moyenne I ; les carts sont bien tous dans le mme sens.
Tab. 6.8 Comparaison entre la gomtrie du prototype et celle du modle
carts en cm
Maximal
Minimal
Moyenne I
cart type I
Moyenne II
cart type II

x
5,0
-3,6
0,4
2,1
1,7
1,3

y
7,2
-3,0
1,0
2,2
1,7
1,6

z
9,7
-2,2
3,8
2,4
4,1
2,0

9,8
1,8
5,1
2,0
5,1
2,0

Pour ce qui est des carts types, ils sont compris entre 1,3 cm et 2 cm. Si lon considre
que la prcision de la mesure est de 0,3 cm pour chaque coordonne (soit 0,4 cm sur la
distance) et que la prcision du montage est 1 cm sur le positionnement des assemblages
ou des cibles, on arrive une incertitude totale sur la connaissance de la position des cibles de
1,3 cm sur chaque coordonne, cest--dire peu de chose prs la valeur des carts types dans les
trois directions. La comparaison entre la gomtrie du modle numrique et celle du prototype
est donc concluante. On peut ainsi affirmer que si la prcision des plans de fondations et de
montage est respecte, les modles construits avec lalgorithme de relaxation dynamique sont
dune grande prcision pour la recherche de forme des gridshells.
Comparaison avec les modles de M. Barnes et F. Otto
On a vu dans le chapitre 1 que la recherche de forme du gridshell de Mannheim avait t
fate partir dune maquette de filet inverse et que celle du gridshell de Downland rsultait
dun calcul avec la mthode de relaxation dynamique. Afin de mieux pouvoir juger de lapport
de lalgorithme utillis, il semble intressant de comparer le modle numrique du paragraphe
prcdent avec des modles qui reproduisent les deux mthodes historiques de recherche de
forme des gridshells.
On construit donc un nouveau modle du prototype identique celui quaurait pu faire
M. Barnes, sans tenir compte des excentricits. Pour cela, on suit la mme dmarche que pour le
modle de rfrence avec excentricit (cf. paragraphe 6.3.1). Tout dabord, la forme dquilibre
de la structure sur appuis lastiques est calcule partir des positions des soixante-huit cibles de
rfrence. Ensuite, partir de la gomtrie obtenue, on calcule de nouveau la forme dquilibre
en remplaant les appuis lastiques par des rotules.
On construit galement un modle qui reproduit une maquette de filet suspendu la faon

192

6. Ralisation et tude exprimentale du premier gridshell en composites

de lIL. Loutil de calcul est toujours le programme de relaxation dynamique. Le modle de


filet tant sans excentricit, il est bas sur le modle sans excentricit prcdent : les barres
sont remplacs par des cbles sans raideur en flexion et en compression et la direction du poids
propre est inverse. Aprs convergence du calcul, on vrifie bien que tous les lments du modle
de filet sont tendus.
Tab. 6.9 Distance entre les deux modles historiques et le prototype.
Distance en cm
Maximal
Minimal
Moyenne I
Ecart type I
Moyenne II
Ecart type II

Modle sans excentricit


ux
uy
uz
u
5,1
6,9
13,5
13,7
-5,5
-5,9
-1,5
2,4
0,4
0,9
5,3
7,3
2,8
2,9
4,3
3,2
2,3
2,5
5,6
7,3
1,6
1,7
3,9
3,2

ux
5,0
-5,4
0,3
2,5
2,0
1,5

Filet invers
uy
uz
6,3
13,5
-5,7
-2,4
0,7
4,9
2,9
4,4
2,4
5,2
1,7
4,0

u
14,7
1,6
6,8
3,4
6,8
3,4

On compare ensuite les gomtries du modle sans excentricit et du modle de filet avec
la gomtrie du prototype selon la mme grille danalyse que prcdemment. On tudie les
distances qui sparent les deux ensembles de dix-huit et vingt cibles et qui sont prsentes dans
le tableau 6.9. Les mmes observations que pour le modle de rfrence sont valables pour le
modle sans excentricit et pour le filet invers : les carts selon x et selon y sont globalement
symtriques et de moyenne nulle, les carts selon z sont positifs. Horizontalement les deux
modles historiques sont donc aussi prcis que le modle avec excentricit ; la diffrence se fait
essentiellement sur la position verticale des cibles pour laquelle les carts moyens sont plus
levs (5,5 cm contre 4,1 cm) ainsi que les carts types (4 cm contre 2 cm). En effet, on remarque
que lorientation de la plupart des excentricits ne scartent pas beaucoup de la verticale, par
consquent, les deux directions de barres qui sont confondues dans le modle sans excentricit
et le modle de filet, sont simplement lune en dessous de lautre.

Fig. 6.10 Distance entre le modle de rfrence et le modle sans excentricit.

Fig. 6.11 Distance entre le modle de rfrence et le modle de filet invers.

Cette observation est confirme par la comparaison de ces deux modles avec le modle
numrique de rfrence. On voit sur les figures 6.10 et 6.11 que les distances entre les modles
sont trs faibles (7,8 cm au plus pour le premier et 12,5 cm pour le second). On peut donc
considrer que le modle sans excentricit est une contraction du modle avec excentricit sur
le plan moyen de la nappe suprieure et de la nappe infrieure de la grille. Quant au second, il
ne scarte du modle sans excentricit que dans deux zones prs des extrmits de la structure,

6.3 Comparaison avec un modle numrique

193

l o les barres sont les plus courtes et donc les plus raides en flexion. Ainsi on retrouve bien
le rsultat du paragraphe 4.2.2 : pour les grilles suffisamment souples dont la forme est obtenue
par inversion du poids propre (ce qui est le cas du prototype), la mthode de Frei Otto fournit
une trs bonne approximation de la gomtrie de la structure.
Il faut noter cependant que la forme du prototype et notamment son primtre nauraient
pas pu tre trouvs avec la mthode du filet invers parce quils sont le rsultat de la mthode de
recherche de forme dveloppe dans le paragraphe 4.3 qui ncessite lutilisation de la mthode
de relaxation dynamique. Lavantage de cet algorithme sur les autres modles est dtre un
outil polyvalent qui peut tre utilis pour tous les types de calculs non-linaires et que, par
consquent, le mme modle numrique peut tre gard dun bout lautre de ltude : de la
recherche de forme ltude des dplacements et des contraintes. De plus, le degr de prcision
supplmentaire apport par les excentricits est un atout considrable pour la dfinition et la
prfabrication de la couverture.

6.3.3 tude des dplacements


La seconde tape de la comparaison confronte les rsultats de lanalyse du comportement
structurel du prototype ceux du modle numrique dont on vient dtudier la gomtrie.
On simule donc laide de la mthode de relaxation dynamique, les tests de chargement du
paragraphe 6.2 et on compare les dplacements du modle avec ceux du prototype. La structure
de ce paragraphe reprend celle des tests exprimentaux : on sintresse dabord au comportement
de la structure avant triangulation, puis celui de la structure rigidifie, avant de quantifier leffet
de la triangulation.
Chargement avant triangulation
Ltude numrique du comportement de la structure non-rigidifie est faite laide des
mmes hypothses de chargements que celles de la structure relle. Vingt-et-une charges de
50 kg sont appliques sur le modle de rfrence selon les plans de rpartition symtrique
et asymtrique que lon a dj dcrit et qui se trouvent sur la figure B.4 de lannexe. Aprs
convergence du calcul, les dplacements des dix-huit cibles de A R sont relevs pour les deux
chargements et compars aux dplacements exprimentaux. Pour savoir si le modle reproduit
correctement la dformation relle, on tudie lcart qui spare le dplacement numrique unum
et le dplacement rel uexp .
On construit pour cela deux mesures de cet cart : la premire est une mesure absolue constitue de leur diffrence |unum uexp |. Elle est utile pour le constructeur qui dsire poser une
couverture sur le gridshell et qui a besoin pour cela de connatre lordre de grandeur des dplacements les plus importants et les tolrances associes. La deuxime mesure est relative et
constitue du rapport unum /uexp de sorte que si le modle est prcis, cette mesure tend vers un.
Cette mesure traite de la mme faon les carts relatifs pour les grands et les petits dplacements, elle permet donc de savoir si le modle numrique reproduit correctement lenveloppe
de la dforme. Elle est parfois cependant dlicate demploi : dans les zones o les dplacements

194

6. Ralisation et tude exprimentale du premier gridshell en composites

sont de lordre de grandeur de la prcision de la mesure, le rapport unum /uexp peut atteindre
des valeurs importantes (de lordre de 20) sans que cela corresponde rellement un dfaut de
modlisation. Dans le calcul des valeurs caractristiques des rapports unum /uexp , il a donc t
dcid dignorer les valeurs qui correspondent des dplacements de moins de un centimtre.
ces deux mesures, on ajoute langle que forment les deux dplacements entre eux. Les valeurs de ces grandeurs sont calcules pour toutes les cibles et donnes exhaustivement dans
les tableaux B.9 et B.10 de lannexe. Le tableau 6.10 prsente les moyennes et les carts types
correspondants obtenus pour les chargements symtrique puis asymtrique.
Tab. 6.10 Comparaison entre les dplacements rels des cibles et ceux du modle.
Chargement
symtrique
Chargement
asymtrique

en cm
Moyenne
cart type
Moyenne
cart type

exp

|unum
ux |
x
1,6
0,8
2,0
1,9

exp

|unum
uy |
y
0,7
0,6
2,6
2,0

exp

|unum
uz |
z
1,5
0,9
4,8
5,8

|unum uexp |
1,4
0,6
6,2
5,4

10,2
4,5
6,6
3,1

On remarque tout dabord que les directions des dplacements sont correctement prvues
par le modle puisque les angles moyens entre le dplacement numrique et le dplacement
exprimental sont de 10,2 et de 6,6 respectivement sous chargement symtrique et asymtrique. Ensuite, dans le cas du chargement symtrique, on constate que les moyennes des carts

|unum uexp | sont de lordre de 1,5 cm dans toutes les directions avec des carts types de moins
de 1 cm. Compte tenu de la prcision de la mesure qui est de 0,6 cm et de lordre de grandeur
des dplacements (cf. tableau 6.2), on peut considrer que ces valeurs comme satisfaisantes et
que, dans ce cas, le modle numrique est dune bonne prcision pour les dplacements. Ces
observations sont confirmes par la valeur moyenne de la mesure relative qui est exactement
de 1,00 avec toutefois un cart type de 0,11 (cf. tableau B.9).
Dans le cas du chargement asymtrique en revanche, les carts sur les dplacements sont
plus importants. Les valeurs moyennes et les carts types de lcart absolu selon x et selon y
sont plus que doubls et, selon z, la moyenne et lcart type atteignent 5 cm avec un cart
sur le dplacement maximal de 18 cm. Cependant en comparant ces valeurs aux dplacements
du prototype (jusqu 48 cm), on constate que lcart relatif unum /uexp vaut en moyenne 0,82
avec un cart type de 0,18 (cf. tableau B.9). Le modle numrique sous-estime donc denviron
18 % les dplacements dans le cas asymtrique. Pour expliquer les carts observs dans le cas
asymtrique, on peut voquer deux raisons.
La premire est que le systme de fondation nest en ralit pas infiniment rigide. On peut
simuler llasticit des appuis en ajoutant des systmes de trois barres du mme type que ceux
utiliss dans le paragraphe 6.3.1. La raideur des barres supplmentaires est dfinie en fonction
du dplacement maximal que lon dsire autoris. Pour un dplacement moyen de 1,5 cm, on
obtient les valeurs caractristiques de |unum uexp | qui sont prsentes dans les deux premires
lignes du tableau 6.11. La seconde est que la charge applique provoque un aplatissement de la
structure et que dans les zones les plus charges les barres qui taient en forme de tendent
former un M. Les niveaux de chargement qui sparent ces deux formes caractristiques sont trs
proches lun de lautre ; une petite variation de la charge entrane donc de grands carts sur les

6.3 Comparaison avec un modle numrique

195

dplacements. Cest ce que lon constate avec les carts |unum uexp | qui ont t calculs pour
une augmentation de la charge de 50 kg 55 kg et qui sont prsents dans les deux dernires
lignes du tableau 6.11.
Tab. 6.11 Rapports entre les dplacements rels des cibles et ceux des deux modles modifis.
Fondations
lastiques
Charges de
55kg

en cm
Moyenne
cart type
Moyenne
cart type

exp

|unum
ux |
x
2,0
1,7
2,1
1,0

exp

|unum
uy |
y
1,5
1,2
0,9
0,7

exp

|unum
uz |
z
1,9
1,9
2,5
2,1

|unum uexp |
2,5
2,5
2,8
2,0

Les deux modifications apportes au modle de rfrence permettent de se rapprocher des


dplacements rels du prototype : dans le premier modle, les carts dans les trois directions
sont rinfrierus 2,0 cm et dans le second modle 2,5 cm. Lcart maximal entre le modle
avec appuis lastique et le prototype nest plus que de 9,0 cm et lcart entre le modle avec une
surcharge et le prototype plus que de 7,2 cm. On observe exactement le mme phnomne sur
les carts relatifs puisque le rapport unum /uexp de ces deux modles valent respectivement en
moyenne 0,93 et 1,00 avec des carts types de 0,07 et de 0,13. La prcision horizontale du modle
avec des charges de 55 kg tant du mme ordre que celle obtenue sous chargement symtrique
(cf. tableau 6.10), il est probable que les charges aient t sous values lors des essais. Les dynamomtres utiliss ont une prcision de 1 kg et lexprience sest droule en extrieur sur
plusieurs jours sans que la quantit deau tombe ou vapore soit mesure prcisemment. Ainsi,
par une modlisation plus fine de la structure, on parvient simuler correctement le comportement de la structure relle de sorte que lefficacit de la mthode de relaxation dynamique pour
lanalyse des structures qui a t dmontre au paragraphe 3.7.4 est une nouvelle fois confirme.

Fig. 6.12 Le dplacement selon z du gridshell


sous chargement asymtrique.

Fig. 6.13 Le dplacement selon y du gridshell


sous chargement asymtrique.

Par ailleurs, dans la mesure o le programme est un outil fiable pour ltude du comportement des gridshells, on peut lutiliser pour obtenir une vision densemble de la dformation de
la structure sous chargement quand le protocole exprimental nautorise quune mesure ponctuelle. Ainsi les hypothses prsentes la fin du paragraphe 6.2.2 se trouvent vrifies : le
chargement de la structure provoque bien une descente de la partie centrale du gridshell et un
cartement des parois latrales comme on peut le voir sur les deux figures ci-dessous qui illustrent le dplacement selon z (figure 6.12) et le dplacement selon y (figure 6.13). Ce type de

196

6. Ralisation et tude exprimentale du premier gridshell en composites

dforme rappelle celle dun arc charg verticalement en son centre, ce qui semble logique puisqu ce stade de la construction le gridshell sans triangulation nest encore quun assemblage
darcs.
Chargement aprs triangulation
On vient de voir que le modle de relaxation dynamique permet de simuler les dformations de la structure avant triangulation. Or cette tape nest quun tat provisoire de la structure
qui doit tre contrevente dans sa forme dfinitive. Il importe donc de savoir si, dans cette
configuration aussi, le modle reproduit correctement le comportement du prototype. Les comparaisons sont plus difficiles que dans le paragraphe prcdent car les dplacements mesurs
sur la structure rigidifie sont faibles et que, par consquent, la prcision de la mesure a une
grande influence sur la qualit de la comparaison entre les dplacements du modle et ceux
du prototype. En effet, dans le cas symtrique, 50 % des dplacements sont infrieurs 0,8 cm
(avec 90 % des dplacements selon x infrieurs 0,6 cm, 75 % selon y et 60 % selon z) ; dans
le cas de charges asymtriques, 30% des dplacements sont infrieurs 0,8 cm (avec 75 % des
dplacements selon x infrieurs 0,6 cm, 65 % selon y et 50 % selon z).
Dans ces conditions, il est impossible de faire une comparaison nud par nud. Les rsultats
de lanalyse numrique de la structure rigidifie sont donc prsents sous forme synthtique :
dplacement maximal, dplacement minimal, moyenne des dplacements et carts types dans
chacune des trois directions de lespace ainsi quen norme ; mais galement dplacement du
centre de la structure, dplacements des cibles situes dans la zone des x ngatifs (la zone
charge dans le cas asymtrique) et dplacements des cibles situes dans la zone des x positifs
(la zone non charge dans le cas asymtrique). Ces rsultats numriques sont regroups dans les
tableaux 6.12 et 6.13, ils sont compars avec les rsultats exprimentaux des tableaux 6.4 et 6.5.
Tab. 6.12 Dplacements du modle rigidifi
sous chargement symtrique.
(en cm)
Maximal
Minimal
Moyenne
cart type
Centre
x>0
x<0

ux
0,26
-0,24
0,00
0,14
0,00
-0,10
0,11

uy
0,79
-0,78
0,01
0,39
0,02
0,13
-0,09

uz
0,29
-0,88
-0,23
0,36
0,03
-0,22
-0,21

u
1,09
0,05
0,50
0,34
0,15
0,48
0,47

Tab. 6.13 Dplacements du modle rigidifi


sous chargement asymtrique.
(en cm)
Maximal
Minimal
Moyenne
cart type
Centre
x > 0 (charg)
x<0

ux
0,11
-0,53
-0,12
0,15
-0,07
-0,19
-0,04

uy
1,17
-1,23
0,00
0,49
-0,02
0,12
-0,10

uz
0,60
-1,20
-0,14
0,45
-0,37
-0,29
0,01

u
1,37
0,09
0,58
0,41
0,50
0,85
0,27

On observe logiquement que, pour le chargement symtrique, les dplacements horizontaux


sont symtriques : leurs valeurs extrmes sont gales et opposes : 0,26 cm et -0,24 cm selon x et
0,79 cm et 0,78 cm selon y ; leurs valeurs moyennes sont nulles et le dplacement horizontal du
centre de la structure est nul galement. On retrouve galement la symtrie des dplacements
selon y pour le chargement asymtrique avec des valeurs extrmes gales et opposes et des
valeurs moyennes nulles. Lensemble de la structure descend de faon symtrique lorsque les
charges sont symtriques et, lorsque les charges sont asymtriques, la partie charge descend

6.3 Comparaison avec un modle numrique

197

plus que la partie non-charge (-0,29 cm contre 0,01 cm). Lallure gnrale des dplacements
selon z et selon y des figures 6.14 et 6.15 semble juste galement et sont assez similaires celle
du cas non-triangul (cf. figures 6.12 et 6.13). Il reste donc la question des ordres de grandeur.
Les dplacements calculs sont trs faibles ; ils sont en moyenne du mme ordre de grandeur
que ceux du prototype bien quen gnral infrieurs, tant sous chargement symtrique (0,50 cm
contre 0,84 cm) que sous chargement asymtrique (0,58 cm contre 1,54 cm). Les tests de validation qui ont t mens la fin du chapitre 3 incitent penser que, sil est possible que le
programme sous-estime les dplacements rels de 18 % comme dans le cas de la structure nonrigidifie, un cart de 60 % est improbable. Cest avant tout le mode opratoire de lexprience
quil faut remettre en cause : lutilisation des tachomtres en stations libres nest pas adapte
la mesure de dplacements aussi petits, il faut utiliser des tachomtres fixes dont la position
est rigoureusement inchange. Comme indiqu dans le paragraphe 6.2.1 sur la prcision des
mesures, les dplacements sont des mesures relatives : peu importe que la position de lappareil soit mal connue, si elle est invariable, limprcision naffectera pas la mesure et on pourrait
obtenir le niveau de prcision annonc par le fabricant de tachomtre, cest--dire le dixime
de millimtre. Il na malheureusement pas t possible de raliser des bornes topographiques
avant la ralisation dune ouverture dans le prototype (cf. paragraphe 6.4) ce qui a chang et
sa gomtrie et son comportement. Si lon voulait poursuivre la comparaison du modle et du
prototype, on pourrait raliser une troisime srie dessais sur la structure avec son ouverture,
mais cela ne rentrerait pas dans le cadre de cette thse.

Fig. 6.14 Le dplacement selon z du gridshell


rigidifi sous chargement asymtrique.

Fig. 6.15 Le dplacement selon y du gridshell


rigidifi sous chargement asymtrique.

Effet de la triangulation
Malgr ces quelques rserves sur la qualit des rsultats exprimentaux de la seconde srie
de mesures, leffet de la triangulation sur la rigidit de la structure est vident numriquement
et exprimentalement. Une premire valuation de leffet de la triangulation a t obtenue dans
le paragraphe 6.2.2 partir des mesures effectues sur le prototype. Le facteur daugmentation
de la raideur peut tre chiffr 19 si lon observe le dplacement central (sous chargement symtrique comme sous chargement asymtrique) ainsi qu 7,5 sous chargement symtrique et 13,4
sous chargement asymtrique si lon observe le dplacement maximal. Il est difficile de dterminer parmi ces trois valeurs laquelle reprsente le mieux lamlioration du comportement de
la structure. Numriquement, la comparaison point par point des dplacements de la structure

198

6. Ralisation et tude exprimentale du premier gridshell en composites

avant et aprs rigidification nest pas plus fructueuse parce que, pris sparment, les points ont
des comportements trs diffrents. Ainsi la mthode qui apparat la plus pertinente pour estimer
leffet de la triangulation est la comparaison des nergies de dformations lastiques des deux
structures. Celle-ci peut tre calcule partir du travail des efforts extrieurs qui est gal, une
constante multiplicative prs (la valeur du chargement), la somme des dplacements verticaux
des points dapplication des charges. Les valeurs de ces travaux pour les deux cas de chargement
sont prsentes dans le tableau 6.14.
Tab. 6.14 Travaux des efforts extrieurs et influence de la rigidification.

Chargement symtrique
Chargement asymtrique

Avant
rigidification
568 J
1558 J

Aprs
rigidification
65,6 J
70,0 J

Rapport
Aprs/Avant
8,7
22,3

Limpression qui ressortait de la comparaison des dplacements maximaux est confirme,


leffet de la triangulation est beaucoup plus important sous chargement asymtrique que sous
chargement symtrique, puisque lon trouve un rapport de 22,3 entre lnergie de dformation
de la structure non rigidifi et celle de la structure rigidifie pour le premier et de 8,7 pour le
second. On remarque cependant que leffet de la triangulation est ici beaucoup plus faible que
dans le tableau 5.4 o le gain de raideur li la troisime direction de barre tait de 60. Cela
vient probablement du fait que la modlisation du paragraphe 5.2.3 ne prend pas en compte les
excentricits entre les barres. Or celles-ci introduisent de petits mcanismes entre les barres et
agissent sur le comportement de la structure comme des imperfections de montage. Il est donc
trs important de ne pas ngliger les excentricits dans ltude du comportement des gridshells.

6.3.4 tude des efforts intrieurs


Pour expliquer les diffrence de comportement du paragraphe prcdent, on tudie lvolution des efforts intrieurs dans la structure. Comme aucun appareil de mesure spcifique na
t pos sur la structure relle, les valeurs donnes ici sont celles de la simulation numrique ;
compte tenu de la dualit qui existe entre force et forme pour les structures lastiques, si le
programme prvoit correctement la gomtrie (ce que lon vient de dmontrer), il prvoit correctement les efforts intrieurs et les contraintes.
Dans le cas de chargement symtrique, les charges sont rparties sur lensemble de la structure et les dix barres les plus charges ne supportent que trois charges. Dans le cas de chargement
asymtrique, toutes les charges sont du mme ct et quatre barres supportent cinq charges. En
labsence de triangulation, la redistribution des charges de ces quatre barres vers les barres voisines seffectue trs mal et elles doivent reprendre seules la quasi totalit des efforts extrieurs.
La troisime direction de barre donne une rsistance en cisaillement la surface et permet une
collaboration entre les barres qui participent toutes la reprise du chargement. Cest ce que
lon peut observer sur les figures ci-dessous. Dans la structure avant triangulation, quatre barres
concentrent elles-seules les efforts de compression les plus importants (les barres en bleu fonc
sur la figure 6.16). Dans la structure rigidifie (cf. figure 6.17), la triangulation rpartit les efforts

6.3 Comparaison avec un modle numrique

199

de compression sur huit barres et elle fait cooprer les barres dans la direction oppose en les
mettant en traction (les barres en rouge et jaune sur la figure 6.17). Ces remarques sont galement valables pour le cas de chargement symtrique, mais comme les concentrations defforts y
sont moins importantes, lapport de la triangulation est moins visible.

Fig. 6.16 Efforts normaux dans le gridshell


non-rigidifi sous chargement asymtrique.

Fig. 6.17 Efforts normaux dans le gridshell


rigidifi sous chargement asymtrique.

On note que la rpartition des efforts normaux nest quune partie de lapport structurel de
la triangulation. Sans celle-ci, la structure nest quun assemblage darcs. Le chargement symtrique qui leur est appliqu est suffisamment proche du chargement dont ils sont les funiculaires
pour quil puisse pour lessentiel tre repris sous forme de compression dans les arcs sans introduire de flexion importante. La contrainte maximale naugmente donc que de 15 MPa comme le
montre le tableau 6.15 sur lvolution des contraintes. Le chargement asymtrique en revanche
est trs loign de ce funiculaire et il entrane de la flexion dans les arcs : la partie centrale saplatit pendant que la courbure saccentue sur les cts. La position du moment maximal change et,
entre la configuration au repos de la figure 6.18 et la configuration dforme de la figure 6.19,
il passe du centre aux parties latrales des arcs. Dans le mme temps, leur contrainte maximale
passe de 130 MPa 165 MPa.

Fig. 6.18 Moments flchissants dans le gridshell au repos.

Fig. 6.19 Moments flchissants dans le gridshell non-rigidifi sous charges asymtriques.

Avec lintroduction de la triangulation, le comportement densemble de la structure est


chang et on passe dun fonctionnement en arc un fonctionnement de type coque avec un
cheminement essentiellement membranaire des efforts. Les efforts extrieurs qui provoquaient
la flexion des barres sont transforms en efforts normaux dans lpaisseur de la coque et, sous
charges, le taux de flexion des lments dans le gridshell est quasiment inchang. Les contraintes
maximales voluent trs peu : 130 MPa au repos, 134 MPa sous chargement symtrique, 132 MPa
sous chargement asymtrique (cf. tableau 6.15).

200

6. Ralisation et tude exprimentale du premier gridshell en composites

Tab. 6.15 volution des contraintes maximales dans la structure.


Contraintes
en MPa
Non-triangule
Triangule

Structure
au repos
130
130

Chargement
symtrique
145
134

Chargement
asymtrique
165
132

La rigidification de la structure constate dans le paragraphe prcdent est donc une consquence dun changement radical de comportement mcanique. La grille avec son degr de libert
en cisaillement est facile mettre en forme mais na alors que lapparence dune surface : elle
est consitue dun assemblage darcs et se comporte comme tel. La mise en place de la triangulation transforme la grille en une coque dans laquelle les efforts perpendiculaires la surface
sont repris sans flexion sous forme membranaire ce qui donne toute sa raideur la forme finale.
Les structures de gridshell avec leur mode de construction en deux tapes permet donc dallier
lgance formelle performance structurelle.

6.4

Ralisation dune ouverture

Aprs rigidification, le comportement du gridshell est semblable celui dune coque. La


cration dune ouverture dans le prototype obit donc a priori aux mmes rgles que celles
qui gouvernent le percement des coques. Au bord de louverture, on doit donc observer une
concentration de contraintes, une fragilisation de la structure et une diminution de sa raideur.
Pour viter la rupture de la coque et lui redonner ces proprits mcaniques, il suffit en gnral
de renforcer les bords de louverture. Les solutions usuelles (augmentation locale de linertie,
cration dappuis supplmentaires, etc.) sont a priori applicables aux gridshells et efficaces.

Fig. 6.20 Dplacement li la cration de


louverture louest du prototype.

Fig. 6.21 Le prototype et son ouverture


louest.

Louverture que lon a choisi de pratiquer dans le gridshell, est situe louest du prototype,
cest--dire du ct des x ngatifs. On coupe les barres le long des barres 7 et 30 de faon
supprimer la partie plate inhabitable de ce ct et crer un passage de 2,4 m de haut comme
on peut le voir sur la figure 6.21. Avant dintervenir sur la structure relle, des simulations
numriques ont t effectues afin de vrifier que lenveloppe du gridshell tait bien rigide.
Tous calculs faits, louverture entrane un dplacement maximal de 6,7 cm du point situ
lintersection des rives formes par les arcs 7 et 30 tandis que partout ailleurs les dplacements
ne dpassent pas 4 cm (cf. figure 6.20).

6.5 Cot du prototype

6.5

201

Cot du prototype

Les aspects conomiques de la construction des gridshells en composites ont dj t voqus


dans le chapitre 2 et on avait alors dmontr que les composites verre/rsine constituaient par
rapport au bois une alternative intressante tant sur le plan des performances structurelles que
sur le plan financier. Par ailleurs, la fin du paragraphe 1.4.5, on avait cit ltude ralise
par Harris dans [49] propos du gridshell de Downland. Il apparaissait que le btiment de
Downland, malgr son imposant systme dchafaudage tait tout fait concurrentiel et que son
prix se situait dans la moyenne des prix des btiments avec un programme similaire raliss
par le Buro Happold. De ces deux informations, on peut alors dduire que les gridshells en
composites sont a priori des structures dont le cot est concurrentiel voire attractif pour la
ralisation de couvertures de moyenne porte (jusqu 20 m).
Cette affirmation semble vrifie avec le prototype prsent ici. En effet, on a recens dans
le tableau 6.16 les cots de tous les matriaux utiliss pour la construction (tubes pultruds,
assemblages, systmes de fondation) ainsi que le nombre dheures ncessaires lrection de la
structure sur une base de 15 e brut de lheure et dun coefficient multiplicatif de 3,2 pour obtenir
le cot complet de la main duvre. On arrive ainsi un cot total de 7 833 e pour lensemble
de la structure avec des fondations temporaires et sans couverture.
Tab. 6.16 Cot estimatif de la structure du prototype de gridshell en composites.
Colliers (42-42)
contreventement
Tubes pultruds
contreventement
Tube acier
Tige filete
Total
Main duvre
montage
Total construction

Source
Delrez
Topglass
Weber

nb pers
4

prix e/U
7,1
7,1
3,5
3,5
3,5
3,0

quantit
213
152
442
281
13,6
25,1

nb heures
8

coef divers
3,2

total (e HT)
1 518
1 083
1 552
987
47,5
75
5 265
tarif brut e/h
15

total e TTC
1 816
1 296
1 856
1 181
147
6 297
total eTTC
1 536
7 833

Tab. 6.17 Ratios caractristiques pour 70,5 m2 habitable et de 154,7 m2 au sol.


Colliers (42-42)
Tubes pultruds (42mm)
Fondations
Total
Main duvre montage
Total construction

total e/m2
11,7+ 8,4
12,0 + 7,6
0,9
40,7
9,4
50,1

total e/m2 hab


25,8 + 18,4
26,3 + 16,8
2,1
89,3
20,6
109,9

total kg/m2
1,4 + 1,0
1,8 + 1,1
1,3
6,5

Pour pouvoir comparer ce cot, il faut le rapporter la surface couverte par le btiment. Dans
le tableau 6.17, on distingue la surface totale (154,7 m2 ) de la surface habitable (70,5 m2 ) de sorte
que, pour ces deux surfaces, les ratios cot par unit daire sont respectivement de 50,1 e/m2 et

202

6. Ralisation et tude exprimentale du premier gridshell en composites

109,9 e/m2 . 50 e/m2 , le prix de construction des gridshells se rapproche de celui de la structure mtallique de hangars industriels qui sont des btiments particulirement conomiques. En
surlevant lgrement la structure et en optimisant sa courbure, on peut augmenter la surface
habitable sous le prototype et ainsi faire tendre le second ratio vers le premier. Le prix du mtre
carr habitable devient alors comptitif surtout si lon note que la forme propose par le prototype est plus succeptible dintresser un architecte que celle dun banal hangar. On remarque par
ailleurs que les assemblages utiliss sont disproportionns vis--vis des efforts quils reprennent
et que, depuis la construction du prototype, un modle dassemblage plus satisfaisant, cinq fois
moins lourd et quatre fois moins cher, a t fabriqu partir de systmes de fixation de grosses
conduites deau.
En dehors de leur cot, un autre avantage des gridshells en composite est leur lgret : seulement 6,5 kg/m2 daprs le tableau 6.17. On note que trois cinquimes de ce poids (3,2 kg/m2 )
sont dus la grille principale et deux cinquimes la triangulation (2,2 kg/m2 ) et que par consquent une augmentation de la masse de 70 % sest traduite par une multiplication par 15 de la
raideur de la coque. On note galement que prs 40 % du poids de la structure est due aux
assemblages. Or ceux-ci sont surdimensionns pour lusage qui en est fait ici, on gagnerait donc
une masse considrable en dveloppant un assemblage en composite spcifique aux gridshells
ou en les remplaants par les assemblages mieux adapts voqus ci-dessus. En outre, en prvoyant dans cet assemblage la possibilit de connecter trois barres chaque nud, on pourrait
mettre en uvre un systme de contreventement qui triangule exactement la grille principale et
ainsi gagner encore un facteur deux sur la raideur de la coque.

6.6

Conclusion

Ltude du prototype de grande taille qui vient dtre prsente montre la faisabilit dun
gridshell en matriaux composites ainsi que les potentiels structurels et conomiques de cette
famille de structure. La construction du gridshell a en effet confirm la pertinence des choix
technologiques des chapitres prcdents qui ont permis un montage ais sans aucun moyen de
levage particulier. Les tests de chargement effectus sur le prototype avant et aprs triangulation
sont venu conforter lide que le contreventement confre ses qualits mcaniques et sa raideur
la structure. Malgr quelques problmes lis la prcision des mesures, on a estim exprimentalement que la mise en place de la troisime direction de barres multiplie par dix-neuf la
rigidit de louvrage.
Ces rsultats ont ensuite t compars un modle numrique tabli avec lalgorithme de
relaxation dynamique. Lexamen des positions de cibles rparties sur la structure au repos a permis de vrifier que la gomtrie prvue par le modle tait trs proche de la gomtrie relle et
par consquent que lalgorithme tait un outil fiable pour la recherche de forme des gridshells.
Ltude numrique des dplacements sous chargements symtrique et asymtrique et leur comparaison avec les dplacements exprimentaux a abouti la mme conclusion : lalgorithme
prvoit correctement le comportement de la structure, tant en grands dplacements quand la
structure est non-rigidifie quen petits dplacements quand elle est rigidifie. Les simulations

6.6 Conclusion

203

numriques fournissent galement une estimation de laugmentation de raideur lie la triangulation, on a valu la raideur de la grille contrevente 8,7 celle de la grille simple dans le cas
symtrique et 22,2 fois dans le cas asymtrique. La troisime direction de barres redonne une
raideur en cisaillement la grille qui nen avait pas pour la mise en forme et confre ainsi une
vritable raideur la surface et un comportement proche de celui dune coque.
On a vu ensuite que, comme les proprits mcaniques de la forme finale sont celles dune
coque, il est facile dy amnager des ouvertures, les concentrations de contraintes sur les bords
de louverture se traitant comme sur les coques par des renforcements locaux de la structure. On
la montr par la cration dune entre sur le ct ouest du prototype. Un bilan des cots de la
construction du prototype a galement t expos afin de dmontrer la comptitivit de ce type
de structure pour la construction dabris de moyenne porte.

Conclusion et perspectives
Les matriaux composites sont des matriaux nouveaux dans la construction. Aujourdhui
ils remplacent des matriaux traditionnels plus lourds comme lacier, mais leur niche est encore
dfinir, leur domaine dexcellence inventer. Cependant on remarque que partout o une
grande dformabilit et une grande raideur sont exiges, ils se sont imposs. Les structures de
btiment et de gnie civil qui requirent ces deux proprits sont peu nombreuses, vrai dire,
les gridshells en sont un bon exemple.
Ces structures sont rares et mconnues. Leur originalit vient de leur processus de montage
mis au point par Frei Otto : elles sont issues dune grille dlments rectilignes lancs que lon
a dforme lastiquement jusqu obtenir une surface double courbure dans laquelle les lments sont prcontraints par flexion. Ds 1975, le btiment du Bundesgartenschau de Mannheim
rvlait un univers formel radicalement nouveau par rapport aux formes des grandes couvertures construites par le pass. Il dmontrait galement la validit du concept de gridshell sur
le plan mcanique, cest--dire le passage par simple triangulation dune grille souple une
structure dune grande rigidit et dune lgret exceptionnelle.
une exception prs, la structure de ces btiments a t ralise en bois, car cest le seul matriau de construction traditionnel possder un allongement rupture et une raideur levs.
Dans ce travail, on a propos dutiliser les matriaux alternatifs que sont les matriaux composites fibres longues dont lallongement rupture et la raideur sont bien plus importants. On
a donc rappel les caractristiques physiques et mcaniques de ces polymres renforcs par des
fibres et leurs principales applications dans le gnie civil. On a ensuite dmontr laide de la
mthode de choix des matriaux de Michael Ashby que les composites verre/rsine sont bien
plus intressants que le bois pour la construction des gridshells. Leur bilan environnemental est
moins bon que celui du bois, mais leurs performances mcaniques nettement suprieures, garanties par un procd fiable de fabrication industrielle (la pultrusion) et leur facilit dassemblage
par collage en font une alternative trs intressante tudier.
Le comportement court et long terme des composites pultruds flchis en grande transformation a t dabord tudi. Plusieurs points importants ont t mis en vidence. court
terme, le comportement du tube reste linaire lastique jusqu la rupture de la partie comprime. Lors de la mise en forme des gridshells, il ny a donc pas de non-linarits matrielles
prendre en compte dans le calcul. long terme, la viscolasticit de la rsine entrane un fluage
important qui diminue avec le niveau de sollicitation, de sorte quil semble prfrable de limiter
les contraintes 30 % de la rupture instantane. Enfin, lanisotropie du matriau se traduit par

206

Conclusion et perspectives

une trs faible raideur transversale du profil, qui entrane une ovalisation de la section dans les
lments flchis ; il convient donc de ne pas trop diminuer lpaisseur des parois des lments.
Ensuite, en rponse au fait que les grands dplacements et les non-linarits gomtriques
qui apparaissent lors de la mise en forme des gridshells sont difficilement pris en compte par les
codes lments finis classiques, un outil de simulation numrique spcifique a t dvelopp. Il
repose sur la mthode de relaxation dynamique, une mthode originale de calcul non-linaire
de structure qui remplace la recherche de ltat dquilibre statique par un calcul dynamique
fictif qui va conduire ltat dquilibre statique par amortissements successifs. Les principes
gnraux de la mthode ont t prsents ainsi quune reformulation de llment de poutre
propos par Michael Barnes. Un modle original pour la prise en compte des excentricits entre
les barres a t introduit. La cinmatique dveloppe correspond la technique dassemblage
propose dans ce travail, mais son principe repose sur des contraintes purement gomtriques
qui peuvent tre facilement adaptes dautres pices de liaisons. Ce modle permet dune
part daugmenter la prcision dans la simulation de la gomtrie des gridshells et dautre part
de mieux prvoir la charge critique de flambement de la structure par la prise en compte des
dissymtries et des mcanismes lis aux assemblages. Par ailleurs, une mthode adaptative doptimisation des paramtres de lalgorithme en fonction de la raideur actuelle des lments a t
dcrite : elle garantit la stabilit de lalgorithme et minimise le temps de calcul. Sur les bases de
cet algorithme, un outil numrique spcifique, appel AlgoRD, a t implment et soumis une
srie de tests de validation sur une grande varit de calculs de structures en grands dplacements qui illustre galement sa polyvalence. Il sest avr fiable, facile demploi et souvent plus
performant quun logiciel de calcul aux lments finis du commerce.
Intgrant ces nouveaux matriaux et ces nouveaux outils numriques, ltude sest alors
concentre sur les problmes spcifiquement lis la conception des gridshells en matriaux
composites. On sest tout dabord intress la question de la dfinition mme de la forme
de la structure que lon appelle la recherche de forme. Trois mthodes de recherche de forme
ont t exposes. La premire a t systmatise par Frei Otto, elle repose sur ltude de modles rduits parfaitement tendus et conduits des formes dont le contour et les conditions
dappui sont imposs. Cette mthode nglige la raideur en flexion des lments, ce qui nest
certes pas prjudiciable la construction des gridshells lorsque les lments sont trs lancs
comme Mannheim, mais limite et oriente trs largement la recherche de forme. La deuxime
mthode a t dveloppe dans ce travail grce lutilisation de la relaxation dynamique et la
prise en compte de la raideur en flexion des lments. Elle conduit des formes nouvelles dont
les contours libres sont lexpression de la raideur naturelle de la grille. Une tude exhaustive
sur linfluence des paramtres de cette mthode a t mene afin dtablir une sorte de guide
pratique pour le concepteur. La troisime mthode a t esquisse mais semble trs prometteuse,
elle permet de construire des grilles prcontraintes en quilibre sur peu prs nimporte quelle
surface courbe dont la forme est impose.
Aprs la dfinition de la forme, on sest consacr ltude du comportement mcanique
spcifique des gridshells. Pour cela on sest appuy sur ltude du prototype de gridshell qui a
t construit lcole Nationale des Ponts et Chausses. La forme de celui-ci a un contour libre
qui a t dfini laide de la deuxime mthode expose ci-dessus. Une mthode pratique de

Conclusion et perspectives

207

triangulation par une troisime direction de barre a t propose : elle permet la dfinition et
la mise en place des barres supplmentaires en perturbant le moins possible la gomtrie de la
grille et son tat de contrainte. Deux variantes de ce schma de triangulation ont t tudie sans
tenir compte des excentricits entre les barres : selon que la troisime direction de barres passe
au milieu de chaque barre ou au niveau des intersections de la grille, la raideur du gridshell
varie de 60 120 fois la raideur de la grille non-contrevente.
Par ailleurs, sur le plan rglementaire, il a sembl ncessaire de sinscrire dans le cadre des
Eurocodes qui sont dsormais les rfrences europennes dans le btiment. Comme il nexiste
pas dEurocode ddi aux matriaux composites, des coefficients partiels de scurit adapts
leurs spcificits ont t proposs : ils se fondent sur le mode didentification des proprits
mcaniques, le procd de production du matriau et les effets de la temprature et du vieillissement. cause du comportement viscolastique de ces matriaux, on recommande de diviser
la rsistance rupture par au moins 2,5 entre un chargement court terme et un chargement
long terme.
Ces coefficients ont ensuite t utiliss pour la vrification des tats limites de service du
prototype. On a ainsi mis en vidence la souplesse du matriau et limportance du choix de la
technique de couverture. En effet, si la couverture est souple, elle pourra supporter les dplacements importants du gridshell ce qui permettra de conserver des structures trs lgres. En
revanche, si la couverture est rigide, il faut compenser la souplesse du matriau en densifiant le
maillage et en augmentant la double courbure de la surface. Par ailleurs, la vrification des tats
limites ultimes a montr que laugmentation de contraintes lie aux chargements extrieurs tait
de lordre de 10 % de la contrainte permanente de flexion. Compte tenu de la faible rsistance
des tubes sur le long terme, la prcontrainte est donc amene jouer un rle important dans
le dimensionnement de la grille. Il a t galement montr que le risque dinstabilit tait lev
et en gnral prpondrant par rapport au risque de rupture dun lment sous chargement
variable de sorte que ltude des instabilits est indispensable pour ce type de structure.
Enfin, la faisabilit de ce gridshell en matriaux composites, ses bonnes performances mcaniques et son intrt conomique ont t dmontrs par la ralisation du prototype sur le site
de lcole Nationale des Ponts et Chausses. Les diffrentes tapes du montage et les techniques
utilises ont t dcrites ainsi que les tests de chargement effectus avant et aprs triangulation.
Lanalyse des rsultats de ces tests a montr que si leffet de la triangulation tait vident sur
la structure relle (la raideur a t multipli par 22 sous chargement symtrique), il tait moins
important quescompt du fait des excentricits entre les deux directions de la grille. Le modle numrique qui a t construit partir du relev des positions des extrmits des barres a
confirm ces rsultats. On mesure ainsi lintrt du modle dexcentricit qui a t dvelopp
dans ce travail. De plus, le modle numrique a permis ltude de lvolution des contraintes
dans la structure de sorte quon constate que la rigidification de la structure est une consquence
dun changement radical de comportement mcanique. La grille avec son degr de libert en cisaillement est facile mettre en forme mais na alors que lapparence dune surface : elle est
constitue dun assemblage darcs et se comporte comme tel. La mise en place de la triangulation transforme la grille en une coque dans laquelle les efforts perpendiculaires la surface sont
repris sans flexion sous forme membranaire ce qui donne toute sa raideur la forme finale.

208

Conclusion et perspectives

Lensemble des outils et des mthodes dvelopps ici ouvre la voie vers la ralisation dun
vritable btiment de moyenne porte. Loutil numrique actuel ne connat que des sections
axisymtriques, il serait donc intressant de modifier le calcul des efforts intrieurs pour introduire un modle capable de prendre en compte des poutres de sections quelconques. Cela
augmenterait en outre la polyvalence de lalgorithme et permettrait ltude de la torsion dans
les lments et de nouveaux phnomnes comme le dversement des structures. Il serait intressant galement dapprofondir la mthode du compas qui permet de construire des grilles
sur des surfaces quelconques et dy introduire des mthodes doptimisation de faon en faire
un vritable outil de conception de structure pour la blob architecture . Enfin, la structure du
prototype de gridshell permettra une exprience de vieillissement et de relaxation in situ des
matriaux composites quil sera ncessaire dexploiter et qui devrait donner des informations
prcieuses sur le comportement long terme et la dure de vie des gridshells en matriaux
composites.

Annexe A

Le programme de relaxation
dynamique : AlgoRD
A.1

Prsentation gnrale

Le programme de calcul de structures fond sur lalgorithme de relaxation dynamique a t


baptis AlgoRD et implmant laide du logiciel libre de calcul scientifique Scilab. Il permet
dtudier des structures faites de trois types dlment : des poutres, des barres et des cbles.
Le modle cinmatique utilis pour le calcul des dformations est celui de Navier-Bernouilli :
la gomtrie dun lment est donne uniquement par son axe neutre, sa section et son inertie
le long de celui-ci (cf. paragraphe 3.3). Le comportement des matriaux est toujours linaire
lastique.
Dun point de vue pratique, tous les lments dune structure sont dfinis sparment par
un ensemble ordonn de nuds dont la position est donne par leurs coordonnes dans le plan
ou dans lespace. La nature de llment de structure modlis (poutre, barre ou cble) dfinit
par dfaut entre les nuds successifs de cet lment des interactions dont le dtail a t donn
au paragraphe 3.3. Les interactions entre deux lments de structure distincts sont traites part
sous forme de contrainte purement gomtrique (cf. paragraphe 3.4).
Les donnes du programme sont donc regroupes sous forme de listes dont chaque lment
contient les donnes relatives un lment de la structure. Par exemple, pour une structure compose de 10 lments (cf. figure A.1), la liste X0 de la gomtrie au repos (cf. paragraphe A.2.2)
contient 10 lments, soit autant quil y a dlments dans la structure. Chaque lment de la
liste est une matrice dont le nombre de colonnes est gal au nombre de nuds de llment
considr (dans lexemple de la figure A.1 la barre 2 a 6 nuds) et dont le nombre de lignes est
gal au nombre de degrs de libert de chaque nud (3 lignes dans lespace et 2 lignes dans
le plan). La premire colonne du deuxime lment de la liste contient les trois coordonnes
(Xx2,1 , Xy2,1 , Xz2,1 ) du premier nud de la barre deux. On dfinit de mme les proprits caractristiques des sections des barres (module dYoung, inertie, section et distance maximale laxe
neutre). Pour le module dYoung, par exemple, la cinquime colonne du deuxime lment de
la liste E reprsente le module dYoung de la premire barre au voisinage du cinquime nud.

212

A. Le programme de relaxation dynamique : AlgoRD

Cette notion de voisinage est particulire la mthode de relaxation dynamique, on y reviendra au paragraphe A.2.7. Quant aux liaisons entre les lments, elles sont galement stockes
sous forme de liste (cf. figure A.1 et paragraphe A.2.5). Les conditions aux limites enfin sont
contenues dans une matrice (cf. paragraphe A.2.4).

Fig. A.1 Structure des donnes dentre de AlgoRD.

A.2

Dfinition de la structure

A.2.1

Dfinitions des paramtres

Le calcul de la position dquilibre statique dune structure par lalgorithme de relaxation


dynamique, tel quil a t implment dans AlgoRD, ncessite la dfinition de deux gomtries
que lon appelle gomtrie au repos et gomtrie initiale . Pour bien comprendre la signification de ces deux gomtries, on sintresse au problme de la figure A.2 dont lobjectif est la
recherche de la position dquilibre statique de deux ressorts sous laction de la masse m et de
la gravit.
Pour rsoudre ce problme avec la mthode de la relaxation dynamique, on utilise un calcul
dynamique itratif et fictif. On a donc besoin de dfinir pralablement :
la position au repos des ressorts, celle dans laquelle ils sont libres de toute contrainte
interne (cf. figure A.3) et celle par rapport laquelle sera effectu le calcul des forces de
rappel dans une position quelconque des ressorts.

A.2 Dfinition de la structure

213

la position initiale de lextrmit des deux ressorts, celle do dbutera le calcul dynamique
itratif ;
les conditions aux limites des ressorts, ici les extrmits suprieures sont fixes ;
les nuds qui sont relis entre eux, ici les nuds A et B aux extrmits des ressorts,
la raideur k des ressorts pour le calcul des forces de rappel ;
les efforts extrieurs appliqus au ressort, cest--dire ici la masse m qui lui sera suspendue.

Fig. A.2 Ressorts en position initiale avant


calcul.

Fig. A.3 Ressorts en position au repos, libres


de contrainte.

Dans la mthode qui a t dcrite au chapitre 3, il nest ncessaire de dfinir ni la masse du


ressort puisque celle-ci est calcule automatiquement partir de la raideur du ressort (cf. paragraphe 3.5), ni lamortissement visqueux puisque cest un amortissement cintique qui est utilis
(cf. paragraphe 3.2.1). Dans ce problme, il y a donc au total six paramtres dont deux gomtries qui peuvent tre choisies indpendamment. En effet, si la position initiale de lextrmit du
ressort nest pas gale sa position au repos, le rsultat du calcul dynamique est inchang.
Pour les structures plus complexes, celles avec plus de degrs de libert, le principe de dfinition de la structure reste le mme et il faut fixer les mmes six grands types de paramtre
dentre : la gomtrie au repos ou les positions au repos de tous les nuds de la structure
(X0 ), la gomtrie initiale ou les positions de tous les nuds dans la premire itration (Xi ),
les conditions aux limites de la structure (CL), les liaisons qui existent entre les diffrents lments (Liens), les caractristiques de la raideur des diffrents lments (E, I, S et v) et les efforts
extrieurs (F) (cf. figureA.1 et paragraphes suivants). La gomtrie au repos est toujours la gomtrie de rfrence pour le calcul des efforts intrieurs. La gomtrie initiale est la gomtrie
de la premire tape du calcul dynamique. La raideur des lments est constitue par les caractristiques gomtriques et mcaniques des sections (module dYoung, inertie et section). Les
critres de dfinition de ces paramtres, en particulier les deux gomtries seront dtaills dans
les paragraphes ci-dessous.

A.2.2

Le choix de la gomtrie au repos

Comme indiqu auparavant, la gomtrie au repos est la gomtrie de rfrence pour le


calcul des efforts intrieurs. Dans le modle dlment prsent dans le paragraphe 3.3, ce calcul
repose sur la dualit qui existe en permanence entre forme et force dans une structure lastique.

214

A. Le programme de relaxation dynamique : AlgoRD

La connaissance de ltat de dformation un instant donn du processus de mise en forme ainsi


que des proprits gomtriques et mcaniques des sections suffisent pour calculer les efforts
intrieurs dans la structure cet instant. Ltat de dformation de la structure quant lui est
dduit de la diffrence entre la gomtrie actuelle et une gomtrie de rfrence ou gomtrie
au repos dans laquelle les lments sont sans contraintes. Ainsi, dans le modle de poutre de
Navier-Bernouilli standard, les expressions algbriques des efforts normaux N et des moments
flchissants M sexpriment trs simplement en fonction du module dYoung E, de linertie I, de
la section S, de la gomtrie actuelle et au repos :
N = ES

L L0
L0

et

M = EI

1
1

R R0

(A.1)

Si lon observe les quations ci-dessus et celles du paragraphe 3.3, on constate que cette
gomtrie au repos nintervient quindirectement dans lexpression des efforts intrieurs. En
effet, le calcul des efforts normaux ne requiert que la connaissance de la longueur au repos L0
de chaque lment (cf. expression (3.22)). Pour le calcul des efforts de flexion, il faut distinguer
deux cas : selon que le problme est plan ou spatial. Dans lespace, le modle de poutre utilis
suppose par dfaut que les lments sont rectilignes au repos (cest--dire 1/R0 = 0), le calcul
des moments de flexion ne ncessite alors aucune autre information que la gomtrie actuelle.
On rappelle que le calcul de poutre courbe dans lespace requiert la prise en compte de la torsion
ce qui nest pas possible avec le modle trois degrs de libert en dplacement par nud utilis
dans ce travail. En revanche, dans le cas des structures planes soumises un chargement plan,
les moments de flexion sont toujours perpendiculaires au plan et il ny a pas dapparition de
torsion. Le modle du paragraphe 3.3 permet donc malgr tout de calculer des problmes plans
avec des poutres courbure non nulle au repos. On remarque alors que le calcul du moment de
flexion requiert la connaisance de la gomtrie actuelle et des courbures des lments au repos
(cf. expression (3.43)).

Fig. A.4 Gomtrie au repos du gridhsell de


la figure 4.21.

Fig. A.5 Autre gomtrie au repos du gridshell de la figure 4.21.

Dans les problmes tridimensionnels, la gomtrie de rfrence nintervient donc que pour
le calcul des longueurs au repos des lments et, dans les problmes bidimensionnels, pour le
calcul des longueurs et des courbures au repos. La position des lments dans le plan ou dans
lespace peut donc tre quelconque, les lments de structures peuvent tre dissocis les uns
des autres, seule compte la position relative des nuds appartenant la mme poutre. De plus,
dans lespace, le programme ne connait que les poutres droites de sorte que la courbure des

A.2 Dfinition de la structure

215

lments dans la gomtrie au repos est toujours nglige. Ainsi, il est indiffrent de considrer
la gomtrie au repos de la figure A.4 ou de la figure A.5 car les longueurs des barres sont les
mmes dans les deux configurations.

A.2.3

Le choix de la gomtrie initiale

La gomtrie initiale est la gomtrie de la premire itration, celle depuis laquelle le calcul
dynamique itratif est lanc. Cette gomtrie peut tre tout fait quelconque du moment quelle
respecte les conditions aux limites. Il nest cependant pas ncessaire que les nuds qui appartiennent une mme liaison soient confondus ou spars dune excentricit : le programme les
recollera automatiquement la premire itration de faon ce quils soient effectivement
confondus ou distants dune excentricit.
Par ailleurs la gomtrie initiale peut tre fortement prcontrainte, mais ne doit pas tre
trop loigne de la position dquilibre. En effet, avec lalgorithme de relaxation dynamique, on
nest pas sr de converger vers le minimum absolu de lnergie potentielle mais seulement vers
un minimum de lnergie potentielle qui peut tre local (cf. paragraphe 3.2.1). Le choix de la
gomtrie initiale tant trs libre, il faut se fixer une stratgie pour sa dfinition. Une solution
assez efficace en terme de temps de calcul et de temps de modlisation consiste choisir une
gomtrie simple qui soit aussi proche que possible de lintuition que lon a de la gomtrie
dquilibre.

Fig. A.6 Arc en bow-string prcontraint.

Fig. A.7 Gomtrie au repos de la structure


de la figure A.6.

On considre, par exemple, la structure de la figure A.6 qui est une structure similaire la
passerelle en composites tudie par Saskia Jlich [55] (cf. figure 2.5). Larc de ce bow-string est
une poutre droite que lon flchit laide dun cble de sous-tension situ sous le tablier. Quant
aux haubans, ils incurvent lgrement la trajectoire du cble et sont mis en tension par lintermdiaire de ce dernier. Une des gomtries au repos possibles est prsente figure A.7. On constate
que pour connecter les diffrents lments entre eux, on est oblig de les prcontraindre. Comme
on ignore la position dquilibre de la structure, il faut choisir arbitrairement une gomtrie initiale et les lments que lon va prcontraindre. La figure A.8 montre une solution trs simple de
ce problme. Seul le cble de sous-tension de 10 m a une gomtrie identique sa gomtrie au
repos. La poutre de larc a t place arbitrairement 4 m au dessus du cble et ses extrmits
ont t ramenes artificiellement au niveau des extrmits du cble de sous-tension. Pour les
haubans, on sest content de mettre en vis--vis leurs points dancrage avec les points correspondants de la poutre et du cble, sans tenir compte de leur longueur au repos. Cette gomtrie

216

A. Le programme de relaxation dynamique : AlgoRD

reproduit la topologie et lallure gnrale de la passerelle, elle a toutes les chances de converger
rapidement vers la forme de la figure A.6.

Fig. A.8 Gomtrie initiale de la structure de


la figure A.6.

Fig. A.9 Autre gomtrie initiale de la structure de la figure A.6.

Pour amliorer le temps de calcul, on peut choisir une gomtrie initiale qui soit plus proche
de la gomtrie attendue de la passerelle lquilibre, par exemple en choisissant que laltitude
du cble et de la poutre soient des fonctions paraboliques de labscisse (cf. figure A.9). La position
des haubans est toujours dtermine de faon assurer la concordance des points de liaisons.

A.2.4

Les conditions aux limites

Le modle de poutre implment dans AlgoRD ne possde que des degrs de liberts en
translation. Sil permet de calculer des poutres droites en flexion, ses hypothses stipulent quaucun moment ponctuel ne doit tre appliqu au nud parce que cela ncessiterait de prendre
en compte les efforts de torsion. Avec ce modle de poutre, il est donc impossible de bloquer
une rotation au niveau dun appui. Les conditions aux limites du modle sont donc seulement
des conditions aux limites en translation. En outre, on remarque que le but affich aux paragraphes 4.1.1 et 4.3 pour la recherche de forme des gridshells est lobtention dune structure dans
laquelle les efforts de flexion sous chargement vertical sont minimaux. Introduire des moments
dencastrement dans la structure serait donc en complte contradiction avec le comportement
membranaire recherch. Les appuis bloquant les rotations ne sont donc ni ncessaires ni souhaitables et la conception des gridshells ne ncessite la modlisation que de trois sortes dappui (cf.
figure 3.5) :
la rotule dans laquelle on bloque les trois degrs de libert en translation,
lappui glissant sur une ligne dans lequel les dplacements sont bloqus dans deux directions et libres dans une troisime dont lorientation dans lespace peut tre quelconque,
lappui glissant sur un plan dans lequel le dplacement dans une direction quelconque de
lespace est bloqu et les dplacements dans le plan perpendiculaire sont libres.
On note par ailleurs quau niveau dune liaison un nud a t dfini sur chaque barre
(cf. paragraphe 3.4) et que le programme ne dtecte pas automatiquement le recouvrement quil
peut exister entre les liaisons internes et les appuis. Au niveau dune liaison, il est donc ncessaire
de dfinir les conditions aux limites identiques pour tous les nuds qui appartiennent la
liaison. Pour la structure de la figure A.6, les deux extrmits de la structure reposent sur des
appuis glissants. Au niveau de chacune delles, il faut donc dfinir une condition aux limites
pour le nud lextrmit de larc et pour le nud lextrmit du cble (cf. figure A.1).

A.2 Dfinition de la structure

A.2.5

217

La cration des liaisons entre les lments

Ds que lon cherche modliser des structures qui comportent plusieurs lments, la question de leurs liaisons se pose. Avec le programme AlgoRD, la liaison par dfaut est larticulation
pour des raisons similaires celles voques pour les conditions aux limites : dune part le
programme a t dvelopp pour les gridshells dans lesquels toutes les liaisons entre lments
sont des articulations et dautre part, pour pouvoir modliser des encastrements dans lespace,
il faut pouvoir appliquer des moments ponctuels aux poutres ce qui est incompatible avec les
hypothses du modle trois degrs de libert en translation (cf. paragraphe 3.3).

Fig. A.10 Schma de principe pour la ralisation dun encastrement dans les problmes plans.
Toutefois, pour les problmes plans, on a vu au paragraphe 3.3.3 que lon pouvait calculer
des poutres dont la gomtrie au repos est courbe et leur appliquer des moments ponctuels
parce que cela nentrane pas de flexion. Il est donc techniquement possible de simuler un encastrement entre deux lments de structure. Pour cela, on ajoute un lment trois nuds
dont on connecte le nud central larticulation et les deux extrmits aux nuds adjacents
des deux barres comme indiqu sur la figure A.10. Les nuds en vis--vis sont ensuite relis
entre eux par des articulations. En remarquant que daprs le paragraphe 3.3.3 le moment aux
extrmits dune poutre est toujours nul, on dduit que les efforts de flexion introduits par le
nouvel lment sont lis uniquement la variation de courbure au voisinage du nud central,
cest--dire la variation dangle entre les deux barres encastrer. En ajustant la raideur de
llment supplmentaire trois nud, on peut donc simuler un encastrement plus ou moins
souple entre deux barres. Le cas plan est cependant un cas particulier et, en gnral, les seules
liaisons modlisables sont les articulations.
Dun point de vue pratique, une liaison entre plusieurs lments de structure est un tableau
qui contient les numros des nuds relier et les numros des barres auxquelles ils appartiennent (cf. tableau A.3). Sur de petites structures, il est possible de crer manuellement la
liste des nuds relier, mais cela devient vite fastidieux lorsque la structure comporte beaucoup dlments. Une mthode automatique de dfinition des liaisons a donc t incluse dans
le programme. Elle repose sur lide que des nuds voisins doivent tre connects entre eux.
Pour gnrer la liste des liaisons, on choisit donc lune des deux gomtries dont on dispose
(la gomtrie au repos ou la gomtrie initiale) et on recherche automatiquement pour tous les
nuds de cette gomtrie sil y a dautres nuds qui sont situs moins dune certaine distance
dfinir. Le programme cre ensuite des liaisons entre tous les nuds voisins. Par exemple, si
lon lance le programme de gnration automatique des nuds sur la figure A.1, on obtient que

218

A. Le programme de relaxation dynamique : AlgoRD

le nud 1 de la barre 1 est connect au nud 1 de la barre 2, que le nud 2 de la barre 2 est
connect au nud 1 de la barre 3 et au nud 2 de la barre 4, etc.
Lorsque lon tudie des structures prcontraintes, il est en gnral difficile de dfinir une
gomtrie au repos dans laquelle les lments connecter soient confondus (cf. figure A.7). En
revanche, dans la gomtrie initiale, on peut tirer les lments volont et ainsi facilement
amener en vis--vis les nuds connecter. Pour la structure de la figure A.8, cest donc la
gomtrie initiale qui a t choisie pour la dfinition automatique des liaisons. Pour dautres
structures comme les gridshells, si lon dcide de prendre en compte lexcentricit entre les deux
directions de barres, alors les nuds dune mme liaison ne peuvent ne plus tre confondus dans
la gomtrie initiale (cf. paragraphe 3.4). En revanche, comme la gomtrie au repos ne doit
pas satisfaire ces conditions gomtriques lies aux excentricits mais seulement tre libre de
contrainte, il est donc possible dy dfinir les deux directions de la grille sur un mme plan afin
que les nuds dune mme liaison soient confondus. On peut alors gnrer automatiquement
les liaisons sur la gomtrie au repos. On voit ici un autre intrt du fait de disposer de deux
gomtries au dbut du calcul avec la mthode de la relaxation dynamique.

A.2.6

Les efforts extrieurs

Lalgorithme de relaxation dynamique prsent au chapitre 3 est construit entirement autour


des nuds et de lvolution de leur position. Les efforts extrieurs sont donc uniquement des
efforts ponctuels appliqus aux nuds. Pour modliser une charge uniformment rpartie sur
une barre, il faut la transformer en un ensemble defforts ponctuels quivalents appliqus
chacun des nuds de la barre. Des moments ponctuels peuvent tre appliqus dans le plan mais
pas dans lespace parce que ce type deffort nest pas compatible avec llment de poutre choisi
(cf. paragraphe 3.3).
On note que numriquement, les efforts ont la mme structure que la gomtrie et quils
suivent le schma de la figure A.1. Llment i de la liste P reprsente les efforts dans les trois
directions de lespace qui sont appliqus chacun des nuds de la barre i.

A.2.7

Les proprits des sections

Comme les efforts extrieurs, les proprits des sections (module dYoung, inertie et section)
sont dfinies au nud et regoupes respectivement dans les listes E, I et S. Pour les modules
dYoung de la structure de la figure A.1 par exemple, la liste E comprend autant dlments
quil y a de barres (cest--dire dix) et chaque lment est une matrice une ligne et autant de
colonnes quil y a de nuds dans la barre (le premier lment comprend donc six colonnes).
Cette modlisation atypique des proprits des sections a t guide par une volont de
simplification de la mise en uvre de lalgorithme partir dun fichier o toutes les grandeurs
sont dfinies au nud. Ce choix peut paratre troublant au premier abord, notamment pour se
reprsenter quelle est la ralit physique de ces grandeurs ponctuelles. Cependant on remarque
que, dans tout le calcul des efforts intrieurs du paragraphe 3.3, le module dYoung, linertie et

A.2 Dfinition de la structure

219

la section napparaissent jamais seuls, mais toujours sous forme dun produit pour exprimer une
raideur axiale ES ou une raideur flexionnelle EI. Les grandeurs E, I et S ne sont donc que des
intermdiaires dans le calcul des raideurs. Cest donc le rle jou par ces raideurs dans le calcul
des efforts normaux et des efforts de flexion qui va guider le choix pour leur dfinition.
Les efforts normaux sont lis la dformation axiale de la barre lmentaire qui relie le
nud i au nud j et sa raideur axiale ESi,j (cf. expression (3.21)). Les efforts normaux sont
calculs dans la barre lmentaire, il faut par consquent dfinir sa raideur axiale en fonction des
proprits qui ont t dfinies au nud i et au nud j. On choisit arbitrairement de prendre la
valeur moyenne de ces proprits de sorte que la raideur axiale de la barre lmentaire sexprime
ainsi :

( ES)i,j =

1
Ei Si + Ej S j
2

(A.2)

Les efforts de flexion sont lis la variation de courbure que lon dfinit par rapport la
variation dangle entre trois points successifs dune barre, ainsi que la raideur en flexion de cet
angle EIi (cf. expression (3.38)). Le moment dans la barre est donc calcul au nud et pas dans
la barre comme les efforts normaux. On peut donc facilement dfinir la raideur en flexion de
la poutre comme la raideur attache langle form par deux barres lmentaires successives,
comme une grandeur attache au point commun de ces deux barres :

( EI )i = Ei Ii

(A.3)

On a ainsi transform les proprits caractristiques des sections aux nuds (E, I et v) en
grandeurs physiques qui reprsentent dune part la raideur axiale dune barre lmentaire et la
raideur en flexion de langle form par les barres adjacentes du nud i.

A.2.8

La prcontrainte impose

On a vu dans le paragraphe 3.3.2 quil pouvait tre intressant dimposer un certain niveau
de prcontrainte axiale dans les structures de cbles, notamment pour assurer une raideur minimale la structure dans sa forme finale. Cette prcontrainte est un effort normal constant qui
sapplique aux deux extrmits dune barre lmentaire. Or elle est dfinie au nud pour des
raisons de simplification du programme, il faut donc procder comme pour la raideur axiale
0 dans llment (i, j ) partir des prcon(cf. expression (A.2)), et calculer la prcontrainte Ti,j

traintes Ti0 et Tj0 spcifies au nud i et au nud j :


0
Ti,j
=

A.2.9

1 0
Ti + Tj0
2

(A.4)

Le choix du type dlment

Les proprits caractristiques des sections ci-dessus permettent de dfinir des lments qui
ont une raideur en traction-compression et/ou une raideur en flexion. Avec le programme AlgoRD, il est donc possible de modliser quatre types dlments :

220

A. Le programme de relaxation dynamique : AlgoRD

des poutres qui travaillent en traction, en compression et en flexion (lment de type 1) ;


des barres qui travaillent en traction et en compression (lment de type 1 avec seulement
deux nuds de faon ce que llment ne puisse pas flchir) ;
des cbles qui travaillent uniquement en traction (lment de type 2) ;
des cbles modifis qui sont des lments sans lasticit et prcontrainte impose que
lon utilise pour la recherche de forme de structures tendues (lment de type 3).
Le type de chaque lment de structure est rpertori dans une liste, comme les autres paramtres dentre.

A.2.10

Les trois tableaux dentre

Lensemble des paramtres que lon vient dnumrer peuvent tre dfinis sparment sous
forme de listes dans Scilab avec le format indiqu sur la figure A.1 ou bien tre regroups dans
trois tableaux dentre partir desquels le programme fabriquera automatiquement les listes
correspondantes. Le premier de ces trois tableaux contient lensemble des donnes relatives aux
lments de la structure et se prsente comme le tableau A.1. Les colonnes reprsentent dans
lordre : le numro de la barre Nb , le numro du nud Nn , les coordonnes initiales Xi , Yi et Zi
en mtre, les coordonnes au repos X0 , Y0 et Z0 en mtre, leffort de prcontrainte impos T0
en N, les efforts extrieurs FX , FY et FZ en N, le module dYoung E en GPa, linertie I en cm4 , la
section S en cm2 , la distance laxe neutre v en cm et le type dlment.
Le deuxime tableau regroupe les conditions aux limites de la structure. Chaque ligne correspond un nud dont au moins un degr de libert en translation est bloqu dans un repre
quelconque. Lorientation de ce repre est dfinie par deux rotations successives : la premire
dun angle autour de laxe des z et la seconde dun angle autour de laxe des x. Dans le
tableau A.2, les dplacements bloqus sont marqus dun 1, les dplacements libres dun 0.
Le troisime tableau contient lensemble des liaisons entre les lments de la structure. Le
nombre de colonnes de ce tableau nest pas fix et dpend du nombre maximum de barres qui
passent par un point de liaison. Chaque ligne correspond une liaison. Dans le tableau A.3, la
premire liaison connecte quatre barres entre elles, elle relie le nud 3 de la barre 1 au nud 12
de la barre 2, etc.
Tab. A.1 Tableau des donnes sur les lments de structure.
Nb
1
1

Nn
1
2

Xi
0
1

Yi
0
1

Zi
0
1

X0
0
1

Y0
0
1

Z0
0
0

T0
0
0

FX
0
0

FY
-1
0

FZ
10
10

E
28
28

Tab. A.2 Tableau des conditions aux limites.


no barre
1
1

no nud
1
11

Ux
0
0

Uy
0
0

Uz
1
1

0
0

0
0

I
8
8

S
3
3

v
4
4

type
1
1

A.3 Dfinition des paramtres de lalgorithme

221

Tab. A.3 Tableau des liaisons entre les lments.


Nud 1
no barre no nud
1
3
1
5

Nud 2
no barre no nud
2
12
2
14

Nud 3
no barre no nud
3
5
0
0

Nud 4
no barre no nud
5
1
0
0

Ces trois tableaux, gnrs laide de nimporte quel tableur, doivent tre enregistrs en
format texte pour pouvoir tre lus par le programme. Les sparateurs entre deux colonnes seront
de prfrence des espaces et les nombres virgule devront imprativement tre crits avec la
notation anglo-saxonne (par exemple 2.5 et non 2,5).

A.3

Dfinition des paramtres de lalgorithme

Une fois la structure dfinie, les trois tableaux ou les listes quivalentes remplis, il faut choisir
les paramtres de calcul de lalgorithme. Ceux-ci sont au nombre de quatre :
le pas de temps : sa valeur na pas de grande importance puisque le mouvement dcrit par
lalgorithme est fictif et que le paramtre choisi pour garantir la stabilit de lalgorithme
est la masse (cf. paragraphe 3.5.1).
le coefficient de masse. Il a t dmontr au paragraphe 3.5.1 que, pour garantir la stabilit de lalgorithme, la masse affecte chaque nud doit tre suprieure une certaine
masse critique calcule partir de la raideur totale des lments qui arrivent ce nud
(cf. expression (3.51)). La masse de chaque nud est donc prise gale cette masse critique multiplie par un coefficient de masse suprieur un. Ce coefficient est identique
pour toute la structure et est en gnral compris entre 1,05 et 1,5. En outre, comme la
masse critique est rvalue aprs chaque pic dnergie cintique (cf. paragraphe 3.6), il
sagit destimer au mieux les volutions de la raideur entre deux pics en sachant que plus
la valeur du coefficient de masse est leve, plus la convergence est lente.
le seuil de convergence. Comme dans toutes les mthodes de calcul approches, il faut
dfinir le seuil de convergence de lalgorithme. Lnergie cintique tant au centre de la
mthode de relaxation dynamique avec amortissement cintique, cest sur cette dernire
qua t choisi le critre de convergence si bien que le calcul sarrte lorsque les deux
derniers pics dnergie cintique sont infrieurs une fraction (en gnral 1/10000e ) de la
valeur du plus haut pic dnergie cintique (cf. paragraphe 3.6).
le nombre maximal ditrations. Pour viter quen cas dinstabilit de lalgorithme ou de
non convergence, le calcul ne dure indfiniment, un nombre maximal ditrations doit tre
donn. Lorsque celui-ci est atteint, le calcul sarrte automatiquement.
En gnral, les paramtres proposs par dfaut dans le programme assurent la stabilit de lalgorithme et permettent de converger dans un temps raisonnable.

222

A. Le programme de relaxation dynamique : AlgoRD

A.4

Analyse des rsultats

Une fois que le calcul a converg ou que le nombre maximal ditrations a t atteint, le calcul
sarrte. La premire chose faire est donc de vrifier la raison de larrt du calcul. Lhistorique
du calcul et lallure de la courbe de lnergie cintique sont pour cela des outils trs utiles, ils
permettent dobserver lamplitude des pics en fonction du temps et de remarquer un comportement dynamique anormal et, si besoin est, de relancer le calcul jusqu la convergence effective
de la structure vers son tat dquilibre.
Lorsquon est sr davoir atteint le minimum de lnergie potentielle, AlgoRD calcule automatiquement les dplacements et les efforts intrieurs dans les lments. Deux reprsentations
sont alors possibles : les rsultats peuvent tre affichs sur la structure finale sous forme de graphique ou bien rpertoris dans des tableaux. Dans la prsentation graphique les valeurs sont
calcules au niveau des barres lmentaires alors que dans les tableaux les valeurs des grandeurs
sont calcules au niveau des nuds (cf. modlisation de la structure paragraphe 3.3.1). Or avec
le modle de poutre du paragraphe 3.3, les efforts normaux sont calculs au niveau des barres
lmentaires et les moments flchissants au niveau des nuds. Il est donc ncessaire dinterpoler les moments dans la reprsentation graphique et les efforts normaux dans les tableaux. Les
fonctions dinterpolation choisies sont les plus simples possibles de sorte que le moment Mi,i+1
dans la barre (i, i + 1) et leffort normal Ni au nud i sont donns par :
Mi,i+1 = max( Mi , Mi+1 )

et

Ni = max( Ni1,i , Ni,i+1 )

(A.5)

Comme les efforts tranchants ne sont pas calculs directement dans le modle de NavierBernouilli, ils doivent tre dduits partir de la drive du moment flchissant. Ainsi leffort
tranchant dans la barre (i, i + 1) et leffort tranchant au nud i sont donns par les expressions
suivantes :
Ti,i+1 =

k M i + 1 Mi k
Li,i+1

et

Ti = max( Ti1,i , Ti,i+1 )

(A.6)

Les contraintes intrieures, quant elles, sont dduites des valeurs correspondantes des efforts intrieurs laide des relations usuelles de la mcanique des structures et des proprits
gomtriques des sections :
i =

Ni
Mv
i i
Si
Ii

et

i,i+1 =

Ni,i+1
M
v
i,i+1 i,i+1
Si,i+1
Ii,i+1

(A.7)

Pour la reprsentation graphique des dplacements, AlgoRD procde exactement de la mme


faon que pour les efforts intrieurs. Les dplacements sont tout dabord calculs au niveau des
nuds partir des positions de la gomtrie finale et des positions de la gomtrie initiale ou
repos. Ensuite, ils sont interpols au niveau de la barre (i, i + 1) pour calculer la valeur afficher
sur le graphique :
0
0
0
Ui,i
+1 = max(Ui , Ui +1 )

i
i
i
et Ui,i
+1 = max(Ui , Ui +1 )

(A.8)

A.4 Analyse des rsultats

223

Lors de la sauvegarde des rsultats, AlgoRD regroupe lensemble des rsultats aux nuds
dans cinq fichiers textes (essai_Str.txt, essai_CL.txt, essai_Liens.txt, essai_Depl.txt et essai_RdM.txt)
que lon peut ouvrir avec nimporte quel tableur pour obtenir le tableau correspondant. Les
trois premiers suivent exactement la structure des trois tableaux dentre sauf que la gomtrie
initiale Xi y a t remplace par la gomtrie finale X f . Ils peuvent tre utiliss pour lancer
de nouveaux calculs partir de la gomtrie finale avec ventuellement des modifications du
chargement ou des sections, ou encore des lments supplmentaires. Comme leurs noms lindiquent, les tableaux essai_Depl.txt et essai_RdM.txt prsentent lensemble des dplacements de
la structure et lensemble des efforts intrieurs. La structure de ces tableaux est donne par les
tableaux A.4 et A.5. Les dplacements sont en m, les efforts normaux et tranchants en N, les
moments flchissants en N.m et les contraintes en MPa. Les dplacements U 0 , Ux0 , Uy0 et Uz0 sont
calculs partir de la gomtrie au repos (U0 = X f X0 ), les dplacements U i , Uxi , Uy0 et Uzi
partir de la gomtrie initiale (Ui = X f Xi ). Tous les dplacements sont en mtre.
Tab. A.4 Structure du tableau des dplacements
no barre
1
1

no nud
1
2

U0
0.05

Ux0
0.00

Uy0
0.04

Uz0
0.03

Ui
0.05

Uxi
0.00

Uy0
0.04

Uzi
0.03

Tab. A.5 Structure du tableau des efforts intrieurs.


no barre
1

no nud
1

N
1254

T
512

M
234

min
-125

max
119

Annexe B

Plans et mesures du premier gridshell


en matriaux composites
B.1

Plan dexcution du prototype

Fig. B.1 Implantation du gridshell sur le site de lcole Nationale des Ponts et Chausses.

226

B. Plans et mesures du premier gridshell en matriaux composites

Fig. B.2 Plan dimplantation des fondations.

Fig. B.3 Plan de la grille plat avec lorientation des barres.

B.1 Plan dexcution du prototype

227

Tab. B.1 Longueurs des barres de la grille principale.


numro
nombre
nud 1
nud 2
nud 3
nud 4
nud 5
nud 6
nud 7
nud 8
nud 9
nud 10
nud 11
nud 12
nud 13
nud 14
nud 15
nud 16
nud 17
nud 18
nud 19
nud 20
nud 21
nud 22
nud 23
nud 24
nud 25
Longueur totale
Longueur cible

1
4
0,000
0,236
0,836
1,436
2,036
2,636
3,236
3,836
4,436
4,757
5,079

2
4
0,000
0,130
0,730
1,330
1,930
2,530
3,130
3,730
4,330
4,930
5,530
6,130
6,730
7,330
7,892

3
4
0,000
0,118
0,718
1,318
1,918
2,518
3,118
3,718
4,318
4,918
5,518
6,118
6,718
7,318
7,918
8,518
9,118
9,690

4
4
0,000
0,453
1,053
1,653
2,253
2,853
3,453
4,053
4,653
5,253
5,853
6,453
7,053
7,653
8,253
8,853
9,453
10,050
10,650
10,980

5
4
0,000
0,309
0,618
1,218
1,818
2,418
3,018
3,618
4,218
4,818
5,418
6,018
6,618
7,218
7,818
8,418
9,018
9,618
10,220
10,820
11,420
11,940

6
4
0,000
0,326
0,652
1,252
1,852
2,452
3,052
3,652
4,252
4,852
5,452
6,052
6,652
7,252
7,852
8,452
9,052
9,652
10,250
10,850
11,450
12,050
12,630

7
4
0,000
0,576
1,176
1,776
2,376
2,976
3,576
4,176
4,776
5,376
5,976
6,576
7,176
7,776
8,376
8,976
9,576
10,180
10,780
11,380
11,980
12,580
13,100

8
4
0,000
0,402
1,002
1,602
2,202
2,802
3,402
4,002
4,602
5,202
5,802
6,402
7,002
7,602
8,202
8,802
9,402
10,000
10,600
11,200
11,800
12,400
13,000
13,380

5,079
5,011

7,892
7,559

9,69
8,962

10,98
9,775

11,94
10,21

12,63
10,42

13,1
10,5

13,38
10,52

9
2
0,000
0,135
0,735
1,335
1,935
2,535
3,135
3,735
4,335
4,935
5,535
6,135
6,735
7,335
7,935
8,535
9,135
9,735
10,340
10,940
11,540
12,140
12,740
13,340
13,470
13,47
10,52

228

B.2

B. Plans et mesures du premier gridshell en matriaux composites

Plans du protocole exprimental

Fig. B.4 Emplacement des charges pour les deux sries de tests.

Fig. B.5 Emplacement des cibles aux extrmits des barres.

B.2 Plans du protocole exprimental

Fig. B.6 Emplacement des cibles pour la premire srie de tests.

Fig. B.7 Emplacement des cibles pour la second srie de tests.

229

230

B. Plans et mesures du premier gridshell en matriaux composites

B.3

Rsultats des mesures effectues sur le prototype

N.B. : Dans les tableaux B.2 et B.3, les cibles 33 et 35 taient trop loignes du pied de la
barre, elles ont t remplaces respectivement par les cibles 70 et 62.
Tab. B.2 Positions des marques au pied des barres.
Cible
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35

X
-0,039
1,282
2,831
3,676
1,140
2,456
4,446
4,971
6,254
6,460
7,526
8,675
8,700
11,749
11,661
8,735
8,622
7,433
6,537
6,289
4,704
3,756
2,999
2,604
1,526
1,285
0,112
-0,034
-1,142
-1,318
-2,422
-2,892
-3,497
-4,507
-4,911

Y
3,211
3,252
3,500
3,670
3,357
3,444
3,705
3,784
3,877
3,875
3,844
3,699
3,611
0,095
0,078
-3,538
-3,505
-3,794
-3,888
-3,805
-3,708
-3,502
-3,524
-3,391
-3,382
-3,287
-3,243
-3,150
-3,423
-3,340
-3,482
-3,462
-3,398
-3,676
-3,576

Z
0,004
0,054
0,084
0,098
0,141
0,097
0,031
0,071
0,128
0,058
0,070
0,067
0,174
0,157
0,114
0,186
0,169
0,159
0,236
0,210
0,200
0,145
0,165
0,111
0,266
0,161
0,281
0,127
0,161
0,093
0,083
0,088
0,443
0,023
0,272

Barre
12
13
14
26
28
27
15
25
24
16
23
17
22
18
17
18
13
12
19
11
20
9
21
8
22
7
23
6
24
5
25
4
26
3
27

Nud
1
1
1
25
23
24
1
24
23
1
23
1
22
11
2
1
22
20
1
23
1
25
1
24
1
23
1
23
1
22
1
20
1
18
2

Distance
9
8
14,5
-12
-21
-15
10
-9,5
-14,5
11,5
-8,5
4,5
-6,5
-15
7
14
-10,5
-9
22
-11
25,5
-14,5
15,5
-11
24,5
-14,5
26
-17,5
14,5
-11
15,5
-19,5
58
-11,5
5

B.3 Rsultats des mesures effectues sur le prototype

231

Tab. B.3 Positions des marques au pied des barres (suite).


Cible
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
50
51
52
53
54
55
56
57
58
59
60
61
62
63
64
65
66
67
68
69
70

X
-6,309
-6,539
-7,579
-8,707
-8,839
-11,711
-11,521
-10,624
-8,775
-8,678
-7,576
-6,388
-6,427
-4,660
-3,800
-3,076
-1,572
-1,331
-0,139
9,643
10,542
11,276
11,249
10,498
9,595
5,053
-5,034
-9,638
-10,449
-11,191
-5,040
-11,243
-9,636
-2,661
-3,675

Y
-3,792
-3,774
-3,780
-3,558
-3,600
-0,032
0,464
2,416
3,592
3,545
3,783
3,782
3,914
3,767
3,585
3,502
3,355
3,227
3,310
3,140
2,477
1,473
-1,325
-2,258
-2,960
-3,639
-3,705
-2,970
-2,112
-1,164
3,672
1,268
2,987
3,431
-3,599

Z
0,082
0,006
-0,014
0,077
0,109
0,021
0,121
-0,046
-0,033
-0,065
-0,068
-0,049
-0,057
-0,010
-0,036
0,086
0,147
0,068
0,136
0,104
0,107
0,129
0,174
0,213
0,172
0,209
0,074
0,157
0,179
0,129
0,029
0,035
-0,021
0,027
0,111

Barre
28
2
29
30
1
1
34
3
34
5
6
7
33
32
9
31
30
11
29
21
20
19
16
15
14
10
27
31
32
33
8
2
4
10
26

Nud
1
15
1
1
11
2
2
1
11
1
1
1
15
18
1
20
22
1
23
20
18
15
15
18
20
24
1
1
1
1
1
1
1
1
1

Distance
6
-20
6
15
-16
8
49,5
22,5
-14
9,5
11,5
10
-4
-15
9
-24,5
-22
17
-21,5
-12,5
-12
-15,5
-26,5
-30,5
-22,5
-18,5
11
32
48,5
50,5
18
44,5
22
15
16

232

B. Plans et mesures du premier gridshell en matriaux composites

Tab. B.4 Dplacements en cm des cibles de


A R sous chargement symtrique.
Cible
A
B
C
D
E
F
G
H
I
J
K
L
M
N
O
P
Q
R
Maximum
Minimum
Moyenne
cart type
Centre
Droite
Gauche

ux
-0,42
-0,35
-0,61
-6,27
-6,51
0,69
-1,32
-2,57
2,61

uy
1,74
-0,58
0,51
0,21
-1,21
-16,12
14,73
5,8
3,61

uz
6,77
-2,51
-2,22
-11,83
-12,17
5,57
3,67
-4,54
6,07

u
7
2,6
2,36
13,39
13,85
17,07
15,24
7,8
7,53

7,81
8
2,24
2,54
5,64
8,2
-0,53
2,8
8,2
-6,51
1,4
4,42
1,13
-2,18
4,98

2,12
1,03
15,87
-14,01
7,19
-0,39
-2,33
0,76
15,87
-16,12
1,07
7,98
-0,79
0,13
2,02

-15,51
-13,25
5,11
3,72
-4,87
-13,13
-9,37
-9,78
6,77
-15,51
-4,69
7,94
-9,57
-4,17
-5,2

17,49
15,51
16,82
14,71
10,36
15,49
9,67
10,2
17,49
2,36
11,88
4,87
9,94
10,25
13,51

Tab. B.5 Dplacements en cm des cibles de


A R sous chargement asymtrique.
Cible
A
B
C
D
E
F
G
H
I
J
K
L
M
N
O
P
Q
R
max
min
moy
ec
centre
droite
gauche

ux
0,06
-2,25
-2,6
-9,82
-10,31
0,13
-2,04
-5,74
15,19

uy
1,32
0,18
-0,95
0,02
-1,91
-21,63
20,9
6,99
3,32

uz
5,95
-4,3
-4,68
-13,69
-15,06
7,77
5,52
-9,72
-13,56

u
6,1
4,85
5,44
16,85
18,35
22,98
21,71
13,28
20,63

25,47
26,11
4,64
4,52
6,59
11,87
-4,2
0,43
26,11
-10,31
3,62
10,78
-1,88
-4,6
11,85

0,63
1,57
33,25
-32,79
12,85
-3,45
-4,44
-0,72
33,25
-32,79
0,86
14,44
-2,58
-0,11
1,83

-41,15
-38,67
11,03
9,97
-14,16
-30,62
-22,92
-26,94
11,03
-41,15
-12,57
16,61
-24,93
-7,13
-18,01

48,4
46,69
35,34
34,57
20,22
33,02
23,72
26,95
48,4
4,85
24,56
12,98
25,34
15,9
33,23

B.3 Rsultats des mesures effectues sur le prototype

Tab. B.6 Dplacements en cm des cibles de


AA TT sous chargement symtrique.
Cible
AA
BB
CC
DD
EE
FF
GG
HH
II
JJ
KK
LL
MM
NN
OO
PP
QQ
RR
SS
TT
Maximum
Minimum
Moyenne
cart type
Centre
Droite
Gauche

ux
0,04
0,18
0,18
-0,05
0,03
0,71
0,36
0,07
-0,08
-0,15
-0,24
-0,21
0,22
0,48
1,49
0,4
-0,35
-0,28
-0,24
0,08
1,49
-0,35
0,14
0,42
0,09
-0,13
0,4

uy
0,14
0,09
0,09
0,31
0,58
0,15
-0,26
-1,21
-0,49
0,49
0,89
1,47
0,23
0,37
1,24
0,1
-0,19
0,31
0,67
0,27
1,47
-1,21
0,27
0,58
0,16
0,38
0,14

uz
-0,5
-0,6
-0,3
-0,5
0,1
-0,8
-0,4
0,4
0,4
-1
0
0,3
-0,4
-0,6
-1,2
-0,1
-1
-0,7
-0,8
0,1
0,4
-1,2
-0,37
0,48
-0,47
-0,35
-0,41

u
0,52
0,63
0,36
0,59
0,59
1,08
0,6
1,27
0,64
1,12
0,92
1,52
0,51
0,85
2,28
0,42
1,08
0,81
1,07
0,3
2,28
0,3
0,88
0,47
0,53
0,84
0,88

233

Tab. B.7 Dplacements en cm des cibles de


AA TT sous chargement asymtrique.
Cible
AA
BB
CC
DD
EE
FF
GG
HH
II
JJ
KK
LL
MM
NN
OO
PP
QQ
RR
SS
TT
Maximum
Minimum
Moyenne
cart type
Centre
Droite
Gauche

ux
0,35
0,35
0,58
0,3
0,32
1,16
0,48
0,27
0,37
0,51
-0,02
0,05
0,74
1,74
1,79
1,43
0,22
0,27
0,17
0,53
1,79
-0,02
0,59
0,53
0,4
0,3
0,86

uy
0,19
0,41
0,19
0,5
1,75
0,16
-1,55
-2,23
-0,48
0,95
0,67
1,61
0,96
0,13
-0,18
-0,15
0,01
0,14
0,32
0,28
1,75
-2,23
0,18
0,91
0,32
0,42
-0,05

uz
-1,8
-2
-0,7
-0,8
0,4
-2,5
0
0,6
0,5
-1
-0,1
0,4
-0,4
-3,1
-2
-2,2
-0,4
-0,1
-0,3
0,3
0,6
-3,1
-0,71
1,12
-1,32
-0,22
-1,3

u
1,84
2,07
0,93
0,99
1,82
2,76
1,63
2,33
0,79
1,47
0,68
1,66
1,27
3,56
2,69
2,63
0,46
0,32
0,47
0,67
3,56
0,32
1,54
0,91
1,46
0,84
2,26

234

B.4

B. Plans et mesures du premier gridshell en matriaux composites

Comparaisons entre les dplacements du modle et du prototype


Tab. B.8 cart sur les positions au repos des cibles A R et AA TT en cm.

Cible
A
B
C
D
E
F
G
H
I
J
K
L
M
N
O
P
Q
R

x
5,05
4,21
3,90
1,42
1,75
1,51
1,15
1,36
-2,50

y
2,49
0,32
-0,76
0,35
0,59
-0,50
2,27
4,68
0,76

z
9,17
4,46
4,34
4,06
2,50
1,29
-0,91
3,33
11,04

10,8
6,1
5,9
4,3
3,1
2,1
2,7
5,9
11,3

-1,92
-2,17
-1,30
-1,25
0,14
0,90
-0,48
5,00

0,34
0,68
2,63
-0,03
2,88
1,25
-0,46
4,91

2,84
3,37
1,90
-1,25
5,02
5,68
3,28
4,70

3,4
4,1
3,5
1,8
5,8
5,9
3,3
8,4

Cible
Maximum
Minimum
Moyenne
cart type

x
5,0
-3,6
0,4
2,1

Cible
AA
BB
CC
DD
EE
FF
GG
HH
II
JJ
KK
LL
MM
NN
OO
PP
QQ
RR
SS
TT
y
7,2
-3,0
1,0
2,2

x
-0,34
-2,47
3,41
-1,08
-0,94
0,82
3,90
-1,31
2,80
-3,61
-1,60
-0,91
0,57
-0,88
1,70
-2,15
0,47
0,57
0,84
-0,07
z
9,7
-2,2
3,8
2,4

y
1,67
2,86
-3,05
2,29
0,92
1,27
-1,55
0,72
-3,03
4,49
1,01
2,35
-0,92
-0,25
1,00
-1,92
0,35
0,49
0,38
7,22

9,8
1,8
5,1
2,0

z
6,68
6,57
2,69
6,05
4,14
9,69
2,71
1,06
-2,18
6,08
2,91
3,08
6,52
4,79
7,17
4,38
3,23
4,30
6,31
2,62

6,9
7,6
5,3
6,6
4,3
9,8
5,0
1,8
4,7
8,4
3,5
4,0
6,6
4,9
7,4
5,2
3,3
4,4
6,4
7,7

B.4 Comparaisons entre les dplacements du modle et du prototype

235

Tab. B.9 carts sur les dplacements de la structure non-triangule sous chargement symtrique.
Cible
A
B
C
D
E
F
G
H
I
J
K
L
M
N
O
P
Q
R
Maximum
Minimum
Moyenne
cart type
Centre

carts relatifs
x
y
3.07
0.03
7.77
-1.18
4.23
-1.17
1.47
3.42
1.35
0.55
-3.39
1.02
2.28
1.05
1.78
1.08
0.67
0.00
1.17
1.17
0.99
1.20
0.94
1.07
4.16
0.73
7.77
-3.39
1.72
2.26
2.44

0.22
-0.79
1.05
1.08
1.02
2.39
1.16
-2.96
3.42
-2.96
0.50
1.46
-0.90

unum /uexp
z

-0.22
0.28
1.41
1.74
1.44
1.76
1.03
1.14
0.98
1.07
1.18
1.04
1.42
1.09
0.69
1.07
-0.34
0.36
0.75
0.86
1.25
1.54
0.73
0.77
0.87
0.82
1.54
-0.34
0.96
0.52
0.84

0.85
0.95
1.07
1.12
0.94
0.86
0.91
0.84
1.76
0.28
1.05
0.37
0.88

carts absolus |unum uexp |


x
y
z

0.02
1.91
8.26
5.02
2.68
0.01
1.03
1.91
1.22
1.91
0.98
1.79
2.86
0.93
0.31
1.88
2.27
0.58
0.26
0.96
2.54
1.66
1.02
0.76
1.81
0.18
1.53
1.31
1.99
0.54
1.41
0.56
0.92
3.61
8.12
4.84
1.96
2.06
0.37
0.99
0.38
0.76
1.32
0.72
2.86
0.37
1.60
0.83
1.02

0.82
0.99
0.63
0.78
0.05
0.21
1.11
3.61
0.01
0.74
0.56
0.56

3.84
1.88
1.28
1.99
1.32
3.06
1.26
1.78
8.12
0.26
1.53
0.93
1.52

2.65
0.76
1.10
1.77
0.65
2.10
0.84
1.54
4.84
0.56
1.37
0.63
1.19

Angle

36.47
31.40
9.50
8.62
10.22
7.18
17.33
113.19
12.47
10.85
3.25
5.74
6.94
9.40
12.19
16.14
19.53
3.25
10.25
4.46

236

B. Plans et mesures du premier gridshell en matriaux composites

Tab. B.10 carts sur les dplacements de la structure non-triangule sous chargement asymtrique.
Cible
A
B
C
D
E
F
G
H
I
J
K
L
M
N
O
P
Q
R
Maximum
Minimum
Moyenne
cart type
Centre

carts relatifs
x
y
-16,80
-0,07
1,63
5,46
1,44
1,46
1,05
20,48
0,98
0,47
-18,39
0,82
1,70
0,83
1,05
0,84
0,78
0,08
0,75
0,74
0,53
0,80
0,48
0,61
1,16
-2,96
1,70
-18,39
-0,48
6,17
-0,90

-2,21
0,19
0,83
0,81
0,74
0,74
0,69
3,44
20,48
-2,21
2,23
4,99
2,07

unum /uexp
z

-0,29
0,32
1,05
1,21
1,03
1,15
0,90
0,95
0,85
0,89
0,90
0,83
1,00
0,85
0,65
0,79
1,25
1,00
0,57
0,61
0,93
1,00
0,65
0,61
0,72
0,71
1,25
-0,29
0,84
0,33
0,72

0,63
0,65
0,84
0,83
0,67
0,61
0,74
0,72
1,21
0,32
0,84
0,21
0,73

carts absolus |unum uexp |


x
y
z

0,27
1,74
7,65
4,13
1,62
0,06
0,21
1,03
0,80
0,91
0,14
0,81
0,61
0,13
1,36
0,78
0,26
1,01
2,30
2,07
4,06
2,31
0,81
3,83
0,39
3,80
0,01
3,18
0,29
1,15
3,40
2,78
1,51
4,27
3,44
0,10
4,75
5,34
0,74
3,69
1,45
4,53
1,22
0,70
5,34
0,26
2,03
1,86
0,96

4,82
4,26
6,06
5,05
4,56
1,37
0,89
3,00
6,06
0,06
2,63
1,99
1,94

17,61
15,05
0,73
0,01
5,01
11,85
6,32
7,82
17,61
0,01
4,84
5,80
7,07

18,11
16,12
5,82
5,94
6,66
12,75
6,15
7,63
18,11
0,10
6,24
5,44
6,89

Angle

13,60
8,97
4,44
4,80
7,66
6,08
11,15
15,80
7,94
5,55
3,50
3,60
6,59
1,20
5,89
13,60
1,20
6,57
3,12
6,70

Liste des notations


Les pages qui suivent rassemblent lensemble des notations rencontres dans les chapitres 2
et 3. Les autres chapitres ne comprennent pas ou peu de dmonstrations mathmatiques et les
quelques variables introduites sont en gnral dfinies dans les paragraphes de la page considre ; il ntait donc pas utile de rappeler leurs significations ici. Lordre de prsentation des
symboles est le mme pour les deux chapitres avec dabord les minuscules ensuite les majuscules, dabord les lettres latines ensuite les lettres grecques et dabord les lettres simples, puis les
vecteurs avec une flche et enfin les vecteurs en caractres gras.

Chapitre 2 : Les matriaux composites


a:

Porte de lelastica.

ac :

Longueur caractristique des micro-fissures.

d:

Diamtre caractristique de llment.

e:

paisseur du tube.

eexp :

Excentricit de la force de traction.

f :

Flche de lelastica mi-porte.

l:

Longueur du tube.

p:

Pression transversale dovalisation.

pcr :

Pression critique de flambement dun cylindre soumis une pression radiale.

q ELU :

Pression extrieure rglementaire applique la structure.

r:

Rayon de courbure.

rmin :

Rayon de courbure minimal.

u:

Dplacement le long de laxe du tube.

v:

Dplacement tangentiel.

w:

Dplacement radial.

wmax :

Dplacement radial maximal.

y:

Distance laxe neutre du tube.

C:

Constante dpendant de la gomtrie de la pice et de la fissure.

C1 :

Constante dintgration.

C2 :

Constante dintgration.

CR :

Cot relatif dun matriau par unit de masse.

E:

Module de Young.

238

Listes des notations

EL :

Module de Young dans le sens longitudinal.

ET :

Module de Young dans le sens transverse.

F:

Force axiale applique aux extrmits de la poutre.

Fc :

Force critique de flambement dEuler.

GLT :

Module de glissement.

I1 :

Indice de performance relatif aux possibilits de mise en forme du matriau.

I2 :
Ib2 :

Indice de performance relatif la rigidit du matriau.

I3 :

Indice de performance relatif la fragilit du matriau.

I4 :

Indice de performance relatif au prix rapport la raideur du matriau.

I5 :

Indice de performance relatif au contenu nergtique rapport la raideur.

I6 :

Indice de performance relatif au bilan cologique rapport la raideur.

I7 :

Indice de performance relatif la durabilit du matriau.

I:

Inertie par unit de longueur.

Ir e f :

Inertie de rfrence.

IT :

Inertie de la portion de tube prise dans le sens de lpaisseur.

Kexp :

Raideur transverse exprimentale du tube.

Kth :

Raideur transverse thorique du tube.

K Ic :

Tnacit.

L:

Longueur du tube utilis pour lexprience de la figure 2.17.

Ltot :

Longueur totale de barres dans la structure.

M1 :

Moment de flexion d au couple unitaire appliqu en pied.

Mp :

Moment de flexion d au chargement dovalisation p.

MP :

Moment de flexion d au chargement P/2.

MT :

Moment de flexion total dans la poutre.

Nzz :

Force de compression axiale par unit de longueur.

cr :
Nzz

Force de compression axiale critique par unit de longueur.

P:

Force de compression transversale applique par la presse.

Indice de performance I2 modifi par le facteur de forme.

Prupt

Force de compression transversale maximale applique par la presse.

Q:

Contenu nergtique relatif dun matriau par unit de masse.

R:
b:
R

Rayon moyen du tube.

S:

Section dun lment.

U:

nergie totale dovalisation.

Uo :

nergie de dformation dovalisation.

UL :

nergie de dformation de flexion longitudinale.

Rayon du cylindre quivalent.

U de f

nergie de dformation de flambement cylindrique.

U ext

nergie potentielle lie aux efforts extrieurs.

U f lamb
Y:

: nergie potentielle totale du flambement cylindrique.


co-indicateur relatif dun matriau par unit de masse.

Listes des notations

Angle initial de lelastica.

Facteur sans dimension reliant le carr de la section linertie.

TL :

Angle de glissement dans le plan ( T, L).

Dplacement du point dapplication de la charge P.

ef :

Dformation maximale.

eL :

Dformation longitudinale.

eT :

Dformation axiale du tube pris dans le sens transverse.

Paramtre dovalisation du tube.

paisseur variable comprise entree/2 et +e/2.

Paramtre angulaire li labscisse curviligne.

Courbure longitudinale normalise en fonction de lanisotropie du matriau.

Courbure longitudinale normalise en fonction des dimensions de llment.

L :

Variation de courbure longitudinale.

T :

Variation de courbure du tube pris dans le sens transverse.

LT :

Coefficient de Poisson dans le plan ( L, T ).

TN :

Coefficient de Poisson dans le plan ( T, N ).

Masse volumique.

e :

Contrainte limite lastique.

f :

Contrainte rupture.

m ax

Contrainte maximale de flexion.

L :

Contrainte longitudinale.

T :

Contrainte transverse.

LT :

Cisaillement dans le plan ( L, T ).

f lex
L :
rupt
L :
Ltrac :
comp
T
:
rupt
T :
Ttrac :
rupt
LT :

Contrainte longitudinale rupture en flexion.

Contrainte transverse rupture en compression.

f :

Facteur de forme pour un tube flchi.

er :

Vecteur radial unitaire.

ey :

Vecteur unitaire perpendiculaire laxe du tube et la direction de flexion.

ez :

Vecteur unitaire orient le long de laxe du tube.

eT :

Vecteur tangentiel unitaire.

Contrainte longitudinale rupture.


Contrainte longitudinale rupture en traction.
Contrainte transverse rupture.
Contrainte transverse rupture en traction.
Cisaillement rupture dans le plan ( L, T ).

239

240

Listes des notations

Chapitre 3 : La mthode de relaxation dynamique


a:

Porte de la poutre dforme.

c:

Coefficient reliant lamortissement visqueux C et la diagonale des raideurs D.

eC :

Excentricit de la liaison ralise par le connecteur C.

f :

Flche mi-porte.

h:

Incrment de temps.

k:

Paramtre caractristique de lelastica (sqrtF/EI).

l:

Longueur totale de la poutre.

m:

Coefficient reliant matrice de masse M et matrice diagonale des raideurs D.

mopt

Coefficient m optimal.

mi :
b:
m

Masse nodale des ressorts en srie.

qi5 :

Coefficient de densit de force de llment (i, 5), avec i variant de 1 4.

rit

Rayon de courbure au nud i linstant t.

Masse associe au nud i.

s:

Abscisse curviligne de la poutre.

t:

Instant quelconque du processus itratif.

Instant du pic dnergie cintique.

v:

Dplacement perpendiculaire laxe initial de la poutre.

xi :

Abscisse du ime nud, avec i variant de 1 5.

x:

Abscisse dun point quelconque de la poutre.

yi :

Ordonne du ime nud, avec i variant de 1 5.

Aij :

lment de la matrice A.

C:

Couple de torsion labscisse s.

E:

Module de Young.

Ect

nergie cintique linstant t.

( ES)i,j :
( EI )i :
F:
Fc :
I:
Iyy :
Izz :
K:
Kimax :
f lex
Ki
:
Kij :
Li5 :
L0i,j :

Raideur axiale de llment (i, j).

t :
Li,j
Lit1,i+1

Longueur de llment (i, j) linstant t.

Raideuren flexion de llment au voisinage du nud i.


Effort axial appliqu aux extrmits de la poutre.
Force critique de flambement dEuler.
Inertie de la poutre.
Inertie de flexion autour de laxe y de llment labscisse s.
Inertie de flexion autour de laxe z de llment labscisse s.
Raideur caractristique des ressorts en srie.
Raideur caractristique de lensemble des lmnts connects au nud i.
Raideur nodale quivalente de flexion au nud i.
lment de la matrice de raideur K.
Longueur de llment (i, 5), avec i variant de 1 4.
Longueur de llment (i, j) au repos.
: Longueur de la corde joingnant les nuds i 1 et i + 1 linstant t.

Listes des notations

Mmax :

Moment flchissant maximal.

Mit

Intensit du moment flchissant au nud i linstant t.

My :

Moment flchissant autour de laxe iy .

Mz :

Moment flchissant autour de laxe iz .

N:

Effort normal labscisse s.

N min

Effort normal minimal.

N max

Effort normal maximal.

Rmax
:
z

Raction maximale sur appuis selon z.

0
Ti,j
t
Ti,j

Effort impos de prcontrainte axiale dans llment (i, j).

Tension dans llment (i, j) linstant t.

Ty :

Effort tranchant selon laxe iy de llment labscisse s.

Tz :

Effort tranchant selon laxe iz de llment labscisse s.

Uxmax :

Dplacement maximal selon x.

Uzmax :

Dplacement maximal selon z.

:
:

Angle initial de lelastica.


Paramtre de calcul ( = (2 c h/)/(2 + c h/)).

t
Angle form par les vecteurs X i1,i et X i,i+1 linstant t.

it :
:

Paramtre de calcul ( = 2h2 /(2 + c h/)).

Paramtre de convergence de lerreur.

t :

Incrment de temps.

t
ei,j

Dformation axiale de llment (i, j) linstant t.

Angle quelconque entre les tangentes la dforme et la poutre initiale.

VAriation de courbure de la poutre.

y :

Variation de courbure autour de laxe iy .

Ky :

Courbure initiale de laxe iy .

z :

Variation de courbure autour de laxe iz .

Kz :

Courbure initiale de laxe iz .

A :

Valeur propre quelconque de la matrice A.

m
A ax :
m
A in :
0
:

Plus grande des valeurs propres de la matrice A.


Plus petite des valeurs propres de la matrice A.

Torsion initiale de laxe de llment par unit de longueur.

t A,i :

t B,i :

t C:

u i5 :

x :

y :

z :

Torsion de laxe de llment par unit de longueur.

Tangente au nud i de la dforme de la barre A linstant t.


Tangente au nud j de la dforme de la barre B linstant t.
Vecteur directeur du connecteur C.
Vecteur unitaire associ llment (i, 5), avec i variant de 1 4.
Vecteur directeur du repre de rfrence.
Vecteur directeur du repre de rfrence.
Vecteur directeur du repre de rfrence.

241

242

Listes des notations

t
Ai :

t
F i,i+1 :

t
F i+1,i :

t
F i+1,i :

t
Mi :

t
Ri :

T i5 :

t
T i,j :

t
Ui :

t
Vi :

t
Xi :

t
X A,i :

t
X i,j :

Position relative du nud j par rapport au nud i linstant t .

b:

Matrice dsignant le produit M1 f.

f:

Vecteur des efforts extrieurs.

fint :

Vecteur des efforts intrieurs.

ix :

Vecteur directeur du repre local orient selon la tangente la dforme.

iy :

Vecteur directeur du repre local orient selon la normale la dforme.

iz :

Vecteur directeur du repre local orient selon la binormale la dforme.

m:

Vecteur des moments extrieurs par unit de longueur.

p:

Vecteur position du point labscisse s dans le repre global.

q:

Vecteur des efforts extrieurs par unit de longueur.

u:

Vecteur des dplacements.

u :

Vecteur des dplacements solutions du problme.

un

Vecteur des dplacements la nime itration.

u n

Vecteur des vitesses la nime itration.

u n

Vecteur des acclration la nime itration.

u n

Vecteur des erreurs la nime itration.

Acclration du nud i linstant t.

t
Effort appliqu au nud i li au moment M i dans llment (i, i + 1).

t
Effort appliqu au nud i + 1 li au moment M i dans llment (i, i + 1).
Rsultante des efforts intrieurs au nud i linstant t.
Moment flchissant au nud i linstant t.
Rsidu des efforts au nud i linstant t.
Tension dans llment (i, 5), avec i variant de 1 4.
Effort de traction-compression exerc par le nud j sur le nud i linstant t.
Dplacement du nud i linstant t.
Vitesse t du nud i linstant t.
Position du nud i linstant t.
Position du nud i de la barre A linstant t.

A:

Matrice dsignant le produitM1 K.

C:

Matrice damortissement visqueux.

D:

Matrice diagonale des raideurs.

K:

Matrice de raideur de la structure dans la configuration initiale.

K(u) :

Matrice de raideur tangente de la structure correspondant aux dplacements u.

M:

Matrice de masse.

Rn

Vecteur du rsidu des efforts extrieurs au nime incrment.

Liste des figures


1.1

Coupe de la vote du trsor dAtre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

1.2

il de la vote du Panthon Rome. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

1.3

Lauditorium Kregse du MIT de Eero Saarinen. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

1.4

Lglise de lAtlantide Montevideo de E. Dieste. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

10

1.5

Modle du pavillon Philipps de Y. Xenakis. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

10

1.6

Le restaurant Los Manantiales de F. Candela en construction. . . . . . . . . . . . . .

10

1.7

Coques de Heinz Isler au-dessus dune station service. . . . . . . . . . . . . . . . .

11

1.8

Couverture des quais de la gare de Lourdes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

12

1.9

Vue extrieure de la serre du Bicton Garden, 1825. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

13

1.10 Coupole sphrique de la piscine de Neckarsulm. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

14

1.11 Couverture de la cour intrieure du British Museum. . . . . . . . . . . . . . . . . .

14

1.12 Gnration de la forme de la maison des hippopotames Berlin. . . . . . . . . . .

15

1.13 Vue arienne du gridshell de Mannheim. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

19

1.14 Maquette inverse du gridshell de Mannheim. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

19

1.15 Dtail du dispositif de fixation de la grille sur un cble. . . . . . . . . . . . . . . . .

21

1.16 Les tours de levage et les rpartiteurs en H de Mannheim. . . . . . . . . . . . . . .

21

1.17 Couverture du gridshell de Downland en court de montage. . . . . . . . . . . . . .

23

1.18 La structure du gridshell de Downland aprs analyse des contraintes. . . . . . . .

25

1.19 Systme de connection du gridshell de Downland. . . . . . . . . . . . . . . . . . .

26

1.20 La structure du gridshell de Downland en cours de montage. . . . . . . . . . . . .

27

1.21 Intrieur du pavillon du Japon de Shigeru Ban. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

28

1.22 Intrieur du Savill building. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

29

1.23 Ancrages de la couverture. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

29

1.24 Maquette dtude du gridshell. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

30

1.25 Couverture vgtale de Pishwanton. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

30

1.26 Tour dobservation du zoo dHelsinki. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

31

244

Liste des figures

2.1

Schma de principe dune ligne de pultrusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

35

2.2

Chantier de renforcement dun pont sur lautoroute A6 prs de Toutry. . . . . . .

37

2.3

La passerelle de Laroin, France. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

38

2.4

La passerelle dAberfeldy, cosse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

38

2.5

Maquette de la passerelle tout composite dveloppe au LAMI. . . . . . . . . . . .

39

2.6

Maquette du centre Yitzhak Rabin Tel-Aviv. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

40

2.7

Carte Module dYoung/Rsistance avec deux domaines dlimits par les droites
I1 = 0,2 et I2 = 9 GPa. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2.8

Carte Tnacit/Module dYoung avec deux domaines dlimits par les droites
I2 = 9 GPa et I3 = 0,025. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2.9

47
49

Carte module dYoung-prix relatif par unit de volume avec deux domaines dlimits par les droites I2 = 9 GPa et I4 = 0,01. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

49

2.10 Carte module dYoung-contenu nergtique par unit de volume avec deux domaines dlimits par les droites I2 = 9 GPa et I5 = 0,01. . . . . . . . . . . . . . . . .

51

2.11 Rsistance des matriaux six environnements courants. . . . . . . . . . . . . . . .

51

2.12 Plan du bti de fluage dvelopp dans [28]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

55

2.13 Protocole exprimental pour ltude des tubes composites en grande transformation. 55
2.14 Comportement dun tube flchi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

57

2.15 Comparaisons des angles initiaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

57

2.16 Rupture caractristique dun tube flchi. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

58

2.17 Exprience de flexion transverse dun tube . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

58

2.18 Essai de compression dun anneau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

59

2.19 Systme isostatique associ 2.18 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

59

2.20 Ovalisation dun quart de cercle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

63

2.21 Systme isostatique associ 2.20 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

63

2.22 Variation du critre de Tsa-Hill en fonction de langle . . . . . . . . . . . . . . . .

67

2.23 Critre de Tsa-Hill en fonction de la courbure longitudinale L . . . . . . . . . . . .

67

2.24 Flambement symtrique dun cylindre (notations). . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

69

3.1

Schma de rsolution sans et avec itrations dquilibre. . . . . . . . . . . . . . . .

77

3.2

Structure de quatre cbles et un nud libre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

78

3.3

Variation de lnergie cintique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

83

3.4

Pendule oscillant sans frottement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

83

3.5

Diffrents types dappui dans le plan et dans lespace. . . . . . . . . . . . . . . . .

85

3.6

Interpolation parabolique de lnergie cintique autour du pic. . . . . . . . . . . .

86

Liste des figures

245

3.7

Ensemble de nuds dun lment de structure. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

87

3.8

Repre local dune poutre dans lespace. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

89

3.9

Calcul du rayon de courbure local dune poutre droite. . . . . . . . . . . . . . . . .

92

3.10 quilibre dun segment de poutre flchie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

93

3.11 Assemblage orientable. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

95

3.12 Modle cinmatique des connecteurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

95

3.13 Systme masses-ressorts vibrant selon sa plus haute frquence. . . . . . . . . . . .

97

3.14 Relation entre | | et c h pour A h2 = 1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103


3.15 Schma de la dforme dune poutre simple post-flambe. . . . . . . . . . . . . . . 106
3.16 Dformes obtenues pour un maillage A non-uniforme de densit n = 4. . . . . . 109
3.17 Dformes obtenues pour un maillage B, uniforme de densit n = 4. . . . . . . . . 110
3.18 Dformes obtenues pour un maillage uniforme de densit n = 2. . . . . . . . . . 111
3.19 Dformes obtenues pour un maillage non-uniforme de densit n = 2. . . . . . . . 111
3.20 Poutre post-flambe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
3.21 Gridshell lmentaire de deux fois cinq barres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
3.22 Grille initiale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
3.23 Rsultat de la recherche de forme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
3.24 Poutre treillis dissymtrique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
3.25 Dme hexagonal. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
3.26 Comportement de la structure de la figure 3.24. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
3.27 Comportement de la structure de la figure 3.25. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
3.28 Assemblage MEROTM typique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
3.29 Assemblage typique dune nexorade. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
3.30 Principe de la recherche de forme dune nexorade : a) Barres concourantes ; b)
Barres flchies avec excentricts ; c) Nexorade rsultante. . . . . . . . . . . . . . . . 121
3.31 De lintrt du comportement mcanique fictif pour la recherche de forme. . . . . 121
4.1

Maquette en film de savon du Tanzbrunnen de Cologne. . . . . . . . . . . . . . . . 127

4.2

La couverture de cbles du stade olympique de Munich. . . . . . . . . . . . . . . . 128

4.3

Maquette suspendue de Gaudi pour lglise de la Colona Gell et son image inverse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128

4.4

Forme prise par un tissus gel dans le style de H. Isler. . . . . . . . . . . . . . . . . 129

4.5

Chantier des tennis couverts de Crissier de H. Isler. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129

4.6

Maquette suspendue de lIL et, par retournement, gridshell correspondant. . . . . 131

246

Liste des figures

4.7

Poutre flchie uniformment charge avec la chanette et lelastica de rfrence. . . 132

4.8

Grille obtenue pour pL3 /EI=1,79. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135

4.9

Grille obtenue pour pL3 /EI=17,9. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135

4.10 Grille obtenue pour pL3 /EI=179. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135


4.11 Filet invers correspondant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
4.12 Grille lmentaire carre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
4.13 Grille lmentaire circulaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
4.14 Mthode dobtention dune pseudo-chanette. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
4.15 volution de langle avec le rapport pL3 /EI. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
4.16 volution de la distance la chanette. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
4.17 Grille carre avec tous les appuis glissants sur le plan. . . . . . . . . . . . . . . . . 140
4.18 Grille carre avec tous les appuis bloqus. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
4.19 Grille carre avec des appuis glissants sur des lignes parallles aux lignes dappuis. 140
4.20 Grille carre avec deux lignes opposes glissants sur le plan et deux sur une ligne. 140
4.21 Grille circulaire avec tous les appuis glissants sur le plan. . . . . . . . . . . . . . . 140
4.22 Grille circulaire avec tous les appuis bloqus. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
4.23 Grille circulaire avec tous les appuis glissants sur un cercle. . . . . . . . . . . . . . 140
4.24 Profil de la grille carre avec tous les appuis glissants sur le plan. . . . . . . . . . . 141
4.25 Profil de la grille circulaire avec tous les appuis glissants sur le plan. . . . . . . . . 141
4.26 Grille carre sur quatres appuis avec des barres latrales interrompues. . . . . . . 142
4.27 Grille carre sur quatres appuis avec des barres latrales continues. . . . . . . . . . 142
4.28 Variante 45de la grille lmentaire carre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
4.29 Profil de la variante de la grille carre avec tous les appuis glissants. . . . . . . . . 143
4.30 Profil de la grille carre sur quatres appuis. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
4.31 Profil de la grille carre 45sur quatres appuis. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
4.32 Grille initiale avec =90. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
4.33 Forme finale correspondante. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
4.34 Grille initiale avec =110. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
4.35 Forme finale correspondante. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
4.36 Grille initiale avec =130. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
4.37 Forme finale correspondante. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
4.38 Grille initiale avec =150. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
4.39 Forme finale correspondante. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145

Liste des figures

247

4.40 Grille carre avec raidisseur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146


4.41 Grille circulaire avec raidisseur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
4.42 Grille rectangulaire avec raidisseur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
4.43 Grille elliptique avec raidisseur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
4.44 Intrieur de la DG Bank Berlin (Allemagne) de Frank Gehry . . . . . . . . . . . . 148
4.45 Le nouveau muse de Graz (Autriche) de Peter Cook et Colin Fournier. . . . . . . 148
4.46 tape 1 : Construction et subdivision des directrices. . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
4.47 tape 2 : Construction du maillage de proche en proche laide dun compas. . . 149
4.48 Schmas de principe du maillage dune sphre avec la mthode du compas : trac
et subdivision des deux directrices ; cration dun nouveau point partir de lintersection et, de proche en proche, cration dun maillage de paralllogrammes. . 150
4.49 Mise plat de la grille hmisphrique de la figure 4.50. . . . . . . . . . . . . . . . . 150
4.50 Gridshell hmisphrique pour un angle de 90entre les directrices. . . . . . . . . . 150
4.51 volution de la distance la sphre en fonction de langle form par les directrices. 151
5.1

Vue extrieure du prototype de gridshell en composites. . . . . . . . . . . . . . . . 157

5.2

Forme initiale sur le sol de la grille elliptique choisie. . . . . . . . . . . . . . . . . . 160

5.3

Premire tape de la recherche de forme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160

5.4

Forme thorique finale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161

5.5

Forme finale vue de dessus. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161

5.6

Efforts normaux sous poids propre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161

5.7

Moments sous poids propre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161

5.8

Vue de la structure avec ses cbles provisoires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163

5.9

Dplacements totaux dus la prise en compte des excentricits. . . . . . . . . . . . 163

5.10 Moments flchissants sous poids propre avec prise en compte des excentricits. . 164
5.11 Efforts normaux sous poids propre avec prise en compte des excentricits. . . . . 164
5.12 Gomtrie initiale de la simulation du montage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
5.13 Distance entre la forme thorique et celle issue de la simulation du montage. . . . 165
5.14 Gomtrie au repos avec la triangulation de barres molles . . . . . . . . . . . . . 168
5.15 Gomtrie au repos avec la triangulation relle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
5.16 Efforts normaux par triangulation directe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
5.17 Efforts normaux avec mise en place de la triangulation en deux tapes. . . . . . . 168
5.18 Triangulation du prototype. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
5.19 Triangulation classique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169

248

Liste des figures

5.20 Comparaison des comportements verticaux des deux triangulations. . . . . . . . . 169


5.21 Comparaison des comportements horizontaux des deux triangulations. . . . . . . 169
5.22 Pressions de vent sur une coupole sphrique daprs lEurocode 1. . . . . . . . . . 171
5.23 Dplacement vertical sous chargement de neige symtrique. . . . . . . . . . . . . . 172
5.24 Dplacement selon y sous chargement de neige symtrique. . . . . . . . . . . . . . 172
5.25 Dplacement vertical sous chargement de vent selon y. . . . . . . . . . . . . . . . . 173
5.26 Dplacement selon y sous chargement de vent selon y. . . . . . . . . . . . . . . . . 173
5.27 Claquage symtrique du prototype lELU. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
5.28 Contraintes maximales sous chargement de vent lELU. . . . . . . . . . . . . . . 174
6.1

La grille elliptique du prototype en cours dassemblage. . . . . . . . . . . . . . . . 179

6.2

Mise en forme du prototype au moyen dtais et de tirants. . . . . . . . . . . . . . 181

6.3

Le motif en hexagone et triangle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182

6.4

La triangulation en cours de montage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182

6.5

Amlioration de la prcision des mesures laide de deux tachomtres. . . . . . 184

6.6

Le premier modle avec ses surcontraintes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189

6.7

Les contraintes dans le modle de rfrence. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189

6.8

Le modle sur appuis lastiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189

6.9

Le modle de rfrence. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189

6.10 Distance entre le modle de rfrence et le modle sans excentricit. . . . . . . . . 192


6.11 Distance entre le modle de rfrence et le modle de filet invers. . . . . . . . . . 192
6.12 Le dplacement selon z du gridshell sous chargement asymtrique. . . . . . . . . 195
6.13 Le dplacement selon y du gridshell sous chargement asymtrique. . . . . . . . . 195
6.14 Le dplacement selon z du gridshell rigidifi sous chargement asymtrique. . . . 197
6.15 Le dplacement selon y du gridshell rigidifi sous chargement asymtrique. . . . 197
6.16 Efforts normaux dans le gridshell non-rigidifi sous chargement asymtrique. . . 199
6.17 Efforts normaux dans le gridshell rigidifi sous chargement asymtrique. . . . . . 199
6.18 Moments flchissants dans le gridshell au repos. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199
6.19 Moments flchissants dans le gridshell non-rigidifi sous charges asymtriques. . 199
6.20 Dplacement li la cration de louverture louest du prototype. . . . . . . . . . 200
6.21 Le prototype et son ouverture louest. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200
A.1 Structure des donnes dentre de AlgoRD. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
A.2 Ressorts en position initiale avant calcul. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213

Liste des figures

249

A.3 Ressorts en position au repos, libres de contrainte. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213


A.4 Gomtrie au repos du gridhsell de la figure 4.21. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 214
A.5 Autre gomtrie au repos du gridshell de la figure 4.21. . . . . . . . . . . . . . . . 214
A.6 Arc en bow-string prcontraint. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215
A.7 Gomtrie au repos de la structure de la figure A.6. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215
A.8 Gomtrie initiale de la structure de la figure A.6. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216
A.9 Autre gomtrie initiale de la structure de la figure A.6. . . . . . . . . . . . . . . . 216
A.10 Schma de principe pour la ralisation dun encastrement dans les problmes plans.217
B.1 Implantation du gridshell sur le site de lcole Nationale des Ponts et Chausses.

225

B.2 Plan dimplantation des fondations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 226


B.3 Plan de la grille plat avec lorientation des barres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 226
B.4 Emplacement des charges pour les deux sries de tests. . . . . . . . . . . . . . . . . 228
B.5 Emplacement des cibles aux extrmits des barres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228
B.6 Emplacement des cibles pour la premire srie de tests. . . . . . . . . . . . . . . . 229
B.7 Emplacement des cibles pour la second srie de tests. . . . . . . . . . . . . . . . . . 229

Liste des tableaux


2.1

Proprits mcaniques des constituants des composites fibre/rsine [41] . . . . . .

34

2.2

Proprits mcaniques des tubes fournies par le fabriquant. . . . . . . . . . . . . .

61

3.1

Valeurs des paramtres caractristiques de lelastica. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109

3.2

Convergence de F/Fc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110

3.3

Convergence de f /l. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110

3.4

Convergence de a/l. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112

3.5

Convergence de f /l. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112

3.6

Valeurs caractristiques dune elastica obtenues par diffrentes mthodes. . . . . . 114

3.7

Comparaison des temps de calcul en 2D. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115

3.8

Influence de la densit maillage sur la prcision de la forme dun gridshell. . . . . 116

3.9

Comparaison des temps de calcul en 3D. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116

3.10 Comparatif des performances de lalgorithme avec et sans excentricit. . . . . . . 118


4.1

Rapports 3pL3 /2EIlim partir desquels la flexion est ngligeable sur 10 m. . . . . 133

4.2

volution de la distance entre la grille flchie et le filet invers avec le rapport


pL3 /EI. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135

5.1

Coefficient partiel de scurit 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156

5.2

Coefficient partiel de scurit 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156

5.3

Coefficient partiel de scurit 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156

5.4

Raideur des diffrents schmas de triangulation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170

6.1

Calendrier des mesures effectues sur le prototype. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184

6.2

Dplacement de la structure non-rigidifie sous chargement symtrique. . . . . . 185

6.3

Dplacement de la structure non-rigidifie sous chargement asymtrique. . . . . . 186

6.4

Dplacements de la structure rigidifie sous chargement symtrique. . . . . . . . . 187

6.5

Dplacement de la structure rigidifie sous chargement asymtrique. . . . . . . . 187

252

Liste des tableaux

6.6

Quantification exprimentale de leffet de la triangulation. . . . . . . . . . . . . . . 188

6.7

Distances entre les points de rfrence et les points de laxe du modle numrique. 190

6.8

Comparaison entre la gomtrie du prototype et celle du modle . . . . . . . . . . 191

6.9

Distance entre les deux modles historiques et le prototype. . . . . . . . . . . . . . 192

6.10 Comparaison entre les dplacements rels des cibles et ceux du modle. . . . . . . 194
6.11 Rapports entre les dplacements rels des cibles et ceux des deux modles modifis.195
6.12 Dplacements du modle rigidifi sous chargement symtrique. . . . . . . . . . . 196
6.13 Dplacements du modle rigidifi sous chargement asymtrique. . . . . . . . . . . 196
6.14 Travaux des efforts extrieurs et influence de la rigidification. . . . . . . . . . . . . 198
6.15 volution des contraintes maximales dans la structure. . . . . . . . . . . . . . . . . 200
6.16 Cot estimatif de la structure du prototype de gridshell en composites. . . . . . . 201
6.17 Ratios caractristiques pour 70,5 m2 habitable et de 154,7 m2 au sol. . . . . . . . . 201
A.1 Tableau des donnes sur les lments de structure. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220
A.2 Tableau des conditions aux limites. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220
A.3 Tableau des liaisons entre les lments. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221
A.4 Structure du tableau des dplacements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223
A.5 Structure du tableau des efforts intrieurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223
B.1 Longueurs des barres de la grille principale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227
B.2 Positions des marques au pied des barres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 230
B.3 Positions des marques au pied des barres (suite). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231
B.4 Dplacements en cm des cibles de A R sous chargement symtrique. . . . . . . . 232
B.5 Dplacements en cm des cibles de A R sous chargement asymtrique. . . . . . . 232
B.6 Dplacements en cm des cibles de AA TT sous chargement symtrique. . . . . . 233
B.7 Dplacements en cm des cibles de AA TT sous chargement asymtrique. . . . . 233
B.8 cart sur les positions au repos des cibles A R et AA TT en cm. . . . . . . . . . 234
B.9 carts sur les dplacements de la structure non-triangule sous chargement symtrique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235
B.10 carts sur les dplacements de la structure non-triangule sous chargement asymtrique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 236

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TUDE DE STRUCTURES LANCES PRCONTRAINTES


EN MATRIAUX COMPOSITES :
APPLICATION LA CONCEPTION DES GRIDSHELLS
Rsum de la thse :
Les matriaux composites sont des matriaux nouveaux qui possdent une grande dformabilit et une grande raideur. Les structures de btiment qui requirent ces deux proprits
sont peu nombreuses et les gridshells en sont un bon exemple. En effet, ces structures double
courbure sont obtenues par dformation lastique puis rigidification dune grille plane sans raideur en cisaillement. Les grands dplacements et les grandes rotations qui surviennent durant
la phase de montage de ces structures lances prcontraintes ncessitent la prise en compte de
non-linarits gomtriques importantes. Un outil numrique spcifique reposant sur la mthode
de la relaxation dynamique est donc dvelopp et valid. Il permet une nouvelle approche de la
forme des gridshells et la mise au point dune mthode de recherche de forme originale. Il est
galement utilis pour ltude gomtrique et lanalyse structurelle de prototypes de gridshells
en matriaux composites construits sur le site de lcole Nationale des Ponts et Chausses.
Mots cls : Gridshell, matriaux composites, mthode de relaxation dynamique, recherche
de forme, analyse non-linaire, prototype exprimental.

STUDY OF SLENDER PRESTRESSED STRUCTURES


IN COMPOSITE MATERIALS :
APPLICATION TO THE CONCEPTION OF GRIDSHELLS
Abstract of the thesis :
Composite materials are new materials with high deformability and high stiffness. In civil
engineering, structures that require these two properties are rare and gridshells are a good
example of such buildings. Indeed these structures with double curvature are obtained by elastic
deformation and then bracing of a plane grid with no shear rigidity. The large displacements
and the large rotations that occur during the phase of assembly of these slender prestressed
structures require consideration of important geometrical non-linearities. A specific numerical
tool based on the dynamic relaxation method is therefore developped and validated. It provides
a new approach to the form of gridshells and enables the developpement of an original formfinding method. It is also used for the geometrical study and structural analysis of a prototypes
of gridshell in composite materials built on the site of the cole Nationale des Ponts et Chausses.
Keywords : Gridshell, composite materials, dynamic relaxation method, form-finding, nonlinear analysis, experimental prototype.

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