Thèse de Nicolas Ténèze Sur La Stratégie D'israël
Thèse de Nicolas Ténèze Sur La Stratégie D'israël
Thèse de Nicolas Ténèze Sur La Stratégie D'israël
Thse
En vue de lobtention du
Jury :
Jean-Paul JOUBERT, professeur des Universits Lyon III
Jean-Pierre MARICHY, professeur mrite lIEP lUniversit de Toulouse
Jean-Franois SOULET, professeur lUniversit Toulouse II le Mirail
-------------------------------------------------------------------------------------------------------Sciences juridique et politiques
Groupe de Recherche sur la Scurit et la Gouvernance, rue des Puits Creuss, 31000 Toulouse.
Directeur de Thse : Monsieur Michel-Louis MARTIN
1
Avertissements:
Les noms propres sont orthographis dans la mesure du possible leuropenne.
SOMMAIRE
REMERCIEMENT
TABLE DES ACRONYMES
INTRODUCTION
CHAPITRE I : LES DOCTRINES DE LA DISSUASION ISRALIENNES ET LEURS APPLICATIONS
I Protger face lavenir toujours incertain
II La dissuasion isralienne: Guerre impossible, paix improbable
CHAPITRE II : LA DOCTRINE BEN-GOURION: LARME DE LOPACITE
I volution dune stratgie originale
II Rflexions sur la pertinence de lopacit
CHAPITRE III : LA DOCTRINE BEGIN OU LA CONTRE-DISSUASION
I Dfinition dune stratgie atypique
II LIrak : une doctrine Begin polyvalente
III Lexemple syrien et lopration Orchar
IV Les assassinats larme biochimique, mythes et ralits
V Une doctrine Begin en question en Iran, vers un wilsonisme bott
CHAPITRE V : DISSUASION ET ESPIONNAGE
I Vanunu quand Icare se brle latome de Dimona
II Laffaire Marcus Klingberg : brouillard chimique Ness-Ziona
III Jonathan Pollard : histoire dun contentieux isralo-amricain
CONCLUSION GENERALE
Bibliographie
Annexes
Tables des matires
4
REMERCIEMENTS
Je souhaite remercier tout dabord monsieur Michel-Louis MARTIN pour mavoir
accueilli au sein de son laboratoire afin de dvelopper la prsente thse ainsi que de sa
comprhension sur les problmes rencontrs.
Ce travail naurait pas pu voir le jour sans lencadrement du master II de monsieur
Jean-Franois SOULET, professeur lUniversit de Toulouse II le Mirail, qui a constitu
le tremplin pour ltude de ce sujet si particulier.
La recherche naurait pas t possible sans le CROUS dont laide financire a t
dterminante.
Je remercie monsieur Henri ROUSSILLON, prsident de lUniversit des
Sciences Sociales, pour son coute et son aide.
MD : Missile Defense
Mt : Mgatonne
MENFZ: Zone exempte dADM au
Moyen-Orient
Mgw: Mgawatt
MTCR : Rgime de contrle des
technologies propres aux missiles
NIS : Nouveau Shekel Isralien
NLW : non-lethal weapons
NMD : National Missile Defense
NPR Nuclear Posture Review
NSG : Nuclear Suppliers Group.
NYT: New York Times
OIAC: Organisation pour l'interdiction des
armes chimiques
ONU : Organisation des Nations unies
OTAN : Organisation du Trait de
lAtlantique Nord
PESC : Politique trangre et de Scurit
commune
PSI : Proliferation Security Initiative
RCTM : Rgime de contrle de la
technologie relative aux missiles
R&D: Recherche et dveloppement
RSA: Rpublique sud-africaine
SAM : surface-to-air missile
SLBM : Submarine-launched ballistic
missile
SLCM : Sea-launched cruise missile
SR: Service de Renseignement
SORT : Strategic Offensive Reduction
Treaty
SRBM : Short-range ballistic missile
START : Strategic Arms Reductions Treaty
SVR : Sluzhba Vneshneiy Razvedky
TMD : Theatre Missile Defense
TNP : Trait sur la non-prolifration des
armes nuclaires
TO : Territoires Occups
UA : Uranium appauvri
UAV: Unmanned Aerial Vehicle ou drone.
UE : Union Europenne
USA: United States of America
UNSCOM: United Nations Special
Commission
URSS : Union des Rpubliques socialistes
sovitiques
VGE : Valrie Giscard dEstaing
WMD : (Weapons of mass destruction) :
armes de destruction massive
ZEAN ou NWFZ : Zone exempte darmes
nuclaires
6
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Le professeur amricain Joseph Nye dveloppe celui de Soft Power, que l'on pourrait expliquer comme suit, au
risque de trahir ses nuances: c'est la capacit d'un Etat ou d'une organisation influencer le comportement d'un
autre acteur politique, renclant s'excuter conformment aux intrts du ou des premiers. Cette capacit
s'effectue travers des moyens non arms comme par exemple des lois mmorielles. Cette puissance par
cooptation reposent sur des ressources intangibles telles que : la rputation positive d'un tat, ses capacits de
communication, le degr d'ouverture de sa socit, l'exemplarit de son comportement, son rayonnement
scientifique et technologique dans un sens large, et enfin son influence au sein des instances internationales, le
tout lui permettant dimposer ses choix quiconque sans le recours la force arme. NYE, Joseph, Bound to
7
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Lead: The Changing Nature of American Power, New York, Basic Books, 1990, 308 pages.
3
Erhard FRIEDBERG et Michel CROZIER, L'acteur et le systme , Les contraintes de l'action collective, 1972,
Poche, 2000.
4
Samuel HUNTINGTON, The clash of civilisations? , Foreign Affairs, 1993.
5
Jacques ATTALI, Economie de lApocalypse, Fayard, 1995, p. 12.
6
Pour sanctuariser les dtroits d'accs aux mers chaudes face lURSS, l'OTAN installe dans ses bases des
armes nuclaires sous cls amricaines. Certaines sont retires la suite de la crise des missiles de Cuba. Il y en
aurait toujours 90 Incirlik en 2010. Aussi, le pays est de facto une puissance nuclaire militaire mais ne peut
bien entendu les dployer de son propre chef. National Resources Defense Council, fvrier 2005, Nuclear
Weapons in Europe.
8
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
contre le terrorisme et l'instrumentalisation des capacits supposes des Rogues States7. Nous
entrons ici dans le domaine des prjugs relevant du mainstream, de l'approche doxique, ici
l'ide que la prolifration au Moyen-Orient est un phnomne relativement neuf,
potentiellement capable d'affecter l'quilibre de la rgion et de menacer les dmocraties
occidentales8. Ainsi, en octobre 2003, l'AIEA s'aperoit que le programme libyen n'est
qu'embryonnaire, sans atteindre le stade de production. Le 11 janvier 2005, ladministration
Bush suspend ses recherches dADM en Irak, en reconnaissant officiellement quil ny en
avait jamais eu. Les potentialits supposes de Bagdad avaient pourtant lgitim
lintervention de la coalition (plus de 4000 morts dans ces rangs), parce quelles menaaient,
disaient-on, la scurit du Grand Moyen-Orient et de l'Europe. Il s'agissait bien entendu d'un
casus belli officiel, nonobstant les objectifs officieux facilement identifiables. Depuis 2003,
malgr la cacophonie des rapports contradictoires sur le cas iranien, les tensions se sont
cristallises nouveau, aprs que l'Irak ait t dsarm par la force. L'Iran est somm de se
conformer au TNP9 et d'abandonner toutes vellits de dvelopper un programme militaire,
que le trait proscrit, moins de l'avoir mener bien avant 1970. Et dans le fil de ce
continuum parfois plus mdiatique que rel, plusieurs experts prdisent en Cassandre une
confrontation nuclaire entre Isral et l'Iran10.
Alors que les mdias se focalisent sur la prolifration nuclaire sur des tats dit venus
tardivement dans le club trs ferm des tats nuclaires, d'autres prolifrants ne suscitent
pas la mme approche. On lude le sujet ou l'on abuse du conditionnel. Et pourtant, deux
Etats appartenant ce Grand Moyen Orient, possdent des arsenaux nuclaires, linverse,
bien existants : Isral et le Pakistan. Aucun n'a ratifi le TNP. Nanmoins, depuis les essais de
mai 1998, le Pakistan est reconnu officiellement comme possdant la bombe nuclaire, ce qui
7
La menace que faisait peser lEmpire du mal (1982) sur le monde libre est remplace en 1994, par celle
manent de ce quAnthony Lake, conseiller de Clinton, appelait les Backlash States ou Rogue States (Syrie,
lIran, lIrak et la Core du Nord), pays accuss de dvelopper des ADM. La secrtaire dtat amricaine,
Madeleine Albright, la confrence de Colombus, le 18 fvrier 1998, rappelle le risque dutilisation darmes
biochimiques par les tats voyous contre les USA et leurs allies dont Isral, et emploie la notion plus nuance
de States of concern. Les noconservateurs David Frum et Michal Gherson, inventent le terme laxe du mal en
janvier 2002. Condoleezza Rice, prfre lexpression de postes avancs de la tyrannie, pays hostiles possdant
des capacits NBC et balistiques (Core du Nord et Iran), auxquels se rajoutent ceux qui en sont dpourvus mais
dangereux idologiquement: Bilorussie, Zimbabwe et Birmanie. A cela se greffent des pays proccupants
comme le Soudan, le Ymen, le Venezuela, la Bolivie et Cuba. Ladministration Obama opte pour la formule de
pays soutenant le terrorisme ou de pays concerns par le terrorisme: Cuba, Iran, Soudan, Syrie, Nigeria,
Pakistan, Ymen, Afghanistan, Libye, Algrie, Irak, Liban, Arabie Saoudite, et Somalie.
8
Raymond BOUDON, Lidologie ou lorigine des ides reues, Fayard, 1986,.
9
Le 29 juillet 1957 voit l'entre en vigueur de l'AIEA aprs sa cration le 23 octobre 1956, statut adopt par 81
Etats. 26 Etats ratifie le statut. Le statut rend l'AIEA responsable du contrle de la bonne application de la
scurit et de la protection des personnes ainsi que du transfert des technologies nuclaires. En outre, au lieu
dtre sous le contrle direct de lONU, elle devient une organisation autonome sous contrle direct de CSNU.
Le 1er janvier 1968, 43 pays signe le (Chine et France s'abstiennent) trait de non-prolifration des armes
nuclaires appliqu ds le 5 mars 1970. L'AIEA devient le responsable de la surveillance de la bonne application
du trait, pour 25 ans. Le 19 juin 1968, la rsolution 255 indique que les cinq Etats dots d'armes nuclaires
(EDAN) devront assurer une garantie positive de scurit, c'est--dire protger les autres Etats d'une agression
nuclaire en change de leurs renoncements aux technologies non-conventionnels.
9
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
n'est pas encore clairement le cas d'Isral. Et c'est notamment la raison pour laquelle il
convient d'effectuer des recherches sur les potentialits dissuasives non-conventionnelles de
l'Etat hbreu.
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
dmocraties comme dictatures, utilisent des armes chimiques: L'Allemagne, la France, l'Italie
et le Royaume-Uni entre 1915 et 1918, la France et l'Espagne pendant la Guerre du Rif dans
les annes 1920, l'Italie en Ethiopie dans les annes 1930, l'Egypte contre le Ymen dans les
annes 1960, l'Iran et l'Irak dans les annes 1980. Mais les Etats-Unis, avec l'agent orange au
Vietnam et les bombes au phosphore ne les ont jamais assimiles des armes chimiques. Les
armes bactriologiques gnrent quant elles des rumeurs d'emplois trs frquentes, les
Sovitiques et les Chinois accusent les Etats-Unis des les avoir rpandues durant la guerre de
Core. Washington accuse ensuite Moscou d'en user en Afghanistan. Les Etats arabes
affirment qu'Isral en a employ galement. La moindre pidmie ou pizootie gnrent des
rumeurs en la matire.
Mais dans la conscience collective, les ADM sont surtout des armes nuclaires. On
entend par arme nuclaire un engin constitu d'un dtonateur reli une charge radiologique
(bombe dite sale, c'est--dire des substances radioactives); dot d'un systme de fission
(bombe A) d'une matire au plutonium ou l'uranium; de fusion (bombe H) d'une matire au
deutrium et tritium, lments issu de l'hydrogne, do son nom parfois (on parle aussi de
bombe thermonuclaire). La bombe N est une arme atomique neutron (nomm aussi bombe
rayonnement enforc, effets thermomcaniques rduits, effets collatraux rduits)12. De
1942 (date du projet Manhattan) 1952, seul trois pays possdent la bombe: Etats-Unis,
URSS13 et Royaume-Uni. De 1952 1962, deux nouveaux pays sy rajoutent: la France et la
Chine. De 1962 1972, Isral est le seul se doter de larme. De 1972 1982, lInde et
probablement la rpublique sud-africaine (RSA) intgre la liste. De 1982 1992, le Pakistan
sy ajoute. De 1992 2009, seule la Core du Nord atteint le stade suprme, malgr lide que
le dmantlement de larsenal sovitique et le reverse engineering puisse conduire une
prolifration anarchique et massive depuis la fin de lURSS.
Militairement parlant, lapparition de larme absolue bouleverse les rapports de forces et
les stratgies affrentes entre ceux qui en sont dots entre eux-mmes, et entre eux et ceux qui
en sont dpourvus. Pour la premire fois dans lHistoire, lhumanit est menace
dextermination immdiate, et les puissances nuclaires ou un pouvoir dannihilation contre
ceux qui ne la dtiennent pas. Politiquement et diplomatiquement, les armes atomiques sont
employes une premire fois dans le contexte de la Guerre Froide. Outre que la possder
revient intgrer le cercle restreint des puissances (bien que la Core du Nord n'en est pas
une), on peut surtout attaquer ladversaire distance, sans dployer les armements
conventionnels (en thorie) et en toute impunit si lantagoniste na pas les moyens ou le
2009, 390 pages. p. 76.
12
Georges HIMELFARB, Le vocabulaire de la guerre et de la paix, Belin, 2004, 300 pages. p.194.
13
En 1990, lAzerbadjan accueille 75 armes nuclaires sovitiques sur son sol, la Moldavie 90, le Turkmnistan
125, lArmnie 200, lEstonie 270, la Gorgie 320, mais sous cls de Moscou.
11
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
temps de rpliquer avec des armes similaires. La bombe procure un pouvoir lev de
ngociation (bargaining) assorti davantages commerciaux14. Selon Franois Daguzan15, on
prolifre dans lespoir dobtenir un gain politique, qui se dcline dans la recherche dune
position de suprmatie rgionale, sans avoir ncessairement la puissance conventionnelle,
dmographique, spatiale, diplomatique et culturelle. La bombe permet dtre une puissance
qui compte, tel que le thorisera Gary Alperovitz dans Atomic Diplomacy (1965), mme si les
autres critres de puissance ne sont pas runis.
Depuis les annes 2000, lInde, la Chine et le Pakistan (peut-tre la Core du Nord) sont
en phase daugmenter le nombre et la qualit de leurs armes alors que les puissances
occidentales rduisent quantitativement leurs arsenaux mais les optimisent qualitativement.
Depuis 1945, 70000 100000 armes nuclaires ont t produites (sans doute plus), pour
environ 2060 essais nuclaires. Dans les annes 1980, 60000 armes taient dployes, sans
compter celles pouvant tre assembles en cas de besoin (capables de dtruire 43 fois la
surface habite de la terre). Cest partir de 1986 que la prolifration quantitative dcrot. Il
en resterait 26000 en 2009. Durant la Guerre Froide16, le monde connat plusieurs crises
gopolitiques avec menace demploi de larme nuclaire, dont certaines concerne Isral:
1948-49 Berlin, 1950-1953 en Core, 1954-1955 pour Taiwan, 1956 lors de la crise de Suez,
1961 de nouveau Berlin, 1962 lors de la crise des missiles Cuba, 1967 lors de la Guerre
des Six Jours, en 1973 lors de la Guerre du Kippour. La prolifration concerne aussi les
vecteurs : missile tactique, stratgique, vecteurs arien et sous-marins.
13
Bruno TERTRAIS, Le march noir de la bombe, Paris, Buchet Castel, 2009, p. 14.
Jean-Franois DAGUZAN, La prolifration : mythe ou ralit ? 2006, 9 pages, p. 1.
15
Jean-Franois DAGUZAN, La prolifration : mythe ou ralit ?, ibid.
16
Bernard Baruch emploie en 1947 lexpression Cold War . Raymond Aron parle lui de guerre limite ou
paix belliqueuse - LExpression Rideau de Fer est employe Par Churchill Fulton en 1946.
12
14
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
dlphants 17. Cette apprciation est pertinente, sauf qu'il s'agit rellement d'une grande
puissance, cette thse le prouvera.
Pour comprendre ce quest Isral, il convient de se rfrer lexcellente prsentation
quen fait l'historien Serge Tsur: tat lac mais fond sur la religion, tat jeune mais dune
culture vieille de plus de cinq mille ans, brassant une population venue des quatre coins du
monde, souffrant des maux et des avantages dune socit dmocratique, colonis devenu
colonisant, militaris outrance sans basculer dans le fascisme, lot de prosprit et de
dmocratie au sein dun environnement hostile, enfin puissance militaire crasante mais
incapable de venir bout de combattants dpourvus 18. Ces paradoxes rsument parfaitement
le pays est explique la complexit de sa politique intrieure et extrieure.
Isral est considr comme un Etat westphalien, du nom de ce trait, sign en 1648,
mettant fin la guerre de Trente ans et amorant l'mergence de relations bases sur la
reconnaissance mutuelle, la non-ingrence, la diplomatie, le balance of power pour vulgariser
l'extrme19. Cependant, il convient de modrer cette approche doxique. En effet, l'Etat
hbreu est souverain et autodtermin20, l'intrieur de ces frontires, mais en acceptant
parfois une forte tutelle conomique, militaire et diplomatique de ces allis amricains. En
revanche, bien que ne disposant pas de constitution crite mais d'une srie de corpus de lois
tatiques et religieuses, Isral dfend l'ide que ces les lois ne sont quintrinsques au
territoire, mais les appliquent lors d'oprations militaires, diplomatiques et policires
l'extrieur de ses frontires, nous y reviendrons. Puis, ce pays refuse la non-ingrence
westphalienne dans les affaires de son voisinage proche ou lointain, dfend son hgmonie
dans la rgion cote que cote, mais en prenant soin de faire en sorte que les tats de son
voisinage immdiat soient gaux en force, pour entretenir la comptition entre eux sur le
mode du divide e impera. Contrairement idal westphalien, ses relations diplomatiques ne
sont pas toujours (en fait rarement) conduites par un corps de diplomates agres et forms,
mais par des intermdiaires militaires ou civils n'hsitant pas, si la situation l'exige,
employer des moyens coercitifs. L'Etat hbreu applique le balance of power pour combattre
une hgmonie arabe ou iranienne par exemple. Enfin, Isral n'est pas reconnu, nous l'avons
dit, pas l'ensemble des membres des Nations-Unies. Tout cela remet donc en cause la
dimension westphalienne que nombre d'auteurs lui confre.
17
CAIRN Info, 2004, France-Isral : Chronique dune symbiose manque. Regard fragmentaire sur les
relations franco-israliennes. Avirama GOLAN.
18
Questions Internationales, novembre-dcembre 2007, Isral, soixante ans aprs : entre singularit et
banalit , Serge SUR.
19
Marie Claude SMOUTS, Les organisations internationales, 3me dition, Montchrestien, 2004
20
Principe dautodtermination tel quil est nonc dans larticle 1 paragraphe 2 de la Charte des Nations-Unies.
Et en conformit avec les confirmations prsentes dans les rsolutions 1514 et 2625 de lAssemble gnrale des
Nations-Unies et dans larticle premier des deux pactes de 1966.
13
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Parmi les traits de lutte contre la prolifration des ADM, citons ces derniers: 1972 : Convention sur les armes
biologiques et les toxines qui largi le Protocole de Genve de 1925 l'interdiction de presque toute production,
stockage et transport. 1987 : Le rgime de contrle de la technologie des missiles (RCTM - Missile Technology
Control Regime / MTCR) est un accord entre les pays ( l'origine les tats du G7) qui partagent un intrt
commun stopper la prolifration des missiles et des vhicules ariens non pilots. Lobjectif est dempcher
que des matriels et technologies ne soient dtourns pour mettre au point des vecteurs capables demporter une
charge nuclaire de premire gnration. 1993 - La Convention sur les armes chimiques ouverte la signature en
janvier 1993, entrera en vigueur en avril 1997. L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques ( La
Haye) veille la mise en uvre de la CAC l'chelle internationale. 1995 : Le TNP prvoit une Confrence
dexamen tous les 5 ans afin dexaminer la reconduction du trait. LAIEA adopte le caractre perptuel du TNP.
1996 L'arrangement de Wassenaar vise promouvoir la transparence et une plus grande responsabilit des tats
en matire de transferts darmements et de technologies duales. Il remplace le Comit de coordination pour le
contrle multilatral des exportations (Cocom) qui, dans le contexte de la Guerre froide, tait charg d'empcher
l'exportation de technologies militaires ou "duales" (usages civil et militaire) vers les pays du Pacte de Varsovie,
puis vers la Chine. Le Trait d'interdiction complte des essais nuclaires (Comprehensive Nuclear-Test-Ban
Treaty / CTBT ou TICEN) est adopt par l'Assemble gnrale de l'ONU. Il entrera en vigueur aprs ratification
par les 44 pays disposant de la capacit nuclaire.
22
Jrusalem Ouest est faite capitale en 1981 mais Tel-Aviv est la seule considre comme telle par les
Organisations Internationales et la majorit de ses membres comme la capitale dIsral.
23
Carnegie Endowment for International Peace, Chapter on Israel from Tracking Nuclear Proliferation, 1998.
24
United States of America. International Security affairs, Assistant secretary of Defense, ref: I-35993/68.
Memorundum of conversation.
25
The Guardian, 24 mai 2010, Revealed: how Israel offered to sell South Africa nuclear weapons.
26
Freddy EYTAN, Les 18 qui ont fait Isral, Chapitre VI.
14
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
annes 199027, ce qui lui confrera la place de 5me puissance en la matire. Les recherches en
armes biochimiques bnficieront galement de ces partenariats. Isral est aussi une puissance
spatiale mergente possdant ces propres satellites militaires sans qui sa dissuasion serait
pratiquement inoprante.
Son rseau de laboratoires de recherches scientifiques et militaires est connu : les
racteurs atomiques de Nahal-Sorek et de Dimona, lIsrael Institute for Biological Research
de Ness-Ziona pour le biochimique, et dautres centres stratgiques polyvalents tel le
Technion d'Hafa et le Weizmann Institut de Rehovot, entre autres. Le petit tat a bti sa
dissuasion avec l'aide de partenaires privs et publics internationaux (France, USA, Afrique
du Sud entre autre). Cest pourquoi mettre en lumire les accords rticulaires revient tudier
la vritable nature des liens secrets qui unissent certains pays avec ltat hbreu.
Le programme isralien est dcid avant mme lindpendance dIsral par les sionistes
(cest--dire ici les partisans dun tat juif) pour rpondre deux principes idologiques : Le
plus jamais Massada et le complexe dAuschwitz , afin dviter la destruction de la
communaut juive (lArmageddon). La science nuclaire appartient, selon les propres termes
de David Ben-Gourion, la culture juive car de nombreux travaux de savants juifs ont
particip la ralisation du projet Manhattan (l'un des quartiers juif de New-York) et ont aid
des initiatives similaires dans de nombreux pays: Albert Einstein, Leo Szilard, Marie Curie,
Edward Teller [pre de la bombe H], Samuel Cohen [pre de la bombe neutron]), Niels
Bohr, Philipp Abelson, Robert Serber, Bertrand Goldschmidt, Stanley Frankel. Le feu
atomique promthen claire dans l'obscurit mais qui peut aussi embraser s'il l'on ne l'associe
pas avec la raison, comme le dnonait Einstein. La science, y compris vocation militaire,
doit, selon Ben-Gourion compenser ce que la nature a refus 28 Isral et son peuple, le
droit de vivre dans la scurit et la prosprit. De surcrot, labsence de profondeur stratgique
rend ce pays trs vulnrable une attaque conventionnelle et laisse aux responsables
israliens un temps de raction extrmement bref ce qui oblige se doter dune assurancevie . La bombe, dite option Samson (Hersh 1991), terme qui signifie que larme absolue
embraserait tout le Proche-Orient comme Samson sensevelissant sous les dbris du Temple
quil dtruisit, et la garantie sine qua non de lexistence dIsral.
De plus, lexistence de ltat hbreu nest pas reconnue (officiellement, la ralit est
diffrente) par la majorit des pays du Grand Moyen Orient. Aussi, loption nuclaire
isralienne est aussi un palliatif son infriorit dmographique et militaire. En 2008, le roi
Abdallah de Jordanie rappelle: 57 pays, soit prs d'un tiers des tats reprsents aux
27
28
Washington Post, 15 juin 2002, Israel has sub-based atomic arms capability .
David BEN-GOURION, Du rve la ralit, Paris, Stock, Judasme Isral, 1986, 298 p.
15
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Nations-Unies ne reconnaissent toujours pas Isral29. En fait, l'estimation est fausse. Cuba, la
Core du Nord, le Tchad, l'Iran, le Pakistan, le Bengladesh, la Malaisie, l'Indonsie, Brunei et
que les Etats membres de la Ligue Arabe (hormis l'Egypte, la Jordanie, le Maroc, la Tunisie et
l'Oman) sont les seuls lui refuser la reconnaissance soit 26 Etats30. Depuis 1948, exacerb
ensuite par les trois non du sommet de Khartoum, (non la paix, non la reconnaissance,
non aux ngociations), Isral est constamment sur le pied de guerre. Ses adversaires
entretiennent eux-aussi des arsenaux balistiques et biochimiques, y compris avec l'accord plus
ou moins tacite de l'Occident31, pour certains d'entre eux. Mais en fait, comme lassure
l'ancienne ministre isralienne Tzipi Livni, le conflit est extraterritorial et se rsume surtout
un clivage entre extrmistes et modrs32, auquel il faut associer le rle des grandes
puissances et des groupes d'intrts, parmi lesquels les lobbies militaro-industriels de chaque
Etat impliqus.
Tout ceci explique pourquoi la dissuasion isralienne gnre une rflexion particulire
qui ne peut s'appliquer aucune autre puissance nuclaire au monde.
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33
Franois DOSSE, L'Histoire en miettes. Des Annales la nouvelle histoire, Paris, La Dcouverte, 1987. Antoine
PROST, Douze leons sur l'histoire, Paris, Point Seuil, 1996.
17
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contemporain des vnements. Thucydide, le fut pendant les guerres du Ploponnse dont il
nous a narr les principaux pisodes. Ce fut Idem avec Marc Bloch dans l'Etrange dfaite.
Mais comment dsormais se positionner entre l'Histoire du Temps Prsent et l'Histoire
Immdiate. Ces conceptions contiennent autant de prsupposs pistmologiques que de
causes exognes de diverses considrations idologiques et acadmiques. Jean Lacouture le
rappelle travers son ouvrage intitul La Nouvelle Histoire, avant de crer la collection
L'Histoire immdiate qu'il dirigera. Selon lui, le journaliste contribue par ses enqutes, ses
analyses, ses rflexions crire l'histoire du temps prsent; il fournit de la matire aux
historiens du futur 34.
Les objets d'tudes de lHistoire Immdiate concernent l'actualit rcente . Selon
Jean-Franois Soulet, de l'Universit Toulouse II le Mirail et ancien chef de fil du courant
avec lhistorien Ren Rmond, cette immdiatet, circonscrite entre la dcolonisation et ces
dernires annes, s'explique ainsi:
Parler de temps prsent pour voquer la Seconde Guerre mondiale ou mme la Guerre d'Algrie
n'est gure convaincant. En outre, nous souhaitons nous dmarquer des chercheurs qui limitent la
priode dite du temps prsent la date butoir de l'accessibilit aux archives publiques (30 ans le
plus souvent); au-del, ce serait, selon eux, l'aventure, la navigation vue, bref, le lieu de tous les
risques. [] Nous pensons que, avec ou sans archives officielles, l'histoire peut et doit s'crire, et
que le travail de l'historien reste possible, sous certaines conditions, jusqu' une date trs
rapproche de nous. Au total, nous entendons donc par histoire immdiate, l'ensemble de la partie
terminale de l'histoire contemporaine, englobant aussi bien celle dite du temps prsent que celle
des trente dernires annes; une histoire, qui a pour caractristique principale d'avoir t vcue par
l'historien ou ses principaux tmoins. 35
Soulet pense que lactualit ne doit pas seulement tre traite par le journaliste mais aussi par
le scientifique.
Sa sur ennemie complmentaire, lHistoire du Temps Prsent, dont l'institut est
rattache au CNRS, est active depuis 1980, sous la frule de Franois Bdarida. Elle se
focalise sur la priode cartele entre le dbut du XXe sicle nos jours, mlant, comme
l'Histoire Immdiate, plusieurs disciplines (Histoire, communication, droit, gopolitique,
conomie, sociologie et philosophie), avec son propre systme de valeurs. Son historicit est
dfendue par l'application des mthodes scientifiques et par l'usage d'archives et de sources.
Elle dispute la Science Politique, entre autre, l'Histoire des systmes militaires, culturels
politiques. LHTP entre en conflit avec les contemporanistes, en partie parce que laccs aux
archives distingue techniquement Histoire contemporaine de Histoire immdiate. LHTP se
situe cheval entre ses deux entits.
34
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Lettre de lObservatoire des mtiers acadmiques de la science politique N4 / janvier 2007 : Ltat de la
science politique en France , par Loc BLONDIAUX et Yves DELOYE. HASSENTEUFEL Patrick, Sociologie
politique: l'action publique (Paris : Armand Colin, 2008)
37
Philippe BRAUD, La science politique, Que sais-je? , Paris, PUF, 1982, p.1. Philippe BRAUD, Sociologie
19
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l'anarchisme qui rgne entre les Etats. Pour cela, la conciliation entre acteurs par
l'intermdiaire de forum internationaux, d'organisations transnationales et de respects de
traits, doit s'articuler avec l'heureux commerce41 et le progrs social. LEtat, selon la vision
idaliste puis libral, devrait donc tre uniquement le gardien du droit naturel, bas sur la
raison utilitariste, cherchant la fois garantir la scurit des contractants mais aussi
protger leurs liberts. Hostile un excutif autoritariste, lEtat hbreu se soumet la
Knesset: ( alors que le pouvoir appartient au peuple, le Snat est le dpositaire de lautorit
cum potestas in populo, auctoritas in senatu sit42). Le parlement est l pour valuer ou
remplacer le dirigeant en cas de dfaillance. La libert consiste ne relever daucun autre
pouvoir lgislatif que celui qui t tablie dans la Rpublique dun commun accord 43.
Locke et Hobbes prvoient le droit linsurrection contre lEtat si celui-ci ne respecte pas ce
contrat. Selon les libraux, le peuple le droit de rappeler lordre lEtat non vertueux, y
compris par la dsobissance civile 44 (ce principe est par exemple illustr, en Isral, par le
mouvement des refuznikim) mais dans les faits, la raison d'Etat fait taire ce principe au profit
des lobbies militaro-industriels du pays. La socit civile isralienne qui reste dmocratique,
revendicatrice et procdurire, s'inscrit dans cette optique, lorsqu'elle exige par exemple (en
vain), la transparence sur les programmes nuclaires et biochimiques et la fin des mesures
liberticides, dcides pour combattre le terrorisme.
Toujours dans ce paradigme, en principe, lEtat et lglise doivent se sparer (lettre sur
la tolrance), et prner la libert de cultes s'ils respectent la socit. Mais le paradigme du 11
septembre et de la guerre contre le terrorisme a remis en cause cette vision. Si Tel-Aviv s'est
efforc de lutter contre le proslytisme des haredim juifs, et tolrer toutes les religions, elle n'a
rien pu faire contre l'importance croissante des religieux. Jrusalem, la capitale culturelle et
isralienne, tend effectivement remplacer la laque et sioniste Tel-Aviv.
De mme, dans le systme international, pour pallier les erreurs dfinies par la parabole
de Rousseau45, il faut alors tablir des rgles communes et universelles. Bien que les pays soit
diffrents dans leurs nature (identity), leurs mcanismes seraient identiques (domestic
analogy), nonobstant leurs passs et leurs objectifs. Il suffit donc de domestiquer
(domestic) les relations entres Etats par une institution supranationale en dictant des rgles
communes. Tel-Aviv a pu souhaiter un monde prn par lcole anglaise, rgit par le
consensus d'organisations Internationales superpuissantes, formant une Grande socit
40
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internationale sans Etats nationaux agressifs, et soumis aux valeurs normatives d'une grande
civilisation mtisse quoique fortement occidentalise. Ce courant solidariste, Isral le rejette
quelque peu. Isral ne souhaite pas toujours se conformer certains textes internationaux en
matire de justice (refus du statut de Rome de 1998 sur la Cour Pnale Internationale), de
prolifration (nous en avons parl). Ses relations avec l'ONU et l'AIEA sont particulirement
orageuses. Toutefois, Isral insiste d'un autre ct pour que la communaut internationale
s'occupe de dmanteler les projets de ses rivaux qui lui sont hostiles, coupables de ne pas
respecter le jus cogens. Isral fait fit de sa propre crdibilit en passant outre les quelques
accords signs, mais soigne au contraire sa rputation par des oprations mdiatiques et
universitaires, sans toutefois y parvenir. Tel-Aviv souhaite une scurit collective (assure la
paix et la sanctuarisation des frontires par la diplomatie, le dsarmement, des instances
internationales) mais s'estime dans une situation qui peut expliquer son affranchissement des
approches normatives holistiques. Le solidarisme se distingue du particularisme, accs sur
une coopration intertatique46. Isral s'est maintes fois alli aux Etats-Unis pour vaincre un
adversaire, en se mfiant toutefois d'une Amrique hyperpuissante, comme celle de 1991 o
Georges H Bush essaya de contraindre un Isral moins utile, se rgulariser sur nombre de
dossier.
Le nolibralisme quant lui est l'ensemble des discours, des pratiques, des dispositifs
qui dterminent un nouveau mode de gouvernement des hommes selon le principe universel
de la concurrence. [] Le nolibralisme, avant d'tre une idologie ou une politique
conomique, est d'abord et fondamentalement une rationalit et [] ce titre il tend
structurer et organiser, non seulement l'action des gouvernants mais jusqu' conduire des
gouverns eux-mmes 47. Selon Michael Doyle (1986), par l'application des 3I: inspiration,
investigation et intervention, la guerre nest l que pour maintenir ou rtablir les flux et dans
le futur, elle aidera terme mettre fin aux conflits. Il sagit de payer un prix lev
maintenant pour ne pas payer un prix plus lev ensuite. Autrement dit, il faut passer par une
phase de guerre pour construire un monde nouveau sans obstacle, car la dissuasion nuclaire
ou conventionnelle ne fonctionne pas toujours. Cet chec est celui des ralistes.
Nous verrons que ce principe, mise en place parfois par Isral, aboutira aux guerres
prventives et premptives et la doctrine ponyme du Premier ministre Menahem Behin, en
pure perte. Le cas de lIrak et des Terroristes undetterable, est l pour le prouver. Lharmonie
dintrts (lordre naturel naboutit pas aux guerres qui sont du fait des Etats tyranniques et du
balance of power) ne signifie pas automatiquement la paix. A l'instar, d'Ikenberry48, Isral ne
46
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se servirait pas de son hgmonie (pouvoir et contrle exerc par un Etat meneur sur un ou
autre Etat) dans la rgion pour conqurir (Tel-Aviv a vacu le Sina, la bande de Gaza et le
sud-Liban) mais pour tre son gendarme. L'approche no-librale fonctionnerait ici, mais
nous la nuancerons.
Isral a bien souhait la fin de lHistoire, un paradis post-historique (R Kagan49)
dbarrass de la lutte entre Etats hgmoniques et d'une URSS soutenant militairement,
diplomatiquement et conomiquement ces adversaires, mais elle est la premire victime du
paradigme du 11 septembre, mme si cette thse fait prement dbat. Mais conscient d'voluer
dans un Grand Moyen-Orient hostile, Isral pourrait s'inspirer de la fable des abeilles50
dveloppant lide que lgosme permet lautorgulation de lordre social et conomique et a
fortiori international. L'Etat a donc besoin d'appliquer une politique agressive pour se
protger. A l'instar de Nicolas Machiavel51 et de Hume, la morale d'Etat (donc celle du prince)
est construite sur lexprience des relations internationales, proscrivant donc l'application de
toute morale du citoyen risquant de compromettre la raison d'Etat. Or, cela est paradoxal, car
si Isral, s'rige en dmocratie la plus morale au monde (avec notamment sa maxime de
puret des armes toar haneshek), il ne peut, en tant qu'Etat laque sur des bases culturelles
dont religieuses, concilier les deux morales.
Le thorie pessimiste du ralisme classique peut tre rsume par la la guerre de tous
contre tous dans un monde anarchique. La Realpolitik et la raison dEtat y sont centraux. La
force rige le droit et lgitime le pouvoir (le pouvoir par la victoire). L'Etat, proche de la
vision weberienne (monopole de la violence lgitime sur un territoire) est dfendu selon Aron
par le soldat et le diplomate. Il fait les lois et les fait appliquer. Sa lgitimit sexerce travers
la lgitimit charismatique, traditionnelle et lgale-rationelle. LEtat dispose dune rationalit
propre qui sappuie sur lthique de la responsabilit (sustainable) et non sur celle de la
conviction. LEtat forme avec ses citoyens une communaut politique dont le but nest pas le
triomphe des ides mais les 3 S que sont le self-help (chacun pour soit en vitant si possible
des alliances contraignantes, pas d'idologie dfendre)52, le Statisme (toute communaut
humaine doit tre organis par un Etat, sige du pouvoir lgitime et souverain, qui lui-mme
doit protger l'espace dont il a la charge), et la Survie (premire des priorits pour un Etat,
intrt national envers qui tout doit tre subordonn).
Comme les 3 S ne sont pas suffisant, il convient de respecter le principe du Balance of
Power (alliance entre Etats contre un autre si celui-ci, en convergeant vers une hgmonie,
49
John BAYLLIS et Steve SMITH, The Globalization of wolrd Politics, and introduction to international relations,
Oxford, 2006, 3me edition, 810 pages.
50
Bernard MANDEVILLE, The Fable of the Bees: or, Private Vices, Publick Benefits, Londres, 1714.
51
Nicolas MACHIAVEL, Le prince, 1516.
52
KEOHANE et GILPIN, neoralisme and critics, 1986.
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Tel-Aviv refuse de dominer compltement des rgions pour viter une raction tatique
ou une rsistance qu'il ne pourrait vaincre. Ce nest pas le pouvoir absolu que l'Etat hbreu
recherche mais la scurit minium, par l'augmentation des capacits militaires, la diplomatie
et les alliances. Cest le fortuitous balance59. Lquilibre des Etats est donc le meilleur garant
d'une trs relative paix En revanche, Isral a convaincu les Amricains que la thorie
nolibral de la propagation du progrs conomique et de la dmocratie dans le monde arabe
garantirait la paix. Or, malgr les aides de Washington l'Egypte et la Jordanie, la rgion n'est
toujours pas scurise. L'augmentation par Isral de sa puissance, par les aides extrieures,
force les tats lui tant hostiles augmenter la leur. C'est le dilemme de scurit.
Le sujet d'tude que nous nous proposons d'entreprendre constitue intrinsquement une
particularit acadmique, un dfi scientifique, car Isral refuse de s'affirmer comme un Etat
nuclaire souverain. Donc, a priori, il est impossible d'appliquer ici la rationalit scientifique.
Mais selon Bachelard60: le fait scientifique est conquis sur les prjugs (une prolifration
non matrise, Isral comme Etat agressif, etc..), construit par la raison (analyse des rares
travaux et sources) et constat dans les faits ( l'aune de l'actualit par exemple, comprendre et
dexpliquer la ralit tudie selon une dmarche logique et rationnelle). Essayons de nous en
inspirer. Avant de poursuivre, le chercheur se doit par essence de rflchir par lui-mme sans
toujours sappuyer sur les archives ou se laisser guider par des paradigmes s'moussant sur
des cas particuliers, Isral en tant un.
59
60
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La logique est l: comment travailler sur une chose qui n'existe pas officiellement. Car
matriellement parlant, aucune source matrielle ne prouve sa ralit, bien que des documents
classifis et dclassifis du Dpartement d'Etat amricain exhums par l'universitaire
amricain Avner Cohen61 ou du Foreign Office, en fassent mention. Le seul fait de se rendre
en Isral pour recueillir, sur ce sujet, des tmoignages et des documents, revient en accepter
les risques (interrogatoire, emprisonnement, disparition temporaire entre autre). Nous
numrerons plusieurs cas, comme ceux d'Avner Cohen, d'Isral Yaakov ou d'Avraham
Klingberg.
La question est sensible, la fois dans les sphres politico-stratgiques, mais galement
du point de vue des sensibilits idologiques. Plusieurs de ses enquteurs ont t emprisonns
ou intimids pour avoir abord l'extrieur d'Isral un tel thme de recherche. Il est important
de le signaler car ce nest pas le cas de tous les sujets de thse Ces obstacles ne sont pas
propres Isral, car toutes les puissances nuclaires protgent leurs secrets militaires au nom
de la raison d'Etat. Il ne s'agit donc pas d'une volont isole de dissimuler, contre le droit
lgitime et dmocratique de sinformer. Cette prcision n'est pas destine viter de heurter la
susceptibilit dIsral. Car le secret de son arsenal NBC est mme souvent garantie par la
plupart des Etats dans le monde, afin de masquer les mcanismes troubles dune prolifration
bien plus complexe quelle ne le laisse subodorer, avec limplication dacteurs et
dorganisations puissantes nationales, internationales et transnationales. Le secret vite de
dclencher une course la prolifration dans la rgion, et altrer la crdibilit de l'AIEA. Pour
l'occident, Isral est un partenaire politique, militaire et scientifique de premier ordre. Sa
position gostratgique, associe lhritage de la Shoah aboutit une approche particulire.
Nanmoins, Isral et le seul Etat dtenteur d'armes atomiques pratiquer une deterrence
through uncertainty, une opacit revendique, un officieux officiel. La stratgie de
communication est paradoxale, puisqu'une arme nuclaire est faite pour ostensiblement
dissuader. Cette opacit revendique confre la dissuasion classique un degr de dangerosit
supplmentaire, car exacerbant la peur d'un ennemi ne pouvant dterminer comment, quand et
dans quelle proportion Isral pourrait rpliquer.
C'est Shimon Prs en 1961 qui rdige la clbre formule prononce devant Kennedy,
illustrant la position isralienne en la matire: Isral ne sera pas le premier pays introduire
des armes nuclaires au Moyen-Orient . Pour identifier le racteur nuclaire de Dimona,
Isral le prsentera comme une usine de dessalement ou mme une usine textile .
Interrog par CNN, Shimon Prs rplique laudace: Vous savez, les gens convoitent les
hautes technologies aujourdhui. Et lindustrie textile atteint ces objectifs en pratiquant la
61
Avner COHEN, Israel and the Bomb, New York, Columbia University Press, 1998, p. 10.
27
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dissuasion 62. Par mgarde ou erreur calcule, le secret est plusieurs fois trahi: La bourde du
Premier ministre Ehud Olmert, German N24 le 10 dcembre 2006 est reste clbre :
Pouvez-vous dire que cest une chose comparable lorsquil (lIran) aspire possder des
armes nuclaires au mme titre que lAmrique, la France, Isral, ou la Russie ? . L'Etat
hbreu ne communique pas sur son arsenal, mais laisse judicieusement quelques journalistes
et universitaires distiller quelques confidences, qui n'en sont pas en ralit. C'est la
dissuasion de papier63.
L'opacit explique la difficult pour le chercheur dnicher les sources. Mais des
tmoins ont pu parl, nous l'aborderons. L'un d'eux s'appelle Mordechai Vanunu, ancien
technicien du racteur de Dimona. Le 27 octobre 1985, il prend 57 photos des installations du
racteur, qu'il fait publier en 1986 dans le Sunday Times64. Cette source est la premire avoir
magistralement prouv l'existence de charges nuclaires israliennes au plutonium. Aussi,
pour pallier la raret des renseignements, la presse internationale de qualit peut savrer tre
d'un grand secours pour le chercheur, devenant automatiquement face ce sujet trs peu
abord, un nophyte. Le Sunday Times, le Los Angeles Times65, le New York Times, Haaretz et
le Monde, sans oublier des reporters en free-lance comme Pierre Pan66et Dominique Lorentz
(en France) se sont consacrs claircir quelques zones d'ombres. Nonobstant quelques
fantasmes, les rfrences les plus remarquables sont amricaines67, israliennes ou
britanniques. Trs peu sont nat des mondes arabo-musulmans, bien qu'il n'ait pas t possible,
en raison de la barrire de la langue et d'autres contingences matrielles, de le vrifier de
manire exhaustive. Il convient aussi de ne pas occulter l'importance des autobiographies de
grands acteurs de ce monde, qui au dtour d'un chapitre, peuvent rvler, dans un langage le
plus souvent cod, des informations plus srieuses qu'elles n'y paraissent. Les mmoires de
scientifique (Bertrand Goldschmidt, Samuel Cohen), de Premier ministre et prsident isralien
(de Ben Gourion Shimon Prs), franais (de De Gaulle Jacques Chirac), amricains
(d'Eisenhower Bill Clinton) et des chefs de leurs diplomaties (Kissinger, Albright, Vdrine)
reclent parfois des confessions (autorises) de portes inattendues. La situation isralienne
est communment admise par les chancelleries dans le monde mais elle est rendu
volontairement sibylline dans les discours officiels, en Isral dabord, puis dans le reste du
62
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
monde.
L'absence de sources officielles, couple la dimension ternellement particulire de
lEtat dIsral, dissuadent les universitaires d'explorer cet angle mort. Ainsi, de 1980 2004,
les articles traitant d'une bombe atomique iranienne jusque l inexistante, taient 27 fois plus
nombreux que ceux dissertant sur l'atome isralien68. Le scientifique n'ose pas trop
s'affranchir de l'absence de sources, au risque d'affecter la qualit de ces publications; une
posture confortable. Les internationalistes franais par exemple, renclent souvent analyser
les thmatiques originales, au profit des journalistes qui s'affairent combler ces bances. Les
articles de presse servent ensuite (c'est le cas ici pour des raisons pratiques), rdiger ensuite
des travaux acadmiques. Cela est paradoxal car dans les manuels gopolitiques, Isral est
considr comme tat de seuil , cest--dire rput possder larme nuclaire ou capable
d'en assembler immdiatement. Mais mis part quelques figurs cartographiques, aucune
valuation scientifique d'importance n'est propose. L'arsenal nuclaire isralien est rsum
par une vulgarisation de rapports camraux, eux-mmes parcellaires et modestes, et sur la
base de donnes quantitatives biaises. A noter que ces travaux ne sont jamais cits ou utiliss
dans les discours officiels. Ainsi, lAssemble Nationale franaise tenait pour acquis ce
postulat: Isral est actuellement la sixime puissance nuclaire militaire69.
Parce quIsral nest pas un pays comme les autres, de par son histoire et sa culture
aussi riches que tourmentes, toutes rflexions sur cet tat, quon le veuille ou non, risque
d'tre affectes, consciemment ou inconsciemment, par des idologies antisionistes et/ou
antismites ou pro-smites et/ou pro sionistes. Et cest bien cela le problme qui risque de se
muer en fil dAriane dans tout travail dtude sur Isral. Les spculations, plus ou moins
porteuses darrire-penses, risquent docculter le dbat de fond. Cela explique qu'il existe
d'ailleurs sur ce sujet une distorsion considrable entre les publications officielles
(gouvernements et Think-Tanks), les productions universitaires et la presse (un peu plus
prolixes et impartiales) et les opinions fdres par la blogosphre et les ouvrages dits par
des particuliers compte d'auteur. Les premires mettent en exergue la dangerosit des
arsenaux iraniens, nord-corens et pakistanais (un temps l'Irak et la Libye), tandis que les
dernires au contraire les occultent au dpend d'Isral, vu comme la quintessence de tous ce
qui est hassable dans le monde actuel.
L'opacit suscite en consquence, bien des spculations. La rflexion et la distance
s'avrent ici peut-tre plus ncessaire et importante que sur d'autres. Elles sont au moins aussi
essentielle que lanalyse de sources et de travaux qui constituent souvent le principal mrite
dune thse. Aussi, abandonner une tude de la dissuasion isralienne aux sphres non
68
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l'interprtation
sociologique est objective mais dans la mesure o elle est comprhensive, cette
comprhension n'est pas neutre par rapport aux idologies 70. Enfin, la recherche peut
succomber des drives acadmiques tel que prvenait Pierre Bourdieu: le sociologue
exerce une profession minemment politique 71. L'analyse doit tre quitable, en
reconnaissant que l'on ne peut tre totalement objectif.
Ainsi donc, tester la neutralit axiologique wbrienne sur ce cas d'cole, exacerbe
d'avantage l'intrt de cette recherche. Pour cela, il est ncessaire de l'articuler avec les
exigences acadmiques qui simposent.
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Nanmoins, l'obstacle a oblig resserrer le nombre des enqutes et des lectures, vitant de se
perdre dans soixante annes de complexit extrme.
Les contingences matrielles ne peuvent tre occults. En l'absence de financement, les
sjour de recherche lointains ont t proscris. Seuls les rsultats d'allez et venus Paris et
Londres (2006 et 2008) en bibliothque et en centres d'archives ont aboutit confirmer et
infirmer certaines hypothses, la dduction et l'induction tant primordiales. La petite
contribution de l'Institut des Hautes Etudes de la Dfense Nationale (IHEDN) a rendu
possible ses modestes dplacements.
En fin de compte, consulter des centaines d'ouvrages et des milliers d'articles (comme
en tmoigne les nombreuses notes infrapaginales) ont constitu l'essentiel du temps consacr
la recherche. Curieusement, des dtails cruciaux, livrs la connaissance d'un public
indiffrent, n'ont pas t intgrs dans les rares recherches universitaires sur le sujet, par
ngligence ou mfiance. A posteriori, ces rvlations, valides en partie par la suite des
vnements, et intgr dans le prsent travail, ont permis de lui confrer un degr
d'exhaustivit suprieur.
MATIERES DE RECHERCHE
Nous avons tenu croiser et mlanger des opinions, travaux et sources radicalement
opposs. On y trouvera ct d'analyses scientifiques, des ides dextrme-droite et
dextrme-gauche, parfois ngationnistes, rvisionnistes, conspirationnistes et nationalistes et
leurs contraires. Il ne faudra donc pas stonner dy trouver les rumeurs les plus grotesques et
les opinions les plus radicales dans un sens comme dans lautre, et qui seront bien
videmment critiques scientifiquement dans la mesure du possible. Le choix est dlibr afin
de mesurer et critiquer lensemble de ce qui se dit sur le sujet. Car il ne sagit pas de raliser
un mmoire exhaustif tant sur la bibliographie que sur le sujet, mais bien de recenser ce que
lon sait peu prs.
Des dclarations officielles dhommes politiques ou militaires israliens, europens ou
amricains, des rapports confidentiels, des dbats parlementaires (Assemble Nationale et
Snat franais, Congrs amricain72, Parlement Europen), des archives dclassifies (CIA,
MI5), des documents officiels de structures israliennes comme l'IAEC73, d'organisations
internationales, (AIEA, ONU), des rvlations de scientifiques, attestent de la ralit de
larsenal et constitueront la base de ce travail. En second lieu, la presse gnrale et
scientifique de diffrents mdias (journaux, Internet, tlvision, radio) peut fournir,
71
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Seymour HERSH, The Samson Option, NY, Random House, 1991, p. 77.
Dominique Lorentz, journaliste, est lauteure de Une guerre en 1997, Affaires atomiques en 2001, et Des sujets
interdits en 2007. Elle emploie des sources dites ouvertes . Poursuivis par des groupes de pressions, elle nest
soutenue que par quelques personnalits comme Jacques Attali ou Alexandre Adler.
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tmoignent les multiples guerres auxquelles Isral du faire face depuis 1967, loin de la pax
atomica souhaite
Mais l'hypothse principale est celle-ci: la bombe isralienne a influenc de manire
dterminante lhistoire dIsral, du Grand Moyen-Orient et surtout par effets connexes
lHistoire du monde partir de 1948, pour avoir t l'origine de plusieurs crises nuclaires,
en 1967 et 1973 au moins.
La recherche sarticule autour de deux parties.
Dune part, nous tudierons la chronologie du programme dissuasif non conventionnel
isralien, de la dcision de linitialiser son laboration effective, puis sa confrontation face
aux crises militaires et politiques. Il en rsultera la prsentation dacteurs scientifiques,
militaires et politiques, et la description critique de partenariats internationaux (chapitre II, III,
IV et V). Il sagira dailleurs dexpliquer certains vnements majeurs de cette priode comme
une consquence directe ou indirecte de la politique isralienne. Nous dgagerons des
tendances inhrentes chaque phase, une chronologie difficile mettre en exergue dans cet
Orient compliqu , de ce grand chiquier (Brezinski). Subsquemment, nous
dtaillerons les caractristiques techniques de la dissuasion isralienne (chapitre III IV et V),
qui se dcline en vecteurs (avions, artillerie, missiles, sous-marins). Ces dtails ont leur
importance car ils permettent de connatre la crativit scientifique de ce pays et les
consquences sur son environnement. Nous essayerons de localiser et dterminer dans la
mesure du possible les fonctions des infrastructures stratgiques israliennes (chapitre I).
Nous dtaillerons galement les aides extrieures (chapitre II), expliquant comment un si petit
pays a pu dvelopper un arsenal aussi ambitieux.
En second lieu, nous tenterons de dgager les principaux axes de la doctrine isralienne
d'emploi de sa dissuasion (chapitre I), un thorme qui a sa rciproque, la doctrine Begin ou la
contre-prolifration (chapitre III), et galement les caractristiques d'une dissuasion discrte,
savoir la politique de l'opacit (chapitre II). Egalement, dans une rgion perptuellement en
guerre, nous nous interrogerons sur la manire avec laquelle Isral gre son surcrot de
puissance, au sein dun environnement dit asymtrique et dissymtrique (chapitre I). Il sagira
galement de comprendre les rapports entre cette socit isralienne si critique et
dmocratique, et sa classe politique, dans lassumation de cette dissuasion aussi protectrice
que pnible supporter, notamment face aux nouvelles armes conventionnelles. Cest ce que
nous tudierons travers les wistleblowers malgr eux, Vanunu, Klingberg et Pollard.
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PREMIERE PARTIE
Si peuple juif il y a, il nexiste pas
dautre peuple du mme type que lui. []
Les juifs de la diaspora ne constituent pas
un peuple. [] A supposer quils
nacceptent pas lappartenance un
peuple juif, cette appartenance ne leur
impose presque rien et le peuple juif
reste pour eux tout abstrait .
Raymond ARON, Mmoires, 50 ans de
rflexion politique, Julliard, 1983, pp.
504.
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Introduction
Je proclame ltablissement dun tat juif sur la terre dIsral dclare BenGourion. Si Isral se base sur une promesse biblique, la notion mme dtat juif va
rapidement converger vers un tat plus hbreu laque que spcifiquement juif. Avant mme
son indpendance, Ben-Gourion ne voyait que deux solutions pour prserver son existence :
soit une alliance dfensive avec les tats-Unis, soit la dissuasion. Etudiant en Turquie durant
le gnocide armnien, il saperoit que les minorits, constamment opprims, navaient
dautre choix que de se battre pour survivre. En septembre 1945, lorsquil visite le camp de
Bergen-Belsen, son opinion nen est que plus conforte. La bombe est indispensable contre la
fatalit78. Le 29 novembre 1947, juste aprs la dcouverte des manuscrits de la mer Morte (un
signe fortuit?), lONU partage la Palestine en deux tats. Isral nest pas forcment le foyer
des juifs mais la destination des juifs qui souhaitent tre enfin matres de leurs destins. Quand
Isral est cre la suite de la rsolution 181, le 15 mai 1948, le pays a tout construire. Aussi,
comment ce petit pays, sans ressources et sans structures va t-il devenir la cinquime
puissance nuclaire au monde?
La chronologie des programmes NBC israliens rvlera la participation de trs
nombreux pays, comme la France ou les Etats-Unis par exemple. On y croisera des militaires,
des scientifiques et des hommes politiques israliens (parfois les trois la fois) qui tisseront
des liens troits avec leurs allis trangers. Il conviendra ensuite de comprendre dans quel
contexte politique et militaire Isral amorce cet ambitieux programme, de lindpendance
jusqu laffaire de Suez. En second lieu, nous verrons comment Isral profite des rseaux de
prolifration, pour obtenir de ses allis bien plus quune simple dissuasion de dimension
rgionale, et cela en transgressant les mises en garde amricaines, franaises et celles des
instances internationales, dans le contexte du TNP. Ensuite, il sagira dexpliquer comment,
dans le contexte de la Guerre Froide et de ses propres guerres, Isral devenu puissance
nuclaire, a maintes fois t au centre de toutes les proccupations, comme un alli
incombrant, inquitant mais indispensable pour loccident. Enfin, lorsque larsenal sera de la
taille et de lefficacit de celles des grandes puissances, Isral devra lassumer, tant comme
une garantie de sa survie que comme un outil difficile manipuler, qui plus est dans une
rgion instable en proie au terrorisme.
78
Barry SCHNEIDER, Middle East Security Issues In the Shadow of Weapons of Mass Destruction Proliferation,
Air University Press, Maxwell Air Force Base, Alabama, dcembre 1999, 143 pages, p. 84.
36
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CHAPITRE I
LARME DE LINDPENDANCE
En mai 1948, aprs le marthyr de 6 millions de juifs dans la Shoah, et 6000 autres juifs
durant la guerre dindpendance, Isral nat de cendres... Dust to Dust pour une terre aride et
pourtant Promise. Le 12 mai 1949, lONU intgre Isral comme un tat de droit. Cette
dcision ne sera vritablement valide qu partir du moment ou ce pays simposera
militairement (C.Tilly : Ltat, cest la guerre et la guerre, cest ltat ). Cest la dissuasion
qui fera dIsral une nation passant du Tanah au Palmach (de la bible la nation)79. Le gnie
scientifique juif qui servira aux principales puissances sanctuariser leurs territoires, sera
ensuite peu peu appliqu Isral.
I La gense
Le soleil est le centre du systme. Le nuclaire va faire dIsral le centre du monde. Le
programme nuclaire isralien commence la fin des annes 1940 sous la direction du
scientifique Ernst Bergmann, lun des pre de la bombe isralienne. Mais si Bergmann
soccupe du volet scientifique, Ben-Gourion est son grand ordonnateur, son dcideur et sa
faade politique.
Shlomo SAND, Comment le peuple juif fut-il invent, Fayard, 2008, 446 pages.
Freddy EYTAN, op.cit. p. 241. Auteur de lattentat de lhtel King David en 1946, lIrgoun, avec le Lehi, frappe
37
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de choc) et qui deviendra le noyau de la future Tsahal. Mais surtout, elle organise son service
de recherche scientifique.
L'organisation Stern cre en 1940 de la scission avec lIrgoun, s'appelle d'abord Irgoun
Tsvai Leumi beIsral, puis Lohamei Herut Isral ( Combattants pour la libert d'Isral ) ou
Lehi. Son fondateur est David Raziel, un ancien de la Lgion Hbraque. La Haganah, accus
de driv vers le socialisme, est encore scinde au profit du Betar, fond par Jabotinsky et
qui forme les immigrs la dfense du Yishouv. Il ne faut pas oublier les forces armes
juives de Pologne durant loccupation nazie. Considrant quil vaut mieux dabord combattre
les Britanniques que les nazis, des contacts sont entrepris jusqu la mi 1941 par le Stern avec
Berlin81. Ainsi, ds 1944, alors mme que larme britannique combat les nazis, lIrgoun
sattaque aux red coat ! De ce mlange htroclite n le dpartement militaire de lAgence
Juive en 1946, dont le prsident est Ben-Gourion. La conscription est vote en novembre
1947. Puis Tsahal est cre le 28 mai 1948, en apparence fdre par limmdiate guerre de
lindpendance. Les divergences demeurent encore aujourdhui. Cela explique que certaines
units de Tsahal ne seront pas totalement sous contrle. Tsahal sinspire du modle militaire
allemand, une conscription qui offre au soldat un encadrement complet pour plus de cohsion.
Linteraction des armes, le renseignement et linstruction sont coupls. Mais les corps sont
sous lautorit du chef dEtat-major, qui, nous le verrons, aura son mot dire dans la
dissuasion. Le chef des armes reste le Premier ministre, lpoque Ben-Gourion. Mais pas
seulement. Les cadres de cette arme ont dabord servi dans larme sovitique, polonaise et
britannique pour la plupart. Ils en importent les mthodes. Les armes jordaniennes et
gyptiennes sont aussi formes par le colonisateur britannique.
Beaucoup sont opposs la bombe, fruit, pensent-ils, de projets technocratiques.
Tous les scientifiques de l'poque, sauf un, taient contre, ainsi que les chefs du Mossad et de
l'arme. Ils pensaient que le monde ne laisserait pas faire Isral, et qu'un tel programme
nuclaire asscherait les finances de l'tat82. Ben-Gourion, le premier Premier ministre du
jeune pays, sentretient avec Golda Mir, Yigal Allon, Abba Eban, Menahem Begin 83, et Isral
Galili. Il souhaite faire du Nguev le noyau scientifique du pays: It is in the Negev that
Jewish scientific talent and research ability shall be tested84. Tous sont ns dans un sicle o
la science sest rvle utile pour dpasser les obstacles. La science est difie. Cohen, juste
titre, dit que cette science est le sceau du nouvel Etat, la preuve du gnie juif. Jusque l, ce
aussi Deir Yassin. Le Lehi assassine aussi Bernadotte, dans lesprit des cosaques circoncis .
81
Figaro Magazine, 10 mai 2008, Isral, a 60 ans , p. 40-42.
82
Le Monde, 2 dcembre 2009, Shimon Prs, le nuclaire isralien et loption Samson , Laurent ZECCHINI.
83
Appel dans les annes 1930 le terroriste numro un . chef de la organisation paramilitaire de lIrgoun. De
1965 1988, son fils, Zeev Begin, fut coordinateur dtudes Dimona.
84
National Institute for Biotechnology in the Negev, 2010, Mission of the NIBN
38
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gnie avait profit lHumanit, parfois contre les juifs 85. Mais le projet ne fait pas
lunanimit86. Shimon Prs rsume:
Jtais convaincu que notre avenir dpendait du dveloppement du nuclaire. [] Jai
immdiatement t trait de fantaisiste, tant par des hommes politiques que par des experts
scientifiques qui affirmaient que, faute de moyens et de savants, Isral ne pourrait jamais btir une
industrie nuclaire. Ben-Gourion lui-mme, qui coutait les critiques, restait rserv. Quant moi,
je misais sur la nouvelle gnration de scientifiques. Les conversations que javais eues avec
plusieurs dentre eux mavaient montr que je pouvais compter sur la force de leur enthousiasme.
Et de fait, le dfi relever a fortement stimul ces jeunes chercheurs, si bien que Ben-Gourion a
finalement soutenu cette initiative87.
Avner COHEN, Israel and the Bomb, New York, Columbia University Press, 1998, p. 10..
Michel Gurkinkiel crit que sur les quelque cent physiciens qui, dans les annes trente, avaient entrevu le
principe de la nouvelle arme, plus de la moiti taient juifs et quelques-uns avaient des conjoints juifs. [] La
bombe atomique tait dans une large mesure, juive . Michel GURKINKIEL, Isral - Gopolitique d'une paix,
Michalon, 1996.
87
Boutros BOUTROS-GHALI et Shimon PERES, 60 ans de conflit isralo-arabe, tmoignages pour lhistoire,
entretiens croiss avec Andr Versaille, ditions Complexe, 2006, p. 76.
88
Seymour HERSH, op.cit., p. 145.
89
IFRI, Aprs lchec, les rorientations de Tsahal depuis la deuxime guerre du Liban , Pierre RAZOUX,
Octobre 2007, Focus stratgique n2.
90
Seymour HERSH, op.cit., p. 120. On lui impute davoir organis le sabotage dinstallations gyptiennes avant
la guerre de 1956. Chef de file dune fdration de syndicats qui reprsentait 85% de la main duvre du pays,
Lavon sera plus tard innocent.
91
LHistoire, n33, avril 2008, Isral, le vrai pouvoir des gnraux , Samy COHEN, pp.72-77. La priorit est
39
86
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Freddy EYTAN, Les 18 qui ont fait Isral, ditions Alphe, 2008, 285 pages. Le nombre 18 est symbolique, il
fait rfrence au Chemone ezra, les 18 bndictions.
97
Yedioth Aharonoth, 2 novembre 2001, le paquet cadeau atomique dAbel Thomas, Michel KARPIN, p.16.
98
Michel ABITBOL, op.cit., p. 197.
99
Swedish Defence Research Agency, dcembre 2005, NBC Defence: Israel and WMD: Incentives and
Capabilities , Magnus NORMAK, Anders LINDBLAD, Anders NORVIST, Louise SANDSTRM, 58 pages, p. 17.
100
Prs dclarera: Si je devais crire mes mmoires, je les intitulerais De Dimona Oslo, symbolisant la
dualit et lambigut de lhomme, mais aussi du son pays. Le Point, samedi 25 mai 1996, p. 90.
101
Nasser nationalisa le canal, peut-tre en raction de la participation franaise au sein du programme nuclaire
41
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militaire, en en fait lacteur central du programme. Pour respecter lopacit, son nom ne figure
pas dans la liste des personnes affectes lIAEC (ce qui complique les recherches de
lhistorien). Cette ambigut couple ses propres rseaux internationaux lui permet dtablir
des ponts avec ltranger. Alors que la plupart des scientifiques israliens, issus souvent de
srails occidentaux, sont hostiles ou ne croient pas la possibilit de dvelopper larme
atomique, Prs sappuie sur la nouvelle gnration issue du Technion. Le colonel Manes
Pratt, intendant de larme isralienne durant la guerre de 1948, puis attach dambassade en
Birmanie102, intgre lquipe. Bergmann reconnat finalement que les secteurs civils et
militaires NBC sont intrinsquement lis . Afin de garder le secret, est cre une
organisation spciale, l'Office des Relations Scientifiques, qui soccupe aussi de certains
aspects du biochimique et dont le rle est de promouvoir ltranger la faade civile tout en
tablissant des liens secrets avec les rseaux militaires. Les rticences ne cesseront vraiment
jamais. En avril 1959, Prs charge le major-gnral Dan Tolkowsky de convaincre les
militaires dadopter long terme la logique nuclaire103.
Pour gagner du temps et vaincre les rticences, il souhaite lacquisition discrte dun
racteur104 ltranger, alors que Bergmann met un point dhonneur vouloir dvelopper un
racteur national car la science nuclaire est avant tout juive. L encore, un compromis est
adopt. Prs constate que la France est prte assister le pays dans ses recherches: Nous
savions quen achetant des armes amricaines, nous perdrions aussitt notre indpendance de
jugement et daction. Jtais donc plutt favorable la France, dont lun des principes de la
politique trangre de lpoque tait linterdpendance, forme dalliance que je prfrais une
dpendance amricaine directe 105. Ben-Gourion analyse : Jai parl Golda du voyage de
Shimon Paris. Il pourrait rencontrer le Premier ministre Guy Mollet et ngocier des achats
darmes. Elle suggre quil informe Tzur et le convie aux runions. Jai donn mon feu vert
pour le premier des deux points, pas pour le second. Je ne veux pas que la prsence dun tiers
nuise aux discussions car les questions abordes sont secrtes 106.
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Le cinquime juif qui, en lespace de cent ans, a fait plus que Napolon ou que Jules Csar pour changer
notre vision du monde, notre vie, nos ides, nos relations. Shimon PRS, Un chemin vers la paix, Time
ditions, 2007, 215 pages, p. 167.
116
En 1916, Weizmann met au point un mcanisme de fermentation bactrienne permettant de produire de larges
quantits de substances, telles que l'actone, essentielles la fabrication du TNT pour les allis. Il participe la
dclaration Balfour. Il fut aussi prsident de lOrganisation Sioniste Mondiale de 1920 1931 et de 1935 1946,
et obtint de Truman le soutien des Etats-Unis pour la cration dIsral.
117
Avner COHEN , Israel and the bomb, p. 17.
118
Ephram Katzir sera le 4me prsident dIsral. Il meurt le 31 mai 2009. N le 16 mai 1916 Kiev, il migre en
Isral en 1925. En 1939, il est lun des premiers officiers de la Haganah. Il obtient un doctorat en philosophie en
1941 Jrusalem. En mai 1948, il est nomm commandant des informations de larme de lAir. En 1949, il
fonde le dpartement de physique de lInstitut Weizmann, dont il prend la direction. Il tudie la biologie et la
chimie lUniversit Hbraque de Jrusalem. En 1959, il reoit le prix dIsral et le prix Weizmann et est le
premier Isralien tre lu lAcadmie amricaine des sciences. En 1973, lu prsident jusquen 1978, il
accueillit Sadate. En 1977, il intgre la Royal Society et en 1985 reoit le Japan Prize. Il est lun des
intermdiaires entre Londres, Washington et Tel-Aviv permettant limportation de matriaux sensibles sans
passer par les douanes.
119
Israel Magazine, 31 mai 2009, Le 4me prsident dIsral est mort .
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UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Haganah, ds les annes 1930, les croyaient peu fiables. Leurs effets sont invisibles, incertains
et pas immdiats dans un premier temps. Les partisans attestent que les inconvnients peuvent
devenir avantages en cas dactions et de buts clandestins, permettant de passer outre les
dclarations de guerres officielles.
Au milieu de lanne 1951, une rixe clate entre Chaim Weizmann, le fondateur du siff
institute (le futur Weizmann institute of science) et Bergmann. Le grief concerne la place de la
recherche bactriologique, ses objectifs et son commandement. Bergmann souhaite que ses
services profitent la fois au domaine civil et militaire avec un controle tatique. Pour se
faire, il faut donc que linstitut Weizmann intgre lIsraels national scientific research center.
Weizmann qui au contraire veut avoir les coudes franches dans ce secteur si dlicat ,
soppose nergiquement cette science sponsorise par le civil, alors que, selon lui, elle ne
doit rpondre quaux besoins de Tsahal. Un compromis est adopt. Le volet civil est maintenu
mais on chargera galement le secteur dactivits militaires discrtes. Cette rorganisation
ministre de la dfense concide avec des changements de personnel. Le 15 juillet, Weizmann
dmissionne Bergmann de son poste. Ben-Gourion le nomme comme consultant scientifique
auprs du Premier ministre et chef de la recherche militaire. Ce statut permet Bergmann
dimposer en ralit ses opinions sous la frule du Premier ministre. Cest l quil intgre dans
les deux principaux secteurs de la recherche publique, sous la rubrique national science , le
nuclaire et le biochimique. Pour juguler les rticences sur les armes biochimiques, les
laboratoires dpendront finalement du Premier ministre, qui dcidera de leur usage et seront
directement financs par des fonds publics, au contraire du nuclaire120.
En 1950, les IMI sont cres, avec comme toile de fond lide de construire pour ltat,
sans en rfrer aux autres partenaires , des armes conventionelles et non-conventionelles. A
noter que cette date correspond lembargo dcrte par la Dclaration Tripartite du 25 mai
de la France, des Etats-Unis et de la Grande-Gretagne. Linitiative est renforce en 1953 avec
la cration des industries aronautiques israliennes (IAI), grce Al Schwimmer, ingnieur
la TWA amricaine, important intermdiaire et acteur121. Cest partir de la fermeture du
dtroit de Titan en 1953 que Bergmann ordonne la constitution darmes chimiques. En
novembre, Ben-Gourion est remplac par un modr, Moshe Sharett. Dayan soccupe de
larme. Prs conserve ses fonctions de directeur du cabinet de la Dfense et son statut
officieux de trait dunion et dternel minence grise dIsral122. Dans ce jeune tat, les
nominations relvent le plus souvent daffinits que des comptences relles ce qui, nous le
verrons, aura des consquences lorsquIsral sera confront aux guerres. Ben-Gourion dcide
que dsormais, le poste de Premier ministre et le maroquin de la Dfense seront dissocis.
120
121
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Cela na pas une grande influence car les Premiers ministres et ceux de la Dfense
permuteront souvent. La guerre des clans reprend. Dayan, Prs et Ben-Gourion uvrent
contre Moshe Sharett, le considrant comme trop conciliant123. Sharett sattaque Bergmann
un chimiste noy dans ses recherches qui enseigne sans tre capable de garder lil sur le
problme124. Ce mot est lun des nombreux synonymes diplomatiques pour nommer la
dissuasion. En 1954, Pinhas Lavon, nouveau ministre de la Dfense, met fin aux recherches
appliques des savants atomistes. Lembargo au Moyen-Orient exige que les fonds soient
verss dans larmement classique et chimique.
Le retour au pouvoir de Ben-Gourion saccompagne de nouvelles recherches. Munya
Mardor, le fondateur de lIsrael Weapons Developpement Autority (Rafael), rvle que
Ben-Gourion acclre le programme biochimique, ds 1955 au moment o le Mossad apporte
la preuve dun programme chimique en gypte, et en prvision de loffensive de Suez,
puisque la bombe est loin dtre prte. Ben-Gourion tait de toute vidence concerne par le
fait que nous ne puissions pas russir avant la date limite qu'il avait fix, inquiet que l'ennemi
puisse avoir cette capacit et que nous n'ayons rien pour le dcourager ou exercer des
reprsailles 125. Les gyptiens, au courant de lexistence des laboratoires, lancent une
opration de reconnaissance. Ses fdayins parviennent pntrer dans les laboratoires.
Ben-Gourion ordonne des reprsailles le 28 fvrier 1956, la frontire de la frontire de Gaza.
Il faut tuer les tmoins et les fautifs. Les 49 parachutistes de lunit 101 dAriel Sharon tuent
39 gyptiens et huit israliens126. Ils massacrent en octobre tout en village, Kfar Kassam
dans une autre reprsailles (49 morts). Le programme NBC commence tre un poids
diplomatique et militaire.
122
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
LIAEC en revanche, crit que le racteur est aliment par de luranium enrichi, refroidit et
maintenu par de leau lgre purifie. Le racteur de 5 mgw est flanqu aussi dun cyclotron
acclrateur de protons de 10 MeV. Bien que le nom de Nahal-Sorek soit rencontr trs
souvent dans lhistoriographie du sujet, et malgr la publication des images dclassifies du
satellite CORONA prises en 1971, ses relles activits sont largement inconnues, lattention
des chercheurs tant le plus souvent attir par Dimona, pour des questions mdiatiques.
Construit ds 1955 par les Etats-Unis prs de Yavne, au travers du programme Atoms
for Peace dEisenhower ( donn en 1960 nous dit le site officiel, en 1958 nous apprend
lIAEC) qui le ravitaille ensuite en combustible, il devient oprationnel le 16 juin 1960. Le
centre nuclaire emploie plus de 200 personnes de trs haut niveau. Le littoral, donne leau
ncessaire au refroidissement du racteur. Cest le seul site avoir t visit par des membres
de lAIEA qui le nomme : IRR1 Soreq. Il est soumis au contrle de lAIEA. Officiellement
bien moins secret que Dimona, Nahal-Sorek reoit la visite de chefs dtat, dont Golda Meir.
Les dernires modernisations du racteur sont opres en 2009. Le racteur, fonctionnant avec
lincubateur de Nitznanim, est dailleurs administr par le dpartement scientifique du
ministre de lIndustrie et du Commerce.
II. 1. 1 .2 Fonctions
Ses domaines d'expertises sont vastes : physique, chimie, matriaux high-tech,
mdecine, nergie, technologie spatiale et protection de l'environnement. Nahal-Sorek
concentre toutes les gammes de lactivit nuclaire du pays.Travaillant sous lgide de
lIAEC, le Sorek NRC est selon le site en charge du dveloppement de nouvelles ides qui
sont tenus de dclarer ces EHI. La zone dlimite par ltat dans le but de fournir lAIEA des renseignements
sur les EHI est appele site conformment au protocole additionnel.
128
US Departement State of Defense, Congressional Reserch Service, 16 mars 2009, Nuclear Weapons RD
Organisation in nine nation, p.9.
129
The State Of Israel, 2004, About Soreq .
48
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Les brevets mis au point Nahal-Sorek ont permis la cration de nouvelles entreprises en
partenariat avec des laboratoires industriels internationaux. En cela, le service de
communication du complexe est oblig de prciser que ce centre de recherche est le seul au
monde qui ne comprend pas de dpartement de physique nuclaire mais si les activits de
physique nuclaire sont menes en ralit. Selon lIAEC le racteur excelle dans
lintroduction et lincorporation des techniques de radiation de bases pour la mdecine
nuclaire, la radio-pharmaceutique, les tests et les dveloppements non destructif, les lasers,
loptique, les activits mtorologiques, les tests de matriaux, le dveloppement de
techniques cryognique par infrarouge, les techniques dacclration de particules, ainsi que
pour la dtection de la contrebande de matriaux illicites. Le National Radiation Safety
Center tudie aussi les effets de radiations ionises et non-ionises. Il est aussi fait mention
dactivits additionnelles dans des complexes internes tels que les Shalheveth Freier
Center et National Data Center (NDC) et la station danalyse de radionuclide131.
Soumis lAIEA, le centre est ouvert aux visites groupes 132. Il est mentionn que
Nahal-Sorek sert de structures pour tudier les besoins et les effets dinstallations de centres
de productions dlectricit nuclaire au niveau conomique, environnemental et scuritaire.
Or, jusqu prsent, Isral ne produit officiellement pas un seul mgawatt dlectricit
atomique. Enfin, deux stations sismiques participent linitiative du CTBT grce l'Isral
National Data Center (NDC). Car on lit aussi que le NDC constitue une base pour les accords
de scurit au Moyen-Orient. Des essais conventionnels souterrains seraient aussi effectus
dans le Nguev. Les activits civiles se droulent surtout au Center for Peace, Science and
Technology, adjacent au racteur pour des activits de soutien par la technologie et la science,
la paix au Moyen-Orient, selon la prsentation affiche par lIAEC.
Le Shalheveth Freier Center for Peace Science & Technology, fond en 1996, est
ddi la mmoire de Shalheveth Freier, un des acteurs de la dissuasion. Le centre est dvolu
lextension des activits scientifiques destines promouvoir la paix au Moyen-Orient .
Arrtons-nous sur cette formule. Car promouvoir la paix nest-ce pas aussi dissuader de toutes
130
AIEA 2001
IAEC, The State of Israel and the CTBT , 2004.
132
IAEC, The Sorek Nuclear Research Center (Sorek NRC) , 2004.
131
49
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
guerres? La question se pose. De plus, il est tudi la question des entrelacs des aspects
politiques et technologiques 133. Derrire cette prsentation, lopacit dissuasive demeure. Le
Sorek Applied Research Accelerator Facility est un superconduteur apprci par les
chercheurs internationaux, fond par lIsrael National Academy of Sciences. Le Shalheveth
Freier center of Peace organise annuellement des Shalheveth Freier Physics Tournament
cest--dire des tournois de physique nuclaire linstitut Weizmann Institute. On y trouve
aussi le Space Technology section et lISORAD o travaillent 150 personnes sur de multiples
activits lies au nuclaire. Avec lASI, des composants lectroniques, des carburants, des
matires composites et des alliages sont tests pour connatre leurs comportements. Cest
pourquoi le site forme avec la base spatiale de Palmahim une importance zone de scurit
commune.
II. 1. 2 Dimona : le cur secret dIsral
II. 1. 2.1 Aspects gnraux
Le site de Richon Le-Zion, pralablement choisis par Bergmann, est abandonn au
profit du dsert du Nguev pour des questions de scurit et de discrtion. Pour abriter les
chercheurs est recre Dimona, dans le cadre des nouvelles villes de dveloppement ,
supervise personnellement par Ben-Gourion. Le nom de Dimona, le buisson ardent
(rfrence la bible, le feu sacr nuclaire ?), signifie imagination , le rve dun peuple juif
sauv jamais dun autre holocauste. Peter Pry, pense que le dsert et la proximit la fois du
Jourdain et de la Mer Morte taient dexcellents obstacles et paravents naturels en cas
daccidents. En cas de fuites radioactives, peu de personnes seraient touches. Lair sec du
dsert diminue les panaches de fumes des tours de refroidissement. Ces dernires auraient
t flanques de tours plus modernes, entre 1971 et 2000, afin aussi de faire face
laugmentation de puissance134.
En fait, le site nest pas situ Dimona mme mais 8,5 km, et 41 km de la frontire
jordanienne, le pays le moins dangereux pour Isral. La proximit des rserves duranium est
aussi un avantage. Sur ce point dailleurs, les travaux divergent. ceux qui pensent que les
rserves sont insignifiantes, ce qui expliquerait les nombreuses importations ltranger, les
services de renseignements russes pensent au contraire que les rserves sont suffisantes pour
ses propres besoins pendant approximativement 200 ans. Des composs en uranium peuvent
tre produits dans trois usines pour produire l'acide phosphorique comme sous-produit jusqu'
100 tonnes par an135 ce qui semble douteux. Comme pour Nahal-Sorek, Dimona est dsign
133
IAEC, The Shalheveth Freier Center for Peace, Science & Technology, 2004.
BBC, 23 aot 2000, Israel 'May Have Nuclear Weapons.
135
Russian Federation Foreign Intelligence Service, 6 avril 1995. The Nuclear Potential of Individual
Countries .
50
134
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sous plusieurs appellations qui voluent avec le temps. Il est appel Negev Nuclear Research
Center Kirya le-Mehekar Gariny (KAMAG) par ltat, Nuclear Research Center Negev
(NRCN) par lIAEC et IIR-2 par lAIEA. Construit en 1956 le racteur est oprationnel en
1962136, en dcembre 1963 selon dautres travaux, ou en 1959 selon lIAEC. On y recense de
2500 2700 employs dont 1500 scientifiques et 150 personnes directement lis la
production de bombes, son apoge. Le racteur fonctionne huit mois sur douze. LIAEC
prsente comme suit le site.
Le NRCN fait partie de la politique de dveloppement national du dsert du Nguev. Le racteur
IRR-2 est aliment par de luranium naturel, refroidit et maintenu par de leau lourde. Sa capacit
nominale est de 26 mgw. [] La recherche est dsigne comme tendue au savoir basique des
sciences nuclaires, ses champs adjacents et pour fournir les fondements des utilisations
pratiques et conomiques de lnergie nuclaire. Un dpt national de dchets jouxte le site. Les
dchets des hpitaux, des instituts de recherches, des laboratoires et des Hautes coles sont
reverss sur le site. Le personnel est impliqu dans la communaut, spcialement dans les
domaines de lducation et maintien de bons rapports avec les autorits locales autour du
NRCN137.
Si on nen croit les publications scientifiques, le Nuclear Research Center Negev (NRCN)
travaille aussi dans le domaine de lnergie solaire et sur les effets des radiations sur les tissus
humains. Dans cette rapide prsentation, on ne manquera pas de relever que la version
officielle sous-entend beaucoup de chose. La capacit nominale signifie que la puissance
est srement plus importante et que dans ce cas, les potentialits militaires sont possibles.
Cela est confort par les champs adjacents de la recherche nuclaire, quune imagination
mme bride traduira par des recherches civiles et militaires.
Les fameux dchets provenant des hpitaux et des laboratoires ne ncessitent pas un
site aussi tendu, mme si les instituts mdicaux sont trs nombreux dans la rgion. Il sagit
donc trs certainement de dchets militaires. Laspect utilit publique dissimule bien les
finalits polyvalentes du racteur. Plus gnant est cette indication: The research reactor at
the SNRC operates under IAEA Safeguards138. premire vue, on comprend que le racteur
est soumis des paramtres de scurit de lAIEA. En ralit, bien que cela ne soit pas
prcis, il sagit de respect dautres directives de lAIEA. Car lagence na jamais pu inspecter
le racteur malgr dincessantes demandes. Jouer sur les mots et dire la vrit tout en sen
loignant, fait partie intgrante de lopacit. Cest idal pour dissuader.
II.1.2.2 La construction
Jules Horowitz, ingnieur franais, travaille sur les plans dun racteur plutonigne
nomm EL-102, en utilisant une pile haut flux de neutrons thermiques et de luranium
lgrement enrichi. La pile doit permettre de fabriquer 10 15 kilos de plutonium par an. A la
mi-1957, avec laccord de CEA, Isral signe un contrat avec Saint-Gobain Techniques
136
137
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Nouvelles (SGN), avec la SACM de Roger Julia (lentreprise ne partira du site quen 1965139),
du CEA franais et la firme SON, pour la construction de plusieurs installations Dimona, y
compris linfrastructure ncessaire lextraction du plutonium partir du combustible us et
une usine de sparation isotopique140. Goldschmidt crit que la France fournit tout le
plutonium pour Dimona de 1958 1960141. Comme beaucoup dentreprises stratgiques, SGN
changera plusieurs fois de noms : Saint-Gobain Nuclaire, puis Saint-Gobain Techniques
Nouvelles et enfin Socit Gnrale Nuclaire. Son rle officieux semblait tre la
dissmination de la technologie nuclaire des pays allis142. Yves Duvaux, ingnieur des
Ponts et Chausses se charge du bton, en collaboration avec la plus grosse entreprise
isralienne de construction, la Solel Bon (proche du parti travailliste Mapa)143 base Hafa.
Lentreprise amricaine Tracer Lab fournit les panneaux de la salle de contrle144. Le tout
semble coordonn par la Compagnie de recherche pour le financement de lentreprise qui
prend contact avec les intermdiaires145. La construction dbute en 1958, sous la
responsabilit du colonel Manes Pratt146 et les travaux se poursuivent en parallle avec ceux
mens en France Marcoule. Le major-gnral Dan Tolkowsky pour le ministre de la
dfense isralien, supervise le projet. Il est aid par Meir Mardor, chef de lAuthority for the
dveloppement of Means of Warfare au ministre. Maurice Pascal charge Rmy Carle de
surveiller les travaux pour le compte de la France. Ernest Bergmann en visite, galvanise les
travailleurs nous avons besoin des meilleurs cerveaux. Ce sera quelque chose de
remarquable147.
Comme tous les complexes militaro-industriels israliens, Dimona est une monoville
la sovitique. On construit une cit nouvelle autour dune grosse activit militaire. Mais Isral
est un pays pauvre en infrastructure. A travers ce projet pharaonique, cest lamnagement du
territoire isralien qui est entam car on construit un hpital moderne, le centre mdical
Soroka que le ministre de la Dfense aide construire. Ds 1958, des entreprises franaises
construisent la route Beersheba-Eilat et lamnagent des facilits portuaires Hafa.
Beersheba est dailleurs jumel avec la colonne vertbrale du high-tech nuclaire franais :
Lyon et son couloir rhodanien. Afin de camoufler lensemble, cest une vritable ville de
138
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bureaux et despaces verts qui est difi. Pour faire parvenir les composants du racteur en
Isral, le gouvernement franais fait de la contrebande, dclarant aux douanes franaises que
les lments font partie d'une installation de dessalement destine un pays de l'Amrique
latine148. Les pices sont parfois assembles en France et achemines discrtement ensuite en
Isral. Et jusquen 1965 (date du dpart de Prs de la Dfense) au moins, les entreprises
franaises terminent lusine de retraitement et les quipements de recyclage des dchets.
Officiellement, la France aide le pays construire une usine textile !
A Beersheba, le gouvernement construit des baraquements pour accueillir le personnel
franais. Charles Enderlin dcrit lambiance : Curieuse usine surmonte dun dme ; dont
les ingnieurs parlaient franais et qui tait entoure de mesures de scurit
exceptionnelles149. Le panneau route prive, entre interdite est crit en hbreu et en
franais. Plus de 1500 ouvriers travaillent sur le site, plusieurs centaines sont franais, les
mmes qui, le plus souvent, ont bti Marcoule et les complexes atomiques du Sahara
Algrien, dont les paysages ressemblent au Nguev. Ds lors, Dimona vit lheure franaise,
o lon croise des vhicules encore immatriculs en France Parmi les travailleurs israliens
figure Zvi Kamil, plus tard devenu d'ailleurs le prsident du Committee fo Nuclear Safety.
Cest lhomme qui sait tout du nuclaire isralien. Il apprend le francais lors de la
construction du racteurTrs discret, ce religieux orthodoxe habite toujours Beersheba150.
Les relations entre Franais et Israliens sont parfois difficiles et les sentiments
antismites ne sont pas toujours teints par le programme commun. Un notable de la ville,
Abraham Sourassi, un des btisseurs du complexe, se fait lcho des tensions en dclarant
bon dbarras lors des premiers dparts des franais. Ce qui exacerbe les rivalits est la
diffrence de traitement de salaire et des conditions de vie entre les 1500 ouvriers locaux et
les ingnieurs franais. Les Israliens critiquent, envieux, les avantages des employs
franais : tel ingnieur, qui a dj particip la construction de deux racteurs en France,
reoit un salaire mensuel de 1000 dollars, en plus de tous les frais de sjours . Les salaires
franais automatiquement doubls et les logements spacieux suscitent des jalousies, alors que
de nombreux immigrs juifs, vivent sous la tente. Elles samplifient lorsque les 2500 franais,
au cours de lvolution des travaux, deviennent de moins en moins indispensables. Fin 1963,
des grandes entreprises franaises quittent le pays mais confient la suite des travaux des
sous-traitants, pour plus de discrtion. Saint-Gobain fait ainsi avec Comsip-Automatisation151.
148
En 1964 est construite la National Carrier. Leau est alors dcrte ressource stratgique sous contrle
militaire . Isral naura pas recours leau des fleuves arabes, mais au dessalement de leau de mer, car cela lui
coutera moins cher que les guerres , dira Shimon Prs en 1992. Mais les 2/3 de leau proviendront des
territoires extrieurs aux frontires de 1948.
149
Charles ENDERLIN, Paix ou guerre, op.cit., p. 228. Sur la ville, lire Le Figaro, 6 fvrier 2002, Les villes du
Sud se plaignent de recevoir deux fois moins d'aide de l'tat que les colonies des Territoires.
150
IsralValley, 4 octobre 2006, Zvi Kamil, le patron' du contrle nuclaire est juif orthodoxe.
151
Dominique LORENTZ, op.cit., p. 185
53
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Il est mentionn aussi que l'ambassadeur du Ghana, Ehud Avriel, prendra ses fonctions
l'Universit de Beersheba, qui soustraite une partie des recherches nuclaires. Au total les
Britanniques recensent:
Joseph MORGENSTERN, Israel high-tech et investissement report, juillet 2002 Vol. XVIII, N7, p. 3.
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infrastructures, il vacue la terre dans des camions bchs160. Tel-Aviv sait que les Etats-Unis
savent, mais les Etats-Unis ne savent pas ltendue du programme. La CIA envoie donc des
touristes dans le Nguev pour prendre des clichs et mme arracher discrtement lherbe
pour pouvoir lanalyser au compteur Geiger. En 1963, un espion amricain est captur par les
SR israliens alors quil chassait le papillon au-del de la premire ceinture de barbels161.
Le KGB, dont le 8me dpartement soccupe du Moyen-Orient, est lui aussi inquiet162. Un
agent en Isral, rapporte lagent double Victor Grayewsky, ce quil a vu de Dimona :
Jai circul hier dans la rgion, et jai aperu de gigantesques citernes de carburant ? Jai
limpression que cet endroit est une zone militaire interdite. Des fils de barbels lentourent et on
montait la garde. Pourriez-vous vrifier et nous dire de quoi il sagit. Je suis curieux de savoir si
les rumeurs qui se propagent sont exactes. [] On dit que les Amricains vous ont fourni
rcemment du nouveau matriel militaire, dont des armes sophistiques, certains disent quelles
sont ttes nuclaires. Peut-tre que vous les cachez l-bas, sous terre ? 163.
Le Mossad, au courant de tels agissements, augmente les primtres de scurit puis fait
planter des arbres afin dune part de cacher les btiments et peut-tre dabsorber les particules
radioactives164. Mais cela ne semble pas suffisant. En mai 1998, les autorits rvlent dtenir
un espion irakien, condamn 13 ans de prison pour espionnage au profit de lIrak. Mounir
Fathi Sad, incarcr en 1990 Nazareth aurait, entre 1981 et 1988 transmis des photos
dinstallations israliennes, dont celles de Dimona et de Hafa. On voque lide que lIrak
voulait y diriger plus tard ces Scud165. Ramzi Salah, du camp de rfugis de Jabaliya (Bande
de Gaza) est interpell par le Shin-Bet, avec une ceinture d'explosifs, le 2 janvier 2006 alors
quil envisageait de commettre un attentat-suicide contre le racteur166.
Des dirigeables rattachs au sol sont parfois en vol afin de gner les appareils espions.
Les autorits font clairement savoir quun aronef non autoris entrant dans la zone
dexclusion de 16 km de diamtre, serait intercept , mme sil porte les cocardes du pays.
Durant la guerre des Six Jours, un appareil isralien est abattu par les autorits qui craignaient
avoir affaire un avion arabe camoufl. En 1973, cest un avion civil libyen, errant au-dessus
du dme, qui scrase avec son bord 104 passagers, la suite dune interception militaire167.
Mais le grotesque est largement dpass lorsque le 21 mai 2006 et le 6 octobre 2009, deux
chasseurs de l'arme de lair sont envoys pour intercepter un parapentiste et un ULM qui
avaient eu l'imprudence de se rapprocher de la zone. Le parapentiste, habitant de Yroham,
160
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prtendant avoir t emport par le vent, est finalement libr aprs que les services de
scurit se soient assurs de son innocence168.
La menace peut affecter la centrale en dehors des primtres de scurit. En effet, le
15 avril 1998, les localits du Nguev sont prives deau la suite du sabotage du principal
canal dapprovisionnement. Le porte-parole du Conseil rgional du Nguev, Adva Lod,
accuse des individus arms de tracteur mais la police ne parvient les identifier. Les autorits
mettent lhypothse que des terroristes ont voulu priver la centrale deau de refroidissement.
Dautres pensent que des bdouins, inquiets des fuites radioactives, se seraient ainsi vengs169.
Le danger peut tre enfin informatique. Fin 1999, les autorits craignent demi-mots que les
vieux ordinateurs de la centrale, plusieurs fois remis niveau, ne puissent passer le cap de
lan 2000. Les experts reconnaissent que les ordinateurs n'ont pas t programms pour passer
au troisime millnaire. Selon certains spcialistes alarmistes, le 31 dcembre 1999, minuit
prcis, le complexe pourrait tout simplement surchauffer et provoquer une catastrophe. Le
gouvernement envisage ainsi, en cas de ncessiter, de faire vacuer la ville avant la fin de
l'anne, mais le plan de secours est gard secret. Les informaticiens de l'arme n'ont pas
attendu 1999 pour se pencher sur le problme mais se refusent garantir que les mesures
prises seront efficaces. Gaby Lelouche, le maire de la ville, en est rduit appeler les
habitants faire confiance nos gnraux qui trouveront bien le bon moyen de rsoudre le
problme170.
En septembre 2007, l'isralien Daniel Sharon est arrt au Liban pour espionnage
Dimona. g de 32 ans et disposant de la double nationalit isralienne et allemande, il est
relch faute de preuves171. Enfin, en fvrier 2008, le journal kowetien al-Jarida, affirme
quun attentat a t djou Dimona aprs quun haut responsable appel Mosh
travaillant au racteur, ait t arrt avec, sur lui, un plan visant faire exploser un des
chauffages du racteur. Lemploy serait galement souponn davoir envoy des
informations sur le site des sources trangres. Sa famille pensait quil participait un
programme militaire secret ltranger. Daprs cette mme source, ce haut responsable
aurait commis plus de dgts que Vanunu lui-mme172.
La ligne de chemin de Fer qui relie la ville Beersheba est ferme en 1970. Les
travaux principaux du racteur sont termins et la ligne na plus besoin de vhiculer des
matriaux. Pour le combustible et la maintenance, des camions, plus discrets, seront requis,
reliant le racteur dautres sites stratgiques. Mais en dcembre 2005, Dimona est de
nouveau relie au trafic ferroviaire. Selon Ofer Linczewski, le directeur-gnral des Autorits
168
Arouts Sheva, 22 mai 2006, Deux jets de Tsahal la poursuite d'un parapentiste .
LOrient, 15 avril 1998, Les canalisations d'eau du Nguev sabotes .
170
Le Soir, 7 juin 1999, Un syndrome Tchernobyl au cur du Nguev , Serge DUMONT.
171
Kol Isral, 12 octobre 2007.
169
57
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puissance du racteur, un nouveau systme de refroidissement est install la fin des annes
70177. Du ltroitesse de lensemble, on estime que les murs disolement mesure un mtre
dpaisseur, rempli de plomb, sur le modle de lusine de Savannah River Aiken SC aux
Etats-Unis. La vapeur dgage par la chaleur ne serait pas la production dlectricit mais
serait vacue dans lair. Selon Vanunu, cette vapeur est devenue radioactive cause des
fuites et de la corrosion. Elle serait vacue vers la Jordanie ds que les vents le permettent
mais cet argument nest avanc que par les dtracteurs dIsral178.
- Machon 2, est lendroit le plus secret et le plus important, une sorte de Hkl (lieu
saint): Construit de 1960 1965, le secteur comporte deux tages et six tages souterrains,
vingt-cinq mtres sous terre, accueillant 150 personnes. Le premier tage est la seule avoir
t visits par les Amricains. Il comprend des bureaux et des espaces dvolues la vie
quotidienne (cuisine, lieux daisance, ect). Ils sont constamment surveills. Dautres
travaux estiment que ce seul bloc est divis en 39 secteurs rassembls dans les 6 tages
souterrains179. Le complexe de sparation est situ dans le hall de production, appel le
tunnel , qui occupe le 4me sous-sol et fonctionne pendant des priodes de 34 semaines par
an, 24 heures sur 24, puis reste ferm le restant de lanne pour maintenance, de juillet
novembre. On y amne par grues spciales, de lextrieur, des barres duranium trempes
dans de lacide nitrique pendant 30 heures. Les barres duranium sont conserves dans des
cuves deau pendant plusieurs semaines afin que la courte vie des radio-isotopes dcline. Les
rsidus sont retraits pour de nouvelles tiges. Elles sont ensuite manipules derrire des
panneaux de plomb par des bras robotiss, optimiss par Aaron Katzir, qui fut aussi membre
de lIAEC et de linstitut Weizmann180. On y produirait par an neuf boutons de plutonium pur
de 20 130 grammes chacun environ (1,7 kg par semaine). Le service de fabrication
commande les niveaux souterrains 1 4 partir dune salle de contrle nomme balcon de
Golda au deuxime sous-sol, en souvenir de la visite de la Premier ministre. Le plutonium
est usin dans le 5me niveau. Ultra secret, le secteur est interdit Vanunu mais il parvient le
photographier. Il y dcouvre de luranium sous forme de mtal, entrepose dans des fts
plombs remplis dargon et des demi-sphres de ttes nuclaires. Les lments au lithium et
au bryllium qui stabilise et amplifie leffet de la bombe y sont conus. Les bombes sont
transportes par des convois anonymes vers Hafa. Le 5me tage est celui de la fabrication du
plutonium, du lithium-6 et du bryllium. Initialement, le tritium est produit par lunit 92 de
Machon 2, spar par un modrateur deau lourde. Ces allgations sont confirmes par la RSA
qui dit avoir reu 30 grammes de tritium de 1977 1979. En 1984, la tche est confie une
176
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nouvelle unit, la 93 ou 95, qui extirpe du tritium sous forme gazeuse partir du lithium
irradi et extirpe aussi de loxygne dans le racteur. Les gaz sont spars dans une colonne
de palladium sur amiante. Le tritium est stock sur de luranium pyrophorique181.
- Machon 3 : Traitement de luranium naturel trait avec du lithium-6 pour concevoir
les barres duranium.
- Machon 4 et 10 : Traitement des dchets et rsidus radioactifs. Le tout est mlang
du goudron dans des fts pour tre enterr. Certains dchets sont retraits puis rutiliss des
fins civiles ou militaires (blindage driv du Chobham ou munition uranium appauvri)182.
Production de tritium, lithium et deutrium.
- Machon 5 ou Departement Metal: Luranium est recouvert daluminium pour fournir
les barreaux de combustible qui forment le cur du racteur. lintrieur se forment les
isotopes de plutonium pour des applications militaires. Cest l que lon assemble les bombes.
- Machon 6 : Fournit de lnergie lectrique aux autres complexes.
- Machon 7 : Pas dexistence avre ou activits ignores, mais toujours selon Vanunu
qui nen entendit jamais parler.
- Machon 8 : Centre dessais. Lunit secrte 840 est charge de lenrichissement
depuis 1979 grce des centrifugeuses gaz puis grce au laser. On y extrait le plutonium.
Cest aussi l que luranium appauvri est trait pour des munitions et du blindage.
- Machon 9: Complexe de sparation disotopes au laser pour lenrichissement de
luranium afin daugmenter la proportion disotope plutonium-239 dans le plutonium.
Oprationnel depuis 1979.
II.1.3 LIAEC, la grande ordonnatrice
Le 13 juin 1952 est cre lIsraeli Atomic Energy Commission (IAEC) sous la direction
de Bergmann, sur le modle et limpulsion du CEA franais. LAgence indique que son rle
est de dterminer la politique des besoins nuclaires du pays . Il est situ dans le centre de
recherche de Sorek. Le professeur Yisrael Dostrovsky en est le directeur-gnral en tant que
first chief nuclear commissioner183, mais aussi le chef de la Practical Science
Administration184. Mais Bergmann napparat pas comme un bon gestionnaire. Cest mme
Prs qui dcide souvent sans lui, comme ce qui relve des collaborations trangres. LIAEC
comprend vingt commissionnaires185 et comprendra jusqu 500 personnes, regroups en trois
180
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II. 1.2.4 Sdot (Sderot) Micha, Tel Nof, Tirosh et Beit Zechariah
En dcembre 1967, Yigal Allon inspecte les premiers travaux du site, construit par
Tahal, la socit nationale de traitement des eaux. Des tubes dacier et de bton sont dtourns
dun contrat isralo-iranien doloduc pour devenir des silos. Ds 1966, un cadre de la socit
est nomm par Eshkol lIAEC la sous-commission de lnergie et de leau187. Situ 45
km au sud-est de Tel-Aviv, ses dimensions sont imposantes (6 km x 4 km) mais rduites
compares celles des principales autres puissances nuclaires, du fait de lexigut du
territoire et des exigences de discrtion. Zechariah signifie en hbreu les dieux se
souviennent avec vengeance , un nom prdestin. Selon les experts occidentaux, Sdot Micha
est un centre de stockage de missiles nuclaires188 construit en 1971189. La signature satellite
rvle nanmoins que certaines ttes seraient conventionnelles. En fait, les diffrentes parties
du missile sont stockes dans des locaux diffrents (charge nuclaire 5 km des vecteurs) afin
de prvenir et limiter les dgts daccidents, de frappes prventives ennemis ou dactions
terroristes. Les Jricho-1 et 2 y sont stocks o lon y recense dabord 100 emplacements
mesurant 10 mtres sur 30. Ils auraient t rduits entre 23 et 50 silos auxquels il faut
ajouter 10 20 autres emplacements. On compte 50 Jericho-1 Sdot Micha. Depuis les
186
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hangars creuss dans les collines, les missiles sont tracts par des transporter-erectorlaunchers (de 16 mtres de long pour une base de 4X3) jusquau pas de tir, escorts par un
gnrateur mobile, un vhicule de commandement et un autre de communication. Le
complexe intgrerait, dans une vaste structure insre la fois lenvironnement et au tissu
urbain, les centres de Tel-Nof et Sdot Micha190, par manque despace.
Le complexe de Zechariah est survol en septembre 1997 par le satellite indien IRS-C.
Les images dIkonos, prises durant lt 2002, indiquent que les nouvelles infrastructures
construites rassemblent lessentiel des missiles et charges nuclaires du pays, ce qui explique
le partenariat avec la base arienne de Tel-Nof, dans les collines de Jude191 do peut
dcoller le black squadron 192, une escadrille de bombardiers nuclaires. Cette ancienne base
de parachutistes est la plus importante pour la stratgie isralienne de dfense. Les appareils
peuvent tre des A-4 Skyhawk, 8 Phantom (retirs du service en 1980), des F-15 Eagle, des F16 Falcon ou des Kfir. Les 150, 199 et 248, 106, 114, 118, 119, 133, 148, 201, 505, 669me
squadron contrlent la zone. Chaque escadrille est elle-mme entoure dun primtre de
scurit de cinq kilomtres. En cas de frappes, les dgts ne risquent donc pas de se propager
aux autres escadrilles. Cest galement un centre dentranement. Il y a trois pistes daviation.
Les bombes atomiques ariennes sont entreposes dans des hangars quelques kilomtres de
Tirosh. Le site apparat comme un complexe de routes reliant 70 bunkers. Comme pour tous
les sites, lensemble est sous le contrle du Lekem. La base est agrandie entre 1989 et 1993 et
regroupe 21 nouveaux bunkers. Les cinq plus grands mesurent 6 mtres de haut, 15 de large et
20 de long. Cest ici quen dcembre 1990, pendant la guerre du Golfe, des Jericho-2 sont mis
en alerte et que des tests sont effectus dans les annes 1980.
janvier 2001.
190
Rapport OTAN, Appendix 10A. World nuclear forces, Hans KRISTENSEN et Joshua HANDLER, 2001, p. 42.
191
Janes Intelligence Review, Could Israels nuclear assets survive a first strike?, volume 9, n 9, 1997, pp.
40710.
192
Selon NBC news,
193
The CBW conventions bulletin,, Ibid.
194
En mai 2007, Rafael se spare de son dpartement IT systems soit 1300 personnes, celui qui dveloppe les
systmes Trophy et Typhoon (pour la marine), et la station Samson. La division missile , la plus grande de la
compagnie compte 2 400 employs, et englobe dsormais la branche communication et IT, et est renomme
62
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convois secrets de Dimona. Cest aussi un centre dactivit ptrolire et le terminus des
importations militaires israliennes en provenance de ltranger. En cas dattaques
conventionnelles ou non-conventionnelles ennemies, le risque de pollution serait ici
considrable. Une usine de traitement duranium y serait installe car cest par-l que
transitent les importations duranium.
Beer Yaakov est un entre d'assemblage des missiles Jericho-2 et sige des systmes
C3I par les IAI pour les programmes Arrow et Shavit. The Bor est le quartier-gnral
souterrain de Tsahal, en bton arm, derrire le ministre de la dfense Tel-Aviv195. Il abrite
les centres nvralgiques dcisionnels de larme. Eilabun est un entrept dobus nuclaires,
fait mis en doute par GlobalSecurity.org, de par sa structure et de sa taille. Yodefat est le
principal centre d'assemblage et de dmantlement d'armes nuclaires depuis que les 2
premires bombes y sont produites en 1966. Aujourdhui, il est surtout spcialis dans les
missiles balistiques. Selon Vanunu, des convois y apportent le plutonium provenant de
Dimona. Dautre sites recouvrant la R&D et le stockage darmes dissuasives existent et sont
considres comme des EHI. Mais les informations sont rares. LAIEA recense ainsi :
luniversit Bar-Ilan, lHebrew University, lUniversit de Tel-Aviv (Department of Nuclear
Physics), luniversit dHafa, le Ben-Gurion University of the Negev (Department of Nuclear
Engineering), la Nuclear Authorities, lIsrael Nuclear Society fond en 1973 et regroupant
150 scientifiques, The Israel Academy of Sciences and Humanities et lIsrael Plasma Science
and Technology Association196.
II.2 Linfrastructure du rseau biochimique
II.2.1 LIIBR de Ness-Ziona : La superstructure du programme biochimique
II.2.1.1 Description du site
Ce que Dimona est au programme nuclaire, lIsraeli Institute for Biological Research
(IIBR) l'est pour le programme biochimique. Bergmann le cr avec le retour de Ben-Gourion
aux affaires militaires. Le 18 fvrier 1952, sur ordre de Yadin, Alexandre Keynan quitte
Jrusalem pour Jaffa o il monte la premire unit, appele Hemed Beit. Elle dmnage
ensuite Abu Kabir, un village au sud de Tel-Aviv. Puis, lunit sinstalle dfinitivement
lextrieur de la ville de Ness-Ziona. Linstallation suscite une controverse. Les mdias arabes
prcisent que les locaux appartenaient un notable arabe, expropri avec sa famille, par
missile and network warfare division . La division armement, qui emploie actuellement 1 300 employs
devient l armaments and defense systems division. Elle englobe tous les produits et technologies de protection.
La dernire division, appele rockets and engines division o travaillent 900 personnes, englobe les dpartements
Givon et Maltam des IMI. Israelvalley, 1er mai 2007.
195
Seymour HERSH, op.cit., p. 231.
196
AIEA,
Israel
Nuclear
Energy
Handbook,
2010,
http://www.iaea.org/inisnkm/nkm/ws/countries/israel.html#110.
63
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II.2.1.2 Activits de dfense plus ou moins camoufles par des activits civiles
Selon le site officiel de lIIBR, les domaines de recherches sont: En biologie:
Recombinant DNA Technology, Engineering of Proteins and Enzymes, Fermentation
Biotechnology, Fuel and Environmental Biotechnology, Mechanisms of Viral and Bacterial
Pathogenesis, Diagnosis of Infectious Diseases ; en chimie mdicale: Synthesis of Fine
Chemicals and Drugs, Environmental and Biopharmaceutical Analysis Center, Pharmacology
and Behaviour Assessment, Alzheimer's Disease and Related Disorders; en recherches
environnementales: Optics in the Atmosphere, Air Pollution Meteorology and Risk Assessment
Physical Surface Chemistry, Detectors and Biosensors203. Les laboratoires sont classs P3204.
Problme : comment distinguer ce qui relve du militaire ? Par exemple, la toxine botulinique,
employe forte dose pour des armes chimiques, est utilise petite dose pour de la mdecine
musculaire civile
Les principales activits se situent autour du Parc de la Science Krriat Wiezman. En
fait, Ness-Ziona ne compte pas un, mais des laboratoires de fonctions diverses. Des activits
civiles sont prsentes comme la clinique spcialise dans les maladies mentales205. Le centre
de recherche mdicale est sous lautorit du docteur Zvi Teitelbaum, chef de la mdecine
chimique .Ses productions (tel le kit portatif de localisation d'explosifs ETKfive, les kits de
dtection chimique Elbit206 et de gaz de combat CDK et SCAD, des vtements de protection
en polymre, le kit de dtection de drogues DDK, les systmes dfensifs de Shalon Chemical
Industries [fond en 1967] et Bezal R&D), sont ensuite vendus surtout vers lEurope et les
Etats-Unis, ce qui permet de financer la recherche, et dengranger une importante source de
devises. Rafael exprimente des combinaisons NBC mais dans ses propres laboratoires 207.
Isral collabore galement avec lOPCW, les Amricains des Sandia National Laboratories,
du Center for Disease Control and Prevention, de la National Institute of Allergy and
Infectious Diseases, du laboratoire militaire amricain de Fort Detrick et de la Defence
Advanced Research Project Agency208, et de la plupart des laboratoires occidentaux. La
203
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
socit BAS (Biological Alarm System), conoit des systmes de dtection dattaque NBC,
Renaissance biomdical solutions-RBS Corporation la conception de vaccins, Barritec des
films plastiques capables de faire office dcran contre des armes biochimiques.
Sur les recherches gntiques, de nombreuses rumeurs circulent car si travaux sur la
gntique agricole sont connus, lOppenheimer St. Science Park Rehovot est accus sans
preuve de manipulation gntique humaine209. De l viennent peut-tre les allgations sur le
dveloppement de lethno-bombe (voir plus loin). En effet, des cartes biologiques sont cres
avec lentretien et ltude de bactries pathognes et danticorps210 mais il pourrait seulement
sagir de lutte contre les maladies gntiques. Des bacilles sont nanmoins cultivs des fins
de recherches: Les multiples productions bio pharmaceutiques du complexe consistent
principalement en deux ordinateurs modernes contrlant des cuves de fermentations de 500 et
200 litres, utilises pour la culture de cellules de mammifres et de bactries [] drives
biologiquement 211, prcise le site de lIIBR. Sauf que de telles installations sont aussi
attestes Fort Detrick et en Europe. Lexpression driv biologiquement suscite certaines
interprtations. Car llaboration dantidotes212 ensuite soumis des bactries de plus en plus
rsistantes213, dveloppes sparment, ressemble fortement la conception darmes
bactriologiques.
LIIBR est galement spcialis dans lpidmiologie. Ces recherches ne sont pas un
secret, au point que dans les publications scientifiques nationales et internationales, le nom de
lIIBR est relativement frquent. En lisant entre les lignes, on peut trouver des arguments
attestant des recherches militaires et leur contraire. Le site Internet officiel parle de recherche
dans la dissuasion , la microbiologie et les microorganismes pathognes. Les activits du
centre incluent aussi le dveloppement de diagnostics relatifs la menace dagents
bioterroristes 214 tels lanthrax, la peste, la fivre du Nil215, les conotoxines, les agents
neurotoxicologiques, le sarin, le VX, le soman et le tabun. En 2004 en Sude, lors dun banal
sminaire de mdecine chimique 216, le docteur Amitai de lIIBR disserte avec des
collgues trangers des effets du VX. De plus, des docteurs publient des recherches de niveau
international sur lactylcholinestrase entrant dans la conception de gaz neurotoxiques. En
WOHLLENBEN.
209
Assemble Parlementaire OTAN, 2004, 167PCTR 04 F, Les implications du concept de scurit de lUE ,
Rupprecht POLENZ.
210
IIBR, 2004, Functional Genomics and Proteomics.
211
IIBR, 2004, Process Biotechnology.
212
Nouvelles d'Isral, mars 1998.
213
IIBR, 2004, Mechanisms of Viral and Bacterial Pathogenesis.
214
IIBR, 2004, Diagnosis of Infectious Diseases.
215
Le virus se trouve habituellement en Afrique, au Moyen Orient, louest de lAsie et au sud de lEurope. Les
premires pidmies ont t dcrites en Isral de 1951-1954 et en 1957. Lpidmie la plus importante reste celle
de 1974 en Afrique du Sud. Eurosurveillance, 2004 Vol ,9 Issue 12, p. 3.
216
GIC, Research rapport 8th International Medical Chemical Defense, Conference 27-29 avril 2004, Elisabeth
ARTURSSON, Sven-ke PERSSON, Stefan ARVIDSSON, 7th session Verification and decontamination after
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UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
2001, Isral affirme fabriquer un antidote anti anthrax pour la population isralienne ,
partir de la recherche gntique.
La limite entre produire des armes bactriologiques et cultiver des bacilles en vue
dantidotes ou de pesticides est ambigu. Les activits militaires du site ne sont pas dissocies
de la recherche civile217. Les bioprocds sont en effet considrs comme un vaste champ
d'applications potentielles : Cultures de bactries, de levures, de cellules animales,
dveloppement et utilisation d'outils bioinformatiques dans le but de rationaliser et de
comprendre la structure, la stabilit, la dynamique, les interactions et la fonction des
macromolcules. Les cultures de bactries et de levures sont trs souvent utilises dans
l'industrie biotechnologique afin de synthtiser de nombreux produits, notamment des vaccins
et des matires synthtiques. Anthony Cordesman, Karel Knip (journaliste allemand), lexpert
britannique Julian Perry Robinson et les historiens israliens Uri Milstein, Avner Cohen et
Gordon Thomas, sont daccord sur le fait que ltat y fabrique des gaz neurotoxiques
asphyxiants, agents sanguins, gaz vsicants comme le tabun, le soman, le chlore, le phosgne,
le RVX, lamiton et le diphosgne. Ils ajoutent quil existe une coopration troite entre l'IIBR
et le programme amricano-britannique sur ltude de la propagation des virus et des bactries
par les rongeurs et les insectes, la variole, les maladies fongiques et la lgionellose218. Meir
Dagan, du Mossad, autorise lutilisation de gaz, de poisons et de virus, fabriqus dans
dpartement B3. Cette information est interprte par les antismites comme de la production
chelle industrielle dun arsenal douteux219. La fabrication dagents chimiques de petites
dimensions porterait le nom d'un programme spcifique appel dirty tricks (sales tours)220.
Le Monde, de son ct, explique:
Lorsque Isral dcide, quatre ans aprs sa fondation, en 1952, de se doter d'un centre de
recherches sur les armes chimiques et biologiques, Ness-Ziona n'est encore qu'un gros bourg de
4000 habitants. Aujourd'hui, c'est un faubourg, avec 30000 rsidents. [] Que fabrique-t-on
derrire les hauts murs parsems de projecteurs et de censeurs lectroniques qui cernent l'endroit ?
Mystre. Au moins quarante-trois types d'armements non conventionnels, des virus aux toxines de
champignons en passant par les bactries et les poisons de synthse, affirmait une enqute du
Nouvel Observateur en janvier 1994. [] La recherche y est au service de la dfense. Et les armes
sophistiques qu'on y invente sont d'une nouvelle gnration, post-atomique. L'Institut Ness-Ziona
est en ralit au cur d'un complexe militaro-mdical charg de mettre au point des armes
chimiques et bactriologiques ainsi que leurs antidotes [] dont l'laboration, [] ne va pas sans
problmes de conscience chez les scientifiques concerns221.
Sur lenceinte de scurit comme sur la structure des btiments, on remarque une certaine
analogie avec lusine biochimique de Kirov, du temps de lURSS, qui elle aussi tait ceint de
chemical agent exposure, p. 13.
217
IIBR, 2002, International Symposium on Cholinergic Mechanisms - Functions and Dysfunction & 2nd
Misrahi Symposium on Neurobiology. Voir aussi Walter ASHANI, Reed Army Institute of Research, Silver
Spring, MD, Etats-Unis, Procell, Rockville, MD, Etats-Unis, Department of Biochemistry and Pharmacology,
USAMRICD, Edgewood, MD, Etats-Unis.
218
Abu SITTA, Ibid.
219
John F MAHONEY, Ibid.
220
Palestine Solidarit, Isral : armes chimiques et biologiques .
221
Le Monde, 8 janvier 1994, L'espion secret d'Isral condamn huis clos en 1983. Edwy PLENEL.
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deux murs en bton arm, et appartenait au GRU et au KGB222, qui dailleurs eux-aussi
employait des substances pour des assassinats politiques. Cette ressemblance est
probablement due aux migrants juifs dURSS vers Isral. Selon le Yediot-Aharonot, le pays
continue stocker le virus de la variole, en violation des traits, et dans des conditions de
scurit dfectueuses223. Les 25 septembre et 4 octobre 1998, le Times estime que toute les
chancelleries occidentales connaissent et dissimulent les activits de lIIBR : Linstitut
biologique secret de Ness-Ziona, est reconnu par les milieux diplomatiques comme tant le
plus avanc du Moyen-Orient en la matire. Isral est rgulirement attaqu par les tats
arabes de continuer fabriquer de telles armes grande chelle, mais Isral na jamais admis
possder des armes biochimiques 224.
Brian FREEMANTLE, Le KGB, le plus secret des services secrets, Plon, 1986, chapitre XII.
Le Figaro, 18 fvrier 1999, Ibid.
224
The Sunday Times, 4 octobre 1998, Israeli jets equipped for chemical warfare, Uzi MAHNAIMI.
225
Les Echos, 4 septembre 2006, La recherche informatique est amricaine .
223
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Finalement, il ouvre ses portes en 1924, les seize premiers tudiants se partagent deux zones
de recherches, lingnierie civile et larchitecture. La langue choisie est lhbreu, ce qui
signifie que le centre est la premire institution est le noyau lgitimant un futur tat. Les
effectifs samplifient dtudiants fuyant les discriminations dEurope, en particulier
dAllemagne, dAutriche et de Pologne. Les difficults financires contraignent parfois les
scientifiques travailler gratuitement. Un afflux excdentaire de 400 tudiants, oblige lcole
se diversifier en ouvrant onze autres laboratoires dingnieries comme en 1938 en
Architecture, et plus tard en Gnie Industriel, Gnie Civil, auxquels sajoute une cole navale.
Sur la version franaise du site du Technion, rien nest dit sur le dveloppement
possible darmes. En revanche, le site officiel y fait rfrence : dans les annes prcdant
ltablissement de ltat, le Technion est un centre actif de la rsistance juive et une source de
solutions dans la dfense technologique, cruciales dans la lutte pour lindpendance 226. Le
fils du futur Premier ministre dIsral, Yar Shamir, rappelle la participation du centre dans
leffort de guerre : Des milliards de dollars ont t injects dans lindustrie de la dfense au
cours des annes soixante-dix. Lorsque les tudiants du Technion se frottaient llectronique
ou linformatique, ctait quasi exclusivement usage militaire. Paralllement, larme a cr
des units dlite pour dvelopper des outils technologiques en interne. Des firmes comme
IAI, Tadiran ou Elbit ont intgr ce savoir-faire, avant de dvelopper des activits ddies au
secteur civil 227.
En 1948, 680 tudiants y clbrent lindpendance. En 1949, est lanc une srie de
projets ambitieux comme le Dpartement dingnierie aronautique qui constituera la future
base de lindustrie aronautique militaire du pays. En 1951, 966 lves y sont accueillis. Le
manque de place force Ben Gourion rquisitionner 300 acres de terrain supplmentaire. En
1953 Ben Gourion choisit un site de 120 hectares pour agrandir le complexe ce qui permet de
rassembler le Technion Research and Development Foundation, lcole des diplms et les
facults dagriculture (1953), de Chimie (1954/1958), dindustrie et du management (1958)
sur un mme site. En 1954, Einstein y reoit son Doctorat Honoris Causa. Sa notorit
grandit au point que durant son second mandat, Winston Churchill reconnat que le
Technion tait la plus grande contribution pour btir la future prosprit dIsral , et que
cette prosprit devrait tre un grand bnfice pour les autres pays . Plus tard, Yitzhak
Rabin en visite au complexe, dclare aux scientifiques : Vous, les membres du Technion,
nous avez men sur la route de la technologie, de la science et de lingnierie . Mme le roi
Hussein de Jordanie assure que le Technion est le phare du savoir dans la rgion .
Gorbatchev se fend aussi dun pangyrique : le Technion est le bastion du progrs
226
227
Division of Public Affairs and Ressource Development, Technion, Israel Institute of Technology, 2006.
Israelvalley, 10 novembre 2008, Ngociations dun mga-contrat de 1,5 milliard de dollars en Inde .
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scientifique et technologique 228. En mai 2009, pour saluer limportance du centre dans les
relations franco-israliennes, Muriel Touaty, directrice excutive du Technion France, est
promue en mai 2009 Chevalier de lOrdre National du Mrite par Valrie Pcresse. En mai
2010, lassociation invite plusieurs entreprises au Technion, dont le CEA franais, Sanofi,
ParisTech et Eurobiomed229.
Les militaires sy dplacent, comme Moshe Dayan en 1958, grand dfenseur de
lapport scientifique dans la Dfense. Durant les annes 1960, Isral fait bnficier de sjours
des tudiants des pays africains et asiatiques allis. Par lintermdiaire des programmes des
Nations Unies, on leur apprend essentiellement des techniques agricoles, mdicales et de
constructions urbaines. Dans le cas de lAfrique du Sud ou de la Birmanie230, la collaboration
porte sur des applications moins civiles . De nouveaux dpartements sont crs en
physique (1960), en biotechnologie (1962), en informatique (1969), en mathmatiques
appliques (1960) et en biologie (1971). En 1961 est cr la Facult de Sciences suivie huit
ans plus tard, de la Facult de Mdecine. En 1966, le Technion Research and Development
Foundation fonde Elbit, dabord dvolue la recherche mdicale pour la mise au point de
mdicaments (exports en partie aux Etats-Unis pour 970 millions de $ par an)231. Elbit se
dcline en plusieurs branches par la suite, dont une grosse partie recouvrant du matriel
militaire. Le dpartement mdical collabore avec Selfcare Corp, une firme amricaine. Le lien
entre recherche mdicale et arme est donc prouv. En 1969 souvre la premire cole de
mdecine au monde tre affilie un centre technologique 232. Marqu par la guerre du
Kippour, la recherche se concentre ensuite davantage sur la scurit en matire de
technologie darmement. Il sagit, la fois de mener une course scientifique face aux pays
ennemis tout en maintenant la coopration civile, notamment dans un projet commun de
dessalement de leau de mer laide dnergie nuclaire.
En 1978, le Samuel Neaman Institute for Advanced Studies in Science and Technology
encourage les interactions entre la recherche, le gouvernement et lindustrie afin de
rentabiliser et matrialiser les fruits de la recherche. La premire cration dimportance du
Technion concerne les fibres optiques en 1981 par les professeurs Sivan, Braun et Eichen
(Fibronics). On dveloppe aussi les sciences lies la cyberntique. Dans les laboratoires
militaires sont optimises, dans les annes 1980, les technologies nuclaires (traitement
duranium) et celles lis lnergie solaire. Les techniques balistiques y sont amliores par
les IMI. Dans les annes 1990, la forte migration dingnieurs juifs dURSS accrot
sensiblement les effectifs de luniversit 10000 lves, puis 15000 en 2004. En 1993 y est
228
70
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conu le plus petit satellite du monde. En 1998, le Technion labore un transistor (1/100
000me fois plus petit qu'un cheveu humain) et de lancer un autre microsatellite, le Gurwin
TechSat II. Enfin sont tudies des antimissiles, par lintermdiaire du professeur Josef Shinar
de la Facult d'arospatiale du Technion. Le Technion fait d'Isral la plus forte concentration
de dentreprise high-tech, juste aprs la Silicon Valley. 71000 tudiants et professeurs sy sont
croiss depuis sa cration, fournissant 70% des ingnieurs du pays. Le Technion revendique
quelque 12771 lves en 2005, issus de 35 pays du monde, dont un quart sont des licencis. A
cela sajoutent 900 membres du corps enseignant forms en Isral et l'tranger.
19 facults et dpartements, 11 Instituts de Recherche, 15 centres interdisciplinaires
d'excellence et 40 centres de recherche composent lentit scientifique (Campus de plus de
132 hectares pour 200 btiments), tel l'Institut suprieur de chimie thorique, l'Institut Asher
de recherche spatiale, l'Institut de recherche marine et ctire (CAMERI), l'Institut de hautes
tudes mathmatiques, l'Institut de physique thorique, l'Institut national de recherche en
btiments (NBRI), l'Institut Neaman de Hautes tudes scientifiques et technologiques (SNI),
l'Institut familial Rapaport de recherche en sciences mdicales, l'Institut Silver de
biomdecine, l'Institut des tats solides, l'Institut de recherche sur les transports, l'Institut de
recherche hydraulique. Quelque 160 confrences internationales y sont organises par an. Le
tout est canalis en diffrentes branches : Gnie (Arospatial, Agricole, Alimentaire et
biotechnologie, Biomdical, Chimique, Civil, lectrique, Industriel et gestion, des Matriaux,
Mcanique), Sciences:
Physique,
Mdecine), puis Architecture et planification urbaine. Les cours sont donns en hbreu et en
anglais.
Des accords de coopration internationale ont t signs avec notamment les Instituts
Technologiques de Berlin et d'Aix la Chapelle, la Facult des Sciences appliques/cole
polytechnique Chimie et Science des matriaux de Bruxelles, l'Institut Technologique de
Tokyo et l'cole Polytechnique en France pour laquelle le Technion est notamment reconnue
comme une cole d'application. Un dpartement dtude dagents pathogne entretien des
relations de recherches communes, dans le cadre du FP6 avec le CNRS de Nice et luniversit
de Wrzburg en Allemagne. La Silicon Valley isralienne participe entre autre la Fondation
Binationale de Sciences (tats-Unis / Isral), au cinquime Programme de Recherche
europen et au Centre Europen de Recherche Nuclaire (CERN). Des firmes internationales
(Intel, IBM, Motorola, HP et Digital) sy sont installes.
Le Russell Berrie Nanotechnology Institute est lune des structures les plus
importantes, et les activits biochimiques sont nombreuses. Parmi quarante dentre elles
prsentes sur le site internet du laboratoire, quelques-unes peuvent ventuellement concerner
232
Israel Institute of Technology, Presenting Technion , clip promotionnel, 1 minute 43. 2004.
71
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CHAPITRE II
LA TRIANGULAIRE EUROPE/ USA/ ISRAL
Fort de leurs premires recherches, Isral propose en change de ses premires
expriences dans le domaine de latome, une collaboration avec la France, sous loeil de
Washington. La France joue un rle cle dans ce programme isralien, en fournissant les cinq
composants dun programme nuclaire classique: un racteur de recherche, un usine
dextraction de plutonium, les plans pour fabriquer une bombe, de luranium et de leau
lourde.
I Contexte d'alliance
I.1 Les premisses d'un programme franco-isralien
I.1.1 Les fils de Manhattan: Des pions dans la prolifration occidentale
Lutilisation par Isral de technologies nuclaires trangres est opte par mesure de
rapidit et de moindre cot. La France dispose d'un noyau de savants atomistes de trs haut
niveau, forms avant la guerre, notamment les Curie. Les Franais participent ensuite au
projet Manhattan puis aux programmes canadiens et britanniques. La grande majorit des
scientifiques allemands ayant t contraint de travailler pour les deux supers Grands, la
France privilgie les savants juifs qui apportent la technologie atomique anglo-saxone
militaire. Bertrand Goldschmidt, le grand ordonnateur du programme franais, responsable
franais lIAEA de 1958 1980, est un de ceux-l. En juin 1933, alors g de 21 ans, il
tudie l'cole de physique-chimie comme prparateur dans lquipe Curie. Fait prisonnier
par les Allemands, puis relch pour son importance scientifique, il part enseigner
Montpellier, puis est rvoqu parce que juif. Il rallie alors New-York en mai 1941, puis
devient chercheur l'universit de Chicago, pour le projet Manhattan, sous la direction de
Glenn Seaborg. Il y frquente alors Einstein et Leo Szilard. Ensuite, il participe au programme
anglo-canadien Montral avec deux autres franais, Hans Halban et Lew Kowarski. Il met
au point un solvant afin dlaborer le combustible nuclaire. A Ottawa, latomiste Jules
Guron247 persuade De Gaulle le 11 juillet 1944, de la ncessit dune bombe franaise, afin
de recouvrer son statut de grande puissance248. De Gaulle est prvenu que les Amricains
refusent dabord de partager leurs recherches avec la France (souponne dtre trop
influence par les communistes). Goldschmidt est ainsi licenci par crainte despionnage.
247
Le fonds d'archives Jules Guron de l'European University Institute est prcieux pour cette thmatique.
Guron est ingnieur pour les programmes amricains, britanniques et canadiens. Il rejoint le CEA, en devient le
directeur du dpartement de physique-chimie. En 1958, il est directeur gnral pour la recherche et
l'enseignement Euratom.
248
Guillaume FEST, La politique trangre de la France, Isral et le conflit Isralo-palestinien, de lIntifada aux
accords dOslo. Mmoire de matrise, juin 1999, Toulouse II le Mirail, p. 19.
75
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
249
Canadian Nuclear society home page, 15 juin 2002, Dcs de Bertrand Goldschmidt, un des pionniers
franais de l'nergie atomique. Aprs tre reu comme colaurat du prix Atom for Peace, dcern aux tatsUnis des savants qui ont contribu [...] la comprhension de la puissance de l'atome et son contrle par
l'homme, il devient, en 1980, prsident du Conseil des gouverneurs de lAIEA. Il meurt le 11 juin 2002 89
ans. Un homme discret mais incontournable pour le nuclaire mondial.
250
Pierre PAN, op.cit., p. 58.
251
Georgette ELGEY, Histoire de la IVe Rpublique, malentendu et passion, la rpublique des tourments 19541959, TII, Paris, Fayard, 1997, p .145.
252
Des juifs aux Etats-Unis permirent la France, par le plan Marshall, dacheter des armes quelle revendait
Isral, contournant lembargo Amricain interdisant ltat hbreu dacheter des armes. Marcel DASSAULT, Le
Talisman, Jai lu, 1970.
253
Avner COHEN, Israel and the Bomb, New York: Colombia University Press, 1998, 25.
254
Malcom W BROWNE, Atlas historique dIsral, Isral et la bombe, p 54
255
Samuel COHEN, Confessions of the Father of the Neutron Bomb, Los Angeles, 3rd Edition, 2006, 288 pages,
p. 164.
76
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Britanniques les quelques rsultats quils avaient obtenu pour obtenir, en retour, un savoirfaire significatif qui a largement contribu aux avancs du projet nuclaire isralien 256.
Mais contrairement lide reue, la France ne fabrique pas clandestinement sa
bombe. Cest cette ide reprise par tous les spcialistes en gostratgie que combat la
journaliste Dominique Lorentz, qui explique avec accuit que la CED (communaut
europenne de Dfense), est la matrice des programmes nuclaires europens, encadre par
Washington, afin quen cas de guerre entre lEurope de lOuest et lURSS, la riposte nuclaire
nengage pas les Etats-Unis. Il y aurait mme un projet avort de bombe italo-germanofranaise257. Cet vnement est attest par Attali: Japprends lexistence dun accord secret
de dfense franco-allemand, dat de novembre 1957, prvoyant dassocier les Allemands aux
travaux et rsultats accomplis en france sur lnergie nuclaire, accord annul par De Gaulle
ds juillet 1958258. Cest peut-tre dans cette optique que la France, soucieuse de prserver la
collaboration secrte, ne souhaite pas intgrer la CED. Il y a certes des rivalits entre une
hyperpuissance maladroite et une moyenne puissance indocile259, mais le programme
franais sera aid et financ par les Etats-Unis, condition que Paris se montre vassale, ce qui
nest pas toujours le cas et expliquera ainsi les nombreuses oppositions amricaines. Les
gaullistes ne font pas exception la rgle. Seule la manire pose problme. Comme lexplique
Francis Perrin, un des responsables du CEA, les Amricains autorisent les techniciens franais
du projet Manhattan utiliser la technologie nuclaire en leur ordonnant de garder le secret
mais Perrin affirme : Nous considrions que nous pouvions donner les secrets atomiques
Isral sils gardaient leur tour le secret. [...]. Mais les Israliens nous dirent que si les
Amricains ne nous aidaient pas dans une situation critique, nous vous demanderons vous
Franais de nous aider260. Tandis que le programme civil isralien reoit laide amricaine,
Isral lance son programme militaire laide de la France. A Washington de se dbrouiller
pour ne rien savoir. Isral joue donc sur les deux tableaux, dsirant rduire son technological
gap en profitant de la rivalit entre Washington et Paris, lun fournissant la technologie civile,
lautre la technologie militaire, linfrastructure, les vecteurs et surtout la couverture . De
sorte que Lorentz affirme que cest Isral qui donne la bombe la France et non pas linverse.
Washington fournit la bombe la France par lintermdiaire dIsral et nuclarise Isral grce
la France. Ainsi, les Etats-Unis aident officieusement Isral, par des moyens dtourns, tout
en se lavant les mains et pointant la France en cas de scandale international si daventure il
tait rvl. Lensemble de ces relations officieuses sest fait par des accords davantage
256
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
verbaux qucrits, afin dagir en toute impunit. Et cela pose problme pour le chercheur,
comme le reconnat Lorentz261. Ainsi, en 1952, le programme atomique franais est lanc
avec des fonds amricains. En 1953, Paris et Tel-Aviv signent laccord de coopration. La
relation triangulaire sinstaure.
I.1.2 La bombe de la IVe Rpublique
Joliot-Curie, signataire de lappel de Stockholm (comme un certain Jacques Chirac qui
sera ensuite lun des aptres de la prolifration) est dmis de ses fonctions par Georges
Bidault, le 28 avril 1950. Flix Gaillard, devenu secrtaire dtat lnergie atomique,
nomme sa place Francis Perrin. Pierre Guillaumat devient administrateur gnral aprs avoir
quitt les services secrets. Perrin se lie damiti Londres avec Ernst Bergmann sur la
recommandation dEinstein et en 1949, visite le Weimann Institute262. Bergmann explique
un universitaire amricain les dessous du mariage franco-isralien: Nous sentions quIsral
avait besoin de collaborer avec un pays dont le niveau technique tait semblable au sien. Tout
dabord, il tait primordial de former des experts israliens. Ensuite, en valuant les capacits
et le ressources dIsral, nous dciderions exactement du type de collaboration que nous
devrions choisir. Tous les efforts devaient tre faits pour que ce projet bnficie galement aux
deux partenaires 263.
Le premier racteur plutonigne est inaugur en 1952 Marcoule, dune puissance de
42 mgw. Ici comme Saclay, les Israliens pouvaient circuler librement dans les centres de
recherches 264. Les quipes franaises et israliennes y travaillent conjointement avant de
venir btir Dimona265. Goldshmidt, confie que les Israliens taient les seuls trangers
pouvoir pntrer dans les installations franaises: Nous pouvions utiliser nos connaissances
au profit de la France. Mais sans rien publier et ne communiquant nos chercheurs que les
strictes informations ncessaires au progrs de leur travail. Ctait l un compromis
raisonnable.[...] Pour le racteur nuclaire isralien, la France joua un rle comparable celui
du Canada vis--vis de lInde 266. Fin 1953, deux scientifiques israliens, Zvi Lipkin et Israel
Pelah, se rendent Saclay et Chtillon. Saclay et Marcoule accueilleront et formeront en
tout entre 50 et 60 ingnieurs israliens, mais pas sous la direction officielle du CEA. Le
dpartement la scurit du CEA slectionne les firmes franaises cooprantes qui doivent
accueillir et emmener les Israliens. Seul le Premier ministre et le ministre de la dfense
261
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franais sont au courant de la tractation mais les cadres du CEA doivent lignorer. Rien au
Conseil des ministres ne doit relater de laccord secret. Les Israliens devront eux-mmes
sarranger pour ne pas impliquer Matignon et le Quai dOrsay267. Jules Moch rvle, le 16
novembre 1954, lors de la confrence du dsarmement lONU, la coopration des deux pays
dans la recherche atomique. LAIEA ntant pas cre, le programme, qui plus est dit civil, ne
dclenche pas dhostilit, sauf celle dun tiers des membres du CEA dnonant eux larme
nuclaire.
LOrganisation europenne de recherche nuclaire est cre. De mme, la cration de
lEURATOM, voulue par Washington, doit contrler les programmes europens, et non pas
viter la prolifration. On retrouve la mme proccupation dans le soutien des Etats-Unis
envers lensemble des grandes instances internationales ou europennes 268. Francis Perrin
obtient de Robert Valeur, son fondateur, dy intgrer Isral ce qui est fait : Ne vous faites pas
de soucis monsieur lambassadeur, la plupart des savants nuclaires dont le monde ne sont-ils
pas juifs ? rpond Valeur lambassadeur dIsral en France. Le 26 dcembre, Pierre
Mends-France cre, la suite dune sance au quai dOrsay, le Bureau dEtudes
Gnrales , confi Albert Buchalet, en fonction en Algrie. Le Prsident du Conseil amorce
ainsi lexamen dun programme secret dtude de fabrication de larme nuclaire269. Le
programme spatiale franais, embryonnaire, est dpendant des tudes balistiques et nuclaires.
En 1959, une fuse nomme Daniel est lance avec son bord 3 compteurs Geiger, pour
mesurer, 65 km daltitude, la radioactivit gnre par les tirs atmosphriques. Par la suite,
le CEA franais concevra un nombre important de satelittes270.
Le 6 fvrier 1955, Edgar Faure remplace Mends-France. Pierre Koenig, Gaston
Palewski (ministre dlgu lnergie atomique) et Pierre Pflimlin autorisent le transfert de
crdits militaires au CEA lissue du protocole du 20 mai. En juin 1956, le Conseil de la
Rpublique adopte la cration du dpartement militaire du CEA sur la proposition dEdgar
Pisani. Au mme moment, le 22 juin, Vemars, Prs, Dayan, Abel Thomas et BourgsMaunoury concluent un accord militaire secret.271. Adjoint au directeur du cabinet du ministre
de la Dfense Ren Mayer de 1948 1949, Thomas devient conseiller technique de Jules
Moch de 1950 1951 et de Bourgs-Maunoury en 1952. Il suit le ministre lorsque celui-ci est
affect lIndustrie. Commissaire gnral lindustrialisation de lAlgrie en 1956, il
retrouve Bourgs-Maunoury, dont il est le directeur de cabinet, encore la Dfense, puis sera
son directeur-adjoint lorsquil devient Prsident du Conseil en 1957 et directeur de son
267
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Valeurs Actuelles, 25 Janvier 1993. Il convainc Guy Mollet de fournir Isral 270 Mystre la suite dune
runion o lon trouve ple-mle Golda Meir, Prs, Ben-Gourion et Moshe Dayan. En 1958, il reoit la
mdaille de la Haganah des mains de Ben-Gourion. Le retour des gaullistes au pouvoir signifie sa disgrce. Il
travaille lamnagement du territoire tout en tant membre de lalliance France-Isral. Il revient nanmoins en
politique grce la protection de Georges Dayan, intime de Franois Mitterrand.
273
Pierre PAN, op.cit., p. 75.
274
Boutros BOUTROS-GHALI et Shimon PERES, 60 ans de conflit isralo-arabe, op.cit., p. 55.
275
Le Point, 13 mai 2010, Debray ne comprend rien Isral .
276
Isral collabora ldification et la formation des forces armes birmanes, sans doute dans le but la fois de
80
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Le Quai dOrsay mise sur les tats Arabes. Mais le ministre de la Dfense, proisralien, lemporte. Il dsire tester son matriel contre celui du pacte de Varsovie, et sait que
Tsahal (tactiquement suprieur) sera une bonne vitrine de lefficacit du matriel franais
vendu. Dj en 1946, Paris devient la base logistique dIsral tandis que la Haganah y
tablit son tat-major europen ainsi que quelques camps dentranement277. Pour le Ministre
des Affaires trangres isralien, la France appartient au Dpartement Europe 1 , cest-dire au cercle de pays prioritaire pour lavenir dIsral278. En 1947, Vincent Auriol donne le
ton: la donne fondamentale pour nous est que nous ne pouvions pas admettre la dfaite
dIsral. Une victoire arabe se serait traduite par un accroissement de lagitation en Afrique du
Nord. Un tat juif au centre du monde arabe tait pour nous une garantie de scurit et
dquilibre279. Mais le premier prsident de la IVe Rpublique souligne aussi quune dfaite
gnrale des forces arabes dans la rgion serait galement nfaste. Dautre part, pour la
France, le soutient Isral risque dexciter les nationalistes arabes des colonies, tel le NeoDestour ou le FLN. Aprs les indpendances des pays du Maghreb, Paris veut bnficier des
leurs voix lONU pour renforcer son aura. De plus, le sionisme, influenc par les
nationalismes europens du 19me sicle, est vu comme une libration contre le colonialisme
britannique est risque dtre un exemple suivre pour les autres colonies. Aussi, La France est
oblige dadopter une politique byzantine permettant de combattre les nationalismes tout en
se mnageant une fentre douverture et prserver, du ct isralien, le programme commun.
Cest pourquoi la France participe au vote historique lONU sur la partition de la Palestine,
mais la reconnaissance de lindpendance dIsral nintervient que le 20 mai 1949.
Les sympathies socialistes, communistes ou mme, pour certains, sionistes des
dirigeants du CEA facilitent les changes. Chaque parti franais choisit ces alliances avec les
partis israliens. La gauche franaise et en particulier la SFIO, soutient nergiquement le
nouvel tat dont les leaders historiques (Ben-Gourion, Shimon Prs280...) se rclament du
socialisme. Lon Blum appartient par exemple lAgence Juive. Le sionisme lac semble
initi par le modle de la Rvolution franaise. Linternationale socialiste est un rseau
supplmentaire qui fluidifie grandement les contacts, les commissions occultes et les fonds
publics octroys au programme. Bar-Zohar dclare que Prs connaissait tous les leaders
socialistes europens. L'un des autres intermdiaires est Dean Brown, futur sous-secrtaire
d'tat amricain, travaillant avec Isral, le Danemark et la Grande-Bretagne. Beaucoup de
gner le Royaume-Uni et galement pour empcher le pays de tomber dans le giron communiste.
277
Vincent AURIOL, Journal de Septennat, Tome 2, Paris, Armand Colin, 1948, p. 287.
278
LArche, n584, Daniel Shek: la France et Isral, deux pays qui sont vous lamiti . pp.24-25.
279
Freddy EYTAN, op.cit., p. 158.
280
Prs est un nom de guerre signifiant oiseau des sables .
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Vincent NOUZILLE, op.cit., p.27, p. 111. Monsieur X est Gaston Defferre. Sur les relations de Mitterrand avec
les Etats-Unis, lire cet ouvrage qui emploie nombres d'archives amricaines. Des journaux comme l'Express,
l'Economie, la firme Ifop, jusqu'au syndicat FO seront financs par des fonds amricains.
282
Nahmias est lenvoy spcial du ministre de la Dfense isralienne et collaborateur permanent de Prs
Paris.
283
Pineau essayera en fait de persuader Nasser de rester neutre dans le conflit algrien.
284
Michel BAR-ZOHAR, Shimon Prs et l'Histoire, op.cit, Deuxime partie.
285
Boutros BOUTROS-GHALI et Shimon PERES, op.cit., p. 75. Lors de sa visite en france en 2008, il prcisa: Je
madressais aux dirigeants de presque tous les partis politiques. Guy Mollet me dit : Je sais que vous avez t
du par le Labour anglais, qui na pas tenu ses promesses. Nous, nous promettons et tiendrons nos promesses.
Je dnais au domicile du gnral Ely, le chef dtat-major de lpoque. Son pouse me dit: Vous navez pas
mexpliquer. Jai moi-mme t interne dans un camp de concentration. [] Et cet homme remarquable,
Maurice Bourgs-Maunaury, me promit quil prfrait une coalition franco-isralienne toute autre coalition .
Ambassade dIsral en France, Discours du Prsident Prs loccasion du dner officiel au Palais de
llyse , 10 mars 2008.
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Il y avait un fort sentiment de honte, qui s'ancra chez le peuple franais aprs la Libration. Une
partie d'entre eux s'taient retrouvs dans les camps. [...] Isral tait extrmement populaire en
France, tant dans la classe politique que dans la presse, le monde intellectuel et la population en
gnral. De plus, pas mal danciens rsistants comme Maurice Bourgs-Maunoury, Abel Thomas,
Paul Reynaud, Jacques Chaban-Delmas, le gnral Marie Pierre Koenig ou Andr Malraux se
hissaient aux postes de commande de ltat, et ceux-ci prouvaient visiblement de la sympathie
pour nous qui combattions pour notre survie. [] Nous partagions la mme vision du monde et
avions souvent loccasion de nous retrouver lors de rencontres de lInternationale socialiste 286.
Michel Debr, alors snateur, partisant de lAlgrie franaise, par ses origines juives, facilite
les relations287. Abel Thomas parle des : litiges et nos chicanes avec le Quai dOrsay et
cest pourquoi il fut convenu que [dans la politique relative Isral] ladministration du
Quai ny serait en aucun cas mle. Pineau, ministre des Affaires trangres, pendant la
prparation de lopration de Suez, confie: surtout, nen parlez pas au Quai dOrsay288.
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le cours des eaux situes dans une zone dmilitarises sous contrle de lONU 291) et de
lintgrer dans un parapluie nuclaire. La CIA lpoque, interdit des fonctionnaires juifs de
travailler sur le Moyen-Orient. Ike est dailleurs dtest par les Israliens, qui nauront pas de
mots assez durs envers lui. A partir du moment o Ben-Gourion se range du ct occidental
dans la Guerre de Core, et que lEurope occidentale forme un bloc contre lest, tout change.
Le 8 dcembre 1953, Eisenhower propose lors dune assemble gnrale, la cration d'une
agence internationale charge de contrler l'utilisation des matires nuclaires, ce qui permet
dexporter des technologies nuclaires onreuses, notamment dans le cadre du Plan Marshall.
Ce sera plus tard, en 1956-1957, lAIEA. Eisenhower dvoile son Atom for Peace lONU292
pour encadrer la recherche nuclaire civile.
Cette optique autorise la formation aux Etats-Unis de 56 savants israliens293
lArgonne National Laboratory et Oak Ridge. Le 12 juillet 1952, Isral et les Etats-Unis
concluent un general agreement pour la vente du racteur de Nahal-Sorek294. Pour ce racteur
eau lgre (modification du 2 mai 1958) il est prvu la fourniture de six tonnes duranium
pour son fonctionnement. Ce centre ne permet pas de fabriquer des bombes, mais en
revanche, il livre une infrastructure trs utile. En revanche, pour le volet militaire, les EtatsUnis vont utiliser la France au bnfice dIsral, pour contourner la loi. Ike hsite nommer
Lewis Strauss, un juif, la tte de la Dfense afin de ne pas froisser les tats arabes. Strauss
est finalement fait prsident de la Commission amricaine pour l'Energie Atomique (lAEC).
En vertu de ses sympathies pro-israliennes, Strauss obtient par la suite que ce soient des
entreprises prives amricaines, et non ltat, qui soccupent des premiers contrats finalit
civile officielle295. Ce qui permettra de masquer par la suite les relles relations avec Isral
sur le nuclaire militaire. Contrairement ce qucrivent les spcialistes de lhistoire nuclaire
Richard G. Hewlett et Jack M. Holl, l'Atoms for peace n'est donc en rien dun projet naf de
promotion de la paix, mais un camouflage, une lgitimation de la prolifration car linitiative
autorise la construction l'tranger d'infrastructures civiles en sachant qu'elles formeront tt
ou tard les bases d'un programme militaire. En 1955, Strauss se rend Genve pour la
confrence sur les utilisations pacifiques de lnergie atomique. La dlgation isralienne sy
rend, conduite par Bergmann.
Washington naffiche pas son aide Isral de peur de jeter les pays arabes dans les
bras des Sovitiques, ce qui finira pourtant en partie par arriver. En juillet 1958, Ben-Gourion
demande aux Etats-Unis une alliance complte. Ike assure que les Etats-Unis feront tout
291
Patrice BOUVERET, Pascal FENAUX, Caroline PAILHE et Cdric POITEVIN, op.cit., p. 26.
Rapport dinformation dpos en application de larticle 145, ibid.
293
Pierre RAZOUX, Tsahal, nouvelle histoire de larme isralienne, Paris, Perrin, 2006, p. 475.
294
Malcom W BROWNE, Atlas historique dIsral, Isral et la bombe, p. 54. CIA, 5 janvier 1962, Israeli
nuclear energy program .
295
Seymour HERSH, op.cit., p. 94.
84
292
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pour quIsral conserve son intgrit et son indpendance car Isral est le verrou de la porte
proche-orientale, mais le prsident refuse de cder sur le nuclaire militaire296. Les Etats-Unis
et Isral dbutent alors une alliance en matire de renseignements dans la rgion dont lun des
intermdiaires est James Angleton. Membre de lOffice des Oprations Spciales pendant la
Seconde Guerre mondiale, il organisera plusieurs lections en Occident contre les partis
communistes ou nationalistes, comme en Italie en 1948. Il affirme Ike notre but nest pas
de dtruire les rgimes sovitiques mais de persuader les communistes du monde entier quil
y a de la place pour les rgimes diffrents et plus dmocratiques 297. Il entre ensuite au
Bureau des oprations spciales de la CIA, pour organiser ensuite le Bureau de contreespionnage. Pro-isralien, il comprend limportance de ce pays et entame des rapprochements
avec le Shin-Bet dont il visite le centre ds mai 1952 pour leur livrer du matriel
despionnage. La CIA finit par abandonner aux SR israliens lespionnage des pays arabomusulmans mais galement, par exemple, de lAllemagne298. Cest Angleton qui rceptionne
le fameux rapport contre les crimes du communisme, dnonc par Khrouchtchev, fournit par
lagent double isralo-polonais Victor Grayewsky. Allen Dulles le fournit au New York Times,
le journal qui fdre une grande partie de lintelligentsia juive amricaine. Mais il navouera
jamais que son origine est isralienne.
I.2.2 Le double jeu de David entre les deux Goliath : Le nuclaire dans le maccarthysme
La guerre froide est une sorte de guerre civile juive mondiale. Des deux cts se
battent les thurifraires de deux courants de penses juives : conservatisme, progrs
scientifique et libert dun ct, progrs sociale, immobilisme et dictature du proltariat de
lautre. A partir du 12 mars 1947, les Etats-Unis prnent lendiguement contre leur ancien
alli sovitique. Le monopole nuclaire des Amricains est caduc lorsque lURSS obtient
aussi larme absolue. Angleton, la tte du service entre 1954 et 1974, et le chef du Mossad
Reuven Shiloah, se rapprochent. Isral fournira des renseignements aux Etats-Unis, grce
certains israliens ou sympathisants rsidants dans les pays du Pacte de Varsovie, et du
matriel militaire sovitique pris aux des armes arabes. Mais Isral fera de mme envers
lURSS en livrant des dtails sur le matriel amricain et europen. Ce qui explique la
mfiance des Etats-Unis et le contexte du maccarthysme.
296
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Si les juifs sont suspects, cest que beaucoup se sentent redevables vis vis de l'Arme
Rouge, qui avait libr la plupart des camps de concentration et de la mort. Ltoile de David
bleue et blanche, oscille alors entre la rouge et la bleue. Depuis 1948, de nombreux ingnieurs
juifs amricains faisant leur ayla, posent dj le problme de fuite des cerveaux. Washington
craint que ces cerveaux ne soient ensuite contact par le KGB en Isral299. Surtout que jusque
dans les annes 1950, des hommes politiques israliens, tels Igal Allon et Mosh Sneh
souhaitent une alliance avec lURSS. Dans les deux camps en ralit, on accuse alors des juifs
despionnage. Mais pour ceux de lest, les comits de soutiens sont pour linstant moins
nombreux. Aux Etats-Unis, les associations pacifistes, communistes ou socialistes
amricaines sont infiltres par le FBI et la CIA dans ce but, comme pour lAmerican Institute
Free labor Development300. Si la plupart des espions ne seront pas juifs, lexpert militaire du
Mapa, Israel Ber, livre des renseignements militaires au correspondant de lagence Tass,
Vladimir Sokolov. Il est arrt par les SR de RFA. Wolf Goldstein attach dIsral Belgrade,
collabore aussi avec le KGB301. Le parti communiste isralo-arabe Maki, dont les dputs
viennent parfois en URSS en formation , la diffrence des autres partis, est financ par le
KGB travers des socits occidentales fictives, ce qui permet aussi de contourner lembargo
amricain en achetant des Israliens.
Si Beria a pu fournir aussi vite la bombe Staline, cest que le KGB infiltre
ingnieusement la recherche amricaine. Moscou installe une taupe, Alan Nunn May dit Alek,
au centre de Chalk River, dans lOntario, grce auquel Moscou peut obtenir des rsultats
dexpriences du programme nuclaire canadien et un chantillon duranium 235 302. Ainsi
Donald Maclean, secrtaire lambassade britannique, espion de Moscou, par ailleurs
secrtaire du Comit pour le dveloppement atomique form par les nations occidentales,
fournit dimportantes donnes, avec laide de son conseiller technique Basil, un autre agent.
Si certains espions sont juifs des deux cts du mur, Isral peut les dnoncer dans le cas o ils
mettent en danger les intrts de ltat hbreu. Ainsi, cest un Mossad balbutiant qui
apparemment, dnonce Angleton plusieurs espions juifs prosovitiques. Les intrts dtat
se moquent souvent de lobdience des agents. Mme Isral ne droge pas cette rgle. Ainsi,
dans le domaine biochimique, le Mossad arrtera dailleurs bien plus tard un espion juif
sovitique en Isral, Markus Klingberg.
Laffaire la plus emblmatique est celle des poux Rosenberg. Julius Rosenberg et son
pouse Ethel, juifs new-yorkais communistes, sont pists par le FBI pour espionnage au profit
de lURSS. Julius est arrt le 17 juillet et Ethel le 11 aot 1950. Ils seront jugs coupables le
299
En 1957, un ingnieur juif amricain, Raymond Fox, quitte la Californie aprs avoir particip la bombe
amricaine, pour se rendre Dimona.
300
William BLUM, op.cit., p. 182.
301
Freddy EYTAN, Victor Grayewsky, agent secret du Shin Beit Jerusalem, op.cit., chapitre VIII.
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5 avril 1951 et excuts sur la chaise lectrique le 19 juin 1953 dans la prison de Sing Sing.
Une question se posera alors : Ont-ils t coupables ou victimes ? Julius est sympathisant
communiste dans les annes 1930, mais quittent ses activits syndicales en 1943. Il est
pourtant licenci en fvrier 1945 pour cette raison. Dj, en janvier 1950, un juif allemand,
Klaus Fuch, est arrt et jug en Grande-Bretagne pour avoir fourni Moscou et Tel-Aviv
des renseignements sur la sparation des isotopes et la fabrication de la bombe A303. Fuch fut
aid par David Greenglass, mcanicien Los Alamos et communiste juif amricain, en janvier
1950, qui fournit des croquis des lentilles implosion de type sphrique et des descriptifs
d'une srie d'expriences sur la rduction du plutonium. Or, Greenglass a pour sur Ethel
Rosenberg. Greenglass dit quil a t pay par lespion Harry Gold, en change
dinformations sur Los Alamos. Julius est relch mais il nen profite pas pour fuir.
Greenglass avoue quil a accus Rosenberg en change de labandon de son extradition.
Rosenberg est de nouveau arrt, avec un espion avr, Morton Sobell mais on manque de
preuves et dautre part, on souhaite viter un incident diplomatique avec lURSS en pleine
guerre de Core. Mais Moscou se saisit du prtexte du maccarthysme pour financer des
comits de soutien afin daccuser les Etats-Unis dantismitisme et de fascisme. Cest le cas
aussi en Europe. Mme si le juge et le procureur du procs sont juifs et qu'en Union
Sovitique se droulent dans le mme temps de vritables purges anti-juives, de nombreux
intellectuels catholiques et marxistes rejoignent le mouvement. Jean-Paul Sartre, archtype de
lidiot utile, qui ignore tout des ralits de lespionnage nuclaire, parle de meurtre rituel.
Ne vous tonnez pas si nous crions dun bout lautre de lEurope : Attention, lAmrique a
la rage .
Le clich des juifs amricains prosovitiques senvole lorsque des rseaux juifs
amricains participent la traque des communistes. Il est probable qualors, les poux
Rosenberg aient t choisis comme fusible pour dissimuler un trafic nuclaire impliquant soit
des Israliens, soit des Amricains, soit la mafia ou soit des espions la solde des Sovitiques
(le KGB ayant aussi ses propres rseaux mafieux), voir des tractations politiques. Le procs
est bcl pour viter de compromettre lURSS qui venait de signer la paix en Core. Le
prsident Eisenhower (accus dantismitisme) refuse toute grce. Ike justifie sa
dcision : Je peux simplement dire que les Rosenberg, en augmentant considrablement les
chances de voir clater une guerre atomique, ont condamn mort des millions dinnocents
dans le monde entier 304. Autres curieuses informations, Robert Oppenheimer305 et Harold
Clayton Urey, cits dans le procs, ne sont pas auditionns. Aucun juif ne figure parmi les
302
Brian FREEMANTLE, Le KGB, le plus secret des services secrets, Plon, 1986, chapitre IX.
Gordon THOMAS, op.cit., p. 28.
304
Brian FREEMANTLE, Le KGB, le plus secret des services secrets, Plon, 1986, 220 pages, chapitre VI.
305
Maintenant, je suis un compagnon de la mort, un destructeur de mondes avait-il affirm.
303
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jurs dans une ville, New York, qui en compte alors un tiers. Par la suite il apparat que Julius
eu des rapports avec le KGB. Mais dans les annes 1970, David Greengrass avoue avoir
accus tort les Rosenberg. La CIA dclassifie les archives de laffaire le 11 juillet 1995.
Dans les mmoires de Khrouchtchev et dAlexandre Feklissov, sont mis en cause Klaus
Flauch, Theodore Hall, les Rosenberg de 1943 1946, et le couple Cohen, comme taupes
atomiques.
On apprend que les poux Rosenberg taient bien coupables mais que les
informations livres par le couple ne pouvaient tre importantes puisquils navaient pas accs
au centre du programme. Laffaire nest pas entirement lucide ce jour.
II Laffaire de Suez : le resserrement des liens franco-israliens
II.1 Un alli gostratgique au Levant contre le nassrisme
Lun des responsables des affaires israliennes du gouvernement franais est
lpoque un certain Valry Giscard dEstaing, trs vite remplac par Georges Elgosy,
conseiller conomique du Premier ministre, beaucoup plus conciliant envers ltat hbreu306.
Les officiers israliens viennent prendre des cours en France Saumur, lcole de guerre,
notamment dans le cadre de la lutte contre les terroristes algriens tandis que quelques units
israliennes mouillent Toulon. Le Mossad et la SDECE se prtent assistance et unissent
leurs efforts travers lopration Cactus. Lorentz dit mme que les deux armes taient
litteralement jumeles307. Nahmias persuade Koenig, ministre de la Dfense et chef dtatmajor franais que lgypte est lennemi de la France, puisque les armes que les tats-Unis et
la France vendent au Caire servent alimenter la rsistance algrienne. Nasser, se rapproche
alors de lURSS, et justifie ses achats massifs darmes sovitiques en raction lalliance
franco-isralienne. Nasser pense qu'Isral n'a pas encore la bombe mais est en passe de la
concevoir, et dcide d'agir avant, dabord par voie diplomatique auprs de lAIEA308.
Les intellectuels, tel Raymond Aron, voient en Isral lhritier du royaume Franc de
Jrusalem contre le fanatisme arabe309. La presse est unanimement pro-Isral, de mme que
les journaux dextrme droite, notamment grce au soutien dIsraliens lOAS. Durant la
guerre d'Algrie, les mthodes antiterroristes de l'arme franaise influenceront certainement
Tsahal. Le responsable des actions clandestines de la CIA, Richard Bissel utilisera l'OAS pour
pressionner De Gaulle, puis par crainte de perdre le contrle, les Etats-Unis feront de nouveau
confiance au gnral310. Nasser est considr comme le nouvel Hitler, dautant quon
chuchote que danciens nazis se seraient rfugis en gypte, comme en Syrie. Dayan, le sabra
306
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les Etats-Unis, lventuelle possession de larme nouvelle et prendre en France les mesures
ncessaires une reprise des recherches atomiques 314.
Lopration mousquetaire (Kadesh pour Isral) est alors planifie entre Paris, Londres et TelAviv, pour reprendre Suez. En parallle est dcide la construction dune centrale nuclaire
Dimona, en change de laide isralienne contre Le Caire, afin de repousser une future
vengeance gyptienne. Abel Thomas commente: Prs me demanda combien de temps cela
pouvait prendre Tsahal pour envahir le Sina. Je lui rpondis qu'il fallait compter environ
deux semaines. Tous les gnraux franais se regardaient et paraissaient compltement
sceptiques. Bourgs-Maunoury me demanda si Isral tait intress envahir le Sina. Je lui
rpondis que nous avions d'autres proccupations 315.
Prs indique : Isral prend un risque considrable. Notre alliance avec la France et
la Grande-Bretagne va attirer sur nous lhostilit de tout le monde arabe. Notre existence
mme sera en danger. Nous avons besoin dune force de dissuasion. Et la France peut nous la
fournir 316. Ben-Gourion dcide qu'Isral doit frapper prventivement l'gypte. Goldschmidt
explique:
Lorsque j'ai rencontr Prs et ses amis lors d'une runion secrte Paris, il me dit qu'Isral
serait dtruit s'il ne recevait pas 270 avions. [] Si personne ne nous aide srieusement nous
dfendre, nous cesserons d'exister. [] Je sentais que les Israliens avaient besoin de nous. []
Prs m'exposait des donnes inquitantes. Il parlait au nom de Dayan et de Ben-Gourion : Nous
vivons des instants difficiles et il se peut que nous soyons rays de la carte .
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soutenons Nasser dans son combat et si la guerre clate et si mon fils me demandait de
participer comme volontaire, je lencouragerais partir pour combattre contre limprialisme
occidental 320. Boulganine menace mme duser de larme nuclaire! Le Premier ministre
sovitique crit alors Ben-Gourion: Isral fait preuve d'une irresponsabilit criminelle
susceptible de mettre en danger le destin de ses citoyens, en ce sens que c'est l'existence
d'Isral en tant qu'tat qui est aujourd'hui mise en pril 321. Les Etats-Unis font aussi
pression. Les deux Grands ne veulent plus dune ingrence de la vieille Europe en cet endroit
du monde et exigent en consquence le retrait de toutes les troupes trangres. Mitterrand
dira : Quand les deux Grands ne sentendent pas, cest dangereux ; et quand ils sentendent,
cest pire 322.
Le fiasco de Suez donne Isral, la France et la Grande-Bretagne limage de pays
trahis par les deux grands. Les trois mousquetaires vacuent leurs forces. Cest la dception.
Laffaire de Suez rvle le malaise stratgique franais, car elle marque les limites de la
solidarit amricaine , note Pierre Lellouche323. Avec la bombe, Franais et Israliens
auraient pu, peut-tre, avoir davantage de poids et poursuivre lopration. Certes, la GrandeBretagne possde la bombe en 1952, mais cette dissuasion reste sous contrle amricain. Le
royaume, dont le premier ministre nest autre que Churchill, depuis 1951, fait tout pour que la
France possde elle aussi la bombe. Le lion toujours craint, en effet, quen cas de conflit
avec lURSS, les tats-Unis interviennent trop tard, o alors se montre trop exigeant en cas de
victoire. Abel Thomas confirme que le programme nuclaire a t officiellement voqu
pour la premire fois aprs Suez, quand on a parl de donner des garanties Isral contre son
retrait du Sina. Lors des entretiens, Prs se risque: que serait votre attitude si nous
faisions notre propre force de riposte ? . Thomas rpond : Jai t convaincre Francis
Perrin, Lavaud, Mollet que nous avions tout gagner collaborer la cration de la force de
riposte dIsral . Pour faire contrepoids lgypte, il faut quIsral possde la bombe.
Dautant que dsormais, la Grande-Bretagne commence sloigner de Paris et tourne son
regard du ct des tats-Unis. Mais contrairement ce qui est affirme, ce nest pas partir
lopration mousquetaire que Paris et Tel-Aviv dbutent leurs programmes respectifs324,
comme nous venons de le prouver. 1956 marque juste le dbut dun programme officiel. Une
France atomique, allie de Londres, pserait lourd dans la balance de ce mnage trois. Mais
il est probable galement quen change du retrait, les Etats-Unis promettent ces trois pays
de les aider dans leur recherche atomique, prcisement, peut-tre, parce que Washington a
319
91
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
cd devant Moscou et que des allis devenus atomiques auraient pu se dbrouiller seuls.
Ainsi, Antoine Sfeir livre une ide interessante. Les Etats-Unis auraient ngoci le retrait du
Sina en change de livraison duranium en Isral325. En tous les cas, la chronologie des
vnements lui donnent raison.
Antoine SFEIR, Vers lOrient compliqu, Grasset, 2006, 192 pages, p. 56.
David FISHER, History of the IAEA, the first forty years, AIEA, Vienne, 2006, 564 pages, p. 389.
327
Michel BAR-ZOHAR, Shimon Prs Deuxime Partie.
328
Pourtant, lors de son discours dinvestiture le 31 janvier 1956, Mollet se prononce contre la bombe franaise .
Pierre PAN, op.cit., p 74
329
Pierre PAN, ibid.
92
326
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recherches et notre dveloppement. Dailleurs, Dimona ntait pas une trs grande centrale. []
Loption militaire na pas t aborde. Nous sommes rests de part et dautre dans le flou, pour ne
pas dire dans lambigut .330
Cest un faux-semblant criant, sachant que la France fournit aussi la technologie balistique.
Le 7 novembre, une rencontre secrte lieu entre la ministre des Affaires trangres
Golda Meir, Shimon Prs, et les ministres Pineau et Bourges-Manoury. La France officialise
la vente dun racteur de 18 mgw type EL-3. Le 14 novembre, la salle Peylel, les deux pays
renouvellent leur union contre lennemi arabe. Franois Mitterrand fait partie de ce comit
pour lalliance . En parallle, comme un pied de nez laccord, les ngociations sur lAIEA
dbutent. Le 30 novembre, Bourgs-Maunoury et son secrtaire dtat lnergie atomique
signe le document fondamental dfinissant les objectifs du programme atomique de dfense
nationale et rpartissant les responsabilits . Lorientation est dsormais tourne en priorit
sur le nuclaire militaire au dtriment du civil. Un nouvel accord est sign le 12 dcembre331.
La France sengage apporter une assitance technique et industrielle Isral. Des
documents diffrents mentionnent tantt un racteur de 18 mgw, tantt un racteur de 25 ou
de 40 mgw. Il est aussi dcid la livraison de 385 tonnes duranium dont 10 tonnes en 1960,
45 tonnes par an jusquen 1965, puis cinq tonnes par an jusquen 1970. Le 25 mars 1957 est
sign Rome le trait portant cration de la Communaut europenne de l'nergie atomique
(Euratom), faisant suite la fondation la mme anne de lAIEA et qui fluidifie les relations
entres scientifiques europens dont profitent Isral. Leonard Weiss, ancien snateur amricain,
rapporte que lors des premires confrences de lAIEA, Tel-Aviv y envoie ses scientifiques
afin de nouer des contacts avec des homologues trangers pour optimiser la dissuasion et
mettre au point le procd Purex permettant de sparer le plutonium de luranium. Il ajoute
que si les Amricains nont rien vu, cest quils taient volontairement aveugles332.
En juin, le gouvernement de Guy Mollet tombe. Il est remplac par celui de BourgsMaunoury, ancien ministre de la dfense. Pour Prs, la fragilit de la IVme Rpublique est
un supplice car il doit chaque fois contracter une nouvelle alliance, de surcrot dans le
domaine sensible qu'est le nuclaire. Mais Bourgs-Maunoury assure la transition. Le
problme est que le CEA dpend dEuratom, notamment pour la livraison duranium un
pays tiers. Prs dit Pineau : Ne nous vendez pas luranium. Prtez-le nous et nous vous le
restituerons aprs utilisation . Pineau accepte. Un mmorandum du ministre des Affaires
trangres rvle quentre les deux pays est conclu un accord pour lenrichissement
duranium du Nguev, et la production en laboratoire deau lourde333. Laccord du 23 aot
prvoit la constitution darmes nuclaires, complt par une disposition non crite autorisant
330
93
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Isral extraire le plutonium. Le Lekem facilite la livraison, en septembre, des plans dun
racteur (ici le G-3) par la France, ainsi que du matriel nuclaire. D'autres discussions ont
lieues les 21 septembre et 3 octobre 1957. Prs rsume:
Mon exprience franaise a connu diffrents moments forts qui mont marqu. Lun tait la
campagne du Sina, [] qui a t la plus grande victoire quIsral ait jamais connue. Cela nous a
librs des terroristes et de la supriorit des armes russes. Ensuite, quand le premier Mirage est
arriv en Isral [] ; puis la possession du racteur nuclaire, le lancement de lindustrie
aronautique industrielle, et la construction du premier missile. La force de larme isralienne est
tout coup devenue formidable et reconnue comme un rel pouvoir, un superpouvoir334.
Shimon PERES, Un chemin vers la paix, Time ditions, 2007, 215 pages, p. 130.
Dominique LORENTZ, Affaires atomiques, Les arnes, 2002, 604 pages, p. 271.
336
France Diplomatie, Ministre des Affaires trangres, 2007.
337
Pierre PAN, op.cit., p. 64.
338
La morve chevaline est injecte par les SR franais pour infecter la cavalerie allemande pendant la Premire
guerre mondiale.
339
Jeune Afrique, du 17 au 23 mai 2009, Maroc-Espagne, une si longue Histoire .
94
335
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possdent de pareilles armes. Le 19 septembre 1957, le SDECE franais assassine avec une
sarbacane lanant des flchettes empoisonnes, Marcel Leopold, qui alimentait le FLN en
explosifs341. Ce qui prouve que mme les mthodes dassassinat larme biochimique sont
communes. Isral collabore avec la France342 dans ce domaine, en envoyant des scientifiques
au centre de test darmes biochimiques B-2 Namous Beni-Ounif, dans le Sahara algrien. La
France garde, en effet, officiellement jusqu'en 1967, ses quatre sites d'essais NBC dans le
Sahara : Reggane, Ain Ecker, Hammaguir et Colomb-Bchar (Beni-Ounif). La preuve est
fournie par deux agents de la CIA : Art Lundhal et Dino Brugioni343. Le polygone d'essais de
B-2 Namous, stendant sur 6000 km, jouxtant le Maroc, fonctionnera de 1935 1978,
notamment avec laval du gouvernement algrien, ce paradoxe tant stipul dans une annexe
secrte des accords dEvian344.
De 1962 1964 officiellement, Paris conoit des armes incapacitantes mais selon
Berche, des problmes de finances stoppent les recherches. Les publications de lIIBR, en
1963, y rvlent les recherches concernant le gaz de combat VX. Un tmoin raconte: On
savait ce qui s'y passait par la presse qui en parlait beaucoup l'poque, mais on ne
connaissait pas le dtail de ces expriences. Mme en France, c'tait secret dfense. [...]
C'tait, je crois, un accord secret portant sur certains gaz. Le prsident Boumediene pensait
que cela pouvait profiter l'Algrie, il s'agissait d'une coopration militaire ponctuelle 345.
Un appel du contingent franais, en poste jusqu la fin des annes 1960, rpond:
Les essais se faisaient sur un site une quarantaine de km de la base vie et portaient sur la
dispersion du produit (brumisation). Il tait dispos des tmoins (ractifs) divers endroits qu'il
fallait relever aprs les tirs, bien sr avec l'quipement adquat (le danger tant pass soit disant).
Bien sr, du beau monde assistait aux oprations : des gnraux trangers, je pense lis l'OTAN.
Pour un appel du contingent, B-2 Namous ce n'tait pas le bagne. Tout se passait sans vagues,
seules ces saloperies venaient ternir le tableau346.
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employeur officiel. Lautorit militaire supervise le tout. Le 12 mai 1972, les contrats sont
renouvels. Les tudes militaires se poursuivent jusquen juin 1972 o la loi 72-467 interdit la
fabrication darmes spciales348.Comme plus tard avec lAfrique du Sud pour Isral, cela
permet la France de mener les aspects les moins reluisants de son programme, au sein dun
pays qui na pas sign tout les trait. Comme aux tats-Unis, les recherches reprennent en
France sur dcision de Mitterrand et de la dlgation gnrale de larmement, Bouchet, au
service de sant des armes Lyon et Grenoble-la-Tronche.
III Lapprovisionnement secret en matires premires
Isral doit maintenant acqurir de l'uranium et de l'eau lourde pour son programme. L
encore, c'est l'tranger qu'il le trouve.
III.1 La bataille de leau lourde: La filire britannico-norvgienne
III.1.1 Une eau lourde internationale
Leau lourde, marchandise trs rare, indispensable pour la bombe, est alors le
monopole des Amricains, mais produite selon des brevets israliens par un systme
dlectrolyse permettant de sparer leau lourde de leau ordinaire. Il est admis que la France,
en fvrier 1940, acheta la plupart des stocks de la Norsk Hydro, entreposs en Norvge, puis
livre aux Amricains pour Manhattan et pour ne pas quelle tombe aux mains des nazis.
Hydro continua nanmoins produire de leau lourde pour les nazis349. De l'eau lourde
amricaine destine linstitut Weizmann, est ensuite envoye en 1952 Paris 350. Mosh
Sharett, Premier ministre explique ainsi la Knesset : Au sujet de la coopration
internationale en matire de recherche atomique, sachez que les savants israliens de lInstitut
Weizmann de Rehovot collaboraient activement avec leurs collgues franais. Dimportantes
quantits deau lourde taient en effet envoyes par lInstitut Weizmann Paris351. Paris
produit un peu deau lourde de 1958 1963 jusqu ce que dautre pays prennent le relais. Le
site AZF de l'ONIA (Office National des Industries de l'Azote) Toulouse, fabrique 2 3
tonnes d'eau lourde par an. Une partie de cette production est stocke au sud de Toulouse dans
l'ancien camp militaire de Clairfont avant d'tre envoye en Isral. La production se poursuit
sur le site de Mazingarbe (Nord) jusqu'en 1971, pour le CEA, et Brennilis.
De leur ct, en 1958, le Foreign Office et la UK Atomic Energy Authority
352
acceptent de fournir Isral 25 tonnes deau lourde, du bryllium et du lithium-6 (de quoi
concevoir des bombes 20 fois plus puissantes qu'Hiroshima). Pralablement, et ceci est
348
96
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
352
BBC news, 3 aot 2005, How Britain helped Israel get the bomb, Michael CRICK.
Jean-Marie COLLIN, La bombe, Paris, Autrement, 2009, p. 34.
354
ZE24/39, norvegian heavy water safeguard, 22 septembre 1958. Fond Avner Cohen.
355
Democraty Now, 2003, How Britain Secretly Helped Israel Build Its Nuclear Arsenal, An Interview With
Former Labour MP Tony Benn, 2003.
356
Jerusalem Post, 12 dcembre 2005, Des dputs britanniques accusent Londres de dissimuler des ventes de
composants nuclaires Isral .
357
United Kingdom, Security Service, 17 juillet 1961, JIC/1103/61.
358
Seymour HERSH, op.cit., p. 76. Les Echos, Isral Nuclaire. 4 dcembre 1991.
359
Dominique LORENTZ, op.cit., p. 51. Le Canada, participant au dbut laventure nuclaire des Etats-Unis,
renonait possder la bombe mais, sous rserve des Etats-Unis, pouvait transfrer des technologies et des
matriels nuclaires.
97
353
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galement la Sude et au Canada (rappelons que Tel-Aviv possdait le mme racteur eau
lourde et uranium naturel quOttawa)360, mais sans succs nous dit-on.
Ces rapports officieux sont facilits par Youval Neeman. Cet homme, dj cit, est un
acteur cl du programme361. N Tel-Aviv en 1925, il devient technicien au Technion en
1944, avant dintgrer la Haganah. Commandant de la brigade Givati puis Deputy
Commander of Operations Department au QG, il organise le premier systme de rserve et de
mobilisation et la coordination du militaire et du renseignement. Il est lun des premiers
officiers israliens prendre des cours lcole militaire franaise. En 1954, il est le numro
2 de lAman et s'occupe de la campagne de Suez. Attach de Tsahal en Grande-Bretagne de
1958 1960, il tudie et enseigne Londres lImperial Collge puis est dmobilis en 1961,
do il sort avec le grade de colonel. Il fonde lcole des sciences et de lastronomie de TelAviv dont il est directeur de 1965 1972. Dans les annes 1970, il rompt avec le Likoud pour
former le mouvement Tehiya dont il est reprsentant la Knesset de 1982 1992. En 1975,
mcontent de labandon des champs ptrolifres dAbou Rhodes dans le Sina, il quitte son
poste de conseiller scientifique au ministre de la Dfense. Il est aussi directeur du Sackler
Institute of Advanced Studies de 1979 1997. Croulant sous les fonctions, (prsident puis
membre permanent de lIAEC pendant de longues annes, ce qui renforce les liens entre
domaine spatial, balistique et nuclaire), il est aussi directeur du Center for Particle Theory
luniversit dAustin au Texas de 1968 1990. En 1969, il reoit la mdaille Einstein pour ces
travaux scientifiques. En 1982, il devient logiquement ministre des Sciences et du
dveloppement technologique. Il fonde en 1983 lagence spatiale isralienne. En 2003, il
reoit encore le EMET Prize for Arts, Sciences and Culture pour son importance cruciale dans
lensemble des recherches atomiques du pays. Il est plusieurs fois membre du gouvernement,
en tant que ministre de la Science (1982-1984 et 1990-1992) et de lnergie (1990-1992). Il
est un des plus prestigieux physiciens thoriques au monde. Il meurt le 26 avril 2006.
III.1.2 Des livraisons lorigine dun scandale outre-manche
Sous Wilson et Harold Macmillan, les SR britanniques estiment alors qu'Isral peut
tirer de leau lourde fournie, 6 bombes par an. 25 tonnes deau lourde seraient ncessaires
pour un racteur de 100 mgw, ce qui ne correspond pas la puissance officielle de Dimona.
Dans le contexte de l'alliance France-Grande-Bretagne-Isral Suez, le scandale est touffe.
Londres stonne cependant quune centaine de cargos britanniques ait appareill
discrtement vers Isral avec du matriel nuclaire dont des chantillons duranium-235 et des
spcialistes en retraitement, de fvrier septembre 1959. Comment un tel convoi rparti sur
360
361
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
plusieurs mois a t-il pu avoir lieu clandestinement ? Surtout que le Defense Intelligense Staff
effectue des clichs de Dimona ds aot 1960. L'un de ses analystes, Peter Kelly, dcouvre
qu'une commission de 2% fut verse aux intermdiaires et quun million de livres sterling fut
dpenss pour que la cargaison deau lourde ne soit pas supervise par l'AIEA362. De plus,
Pierre Pan affirme quun ingnieur franais parvient aussi dtourner une cargaison deau
lourde de Saclay dans des containers qui, transitant dans trois camions, aurait t dcharge
Paris dans un garage en attendant dtre achemine au Bourget vers Isral, via la Sicile. Les
36,5 tonnes d'eau lourde amricaine et les 140 tonnes de Norvge pour lensemble des
racteurs franais, scrtent de lexcdent envoy en Isral qui apparemment eu besoin en tout
de 36 tonnes363.
Le porte parole du ministre des Affaires trangres, Sir Menzies, lude les
responsabilits en affirmant quil y avait prescription et quil ny avait pas lieu de polmiquer.
Mais il reconnat que la Norvge a t un cran de fume permettant de vendre cette eau,
sans susciter dopposition de la part de la communaut internationale. Cette cargaison a
transit par Noratom364. Cette socit norvgienne, fonde en 1957, a pour rle officiel la
vente de technologie nuclaire. Elle aurait bien vendu pour 215000 dollars dquipements
scientifiques Isral qui lui aurait alors promis, en change dabsence dinspections, un usage
pacifique. Le protocole de 1958 prouve que le gouvernement Travailliste du Premier ministre
Einar Gerhardsen et le secrtaire dtat la Dfense Hans Eigen, savaient les relles
utilisations militaires dIsral. Lambassadeur isralien pour les pays scandinaves, Haim
Yakhil, stipule que la Norvge renona demander des explications. A lpoque pourtant, la
Norvge fait signer Isral, sans doute pour le principe, lAgreement IAE430/12/1960, par
lequel elle se rserve des sanctions en cas dapplications militaires. En octobre 1960, on
apprend que Bergmann demande que des ingnieurs israliens puissent se rendre au racteur
atomique dHalden en Norvge. En 1961, Ben-Gourion informe le Premier ministre canadien
John Diefenbaker qu'une usine pilote de sparation de plutonium est construite Dimona365.
Ce qui nempche pas le Foreign Office du 17 juin, dcrire Oslo que Ben-Gourion utilise
cette eau pour un programme de dessalement deau de mer pour le Nguev et que le refus des
inspections sexplique afin de ne pas alarmer les Arabes et les Russes 366.
En 1958, des dputs de lopposition au Parlement britannique accusent alors le
programme isralien dtre le rsultat dun consensus entre les Etats-Unis, la France, la
362
BBC Two, 10 mars 2006, Secret sale of UK plutonium to Israel , Jones MEIRION.
Foreign Policy, Winter 1987-1988, p. 100-119, Heavy Water Cheaters, Gary MILHOLLIN.
364
Parlement Britannique, Israels Weapons of Mass Destruction, Cause for Concern , Briefing Paper for
Parliamentary Lobby , 13 juillet 2005. Op.cit., p. 9.
365
Bulletin of Atomic Scientist, mai/juin 2006, Israel crosses the threshold, pp. 22-30. NSA, 17 mars 1969,
Memorandum to the secretary of state.
366
ZE24/39, norvegian heavy water safeguard, 22 septembre 1958. Fond Avner Cohen.
99
363
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Grande-Bretagne et la Norvge, mais que cela nincluait pas forcment les gouvernements au
pouvoir367. Des sympathisants pro-israliens (dont l'ancien ministre de la Dfense) concluent
avec ironie: Cela aurait t trop zl de notre part dinsister sur des garanties368. Les SR
britanniques crivent pourtant dans leurs rapports que Dimona na put servir immdiatement
fabriquer une bombe, bien que les Israliens en matrise la technologie. Cest pourquoi le
Donning Street prvoit de son ct que la bombe isralienne sera effective pour 1964. En
janvier 1961, des ambassadeurs amricains et britanniques, inquiets, se rendent Tel-Aviv et
reoivent un communiqu officiel : Isral ne fabrique pas darmes nuclaires. Les questions
prcises des ambassadeurs sont ludes. Robert McNamara, le secrtaire dtat la Dfense
de Kennedy, se dclare choqu que Londres ait pu cacher ces livraisons Washington369. Ces
atomes crochus rvlent la concurrence que se livrent Britanniques et Amricains sur ce
march, moins que ces offuscations ne dissimulent une accointance officieuse.
Probablement sous pression des Amricains, et des fuites quexploitent la presse, le Foreign
Office refuse den livrer encore 5 tonnes Isral. Nanmoins, Londres, en compensation,
envoie des quipements pour optimiser l'arsenal chimique.
En avril 1961, le norvgien Jens C Hauge dbarque en Isral afin de contrler lusage
de leau lourde vendue. Ernst Bergmann encadre la visite et le conduit jusquaux containers
du prcieux liquide, entreposs Nahal-Sorek. Hauge note dans son rapport quIsral souhaite
garder le secret sur ses installations et que leau est utilise pour un racteur de 24 mgw 370.
A noter que la puissance stipule nest pas la mme que dans laccord franais sur Dimona.
Entre temps, Mike Michaels, reprsentant britannique l'AIEA, est prvenu des avances
spectaculaires de Dimona. Il remarque que les fournitures britanniques sont destines une
puissance amie, et que les livraisons n'ont rien de clandestines. Ernst Bergmann, Shimon
Prs et Ben-Gourion sont mme invits Londres, la plupart du temps de manire nonofficielle. C'est dailleurs deux jours aprs l'une de ses rencontres que des cargos (ici
transportant du plutonium) rallient Hafa.
En 1966, lUK Atomic Energy Authority souhaite vendre 10 milligrammes de
plutonium mais le Foreign Office s'y oppose car y est inclus du lithium-6 fortement enrichi.
Mickaels proteste contre cette dcision en soutenant que Dimona na rien de militaire et que
Londres risque de se faire ravir le march. La vente s'effectue quand mme. En 1970, la
367
Ibid.
Guysen News, 5 aout 2005, Nous sommes confronts la pire des haines.
369
BBC, 9 dcembre 2005, UK 'cover-up' on Israel's nukes. The fact that Israel was trying to develop a
nuclear bomb should not have come as any surprise... But that Britain should have supplied it with heavy water
was indeed a surprise to me. It's very surprising to me that we weren't told because we shared information about
the nuclear bomb very closely with the British. Il affirmera aussi son opposition au nuclaire par sa clbre
phrase qualifiant les armes nuclaires dimmorales, dillgales, militairement non ncessaires et daffreusement
dangereuses.
370
Seymour HERSH, op.cit., p. 115.
100
368
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Norvge exporte encore une tonne deau lourde vers Isral. Ces oprations clandestines
sont facilites par le fait que des scientifiques juifs, travaillant la dissuasion britannique,
partent ensuite travailler en Isral et savent quelles sont les brches exploiter. Cest le cas du
professeur de physique Solly Cohen qui rejoint Jrusalem aprs avoir travaill au racteur de
Montral en Grande-Bretagne371. Les officiels en France et aux Etats-Unis notamment,
expliquent que comme pour le cas prsent, sil y a collaboration, ce fut toujours leurs insus.
Or, il apparat impossible de dissimuler de tels fournitures dans les budgets et travers les
douanes.
III.2 La bataille de luranium
III.2.1 De la ncessit des livraisons internationales
La prospection duranium en Isral est supervise par lHemed Gimmel (IDF Science
Corps qui deviendra machon 4). En 1948 sont dcouverts dans le Nguev des phosphates
uranifres par les Israliens et les Franais372. Les premires estimations mentionnent une
rserve de 30 60000 tonnes duranium prs de Sidon, Zin, Oron, Arad et Beersheba373. Prs
explique : Ben-Gourion pensait que ce pourrait tre une source d'lectricit, pour un usage
civil. On lui a dit que nous avions des matriaux radioactifs dans les sources chaudes du lac
de Tibriade 374. Lexploitation dbute en 1949. Un centre dextraction duranium375 de la
Negev Phosphates Chemicals Company376 sinstalle Mishor Rotem. Au dbut, dix tonnes
par an sont exploites par la Negev Phosphates Chemicals Company. Lentreprise y exploite
aussi du cuivre, du manganse et du phosphate, ce qui permet de camoufler les activits
militaires et explique pourquoi Isral parle de Dimona comme dune usine de manganse.
Cest donc du Nguev que le salut du peuple dIsral viendra. Ben-Gourion sen fait lcho
dans ses mmoires: Le plus savant de sa gnration est le premier peut-tre dentre nous
tous : Albert Einstein, celui qui a rvl les mystres de latome. Le Nguev veut dire sud.
[] Dun point de vue scientifique bien-sr, laridit du Nguev est une bndiction cache.
Quels trsors sont dissimuls sous le sable ?. [] Nous avons trouv des gisements de
phosphates, duranium377.
Mais les quantits trouves ne semblent pas de bonne qualit, ne sont pas si
importantes ni trs accessibles. De plus, Isral ne tarde pas connatre la dangerosit dune
mine duranium ciel ouvert. Comme le pays est de superficie rduite quil est prfrable de
371
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prserver ses propres rserves des fins stratgiques, Tel-Aviv privilgie limportation. Cest
plus discret et moins coteux, surtout par le truchement de laide internationale:
Ayant mis sur pied un systme fiable et srieux de production de plutonium fissile, il s'avrait
ncessaire de se doter d'installations permettant son retraitement pour pouvoir l'affecter dans le
processus de fabrication d'armements. L'agencement d'une telle usine est particulier (identifiable)
et il y eut alors un accord pour qu'Isral ne la construise pas. La raison de cette lacune apparut
bientt lorsqu'il fut tabli qu'Isral avait pu, avec succs, acqurir illgalement un stock significatif
d'uranium enrichi. Des rapports de la CIA ont fait tat qu'Isral obtint de grandes quantits
d'uranium enrichi par des voies clandestines378.
Mais surtout, les Israliens dcouvrent un procd pour lenrichissement de luranium trop
coteux par rapport la possibilit dimporter de luranium.
Isral importe de luranium de plusieurs pays : RSA, France, Niger, Centrafrique,
Gabon et Etats-Unis. Goldschmidt mentionne galement lArgentine et la Belgique379. En
ayant sa disposition de luranium, il devient possible demprunter une mthode plus lente,
mais politiquement labri de controverses, celle consistant procder la sparation du
plutonium dans un laboratoire chaud 380. Pour les filires africaines, Isral fournit en
change des armes, propose ses services pour le commerce du diamant (firmes Israel
Diamond Institute et Dan Gertler Investment381, ce qui explique sa prsence dans les pays
diamantifre et uranifre comme le Zare382, la RDC, lAfrique Australe, le Centrafrique, mais
pas seulement. Les allis sont ainsi nigrians, togolais, libriens, le Sierra-Leonais, ivoiriens
et camerounais. Aujourdhui encore, des agents du Mossad, des missaires militaires et un
petit groupe dhomme daffaires ont remplac les diplomates en tant quinterlocuteurs
privilgis des dirigeants africains et des partis doppositions 383.
La consommation maximale de Dimona, dans les annes 1960, atteint 24 tonnes par
an. Le minerai acquis ltranger par voie plus ou moins lgal se rvle insuffisant. Isral se
dbrouille pour en trouver ailleurs. En mars 1968, le Mossad apprend que 200 tonnes
duranium extrait au Congo sont entreposes Anvers, sous la surveillance dEuratom384, qui
en contrle lexportation. Le Mossad confie un agent le soin dacheter le prcieux minerai
pour 4 millions de dollars, au nom dune firme cran domicilie Milan, la Plumbat. La vente
est effective en octobre avec laval dEuratom. En novembre, des agents du Mossad et du
Lekem achtent un cargo en Turquie, le Scheersberg A, qui rejoint Anvers. Les 200 tonnes
doxyde duranium, enferms dans 560 containers, y sont charges. De Gnes en Italie, le
378
Thomas GARDEN, Can Deterrence Last ?, Buchan & Enright, London, 1984.
Bertrand GOLDSHMIDT, Le complexe atomique, histoire politique de lnergie nuclaire, Fayard, 1980, p. 206.
La Belgique exportait en Isral en 2009 pour 3.9 milliards euros (dont 3.1 de diamants !) et importait 2 milliards
deuros. Newletter de lambassade dIsral en France, 26 mars 2010. Certains changes stratgiques prennent la
forme de livraison en diamants, avec la filire zaroise, librienne et sud-africaine.
380
Djihad en Palestine, La voix des opprims, 13 Septembre 2004
381
Jeune Afrique, du 6 au 12 septembre 2009, Isral-Afrique : le Grand retour .
382
William BLUM, op.cit., chapitre 42.
383
Jeune Afrique, du 6 au 12 septembre 2009, Isral-Afrique : le Grand retour .
384
Groupe de dix pays europens recevant des Etats-Unis depuis 1957 une formation en sciences nuclaires. Les
centres de recherches sont bass en Italie, Belgique, Pays-Bas et Allemagne.
102
379
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
bateau est dtourn vers Isral385, via Iskenderun en Turquie. Selon une autre version, un
second cargo, escorts par quelques btiments de guerre israliens, transvase la cargaison dans
ses calles, et rejoint Isral386.
III.2.2 Lnigme Shapiro : luranium amricain
Lapprovisionnement de luranium est partiellement rsolu lorsque lAfrique du Sud et
les Etats-Unis vendent dj des premires quantits. De 1960 1966, 50 kilos dU-235 sont
envoys pour Nahal-Sorek387 sans laval officiel de Washington. Mais Isral estime que ce
nest pas suffisant. Les livraisons de lentreprise amricaine de Zalman Shapiro, la Numec388
(Nuclear Materials and Equipment Corporation), fond en 1957 Apollo, en Pennsylvanie,
savreront crutiales. Lentreprise travaille avec une dizaine dautres pays, mais son client
principal sont les Etats-Unis dans le cadre de lEnergy Act de 1954, dont le ministre de
lconomie et le Dpartement dtat, dans le cadre de lAtom for Peace. Le Lekem repre
Zalman Mordecha Shapiro parce quil travaille dabord la Westinghouse Electrolux
Corporation, une entreprise qui deviendra par la suite le plus gros conglomrat au monde de
lindustrie atomique. Il intgre entre temps lOrganisation Sioniste dAmrique et devient
donateur au profit de lAmerican Technion Society. Puis il entre en contact avec Bergmann et
Benyamin Blumberg389. En 1962, la Numec parvient dcrocher un gros contrat de
Westinhouse pour traiter 2100 kilos duranium. 60% de luranium devait tre retraits et les
40% restant rcuprs sparment. Or, la Numec produit 65% de dchets. Les dchets produits
par le retraitement sont choses normales, mais les pertes savrent ici anormalement leves.
Washington demande alors la Joint Atomic Energy Commitee et la CIA denquter,
souponnant qu'un petit pourcentage duranium (93,8 kilos ou 175 kg390) ait t dtourn391.
Carl Duckett de la CIA value que la cargaison dtourne pouvait suffire concevoir quatre
bombes392.
Aussi, en 1966, laffaire est porte devant le Congrs393. Les soupons sont tays par
les voyages frquents de Shapiro en Isral, notamment pour perfectionner la National Water
Carrier. Shapiro avouera plus tard que de faibles quantits de matire radioactive avaient t
effectivement vendues en Isral, afin quelles puissent servir de traceur pour dterminer les
fuites deau perdue par la canalisation, un procd courant. Afin de ne pas donner de
385
Pierre RAZOUX, Tsahal, nouvelle histoire de larme isralienne, Paris, Perrin, 2006, p. 484.
Seymour HERSH, op.cit., p. 189.
387
Peter PRY Israel's Nuclear Arsenal, Boulder, Colorado: Westview, 1984, p.8.
388
Pierre RAZOUX, Tsahal, nouvelle histoire de larme isralienne, Paris, Perrin, 2006, p. 477.
389
Seymour HERSH, op.cit., p. 248.
390
CSIS, 2 juin 2008, Israeli Weapons of Mass Destruction, Anthony CORDESMAN.
391
Bertrand RAVENEL, Isral : une menace nuclaire globale, Pour la Palestine , dcembre 2003, n 40.
Rapport dinformation dpos en application de larticle 145, ibid. , et Martin VAN CREVELD, op.cit., p. 29
392
Seymour HERSH, op.cit., p. 195.
103
386
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mauvaise ide au Fatah, qui cherchait empoisonner cette eau, Shapiro explique quil refusa
de porter cette information la CIA, quil pensait noyaute par le KGB. La CIA apprend que
Rafi Eitan du Mossad, sest rendu dans lusine avec deux scientifiques de Dimona, aprs une
premire mission de reconnaissance . Malgr la conviction avre que la Numec tait
troitement surveille, les Israliens sattelrent dfinir les point faibles de lusine, pour
dtourner prs de 100 kilos.
Peu aprs cette visite, la Numec passe contrat avec Isral pour striliser des aliments
et du matriel mdical par irradiation . Le FBI est averti par lambassade isralienne que si
les containers taient ouverts, elle opposerait un veto diplomatique. Laffaire se complexifie
de nouveau puisque la priode est propice aux querelles dinfluences entre le FBI dEdgar
Hoover et la CIA de Richard Helms. Tandis que la CIA accuse Hoover de navoir pas
dmasqu Shapiro, le FBI met au dfi la CIA daller inspecter Dimona. James H Coran,
analyste la Nuclear Regulation Commission, le lobby nuclaire amricain, accus de polluer
des sites, chercherait en parallle faire endosser les risques de contamination et la gestion
discutable des industries amricaines du nuclaire sur la Numec.
En 1976, lorsque Duckett expose dans un rapport les capacits nuclaires israliennes,
une autre enqute est mene contre Shapiro. Elle rend compte que dautres entreprises ont
perdues dimportantes quantits de matires radioactives. Les enquteurs du sous-comit du
Congrs concluent cependant que la Numec a t cre uniquement pour servir de couverture
aux exportations illgales vers Isral et dautres pays, et quil existait une ligne tlphonique
directe entre lambassade dIsral et lentreprise. Pourtant, en octobre 1977, ladministration
Carter affirme que rien nest retenu contre Shapiro. Durant les annes 1980, la Numec nest
plus commissionne et emporte avec elle son secret. En 1981, sur la chane ABC et dans le
NYT, Duckett maintient la culpabilit de Shapiro. Mais on accuse Duckett davoir voulu
tayer son rapport avec nimporte quelles preuves, pour sauver sa carrire. En 1990, lusine
dApollo est dcontamine. On dclare alors officiellement que tout le btiment avait absorb
une quantit phnomnale de particules microscopiques duranium. Le mystre reste entier.
Seymour HERSH, op.cit., p.253. Pour connatre les secrets de cette affaire, lire le chapitre 18 de louvrage.
104
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qu'elles soient sous commandement franais. C'est un refus394. Mais les livraisons d'uranium
amricain perdurent (en tout 130 kilos selon les accords de 1959). Aux Etats-Unis, Kennedy
succde Eisenhower. Cest le dbut dune relation particulirement conflictuel, entre la
France, les Etats-Unis et Isral. De Gaulle reste un alli des Etats-Unis mais rcalcitrant, et
qui cherche exister en ouvrant le dialogue avec l'URSS.
Dans le premier gouvernement de De Gaulle, cinq ministres sont membres de la Ligue
pour lalliance France-Isral395. La collaboration entre les deux pays est tellement secrte que
le gnral, 2 ans aprs son accession au pouvoir, commence peine a tre au courant de ce
quun ancien ministre gaulliste appelle une vritable conspiration du silence monte par
quelques amis de ltat hbreu . Les contrats sont signs de la main la main entre
fournisseurs. Soustelle, ancien gouverneur de lAlgrie, ministre de lInformation, ministre du
Sahara et des Affaires Atomiques dans le gouvernement Debr de 1959, ne dit pas tout au
prsident. Prs ironise: Soustelle tait plus sioniste que nous mme. Chaque fois que je le
rencontrais, je souffrais d'un complexe d'infriorit 396. Soustelle ordonne mme que le CEA
ne devait traiter qu'avec lui et rappelle : Lorsque j'tais ministre l'nergie atomique, j'ai
entrepris tout ce qui tait en mon pouvoir pour aider Isral de toutes les manires possible397.
Perrin rapporte De Gaulle cette connivence dans un rapport titr aide atomique
militaire d'autres puissances . L'ingnieur mentionne que si Isral avait la bombe, la France
appartiendrait aux petites puissances nuclaires, catgorie cre par Isral. La France ne serait
alors plus une grande puissance. Aussi, la coopration se ralentit. De Gaulle ninterrompt pas
la construction de Dimona car sur le papier, le racteur ne permet pas de fabriquer la bombe.
Cest pourquoi, le 11 mai 1959, il envoie Guy Mollet en Isral pour expliquer que la
coopration civile est maintenue. Il faut dire quau mme moment, un accord entre Paris et
Washington est sign pour que les Etats-Unis vendent la France de luranium enrichi des
prix cinq fois infrieur celui produit en France398, cela afin de construire des armes
atomiques pour sous-marins. Cependant, le gnral met fin petit petit tout ce qui pourrait
aboutir une bombe isralienne. Maurice Couve de Murville, ancien ambassadeur en gypte
et ministre des Affaires trangres399, rappelle de Tel-Aviv Pierre Gilbert, ambassadeur de
France en Isral. Hostile Isral, il fait savoir Golda Meir que les accords conclus sur la
bombe sont caduques et que ltat hbreu doit arrter la construction du racteur. Murville
estime prfrable que les forces arabes et israliennes demeurent quilibres et que les
frontires ne soient pas remise en cause. Pierre Messmer tranche officiellement que
394
105
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l'accord nuclaire du 21 aot 1957, celui qui concernait directement Dimona, est rompu.
L'usine d'extraction du plutonium est annule, en contrepartie d'une indemnit financire400.
Prs dsespre : Je savais que sans les Franais, Dimona tait condamn 401. En
juin, il senvole une nouvelle fois pour Paris afin de rencontrer De Murville et le convainc de
ne pas abroger laccord secret, au risque de compromettre la France au sein de la communaut
internationale et surtout auprs des tats arabes en pleine dcolonisation: Isral est arriv au
milieu du lac, nager pour retourner au point de dpart serait ainsi ardue que de gagner la rive
oppose . Lors de l'entretien entre Ben-Gourion et De Gaulle le 17 juin, Debr affirme
maintenir la coopration nuclaire civile. Ben-Gourion rpond qu'il ne cherche pas la bombe.
De Gaulle demande: Dites-moi franchement pourquoi avez-vous besoin d'un racteur
nuclaire . Ben-Gourion botte en touche. Un autre lment vient en aide Prs. Le premier
tir franais prvu pour 1960 manque dtre retard car la France ne possde pas lordinateur
capable de calculer les paramtres de la bombe. Or, Isral en possde un, acquis auprs des
Etats-Unis402, que linstitut Weizmann prte finalement Paris, ainsi que des procds
techniques amricains403 sur le traitement de minerais duranium et de production deau
lourde.
Ordres et contres-ordres se succdent. Les ingnieurs qui s'inquitent d'une pareille
cacophonie s'enquirent auprs de Michel Debr qui rappele l'ordre son ministre, en
expliquant que la France est sur le point d'avoir la bombe et qu'il ne faut pas la partager:
Nous avons fait progresser les connaissances des experts israliens. L'intrt national nous
commande de nous en tenir l. La France, je vous le dit comme je le pense, ne peut risquer
son entre dans le club par des relations particulires avec un tat tranger 404. Aux
ingnieurs de lire entre les lignes. Tandis que De Gaulle commene fermer les bureaux de
liaisons israliens dans la Dfense et les Renseignements, il mesure la proportion de la
collaboration et laction des lobbies militaro-industriels franais oeuvrant dans son dos. Cest
pourquoi le chef de la France Libre soppose la vente de Mirage-IV et la livraison dune
usine de sparation isotopique405. Ces Mirage ont la facult dj datteindre Moscou depuis la
France, alors on imagine leur rayon daction depuis Isral! De Gaulle critique aussi les liens
informelles, surtout ceux entretenues par la SFIO avec Tel-Aviv. Les relations restent
nanmoins officiellement cordiales. De Gaulle crit dans ses mmoires:
La grandeur dune entreprise qui consiste replacer un peuple juif disposant de lui-mme sur
une terre marque par sa fabuleuse histoire et quil possdait il y a dix-neuf sicles ne peut
400
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manquer de sduire. Humainement, je tiens pour satisfaisant quil retrouve un foyer national et je
vois l une sorte de compensation tant de souffrances, endures au long des ges, et portes au
pire lors des massacres perptres par lAllemagne dHitler 406.
Le 10 novembre 1959 Paris, Prs et l'ambassadeur Walter Eitan refusent les inspections
internationales. Murville et Guillaumat annoncent un compromis. Laccord sera maintenu
dans les termes initiaux, pas plus. Mais les opposants israliens de la filire franaise, qui sont
aussi les rivaux de Prs, entrent en action. Le 29 dcembre, Golda Meir, plus intransigeante,
cest--dire plus dans lesprit de Ben-Gourion, se saisit du prtexte pour torpiller Prs et
proposer aux Amricains une alliance militaire et une aide nuclaire. Dans le cadre dune
alliance conventionnelle avec Washington, Isral se dclare prt stocker larmement
amricain pour devenir une rserve stratgique de produits de base qui resterait proprit
amricaine, mais quIsral pourrait utiliser selon ses besoins407.
Guillaume FEST, la politique trangre de la France, Isral et le conflit Isralo-palestinien, de lIntifada aux
accords dOslo. Mmoire de matrise, Juin 1999, Toulouse II le Mirail, p 29
407
Ibid
408
Dominique LORENTZ, op.cit., p. 79. Les irradis franais ne seront reconnus comme tels que le 22 dcembre
2009, et indemniss.
409
Vincent NOUZILLE, Des secrets si bien gards..., op.cit., p. 46.
410
Los Angeles Times, 11 octobre 2003, Israel extends nuclear weapons capability .
411
Prsidence de lAssemble Nationale, Rapport dinformation... , ibid.
107
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scientifique Georges Cowan, de Los Alamos, rajoutent quune collaboration existait entre son
laboratoire, celui de Livermore et ceux de linstitut Weizmann sur les essais amricains.
Georges le Guelte estime pourtant que des tests communs ont eu lieu dans le Nevada 412. Cette
thse nest pas tout fait aberrante, car au dbut des annes 1970, Washington propose mme
la France, non de tester des bombes dans le Nevada, mais dtudier le comportement de
certains matriaux finalit nuclaire413. Pour Isral, un ouvrage parle mme de deux tests
souterrains Hattiesbourg (Mississipi), nom de code Salmon, en 1964, et un autre le 3
dcembre 1966 (Sterling), de 5,3 et 0,38 Kt414.
Jusqu prsent donc, Isral na officiellement pu se livrer des explosions nuclaires
exprimentales sur son sol, cause de la politique de lopacit et de lexigut du territoire et
en vertu de laccord de 1963 sur linterdiction deffectuer des tests nuclaires. Mais la
participation isralienne dans les tests franais sera sans doute relle jusquen 1967, sur les
sites d'essais NBC cits prcdemment: Reggane, Ain Ecker, Hammaguir et Colomb-Bchar
(Beni-Ounif). Dix-sept premiers tirs sont mens au Sahara, dont au moins un serait
exclusivement isralien, probablement celui de 1961415. Selon Werner Farr, lessai de 1960
ntait pas unique mais double, dont lun tait destin tester une arme isralienne416. Il
indique aussi que les Israliens avaient assez de plutonium et de rsultat de tests amricains
pour se passer ensuite dessais417.
Isral est cependant de moins en moins indispensable puisque le bombe franaise est
dsormais ralit. Aussi, en mai, De Gaulle demande alors une nouvelle fois De Murville de
convaincre lambassadeur franais de rgler ce dossier. Dans le cas contraire, les livraisons
duranium sinterrompraient. Ben-Gourion planifie un voyage en France pour rassurer le
gnral. Mais le fait que les colonies franaises, dont le Niger, riche en uranium, accde
lindpendance, tempre son inquitude. On pourra toujours sentendre avec ces nouveaux
tats. Le 14 juin 1960, De Gaulle reoit officiellement le Premier ministre isralien qui
connat bien le pays grce son conseiller entre 1959 et 1963, Andr Chouraqui, secrtaire
gnral de lAlliance Isralite Universelle. Sa venue est l pour dissiper le malentendu, ce qui
nempche pas De Gaulle dcrire quil voulait mettre un terme dabusives pratiques de
collaboration militaire [], qui introduisent en permanence des Israliens tous les chelons
des tats-majors et des services franais, ainsi quau prt par la France, prs de Beersheva,
412
Questions Internationales, nov-dc 2007, Isral, puissance nuclaire . Georges LE GUELTE, pp. 30-31.
Vincent NOUZILLE, Des secrets si bien gards..., op.cit., p. 313.
414
Freddy EYTAN, op.cit., Chapitre VI.
415
El Watan, 30 juillet 2006, La dissuasion isralienne et le grand Moyent-Orient. Lusage politique de
lincertitude nuclaire .
416
Warner FARR, The third templess holy of holies, Israels Nuclear Weapons, ibid.
417
Ce fait est rvl pour la premire fois dans Le Monde du 8 octobre 1975. Le 13 fvrier 1960, la France fait
exploser, Reggane, en compagnie dIsraliens, sa premire bombe, dont les paramtres sont calculs par
l'Institut Weizmann en Isral. Pour Peter PRY, Israel's Nuclear Arsenal, op.cit.,, p.16, ces essais eurent lieux
108
413
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dune usine de transformation duranium en plutonium, do, un beau jour, pourraient sortir
des bombes atomiques418. Sur le perron de llyse, les apparences sont prserves. BenGourion parle du gnral comme un homme plein dentrain, compatissant, trs alerte, ayant
le sens de lhumour et beaucoup de gentillesse . De son ct De Gaulle dclare: Envers
Isral, nous ressentons de ladmiration, de laffection et de la confiance. A mes yeux, vous
tes lun de plus grands dirigeants de notre temps. [] Vous, monsieur Ben-Gourion,
symbolisez en votre personne la merveilleuse rsurrection, la renaissance, la fiert et la
prosprit dIsral 419.
Mais la fin de lanne, la presse britannique rvle la participation de la France dans
Dimona, peut-tre lissu dun diffrent entre Paris et Londres. Goldschmidt crit : La
rvlation [] provoqua une motion et une crainte certaine dans les pays arabes 420. Et cela
embarrasse le Quai dOrsay. En priv, De Gaulle presse Isral de ragir en rvlant ltat de
ses activits nuclaires. Ben-Gourion met en exergue la puissance des armes arabes mais De
Gaulle rpond que le danger de destruction du pays est exagr et que la France ne permettra
jamais une telle chose. De Gaulle pense quIsral a dj prvu de fabriquer la bombe. Si cela
se sait, il vaut mieux convaincre avant la communaut internationale que la France ny est
pour rien. Evidemment, Tel-Aviv refuse. Un arrangement est trouv: ce quIsral dj pay
sera livr jusquen 1962. Ensuite, le programme sera divulgu. Isral assure Paris qu'il ne
construira pas d'armes nuclaires. En change, Paris promet la vente davions modernes. Les
avions seront livrs, mais les travaux dans le Nguev continuent, car cet accord ne concerne
pas les firmes prives qui exploitent la brche. Cependant, Lorentz estime que la thse selon
laquelle De Gaulle a t pris en dfaut par le lobby franais de larmement et les SR et une
fable relaye par les journalistes 421. Lauteur explique aussi que le Gnral na jamais donn
lordre dinterrompre les travaux Dimona. Cest peut-tre vrai, mais il est certain que le
gnral ntait pas au fait de tous les dtails de la collaboration. De Gaulle ignore t-il que les
deux pays construisent des missiles capacits nuclaires grce la firme de Marcel Bloch
Dassault? Non, mais le prsident ne peut pas trop faire pression sur Dassault, dont les
produits lexportation signifient des sources de devises consquentes.
Le 12 janvier 1961, De Gaulle exige du Conseil de Dfense larrt des changes de
technologies nuclaires422. Le 21 fvrier, l'ambassadeur Eytan et le secrtaire gnral au Quai
d'Orsay, Eric de Carbonnel, changent des lettres pour mettre fin la collaboration, sauf sur
les contrats en cours. Le lobbying de Prs auprs de Saint-Gobain paie. Les 145 tonnes
conjointement Ekker et Reggane, entre 1960 et 1964.
418
Charles DE GAULLE, Mmoires despoir, Plon, Paris, 1970, p. 270.
419
Pierre PAN, ibid.
420
Dominique LORENTZ, op.cit., p. 152.
421
Dominique LORENTZ, op.cit., p. 133.
422
Pierre RAZOUX, Tsahal, nouvelle histoire de larme isralienne, Paris, Perrin, 2006, p. 477.
109
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d'uranium restantes doivent encore tre livr jusqu'en 1963 mais le plutonium produit devra
tre rendu la France. Ben-Gourion tente encore dinflchir la position de De Gaulle en
contactant Kennedy:
Je compte lui exposer la simple vrit. Premirement, nous avons sign avec la France, en 1956,
un accord d'assistance pour la construction d'un racteur nuclaire. Deuximement, lors d'une
rencontre Paris avec vous, en juin 1960, je vous ai dit que nous ne chercherions pas produire
d'armes nuclaires sans votre accord. Troisimement, dans la mesure o la France nous vendrait de
l'uranium, il tait convenu qu'elle garde un droit de contrle sur son emploi 423.
En 1962, les manuvres militaires pour permettre lintervention des forces franaises au ct
dIsral en cas dagression arabe sont arrts. En consquence, les stages officieux des
israliens au CEA ne sont plus reconduits. Mais la mesure met du temps tre applique,
dautant que beaucoup de militaires, partisan de lAlgrie franaise, opposent une grve du
zle. Aprs les Accords dEvian, laide isralienne nest plus ncessaire. Le 6 juin, BenGourion se rend Paris en mission de la dernire chance. De Gaulle prcise devant les
camras quIsral tait un tat ami, une manire appuye pour remercier Isral du prt du
super ordinateur. Mais le Quai dOrsay tablit des contacts diplomatiques avec les pays
arabes, et Nasser est subitement devenu un prsident sage, lucide, menant lgypte nouvelle
sur la voie dans laquelle marchait galement la France nouvelle424. Un rapport officiel est
remis au gnral de Gaulle qui soutient que la relation avec Isral ne rapporte aucun crdit la
France, et que Paris tout gagner se rapprocher du monde arabe425 . Il ajoute Isral la
bombe. Mme sil ne la pas essaye, il la possde. Et cest nous qui la lui avons fournie 426.
Le 26 avril 1963, Prs contracte in extremis un accord avec Dassault, grce au truchement du
ministre de la Dfense, Pierre Messmer, pour la livraison de vingt-cinq missiles balistiques
MD-620427. La firme est si troitement lie au nuclaire que le gnral Pierre Gallois, prtre
de la bombe franaise et ancien responsable de l'OTAN pour l'Europe, finit sa retraite comme
directeur commercial dans l'entreprise428. Fin 1963, les grandes entreprises franaises quittent
Isral, mais confient la suite des travaux des sous-traitants, pour plus de discrtion429.
423
110
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la bombe nuclaire430. Le Japon et la Chine Populaire suivront, alors que Moscou dnonce
laccord de 1957 sur son aide atomique la Chine (peut-tre en change du refus de
Washington de prolifrer vers Tel-Aviv?). On note galement que lInde, lItalie, la
Tchcoslovaquie, la Pologne, la Suisse, la Norvge et les Pays-Bas mnent des recherches
militaires mais nobtiendront pas forcment la bombe dans les annes venir. Seuls les six
premiers pays mentionns font tats dun paragraphe spcifique dans ce rapport. Le lien entre
la France et Isral nest pas stipul. Par contre, au dtour dune ligne, ltat hbreu est cit
comme suit: Toutefois, Isral pourrait presque certainement tenter dobtenir des capacits
nuclaires sil pouvait obtenir les matriaux fissibles et les financements ncessaires 431. En
mai, un autre rapport indique quil y a une haute probabilit pour quIsral obtienne des
armes nuclaires, soit de fabrication interne, soit de la France . Tout est bien sr dans le
conditionnel car le texte a pour but de souligner le cas isralien aux autorits comptentes,
mais sans accuser les organismes et les entreprises amricaines prolifrantes, ni les
personnalits amricaines ou europennes parti prenantes. On signale, mais sans dtails.
Officiellement, la CIA sauvegarde les apparences et ne sait pas grand chose. Et puis pourquoi
se mfier d'un pays qui adhre lAIEA, le 12 juillet 1957?
Cependant, les tats-Unis ragissent pour la forme et demandent Isral de soumettre
Dimona aux inspections internationales.432 Le gouvernement isralien accepte en posant une
seule condition : les inspections doivent tre effectues par le gouvernement amricain. En
1958, le Congrs amende lAtomic Energy Act, entrin par lONU. Le Big Three (Etats-Unis/
URSS et Grande-Bretagne) sengagent ne pas transfrer darmes nuclaires vers un pays
non possdant. Le pacte de Varsovie laccepte, mais pas lOTAN. Ces instances nengagent
pas forcment les grandes puissances individuellement. Ike, se mfiant dIsral, envoi un U2
survoler le Nguev en 1958. Lorsque la CIA demandent Lewis Strauss dexaminer des
photos espions, prises Dimona, il avertit Tel-Aviv que le racteur est espionn par
Washington
433
complexe et aussi un polygone de tir. Ike examine les clichs, mais interdit ses
collaborateurs de prendre des notes et la CIA de trop insister sur Isral des fins de
discrtion. Les survols se poursuivent. On ne tient pas en savoir trop si lon veut conserver
430
CIA, Archives Nationales, dclassifies le 21 mars 1997, Departement of State, Special Assistant of Secretary,
NND 969003, 3 mai 1957.
431
CIA, Confidential, NIE, number 100-6-57, Nuclear weapons production in fourth likelihood and
consquences , Director of Central Intelligence, Intelligence Advisory Committee, 18 juin 1957,.
432
Sur les rapports tats-Unis- France- Isral en matire nuclaire, le livre de Dominique Lorentz claire d'un
jour nouveau cette connexion, que considrer la coopration franco-isralienne comme l'aventure de deux tats
indpendants est un non-sens (p. 53) Le rle des tats-Unis dans les programmes nuclaires isralien et
franais a t dcisif).
433
United States of America, Secretary of State, Secret, 26 novembre 1960, Further embassy telegram 2138.
111
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Isral dans son camp434. Le prsident amricain craint en effet que Nasser envahisse Isral, et
surtout mette la main sur le Liban, que les Amricains veulent protger. En compensation, les
Amricains demandent Tel-Aviv dtre plus discret.
Le 1er juillet, la CIA mentionne que
compar avec les autres pays concerns, la Chine communiste, lAustralie et
Isral possdent moins de besoins pour la poursuite de leur programme et auraient
besoin dassistance trangre pour produire mme leur premire bombe fission
sur leurs propres territoires. Si Isral obtenait une aide substantielle de ltranger,
il aurait la capacit technique de produire une premire arme de faible puissance
au cours des dix premires annes 435.
Cest un avertissement pertinent car la prvision de la date de la premire arme isralienne ne
se trompera que de deux ans! Le texte prvoit dj que lAfrique du Sud sera trs sollicit
pour son uranium. Dans un tableau gnral rcapitulant les disponibilits pour chaque pays
tudis, Isral y figure comme suit:
Pays
Isral
Source
Domestique
Rduit
duranium Programme
nuclaire
Modr
de
de
ressource
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lOTAN, les Amricains voient dun mauvais il une prolifration extrieure manante de ce
pays. Ce qui inquite, ce n'est pas tant que la France fournissent la bombe des allis, mais
que ce march juteux chappe aux entreprises amricaines. Dans cet opuscule, tous les
paragraphes sur Isral sont entirement censurs.
Le 20 septembre, la CIA prsente un tableau similaire438, englobant plusieurs pays,
dont lordre dapparition reste le mme quen 1958. Ce qui touche ltat hbreu est encore
censure. La Belgique, le Japon et les Pays-Bas, dont les capacits sont bien plus dtaills, y
apparaissent comme plus dangereux quIsral! De mme, le paragraphe dvolu aux capacits
balistiques ne fait jamais rfrence Isral alors que la France fournit dj ces vecteurs. Un
oubli? La balistique sudoise est, quant elle, dtaille. Cependant, la collusion entre Paris et
Isral est suggre par cette phrase: Les principaux effets des capacits nuclaires militaires
que dveloppent la France pourrait plutt augmenter le danger de la puissance des actions de
la France en Afrique du Nord et au Moyen-Orient dans son soutien Isral. Un autre
paragraphe sur la France est en partie censur. Comme cest le seul pays ptir de cette
coupure, on peut subodorer que cela concerne Isral439.
En novembre, le physicien amricain Henry Jacob Gomberg, participant au projet
Phoenix de lUniversit du Michigan, et rentrant de Dimona, rend compte de ce quil a vu
Philip Farley, du Dpartement dtat lnergie atomique et la CIA. Ses commentaires sont
classs sans suite, surtout parce quil mentionne un racteur de 200 mgw!440 On sait, mais on
prfre se taire. Le 2 dcembre, le dpartement dtat souligne quIsral travaille sans
ambigut la bombe. La Commission des Affaires atomiques du Congrs se runit huis
clos en sance extraordinaire pour savoir sil faut donner suite sur laide apporte Tel-Aviv
et Paris. Le 8 dcembre, la CIA publie un Special National Intelligence Estimate (SNIE),
prsent aux membres de la Commission conjointe lnergie atomique du Congrs et ceux
du Dpartement dtat. Eisenhower, qui en est lorigine, prend la peine den informer le
nouveau prsident lu en novembre, Kennedy. Cest le premier dossier que le champion
dmocrate aura traiter!
Nanmoins, linformation schappe des archives et atterrit sur le bureau du Times, le
13 dcembre. Le quotidien signale quune petite puissance qui nest ni communiste, ni
membre de lOTAN dveloppe loption nuclaire . A son tour, le Daily Express prcise que
la France aide Isral construire sa bombe. Les journaux amricains lui embotent le pas. Le
New York Times parle en dtail de Dimona. Lun des indicateurs du journal nest autre que
an UK, Director of Central Intelligence, Intelligence Advisory Committee, 21 septembre 1961, 15 pages, p. 5. ..
438
CIA, Confidential, NIE, number 100-4-60, Nuclear weapons production in fourth likelihood and
consquences , Intelligence Advisory Committee, 20 septembre 1960, 14 pages, p. 5.
439
CIA, Confidential, NIE, number 100-2-58, op.cit., p. 23.
440
United States of America, CIA, Secret, mars 1961, History of United States interret in Israels atomic energy
activities. Fond Avner Cohen.
113
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John Mc Cone, prsident de lAEC. Mc Cone a remplac Strauss en juillet 1958 tout en
restant membre de lagence de renseignement Intelligence Advisory Commitee. Un jour, il
sentretient avec Elder, un agent de la CIA, propos de Dimona. Ike, en fin de mandat,
autorise Elder appeler le NYT, afin de mettre Isral devant le fait accompli. Le secrtaire
dtat Christian A Heurter appelle alors lambassadeur isralien aux Etats-Unis Avraham
Harman, et le collaborateur dAllan Foster Dulles Philip Farley, et prend contact avec
lambassadeur franais pour avoir des explications. Christian Herter appelle Avraham Harman
pour lui demander des explications. Harman confirme que Dimona est bien un racteur civile
a vocation exclusivement pacifique et Paris confirme ses allgations, estimant que laide
apporte en matire nuclaire est identique celle que le Canada apporte lInde. Toutes les
dispositions ncessaires ont t prises pour assurer lutilisation des fins exclusivement
pacifiques des installations dont il sagit prcise le Quai dOrsay. Cette explication ne
convainc personne. Washington se plaint auprs de De Murville, en visite Washington, qui
promet que le plutonium prt va tre rapatri en France441.
La Knesset gote peu le fait dtre avertit de ce qui se passe dans leur pays par des
ressortissants et des journalistes trangers! Aussitt, Ben-Gourion raffirme le 21 dcembre
devant les dputs que cette centrale a des buts purement pacifiques. Cest la premire
rvlation publique. Ce qui nempche pas une crise grave dclater entre Isral et les tatsUnis. En effet, le Pentagone craint une collaboration entre des scientifiques juifs pro
communistes et ceux du pacte de Varsovie, dans un maccarthysme qui nest en fait pas
termin. Cependant, les rapports de la CIA sont constamment sous-valus. Avner Cohen
explique que les services de ladministration calquaient leur rapport, comme souvent, sur ce
que lon croyait pertinent de dire en accord avec la politique mene par le prsident. Or, ni
Eisenhower, ni Kennedy ne se prononcent clairement sur ltat hbreu. Une rvlation
inconvenante engendrerait des mutations forces voir des licenciements. Isral tant un
alli, pourquoi le traiter comme un ennemi ?
441
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Ike sen va, mais il confie Kennedy: Mfiez-vous des complexes militaroindustriels. Ils sont un tat dans ltat. Ils menacent la dmocratie . On lui prte dailleurs
linvention du terme de militaro-industriels. En Isral, on les dnonce galement, de mme
quen URSS par la bouche de Sakharov Einstein lavait aussi prdit. La menace des bellicistes
scientifiques et militaires est la mme partout. Ces complexes auront toujours intrts
vendre au Moyen-Orient leurs armements, c'est pourquoi, il soutiendront toujours Isral. Et un
Isral surarm leur permet de vendre l'quivalent aux tats Arabes. Eisenhower dit son
successeur de ne pas interdire la possession darmes nuclaires par dautres pays, mais de la
canaliser. Le Secrtaire dtat JF Dulles reconnat quil est impossible dempcher
lacquisition darmes nuclaires si le Big Three conserve son monopole sans lgitimit. Un
petit nombre dogives ou une capacit en fabriquer nest pas le plus grave. Le problme est
la taille et les performances de larsenal, qui oblige les pays possdant augmenter le leur,
pour conserver leur puissance. La solution serait dlargir lOTAN pour prouver la non
ncessit dacqurir la bombe au bnfice du parapluie nuclaire amricain. Mais cette
solution est rejete partout chez les allis des Amricains : Un prsident amricain ne se
risquera pas lancer un bombardement depuis les tats-Unis pour dfendre Paris. [] Les
tats-Unis sinterdisent de sauver lEurope avec leurs propres armes 443.
Mme si la communaut juive a soutenu le camp dmocrate (82% des votes)444, le clan
Kennedy (irlandais catholique) ne fait pas mystre de ses penchants antismites. Abraham
Feinberg, prcdemment cit, fait pression sur Kennedy, comme il l'avait fait pour Truman
la demande de Prs et de Ben-Gourion : nous sommes prt rgler vos notes si vous nous
laisser superviser votre politique au Proche-Orient445. Feinberg demande Kennedy de ne
pas envoyer dinspecteurs Dimona. Jai men la plus grande bataille de ma carrire pour
leur viter une inspection minutieuse. Je ne suis pas intervenu violemment une fois mais une
demi-douzaine de fois 446 confiera Feinberg la fin de sa vie. Dans le cas contraire,
lindustriel pourrait rvler les largesses financires attribues certain membres du
442
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gouvernement, la vie prive tumulteuse et laccointance avec la mafia des Kennedy. Henry
Kissinger, parvient convaincre JFK du bien fond dun soutien envers Tel-Aviv, tout en lui
signifiant de mnager la puissance gyptienne a des fins dquilibre gostratgique. Les
rapports alarmistes de la CIA doivent donner limpression aux Arabes que les Etats-Unis
surveillent Isral. Le poids du lobby pro-isralien, qui ne sest jamais dissimul, est toujours
bon prendre pour les prochaines chances lectorales. La fourniture darmement Isral
augmente de 40%. Dj, Kennedy demande Prs : Je suis prt fournir Isral des
fuses sol-air pour votre dfense mais qui peut me garantir quelles ne seront pas quipes,
par vos soins, dogives nuclaires ? . Ce qui sous-entend que Kennedy a dj des doutes447.
Freddy EYTAN, Les 18 qui ont fait Isral, Editions Alphe, 2008, p. 145
Michel BAR-ZOHAR, Michel, Shimon Prs, Chapitre 19 Kennedy sen mle.
116
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Le gouvernement isralien a donn lassurance que son nouveau racteur en construction dans le
dsert du Nguev serait consacr des fins exclusivement pacifiques. Afin de marquer clairement
le caractre pacifique de son activit dans le domaine de lnergie atomique, le gouvernement
dIsral assure quil accueillera favorablement les tudiants et les savants des pays amis dsireux
de visiter le racteur ds son achvement. Le gouvernement des Etats-Unis note avec satisfaction
ces dclarations du gouvernement dIsral457.
Source duranium
Domestique
Aucune
Programme de
recherche nuclaire
Modr
Programme de
puissance nuclaire
Potentiel long
terme
Capacit de
ressource industrielle
Rduit
Si la collusion avec des entreprises amricaines est volontairement carte, les capacits
balistiques sont, pour la premire fois, mises en exergue ainsi que lestimation prcise de
lobtention de la bombe, cest--dire 1966. Le 2 juin 2005, on apprendra partir dun
document diplomatique secret, dclassifi, que les SR amricains avaient estim que la bombe
pourrait frapper toutes cibles dans un rayon de 800 900 km459.
La CIA confirme quIsral se dote des moyens complets de fabrication darmes
nuclaires, mais la dcision den fabriquer et la possession effective nest elle pas affirme.
Isral pourrait trs vite, si elle le souhaite, fabriquer des bombes, seulement en cas de
ncessiter. Cette nuance nest rien dautre quune dune digression phrasologique460.
Lagence semble ensuite ne pas croire que Dimona puisse tre une base de recherche pour
construire autre racteur nuclaire civil. Car il est construit sur le modle des racteurs
franais qui produisent de quoi faire des bombes. Ce qui inquite particulirement
Washington, cest que les Franais ont livr non seulement de quoi faire des bombes, mais
aussi nimporte quel type de bombe, dans leur nature et dans leur puissance, et que Dimona
peut encore subir des optimisations, cette fois-ci sans apports de ltranger. La CIA en vient
planifier une opration dinfiltration au sein du racteur. Lopration choue car la
surveillance est trop serre. Kennedy hausse le ton contre Isral aprs sa rencontre avec
457
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United States of America, CIA, Guided missile and Astronautics intelligence Comittee, 20 juillet 1961, fond
Avner Cohen. Dclass en 2001 mais abondement censur.
462
CIA, 21 septembre 1961, NIE n 4-3-61, Nuclear weapons and delivery capabilities of free world countries
oser than the US and UK , Secret, 15 pages, pp.9-10. Dclassifies en 1981.
119
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Il est dit que Dimona a une puissance de 26 mgw (et non pas 24 mgw). En revanche, tant
donn que les pays arabes nauront pas de parade contre larme suprme, lintelligence
service pense que les Israliens ne perfectionneront pas leur bombe. Il ny aura donc pas de
prolifration qualitative. Les avions Vautour franais vendus Isral peuvent nanmoins
larguer une bombe plus de 2000 km et le pays cherche ce procurer des bombardiers plus
puissants. Cette capacit nuclaire arienne ne sera pas effective avant 1963 dixit le rapport.
La CIA prvient avec accuit que le programme Shavit, officiellement destin la
mtorologie, est un effort de dveloppement indpendant dun missile sol-sol . Sur les
ventuels essais nuclaires, il est crit quIsral ne peut en faire cause de lexigut de son
territoire mais aussi parce que le peu de plutonium produit annuellement serait
immdiatement absorb par les campagnes dessais. Jamais un rapport de la CIA naura t
aussi prcis.
Kennedy reconnat que sa politique naboutit pas. Aussi il dcide dassocier
lensemble des puissances nuclaires dans la promesse denrayer la prolifration. Son
initiative est adopte par lONU, validant un futur TNP. Un autre rapport est prsent, intitul
le programme isralien dnergie nuclaire 463. Dclassifi en 2001, il rvle quelques-uns
des dessous des rapports entre les deux pays. Mais videmment, de nombreux passages sont
censurs. Alors que rien nest dissimul sur Nahal-Sorek, la quasi-totalit de ce qui concerne
Dimona est abondamment noirci, ce qui tmoignent de la trs haute valeur stratgique du site
et de limplication de Washington (et pas seulement de la France). Le document mentionne la
capacit du racteur de 24 26 mgw mais la production de plutonium est noircie.
Kennedy apprend que le racteur sera oprationnel en 1963 et que tout porte croire que la
bombe est en chantier. Sans aide extrieure, il est mis en exergue quIsral privilgiera le
vecteur arien plutt que balistique, quil dveloppera partir de 1970. Nasser, mis au courant
par ses espions, fait savoir Washington que la question constitue un casus belli. Kennedy
multiplie les mesures contre la prolifration: Volont dinterdire les essais atmosphriques,
interdiction dchange de combustible, de matriels et de technologie, contrle permanent de
lAEC. Surtout, il faut interdire les essais (au moins quils soient trs discrets) et afin de ne
donner aucun prtexte aux autres nations de leurs emboter le pas. Cest peut-tre pour cette
raison, que les Etats-Unis vendent Isral des supercalculateurs qui ne rendent pas les essais
indispensables. Ces machines sont en fait invente en partie par des scientifiques juifs,
justement pour se passer dessais ostensibles en Isral, afin de respecter lopacit. Les raisons
de labsence dessais et la ncessit de supercalculateurs recouvrent les proccupations de
dissuader la course larmement et dviter de gaspiller des ressources.
463
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Ben-Gourion, multiplie les lettres et les dplacements aux Etats-Unis pour ngocier.
Tel-Aviv se demande pourquoi les programmes des autres pays mentionns par la CIA posent
moins de problme Kennedy que celui dIsral. Pourquoi cette fixation ? Le leader
dmocrate exerce t-il un chantage pour que le lobby pro-isralien lui finance sa rlection ?
Lorsque William R Crawford, directeur des Affaires israliennes montre une nime photo du
dme de Dimona aux responsables de larme, on feint la surprise. Isral ne semble pas avoir
besoin de capacits nuclaires trs importantes, en matire de porte et de puissance, car il
sagit de dissuader uniquement ses voisins. Mais on se demande pourquoi les appareils
franais achets par Isral peuvent aller larguer des bombes des milliers de kilomtres (avec
ravitaillement). Kennedy accepte toutefois la vente de missiles Hawk et Chaparral pour
protger le racteur en change de lacceptation dinspections. Pour viter des reprsailles
diplomatiques, les ambassadeurs amricains sont chargs, dans leurs pays respectifs,
dexpliquer que ces missiles, qui ne sont mme pas encore en dotation dans lUS Army, sont
strictement dfensifs et ne protgent quun centre sans importance.
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rvlations. Culler prcise aussi que les inspections vritables navaient pas pour but de
dcouvrir des secrets mais bien agacer Isral pour quil ngocie. Les inspecteurs auraient t
brief avant, pour les enjoindre ne pas pousser trop en avant leurs investigations, la
dmarche devant seulement rassurer le Congrs. Cependant, l'quipe dinspection est
fortement critique par les Israliens qui laccuse de s'tre comporte comme des
inspecteurs465 !
lextrme fin de lanne 1962, Kennedy trouve une parade dtourne afin de lutter
contre lintransigeance de Ben-Gourion. Il sait la classe politique isralienne trs divise. Ds
lors, il parvient humilier Ben-Gourion en invitant, dans sa rsidence prive de Palm Beach
en Floride, la ministre des Affaires trangres Golda Meir. Celle-ci, figure de lopposition au
sein du Mapa, et notoirement hostile la bombe, incarne la jalousie gnre par beaucoup
lencontre de la troka Ben-Gourion- Prs- Dayan. Le mmorandum de la rencontre stipule
que Kennedy demande indirectement quIsral abandonne son programme en change dune
aide militaire immdiate et massive en cas dinvasion, du maintien des relations spciales
et d'une aide politique l'opposition. Mc Cone, qui devient patron de la CIA aprs lchec de
Dulles lors du dbarquement rat de la Baie des Cochons, se voit demander dabandonner les
poursuites sur Isral mais il les dcline avec colre. Kennedy convoque Cone pour faire le
point sur le dossier et se plaindre que les rapports sont parfois contradictoires. Il pense que la
bombe isralienne engendrerait des consquences nfastes sur lapprovisionnement en ptrole
arabe.
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et les Etats-Unis perdraient des accords avec le monde arabe. Le 25 mars, Mc George Bundy,
le secrtaire dtat Dean Rusk, McCone et le prsident de lAEC Seaborg, tudient les
rponses envisager. Le National Security Action Memorandum (NSAM) 231 stipule que
Kennedy exige une inspection rapide et complte du racteur. Le 2 avril, Shimon Prs le
rencontre et lude les questions du prsident: Isral ne sera pas le premier pays introduire
le nuclaire au Moyen-Orient . Les pays arabes naident pas les Etats-Unis dans leurs
dmarches. Au contraire. En effet, lgypte, la Syrie et lIrak signent au Caire, le 17 avril
1963, une union militaire pour la libration de la Palestine.
En mai, Kennedy, dsespr, confie De Murville: Isral nous cause un grave
souci . Le franais rpond: Les Israliens pourraient tout au plus produire un ou deux
dtonateurs qui ne pourraient tre considrs comme une vritable arme de guerre. Cela
entranerait des troubles au Moyen-Orient . Kennedy insiste: si Isral avait l'arme
atomique, nous serions blms les uns comme les autres, vous, pour avoir fourni l'uranium,
nous pour l'aide financire que nous donnons Isral. La question d'Isral est stupide car ils
donnent un prtexte aux Russes, de nous mettre en accusation devant l'opinion publique et
peut-tre pas sans raison 470. Un document de la CIA met en exergue les capacits balistiques
israliennes en prcisant que nous croyons quIsral entreprend le dveloppement de missile
air-air de porte comprise entre 400 et 480 km. La totalit de leffort gnral isralien pour
dvelopper et produire un tel missile dun poids entre 900 et 1400 kg recquiera probablement
trois quatre ans de grosses dpenses.471 Cela, on le savait dj plus ou moins. Ce qui est
nouveau, cest que lgypte et Isral peuvent, cependant, produire de petits engins
chimiques et biologiques pour des usages clandestins. Les deux pays ne produisent pas
darmes radiologiques. Les activits biochimiques israliennes sont donc confirmes pour la
premire fois dans un texte officiel, bien quen grande partie censure (ce nest pas le cas de
lgypte). Cependant, aucun nom de complexes israliens nest publi, et de telle capacit ne
gne pas Washington. Ce texte, trs intressant, stipule quIsral dveloppe la bombe (le texte
nutilise pas, pour une fois, le conditionnel) et surtout, connat une forte progression gnral
de son arsenal militaire. Sur lgypte, la CIA prvient que si Nasser ne parvient pas contrer
la bombe de son voisin par ses propres capacits, il dirigera le monde arabe contre les EtatsUnis et il demandera imanquablement lURSS dassurer sa protection . Ces prdictions
savreront exactes.
Comme le ton du document est alarmiste, nul doute que Kennedy trouve son dsir
dagir renforc. Prs, inquiet de l'acharnement de Kennedy, se plaint De Murville:
469
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Les Amricains ont demand dans le pass, dj deux fois, visiter le racteur de Dimona en
mai 1961 et en octobre 1962. Nous avons accept pour avoir la tranquillit avec les Amricains. Il
faut qu'ils puissent dire que leurs dossiers sont bien en rgle. Mais en avril dernier, ils nous ont fait
de nouvelles demandes. Ils veulent maintenant visiter le racteur deux fois par an. Nous n'avons
pas pu dissimuler notre colre, car nous n'admettons pas qu'ils puissent exercer sur nous un
contrle permanent . [...] Les Amricains ne doivent pouvoir s'occuper que de l'autre racteur,
celui que nous construisons avec leur aide 472.
John Mc Cone, lors dun dner Washington, le 25 mai, accuse un fonctionnaire du ministre
des Affaires trangres franais, Charles Lucet, que la France construit une usine de
retraitement en Isral. Lucet rpond quil sagit seulement dun racteur civil, et que la France
a sabot des accords d'achat d'uranium en Afrique destination dIsral. En fait, lattaque
nest le rsultat que de la jalousie de Washington envers une relation privilgie. Lucet sen
plein Goldschmidt qui lui dit quil est impossible de revenir sur les accords prcdents.
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de Golda Meir. La lutte sexacerbe car les intrts des complexes militaro-industriels
israliens et amricains sinvitent aux dbats. Hersh y voit laffrontement entre ceux qui
souhaitent imposer un tat fort, uni et dfendu par une arme nationale de conscription, face
un conglomrat dintrts privs, fractionnaire et identitaire anime par lesprit frondeur et
indpendant des entits comme la Haganah. Dun cot, un tat reposant sur le ralisme,
lautorit, lunion et la bombe, de lautre une socit de bric et de broc, fonde sur la religion
et lenthousiasme du volontariat. Pour beaucoup, la victoire des libraux permet daffaiblir
lautoritarisme militaro-scientifique.
Le rapport de la CIA date du 28 juin475 masque les capacits israliennes, peut-tre
pour mnager Tel-Aviv, en change dun assouplissement sur le programme, car le prcdent
rapport du 8 mai tait au contraire trs explicite. Et lon sait que ces rapports sont galement
fournis certaines chancelleries occidentales et aux grandes instances internationales telles
que lONU et lAIEA. Lagence prvient qu linstar de la France, ladhsion dIsral aux
traits contre la prolifration ne sera probablement pas respecte476. Aussi, dans une violente
lettre, le 5 juillet, Kennedy menace Isral dune non-assistance militaire. Isral doit se dcider
tant que Kennedy a besoin du lobby pro-isralien pour sa rlection et que les conditions sont
encore acceptables. Eshkol rtorque cependant : De quoi suis-je cens avoir peur ? Il
ajoute que les Amricains pourront aller visiter Dimona mais lorsquils demanderont quon
leur ouvre telle ou telle porte, alors Pratt lui rpondra non, pas celle-ci 477.
Lambassadeur Barbour prvient Isral quil convient de gagner du temps en acceptant
les souhaits de Kennedy. Car les ngociations sur le Partial Test Ban Treaty (PTBT), le 5 aot,
menace de concerner par dfaut Isral. Si lURSS l'accepte aussi, la perspective dun
programme nuclaire arabo-musulman sera trs fortement compromise et la bombe
isralienne moins utile. Mais les Sovitiques refusent la clause du trait sur les armes
nuclaires amricaines autorises tre prsentes en Allemagne, pour lesquelles les EtatsUnis demandaient une drogation. Le memorandum de l'Arms Control and Disarmament
Agency (ACDA) Political Implications of a Nuclear Test Ban met en exergue le fait que la
lgislation nempchera pas terme la prolifration mais la compliquera. La mission
Harriman, dpche pour ngocier une coopration amricano-sovitique de contreprolifration, dcide que seuls quatre pays peuvent possder la bombe. Mais si Moscou
lautorise pour la Chine, les Etats-Unis feront de mme pour Isral. Le 10 juillet, Kennedy
cde sur lAllemagne et Khrouchtchev sur la Chine, qui de toute manire entame dj son
474
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divorce avec Moscou. Ben-Gourion, Mosh Dayan et Prs exigent le droit de suivre la
Chine, qui entame indpendamment son propre programme478.
Kennedy croit donc lemporter lorsque le PTBT est sign par l'URSS, le RoyaumeUni, les tats-Unis et Isral (ratification le 28 janvier 1964). Cest la consquence des
dmarches de Gromyko, qui fit part Dulles, des photos quun satellite espion sovitique
avait ralis au-dessus de Dimona. Le 19 aot, Eshkol accepte une autre inspection, ainsi que
le principe quelles soient rgulires mais avec des restrictions479. Officiellement, la
diplomatie amricaine remporte une victoire, mise en exergue pour rassurer les pays arabes.
En fait, Kennedy trouve un compromis bien mince. Car le PTBT ninterdit pas les essais sous
terre, qui permet de dvelopper un arsenal plus discret. Les relations entre Isral et les tatsUnis se rchauffent par une aide conomique que Stuart Symington, membre de la
Commission des forces armes au Snat, prvoit lors dune runion bilatrale. Lamricain
rassure Isral narrtez surtout pas de fabriquer des bombes atomiques. Et ncoutez pas le
gouvernement. Faites ce que vous croyez le mieux 480. EN reprsailles, la Syrie, lIrak et
lgypte forment la Fdration Arabe. Tel-Aviv panique, demandant que les frontires au
Moyen-Orient soient dfinies officiellement et surtout quune runion durgence entre Isral
et les Etats-Unis ait lieu afin de btir une alliance militaire. Washington refuse, ne voulant pas
tre entran dans une guerre, surtout que Dimona commence tourner plein rgime. Le 22
novembre, Kennedy est cribl de balles Dallas. On arrte un coupable, Lee Harvey Oswald,
au motif quil avait sjourn en URSS entre 1959 et 1962. Seymour Hersh 481 conclue la
participation du Mossad482. Il est probable que la somme des intrts auxquels Kennedy
stait attaqu (mafia, KGB, complexes militaro-industriels et nuclaires) se soient conjugus
pour l'abattre (on retrouvera un peu la mme configuration dans le meurtre de Rabin en 1995).
Mais il existe d'autres moyens plus pacifiques pour se dbarrasser d'opposants comme la
diabolisation et autres moyens propres au soft power. Aussi, cette thse, bien quintressante,
ne convainc pas totalement.
V Johnson : une ngligence bienveillante 483
V.1 Un rapprochement isralo-amricain
V.1.1 change de procds
478
Pierre RAZOUX, Tsahal, nouvelle histoire de larme isralienne, Paris, Perrin, 2006, p. 479.
Rapport dinformation dpos en application de larticle 145, op.cit., p. 55.
480
Seymour HERSH, op.cit., p. 128.
481
Seymour HERSH, op.cit., p. 134.
482
Michael Collins PIPER, Jugement final : le lien manquant dans l'assassinat de JF Kennedy, 1990, 760 pages.
483
Formule que Seymour Hersh attribue Henri Kissinger. The Samson Option: Israel's Nuclear Arsenal and
American Foreign Policy,ibid.
127
479
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compris par lintermdiaire des Nations-Unies). Enfin, Isral prendrait lengagement de ne pas se
doter darmes nuclaires486.
De plus, Eshkol promet quen change, il nordonnerait pas dessais nuclaires et que le secret
sera maintenu.
Pour Nahal-Sorek, on apprendra plus tard une curieuse tractation : Dans le cadre du
projet Water for Peace permettant daccder la paix en donnant la rgion une
autosuffisance en eau, et en accord avec lURSS et lAIEA, pour autoriser le transfert de
technologie nuclaire, Johnson propose de construire en Isral une centrale nuclaire de 200
mgw lectriques pour traiter 400 millions de mtre-cubes deau par an. Washington sengage
aider financirement et technologiquement son alli pour 60 millions de dollars. Lusine
devra permettre galement dalimenter lgypte (contre labandon de son propre programme).
Six ans aprs son viction de lAEC, Strauss se rend en Isral, pour superviser le projet. Cest
l quil se lie damiti avec Bergmann. Linitiative, intitule Middle East Nuclear
Desalination (MEND)487 est, pour les uns, une volont de contrler subrepticement les
activits nuclaires desdits pays ; pour les autres, une manire de contrler le programme
gyptien, sans en exiger de mme pour Isral. Il semble que la seconde approche soit la
bonne. Le projet est nanmoins abandonn pour raison budgtaire et politique , en fait par
le refus isralien de l'ingrence de l'AIEA.
Dimona est termine. La production de plutonium peut dbuter. Le complexe de
montage des armes nuclaires dHafa est galement oprationnel. En aot, le directeur de
lACDA, William Foster juge impossible darrter un programme en cours. Si le programme
chinois arrive terme, il faudra cder sur Isral. Forster dtermine diffrentes manires de
limiter la prolifration : Dcourager les tats un par un, empcher la diffusion des possibilits
techniques, saccorder avec les Sovitiques pour quils limitent leur coopration nuclaire,
intgrer toutes les organisations internationales et tous les secteurs dactivits dans un
dialogue et dvelopper un consensus politique le plus large possible, mme avant lentre
dun TNP. Foster recommande de perdurer dans les inspections et le dialogue plutt que dans
la menace.
Lambassadeur Walworth Barbour accueille Tel-Aviv, William Dale, chef de mission
dinspection, et lui signifie que la mission consiste, selon les directives de Johnson, fermer
les yeux sur ce qui se passe dans le pays, ne pas prendre en compte les rapports du chef de la
CIA dans le pays, John Hadden, pour faire en sorte quIsral ne soit pas un problme pour la
Maison Blanche. Lambassadeur refuse de dialoguer avec la CIA, rend compte de ses rapports
uniquement Johnson, et ne prend mme pas la peine de crypter ses conversations
tlphoniques. Sachant que le courrier est surveill par le Mossad, il utilise ce moyen pour
486
487
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488
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collaboration nuclaire. Malgr la rupture prvue, Jacques Soustelle reprennant les rennes du
CEA, rapporte: Jai tout lieu de penser que De Gaulle ntait pas alors oppos la
coopration nuclaire franco-isralienne. [...] Dans la pratique, elle a continu comme
avant493. Soustelle sera cependant dmit de ses fonctions pour dsaccords sur lAlgrie.
Prs dit simplement nous nous procurions de l'uranium ailleurs . Ce qu'il ne dit pas, c'est
que l'uranium africain, exploit par des entreprises franaises et export vers Isral,
nengagent pas le gouvernement franais. Et le Quai dOrsay intiment aux diplomates
israliens en France, la plus grande discrtion494. Cest cette poque que lon fait courir la
rumeur dune politique pro-arabe de la France, ce que les spcialistes en gostratgie ont
pris (encore aujourdhui), pour argent comptant.
Johnson et De Gaulle se dtestent, et le dossier isralien en est lacm. C'est pour cette
raison que les Etats-Unis refusent en 1964 (directive n294) la vente la France (par crainte
d'espionnage sovitique) d'un IBM 360-92 pour les simulations nuclaires et propose la
place un CDC 3600 de la firme Control Data. La machine ne doit pas tre employe des fins
militaires mais le CEA passe outre. Mais ds leur premire rencontre, LBJ assure: les
difficults entre nos deux pays ont t grandement exagres. En ralit, les tensions
n'existent pas. La France sait parfaitement qu'elle pourrait compter sur les Etats-Unis si elle
tait attaque. Si les Etats-Unis taient en guerre, la France mettrait les moyens dont elle
dispose aux ctes des Etats-Unis 495.
De Gaulle dcide de retirer la France du commandement militaire de lOTAN, le 7
mars 1966, y compris pour btir l'image fallacieuse de non align sur les Etats-Unis496 et
semparer des marchs arabes. En fait, cest partir de lobtention de Mirage-IV que Paris
peut ds lors assurer seule sa dfense sans laide des Etats-Unis et cest pourquoi elle se retire
du commandement nuclaire de lOTAN. Le 7 mars, il dclare: la dfense dun pays tout en
tant combine avec celle dautres pays, doit conserver un aspect national. Le Supreme
Headquadquarters allied power in Europe dmnage Bruxelles. La France refuse en
consquence de laisser stationner des bombes amricaines sur son sol. Cette scission ne peut
tre complte que si les Israliens cessent leur coopration avec la France. Mais en fait, les
accords secrets Ailleret-Lemnitzer maintiennent la possibilit de missions franaises auprs
des Etat-majors rgionaux de lAlliance497. Lorsque Eban, ministre des Affaires trangres,
sen inquite, Murville lui rpond: le caractre des liens entre Isral et la France ne justifie
pas que le gnral de Gaulle vous tape sans cesse sur lpaule pour vous rassurer498.
493
131
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A charge pour Isral de faire en sorte que les inspections ne donnent rien. Les inspecteurs
Harriman et Komer doivent persuader les Israliens de se ranger auprs de l'AIEA. En cadeau,
lusine de dssallement serait livrait cl en main. Nouveau refus. En avril, Eshkol, en
499
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dplacement Washington, accepte que lAIEA viennent inspecter Nahal-Sorek la place des
Amricains. Johnson rappelle que cest Dimona qui pose problme. Nanmoins, en change
des inspections sur Nahal-Sorek, Washington lui livre 40 kg duranium enrichi502. On ne sait
si luranium ira bien Nahal-Sorek. Car Eshkol, en priv, dcide de privilgier cette fois la
recherche pour des bombes fission rayonnement renforc car loffensive prventive de
1967 est dj prvue. Mais officiellement, Eshkol retarde la fabrication des ogives pour
encore bnficier du matriel amricain. Washington peut donc rassurer Nasser. Et le 21 mai,
Johnson accepte de mettre provisoirement fin aux inspections.
V.2.2 Lofficialisation dun accord favorable tacite
Le 17 aot 1965, les tats-Unis soumettent au Comit des dix-huit puissances sur le
dsarmement un projet de trait contre la prolifration. LURSS suit. Le 19 novembre, sur
linitiative de 8 pays non aligns, l'AG adopte la rsolution 2028 (XX), qui nonce cinq
principes sur lesquels doit reposer la ngociation dun TNP. Washington planifie avec
irralisme ladhsion dIsral mme si sa signature passera avant par des ngociations
billatrales secrtes. Isral le signera sous les menaces et ses promesses, car il ne pourra pas
prendre le risque d'aller l'encontre d'une lgislation internationale, du moins le pense t-on.
Mais comme le trait comporte un droit de retrait, quoi servira-il? La Core du Nord en fera
plus tard usage. Le droit de retrait est li la clause rebus sic stantibus. Ces retraits, selon le
pravis de trois mois, doivent tre reconnus par le CSNU si jamais agression il y a. Le pays
menac peut alors dvelopper ou assembler une arme. Le retrait engage le pays renoncer
aux bnfices des partenariats nuclaires civils, mais il peut sortir du TNP aprs avoir
copi les brevets technologiques. Or le TNP tudie, chose curieuse, la possibilit pour un tat
se retirant du TNP, comme peut-tre la RSA en son temps, de continuer bnficier d'une
assistance nuclaire civile, sous contrle international503.
Mc Cone dmissionne pour protester sur le fait que ses rapports sur Isral ne sont pas
pris en compte. Le haut fonctionnaire fustige aussi linfficacit des inspections. Johnson
argue quen pleine difficult au Vietnam, il ne peut se permettre de se couper dIsral et de ses
renseignements, qui le soutient dans cette politique de containement. Au dbut de lanne, le
rapport annuel de la CIA cible Isral comme tat pouvant acqurir la bombe en deux ans car
ayant import et stock clandestinement suffisamment duranium. La livraison norvgienne
deau lourde Isral est reconnue officiellement. Il est stipul qu'il est possible quIsral
fabriquera des bombes si la menace conventionnelle envers les tats arabes ne suffit pas .
Le propos est clair, dautant quil est rajout que la combinaison de pressions et daccords
502
503
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
CIA, Secret controlled Dissem, NIE, n 4-66, 20 janvier 1966, The likelihood of Further Nuclear
Proliferation, 25 pages.
505
Jeune Afrique, du 4 au 10 juin 2006, LAmrique ne soutiendra pas toujours Isral , p. 27, Tony JUDT.
506
Seymour HERSH, op.cit., p. 151.
507
Ibid.
508
Seymour HERSH, op.cit., p. 175.
134
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
nuclaire dans tous les sens du mot 509, et quil a russi assembler sa premire bombe510.
Un rapport du Congrs suggre quIsral doit sengager ne pas assembler dogives, gler
le programme l o il est, ne rien rveler et signer le TNP. Ce qui permettrait en cas de
danger, dassembler rapidement une bombe. Cette thse est plausible. Il est possible
quaujourdhui, Isral ne possde pas de bombes assembles, mais seulement des vecteurs
ultraperformants, prs lemploi immdiatement, lassemblage tant lui mme aussi trs
rapide. Cette option, qui permet de ne pas enfreindre les traits, est dailleurs attribue de
nombreux pays, dont la Core du Sud, lAllemagne ou la Suisse, et qui explique le dnie
isralien sur lexistence de sa dissuasion.
Un accord trilatral entre Isral, lAIEA et les Etats-Unis entre en vigueur. Ce texte
trs important est ralis entrane immdiatement une rorganisation de lIAEC sous la
prsente gide dIsral Dostrovsky, poste quil occupera jusquen 1971. Chacune des trois
parties le signe le 18 juin 1966 Vienne, Sigvard Eklund pour lAIEA, Naftali Shimron pour
Isral et Henry D Smyth pour les tats-Unis511. Le texte est explicite puisquil dtaille
lensemble des changes en technologie nuclaire, le financement et les conditions de cet
accord. Le texte mentionne les prcdents accords officiels liant les deux pays: texte du 12
juillet 1955, du 20 aot 1959, du 1er juin 1960, du 22 juin 1962, du 15 aot 1964 et du 11
avril 1965. Il prvoit la fourniture par les tats-Unis de combustible, de technologies et
dassistance en matire nuclaire des fins civils. Le nom du complexe nest pas mentionn,
mais on sait quil ne peut sagir que de Nahal-Sorek, car le texte fait rfrence un centre
dont la puissance ne peut excder 6 mw. Le complexe sert-il de centre de transition entre les
tats-Unis (et dautres pays) et Dimona? Ce nest pas impossible, et cela permettrait de
dvelopper un programme civil et militaire sous lgide de lAIEA tout en le lui cachant!!!
Comme pour entriner cette nouvelle situation, Isral et les Etats-Unis signent, sous lgide de
lAIEA, un nouvel accord bilatral, le 13 juillet512.
Isral obtient sa premire arme le 2 novembre 1966. Elle aurait t teste en ralit
sous les sables du Nguev (probablement Al Naqab513), et conue pour tre largue par des
bombardiers514. Le GRIP note quun test dans une cavit souterraine, ce que lon appelle un
dcouplage en cavit , permet de rduire au silence le choc sismique. Le think-tank affirme
509
Ronen BERGMANN du Yediot Aharonot du 3 juin 2005, comment ont t manqu la paix la vieille de la
guerre des Six Jours , dit quen 1966, certains responsables de Tsahal, dans un rapport intitul thmes sur un
dialogue avec lgypte , prconisaient un compromis politique avec Nasser et mme suspendre le programme
nuclaire. Eskhol mis un veto ce projet.
510
Lyndon B JOHNSON, The vantage point: perspectives of the presidency, 1963-1969, New-York, 1971, p. 293.
511
AIEA, INFCIRC/84, 13 Juillet 1966, The textes of the safeguards transfer agreement relating to the bilateral
agreement between Israel and the Etats-Unis , 9 pages.
512
AIEA, INFCIRC/84, ibid.
513
Taysir NASHIF, Nuclear Weapons and the Middle East: Dimensions and Responsibilities, Princeton, Kingston
Press, 1984, p. 244.
514
United States of America. International Security affairs, Assistant secretary of Defense, ref: I-35993/68.
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UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
que des spcialistes ont song effectuer des essais au moment dun sisme naturel pour en
masquer la signature515. L'ogive est baptise selon la lgende never again 516. La plupart
des autres essais sont simuls par ordinateur517. Prs voulait proposer un autre essai Eskhol,
cette fois-ci devant tre mdiatis pour dissuader les armes arabes, mais le projet est
refus518. Notons que le Trait sur la limitation des essais souterrains d'armes nuclaires (qui
interdit les test de plus de 150 Kt), sign en 1974 entre lURSS et les Etats-Unis, nentre en
vigueur quen 1990 et ne concerne pas Isral. Ce trait sera remplac en 1996 par le TICE. Il
est complt par le trait sur les explosions souterraines des fins pacifiques (entr en vigueur
en 1976, non ratifi par les Etats-Unis). On ne connat pas la puissance de lessai mais il faut
savoir quun test de 10 kt provoque une cavit dun diamtre de 120 mtres dans de la roche
classique. Un essai de 100 kt gnre un diamtre de 256 mtres. Or, Dimona pouvait produire
lpoque lquivalent dune bombe de 20 kt par an. La proximit du Nguev avec l'gypte
permet de montrer au Caire, qui espionne la rgion la recherche du moindre signe, la ralit
de la bombe. Les officiels gyptiens nen font pas mention. Peut-tre pensent-il que la bombe
nest pas isralienne, et que les Etats-Unis ont fournit une arme en esprant faire croire que
Tsahal avait des bombes Faire croire la bombe alors quon ne la pas est aussi une
stratgie.
Le 18 janvier 1967, les deux grands envoient l'AIEA des bauches de rsolutions
pour parfaire le futur TNP. Si Isral ne divulgue pas encore sa bombe, c'est aussi afin d'esprer
qu'un TNP effectif empcherait d'autres pays du Moyen-Orient d'avoir la bombe. En signant le
TNP, Isral se mettrait en position de hors la loi. Le 22 avril a lieu de nouvelle inspection
Dimona aprs un rapport alarmant de la CIA519, expliquant que les capacits balistiques dIsral
consistent des versions locales du missile MD-620 de Dassault, dune porte de 800 km
environ. On souponne galement Isral de les optimiser pour transporter des charges
biochimiques. La Maison Blanche fait comprendre la CIA quil est inutile de faire preuve de
zle. Des notes sont mme dtruites. Les vols de U2 au dessus de Dimona sont interrompus,
car officiellement trop dangereux. En fait, les satellites Corona520 et Samos fournissent des
clichs de meilleurs qualits et sont plus discrets. Washington tempre que mme si la bombe
existe, rien nindique que les Israliens noseront lutiliser. Le 16 mai, au moment o la
deuxime bombe nuclaire est prte tre assemble, Harold Saunders du NSC, crit un
Momorundum of conversation.
515
Ouvrage collectif, Essais nuclaires, fin de partie , Editions complexes, 1996, 100 pages, p.62.
516
Avner, COHEN, Israel and the Bomb, New York, Colombia University Press, 1998, p. 186.
517
Ira CHERNUS, Universit de Thologie Boulder, Colorado, 19 novembre 2003, MSNBC : Les sites israliens
de production et de stockage dADM.
518
Michel BAR-ZOHAR, Shimon Prs et l'Histoire secrte d'Isral, Odile Jacob, 2008, p.219.
519
CIA, NIE 4-67, 26 janvier 1967, Director of Central Intelligence, Proliferation of Missile Delivery Systems
for Nuclear Weapons , 25 pages, pp. 7-9.
520
Les KH Corona, lancs entre 1960 et 1966, possdent des rsolutions comprises entre 12 mtres et 1,8 mtres.
136
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
memorundum Walt Rostow, commissionnaire la National Security: Il est dit quil faut
qu'Isral conserve sa supriorit militaire, mais sans ncessairement passer par la bombe.
Isral le sait et fait pression sur Washington pour qu' son tour les Etats-Unis
convainquent l'URSS de limiter leur approvisionnement d'armes auprs des tats arabes afin
d'tablir un quilibre, mais en faveur d'Isral. Rostow nest pas dupe. Nous ne pensons pas
que les renseignements avancs par les Israliens soient une estimation srieuse du genre de
ce quils auraient pu soumettre leurs propres responsables. Nous pensons quil sagit
probablement dune ruse destine pousser les Etats-Unis agir 521. La livraison de Mig
lgypte inquite la Heyl Haavir qui demande instamment Washington une compensation
en F-4 Phantom, ce vecteur permettant de dterminer au dernier moment linstant et la zone
de largage, mais il demeure trs vulnrable. Le Dpartement dtat suggre un troc: les avions
contre la signature du TNP, mais souligne que cette vente serait vu lextrieur comme un
soutien ostencible de la force de frappe conventionelle et non-conventionelle isralienne (les
avions peuvent tre quips darmes NBC), alors que le pays est dj en possession de 5
missiles balistiques. Le dpartement craint que les Etats-Unis ne soient bientt mis devant le
fait accompli (en franais dans le texte)522. Eskhol signale que les missiles existent, mais
que jamais ils ne seront arms dogives nuclaires.
Carnegie Endowment for International Peace, Ballistic Missile Capabilities in the Middle East, 26 avril 2002.
521
John MEARSHEIMER et Stephen WALT, Le lobby isralien, op.cit., p.68.
522
United States of America, Departement of State, Top secret, 15 octobre 1968, NEA, Issues to be considered
in connection with negociations with Israel for F4. OSD/ ISA- Delavan Evans from NEA/AIA, mr
Lambrakis, NND 969000, 31 dcembre 1967, Secret HOD, Israel: the nuclear issue ans sophisticated
weapons, position Paper.
523
Carnegie Endowment for International Peace, Ballistic Missile Capabilities in the Middle East, 26 avril
2002.
524
Gordon THOMAS, Mossad, les nouveaux dfis, op.cit., p. 124.
137
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Colomb-Bchar pour assister aux tirs. Mais Prs ne croit pas aux performances balistiques
franaises au contraire de Dayan. En fait, Prs veut une industrie balistique isralienne, sans
doute pour des raisons conomiques mais surtout, pour pouvoir en faire une arme selon les
besoins secrets du pays525. En juillet 1961, Ben-Gourion assiste au lancement de la premire
fuse isralienne baptise Shavit-2. Hersh raconte que le Shavit-1 na jamais exist, car le
chiffre 1, nomm Aleph, est aussi la premire lettre de lalphabet hbreu qui de surcrot fut le
symbole du Mapa, le parti de Prs, qui, nous l'avons dit, est trs impliqu dans le projet.
Il est donc convenu dviter la polmique. Le Shavit-2 succde au programme Luz, un missile
national dune porte de 27 km526. Au moment du premier tir dessai dans le Nguev,
lvnement, dissimul lopinion publique, est finalement annonc la presse car au mme
moment, l'gypte teste aussi des missiles. Officiellement il sagit dune fuse mtorologique
plusieurs tages. Mais cest lIAEC qui supervise son dveloppement, ce qui confirme les
inquitudes amricaines. Car la bombe ne serait plus seulement un moyen de dfense, mais
dattaque longue porte. A ceux qui stonnent des performances ambitieuses dune telle
fuse, Bergmann explique que le pays nest pas intress par la conqute spatiale, sousentendu quIsral prpare sa dissuasion527.
En avril 1963 (1962 selon janes intelligence), Isral signe avec Dassault un contrat
pour la production de missiles sol/sol. Dassault ralise ainsi, partir du missile franais MD620, le Jricho-1, capable de frapper 560 km, avec une charge de 1000 kg, dont une ogive
nuclaire prvue de 20 Kt pour une prcision dun kilomtre528. Les performances divergent
selon les avis. En fvrier 1970, Pompidou affirme Nixon: Isral est beaucoup plus arm
qu'on ne le dit. Nous avons fabriqu pour lui des armements et nous lui avons fourni des
spcimens et, avant l'embargo bien sr, les plans d'une fuse de 500 km de porte et de 700 kg
de charge utile529. Mais le Jericho reste une version modifie. Le 27 avril, Ben-Gourion
explique en des termes voils les vritables buts de la balistique isralienne aux salaris de
Rafael, au travers dune lettre que publie Cohen530. Les Amricains ny voient pas
dinconvnients car lgitime pour la dfense 531 dIsral.
Le vecteur peut donc dj atteindre Damas et Le Caire. Au dpart ce SRBM aurait
port 450 kg soit une charge de 20 Kt 500 km. Mais le systme de guidage nest pas au
point. Le projet 700, programme balistique impuls par Ernst David Bergmann, prend du
525
Michel BAR-ZOHAR, Shimon Prs et l'Histoire secrte d'Isral, Odile Jacob, 2008, p. 138.
United States of America, Unclassified, Report of the Commission to Assess the ballistic missile Threat to
the United States, Executive Summary Pursuant to Public Law 201 104th Congress July 15, 1998. Appendice
III: North Africa/Israel: Seth Carus and Dov Zakheim April 6, 1998.
527
Seymour HERSH, op.cit., p. 115.
528
Pierre RAZOUX, op.cit., p. 478.
529
Vincent NOUZILLE, Des secrets si bien gards..., Ibid.
530
Avner COHEN, op.cit., p. 13.
531
Vincent NOUZILLE, Des secrets si bien gards..., op.cit., p. 278.
138
526
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retard est finit par coter de plus en plus cher. Les IMI soccupent depuis 1964 de la
production de missiles nationaux532. Lestimation du cot financier, 850 millions de dollars,
est sur le point dtre dpass. En attendant sa conception finale, 30 50 missiles franais
sont achets tels quels en 1966 (sans tte NBC), en prvision de la premire bombe. Du 1er
fvrier 1965 1968, une campagne dessais est mene sur lle du Levant, en France 533. 16 y
seront tests avec 10 russites (dont le 1er fvrier 1965 et le 16 mars 1966) et 6 checs (le 23
dcembre 1965). Sur des bases fixes ou mobiles construites par les IAI (Transporter-ErectorLauncher vehicle), ils peuvent tre tirs une cadence de 4 8 par heure.
Le 2 mai 1969, Dassault met fin la coopration par ordre de De Gaulle. Mais 14
missiles, des plans et des pices dtaches sont envoys in extremis en Isral aprs un accord
tacite, ce qui lui permet de doter en thorie ces missiles de capacits nuclaires 534 partir de
1971535. LIran, alors alli dIsral, aurait financ en partie le programme Jricho536, dans
lintention de profiter aussi des recherches. Les premiers exemplaires monts sur leurs lancemissiles sont installs Hirbat Zachariah537. Les transformations du MD-620 aboutissent au
Jricho finalement dsign sous le nom de code YA-1. Il est long de 13,4 mtres, pour un
poids de 6500 kg. Le moteur propergol liquide est conu par la Rocket Systems Division des
Israel Military Industries (IMI), sises Beer Yaakov. A cette poque, Isral est lun des rares
pays concevoir des gyroscopes et des acclromtres sans aides extrieures, grce aux
tudes balistiques du Technion. En 1973, la porte est augmente 650 km pour une charge
militaire de 800 kg. 50 Jericho-1 seront construits entre 1971 et 1978.
532
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CHAPITRE III
LA BOMBE DANS LA TOURMENTE AU MILIEU DE GOG ET MAGOG
En 1956, lors de la guerre du Sina, Isral ne possdait pas la bombe. En 1966, cest
chose faite. Dsormais, Tsahal dispose de la puissance absolue. Reste savoir comment sen
servir en cas de guerre. Les guerres des Six Jours et celle du Kippour vont donner quelques
rponses.
538
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contre Isral. Cela dclenchera un conflit plantaire 543. Aussi, lURSS labore ds 1966 un
plan avec l'gypte afin damener Isral attaquer le premier, pour tre considr comme
l'agresseur au regard du droit international, ce qui permettrait Moscou d'intervenir
lgitimement. Nasser sinterroge: Et si Isral faisait courir le bruit de lacquisition dune
bombe afin tintimider les Arabes pour les dissuader dattaquer ? Nasser pensent en tous les
cas que Tel-Aviv nutilisera par larme sur le champs de bataille cause de ltroitesse de leur
territoire, ni mme sur Damas, Amman ou mme Le Caire, car la radioactivit affecteraient
leur pays. Enfin il estime quIsral se mettrait au ban des nations.
Aprs le fiasco de la guerre du Ymen, larme gyptienne cherche rehausser son
blason et engager une lutte dinfluence contre lArabie Saoudite. Nasser, sur les conseils du
son chef de ses armes le marchal Amer, souhaite donc malgr tout intervenir contre Isral
afin de fdrer lensemble des nations arabes et isoler Riyad. Du 14 au 16 mai, Nasser opre
des manuvres. Tout concorde penser que les gyptiens vont passer lattaque. Le rais
demande aux casques bleus de partir du Sina. Le secrtaire gnral U-Thant obtempre,
violant ainsi lengagement international pris envers Isral, et laissant le champ libre aux
armes arabes544. Dans le mme temps, le NYT publie des photos prises par un U2, rvlant
lexistence du racteur de Dimona545. Le Caire na que lembarras du choix dans les casus
belli. Abba Eban reoit une missive dEskhol affirmant quune opration gyptienne appele
aurore (al fayr) va tre lance par lgypte vers Dimona546. En tant que militaire,
j'estime que le moment est venu d'entamer un combat d'anantissement affirme Hafez elAssad, le 20 mai. Les 17 et le 26 mai, deux Mig-21 gyptiens survolent Dimona en
reconnaissance. Les Israliens surpris, ne ripostent pas mais savent dsormais que le site est
vis. Le 21 mai, Eshkol runit le comit de Dfense du cabinet. Cest ltat durgence. Fort du
soutient de la Jordanie, de lAlgrie, du Liban, de lArabie Saoudite, du Kowet, de la Syrie et
de lIrak, Nasser contrle militairement le dtroit de Tiran le 23 mai, ce qui augmente les
chances de succs contre Isral. Le mot dordre est : venger 1948 en roulant dans les rues de
Tel-Aviv547.
Eshkol est press par ses pairs dintervenir prventivement, mais Johnson le lui
dfend. Yigal Allon, prcise quune guerre est risque car ds les premires heures du conflit,
la chasse gyptienne peut schapper, et frapper sans hsiter Dimona. Il faut donc dtruire
d'abord les arodromes. Une fois cette tche accomplie, lgypte, sans force arienne, naura
dautre choix que dattaquer par voie de terre. Et pour viter une attaque terrestre surprise et
543
Freddy EYTAN, Victor Grayewsky, agent secret du Shin Beit Jerusalem, op.cit.,chapitre 11.
State of Israel, Israel Ministry of Foreign Affairs, Fvrier 2003, Territoires contests, Quelques faits oublis
sur la Rive occidentale, et la bande de Gaza .
545
Frdric ENCEL et Franois THUAL, Gopolitique dIsral, op.cit., p. 91.
546
Michel ABITBOL, Les amnsiques, Paris, Perrin, 2001, p. 170.
547
Tom SEGEV, 1967: les Six Jours qui ont chang le monde, Paris, Editions Denol, 2007.
141
544
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
massive vers Dimona, Isral devra envahir et annexer le Sina pour en faire un profond glacis
dfensif. Isral souhaite t-il galement occuper le Sina pour faire des essais atomiques? Isral
est dsormais sr de sa puissance mais il craint la rticence des Amricains et une riposte
chimique gyptienne548.Ezer Weimann nhsite pas dire Eshkol : Tu as derrire toi la
meilleure arme que nous ayons eue depuis le roi David. Une occasion en or nous est donne
de terminer le boulot et den finir une fois pour toutes avec larme gyptienne. Nous navons
pas le droit de la rater 549. Le Premier ministre calme les tensions en nommant Dayan la
Dfense, et Rabin alors ambassadeur aux Etats-Unis, commandant de larme.
Le 24 mai, De Gaulle interrompt le conseil des ministres pour accueillir le chef de la
diplomatie Eban. Celui-ci veut savoir si la France est toujours au ct de Tel-Aviv: Cest le
moment le plus grave de notre existence depuis dix ans. Il est naturel que mes collgues et
moi, cette heure dcisive, venions demander lavis du grand ami que vous tes 550. De
Gaulle fait part de sa position :
Le gouvernement poursuivra ses efforts auprs des pays concerns pour les dissuader de toute
action de nature porter atteinte la paix dans cette rgion. Son action tend dautre part obtenir
que se concertent les quatres grandes puissances qui portent une responsabilit particulire dans la
sauvegarde de la paix. [...] Ne faites pas la guerre ! En aucun cas ne soyez les premiers ouvrir les
hostilits. [...] Si Isral attaque, se serait catastrophique. Cest aux quatre puissances de rsoudre le
problme. La France usera de son influence pour que lURSS penche en faveur dun rglement
pacifique 551.
Eban rpond: En 1956, la France avait dfinit en des termes les plus nergiques les
droits dIsral dans le golfe dAkaba. Je vous rapelle quelle avait mme reconnu le droit
dIsral se dfendre par la force en cas de blocus. Depuis, et grce ce passage maritime,
Isral a pu galement dvelopper des changes commerciaux avec lAsie et lextrme-orient.
Le nouveau blocus nous paralyse552. Le chef de ltat franais ne souhaite pas quIsral
agisse sans respecter la diplomatie franaise qui sest arrog le droit de prserver la paix dans
cette rgion. Or, les Etats-Unis et lURSS ne veulent pas voir De Gaulle dans ce rle qui leur
ait dvolu. Le 26 mai, Nasser fait monter la tension: Nous avons l'intention de dclencher
une agression gnrale contre Isral. Ce sera une guerre totale. Notre objectif principal sera la
destruction d'Isral. Aussi, le 2 juin, dans son allocution officielle, le gnral annonce: La
France nest engage aucun titre, ni sur aucun sujet avec aucun des tats en cause,
condamnant ltat qui le premier et o que ce soit emploierait les armes . Mais il noublie
pas que pour nous, ltat dIsral tait un fait accompli et que nous nadmettrions pas quil
ft dtruit .
548
The Jewish Press, 16 fvrier 1996, Spy Caper Damaged Israel's Security, Uri DAN.
Boutros BOUTROS-GHALI et Shimon PERES, 60 ans de conflit isralo-arabe, op.cit., p. 93.
550
Samy COHEN, La rupture en De Gaulle et Isral, dans Alain DIECKHOFF (sous la direction de), Isral - De
Mose aux accords d'Oslo, Points Histoire, Seuil, 1998, p. 511.
551
Samy COHEN, op.cit., p. 503.
552
Ibid.
142
549
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
553
Sur la guerre, lire Tom SEGEV, 1967: les Six Jours qui ont chang le monde, Paris, Editions Denol, 2007.
Pierre RAZOUX, Tsahal, nouvelle histoire de larme isralienne, Paris, Perrin, 2006, p. 483.
555
Boutros BOUTROS-GHALI et Shimon PRS, op.cit., p. 92.
556
LHistoire, ibid.
557
Freddy EYTAN, Victor Grayewsky, agent secret du Shin Beit Jerusalem, op.cit., chapitre 11.
558
Seymour HERSH, op.cit., p. 190.
559
Site du Bnai Brith. Cohen fut ensuite arrt et excut. Il est aujourdhui vnr comme un hros en Isral.
143
554
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
du Mig irakien, grce Yaakov Nimrodi, attach militaire isralien en Iran, qui corrompt le
pilote irakien Munir Radfa, permet de dterminer les failles de la chasse ennemie560.
Pour obtenir un engagement ferme des tats-Unis de leur ct, les Israliens n'hsitent
pas dtruire le 8 juin un navire de reconnaissance amricain (le Liberty) en faisant croire
qu'il s'agit d'une opration monte par Le Caire, et ainsi torpiller les ngociations de paix
entre Nasser et loccident561. Le Caire annonce avoir pris Hafa et tu Dayan. Mais les lignes
syriennes sont enfonces et les troupes jordaniennes, peu motives par le conflit, sont
facilement repousses, aprs avoir toutefois bombard les locaux de la radio Kol Isral. La
Jordanie, qui occupait abusivement la partie dvolue aux Palestiniens, plie bagage. Kuneitra
est occupe afin de forcer la Syrie capituler. Lan prochain Jrusalem , crie t-on dans la
ville de la paix ! La route de Birmanie, appele ainsi en rfrence son quivalent durant la
Seconde guerre mondiale est dgage. Lorsque Jrusalem est faite capitale, laspect religieux
se greffe de plus en plus ltat sioniste. On se remmore la vision de Ben-Gourion qui en
1947 disait Si le pays a une me, Jrusalem est cette me.
Tsahal stoppe son avance afin de ne pas fcher les grandes puissances. Comme le
dclare Abba Eban, ministre isralien des Affaires trangres, cest la premire guerre de
l'histoire qui s'est termine ainsi : Les vainqueurs sollicitant la paix et les vaincus appelant
une reddition inconditionnelle562. On craint en effet que leffet de surprise pass, les Arabes,
raliments en armements sovitiques, passent la contre-offensive gnrale. Comme dans la
bible, le septime jour, Isral se repose563 et observe son uvre. La superficie dIsral est
multiplie par 3 mais 1,5 millions darabes se retrouvent sous le joug isralien. Isral occupe
de nouveaux territoires: le Sina, le Golan, Gaza, la Cisjordanie et Jrusalem dans son
intgralit, des pines dont les effets seront durables. Les richesses ptrolires du Sina sont
conquises. Plus tard, il est probable que lors du retrait de la pninsule, Isral mis dans la
balance son besoin davoir des centrales nuclaires, en change de la perte des champs
ptrolifres du Sina. linverse, Le Caire, qui les rcuprait, naurait plus besoin de
nuclaire. Dimona est dsormais hors de danger. La guerre a consomm 70% du matriel
gyptien, mais en quelques mois, lURSS fournit de quoi le remplacer. Le pays a perdu 20000
soldats, 5600 prisonniers, auquel il faut ajouter 6000 Jordaniens et entre 500 et un millier de
Syriens. Enfin, Isral, qui accuse la perte de 800 des siens, met la main sur une quantit
560
Lavion est tudi la base dHatsor, dans le Neguev, sous le matricule 007, puis transmis la CIA, aux EtatsUnis. Richard Helms, de la CIA, veulent que lavion transite par la Turquie pour tre ravitaill. Se mfie t-elle
des Israliens ? Les allis apprennent que le Mig fonctionne lessence pour lallumage et que donc, il faut viser
ce systme trs inflamable.
561
James ENNES, The assault on the Liberty, New York, Random House, 1979. Le Naval Security Group de la
NSA, exploitait ce navire espion.
562
State of Israel, Ministry of Foreign affairs, fvrier 2003, Territoires contests, quelques faits oublis sur la
Rive occidentale et la bande de Gaza .
563
Encore une notion biblique. Le repos est le privilge des dieux pour rflchir.
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Kossyguine prvient Johnson Arrtez immdiatement les Israliens et imposez le cessez-lefeu, sinon, nous arrterons nous-mmes et par la force les envahisseurs. Johnson ordonne la
6me flotte de se rapprocher au littoral. En 2007, le colonel Alexandre Drobishevsky
confirmera que des Mig-25 RB ont survol durant la guerre froide Dimona et que les Russes
envisageaient de prendre Hafa par la mer. Lagence Tass prcise:
LURSS, fidle sa politique d'assistance aux peuples opprims et victimes dagression du joug
imprialiste, affirme son ferme soutien aux gouvernements arabes en lutte. LURSS exige dIsral
de mettre un terme immdiatement et sans condition aux oprations militaires et revendique le
retrait sans dlai de ses troupes aux lignes internationales ; Le gouvernement sovitique se rserve
le droit de prendre toutes les mesures indispensables qui pourraient tre dictes par la
situation 567.
564
Freddy EYTAN, Victor Grayewsky, agent secret du Shin Beit Jerusalem, op.cit., chapitre 15.
Mme si Dimona ne fut pas la cause ou le premier motif de 1967, le nuclaire joua un rle dans lescalade
de la crise. Dimona tait, aux yeux des Israliens, lie aux prmisses de la crise. Lorsque la crise commena,
Dimona devint un indicateur des intentions gyptiennes. Dimona dtermina lanalyse et les rponses apportes
la crise. Il y eu bien une dimension nuclaire , Avner COHEN, op.cit., p. 226.
566
Ibid.
567
Ibid.
568
Israel Magazine, 2005, n 67, Juin 1967 : Le Plan secret de l'URSS pour attaquer Isral .
145
565
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Amricains ramener leur 6me flotte dans la partie orientale de la Mditerrane et, 2) les Israliens
accepter le cessez-le-feu569.
Freddy Eytan confirme cette tonnante information. Un sous-marin russe est envoy dans la
rgion depuis lAdriatique. Le gnral Vladimir Rastnikov demande deux escadrilles de
Mig-21 et deux bataillons de parachutistes de se prparer investir Dimona et Hafa et
ventuellement daffronter la marine amricaine. Le Politburo niera avoir t au courant de
cela570.
Pour Janice Gross Stein (1985), le projet dattaque de Nasser a dfi la dissuasion
isralienne, qui n'aurait donc pas fonctionn571. Ce nest pas sr, car larme atomique a
probablement empch Le Caire de faire usage de ses armes chimiques, afin de protger le
Sina. Mais qu'aurait fait Tsahal de ces bombes, si la guerre avait tourn en sa dfaveur ?
Larme naurait probablement pas t utilise, de peur de dclencher une raction en chane
impliquant les deux Grands. Par crainte dune opration commando dsespre de la part des
gyptiens et des Syriens, le racteur Dimona est nanmoins arrt durant la guerre. Le 14
janvier 2002, Yuval Neeman expliquera que le gouvernement ordonnait de fermer la centrale
chaque crise rgionale572. Pour Tom Seguev, 1967 marque la fin du sionisme travailliste et
lavnement dune nouvelle re nationale et religieuse 573. Et la bombe y est pour srement
pour quelque chose.
Paris est la premire capitale dnoncer lagresseur et dcrte lembargo sur le
premier pays ouvrir les hostilits, comme les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, mais cela ne
concerne pas les pices dtaches. Au pire chaque fois quun embargo est dcrt dans le
monde, il ne concerne que du matriel destin la rpression intrieure. Dans cette guerre, les
deux belligrants sont soumis lembargo franais mais les pays arabes sont aliments par les
Sovitiques. Samy Cohen prcise que la France avait eu soin auparavant dalimenter Isral en
armes et munitions plus que de raisons, pour qu'il puisse mener une guerre plus ou moins
longue. De plus, Isral avait acquis le droit de rviser sur son sol des avions franais et en
produit sous-licence pour dautres pays. Le pays pouvait donc sen servir. Il pouvait aussi en
louer. Mais De Gaulle574 se saisit du lagression pour cesser les relations diplomatiques. La
non-officialisation de lancienne relation privilgie facilite la rupture. Cette rupture
morale soulve des critiques dans lentourage du chef de la France Libre. Cest la stupeur en
Isral. Le gnral ragit plus au mpris isralien de ses conseils qu la guerre en elle-mme.
569
Isabella GUINOR, Guidon REMEZ, Foxbats over Dimona : the Soviet Nuclear Gamble in the Six-Day War,
selon IsraelValley, La crainte des Sovitiques de voir Isral disposer de l'arme nuclaire oprationnelle.
L'URSS a agi pour empcher Isral d'obtenir la bombe atomique , 26 mai 2006, Matti BEN AVRAHAM.
570
Freddy EYTAN, Victor Grayewsky, agent secret du Shin Beit Jerusalem, op.cit., chapitre 11.
571
Mohamed ABDEL AZIM, op.cit., p. 8.
572
United Press International, 14 Janvier 2002, Israeli Experts Ponder Nuclear Issues .
573
Tom SEGUEV, 1967, Six Jours qui ont chang le monde, Denol, 2007.
574
En 1967, De Gaulle analyse avec son aide de camp la situation au Proche-Orient et rtorque aux inquitudes
de son lieutenant : Soyez sans crainte, Isral ne risque absolument pas la destruction. [] sil na faire qu
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Son honneur est bafou. Le 21 juin, le quai dOrsay condamne lagression et dclare ne pas
tenir pour acquis les changements territoriaux par la force . La France stait engage
soutenir Isral quen cas de lgitime dfense pour prserver lquilibre. Or, Isral est pass du
rang dassig celui dagresseur. De Gaulle se fend dune diatribe reste clbre575. Le
prsident craint la constitution dun Grand Isral, que dcrivait dj Ben-Gourion en France
en 1960576. Cette allocution, fort mal comprise et sortie de son contexte, est aussi exploite
par le Quai dOrsay pour contenter les pays Arabes. Concernant ce texte, Begin dira dailleurs
plus tard: Je ne sais pas si elle tait tellement mchante envers nous; jirais mme jusqu
croire quelle exprimait plutt ladmiration et la dfrence577. Mais pour les juifs, la France a
vendu Isral contre du ptrole, pour les besoins pour son conomie en pleine expansion578.
Tandis qu Tel-Aviv, on crie Charles Ptain!, et quon encense lopposant au gnral et
pourtant ancien vichyste Franois Mitterrand, au Caire on scande propos de De Gaulle
cad-Al-Azim cest dire le grand chef. Mitterrand, qui ruminait le fait que De Gaulle se
soit oppos le dcorer comme compagnon de la Libration, se sert ainsi des affaires
israliennes, comme certains dautres rivaux du gnral, pour ses projets politiques. Telles
sont les choses....Mais Isral est toujours un tat ami de la France. Prouver que De Gaulle
craignait de voir le conflit isralo-arabe dgnrer en guerre mondiale579, nest pas crdible.
Car les deux grands, on le sait, souhaitaient davantage rgner sur les pays de leur zone
dinfluence plutt que de songer en dcoudre frontalement chacun, ce qui aurait signifier un
holocauste mondial.
Les deux Grands affirment dabord leur neutralit et lentrine lorsquils se
rencontrent Glassboro le 23 juin. Johnson dclare lui-mme, quun retour la situation du 4
juin 1967 ne serait pas de nature favoriser la paix, mais plutt un renouvellement
dhostilit. Alexis Kossyguine, non interventioniste, traite Isral dagresseur tandis que
Johnson fustige lacte de folie de Nasser580. Lensemble du pacte de Varsovie rompt ses
relations avec Tel-Aviv hormis la Roumanie. Le 22 novembre, lONU Isral par la rsolution
242. La doctrine amricaine Schuman condamne les annexions. La rsolution volontairement
floue, contente Israliens, Arabes, Amricains et Sovitiques. Seul la Syrie et le Fatah la
refusent Khartoum o sont proclams les trois non, le 1er septembre 1967: non la
ngociation avec Isral, sa reconnaissance et la rconciliation.
ses voisins, Isral ne sera pas dtruit, Seymour HERSH, op.cit., p. 89.
575
Guillaume FEST, op.cit., p. 33
576
Samy COHEN, La rupture en De Gaulle et Isral, op.cit., p. 505
577
Freddy EYTAN, Les 18 qui ont fait Isral, Editions Alphe, 2008, 285 pages, p. 83.
578
Samy COHEN, op.cit., p. 505
579
Thse dveloppe par Samy COHEN, ibid.
580
Charles ZORGBIBE, Chronologie des relations internationales depuis 1945, PUF, 1991. Cit par Dominique
LORENTZ, ibid.
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estime que Dassault aura bientt termin le dveloppement de missile franco-isralien avec
capacit nuclaire583. En dcembre, Ygal Alon visite le site dHirbat Zekharyah, base de
lancement des Jericho-1 et inspecte les premiers travaux. Des tubes dacier et de bton sont
dtourns dun contrat isralo-iranien doloduc pour devenir des silos584.
II.2 Le maintien dune aide franaise tacite en demi-teinte
Le 18 novembre 1967, Isral rend la France une premire livraison d'uranium
irradi585. En 1968, le raid isralien au Liban (opration gift), pays alli de la France, consume
lidylle. Toutes livraisons darmes et pices de rechanges sont proscrites, du moins
officiellement. Cette rupture est-elle relle. Ntait-ce pas un coup mdiatique pour aider
Isral discrtement tout en faisant croire le contraire aux Arabes? En fait, la France (et
dautres pays occidentaux) proposent Isral, par lintermdiaire de la RSA, du matriel, des
matriaux stratgiques et des technologie, souvent titre priv, notamment pour la dissuasion
isralienne. Par exemple, en janvier 1969 et en juin 1971, des usines capitaux franais
majoritaires (Turbomeca), sont construites en Isral586. Un appel du contingent responsable
du matriel rapporte que des fournitures militaires partaient directement vers Isral. La
premire partie de la coopration nuclaire nest stoppe quen 1969, date laquelle la
mission du conseiller au CEA, Yves Girard, sachve. Cet ancien vice-prsident de
Framatome puis de Technicatome, se confie: cette mystrieuse affaire fait lobjet dun
grand nombre de rvlations de la part de personnes connaissant mal le sujet. Je ne souhaite
pas aggraver la confusion par les confidences partielles de quelquun qui connat bien le
sujet587.
Le 25 dcembre, le Mossad organise le rapatriement des cinq vedettes de
Cherbourg que Tel-Aviv avait command (et pay en partie) et que la France gardait dans ces
hangars. Lopration est pilote par une celulle du Mossad sise en Norvge. Les vedettes sont
ravitailles Gibraltar. Idem pour 50 Mirage-V588 qui quittent la France en pices dtaches
grce des douaniers et une partie des SR complices. Le Mirage-V fut conu au dpart pour
rpondre aux besoins de Tsahal, selon les paramtres dfinis par les IAI, qui voulaient un outil
fiable dattaque au sol. Mais la France interrompt la vente la suite de lembargo, malgr les
pressions de Dassault et de Rothschild. Isral rgule de bon droit le contrat par cette mthode.
Les pices dtaches permettent la conception locale du Nesher.
583
United Kingdom, Parlement Britannique, Israels Weapons of Mass Destruction, Cause for Concern,
op.cit., p. 10.
584
Seymour HERSH, op. cit., p.182.
585
Michel BAR-ZOHAR, Shimon Prs, Chapitre 19. Kennedy sen mme.
586
Patrice BOUVERET, Pascal FENAUX, Caroline PAILHE et Cdric POITEVIN, op.cit., p. 56.
587
Yves GIRARD, Un neutron entre les dents, Rive droite, 1997.
588
Sur le rapt de ces fameuses vedettes (opration Noah), confisques par la France la suite dun raid isralien
au Liban, lire les ouvrages de Gordon THOMAS, op.cit., pp. 330-345 et Pierre PAN, Ibid.
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De Gaulle quitte le pouvoir en avril 1969. Son ancien Premier ministre Georges
Pompidou, fidle mais critique du gnral, est un atlantiste indocile, mais sest mnag des
ouvertures auprs des Sovitiques589. Ce fonctionnaire consciencieux, lallure dun Johnson
franais, au caractre d'un paysan du Cantal, est dabord recrut comme chez Rothschild,
organisme qui aida Isral ostenciblement. Il semble que ce soit au plus haut niveau que ces
vols sont facilits, si lon on croit Pompidou qui dit au chancelier Brandt: On laissait
passer en fermant les yeux sur tout ce qui tait pices de rechange590. Washington, au courant
du deal, constate quIsral prfre passer plusieurs petites commandes militaires dapparences
insignifiantes, que de grosses commandes plus visibles. Les moteurs Franco-amricains
fournissant Dassault sont aussi exports. Un bon avion est un bel avion, mais le sera t-il
pour Isral? Les Kfir, version locale du Mirage-III, adapts pour les besoins dIsral,
remplacera loriginal. La France et dautres pays enverront des pices dtaches par la valise
diplomatique et des trafiquants darmes, y compris des technologies sensibles et des
composants. Au total, 76 Mirage-III seront assembls. A cette poque, le chef de la chasse
isralienne est Ezer Weizmann. Jacques Chaban Delmas rassure galement les Amricains en
fvrier 1970 sur cette affaire: Les Franais ont livr lan dernier plus de 200 tonnes de pices
dtaches pour les Mirage qui sont dj dans larsenal isralien. Cela leur donne assez de
pices, au-del des besoins normaux de la maintenance, pour construire 30 Mirage
supplmentaires591.
Malgr cette aide discrte, des lites pro-israliennes, attises par des officines
cherchant exiger plus de la France, organise une campagne mdiatique anti-franaise. Les
militants qui les aident, comme toujours (plonasme), ignorent tout du stratagme. En fvrier
1970, lors de sa visite Washington, Chicago puis San Francisco, Pompidou, le dauphin
du gnral, est chahut par la communaut592. On lui reproche de vendre Isral contre du
ptrole dans le contexte de la hausse du brut et de vendre des Mirage la Libye, lesquels
auraient t ensuite prts l'gypte qui envisagerait de les employer contre Isral.
L'information est rpandue par le Mossad, moins pour accuser la France, que d'exiger des
Etats-Unis plus d'armes par soucis dquilibre593. La moiti de la Chambre des Reprsentants
refusent ds lors daccueillir Pompidou. Un paradoxe puisque dans le mme temps, le roi
d'Arabie Saoudite, soutenant la guerre contre Isral, est reu en grande pompe! Pompidou
explique ainsi Nixon: Il faut comprendre que les forces franaises et israliennes ont eu les
589
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contacts les plus troits depuis dix ans594. Il ajoute que la France va faire en sorte que
l'entranement des pilotes libyens soit volontairement bcl. Le problme est que ses avions
risquent d'tre pilots par des gyptiens ou pires, par des officiers d'lites du Pacte de
Varsovie.
Le prsident malade se dfend et affirme ne pas tre antismite. On en vient se
demander si les manifestations ne sont pas foments par des opposants politiques franais
Pompidou, qui nont peut-tre cure de laffaire libyenne. La dissuasion mdiatique proisralienne nuit limage de la France autant quelle satisfait les Arabes. Mais Paris avertit
Tel-Aviv que si ses oprations de dsinformations ne cessent pas, les accords fantmes
franco-israliens pourraient vraiment le devenir. Les diatribes se rduisent alors. Sauf que fin
1972, Gabriel Aranda, proche du ministre de lEquipement Alain Chalandon, fournit au
Canard Enchan des documents compromettant sur lUDR, parti gaulliste, mais accepte de
tourner casaque si le contrat libyen est annul, afin dviter que des bombes franaises
puissent dtruire un petit pays encercl, passionnment attach la France595.
Alexandre Adler rvle les dessous des nouvelles relations France-Etats-Unis: La
France, ds larrive de Pompidou, fut tenu par Washington comme un alli intressant. Elle
tait labri des lobbies israliens et capable de mener ce qui tait aux yeux des Amricains le
vrai combat contre la prsence sovitique (en Irak)596. Cest donc la France, faite
mdiatiquement pro-arabe, qui devient lintermdiaire entre les Amricains et les Arabes! Un
attrape-nigaud qui pourtant attira nombre de spcialistes. Exemple type de ce jeu de dupe,
Raymond Aron inaugure cinq ans aprs la rupture gaullienne la Maison de France
Jrusalem597... En tous les cas, les relations entre la France et les Etats-Unis ne cessent pas sur
le plan nuclaire, avec la vente de supercalculateurs, lchange de procds, et la fourniture de
technologies balistiques (NSSM n100), car les flches franaises manquent de performances.
Cependant, laide est mesure cause de lespionnage sovitique, reconnue comme tendue
en France. Il est probable que la coopration bnficie aussi Isral, dont les missiles,
automatiquement, souffrent de mmes dfauts. En 1973, alors que les Etats-Unis organisent
un pont arien pour sauver Isral, la France aurait refus de servir dintermdiaire. En aot
1974, deux ans aprs lintronisation de VGE, lembargo est lev, peut-tre pour se venger de
laugmentation du brut dcide par lOPEP.
594
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A chaque fois que la coopration nuclaire avec la France et les Etats-Unis se ralentit
ou est stoppe pour diverses raisons, les recherches biochimiques redeviennent
automatiquement prioritaires. Aussi, lIIBR persiste galer et dpasser lgypte, sans avoir
pour objectif de constituer dimportants stocks militaires, dcision exacerbe par la
nomination d'Ephram Katzir la tte de la commission interministrielle des sciences et des
technologies. Toutefois, il semble que les stocks biochimiques ntaient pas oprationnels la
veille de la guerre des Six Jours. Isral adhre au Protocole de Genve le 22 janvier 1969, sur
le principe, mais affirme se rserver la possibilit de riposter biochimiquement en cas
dagression de mme nature, ou contre des tats non signataire, ce qui est le cas pour ses
voisins et par la suite pour les groupes terroristes, une prcision importante. Jusquen 1970,
les gaz de combats ne sont pas tudis pour tuer mais pour immobiliser ladversaire. Les gaz
incapacitants sont stocks, non pas en Isral mais aux Etats-Unis, partir des annes 1960.
Aprs 1970, les tudes se portent sur des drogues comme le LSD. Ness-Ziona travaille
beaucoup pour les Etats-Unis, ce qui permet de contourner certaines interdictions du Congrs,
car les recherches portent sur les bacilles de la peste et du typhus, ainsi que sur leurs vecteurs
(dont les insectes). Or, 10 avril 1971, la CAB interdit la mise au point, le stockage et la
production dagents microbiologiques ainsi que de toxines. Notons quaucun pays du MoyenOrient ny adhre lpoque. Avant le dbut de la guerre du Kippour, face la menace
gyptienne persistante, Isral achte, principalement en RFA, 10% du total des stocks de
masque gaz europen. Mais petit petit, au fur et mesure que les bombes atomiques
sentassent dans les arsenaux, les armes biochimiques deviennent moins ncessaires pour
Isral. Il est donc probable que Tel-Aviv travaillent lpoque surtout pour ses allis. En
1974, selon les travaux de Hersh, un militaire amricain tmoigne devant le Congrs quil a
connaissance de ce programme aprs stre entretenu avec un de ses homologues israliens.
Washington ne donne aucune suite ses rvlations, peut-tre parce que lEgypte, Isral,
lURSS et les Etats-Unis (avec lONU) signent en janvier un dsengagement militaire au
Sina ( Accord du km 101 ). Si ce militaire nest pas cout, cest parce quIsral et les
Etats-Unis travaillent ensemble sur des substances dont certaines sont utilises au Vietnam
(agent orange). Dailleurs, le gouvernement amricain ninclut pas lpoque Isral dans sa
liste officielle des tats possdant des armes biochimiques, bien que certains membres du
Congrs confirment quIsral devrait normalement y figurer.
Le programme biochimique amricain dbute en 1942. Il comprend, au dbut, des
units de recherche Plum Island dans l'tat de New-York, Pline Bluff dans lArkansas, et
surtout fort Detrick (l'USAMRIID pour US Army Medical Research Institute for Infectious
152
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En fvrier 1970, au prsident Pompidou, il ajoute: Les bruits court qu'Isral aurait une
capacit nuclaire. Nous n'avons pas, ce sujet, d'informations prcises. Inutile de vous dire
que nous surveillons la situation de trs prs, et nous userions de toute l'influence dont nous
pourrions disposer pour empcher une telle escalade nuclaire de la part d'Isral609. Mais l'ex
vice-prsident d'Eisenhower doit composer. Nixon et Kissinger font apparatre dans le
605
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National Security Decision Memorandum n6 que les Etats-Unis ne fera aucun effort pour
contraindre les autres nations, et en particulier la RFA, le Japon et la Core du Sud suivre
son exemple et ratifier le TNP. Il ne sassociera pas aux pressions pouvant tre exerces sur
ces pays afin quils signent ou ratifient . Kissinger, demi-mot rduit les obstacles afin de
donner du temps Isral pour optimiser sa dissuasion. Le contexte est en effet dfavorable
aux Etats-Unis dont le leadership est grignot par le Pacte de Varsovie. Isral est plus que
jamais indispensable. Washington fait mine de dsarmer parce quil parmet que ses allis
sarment!
Une dernire visite au racteur est effectue pour la forme. Le 12 juillet 1969, les
inspecteurs amricains se plaignent encore que les Israliens instrumentalisent la visite et que
Washington organise sciemment une simple visite de courtoisie. Le docteur Reichardt dit que
linitiative est adapte , aussi bien pour satisfaire Isral que les tats-Unis610. Dailleurs, le
5 septembre, sont livrs des Phantom modifis pour emporter des bombes nuclaires! La
Maison Blanche reconnatra plus tard avoir pass outre les oppositions du Dpartement
dtat. Car le 9 septembre, Richard Helms remet le rapport NSSM 40 Israeli Nuclear Weapons
Program, la Maison Blanche611. En novembre 2005, les archives nationales amricaines
exhumeront le rapport dans un memorundum de lassistant Joseph Sisco au secrtaire dtat
William Rogers: Si le processus continue, et s'il devient gnralement admis qu'Isral a la
bombe, cela aura des implications de grande porte, et mme dangereuses, pour les tatsUnis. [] La possession par Isral des armes nuclaires ne dissuadera en rien la gurilla arabe
[], au contraire, cela ajoutera un nouvel lment dangereux aux hostilits araboisraliennes612. Rogers reste favorable un quilibre dans la rgion afin de ne pas favoriser
plus encore linfluence de Moscou auprs des capitales arabes613. Le 26 septembre, Golda
Meir sinvite dans le Bureau Ovale pour avouer Nixon lvolution exacte du programme. On
ne sait pas la teneur de la conversation prive mais il apparat que le NSSM 40 tait en retard
sur les estimations du programme.
Paul Warnke, secrtaire adjoint la Dfense, convoque Yitzhak Rabin, ambassadeur
dIsral. Il lui demande solennellement si oui ou non son pays est dtenteur de larme absolue
et exige une rponse claire. Rabin tergiverse sur les termes 614. Furieux, Warnke explose:
Monsieur lambassadeur, nous sommes choqus de la manire dont vous traitez avec nous.
Vous, notre plus proche alli, construisez des bombes nuclaires derrire notre dos . Warnke
nose sen prendre aux intermdiaires amricains qui sont les premiers le gruger. Rabin se
610
Etats-Unis, Departement of State, Memorundum of Conversation, Secret/ nodis, 1969 Dimona visit, 13 aot
1969.
611
Washington Post, 30 avril 2006, ibid.
612
Associated Press, 16 novembre 2005. Nixon papers show U.S. alarm over Israel's nuclear program.
613
Bulletin of the Atomic Scientists, mai/juin 2006, Israel Crosses the Threshold , Avner COHEN , p. 22-30.
614
Voir la premire partie consacre l'opacit.
155
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plaint de cet interrogatoire Feinberg. Isral doit obtenir dautres armements sans
contreparties. Johnson tance Warnke en expliquant que tant quIsral sera un alli, rien ne sera
officieusement exig en change615. Nixon, est oppos en fait au TNP. Rabin le rassure. La
position officielle dIsral est : Isral ne deviendra pas une puissance nuclaire, ne dplora
pas de missile stratgique avant 1972 et que le TNP sera considr par le nouveau
gouvernement 616. Le 4 novembre, profitant des derniers jours de ladministration Johnson,
Isral obtient la livraison de 50 F-4E Phantom et 100 Skyhawk, contre lavis de Rusk, et du
secrtaire dtat la Dfense Clark Clifford. Isral salue le lobbying de Feinberg et de
lambassadeur amricain lONU, Arthur Goldberg. Lavion sera modifi sous le nom de
Kurnass (marteau-pillon). En change, Isral livre Washington du matriel sovitique
captur en 1967, qui les tudie Constanpeg, dans la zone 51 (Nevada). Dautres pays
occidentaux achtent ces renseignements. Des pilotes israliens sy entranent617.
Le 23 fvrier 1970, Kissinger stonne de la demande de Rabin : savoir ce que Golda
Meir a rellement confi Nixon, tmoignant en cela des luttes politiques intestines en Isral.
Kissinger formule une rponse qui illustre parfaitement le point de non-retour Isral na pas
lintention de signer le TNP . Autrement dit, la bombe est l et ne sera pas abandonne. Il
prcise que dsormais, il ny a plus de malentendu sur la question618. Impossible de faire
marche arrire pour les parties en prsence, ce serait trop compliqu. Ngocier plutt que
stopper, voil le nouveau credo619 LAssemble Nationale franaise prcise ce sujet:
La conclusion du TNP en 1968 ouvre une phase extrmement tendue dans les relations entre
Isral et les tats-Unis, qui conduit, en 1970, un arrangement informel entre les deux pays, suite
des rencontres rptes entre le prsident Nixon et le Premier ministre Golda Meir : les tatsUnis renoncent faire pression sur Isral pour qu'il signe le TNP et mettent fin leurs visites
Dimona ; en retour, Isral s'engage garder un profil bas en matire nuclaire : pas d'essai, ni de
dclaration, ni de reconnaissance du programme620.
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la suite labandon de garanties et des inspections demandes aux Israliens. Ordre est donn
dempcher toute publication sur le sujet622.
Lambassadeur Barbour prvient Bill Dale, dtach au Dpartement dtat amricain,
quil convient maintenant de ne plus faire de rapports sur Dimona. Kissinger apprend
quIsral a bien la bombe, non plus sous sa forme basique, mais bien sous formes dogives
prte lemploi. Dale, essaye de dnoncer une dernire fois ce quil sait. Il se voit rpondre,
avant dtre mut pour son enttement, que la bombe isralienne est le sujet de politique
trangre le plus sensible. Barbour rappelle donc aux espions Amricains en Isral: Si
jadmets tout ce que vous venez de me dire, alors il faudrait que jaille voir le prsident. Et si
lui-mme y souscrivait, il faudrait quil y remdie. Le prsident ne ma pas envoy l-bas
pour que je lui ramne des problmes. Il ne veut pas quon lui rapporte des mauvaises
nouvelles 623. Le pas vu pas pris simpose. Aussi, Kissinger se rend en Isral chez le
gnral Alad Peled pour lassurer du soutien amricain. En octobre, un mmorandum conclut
que Washington ne voit pas dinconvnient ce que Tel-Aviv fabrique des armes nuclaires
seulement pour sa dfense et avoue que les inspections taient formelles:
L'quipe (de l'AEC) a abouti la conclusion que le gouvernement amricain n'tait pas anim de la volont de
soutenir un vritable effort d'inspection, une inspection relle, durant laquelle les membres de l'quipe auraient
pu se sentir autoriss poser de faon directe des questions pertinentes et/ou insister pour qu'il leur soit permis
de voir et de prendre connaissance des documents, des matriaux utiliss, des lments techniques et de tout le
reste. De faon subtile, l'quipe a t somme d'viter tout ce qui pourrait prter controverse, de se comporter
en ami et de ne pas prendre ombrage des vidents desiderata de ses htes 624.
622
Washington Post, 30 avril 2006, The Untold Story of Israel's Bomb, Avner COHEN.
Seymour HERSH, op. cit., p. 178.
624
Rohan PEARCE, fvrier 2003, n 161, Proche-Orient, L'arsenal nuclaire jamais contrl.
625
Peter PRY, Ibid.
623
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seraient intercepts 626, le modus operandi nest pas prcis. Cet vnement, totalement
indit, souligne lambigut des rapports quentretien Isral avec son alli principal.
Malgr la dfaite de 1967, les forces arabes se renforcent par du matriel sovitique
neuf et prparent la revanche sans prendre en compte loption Samson. Et Rabin, chef dtatmajor, explique en substance que Moscou va dsormais accentuer son infiltration au ProcheOrient pour avoir accs aux mers chaudes et pour contrler les rserves de ptrole, afin de
gner loccident. Lgypte et la Syrie, en change de cette aide, ouvrent en effet leurs bases
aux Sovitiques. Il est donc ncessaire quIsral mette une partie du territoire sovitique
porte de tir nuclaire pour le compte des Etats-Unis. De son ct, lURSS pointe aussi
quelques missiles atomiques sur quatre villes israliennes: Tel-Aviv, Hafa, Ashdod et
Beersheba. Cest cette information qui fait dire Kissinger, en voyage en Isral, quen cas de
guerre, les Etats-Unis ne se risqueraient pas un conflit nuclaire avec lURSS si Isral tait
attaqu, soit par les Arabes, soit par les Sovitiques627. Loption Samson est donc autant un
avantage quun boulet. Elle peut justifier comme injustifier une intervention militaire. Les
Sovitiques comptent sur les Nord-Vietnamiens pour fixer les moyens amricains au
dtriment du Moyen-Orient. Peut-tre est-ce pour cela que Le Caire se prcipite contre Isral
en 1973 avant le retrait dfinitif amricain.
La mort de Nasser, le 28 septembre, permet son lieutenant Anouar el Sadate de lui
succder le 15 octobre. Sadate est un homme obscur au pass sulfureux. Durant la Seconde
Guerre Mondiale, il avait propos ses services aux nazis, puis aurait particip de nombreux
attentats sur le sol national. Sa crdibilit dans le monde est faible. Kenneth B Keating,
successeur de Barbour, avertit Dayan de lintelligence de Sadate, mais il nest pas cout. On
le prsente comme faible de caractre et vellitaire, et sa couleur de peau narrange pas son
image. Cest probablement sur cette communication que les gyptiens btissent leur stratgie
afin de crer la surprise. Le pharaon noir forme dabord lUnion des Rpubliques Arabes
avec la Libye et la Syrie puis sallie avec le Soudan. Il tente de se rapprocher de la Libye,
mais sans succs. Le rais accuse ensuite Moscou davoir entran lgypte dans la dfaite de
1967. Aussi, on subodore quen mai 1971, le KGB fomente un attentat contre lui. Ce qui
explique pourquoi Ashraf Marwan, conseiller pour les affaires arabes de Sadate, est recrut
par la CIA en 1971. Sur la base des informations amricaines, Marwan djoue un complot
prosovitique, rel ou suppos, contre Sadate. Il fait arrter les chefs prsums de lopration.
Autrement dit, Washington et Moscou auraient, chacun leur tour, instrumentalis Le Caire qui
de son ct essayait de tirer parti des deux cts. A moins que les tats-Unis souhaitent
affaiblir un Isral trop insolent
626
627
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Antoine SFEIR, Vers lOrient compliqu, Grasset, 2006, 192 pages, p. 58.
Brian FREEMANTLE, Le KGB, le plus secret des services secrets, Plon, 1986, 220 pages, chapitre VI.
630
Mohamed ABDEL AZIM, op.cit., p. 8.
631
Boutros BOUTROS-GHALI et Shimon PERES, op.cit., p. 136.
629
159
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cest surtout de rien changer ce que vous faites actuellement. Nen utilisez jamais une car
votre petit pays disparatrait en un rien de temps. Les Sovitiques ont trs certainement votre
pays dans leur point de mire . Rabin rtorque est-ce que vous croyez que nous sommes
fous ce point? 633.
En 1971 est institu le Comit Zangger, qui, dj, veille lapplication du TNP ...
dont les violations sont dj courrantes. Cest dans ce contexte problmatique que Shalheveth
Freier devient prsident de lIAEC. Il souhaite promouvoir les applications nuclaires
pacifiques telles que la radiobiologie, dont Isral souhaite devenir le leader634. Dans le portrait
de ce scientifique, on devine l encore le mariage technologique particulier entre Paris et TelAviv, car le scientifique a t conseiller scientifique lambassade isralienne Paris,
directeur de Nahal-Sorek, espion et militant anti nuclaire (!), ... et finalement directeur
gnral de lIAEC entre 1971 et 1976. A partir de 1981, il travaillera comme responsable de la
politique de lIAEC jusqu sa mort en 1993635. En 1971, il entrine lacquisition de
krytrons, un dtonateur ultrarapide double usage industriel et militaire (ncessaire aux
bombes nuclaires sophistiques), par des transactions secrtes auprs des Etats-Unis636.
Glenn Cella, fonctionnaire aux Affaires trangres au Dpartement dtat en tant que
reprsentant du Dtachement spcial pour le Proche-Orient, apprend par hasard que cest le
Pentagone qui a autoris, sans len avertir, cette livraison. On lui explique quil sagit juste de
minuteurs lectroniques sensibles, destins dclencher des faisceaux stroboscopiques. La
finalit nuclaire lui est dissimule. Ses protestations, non contre Isral, mais contre le
procd, ny changent rien. Et cest encore sans son accord que le budget finance lachat de
deux supercalculateurs pour lInstitut Weizmann637. A la CIA, ce comportement prfrentiel
agace. Certains en viennent mme souponner le Mossad dtre, pour cette raison, le cheval
de Troie de lURSS pour noyauter la CIA.
Lassassinat dAharon Katzir par un groupe de gauchiste japonais (Arme Rouge
Unifie, peut-tre une reprsailles de lURSS ?) laroport de Lod, le 30 mai 1972 met
prmaturment Freier la tte de Dimona. Lassassinat dingnieurs nuclaires sera pratiqu
des deux cts du mur. Deux scientifiques israliens, Isaiah Nebenzahl et Menahem Levin,
inventent une mthode plus facile et plus rapide pour enrichir luranium laide du laser et de
centrifugeuses. Ils peuvent ainsi enrichir sept grammes dU-235 60% en 24 heures638. A
lpoque, on accuse la RFA davoir vendu le brevet aux Israliens. En fait, les centrifugeuses
632
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Politique trangre, 4me trimestre 2006, Succs et checs de la matrise des armements , p. 824. Jozef
GODBLAT, Ces deux textes combins forment l'accord Strategic Arms Limitation Talks I qui gle pour 5 ans le
nombre des ICBM et sur les sous-marins. Nanmoins, les essais et les recherches sur les ABM ne sont pas
interdits. Le remplacement des missiles obsoltes par des nouveaux et la puissance des missiles ne sont pas
limits.
640
United Kingdom, Parlement Britanique, op.cit., p. 11.
641
Peter HOUNAM, Woman From Mossad: The Torment of Mordechai Vanunu, 1999, Vision Paperbacks, pp. 155168.
642
Seymour HERSH, Ibid.
161
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guerre, une tendance qui ne sinterrompra jamais, et qui explique le contexte de cette paix
impossible. Le monde va alors connatre, avec la guerre du Kippour, une crise nuclaire
semblable la crise de Cuba. Lgypte se prpare une guerre qui doit redorer le blason du
pays, sur le plan du leadership arabe, mais aussi lgitimer Sadate aux yeux de sa propre
population, fustigeant son ascendance nubienne. Peut-tre veut-il obliger Isral le menacer
avec la bombe et ainsi dclencher des rtorsions internationales contre son voisin et le
rglement de ce dossier. Le 3 septembre 1973, Mosh Dayan observe de son il de cyclope
de fortes concentrations dartillerie sur le Golan, mais rassure que rien ne laisse prsager une
guerre. Le quartier gnral gyptien, grce lopration dintoxication Badr, disperse les
troupes gyptiennes pendant que Sadate rassure de ses intentions lOnu. Tsahal est en train
dtre victime du cry-wolf syndrome. Un mois plus tard, Golda Meir refuse lappel des
rservistes et un raid arien prventif et expliquant: si la guerre clatait, Isral devait tre
dans la meilleure position possible, cest--dire ne pas tre considr comme lagresseur643.
Cest pourquoi les Nouveaux Historiens israliens prciserons que lattaque surprise arabe de
1973 taient finalement un leurre destin peut-tre prouver aux Etats-Unis que leur pays
avait besoin de davantage daide et que la bombe tait indispensable. Golda Meir aurait t
avertit de limminence de lattaque par la Jordanie, peut motive par la guerre, mais Tsahal
ignore volontairement lavertissement644.
Le 6 octobre 14h, lgypte attaque. Cest le jour du Kippour, mais Isral est un tat
laque. Il ny aura donc point de pardon. A ce qui avance largument de la puret des armes,
les nuclocrates rtorque que les gyptiens ont rompu les jours sacrs du Kippour. Cette
guerre est donc injuste. Elle risque dtre impure avec le danger nuclaire. Les Israliens sont
appels en catastrophe pour rejoindre leur unit. Le fait que cela soit un jour fri entrane
dabord de lourdes pertes israliennes. Le tout-aviation et le tout-blind, rigs en dogme
depuis 1956, connassent l un criant dsaveu. Les Sam dciment les chasseurs frapps du
Magen David. 50 avions et 500 chars sont dtruits sur le seul front gyptien. Au soir du 8
octobre, le Gnral Benny Peled (commandant de larme de l'Air), avertit Moshe Dayan que
si les choses nvoluent pas, les sites nuclaires seront envahis dans une semaine. Au nord,
une poigne de chars forme un cran bien mince devant la Galile, face la mare syrienne
qui dbute. Yossi Beilin explique le dsarroi: Isral a remport une brillante victoire en
1967, mais ne connat depuis quun chec incessant. [] Nous tions srs quaprs notre
victoire, Tsahal tait invincible et que personne noserait sen prendre nous. [] Le 6
octobre 1973, cette illusion a vol en clat 645. En France, le ministre des Affaires trangres
Michel Jobert ragi en excusant les Arabes : Est-ce que tenter de remettre les pieds chez soi
643
644
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constitue une agression imprvue646. Ce raidissement de faade fait dire Begin, qui sait ce
quIsral doit Paris: Le fait que le gouvernement [] est prt vendre dlibrment le
sang juif pour le ptrole arabe [], est la plus grande trahison depuis que le gouvernement
Daladier avait trahi le pacte franco-tchcoslovaque. Mais Isral nest pas la Tchcoslovaquie
et il ny aura pas de Munich au Proche-Orient647.
645
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Allon, le brigadier gnral Israel Leor et Israel Galili, un proche de Golda Meir. Il est dcid
de maintenir ltat dalerte atomique jusqu ce que les Etats-Unis interviennent.
Lambassadeur isralien Washington, Simcha Dinitz, rclame un pont arien
durgence. Nobtenant pas de rponse, il parvient nanmoins rencontrer Kissinger et son
assistant Peter Rodman la Maison Blanche. Il est accompagn par le gnral Mordechai Gur,
attach militaire. Aprs plusieurs refus, Dinitz prvient Si un pont arien massif vers Isral
ne dmarre pas immdiatement, je saurais que les Etats-Unis ne tiennent pas leurs promesses
et cela aura de trs graves conclusions 649. Ben-Gourion conteste : Seul Tsahal dfendra
ltat juif afin de signifier le refus de laide militaire amricaine directe 650. Pour forcer la
main de ses allis, Isral dploie son arsenal nuclaire lorsque le 9 octobre, lURSS et les
tats-Unis dcouvrent 5 Jericho-1 Hirbat Zachariah et 8 Phantom Tel-Nof. LURSS, grce
au satellite Cosmos, renseigne effectivement Le Caire quIsral tient prt trois missiles
nuclaires. Selon une autre version, ce sont bien les Sovitiques qui en avertissent les
Amricains651. En parallle, Washington montrent aux Syriens et aux gyptiens les missiles
israliens afin de les dissuader de poursuivre leurs actions652. Marie-Hlne Labb653 estime
que cette dcision est effectivement destin dclencher une raction des grandes puissances.
Elle est prise la suite de la consultation de photos amricaines des avions SR-71 Blackbird,
indiquant que les gyptiens auraient arm des missiles Scud avec des ttes nuclaires russes !
Golda Meir avertit Nixon. Kissinger confie James Schlesinger (juif amricain, directeur de
la CIA, puis Secrtaire la Dfense des tats-Unis de 1973 1975), que les Etats-Unis ne
laisseront pas les armes arabes lemporter mais que Washington interviendra uniquement si
les frontires de janvier 1967 sont franchies. La Maison Blanche veut laisser les Israliens sur
la dfensive pour les forcer ngocier. Mais William Colby, directeur de la CIA, souhaite en
mme temps quIsral ne soit accul utiliser loption Samson.
Une consquence ? Les gyptiens ralentissent. En fait, ils refusent davancer au-del
de la couverture de leurs antiariens. Ce rpit est mis profit. Nixon, cde au chantage et
promet un pont arien (operation Nickel Grass), paralllement celui mis en place par
Moscou pour ses allis arabes654. Il tait temps. Selon Arthur Schlessinger, les Israliens n'avaient que
trois semaines de rserves. Kissinger propose seulement un pont arien de nuit pour les
premiers jours. Le fret passe par les Aores. Grce lui, partir du 13, Tsahal regagne du
terrain, mais en change, Washington sinvite dans le conflit et entend contrler lusage de
649
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son matriel. Sadate se plaint auprs des Amricains. La maison Blanche rpond quil sagit
dviter quIsral utilise la bombe. Entre temps, les blinds Syriens (les chars assyriens)
sont dcims par les Tow. Moscou se rsoud ne pas laisser les Arabes se faire saigner blanc
et agite sa dissuasion. Les Amricains passent
effective DefCon III
655
655
Selon le Jane's Military Guide, les tats dalerte Defense Condition sont: Def Con V (temps de paix), Def Con
III (mobilisation des forces conventionnelles) et Def Con I (ADM).
656
Boutros BOUTROS-GHALI et Shimon PERES, op.cit., p. 142.
657
Seymour HERSH et Leonard SPECTOR, Israel Nuclear Dilemna, p. 71.
658
Seymour HERSH, The Sampson Option, op.cit., pp. 217-226; Peter PRY, Israel's Nuclear Arsenal, Westview,
1984, p. 31.
165
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qui craignait la fin du troisime temple 659 selon son porte-parole Naftali Lavie, est encore
rejete par Meir660, les deux personnalits politiques tant dj opposes sur le plan personnel.
Freier est contact Dimona pour un rapide tat de lieux de la force de frappe. Il fustige la
prcipitation du gouvernement dautant plus que le pays nest pas menac dans ses intrts
vitaux661. Dautant que la CIA avertit Isral que l'URSS pointe des SS-20 sur quatre villes
israliennes, comme le confessera plus tard le chancelier Helmut Shmidt662. Mais Isral
rplique que sont aussi points les villes de la Mer Noire. Pourtant, en 1998, Yuval Neeman
prcisera que les missiles israliens ntaient peut-tre pas chargs de ttes nuclaires et
biochimiques. Mais Mahmoud Karem, chef de la diplomatie gyptienne, dans un livre paru en
1988, soutiendra : il est vident que durant la guerre du Kippour, la question fut rgle par
une discussion sur le nuclaire .
Le 23 octobre, la Syrie accepte le cessez-le-feu. Sur proposition de l'gypte, Moscou
se prpare l'envoi de troupes aroportes, destines garantir le cessez-le-feu. Le
lendemain, Brejnev lance un ultimatum envers les Etats-Unis:
Envoyons de toute urgence en gypte, URSS et tats-Unis conjointement, des contingents
militaires pour assurer le cessez-le-feu. Il est ncessaire d'y adhrer sans dlai. Je vous dis
franchement que si vous estimiez impossible d'agir conjointement avec nous en cette affaire, nous
nous trouverions devant la ncessit urgente d'envisager l 'ventualit de prendre unilatralement
les dcisions ncessaires. Nous ne pouvons autoriser l'arbitraire de la part d'Isral [] Je dirai sans
dtour que, si vous estimez ne pouvoir agir de concert avec nous, nous nous verrions contraints,
d'urgence, et seuls, de prendre en considration les mesures voulues 663.
Le prsident sovitique, depuis 1964, est vue comme lhomme des lobbies militaro-industriels
sovitiques. Kissinger appelle Dobrynine et lui signifie que Washington tudie la lettre en
prcisant de ne prendre aucune initiative sans quoi la situation pourrait dgnrer. Nixon lui
rpond ensuite :
Il faut cependant que vous le sachiez : nous ne pourrions en aucun cas accepter une action
unilatrale. Ce serait une violation de notre entente, des principes convenus que nous avons signs
Moscou en 1972 et de l'article II de l'Accord sur la prvention de la guerre nuclaire. Comme je
l'ai indiqu plus haut, une telle action aurait des consquences incalculables qui ne seraient
avantageuses pour aucun de nos deux pays 664.
responsabilit dans les efforts visant obtenir la fin complte des hostilits de la part d'Isral.
[] et je vous demande instamment de prendre des mesures semblables en ce qui concerne la
partie gyptienne 665. Chacun retient son pion.
659
Pierre RAZOUX, Op.cit., p. 495. Le premier temple fut dtruit par Nabuchodonosor et le deuxime par Titus en
70.
660
Marie-Hlne LABB, La prolifration nuclaire en 50 question, Editions Jacques Bertoin, 1992, p. 178.
661
Barry SCHNEIDER, Op.cit., p.119.
662
Jacques ATTALI, Verbatim, op.cit., p. 105.
663
Barry SCHNEIDER, op.cit., op.cit., p.119.
664
Mohamed ABDEL AZIM, op.cit., p. 19.
665
Henry KISSINGER, Les annes orageuses,, 1982, p. 662.
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Moscou prfre prendre les devants et fait de nouveau appareiller depuis Odessa, un
cargo charg dogives nuclaires pour quiper au moins deux Scud gyptiens, dune porte de
300 km. Moscou mobilise encore des sous-marins et trois divisions aroportes. Lordre est
donn par le ministre de la Dfense russe Gennady Grechko, ignorant alors la teneuse exacte
des ngociations que menaient le ministre des Affaires trangres, le monsieur Niet Andrei
Gromyko666. Les deux Scud manuvrs par des Sovitiques, sont aperus par les Amricains
qui en livrent des photos aux Israliens. Selon Avner Cohen, Le Caire ne pouvait en tout cas
se servir de ses Scud sans laval de Moscou. Les travaux sur cet pisode divergent. Les uns
attestent quils ny eu aucun navire sovitique. Aux dires du Kremlin, la rumeur aurait t
fabrique par les Amricains pour forcer la paix. Mais dans les annes 2000, on saura par les
confidences dun agent double que si Tsahal menaait de prendre Damas ou Le Caire, lURSS
envisageait de bombarder Dimona et de brandir latome667.
Le 24 octobre, Brejnev menace des plus graves consquences si ltat hbreu ne
met pas fin son agression . Dans ses mmoires, Nixon crira que ce message tait en
fait une menace peine voile d'intervention sovitique unilatrale . Le soir, le National
Council of Security se runit, prsid par Kissinger. Il envoie un message Sadate (qui refuse
la paix pour justemement pousser les partenaires la faute): Je vous demande de considrer
les consquences pour votre pays si les deux grandes puissances nuclaires devaient ainsi
s'affronter sur votre sol. Je vous demande galement de considrer les consquences, si les
forces de l'une des grandes puissances nuclaires taient engages militairement sur le sol
gyptien . Les porte-avions Franklin Roosevelt, Independence et John F. Kennedy, reoivent
l'ordre de cingler vers la Mditerrane668. Washington met aussi en tat dalerte des B-52 du
Strategic Air Command.
La pression sur la 3me arme gyptienne, encercle, sallge alors. Tsahal stoppe son
avance et approuve le cessez-le-feu. Nixon et Kissinger affirmeront que cela avait t la
crise la plus difficile que nous avions connu depuis celle de Cuba en 1962 . Le risque trs
srieux de guerre nuclaire trois protagonistes (bien quil sagisse dune option seulement
envisage) sera beaucoup moins mdiatis que la crise de Cuba en 1962 alors que la menace y
tait bien suprieure. Lopacit de la dissuasion isralienne y est pour beaucoup. Prs
relativisera le danger de dfaite isralienne au premiers jours du conflit: Si vous voulez
parler dun danger de mort, non, car il restait le recours aux armes exceptionnelles, mais il
ntait pas question de les utiliser dans ce cas ci 669. Le cessez-le-feu, vot par le CSNU
(rsolution 339), est alors renforc par l'adoption au CSNU de la rsolution 340 qui appelle
666
167
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V Aprs la guerre
V.1 Un nouveau partenariat Etats-Unis/ Isral
V.1.1 Les leons du conflit
A la suite de cette nouvelle dfaite arabe, la Ligue Arabe augmente le prix du baril
augmente de 17% fin octobre, puis il double encore le 23 dcembre. Lor noir est la dissuasion
des Arabes, face la dissuasion isralienne. Pour les armes arabes, 1973 reste une victoire
dans la mesure o Isral a t surpris et na vit lcrasement que grce aux tats-Unis. Van
Creveld se demande pourquoi les Arabes n'ont alors pas ritr un autre 1973, comme cela fut
demand, notamment par l'ancien chef d'tat major gyptien Saad Shazly671. Les ngociations
secrtes avec les Etats-Unis vont lexpliquer. Elles aboutiront Camp David. Pour Isral, la
leon de 1973 est svre. Le stratge Efraim Inbar assure que la guerre du Kippour fut un
tournant dans lhistoire du pays car elle remet en cause ses fondamentaux672. Le
comportement de Golda Meir pendant la guerre est critiqu. Des membres de la Knesset
exigent sa tte ainsi que celle de Dayan. Le Premier ministre cre alors la commission
Agranat, charge dexaminer les vnements qui avaient prcd la guerre de Yom Kippour
et les premiers jours de la guerre 673. Pas de Kippour, pas de grand pardon pour les
coupables. LAman joue le rle de fusible et son commandant, accus de tous les torts, est
remerci. Larme conventionnelle na pas t dissuasive. Certes, la bombe a empch la
dfaite, mais pas la guerre. Tsahal, malgr sa puissance conventionnelle, ne pouvait pas
gagner la paix autrement que par la dissuasion car elle a permis en partie lobtention du pont
arien. Kissinger commande un rapport sur ce dossier la CIA, afin de savoir si oui ou non le
chantage larme nuclaire durant la guerre du Kippour tait fond. Duckett lui apprend
quIsral possde dix ogives au moins, 20 ogives srement674. Lestimation est en partie
confirme par les images satellites qui mitraillent Hirbat Zekharyah et ses silos ouverts. Deux
ans plus tard, lors dune runion de la Nuclear Regulatory Commission, la CIA renseigne que
670
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les Jericho nont pas t conu pour des charges conventionnelles mais bien pour des ttes
nuclaires675.
Le budget isralien de la dfense passe en consquence 28% du PNB, pour
remplacer le matriel perdu et relever sa garde. Schlessinger prne dsormais pour Isral
ladoption dune stratgie nuclaire de rponse flexible sur des cibles spcifiques, en limitant
lescalade. galement, il estime que la dissuasion ne doit pas nuire au dveloppement d'une
arme conventionnelle. Enfin, il incite la recherche continue en matire de high-tech
nuclaire. Les recherches sur les ogives miniaturises sintensifient donc. Schlesinger instaure
aussi la politique du partage du fardeau entre les allis pour soutenir leffort de guerre
contre lURSS et ses allis et ce titre, ordonne le renforcement de Tsahal par le Pentagone.
Dans cette optique, plusieurs traits secrets sont signs dans lesquels Washington et Tel-Aviv
scellent une coopration nuclaire676.
De son ct, lURSS est lasse de se ruiner en livrant aux Arabes du matriel militaire
facilement et rapidement dtruit. Moscou et Le Caire sloignent dfinitivement lune de
lautre. On apprend que dans la corbeille des ngociations daprs guerre, les Etats-Unis ont
promis Isral une aide annuelle de 2 3 milliards de dollars contre la promesse de ne pas
utiliser et optimiser larme absolue677. Les vaincus obtiennent aussi une aide. En effet, le 21
mai 1974, aprs que Le Caire, qui se dmarque de lURSS et opre dj des pourparlers de
paix, se soit engager acheter des armes amricaines un taux avantageux, Isral abandonne
la bande de terre de Kuneitra sur le Golan. Washington accorde de plus une aide de 100
millions de dollars la Syrie prosovitique. Dautres aides des pays arabes suivent, par
pression des lobbies pro-isralien et militaro-industriels sur le Congrs amricain, en change
dune paix arme678! La preuve que les lobbies militaro-industriels des deux parties
sentendent.
V.1.2 La mise en uvre dune dissuasion de thtre
En 1973, larsenal prenant de lampleur, le gouvernement isralien dcide que
lutilisation de la bombe devra passer par laccord simultan de trois personnages cls de
ltat: le Premier ministre, le chef dEtat-major de larme et le ministre de la Dfense. Par la
suite, le chef dtat-major de larme de lair se rajoutera cette courte liste 679. Le
programme nuclaire sacclre par l'utilisation d'un processus plus rapide pour
l'enrichissement de l'uranium et par la miniaturisation des ttes nuclaires afin que celles-ci
puissent tre utilises sous forme dobus, avec des canons spciaux fournis par les tats675
NTI, 2006.
Pierre RAZOUX, op.cit., p. 487.
677
Franck GAFFNEY, op. cit., 1989. p. 147
678
Dominique LORENTZ, op.cit., p. 288.
676
169
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Unis680. Lartillerie a un rapport cot/ fficacit suprieur au missile tactique 681, surtout que le
programme balistique isralien nest pas encore arriv un niveau acceptable. Lartillerie
atomique est une arme typiquement dfensive qui recouvre le concept de frappe
prstratgique, afin de convaincre lagresseur que lagress est dtermin employer
massivement latome par le vecteur du missile. En dautres termes, lartillerie nuclaire est
coup de semonce nuclaire, prlude la reprsaille nuclaire disproportionne. Obus et
missile de thtre ne sont pas assimils tout fait de la dissuasion en faisant de la bombe
une arme du champs de bataille, surtout en la couplant avec une charge neutron, comme
plus tard pour les Pluton franais. On estime communment que les petites bombes
nuclaires, ont t tudies aux Etats-Unis partir de 1961, telle la B-61 Special Atomic
Demolition Munition (34 cm de diamtre pour 3,6 mtres de long), dveloppe au Los Alamos
Scientific Laboratory.
Les Etats-Unis vendent ainssi des obusiers automoteurs M-107 de 175 mm (puis de
203 mm) capables de tirer des obus nuclaires pouvant tre utiliss tactiquement lors de
batailles classiques. Les armes atomiques tactiques sont uniquement destines des pays de
faible superficie, ou tant confront des pays arms aussi de missiles courtes portes. La
porte est comprise entre 40 et 60 km. Par ailleurs, Isral dveloppe, mais dj lpoque
avec lAfrique du Sud notamment, des obus tte NBC, ainsi que des projectiles spcifiques
pour les automoteurs Soltham M-68. Ils seront dploys sur les hauteurs du Golan afin
doprer, si ncessaire, un tir de barrage682. 108 ogives de ce type sont conues pour ce
modle683, stock Eilabun684. Leur puissance est limite 5 kt, ce qui rduit les effets
radioactifs nfastes pour Isral. Tsahal forme trois bataillons dartillerie nuclaire rassemblant
12 tubes de 175 mm. Cest pourquoi, par leurs natures, ces bataillons nobissent pas au QG
mais directement au Premier ministre qui en rfre ensuite au ministre de la Dfense et au
chef dEtat-major. Ce vecteur sera probablement abandonn au dbut des annes 1980 685. Les
Amricains livrent aussi des missiles sol-sol Lance686 en 1975, au nombre de 160, dune
porte comprise entre 115 130 km, pouvant tre dots de charges NBC, notamment des
charges nuclaires de 10 kt. Schlessinger est lorigine de la transaction mais refuse de livrer
des Pershing, plus dvelopps687. Mais si Washington livre les vecteurs, elle contrle une
partie de la dissuasion par les systmes darmement et les pices dtaches. Cette logique doit
679
170
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tre applique tous les importateurs de missiles tactiques et stratgiques indique Pierre
Messmer688. On espre ainsi que les faibles portes de ces deux vecteurs vitera, lavenir,
une nouvelle escalade nuclaire mondiale. Ce point de vue est conteste en France : on ne
peut pas se servir darmes tactiques. Sen servir, cest dclencher la guerre nuclaire689. Mais
sa dfinition fait dbat. Doit-on parler darme tactique, prstratgique, dultime
avertissement?. Son avantage reste limit car en cas de tirs de contre-batterie, il font porter
la menace sur tout le territoire. Mais dans le cas isralien, lexiguit du territoire est trop
vidente et ne nuit donc pas ladoption de ces armes.
Selon dautres travaux, Isral aurait galement mis au point des bombes,
transportables et actionnables dans une valise, introduite chez lennemi par des espions, des
diplomates ou des commandos690. Cette rumeur est confirme par Seymour Hersh, qui estime
que la miniaturisation pouvait le permettre, afin de menacer des sites stratgiques russes hors
de porte des missiles691. Alexandre Lebed, ancien secrtaire du Conseil russe de scurit,
affirmait en 1997 que Moscou avait perdu la trace de 48 des 132 valises nuclaires , d'une
charge de 1 kt, produites dans les annes 1970692.
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est parfois second par dautres organes cres pour passer outre les traits, comme le Quad,
regroupant les quatre principaux prolifrants (Etats-Unis, France, Allemagne et GrandeBretagne).
Le 3 juin 1974, Yitzhak Rabin devient Premier ministre. Ce modr, co-artisan de la
victoire des Six Jours, est conscient quil ne faut pas se mettre en travers des partisans de
larme et de la bombe. Kissinger, chaud par les alertes nuclaires israliennes qui ont
donn des sueurs froides aux Etats-Unis, dplore la duplicit du Premier ministre: Je
demande Rabin de faire des concessions. Il me dit quil que cest impossible, quIsral est
trop faible. Alors je lui donne plus darmes, et il me dit quil na plus besoin de faire des
concessions maintenant quIsral est fort695. Or, Sadate lui indique avoir la preuve de la
ralit des capacits israliennes. Shimon Prs, nouveau ministre de la Dfense, dment ces
informations. On presse Sadate de se taire sil veut obtenir des compensations. Le 12 juin,
Nixon senvole pour le Proche-Orient et le 26 juin, il annonce la signature dun accord de
coopration nuclaire avec Isral et lgypte. Schlessinger opre encore en coulisse. Il sera
nomm secrtaire lnergie. Chacun doit recevoir un racteur de 600 mgw et du
combustible, pour assurer lquilibre nergtique de la rgion 696. Le Parti National Religieux
et le Likoud accusent Yigal Alon de minimiser les consquences de cette vente. Dans les
dbats parlementaires, la Knesset sinquite que les ingnieurs gyptiens forms par les
Amricains ne relancent un programme ennemi. Mais avec le dnouement du Watergate, la
vente est remise sine die. Il existe bien sr des rumeurs sur la participation isralienne au
scandale, mais en sachant que Nixon, pro-isralien, est remplac ensuite par Ford, la thorie
parat exagre. En revanche, cest la suite de laffaire que Schlessinger est nomm la tte
de la CIA le 2 fvrier 1973.
Le 3 juillet, les tats-Unis et l'URSS signent le Protocole sur lABM et le Threshold
Test Ban and Protocol pour une dure limite. Si lon en juge par les accords secrets entre
loccident et ses deux pays, cette mesure contre la prolifration ne change pas grand-chose.
Tandis que les Grands sengagent rduire le nombre de leur ogives et ne pas dployer
dantimissiles en mer, dans lair et lespace, les puissances mineures dveloppent leurs
capacits dissuasives, pour recouvrir les objectifs de leurs grands frres respectifs. Dailleurs,
si certains des programmes sont dits clandestins , on en ignore aucun dtail comme le
confirme le NIE daot 1974697. Ces traits donnent aux deux grands une volont de dsarmer
le monde, mais chacun dentre eux sappuient en revanche sur les capacits dissuasives de
leurs allis.
695
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Le plateau du Golan tant scuris, Isral y installe des armes nuclaires dans des
silos698 ainsi que plus tard des mines nuclaires. Il sagit peut-tre dune rumeur pour
justement dissuader une attaque du Golan, car cela empoisonnerait pour des centaines
dannes les eaux montagneuses, moins que les charges soient neutrons. Les informations
ne sont pas sres. Ainsi, en 2000, le dput responsable des questions militaires la Knesset,
Ephram Sneh, rpondra : le rapport ayant propag cette information tait vritablement
stupide. La personne ayant crit cela, non seulement nen sait rien, mais ne comprend
rien 699. Cette dissuasion par la rumeur russit puisque la Syrie, depuis 1973, na plus lanc
dattaque. Cependant, ces installations, si elles existaient, seront dmanteles car la restitution
du plateau sera constamment en ngociation700. En revanche,
1974. Sur Isral, lire les pages 20-26 du rapport, dclass, mais censur dans une large partie.
698
Pascal BONIFACE, Lanne stratgique 2003, IRIS, p. 431.
699
Janes Defence Weekly, Sneh denies nuclear landmine report, 5 avril 2000, p. 6.
700
Ira CHERNUS, Alain COUTE, Youssef Abou SAFIA, Hans LEBRECHT, Universit de thologie de Boulder,
Colorado, mercredi 19 novembre 2003.
701
CIA, National Security Information, Research Study, managing Nuclear Proliferation: The Politics of
Limited Choisse, OPR 408, dcembre 1975, dclassifi le 21 octobre 2001. 45 pages, p. 13.
702
Departement of State, action memorundum, 15 octobre 1975, secret, Response to congressional questions of
Israels nuclear capability.
173
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lagreement of 4 april 1975 between the agency, Israel and the Etats-Unis for the
applications of safeguards703. Il sagit bien sr dun accord sur le nuclaire finalit civile,
bien que selon lIAEC, le pays ne produit par un seul mgw dlectricit. A quoi peut donc bien
servir cet accord? Pourtant, en 1977, Neeman souhaite ardemment la construction de
nouveaux racteurs, refroidis par un canal reliant les eaux mditerranennes et celles de la
Mer Morte, cela pour produire de llectricit. Le projet est remis sine die pour raison
budgtaire, en ralit pour raisons diplomatiques et scuritaires704. La mme anne, laccord
de lAIEA sous le code INFCIRC/249, est encore complt par lINFCIRC/249/Add1.
Dimona est nomm par lInternational Nuclear Facility Codes RTSG. . En 1979, le code
change en RTSL . Or, il apparat que ces deux codes sont utiliss en mme temps
notamment pour brouiller les pistes sur la fourniture de combustible. En effet RTSG dsigne
en fait le Technion alors que RTSL se rapporte Dimona. Or, le Technion, comme les autres
sites stratgiques israliens, hormis Nahal-Sorek, nest pas soumis lAIEA705.
AIEA, INFCIRC/249 | 28 Septembre 1977, The text of the agreement of 4 april 1975 between the agency,
Israel and the Etats-Unis for the applications of safeguards .
704
Freddy EYTAN, Les 18 qui ont fait Isral, Editions Alphe, 2008, p. 230.
705
Foreign Policy, Winter 1987-1988, p. 100-119, Heavy Water Cheaters, Gary MILHOLLIN.
706
United States of America, U.S. Senate Committee on Energy and Natural ressources, Energy and Scientific
Research, Development, Technology Deployment. 18 juillet 2001, Dr. Tom Cochran, director of the Nuclear
Program and hold the Wade Greene, Department of Energys Nuclear , Energy Research Advisory Committee.
707
Haaretz, 12 juin 1975, SHEV Zeev.
708
Dominique LORENTZ, op.cit., p. 301.
174
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accords de Camp David, mais lon ne sait sil y tait hostile sur le principe, ou parce que ces
adversaires politiques, en particulier Mitterrand, tait pour, et que le prsident y avait t tenu
lcart.
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technicien de Dimona contacte Washington pour monnayer ses informations. Se servant des
relations passes avec des physiciens nuclaires amricains, il leur rvle que son pays
rassemble une centaine dogives, et quen 1980, il y en aurait plus de 200, de faible
puissance712. Cette estimation parat toutefois, avec les rcents travaux, parfaitement
exagre.
A la fin de la dcennie, Carter autorise le Mossad consulter des images satellites
dinstallation sensible. En effet, pour rcompenser la bonne fois dIsral qui rduit ses
intransigeances Camp David, Carter lui octroit le privilge suprme dutiliser les clichs du
satellite KH-II lanc le 19 dcembre 1976. Mme lalli britannique ne bnficie de cette
faveur car Washington estime que lle est truffe despions sovitiques. La stratgie du
Pentagone consiste empcher quIsral ne fasse pression sur le Congrs pour obtenir des
fonds destins au financement de son propre satellite. Carter, en prtant ses satellites, ralise
des conomies mais surtout entend contrler lusage de ses images et espre ainsi tenir en
laisse son alli. Washington finance une station sur le sol isralien, permettant de recevoir les
images du KH-II. Nanmoins, Sharon affiche sa dception devant Allen en des propos trs
dures, car les informations reues doivent quand mme tre partages avec les Etats-Unis!
Ces photos sont toutefois exploites abondamment, confrant Isral le potentiel de menacer
tous les sites sensibles au monde, si la porte de leurs vecteurs le leur permet. Isral peut
dsormais consulter les images rvlant tout ce qui se passe 150 kilomtres lintrieur des
frontires de ses voisins, mais aussi vrifier aussi que le satellite ne lespionne pas lui
Isral, y figurant comme cible sous le nom de code KK . Hersh crit que cette dcision est
aussi motive par le fait que la CIA na pas prvue linvasion de lAfghanistan ni le coup
dtat en Iran. Aussi, la Maison Blanche privilgie les cellules actives du Mossad dans ces
deux pays, bien plus discrtes, au lieu de celles de la CIA. Nanmoins Carter prvient la CIA
que les images ne doivent pas permettre Isral deffectuer des reprsailles. galement, les
renseignements concernant lIrak, la Libye ou le Pakistan ne doivent pas tre utiliss car ce
sont des chasses gardes amricaines. Or, on le verra, Isral bombardera finalement Osirak
grce ses donnes satellites.
V.5 Larrangement nuclaire de Camp David
V.5.1 De lor pour lolivier: La paix contre l'atome
Le 19 novembre 1977, Sadate se rend en Isral pour reconnatre officiellement son
ennemi, lors dun mmorable discours la Knesset, et entamer en consquence des
pourparlers de paix. Il sait dsormais que loption militaire ne peut plus triompher. A en croire
Ezer Weizman, Sadate, lors de ce premier sjour en Isral, confie que ce qui lavait convaincu
712
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
de signer la paix tait justement limpasse atomique, quon lui aurait enfin prouve
discrtement713. Entre temps, pour dmontrer que Tsahal garde linitiative, Isral opre des
actions prventives au Liban. En mars 1978 est alors cre la UN Interim Force in Lebanon. Le
10 mars, le Congrs amricain vote le Non proliferation nuclear act introduisant le concept de
garanties intgrales comme condition sine qua non de toutes exportations nuclaires vers
un pays donn, signataire ou non du TNP et interdisant laccs au cycle du combustible714. Il
ne peut y avoir de drogation, sauf venant du Prsident. Et cest ce qui se produit le 5 aot,
par une seconde version de laccord sign Washington avec lambassadeur dIsral,
prvoyant la fourniture de deux racteurs de 1900 mgawatts. Un mme texte est sign avec
lgypte. L'amendement Symington-Glenn de 1977, interdisant laide amricaine aux pays
qui dveloppent larme nuclaire, nest donc pas appliqu car on prsente au Congrs la vente
comme une garantie de paix. Mais le Congrs la refuse.
En 1978, lgypte entame les pourparlers de paix Camp David. Les discussions se
dpartagent en accords dimension internationale, puis un an plus tard en accords billtraux.
A cette occasion, Sadate explique que son pays sest assez sacrifi pour la cause arabe, pour
une rciprocit pas toujours au rendez-vous. On sait que les pourparlers sont trs difficiles et
maintes reprises menacs dabandon. Carter tient tolrer les exigences israliennes car TelAviv est la plaque tournante des actions dendiguements contre les guerillas pro-sovitiques.
Dun autre ct, lgypte exige plusieurs revendications afin de quitter dfinitivement
lalliance avec Moscou. Pour cela, Sadate met dans la corbeille la livraison de secrets
militaires en autorisant les Etats-Unis inspecter son matriel sovitique. LIndonsie, en
rompant avec lURSS, avait nagure agit de la mme manire. La relative unit arabe contre
Isral se lzarde, dautant que la question palestinienne est aborde en vue dassurer
linstauration dune autorit autonome. En consquence, Le Caire est exclu de la Ligue
Arabe, et lOLP quitte lgypte pour Tunis, inaugurant en cela le Front du Refus. La Libye,
lAlgrie, la Syrie, lOLP, lIrak et la RDP du Ymen en forme le noyau. Lgypte se console
car il est dsormais considr comme bnficiant dun statut de partenariat similaire celui
des membres de lOTAN limage du Japon, de la Core du Sud, de lAustralie et dIsral.
Lorsque Sadate soumet le dossier du nuclaire isralien, ltat hbreu refuse le
dialogue, arguant que la bombe est une garantie de paix supplmentaire715. Les chercheurs
Shlomo Aronson et Oded Broch estiment que durant ces pres ngociations, ni Carter ni
Sadate ne purent faire pression pour quIsral fasse la moindre concession sur son arsenal
nuclaire716. Isral s'engage seulement conserver son programme sans le dvelopper. Selon
713
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720
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CHAPITRE IV
DU JERICHO II AUX ESSAIS NUCLEAIRES :
LE PARTENARIAT SUD-AFRICAIN
Le 18 juin 1979, Carter et Brejnev signent SALT II Vienne. Contraint de respecter en
faade la non-prolifration, loccident va sous-traiter ses optimisations nuclaires en RSA.
Mise progressivement au banc des nations en raison de l'apartheid, la RSA maintient des
ambitions de premire puissance de lAfrique subsaharienne. Pretoria dcide de crer un
programme NBC et balistique ambitieux, avec Isral notamment, sous le sceau fallacieux de
la clandestinit. Lors des procs Pollard et Vanunu, le parquet fournit la Cour des documents
prouvant qu'Isral partageait avec l'Afrique du Sud des technologies nuclaires722. Pourquoi
ces deux pays aussi loign gographiquement et culturellement vont-il collaborer? Il rsulte
de la volont occidentale de sanctuariser une source en matire premire stratgique (incluant
toute lAfrique australe) afin de la protger de la menace de la pousse marxiste exacerbe par
laide cubaine.
I Une alliance dintrt
Dans les annes 1950, lAfrique du Sud (RSA) possde les troisime rserve
duranium au monde. Prenant en conscience les potentialits de Pretoria, Isral tabli une
lgation dans le pays ds 1952, qui en 1974, est promue au rang d'ambassade. Les deux tats
communiquent dabord par lintermdiaire dune communaut juive estime de 50.000
personnes723 120000 par la CIA724, population qui, plutt conservatrice, soutien le Likoud
par des dons, et refuse de condamaner lapartheid725. Cette population compte, en 1972, 4
membres au Parlement et 12 membres au conseil provincial. Les similitudes entre les deux
tats ne manquent pas : la colonisation britannique, le mythe de la terre promise mise en
valeur par leffort et protge par les armes, lamiti culturelle entre les juifs et les protestants,
l'exprience des camps de concentration, une multi-ethnicit, une confrontation avec des tats
pro-marxistes, la volont dempcher lgypte dtre le leader du tiers monde africain et le
combat contre le terrorisme. Ce qui les unit, cest la convergence de vues sur leur situation
respective : Isral fait face lhostilit arabe et lAfrique du Sud doit contenir celle des
noirs ?726. Ils se considrent comme les rares tats dmocratiques et dvelopps du tiersmonde. Lhistorien Weinstock note :
722
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Les relations isralo-sud-africaine se justifient non seulement parce que les deux pays ont des
projets nuclaires, mais aussi cause de lintrt commun quils ont sur le continent africain et de
leurs rapports avec lOccident : Pretoria et Tel-Aviv craignent de perdre lappui des puissances
occidentales. Do la volont de se constituer un bouclier atomique autonome. Cette identit de
vues [] avait dj t reconnue durant les premires annes de ltat juif par Ben-Gourion et
Malan, premier chef dtat visiter ltat hbreu 727.
Sud ? , 13 mai 2004, Alhadji Bouba NOUHOU, Cycle de confrences sur les relations entre Isral et lAfrique du
Sud, CETIM et IUED.
727
F. H. FISH, Palestine Diary, Londres, 1938, cit par Nathan Weinstock, Le Sionisme contre Isral, Cahiers
libres 146-147-148, Paris, Franois Maspero, 1969, p. 161.
728
Aujourdhui, elle sappelle NECSA (South African Nuclear Energy Corporation), situe Pretoria.
729
Dominique LORENTZ, op.cit., pp.196-199.
730
Seymour HERSH, op.cit. p. 269.
731
Matti GOLAN, Shimon Prs, a biography, New York, St Martins, 1982, pp. 93-94.
732
Seymour HERSH, op.cit., p. 166.
733
Gordon THOMAS, op.cit., p. 294.
182
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dcision, ce qui provoque des dbats la Knesset. Ben-Gourion sen explique par un
mensonge:
Jusqu 1960, Isral a refus de condamner le rgime dapartheid pour viter aux Juifs sudafricains de subir les consquences de cette condamnation. Mais, aprs 1960, Isral a chang de
position. Il a condamn le rgime dapartheid parce quil ne voulait pas, en tant qutat, saliner
le soutien des tats afro-asiatiques (les non-aligns). [] Nous savons que le gouvernement sudafricain nen voudra pas aux Juifs sud-africains, mais ltat dIsral. Si la vie des Juifs sudafricains tait en danger, nous nous serions abstenus734.
Cela nempche pas, 8 mois plus tard, lEurope et les tats-Unis dexporter vers le
pays de la technologie civile . Washington vend le racteur Safari I ainsi que, par la suite,
100 kg duranium trait, avec laccord de lAIEA735. En 1964, au moment o la succursale de
lIAEC Paris ferme, des ingnieurs allemands, canadiens, amricains, australiens, israliens
et franais prennent leurs quartiers Pretoria et terminent le premier racteur. Une rumeur
reste cependant vrifier. Dans son ouvrage, Bertrand Goldshmidt livre cet pisode avec un
ton assez ambige:
Quatorze ans auparavant, lors de ma visite dans ce pays pour ngocier le grand contrat dachat
duranium par la France, la presse locale avait annonc que le but de ma mission tait de
rechercher un centre dessais nuclaires pour remplacer celui du Sahara, destin tre vacu par
les Franais du fait de lindpendance de lAlgrie. Une interpellation par le futur Premier ministre
travailliste Harold Wilson avait mme et lieu la Chambre des Communes sur cet objectif
fantaisiste de ma visite en Afrique Australe736.
Michael BRECHER, The Foreign Policy System of Israel, op. cit., p. 234.
David ALBRIGHT, South Africas secret nuclear weapons, p. 2. Albright fut inspecteur au sein de l'AIEA.
736
Bertrand GOLDSHMIDT, op.cit., Fayard, 1980, p. 223.
737
Dominique LORENTZ, op.cit., chapitre 9.
738
Nathan WEINSTEIN, Le sionisme contre Isral, op. cit., pp. 154-155.
739
Barbara ROGERS et Zdenek CERVENKA, The Nuclear Axis: The Secret Collaboration Between West Germany
183
735
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Pretoria Cet change de procd met en exergue une prolifration nuclaire voulue et
encadre par les chancelleries occidentales, ce qui remet en cause ce postulat : Isral et la
RSA, condamns par lONU, mnent en raction un programme clandestin de dissuasion pour
leur seule scurit. Avec l'aide de Bonn, la RSA dveloppe un procd d'enrichissement par
tuyres et construit Valindaba, au dbut des annes 1970 une copie de lunit
denrichissement de Karlsruhe. Jusquen 1967, un racteur fonctionne sous lgide de lAIEA
Pelindaba. Le programme NBC bnficie aussi dune myriade dtats tiers et de socits
crans. On peut galement parler, concernant la RSA (plus tard la Core du Nord) dune
nouvelle forme dtat : ltat cran 740, servant concevoir ou acheter des armes non
conventionnelles afin de les revendre aux tats voyous de lpoque.
and South Africa, New York, 1978, Times Books, pp. 325-328.
740
Nicolas TNZE, op.cit., Premire partie. .
741
David ALBRIGHT, South Africas secret nuclear weapons, p. 3.
742
Seymour HIRSH, op.cit., p.271.
743
David ALBRIGHT & Corey HINDERSTEIN, Sud Africa Nuclears weaponisation efforts, success of the SmallScale, Institute for Science and international security, 13 septembre 2001.
744
Gordon THOMAS, Histoire secrte du Mossad de 1951 nos jours, op.cit., p. 294.
184
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Fanie Botha, (qui remplace Piet Koornhog opposant la vente), Pretoria accepte de vendre
galement 50 tonnes duranium745.
En 1973, deux super-ordinateurs amricains sont vendus au centre de recherche de
Velindaba. Selon les services sovitiques, la filiale amricaine Gamma Systems Associates de
la firme International Signal Corporationy vend aussi de la technologie balistique746. En
1974, les Etats-Unis sapprtent honorer une commande pour la construction dun racteur
General Electric assorti de la livraison duranium enrichi. Ladministration Carter, oppose
aux prolifrations ostensibles, rend ce march caduque, mais le lobby industrialo-militaire
amricain li celui dIsral trouve une parade en livrant du combustible et de la technologie
nuclaire par lintermdiaire de socits suisses, belges et franaises747. Cela nchappe pas au
Dpartement dtat qui suit de trs prs le programme. Le NIE annuel dtaille en effet le
projet sud-africain mais le censure conscienseusement en ce qui concerne les participations
amricaines et israliennes alors que la France y est accuse de collaboration748.
En 1975, lAngola et le Mozambique accdent lindpendance dans la douleur et
sorientent vers Moscou et La Havane, ce qui ne fait quacclerer les recherches. Les EtatsUnis, le Gabon, le Zare, lAfrique du Sud, le Maroc et Isral soutiennent lUnita antimarxiste
de Jonas Savimbi, dont la gouvernance est pourtant critique par le Parlement europen. Le
gouvernement sud-africain, isol face ces pays dits de la ligne de front, opre donc avec
Isral deux essais nuclaires dans le dsert du Kalahari749, la fois pour dissuader les
incursions pro-marxistes mais aussi pour forcer lgypte, alors en plein discussion camp
David, la paix avec Isral, qui ainsi dissuade en secret. Dans le mme temps, Velindaba,
Isral teste avec succs le fameux procd denrichissement par corage de jet gazeux, dit
hlikon750. La collusion entre Pretoria et Washington est dcouverte et dnonce par le
Congressionally-mandated Clark Amendment. En consquence, les Etats-Unis sont obligs de
rompre le contrat sur le nuclaire civil751. Les tats-Unis respectrent les dcisions de lOnu,
745
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
ainsi que la France qui, en 1972 et en 1975, sengage ne livrer que le matriel dj
command752. Mais les socits crans prennent le relais.
Le 31 mars, Prs aurait propos Botha et au chef du QG en chef le Lieutenant
General RF Armstrong la livraison de missiles. La discussion, rvle par The Guardian
concernait trois tailles dogives, correspondant en fait un nom de code dsignant des
ogives conventionnelles, nuclaires et chimiques, prouvant quIsral matrisait dj pour elle
cette technologie. Elle est bien sr nie par Prs Isral na jamais ngoci de transactions
sur les armes nuclaires avec lAfrique du Sud753. En 1976, toutefois, Vorster se rend en
Isral et, selon un rapport de la CIA754, scelle sept contrats nuclaires et militaires. Les
accords portent sur un partage des richesses naturelles, lapprovisionnement en uranium et
enfin la lutte contre le terrorisme et le communiste. Le rapport dclassifi est constell de
passages censurs, mais il est fait mention de collaboration balistique, de construction
commune de sous-marins propulsion nuclaire Durban, de construction commune de
missile de croisire Gabriel et de trafic duranium. Les transactions sud-africaines avec Isral
et loccident se font en gnral par des exportations dor et de diamants 755. Isral obtient le
monopole sur la taille de diamants sud-africains dont les devises financent indirectement le
programme. Ces paiements en nature sont dautant plus apprcis quaprs les chocs
ptroliers, les monnaies se dvaluent. Le 21 mai, devant la Commission des Affaires
trangres du Snat amricain, une responsable du Dpartement dtat confirme lintention de
Washington de vendre deux racteurs nuclaires, par lintermdiaire de Paris et Berlin, ainsi
que par General Electric et des firmes nerlandaises et suisses756.
La France livre une partie de son savoir-faire au travers des contrats passs avec un
consortium, dans lequel on trouve Framatome, Spie-Batignolles, Hispano-Suiza et Alsthom.
Washington, surpris de lampleur de cette aide, essaye de rduire la vente par Paris de deux
racteurs de recherche Westinghouse pour le site atomique de Koeberg, alors que des savants
atomistes sud-africains entreprennent, au su de tout le monde, des stages au centre de Saclay.
Aux critiques des adversaires de lapartheid, Raymond Barre rpond que les Sud-africains
avaient dj une capacit nuclaire militaire relle et que la livraison de ce racteur ne
changerait rien 757. Paris a dj consenti livrer de petites quantits illicites 758
752
Pierre VIAUD, LAfrique et la guerre nuclaire, Paris, Edigeon, 1984, 274 p, p. 45.
The Guardian, 24 mai 2010, Revealed: how Israel offered to sell South Africa nuclear weapons. Daprs
louvrage de Sasha POLAKOW-SURANSKY, The Unspoken Alliance: Israel's secret alliance with apartheid South
Africa.
754
CIA, Africa review- South AricaSouth Africa- Israeli status of relations, 8 juin 1981.
755
Entretien ralis avec Jacques Pechamat, ingnieur en armements, 6 septembre 2009 lIHEDN Toulouse.
756
Dominique LORENTZ, op.cit., p. 369.
757
The Washington Post, 18 fvrier 1977, p. 28, cit par PABIAN reprenant les travaux de Bissel, p. 109.
758
David ALBRIGHT, South Africa's Secret Nuclear Weapons, p. 4.
186
753
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dhexafluoride duranium. Pretoria nie les usages militaires de son programme et refuse toutes
inspections au motif quelles pourraient remettre en cause la scurit de ltat759.
759
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anti-apartheid ne rejoignent pas la cause marxiste. Ainsi aid, le budget annuel accord la
dissuasion passe de 5,9 7,4 millions de dollars765. Si le Congrs refuse de passer outre le
Clark Amendment, qui interdit une aide technologique, Kissinger rencontre notamment
Vorster. Le fondateur du programme sud-africain, le docteur A.J Roux, rappelle le rle initial
des Etats-Unis : nous pouvons attribuer notre degr davancement actuel, dans une large
mesure, par la formation et lassistance voulue des Etats-Unis durant les premires annes de
notre programme 766!
Le 30 juillet, le satellite sovitique de surveillance Cosmos dcouvre un site d'essai
nuclaire dans le Kalahari, Upington767. Moscou informe immdiatement les tats-Unis, la
France, le Royaume-Uni, lAllemagne (cest--dire certains membres du NSG) que la RSA
sapprte essayer des armes nuclaires sous-terre. En ralit, les satellites amricains, pour
le compte de la CIA, observent dj rgulirement lendroit, inscrit sur le liste des
observations habituelles. Il tait dailleurs crucial que les Etats-Unis soient les premiers au
courant des effets de leurs aides. Selon le Commodore Dieter Gerhardt, la duplicit
amricaine se rvle lorsque les Sovitiques demandent Washington, ds 1976, darrter
toute coopration avec ce rgime et dautre part de faire pression sur celui-ci pour quil stoppe
ses activits nuclaires. Des informations fuitent vers le Washington Post: il est
pratiquement certain 99% que la construction (des infrastructures pour le tir) est une
prparation pour un tir nuclaire 768. La RSA nie bien sr toute responsabilit. Dans son
ouvrage sur lhistoire politique de la prolifration, Goldshmidt, le grand duc international
du nuclaire, qui trouve le moyen de rduire le cas isralien deux pages sur les 480 que
compte son livre, emploie cette formule diplomatique propos des premiers tests dUpington:
Si lhypothse avance tait exacte, ce qui semblait assez douteux, on se serait trouv pour la
premire fois devant le cas dune explosion ni revendique, ni attribuable, ralise par une
puissance nuclaire voulant incriminer une des puissances non nuclaires, soit par une de ces
dernires (RSA ou autre) voulant garder lanonymat769. Isral nest pas expressement
nomm, mais il est difficile de ne pas y penser. Les dtails et les pistes suiscits par cette
confession font offices daveux. Deux mois plus tard, Pretoria plie. Le test est avort, les puits
sont combls. Carter triomphe officiellement: LAfrique du Sud nous a inform quelle ne
possde pas, et quelle na pas lintention de fabriquer des engins explosifs nuclaires, ni des
fins pacifiques, ni des fins militaires 770. Une compagne de presse est organise pour
765
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
189
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775
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
CIA, Deputy director for National Foreign Assessement, 21 janvier 1980, Note for the honorable Ralph
Earle, director US Arms Control and Disarmement Agency, the 22 septembre 1979 event.
784
CIA, ibid.
785
Formule de Fred Ikl, en 1961. Politique trangre, L'arme nuclaire au XXIme sicle , Janvier 2007,
Thrse DELPECH, pp.181-189.
786
Associated Press, 22 fvrier 1980, Israel Denies It Tested Nuclear Bomb .
191
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
les premires explications en juillet, qui concluent que le flash nest probablement pas issu
dune explosion nuclaire et peut rsulter dun reflet de soleil sur le bord de la camra, de
la consquence dun impact de mtorite ou dun dbris de satellite! Le Nuclear Intelligence
Panel fournit un rapport contraire, mais qui est finalement dtruit. Donald Kerr, responsable
de programme de Dfense au secrtariat lnergie dira plus tard que la commission Carter
avait t cre pour juste confirmer la thse officielle787.
Le 15 septembre, un autre essai nuclaire est repr par le Vela788. En 1981, le satellite
Tiros-N confirme l'explosion. Les caractristiques d'une bombe nuclaire ne sont pas
prsentes. La Mission Research Corporation conclue que toutes les options sont possibles
mais celle du nuclaire est vraiment improbable pour nous. Nanmoins, en mauvais tat, le
satellite ne fournirait que des donnes contestables789. Dans les deux cas, si cette explication
nuclaire est rfutable, la prsence de la flotte isralienne dans les parages est suspecte. Aussi,
devant la presse qui bien vite se montre curieuse, Reagan referme prestement le dossier790. Le
secrtaire dtat amricain aux Affaires africaines, Chester Crocker791, conseille de mnager
discrtement Pretoria, producteur de minerais stratgiques comme le vanadium792. Devant les
injonctions du Congrs, les experts estiment donc que punir le pays reviendrait linciter
dvelopper sa propre politique de dissuasion avec laide de pays peu recommandables et que
la RSA est encore plus dangereuse en dehors du TNP que dedans793! Aussi, les tats-Unis
demandent, en change de leur aide secrte, que des inspecteurs exclusivement amricains
puissent suivre lvolution du programme pirate en visitant notamment Valindaba, une
supplique qui rappelle trangement celle concernant Dimona
Avec le temps, ces essais divisent encore. En 1988, le journal Al Ahram prtend que
les deux essais taient le rsultat dune initiative commune entre Isral, lAfrique du Sud, la
Norvge et la France, ce qui expliquerait en partie le pourquoi des bases scientifiques en
Antartique charges dtudier les effets des radiations794. En 1991, Seymour Hersh795 attribue
lvnement Isral. Lessai repr tait le troisime dune srie de test dobus atomiques. Le
20 avril 1997, Haaretz rvlera par selon les confidences dAzis Pahad, vice-ministre sudafricain des Affaires trangres du gouvernement de Nelson Mandela, quIsral avait
effectivement aid la RSA dvelopper larme nuclaire et que lessai tait bien
787
Seymour HERSH, The Samson Option, Random House Inc.: New York, 1991, p. 280.
Situation stratgique mondiale 1981, IIES, Berger-Levrault, 1981, p. 205.
789
LArche, octobre 1997, Dissuasion nuclaire et armes chimiques , p. 35.
790
Leonard SPECTOR, Going Nuclear, op. cit. , p. 222.
791
Chester CROCKER, Hight noon southern Africa: making peace in a rough neighborhood, New-York, Norton &
Compagny, 1992, p. 8.
792
Mtal rsistant la corrosion, entrant dans la composition de nombreux alliages partir du titane et de
luranium. A lpoque, lURSS et la RSA en produisaient les trois-quarts dans le monde.
793
Franck PABIAN, op. cit., p. 6.
794
United Press International, 12 fvrier 1988. Egyptian Newspaper Says Israel Test Nuclear Device .
795
Seymour HERSH, Loption Samson, Ibid.
192
788
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
isralien: Nous voulions obtenir le savoir nuclaire de nimporte qui, et aussi dIsral.
Lancien chef dtat Major de larme sud-africaine, Constand Viljoen, ajoute: Nous
voulions obtenir des renseignements nuclaires de tout le monde, y compris des Israliens.
C'est ainsi qu'il en avait t dcid et c'est ainsi que nous avons agi 796. Face cette
rvlation, le ministre de la Dfense isralien de lpoque rtorquera au journal que le
pass ne l'intressait pas et qu'il n'y avait pas lieu de fouiller et d'exhumer les cadavres du
placard . Pour Lorentz (2001), lessai ntait ni sud-africain, ni isralien, mais bien au
bnfice de plusieurs pays occidentaux. Il ne sagissait pas dune arme banale mais au
contraire dune bombe atomique ultrasophistique, qui ne pouvait tre test que dans les
airs797, peut tre une bombe neutrons pour paralyser les systmes lectroniques. Pour sa part,
le magazine lArche indiquera que cette bombe tait isralienne et non sud-africaine, car
Pretoria ntait pas en mesure de raliser cet essai. Des tirs de missiles taient galement
mens partir de lle Marion798. Enfin en 2005, Samuel Cohen ne confirme ni ninfirme la
nationalit de lessai, mais pense qutant donn que lAfrique du Sud tait particulirement
quadrille par les satellites des deux blocs, il tait fort peu probable quIsral ait
dlibremment choisi dopter pour un essai discret799. Donc, soit il ne sagit pas dun test pour
Tsahal, soit Isral a volontairement effectu l son test... pour dissuader, en sachant que
linformation serait relaye dans les pays arabes. Et cest srement la raison pour laquelle
lgypte finit par signer les accords de Camp David. Aucun expert na fait ce rapprochement
vident. Cet essai commun permettait Isral de contourner linterdiction de tests et dviter
de sortir de lambigut toute en dissuadant Aujourdhui, lorigine isralienne de lessai
incrimin ne fait plus de doute: cest Isral.
193
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
800
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mexplique que Ronald Reagan envoie Vernon Walters pour une question bilatrale
extrmement sensible (manuvre navales amricaines en Mditerrane en vue dune
intervention au Liban ? Rien nest prcis). Il demande tre reu seul, sans autre amricain,
par Franois Mitterrand et Jacques Chirac, sparment ou ensemble 805. Sil sagit daccord
bilatral en mer, cela ne peut sagir que dIsral ; Le 14 septembre 1989, un autre Jericho-2
franchit 1300 km. En octobre, Vastrap laisse dcoller une autre version qui atteint les 1450 km
en plongeant aux encablures de lle du Prince Edouard806. Linformation est reprise en 1992
par lU.S. Department of Commerce qui crit noir sur blanc que Pretoria dispose dArniston
ET de Jericho-2 !807 Lun deux est tir 400 km au nord de la Libye, afin de constituer un
avertissement pour Kadhafi. En 1989, lUS Arms Control and Disarmament Agency estime
que lobjectif futur est la menace du sud de lURSS808 car depuis la crise des missiles de
Cuba, les Etats-Unis ont retir leurs missiles de Turquie. Cest Isral que ce rle est
dsormais dvolu. La porte est finalement fixe 1500 km lors dun autre test en avril 1990,
pour une charge utile dune tonne.
Les RSA-1 et 2 permettent denvisager ltude des missiles longue porte RSA-3 et 4
(driv du lanceur spatial isralien Shavit). Une version mirve est en projet. Considrant ces
performances peu satisfaisantes, un Jricho II-B est mis en chantier pour atteindre une porte
de 2500- 2800 km809 voire 3500 km, bien quune polmique subsiste sur sa porte. Le RSA-3/
Jericho-2B est dvelopp par la Houwteq organisation Grabouw, situ 30 km lest du
Cap. A la fin des annes 1980, l'Afrique du Sud prpare un trs puissant RSA-4. Driv du
RSA-3, il est programm pour porter 700 kg 4000 km. Ce missile aux performances
intercontinentales et spatiales, carburant solide, engendre la cration dune agence spatiale
locale (R5b) sur le modle de son homologue isralienne lASI, afin de dissimuler, sous une
couverture civile, les ambitieux paramtres militaires du vecteur. A la fin du programme
balistique sud-africain en 1993, un test a lieu en Isral en avril 1995 et en 1996, et un avort
en janvier 1998, les derniers en date tant ceux du 6 avril 2000 et du 27 juin 2001 partir du
pas de tir de lanceurs spatiaux de Palmahim. En avril 2000, ce sont des Jricho 2-B qui sont
tests en Mditerrane proximit dun btiment amricain810. Mais contrairement ce
quavance le Wisconsin Project on Nuclear Arms Control qui pense que les Etats-Unis
navaient pas t avertis, il est probable que la VIme flotte avait pour tche de superviser les
essais. En 2008, les dernires modifications sont apportes. LIRBM porterait alors 750 kg
805
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entre 1800 6500 km811. 50 Jericho-2 seraient stocks Sdot Micha (escadron 150, 199,
248), 50 autres Zechariah, dans des silos souterrains.
815
africains et que des missiles taient fournis Pretoria pour protger des mines duranium de
Namibie dactions rebelles. Cette thse parat peu plausible. Pas mme les Amricains ne
pouvaient entrer dans les parties stratgiques du racteur, du moins officiellement. Selon un
rapport de lONU datant de 1983, le pays parvient dtourner certaines importations
amricaines stratgiques comme des machines (ordinateur Cyber 170-175) et de lhlium-3
pour un usage militaire. Pour optimiser les essais et les analyser, les ingnieurs se servent
dappareils de radiographie et de camras ultra-rapides du centre dvaluation de Boskop,
dirig par Nashem, une filiale de lARMSCOR, le coeur militaire du pays cre en 1968, et faite
11me firme militaire mondiale dans les annes 1980.
En paralllle, la RSA, bien que non membre du NSG, sengage dans une politique
progressive pour intgrer le TNP et ses principes816. En dcembre 1983, lorsque lONU
condamne les actions sud-africaines en Angola, les Etats-Unis sabstiennent de voter pour.
Car dans le mme temps, la RSA envoie aussi des armes aux Contras817. Pour donner le
change, le 9 novembre, la Chambre des Reprsentants amricaine adopte lanti apartheid act
prohibant toute coopration de quelque forme que ce soit jusqu une ventuelle signature par
810
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la RSA du TNP. Cette loi est examine par le Congrs en 1986 et entre en application le 1 er
janvier 1987. Laccord est respect, hormis une aide technique afin de ... scuriser les
installations pour viter quun accident radioactif ne menace la population, ce qui constitue
une porte ouverte pour dtourner laccord vers le nuclaire militaire818. Margareth Thatcher
laisse chapper : Cest lindustrie qui a permis de contourner les rigidits de lapartheid. Le
dialogue permet davancer beaucoup mieux que lexclusion 819. Mais Attali commente de
son ct : Avec beaucoup de retard sur la France, et malgr lopposition Des britanniques,
les dix pays de la CEE dcident de rappeler leurs attachs militaires en RSA et refusent
daccrditer les attachs militaires. Un embargo est institu sur les exportations et
importations darmes et de matriel paramilitaire, sur les exportations de ptrole et de matriel
sensible. Des mots Qui le fera vraiment ? Nous sommes en septembre 1985 En janvier
1986, il ajoute : La dcision de boycott de lAfrique du Sud, prise en grande pompe il y a
trois ans, nest applique par personne, ni par la RFA, ni par les Anglais. Ni mme par la
France. Seuls les Belges et les Luxembourgeois lon respecte820. Paris fait un geste en mai
1986, le rappel de lambassadeur. Mais les vritables intermdiaires y suppleront. Le 30
janvier 1987, Chirac glose aussi sur lembargo : Je ne crois pas du tout lefficacit des
sanctions. Cest une faon, pour les protestants hollandais, de se donner bonne
conscience 821. Pour les chercheurs spcialistes Bissell et Albright, les effets de lembargo
international sur le programme sont pratiquement nuls, le retardant seulement. Albright, qui
visitera dans les annes 1990 le complexe dAdvena en tant quinspecteur de lAIEA,
remarquera que les installations taient trs simples et modestes, et que certains lments
provenant dEurope se trouvaient sur les listes des produits soumis au contrle international.
Lembargo sera effectivement inefficace pour ce pays au sous-sol trs riche, aux effectifs
qualifis venus dEurope et dIsral, et disposant dun tissu industriel consquent. Ds lors, il
est probable que les mesures de rtorsions taient dcrtes parce que lon savait leur relative
inutilit.
Entre septembre 1987, les autorits commencent la construction de deux rampes
dessai dans les sites du Kalahari, rouverts pour loccasion, pouvant servir de pas de tir face
au front angolais (border war), au cas o le cessez-le-feu avec Cuba, rcemment conclu, serait
rompu. En aot 1988, Botha annonce, lors dune confrence de presse de lAIEA Vienne en
vue des ngociations sur le TNP, que son pays est capable dassembler une arme
nuclaire, sans prciser de dtails. Durant toute la dcennie, chaque fois que lAIEA
sapprtera agir contre la RSA, celle-ci annonce toujours sa bonne volont pour ngocier et
818
197
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
signer le TNP, une stratgie typiquement isralienne. En septembre 1985, le prsident Botha
confirme que le programme sera limit sept engins fission (bombe A). Le dveloppement
des dispositifs au plutonium, la production de lithium-6 et de tritium seront stopps jusqu
latteinte de cet objectif. Or, ces matriaux servent concevoir surtout des bombes H et N. Il
aurait aussi confirm le dveloppement titre exprimentale de la bombe neutrons. Pierre
Razoux822 affirme que ce sont les Amricains qui fournissent Isral la technologie de la
bombe H et N en change des accords de camp David. Mais il semble que lauteur tort, car
tout porte croire que Tel-Aviv lai obtenu sans leur aide. Aussi appele bombe
rayonnement renforc, ce nouvel outil dissuasif permet de dtruire les tissus organiques et
daffecter le fonctionnement de composants lectroniques, avec des retombes radioactives
minimes (elles disparaissent 48 heures aprs) pour une porte de souffle rduite de moiti
(700 900 mtres).
Cest Samuel Cohen, ingnieur au Lawrence Livermore National Laboratory, et
participant au projet Manathan qui dcouvre son principe en 1958. Il recrute lexpert Herman
Kahn pour la matrialiser. Elle est teste en 1963 dans le Nevada, aprs la rupture du
moratoire sur les essais nuclaires en 1961 par l'URSS. Cohen prne son emploi au Vietnam,
sans succs. Remise par Jimmy Carter ( cause du toll contre une arme qui ne sattaquait
quaux tres vivants!), larme est ramorce par Reagan. Ainsi, en 1982, un canon de 155 mm
est invent pour lemployer, la charge neutron tant davantage une arme de thtre que
stratgique. Elle est nouveau remise en cause par Clinton, et enfin rtudie par Bush. La
France sen dote en juin 1980 sans que lon sache si Isral y a particip. Il est possible
quavec la RSA et dautres pays, Isral dveloppe des obus ou des petits missiles
correspondants effectivement la puissance des bombes N, soit de un quelques kt. De plus,
lengin a besoin de tritium, et Isral en a import. Pour Isral, cette arme est adapte sa
situation, sa gographie et son environnement: explosion et radioativit plus rduites,
capacit endomager des missiles ennemis en affectant leurs lectroniques, dtruire les
quipages de blinds (dont lennemi possde la supriorit numrique).
Interrog en 1985 par un journaliste, Samuel Cohen indique clairement: Il ne fait
aucun doute que la Chine et Isral construirent leurs propres bombes neutrons, employant
probablement des informations qui ont filtrs par nous, dans loptique de stabiliser leur
situation par leur dfense. Si cela est le cas, ces nations sont maintenant quipes avec des
armes suprieures celles que nous avons823. Cela corrobore les rumeurs dalliance nuclaire
entre la Chine et Isral dans ce domaine. Samuel Cohen ne dit pas autre chose, mais suppute
que les USA aurait facilit lespionnage afin de doter Pkin de la bombe neutron dans
822
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loptique dun conflit sino-sovitique. Isral naurait t que lintermdiaire (dont Pollard), en
bnficiant au passage des brevets. A moins que ce soit la Chine qui ait prolifr ensuite vers
Isral. Cohen dit quil est curieux que ni la CIA, ni le FBI ne russirent arrter les espions,
ce qui parat suspect. En effet, officiellement, jusque au dbut des annes 1990, seuls les
tats-Unis et Isral disposaient de cette bombe. Mais suite au DNC/Chinagate (1993-94), la
Chine avoua en 1999 qu'elle en disposait depuis les annes 1970. On accusa galement
l'Afrique du Sud et la France den avoir vendu la technologie. Cohen travaille en France entre
1979 1980824, ce qui indique que la collaboration internationale en la matire ne cessa pas.
Cohen fut dcor de la mdaille de paix par le pape Paul VI qui y voyait une arme dissuadant
la guerre pour une nocivit moindre que les bombes atomiques classiques825. Lpiscopat
franais rptera dailleurs cet vangile la dissuasion nuclaire est moralement
acceptable 826 ! Isral disposerait aussi ds les annes 1980 dune rudimentaire bombe EMP
( impulsion magntique), moins radioactive et qui pargnerait non seulement les btiments et
les vies, et qui naffecterait que les circuits informatiques. Une arme trs proche de la bombe
N. Cohen rvle quen tant quardent supporter dIsral , il se rendit en Terre Promise
dans un Institut . L, il bauche la tactique suivante : laide de bombes neutrons,
menacer de crer une barrire radioactive tout autour dIsral avec un largage par avion ou
par tirs dartillerie courte porte et semployer construire un racteur nuclaire gant pour
se faire827. Il cible bien les blinds arabes.
823
Charles PLATT, aot 2005, The Profits of Fear, Prologue: Nuclear News on Route 66. Sam COHEN,
Confessions of the Father of the Neutron Bomb, Los Angeles, 2006, 288 pages, 3me dition, pp. 137-182,
824
Samuel COHEN, Confessions of the Father of the Neutron Bomb, op.cit., p. 164.
825
Le Canard Enchan, 10 dcembre 2008, Sarko sous-aliment chaque jour en information terroristes .
826
Jacques ATTALI, Verbatim I, op.cit., p. 533.
827
Samuel COHEN, Confessions of the Father of the Neutron Bomb, op.cit., p. 59.
828
Franck PABIAN, op. cit. , p. 18.
199
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instituts de recherche en Irak, en France, en Suisse, aux tats-Unis, en Chine, en Libye et plus
tard en Core du Nord.
De Villiers supervise la Chemical Defense Unit. On sait aussi quun certain docteur
Kelly, un britannique collaborant avec lIIBR, participa au projet Coast, raison pour laquelle il
fut assassin pour le compte de la DGSE, le 18 juillet 2003, au moment du procs Basson et
du dsarmement biochimique de lIrak pour viter quil ne parle841. Leffort gnral est men
par le Coordinating Management Commitee, divise en une branche financire, une autre sur
lopacit, et une troisime sur les aspects techniques (Basson). Llimination des lments
subversifs est confie la Z Squad, la Bernacle Unit et au Civil Cooperation Bureau. Le
CCB est chapeaut par RJ Botha, Joe Verster, Charlie Krause et Jos Daniels, dont les
sombres agissements stendent lempoisonnement des puits de rebelles namibiens et
angolais. Berche recense une vingtaine de victimes parmi les cadres de lANC, dont Mandela
(ensuite gurie). Loperation Dual, partir de 1979, est paule par la South African Police (
partir de la ferme secrte de Vlakplass) et la Trewits, qui reoit des produits de la South
African Medical Service. Basson parlera en 1989 de recherche concernant les aspects
fondamentaux de la guerre chimique et biologique offensive pour tablir la capacit
industrielle afin de produire des quipements biologiques et chimiques de dfense et
dattaques 842.
Le 30 aot 1983, Viktor Vinogradov, journaliste la revue officielle du ministre de la
Dfense de lURSS Krasnaya Zvezda, est le premier accuser les forces ariennes de la RSA
et dIsral davoir mis au point, ensemble, une arme bactriologique ciblage ethnique,
cense agir contre des populations aux gnes diffrents, cest--dire ici des noirs et des arabes.
La BBC relaie linformation puis, pendant de longues annes, hormis quelques
conspirationnistes, personne ntudie la question, bien que des revues scientifiques jugent la
chose thoriquement possible843. Cependant, nous sommes en pleine guerre froide, lURSS et
Cuba affrontent les troupes de Pretoria en Afrique australe, et ces informations, pense t-on,
relve de lintoxication, tant les prsupposs connexes sont nausabonds. Cependant, un
rapport secret de la CIA adress au secrtaire dtat la Dfense William Cohen, conclut, la
fois sur le programme sud-africain et isralien sur cette sinistre arme, que malgr le stade
prcoce des recherches, lintention fut claire : Exploiter la capacit des virus et des bactries
modifier lADN lintrieur des cellules vivantes de lorganisme-hte 844.
Le 29 octobre 1998, le britannique Foreign Report publiait la mme information, mais
dforme, et crit que son information est issue d une source sud-africaine non confirme .
841
202
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tous plusieurs spcialistes qui indiquent que les Etats-Unis, Isral, lURSS et la RSA (service
du docteur Mike Oddendaal) ont travaill dessus.
Les premires enveloppes au charbon sont mises en point. Le programme prend
tellement dampleur quil est tendue est linstitut de virologie de Sandringham, qui possde
notamment 177 souches de la variole. Il y a aussi lOnderstepoort Veterinary Institute et le HA
Grov Research Center (universit de Pretoria), le seul de niveau 4. On retrouve aussi
limplication de la Mechem Technologies, une entreprise collaboratrice de leffort balistique
et nuclaire, dpendante du Council Of Scientific and Industrial Research (CSIR). En 1983,
suivant une convention avec lOMS, Pretoria confie les souches au CDC dAtlanta, pour
officiellement viter toute propagation accidentelle851. Nanmoins, en 1988, le Project Coast
arrive une impasse, pour des motifs politiques et en raison de la corruption que connat ce
programme, dont les fonds allous sont, en partie, utiliss aux fins personnelles de lquipe
Basson. Au dbut de 1993, le programme prend fin. Ds 1990, De Klerk commence
licencier 23 des cadres les plus sulfureux de larme. Les documents et les stocks sont
dtruits. Isral dplore que le Docteur Basson parte en Libye en mars 1993 comme consultant
sur la dfense chimique et biologique, avec une grande partie des archives relatives Coast,
partir desquelles la Commission Vrit et Rconciliation rtablira certains faits. Basson, le
surgeon general Knobel et le colonel Ben Steyn qui reprend le programme jusquen 1995,
possdait chacun les trois cls dun coffre contenant les archives secrtes du projet Coast. En
1997, Basson est arrt avec plus de 3000 cachets decstasy provenant de Delta G.
http://www.springerlink.com/content/4b9fltx6cnc9l18q/
851
Patrick BERCHE, op.cit., p. 38.
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CHAPITRE V
SAMSON LE LEVIATHAN
La dissuasion est dsormais prte. Mais Isral cherche encore loptimiser pour
garantir une scurit absolue, face aux dernires incertitudes de la guerre froide.
I Lre Ronald Reagan: un renforcement du partenariat
I.1 Reagan, le fidle alli
I.1.1 Isral dans lAmerica is back
Finies les crises de conscience (officielles) de Carter, place la raffirmation du
modle amricain. Dans lhistoriographie affrente notre sujet, llection du rpublicain
Ronald Reagan en novembre 1980 est signale comme un tournant trs bnfique dans les
relations isralo-amricaines. Elles ne seront pourtant pas monolithiques comme en
tmoignera laffaire Pollard entre autre. Reagan pratique aussi la Realpolitik. La plupart des
lobbies pro-israliens et militaro-industriels soutiennent Reagan, mais les juifs amricains ne
se reconnaissent pas forcment dans les orientations de ces lobbies 852. Reagan pense
sappuyer sur Isral pour une contre offensive gnrale contre lURSS et ses allis. Car
jusqu prsent, Moscou se cesse de marquer des points sur plusieurs thtres doprations et
son arsenal nuclaire prend des proportions apocalyptiques. Au plus fort de la Guerre
Frache, en 1985, 70000 armes atomiques sont entreposes dans les arsenaux amricains et
sovitiques.
Celui dIsral, qui crot aussi, est le bienvenu pour contrer cette menace. Au sud-ouest
de Beersheba, les Etats-Unis financent la base de Ramon. On y recense les escadrilles 113,
127, 140, 146, 147, et 253 do peut dcoller la dissuasion arienne. En septembre 1981, le
ministre de la Dfense Ariel Sharon et son Premier ministre Begin tentent de persuader
Reagan de btir une vritable mais informelle alliance contre lURSS. Isral, doit devenir la
tte pont de Washington en Orient et ce titre a besoin de davantage darmement et dargent.
Reagan dclare alors quIsral est un alli stratgique , en tant que major non-Nato
Ally , statut que partage alors lAustralie, le Japon et la Core du Sud. Le secrtaire dtat
Alexander Haig, lambassadeur amricain Sam Lewis, le chef de la Dfense Caspar
Weinberger et le conseiller la Scurit Richard Allen, participent aux pourparlers. Begin et
Sharon souhaitent galement un partenariat entre leurs SR et une utilisation commune de leurs
bases. Enfin, Sharon demande la fourniture des images du satellite KH-II concernant les pays
852
Edward TIVNAN, The Lobby: Jewish Political Power and American Foreign Policy, Touchstone Books, 1988.
Grace HALSELL, Prophecy and Politics, the Secret Alliance Between Israel and the U.S. Christian Right,
Lawrence Hill Books, 1986, p. 40-50. Seuls 40% des juifs amricains ont vot Reagan, et un tiers en 1984. Larry
Weinberg, prsident de l'AIPAC en 1976, proche de Begin, tout fait pour nuire Carter et favoriser Reagan. Le
prsident sera lu avec la majorit des nosionistes.
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been befriending American Jewish weapon scientists, visiting with them at their laboratories
and inviting them to visit Israel. Mais si Cohen avoue avoir t en Isral dans ses instituts, il
dclare juste avoir travaill sur les stratgies nuclaires israliennes mais na jamais livr
aucun secret militaire. Je ne suis pas ce genre de juif856 se dfend t-il, bien quil comprenne
le comportement de J.Pollard. ... Difficile de le croire puisquil avoue avoir aid la France et
la Chine et rvle que Tel-Aviv travailla sur la bombe neutron. Il accuse la presse isralienne
davoir colport ces rumeurs. Or, nous avons dit que la presse avait pour rle de parler au nom
du gouvernement isralien. Enfin, il crit noir sur blanc quil aurait fortement aim que sa
contribution au programme amricain ait pu aid Isral a optimis sa dissuasion. Or, plus
haut, il dait que les deux pays collaborent? Ce qui revient dire quil a aid Isral
volontairement, mais qui en laisse la responsabilit Washington. Une vraie diplomatie juive.
207
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quo. En ralit, les Etats-Unis taient, de laveu dAttali, au courant depuis longtemps du
projet dinvasion et finalement posent leur veto contre toutes rtorsions.
Begin justifie quil sagit dune war of choice, loin de la war of necessity mme sil
lassocie la dfense prventive. Tel-Aviv invoque la lgitime dfense, celle de larticle 51 de
lONU, pour faire reculer les terroristes de lOLP 40 km vers le nord , la porte
maximale des missiles. A noter quen 2005-2006, Isral pratiquera la mme politique : le
retrait de Gaza et lattaque quelque mois plus tard du Liban Lopration paix en Galile
vise tablir un glacis dfensif contre les katioushas et les raids terroristes, sarticulant avec
le Golan lest, et la paix avec lgypte au Sud. Sharon souhaite dtruire le potentiel militaire
de lOLP du Fatahland greff sur le Liban depuis 1970, installer le phalangiste maronite
Bechir Gemayel860. Tsahal senfonce dans le pays mais ne rencontre pas darme rgulire
facile dtruire pour sa force de frappe conventionnelle. Elle se heurte un agrgat de milices
et de groupes terroristes.
La Syrie qui avait commencer finlandiser la Suisse du Proche-Orient , occupe le
pays afin de le protger et installer selon ses propres termes une Force Arabe de
dissuasion . Damas souhaite surtout semparer du leadership de lgypte, dsormais
disgracie dans le monde arabe. La prsence syrienne sert les intrts israliens car ils
justifient leur prsence, dautant que Damas combat dabord lOLP. A moins que Tel-Aviv ait
voulue donner un os ronger Damas en compensation du Golan. Il est galement probable
quIsral prfre combattre la Syrie au Liban plutt que sur le Golan. Est-ce une sorte de
pacte germano-sovitique comme en Pologne, lofficiel en moins ? Cest ce que prtend
Moubarak, en froid avec Damas, convaincu quil existe une coalition secrte entre les
diplomates de la Syrie et dIsral 861. Des forces internationales vont occuper une zone de
scurit. Les allis colombiens, amricains et fidjiens sont ravis de soutenir cette protection,
la diffrence des Italiens, de quelque Franais et des Britanniques qui craignent dtre pris
partie862. Plus tard, la France, amie du Liban, dIsral et de lOLP et hostile lIran, va
connatre lassassinat de ses soldats et de son ambassadeur Louis Delamare. La Finul est
frle plusieurs reprises par Tsahal. LOnu ne demande de rsister symboliquement
quen cas de lgitime dfense, comme pour surveiller et lgitimer les exactions de chaque
camp. La capacit de dissuasion des deux pays et la mdiation des grandes puissances
empchent le conflit de dgnrer.
Pour empcher dailleurs toute aide au Liban et la Syrie, Ariel Sharon, ministre de la
Dfense, menace les autres pays arabes de frappes nuclaires s'ils interviennent. Le danger est
859
208
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voqu lorsque Mitterrand prvoit: Au moindre accrochage entre Isral et les Syriens, les
Russes peuvent venir entrer dans la bataille et la guerre mondiale se dclencher. Brejnev
joue sur les mots en reprenant la formule isralienne: LURSS ne sera pas le premier
utilisateur de larme nuclaire. [...] LURSS ne sera pas la premire mettre des armes
antisatellites en orbite. Certes, la bombe isralienne paralyse une contre-offensive syrienne
de grande ampleur mais pousse lennemi opter pour linstrument du terrorisme et de la
gurilla. Cette fois, Isral ne se bat pas pour sa survie et sa motivation sen ressent. Elle est un
corps tranger dans un pays complexe, qui scrtera des anticorps, notamment le Hezbollah.
Tsahal perd ainsi son efficacit. Et la bombe donne un faux sentiment de scurit.
Les deux tiers du pays sont occups par lIDF avec un bilan de 8000 tus et 3000
prisonniers palestiniens. LOLP ne fait pas le poids, pris entre le marteau et lenclume. Les
soldats de lOLP sexpatrient en Syrie, en gypte, en Irak, en Jordanie et quelques-uns partent
en Algrie et en Tunisie, sous escorte franco-amricaine pour viter une attaque de Tel-Aviv.
Le 25 septembre 1982, 400000 Israliens descendent dans la rue pour obtenir des explications
sur le massacre de Sabra et Chatila. Laffaire chauffe aussi blanc la rencontre des Pays NonAligns. Reagan et Begin condamnent Sharon. Cette contestation, stigmatise par le rapport
Kahane, marque la seconde prise de conscience dune socit contre la dictature des
bellicistes, aprs la commission Agranat. Cest sur ce terreau favorable que les antinuclaires
locaux sorganisent notamment. Le refus dobir une politique considre comme
extrmiste, aprs les espoirs dus de camp David, et la critique dune oligarchie dofficiers,
conduit au mouvement des refuznikim qui dj, dans les annes 1980. En 1983, Isral cre une
zone tampon au Sud, regroupant 10% du territoire libanais, dfendue par Tsadal, le pendant
sud-libanais de Tsahal. Le pays deviendra lAfghanistan isralien.
I.1.3 Laffaire des krytrons
La cacophonie libanaise dissimule les rvlations dun ancien technicien de Dimona,
qui met la disposition de la CIA des photos dogives nuclaires, ranges dans des
enveloppes de plomb, identiques aux systmes de stockage amricain. Le transfuge863 fait
savoir quIsral possde une centaine de bombes, ce qui consterne les experts. Larsenal
savre plus moderne, plus prcis, plus efficace et plus propre (en termes de radioactivit) que
son quivalent amricain. L encore, laffaire ne provoque pas de suite de la part de la Maison
Blanche864. Laide nuclaire vers Isral ne cesse pas865. Nanmoins, Tel-Aviv fait un geste en
signant la convention sur la protection physique du matriel nuclaire, adopte en 1980, mais
863
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ne le ratifie pas. Ni lInde, ni le Pakistan ne le signent. Cette convention oblige les tats
membres assurer la protection du matriel militaire transport lintrieur ou lextrieur
de leur territoire, afin dviter les vols de technologies ou les fuites radioactives866.
Le 20 juillet 1982, Ronald Reagan cesse de reconduire le Comprehensive Test Ban
Treaty Talks et fait livrer de la technologie nuclaire en Isral. Mais cela doit bien sr rester
secret. Car le 23 mars 1983 est lanc officiellement le programme IDS, tandis que sont
dploys en novembre les missiles amricains Pershing-2. Les tensions entre lest et louest
remettent, au centre des stratgies, les missiles et les antimissiles, un domaine dont Isral
deviendra matre. Les deux grands possdent lquivalent de 350000 bombes dHiroshima
(6500 Mt !). Dans ce contexte, la puissance de Dimona augmente encore. Elle est dsormais
cadence 250 mgawatts, surtout depuis que lon apprend que Saddam Hussein emploie des
armes chimiques contre lIran. Isral est prvenu. Bagdad nhsitera pas faire usage de ses
ADM.
Cest pourquoi, en mai 1985, Richard Kelly Smyth, prsident dune socit dimportexport californienne, est charg par une officine parallle de fournir 810 krytrons vers Isral,
des dtonateurs de bombes nuclaires867. Dmasqu et condamn car pas assez discret, il
disparat pendant une semaine avant son procs aux Etats-Unis pour rapparatre Tel-Aviv.
Isral sexcusera diplomatiquement auprs de Washington et expliquera que la cargaison
stratgique tait destine la recherch mdicale. Le pays rendra ensuite 469 dtonateurs
mais le reste tant dclar dtruit ou dj utilis pour des tests atomiques civils . Smyth
sera de nouveau arrt Malaga en Espagne en juillet 2001 puis extrad vers les EtatsUnis868. Il est condamn en 2002 40 mois de prison et 20000 dollars damende. Sa peine de
105 annes de prison (sic !) est en effet rduite pour raison de sant 869. On apprendra par
la suite que ces types de dtonateurs transitrent dj de 1979 1983 par bateaux vers Isral.
NBC news, ralisant un reportage sur lentreprise de Smyth, la Milco International, constate
que deux autres firmes, Heli Trading et Milchan Brothers, proprit du producteur
hollywoodien isralien Arnon Milchan, trafiqua galement des krytrons, des gnrateurs
neutron, des oscilloscopes ultra rapides et des condensateurs870. Le 24 mars 1993, NBC
confirmera que le producteur tait trafiquant darmes et espion pour le programme nuclaire
866
Issue Review, n16, mai 1999, Engaging Non-NPT Parties in the Nuclear Non-Proliferation Regime,
Lawrence SCHEINMAN.
867
The Nonproliferation Review, hiver 1994, p. 110.
868
Dfense et Scurit Internatinale, dcembre 2009, Isral et ses allis au dfi du Proche-Orient .
869
BBC News, 30 avril 2002, US nuclear parts trafficker sentenced.
870
The Risk Report, Volume 2, n4, juillet 1996, Israel's Nuclear Weapon Capability: An Overview. Roman
Polanski romance laffaire dans son film Frantic en 1987. Il parle de limplication du Mossad, de la CIA, de
la DGSE et des services secrets arabes dans le trafic de krytrons. Concidence, le ralisateur connat trs bien
Milchan qui finana une de ses pices de thtre aux Etats-Unis. A la suite du scandale, ce producteur ne pu
financer son film Pirates !
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En fait, son discours voluera (il sexcusera sur la comparaison avec Oradour). Il dfendra
lOLP, puis refusera quArafat soit le seul intermdiaire de la cause palestinienne, puis voudra
enfin une Palestine fdre et gouverne par la Jordanie. Begin conseille la France de ne pas
donner des leons de contre-terrorisme quand elle est incapable de pacifier la Corse!
Le 5 mars, Begin oublie sa rancur officielle est demande une centrale la France,
mais Paris rpond ironique le 10 mars : dans les mmes conditions que la reconstruction de
871
211
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Tammouz 875. Les relations entre les deux pays, qui ne staient jamais interrompues,
contrairement lide reue, connaissent cependant un regain dactivit, mais parsemes de
nuages. Claude Cheysson ministre des Affaires trangres qui encourage la coopration
nuclaire avec lIrak, estime qu Isral sest cr contre la volont du reste du monde . Son
successeur, Roland Dumas, excuse la piraterie arienne des gauchistes pro-palestiniens car ils
sont la seule faon pour la rsistance palestinienne de rompre lindiffrence internationale .
Aussi, prenant prtexte de lattentat de la rue des rosiers en aot, et peut-tre pour forcer la
main sur la vente de racteurs, Begin appelle les juifs de France rsister par les armes
cause de la dclaration franaise sur Oradour !
Le 2 dcembre 1983, le redoutable intermdiaire Ascher Ben Nathan, conseiller de
Prs (alors chef des travaillistes), relance la France et proteste contre la mauvaise volont des
industriels, craignant de perdre des parts de marchs dans les pays arabes. Mitterrand
analyse propos des racteurs: Cela navancera pas. Il faut sy prparer . Une commission
mixte est cre afin de favoriser les changes scientifiques. Prs ngocie ensuite avec Laurent
Fabius, ministre de lIndustrie et de la Recherche (et adjoint au maire du Grand Quevilly,
commune jumele avec Ness-Ziona), en change de lacceptation de la reconstruction
dOsirak. Entre temps, Mitterrand reoit en janvier 1984 le prix de la fondation Wiesenthal
pour tout ce quil avait en faveur des juifs et dans sa lutte contre lantismitisme . Fabius,
en visite Jerusalem, confirme la vente de racteurs de 900 mgw qui seront construit Shifta,
60 km de Dimona. Le dossier est confi Jacques Attali. La France propose en fait la
livraison de deux racteurs Isral, et deux racteurs lgypte. Il sagissait dhonorer les
clauses secrtes des accords de Camp David: des racteurs civils pour les deux pays en
change de la paix. Le march porte dsormais sur un contrat de 2 3 milliards de dollars876.
Or, lindustrie amricaine propose le mme contrat pour un milliard de dollars877. En effet, le
12 dcembre, Washington fait savoir quil soppose catgoriquement ce que Paris vende un
racteur cet alli, devenu chasse garde. Officiellement cause des prises dotages de
franais et des attentats, la vente est annule878. Prs apprend cependant quune entreprise
amricaine a dcroch un contrat pour construire, de Kirkouk Aqaba, un oloduc. Contre
une aide de 650 millions de dollars rparti sur dix ans finanant le parti travailliste, il promet
de ne pas mobiliser les lobbies pro-israliens879.
875
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Nouveau rebondissement en avril 1986, le Premier ministre Jacques Chirac, soit disant
pro-arabe, se dit prt honorer de nouveau la commande. Yuval Neeman, ministre des
Sciences et des Technologies de plusieurs gouvernements, est lintermdiaire auprs de
Framatome pour ce contrat. Washington sy oppose encore. Tel-Aviv sauve les apparences en
dclinant loffre des deux capitales, pour raisons budgtaires 880. Chirac se rend en Isral
mais le Quai dOrsay lui rdige une note pour viter quelques gaffes diplomatiques, dont sur
Beersheva, cette ville du Nguev, qui est proximit de la centrale atomique de Dimona
(made in France) et quil convient de ne pas nommer881! Mitterrand prcise alors au Koweit:
Jai dcid denvoyer des soldats franais Beyrouth aprs linvasion isralienne; et cela a
permis de sauver la vie de 4000 soldats de lOLP. [...] Nous navons pas avec Isral daccord
militaire, nous ne lui fournissons pas darmes882. Le 7 novembre 1987, lors dun dner au
CRIF883, il scelle l'accelration des rapports avec Isral: Jai le grand plaisir dannoncer la
cration Paris, linitiative de la Chambre de commerce France-Isral, dune Maison
France-Isral o seront rassembls les diffrents organismes conomiques, scientifiques et
universitaires 884. Cette initiative anodine permet de simplifier la triangulaire Etats-Unis/
France/ Isral dans les recherches militaires high-tech. En 1988, le Prsident isralien Herzog
est reu Paris, ce qui navait jamais t fait avant, mais officiellement, Paris est toujours proarabe
I.3 Accord officiel sous le sceau de linformel
Gorbatchev rtablit officieusement les relations diplomatiques avec Isral. Le 6 mai
1987, le premier comit excutif du Congrs juif mondial se tient dans la ville du fondateur du
sionisme, Budapest. Tout un symbole. Lheure est de nouveau la ngociation, par la
Perestroka et la Glasnost, mais les tensions sont encore trs vives. On se bat partout entre
lEst et lOuest et rien ne dit que les conflits au Nicaragua, en Afrique australe, entre lIrak et
lIran ou en Afghanistan vont se terminer. Nanmoins, le 6 aot 1985, lURSS dclare un
moratoire unilatral sur ses essais nuclaires et enjoint les Etats-Unis en faire autant.
Moscou rompt le moratoire le 11 avril 1986 aprs un essai amricain. Le trait de Rarotonga
tablissant une ZEAN au Pacifique Sud est sign dans cette optique. Le trait choue
cependant contrer les essais franais de Mururoa et Fangataufa. Pour linstant, on refuse la
mme initiative au sud de locan Indien o les essais isralo-sud-africains perdurent.
Cependant, le 29 novembre, le prsident brsilien Jose Sarney et son homologue argentin
880
Freddy EYTAN, La France, Isral et les Arabes, le double jeu, Paris, Picollec, 2005, pp. 76-79.
Freddy EYTAN, op.cit., p 105.
882
Jacques ATTALI, Verbatim II, op.cit., p. 154.
883
CRIF, Union des tudiants juifs de France, LICRA, et le Bureau National de Vigilance Contre lAntismitisme
sont les principales organisations juives en France.
884
Freddy EYTAN, Op.cit., p. 174.
213
881
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Raul Alfonsin signent la Joint Declaration on Nuclear Policy of Foz de Iguacu, sur
louverture de leurs installations nuclaires. Les partenariats nuclaire et balistique entre
lAmrique du sud, Isral et certains pays arabes en sont gns, mais ne sont pas moins
dnoncs pour autant.
Les 26 septembre et 27 octobre 1986 sont signs la Convention on Early Notification
of a Nuclear Accident et la Convention on Assistance in the Case of a Nuclear Accident or
Radiological Emergency. Exactement au mme moment, Vanunu, le Sakharov isralien, un
ingnieur licenci de Dimona, rvle quIsral possde 200 ogives atomiques, possde la
bombe neutron et collabore dans les domaines stratgiques avec dautres pays. Il sera
emprisonn pendant 18 ans aprs un enlvement rocombolesque. Cest la premire fois que
les preuves tant attendues sont aussi prcises. Mais lAIEA hsite ce saisir de ce prtexte,
car Vanunu dnonce surtout les dessous de la prolifration internationale. A la mme poque
clatent les affaires Markus Klingberg, microbiologiste de lIIBR, enlev en Isral alors qu'il
s'apprtait faire des rvlations, et Johnatan Pollard en 1985, un espion amricain qui
subtilisait des renseignements stratgiques amricains pour Isral. Elles font tches dans une
conjoncture ou les traits se multiplient et affectent grandement limage de ltat hbreu et
son opacit stratgique, nous y reviendrons.
Le 8 fvrier 1987, la convention sur la protection du matriel nuclaire (CPPNM)
entre en vigueur. Dfinie en mars 1980, elle se heurte (encore aujourd'hui) la rticence
d'Isral. Du 23 mars au 10 avril, la Confrence des Nations Unies pour la promotion de la
coopration internationale dans le domaine des utilisations pacifiques de l'nergie nuclaire,
Genve, ne parvient pas se mettre d'accord sur des principes de coopration internationale
propre promouvoir les objectifs de pleine utilisation de l'nergie nuclaire des fins
pacifiques et de prvention de la prolifration des armes nuclaires pour les mmes raisons.
Le 16 avril, le Rgime de surveillance des technologies balistiques institu par sept pays
industrialiss, fixe des directives rgissant les transferts d'articles sensibles concernant les
missiles. Le trait est demble une hypocrisie puisquIsral et la RSA ny sont pas impliqus
et refusent de le ratifier. En juin 1987, on pense tablir une ZEAN en Scandinavie, mais qui
ne verra jamais le jour885.
Or, lInstitute for Defense Analyses (IDA) attach au Pentagone confirme que les sites
de Nahal-Sorek et Dimona ont les mmes fonctions que les centres de Los Alamos, Lawrence
Livermore et Oak Ridge National aux Etats-Unis, cest dire la confection de bombe. Les
experts constatent aussi que le pays a russi concevoir un ordinateur capable de les aider
885
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
assembler des bombes H886. Le rapport prcde la visite du ministre de la Dfense Yitzhak
Rabin aux Etats-Unis. Malgr les conclusions alarmantes du texte, les Washington et Tel-Aviv
signent un Memorandum of Understanding qui comporte plusieurs clauses relatives la
dfense des intrts amricains passant par la force de dissuasion isralienne. Autrement dit,
Washington renouvelle son aide technique dans le domaine. Cet accord est bien entendu tenu
secret. Il est suivit de laugmentation de l'aide financire, se montant dsormais trois
milliards de dollars dont 60% pour la dfense. Isral prtend que lusage de Scud et darmes
chimiques par lIran et lIrak justifie cet accord. Or, dans les boudoirs de la diplomatie,
personne nignore quIsral et les Etats-Unis participent lIrangate, et que Thran na
nullement l intention des les employer sur Isral. Quant lIrak, Osirak est neutralis et son
arsenal NBC, issu des stocks occidentaux, est contrl. Le 30 novembre, l'AG de lONU
(rsolution 42/38 C), prie le Secrtaire gnral de lui prsenter annuellement un relev des
renseignements sur les explosions nuclaires des tats membres en application de sa
rsolution 41/59 N. Mais ni la RSA, ni Isral, non-membre du TNP, ne sont concerns, ni
mme leurs fournisseurs. Le dsarmement887 se poursuit ailleurs. Le 8 dcembre, les tatsUnis et l'URSS signent le Trait sur l'limination de leurs missiles porte intermdiaire et
plus courte porte (FNI). Isral et la RSA nen ont cure. En effet, des Jericho-2 sont tests
avec des objectifs affichs de 4000 km.
The Risk Report, Vol 2, n4, juillet 1996, Israel's Nuclear Weapon Capability: An Overview. University of
Wisconsin.
887
Jacques ATTALI, Verbatim II, op.cit., p. 506.
888
Aipac, Memorandum of Agreement between Israel and the United States, April 21, 1988.
http://www.aipac.org/Publications/SourceMaterialsU.S.-IsraelBilateral/Memorandum_of_Agreement_between_Israel_and_the_United_States.pdf
215
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
israliens ont soudoy un ingnieur de Los Alamos pour la collecte de donnes dessais
nuclaires des supercalculateurs Clay et de plans de bombes.
Bien que la censure coupe de larges passages et qu aucun moment on ne parle
darmes nuclaires israliennes, il est fait mention quIsral ne signe pas le TNP pour ne
pas nuire ses capacits nuclaires , et quIsral nexclue pas de recourir la dissuasion
nuclaire pour contrer les forces conventionnelles de ses voisins arabes , puisque le pays (au
dtour dune phrase) dispose maintenant de bombes H 889. Comprenne qui pourra. Sur les
racteurs, on apprend quils ne produisent pas dlectricit (ce qui dment la thse de
racteurs produisant de llectricit pour dessaler leau de mer); quIsral naura besoin de
racteur de production dlectricit nuclaire qu partir de 2000, et que les racteurs ont t
construits pour se passer de technologie nuclaire trangre , ce qui dissimule superbement
le Nahal-Sorek amricain et le Dimona franais. Il est crit que lessentiel de luranium vient
des gisements de phosphates du Nguev, ce qui permet dluder les fournitures amricaines,
africaines et europennes. Ce catalogue de mensonges se termine lorsque le rdacteur stipule
quIsral a voulu acheter dans les annes 1980, mais sans succs, un racteur lEspagne (?),
lAllemagne, au Canada, au Royaume-Uni et aux tats-Unis. La France a t prte en
vendre un mais sest rtracte pour ne pas compromettre ses relations avec les tats arabes,
alors que ce sont les Etats-Unis qui ont opr de fortes pressions en la matire.
Bush a-t-il cependant privilgi un double jeu, ou a-t-il t grug par les lobbies
militaro-industriels? Durant toutes les annes 1970 et 1980, Georges Bush occupe les postes
de prsident de la CIA et vice-prsident amricain. En 1988, Isral essaie dacheter un
supercalculateur lui permettant de multiplier la performance des simulations par 100, un
lment trs important qui permettrait en thorie de ne plus passer par les essais peu discrets
en RSA, ce qui expliquera peut-tre le revirement sud-africain de 1991890. Pour viter toute
opposition, 78 membres des Pacs, dfendant le programme nuclaire isralien, distribuent
plus de 5,7 millions de dollars 477 candidats prtendants aux lections pour le
renouvellement du Congrs. De1988 1994, Washington approuve la vente vers Isral de
1500 articles nuclaires double usage, au mpris du TNP891. Le Wisconsin University
recense les exportations sensibles vers Isral entre 1988 et 1992. Moins de 1% des demandes
israliennes sont refuses. Sur les 238 autorisations de licence, 62 reoivent mme des
garanties officielles de ltat. A chaque fois, Washington sest content de promesses
dutilisations pacifiques mais sans vrifier par lui-mme892. De mme, en janvier 1992,
889
CIA, 1er mai 1988, Middle East South Asia: Nuclear Handbook .
The Risk Report, Vol 2, n4, t 1996, Israel's Nuclear Weapon Capability: An Overview.
891
Middle East International, 24 juin 1994, Jane HUNTER.
892
The Risk Report, Vol 4, n1, janv 1998, Israeli Buyers Get Nuclear-related Goods from the United States.
216
890
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
The Risk Report, Volume 2, n4, juillet 1996, Israel's Nuclear Weapon Capability: An Overview.
The Risk Report, Vol 2, n4 (July-August 1996), Israel: A Green Light on Imports from Western Suppliers.
217
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dautres eaux ! Dautre part, il est dit que Dimona a bien dmarr grce cette eau lourde,
mais quil en perd chaque anne 5%, ce qui complique encore les calculs. Isral sous-entend
avoir reu des cargaisons similaires des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, dAllemagne, du
Canada et de France, voir dautres pays, sans compter celle produite par ses propres
moyens896. Et chaque pays accus par lAIEA se renvoie la responsabilit. Isral argue quelle
na pas confiance dans les nouvelles instances de lAIEA. Hors, les experts estiment que la
quantit norvgienne a t suffisante pour produire de quoi laborer 100 bombes. Cependant,
Oslo refuse de fournir les certificats initiaux de vente la presse, qui tayer sa demande.
Le 30 septembre, la Norvge demande dinspecter Dimona, et sollicite aussi la preuve
que la France na pas revendue son eau lourde un pays tiers. En 1988, le parlement
norvgien se voit refuser l'accs Dimona, mais Tel-Aviv autorise cependant des inspecteurs
norvgiens tudier 9 tonnes restantes entreposes lextrieur du racteur897. On apprend
dans la foule quIsral a import une tonne deau lourde en 1970, sans lavis des Etats-Unis
et de lAIEA, qui demandent cette occasion daller voir quelle quantit de plutonium a t
produite. Leau norvgienne a aussi t vendue lAllemagne qui la exporte lInde en
1983 ! En 1991, Isral rtrocde leau lourde emprunte, mais une partie est dclare
manquante. Le pays explique quune partie (10,5 tonnes) a t consume lors des expriences,
et lautre partie sest vapore. Mais les experts savent que les vapeurs dvaporation ont
sans doute servi la bombe898.
218
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Cependant, un Isral, sans ennemis signifie le risque de la fin de la relation privilgie avec
les Etats-Unis. Et Tel-Aviv avait pris lhabitude dtre un intermdiaire et un agent double,
dans cet affrontement mondial. Cest pourquoi, pour les Etats-Unis, le conflit isralo-arabe,
qui prenait sa source en trs grande partie dans la Guerre Froide, a dsormais de grande
chance dtre rsolu. Au final donc, leffondrement du bloc de lEst et la neutralisation future
de lIrak dlgitimise le programme nuclaire isralien, fait craindre le pillage des arsenaux
ex-sovitiques par des States of Concern, et risque de voir les Etats-Unis exiger de son alli
plus de concessions. La menace sovitique avait disparu mais il existait dautres dangers
comme le terrorisme, la prolifration des ADM et le nettoyage ethnique 901 affirme M.
Albright, des proccupations qui concernent aussi Isral.
Dans ce contexte favorable, le dsarmement gnral continue. Les arsenaux NBC des
principales puissances poursuivent leurs rductions et dans cette logique, les regards se
tournent vers les tats de seuil. Le 1er juin 1990, Bush et Gorbatchev signent the Threshold
Test Ban Treaty and Underground Nuclear Explosions for Peaceful Purposes Treaty qui
prvoit l'inspection anticipe sur les sites dessais de puissance suprieur 35 Kt, et signent
aussi le trait FCE (forces conventionnelles en Europe) sur la limitation des armements de
lAtlantique lOural. Du 20 aot au 14 septembre 1990, la 4me Confrence des Parties
charge de l'examen du TNP se runit Genve. Mais les Parties ne russissent pas
s'entendre sur le texte d'une dclaration finale cause des tats de seuil et de Cuba.
II.1.2 La retenue dissuasive dans les actes, pas dans les propos face la menace
irakienne
La guerre Iran-Irak se termine. Bagdad peut dsormais se tourner du ct d'Isral avec
ses armes chimiques montes sur ses Scud. Lorsque Saddam Hussein brandit la menace de
frappe chimique, comme lgitime face larsenal NBC isralien, Isral, qui vient dadhrer
la CAC, doit dmentir possder les mmes armes, ce qui remet en cause la dissuasion. En
parallle, les experts israliens estiment que la dissuasion biochimique serait inefficace en cas
dattaque irakienne similaire car Bagdad na pas craint les reprsailles chimiques iraniennes
aprs en avoir fait usage. En consquence, lIIBR reoit brusquement l'ordre de concevoir des
antidotes au cas o. Le 1er avril 1990, Saddam Hussein dclare vouloir faire disparatre la
moiti dIsral si ce pays sapprtait encore bombarder ses installations stratgiques. Avec
son arsenal chimique, Saddam Hussein se croit en position dgalit avec Isral. Il prvoit de
sen servir en couverture du dveloppement de son programme nuclaire. Isral prend la
menace au srieux et se sert de ce prtexte pour refuser toute ngociation sur son NBC tant
que lIrak ne sera pas neutralis. Aussi, ltat hbreu demande Washington des
901
219
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
supercalculateurs. Hlas, la vente est annule aprs que la transaction soit rvle par le
Washington Post. Cependant, Washington signe avec son alli un texte prvoyant la
constitution de stocks de munitions en cas durgence et contre remboursement902. Les EtatsUnis subissent alors de fortes pressions de la part dIsral mais aussi des lobbies militaroindustriels amricains pour attaquer lIrak. Ces derniers, qui ptissent de la chute des
commandes en consquence de la fin de la Guerre Froide, menacent de ne pas soutenir Bush
pour sa rlection. Lopration se rvle un succs pour eux. Ils vendront quantit darmement
Isral et au monde arabe, en rigeant comme danger le potentiel irakien, puis iranien.
Lorsque lIrak envahit le Koweit, en aot 1990, plusieurs tats du Moyen-Orient
interviennent dans la coalition afin de dtruire la seule raison lgitime de loption Samson, les
ADM irakiennes. 33 pays y participent, contre 52 en 2003, alors qu lpoque, le concensus
taient pourtant plus large... En contrepartie, Washington sengage auprs des pays arabes
ngocier sur le dossier nuclaire avec Isral et sur la question palestinienne. Cuba, le Ymen,
la Jordanie et lAutorit Palestinienne votent contre. Le secrtaire gnral de lOnu de Perez
De Cuellar est dubitatif sur les causes relles de la guerre. Les experts occidentaux se
trompent tous et se croient pertinent de dire que la libert du Koweit ny est pour rien dans la
guerre car cest le ptrole qui est en jeu... Stupidit! Aprs la fin des oprations militaires, la
coalition vacue le pays... sans contrler les champs ptrolifres. Lembargo permet aux
ptromonarchies allies de raliser des bnfices records. De deux choses lune. Soit Isral a
voulu que la coalition le dbarasse de lIrak sa place, soit, dans le contexte des accords de
paix au Proche-Orient, on souhaite liminer lIrak pour forcer Isral abandonner ses ADM.
Dans la nuit du 17 au 18, janvier 1991, un premier Scud tombe sur Isral. Lalerte de
principe de la dissuasion isralienne durera finalement 43 jours (leve le 2 mars 1991),
pendant laquelle 39 Scud chuteront sur Isral, (2 5 missiles tombent sur Tel-Aviv, 1 3 sur
Hafa) mais sans toucher de centres nvralgiques. Ils provoquent nanmoins un effet
psychologique sur la population903, surprise de labsence de raction balistique de
Tsahal : Navons nous pas une arme, une aviation, une bombe atomique ? . On se
demande pourquoi la dissuasion NBC isralienne ou mme conventionelle nest pas
employe904. Le 21 janvier, Shamir menace de reprsailles que lon suppose nuclaire et
ordonne le dploiement de douze Jericho-2. Le secrtaire dtat amricain la Dfense, Dick
Cheney, dclare un journaliste de CNN propos dune ventuelle riposte nuclaire
isralienne: Cette dcision, les Israliens ont la prendre eux-mme, mais je veux penser
que Saddam Hussein doit tre prudent de la faon dont il souhaite procder pour attaquer
902
Patrice BOUVERET, Pascal FENAUX, Caroline PAILHE et Cdric POITEVIN, op.cit., p. 27.
Freddy EYTAN, Les 18 qui ont fait Isral, Editions Alphe, 2008, 285 pages, p. 139.
904
Martin VAN CREVELD, Tsahal, op.cit.,p 176
903
220
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Isral 905. Lopinion isralienne, qui constate que les ttes militaires des Scud ne sont
quexplosives, croit alors que lopacit nuclaire a t bnfique. Le gouvernement se
demande sil nest pas prfrable de passer de lopacit la dmonstration de force, en
prenant le risque de sattirer la dsapprobation internationale. Concern par une ventuelle
escalade nuclaire, le ministre de la science, Yuval Neeman, organise une confrence
publique dans laquelle il confirme que face une attaque chimique irakienne, Isral utiliserait
en reprsailles les mmes armes , cest--dire quil reconnat quIsral en possde. Un
gnral isralien la retraite se contente de recommander aux Amricains lutilisation dune
bombe neutron contre Bagdad906 !
Les Amricains interdisent Isral de riposter. Le secrtaire dtat amricain, James
Baker, rencontre Tarek Aziz, le ministre des Affaires trangres et le met en garde sur
lutilisation de telles armes car cela choquerait lopinion amricaine et internationale. Baker
fait comprendre demi-mot que si lIrak nobtempre pas, les tats-Unis frapperait euxmmes lIrak par des armes nuclaires. En change de la retenue isralienne, des Patriot sont
livrs, et le pays a le droit de dsigner 100 cibles que lUS Air Force devra dtruire
prioritairement, dont les deux racteurs en chantier. Les Amricains, craignent plus que tout
que Saddam Hussein, pouss la dfaite, ne lance une charge non-conventionelle, et cest
pourquoi lUS Air force frappe en priorit les pas de tir mobiles907 aide par des commandos
israliens. Les satellites Amricains doivent de surcrot avertir Isral de toutes chutes de Scud.
Isral exige en sus de Washington une parit en avions de combat avec lArabie Saoudite908.
905
Mourrad AL DESSOUKI, Contrle des activits militaires et des armements en mditerrane sud, Publisud,
1995, p. 75.
906
Deborah AMOS, Lines in the Sand: Desert Storm and the Remaking of the Arab World, New York, New York:
Simon and Schuster, 1992, 105.
907
Seymour HERSH, op.cit.. p. 323.
908
Martin VAN CREVELD, op. cit., 321-322.
909
Hubert VEDRINE, Continuer lHistoire, Fayard, 2007, 150 pages, p. 10.
221
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
dmantlement, mais linverse dIsral, qui est vritablement propritaire de son arsenal, les
deux autres tats de seuil possdent une dissuasion sous cls trangres.
Comme le souligne Eytan, en 1991 : Isral sort renforc sur tous les plans. Le pays
obtient de ladministration amricaine les garanties ncessaires pour sa dfense910. La Russie
puis la Chine tablissent des relations diplomatiques avec Isral. LOLP et le Vatican
reconnaissent ltat hbreu. Les tats-Unis rcompensent la Syrie et lgypte de leurs
participations en effaant une grande partie de leurs dettes et en injectant des fonds publics et
des aides militaires. Le 6 mars, les parties en prsence proposent dtablir un processus de
paix gnral sur la base des rsolutions 242 et 338. Le 29 mai, ladministration Bush, dans le
cadre de son Middle East Arms Control initiative, repropose une lutte contre les ADM au
Moyen-Orient, et confie son reprsentant lAIEA, M. Newlin, de le signifier lAIEA911.
Le prsident parle dun New World Order dans lequel la dsormais hyper puissance doit
redfinir son rle en garante de la paix pour le reste du monde. Isral na donc plus besoin de
sa dissuasion. Aussi, lUS Strategic Air Command, dans un rapport plus mdiatis qu
laccoutume, afin de mettre Isral devant le fait accompli, considre ce pays de facto, et de
manire officielle, comme un tat nuclaire, avec des missiles intercontinentaux, des obus,
des lanceurs spatiaux, des missiles de porte intermdiaire de 3000 km, des bombes ariennes,
tactiques, thermonuclaires et des mini-bombes
912
Committee on Armed Services Subcommittee on Research and Development cite Isral comme
pays pouvant potentiellement menacer les Etats-Unis dune frappe nuclaire, avec lInde,
le Pakistan et lAfrique du Sud913! Un discours indit ! Pour sa dfense, devant le Congrs et
lONU, Isral renouvle sans cesse ses doutes sur le dsarmement irakien en sappuyant sur
des rapports du Mossad. Lorsque la menace irakienne est dclare comme totalement absurde,
Isral trouvera un nouvel argument, lIran. Les lobbies militaro-industriels soutiennent cette
crdibilit. Bush rappelle Isral que les principaux dangers sont carts et propose que les
pays du Moyen-Orient glent leur production de matires fissiles, cette dcision visant bien
sr en tout premier lieu ltat hbreu. Les Israliens rpliquent en forant les rapporteurs
exclure leur pays de la liste des menaces balistiques au motif que le Jericho-2 est plus sudafricain quisralien914 !
910
Freddy EYTAN, Les 18 qui ont fait Isral, Editions Alphe, 2008, 285 pages, p. 139.
AIEA, Thirty-fifth regular session, Item 8 of the provisional agenda, (GC(XXXV)/952, Israeli Nuclear
Capabilities and Threat, The application of Agency safeguards in the Middle East Report by the Director
General, 2 aot 1991, GC 35/960.
912
Janes Intelligence Review, Special Report n 14 p 15
913
Wisconsin Project on Nuclear Arms Control, 30 avril 1992, Before the House Committee on Armed Services
Subcommittee on Research and Development, Gary MILHOLLIN,
914
The Washington Post, 16 aot 1992, Why Are U.S. Firms Still Able to Aid the Mideast Missile Race? Gary
MILHOLLIN and Gerard WHITE.
222
911
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
915
916
JCSS, volume 1, n4, janvier 1999, Israel and the Cut-Off Treaty, Shai FELDMAN.
Jacques BAUD, op.cit., p. 144.
223
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Congrs917 pour forcer Bush faire machine arrire. Tout ce conjugue pour faire pression sur
ltat hbreu... officiellement. Ainsi, le 24 octobre, le Jerusalem Post reprend linformation
vhicule par un lamricain Nucleonics Week, affirmant que Dimona a t victime dun
incendie accidentel918. Lvnement alimente lopposition isralienne au nuclaire au point
quon se demande si la CIA norganise pas une campagne de dnigrement en ce sens. Les
opposants du programme accusent une bombe de moins en moins utile dans un monde qui se
pacifie. Les vnements internationaux conduisent les experts a proposer au moins la remise
en cause de lopacit, ce qui est bien mal connatre les motivations intrinsques au
programme.
Entames partir du 30 octobre, la confrence de Madrid, prmices aux accords
dOslo, sont suivies partir du 3 novembre par plusieurs runions jusquau 24 janvier 1994.
Le principe de land of peace est le fil conducteur de la Confrence, organise par le
secrtaire dtat James Baker. Ce dernier veut, selon ces propres dires, tordre le bras
d'Isral 919. La ngociation est prometteuse car lOLP, qui refusait jusqu prsent la
prsence dIsral, devient un partenaire incontournable de la ngociation. Cest la premire
fois que les tats Arabes, les Palestiniens et les Israliens discutent ensemble. Arafat est
autoris rentrer en Palestine, grce Prs, pour organiser lembryon de lAutorit
Palestinienne. Toutes les questions sont abordes, y compris celles des ADM. On pense que
parmi les mesures permettant un state building palestinien, la bombe, garantie de paix, pour
donc difier et protger un tat palestinien aprs avoir fait de mme pour Isral ! Mais dans
les mdias et dans les think tank, ce point prcis nest pas publi. Isral promet seulement
d'tudier le MTCR. James Baker se heurte lintransigeance de Shamir sur le nuclaire.
Nanmoins, les discussions permettent dtablir une reprsentation diplomatique isralienne
avec le Maroc, la Mauritanie, la Tunisie, le Qatar, Oman, et lInde. Pour faire plier Isral,
Bush demande au Congrs de bloquer une garantie de prt pour dix milliards de dollars. Pire,
il gle les crdits accords ltat hbreu pour financer le retour des juifs dURSS.
Devant les fortes rserves israliennes, y compris sur le plan Baker propos de la
question palestinienne, George Bush lche la Confrence de Madrid je suis un petit gars
tout seul contre environ un millier dagents du lobby920. Le petit gars , qui fut tout de
mme patron de la CIA (couvrant ainsi de nombreuses oprations spciales) oublie de dire
que les Etats-Unis entament linitiative Life Extension Program qui allonge la dure de vie de
ses armes atomiques pour contourner la prolifration921. Nous avons le dernier mot 922
917
Le Nouvel Observateur, semaine du 28 mai au 3 juin 2009, Juifs amricains : Lobby contre Lobby .
The Jerusalem Post, 24 octobre 1991, Americans Cry Fire .
919
Israel Magazine, juin 2008, Isral a soixante ans , p. 15.
920
Dominique LORENTZ, Ibid.
921
Jean-Marie COLLIN, La bombe, op.cit., p. 100.
922
Noam CHOMSKY et Gilbert ACHCAR, La poudrire , op.cit., p.248.
918
224
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tonne galement Bush sur lextension des colonies. Isral cde, mais cette menace dplat au
lobby militaro-industriel, qui alors sinquite, aprs la guerre du Golfe, de la baisse des
budgets de la dfense et de lallocation donne Isral, dont ils sont les premiers
bnficiaires923. Mais linformation la plus importante pour Isral concerne, en avril 1992, la
formulation de la rsolution 687, porte par les Etats-Unis sur la demande des tats Arabes,
qui note quaprs la Guerre du Golfe, la menace de toutes les ADM sur la paix et la scurit
de la rgion exige la cration dune MENFZ, cest--dire un Moyen-Orient exempt darmes
nuclaires. Cest pourquoi David Kay, chef de la dlgation des inspecteurs nuclaires de
lONU en Irak, rpond un journaliste isralien : Les rvlations des inspecteurs onusiens
en Irak doivent faire comprendre Isral et dautres pays quil faut arrter la course aux
armements nuclaires et arriver un accord de dnuclarisation, qui comprendra Isral.
Jespre quIsral va ouvrir ses portes devant les inspecteurs de lONU. Jespre bien que ce
sera ma prochaine tche, aprs lIrak 924. Pourquoi lInde et le Pakistan ne sont pas
inquits ? Pourquoi la MENFZ ninclue pas la question des autres armes nonconventionnelles que possde Isral et la plupart de ses voisins. Ces questions discrditent
linitiative.
Isral explique nouveau sa rticence : les Rpubliques anciennement sovitiques
(surtout musulmanes) qui ont hrits dADM peuvent en faire bnficier ses ennemis. Y
compris pour cette raison, le 3 avril, se runi Varsovie, le NSG qui exige des garanties
intgrales comme condition d'exportation de matriaux stratgiques. En vertu de ce protocole,
la Bilorussie, le Kazakhstan et l'Ukraine s'engagent adhrer au TNP dans les meilleurs
dlais, en tant quEDAN. Pour Isral, cest un argument en moins. Autre concession qui lui
est faite, la rsolution assimilant le sionisme un racisme est abroge 925. Suite la confrence
de Madrid, lACRS est accept et donc, Isral finit par admettre le principe dune MENFZ.
Dans ce cadre, Isral rend la Norvge la moiti de leau lourde acquise. LONU promet, en
contrepartie des amnagements sur la MENFZ, pour linstant : compte tenu du processus de
paix engag au Moyen-Orient, qui vise la conclusion dune paix gnrale et juste et
comporte notamment des pourparlers sur la cration dune MENFZ, il serait souhaitable de ne
pas examiner ce point de lordre du jour durant la trente-sixime session926. Autrement dit,
Isral parvient encore repousser la question sine die. Le Groupe de travail multilatral sur
la limitation des armements et la scurit rgionale, qui na pas tenu de runion plnire
depuis dcembre 1994 ne se prononce toujours pas clairement et refuse lassistance de lAIEA
pour rgler le dossier. La feuille de route pour le rglement du conflit isralo-palestinien au
923
Mouvements n 33/34, Le 'Lobby Juif 'aux tats-Unis: contre les strotypes, la transparence, Jim COHEN,
Mai-Juin-Juillet-Aot 2004, p. 103 et 104.
924
Le Monde Diplomatique, fvrier 1999, Isral assume sa bombe .
925
Hubert VEDRINE, Continuer lHistoire, op.cit., p. 18.
225
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Moyen-Orient, qui intgre les ADM, labore par le quartette (Etats-Unis, Russie, UE et
ONU) ne parvient pas lui non plus rgler le dossier. Des ngociations samorent entre
Washington et Tel-Aviv sur larrt de production de plutonium contre le droit de conserver les
armes nuclaires existantes.
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accord gnral portant sur une rgion exempte dADM est sign par tous les tats. Mais
inspection ne veut pas dire renoncement larme. Du 17 au 19 mai, au sein des prparatifs du
processus de paix, un groupe de travail sur le contrle multilatral des armes se runit de
nouveau Washington. On voque lide dune cellule de travail de vrification nuclaire
sous lgide du Caire930. Ni la Syrie, ni le Liban ny participent, mais pour la premire fois,
sassied la table une dlgation palestinienne. Isral prsente alors des signes de bonne
volont. LIAEC, change de reprsentant, au profit de Gideon Frank, dont le discours savre
plus diplomatique.
Le 13 septembre sont signs les Accords dOslo. Prs, architecte de la dissuasion et
chef de la diplomatie, en reste lacteur incontournable. Rabin avait proclam Je ngocierai
comme sil ny avait pas la violence et je continuerai la guerre comme sil ny avait pas de
ngociations 931. Au niveau de la scurit, Oslo engendre le rve dune rgion stabilise et
pacifie. Mais la plupart des politiques israliens, commencer par Ehud Barak, estiment que
les ngociations de scurit d'Oslo sont comme le fromage suisse avec plus de trous que le
fromage. Les traits sont assimils comme une victoire de la pression terroriste (lOLP en est
la grande gagnante) sur la socit isralienne, mme sils cassent l'image d'agresseur d'Isral.
Les pourparlers entrinent lexistence juridique d'Isral, et ouvrent de vraies perspectives de
dialogue, de nouvelles pistes de paix. Hormis pour les extrmistes des deux bords, les accords
de paix donnent de lespoir. Lconomie rgionale en profite, grce notamment au tourisme,
aux investissements trangers et aux aides amricaines et europennes. Prs parle alors de
pax economicus, sur le modle du rapprochement conomique et politique du couple francoallemand, avec la Jordanie et lgypte, quexacerbe lapport de la technologie nuclaire et
biochimique civile. Les nouveaux champs de bataille sont les universits, les combattants
des ingnieurs, et la matire grise a remplac la force des canons 932 estime devant les micros
Prs. Mais beucoup refuse ces accords, en premier lieux les bellicistes arabes et israliens.
Aprs tout, seul est concern le litige isralo-palestinien, pas ceux entre Isral et ses voisins,
dont certains soutiennent le terrorisme. La noria des attentats et des reprsailles ne cesse donc
pas pour autant, bien au contraire. Le JCSS constate quaprs la mise en place des premires
phases du processus, leur nombre recommence crotre, et nest rduit quavec des actions de
reprsailles armes933. Aussi, Isral reste convaincu quil ne peut vivre en paix quen
dissuadant par la force. Les accords ne permettent pas de rduire de manire drastique le
budget de la dfense.
929
JCSS, Volume 1, n1, mars 1998, Change in Israeli Nuclear Policy? , Emily LANDAU.
The CBWCB, n 21, septembre 1993, 28 page, p. 3.
931
Yves BONNET et Albert FARHAT, Gaza au cur de la tragdie, Paris, Time, 2009, p.15.
932
Frdric ENCEL, Atlas gopolitique dIsral, op.cit., p. 45.
930
227
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JCSS, aot 2002, The crisis in the Oslo Process through the Prism of Israeli Deterrence, Isaac BEN ISRAEL.
JCSS, vol 1, n4, janvier 1999, Israel and the Cut-Off Treaty, Shai FELDMAN.
935
The Nonproliferation Review, Hiver, 1994, p. 109.
936
The Risk Report, Volume 1, n5, juin 1995, Israel-U.S. Trade Grows but Missile-Related Exports are Still
Controlled, p. 8. Il sagit du Commerce watch list, Supplement 6, Part 778 of the Export Administration
Regulations qui interdit daider un pays possder des missiles de 300 km de porte pour une charge dune
demi-tonne.
937
AFP, 27 janvier 1994, Israel Invites Egypt to Check Radioactivity at Dimona Reactor .
228
934
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prolifrant. Sans doute en rcompense, le 4 mai, Isral accepte de signer laccord Oslo I sur le
retrait isralien des territoires occups, puisque sa scurit garantie par sa dissuasion continue
bnficier de laide amricaine, une condition informelle finalement pour la signature du
trait. Le texte est suivit, par la suite, par le trait de paix sign avec la Jordanie, qui clos
officiellement la guerre larve qui stait depuis longtemps transforme en coexistence quasi
pacifique. Tel-Aviv accepte avec lInde et le Pakistan une convention sur la protection du
combustible nuclaire et la gestion des dchets radioactifs938. La contre-prolifration a-t-elle
russie ? Pas vraiment, car dans larticle 4 du TNP, les 5 EDAN ainsi que les trios des
puissances officieuses sont autoriss se servir du plutonium dj stock, mme si celui-ci
est illicite939. Il autorise mme et encourage promouvoir la coopration technique sous
contrle pour le dveloppement des applications de lnergie pacifique . De mme,
larticle 3 du trait ninterdit pas lenrichissement, la production de plutonium civil et le
stockage de matires radioactives. Hypocrisie totale, en mme temps, le trait oblige les
EDAN ne pas aider les autres pays acqurir et produire larme . La Core du Nord se
charge de ridiculiser le dsarmement en envisageant de se retirer du TNP. Cest le dbut dun
long feuilleton pendant lequel ce petit pays entamera un incessant bras de fer avec lAIEA,
pour aboutir 13 ans plus tard larme suprme. Ce qui ne persuade pas Isral de signer le
TNP.
III.2 Des changes stratgiques russes destination dIsral?
Les relations entre lURSS et Isral, nous lavons tudi, nont jamais t simples, ni
manichennes. Cependant, elles prennent une orientation nettement en faveur dIsral sous
Eltsine. A cette poque, la Russie, ancien entrept gant darmes de toutes sortes, y compris
NBC, suicitent linquitude. Ladhsion au TNP de lUkraine, suivit plus tard des autres
Rpubliques Sovitiques, aprs que la crainte de les voir en puissance atomique, rduit cette
peur. Cependant, Yevgeniy Primakov, responsable des renseignements russes, accuse la mafia
internationale, en particulier celle exerant dans les anciennes rpubliques sovitiques, de
vendre de la technologie et du combustible aux pays du Moyen-Orient, en particulier lIran,
la Libye, et Isral, par lintermdiaire de socits crans scandinaves, allemandes,
autrichiennes et suisses940. Les instances internationales se runissent afin de btir un appareil
lgislatif contre le phnomne de la fuite des cerveaux sovitiques dans les secteurs
stratgiques. En fait, les cas de fuites vers des pays proccupants existent, mais sont
relativement rares. Adolf Jaekle est arrt Constance en Allemagne avec 6 grammes du
938
Issue Review, n16, mai 1999, Engaging Non-NPT Parties in the Nuclear Non-Proliferation Regime,
Lawrence SCHEINMAN, p. 5.
939
Carnegie Endowment for International Peace, Non-proliferation, Israel from Tracking Nuclear
Proliferation, 1998.
229
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plutonium, destination de la Core du Nord et de lIrak 941. Le 10 aot 1994, deux cents
grammes de plutonium transite par Moscou par lintermdiaire du colombien Justiano Torres
et dun savant russe Igor Tashanka. Le Mossad parvient arrter les deux hommes. On a
connu par le pass le fantasme de la vente clandestine des pays orientaux de mercure
rouge (Hg2Sb2O7), un ingrdient mdiateur dans la fabrication darme nuclaire. Il
sagit en fait dun nom de code, lpoque sovitique, pour dsigner le Lithium 6D. La Chine,
lArabie Saoudite, lInde, lIrak, lIran et la Syrie auraient t grugs par ce trafic descrocs
bulgares et suisses, dont la seule fin aient t de gaspiller des ressources que daucuns
pourraient destiner au vritable trafic nuclaire 942.
Il est vrai que la Russie reconstruit la maintenance de la centrale de Busher en Iran.
Malgr les dires du porte-parole du ministre russe de lnergie Atomique, Georgy Kaurov,
les contreparties sont floues. Le ministre de lIndustrie et du commerce Nathan Sharansky lors
de sa visite Moscou, se voit rpondre par le Premier ministre Sergei Kiriyenko, le 21 mai
1998, que la Russie ne fera rien qui mettrait en cause la scurit dIsral943. Le Jerusalem Post
entre dans la polmique en publiant avoir obtenu un document iranien, dat du 26 dcembre
1991, dans lequel le chef des Gardes de la Rvolution crit au chef de lagence atomique du
pays, Reza Amrollahi, que du matriel permettant de construire deux bombes atomiques sont
arrives de Russie entreposes au camp militaire de Lavizan. LUS Task Force on Terrorism
and Unconventional Warfare estime que le document datant du 20 janvier 1992, est 98%
valable, et quil prouve que cette fourniture de matriel permettra lIran de construire deux
trois bombes nuclaires pour ses missiles. Un officiel du Minatom russe, Gennady Tarasov,
dment en affirmant que les installations nuclaires russes sont sres et quaucun vol na t
commis. Georgy Kaurov, porte parole du ministre russe de la recherche atomique, dit que les
bombes russes sont recenses et numrotes.
Ce phnomne, que les experts de lpoque mettent en exergue pour annoncer tort
une apocalypse atomique provenant des pays arabo-musulmans et des terroristes, concerne en
fait surtout les tats de seuil, dont Isral. Cest lavis dAttali qui, sans mentionner
spcifiquement Isral, nous apprend : Plusieurs centaines de savants russes spcialistes du
nuclaire ont dj migr. On en rencontre aussi ailleurs, y compris dans les pays
prolifrants 944. Des scientifiques juifs sovitiques et est-allemands travaillant pour le KGB
et la Stasi, quittent leur pays pour Isral, attirs par les hauts salaires, autant dans les secteurs
nuclaires que biochimiques945. Beaucoup de scientifiques juifs ex-sovitique choisissent de
940
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sinstaller dailleurs Dimona. Ainsi, la presse allemande mentionne quen 1991, vingt
scientifiques de trs haut niveau rejoignent les centres de recherches. On dit mme que la
Russie et Isral entament des pourparlers pour lachat dun racteur, information dmentie
plus tard946. En septembre 1992, les SR allemands soulignent que de 1989 1992, 40
ingnieurs sovitiques ont optimis la dissuasion isralienne. Enfin, Eltsine autorise
lexportation vers Isral de tritium, de lithium et du palladium (utile pour sparer le tritium de
l'hlium). Dans les annes 1990, ce seront en tout 13000 chercheurs sovitiques qui
sintgreront aux programmes NBC du pays, dans le cadre daccords sur lmigration juives
ex-sovitiques, notamment947.Au dbut de la dcennie dailleurs, lAllemagne est un des
premiers pays laisser partir des matires radioactives, loin du clich de ltat failli qui se
laisse piller. Les tats Voyous ne sont pas les seules importer ces matires. Lorsquil sagit
dIsral, on a jamais la preuve, mais laide militaire allemande Isral, y compris par des
voies clandestine, est connue. Le Service de renseignement canadien prcise dailleurs : Les
acheteurs de matires nuclaires en contrebande peuvent tre des tats qui cherchent des
raccourcis pour btir une capacit nuclaire ou augmenter leurs stocks existants 948.
946
International Affairs, fvrier 1992, The Soviet Nuclear Breakup Promise or Peril? , Gary MILHOLLIN et
Gerard WHITE.
947
Daprs le Nuclear Control Institute, trois lots de 1,4 2 kilos d'uranium ont t intercepts en 1992 et 1994,
dont un impliquant des officiers de haut rang et un marchand d'armes du Moyen-Orient , mais on ne sait pas
quel pays ... Les Echos, du 15 Janvier 1999, page 59.
948
Service Canadien du renseignement de Scurit, mai 1995, Contrebande de matires nuclaires spciales .
949
Maariv, 11 aot 1991.
950
Haaretz , 4 octobre 1991.
231
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951
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Earth Island Journal, hiver 1999-2000, Uranium Skies: What was aboard Flight 1862? , Gar SMITH.
Jewish Telegraph, 9 octobre 1998, A modern day Pandora's box of evil in Isral , Uri GUELLER.
958
The Link, Volume 34, janvier-mars 2001, Israels Anti-Civilian Weapons, p. 6.
959
United States of America, Departement of Defense, NBC Defense, annual report to Congress , fvrier
1998, 270 pages.
960
The CBWCB, dcembre 1998, 48 pages, p. 34.
233
957
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1992, des produits toxiques de qualit militaires lInde, au Pakistan et en Isral 961. La
responsabilit des destinataires est donc dilue. Le 22 avril, la commission parlementaire
prsente un rapport de 2000 pages, bas sur les tmoignages de 80 personnes962.
On apprend que le DMMP provient de la socit Solkatronic Chemicals963
Morrisville en Pennsylvanie. Interroges, les douanes amricaines disent avoir reu laval de
lUS Department of Commerce. Le trafic navait donc rien dillgal ou de clandestin964. John
Swanciger, vice-prsident de Solkatronic, affirme que sa socit a t charge, aprs le crash,
de rexpdier la mme cargaison la Shalom Chemicals et de soccuper de loptimisation des
stocks chimiques israliens965. En 2004, une mission nerlandaise mne lenqute auprs de
la socit Omegam, charg danalyser le sol du crash. Elle y dcouvre des traces de
tributylphosphate (TBP) utilise entre autre pour traiter de luranium, et du plutonium966. Des
parlementaires nerlandais, aprs stre enferms confortablement dans le silence durant de
nombreuses annes, rclament une enqute devant la tempte mdiatique. Ils dsirent savoir
ce quil est advenu de la bote noire. Les enquteurs leur expliquent limplication de plusieurs
pays, dont certains appartenant lUE. Le Premier ministre Wim Kok ne veut rien savoir et
fustige le manque de coopration de la part dIsral, mais aussi de certaines autorits
hollandaises rattaches au ministre des transports. Cet lment confirme la nature des
relations entre Isral et les ministres de la Dfense des pays collaborateurs du programme
NBC qui agissent sans en avertir le reste du gouvernement. Mais il est probable aussi que La
Haye essaie de dissimuler sa collaboration avec ltat hbreu en rejetant la faute sur dautres
acteurs, surtout pour un pays qui accueille, La Haye, la Commission prparatoire pour
lorganisation de la prohibition des armes chimiques (OPCW)! Celle-ci, interroge sur
laccident, refusera perptuellement de sexprimer sur le sujet, ce qui en dit long sur la
moralit de ces instances lgislatives faade lgislative et philanthropique
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le dialogue. Aussi, la CAC, proclame le 13 janvier 1993 et effective en avril 1997 pour 143
pays, qui stipule la destruction complte de tous les stocks existants, est signe par Isral,
mais ne la ratifie pas, ce qui ne lempche pas dy envoyer une contribution financire
annuelle967. Le point faible de ce trait concerne une nuance : La recherche nest pas interdite.
Cest pourquoi Isral, qui na pas confiance dans les traits internationaux, privilgie un
rglement sa mesure quil espre plus politique. Une signature nengagerait rien, mais une
ratification affaiblirait de facto la dfense du pays. En fait, il sagit dune action rflchie et
stratgique, qui permet Isral de participer aux dbats sur la CAC et pressionner les tats
arabes non signataire, sans tre contraint de respecter le trait en tant que ratificateur. Cela
permet aussi dtre autoriser refuser certaines inspections sur ses sites chimiques. Et comme
les activits bactriologiques et chimiques sont souvent lies, Isral peut interdire des
inspections sur ses sites biologiques en tant que non signataire de la CAB. Yitzhak Rabin
souligne que la CAC est bnfique pour Isral car la pression sur larme nuclaire est
automatiquement allge, mme dans le cas o les tats arabes (qui possdent des arsenaux
chimiques consquents) ne respectent pas la convention. Shimon Prs, en tant que ministre
des Affaires trangres, appelle tous les pays sexcuter signer la CAC pour btir un
Moyen-Orient libre des horreurs de la guerre 968. Rabin conclut ds lors que les dmarches
politico-diplomatiques doivent lemporter sur lopacit, mais seulement pour les armes
biochimiques, non sur le nuclaire. Bien sr, lpisode de la El AL est soigneusement touff,
pour ne pas nuire aux pourparlers.
Le 14 mars 1993, Isral informe la Grande-Bretagne que sa non-inclusion dans un
groupe rgional des Nations Unies pour le dsarmement chimique entre en contradiction avec
son empressement accder la CAB. Le quotidien Davar rapporte que suite son entretien
avec le secrtaire aux Affaires trangres britannique, Douglas Hurd, le dput aux Affaires
trangres isralien Yossi Beilin se dclare du des attitudes europennes qui veulent inclure
des entreprises des tats de lEurope de lOuest commerant dans ce domaine avec Isral 969.
Les 6 et 7 octobre, suite aux inquitudes de nombreux pays sur les effets de la CAC sur les
activits civiles, lOPCW, La Haye, organise des rencontres des principaux responsables des
lobbies de lindustrie chimique. Isral se joint aux discussions en intgrant le groupe de travail
B , prsid par Sylwin Gizowski970. Du 1er au 4 dcembre, Isral participe avec une
quinzaine de pays lbauche dun manuel de lois afin de contrler les effets de la
prolifration chimique. En consquence, pour se dresponsabiliser quelque peu des aspects de
ce dossier, plusieurs socits chimiques sont privatises afin de compliquer les contrles. Par
967
OIAC, Confrence des tats parties, Troisime session C-III/3. 16 - 20 novembre 1998, Rapport de
lorganisation sur lapplication de la convention, (29 avril-31 dcembre 1997). Annexe 13.
968
The CBWCB, n 68, juin 2005, p. 1.
969
The CBWCB, n20, Juin 2003, 24 pages, p. 12.
235
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970
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une tude du Pentagone stipule que le Technion travaille sur les bombes H. Le porte-parole de
Cray se dfend : Si quelqu'un a des doutes sur lusage des calculs, le gouvernement
amricain le saurait et il pourrait demander Isral une copie des calculs . Un responsable
amricain ajoute : La question est de savoir combien de risques nous sommes prts
prendre977. Ses explications paraissent un peu lgres par rapport la solidit des rapports
entre les deux pays. Le montant des transactions se fait chaque fois par tranche de 41000 $
et stablirait comme suit : Exporter Speed (CTP)* Buyer; Cray Research 5,225.0 Tel-Aviv
University; Cray Research 1,325.0 Weizmann Institute; IBM 6,796.1 Tel-Aviv University;
IBM 1,421.0 Hebrew University; IBM 1,421.0 Bar-Ilan University; IBM 1,278.1 Technion
Institute; IBM 1,278.1 Weizmann Institute; Silicon Graphics 1,334.0 Weizmann Institute;
Silicon Graphics 1,071.0 Bar-Ilan University978
Le Nuclear Export Controls (SNEC) et l'Arms Control and Disarmament Agency
(ACDA) votent contre lavis favorable du Dpartement dtat mais finalement, la vente est
approuve, notamment aux travers daccords universitaires bilatraux. Cependant,
lexportation ne concerne pas les ordinateurs les plus puissants mais les plus petits, pour une
raison paradoxale : la dtection dutilisations frauduleuses est plus difficile sur les petites
machines ! En coulisse, des fonctionnaires se demandent comment distinguer des essais entre
des flux dair concernant des avions (usage officiel) et des missiles (usage possible). Le
ministre isralien de la Dfense demande lacquisition dun second ordinateur auprs de la
Digital Equipment Corporation. Elle est approuve en mai 1995 sur haute dcision de ltat.
LIsrael's Inter-University Computation Center demande aussi que la puissance des
ordinateurs soit overclock de 5,225 10,425 MTOPS et de pouvoir les connecter jusqu
lUniversit Ben-Gourion afin doptimiser les rendements. Pour tre impartial, rappelons que
le Brsil et lInde ont aussi reu de tels supercalculateurs.
Jusqu prsent, les entreprises amricaines, en vertu du US Export Administration
Regulations, ne pouvaient vendre la Chine, Isral, au Pakistan ou lInde des ordinateurs
capables deffectuer plus de 2 milliards doprations la seconde. Aussi, les Amricains
sopposent la vente de technologies permettant de miniaturiser les ttes atomiques, de
concevoir des coiffes de rentre qui accrotrait de facto les performances des missiles et de
surcrot les ordinateurs ne peuvent effectuer que 500 millions doprations la seconde contre
un milliard pour ceux exports en Chine et en Russie. Washington tempre les capacits
israliennes et explique au Congrs quIsral possde seulement le mme savoir dans le
domaine de la fission que ne lavaient les Amricains dans les annes 1950, et quils ne
977
The Washington Post, 12 mars 2000, A Look At. . . Exporting Trouble, With Looser Computer Controls,
We're Selling Our Safety Short , Gary MIHOLLIN.
978
The Risk Report, Volume 1, n1, Janvier 1995, Israel Gets High-Speed Computers.
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peuvent avoir des bombes H979? Or cela est impossible du fait de lchange de donnes entre
les deux pays. Les prcdents rapports avaient bien mentionn la possession possible de
bombes H et N.
En 1994, un rapport du GAO osait expliquer clairement le mcanisme des relations
isralo-amricaines dans le domaine : tandis que les Etats-Unis dsapprouvent
officiellement le programme isralien, ils approuvent des exportations stratgiques pour son
optimisation et lquilibre des forces dans la rgion 980. Lopacit concerne tous les maillons
de la chane. Ainsi, un employ de la firme isralienne Ortal explique que son entreprise
conoit des pices pour des missiles balistiques, pour la TAAS, une filiale des IMI, mais que
chaque maillon ignore officiellement faire partie intgrante de la fabrication de missile, grce
la division des tches. De la mme manire, lentreprise Abraham Alexandrovitz achte des
plastiques et des caoutchoucs spciaux en provenance dEurope pour les revendre lIAEC et
mme directement Dimona981. LEurope sait la destination des cargaisons, elle nest pas
dupe sur lusage, mais ces exportations ne sont pas interdites.
The Risk Report, Vol 2, n4, juillet 1996, ibid. The New York Times, 18 septembre 1995, Fire Sale, Gary
MILHOLLIN.
980
GAO Report 1994. Isral .
981
The Risk Report, Vol 2, n4, juillet 1996, Israel: A Green Light on Imports from Western Suppliers.
982
Madeleine ALBRIGHT, op.cit., p. 579.
983
Patrice BOUVERET, Pascal FENAUX, Caroline PAILHE et Cdric POITEVIN, op.cit., p. 99.
984
Mohamed EL SAYED SELIM, Southern Mediterranean perceptions of security operation and the role of nato,
MAD in the Euro-Mediterranean partnership, Vienne, octobre 1998, p 8.
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les attentats reprennent de plus belle en 1996, enterrant de facto la promesse985. Les tats
Arabes, qui avaient entam une puissante fronde diplomatique contre Isral sur le nuclaire,
promettent en consquence un cessez-le-feu diplomatique pendant un an pour respecter le
deuil.
Dans ses mmoires, Bill Clinton livre cette tonnante confidence sans infirmer ou
confirmer sa vracit, comme sil laissait parler un tmoin, exprs pour rvler un secret. Lors
des pourparlers de paix avec Slobodan Milosevic Paris, le prsident serbe lui dit quil tait
persuad que Rabin avait t assassin avec la complaisance de son service de scurit986.
Troublant Pas une fois Clinton ne cite dans les accords dOslo la question des ADM
israliennes, mais il parle de scurit isralienne que les Amricains souhaitaient
renforcer en change daccords. Le prsident confirme que :
Peu avant dtre assassin, Rabin stait engag se retirer du Golan pour retrouver les frontires
du 4 juin 1967, condition que soient satisfaites les exigences dIsral. Cet engagement (il ne
prcise pas les dtails, ndlr), jtais cens le garder dans ma poche, jusqu ce quil puisse le
prsenter officiellement la Syrie dans le cadre dune solution globale. Aprs la mort de Rabin,
Prs a repris cet engagement son compte, et cest sur cette base que nous avons parrain les
ngociations israliennes Wye River, en 1996. En cas de rtrocession du Golan, Prs souhaitait
que je signe un trait de scurit avec Isral, la mme ide me fut suggre par Netanyahou, puis
par Barak. Je leur ait dit que jtais dispos le faire 987.
Enderlin affirme : Dans les implantations juives de Cisjordanie, Rabin tait compar
Ptain et Prs Laval. Des religieux me disaient que cet accord ne serait pas appliqu et
quils prparaient les armes. Et aprs le meurtre, Shimon Prs a nomm une commission
denqute o il a interdit toute expertise988.
La Commission de Canberra, mise sur pied en novembre 1995 par le gouvernement
australien en tant que commission indpendante, propose une limination progressive et
planifie des armes nuclaires, tant entendu que chaque puissance nuclaire devra, avant
d'accepter les tapes suivantes, considrer sa scurit comme tant assure, ce qui revient ne
pas y inclure Isral, lInde et le Pakistan Cette commission, comme tous les traits
parallles au TNP, tente de btir un contexte juridique plus clment et plus appropri aux
revches du TNP. En effet, la mme anne, la NPT Review and Extension Conference
reconduit le trait mais ne s'attardent pas sur ce qui le refusent, les appelant timidement y
songer ! Le 15 dcembre, le Trait portant cration d'une ZEAN en Asie du Sud-Est (Trait
de Bangkok) est ouvert la signature. Le 26 janvier 1996, le Snat amricain ratifie les
accords START II par une majorit considrable et sans amendement. Le 29 janvier, la France
dclare un moratoire sur ses essais nuclaires. Le 11 avril, le trait portant cration d'une
ZEAN en Afrique (Trait de Pelindaba) est ouvert la signature. Le 8 juillet, la Cour
985
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remettre en cause les autres aspects de la politique de dissuasion nationale 994. Cest pourquoi,
en novembre, Isral refuse de signer lArrangement de Wassenaar sur la rglementation des
exportations d'armes classiques et de matires et technologies double usage, adopt par 33
tats, car nayant pas inclus le TNP et le RCTM. En consquence, un nouveau complexe de
recherche nuclaire est construit Har Homa prs de Jrusalem995.
La dcision est en quelque sorte lgitime lorsque lACRS et lUNSCOM dplorent
que lIrak et lIran refusent de laisser contrler leurs potentiels biochimiques et nuclaires.
Aussi, lors de la confrence de Denver, on envisage dinterdire la production de matire
fissile, dont linitiative avait t propose par le TPN en 1995. Cette mesure vise entre autre
les tats de seuil qui refusent den entendre parler. Les membres de lAIEA renforcent les
mesures de contrle par le Protocole Additionnel, donnant lAIEA des pouvoirs
supplmentaires. Le 16 mai, le Conseil des gouverneurs de l'AIEA adopte un modle de
protocole additionnel (INFCIRC/540), qui vise renforcer les garanties, ce qui dissuade Isral
de les accepter pour Dimona. Le boycottage par les tats arabes de la confrence de Doha en
novembre 1997, est un camouflet pour Washington. Mais personne ne dit pas que la raison est
entre autre le nuclaire isralien. Hafez el-Assad, lors dune confrence avec Moubarak,
rtorque que quiconque possde larme nuclaire na pas le droit de critiquer autrui. Sils
(les Israliens) veulent le dsarmement, quils commencent dmanteler leur arsenal
nuclaire, et les puissances arabes suivront 996. En juillet, lArabie Saoudite, le Soudan, le
Liban, le Qatar et la Libye renouvellent leurs attaques diplomatiques en utilisant parfois la
menace cologique, parfois l'argument de la prolifration997.
993
Ouvrage collectif, Essais nuclaires, fin de partie, Editions complexe, Grip, 1996, 110 pages, p. 93.
Strategic Assessment, 1 mars 1998, Change in Israeli Nuclear Policy?, Emilie LANDAU.
995
Barry SCHNEIDER, Op.cit., p. 133.
996
Carnegie Endowment for International Peace, Chapter on Israel from Tracking Nuclear Proliferation,
1998.
997
AIEA, GC(41)/OR.6, Juillet 1998, Record of the sixth Plenary meeting, 1er octobre 1997. Voir 3me partie.
998
The CBWCB, n54, dcembre 2001, 60 pages, p. 41.
242
994
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
entoure lIIBR, mais seulement dterminer si les activits de l'institut mettent en danger la
vie des citoyens de la ville, afin d'envisager ventuellement son dmnagement. Assaf Shariz,
le porte-parole de la commission, dnonce les services de scurit nationaux, qui tente
dempcher le dbat999.
Le 7 mai, Isral exprime une nouvelle fois ses rserves de ratification cause de sa
constitution et du contexte international1000. La mme anne, Tel-Aviv, qui stait prt aux
tests de la 15me session de la First Official Inter-Laboratory Proficiency Test de lOPCW,
prouvant ou non la conformit des installations israliennes, conteste leurs validits lissu
des rsultats dcevants. Or, au mme moment, lacm monte entre Damas et Tel-Aviv.
Lambassadeur de la Syrie en gypte, Isa Darwish, ragit vivement et prvient que si Isral
continue menacer Damas de ses armes biochimiques, la rponse sera svre car rien
nempchera la Syrie de ragir avec des armes chimiques , ce quoi une source non
officielles de Tsahal rpond nous avons les moyens de ragir cette menace prcise 1001, ce
qui revient reconnatre implicitement le programme chimique isralien. Le 10 dcembre,
l'AG des Nations Unies adopte la 51me session la reconduction du protocole de Genve de
1925 en intgrant les rcentes modifications des conventions sur les armes chimiques et
bactriologiques. 165 pays approuvent la rsolution, mais des pays sabstiennent: Bilorussie,
Isral, ses allis amricain et sud-coren, le Kazakhstan, la Russie et le Tadjikistan entre
autre1002. Le Jerusalem Post, couvrant la Confrence sur la scurit et la coopration en
Mditerrane se droulant en Slovnie, rapporte les paroles de lofficiel palestinien Abdullah
Abdullah, accusant lIIBR de dvelopper des armes biochimiques1003. Le chef de la dlgation
isralienne, Ra'anan Cohen exige que le palestinien retire ses propos, arguant quil ny a pas
de preuves et quIsral soutient le dsarmement dans la rgion.
Isral informe la 1re session de la CWC Conference, de ses intentions de ratifier le
trait, mais bataille pour dultimes concessions. LUS Department of Commerce dcrte alors,
le 22 mai 1997, un renforcement de lEnhanced Proliferation Control Initiative, qui enjoint
Isral et son alli indien passer par cet organisme de contrle. La dmarche de Washington
sexplique. De nombreuses recherches communes existent avec Isral. Or, en abandonnant le
volet chimique, peu rentable et peu efficace, Isral et les tats-Unis font figure de promouvoir
le Dsarmement et ainsi pourront poursuivre les recherches biologiques plus sereinement. De
plus, le chimique est la seule dissuasion des pays pauvres. Dautre y voit laction dun Clinton
moins conciliant avec Isral. Cependant, refroidit par ces restrictions subites, Isral, par
999
Le Monde, 20 fvrier 1997, Marcus Klingberg, l'espion cach d'Isral, va rester en prison , Claude
PATRICE.
1000
The CBWCB, n36, juin 1997, p. 32.
1001
The Nonproliferation Review, Vol. 5, n1, 1997, p. 105.
1002
The CBWCB, n35, Mars 1997, p.29.
1003
Jerusalem Post, 14 mars 1999, PNC Member Accuses Israel of Making Non-conventional Arms, p. 3.
243
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Ehud Barak confie quIsral a bien dvelopp un programme chimique, mais que celui-ci a
t rduit mesure que celui des tats arabes sest dvelopp1006. Mais si le chimique
isralien sest rduit, cest mesure que son nuclaire et son bactriologique se sont
dvelopps.
1004
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Washington insiste pour que soient minimises les inspections des installations
militaires des tats ayant des programmes importants de dfense biologique comme Isral.
Seule une partie des installations de dfense biologique amricaines peut tre inspecte, mais
pas leur activits sous-traites en Isral, ce qui permet Washington de signer la CAB sans
nuire sa dissuasion. D'ailleurs, le 28 fvrier 1997, est prsent la Chambre des
Reprsentants amricaine, un rapport sur la ncessit dune recherche isralo-amricaine
contre le bioterrorisme. 68 millions de dollars sont dbloqus pour ce faire. Le 18 mars, les
laboratoires civils israliens passent avec succs les tests de conformit de lOPCW1008. Le 9
fvrier 1998, lUniversit Bar-Ilan et le Center Strategic Studies, par la voix de Gerald
Steinberg, dfend une prochaine ratification de la CAB par Tel-Aviv, mais maintient que
lIrak empchent la poursuite de linitiative.
Devant les Cassandre qui rigent le bioterrorisme, le Congrs amricain, en aot 1999,
dfinit les priorits officielles: tablir, expliciter et orienter les recherches vers les capacits
de survie dans un environnement biochimique, identifier les mesures qualitatives et
quantitatives afin dvaluer les besoins dans cette lutte, dcrire les effets de ces produits,
recenser et dcrire les activits des laboratoires trangers 1009. Un renforcement mutuel se
met en place avec la compagnie isralienne Biosensor system design, base Jrusalem pour
loptimisation des rponses sanitaires (enzymes et anticorps et la conception de matriel de
1007
United States, The White House, Executive Order, Office of Policy Coordination and International Relations
of United States, Israel-United States binational industrial research and development . 13 mars 1995.
1008
Le Monde Diplomatique, juillet 1998, Comment enrayer la prolifration des armes chimiques et
bactriologiques? Rticences des grandes puissances , Bruno BARILLOT.
1009
US Department of Defense, Information Analysis Center sponsored by the Defense Information Systems
Agency, op.cit..
245
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246
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premier comit des Nations Unies adopte, le 3 novembre, trois rsolutions dans le cadre de la
CAB afin dacclrer les ngociations. Mais Le Caire, Aden et Tripoli exigent que les
dmarches touchent tous les pays de la rgion, et redisent que loption Samson remet tout en
cause. La rsolution est nanmoins adopte par 136 pays contre les absentions de la Core du
Sud, dIsral et des tats-Unis. Isral participe, le 28 novembre, Genve, au protocole de
ngociation sur les armes biochimiques avec le Pugwash Study Group et 33 autres pays. Cette
fois, Isral na pas besoin de sexpliquer et fait profil bas, car la presse internationale aligne
articles sur articles sur le crash de la EL AL, et sur les rcents accidents survenus NessZiona.
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la ratification. Cest autant de temps de gagner tout en prouvant sa bonne foi. Le Premier
ministre respecte lambigut en refusant de confirmer.
La polmique ne cesse pas pour autant. Le ministre des Affaires trangres rpond
par une vieille stratgie isralienne. En effet, en guise de rponse, il fait publier sur son site
officiel, un extrait dun article dun journaliste britannique juif, collaborant au Maariv. Cela
vite que la rponse puisse tre considre comme officielle, mais la prsence de l'article fait
que linformation est considre comme plausible, puisquelle nest pas dmentie !: Il est
certain que l'institut biologique de Ness-Ziona, qui est un complexe secret, ne peut pas tre
tran dans une confrontation au-dessus de l'exactitude historique, et par ce biais ne peut tre
confirm ni infirmer . C'est donc ici une reconnaissance officielle des productions
biochimiques du site. En revanche, c'est sur la nature des armes dveloppes que le journaliste
n'est pas d'accord. Ce qui provoque le raisonnement suivant: Le correspondant isralien ne
peut pas tre accus de diffamation contre l'tat dans lequel il est n et a t lev, mais il est
une victime innocente d'un appareil bien huil qui a voulu, avec prcision au moment o l'Irak
est en litige par rapport aux tats-Unis et aux Nations Unies sur le dveloppement d'armes
chimiques et biologiques, cela dans le but de dtourner les projecteurs vers l'ventuel
programme biologique d'Isral 1017. Ainsi, loin de rfuter les rumeurs, le quotidien isralien
accuse le correspondant de parler d'une rumeur mais plausible (do lemploi du mot
ventuel ), dans un contexte o il vaudrait mieux dnoncer le programme irakien. Sur les
autres sujets de socit, y compris sur des questions militaires, le ministre des Affaires
trangres n'utilise pas des articles de journaux. Seul le nuclaire et le biochimique sont traits
ainsi de manire dtourne et non-officielle. Un modle de diplomatie.
Le 20 aot, le journal britannique Foreign Report enfonce le clou. Citant des sources
israliennes, il affirme que les services de scurit ont srieusement envisag lvacuation des
25 000 habitants de Ness-Ziona et 800 000 autres proximit immdiate de lIIBR, selon une
commission denqute effectue par la Knesset. Le 24 septembre, le maire de Ness-Ziona
Yossi Shvo et le biologiste Yehuda Zelig, demandent la Cour Suprme la suppression d'un
projet d'extension de lIIBR. Le maire explique: La cour a dcid daccepter de geler
lexpansion de linstitut jusqu ce quune tude environnementale soit mene. La cour
pourrait r autoriser une expansion 1018. Shvo avoue quil na jamais visit le complexe,
pourtant le premier employeur de la ville mais affirme que si le Maariv dit vrai: Cest trs
inquitant. Je ne pense pas que des installations militaires doivent tre difies au milieu des
1016
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Le Monde, 11 janvier 1994, Inquitude aprs les rvlations sur l'affaire Klingberg .
Le Figaro, 18 fvrier 1999, Ibid.
1021
IIBR, 2004. (Site officiel de lIIBR).
1022
Arabic News.com, 21 octobre 1998, Report: Secret Israeli chemical tests kill 4, wound 25.
1023
The CBWCB, juin 1999, 48 pages, p. 38.
1024
Haaretz, 2 juillet 1999.
1020
249
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250
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La vraie raison est celle-ci : les deux pays ont la fcheuse habitude de mter des
manifestations avec des substances la limite de la lgalit. Dautre part, Isral lance un
programme pour dvelopper le secteur des biotechnologies, trs rentable, pour sauver le pays
du marasme conomique provoqu par le seconde Intifada. En consquence, lorsque le 1er
dcembre La Haye, le Ymen et les EAU ratifient linitiative de l'OPCW , elle est rejete
par lgypte, lIrak, Isral, la Libye et la Syrie plus son pion libanais.
1028
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
dans cet ouvrage, si lInde et le Pakistan sont cits nommment, la mention Isral est peu
prsente. Et en matire de nuclaire, il est le prolifrant le plus avanc. A moins que ce soit
lIran envers le Pakistan Lalliance entre New Delhi et Tel-Aviv est en tous cas
incontestable. Le 4 juin, le chef isralien de la coopration nuclaire entre les deux pays doit
annuler sa visite car au moment o lInde teste sa bombe, il craint que cette coopration ne
soit rvle au grand jour. Par contre, les professeurs Brhama Chellaney et Khallam, du centre
politique de recherche de New Delhi partent en Isral. Le Times rvle quIsral vend bien
lInde du matriel et de la technologie nuclaire quelle acquiert en Europe1034. La thse que
les deux derniers essais indiens aient t effectus pour Isral est reprise par Dominique
Lorenz : Isral et lInde staient trouvs dans une situation comparable celle de la France,
des tats-Unis et de la Chine. Ils avaient besoin de mener une dernire campagne de tirs avant
de sen remettre aux seules simulations 1035.
Aux tats-Unis, les ambassadeurs israliens interrogent la Maison Blanche sur les
relles capacits pakistanaises. Car Tel-Aviv craint que la visite au Pakistan du ministre
iranien des Affaires trangres Kamal Harrazi, juste aprs les tests, ne soit le dbut dune
coopration nuclaire entre les deux pays1036. Lorentz pense en effet que le Pakistan na pas
test sa bombe, mais un engin pour le compte de lIran. Pour les cinquante ans de la cration
de ltat hbreu, en juin 1998, le ministre isralien de la Dfense, Itzhak Mordechai, reoit le
prsident gyptien Moubarak. Ce dernier fait une dclaration au sujet des tests nuclaires de
l'Inde et le Pakistan : Nous demandons depuis toujours que le Moyen-Orient soit une zone
exempte de toutes ADM. Aujourd'hui, j'appelle au dsarmement du monde entier . Mais
Shimon Prs estime quau contraire, le contexte indo-pakistanais retarde les ngociations, car
le Pakistan est une menace pour Isral : Je me sentirais plus en scurit lorsque toutes les
armes nuclaires auront t dtruites, cela est la faon la plus sre pour le monde entier 1037.
Islamabad, d'habitude discrte, ragit sur les inquitudes israliennes. Le pays dment la
rumeur de sa collaboration avec d'autre tat la capacit nuclaire du Pakistan n'est pas
vendre . Le Pakistan, souhaite inclure dans le mandat de ngociation non seulement
l'interdiction de la production future de matires fissiles, mais galement l'instauration d'un
contrle international sur les stocks existants, dcisions qui concernent autant l'Inde quIsral.
Mais l'initiative est repousse par les EDAN1038.
1034
Times, 4 juin 1998, Israel Blocked CIA reports, Helped India. LInde possdera son propre sous-marin
atomique durant lt 2009.
1035
Dominique LORENTZ, op.cit., p. 579.
1036
The Non prolifration Review, Automne 1998, Nuclear and missile related trade and developments for
select countries,mars-juin 1998, p. 148. Michael BARLETTA.
1037
Mohamed ABDEL AZIM, Ibid.
1038
Prsidence de lAssemble Nationale, Rapport dinformation dpos en application de larticle 14 ,
ibid.
252
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UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Weizmann pour des tests nuclaires, et Rafael pour des tests balistiques. En 2000, il refusera
galement qu'Isral puisse consulter des images satellites stratgiques de lUS Army1043. Pour
ngocier, Tel-Aviv demande en change aux tats-Unis de frapper plus durement lIrak, ce
que Clinton refuse dabord. Le 26 janvier 1998, le PNAC, think-tank rpublicain conservateur
et no-sioniste, publie une lettre l'intention du prsident, appelant renverser Saddam
Hussein, sous prtexte dj dADM clandestines. Parmi les signataires on retrouve nombre
d'individus qui ont tenu un poste dans le gouvernement Bush: Elliot Abrams, Richard
Armitage, John Bolton, Fukuyama, Khalilzad, Perle, Peter Rodman, Donald Rumsfeld, Paul
Wolfowitz Robert Zoellick, William Kristol, Robert Kagan et James Woolsey. Clinton finira
par cder en autorisant ces frappes. Mais comme Isral refuse de ngocier sur ces propre
ADM en change, Washington maintient son interdiction sur les supercalculateurs (un march
de 31 millions de dollars)1044. Il est probable que cest pour cette raison que durant 1998 et
plus tard, des tests rels sont menes dans les roches du Nguev (voir plus loin) et peut-tre en
Inde afin de contraindre les Amricains cder. Nanmoins, le 19 fvrier, des scientifiques du
Technion annoncent triomphalement que leurs services ont mis au point leurs propres
supercalculateurs, bien plus performants, dit-on, que son homologue amricain1045.
Lors dun lancement de satellite par un Shavit, un militaire amricain tmoigne que
rien ne distingue le Shavit dun missile balistique car le Jericho-2 est un Shavit qui ont a
enlev le dernier tage au profit dune tte militaire. Son homologue isralien rplique que le
lanceur ne vole que verticalement la diffrence dun ICBM. En mars, afin de conserver
lopacit, les IAI demandent aux tats-Unis, lautorisation de lancer un Shavit, transportant un
satellite, depuis le territoire amricain1046. Les Israliens expliquent que le satellite servira la
lutte antiterroriste. Clinton, emptr dans laffaire Lewinsky, est harcel par les bellicistes
israliens et amricains, pour quil intensifie les bombardements en Irak. En mai 1996, il avait
dj refus daccueillir des Shavit1047. Washington se fche et refuse, prtextant quIsral na
pas sign le TNP. Comme cette leon de morale ne convainc nullement, les tats-Unis
prcisent alors quils ne sont pas dupes des buts drivs du Shavit et que si Isral veut
loptimiser des fins de dissuasion nuclaire, ltat hbreu na pas se servir des Amricains
comme paravent1048. Cest la premire fois que des sources officielles, de surcrot
amricaines, parlent des capacits nuclaires du Shavit. Est-ce parce que les rsurgences des
affaires Pollard, Vanunu et Ness-Ziona ont t ventes que Washington, proccup, cherche
1043
Financial Times, 11 octobre 2003, Israel extends nuclear weapons capability, Dougles FRANZ.
Testimony of Gary MILHOLLIN, Wisconsin Project on Nuclear Arms Control, ibid.
1045
BBC Summary of World Broadcasts, 24 fvrier1998, Virtual Supercomputer Developed to Overcome US
Ban .
1046
Janes Defence Weekly, 5 novembre 1998.
1047
The Risk Report, Volume 2, n3, mai/juin 1996, Israel: U.S. Turns Down Shavit Rocket.
1048
Haaretz, 10 mars 1998.
254
1044
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
1049
Universit de Lille II, Annes 2000 / 2001, DESS Droit & Cyberespace, Systme Echelon & Programme
Carnivore , Sous la direction de Jean-Jacques LAVENUE. 71 pages, p. 26.
1050
Yediot Aharonot, 12 juin 1998.
1051
The Risk Report, volume 6, n6 (Novembre 2000), Israel Missile Update 2000.
1052
Center for Nonproliferation Studies, 2002, Israel's Nuclear Posture Review, CNS Issue Brief on WMD in
the Middle East .
1053
JCSS, volume 1, n4, janvier 1999, Israel and the Cut-Off Treaty, Shai FELDMAN.
255
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
bombes (sans toutefois les optimiser ni en fabriquer de nouvelles), et se voir promettre par les
tats-Unis la fourniture de combustible pour maintenir la dissuasion mais en abandonnant
Dimona. La ratification ninterviendrait que lorsque la rgion sera en adquation avec
lensemble des traits. Mais un journaliste juif amricain, Avner Cohen, sinvite dans le
problme en gratignant le discours officiel dans un livre brlot, Israel and the Bomb, publi
aux Etats-Unis en octobre. Il y mentionne limpuissance dEisenhower, les efforts dsesprs
de Kennedy pour convaincre Isral, et subodore donc que les efforts de Clinton ne drogeront
pas la rgle.
Le 23 octobre 1998, les accords de Wye River sont signs entre lAP et Isral. Clinton
rcupre le processus dOslo engag, mais en prsentant un texte moins ambitieux que
loriginal. En marge du sommet, le prsident crit une lettre Netanyahou, promettant que
Washington s'engagera prserver la dissuasion isralienne mme dans les pourparlers sur la
limitation des armements au Moyen-Orient, et augmenter l'aide militaire. En change, Isral
devra absolument s'en tenir l'ambigut de sa dissuasion et accepter une soumission la
stratgie amricaine en plus d'un droit de regard sur les paramtres et l'usage de cette
dissuasion, rtrocder des territoires, signer la paix avec la Syrie en vacuant le Liban (effectif
en 2000). Telles sont quelques-unes des clauses de lIsrael-U.S. memorandum of Agreement
sign entre Clinton et Netanyahou le 31 octobre destin prserver les capacits dfensives
et dissuasives dIsral 1054, dissuasion tant le terme polic et diplomatique pour armes
NBC. Le mmorandum engage de plus les Amricains amliorer les capacits de dfense
et de dissuasion de ltat hbreu et acclrer lassistance et le support technique,
diplomatique et autres , en cas de menace au Proche-Orient1055. De son ct, lAIEA publie
une version dulcore, stipulant quil existe un accord avec des tats ayant des contrats de
recherche-dveloppement et des programmes dessai avec lAIEA. On retrouve Isral et le
Pakistan. La prolifration est prserve contre la paix1056.
Qui dIsral ou des tats-Unis a fait cder lautre ? En ralit, laccord de principe est
atteint, mais dans les faits, rien ne change. Linformation filtre dans Haaretz1057 partir du
tmoignage de Zvi Stauber, consultant du ministre des Affaires trangres. Uzi Arad,
consultant de Netanyahou, et Zalman Shoval, ambassadeur Washington, sont les vritables
auteurs du compromis, en russissant convaincre Martin Indyk et Bruce Reidel du bien
fond de la dissuasion isralienne. Martin Indyk se rend un meeting de l'American Jewish
Committee delegation o il vante le pacte de dfense entre Isral et les Etats-Unis, et la
chance unique d'tablir la paix avec Damas. En ralit, Isral refuse ce pacte, hormis le retrait
1054
AIPAC,
U.S.-Israel
Security
Memorandum
of
Agreement,
http://www.aipac.org/Publications/SourceMaterialsU.S.-IsraelBi-lateral/U.S._Israel_Security_Memorandum.pdf
1055
NYT, 2 novembre 1998.
1056
AIEA, rapport annuel pour 1999, GC(44)/4, 183 pages, p. 165.
256
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
du Liban -sud, mais garde la bombe en refusant le TNP, ainsi que le pacte qui lierait Isral aux
Etats-Unis comme pour la Grande-Bretagne avec son programme nuclaire sous autorit
amricaine. Officiellement,
Moubarak se contente
des
ternelles
jrmiades
par
l'intermdiaire de son porte-parole l'AIEA. En coulisse, il ngocie son silence contre une
rvaluation de l'aide financire amricaine. Les aides amricaines au Caire et Tel-Aviv font
le bonheur des industries d'armements amricaines.
257
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guerre en change du Golan. Pour Tel-Aviv, la perte du plateau doit tre compense par un
lment cl garantissant la scurit de ltat, soit le maintient dune dissuasion intacte. Si lon
peut conserver les deux, cest encore mieux. Isral va essayer de manuvrer en ce sens. La
ngociation est conduite par le directeur gnral des Affaires trangres Eytan Bentsur, le
dput directeur gnral pour l'Amrique du Nord Yoram Ben Zeev, Zvi Stauber et Amos
Yaron. Isral demande un accs aux donnes confidentielles des SR amricains et l'accs
leurs stations d'coute pour compenser la perte ventuelle de celle du Golan. Elles permettront
de braquer les missiles nuclaires sur les cibles syriennes en cas de rupture d'accords de paix.
Enfin, le dput Yekutiel Mor demande aussi la livraison de missiles de croisire Tomahawk.
Tel-Aviv souligne que lIran et lIrak sont toujours des dangers et que les Tomahawk lui sont
utiles pour les dissuader. La requte est rejete, car elle entrave la lgislation internationale et
risque de fcher la Russie. De plus, Isral refuse de dire ce qu'il compte en faire ; les doter de
charges nuclaires ? Les experts estiment cependant que si abandon du Golan il y a, cest
uniquement parce que le systme des silos nuclaires, prsent sur le plateau, est obsolte1063 et
selon un sondage effectu en Isral, 63% de la population estime prfrable un abandon du
Golan en change de la paix1064. En fait, son avantage de glacis dfensif et dimmense chteau
deau reste les principales raisons. Tsahal propose galement la Syrie, en juillet 1999,
dchanger le Golan contre larrt du soutien au Hamas et au Hezbollah.
1063
Ira CHERNUS, Alain COUTE, Youssef ABOU SAFIA, Hans LEBRECHT, Universit de thologie de Boulder,
Colorado, 19 novembre 2003.
1064
Haaretz, 14 mars 2000, A prsident promise: Israel can keep its nukes, open secrets, Aluf BENN.
258
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En juin 1999, un membre de la Knesset ainsi que des experts gyptiens, tel le docteur
Tariq el-Nimar, accusent le gouvernement davoir effectu un test souterrain dans le golfe
dEilat le 28 mai 19981065, provoquant de petits tremblements de terre. Le magazine
IsraelWire reprend laccusation, le 10 mars 2000, formule par deux dputs israliens. A la
Knesset, le dput travailliste Rafi Elul, demande au gouvernement sil tait vrai quIsral
avait effectu le 28 mai un essai nuclaire souterrain dans la rgion dEilat . Le dput Abdel
Wahab Darawhsha, de la Liste arabe unifie, affirme pour sa part que le pays avait fait
exploser une bombe neutrons qui a provoqu le sisme 1066. Le dput du ministre de la
Dfense, Silvan Shalom rtorque cette rumeur est absolument sans fondement, rappelant
quIsral a sign le TICE.
Or, le trait (non ratifi) autorise ce type dexprience fin pacifique, afin de vrifier
les conditions de scurit appliquer dans le cas o lutilisation future de loutil nuclaire
serait envisage pour lexcution de grands travaux de gnie civil 1067. De plus, des tests
civils peuvent servir vrifier la solidit dinstallations nuclaires militaires, ou de roches
avant un essai militaire. Ainsi donc, comme lavance Jean-Marie Collin, il ny a pas eu que
2060 essais nuclaires dans le monde, selon le principe des dispositifs dmonstrateur 1068,
mais bien plus, si on intgre ce type dessais, ainsi que ce qui sont secrets, comme ce dernier.
Le GRIP estime que certain pays effectue bien des essais nuclaires pacifiques (ENP) qui, du
point de vue technique, ne peuvent se diffrencier de tests militaires. Les cinq puissances
nuclaires ont dj effectu de pareils tests ENP, soit 7% des explosions dans le monde. Par
exemple, les deux Grands ont en ralis pour creuser des canaux, des grottes souterraines, ou
faire fondre des glaces en Arctique pour construire des ports, selon le site de lOTICE 1069. Ses
tirs seraient proscris par lOtice aujourdhui.
Pour sa part, lInstitut sismologique isralien (ISI) va dans le sens de la thse
officielle. Son responsable, Abbi Shapira, dit ne pas avoir dtect de signal sismologique
propre un test nuclaire, et que lpicentre cit se situe louest dAlexandrie, sur le
territoire gyptien. La chaine 1 isralienne relgue la thse officielle:
Une srie dessais en explosifs traditionnels effectus en mai par larme isralienne ont
provoqu la rumeur sur un test nuclaire, le tout concidant avec un sisme qui sest produit en
Isral et en gypte. Ces essais sur la rsistance de btiments des impacts de bombes ont t
effectus entre le 17 et le 28 mai, en prsence dobservateurs trangers, dans le dsert du Nguev.
Lessai le plus important sest droul le 28 mai, le jour mme o se produisait une secousse
tellurique de faible amplitude en gypte et dans le sud dIsral1070.
1065
Mark GAFFNEY, Dimona: The Third Temple? The Story Behind the Vanunu Revelation, Brattleboro,
Vermont, Amana Books, 1989, 100-101. Voir aussi Israelwire, 10 mars 2000, Nuclear testing was an Israeli test
of car bombs .
1066
LHumanit, jeudi 10 aot 2006, Les Quinze et ltat palestinien .
1067
Jean-Marie COLLIN, La bombe, Paris, Autrement, 2009, p. 47.
1068
Jean-Marie COLLIN, La bombe, Paris, Autrement, 2009, p. 31
1069
Site de lOTICE, juin 2009
1070
LOrient, 20 juin 1998, les tests taient conventionnels et le sisme une concidence .
259
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
On sait seulement que des tests sont superviss par le Home Front Command, du 17 mai au 6
juin. Celui du 28 mai est le plus consquent1071. Mais pourquoi les tests de ces explosifs, dits
conventionnels, ont-ils t secrets ? Ont-ils t des essais sous-critiques (ou tirs froids :
emploi de matires fissiles, sans raction en chane) qui sont licites ? La presse isralienne
avait dj rvl que quelque part dans le sous-sol du Nguev, non loin d'Eilat, se trouve une
installation trs sophistique, une station gophysique de l'Onu, charge notamment de
dtecter des ondes telluriques dessais nuclaires dans la rgion du Moyen-Orient. En fait, des
stations de ce type sont construites prcisment pour dtecter des tirs nuclaires souterrains ou
sur terre, manent de pays problmatiques, comme lexplique le CEA dans le cadre de
lOTICE1072. Isral met disposition de lorganisme les stations sismiques auxiliaire dEilat
(code AS048) et du Mont Meron (AS049) ainsi que le laboratoire radionuclide de NahalSorek (RL09, en projet)1073. LIsraeli National Data Center (NDC) de Nahal-Sorek surveille
dj les essais ventuelles trangers dans le cadre daccords internationaux la prolifration
rgionale. Le Dpartement d'tat Amricain recense bien une station sismique MBH Eilat et
une station PARD Parod1074. En France, ce sont la Direction des applications militaires
(DAM) et le Service radioanalyse chimie et environnement (SRCE) qui sen occupe.
Curieusement, il existe une station radionuclides perdue aux Iles Marion, parmi les 321
stations dans le monde1075. Linformation serait donc plausible. Dautant quIsral possde
une installation exprimentale afin de tester des explosions par confinement inertiel petite
chelle, dont seul les tats-Unis, la Russie et le Japon sont dots1076. Le Nguev est
prcisment une zone sismique intense.
Le docteur Rami Hofstetter, directeur dEilat, explique:
Nous examinons les secousses sismiques, au moyen de matriel spcial comme un sismomtre
et un gravimtre, de mme que des dtecteurs de champs magntiques. Ces instruments permettent
de dtecter des changements provoqus par des tremblements de terre ou des chocs provoqus par
des essais nuclaires. Les essais nuclaires effectus par l'Inde et la Pakistan ont t ressentis
jusqu'ici par exemple. Cette station a t construite dans le dsert dans un lieu trs isol afin
d'viter le brouillage des ondes captes par les antennes ultrasensibles des instruments. [] Une
installation similaire existe dans le Nord, prs du Mont Meiron. Les stations israliennes font en
fait partie d'une chane de 50 stations gophysiques internationales disperses dans le monde
entier, notre station est importante car elle se trouve non loin de pays suspects d'activits
nuclaires
Aussi, il se pourrait que la station surveille les programmes des tats voyous. Mais comme
elle est dirige par des Israliens, les tests de l'tat hbreu ne seraient pas rapports lAIEA,
mais juste contrls pour des proccupations scientifiques. Car plus curieux est la suite de
l'article:
1071
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Ce mardi, un tremblement de terre artificiel sera provoqu dans le Nguev, d'une amplitude
d'environ 2.4 sur l'chelle de Richter, afin de rgler les instruments des stations gophysiques
israliennes et jordaniennes. Quinze tonnes d'explosifs seront utilises dans ce but mais le choc ne
devrait pas tre ressenti au-del des environs de la station, selon le ministre des Infrastructures.
Des oprations de rglages similaires ont dj t effectues deux reprises en Isral 1077.
tant donn que le Nguev fut dj le thtre dessais souterrains possibles en 1966, il est
possible, bien que rien ne permette de l'affirmer avec certitude, que les explosifs soient de
petites charges nuclaires l'image des mininukes type B-61-11 nommes aussi bombes de
champ de bataille. Dailleurs, cette voie dexprimentation linstar de celles des national
ignition facility aux tats-Unis, le laser mgajoule en France ou lOrion en GrandeBretagne1078, instaure un systme de vrification pour tout essai suprieur un Kt1079, ce qui
signifie que lon peut tester des charges dune puissance infrieure ce Kt.
Ces essais dans le Nguev sont refuss comme preuve par les think-tank europens et
parfois amricains. L encore, il faut rendre justice aux gopoliticiens israliens qui nhsitent
pas affronter la censure. Le JCSS, dont les tudes sont trs srieuses, avance quIsral a bien
men des tests nuclaires souterrains jusqu il y quelques annes. Le JCSS place mme ces
essais prs de la mer Morte afin dprouver le systme dalerte sismique nationale1080.
Tous se corroborent. On sait dj que des pays ont attendu dune secousse telluriques se
produise pour y camoufler un essai atomique. Il serait donc probable que l'tat hbreu utilise
cette vieille technique, voir mme celle de faire exploser une charge conventionnelle
(prcisment des fins de test sismiques) pour masquer un essai. Cette ventuelle campagne
dessais est noye dans un flot dvnements internationaux, dont la guerre du Kargil entre
lInde et le Pakistan, qui brandissent de surcrot leurs dissuasions.
Officiellement donc, Isral, qui na pas la bombe, fait clater des bombes, non pas
pour optimiser sa dissuasion, mais pour des proccupations scientifiques! Sauf que cette
possibilit a t maintes fois dtourne en rumeur lorsque plusieurs pays arabo-musulmans,
dont lIran et lIndonsie, accuseront Isral de dclencher des tremblements de terre,
notamment afin de dtruire naturellement des installations sensibles. Dernire thorie.
Nous avons dit que la France bnficia dessais pacifiques amricains, et que Paris et Tel-Aviv
aurait men des tests aux Etats-Unis, comme nagure Washington en Australie. Dans le cas
prsent, lInde, condamne pour ses tests en 1998, aurait-elle expriment ses charges chez
son alli isralien, pour contourner les remontrances ? Cela semble douteux, mais plausible.
Quelques mois plus tard, le Times, le 9 octobre, de faire tat d'un rapport secret du Ministre
de l'nergie amricain, qui confirme que ltat hbreu se classe bien au sixime rang des tats
1077
Aroutz Sheva, 2 janvier 2007, Une station gophysique de l'Onu espionne l'Iran sous le sol d'Eilat , David
GELLER.
1078
Jean-Marie COLLIN, La bombe, Paris, Autrement, 2009, p. 53.
1079
IHEDN, La dissuasion nuclaire est-elle encore ncessaire dans le contexte gostratgique actuel, rapport
du Comit 6, 52me session nationale, dcembre 1999.
1080
JCSS, Vol 2, n4, fvrier 2000, Israel's Arms Control Agenda .
261
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dtenteurs d'armes nuclaires. Selon ce document, Isral possde de 300 500 kilogrammes
de plutonium de qualit militaire, soit un stock suffisant pour assembler au moins 250 ttes
nuclaires. Le 22 juillet 1999, un autre coup de canif est donn dans la lutte contre la
prolifration, avec la remise en cause de lABM, par le National Missile Defense, devenu
ensuite le Missile Defense, une concession que Clinton lche, en esprant sans trop y croire
une rciproque des lobbies militaro-industriels sur la paix.
United States of America Embassy, US., Israel expand energy cooperation and scientific exchange (Energy's
Richardson announced agreement during visit to Israel), February 24, 2000.
1082
Nomm ministre au Commerce par Barak Obama fin 2008, il dmissionnera pour corruption.
1083
LOrient, 23 fvrier 2000, Accord sur la non-prolifration nuclaire entre Tel-Aviv et Washington .
1084
BBC, 22 fvrier 2000, US increases nuclear ties with Isral .
1085
Prsidence de lAssemble Nationale, Rapport dinformation dpos en application de larticle 145, ibid.
262
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Puisque la dissuasion isralienne est optimise, Isral fait un geste le 25 mai 2000,
conformment la dcision prise par le gouvernement Barak en mars de la mme anne :
Isral rtrocde la zone de scurit du Sud Liban, selon la rsolution-425, dcision que la
socit isralienne qualifie toujours aujourdhui dune des plus grandes fautes de
lHistoire de leur tat. 6000 soldats chrtiens ainsi que plus dun millier de soldats isralien,
dans le cadre de lopration long souffle , se replient vers Isral. La bombe atomique
isralienne dont loptimisation atteint un degr jamais gal, et l'aide promise par Washington
dans l'armement conventionnel et les boucliers antimissiles (voir 3me partie), permettent de se
passer (du moins le croit-on) de ce glacis dfensif. Ce retrait rpond aussi la lassitude de
larme et de la socit, qui constataient que la situation nvoluait pas favorablement depuis
1982. Barak pense peut-tre quun Liban libre et prospre serait la meilleure protection pour
le nord du pays. De surcrot, Isral est en meilleure position pour demander la communaut
internationale que la Syrie son tour, quitte le Liban et abandonne des ADM. Tel-Aviv
tempre son image doccupant. Le Hezbollah et les troupes syriennes crient victoire et
approchent dj de la frontire isralienne, mortiers et systmes lance-missiles. Les premires
explosions secouent la quitude des localits du nord de ltat hbreu. Isral comprend que
ds quil abaisse sa garde arme, ses ennemis en profitent.
IV.2.4 Lchec de la dernire tentative de Clinton pour instaurer un processus de paix
Isral clbre les possibilits de cet accord. On croit alors un cercle vertueux lorsque
le 10 juin, hasard de calendrier, Hafez el-Assad meurt dune crise cardiaque. Le vieux lion
syrien, incarnation rigoriste dun socialisme dictatorial et fodal, est remplac par son fils
Bachar, en qui on espre de profondes rformes, dont celles dvacuer le Liban, comme son
pre sy tait engag. Bachar, de formation occidentale, considr comme ouvert, rduit
cependant trs vite ses prtentions de rformes en face de lintransigeance du lobby militaire
syrien mais aussi dune situation au Moyen-Orient qui va vite se dgrader. Pour Damas,
abandonner le pays du cdre ruinerait son conomie (commerce plus trafic de stupfiant) et
affaiblirait sa dfense. La paix timide cde la place la dsillusion.
Du 11 juillet au 25 aot 2000, Clinton, Arafat1086 et Barak chouent dans la relance du
processus de paix Camp David III. Le dclenchement de la seconde Intifada Al Aqsa, le 28
septembre, noie les derniers espoirs de paix. Cest lincident de lEsplanade des Mosques
(Haram al-Sharif) prs du mont du Temple et du mur des Lamentations (lieu saint musulman
et juif), attribu tantt Arafat (qui na pas activ sa force 17 pour la scurit de Sharon)
tantt Ariel Sharon. M.Albright accuse plutt :
1086
Arafat aurait voulu carter les jeunes turcs palestiniens (Haidar Abdel Chafi, Hanan Ashrawi, Faycal
Husseini) qui avaient avanc leurs pions la Confrence de Madrid en 1991 et dOslo.
263
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
la cterie des membres du Likoud. [] Avait-on le droit de visiter le Mont du Temple ? Oui.
Mais le faire ce moment prcis revenait jeter une allumette enflamme dans un bidon dessence
au milieu des enfants du quartier. On en trouvera toujours pour applaudir ce genre de
provocation. LHistoire, elle, napplaudit pas. [] On peu reprocher aux Israliens lextrmiste de
certains dentre eux et, plus gnralement, leur politique touchant aux colonies. [] Ils nauraient
pas voulu cder dix pour cents pour gagner un dollars 1087.
264
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Les Israliens nont pas restitu tous les territoires promis. Les Palestiniens ont tard
confisquer les armes. Les Israliens taient censs librer des prisonniers palestiniens, ce quils ont
fait, mais du point de vue palestinien, il ne sagissait pas des bons. Les Palestiniens ont arrt des
personnes souponns de terrorisme, mais a prtendu Isral, pas les principaux responsables. Sous
la pression des extrmistes des deux camps, le langage de la violence a supplant le langage de la
paix 1091.
1090
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le spcialiste JM Collin : Jusqu quel point pourrons-nous progresser vers un monde plus
pacifique, sans prendre aussi en considration la question navale 1094.
Pour la marine isralienne, lHeyl Hayam HaYisrael, lacquisition de ses sous-marins
lance-engins est cruciale. Cest pourquoi lancien commandant de la marine isralienne, le
Major Gnral Avraham Botzer, dclare en dcembre 1990, date de la premire commande :
les sous-marins doivent tre une solution pour ltat dIsral, pas seulement pour la marine.
Ces sous-marins sont une plateforme pour des systmes darmes de dissuasion contre des
attaques dADM. Cest une solution de garanties si lennemi tente de frapper prventivement
en toute impunit avec des armes non-conventionnelles1095, signifiant la nature particulire
de ces btiments, tout en affirmant la ralit nuclaire du pays. Selon Joseph Cirincione,
directeur de la Carnegie Endowment's nonproliferation project va plus loin en soutenant que
la majeure partie de la capacit nuclaire isralienne se trouve bord de sous-marins qui
assurent une bonne dissuasion un pays dmographiquement et gopolitiquement le plus
vulnrable au monde, ce quaucun de ses ennemis ignorent 1096. Lamiral Alex Tal, de la Heyl
HaYam (marine), nomm en 1996, affirme mme : si Isral voulait cacher quelque chose, il
le mettrait trs certainement sous la mer 1097.
Tel-Aviv commande ces sous-marins type 800 la suite de ngociations, entames
depuis 1990. Elles nont pas t faciles. Les Israliens ont su vaincre les rticences de Berlin:
lAllemagne ne participe pas la guerre du Golfe (un aveu donc : elle tait bien en partie au
bnfice dIsral) et de plus, certaines entreprises allemandes ont particip au programme
chimique irakien. En consquence, ds dcembre 1990, Bonn accepte de financer hauteur de
511 millions de dollars des Dolphin1098. Selon dautres versions, lAllemagne accepte en fait
de fournir gratuitement deux exemplaires sur trois1099, pour un cot unitaire de 320 millions
de dollars1100. En 2008, on apprend finalement que lAllemagne a donn les 2 premiers
Isral aprs la premire Guerre du Golfe et diminu le prix du troisime 1101. Mais pour les
deux premiers exemplaires, les Etats-Unis ont pay pour la moiti, sans doute, sur
lenveloppe de la FMF. Leur construction dbute en mai 1991. En 1994, lentranement des
quipages dbute.
Laccord est modifi en 1997. Les entreprises Howaldtswerke-Deutsche Werft et
Thyssen Nordseewerke, conduit par Ingalls Shipbuilding, sont commissionnes. Siemens et
MTU soccupent de la propulsion. Elbit participe llectronique et aux contre-mesures de
1094
266
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
bord. On apprendra plus tard que la DCN franaise et son quivalent allemand staient
partags le march des sous-marins nuclaires: LAllemagne pour Isral et la France pour le
Pakistan1102. Le 9 juillet est mis en chantier le Tekumah renouveau ) avec laccord dIlan
Biran, directeur-gnral du ministre de la Dfense. Le 27 juillet, le premier sous-marin est
livr au moment ou Alex Tal est remplac par lamiral Yaari. la fin de lanne, cest au tour
du deuxime sous-marin, le Lviathan, puis en juillet 2000, du Tekumah. Ultramodernes,
mouillant Hafa prs des entrepts nuclaires (la marine classique est redistribue sur
Ashdod et Eilat), ces engins placent Isral comme la cinquime puissance sous-marine
nuclaire mondiale. Le 25 aot 2006, Isral signe de nouveau un contrat de 1,3 milliards de
dollars avec TKMS pour deux autres Dolphin NG U-212 (pour dautres travaux, il sagit de
machines de la classe 209) propulsion anarobie, plus furtifs. Cette fois, ils seront financs
pour un tiers par l'Allemagne. Livrables en 2010, ils porteront cinq le nombre de ces
btiments : Un en action, un second en transit, un troisime en cale sche, un quatrime en
alerte et le dernier en entretien. Un sixime exemplaire aurait t command, fruit dpres
ngociations. Il ferait dIsral une puissance gale la France, dpassant la Grande-Bretagne !
Les trois sous-marins intgrent la force 700 1103. En principe il est prvu quun des
btiments mouille en Mer Rouge, lautre dans le Golfe Persique,1104 effectuant ainsi une
pression permanente sur les capitales arabes selon le principe de la permanence la mer. La
stratgie minimum vise mettre en mer au moins un sous-marin la fois, un autre au
mouillage, le dernier en alerte. Lapport de ces machines augmente le nombre de marins de
11500 19500 de 2006 2010. La marine est dsormais apte exercer des blocus contre ses
ennemis, une potentialit qui demeurait moindre lors des guerres prcdentes, telle enseigne
que les marines internationales devaient jusque-l y suppler. Cela, Isral, pour des questions
dindpendance, ne le voulait plus. Elles permettent la scurisation des routes maritimes.
Toutefois, si les sous-marins sont invulnrables en mer, le Hezbollah aurait dlibrment vis
leurs bases en 2006, et dautres terroriste Ashdod le 23 novembre 2002 et 14 mars 2004. En
fait, Hafa tant la premire ville de taille prs de la frontire libanaise, elle tait une cible
vidente. Il est peu probable que des terroristes savent exactement o frapper.
La zone dentranement privilgie est lOcan Indien, surtout depuis que New Delhi
et Tel-Aviv ont sign de nouveaux accords1105 pour utiliser la base de Bombay, une porte de
missile de lIran... Dbut 2006, dans le Golfe Persique et dans l'ocan Indien, la base
amricaine de larchipel des Chagos accueille un temps ces sous-marins pour des
1102
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Janes Defence Weekly, 8 Nov. 2000, Israel received last Dolphin-class submarine.
Washington Post, Ibid.
1114
Los Angeles Times, 11 octobre 2003, Israel extends nuclear weapons capability, Dougles FRANZ.
1115
Washington Post, Ibid.
1116
DEN/DER/SERI, Building 212, CEA CEN Cadarache.
1117
Jerusalem Post, 26 mai 2008.
1118
Gordon THOMAS, Mossad, les nouveaux dfis, op.cit., pp. 66-67.
1119
Hans KRISTENSEN, Op.cit., p. 42.
1120
The Observer, 12 octobre 2003.
1113
269
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sont disponibles que depuis 20021121. Or, le Popeye ne peut en thorie dpasser les 350 km.
Le Delilah est un autre missile de croisire emport, dont la porte teste est comprise entre
300 et 500 km pour 150 kg de charge militaire1122. Il est dvelopp par les IMI en
collaboration avec la Chine notamment. Les IAI et Rafael cherchent doter ces missiles de
systme de navigation et de guidage perfectionn que le Pentagone leur refuse. Le Gabriel-IV
(ASMP) isralien, lui aussi capacit nuclaire, emport aussi par les units navales arienne,
est un missile dvelopp avec Tawan, se dplaant faible altitude ( de 30 m), une vitesse
subsonique (mach : 0.7). Sa porte, varie en fonction de sa version.
Au dbut du mois de janvier 2000, Amos Yaron, le ministre de la Dfense isralien,
aurait command Washington 12 missiles de croisire BGM-109 Tomahawk1123. Les missiles
de croisire exploite la brche laisse par le dsarmement sur les missiles longue porte. Les
Tomahawk entrent en service en 1984 aux tats-Unis, avec une porte de 2500 km. Plus petit,
mais plus prcis et pouvant tre dots de charges NBC, ils savrent mieux conus la
gostratgie actuelle. En effet, ils sont plus furtifs en volant juste aux dessus des vagues puis
au ras du relief terrestre. Ils sont plus maniables, peuvent changer de direction pendant le vol,
et sont plus conomiques. Isral se montre trs intress par eux aprs les frappes amricaines
russies en Serbie et en Irak. Chaque sous-marins en emporteraient 12 exemplaires. Il savre
que le directeur gnral du ministre de la Dfense Amos Yaron et le dput Yekutiel Mor, a
rellement demand la livraison de 12 100 de Tomahawk afin de frapper dans le futur lIran
et lIrak. Mais Washington nen dmord pas, au nom des accords de non-prolifration pass
avec la Russie et les instances internationales, et parle de versions locales, des Popeye-Turbo.
Isral aurait probablement refus dacqurir des missiles avec obligation daccepter un
contrle amricain1124. Mais la Maison Blanche, en mars, nie en avoir vendu Tel-Aviv. Plus
tard, les tats-Unis prcisent quIsral lui a bien demand cette livraison, lors des pourparlers
entre Clinton et Barak Shepardstown (Ouest-Virginie) en change du retrait du Golan, ce qui
lui a t finalement refus1125. Les rticences amricaines sont peut-tre purement formelles
pour mnager les alliances avec les pays arabes. Bernard Przelin, capitaine de vaisseau dans
la marine franaise, confirme les rticences amricaines mais ne cite pas Isral dans les
bnficiaires de cette technologie: Je parlerais plutt damlioration substantielle de leur
armement plutt que de prolifration, car progressivement les sous-marins classiques
acquirent une capacit de lancement de missiles changement de milieu ou antinavires1126.
Des essais prventifs de tirs de missiles sont effectus en mai au large entre lInde et le Sri1121
270
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Lanka au large de la Turquie, deux fidles allis1127. Le 18 juin, lIDF dclare avoir test un
missile partir dun sous-marin, dont la porte atteint prs de 1500 km. Mais on ne connat
pas leurs natures.
En octobre 2003, deux administrateurs amricains et un isralien confirment,
condition de respecter leur anonymat, que Washington vendu des missiles sub-Harpoon
pouvant emporter des ttes nuclaires (il faudrait dans ce cas les modifier)1128. Le 12
dcembre, The Observer mentionne que les flottes amricaines et israliennes ont dploy
ensemble des missiles dots de ttes nuclaires, afin de faire pression sur la Syrie et sur lIran,
rticentes abandonner leurs ADM :
Israeli and American officials have admitted collaborating to deploy US-supplied Harpoon cruise
missiles armed with nuclear warheads in Israel's fleet of Dolphin-class submarines, giving the
Middle East's only nuclear power the ability to strike at any of its Arab neighbours. The
unprecedented disclosure came as Israel announced that states 'harbouring terrorists' are legitimate
targets, responding to Syria's declaration of its right to self-defence should Israel bomb its territory
again1129.
Cet avertissement sadresse aussi lArabie Saoudite et lensemble du monde arabe, afin de
leur rappeler que toute agression ou tout soutien au terrorisme sera suivi de reprsailles
consquentes, au moins conventionnelles, comme au Soudan en 1998 de la part des tatsUnis. Robert S. Norris, historien du nuclaire au Natural Ressources Defense Council
Washington, et Daniel Seaman, porte-parole du gouvernement, refusent de rpondre aux
questions de l'AIEA mais confirment que les sous-marins transportent des Sub-Harpoon, sans
prciser la nature des ttes. La preuve est apporte le 31 aot 2007 lorsquIsral se dote pour
163 millions de dollars de 30 RGM-84L Block II Harpoon. Raytheon et Boeing affirment
cette occasion maintenir la capacit de dautodfense isralienne1130. Cependant, The
Pentagon's Defense Security Cooperation Agency (DSCA), qui supervise les exportations
militaires, explique que le contrat des Harpoon vers Isral n'est pas explicite sur l'autorisation
ne les modifier pour qu'ils transportent des charges nuclaires. L'institution met ensuite cette
conclusion nave: Nous n'avons pas de raisons de penser qu'Isral a l'intention de modifier
ou substituer les ttes de ses missiles . Ds lors, des missiles seraient bien vendus mais il ne
sagirait pas de Tomahawk... le contrat porterait au total sur 100 Harpoon. Robert Algarotti,
porte-parole de la firme qui fabrique les Harpoon, explique que les missiles n'ont de toute
manire pas t prvus pour des charges atomiques. Mais des experts affirment au contraire
qu'une charge nuclaire de 220 kg pour une porte de 100 km est possible, ce qui remettrait en
cause le MTCR1131. Reste savoir pourquoi Isral, qui produit des missiles trs performants,
1127
Sunday Times, 18 juin 2000, Israel Makes Nuclear Waves with Submarine Missile Test .
Los Angeles Times, 12 octobre 2003, Israel Adds Fuel to Nuclear Dispute .
1129
The Gardian, If Libya can do it, why not Israel, 22 dcembre 2003, Peter PRESTON.
1130
Defense Daily International, 31 aot 2007, Israel Seeking $334 Million in Missiles, $308 Million in Jet
Fuel.
1131
Arms Control Association, novembre 2003, Israel Allegedly Fielding Sea-Based Nuclear Missiles , Wade
BOESE.
271
1128
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veut s'en procurer ailleurs. La rponse est celle-ci. Les tats-Unis les vendent des prix
prfrentiels, prlevs sur lenveloppe daide annuelle. Certes, 25 autres pays en possdent
dj, tel l'Arabie Saoudite et le Pakistan, sans que cela nait provoqu un pareil scandale. Il
faut dire que ces pays ne sont pas nuclaires ou ne contrle pas leurs propres arsenaux.
1132
Cercle Kulthure, Un cinma orientale au format 11/9me, 11 septembre 2008, Nicolas TNZE.
Surnom dAriel Sharon.
1134
Haaretz, 13 mars 2001, Sharon to Remain Mum on Nukes , et Zeev MOAZ, The mixed blessing of
Israls Nuclear Policy, ibid.
1135
Michel GURFINKEL, Les Paradoxes du vote Juif , 12 mars 2006.
272
1133
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Ainsi, si lAIEA atteste et respecte la lettre les volonts dIsral, elle ne dissimule
pas le programme nuclaire. Mais par ce texte, lagence met en exergue son manque
dautorit et dinitiative, se contentant dobserver et de conseiller. Isral devrait se satisfaire
de cette position, mais le pays commence comprendre quune AIEA faible nest daucune
aide contre lIrak et lIran. Pourtant, le 19 septembre 2001, Giora Amir, ambassadeur isralien
lAIEA refuse catgoriquement de rpondre aux diffrentes coalitions des tats arabomusulmans lAIEA, au motif que le mode de revendication, est considre comme un
vice de procdure, une voie politique inhabituelle qui ne fait pas avancer les intrts
politiques 1139. De toutes manires, sur 23 tats de la rgion, 13 seulement sont sous
inspections effectives de lAIEA, la Jordanie ngocie quant elle un protocole additionnel, et
1136
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9 autres tats doivent encore dfinir les modalits des inspections sur leurs territoires. Signer
le TNP ne signifie donc pas lapplication immdiate des textes.
Exacerbs par leffet 11 septembre, qui engendre de vritables paradigmes
idologiques, les projets se radicalisent. Nous avons trouv notre mission annonce Bush le
12 septembre 2001, sur un air dAmerica is back1140 puis ajoutera plus tard Un Isral en
scurit et en prosprit est notre intrt national1141. Sharon dclare mme A chacun son
Ben Laden, le ntre, cest Arafat 1142. Selon le Jewish Institute For The National Security
Affairs, le gouvernement prvoit alors de sattaquer dsormais Arafat, alors soutenu en
partie financirement par Saddam Hussein. Le processus de paix isralo-palestinien et la lutte
contre le terrorisme lchelle mondiale ne font plus quun. Washington et Isral souhaitent
ne pas rsoudre lun sans lautre. Le 13 dcembre, Washington commence contester le
CTBT et annonce finalement son retrait du Antiballistic Missile Treaty, selon les conseils du
Center for Security Policy. 22 membres du CSP se retrouvent dans ladministration Bush et
commencent prparer la guerre contre lIrak en fabriquant des fausses preuves sur les ADM
et les liens entre Saddam Hussein et Ben Laden, avec laide de Michael Maloof.
delegates credentials, received from. The rsident reprsentative of Israel to the AIEA .
1140
Hubert VDRINE, Continuer lHistoire, op.cit., p. 16.
1141
LIran, une puissance dvoile , Chane Histoire, Jean-Michel Vecchiet, 2008.
1142
Antoine SFEIR, op cit., p. 69.
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pourquoi, dans cette optique, le Congrs amricain vote le dblocage de 1,5 milliards de
dollars pour la protection biochimique militaire et civile1143.
Lalerte lanthrax lautomne aux Etats-Unis (voir 3me partie), rend de plus en plus
lgitimes les activits de lIIBR, qui annonce avoir mis au point un vaccin contre cette poudre,
injectable en une seule dose, alors que ses concurrents amricains proposent une vaccination
en plusieurs fois. Le vaccin est test partir des lettres piges envoyes par la poste, ce qui
permet lancien ministre de la Sant, Yehuda Barukh, le 14 octobre, de prtendre que son
pays est le mieux prpar au monde pour supporter une attaque bactriologique, et
particulirement sil sagit danthrax1144. Mais le 22 octobre, une nime affaire rvle les
relations troubles entre Etats-Unis et Isral. LUS Department of Commerce Bureau of Export
Administration, ignorante des accords secrets, annonce de nouvelles impositions envers les
exportateurs amricains ayant pass outre les mises en garde du Groupe dAustralie et de la
CAC. Lune de ces socits, la Entegris Inc of Minnesota, cope dune pnalit de 496000
dollars, pour avoir export des composants interdits, servants des programmes chimiques,
Isral et Taiwan, cela 124 occasions entre fvrier 1996 et dcembre 1998. Le 26
novembre, le dput Mosh Yaalon agite encore la menace chimique syrienne, critiquant le
fait que la question irakienne, bien que relle, ne doit pas occulter le danger syrien 1145. Aussi,
aux tats-Unis, il est dcid de faire de Fort Detrick la plate-forme du National Interagency
Biodefense Campus, incluant lUSAMRIID, et trois autres complexes grs par la National
Institute of Health, le Department of Homeland Security (National Biodefense Analysis and
Countermeasures Center), et le Department of Agriculture. Le secteur y emploie dans 320
laboratoires 12000 personnes.
A partir de 2003, les tats-Unis, Isral mais aussi des pays dEurope travaillent sur
loptimisation des bombes au phosphore blanc, qui bien que non considres comme de
relles armes chimiques, sont techniquement des armes chimiques. Isral les emploie en
premier doses homopathiques en Cisjordanie, Gaza (y compris en 2008-20081146).
Des pays de lUE et les tats-Unis les exprimentent en Afghanistan et en Irak. En fvrier les
tats-Unis produisent un brevet pour des grenades biologiques. Les politiques Richard Perle
(qui comme Michael Chertoff sont isralo-amricains) et Kenneth Adelman, signalent quil
convient donc dadapter la lgislation la scurit du pays. Le gouverneur Bob Ehrlich
renforce les interactions pour les recherches lis la scurit intrieure contre le terrorisme
avec la University of Maryland Biotechnology Institute (UMBI) et les fonds de la US-Israel
Binational Agricultural Research and Development. Le Washington Post, de son ct,
1143
Susan WRIGHT et David WALLACE, Varieties of Secrets and Secret Varieties : The Case of Biotechnology,
Politics and the Life Sciences.
1144
The Daily Telegraph, 15 oct 2001, Israel Tests Suspect Letters for Bacteria, Ohad GOZANI, p. 6.
1145
The CBWCB, n55, mars 2002, p. 18.
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continue publier une srie darticles qui rvle que Washington ramnage des laboratoires
dtudes (tombes en dsutude depuis 1991), spcialises sur ltude des bactries, des
spores, et des diverses formes danthrax1147. En mars, les snateurs Joseph Lieberman
(Dmocrate) et Orrin Hatch (Rpublicain) dposent un projet de loi, le Biological, Chemical
and Radiological Weapons Countermeasures Research Act, visant jeter les fondements d'une
coopration entre secteurs public et priv, incluant Isral, mais galement dautres pays 1148. Il
est toutefois difficile de prouver que Washington et Tel-Aviv entretiennent un programme
biochimique offensif oprationnel (cest--dire la production massives de stocks et non pas
ltude de substances).
Le 28 juillet, le dpartement amricain du commerce condamne la Hamilton
Sundstrand Corporation dans le Connecticut payer 171,500 dollars de pnalits civiles, l
encore pour avoir export illgalement des pompes de centrifugeuses pour les programmes
bactriologiques chinois, tawanais, isralien et saoudien1149. Pour tayer le procs, le
gouvernement amricain publie un rapport qui non seulement reconnat le programme
bactriologique isralien, mais galement les liens trs troits qui lunissent celui des tatsUnis: Les centres de recherches israliens cooprent de prs avec les laboratoires militaires
amricains, au sein de la structure amricaine du programme du Dpartement de la Dfense
pour la protection contre les armes biologiques. Dans lensemble, Isral possde une puissante
base de technologie civile, qui, si ncessaire peut tre rapidement et facilement redirige dans
la production darmes biologiques 1150. Ce rapport trs clair noffusque pas reprsentants et
snateurs de la mme manire que les embryons de preuves sur lIrak, lIran ou encore le
Soudan. Le 3 aot, on apprend que 3 employs de Fort Detrick sont morts de lanthrax et de la
fivre hmorragique bolivienne. La menace bioterroriste est discrdite par ses accidents. Les
installations dtude sur lanthrax sont officiellement dmanteles1151. Le 29 dcembre, des
recherches communes des centres de recherches du Harvard Medical School et du Beth Israel
Deaconess Medical Center aboutissent lidentification dune enzyme permettant de
neutraliser lanthrax.
En 2005, les entreprises biotechnologiques du Maryland reoivent plus de 32 millions
de dollars de Washington, uniquement sur les fournitures militaires destination dIsral, dans
le cadre de laide annuelle. Des incubateurs communs sont cres lEmerging Technology
1146
Le Monde, 12 janvier 2009, Human Rights Watch dnonce l'usage de bombes au phosphore .
Washington Post , 30 aot 2006, Joby WARRICK.
1148
Assemble Parlementaire OTAN, 2004, 143 CC 03 F, Protection civile, un tableau gnral, rapporteur
gnral : Verena WOHLLEBEN.
1149
The CBWCB, n66, dcembre 2004, 68 pages, p.39.
1150
Avner COHEN, Israel and chemical/ Biological weapons: History, deterrence and arms control , The NonProlifeation Review, 2001, 91 pages. pp. 38-40.
1151
Center for Nonproliferation Studies at the Monterey Institute of International Studies, Israel Biological
Chronology , 2003.
276
1147
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Jewish Virtual Librairy, Cooperation between Israel and the State of Missouri , et Cooperation Between
Israel and the State of New York, The American-Israeli Cooperative Entreprise, 2006.
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connue pour ses dissminations de virus contre des indiens et des indous aux XVIIe et XVIIIe
sicle, peut-tre contre mme contre les Boers. En 1919, est cre le comit pour examiner
lavenir des armes chimiques et les mesures de dfense. Dans lentre-deux guerre, lun des
centres les plus importants est le Public Health Laboratory Service. Le site de Porton Down
dans le Wiltshire est ensuite construit par le chef du programme canadien, Frederick Banting
de Toronto, linventeur de linsuline et prix Nobel de mdecine en 1923. Gurir ou crer des
maladies sont donc concomitantes. Paul Fildes et David Henderson lpaulent1154. On sait
officiellement que Londres, de 1941 jusquen 1944, se lance dans la production d'anthrax et
de ricine (code T1123) Porton Down, et de bombes contenant 30600 flchettes de 4
grammes de poison. Leurs taux defficacit est estimes entre 17 et 90% selon les lieux. Les
symptmes sont connus : Convulsion, salivation et transpiration importante, dfcation aigu,
nause, ralentissement du pouls et de la pression artrielle, et une agonie de 30 minutes 1155.
Le 10 mai 1942, Churchill, dcide duser du biochimique dans le cas ou Berlin franchirait le
pas contre Londres et ses allis. Les tests sont mens aux Bahamas et Antigua (opration
Harness), puis en Ecosse (le de Lewis). Les Britanniques fournissent ensuite des activistes
tchques de la toxine botulique. La toxine est adapte pour quiper des grenades, projectiles
livrs des juifs de la rsistance Tchque afin de tuer Reinhard Heydrich, le 27 mai, lors de
lopration Anthropod. Aprs la guerre, larme britannique renforce les centres de Porton
Down (Chemical and Biological Defense Establishment) et de Maresfield. Lun de ses
responsables, le docteur Kelly, est lun des rares britanniques travailler galement pour
lIIBR1156. Des expriences sont menes sur lle de Gruinard en dissminant de lanthrax sur
des moutons. Le site militaire est abandonn et dcontamin en juin 1986. Le 31 mars 1979,
le programme est sous la nouvelle direction du Microbiological Research Establishment. Des
expriences similaires perdurent Penclawdd au pays de Galles, et dans le dsert de Suffield
au Canada.
Le 2 avril 1999, le Royaume-Uni lve partiellement la disposition qui interdisait
jusqu lors le pays de recevoir des scientifiques israliens en voyage daffaires si ces derniers
travaillaient dans le NRBC des fins militaires, car le spectre du bioterrorisme excuse alors
toutes les recherches de protection. Mais il est vident que cette disposition dissimulait une
coopration secrte en la matire, y compris vers d'autres pays quIsral. Car dj, le 20
septembre 1993, la commission denqute londonienne rapporte quen 1986, le ministre des
Affaires trangres Tim Renton avait approuv, contre lavis et les mises en garde dIsral,
lenvoi de produits destins la fabrication darmes chimiques, soit 26 tonnes dhydrogen
1153
Les chos , 22 fvrier 2007, La R&D tires par la Dfense aux Etats-Unis , Alain PEREZ, p. 13.
Patrick BERCHE, op.cit., p. 60.
1155
The Independant, 26 juin 2009, The weapon Britain hoped would defeat the Nazis, Cahal MILMO.
1156
Gordon THOMAS, Mossad, les nouveaux dfis, op.cit., p. 104.
1154
278
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fluoride pour l'gypte. Laccus dclarait ne pas avoir cherch savoir de ce que faisait
l'gypte de ses importations1157.
En 2001, le Parlement britannique demande une enqute sur l'aide qu'apporte Londres
Isral en matire de gaz paralysant employ dans les TO. Des recherches communes en
sciences NBC avec Isral seraient menes, encadres par le BICOM (Britain Israel
Communications and Research Center), dirig un temps par Daniel Shek, futur ambassadeur
dIsral en France1158 ! Le 14 mars, la Chambre des Communes publie un rapport sur les
exportations de marchandises stratgiques . Il est stipul quune licence dexportation
britannique a t refuse en novembre 2000 car une entreprise sapprtait vendre du gaz CS
Isral1159. Mais Londres reconnat avoir, par le pass, vendu des munitions au CS et du gaz
lacrymogne concentr une trentaine de pays, dont Isral. Le 14 novembre, le bureau des
Affaires trangres rpond au docteur Phyllis Starkey du Parlement sur le fait que Londres a
livr des armes chimiques, quIsral a ensuite utilis contre des civils libanais et palestiniens.
Le ministre des Affaires trangres Peter Hain reconnat encore la vracit de ces dtails,
mais assure avoir refus de ritrer des exportations de chimique toxique , qui regroupent
les outils de contrle suivant : grenade main au CS, gaz lacrymogne, substances de
contrle des foules, munitions irritantes, matriel de dfense NBC , cela destination de 28
pays dont Isral et des pays arabes1160. Les critiques embarrassent Londres, qui met alors en
place, en 2002, une parade : L'introduction des directives rvises du Royaume-Uni
relatives au contrle des exportations de composants destins tre intgrs dans des
systmes militaires permettant dexporter vers les tats-Unis du matriel conventionnelle et
non-conventionnelle, pour contrle. Mais lon sait pertinemment que Washington va les r
exporter vers Isral1161.Le 20 juillet 2005, les accusations se prcisent car on ajoute dans les
produits exports des outils permettant de btir un programme chimique 1162. Le 8 octobre
le Guardian publie un rapport du MI5 recensant les 360 entreprises complices dans
loptimisation des programmes chimiques indien, syrien, pakistanais, isralien, iranien et
gyptien, lInde, la Syrie, la Pakistan, Isral, lIran et l'gypte, par lintermdiaires de
socits crans maltaises et chypriotes1163. Mais bien videmment, la Ligue arabe, qui
dnonce rgulirement Isral, se garde bien de stigmatiser les importateurs arabes.
1157
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des donnes et des substances vers un laboratoire tranger, dans le cadre de programmes
communs de recherche de diagnostics pour les sciences mdicales et vtrinaires. En fait, seul
les changes avec la liste de pays cibls, tel les Rogues States et quelques autres, sont
interdits.
En consquence, le ministre des Affaires trangres confirme que dsormais, Isral
intgrera pleinement la CAC. Cest un progrs car Tel-Aviv avait particip de nombreux
programmes dans le monde. Isral sengage donc respecter les paragraphes rdigs
l'initiative de George Bush en dcembre 2002, suivit par 11 pays pour la PSI de mai 2003 1167,
les runions du G8 Evian en 2004, et la rsolution 1540 du CSNU, du sommet de Shannon
en Irlande en juin 2004 entre l'UE et les Etats-Unis1168. Le groupe d'Australie, association
informelle cre en 1984-1985, qui ne compte pas Isral dans ses membres, se flicite alors de
la position de l'tat hbreu :
La reconnaissance des mesures de contrle du Groupe d'Australie comme rfrence
internationale s'est grandement accrue au cours de la dernire anne. C'est d'ailleurs en raison de
cette considration que les participants ont accueilli avec satisfaction la rcente dclaration d'Isral
qui a annonc son adhsion aux lignes directrices du Groupe, ce que le Groupe encourage tous les
pays faire de faon volontaire. Afin de favoriser l'adhsion aux mesures du Groupe d'Australie,
les participants ont labor des stratgies d'information fondes sur des approches rgionales 1169.
IAEC, 2004, Israel and the US continue cooperation on nuclear export controls.
LIPS a t lance par le prsident Bush, lors dune allocution prononce Cracovie, en Pologne, en mai
2003.
1168
JCSS, Volume 7, n3, dcembre 2004, Preventing the Proliferation of Biological Weapons: Situation
Overview and Recommendations for Israel , David FREIDMAN.
281
1167
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devises gnres par la R&D et les activits dans la biochimie, Isral rencle adapter la loi.
Entre enfin en application le 1er juillet, linitiative met fin (du moins officiellement), au
commerce de ce type aprs les rapports particuliers entretenus avec lAfrique du Sud, la
Chine, Tawan ou lInde. Jusque l, la loi manquait de prcision et se gardait bien de
distinguer une diffrence entre exportations militaires et civils, entre dveloppement de
produits illicites pour l'tude de parades et dveloppement d'armes, et ce qui relevait
d'institutions tatiques ou de socits crans1170.
Le 11 octobre, la 59me session du Premier Comit de l'AG de lONU, Isral fustige
le manque de poids de la premire instance mondiale dans la surveillance de la prolifration
des ADM au Moyen-Orient. Le pays estime ne pas pouvoir intgrer la lgislation
internationale en la matire, si ses voisins ne font pas le premier pas. Tel-Aviv soutient
nanmoins la rsolution 1540 en la matire. Et comme pour souligner que les pourparlers hors
de lONU sont plus pertinents, Isral organise le 1er dcembre, luniversit Ben-Gourion,
avec le ministre des Sciences et Technologie, lInternational Workshop on Defense to
Biological Threats and Homeland Security, auquel participent lAllemagne, les tats-Unis, la
Russie et lOuganda1171.
En 2005, Isral accepte le dialogue en assistant une runion de lOPCW. Le directeur
de lOPCW rencontre mme des officiels israliens en mars, en vue dune ventuelle
ratification. Lors de la rencontre de La Haye entre le ministre de la Dfense et des Affaires
trangres et l'ambassadeur de l'OPCW, Rogelio Pfirter, les tats arabes promettent de signer
entirement les traits sur le biochimique si Isral fait de mme en concdant des inspections
Dimona. Un discours sans fin. la fin du mois d'avril, la CAC fte ses huit ans d'entre
en vigueur, en reconnaissant toutefois ces limites. On point que lon cre les Ateliers de
Chypre, afin de prtraiter le sujet en aplanissant les casus belli, pour promouvoir
l'universalit de la Convention et contribuer sa pleine et uniforme mise en uvre . Du 2
au 27 mai, la Confrence des Parties charge dexaminer le TNP, New York, les ateliers
ritrent leurs conseils. Encore pour assurer de sa bonne foi, Isral participe les 13 et 15 juin
Nicosie, la seconde CWC regionale workshop de la Universal Chemical Weapons Ban in the
Mediterranean avec 32 pays pas toujours signataires des traits.Y participent les ministres de
la Dfense et des Affaires trangres1172. Le 6 dcembre, des reprsentants israliens sinvitent
la runion sur les discussions prparatrices la 6me runion de la CAB1173. Le principe du
dialogue y est adapt. Mais Isral et le Kazakhstan ne sont l qu titre dobservateurs. La 7me
1169
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confrence de lOPWC La Haye cible Isral comme pays possdant la technologie pour
produire des agents humains pathognes et des toxines , ce qui na rien dexceptionnel
puisque soixante pays y sont cits des degrs divers ! Quimporte, limpunit est de mise
puisque la premire puissance mondiale ne montre pas lexemple. Cest encore titre
dobservateur quIsral participe la session ouverte plnire de la Preparatory Committee
Meeting of the BWC des 26 au 28 avril 2006.
Mais entre 2003 et 2005, 15 tats ratifient la CAC, ce qui isole davantage Isral qui
perd en consquence des arguments. De plus, les timides concessions israliennes sont
suffisantes pour que certaines socits, tels la Serono suisse, le troisime leader mondial de la
biotechnologie, ferme ses activits lIIBR1174. Ernesto Bertarelli, le patron du groupe,
voque des problmes lis la scurit de la rgion et privilgie lInde. En ralit, les
laboratoires indiens sont devenus plus attractifs et moins regardants que certains
tablissements israliens sur lthique. Isral dlocalise aussi certaines recherches militaires
en Inde, autant pour ces raisons que pour des proccupations financires.
Comme les Amricains en Afghanistan ou en Irak, Isral semble utiliser des armes
biochimiques en opration, bien que des rumeurs nausabondes circulent sur ce sujet. Lors de
la seconde guerre du Liban en juillet 2006, les rumeurs se font plus persistantes. Cest
pourquoi le 2 juillet, la CAC demande Isral, la Syrie, au Liban et lgypte de se
conformer aux lois internationales. A la suite des rumeurs dutilisation, le pays est press par
Rogelio Pfirter de clarifier ltat de ses recherches. En fait, ds le 13 juin Rome, le troisime
atelier de luniversit dt de la CAC, travaillait avec les reprsentants libanais, irakiens,
israliens, gyptiens et syriens pour dterminer les griefs sur les prcdentes oprations de
Tsahal. Le 20 octobre, aux Nations-Unies, Pfirter dclare que la Core du Nord et des tats
cls du Moyen-Orient comme lgypte, Isral, le Liban et la Syrie, forme la superstructure
des nations rsistantes la CAC1175. La 6me Review Conference of the Biological and Toxin
Weapons Convention se tient du 20 novembre au 8 dcembre. Isral est le seul tat obtenir
le statut dobservateur aprs lavoir partag avec le Saint-Sige, ce qui lui confre un statut
particulier, au-dessus de la mle , comme un traitement prfrentiel. Hussein Ali,
reprsentant de la Syrie, demande aux tats-Unis de forcer Isral rgulariser sa situation sur
le bactriologique, en oubliant de prciser que les recherches sont communes1176. Selon un
rapport officiel de lUE, la situation est celle-ci :
Lorsque la CAB est entre en vigueur en 1975, on pensait que quatre pays dtenaient cette arme :
les tats-Unis, lUnion sovitique, la Chine et lAfrique du Sud. Mais aujourdhui, sept pays sont
souponns de mener des programmes de recherche sur la guerre biologique offensive un niveau
plus ou moins pouss : la Chine, l'gypte, lIran, Isral, la Core du Nord, la Russie et la Syrie.
Daprs des experts amricains, presque tous les programmes sont au stade de la recherche seul
1174
Israel Valley , Serono quitte Isral : leffet Hara-Kiri du Transfert de Technologie , 2006, Daniel ROUACH.
The CBWCB, n74, dcembre 2006, pp. 52-61.
1176
The CBWCB, n 74, Dcembre 2006, p. 19.
283
1175
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un pays (la Russie) aurait produit et stock des agents biologiques ; quatre autres (lIran, la Core
du Nord, Isral et la Chine) lauraient peut-tre fait aussi. [] Quatre pays (lInde, la Russie, la
Core du Sud et les tats-Unis) ont dclar possder des stocks darmes chimiques reprsentant en
tout 70 000 tonnes dagents. Les programmes nationaux les plus significatifs qui demeurent
suspects sont ceux de l'gypte, de la Core du Nord et de la Syrie (qui nont pas sign le trait),
dIsral (qui a sign le trait mais ne la pas encore ratifi), de la Chine et de lIran (qui sont
parties au trait) 1177..
Le 20 aot 2007, les Nations Unies crent une nouvelle unit de lutte contres les armes
biologiques pour soutenir la prcdente convention. Isral participe encore en tant
quobservateur la 13me Session of the Conference of States Parties du 2 au 5 dcembre
2008, avec deux autres observateurs, lIrak et le Liban.
V L'hyperpuissance du Moyen-Orient
V.1 Ngocier sans faiblir
V.1.1 Concessions sur le trafic en matriaux stratgiques et la scurit des sites
Dans un contexte de nouvelle course aux armements au sein des principales puissances
nuclaires, Isral amorce et suit le mouvement, avec de nouveaux accords militaroscientifiques avec loccident, mais rgularise en mme temps sa situation sur certains
dossiers. Par exemple, le 23 janvier 2002, Isral et son alli indien signe enfin la Convention
on the Physical Protection of Nuclear Material (CPPNM). Cette dcision intervient aprs
quen fvrier, les membres du parti vert de Jordanie et le ministre palestinien de
lenvironnement Yousef Abu Safiyya, mnent une campagne auprs de Kofi Annan,
dnonant Dimona comme futur Tchernobyl. Mais l encore, les brches sont suffisamment
grandes pour passer outre, car la convention, amorce en 1979, est finalement entre en
vigueur en 1987 (ce qui correspond curieusement la fin du trafic nuclaire sud-africain et au
statut effectif du Pakistan comme puissance nuclaire)1178. Mais en janvier, la Nuclear
Posture Review (NPR) amricaine relance lintention de frappes nuclaires tactiques en cas de
danger, lencontre de la Chine, de la Russie, de lIrak, de la Syrie, de lIran et de la Core du
Nord. La Russie nest en ralit intgr dans la liste que pour le principe puisque le 24 mai,
Washington et Moscou signe le Strategic Offensive Reduction Treaty (SORT), dont le but est
de rduire les arsenaux respectifs entre 1700 et 2200 ttes dici fin 2012 sur les plateformes de lancement. Il sagit de laisser libre cours la modernisation des arsenaux, mais pas
la rduction relle, puisque les anciennes ogives taient prvues pour tre dmanteles. Ici,
elles sont juste non remplaces. Rien nest dit sur les rserves stratgiques.
1177
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anti-missiles sont mises en place, pointes sur un ciel vide de Scud. Le 4 mars, Berlin en livre
portant deux batteries, spcifiquement pour protger Dimona1181. La scurit des complexes
NBC est renforce.
Ds lors, les projets NBC et balistiques amricano-israliens se poursuivent. Le
Spratt-Furse Amendment sign en 1993 est abrog, levant les restrictions sur les recherches de
petites bombes nuclaires. En reprsailles, la Russie menace de ne plus adhrer au SORT. Le
bouclier antimissile est galement relanc sur de nouvelles bases. Isral sengage juste
respecter le Code of Conduct of the Safety and Security of Radioactive Sources. Une solution
est propose fin 2003 par deux experts internationaux (un isralien et un amricain) sous la
forme d'un protocole distinct et indpendant qui autoriserait le Pakistan, lInde et Isral
conserver leurs programmes condition de ne plus les dvelopper au-del! Cet accord, que
les membres permanents signeraient sparment avec l'Inde, Isral et le Pakistan, imposerait
une totale coopration avec l'AIEA, la ratification du CTBT et un arrt progressif de la
production de matires fissiles. Le compromis prouve sa partialit par la dcision de ne pas y
inclure les tats membres du TNP ainsi que ceux qui se sont rendus coupables de
prolifration1182 ! A quoi donc cela sert-il?
V.2 De timides concessions sur lomerta
V.2.1 Signature des traits et timides ouvertures pour la forme
Le 18 dcembre, l'Iran signe le protocole additionnel son accord de garanties avec
l'AIEA. Le lendemain, la Libye, dcide de mettre fin tous ses programmes dADM, de
rendre publiques toutes les informations sy rapportant et de permettre aux inspecteurs de
l'AIEA de vrifier la bonne excution de ses obligations. Isral dit attendre que ses promesses
se ralisent pour faire de mme. Kadhafi dclare que la renonciation dIsral son arsenal
nuclaire est une des voies qui peut mener la paix et la scurit au Moyen-Orient [].
Sans ce dialogue, on continuera [les pays arabes] la course pour se procurer des ADM pour
compenser larsenal nuclaire isralien 1183. Le 6 janvier 2004, la Libye ratifie le TICE et
adhre la CAC. Enfin, le 10 mars, Tripoli signe un protocole additionnel avec l'AIEA. Au
mme moment, lIran signe le protocole additionnel du TNP et en fvrier 2004, accepte de
suspendre aussi les activits denrichissement duranium. Isral vient de perdre deux prtextes
son programme. Certes, la Libye renonce ses ADM mais lIran est rig en nouveau
danger car Abdul Qadeer Khan annonce avoir livr des secrets nuclaires lIran et la Core
du Nord. Lagence se saisit de loccasion et prpare alors la visite dEl Baradei en Isral.
1181
Deutsche Presse-Argentur, 4 mars 2003, US Teams Deploy Patriot Missiles in Tel-Aviv Area .
Assemble Parlementaire OTAN, 2004, 168 STC 04 F, La prolifration des armes nuclaires , Prsident et
rapporteur gnral Pierre-Claude NOLIN.
1183
Haaretz, 12 dcembre 2003.
286
1182
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
A noter que le nom de Dimona n'est pas cit, comme pour dissimuler son emplacement. Mais
au moins, il ne s'agit plus d'une usine textile . Sur le site de lIAEC, laccent est bien sr
mis sur la recherche civile, en accord avec lAIEA. Les dates de mise en service sont
galement assez imprcises pour garer toutes recherches ou conclusions. En 2007, le portail
web du Premier ministre isralien ajoute sur son site un lien directement reli lIAEC afin
de dcharger le gouvernement de toutes questions embarrassantes sur le sujet. Or, jusqu
prsent, ctaient des politiques et des militaires qui exprimaient la position nuclaire
isralienne ltranger. Cette tendance est de plus en plus dvolue lIAEC1187.
Fin juin, lAIEA se rend en Isral afin de sceller une alliance technique. Baradei y fait
le dplacement, officiellement pour contrler Isral. En fait, au travers du Country Program
Framework, il sagit pour lagence dlaborer 29 programmes dans les applications du
nuclaire civil (sant, agriculture, environnement, science, ingnierie) tout en sassurant que
ces applications ne drivent pas vers le nuclaire militaire. Isral, de son ct, avec les EtatsUnis, organise une table ronde lUniversit Ben-Gourion, avec les ministres concerns, afin
1184
287
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de faire profiter tous les secteurs dactivits de ce partenariat, et codifier les initiatives1188.
Jusqu prsent, Isral dpendait presque intgralement des importations nergtiques. Sa
demande en lectricit augmente rapidement, notamment en raison de la croissance
dmographique et du dessalement de leau1189.
Le 13 juillet 2004, lAIEA, Gabriella Gafni envoie une lettre enthousiaste pour
signifier que son pays accepte les contrles dexportations des matires stratgiques (Export
Control Order pertaining to nuclear, chemical and biological items) et des technologies
balistiques. On ne voit pas pourquoi un pays qui na pas de programme NBC officiel a t
contraint de signer pareil trait. Les tats-Unis, qui craignent quIsral exporte des brevets
israliens et amricains sans autorisations, vers la Chine notamment, applaudissent.
galement, Isral promet de respecter les directives du rgime de contrle concernant la
technologie des missiles (MTCR), le 26 aot. Il sagit de mettre sa lgislation en conformit
avec le MTCR mais sans y adhrer1190. Cest--dire bnficier des avantages du trait sans
en subir les inconvnients. Les Etats-Unis promettent lutilisation des pas de tirs amricains
pour les essais balistiques israliens, dsormais rendu lgale par ces dcisions tardives.
Le professeur Alex Galperin, du Dpartement de Physique Nuclaire de lUniversit
Ben-Gourion et son supplant, le Dr Shwageraus participent au Projet Thorium: Le
dveloppement dune combinaison de Thorium/Uranium pour une production dnergie
nuclaire initie par le Dr Alvin Radkozsky, un scientifique pionnier du nuclaire, analyste
des racteurs nuclaires et prcdent recteur de lUniversit Ben-Gourion, dans les annes
1950. Base sur lhypothse de la cration de combustibles nuclaires qui vitent la drive
vers le militaire, lnergie du Thorium produit moins de plutonium que le combustible
conventionnel des racteurs. Ce projet est surtout destin tre promu lextrieur, afin que
les pays voisins puissent profiter de lnergie nuclaire sans concevoir des bombes 1191. Le
systme devrait galement rduire le poids des dchets nuclaires. Dans cette optique,
lInitiative dAssociation pour lnergie Nuclaire mondiale (GNEP) intgre les recherches
des scientifiques israliens mais paradoxalement Isral ny figure pas comme tat membre
cause du TNP.
Nanmoins, suite aux effets de lIntifada Al Aqsa, la situation de crise conomique
contraint le nuclaire civil trouver de nouveaux moyens de financement et s'ouvrir aux
investisseurs trangers privs pour compenser la chute des budgets publics en R&D. Aussi,
1187
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Isral signe auprs de lAIEA, en septembre, un accord qui donne une libert totale aux
inspecteurs trangers pour visiter les sites nuclaires du pays (hormis Dimona). En juillet, une
visite guide est organise pour la presse nationale et internationale. Comment dvelopper
une capacit nuclaire civile autonome avec des partenaires du monde entier, seule nouvelle
source possible d'investissements, sans pour cela dvoiler tous les secrets du nuclaire civil (et
peut-tre du militaire) ? sinterroge factieusement, Daniel Rouach, prsident de la chambre
de commerce franco-isralienne1192. La nouvelle stratgie de communication auprs de
ltranger passe notamment par l'Isorad, soccupant aussi des dbouchs commerciaux des
brevets du centre de Nitznanim, un incubateur technologique, sous lgide du Bureau
scientifique du ministre du Commerce et de l'Industrie. L'Isorad, en joint venture avec
l'amricain GE Medical Systems, co-dveloppe par exemple une camra imagerie nuclaire.
Un nouveau type de laser est conu, employant un faisceau ultraviolet permettant de dtecter
les molcules mises par les explosifs, dans le cadre de la lutte anti-terroriste1193.
1192
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Guysen news, 15 aot 2005, Nous sommes confronts la pire des haines.
Israelinfos.com, 9 novembre 2007.
1200
AFP, 9 juin 2005.
1201
Yediot Aharonot, 9 juin 2005, Nuke secrets may have been stole.
1202
Financial Times, 10 Juin 2005, Israeli Watchdog Denies Water Company Held Secret Data on Nuclear
Reactor .
290
1199
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gnral du ministre des Affaires trangres isralien explique : Cette initiative fournit un
important lment dfensif pour protger les ports israliens et assurer que les exportations
provenant dIsral vers les tats-Unis soient examines pour prvenir de la menace du
terrorisme radiologique. Je sais que nos efforts conjoints contribueront nos objectifs
communs de non-prolifration et la scurit et la sret des deux systmes maritimes de
nos deux nations1203. Selon ladministrateur de la NNSA, Linton Brooks, en adquation avec
Arie Rona le directeur isralien de ladministration de la Navigation et des Ports, prcise:
Les tats-Unis et Isral se joignent mutuellement dans le combat contre le terrorisme
international et la menace du nuclaire clandestin. Je sais que ces efforts conjoints contribue
la non prolifration et la scurit de nos deux nations dans le systme maritime
mondial 1204. Mais si le directeur gnral du ministre des Affaires trangres isralien, Ron
Prosor affirme que cest un coup port au terrorisme radiologique , il convient de regarder
plus loin. Car ce mcanisme permet aussi Washington, dune manire dtourne, de
surveiller son alli et viter quil ne prolifre, parfois avec des socits amricaines prives ou
publiques sans son accord, vers la Chine, lInde, Singapour, la Core du Sud et Tawan,
histoire par exemple de lui ravir des parts de marchs. Le porte-parole de lIAEC, Nili
Lifshitz, explique Isral se joint au consensus de lONU de 1968 concernant le TNP et
soutient le rgime de non-prolifrationil croit que le Trait nest pas appropri au Moyen
Orient, comme lont prouv beaucoup de cas de refus de consentement dans notre rgion.
1205.
En janvier 2006, la situation se dtriore encore au Proche-Orient. Dans le coma
depuis plusieurs mois, Sharon est dclar dans lincapacit de gouverner. Il est remplac par
Ehud Olmert, vu en Isral comme un affairiste et un obscur technocrate. Isral va t-il se
radicaliser sur sa politique nuclaire? Le GNEP (Global Nuclear Energy Partnership) de
janvier 2006 est instaur par les USA afin dencadrer la nouvelle priode de prolifration
civile, auquel participe notamment la France, la Chine, le Japon et la Russie (Australie,
Ghana, Jordanie, Bulgarie, Hongrie, Lituanie, Pologne, Slovnie, Kazakhstan, Pologne,
Roumanie, Ukraine, Italie, Canada, Core du Sud, Sngal, Grande-Bretagne, Estonie, Maroc,
Armnie, Oman sy sont greffs). Officiellement, les scientifiques israliens ne peuvent
accder aux donnes communes et aux confrences du GNEP mais beaucoup dentre eux ont
la double nationalit amricaine ou europenne, et donc, laccs aux technologies est donc
possible. Isral nappartient pas au GNEP, comme la plupart des tats de seuil.
Le 28 mars, le nouveau parti Kadima ( en avant ) fruit dune coalition politique
batrde, se hisse au pouvoir. Kadima nest quun outil politique pour faire accepter la socit
1203
1204
Jerusalem Post, 8 dcembre 2005, US Israel Sign Deal to Help End Smuggling of Nuclear Matriel .
IAEC, 2005, U.S. and Israel to Cooperate on Detecting Illicit Shipments of Nuclear Material.
291
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les futures oprations extrieures en jugulant lavance les oppositions ventuelles. Avec ce
nouveau consensus, Tel-Aviv est en position de force pour simposer. Le 27 avril, la toute
nouvelle ministre des Affaires trangres, Tsiporah Livni 1206, rencontre les dlgations du
NSG pour discuter du renforcement des contrles lexportation. Les ministres de lindustrie
et le prsident de lIAEC se joignent au dialogue. Le prsident du NSG, le norvgien Roald
Naess rencontre ensuite le Ministre du Commerce et du Travail, afin de dfinir les modalits
dapplications des mesures. Un terrain dentente est trouv afin de ne pas pnaliser
lconomie du pays
1207
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du brent rend le nouveau projet isralien indispensable. A lavenir, il pourrait assurer entre 10
et 15% des besoins, de plus en plus important avec la consommation des silicon valley
israliennes grandissantes. Afin de devancer les critiques, Isral assure vouloir partager cette
future source dnergie avec la Jordanie et lgypte1217.
Le PDG de lIsrael Electrical Corporation (CEO), Ouri Ben Nour, affirme en fvrier
quIsral envisageait bien la mise en uvre dune nouvelle centrale nuclaire pour produire de
llectricit. LIAEC profite de loccasion pour prciser sur son site Internet que la
commission est un organisme gouvernemental charg de conseiller le gouvernement en
matire de politique nuclaire et de dfinir les priorits de la recherche et dveloppement en
matire de nuclaire 1218. Le cot de construction est estim 1.5 milliards de dollars, pour
une production de 1000 mgw selon le prsident Mosh Gavish1219. En ralit, cest bien
lchelle internationale que la dcision doit tre prise. Car lIran, l'gypte ainsi que dautre
pays pourraient se saisir de loccasion pour persvrer dans leurs dmarches similaires, dites
vocations civiles. Mais il demeure un risque, celui de voir la centrale prise pour cible par des
roquettes palestiniennes, iraniennes ou syriennes. Le dossier choit Shaul Horev, cadre dans
les SR de larme et directeur gnral de lIAEC. Horev y avait t par le pass t prsident.
En novembre est organise la confrence dAnnapolis aux tats-Unis. Le Hamas, le
Hezbollah et l'Iran ne sont pas invits, la diffrence de la Syrie. La Libye dcline
linvitation. Une dlgation officielle isralienne sy rend avant son ouverture officielle, avec
Yoram Turbowicz, chef du cabinet du Premier ministre, Shalom Turjeman, son conseiller
politique, et Aaron Abramovitch, directeur gnral du ministre des Affaires trangres, afin
de fixer les bornes des futures discussions, comme la non-remise en cause de la dissuasion
isralienne. Plus de 40 pays sont prsents, notamment la Russie, la Chine, la France, la
Grande-Bretagne, ainsi que dix sept dlgations arabes, dont certaines nayant aucune relation
avec Isral. Cherche t-on changer labandon de loption Samson contre une nonintervention en Iran ? Cest en effet lun des points de discorde avec le Golan, sur lequel la
Syrie, qui menaait de ne pas y participer, dclarait ne pas vouloir transiger1220.
Sans doute pour actualiser lquipe de Dimona lUniversit Ben-Gourion de
Beersheva, lors dun salon tudiant, lance une campagne de recrutement dingnieurs pour
Dimona, afin denrayer la fuite des cerveaux vers ltranger (en particulier aux tats-Unis)
1221
1217
. Mais le matin du 4 fvrier 2008, un attentat frappe la ville de Dimona, prcisment son
Israelvalley, 2 aot 2007, Projet de centrale nuclaire en Isral. Coopration avec l'gypte ou la
Jordanie? .
1218
Israelvalley, 31 aot 2007, L'IAEC fixe les priorits de la R&D en matire de nuclaire .
1219
Haaretz, 11 fvrier 2007, Atomic Energy Commission mulls building atomic station in Isral , Sharon
KEDMI. Lire aussi Aroutz Sheva, 12 fvrier 2007, Bientt une centrale nuclaire civile en Isral ? , Alexandre
YUDKEWICZ.
1220
Israelinfos.com, 15 novembre 2007.
1221
Israelvalley, 2 janvier 2008, Isral recrute en urgence des ingnieurs du nuclaire Dimona .
294
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centre commercial dune zone industrielle. 3 morts dont deux kamikazes et 7 blesss sont
dplorer. Selon la radio militaire, il semble que les auteurs soient venus d'gypte via une
brche dans la barrire de scurit entre l'gypte et Gaza. Un message trs clair. La dissuasion
impuissante contre le terrorisme est frappe en son sein par le terrorisme. Aucun mdia ni
Think-Tank europens (hormis israliens) ne prcisera, au nom de lopacit, que les cibles
taient des techniciens en physique nuclaire
nerlandaises,
britanniques,
turques,
norvgiennes,
danoises,
italiennes,
canadiennes et singapouriennes y participent aussi, mais pas dans les systmes lectroniques
sensibles. La mfiance isralienne se comprend. En avril 2009, des hackers chinois russirent
pirater son systme lectronique du prototype. Et lArabie Saoudite envisagerait dacheter
des F-35, ce qui fait craindre que des militaires pakistanais sentranant dans le royaume,
1222
Israelvalley, 22 avril 2007, Isral va acheter la dernire gnration d'avions de combat F22 Raptor , John
O'BRIAN.
295
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puissent en vendre les secrets lIran, qui les revendrait la Russie, qui pourrait optimiser en
consquence ses S-300 ! Elbit System conevait dj les casques Helmet Mounted Display
System des pilotes1224. Lappareil sera en dotation dans lUS army en 2012. Isral disposera
ainsi dun autre vecteur dissuasif. Lentranement des pilotes se fera aux tats-Unis, partir
de 2013. Isral sera le premier pays hors OTAN en possder, lEspagne, le Japon et
Singapour ont aussi envisag de sen doter1225. Nanmoins, comme pour le F-22, la plupart
des pays ont rduit leurs commandes ou dnoncer les carences de ce coteux jouet.
Isral participe aux pourparlers sur lUnion Europe-mditerrane, le 13 juillet 2008.
Quarante-trois pays partenaires euro-mditerranens soit les vingt-sept de lUE et les seize
riverains de la mer (or Libye) sentendent en faade sur six dossiers : dpollution, autoroutes
maritimes et terrestres, protection civile, plan solaire, enseignement suprieur et recherche,
initiative de dveloppement des entreprises. Mais Isral refuse la prsence de la Ligue Arabe
comme observateur la totalit des runions. Elle est suivie par l'annulation d'une premire
runion des ministres de l'environnement consacre aux dfis rgionaux de l'eau, prvue en
Jordanie1226. Aucun expert ne mentionne la vritable raison de ce refus : la pollution de
Dimona. Mais dautres problmes expliquent lchec du processus. Cinq postes de secrtaire
gnral adjoint devaient tre crs pour des mandats de trois ans (AP, Grce, Italie, Malte et
Isral) en change de la concession isralienne daccepter la participation de la Ligue Arabe.
Mais la Syrie et le Liban y voient l une normalisation des relations entres pays arabes et
Isral, ce qui ne pouvait tre. Et les vnements de Gaza ont remis linitiative euromditerranenne sine die. Il faut y rajouter les litiges sur la question de limmigration, la lutte
relle contre les ADM, la question iranienne, la lutte contre la corruption, linstauration de
processus dmocratique, sans compter la participation de lgypte au ct dIsral dans la
lutte contre la Hamas. Enfin, les rivalits entre pays (Maroc/ Espagne, Syrie/ Turquie par
exemple) ne sont pas rgls.
Pour ne rien arranger, on confirme la dcouverte de gisement gant de gaz et de
ptrole en Mditerrane orientale. Or, ces gisements sont cheval sur les zones conomiques
exclusives de la Syrie, du Liban, dIsral et de Chypre sans compter celles dun ventuel
Etat palestinien Gaza la bien nomme. Cette bonne nouvelle qui permettrait Isral ne se
passer du ptrole arabo-musulman, dont celui de lIran, comme nous lavons dit, nen est donc
pas une, et pour une raison supplmentaire. Si ces gisements sont si importants, Isral naurait
pas besoin de conserver des installations nuclaires aussi ambitieuses ni rclamer la
construction futures de centrales atomiques civiles. Pour linstant, les gisements exploits sont
1223
Israelvalley, 6 juin 2008, Ngociations sur la fourniture Isral davions furtifs F-22 par les Etats-Unis .
Israelinfos.net, 31 juillet 2007.
1225
Israelvalley, 3 octobre 2009, En 2013, des pilotes israliens devraient partir aux Etats-Unis pour sentraner
sur des avions F-35 .
296
1224
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parfois grs conjointement en Isral par la Nobel Energy, une firme amricaine. Obama et
Amano pourrait jouer la dessus pour acclrer le processus de paix. Pire. Si le Hamas
conserve son emprise Gaza, il disposerait de revenu suffisant pour sarmer en consquence,
bien que pour les libraux, croissance conomique rime avec paix et dmocratie. On en est
loin. En Isral, on sappui sur cette nouvelle situation pour dplorer lvacuation des colonies
qui aurait donn davantage dhydrocarbures Isral. La Syrie pourrait appuyer le Liban
toujours en tat de guerre avec Isral pour dfendre son d. Le ministre isralien des
infrastructures Uzi Landau prvient quIsral nhsitera pas employer la force 1227 pour
conserver sa ZEE au point que lon peut se demander si larraisonnement de la flottille pour la
paix ne visait pas aussi affirmer sa souverainet sur des eaux disputes La maldiction de
lnergie, nuclaire ou ptrolire, nest pas prte prendre fin au Moyen-Orient.
En avril 2009, Netanyahou est lu premier ministre. Son nouveau gouvernement
plthorique et htroclite (travailliste, Kadima, Shass et le parti ultra nationaliste lac Isral
Bitanou) de 30 ministres, vice-ministre et 7 secrtaires d'tat, compte autant de travaillistes
que dextrme droite, deux femmes seulement, effaces par les mdias religieux de la photo
officielle, des religieux, tel Yaakov Litzman, vice-ministre de la sant, et des religieux
antisionistes (liste unifie de la torah). Les rabbins ultra orthodoxes ashknazes et
antisionistes interdisent leurs fidles de prter serment Isral. On compte aussi Sylvan
Shalom, ministre de la coopration rgionale, et directeur du Yediot Aharonot. Les
ngociations sur le retrait du Golan, interrompues depuis 2000 (des pourparlers avaient eue
lieux en 1975, 1991, 1996), modifieront t-elles lavenir de la dissuasion, puisque priv de ce
glacis, Isral verrait en la bombe un moyen ultime de dfense et la lgitimation de son arsenal
NBC. Reste que cette rtrocession ventuelle ouvrirait la porte toutes les rtrocessions de
territoires occups par Isral depuis 19491228. Pour Robert Cogan, ancien ambassadeur Paris
et ex-cadre la CIA, il est impossible que le processus de paix soit compatible avec
Netanyahou1229. Le Premier ministre dmissionnaire, Ehoud Olmert, dclare la veille de
Rosh Hashana que ltat hbreu devrait envisager faire des concessions douloureuses en
renonant des territoires comme le plateau du Golan et une partie de Jrusalem, suscitant la
colre non seulement dopposants politiques et de son propre parti, mais galement des
colons. Ces positions au sujet dchanges de territoires sont les miennes et nengagent que
moi, elles nengagent pas madame Livni , prvient-il peut-tre pour mettre en difficult son
rival Netanyahou.
1226
297
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scientifiques contenant des informations sensibles sur les armes biochimiques. Le processus
lgislatif est retard de plusieurs mois pour permettre l'incorporation dans le projet de loi des
conclusions du Joint Committee of the National Security Council et de lIsrael Academy of
Sciences and Humanities. La dmarche est historique car elle reconnat implicitement que
lIIBR agit sans ordres clairs ni thiques ! Le projet de loi exige ainsi que dsormais, les
entits acadmiques et privs devront obtenir la permission du ministre isralien de la Sant
avant de commencer travailler avec des agents pathognes dangereux. Un organe de
contrle sur la recherche biologique est cr par le ministre. A linverse, et cest l que lon
doute de la dmarche, la loi permettrait de rguler la publication des donnes sensibles
militaires et d'interdire toute recherche non militaire dont le seul but est de provoquer ou
d'aggraver une maladie ou d'entraver la capacit prvenir ou de traiter une maladie ,
autrement dit les manipulations virales et gntiques1234. Mais linitiative reste honorable et
plus dmocratique que dans dautres pays.
Le 11 novembre de la mme anne on apprend quIsral exporte vers lInde de la
technologie chimique en violation de la CAC. Bien que linformation mane de la presse
pakistanaise (et donc suspecte), elle nest pas dmentie par la presse internationale, dont The
Observer qui rappelle quen 2000, le ministre de lIntrieur indien avait affirm : je soutiens
la coopration tendue entre lInde et Isral dans tous les domaines, y compris celui-ci 1235.
Dailleurs, Isral participe le 1er dcembre la runion de la CAB Genve en tant
quobservateur non signataire. Le lendemain, lONU, Isral se joint aux tats-Unis, aux les
Palau et aux les Marshall, pour mettre une absention propos de la rsolution sur
lactualisation du protocole de Genve, sur la CAB et sur la CAC. 174 pays avait vot pour.
Aucun contre. La position se prcise lorsque Isral sabstiens galement sur la rsolution
condamnant la modernisation des armes biochimiques. Les tats-Unis votent ostensiblement
contre, et cela contre 175 pays pour ! Le 28 octobre 2008, 165 pays avait vot pour. Isral et
les tats-Unis sont de plus en plus isols. Ce qui fait dire Pfirter, directeur de lOPCW, que
les armes chimiques au Moyen-Orient sont les otages du nuclaire isralien1236. A la
convention de la Hague sur la CAC, Isral ne vient quen tant quobservateur, mais envoie
une dlgation dbattre du trait. La confrence nhsite cependant pas appeler Isral, la
Syrie, lAngola, la Birmanie, la Rpublique Dominicaine, lEgypte, lIrak, la Somalie, les
Bahamas et la Core du Nord ratifier le texte. Certains de ces pays accueillent des
laboratoires pharmaceutiques occidentaux ou chinois qui peuvent y tester des produits en
1233
Public Law 110429, 15 octobre 2008, Naval Vessel Transfer Authority, 110th Congress An Act.
CBWCB, n84, juillet 2009, 70 pages, p. 24.
1235
CBWCB, n84, ibid.
1236
The 2008 Chemical Weapons Convention Review Conference, An Arms Control Today Reader, avril 2008,
62 pages, p.20.
299
1234
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toutes impunits. Enfin, en fvrier 2009, la runion de lOPCW, le Groupe des Pays
Africains ainsi que les Pays non aligns dnonce lemploi darmes chimiques Gaza.
En avril 2010, le trait Start III prvoit que la Russie et les Etats-Unis rduiront leur
armement. A terme, 7 ans aprs son entre en vigueur, les arsenaux ne devront pas dpasser
700 missiles balistiques intercontinentaux, balistiques sous-marins et de bombardiers lourds
dploys, puis, 1550 charges et 800 missiles balistiques intercontinentaux et des missiles
balistiques des sous-marins et des bombardiers lourds. Le nombre des charges sera rduit dun
tiers, le plafond des lanceurs stratgiques sera diminu dun moins la moiti, cela en vertu de
larticle 6 du TNP. Mais la prolifration continue toujours.
Conclusion
Manhattan tant dj lantichambre de la dissuasion isralienne, cest logiquement que
les scientifiques juifs des principales grandes puissances collaborent ce qui constituera
lassurance-vie dIsral. Les tats-Unis et lAllemagne apportent leur soutien financier, la
France ses infrastructures, la Grande-Bretagne, la Norvge entre autres leurs matires
premires, et lAfrique du Sud ses ressources et son statut. Ainsi, contrairement lide reue,
cette dissuasion nest donc pas clandestine. Les apports trangers sont la fois le rsultat
daccords officiels et de rapports officieux dintermdiaires de tous ordres, exploitant les
brches judiciaires, la corruption, les sympathies sincres de partisans dIsral et les rseaux
politiques, scientifiques, financiers et militaires. Les Etats-Unis ont essay de faire dIsral un
alli docile dans le contexte de la Guerre Froide, en dplorant toutefois le comportement
indocile et capricieux dun pays qui se veut farouchement indpendant. Tel-Aviv ne cesse
dexiger de ses partenaires un soutien sans faille, au prtexte dune supriorit morale lie la
Shoah. Et plus Isral est puissant, plus il impose ses conditions et pourtant, plus il dpend de
ses allis.
De 1966-1973, la dissuasion sert dultime bouclier, mais cest en fait une menace tout
aussi dangereuse pour ses adversaires comme pour ses partenaires. Elle garantie la victoire,
protge de la dfaite, mais ne rsout rien en profondeur. La victoire a balay tout sentiment
de mesure, aboli la sagesse juive septique, raliste, tellement humaine, le sentiment de respect
et de responsabilit 1237 analyse avec acuit F.Encel. La bombe, qui devait scuriser le pays
jamais, oblige pourtant exiger de la communaut internationale le dsarmement forc de
lIrak et de lIran, lacceptation de la doctrine Begin lgard de ces voisins, et de
nombreuses entorses au droit international. Isral nest pas au dessus des lois puisquil estime
quelles sont inappropries et ne sapplique pas son cas, qui est particulier. Aussi, lhistoire
1237
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Selon la formule en vigueur, une puissance se reconnat la possession dune arme nuclaire, la NMD, la
maitrise de lespace, un budget de dfense consquent, sa monnaie forte, son importance dans le commerce
international, son PNB et sa richesse par habitant. Ainsi, hormis sa monnaie et son PNB officiel, Isral est
une grande puissance mondiale. Michel BAILLY, op.cit., p. 65.
301
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rentable car il draine des investissements colossaux et une politique dexportations militaires
rsultat exponentiel. Sans la perfusion des fonds internationaux dans ces changes
scientifiques , mutuellement trs avantageux, Isral ne pourrait probablement pas mener un
programme dissuasif aussi ambitieux.
Larme ne lutte plus pour sa survie et demeure moins efficace parce quelle sait que la
dfaite totale est dsormais impossible, garantie par la dissuasion NBC. Mais elle est donc
devenue un Lviathan problmatique. Les moyens militaires ont acquis une vie propre et
sont devenus une source spare de tension et de danger 1239. Larsenal dissuasif est servie
par son clerg, ce lobby militaro-industriel et nuclaire, qui exige encore et toujours de la
socit isralienne et du monde, toujours plus de sacrifices de toute sorte alors que ce monstre
trop imposant est incapable de vaincre le terrorisme et de dissuader des politiques jusquauboutistes de pays qui ne craignent pas vraiment les reprsailles. Ceux qui ont voulu contester
cette situation lont pay, Rabin sera lun deux.
1239
Robert Bowie, cit par Herv COUTEAU-BEGARIE, Trait de Stratgie, op.cit., p. 445.
302
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SECONDE PARTIE
Le progrs et la catastrophe sont l'avers et le revers d'une mme mdaille
Annah ARENDT
DE LA MATIERE A LA THEORIE :
SUCCES ET ECHEC DES DOCTRINES DE
DISSUASION ISRAELIENNES
303
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INTRODUCTION
Isral est le seul tat navoir jamais connu un jour de paix vritable depuis sa
cration 1240. Aujourdhui encore, Syrie, Iran et mouvements terroristes le menace encore.
Certes, ltat hbreu est le seul possder un tel nuclaire dans le Grand Moyen-Orient mais
ses adversaires ont la possibilit, du moins pour certains dentre-eux, de riposter par des
armes chimiques et balistiques voir une chance indtermine avec des armes
bactriologiques et nuclaires. Le Grand Moyen-Orient est en effet un ensemble de soussystmes dont la particularit rside dans le fait que pratiquement chaque tat possde des
ADM et les moyens de les employer par le vecteur balistique. La rgion qui stend de la
Mauritanie au Pakistan, constitue un gigantesque march pour les ventes d'armes, o
s'affrontent les tats-Unis, l'Europe, la Russie et le couple Chine/ Core du Nord. Ds les
annes 1950, les tats arabes se lancent dans une course NBC.
Contre ses menaces protiformes, Isral a dvelopp une typologie de stratgie gradue
qui, mme sous le sceau de lopacit, nous est connu par empirisme, si bien quaujourdhui, la
scurit vitale de l'tat hbreu semble solidement assure, dans une mta stratgie, dont la
bombe est le cur. Selon Avner Cohen, la dissuasion isralienne repose sur une sainte
trinit: le flou comme politique officielle, la censure comme pouvoir coercitif et le tabou
comme attitude sociale 1241. En 60 ans, la dissuasion sest construite lentement, pour
atteindre des potentialits gales celles des grandes puissances, ce que Raymond Aron
appelle la capacit de faire, de produire et de dtruire . Qui pourrait aujourdhui sattaquer
Isral sans prendre en compte ses capacits de reprsailles ?
Cependant, il convient de sinterroger sur son efficacit relle et sur sa pertinence face
des situations de crises. Pourquoi peut-on dire, pour reprendre la prvision dAron, quelle a
abouti une : Guerre impossible, paix improbable , autrement appele stalemate
(impasse). De mme, cette politique de lopacit a-t-elle encore un avenir et surtout, nest-elle
pas sujette caution maintenant que lInde et le Pakistan ont franchi le pas dune certaine
transparence ? Subsquemment, la socit isralienne a rellement confiance dans son arsenal
dissuasif? Quel rapport cette socit cosmopolite et dmocratique mais constamment proche
de la guerre civile entretient-elle avec une dissuasion qui demeure lencontre dun des ses
principes fondamentaux : la puret des armes. Zeev Maoz de lUniversit de Tel-Aviv na-t-il
1240
1241
Freddy EYTAN, Les 18 qui ont fait Isral, Editions Alphe, 2008, 285 pages, p. 15.
Avner COHEN, Israel and the bomb, op.cit., Introduction.
304
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pas raison lorsquil crit quIsral est devenu lesclave de sa bombe1242 supportant le poids
dun Lviathan trop monstrueux pour le petit David.
1242
Harvard College and the Massachusetts Institute of Technology, The Mixed Blessing of Israels Nuclear
Policy International Security , Vol. 28, n2, automne 2003, pp. 4477
305
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CHAPITRE I
LES DOCTRINES DE LA DISSUASION ISRALIENNES ET LEURS
APPLICATIONS
La politique nuclaire isralienne repose, selon le spcialiste Avner Cohen1243, sur deux
piliers : dune part lopacit et dautre part, la contre-prolifration force chez ses ennemis
appele autrement la Doctrine Begin. Cependant, il existe dun ct la doctrine officielle,
mais affirme officieusement dans le cas prsent (opacit oblige), et les amnagements
desdites doctrines face aux ralits. Elles intgrent les spcificits gostratgiques de lEtat
dIsral et les paramtres de sa culture. Kissinger disait: Israel has no foreign policy, only
domestic politics, mais cela est contestable. Bien que Couteau-Bgarie affirme que la
mthode culturaliste ne peut tre que dune utilit marginale ds lors que larme nuclaire
relve dabord dune logique technicienne qui dpasse les cultures traditionnelles 1244, ds
lors quIsral est un cas particulier, la dissuasion1245 isralienne demeure particulire,
contrairement aux autres EDAN. Michel Fortman (1993) explique qu'il serait erron de
percevoir l'arsenal isralien comme une simple force de dissuasion. En effet, ses spcificits
laissent entendre qu'il peut tre utilis dans le cadre d'une multiplicit de scnarii, la fois
tactiques ou stratgiques, et qu'il est, par consquent, d'ores et dj intgr au planning
oprationnel de lIDF.
Bien que lambigut atomique proscrit en principe la possibilit de dfinir la stratgie
nuclaire dIsral, il est possible, grce aux affirmations des instances dirigeantes de lEtat
hbreu, des cultures juives, et de la gopolitique du pays, den dessiner les contours.
Subsquemment, son Histoire rvle, par de multiples exemples prcis, que finalement, Isral
prfre privilgier la contre-prolifration au dpend de la dissuasion proprement dite, cela
galement en adquation aux aspects intrinsques de lenvironnement hostile prcdemment
explicit.
I Protger face lavenir toujours incertain
Les dissuasions israliennes ont bien une dimension culturelle, et en cela elles ncessitent
une approche spcifique. Elles sont les consquences logiques de contingences.
Nonproliferation Review, Hiver 1995, The nuclear equation in a new middle East, Avner COHEN, p. 6.
Herv COUTEAU-BEGARIE, Trait de Stratgie, 2me dition, Economica, 1999, 1005 pages, p. 408.
1245
Selon Poirier la dissuasion rend sage et est un emploi rduit la formulation dune menace de raction
efficace pour linformation des dcideurs adverses. Cette menace affiche ostensiblement, dune part, les
capacits de ractions des forces de reprsailles, et dautre part, le ferme propos dactualiser ces virtualits si
lagresseur passait laction quon lui interdit . La diplomatie coercitive ou compellence est une menace
et/ou un emploi volontaire limit et graduel de la force arme destine persuader un adversaire de mettre un
terme une action en cour, de revenir au statu quo ante, ou dentreprendre une action quil juge indsirable
306
1244
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1246
Nom dun village transform en camp retranch par le gnral Kokhba contre les lgions dHadrien.
Samuel COHEN, Confessions of the Father of the Neutron Bomb, Los Angeles, 3rd Edition, 2006, 288 pages.
1248
Massada est lorigine le nom de la piscine rituelle o lon se purifiait. Elle est appele galement Mikve.
Isral est cu ainsi comme un tat forteresse, un immense pays garnison entour de murs de tous types
1249
L'Histoire, juin 2007, Les USA et la terreur nuclaire , Thrse DELPECH, p.11.
1250
Carmel HESI, Isral ultra-secret, Laffont, 1989, p. 88.
1251
Barry SCHNEIDER, Middle East Security Issues In the Shadow of Weapons of Mass Destruction Proliferation,
Air University Press, Maxwell Air Force Base, Alabama, dc 1999, 143 pages. p. 85.
1252
Avner COHEN, op.cit., p. 14.
1253
Michel ABITBOL, Les amnsiques, Juifs et Arabes lombre du conflit du Proche-Orient, Paris, Perrin, 2001,
406 pages, p. 236.
307
1247
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be done to the two million Jews of Israel, if, God forbid, the Israel Defense Forces are
defeated1254.
Culturellement parlant, le rapport est en fait bien plus complexe. Ben-Gourion dit avoir
privilgi la science NBC et ses activits corollaires pour avoir ce que la nature nous a
refus. Pour assurer notre avenir, nous ne pouvons compter que sur nous-mmes. Notre avenir
dpend de la science1255. Pour un peuple constamment martyris, la bombe est lentorse la
maldiction millnaire qui pse sur le peuple juif. Dieu est la nature, la science est lhomme,
cest le combat entre la fatalit divine et le progressisme promthen.
308
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pour le gouvernement. La rtrocession de territoires de la part dIsral est possible, sauf sur
quelques lieux stratgiques ou culturels comme Jrusalem ou Massada. Cette conception va
lencontre de la notion de Wakf, qui veut que toute terres dIslam passes, doivent
demeurer musulmane, une conception emprunter lEmpire byzantin. Ce principe est aussi
voulu par les religieux juifs pour Isral.
Les frontires de 1948, qualifies par Abba Eban de lignes dAuschwitz , sont peu
peu uniformises par les conqutes. Isral devient alors un ensemble de 20700 km plus les
7000 km de Gaza et de la Cisjordanie et les 1250 km du Golan. Lemploi de la bombe ne
sera effectif quen cas de menace des intrts vitaux cest dire une pntration militaire
jusquaux frontires de ltat hbreu de 1949, destruction de laviation, attaque massive des
villes israliennes larme chimique et bactriologique et enfin riposte une attaque
nuclaire 1260. Car labsence de profondeur ne permet pas une dfense lastique. Lors de la
guerre du Kippour, Tsahal a organis par dfaut une dfense lastique mais qui na pas pu
durer longtemps. Et encore, lpoque, le Sina tait encore isralien. La problmatique de la
profondeur territoriale na jamais t aussi vraie lorsquIsral rtrocde le 25 avril 1982 le
Sina, le Sud-Liban en 2000 et Gaza en 2005, ce qui rend cette tactique dsormais impossible.
Ici, les moindres parcelles de cette terre sans peuples pour un peuple sans terre doivent
tre prserves. Isral forme une lame de couteau enfonce dans un Proche-Orient arabomusulman, au manche troit, ce que le spcialiste Frdric Encel dfinit comme une taille
de gupe 1261. Aussi, Tel-Aviv recherche la garantie suprme de scurit, autrement dit une
stratgie de la prennit pour cet one nuclear state, cest--dire un pays qui peut tre ray
de la carte par une seule bombe et qui ne peut se permettre dencaisser de tolrer la moindre
faiblesse, sans agir. Zalvam Shomal ajoute : Les USA peuvent se permettre de faire une
faute et de la corriger, pas Isral 1262.
Cela explique dailleurs quIsral pratique la riposte disproportionne (Kohanout1263).
Pour se dfendre, il faut obtenir une pe de Damocls dissuasive. Cest pourquoi Isral,
entour de pays hostiles, privilgie la doctrine du No Choice ou ein brera1264. Entre Dtruire
ou tre dtruit, Isral na dautre choix quopter pour la premire solution, loin de la thorie
des jeux gains ou sommes nulles1265. Isral doit combattre lhostilit des pays arabes sans
la souhaiter (Marc Heller). Cet ein brera est par dfinition une agression condamnable par
1260
Avner COHEN, Israel and the Bomb, New York, Columbia University Press, 1998, p. 237.
Frdric ENCEL, Atlas gopolitique dIsral, Autrement, 2008, 80 pages, p. 17.
1262
Marianne, du 30 mai au 5 juin 2009, Isral sangoisse :Cest Washington qui nous lche .
1263
Patrice BOUVERET, Pascal FENAUX, Caroline PAILHE et Cdric POITEVIN, op.cit., p. 92.
1264
Entretien entre lauteur et Ephram Teteilbaum, responsable du centre Hebraca de Toulouse, 16 juin 2009.
1265
Oskar MORGENSTERN et John VON NEUMANN, The Theory of Games and Economic Behavior, Princeton
University Press, 1953. Suivant cette probabilit, celui qui gagne est celui qui est le plus extrmiste.
309
1261
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lONU. Et lOrganisation na pas encore tudi les spcificits dune puissance nuclaire
circonscrit une trs petite superficie.
I.1.3 Atome contre terre, terre contre bombe, bombe pour la terre ou la bombe sans la
terre ?
Les Arabes ont le droit du cadastre, mais pour nous, la bible est le meilleur des
cadastres 1266. Isral na pas de frontires 1267. Begin expliquait que lon ne pouvait rendre
des territoires appartenant Dieu, et que toutes terres un jour juives ltaient pour toujours1268.
Il rpondait Rabin qui expliquait au contraire que la Bible n'est pas un cadastre. Certaines
lites juives souhaitaient que la dissuasion sanctuarist les frontires davant 1967. BenGourion proposait la restitution de ces territoires contre une paix ternelle, puisque la bombe
est une garantie suprme. Le 3 novembre 1993, le professeur Shlomo Aharonson, de
luniversit de Tel-Aviv, affirme quIsral envisagerait de cder des territoires en change de
loptimisation de la bombe. Mais dautres dsiraient au contraire atteindre les limites du grand
Isral, que lon aurait protg ensuite par la bombe. Cest ce que certains juifs ont nomm
latome contre le dunam, du nom de cette unit de mesure territoriale turque aujourdhui
employe en Isral. Le Herout (parti de Begin) voulait des annexions afin de possder cette
profondeur. Rendre des terres contre la paix, ce serait mettre les conurbations de Tel-Aviv et
Jrusalem porte des missiles ennemis. Un dilemme associ au serpent qui se mord la
queue. Israel Shahak en 1992 et Seymour Hersh en 2006, crivent que ce nest pas le dsir de
paix, si souvent proclam, qui a induit le programme isralien mais bien le souhait dtendre
une domination spatiale sur le Proche-Orient sans en subir les inconvnients et les reprsailles1269.
Un point de vue relativiser si on considre quIsral a justement abandonn des territoires
mesure que sa dissuasion se dveloppait. Les opposants latome proposent lchange des
territoires contre une paix durable, ce qui permettrait de se passer du nuclaire. Les
traditionalistes, moins nafs, ne veulent pas rendre les territoires, car ils appartiennent au
Grand Isral et avance mme que dautres terres pourrait tre conquise jusquau Litani par
exemple, le parapluie atomique les sanctuarisant ensuite.
On pouvait galement rendre les territoires, obtenir la paix, garder la bombe, signer le
TNP et ainsi viter toutes reprsailles ennemies. Cette stratgie, si simple, qui aurait vit un
embrasement continuel de la rgion, est dabord rejete. La profondeur gographique doit
dabord tre suffisante pour quen cas dagression, on puisse demander temps une aide
trangre, sans tre tent duser de latome. Autrement dit, latome et la terre sont lis. Le
1266
310
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dsir du Grand Isral est finalement combattu par les gouvernements occidentaux, qui veulent
changer les territoires contre la paix et le maintien de la dissuasion isralienne. Cest ce que
lon pourrait appeler la doctrine Begin bis, mise en uvre pour la premire fois lors du retrait
du Sina, une fois que Washington sengage ne pas demander une clarification sur le
nuclaire isralien. Les pourparlers de paix actuels (comme avec la Syrie en mai 2008 sur le
Golan) vont dailleurs dans ce sens. Ce paradoxe (rtrocession de terre alors que la dissuasion
est crasante) est dnonc en 2001 par le ministre de lEnseignement et de la Culture qui
dnonait que dans le code militaire isralien, la notion damour de la terre avait tait
omise1270. Le dput Aryeh Eldad parlait de trahison: celui qui ampute ltat dune partie de
ses territoires pour les remettre lennemi mrite la mort dit-il lintention dOlmert1271.
Certains politiques israliens osent prtendre que larsenal nuclaire nest pas seulement
destin la protection dIsral mais dissuader lIran et lIrak denvahir les autres pays
arabo-musulmans !1272 Autrement dit, lOption Samson stabiliserait la rgion : un parapluie
nuclaire juif pour protger des tats arabo-musulmans ! Une sorte d'quilibre (balance of
power), dquilibre de la terreur, (Morgenthau 1985). Pour Kenneth Waltz, une prolifration
contrle des armes nuclaires a jou un rle crucial et stabilisateur, surtout durant la Guerre
des Six Jours et la Guerre du Kippour, car les superpuissances, ne sont pas intervenues
militairement, ce qui est vrai puisque Moscou et Washington brandissant leur propre
dissuasion, ne ce sont pas battus frontalement, lun dfendant Isral, lautre dfendant les
puissances arabes1273. Comme laffirme le gopoliticien Alain Joxe, deux puissances
nuclaires opposes nengageront pas de guerre nuclaires 1274. Mais la bombe isralienne
na pas dissuad lIrak denvahir le Kowet ou lIran, lIran lIrak et la Syrie le Liban. Il
vaudrait donc mieux pour sauvegarder la paix, dans labsolu, en thorie, une rgion dont
chaque tat dispose de la bombe, au lieu dun seul tat dans ce cas. Cette thse de
lUniversit de lAlabama est plus que contestable1275. Car la Syrie, lgypte et Isral se sont
affronts alors quils disposaient au moins darmes chimiques montes sur missile.
Cependant, sa dcharge, les armes chimiques ne sont pas compltement une arme de
dissuasion, dans leurs effets. liminer les armes nuclaires et biochimiques de la rgion
namnerait pas ncessairement la paix. Tout ce que peut la bombe, cest garantir un quilibre
arm ou au moins une survie, en thorie.
1270
Jerusalem Post, 4 avril 2001, Livnat: Love of Land Missing in IDF Code
Israel Magazine, 27 mai 2008.
1272
Barry SCHNEIDER, Middle East Security Issues In the Shadow of Weapons of Mass Destruction Proliferation,
Air University Press, Alabama, dcembre 1999, 143 pages, p. 78.
1273
Mohamed ABDEL AZIM, Usage politique du nuclaire au Moyen-Orient. Isral et ses voisins 1995-2000,
D.E.A, Science Politique, l'Institut d'Etudes Politiques de Lyon, 1999-2000, p. 41.
1274
France 3, Ce soir ou jamais, 9 juin 2009, La prolifration nuclaire .
1275
Journal of International Affairs 49, n1, t 1995, Middle East Nuclear Stability.
311
1271
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312
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Jean-Marie COLLIN, La bombe : l'univers opaque du nuclaire, Autrement, 2009, 198 pages.
France 3, Ce soir ou jamais, 9 juin 2009, La prolifration nuclaire .
1284
IFRI, Aprs lchec, les rorientations de Tsahal depuis la deuxime guerre du Liban , Pierre RAZOUX,
Octobre 2007, Focus stratgique n2. Daprs John F WARDEN, The Air Campaign: Planning For Combat, 1998.
313
1283
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dassaut (strike force), disproportionne par rapport sa taille et ses capacits conomiques,
incluant la dissuasion. Cest pourquoi, dans le cadre du concept d asymtrie stratgique , la
bombe renverse de facto les rapports de force. Ariel Sharon rsume cette politique en une
courte phrase, nuance limage de son auteur : Les Arabes peuvent bien avoir le
ptrole, nous, nous avons les allumettes! 1285.
La doctrine isralienne de scurit a t dfinie par David Ben-Gourion, prsent au
gouvernement en octobre 1953, puis sest peu modifie par la suite jusquaux accords dOslo.
Elle sappuyait dabord sur une force statique, puis une force dassaut qui rassemblait assez de
forces et de rserves pour tre oprationnelle immdiatement afin de frapper vite et de
manire dcisive face aux stratgies arabes inspires des doctrines sovitiques, plus massives
et prudentes. La morphologie et lHistoire dIsral impliquent une doctrine militaire
intrinsque et originale dont on peut numrer les principes, qui repose en caricaturant
lextrme, sur une stratgie dfensive module par des tactiques offensives :
-Isral ne peut pas se permettre de perdre une seule guerre cause de l'exigut de son
territoire. Il faut donc dfendre et prserver lintgrit du territoire. Aussi, les combats doivent
avoir lieu chez lennemi pour protger les intrts conomiques du pays (et nuire ceux de
ladversaire).
-Lutte contre toutes les formes de terrorisme (militaire, lectronique, mdiatique).
-Eliminer les cadres terroristes1286.
-La guerre doit tre propre (puret des armes) par le respect des lois de la guerre (Jus
in bellum).
-Contracter des alliances de revers (Turquie contre Syrie, Inde, Gorgie et Azerbadjan
contre Iran). Sallier avec les premires puissances militaires en cas dappel laide (tatsUnis, UE), y compris pour scuriser les approvisionnements en matires premires
stratgiques (Asie Centrale, RSA).
-Dfense au niveau stratgique, pour viter lescalade, la dgnration dune situation et
viter une coalition des ennemis par esprit de solidarit. Selon cette logique, pas d'ambitions
territoriales en vue dannexion, juste la conqute de zones tampons (sud/ Liban, Cisjordanie,
Gaza, Golan, Sina). Le Jus post Bellum doit donc tre modr. Il sagit donc de respect dun
des principes de la Haganah, baptise Havlagah (retenue, du thoricien Berl Katznelson1287),
1285
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pour des actions de reprsailles et de dfense. Cette modration, rare dans les autres forces
armes, doit tre rappele comme fondement afin de protger les innocents. Cette notion nest
pas respecte par tout le monde, parce que les soldats sont issus de culture diffrente, avec des
lois diffrentes. Des partis la refusent. LIrgun Zvai Lemi applique les reprsailles, lattaque,
lassassinat et la conqute de la terre systmatique, mthodes rejetes par dautres branches de
larme.
-Dissuasion conventionnelle et non-conventionnelle. Longtemps, on a voulu privilgier
linfanterie et le nuclaire comme le prconisait Van Creveld.
-Dsir d'viter la guerre par des moyens politiques, mdiatique, diplomatique, (soft
power). Aide aux contre-pouvoirs chez lennemi et diviser ladversaire en jouant sur les
particularismes locaux.
-Privilgier une guerre de mouvement rapide et dcisive par la surprise (doctrine Rabin).
Guerre courte pour viter de nuire lconomie.
-Sivis pacem, parabellum. Prparation la Dfense avec une dissuasion NBC pour la
dfense ultime, une petite arme de mtier rapide et ultra technologique, une force arienne
dlite pour frapper, une marine pour encercler, des commandos pour exploiter, une arme de
terre de conscription pour occuper, et enfin la rserve pour grer larrire et soutenir larme
de terre.
-Une mobilisation efficace de la rserve avec un entrainement rgulier, une motivation
entretenue, une capacit tre mobilisable en 72 heures, et une haute formation ltranger
avec des exercices communs, des changes internationaux. Prparation la guerre permanente
avec des simulations rgulires et nombreuses.
-Optimisation technologique pour que larmement ne soit jamais obsolte. Supriorit
technologique (Qualitative Military Edge) et de commandement (entranement). Accder aux
six capacits fondamentales (spatiale, mdiatique, arienne, prcision, attaque globale et
soutien au combat). La qualit doit lemporter sur la quantit dans tous les domaines (Full
Spectrum dominance).
-Coordination entre les armes (situational awarness)
-Capacits oprer dans toutes les configurations mtorologiques, militaires et
diplomatiques.
-Attaque prventive (Jus a bellum)
-Contre attaque systmatique effet disproportionn grce au renforcement des capacits
militaires par un arsenal important disproportionn et immdiatement disponible.
-Espionnage en profondeur
Noubliez pas que notre nom signifie dfense et que notre seul objectif est dassurer la scurit de nos
colonies. Votre organisation est au service de cet idal, elle est linstrument qui nous permet de vivre et de
315
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-La guerre doit tre prsente comme juste (Justum Bellum de Saint Augustin)
-Rendre la guerre impossible (Jus contra bellum)
-Haute capacit dtruire des cibles mobiles.
-Capacits de frapper longue distance (Osirak, Tunis).
-Dfense anti-missile.
-Mise en place systmatique dun appareil judiciaire pour encadrer les combats, respecter
les lois de la guerre pour viter les critiques internes et externes ; et dun appareil mdiatique
pour dfendre les combats et vendre la guerre .
-Hirarchie souple afin de limiter larbitraire, souder officier et soldat. Mixit des sexes et
des classes sociales pour plus de cohsion nationale.
-Emploi massif dune logistique lamricaine qui permet une formation du soldat tous
les niveaux, sa prise en charge complte (ducation, sant, parcours scolaires et universitaires,
formation professionnelle) afin de souder le soldat la nation et limiter les pertes
(hospitalisation immdiate aprs blessure).
Larme arienne, la plus sophistique, est cense dtecter, traquer et engager les
complexes stratgiques Hard and Deeply Buried Targets (HDBTs) tels que les sites nuclaires
avant quils ne soient oprationnels, cela longue porte, c'est--dire l o ne peut aller
larme de terre. Puis dtruire les systmes de DCA. Espionner et dtruire par tous les temps
selon le mode C4I. La destruction de la chasse ennemie se fait en gnrale au sol afin de
conserver la surprise et viter des frappes sur Isral. La chasse isralienne doit tre trs
rapidement oprationnelle, dote de sa propre lectronique (elle doit tre nationale pour viter
des contre-mesures), de ses propres missiles, et avoir une supriorit technologique absolue,
dtruire tous types de cibles terrestres et ariennes, y compris des missiles balistiques.
Larme de lair compte en 2008 411 appareils dont 344 F-16 toutes versions confondues.
Ces principes, hrits de la guerre froide, sont finalement compltement remis en
question aprs la seconde guerre du Liban aprs que le rapport Winograd ait stigmatis les
carences de Tsahal. Il en rsultera de profonds changements doctrinaires, comme en tmoigne
les grandes lignes du Plan Tefen, influenc par le vice-chef dtat-major des armes, le
gnral Kaplinsky, une sorte de plan quinquennal pour larme. Aux vues des nouveaux
thtres dopration, qui ne sont plus ariens mais terrestres et urbains, Tefen, qui stend de
2008 2012, pour un budget de 60 milliards de dollars (dont 45 pays par les USA),
privilgie larmement terrestre surblind, les drones et de nouveaux antimissiles au dtriment
de laviation, du high-tech et de la marine. Le prcdent plan (Kela 2003-2008) avait t 25%
des moyens fantassins. La hausse des effectifs (cration de deux divisions) est instaure, les
blinds sont remis lhonneur avec de nouveaux programmes. Ces tendances ne sont pas
travailler. Elle est la servante. Elle ne doit jamais devenir un matre .
316
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encore appliques en Europe et aux USA, qui continuent dinvestir dans les programmes
Rafale, F-35 et Eurofighter. On souhaite aussi verticaliser et horizontaliser le thtre, en soit
apprendre lutter dans des tunnels, travers les murs, attaquer en essaims (swarming) et sur
le toit des btiments, plutt que de confier la surveillance du relief laviation. Il faut revenir
la dfense stratgique mais lattaque tactique, privilgier les oprations courtes et brutales.
Tefen cherche aussi rhabituer les soldats au feu, autrement dit reformer les soldats
combattre au milieu des tirs, des morts et des situations dsesprs, sans laide de la hightech, sans paniquer et enfin connatre davantage son adversaire1288. Bref, il sagit de se
rapprivoiser le terrain, une critique que lon pourrait formuler bien des armes.
I.3.2 Une stratgie demploi du faible au fort contre des cibles internationales
Il faut bien comprendre que larme nuclaire ne sera probablement plus jamais utilise
offensivement car ce nest plus son rle aujourdhui. Larme nuclaire doit viter que
lennemi ne sengage massivement. Mao Zedong ajoutait avec raison contre le fantasme de la
perspective des guerres purement nuclaires, ou dclenches cause de cette arme : Cest le
peuple qui dcide de lissue de la guerre et non une ou deux armes nouvelles 1289. Mme du
temps de la Guerre Froide, la perspective dune guerre nuclaire restait une ventualit
enseigne dans les coles de guerre, mais elle na jamais t srieusement planifie. Les
seules alertes nuclaires ont t des instrumentalisations diplomatiques ou relevant derreur
dapprciation ( propos de la fameuse fausse alerte de 1983). Mais cela na pas toujours t
le cas. Pompidou senquiert auprs de Nixon en mai 1973 : Nous sommes profondment
inquiet dune situation o les USA et lURSS seraient labri, et o lEurope, tel le Vietnam
ou le Proche-Orient, serait un endroit o lon peut se taper dessus plus ou moins
nuclairement, sans que les deux autres sen mlent, sinon pour fournir des armes leur
partisans 1290. Dautre part, comme le souligne Glaser, si lon admet, comme laffirment les
cinq puissances nuclaires, que larme nuclaire a t pendant la Guerre Froide un facteur de
stabilisation, il est parfaitement possible de soutenir quelle peut jouer le mme rle
aujourdhui 1291. Les pays prolifrants ne veulent quune sanctuarisation et nont jamais
eu lintention dattaquer avec du nuclaire, hormis lIran, lIrak, la Libye et la Core du Nord.
Durant la Guerre Froide, on a assist lmergence de proxy war, un conflit opposant les
deux superpuissances par lintermdiaire dun pays tiers ou de plusieurs pays. Ctait un peu
1288
Daprs Dfense et Scurit Internationale, dcembre 2009, Concepts, lautre bataille de Tsahal , Joseph
HENROTIN.
1289
Georges HIMELFARB, Le vocabulaire de la guerre et de la paix, p. 262.
1290
Vincent NOUZILLE, Des secrets si bien gards..., op.cit., p.347. Entretien entre Pompidou et Nixon, 31 mai
1973, Reykjavik, Archives de la Rpublique, 5AG2-117, Archives Nationales.
1291
Emmanuel GLASER, Le nouvel ordre international, Paris, Hachette, 1998, 271 pages.
317
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le sens de la Guerre Froide : une guerre froide parseme de batailles chaudes qui ne les
impliquaient pas ensemble directement.
La bombe isralienne est autant une arme contre des cibles rgionales quexo rgionales.
Barnavi conteste cette vision : Cet essentialisme culturel [], je le trouve dangereux : mine
de rien, il rinstalle Isral au cur dune vaste toile daraigne do, par ses trois armes
absolues, la bombe, la bible et lholocauste, il manipulerait le monde1292. Aujourdhui
encore, derrire Isral, se cache les USA et derrire les pays arabes la Russie et maintenant la
Chine. Les potentiels militaires gyptiens et syriens, maintes fois rduits par la force par
laigle isralien, se reconstituaient comme le foie de Promthe, grce laide sovitique.
Larsenal imposant (de 100 500 ogives), port par des vecteurs trs performants (missiles de
plus de 4500 km de porte) braqu dans toutes les directions ( dfense tous azimuts
suggre par le gnral Ailleret en 1968)1293, sans omettre les USA et la Russie, corrobore
cette vision. Lhistorien Martin Van Creveld, conscient de la puissance actuelle dIsral,
franchit un tabou et crit que limportance militaire dIsral est telle que le pays nest pas la
trentime puissance du monde, mais bien la seconde ou la troisime, tous secteurs confondus,
car possdant de quoi entraner la chute des autres pays du monde avec lui1294. Cela explique
ladoption dune dissuasion porte par des sous-marins dont la porte est en thorie illimite.
Les performances des vecteurs sous-entendent que le nombre de cibles et de pays viss est
trs important et dpasse largement la sphre moyen-orientale. La multiplicit et les
spcificits des cibles a oblig Isral opter pour la dissuasion cumulative
(conventionnelle et non-conventionnelle) celle qui a triomph pendant la guerre du Kippour.
Selon le JCSS, la force dassaut, par sa puissance permettant dinfliger des dgts trs
importants, exacerbe par les blocus et les rtorsions diplomatiques, finit toujours par
lemporter sur des adversaires potentiellement plus forts. Elle contraint cependant investir
massivement dans les diffrentes dissuasions.
Aussi, comme la taille de larsenal isralien et le nombre de ces adversaires est similaire
ceux des grandes puissances (USA et URSS excepts). Isral emprunte aux impratifs
stratgiques franais, formuls par les gnraux Beauffre et Gallois ( le pouvoir galisateur
de latome ), ceux du faible au fort , consistant une riposte immdiate, sans ngociations
ou accords tacites sur la prservation de sites particuliers, civils, conomiques ou culturels. La
doctrine Gallois permet de menacer Moscou mme avec peu de bombes ( lorsque deux
nations dtiennent larme nuclaire, mme si lune des deux dispose dun armement trs
suprieur, le statu quo devient invitable 1295) ; et aussi de se passer thoriquement de
1292
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Washington, (cela ne sera pas toujours le cas, nous le verrons): Pourvu que David dispose
dune seule pierre nuclaire dans sa fronde, si celle-ci frappe lorgane vital de Goliath. A en
croire certains gopoliticiens, sur le plan rgional ou localement limit, une petite guerre
nuclaire n'est pas exclue, mais certainement pas une guerre atomique gnralise1296.
Mosh Dayan explique : Isral doit tre un chien fou, trop dangereux pour tre
inquit . Je pense que si les Arabes souhaitaient lavoir, nous laurions avant eux. Ce qui
est sr, cest que nous serons les premiers lutiliser 1297. Dgag de ces obligations
officielles, Dayan sousentend affirme clairement la first use doctrine. Cest un peu la
parabole du Ghetto de Varsovie : puisque nous sommes destins mourir, autant se battre
jusquau bout avec nimporte quelles armes, nimporte quelles mthodes. Mais le 5 juin 1998
Channel Two, Prs explique sa thorie de la bombe comme arme de non-emploi :
personne ne fabrique des bombes pour les utiliser. Cest pourquoi nous voulons une option
nuclaire voile, dans le but de prvenir la guerre1298. Il est donc probable que comme les
autres pays, ltat hbreu a tacitement accept de ne jamais utiliser larme nuclaire sous
forme de frappe, sauf si le pays est menac dannihilation1299. La stratgie nuclaire est
fondamentalement une stratgie de dissuasion alors que la stratgie conventionnelle reste une
stratgie de laction . La stratgie mise en place est celle du tout ou rien 1300, o les forces
militaires ennemies ne sont pas les seules vises mais aussi les villes, les centres stratgiques
et les centres nvralgiques. En principe donc, Isral ne souhaite pas de riposte atomique
gradue ou de frappes chirurgicales mais, aux contraires des frappes massives sur les centres
vitaux des ennemis, en thorie.
Louis Brs-Ren, professeur au Political Science and International Law, parlant de la
parabole du vautour de Kafka , se demande, volontairement navement, pourquoi ce pays
qui dispose dune arme qualitativement excellente, double dallis nombreux et
surpuissants, estime ncessaire davoir larme absolue? Il pense alors quIsral craint que
Tsahal ne soit pas toujours performante, que ses allis peuvent refuser de le soutenir
ternellement. Les rsultats des combats au Liban entre 1982 et 2006 ou mme Gaza
prouverait de la baisse qualitative de lIDF. David emploierait-il larme absolue comme
Napolon son artillerie au fur et mesure que larme serait de moins en moins efficace ?
Isral serait aussi moins enclin aux sacrifices. Saddam Hussein affirmait en 1991 ce
titre : la vtre est une socit qui ne peut accepter de perdre 10000 morts en une
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bataille 1301. De plus, la bombe est une garantie suprme puisque Tel-Aviv na quune
confiance peu affirme ( juste titre) envers ses systmes antimissiles. Il sagit aussi de
couvrir la mobilisation et la mise en place dune contre -offensive conventionnelle contre
lagresseur, voir de rclamer une aide extrieure. De ce fait, Isral privilgie plusieurs
capacits de rponse par scurit avant de riposter conventionnellement. Enfin, la bombe peut
permettre de diminuer les effectifs autant matriels quhumains, (dabord pour financer la
bombe). Mais jusqu aujourdhui, les effectifs baisseront fort peu, de lordre de 20% par
rapport au dbut des annes 1980, en grande partie parce quune arme nombreuse restait
ncessaire pour lutter contre les gurillas terroriste et la menace syrienne.
Mais mme si le programme est gmin celui de la France, Isral en tant qutat
stratge , ne sinspire pas seulement des doctrines des quatre gnraux franais de
lapocalypse (Ailleret, Beauffre, Gallois et Poirier) puisque son cas est diffrent. Son usage
nest pas conjoncturel, mais profondment structurel. Pour rsumer, la doctrine nuclaire
isralienne repose sur plusieurs postulats:
Isral na pas dallis fiables ou totalement soumis
Les tats arabo-musulmans ne veulent pas seulement la dfaite dIsral mais sa
destruction totale (au moins politiquement et administrativement)
Les armes arabes ne sont pas organises pour se dfendre ou pour maintenir un
quilibre dans la rgion, mais pour dtruire Isral. Si elles possdent des ADM, elles ne
serviront pas dissuader ou se dfendre, mais bien attaquer. Cest pour cette raison quil
convient de dtruire les programmes dADM ennemis;
Les ennemis dIsral ont une supriot totale tous les niveaux.
Si la dissuasion verbale ou crite ne fonctionne pas, larme doit attaquer dabord
conventionnellement.
Brs-Ren recense alors les stades de rponse NBC israliens (thoriques), diffrents du
processus de Razoux, qui passent par la dissuasion minimale, la proportionnelle et celle du
faible au fort, dans le cadre dune dissuasion globale :
Dissuader une attaque conventionnelle massive, gagner les guerres et les prvenir
(Brodie)
Dissuasion contre tous types dattaques NBC, propre la loi du talion. Georges Le
Guelte analyse : La bombe est non une arme de protection mais une arme de vengeance .
Pour Isral, plus que pour dautre, il sagit des deux. Gerald Steinberg du Jerusalem Centre
1301
Air command and Staff Collge, Air University, Homa: Israels National Missile Defense Strategy ,
Guermantes LAILARI, Major, USAF et Gregory STANLEY, Maxwell Air Force Base, Alabama Avril 2001, p. 36.
320
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
for Public Affairs crit que la bombe est destine limiter les objectifs militaires de la Syrie et
de l'Egypte et dissuader l'Irak d'utiliser ses armes chimiques1302.
Frappe prventive contre les menaces nuclaires (Iran) en cas dchec de la doctrine
Begin.
Frappes chirurgicales avec de petites bombes pour aider la victoire des forces
conventionnelles, option abandonne dans les annes 1980, mais rtudies partir des
annes 2000 avec les mininukes. La Revolution in Military Affairs en cours dans les forces
amricaines (RMA) et son pendant de lIsrael Security Revolution, favorise la marginalisation
croissante de l'arme nuclaire dans la pense stratgique aprs l'efficacit des armes
conventionnelles en Irak en 1991 et en Yougoslavie en 1995-1999. Mais, ce discours est en
ralit discrdit dans les faits par les recherches sur les mininukes. A la fin des annes 1970,
la MAD1303 lemporte sur les armes du champ de bataille mais la fin des annes 1990, pour
lutter contre les terroristes, elles sont de nouveaux dactualit, pour dtuire des cibles enterrs
ou se passer darmes chimiques et bactriologiques dans des milieux urbains, avec un
rayonnement de faible vie (quelques dizaines dheures) et de faible porte: 100 mtres de
diamtre.
Guerre nuclaire gnrale.
Aussi, loption Samson (S.Hersh), surnom de la stratgie nuclaire isralienne, cest-dire le suicide collectif nuclaire incluant ses ennemis1304, (une sorte de destruction cratrice
la Schumpeter) reste la parabole de la recherche du pouvoir en tant que jeu de somme nulle.
Elle provoquerait le mme ordre de grandeur que la Shoah en termes de mgamorts, pour
aboutir lextrme la paix des cimetires 1305. Cest ce que craint Samuel Cohen qui
crit : Les Arabes, dans mon esprit, ont t assez fou pour lancer une guerre qui a pu
produire ce rsultat final [le suicide par arme nuclaire , et les Israliens, dans mon esprit,
ont t assez fou, avec leurs complexes de Massada et de l'Holocauste, pour y parvenir 1306.
En cas dengrenage nuclaire, on ne parlerait plus de gnocide, mais domnicide (John
Somerville), de Doomsday Clock (Martyl Langsdorf, 1947) avec un hiver nuclaire (modle
de Turco, 1983) ou un automne nuclaire (Starley Thompson et Stephen Schneider)1307. La
perspective Samson est une hypothse probable. Elle se rfre la mythologie juive. Le
1302
Finantial Times, 22 avril 2004, Vanunu leaves jail whistling the same anti-nuclear tune , Sharmila DEVI.
Que Robert Oppenheimer caractrisait comme deux scorpions se battant dans une bouteille de verre. Cest la
mtaphore dun suicide collectif sans chappatoire. Edward Teller estimait que les mininukes pouvaient tre
employes comme NLW aprs avoir vacuer la population. Brian RAPPERT, NLW as legitimizing forces:
technology, policy and management of conflict, University of Nottingham, 2003, pp.136-139.
1304
Louis Ren BRES, Preserving The Third Temple Commonwealth, Israel's Nuclear Strategy , Purdue
University, to the Department of War Studies, King's College, London, 16 octobre 1996
1305
Georges HIMELFARB, Le vocabulaire de la guerre et de la paix, p. 211.
1306
Samuel COHEN, Confessions of the Father of the Neutron Bomb, Los Angeles, 3rd Edition, 2006, 288 pages,
p. 179.
1307
Jean-Marie COLLIN, La bombe, op.cit., p. 163.
321
1303
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
colosse Samson tue les ennemis qui lencercle, en sensevelissant sous les dcombres du
temple par la destruction des colonnes du btiment. Le nom nest pas choisit au hasard, car
Samson en hbreu, veut dire... soleil comme le nuclaire. A noter que Robert Mc Namara
parlait, lors de la Crise de Cuba, du risque danantissement de lhumanit en invoquant la
possibilit de dtruire le temple en senssevelissant dessous1308. Comme la thse le
dveloppera, le rapport entre le nuclaire et la culture juive est particulire. On trouve
lexemple du danger atomique pour ces propres possesseurs dans la vie de Marie Curie (Marie
Sklodowska), encore une pionnire du nuclaire dorigine juive, qui expose aux radiations de
ses recherches1309, dcde la lumire du soleil fait vrit-connaissance. Ici, du fait de
lexiguit du territoire isralien, si Isral utilise latome contre les pays limitrophes, ils sen
trouvera aussi affect. On retrouve encore cette notion de suicide au sein dun combat
dsespr dans cette clbre phrase dun combattant du ghetto de Varsovie, Arie Winer :
Nous ne voulons pas sauver notre vie. Personne ne sortira vivant d'ici. Nous voulons sauver
la dignit humaine . Elle rejoint la thorie du retenez-moi (plutt aidez-moi) ou je fais un
malheur matrialise lors de la guerre du Kippour, cest--dire faites pression sur lennemi
pour ne pas que jutilise la bombe et que je nous tue tous, permet de recevoir des USA et de
lUE de laide, en change de la renonciation employer larme.
I.3.3 volution de la doctrine nuclaire: de linspiration franaise au modle amricain
LHistoire nest pas une science car un vnement ne se rpte pas dans son absolue, et il
ne relve pas des mmes paramtres sur lesquels on peut donc appliquer des thories
universelles. Autrement dit, mme si les stratgies d'tat-major existent, il nest pas toujours
pertinent de les appliquer dans la complexe ralit. De plus, les stratgies voluent suivant les
circonstances et les hommes la tte de lexcutif. Elles ne restent heureusement pas figes.
La riposte gradue propre la loi du talion (jus in Bello, jus ad bello) quappliquerait
Isral dpend donc de multiples contingences. Lors de la guerre du Kippour, les Israliens
envisagent de bombarder atomiquement
envisage par les Amricains lors de la guerre du Vietnam sur des ouvrages ennemis1310. Les
destructions sur place saccompagneraient dinondations et de pollutions radioactives portes
par leau sur une trs vaste superficie. Et pour lgypte, le Nil est une colonne vertbrale.
Jusquen octobre 1973, la First Use Doctrine tait de mise, cest--dire ne pas attendre la
1308
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
frappe ennemi, parce quIsral est un one state bomb et que ses premires infrastructures
atomiques taient peu nombreuses, donc aptes tre dtruites facilement et rapidement1311.
Leffet de surprise ennemi doit prendre de vitesse la capacit de mobilisation de la rserve
isralienne, de son aviation et des vecteurs de la doctrine Begin. Les pays agresseurs
pourraient presque dans ce cas ne pas craindre de reprsailles israliennes si ne ntait depuis
1999 la prsence de sous-marins dissuasion nuclaire qui rend possible la frappe en second.
Cette vision ne sapplique que face des tats nuclaires ou biochimiques. Or, seul lURSS
lpoque dispose dun arsenal atomique dirig contre Isral. Ce qui explique pourquoi Isral a
trs tt voulu possder beaucoup de vecteurs longue porte. A moins que Tel-Aviv ait cru
la possibilit de bombes sovitiques prtes la Syrie et lgypte.
La first use doctrine est dfendue par Yitzhak Rabin. Il sagit de faire de la Cisjordanie un
champ de bataille nuclaire prpar lavance en cas dattaque massive conventionnelle1312.
Elle se rfre celle prne par le gnral Charles Willoughby, directeur des SR de Mc
Arthur, qui prconisait de barrer les avenues du communisme dune bande de terre calcines
qui bloquerait les hordes asiatiques 1313. Mc Arthur fut relev de ses fonctions, notamment
pour avoir prn cette politique. Cette vision a t cependant conteste par George Kennan, la
doctrine Foster Dulles (1954 : riposte immdiate et massive sans respect de sanctuarisation)
et la doctrine McNamara (ripostes la fois massives et immdiates, ou selon les circonstances
gradues, avec ventuellement lemploi darmes tactiques). De leur cot, Moscou et Pkin
oscillaient entre la Second Strike Doctrine officiellement, au regard de leur superficie, mais
nexcluait par une first use ou une no first use selon les circonstances.
Mais en juin 1998 est pris le virage stratgique. Benjamin Netanyahou runit plusieurs
ministres incluant ceux de la Dfense et des Affaires trangres pour redfinir la doctrine de
dissuasion. David Ivri, directeur-gnral du ministre de la Dfense, estime que le pays a
dsormais besoin de choisir la second strike capability incluant la MAD face lIrak, lIran
ou la Libye simplement parce que ces pays nont que des missiles chimiques effets
rduits1314. Ce qui signifie tout simplement quen dfinitive, Isral na jamais cru, partir de
cette date, que Damas, Bagdad et Thran ne pourrait dvelopper dans un futur proche la
bombe ! Le ministre de la Dfense Yitzhak Mordechai, dans la revue Defense News, reconnat
aussi que Tel-Aviv devrait examiner les changements gopolitiques et modifier nos propres
capacits et les autres facteurs cls pour actualiser ce qui fait notre stratgie1315. Mais il
1311
Middle East Review of International Affairs, Vol. 8, No. 3 (September 2004), Israel and the WMD Threat:
Lessons for Europe, Cameron S BROWN.
1312
Shlomo AHARONSON, Haolam Haze, 11/3/93, p. 27; in JPRS-TND-93-035, 11/10/93, pp. 38-39.
1313
William BLUM, op.cit., p. 93.
1314
Washington Times, 12 Aot 1998, Jewish State Studies Atomic Arms Option After Founding, Eliot COHEN.
1315
The Jewish Institute for National Security Affairs, 26 aot 1998, Israeli Nuclear Policy Under Review,
Missile Vulnerability Cited .
323
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prcise que lambigut est un pilier quil faut conserver. A linverse, le Major General
Yitzhak Ben Yisrael, responsable de la R&D au ministre de la Dfense, est partisan de la preemptive strike capability (sorte de Prompt Global Strike amricaine), cest--dire de frappe
prventive. Mais on ne sait sil sagit dune action prventive conventionnelle contre des
installations non-conventionnelles, ou des actions non-conventionnelles. Il confie aussi que
bien que lambigut reste un aspect important de la doctrine, le dveloppement des
capacits de rponses prventives restent une ncessit, car nous navons pas t dans une
bataille depuis longtemps. On ne peut pas dissuader en ne montrant pas ces capacits1316. Le
dput du sous-comit la Dfense, Ephram Sneh, lemporte et dfend le 5 aot que le pays
doit dvelopper des capacits de seconde frappe, par les SNLE. La seconde frappe viterait
limage dun pays devenu perptuellement agresseur. Et le bouclier anti-missile sinscrit en
droite ligne dans cette vision : Se dfendre plutt quattaquer. En ralit, il sagit de confier
aux allis laction militaire et les pressions diplomatiques, comme en Irak et en Libye en
2003. Et seulement alors, Isral se rserve les frappes NRBC si le pays ennemi choisit de
sattaquer directement la source, c'est--dire Isral. Mais dans la ralit, la rponse se doit
dtre dabord circonscrite au soft power, puis conventionnelle, et enfin lextrme nonconventionnelle.
La Nuclear Posture Review de 2001, reprsente la nouvelle politique des USA dans ce
domaine. En janvier 2002, au Congrs, Wayne Allard, prsident de la sous-commission du
Snat sur les forces stratgiques, et Curt Weldon, vice-prsident de la commission de la
Dfense de la Chambre des Reprsentants, militent pour l'utilisation tactique de l'arme
nuclaire1317. Isral, qui a longtemps emprunt ses concepts Paris, sapprterait-elle suivre
Washington ? En fait, Isral ne la pas adopt partir de cette date car cest en ralit SA
doctrine et ce sont donc les USA qui sen sont inspir. Elle se dcline ainsi: dissuasion
nuclaire + dissuasion conventionnelle + frappes prventives+ dfenses antimissiles1318.
Egalement, la doctrine officialise celle qui, depuis longtemps est tacitement en uvre, la
protection dIsral avec la dissuasion amricaine, prvoyant son emploi ventuel contre l'Irak,
l'Iran, la Core du Nord, la Libye et la Syrie, voire contre la Russie et la Chine. Cela est
clairement affirm : Des frappes pourraient tre utilises en riposte une attaque de l'Irak
contre Isral ou ses voisins [] contre des objectifs capables de rsister des attaques non
nuclaires, ou en reprsailles une offensive mettant en uvre des armes NBC 1319. Le 6
fvrier 2006, les tats-Unis prsente la Quadriennal Dfense Review (QDR)1320 prnant une
1316
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dfense en profondeur du territoire par la mise en place dun systme antimissile (comme
Isral) et prvenir la prolifration nuclaire (ce quIsral met en place par la doctrine Begin)
des menaces du mme type que celles pesant sur Isral. Washington les classe en : Rseaux
terroristes , tats voyous (Iran), tats Faillis (Pakistan) et enfin concurrents
stratgiques (Chine). Pour ce faire, Isral et les USA se doivent dinterdire la prolifration
de matires et de matriaux pour ADM, brandir la menace de reprsailles, puis frapper si
ncessaire, si possible prventivement. Enfin, le 6 avril 2010, Barack Obama rsume la
nouvelle doctrine : Empcher le terrorisme nuclaire, la prolifration et rduire le rle des
armes nuclaires dans la stratgie de scurit nationale. [] Les tats-Unis veulent insister
sur le fait qu'ils n'envisageront le recours aux armes nuclaires que dans des circonstances
extrmes, pour dfendre leurs intrts vitaux et ceux de leurs allis et partenaires . Il est dit
que le terrorisme nuclaire demeure le danger le plus probable. Cette Nuclear Posture Review
sinterdit cependant lusage de l'arme nuclaire contre un adversaire qui ne la possde pas et
qui respecte les rgles du TNP mais Iran et Core du Nord excepts. La NPR prcise aussi
que le Pentagone ne rpondra pas avec des armes nuclaires contre des frappes biochimiques
et des cyberattaques mesures. En revanche, en cas dattaques massives sur des intrts
vitaux, quelques soient les natures de ces attaques, latome sera employ 1321. Globalement, la
feuille de route demeure inchange dans le fond, avec nanmoins de petites modifications sur
la forme. Et Isral y est toujours compris. Nanmoins, une question se pose : si lun des
associs dIsral (Turquie, USA, UE, Inde) est frapp par des armes atomiques, Isral, de son
ct, mettra t-il la disposition de ses allis son arsenal ? Autrement dit, la fixation du seuil
nuclaire, subit-il, lui aussi, une volution en ce sens ? Obama, le 27 mai 2010, modifie
nanmoins cette doctrine, affirmant privilgier le soft power pour acclrer lisolement des
pays prolifrants. Le cas chant, lintervention militaire se ferait dans un cadre plus officiel
et lgitime, avec laval de lONU, au lieu dune opration militaire sans mandat, comme sous
Bush junior1322.
De surcrot, Tsahal utilisera t-elle ses ADM contre des formations terroristes, si elles
sattaquent aux centres vitaux? La crainte de bioterrorisme, exacerbe par les attentats de
Tokyo au gaz sarin en 1995 et ceux lanthrax en novembre 2001 aux tats-Unis, obligent les
Washington prsenter dans la QDR une option de frappes prventives, cette fois nuclaire,
contre les infrastructures terroristes, une phrasologie reprise par Jacques Chirac dans son
discours lle Longue le 19 janvier 2006, lencontre du terrorisme mais, dtail trs
important, dorigine tatique. Cette doctrine, plus politique que stratgique, est modifie sous
limpulsion de Sarkozy par le livre blanc 2008-2020, qui privilgie la dissuasion diffrencie
lge de la maturit , FRS, 21 mars 2006, p. 1.
1321
US Department of Defense, 2010 Nuclear Posture Review (NPR) Fact Sheet, April 6, 2010.
325
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
I.3.4 Les armes biochimiques, tabou absolu sur une stratgie dj employe
1322
Le Monde, 27 mai 2010, Obama enterre officiellement le concept de guerre contre le terrorisme .
Livre Blanc sur la politique trangre et europenne de la France 2008-2020, Alain JUPP et Louis
SCHWEITZER 223 pages.
1324
Rseau Voltaire, 29 septembre 2006, Hassan Nasrallah : Notre victoire et nos responsabilits , Salman
TALAL.
1325
Assemble parlementaire OTAN, 2004, 167 PCTR 04 F - Les implications du concept de scurit de
lUnion Europenne pour lUnion Europenne , Rapporteur: Ruprecht POLENZ.
1326
IRIS, 15 fvrier 2008, Les cinq hritiers du docteur Folamour , Pascal BONIFACE.
326
1323
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UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Gopolitique, juillet 2006, Microbes et terrorisme , pp. 12-18. Voir aussi larticle du Washington Post, 13
dcembre 200 et celui du Baltimore Sun, 27 juin 2004.
1330
Patrick BERCHE, op.cit., p.146.
1331
Shai FELDMAN, nuclear weapons and arms control in the middle east, the MIT Press, Cambridge
328
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chimique sont suffisamment connus pour dissuader une attaque ennemie du mme type
(Affaire Mishal). A ceci prs que comme toujours, cest la presse trangre et nationale qui
gnre cette dissuasion, en en parlant. Ce nest pas la premire fois que les journalistes
renforcent une cible quils veulent initialement affecter !
Ladministration de George W Bush nomet pas les armes biochimiques et les autres
armes non conventionnelles, puisqu linstar des pays occidentaux, Isral et les tats-Unis se
sont lancs dans une refonte complte de leurs systmes de prvention, de dtection, de
localisation, de scurisation, dinterception et de fabrication, notamment grce au matriel
fournit par Ness-Ziona et Fort Detrick, dans le cadre des projets biowatch et bioshield. Selon
Eitan Barak1332, de l'Universit hbraque de Jrusalem, Isral devient le premier tat de la
rgion clarifier le dossier des armes chimiques car la CAC a t sign. Aux tats arabes
donc de poursuivre le mouvement. La runion en mars 2005 La Haye entre Isral et les
ministres de la Dfense et des Affaires trangres auprs de l'OIAC tmoignent, selon lui, de
l'volution de cette perception, alors qu'elle est faite sans consultations ouvertes et officielles.
Eitan Barak ne comprend pas l'absence de rciprocit arabe sur les traits, alors que le
nuclaire est le nud du problme. Il l'voque, mais seulement en pensant que les tats arabes
n'ont pas abandonn leur programme nuclaire et que donc, une ratification isralienne ne
changerait rien ce qui revient dmentir ses propos.
En ralit, Isral n'a pas franchement dintrt demander labandon des programmes
biochimiques
chez ses ennemis, car cela lgitime toutes les ADM israliennes et ses
bnfices connexes. En cas de ratification, Isral devrait accepter des inspections de ces
laboratoires, ce qui dune part ferait fuir les investissements trangers (pour les programmes
civils pouvant driver vers le militaire) et jetterait le doute sur le pays. Et lon sait comment
Isral a lutt contre les inspections de Dimona. Rappelons quIsral a sign la CAC mais ne
la pas ratifie et na pas ratifi la CAB. Par ailleurs, si Isral abandonne totalement ses armes
biochimiques, en cas dattaques du mme type, Isral serait oblig de ragir avec des armes
nuclaires dans le processus de MAD. Et le pays nest peut-tre pas prt politiquement
assumer cet usage. De plus, sur le podium des ADM, de la plus puissante la plus faible, le
classement est le suivant : Nuclaire, bactriologique et chimique. Ce qui signifie que la
raction isralienne serait considre comme disproportionne. Cependant, dans la
reprsentation apocalyptique des ADM, le nuclaire apparat comme plus propres , surtout
depuis la perspective des mininukes. A linverse, les armes chimiques sont vues comme
sales , inhrentes aux tats voyous ou tyrans (IIe Reich, gypte, Irak, Iran, URSS). Larme
bactriologique serait intermdiaire. Si Isral ratifie les conventions, le pays devrait
Mass/London, 1997, p 102
1332
CBWCB, juin 2005, Israel, the CWC, and the universality objective, the view from Jerusalem.
329
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reconnatre en possder, ce qui nest pas digne, toujours dans la reprsentation, dune
dmocratie, qui plus est dont le peuple vit dans langoisse de larsenal non-conventionnel
ennemi, avec le prsuppos des chambres gaz nazies.
Il sagit, dans un premier temps, dopter pour le nuclaire des fins civiles sans avoir
recours au ptrole arabe et au charbon occidental. Le nuclaire, en France et en Isral est
dailleurs le moteur du dveloppement du pays. Compte tenu du principe pos par le TNP
garantissant le droit inalinable l'acquisition de technologies nuclaires des fins
pacifiques, rien n'interdit un tat dclarant dvelopper un programme nuclaire civil de se
1333
Julien BOYER, Le lobby pro-isralien aux USA est-il une menace pour la paix au Moyen-Orient . op.cit, p.
11.
1334
La rserve de gaz naturel contiendrait plus de 180 milliards de mtres cubes de gaz naturel. La compagnie
amricaine Noble Energy exploite les sites de Tamar 2, pour un revenu espr de 30 35 milliards de dollars en
tout.Une autre rserve appele Dalit, au large de Hadera, contiendrait 14 milliards de mtres cubes de gaz.
Isralvalley, 8 juillet 2009, La quantit de gaz dans la rserve de Tamar est plus importante que prvu .
1335
Middle East Media Research Institute, Dpche spciale n 2264, mars 2009, Un article du quotidien
330
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Avner COHEN, Israel and the bomb, Columbia university press, New York, 1998, p. 323.
Avner COHEN, op.cit., p. 12.
1344
Patrice BOUVERET, Pascal FENAUX, Caroline PAILHE et Cdric POITEVIN, op.cit., p.97.
1345
Michel KORIMAN, Yohanan MANOR, Edgard WEBER et Richard ZREHEN, Isral en Isral, comprendre Isral
332
1343
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philosophe syrien progressiste Hashem Saleh : Je suis certain que nous pouvons gagner la
bataille sans tirer un seul coup de feu. Cela grce une tactique diffrente : notre taux de
natalit et notre dmographie. Les Palestiniens craseront les Israliens et les
influenceront 1346. Boutros Boutros-Ghali est lauteur dune formule qui intgre parfaitement
la problmatique : La dmographie, cest larme secrte des Arabes, cest leur bombe
atomique 1347.
Or, Isral entretient lgard des TO ce dilemme: La Cisjordanie appartient lhistoire
du peuple juif, mais il y a une majorit darabes. Cest lune des raisons qui font que lgypte
a voulu maintenir les Palestiniens Gaza, en territoire ferm. Luniversit dHafa estime en
2006 qu lhorizon 2010, les Arabes reprsenteront 53% de la population dIsral avec les
territoires occups 1348. Car une femme juive a en moyenne 2,8 enfants contre 4 pour les
Arabes. Certe, dbut 2010, on reste encore loin de ce scnario volontairement alarmistes,
comme toujours. Mais la tendance convergera immanquablement vers cette chance. Le
problme est ancien. A sa cration, ltat hbreu ne compte quentre 900000 et 1.2 million
personnes dont 150000 arabes, provenant en partie de lancienne Palestine mandataire. Dans
les annes 1920, les juifs reprsentent 11% de la population de la Palestine, regroups Safed,
Tibriade, Jrusalem et Hbron, puis dans 300 kibboutzim. Puis, aprs lindpendance, le
Yishouv (foyer juif en Palestine avant lindpendance) dvelopp autour Hafa, Tel-Aviv,
Netanya et Hadera devient le centre dIsral. Or, les tats Arabes coaliss totalisent alors 20
millions dgyptiens, 3 millions de Syriens, 1,2 millions de Libanais et 150.000 Jordaniens,
sans compter les Palestiniens et les Irakiens. La conqute dmographique succde la
conqute militaire. Herzl prconisait dj lexpropriation discrte des Arabes mais estimait
que la matrise du territoire culturel ntait pas forcment indispensable. En effet, les sionistes
pensaient tablir un tat hbreu ailleurs quen Palestine (Patagonie, Australie, Guyane
Franaise), jusqu reprendre pendant un cours instant le projet nazi dune rpublique
autonome Madagascar ou sovitique au Birobidjan. La Palestine fut privilgie non pas
seulement par considration culturelle, mais parce que ltat tait au carrefour de lAfrique et
de lAsie, sur une route maritime stratgique et se matrialisait comme une tte de pont
occidental dans la rgion.
Toute femme consentante qui ne met pas au monde au moins quatre enfants en bonne
sant, se drobe ses obligations militaires prvenait dj Ben-Gourion1349. Car en cas de
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guerre, Isral ne peut se permettre de mobiliser ces forces actives trs longtemps, d sa
faible population et au caractre citoyen de son arme1350. En 1956, le ratio pour le nombre de
militaire tait, en faveur des pays arabes, de un contre vingt-cinq, et un contre trois pour le
matriel. Aujourdhui, l'gypte comporte 80 millions dhabitants, lIrak 29 millions, le Liban
3,8 millions, la Syrie 18 millions et lAP 3,8 millions. Isral agite le spectre dune ceinture
300 millions darabes en omettant de parler des tats arabes allis aux tats-Unis.
Limmigration renverse certes peu peu le rapport de force lintrieur du pays (3
millions depuis 1948) mais lextrieur, les tats arabes prsentent des populations bien
suprieures en nombre. Lide de limmigration vers Isral (Alya), intgre aussi les
mcanismes de dfense de la population juive mondiale, labri des parapluies nuclaires
juifs, franais, britannique, amricain (accessoirement russe). Depuis 1991, lorsque les juifs
dURSS sont autoriss migrer en Isral, la proportion est lgrement attnue, par larrive
dun million de juifs supplmentaires, qui sajoute aux migrs asiatiques et africains
considrs comme non assimils car influencs par le passif des rgimes marxistes. Les juifs
sovitiques se trouvent souvent djudass. Chomsky estime que de nombreux migrs
sovitiques ne sont pas juifs, mais convertis en masse par un rabbinat qui est trs
corrompu et malheureusement accept, selon lui, par le gouvernement, au motif quils sont
blonds aux yeux bleus, bien instruits et quils rduisent la levantinisation dIsral. Il
affirme aussi la rticence de laccueil des Falachas, pour les mmes raisons, avant que des
lobbies pro-israliens amricains ne face pression sur Tel-Aviv1351. Ce sentiment est parfois
partag en Isral, car les ex-sovitiques sont souvent eux-mmes soit antismites, soit
antisionistes.
La population juive naugmente cependant que de 20% en huit ans. Les tudes estiment
quen 2020, il ny aura que 12 millions de juifs dans le monde dont 6 en Isral et que les juifs
seront minoritaires au sein de ltat hbreu. Isral, vainqueur de toutes ses guerres, ne rgle
donc pas le problme majeur aux yeux de certains : la question palestinienne. Dailleurs, BenGourion explique :
La guerre s'est conclue, en 1949 par l'institution d'une ligne d'Armistice (la Ligne verte). Nous
aurions pu aller plus loin, jusqu'aux rives du Jourdain. [] nous aurions alors t placs devant
deux impossibilits : soit chasser les Arabes des territoires, ce qui aurait t dramatique, soit les
garder comme citoyens, ce qui risquait de faire imploser notre jeune tat. Nous avons du travail
pour deux ou trois gnrations. L'histoire n'est pas termine. Les nouveaux territoires sont aussi
des fardeaux. Cest pourquoi, nombre d'Israliens prfrent abandonner des territoires aux Arabes
afin de ne pas se retrouver dans leur propre pays minoritaires dmographiquement 1352.
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est rentr de Washington. Il ma dit que ctait trs dur avec Obama. Cette fois, il faut quon
lche du lest. Netanyahou est un carrefour historique. Sil suit Obama, il sauve Isral. Sil
reste lesclave des colons, il condamne notre peuple. Car sans solution politique en 2035, la
dmographie arabe aura raison de ltat Juif 1353. Les colonies, selon le pronostic de Sharon,
devait permettre linstallation de 1 million de juifs en Cisjordanie dans les annes 1980. Ils ne
seraient que 300000 (en fait plutt 500000) et aurait cot 17 milliards de dollars TelAviv1354. Ils taient 263000 en 1993, mais en revanche, les colons de Gaza sont partis. Au
cours des annes 1970 et 1980, les Premiers ministres israliens avaient encourag la
prolifration des colonies de peuplement, non seulement pour des raisons de scurit, mais
galement pour appuyer leur revendication selon laquelle Dieu avait donn cette terre aux
juifs1355.
1352
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rglement politique 1356. Pour le diplomate et historien lie Barnavi, grce en parti la
bombe, la revendication arabe nest plus jetons les juifs la mer (formule dAhmed
Choukeiri, chef de lOLP), mais rendez nous ce que vous nous avez pris en 1967 1357.
Selon Avner Cohen1358, la bombe a cre en effet un tel sentiment dimpuissance, parmi les
ennemis de ltat hbreu, que cest grce elle que lOLP reconnat Isral, car ses partenaires
ne pouvaient plus suivre. Cependant, lOLP fut gagnante car elle acquiert cette occasion une
reconnaissance internationale de son statut et de son action.
En second lieu, de moins en moins de pays refusent de reconnatre Isral comme un tat
parce quil est devenu un pays du premier monde. La hausse spectaculaire des reprsentations
diplomatiques dans ce pays en tmoignent. En 1948, une bonne dizaine dtats arabomusulmans affrontent officiellement Isral. En 1967, ils ne sont que 5 (gypte, Syrie,
Jordanie puis quelques suppltifs libyens et irakiens). En 1973, ils ne sont plus que deux
(Syrie et gypte), parce que la Jordanie entretient des griefs envers ses anciens allis . En
revanche des contingents venant du Maroc, de la Tunisie, du Soudan, du Pakistan, quelques
troupes palestiniennes, des pilotes algriens, libyens, est-allemands, russes, cubains et nordcorens sy sont ajouts, mais nimpliquant pas toujours officiellement leurs pays respectifs.
En 2009, Hamas et Hezbollah sont les seuls, avec la Syrie et lIran en arrire plan, vouloir
en dcoudre, mais leurs parrains ne semblent pas vouloir affronter rellement Isral. La
dissuasion autant conventionnelle que non conventionnelle a donc fonctionn.
Le fait que la Libye et lgypte aient renonc acqurir des ADM est, selon certain, une
preuve dune dissuasion russie, parce que le retard technologique tait trop important. Certes,
mais nous avons vu, l encore, quils existaient dautres raisons (diplomatiques et
conomiques). Le nuclaire isralien a dissuad ses ennemis demployer des bombes sales et
biochimiques en 1956, en 1967, en 1973 et surtout lorsque lIrak subit les invasions 1991 et
en 2003. Or, la Syrie, lIran, lIrak et l'gypte avaient les moyens, en thorie, ne sy laisser
tenter.Ensuite, Isral est devenu une puissance mondiale part entire, ne craignant mme
plus la raction des grandes puissances ou si peu, lorsquil opre des oprations militaires
contre ses voisins. Cest le premier privilge des EDAN. Mais en coulisse, Tel-Aviv sait
ngocier et parfois rtrograder dans ses dcisions, pour continuer bnficier de laide
militaire et conomique de ses allis, en particulier les USA et lUE. Ce sentiment dimpunit,
surtout vis--vis des instances internationales, est cependant un pige. Isral se croit labri
de toutes rtorsions, et pense se permettre de transgresser les lois internationales et violer les
frontires. Enfin, le pays incarne maintenant une russite et une potentialit scientifique
vident, concernant le nuclaire, la biochimie, la mdecine, la balistique, les systmes de
1356
1357
Freddy EYTAN, La France, Isral et les Arabes, le double jeu, Editions Jean Picollec, 2005, p. 224.
Le Nouvel Observateur, du 29 novembre au 5 dcembre 2007, Isral-Palestine, le jour du partage .
336
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contre-mesure, la prcision, le bouclier anti-missile, les armes non ltales, les doctrines COIN
et les munitions spciales. Cela lui confre des retombes conomiques certaines par sa
collaboration avec de trs nombreux pays, au point de stre rig, ds le dbut de lre
nuclaire, en partenaire quasiment indispensable dans le dveloppement et loptimisation des
ADM.
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Dimona). Larme est donc dangereuse pour les deux camps car la radioactivit dune bombe
isralienne sur la Syrie ou lgypte driverait aussi sur Isral. Par effets connexes, entretenant
la course aux armements, les ADM israliennes ont peut-tre gnr linverse des buts viss,
savoir loigner un futur holocauste. Ainsi, dans cette poudrire quest le Moyen-Orient, les
ADM nauraient pas leur place, prcisment parce que les occasions et prtextes les
employer sont frquents ! Mme, dans loptique de reprsailles israliennes NBC une
attaque conventionnelle massive ou non-conventionnelle, Isral appliquerait la thorie de la
nitroglycrine pour teindre un incendie. Le feu steint, mais autour, tout est dtruit1362. Cela
sous-entend cette rflexion : La bombe na pas t construite contre les voisins immdiats
(Syrie, gypte), qui peuvent tre facilement battus conventionnellement, mais contre ceux qui
les soutiennent (Russie, Core du Nord) et les menaces loignes (Iran, Irak, Libye, Algrie).
Cest pourquoi, partir de ces postulats, les agresseurs peuvent penser : ils noseront
pas user dADM contre des armes conventionnelles cause des consquences voques et
des rtorsions internationales. En labsence dennemi nuclaire clairement dsign (lIran na
officiellement pas la bombe), Isral est sorti de la relation du faible au fort1363.
Lgitimement , elle ne pourrait riposter atomiquement une agression conventionnelle.
Larme ne dissuaderait donc pas toujours, ce qui explique pourquoi en 1967 et en 1973, Isral
est quand mme agress. Car enfin, qui prendra lnorme responsabilit de son usage? Si
Isral lemploie, la condamnation serait certainement plus importante que dans le cas dun
autre pays, cause de la maldiction de lantismitisme. Or, la crdibilit de la dissuasion
dpend non seulement de sa fiabilit technique de larme et de son vecteur, mais aussi de la
volont de son possesseur tre prt sen servir1364. Cest pourquoi la crainte de son emploi
oblige constamment Tel-Aviv chercher neutraliser, avec des forces conventionnelles, les
infrastructures NBC ennemies avant que celles-ci soient simplement oprationnelles.
Autrement dit, le dsormais David arabe se gaussera toujours de la puissance du Goliath
isralien.
En second lieu, si Isral dcide demployer ses ADM, il lui faudrait peut-tre passer par
l'aval des USA au regard des liens qui unissent ses deux pays. En rgle gnrale d'ailleurs,
avec les programmes pakistanais et britanniques, maintenant indiens, les tats nuclaires ont
quasiment partag leurs dispositifs avec les USA, de sorte qu'ils n'en sont plus vritablement
les matres. Pour Isral, mme si cela semblent tre moins le cas, la question se pose
lgitimement. Ds lors, la bombe permet-il vraiment dagir en toute indpendance ? Dans le
mme ordre dide, la bombe ne peut empcher la cration dun tat binational, en tout cas
1361
338
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acceptant une population arabe ou musulmane majoritaire au sein des frontires de ltat.
Dans ce cas, la bombe serait soumise des objectifs clairement isralo-arabe , moins
convergents, on limagine, ceux de la population juive , si lon reste au ras dune
perception strictement ethnique. Cette arme est lme et la scurit de l'tat, le bouclier du
sionisme. Quarriverait t-il si les Arabes, devenaient majoritaires en Isral et la Knesset.
Ltat, pourrait-il employer alors la bombe contre des pays arabes ?
Certes, la dissuasion oblige ses ennemis rflchir deux fois avant dentamer une
offensive, (souvent aussi cause de la dissuasion conventionnelle et diplomatique). Mais on
peut affirmer galement que les armes arabes peuvent tre dans lobligation denvahir trs
rapidement et trs massivement la totalit du territoire isralien afin de contrler lessentiel
des centres stratgiques pour empcher des reprsailles NBC. Ce cas de figure demeure caduc
lorsquIsral dveloppe une capacit de seconde frappe par le vecteur sous-marin.
Isral a fait financer la plus grande partie de sa dissuasion par ltranger, mais son
entretien lui cote encore trs cher. Ainsi, la maintenance des cinq sous-marins nuclaires
obligerait Tsahal envisager de rduire sa flotte conventionnelle, ce qui suscite des critiques
car en cas de combats navals, le pays se trouverait dpourvu1365. Larme penserait aussi
rduire le nombre de ces avions et chars au profit de la dissuasion, alors que la commission
Winograd sur la Seconde Guerre du Liban dnonce la dictature du high-tech au dpend des
fondamentaux militaires. Ses ennemis ont opt pour une vision inverse : rduire les effectifs
humains et matriels, y compris NBC, mais opter pour du matriel plus performant (russe
pour la Syrie et lIran), de sorte quil est probable que mis part en combats ariens et
blinds, Isral pourrait thoriquement tre dfait lors de batailles dinfanteries exclusivement
urbaines (semi-chec prsum au Liban). Nanmoins, la rduction du conventionnel, nous
allons le constater, nest pas vident.
Ensuite, Isral a conquis des territoires afin de les transformer en marche pour
bnficier dune profondeur stratgique. De mme, il fallait conqurir de nouveaux territoires
afin de mettre porte des missiles israliens lURSS (Golan), et ses allis comme lIrak et
lIran (Cisjordanie) la Libye, lEgypte et lAlgrie (Sina). La bombe rend non ncessaire la
conservation de Gaza, le Sina, le Sud-Liban, la Cisjordanie et peut-tre le Golan (le contexte
tant cependant diffrent). La dissuasion a autoris labandon de ses territoires, la
consternation des thurifraires du Grand Isral, dont la plupart tait dailleurs favorable une
dissuasion complte. Ils pensaient mme que cette puissance pourrait autoriser la conqute, la
conservation et lexpansion de nouvelles terres. Seulement 10% des Israliens pensent que
chaque pousse de territoire est sacre. Le deutronome interdit en principe lappropriation de
1365
IFRI, Aprs lchec, les rorientations de Tsahal depuis la deuxime guerre du Liban , Pierre RAZOUX,
Octobre 2007, Focus stratgique n2.
339
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terres nayant jamais t juive. Pour la socit isralienne, particulirement le lobby des
colons1366, la puissance NBC sest rvle inutile. Pire, la diplomatie arabe a rcupr ces
territoires que la bombe devait normalement, terme, sanctuariser. Ces retraits, prsents
comme un change contre la paix, a t instrumentalis par les ennemis dIsral comme une
reculade. Nanmoins, ce retrait nest quapparent (pour dautres raisons) et dabord
stratgique, permettant de diviser les Palestiniens en factions se disputant le pouvoir.
Puis, pourquoi possder une arme qui fait de ltat hbreu un trs puissant oppresseur,
luttant sans courage ni mrite contre des adversaires plus faibles que lui militairement ? En
refusant de ratifier les traits de non-prolifration, Isral est vu comme un danger. A cela,
Isral rpond que lgypte peut changer de rgime, et la famille royale des Saoud (alli
dIsral tout en finanant le terrorisme) ne sera pas toujours l. En consquence, Tsahal la
meilleure cole publique du pays selon Ben-Gourion, constitue de Banu israil (enfants du
pays), passe du statut darme de dfense hroque et citoyenne celle dune arme salie par
les armes NBC, rduite des missions de police et de reprsailles dgradantes et mal
acceptes sur les populations palestiniennes, libanaises, mme israliennes, et face des
ennemis dpourvus du parapluie NBC aussi consquent quIsral. Cela entrane
laffaiblissement moral, mais aussi physique de larme. Lefficacit sen ressent et cest
pourquoi Shimon Prs, relatant les guerres passes, affirme que la victoire ne fut pas le fait
dune supriorit de lentranement mais certainement de la dtermination 1367. Cette
supriorit technique rend les entranements et la stratgie moins ncessaire , cest ce que
peut penser le soldat isralien, ce qui explique, en partie, les difficults rencontres lors de la
guerre du Kippour et du Liban. Lhyper puissance du pays gnre linverse complexe de
supriorit, malgr les revers depuis 1973. Il ny a rien de pire quune grande victoire, si ce
nest, bien sr, une grande dfaite (Walter Laqueur), car larme nprouve plus le besoin de
revoir ses stratgies. Prs dit quil ne faut pas essayer de gagner trop militairement et
politiquement car on sollicite lhostilit de ses voisins qui deviennent ennemis1368.
Dautre part, la complexit du monde arabo-musulman est bien connue. Or, on constate
que le nuclaire isralien est lun des rares points daccord qui fdrent son effort militaire et
diplomatique. A lAIEA, des coalitions diplomatiques arabo-musulmanes se forment pour
instaurer une Middle East Nuclear Free Zone, avec un consensus mme plus large que sur la
question palestinienne ! Or, si la plupart de ces tats sont vus de lextrieur comme unis, il
demeure en ralit rivaux, au point de ne pas souvent se soutenir, mme lorsque lun deux est
confront Isral, sauf sur cette question.
1366
Les colons taient, au moment dOslo I, 135000 en Cisjordanie, 17000 sur le Golan et 120000 JrusalemEst. 15 ans aprs ces accords de paix , le nombre de colons slve plus de 280000 pour la Cisjordanie et
prs de 200000 pour Jrusalem-Est.
1367
Boutros BOUTROS-GHALI et Shimon PERES, op.cit., p. 40.
340
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1368
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dangereux pour ceux qui y habitent, cause de la question des ADM nationales, au point que
certains juifs ne veulent pas y rsider?!
Enfin, les pays totalitaires comme la Syrie, lIran ou la Core du Nord sont labri de
toutes utilisations prventives NBC sur leur territoire, car cela en feraient des martyrs, et cette
notion appartient pleinement leurs cultures. On ne peut dissuader un ennemi qui cherche,
dans la confrontation, davantage la gloire que la victoire. Ces rgimes sont considrs comme
non deterrable1372, cest--dire insensible toute dissuasion, et pratiquent la politique du pire.
La Core du Nord continue exporter ses missiles. Elle ne semble pas tre inquite par
Isral. Ce cas de figure inspire le 19 novembre 1990, lambassadeur de la France lOTAN,
Franois de Rose, linvention dune nouvelle doctrine nuclaire, celle du fort au fou 1373,
une dclinaison de celle du faible au fort . Ce got du martyr (qui trs probablement nest
que thorique) nempche pas l'Iran, de chercher lacquisition d'un systme russe de dfenses
antimissiles pour sa propre protection. A ce sujet, Franois Gr sinsurge propos du danger
iranien : Quon ne me fasse pas le coup du parce quils sont chiites, ils sont prts au martyr
nuclaire 1374.
II.3 Limpuissance face au terrorisme
Dans les guerres au Proche-Orient, la dissymtrie a converg au profit dIsral vers une
asymtrie face au terrorisme. Au profit en principe Car, les activistes exploitent les
faiblesses de Tsahal, arme trop puissante. Les actions terroristes soutenues par le parrainage
dEtats hostiles Isral, sinscrivent dans une rponse logique destine rompre lquilibre
maintenue par les forces conventionnelles et non conventionnelles (biochimique pour
lennemi) des deux bords. Dans des guerres intertatiques, lutilisation de la bombe pose
moins de problmes que dans la lutte contre des mouvements activistes. Or, dsormais, la
principale menace immdiate pour Isral reste le terrorisme. Selon Prs, lessentiel du
danger provient de lintrieur et non plus de lextrieur 1375, provenant des extrmistes
palestiniens et israliens. Ds lors, quoi sert la dissuasion face un terrorisme jusquau
boutiste contre lequel on ne peut pas grand-chose (Kissinger: Les forces anti-terroristes
perdent parce qu'elles ne gagnent pas, et les rebelles gagnent en ne perdant pas ). Donc, la
bombe, prvue pour agir contre des armes tatiques, est inadapte face un ennemi trop
faible qui dlaisse lemploi darmes conventionnelles au profit du terrorisme.
Les lois de la guerre en la matire, dans le cas de la lgitime dfense avec le
nuclaire contre le terrorisme, manque de clart et cest cette brche que les terroristes
1372
JCSS, vol 3, n4, janvier 2001, The NMD /Arms Control Balance: A Message for the Middle East ?, Emily
LANDAU.
1373
Jean-Marie COLLIN, op.cit., p. 95.
1374
Dfense et Scurit Internationale, dcembre 2009, LIran nuclaire .
1375
Boutros BOUTROS-GHALI et Shimon PERES, op.cit., p. 373.
342
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exploitent. Lemploi de larme nuclaire serait quilibre dans le cas o des activistes
dtiendrait une pareille arme, mais nous avons, dans cette tude, fortement tempr ce risque,
ectoplasme mdiatique. Comment exercer des reprsailles NBC sur des activistes noys au
sein dune population civile, dpourvus de territoire officiel, sans structure hardware, cest-dire ceux contre quoi la bombe est conue ? Le Hezbollah le sait bien, dautant que ce groupe
terroriste est lun des seuls au monde possder des missiles balistiques de thtre.
Cest dans ce mme ordre dide quun conseiller en stratgie de lOtan prvient : La
dissuasion uniquement base sur la menace de reprsailles, a de bonnes chances de
fonctionner face aux dirigeants d'tats voyous, plus enclins prendre des risques. [] Les
concepts traditionnels de dissuasion ne fonctionneront pas contre un ennemi terroriste1376.
Cependant, en 2000, lAssemble Nationale franaise estimait quen cas de troubles
politiques graves conscutifs des actions terroristes, lutilisation de la bombe isralienne
ntait pas exclue. Dans ce cas prcis, la mininuke apparatrait comme la solution adquate. Le
cas chant, Isral opterait pour la stratgie franaise raffirme par Jacques Chirac en fvrier
2006 nexcluant pas des frappes atomiques contre des tats soutenant le terrorisme ou contre
des concentrations terroristes. Lemploi dune bombe nuclaire electromagnetic pulse (EMP)
apte brouiller les communications serait utile autant contre des concentrations terroristes que
contre des tats. Car les terroristes aussi possdent leurs soft power. La bombe enrayerai leurs
attaques lectroniques (hacking) et mdiatiques. La bombe est dsormais faite pour protger
des frontires physiques et virtuelles.
Reste alors la solution demployer les armes biochimiques afin dadapter la dissuasion
la menace terroriste. Dans cette optique, laffaire Mishal est probablement une dmonstration
de force, voulue afin de dissuader les cadres terroristes de persvrer contre Isral. La
dissuasion biochimique, dveloppe en mme temps, sinon avant le nuclaire, est accuse
dtre devenu un luxe inutile contre les ennemis tatiques, un raffinement dont les
objectifs diffrent du nuclaire. A linverse, elle pourrait trouver son utilit dans des
assassinats politiques. Pour des ventuelles utilisations militaires, (ce qui na jamais t le cas
preuve du contraire), lemploi ne serait que local et mesur. Lefficacit relativement faible
des armes biochimiques, remet en cause le terme de dissuasion, car les effets sont limits
et peu srs. Ds lors, le maintien dun potentiel chimique est discutable, hormis pour laborer
des parades.
Mais surtout, face au terrorisme, latome peut tre aussi totalement contre-productif.
Plusieurs attentats ont eu lieu Dimona pour attirer lattention internationale sur le racteur
isralien. Pire, la Syrie, lIrak, lIran et l'gypte avaient envisag (mme encore aujourdhui
1376
Assemble parlementaire OTAN, 2004, 167 PCTR 04 F - Les implications du concept de scurit de lUE
pour lUE , Rapporteur: Ruprecht POLENZ.
343
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pour la Syrie et lIran), de lancer des missiles sur les racteurs de Dimona et de Nahal-Sorek,
ou sur lIIBR de Ness-Ziona, pour provoquer une pollution radioactive ou chimique. Hamas et
Hezbollah ont repris cette ide leurs comptes, ce qui quivaudrait, en consquence, des
dgts similaires de petites ADM.
II.4 Un inutile outil de paix ?
La R&D isralienne et sa Base industrielle et technologique de dfense (BITD), permet
de disposer darmements conventionnels et non-conventionnels trs performants, de systme
antimissile et dune capacit despionnage sans quivalent. Le soutien quasi sans faille des
USA et de lEurope assure Isral un niveau de scurit (certes thorique) considrable. De
plus, les allis dIsral sont officiellement majoritaires et ultra puissants dans le monde et
peuvent lui venir en aide. Dsormais, lintgration dIsral dans le processus EuropeMditerrane et dans lOtan est plus dissuasive que la bombe elle-mme. En Europe, lOtan a
dissuad des invasions en Europe autant que lquilibre de la terreur. Pourquoi conserver cette
assurance-vie ?
En second lieu, aujourdhui, Tsahal na plus affronter de danger conventionnel dans le
sens o aucun tat limitrophe (circonscrit dans le premier cercle de menace) ne se risquerait
une confrontation directe massive. Seuls ceux appartenant au second circle of threat , par
exemple le terrorisme, demeurent proccupants. Le troisime cercle de menaces, dsignaient
les dangers au-del des tats voisins , cest dire officiellement et en thorie lIran et le
Pakistan pour le nuclaire et le balistique ; puis la Libye et le Soudan pour les armes
biochimiques, mme si la plupart de ces pays ont abandonn eux-aussi lide dun
affrontement et ont, apparemment, abandonns ou mis entre parenthse leurs ADM.
Aujourdhui, hormis lIran (et encore ne sagit-il que de mots), aucun pays nappelle la
destruction dIsral, mme ceux qui ne reconnaissent pas diplomatiquement ce pays. Lgypte
et la Jordanie ont sign la paix. La Syrie survit et les tats de la pninsule arabique sont soient
trop faibles militairement, soient sont plus ou moins allis des intrts occidentaux.
Enfin, la bombe devait permettre d'accder la totale indpendance politique et
militaire. Cest dsormais un fait. Or, le pays importe toujours du matriel militaire mme sil
reste moins tributaire des brevets trangers en la matire, bien au contraire. Avec une arme
conventionnelle aussi dissuasive, lentretien dune dissuasion NBC est premire vue
facultative. Ou au contraire, la bombe permet de rduire limportance dune arme
conventionnelle. Cela na t le cas ni pour lun, ni pour lautre. Isral a investi de plus en
plus de fonds dans la dissuasion mais finalement beaucoup galement dans le conventionnel,
avec le financement des oprations lextrieur au Liban, Gaza, en Cisjordanie, dans des
raids de reprsailles en Tunisie, en Irak, en Syrie, en gypte et au Soudan ; dans les boucliers
344
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II.5 La puret des armes, une valeur problmatique face aux ADM
Larme se doit de respecter quelques hritages, comme lexplique le chef de bataillon
Allouche, de larme de terre franaise :
La tradition de ltat dIsral, ses principes dmocratiques, ses lois et ses institutions.
Les traditions du peuple juif.
Les valeurs morales universelles fondes sur la dignit humaine1377.
Il apparat que si ces valeurs existent, le soldat isralien sinterdit la dfaite et doit
dabord vaincre. Lune des valeurs traditionnelles juives se rapporte la guerre : la puret des
armes (toar haneshek). Elle explique pourquoi, selon Ehoud Barak, Tsahal est larme la
plus morale du monde 1378. Le 4 dcembre 2003 Guysen News, lavocat Arnaud Klarsfeld,
aprs son engagement au sein de Tsahal dclare : La haine est un sentiment banni des rangs
de Tsahal . La toar haneshek sinspire des interdits religieux qui proscrivent notamment
certains aliments, rsultat de pourritures (fromage) ou altration1379. La toar haneshek interdit
en principe un usage excessif de larme contre des civils ou des militaires, surtout si elle
enfreint les valeurs morales universelles. On ne doit tuer ou torturer ni civils, ni prisonniers, ni
employer des armes amorales. En cela, les armes NBC ou autres armes hybrides (mines,
phosphore), seraient contre la religion (lIslam a peu de chose prs le mme discours), mais
comme ltat hbreu est laque, son respect peut tre sujet caution. On en revient cette
problmatique : Isral est-il un tat juif, ltat des juifs, un tat hbreu, un tat isralien,
etc Lanzmann affirme : Isral, ds sa naissance, a t un Etat juif, mais il na jamais t
lEtat des seuls juifs. Et Ben Gourion, tout athe quil tait, a voulu que ce soit un Etat juif
parce quil savait que la religion en serait non la loi, mais le ciment 1380.
En ralit, la toar haneshek repousse la systmatisation de la violence et surtout ses
drives, comme le risque de dictature militaire. Cest un droit de la guerre particulier. Cest en
cela quil faut comprendre la dclaration de lun des chefs du Palmah, Itshak Sadeh, en 1948 :
aimez vos armes et hassez la guerre. La doctrine souhaite en fait viter une guerre longue,
1377
Collge interarmes Dfense, Tsahal : Alteration du lien arme nation , octobre 2006. ALLOUCHE,
Jeune Afrique, du 29 mars au 4 avril 2008, Armageddon .
1379
. Le levain chimique par exemple, comme les armes chimiques, est interdite.
1380
Le Point, 13 mai 2010, Debray ne comprend rien Isral . Rgis Debray parle lui de crime fondateur.
1378
345
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1381
Le Monde, 28 avril 2009, Face au terrorisme, Isral a toujours rpliqu de faon disproportionne.
346
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noir. [...] Mais ce mode opratoire devient contre-productif lorsqu'il est mal utilis et que
l'adversaire a les moyens de riposter.
Aussi, le respect de la puret des armes na dautre ambition que de casser les mcanismes du
terrorisme.
Dan Haloutz na cess de brosser en terme logieux la moralit au dessus de tous
soupons de Tsahal, parce quelle possde un code militaire (Ruach Zahal)1382. Toutes les
armes dans le monde ou presque, dispose dun code militaire, avec plus ou moins le respect
des valeurs universelles. Isral nest donc pas une exception en la matire. Reste que ce nest
pas parce que ces codes existent quils sont respects dans la ralit des combats, ailleurs
comme en Isral. La puret des armes (toar haneshek) est-elle un mythe ? En tout cas, elle
nest mme plus considre comme un pilier par les experts, comme latteste Frdric Encel :
Sauf considrer un instrument de mtal destin procurer la mort comme intrinsquement
positif, la notion de puret des armes na simplement gure de sens. En Isral comme ailleurs,
dans Tsahal comme dans toutes les armes du monde et de tous temps, lorsque la guerre fait rage,
on tente dutiliser le plus efficacement possible les instruments militaires sa disposition. Il sagit
de rester matre du champ de bataille en limitant en principe ses propres pertes, et non dobtenir un
satisfecit en matire de moralit 1383.
Ou mme comme le major gnral Dan Haloutz qui rectifie:
mes yeux, il sagit dun concept fondamentalement invalide. Les armes ne sont pas pures.
Elles nentendent pas tre pures. Une arme pure nest pas une arme. Peut tre, a-t-elle t une
arme, mais en devenant pure elle a alors t transforme en branchoir. De mme, je suis dsol
de laffirmer mais il ny pas de guerre propre. Je ne connais personnes capable de mener une
guerre propre 1384.
Elle apparat mme comme une hypocrisie, relevant simplement du politiquement correct.
Comme le prcise lun des responsables du programme biochimique amricain, Ira
Baldwin : Limmoralit de la guerre nest-elle pas la guerre elle-mme ? En guerre, vous
dmarrez avec lide de tuer des gens, ce qui est pour moi le ct immoral de la guerre. Aprs
cela, peu importe la faon dont vous tuez les gens 1385. Earl Stevenson, prsident de la
compagnie Arthur D little Inc Cambridge rectifie: un concept fallacieux a t labor,
savoir que les armes peuvent tre divis en armes morales et immorales. Il nest pas avr que
ces armes peuvent tre divises ainsi 1386.
De plus en plus de citoyens-soldats de cette nation en armes arguent que la force de
dissuasion est ncessaire, et nettement suffisante pour dfendre le pays. Mais lusage darmes
non conventionnelles o considres comme telles (gaz inoffensifs mais concentrs, bombes
1382
Jerusalem Center of Public Affairs, Vol. 3, No. 16, 3 fvrier 2004, 21st Century Threats Facing Israel, Maj.
Gen. Dan HALOUTZ.
1383
Hrodote, n16, mars 2005, Larme isralienne et ses spcificits gopolitiques , Frdric ENCEL, p. 146.
1384
Cit par Samia CHOUCHANE, Le code dthique du soldat isralien, entre forte tradition morale et
adaptation la nouvelle conflictualit isralienne , Mmoire de DEA, Sciences Politiques, 2003-2004.
1385
Patrick BERCHE, LHistoire secrte des guerres biologiques, mensonges et crimes dtat, Robert Laffont,
2009, 390 pages. p. 76. Henry Arnold, de lUS Air Force en tant les 1 er employer larme atomique, nous avons
adopt un standard thique commun avec les barbares du Moyen-ge. On ne ma pas appris faire la guerre de
cette faon et les guerres ne peuvent pas tre gagnes en dcimant les femmes et les enfants . Patrick BERCHE,
op.cit., p. 310.
1386
Ibid.
347
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Rfrence la srie des films issu de lunivers de Planet of the apes, la fin des annes 1960).
Seymour HERSH, op.cit., p. 319.
348
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En 1990, selon le gnral Amnon Shahak-Lipkin, le vritable danger nest pas seulement les
ADM ennemies, mais quun groupe dextrme-droite isralien puisse utiliser larme
suprme : Quelques fanatiques de laile droite isralienne, ou quelque gnral isralien
dlirant, semparant des armes nuclaires israliennes [] ne peut tre empch. [] Tandis
que les juifs israliens supportent la polarisation progressive de systmes de scurit recrutant
de plus en plus de cohortes de sympathisants dextrme-droite1389 . Le gnral de brigade
Israel Yaakov premier chef du dpartement de la Recherche-Dveloppement au ministre de
la Dfense de 1955 1973, collabore avec les Amricains, notamment dans le cadre du
partenariat sur les armes non-conventionnelles1390. Le 28 mars 2001, le lendemain de son
75me anniversaire, il est interpell alors quil sembarque pour la Turquie avec sa compagne.
Il est accus par sa hirarchie davoir livr des secrets sa femme, des journalistes et des
relations amicales et professionnelles. En ralit, on le souponne davoir prt deux cahiers
de souvenirs des personnes non-autorises . Prs, interrog par les mdias, se refuse tout
commentaire est demande aux journalistes de se rfrer aux dclarations de la radio militaire
isralienne1391. Cette nime affaire ne soulve pas de protestations, ni dAmnesty
International, ni de gouvernements, encore moins dorganisations cologistes, la victime tant
un militaire, qui, plus est, soumis au devoir de rserve au contraire de Vanunu.
Dbut 2004, 13 soldats dlite de la Sayeret Matkal1392, un commando connu pour
lusage darmes biochimiques, rejoignent le mouvement. Le tabou des ADM reste tout de
mme gnral, autant au nom de lambigut que de ses usages1393. Nous avons parl de ces
soldats cobayes sur lequel Tsahal exprimentait des armes biochimiques et des antidotes
partir de la fin des annes 1990. Cest la premire fois que ces dnonciations sont aussi
vhmentes et publiques. Suite lopration Plomb durci, des accusations de crimes de guerre
avec des armes non-conventionnelles sont voques. On parle alors de brutalisation de
Tsahal1394, une rfrence la brutalisation des masses (G.. Mosse).
1389
349
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CHAPITRE II
LA DOCTRINE BEN-GOURION: LARME DE LOPACITE
Isral est membre de lAIEA depuis 1957. Mais entre lagence isralienne lnergie
atomique (IAEC) et lAIEA, les rapports seront demble frictionnels, fait de concessions, de
mensonges, de promesses et de reculades, du fait quIsral a toujours lud avoir la bombe.
Dimona est comme le nom de Dieu des juifs ; ineffable. Certes, lopacit isralienne
comme pour tout ce qui touche au nuclaire dans le monde, nest pas une spcificit. Chaque
pays prfre mettre sous le sceau du secret ses relles capacits. Mais Isral se distingue des
autres pays en dissimulant non pas les dtails de son arsenal, mais lexistence de son arsenal
lui-mme. Lambigut et dailleurs lun des fondements de la stratgie (ou strategema),
savoir lart de tromper lennemi (Trvoux)1395. Lopacit nuclaire est formule par Mao
Zedong : la bombe atomique est un tigre de papier dont les ractionnaires amricains se
servent pour effrayer les gens 1396.
Culturellement, la parole ne pse pas lourd au Moyen-Orient et lart de la mtaphore et
du non-dit appartient la culture rgionale propre aux religions du livre. Comme le pays nest
pas rgit par une constitution, la question est encore plus opaque quant son existence et sa
gestion. Le gouvernement isralien met en place la doctrine du deliberate ambiguity
(ambigut dlibre)1397 ou celle de la deterrence through uncertainty, cest--dire la
dissuasion par lincertitude. Plusieurs formules ont tent de qualifier cette smantique. Les
Anglo-saxons utilisent quatre formules pour qualifier un Isral nuclaire : protonuclear,
opacity, bomb in the basement1398 ou encore policy of opaqueness1399. Isral parle de never
confirmed or denied. Peut-on parler dopacit ou dambigit, se demande Avner Cohen. Le
chercheur parle dune opacit culturelle et normative pour tout ce qui touche la scurit
dIsral, plus auto-impose quexige par la loi. La question ne serait mme jamais aborde
en conseil des ministres en Isral. Ailleurs, on parle dtat de seuil , de pays susceptible
de dtenir larme nuclaire , de pays pouvant fabriquer une arme atomique en cas de
besoin ou en moins dun an , d'tat ayant les capacits de fabriquer une arme ,
d'tat nuclaire non dclar .
Il sagit de faire savoir que le pays dispose de capacits NBC par lintermdiaire de
rumeurs ou de dclarations fortuites de gouvernants en dehors de leurs fonctions, mais en
cartant les dclarations officielles susceptibles de dclencher lire de la communaut
1395
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
internationale (allis comme ennemis). Or, il sagit l dun paradoxe quasi unique. Car en
principe, un tat disposant de la bombe atomique le fait savoir, car cela lui procure scurit et
prestance, sur la scne internationale, son entre dans la cour des grands. Au point que lon a
mme vu des tats affirmer possder la bombe sans que celle-ci soit oprationnelle (Irak en
1990, Iran depuis 2003, Libye dans les annes 1980 et 1990, groupes terroristes depuis les
annes 1990).
Alors pourquoi un pays aussi constamment en danger quIsral, demeure aussi vasif sur
son assurance vie . De mme, pourquoi cette doctrine tend elle voluer ? Cohen distingue
quatre priodes dans cette politique, sans toutefois les limiter prcisment dans le temps, mais
que lon peut analyser comme suit : secret jusquau dbut des annes 1960, dnie dans le
contexte des ngociations sur le TNP, ambigit de la Guerre des Six Jours jusquau dbut des
annes 1980, et opacit ensuite1400. Le discours volue donc face aux contextes successifs :
fausse identit de Dimona, opacit dfensive, opacit offensive, discours polic devant les
exigences de la feuille de route puis quasi-affirmation. Le poids des mots appartient bien la
dissuasion.
I volution dune stratgie originale
I.1 La rumeur pour gagner du temps
Prs affirme que le concept de la dissuasion est avant tout l' usage politique de
l'incertitude . On ne sort de lambigut qu son dsavantage . En Isral, on pense
lassociation des notions de nuclaire isralien associe lantismitisme engendreraient
de facto la perception pjorative dun peuple martyr qui dsormais serait peru comme
menaant (dans les faits, cette perception est hlas rels). La perversit juive, cest comme
au Poker, celle de menacer sans rien avoir dans les mains, par la simple dissuasion, le simple
bluff 1401 peut-on lire sur certains sites antismites. Il sagit en second lieu de limiter la
prolifration dans une rgion instable et de dissimuler les aides internationales au programme
isralien. Ds les origines, le pays fait dabord savoir quil possde du matriel et du
combustible nuclaire en plus de la technologie adquate, comme preuve tacite de son
potentiel nuclaire. Isral soutient quil ne sagit que dinstallations civiles, lorsque les tatsUnis livrent le racteur de Nahal-Sorek (qui effectivement est civil). Ces assurances verbales
semblent suffire.
Pour Dimona, cest la mme chose. Ben-Gourion indique la Knesset que Dimona :
Servira aux besoins de lindustrie, de lagriculture, de la sant et de la science. [] Afin de
marquer clairement le caractre pacifique de son activit dans le domaine nuclaire de
Air University Press, Maxwell Air Force Base, Alabama, December 1999, 143 pages, p. 72.
1400
Avner COHEN, Israel and the bomb, Columbia University Press, 1988, Introduction, p. 3.
351
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Pourquoi tant de secrets ? Begin rpond par cette explication plausible, mais tronque :
Parce que la localisation de chaque centrale lectrique est pour nous chose secrte et relve
du domaine de la scurit. Et ce nest pas seulement vrai pour les centrales atomiques . Or,
dans les autres pays, tous les centres nergtiques ne sont pas considrs comme aussi
stratgiques et susceptibles de bnficier du sceau du secret. Aux yeux des spcialistes, cest
dj suspect. Arieh Eshel, le dlgu dIsral lONU, dclare au nom de son gouvernement
quIsral nest pas engag dans la production darmes atomiques et que ses recherches
nuclaires sont uniquement consacrs aux utilisations pacifiques des radio-isotopes pour
lagriculture, la mdecine et autres domaines de cet ordre 1404.
Jusque dans les annes 1980, sur les cartes des atlas gostratgiques, la minuscule
superficie dIsral fut bien pratique pour ny point faire figurer un signe le distinguant comme
EDAN ! Parfois mme, Dimona ou Nahal-Sorek, sans parler des autres sites stratgiques, ne
figurent pas sur les cartes, ou avec des coordonnes volontairement errones, une stratgie
hrite de lURSS. A signaler aussi que les documents secret-dfense relatifs la dissuasion
du pays sont systmatiquement rdigs en hbreu. Or, tous les chercheurs, y compris juifs,
voir Israliens, ne parle pas lhbreu, ce qui complique grandement les enqutes. Certes, cette
langue est officiel en Isral, mais les documents ne sont que trs rarement rdigs en arabe
(seconde langue officielle), ni en russe, en yiddish et en franais, langues pratiqus dans le
1401
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pays. Seules les archives dclassifies et brochures officielles sont publies en anglais (autre
langue employe).
Le 15 novembre 1954, Bergmann, responsable de lInstitut Weizmann, annonce avec
deux ans de retard la cration de lIAEC. Le but affich est toujours la production dlectricit
nuclaire et le dessalement de leau de mer pour irriguer le Nguev. Il dit aussi quIsral
travaille officiellement pour les programmes nuclaires civils trangers. Dans la ralit, cest
une vrit, sauf que le pays travaille aussi pour son propre programme et de surcrot militaire.
De plus, lAIEC, encore aujourdhui, dment produire de llectricit nuclaire. Mais en
novembre 1955, Bergmann se fend dun discours la Knesset qui laisse paratre, dans un
discours ambigu, les objectifs militaires : Notre scurit et notre indpendance exigent que
davantage de jeunes gens se consacrent la science et la recherche atomique et
lectronique . Et deux ans plus tard, il ajoute : je suis convaincu que ltat dIsral a
besoin dun programme de recherche bien lui en matire de Dfense afin que nous ne
soyons plus les agneaux que lon mne labattoir1405. Le 21 dcembre 1960, la Knesset,
Ben-Gourion corrige pourtant :
Nous avons construit, avec laide des USA de petits racteurs atomiques Nahal-Rubin (Sorek),
des fins dtude, dont la capacit est de 1000 kilowatts environ. Le dveloppement du Nguev
que nous considrons comme notre objectif principal [], exige une recherche scientifique
diversifie et cest cette fin que nous avons construit Beersheba un institut scientifique pour les
zones arides (Dimona) et que nous construisons un racteur exprimental dune puissance de 24
mgw qui servira les besoins de lindustrie, de lagriculture, de la mdecine et de la science, et
permettra aux savants israliens de construire dans lavenir un racteur produisant de lnergie
nuclaire. Il est superflu de souligner que ce racteur est uniquement destin des fins
pacifiques1406.
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orientale Prs prcise que cette formule est ne du pur hasard. Je ne voulais pas mentir
au prsident, je ne pouvais pas rpondre prcisment sa question non plus, alors je suis
rentr en Isral avec la formule magique qui fera vitrine de la politique isralienne durant des
annes 1408. En dcembre 1963, Ygal Allon y ajoute encore Isral ne sera pas le premier
tat introduire des armes nuclaires au Moyen-Orient, mais il ne sera pas le deuxime non
plus1409. Comprenne qui pourra. Cette lapalissade hbraque est un modle de langage
diplomatique : avouer sans avouer. Mais que signifient les termes de cette phrase ? En fait, le
TNP, dont les paramtres sont discuts avant sa cration proprement dite en 1968 (entre en
vigueur en 1970), interdit non la possession de bombe mais la fabrication de bombe. En
laissant croire que les tats-Unis ont introduit des armes nuclaires en Isral, comme en
Europe, la situation serait sauve. Isral, en effet, accuse lURSS den avoir introduit en
gypte.
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dessalement relve de son ministre. Or, une centrale nuclaire pour produire de lnergie
lectrique besoin dun rendement moyen de 1000 mgw. De plus, pourquoi le ministre de la
Dfense soccuperait dirrigation en dessalant leau de mer ?! Interrog par un journaliste de
la BBC qui demande Shimon Prs pourquoi cette usine textile bnficie dune forte
surveillance, lancien Premier ministre y va laudace, teinte du fameux humour juif : Eh
bien lindustrie textile est en dehors dun business traditionnel. Vous savez, les gens
convoitent les hautes technologies aujourdhui. Et lindustrie textile atteint ces objectifs en
pratiquant la dissuasion 1412 ! Cette formule gniale est sans doute le summum de la
dissuasion ambigu : un programme civil dissuasif ! Ce discours peu clair et surraliste
signifie quen fait, le textile isralien cherche prserver ses brevets en la matire. Mais que
signifie ici le mot dissuasion dans le secteur textile?! Or, le 20 mai 1961, cest bien pour
une centrale nuclaire que les inspecteurs amricains de lAEC se dplacent, la demande de
Kennedy, avec lautorisation de Ben-Gourion1413.
I.3 De lopacit dfensive la doctrine Begin
Le discours volue pour dissuader les pays qui sattellent dvelopper leurs propres
armes NBC au Moyen-Orient. Les dputs israliens shabituent de pas poser de questions
dans les domaines militaires, tant que les armes arabes sont aux frontires. Mais personne
nest dupe. Wiener, directeur de lIsrael Water Company Tahal, rtorque en priv que le
discours officiel sur le racteur est infond 1414. En effet, en avril 1963, Mosh Dayan crit
dans le Maariv : A lre des fuses ttes conventionnelles ou non conventionnelles nous
devons poursuivre avec acharnement la construction de ces armes afin de rester dans la
course. Ben-Gourion, dmissionnaire de son poste de Premier ministre et donc dgag de
toutes obligations, dclare dans le NYT il est hors de question de se priver de lnergie
nuclaire. Nasser nabandonnera pas et il ne sengagera pas nouveau dans cette guerre
moins dtre sr de la gagner. Et pour cela, il lui faut avoir des armes atomiques. En outre, il
possde de vastes tendues dsertiques dans lesquelles il peut faire des essais. Nous, nous ne
pouvons pas en faire ici1415. La rflexion du lion est la preuve que beaucoup attendait.
Le 14 mai 1966, Bergmann est contraint de quitter les instances gouvernementales. Amer,
il se venge dans les pages dun journal isralien et gratignant le tabou sans le transgresser
compltement : Il est essentiel de comprendre quen dveloppant lnergie nuclaire des
fins pacifiques, on en vient un jour ou lautre considrer lventualit de produire des armes
1411
355
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nuclaires. Il ny a pas deux nergies atomiques 1416 prvient-il pour mettre dans lembarras
ses successeurs. Ici, Bergmann annonce clairement, les intentions de son pays. Isral affirme
possder le know-how de la bombe, cest dire le savoir-faire. Cest presque une
reconnaissance. Le 18 mai, le Premier ministre Lvy Eshkol dit la Knesset que le pays ne
sera pas le premier introduire des armes nuclaires dans la rgion, mais quil ne possde pas
darmes nuclaires et que lui et son gouvernement se rservent le droit de poursuivre la
recherche Dimona, celles concernant les armes atomiques tant termines 1417. Autrement
dit, Isral a les moyens immdiats de fabriquer des armes nuclaires si besoin est. Le discours
diplomatique est ici inattaquable. Isral nest pas hors la loi. En juillet, commentant une
inspection amricaine Dimona, Prs reconnat demi-mot que loption nuclaire pour son
pays est invitable :
Jai dcouvert quil ny avait malheureusement pas de possibilit de limiter lextension des
armes nuclaires dans le proche avenir, non pas cause dIsral, mais parce que les grandes
puissances ne saccordent pas entre elles. Jai t satisfait de voir que la plupart des spcialistes de
ce sujet ne croient pas possible denvisager un dsarmement nuclaire au Proche-Orient sans
mettre galement en cause la course aux armements conventionnels 1418.
356
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Ainsi, en 1967, lors dun discours Hafa, Yigal Allon, membre de la commission
denqute sur les questions de scurit nationale, fait allusion la bombe: il nest pas
darme que l'gypte peut produire ou acheter avec laide d'une grande puissance avec laquelle
nous ne pouvons rivaliser. Et parfois mme sans lappui de personne 1420. Cette remarque se
rfre au rapport du Mossad qui atteste de la prsence de missiles nuclaires sovitiques sur le
sol gyptien. Allon cope de rprimandes en priv pour avoir manqu de rvler un secret
dtat ainsi que la participation de la France. Cependant, en 1968, Lvy Eshkol avertit du
danger de lopacit : Isral a les capacits de faire des bombes atomiques. [] Ce que nous
disons, cest que le seul langage que les Arabes comprennent, cest la force. Ltat dIsral est
si minuscule et si isol que sil naccrot pas sa force, il se heurtera des difficults. Isral
doit montrer sa force et le fait quil soit capable de lemployer, et quil est prt le faire1421.
Devant ces fuites en pleines ngociations sur le TNP, Paul Warnke, secrtaire adjoint la
dfense, convoque Yitzhak Rabin, nouvel ambassadeur dIsral aux USA. Il lui demande
solennellement si oui ou non son pays est dtenteur de larme absolue. Rabin lui demande ce
quil entend par arme nuclaire. Warnke rpond quil la dfinit comme constitue par un
mcanisme de lancement dans un endroit et par une tte nuclaire dans un autre endroit .
Est-ce que vous diriez que vous avez une bombe atomique si cela ntait pas le cas?
rpond finement Rabin1422. Le gnral Mordechai Hod, qui laccompagne, maintient que
puisque la dissuasion nuclaire de fonctionne quen partenariat avec la reconnaissance
officielle dune arme atomique, Isral ne la possde donc pas. Autrement dit, le statut
nuclaire dun pays passerait par une reconnaissance internationale de la possession de cette
arme par un tat lambda (ce processus sappliquera dailleurs dans le futur lInde et au
Pakistan). Mme les Amricains sont victimes de lopacit. En ralit, Washington est au
courant de la bombe et est le premier rclamer la discrtion. Ce que Warnke dsire en fait
cest de connatre lavancement exact du programme. Le dtach au Dpartement dtat
amricain, Owen Zurhellen, tablit une nouvelle version officielle: les Israliens font croire
quils ont la bombe pour leur scurit. La thse est plausible, mais elle parait improbable car
Isral construit des missiles balistiques et possde des infrastructures stratgiques. Aprs
lessai atomique de lInde, la position isralienne est moins inconfortable, dautant que le TNP
commence prouver ostensiblement son inefficacit. Le prsident isralien admet dans les
cercles diplomatiques quIsral est aussi une puissance nuclaire. Mais la ligne officielle ne se
modifie pas, un point tel que loption nuclaire isralienne nest pas enseigne dans les
1420
357
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coles de guerre israliennes, mais seulement dans celles des USA dans le cadre dchanges
bilatraux!1423
Trs affaibli lissue de la guerre du Kippour, Isral veut dissuader une nouvelle
invasion. Le 1er dcembre 1974, le prsident et ancien membre de l'IAEC, Ephram Katzir,
confirme devant des journalistes scientifiques : Isral a les moyens davoir la bombe dans
un dlai raisonnable et possde dj un potentiel nuclaire. Si nous avions besoins de ces
armes, nous les aurions1424. Puis il confie : Que le monde sinquite, cela ne nous trouble
nullement. [] Il a toujours t dans nos intentions de prparer un potentiel de
dveloppement darmes nuclaires. Nous avons maintenant ce potentiel. Nous dfendrons ce
pays avec tous les moyens possibles. Nous devons dvelopper des armes nouvelles et plus
puissantes pour nous protger. [] L'atome civil et l'atome militaire sont insparables .1425
Katzir franchit un pas. Mais ici, que signifie le terme potentiel ? Quelle est sa dimension ?
Prs rpond : Ma contribution durant cette dramatique priode tait quelque chose que je
ne peux pas crire ouvertement pour des raisons de scurit. Aprs que Dayan soit nomm
ministre de la Dfense, je lui soumis une certaine proposition qui devait dissuader les Arabes
et prvenir la guerre 1426. Invit par une chane danoise, le 17 septembre 1974, Rabin dit
qu Isral nest pas une puissance nuclaire, ce qui signifie que ne navons darmes
nuclaires 1427, sous-entendu seulement la capacit den concevoir. Et le 7 septembre
1975 sur ABC, il promet en cas de paix dans la rgion, le TNP sera sign .
Lors dune visite Paris le 28 fvrier 1976, Mosh Dayan dclare : Dans le futur, Isral
devra pouvoir choisir entre loption nuclaire et dtenir des armes nuclaires sans contrle
extrieur. Je pense que nous sommes capables de produire la bombe maintenant1428. Dgag
de ces obligations officielles, Dayan respecte ici l'ambigut puisqu'il ne s'agit pas de
dtention mais de potentialit. Pour ceux qui se rappellent les discours israliens prcdents,
la situation est difficile suivre. Reconnatre quIsral possde la bombe pourrait entraner
des sanctions internationales et larrt de laide amricaine conomique et militaire,
conformment lamendement Symington de 1977, ainsi quune course aux armements NBC
(ayant dailleurs dbut depuis longtemps). Aussi, en 1979 en tant que ministre des Affaires
trangres, Katzir botte en touche : Nous navons jamais prtendu que nous nutiliserions
pas darmes atomiques ou que nous serions les derniers lemployer. Nous avons seulement
1423
Louis Ren BERES, Between War and Peace: Dilemmas of Israeli Security, London, Frank Cass, 1996,
p.116.
1424
Bertrand GOLDSHMIDT, Le complexe atomique, histoire politique de lnergie nuclaire, Fayard, 1980, p.
206.
1425
Washington Post, 3 dcembre 1974, cit par Mohamed ABDEL AZIM, Usage politique du nuclaire au MoyenOrient. Isral et ses voisins 1995-2000, DEA, l'Institut d'tudes Politiques de Lyon, 1999-2000, p.188.
1426
The Risk Report, vol 2 n 4, t 1996, Israeli Nuclear Program Pioneered by Shimon Prs.
1427
Departement of State, action memorundum, 15 octobre 1975, secret, Response to congressional questions of
Israels nuclear capability.
358
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dclar que nous ne serions pas les premiers lintroduire au Proche-Orient . Cette
modification sexplique par les ngociations de Camp David et il sagit de mnager l'Egypte,
sans pour autant baisser la garde.
Aussi, Isral choisit de dissuader par lemploi de ce qui deviendra la doctrine Begin. Elle
sous-entend que Tel-Aviv ne possde pas de dissuasion NBC puisque lon privilgie la frappe
prventive conventionnelle contre les puissances quasi nuclaires, au nom du principe de
prcaution. Elle va lencontre du multilatralisme pour un unilatralisme qui juge les
instances internationales non efficaces. Mais pour prouver quIsral peut, si ncessaire,
franchir ltat de seuil, Dayan affirme, 17 jours aprs le raid sur Osirak, quIsral : a la
capacit de produire des armes nuclaires et quil en produira si des pays arabes comme la
Libye et lIrak en acquirent. Il ne sera pas le premier introduire des armes dans la rgion,
mais il ne faut pas tre trop en retard 1429.
Rpondant lAIEA qui envoie une srie de plaintes sur cette agression arme, Katz,
devenu reprsentant rsident isralien sadresse Hans Blix, le directeur gnral de
lagence, en rsumant la politique ambigu de son pays :
J'ai t charg de vous faire savoir sans quivoque que nul autre que le Premier ministre et le
ministre des Affaires trangres et de leurs reprsentants dsigns expressment sont autoriss
commenter la politique du gouvernement sur cette question. Je suis charg de ritrer la position
du gouvernement d'Isral que j'ai port votre attention dans ma lettre du 21 aot 1984, reproduite
dans le document GC (XXVIII) / 720 du 30 aot 1984 .1430
Et lAIEA est pri de se satisfaire de cette rponse, ce qui est trs pratique, car ni lun ni
lautre ne sont obligs de venir lAIEA sexpliquer. Autrement dit, le rsident isralien ne
sert pas grand chose. Aprs un essai balistique en 1987, en rponse aux agitations
sovitiques, Tel-Aviv rpond que le missile Jericho, sil existe, est dsign pour protger
Isral contre les agressions arabes et si la porte stend aux frontires sovitiques, cest
fortuit 1431. Lopacit est mme de mise dans la balistique. La supposition et le conditionnel
renforcent lambigut mais atteint la porte dun discours dissuasif de manire asymptotique.
Tout ici est dans le sil existe . Et avec des si nuclaire, on pourrait mettre le MoyenOrient en bouteille
I.4 Laffaire Vanunu et la guerre du Golfe : Fog of War
En octobre 1986, Mordechai Vanunu, ingnieur travaillant Dimona, licenci en 1985,
remet en cause l'opacit en dcrivant par le dtail le racteur, et en fournissant des photos de
sphres de bombes nuclaires, dans les colonnes du Sunday Times. Son procs fait grand bruit
mais il est rapidement touff, l encore au nom de lopacit. Le gouvernement isralien finit
1428
Pierre RAZOUX, Tsahal, nouvelle histoire de larme isralienne, Paris, Perrin, 2006, p. 490.
Mohamed ABDEL AZIM, Ibid. La phrase est prononce par dans le NYT.
1430
AIEA, Infcirc/324, 8 Mai 1985, Lettre du 6 mai 1985 adresse au directeur gnral par le reprsentant
rsident dIsral .
359
1429
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par reconnatre qu'il a fait incarcrer Vanunu mais propose une autre version des faits refusant
dvoquer le nom mme de Dimona : Vanunu a t renvoy lanne prcdente pour voir
essay de copier des documents. Il ny pas et il ny a jamais eu de savant de ce nom faisant de
la recherche en Isral. En revanche, je confirme quun certain Mordechai Vanunu a travaill
comme technicien un poste subalterne lIAEC1432. Nous verrons que cela nest pas tout
fait exact. Le 4 novembre, le Premier ministre Yitzhak Shamir rtorque cependant la presse
internationale que ltat dIsral a ses raisons 1433. Lhomme sera emprisonn pendant 18
ans pour divulgation de secret portant atteinte ltat. A lui seul, il brise lopacit en
apportant de trs solides preuves. La politique isralienne sen trouve t-elle bouleverse ? Pas
vraiment puisque les experts internationaux en stratgie ne se dpartiront jamais de leur
frilosit . Les officiels israliens rvisent sans le modifier vraiment le panel des arguments
et explications diplomatiques. Ainsi, le prsident Arieh Herzog, lors d'une confrence de
presse, confront cette question : pourquoi Isral produit des armes nuclaires ? Herzog
rpond : Qui dit que nous les avons ? . Les questions se prcisent : Avez-vous des armes
nuclaires ? Le prsident conclue schement La rponse est non . Jamais auparavant une
rponse navait t aussi franchement ngative. Cest la premire fois, trs phmre il est
vrai, que lopacit est mise entre parenthse1434. Ainsi donc, en 1990, Isral na officiellement
plus de bombes atomiques ! Ce n'est plus de l'opacit, c'est un dni catgorique.
La guerre du Golfe se profile lhorizon. Isral sy prpare. Aussi, le 26 fvrier 1990, la
Conference of Presidents of Major American Jewish Organizations, Prs laisse chapper :
nous avons tous ce quune petite nation peut avoir. Dites-moi quels autres pays produisent
leurs propres avions, leurs propres missiles, leurs propres chars, leurs propres missiles de
croisires ? Nous avons quelque chose Dimona qui sappelle une industrie textile 1435. Prs
sait que ce qui savent comprennent . Peut-tre s'agit-il d'une usine textile apte tailler des
croupires ses hostiles voisins Lorsque lIrak envahit le Kowet, le temps de la dissuasion
active et du suggr verbal est soudain redevenu de mise, pour viter des tirs de Scud. Le 7
novembre, le ministre de la Dfense, Mosh Arens, dclare dans Haaretz que la rponse en
cas de frappes irakiennes sera will not be low-profile (ne pas faire profile bas, c'est dire de
ragir1436). Le 29 dcembre, Rabin dclare : nous avons les moyens de riposter de
manire dvastatrice, de manire disproportionne par rapport aux menaces de Saddam
Hussein. LIrak nest pas hors de notre porte 1437. Le respect de cette ambigut est
1431
ONU, AG, Agenda 68, A/42/581, 16 octobre 1987, 42me session, Israeli Nuclear Armement.
Seymour HERSH, The Samson Option: Israel's Nuclear Arsenal and American Foreign Policy, Vintage
Books, Random House, New York, 1991, p. 315.
1433
NYT, 5 novembre 1986, Shamir Defends Nuclear Silence, Thomas FRIEDMAN.
1434
Mohamed ABDEL AZIM, op.cit., p. 17.
1435
Associated Press, 26 fevrier1990, Pers Makes Rare Reference to Israeli Nuclear Program.
1436
Financial Times, 2 octobre 2002.
1437
Pierre RAZOUX, Op.cit., p. 493.
360
1432
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maintenue mme si Rabin fait allusion la puissance de ses missiles et la nature des
charges. Le vocabulaire employ se rapporte incontestablement aux ADM. Mais la question
pourquoi Isral produit des armes nuclaires ? , Cham Herzog rpond toujours: qui dit
que nous les avons ? . Car Washington presse son alli dviter que la problmatique moyenorientale ne vienne se greffer la crise du Golfe.
Aussi, alors que les Scud irakiens tombent sur la terre promise, Shamir se mord les
lvres, mais se soumet lopacit nuclaire, sans prononcer une seule fois le mot
nuclaire pour ne pas exciter larsenal chimique irakien: nous sommes suceptiblse
d'apporter en Irak un lourd dsastre . Le Prsident Ezer Weizmann avertit lIrak que le
missile ne sera pas sens unique . Il affirme plus tard que loption nuclaire permet de
prendre de vitesse la prochaine guerre qui ne sera pas conventionnelle 1438. Le vice-ministre
des Affaires trangres Benjamin Netanyahou rassure : Isral ripostera avec sa tte et non
avec son cur1439 auquel se rajoute les propos de Dan Shomron, chef dtat-major, affirmant
que son pays nutilisera pas le premier larme nuclaire 1440. Il parle nanmoins de
reprsailles pouvantables et irrversibles , peut-tre seulement biochimique. Shimon
Prs dira plus tard : Saddam savait que nous pouvions rpliquer dune manire violente, et
infliger lIrak les pires dommages 1441.
A mesure que la garde rpublicaine irakienne est hache par les obus de 30 mm des
Thunderbolt amricains, il nest plus besoin de gloser sur la supposition les capacits NBC.
Or, Bagdad affirme, le 17 fvrier 1991, avoir tir des Scud sur Dimona 1442 parce que le site
fabrique des armes nuclaires, histoire dy attirer les camras internationales pour divulguer
les mystres nimbant la ville1443. Tel-Aviv dment l'information. Saddam Hussein a au moins
russi humilier Isral qui doit remettre sa dfense aux USA, et met militaires et politiques
israliens dans lembarras davoir des ADM encombrantes et finalement pas trs utiles.
I.5 De lopacit transparente la discrtion au nom du dsarmement
A lissu de la confrence de Madrid, le 30 octobre 1991, lexpert Dan Margalit, proche de
Shimon Prs, estime que la fin de lambigut nuclaire serait une bonne chose pour le pays
car Isral a maintenant l'occasion unique de joindre le club nuclaire par les grandes portes.
Isral gagne une posture nuclaire rgionale et sa situation, longtemps statique sera enfin
1438
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1444
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Isral est donc un pays non- nuclaire, avec des centres de recherches atomiques et des
missiles balistiques, un cas un part donc LAIEA ne relve pas cette curieuse remarque. Au
moins est-il reconnue une politique d'ambigut, et la reconnatre, c'est un peu affirmer la
possession de l'arme suprme. Un peu plus tard, il explique que son pays ne peut pas avoir eu
la bombe parce que : Nous navons pas construit cette option [nuclaire] pour arriver
Hiroshima, mais bien davantage pour arriver Oslo. Si Isral avait t attaqu cinq fois, sans
avoir provoqu qui que ce soit, [c'est] parce que certains de nos voisins pensaient qu'ils
pouvaient nous surclasser. Isral voulait crer une situation dans laquelle cette tentation
1451
Gerald STEINBERG, Middle East passe and the NPT extenion decision , Nonproliferation Review,
Automne 1996, p. 4.
1452
Ibid.
1453
Mohamed ABDEL AZIM,, op.cit., p. 8.
363
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n'existerait plus1454. Effectuons ce sujet un apart humoristique. En 1995, Prs avait dit
que Dimona avait permis les accords dOslo. Mais personne na relev que le contraire tait
aussi vrai: Oslo permis Dimona puisque la Norvge vend leau lourde ce mme racteur
(voir deuxime partie)! Prs, adepte des discours sibyllins, en avait-il conscience? Ce nest
pas impossibleMais les membres du Yesha Council, en juillet 1997, estime que Peres
rapelle trop souvent son succs concernant Dimona, alors quen fait, le racteur a fait chouer
le processus dOslo1455. Cette conclusion est contestable. A noter quun usage pacifique du
nuclaire militaire permet aussi dimposer la paix par la bombe. Donc tous les programmes
nuclaires militaires sont, par essence, pacifiques! Accdant au poste de Premier ministre fin
1995, Prs rappelle immdiatement quil ny aura pas de changement : Isral procde une
ambigut nuclaire [] Nous avons une politique caractre double. [] Donnez-moi la
paix et je renonce au nuclaire . Bien que cela ne soit pas attest par les sources officielles,
Prs aurait galement ajout : Acqurir des systmes darmes perfectionns peut signifier
la possibilit de les utiliser pour des buts imposs, qui est de forcer les autres parties
accepter les demandes politiques israliennes, incluant [] lacceptation de traits de
paix 1456.
En 1996, Isral est invit sexpliquer publiquement Vienne, devant un parterre
daccusateurs, au premier rang duquel se trouvent les EAU1457. Gideon Franck, reprsentant
de ltat hbreu, rappelle la 43me CG de lAIEA que la situation est difficile, dun contexte
particulier et exige de la patience pour quIsral puisse simplement claircir sa position. Car
dune part, le doute sur les capacits biochimiques de lIrak persiste, la Syrie est toujours en
guerre et refuse Isral le droit dexister, de mme pour lIran, le Hamas et le Hezbollah. Le
11 avril, laviation isralienne bombarde des positions du Hezbollah au Liban, dans le cadre
de lopration Raisins de la colre. Le processus de paix est compromis. Lors de ces
affrontements, constatant encore une fois que Tsahal sembourbe, le ministre de la Dfense
isralien menace depuis Washington, d'liminer atomiquement l'arsenal de missiles du
Hezbollah une fois pour toutes 1458. La menace de Shaul Mofaz se concrtise lorsquil
prcise quen cas de nouvelles actions du Hezbollah, le Liban retournera l'ge de Pierre ,
cest--dire suppose t-on, avec lutilisation de latome. Le 7 octobre 2003, Ariel Sharon,
dclarait la tlvision isralienne, lintention de lIran, qu'Isral frapperait ses ennemis
n'importe quel endroit et avec n'importe quel moyen aprs avoir maintes reprises avertit le
1454
Prsidence de lAssemble Nationale, Rapport dinformation... , ibid. Egalement mentionn par Prs au
Jerusalem Post, 17 juillet 1998. Isral s'est dot de l'option nuclaire non pas pour avoir un Hiroshima, mais
plutt pour avoir Oslo. Je crois que sans elle, nous n'aurions pas eu l'accord d'Oslo .
1455
Yediot Aharonot, 15 juillet 2007, Peres' remarks infuriate rightists.
1456
Israeli nuclear threats and black mail.
1457
AIEA, GC (40)/OR.7, Janvier 1997, 40me session rgulire, 19 Septembre 1996, 34 pages , p. 13.
1458
Al-Nahar, 19 dcembre 2002, la nouvelle menace nuclaire.
364
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Liban dun retour lge de pierre 1459. Le 10 mai 2006, Shimon Prs, devenu ministre du
dveloppement de la Galile et du Nguev dans le cabinet Ehud Olmert, confie Reuters: Le
prsident iranien ne doit pas oublier que l'Iran peut tre aussi ray de la carte1460. Mais
quelques heures plus tard, Prs tente de modrer ses ripostes verbales: Jai seulement dit
faites attention avec vos menaces, ceux qui menacent sont menacs. Jai dit que ceux qui
menacent danantir risquent dtre anantis 1461. Avidgor Lieberman, extrme droitiste du
gouvernement Netanyahou, en 2009, voque encore l'utilisation d'armes atomiques sur la
Bande de Gaza1462. Enfin, en mai 2010, le gimmick ge de pierre est encore prononc
lintention de la Syrie1463. Contrairement donc ce que lon a pu dire sur lIran, qui tait le
seul pays menacer ses voisins dannihilation, Isral en fait donc autant.
Ragissant aux informations prouvant que la Syrie possde des missiles chimiques, le
ministre des Affaires trangres, David Lvy, avertit Damas de cesser cette dmonstration de
force car Isral pourrait ragir avec des armes dont la puissance est au-del de
limagination , traduction du langage diplomatique en langage militaire : lusage de la
bombe atomique ! De surcrot, lAIEA, selon Mordechai, omet les ralits rgionales et
ses traits, trop nbuleux, qui ne sont en rien de solides garantis. De plus, lAIEA est
impuissante devant le trafic de matires radioactives destines aux terroristes. Franck rappelle
quIsral a accept des ngociations sur ses capacits balistiques et, contrairement ses
dtracteurs, na pas enfreint le PTBT1464. Or, Franck oublie volontairement les essais NBC
effectus en RSA pour contourner la loi. Sur le CTBT, Gideon Frank, galement directeur
gnral de l'IAEC, reste dubitatif sur sa crdibilit et son efficacit. Et il sait de quoi il parle,
car avec dautres pays, Isral se joue allgrement des traits, autant de lAIEA que de
lONU 1465 ! Les autres aspects de la dissuasion, comme les armes biochimiques, sont aussi
rappels. Ainsi, le 17 novembre, le ministre de la Dfense Yitzhak Mordechai : Si quiconque
ose utiliser des armes chimiques contre nous, nous ragirons avec tous les moyens dons nous
disposons 1466. En novembre 1997, celui qui est alors ministre des infrastructures, Ariel
Sharon, affirme que le pays serait prt rpondre (ici lIran) toute sorte de menace ,
cest--dire conventionnelles et NBC. Le 22 dcembre 1996, Shimon Prs se confie
lassociation des journalistes de Tel-Aviv : donnez-moi la paix et je renonce au nuclaire.
Sil y a une paix rgionale, je pense quil sera possible davoir un Moyen-Orient libre de
1459
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menace nuclaire, de missiles et dautres armes 1467. Mais cette phrase est retourne par les
dtracteurs de ltat hbreu qui affirment que la rgion na jamais t aussi calme et
quIsral na donn aucun signe douverture en retour.
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des tats-Unis avec la dissuasion ambigu dIsral, car Washington reconnat avoir chou
mettre un terme la diffusion des missiles balistiques dans la rgion. Cela revient une
reconnaissance officielle, mme si les mots atomique ou nuclaire sont remplacs sous
le vocable plus diplomatique de dissuasion .
L'lection d'Ehud Barak est un soulagement pour ceux qui pensent que les travaillistes
vont clore la radicalit du Likoud. Ils se trompent1476. Dan Meridor, prsident de la
Commission des Affaires trangres et de la Dfense la Knesset dclare : Isral ne doit pas
changer sa politique sur la question de la force de frappe nuclaire, si elle existe ou non. Cette
attitude est bonne pour les intrts dIsral . Il nexiste pas de diffrence dans les discours
politiques du Parti travailliste ou du Likoud, ou mme plus tard, manant de Kadima. En
1999, Ehud Barak expose qu Isral devait maintenir loption nuclaire indfiniment 1477,
mais comme un choix parmi dautre. Yossi Alpher, explique le musellement des autorits et de
la presse concernant les questions relatives au NBC : Isral est confront des mesures de
scurit particulires qui obligent des mesures qui nont pas cours dans les autres pays
occidentaux . Ce qui revient reconnatre la censure. En ralit la dissuasion de papier nest
pas bride, sauf si elle rentre dans les dtails. Le 5 octobre, Barak rpond Haaretz : mme
en temps de paix, Isral continuera garder son potentiel de dissuasion stratgique, aussi
longtemps que ncessaire, en terme de gographie et de temps 1478. Dans le fond, rien ne
change. En ralit, les concessions dEhud Barak doivent sassortir de proclamations de
garantie, dont loption nuclaire doit faire partie, en change des accords de Wye
Plantation. Un ancien diplomate amricain explique : Si cela tait explicite, cela crerait des
problmes avec ses voisins, mais Isral ne les menace pas de manire offensive 1479.
I.7 Le duel Sharon/Baradei: Ceci nest pas une bombe !
La menace iranienne commence monopoliser les mdias. Les politiques israliens, en
fonction ou en semi retraite, doivent prciser la position de leur pays, tel Shimon Prs : Un
certain secret doit tre maintenu, les soupons et le brouillard qui entourent cette question sont
constructifs car ils renforcent notre dissuasion 1480. Dans ce contexte, Haaretz voque la
possibilit que les Amricains ressortent une proposition de trait international sur la
production de matires fissiles : Les pays signataires tels quIsral, l'Inde ou le Pakistan
s'engageraient cesser de produire ces composants indispensables la production d'armes
nuclaires dans le futur. En change, ces tats ne seraient pas soumis un contrle
1476
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international des stocks dont ils disposent, ce qui renforcerait lopacit1481. Aprs tout, malgr
leurs essais, lInde et le Pakistan sont toujours considrs comme des ENDAN. Prs,
interrog par la Foreign Press Association sur lIrak et lIran, estime :
Aussi longtemps que la suspicion est assez claire pour dissuader, pourquoi la clarifier davantage.
Nous ne voulons menacer personne, nous voulons dissuader. LIrak et lIran ont sign le TNP. Et
Alors? Ils ont labor des capacits nuclaires ostensibles Il ny a personne pour les stopper. Notre
problme nest pas l'gypte. Notre problme nest pas la Jordanie ou dautres pays arabes. Notre
problme est fondamentalement lIran et lIrak, deux gouvernements irresponsables qui ont
clairement bti des capacits nuclaires et il ny a personne pour les arrter 1482.
Sauf que la capacit atomique de Bagdad nest pas reconnue dans le monde. Le 11 mai, David
Levy explique le refus dadhrer au TNP : nous navons pas encore atteint le stade o les
amis dIsral peuvent garantir notre scurit 1483, ce qui revient insulter les Etats-Unis et
ses allis!
Le 5 juillet 2000, Gideon Frank accepte, la tenue dun forum de discussion avec les tats
concerns, condition de:
Se concentrer sur une exprience acquise dans d'autres rgions avec la considration particulire
sur les choses ncessaires pour le dveloppement et l'tablissement russis des ZEAN. Elle devrait
couvrir les conditions politiques et de scurit pour la cration dune ZEAN. []Aucune question
sur le Moyen-Orient ne sera formule. Les questions concernant l'Amrique latine, seront faites
par des fonctionnaires, des experts techniques et des acadmiciens sur des capacits (celles
dIsral), non officielles. La confrence inclura galement des visites dinspection, afin de fournir
aux participants une impression vive du rgime mutuel de vrification complt par des garanties
de l'AIEA 1484.
Isral conseille donc pas moins dorganiser une simulation dun Isral nuclaire, dont les
paramtres techniques et politiques seraient amputs pour ne pas nuire la susceptibilit
nationale ! On peut sinterroger sur limpact dune telle reconstitution qui fait mieux que
de respecter lambigut. Loption Samson pourrait tre portraiture par le surraliste
Magritte: Ceci nest pas une bombe !
En 2001, lors de la 48me confrence de lAIEA, Franck ne confirme pas le statut
nuclaire de son pays, mais parvient dvier les critiques par cette superbe rponse : Isral
ne fait pas de secret sur ses rserves verbales fondamentales et sur ses intrts et distances
prises avec le trait1485. Franck nignore pas les propres publications de lAIEA ou de
certains pays membres qui pointent les particularits du cas isralien. Le directeur de lIAEC
riposte vigoureusement :
Mr. le prsident, Au cours de la rcente visite du DG en Isral, nous avons discut de l'ordre du
jour lors d'un forum, conformment la dclaration prsidentielle GC 2000 (GC (45) / DEC/12).
Cela s'est fait dans un esprit de coopration, qui est galement une base de consensus. Isral ne
peut pas s'attendre soutenir rellement cette approche, moins dans un esprit de coopration, sil
nest pas rciproque, par les autres parties rgionales. Ceci vaut surtout pour le point n20, dite
capacits nuclaires israliennes et menaces. Une prolifration alarmante au Moyen-Orient a eu
1481
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lieu ces dernires annes. Aucun dentre eux na impliqu Isral, mme si beaucoup peuvent nuire
nos capacits. Ainsi, nous ne voyons pas de justification pour ce projet de rsolution. Ce texte est
cyniquement utilis dans cette Confrence des fins politiques, pour nuire Isral. Les deux
actions sont motives politiquement et concernent peu les objectifs de l'AIEA et son mandat. Cela
suscite un srieux doute sur la sincrit de ses auteurs et leur volont de faire de rels progrs vers
la scurit cooprante au Moyen-Orient. Je lance donc un appel tous les Etats membres de rejeter
une telle proposition. Isral ne sera pas en mesure d'appuyer le point 19 sur le thme Application
des garanties de l'AIEA au Moyen-Orient si aucune mesure n'est prise sur le point 20 1486.
Sans nier les faits (ce qui est trs important et recouvre la stratgie de dissuasion), Franck
met en doute, avec une audace magistrale, les allgations des autres pays le concernant, car
relevant de rglement de compte politique et stratgique plus que technique. Il ne sagit en fait
que dune protestation formelle, et non pas de mise en demeure. Afin de prouver sa bonne
fois, lIAEC promet lavancement des recherches nuclaires sur les cancers, dans lintrt de
tous, ce qui soulve des accusations de dmagogie dans la salle. Isral se joint galement la
dcision du G8 dun moratoire sur les changes de combustibles en attente dune nouvelle
lgislation, ce qui permettrait en fait de profiter, un temps, du vide juridique diverses fins.
Lagence, rsume les accords contracts avec Isral, mais uniquement sur le civil :
Signataire sous rserve de la Convention de Vienne relative la responsabilit civile en matire
de dommages nuclaires, de la Convention sur la protection physique des matires nuclaires;
partie sous rserve des Convention sur la notification rapide d'un accident nuclaire et de la
Convention sur l'assistance en cas d'accident nuclaire ou de situation d'urgence; signataire de
lAccord complmentaire rvis concernant la fourniture d'une assistance technique par l'AIEA et
de la Convention sur la sret nuclaire 1487.
En 2002, aprs avoir chaudement flicit El Baradei pour sa rlection, Gideon Franck
rappelle les efforts de son pays sur : ladhsion au NSG, sur le contrle des changes dj
voqu, sur la normalisation envers la rsolution 1540 qui sattelle la prvention dADM
terroristes, sur ladhsion la Convention on Physical Protection of Nuclear Materials
(CPPNM), sur la bonne volont de l'IAEC qui collabore avec ses homologues sur lutilisation
du combustible que traite Nahal-Sorek, et enfin sur le soutien la CTBT. Franck tient ensuite
prciser par des formules diplomatiques que le cas isralien est particulier est quil doit
le rester. Le 2 dcembre, le responsable isralien du National Council Security dclare
lmergence dune attaque massive change les rgles du jeu, le comportement national cre
une dynamique internationale qui ouvre des options douverture inacceptable pour (notre)
opinion publique. Une grande et varie gamme de capacits de dissuasion ne doit pas tre
divulgue prmaturment 1488. Et pour montrer sa bonne volont (terme trs utilis par
Tel-Aviv), Mohamed El Baradei est invit se rendre en Terre Promise pour juillet 2004.
Cest la premire fois quune telle invitation en Isral est proclame envers un prsident de
lAIEA. Franck ajoute que le nuclaire civil isralien est un bnfice car il devrait permettre
de constituer un grand centre de radiologie lAugusta Victoria Hospital de Jrusalem, ouvert
1486
370
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aussi aux Palestiniens et aux Jordaniens, appels ici partenaires1489. La fibre humanitaire
fait soupirer El Baradei, pas dupe, mais qui sait queffectivement, la recherche isralienne en
la matire est aussi un rel bienfait pour les Arabes, accueillis dans cet hpital. Mais que peut
faire le patron de lAIEA lorsquIsral, pour marquer encore une fois ses bonnes
intentions, dcide daugmenter sa contribution financire laustre budget de lAIEA,
comme une sorte de corruption?
Sharon, avertit en 2003: Isral frappera ses ennemis nimporte quel endroit et avec
nimporte quel moyen . Lorsque lAG des Nations Unies vote la rsolution 164-4, il confie
quIsral de dmantlera pas les special measures au motif que les USA ne resteront pas
ternellement au Moyen-Orient. Pendant ce temps, les USA votent contre la rsolution de
lONU sur le CTBT, lInde vote contre llimination des armes nuclaires et Isral et la
Micronsie votent contre la zone neutre au Moyen-Orient. Au mois doctobre, dans une
interview au Jerusalem Post, le chef dtat-major de larme isralienne, le lieutenant-gnral
Mosh Yaalon, dclare que le terrorisme et la prolifration darmes nuclaires dans la rgion
sont les principales menaces sur la scurit dIsral. Selon lui, le pays bnficie encore dun
important capital de dissuasion, mais sans entrer dans les dtails. Toutefois, il pense que cette
dissuasion est victime de sa puissance, car cela explique pourquoi ses ennemis ont choisi la
voie du terrorisme. [] LIran est un rgime extrmiste, qui encore aujourdhui fait dfiler
des roquettes Shahab-3 sur lesquelles sont inscrits des slogans disant Ce missile peut semer
la destruction au sein de ltat dIsral []. Isral doit avoir une rponse ceci 1490.
Lanalyste isralien Pedatzur crit en 2004 dans Haaretz que : La dcision de la Libye
de dmanteler ses ADM, ainsi que la signature par lIran du protocole additionnel du TNP et
son engagement cesser ses activits denrichissement duranium devaient forcer Isral
proposer un nouvel accord avec les autorits amricaines en vue de faire reconnatre son
statut nuclaire1491. Prs en rajoute, mlangeant humour et mystre, quitte se moquer de
laspect textile du racteur :
Cest la cration de Dimona [] fer de lance de notre programme de recherche que les
Israliens, par drision, mais aussi par affection, dsignent sous le nom mystrieux d usine
textile .[] Cest notre suppose option atomique. [] Je me souviens de Rabin me
disant : moi, je sais comment on peut utiliser les armes, faire usage de la force, mais toi, tu as su
comment construire ces forces. Et je me suis dis que si, justement, nous savons comment
construire ces forces, peut-tre pourrons-nous jamais faire lconomie de leur utilisation.
[]Cela dit, il faut bien constater, hlas, quIsral est toujours en guerre. A qui la faute ? Tout
me
AIEA, Statement by Mr. Gideon Frank, Director General of IAEC, 49
CG , 7 pages, pp 4-7.
Jerusalem Post, 24 octobre 2003, Le chef dtat-major isralien met en garde contre les menaces
existentielles qui psent sur Isral.
1491
Courrier International, Formons un lobby Pakistan- Inde-Isral ! , 25 fvrier 2004. Le dispositif du
protocole additionnel du 22 septembre 1998 complte les mesures de l'accord de garanties fond sur la
vrification par l'AIEA de la comptabilit des matires nuclaires dclares. 58 des 189 tats membres du TNP
appliquent le protocole additionnel.
371
1489
1490
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nest pas blanc dun ct, noir de lautre. Je veux le rpter car jen suis fermement convaincu :
Dimona a permis Oslo 1492.
La bombe est ici suppose . Baradei va-t-il dissiper le doute ? En avril, ce dernier
dbarque donc en Isral. Une visite de Nahal-Sorek est autorise pour les journalistes, mais
pas Dimona. Le directeur gnral de lAIEA se heurte lattitude de Sharon qui prvient
que la visite de Baradei n'y changera rien. Isral n'a pas l'intention de reconnatre qu'elle
possde l'arme nuclaire, ni d'ouvrir Dimona aux inspections internationales. Le Premier
ministre renchrit : La politique d'ambigut sur le nuclaire qui est la ntre a fait ses preuves
et elle se poursuivra. [] Isral est oblig de dtenir entre ses propres mains toutes les
composantes de la force ncessaires sa dfense 1493. El Baradei s'est beaucoup occup de
l'Iran. Il doit maintenant s'occuper de l'autre ct car il faut rtablir lquilibre, conclut Jon
Wolfsthal, de la Fondation Carnegie pour la paix, de Washington. Gerald Steinberg, du
Centre de Jrusalem pour les affaires publiques, conteste cette vision. Selon lui il n'y a pas
de base pour un changement car Isral ne peut accepter un marchandage faisant le lien
entre le programme nuclaire illgal de l'Iran et les pressions lui enjoignant d'abandonner sa
force de dissuasion nuclaire1494.
Sharon emploie ensuite la dissuasion de papier . Le 23 avril, il se fend dune phrase la
plus explicite et la plus vague possible si vous lisez la presse trangre, vous devriez voir
quil parle dun vaste complexe avec des outils dfensifs, quIsral tient entre ses mains 1495.
Le 7 juillet, il rcidive en prcisant : Isral possde entre ses mains presque tous les
lments du pouvoir ncessaire pour se protger par lui-mme. Notre politique de lambigut
sur les armes nuclaires a prouv sa valeur, et elle continuera 1496. Presque , cela signifie
quoi au juste. Que manque t-il cet arsenal ? El Baradei, embarrass, se contente alors de
rpter les propos de Sharon aux journalistes le Premier ministre, ce matin, ma affirm que
la politique dIsral est que dans un contexte de ltablissement du processus de paix au
Moyen-Orient, Isral recherchera ltablissement dune ZEAN 1497. Sharon refuse toute
confirmation nette et franche et senfonce dans la ngation exagre : Je ne sais pas ce qu'il
(El Baradei) vient voir. Isral est oblig de dtenir entre ses propres mains toutes les
composantes de la force ncessaire sa dfense1498. Baradei termine sa visite le 9 juillet, et
avec lassurance du Premier ministre, il triomphe devant les journalistes : le pays est tout
dispos ce que la question du nuclaire soit incluse dans la feuille de route. Mais dans le
mme temps, Sharon refuse pour raisons de scurit l'entre sur son sol du journaliste
1492
Shimon PERES, Un temps pour la guerre, op.cit., p. 70. La faute est celle de Barak.
Le Figaro, 7 juillet 2004, p. 3, Isral maintient l'ambigut sur sa force nuclaire.
1494
Le Figaro, mercredi 7 juillet 2004, Ibid.
1495
AP, 24 April 2004, Sharon Hints at Israel's Nuclear Deterrent .
1496
BBC, 7 juillet 2004, Israel Tells of Iran Nuclear Fear .
1497
BBC, 8 juillet 2004, Hope' for nuclear-free mid-East .
1498
Le Monde Diplomatique, Aot 2004.
1493
372
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britannique Peter Hounam, qui avait rvl l'existence de larsenal, sur la foi d'informations
donnes par Vanunu, et freine sur linclusion du nuclaire dans le processus.
Baradei sest donc fait grug. Le 5 septembre, le rsident reprsentant de lIAEC, Israel
Michaeli, lui envoie une lettre propos de litem 22 de lagenda prvisionnel de la confrence
intitule Israeli nuclear capabilities and threat. Voici ces propres propos quil nest pertinent
de traduire, afin den conserver le sens et la valeur:
The suggestion that this item be included in the agenda for the upcoming General Conference is
neither substantially warranted nor practically desirable. It neither addresses the most pressing
proliferation concerns in the Middle East, nor does it create a favourable climate for discussing
issues in which the Agencys GC deliberations could play a constructive role. Furthermore, there is
another resolution on the Application of the IAEA safeguards in the Middle East that has been
adopted by consensus by all the Member States for the last 13 years. Although Israel has made no
secret its fundamental reservations to the language and the modalities of this resolution, it has
joined the consensus on this resolution out of a belief that a NWFZ could eventually serve as an
important complement to the overall efforts for peace, security and arms control in the region. The
Agencys GC would thus be well advised to sustain the consensus on the Application of the IAEA
safeguards in the Middle East resolution, and remove this frivolous request on the so-called
Israeli Nuclear Capabilities and Threat from its agenda1499
L'isralien juge videmment toutes discussions sur le sujet hors de propos, ce qui nest pas
constructif pour des ngociations venir. Pas une fois larsenal nest confirm. Isral juge que
toutes discussions bases sur des postulats techniques mettraient en danger la dissuasion.
Mme si le fond lgislatif nest pas remis en cause, cest davantage la forme qui est critiqu.
Isral considre toujours, juste titre, que les dbats servent surtout les intrts de pays
hostiles.
Gabriella Gafni, reprsentante permanente lAIEA pour Isral, remet le 7 septembre la
position officielle de ltat hbreu, la suite de la visite dEl Baradei : Suivant
ltablissement dun processus de paix entier et prolong et la reconnaissance mutuelle des
nations, le processus pourrait mener aux discussions sur les ADM et le dossier du contrle des
armements et ventuellement mener des ngociations rgionales sur ltablissement dun
ZEAN au Moyen-Orient1500. Ds lors, aux arguments dj mentionns, se rajoute la
problmatique terroriste et lvolution de la feuille de route. Isral refuse de se nommer
isolment et noie son cas particulier sous la formule Moyen-Orient . Isral sait bien que ce
dossier ne sera pas rsolu avant longtemps, ce qui remet sine die toutes ngociations ; en soit
une habile stratgie. Le prtexte pourrait servir, selon Gafni, de fer de lance pour faire aboutir
dautres revendications politiques des tats arabes, une sorte de chantage1501.
1499
AIEA, General Conference, GC(49)/21, 9 septembre 2005, 49th regular session, Item 22 of the provisional
agenda, Israeli Nuclear Capabilities and Threat .
1500
AIEA, GOV/2004/61/Add.1-GC(48)/18/Add.1, 10 septembre 2004, Item 10 of the Board's provisional agenda
(GOV/2004/51), Item 19 of the Conference's provisional agenda (GC(48)/1), Application of IAEA Safeguards
in the Middle East .
1501
AIEA, GC(48)/24, 20 septembre 2004, Forty-eighth regular session, Item 22 of the provisional agenda,
(GC(48)/1), Examination of Delegates' Credentials, Text of communication dated 20 September 2004 received
from the Resident Representative of Israel to the International Atomic Energy Agency .
373
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Durant la grande sance plnire1502, Franck explique encore la position dIsral par une
nouvelle batterie dexcuses. Premirement, la menace qui pse sur ltat hbreu est en
augmentation. En second lieu, trois autres tats sont en infraction 1503. Cest la premire
fois quIsral cible lInde, au ct du Pakistan et de la Core du Nord, mme si ces tats ne
sont pas explicitement nomms. Or, lInde est un alli prcieux. Isral dfinit la rgion hostile
qui la concerne comme partant du Maroc pour terminer en Core du Nord, ce qui permet
davoir toujours une menace sous la main pour bnficier dun traitement prfrentiel. Le
pays accepte toutefois den discuter de manire informelle, mais sous conditions. En rsum,
Isral lche du lest dun ct. Et lorsque le pays doit rendre des comptes concernant ce ct,
Isral se braque de nouveau et se concentre sur un autre point. Entre temps, le pays renforce
sa dissuasion.
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ratification de la CAB et de la CAC, ce qui ferait fuir les investissements trangers et jetterait
le doute sur le pays. Ds lors, on comprend pourquoi les armes biochimiques israliennes
ncessite une politique diffrente des armes nuclaires, tant sur le plan de lambigit que sur
le plan militaire. On peut sous-entendre possder la bombe, mais pas le biochimique.
Interrog par lmission Riposte , sur France 5, le 20 novembre 2005, lambassadeur
isralien en France Nissim Zvili dclare : Si vous croyez quIsral, pendant dix ans, na rien
fait pour se protger ou pour assurer cette ventualit, alors je peux vous dire quon a fait
presque tout le possible et ncessaire pour protger ltat dIsral . Lopacit est cependant
mise mal lorsque le mme mois, le ministre de lindustrie et du commerce publie par erreur
sur son site, la liste de tous les employs de Dimona avec leurs adresses personnels, un
dgt bien plus consquent que ce qui est reproch Vanunu ! La liste reste affiche des
heures durant, avant dtre retir en catastrophe. La rputation de la scurit isralienne nest
elle plus dissuasive1508. Dans le mme genre, Prs rpond la question : Pensez-vous que
la France a une responsabilit vis--vis de la prolifration nuclaire au Proche-Orient, y
compris en Isral :
Je ne pense pas, mme si la France a fourni de l'uranium enrichi l'Irak, du temps de la
prsidence de Franois Mitterrand. Le problme, surtout, et que l'Irak et l'Iran promettent de nous
dtruire, alors que nous, qui sommes supposs disposer de cette arme, ne menaons personne. La
diffrence ne rside pas seulement dans la technologie, mais aussi dans les intentions. Nous
n'avons jamais exprim le dsir de rayer un pays de la carte1509.
Autrement dit, la France est responsable de la bombe irakienne, mais pas de Dimona ;
Isral peut tre une puissance nuclaire, mais ses intentions font toute la diffrence ; le pays
nest pas un pays nuclaire comme les autres, donc pas une puissance nuclaire. Quand aux
menaces avres de frappe nuclaire dIsral, Cest un silence complet.
En septembre 2006, Gideon Frank, prsente un texte lAIEA, dont lintroduction rvle
laudace dIsral. La traduction nest pas aise, aussi, voici ce qui a t dit prcisment : We
in Israel recognize the special responsibility this state of affairs confers on us. Moreover, our
Jewish heritage and democratic values have predisposed all Israeli governments to tread in
this domain with special caution, continually exercising maximum self restraint even in the
face of grave challenges or seemingly attractive opportunities1510. Le message est nanmoins
explicite. La dissuasion nuclaire existe, elle ne peut tre remise en cause, mais Isral souhaite
multiplier les adhsions sur les autres terrains de la non-prolifration : MTCR, PSI, Global
Threat Reduction Initiative; Convention on the Suppression of Acts of Nuclear Terrorism. Ce
petit extrait soutient que lopacit appartient aussi la tradition et lhistoire de la culture juive.
1508
Yediot Aharonot, 23 fvrier 2006, Names of nuclear workers mistakenly published. Le 3 mars 2010,
Tsahal annule une action en Cisjordanie aprs quun militaire ait divulgu des informations sur lopration sur sa
page Facebook.
1509
Arabies, avril 2007, La dernire figure , pp. 14-16.
1510
IAEC, Statement By Mr. Gideon Frank, Director General Israel Atomic Energy Commission, To the 50th
General Conference of the International Atomic Energy Agency , 20 septembre 2006.
375
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1511
AIEA/ IAEC, Area-Wide Medfly Control In The Middle East Brings Significant Economic Benefits and
Regional Cooperation . 2006.
1512
Arutz Sheva, 10 octobre 2006, Prs: Le programme nuclaire nord-coren est un problme mondial .
1513
AIEA, GC(50)/28 Appendice, Mission permanente dIsral auprs de l'agence atomique et de la
commission prparatoire de lOTICE , 21 septembre 2006
1514
AIEA, GC(50)/18, 13 septembre 2006, Cinquantime session ordinaire, Point 21 de lordre du jour provisoire
(GC(50)/1), Capacit et menace nuclaires israliennes .
376
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prsent, la Russie ntait pas considre comme un tat dmocratique. De plus, la dernire
phrase ne dment pas ltat nuclaire dIsral. Le dput Aryeh Eldad, du National Union,
explique que la dclaration d'Olmert mriterait dclaircir la position officielle et de dclarer
ouvertement au monde libre : si vous ne faites rien pour stopper lIran, nous le stopperons par
tous les moyens .
Olmert, press par l'UE et les USA, rpte au cours d'une confrence de presse laquelle
participe Angela Merkel : Isral ne sera pas le premier pays introduire l'arme nuclaire au
Proche-Orient. C'tait notre position, c'est notre position, cela restera notre position1518 et
que l'interview n'a pas viole la position officielle d'Isral. Il sagissait de convaincre le
monde de prendre de mesures drastiques contre le rgime des mollahs, dit-il. Les rcents
propos allusifs dOlmert sur la capacit nuclaire dIsral relvent du dbat politique et non
du domaine judiciaire, explique le conseiller juridique du gouvernement qui rejette la
demande dEldad rclamant du magistrat quil vrifie si le Premier Ministre avait obtenu
lautorisation pralable de la censure militaire, ce qui tmoigne ici de la pression des lobbies
militaro-industriels1519. Olmert conclue le 4 mars : Isral a la force et la puissance ncessaire
pour se dfendre face la menace nuclaire iranienne 1520. Pour la premire fois dans
lHistoire dIsral, il ny a eu aucun dmenti. Le gouvernement reconnat ses capacits, mais
pas politiquement.
Les pays du Golfe Persique en profitent pour demander la communaut internationale
de prendre des sanctions l'gard d'Isral. Cest ce que sempresse de faire lIran, ravi de
sauter sur loccasion, par la voix de son porte-parole du ministre des Affaires trangres : le
CSNU doit combattre la menace isralienne contre la scurit et la stabilit du Proche-Orient
. Le franc-tireur Vanunu jubile lide de sexprimer enfin sur lvnement, mais pense que
le drapage est contrl et quil sagit plutt dun dbut de changement de politique 1521. Il
conclue finalement : le lapsus du Premier ministre met fin des annes de mensonges 1522.
Pour le quotidien Al-Quds Al-Arabi, il est difficile de croire que l'aveu nuclaire d'Olmert
n'est qu'un lapsus. La question n'est plus de savoir si Isral possde ou non l'arme nuclaire
mais de comprendre pourquoi Olmert se livre de tels propos juste ce moment.
Le 7 avril 2008, le ministre isralien des Infrastructures, Benyamin Ben Eliezer
affirme encore : Une attaque iranienne ne fera quentraner en retour une svre raction
dIsral, qui dtruira la nation iranienne [] Si lIran attaque Isral, nous raserons ce pays. Il
ny restera plus une seule pierre en place1523. Nouveau statut donc : Isral est une dmocratie
1518
Libration, ibid.
Israelinfos.net, 1er janvier 2007.
1520
Israelinfos.com, 5 mars 2008.
1521
Jerusalem Post, 13 dcembre 2006, La ligue arabe veut que le nuclaire isralien soit contrl .
1522
Guysen Israel, 12 dcembre 2006, La dernire gaffe verbale de Olmert , Ambre GRAYMAN.
1523
Israel Magazine, 10 avril 2008.
1519
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nuclaire qui na pas vocation attaquer mais qui menace ! En visite en France, Prs rpond
franchement l'lyse: La France a donn Isral plus que nimporte quel pays en ait
donn un autre : [] et ses missiles nous ont sauv la vie. La France nous a octroy force et
dissuasion, qui, jen suis sr, ont raccourci bien des guerres et prvenu bien des attaques 1524.
Dans lassemble, beaucoup dinvits qui dnoncent le cas iranien ne font peut-tre pas le
rapprochement avec latome isralien. Mais cette ouverture nest pas totale. Ainsi, Amos
Yadlin, chef des SR de larme : Nous sommes un pays qui peut faire face toute menace
au Moyen-Orient, y compris la menace laquelle vous faites allusion (Iran)1525. De mme
en juin 2009, la secrtaire gnrale Internationale du Parti Travailliste accumule les
mensonges nous ne lavons pas, nous en avons la capacit. Et nous navons pas menac de
rayer un pays de la carte. Je ne crois pas quIsral frappera lIran seul. Cest un problme
international 1526. Et Shimon Prs, en octobre : Mais cela ne nous drange pas d'tre
suspect d'avoir la bombe, car les soupons sont une dissuasion. Si l'on peut avoir la
dissuasion par le soupon, pourquoi pas, nous ne sommes pas contre 1527. Le 1er dcembre,
il complte :
L'objectif de ces racteurs est d'empcher la destruction, et jusqu' maintenant, cela a bien
fonctionn. [] Ma conclusion tait que nous ne pouvions pas changer la volont d'attaquer, mais
que nous pouvions changer la capacit d'attaquer. En d'autres termes, nous pouvions crer ce qu'on
appelle la dissuasion. Nous devions crer cette dissuasion que les autres n'avaient pas. [] C'est le
fait que la plupart de nos voisins, qui veulent nous dtruire, croient qu'Isral a la capacit de les
dtruire. Leur doute est notre force 1528.
Curiosit. En mars 2009, Isral nomme Dan Meridor 6me vice-Premier ministre, ministre du
renseignement et de lEnergie atomique. Sans commentaire sur les prsupposs
II Rflexions sur la pertinence de lopacit
II.1 Les motivations et les avantages de lambigut
viter la prolifration
Auparavant, lobtention de larme nuclaire tait recherche pour affirmer sa supriorit.
Ensuite, dans le cadre des traits internationaux, il sest agit le plus souvent dgaler le seuil
nuclaire de ses ennemis. Aussi, lopacit viter une escalade et une course larmement.
Cela permet daccuser ses voisins de sarmer de manire non-lgitime : Pourquoi lIrak et
lIran entretiennent-ils des armes chimiques alors quIsral ne possde officiellement que des
armes conventionnelles. Pour le ministre des Affaires trangres gyptien Ahmed Maher :
une dclaration isralienne quivaudrait un dfi. Elle aurait un impact psychologique
profond sur l'gypte. Nous serions oblig de ragir . Amr Moussa, diplomate gyptien,
1524
Ambassade dIsral en France, Discours du Prsident Prs loccasion du dner officiel au Palais de
llyse . 10 mars 2008.
1525
LArche, t 2008, Nous pouvons faire face, p. 69.
1526
Jeune Afrique, du 21 au 21 juin 2009, Netanyahou ne peut pas refuser la solution des deux tats .
1527
Le Figaro, 15 octobre 2009, Shimon Prs croit en une paix de ncessit
379
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complte: si Isral rvle ses capacits, pour les pays arabes, l'appartenance au TNP
deviendrait humiliante 1529. De plus, les pays de la rgion se retireraient du TNP... Ils
connaissent en fait dj l'tat du programme isralien, mais en labsence dune information
officielle, ils ne peuvent lgitimement rien faire. En novembre 1994, les experts du Jane's
Intelligence Review expliquent que les Israliens veulent viter l'effet de pression des
populations arabes sur leurs gouvernements respectifs pour possder galement des armes
nuclaires. Le premier avoir avanc cette ide est Charles Ferguson II, du Council on
Foreign Relations. Or, cet argument est sans fondement, dans la mesure o ces pays, non
dmocratiques, nont que faire de lopinion de leur population. Nanmoins, sur la scne
internationale, dans les discours au sein des grandes instances internationales, les tats arabes
ont de grandes difficults formuler des arguments contre Isral puisque la situation
isralienne est opaque. La discrtion construit une situation de statu quo pour ngocier et gle
toute prolifration en donnant lillusion quainsi, Isral est au mme niveau technique que ses
voisins1530. Par ce biais, Isral conserve un avantage considrable sur eux, sans
ncessairement avoir besoin doptimiser techniquement, qualitativement et quantitativement
son arsenal.
Ne pas tre tenu de signer les traits
Un trait nest sign que lorsquon est daccord sur le principe quil dfend. On ne le
ratifie que si lon estime que le principe peut tre appliqu dans la ralit. Donc, on peut
condamner le nuclaire militaire, mais comme il savre utile, on peut refuser de ratifier.
Isral s'est abstenu de signer le TNP, mais dans les faits, il explique quil soutient le processus
de dsarmement et dabandon thorique de larme en cas de paix gnralise. Il y a donc
contradiction. Cette politique lui permet dchapper aux inspections de lAIEA aprs 1970
(date dentre en vigueur). Car auparavant, des inspecteurs de lAIEA et des USA se sont
rendus en Isral, mais aux termes daccords bilatraux. La venue dEl Baradei en 2004 ntant
pas une inspection mais une ngociation sur le terrain. Le droit international sert donc darme,
car celui qui ne signe pas les traits, affirme de manire dtourne quil possde les armes
prohibes, sans les montrer. En novembre 1993, Haaretz, dcrit le TNP comme un mariage
catholique qui ne reconnat pas le divorce. Un petit tat ne peut pas se sparer du TNP, mme
s'il a de trs bonnes raisons 1531. Cela devient faux lorsque la Core du Nord sort du trait. Le
droit international n'interdit pas aux non signataires du TNP de se vendre mutuellement des
matires et des technologies nuclaires. Isral, qui nen fait pas partie, peut de surcrot vendre
cette technologie lInde et la RSA, pour le compte des occidentaux, sans sattirer de
1528
Le Monde, 2 dcembre 2009, Shimon Prs, le nuclaire isralien et loption Samson , Laurent ZECCHINI.
Bruno TERTRAIS, op.cit., p.154.
1530
Robert TUCKER, "Israel & the US: From Dependence to Nuclear Weapons?", novembre 1975, pp.41-42.
1531
Assemble parlementaire OTAN, 2004, 165 PC 04 F, LOTAN et les recours la force arme , Rapporteur
380
1529
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rprobations et augmenter son propre arsenal. Isral nest donc pas, paradoxalement, hors-laloi. Dautre part, signer le TNP aprs lobtention de la bombe ne signifie pas pour autant tre
dans lobligation dabandonner la dissuasion. Cette politique est applique par Isral sur les
armes biochimiques galement, mais Tel-Aviv a sign et parfois ratifi dautres traits
encadrant la prolifration.
Continuer de bnficier de laide internationale
Lentretien de la discrtion absolue permet que ne soit suspendue l'aide amricaine et
europenne, fournie en partie pour soutenir militairement un pays assig et constamment en
guerre. En effet, droger cette rgle serait notamment daller lencontre de l'amendement
Symington-Glenn de 1977, thme dvelopp en deuxime partie. Cependant, le Pakistan et
lInde, toutes deux puissances nuclaires rvls, mais encore officiellement des ENDAN,
reoivent des aides occidentales1532 Ne pas rvler officiellement les aides amricaines et
occidentales techniques et conomiques massives qui ont permis de construire cette
dissuasion multimodale, vite que ne soit remis en cause, aux yeux des pays arabes, les
nombreux accords commerciaux et militaires ainsi que les alliances contractes entre eux et
les pays occidentaux, notamment pour les achats dhydrocarbures. Notons que jamais les
allis dIsral nont remis en cause cette opacit, autant pour ddouaner Isral que pour se
ddouaner eux-mmes. De plus, cette position identifie toujours Isral comme un David sans
fronde atomique, victime de Goliath nombreux et bien arms. Il sagit donc de protger
limage du paysan- soldat mettant en valeur une terre ingrate par son travail, agress en
permanence.
Le statut particulier dIsral incite les industries occidentales lies la recherche et
dveloppement (R&D) dans les domaines nuclaires, chimiques et biologiques de continuer
soptimiser en dlocalisant ou sous-traitant certaines activits. Les investissements lis ces
recherches constituent un secteur de plus en plus important au sein de lconomie isralienne
dont il convient de protger les brevets. Enfin, tant donn que la situation est complexe et
que les avis trangers ne comptent pas puisquils ne peuvent comprendre les raisons
intrinsques la socit isralienne et sa gostratgie , lopacit est de mise1533, selon
largumentaire cit prcdemment.
Maintenir un flou pour viter une raction approprie
Si les ennemis dIsral ne connaissent pas exactement, non seulement ltat exact de
larsenal isralien, mais galement sa doctrine, qui est aussi assez floue, ils ne peuvent
laborer une stratgie idoine. Autrement dit, comment organiser sa propre doctrine et sa
gnral Bert KOENDERS.
1532
Islamabad reoit une aide financire et technique dans la lutte contre le terrorisme. LInde a reu une aide
pour loptimisation de ses capacits atomiques face notamment la Chine
1533
Barry SCHNEIDER, op.cit., p. 98.
381
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propre arme sur des bases peu sres. Comment Isral va-t-il ragir, avec quels moyens, et
dans quels buts ? Quels sont les armes acqurir, et devant quels dangers ? O se situe le
dfaut de la cuirasse isralienne, o frapper exactement, quelle sera la capacit de raction et
de rsistance ennemie Cette multitude de point dinterrogation ne peut gnrer de
limprovisation dans une guerre o le facteur du renseignement est capital. Ensuite, il sagit
aussi dassurer la scurit de ses propres installations en ne faisant pas figurer sur les cartes
les noms de localits, une stratgie matrialise par lURSS et applique par Ben-Gourion
pour Dimona1534. Ainsi sont empchs les attentats et les contre frappes ou deuxime frappe,
lennemi ne sachant o bombarder.
1534
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Je nai jamais dit a. Je ne sais pas si on a une arme atomique ou non. Si on la, cela fait des
dcennies quon la. Maintenant, pendant ces dcennies, personne na pens en Isral utiliser cette
arme. Ce qui nous intresse ce nest pas si on la vraiment ou non. Ce qui est important cest si
vous croyez quon la, cest pour nous une force de dissuasion, a nous suffit compltement. Ce
nest pas important si on la ou non, aujourdhui, tout le monde est convaincu quIsral est en
possession darme nuclaire et a nous suffit compltement 1535.
En 2006, Shimon Prs ne dit pas autre chose en rvlant cette anecdote :
Aprs que nous avions fait la paix avec lgypte, Amr Moussa, alors ministre des Affaires
trangres, [] ma demand de visiter Dimona. Je lui ai dit : Mais voyons, ce serait insens de
ma part : si je vous fais visiter Dimona, vous verriez quil ny a rien et du coup, nous perdrions
notre principal lment de dissuasion, et vous pourriez redevenir notre ennemi. Ce qui est
important pour Isral, ce nest pas rellement ce quest Dimona, mais ce quon suspecte cette
centrale dtre. Il nous suffit que nos ennemis soient convaincus que nous avons la capacit de
nous dfendre et de leur infliger une riposte dangereuse. Cest cela la dissuasion 1536.
Aprs lanalyse de ce texte, on ne sait que penser. Isral na pas la bombe, le fait savoir, ne
veut pas que cela se sache, mais fait tout pour que le monde pense le contraire et le fait
savoir! Prs conclue : Il suffit que l'on craigne que nous la dtenions pour que cette peur
constitue en elle-mme un lment de dissuasion1537.
Plusieurs personnes ont cherch briser lomerta mdiatique. Ce ne sont ni des
universitaires, ni des chercheurs en gostratgie, dont les recherches sont gnralement
consensuelles; mais bien des scientifiques et des journalistes qui souvent, au pril de leur
existence, ont fait le choix de rompre avec la loi du silence. On trouve aussi des personnages
impliqus malgr eux, qui navaient aucunement lintention de remettre en cause le langage
diplomatique sur la dissuasion isralienne. Toute la lumire na pas encore tait faite sur ces
affaires. Parmi tous ces individus, on recense le technicien Vanunu, le journaliste Peter
Hounam, le microbiologiste Markus Klingberg, lespion Jonathan Pollard, le militaire Isral
Yaakov, le spcialiste du NBC isralien Avner Cohen, le dput Makhoul, lhomme daffaire
isralien Nathan Manbar et bien dautres encore, dont nous reparlerons. Ces personnes sont
les Icare, engags dans un ddale kafkaen, et qui se sont brls les ailes pour stre approchs
trop prs du soleil nuclaire, du soleil de la vrit. Nanmoins, si ces affaires nous sont
connues, nest-ce pas parce quelles entretiennent malgr elles, la crdibilit de la dissuasion
isralienne ? Pour les antismites, cest justement grce la presse enjuive quIsral dissuade
avec du vide.
On peut sinterroger sur la dimension de cet arsenal. Si Isral des ogives, en a til
suffisamment pour dissuader tous ses ennemis. Lopacit du nombre suffit pour faire croire
quun gigantesque arsenal menace chaque rgion du globe. Lambigut joue donc sur
limagination et les estimations des experts et des ennemis, car la force de cette peur, cest
quelle repose sur lignorance et les fantasmes, particulirement sur le mystre des
1535
Riposte, ibid.
Boutros BOUTROS-GHALI et Shimon PERES, op.cit., p. 76. Dans le cas isralien, le mystre coupl
lantismitisme engendre une perception biaise de chaque accident mondial, o les armes non conventionnelles
de Tel-Aviv, comme les maladies contagieuses et mortelles, les catastrophes climatiques et les crises
conomiques, seraient luvre des stratgies de la pieuvre sioniste .
383
1536
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performances des armes biochimiques. Ainsi, lopacit, par les projections quelle suscite, fait
natre une menace plus insidieuse, plus efficace, plus dangereuse et invulnrable, car
invrifiable. Lesbroufe des ADM israliennes, sagitant derrire un paravent en ombre
chinoise, cre une reprsentation fallacieuse de la ralit de larsenal.
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de 24 mgw modifi par la suite1541. Dimona serait capable de produire la mme quantit de
plutonium que le racteur G1 de Marcoule en France. Or, ce dernier est un racteur gaz et
modr au graphite, dune puissance de 38 mgw, capable de produire environ 13 kg de
plutonium de qualit militaire par an. Pour une puissance de 70 mgw, Dimona consomme
48 tonnes de combustible pour une production de 18 kg de plutonium soit 20,9 litres lheure
pour 450 grammes duranium et de 170 80 milligrammes de plutonium par litre.
Fonctionnant plein rendement, le complexe produit 37 kg de plutonium par an. Pour une
puissance de 150 mgw, le secteur consommerait une tonne duranium. Aux yeux du CEA,
cest un racteur de recherche classique. Mais en mars 1957, un rapport, reu par lingnieur
du gnie maritime franais Maurice Pascal, fait tat dun racteur plutonigne, cest dire
orient vers le nuclaire militaire. Le rapport constate galement que le complexe est bien de
puissance trois fois suprieure. Guillaumat dplorait lpoque : les Israliens sont des
partenaires agrables et bougrement intelligents. Jtais constamment oblig denquter pour
savoir ce qui se passait dans ma maison. [] Tout ce qui sest rellement pass tait dautant
plus difficile cerner que cela se droulait plusieurs niveaux 1542.
Jusquaux rvlations de Vanunu, les analyses ne sont que spculatives. Elles saffinent
considrablement avec les donnes fournies par lingnieur mais ne sont pas encore prcises :
Le racteur n'a jamais atteint la puissance de 150 mgw. Theodore Taylor, expert amricain
reconnu, estime que le tmoignage de Vanunu donnerait penser quIsral aurait eu la
capacit de produire 8 10 bombes par an, sensiblement plus petites, plus lgres, moins
complexe et plus efficaces que les premiers types de bombes mis au point par les cinq grandes
puissances nuclaires. Du lexigut dIsral, les bombes seraient de faible puissance
(infrieure la mgatonne) mais exacerbes par une seconde bombe fission pour les bombes
H (procd fusion). Selon Vanunu, la production hebdomadaire de Dimona tait de 1,17
kilos de plutonium pure pour 34 semaines de fonctionnement soit 40 kilos par an (attest aussi
par le FSB russe en 1993), assez pour 4 12 ogives par an. Chaque bombe comporterait donc
4,4 kg de plutonium, soit de 5 kg un maximum de 10 kg (selon la plupart des Think-tank).
Mais pendant les annes 70-80, la production tait de 20 charges nuclaires par an afin de
rattraper le retard sur les autres puissances et pour prparer une autre guerre ventuelle contre
ses voisins1543. Ainsi, toujours selon lingnieur, Dimona a produit en moyenne, depuis 1964
(?), dix bombes par an, soit, jusquen 1986, date de son arrestation, au moins 200 bombes. Le
rapport de lONU de 1987 retient la fourchette de 8 25 kilos pour 3 bombes par an 1544. Lun
1541
On estime quun racteur produit 1 mgawatt par journe (nergie thermique, pas d'lectricit), 1 gramme de
plutonium pour lemploi dau moins 20% d'uranium enrichi.
1542
Pierre PEAN, op.cit., p. 96.
1543
Russian Federation Foreign Intelligence, Service 6, avril 1995, The Nuclear Potential of Individual
Countries.
1544
ONU, General Assembly, Agenda item 68, A/42/581, 16 octobre 1987, Forty-second session, Israeli
386
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des techniciens du programme britannique, Frank Barnaby, partir des documents de Vanunu,
formule une valuation de 100 200 ttes dont des bombes H de 200 Kt. Ce physicien du
centre darmes nuclaires dAlderermaston, devint plus tard le directeur de lInstitut
International pour de recherche pour la paix de Stockholm. Barnaby ajoute aux estimations 35
bombes thermonuclaires ainsi que des mines nuclaires1545.
Selon Hersh, laugmentation de la puissance permettant de sortir jusqu quatre bombes
par an tait prvue dans les accords franco-franais. En 1984, selon lui, le racteur est
augment dun systme eau lourde portant les capacits 250 mgw et 50 kilos de plutonium
par an1546. La puissance actuelle moyenne serait de 140 mgw. Les estimations de l'ISIS en
1999 s'accordent sur une production totale de 510 kg de plutonium de qualit militaire et sur
les mthodes denrichissement au laser et de centrifugation gazeuse1547. la fin de 1964,
Dimona produisait donc prs de 8 kilos de plutonium par an, ce qui est suffisant pour
construire, une ou deux armes nuclaires. Selon le CSIS1548, la cadence aurait t de 26 mgw
de 1963 1969, puis de 70 mgw de 1970 1976 puis enfin de 150 mgw jusqu aujourdhui.
Les spcialistes amricains croient que le racteur est passe de 24 26 mgw, puis 70 mgw
avant 1977 (peut-tre 150 mgw mais titre dessai phmre en 1976) pouvant produire 8,8
15 kg de plutonium de qualit militaire par an, mais cela oblige rduire la dure
dutilisation annuelle de 40%. Au dbut, il produit entre cinq et sept kilos de plutonium par
an, puis avec une puissance de 70 mgw, la production annuelle de plutonium passe de 7-8
kilos 20-40 kilos voire 60 kg, permettant de concevoir 5 10 bombes par an. La quantit
significative pour produire une arme de 50 Kt et de 25 50 kilos duranium. En prenant
comme postulat un racteur fonctionnant 60% des ses capacits intrinsques, pour une
puissance de 26 mgw puis 70 mgw, de 1963 1976, la production de plutonium serait de
147 kg par an soit 29 armes de 5 kg chacune et de 10 Kt ; ou 18 bombes de 8 kg (20 Kt). Avec
un racteur cadenc 90%, la production grimperait 224 kg soit 45 armes de 5 8 kilos (10
20 kilotonnes). De 1976 2008 avec une puissance de 70 150 mgw, une oprationnalit de
60% donnerait un plus de 627 kg, permettant dassembler 78 125 armes du mme type. A
90% (960 kg), lcart serait de 120 192 armes. De 1976 2008, avec une cadence de 150
mgw et 60% doprationnalit (1203 kg), la production oscillerait de 150 240 armes, ou
90% (1791 kg) de 223 358 armes. Selon dautres travaux 1549, Dimona aurait produit entre
Nuclear Armement.
1545
Frank BARNABY, The Invisible Bomb?, London: I.B.Taurus, 1989, p. 24.
1546
The Nuclear Potential of Individual Countries, Treaty on Nonproliferation of Nuclear Weapons Problems
of Extension Appendix 2 , Russian Federation Foreign Intelligence Service, 6 avril 1995. Council for ArabBritish Under standing Israels nuclear weapons , p. 3.
1547
Roland CARCHON, La non-prolifration darmes nuclaires et les contrles internationaux , Centre d'Etude
de l'Energie Nuclaire, 2006.
1548
CSIS, 2 juin 2008, Israeli Weapons of Mass Destruction, Anthony CORDESMAN.
1549
Carnegie Endowment for International Peace, Nuclear Weapons in the Middle East, 11 avril 2002.
387
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391 et 687 kilos de plutonium, pour une consommation annuelle de 25 tonnes duranium, ou
entre 370 et 650 kg entre 1963 et 20001550. Attali, en 1995, estime dans son rapport remis
lAIEA: Isral dtiendrait 0.3 tonnes de plutonium militaire et une centaine dogives. [] Il
dispose de deux racteurs de recherches, de deux usines de retraitement et dun centre
denrichissement 1551.
A cela, il faut inclure en plus luranium et le plutonium imports de ltranger. Ce qua
fournit la NUMEC (voir deuxime partie) aurait permis lassemblage de 10 bombes. En
tenant compte de lintrt isralien de se servir darmes puissance rduite cause de la
proximit des radiations et contre plusieurs ennemis, on peut plutt pencher en faveur de
petites armes en grands nombres. Un autre lment entre en compte. Comme nous le verrons
plus tard, le racteur, assez vieux, est partir de la fin des annes 1990 au moins, cadenc
une puissance minimum pour viter des accidents. Aussi, Isral fabriquerait de moins en
moins de bombes.
Les rserves duranium nationales sont estimes 200 ans pour un traitement de 100
tonnes par an. Mais ces donnes dataient dune prospection du dbut des annes 1950,
remises en cause par la suite. La mthode denrichissement au laser, teste en 1974, est
abandonne en 1978 pour la sparation des isotopes duranium avec leurs proprits
magntiques. Lenrichissement au laser est trs discret, donc renforant lopacit. Pour une
production de 40 kilos de plutonium par an pour 100 mgw, il faudrait 36 tonnes deau lourde
par an, 12 tonnes de modrateur et 24 de refroidissant. Cest lgrement moins que toute leau
lourde reue des USA, de la France et de la Norvge1552. Selon la CIA, le racteur en 1988
avait besoin de 20 30 tonnes duranium par an 1553. Dimona comprenait toujours selon
Vanunu, l'quipement ncessaire pour la sparation du plutonium de combustibles irradis
suivant le procd Purex, par lequel le plutonium est converti en mtal sous la forme de
composants pour bombe.
Garden1554 crit Ayant mis sur pied un systme fiable et srieux de production de
plutonium fissile, il s'avrait ncessaire de se doter d'installations permettant son retraitement
pour pouvoir l'affecter dans le processus de fabrication d'armements. L'agencement d'une telle
usine est particulire (identifiable) et il y eut alors un accord pour qu'Isral ne la construise
pas. La raison de cette lacune apparut bientt lorsqu'il fut tabli qu'Isral avait pu, avec
succs, acqurir illgalement un stock significatif d'uranium enrichi. Il proviendrait
notamment dArgentine, de la RSA, de Belgique, de France, du Niger, de la Centrafrique, du
Gabon et des USA. Leau lourde vient de France, de Norvge et de Grande-Bretagne. Si Isral
1550
388
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parvint obtenir ces matriaux, ceci expliquerait pourquoi il ny a pas eu besoin au dbut
dune usine de retraitement de plutonium. En ayant sa disposition de l'uranium, il devenait
possible d'emprunter une mthode plus lente, mais politiquement l'abri de controverses,
celle consistant procder la sparation du plutonium dans un laboratoire chaud et
progressivement augmenter son stock.
Thomas GARDEN, Can Deterrence Last ?, Buchan & Enright, London, 1984.
Haaretz, 4 avril 1997.
1556
Frdric ENCEL, ibid.
1557
Duckett fut licenci plus tard pour raison de sant et on fit courir la rumeur selon laquelle il tait
389
1555
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une puissance de racteur de 150 Mgw. Voici maintenant une estimation du nombre dogives
par anne, cela titre indicatif :
1966 : 2
1973 : 12
1980 : 100
1985 : 150
1990 : 200 (en 1991, Isral aurait produit 24 armes dans le cadre de la Guerre du Golfe)
1995 : 230
2000 : 280
2007 : 300
Entre 1965 et 1990, pour une puissance du racteur de 24 Mgw et une production de 140
kg de plutonium (sans les apports extrieures): Isral disposerait de 28 bombes, un nombre si
bas quil nest attest par aucune tude. Suivant cette logique :
Entre 1965 1990, pour une puissance de 40 Mgw et une production de 230, 46 bombes
Entre 1976 1990, pour une puissance de 70 Mgw et une production de 330 : 66 bombes
Entre 1965 1990, pour une puissance de 70 Mgw et une production de 400 : 80 bombes
Entre 1978 1990, pour une puissance de 150 Mgw et une production de 590 : 118
bombes
II.4 Une remise en cause dune ambigut inefficace et dangereuse
Qui ne sait pas dissimuler ne sait pas rgner disait Louis XI. Il convient maintenant
de se demander si sest avre pertinente. Certains disent que cette politique permet de
bnficier des avantages dune puissance nuclaire sans en subir les inconvnients mais on
peut aussi arguer du contraire. Plusieurs lments tendent penser que cette politique a t
inefficace.
Dune part, les tats arabo-musulmans ainsi que lensemble des chancelleries dans le
monde sont persuads de la ralit des capacits NBC dIsral, surtout depuis la mdiatisation
des affaires Vanunu, Pollard, Manbar, EL Al et Klingberg. Dautres part, les images satellites,
les photos ariennes, les analyses de lair et de leau entourant les sites stratgiques, et les
rapports despions sans ambigut. Surtout les dclarations sibyllines des Israliens euxmmes rendent grotesques cette opacit. Si Isral ne signe pas les accords de nonprolifration, cest que cet tat a quelque chose cacher. Pourquoi le pays possde t-il des
racteurs, des centres de recherches, des missiles, des avions et des sous-marins capacit
NBC si ses ADM nexistent pas ?
Dautre part, depuis les essais officiels indiens et pakistanais en 1998, (puissances
officieuses et non signataires du TNP comme Isral), la position isralienne est moins
391
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confortable. Pourquoi continuer dans la discrtion quand les cas indiens et Pakistanais nont
pas suscit beaucoup de dsapprobations et de rtorsions internationales.
Subsquemment, les menaces perptuelles obligent Isral divulguer ses capacits. Une
opacit risque de ne plus faire de la dissuasion un outil garantissant lquilibre rgional. Cest
en ce sens que Shimon Prs, en 1993, note que la guerre du Golfe a prouv que les
concepts stratgiques traditionnels sont presque obsoltes 1563. Uzi Even, dont nous avons
dj parl, analyse : Lambigut nuclaire finit par nous nuire : elle nous empche de
collaborer avec dautres pays pour dvelopper le nuclaire civil 1564, ce qui est faux puisque
de trs nombreux organisme isralien font justement autorit dans ce domaine. France et USA
ont en mme profit. Mme erreur de Shlomo Ben-Ami qui prtend : Notre stratgie na pas
dissuader lIran de se doter de la bombe (on ne voit pas le rapport). Si nous sortions nos
bombes du placard, notre force de dissuasion en serait renforce (et en quoi ?!) et le MoyenOrient aurait une chance de devenir un jour zone dnuclarise 1565 (bien au contraire !). La
menace nuclaire iranienne, dont certains travaux affirment quelle est oprationnelle, oblige
montrer les dents par la raffirmation des capacits nationales. Aussi, les dclarations
sibyllines risquent daller lencontre du principe de dissuasion. Isral peut perdre dans la
foule son assise politique sur la rgion. Laspect officieux peut aussi engager les autres tats
de la rgion pratiquer la mme politique dopacit (gypte dans les annes 1960, lIran
depuis annes 1990), entranant le non-respect du TNP et la prolifration des ADM.
Ensuite, depuis les accidents techniques de Dimona et Ness-Ziona, informations
vhicules par la presse et dans les manifestations, ltat hbreu met dans une position
inconfortable la socit isralienne qui a limpression quon lui cache des pans entiers de la
scurit de ltat (particulirement dans le secteur biochimique) parce quils sont dangereux
aussi pour elle. Elle sape la confiance citoyen/ tat et dcrdibilise les gouvernements.
Dailleurs, au sein de la Knesset, on accepte de moins en moins ce culte du secret, notamment
en matire budgtaire et diplomatique car toutes les drives taient jusque l permises au nom
du secret dtat. Certains dputs craignent surtout une mainmise et limmunit des militaires,
une soumission gnrale de ltat face aux lobbies militaro-industriels et enfin, la
dcrdibilit de la Knesset (compos parfois danciens scientifiques et militaires), appele
ntre quun parlement croupion face une dictature rampante, se servant de la censure
officielle pour couvrir des lments peut-tre extrieurs la scurit du pays.
De mme, les dclarations belliqueuses de lIrak et de lIran, voire de la Libye et de la
Syrie, attestent que ces tats utilisent le verbe, plus efficace que les armes, et ces mots, qui
sont autant de dfis relever, ne peuvent tre tus par les armes. Israel Tal, lune des figures
1563
1564
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militaires les plus respecte, commente il ny a aucun des petits tats qui garantit sa scurit
sur le doute. Les petits tats peuvent tre dtruits. En gnral, lombre dun danger existentiel
plane sur eux, particulirement sur ltat des juifs. Tous les jours, des entits appellent sa
destruction 1566. Pour lui, donc, le doute dune menace arabe doit trouver sa parade et sa
riposte claire et assume, quelque soit le moyen. Appeler la destruction dIsral, cest
narguer et dfier sa puissance dissuasive, acculer Isral attaquer ou sexprimer, lui
signifier que ses ADM ne peuvent rien contre leurs volonts. La non possibilit dune
possession ou dun usage finit par nuire. Loption de la force dissuasive et la doctrine du flou
nuclaire doivent tre, intervalles rguliers, rappeles sinon ranimes, que se soit face
lopinion publique nationale ou devant les acteurs rgionaux et internationaux.
De plus, de nombreux journalistes, chercheurs et historiens ont crit sur le sujet.
Militaires et hommes politiques israliens ont franchi le pas de la transparence, volontaire ou
involontaire. Mme les sites Internet officiels, dont ceux des gouvernements de ltat hbreu,
abandonnent peu peu lopacit. Elle nest seulement conserve qu titre diplomatique.
Depuis les annes 80, les affaires despionnages mises en exergue par les mdias ont dmoli
lopacit et le dessous des partenariats internationaux. En 1985, Jonathan Pollard est arrt
aux USA pour avoir transmis des informations voles au Pentagone pour optimiser la
dissuasion isralienne. En 1986, Mordechai Vanunu, avant son incarcration, a eu le temps de
fournir la presse des photos et des dtails sur le racteur de Dimona et ses armes nuclaires.
Nahum Manbar
1565
1566
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Mais cette opacit est-elle rellement souhaite ? Car enfin, comment peut-on expliquer
la prsence sur le net, la radio et dans la presse (et dans une moindre mesure dans la
littrature et la tlvision), des photos du complexe de Dimona et dautres sites sensibles,
alors quil est trs facile dliminer des sur la toile des sites sensibles, dinterdire des livres ou
de les censurer, mme dans les pays dmocratiques. Comment se fait-il que les SR israliens,
considrs comme les plus efficaces au monde, aient pu ce point tre rgulirement bern
par des Wistleblowers. Pourquoi le Mossad, qui nest pas avare dassassinats si besoin est, na
t-il pas tu Vanunu et les autres tratres ? Pourquoi la presse a t-elle eu connaissance des
affaires Klingberg ou Pollard ou Hounam alors que le gouvernement, par le pass, parfois
russi museler sa presse? Quels crdits accorder des rvlations qui passent curieusement
les obstacles de la censure. Ces tratres et espions sont-ils des tmoins dignes de foi ?
Pourquoi ont-ils bris le secret-dfense et dans quels buts? Et surtout, lont-ils vraiment
bris ? Ces rvlations nintgrent t-elles pas un vaste plan de communication farci de sousentendus et rvlations mesures des fins dissuasives. Il se peut que Dimona soit un pige
journalistes et curieux , un os ronger pour dissimuler lessentiel. La stratgie
consisterait peut-tre divulguer une image tronque du programme.
394
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CHAPITRE III
emploieraient contre Isral, sans craindre de reprsailles. Elle est une frappe prventive sur le
principe biblique de tuer avant quon ne te tue , mme si dans la charte de Tsahal, il nest
jamais fait mention de la possibilit dintervention extrieure, opacit oblige.
La doctrine sous-entend quIsral, en position dinfriorit, est oblig dagir
prventivement. Isral
l'article 51 de la charte des Nations unies. Elle a lieu daveu que la dissuasion isralienne et
les boucliers antimissiles sont inefficaces. Elle peut faire penser que loption Samson nexiste
395
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pas puisque lon privilgie dans ces cas la dissuasion par la frappe conventionnelle
prventive. Experts, politiques et journalistes, supputent donc que, puisque Isral a dtruit des
programmes ennemis, c'est donc qu'Isral n'avait pas de quoi dissuader en ralit. galement,
Isral possde peut-tre la bombe, mais ne l'ayant jamais officiellement test , elle n'a pas
confiance ses capacits. Enfin, il est possible quIsral prfre employer dabord des moyens
conventionnels afin de respecter la puret des armes.
On parle de la doctrine Begin car elle est magistralement applique sous Begin. Sa
paternit est discute. Elle serait dvie de la doctrine Wolfowitz, en soit exagrer les menaces
pour intervenir prventivement, soutenir constamment un puissant effort militaire et imposer
la dmocratie . Wolfowitz, au travers du programme du Pentagone, Limited Contigency
Study, tudiait, dans les annes 1980, les scenarri dintervention. Il est linstigateur du coup
dEtat contre le Shah. Sauf que pour les USA, les menaces ne sont pas existentielles et
quIsral nintervient pas pour consolider ou crer des points dappuis ltranger. Elle est
bien sr voque par les grands thoriciens militaires, comme Sun Tse, dAlberico Gentili,
Grotius, Machiavel ou Hobbes. Les Amricains prfrent parler de guerre premptive
(G.W.Bush, 1er juin 2002), qui introduit la notion de devancement plutt que celle de
prvention. La prvention se rattache une menace ventuelle ; le devancement une menace
avre (plus en adquation avec lide dune lgitime dfense), mais pas encore active. Yuval
Neeman est le premier prner la guerre prventive et lattaque surprise qui ne sont pas sans
rappeler la maxime dElie Halvy : Sans la menace de la force arme, la diplomatie nest
que jappements de roquets. Dautres pensent que cest Mosh Dayan qui le premier amorce
la guerre-clair prventive , en frappant les points vitaux de ladversaire1568. En fait, lors de
la crise de Cuba, Washington avait dj srieusement envisag de bombarder les sites de
missiles sovitiques de lle avant quils ne soient, peut-tre, tirs. Mais lon peut remonter
encore plus loin1569. Fin 1944, les amricano-britanniques bombardent les rampements de
lancement des V-1 et des V-2. Cette doctrine peut galement sappliquer, par ailleurs, pour
dtruire prventivement un potentiel conventionnel et non-conventionnel, des infrastructures
terroristes et protger ses propres installations stratgiques avant quelles ne soient dtruites
par lennemi. Elle est explique par le gnral Yaakov Amidror :
Il nest pas ncessaire pour Isral dajouter la retenue dans lusage de la force comme principe de
guerre. Pour Isral, cela serait une grave erreur, et le recours une rponse disproportionne est
ncessaire, car en gnral, un petit pays comme Isral ne peut soccuper dorganisations terroristes
et de gurilla que si sa rponse nest pas disproportionne et est mene de telle faon convaincre
lautre camp que lui aussi a quelque chose perdre 1570.
Dominique LORENTZ, Affaires atomiques, Les arnes, 2002, 604 pages, p. 18.
Freddy EYTAN, Les 18 qui ont fait Isral, Editions Alphe, 2008, 285 pages, p. 94.
1569
Arte, Les mercredis de lHistoire, 28 juillet 2010.
1570
Yves BONNET, Albert FARHAT, op.cit., pp. 123-124.
1568
396
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-Dtruire des infrastructures terroristes. Exemples : Raid sur Tunis en 1985 (opration
Wooden Leg, condamne par lONU [rsolution 573])1571, raid sur un aroport militaire
Beyrouth en 1968, au Liban en 1978, 1982, 1996 et 2006, Gaza (notamment fin 2008-dbut
2009), en Syrie (octobre 2003) et en Cisjordanie (notamment de 2002 2005).
-Sabotage des usines (cur de racteur franais pour lIrak en 1980), cargaison chimique
pour lIran en Suisse1572
-Meurtre dingnieurs ennemis spcialistes en armes NBC et en balistique (exemple de
Gerald Bull en 1990), de chef terroristes (Cheik Yassin et Khaled Mishal). Isral forme pour
cela des kidonim ( baonnette en hbreu1573)
-Interception et arraisonnement de cargos cargaison militaire (exemple : Karine-A en
janvier 2002 lors de lopration Arche de No)
-Destruction des infrastructures NBC et balistiques ennemies : Osirak en 1981, ZayrDayr en Syrie en 2007, Libye dans les annes 1980, guerres du Golfe (1980-1988, 1991-2003,
2003- ?).
-Diviser pour rgner et faire en sorte que deux ennemis saffrontent et spuisent selon la
thorie du combat des chiens (guerre Iran-Irak, guerre Hamas/ Fatah)1574.
-Torture pour connatre les projets terroristes. Mais son usage est de plus en plus encadr
(voir troisime partie). Dans le cadre de la preemptive war, Dick Cheney estime lgale la
torture. Elle tait thorise ainsi par la France pendant la guerre dAlgrie. Le colonel Bigeard
1571
Ce Carthago delenda est est soutenu par les USA lorsque Reagan commente quIsral avait ce droit dans la
mesure o vous trouvez les responsables . William BLUM, op.cit., p. 203. Les F-16 se ravitaillent avec bombe
Mark-2 dune tonne guidage laser, Chypre. 80 membres de lOLP dcdent. Pollard aurait fournit les
renseignements gographiques en vue de la frappe. Isral dpcha un navire et des hlicoptres en soutien. Cette
rponse lgitime au terrorisme (en reprsailles une action de la force 17 contre 3 israliens Chypre) ne fut pas
condamne par les USA. Arafat tabli ensuite son QG Ramallah. Le raid est contre-productif car il rapproche
lOLP des Palestiniens de Cisjordanie.
1572
Le 30 juin 2010, aprs que lon ait soupconn la Russie de ne pas respecter ses accords de non prolifration
destination de lIran, une usine du groupe Almaz-Ante fabriquant des S-300, au nord de Moscou, est victime
dun incendie. Lide dun sabotage simpose comme une vidence. Leurs livraisons avaient t geles le mois
prcdent, mais pouvaient tre nouveau exports. Le Figaro, 30 juin 2010, Incendie dans une usine militaire
russe .
1573
Le Premier ministre isralien Golda Meir dcide dans les annes 1970 de mener l'Opration Baonnette ou
colre de dieu daprs la liste noire ou liste Golda , avec le systme des Kidonim, issu du Metsada. Le
service compte en 1998 environ 48 membres rpartis en commandos de trois hommes et une femme
(gnralement pour sduire). Toute cible est pralablement dclare coupable par des juristes. Dabord, il
sattaque aux responsables des attentats de Munich (film de Steven Spielberg) Abdel Wael Zwaiter, reprsentant
de lOLP Rome, abbatu le 16 octobre 1972, Hussein al Bachir, tu dans lexplosion de sa chambre lOlympic
hotel Nicosie le 24 janvier 1973, Abou Youssouf, tu Beyrouth le 10 avril 1973, Mohammed Boudia, tu dans
une voiture pige Paris le 28 juin 1973, Ali Hassan Salameh dit Abou Hassan, appel le Prince Rouge , tu
dans une voiture pige Beyrouth le 22 janvier 1979. En avril 1988, une unit tue Tunis Abou Jihad,
lieutenant de Yasser Arafat pour la planification dattentat, puis Bull en 1990 Bruxelles et en septembre 1997
Khaled Mishal (chec). En octobre 2008, sont neutralis Imad Mughniyeh du Hezbollah (mise prix 5 millions
de dollars par la CIA) lorsque le Mossad remplie lappuit-tte de sa voiture avec des explosifs, le 12 fvrier
2008.
1574
Il existe de nombreux organismes officiels et officieux pour fomenter des rvolutions, comme lEndowment
for Democracy (Madeleine Albright, prsidente de la branche NDI, McCain, pour lIRI). Dans les pays de lEst
et dAsie Centrale, ces coups dtat portent le nom de Mouvement orange ou rvolution colore . William
BLUM, op.cit., p.298.
397
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1575
William BLUM, op.cit., p. 259. En mai 1972, de retour dURSS, Nixon et Kissinger font escale Thran o
le roi des rois leur demande darmer les Kurdes dIrak. Isral laurait aussi demand au point que durant la
guerre du Kippour, Tel-Aviv demande aux Kurdes irakiens doccuper les suppltifs irakiens en partance pour le
front, en fomentant des troubles au nord du pays.
1576
William BLUM, op.cit., p.207. Le groupe Omega-7 contre Cuba, livrait aides et matriels aux mouvements
contre-rvolutionnaires. Le twentieth century fund aidait de son ct la presse contestataire.
1577
Elle se rfre la premire du genre, qui plus est couple au devoir dingrence lors de la bataille de Navarin
en octobre 1827. La Grande-Bretagne, avant dintervenir en Grce contre les Ottomans, propagea la rumeur de
barbarisation de la Grce par les envahisseurs, (information dtourne par lpouse de lambassadeur de
Russie Londres) afin daccrotre le philhellnisme ambiant en Europe, et justifier une intervention. Cela
rappelle laffaire des couveuses, le 10 octobre, propage par une koweitienne rfugie, tmoignant devant le
Congrs, qui se trouvait en fait tre la fille de lambassade du Kowet Washington. Le Kowet finanait la
Citizens for a Free Kuwait, qui elle-mme sollicita lagence de communication qui avait vendu la guerre du
Golfe, la Hill & Knowlton (pour la somme de 10 millions de dollars). Laffaire est rappele juste avant la
seconde Guerre du Golfe ( !) par The Guardian, 5 dcembre 2002, This time I'm scared ,
1578
Frdric ENCEL, Atlas gopolitique dIsral, op.cit., p. 22.
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cest--dire agir prventivement avant que lennemi nexerce en reprsailles des intimidations
envers eux.
Une fois dfinit ses principes gnraux, comment ses modus operandii sont-ils appliqus
dans la ralit ? Comment la communaut internationale a t-elle ragit devant ces actes de
guerre qui occultent de facto les rles de gendarme de lONU et de lAIEA ? Voici quelques
exemples pour le savoir.
II LIrak : une doctrine Begin polyvalente
II.1 Les premiers sabotages
Avec ses ptrodollars et sa volont de nuisance, lIrak est vu par Isral comme le danger
numro un de la rgion. Par tous les moyens proposs par la doctrine Begin, Tel-Aviv satle
immdiatement empcher cote que cote la fabrication dADM, que Saddam Hussein
souhaite employer vritablement titre offensif. En 1976, Yuval Neeman, lun des pres de la
dissuasion, se fait lcho des inquitudes israliennes auprs de la France, qui soutient lIrak.
Avec Freddy Eytan, il fait pression sur les chercheurs du CNRS et du CEA, jusqu harceler
le prix Nobel de physique Alfred Kastler. En dsespoir de cause, ils contactent Francis Perrin,
chef du CEA et ancien acteur du programme isralien, qui confirme :
Vous avez parfaitement raison dagir aujourdhui. On peut penser que dici quelques annes,
lIrak, ayant prpar du plutonium avec le racteur franais, dira :Maintenant, je romps mes
engagements. Cest ce qua fait lInde. Cest une question de prestige pour ce pays arabe. Jestime
quil nest pas raisonnable que lon garde le secret autour de ce trait, car cela ne peut que
provoquer des suspicions internationales et cela nest pas sain 1579
Pourtant, la politique de VGE promeut la vente darmes contre du ptrole, mais ces armes ne
doivent pas menacer Isral. Pour Dimona, Francis Perrin, navait pas eu les mmes
scrupules
Washington pense que Bagdad disposera de sa premire bombe artisanale, cest--dire
sans essai et sans vecteur appropri, vers 1985. En 1990, l'Irak aurait possd 15 bombes.
Mais Isral, comme laccoutume, refuse ce rapport trop modr son got. Tel-Aviv
contracte ds le dbut des annes 1970 une alliance avec lIran de Khomeiny. En change,
Thran avertit Isral des progrs irakiens. Ds 1979, la commission isralienne New Era est
cre pour rflchir et agir contre Osirak. Sur proposition de Begin, elle est prside par
lancien responsable du Mossad, Nahum Admoni. La commission opte dabord pour le Soft
Power1580. Le bombardement de la centrale est dj envisag, mais il se heurte quelques
critiques. Pourquoi frapper le racteur puisque loption Samson dissuadera une menace
atomique future? Le chef du Mossad Yitzhak Hofi, le vice Premier ministre Ygal Yadin, le
gnral Yesoshouah Saguy, chef du renseignement militaire, Shimon Prs et Ezer Weizmann
1579
1580
Freddy EYTAN, Les 18 qui ont fait Isral, Editions Alphe, 2008, p. 231.
CSS, Israeli intelligence and Osirak , 2003, pp. 19-21.
399
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refusent une intervention arme, car rien nindique quOsirak puisse. On craint galement
doccasionner des pertes ventuelles de Franais sur place, de la pollution radioactive
(proccupation thique propre Tsahal) et des rtorsions diplomatiques internationales. Il est
possible que les travaillistes soient contre, pour de stricts raisons de rivalits politiques.
Menahem Begin, Yitzhak Shamir, le ministre de lagriculture Ariel Sharon et Rafael Eitan,
donnent secrtement leur accord. Les perspectives des rtorsions amricaines de font pas peur
Begin : Cest un nouveau gnocide qui se prpare 1581. Afin de pallier une ventuelle
contre-frappe irakienne, il est dcid que le racteur de Dimona, qui tournait jusqu prsent 8
mois sur 12, sera arrt, une mesure qui se rptera pendant les guerres du Golfe en 1991,
1998 et 20031582. En attendant, la diplomatie est maintenue mais Paris refuse de cder. Aussi,
Tel-Aviv planifie plusieurs oprations.
Le 6 avril 1979, sept agents du Mossad plastiquent le hangar n3 du complexe 217 des
Constructions Navales et Industrielles de la Mditerrane, la Seyne-sur-Mer. L'explosion
pulvrise le double cur d'Osirak, celui qui devait tre embarqu 48 heures plus tard vers
lIrak. La facilit avec laquelle les israliens ont agit, subodore que les Franais ont laiss
faire. Plus tard, lAIEA reconnatra implicitement la main du Mossad 1583. Mais Raymond
Barre promet de poursuivre la coopration et 6 mois plus tard, deux curs sont de nouveau
prts tre embarqus. Au sein du Mossad, lunit spcialise dans le domaine de
lespionnage atomique, lunit-2381584 recrute alors une taupe charge de surveiller Yahya alMeshad, membre de la Commission lnergie atomique irakienne affect Saclay. Le 14
juin 1980, Meshad dbarque l'htel Mridien de Paris, pour surveiller le chargement des
curs de racteur. Dans la rue, il est pist par deux kidonim qui lui tranchent la gorge. Le
danger semble dsormais cart mais Yuval Neeman convainc tout de mme Francis Perrin de
demander des garanties Paris, car Saddam Hussein commande un petit racteur eau lourde
et uranium naturel de 50 mgw Technicatome.
La mdiation de Chaban-Delmas choue convaincre Tel-Aviv de la relativit des
dangers. Le prsident de la Rpublique franaise, lors du conseil des ministres, le 23 juillet
1980 rtorque : LIrak, comme tous les pays, a droit aux usages pacifiques de lnergie
nuclaire. La France continuera dans cette voie sans cder des pressions ou des
manuvres 1585. Sauf que Saddam Hussein ne fait pas mystre sur ses intentions : Le
peuple iranien na rien craindre du racteur nuclaire irakien. Nous navons pas lintention
1581
Freddy EYTAN, Les 18 qui ont fait Isral, Editions Alphe, 2008, 285 pages, p. 84.
Seymour HERSH, op.cit., p. 21.
1583
David FISHER, History of the IAEA, the first forty years, AIEA, Vienne, 2006, p. 116.
1584
A ce propos, Eric ROCHANT en a fait un film, intitul les patriotes , avec Yvan Attal.
1585
Freddy EYTAN, La France, Isral et les Arabes, op.cit., p. 48. Le Mossad, rput le meilleur service du
monde, est pourtant coutumier des bavures. Le 21 juillet 1973 Lillehammer, un serveur nomm Ahmed
Bouchiki est assassin en raison de sa ressemblance avec un membre de Septembre noir.
400
1582
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de nous en servir contre lIran, mais contre lennemi sioniste . En aot 1980, se produit une
vague d'attentats : les bureaux de SNIA-Techint et le domicile du directeur de la firme sont
plastiqus ainsi que, le mme jour, le domicile d'un libraire de St-Germain-en-Laye. Il
s'agissait en fait d'une erreur. La personne vise tait un homonyme de Jean-Jacques Graf,
haut responsable de Technicatome pour Osirak.
Prenant exemple sur les checs de lAIEA sur les cas indien et isralien, lagence de
Vienne met en place des moyens de contrle plus efficaces, mais quil est toujours possible de
contourner : comptabilit prcise des matires fissiles, vrification de la marche des
installations, inspection des livres de bord, plombage et vrification du combustible vierge, du
contenu du cur du racteur et installation de camras automatiques plombes dans les
endroits stratgiques. Les visites Osirak se succdent 3 4 fois par an mais les autorits
irakiennes ont toujours quelques jours pour sy prparer avant. Et comme pour le cas
isralien, il est facile de passer outre, en corrompant les inspecteurs, en subtilisant du
combustible frais dans les autres pays, en remplaant le combustible des stocks par des
lments d'imitation (les stocks rels tant affects des installations secrtes), falsification
des inventaires de matires fissiles et des livres de bord.
Cest pourquoi un raid est prvu finalement pour juin 1981, une date avance pour viter
des fuites. Mais lera apprend que des techniciens franais sont revenus sur place et que la
DCA irakienne a t renforce. Une commission dexperts, dirige par Aharon Yariv, rend
alors au Premier ministre son rapport lt 1980. Il stipule que:
- Lattaque liguerait la communaut internationale contre Isral.
- Tel-Aviv sera accus de violer le droit international alors quOsirak nest pas encore
oprationnel et que Bagdad a sign le TNP.
- Isral serait accus davoir enfreint les accords de Camp David, lIrak et lgypte tant
associs.
- Le monde arabo-musulman, soutenu par lURSS et ses allis, riposterait.
- Les USA seraient obligs de revoir leurs aides envers Isral et de laugmenter pour les
allis arabes1586.
Les opposants au raid pensent enfin que la destruction du racteur ne dissuadera pas les
autres pays de se doter de la bombe, bien au contraire. Certes, cela permettra de stopper net le
programme irakien mais lopposition estime que le programme irakien nen sera retard que
de seulement cinq ans. Ce dlai est nanmoins jug suffisant pour dfinitivement convaincre
les grandes puissances dinterdire un quelconque pays arabo-musulmans de se laisser tenter
par latome. Il est alors dcid de ne tuer ni de blesser aucun expert tranger et de ne pas
provoquer de pollution. Le 20 octobre, lera dfinit les conditions du raid :
401
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- Dans le feu de la guerre Iran/Irak, les Iraniens attaqueront le racteur avec des avions
amricains.
- Les Franais devront quitter lIrak, officiellement pour cause de guerre Iran/ Irak.
- La DCA irakienne devra tre neutralis avant.
- La commission devra auparavant rdiger une dfense verbale et juridique pour
expliquer lopinion du bien-fond de la mission.
Il est temps dagir car le 7 novembre, l'Irak informe l'AIEA que les inspecteurs de
l'agence ne peuvent plus contrler les deux racteurs.
II.2 Se faire combattre Charybde et Sylla : Est moins Ouest gale zro 1587
En 1979, le Shah, qui depuis quelques annes est en semi disgrce sur la scne
internationale, est renvers par la rvolution islamique de Khomeiny. Il stait trs
probablement oppos entrer en guerre contre Bagdad. Layatollah appelle les Irakiens
renverser Saddam Hussein sur les conseils israliens. Son objectif est de promouvoir le
chiisme travers tout le Proche-Orient. LIrak devient le seul obstacle ce projet et cest
pourquoi les pays sunnites vont financer larme irakienne. Bagdad, qui craint la contagion
religieuse et le soutien de Thran aux Kurdes et Chiites dIrak, attaque sous le prtexte de
dsaccord frontalier. Le conflit est une rptition de la Grande Guerre avec ses tranches et
ses gaz asphyxiants. Pour Thran, cest la guerre impose ou la dfense sainte 1588.
Elle met fin lespoir de paix entre les deux pays depuis le pacte de reconnaissance mutuelle
de 1975. Kissinger explique : LIran tait lancrage oriental de notre politique au MoyenOrient. Ses forces armes, quipes par nous, freinaient les ambitions de lIrak en direction du
Golfe Persique. En outre, lIran avait une longue frontire avec lUnion Sovitique. Le rle de
lIran dans la stratgie occidentale tait dopposer une barrire aux dbordements
sovitiques1589. Attali confirme que tout le monde avait intrt la guerre IranIrak : Confrence de presse du prsident New-York aprs son discours, le 28 septembre
1983 :Je serais trs intress de savoir quels sont les fournisseurs darmes lIrak et lIran :
ceux qui fournissent lIrak, ceux qui fournissent lIran et ceux qui fournissent aux deux.
La plupart des contrats franais avec lIrak, sauf un, ont t signs avant 1981 1590. Le
politologue Robert Frye lavoue aussi1591, ainsi que Kissinger qui ajoute notre intrt, cest
1586
CSS. ibid.
Formule de Werner Keller en 1961.
1588
LIran, une puissance dvoile , ibid.
1589
Kissinger, cit par Lorentz, op.cit., p. 388. Jouant sur les pions azris kurdes, arabes et baloutches, Isral
toujours rver de faire de lIrak et de lIran des adversaires dsarms. Le Pakistan et Isral fournissent dj des
armes et des fonds des groupes baloutches et kurdes dans le sud-est et le nord-ouest de lIran. Le Monde
Diplomatique, octobre 2007, Les ultras prparent la guerre contre lIran , Selig HARRISON.
1590
Jacques ATTALI, Verbatim I, p. 509.
1591
LIran, une puissance dvoile , Chane Histoire, Jean-Michel VECCHIET, 2008.
402
1587
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quils continuent se dtruire lun lautre, le plus longtemps possible 1592. Lamiral
amricain Pointdexter affirmait :
Reagan ne souhaite pas une dfaite de lIran, car elle servirait les intrts sovitiques. Mais il ne
souhaite pas non plus une victoire de lIran, par crainte de voir les rgimes des pays du Golfe
gagns par le fondamentalisme musulman. Les USA ont donc engag des actions qui terme vont
renforcer lIrak et affaiblir lIran : soutien des banques amricaines au financement de loloduc
irakien transitant par lArabie Saoudite, incitations commerciales visant dtourner les clients
occidentaux de lachat de ptrole iranien. [] Certaines filires ont t interrompues 1593.
Ce mea culpa est bien sr contest par les experts franais, alors quil ne lest pas dans
les socits plus dmocratiques aux USA et en Isral. Cependant, on ne sait si lchance
exacte de la guerre fut aussi prvue. Le 22 aot 1988, soit quelques jours avant larmistice, un
officier des SR israliens, devant la Commission de dfense des Affaires trangres de la
Knesset, pronostique : Selon nos meilleurs sources, nous estimons et prvoyons que cette
guerre va encore se prolonger encore pendant de longue annes 1595
Isral demande Thran de bombarder les installations stratgiques irakiennes, comme
sorte de doctrine Begin dlgue (ce sera le cas pendant toute la guerre)! Le 30 septembre, ses
Phantom, quips de bombes retardement Mk Snakeye, attaquent. Seul lIran,
lgitimement en guerre avec Bagdad, peut alors pntrer dans son espace arien et attaquer
sans risquer la dsapprobation internationale. Ce nest pour linstant pas le cas dIsral qui
nest pas en guerre officielle contre lIrak mais en tat de conflit larv. Les pilotes du raid sont
pour la plupart israliens ou occidentaux ! La rvolution Islamique est ici au service du petit
Satan. Mais les bombes tombent ct et ne retarde le programme que de quelques mois.
Bani Sadr, le prsident iranien, dissimule son accointances avec Isral, et dclare le 9 octobre
1980, que ce raid ciblait en fait des installations militaires conventionnelles et que la mprise
1592
403
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404
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racteur de constitue plus un danger 1602. Prs tempre alors les inquitudes de
Begin : Daprs les sondages, notre ami Mitterrand sera le prochain prsident de la
Rpublique. Mitterrand est trs ferme sur son attitude. Il ma promis quil ne permettra jamais
que lIrak se dote de larme nuclaire avec le soutien de la technologie franaise 1603. Mais
une fois lu, avec lappui, de la plupart de la communaut juive franaise, Mitterrand,
conscient des intrts franais, et adepte de la duplicit, oublie sa promesse et sapprte
mme livrer, en sus, 18 kilos duranium enrichi1604.
Le raid est encore report en raison des lections lgislatives israliennes et franaises
afin de disperser la responsabilit politique. Durant ce sursis, quelques rares cadres
occidentaux travaillant en Irak sont prvenus de lattaque. Ils devront vacuer les lieux sous
nimporte quel prtexte pendant un court moment. Mais les frappes doivent absolument tre
menes avant deux semaines, avant que les combustibles radioactifs soient livrs, car en cas
dexplosion, ils provoqueraient une pollution consquente. Mais la date pourrait voir t
choisi pour respecter un autre symbole. En effet, 1981 correspond la Birkat Hahama, la
bndiction sur le soleil. Selon la tradition juive, le soleil a t cr le 4me jour, un mercredi,
lquinoxe du mois de Nissan. Or, ce nouveau cycle solaire, qui a lieu tout les 28 ans, est vu
comme la bndiction divine1605. Et qui dit soleil dit nuclaire
Le 7 juin 1981 (veille de la Pentecte juive), Begin prvient : Isral bloquera toute
tentative de ladversaire qui viserait acqurir des armes nuclaires . Les pilotes sont briefs
par Eytan : Si vous tes faits prisonniers, dites tout ce que vous savez. Vous croyez en savoir
beaucoup mais vous ne savez rien 1606. A 16h40, 8 F-16 (escorts par 6 F-15) dcollent de la
base dEtzion1607, (qui figure dailleurs sur la liste des infrastructures de la dissuasion
isralienne), cornaqu par le colonel Aviem Sela (le conseiller de Jonathan Pollard!), sous
le commandement au sol du colonel Yiffatah Spector. La flottille survole le golfe dAkaba o
Prs Eilat, et le roi Hussein Akaba, sont en train de se dlasser1608. Mais en pilote
confirm, Hussein reconnat la nationalit des avions. Il prvient aussitt les chefs dtat
arabes de la rgion, et en particulier Saddam Hussein. Le rais, proccup par le front iranien,
ne prte gure attention ou ne veut pas croire une attaque aussi ose. A 800 km, observant le
silence radio, les avions larguent leurs rservoirs vides dans des zones dsertiques pour ne pas
dclencher dalertes. Les F-15 se dirigent ensuite sur les bases ariennes de Habbaniyah, Al
1602
Shimon PERES, Un chemin vers la paix, Time ditions, 2007, 215 pages, p. 81.
Freddy EYTAN, Ibid.
1604
CSS, Israeli intelligence and Osirak , 2003, pp. 19-21. Des composants continuent par ailleurs de provenir
du Brsil et la commission era sait quune quipe dirige par Jar Jar compte doter les avions achets la France
darmes nuclaires.
1605
Israelvalley, 8 avril 2009.
1606
Jeune Afrique, du 3 au 9 juin 2007, Isral bombarde Osirak , p. 38.
1607
Rgion devant tre cde plus tard lgypte ce qui tait pratique en cas de reprsailles ou denqutes
cette base permettait aussi de contourner les radars jordaniens, saoudiens et irakiens et de rduire le trajet.
405
1603
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Mossana et Al Rashid pour empcher les pilotes irakiens dintercepter les bombardiers. Les
ailes se touchent presque pour viter la dtection. La DCA irakienne, trop bureaucratise,
nintervient pas. A 17h34, les F-16 forment deux groupes dirigs vers Tuwaitha et Tammuz
17. Les autres appareils de la formation du colonel Nahumi larguent leurs bombes. Lorsque la
DCA se dcide ragir, lescadrille dcroche. 14 des 16 charges touchent les cibles. Lattaque
na dur que 80 secondes. La flottille retraverse la Jordanie qui ne ragit pas pour de multiples
raisons1609. Lattaque est un succs complet car aucune perte isralienne nest dplorer. Du
ct irakien, il y a neuf morts. Mme si les techniciens franais taient partis du site juste
avant, lattaque tue le franais Damien Chaussepied.
Barouth Hashem ! crie Begin. Le peuple lui rpond Begin Meleh Isral , cest-dire roi dIsral 1610. Lun des pilotes, Ilan Ramon dclare avoir voulu empcher un
nouveau gnocide en acceptant jusqu mon propre sacrifice . Il est considr aujourdhui
comme un hros national, dautant plus que sa famille tait rescape dAuschwitz1611. Pour la
premire fois dans lhistoire, un tat adopte ostensiblement la doctrine de frappe prventive
contre une cible nuclaire. Le raid nest cependant pas suffisant, et Isral persiste : Le 17 aot
1989, le complexe dAl Qaqaa est dynamit par les SR amricains, britanniques et israliens.
Lusine fabriquait du carburant solide pour missiles. Le 22 mars 1990, le Mossad assassine
lingnieur Grard Bull Bruxelles, un scientifique mercenaire au service de lIrak. Il
projetait de construire un canon gant pouvant tirer des obus NBC vers Isral. Plus tard, 41
dtonateurs nuclaires amricains achets par Bagdad sont intercepts Heathrow par des
douaniers amricains. Enfin, lOPEP suit les directives occidentales et augmente la production
de baril pour ruiner lIrak car cela abaisse automatiquement les cots. Le Kowet et lArabie
Saoudite refusent de rgler les 35 milliards dachat darmes par lIrak contre lIran comme ils
sy taient engags1612. LIrak accuse alors le Kowet de pomper les nappes souterraines lui
appartenant. Le 18 juillet 1988, Khomeiny accepte le cessez le feu exig par la rsolution 598
du CSNU, formule le 20 juillet 1987. Mais ce nest que le 20 aot 1990 que la paix est
signe, le temps que lOccident planifie la prochaine guerre. En 1988, Ephram Halvy disait
que la premire proccupation du Mossad tait de savoir quel moment un Irak, enfin en
paix, affecterait dsormais plus de finances sa dissuasion1613
1608
Germain CHAMBOST, Missions de guerre, histoires authentiques, Altipresse, 2003, 317 pages, p. 204.
Accords tacites avec ltat hbreu, absence de moyens vritables, peur de dclencher une escalade Deux
de leurs avions sont mme rappels en vol pour viter tout affrontement, les Israliens ayant prvu de mobiliser
des forces pour couvrir leur mission au cas o! Germain CHAMBOST, op.cit. p. 216.
1610
Freddy EYTAN, Les 18 qui ont fait Isral, op.cit., p.86.
1611
Jean-Pierre BENSIMON, Lettre du collectif Paix et la Vrit , n3, 10 fvrier 2004, Marseille. Ilan Ramon
meurt en 2003 dans la crash de la navette Columbia. Il tait le premier isralien envoy dans lespace. Son fils
meurt le 13 septembre 2009 dans un accident de F 16.
1612
Dominique LORENTZ, op.cit., p. 516.
406
1609
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Cest donc plus une critique de la manire que du prsuppos. Un modle de diplomatie.
Le 5 juin, Morland (Mitterrand) demande quon applique la missive Barre du 9 mai 1980 qui
engagerait la France boycotter Isral en cas dattaque de celui-ci de lIrak. Le prsident
refuse finalement dexpdier une lettre incendiaire Begin et maintient son voyage en Isral.
Mitterrand rpond Begin, le 18 juin, par le truchement du Washington Post : Il est
dommage que le premier geste de Begin ait altr notre capital de confiance . Au roi Khaled,
il dit : dans le domaine des exportations de matriel nuclaire une distinction nette entre
usages civils et militaires sera notre rgle daction. [] Les mmes principes de
dissmination doivent sappliquer tous, lIrak, comme Isral. [] Le principe est le
mme pour tous : pas de centrale nuclaire dont les techniques pourraient permettre le passage
du civil au nuclaire 1617. En 1986, Chirac confiera Freddy Eytan : Begin a commis l
une opration terroriste extrmement grave. Selon ma propre conviction, lIrak ne pouvait en
aucun cas fabriquer une bombe atomique. Toutes les garanties taient examines la loupe
avec une grande prudence et avec la volont de ne prendre aucun risque . En octobre, Michel
Jobert, ministre du Commerce Extrieur, se rend Bagdad et assure que la France reconstruira
les racteurs. Le ministre des Affaires trangres, Claude Cheysson maintient que Tammouz
ne pouvait nuire Isral cause du caramel . Le 30 aot, il part Bagdad expliquer
quIsral a engendr une autre injustice, cette fois subie par les Palestiniens qui, leur tour,
1613
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ne sont pas trangers la tragdie libanaise . La France cherche concilier tout le monde. Le
reprsentant de la France lONU, Luc de Nanteuil demande mme son homologue
isralien Yehuda Blum un ddommagement financier pour Bagdad ! Ce dernier lui rpond
Nous ne donnerons pas un sou 1618. Shamir condamne la France davoir compar la
situation (palestinienne) celle de lAfghanistan et davoir assimil la lutte des assassins
palestiniens la rsistance des franais contre loccupation nazie Digression
diplomatique. Begin tempre Je veux bien admettre que les dclarations de Cheysson sont
des erreurs de citation, comme il la dit .
Morland effectue son premier voyage officiel en Arabie Saoudite, autant pour des
raisons conomiques que pour expliquer Ryad complice (et par l ddouaner les saoudiens),
que Paris condamne un raid pas si condamnable. Les protestations de la France, celles
dautres pays et des institutions internationales, dont lAIEA, sont parfaitement hypocrites. En
effet, Saddam Hussein, dune pitre intelligence pour avoir t entran par les occidentaux
dans linvasion de lIran et du Kowet, tait ds cette poque la vache lait des industries
darmements occidentales. Il sagissait de vendre de larmement contre des ptrodollars puis
faire en sorte que ces armements soient vite dtruits dans une guerre, des attentats foments
par les SR occidentaux, ou ici dtruits en dernier recours par des raids ariens. Il semble bien
que Ryad ait t pralablement au courant de la frappe. Mais le roi Khaled joue son rle de
lumire de lIslam : Je me flicite que la France ait vigoureusement condamn lattaque
isralienne sur la France et je suis prt cooprer financirement avec la France pour la
reconstruction du centre irakien dont les objectifs sont exclusivement pacifiques. gypte,
Syrie, Iran et les pays du Golfe ne rprimandent que mollement. En revanche, les autres
puissances nuclaires mergeantes comme lInde, lArgentine et la Libye, qui estiment
quIsral a servi de gantelet loccident, sont critiques. Tawan et lAfrique du Sud, deux
allis dIsral, se joignent aux critiques, afin de masquer leurs partenariats1619.
Washington, qui, sur le moment condamne Isral, se rtracte sur pression des diplomates
israliens, aids de leurs allis du Congrs. Selon Antoine Sfeir1620, Begin contacte
lvangliste Jerry Falwell, afin quil puisse convaincre les Amricains du bien fond de
lopration. Les tats-Unis dcrtent pour la forme, un embargo sur la livraison dautres F-16,
mesure bien vite leve deux mois plus tard. Car William Casey, directeur de la CIA, mandate
le Mossad pour soutenir la Renamo au Mozambique, Solidarnosc en Pologne et lUNITA en
Angola1621. Reagan, le prsident le plus fidle Isral, ne revient pas sur la dcision des deux
1617
408
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Begin, fier de stre oppos aux travaillistes pro-franais et aux socialistes franais, les met
dans lembarras et oublie que la France a aid construire cette dissuasion qui empche lIrak
de riposter. Il ajoute ensuite, devant un autre auditoire :
Le seul moyen de se faire respecter en ce bas monde, cest la force ! Durant la dernire Guerre
Mondiale, un tiers du peuple juif a t massacr comme du btail ; aujourdhui, Isral a le pouvoir
dempcher de telles actions : Nous frapperons nouveau et sans merci, si lIrak ou un autre pays
arabe osaient, malgr tout, construire une centrale nuclaire des fins militaires. Si le racteur
1622
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nuclaire navait pas t dtruit, un autre holocauste aurait eu lieu dans lHistoire du peuple juif. Il
ny aura plus jamais dholocauste1628.
Tel-Aviv explique avec audace que cette frappe avait une mesure humanitaire : il fallait
frapper avant que le racteur ne soit oprationnel, pour viter que Bagdad soit affect par les
radiations ! Mais personne videmment ny croit. Le 26 mars 1985, apprenant que lIrak na
pas renonc au nuclaire, Ariel Sharon brandit la radio dautres frappes:
Depuis longtemps, je vois le danger dune coopration entre lIrak, la Jordanie et l'gypte. Je me
rappelle que lIrak est le plus extrmiste des tats hostiles Isral pour avoir particip toutes les
guerres contre Isral. []. Nous sommes en train de nous prparer attaquer le racteur atomique
que lIrak construira. [] Nous nous rappelons que lIrak acquiert cette technologie de lEst et de
lOuest 1629.
En 1990, le chef d'tat-major, le gnral Ehud Barak, ne dit pas autre chose. Il estime que
l'intention fondamentale de pays tels que l'Algrie, l'Iran, la Libye et le Pakistan, qui
cherchent dvelopper leurs capacits nuclaires est trs proccupante, mme si ces pays
devront encore attendre plusieurs annes avant d'aboutir... Il n'en reste pas moins ncessaire
de contrecarrer ces efforts, comme nous l'avons fait dans le cas de l'Irak 1630.
1628
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1634
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1640
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tout ce qui tait en mon pouvoir pour maintenir les sanctions et contraindre Bagdad faire
toute la lumire sur ses programmes darmement 1646. Des opposants irakiens sont galement
forms aux USA, comme le groupe scorpions, afin de perptrs des sabotages et fomenter des
rvoltes1647.
Le blocus conomique et les frappes ariennes britanniques et amricaines achvent de
ruiner lIrak de 1991 2003. Le blocus sera responsable de centaines de milliers de morts par
effets directs et indirects et devait, selon les directives officielles, empcher lIrak de se
redresser. Pour Madeleine Albright (Marie Jana Korbelova), Secrtaire d'tat et ancienne
ambassadrice aux Nations Unies de 1993 1997, il nest pas question de nier leffet
humanitaire nfaste du blocus : Le 12 mai 1996, la reporter Leslie Stahl de lmission 60
minutes sur CBS linterroge: Nous avons entendu quun demi-million denfants sont morts
[ cause des sanctions prcise Albright entre crochets !]. Cest--dire plus denfants quil nen
est mort Hiroshima. Et je me demande si le prix payer est justifi . Albright rpond: I
think this is a very hard choice, but we think the price is worth it1648. Stahl va donner cette
simple phrase un impact considrable qui suffira nuire mdiatiquement aux efforts mens
contre Bagdad. En 1993, Bush chappe un attentat au Kowet. Larme amricaine
bombarde nouveau lIrak. En 1994 et 1998, des frappes amricano-britanniques plus
massives qu laccoutume dtruisent les rares reconstructions stratgiques irakiennes.
Le 8 juillet 1996, Richard Perle, rencontre Washington Netannyahou pour discuter dj
d'une nouvelle stratgie. Il est question de neutraliser le Liban, l'Irak, la Syrie et l'Iran afin de
stabiliser le Moyen-Orient au bnfice d'Isral et des USA. Cette stratgie est explique dans
un article du Think-tank Institute for Advanced Strategic Political Studies auquel participe
Perle. En fvrier 1998, le US House of Representatives task force, en partie sur les bases de
rapports israliens, pense que les capacits irakiennes ont t dlocalises au Soudan, en
Libye, en Afrique du Sud (change de scientifiques) et en Algrie ! Mais Clinton refuse de
nouvelles frappes sur la base de telles inepties. La CIA se rend compte que les renseignements
fournit par le Mossad sont exagrs. Un agent parle de renseignements de pitres qualits
et de rumeurs plutt que dinformations viables1649. Lambassadeur Edward L Peck,
ancien chef de mission en Irak et ancien Dput Directeur du Cabinet Task Force on
Terrorism sous Reagan accuse laction de lAIPAC :
Lobbies, citoyens et intrts communs sont des lments essentiels au processus dmocratique.
Quand ces intrts sont clairement dun autre pays, spcialement sils sont envahissants, coteux,
dun impact ngatif sur les lobbies amricains, comme lAIPAC et ses conspirateurs, ce nest pas
seulement indsirable, cest aussi dangereux. Riche, puissant, presque clandestin, avec la capacit
1646
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prouve dune puissante influence sur les mdias comme au Congrs et la Maison Blanche,
lAIPAC est omniprsent 1650.
Greg Thielmann du Dpartement d'tat ajoute au NYT: Les liens avec Al-Qada ainsi que les
armes nuclaires taient les deux seuls sujets pouvant transformer l'Irak en menace imminente
pour la scurit des tats-Unis. Et l'administration dformait normment les renseignements
sur ces deux sujets 1651.
Iyad Allaoui, un autre opposant irakien, baasiste et espion de la CIA, souhaite dclencher
une guerre civile au sein mme du parti pour vincer Saddam Hussein1652. On trouve aussi des
agents des intrts chiites (Alliance Irakienne Unie), de Peshmergas kurdes (Union
patriotique du Kurdistan), du Conseil Suprme pour la rvolution islamique en Irak (CSRII)
et du parti Dawa1653. Press par Isral et les lobbies militaro-industriels amricains, la CIA,
dans une lettre au Snat, consent accuser lIrak de dtourner des aspects du programme
ptrole contre nourriture et mdicaments (rsolution 986 de 1995), pour concevoir des
ADM. Mais en 1997, mme le Kowet (aprs le Bahren), pourtant victime de lIrak, refuse de
soutenir de nouvelles interventions, au motif que Bagdad navait pratiquement plus les
moyens de menacer quiconque1654. Albright explique mots couverts: les intentions des
contestataires taient louables. [] LUnscom et lAIEA ne se trouvant plus en Irak, nous
avons chang de politique, passant de lendiguement au moyen dinspections ce que nous
appelions lendiguement renforc 1655. La secrtaire dEtat nen mne toutefois pas large face
aux Rpublicains extrmistes quelle dit soutenus par des extrmistes israliens ? Tous
laccusent dempcher plus dinspections approfondies en Irak que lONU1656 !
En 1998, excd par les multiples inspections et les bombardements, Saddam Hussein
renvoie les reprsentants de lAIEA. Le Premier ministre Tarek Aziz crit lONU que les
accointances de lUNSCOM avec les intrts israliens, amricains et britanniques sont
1650
Institute for Research Middle Eastern Policy, http://www.irmep.org/. Le site regorge de documents
dclassifis sur limpact des lobbies pro-israliens aux USA.
1651
CBS, 4 fvrier 2004, The Man Who Knew
1652
Noam CHOMSKY et Gilbert ACHCAR, La poudrire , op.cit., p.134.
1653
La doctrine du noyautage dun pays par des opposants est explique en 1976 par Kissinger: Les oprations
secrtes ne doivent pas tre confondues avec le travail de missionnaires . Noam CHOMSKY et Gilbert ACHCAR,
op.cit., p.179.
1654
Madeleine ALBRIGHT, op.cit., p.344.
1655
Madeleine ALBRIGHT, op.cit., p.348.
1656
Madeleine ALBRIGHT, op.cit., p.350.
414
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1657
1658
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par la rsolution 687 et seul un tir atteint 182 km et encore vide. LAIEA estime alors que
lIrak a abandonn tout programme1659.
La rsolution 687 de lOnu indique que le programme irakien a repris et quil faut agir.
Mais lONU ne donne pas son accord pour une opration militaire. Les USA passent outre le
veto de la France, de la Russie et de la Chine. M. Albright explique les vraies raisons du front
du refus : LIrak devait de largent la Russie et la France, et ces deux pays voulaient tre
rembourses 1660. Une vaste coalition de plus de 52 pays (davantage quen 1991 !), dont des
pays de la Nouvelle Europe face la Vieille Europe (France/ Belgique, Allemagne),
envahit un Irak quasi dsarm, dont ce qui reste de puissance militaire sert maintenir la
dictature. Rappelons que la grande majorit de tous les Europens taient opposs la guerre.
Voici ce que Hans Blix dira le 9 avril 2003 lAFP: La guerre tait planifie longtemps
lavance, la question des ADM tant secondaire. Cest pour cela que lattitude que les EtatsUnis maintenaient lgard des inspecteurs nous laisse parfois dubitatifs. La question des
ADM a t relgue la 4me place par les tats-Unis et la Grande-Bretagne dans lordre des
causes qui ont motiv la guerre. Jaimerais vraiment savoir sils les trouveront. Le cas des
contrats sur un achat prsum par lIrak duranium enrichi au Niger avait t un montage
grossier [...]. Cest pour cela que nous avons toujours t trs prudents. Actuellement, le
renversement du rgime dictatorial de Saddam Hussein est le principal objectif. Je crois que
les Amricains ont commenc la guerre en croyant quil y avait des ADM en Irak, mais je
pense quils y croient moins maintenant .
LOSP (Office of Special Plan), unit de renseignement amricaine prive, coordonne des
oprations, sur la base de renseignements tronqus, fournis entre autre par le Mossad, le
Defense Policy Board, la NESA et lINC. LIraq Operation Group, le dpartement de la CIA,
prvoit entre temps des actions pour discrditer Hussein, comme le tournage dune vido
truque prouvant lhomosexualit du rais, un reportage lui aussi truqu montrant un sosie du
Rais proclamant son abandon du pouvoir au profit de son fils Ouda. Mais James Pavitt, le
directeur des oprations, abandonne ces plans1661. Juste avant les frappes amricaines, lunit
spciale de Tsahal, la Yehidat Shaldag, pntre en territoire irakien pour dtecter les derniers
Scud restants1662, prouvant encore une fois lintrt des faucons israliens dans cette guerre.
La Vieille Europe conteste lappel des 60 (2002, Institute for American Values).
Nanmoins, une fois la guerre dclare, ces pays ont autoris le survol de leurs territoires et
1659
JCSS, Volume 6, n1, mai 2003, The Nuclear Dimension of Axis of Evil: Different Strategies for Different
Threats, Ram EREZ.
1660
Madeleine ALBRIGHT, op.cit., p.340.
1661
Le Figaro, 27 mai 2010, Les ides saugrenues de la CIA pour renverser Saddam. La mme ide fut
voque contre Ben Laden et dautres opposants.
1662
Eric DENECE, op.cit., p. 214.
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fournit des renseignements1663, loin de limage fallacieuse dune faisant la nique aux
Amricains. Le Guardian prcise : (L'OSP) a aussi forg des liens troits avec un SR
parallle au sein du dpartement d'Ariel Sharon en Isral, spcialement pour contourner le
Mossad, et fournir l'administration Bush des rapports plus alarmistes sur l'Irak que le
Mossad tait dispos autoriser1664. De surcrot, lOSP a sciemment cherch discrditer les
analyses de la CIA. Un ancien officier de la CIA, Larry Johnson, rajoute que l'OSP est:
dangereux pour la scurit des tats-Unis, et une menace pour la paix mondiale. [L'OSP] a
menti et manipul les services de renseignements pour mettre en place son objectif de renverser
Saddam. C'est un groupe d'idologues avec des notions du vrai et du faux prdtermines. Ils
retiennent les informations quand cela colle avec leur objectif et ils ignorent les donnes
contraires. Ils devraient tre limins1665.
Enfin, en fvrier 2007, l'inspecteur gnral du Pentagone conclu que lOSP 1666 A
dvelopp, produit et ensuite dissmin des renseignements alternatifs propos des relations
entretenues entre l'Irak et Al-Qada, qui inclut des conclusions en contradiction avec le
consensus exprim par la communaut du renseignement, et par nombre d'hommes politiques
reconnus . Ce tabou est formul ainsi par P.Langloit : Aux dclarations tonitruantes
dAhmadinejad, succdent les communiqus de presse et autres rapports fournis par des
institutions proches dIsral. Le journaliste S.Hersh a ainsi rpercut au moins 5 reprises des
informations alarmantes qui ce sont toutes rvles fausses 1667. Isral a incontestablement
profit de la guerre en fournissant aux armes amricaines quantit de matriel, dont des
systmes antimissiles pour vhicules, des quipements high-tech et des drones1668. Tout cela,
Batistella1669, considr en France comme le grand politiste franais de son poque, nen fait
aucunement mention, dans un ouvrage qui a la prtention dexpliquer les dessous de la guerre
dIrak. Louvrage est lexemple type de lanalyse universitaire au ras de la thorie, mais trs
loin des ralits factuelles. Autrement dit, ce travail, pertinent dans lamoncellement de
doctrines et de concepts, na aucune valeur et napporte rien au sujet, critiques qui
diffrentient souvent le politiste de lhistorien.
La doctrine Begin a-t-elle t applique ici pour rien ? Le 2 octobre, dans la dclaration
qu'il effectue devant le Congrs des Etats-Unis, David Kay, le responsable de l'IGS (Iraq
Group Survey), dclare : Nous n'avons pas encore trouv de stocks d'armes, mais nous n'en
sommes pas encore pouvoir dire avec certitude qu'il n'en existe pas ou qu'il en existait avant
la guerre. Le 23 janvier 2004, il dmissionne en affirmant que tout tait faux. Le rapport
Duelfer conclue finalement que le programme nuclaire baasiste fut abandonn en 1991. Le
1663
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
1669
Dario BATISTELLA, Retour de lEtat de guerre, Armand Colin, 2006, 293 pages.
CSS, janvier 2004, New documents at the CSS information center: Saddam Encouraged Palestinian Terror
in the Hope it Would put off the american attaque , pp.28-29. LIrak en son temps soutenait aussi le terrorisme.
Le rais donnait 10000 dollars par mille martyrs et 25000 dollars pour ceux qui avaient russis un attentat suicide.
1671
CBWCB, juin 2004, p. 40.
1672
Michel BAR ZOHAR, Shimon Prs et l'Histoire secrte d'Isral, Odile Jacob, 2008, chapitre 16.
1673
Jeune Afrique, du 12 au 18 avril 2010, Ils ont dit .
418
1670
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lancer une attaque depuis lIrak. Cest un refus. Isral fait alors part de son projet de raid la
Maison Blanche, en prsentant des images satellites du site nuclaire de Dayr az-Zwar, en
insistant sur son origine nord-corenne. Mais pour des raisons alors inconnues, Condoleezza
Rice obtient que lopration soit repousse. La CIA se sentait apparemment humili davoir
t doubl par le Mossad. Les Amricains demandent de vrifier les informations 1674. Isral
accepte, mais dcide ensuite dagir1675.
Tout commence au printemps 2004 lorsque la NSA dtecte un nombre anormalement
leve dappels tlphoniques entre Pyongyang et la localit syrienne dAl Kibar. La NSA
envoie ses rapports lunit 8200 du Mossad, charge de lespionnage radio. Al Kibar est
alors marqu en vue dune action future. Fin 2006, le Mossad sait quun haut responsable
syrien est en dlgation Londres et loge dans un Htel de Kensington, qui comme beaucoup
de ces lieux, est truff despions, dont des Israliens. Ces derniers sintroduisent dans sa
chambre et installent logiciel espion dans son ordinateur portable. En fvrier 2007, la CIA
accueille Istanbul un transfuge iranien, Ali-Reza Asgari, chef de la Garde Rvolutionnaire
iranienne au Liban dans les annes 1980 et ministre adjoint la dfense de au milieu des
annes 1990. cart du pouvoir par Mahmoud Ahmadinejad, il rvle lexistence du site de
Natanz, et dun financement iranien du programme parallle syrien que le pays mnerait avec
la Core du Nord. Le gnral est transport Frankfort, au Texas et Washington pour
dautres entretiens. En mars 2007, Olmert sentretient avec trois experts, rue de Gaza
Jrusalem. Il veut collecter assez de renseignements pour convaincre les Amricains de la
possibilit dun raid qui aurait lieu partir de leurs bases en Turquie. En aot, deux des
experts, Aharon Zeevi-Farkash, ancien directeur du renseignement militaire isralien et le
gnral Yaacov Amidror, porte-parole du trio, convainquent de la dangerosit de laxe Iran/
Syrie/Core du Nord. Lexpert Mohsen Fakhrizadeh-Mahabadi, rvle quun programme
baptis Projet 111, est destin quiper des missiles iraniens avec des ogives nuclaires
miniaturises, daprs un accord syro-iranien en 2005. Le deal se composerait ainsi. LIran
paye la Core du Nord 1 milliard de dollars pour quil installe de la technologie nuclaire en
Syrie (moins cibl que lIran par lOccident). Le racteur devait tre une sorte de copie de
sauvegarde dArak dans le cas ou le racteur eau lourde serait dfaillant ou bombard .
Amidror dont le caractre est fortement influenc par les traditionalistes religieux amricains,
apprend Olmert quun cargo, le Gregorio, venant de Core du Nord, a t saisie Chypre en
septembre 2006, avec une cargaison double usage. Un an plus tard, un autre cargo, lAl-
1674
Israelvalley, 7 octobre 2007, Pendant longtemps les USA et Isral n'taient pas d'accord sur l'attaque
arienne en Syrie .
1675
Der Spiegel, 11 fvrier 2009, The Story of 'Operation Orchard: How Israel Destroyed Syria's Al Kibar
Nuclear Reactor.
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sarcophage de camouflage) pour y fabriquer des armes. Selon Franois Soudan1679, les Nordcorens y auraient dissimul du matriel stratgique afin quchapper aux inspections, suite
la dcision de Pyongyang de ngocier sur labandon de son programme. Le site ne serait en
fait quun entrept de matire fissile. Aussi, les USA avaient brouill llectronique de
contrle syrien juste avant la frappe. Un responsable amricain anonyme, explique que
Washington avait demand Isral de fournir des preuves d'activits nuclaires, avant
d'autoriser effectivement l'attaque1680.
Le 15 septembre, un expert du Washington Post avoue que le site tait une installation
de recherche agronomique que les Syriens auraient utilise pour extraire de l'uranium partir
de phosphates. Trois jours avant le raid, un bateau tait arriv au port de Tartous, porteur de
matriel nord-coren1681. Le responsable adjoint du service de lutte contre la prolifration du
Dpartement dtat, Andrew Semmel, explique enfin la place de Tel-Aviv: Nous savons
qu'il y a eu un certain nombre de techniciens trangers en Syrie. Nous savons qu'il y a pu
avoir des contacts entre la Syrie et des fournisseurs secrets d'quipements nuclaires. Il y a
des Nord-corens l-bas. Le 23 septembre, Kim Yong-Nam, chef du prsidium de
lassemble populaire suprme, reoit le syrien Sad Elyia, prsident de la commission
damiti nord-corenne, mais sans que lon sache si les discussions concernent le nuclaire.
Le pays est lun des premiers condamner un raid qui a tu ou bless quelques cooprants. Le
25 octobre, le Washington Post diffuse des photos satellites, prisent en aot et en octobre
2007, o l'on voit le terrain totalement dgag. Les Syriens auraient htivement dmont ce
qui restait du complexe pour viter des enqutes. Les experts amricains du lInstitute for
Science and International Security, confirme que le complexe avait une structure similaire
celle des centrales nuclaires nord-corennes, dune puissance de 20 25 mgw. Selon les SR
amricains, Hier les btiments taient l, aujourdhui ils ne le sont plus. Ceci est inquitant
et confirme nos soupons. Le fait que les Syriens aient si rapidement et totalement gomm ces
installations montre quel point ils avaient intrt en effacer toute trace1682.
Jeune Afrique, du 30 septembre au 6 octobre 2007, Un raid off the record . Franois, SOUDAN.
ST, 23 septembre 2007, Israelis seized nuclear material in Syrian raid .
1681
LOrient, 24 septembre 2007.
1682
Israelinfos.com. 25 octobre 2007, Plus de nuclaire syrien?
1680
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Pour dautres, il sagit au contraire de faire comprendre la Syrie quen cas dattaque sur
lIran, Tsahal neutraliserait toute tentative doffensives de revers de la Syrie 1686. Pour
lhistorien Martin Van Creveld, il sagissait plutt de savoir si les dernires armes
antiariennes livres la Syrie taient performantes, puisque lIran possde les mmes
protgeant ses sites stratgiques1687. Autrement dit, lopration aurait t comme une
rptition dun raid contre lIran, selon John Bolton, ancien ambassadeur amricain lONU.
Le prsident de la Commission parlementaire des Affaires trangres et de la Dfense, Tzahi
Hanegbi, prvient que Tsahal tait prt ragir en cas de reprsailles syriennes. Hersh
explique finalement que le complexe fabriquait des missiles sol air et que la frappe tait juste
destine dmontrer quaprs la guerre du Liban, Isral gardait encore linitiative. Ce ntait
donc pas un site nuclaire. Contrairement Osirak, le raid nest pas condamn par lONU.
Robert Gates, le 16 septembre, va lencontre du rchauffement entre Washington et
Pyongyang : Nous surveillons troitement la Syrie. Nous surveillons troitement la Core
du Nord, alors que le gnral amricain David Petraeus, dans le mme temps, flicite Damas
de sa bonne coopration contre le terrorisme! Albright, de lIndependent Institute for Science
and International Security (ISIS) de Washington DC reoit une invitation de Michael Hayden,
patron de la CIA, pour lui montrer les documents collect sur lordinateur syrien de Londres,
fournit par Isral. Albright confirme la nature nuclaire du site qui aurait permis la
construction de deux bombes par an. Cela permet en avril 2008, la Maison Blanche de
prsenter au Congrs les preuves qui accablent la Syrie1688. Nanmoins, la CIA se voit refuser
par Olmert les photos du site, antrieures lattaque, pour justifier la frappe. Ce dernier
fournit ce prtexte : les preuves ont t acquises par un espion officiant lintrieur du site et
1683
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AIEA, Safeguards and Verification, Safeguards Statement for 2008 and Background to the Safeguards
Statement, paragraphe 36 41.
1695
Eric DENECE, ibid.
1696
Politique trangre, Isral, la sharonoslagie et le dsarroi , janvier 2007, Sylvain CYPEL, pp. 54-66.
1697
Gordon THOMAS, Les armes secrtes , op.cit., p. 22.
1698
CBWCB, n72 + 73, septembre 2006.
424
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425
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NYT, 15 octobre 1997, Diplomatic Struggle Follows Bungled Assassination Attempt in Jordan.
The Link Published by Americans for Middle East Understanding, Volume 34, janvier-mars, 2001, Israels
Anti-Civilian Weapons, John MAHONEY.
1705
Gordon THOMAS, Histoire secrte du Mossad de 1951 nos jours, op.cit., p. 149.
1706
Freddy EYTAN, La France, Isral et les Arabes, le double jeu, op.cit., pp 261-264.
1707
Le Figaro, 18 fvrier 1999, Enqute sur le crash d'Amsterdam, Ness-Ziona, le secret le mieux gard
d'Isral , GELIE Philippe.
1708
CBWCB, n 38, dcembre 1997, Yediot Aharonot, 7 octobre 1997.
1709
Madeleine ALBRIGHT, op.cit., p. 379.
1710
Jacques BAUD, Encyclopdie du renseignement et des services secrets, Lavauzelle, 1998, 588 pages, p. 361.
Yassin sera finalement tu en 2003 par une roquette dun F-16 alors que ce dernier, paraplgique sur sa chaise
426
1704
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lutilisation de ce poison. Ils rpondent que ces mthodes choisies sont infaillibles jusqu
prsent [] et ne laissent pas dempreintes. Sils (les gens du Mossad) lon fait dans les
rgles, personne ne doit le remarquer . Ils affirment galement que ce cas cest dj produit
avant . La presse est musele mais finit par rvler linformation quelques semaines plus
tard, dans lindiffrence gnrale1711. Le fait quIsral nai pas dmenti tre lorigine de cette
action, est inhabituelle. tait-ce une volont ostensible de faire un exemple afin de dissuader
des actions terroristes?
Madeleine Albright donne sa version de laffaire : Meshal a t agress par deux
hommes au moment o il descendait de sa voiture. Un de ses agresseurs lui a appliqu un
instrument mtallique derrire loreille et lui a inject un poison qui a paralys sa colonne
vertbrale. A la suite dune violente empoignade, le garde du corps de Meshal a finalement
russi matriser les deux agresseurs et les livrer la police jordanienne qui a dcouvert
rapidement que les deux hommes taient des officiers de renseignement israliens. [] Les
deux officiers seraient jugs publiquement et pendus. [] Netanyahou a accept de librer 70
terroristes. [] Les Israliens et moi ne cessions de harceler Arafat pour quil arrte des
terroristes, et voil que Netanyahou se trouvait contraint de relcher lun des plus redoutables,
une contradiction quArafat nallait pas manquer de rappeler par la suite la moindre
occasion 1712.
IV.3 Lassassinat international de Mahmoud Abou Al-Mabhouh : un Dubagate
Dcidemment, Netanyahou cumule les dboires en la matire. Le 20 janvier 2010,
Duba, entre 20h24 et 20h46, onze agents israliens parviennent assassiner Ahmoud Abou
Al-Mabhouh, alias Abu al-Abd, responsable de lapprovisionnement en armes du Hamas,
fondateur des Brigades Ezzedine Al Qassam, et assassin de deux policiers israliens. On ne
parvient pas savoir sil a t empoisonn larme chimique, victime dun arrt cardiaque
laide dune arme lectrique, ou simplement touffe sous un oreiller. Il sapprtait rejoindre
en Iran, depuis sa rsidence de Damas lorsquIsral envoie un commando dont le responsable
est un franais (nom de code Elvinger). Un premier groupe de sept hommes entame la filature
pendant quun second est charg de son limination. Laffaire se complique. On accuse Duba
de duplicit. On cite aussi limplication de membres du Hamas, danciennes taupes du
Mossad infiltrs dans le mouvement, et qui sont arrts en Jordanie au mme moment avant
en ces lieux. Duba, alli dIsral, ressent exactement la mme humiliation que la Jordanie en
1997. Isral t-il pu se permettre dassassiner sans prvenir les autorits ?
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La police de Duba, sous lgide du gnral Dahi Khalfan Tamim, les identifie grce des
camras de surveillance et leurs passeports de lHtel Al-Bustan Rotana. La police constate
que les Israliens ont employ des passeports britanniques, australiens, irlandais, allemands et
franais, ce qui met dans lembarras les pays europens. Ces gouvernements ont-ils complices
ou victimes ? Certains israliens avaient une double nationalit. On ne sait si tous les
passeports, ainsi que les cartes bancaires, ont t vols ou falsifis. Les espions taient
respectivement partis de Paris, Frankfort, Rome et Zurich. Trop sr de son efficacit, le
Mossad aurait pch par excs de confiance. Lorsque les espions senvolent ensuite pour
Paris, Hong-Kong et lAfrique du Sud, on accuse ces derniers pays de participation. Londres
et Dublin, convoque les ambassadeurs israliens pour demander des explications sur les faux
passeports. 26 suspects sont pourchasss. Lopration aurait bnfici du concours du francotunisien et un ancien responsable scuritaire de la Tunisie, Ahmad Bannour. Bannour
vivrait actuellement en exil en France et aurait constitu une cellule commune de
renseignement pour les services israliens et franais1713. Il fut dj impliqu dans le
bombardement du sige du Fatah Tunis et dun meurtre dun autre leader palestinien, Khalil
Al-Wazir, le 16 avril 1988, pour le compte du Mossad. Sa socit internationale lui aurait
permis dinstaller un ascenseur dans lhtel de Duba. Cette entreprise aurait galement t la
couverture dun rseau despionnage au Liban. En Isral, on se rend compte que les identits
de simples citoyens (Michael Barney, James Clarke, Jonathan Graham, Stephen Hodes, Paul
Keeley Melvyn Mildine) ont t usurpes par les kidonim pour agir. Le Maariv, pourtant peu
procdurier lorigine, lasse des comportements du renseignement isralien, se lche: Si
cela avait concern la Grande-Bretagne ou les tats-Unis, quelqu'un aurait rclam des
comptes devant les parlements de ces deux pays moquant encore lunisson lamateurisme
de ladministration Netanyahou1714.
Erreur, les sanctions tombent. Londres et Canberra expulsent des diplomates israliens en
lien avec le Mossad. Le 24 mai, en reprsailles aux 4 passeports Australiens vivant en Isral
falsifis, le ministre des Affaires trangres, Stephen Smith, explique : Le gouvernement ne
doute pas qu'Isral est responsable de l'abus et de la contrefaon de ces passeports. L'Australie
et Isral sont des nations amies et le restent, mais ce n'est pas le geste d'un ami . Son
homologue isralien condamne : le dsaccord avec l'importance et la qualit de la relation
entre nos pays , surtout que lAustralie presse Isral dadhrer la MENFZ. Colin
Rubenstein, prsident du conseil des affaires juives Australie-Isral, analyse : Il est normal
que l'Australie veille ce que son systme de passeport soit respect. Mais une condamnation
suffisait. [] Nanmoins, sur le court terme les relations seront rtablies. Nous avons des
1713
Lors de laffaire Nucci et du Carrfour du dveloppement, la DST avait dj fournit de faux passeports
lintermdiaire Michel Aurillac.
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menaces communes, comme l'arme nuclaire en Iran 1715, ose t-il, alors quau dbut, Isral a
ni tre lorigine de laffaire. Une affaire qui en dvoile une autre. Lopposition australienne
indique que l' emprunt de passeport tait chose commune, mais quen 2004, un diplomate
isralien avait dj t expuls ! Finalement, les ministres des affaires trangres de l'Union
europenne condamne lassassinat, sans toutefois accuser Isral. En forme daveu toutefois, la
haute reprsentante de l'UE pour les Affaires trangres Catherine Ashton se rend en Isral le
17 mars, notamment sur cette affaire. Un modle dhypocrisie. A titre personnelle,
l'Allemagne, la Grande-Bretagne et l'Irlande dnoncent tandis que la France condamne
toutes les excutions, ce ne sont pas des mthodes et rien ne peut (les) justifier . Mais Berlin,
le 12 juin, demande la Pologne lextradition de Uri Brodsk, lun des suspects, arrt en
Pologne quelques jours avant. Le 15 juin, lIrlande, sans incriminer Tel-Aviv, expulse son
tour un diplomate aprs une enqute qui , selon le ministre irlandais des affaires trangres,
Michael Martin pointe clairement vers l'implication d'une agence de renseignement
trangre. [] Il y a des raisons convaincantes de croire qu'Isral tait responsable . Le
porte-parole du ministre des Affaires trangres Yigal Palmor ne nie aucunement la
responsabilit dIsral mais se contente de qualifier de regrettable et d'inadquate avec
l'importance des relations entre nos deux nations .
Considr tort comme lun des meilleurs services au monde, le Mossad cumule les
erreurs. En 2004, deux agents tentant de falsifier des passeports sont emprisonns pendant six
mois en Nouvelle-Zlande. Meir Dagan, devais encore grer les suites des affaires Pollard,
Klingberg et Vanunu.
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et de la souris comme lavait fait Saddam Hussein1718. La doctrine Begin contre lIran a dj
t effective avec les embargos, les coups dtat et les pressions diplomatiques sur les
fournisseurs russes, chinois, nord-corens et pakistanais entre autre. LIrak bombarde mme le
site de Busher en reprsailles aux raids iraniens sur Osirak.
LIran est une dictature qui ne fait pas mystre de ses intentions par ses dclarations
intempestives. Aussi, lintervention isralienne, programm depuis 2003 au moins, ne
manquera pas de lgitimit. Surtout que le pays dit ne pas craindre de riposte nuclaire
isralienne: Nous sommes prts sacrifier un million de morts pour la destruction de ltat
sioniste. [] Nous aimons davantage la mort que vous naimez la vie . De plus, les boucliers
antimissiles israliens et amricains ne sont pas encore au point. Le cas dOsirak pourrait-il se
rpter en Iran ? Les tats-Unis sont-ils prts lancer une offensive militaire sur lIran au
prtexte darmes biochimiques avres (mais pas encore de la bombe), aprs le fiasco
irakien ?
Comme pour Osirak, le projet est contest et demeure trs anciens. Ainsi, ds mai 1995,
Shimon Prs explique : Comme vous savez, j'ai t contre l'attaque du racteur irakien. Je
ne pensais pas que c'tait la bonne solution. Il faut d'abord organiser une pression conomique
autour des Iraniens pour changer leur politique. Je ne pense pas qu'il faille commencer par les
actions militaires 1719. Un premier plan d'attaque est prsent ds juin 2002, sans prvoir une
participation trangre. Mais Olmert, en 2006, rplique : LIran nous provoque pour que
nous ripostions, mais nous ne nous laisserons pas entraner dans ce pige 1720. Dbut 2008,
Olmert tranche en estimant qu'un raid serait inutile si le monde affiche un front uni 1721.
Ariel Sharon annonce ainsi la radio de l'arme qu'il veut prendre personnellement la
direction des activits israliennes face l'effort nuclaire iranien 1722. Eliezer Shkedy, chef
des forces ariennes dIsral, cr pour ce faire une force de frappe arienne pour loccasion
et un ministre des affaires stratgiques, confi Avigdor Lieberman pour laborer une force
coercitive polyvalente1723. Mais le 3 juin 2009, ce dernier affirme sans ambigut : Nous
n'avons pas l'intention de bombarder l'Iran. Ce n'est pas un problme pour Isral, c'est un
problme pour le Proche-Orient. Personne ne doit compter sur nous pour rgler ce
problme1724. En mars 2009, voici ce que disait Prs qui formulait ces vux pour la pque
juive : A l occasion du Nouvel An, je me tourne vers le noble peuple Iranien au nom de
lantique peuple Juif, pour lui souhaiter de revenir une juste place parmi les Nations
1718
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claires du monde1725. Il est rejoint par Ehud Barak et Dan Meridor (Mossad), hostile une
opration, face Lieberman et Mosh Yaalon, le ministre aux Affaires stratgiques fervents
partisans de la mthode coercitive1726.
Depuis une dcennie au moins, les think-tank rivalisent de prvisions concernant une
ventuelle attaque afin de se positionner sur le march mdiatique. Les preuves sont aussi
nombreuses que les contre-preuves. Jane's Intelligence prdit qu'Isral lancera presque
certainement une attaque prventive contre l'infrastructure iranienne de recherche et de
dveloppement nuclaire, ajoutant que, pour ce raid, Isral aurait, selon toute probabilit,
l'appui couvert des tats-Unis 1727. Nous tions en 2004... Les experts britanniques du CISD,
dans leur article considering a war with Iran: a discussion paper on WMD in the middle
East de septembre 2007, pensent que la guerre est invitable car elle a pour but un
redcoupage politique de la rgion. Sergue Markov, directeur de lIEP russe, affirme
quIsral devra agir seul, notamment parce quaprs les fiascos irakien et afghan, Washington
ne souhaite pas agir1728. Robert Baer, ancien officier de la CIA, estime en aot 2007 que la
frappe militaire contre lIran aura lieu les six prochains mois1729. On lattend encore.
Beaucoup duniversitaires et journalistes ont crit des livres et anim des confrences sur le
raid imminent, positionn sur les starting-blocks au cas o les mdias les appelleraient pour
des commentaires. Pour linstant, aucun dentre eux na eu raison. Ancien conseiller
amricain la Scurit Nationale de Carter, Zbigniew Brezinski, cautionn par la Commission
des Affaires trangres du Snat, estime que lintervention aurait lieu aprs que la situation en
Irak soit rgle. Or, ce nest pas encore le cas.
LAIEA nest pas certaine de la dangerosit du pays. Mohammed El Baradei prvient:
Le dveloppement des infrastructures ncessaires l'enrichissement de l'uranium est plus
lent que ne le disent les responsables iraniens1730 ou encore Je naurais pas recommand
lusage de la force, mais plutt que soient tirs, par le monde entier, les enseignements de la
guerre en Irak [] cause dune crainte que ce pays dtienne des armes non
conventionnelles, ou encore Je pense qu' de nombreux gards, cette menace a t
amplifie. [] L'ide selon laquelle nous nous rveillerons demain matin, et dcouvrirons que
l'Iran dispose de l'arme atomique n'est appuye par aucune des informations dont nous
disposons actuellement 1731. Aussi, depuis octobre 2007, Tel-Aviv mne une campagne de
diffamation contre lui:
1725
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El Baradei met en danger la paix dans le monde. Son attitude irresponsable qui consiste enfouir
sa tte dans le sable en ce qui concerne le programme nuclaire iranien, doit amener son renvoi.
El Baradei affirme ne pas avoir de preuves concernant le programme nuclaire iranien alors qu'il
dispose sur sa table de renseignements recueillis dans plusieurs pays et qu'il est la tte d'une
1732
organisation charge prcisment d'exploiter ce genre d'informations
.
Et Ephram Asculai, de l'Institut pour les Etudes sur la Scurit Nationale de Tel-Aviv, de
rajouter: El Baradei agit par motivations politiques alors que l'organisme qu'il prside est
cens prsenter des rapports techniques. Comment peut-il, d'un ct, prtendre que l'Iran
pourrait avoir la bombe atomique d'ici trois ans tout en affirmant ne pas disposer de preuves
que ce pays dveloppe un programme nuclaire militaire. Ce dernier rcidive en 2009 :
Ce serait un dsastre total. Si Isral devait entreprendre une attaque arienne contre lIran,
Thran mettrait tous ses efforts dans le dveloppement rapide darmes nuclaires. A supposer que
lIran cherche vraiment dvelopper une arme, je partage lavis de Robert Gates : une opration
isralienne permettrait, au mieux, de retarder lchance. Rien de plus. Les Israliens aiment
rappeler quils ont bombard le site dOsirak. Mais il oublient de prciser que ds lanne suivante,
Saddam Hussein avait envisag un grand programme clandestin. Quant aux sanctions, elles
peuvent faire mal, mais elles ne rsolvent pas le problme. A mon sens, il ny a dautre solution
que le processus diplomatique 1733.
Pourquoi ce programme, qui nest pas encore arrive maturit, fait-il si peur alors que
larsenal pakistanais, bien plus perfectionn, nest pas dnonc ? Brijitt Gabriel, une
journaliste libanaise fondatrice du groupe pro-isralien American Congress of Truth, rpond
falacieusement:
Le messianisme iranien est plus dangereux que le march noir de la Core du Nord qui linverse
ne veut pas employer sa bombe. LIran veut aussi le retour du Mahadi. Isral prpare une frappe
nuclaire laide de bunker buster nuclaire. Le prix du ptrole slevera. LEurope, lInde, la
Chine et la Russie seraient contre Isral, cela serait le chaos dans la rgion, puis dans le monde, si
Isral frappe; une raction en chaine1734.
Or, la Core du Nord a plusieurs fois menac ses voisins. Et lInde et LEurope sont des allis
dIsral. Lanalyse, truffe derreur, est pourtant copier-coller sur de nombreux sites internet
interventionistes. Denis Mickal, agent du Mossad, livre en novembre 2008 son analyse
Il est impressionnant de voir quelle vitesse lIran dveloppe son programme. Nous avons
observ attentivement tous les efforts que le rgime a entrepris pour rassembler du matriel fissile,
construire des centrales et rassembler des experts dans le seul but dobtenir la bombe atomique.
Les Iraniens sont passs matre dans lart de dissimuler leurs activits la communaut
internationale. Depuis des annes maintenant, ils se jouent de lAIEA, de lONU, et des autres
organes de surveillance, tout en acclrant leur entreprise nuclaire. Ils restent donc dtermins
produire une bombe atomique arme quils comptent utiliser comme charge utile de leurs missiles
balistiques Shahab-3. Les estimations diffrent sur lavance de leurs efforts. Les Amricains
pensent avoir le temps, les Israliens voient lurgence et je partage lavis des Israliens : lIran
pourra obtenir une bombe atomique dans les douze dix-huit mois. [] Isral ne peut pas
autoriser un Iran nuclaire, et prendra toutes les mesures ncessaires pour que cela narrive jamais.
[] Tout dpend de limplication amricaine et europenne lEurope tant dans le champ
daction des missiles dun Iran nuclaire. Avec une nouvelle administration en place aux tatsUnis, tous nos prcdents scnarios deviennent caducs. Le message du gouvernement isralien ne
changera pas, quelle que soit la couleur politique qui domine. Pour ma part, je pense que lIran
veut devenir une puissance rgionale tout prix, et ne renoncera pas larme atomique 1735.
Ibid.
LExpress, 12 novembre 2009, El Baradei : La menace du terrorisme nuclaire sest aggrav .
1734
LIran, une puissance dvoile , Chane Histoire, Jean-Michel Vecchiet, 2008.
1735
Israelorg, 24 novembre 2008, Interview d'un ex-agent du Mossad : Michael Ross .
1733
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sret et la lutte contre la prolifration sont ncessaires pour apporter une source dnergie
pour les pays dvelopps et en dveloppement. Ce nest pas le cas de lIran1736.
Selon les analystes de larme, trois facteurs appartenant la doctrine Begin peuvent
encore retarder lchance : lintensification des sanctions conomiques internationales, une
frappe arienne dIsral et des tats-Unis ou de nouvelles difficults techniques dans le
programme. Comme pour lIrak et la Syrie, la stratgie serait la mme et a dj dbut en
partie : le recueil de renseignements en partenariat avec des pays allis (collaboration avec la
Nuclear Emergency Search Team [quipe d'intervention en cas d'urgence nuclaire dirige par
le FBI]) corruption et assassinat de scientifiques; mesures de contre acquisition [frappe,
opration commando, blocus conomique et diplomatique], stay-behind, protection passive, et
programme antimissile.
Le mode daction privilgierait des missiles de croisire d'origine amricaine, modifis
avec des charges nuclaires, embarqus bord de sous-marins, mais aussi des missiles
balistiques sol-sol ou air-sol conventionnels ou non1737. La frappe balistique est aussi a
privilgi. Elle peut tre de deux ordres, soit partir de sous-marins et de navires de combat
(missile de croisire, missile balistique embarqus), soit balistique (Jericho-3). La frappe
maritime partir de lOcan Indien vite le survol de pays tiers, le transport darmes
pouvoir de destruction plus massif, une absence de contre-mesure ou de pertes dappareils en
plus de la discrtion. Les avantages de la frappe balistique sont labsence de contre-mesures
ou de parades, hormis les antimissiles imports de Russie. Les seuls inconvnients sont le
larguage dtages intermdiaires sur des pays tiers, une prcision plus alatoire, une riposte
iranienne de mme nature et les questions dthiques (en cas de frappe non-conventionnelles
israliennes). Il faudrait mobiliser 34 missiles pour dtruire le site de Natanz, 5 pour Esfahan
et 3 pour Arak.
1736
The Office of Electronic Information, Bureau of Public Affairs, U.S. State Department. 11 aot 2005, U.S.
Statement at the International Atomic Energy Agency Board of Governors Meeting .
1737
AFP, 24 octobre 2004.
1738
Ralits, ibid.
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- Dbut septembre 2007, le spcialiste Seymour Hersh affirme avoir appris de sources
sres de la Maison Blanche que la dcision dun conflit avait t dj prise. Le nouveau
prsident Barak Obama ncarte pas cette option mme sil met des rserves.
- Isral a achet auprs des tats-Unis 500 bombes de type briseurs de bunkers
destination des installations souterraines iraniennes, et les a testes au Liban. La vente aurait
eue lieue le 21 septembre 20041742.
- Le prsident amricain aurait autoris linfiltration en Iran despions (Shane Bauer, Josh
Fattal et Sarah Shourd pour les Etats-Unis, Reiss pour la France), et dunits de forces
spciales pour recueillir des informations et, en particulier, pour le reprage des cibles en
liaison avec des spcialistes israliens1743. 2000 cibles sont privilgies dont Natanz, Arak,
Busher et Ispahan destructibles avec des JDAM (Joint Direct Attack Munitions) et des bunkerbusters de 1 Kt.
- Nicholas Burn, vice-secrtaire dtat explique que les pays sunnites souhaitent
participer laffaiblissement de lIran, qui cherche dstabiliser la rgion. Il apparat bien que
des Chiites irakiens aux chrtiens libanais, des Berbres du Maghreb aux modrs
saoudiens, on ne compte plus tous ceux qui redoutent lextension du Jihad bien davantage que
le maintien dIsral au milieu de la rgion1744. LArabie Saoudite signe en 2007 un contrat de
5 milliards de dollars pour demander aux Amricains de former 35000 hommes afin de
protger ses installations ptrolires. Des Patriot y sont installs. En juillet 2007 une srie de
contrats d'armement d'au moins 20 milliards de dollars est sign avec l'Arabie saoudite, les
EAU1745, le Kowet, le Qatar, le Bahren et Oman1746 (allis dIsral), cest--dire les pays dits
modrs . L'aide l'gypte atteindrait 13 milliards de dollars en dix ans. Washington
souhaiterait prendre la tte dune coalition sunnite contre lIran. Shimon Prs et Benyamin
Netanyahou affirme devant lAipac : Lagressivit du gouvernement iranien ne se limite pas
Isral. Il vise une hgmonie rgionale et veut contrler les pays arabes en utilisant la terreur
et la contrainte1747. Le politologue Tony Judt rappelle: Les tats du Golfe, Isral et lArabie
Saoudite ont intrt la guerre contre lIran. Certains gens de droite, des conservateurs,
quelques chrtiens aux USA et de larme en Isral veulent la guerre 1748.
- Washington tolre le Premier ministre irakien Nouri Al-Maliki afin de faire de Bagdad
une base pour linvasion de lIran. Lintervention anglo-amricaine en 2003 avait peut-tre
1742
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
aussi ce but. Les oprations en Afghanistan et les pourparlers diplomatiques avec la Turquie,
la Russie, la Chine, le Brsil et surtout le Pakistan ont aussi pour objectif disoler lIran. Les
Britanniques ont programm leur retrait dIrak en 2009 afin de ne pas risquer des reprsailles
balistiques iraniennes.
- Isral a commenc sentraner pour des raids en Mer Rouge en Mditerrane, au large
de Malte, en Mer Ege et Djibouti1749. Rcemment, un pays de lest aurait prt ses Mig-29
Isral pour que les pilotes puissent en dterminer les failles, en cas de combats ariens 1750.
Les manuvres Gibraltar, en Mer Noire et en Mditerrane inclinent privilgier une telle
option, la distance jusqu Gibraltar1751 (3800km) tant celle que la chasse devrait parcourir
pour bombarder lIran et revenir.
Selon le NYT, Isral a ralis des entranements ariens en juin 2008, mobilisant 100
avions et hlicoptres, afin de tester la faisabilit de ravitailler en vol des bombardiers sur
1500 km. Cette distance est celle comprise entre Isral et le site de Natanz. Tsahal indique
seulement quil sagit de sentraner faire face des menaces extrieures 1752. Isral sest
entran au Liban durant lt 2006, en Syrie en septembre 2007, Gaza en 2008-2009.
galement, des oprations commandos auraient dj t lances sur des sites sensibles1753.
Selon Martin Van Crevel, larme iranienne serait incapable de riposter:
Leurs forces terrestres et navales ne conviennent pas pour ce type de frappe. Il se peut que le
pays possde des Shahab III ayant la porte ncessaire, mais seulement en petit nombre et pour
une fiabilit trs alatoire. Si ces missiles sont dots d'ogives conventionnelles, en terme militaire,
l'effet sera quasi nul. A l'inverse, si ces ogives sont non conventionnelles, l'Iran s'exposera, [...]
des reprsailles redoutables et terribles. L'aviation iranienne n'est gure plus brillante. [] Le
gnral Mahmoud Chaharbaghi, a affirm tre en mesure de lancer 11 000 roquettes la minute.
Ineptie. [] aucun pays ne possde autant de roquettes 1754.
- LAipac se serait oppos une loi interdisant au Prsident amricain dattaquer lIran
sans laval du Congrs, afin de ne pas rpter le fiasco irakien. La disposition a t
supprime, grce aux voix de nombreux rpublicains et dmocrates 1755. Les Born Again
amricains font du lobbying pour frapper lIrak. Au dernier Congrs de lAipac, leur chef, le
pasteur John Hagee, dclare que lIran est lAllemagne de 1933, et Olmert ajoute cest la
premire fois depuis la seconde guerre mondiale que le peuple juif est autant menac1756.
Dbut 2008, le politologue Anoush Ehteshami prvoyait La dissuasion finit par tre contre
productive car elle incite les tats arabes tous rclamer le nuclaire, soit-disant pour le usine
de dssalement. Quel sera lvnement qui fera quIsral interviendra. Il vaut mieux que les
cration dun tat binational en Isral.
1749
IFRI, Aprs lchec, les rorientations de Tsahal depuis la deuxime guerre du Liban , Pierre RAZOUX,
Octobre 2007, Focus stratgique n2.
1750
Marianne, semaine du 23 au 29 mai 2009, Isral, essais sans frais .
1751
LExpress, 7 mai 2009, Isral: exercices de haut vol
1752
New York Times, 20 juin 2008, U.S. Says Israeli Exercise Seemed Directed at Iran.
1753
Jeune Afrique, 18 janvier 2009, Quand Bush temperait les ardeurs anti-iraniennes dIsral .
1754
Le Monde, 1er novembre 2007, Faut-il bombarder lIran , Martin VAN CREVELD.
1755
Le Nouvel Observateur, semaine du 28 mai au 3 juin 2009, Juifs amricains : Lobby contre Lobby .
1756
LIran, une puissance dvoile , Ibid.
436
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
USA interviennent plutt quIsral car il y a risque de guerre nuclaire. Les USA
interviendront en Iran pour cette raison. La politique trangre amricaine est calqu sur celle
dIsral. Ephram Halvy conclue Si lIran doit comprendre quelque chose, cest quIsral
est capable de tout 1757.
- En septembre 2010, lIran est attaqu par Stuxnet, un virus se greffant en priorit sur les
logiciels de gestion de centrales nuclaires. Bien quil ait t dcel dans plusieurs pays, il
semble que ce soit bien lIran qui t en priorit vis. Le virus ne sest pas attaqu nimporte
qui. Il saccroche aux programmes de la firme Siemens, grande prolifratrice, et fournisseuse
de technologies sensibles en Allemagne, au Pakistan, en Chine et en Indonsie. Le chef du
renseignement militaire Major-General Amos Yadlin affirmait en 2009 quaprs que le site du
Jerusalem Post ait t assaillit par 4000 spams par seconde, Isral stait dcid concevoir
ses propres firewall. Isral appartient aux rares pays (avec la France, les Etats-Unis, la Chine
et la Russie) capable de concevoir des virus avant que les antivirus tudis pour combattre ces
virus ne sortent sur les marchs1758. Enfin, le 12 octobre 2010, alors quAhmadinejad
plastronnait au Liban, une usine de missiles Shahab-3, la Base de lImam Ali (prs de de
Khorramabad), explose, occasionnant la mort de 18 soldats et blessant 14 autres Gardiens de
la Rvolution appartenant aux Brigades al-Hadid. Bien que Thran dmentent une attaque
terroriste, parlant dabord daccident technique, tout accuse encore le Mossad1759.
1757
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
-Le soft power na pas encore donn toute sa puissance. Isral ninterviendra que lorsque
le pays sera suffisamment affaibli par des manuvres de dstabilisation du rgime (aide aux
mouvements sparatistes, manipulation des taux de changes, propagande1760.
- LIran ferait exprs de provoquer Isral pour gnrer des solidarits chiites, peut-tre
sunnites, voir plus largis vers les States of Concern. Mais il na pas lintention dattaquer
Isral.
- Avant chaque opration, Isral prend soin dvacuer la population juive pour viter
quelle ne serve de chantage. Or, ici, ce nest pas le cas. La communaut juive iranienne est
importante. Elle tait quasiment inexistante en Irak et en Syrie.
- LIran est religieusement plus uni que lIrak. Le pays possde des dserts, des plaines,
mais aussi du relief compliquant grandement des oprations militaires ventuelles. LIran est
plus tendu que lIrak, et donc moins facile envahir et contrler. Le fiasco irakien refroidit
lardeur des gnraux amricains. La rsistance et lefficacit du Hezbollah ne prsagent rien
de bon et Tsahal ne serait pas encore prt. De plus le pays peut mobiliser galement des
mouvements terroristes1761pour prendre Isral revers. Thran peut appeler aux
soulvements des populations chiites au Liban, en Irak, en Syrie, en Azerbadjan 1762 au
Ymen ou en Arabie Saoudite notamment. Cette thse est conteste par Jean-Christophe
Victor1763. Les faits lui donnent tort. En 2010, des chiites se rvoltent au Bahren, au Ymen et
au Liban, sans compter lIrak bien sr. Selon le Centre Franais du renseignement, entre 2000
et 8000 agents de la Vekak pourraient intervenir ltranger, notamment dans le soulvement
des Kurdes en Turquie1764. LIran a tiss des alliances de revers au Soudan, en Somalie et en
rythre et aurait installe une base prs du dtroit de Bab el-Mandab Asab dans ce dernier
pays avec des missiles et des sous-marins1765.
- LAIEA est rticente et ne veut pas quun troisime Osirak (aprs la Syrie) lhumilie. On
craint une forte pollution radioactive. Les radiations pourrraient driver vers des pays du
Golfe (essentiellement le Qatar et le Barhein1766), ou vers les autres pays limitrophes.Thran
est signataire du TNP. Tous les acteurs de la crise envisagent la guerre comme dernire option
car lONU craint un embrasement de la rgion.
1760
Le Monde Diplomatique, octobre 2007, Les ultras prparent la guerre contre lIran , Sellig HARISSON.
Les Bataillons du Jihad islamique palestinien de Jrusalem adoptent le nom de guerre dAashiqat al-Quds (
Dsirant Jrusalem), Jihad islamique, Bataillons Salah al-Din, lArme des croyants, Al-Qada en Palestine,
Jihad mondial, Hamas, Hezbollah,, et Arme de lIslam au pays de Ribat.
1762
Le pays est un alli dIsral et lui vend son ptrole.
1763
Arte, Le dessous des cartes , le monde Chiite, 24 octobre 2007.
1764
Ralits, n1135, du 27 septembre au 3 octobre 2007, Iran/ USA, les scnarios de la guerre , pp20-25,
Mehdi TAJE.
1765
Marianne, du 4 au 10 avril 2009, Iran, Rue vers louest , p. 67
1766
Bien que nayant pas dambassade en Isral, le Barhein accueille la Ve flotte amricaine, hberge quelques
juifs. La population chiite vit mal que les forces de lordre soient recruts chez les sunnites.
438
1761
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
- En dpit de lide reue, lIran et les USA nont cess dentretenir des rapports secrets
de collaboration, y compris dans le domaine militaire. Il est possible quen dbit de joutes
verbales, lIran fasse le jeu dIsral et des USA, notamment dans la dstabilisation de lIrak et
pour lgitimer le bouclier antimissile.
Le pays aurait t bnficiaire des guerres dIrak et dAfghanistan contre les sunnites et
les Talibans. Selon le Centre Franais de recherche sur le renseignement, un agent de la
Savak, Ahmad Chalabi, ex-prsident du Conseil national iranien (CNI), a t un agent
amricain. Les USA souhaitent privilgier la voie diplomatique, en change de laide de
Thran dans la stabilisation de lIrak. Ces accords informels, en parallle des ngociations
des P 5+1 (USA avec William Burns, France, Royaume-Uni, Chine, Russie et Allemagne)
sont appels Track (piste). La dernire cest produite en mars 2009. Elle est dcrite par un
intervenant anonyme : Quand il n'y a pas de camras, les peurs de parler librement
disparaissent. Les participants ne se sentent pas contraints de jouer un jeu. En Iran, les
dcisions se prennent par consensus. Il est difficile de l'extrieur d'identifier qui sont les vraies
personnes de pouvoir. Ces tracks entrent en concurrence avec les instances officielles
nationales et internationales, crant des litiges avec les diplomates officieux, ce qui explique
les cacophonies sur ce dossier1767. Les 29 et 30 septembre 2009, Isral (Shlomo Ben Ami et
un membre de lIAEC) et lIran (son reprsentant lAIEA Ali Ashgar Soltanieh) ont discut
secrtement sur la dnuclarisation de la rgion, au Caire. Les ngociations furent menes par
la Commission internationale pour la non-prolifration nuclaire et le dsarmement dirig par
l'ancien chef de la diplomatie australienne, Gareth Evans. La porte-parole de lIAEC, Yal
Doron confesse : Il y a eu des rencontres entre une reprsentante de la commission pour
l'nergie atomique d'Isral et un officiel iranien dans un cadre rgional. Ces rencontres se sont
droules huis clos et leur tenue n'aurait pas d tre rvle, mais l'Australie qui les
organises a jug bon d'en faire tat 1768. Bien que lIran, mal laise dans son rle
dopposant Isral de faade, dment. Il y aurait donc entre les deux pays des tractations
secrtes.
- LIran nutilisera pas latome contre Isral par peur des reprsailles. Meir Amit, ancien
patron du Mossad, analyse: Dimona procure une dissuasion contre les intentions
dAhmadinejad. Je pense que ce serait pour cette raison quils ne nous on pas encore
attaqu 1769. Ephram Kam du JCSS estime que :
Si lIran parvient se doter de larme nuclaire, il ne lutilisera sans doute pas pour dtruire
Isral. [] LIran veut disposer de larme atomique des fins dfensives, pour sassurer une
hgmonie rgionale et conforter son rgime. [] LIran devrait agir rationnellement, et non en
obissant des mobiles religieux ou idologiques. Il est raisonnable de penser que lIran utilisera
1767
439
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
larme atomique uniquement pour faire face un danger majeur, et que la destruction dIsral ne
reprsente pas un intrt justifiant un tel recours 1770.
Ou encore : LIran accuse Isral pour viter que les Etats Arabes nuisent au programme mais
cest aussi contre eux quil est constitu1774.
- Les faucons israliens et amricains sont peu peu remplacs par des pacifistes, tel le
Comit dAction Politique pour Soutenir le Processus de Paix, prsid par Jeremy BenAmi1775. Le porte-parole du dpartement dtat dclare le 6 juillet 2008 : Washington nest
pas du tout prt donner le feu vert pour une opration militaire quelle quelle soit. [] Isral
tait un pays souverain qui tait libre de dcider seul sil voulait attaquer lIran. [] Nous
sommes impliqus dans la scurit dIsral mais nous partageons aussi son inquitude
concernant le nuclaire iranien 1776. Le colonel Lawrence Wilkerson, directeur de cabinet de
Colin Powell (2000-2005), nhsite pas rompre la langue de bois: Aux USA et en Iran, il y
a des crtins. Isral ne sera pas la deuxime nation employer la bombe. Israel nest plus
lalli stratgique de la Guerre Froide. Mais cela na pas dimportance au regard des liens trs
fort entre les deux pays. Les liens sont trop lourds. Ce serait la troisime ou quatrime guerre
mondiale et une erreur colossale si Isral intervient en Iran1777. Le 22 septembre 2009,
Brezinski, demande mme Obama d'empcher le survol par lIrak, dappareils israliens :
Nous ne sommes pas prcisment des bbs impotents. Ces avions doivent survoler l'Irak et
1770
JCSS, juillet 2008, Israel and a Nuclear Iran: Implications for Arms Control, Deterrence, and Defense,
Ephram KAM.
1771
Israelvalley, 30 octobre 2007, Ahmadinejad fait de grandes et bonnes actions pour nous .
1772
Arabies, avril 2007, La dernire figure , pp. 14-16.
1773
Le Monde, 1er novembre 2007, Faut-il bombarder lIran .
1774
LIran, une puissance dvoile , Ibid.
1775
Marianne, semaine du 31 avril au 6 mai 2008, p. 41.
1776
Israelmagazine, 7 juillet 2009, Un pas en avant, un pas en arrire .
1777
LIran, une puissance dvoile , Chane Histoire, Jean-Michel VECCHIET, 2008.
440
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
The Daily Beast, 24 septembre 209, How Obama Flubbed His Missile Message. Well, we have to be
serious about denying them that right. That means a denial where you arent just saying it. If they fly over, you
go up and confront them. They have the choice of turning back or not. No one wishes for this but it could be a
Liberty in reverse.
1779
Jeune Afrique, 18 janvier 2009, Quand Bush temprait les ardeurs anti-iraniennes dIsral .
1780
Yediot Aharonot, 24 octobre 2007.
1781
Marianne, du 20 et 26 juin 2009, Attaquer lIran, Un suicide pour Isral .
1782
Le Monde, 20 mai 2009, Isral-Iran Les risques et prils d'une attaque
1783
Le Monde, 1er novembre 2007, Faut-il bombarder lIran , Martin VAN CREVELD.
1784
Jacques ATTALI, Economie et apocalypse, op.cit., p. 107.
1785
Israelinfos.net, 11 juin 2007.
441
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
1786
Franck BARNABY et Hans BLIX, Would air strikes work ?... op.cit., p. 21.
442
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
CHAPITRE V
DISSUASION ET ESPIONNAGE
Si la dissuasion isralienne nous est connue, cest grce laction volontaire ou
involontaire de scientifiques, de journalistes et de militaires, jamais duniversitaires ou
dexperts. Ces hommes ont russi gruger ces services secrets israliens que lon dit les
meilleurs au monde. Leurs actions ont permis de remettre fondamentalement en cause les
estimations plus politiques que relles des capacits israliennes. Nous navons retenu ici que
les plus connus : Mordechai Vanunu et Jonathan Pollard pour le Nuclaire, et Markus
Klingberg pour le biochimique.
I Vanunu quand Icare se brle latome de Dimona
I.1 Un tratre idaliste
Depuis 1986, un nom reste indlbilement attach tout ce qui touche le nuclaire
isralien : Vanunu. Cest grce son intervention que le grand public connat en partie ltat
de larsenal nuclaire isralien. N le 13 octobre 1954 au Maroc, Vanunu dbarque en Isral
en 1963. Beaucoup de juifs marocains commencent une nouvelle vie Dimona, avec
lencouragement des autorits franaises, dans le programme NBC 1787. Il est notamment le
porte-parole des tudiants de son universit loccasion dun congrs Paris (il suit
paralllement des tudes). Le Shin-Bet le fiche dj comme ayant des convictions proarabes et gauchistes1788. Il est ensuite embauch la centrale de Dimona en novembre
19761789, affect au Machon 2, muni dun passe spcial numro 520, en tant que menahil,
(charg du contrle du niveau de radiation)1790. En 1980, il est affect la nouvelle usine de
production de lithium 6, du plutonium et du tritium1791.
Entre-temps Vanunu sest rendu compte que le programme nuclaire dIsral,
prtendument pacifique, est charg de produire un nombre important darmes nuclaires. Il est
mut dans un nouveau dpartement moins sensible, un paradoxe car cela lui permet de se
dplacer pratiquement dans tout le btiment et ainsi de confirmer ses sentiments. Ce dernier
affirme : Javais pris des photos lintrieur de lusine, afin de montrer au monde quIsral
cachait un secret nuclaire. Mon travail, Dimona, consistait produire des lments
radioactifs utilisables pour la fabrication de bombes atomiques. Je savais exactement quelles
1787
Cela permettait aussi de ralentir la crise du logement qui svissait en France la suite de la dcolonisation du
Maghreb.
1788
Gordon THOMAS, op.cit. , p. 209.
1789
Gordon THOMAS affirme que les dates sont les suivantes: Vanunu est recrut Dimona pour suivre une
formation danglais, de physique-chimie et de mathmatique puis travaille la centrale de fvrier 1977
novembre 1986. Gordon THOMAS, Histoire secrte du Mossad de 1951 nos jours, Paris, Nouveau monde
ditions, 2006, p. 207. Hersh retient la date daot 1977.
1790
RFI, 21 avril 2004, Le tratre Vanunu libr , Mounia DAOUDI.
443
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
quantits de matires fissiles taient produites, quels matriaux taient utiliss et quelles
sortes de bombes taient fabriques 1792. Il semble toutefois que malgr ce tmoignage, il
nest pas t charg de cette production. Au milieu de lanne 1985, il est une premire fois
licenci pour ses opinions mais son syndicat lui retrouve rapidement une autre affectation. Le
congdier aurait t dlicat pour des raisons de secret. Il devient alors contrleur de lquipe
de nuit1793, et prend, le 27 octobre 1985, pendant 45 minutes, 57 photos (panneaux de
contrle, machine fabriquer les ogives, caissons antiradiations, sphres de lithium deuteride
de 4,4 kg enchss de plutonium avec des rflecteurs de bryllium neutron, qui rduisent la
quantit de plutonium requise pour lexplosion). Finalement, il est dfinitivement chass.
Mais apparemment, 180 autres techniciens seront aussi remercis par la suite pour diffrents
griefs1794.
Vanunu quitte Isral le 19 janvier 1986. La suite est complexe, mais pour rsumer
lextrme, il contacte Peter Hounam, journaliste au Sunday Times1795 Londres, aprs stre
converti langlicanisme lors dun voyage en Australie. Il livre ensuite au journal les deux
rouleaux de photos et des plans du centre nuclaire1796, quanalysent des experts britanniques
et amricains, tel Theodore Taylor. Avant cette rvlation, les gostratges estimaient larsenal
isralien une douzaine dogives. Mais le ST, utilisant les preuves acquises, concluent plutt
200 bombes. Lun des techniciens du programme britannique, Frank Barnaby confirme
laspect plausible des dires de Vanunu1797. Pour faire monter les enchres, Il se rend alors au
Sunday Mirror, le tablod dirig par Maxwell, y laisse ses clichs, et attend une rponse.
Craint-il que le ST ne le prenne pas au srieux ou pire, quune partie de la presse souhaite
viter de publier ces photos sur un sujet aussi pineux ? Vanunu acclre t-il les choses,
craignant que le Mossad ne larrte avant ? Les journalistes du Mirror estiment que l'histoire
est bankable ; et dcident de devancer leur concurrent en publiant un article pour le 28
septembre, sous le titre The Strange Case of Israel and the Nuclear Conman . Mais la
dernire minute, Maxwell interdit la publication, qualifiant de faux ce que dit lingnieur. A
son insu, Maxwell envoie les prcieuses photos lambassade dIsral Londres,
officiellement pour confirmer leur vracit. Cest lissue de cette initiative que Vanunu
commence tre pist par les principaux services occidentaux. Lun des contacts de Nick
1791
Independent Media Centre Ireland, octobre 2004, Mordechai Vanunu Asks for an Irish Welcome .
Rseau Voltaire, octobre 2005. Mordecha Vanunu : Cest parce quIsral dtient la bombe atomique quil
peut pratiquer sans crainte lapartheid . Silvia CATTORI.
1793
Gordon THOMAS, Ibid.
1794
The economic Observer, 29 novembre 2004, Mordechai Vanunu: A World Loaded with Conspiracy, Qin
LIWEN.
1795
Selon dautre version, Peter Hounam, de passage en Australie, entend parler de son histoire .
(geostrategie.com, quotidien dintelligence stratgique, 20 fevrier 2004, Mordecha Vanunu, l'homme qui en
savait trop , Muriel SIGNOURET). Mais par qui entent-il parler de Vanunu ? Mystre.
1796
Le Monde, 29 mars 1988, Mordechai Vanunu condamn dix-huit ans de prison ferme , Alain FRACHON.
1797
Frank BARNABY, The Invisible Bomb?, London: I.B.Taurus, 1989, p. 24.
444
1792
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Davies, rdacteur en chef du journal et espion du Mossad, nest autre que Ben Menashe, un
autre clbre espion.
Le 23 septembre, Cindy Hanin1798 espionne du Mossad, sduit Vanunu, le drogue puis
lenlve et via lItalie, le ramne en Isral pour y tre jug. Vanunu passe son premier mois de
dtention dans la prison de Gardera, puis est soumis aux interrogatoires du Shin-Bet.
Lingnieur dcrira plus tard que le service utilisait des techniques de lavage de cerveau et de
pression psychologique trs pousses, puis voulait le tuer petit feu en lui faisant manger de
la nourriture trs grasse pour provoquer des incidents cardiaques 1799. Conicidence, Andrei
Sakharov dcrira peu de chose prs les mmes mthodes ct sovitique : destabilisation
psychique, gavage de nourriture, isolement total. Son discours comportera cependant quelques
contradictions. Pour lURSS, Sakharov est le cheval de troie de loccident. Pour loccident,
Vanunu est sa rciproque.
La torture, selon la commission Landau, est interdite en Isral pour des aveux sur des
crimes gnraux selon le larticle 277 du Code pnal isralien. En revanche, pour sauver des
vies , larticle du Code pnal 34 lautorise, une disposition applique petit petit partout en
Occident1800. On cite toujours le cas de Rabin, alors ministre de la Dfense qui, pendant la
premire Intifada dans un ordre controvers et peut-tre dform, conseillait ces soldats de
briser les os des Palestiniens1801. Depuis 2003, on connat lexistence de prisons secrtes
israliennes, tel le camp 13911802, appel aussi le gantanamo isralien . Dans les pays
arabo-musulmans, la plupart des prisons connaissent la torture comme le dnonce le rapport
Manfred Nowak des Nations-Unies en octobre 2009. En 2010, lavocat syrien Muhannad Al
Hassani reoit le prix Martin Ennals pour son engagement dnoncer la torture et les atteintes
aux droits de lhomme en Syrie, dont le symbole reste la prison dAdhra. Cest notamment
pour cette raison que les Amricains y installent des prisons secrtes antiterroristes !
I.2 Le procs dun secret
Laffaire provoque des dgts au sein de linfrastructure nuclaire isralienne. En 1986,
Uzi Eilam, prsident de lAIEC, laisse sa place David Peleg qui, disgraci pour son
incomptence dans le cas Vanunu, est remplac trs vite par le Dr. Yona Ettinger, de 1987
1992. La presse internationale commence s'intresser Vanunu quand il est jug une
premire fois huis clos, ds dcembre 1986. Le technicien russit alors faire savoir qu'il a
t enlev, au cours de sa deuxime comparution du 22 dcembre, par un moyen archaque. Il
crit sur la paume de sa main : Mordechai Vanunu, a t enlev Rome, le 30 septembre
1798
445
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
1986 21 heures sur le vol British Airways 5041803 puis applique son message sur la vitre du
fourgon cellulaire qui l'amne de la prison. La scne est immortalise par un photographe1804.
Le parallle avec Sakharov est vident. Cherche t-on faire tomber la puissance isralienne
comme celle de lURSS par cette mdiatisation ? Mais qui le souhaite et pourquoi ?
Il est transfr clandestinement la prison d'Ashkelon1805. Le 4 janvier 1987, Vanunu
entame une grve de la faim. Il est alors nourri de force par injections intraveineuses. Tenu
lcart des visites, le dissident reoit son frre, Meir Vanunu, dans sa cellule, une autorisation
sans doute due la fragilit morale du dtenu. Les autorits de la prison donnent le feu vert
ce contact, la condition que Meir ne rvle rien de sa conversation. Mais sitt sorti, le frre
se rpand dans la presse britannique sur l'enlvement1806. Il mentionne que les rvlations
de Vanunu ne sont pas diriges seulement contre son pays mais aussi contre les tats-Unis1807.
Meir cope d'un mandat d'arrt, le 24 aot, pour n'avoir pas respect sa parole.
Le 30 aot, un simulacre de procs priv commence. Le prisonnier est jug menottes
aux poings et fers aux pieds. Il porte un casque protecteur. Durant les audiences, il est entour
par deux agents de scurit pour viter qu'il ne puisse faire dautres rvlations aux personnes
quil pourrait croiser. Au moins a-t-il droit un procs alors que dordinaire les
disparitions sans tribunal sont monnaies courantes. Mais peut-tre a-t-on voulu aussi que
lon en parle pour dissuader dautres dnonciateurs . Ni les observateurs officiels, ni la
presse, ni le reprsentant d'Amnesty International ne sont admis dans lenceinte du tribunal.
Les avis juridiques et les tmoignages ne sont, dans un premier temps, pas publis. Aussi,
pour construire un rcit de procs, le chercheur ne peut que faire confiance la presse qui
entrevoit ce que les autorits veulent bien divulguer ou omettent, parfois, de cacher :
Le prvenu est arriv de trs bonne heure dans un fourgon aux vitres peintes en blanc qui s'est
immdiatement engouffr dans la cour du tribunal. A l'intrieur du btiment, un jeu de parois en
contre-plaqu l'a soustrait tout regard indiscret... Son avocat n'a t autoris qu' quelques
commentaires de pure forme. Ni photos ni films, des journalistes soigneusement tenus distance et
pas le moindre public 1808
Un filtre blanc sur la vitre du fourgon est appos aprs lpisode de la paume , tandis
que le vhicule est muni d'un systme d'alarme afin dempcher toute communication avec
des journalistes ou des sympathisants. Mais des informations filtrent. Par exemple, dans le
dossier pnal, la Cour1809 refuse la distinction vidente entre une information fournie un
1802
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journal et l'espionnage au profit de puissances trangres. On craint que Vanunu nait transmis
ses photos au KGB ou dautre pays. Vanunu est donc poursuivi pour trahison et espionnage
(katsa), deux chefs d'inculpation qui peuvent lui valoir la prison vie. De plus, les juges
estiment que le tratre est drang mentalement. Ce fait l nest pas carter compltement.
Dune part, lingnieur na apparemment jamais cru comprendre quil tait dtenteur de
secrets dtat. Frquentant des milieux gauchistes pro-arabes, il semble avoir t influenc
aisment par le microcosme universitaire de son pays. La facilit avec laquelle Cindy Hanin
la sduite est une preuve supplmentaire. Ensuite, pourquoi a-t-il accept de quitter Londres
avant la publication de larticle. Lingnieur a aussi chang rapidement de religion, chose
relativement peu commune. Il a de plus t licenci dans un secteur o la scurit de lemploi,
surtout dans un secteur aussi stratgique, est assure, condition de respecter le silence.
Dailleurs ce remerciement est peut-tre la consquence de linconstance du personnage que
les autorits de Dimona auraient devin. Certain disent que Vanunu fait le jeu de la dissuasion.
On constate en effet de nombreuses incohrences dans ce rcit. On peut se demander pourquoi
le Mossad ne l pas fait pas liminer. Parce quil aurait particip la dissuasion par ses
rvlations et que cela ne remettait pas en cause la version officielle parce que ce ntait pas
un homme politique? En 1986, lors de laffaire, la Guerre froide bat son plein en Afghanistan,
en Afrique et en Amrique Centrale. Isral, point nvralgique, devait tre protg par sa
dissuasion.
La dfense est assure par les avocats Avigdor Feldman1810, Ronit Robinson et Amnon
Zichroni. Sur le plan thique, le comportement de leur client rpond exactement aux
propositions dEinstein en 1946, quand celui-ci demandait aux scientifiques dinformer le
public, malgr les risques encourus, des dviations perverses de la recherche nuclaire. Matre
Feldman sollicite une leve dune partie du huis-clos et aborde les conditions de larrestation,
car ni la Grande-Bretagne ni l'Italie n'ont (officiellement) autoris son extradition, ce qui
constitue une entorse au droit international. De plus, son client, dit-il, a agi avant tout par
idalisme, sans avoir touch d'argent du ST. Dailleurs, Vanunu dit lors de son procs :
Je suis le clerc, le technicien, le mcanicien, le chauffeur, qui on disait : fais ceci ou cela. Ne
regarde pas droite, ne regarde pas gauche, ne lit pas cette page. Ne regarde pas toutes les
machines. Tu es responsable d'un seul point, une toute petite partie, c'est tout. Alors concentre-toi
sur ce que tu dois faire, une seule chose. Mais qui est le chef ? [] Le clerc, chauffeur,
mcanicien, technicien lve sa tte, respire un peu, voit le monstre. J'ai vraiment vu le monstre.
Je fais partie du systme, j'ai moi aussi sign cette forme, et maintenant je lis le texte, ce que je fais
est une partie de la bombe. Je l'ai vue, pourquoi moi ? C'est trop pour moi. Lve-toi et crie
haute voix. Lve-toi et proclame toute cette nation, et tu le peux. [] Oui toi, tu es l'agent secret
de toute la nation. Tu es les yeux de l'tat. Un agent espion, rvle ce que tu vois, rvle nous ce
que ceux qui comprennent, ces sages nous cachent 1811.
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D'autant, poursuit Me Feldman, qu'aucune des rvlations de son client n'a pu vraiment mettre
en pril la scurit d'Isral1812 puisquil s'agissait juste d'une description du racteur de
Dimona et des diffrents tages souterrains du centre atomique. Cit lui aussi par la dfense,
le professeur amricain George Quester, spcialiste des questions nuclaires, estime que les
rvlations faites par Mordechai Vanunu n'apportent rien qui n'et dj t publi1813. Vanunu
dtient-il vraiment des secrets, lui qui ne fut que simple technicien ?
Le jugement traverse les murs du tribunal puisquau dehors se rassemblent dj des
partisans de lingnieur dissident. Ainsi, trois jeunes filles vtues de noir, dclarant appartenir
au mouvement anarchiste de l'universit de Jrusalem (dix membres de tendance colosituationniste) viennent remercier Vanunu pour avoir enfin lanc le dbat nuclaire 1814 dans
le pays. Puis, cest au tour de certains cercles de la communaut internationale de soutenir ce
nouveau hros. En effet, Vanunu est un ancien universitaire, qui plus est dune gauche
progressiste. Or, nous sommes en pleine Intifada. Limage dIsral est gratigne. Certains
rseaux protestants, anglicans et mme juifs prennent appui sur Vanunu pour affiner leur
combat politique. Cest pourquoi, le 30 dcembre 1987, une universit sudoise lui dcerne le
Right Livelihood Award (prix Nobel alternatif)1815. En fvrier 1988, toujours en plein
procs, cest au tour du Danemark de lui attribuer le Danish Peace Foundation Award .
Dans ce combat pour la transparence, dautres ONG apportent leur soutien comme
lInternational Network of Engineers and Scientists for Global Responsibility (INES), fonde
en 1991 et reconnue dutilit publique par lONU, qui travaille sur labolition des armes
nuclaires et sur les questions thiques et dfend dautres ingnieurs employs au sein des
programmes NBC, de part le monde.
Le 6 janvier 1988, Shimon Prs est assign comparatre comme tmoin la barre.
Mais comme il le dit lui-mme, son tmoignage ne pourra enfreindre la raison dtat. Il
dclare, en connaisseur, que les rvlations faites la presse: ont provoqu d'importants
dgts pour Isral et la publication dans le ST a pouss certains pays arabes durcir leurs
positions notre dtriment 1816. Mais le Premier ministre Shamir interdit Prs toutes
autres dclarations car elles ne pourraient quaggraver le malaise du gouvernement. La Cour
rejette tous les arguments de la dfense selon lesquels Vanunu n'y a pas cherch porter
atteinte la sret de la nation, mais seulement dnoncer l'existence d'un arsenal menaant
la stabilit de la rgion. La dfense est branle par les accusateurs qui pointent plusieurs
incohrences au dossier du prvenu. Dune part, Vanunu aurait bien touch de largent. A
l'enquteur qui lui demande si la scurit de son pays valait 100000 livres sterling, il rpond
1812
448
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n'avoir reu que 100000 dollars du Sunday Times. Deuxime contre-argument la GrandeBretagne aurait bien donn son accord pour le rapt de Vanunu.
Aussi, le 24 mars, lingnieur est reconnu coupable de haute trahison, despionnage, et
de rvlation de secret dtat. Vanunu a enfreint les sections 113 b et c et des sections 96 et 99
a de la loi pnale de 1977. Selon la doctrine dopacit, le ministre de la Dfense signe un
certificat qui ninfirme ni ne confirme les dires de Vanunu. Mais ses avocats contestent le
certificat qui empche de disculper Vanunu sur des bases solides, ce qui est rejet par la
ptition (43 P.D.III 534 (1988)1817. Le 27 mars la sentence est prononce : dix-huit ans de
prison ferme1818. Cette lourde peine doit dissuader (le mot prend tout son sens) dautres
employs de Dimona, de Ness-Ziona ou dautres sites sensibles de vendre leurs secrets.
Vanunu annonce son intention de faire appel, mme si certains organes de presse estiment la
peine relativement clmente. En effet, la cour avait, lorigine, requis la prison vie, mais les
juges du tribunal de district de Jrusalem avancrent quelques circonstances attnuantes ,
savoir que l'accus avait, ds le dbut, pleinement collabor avec la justice et que, dtenu dans
l'isolement le plus total, il avait subit des conditions d'incarcration particulirement dures 1819.
Ses partisans soulignent lingalit de la sentence en rappelant que l'officier isralien de la
Magav qui fit excuter 48 villageois arabes Kafr Kassem, et jug en octobre 1956, ne fut
condamn qu quinze ans.
Le procs est rest secret dfense. Vanunu est de nouveau dtenu dans une cellule de
1,6 mtre sur 2,7, clair et surveill 24 heures sur 24 par une camra, il n'a droit aucun
contact avec l'extrieur1820. Seul son avocat et un prtre anglican sont autoriss le voir. Son
cas est soumis devant trois juges et le prsident de la Cour Suprme en mai 1989. Mais la
peine est confirme et la ptition appelant sa relaxe est rejete. Le 27 mars 1990, la Haute
Cour repousse le recours en appel. Cependant, le 14 juin, le Parlement europen adopte deux
rsolutions appelant sa libration1821, qui demeurent lettre morte. Strasbourg estime que
Vanunu avait bien t enlev illgalement. Les dputs Paolo Farinella et Venance Journe
demandent au prsident isralien une grce prsidentielle. On propose aussi le nom de Vanunu
comme candidat au prix Nobel de la paix.
1816
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Le second recours, en novembre nest mme pas cout. La sant mentale de Vanunu se
dgrade, mais la Haute Cour refuse toujours, en aot 1991, de supprimer son isolement
absolu. En octobre, Amnesty International publie un rapport intitul : Third resolution of the
European Parliament concerned with Mordechai's continuing isolation sommant les
instances gouvernementales de formuler des protestations. Cela nmeut gure la Haute Cour
qui refuse une dernire fois un recours en dcembre. Cette dcision dclenche une
manifestation qui se tient devant lambassade de Londres, le 21 dcembre, auxquelles se
joignent des clbrits. Elle concide avec les rvlations conscutives la mort de Maxwell
et la parution du livre de Seymour Hersh. Nicholas Davies est accus par deux dputs d'tre
un agent de longue date et fortement pay du Mossad. Ces allgations figurent dans deux
motions la Chambre des communes signes par George Galloway (travailliste) et Rupert
Allason (conservateur)1822.
Le Monde, 25 octobre 1991, Un journaliste du Daily Mirror est accus dtre un agent du Mossad.
Campaign to free Vanunu, 2005.
450
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1824
Roblat participe au projet Manhattan mais fin 1944, lorsquil comprend que les nazis ne peuvent gagner la
gurerre et que leurs recherches nuclaires sont trs en retard, il rompt son contrat avec larme amricaine.
1825
World News, septembre 1997.
1826
Internationale des rsistant(e)s la guerre , (site internet non dat), David POLDEN.
1827
Le Monde, 16 mars 1998, p. 26, Mordecha Vanunu est sorti de l'isolement total .
1828
Libration, 21 avril 2004, p. 9, Mordecha Vanunu, hros antinuclaire honni en Isral, Celui qui avait
dvoil l'arsenal nuclaire isralien est libr de prison . Jacques KEREM.
451
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finalement accord o on leur prcise que Vanunu peut sortir la journe pendant deux fois une
heure.
Des ptitionnaires assigent le ministre de la Dfense, la rsidence du Prsident
Weizmann, le bureau de Netannyahou, et lambassade dInde. LIsraeli Committee for
Mordechai Vanunu and for a Middle-East Free of Nuclear, Biological and Chemical Weapons,
est aid par des activistes britanniques, amricains, norvgiens et australiens dont Sam Day,
Hal Carlstadt, Barry Roth, Eurydice Hirsey, Felice Cohen-Joppa, Art Laffin, Scott SchaefferDuffy, John Landgraf, David Polden et Ruth Haviv sautoproclamant inspecteurs au nom du
bien public. galement, Norway al-Ugbi, un reprsentant des bdouins du Nguev, se joint
la manuvre. Cest la premire fois que toutes les armes NBC du pays sont dnonces
ensembles. Mais dpourvu de laissez-passer israliens, ils sont emprisonns par la police.
Les restrictions spciales ne sont pas abolies. Le ministre de la Justice explique avoir
pris cette mesure pour sa sant mentale1829. En ralit, ce sont surtout le cinquantenaire de
l'tat qui risque dtre perturb par cette affaire. En mars, un groupe de scientifiques
internationaux opposs au nuclaire intronisent lingnieur comme membre honorable dans
leur cercle. Le 22 mars, le snat australien (pourtant alli indfectible dIsral) vote une
rsolution pour demander sa libration dans le cadre de lanniversaire de lindpendance
dIsral. Cet appel est complt par le soutien de Carter et de 600 acadmiciens israliens
sexprimant dans Haaretz. En avril 1998, le ST commmore le 10me anniversaire du procs et
retrouve Cheryl Bentov Orlando. Au journaliste, elle dclare ne pas nier laffaire mais refuse
den dire plus pour viter davoir des ennuis. Bentov confiera Gordon Thomas cest du
pass. Jai fait mon travail un point cest tout . Elle dclare craindre un attentat dun
sympathisant de Vanunu et vite la presse. Ce dernier ne semble pas lui en vouloir : Pour
moi, il sagit seulement dune personne que jai connue un moment donn. Jtais jeune et je
me sentais seul. Elle tait l. Jai eu confiance en elle 1830. Aprs avoir accompli les deux
tiers de sa peine1831, Vanunu sollicite sa libert conditionnelle, encore rejete, puis de
nouveau, chaque semestre suivant. Le technicien se voit refuser le droit dtre reprsent
directement par des avocats trangers car lon craint quil ne livre encore des secrets1832.
Une nouvelle manifestation se tient devant lambassade dIsral Londres. La
campagne fait tche dhuile puisque la Chambre des Communes, des dputs israliens et le
Vatican envoient des lettres de soutien Vanunu. L'affaire divise la presse. Le Jerusalem Post,
concurrent dHaaretz, qualifie le geste de Vanunu d'une Dcision unilatrale pour
reformuler la politique isralienne avec la vente d'informations et des photos illicites prises
1829
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Dimona pour le ST. Personne ne l'a lu et il n'a pas essay de convaincre les Israliens ou les
dcideurs de son point de vue. Vanunu a simplement quitt Isral, pour l'Australie ; devenu
chrtien, il a trouv un acheteur de ses secrets 1833. Le 22 septembre, 80 personnes organisent
une journe daction en Isral pour demander une inspection citoyenne de Dimona. Des
manifestants essayent de pntrer dans l'enceinte de la centrale avant dtre disperss par la
police. Une cinquantaine de manifestants tient un sit-in de protestations, organise suite
l'appel du Comit public isralien pour la libration de Vanunu et pour un Moyen-Orient
dnuclaris1834. Chaque anne, des manifestants et des militants des Organisations des droits
de l'Homme manifestent devant la prison d'Ashkelon entre le 30 septembre et le 12 octobre
(date de l'enlvement).
Lors de la visite de Tony Blair en Isral, le ST obtient l'autorisation d'interviewer
Vanunu. Le reporter Andy Goldberg le rencontre la prison d'Ashkelon 1835. Vanunu y insiste
sur le fait qu'il ne regrette pas le pass. Je dis clairement que j'ai parl avec une intention et
une conviction profonde et je le ferai encore. Je crois que j'ai t courageux, je suis le seul
pouvoir rsister contre la pression, contre tous, et dire ce que je crois. J'ai agi par inquitude,
par peur pour toute la socit, mme si l'on me dsigne comme l'ennemi public n 1 . Son
cas inspire une pice de thtre, ce qui tmoigne de lesprit frondeur de la socit isralienne.
Yonatan Cherchey interprte la pice dont il est lauteur, intitule Mr V . Il la joue devant
lInstitute for Strategic Studies du Caire1836 et pour le 50me anniversaire dIsral en 1998.
Le 23 avril 1999, 36 membres du Congrs amricain demandent Clinton, duvrer
pour la libration du scientifique. Celui-ci leur rpond quil se sent concern par laffaire,
mais ne donne aucune suite. En mai, une confrence internationale se tient Rome, prside
par Rotblat, pour demander une rouverture du procs par le parlement italien sans succs.
Tandis que les membres de lassociation Free Vanunu rencontrent le ministre de la Justice
Yossi Beilin, ceux de la british campaign sentretiennent avec le ministre conseiller des
affaires publiques israliennes, Yerushalmi. Le 15 mai, exaspr, Horev, le directeur de la
scurit du ministre de la Dfense, compare cette ambigut de leau dans un verre, dans
une rfrence peine voile aux dclarations de Prs :
Ma tche est de massurer que leau ne dbordera pas du verre. [] Jusqu laffaire Vanunu,
leau, dans le verre, tait un niveau trs bas. Laffaire a fait slever le niveau de leau de manire
significative, causant un grand dommage Isral, mais leau na nanmoins pas dbord. Si nous
laissons faire certaines personnes, que je ne nommerai pas, dans cette affaire, leau va dborder,
cest sr. 1837
er
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On a cependant peine croire que Reagan ntait pas au courant Prs, accus
directement, juge scandaleuse la publication1842 et le fait savoir la Radio Nationale : Je ne
comprends pas une telle dcision. Chaque pays a ses secrets et ses dossiers confidentiels qui
doivent rester dans les tiroirs. Le public a le droit de savoir mais il y a aussi des choses qui ne
doivent pas tre divulgues. Les rvlations de Vanunu ont beaucoup fait perdre l'tat
hbreu 1843. On subodore quEhoud Barak a peut-tre autoris la publication afin de mettre
dans lembarras son rival Prs.
Avigdor Feldman demande une remise de peine : Il a dj purg les deux tiers. Le
moment est venu de le librer1844. Il dit craindre que cette dtention prolonge affecte les
capacits mentales de son client1845. Le chef de la commission de la Dfense la Knesset,
Dan Meridor se contente de rappeler : Nous ne serons pas les premiers introduire l'arme
atomique au Proche-Orient1846. En janvier 2000, Yossi Katz rend visite pendant une heure et
demie Vanunu et rapporte la presse que son refus de demander pardon ou de se dclarer
1837
Maariv, 31 mai 2004,Vanunu: I just wanted to let world know, Shaul ADAR.
Site officiel du Right Livelihood Award.
1839
http://www.wise-paris.org/english/ournews/year_1999/ournews0000990607.html
1840
Libration, 25 novembre 1999, p. 12.
1841
AFP, 22 juin 1999.
1842
Yediot Aharonot, 24 novembre 1999.
1843
Libration, 25 novembre 1999, p. 12.
1844
Libration, jeudi 25 novembre 1999, p. 12, ibid.
1845
BBC, avril 2004.
1838
454
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Un ancien prisonnier, Yossi Harush, donne un autre aperu sur Vanunu durant les annes
qui ont suivi son isolement carcral, en se confiant au Yedioth Aharonot.
Durant la journe au cours des promenades, il rencontre les gens et il leur parle. Jai beaucoup
parl, avec ce Vanunu. Nous tions amis. Il venait dans ma cellule Il bnficie de bonnes
conditions Il peut quitter sa cellule quand il le veut, mais il est bien sr limit la prison. Jai
peint moi-mme car je travaillais, dans cette prison la ligne rouge, sur le sol, quil lui tait
formellement interdit de franchir. Si je lai fait, cest parce quon men avait donn lordre.
Nanmoins, cela a jet un froid entre nous 1848
Voil qui tempre le descriptif alarmiste de sa dtention. En ralit il semble que cette
rencontre avec un journaliste ait t facilit, pour pousser Vanunu la faute afin daggraver
ces conditions de dtention.
Durant les jeux olympiques de Sydney, lglise anglicane hisse une bannire appelant
sa libration. En octobre, le Bureau International de la Paix Paris le nomme vice-prsident.
Lingnieur est encore lu humaniste de lanne par lEglise de lHumanisme travers ce
discours dithyrambique : Tu es honnte, courageux, dune haute morale et ton grand
sacrifice a permis de servir et protger de nombreuses vies en Isral mais au Moyen-Orient et
dans le monde . Le 7 novembre, Vanunu gagne son procs qui lopposait au Yediot Aharonot.
Le 8 janvier 2001, le laurat du Nobel de la paix de 1976, lirlandais Mairead Corrigan
1846
1847
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des raisons de scurit. Laffaire Vanunu est enfin discute au Parlement europen les 8 et
29 octobre 2002 linitiative de dputs britanniques du Labour et les cologistes Jean
Lambert et Phillip Whitehead. Lorsque lassemble rend sa conclusion, le 29 janvier 2003, sur
les 732 dputs consults, seul 29 signent la rsolution1854. Vanunu est nomin pour le prix
Nobel de la Paix en 20031855. Un responsable des services de scurit isralien propose au
technicien la possibilit de quitter sa cellule contre la promesse de se taire jamais. Mais
Vanunu prfre rester en prison1856.
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Et lorsquon lui demande pourquoi il ne s'est pas converti l'islam, alors quil saffiche
comme dfenseur du monde arabe, il rpond : Parce que l'islam et le judasme sont toutes
deux des religions arrires. Le christianisme, c'est le progrs, c'est l'Europe et la dmocratie,
l'Amrique et le christianisme. C'est la raison pour laquelle on me considre en hros [...] et
c'est seulement en Isral que quelques milliers de personnes me prennent pour un tratre1863.
Il juge les activits de Dimona illgales et dangereuses1864. Or, tant que Tel-Aviv na pas
ratifi le TNP, lesdites activits ne sont pas illgales, seulement secrtes au regard du droit
international. Vanunu exige des inspections internationales. Il regrette que ses rvlations de
l'poque n'aient pas eu plus de consquences.
Les restrictions suffiront. Le 14 avril, des officiels des services de scurit se rendent
Shikma pour les prciser Vanunu : assignation rsidence, privation de passeport,
interdiction de s'approcher d'un port ou d'un aroport, 500 mtres dun poste frontalier,
100 mtres dune ambassade, de disposer d'un tlphone portable, dutiliser un fax ou
Internet, et pendant six mois, de parler des ressortissants trangers sans en avoir au pralable
inform les forces de scurit. Il ne peut aller dans les glises car la majorit des chrtiens
sont des trangers. Il lui est interdit de dmnager pendant six mois. Il ne doit pas ni aller dans
des cybercafs. Il doit avertir de son lieu de couchage sil choisit de ne pas dormir chez lui,
des personnes quil frquente, de ses lieux de promenade1865. Le ministre de la Dfense lui
remet une carte d'Isral sur laquelle sont clairement indiqus les endroits qui lui sont interdits.
Dans le cas o il dsirerait une drogation ces restrictions, il doit le faire 48 heures
lavance en avertissant la police. Il peut choisir sa ville de rsidence mais pas en franchir les
limites, ni parler quiconque non seulement de Dimona mais aussi des circonstances de son
1862
Le Monde, 21 avril 2004, L'homme qui a rvl la bombe atomique d'Isral sort de prison.
Libration, 21 avril 2004, Mordecha Vanunu, hros antinuclaire honni en Isral, Celui qui avait dvoil
l'arsenal nuclaire isralien est libr de prison , Jacques KEREM.
1864
L'Humanit, 21 avril 2004, Vanunu, celui qui a dit la vrit .
1865
Un diplomate europen qui souhaite rester anonyme a racont lauteur avoir t interpell par Vanunu dans
un hall dhtel o le diplomate se restaurait au buffet. Mais la police, appele par le rceptionniste couper cours
458
1863
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enlvement et de son transport en Isral , selon les propres termes du ministre des Affaires
trangres, autrement dit couvrir la participation des autres pays. Le 20 avril, une quipe de
CNN venu pour sa libration, et qui filmait le racteur de Dimona sans autorisation, est
interpelle par la police. Les reporters collectaient des images en vue du reportage sur la
libration de technicien. Les films sont confisqus et transmis la censure militaire, le porteparole de la police, Gil Kleiman, prcisant que le site est class zone militaire ferme 1866.
Le 21 avril 2004, 11 heures, le matricule 100592 sort enfin de la prison de haute
scurit de Shikma1867 (sections des tratres ), gre par le Shin-Bet. La presse est l et
Vanunu va en profiter, malgr lhostilit dune partie de la presse isralienne. Le Jerusalem
Post dit que Vanunu a caus plus de dgts en tant que propagandiste quun espion. Le
quotidien Hatzofeh note que pendant ce temps, les roquettes continuent de pleuvoir sur Isral
et que depuis le retrait du Liban, chaque maison devient une fabrique de roquettes .
Autrement dit, Isral est en train de cder face la menace, alors que Vanunu est libr, ce qui
est un scandale1868.
Revtu d'une chemise blanche, d'un pantalon et d'une cravate noire, brandissant des
deux mains le V de la victoire, Vanunu triomphant tient une confrence de presse en anglais
o il dnonce immdiatement le traitement cruel et barbare subi en dtention parce que
chrtien (il sest rebaptis en prison John Crossman en rfrence au Christ!). Vanunu affirme
dabord tre le symbole de la volont dtre libre 1869 et ajoute ceux qui lassimilent un
hros : tous ceux qui mont aid depuis 18 ans sont des hros 1870. Puis, il en vient aux
causes de sa condamnation : A tous ceux qui disent que je suis un tratre, je dis que je suis
fier et heureux de ce que jai fait. [] Je nai plus de secret rvler. [] Je ne regrette rien
car j'ai agi conformment ma conscience. [] Vous n'avez pas russi me briser, me
rendre fou. Isral n'a pas besoin d'armes nuclaires maintenant que le Proche-Orient est
dnuclaris1871.Or, contrairement ses dires, la rgion nest pas encore dnuclarise. Il
prcise quil ne sera totalement heureux que compltement libre de ses mouvements et de ses
paroles. Je continuerai parler contre toutes sortes d'armes nuclaires. Le temps est venu de
mettre fin au silence de la coopration secrte avec l'ouest , attaquant en cela le mythe d'un
programme clandestin.
lincident.
1866
Jerusalem Post, 21 avril 2004, Une quipe de CNN intercepte prs de Dimona .
1867
Le Monde, 23 avril 2004, p. 4.
1868
Israel Ministry of Foreign affairs, 21 avril 2004.
1869
NBC news, 21 avril 2004, Vanunu spilled secrets of nuclear arsenal, served 18 years. Mendenhall
PRESTON.
1870
Campaign to Free Mordechai Vanunu, juin 2004.
1871
Libration, 22 avril 2004, p. 8, A ceux qui me disent tratre, je dis que je suis fier, Jean-Luc ALLOUCHE.
459
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Des pacifistes internationaux, dont Luisa Morgantini, le prix Nobel de la paix Mairead
Maguire1872, les parlementaires britanniques Jeremy Corbyn et Colin Breed et le prsident de
la campagne pour le dsarmement nuclaire, tmoignent de lenjeu dont Vanunu fait lobjet
dans certains milieux. 130 parlementaires britanniques mens par le Secrtaire dtat aux
Affaires trangres, Jack Straw, chantent We Shall Overcome et Vanunu is free, Vanunu
is free et brandissent des fleurs en son honneur. Lactrice britannique Susannah York,
militante contre la prolifration des armes nuclaires dans le monde, dit avoir trouv chez ce
technicien un exemple suivre, que Vanunu navait fait quobir sa conscience : Tout ceci
est illgal en mme temps que dangereux. Tous les pays, les pays arabes et Isral, doivent
renoncer aux ADM. Dans son acte courageux, cest ce que Vanunu a voulu nous dire et cest
pour cela que je suis ici saluer son retour la vie. Le philosophe, Jon Hellesnes, estime que
Vanunu a agi dans le cadre de la dsobissance civile. Rotblat, juge qu'il est indispensable que
tous les membres de la communaut humaine puissent avoir le droit et le devoir de dnoncer
les infractions aux traits et conventions relatives l'limination des armes nuclaires 1873.
Les factions politiques saisissent le prtexte pour saffronter. Tandis quun groupuscule
dactivistes dextrme-droite crie Vanunu ben zon ( fils de pute )1874 mort l'espion,
mort au tratre, on ne veut pas de toi ici 1875, ou encore il ne sortira pas d'ici vivant, des
anarchistes leur opposent : Mordechai Vanunu is a Hero. VanunuYes, NukesNo ,
HaGhibor (Hros). Welcome to Freedom, Hero of World Peace, clament des antinuclaires europens. Les tensions au sein de la socit isralienne compliquent le travail des
reporters israliens, parfois pris partie par les groupes les plus extrmistes. Dan Weiss, de
Channel 2, est bouscul et insult par des militants dextrme-droite voulant lempcher
dinterviewer des supporters de Vanunu. Dan Weiss se plaint que la police a laiss faire sans
intervenir1876 dnonant aussi le parti pris des forces de scurit. Laffaire Vanunu peut-tre
compare laffaire Dreyfus, puisquelle divise lopinion publique et reflte la diversit de la
socit isralienne et juive. Le parti travailliste, lui-mme dsuni devant lvnement, reste
mitig lutiliser contre le Likoud, tant lingnieur est dtest dans son pays. Gilad Erdan,
parlementaire la Knesset, explique la haine de ses compatriotes : cest un tratre parce
quil a grandi parmi nous tous. Ce quil possde provient dIsral, qui lui a donn une
ducation, un travail au service de son gouvernement 1877. Simon Prs ne scarte pas des
premires accusations quil formula en 1987. A la radio militaire Kol Israel, il dclare que son
1872
460
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emprisonnement tait une dcision juste et que : Vanunu est un hors-la-loi et a trahi son
pays. Ce n'est que justice1878.
Gideon Spiro, le responsable du comit de soutien, renie la thse de la menace Vanunu,
mais affirme que le vrai danger est le gouvernement isralien de Sharon, dviant et
fondamentaliste, avec ses centaines dogives nuclaires 1879. Des membres dune autre
obdience extrmiste, portant des roses noires, projettent des pierres et des ufs sur les
sympathisants tout en brlant des portraits du libr, en ructant : Kill Vanunu! , assurant
quils poursuivront Vanunu o quil soit, ou quil pourrait tre lavenir . 200 manifestants
dfilent avec des foulards noirs, nous autour de la bouche pour protester contre la censure
gouvernementale. Certains organisent un lcher de 18 colombes symbolisant les annes de
dtention. On devrait l'exiler Gaza. On doit faire ce qui est bon pour Isral et pas ce qui est
bon pour le monde, sinon nous risquons un nouvel holocauste , scande Arik Gelder, un
militant d'extrme-droite. Nous sommes en danger, nous n'avons pas le droit d'abandonner,
Vanunu est un tratre. [] Si le Mossad ne tue pas Vanunu, c'est moi qui le ferai. Donnez-moi
une arme et je l'abats tout de suite1880 renchrit un autre manifestant de la mme faction.
Le 15 mai, Yehiel Horev, le directeur de la scurit du ministre de la Dfense et le
professeur Uzi Even, qui sert de consultant dans laffaire, rptent que, parti en 1986 de
Dimona, Vanunu ne peut que dtenir des secrets compltement obsoltes, ne pouvant porter
prjudice la scurit du pays. L encore, si Vanunu confie des dtails, la diabolisation de
lIran ou de la Core du Nord perdrait sa crdibilit. Le 30 mai, Vanunu explique Yael
Lotan, une journaliste antinuclaire isralienne travaillant pour la BBC, que l'invasion du
Liban en 1982 avait influenc sa dcision de rvler les dtails du programme: Ce n'tait pas
une vraie guerre. C'tait une invasion et ils ont fait beaucoup de propagande pour la justifier.
C'tait juste un assaut sur les Palestiniens et le Liban, juste du radicalisme pour envahir le
Liban et lutter contre les Palestiniens. Cela s'est pass un moment o je devais briser des
barrires, ouvrir une nouvelle voie dans ma vie 1881. Yehiel Horev, interdit finalement Even
de dfendre Vanunu, car bien quancien de Dimona, il a quitt le racteur en 1968, et na pas
travaill dans les dpartements stratgiques. Avec lAcri (Association for Civil Right in
Israel), Vanunu se console en prparant une ptition contre la Haute Cour de Justice contre les
restrictions et rcuprer ces affaires personnelles dont les carnets quil rdigea en prison. Cela
lui est refus, mais un expert de la cour et Dan Yakir de lAcri, rexamine son dossier pour
dterminer si oui ou non elle constitue une atteinte la scurit de ltat 1882. LACRI souligne
que les restrictions sont des entorses aux lois nationales et internationales, et quelles sont
1878
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moins une protection du secret dtat quune vengeance du Mossad et du Shin-Bet, car en tant
que libr, il peut recouvrir lintgralit de ses droits. Plus tard, le 17 mars 2005, le
gouvernement tente de briser les liens qui unissent Vanunu et ses soutiens de lAcri en
publiant, le nom de Yakir dans la liste des tmoins pour expliquer le pourquoi des restrictions
imposes Vanunu1883. Autrement dit, le tmoignage de lAcri devait tre dirig contre
Vanunu, au mpris du secret professionnel de lagence. Sur ltude psychiatrique de Vanunu,
lAcri soutient que les psychiatres nont mme pas rencontr physiquement Vanunu et que
donc le profil tabli nest pas recevable1884. Cest oublier ses dclarations antisionistes qui
font de lui un cas sans ambigut.
A lorigine, lingnieur dsirait partir s'installer aux tats-Unis pour enseigner l'Histoire.
Le problme est quil lui est interdit de se rendre l'tranger. Devant cette fronde, Vanunu ne
rejoint mme pas l'appartement retenu pour lui, mais se rend directement l'glise SaintGeorges de Jrusalem-Est, sous la protection du rvrend Riah Abu al-Assal1885. En effet,
lorigine, Vanunu devait s'installer dans le complexe de la colline d'Andromde, une rsidence
d'appartements de luxe de Jaffa, abritant aujourd'hui une population mixte arabe et juive ainsi
que de nombreux diplomates et rsidents trangers (quil ne doit pas ctoyer) 1886. Mais il
sagit peut-tre dune dernire manigance de la part des autorits. Car au dernier moment,
Vanunu failli ne pas tre remis en libert, faute d'avoir pu donner une adresse stable. Dans la
deuxime quinzaine de janvier, Sharon rencontre Menahem Mazuz, le Procureur gnral
dIsral, et Shaul Mofaz, pour savoir sil faut refuser un passeport Vanunu. A lorigine,
lingnieur dsirait partir s'installer aux tats-Unis pour enseigner l'Histoire. Le problme est
quil lui est interdit de se rendre l'tranger pendant au moins un an.
Entre sa libration et 2011, Vanunu sera nouveau emprisonn une dizaine de fois pour
des motifs trs varis relatifs aux restrictions qui pse sur lui. Les SR israliens se sont jurs
de lui nuire jusqu sa mort. Leur victime, quant lui, na aucunement lintention de renoncer
son statut de martyr. Abandonn par la presse occidentale, sauf isralienne, amricaine et
britannique, Vanunu appartient cette catgorie de personnage trs important que lon
effacera de lhistoire.
II Laffaire Marcus Klingberg : brouillard chimique Ness-Ziona
II.1 La disparition suspecte dune sommit mondiale en biochimie
1882
Haaretz, 15 mai 2004, Prof. Uzi Even Vetoed as Consultant on Vanunu Case , Yossi MELMAN.
Association for Civil Right in Israel, 21 mars 2005, ACRI attorney called to testify against client .
1884
ACRI, 6 juin 2004, ACRI petitions to cancel restrictions on Vanunu . The State of Human Rights in
Israel 2004, Vanunu: Prisoner/Released? .
1885
Le Figaro, 7 juillet 2004, Le directeur gnral de l'AIEA, Mohammed ElBaradei qui doit rencontrer Ariel
Sharon Isral maintient l'ambigut sur sa force nuclaire , Patrick SAINT-PAUL.
1886
AP, 20 avril 2004.
462
1883
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
1887
Israelvalley, 17 novembre 2008, L'espion Marius Klingberg va crire de Paris ses mmoires d'espion .
463
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
1888
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
Cit par Avner Cohen. Larticle a disparu des archives internet du journal
Haaretz, 6 juin 2006, I spy .
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UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
1893
Le Monde, Ibid. Voir aussi Agents de Moscou, Le stalinisme et son ombre , Alain BROSSAT, Gallimard,
1988; pp. 25-37. Jacques DEROGY et Hesi CARMEL, Isral ultra-secret , Robert Laffont, 1989, pp. 181-183.
Graig WHITNEY, Spy Trader, Germany's Devil's Advocate and the Darkest Secrets of the Cold War , Times
Books, 1993, pp. 361-362.
1894
Le Monde, Samedi 5 septembre 1998, Isral pourrait bientt librer l'espion Marcus Klingberg , Marion
GEORGES.
1895
The Jewish Press, 16 fvrier 1996, Spy Caper Damaged Israel's Security - Klingberg Was No Pollard.
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Deux gardes du corps de lIsraeli General Security Service (GSS) garantissent officiellement
sa scurit. En fait, cette garde a pour mission dviter que Klingberg ne parle avec des
individus extrieurs sa famille ou son cercle damis les plus proches1899.
1896
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Sylvie Klingberg peut aller voir son pre quatre fois par an. Pour elle, les arguments mis
en avant pour rejeter ses demandes de libration sont fallacieux : Ils prtendent quil
pourrait livrer des secrets importants sans mme sen rendre compte. Mais cest faux. A mon
avis, il sagit de vengeance pure et simple. Aux yeux de ceux qui lont jug, le fait quil nait
pas touch un sou est une circonstance aggravante 1904, car en cela, il ne serait pas,
juridiquement parlant, tout fait un espion. Le scientifique na peut-tre pas tout dit. Dbut
juillet 2007, il affirme quun autre espion russe quil avait recrut travaille encore NessZiona1905.
Laffaire Klingberg devient lquivalent de celle de Vanunu pour Dimona. L encore, il
faut louer laction de la presse britannique et isralienne. Sans elles, personne nen aurait
entendu parler, car le personnage de Klingberg fait moins figure de martyr que lingnieur du
Nguev puisquil reprsente un volet encore plus condamnable des ADM, et Klingberg reste
avant tout un militaire. Son cas nest pas unique. En juin 1960, Kurt Sitte, un professeur de
physique travaillant au Technion, est arrt en possession de donnes stratgiques alors quil
1900
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partait pour la Tchcoslovaquie. En novembre, son procs, film en camras fermes, nest
finalement jamais rendu public. Il cope de 5 ans de prison1906. Le 20 avril 2009, Ramat
Hasharon, des agents du Malmab arrtent un ancien scientifique de lIIBR, Yehoshua Gozes,
qui voit sa maison fouille et son ordinateur confisqu. Il refuse de rpondre aux questions
puis est relch. Mais il parvient faire savoir Haaretz quil sagit en ralit dune
vengeance de la part dun Malmab incomptent davoir t impliqu dans laffaire des
expriences de vaccins sur lanthrax sur des soldats de Tsahal ! Gozes naurait t rien dautre
que lauteur des fuites1907.
III Jonathan Pollard : histoire dun contentieux isralo-amricain
III.1 Un exemple de lespionnage amricain aux USA
Jonathan Jay Pollard, juif amricain, est arrt en 1985 devant l'ambassade isralienne
Washington. Danny Cohen (son nom de couverture) est ensuite condamn la prison vie
pour espionnage aux tats-Unis. Son histoire, largement connue, continue dempoisonner les
rapports entre Washington et Tel-Aviv.
En 1977, il travaille comme analyste civil aux services secrets de la marine
amricaine1908. En 1981, Pollard devient analyste de la Dfense, lAipac. Son caractre
versatile fait quil est plusieurs fois refus pour travailler la CIA et au Mossad mais Rafi
Eitan, chef du Lekem, lemploi pourtant, partir doctobre et lui demande de fournir des
premiers renseignements. Le raid sur Osirak aurait t dj facilit par ses premiers rapports.
Lors des escales de la marine amricaine en Isral, chaque officier dun pays est parrain
par lofficier de lautre pays. Pollard est ici affili comme neveu auprs dEitan lui-mme.
En 1982, Reuben Yerdor devient gnral de brigade et responsable du secteur 8200. Cest ce
titre quil change des renseignements avec la NSA en tant quadjoint au chef dtat-major.
Son suprieur, le major-gnral Yeoshua Saguy, chef de lAman, le charge en 1982 dtudier
les documents remis par Pollard. Yerdor apprend que les Russes ont livr des SAM-5, 6, 3 et 8
aux Syriens. Ces missiles, sous contrle de Moscou, protgent les SS-21 ttes chimiques,
pointes sur Isral, que Tsahal voulait bombarder. Selon Seymour Hersh, cest alors quEytan
veut doubler son rival, le chef du Mossad Yitzhak Hofi, et le responsable du Shin-Bet
Avraham Shalom, afin de mettre dans lembarras Sharon, en prouvant que son service est plus
efficace que les autres. Ses rivalits sajoutent celle du microcosme politique isralien:
Shamir, anti-amricain, se heurte Begin, Prs et Rabin, plutt atlantistes. Cette querelle est
caractristique du climat dltre des milieux politico-militaires israliens, datant notamment
de la lutte entre lIrgoun et la Haganah.
1906
1907
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renseignement agressif et extrmement comptent, ont permis l'tat juif d'engranger une
moisson d'informations importantes dans les domaines militaire et industriel tels que les satellitesespion, les missiles de dfense, les vedettes lance-missiles, les chars d'assaut et les radars. Placer
des citoyens israliens dans les industries-cls [des tats-Unis], ajoute-t-elle, est une technique
utilise avec grand succs 1912.
1912
Le Monde, 2 fvrier 1996, L'espionnage isralien aux Etats-Unis cre des tensions entre Washington et
l'Etat juif , Claude PATRICE. Son histoire est en partie raconte par le film dEric Rochant : Les patriotes . On
y retrouve le mme mcanisme de vengeance de la part dun chef de SR, essayant de dissimuler son
incomptence en se dfrant sur une victime.
1913
Seymour HERSH, op.cit., p. 292.
1914
Haaretz, 21 septembre 2006, 21 wear after capturing Pollard, man who nabab spy telles all , Amir OREN.
1915
Gordon THOMAS, Histoire ..., p. 100
471
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dIsral par les Amricains. Autrement dit, Pollard devait savoir si les Amricains ne leur
cachaient rien1916.
1986 est lAnnus horribilis pour Isral avec laffaire Vanunu, alors quau mme moment
Pollard livre le nom dAviem Sela, comme bouc missaire. Une autre affaire dfraie la
chronique. Des Israliens ont essay de soudoyer sans succs Noel Koch, haut fonctionnaire
du secrtariat d'tat la Dfense, dpartement du contre-terrorisme. Au point que John Davitt,
un ancien de Secrtariat dtat la Justice, confie : ceux dentre nous qui travaillaient dans
le domaine de lespionnage considraient Isral comme le deuxime service
de
renseignements tranger le plus actif aux USA 1917. En aot, une dlgation isralienne
comprenant Cham Zadok, lancien du Mossad et ambassadeur dIsral Meir Rosenne,
Eliakim Rubinstein, lavocat Rom Caspi, Avraham Shalom et ladjoint au directeur gnral du
ministre des Affaires trangres Hanan Bar On, arrivent Washington pour sentretenir avec
le Dpartement dtat et le ministre de la Justice. Prs leur confie la tche daffirmer que
Pollard appartenait un SR isralien clandestin. Leonard Garment, avocat, est charg de
rgler le contentieux entre les deux pays. Cependant, il ne connat pas les dessous stratgiques
et les implications diplomatiques du dossier et finit donc par abandonner la procdure.
Le 4 mars 1987, le procs huis clos aboutit une condamnation perptuit la
prison de haute scurit de Bulmer en Californie, sa femme copant de cinq ans de prison.
Noublions pas quen Isral, exactement au mme moment, Vanunu est aussi jug. Lun des
pires espions de lHistoire des USA qualifi aussi en Isral de hros des services
abandonn en terrain ennemi aurait-il agit uniquement pour des considrations pcuniaires ?
Il aurait reu lpoque 45000 dollars (et une remise ventuelle de diamants, usage courant
en Isral) et sen tait vu promettre 300000 de plus la fin de sa mission1918. Hersh affirme
quil aurait reu en dix ans plus dun demi-million de dollars contre la livraison du manuel
des codes daccs et de dcryptage des coutes de la NSA dans le monde. Paru en 2006,
louvrage de Ronald Olive nous apprend que Pollard reu 30000 dollars par an, que lauteur
compare aux 30 deniers de Judas. De plus, selon lui Isral aurait assur Pollard quil
recevrait sa libration 3,6 millions de dollars, sil dfendait la cour la thse officielle1919.
III.3 Le feu de laccusation se propage
Le tribunal dinstance de Washington inculpe Sella mais Isral refuse de lextrader1920.
Pour la plupart des Israliens, le procs est entach de violation des principes de la procdure
1916
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pnale amricaine qui reconnat le droit une peine rduite, lorsque l'inculp plaide coupable,
ce que fait Pollard. Sans doute, mal conseill et par souci de ne pas aggraver les conditions de
dtention de son pouse, Pollard omet de faire appel immdiatement. Ce n'est que trois ans
plus tard qu'il entreprend une procdure qui choue toutefois, tant en premire instance qu'en
appel, sur la base de considrations techniques de procdure. Ce nest pas la premire fois
quun SR sacrifie sans scrupules un de ses indicateurs et quun pays espionne ses allis. Mais
la porte des agissements de Pollard le distingue des autres cas. Dans la socit isralienne, on
fustige les renseignements cachs par Washington. De leur ct, les Amricains nont pas
apprci que leurs allis sapprovisionnent la source sans autorisation. Entre les deux pays,
cest la question mme des aides conomiques et militaires qui est en jeu! Isral cherche alors
limiter le scandale est dsigne des fusibles. Washington nest pas dupe mais se doit de
sauver les apparences face lopinion amricaine. En Isral, on se rejette la responsabilit.
Yitzhak Shamir, ne ragit pas au verdict prononc. Ce mutisme de principe explique sans
doute l'absence de tout communiqu officiel Jrusalem1921, mais galement parce que
Shamir rvle par dfaut Washington le double jeu isralien.
Les rpercussions en Isral dbutent. Yerdor critique lamateurisme de Rafi Eitan, lequel
est destitu, emportant son service avec lui1922. Mais il est mut un autre poste stratgique,
puisquil intgre la Socit des produits chimiques israliens, la demande de Sharon. Sella
est mut au commandement arien de Tel Nof, la base o peuvent dcoller des appareils
capacits nuclaires. Sous pression amricaine qui considre cela comme laffront suprme, il
est transfr un autre poste stratgique puis est finalement dmissionn. Finalement, cest
Rafi qui endosse la responsabilit, dun commun accord entre Amricains et Israliens1923.
Une partie (dit-on) des documents pills par Pollard sont restitus aux Etats-Unis, ce qui
revient reconnatre la culpabilit pleine et entire de ltat hbreu1924.
Plusieurs arrestations de juifs amricains ou israliens se produisent, dont celle de Ben
Menashe. Bien que relch, il quitte les services de relations extrieures et devient conseiller
du Premier ministre Shamir. Tel-Aviv ne se confond pas en excuses, car la CIA ne se gne pas
pour espionner aussi Isral. Le seul crime dans le renseignement, cest de se faire prendre.
Sauf que les renseignements de Pollard concernent la dissuasion, cest--dire lindpendance
des tats concerns et l, les rgles sont diffrentes. Comme pour laffaire Vanunu, le cas
Pollard est une perche tendue par les USA pour obliger Isral clarifier son statut atomique.
Une campagne mdiatique sur Vanunu et Pollard aurait suffit peut-tre faire adhrer Isral
au TNP et permettre les inspections. Mais la presse na pas beaucoup dimpact politique si le
1921
473
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
pouvoir ne suit pas. La CIA et les autres SR expriment leurs dceptions concernant la
dsinvolture des gouvernements. En fait, tous invitent les mdias se taire. Ces affaires
seront rduites des brves, sauf en Grande-Bretagne, aux USA et en Isral.
En octobre 1992, la Cour suprme revient sur la svrit de la condamnation. En effet,
durant les premires annes, Pollard est soumis des conditions de dtention particulirement
pnibles. Emprisonn dans le quartier rserv aux criminels dments, dans une prison-hpital
(stratgie sovitique), Pollard est, par la suite pratiquement maintenu en isolement cellulaire
dans des conditions rigoureuses (chaleur, humidit, changements frquents de cellule,
limitation des contacts avec l'extrieur, brimades l'empchant de pratiquer sa religion). Cela
rappelle un peu Vanunu. Par la suite, ses conditions de dtention sont assouplies, sur pression
internationale. La France absente de la dfense du cas Vanunu, organise dans ce cas prcis un
comit : Justice pour Jonathan Pollard . Mme le Parlement europen adopte, en 1993, une
rsolution en sa faveur. En 1995, le dtenu connat un dbut de considration. Dix ans aprs
son arrestation, Isral reconnat officiellement qu'il fut un agent de renseignement et non pas
un simple mercenaire, mais Rabin refuse de donner de plus amples dtails. Ce dernier avait
tout de mme donn des ordres directs lquipe qui dirigeait Pollard. La demande
dobtention de la nationalit isralienne, prsente par sa nouvelle femme, pouse en prison,
est rejete. Des Israliens exigent sa libration, arguant quil serait incapable de
recommencer , un argument dont ne bnficie pas Vanunu1925. Netanyahou la lui accorde
stupidement en 1996 (ce qui finit de confondre lanalyste) des fins lectorales et confirme,
en mai 1998, que Pollard tait bien un agent isralien , ce qui complique le dossier.
III.4 Une monnaie dchange dans les accords de paix
Le 21 dcembre 1993 et durant ses mandats, Clinton, uvrant pour la paix au ProcheOrient, met dans la corbeille des ngociations la libration de Pollard1926. Lchec dOslo la
remet sine die. Une lutte oppose Washington et Tel-Aviv, les Amricains proposant que
Pollard soit chang contre la libration de Klingberg. Ham Ramon, ministre de l'intrieur
explique : Avec ce geste, nous marquons notre dtermination, notre engagement obtenir la
libration prochaine de Jonathan et son transfert en Isral. Des excuses sont prsentes pour
cette exception non autorise contraire la politique traditionnelle dIsral 1927. Ce fauxsemblant diplomatique est destin forcer la main Isral pour accepter Oslo. Lors du
sommet de Wye Plantation, le 23 octobre 1998, Netanyahou affirme avoir obtenu de Clinton
sa libration. Clinton dment avoir formul cette promesse. Mais cette initiative personnelle
dans un contexte dlection, est un coup dannonce. M.Albright crit : il pouvait constituer
1925
1926
Council for Arab-British Under standing, Israels nuclear weapons , date inconnue, 8 pages, p. 4.
NYT, 21 dcembre 1993, To Promote Peace, Free Pollard, p. 27, Akiva ELDAR.
474
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
une sorte de trophe permettant Netanyahou de faire accepter plus facilement par la droite
isralienne un accord avec les Palestiniens. [] Netanyahou menaait de ne pas signer
laccord si les USA ne libraient pas Jonathan Pollard 1928.
En 1999, la confrence des organisations juives, regroupant une cinquantaine
dassociations structurant le lobby juif aux USA, estime que puisquIsral est et restera un
alli de Washington, cet emprisonnement demeure injuste. Mais la libration de Pollard risque
de dmoraliser la CIA1929. Ainsi, Georges Tenet, son directeur, considr comme un alli
indfectible de ltat hbreu, prcise en 1998 que si Pollard tait libr, il dmissionnerait !
Albright confirme : Il t rsolument oppos la libration de Pollard car elle pouvait
laisser supposer que la haute trahison tait un crime acceptable si lon avait les amis quil
fallait. Jtais entirement daccord avec Tenet 1930. Ted Gunderson du FBI, explique la
rancur amricaine :
Pollard a vol tous les renseignements dignes dintrts que nous possdions. Nous sommes
encore en train dessayer de nous remettre de ce quil a fait. Nous avons d retirer des douzaines
dagents en place dans lex Union Sovitique, au Moyen-Orient, en Afrique du Sud et dans des
pays amis tels que la Grande-Bretagne, la France ou lAllemagne. Le grand public na
Sandy Berger, George Tenet et Madeleine Albright refusent encore. Clinton retourne la
question et exige la signature des accords par Isral contre Pollard. Laffaire en reste l.
1927
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
1933
Jerusalem Post, 9 aot 2003, Jonathan Pollard se prsentera mardi devant un juge .
Jerusalem Post, 8 fvrier 2004, Katz appelle Sharon faire librer Pollard .
1935
Jerusalem Post, 23 mai 2004, L'ex madame Pollard exige 5 millions de $ de compensation Isral .
1936
Jerusalem Post, 22 mai 2005, Laura Bush bouscule sur le Mont du Temple .
1937
Jerusalem Post, 9 mai 2005, Pollard demande bnficier du statut de prisonnier de Sion.
1938
Jerusalem Post, 16 mai 2006, Eitan refuse de signer une ptition en faveur de Pollard . Dan IZENBERG.
1934
476
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Par vengeance, Jonathan et Esther Pollard, par l'intermdiaire de leur avocat, prsente
une ptition la Haute Cour de justice, afin que Rafi Eitan, dirigeant du parti Guil, ne soit pas
nomm ministre. Selon le couple, il serait en effet en possession d'un document secret qui
permettrait la libration de lespion car incluant une liste dinformations transmises Isral
par Pollard entre 1984 et 1985. Ce dernier refuse daider son espion et mme naurait pas
cherch laider fuir les USA aprs son identification par le FBI1939. Leitner appelle la Cour
annuler l'accord pass entre Guil et Kadima, et qui promettait Eitan un ministre. Au
Yedioth Aharonot, Eitan explique qu'il savait que cela tait dangereux mais au vu de
l'importance des informations fournies, il n'avait pas hsit sacrifier lespion. Eitan prend
la pleine responsabilit du recrutement de Pollard, c'tait ma dcision et la mienne
seulement1940. Le 10 janvier 2008, Esther Pollard remet au ministre Elie Ycha une lettre
destine George Bush lors de sa visite en Isral, dans laquelle elle fait appel aux sentiments
religieux du prsident, et demande de librer son mari avant qu'il ne soit trop tard . Eitan,
personna non grata aux USA, devenu ministre des retraits, profite de ladministration Bush,
plus que jamais pro-isralienne, pour rencontrer le prsident. En septembre 2010, lors des
ngociations sur le gel des colonies, condition sine qua non pour la reprise du dialogue, Bibi
rclame encore sa libration
Pollard reste le symbole du juif abandonn son sort par Isral, face la juridiction
amricaine. Dans le pays, on pense que son seul tort ait t de ne pas avoir avec lui un
passeport isralien, ce qui lui aurait vit peut-tre la prison. En 2008, le ministre du
Commerce et de l'Industrie s'engage appuyer cet appel, au nom du chef spirituel de son
parti le Rabbin Ovadia Yossef, qui avait ainsi dclar qu'il soutiendrait la libration de
prisonniers palestiniens si les USA acceptaient en contrepartie de le relcher1941. Laffaire
nest pas termineCette intrigue, tmoigne de la complexit des relations amricanoisraliennes, et de la lutte entre SR normalement allis. Les premiers ministres israliens
successifs ont t officiellement discrets sur cette affaire, tant ils avaient besoin du soutien des
tats-Unis. LAdministration amricaine empche les prsidents, tant rpublicains que
dmocrate de cder pour lhonneur du pays. On parle seulement de le librer le 21
novembre 2015. Bien qu'il ny ait pas de plaintes dposes contre lui, Washington fait
clairement savoir que si Rafi Eitan pntre nouveau aux USA, il risquait d'tre arrt et
interrog de nouveau sur l'affaire
1939
1940
Jerusalem Post, 2 mai 2006, Les Pollard barrent la route Rafi Eitan .
Jerusalem Post, 30 mars 2006.
477
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
CONCLUSION
Isral ne peut plus penser militairement sans la bombe, sans tre esclave de cette arme,
de cette garantie sa survie. Comme laffirme avec acuit Bruno Tertrais au Snat Franais,
Isral a du mal se dbarrasser de ce qu'elle considre comme une assurance-vie. Est-ce un
facteur de prolifration nuclaire ? Comme le sort des Palestiniens est, dans le monde arabe,
un prtexte beaucoup de choses, le nuclaire isralien l'est aussi. [] Je ne vois pas Isral
renoncer la bombe avant un accord de paix de trs longue dure garantissant une trs grande
stabilit dans la rgion1942. Seule lopacit serait mme de disparatre. La dissuasion, aussi
puissante soit-elle, est nanmoins incapable darrter ce qui menace vritablement Isral dans
les faits, le terrorisme et les roquettes.
Cependant, il apparat que comme pour les USA, le poids du nuclaire en tant quarme
diminue car il immobilise des situations de conflit (la paix est l mais les casus belli
demeurent), les moyens conventionnels sont plus efficaces, plus adapts et vu comme plus
moraux . Ils sont plus mme de combattre des ennemis qui ne craignent pas les effets de
dissuasion mais recherche la confrontation en martyr. Nanmoins, Isral et ses adversaires
saffrontent aussi verbalement pour obtenir de leurs parrains respectifs davantage daides
et nont donc pas vraiment lintention den dcoudre. Les USA, aprs avoir lutt pour
contrler le programme, ont finit par accepter la dissuasion isralienne, continue loptimiser,
afin quelle serve dans loptique de desseins prsents et futurs contre des states of concern et
les grandes puissances mergeantes. LUE considre la bombe comme un fait acquis et ny
trouve pas grand-chose redire. Pour les tats arabo-musulmans, la bombe est lun des
obstacles la paix et enraye un processus daccord largi. LAIEA sy signale par sa complte
impuissance.
La socit isralienne reste divise sur une assurance-vie lourde, coteuse,
embarrassante, et gnrant une stratocratie (semblable un guarisson state ou tat sur le
pied de guerre ) aux antipodes de lidal dmocratique. Mais larme, surpuissante, reste
sous lautorit du Premier ministre, une nuance difficile expliquer. Le citoyen- soldat rduit
aux missions de Petersberg pendant que llite de larme se rserve les oprations spciales,
ne semble pas toujours convaincu des bien-fonds de la stratgie nationale. De mme, ces
Magen David high-tech, aussi coteux quinutiles, affectent encore plus la mfiance de
citoyen dans un systme de dfense sophistiqu, restant efficace, mais sloignant des valeurs
initiales du sionisme, comme les mettent en exergue les commissions de critiques telle celle
de Winograd. Le contexte a chang, mais la socit isralienne aussi. La stratgie, elle, peine
1941
1942
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1943
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CONCLUSION GENERALE
Du nant la puissance absolue : Ordo ab Chaos
La dcision de se doter d'armes nuclaires ne date pas de limmdiat aprs Suez, mais
merge de la pense des sionistes avant mme qu'Isral ne voit le jour, partir du moment o
des scientifiques juifs sionistes se sont aperus de la faisabilit dune arme nuclaire. Si ce
sont les antismites qui ont fait le juif, selon Sartre, c'est l'histoire tragique de ce peuple qui a
gnr Isral, la terre promise, l'Hatikva (esprance) en un monde meilleur, dont la bombe est
la garante. Larme nuclaire isralienne devait tre une rponse lhostilit du monde arabomusulmans et leurs programmes militaires affrents, linfriorit militaire, dmographique
conomique et stratgique isralienne. Rtrospectivement, malgr quelques bmols,
linitiative sest rvle payante. De la guerre froide laprs 11 septembre , Isral est
sentinelle de loccident , son porte-avion , une stratocratie dmocrate, au carrefour de
trois continents, au milieu de confluences sismiquement gostratgiques. Cest pourquoi sa
dissuasion est autant une volont propre, que recouvrant des proccupations occidentales, hier
dabord contre le Pacte de Varsovie et ses allis arabes, et aujourdhui thoriquement contre
les tats voyous, le terrorisme et dans le futur, peut-tre, contre les puissances mergentes et
leurs allis.
Lhistoire de ce programme a fortement influenc lhistoire de la seconde partie du
vingtime sicle avec certaines de ses guerres et de ses crises diplomatiques. Cest ce que
Slezkine appelle le sicle juif , en faisant nanmoins une impasse fondamentale sur la
dissuasion isralienne1944. Elle est pourtant lune des principales raisons des conflits au
Moyen-Orient. Or, beaucoup de spcialistes rputs, ny font aucunement mention. Cest en
ce sens que le journal The Economics, dnonant demi-mot le silence des experts, affirmait
que la bombe isralienne tait le secret le plus lourd, gr par le monde1945.
La dissuasion NBC, orchestre par Ben-Gourion, Bergmann, Weizmann et Prs, la
Peres-troka , est construite en parallle avec les initiatives amricaines, sud-africaines et
europennes. Grce notamment aux scientifiques Youval Neeman et Shalheveth Freier, la
dissuasion a fait dIsral lune des puissances majeures de la plante, avec une capacit de
destruction quivalente (bien sr hormis la Russie et les Etats-Unis). Les partenariats avec
Washington, Londres, Paris, Bonn ou Pretoria ont t mutuellement bnfique, au point
qu'aujourd'hui, Isral est devenu le centre mondial de la recherche en armement high-tech et
NBC. Sappuyant sur une infrastructure scientifique et militaire de premier ordre,
essentiellement autour des racteurs atomiques de Nahal-Sorek et Dimona, des centres de
1944
1945
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
481
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problmes internes1946. La bombe isralienne et la future arme iranienne sont les prtextes
quagitent les autres pays pour prolifrer. Obstacle et outil de paix, la bombe isralienne
permet aux lobbies militaro-industriels des deux camps de continuer sarmer et rclamer
des Etats-Unis et de lUnion Europenne quantit darmements et daides conomiques, ces
deux partenaires y trouvent aussi leurs comptes.
Un financement tranger
Le financement de la dissuasion isralienne sort de lordinaire. Elle ne correspond
aucun autre cas de prolifration dans le monde, puisquelle est pratiquement gratuite, la fois
par des dons privs (volontaires ou forcs) de la communaut juive dans le monde, mais
surtout aussi par des subsides amricains et europens. Du plan Marshall la ranon de la
Shoah en passant par laide annuelle officialise Camp David I, les Etats-Unis, la France et
lAllemagne, principalement, en ont t les cranciers pour ldification de centres de
recherches et la conception de vecteurs. Les centres de Nahal-Sorek, de Dimona, de lInstitut
Weizmann et du fameux Technion sont devenus le noyau de la science militaire mondiale
comme latteste le rang dIsral dans le peloton de tte des exportateurs darmes, des brevets
militaires, jusque dans la lutte antiterroristes. Ce maillage militaro-scientifique continue
stendre, notamment dans le Nguev, appel sriger en une nouvelle silicon-valley de
dimension mondiale.
L'tude met en exergue l'impact considrable de l'conomie militaire au sein de
lconomie isralienne, et les rapports trs intimes entre recherches civiles et militaires, mais
galement les partenariats ambitieux qui lient, encore aujourdhui, les principaux pays de
lUnion Europenne, les tats-Unis, lAustralie, Tawan ou la Core du Sud, entre autres, avec
ltat hbreu dans la recherche et dveloppement NBC dont il est la fois le centre et le
terrain exprimental, travers des programmes hybrides (BIRD, EUREKA et PCRD). La
France nest pas en reste. En effet, ses rapports militaires et scientifiques avec Tel-Aviv
contrairement lide reue, nont jamais cess, et connaissent, depuis les tapes de 1982,
1994 et 2002, un nouvel essor, loppos du paravent de la politique pro-arabe franaise.
Isral est un point nvralgique. Cest le centre du monde par la concentration dintrts qui
sy dveloppe.
Une dissuasion polyvalente
Isral possde dsormais une dissuasion cumulative1947: NBC, conventionnelle,
stellaire, mdiatique et diplomatique. Isral met galement en uvre ses propres rseaux
intellectuels, politiques, conomiques et scientifiques, linstar du soft power. En sus, les
Etats-Unis procurent une dissuasion conomique et militaire Isral. Washington a de plus
1946
1947
Amnesty International, Rapport 2008, rsum Moyen-Orient et Afrique du Nord, pol 10/001/2008-EFAI.
Zeev MAOZ, The mixed lessing of Israel nuclear policy , ibid.
482
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achet la paix lEgypte en 1978 (Camp David) et la Jordanie (1994) selon ce principe : pas
d'aides financire, militaire et diplomatique aux tats Arabo-musulmans qui n'acceptent pas la
paix propose. Les actions du Pentagone en Irak de 1991 aujourdhui, en Libye dans les
annes 1980 et 1990, les embargos contre lIran, le Ymen, le Soudan, lIrak et la Syrie
complte ces moyens de rtorsion.
Isral est un one bomb country 1948, un pays pouvant tre ray de la carte avec une
seule bombe. Cest pourquoi le pays se doit de possder un nombre de bombes
proportionnelles ceux qui le menacent, et cela explique pourquoi larsenal (de 200 400
charges atomiques) est si important. La polyvalence des vecteurs met en exergue une volont
de dvelopper des armements toujours plus performants dans lobjectif de couvrir une aire
trs vaste, bien au-del du Moyen-Orient, ceci avec laide de pays trangers : sous-marins
lanceur dengins avec lAllemagne, missile avec la France, les Etats-Unis et la RSA (plus
Chine, Tawan, Singapour, Core du Sud), avion avec la France puis avec les Etats-Unis. La
porte des missiles converge vers une amlioration sensible des performances, des 700 km
initiaux du Jericho-1 au 4500 km du Jericho-3, sans oublier les performances thoriques du
lanceur spatial Shavit. Car il convient de ne pas omettre la dualit du programme spatial, n
officiellement en 1983, qui fait du lanceur un autre vecteur trs longue porte, et permet de
mettre en orbite les satellites Eros, Ofek et Amos, sans qui une dissuasion crdible ne serait
pas possible. Loptimisation de la dissuasion donne Tel-Aviv une avance de plusieurs
dcennies sur ses adversaires, et sert de modle lOtan qui exprimente certains matriels et
mthodes israliennes en Afghanistan et en Irak (mur de scurit, drone, blindages spciaux,
lectronique de combat, tactique antigurilla, systme antimissile de thtre, campagne de
communication).
Enfin, la dissuasion, cest aussi les assassinats cibls de leaders terroristes et de
techniciens trangers laide darmes non-conventionnelles et conventionnelles. A ce sujet,
ltude sur le programme biochimique savre encore plus opaque. Si lutilisation massive de
gaz de combat contre des Palestiniens et des Libanais (en plus dautres rumeurs
nausabondes) relve de lexagration avre, elle ne doit pas dissimuler la confection
darmes hybrides, cest--dire intgrant des particules radioactives et chimiques dans des
armes conventionnelles (telles les bombes DIME) exprimentes au Liban en 2006 et Gaza
en 2008-2009 notamment. En cela, Isral, avec laval des firmes militaro-industrielles
internationales, se sert de ces conflits pour parfois tester ces armes. Nanmoins, les nouveaux
historiens mettent des doutes sur lemploi systmatique darmes non-conventionnelles, tant
les preuves sont minces. Il est ardu dans ce domaine de discerner ce qui relve de la rumeur et
ce qui relve de linformation. Lemploi des autres armes non-conventionnelles mriterait une
483
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enqute plus approfondie. Nanmoins, leurs usages entrent en contradiction avec l'une des
maximes de Tsahal, la puret des armes (toar haneshek).
La dissuasion isralienne, malgr sa puissance, napparat pas comme suffisante.
Puisque la dissuasion nest pas vraiment adapte aux stratgies proche-orientale, avec des
mouvances terroristes qui ne craignent pas vraiment les frappes de cette nature, Isral
privilgie la dissuasion conventionnelle (opration Pluie dt au Liban et Plomb Durci
Gaza) contre les non detterable tandis que la dissuasion non conventionnelle est dirige contre
ses ennemis tatiques (Iran, Libye et Syrie) et ceux qui les soutiennent ou pourraient les
soutenir (Chine, Russie). Cela tient compte videmment des hostilits mdiatiques et non
pas forcment relles. LIran et la Syrie, contrairement aux ides reues, entretiennent des
rapports bien plus complexes que lcho mdiatique de ne laisse paratre. Comme un aveu
d'chec, pour se protger, le pays a investi massivement, avec les Etats-Unis dans des
boucliers anti-missiles ultra-technologiques avec un rsultat peu prs nul. Ils sarticulent
dans toute une gamme de parades, en premier lieu les programmes Arrow et Thel, pendant du
Patriot, que les tats-Unis financent en grande partie. Ces antimissiles, qui suscitent de
nombreuses controverses, peinent se montrer la hauteur des esprances (ils nempchent
pas les pluies de roquettes et donc les reprsailles).
Pax atomica, succs de la bombe comme outil d'quilibre et de survie
Mme si le nuclaire na pas empch les guerres et la chute de missiles sur ltat
hbreu, Tsahal, malgr sa superpuissance technologique et tactique (mais pas stratgique) na
jamais t totalement dissuasive comme force conventionnelle. Cest pourquoi larme
nuclaire est conserve pour assurer les dividendes de la paix . Ce qui a vit aux tats
hostiles de dpasser la ligne rouge, ce nest pas seulement les ADM que chacun possde mais
bien les intrts des principales puissances qui nentendent pas que lon remette en cause un
quilibre savamment mis en place. De 1966 2007, la dissuasion isralienne sest mue en
une assurance-vie dont lutilit permet juste ltat hbreu de ne plus tre ray de la carte.
Elle assure de passer dune stricte dfensive une position de scurit confortable, du moins
sur le plan de lintgrit territoriale lintrieur des frontires de lavant Guerre des Six Jours.
Les ADM nont pas seulement protg Massada, elles lui permettent aussi d'exister. A
premire vue, hormis lIran, la position gostratgique na jamais t aussi favorable, mme si
cette paix froide reste dcevante. Le 19 avril 2007, Ehoud Olmert expliquait que:
Isral est l'une des nations les plus avances du monde, [...] sans avoir rsolu aucun problmes
fondamentaux. [...] Nous entretenons des relations diplomatiques avec plus de 100 capitales. La
plupart des pays arabo-musulmans qui ne reconnaissent pas formellement cet tat maintiennent
avec nous des changes commerciaux ainsi que des liens officieux. [...] En un sens, Isral lutte
encore pour sa survie. Car l'Iran est totalement imprvisible. [...] Un effort concert [...] de la
communaut internationale tant sur le front diplomatique que par le biais des sanctions
conomiques peut se rvler trs utile [...]. Dans ce cas, l'action militaire ne me parat pas
1948
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ncessaire. [...] Les pays arabes modrs commencent comprendre que l'tat Isral n'est peut-tre
pas le pire [...]. Le plus nfaste pour ces pays, ce sont les forces radicales 1949.
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dailleurs la plupart des pays, subit la dictature des intrts de ce lobby, dont les branches
stendent aussi des secteurs scientifiques et mdiatiques1954.
Le potentiel nuclaire du pays nest donc en rien le rsultat dune initiative secrte.
Comme pour la plupart des puissances nuclaires, le pays possde la bombe parce que les
Grandes Puissances lont bien voulue. Parler d'un chec du droit international est inexacte. Le
TNP a t amnag afin d'exempter les 5 grands de revenir sur leur dissuasion. L'essentiel est
toujours de devenir un tat nuclaire avant la mise en place de sanctions. En thorie, le cas
isralien a permis la mise en place du TNP pour dautres pays, c'est dire un dialogue
mondial au lieu dun bilatralisme. Mais en ralit, cest le bilatralisme qui triomphe. Le
Chine n'a pas demand la permission pour faciliter le programme nord-coren et pakistanais,
les Etats-Unis et l'occident pour l'Afrique du Sud, l'Inde, Isral et le Pakistan.
Isral nest devenu un centre de prolifration 1955 quaprs en avoir t un des
bnficiaires. Son aide lInde, lAfrique du Sud ou encore Tawan le prouve. Dans les cas o
la bombe n'est pas fournie complaisamment, on cherche faciliter la prolifration en
n'intervenant pas dans l'importation de combustibles et de matriaux, en facilitant
l'espionnage de ses propres installations, en vitant des reprsailles conomiques. Comme
lcrit juste titre le CERI, si cest celle des ADM, remarquons que cette prolifration
commence par des allis (Isral, Pakistan) avec laide de multiples firmes: Eurodif, Areva,
Euratom, Noracom, Rosatom, Toshiba Westinghouse, Enel, CEZ, Electrabel, E.ON, RWF1956.
Isral fut le seul tat avoir influ de la sorte sur la politique de non-prolifration
amricaine et mondiale est met constamment mal la crdibilit de lAIEA et dautres
instances. Les principales puissances de la plante, organises et se runissant aux travers de
clubs et congrs, se seraient entendues pour prserver leur leadership sur la plante par la
possession de larme absolue. Doit-on le dplorer ? La question nest pas l. Bruno Tertrais
relativise la complaisance envers Isral: Il y a effectivement une certaine complaisance
occidentale envers l'existence de l'arsenal nuclaire isralien. Trois raisons cela : comme
l'Inde et le Pakistan, Isral ne fait pas partie du TNP, contrairement ces deux autres tats,
Isral n'a jamais rvl officiellement sa capacit nuclaire, et Isral est une dmocratie
appartenant au camp occidental, et n'est pas considre comme une menace potentielle 1957.
Nanmoins, comment exiger dautres tats des concessions, alors quIsral se refuse
dsarmer ?
1953
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488
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ailleurs, sont bafous par la plupart des pays signataires, les cinq grands en tte. Isral n'est
pas un pays comme les autres, cest pourquoi il nabandonnera jamais son programme,
aucun prix, et est prt transgresser toutes les rgles et subir la condamnation internationale.
Au pire, la supriorit conventionnelle de Tsahal serait largement suffisante. Cest ce que les
partisans de labandon rigent en premier argument. Isral aurait donc en thorie intrt
prner une ZEAN dans la rgion. Le problme nest donc pas de se demander si Isral a le
droit de possder larme nuclaire, car la notion de droit international, surtout dans ce
domaine, est trs floue.
Ambigut : Le silence est-il dor
Isral est la seule puissance nuclaire ne pas ouvertement dissuader, un paradoxe qui
nanmoins tend trs lentement s'estomper, et encore demeure circonscrit l'volution des
dangers. Malgr lopacit des capacits NBC de ltat hbreu et les sous-entendus politiques,
les caractristiques du matriel militaire et la nature des programmes de recherche sont
suffisantes pour prouver quIsral est non seulement une puissance NBC effective et
oprationnelle, mais quelle appartient aussi au cercle des principales puissances
nuclaires. Shimon Prs, pense que lambigut a conduit crer suffisamment de mfiance
pour que cette dissuasion soit effective sans avoir un statut clair assorti de sanctions 1959.
Cest la stratgie du judoka, ici se servir de la puissance de peur de ladversaire pour
dissuader, lambigit amplifiant les rumeurs. Quant au programme biochimique, l aussi, la
nature des travaux et des recherches, et la spcificit des infrastructures, sont renforces par
des utilisations spciales finalement reconnues implicitement par ltat, car cest aussi cela la
dissuasion. L'ambigut concerne la fois la possession relle d'armes, la dimension de cet
arsenal, sa nature, et surtout ses buts. L'arsenal tait hier dfensif, il pourrait devenir, par son
ampleur, offensif. Ne pas signer les traits, c'est avouer implicitement avoir ces ADM, et cela
participe l'ambigut : Dissuader sans dire. Ainsi donc, il est probable que la signature de la
CAC signifie qu'Isral est en train d'abandonner les armes chimiques.
La politique de lambigut consiste faire comprendre aux tats rivaux les possibilits
non conventionnelles de Tsahal, sans coper de dsapprobations internationales ou exacerber
les tensions et les courses aux armements. Lopacit ne sert pas seulement la diplomatie et la
scurit isralienne mais semploie galement dissimuler la collaboration de nombreux
tats, entreprises et acteurs. Loption Samson est suffisamment discrte pour viter des
remontrances, mais assez ostensible (surtout dans les sphres diplomatiques) pour tre
dissuasive. Cette promesse a t formule en 1969, entre le prsident Johnson et le Premier
1958
The Nonproliferation Review, Hiver 1995, The nuclear equation in the middle east, Avner COHEN.
Center for Nonproliferation Studies, 2002, Israel's Nuclear Posture Review, CNS Issue Brief on WMD in
the Middle East .
489
1959
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ministre Golda Mer. C'est tout l'art du jeu isralien qui rside derrire une politique de
possession de l'arme, sans jamais explicitement reconnatre son existence1960.
La presse nest, a priori, pas tenue de respecter cet engagement et peut publier ce
quelle veut sur le sujet, en vitant toutefois dy mentionner des noms de personnalits
politiques. La presse, certes, dnonce, comme les rares universitaires qui se sont intresss
la question, mais paradoxalement, ils participent eux-mmes, comme par exemple cette thse,
la dissuasion isralienne, sans que le gouvernement hbreu nait besoin de menacer
directement ses ennemis potentiels par cette dissuasion de papier 1961. Le sujet nest pas
vritablement tabou mais tendancieux . Il devient dangereux si les investigations savrent
trop pousses. La libert de la presse nest pas particulirement bafoue en Isral par rapport
dautres pays. Ceux qui en doutent nont qu se rfrer la presse de ce pays. Mais cela est le
rsultat de journalistes et chercheurs courageux dont les coreligionnaires trangers feraient
bien de sinspirer. Et cela est dautant plus curieux quil existe une censure officielle en Isral.
Nanmoins, il est aussi probable que les tudes sur Dimona ne soient quun pige
journalistes, cachant la ralit de la totalit du programme dADM de ltat dIsral. Affirmer
quIsral garde jalousement ses secrets les plus inavouables darmes cauchemardesques est
exact, mais est-ce une attitude antidmocratique ? Les cinq puissances nuclaires officielles
ninterdisent-elles pas elles aussi que lon sintresse de trop prs leurs sites sensibles ? Les
Etats arabo-musulmans font-ils preuves de transparence en la matire ?
Au risque de se faire laptre de ce lieu commun, la socit isralienne, mosaque
d'antipodes 1962, entretient un rapport particulier avec sa dissuasion sous le prisme dune
autocritique judo-chrtienne. Pour la socit isralienne, les rvlations de Mordechai
Vanunu sur ltendue de larsenal atomique isralien en 1986, ou de dAvraham Klingberg en
1983, relvent la fois de la trahison et du devoir de vrit, dautant quen Isral, il nexiste
par vraiment de frontire entre secteur public et priv, et entre sphre militaire et civile. Ltat
serait-il soumis un puissant lobby militaro-industriel dont la trs forte accointance avec le
monde politique ferait craindre des drives? Divis, le citoyen isralien sait que la bombe est
son assurance-vie mais il souhaite plus de transparence. Le contribuable qui paie la
maintenance dun systme antimissile qui ne fonctionne pas, lui qui reste soumis aux attentats
et aux Qassam, lui qui paie la maintenance de la bombe et dune arme puissance mais
craignant une attaque iranienne, lui qui souhaitent btir un tat respectueux de la nature et qui
combat les risques de laboratoires dont certains sont obsoltes et peu scuriss ; et bien ce
citoyen concentre en lui-mme toutes les problmatiques de la question.
1960
490
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Aucune socit dun tat nuclaire nest aussi concerne et proccupe par ces
questions quen Isral. Une partie de la rue isralienne victime des attentats et des Qassam qui
sapprte tout moment se saisir de son kit NBC et plonger dans les abris, soutient bec et
ongle ce programme, tandis que lautre partie fustige le poids des militaires inefficaces,
corrompus, autoritaires et cotant trs chers au pays. Les dangers cologiques que
reprsentent Dimona ou Ness-Ziona et la question du respect des droits de lhomme,
provoquent des ractions passionnes dans une dmocratie en perptuel mouvement.
Lopinion souhaite que ce dossier soit rgl publiquement. Une utopie.
Choix cornlien : Un mal ncessaire ou la doctrine Begin comme seule solution ?
Lexprience de la seconde guerre du Liban durant lt 2006 rvle lincapacit de
Tsahal arrter les roquettes du Hezbollah puis du Hamas Gaza ensuite. Au point que cest
encore la doctrine Begin qui apparat la meilleure solution: des frappes cibles dans une
logique de contre prolifration par la frappe militaire. Isral na pas le choix (ein breira)
demployer de telles mthodes. Cette mthode parat archaque puisquelle fut celle de la
guerre des Six jours contre lgypte, Osirak contre lIrak, lopration Orchar contre la Syrie,
un raid dbut 2009 Soudan, peut-tre une prmisse une opration contre lIran. Cette
doctrine pourrait devenir une sorte d'obligation stratgique pour Tel-Aviv, soucieuse de
rester le gendarme nuclaire dans la rgion1963.
Mais cette stratgie apparat sans fin. La paix sera impossible car lorsqu'Isral se fend
de concessions, son environnement considre cela comme un aveu de faiblesse. Et
lorsquIsral accentue sa pression de manire trop importante sur son environnement, c'est le
cycle des reprsailles terroristes et des condamnations qui s'enchanent. Big stick lorsque
Tsahal attaque et contre attaque, containment par la dissuasion. La doctrine Begin/ Brezinski
et doctrine Barak (se battre sur le territoire tranger mais sans lannexer), cest larme
conventionnelle comme pe, et loption Samson comme bouclier.
Le bilan de la dissuasion apparat mitig puisquIsral restera condamn, malgr sa
puissance, connatre des gains seulement relatifs (militaire) au dtriment de gains absolus
(surtout politique)1964. Les ADM sont une assurance-vie dpasse. Et Isral, too big to fail, le
comprend. Il est impensable qu'Isral abandonne sa dissuasion. Si la bombe vite
l'extermination mais pas la guerre, elle est indispensable pour prserver la paix. Ce serait
priver un malade d'un vaccin, dans un environnement perptuellement contamin. D'ailleurs,
le rapport annuel du Congrs, en 2008, indique que rien n'affirme ou infirme qu'Isral rduise
son arsenal1965. Ainsi donc, lhistoire de la dissuasion isralienne est aussi celle de lvolution
1963
Pour la Palestine, dcembre 2003, n 40, Isral : une menace nuclaire globale , Bertrand RAVENEL.
Alice LANDAU, Thorie et pratique de la politique internationale, LHarmattan, 2006, p.13
1965
Congressional Research Service for Congress, Nuclear, Biological, and Chemical Weapons and Missiles:
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des ADM et de leur stratgie d'emploi, du projet Manhattan aujourdhui comme le rappelle
lambassadeur dIsral en France Daniel Shek: Vous devez donc adresser cette question
votre gouvernement tout autant quau mien. Lavenir des mthodes de dissuasion
internationale, le TNP et lavenir de lIran : ce sont de bien lourds fardeaux que vous mettez
sur les frles paules dun petit pays du Proche-Orient 1966.
David et sa Fronde, selon les uns, a permis dabandonner lide du Grand Isral (sorte
de Lebensraum ratzlien) dont la profondeur stratgique est devenue inutile. Pour dautres,
elle peut inciter Isral envahir ces voisins sans craindre de reprsailles. Or, force est de
reconnatre que la dissuasion a permis le retrait du Liban sud, de Gaza et du Sina. Reste la
colonisation rampante en Cisjordanie. Autrement dit, les dtracteurs du sionisme sont obligs
de reconnatre que lextraordinaire puissance militaire dIsral a t plus au moins matrise
par la pression des Grandes puissances. Mais le roll-back contre le terrorisme apparat sans
issue. Dans cet arc de crise, les Israliens ne peuvent plus craindre dtre rejete la mer
comme sy taient engags les pays arabes ds 1948, moins que Tel-Aviv soit confronte
un rgime tranger extrmiste prs se sacrifier pour rellement effacer Isral de la Carte .
Fort heureusement, realpolitik oblige, lhistoire fonctionne rarement sur des querelles
idologiques.
Hbreux signifie ceux de lau-del . Isral signifie textuellement, dans la bible
il combat au ct de Dieu et des hommes . Ce nom est mal choisi. Car l'tat d'Isral s'est
prcisment construit contre l'ordre naturel de Dieu. Dieu a dtruit le royaume dIsral pour
punir les Juifs 1967. Seuls des messies pouvaient le recrer. Laques, ils ont t plusieurs :
Ben-Gourion, Chaim Weizmann, Shimon Prs ou Youval Neeman. La vie en terre sainte est
dsormais possible pour les Juifs, mme si toute tentative de crer un tat est une rvolte
contre Dieu. Si le juif est le rsultat de l'antismitisme, Isral s'est bti contre l'antismitisme
et l'antisionisme. Laffranchissement des rigueurs de lenvironnement, voil le vritable
succs de la science1968 nuclaire et biologique militaire et civile de la R&D isralienne. La
bombe est faite Destruction libratrice . Obtenir ce que la nature (dans un sens large)
nous a refus (Ben-Gourion), cest le triomphe de la stratgie de Ben-Gourion faon
Montesquieu : Llvation de lesprit gnral dune nation et son bon gouvernement peut
laffranchir des contraintes environnementales. Elle prouve quIsral a su dompter la nature
dune terre ingrate, dun environnement hostile et dun destin idologico-culturel (mythe du
13. Dans les annexes, Isral est dit entrepos des armes nuclaires, entreprend des recherches en armes
chimiques et bactriologiques, possde des missiles intercontinentaux et des missiles de croisires.
1966
Commission des affaires trangres, 17 fvrier 2010, Sance de 11 h 00, Compte rendu n 43, Prsidence de
M. Axel Poniatowski, Audition, ouverte la presse, de Daniel Shek, ambassadeur dIsral en France.
1967
Mitterrand disait Elie Wiesel : Dieu a autant besoin du peuple juif que le peuple juif a besoin de Dieu. Il
le tient en somme, il tient Dieu . Jacques ATTALI, Verbatim, p. 742.
1968
Le septime Rabbi de Loubavitch enseignait que les sciences taient l'uvre de la Providence divine, afin
que les Juifs servent Dieu avec encore plus d'efficacit et dans des domaines jusqu'alors inaccessibles.
492
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
juif errant perscut) par le sionisme, qui est avant tout une rvolte contre la fatalit 1969, par la
seule force de son gnie scientifique, un Promthe contre la maldiction, une kippa, un talith
(chle franges), des tephillim contre la volont divine, dont le ventre est ronge par
linscurit de la guerre et du terrorisme. Dans la religion juive, lhomme est responsable de
son destin. Puisque Dieu na pas cr un monde parfait, lhomme est son partenaire pour
laider voluer vers la perfection. Isral a conu le sien. Cest le dilemme formul par Lo
Strauss1970 : le choix de Jrusalem et la loi de Dieu ou Athnes et la voie de la raison. La
ranon dun succs.
1969
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UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
ANNEXE 1 : QUESTIONS POSEES PAR NICOLAS TENEZE A RICHARD ZREHEN, DIRECTEUR AUX BELLES
LETTRES , COLLECTION LARBRE DE JUDEE , LE 5 NOVEMBRE 2004.
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UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
ANNEXE 2: ENTREVUE REALISEE PAR NICOLAS TENEZE AVEC YOHANAN MANOR
(PRSIDENT DU CENTER FOR MONITORING OF THE IMPACT OF PEACE ), LE 19/11/04.
(Manor prcise que ses rponses le sont titre personnel et nimplique pas son organisation)
511
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
ANNEXE 3: ENTREVUE DE NICOLAS TENEZE AVEC ROGER Y G , RETRAITE DE TSAHAL, 16 DECEMBRE 2004
Nicolas Tnze : Monsieur RYG, bonjour. Vous avez accept cette entrevue condition que lon ne rvle pas
votre identit. Vous allez donc nous parler titre personnel. Veuillez, je vous prie, vous prsenter.
RYG : Je mappelle Roger Y G. jai 52 ans. Je vis dfinitivement en France depuis 1985. Je possde la double
nationalit, savoir celle de la France et celle de ltat dIsral. Sergent dinfanterie, jai notamment servi au Liban au
dbut des annes 1980. je suis maintenant dans la rserve et normalement tenu dailleurs au devoir de rserve.
Joccupe actuellement en France un emploi douvrier spcialis, de contrematre.
NT : Isral possde la bombe atomique depuis 1966 environ. Reconnaissez-vous ce fait ?
RYG : En tant que militaire de rserve, dgag de fonctions officielles, je peux vous rpondre. Dautant que nous nous
connaissons un peu Oui, Isral la bombe, mais je ne peux pas le prouver.
NT : Est-ce un sujet tabou ?
RYG : Dans les annes 70 et 80, assurment. Laffaire Vanunu a jet un trouble, mais uniquement dans les milieux
politiques et diplomatiques. En ralit, Vanunu, ntant pas un responsable politique, militaire, ni mme scientifique,
na bris la loi du silence diplomatique. Dautre part, Vanunu est considr comme un homme fragile , dont les
opinions politiques et religieuses sont trs changeantes. Ce nest pas un homme fiable.
NT : Mais il a rvl le secret nuclaire ?
RYG : Pas vraiment. Il laurait fait titre personnel, lors dune runion, dun repas de famille ou mme dun colloque,
cela naurait pas pos problme. Mais le fait davertir ce journal britannique dont je ne me rappelle plus le nom
NT : Le Sunday Times, en 1986.
RYG: Cest . Le fait de rvler par la presse, de surcrot trangre, non seulement lactivit nuclaire de mon
pays, mais aussi le nombre de bombe et des renseignements propres au fonctionnement des installations nuclaires et
de la stratgie du pays est un crime.
NT : Combien dogives nuclaires possde le pays ?
RYG : (Gn) Je peux vous dire quIsral a la bombe atomique. Mais vous dire combien Isral possde dogives, je
nen ai pas le droit, mme titre personnel, car cela entre dans des considrations stratgiques. De toutes manires,
mon niveau, je ne peux vous donner de rponses.
NT : Dans votre formation militaire, comment Tsahal prsente t-il le fait nuclaire ?
RYG : (Rire) Attention, vous prenez des risques Je vous dirais simplement que lon parle de dissuasion par le
biais de bombardiers notamment. Pour le reste, je ne peut pas vous en dire plus, ce que vous pouvez comprendre.
Tsahal ne dira jamais quelle possde la bombe, parce que cest une affaire davantage diplomatique et politique. Si je
remet mon uniforme, je vous dirais que je ne peux pas rpondre la question.
NT : Comment avez-vous appris quIsral possde alors la bombe ?
RYG : Bonne question Quelques-uns de nos journaux ou de nos clbrits en ont parl dune manire dtourne.
Tout le monde en Isral devine que nous possdons des armes atomiques. Cest comme en France. Chacun sait que
la DST ou la DGSE secrets peuvent torturer lors doprations, parce que cest logique, cest dans lordre des choses. Et
puis noubliez pas que nous avons les plus grands savants atomistes au monde, que nous avons donn aux Etats-Unis
et la France la bombe.
NT : Vous faites allusion aux armes chimiques. A Gaza, on dit que Tsahal utilise des armes bactriologiques.
RYG : (Presque fch) Mais non ! Ces gens l racontent nimporte quoi. Ninterprtez pas tort mes propos, mais les
Arabes sont capables de confondre des gaz lacrymognes ou des fumignes avec du gaz moutarde ou je ne sais quelles
autres choses. Pourquoi, alors que notre arme na pas dquivalent dans la rgion, nous utiliserions ce genre darmes,
surtout contre des groupuscules disparates ?! Ces allgations sont sans fondements.
NT : Isral serait-il capable dutiliser sa bombe et dans quel contexte?
RYG : Oui, si il est menac en son sein. Vous savez, nous sommes perptuellement en guerre, ce que les mdias
franais ne disent pas. La Syrie est toujours en guerre avec nous et les terroristes ne veulent pas la paix. Nous sommes
obligs de nous dfendre par tous les moyens. Les autres nhsitent pas pointer des missiles sur notre pays et cela ne
drange apparemment pas la France.
NT : Vous avez affirm quIsral a donn la bombe la France. Nest-ce pas plutt le contraire ?
RYG : A lpoque, la France avait beaucoup se faire pardonner concernant la shoah. Pour ce que jen sais, les
ingnieurs juifs travaillant en France sur la bombe sont revenus en Isral pour concevoir nos armes nuclaires. Mais je
nen sais pas plus.
NT : Sharon semble remont contre lIran. Le parti travailliste et le Likoud ont-il la mme stratgie nuclaire ?
RYG : Je nen sais rien. Les mthodes divergent, mais les objectifs sont les mmes. Mais lIran nest pas une
dmocratie et Sharon sait ce quil fait. Il est conscient du danger. LIran rve de nous dtruire. Nous, nous songeons
seulement nous dfendre.
512
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
ANNEXE 4 : SITE OFFICIEL DE TSAHAL (SONT SELECTIONNES LES ASPECTS RELATIFS AUX VECTEURS ET AU
NUCLEAIRE).
The IDF falls under the command of a single general staff. Lactuel chef dEtat-major est le (Lieutenant)
General (Rav-Aluf) Moshe (Boogie) Ya'alon, answerable to the Minister of Defense. (Dan Haloutz est le
commandant en chef de Tsahal. Youval Diskin est le chef du Shin Beth qui a succd Avi Dichter, en poste
depuis 5 ans).
Rav Aluf Moshe Ya'alon, the Israeli Defence Forces' Chief of General Staff (Ramatkal).The Chief of the General
Staff (in Hebrew: ", pronounced: Ramatkal) is the high commander of the IDF and answers to the Defense
minister and the Prime minister. All Ramatkals are in the rank of (Lieutenant) General (in Hebrew: ,
pronounced: "Rav Aluf"). Note about ranks: if the ranks of the IDF are to be translated one-to-one to Western
ranks then a "Rav Aluf" is equivalent to Lieutenant General (since Major General is "Aluf"). But since Rav
Aluf in Israel is the high commander of the army (including air force and navy), the translation of it as
"General" is more appropriate.
()
Currently Israel is the only country in the world with an anti-ballistic missile defense system "Hetz" and
working with the USA on development of a tactical high energy laser system against medium range rockets
(called Nautilus THEL). Also, Israel has the independent capability of launching satellites into orbit (a
capability which is only held by Russia, the USA, the UK, China, Japan, France, India, and Israel).
Main Israeli Developments:()
Rockets and Missiles: Gil\Spike - ATGM (anti-tank guided missile), Shifon ATGM, Jericho
missile - ballistic missile, Shavit - can launch satellites into orbit, Rafael Python 4 and Rafael
Python 5 - advance air-to-air missiles, Popeye - advance guided air-to-ground missile, Hetz (Arrow
missile) - part of a ballistic missile defense system, able to shot down ballistic missiles
Electronics and High-Tech: Oren Yarok (Green Pine) - radar system, Phalcon - intelligence
gathering systems installed on large airplane, Satellites such as Ofek 5, Katbam - unmanned naval
vehicle, Litning Pod - enhance fighter jets offensive capabilities, F-15I and F-16I fighter jets electronic
systems, Barak Zoher - advance tank firing system, installed on Merkava tanks
Aviation: Nesher fighter jet (upgraded Mirage V), Kfir fighter jet (upgraded and improved Mirage V),
Nammer fighter jet, Lavi fighter jet (development wasn't complete), Mazlat (UAV) - unmanned small
aerial vehicle
Nuclear capability: See also: Israel and weapons of mass destruction
It is generally believed that Israel is a nuclear power. The weapons were thought to have been developed at the
Dimona nuclear reactor since the 1960s. The first two nuclear bombs were probably operational before the SixDay War and Prime Minister Eshkol ordered them armed in Israel's first nuclear alert during that war. It is also
believed that, fearing defeat in the October 1973 Yom Kippur War, the Israelis assembled thirteen twentykiloton nuclear bombs.
The current size and composition of Israel's nuclear stockpile is uncertain, and is the subject of various estimates
and reports. FAS estimates that Israel probably has 100-200 nuclear warheads, which can be delivered by
airplanes (A4 Skyhawk or converted F-4 Phantom II), or ballistic missiles (Lance, Jericho, or Jericho II
missiles). The Jericho II is reported to have a range between 1,500 and 4,000 km, meaning that it can target sites
as far away as central Russia.
The Israeli government has neither acknowledged nor denied that it possesses nuclear weapons, an official
policy referred to as "ambiguity". However, a formerly imprisoned ex-Dimona employee, Mordechai Vanunu,
confirmed much of the earlier speculation.
513
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
ANNEXE 5: L'INQUIETUDE DE L'ADMINISTRATION KENNEDY A PROPOS DE DIMONA
(Fond d'archives Avner Cohen)
514
UNIVERSIT TOULOUSE I SCIENCES SOCIALES, LA DISSUASION ISRAELIENNE : HISTOIRE ET PARADOXE. NICOLAS TENEZE.
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ANNEXE 6: LA POSITION ISRAELIENNE EN SEPTEMBRE 2005, SELON LES ARCHIVES DE L'AIEC (TEXTE
OFFICIEL)
STATEMENT By Mr. Gideon Frank Director General
Israel Atomic Energy Commission. To the 49th General Conference of the International Atomic Energy Agency,
Mr. President,
I would like to join the other distinguished delegates in congratulating you on your
election as the President of the 49th session of the IAEA General Conference. I am
certain that under your guidance this session will be brought to a successful and
harmonious conclusion. I wish to assure you the cooperation of the delegation of
Israel in that endeavor.
On behalf of my delegation, I wish to congratulate Dr. ElBaradei on his reappointment
as the Director General of the IAEA for a third term. I would like to
convey our appreciation for Dr. ElBaradeis willingness to shoulder such a heavy
burden for another term, and for his leadership in navigating the Agency during a
period of such great challenges. We wish him every success in this demanding,
and yet crucial, task and pledge our full cooperation in his undertaking
I also wish to congratulate Belize that has recently joined the IAEA and welcome it
to the Agency.
Mr. President,
We live in a day and age in which possession of advanced nuclear technology is
increasingly recognized to carry with it an especially heavy burden of
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accountability to new internationally promulgated norms. These have been
motivating action by all responsible states. .
Israel on its part has stepped up its efforts in recent years to bring our traditionally
stringent nuclear non-proliferation policy, as well as standards of safety and
security, into conformity with the evolving global arrangements, treaties and norms
regulating this field. Moreover, we have also been striving to meet the growing
national and international expectations of us, as of every democratic country, to
meet the ever-growing exacting standards of good practices in the nuclear domain.
Our efforts manifest themselves in several areas:
1. Adhering to the Nuclear Suppliers Group (NSG) norms and policies by
putting in place new export control legislation and adopting the control lists
of the NSG, and working towards its effective implementation, including
through dialogues with other countries and the NSG;
2. Supporting the non-proliferation of nuclear fuel cycle capabilities. In
this context, we welcome the recommendations of the expert group,
convened by the Director General to explore multilateral approaches in this
area. Israel stands ready to continue supporting the efforts to identify practical
options for possible arrangements in this domain, while taking into account
non-proliferation considerations;
3. Welcoming the United Nations Security Council resolution 1540 aimed
at preventing proliferation, especially to terrorists, and submitting a report on
the steps Israel has taken in this area;
4. Endorsing the new international instruments in the area of safety and
security of radioactive and nuclear materials, namely:
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- The IAEA Code of Conduct on the Safety and Security of Radioactive
Sources
- The IAEA Code of Conduct on the Safety of Research Reactors
- The new convention on the Suppression of Acts of Nuclear Terrorism
- The amended Convention on Physical Protection of Nuclear Materials
(CPPNM).
In this context, Israel will add a modest contribution to the Agency's Nuclear
Security Fund early next year.
5. Launching an effort to upgrade the security of our international border
crossings against smuggling of nuclear and radioactive materials. This effort
is facilitated to a great extent through a cooperation with the US Department
of Energy;
6. Endorsing the Global Threat Reduction Initiative (GTRI) promulgated by
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the US and the Russian Federation on the margins of the last IAEA GC. During
the past year we have explored ways to participate in specific projects under
this initiative, including by discussing the return of the spent fuel from the
Soreq Research Reactor to the US;
7. Supporting and actively working in the framework of the Preparatory
Commission for the CTBT Organization. Furthermore, we called upon
other states not to carry out any nuclear test explosions, in line with the
Treaty's basic obligations, pending its entry into force;
Mr. President,
Let me now turn to a few specific agenda items in this years Conference that are
of particular interest to us.
5/8
Israel has long supported strengthening the IAEA to allow it to focus on
proliferation challenges. The establishment of the BOG Committee on Safeguards
could provide a good example of such constructive activity. Unfortunately, there
are opposite examples as well. This holds especially true for Agenda Item 22, the
so-called "Israeli Nuclear Capabilities and Threat". Many alarming proliferation
developments in the Middle East have occurred in recent years, some of them are
reflected in the Director Generals reports and BOG resolutions. None of these
involve Israel, but all of them challenge our security. These developments
demonstrate the alarming attitude of some regional states to their international
commitments in the nuclear domain.
There is no basis for this agenda item, whose sponsors are motivated by
extraneous considerations, which are also evident in their efforts to challenge
Israel's credentials. Both actions are politically and cynically motivated and have
little to do with the IAEAs objectives or mandate. They inevitably cast a serious
doubt on the sincerity of its sponsors and their willingness to make any real
progress towards cooperative security in the Middle East. I thus call upon all
Member States to reject such proposal outright.
Agenda item no. 21 calls for the establishment of the Middle East as a NWFZ. Our
position in this regard is well known. We support the principle of converting the
Middle East into a zone free of all kinds of WMD as well as ballistic missiles, but
we take issue with the modalities of last years resolution as well as with its
6/8
portrayal as an end in itself, rather than as a desirable outcome of a fundamental
regional political transformation of relations.
Mr. President,
In line with our vision we have been willing to join the consensus on the
resolution despite its deficiencies, recognizing that there is no substitute to
reconciliation, leading to direct negotiations and agreements freely arrived at
among all States of the region.
Furthermore, as a gesture of good will Israel proposed to the DG, during his visit
to Israel in July 2004, to convene a forum to learn from the experience of other
regions in establishing a NWFZ. A framework for that forum was agreed upon by
key Middle Eastern parties and contained in the Director Generals report
(GOV/2004/61-GC(48)/18). An agenda for the forum based on this framework was
accepted by Israel. Lamentably, it was subsequently rejected by another state in the
region.
Mr. President,
Israel, as in previous years, will not be in a position to support Agenda Item 21 on
"Application of IAEA Safeguards in the Middle East" if any action is taken on
Agenda Item 22.
Let me now move beyond non-proliferation, to discuss another crucial role of the
Agency, namely promoting the safe and peaceful use of nuclear energy for the
benefit of mankind. The Agency deserves much credit for its outstanding activities
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in this domain, despite the fact that they attract little publicity. In this context I
would like to express our appreciation for the Agencys assistance through the
Technical Cooperation programme to a regional project, benefiting Jordanian and
Palestinian partners as well as Israel. The Mediterranean fruit fly project has
succeeded to create a good platform for productive and ongoing collaboration in
the region that could serve as a model for additional projects, for example in the
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area of health and radiotherapy. Just recently, Israel has launched an effort to
promote IAEA's assistance in training to the Augusta Victoria Hospital in Jerusalem,
which treats mainly Palestinian patients from the West Bank.
Mr. President,
Israel works to promote peaceful applications of nuclear energy in the areas of
health, agriculture and industry. In this context we have recently hosted an IAEA
mission to discuss the Country Framework Programme. We are currently finalizing
this document and hope to sign it soon. In addition, in recognition of the excellent
work carried out by the Agency in this domain, and in spite of austere national
budget, Israel has modestly increased its contribution to the IAEA's TC fund this
year, and hopes to be able to sustain this trend in the future.
Mr. President,
We look forward to working together with the Director General and the Secretariat
as well as with other distinguished delegates to this conference to promote, as in
previous years, constructive resolutions in the Conference, which will strengthen
the Agency and help it to fulfill its missions and face up to the acute challenges
that lie ahead.
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Thank you.
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ANNEXE 7: THE ISRAELI COMMITTEE FOR MORDECHAI VANUNU AND FOR A MIDDLE EAST FREE OF ATOMIC,
CHEMICAL AND BIOLOGICAL WEAPONS, 2 FEVRIER 2000, PAR LE DPUT ISSAM MAKHOUL (ARCHIVES DE LA
KNESSET).
Mr. Chairman, Honorable Knesset,
This is a historic day. For the first time since the establishment of the State of Israel, the Knesset is holding a debate on the
issue of nuclear weapons in Israel, so this debate is being held 40 years late. This is also a sad day, because it reminds us,
that the Knesset shirked its responsibility in an area that threatens us with the next holocaust, if we do not come to our
senses, pause and stop in our tracks before the disaster. I hope that today's debate will symbolize the breaking of the wall of
silence and the beginning of an intensive debate in the Knesset and among the public on this subject.
Allow me to welcome our guests, Dr. Ray Kidder, one of the leading nuclear scientists in the United States, a man who has
won numerous awards, who worked for decades at the U.S. government's National Nuclear Laboratory of LawrenceLivermore, California, and who came to Israel especially to be present at this debate; the members of the Israeli Committee
for Mordechai Vanunu and for a Middle East Free of Atomic, Biological and Chemical Weapons; representatives of the
World Committee of Physicians for the Prevention of Nuclear War; the representatives of the embassies of Egypt and
Russia; and the many public figures, from the fields of academia, culture and the media, who are committed to breaking
through the longstanding conspiracy of silence on the nuclear issue, who are here today for this debate.
Members of the Knesset, I will begin with a quotation from the joint manifesto of Albert Einstein and philosopher Bertrand
Russell, of July 9, 1955: "We are speaking on this occasion, not as members of this or that nation, continent, or creed, but
as human beings, members of the species Man, whose continued existence is in doubt... The problem... stark and dreadful,
and inescapable [is]: Shall we put an end to the human race, or shall mankind renounce war?"
Shortly after Albert Einstein issued that call for the elimination of nuclear weapons, he was approached by Prime Minister
David Ben-Gurion and asked to serve as the president of the State of Israel. Ben-Gurion was already involved in the efforts
to develop nuclear weapons in Israel, but he did not disclose that fact to Einstein. The eminent scientist turned down the
offer. Einstein, a rare combination of a scientific genius and a humanist, already then believed that no message of justice
and peace for humanity was forthcoming from Israel. How right he was.
For the past 40 years, the policy of the Israeli governments on the nuclear issue has been characterized by fraud, lies and
deceit. I strongly recommend to all Knesset Members to read the book "Vanunu and the Bomb", that was published last
year by the Israeli Committee for Mordechai Vanunu and for a Middle East Free of Atomic, Biological and Chemical
Weapons. It is important for the Knesset Members to be exposed to alternative information on a subject concerning which
the government, the media and academia have collaborated to brainwash and drug the public. In one of the chapters in the
book, entitled "The Israeli Government Declares", by journalist Gideon Spiro, the writer recalls that the deceit began 39
years ago, when on this very podium, on December 20, 1960, Prime Minister David Ben-Gurion announced the
construction of "a research reactor in Dimona, that is designed entirely for peaceful purposes, and that when it is
completed, it will be open to researchers from other countries." When he made that statement, Ben-Gurion knew that the
reactor was not built for "peaceful purposes" and that there was no intention to open it to "researchers from around the
world." Rather, we were presented with an Israeli atomic bomb factory, the work of which would be concealed from the
citizens of Israel and from the citizens of the world.
When the London weekly The Sunday Times published Mordechai Vanunu's revelations in October 1986, an alarming
picture was revealed, showing that Israel already had more than 100 atomic bombs. Since then, the number of bombs,
according to experts' estimates, is thought to have increased to the insane amount of 200-300.
That is what we must discuss today, Mr. Chairman. The problem is not the messenger Vanunu, but the policy of all Israeli
governments, which has turned this small piece of land into a poisonous and poisoning nuclear waste bin, which could
blow us all to heaven in a nuclear mushroom. The crime of manufacturing nuclear weapons in Israel was combined with
another crime, the collaboration between Israel and the neo-Nazi apartheid regime in South Africa.
I do not have the time to enter into the historic debate about whether the establishment of the reactor was a strategic
blessing for Israel. Is the doomsday weapon a deterrent that guarantees Israel's existence? I believe not. However, even
those people who do believe that this is the case, cannot ignore the fact that what once appeared to them to be a blessing (a
view which I do not share), is now a curse.
Nuclear ambiguity is nothing but self-delusion, and has long ago ceased to be effective. The entire world now knows that
Israel has a huge stockpile of nuclear, biological and chemical weapons and that it serves as the cornerstone for the nuclear
arms race in the Middle East. In Israel there is frequent mention of the "Iranian and Iraqi danger", while ignoring the fact
that it was Israel that introduced nuclear weapons to the Middle East in the first place, and created the legitimacy for other
states in the region to obtain nuclear weapons.
One obvious proof that the ambiguity and deterrence which formed the basis for Israel's nuclear policy have become
redundant, is Israel's acquisition of the German submarines that have recently arrived in this country and which, according
to the media, will be equipped with nuclear missiles. The purpose of these submarines is to cruise deep in the sea and
constitute the "second strike" force, in the event that Israel is attacked with nuclear weapons. That means, that not only do
the hundreds of nuclear bombs that Israel possesses not pose a defense - they actually caused the military establishment to
fear a nuclear early strike, which escalates the spiral of the non-conventional arms race further and further, at the cost of
billions of dollars.
Today the so-called ambiguity applies only to the citizens of Israel. They are unable to act as democratic critics of their
government because the latter conceals from them the truth about an issue on which their lives depend. We have no
information about the people who have their fingers on the nuclear button, what is their chain of command, or what is our
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defense if a nuclear Barukh Goldstein should infiltrate the system, and equipped with a religious sanction from some rabbi,
launch a nuclear Armageddon.
Mr. Chairman, the dangers to the citizens of Israel and to our neighbors exist not only in the event of a nuclear war. Even
without a war, we face the constant danger of the eruption of the nuclear volcano that we have built on our own doorstep.
In the 40 years of the reactor's operation, a huge amount of nuclear waste has accumulated. This waste, if it leaks, could
contaminate the land and water for centuries and millennia. I do not have to explain the significance of such a scenario in a
country like ours, that needs every drop of water it can get. How is the waste stored? There are different methods, some
safer, some less, none perfectly safe. It is all a matter of financial investment.
Since everything in this area is cloaked in secrecy, extra-parliamentary ecological monitoring groups cannot supervise the
government's actions. "Trust Big Bother," the government tells us. But we know from our experience, and from experience
that has accumulated worldwide, that we must not rely on the government, and in the absence of supervision by nongovernmental and independent organizations, the danger of negligence lurks at our doorstep. The reactor is old, the safety
measures are kept secret from us. A mini-Chernobyl disaster as the result of human error or material stress would make this
country unfit for human habitation.
Last year a story appeared in the media, according to which Israel exports part of its nuclear waste to be buried in
Mauritania, in Africa. I ask the Prime Minister: Is this true? Has Israel adopted the criminal colonialist practice of polluting
the Third World, which European countries abandoned some years ago following the struggle of the green organizations?
I ask the Prime Minister: What is the condition of Israel's nuclear missile sites near Kfar Zechariah on the outskirts of
Jerusalem, and near Yodfat in the Galilee? Are there additional sites? Of course, these sites must be shut down, but until
common sense prevails, they must be available to monitoring by parliamentary and extra-parliamentary ecological
organizations from Israel and abroad.
I ask the Prime Minister: How is it that plants in which the missiles are manufactured and atom bombs are made are located
in the most densely populated areas in Israel, in the center and in Haifa? I ask the Prime Minister: Do you not understand
that the Biological Institute in Nes Tsiona, which is where Israel manufactures its biological warfare, is set in a residential
area, which is a crime against the residents of Israel and the neighboring countries?
And what about the risk of an earthquake? The reactor in Dimona is located over the Syrian-African Rift. An earthquake
similar to the one that occurred in Turkey last year would crack the reactor, and Israel would be covered with a radioactive
dust. If that happens, there would be nothing left but say goodbye, and die a terrible death.
I refer you to the article by Professors Barukh Kimmerling and Kalman Altman, who wrote: "The public is unaware of the
dangers that they face from the enormous amounts of plutonium in the area and from the difficulty in storing the nuclear
waste. The 'nuclear option' was intended to be a response to security threats, but perhaps it should be examined whether the
medicine is not more deadly than the disease." (Ha'aretz, 5.11.99).
The international community has recognized that the nuclear issue is not an internal affair of any state, but has implications
that reach beyond national and geographic borders and require international attention.
The Nuclear Non-Proliferation Treaty and other treaties relating to this issue are the sum total of worldwide human wisdom
mobilized to defend us from nuclear holocaust.
Israel has chosen to remain outside the realm of human wisdom. That was a dangerous choice. The mentality of 'a nation
unto its own' entails, in the context of the issue at hand, the syndrome of national suicide. Our lives and our security will
not be guaranteed by the reactor in Dimona, nor by the hundreds of atomic bombs, nor by the millions of biological warfare
germs that are produced at the Biological Institute in Nes Tsiona, nor by the chemical weapons that Israel is developing.
Rather, our security would come from an inspired initiative to make the Middle East free of all weapons of mass
destruction.
Israel is the party that started the race and it bears the responsibility for changing that course. I call on the government of
Israel to open all doors and windows and air the information. A certain change in the right direction took place in
November 1999, when parts of the transcripts of the trial of Mordechai Vanunu were released. Naturally, that is not enough.
The Dimona reactor must be opened to international inspection; a moratorium must be declared on the production of all
weapons of mass destruction - nuclear, biological and chemical; all information must be released about the amount of
bombs that Israel possesses. Israel must announce, as a confidence-building measure, its willingness to begin unilateral
nuclear disarmament, to be completed in the framework of a general Middle East treaty.
In fact, there is no need for nuclear weapons. Paul Nitze, who was the chief U.S. representative to the arms control
negotiations on behalf of the Reagan administration, not exactly a dangerous Leftist, wrote in the New York Times: "The
truth is that I see no reason not to unilaterally eliminate the nuclear weapons that we possess. Keeping them is a costly
matter, which adds nothing to our security. I cannot think of any circumstances in which it would be wise for the U.S.A. to
use nuclear weapons, even in retaliation for the use of such weapons against us. What would be our targets in such an
event? It is impossible to think of a target that could be hit without the strike entailing the mass killing of innocent people...
The very existence of nuclear weapons endangers our existence." (Published in Ha'aretz, 1.11.99).
We need to extend our hand to Egypt in its efforts to bring all countries in the Middle East into the Non-Proliferation
Treaty. We must respond to the Syrian demand that the peace negotiations include the dismantling of weapons of mass
destruction. The Dimona reactor must become a burial site, and that burial site should serve as a reminder to future
generations of the foolishness of humankind on one hand, and also of its recognition of that foolishness before it was too
late.
Mordechai Vanunu, who was kidnapped in Italy in an act of terrorism on the part of the State of Israel, and who was later
tried in a secret and unfair trial, is a prisoner of conscience who sacrificed himself on the altar of the struggle for a nuclearfree world. A person who hands over to the free press information about the negligence and crimes of his government, as
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Mordechai Vanunu did when he exposed the information about what was being done behind the walls of the Dimona
reactor, was neither a traitor nor a spy. Rather, he performed the role of a whistleblower and carried the democratic
principle of the public's right to know. It was no accident that Mordechai Vanunu received the Right Livelihood Award and
the Danish Peace Prize, and that every year he is a candidate for the Nobel Peace Prize. The world recognizes people who
work to save humanity from a nuclear holocaust.
From this podium I call on the government of Israel and on the President to listen to the voices coming from all corners of
the globe, the voices of politicians, scientists, Nobel Peace Prize laureates, artists and authors, to release Mordechai Vanunu
after 13 years in prison, more than 11 of which he spent in cruel solitary confinement. Even President Clinton has recently
called for Vanunu's release. He has served two-thirds of his sentence and he is entitled to parole. It is time to end the
vindictiveness.
With your permission, Members of the Knesset, I wish to appeal from this podium to Regional Cooperation Minister
Shimon Peres. History, I believe, will judge you harshly for two things: your major role in establishing the Dimona reactor,
and for the order that you gave, when you served as Prime Minister, to commit the act of terrorism of abducting Mordechai
Vanunu, from London via Italy, in September 1986.
I doubt whether you would have been awarded the Nobel Peace Prize, if the members of the Nobel committee had been
aware of your immense contribution to the production of Israel's nuclear, biological and chemical weapons of mass
destruction. Now, as you approach the last stretch of your political career, I ask you to right both wrongs: to begin the
process of Israel's disarmament of nuclear, biological and chemical weapons as part of making our region free of weapons
of mass destruction, and to release Mordechai Vanunu.
The International Court in The Hague has ruled that nuclear weapons are illegal. I propose to the government of Israel and
to the Knesset to make an effort, however difficult, to join the ranks of the enlightened international community.
In summing up, I wish to quote again from the manifesto of Albert Einstein and Bertrand Russell, in which they called for
the elimination of nuclear weapons: "We appeal, as human beings, to human beings: Remember your humanity and forget
the rest. If you can do so, the way lies open to a new Paradise; if you cannot, there lies before you the risk of universal
death."
The Auschwitz survivor, the author Yehiel Dinur, whose books were published under the name Ka. Tzetnik, called the
outcome of nuclear weapons a nuclear Auschwitz. A few days ago, on January 27, the anniversary was celebrated of the
liberation of Auschwitz by the Red Army. Note the historic irony and absurdity: Israel has become a haven for the creators
of a new holocaust, the nuclear Auschwitz. Mordechai Vanunu learned the major lesson of the Holocaust, but the State of
Israel has yet to learn.
If he were still alive today, Albert Einstein would have considered Mordechai Vanunu to be a man after his own heart, a
culture hero, a courageous man of conscience with a humanist vision who sacrificed his freedom for the noble ideal of
eliminating nuclear weapons and preventing a nuclear Auschwitz. He would certainly have joined the ranks of those who
protest Vanunu's abduction and demand his release.
Intervention du dput du Hadash-Taal, la Knesset, le 8 novembre 20031971.
It is very much at odds with my solid plans and expectations that I would be suddenly forced to greet this most significant
conference, "From Nuclear Dangers to Cooperative Security: Parliamentarians and Legal Imperatives for Nuclear
Disarming", convening in Vancouver today for which I was a confirmed speaker, not from the venue of this serious
conference but rather from afar in my country, where am now surrounded by permanent security guards availed to me and
to my family by the Israeli parliament following a failed attempted assassination of which you might be aware. The
subsequent heavy security which has proven to be necessary to protect my voice against what has now become an
undeniable life threatening Israeli public environment rendered impractical my fully prepared plans for being with you in
Vancouver today. (For details on the attempted assassination with a ca r bomb planed under my residence in Haifa on
October 24th please see attached first article form Jerusalem Post)
I have for months been looking forward to taking part in the important discussions of this most timely landmark in our
common struggle against accelerated danger of nuclear weapon proliferation. I have been relentlessly preparing to bring to
this concerned discussion facts at my disposal, which are bound to mobilize us to turn this conference in Vancouver into a
new turning point in the history of the anti nuclear movement by way of combating the rejuvenated threat of use of nuclear
weapon which the Busch Administration of the United States and the Sharon government of Israel employed over the past
year in terrorizing peoples and blackmailing countries Worldwide. It would seem, that as the failure of the official policies
become clearer, the risk of "informal" assassinations grows uncontrollable even in Haifa the only city in Israel which as a
matter of policy is purport to be a monument to coexistence and tolerance.
Although I want to doubt that the attempted assassination was directly connected with and occasioned by my plans to
participate in a conference aptly entitled "From Nuclear Dangers to Cooperative Security: Parliamentarians and Legal
Imperatives for Nuclear Disarming" and expose the unique dual dangers that Israeli present on this front as the only nuclear
state with no antinuclear mass movement on earth, I cannot utterly rue out this possibility, particularly in view of the status
of the status of the tragic Israeli public silence on the Va'anono case. The Israeli peace movement is the only peace
movement that that apologizes for its state's nuclear arsenal. So does the Israeli environmental Movement.
Yes, I am unable to take part in this anti-nuclear parliamentary conference at Vancouver to part with you my analyses of
one of the most dangerous nuclear sites on our World Today - Israel - because I have been exposed, along with my wife
1971
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Suad and twins Hanna and Jana, to an attempted assassination. But because my family and myself have been pared this
tragic fate, I feel all the more strongly and intensely the need to add my voice to the voices of reason addressing the world
today from Vancouver. It is an irony that won't be with you today because I can no longer move without a personal guard
and while the investigation of the attempted assassination is pending.
Dear Participants, Given the unfortunate circumstance preventing me from being with you in Vancouver toady, please
permit me to convey from distance my warmest greetings to all of you who gather today from the world over for this
conference and to congratulate on the enormous efforts that went into creating this forum for voicing the mounting urgent
concerns of the international community to end the threat of the use of this most dangerous weapon of mass destruction. I
feel very fortunate that my family and I were spared the designed strategy as reason to intensify my commitment to this
holiest common struggle.
Dear Participants, please permit me to part with you the stunning following facts: The Israeli Peace Movement is the only
peace movement on earth that systematically apologizes for its state's nuclear arsenal. So does the Israeli environmental
Movement. Today's Rightist Israel, which attempts to silence and terrorize any Israeli voice insisting that there is a
Palestinian partner for peace and there is a political platform for political solution is the same Israel that tries to keep the
Israeli society away from debating the question of nuclear arsenal built up in Israel. Israel may be the only nuclear state that
did not develop a public peaceful movement struggling against nuclear armament. It is worth emphasizing that the vast
majority of the environmental organizations in Israel (hundrends of NGOs) refuse to deal with the nuclear questions and the
Dimona Nuclear Reactor. It is amazing the peace movements in Israel has an extreme attitude in preventing the debate on
the Israeli nuclear policy, considering the Israeli nuclear bomb as a peaceful nuclear bomb as long as Shimon Perez is the
spiritual father of the Israeli nuclear project.
This dangerous contradictions emphasize the need for formulation of a new Israeli awareness on the nuclear issue. This
challenge should concern those who struggle against nuclear proliferation all over the world. I recommend that the
Vancouver conference face the challenge of uncovering the contradictions between peace and democracy on the one hand
and the nuclear armament, on the other.
Israel, with the support of the US, toys with the absurd idea that the Israeli atom bomb is a guarantee for peace that it is in
"democratic hands" and in the service of democracy.These ridiculous and arrogant ideas, already outdated in the 1950's, are
aimed at tricking the entire world, as well as the Israeli public. Dismantling all weapons of mass destruction and releasing
the nations of the Middle East from the dangers of atomic, biological and chemical death, must be a fundamental aspect of
a peaceful solution and a cornerstone of democracy and humanitarian values.
Nuclear weapons are not a guarantee for peace, only a guarantee for an arms race and wars (while peace with justice is
available and can prevail only in a Middle East free of weapons of mass destruction). Just as any attempt to ignore the
correlation between the need for nuclear disarmament in the Middle East and achieving just and lasting peace is artificial,
dubious and suspect - so is any attempt to separate the issues of democracy and the basic right of all nations in the region to
live in peace, without the danger of mass destruction.
Now is the time to reinforce among all the nations in the world the concept, that weapons of mass destruction are the
antithesis to peace, as they are the antithesis to democracy ! The threat of weapons of mass destruction is also a threat to
humanity, human rights and freedom ! This is the real struggle and real challenge that humanity faces, at the beginning of
the 21st century. So, can we make this important conference at Vancouver a turning point and a launching pad for
strengthening this struggle and bringing this message to all parts of the world? I consistently believed parliamentarians are
able to take a crucial role to break the wall of silence on the nuclear issue. In September 2000, I ended my intervention at
Oppsala Seminar on "Nuclear Weapon free zones" with these words:" For this purpose, I would like to issue a call from this
meeting at Oppsala, to members of Parliaments from around the World to join in the establishment of a "Forum of
Parliamentarians" for a World Free of Weapons of Mass Destruction" - this to constitute one more influential frame work
that will be capable of adopting new norms and to raise the banners of these shared universal values in parliaments in each
and every country.
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ANNEXE 8 : LES ESSAIS NUCLEAIRES ISRAELIENS AVERES, PROBABLES ET FANTASMES
(Travail personnnel)
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ANNEXE 9: LES SITES STRATEGIQUES ISRAELIENS
Beer Yaakov : Centre d'assemblage des missiles Jricho II et sige des systmes C3I par Israel Aircraft
Industries pour les programmes Arrow et le Shavit.
The Bor : Quartier-gnral souterrain en bton arm, derrire le ministre de la dfense Tel-Aviv1972. Abrite
les centres nvralgiques du Quartier-Gnral isralien.
Eilabun: Entrept dobus nuclaires, fait mis en doute par GlobalSecurity.org, de par sa structure et de sa taille.
Haifa: Base des trois sous-marins capacit nuclaire : le Dolphin, le Leviathan et le Tekuma et de trois sousmarins Gal. La ville abrite aussi le Technion Institute, un centre de production darmes biochimique1973 et le
sige de la Rafael1974 Armament Development qui conoit des ogives partir de luranium et du concentr
duranium (yellowcake) amens par convois secrets et escorts depuis Dimona. Cest aussi un centre dactivit
ptrolire et le terminus des importations militaires israliennes en provenance surtout des USA et de lUnion
Europenne. En cas de contre-attaque nuclaire de lextrieur ou daccident nuclaire, les risques sont donc
dmultiplis. Une usine de traitement duranium y serait installe car cest par-l que transitent les importations
duranium.
Beersheba : Mine et centre dextraction de lUranium. Fonctionne avec une usine de conception de yellowcake
dans le sud du pays1975.
Golan (plateau du) : Selon certaines sources, le plateau abrite des silos de missiles nuclaires1976 (peut-tre
abandonns) et de mines nuclaires neutron. Le dput responsable des questions militaires la Knesset,
Ephram Sneh rpondit lpoque que le rapport ayant propag cette information tait vritablement stupide.
La personne ayant crit cela, non seulement nen sait rien, mais ne comprend rien 1977. Cest en tout cas une
vritable politique de dissuasion russie puisque la Syrie, depuis 1973, na plus lanc dattaque depuis 1973. Or,
Il semble bien que des armes nuclaires y soient bien installes1978. Cependant, ses silos seraient en train dtre
vacus, car le plateau pourrait tre restitu lavenir. De toute manire, le systme des silos est obsolte 1979.
Selon un sondage effectu en Isral, 63% de la population estime prfrable un abandon du Golan en change de
la paix1980. Les yeux dIsral , en hauteurs, permettent de bombarder en toute impunit le contrebas. Jusquen
1967, les Syriens y installent leurs artilleries et bombardent une large portion du territoire.
Mishor Rotem : Extraction duranium partir dun gisement de phosphates, de lordre de dix tonnes par an,
exploit par la Negev Phosphates Chemicals Company, localise ct de Dimona. Lentreprise y exploite du
cuivre, du manganse, du phosphate pour les engrais et de luranium. Les mines de phosphates sont situes
Zin, Oron et Arad. La socit Rotem Amfert fusionne ensuite avec la Negev Phosphates, et le Rotem-Amfert
Group en 1991. Israeli Chemicals (ICL), est partiellement privatis en 1992 et totalement en 1995. Les
gisements duranium contiennent entre 30 et 60.000 tonnes de minerais, sous les gisements de phosphates. En
1994, une socit chimique, la Haifa Chemicals exploite le potassium, le nitrate et y conoit de lacide
phosphorique. Laccointance avec les socits amricaines est encore une ralit puisque lentreprise est une
filiale de la US-based Trans-Resources Inc.
Nevatim Airbase: (Sud-est de Beersheba). Construit en 1947 avec des fonds amricains, et reconverti en octobre
me
1983, la base abrite les 104, 115, 116, 132 et 251
squadrons. Le Nuclear Notebook publient en 1998 que les
F-16 de Tsahal bass Nevatim et Ramon sont quips pour recevoir des bombes chimiques et
bactriologiques. Les quipages de F 16 ont t entran pour amorcer des armes biochimiques oprationnelles
dans les minutes o leur commandement les ordonne dattaquer .
Palmahim: Palmahim est une ville construite dans les annes 1970. Elle abrite le site de lancement de vecteurs
spatiaux et de missiles intercontinentaux, ouvert en 1988 et gr par lagence spatiale isralienne (ASI), fonde
en 1983. Le site est couvert par la base arienne limitrophe (escadrilles 124, 151, 160, 161, 193, 194 et 200). A
lorigine, lespace servait de centre de test pour missiles. On y trouve aussi une base dhlicoptres et un centre
dessai pour lartillerie. Les dernires images satellite de la fin des annes 90 rvlent une piste daviation, 7
1972
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imposants hangars et des usines lintrieur dun primtre de scurit pour protger les tirs de Shavit et les
essais de missiles Arrow. La Shaldag (Unit 5101) une unit antiterroriste, surveille les lieux contres dventuels
sabotages ou attentats. Le Citron Tree fire-control system et le Green Pine radar, intgrent le dispositif de
systmes anti-missiles.
Ramon Airbase : Au sud-ouest de Beersheba, cest une base de larme de lair construite par les USA et
oprationnelle en 1981. On y recense les escadrilles 113, 127, 140, 146, 147, et 253.
Sdot (Sderot) Micha et Beit Zachariah / Zekharyeh: (45 km au sud-est de Tel Aviv, et 23 km lEst de
Jrusalem, prs de Tel Nof, dans les collines de Jude1981) Zakharia signifie en hbreu les dieux se souviennent
avec vengeance , un nom prdestin. Selon les experts occidentaux, Sdot Micha est un centre de stockage de
missiles nuclaires1982 construit en 1971, en particulier pour les Jricho II1983. Le site est sous la protection de la
base arienne de la localit des 150, 199 et 248 squadrons. Les Jricho I et II sont situs Zekharyah o lon y
recense 100 emplacements mesurant 10 mtres sur 30. On compte 50 Jricho I Sdot Micha. Le complexe de
Zechariah, survol en septembre 1997 par le satellite indien IRS-C, permet de dfinir ces infrastructures par les
images publies par la revue Jane's Intelligence Review. Ses dimensions sont imposantes (6 km x 4 km) mais
rduites compares celles des principales autres puissances nuclaires, du fait de lexigut du territoire et des
exigences de discrtion. Depuis les hangars creuss dans les collines, les missiles sont tracts par des
transporter-erector-launchers (TEL de 16 mtres de long, 4 de large et 3 de hauteur) jusquau pas de tir, escorts
par un gnrateur mobile, un vhicule de commandement et au autre de communication. Les images dIkonos,
prises durant lt 2002, indiquent que les nouvelles infrastructures construites permettent de penser que la
localit rassemble lessentiel des missiles et charges nuclaires du pays, ce qui explique le partenariat avec la
base arienne de Sdot Micha. Les emplacements ont t rduits entre 23 et 50 silos auxquels il faut ajouter 10
20 autres emplacements. La base est agrandie entre 1989 et 1993 et regroupe 21 bunkers. Les cinq plus grands
mesurent 6 mtres de haut, 15 de large et 20 de long. La signature satellite rvle nanmoins que certaines ttes
seraient conventionnelles. En fait, les diffrentes parties du missile sont stockes dans des locaux diffrents
(charge nuclaire 5 kilomtres des vecteurs) afin de prvenir et limiter les dgts daccidents, de frappes
prventives ennemis ou dactions terroristes. Chaque escadrille est elle-mme entoure dun primtre de
scurit de cinq kilomtres. En cas de frappes, les dgts ne risquent donc pas de se propager aux autres
escadrilles. Nanmoins, par manque de place, le tissu urbain et industriel sentrelace avec les installations
militaires. Cest ici quen dcembre 1990, pendant la guerre du Golfe, des Jricho II sont mis en alerte et que des
tests de mise feu sont effectus dans les annes 80.
Yodefat : Principal centre d'assemblage ou de dmantlement d'armes nuclaires depuis que les 2 premires
bombes y sont produites en 1966. Maintenant il est surtout spcialis dans les missiles balistiques. Selon Vanunu,
des convois y apportent le plutonium provenant de Dimona.
Tel Nof et Tirosh : Centre de stockage et base arienne au sud-est de Tel Aviv, do peut dcoller le black
squadron 1984, une escadrille de bombardiers dots de missiles nuclaires. Cette ancienne base de parachutistes
est la plus importante base pour la stratgie isralienne de dfense. Les appareils peuvent tre des A4 Skyhawk,
des F4 phantoms (probablement retirs du service maintenant), des F15 Eagle, des F16 Falcon ou des Kfir. Les
106, 114, 118, 119, 133, 148, 201, 505, 669 squadron contrlent la zone. Jusqu la fin des annes 70, cette tche
incombait 8 F4. Cest galement un centre dentranement. Il y a trois pistes daviation de 2,750 mtres de long
et une de 1,830 mtres. La base fonctionne en partenariat avec Tirosh et Zackariah. Les bombes atomiques
ariennes sont entreposes dans des hangars quelques kilomtres de Tirosh mi-chemin entre Jrusalem et la
mer. Tirosh est un dpt d'armes nuclaires. Invisible de l'espace, le site apparat comme un complexe de routes
reliant 70 bunkers. En ralit, le complexe intgrerait dans une vaste structure insre la fois lenvironnement
et au tissu urbain les centres de Tel Nof et Sdot Micha1985.
Tshlim (Nguev): Centre dentranement darmes high-tech international1986.
1981
Janes Intelligence Review, Could Israels nuclear assets survive a first strike?, volume 9, n 9, 1997, pp.
40710.
1982
Marianne, semaine du 7 au 13 janvier 2006, p. 59.
1983
US Department of Defense, Office of the Secretary of Defense, Proliferation: Threat and Responses,
janvier 2001.
1984
Selon NBC news,
1985
Rapport OTAN, Appendix 10A. World nuclear forces, Hans KRISTENSEN et Joshua HANDLER, 2001, p. 42.
1986
Freddy EYTAN, Op.cit., p. 286.
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Les sites localiss (travail personnel)
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ANNEXE 10: CARICATURES ARABO-MUSULMANES SUR LA QUESTION
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Amjad Rasmi
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ANNEXE 11: EXAMEN A LONU LA QUESTION DE LARMEMENT NUCLEAIRE ISRAELIEN
UNITED
NATIONS
General Assembly
Distr.
GENERAL
A/42/581
16 October 1987
Original: ENGLISH
Forty-second session Agenda item 68
ISRAELI NUCLEAR ARMAMENT Report of the Secretary-General
I. INTRODUCTION
1. By resolution 41/93 of 4 December 1986, the General Assembly, inter alia, requested the Secretary-General to follow closely Israeli
nuclear activities in the light of the latest available information, and to update the Study on Israeli Nuclear Armament 1/ and submit it to the
General Assembly at its forty-second session.
2. The study entitled "Israeli nuclear armament" was prepared, in pursuance of resolution 34/89 of 11 December 1979, by the SecretaryGeneral, with the assistance of qualified experts, and was submitted to the Assembly at its thirty-sixth session in 1981. It contained factual
information, analyses and assessments covering the period up to June 1981 and arrived at conclusions, among which are the following:
"In carrying out its mandate to study the question of Israeli nuclear armament, the Group of Experts has sought to make its evaluation as
factual and concise as possible on the basis of available information. However, because of gaps in the availability of reliable information,
some of the specific assessments may be subject to an element of uncertainty.
"Thus, there is no doubt that Israel has the technical capability to manufacture nuclear weapons and possesses the means of delivery of such
weapons to targets in the area. To recapitulate: Israel has an unsafeguarded reactor capable of producing considerable amounts of plutonium
and has some means of separating plutonium from irradiated uranium fuel. It has the technological skills and expertise as well as the
technical infrastructure required to manufacture nuclear weapons. Since the greater part of Israel's nuclear programme is not under
safeguards, and since few technical details about that programme have been made publicly available, it is difficult to assess the full extent of
Israel's actual nuclear activity. However, since 1964, when Dimona went into operation, Israel could have produced sufficient weapons-grade
plutonium for a significant number of explosive devices.
"Israel's official statements on its plans and intentions with regard to the possession of nuclear weapons have often been equivocal and have
provided little definitive information. It has repeatedly utilized the formula that 'Israel will not be the first to introduce nuclear weapons into
the Middle East'. At the same time, however, Israel has refused to sign and ratify the Treaty on the Non-Proliferation of Nuclear Weapons or
otherwise to place all of its nuclear facilities under international safeguards. Israel has not only failed to submit all its own nuclear facilities
to international inspection, but has also appeared to undermine the credibility of IAEA safeguards in the region, in particular by the bombing
of an Iraqi nuclear reactor, which was under IAEA safeguards.
"Meanwhile, there have been official and unofficial statements and reports in a number of countries that Israel has already crossed the
nuclear-weapon threshold. Discussion of these issues must take account of the political, military and geographic circumstances of the region.
Whereas Israel could be moved by a number of cogent arguments to refrain from the acquisition of nuclear weapons, various considerations
may be thought to prompt it to acquire nuclear weapons. In fact, Israel appears to have a posture of deliberate ambiguity on this subject,
which has contributed considerably to the alarm in the region and to the concern of the world community.
"The Group of Experts believes-that this deliberate ambiguity is or may be a factor contributing to instability in the region and could be an
obstacle to the creation of the confidence necessary to achieve a political settlement there.
"On the basis of the available authoritative information, the Group of Experts is unable to conclude definitively whether or not Israel is at
present in the possession of nuclear weapons. There are, however, significant indications that Israel reached the threshold of becoming a
nuclear-weapon State at least a decade ago. Taking into account its nuclear facilities, the availability of nuclear material required for their
operation, the existence of scientific and technical knowledge and the presence of an adequate number of trained and experienced staff, the
Group of Experts wishes to emphasize that they do not doubt that Israel, if it has not already crossed that threshold, has the capability to
manufacture nuclear weapons within a very short time."
3. By resolution 39/147 of 17 December 1984, the General Assembly, inter alia, requested the United Nations Institute for Disarmament
Research in co-operation with the Department for Disarmament Affairs of the Secretariat and in consultation with the League of Arab States
(LAS) and the Organization of African Unity (OAU), to prepare a report providing data and other relevant information relating to Israeli
nuclear armament and further nuclear developments. That report was submitted to the Assembly at its fortieth session in 1985 (A/40/520,
annex). It provided data and other information relating to Israeli nuclear armament and further nuclear developments, taking into account
reports of the Secretary- General on the matter as well-as information on the subject provided by the International Atomic Energy Agency
(IAEA). The main findings of the report were summarized as follows:
"The material contained in the present report confirms the assessment and conclusions of the Secretary-General's report on Israeli nuclear
armament (A/36/431) ...
"Israel has not acceded to requests from the Security Council and the General Assembly of the United Nations to place all its nuclear
activities under international safeguards. It is to be stressed that most of the information relating to Israel's nuclear activities is kept secret,
and thus the quantity and quality of available reliable information on the subject is such that it is difficult to draw definitive conclusions."
4. The present report is submitted to the General Assembly in pursuance of resolution 41/93. In fulfilling his mandate, the Secretary-General,
in a note verbale dated 27 April 1987, drew the attention of all member States to paragraph 7 of the resolution and stated that, in the context
of the request contained in that paragraph, he would be grateful for any specific information directly relevant to updating the 1981 report that
they might be able to provide. Replies to the note verbale were received from the Governments of Bangladesh, Iraq and Israel. The
Secretary-General also stated in letters sent to IAEA, LAS and OAU, dated 5 May 1987, that he would appreciate receiving any relevant
information that those organizations might wish to provide on the matter. A reply was received from IAEA.
5. In the preparation of the present report, the Secretary-General has used, in addition to the replies received by him, publicly available
information covering the period since the 1981 study.
II.
A.
UNITED NATIONS CONCERN WITH QUESTION OF ISRAELI NUCLEAR ARMAMENT AND RELATED MATTERS
General Assembly resolutions on the questions of Israelinuclear armament and the establishment of a nuclear-weapon-free zone in the
531
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region of the Middle East
6. At its thirty-sixth session, after considering the report of the Secretary-General on Israeli nuclear armament (A/36/431), the General
Assembly adopted resolution 36/98 of 9 December 1981, by which it, inter alia, expressed its deep alarm at the fact that the report had
established that Israel had the technical capability to manufacture nuclear weapons and possessed the means of delivery of such weapons;
requested the Security Council to prohibit all forms of co-operation with Israel in the nuclear field; called upon all States and other parties
and institutions to terminate forthwith all nuclear collaboration with Israel; requested the Security Council to institute-effective enforcement
action against Israel so as to prevent it from endangering international peace and security by its nuclear-weapon capability; demanded that
Israel should renounce, without delay, any possession of nuclear weapons and place all its nuclear activities under international safeguards;
and requested the Secretary-General to follow closely Israeli military nuclear activity and to report thereon, as appropriate.
7. Since 1981, the General Assembly has adopted a number of resolutions, in addition to resolution 36/98, reflecting its uneasiness about the
possible danger of the proliferation of nuclear weapons in the Middle East. The resolutions adopted between 1981 and 1984 are summarized
in the 1985 report (See A/40/520, annex, paras. 10, 13, 14, 16 and 18-20). 2/
8. At its fortieth session, the General Assembly adopted resolution 40/93 of 12 December 1985 entitled "Israeli nuclear armament", by which
it, inter alia, took note of the above-mentioned 1985 report (A/40/520, annex, see para. 3); reiterated its condemnation of Israel's refusal to
renounce any possession of nuclear weapons; requested once more the Security Council to take urgent and effective measures to ensure that
Israel complies with Security Council resolution 487 (1981) and places all its nuclear facilities under IAEA safeguards; reiterated its request
to the Security Council to investigate Israel's nuclear activities and the collaboration of other States, parties and institutions in these activities;
called upon all States and organizations that had not yet done so to discontinue co-operating with and giving assistance to Israel in the
nuclear field; and requested the Secretary-General to follow closely Israeli nuclear activities and to report thereon as appropriate to the
Assembly.
9. At the same session, the General Assembly also adopted resolution 40/82 of 12 December 1985 entitled "Establishment of a nuclearweapon-free zone in the region of the Middle East", by which it, inter alia, urged all parties directly concerned to consider seriously taking
the practical and urgent steps required for the implementation of the proposal to establish such a zone; invited those countries, pending the
establishment of the zone, not to develop, produce, test or otherwise acquire nuclear weapons or permit the stationing on their territories, or
territories under their control, of nuclear weapons or nuclear explosive devices; and took note of the report of the Secretary-General
containing the views of parties concerned regarding the establishment of a nuclear-weapon-free zone in the region of the Middle East
(A/40/442 and Add.1).
10. At its forty-first session, the General Assembly adopted, under the agenda item "Israeli nuclear armament", resolution 41/93 of 4
December 1986, by which it, inter alia, reiterated some of the views contained in resolution 40/93, including its condemnation of Israel's
refusal to renounce any possession of nuclear weapons; in addition, it reiterated its request to IAEA to suspend any scientific co-operation
with Israel that could contribute to its nuclear capabilities; and requested the Secretary-General to submit an updated report on Israeli nuclear
activities (see para. 1) to the Assembly at its forty-second session.
11. At the same session, the General Assembly also adopted resolution 41/48 of 3 December 1986 entitled "Establishment of a nuclearweapon-free zone in the middle East", by which it, inter alia, again urged all parties directly concerned to consider seriously taking the
practical and urgent steps required for the implementation of the proposal to establish a nuclear-weapon-free zone in the region of the Middle
East in accordance with the relevant resolutions of the General Assembly and, as a means of promoting this objective, invited the countries
concerned to adhere to the Treaty on the Non-Proliferation of Nuclear Weapons; and called upon all countries of the region that had not done
so, pending the establishment of the zone, to agree to place all their nuclear activities under IAEA safeguards.
12. In this connection, it is to be noted that the General Assembly has repeatedly expressed its concern at the increasing collaboration
between South Africa and Israel, especially in the military and nuclear fields, and has condemned this collaboration. 3/
13. For its part, Israel has frequently reaffirmed its proposal submitted originally at the thirty-fifth session of the General Assembly, in 1980
(A/C.1/35/L.8), calling upon all States of the Middle East and non-nuclear-weapon States adjacent to the region to convene at the earliest
possible date a conference with a view to negotiating a multilateral treaty establishing a nuclear-weapon-free zone in the Middle East. Since
the same session, Israel has each year joined the consensus on resolutions concerning the establishment of a nuclear-weapon-free zone in the
Middle East.
B. Osirak
14. On 7 June 1981, Israel attacked the Iraqi Osirak research reactor at the nuclear research center near Baghdad. The attack was immediately
considered by the Board of Governors of IAEA and by the Security Council, which adopted resolution 487 (1981) on 19 June 1981. By it, the
Security Council, inter alia, strongly condemned the military attack by Israel as being in clear violation of the Charter of the United Nations
and the norms of international conduct; called upon Israel to refrain in the future from any such acts or threats thereof; and called upon Israel
urgently to place its nuclear facilities under the safeguards of IAEA.
15. Since 1981, the General Assembly has each year adopted a resolution under the agenda item "Armed Israeli aggression against the Iraqi
nuclear installations and its grave consequences for the established international system concerning the peaceful uses of nuclear energy, the
non-proliferation of nuclear weapons and international peace and security". 4/ In 1983, at its thirty-eighth session, the General Assembly
considered a report by the Secretary-General entitled "Study on the consequences of the Israeli armed attack against the Iraqi nuclear
installations devoted to peaceful purposes" (A/38/337) (see also A/40/520, annex, para. 15).
C. IAEA consideration
16. In 1981, the General Conference of IAEA adopted resolution GC(XXV)/RES/381, by which it demanded the suspension of Israel from
the exercise of privileges and rights of membership during the 1982 General Conference, if Israel by that time had not complied with
Security Council resolution 487 (1981). It also decided to suspend immediately the provision of any technical assistance to Israel.
17. In 1983, the General Conference of IAEA adopted resolution GC(XXVII)/RES/409, by which it, among other things, decided to withhold
research contracts from Israel if, by the time of the 1984 General Conference, Israel had not withdrawn its threat to attack nuclear facilities.
18. In 1984, the General Conference of IAEA adopted resolution GC(XXVIII)/RES/425, in which it considered that Israel did not fulfil the
provisions of resolution GC(XXVII)/RES/409 and requested the Director General of the Agency to seek Israel's assurance personally not to
carry out such attacks.
19. In 1984, at the General Conference of IAEA, Israel stated its policy that peaceful nuclear facilities should be inviolable from military
attacks. This policy statement was reaffirmed at the General Conference in 1985 and in a letter sent to the Director General on 23 September
1985.
20. In 1985, the General Conference of IAEA adopted resolution GC(XXIX)/RES/443, which considered that Israel's letter of 23 September
1985 satisfied the requirements of resolution GC(XXVIII)/RES/425.
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21. On 25 September 1987, the General Conference of IAEA adopted resolution GC(XXXI)/RES/470 on Israel's nuclear capabilities and
threat, by which it demanded that Israel place all its nuclear facilities under IAEA safeguards in compliance with Security Council resolution
487 (1981); requested the Director General of IAEA to consider implementation by the Agency of provisions in General Assembly
resolutions 41/12 of 29 October 1986 and 41/93 relating to IAEA; and requested him to report to the Board of Governors of IAEA and the
next session of the General Conference on Israeli nuclear capabilities and threat.
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31. The Dimona reactor, IRR-2, is a natural uranium heavy-water moderated research reactor supplied by France, which went into operation
in December 1963. It has never been submitted to international control or inspection. 10/ visits were paid by delegations from the United
States from 1963 to 1969; members of those delegations were reported in 1969 as describing their visits as inadequate to guarantee that the
reactor was being used solely for peaceful purposes (see A/36/431, annex, para. 27).
32. The Dimona reactor had an initial thermal capacity of about 25 MWt. According to press reports in 1980, 11/ the power level of the
Dimona reactor was later increased to 70 MWt. This information has not been confirmed officially. A revision of the plant design of this
magnitude would have required a close-down of the plant for a prolonged period (from one to two years) (see A/40/520, annex, para. 24). It
has been estimated that if this information is correct, the annual production of plutonium, believed to have been initially 8 to 10 kilograms or
close to what is required for the production of one plutonium atomic bomb, could have increased to 25 kilograms, which would be enough to
produce three bombs (see A/36/431, annex, paras. 35 and 36).
3. Uranium extraction and production
33. To solve the problem of fuelling an atomic reactor, Israel's Defense Ministry began to explore the Negev Desert for uranium deposits in
1948. No uranium ore deposits exist in the area, but it was found to be rich in phosphate deposits containing small amounts of uranium. New
processes for its extraction and refinement were developed. Nevertheless, at the time of the first activation of the Dimona reactor, Israel's
domestic production of uranium is believed to have amounted to some 10 tons per year, which was 14 tons per year less than was needed for
the operation of the reactor. Israel has reportedly been importing natural uranium from a number of sources, mainly Western and African. In
one case it has been alleged that Israel obtained natural uranium by irregular methods. Israel has denied this. 12/
34. There are conflicting views on whether or not Israel has subsequently achieved self- sufficiency in natural uranium fuel. According to one
view this may have happened by 1972, but it has also been claimed that Israel still relied on uranium imports at least as at 1974. 13/
4. Heavy water availability and production
35. In the previous United Nations reports on the subject, it has been noted that a small-scale facility for production of heavy water, or
deuterium oxide, has been in operation in Israel and that Israel has also received some heavy water from the United States for research
purposes and under safeguards (see A/36/431, annex, paras. 38-40, and A/40/520, annex, para. 38).
36. According to a report published in the United States in November 1986, in the early 1960s Israel imported 20 tons of heavy water from
Norway and 4 from the United States, pledging to restrict it to peaceful use and to allow inspection, so that suppliers could ensure that the
pledge was being kept. The report alleged that Israel had violated its pledge to Norway and may have violated that to the United States.
According to United States officials, the report states, Israel 14/ pledged to place the heavy water received from the United States under
international inspection. The same sources indicate that the heavy water is still in Israel and is still being safeguarded (inspected) by IAEA.
15/
37. Norway has confirmed the shipments of 20 tons of heavy water in the 1960s and one ton in 1970. The same year, having received a
request for an additional 4 tons, Norway declined further deliveries. It exercised its right of inspection in 1961, two years before the reactor
at Dimona began operation. In April 1987, it was reported that Norway had asked Israel to allow an independent inspection by IAEA of the
heavy water it had supplied and stated that if Israel refused inspection, it would consider this a breach of the supply contract and might
attempt to recall the material. In Nay, Norwegian sources indicated that Israel had not responded favorably to the request. For its part, Israel
has maintained that it is observing the terms of its agreement with Norway. In July, it was announced that Norway would send a senior
official and a nuclear physicist to Israel to renew the request for an independent inspection. 16/
38. There have also been unsubstantiated allegations that heavy water originating from Norway and/or the United States may have been sent
from France to Israel in the 1960s. 17/
5. Uranium enrichment
39. Some experts think that Israel may have a capability for either a laser isotope separation (as assumed in A/36/431, annex, para. 41, and
A/40/520, annex, para. 44) or gas centrifuge separation to enrich uranium for weapons use. 18/ According to one of those experts, plants
needed for the use of both methods are small enough to be concealed. That expert also notes that while the laser isotope separation technique
could lead to considerable savings, its development may be too costly to be within the reach of Israel. From that point of view, centrifuge
separation may be a more practical possibility. However, it has also been suggested that plutonium rather than enriched uranium my be used
for Israel's, nuclear weapons, if they exist. 19/
6. Plutonium separation
40. A central element of the Sunday Times account was the allegation that a plutonium extraction plant exists in the reactor complex at
Dimona, considered by some "perhaps the most critical piece of information". 19/ The plant is said to have two stories above ground and six
underground levels; the production halls for reprocessing are said to extend from underground level four through level two.
41. The Sunday Times account assumes that the reprocessing facility has an annual output of 40 kilograms (88 pounds) of plutonium.
B. Extent of the application of international safeguards to nuclear facilities and material in Israel
42. The safeguards applied in Israel by IAEA are limited to the research reactor supplied by the United States (Nahal-Soreq). The safeguards
are applied pursuant to a trilateral agreement between the Governments of Israel and the United States and IAEA The present agreement was
concluded in 1975 (INFCIRC/249) and extended by a protocol of 1977 (INFCIRC/249/Add.1) (see A/36/431, annex, para. 46).
43. None of the other nuclear facilities that Israel is reported to possess is covered by international safeguards. Since Israel is not a party to
any agreement by which it would undertake to notify IAEA of such further nuclear facilities, there is no official information about the larger
part of Israel's present nuclear programme. Thus, it continues to be impossible to ascertain authoritatively to what extent, if any, Israel's
unsafeguarded nuclear facilities, including in particular the Dimona reactor and its associated installations, are used for the purpose of
producing weapon-grade material (see A/36/431, annex, para. 47).
VI. ISRAEL'S NUCLEAR WEAPON POTENTIAL
A. Nuclear weapon capability
44. The earlier United Nations reports on the subject have reported widespread agreement among technical experts that, given Israel's nuclear
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activities and level of expertise, it is capable of manufacturing nuclear explosive devices. They also referred to an expert opinion that Israel
was capable of assembling a number of nuclear devices within weeks or perhaps even days. In the 1981 study, it was assessed that Israel in
1980 possessed enough separated plutonium to manufacture 10 to 15 nuclear warheads. On the same basis, it was estimated in the 1985
report that the number in 1985 could be 15 to 20 nuclear warheads (see A/36/431, annex, paras. 50 and 55, and A/40/520, annex, paras. 45,
48 and 49).
45. If the information contained in the Sunday Times account is accurate it leads to considerably higher quantitative estimates, and earlier
qualitative assessments of Israel's nuclear capability would also have to be revised. According to the nuclear scientists consulted by the
Sunday Times, Israel may have assembled between 100 and 200 nuclear weapons of varying destructive power, a speculative estimate that
exceeds by several times previous assumptions. They also estimated that this might imply a production rate of perhaps 5 to 10 weapons
annually. The experts further expressed the view that Israel's nuclear weapons, if they exist, may be considerably more sophisticated than
previously believed.
46. Israel is not known to have tested a nuclear weapon. The view is expressed in the earlier United Nations reports - but not adhered to, by
all experts - that methods, including the use of computer simulations, may have been developed over the years to be assured that a given type
of bomb would work without a prior test-detonation (A/36/431, annex, para. 56; A/410/520, annex, para. 51).
B. Means of delivery
47. The earlier United Nations reports on the subject mention that the Israeli Air Force had a nuclear weapon delivery capability and that by
late 1960s Israel had also developed a missile of its own design, the Jericho (see A/36/431, annex, paras. 57 and 58, and A/40/520, annex,
paras. 53 and 54).
48. In July 1987, the International Defense Review reported that Israel had successfully test-fired in May 1987 an intermediate-range ballistic
missile capable of carrying a nuclear warhead. The missile, named Jericho II, had traveled 500 miles, doubling its previously known range.
According to the report, the missile was expected to be tested soon at a substantially longer range, perhaps up to 870 miles. 20/
49. Concern at the report was subsequently expressed in Soviet broadcasts. 21/ In response, an Israeli official noted that "the Jericho missile,
if it exists, is designed to protect Israel against Arab aggression and if its range extends to Soviet borders that is coincidental". 22/
VII. SUMMARY
50. While there is wide speculation, Israel itself has neither confirmed nor denied its nuclear capability. As noted in the 1981 study, Israel's
nuclear activities, the ambiguity of its statements about its nuclear policy, its refusal either to deny or to confirm reports about its nuclear
potential and its unwillingness to adhere to the Treaty on the Non-Proliferation of Nuclear Weapons otherwise accept safeguards on all its
nuclear activities have together conveyed the strong impression that it does in fact have the potential to produce nuclear weapons. Although
the United Nations does not have conclusive proof that Israel possesses nuclear weapons, circumstantial evidence, together with the factors
just cited, would seem to indicate that Israel has developed the necessary technology and has the means to manufacture nuclear weapons, if it
so chooses.
Notes
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ANNEXE 12: LE DEAL PHANTOMS/ ARMES NUCLEAIRES (STATE DEPARTEMENT, ARCHIVES DECLASSIGIFIEES)
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ANNEXE 13: LA QUESTION ISRAELIENNE AU CONGRES AMERICAINE EN 1975
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ANNEXE 14: ESTIMATION CARTOGRAPHIQUE DES RELATIONS DIPLOMATIQUES DISRAL DANS LE MONDE EN
2009
(Travail personnel)
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ANNEXE 15 : PHOTOS DE DIMONA PRISES PAR LE SATELLITE AMRICAIN IKONOS LE 4 JUILLET 2000
(SOURCE THINK TANK GLOBAL SECURITY)
Ben-Gourion et Prs, les assureurs-vies dIsral, en inspecteurs de chantiers Dimona (PERES Shimon, Un chemin pour la paix,
ibid.)
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ANNEXE 16 : QUELQUES CLICHS PRIS PAR VANUNU EN 1985 EST IMPRIM PAR LE SUNDAY TIMES
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ANNEXE 17 : SDOT MICHA ET HIRBAT ZAKARIA ET LEURS SILOS NUCLEAIRES, PHOTOGRAPHIES PAR CORONA
EN 1973
(SOURCE THINK TANK GLOBAL SECURITY)
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ANNEXE 18 : NESS-ZIONA PHOTOGRAPHIE PAR LE SATELLITE AMRICAIN CORONA EN LE 30 JUILLET 1969
ET LE 29 SEPTEMBRE 1971
(SOURCE THINK TANK GLOBAL SECURITY)
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ANNEXE 19 : RAPPORT CIA NIE 4-3-61 EN SEPTEMBRE 1961 (FOND AVNER COHEN)
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ANNEXE 20 : LA CENSURE DES ARCHIVES OU LUTILISATION PROBLEMATIQUE DES DOCUMENTS : LEXEMPLE
DU NIE 4 67, 26 JANVIER 1967 : PROLIFERATION OF MISSILE DELIVERY SYSTEMS FOR NUCLEAR WEAPONS
Et celui du special NIE 30-2-63 the advanced weapons programs of the UAR and Israel
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ANNEXE 21 : TATS AYANT FORMULE OFFICIELLEMENT DES CRITIQUES CONTRE LE PROGRAMME NBC
ISRAELIEN
(Travail personnel)
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IV.4.2 La nomination d'Eshkol: Isral gagne du temps
V Johnson : une ngligence bienveillante
V.1 Un rapprochement isralo-amricain
V.1.1 change de procds
V.1.2 Le faux divorce avec la France
V.2 Un mensonge contre des armements
V.2.1 Une mfiance trop tardive
V.2.2 Lofficialisation dun accord favorable tacite
V.2.3 La premire bombe
V.3 Le Jericho-1, un missile franco-isralien
CHAPITRE III : LA BOMBE DANS LA TOURMENTE AU MILIEU DE GOG ET MAGOG
I La cause de la Guerre des Six Jours (Naksa)
I.1 Les racines de la guerre : latome
I.2 Le rle de la dissuasion dans une victoire conventionnelle
II Lentre deux guerres : une course scientifique contre la montre du TNP
II.1 Des inquitudes amricaines face loptimisation de la bombe isralienne
II.2 Le maintien dune aide franaise tacite en demi-teinte
II.3 Le maintien du programme biochimique dans les annes 1960 et 1970
III Lacclration du programme
III.1 Nixon : La fin des pressions amricaines
III.2 Sadate : le renart du dsert
III.3 Une aide amricaine accrue dans les technologies sensibles
IV La guerre du Kippour: Alerte nuclaire
IV.1 Fausse surprise et trouble jeu des grandes puissances
IV.2 Alerte nuclaire : la trompette des Jericho
IV.2.2 Seconde alerte nuclaire : la tentation du Nil
V Aprs la guerre
V.1 Un nouveau partenariat Etats-Unis/ Isral
V.1.1 Les leons du conflit
V.1.2 La mise en uvre dune dissuasion de thtre
V.2 Une brusque acclration de la prolifration
V.3 La duplicit des Etats-Unis et de la France dans la prolifration
V.4 Carter et Isral: une opposition de faade contre un privilge stellaire
V.5 Larrangement nuclaire de Camp David
V.5.1 De lor pour lolivier: La paix contre l'atome
V.5.2 Une paix pour rien ?
CHAPITRE IV : DU JERICHO II AUX ESSAIS NUCLEAIRES : LE PARTENARIAT SUD-AFRICAIN
I Une alliance dintrt
II Un programme atomique et balistique gmin
II.1 Optimisation des techniques denrichissement
II.2 Vers la bombe
II.3 Essais nuclaires dune puissance nuclaire ambigu
II.3.1 Un essai binational ?
II.3.2 After detection, what?
II.4 Un missile balistique commun: les Jericho-2/ Arniston
III De De Klerk Mandela
III.1 Vers le dveloppement de la bombe neutron
III.2 Silences, supputations et rvlations
III.3 Un programme biochimique commun ?
CHAPITRE V : SAMSON LE LEVIATHAN
I Lre Ronald Reagan: un renforcement du partenariat
I.1 Reagan, le fidle alli
I.1.1 Isral dans lAmerica is back
I.1.2 Tsahal et la guerre du Liban : la dissuasion impuissante
I.1.3 Laffaire des krytrons
I.2 Diversit de partenariat
I.2.1 Isral et Mitterrand : Un autre racteur made in France?
I.3 Accord officiel sous le sceau de linformel
I.4 La prolifration amricaine vers Isral sous Georges Bush
I.5 Leau lourde refait surface
II Le dbut des annes 90 et les espoirs dus
II.1 La guerre du Golfe : un bouleversement stratgique
II.1.1 Nouvelle donne et logique de guerre
II.1.2 La retenue dissuasive dans les actes, pas dans les propos face la menace irakienne
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II.2 Les sirnes du dsarmement
II.2.1 Le dsarroi des faucons dans un climat pacifique
II.2.2 La confrence de Madrid : Avances et reculades dans la prolifration isralienne
III Vers la puissance absolue
III.1 Les accords dOslo : un trompe-lil
III.1.1 La bombe contre la paix: Pax Atomica
III.1.2 Des rvlations et des promesses officieuses pour un trait mitig
III.2 Des changes stratgiques russes destination dIsral?
III.3 La remise en question de la dissuasion chimique
III.3.1 Une rgulation progressive vers labandon des armes chimiques israliennes
III.3.2 La mystrieuse cargaison du cargo de la EL AL
III.3.3 Isral et la CAC: une signature sans incidence
III.4 Un dsarmement nuclaire de faade
III.4.1 La querelle des supercalculateurs amricains
III.4.2 Des ngociations assassines ?
III.4.3 Isral et le CTBT, une concession inutile
III.5 Ngociation sur les armes biochimiques contre le maintien du nuclaire
III.5.1 Isral et la CAC : bataille finale autour dune ratification
III.5.2 Les difficults des tats-Unis et d'Isral face la CAB
III.5.3 Polmique sur Ness-Ziona
III.5.4 Dsarmement et intrts privs
IV La remise en cause du dsarmement
IV.1 1998 : Vers un rarmement international
IV.1.2 Wye River: des ngociations stratgiques secrtes
IV.2 Territoires contre atomes
IV.2.1 La parenthse Barak : la question du Golan et du Liban
IV.2.2 Un nouvel essai nuclaire?
IV.2.3 Un accord nuclaire historique
IV.2.4 Lchec de la dernire tentative de Clinton pour instaurer un processus de paix
IV.3 Isral puissance nuclaire sous-marine
IV.3.1 Lintrt du vecteur sous-marin
IV.3.2 Opacit et critiques sur les performances dun vecteur particulier
IV.4 De grands bouleversements
IV.4.1 Sharon, Bush : Un cinma orientale au format 11/9me
IV.4.2 Le ramorage du bactriologique sous la bannire amricaine
IV.4.2.1 Renforcement du partenariat Isral/ Etats-Unis contre le bioterrorisme
IV.4.4.2 Rvlation sur l'aide chimique britannique
IV.4.4.3 Dsarmement biochimique ou redploiement scientifique?
V L'hyperpuissance du Moyen-Orient
V.1 Ngocier sans faiblir
V.1.1 Concessions sur le trafic en matriaux stratgiques et la scurit des sites
V.1.2 Le dsarmement dans le nouveau contexte irakien et libyen
V.2 De timides concessions sur lomerta
V.2.1 Signature des traits et timides ouvertures pour la forme
V.2.2 Normalisation nuclaire au sein d'accords bilatraux isralo-amricain V.2.3 Optimisation civile ou
militaire?
V.2.4 Retrocessions de territoires contre des armes
Conclusion
SECONDE PARTIE : de la matire la thorie : succs et chec des doctrines de dissuasion israliennes
INTRODUCTION
CHAPITRE I : LES DOCTRINES DE LA DISSUASION ISRALIENNES ET LEURS APPLICATIONS
I Protger face lavenir toujours incertain
I.1 La garantie pour la paix
I.1.1 Plus jamais Massada . Dimona pour Oslo
I.1.2 Sanctuariser le territoire
I.1.3 Atome contre terre, terre contre bombe, bombe pour la terre ou la bombe sans la terre ?
I.2 La bombe comme arme politique
I.3 La bombe comme doctrine militaire
I.3.1 Rappel de la doctrine militaire conventionnelle isralienne
I.3.2 Une stratgie demploi du faible au fort contre des cibles internationales
I.3.3 volution de la doctrine nuclaire: de linspiration franaise au modle amricain
I.3.4 Les armes biochimiques, tabou absolu sur une stratgie dj employe
I.4 Une arme conomique
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I.5 Bombe atomique contre bombe dmographique
II La dissuasion isralienne: Guerre impossible, paix improbable
II.1 Une dissuasion premire vue pertinente : lEtat est sanctuaris
II.2 Les effets militaire pervers
II.3 Limpuissance face au terrorisme
II.4 Un inutile outil de paix ?
II.5 La puret des armes, une valeur problmatique face aux ADM
CHAPITRE II : LA DOCTRINE BEN-GOURION: LARME DE LOPACITE
I volution dune stratgie originale
I.1 La rumeur pour gagner du temps
I.2 Dimona, une curieuse usine tout faire
I.3 De lopacit dfensive la doctrine Begin
I.4 Laffaire Vanunu et la guerre du Golfe : Fog of War
I.5 De lopacit transparente la discrtion au nom du dsarmement
I.6 La dissuasion de papier
I.7 Le duel Sharon/Baradei: Ceci nest pas une bombe !
I.8 Face la menace tandem syro-iranienne : la dissuasion quasi assume
II Rflexions sur la pertinence de lopacit
II.1 Les motivations et les avantages de lambigut
II.2 La bombe isralienne, une intoxication ?
II.3 Isral, combien de bombes?
II.4 Une remise en cause dune ambigut inefficace et dangereuse
CHAPITRE III : LA DOCTRINE BEGIN OU LA CONTRE-DISSUASION
I Dfinition dune stratgie atypique
II LIrak : une doctrine Begin polyvalente
II.1 Les premiers sabotages
II.2 Se faire combattre Charybde et Sylla : Est moins Ouest gale zro
II.3 Le raid dOsirak : lapplication magistrale de la doctrine Begin
II.4 Des ractions franaises trs diplomatiques
II.5 La doctrine Shamir dans la doctrine Begin, les guerres du Golfe
III Lexemple syrien et lopration Orchar
III.1 Un raid sans bavure
III.2 Un raid triple tranchant sur de fausses informations ?
IV Les assassinats larme biochimique, mythes et ralits
IV.1 Quelques emplois
IV.2 Laffaire Mishal, la plus clbre affaire de toutes
IV.3 Lassassinat international de Mahmoud Abou Al-Mabhouh : un Dubagate
V Une doctrine Begin en question en Iran, vers un wilsonisme bott
V.1 Des apprciations variables pour une action conteste en haut lieu
V.2 Une intervention premire vue plausible
V.3 Une intervention peu crdible
CHAPITRE V : DISSUASION ET ESPIONNAGE
I Vanunu quand Icare se brle latome de Dimona
I.1 Un tratre idaliste
I.2 Le procs dun secret
I.3 Une mobilisation internationale
I.4 La libration: Un show mdiatique
II Laffaire Marcus Klingberg : brouillard chimique Ness-Ziona
II.1 La disparition suspecte dune sommit mondiale en biochimie
II.2 Une monnaie dchange entre lEst et lOuest
II.3 Vers la libration
III Jonathan Pollard : histoire dun contentieux isralo-amricain
III.1 Un exemple de lespionnage amricain aux USA
III.2 Une arrestation et un procs discret
III.3 Le feu de laccusation se propage
III.4 Une monnaie dchange dans les accords de paix
III.5 Mobilisation nationale
Conclusion
CONCLUSION GENERALE
Bibliographie
Annexes
Tables des matires
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Rsum:
Lobjectif de cette recherche est de dmontrer comment Isral a russi dvelopper
une dissuasion multi modale et complte avec des vecteurs performants autant par leurs
portes que par leurs performances de destruction. Dans un environnement hostile, ltat
hbreu pour premire proccupation de se protger, lui et son peuple martyr, dabord en
attendant de bnficier dune arme conventionnelle efficace, puis ensuite afin de garantir
ternellement une scurit quil voudrait absolue. Il sagit de comprendre comment ce pays si
jeune et pauvre en matires premires a dvelopp une dissuasion comparable celles des
grandes puissances grce son rseau communautaire dacteurs politiques, financiers et
scientifiques travers le monde. Plusieurs Etats ont contribu cette puissance, dabord au
regard des proccupations de la Guerre Froide, dont les USA, la France, la Norvge, la
Grande-Bretagne et lAfrique du Sud. Isral est aujourdhui la quatrime puissance nuclaire
au monde et possde des infrastructures de recherches nuclaires, biologiques, chimiques,
radiologiques, balistiques, spatiales et militaires telles, quil demeure un tat laboratoire pour
lensemble des pays dvelopps. Il sagit aussi de savoir dans quelle mesure cette dissuasion a
influenc lHistoire du Moyen-Orient, et comprendre pourquoi elle fut efficace hier et presque
inadapte aujourdhui.
The objective of this research is to demonstrate how Israel has managed to develop a
multi modal deterrence and complete with vectors provided by their performance brought by
their performance destruction. In an environment hostile to the Hebrew state for the first
concern to protect itself, first pending receive a conventional army effective, then to ensure
security ever he wants absolute. This is how this country so young and poor raw materials
Deterrence has developed comparable to those of the superpowers through its history and its
network of community provided political scientists in the world, and even before its
independence. What were those scientists and national and international policies. Several
states have contributed to this power, first in terms of concern of the Cold War, including the
USA, France, Norway, Britain, South Africa and perhaps even China. Israel is now the fourth
nuclear power in the world and has nuclear research facilities, biological, chemical,
radiological, ballistic and military space such, it remains a state laboratory for all developed
countries. This is also how far this deterrent has influenced the history of the Middle East,
whether it was effective or against-productive.
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