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Vibrations des structures

industrielles
par

Jean-Franois BOISSEAU
Docteur-Ingnieur
Ancien Chef de Groupe de Recherches lOffice National dtudes
et de Recherches Arospatiales (ONERA)
Expert prs la Cour dAppel de Paris

et

Bernard GARNIER
Ingnieur civil de lcole Nationale des Ponts et Chausses
Directeur Commercial la socit METRAVIB RDS

1.
1.1
1.2

Gnralits.................................................................................................
Secteurs concerns .....................................................................................
Rles et consquences des vibrations structurales..................................
1.2.1 Dfinitions ...........................................................................................
1.2.2 Normes sur les vibrations et les chocs .............................................
1.2.3 Effets ngatifs des vibrations ............................................................
1.2.4 Aspects positifs des vibrations structurales.....................................

2.
2.1

Les outils de lingnieur et leur mise en uvre ..............................


Reprsentation des phnomnes vibratoires ...........................................
2.1.1 Impdance dynamique et fonctions de transfert .............................
2.1.2 Schmatisations masses-ressorts.....................................................
2.1.3 Calculs en lments finis ...................................................................
2.1.4 Maquettages et lois de similitude .....................................................
2.1.5 Mthodes nergtiques .....................................................................
2.1.6 Rayonnement acoustique des structures .........................................
Approche exprimentale.............................................................................
2.2.1 Accs aux vibrations des structures .................................................
2.2.2 Essais structuraux sous excitation artificielle ..................................
2.2.3 Post-traitement et obtention des rsultats .......................................

2.2

3.

3.5

La matrise des vibrations et des bruits induits.


Exemples de cas industriels..................................................................
Actions correctives ......................................................................................
Diffusion des techniques danalyse ...........................................................
Premire tude de cas : suppression des vibrations indsirables
lors de la mise au point dune machine de srie ......................................
Deuxime tude de cas : remde la dgradation structurale
cause par les vibrations dune installation industrielle ..........................
Troisime tude de cas : amlioration dun dcouplage antivibratile ....

4.

Conclusion .................................................................................................

3.1
3.2
3.3

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7 - 1991

3.4

Pour en savoir plus...........................................................................................

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Doc. R 3 140

outes les structures et installations industrielles sont sujettes des vibrations, quil sagisse de celles quelles gnrent ou de celles quelles subissent
de la part de leur environnement.

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Techniques de lIngnieur, trait Mesures et Contrle

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VIBRATIONS DES STRUCTURES INDUSTRIELLES

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Le paragraphe 1 prsente, outre une description qualitative des principaux


phnomnes vibratoires, un panorama des normes concernant les vibrations et
les chocs.
Le paragraphe 2 expose un certain nombre de reprsentations des phnomnes vibratoires ( 2.1), aidant interprter les observations, souvent fort
complexes, de ltat vibratoire dune structure industrielle, prdire le cas
chant leffet de modifications, et guider ainsi le concepteur, linstallateur et
lexploitant. Il prsente ensuite ( 2.2) les moyens de mesure et dessai offerts par
le march, et quelques critres de choix.
Le paragraphe 3 prsente des stratgies de matrise des vibrations et du bruit
induit, diffrentes tapes du dveloppement et de la vie dune installation ou
dun produit industriel. Cinq qualits, techniques et humaines, sont menaces
par les vibrations des structures ; ce sont :
la rgularit du produit ou du service rendu ;
la sret ou au moins la scurit de fonctionnement ;
la tranquillit de marche ;
la dure de vie de la structure et de ses composants ;
lendurance au poste de travail.
Ces qualits, qui doivent pouvoir tre quantifies, sont prendre en compte
ds le projet, lors de la mise au point et durant lexploitation de la structure,
jusqu sa rvision ou sa mise en rforme. Du bilan complet de fonctionnement
dune structure, il est possible destimer la part technique et le cot correspondant
imputable aux effets vibratoires indsirables.
Des exemples dintervention des vibrations sont prsents au paragraphe 3.
Ils pourraient tre beaucoup plus nombreux, car les vibrations sont omniprsentes. En effet, toute fluctuation de charge, de dbit, de vitesse, toute irrgularit de mouvement des pices dune installation, constituent une source
dexcitation vibratoire des structures avoisinantes, dautant plus riche et intense
que cette fluctuation est rapide.
En termes de traitement du signal, le spectre vibratoire  (f ) correspond la
transforme de Fourier de la fluctuation temporelle F(t) relative au systme :
1
2

F ( t )  (f ) = -----------

F ( t ) exp ( 2 i f t ) d t

La transforme de Fourier dune impulsion infiniment brve (Dirac) contient


en gale proportion toutes les frquences f du spectre : des chocs brefs peuvent
donc exciter toutes les frquences propres dune structure.
Les rponses structurales, utiles connatre, dpendent de la situation des
frquences dans ce spectre, mais :
dune part, les paramtres descriptifs dune structure ne sont pas toujours
faciles dnombrer : valus par excs, ils font tat de modes physiquement
inexistants ; valus par dfaut, ils omettent lexistence de modes moins manifestes relatifs des paramtres cachs ;
dautre part, le modle reprsentatif, unique avec une structure linaire,
reste dterminer, cas par cas, dans le cas de non-linarits, faibles ou fortes,
mais souvent prsentes.
De telles difficults rencontres en pratique sont rappeles au paragraphe 3,
ainsi que les solutions mises en uvre.

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1. Gnralits
1.1 Secteurs concerns
Les techniques vibratoires ont t appliques aux sciences mcaniques, au gnie civil, aux transports, etc. Il existe donc une diversit
de situations visant contrler les vibrations, ventuellement les
gnrer, le plus souvent les isoler, ou mieux encore les rduire
la source, en vue dattnuer ces vibrations ainsi que les bruits
quelles gnrent.
Le tableau 1 donne divers exemples de vibrations soit indsirables, soit, au contraire, utilises pour obtenir une rponse ou procder une analyse.

1.2 Rles et consquences


des vibrations structurales
1.2.1 Dfinitions
1.2.1.1 Vibrations structurales
On conviendra dappeler ici vibrations structurales toutes les
dformations lastiques de structure quelconques dont la moyenne
dans le temps est nulle, par opposition aux dformations permanentes (ou statiques). Elles sont le rsultat defforts eux-mmes fluctuants, qui sexercent sur la structure tantt en son sein (par exemple,

efforts imposs une machine tournante par un rotor mal quilibr,


ou efforts dus la combustion des gaz dun moteur thermique),
tantt sur ses frontires ou conditions aux limites (rafales de vent
sur un immeuble, vibrations transmises par le sol un quipement,
par les points daccrochage du moteur un vhicule automobile,
etc.).
1.2.1.2 Amplitudes et frquence
un instant donn, si lon admet que les phnomnes en jeu
restent linaires, les vibrations de la structure sont proportionnelles
aux efforts qui les gnrent : si, toutes choses gales par ailleurs,
lintensit de ces efforts double, la vibration double aussi, quon la
reprsente en termes de dplacement vibratoire (ou de vitesse, ou
dacclration) ou de contrainte dynamique dans le matriau
constitutif.
Par contre, lamplitude de la vibration dpend considrablement
de la forme de leffort excitateur en fonction du temps, ou, si lon
prfre raisonner dans lespace dual auquel on a accs par la transforme de Fourier du signal temporel, en fonction du contenu
frquentiel de leffort excitateur. On serait tent de dire que la
susceptibilit de la structure aux vibrations est une fonction extrmement variable relativement la frquence de leffort appliqu : telle
structure pourra tre pratiquement insensible un effort important
quon lui applique en tel point au rythme de 100 Hz, et prendre des
mouvements cinquante deux cents fois plus grands si le rythme
(cest--dire la frquence de cet effort) augmente ou diminue de
quelques pour-cent (figure 1).
(0)

Tableau 1 Exemples de domaines dintervention des vibrations


Secteurs ou thmes
Arolasticit
Amortissement
Analyse vibratoire
Appropriation
Biomcanique
Cavitation
Centrales thermiques et nuclaires
Contrles
Couplages
mission acoustique
nergtique
Excitation
quilibrage
Fatigue
Gomatriaux
Hydraulique
Identification
Instabilits
Non-linarits
Prvention
Roulements
Sismologie
Spatial
Surveillance
Thermovibrographie
Transitoires
Transports
Turbulence
Viscolasticit

Sujets
Flottements : aubages de turboalternateurs ; avions
Lanceur spatial ; automobile ; laser de puissance
Analyse modale ; ralentissement de machines tournantes ; SEA
Interprtation de fonctions de transfert pas de frquence variables
Malaises dus aux trs basses frquences ; modlisation de la pompe cardiaque
Turbomachines, hlices, gnration dultrasons
Rfrigrants atmosphriques ; effets oliens
Bornes dalternateurs contrls par vlocimtrie laser
Structures coques vibrant dans leau ; matriaux poreux
Fissuration de votes ; dtection de fuites ; contrles continus
coulements de fluides caloporteurs ; modles semi-empiriques
Barrage ; lcher par fil coup
Grands balourds accidentels ; rotor de turbopompe spatiale
coute de matriaux ; suivi de ltat de fatigue ; matriaux composites
Prospective de calculs douvrages sous sollicitations extrmes
Bute hydrostatique, rigidit et amortissement en frquence
Recherche des paramtres structuraux, mthodes proposes
Suppression par contrle actif sur avions
Structures prsentant des jeux et des limiteurs
Mesures vibratoires des turboalternateurs, des pompes
Localisation des dfauts par rsonances en haute frquence
Reproduction fine de sismes ; comportement de ponts roulants
Effet Pogo sur lanceurs ; qualification de satellites
Surveillance vibratoire des aubages risques ; acoustique des calages dalternateurs
prouvettes pratiquement adiabatiques sous contraintes vibratoires
Dmarrages et arrts de pompes ; commande en rgime transitoire
Bruits de contacts de pneumatiques ; bruits dcoulements daronef
Flammes : dynamique des fronts de ractions laminaires et turbulentes
Proprits de matriaux en vibration (en frquence et temprature)

Rfrence

[1]

[2]

[5]
[3]

[6]

[7]
[4]

Ce tableau est une slection, par secteurs et par sujets, de quelques faits figurant au rang des proccupations actuelles. Certains dentre eux seront repris ou
complts par dautres dans le cours du texte. Les rfrences sur les sujets cits renvoient des revues et des colloques, rcents, ce qui nexclut pas la consultation
douvrages gnraux, tels que ceux rappels dans la fiche documentaire [Doc. R 3 140].

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Figure 1 Cylindre de compresseur. Transfert  /F

1.2.1.3 Modes propres


Il est trs utile de caractriser cette susceptibilit aux vibrations
dune structure donne, qui est donc une proprit intrinsque de
la structure, dpendant de la frquence et de lespace (au sens des
coordonnes des points dobservation que lon souhaite dfinir sur
cette structure). Cette susceptibilit se caractrise par un certain
nombre de comportements extrmes des frquences particulires,
que lon nomme modes propres, et peut se rduire une somme
de fractions rationnelles dont les modes sont autant de ples
( 2.2.3.3).
Cette proprit est commode, puisque lon dispose ainsi dun
moyen dexprimer, dans le domaine linaire, la susceptibilit aux
vibrations dune structure quelconque partir dun nombre minimal
de paramtres qui sont :
les frquences propres, cest--dire les frquences de chacun
de ces ples o la structure est susceptible de prendre des oscillations damplitude extrmale ;
lamortissement modal, qui contrle lamplification vibratoire
correspondante ;
les modes propres, cest--dire les dformations particulires
ou dformes modales de ces oscillations de forte amplitude
associes chaque frquence propre.
Lidentification modale est la procdure qui permet dextraire ces
caractristiques partir de mesures des vibrations de la structure.
On reviendra sur ces caractristiques fondamentales ( 2.2.3.3). Il
importe de retenir prsent le double aspect frquentiel et spatial
de ces singularits qui signent lexcitabilit dynamique de toute
structure.
Bien sr, les vibrations que lon observe un instant donn et pour
un point donn sont le produit (mathmatiquement, on dira plutt
la convolution) de leffort excitateur et de la susceptibilit aux vibrations de la structure pour ce point dexcitation ; on dira quun mode
propre entre en rsonance si leffort excitateur prsente des composantes la frquence propre du mode ; les mouvements (et
contraintes mcaniques) prennent alors des valeurs considrables,
que seul lamortissement vient limiter, en se conformant lallure
gomtrique du mode propre.
Nota : pour schmatiser, on parlera souvent ci-aprs dinstallations excites par des
machines, qui donnent un caractre plus concret ces notions de structures et defforts
dynamiques excitateurs. Que le lecteur ny voie pas une limite la gnralit des raisonnements et mcanismes physiques qui seront prsents !

1.2.2 Normes sur les vibrations et les chocs

Les normes franaises (AFNOR et UTE Union technique de llectricit) de ce recueil sont en correspondance ou non avec les normes
de lISO (Organisation internationale de normalisation) et de la CEI
(Commission lectrotechnique internationale). Le degr de
conformit, qui est prcis, est : identique, quivalent ou non quivalent entre les normes franaises et internationales sur les mmes
sujets.
Le Comit technique 108 de lISO (ISO TC/108) traite :
la classification des conditions denvironnement vibratoire ;
lquilibrage (y compris les machines quilibrer) ;
la mesure et lvaluation des vibrations et chocs mcaniques
intressant les machines, les vhicules et les structures ;
lutilisation des matriaux pour les structures vibrantes ;
la mobilit mcanique ;
les machines dessais au choc ;
les mthodes de mesurage et de prsentation des rsultats
des vibrations et de la rsistance aux chocs des appareils sensibles
aux mouvements.
En outre, le CEN (Comit europen de normalisation) a lanc
en 1988 la cration dun environnement technique sur la scurit des
machines qui prvoit lexistence de normes rfrences B1
portant sur les aspects des vibrations et du bruit intressant la
conception et lutilisation dun grand nombre de machines.
Nota : enfin, bien que ne se rapportant pas une activit industrielle, il peut tre utile de
citer la norme interarmes (guerre, air, marine) GAM-EG13 du ministre de la Dfense. Des
tudes, connexes la partie normative de lenvironnement vibratoire, traitent des questions
suivantes :
interactions dynamiques entre porteur et matriel ; transmission des vibrations par
voies mcanique et acoustique ; interactions mcaniques aux basses frquences ;
roulage de chars ; identification des sources vibratoires ; tude et simulation de
lenvironnement par excitateurs lectrodynamiques ;
tir en vol sur avion ; mthode de calcul prvisionnel de lambiance vibratoire due
au tir au canon en vue du dimensionnement du matriel ; mesures bord du Mirage 2000 ;
missile en vol demport ; flexibilit offerte par la simulation en laboratoire de lenvironnement vibratoire sur des missiles en vol port.

1.2.3 Effets ngatifs des vibrations


1.2.3.1 Mise en rsonance entretenue
La mise en rsonance entretenue de modes propres de structures
est une source de dsordres graves, du fait des contraintes et des
dplacements excessifs qui en rsultent : les efforts alterns sont une
source de fatigue structurale svre, en raison du nombre de cycles
rapidement cumuls (frquence propre temps dexcitation), et les
niveaux importants de vibrations sont une source de dsordres
multiples (initiation de fissures, desserrage des assemblages
mcaniques, des connexions lectriques, bruits intenses, etc.).
Exemple : des phnomnes naturels peuvent tre lorigine de tels
problmes de mise en rsonance : cest ainsi quune plate-forme de
forage ptrolier en mer de Beaufort a d tre vacue la suite dimportantes vibrations densemble provoques par les chocs dune plaque de
glace denviron 2 km2 de surface [8].
Lorsque le hasard fait concider une raie dexcitation particulire
(vitesse de rotation dun arbre et premiers harmoniques, frquence
de passage des pales dun ventilateur devant des aubages fixes,
frquence de passage des billes dun roulement devant un dfaut,
efforts dengrnement de trains dengrenages, etc.) avec une
frquence propre dun bti, dun arbre ou dune structure voisine,
on observe donc des usures prcoces, des ruptures, des pannes
frquentes, qui ne trouveront de solution que dans une redfinition
de linstallation ( 3.3).
Exemple : ltude de cas dveloppe au paragraphe 3.4, propos
de la fissuration de tours darorfrigrants industriels qui prsentaient
des frquences propres 23 Hz, excites conjointement par deux raies
24 Hz (harmonique 12 des pales) et 24,75 Hz (harmonique 1 du
moteur), est tout fait typique.

LAssociation franaise de normalisation (AFNOR) a publi un


recueil en deux ouvrages des normes sur les vibrations et chocs
mcaniques [Doc. R 3 140].

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1.2.3.2 Mise en rsonance transitoire


Moins grave, et plus frquente, est la mise en rsonance passagre
dune structure lors dun tat de fonctionnement transitoire : cest,
par exemple, le cas de toutes les frquences propres balayes lors
de la monte en vitesse ou de larrt dune machine tournante rapide,
ou encore lors de chocs, d-coups de couple, etc. Il est prfrable
de connatre cet tat de fait pour vrifier que lon en contrle bien
les paramtres et que la mise en rsonance est transitoire et suffisamment peu frquente. Moyennant ces prcautions, de telles
occurrences pourront tre acceptes par lingnieur.
Exemple : une machine grande vitesse de rotation, telle que la
turbopompe du premier tage de la future Ariane 5, tourne en
conditions nominales une vitesse dite hypercritique , en loccurrence entre la deuxime et la troisime vitesse critique. Lors de la
monte en vitesse, larbre (commun la partie pompe et la partie
turbine) vibre donc successivement selon son premier puis son second
mode propre, avant de se stabiliser.
1.2.3.3 Instabilits
Un cas plus complexe, rare heureusement car souvent catastrophique, est celui o leffort excitateur est lui-mme modul par
la vibration de la structure et concentre son nergie la frquence
propre au fur et mesure que la structure entre en rsonance. Si
aucun phnomne physique ne vient modrer cette instabilit,
appele parfois accrochage, elle conduit trs rapidement la rupture.
Exemples
Des rafales de vent peuvent faire vibrer une structure lance, mais
rciproquement les oscillations de cette dernire modifient lcoulement arodynamique. Ce couplage est lorigine de la spectaculaire
destruction du Pont de Tacoma aux tats-Unis, en 1940 [9].
Ce type de couplage a t lorigine aussi de la rupture des changeurs de chaleur de lusine de liqufaction de gaz de Skikda. Par la suite,
les constructeurs dchangeurs de chaleur faisceaux de tubes ont
introduit des dispositifs de pincement des tubes et de butes mcaniques, qui empchent une telle mise en rsonance gnralise des
tubes par couplage lcoulement.
Les fluctuations dynamiques de volume et de pression dans un
rservoir influent sur le dbit des pompes ou turbines en amont ou en
aval. Linstabilit qui en dcoule, pour un lanceur spatial, est connue
sous le nom deffet Pogo : une fluctuation de pousse du moteur fait
rsonner le fluide dans le rservoir, ce qui accrot la fluctuation de pousse du moteur, etc. Ce problme a affect le lanceur Diamant mais a
pu tre rsolu par lamortissement structural de la paroi du rservoir.
Face de tels risques dinstabilit, il est indispensable de modliser la boucle de rtroaction entre vibration structurale et effort
excitateur, didentifier les paramtres qui permettent den contrler
le gain, et de se placer en dehors des zones instables avec un coefficient de scurit raisonnable, ce qui peut demander un important
investissement en termes de modlisation et de connaissance
physique des phnomnes en jeu, ainsi que de leurs possibilits de
couplage (lexemple c du 3.1).
1.2.3.4 Conclusions
Attirons lattention sur le fait que lon peut trs rarement incriminer, dans tous les problmes cits ici, un composant particulier
de linstallation : cest la conjonction de tous les lments qui rend
globalement linstallation malencontreuse, et ce nest pas toujours
llment dont le mauvais dimensionnement entrane la mise en
rsonance qui prsente pour autant les vibrations les plus intenses
ou les signes de ruine les plus prcoces.
Avant tout, face de tels problmes, il faut incriminer un manque
danalyse de linstallation sous ses aspects dynamiques et un
manque de cahiers des charges explicites en termes dynamiques
pour les divers fournisseurs ; les prcautions prendre, qui peuvent

tre souvent sous-traites des ingnieries spcialises, sont dun


cot fort modeste face lavantage quen retirera le futur exploitant
en termes de fiabilit et de longvit de son installation.

1.2.4 Aspects positifs des vibrations structurales


De nombreux dispositifs industriels utilisent la gnration de
vibrations comme principe actif : en particulier, ds que lacclration vibratoire approche lacclration de la pesanteur, on peut,
en gnral grce des moteurs balourd, mouvoir et ordonner des
petits objets (bols vibrants), tasser ou au contraire grener des
pulvrulents, homogniser des suspensions (vibrage du bton).
des niveaux plus intenses, on peut fracturer des matriaux rupture
fragile (perceuses percussion, marteaux pneumatiques), relaxer les
contraintes internes de matriaux ou dassemblages, dsincruster
des dpts solides (dcalaminage). Le bon fonctionnement de ces
systmes suppose une matrise suffisante des vibrations propres de
leur structure sous leffet des vibrations quils doivent gnrer.
Le fait de soumettre une structure, qui ne vibre pas par elle-mme,
des vibrations peut tre galement un moyen de connatre un
certain nombre de ses proprits. On dveloppera largement dans
cet article ( 2.2.2) lanalyse dynamique des structures par excitation
artificielle, mais on peut citer dautres cas o la gnration locale
de vibrations fait partie intgrante dun capteur actif performant pour
le contrle non destructif : par exemple, le contrle de niveau dans
les enceintes fermes.
Enfin, lobservation des vibrations dune machine ou dune
installation en fonctionnement est une source dinformations dune
richesse considrable sur son tat mcanique et fonctionnel, dont
lexploitation ne fait que commencer (surveillance vibratoire ou
monitoring et maintenance prdictive). Cette richesse tient :
la bonne propagation des vibrations dans les structures,
permettant de recueillir, sur un seul capteur fixe, des informations
de nimporte quel lment de la machine ou de linstallation ;
la cadence leve des informations dlivres par un capteur
dynamique (acclromtre ou microphone dont la bande passante
est de plusieurs kilohertz) ;
la multiplicit des traitements du signal que lon peut appliquer pour interprter les signaux et leurs changements.
Nota : la croissance considrable de ce domaine de la surveillance et de la maintenance
des machines et installations partir dun suivi vibratoire (ou acoustique) demanderait un
dveloppement spcifique dpassant le cadre du prsent article.

2. Les outils de lingnieur


et leur mise en uvre
On dcrit ci-aprs un ensemble d outils , quil sagisse doutils
conceptuels, donc de mthodes, ou doutils matriels, donc de
moyens danalyse et dessais, sachant que lingnieur, appel en
gnral titre curatif, doit non seulement constater un dsordre bien
prcis (diagnostic ), mais aussi spcifier des solutions correctives :
il lui faut alors faire appel des schmas de reprsentation des
phnomnes vibratoires qui lui permettront, qualitativement ou
quantitativement, didentifier les phnomnes physiques matriser
et dvaluer lefficacit des solutions techniques correspondantes,
avant toute modification.
Les paramtres en jeu sont en effet nombreux : cela interdit de
rechercher des palliatifs force dessais qui se rvlent infructueux,
comme lattestent encore trop souvent les retards et les surcots
finalement considrables de la mise au point de certains prototypes,
lorsquune analyse dynamique approprie nest pas conduite en
temps opportun.

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2.1 Reprsentation des phnomnes


vibratoires

On obtient alors la matrice de transfert globale de la structure


assemble en faisant la synthse des transferts lmentaires des
diverses sous-structures.

2.1.1 Impdance dynamique


et fonctions de transfert

2.1.1.1.3 Couplage faible

2.1.1.1 Dfinitions
2.1.1.1.1 Fonctions de transfert
Lanalogie entre la transmission des vibrations dans des structures
et la transmission des courants lectriques dans des rseaux
quelconques a t un apport trs fcond.
On peut, en effet, dcrire la propagation des vibrations entre une
source et un rcepteur quelconque travers un ensemble de structures, si complexe et htrogne soit-il, en termes dun rseau quivalent dont chaque branche est caractrise par une matrice de
transfert reliant forces (et moments) et dplacements vibratoires (ou
vitesses, ou acclrations) dune section entre une section
sortie . La dnomination normalise de ces fonctions de transfert
est donne au tableau 2.
Si cette structure est indformable aux frquences considres
(masse pure M ), ou au contraire dformable (raideur pure K ) et de
masse ngligeable, un seul paramtre suffit pour exprimer son
comportement en tout point, et le transfert sera une matrice purement relle et diagonale de masse (F = M ) ou de raideur (F = Kx ),
les dplacements (respectivement forces) tant identiquement
gaux chaque extrmit.
En gnral, la matrice de transfert nest pas diagonale, ses coefficients sont complexes et variables en fonction de la frquence, et
seul le bon choix des points dentre et de sortie (pattes de la
machine, plots lastiques dans un massif, etc.) permet de lexpliciter
de manire prcise avec un nombre de paramtres raisonnable. On
se reportera larticle Vibrations [A 410] du trait Sciences fondamentales pour les dveloppements mathmatiques traduisant et
illustrant cette notion dimpdance dynamique et de fonction de
transfert.
Dans le domaine de la reprsentation des vibrations, retenons les
proprits essentielles suivantes :
les fonctions de transfert de systmes linaires contiennent
toute linformation ncessaire la caractrisation des changes
vibratoires et acoustiques entre leurs points dentre et de sortie ;
elles sont invariantes lorsquon change entre les mmes
points les rles entre et sortie (rciprocit).
2.1.1.1.2 Couplage de diverses structures
Chaque structure i tant dcrite par une matrice de fonctions de
transfert entre m i points dentre et n i points de sortie, il est possible
de reprsenter lassemblage ralis en couplant des points de sortie
de la structure i 1 des points dentre de la structure i, etc.

On dira que le couplage est faible si lassemblage ne modifie que


trs lgrement les proprits initiales du transfert dans les sousstructures supposes isoles. Dans ce cas, le transfert global est
simplement le produit, frquence frquence, des fonctions de
transfert lmentaires.
Cette situation de faible couplage se traduit par le caractre
diagonal des matrices.
2.1.1.1.4 Couplage fort
Dans le cas o lassemblage modifie significativement la rponse
aux vibrations des diverses sous-structures, le formalisme mathmatique se complexifie ( 2.2.3.4) : il apparat des termes de
couplage qui expriment la faon dont chaque lment influe sur le
comportement dynamique de ses voisins.
Cette mathmatique reste accessible au projeteur, sous forme de
logiciels de synthse de structure dsormais disponibles commercialement, et permet galement de simuler certaines modifications
structurales et den observer le rsultat.
Numriquement, les termes de couplage sont les termes non
diagonaux des matrices.
2.1.1.2 Remarques
2.1.1.2.1 Critre dapprciation du couplage
Pour choisir la mthode approprie, il est facile de vrifier si le
couplage entre deux lments est faible : il suffit de superposer
fictivement leurs impdances ponctuelles respectives en leur point
de liaison, et de vrifier quun facteur minimal de 3 10 (10 20 dB)
les spare toutes les frquences susceptibles dtre excites. On
trouve en particulier cette rgle dans la norme dinstallation des
machines de bord sur supports lastiques pour la construction
navale militaire (IT 1570), comme critre de qualit des carlingages
dans un objectif de discrtion acoustique.
De manire similaire, le projet de norme ISO/ DIS 9611 sur la
mesure, au niveau des supports lastiques, du bruit dorigine vibratoire caractristique dune machine propose dexciter mcaniquement la fondation de la machine, celle-ci tant arrte, et de
vrifier que lcart entre les niveaux vibratoires respectivement en
aval et en amont des plots lastiques dpasse 10 dB. Numriquement, on comparera le module des termes non diagonaux vis--vis
de celui des termes diagonaux, qui devra respecter ce mme cart
pour que lon puisse les ngliger. Dans le cas contraire, on tiendra
compte de tous les termes de couplage.
(0)

Tableau 2 Dnominations normalises des relations entre/sortie ponctuelles en analyse vibratoire


(daprs ISO 7626/1)
Relation

Dnomination

Relation

Dnomination

x
Dplacement
----- = --------------------------------------Force
F

Compliance

F
Force
------ = --------------------------------------x
Dplacement

Raideur dynamique

v
Vitesse
------ = ---------------------F
Force

Mobilit (ou admittance)

F
Force
------ = ---------------------v
Vitesse

Impdance

Acclration
------ = ------------------------------------F
Force

Acclrance

Force
F
----- = ------------------------------------Acclration

Masse dynamique

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2.1.1.2.2 Rle des rsonances des sous-structures


Dans tous les cas (couplage fort ou faible), le rsultat final est
dgrad ds quun lment de la chane prsente cette sensibilit
particulire aux vibrations quest la rsonance dun mode propre
( 1.2.1) : un lment mal conu peut de plus, lorsquil est mis en
srie, dgrader les caractristiques de ses voisins ; lorsque plusieurs lments sont monts en parallle, la notion de court-circuit
ou de pont vibratoire illustre bien que llment dfaillant
lemporte et fait perdre le bnfice de toutes les autres prcautions
antivibratiles de type dcouplage. Les valeurs courantes de lamortissement des vibrations dans les structures industrielles qui
contrle seul lamplification cre par ces mises en rsonance
tant faibles, leffet final sur la transmission des vibrations correspond des remontes de niveau considrables, un facteur 100
(soit + 40 dB) tant chose commune (figure 2).
Il est alors intressant, dans une situation un peu complexe,
dexprimer la participation de chaque mode propre impliqu au
niveau de telle ou telle sous-structure dans la fonction globale de
rponse en frquence : plus cette participation sera forte, et plus il
sera simple de dfinir des remdes, qui seront spcifiques cette
sous-structure-l et ce mode-l.
Ce sont, l encore, des rsultats, que fournissent les logiciels de
synthse dynamique de structures, et que lon explicitera dans le
cadre des schmatisations du type masse-ressort ( 2.1.2).
2.1.1.3 Analyse en fonction de la frquence

Figure 2 Amplification des vibrations et du bruit


par les rsonances structurales

Lallure gnrale de la rponse dynamique dune structure excite


ponctuellement est donne par la figure 3.
Zone I : comportement en raideur ou en masse
En de de la premire frquence propre, on doit observer en tous
points dune structure un comportement dynamique traduisant :
la souplesse statique de la structure, si ses mouvements
densemble sont bloqus (fondation rigide, conditions aux limites
encastres ) : on reproduit alors un mouvement forc dont la forme
est similaire la flche statique que prend la structure sous leffort
exerc ;
la masse et les inerties propres de la structure, si elle est retenue
souplement (conditions aux limites libres ) : la structure bouge en
bloc sous leffet de leffort quon exerce, avec six degrs de libert
(3 translations et 3 rotations, souvent couples), associs chacun
une frquence propre de suspension (figure 4).
Ces comportements basse frquence sont donc en gnral faciles
prvoir avec les outils courants du bureau dtudes. Ils correspondent la zone I de la figure 3. La notion de conditions libres ou
bloques se retrouve lors de la dfinition des paramtres des essais
dynamiques des structures (impdance libre ou bloque, norme
ISO 7626/1).
Ds quapparaissent les premiers modes propres, le comportement dynamique (cest--dire les impdances et les fonctions de
transfert) devient plus complexe, mais il reste possible den dgager
des tendances gnrales : zones II, III et IV de cette mme figure 3.
Zone II : comportement modal
La zone II de la figure 3 correspond un comportement modal
bien marqu. La dizaine de premiers modes propres intresse
lensemble de la structure et fait participer une fraction importante
de sa masse totale et de sa raideur statique ; la mise en rsonance
de ces premiers modes est aise, conduisant des maximums
aigus, les amortissements structuraux tant encore faibles ces
frquences basses , sauf dispositions technologiques particulires.
La longueur donde vibratoire se dfinit comme la distance
parcourue par londe en une priode : = c /f, o c est la clrit de
londe et f la frquence. La figure 5 prsente les ondes vibratoires
susceptibles de se propager dans les structures mcaniques de type
plaque ou poutre et leurs clrits aux frquences habituelles
dtude des vibrations.

Figure 3 Allure gnrale de la rponse dynamique


dune structure une excitation ponctuelle

Une structure prsente un mode propre ds lors que londe vibratoire peut se rflchir sur ses bords sans changement de phase : le
premier mode dune poutre ou dune plaque encastre libre se
produit lorsque la demi-longueur donde de flexion gale sa plus
grande dimension L, soit f 0 = 1/2 (cf /L), o cf est la clrit de londe
de flexion (puis f1 = cf /L, etc.). Il en est de mme pour toutes les
structures : les longueurs donde de flexion associes aux premiers
modes sont lchelle de leur plus grande dimension. On comprend
alors que les dtails de conception ou damnagement influent peu,
et que nimporte quelle automobile, par exemple, prsente des
premiers modes similaires dans la mme bande de frquence.

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Figure 4 Identification des frquences de suspension dun massif de machinerie (pour II, se reporter la figure 3)

De mme, des objets gomtriquement homothtiques se


correspondent par des lois de similitude en gnral bien vrifies
par lexprience (tableau 3), la frquence considrer pour observer
un comportement semblable variant linverse de lchelle gomtrique, de faon conserver le mme rapport longueur donde/taille
de lobjet.
(0)

Tableau 3 Rapports de similitude. Maquettes


en similitude gomtrique, de mme matriau
Grandeur
Longueur
Masse
Inertie
Raideur
Facteur damortissement
Frquence
Acclration
Vitesse
Dplacement
Force
Pression
Impdance
Rceptance ou compliance
Inertance ou acclrance
Mobilit ou admittance
Dformation
Contrainte
Bruit rayonn par une force F
Bruit rayonn par une force F
ramen 1 m

chelle 1
(rel)

chelle 1/n
(maquette)

L
M
I
K

v
x
F
P
F /v
x /F
/F
v /F

T
P /F

L /n
M /n 3
I /n 5
K /n

nf
n
v
x /n
F /n 2
P
F /n 2 v
nx /F
n 3 /F
n 2 v /F

T
2
n P /F (1)

P /F 1 m

n P /F 1 m

(1) Pour une observation faite au point homothtique.


Figure 5 Diffrents types dondes vibratoires dans les plaques
ou poutres homognes

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Bien entendu, les structures les plus tendues vont prsenter les
frquences propres les plus basses. Toutefois, comme elles sont
conues avec plus de robustesse vu leur lancement, leur rsistance
la flexion est suprieure celle dobjets plus petits, ce qui, au sens
des modes propres, compense leur taille plus grande. La plage des
premires frquences propres des structures industrielles courantes
nest donc pas aussi large que celle de leur taille ; la plupart
prsentent leurs premiers modes entre 10 et 100 Hz (par exemple
16 Hz, figure 4), comme le lecteur pourra le vrifier dans la plupart
des exemples du paragraphe 3.
Zone III : comportement modal diffus
La zone III de la figure 3 voit les modes devenir de plus en plus
complexes (nuds et ventres nombreux), et, bien que la densit
modale augmente, leur mise en rsonance par les excitations naturelles des structures est plus improbable et limite en tout tat de
cause par lamortissement naturel. Ce dernier augmente avec la
frquence dans les structures mtalliques courantes, car :
la longueur donde des vibrations diminuant, lamortissement
structural est dautant plus oprant, toutes choses gales par
ailleurs ;
lefficacit du rayonnement acoustique des structures augmente et lamortissement par rayonnement devient souvent important ;
les assemblages jouent un rle toujours prpondrant.
La connaissance prcise de ces modes est de peu dutilit, ils
dpendent trop des dtails de ralisation des objets, des dernires
interventions mcaniques (montages, dmontages), des cartes de
temprature dans la structure, etc. Cest pourquoi une connaissance
statistique de ces modes suffit dans la plupart des cas (mthode
statistique SEA, 2.1.5), et lon valuera seulement le comportement moyen de la structure. On devra en outre vrifier quun lment
particulier nentre pas en rsonance, dans certains cas, dans cette
gamme de frquence surtout sil se trouve au voisinage immdiat,
soit dun lment actif source de vibrations, soit dun lment
particulirement sensible aux vibrations (ou particulirement
efficace pour les convertir en bruit gnant).
Zone IV : comportement local
La zone IV de la figure 3 correspond aux frquences telles que
les vibrations subissent une attnuation importante dun bout
lautre de la structure, et les rponses dynamiques nexpriment plus
alors quun comportement trs local. Lanalyse exprimentale
devient donc dlicate, il en serait de mme pour lanalyse par les
lments finis, mais il est rare que lon ait observer prcisment
ces comportements haute frquence dans le cadre des structures
industrielles courantes.

La manire la plus lmentaire de reprsenter ces changes est


de considrer loscillation dune masse rigide M (nergie cintique
pure) supporte par un ressort de raideur K sans masse (nergie
de dformation pure). Il suffit alors dcrire lquilibre du systme
pour trouver lquation lmentaire bien connue, en notant : x la
drive seconde du dplacement x (t ) :
Mx + Kx = 0
si le systme est isol ;
Mx + Kx = F ( t )
si le systme est soumis une force extrieure F variant en fonction
du temps.
On vrifie que lquation du systme isol est identiquement satis1
faite si x (t ) est une raie de frquence --------- K / M , qui est alors la
2
frquence propre du systme conservatif ( 1.2.1). On est amen
tenir compte des pertes nergtiques inhrentes tout systme rel
(frottements, amortissement du ressort) par un amortisseur exerant
un effort proportionnel la vitesse vibratoire x dans le cas le plus
simple (viscosit C ), do le schma classique de la figure 6 rgi par
lquation :
Mx + C x + Kx = F ( t )
(1)
Nota : bien entendu, ce systme peut tre coupl dautres pour reprsenter un
comportement plus complexe. Cest ainsi, par exemple, que la rponse dun tre humain
debout des vibrations basse frquence peut tre dtermine avec un modle sept
degrs de libert (figure 7) dvelopp dans le cadre dtudes de biomcanique.

Lavantage principal des schmatisations masses-ressorts-amortisseurs linaires est de conduire, dans tous les cas, un ensemble
dquations aisment dterminables et solubles analytiquement.
2.1.2.2 Transmissibilit
Certains rapports de grandeurs ont un intrt particulier pour
apprcier le fonctionnement dun systme suspendu sur plots
lastiques : il sagit des transmissibilits dynamiques respectivement en force (force transmise/force impose), en dplacement
(dplacement transmis/dplacement impos), ou croises (dplacement transmis/force impose ou vice versa). Elles reprsentent en
effet le filtrage des vibrations associ au montage considr.

Ce classement par zones est valable pour toutes les structures


mcaniques ; seules la position frquentielle et ltendue de
chacune de ces zones dpendent des objets considrs. Le
premier souci de lingnieur sera bien sr de situer vis--vis de
ces zones la position frquentielle des principales raies
excitatrices :
si elles sont toutes situes dans la zone I, une analyse
statique suffit ;
si elles sont situes dans la zone II, un soin tout spcial
doit tre apport pour viter la rsonance de tel ou tel mode de
structure ;
si elles sont situes dans la zone III, des prcautions gnrales de filtrage par plots lastiques isolants suffisent.

2.1.2 Schmatisations masses-ressorts


2.1.2.1 quation de base
Dans tous les cas, les vibrations mettent en jeu un change
permanent entre de lnergie cintique (associe la vitesse vibratoire et la masse des lments en mouvement) et de lnergie de
dformation (associe aux contraintes dynamiques lies la rigidit
des lments dforms par le mouvement vibratoire).

Figure 6 Systme masse-ressort-amortisseur lmentaire


( un degr de libert)

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lnergie de dformation de la structure. Cest ainsi que les lments


en porte--faux ont souvent une forte contribution en masse, les
assemblages une forte contribution en raideur, etc. On saidera, pour
cette identification, de la carte des vitesses vibratoires mesures sur
la structure, en particulier de ses discontinuits (qui rvlent les
lments trs dforms, donc caractre de raideur concentre).
Bien sr, pour modifier la frquence propre, il faudra modifier en
priorit ces lments, en allgeant les masses et en rigidifiant les
raideurs pour lever la frquence, et vice versa pour la rduire.
On veillera choisir la grandeur la plus pertinente de la structure
et du montage considr, pour exprimer globalement leur capacit
transmettre les vibrations :
au niveau dune liaison avec un lment de plus grande impdance (plus raide ou plus massif), on exprimera une transmissibilit
en force ;
au niveau dune liaison avec un lment de plus faible impdance (moins raide, moins massif), on exprimera une transmissibilit
en dplacement.
2.1.2.3 Absorbeur dynamique

Figure 7 Modle biomcanique de lhomme (daprs [29])

Ces fonctions sont prcises au 2.2.3.2. Aux trs basses


frquences, la transmissibilit en force vaut 1, et la transmissibilit
en dplacement correspond la dformation statique du systme.
Cela revient dire que lnergie de dformation prdomine sur
lnergie cintique en tous les points du systme.
En haute frquence, la transmissibilit devient infrieure 1, et
lnergie cintique prdomine sur lnergie de dformation. On dit
alors que les diffrentes masses sont dcouples les unes des autres.
Aux frquences intermdiaires, chaque fois que, pour une des
masses du systme, les ressorts qui la portent renvoient une nergie
de dformation gale son nergie cintique, il apparat un mode
propre la frquence correspondante. La transmissibilit est alors
suprieure 1, le systme amplifie les vibrations.
Pour le systme simple masse-ressort et amortisseur, le lecteur
vrifiera aisment lexpression suivante, identique, dans ce cas,
pour la transmissibilit en force ou en dplacement :
C

1 + i -------------------- -------K M 0
T ( ) = ---------------------------------------------------------------C

2
1 -------2- + i -------------------- -------K M 0
0

(2)

2.1.3 Calculs en lments finis

o 0 = K /M ,
et = 2 f.
Le rapport C /2 K M est appel amortissement rduit ,
C c = 2 K M tant appel amortissement critique.
Toutes ces expressions sont dveloppes dans les ouvrages sur
les vibrations et dans dautres articles des Techniques de lIngnieur (en particulier, article Vibrations [A 410]). Aussi nous limiterons-nous ici attirer lattention sur les points suivants.
Il est important de savoir bien identifier, dans une structure relle
prsentant des risques de problmes vibratoires, ce qui est masse
et ce qui est raideur la frquence dintrt , au sens dune
contribution prdominante respectivement lnergie cintique et

R 3 140 10

Une application particulirement intressante du systme masseressort lmentaire est de lutiliser en absorbeur dynamique pour
driver slectivement de lnergie vibratoire dune structure : autour
de sa frquence de rsonance f 0 , il fonctionne en effet en puits
dnergie du fait de sa trs grande susceptibilit aux vibrations de
cette frquence et localise dans ses battements de grande amplitude
lnergie vibratoire qui tait antrieurement diffuse sur la structure
principale (figure 8).
Rciproquement, puisquil introduit un degr de libert supplmentaire la structure initiale, labsorbeur dynamique introduit un
mode supplmentaire, tandis quil dcale le mode initial. Si bien
quen pratique il provoque une amplification dans deux zones
frquentielles voisines, respectivement en de et au-del de sa
frquence f 0 (figure 8c ). De ce fait, et compte tenu des fortes amplitudes vibratoires quil doit accepter en fonctionnement nominal, sa
conception reste une affaire de spcialistes en raison des technologies mettre en uvre, mme si son principe est trs simple
mettre en quations.
Des applications souvent cites des absorbeurs dynamiques sont :
la rduction de lamplitude de paliers balourds centrifuges
suivant la direction perpendiculaire laxe utile ;
la rduction damplitude du premier mode de flexion de tubes
dchangeurs de chaleur ;
la rduction des forces dinertie dans des mcanismes
transformation de mouvement, tels quun rasoir couteau vibrant
dot dun ou de deux absorbeurs au sein du botier, ou lensemble
pistons-vilebrequin dun moteur dautomobile.

La mthode des lments finis est applique en dynamique et


permet de dterminer par calcul les modes propres et les fonctions
de transfert nominales dune structure, si complexe soit-elle.
Certains logiciels (fiche documentaire [Doc. R 3 140]) permettent
mme de simuler une excitation quelconque (vibrations de la machinerie, sisme, etc.) et de prdire la rponse vibratoire en tout point
du maillage [15] [35].
Outre laide quelle apporte au projeteur, cette mthode offre une
rfrence utile lexprimentateur, aussi bien pour optimiser son
plan dexprience en le simulant que pour interprter ses essais et
confirmer ses diagnostics et ses conclusions.

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2.1.3.1 Dfinitions
Dans les rsultats fournis par les codes de calcul par lments finis,
il existe une grande disparit dans la terminologie, la formulation
et la normalisation des grandeurs dynamiques. Cest pourquoi il est
utile de se ramener aux grandeurs suivantes pour caractriser les
diffrents modes (indics i ) :
les frquences propres f i ou les pulsations i ;
les dformes modales correspondantes i (vecteurs) et leurs
T

transposes i .
M tant la matrice de masse et K la matrice de raideur de la
structure modlise, il vient :
la masse modale :
T

m i = i M i (ou masse gnralise du mode i )


la raideur modale :
T

k i = i K i (ou raideur gnralise du mode i )


et lon doit vrifier :
2

k i = m i i = mi 4 2 f

2
i

Par contre, i nest dfinie qu une norme prs (maximum des


amplitudes pos gal 1, norme du vecteur i gale 1, ou masse
modale m i gale 1, etc.), que les auteurs de chaque logiciel doivent
prciser.
On notera aussi que la masse et la raideur modales ont la dimension ML2 et non la dimension dune masse ou dune raideur stricto
sensu (elles reprsentent, au produit T 2 prs, lnergie cintique
et lnergie de dformation du mode).
Lorsque lon calcule la rponse vibratoire de la structure dans une
configuration donne par cette mthode, il est extrmement
intressant de dtailler au point dobservation retenu P la
contribution C P, i des divers modes i : cest un nombre obtenu par
le produit scalaire entre la dforme modale et la transmissibilit
statique P de la structure vis--vis du point P :
T

C P, i = i M P
Cest l encore un guide trs utile pour orienter lintervention de
lingnieur et choisir les modifications les plus oprantes sur les
modes propres prdominants.
2.1.3.2 Cartes dnergie
On choisira de prfrence des logiciels permettant de tracer
graphiquement les cartes dnergie cintique et dnergie de dformation associes un mode, qui matrialisent finement les
contributions respectivement en masse et en raideur des lments
de la structure dans ce mode, et permettent de dfinir des modifications efficaces en suivant les indications du paragraphe 2.1.2.2.
Exemple : cest ainsi que lon a pu mettre en vidence le rle
insouponn dune cloison pare-feu, pourtant peu paisse, dans le
contrle du premier mode de torsion dune caisse de char dassaut : la
figure 9 met en vidence la concentration dnergie de dformation
dans cette cloison, tandis que le terme de masse est principalement
apport par la caisse munitions larrire.
Lexemple prsent au 3.5 illustre une autre utilisation de la
modlisation en lments finis pour permettre lextrapolation de
mesures dynamiques des parties inaccessibles de la structure
(figure 50 p. 40).

Figure 8 Application industrielle dun systme rsonnant


en absorbeur dynamique

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Figure 9 Analyse dynamique de la caisse de char AMX 30 B

2.1.3.3 Recalage des modles et optimisation


Plus rcemment, les logiciels de recalage dune modlisation
dynamique par lments finis vis--vis dune exprimentation
offrent une approche rationnelle l o lingnieur en tait rduit
lintuition et au ttonnement : ces logiciels permettent dexprimer
objectivement la distance (au sens mathmatique) entre les dformes modales calcules et mesures, puis didentifier les zones du
modle les plus impliques dans cet cart, et enfin de guider la
reprise de la modlisation dans ces zones, jusqu obtenir une reprsentation satisfaisante des modes de la structure relle.
Dautres logiciels permettent doptimiser par lments finis une
structure de forme donne (par exemple un rotor de machine) pour
rpartir ses modes propres dans des plages de frquence spcifies
(en dehors des plages de frquence de rotation, etc.), par le biais
dalgorithmes mathmatiques doptimisation, en jouant par exemple
sur lpaisseur de la matire dans les divers lments du modle.

R 3 140 12

Tout cela concourt donner la mthode des lments finis une


place essentielle dans lanalyse des vibrations structurales et
conjuguer troitement calculs et essais dans un mme projet.

2.1.4 Maquettages et lois de similitude


Malgr les progrs de la simulation numrique, il reste de
nombreuses situations o lexprimentation reste indispensable,
sans pour autant quon puisse la pratiquer sur la structure relle :
la solution est alors de constituer un objet simplifi, ventuellement
une chelle plus commode ou conduisant une ralisation plus
conomique, ou partir de matriaux meilleur march et plus faciles
mettre en uvre. On demandera alors exclusivement cet objet
simplifi, ou maquette, de prsenter les mmes proprits dynamiques que son homologue rel.

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Nota : cest ainsi que des raisons de scurit videntes conduisent tudier la dynamique de propulseurs poudre avec des maquettes en matriaux inertes dynamiquement
semblables. De mme, des raisons de disponibilit et dindpendance vis--vis des
contraintes oprationnelles conduisent tudier la dynamique des structures navales sur
des maquettes ou tronons parfois lchelle 1, plutt que sur des units en service la
Marine. Les structures relles ne font lobjet que des quelques tests dits de rfrence, pour
garantir la pertinence des travaux conduits sur les maquettes.

Lois de similitude
La plupart des phnomnes vibratoires sont indpendants de la
pesanteur (exception faite des oscillations pendulaires, de la houle
ou du ballottement des fluides dans des rservoirs), et la similitude
gomtrique est a priori lapproche qui garantit le mieux lidentit
des comportements entre la structure relle et la maquette en
matire de vibrations et de bruit. Nous donnons au tableau 3 les
facteurs de similitude appliquer sur les diverses grandeurs vibratoires en fonction du facteur de similitude gomtrique.
Cette approche suppose de conserver les mmes matriaux que
ceux de la structure relle. Toutefois, seuls le module dYoung E ,
la masse volumique et le coefficient de Poisson importent en
fait ; on peut alors, sauf pour des travaux de vrification de la tenue
ultime au sisme ou en fatigue, utiliser des nuances dalliages plus
communes (en particulier, de moindre limite lastique).
Simplifications de la maquette, chelle et matriaux
En dehors de cette simplification quant aux matriaux, la similitude gomtrique conduite avec un souci dexactitude trop pousse
ne conduit aucune conomie de ralisation dans nombre de cas
o la complexit des dtails lemporte sur la quantit de matire en
jeu (laquelle est rduite videmment au cube du facteur dchelle) :
il faut donc sautoriser bon escient des simplifications supplmentaires dans la forme et dans les dtails de ralisation.
Dans le cas de structures raidies par de nombreux goussets, il est
possible de raisonner en inertie quivalente, mais il faut veiller ne
pas trop perturber conjointement la rpartition de masse. On peut
ainsi rduire le nombre de goussets et simplifier leur gomtrie pour
se ramener des profils standards ou des tles plies.
Le maquettage de tles minces est difficile, du fait de limpossibilit de tendre correctement des tles et clinquants trop minces
en construisant la maquette. La contribution en membrane de ces
tles ne peut plus alors tre reproduite correctement ! Cest ainsi
quon a d renoncer maquetter en similitude dynamique une caisse
de TGV lchelle 1/20...
Dune manire gnrale, la fidlit dynamique est dautant plus
facilement obtenue que lchelle de similitude est faible, et les
chelles de lordre de 1/4 reprsentent souvent le meilleur
compromis technique/conomique.
Dautre part, les phnomnes dissipatifs (amortissement structural, dissipation dans les liaisons) chappent la similitude gomtrique, lexception de lamortissement par rayonnement
acoustique. Il faut donc les transposer laide de matriaux
prsentant des caractristiques dissipatives dcales vers les hautes
frquences.
Exemple : pour les tudes en soufflerie du couplage entre les
vibrations de tours darorfrigrants de centrales nuclaires EDF et le
vent, on a pu ainsi ajuster la composition dune rsine de synthse
pour reproduire au 1/200 les caractristiques dynamiques des tours
relles en bton, et ce en jouant sur diverses charges introduites dans
la rsine. La similitude fut trs satisfaisante, malgr ce grand rapport
dchelle. Le travail du modeleur a t des plus dlicats puisquil lui a
fallu obtenir une paisseur de 0,8 mm au col, sans dfaut de rpartition
de la rsine lors du moulage...
Dans le cas des structures qui reoivent un grand nombre de
machines et dquipements divers, une approche intressante pour
le maquettage est de les figurer dune manire plus ou moins statistique avec des lests distribus irrgulirement.
On a pu montrer, en effet, que ces quipements jouent vis--vis
de la structure principale qui les porte, plus continue, un rle capital
de diffusion et de diffraction des vibrations, similaire celui que
jouent les impurets dans un rseau cristallin. Le rsultat global est
la fois un effacement des modes propres de la structure et une

localisation de lnergie vibratoire proximit des sources excitatrices. Le lecteur trouvera dans larticle Mthodes dtudes des
problmes classiques de dynamiques stochastiques [A 1 346] dans
le trait Sciences Fondamentales un dveloppement mathmatique
appropri pour dcrire de tels comportements vibratoires.
Moyennant ces prcautions, le maquettage apparat comme une
approche encore irremplaable lorsquon veut matriser les aspects
vibratoires et acoustiques dun projet dont ils conditionnent le
succs, malgr les progrs des approches numriques voques au
paragraphe 2.1.3.

2.1.5 Mthodes nergtiques


2.1.5.1 Principe des diffrentes mthodes
Les approches voques prcdemment sont toutes dterministes, au sens o elles visent caractriser prcisment ltat vibratoire dune structure un instant donn.
En gnral, cette information est plus dtaille que lingnieur ne
le souhaite : peu importe finalement la frquence prcise des modes
(le plus souvent entache dincertitude), il lui faut seulement dterminer un niveau vibratoire caractristique de tel ou tel tat de fonctionnement.
Il est alors intressant de raisonner en termes de flux dnergie
entre les divers composants de la structure. On fait ainsi lconomie
dune description point point des vibrations, tout en sattachant
une grandeur significative sur le plan physique et appele vrifier
des lois simples de conservation et dadditivit. Il est de plus ais,
en connaissant la rpartition surfacique de la masse de la structure,
de relier lnergie cintique dun lment de masse m la vitesse
vibratoire moyenne <u > dont il est anim :
1
E c = ----- m < u 2 >
2
Des dveloppements sont en cours (principalement lectricit
de France (EDF), Mtravib RDS et au Centre technique des industries mcaniques CETIM, de manire coordonne) pour donner une
traduction exprimentale directe des flux dnergie vibratoire dans
les structures mcaniques, en combinant quelques points de mesure
et des informations sur la structure dans la zone de mesure (paisseur, inertie, etc.).
Nota : lnergie est porte par les ondes naturelles de la structure (figure 5), qui interfrent avec leurs propres rflexions sur les bords de la structure, recrant ainsi les aspects
modaux.

Certaines de ces mthodes restent dterministes vis--vis du


domaine des frquences, comme la mthode power flow dveloppe par Goyder et White lISVR en Angleterre [10] ou la mthode
des coefficients dinfluence nergtiques publie par le professeur
Lesueur de lINSA de Lyon [11].
La plus usuelle reste la mthode connue sous le sigle SEA
(Statistical Energy Analysis, ou mthode danalyse statistique de
lnergie) [12], du fait de sa grande simplicit.
2.1.5.2 Mthode SEA
La mthode SEA fournit des rsultats moyens dans des bandes
de frquences plus ou moins larges selon lapplication.
Le principe de cette mthode est de dcrire la propagation et la
rpartition de lnergie vibratoire dans une structure quelconque
la manire dun flux de chaleur. Cette analogie nest pas fortuite, la
chaleur ntant elle-mme quune forme de vibrations, lchelle
molculaire cette fois.
On pourra donc dcrire ltat vibratoire moyen partir :
de la connaissance du flux dnergie inject par la source
interne (bruit ou vibrations dune machine) ou par le milieu environnant (coulement tourbillonnaire, par exemple) ;
des proprits modales de chaque partie lmentaire homogne de la structure : densit modale (nombre de modes dans une
bande de frquence donne) ;

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de lvaluation des coefficients de couplage entre chacune


des sous-structures ;
de la masse et de lamortissement global de chaque sousstructure.
Lamortissement est dit global car il inclut non seulement les effets
dissipatifs au sein du matriau, mais aussi la dperdition dnergie
par rayonnement acoustique. La perte dans les liaisons est, par
contre, difficile prendre en compte, les coefficients de couplage
entre sous-structures supposant des changes sans pertes.
Pour des structures simples, comme des plaques ou des poutres,
ces diffrents paramtres sont approchs par voie analytique et
tabuls [12]. Ils sont galement mesurables par des essais assez
simples (dcrments logarithmiques pour les amortissements,
etc.).
2.1.5.3 Limites de la mthode SEA
Les seules limitations intrinsques cette mthode sont dues
aux hypothses que sa formulation amne prsumer :
lnergie vibratoire est rductible la somme des nergies
modales, donc le comportement modal est prdominant pour toutes
les sous-structures : cela signifie que lamortissement global reste
faible et que la propagation vibratoire vers la priphrie de chaque
sous-structure est quasi complte ; la mthode nest donc pas applicable, en particulier, aux structures remplies dquipements
irrgulirement rpartis ( 2.1.4), ni des cas de trs fort couplage
acoustique ;
la bande de frquence danalyse doit tre assez large pour
que toutes les sous-structures prsentent assez de modes propres
dans cette bande, au sens dune vrit statistique ; cest dailleurs
cette hypothse qui dtermine le choix des bandes de frquence ;
les phnomnes excitateurs sont supposs rgulirement
rpartis frquentiellement dans la bande danalyse, ce qui induit une
quipartition de lnergie vibratoire globale entre les diffrents
modes de chaque sous-structure ; cette hypothse conduit en
gnral, au contraire de la prcdente, rduire la largeur des
bandes de frquence danalyse, le spectre de lexcitation tant rarement indpendant de la frquence ;
le couplage entre les sous-structures doit rester faible,
cest--dire que leur comportement aprs assemblage doit rester
similaire leur comportement intrinsque en conditions libres ; cela
implique que la propagation vibratoire dune sous-structure
une autre est modre ; on se reportera sur ce point au
paragraphe 2.1.1.2.
2.1.5.4 Cas dapplications
Lnergie vibratoire se diffuse, bien entendu, des sous-structures
forte nergie vibratoire vers les sous-structures plus faible
nergie : les structures grand nombre de modes, donc de grande
envergure, jouent alors le rle de rcepteurs vis--vis de structures
plus petites ou plus raides, donc moindre nombre de modes.
Par consquent, dans le cas, par exemple, dune structure de
type plaque ou coque raidie, lnergie diffuse des raidisseurs vers
la peau, ce qui va dailleurs en gnral accrotre le bruit rayonn.
Exemple : une modlisation SEA a pu fournir un guide sr et prcis
dans un travail de rduction des bruits parasites affectant un sonar sousmarin et dus aux vibrations de son enveloppe (ou dme) du fait des
turbulences de lcoulement. Sans modifier le profil hydrodynamique,
on a pu les rduire de plus de 6 dB en modifiant la structure mcanique :
suppression des raidisseurs, abandon de lacier pour des composites
rsine-fibre de verre et accroissement de lamortissement structural par
introduction dune feuille viscolastique au sein du composite. La
prvision, par le modle SEA, du gain moyen dans la bande de frquence
du sonar a t vrifie 1 dB prs lors des essais de recette du systme
modifi.
La rfrence [12] prsente de nombreux autres exemples, notamment dans le domaine spatial, qui a t un promoteur essentiel de
cette mthode.

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2.1.6 Rayonnement acoustique des structures


Bien que ltude des problmes dacoustique industrielle ne soit
pas lobjet de cet article, les proccupations de bruit induit accompagnent assez souvent le besoin de minimiser les vibrations pour
nous amener rappeler les traits essentiels du couplage entre vibrations et bruit. Le lecteur dsireux dapprofondir ce sujet pourra se
reporter la rfrence [11], ou louvrage de L. Beranek [13] qui
reste lun des meilleurs ouvrages de base pour lingnieur sur ce
sujet.
2.1.6.1 Mcanisme du rayonnement
Le premier lment important rappeler est que, mme si toute
vibration structurale branle les molcules du fluide environnant (il
y a galit des vitesses linterface), il ny a quune fraction de cette
agitation du fluide qui se propage au loin (bruit rayonn, champ
lointain). La zone immdiatement voisine de la structure (champ
proche) est donc le sige dun rarrangement important entre le
champ vibratoire et le champ acoustique ; les mouvements de fluide
non rayonnants acoustiquement sont souvent appels pseudo-son ,
ou encore champ vanescent . Ces mouvements ne sont pas
ngligeables pour autant, car, vus de la structure, ils contribuent
laccroissement dinertie quapporte le fluide (masse ajoute ) la
structure, do un ralentissement des ondes vibratoires par rapport
une situation dans le vide (quelques pour-cent dans lair, mais prs
de 50 % dans leau dans un cas typique de coque de navire). Une
mthode approche pour dterminer la masse ajoute sur une
plaque a t propose par Lord Kelvin : elle revient valuer la masse
du ou des fluide(s) contenu(s) dans le cylindre circonscrit la plaque
qui vibre.
Le deuxime lment important est que le son se propage sans
dformation dans le fluide, une vitesse constante caractristique
de celui-ci (340 m/s dans lair, 1 450 m/s dans leau, temprature
ambiante et pression atmosphrique normale), tandis que la
propagation dans la structure est beaucoup plus complexe (les
diffrentes ondes prsentes sur la figure 5 interviennent concomitamment, dforment le signal et crent de multiples interfrences).
Les ondes qui sont plus rapides que la vitesse du son dans le fluide
environnant sont dites supersoniques , celles qui sont plus lentes
subsoniques , et la situation transsonique intermdiaire, rare,
dgalit, est dite de concidence .
Formellement, sur une structure dtendue infinie et sans amortissement, les ondes mcaniques subsoniques ne produisent aucun
rayonnement acoustique et crent seulement un coulement le long
de linterface qui sinverse chaque demi-priode (figure 10a ). Les
ondes mcaniques supersoniques , au contraire, se couplent avec un
rayonnement trs directif, dans la direction dtermine par lgalit
des projections des longueurs donde respectives (loi de Snell,
figure 11). Londe mcanique concidente , elle, rayonne intgralement au point de samortir compltement sur la structure.
Le rayonnement acoustique des structures apparat ainsi sous
laspect dun phnomne tout fait simple : cela est vrai, mais il
sapplique malheureusement des objets infiniment plus compliqus que la structure idale, infinie et non amortie quon vient de
dcrire.
Le rsultat pratique reste alors que les conditions aux limites et
les effets de bord dterminent le bruit effectivement rayonn,
beaucoup plus que les mcanismes dcrits ci-dessus dans une
situation idalise.
On pourrait expliquer simplement le mode habituel de gnration
du bruit dans les mmes termes, par le fait que les bords ou les
singularits de la structure crent des dissymtries qui ne permettent
pas lcoulement parital de compenser les effets de vibrations
subsoniques : il subsiste des zones excdentaires ou dficitaires, qui
se comportent alors en sources de bruit efficaces (figure 10b ). Une
telle source de fluctuations de volume, gomtriquement localise,
correspond un monople acoustique et rayonne galement
dans toutes les directions.

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structure : en particulier, dans le cas de rayonnements intenses, on


reconnatra souvent une situation singulire de concidence spatiale
entre ltendue du mcanisme et la longueur donde acoustique.
Cest ainsi que lon a pu expliquer le rayonnement important
dquipements lectriques tels que des transformateurs ou des
ractances par le fait que, sur les premires raies gnres par les
effets magntiques au sein des noyaux, il y avait concidence entre
le tiers de la longueur donde acoustique et la distance entre chaque
noyau : sagissant de noyaux aliments en triphas, il y avait alors
concidence entre la pseudo-onde de dilatation des noyaux par
magntostriction et londe acoustique, concidence qui se renouvelait bien sr pour chaque harmonique.
Dune manire gnrale, les ondes mcaniques supersoniques,
bien que rayonnantes sur toute la surface de la structure (figure 11),
ne contribuent pas significativement au rayonnement acoustique,
car elles mettent en jeu des dplacements des parois sur la normale
qui ne sont que du deuxime ordre vis--vis de la rponse lastique
de la structure.
linverse, bien que le plus souvent subsoniques, les effets de
flexion induisent de grands dplacements radiaux et contribuent au
rayonnement de faon majeure du fait des effets de bord et autres
singularits que rvle limagerie acoustique dcrite au
paragraphe 2.1.6.2 ou les essais dcrits sur la figure 12.
Minimiser spcifiquement le bruit rayonn conduira en gnral concevoir des enveloppes extrieures pour la structure qui
soient aussi continues que possible, et les raidisseurs seront ou
vits, ou dcoupls mcaniquement. Lintroduction damortissement structural est loin dtre systmatiquement le moyen de
rduire le bruit, car il est inoprant prcisment sur les effets de
bord et les singularits, et il amortit surtout la part non rayonnante du champ vibratoire : cest l lorigine de bien des dconvenues apparemment paradoxales qui justifient le recours des
spcialistes.
Figure 10 Rayonnement acoustique dune onde vibratoire
subsonique

Figure 11 Rayonnement acoustique dune onde vibratoire


supersonique. Cas dune plaque infinie

Lassociation de plusieurs monoples avec des relations de phase


stables correspond des sources dordre plus lev (diples,
quadriples, etc.), cette fois directives, mais moins efficaces acoustiquement puisquune partie de leurs fluctuations de volume
lmentaires peut encore se compenser par un coulement puls.
Il reste toujours trs utile dvaluer les longueurs donde mcaniques et acoustiques respectivement en jeu dans un problme
prcis, et de les apprcier aussi en relation avec la taille de la

2.1.6.2 Imagerie acoustique


Une technique exprimentale trs puissante a t dveloppe
depuis quelques annes pour identifier les lments de la structure
dont la vibration contribue directement au bruit rayonn : il sagit
de limagerie acoustique (souvent appele aussi holographie acoustique). Le principe est le suivant : partant de mesures acoustiques,
il est possible, puisque la propagation du son obit des lois simples,
de rtropropager mathmatiquement les fronts dondes acoustiques observs, pour retrouver le champ de sources dont ils sont
issus. Lanalogie avec lholographie acoustique tient au fait que cette
image de la source est obtenue comme linterfrence des divers
fronts rtropropags.
On obtient alors une image des points brillants acoustiques sur
la structure observe, qui permet par exemple didentifier : les ponts
phoniques dun capotage, leffet amplificateur sur le bruit de la rsonance de tel ou tel lment, ou les effets de bord et de singularits
voqus prcdemment, plus souvent que lemplacement effectif
des sources internes.
Cela est illustr par la figure 12, dorigine exprimentale, o le
moteur de la torpille rayonne surtout indirectement par la singularit que constitue la jonction mcanique entre deux tronons de
coque bien au-del de la tranche moteur.
La figure 13 donne un autre exemple dune application de cette
technique pour identifier les sources de bruit sur un moteur automobile. Alors que la carte des pressions acoustiques brutes reste
trs confuse, limage holographique identifie clairement cette
frquence trois sources prdominantes, quil est facile de reprer
ensuite sur le plan.

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Figure 12 Rayonnement dune coque de torpille aux frquences de son sonar

Il est possible enfin de combiner mesures vibratoires et mesures


acoustiques pour amliorer la rsolution de ce genre danalyse, par
exemple par des techniques de corrlation.
2.1.6.3 Conclusion
Malgr la complexit des mcanismes de rayonnement acoustique des structures mcaniques, lingnieur peut disposer de
moyens trs srs pour diagnostiquer les sources vibratoires les plus
bruyantes et les modifier bon escient. Ces moyens sont accessibles
sous forme dune association entre capteurs appropris (sondes et
antennes acoustiques) et logiciels de traitement (imagerie acoustique), tels que MALICE de Mtravib RDS.

2.2 Approche exprimentale


Des lois ont t nonces, ds le XVII e sicle, concernant la mcanique des manifestations priodiques des cordes tendues, des
pendules, des poutres, des plaques. Les figures vibratoires, mme

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de haut rang modal, sont visualises aisment par le regroupement


de grains fins dessinant les lignes nodales, lieu des amplitudes vibratoires minimales (figure 14). Cette approche exprimentale remonte
au physicien allemand Chladni (1756-1827).
Le fonds des travaux traitant de modles thorico-exprimentaux
raffins est tel aujourdhui que tout problme convenablement pos,
moyennant lintroduction des quelques grandeurs physiques ncessaires, peut trouver sa solution par calcul, lessai ntant bien souvent
effectu qu titre de contrle ou encore substitu au calcul parce
que plus conomique. Mais, dans le cas o un doute subsiste entre
prvision et ralit, le rsultat exprimental, sil peut tre atteint et
nest pas contestable, doit constituer la rfrence.
Une structure industrielle tant un assemblage souvent complexe
form dlments eux-mmes plus ou moins simples ne peut tre
traite par voie analytique comme le seraient systmatiquement les
lments simples : cordes, chanes, tuyaux, barres, plaques et
coques [14]. Hormis lessai, le calcul par lments finis ( 2.1.3)
simpose pour cerner la ralit, toutefois avec des points faibles sur
le choix de modles damortissement ou de non-linarits pour
lesquels on dispose rarement, a priori, de guide rationnel.

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Figure 13 Application de limagerie acoustique au diagnostic des sources de bruit sur un groupe motopropulseur (V6-3 litres)

Les sujets traits aux paragraphes 2.2.1, 2.2.2 et 2.2.3 sont limits
lapproche exprimentale du contrle et de la mesure des vibrations structurales dans son ensemble, en renvoyant des rfrences
bibliographiques : titre dexemple, citons les centaines de
communications prsentes en langue anglaise pratiquement
chaque anne depuis 1982 lIMAC [15].

2.2.1 Accs aux vibrations des structures


Ce paragraphe traite des techniques exprimentales des capteurs
de vibrations considres dans leur ensemble, la vibration tant la
grandeur de sortie mesurer et non une grandeur dentre artificielle
impose la structure, comme plus loin au paragraphe 2.2.2.

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Un capteur de vibration est bien dfini par : la grandeur mesurer,


le domaine de mesure exprim en niveau absolu ou relatif, la
prcision requise et les conditions denvironnement. Son optimisation est la fois un problme de mesure et de cot qui ne sera
pas dvelopp ici.
2.2.1.1 Capteur inductif et capteur pizolectrique
Les techniques classiques de mesure absolue et relative de la
vitesse et de lacclration sont fondes sur les lois de linertie, de
linduction et de la pizolectricit.
Nous donnons ci-aprs lexemple dune disposition technologique
originale de capteur acclromtrique utilis pour les essais de vibration au sol.
Exemple : acclromtre barreaux pizolectriques
Le relev simultan des points caractristiques dune dforme
dune grande structure, telle quun avion ou un engin, ncessite un nombre important de capteurs (plusieurs centaines pour un essai complet).
Ces capteurs de prcision suffisante ( 3 %) sont rparables, mais pas
toujours rcuprables, aussi doivent-ils tre dun cot raisonnable.
La solution acclromtrique retenue utilise directement des
barreaux pizo-lectriques enserrs dans un support rigide (quasisuppression de leffet de contrainte de la base). Quatre barreaux de
mme longueur  aux extrmits libres/encastres sont disposs
symtriquement par rapport laxe de mesure pour privilgier la sensibilit aux mouvements de translation. La frquence propre du capteur
est fixe par le choix de  . La masse du capteur (7 g) est compatible
avec le genre dapplication de ces acclromtres suivis de chanes
associes gains aligns (conditionneur de signaux) [16] (Origine
ONERA, industrialisation PRODERA).
2.2.1.2 Capteur jauges rsistives
Pour rester sur lide qui tend montrer la fois lvolution importante des moyens, mais aussi le maintien en usage dun certain
nombre dentre eux quant aux principes de base, citons lextensomtrie dynamique par jauge rsistive, qui donne accs aux dformations en rapport avec les courbures, les contraintes, les
dimensions et les matriaux.
Exemple : la figure 15 est un rsultat de calcul portant sur le
mode 2 (deux nuds) de flexion dune barre encastre/libre, de section constante et dpaisseur 2 h. Deux courbes sont reprsentes en
fonction de labscisse rduite :
la dforme y ( ) du mode propre, qui serait donne par un capteur de dplacement situ en ;
la courbure de la barre, approxime par la drive seconde y ( )
exprimant lallongement superficiel ( ) = h y ( ), qui serait donne
par un capteur jauge rsistive colle sur lune des faces de la barre
labscisse .
Il est possible de passer, par double intgration, de y ( ) donne par
une jauge rsistive la valeur que dlivrerait un capteur de dplacement
ou dacclration situ labscisse .
Ce traitement effectu sur des signaux vibratoires peut tre intressant sur le plan technologique. Un exemple dapplication est le suivant.
Des capteurs jauges extensomtriques ont t proposs comme
transducteurs de vibration grce des dispositions gomtriques originales des jauges associes en pont qui respectent, sur plaques et sur
barres, les drives spatiales, permettant ainsi, dans certains cas, de
remonter par voie indirecte lacclration vibratoire avec une
surcharge structurale des jauges infrieure celle dun acclromtre.
La discussion des erreurs introduites dans les deux cas ainsi que des
confirmations exprimentales sont prsentes dans la rfrence [17].
2.2.1.3 Capteur lectronique intgre

Figure 14 Lignes nodales exprimentales des six premiers


modes propres dune plaque carre aux limites libres (daprs [14])

Figure 15 Dforme y (  ) et courbure y (  )


dune barre encastre/libre sur le mode 2 de flexion

Pour tre oprationnel dans des ambiances lectromagntiques


parfois svres, llment sensible du transducteur et ses moyens
dacquisition et de traitement associs doivent tre dautant plus
rapprochs que la taille des composants samenuise (figure 16). Le
gain est conditionn pour fixer la sensibilit 10 mV/(m s2), titre
indicatif pour cet acclromtre, en vue den simplifier ltalonnage.
La courbe dtalonnage montre clairement la rsonance de la contremasse sur la raideur de la cramique en trs haute frquence.
La rapidit dacquisition et de traitement des mesures incite
augmenter le nombre P de points retenus pour le problme trait
soit P = 10n avec 1  n  3 , ce qui est galement rendu possible
par labaissement du cot des capteurs.

Un transducteur de vibration usage industriel appelle les


commentaires suivants.

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Figure 16 Acclromtre quartz


pizolectrique, lectronique intgre
Mtravib. Fonctionnement en compression

Chaque problme a sa spcificit et ses caractristiques. Les transducteurs sont nombreux et diversifis, permettant de satisfaire des
normes particulires.
Exemples de vibrations rpondant des normes
La valeur efficace V f de la vitesse vibratoire est la grandeur de rfrence des machines tournantes ayant une frquence de rotation entre
10 et 200 s1 (NF E 90-300, mai 1978). Les mesures de V f effectues
sur les chapeaux de paliers de machines sont prvues dans les limites
0,28 < V f (mm s1) < 45 et pour les frquences 10 < f (Hz) < 1 000.
Lacclration quivalente a eq , qui tient compte dun effet de cumul
des vibrations tridirectionnelles, est la grandeur utilise pour lvaluation
de lexposition des individus aux vibrations transmises aux membres
suprieurs. Il sagit de mesurer les vibrations intenses qui peuvent tre
transmises par les machines-outils et pices vibrantes aux mains et aux
bras des personnes qui les utilisent (NF E 90-402, octobre 1986). Les
limites de la cote dalerte dues a eq , soit 6 < a eq (m s 2 ) < 20,
dpendent aussi de la dure t dexposition journalire aux vibrations,
soit 0,5 < t (heure) < 6, et de la gamme de frquence dans les limites
5 < f (Hz) < 1 500.
Exemple dune chane de microcapteurs
Dans la perspective dune rduction importante des cots dune
chane de mesure acclromtrique, allie une compacit et une
lgret accrues qui multiplient les possibilits dutilisation, il est
intressant de signaler lapparition sur le march de microcapteurs
sur substrat silicium (figure 17). Llment sensible, de quelques
micromtres seulement, est ralis avec les techniques habituelles
de production des circuits lectroniques intgrs (micro-usinages
par voie liquide ou par bombardement ionique, dpts alternant des
strates isolantes et des strates conductrices ou semi-conductrices,
etc.). Le mme cristal de silicium peut recevoir divers circuits de
conditionnement et de traitement, do le concept de capteur intelligent, cest--dire dlivrant une information (par exemple, le
moteur prsente du cliquetis ), et non plus une simple mesure
dacclration (origine Vectavib).

Figure 17 Cellule acclromtrique Vectacell (daprs doc. Vectavib)

2.2.1.4 Vibromtre laser


La vibromtrie laser sest dveloppe sur le march de la mesure
avec la mise au point de vibromtres sans contact qui viennent
complter la gamme des capteurs procdant par liaisons mcaniques avec les structures en essai. Les vibromtres laser prsentent deux avantages sur ces derniers :
labsence de contact physique, la diffrence dun capteur de
type classique qui est, soit maintenu courte distance de lobjet
vibrant (quelques millimtres par exemple dans le cas dun capteur
de proximit inductif ou lectrostatique), soit fix sur lobjet en le
surchargeant de la masse du capteur, donc de 1 100 g dans le cas
dun acclromtre ;

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ltalonnage par construction, essentiellement li la longueur


donde du rayonnement servant de rfrence.
Le principe de fonctionnement de ces vibromtres est fond sur
les franges dinterfrences produites par les rayons incidents et les
rayons rtrodiffuss, dans une mme direction, par lobjet :
le dplacement vibratoire est dduit du comptage des franges ;
la vitesse vibratoire de lobjet est proportionnelle la variation
de frquence dun signal de rfrence modul par leffet Doppler.
Suivant la technologie des composants optiques mis en uvre
(laser, diode laser, fibre optique, filtre, objectif, ...), les particularits
de divers vibromtres industriels diffrent, ainsi que :
les limites mesurables de dplacement, de vitesse et, le cas
chant, dacclration vibratoire ;
ltendue de mesure en frquence ;
les limites de la distance opratoire sparant le vibromtre de
la cible en un point de lobjet vibrant.
2.2.1.5 Interfromtrie holographique
titre dextension des procds de mesures vibratoires sans
contact, il faut mentionner lexistence de linterfromtrie holographique qui a donn lieu des ralisations intressantes conduisant,
par exemple, aprs expositions photographiques successives des
mesurages de dformes prcises 0,1 m prs sur des structures
dchelles trs varies (de quelques millimtres carrs quelques
dizaines de mtres carrs). LISL (Institut de Saint-Louis), qui travaille
de longue date ces problmes, envisage la mesure de dplacement
3D en temps quasi rel sur sites industriels, avec la possibilit de
mise en uvre de la cinholographie interfromtrique.
Remarque : ces travaux, ainsi que dautres analogues, sont
dlicats rationaliser. Simplifis au niveau des normes pour en
vulgariser la diffusion, ils nen restent pas moins fort complexes.
Sur un plan plus gnral, la diversit des besoins peut se mesurer
limportance des manifestations internationales : citons le Salon
International des Capteurs de mesure.
2.2.1.6 Caractristiques des transducteurs de vibration
Le tableau 4 situe les principes auxquels il est fait appel ; les
capteurs sont dcrits en dtail dans diffrents articles du prsent

trait : Capteurs [R 410], Acclration [R 1 812], Extensomtrie


[R 1 850] et Capteurs jauges extensomtriques [R 1 860].
Ce tableau 4 classe les variables vibratoires dtectes par
llment sensible (dplacement, dformation, vitesse, acclration,
saccades et chocs, en translation et en rotation) selon le domaine
physique dappartenance, mcanique, lectrique ou optique. Les cas
de couplage entre ces trois domaines existent, mais ne sont pas
dtaills pour viter dallonger lexpos.
Nota : la saccade (jerk ) est la drive de lacclration, soit la drive troisime du
.
dplacement x

En conclusion de ce tableau, on voit que le nombre de principes


appliqus aux lments sensibles reste trs limit, alors que les dispositions technologiques sont considrablement diversifies.
Pour mener bien le choix dun capteur de vibration, il convient
de prciser :
les conditions demploi, avec ou sans contact matriel et ajout
de masse tolrs entre le capteur et la structure, etc ;
ltendue du domaine de mesure ;
la classe de prcision requise.
Les tableaux 5 , 6 , et 7 montrent, pour diffrents principes
constructifs, lordre de grandeur des limites pouvant tre atteintes,
respectivement en dplacement, vitesse, acclration, dans une
bande de frquence galement indique.

2.2.2 Essais structuraux sous excitation artificielle


Les techniques de mesure qui viennent dtre dveloppes
permettent de runir de nombreuses informations sur la structure,
travers sa rponse aux vibrations dont lorigine et le contenu
frquentiel sont multiples :
les machines que supporte la structure lexcitent principalement sinusodalement leur vitesse de rotation et ses premiers
multiples. Lors des montes ou descentes en vitesse, on peut balayer
tout le spectre des frquences intermdiaires ;
le vent, la houle crent des sollicitations basse frquence
partiellement alatoires ;
les bruits arauliques (systmes de ventilation, etc.) ont un
spectre trs large.
Il est par contre difficile de mesurer lnergie injecte, donc de
dterminer des fonctions de transfert, et parfois lnergie prsente
dans une bande de frquence donne est trop faible pour permettre
une mesure.
(0)

Tableau 4 Capteurs de vibration : classement des principaux types (1)


Domaine de rfrence de llment sensible du capteur
Variable dtecte

Dplacement

Mcanique
Linaire
Angulaire
Rgle divise,
comptage N ( )

lectrique
Linaire ou angulaire

Optique
Linaire ou angulaire

Capteur rsistif, piste, A ou N ( ) ; capteur


inductif transformateur diffrentiel, A ( ) ;
capteur capacitif, signal A ( )

Holographie et interfromtrie
laser, N ( )

Disque divis,
comptage N ( )

Dformation

Vernis craquelants, moirs, A

Extensomtrie par jauges rsistives, A ( ) ;


jauges pizorsistives, A ( )

Photolasticimtrie
dynamique, A

Vitesse

Stroboscopie, A ou N ( )

Induction dun conducteur dans un champ


magntique, A ( )

Effet Doppler sur lumire laser


rflchie, N ( )

Acclration

Masse sismique asservie


en position neutre, servoacclromtres, A ( )

Acclromtre pizolectrique avec systme


masse-ressort frquence propre f 0  f , A ( )

Systmes vibrant frquence


propre leve (105 106 Hz),
capteur dmission acoustique, A ( )

Induction avec systme masse-ressort


frquence propre f 0  f , do x (t ) , signal A

Saccades, chocs

(1) () Industrialisation du transducteur, A : analogique, N : numrique.


Remarque : en rgle gnrale, sauf rare exception, pour les mesures 2D ( deux dimensions) et 3D, deux ou trois transducteurs monodirectionnels (1D) sont associs.

(0)

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Tableau 5 Ordre de grandeur des limites atteintes au moyen de capteurs de dplacement industriels (1)
Principe
Grapho-mcanique (vibrographes)
Rsistif
piste
linaire
angulaire
extensomtrique

Dplacement
(m)

Frquence
(Hz)

103 102

101 103

102 1
0 10
0 350o
0 10 tours/s
fonction du support

Inductif
linaire
angulaire

107 102
0 360o

0 102
0 102 tours/s

lectrostatique

108 103

0 104

Optique et optolectronique
traits
linaire
angulaire
photomtrique
interfromtrique
effet Doppler

107 1
0 360o
104 103
107 101
108 103

0 102
0 102 tours/s
0 104
0 102
0 104

Mise en uvre
Stylet sur papier cir

Pistes bobines ou moules


Jauges fil colles
Transformateur diffrentiel ou inductance
mutuelle
Mtrologie capacitive

Rgle ou disque gravs ou cods


Fibres optiques et rflexion
Comptage de franges
Intgration du signal vitesse

(1) Une ligne de ce tableau ne correspond pas un capteur dtermin, mais indique une performance ralisable par ou moins un capteur fond sur le principe
nonc.

(0)

Tableau 6 Ordre de grandeur des limites atteintes au moyen de capteurs de vitesse industriels (1)
Principe
lectrodynamique
linaire
angulaire
Optolectronique effet Doppler

Vitesse
(m s1)

Frquence
(Hz)

01
0 102 tours/s

0 103
0 102 tours/s

105 1

0 104

Mise en uvre

Champ magntique et bobine mobile


Dynamo tachymtrique
Rtrodiffusion de rayons laser

(1) Une ligne de ce tableau ne correspond pas un capteur dtermin, mais indique une performance ralisable par au moins un capteur fond sur le principe
nonc.

(0)

Tableau 7 Ordre de grandeur des limites atteintes au moyen de capteurs dacclration industriels (1)
Principe
Rsistif
potentiomtrique
extensomtrique

Acclration
(m s2)

Frquence f
(Hz)

102 102
105 104

0 102
0 103

Capteurs piste moule


Jauges fil colles

Mise en uvre

Inductif

105 10 3

0 103

mutuelle inductance

lectromagntique

103 102

0 102

zro asservi

lectrostatique

109

108 10 3

0
0 104

En impesanteur

Pizorsistif

104 105
niveau imprvisible

1 104
102 106

102 103

Sensibilit
dcroissante
quand f crot

Pizolectrique
tous usages
mission acoustique
Optolectronique effet Doppler

107

Semi-conducteur

quartz ou cramique

Drivation du signal de vitesse

(1) Une ligne de ce tableau ne correspond pas un capteur dtermin, mais indique une performance ralisable par au moins un capteur fond sur le principe
nonc.

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On recourt, dans ces cas-l, des techniques dexcitation artificielle, au sens de lapport dune source de vibrations auxiliaire aux
seules fins de cette exprimentation. Il faut alors matriser les aspects
suivants :
savoir faire vibrer une structure avec les moyens les plus
appropris au problme pos ;
identifier correctement le signal dentre dlivr la structure ;
relier leffet la cause : cest--dire relier la rponse vibratoire
lexcitation artificielle et force suppose connue et en dduire le
comportement vibratoire de la structure grce aux mesurages
suivants :
la rponse une excitation transitoire, alatoire, priodique
ou autre, dfinir,
lanalyse modale : les valeurs propres (frquences et modes)
des fonctions de transfert (la mobilit, ladmittance, limpdance
ou autre fonction prciser, tableau 2),
les paramtres mcaniques dinertie, de rigidit et damortissement dfinissables en un point de rfrence et pour des conditions donnes dexcitation de la structure.
2.2.2.1 Gnrateurs de vibrations
Du fait de la grande varit des structures industrielles exprimenter, il existe un arsenal important de moyens dexcitation qui
permettent de gnrer artificiellement des vibrations. Ces moyens,
au mme titre que les transducteurs destins au rle de capteurs,
sont inventoris ici. Ce sont galement des transducteurs, mais
destins aux fonctions dexcitation.
Nota : en effet, selon le vocabulaire de la NF E 90-001, le mme mot peut sappliquer
aussi bien aux capteurs quaux excitateurs :
Transducteur : appareil conu pour recevoir de lnergie de la part dun systme et en
fournir, soit sous la mme forme, soit sous une forme diffrente, un autre systme de
telle faon que les caractristiques recherches de lnergie reue apparaissent la sortie.
En gnral, le terme de transducteur est suivi dun qualificatif prcisant les types des
nergies utilises pour la mesure : transducteur lectromcanique, lectropneumatique,
lectro-optique...
NF E 90-001 (mai 1972) Vibrations et chocs mcaniques. Vocabulaire.

Ce mot de transducteur ne doit pas faire croire la confusion des


principes mis en uvre mme si certains transducteurs, relevant de
principes capacitifs et pizolectriques ou lectrodynamiques, prsentent la double proprit dtre indiffremment des capteurs ou
des excitateurs.
Exemple capacitif : la rversibilit capteur-excitateur existe en ce
sens quune variation de dplacement x entrane une variation de
capacit C et quune variation de tension V entrane une variation
de force F suivant la loi de conservation de lnergie :
F x = V

C /2

Lapplication typique, en mode excitateur, est celle de la gnration de forces faibles et, en mode capteur, de la dtection de petits
dplacements (du micromtre au millimtre), toutes deux utiles
des mesures vibratoires au sol ou en tat dimpesanteur.
Exemple pizolectrique : leffet direct pizo-lectrique rsulte du
dveloppement dune charge lectrique sous laction dune
contrainte mcanique. Leffet inverse permet de crer un dplacement par lapplication dune tension. Une utilisation classique est la
production dultrasons, par exemple pour le nettoyage industriel ou
lchographie mdicale.
Exemple lectrodynamique : sous divers aspects de ralisation,
un transducteur, trs rpandu et remarquable, est form, la manire
dun haut-parleur, dun conducteur de longueur dploye  , en
mouvement par rapport un circuit magntique dinduction permanente B. Ce transducteur prsente la double proprit dtre utilisable comme capteur et comme excitateur de vibrations, mais partir
de deux lois distinctes :
en mode capteur, il dveloppe une tension U aux bornes de
la bobine mobile proportionnellement la vitesse relative x ; la loi
de linduction U = d /dt = Bx rgit leffet lectromagntique ;

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Nota : cest le cas de deux couteurs tlphoniques classiques variation de rluctance


runis fil fil et qui sont indiffremment excitateurs et capteurs : application ralise avec
le Gnphone autognrateur et de scurit sans pile ni source, conu pour le Service des
mines.

en mode excitateur, il dlivre une force F qui rsulte de linteraction de linduction B , de valeur constante, et dun courant i
circulant dans une bobine mobile ; la relation F = Bi rgit leffet
lectrodynamique ; ce principe est celui de lexcitateur lectrodynamique.
Le tableau 8 prsente les gnrateurs de vibrations fonctionnant
selon diffrents principes. Un choix srieux ne peut tre entrepris
quau regard du problme pos dont les principales donnes
considrer sont :
la gamme de frquence demploi ;
le modle du signal dexcitation dlivr la structure ;
les limites de force, de dplacement, de vitesse, dacclration
ncessaires et admissibles ;
les perturbations apportes la structure par le gnrateur de
vibrations et dues son impdance motionnelle lectromagntique,
ou toute autre cause.
Il serait intressant de prsenter des exemples de ralisation rfrencs du tableau 8, lequel est toutefois insuffisant pour conclure,
le gnrateur ntant quun maillon de la chane complte ( 2.2.2.2)
au travers de laquelle passe toute linformation vibratoire communique la structure.
2.2.2.2 Choix et analyse du signal vibratoire dexcitation
2.2.2.2.1 Buts de lexcitation artificielle
Les moyens runir pour ltude dune structure vibrante dans
lun de ces cas les plus complexes sont indiqus globalement sur
la figure 18. Le signal appliqu la structure par lintermdiaire du
gnrateur de vibrations doit tre connu et contrlable tout instant.
Le choix, sur la partie suprieure du schma, qui concerne
lensemble du gnrateur doit tre examin avec soin pour viter
daltrer, par des interactions inadquates, les proprits de la structure en essai.
La dfinition des signaux appliqus au gnrateur de vibrations
dpend de lobjectif atteindre. Utiliser des mouvements vibratoires
pour dgager des zones daccumulation damas pulvrulents,
rduire le coefficient de frottement de mcanismes divers, homogniser un agrgat ou rpartir le bton dans les moules de prfabrication, etc, ne parat pas ncessiter de produire un signal aux
qualits exceptionnelles, bien que ces processus justifieraient sans
doute dtre approfondis. A contrario, la connaissance du comportement de certaines structures hautement labores (domaine de
lnergie, de laronautique et de lespace) ne se conoit, sur le plan
vibratoire, qu partir de signaux dentre et de sortie identifiables
et corrlables entre eux dans un sens dterministe, voire probabiliste.
la limite, tout signal dentre peut convenir pour dterminer les
caractristiques dune structure linaire, encore faut-il le connatre !
Lanalyse de la rponse passe par cet impratif, cest un point important parfois nglig. Il est banal de pouvoir exciter une structure,
mais plus rare est de bien connatre la sollicitation rellement
introduite : une force, un dplacement, une vitesse, une acclration,
ou une combinaison inconnue de ces diffrentes grandeurs.
Cette remarque, vraie pour les vibrations, lest peut-tre plus
encore pour les chocs.
2.2.2.2.2 Cas des chocs
Une machine de choc chute de masse (ligne 6, tableau 8) peut
fournir F, x, x, x , pour une impulsion en acclration conforme
suivant une demi-sinusode, par exemple.
(0)

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Tableau 8 Exemples de principes constructifs de gnrateurs de vibrations


Principe
Mcanique

Repre (1)

Ralisation et usage

1
2
3
4
5
6
7
8
9
10

L
A
A
L
L
L
L
L
A
A, L

lectrique

11
12
13
14
15
16

L
L
L
A
L
A

Excitateur capacitif, force faible, spectre large


Pizolectrique et pizorsistif, force modre, spectre large
lectromagntique, large dynamique, spectre tendu, usage rpandu
lectromagntique, large dynamique, spectre tendu, peu usit
lectrodynamique, large dynamique, spectre large, usage rpandu
lectrodynamique, large dynamique, spectre large, peu usit

Magntique

17
18

L
A

Magntostrictif, induction forte et faible dformation


Rotor et stator munis daimants permanents, vibrations de torsion [18]

Fluidique

19
20
21
22

L
A
L
A

Portance arodynamique dune palette tournant dans le vent


Portance arodynamique de deux palettes tournant dans le vent

23
24
25

L
A
L

Impulseur simple
 modes et amortissements dun avion en vol
Impulseur en couple
Attache explosive, essai de lcher (voir aussi 8)

Dtonique

Raction vibratoire inertielle, remplace la raction sur appui fixe

Balourd rotatif, engendre une vibration circulaire


Balourds contrarotatifs, engendrent une vibration rectiligne
Choc, chute de masse : analyse spectrale dun ouvrage
Choc calibr, machine dessai de choc sur chantillons
Percussion, coup de marteau sur structure, spectre large
Lcher simple, excite les premiers modes structuraux de flexion
Lcher en couple, excite les premiers modes structuraux de torsion
Liaisons cinmatiques diverses (came, excentrique, etc.), L A

Dbit alternatif dun fluide (air ou huile) ; vrins oscillants

Remarque : les limites de force, de frquence et de dplacement ne sont pas prcises ici, pour deux raisons :
ltendue du march est limite des besoins prcis ;

les spcificits techniques sont trs diverses suivant les besoins (tables dtalonnage de capteurs, essais davions, etc.).
(1) Dplacement

L : linaire, A : angulaire.

Par contraste avec cette machine de choc bien instrumente, on


peut opposer le test impulsionnel (ligne 7, tableau 8) beaucoup
moins reproductible, mais ralis couramment par de nombreux
exprimentateurs, pour faire apparatre globalement, en quelques
millisecondes, le spectre dune structure. Le dfaut de rptabilit
de la percussion dun marteau actionn la main tient principalement, notre avis, au dfaut de conception de loutil, dpourvu
de panne, qui ne respecte pas la position convenable du centre de
percussion par rapport au centre de masse, laquelle position permet dannuler la raction du manche dans la main de loprateur.
Ce contrecoup non supprim est une des causes premires de
linfidlit couramment constate.
Une impulsion provoque par un moyen mcanique commande
lectrique (lignes 13 ou 15, tableau 8) est plus avantageuse, car
reproductible et continment dosable en grandeur et en dure.
La drive de lacclration, ou saccade, est parfois linformation
la plus reprsentative considrer. Cest le cas dans ltude de la
scurit et du confort des passagers dans les moyens de transport.
2.2.2.2.3 Tte dimpdance
Un moyen pratique et bien connu pour mesurer la force introduite
dans une structure est dintercaler, entre celle-ci et la prise de force
du gnrateur, une tte dimpdance mesurant x et F au mme
point. Un acclromtre est mont aussi prs que possible dun
capteur de force dont la raideur est leve, pour viter la naissance
des modes parasites. Linsertion dune tte dimpdance dans la
commande mcanique cre une discontinuit de raideur et de
masse. La discussion des erreurs introduites doit tre entreprise, cas
par cas, dj en basse frquence ( 10 102 Hz) [19].
De 102 103 Hz environ, les attelages mcaniques dinsertion de
la tte dimpdance posent eux-mmes des problmes de rupture
dimpdance. La crdibilit des rsultats doit tre dmontre dans
tous les cas demploi et, a fortiori, pour des frquences atteignant
ou dpassant 103 Hz.

2.2.2.2.4 Moyens dexcitation calibrs


Deux moyens, aux applications spcifiques, sont indiqus ci-aprs
pour montrer quil existe dautres cas pour lesquels les signaux
dentre sont talonns ou mesurs sparment sur la structure
analyser, avant de procder aux essais.
Exemples
Le signal dentre est une force (lignes 23 et 24, tableau 8). Des
impulseurs pyrotechniques sont mis au point et talonns en pousse
F (t ) au banc. Lvolution, proche du crneau (figure 19) est connue,
reproductible dun impulseur lautre et adapte la recherche des
frquences et amortissements davions en vol. Ces impulseurs, dont les
tirs peuvent tre synchroniss, sont aptes gnrer des dformes en
flexion (ligne 23 du tableau 8) ainsi quen torsion (ligne 24).
Le signal dentre est un dplacement (lignes 8 et 25, tableau 8).
En vue de lanalyse exprimentale du comportement sol/structure des
lments dune ligne EDF (63 kV), un pylne de cette ligne a t expriment par essai de lcher. Un cble mis sous tension mcanique est
judicieusement dirig pour solliciter statiquement trois dformes la
fois (flexion, torsion, pilonnement). Le crneau de force F (t ) est libr
par une attache explosive monte sur le cble tendu dont lautre extrmit est ancre avec un dynamomtre au sol. La fonction de rponse
frquentielle (qui est le rapport des transformes de Fourier de la
rponse sur lexcitation) se dduit de F (t ) et du rsultat du lcher
(figure 20). Lauteur prcise quen pratique on obtient de meilleurs
rsultats en calculant le rapport du spectre crois entre lentre et la
sortie au spectre de puissance du signal dentre. Ce calcul prsente
lavantage de fournir la fonction de cohrence qui signale la prsence
des bruits vibratoires et des effets de non-linarit [20].

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Figure 20 Essai de lcher effectu sur un pylne lectrique,


(daprs [20])

Avec plus ou moins de facilit, toutes les solutions adoptes en


essai passent par un asservissement des grandeurs donnes
(tableau 9) ou une combinaison pondre de ces grandeurs. Des
techniques de commande spcialises pour les essais de gros
ensembles sur tables vibrantes sont mises en uvre par voie hydraulique ou lectrodynamique.
Pour plus de prcision sur les essais fondamentaux relatifs la
robustesse mcanique, o les vibrations interviennent directement,
il est intressant de consulter les normes de 1987 : NF C 20-706 et
20-734 20-747, relatives aux moyens et aux mthodes dessais
actuellement normaliss.
une chelle plus modeste et pour clore ce paragraphe, deux
exemples complmentaires appliqus laronautique sont donns.
Figure 18 Ensemble dexcitation et de mesure vibratoires
dune structure S

Exemples
Le dplacement vibratoire structural est illimit (lignes 10 et 15,
tableau 8). Une technique dasservissement en courant, combine
une cinmatique de transformation (rotation/translation), a conduit la
ralisation dexcitateurs imposant la force quel que soit le mouvement
de la structure (avions, figure 21). La liaison cinmatique est compose
de deux crmaillres et de deux pignons cals sur les arbres de servomoteurs contrarotatifs (de prfrence). Ces derniers reprennent, par
leur inertie propre en translation, la raction des forces vibratoires
introduites dans la structure.
Cette solution se distingue du type haut-parleur classique
( 2.2.2.1), dont la course admissible est trs limite, et du type
balourds contrarotatifs (ligne 4, tableau 8), dont la force dlivre la
structure excite dpend du mouvement de celle-ci, au point de
prsenter des instabilits lors de balayages en frquence dans certaines
zones prs des rsonances [21].

Figure 19 Force F (t ) dlivre par un impulseur pyrotechnique


(origine ONERA, commercialis par PRODERA)

2.2.2.3 Rcapitulatif
Le problme pos revient, en pratique, imposer un signal dexcitation une structure parmi les cinq cas prsents (sous forme instantane ou non) au tableau 9. Ce tableau spare les essais de
vibration en deux catgories :
les uns, conduits en valeurs instantanes, pour lesquels les
modules et les phases sont retenus (rgime sinusodal) ;
les autres, conduits partir de valeurs rsultant dintgrations
en fonction du temps, sous forme de densit spectrale de puissance
par exemple, pour lesquels les modules sont seuls retenus (rgime
alatoire, entre autres).
Nota : pour la dfinition de la densit spectrale de puissance, se reporter larticle
Paramtres caractristiques dun signal [R 300] dans le prsent trait.

R 3 140 24

La frquence est impose et la force utile est une portance


arodynamique (ligne 21, tableau 8).
Deux ailettes identiques, cales galement sur le mme arbre dun
moteur pas pas, tournent dans le vent. La vitesse angulaire = 2
du moteur est pilote par un gnrateur de frquence . Mont sur
avion, cet excitateur (figure 22) est soumis en vol aux forces arodynamiques instationnaires de portance et de trane. La frquence fondamentale dexcitation, f = 2, est gale au double du nombre de tours
par seconde des ailettes [22].
La force introduite F (t ) est mesure laide dune semelle dynamomtrique trois capteurs fixe sur la partie de lavion exciter.
Lutilisation dun moteur lectrique pas pas a t rendue possible
parce que lentranement des ailettes en rotation ne ncessite pas
beaucoup de puissance et convient bien linstrumentation dun avion
lger. Cela est un avantage considrable pour les essais davions qui
ne disposent pas dune installation hydraulique bord.

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(0)

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Tableau 9 Signal dexcitation impos une structure


Grandeurs
Valeurs
Dplacement (1)

Vitesse (1)

Acclration (2)

Saccade (2)

Force

Instantanes (fonction du temps t )


Non instantanes (fonction de la frquence f, densit spectrale de puissance
par exemple)

(1) La mesure est obligatoirement relative (par rapport un repre fixe).


(2) Lacclration, et sa drive, sont dfinies en valeur absolue.

transfert, etc. Aussi lindustrie de la mesure a-t-elle t largement


mobilise pour dvelopper des matriels utilisables pour des
besoins diversifis et pour tablir des logiciels adapts, selon le cas,
la maintenance, lexploitation, ltude ou mme la recherche
avance.

Figure 21 Gnrateur de vibrations rectilignes


deux servomoteurs quilibrs

Un effet de cette croissance en matire de traitement du signal


se traduit aussi sur le march par lexistence de socits dont lobjet
est la prestation de services avec des matriels et des logiciels appropris, ou la simple location de moyens pour des actions ponctuelles,
dexpertise par exemple.
Il nous serait difficile de citer tous les protagonistes en ces
matires. Consulter pour cela les organisations professionnelles et
les runions techniques spcialises.
Les paragraphes ci-aprs concernent lexploitation et la prsentation de rsultats de mesures vibratoires issues :
dun signal isol ( 2.2.3.1) ;
dun couple de signaux lis par leur fonction de transfert
( 2.2.3.2) ;
de multiples signaux en vue de procder :
lanalyse modale ( 2.2.3.3),
la synthse structurale ( 2.2.3.4).
2.2.3.1 Signal isol
La reconnaissance dune vibration par sa signature temporelle ou
spectrale nest pas nouvelle. Le temps et la rptition des intervalles
de temps (frquence) ont t naturellement choisis comme rfrences pour procder lanalyse dun signal dorigine inconnue.
Exemples de mouvements vibratoires
Le simple trac dun stylet sur un papier qui se dplace rgulirement
fait apparatre la fonction f (t ). Cest le cas typique dun sismographe de
la premire gnration o le mouvement relatif, entre la terre localement et une lourde masse suspendue trs basse frquence (  1 Hz )
est enregistr directement.

Figure 22 Excitateur arodynamique rotatif


pour essais de vibration en vol

2.2.3 Post-traitement et obtention des rsultats


Le terme post-traitement sous-entend quune acquisition des
signaux originaux soit opre lors de lessai et disponible en
mmoire, pour pouvoir se prter toute analyse et interprtation
des rsultats. Ltape de mmorisation peut tre vite dans certains
cas rptitifs de traitement en ligne bien tablis mais, en priode
de ttonnements (alors que le protocole danalyse reste mettre au
point), il est prfrable, voire indispensable en cas de non-reproductibilit de lexprience, de disposer, pour des traitements en
temps diffr, de lensemble des informations acquises au cours de
lessai original.
Les techniques du post-traitement des signaux vibratoires sont
souvent issues des mthodes mathmatiques applicables au traitement du signal : transformes de Fourier, de Laplace, fonctions de

Un frquencemtre (d Frahm) fut aussi appel tachymtre : il est


en effet apte galement mesurer, avec le balourd rsiduel des
machines tournantes, leurs vitesses angulaires. Ce vibromtre, de
conception purement mcanique, constitue un vritable analyseur
spectral direct. Il a t ralis sous forme dun peigne dont les dents
sont des lames accordes sur des frquences propres f 0 en progression
arithmtique (figure 23). Chaque lame rpond pratiquement dans le
domaine spectral (0 f 0) sur son mode fondamental comme un systme
un degr de libert, linaire, du second ordre.
La double amplitude qui est apparente sur la vue de gauche de la
figure 23 nest autre quune analyse spectrale du signal travers les
multiples filtres lames, rsonnant des valeurs de f 0 dcales et
rpondant aux composantes du signal dentre e.
Si cet analyseur est rduit une seule lame de profil constant
et de longueur  variable, il devient un frquencemtre qui permet de
dceler lexistence dune composante f du signal dentre e par la
mesure  la rsonance de la lame, do f dduite de la loi de variation
en  2 et du rang modal excit.

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Le signal vibratoire isol considr ici est durable ou passager.


Le but est dabord sa reconnaissance par une ou plusieurs signatures caractristiques, puis, travers ces signatures, la recherche
des causes possibles de son origine.
Les processus dinvestigation dun tel signal isol, qui sort dune
bote noire, portent sur la variable volutive (le temps T ) ou sur le
spectre de cette variable volutive (la frquence). Ces deux signatures, dimensionnellement inverses (T et T 1) lune de lautre, se
correspondent par la transforme de Fourier (directe et inverse).
Elles peuvent donner lieu dautres reprsentations R1 , R2 , ..., Rn
significatives selon les cas et trs apprcies partir de diffrents
traitements mathmatiques A1 , A2 , ..., An portant sur des fonctions
s (t ) du temps et/ou g (f ) de la frquence (figure 24).
Toutes les reprsentations Rn tant formules par valeurs discrtes, elles sont limites par le compromis en rsolution temporelle
et frquentielle adopter. La transforme de Fourier nchappe pas
cette difficult.
Parmi les varits techniques Rn mises en uvre, quatre exemples
sont donns ci-aprs.

Figure 23 Frquencemtre lames vibrantes L

Analyse spectrale volutive


Une manire synthtique de prsenter une vibration volutive
consiste disposer des plans parallles entre eux reprsentant les
spectres vibratoires g k (f ) aux diffrents instants t k . Diverses
prsentations sont possibles, selon que lanalyse spectrale contenue
dans chacun de ces plans est effectue partir du temps origine
t = t 0 (zero filling ) ou dans lintervalle court (t k + 1 t k ) de deux
instants successifs t k + 1 et t k .
La plupart des analyseurs de lindustrie disposent de cette dernire
option permettant de prsenter les spectres en cascade (waterfall )
pour faire ressortir les frquences de rsonance. De manire similaire, le diagramme de Campbell fournit la carte spectrale de monte
ou de descente en rgime dune machine tournante, mettant
clairement en vidence les vitesses critiques traverses. La figure 25
est un exemple de squence de ralentissement du bol tournant dune
dcanteuse centrifuge, dont la rgion vibratoire est analyse de 0
12,5 Hz par intervalles de temps de 1 s durant 80 s. Les raies
subharmoniques correspondent au ballottement du fluide.

Figure 24 Reprsentations diverses Rn dun signal


dduites de voies temporelle s (t ) et /ou spectrale g (f )

Figure 25 Analyse spectrale volutive :


squence de ralentissement naturel
dune machine

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Enveloppe des rponses maximales


Comme dans lexemple prcdent, les variations des paramtres
analyser (frquences, niveaux, etc.) entre deux squences sont
supposes modres, pour pouvoir en suivre la trace. Il est alors
intressant de contrler les fluctuations de ces paramtres en vue
dassurer la maintenance dun matriel en service. Lchelle de temps
approprie au problme peut aller de la fraction de seconde lanne
ou au-del. Lenveloppe des rponses maximales, disponibles sur
la plupart des analyseurs, est une signature (peak-hold ) utile notamment une vue de face de la reprsentation prcdente
(figure 26). Conduite lors de la phase de dmarrage ou darrt dune
machine, elle permet dtablir, trs simplement, la prsomption
dune contribution modale de la structure de la machine en fonctionnement la vibration qui en rsulte.
Cepstre nergtique
EDF [23] a suivi sur plusieurs annes le calage des barres conductrices dans les encoches de stators des alternateurs, susceptible de
se dgrader au cours du temps.
Les sources de bruit dorigine magntique excitent la vibration des
barres, do la prsence du fondamental 100 Hz accompagn dun
nombre important dharmoniques. La technique de traitement particulire, le cepstre nergtique [24] dfini comme tant le spectre
du logarithme du spectre dnergie, a t valide en 1983 aprs
expertise et recalage de lalternateur (centrale hydraulique de
Beaumont). La double transforme de Fourier permet de visualiser,
sur une seule raie du cepstre, lensemble de la raie et de ses
harmoniques ; la rpartition logarithmique fait mieux apparatre la
contribution relative des harmoniques de rang lev.

Figure 26 Reprsentation de la mme squence de ralentissement


naturel que figure 25, en peak hold entre 0 et 50 Hz

Spectre de choc
Un choc tel quun sisme peut tre reprsent par un trac de
lvolution de lacclration en fonction du temps, mais il est difficile
dtablir sur de telles bases la nocivit de tel ou tel choc sur telle
ou telle structure. Pour exprimer le potentiel qua ce bloc dexciter
une frquence structurale, on a recours, en analyse sismique, la
mthode des spectres doscillateurs, qui permet de tracer le spectre
de choc de la manire suivante : lexcitation sismique est applique
un ensemble fictif de rsonateurs lmentaires un degr de libert
(systme masse-ressort et amortisseur, 2.1.2 et figure 6). On trace
chaque frquence lamplitude maximale du mouvement de rsonateur correspondant lors du choc, en supposant lamortissement
gal une valeur donne (en gnral 10 %), quil sagisse de dplacements, de vitesses ou dacclrations. Ces donnes sont tabules
dans des ouvrages spcialiss pour les sismes types retenus lors
du dimensionnement des ouvrages de gnie civil (figure 27). Des
mthodes similaires sont employes pour vrifier la tenue des structures des explosions sous-marines, des chocs pyrotechniques, etc.
volutions rcentes
Les tudes dans le domaine des vibrations et de lacoustique bnficient des progrs relatifs au traitement du signal. Citons :
la reprsentation de Wigner-Ville filtre ou non [25], qui est une
variante de lanalyse spectrale volutive utilise en vibrosismique
pour la reprsentation ptrolire ;
la transformation en ondelettes, qui consiste dcouper le
signal en une somme de fonctions lmentaires du temps, plus
adquate que la transforme de Fourier pour analyser des phnomnes discontinus ou chaotiques (couches gologiques distinctes
traverses lors des recherches ptrolifres ; vibrosismique ; thmes
musicaux ; mdecine [26] [27]) ; de rcents travaux montrent son
intrt pour le diagnostic de dfauts affectant des moteurs dautomobiles, etc.
2.2.3.2 Fonction de transfert entre deux signaux
Dfinitions
Selon la norme franaise NF E 90-001 (3-1972) du vocabulaire des
vibrations et chocs mcaniques (en large concordance avec la norme
internationale ISO 2041), la fonction de transfert, lie la frquence,
est dfinie par la relation mathmatique entre une grandeur de sortie
et une grandeur dentre dun systme. Cette dfinition, qui est trs

Figure 27 Exemple de spectre de choc

gnrale, recouvre dans la mme norme celle de deux autres termes


susceptibles de sappliquer aussi des grandeurs vibratoires non
prcises :
rponse dun systme : expression quantitative de la raction
de sortie dun systme une excitation (dfinition 1.17 de la
norme NF) ;
transmissibilit : rapport sans dimension de lamplitude de la
rponse dun systme en rgime tabli de vibrations forces
lamplitude dexcitation. Ce rapport peut tre celui de forces, de
dplacements, de vitesses ou dacclrations (dfinition 1.18 de la
norme).
Dautres dfinitions se rapportent exclusivement des grandeurs
prcises (tableau 2) :

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R 3 140 27

VIBRATIONS DES STRUCTURES INDUSTRIELLES

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impdance mcanique dun systme : rapport complexe de la


force la vitesse, la force et la vitesse pouvant tre mesures au
mme point (impdance directe) ou dans des points diffrents du
mme systme anim dun mouvement harmonique (impdance
de transfert) ;
Nota : dans le cas dune impdance mcanique en torsion, les mots force et
vitesse doivent tre remplacs par couple et vitesse angulaire (dfinition 1.44 de
la norme NF E 90-001) ;
admittance dun systme mcanique, inverse de limpdance
(dfinition 1.50 de la norme NF) ;
mobilit (parfois appele admittance mcanique) [29] : rapport
complexe de la vitesse mesure en un point dun systme mcanique
la force mesure en un mme point, ou en un autre point, du mme
systme en mouvement harmonique. La mobilit est quivalente,
sur le plan mcanique et formel, ladmittance (dfinition 1.51 de
la norme NF).
En dehors de cette norme, divers nologismes apparaissent ici et
l : cest ainsi que des auteurs amricains [28] appellent transmittance le rapport de lamplitude de la force mesure la sortie
dun support antivibratile lamplitude de la force applique
lentre .
Retenons, pour la suite, le terme global de fonction de transfert
qui recouvre tous ces cas particuliers (prcdentes dfinitions
1.17 18 44 50 51).

Mesure exprimentale des fonctions de transfert


Il est toujours possible de mesurer exprimentalement les fonctions de transfert caractristiques dune structure. On devra toutefois
tre attentif la qualit de la mesure des minimums et des maximums, qui correspondent tantt de grandes rponses sous faibles
excitations (rsonances, 1.2.1) et dans ce cas la mesure de leffort
excitateur peut tre trs bruite ou, inversement, des dplacements trs faibles quel que soit leffort appliqu (antirsonances)
et dans ce cas la mesure des dplacements (ou vitesses ou acclrations) est entache dincertitude.
Il est galement souvent possible de reprsenter par un modle
mathmatique ces mmes fonctions de transfert, en admettant une
schmatisation a priori des effets dissipatifs [amortissement local
ou rparti, reprsent par un effort proportionnel la vitesse
(modle visqueux ) ou lacclration (modle hystrtique ), et en
phase avec la vitesse]. Cest par exemple le cas du modle de
transmissibilit T ( ) donn au ( 2.1.2).
Les calculs modaux ( 2.2.3.3) et par lments finis ( 2.1.3)
ne peuvent se comparer aux relevs exprimentaux que pour
une structure prsentant des forces damortissement faibles
devant les forces dinertie (masses) et de rigidit (raideurs).
Dans le cas contraire, il est ncessaire de procder lanalyse et
la reprsentation spcifique des phnomnes mcaniques
effectivement en jeu et de crer ainsi le modle particulier de la
structure en question.
Exemple dune fonction de transfert modlise
titre dexemple modlisable dune fonction de transfert,
formulons lhypothse dune structure rpondant un schma
diffrentiel linaire reliant la grandeur de sortie s (t ) la grandeur
dentre e (t ), donc de la forme :
an s (n ) + an 1 s (n 1) + ... + a0 s = cm e (m ) + cm 1 e (m 1) + ... + c0 e
les symboles (n) et (m) en exposant reprsentant lordre de drivation en fonction du temps ; an ... et cm ... des coefficients constants.
La transforme de Laplace de lgalit prcdente (en supposant le
systme au repos lorigine des temps) est lquation suivante :
(an p n + an 1p n 1 + ... + a0)s (p) = (cm p m + cm 1p m 1 + ... + c0)e (p)
avec p variable de Laplace,

et la fonction de transfert, dfinie par le quotient s /e, sexplicite en


rgime quelconque :
c m p m + c m 1 p m 1 + ... + c 0
s (p)
H ( p ) = --------------- = ---------------------------------------------------------------------------------e (p)
a n p n + a n 1 p n 1 + ... + a 0
La rponse en rgime harmonique sobtient en posant p = j . La
fonction de transfert H (j ) = H ( ) + jH ( ) est alors une grandeur
complexe qui ne dpend plus du temps, mais de la frquence
f = /2 . Le module de la fonction de transfert est (H 2 + H 2)1/2 et
le dphasage de la sortie par rapport lentre est arctan (H /H ).
Remarque : pour les calculs prcdents, la transforme de
Fourier aurait conduit au mme rsultat que la transforme de
Laplace, cette dernire tant plus gnrale et dun emploi parfois
plus commode. Cependant, le spectre de Fourier, par extension
des sries de Fourier aux phnomnes non priodiques, se prte
bien linterprtation physique des vibrations de nature
quelconque, priodiques ou non.
Reprsentation graphique
La reprsentation graphique des fonctions de transfert la plus
approprie est choisie selon la nature de la structure et les lois de
comportement des matriaux et des assemblages en fonction de la
frquence. La reprsentation peut en tre faite dans le plan rel, en
module et phase, ou dans le plan complexe, en partie relle et
imaginaire. Une telle reprsentation est donne en exemple pour
limpdance Z = F/v dun modle deux masses m 1 et m 2 , deux
rigidits k 1 et k 2 et deux amortisseurs b 1 et b 2 disposs en
srie/parallle (figure 28), F tant lamplitude de la force harmonique impose et v celle de la vitesse de rponse au mme point.
Il est ais de construire la fonction de transfert dun modle
masses-ressorts-amortisseurs donn, comme dans cet exemple ;
inversement, il nest pas vident de dterminer le modle correspondant une fonction de transfert donne. Tel est lun des buts
de lanalyse modale.
2.2.3.3 Analyse et reprsentation modale
Lanalyse modale permet dtablir une reprsentation analytique
des mesures vibratoires. Un avantage important est la rduction du
nombre de paramtres permettant de reprsenter le comportement
dynamique de la structure, toutes fins danalyse (simuler un
comportement, mettre au point un prototype, suivre un risque
dinstabilit). Certes, dans un certain nombre de cas, les fonctions
de transfert seules peuvent suffire : mais, spcialement dans le cas
des structures continues et peu amorties, le nombre de points
frquentiels requis est trs lev, et la manipulation des fonctions
de transfert impose celle de fichiers informatiques importants. La
rduction permise par lidentification modale facilite aussi la
comparaison avec des modles ou des rsultats de calculs, lexploitation des donnes mesures dans des schmas de synthse
dynamique ( 2.2.3.4) ou des modles dinstabilit, etc.
Modle mathmatique
La reprsentation modale consiste utiliser la base des frquences
et des formes propres de vibration de la structure suppose tout
dabord sans amortissement (structure conservative associe).
Le modle mathmatique dans son ensemble est matriciel dordre
(m m) pour m degrs de libert et m modes propres. Il est reprsent par le systme matriciel dquations diffrentielles linaires
du second ordre coefficients constants [], [ ], [ ], qui scrit :
[ ]q + [ ] q + [ ]q = [ F ]
avec []
[ ]
[ ]

R 3 140 28

(3)
ML2),

matrice des masses gnralises (dimension


matrice des amortissements gnraliss (dimension
ML2T 1),
matrice des raideurs gnralises (dimension
ML2T 2),

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colonne des forces gnralises (dimension ML2T 2 ),


q, q, q coordonnes gnralises, fonction du temps, et
leurs drives premire et seconde par rapport au
temps.
Par hypothse, si [ ] = [0], le systme [ ]q + [ ]q est conservatif
et les matrices [] avec kk 0 et [ ] avec kk 0 sont diagonales,
k tant lindice de rang modal. Ce systme, alors dcoupl de son
amortissement, est dfini par :
ses valeurs propres (frquences propres f k ) ;
ses vecteurs propres (formes propres k ).
Les modes propres sont bien indpendants entre eux et peuvent
tre traits comme des systmes masse-ressort conservatifs un
seul degr de libert. Il en est encore de mme en prsence
damortissement structural [ ] condition :
que cet amortissement suive le modle rhologique visqueux
proportionnel q (hypothse restrictive qui na rien dvident a
priori ) ; il est dusage courant de rapporter lamortissement par quivalence ce modle ;
que, selon lhypothse de Basile dj avance par Rayleigh,
les termes de la matrice damortissement soient proportionnels
ceux des matrices de masses et/ou de rigidits imposant que [ ]
soit diagonale, ce qui nest pas le cas gnral.
La pratique des essais industriels montre que ces deux conditions
tant bien que mal respectes sont acceptables si les forces damortissement [ ] q restent faibles devant celles dinertie [ ]q et de rigi[F ]

Figure 28 Fonction de transfert (b ) de limpdance Z du systme (a )

dit [ ]q . Or, au voisinage des rsonances de phase de frquences f k ,


la somme de ces deux derniers termes sannule et la rgle du rapport
des forces nest plus satisfaite : les forces dissipatives [ ] q lemportent sur la somme des forces conservatives [ ]q + [ ]q 0 .
Cest donc prs des rsonances que lamortissement devient
prpondrant et cest donc dans le voisinage de f k que les termes
k k peuvent tre obtenus avec la meilleure prcision possible.
Laccs aux termes non diagonaux k avec k  , encore plus difficile que laccs aux termes kk , ne semble pas prsenter un intrt pratique important, au moins dans le cas de structures
faiblement amorties.
Le nombre de modes significatifs m retenir pour caractriser
une structure en vibration est indtermin a priori, certains modes
tant accessibles, dautres cachs. Do une hsitation sur le choix
de lentier m introduire dans le calcul. Cette difficult se prsente
pour toutes les mthodes de traitement global multimodes. Dans
lexemple de la figure 30, m = 3. Le fait doublier un mode
physique, soit (m 1), ou dintroduire un mode fictif, soit (m + 1),
peut conduire des erreurs dinterprtation importantes, notamment aux extrmits de la plage des frquences explores.
Dans les paragraphes suivants, quelques exemples et remarques
gnrales sont donns se rapportant lanalyse modale et ses
reprsentations, plus particulirement dans le domaine aronautique.
Flottement des avions
la base des calculs de risque de flottement davions en vol est
lhypothse que lavion, bien que structure continue, peut tre assimil un systme ne prsentant quun nombre rduit de degrs de
libert et que toute dformation harmonique dun avion en vol est
bien combinaison linaire dun nombre restreint de formes propres
releves au sol.
Exemple : le souci de vrifier cette hypothse de la combinaison
des formes a donn lieu des essais en vol limits ici cinq des modes
relevs au sol (figure 29).
La participation de la torsion antisymtrique en vol dans cet
exemple est de 45,6 % dans la combinaison linaire des modes au
sol introduite au sens des moindres carrs. Il est intressant de
rappeler le principe de vrification exprimentale dune des hypothses de base des calculs de flottement toujours applique par les
constructeurs davions franais et trangers.

Figure 29 Torsion antisymtrique suivie en vol, prcde de relevs


sur avions au sol (daprs [30])

Appropriation des modes


Faire vibrer une structure sur un seul de ses modes propres suppose son appropriation par lexcitation. Cet tat dappropriation est
vrifi par le critre de phase : le dphasage entre la rfrence de
lexcitation et les rponses en tout point de la structure doit tre
gal 0 ou . Ce critre peut tre labor de diverses faons.
Des mthodes dappropriation itratives par modifications
successives des forces dexcitation et de la frquence, labores en
France et en Angleterre, sont restes semi-automatiques. Lutilisation de critres du cumul arithmtique des carts de phase par
rapport 0 ou conduit le plus souvent atteindre des minimums
relatifs sans avoir la certitude de converger vers le minimum absolu
et sans pouvoir dmontrer quil est atteint.

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R 3 140 29

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Hormis ces difficults, il doit tre prcis que les techniques


dappropriation comme celles des balayages harmoniques sont
dexploitation longue mais souvent reprises titre de rfrence dans
les essais vibratoires, par exemple pour lever le doute en cas de nonlinarits.
Logiciels danalyse modale
Nous ne saurions dcrire les logiciels existants, publis ou non,
ceux du march tant dj fort nombreux et donnant accs aux
frquences propres et aux paramtres directs ou gnraliss de
masse, de rigidit et damortissement.
Il existe des logiciels gnraux qui fournissent les solutions du
modle linaire tel que lquation (3) avec la matrice damortissement [ ] diagonale. Cest le cas le plus frquent.
Il existe aussi les logiciels adapts aux usages particuliers des
vibrations non linaires variations rapides ou lentes. titre
dexemple, la non-linarit porte soit sur la masse (masse variable
au cours du temps : fuses), soit sur la rigidit (perte de raideur par
fissuration dune structure), sur lamortissement (modification due
la contrainte, la temprature, la frquence, lhistoire des sollicitations, etc.).
Devant de telles difficults, qui excluent une solution gnrale, il
faut mettre profit les processus de la simulation numrique
permettant de dterminer par calcul excitation et rponse de structures. La fonction de transfert est disponible et les limites de validit
de lanalyse modale sont values indirectement sur un tel modle,
que lon peut utiliser ensuite pour simuler des modifications portant
sur des points sensibles [31].
Revenant aux fonctions de transfert exprimentales, les possibilits du matriel de traitement informatique conditionnent limportance du logiciel admissible. La bonne mesure consiste quilibrer
les deux. Un matriel sous-exploit entrane des immobilisations
excessives ; sil est insuffisant, il ne permet pas deffectuer un
traitement unique et global des donnes qui seul peut pourtant
garantir la cohrence du processus didentification (suppression des
effets de modes latraux, attnuation des effets de bruits, et meilleur
conditionnement de la matrice inverser).
Les essais de vibration sorientent aujourdhui davantage vers
lobtention rapide des frquences modales issues de chocs non
contrls (percussion au marteau) ou de chocs contrls (action lectrodynamique force ou dplacement imposs), plutt que vers des
balayages harmoniques complets, mais lents. Des microbalayages
peuvent tre resserrs seulement autour des raies modales ainsi
dgages et le temps gagn est important pour explorer les caractristiques dune structure.
Exemple : la figure 30 nest pas celle dune mesure ralise dans
les meilleurs temps, mais elle montre la qualit de la mthode de
lissage : une structure, en majeure partie mtallique, de type aronautique rpond bien un modle linaire. Sur la figure, les trois boucles
appartenant trois modes successifs se distinguent bien [32].
Enfin, le pas relatif en frquence f /f est variable avec le taux
damortissement structural (ou amortissement rduit, 2.1.2.2.
Les valeurs suivantes conviennent en pratique :
0,1 % pour une structure peu amortie ;
1,0 % pour une structure moyennement amortie ;
10 % pour une structure fortement amortie.
Comparaison des rsultats
Il est indispensable, pour toute preuve mtrologique, de disposer
dune rfrence dfinissable, reproductible et fidle. Les techniques
vibratoires nchappent pas cette rgle, fort difficile appliquer
mme si lon se contente dune incertitude relative de lordre de

R 3 140 30

Figure 30 Reprsentation modale et fonction de transfert


dun avion au sol (daprs [32])

quelques 102. Aussi des comparaisons et des rfrences sont-elles


assures par des laboratoires publics ou privs dont certains sont
agrs en France par le BNM (Bureau national de mtrologie). Sans
remonter aux sources mtrologiques en usage dans le domaine des
vibrations, nous nous contenterons dindiquer ci-aprs des
expriences dintercomparaisons menes sur un plan industriel.
Ces exemples sont donns pour souligner que la diversit des
principes de mesure et de mthodes de traitement et danalyse
modale, librement choisis par les participants, conduit parfois des
carts cumuls assez importants dans les rsultats, alors que les
moyens considrs isolment peuvent tre bien adapts. Il y a aussi
une part importante de savoir-faire et dinterprtation qui intervient
dans llaboration des rsultats et dans les diffrences constates.
La figure 31 est un schma synoptique des rsultats obtenus par
des voies diffrentes.
Exemples
Des rsultats de mesure coopratifs obtenus sur une maquette de
rfrence sont partiellement reproduits sur le tableau 10.
La maquette est une plaque rectangulaire, en matriau sandwich
(tles mtalliques et feuilles amortissantes), suspendue en frquence
basse (1,3 Hz). Les mesures contradictoires ont t effectues
en 1977 par deux industriels et les calculs aux lments finis (EF) par
un laboratoire, permettant ainsi un certain nombre de recoupements
sur les frquences propres, les masses gnralises et les taux
damortissement .
Des comparaisons reprises aujourdhui avec les moyens perfectionns actuels ne fourniraient pas ncessairement des rsultats plus
groups. Certains facteurs extrieurs qui ne dpendent pas exclusivement du matriel mtrologique contribuent aux dispersions (notamment la temprature de la maquette qui demanderait tre stabilise).

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Une opration dintercomparaison a t lance par la DRET (Direction


des Recherches et tudes Techniques, DGA) en 1978. Linitiative en
revient D.J. Ewins de lImperial College de Londres qui a prpar
lopration sous lgide de lAMTE (Admiralty Marine Technology Establishment) et a propos la France de sy associer, lensemble
runissant une trentaine de participants.
Des structures mcaniques ont t mises en circulation dans diffrents laboratoires qui ont procd des mesures de mobilit selon une
rgle impose et ont remis leurs rsultats sous forme normalise
lorganisme technique centralisateur. Un extrait de rsultats publis [33]
[34] est donn sur la figure 32. Il sagit dune structure en flche ralise
en assemblage boulonn (masse 6,8 kg).
Pour les rsultats remis par lensemble des participants, les carts
relatifs maximaux atteignent approximativement les valeurs suivantes :
10 % sur les frquences f /f ;
10 dB sur les mobilits Y /Y ;
20 dB sur les amortissements /.
Comme pour lexemple prcdent, les causes de dispersion dun
essai lautre sont nombreuses (suspension de la maquette ; attaque
en rgime transitoire, alatoire, harmonique ; moyens dexcitation et
de mesure qui modifient les frquences propres, les mobilits et les
amortissements) ; ces causes derreurs, ajoutes, peuvent justifier
limportance des dispersions constates et doivent conduire lexprimentateur multiplier les prcautions et comparer si possible
plusieurs montages et protocoles exprimentaux.
2.2.3.4 Sous-structuration et synthse dynamique
La reprsentation du comportement dynamique de structures
quelconques en termes de fonctions de transfert (calcules, mesures, identifies au sens de lanalyse modale, etc.) ouvre la possibilit
de prdire le comportement dynamique (= calculer la fonction de
transfert globale) dun assemblage de diverses structures dcrites
chacune par leur fonction de transfert propre (= mesure ou calcule
sur les sous-structures isoles).
Pour tre plus prcis, il est ncessaire de disposer des matrices
de transfert constitues par les diffrentes fonctions de transfert
ponctuelles et croises aux points dentre et de sortie de la structure,
donc tous les points o lon souhaite connecter un autre lment.
(0)

Figure 31 Rsultats obtenus numriquement N , physiquement P


ou thoriquement T . carts et erreurs sur les rsultats

Tableau 10 Caractristiques vibratoires dune maquette dduites de diverses oprations


Mode

Frquence propre
(Hz)

Masse gnralise 
(kg m2)

Raideur gnralise 
(kg m2 s2)

Taux damortissement 

Excitations
crneau (3,6 ms)
bruit blanc
harmonique

36,5
36,5
35,6

8,8

445 103

12,6 103
13,4 103
9,6 103

Calcul par lments finis


1 122 degrs de libert

37,1

8,5

470 103

Excitations
crneau (3,6 ms)
bruit blanc
harmonique

39,1
39,2
38,7

31,4

1 880 103

15,4 103
10,2 103
6,7 103

38,8

32

1 820 103

Opration

Calcul par lments finis


1 122 degrs de libert,
188 nuds,
80 triangles 6 nuds
E : point dexcitation

: le rsultat ne peut tre obtenu.

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R 3 140 31

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Figure 32 Exemple de dispersion du module


de la mobilit sur une structure mtallique

Il existe au minimum trois approches mathmatiques pour dterminer le comportement dynamique de la structure assemble :
la synthse modale partir des bases modales des sousstructures dont les points de jonction ultrieurs sont bloqus (Craig
et Bampton) ; cette mthode est rarement appliquable dans le cas
dexprimentations, vu la difficult pratique que lon rencontre pour
raliser des montages encastrs sur une plage de frquence suffisamment tendue ;
la synthse modale partir des bases modales des sousstructures compltement libres dans lespace (Mac Neal) ; cette
mthode est, linverse, commode pour lexprimentateur, car des
suspensions trs souples (sandows ou chambres air, etc.) offrent
facilement ces conditions libres ds que la frquence dpasse
quelques hertz ;
la synthse impdancielle, qui revient coupler directement
les impdances ou admittances des structures, mais qui, ncessitant
diverses inversions de matrices dassez grande taille, apparat plus
difficile numriquement et demande de srieuses prcautions, en
termes danalyse numrique, lorsque les donnes sont dorigine
exprimentale.
Ces mthodes sont diffuses sous forme de logiciels, le plus
souvent en complment optionnel de logiciels danalyse modale.
Les principales applications de ces mthodes de sousstructuration et de synthse dynamique dans le domaine industriel
sont typiquement les suivantes :
la simulation de modifications de la structure analyse, en
couplant la structure de dpart des lments simples (masses,
poutres permettant de rigidifier la structure, etc.) ; cest une manire
souvent lgante et rapide dvaluer le glissement de frquence
propre quon va pouvoir obtenir sur une structure par des modifications simples ; elle suppose seulement que lon mesure les fonctions de transfert (puisquon tend la base modale) aux points o
lon songe appliquer ces modifications ;
la conduite des projets importants o lon va assembler des
lments originaires de fournisseurs diffrents ou de technologie
diffrente, pour constituer lensemble final. La sous-structuration
permet alors :
didentifier la contribution dynamique propre de chaque
lment dans le comportement final,
de ne reprendre quune fraction des notes de calcul ou des
essais si un seul lment vient tre modifi,

R 3 140 32

Figure 33 Application de la mthode de sous-structuration


et synthse dynamique un projet de plate-forme ptrolire offshore

de coupler des donnes exprimentales acquises sur des sousensembles existants (par exemple, des machines dj construites
ou des lments similaires des ralisations antrieures) avec le
rsultat de calculs (le plus souvent en lments finis) sur dautres
lments encore en projet.
Ces mthodes sont ainsi appliques depuis des annes avec
succs pour loptimisation de prototypes de vhicules automobiles,
ou pour concevoir ou modifier des plates-formes de forage offshore
(figure 33) [35].

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3. Matrise des vibrations


et des bruits induits.
Exemples de cas industriels
3.1 Actions correctives
ce stade, les mesures et leur interprtation ont permis didentifier
les mcanismes vibratoires lorigine de la gne. Suivant le cas, cette
constatation est faite lors des premiers essais dun prototype ou sur
une installation dj ancienne prsentant des problmes de
vieillissement.
Ces vibrations sont inacceptables court ou long terme, quelle
quen soit la raison (risques dendommagements irrversibles, nonconformit des produits) : lingnieur doit donc imaginer des
remdes durables, sans pour autant remettre en cause le produit
ou linstallation. Ce paragraphe illustre les solutions ou, dfaut,
les palliatifs les plus efficacement employs dans divers domaines
de lindustrie.
Cela implique successivement deux dmarches :
1. remonter aux causes situes le plus en amont ; une analyse
plus ou moins complexe fera dcouvrir les sources (par exemple,
le balourd dune machine tournante) ;
2. agir surtout sur les causes premires ainsi dtectes (dans cet
exemple, procder lquilibrage dynamique de la machine).
Exemple : les vibrations et bruits dus au roulage et perus lintrieur dun vhicule routier sont fonction de la transmissibilit de la
suspension et de la qualit de linterface pneumatiques/route. Aussi les
constructeurs et quipementiers tudient le spectre de frquence li
la vitesse de roulage, la sculpture des pneumatiques et la rugosit
de la route.
La dmarche 1 ayant abouti localiser la source linterface, la
dmarche 2 revient tudier le mouvement relatif pneumatiques/route,
compte tenu de la raction du vhicule et en fonction des principaux
paramtres (vitesse, trajectoire, pression de gonflage, rle de la
sculpture des pneumatiques) influant sur la gnration des vibrations et
bruits, sur ladhrence et la tenue de route.
Une solution damlioration apporte un tat vibratoire donn
doit tre particularise au cas trait. Les exemples ci-aprs nous
invitent distinguer sept actions distinctes, sans que ce chiffre
constitue une limite ! Dautres exemples nous amneraient peuttre complter la liste suivante, qui a dj une grande gnralit :
rduire une puissance ;
dplacer une frquence dexcitation ;
carter un risque dinstabilit ;
amortir les rsonances et les chocs ;
isoler les structures ;
agir par contrle actif ;
surveiller et analyser au moyen des vibrations.
a) Rduire une puissance
Des dtriorations de dentures ont t constates sur plusieurs
rducteurs de pompes de centrales nuclaires. Une campagne
dessais a t mene lors de dmarrages et darrts. Les couples,
pousses et chocs ont t mesurs pour diverses conditions de
dmarrage. Le remde a t de rduire la puissance transmise, trop
leve (figure 34), en allongeant le temps de dmarrage du moteur
par interposition dune auto-inductance, le nouveau rgime transitoire tant acceptable.
b) Dplacer une frquence dexcitation
Un vhicule, confortable en rgime normal sur route, peut se
rvler bruyant et trpidant lorsque le moteur tourne au ralenti
(900 tr/min) dans les embouteillages. Pourtant la puissance a
considrablement baiss, mais le systme mcanique nest plus le
mme :
seule tourne la partie en amont de lembrayage avec une inertie
et un balourd diffrents ;

Figure 34 Acclration  au dmarrage dun rducteur de pompes


(EDF Saint-Laurent) aprs talement de la puissance sur t = 0,3 s

la raie vibratoire fondamentale est plus basse frquence,


typiquement 15 Hz si le moteur tourne 900 tr/min, au lieu de 70 Hz
pour 4 200 tr/min, excitant alors les premiers modes de la caisse,
plus perceptibles physiologiquement.
c ) carter un risque dinstabilit
Le suivi dinstabilits par calculs sur modles mathmatiques
procure lavantage dtre plus conomique et plus rapide mettre
en uvre que de nouvelles constructions. Ce processus est appliqu
avec succs aux tudes prventives dinstabilits.
Cest le cas des avions, o existe le risque du flottement en vol
par couplage de deux modes avec les forces arodynamiques, et
apparition dun amortissement ngatif. La figure 35 est tablie :
partir dune analyse modale exprimentale de lavion au
sol, sans vent (V = 0), et suspendu en basse frquence (1 2 Hz)
pour assurer un bon dcouplage avec les premires frquences
propres de lavion ( cet essai de lavion au sol peut tre substitu
un calcul par lments finis si lon dispose des moyens informatiques ncessaires) ;
partir dun calcul de la vitesse critique Vc rsultant de coefficients thoriques des forces arodynamiques instationnaires
(Kussner) aux frquences de lavion ; la mthode des tranches
indpendantes bidimensionnelles en fluide incompressible est
applique Vvariable .
carter un risque dinstabilit, cest--dire repousser la vitesse
critique, conduit, par exemple pour une gouverne, la surquilibrer en alourdissant son bord dattaque.
Un son, dtect vers 140 150 Hz, est mis par un dtachement
tourbillonnaire rgulier au point P (figure 36). Il sagit dun mcanisme aro-acoustique qui est lorigine des bruits oliens des
cbles de lignes lectriques. Des tudes exprimentales dEDF en
soufflerie anchoque compltent une modlisation numrique du
rayonnement sonore.
Le remde supprimant 5 dB du bruit (dplaant P en C) consiste
enrouler en hlice sur le cble ( 16 mm) un cordon ( 5 mm)
au pas de 100 mm.
d ) Amortir les rsonances et les chocs
La littrature est riche dans ce domaine. La notion damortissement, difficilement modlisable, est encore souvent issue dune
dmarche semi-empirique. Amortir des chocs et des vibrations, par
voie passive, en particulier les rsonances, transforme la puissance
mcanique, qui est dissipe intgralement en chaleur. Llvation de
temprature qui en rsulte risque dinfluer sur le point de fonctionnement et la rponse de lamortisseur, dans la majorit des cas
rencontrs.

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et de frquence. Il existe sur le march des feuilles sandwiches


base de tles mtalliques, utilisables pour la construction de capots
de machines, de trmies soumises des chocs, etc. (figure 37b ).
Amortissement lectrodynamique : le principe est de driver
une partie de lnergie vibratoire sous forme lectrique. On distingue les amortissements de type passif et de type actif, qui lun et
lautre conduisent des solutions plus coteuses que les deux
prcdentes :
lamortissement passif met en jeu les courants de Foucault
dvelopps par un conducteur en mouvement dans un champ
magntique permanent (figure 37c ) ;
lamortissement actif comprend lamortisseur passif et un
amplificateur de puissance ; le rsultat est un amortissement
visqueux pur, indpendant de la frquence ;
lamortissement pizolectrique agit de faon similaire. On
couvre tout ou partie de la structure par un revtement pizolectrique connect un circuit dissipatif. On ralise alors un
dispositif amortisseur actif ou passif, efficace mme trs basse
frquence [37].

Figure 35 Essai de vibration au sol et prvention du flottement


en vol (origine : ONERA)

e) Isoler les structures


Larticle Isolation antivibratoire et antichocs [B 5 140] du trait
Gnie mcanique dveloppe prcisment ce point.
Rappelons que le dcouplage correspond linsertion dun
lment souple qui empche les vibrations de se propager plus loin
et les confine ct source (rupture dimpdance). Ce concept a un
sens trs large et certains exemples prcdents, tels que b ) ou c ),
pourraient tre classs ici.
Nous nous limiterons lexemple du dcouplage classique obtenu
par insertion dune raideur faible. Le rsultat optimal est obtenu en
se plaant au point dinflexion I de la caractristique force F -allongement a de la figure 38 dans le cas de matriaux non linaires
comme le caoutchouc. Des ressorts mtalliques, utiliss dans le
domaine linaire, peuvent conduire des frquences de suspension
de 1 ou 2 Hz, ou mme plus basses avec une suspension pneumatique.
f ) Agir par contrles actifs
De telles solutions ont t dveloppes dans des domaines
varis, mme si les applications industrielles sont encore rares
(principalement faute de technologies suffisamment rustiques pour
les capteurs et actionneurs).

Figure 36 Exemple de dcouplage acoustique par dsorganisation


dun dtachement tourbillonnaire aro-acoustique
(pic P supprim en C)

Nous limiterons cette prsentation des ralisations fondes sur


trois principes diffrents (figure 37 ) : les amortissements par
frottement sec, viscolastique, lectrodynamique.
Les termes damortissement ou C sont accompagns de termes
de raideur non linaires F / x ou K , tous plus ou moins fonction
de la frquence et/ou de la temprature.
Frottement sec : il est rserver aux cas de vibrations damplitude importante ; bien matris, il est mis en uvre pour limiter le
dbattement des cuves de lave-linge, et utilis dans les amortisseurs cble mtallique pour assurer la protection dquipements
embarqus (exemple : figure 37a ). En de du seuil de glissement,
il est inoprant ; les vibrations sont alors entirement transmises.
Amortissement viscolastique : pour amortir des structures
forte rigidit, les meilleurs rsultats sont obtenus par des revtements viscolastiques contraints travaillant en cisaillement. Leur
mise en uvre doit tre prcde par une slection rigoureuse des
matriaux et une modlisation des cas prcis dapplication : il ny a
pas de matriau amortissant universel et les lastomres ne
sont trs amortissants que dans des plages troites de temprature

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Exemples
Stabilisation de navires en roulis au moyen de systmes actifs
antiroulis. Un couple antagoniste est cr par le dplacement de
masses command partir de la dtection de langle de roulis et de
ses drives et .
Roulement davions sur terrains ingaux par dtection
avance , de 0,5 m par exemple, laide dun rayon laser mis bord
et rflchi sur lobstacle ; puis action de contrle agissant linstant
convenable sur le vrin du train datterrissage. Le mme rsultat peut
tre atteint par dtection et action concomitantes sur le servovalve du
vrin, condition que le temps de rponse des commandes soit beaucoup plus court que dans la solution prcdente agissant par signal
prcurseur en boucle ouverte.
Paliers et amortisseurs magntiques. Ces dispositifs, sans lubrifiant ni frottement, sont applicables dans de trs larges plages de
temprature et de pression (article Paliers magntiques [B 5 345] dans
le trait Gnie mcanique). EDF a vrifi sur un palier magntique dune
capacit de portage de 40 000 N (ralisation S2M) une bonne
concordance de la raideur mesure et calcule pour diffrents gains de
la boucle dasservissement des lectroaimants. Ce palier actif, fonctionnellement porteur, peut aussi tre utilis en amortisseur magntique sil
est insr sur une ligne darbre dj supporte. Les vitesses critiques
peuvent alors tre franchies sans inconvnient. Un banc dessai existe
EDF pour en dmontrer la faisabilit jusqu une force centrifuge de
balourd de 105 N. De tels paliers sont galement envisags pour rendre
indtectable le balourd de la machinerie de sous-marins.

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Figure 38 Suspension souple (1 2 Hz) par cble lastique

g) Surveiller et analyser au moyen des vibrations


Les vibrations des structures sont, dans de nombreux cas, significatives de ltat de celles-ci ; les rponses vibratoires, convenablement analyses, sont riches denseignement. Le suivi structural
peut sexercer en considrant deux natures distinctes de signaux :
les signaux vibratoires internes mis lors du fonctionnement
structural normal et appels signaux vibratoires naturels ou plus
simplement vibrations naturelles ;
les signaux des rponses vibratoires dues seulement des
vibrations forces extrieures, appeles vibrations artificielles .
Dans le cas le plus banal (vibrations naturelles dune machine
tournante courante), un acclromtre associ un quipement de
collecte et de surveillance suffit dans la plupart des cas rencontrs,
dont un exemple est donn ci-aprs.
Au contraire, dans le cas des vibrations artificielles, lentre est
impose, connue et dfinissable. Le traitement, plus complexe, est
celui de lacquisition des fonctions de transfert structurales et
demande des moyens plus importants dpassant le stade de la
surveillance pour atteindre celui de lanalyse. Deux exemples sont
donns ci-aprs.
quipement de surveillance de vibrations naturelles : la dtection danomalies de fonctionnement dun parc de machines ou
dune machine isole peut tre assure par des installations fixes ou
des appareils portables qui ralisent commodment, dans les cas
courants, lensemble des fonctions requises : collecte, analyse et
traitement de donnes issues de capteurs vibratoires, gres par
des logiciels appropris [Movilog et Moviscope de Framatome
Diagnostic].
De tels moyens permettent des auscultations varies (transformes de Fourier rapides, statistiques de tendance, moyennes
quadratiques, facteurs de crte, etc.) opres sur des signaux de
capteurs fixes ou sur ceux du capteur mobile du rondier.
Vibrations forces : contrle de ltat de fatigue dune
structure : la figure 39a schmatise le cas dune structure en essai
sous sollicitation mcanique (ici prouvette en fatigue, quipe dun
acclromtre).
Pour tablir lvolution mcanique de lchantillon, il importe de
mesurer intervalles rguliers une grandeur qui puisse caractriser ltat de fatigue traduisant globalement, par exemple, des fissures ou des dislocations imperceptibles. Cette grandeur est ici la
frquence propre f 0 significative de ltat mcanique structural.
Des tests, oprs sous vibrations forces de courte dure, avec
ou sans interruption de la sollicitation de fatigue, peuvent tre, sils
sont bien choisis, significatifs de ltat de fatigue structural
recherch. Cest lobjet de la figure 39b . La structure sollicite en
fatigue par une force extrieure F est assimile un systme
1 degr de libert constantes localises (m, c, k ) rpondant au
modle :
Figure 37 Amortissement : diffrents principes [36].

mx + cx + kx = x

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de la durabilit oprationnelle effective de ces mmes quipements, dans un souci de rendement accru ;
de la satisfaction de la demande de plus en plus imprieuse
de confort vibratoire et acoustique, dans les sites de production,
les moyens de transport, lhabitat.

Figure 39 Contrle de lvolution mcanique dune structure


par voie vibratoire

On tablit une contre-raction de vitesse x , dose par un facteur


rel tel que F = x et c . Cela rend lamortissement quasi nul,
et la structure oscille alors sur son mode propre tel que :
2

( m 0 + k )x

f0 = 0 2

On observe labaissement de cette frquence propre f 0 , d


ltat dendommagement de la structure, qui en est un critre
quantitatif.
Analyse du comportement vibratoire dun barrage : mise en vibrations forces (action EDF) du barrage-vote de Laparan par un
ensemble de forces vibratoires de 50 kN dans la bande de frquences
de 2 50 Hz. Le but de cet essai est de suivre le comportement dynamique du barrage par sensibilit modale, qui peut traduire un dfaut.
Un tel dfaut peut tre localis laide dun modle 3D de la vote
et de la retenue, ralis cette fin.
Les vibrations artificielles (ou forces) sont donc susceptibles de
faire ressortir de manire sensible et de traduire quantitativement
des modifications structurales. La principale difficult est de pouvoir
discriminer des modifications tnues, mais suffisamment prcoces
relativement une ruine majeure de louvrage, pour que cette
approche soit intressante et sre : de ce fait, son application industrielle reste limite.

3.2 Diffusion des techniques danalyse


Les principaux concepts de lanalyse vibratoire sont formuls
depuis plusieurs gnrations. Mais la matrise des aspects vibratoires ne connat son dveloppement actuel que grce la diffusion
concomitante :
de logiciels danalyse par lments finis enfin bon march et
ne demandant plus une spcialisation particulire pour leur mise
en uvre ;
danalyseurs de signaux dynamiques par transforme de
Fourier rapide (FFT Fast Fourier Transform), galement de plus en
plus conomiques et simples demploi.
Lavnement dune rvolution technologique similaire dans le
domaine des capteurs (qui, jusqu prsent, navaient que peu
volu), grce aux technologies du silicium en couche mince dj
voques (figure 17), va probablement contribuer acclrer encore
ce mouvement de diffusion.
Les enjeux sont considrables, puisque cette matrise des aspects
vibratoires et acoustiques est la fois la clef :
de lallgement des structures et des machines, visant lconomie des matires premires et de lnergie ;

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Comme dautres volutions technologiques, la matrise des vibrations est dabord passe par la demande des constructeurs
aronautiques et dengins spatiaux, et lenjeu des systmes darmes
les plus volus, tels les sous-marins des forces stratgiques. Ce sont
ces secteurs qui ont motiv et soutenu financirement le dveloppement de la plupart des outils et mthodes tels que ceux dvelopps
au paragraphe 2 et continuent dinciter des dveloppements
nouveaux et complmentaires. Le relais a t ensuite pris par des
industries fortement innovatrices et soucieuses de la performance
de leurs produits et de leurs cots, comme lindustrie automobile
et ses rseaux dquipementiers. Les exemples ci-aprs ( 3.3, 3.4
et 3.5) visent dmontrer que le stade de diffusion tout le tissu
industriel est maintenant atteint.
Cette perspective optimiste ne doit pas pour autant se traduire
par un excs de navet qui ferait rduire cet objectif de matrise
des vibrations des structures lacquisition de quelques logiciels et
dun analyseur de frquences. Quelques vrits fondamentales
doivent tre rappeles :
il faut apporter autant de soin prvoir les excitations dynamiques engendres au sein dune structure qu contrler les modes
propres de cette dernire ; or beaucoup de phnomnes dynamiques
inhrents au fonctionnement des machines restent peu lucids et
appelleraient des travaux danalyse de la part de mcaniciens au sens
strict du terme ;
les conditions aux limites et les assemblages, dont une part
notable des amortissements est issue, ont un poids considrable
dans la qualit et la vracit des calculs dynamiques de structure,
et l encore la connaissance rationnelle est lacunaire ; quimportent
alors la prcision de calcul des algorithmes et la qualit graphique
des dformes animes !
le coefficient damortissement que lon dfinit pour une structure mode par mode dpend physiquement de phnomnes aussi
varis que les rarrangements microgranulaires lchelle microscopique, le rayonnement acoustique, les jeux mcaniques, la
viscolasticit, le fluage, etc. ; on devra donc garder une certaine
prudence avant den supputer la valeur ou de conclure quun apport
de matriau viscolastique est luniverselle panace face une
vibration ou un bruit excessif !
La matrise des vibrations restera donc encore durablement un art
de lingnieur, avec tout le sens du diagnostic, lintuition raisonne
et lexprience que cela comporte, au-del des facilits numriques
qui nen sont quun instrument. De l limportance des publications
dtudes de cas, des colloques et toutes autres formes de diffusion,
qui, dans le domaine exprimental, restent trop peu nombreux,
probablement du fait de la rticence des industriels concerns autoriser de telles publications, malgr les prcautions prises pour
respecter les exigences lgitimes de confidentialit.
Les exemples que nous avons retenus ont avant tout pour objet
dclairer les diverses stratgies de contrle des vibrations que notre
activit de consultant nous amne mettre en uvre, sans souci
dentrer ici dans tous les dtails techniques de ces applications.

3.3 Premire tude de cas : suppression


des vibrations indsirables lors de la
mise au point dune machine de srie
Ce premier exemple illustre une dmarche typique pour faire face
lapparition tardive de problmes de nature vibratoire dans le
processus de dveloppement dun produit.

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Il sagissait doutillages pneumatiques de type ponceuse orbitale,


destins des usages professionnels, mais produits malgr tout en
assez grande srie.
Alors que les prototypes avaient prsent un comportement vibratoire tout fait normal pour ce type de matriel, il est apparu
rapidement, lors de la production de srie, que plus de la moiti de
loutillage savrait inutilisable en raison de vibrations excessives.
Cest alors que nous avons t appels intervenir, avec le degr
durgence que lon imagine.
Le premier test a t de contrler la qualit de lquilibrage de
la partie tournante. Il est apparu quun gain significatif pouvait tre
obtenu en remplaant lquilibrage statique antrieur par un
quilibrage dynamique en deux plans (figure 40) (ces mthodes
dquilibrage des rotors sont prcises dans le trait Gnie mcanique). Toutefois, les vibrations restaient leves et nombre de
machines dpassaient encore la norme actuellement fixe 3 g .
Cest pourquoi nous avons dcid de rechercher si des phnomnes de rsonance mcanique ntaient pas impliqus. Une
analyse modale sommaire, partir dexcitations par chocs, a t
conduite dans la bande 0 500 Hz. Il est apparu que le plateau de
la ponceuse prsentait un mode dit de basculement 112 Hz, qui
semblait effectivement se coupler malencontreusement un
harmonique de la frquence de rotation (le mouvement cinmatique
orbital induit en effet des raies harmoniques nombreuses et
intenses). Toutefois, cette seule observation, si elle expliquait le
caractre lev des niveaux vibratoires, nexpliquait pas pourquoi
telle ponceuse tait bonne et telle autre inutilisable.
Un examen plus attentif de ces essais modaux a rvl des
comportements largement non linaires et peu rptitifs de ces
machines. partir de cette observation, on a pu mettre en vidence
un jeu important entre laxe de la turbine (llment moteur) et le
corps de la machine, qui ne se rvle que lorsque la mcanique est
chaude, aprs un certain temps de fonctionnement.
Une nouvelle analyse en fonctionnement a permis de confirmer
le rle fondamental de ce jeu dans le phnomne vibratoire gnant.
Le dlai dapparition de ce dernier est probablement li la fois
des dilatations diffrentielles des pices en regard et la rduction
de lamortissement visqueux du film dhuile, lorsque la temprature
de la machine slve et se stabilise en fonctionnement. Le couplage
vibratoire entre le fouettement de larbre et le mode propre du
plateau apparat alors, et les vibrations deviennent intenses.
Ds lors, la solution de ce problme devenait vidente : il a suffi
de modifier la procdure de montage de ces paliers et le couple de
serrage pour rduire la valeur du jeu et les tolrances de fabrication
correspondantes. En quelques jours, ces modifications mineures du
processus de fabrication et de montage ont permis de reprendre
normalement la commercialisation de la totalit de la production.
Remarque : llargissement des tolrances constructives lors
du passage du stade prototype la production de srie nest
quun des nombreux paramtres lis au choix des technologies
de construction des objets mcaniques. Le bureau des mthodes
vrifie en gnral avec le bureau dtudes que ces choix ne jouent
ni sur la rsistance mcanique des pices, ni sur les performances fonctionnelles (rendement, tanchit, etc.). Mais les
vibrations et le bruit des objets fabriqus peuvent dpendre
aussi, indirectement, de ces choix de technologie de production,
comme cet exemple le montre ; et ce caractre indirect rend en
gnral un tel risque imprvisible, en dpit des consquences
financires considrables tant directement quen termes dimage
du produit nouveau : en effet, quelque soin quon apporte analyser le bon fonctionnement des prototypes, on ne peut dceler
avant lheure ces alas de la monte de la production aux grandes
sries...
Du moins cette exprience peut-elle inciter ragir plus rapidement dans des circonstances similaires.

Figure 40 tude des niveaux vibratoires de ponceuses

3.4 Deuxime tude de cas : remde


la dgradation structurale cause
par les vibrations dune installation
industrielle
Aprs quelques annes dexploitation, la plupart des six units
darorfrigrants dune importante unit industrielle (figure 41)
prsentaient des tats de fissuration jugs alarmants par lexploitant
et ncessitaient, par ailleurs, des cots dentretien anormalement
levs pour parvenir tant bien que mal satisfaire aux exigences
de fiabilit et de disponibilit requises par les units de transformation chimique qui en dpendaient. Nous avons donc t
appels procder une expertise approfondie.
Des mesures en fonctionnement ont dabord permis de mettre en
vidence un groupe de raies frquentielles fortement mergentes
entre 23 et 26 Hz, ainsi quentre 5 et 8 Hz (figure 42). Lanalyse de
la cinmatique du systme moteur-rducteur-ventilateur met en relation ces vibrations avec les excitations provoques par, dune part,
le fondamental de rotation h1 du moteur et lharmonique H12 du
ventilateur, de frquence trs voisine, dautre part les harmoniques
H3 et H4 du ventilateur. Sagissant dun ventilateur 3 pales tournant
devant quatre obstacles fixes (les deux poutres en croix qui tiennent
son axe) (figure 40), lmergence de ces raies H3, H4 et H12 navait
rien de surprenant. Mais cela nexpliquait pas leur niveau si lev
pour du matriel de cette qualit mcanique et arodynamique.
Nous avons alors procd une analyse vibratoire synchrone,
cest--dire que les mesures en divers points sont rfrences en
phase (par lemploi dun tachymtre) la position angulaire des
mobiles correspondants. Il est ainsi possible de tracer les mouvements et les dformations de la structure spcifiquement provoqus
par ces raies harmoniques, et mme de les animer sur lcran de
lanalyseur.

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Figure 43 Dforme modale des poutres 23 Hz

Figure 41 Schma dune unit darorfrigrants

Figure 42 Spectre dacclration en fonctionnement

Ce procd a permis de mettre en vidence en particulier, dans


le plan horizontal, une flexion importante des poutres en croix,
associe une rotation du nud central tout fait synchronise
la raie H12 du ventilateur 23,5 Hz (figure 43), ainsi que diverses
dformations de la chemine de larorfrigrant et de la dalle
suprieure.
Pour expliquer ce fort couplage, nous avons alors procd une
analyse modale partir dune excitation par chocs de la structure,
moteur et ventilateur arrts. Parmi les modes dj nombreux qui
ont t rvls, trois dentre eux prsentaient des frquences propres
et des dformes voisines de celles observes en fonctionnement :
deux modes en festons de la chemine associs des flexions
de la dalle, respectivement 5,6 et 7,9 Hz (figure 44) ;
un mode de flexion des poutres dans le plan horizontal, associ
la rotation daxe vertical de la plate-forme moteur, 23 Hz.
Le diagnostic tait alors clair : le choix dun rapport de rduction
voisin de 12, qui rapproche h1 moteur et H12 ventilateur, alors mme
quH12 est la raie ventilateur prpondrante (3 pales 4 lments
fixes dans la veine araulique) est en soi dj malencontreux ; cette

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Figure 44 Dformes modales mesures de la dalle


et de la chemine

proximit est rendue catastrophique par la quasi-concidence avec


des rsonances structurales majeures des lments qui leur sont
directement coupls.
Ltat de fissuration du btiment et les cots de maintenance des
parties mcaniques taient tels quune solution rapide et dfinitive
devait tre apporte. Limportance de lenjeu (conomique et
fonctionnel) de cette installation ne permettait de plus aucun
ttonnement.
Cest pourquoi nous avons tay par des calculs en lments finis
la dfinition dune solution pour en garantir lefficacit. Un modle
assez simple a permis de retrouver les formes propres observes
(figure 45, en relation avec les figures 44a et b ). Les carts sur les
frquences, dus aux approximations sur les conditions aux limites
et aux dtails structuraux ngligs, ne dpassent pas 10 % et ont
dispens de procder un recalage du modle.

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Nous avons ensuite simul diverses modifications structurales et


retenu avec notre client un raidissement par huit bracons (figure 46).
Cette solution est la seule garantir un glissement suffisamment
important des frquences propres de la structure vis--vis des raies
excitatrices. Des modifications sur la partie mcanique de linstallation (modification du rapport de rduction) ntaient, par contre,
pas envisageables, mais, en principe, elles auraient pu permettre de
rduire tout autant les vibrations de linstallation. Le rsultat final
mesur sur linstallation modifie est prsent sur la figure 47 ; il
se passe de tout commentaire.

Figure 45 Dformes modales calcules


(modle de calcul en lments finis)

3.5 Troisime tude de cas : amlioration


dun dcouplage antivibratile
Ce troisime rfrer exemple est emprunt au domaine ferroviaire.
Nous avons t appels par la RATP pour remdier des ruptures
frquentes affectant les supports des capteurs magntiques de
signalisation implants en porte--faux sur les bogies de matriels
roulants ; il est noter que cette rupture intervenait malgr leffet
filtrant attendu des dcouplages mcaniques (anneaux dlastomre) interposs entre le corps du bogie et la poutre porte-capteurs
(figure 48).
Il convenait dabord de caractriser lambiance vibratoire prsente
sur le corps de bogie dans les conditions normales dopration. Le
spectre de ces vibrations est apparu beaucoup plus timbr que lon
ne laurait attendu, en raison probablement dune rponse modale
du corps de bogie aux chocs de roulement (figure 49).
Paralllement, on a procd lanalyse dynamique des poutres
porte-capteurs en conditions libres (puisquelles sont dcouples
mcaniquement).
Compte tenu de ces deux donnes, il est apparu ncessaire de
modifier les lments de dcouplage proprement dits, qui dterminent le transfert effectif entre les vibrations des bogies et les
poutres. On a prconis une nouvelle suspension et vrifi par un
calcul de synthse que la rponse vibratoire de la poudre serait, cette
fois, trs en de de ses limites de rsistance en fatigue.
Les essais finals lont confirm. Il est intressant de signaler que
lon sest servi du modle par lments finis pour dduire, des acclrations mesures, les niveaux de contraintes mcaniques dans les
lments trop difficiles instrumenter en jauges de contraintes
(figure 50).

Figure 46 Solution de renforcement retenue (par huit bracons)


Figure 48 Emplacement du capteur sur le bogie

Figure 47 Comparaison des niveaux vibratoires


en fonctionnement avant et aprs mise en place
des bracons (pour I se rfrer la figure 42)

Figure 49 Mesures dacclration sur le bogie en roulage normal,


au droit du support de poutre, poutre enleve

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Figure 50 Redimensionnement des colliers porte-capteurs. Calcul des contraintes dynamiques

4. Conclusion
Les vibrations, les chocs et les bruits rencontrs sur les structures
industrielles ont des consquences internes et externes dans des
domaines varis. Il est donc ncessaire de les prendre en considration :
en thorie, partir du projet de structure ;
en pratique, durant tout lintervalle dexploitation de la structure, depuis la mise en uvre jusqu la mise en rforme.
En simplifiant, trois actions principales marquent les tapes
franchir :
concevoir la structure ; au niveau du projet, dterminer par
calcul les zones sensibles et limportance des vibrations significatives ; cest ltape prdictive ;

R 3 140 40

essayer la structure en vibration ; comparer les rsultats


dessais ceux du calcul ; interprter les carts en reprenant, si
besoin est, les hypothses de travail pour assurer laccord
essai/calcul ; apporter les modifications qui simposent : cest ltape
corrective et de mise au point ;
contrler par les vibrations produites ou provoques la rponse
de la structure tout au long de sa vie, la signature de sa rponse ;
cest ltape de la surveillance vibratoire.
Au-del, faisant profit de lexprience de ces trois tapes, il est
possible dimaginer une nouvelle disposition structurale plus
performante que la prcdente, cest ltape prospective qui valorise
les rsultats de calculs et dessais obtenus et permet un progrs
technologique continu.

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Techniques de lIngnieur, trait Mesures et Contrle

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Vibrations des structures


industrielles

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par

Jean-Franois BOISSEAU
Docteur-Ingnieur
Ancien Chef de Groupe de Recherches lOffice National dtudes
et de Recherches Arospatiales (ONERA)
Expert prs la Cour dAppel de Paris

et

Bernard GARNIER
Ingnieur civil de lcole Nationale des Ponts et Chausses
Directeur Commercial la socit METRAVIB RDS

Rfrences bibliographiques
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STRUCOME 88 Congrs international, Paris,
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VIBRATIONS DES STRUCTURES INDUSTRIELLES

_____________________________________________________________________________________________

Normalisation
Normes franaises
Association franaise de normalisation AFNOR

mthodes dessais applicables aux composants lectroniques ;


mthodes dessais applicables aux composants et matriels lectriques.

Recueil :

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Chocs et vibrations mcaniques. Recueil de normes franaises, tomes 1


et 2, troisime dition 1987.
Ce recueil regroupe lensemble de 46 normes nationales portant sur les
sujets suivants :
tome 1 : Vocabulaire, instrumentation et mesure, exposition des individus :
vocabulaire (index alphabtique, franais-anglais) ;
isolation mcanique ;
quilibrage ;
instrumentation de mesurage ;
mesure des vibrations ;
valuation de lexposition des individus aux vibrations ;
tome 2 : Moyens dessais, mthodes dessais applicables aux matriels et
composants lectriques :
machines pour essais ;
guides pour essais ;
mthodes dessais applicables aux matriels lectriques ;

De plus, de nombreux travaux sont actuellement en cours sur :


linstrumentation de mesurage (dans les btiments et pour ltalonnage
des acclromtres) ;
lextension des codes dessais particuliers de machines portatives
vibrantes ;
lvaluation de lexposition des individus aux vibrations ;
la standardisation de la caractrisation des plots lastiques destins
filtrer les vibrations ;
la mesure de la puissance vibratoire quune petite machine peut transmettre son environnement, par la mthode de la plaque rverbrante .

Norme du ministre de la Dfense


Norme interarmes GAM.EG 13. Personnalisation des essais en environnement. Symposium (7-8 juin 1989). ASTE, Paris.

Normes internationales
Organisation internationale de normalisation ISO
ISO 7526/1

1986

Vibrations et chocs. Dtermination exprimentale de la


mobilit mcanique.
Partie 1 : Dfinitions fondamentales et transducteurs.

Fabricants et distributeurs de matriels et de logiciels


Gnrateurs de vibrations, bancs de test, pilotage

Capteurs, excitateurs, quipement danalyse

(0)

Capteurs

lectrodynamiques Hydrauliques

(0)

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Dplacement Vitesse Acclration


BETA (Bureau dtude
et de Technologie Applique)
Brel et Kjaer France SA......
Mcaptlec
(matriel Columbia) .............
CSI (Capteurs Systmes
Instrumentations) ................
Druck Sarl .............................
Endevco France ....................
Entran Sarl ............................
FGP Instrumentation ...........
Fogale-Nanotech Sarl ..........
Framatome Diagnostic ........
International Service............
JPB.........................................
Kaman Instrumentation
(distribu par Le Groupe
Scientifique)..........................
Lennartz Electronic GmbH
(distribu par Vibrations
Mesures) ...............................
MCB (ts) ..............................
Mtravib RDS .......................
Optilas Sarl ...........................
PCB (distribu par PEP Techdis SA)...........................
Phytrans ................................
PM Instrumentation
(Schaevitz) ............................
Prodra (St).........................
Schenck SA. Division HBM
Mesures.................................
Sensorex SA .........................
Sextant Avionique ...............
Vectavib SA ..........................
Vibro Meter (St) .................

Doc. R 3 140 2

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Force
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x

Brel et Kjaer France SA......................................

G & Watson (distributeur : Systmes Indust.)...

Latcore (St Industrielle dAviation) ..............

....................

Ling (distributeur : Systmes Industries)...........

Mtravib RDS .......................................................

.....................
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Prodra (St).........................................................

Sereme ..................................................................

....................

Servotest...............................................................

....................

Intespace Ingnierie Tests en Environnement


Spatial ...................................................................

Sopemea (St pour le Perfectionnement des


Matriels et quipements Arospatiaux) ..........

Analyseurs de signaux, acquisition, traitement

x
...........

TESTS FAON SUR GROS MOYENS DESSAIS

x
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x
.....................
x

Bertin et Cie (St).................................................

Acutronic France SA.


Brel et Kjaer France SA.
CCRC (Conseil Commercialisation Regroupement Comptences).
Corriaz Mesures Sarl.
Elexo (St).
Endevco France.
Euro Physical Acoustics (St).
Genrad (St).
Gould lectronique SA.
Hewlett-Packard France.
Lecroy (Research Systems) Sarl.
LMS St (Leuven Measurements and Systems France).
Masscomp distributeur : Concurrent Computer France.
MEIRI (Mesure lectronique Informatique Rgulation Industrielle).
Nicolet Instrument Sarl.
Philips Industriel et Commercial (St) Division Science et Industrie.
Racal-Dana (Dpartement Marine).
Schlumberger Technologies.
Scientific Atlanta.
SM2I (St de Mesure Industrielle Informatise).

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_____________________________________________________________________________________________ VIBRATIONS DES STRUCTURES INDUSTRIELLES

TAD (Traitements Analogiques et Digitaux).


Techniphone SA.
Tekelec Airtronic SA.
Vishay Micromesures.

Location de moyens
Leasamtric (St).
Locadif SA.
Locamesure.
TAD (Traitements Analogiques et Digitaux).
Technomesure.

Logiciels danalyse modale


Acutronic France SA.
Brel et Kjaer France SA.
Hewlett-Packard France.
LMS St (Leuven Measurements and Systems France).
Mtravib SA.
Scientific Atlanta.
Laboratoire de Mcanique Applique LMA. Universit de Besanon.

Surveillance vibratoire des machines


Bentley-Nevada
Campagna et Varenne S.A.
Framatome Diagnostic.
Mtravib RDS.
MVI Technicatome
Vibro Meter (St).

Supports antivibratiles
Fabricants
Activ Sarl (Agence de Contrle et de Traitement industriel des Vibrations).
Bayoux (ts).
Cfina Industrie.
CF2I.
Domange Jarret.
Effbe France.
Gamma (St).
Gerb SA.
Hutchinson SA.
Ikas France (St).
James Walker France.
Klber Industrie.
Linatex France SA (Anti Abrasion).
Lisega. SA.
Mtraflex.
Mupro France.
Pincet et J. Baratte.
Roseaux du Languedoc et de Provence (St des).
Serac (St).
SIRA (St Industrielle de Ralisations Acoustiques).
Someca.
Syntexill Industrie SA.
Teknomatic.
Vibrachoc SA.
Wattelez Gabriel Usines SA.
Distributeurs

Plaques antivibratiles
Fabricants

Bayoux (ts).
Cfina Industrie.
Comprifalt France.
Couvraneuf SA.

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Distributeurs

Angst et Pfister SA.


Clamagirand (ts).
Dcibel France Sarl.
Freudenberg SA.
Stenflex (St).
Vulcain (SA Le).

Amortisseurs de vibrations et de chocs

quipements et dispositifs antivibratoires

Angst et Pfister SA.


Dcibel France Sarl.
Freudenberg SA.
Stenflex (St).

Effbe France.
Enac (St).
Fadier Automation.
Illbruck France SA.
James Walker France.
Klber Industrie.
Ligisol. Ligibois.
Linatex France SA. (Anti Abrasion).
Marmonier (St).
Mtraflex.
Mupro France.
Optac (St).
Roseaux du Languedoc et de Provence (St des).
Serac (St).
Someca.
Syntexill Industrie SA.
3m France.
Vibrachoc SA.
Wattelez Gabriel Usines SA.

Fabricants
Acaplast (St).
Acla France Polyurthane.
Apex.
Bayoux (ts).
BDF Tesa (St Beiersdorff France).
Cfina Industrie.
Domange Jarret.
Dynatest Sarl.
Effbe France.
Gamma (St).
Gerb SA.
Ikas France (St).
IPSO (Isolation et Protection du Sud-Ouest).
Klber Industrie.
Lnisol (St).
Lifta Sud (St).
Linatex France SA. (Anti Abrasion).
Marmonier (St).
Martin Merkel France (St).
Mtraflex.
Mupro France.
NSI (Nouveaux Sols Industriels).
Sandow Technic.
SIRA (St Industrielle de Ralisations Acoustiques).
SNPE (St Nationale des Poudres et Explosifs).
Socitec SA.
Socitec international.
Sonairtec (St).
Teknomatic.
Teroson SA.
Vibrachoc SA.
Wattelez Gabriel Usines SA.
Distributeurs

Angst et Pfister SA.


CEF (Comptoir Europen des Fabriques).
Clamagirand (ts).
Doga (St).
France Air.
Freudenberg SA.
Stenflex (St).

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est strictement interdite. Techniques de lIngnieur, trait Mesures et Contrle

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