Bibliotheque D'humanisme Et Renaissance Tome Vi - 1945

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D'

BIBLIOTHfeQUE

HUMANISME
ET

RENAISSANCE
TRAVAUX
Tome VI

LIBRAIR1E

E.DROZ

2$, RUE DE TOURNON

PARIS,VIe
1945

09:47:10 AM

biblioth?que

d'

HUMANISME
ET
RENAISSANCE
Publicationnonpirioiiqm

09:47:10 AM

Tirage limite
? 360 exemplaires

Exemplaire N?

Reimprime avec Tautorisationde la LibrairieDroz S.A.


et de
Mademoiselle E. Droz
par

LibrairieDroz S.A.
SlatkineReprints
Swets& Zeitlinger

09:47:10 AM

D'

BIBLIOTHEQUE

HUMANISME
ET

RENAISSANCE
TRAVAUX
Tome VI

LIBRAIRIE

E.DROZ

25, RUE DE TOURNON

PARIS/VP

09:47:10 AM

AUTOUR D'UNE DEFINITION


DE L'HUMANISME
I
fimile Faguet, dans la preface de son Seizieme Siecle,
: ? L'humanisme
n'est pas le Moyen Age ; il
ecrivait
La
n'est pas la Reforme ; il n'est pas la Renaissance.
c'est la resurrection des idees antiques ;
Renaissance,
II y a sou
Thumanisme, c'est le go?t de l'art antique...
vent un humaniste dans l'homme de la Renaissance
; il
dans
y a moins souvent un homme de la Renaissance
l'humaniste. II n'est pas force que l'homme de la Renais
ne l'est presque
sance soit un humaniste
(Rabelais
encore
soit un
que l'humaniste
point) ; il Test moins
?.
Au fond, l'humanisme ? est
homme de la Renaissance
le souci de bien connaitre et de bien imiter les grands
artistes litteraires des siecles passes. C'est, si Ton veut,
?Son
l'alexandrinisme
effort, litteraire et livresque,
des
lettres pures, de l'expres
s'enclot dans le domaine
II n'en peut naitre qu'une
sion, du style, du procede.
ou qui
est peu
litterature savante,
pas
qui n'est
une
litterature
d'imitation
nationale
;
indefinie, qui
rachete ses faiblesses originelles par le souci d'une forme
parfaite et un certain amour de la grandeur : litterature
? L'etude
impersonnelle.
impersonnelle ou apparemment
donne ? l'oeuvre
des grands ecrivains de l'antiquite
d'art qui essaie de les imiter un certain degre necessaire
? 2.
de gen?ralite et d'objectivite

1
Seizieme
sieclet
2
p. xviii.
Ibid.,

St?des

littiraires,

p.

xv-xvi.

09:47:23 AM

A.

RENAUDET

assez mal de telles distinc


s'accommode
L'histoire
de la sorte, n'aurait
tions. Petrarque,
ecrit en huma
ou
les fipitres. Ses traites
niste que YAfrica, les figlogues
religieux, historiques,
appartiendraient,
les anime de ressusciter le genie du paga
firasme pense en
nisme, ? Thomme de la Renaissance,
ou
traduit
humaniste
Euripide,
lorsqu'il
Plutarque
ou s'ins
editions classiques,
Lucien, prepare quelques
pKilosophiques,
par le desir qui

pire de Lucien dans Y?loge de la Folie et les Colloques,


ou developpe
lieux communs
dans les Adages quelques
renouveles des anciens. II pense en homme de la Renais
sance quand sa fantaisie toujours un peu grave s'inter
d'une ethique fondee sur l'an
rompt pour l'ebauche

tiquite reconciliee avec Ffivangile. Son labeur de theo


pour les Peres grecs et saint
logien, sa predilection
le Nouveau
Jerome, son effort pour retrouver dans
un spiritualisme
accordait
essentiel qu'il
Testament
sans doctrines, et que, d'un terme
avec un platonisme
de saint Jean Chrysostome,
emprunte ? Thumanisme
du Christ1, n'expriment
il voulut appeler plutosophie
pas da vantage son humanisme. On y devra reconnaitre
et plus encore, le precur
Thomme de la Renaissance,
seur de la Reforme. Lorsque,
dans le second Hyperas
contre
Luther
la noblesse de la nature
defend
il
pistes,
de
affirme
la
humaine,
l'esprit humain et des
grandeur
creations du genie humain 2, ces pages eclatantes d'hu

manisme
seront, justement parce qu'on y sent debor
der la passion de Thomme de la Renaissance,
reputees
1

Etudes
Paris,
1939, in-8?, pp. 146
Srasmiennes,
Renaudet,
?
volor tiers le mot
Saint Jean Chrysostome
phi
emploie
?
et des Chretiens.
du Christ
pour definir Penseignement
losophic
in Psalmum
CIX
dans
Par
(Migne, Patro
YExpositio
exemple,
: ttjv
55, col. 278
vap <ptX'jao<pov Ta-jTTjv ?tatxav r,X0e
logia grxca,
...
I ad Cor.
Patrol,
In EpisU
homil. VI,
8t8a?wv
figalement,
xov r,Xtov
grseca, 61, col. 52 : ttjv tu>v jiova^wv
<ptXoaocp(av bizep
XajjMiouaav..
2 A.
347-351.
Etudes
Srasmiennes,
pp.
Renaudet,
147.

A.
?

09:47:23 AM

DE

DEFINITION

LHUMANISME

humaniste.
etrangeres h la litterature authentiquement
II faudra conclure que, lors de sa rupture avec les cice
roniens d'Italie dont il go?tait mal la rhetorique savante
et banale, c'etaient ces trop habiles faiseurs qui repre

contre firasme, homme de la Renaissance,


et qu'ainsi
et
humanisme
humanisme;
Tauthentique
comme
ont
des
forces oppo
Renaissance
parfois apparu
ses x.
de separer, autrement que
II semble done malaise
un
de
artifice
discussion, deux donnees historiques
par
et Tesprit de la Renais
aussi proches que Thumanisme
sance. Propre aux hommes de la Renaissance,
le desir
?2
leur attribue de ? repenser l'antiquite
que Faguet
ne se coneoit pas sans le desir de reformer 1'expression
sentaient

de la pensee ; de trouver pour la pensee, qui se modele


sur l'antique, une expression qui ne peut, eile aussi,
que suivre le modele
inegale de l'antique. Inversement,
? l'eeole des anciens,
la
recherche,
l'humaniste,
qui
forme parfaite du langage, ne peut guere echapper ? la

avec l'esprit des


concede que
lui-m6me
Faguet
disparues.
? ? un
un
est
effort pour
Thumanisme
degre superieur,
se
au
et
o?
faire une
monde
Ton
pour
vit,
echapper
?me antique. Quand
1'humanisme est tres fort chez un
homme, il est cela ? 3.
institute ne se defend
Des
lors, Tantithese d'abord
? tout se tient, et
plus. Faguet finit par admettre que
sans 6tre
ne
?tre
humaniste
que Ton
consequent
peut
?. Mais
du m&me coup homme de la Renaissance
il se
tire d'affaire ? Taide de nouvelles distinctions. Pareille
et
? des esprits systematiques
necessite
s'imposerait
soumis aux contraintes de la logique : tel n'etait pas le
cas de ? la plupart des humanistes,
notamment
des
ont
6tre
de
de
la
Renaissance
ecrivains
pu
frangaise, qui
sans
des
hommes
de
?
fond
6tre
la
humanistes
parfaits
tentation

du

contact

enfin retrouve

civilisations

1
292-294.
Ibid.,
pp.
2
Seizieme
?. Faguet,
8
Ibid., p. xvi.

siecle,

p. xi.

09:47:23 AM

10

A.

RENAUDET

et cela ? par une


Renaissance?,
de profondeur ?1,
certain manque
sans
d'accorder
difficulte un art
sommaire
chr6tienne. Jugement

legerete et un
leur
permettaient
qui
paien et une pens6e

certaine

et bient?t prononce.
La reconciliation de l'antiquite paienne et du christia
chez ces hommes, fantaisie
nisme n'etait aucunement,
ou incoherence de lettres. S'il y faut recon
superficielle
naitre

au

contraire

l'inconscient

effet d'un

besoin pro
en vertu

il apparaitra
s'accomplissait
qu'elle
formulee ou confusement
clairement
doctrine,
et qui avait vecu plusieurs
pressentie, mais ancienne
si&cles. Or l'elaboration de cette doctrine, qu'on la juge
ou bienfaisante,
forme une part essentielle
contestable

fond,
d'une

de

l'ceuvre que l'humanisme


du monde moderne.

a realisee

dans

l'histoire

allegue certains ecrivains qui, hommes de la


Faguet
ne lui semblent guere humanistes 2. Mais
Renaissance,
ce titre
aurait-il
Rabelais,
pour meriter
academique,
une
imitation
du pratiquer
plus exacte de quelques
formes litteraires transmises par l'antiquite, suivre plus
ou Apulee ? Doit-on
modestement
Lucien, Plutarque
sa
sa periode mSme,
son
vocabulaire,
phrase,
juger
insuffisamment nourris de substance
classique ? Doit
on conclure que, grec et latin, il est aussi trop frangais
et tourangeau ? Faut-il oublier tant d'allusions
erudites,
de citations triomphales ? Pour
joyeuses, 6mouvantes,
ne pas insister en vain sur l'humanisme du langage et
du style, son oeuvre inepuisable
n'a pas
seulement
accueilli tout un savoir ? la fois enthousiaste et metho
?
dique, par ou, si Ton veut, eile appartiendrait moins
un
mais
evident
la
l'humanisme
Renaissance;
qu'?
heritage de raison erasmienne et de sagesse erasmienne
fait de Rabelais
le plus ori
l'interprete authentique,
1
Ibid.,
8
V. p.

p. xx.
7 et n. 1.

09:47:23 AM

DEFINITION

DE

l'hUMANISME

11

ginal et le plus vigoureux, de l'humanisme erasmien *.


sans doute, e?t repondu que, chez Erasme,
Faguet,
cette raison et cette sagesse, etrangeres aux curiosites
esthetiques et aux techniques litteraires de rhumanisme,
cet effort pour repenser le monde
et l'homme, proce
son
et
de
de
daient
la Renaissance
esprit, et nous serions
ainsi reconduits ? notre point de depart, si le double
exemple d'firasme et de Rabelais ne demontrait le carac

tere artificiel et verbal d'une analyse, qui, dans l'exa


men des cas individuels comme dans 1'etude
historique
d'une periode, pretend dissocier deux notions mal dis
cernables.

On pourrait, toutefois, objecter


les noms d'autres
en
martres qui ont pense
hommes de la Renaissance,
ecrit en mediocres
humanistes, Marsile
Ficin, par la
passion avec laquelle il interroge les platoniciens, attend
du platonisme
la restauration de la philosophic dans le
monde moderne,
huma
a, sans grand souci d'elegance
niste, collabore k l'ceuvre commune de la Renaissance
italienne. Leonard
de Vinci, par Tampleur universelle
de son savoir et de son genie, realise le type humain le
: ses traites et ses notes
plus accompli de la Renaissance

le montrent
indifferent k l'humanisme de 1'expression.
homme de la Renaissance
par son desir de
Machiavel,
sur
fonder
l'histoire comparee des institutions antiques
et modernes une science positive de la politique, n'etu
: il a,
die guere le style de Ciceron ou m6me de Tite-Live
k faire. Et
dans ses veillees de San Casciano, mieux
est d'un
pourtant, la veneration de Ficin pour Piaton
un
est
humaniste.
Leonard
humaniste
grand
grand
dans quelques pages inspirees de ses Carnets ; plus encore,
intuition de genie lui permet de ranimer
lorsqu'une
et fugitifs de la beaute
certains aspects mysterieux
ou
humaniste
lorsqu'il cree le Bacchus
antique ; grand
le Saint Jean du Louvre, ou teile figure de la Cene de
1
au XVI*
Lucien
de Vincroyance
he probleme
siede;
Febvre,
la religion de Rabelais,
de Thuma
l'Evolution
in-8?;
1943,
Paris,
et la philosophie
du Christ,
firasme
nite, n? 53 ; ch. in, Rabelais,
pp. 329-360.

09:47:23 AM

12

A.

HENAUDET

est grand huma


des Graces. Machiavel
Sainte-Marie
son
niste par
culte de la grandeur antique, de la cite
et l'effort
et des vertus du citoyen antique,
antique
comme
tente
afin de ressusciter,
il Fan
desespere qu'il
nonce, ces choses mortes 1.
Ainsi, chez les plus grands, Tesprit de Thumanisme
se confond avec l'esprit de la Renaissance.
Et Faguet
lui-m?me, en depit de sa propre doctrine, semble bien
le reconnaitre, quand il affirme que l'humaniste le plus
fidele ? la religion de la forme pure cherche ? s'evader
hors du temps et ? se faire une ?me antique 2. Mais
cette evasion passionnee ne se laisse pas guider par les

les plus savantes. Sans doute, pour


techniques m?me
et un
le monde est vide depuis les Romains,
Machiavel,
devoir strict impose k l'humanite moderne de retrouver
si parfois ses meditations
obstin6es
leurs vertus. Mais
sentiment de leur presence, ce
le conduisent
jusqu'au
ou
n'est pas une discipline de style ou d'expression,
m?me de recherche erudite, qui a pu illuminer sa voie
entrevoit le mystere paien, si Mar
solitaire. Si Leonard
sile Ficin a senti parfois revivre en lui Tame de Platon,
ils ne doivent pas ces intuitions ? l'enseignement des
de Careggi. L'eva
ateliers florentins, ? la dialectique
sion humaniste hors du temps n'obeit qu'? une force
faite de raison et d'en
intellectuelle et sentimentale,
?
la
fois
soutient
l'humaniste et l'homme
thousiasme, qui
et qu'on pourrait appeler le mysti
de la Renaissance,
cisme de la noblesse humaine.

Mais avant de saisir cet element premier et permanent


se retrouve
qui soutient le genie des grands humanistes et
1
: ...
DelVarte
della guerra, VIII
pare
questa
perche
provincia
come
nata
si e visto della
le cose morte,
per risuscitare
poesia,
e della
scultura
della pittura
le opere storiche e letterarie di
(Tuite
et Mario
Casella
ed. par Guido
Mazzoni
Niccold
;
Machiavelli,
in-80, p. 367).
Florence,
1929,
2
Seizieme
?. Faguet,
siecle, p. xvi.

09:47:23 AM

DEFINITION

DE

l'hUMANISME

13

jusque chez les plus humbles, il reste encore ? clarifier


idees. Faguet
affirme que toute Htt6rature
quelques
aura necessairement
un caract&re
humaniste
imper
sonnel1. Les faits, cependant, d6montreraient aisfement

le contraire. Petrarque n'a pas ecrit que YAfrica; encore


y pergoit-on par endroits Taccent de son propre lyrisme.
au repertoire
Ses Bpitres et ses ?glogues
appartiennent
et
le plus banal de la tradition classique,
pourtant ne
o? Petrarque
valent que dans la mesure
lui-m$me a
voulu
italien a produit
s'y raconter. L'humanisme
toute une poesie amoureuse, elegiaque ou lyrique, debor
dante de confidences indiscretes. Les Italiens qui, vers
la fin du xve sifecle, vinrent ? Paris chercher fortune,
Fausto Andreiini, n'imposent
Girolamo Balbi,
aucune
contrainte ? leur besoin de parier d'eux-m^mes. firasme,
au debut de sa carrifcre, dit en
ou
distiques elegiaques
en strophes lyriques ses inquietudes morales
ou reli
gieuses, ses esperances, ses amities. Les pofetes de l'6cole
de Lyon, les maitres de la Pleiade, qui, dans leurs vers
frangais ont recherche la perfection de la forme grecque,
se sont librement confesses, indifferents ? toute reserve,
ou litteraire
? toute discipline morale
d'objectivite

classique.
Le caractfcre personnel des lettres humanistes
appa
ralt ailleurs qu'en poesie. La publication
des Adages
6rasmiens repond au souci, essentiellement
scolaire et
d'offrir aux apprentis humanistes
le reper
p6dagogique,

des sentences, proverbes et bons mots,


la sagesse pratique des anciens. Tresor
: firasme
mais
arsenal de polemique
d'erudition,
prend
? partie les scolastiques
du Moyen Age finissant, qui
ou paresse, tout un
d^daignent, par ignorance
heritage
et civique, toute une
de morale
sociale
individuelle,
?thique de Tindividu et de la cit6, toute une experience
qui, p6niblement acquise au cours d'une histoire ecla
eux
tante, pensive et dure, instruirait les theologiens
en
?
termes
et
les
aiderait
m?mes,
poser,
plus justes et
toire complet
o? se resume

Ibid.,

p. xviii.

09:47:23 AM

14

A.

RENAUDET

plus larges, le probleme de la saintete chretienne. Peu


? peu Tinvective contre la maladresse
dedaigneuse d'une
ecole volontairement
ignorante de toute noblesse humaine
devient confession personnelle,
inquiete et passionnee.
De plus en plus librement, ? mesure que les editions

du livre se succedent et s'enrichissent, firasme confie


k ses innombrables
lecteurs, disperses ? travers TEu
rope savante, ce qu'il pense de Thomme, de la societe,
des conflits ouverts entre les classes ou les fitats, de la

religion, de la paix, de la guerre ; il decrit et juge le


commentes
Les adages
train du monde.
longuement
ne representent encore qu'une partie de la collection ;
en recherchent
c'est l? que
mais
les contemporains
et
entre l'edi
vivant.
Tinter^t
essentiel
Multiplies
dej?

tion aldine de 1508 et la b?loise de 1515, ils semblent


de Montaigne,
le plus complet sans
les Essais
et le plus genial des humanistes
frangais *. Aux
aboutit la tradition savante d'firasme, puisqu'il
pour Montaigne de rechercher une sagesse moderne,

annoncer
doute
Essais

s'agit
heritiere

de la sagesse antique, eclairee par la sagesse


instruite encore de ce que la sagesse antique
antique,
ne soupgonnait pas. En m6me temps, Montaigne,
avec
une nouvelle maitrise, plus de vigueur et devant une
audience encore plus large, cultive Tart de la confidence
un
ne laissaient qu'entrevoir
erasmienne. Les Adages
ces
de
humains
les
lontaines annees,
des esprits
plus
accueillant aux idees les plus hardies, spectateur curieux
du present comme de Thistoire, prompt ? la Sympathie
comme au dedain, mais qui, en somme, restait, malgre

une vie errante, active, traversee de luttes dangereuses,


et de cabinet, un peu chagrin, et de
homme d'etude
au contraire, ne dis
bonne heure attriste. Les Essais,
simulent ? peu pres rien d'un tres grand ecrivain, plus
vigoureux de temperament et d'esprit, informe lui aussi

A.

Renaudet,
taigne humaniste,
fort
indications
pp. 388-400.

?
Sur Mon
St?des
Srasmiennes,
pp. 69-73.
de
la
homme
et en meme
Renaissance,
temps
interessantes
dans
Seizieme
fi. Faguet,
siecle,

09:47:23 AM

DEFINITION

DE

l'hUMANISME

15

et de la politique,
lui aussi spectateur des
et
volontairement
solitaire
humaines,
querelies
qui,
dans le tumulte et le peril quotidien des guerres de reli
gion, travaille k mieux connaitre en lui-m?me l'homme
6ternel.
de Thistoire

II y a done dans Thumanisme toute une part de labeur


ou litt?raire par o? s'affirme une volonte de
artistique
liberation individuelle et d'expression
individuelle, qui
hors du temps, ?
s'aecorde avec un besoin d'evasion
la rencontre 4>un id6al perdu de noblesse humaine.
souvent tapageuse,
L'oeuvre
des humanistes,
voyante
et quelque peu debile, conserve un secret que rScemment

sur Thumanisme
d'un ouvrage pr6cieux
de
Tauteur
Diderot decouvrait ? dans f effort personnel, dans Taven
ture individuelle, unique,
de cha
jamais renouvelable,
cun de ceux qui tentent de se donner k eux-m^mes,

par leurs propres moyens, selon leur experience priv6e,


une regle de vie, de pensee et d'aetion...
L'humanisme
?,
? se construit dans
poursuit Jean Thomas,
chaque cons
cience. Entre tous ceux qui font ainsi leur destinee, il
y a sans doute certaines similitudes, certaines parentes ;
et e'est en ce sens qu'on peut parier k bon escient d'une
tradition de Thumanisme. Mais
le succ&s obtenu par
ne
aux autres
humaniste
servir
sinon
peut
chaque
: les resultats
ne
sont
utilisables
pas
d'exemple
acquis
est le fondement de Thu
pour tous... L'individualisme
et la peinture de soi en sont les
manisme
; Tanalyse
premiers prineipes
Cette definition
taigne ; eile peut
Tceuvre d'firasme.
k la po6sie, tant

Jean

in-8?, pp.

Thomas,
142-143.

?l.
convient

k P6trarque,
et ? Mon
une
k
toute
partie de
s'appliquer
de
Elle
fagon certaine,
s'applique,
des
latine qu'en
langues modernes,

L'humanisme

de Diderot,

2e

Paris,

09:47:23 AM

1938,

16

A.

RENAUDET

humanistes
; elle rend compte, dans une large mesure,
et morale, ou ils semblent
de leur ceuvre philosophique
bien avoir recherche un moyen de culture, et par Ik,
de liberation. Mais
l'humanisme
n'est, k proprement
ni
ni
n'a pas pour objet
romantisme.
II
lyrisme
parier,
un moi souvent mal satisfait de lui
d'exalter
principal
m&me.
II peut juger utile de l'analyser, non toutefois
pour la joie et la vanite de cette analyse, mais pour
ses puissances, avec
apprendre k le guider, ? developper
et
de s?rete. II s'agit, des lors, d'une
plus de certitude
entreprise de reforme intellectuelle et morale, qui peut
se resumer en une formule : la creation du plus haut
Et Faguet,
ici, nous rejoint par un
type d'humanite.
biais inattendu. Sans doute il persiste ? ne considerer
il admet qu'? force de
que l'expression litteraire. Mais
sort de
rechercher la perfection du style, l'humaniste
son ?me ?,
lui-m?me, elargit son horizon, ? augmente
arrive ? se sentir en possession d'un ? moi plus riche,
plus renseigne et plus souple?. Goethe, ecrit Faguet,

est le type m?me de l'humaniste de genie ?1.


: mais
la theorie de Faguet
Sans doute
n'explique
de l'humanisme
guere le developpement
gcetheen. Ce
n'est pas le souci de la perfection litteraire qui portait
et d'ailleurs,
le poete k sortir de lui-m6me;
il n'est
a
fait
de son moi le centre
sorti
de
lui-meme ; il
jamais
o? sans cesse il attirait de nouveaux
d'un monde
ele
nou
et
ments de connaissance,
de
accueillait
appelait
? l'art, aux lettres, aux sciences,
velles joies demandees
au contact

etait une dis


cipline, congue par l'intelligence, acceptee, obeie de la
volonte, pour realiser certaine forme ideale et supe
au debut de la
dont Faust,
rieure de vie. Discipline
seconde partie du drame, a defini Tesprit : ? 0 Terre,
cette nuit encore tu fus inebranlable. Tu respires ? mes
un renouveau
de fraicheur; dej? tu com
pieds dans
mences k m'environner
de joie. Tu eveilles et stimules

?.

Faguet,

des hommes.

Seizieme

Son humanisme

s?cle,

p.

xvin.

09:47:23 AM

DEFINITION

DE

LHUMANISME

17

en moi une ferme resolution de m'efforcer ? jamais


vers une existence toujours plus haute ? x.
En
face d'un tel humanisme,
qui vise au progres
toutes
et
indefini
de
les
harmonieux
puissances et gran

la definition de Faguet semble un peu


deurs humaines,
derisoire. Mais la formule, pourtant seduisante, de Jean
non pour Goethe.
Thomas,
peut suflire pour Diderot,
sans
doute ? la base de l'hu
L'individualisme
apparait
et
manisme. L'analyse
la peinture du moi ne constituent
pour lui que des procedes de culture. L'essentiel demeure
en lui-m?me, au
1'effort de l'individu pour developper
et
libre, toutes les puis
moyen d'une discipline stricte
sances humaines,
n'en rien laisser perdre de ce qui
exalte l'etre humain, et realiser en soi le type le plus
aeheve

d'humanite

: la noblesse

humaine.

Resterait ? definir la place qui appartient, dans cette


discipline, ? 1'etude de l'antiquite ; et nous sommes par
l? reconduits au probleme des rapports de Thumanisme
et de la Renaissance.
C'est bien le meme mysticisme de
grandeur
sance

humaine

et

l'humaniste.

qui

soutient

Sans

Thomme

doute,

le

de

la Renais

second

terme

le grammairien
lettre dont la patience
designe d'abord
de ces textes anciens aux
restaurait
Interpretation
quels on attribuait la vertu de rendre les hommes plus
humains. Bossuet, historien des variations protestantes,
de grand humaniste 2. Le mot, ?
qualifie Melanchton
1 4681-4685 :
auch diese Nacht
Erde, warst
best?ndig,
zu meinen
atmest neu erquickt
F?ssen.
zu umgeben
schon mit Lust mich
;
Beginnest
Du regst und r?hrst ein kr?ftiges Beschliessen
zu streben.
Zum
h?chsten
Dasein
immerfort
Du,
Und

2 Le
de Dainville,
P. Franqois
S. J., dans un ouvrage
impor
tant
et Viducation
de la sociite
; la nais
francaise
(Les Jisuites
ce
sance de l'humanisme
Paris,
moderne,
1940,
in-8?), developpe
et s'efforce
caractere
de
essentiellement
scolaire
l'humanisme,
et de montrer
comment
d'en degager
les affirmations
essentielles,
2

09:47:23 AM

18

A.

RENAUDET

l'origine, peut rappeler la pedagogie des colleges. Pour


et malgre
les reserves
tant, sous la plume de Bossuet,
du theologien, il designe tout le savoir d'un helleniste
; et Renan voit dans la philologie moderne,
psychologue

la science critique de l'esprit


fille du vieil humanisme,
humain, des idees et des sentiments dont il a vecu 1.
C'est bien, en effet, l'esprit humain que les humanistes
se sont d'abord propose d'etudier et de bien connaitre ;
1'horizon sco
par l?, des le debut, leur labeur depasse
laire ; il ne s'agissait pas uniquement
pour eux de lan

gage et de Htterature. Mais le temps n'etait pas encore


venu de la critique. Ces maitres enthousiastes voulaient
s'emparer de tout ce que l'esprit, dans le cours des ages,

cree de fort et de precieux, moins pour mesurer en


ses ressources et ses puissances
que pour les
sa
?
reformateurs
passionnes,
employer,
regeneration.
Goethe lui-meme a resume ce qu'ils pouvaient decouvrir
? Nous admirons
les tra
aupres des maitres
antiques.
avait

historiens

gedies

des

anciens

Grecs,

disait-il,

le 3 mai

1827,

au service d'une defense metho


de Jesus les a mises
la Compagnie
?
essentielles
des
du
catholicismc.
Bossuet,
dique
positions
livre IV ((Euwes
des variations,
ed.
Histoire
F. Lachat,
completes,
: Jeune
encore
et grand huma
1863,
in-8?, p. 167)
XIV,
Paris,
mais
seulement
humaniste
; nouvellement
niste,
pour
appele
dans
la langue
de Vitemberg,
il
l'universite
grecque
enseigner
avec
son
n'avait
guere
pu apprendre
d'antiquite
ecclesiastique
maitre
Luther.
1
?
de la Science,
E. Renan,
L'avenir
La
VIII,
pp. 129-153.
comme
chez
dans
n'est
l'ecole
nous,
pas
d'Alexandrie,
philologie
une
curiosite* d'erudit;
c'est une science
ayant
simple
organisee,
un but serieux
et eleve
la science des produits
de Vesprit
; c'est
en
ne
crains pas d'exagerer
humain.
Je
disant
la philologie,
que
est un des elements
les plus
liee ? la critique,
inseparablement
sans
la philologie,
essentiels
de Tesprit moderne,
le monde
que
ne serait pas ce
moderne
constitue
la philologie
la
est; que
qu'il
entre le moyen
difference
Si
grande
?ge et les temps modernes.
nous surpassons
en
en critique,
le moyen
?ge en nettete,
precision,
nous
le devons
? Feducation
Le moyen
uniquement
philologique.
autant
le moyen
des esprits
age travaillait
que nous,
?ge a produit
aussi
les notres,
le moyen
que
actifs, aussi
age a eu
penetrants
eu de
des poetes
des philosophes,
des savants,
il n'a
; mais
pas
?
le constitue
de
; de la ce manque
philologues
critique
qui
intellectuelle
l'etat de faiblesse
de
Les
fondateurs
(pp. 138-139)...
sont des philologues
Vesprit moderne
(p. 141).

09:47:23 AM

DEFINITION

Eckermann.
la nation

DE

l'h?MANISME

19

Nous

devrions plut?t admirer Tepoque


ont rendues possibles...
Toutes
les
qui
: ce caractere
ont un caractere unique...

et
ces
est

tragedies
celui de la grandeur, de Tenergie, de la sante, de l'hu
maine
perfection, de la haute sagesse, de la sublime
?
pensee, de la pure et profonde vision des choses...
et
de regeneration, qui se
Mais
Toeuvre de reforme
?
Taide de l'antiquite retrouvee et mieux
poursuivait
comprise, s'accordait avec Tirresistible besoin qui pous

sait les hommes de ce temps ? desirer la renaissance


de tant de splendeur. C'est pourquoi Michelet, en 1855,
et, cinq ans plus tard Jakob Burckhardt,
comprirent
entre Renais
d'une distinction valable
Timpossibilite
se
sance et humanisme.
Si Faction
de l'humanisme
resume en un effort pour ressusciter la pensee antique,

la culture antique, elargir, k l'aide


le savoir antique,
le monde
intellectuel et moral
de la culture antique,
ou la chretiente d'Occident
avait jusque la vecu, Thu
se confond avec Tesprit de la Renaissance
manisme
;
il est la conscience m&me de la Renaissance.

II
definir
On pourrait done, sous le nom d'humanisme,
une doctrine qui, orientee ? la fois vers l'etude et vers
la valeur de l'homme et de son
la vie, refuse d'abaisser
ou collective,
ceuvre individuelle
de n'en admettre
volontairement
idee
humble, de ne reconnaitre
qu'une
nature
la
humaine
dans
que faiblesse et misere ; exalte,
au contraire, la grandeur du genie humain, la puissance
1

trad, de Jean Chu


de Goethe avec Eckermann,
?
und
Cf. Wahrheit
Dich
in-8?, p. 440.
Paris,
1942,
ed. Erich
IIe Partie,
Iivre VI
Schmidt,
tung,
(Goethes Werke,
: Eine
t. V,
in-8?, pp. 178-189)
1909,
Haupt?berzeu
Leipzig,
war die Wichtigkeit
gung aber, die sich immer in mir erneuerte,
so viel dr?ngte
sich mir aus dem litte
der alten Sprachen
; denn
dasz
immer wieder
in ihnen alle
rarischen Wirrwarr
entgegen,
was
andere W?rdige,
und
alles
der Redek?nste
Muster
zugleich
aufbewahrt
sei.
die Welt
besessen,
jemals
Conversations

zeville,

09:47:23 AM

20

A.

RENAUDET

de ses creations

dans les sciences, dans Tart, dans la vie


morale, oppose sa force ? la force brute de la matiere
dont il saisit les lois.
Cette doctrine conduit k une ethique de Faction. Elle
commande k l'homme, selon la formule de Goethe, un
effort constant pour realiser en lui le type ideal de
Thomme.

Elle

commande

? la societe un effort constant

la plus haute
pour realiser
perfection des rapports
ainsi compris exige un immense
humains. L'humanisme
travail de culture ; il suppose une science toujours plus
elargie de l'homme et du monde ; il fonde une morale
il aboutit ? une politique.
et un droit;
II nourrit un

art et une litterature, dont le domaine, toujours plus


et
vaste, s'etend ? tout l'ensemble de la connaissance
de la pensee, accueille toutes les inquietudes, toutes les
angoisses, tous les espoirs, toutes les intentions de Tame

si Ton veut, Tart de la


humaine. C'est essentiellement,
c'est ? coup stir la litterature moderne.
Renaissance;
Le mot Renaissance
contient une affirmation, chere
aux eleves de Petrarque,
repetee par les continuateurs
de leur travail et les heritiers de leurs esperances. Les
uns et les autres ont pu croire que le sens de tous les
de la vie et de l'art, et le
problemes de la connaissance,
desir de les resoudre, s'etaient perdufc au cours du Moyen
ses
par ses savants, ses philosophes,
Age. L'antiquite,
ses
et
du
droit
de
theoriciens
Tordre
historiens,
social,
par ses poetes et ses artistes, n'avait
jamais cesse de
travailler dans le sens de l'humanisme.
Les hommes
du xve et du xvie siecle eurent l'impression que leMoyen
ou ne l'avait jamais
Age avait cesse d'etre humaniste,

ete reellement.
Iis ont affirme qu'eux-memes,
retablis
sant avec l'antiquite le contact interrompu, reprenaient
cette exploration du monde,
cet effort vers la connais
sance de l'etre humain, sur lesquels s'etait fondee 1'an
du citoyen, et dont ils attendaient
tique education
et morale
maintenant
la reforme intellectuelle
de la
chretiente.

Iis ont done pu


d'abord
imposait

conclure qu'un devoir essentiel leur


la resurrection
de ces grandeurs

09:47:23 AM

DEFINITION

DE

l'hUMANISME

21

mortes.

Elle signifia pour eux, dans l'ordre scientifique,


de Vinci,
les demons
Timmense enqu&te de Leonard
la fondation de la
trations de Copernic ou de Vesale,
et moral,
science positive ; dans l'ordre philosophique
la reconqu?te de toute une sagesse. On voyait revivre,
comme l'ecrit Faguet
en quelques
lignes heureusement

le stoicisme,
le naturalisme,
inspirees,
l'epicurisme,
? avec tout ce
ou d'abandon
qu'ils contenaient d'effort,
nement resigne, de conception de l'ordre universel et
k cet ordre ; avec tout ce qu'ils contenaient
d'obeissance

de sagesse heroique, de sagesse pratique et de sagesse


l'homme dans le
perdant volontairement
philosophique
vaste dessin des choses. L'idee du citoyen se substituait
? celle du sujet, l'idee de patrie ? celle de fidelite dynas
tique, l'idee de contrat libre, confusement encore, k
celle d'attache
traditionnelle, heritee, et comme orga

? l'infini sa vertu
l'art multipliait
nique ?. Cependant
revolution
Une
creatrice et sa puissance
d'emotion.
? la
encore
ecrit
Faguet,
s'accomplissait,
plus complete,
que l'esprit humain ait subie ?1. Revolution
qui etait,
en realite, une restauration.

immense effort, qui se fondait sur un acte de foi


semblait
de l'esprit humain,
robuste en la puissance
convenu
ce
le
est
?
d'abord
d'appeler
qu'il
s'opposer
pessimisme traditionnel des figlises chretiennes 2.
Toute conception chretienne du monde et des hommes
de la nature
la condamnation
parait supposer d'abord
Cet

humaine,
conduire

corrompue
au ? mepris

et ruinee
du

par le peche originel;


siecle ?, au rejet d'un monde

1
?
Sur le developpement
Seizieme
Faguet,
siecle, pp. xi-xii.
sur la
de 1'humanisme
? l'interieur
de la chretiente
medievale,
?
?, et lcs theses d'un humanisme
moderne,
tragedie de rhumanisme
v.
defini, du point de vue thomiste,
catholique,
par un penseur
in-8?.
Humanisme
1937,
Maritain,
Jacques
integral, Paris,
2
de la philosophie
fitienne
Paris,
m?dttvale,
Gilson,
L'esprit
?
intitule
tout le chapitre
V.
vi,
1932, 2 vol.,
in-8?, I, p. 112.
?
chretien
?, pp. 111-132.
L'optimisme

09:47:23 AM

22

A.

RENAUDET

? cette affirmation qu'une seule chose compte,


mauvais,
la charite. Elle suffit, et eile seule suffit k resoudre tous
les problemes que Fhomme se pose dans ses rapports
avec Dieu,
le monde et le prochain. Le reste n'importe
et
la
connaissance
de ce reste n'est que vanite et
pas,
II suffira de rappeler le texte clas
affliction d'esprit.
: ? Tous
les corps, le firmament, les
sique de Pascal
etoiles, la terre et ses royaumes, ne valent pas lemoindre
des esprits, car il connait tout cela et soi, et les corps
rien. Tous les corps ensemble et tous les esprits ensemble,
et toutes leurs productions ne valent pas lemoindre mou
vement de charite... De tous les corps ensemble, on ne
saurait en faire reussir une petite pensee : cela est impos

sible et d'un autre ordre. De tous les corps et esprits,


on n'en saurait tirer un mouvement
de vraie charite :
cela est impossible et d'un autre ordre, surnaturel ?l.
Voil? le mot definitif. Le pessimisme chretien oppose
k la nature et ? tout ce que ia nature peut produire
de plus magnifique,
y compris le genie
apparemment
un
ordre
le contredire,
surnaturel
semble
humain,
qui
le

et

nier

le

reprouver.

L'humanisme,

au

contraire,

si

et
Ton tire les consequences
logiques de son attitude
de ses principes, affirme la bonte de la nature, accepte
la nature et le monde,
s'y trouve k l'aise, s'y deploie,
?
de
la
vivre, place une confiance ine
gotite
plein
joie
branlable et un espoir sans limites dans le progres inde
fini de l'ceuvre humaine, de la pensee humaine, de l'in
de la Renaissance
;
dividu, de la societe 2. Optimisme

de Goethe,
de l'Encyclopedie;
optimisme
optimisme
optimisme
optimisme des hommes de la Revolution;
vue
des modernes
ecoles socialistes,
corrige par une
plus triste et plus dure des lois naturelles, mais confiant
malgre tout dans Tavenir et la certitude de transfor
mations
indefinies. De l? toute une ethique, une socio
une
etablies en dehors du pessimisme
logie,
politique,
1 Pensies

1 ?.

misme

et opuscules,

ed. L.

Brunschvicg,

793.

Gilson, Vesprit de la philosophic m?dttvale, VI, L'opti


chrktien,

I,

pp.

111-132.

09:47:23 AM

DEFINITION

chretien, qui entendent


battent.

DE

l'hUMANISME

23

l'ignorer, ou le nient, ou le com

l'histoire de 1'esprit humain,


les
Pourtant,
depuis
derniers siecles du Moyen Age, ne saurait se resumer
sous
l'aspect elementaire d'un drame o? s'affrontent
ces deux theories du monde
et de l'homme. Qui s'en
comme necessaire
chretienne
la
represente
conception
dominee par un pessimisme prompt ? desesperer
ou non,
la nature humaine,
subit, consciemment
Tinfluence des idees que les maitres de la Reforme, et,
? leur suite, les puritains anglais et les jansenistes, ont
soutenues avec une dure logique x.
sans remission toutes les ceuvres
Luther
condamne
de l'homme, 1'effort humain vers le bien ou la verite,

ment
de

II repete et il
l'ethique humaine.
contre
saint
lance
Paul
aggrave
par
l'orgueil
la culture, la
la philosophic,
pa'ien de la connaissance,
civilisation des palens. Tout l'effort intellectuel et moral
de l'homme n'est ? ses yeux que misere, aveuglement
la raison

humaine,
l'anatheme

II ne montre au chretien qu'une voie de salut:


toutes les ceuvres humaines ; ne fonder son
espoir que sur la plus humble foi dans Tintervention
redemptrice du Christ, dont la souffrance et la mort
ont seules pu offrir ? la creature dechue et miserable
une chance immeritee de rentrer en grace devant
la
en
ne
ce
de
Dieu.
Le
chretien
vit
inflexible
monde
justice
et ne sera sauve dans l'autre que par la foi dont il s'at
tache aux promesses du Christ, aux legons des ap?tres,
et particulierement
de saint Paul, qui mieux que nul
autre a defini la misere humaine
et la redemption2.
et peche.
abhorrer

1
: La
d'un
univers
Ibid.,
I, p. 126
representation
populaire
est corrompue
la nature
le peche
dont
chretien
doit beau
par
ou de Jan
de Luther,
de Calvin
coup de sa faveur ? l'influence
se representer
le christianisme
senius
? travers
; mais
eux, c'est
sous un jour tout different de celui du thomisme
ou
l'apercevoir
m&me
de Taugustinisme
authentique...
2 Les
textes
II sufiira
naturellement
seraient
innombrables.

09:47:23 AM

24

A.

RENAUDET

Luther exeere rhumanisme,


qui pretend
? des choses mortes et condamnees
; il
maudit firasme, F artisan le plus resolu de eette resur
et la
rection paienne. L'humanisme,
pour citer Faguet,
son
est
Seizieme Stiele,
pour Luther ?Fesprit
preface de
son
humain dans son orgueil et son ignorance, dans
? *.
ignorance voulue et orgueilleuse de la Redemption
envers
Fhumanisme d'firasme,
Calvin, bien que redevable
ne deteste pas moins
et respectueux
de sa memoire,
Forgueil de Fhomme, n'affirme pas avec moins d'energie
? combien il est
expedient de le despoiller de fauce et
vaine gloire ?2. Nulle difference essentielle ne separe,
dans ce commun mepris de Fhomme, Calvin de Jan
ou d'Antoine Arnauld.
senius, de Saint-Cyran
montre
fi. Gilson a bien
que Fhistoire ne permet pas
C'est

pourquoi
rendre la vie

d'invoquer

Luther,

Calvin,

Jansenius,

Saint-Cyran,

ou

du traite Von der Freiheit


eines Chris
citer quelques
passages
Les
Scrits rSformateurs,
introduc
tenmenschen
grands
(Luther,
:
notes de Maurice
Gravier
; Paris,
1944,
tion, traduction,
in-8?)
in hymel noch auft eraen,
die Seele keyn ander dinck, widder
Hat
sie lebe, frum, frey und Christen
sey, den das heylig
darynnen
von Christo
das wort
Gottis,
(pp. 256) ;
Evangelij,
geprediget...
?
szo vill, das die seel dem gottlichen
Nit allein
gibt der glaub
wort gleych wirt aller gnaden
voll, frey und selig, sondernn
vorey
als eyne brawt mit yhrem breud
nigt auch die seele mit Christo
siehs tu aber, aus wilchem
gam
grund dem glau
(p. 266). ?Hie
erf?llet
ben szo vill billich
wirt, das er alle gepott
zugeschrieben
ist er allein die
Darumb
frum macht...
und on alle andere werck
und aller gepott
des menschen
erfullung
(p. 268).
gerechtickeit
1
Seizieme
fi. Faguet,
siecle, p. xii.
2
la premiere
chrestienne
de la Religion
; texte de
Institution
de

edition franchise (1541) ; publ. par Abel Lefranc, Henri Cha

des Hautes
de
l'ficole
Pannier;
Bibliotheque
Jacques
la
2 vol.
ch. n, de
fasc. 176-177;
in-8?;
1911,
Paris,
: ... D'avantage
il n'est pas moins
40
de
Fhomme,
p.
congnoissance
et
de sagesse
de toute louenge
utile pour nous de nous demettre
Tellement
est requis pour maintenir
la gloire de Dieu.
vertu, qu'il
en
oultre mesure,
chose
attribuent
ceulx qui nous
que
quelque
autre
nous
Car qu'est-ce
aussi.
chose,
Dieu,
ruynent
blasphemant
en notre force et vertu, que
on nous
de cheminer
quand
enseigne
ne nous peut sous
au debout
d'un roseau,
de nous
eslever
lequel
ne tresbuchions
?
et que nous
ne rompe
tenir qu'il
incontinent,
? nos forces, les accom
encores qu'on
faict trop d'honneur
Combien
les
tout ce que
Car ce n'est
? un roseau.
que
fumee,
parageant
en imaginent.
hommes
telain,

fitudes,

09:47:23 AM

DEFINITION

DE

LHUM

ANISME

25

comme les seuls et authentiques


temoins de
Arnauld,
Nous devons nous mefier
tout christianisme veritable
de l'erreur de perspective o? risque de nous induire le
de Sainte-Beuve,
parce qu'il
precisement
Port-Royal
d'un
livre eminent, et qui compte dans l'histoire
s'agit
de l'esprit humain et de la pensee chretienne. On a garde
assez longtemps l'habitude de voir avant tout, dans le
de tout
du xvne
christianisme
siecle, Port-Royal;
tout ce
de rallier ? Port-Royal
reduire ? Port-Royal,

a ete grand dans 1'ordre chretien,


qui, au xvne siecle,
et sa condamnation
de retrouver partout Port-Royal,
de la nature et de l'homme. Cette vue ne repond guere
k la realite. Sainte-Beuve
lui-meme, dans son grand
en garde contre des con
mis
le
lecteur
avait
ouvrage,
le debut du pre
clusions trop faciles. Rappelons-nous
mier des deux chapitres consacres ? saint Francois de
: ? II y a lieu dans ]e christianisme ? differentes
Sales

et families d'esprits, qui, tout en s'y regenerant,


selon leurs caracteres naturels et
le font cependant
certains traits de complexion
qu'ils ne perdent pas...
et
suivre des l'origine du christianisme
On pourrait
liste d'esprits
dresser une double
religieux eminents,
ete plus ou moins en contraste et en
qui ont toujours
lutte au sein d'une m&me foi, d'une meme charite : ceux
ceux qui sont plus fermes,
qui sont plus doux et. tendres,
classes

forts

et

? 2.

ardents...

se contente d'opposer
ici les tem
Sainte-Beuve
:
et
saint
saint
individuels
Jerome,
Augustin
peraments
et saint Gregoire
reserves ; saint Basile
sous quelques
en vis-?-vis de saint Athanase
de Nazianze
; saint Fran
et saint Dominique
cois d'Assise ou saint Bonaventure
ou saint Thomas
de Sales et Saint
; saint Francois
ceux que, Dante, au chant
et
Fenelon
;
Bossuet;
Cyran
XII
de son Paradis,
apres avoir tour ? tour glo
rifie le pauvre d'Assise et saint Thomas, appelle ? Tune
et l'autre roue du char militant de l'figlise ?. Pareille
Mais

1
V. n. 25.
2 Livre
I, ch.

ix,

t. I, pp.

216-217.

09:47:23 AM

26

A.

RENAUDET

ou Viret aupres de Calvin, Melanch


de
1.
aupres
Luther, Gerbet aupres de Lamennais
ne
considerer
il
semble
les
formes
de
Toutefois,
que
; il ne va pas jusqu'a
sensibilite, les sources d'emotion
la definition des attitudes doctrinales et des formes de

ment

ilmontre Beze

ton

pensee.

sa
recemment, Henri Bremond,
entreprenant
en
France
Histoire
litteraire
du
sentiment
religieux
grande
les guerres de Religion,
donnait pour titre au
depuis
en 1916, ? YHumanisme
devot ?.
premier volume, paru
l'existence d'une ecole d'humanistes
Chre
II y montrait
au
xvne
du
debut
saint
Frangois de
siecle,
tiens, dont,
Sales et les maitres salesiens sont les guides. Le premier
Plus

de
la premiere partie definit Thumanisme
et le passage de Thumanisme
chretien ? Phu
devot 2. Un autre, consacre aux hautes etudes
cet humanisme
pour caracteriser
religieuses,
ajoute,
nouveaux
?
traits
de
chretien dont
l'humanisme
devot,
il est sorti3. Un
chapitre particulierement
precieux
chretien et ses fondements theolo
etudie Toptimisme
De
la m^me
inspiration procedent, et con
giques4.
courent ? la defense de la meme these, d'autres ouvrages
: Priere
et poesie
d'Henri Bremond
(1926), Autour de

chapitre
chretien
manisme

Vhumanisme ; d'Erasme ? Pascal


(1934).
Mais Bremond, bien qu'il conntit ? fond la spiritualite
sur les historiens
laiques de ces
catholique, et possed?t,
un
comme
? Bru
le
entendre
laissait
il
jour
questions,
netiere,
logie5,

l'avantage
demeurait

d'avoir quelque pratique de la theo


lui-m6me un humaniste ; attire sans

1 Ibid.

?
I, pp. 1-17.
8 Seconde
partie,
4 Seconde
partie,
5

chap,
chap,

n, pp. 218-238.
viii, L'optimisme

chretien.

Paris, 1910, in-8?, p. 350 : Qu'un


Apologie pour Finelon,
?

sur lequel il est clair que je n'ai d'autre


lai'que tel que Brunetiere,
et sous
suivi un cours regulier
de theologie
que d'avoir
avantage
comme un theo
Bossuet
de bofts maitres ?,
qu'un
lai'que regarde
?
non pareil...,
cela se comprend.
II est vrai que Bremond
logien
tres bon
ne semblait
de cet enseigne
souvenir
pas avoir
garde
car il ecrivait,
le 13 novembre
ment;
peu
1902, ? Alfred
Loisy,
: ? Que
de L'Smngile
et l'?glise
je vous remer
apres la publication

09:47:23 AM

DEFINITION

DE

l'hUMANISME

27

doute
invinciblement
par les auteurs
spirituals, par
en ont
ceux qui, apres Texperience des etats mystiques,
conserve l'emotion et les lumieres ; lointain disciple de
saint Frangois de Sales ou de Berulle et nourri de leur
pensee ; mais presque autant sensible au talent litte
Ii avait vu
raire, au go?t, au bonheur de l'expression.

et demontre que d'authentiques


humanistes
pouvaient
ecrire et vivre en plein accord avec la theologie catho
et des grands docteurs
lique, celle du concile de Trente
?
du xvie siecle ; parce que
1'humanisme siegeait ? Trente,

de l'anti
Thumanisme
integral, charge des depouilles
?
et
de Pantiquite classique
Pourtant,
quite chretienne
et ne se
se defendait fort d'etre philosophe
Bremond
plaisait veritablement que dans Tintimite spirituelle des
maitres du pur amour 2.

Du moins cet humanisme chretien du xvie siecle finis


au confluent de deux optimismes,
sant lui apparaissait-il
et celui des mystiques.
Le pre
celui de la Renaissance
mier nous est connu ; en faveur du second, sainte The
rese temoignera
: ? Je ne trouve rien, ecrit-elle dans le
Chateau interieur, k quoi Ton puisse comparer la grande
et la capacite
d'une ?me ?4. La
beaute
prodigieuse
misere trop certaine des hommes se reduit k la malfai
sance du peche ; il menace
d'effacer ? le soleil qui est
ce que vous avez mis dans ce
!
petit livre ! Grand Dieu
de theologie
classes
que
j'ai
je songe a ces lamentables
ans ! ? (Alfred Loisy,
ans ?!
oui, quatre
quatre
pendant
et Henri
Bremond,
in-8?, p. 5).
Paris,
1936,
George Tyrrell
1
? Pascal,
de Vhumanisme;
Autour
d'ttrasme
p. 51.
cie de tout

quand
subies

8 A.

Loisy,

George Tyrrell, p. 178 (? propos du

livre de

: Et
et de la religion)
Les deux sources de la morale
H. Behgson,
?.
sans amertume
de constater
Bremond
qu'il n'est pas ?philosophe
Moi non plus, au sens ou Ten tend Bremond
; c'est-a-dire
que nous
ni Tun ni l'autre
des metaphysiciens.
n'etions
8
Vhumanisme
divot, pp. 358-359.
4 Santa
in-12 ; coll. des
Las Moradas,
Madrid,
1910,
Teresa,
? Clasicos
? ;
hallo yo cosa con que com
castellanos
I, 1, p. 5 : No
de un alma y la gran capacidad.
la gran hermosura
parar

09:47:23 AM

28

A.

RENAUDET

? Tame tant de
centre de Tame, et communique
cette
et
A
?1.
de
beaute
arne, que Dieu rev?tit
splendeur
d'une dignite si haute, il faut enseigner l'humilite sans
affaiblir en elle le sentiment de sa grandeur. ? Rien ne
nous est plus necessaire
ici-bas que l'humilite... Mais il
un
? considerer uniquement
a
inconvenient
y
grave
nous
est dangereux d'errer
notre fonds de misere...
II
et
en matiere
de nous
de
connaissance
d'humilite
se
ce
decouvre
En
m?mes...
2.
verite, conclut-elle,
qui
au

de nous me jette souvent dans


de secrets au-dedans
une admiration meiee d'effroi... ? 3.
la tenait
Cette lecon de sainte Therese, qui d'ailleurs
d'une longue et tres exacte tradition, les spirituels fran
gais de la premiere moitie du xvne siecle l'ont recueillie.
les textes qui,
Henri Bremond
peut ainsi multiplier

des ordres les plus austeres et les plus profonde


ment engages dans la vie mystique,
exaltent la gran
de
deur de la creature humaine. Le capucin Laurent
de Vamour divin,
Paris, en 1602, recite dans son Palais
ces litanies glorieuses : ? L'homme
contemple honorable
venus

en

sa

nature...

Animal

politique

et

civil...

Le

compas

de toute chose. Divin intellect, lie de terrestres


l'a
liens... Qui ne peut ?tre vil esclave, puisque Dieu
de
et assemblage
Amas
choisi pour son peculium...
le
toutes perfections... Le tres droit et tres prudent,
tres noble et tres haut... Perfection de l'univers, abime
en son intellect, en son estimative, en sa
de capacite
volonte...
Plein de raison et de conseil, constant de
corps et d'?me... ne pour la justice et la vertu... Perle
et mesure

des

creatures,

le joyau

du monde...

Jusques

ici s'etend

1
tanto resplan
Moradas,
I, 2, p. 14 : el mismo
Sol, que le daba
en el centro de su alma.
todavia
dor y hermosura,
2
le dio tanta
divinidad...
;
Moradas,
I, 2, p. 20 : pues Dios
en esta tierra, no
mas
estamos
p. 21 : pues mientras
hay cosa que
nos importe
la humildad...
; p. 24 : del dano
que nos hace,
que
no entender
esto de
la humildad
conoci
bien
y propio
hijas,
miento.
8
en nosotros,
Moradas,
IV, 2, p. 79 : que cierto, veo secretos
veces.
traen
muchas
que me
espantada

09:47:23 AM

DE

DEFINITION

l'hUMANISME

29

le pourpris de 1'excellence humaine,


quant ? sa nature
et capacite naturelle ?1.
autres, ? peine anterieurs, comme le jesuite
Quelques
dont le Catechisme
Louis Richeome,
royal, la Peinture
annoncer
Y
semblent
? la vie
Introduction
spirituelle
devote de saint Frangois de Sales, avaient, sur le mAme
chante pareil hymne ? la louange de l'6tre humain.
note quelques
Bremond
de YAdieu de
passages
Vdme devote laissant le corps. ? Le createur a marie l'?me
belle ? un corps divinement beau... Bien
divinement

mode,
Henri

ne s'el&ve
peu s'en faut que le corps en son mouvement
du tout en 1'air, et soit celeste en certaine maniere,
portant en cela l'image de la beaute divine de Tarne, sa
consorte... En tout le corps, y a-t-il rien de plus beau

que le visage ? Y a-t-il partie du corps humain o? tant


de pieces soient rapportees ensemble si diversement et
avec plus bei accord ? Le front doucement
arrondi...
Les sourcils limitent le front par deux belles arcades,...
servant de toit et couverture aux yeux... Le nez eleve
comme une tourelle... Pour le regard de la proportion
Et cette pro
et symetrie, eile y est aussi admirable...
a
et
et sert encore
est
si
divine
servi
belle
qu'elle
portion
La main...
voire plus
de moule ? tous les architectes...

divine

que

n'est

la

face...

2.

Bremond
analyse cet optimisme lyrique. Sans
aucune
des
affirmations essentielles du chris
negliger
devot met de preference en
1'humanisme
tianisme,
? II ne
les plus humaines.
lumiere celles qui paraissent
croit pas que le dogme central soit le peche originel,
II ne met pas en question la neces
mais la Redemption.
sity de la grace ;mais, loin de la mesurer parcimonieuse
ment ? quelques
il la veut
liberalement
predestines,
?.
tous
?
Offerte
L'humanisme
chretien, sans doute, se
Henri

garde d'exalter Thomme ? l'etat de nature, parce qu'il


sait sa chute et sa faiblesse. Mais s'il le sait blesse depuis
cor
cette chute, il ne le croit pas irremediablement
1
L'humanisme
divot,
2
Ibid., pp. 52-54.

p.

360.

09:47:23 AM

30

A.

RENAUDET

rompu ; il ne refuse pas de lui reconnaitre quelque gran


deur. II ne croit pas, comme les jansenistes, qu'? trop
elever l'homme on l'invite ? se passer de Dieu. Au con
traire il adopterait volontiers cette magnifique
formule
d'un spirituel espagnol qui delivra sainte Therese
de
ses premieres incertitudes, Francisco
: ? Plus
de Osuna
la creature s'eleve, et plus grandement elle a besoin de
? x. Ainsi se prepare et s'acheve
la reconciliation
Dieu
de la culture humaniste et de la plus haute spiritualite
la supreme
chretienne. L? reside, pour Henri Bremond,
: ? En bonne
grandeur de Thumanisme
logique, il nous
sa doctrine
veut saints. II ne realise pleinement
qu'en
la

depassant.
l'ebauche de

La
synthese qu'il
poursuit
? 2.
l'union mystique

n'est

que

Ill
Grace

aux

recherches

et aux

demonstrations
d'Henri
se degageait,
avec une nettete inattendue,
Bremond,
chretien. Ces demons
eclatante, la notion d'humanisme
trations ont ete reprises et confirmees par fi. Gilson.
Le premier volume de YHistoire litterair e du sentiment
religieux en France nous avait ouvert Tintimite d'une
dont saint Francois
famille de spirituels humanistes,
de Sales fut le plus eminent, fi. Gilson prouve sans peine
que les faits et les textes dont Henri Bremond, pourtant
si averti, semblait encore s'emerveiller, ne pouvaient
et qu'au
surprendre un historien de la pensee medievale,
conscient et voulu, sou
contraire un large humanisme,
tient dans
logique

et theo
leur effort de synthese philosophique
ecoles du Moyen Age, sans excep

les principales

1
: Quo major
eo
est creatura,
Ibid.,
pp. 9-12
eget
amplius
?
le contact
avec
de cette
rechercher
Deo.
On pourrait
formule
autre
des
Tune
affirmations
cette
o?
essentielles
de
s'exprime
un homme
: ? Plus
est eleve,
Thumanisme
il est
goetheen
plus
?
avec Eckermann,
sous l'influence
demonique
(Conversations
place

24 mars 1829, p. 233).


2
(III,

L'humanisme
dSvot,
iv, De Thumanisme

p.

tout le
381 ; de meme,
chapitre
au mysticisme,
pp. 513-524).

09:47:23 AM

final,

DEFINITION

DE

l'h?MANISME

31

ter m6mes
les plus irreconciliables
celle qui paraissent
avec le monde,
les plus resolues au mepris du siecle. II
existe certaines ? attaches profondes de la Renaissance
avec le christianisme medieval
et antique ? x.
aux Romains
affirme que les pai'ens, guides
L'?pitre
notions
par la seule raison, purent s'elever jusqu'aux
et d'eternite divines, jusqu'? une connais
d'existence
sance naturelle de la loi morale 2. Ces principes une fois

poses, la theologie chretienne a, des les origines, eu le


droit de revendiquer ? son benefice toutes les acquisi
tions de l'esprit humain.
Justin, des le
L'apologiste
second siecle, a formule la regle en vertu de laquelle
toute noble pensee, d'o? qu'elle vienne, est le bien propre

des chretiens 3. A quoi repond ce mot de saint Ambroise,


est sous-entendue, et que saint
o? toute une mystique
Thomas a cite maintes
fois : ? Toute verite, quel qu'en
soit l'interprete, vient de TEsprit saint ? 4. Voil? qui,
et ?
des les origines, suffisait ? justifier Thumanisme
II
l'introduire dans un Systeme chretien de doctrine.
suffira de citer le texte de YEnchiridion militis chris
tianiy o? s'exprime, des les premieres annees du xvie siecle,
Thumanisme chretien d'firasme : ? Toute verite que vous
rencontrerez en quelque
livre, pensez
Christ et lui appartient ? 5.

qu'elle

vient

du

1 E.
de la philosophie
ch. vi,
m&dMvale,
I,
Gilson,
Vesprit
?
; et p. 221, note 8 du ch. n.
chretien, pp. 111-132
L/optimisme
est exposee
La meme
doctrine
dans L'humanisme
de Saint Thomas
internazionale
di filosofia, Naples,
5-9 mai
(Atti del V? Congresso
1924 ; s. d., in-8?, pp. 976-979)
; dans Les idSes et les lettres (Paris,
et la Renaissance,
171
medi&val
1932,
in-8?), L'humanisme
pp.
sur leMoyen
et Abelard,
196 ; et dans H?oise
et l'hu
Hudes
Age
in 8? ; notamment
manisme,
Paris,
1938,
I, Le Moyen
Age
App.
et App.
et le Naturalisme
II, Philosophie
antique
(pp. 183-224)
et humanisme
m?difoale
(pp. 225-245).

I, 19-20 ; II, 14-15 ; fi. Gilson, L'esprit de la philosophie

I, pp. 27-28.
mhdibvale,
8
7ra<rt xaXto^Ibid., p. 29 : 6'aa ouv rcapa
r^awv XP1*7"
eTpr^at,
xtavwv l'axtv.
4
a quocumque
verum,
Ibid., p. 221, note 8 du chap, n : Omne
a Spiritu
est.
Sancto
dicatur,
6
: Christi
esse puta,
autem
christiani
Enchiridion
militis
quic
veri
offenderis
Erasmus
Roterodamus
usquam
quid
(Desiderius
et
ed.
Anne-Marie
Werke,
Munich,
ausgew?hlte
Holborn;
Hajo

09:47:23 AM

32

A.

RENAUDET

L'oeuvre

entiere des ecrivains antiques, philosophes,


et juristes, orateurs, historiens
et poetes,
se
resumer
en
une
de
parce qu'elle
peut
description
en
ou
de
considere
face
dans
la
societe
l'univers
l'homme,

moralistes

un humanisme.
contenait
hommes,
Socratiques,
et Aristote, Ciceron et
et
Piaton
stoi'ciens,
epicuriens
Seneque, historiens comme Thucydide, Polybe, Salluste,
ou Tacite,
ou inspires, des
savants
Tite-Live
poetes
des

et ? Virgile,
lyriques et des tragiques grecs ? Lucrece
dans la mesure o? les uns et les autres ont travaille ?
de l'homme, ? sa reforme intellectuelle et
l'education
une besogne d'humanistes.
ont
Cet
morale,
accompli
aux visages si divers, s'efforce de
humanisme
antique,
:
mettre en pratique
la sentence de l'oracle de Delphes
connaitre Thomme, le situer exactement dans le monde
et la cite, et guider, en raison de cette connaissance une
son action. Pareil
? la
effort s'imposait
fois acquise,
et
la
l'anti
instruite
Bible
chretienne,
par
philosophic
comme il etait
quite, si ? son tour elle entreprenait,
necessaire, de definir l'ethique des generations nouvelles
du signe de la croix.
marquees
au plus profond
L'humanisme
antique ne trouvait,
de l'homme, que l'homme m&me. Pourtant, un element
divin semblait parfois s'y reveler. Scipion fimilien, dans
un songe prophetique,
entend ces paroles de l'Africain :
? Sache done que tu es un dieu, si e'est 6tre un dieu que
vivre, penser, se souvenir, prevoir, diriger, gouverner,
mouvoir
le corps place sous ses ordres, comme le Dieu
eternel

lui-m?me

fait de

cet univers

; s'il est vrai

que

?
Etudes
A. Renaudet,
erasmiennes,
pp. 132
1933, iri-80, p. 35).
en vue de l'ap
humain
s'ordonne
133 : Toute
de Fesprit
Thistoire
des
le travail
des savants,
dans
du christianisme.
Rien,
parition
se
ne devait
les vertus
des
Toutes
perdre.
juristes,
philosophes,
des
toute
leur science,
des pai'ens,
par
1'origine,
appartenaient
G'est
une
? la future cite du Christ.
mysterieuse,
predestination
et
avaient
de lui qu'ils
rec,u le don de rintelligence
Tinquietude
: leur moisson
nous
en quete
fut reservee...
du vrai
de Tame

09:47:23 AM

DE

DEFINITION

l'hUMANISME

33

Tame immortelle meut un corps perissable, comme le


en
Dieu eternel lui-m&me meut un monde
partie sujet
k la mort?x. Tu es un dieu, mais les dieux sont innom
brables, et Tessence divine se repand, ? travers lemonde,
en une infinite d'?tres divins, parmi lesquels Thomme,
ou du moins Thomme de genie, revendique sa noblesse
et les
cosmique et spirituelle. Ciceron, qui suit Piaton
ne va pas plus loin : le dieu que Thomme
pythagoriciens,
discerne en lui-meme n'est que Thomme divinise, remis
en possession de son rang dans la hierarchie des etres,
retabli dans sa
affranchi de toute passion mauvaise,
liberte et dans sa noblesse. Nul contact ne s'imagine
entre Thomme, etre divin sans doute, mais
apesanti
par un corps mortel, et la divinite supreme, idee des
idees, eternelle, inaccessible. Tout au plus pergoit-on,
chez quelques
par intervalles, Tappel ou Tinspiration,
d'un
inconnu2.
demon
Pour
elever Tarne
privilegies,

la presence
du Dieu
jusqu'en
supreme,
se fondre avec le
et
de
le
desir
Tart
lui
pour
enseigner
et
Dieu
alexandrins
supreme, il faudra les mystiques
du neoplatonisme
les maitres
; alors du moins,
plus
ambitieuse ? la fois et plus humble, eile n'osera plus dire
une divinite.
qu'elle est
chretien decouvre au plus pro
Ce que Thumanisme
fond de Thomme, c'est Dieu meme, le Dieu unique de la
Testament.
La theologie
Bible
juive et du Nouveau
chretienne affirme que Thomme porte en lui Timage de
Dieu, et que s'il cherche ? se connaitre, c'est cette pre
sence qu'il discerne. Le dogme enseigne que Dieu a cree
Thomme, non pas seulement Thomme de genie, en qui
individuelle

te igitur scito essc, si quid em est deus qui viget,


qui
et
qui meminit,
qui tarn regit et moderatur
qui providet,
est
hunc
id corpus
cui praepositus
mundum
ille prin
quam
ex quadam
ceps deus ; et ut ille mundum
parte mortalem
ipse
sic fragile corpus animus
movet
deus aeternus,
sempiternus
(Pierre
: Essai
sur le songe de Scipion
et de
St?de
d'histoire
Boyance,
in-8? ; Bibliotheque
Bordeaux-Paris,
1936,
religieuses,
Psychologie
et traduction,
du Midi,
fasc. XX)
des Universites
; Texte
pp. 32
Deum

sentit,
movet

33.

2 II
suf?ra

de rappeler

Vlon

ou

le Phedre

de Piaton.
3

09:47:23 AM

34

A.

RENAUDET

veut
de Ciceron
reconnaitre
le platonisme
quelque
parente avec la famille des Dieux, mais l'homme le plus
simple et le plus humble, ? sa ressemblance-1. Obscurcie
par le peche, cette image ne s'efface jamais. Si la philo
se montre
resolument
toujours
sophic des mystiques
?
Henri Bremond
l'affirme?
, ? qu'elle
optimiste, c'est,
comme
la pre
fondamental
suppose toujours
postulat
sence divine au milieu de Tame ?. L'effet du peche ori
surtout par le besoin maladif qui la
ginel se manifeste
se
au
divertir et k s'egarer2. Saint Augustin,
porte ?
ces
avoue
heures de
livre des Confessions,
septieme
detresse. ? J'ai decouvert que j'etais loin de toi, au pays
?3. Pourtant, un reflet de J'image
de la dissemblance
indestructible se reconnait dans la grandeur de la crea

ture humaine,
la puissance
de l'esprit humain et du
demeure une ceuvre admi
labeur humain. L'homme
rable de Dieu. Que de richesse doit conserver, malgre la
chute, la nature d'un etre qui a cree les techniques et les
et, poursuit
arts, le langage, la poesie et la musique,
fi. Gilson, ? cette science enfin de la morale qui la remet
sur la voie de ses destinees eternelles. ? II n'est pas jus
corps lui-m6me dont saint Augustin ne detaille
qu'au
les beautes, car elles demeurent ecla
complaisamment
tantes

e?t aisement
apres la chute 4. Henri Bremond
retrouve, dans ces pages de la Cite de Dieu, les sources
et du capucin Laurent de Paris 5.
du Jesuite Richeome
et de noblesse,
Tant de beautes
loin de conseiller le
de
semblent
reveils.
decouragement,
predire
magnifiques
au
sera
terme
creature
la
d'une
Quelle
humaine, quand
1
de la philosophic
ch. vi, L/op
?. Gilson,
mSdiivale,
Uesprit
?
timisme
La Mologie
de saint
I, pp. 111-132.
chretien,
mystique
in-8? ; ch. n, Regio
1934,
Bernard,
Paris,
dissimilitudinis,
pp. 62
67.
2
de Vhumanisme,
Henri
? Pascal,
Autour
d'j?rasme
Bremond,
p. 258.

8 fi.

Gilson, La

thSologiemystique de saint Bernard, p. 63,

me
esse a te in
10 : Inveni
1 ; Confessions,
VII,
longe
regione
dissimilitudinis.
4
la
de
127.
fi. Gilson,
mSdttvale,
I, p.
L'esprit ?
philosophic
6
De
V. p. 16, n. 43-44.
cwitate Dei, XXII,
24, 3-5 ; cite par
note
29
vi.
du
f?. Gilson,
p. 266,
chap.

n.

09:47:23 AM

DE

DEFINITION

l'h?MANISME

35

asc&se humble et savante, eile sentir? se ranimer en eile


la splendeur de Timage divine ?
la mystique
saint Bernard
Guid6
par
chr6tienne,
et
de Citeaux,
dans
la
les
solitude
meditations
reconquiert
au
dur
d'un
la ressemblance
moyen
exercice,
divine,
du
de
la
la
Tamour
charite,
par
Christ, la
pratique
totale du corps ? Tesprit. Pourtant,
subordination
il
reste un humaniste. Heritier de la culture antique et
de la sagesse antique, il sait ? fond Ovide et Ciceron,
lui offre quelques definitions appli
le De Amicitia
cables ? Tamitie divine. II s'impose la regle essentielle
toi-m?me ? de
le ? Connais-toi
de Tantique
sagesse,
Toracle delphique
Mais,
lorsqu'il analyse et decrit la
c'est Dieu m6me qu'il apergoit en
creature humaine,
dont

le soleil divin que sainte


des mystiques,
verra monter au plus
siecles
tard,
Therese, quatre
plus
commentant
le
Son
de
Tame2.
humanisme,
profond
cette
definition
des
s'exalte
Cantiques,
jusqu'?
Cantique
se reconcilient et
ou mystique
et humanisme
glorieuse,
se fondent: Celsa creatura in capacitate majestatis: Crea
Et
ture sublime, qui porte en puissance une majeste.
Thumanisme de saint Frangois de Sales rfepondra, con
:
? Thumanisme
de saint Bernard
seillant Philothee,
eile,

? O ma

le Dieu

belle

arne,

devrez-vous

dire,

vous

entendre

pouvez

? chose
et vouloir Dieu ; pourquoi vous amusez-vous
moindre ?... 0 mon ame, tu es capable de Dieu ; mal
3
heur ? toi si tu te contentes de moins que de Dieu!?

Ainsi se developpe un humanisme


chretien, qui, pro
cedant ? la fois de Tantique et de Tfivangile, s'elfeve de
la sagesse grecque ? la saintete des Apdtres. Le principe
1
?. Gilson,
Schola
caritatis,
* V. n. 40.
8 In Canticum

La

la vie divote,

x.

pp.

thtologie
80-93.

Canticorum,

mystique

sermo

de

saint

ch.

80, art. 5 ; cite par fi. Gilson,

L* esprit de la philosophie m&di?vale, I, p. 121.?


V,

Bernard,

in,

Introduction ?

09:47:23 AM

36

A.

RENAUDET

du ? Connais-toi toi-m6me ? justifie Telan vers


toute la
divine. A eet effort pour developper
effort qui
plenitude chretienne de la devise delphique,
est ? la fois analyse, culture et discipline, fi. Gilson a
donne le nom, suggere par le titre d'une oeuvre de Balzac,
antique
l'union

un peu trop oratoire et decevante, de socratisme Chre


tien x. Saint Bernard, des le xne siecle, en avait defini
les theses humanistes et mystiques.
Ce socratisme chretien, sans ignorer les miseres de
sa grandeur.
II aboutit
Thomme, affirme resolument
avec saint Bernard, au meme point que Pas
d'avance,
cal, dans un texte eclatant, qui, par Tequilibre resolu
ment
etabli entre grandeur et misere,
semble moins
?
courante
conforme
la
tradition
de l'huma
que
janseniste
nisme chretien : ?... A mesure que les hommes ont de
lumiere, ils trouvent et grandeur et misere en Thomme.

un mot, Thomme connait qu'il est miserable


; il est
est
done miserable,
bien
mais
il
Test,
grand,
puisqu'il
le connait ?. On sait la resolution pascalienne
puisqu'il
: ? La connaissance
de Dieu
de Tantinomie humaine
sans celle de sa misere fait Torgueil. La connaissance
de sa misere sans celle de Dieu fait le desespoir. La con
naissance de Jesus-Christ fait le milieu, parce que nous
et notre misere ?. 2 Ainsi Pascal,
y trouvons et Dieu
et les theologiens,
saint
les mystiques
Bernard,
apres
chretien
formule ? son tour la reponse de Thumanisme
aux preceptes de TApollon delphique.

En

II faut done
timate religieuse

admettre la realite historique et la legi


d'un humanisme
chretien, fonde sur la

La Mologie
de saint Bernard,
p. 91, n. 1 ; 92-93,
mystique
?
entre
1.
L'auteur
essentielles
certaines
differences
marque
?
: Con
et socratisme
socratisme
disent
chretien
grec : Les Grecs
un
tu n'es pas un dieu, mais
nais-toi
toi-meme
savoir
pour
que
: Connais-toi
les Chretiens
toi-meme
savoir
disent
mortel;
pour
?. II y aurait
tu es un mortel,
mais
lieu
d'un Dieu
que
Timage
au debat
te igitur scito esse ? du
le ? Deum
de verser
toutefois
Songe de Scipion
(v. n. 52).
2
et opuscules,
ed. L. Brunschvicg,
PensSes
416 et 527.
n.

09:47:23 AM

DEFINITION

DE

LHUMANISME

37

reconciliation de la culture antique, de l'esprit scienti


fique et du rationalisme hellenique, avec le dogme, tel
que, ? l'aide de la dialectique grecque, et des affirmations
et de la psychologie
essentielles de la metaphysique
?
il
s'est
peu
peu degage des textes primitifs
helleniques,
et construit en
de l'Ancien et du Nouveau
Testament,
un Systeme d'idees. Entre le dogme et la raison
antique,
qui avait aide les chretiens ? formuler leurs croyances,
k les definir, ? developper
les conclusions que la logique
en deduisait, pour les appliquer ? la solution de tous les

avait poses, la
antique
problemes que la philosophic
s'etait faite des les origines. La saintete
reconciliation
ne
de TOrient, ses intuitions religieuses, sa mystique,
?
II
fallait
seules
le
monde.
elles
y
conquerir
pouvaient
le concours de la raison grecque. C'est pourquoi des les
un humanisme
essentiel a trouve droit de cite
origines
dans l'figlise chretienne.
II inspire et soutient l'oeuvre des Peres de l'figlise
dans leur effort pour incorporer k la doctrine chretienne
l'essentiel du savoir antique, pour achever, ? l'aide des
esperances et des certitudes chretiennes, l'enqu&te menee
par les anciens sur lemonde et sur l'homme. Tel demeure,
caro
au temps de Charlemagne
et de la Renaissance

Jean Scot Erigene


le programme d'Alcuin.
en
et
tout
la plus haute
definir
pour
entier,
Paccepte
comme
montrer
terme
?
il
n'hesite
pas
ambition,
supreme
la dei
chretienne de la connaissance,
d'une dialectique
l'humanisme
fication de l'homme1. Ainsi de nouveau
antique semble revivre, et l'orgueilleuse legon de l'Afri
cain ? l'fimilien : ? Sache que tu es un dieu ?. Pourtant
un sentiment chretien d'humble
le
fraternite humaine
ne
de
la
dans
il
Car
per
cultiver,
s'agit plus
corrige.
lingienne,

sonne de l'homme de genie, l'un des innombrables 6tres


de nature divine qui peuplent les mondes ;mais d'elever

1
medie
Les
idies et les lettres : I/humanisme
fitiennc
Gilson,
La
176-182
et la Renaissance,
val
; Paul
Vignaux,
pp.
pensie
au Moyen
in-12
Colin, n? 207),
Paris,
1938,
Age,
(coll. Armand
10-18.
pp.

09:47:23 AM

38

A.

RENAUDET

le plus humble chretien, par la charite, jusqu'aux


ches et au contact de T&tre des ?tres.

appro

De la sorte s'etablit et s'acheve la tradition de Phu


est ? la base de la
Un humanisme
manisme medieval.
et
de
la
de
saint
Bernard.
Un huma
theologie
mystique
nisme apparait avec un egal eclat dans l'ceuvre de son
s'unit
grand contradicteur, Pierre Abelard. L'humanisme
? la mystique chez Richard de Saint-Victor, dont Jacques
et mystique,
Lefevre d'fitaples, humaniste
voudra, en
aux
rendre
le
double
de
modernes
pensee
1510,
heritage

Un humanisme complet, et singulierement riche, soutient


ne se
le Systeme de saint Thomas2.
Cet humanisme
une
seulement
connaissance
manifeste
par
appro
pas
et par
fondie des doctrines et des sciences antiques,
Peffort habile et puissant qui les incorpore ? un Systeme
de theologie chretienne. Aristote, representant
le plus
et
de
de
le
complet
plus equilibre
l'esprit hellenique,
e
maitre
fidel
rhumanisme
devient
le
du
hellenique,
?
comme
sa
et
l'ecrit
sait
8,
qui
philosophic,
experience,
fi. Gilson, sur la portee de la raison naturelle ?, a sa place
necessaire dans ? une synthese o? la nature appellerait
la surnature ?. M?me
le dur Systeme de Duns Scot, o?
les maitres de la Renaissance
n'ont voulu voir que gra
et se propose,
tuite barbarie, accueille un humanisme,
de cultiver, avec le concours des influences surnatu
1
sur le Moyen
et
et Abhard,
Hudes
H?o'se
fi. Gilson,
Age
?
au Moyen
ch. i,
Paul Vignaux,
La pensie
Vhumanisme.
Age;
saint Anselme,
humanisme
; ch. n, Quatre
Renaissance,
fondateurs,
?
saint Bernard,
11-61.
Richard
de Saint-Victor,
Aboard,
pp.
? Paris
A. Renaudet,
et PrirSforme
les
Humanisme
pre
pendant

mieres guerres d'ltalie


thequc

de

lTnstitut

599-600.
522,
8

(1494-1517) ; Paris, 1916, in-8? (Biblio

francais

de Florence,

serie

I, t. VII),

de saint Thomas,
fi. Gilson,
Vhumanisme
pp.
et la Renaissance,
Vhumanisme
midiival
pp. 171-196.
8
et la Renaissance,
Vhumanisme
m&dteval
pp.
:
Dante,
IV, 130
Inferno,
vidi

'1maestro

di

color

che

pp.

976-989.
189-190.

sanno.

09:47:23 AM

521
?
?

DE

DEFINITION

relies, Peminente
humaine K

dignite,

39

l'h?MANISME

fondee en Dieu,

de la nature

Le Moyen Age n'a done pas rompu avec Pantiquite,


meconnu
volontairement
; la theologie chre
Pantiquite
tienne n'a pas detruit Pceuvre du savoir antique. Peres
de l'Eglise et docteurs du Moyen Age se sont propose
de la parfaire ; de realiser Punion d'une nature, dej?
penetree d'elements divins, avec la surnature dont ils
la revela
trouver, dans les livres bibliques,
pensaient
et
le con
les
dont
eprouver
tion,
pensaient
mystiques
tact ; de realiser Punion du monde de la nature et du
monde de la grace. Car la grace ne detruit pas la nature,
en couronne la plenitude
mais la complete et Pacheve,
et la beaute.
ont tou
Les maitres des grandes fecoles m6dievales

jours eu conscience de garder le dep?t d'une culture


dont ils ne voulaient pas abaisser le prix 2. Tres rares
sont ceux qu'on pourrait appeler les purs orientaux,
comme Pietro Damiani,
enferme
qui, volontairement
k tout ce qui
dans Petude de la Bible, jette Panatheme
vient de la Grece, parce que la societe paienne eut le
au ciel
diable pour auteur 3. Mais Dante,
qui Pevoque
de Saturne, triomphant parmi les ascetes et les con
;
templates 4, le reconcilie avec Pesprit de saint Thomas
et les purs orientaux ne forment, dans Phistoire de la
1

de saint Thomas,
983.
L'humanisme
pp. 979-980,
Gilson,
: L'humanisme
c'est la
thomiste,
p. 988, cette conclusion
et avec
eile la nature
la tradition
acceptant
hellenique,
religion
et rhomme
tout cntiers. ?
La
Paul Vignaux,
pensSe au Moyen
: En
fonction de tout ce transcendant
; p. 206
pp. 141-161
Age,
un naturalisme,
un humanisme,
et ce surnaturel,
la
que definit
: dignificare
naturam.
formule scotiste
2
et la Renaissance,
midie"pal
L'humanisme
p. 185.
3
de philosophic
Etudes
fi. Gilson,
m&d?vale,
1921,
Strasbourg,
des Lettres
de TUniversite
de
de la Faculte
in-8? ; Publications
de la theologie,
fasc. 3 ; La servante
pp. 31-39.
Strasbourg,
*
117 :
Paradiso,
XXI,

?.
Et

contento

ne'

pensier

contemplativi.

09:47:23 AM

40

A.

RENAUDET

ecole restreinte et fermee.


chretienne, qu'une
pensee
nourri
si
lui
Luther
pourtant des prophetes,
echappe,
de
des psaumes, des livres
la loi, des epitres pauliniennes.
Calvin rappelle que Pap?tre Paul ordonne aux chretiens
de se rendre fols quant au monde, pour 6tre capables
de comprendre la sagesse du ciel. ? Par ce mot de folie,
nous n'entendons
pas
poursuit le Traite des Scandales,
que les hommes soient stupides, tellement qu'il faille
que ceux qui auront este enseignes aux bonnes sciences
oublient tout, et que ceux qui ont bon esprit naturel,
La chretiente requiert que nous soyons
s'abrutissent...
non
?*. L'ecole
pas de sens, mais de malice
enfants,

Orientale pourrait nommer, parmi les puritains anglais,


lointains disciples ; mais John Milton a par
quelques
couru Pimmense domaine des lettres antiques, admire
et la splendeur de la Renaissance
et Petrarque,
Dante
Tes
italienne Pa ebloui. Parmi les textes du Nouveau
tament, les Peres de Pfiglise grecque ne lisent pas volon
dont le tragique oriental repugne ?
tiers PApocalypse,
au xvie siecle,
leur humanisme
classique. Pareillement,
se detourne
de ces
Phumanisme
d'firasme
classique
son
edition
revelations obscures ; il n'a pas voulu, dans
sa
Testament
b?loise du Nouveau
grec, perdre
peine ?
doute Phumanisme
Sans
commenter2.
erasmien,
PAncien
Testament, risque-t-il de negliger,
peu attire par
avec la Bible juive, ce que Pficriture contient de plus
aprement dominateur 3.Mais saint Thomas, eleve d'Aris
tote et de la science hellenique, s'inscrit plus exactement
les

lui
et peut-etre que Luther
que les purs orientaux,
tra
et
de
la
courant
de
la
le
dans
pensee
m?me,
grand
dition chretienne 4. II sait le prix de la metaphysique
d'Aristote et de Peffort d'Aristote pour s'elever jusqu'?
1
? Sadolet,
II : Trois
traites : YEpitre
QEuvres de Jean Calvin,
le Traiti
des Scandales
le TraitS
de la Sainte
; textes pre
Cene,
Paris Geneve,
sented et annotes
1935,
Schmidt,
par Albert-Marie
in-8?, p. 169.
2
A. Renaudet,
Etudes
erasmiennes,
pp. 161-162.
3
Ibid.,
pp. xin-xvi.
4
et la Renaissance,
L'humanisme
medieval
?. Gilson,
pp. 172
174.

09:47:23 AM

DEFINITION

DE

l'h?MANISME

41

en humaniste
du divin.
II commente,
Tintelligence
en
ehretien et
theologien catholique, V?thique ? Nico
reservee ? devenir, du Convivio de Dante
aux
maque,
gloses de Lefevre

Renaissance

d'fitaples,

Tun des grands textes de la

x.

Le thomisme conduit jusqu'au


seuil d'une mystique
non formulee. Mais les
du xive siecle
speculatifs
mystiques
sont eux aussi des humanistes
le desir de
qu'anime
rendre ? l'homme sa noblesse. ? Connaitre Dieu, s'ecrie

maitre Eckhart,
quelle plenitude de consolation pour
une ?me noble ! ? II admire la ? noble structure de Tame
?
humaine ?. II exalte la revelation platonicienne.
Voici,

dit-il, que Piaton, le grand pretre, eleve la voix et veut


parier de grandes choses. II parle d'une purete qui n'est
pas de ce monde, ni dans le monde, ni hors du monde,
de quelque
chose qui n'est ni dans le temps ni dans
d'une egale passion,
l'eternite... ?2. Tauler,
exalte la
noblesse humaine. Nous sommes crees pour des choses
infiniment grandes ; Dieu nous y appelle et n'approuve
pas que nous nous contentions de choses petites. C'est
par de ? nobles pensees ? que nous retrouvons la ? no

blesse ? de notre nature, que nous parvenons ? realiser


en nous l'ideal de ? l'homme noble et purifie ?. Tauler
des chretiens sans courage qui,
deplore Taveuglement
negligeant cette pedagogie de la grandeur, laissent leurs
plus hautes facultes sans emploi. II recueille, lui aussi,
les legons des neoplatoniciens
; il suit leurs methodes
? Celui
de contemplation.
qui rentrerait souvent en soi
obtiendrait parfois, sur son fond interieur, de
m^me,
ce
nobles echappees,
qui lui reveleraient
qu'est Dieu,
du
manifestement
les
yeux
corps ne lui mon
que
plus
trent le soleil materiel. Ce fond etait familier aux paiens ;
1
fait d'ail
de saint Thomas,
fi. Gilson
p. 982)
(L'humanisme
sur le pessimisme
relatif de l'fithique
leurs les reserves necessaires
? Nicomaque.
2
et TraiUs,
Sermons
traduction
de
CEuvres de mattre Eckhart,
?
Maitre
Paul
Petit,
Eckhart,
1942,
in-8?, pp. 30 et 66.
Paris,
traiUs et sermons, trad, par F. A. et J. M., avec une introduction
?
De meme,
Paris,
1942,
in-8?, p. 231.
par M. de Gandillac,
?
Tetre est-il si noble
p. 155, sermon n? 8 ; Pourquoi

09:47:23 AM

42

A.

RENAUDET

ils dedaignaient, pour le connaitre, les choses perissables.


Et parmi eux surgirent de grands maitres comme Pro
clus et Platon ; ils en donnerent un elair discernement
k ceux qui ne parvenaient
pas aussi bien k le trouver
d'eux-m6mes...

?3.

dans le domaine
restons, avec les mystiques,
d'un humanisme
la nature
pas mutiler
qui n'entend
ceux qui pensent,
Ils n'ont jamais approuve
humaine.
par l?, exalter Dieu 2. Leur ascetisme m&me n'a jamais
Nous

professe le mepris du corps humain. Saint Bonaventure


comme saint Thomas
et Duns Scot,
et saint Francois,
affirment la dignite du corps que Dieu voulut etroite
ment unir k Tame 3. Autant que dans le culte paien de
la beaute que Thomme partage avec les dieux, Tart de
la Renaissance
peut trouver l? ses lointaines origines.

Ainsi la pensee chretienne s'assimile, k travers This


eternel. Mais la question pourrait
toire, un humanisme
se poser de savoir si la reciproque n'apparait
pas aussi
vraie, et si, des les origines, ce n'est pas un humanisme
eternel qui travaille ? s'incorporer le spiritualisme Chre
tien et la spiritualite chretienne. On verra, en plein
des lumieres, l'humanisme
triomphe de la philosophic
et la Bible, et l'evange
de
Goethe
accueillir
spinoziste
lisme liberateur de Luther, et, aux dernieres scenes du
les symboles
second Faust,
suggeres par les visions
du
Paradiso
catholiques
dantesque 4. Ne du mysticisme
1 Sermons
crits
A.-L.

sur les plus


manus
de Tauler;
traduction
anciens
les RR.
PP.
0.
allemands,
par
P., et
Thery,
Hugueny,
de rUniversite
de Li?ge,
Corin,
in-8?;
Paris,
1930, 2 vol.

II, pp. 109, 205, 256.


*

E. Gilson,
de la philosophie
midie*vale,
I, p. 150.
L'esprit
?
Ibid., p. 131.
4 Sur Goethe
et la Bible,
et textes de ViriU
indications
precises
et Poisie
dans Goethe, Divan
trad, par Henri
occidental-oriental,
Paris,
1940, in-8? ; preface du traducteur,
Lichtenberger,
pp. 10
11 mars
De meme,
Conversations
de Goethe avec Eckermann,
13.
?
ne savons
Sur Luther,
1832, pp. 537-539.
ibid., p. 539 : Nous
tout ce que nous dcvons
? Luther
et ? la
continua
Goethe,
pas,

09:47:23 AM

DEFINITION

DE

l'h?MANISME

43

de la noblesse
Phumanisme
ainsi
humaine,
apparalt
comme une force premiere k laquelle
il appartient
d'ordonner et de discipliner Faction de Pesprit. ?L'huma
nisme, ecrit Andre Gide, tend k comprendre et k absor
sinon k s'assi
ber toutes formes de vie, k s'expliquer

miler toutes croyances, m&me Celles qui le repoussent,


m&me Celles qui le niaient, mfeme les croyances chre
tiennes ?1. L'humanisme
du Moyen Age et de la Renais
sance, qui est raison et passion, classicisme et roman
tisme, s'est concilie avec certaines formes doctrinales
ou sentimentales du christianisme, dans la mesure o?

la theologie chretienne, pour adapter


la croyance aux
besoins de Pesprit et de la societe, admettait Pessentiel
du rationalisme olassique ; o? la spiritualite chretienne,
pour fonder sur la croyance une doctrine de vie inte
ce ? romantisme
rieure et d'illumination,
accueillait
nous montrait
le prin
eternel ? dont Henri Bremond
: ? Tu
texte
le
de
dans
saint
inepuisable
cipe
Augustin
nous as faits pour toi, et notre coeur souffre l'inquietude
ce qu'il se repose en toi ?. ? Pas d'humaniste,
jusqu'?
?
?
conclut Thistorien des mystiques
frangais,
qui ne
soit en quelque
fa$on un inspire ? 2.
IV
La
Taine,

tradition
oppose

et
Burckhardt
qui, depuis Michelet,
et Moyen Age, humanisme
Renaissance

nous

ont affranchis
des entraves
d'une
conception
pouvons,
grace ? une culture
qui va sans cease en
aux
sources
et saisir
le christia
revenir
desormais
progressant,
avons de nouveau
nisme dans sa purete. Nous
le courage
de nous
et de nous sentir, dans
tenir d'un pied ferme sur la terre de Dieu
?
notre nature
habitus
Sur 1'introduction
par Dieu...
humaine,
scenes
des
dans
les dernieres
du second
symboles
dantesques
et preface
traduit
Lichten
voir Gcethe,
Faust,
Faust,
par Henri
introduc
in-8? ; II, Le second
Faust,
1933, 3 vol.
berger, Paris,
tion, pp. clvii-clxiv.
1
in-8? ; Biblio
Andre
Journal,
1889-1939,
Paris,
1941,
Gide,

Iis
R6forme.
bornee
; nous

de la Plemde, p. 816 (14 juin 1926).


theque
1

Henri
Sainte-Beuve

Pour
Bremond,
et Vintelligence,

le romantisme,
Paris,
211 ; L'humanisme

p.

in-8?;
1924,
divot, p. 519.

09:47:23 AM

44

A.

RENAUDET

et date de la Renaissance
et pensee medievale,
la deeou
verte de l'homme et du monde,
semble etablir entre
ou du moins
et paganisme,
humanisme
rationalisme
identite de
chretiennes, une
etranger aux croyances

principe K En fait, l'humanisme antique des philosophes


et des poetes avait tire des croyances paiennes,
selon
un Systeme de sym
et Popportunite,
les circonstances
s'est accommode
moderne
du chris
boles. L'humanisme
s'en est accommode
tianisme et le christianisme
; cet
a dure depuis le temps des Peres
de
bienfaits
echange
de l'figlise et s'est poursuivi ? travers le Moyen Age.
avait annonce le triomphe d'un huma
Si la Renaissance
nisme strictement naturaliste, en reaction contre l'esprit
chretien, il faudrait conclure, comme le suggere fi. Gilson,

que des lors, content de l'etat de nature dechue, l'homme


aurait volontairement
impose un terme ? l'effort que,
des
le
debut
temps chretiens, il tentait pour se
depuis
connaitre et se depasser, et fait desormais de son propre
son etude et de son culte 2. Mais
genie l'unique objet de
l'histoire enseigne qu'il n'en fut pas ainsi. De meme que
depuis les Peres de l'figlise, il n'a guere existe de pensee
elements huma
chretienne qui n'ait admis quelques
guere d'humanisme
nistes, on n'apercoit
qui ne con
une
souvent
tienne
part,
importante et vitale, de chris
tianisme.

trois jours de suite, confesse devant saint


Petrarque,
les faiblesses d'un esprit et d'un coeur trop
Augustin
3.
Chez les eleves formes par les legons de Pe
humains
nul
n'a jamais abandonne
trarque,
l'espoir et le desir
entre
la
raison
et la revelation
d'un accord
antique
1 La Renaissance
de Michelet
de 1855 ; la premiere
edi
date
Die Kultur
der Renaissance
in Italien,
tion de Jakob Burekhardt,
1860 ; l'Histoire
de Stuttgart,
de
date
de la UtUrature
anglaise
en 1863-1864.
Ii vre II, La Renaissance
A retenir,
Taine
;
parait
chre
; chap, v, La Renaissance
i, La Renaissance
paienne
chap,
tienne.
8
de la philosophic
?. Gilson,
mediSvale,
I, p. 129.
L'esprit
8 II sufllt de
ce traite De
ecrit ? Vau
contemptu mundi,
rappeler
avec saint Augustin,
cluse en 1343, sous forme de trois dialogues
son Secretum.
et qu'il appela

09:47:23 AM

DEFINITION

DE

l'hUMANISME

45

; pas m6me les plus hardis et les plus


judeo-chretienne
affranchis ; pas m?me Filelfo, qui ne pense gu&re ; ni
des 6coles
Laurent Valla, dont la critique, dedaigneuse
et des traditions, aboutit, en matiere
de croyance ?
fonder les principes d'une exegese scientifique, historique
et par l?, si peu
et philologique du Nouveau Testament,
ses propos et
religieux qu'il se montr?t lui-m?me dans
renouveau
des etudes
la conduite de sa vie, prepare le

Testament
d'firasme et
bibliques, annonce le Nouveau
la critique protestante. Les humanistes
florentins, con
ont voulu non
le Magnifique,
temporains de Laurent
la refaire, recommencer
pas abolir la scolastique, mais
l'oeuvre des Peres de l'figlise, incorporer non plus Aris
au dogme
tote, mais Piaton, Plotin, le neoplatonisme,
ehretien ; et comme Scot Erigene, par la voie d'un chris
tente la deification de l'hommex.
tianisme hellenise,

dans le Colloquium
religiosum, invoque
Lorsqu'firasme,
l'oeuvre
la saintete de Socrate, il reprend ? sa maniere
commencee par les Peres et que les
de reconciliation
ont poursuivie2.
? la
Guillaume
Bude,
scolastiques
recherche de la voie qui mene de la sagesse grecque ? la
saintete chretienne, enonce dans leDe transitu hellenismi
le probleme
ad christianismum,
que s'est pose saint
Thomas et definit le programme de Phumanisme petrar
lui-m6me semble avoir oscille
quiste. Frangois Rabelais
d'un evangelisme
erasmien au platonisme
ehretien de

Nicolas de Cues 3.
Ce que Pon pourrait appeler, au xvie siecle, humanisme
isoles, mal compris
que chez quelques
paien, n'apparait
ou suspects, et dont l'oeuvre se developpe en dehors de
de l'humanisme.
la tradition petrarquiste
Sans doute
ne les doit-on pas negliger. II s'agit, en Allemagne,
de
1

Renau
par Henri
Pirenne,
fin du Moyen
Age
Augustin
Marcel
Louis
Edouard
Perroy,
Handelsman,
Halphen,
et civilisations,
VII
; t. I, ch. xi,
1931, 2 vol. in-8? ; Peuples
Paris,
; t. II, pp. 159-182.
pp. 508-522
2
348-349.
A. Renaudet,
St?des
irasmiennes,
pp. 131-132,
8
au XVIe
Lucien
de Vinc.oyance
Le probleme
siede,
Febvre,
livre I, Le christianisme
de
La
; IIe partie,
religion de Rabelais
La

det,

Rabelais.

09:47:23 AM

46

A.

RENAUDET

essen
quelques poetes d'Erfurt, dont rantichristianisme,
se nourrissait de rancunes et de
tiellement antiroman,
contre la cour italienne de Rome,
et
haines nationales
assez
se
avec
reconcilierent
vite,
Pevangelisme
qui,
II s'agit, en France,
de Bonaventure
lutherien.
Des
en
du Cymbalum mundi,
que la publication
avec
ou
a
toutes
brouille
les
1537,
figlises, heretiques
a demontre que les nega
Lucien Febvre
orthodoxes.

Periers,

livret prennent, par Tintermediaire


tions de Taudacieux
source
leur
dans la polemique de Celse contre
d'Origene,
la foi chretienne x. II n'est pas impossible de retrouver,
les origines de Thumanisme
libertin
chez quelques-uns,
lointains des philosophes
du xviie siecle, les ancetres
du xvine siecle 2.Mais le grand courant de l'humanisme
du xvie siecle les laisse sur la rive.

Pourtant, une question se pose qu'on ne peut esquiver.


Si Thumanisme
representait, dans l'histoire intellectuelle
et morale
de TEurope
chretienne, une tradition aussi
hommes du xvie siecle et du
les
constante, pourquoi
et
ont-ils pu croire
meme,
Quattrocento,
Petrarque
un savoir nouveau,
avec
fondaient
rompaient
qu'ils
un passe
les
On
de
anciens
?
comprendre
incapable

le
que
repondra
Petrarque
ignorait volontairement
une
son
de
devait
part
Moyen
l'ingrat
Age, auquel
genie. II a pu se croire le premier ? tenter la reconcilia
tion de l'antiquite et du monde chretien. II Fa tentee,
du moins, avec une passion lyrique, une sorte de roman
ete
dont ses predecesseurs
avaient
tisme enthousiaste,
exempts,

et qui

lui laissait

l'illusion de l'aventure

et de

1
?
ou
et Des Pkriers,
Lucien
Febvre,
Origene
I'Snigme du
Cym
balum mundi
?, Paris,
1942, in-8?.
2 On se
aux
de Henri Busson,
naturellement
ouvrages
reportera
du rationalisme
dans
la UtUrature
sources
et le diveloppement
Les
in-8? ; et de
Paris,
1922,
(\533-1601^,
frangaise de la Renaissance
la premiere
du
Srudit dans
Rene
Le
moitie
Pintard,
libertinage
2 vol.
in-8?.
XVIle
1943,
siecle, Paris,

09:47:23 AM

DEFINITION

DE

47

l'hUMANISME

et ses eleves ont con


la decouverte. Ses continuateurs
serve cet enthousiasme,
cette illusion, cet orgueil, et
ce romantisme. Mais
sous leurs oripeaux
classiques,
aussi ne faut-il pas oublier qu'alors la scolastique, epuisee
d'un long effort, entrait dans sa decadence finale. Dej?

les maitres parisiens contemporains de Petrarque avaient


prefere, ? la Synthese humaniste de saint Thomas, P etude
et
et dej? experimentale
de la physique;
theorique
leur effort scientifique avait ete puissant et fecond. Mais
et d'application,
faute de patience
faute de methode
et d'outillage technique, leurs successeurs, au xve siecle,
les sciences positives, qui dej? se cons
abandonnerent

ils leur prefererent la theorie et Pexperience


tituaient;
de la logique formelle, et, plus encore s'eloignerent des
exerce
o? saint Thomas
avait
syntheses humanistes
son puissant
secheresse
de
victorieusement
La
esprit.
leur pensee,

masquerent,
la tradition

barbarie de
Pinquietante
aux yeux des humanistes,

leur expression,
Phumanisme de

scolastique.
avec maitre
la mystique,
si accueillante
figalement
et Tauler ? Phumanisme,
et s'at
Eckhart
s'appauvrit
triste. Jean Gerson est encore un humaniste, parce qu'il
conserve leur tradition et quelque
chose de leurs espe
rances
Pourtant
la spiritualite
surhumaines1.
chre
tienne semble se mefier de ses propres forces. L'auteur
de VImitation se cloitre dans son humilite, son renonce
son unique desir de perfection monastique.
II
ment,
ou emouvantes de la
desavoue
les ambitions hautaines
scolastique ou de la mystique
speculative ; et naturelle
ment tout ce qui est humanisme, haute culture de Pes
prit, reconciliation de la pensee antique avec le Christ,
ne parait plus ? ses yeux que vanite, soins inutiles,
coupable

divertissement

2.

1
et le chancelier
Andre
Jean
de Montreuil
Gerson
;
Combes,
contribution
? l'histoire des rapports de l'humanisme
et de la thSo
en France
au dSbut du XVe
in-8?.
siecle, Paris,
hgie
1942,
2
: Et quid
eurae nobis de generibus
doctrina
veritatis
I, 3, De
et speciebus
?... Quanto
et interius
sibi unitus
sim
aliquis magis
et altiora
sine
labore
fuerit, tanto
plificatus
plura
intelliget....

09:47:23 AM

48

A.

RENAUDET

II etait necessaire de definir la notion m?me d'huma


et les rapports de l'humanisme avec la foi chre
tienne, pour comprendre ce qu'on peut appeler l'huma
des poetes, des
nisme eternel, celui des philosophes,
des Peres
orateurs, des historiens antiques, rhumanisme
et
des grands scolastiques, rhumanisme
de Tfiglise
des
du Moyen Age. Renove
par le savoir
grands mystiques
et le genie de Petrarque, modernise
par le romantisme
et Tenthousiasme
d'un contact plus emou
de Petrarque
vant avec le drame de la pensee antique, il a domine
jusqu'? Tapparition de la Reforme toute Phistoire intel
nisme

lectuelle et morale de l'Occident. Mais avant que Petrar


que n'eut, en termes souvent ambigus, tente de fixer
sa doctrine ? la fois inspiree et fuyante, cet humanisme
eternel,

soutenu

de Pantiquite,

variees

de

la

par

une

vaste

connaissance

une plus sure pratique


pensee

chretienne

et

de

et

amicale

des formes les plus


chre

Texperience

affirma
tienne, avait trouve une derniere et magnifique
tion dans Tceuvre de Dante. Tout un passe y revivait ;
un

monde

nouveau

s'y

en

montrait

germe.

Renan

le premier homme moderne


voulu saluer en Petrarque
;
?. Gilson nous rappelle que six ans avant la publication
d'^4verwes

et

Vaverroisme,

Burckhardt

avait

decouvert

chez Dante
les traits essentiels de l'homme de la Renais
sance 1. Pourtant
et la
le De Monarchia
le Comnvio,
comme
toute
le
de
Divine
forment
Comedie,
Corpus
pensee

medievale.

Analyser

rhumanisme

de

Dante

sum qui doceo


et secularem
scientiam
; Ego
III, 43, contra vanam
et clariorem
hominem
tribuo,
scientiam,
intelligcntiam
parvulis
sum
ab nomine
in puncto
quam
Ego
possit doceri...
qui humilem
ut plures
aeternae
veritatis
elevo mentem,
rationes,
quam
capiat
in scholis.
si quis decem
annis studuisset
1
et Vaverrotsme,
Averroes
II, ch. in, p. 328 ; j.
Burckhardt,
en Italie
au temps de la Renaissance,
III6 partie,
La
civilisation
au xive
et
siecle
Les
idSes
; E. Gilson,
iv, L'humanisme
chap,
les lettres ; L'humanisme
medieval,
p. 195.

09:47:23 AM

DEFINITION

DE

l'hUMANISME

49

? etudier, dans un cas eminent, le pro


equivaudrait
et d'une
bleme de l'humanisme medieval,
premiere
au coeur d'une oeuvre qui
de
la
Renaissance
apparition
est comme le testament intellectuel, moral et religieux
du Moyen

Age.
A.

Renaudet.

09:47:23 AM

LA MORT DU DAUPHIN FRANQOIS


ET SON TOMBEAU POETIQUE
(1536)
Du 20 mai au 4 ao?t 1536, la Cour sejourne ? Lyon,
Ier prepare ses prochaines operations mili
o? Francois
un jour ? la paume au pre cPAinay, le
Jouant
taires.
s'etant
rafraichi, se sentit
imprudemment
Dauphin,
Cour
la
malade.
Quand
quitte Lyon pour gagner la
au
Mais
il
du
il l'accompagne.
Provence
Rhone,
long
mourra
entre
o?
le
10
?
il
l'abandonne
ao?t,
Tournon,

7 et 8 heures du matin. On cria aussit?t ? l'empoisonne


ment, et l'ecuyer du defunt, Sebastien de Montecuculli,
fut ecartele. A deplorer le trepas, ? invectiver contre le
poetes latins et frangais de
crime, tous les principaux
France

exercerent

I.

leur

Le

voix.

recit

de

Brant?me.

de la mort
La version accreditee des circonstances
est celle de Brant?me, dans le chapitre qu'il
du Dauphin
ses Grands Capitaines
a consacre
au Dauphin
dans
1 :
Frangois
Ce prince aymoit fort ? boire de l'eau, et mesmes apres les
repas et quand il avoit faict de Texercice ; et pour ce, dofia
Agnez Beatrix Pacheco, dame d'honneur de la reyne Eleonor,
en Portugal,
luy avoit faict present d'un2 petit vaze dont on uze
est
et
terre
tanee
si
d'une
subtille
fine,
qu'on diroit pro
qui
3
prement que c'est une terre sigilee ; et porte teile vertu que,
1

M.
le dauphin
Grands
Frangois,
Capitaines
ed. Laianne,
Paris,
1864-82,
pp. 175-177.
(Euvres,
2
de tan.
couleur
De
8
en peinture
et
de Lemnos,
employee
Argile
les pretres de Diane
la preparaient
Dans
l'antiquite,

Frangois,

en medecine.
et vendaient

09:46:00 AM

in

LA MORT DU DAUPHIN FRANCOIS (1536)

51

froide que vous y mettiez dedans, vous la verrez


quelqu'eau
bouillir et faire de petits bouillons comme s'il estoit sur le
feu ; et si pourtant n'en perd sa froideur,mais Pentretient ;
et jamais Peau ne faictmal ? qui la boit, quelque chaud au'il
aye ou quelque exercice violant qu'il face. On diet que les roys
de Portugal (et mesmes, moy estant en Portugal, il me Pa
ainsy este confirme par gens anciens qui Pont veu jadis)
ne bevoient point de vin, que de Peau ; et ceste eau ne bevoient
ny vazes
avoient

autre

dans

couppe
; et apres
qu'ils

terre

ceulx-l?
faicts
qu'en
le cassoient
beu
le coup,

ceste

de

devant

luy en le laissant tumber, et puis falloit changer, et ne bevoient


deux

jamais

dans

coups

un mesme

vase

;mais

despuis

cela

este change, car le coust estoit trop grand, et la curiosite trop


excessive. De moy j'ay bien veu ce roy de Portugal, Sebastien
derniei1, ne boire que de Peau, et dans ces petits vazes, mais

non

et

les rompre,

de

chevaliers

me

portugais

souvant.
le voyant
Des
manger
et ay beu
firent tout ce conte;

anciens

sou vent

dans ces vazes de Peau ainsy froide, et ayant grand chaud, et


courant la poste, qui ne m'a jamais faictmal.
Ce prince done, ayant joue ? la balle dans le pre d'Aysnay
? Lyon 1, il commanda ? un page de sa chambre de luy aller
querir de Peau fraische dans le vaze ou potet que dofia Agnez
Beatrix luy avoit donne. Le page s'y en va, et tire de Peau
du puis d'Aysnay mesmes ; et, ainsy qu'il advisoit le seillau
dans le puis, et qu'il avoit mis son potet sur le bord du puis,
le malheureux
empoisonneur (je ne nomrneray point son
nom,

encor

toute

heure

qu'il

soit

nomme

ailleurs

assez,

car

il ne

non plus que celuy qui brusla le temple d'Epheze),


Poccasion

pour

faire

son

coup,

celle-l?

se

le merite

espiant a
presenta

? luy fort ? propos pour luy,mais fortmal pour la France ; et


ainsy que le page regardoit dans le puis, Pautre jetta la poison
une
sceau
les temps
chevre
d'un
; dans
representant
en grosses
eile se debitait
aussi une
portant
pastilles
mer
son nom. On
des proprietes
lui attribuait
d'ou
empreinte,
une note de Ted. Lalanne,
ad locum).
veilleuses.
(D'apres
1 La
et les membres
avoir
semblent
famille
du Conseil
royale
:
souvent
? Lyon,
? l'abbaye
lors de leurs sejours
reside,
d'Ainay
et le Conseil
le 16 ao?t
1548
la Reine
ainsi
prive y descendent

marquee
modernes,

(Archives lyonnaises,BB 67, f? 239 ;BB 68, f? 150 v?). Le terrain

le Dauphin
o? joua
doit etre celui meme
vague
qui fut amenage
en vrai jeu de paume
II (BB 67,
de Henri
solenneile
pour l'Entree
du roy Fran
fo 218 v?, BB 68, f? 117). Selon
la Cronique
anonyme
coys premier, p. p. G. Guiffrey,
Paris,
1860, in-8?, p. 184, la desal
? : c'est ega
teration
du Plat a Lion
fatale eut lieu ? en la maison
: cf. infra,
lement ce que porte
Montecuculli
l'arret condamnant
?
Une grande
IV.
Sur l'abbaye
cf. abjbe Andre Ciiagny,
d'Ainay,
et ses annexes,
la basilique
Saint-Martin
d'Ainay
abbaye
lyonnaise,
? du xvie
siecle.
in-4? ; et le ? Plan
1935,
Lyon,
scenographique

09:46:00 AM

52

V.

L.

SAULNIER

avecques les deux doigts dans le potet, comme il confessa


despuis ; et faisant bonne mine, et arregardant le page verser
l'eau, il s'en va. En quoy le page eut tort, ce dict-on : car il
ne nettoya point le potet ; et, ayant verse l'eau ? plein dedans,
la porta ? son maistre, qui la beut toute sans y rien laisser.
Aussitost il se sentit touche etmalade, dont apres il enmourut.
II n'avoit garde de faillir, car la poison estoit de la fineet de la
bien

preparee

roy,

disoit-on,

ce
non
seulement
pour
x,
prince,
ses autres
et messieurs
enfans,

le
mais
pou.1
et
ainsy
qu'il

advoua au suplice. Yoyl? comme je Tay ouy dire et conter ?


une honneste dame de la court, qu'y estoit pour lors.
...
Ainsy mourut ce bon et beau corps, ny plus ny moins
qu'une belle fleur du printemps qui est emportee par un vent
froid, ou d'une gellee inopinee du matin. Ainsy despartit
ceste belle ?me jeune. Jeune ?me l'appele-je, ? mode que nous
autres courtizans j'ai veu que nous appellions ? la court un
jeune gentilhomme qui ne faisoit que venir, jeune espee. ?

Saveur poetique de quelques traits, allure dramatique


de l'ensemble, aimable prolixite insoucieuse des redites
d'un homme qui sait conter mais qui prend son temps :
tout cela est bien du Brant?me. Dans
le detail du recit,
le go?t de l'anecdote, et un certain souci de mettre en
son experience
valeur
personnelle, revelent Brant?me
au fond de l'aventure,
et revelent l'epoque. Quant
il
est clair que dans la premiere moitie de cette page l'au
teur accumule
les details qui, en affirmant l'innocuite
du fameux ? potet ?, confirmeront la version de l'empoi
: de semblables vases les rois de Portugal
sonnement
avaient pour coutume d'user, et Brant?me
lui-m?me,
pour y avoir bu de l'eau tres froide ayant grand chaud,
n'en avait eprouve nul mal. Preoccupation
sympathique
de comparer les experiences, mais naivete d'un homme
: et Ton
qui n'entendait pas grand chose ? la medecine
ne saurait lui en vouloir, mais son
ne
vaut
temoignage
rien. Pour la seconde moitie du recit, celle qui relate
les modalites
de la pretendue manoeuvre
de Montecu
culli (l'homme qu'il

refuse de nommer pour ne lui point

1 La
: ?
de sublime* et d'arcignic
?, et
Cronique
precise
pouldre
: ? poisons
Farret de condamnation
et de riagart
d'arsigni
(arsenic)
ou realgar,
et de soufre) ?.
d'arscnic
compose
(realga

09:46:00 AM

LA MORT DU DAUPHIN FRANCOIS (1536)

53

la gloire usurpee d'firostrate),


il est clair que
se borne ? relater les pretendus ? aveux ? du
: ? comme il confessa depuis ? ;
echanson
malheureux
de curiosite historique assez pauvre, mais
manifestation
non
on
ne saurait lui en vouloir de n'etre pas en
l?
plus
avance sur son siede. Au total, plus de curiosite et de
donner

Brant?me

bon vouloir

dans la recherche des documents, que de


: defaut d'epoque.
Plus, peut-6tre, un cer
competence
? valider la these de l'empoisonne
tain empressement
ment et du complot trame par l'Empire, qui flattait la
Cour : dessein plus ou moins conscient, mais de 1'esprit
en etait passablement
de cour, Brant?me
impregne.
en grande chaleur, but de l'eau
Le Dauphin,
froide : il en souffrit et puis mourut. C'est tout ce
Ton peut conserver et retirer de son temoignage, le
direct des temoignages
litteraires qui nous soient

tres
que
plus
par

venus.

II.

L'autopsie

du

corps

du

Dauphin.

Nous
avons, plus precis, un temoignage
technique,
sur
ont pu se pencher
lequel les medecins modernes
pour y trouver la clef de l'enigme : il s'agit du proces
verbal d'autopsie,
YActe de visitation et ouverture du
corps de monseigneur
? Par

devant

royaulx,
et
ville

habitans
chasteau

messeigneurs

eaues

Brosse,

le Dauphin1.

et Jehan
Broe
Pierre
nous,
Pelous,
de la ville de Tournon-sur-le-Rosne,
en leurs
furent presens
d'icelle,

messires

Pierre

de Werty,

et chambellans

ordinaires

personnes
des

grand-maistre

et forestz de France ; Adrien Tiercellen,


chevaliers

notaires
en ladite

de

seigneur de

feu tres-hault,

tres-puissant et tres-excellent prince Francois, daulphin de


Yiennoys, due proprietaire de Bretagne 2, filz aisne du roy
nostre sire, roy de France ? present regnant; Charles de
Cosse ;Jacques des Quars ;Francois de La Noe, gentilzhommes
1

en Dau
A. de Terrebasse,
de la ville de Vienne
Inscriptions
t. II, p. 330, Cf. Brant?me,
id. cit.t III, 445-448.
phini,
2 Le
ete couronne
? Renn es,
due de Bretagne
avait
Dauphin
en 1532.

09:46:00 AM

54

V.

L.

SAULNIER

de la chambre dudit feu seigneur ;messire Loys de Ronsart,


conseiller et maistre
chevalier, seigneur de la Possoniere
d'hostel ordinaire dudit feu seigneur ; Jehan Babou, maistre
de sa garde-robe ; Jehan Bernart de Bertinholes ; Julien Cro
chart, dit Cortinhy ; Jehan Lefranc ; Francoys de Senesmes,
dit Luzerches ; Jehan de Montjoye, varlets de chambre
ordinaires ; Thomas Gilbert, barbier, et George Le Bouchier,
huissier de chambre dudit feu seigneur ; lesquelz tous ensemble
ont presente ? maistres Frangoys Myron, Jehan Lemoyte,
medecins ordinaires dudit seigneur, et maistre Jehan Cham
pier, medecin ordinaire de monseigneur le cardinal de Tournon,
et ? maistres Noel Giraudeau et Loys Buysson, dit Panchart,
cirurgiens ordinaires dudit seigneur; Grandjean Bineau,
barbier du commun, et Julien Baugey, apothicaire dudit sei
le corps dudit
feu seigneur,
gneur,
et sermens
leurs
prestez
foy

par

mains ? Dieu,

tous

actestans

corporellement,

et affermans
levans

leurs

estre icelluy lequel trespassa hier 2 en ce Heu de

1 Le
Pierre
de Ronsard
etait passe
pere de Ronsard.
propre
? trois iours deuant
sa fin ? (ou ? six iours ?,
service du Dauphin
au pro
ne figure pas
les editions)
et aflirme
suivant
(quoiqu'il
? : voir le Tombeau
: ? le vy son corps ouurir
qu'il
ces-verbal)
au Dauphin
consacre
in Le Tombeau
de France,
de Marguerite
et
tres-saincte
de
duchesse
de Sauoye,
ensemble
tres-auguste
celuy
ses enfans,
de ce nom} et de Messieurs
Francois
memoire,
premier
(Emres
Paris, G. Buon,
1575, in-8? ; in ed. Laumonier,
Completes,
t. V, pp. 248-250.
Cf. ibid., t. VII,
p. 512 ;
Paris, Lemerre,
1914-19,
Revue
de la Renaissance,
; Vie de Ronsard
1901, pp. 176-187
par
de la
ed. Laumonier,
Histoire
72-75 ; H.
Chamard,
Bmet,
pp.
t. I (1939), p. 71.
PUiade,
*
et non le 12 comme
le 10 ao?t,
est done
La date
de la mort
une
erronee
le pretend
ed.
tradition
; Saint-Gelais,
(Larousse
in Rev. hist, litt., 1895, p. 559,
Blanchemain
I, 117, n. 1 ; E. Picot,
suivie
Gabriel
ex., par T. Renucci,
encore,
par
Symeoni,
etc.)
?
Et la date de la desalteration
Paris,
1943,
in-8?, p. 17, n. 52.
fatale ? Le 6 ao?t
Eticnne
selon Copley
Christie,
Dolet,
p. 278 :
au

emmenant
? cette date,
le Dau
la Cour avait
quitte Lyon
Les
d'autres
Guil
donnent
dates.
phin.
temoignages
d'epoque
laume Du Bellay
mourut
dit que le Dauphin
quatre
jours apres
son arrivee
et Vindry,
? Tournon
p. p. Bourrilly
(MSmoires,
comme
t. Ill, p. 215),
et non pas,
Paris,
1912,
in-8?, livre VII,
le fatal breuvage.
Christie
l'a cru, apres
La Cronique
de
Copley
Ier dit qu'il mourut
trois jours apres le breuvage
Francois
(p. 185),
date
le 7, la Cour n'etait
C'est
inadmissible,
plus ? Lyon.
puisque,
a Tournon
trois jours apres
lettre de
faut lire. Une
l'arrivee
qu'il
?
Ier ? d'Humieres
enfin qu'il mourut
Francois
apres avoir
porte
estez malade
t. 47,
tant seulement
trois jours ? (Ms. Clerambault,
:mais
on ne aevait
f? 5461)
c'est que,
l'arr^t ? Tournon,
jusqu'?
une
croire qu'a
la mort
En
conclusion,
passagere.
indisposition
se place
et la
? Tournon,
trois ou quatre
l'arrivee
jours apres

mais

09:46:00 AM

LA MORT DU DAUPHIN FRANCOIS (1536)

55

Tournon, entre sept et huit heures du matin, pour icelluy corps


estre visite par dehors et ouvert par dedans, et estre embasme
ainsi qu'on a de coustume embasmer les corps des princes
pour les ensepulturer. Lesquelz medecins, cirurgiens, barbiers
et apothicaire Tont receu de leurs mains et visite ainsi que
:

s'ensuyt

ledit

Premierement,

corps

a este

des

espaules

tout

apporte

sur une

nud

table et visite par dehors, auquel ne s'est trouve aulcune pos


tule que une cicatrice d'une appostume qu'il avoit eu entre les

deux

reste

Le

espaules.

et muscles

du

l'en

doz,

tour du col et hault de la poitrine tout de couleur de sang


meurdri, et derriere s'estendoit jusques aux fesses. La bouche
et le nez tous environnez de glacons de sang \
Item, a este ouvert ledit corps et s'est trouve par dedans es
parties de la poitrine, quand on les a ouvertes, plus de humi
dite que en bas.
Item, les intestins se sont trouvez tous jaunastres et pleins
de vent et de grande puanteur.
Item, l'estomac bei et entier et vuyde.
la rate

Item,

en son

de mesme

estat

naturel.

Item, le foye s'est trouve, pour la moitie de luy, de couleur


lyvide, et quant l'on l'a fendu ladicte moytie s'est trouvee fort
seiche,

et l'autre

Item,

la bourse

Item,

le

naturelle.
moytie
du fiel a este
a este

polmon

trouvee

trouve...

de

plein

grande
eslevures.

et naturelle.

Item, le euer grand, tout flestry,mol et uny.


Item, les roignons se sont trouvez grands et entiers et bien

netz.

Item,
Item,

et entiere.
la veyne
grande
a este ouvert
la teste et s'est

le cerveau

trouve

grand

et entier, et les voynes des fayes fortpleines de sang.


Item, pour ce que ledict seigneur luy vivant, durant la
maladie de laquelle il est decede, s'estoit plaingt de quelque
on le tournoit,
au
doleur,
quant
s'il y avoit
dedans
apparence

par

coste

droit

d'appostume

2, a

este

et ne

regarde
s'en est

point trouve ; et a este par dehors incise ? plusieurs lieux et

ne

s'est

trouve

rien

aussi.

Ce faict, ledict corps a este embasme et icelluy prest ?

mectre

en

cercueil,

les

susdicts

medecins,

cirurgiens

et appo

thicaire l'ont rendu illec aux chambellans et varletz de cham

bre cy dessus
ce que dessus

et affermans
actestans
nommez,
par leur serment
estre vray. En
nous
de
diets notaires
quoy,
signe

desalteration
fin le 4 ao?t.

fatale

1 Crise
a

aux

dernicrs

jours

du

d'he'moptysie (Dr L?on Cerf).

Epanchement

pleural,

selon

le mSme

s?jour

? Lyon,

qui

auteur.

09:46:00 AM

prit

56
royaulx,

V.

nous

sommes

L.

SAULNIER

soubzsignes

et

avons

fait

signer

ees

presentes ausdicts sieurs medecins, cirurgiens et appothicaire,


le onziesme jour d'aoust, mil cinq cens trente-six.
P. Broe, notaire ; J. Pelous, notaire ;
F. Myron, J. Le Moueste ; Jehan Champier ;V. Giraudeau ;
Loys Buisson ; Bineau ; Bauge.
En tesmoing des quelles choses et pour les faire fermes,
auctentiques et estables ? tousjours, y a este mys et appose le
seel royal estably au bailliage de Viveroys.
Signe : P. Broe, notaire ; J. Pelous, notaire. ?
sur ce document,
e'est vers le milieu du
Travaillant
siecle dernier que des savants se prirent k douter de la
La version du poison,
legende de Tempoisonnement.
ne
de
celle
etait
Brant?me,
reposait en somme que
qui
sur le temoignage du presume coupable
de
Sebastien
avouer
en
torture
?
faire
avait
la
pu
Montecuculli,
qui
fin de compte tout ce qu'on voulait. Le temoignage des
au contraire, n'offrait rien qui d?t le faire
medecins,
en
done sur ce texte, et don
doute. S'appuyant
revoquer
nant k l'affaire du verre d'eau une interpretation plus
mort naturelle.
simple, on en vint ? l'hypothese d'une
:
L. Lalanne
semble avoir ete, le premier, categorique
contre la tradition encore plus ou moins
admise par
en 1860 x, il pense ? une ? affection de
G. Guiffrey
? consecutive au refroidissement 2. Un peu plus
poitrine
? 3. Cartier
?
et
tard, F. DeCrue
parle de
congestion
?
?
4. Le dernier specia
disent :
Cheneviere
pleuresie
le docteur Leon
liste qui se soit occupe de la question,
dit : crise d'hemoptysie;
pleural,
Cerf,
epanchement
se
le point de cote ? droite dont le malade
expliquant
1
Apres
fresnoy

Du
Lenglet
Diet,
331a,
hist., ed. 1759, V,
Moreri,
en 1536, du poison
lui
: ? II mourut
encore
disait
que
?
son ed. de Marot,
Ferrarois
donna
Seb. de Montecuculli,
(dans
du Roy Fran
est deja perplexe
(Cronique
III, 116, n.). Guiffrey
gois premier de ce nom, ed. cit., 1860, p. 184, n.). En 1873, Blan
un
comme
ne presente
du poison
chemain
la version
que
plus
:mais e'est plus recem
on-dit
(Eueres,
1,117, n.l)
(ed. Saint-Gelais,
a ete abandonnee.
ment
qu'elle
2
445.
son edit, de Brantome,
dans
L. Lalanne,
1864-82,
III,
8 A. de
? la cour de Frangois
Ier, 1885, p. 280.
Montmorency
4 Article
litter, de la
in Rev.
d'Hist.
sur Antoine
du Moulin
France,

1896,

p. 90.

09:46:00 AM

LA MORT DU DAUPHIN

57

FRANCOIS (1536)

? tuber
plaignit pendant ses derniers jours ; et, au total,
culose pulmonaire avec pleuresie serofibrinale droite ? *.
Nul ne saurait plus aujourd'hui
soutenir serieusement
la these du poison, non plus que celle du complot espa
gnol.

III.

le

Comment
avec

apprit

Roi
de

l'oraison

francois

la

nouvelle,
Ier.

C'est ? Guillaume
du Beilay
faut demander
qu'il
comment le roi fut informe de son deuil. Francois
Ier,
sans parti
? Tournon
qui avait laisse son fils malade
culieres alarmes, regoit ? Valence de mauvaises
nouvelles
:mais il avait
des Operations de Picardie et de Provence
pis encore k entendre :
Ce fut de la mort de monseigneur le dauphin Frangois, son
fils aisne, lequel, nourry et esleve par luy en singuliere expec
tation de tout lemonde qu'il parviendroit un jour ? estre grand
et tres

excellent

non, venant
par
l? mourut
avant
gon

au Heu de Tour
malade
son pere,
? Valance,
et
non
sans
la fin du quatriesme
souspe
jour,
eust ete
2.
qu'il
opinion
empoisonne

estoit
prince,
eau avecques

et vehemente

demoure

le Roy,

la nouvelle parvint, la cour perplexe chercha


Quand
se
qui
chargerait de l'annoncer au roi. Le cardinal Jean
de Lorraine
finit par consentir. Mais, aussit?t en face
du souverain,
l'emotion le fit begayer. Pressentant
le
? ce signe, Francois
malheur
: il
Ier d'aller au devant
nouvelles de son fils ?
s'agissait sans doute de mauvaises
Jean de Lorraine cherche un management
:
II luy mascha plus qu'il ne prononga et dit seulement en
beguayant, que certainement il luy estoit? empire, mais qu'il
falloit en Dieu esperance de la guarison.
J'entends bien
(dist le Roy alors), vous ne m'osez de premiere entree dire
qu'il

Mis

est mort,

au

1 Dr
Leon
2
Memoires,

mais

courant

seulement

de

qu'il

mourra

la triste realite,

bien

tost.

le roi eleve vers

et bdtards de rois, Paris,


Cerf, H?ritiers
ed. Bourrilly-Vindry,
t. III,
p. 215

1939,

p.

(Iivre VII).

09:46:00 AM

227.

58

V.

une

Dieu

quelque
citee :

L.

SAULNIER

a sans doute
oraison, dont du Beilay
la tenue, mais qui merite d'etre
compose

belle

peu

Mon Dieu (dit il), je n'ignore point qu'il ne soit raisonnable,


que je preigne en patience et en gre tout ce qui procede de toy ;
mais dont me peult venir ne dont doy je esperer et attendre,
sinon de toy, ceste Constance et force de cueur ? Desja tum'as
affligepar diminution de seigneurie et de la reputation de mes
x, tu m'as

forces

adjouste

ceste

maintenant

de mon

perte

fils

que reste plus ? present, sinon que tu me deffaces du tout ?


Et quand ton plaisir seroit d'ainsi le faire, enseigne moy au
moins et me faits cognoistre ta volonte, afin que je n'y resiste
etme conferme en ceste patience, toy qui seul es puissant de ce
faire, aydant et renforcant la naturelle et humaine infirmite 2.
ait aussitot persuade
le roi que le
qu'on
ses
ete
avait
par
ennemis,
empoisonne
pui
Dauphin
souhaita des le debut que cette mort ne rest?t
qu'on
point impunie, ni
II semble

une

sans que Dieu ayt prepare par Toracle de sa divine justice


vengeance

exemplaire

contre

ceux

qui

ont

este

autheurs

de ce faict si enorme et si execrable, que tout esprit et sgavoir

deffaillent

trouver

nom

convenable

son

enormite

3.

Ier faisait venir son second


Le lendemain, Frangois
fils, Henri, due d'Orleans, qui devenait de ce jour dau
phin de Viennois et due de Bretagne, pour lui adresser
une premiere admonition ou il rappelait Pexemple
laisse
par son frere :
Mettez peine, mon fils, de Timiter et ensuivre, en sorte que

vous

le

surpassiez,

et de vous

faire

tel et si vertueux

que

ceux

qui aujourd'huy languissent du regret qu'ils ont en luy recou


vrent en vous de quoy appaiser et oublier ledit regret qu'ils
ont de luy 4.
1 Allusion

probable ? la paix de Cambrai (1529), o?, en parti

? toute
Ier renoncait
? l'Artois,
? la Flandre,
Frangois
et A. Renaudet,
Lea d&buts de l'dge mo
; cf. H. Hauser
au
2e ed., 1938, p. 392. ?
suscitees
Et aux
derne,
inquietudes
en Provence
m^me
moment
de Charles-Quint
l'incursion
par
ne se retirera,
sur un desastre,
qu'en
septembre
(juillet 1536) qui
: Hauser-Renaudet,
annee
de la meme
ibid., p. 407.
8
de du Bellay,
Mimoires
4d. cit.t III, pp. 217-218.
culier,
Tltalie

Ibid., p. 219.
Ibid., p. 220.

09:46:00 AM

LA MORT DU DAUPHIN FRANCOIS (1536)

IV.

de

L'arret
de

l*

et

condamnation

? empoisonneur

59

l'execution

?.

au moins ?
Une coupe vite suspecte avait ete?
Poc
casion du deces ; et puis, Pon en serait moins marri,
sur lui une
d'en trouver un coupable
pour assouvir
On
devait
naturellement
s'en
vengeance.
prendre ?
:
du
defunt
Sebastien
de
d'ail
Montecuculli,
Pecuyer

leurs d'origine
italienne, etant gentilhomme
ferrarais,
fut mis ? la torture : qui mit en cause, comme etant les
instigateurs veritables du crime, Frangois de Gonzague,
prince de Melfetto,? lequel sut se disculper ; le chevalier
? qui
de Dinteville,
Guillaume
seigneur des ChenSts,
et aussi Antoine
il dut faire amende honorable;
de

Leyva, prince d'Ascoli1.


Proces et interrogators
occuperent bonne part des
mois de septembre et octobre 1536. En octobre, le roi,
? Lyon,
fit assembler ? tous les princes de son sang,
chevaliers de son ordre et autres gros personnages
de
son royaume ?,
un certain nombre de potentats
plus
et diplomates
etrangers : le legat et nonce du Pape,
les cardinaux ; les ambassadeurs
d'Angleterre, d'ficosse,
de Venise, de Ferrare, etc.; les dues de
de Portugal,
de Somma,
de Melfe,
d'Atri, d'Aniano,
Wittemberg,
de
des
autorites
Stigliano ;
Hippolyte
lyonnaises;
le gouverneur
de Lyon Pomponio
d'Este2,
Trivulce,
1 Sur ces
le plus sou vent
cf. infra ? V. Sur Leyva,
accusations,
en cause
Grands
ici, cf. Brant?me,
I,
Etrangers,
Capitaines
Cet Antoine
de Leyva,
161-178.
excellent
Navarrais,
pp.
capi
sa
toute
de
fortune
taine
dut
Charles-Quint,
obscure,
d'origine
a son seul merite.
II chassa
l'amiral
de devant Milan,
de Bonnivet

mis

decida de la victoire de Pavie, etmourut du typhus (1536), apres

en Provence,
avait
de Charles-Quint
de Texpedition
qu'il
sur ses infirmite's. Goutteux,
le raillait
On
pr?conis6e.
podagre,
? On le tenoit auoir
en chaise.
l'?me
il combattait
?grotant,
port?
?. Cf. son
les jambes
aussi mauvaise
que
par Saint
epitaphe
des CEuvres, I, p. 119.
Gelaxs
l'6d. Blanchemain
dans
a
sera archev?que
de Ferrare,
de
cardinal
d'Este,
Hippolyte
: son Entree
en la ville a lieu 1c 17 mai
solennclle
1540.
Lyon
Techec

09:46:00 AM

60

V.

L.

SAULINIER

Cesar Fregose, etc. Fut fait lecture du ? proces du mal


feu monsieur
le
heureux homme qui avoit empoisonne
avec
les
donnerent
?,
interrogatoiresIis
Dauphin
leur avis, qui decida que le coupable serait ? tire ? quatre
eut lieu ? Lyon, le jour m6me,
chevaux ?. L'execution
le samedi 7 octobre 2.
De ces evenements, la Chronique de Frangois
Jer nous
a conserve la relation la plus complete 3 :
Le Roy, apres avoir mis ordre par toutes ses garnisons en la
Savoye et la Bresse, print son chemin pour s'en venir en France
et s'en vint droict ? Lion, avec toute sa noblesse et son conseil,
pour faire faire le proces du conte Sebastiano de Monte Cuculo
qui avoit empoisonne Monseigneur le Daulphin, Francoys due
de Viennois, due proprietaire de Bretaine, filz aisne du Roy,
qui l'avoit empoisonne en lamaison du Plat ? Lion, en ung vas
de terre rouge ouquel il avoit mis et appouse pouldre de
sublime et d'arcignic ; lequel, au moyen desdictz poisons, trois
jours apres mourut ? Tournon pres Vallance, dont le Roy fut
fort marry

incontinant

qu'il

sceut

les nouvelles,

et, pour

ce que

? Thurin.

Mes

ledict conte Sebastiano avoit charge par son proces Monsieur


Guillaume de Dinteville, chevalier, seigneur des Chenetz, le
Roy l'avoit faict emprisonner pour ce que ledict Sebastiano
disoit

luy

avoir

communicque

de

son

affaire

sieurs du conseil, apres avoir faict et parfaict le proces dudict

conte

leur

sentence

l'encontre

Sebastiano,
prononcerent
dudict Sebastiano en la forme etmaniere qui s'ensuict : 4
?Veu par le conseil le proces criminel faict ? l'encontre du
conte Sebastiano de Monte Cuculo [habitant de Ferrare],
interrogatoires,

confessions,

recollemens,

confrontacions,

certain livre de l'usance des poisons escript de la main

dudict

1
du Bellay,
de Martin
dans Ted. Bourrilly-Vindry,
Memoires
livre VIII,
in, p. 336.
2
une lettre de Guillaume
? Jean de Boyssone.
Sceve
D'apres
et le Parlement
Cf. Mugnier,
Jean de Boyssone
de Chambe'ry,
Paris,
est indiquee
date
1898, p. 26, n. 3. La meme
par la Chronique
de Nicolas
Gueraud.
lyonnaise
3
du roy Frangoys
Cronique
premier de ce nom, p. p. G. Guiffrey,
184-189.
1860, in-8?,.pp.
Paris,
4 Pour
f? 157 ; Dupuy
fr. 1514,
nat., Ms.
l'Arret, cf. Bibl.
507,
f? 308. Archives
retour de
aussi Du
U, 785, p. 100. Voir
glorieux
de France
de lectres escriptes de Bou
par ung double
VEmpereur
en fran
? Romme,
? Vabbe de Caprare,
translate d'Italien
longne
?
de Varrest du Grant Conseil
du
donnS a Vencontre
gois.
Copie
et Meschant
Miserable
Au
de Mgr
le Daulphin,
Empoisonneur
Pot Casse,
1536, in-8?.

09:46:00 AM

LA MORT DU DAUPHIN FRANCOIS (1536)


Sebastiano,

visitation,

en chemise,

teste

rapport

et

advis

des medecins,

61
eirur

giens, barbiers et apothicaires, conclusions du procureur du


Roy general, et tout considere, il sera diet que ledict conte
Sebastiano de Monte Cuculo est attainet et convaineu d'avoir
empoisonne feu Francoys, daulphin de Viennoys, due proprie
taire de Bretaine, filz aisne du Roy, en pouldre d'arsigny
sublime, par luy mise dedans ung vas de terre rouge, en la
maison du Plat a Lion ; convaineu aussi d'estre venu en France
expres et en propos delibere d'empoisonner leRoy, et soy estre
mis en effort de ce faire, pour repparation desquelz cas et
crimes, ledict conseil Pa condampne et condampne ? estre
trainne sur une claye du Heu des prisons de Roanne1, jusques
en la place devant Peglise Sainct Jehan ; auquel Heu, estant
nue

et

piedz

nudz,

en

tenant

ses mains

une

torche allumee, il criramercy et pardon a Dieu, au Roy et a


justice, et de l? sera traine sur une claye jusques au Heu de la

Grenette

; auquel

lieu,

en

sa presence,

seront

publicquement

les poisons d'arsigni et de riagart 2, dont il a este trouve saisi,


bruslees avec le vas rouge o? il a mis et jecte la poison ; et ce
faict, sera tire et desmembre tout vif a quatre chevaulx, et
apres, les quatre quartiers de son corps penduz aux quatre
portes de la ville de Lion, et la teste fichee au bout d'une lance
qui sera pousee sur le pont du Rosne ; et, pour repparacion de
la faulse

accusation

faicte

par

icelluy

conte

Sebastiano

a Pen

contre de Guillaume de Dinteville, chevalier, seigneur des Ches


netz, ledict conseil Pa condampne et condampne ? faire audict
des Chenetz amende honorable en ladicte place sainct Jehan,
et teste nue,
piedz
ses mains,
en disant
avoir
communicque
tant

? Thurin

que

une
en
tenant
torche
allumee
chemise,
et contre verite
faulcement
il a diet
que
des Chenetz,
de Dinteville,
audit
seigneur
son
? Suze,
le
entreprinse
d'empoisonner

en

Roy ; et oultre le condampne envers icelluy des Chesnetz en


amende profietable de dix mil livres tournois qui seront prins
sur les biens dudict conte Sebastiano ; lesquelz biens le con
seil 3 a declaire et declare estre acquis et confisquez au Roy.
Faict au conseil, ? Lion, le vne jour d'octobre, Tan mil Vc
XXXVI.
?
Signe :Dubourg, Olivier, Coutel, du Peyrat, Barrillon.
1

sans doute
au
ue Roanne,
de l'ancien
chateau
Dependaient
aux
comtes
de Fourviere,
de Forez
ayant
appartenu
puis
de France.
Cf. Monfalcon,
Histoire
de Lyon, p. 421.
Dauphins
on edifia ? la meme
Au xixe
les nouvelles
siecle,
place
prisons
et maison
Cf. Guigue,
L'h?tel
de Roanne.
(Guiffrey).
2 Le
un
ou
et
d'arsenic
de soufre. Cf.
compose
realga
realgar,
pied
aux

de La Luce,
? l'en
Bertrand
Nouvelle
deffence pour les Frangoys
contre de la nouvelle
la maniere
entreprinse des ennemys, comprenant
d'eviter tous poisons.
1537
Paris, Denys
Janot,
(cite par Guiffrey).
8
: le pardessus
Var.
(Guiffrey).

09:46:00 AM

62

V.

Dudicfc Sebastiano,
teneur

la

ensuyvant

L.

SAULNIER

apres qu'il eust ete deffaict et execute


de

ladicte

non

condampnation,

sans

doloreulx et miserable tourment, le corps fut delaisse sur ung


?
petit eschaffault par deulx jours. La ou le peuple,
icy on
reverance

la

cognoistre

peult

et

amour

les

qu'ont

Francoys

envers leurs princes, et quant grande doleur ilz ont, si les


sentent offensez,?
presque lemit par petites pieces, mesmes
les petis enfans ne luy laisserent ung poil de barbe que tout
ne fut arrache, luy coupperent le nez et luy tirerent les yeulx
hors de la teste et a grands coups de pierre luy rompirent les
dens et machoires, de sorte qu'il fut si deffigure qu'? peine
ne advient
sceu
l'eust
Ton
et, chouse
recognoistre,
qui
jamais
a
ne se trouva
de quelque
l'execution
miserable
rnalfaicteur,

en tout le peuple fran^oys, non pas entre les estrangers, qui en

print

ou

compassion

douleur,

mais

tous

ensemble

le mauldis

soyent enmille manieres de maledictions ;d'aulcunes en y eust


qui luy coupparent lemenbre. Bref, luy firent tant d'opprobres
et sy villanes qu'ilz jouerent ? la pellotte de sa teste, je diz
trainerent parmy la boue, que, si la pueur de sa miserable et

mauldicte

charongne

n'eust

le

peuple

faict

retirer,

encores

seroyent ilz apres pour luy excogiter mille tourmens et le faire

mourir

mille

mis

quartiers
(Tune
lance

sa mort.
ses quatre
furent
foys apres
Apres
aux
sa teste au bout
et
de
Lion
quatres
portes
?
sur le pont du Rosne.
levee

soit dit en passant, qu'on aurait ? mediter


Texte,
avant de parier de la sensibilite du xvie siecle, et, ail
comme
execution
leurs, du raffinement cruel d'une
le Roi quittait
celle de Damiens x. ?Environ la mi-aoust?,
laissons Montecu
Lyon pour gagner le Poitou 2. Mais
: etait-on, des Pepoque,
culli miserablement
ecartele
partout et tellement s?r qu'il f?t coupable ?

V.

Temoignages

et

opinions.

La Cour ne semble pas avoir ete des l'abord tellement


: moins
de Tempoisonnement
convaincue
encore, que
en f?t coupable. De cela nous est temoin
TEmpereur
la correspondance

? d'Humieres

1
de Sade,
Le marquis
Otto Flake,
2
id. cit., p. 200.
Cronique,
f? 124.
fr. 3008,
Ms.

3. Une

lettre de Mont

init.

09:46:00 AM

LA MORT DU DAUPHIN FRANCOIS


(1536)
morency ? d'Humieres
ier d'empoisonnement.
2 :
d'Humieres

63

1 lui annonce la mort sans


par
De m?me une lettre du Roi ?

Je ne fais nulle doubte que devant que la presente soit


jusques ? vous que vous n'ayez dej? entendu, comme il a pleu

? Dieu

m'oster

mon

fils aisne

seulement trois jours ; qui m'a

et

que

desplaisir

vous

pouvez

apres

avoir

estez

malade

tant

este et est tel regret, ennuy

penser

et

; tant

estimer

a,

monsieur d'Humieres, que je loue Nostre Seigneur de tout,


me conformant puisqu'il luy
piaist, a sa volonte, ayant ceste
ferme

foy

et

esperance

en

sa

bonte

fortune ne fera jamais tant d'epreuves


trouve tousjours homme de bien.

et

misericorde

que

la

surmoy qu'elle ne me

le mal, disait-on, venait d'une boisson


puisque
ou
cause, on ne distinguait pas), il etait natu
(occasion
rel qu'on ? interroge?t ? 1'echanson, et il nous semble
que ce fut lui qui dechaina tout, sous la pression de la
? une
Parallelement
torture, confusement d'ailleurs.
ne
version populaire qui
de surgir :
pouvait manquer
mort
le Dauphin
etait
apres avoir souffert d'une bois
: post
son, il etait done mort parce qu'il l'avait bue
hoc ergo propter hoc. Pour la Justice, eile parait s'6tre
:
laisse impressionner par des ? confidences ? arrachees
Mais,

II y a un paillard

italien, lequel estant sur la gehaine a

este envoye
faict et avoir
par An
par deg?
ou trois autres
avec
toute
thoine
de Leve
deux
personnaiges,
en avant
il s'en est desdit mettant
fois depuis
s'il a con
que
ce n'a
este que
le tourment
lui faisait 3.
fesse alors
pour
qu'on

confesse

l'avoir

Du malheur qui est advenu de feumonsieur leDauphin

je ne

; il a le meschant
sgay que vous mander
advoue,
puis desad
il a este trouve
livre pour
voue, mais
d'ung
saisy de poisons,
s'en ayder,
de Antoine
d'autres
de Leve,
sauf conduit
d'ung
lettres
dudict
de Leve...
le Roy
m'a
ordonne
sitost
le
que
sera
en latin. Je vous
en mande
de le mettre
proces
parfaict
ray 4.

Les
1

Ms.

aveux

: la torture les explique,

Clerambault,

Ibid., f? 5461.

8 Lettre
4 Lettre
f? 5489.

de Villandry
de Langeay

t. xlvii,

comme

les desa

f? 5459.

a
ibid.,
d'Humieres,
a MM.
de Beauvais

f? 5479.
et dTsernay,

09:46:00 AM

ibid.,

64

v.

saulnier

l.

veux le montrent. Des papiers ? compromettants


?, on
ne saurait retenir que le fameux sauf-conduit, qu'ex
en un
de prudence
pliquent assez des preoccupations
:
ou
siecle
le patriotisme n'etait guere qu'en gestation
passant d'un c?te, il n'etait pas interdit de marquer
des precautions de Pautre. Pourtant, il n'est guere d'his
: Beaucaire
fait
torien qui se soit rnontre perplexe
figure d'isole 1. Reste que des confidences de Pechanson
k
Pon pouvait
tirer une version
d'empoisonnement
Cour
la
de
de
flattait
France,
Pinstigation
PEmpire, qui
et qu'on s'encourageait
ainsi ? partager.
a voulu
franchise
saper la puissance
Charles-Quint
en faisant empoisonner la famille de France : teile semble
avoir ete la version officielle. Elle est defendue, outre
de la Luce
et
des libelles anonymes, par Bertrand

Guilkaume Bigot de Laval 2.


De la culpabilite de PEmpereur, Marguerite de Navarre
semble convaincue,
1536, y fait
qui, des Pautomne
allusion dans une lettre au roi son frere. Parlant d'une
3
autre infamie de Charles-Quint,
eile ajoute :
Cela suffit seulement pour

estre

ouser

vous
pour
la derniere

hommes,
repenser

celuy seul qui


comme

vous

servir

Paves

remise

en

son

? rabaisser

cruaulte,

la congnoist

voulente.

faire desirer ? toutes femmes

[Dieu]
luy,

quy
en

est

sy

sans

orgueil,

que

grande,

en fera la vengeance,
luy

sacrifiant

vostre

et Pauteur de la Cronique de Frangois


Ier
eut
d'avis
identiques. Pourtant, PEmpereur
paraissent
? cceur de se disculper : preuve d'aveu, bien s?r, si Pon
Brantome

1
Historia
Beaucaire,
1542, p. 677.
Gallica,
Lyon,
2
de La
les Francois,
Nouvelle
Bertrand
Luce,
pour
difense
Bigot
de Laval,
1537 ; Guillaume
1537,
Paris,
Somnium,
Paris,
?
s. 1. n. d.
de Provence,
retour de VEmpereur
Du
in-8?.
glorieux
?
n.
s.
d.
1.
de Leve,
Le
testament d'Anthoine
in-4?.
(vers 1536),

in-8? [Brunet].
[1536],
8

sous pretexte
avait
de paix,
Le 7 avril 1536, Charles-Quint,
une diatribe
contre Fran
et declame
le Sacre
Consistoire
reuni
les delegues
autoriser
cois
franc,ais a en avoir
Ier, sans meme
de Navarre,
de Marguerite
1841,
p. p. F. Genin,
copie. Lettres
1842, index, p. 299.
lettres, p. p. Genin,
p. 334. Cf. Nouvelles

09:46:00 AM

la

mort

du

dauphin

francois

65

(1536)

Son ministre Granvelle


ecrivit une lettre tout
le
Les
blanchir1.
expres pour
pieces officielles ne font
de
De
mention
lui.
l'accusation
officieuse portee
pas
contre lui, il se montra si contrarie qu'il
veut.

ne se peust abstenir toutesfois, quand il en ouit la nouvelle


de
la mort ), qu'il ne parlast honorablement de la per
(
sonne, mceurs et conditions dudit seigneur Dauphin 2.
Au reste, l'Empereur tesmoigna qu'il ne luy estoit jamais

arrive

sermens

rien de plus sensible


que
aimeroit
mieux
qu'il

d'en

que

avoir

seulement

ceste

avoir

accusation,

la moindre

perdu
pensee

et fit de grands
ses terres

toutes
3.

Et Tun des primats de la Cour, Guillaume


du Beilay
ne
de
la
de
lui-m&me,
parle
responsabilite
l'Empereur
comme

que

d'un

on-dit,

non

sans

vive

circonspection.

Sur le fait de l'empoisonnement meme, il n'est pas


:
affirmatif, il rapporte une opinion moyenne
...

Monseigneur

le dauphin

Francois...

mourut...

tres

sans

non

souspegon et vehemente opinion qu'il eust ete empoisonne 4.


aurait voulu
le
disait-on,
L'Empereur,
supprimer
Roi et ses fils (le complot aurait done finalement avorte,
ne faisant qu'un deplorable accident)
en s'asseurant
sans
estans morts,
il
qu'eux
grande
passeroit
a travers
ceste esperance
de France.
le royaume
resistance
Mais
ne me
est si mechante
entrer
en teste
si
sgauroit
qu'il
qu'un
user
d'une
si malheureuse
et
que
grand
prince
luy voulust
damnable

trahison

5.

Les bras de l'Empereur auraient ete, on Fa vu, Gon


les designent, qui
zaga et Leiva. Bien des temoignages
ne mettent pas directement en cause Charles-Quint
:
mais e'est tout un 6. Des deux agents, la responsabilite

1
10 decembre
1536.
2
de Du Bellay,
Mimoires
id. cit.y t. III,
p. 218.
8
II, p. 516.
Mezeray,
4
1. VII,
Du
id. citie, III, p. 215.
Bellay,
Mimoires,
6
livre VI, id. cit., Ill, p. 134.
Ibid.,
Francois
allemands
De
; Sleidan,
Ier, Lettre aux princes
et reipublicse,
ed. 1555,
162 v?; Varillas,
II,
religionis
loc. cit.
III, 329. Cf. DeCrue,
Daniel,
5

09:46:00 AM

statu
557

66

V.

L.

SAULNIER

est la plus douteuse. Le due de Mantoue,


de Gonzaga
son cousin, envoya tout expres ? la Cour de France un
ambassadeur
extraordinaire pour le disculper. Et Bran
t?me lui-m6me, sorte de porte-parole
officiel, reconnait
ne retint pas contre lui la charge portee par Pac
qu'on
:
cusation
Toutesfois,
innocence,
tasche
1.

ledict Ferdinand

estant

trop

s'en purgea et manifesta

genereux

pour

se marquer

de

son
teile

des gens, au contraire, crurent Montecuculli


: et
coupable ? l'instigation du seul Antoine de Leyva
l? semble s'6tre fixee, sinon Popinion officielle, du moins
celle qui rallia le plus de suffrages 2:
Bien

estant chouse certaine que ledict Anthoine de Lesve avoit


envoye en France ung conte Sebastien de Montecuculy pour
empoisonner le Roy tres crestien et ses tres nobles enfans, et
de cecy ne fault point doubter, car ledict conte Sebastien,
mis en prison ? Lion, Fa ainsi confesse devant beaucoup de
8
gens de bien.
eut ete coupable, mais
sans
Qu'enfin Montecuculli
complicite, on ne le crut guere 4.
tres differentes,
k signaler trois hypotheses
Restent
mais ? peu pres mortes-nees.
La coupable
serait-elle Catherine de Medicis,
epouse
d'Henri, frere cadet du dauphin ? Est-ce elle qui aurait
arme le bras de Tempoisonneur
? La mort du dauphin

1
Brant?me,
zague ; (Euvres,

2A

Dicton

Grands
Etrangers,
Capitaines
e*d. cit., I, pp. 249-250.

Ferdinand

Tinstigation de Leyva seul :Ms. Conrart


?

de

Gon

5416 (786) ;?

et
Cimber
de Montecuculli,
?
Au
le car
Curieuses,
III, 15 ;
grand maitre,
f? 64 ; le cardinal
Ms.
fr. 3053,
Comoro,
ibid.,
?
d'Etat
Fr. 3019, 106 ;
Granvelle,
Papiers
?
116.
;
II, 504-505
Paradin,
(Refe
Inedits),
la

condamnation

prononcS
Archives
Danjou,
dinal de Mantoue,
?
64 ;
Montejehan,
(coll. Documents
rences DeCrue).
3
Le meme
An
de Frangois
7er, id. cit., pp. 150-151.
Cronique
de Saluces.
tonie de Leiva
la trahison du marquis
aurait provoque
4 La
tr. Jeunesse
reine de Navarre
de Catherine
; M. Baschet,

deMedicis, 1866, p. 470 (DeCrue).

09:46:00 AM

la

mort

du dauphin

francois

67

(1536)

la couronne : raison de plus, ou de moins,


aux
insinuations de de Thou
croire
pour
chercher la cause de la mort dans un mal
Faut-il
sexuel, surmenage ou autre ? C'est la these de Belca
rius 2. Et Mezeray
dira encore des confessions forcees
:
de Montecuculli
lui donnait

II ne laissa pas neantmoins d'y en avoir quelques-uns qui


crurent que la gesne l'avoit force a confesser tout cela, et que
ce n'estoit pas chose extraordinaire si un verre d'eau fraische
avoit este mortel ? un homme eschauffe du jeu de paulme et
fort fatigue, a dit un autheur ( Belcarius ? ), d'un autre
exces

avec

la dame

de

l'Estrange

8.

? l'hypothese de mort naturelle sans compli


Quant
cation d'ordre sexuel, si eile est defendue des le xvie siecle
ne la
eile ne fit guere ecole. Voltaire
par Ferron,
ou
sans
souci
la
d'ex
doute, que par
defend,
reprend,

d'esprit critique 4. Et Ton ne la


pressive manifestation
fera prevaloir, en somme, que de nos jours, et sur nou
veaux

frais.

notre enqu&te. La Cour fut d'abord per


Resumons
ne vit ? mettre en cause TEmpereur
et
qu'un
plexe,
de propagande
avantage
politique. C'est qu'on parlait
et la question
du fameux verre d'eau,
fit
beaucoup
avouer

? Techanson,

qu'on

ne

pouvait

pas

ne

pas

mettre

en cause, tout ce qu'on voulut. Quant aux complicates


et Leyva), elles impor
intermediates
(celles de Gonzaga
1
: Vera
II peut-6tre
Henri
y Figueroa,
202, tr. du
coupable
sur la
de de Thou
Perron
Insinuations
(DeCrue).
responsabilite
: cf. Saint-Gelais,
ed. Blanche
de Catherine
de Medicis
(Euvres,
t. I, p. 118, n. 2.
main,
2
rerum
Commentarii
Belcarius,
1625,
gallicarum,
Lyon,
677.
in-f?, XXI,
8
du Dauphin
etait de la mai
Mezeray,
II, 516. La maitresse
son de Maumont,
et cousine
de Brant?me
; cf. Bran
germaine
: ? Bru
sur Mlle
de Maumont
t?me,
(Euvres,
III, 174. Cf. Chanson
ne
nette
blanche
E.
Chants
histo
?,
Picot,
seray
suys,
jamais
de Lincy,
Chants
d'hist.
riques, Rev.
litt., 1895, p. 559. Le Roux
II, 112.
historiques,
4
Annales
De rebus gestis, Paris, 1550, p. 132. Voltaire,
Ferron,
t. I, p. 182. Autres
de la
de VEmpire,
in (Euvres,
1780,
partisans
mort naturelle
: Capefigue
Ier
de Francois
; j.-j.-E.
Roy, Histoire

(DeCrue).

09:46:00 AM

68

V.

L.

SAULNIER

taient peu, au fond : on absout Tun, on condamne Pautre,


la m6me annee. L'essentiel
etait
qui d'ailleurs mourra
une
:
k
trouv?t
victime
qu'on
Findignation
populaire
ce fut Montecuculli,
et on l'ecartela.

VI.

Le

retour

des

cendres.

Frangois Ier ne semble pas s'?tre beaucoup


preoccupe
sa residence designee, le corps
de ramener ? Saint-Denis,
du premier Dauphin.
Ce n'est qu'un mois apres sa propre
mort que le corps, demeure k Tournon, devait ?tre porte

pres du sien. On comprend de reste que Lyon, qui avait


vu de pres Pemotion de 1536 et le supplice du presume
se soit soucie d'honorer au passage
celui en
coupable,
un
une
Ton
sinon
du
moins
encore,
martyr,
voyait
qui

victime expiatoire qui avait peut-&tre, pour ainsi dire,


sauve la vie au Roi lui-m6me. De fait, le 26 avril 1547,
le corps municipal
decide des appr?ts du convoi, parce
que le corps du dauphin ? doit demain arriver en ceste
ville ?
Ce ne fut pas le lendemain, mais bien le surlendemain,
le jeudi 28 avril 1547, que le transfert toucha Lyon. Les
nous ont conserve tout le detail
registres municipaux
:
de la ceremonie
Pour ce que ce jourd'huy le corps de monsieur

venant

de Tournon

doit

arryver

en lad. ville,

au

le daulphin

devant

duquel

convient aller par le consulat et faire pourter quatre douzaines


torches aux armes de la ville, ont estez mandez les roys et
2
joueurs de Pacquebutte et de Farbaleste
lesquelz ont estez
priez fournir quarante huict personnes de leurs bandes pour
pourter lesd. torches au devant dudict corps, lesquelz roy et
joueurs dudict jeu de Thacquebutte ont estez reffusanspourter
lesd. torches, disans que pour la force, tuicion et deffense de
lad. ville ilz sont prestz pourter leurs hacquebutes et semettre
1
comm. Lyon, BB 66, f? 9 ;BB 67, f0 7 v? ; cf. La
Arch.
Magni
? 150 exemplaires,
ficence de l'Entr&e de Henri
II, p. p. G. Guigue
132.
1927,
in-4<>, p.
Lyon,
2
Leur
? toutes
et
collaboration
les Entrees
etait de rigueur
fetes solennelles
des Nations.
les representants
; de meme
pour

09:46:00 AM

LA MORT DU DAUPHIN FRANCOIS (1536)


en armes

pour

ce que

tout

faire

le consulat

par

69
sera

leur

com

mande, mais de pourter lesd. torches ilz n'en feront riens. Et


lesd. roys et joueurs dudict jeu de Parbaleste, en faveur et pour
Thonneur dudict consulat, ont offertpourter lesd. torches et
ce que

tout

faire

consulat

led.

par

leur

sera

et de

commande,

faict se sont chargez d'icelles quatre douzaines de torches,


lesquelles ilz ont pourtees allumees avec les armes de lad.
ville, despuis la porte du pont du Rosne, par laquelle est entre
led. corps, jusques ? Peglise Sainct Jehan.
Lesd.

se

conseillers

seigneurs

ayans
consulat,
armes
de la ville,

les deux mandeurs


a cheval,
avec

en ordre de
transportez
aux
manches
lesd.
pourtans
monsr
le lieutenant
etprocu
sont

reur du roy, jusques au lieu de La Mothe, par della La Guillo


tiere, au devant dudict corps, lequel ilz ont trouve qui estoit
conduict par messrs Pevesque de Grenoble, Pevesque de
et l'evesque

Valence

de Glandesve,

aussi

par

messrs

de Mau

geron, de Monteyson et de Tournon et plusieurs autres gen


tilzhommes et officiefshabillez en dueil, tous a cheval, estant
led. corps dans une bierre sur ung charriot ? quatre roues,
couvert d'ung grant drapt de dueil de velloux noir avec une
croix blanche au millieu et quatre grans jumens couvertes de
velloux en dueil, traynans led. charryot, au devant duquel
marchoit monsr de Sillans, habille de dueil, pourtant au devant
de luy le cueur dudict feu seigneur daulphin, o? apres avoir
faict

la reverence

led.

par

consulat

ausd.

srs

et

conducteurs

offert faire leur devoir et ce qui leur sera commande pour


Pobseque et conduicte dudict corps, dont led. seigneur evesque
de Grenoble les a grandement merciez, ilz ont accompaigne
led.

mys

corps
jusques
a
autour
pied

du pont du Rosne,
la porte
testes
dud.
nues,
corps,

ilz se sont

o?

led.

pourtans

drapt de dueil, et apres que toutes les torches, tant dud. dueil

que

des nations

estranges

comme

Gene

Lucquoys,

Boulonnoys,

voys, Florentins, Millanoys, Allemans et celles du corps com


mun de lad. ville, icelies nations tous montez ? cheval en bon
ordre

avec

led.

sr lieutenant

et procureur

du

roy,

estans

pres

dudict corps et lesd. srs conselliers autour dudict corps portans


led. drapt de dueil estans sur icelluy, ont accompagne led.
corps jusques en la grand esglise Sainct-Jehan de Lyon, o?
sumptueusement il a este porte jusque dans lemillieu du cueur
de ladicte esglise, et au dessoubz d'une chappelle couverte de
cierges de cire ardans, qui pour ce avoit este erigee, o? il a repo
se jusques au samedy ensuivant qu'il partist dud. Lyon, envy
ron

unze

heures

de matin.

aud.

sr evesque

Et le lendemain vendredy vingt neufiesme jour d'avril Pan


mil cinq cens quarante sept, lesd. srs conseilliers se sont
transportez en lad. esglise Set Jehan, o? apres avoir faict la
reverence

de

Grenoble,

commissaire

pour

09:46:00 AM

la

70

V.

SAULNIER

L.

conduycte dudict corps, et offert faire tout ce qu'il luy plaira


commander pour lesd. obseques dudict sr daulphin, dont ilz
ont estez remerciez, ilz ont assiste le long du service de la
messe et autres suffragesqui ont estez dictz et celebrez en lad.
esglise, despuys Theure de huict heures jusques a unze heures
de matin, aussi apres mydy, durant vespres et heures des tres
passez, qui ont estez dictz et celebrez en lad. esglise, autour
dudict corps.
Et le lendemain samedy, dernier jour dudict moys d'avril,
srs

lesd.

en ordre

conseillers,

du

consulat,

avec

leurs mandeurs

pourtans lesmanches aux armes de ladicte ville, tous ? cheval,


se sont transportez dans le cloistre de Tesglise Set-Jehan, pour
en la forme et
accompaigner led. corps que lesd. conmissaires,
maniere devant dicte, conduysoient hors lad. ville, pour aller
a Paris, et pour ce faire ont faict pourter lesd. quatre douzaines
torches par lesd. arbalestriers, ou estoient toutes les torches
desd. nations en tel et semblable ordre que ? l'entree d'icelluy
en lad. ville, mesmes icelles nations tous a cheval, mond. sr le
lieutenant et procureur du roy, lesquelz ont accompaigne led.
corps qui a este conduict par tous messrs du clerge de lad. ville,
et consulat

nations

lesd.

jusques

en Veze,

vouloir

qu'ilz

ou

srs conseillers

lesd.

ont prins conge desd. commissaires, lesquelz par la voix dudict


sr evesque de Grenoble, ont remercie le consulat et diet qu'ilz
1
informeroient et advertiroient le roy du devoir et bonne dili
ensemble

gence,

du

bon

avoient

veu

que

avoit faict pour led. obsecques a.

la ville

le transfert
Quelle que f?t la pompe de Pevenement,
ne semble pas avoir emu la lyre des poetes lyonnais 3.

VII.

Mais
chanter
1

Henri

2 Arch.

Le

recueil

de

vers

latins

et

vulgaires.

ils n'avaient
si longtemps
pour
pas attendu
connait plusieurs
On
le trepas
lamentable.

II,

roi depuis

le 31 mars

de

la m?me

annee.

Lyon, BB 66, ff.10-12 ; BB 67, ff. 8 v?-9 ; cf. l'edition

Guigue,
pp. 132-134.
8 Le
a Saint-Denis
est depose
dans un tom
corps du Dauphin
et G. Briere,
Cf. P. Vitry
beau
de Philibert
Delorme.
L'iglise
et ses tombeaux, Paris,
de Saint-Denis
abbatiale
1925, in-12,
p. 167.
?
avec
a Saint-Denis
eut lieu le 22 mai
L'ensevelissement
1547,
en 1545. Cf. Registres
Ier et du due Charles, mort
celui de Francois
in Revue
XIa
du Parlement,
1559, 430 v? ; Lettres de Saint-Mauris
t. V, p. 108.
historique,

09:46:00 AM

la

mort

du

dauphin

francois

71

(1536)

La plus remar
du Dauphin.
exemples de Deplorations
est
evidemment
le
recueil
lyonnais edite par
quable
fitienne Dolet sous ce titre :
vers latins, et vul
de plusieurs Poetes
| gaires
|
sur
le
de
le
Monsieur
trespas
|
| composes
| feu

Recueil de
Francoys,

Daulphin. |M. D. XXXVI \

sur une preface latine non


signee, qui est
due ? fitienne Dolet,
plut?t qu'?
Francois Juste :

II s'ouvre

vraisemblablement
Pediteur

? Lectori.

Poetarum nostratium huius aetatis doctissimorum car


mina tibi, ut vides, collegi, Lector. Tu modo sententiam
fer, quam se pulchros, quam se beatos dicere iure merito
moni
possint Galli
quidem principes, quos Gallorum
menta ab iniuria obliuionis uindicant, ac, ut in omne
tempus et uiuant, et celebrentur, perficiunt. Id uer? Regis
cuiusuis
Sed iam ad rem
regno non recte praeferas?
perge, et vale.

Lugduni ad Idus Novembres [1536]. ?

Le recueil compte 47 pieces, signees ou anonymes,


latines ou franchises, dont nous donnerons d'abord l'in
ventaire.

Piece n? 1. Dolet.
Stephani Doleti ad poetas Gallicos,
de nomine, et obitu Delphini proxime vita functi cele
brando. Carmen. Incipit : Carmine quid uestro grauius.
Fo a 2 r<>.
[Epitre, 25 vers.]

2. Dolet,
Delphini
epitaphium.
moribus. a 2 v?. [Prose, 4 lignes.]

Mihi

non

in pri

1
Ye
Francois
2966.
nat., Reserve
Juste, in-8?, 20 ff.Bibl.
Lyon,
: La
sur le trespas
du Dauphin
D'autres
Tombeaux
deploration
s. 1 n. d. (Paris,
de feu monseigneur
le Daulphin
de France,
1536),
donne
pet. in-8? goth., 8 ff. n. c. ; Copie de larrest du Grant Conseil
a lencontre du Miserable
aucunnes
etMeschant
Auec
Empoisonneur...
s. d.
et Rondeaux,
Au Pot Casse,
Epistres
(privil. du 18 octobre
: au premier
recueil Le Blond
in-8?, 8 ff. n. c. Ont collabore
1536),
et Olivier Mallard.
de Bran ville ; au second, Moimont
Cf. F. La
Recueils
siecle.
chevre,
collectifs, XVIG

09:46:00 AM

72

v.

l.

saulnier

Aliud. Orbis videndi causa, a 3 r?. [Epi


3. Dolet,
5
gramme,
vers.]
4. Maurice Sceve, Quid vitae haeremus. a 3 r?. [Elegie,
29 vers.]
a
Francia
5. P. Castellanus,
legitimo, patrioque.
3 v?. [Epigramme, 6 vers.]
Vix mihi bisdenos. a 3 v?. [Epi
6. H. Appianus,
4
gramme,
vers.]
tibi chare parens. a 4 r?.
Si
7. Guillaume
Sceve,

[Epigramme, 6 vers.]
Si fuit in fatis. a 4 r?. [Epigramme,
8. G. Sceve,
4 vers.]
: quid Mortales.
a 4 r?.
9. G. Sceve, Heus
[Epigramme,
2 vers.]
Vwere me regni. a 4 r?. [Epigramme,
10. G. Sceve,

2 vers.]
11. Claudii

a 4 v?.
Me
Furnerii,
sceptris Natura,
6
vers.]
[Epigramme,
innocuus. a 4 v?.
Occubui
12. Gulielmi Mellerii,
6
vers.]
[Epigramme,
A regno, patre, rege, a 4 v?. [Epi
13. Jean Visagier,
6
gramme,
vers.]
a 4 v?.
14. Jean Vis agier
(?), Aliud. Extinguor patre.

[Epigramme, 2 vers.]
a
15. Jean Vis agier
(?), Aliud. Rex ego Franciscus.
5 r?. [Epigramme, 2 vers.]
scelerata Leuae.
16. Salmon Macrin,
Ecquis Antoni
a 5 r?.
4
de
15
vers.]
strophes
[Ode saphique,
Ad columnam sepulchralem, Fran
17. F. Piochetus,
sacram. Extructum
cisco Galliarum Regis primogenito,

est opus, a 6 r?. [Epigramme, 9 vers.]


a 6 v?.
18. Nicolas Bourbon,
Quid portenta ferant.
30
vers.]1
[Epitre,
etMors, a 7 r?.
19. Ioannis Gagnii
Theologi, Mars,
22
vers.]
[Elegie mythologique,
20. Lateranus
regem
(G. Du Coste), Ad Franciscum
1 Bourbon
1. V,

piece

18.

reprend
II ajoute

cette
d'autres

in Nugarum
piece
vers sur le meme

libri
sujet

octo, 1538,
: cf. V, 25.

09:46:00 AM

la
de morte

mort

du dauphin

Filii elegeidion. Flere

[Elegie, 12 vers.]

(1536)

73

deos, hominesque.

a 7 v?.

francois

21. Lateranus
(?), Ad eundem. Ne
a 7 v?.
[Epigramme, 6 vers.]

coelum inuideas.

22. Anonyme,
Francisci
Gal
Epitaphium
Delphinii
lorum Regis primogeniti. Spes iacet hie. a 7 v?.
[Epi
2 vers.]
gramme-epitaphe,
23. Gilbert Ducher
-Vulto Aquaperseus
(d'Aigue
Siccine
Mercurii
perse),
partim, a 8 r?. [Epigramme,
12 vers.]
24. Jean Canappe,
Res non successit. a 8 r?. [Epi
16
gramme,
vers.]
25. Iani Guttani
(Jean Des Gouttes),
Quae mors
mortem affert. a 8 v?.
6
vers.]
[Epigramme,
Iani Guttani,
gramme, 6 vers.]
26.

Ut

seruat periens.

a 8 v?.

a
Guttani,
Quid modo Delphinum.
2
vers.]
[Epigramme,
28. Maurice
vectus. b 1 r?.
Sceve, Delphino
4
gramme,
vers.]
29. Maurice
Sceve,
Qui patrem, ac patriam. b
2
[Epigramme,
vers.]
30. Caegilus Eluamus,
Ad Viatorem. Quod vix
alii, b 1 r?. [Epigramme, 6 vers.]
27.

Iani

[Epi
8 v?.
[Epi
1 r?.
saeclo

31. Caegilus

Eluamus, Hostibus erepta Fortuna, b 1 r?.


4
vers.]
[Epigramme,
32. Caegilus Eluamus,
Hac
spe, hac fama. b 1 r?.
12
[Epigramme,
vers.]
33. Maurice Sceve, De cometa nuper in coelo Prouin
ciae fulgente. Olim si. b 1 v?. [Epigramme, 8 vers.]
In Veneficum
34. Etienne Dolet,
qui ueneno Del
Noras
extinxit.
sed
veneni. b 1 v?.
venenum,
phinum
11
[Epigramme,
vers.]
35. Guillaume
Sceve, Mors
suspensa diu. b 2 r?.
14
[Epigramme,
vers.]

36. Guillaume Sceve,


J, fuge, dissimula. b 2 r?. [Epi
gramme, 4 vers.]
It Cuculus. b 2 r?. [Epigramme,
37. Maurice
Sceve,
4 vers.]

09:46:00 AM

74

v.

l.

38. Gilbert Ducher,

saulnier

Aegloga

Meliboeus,

Delphinus.

Moeris. b 3 r? [Eglogue, 128 vers.]

de feu Mon
39. Meilin de Saint-Gelais,
Epitaphe
de France. En ce corps cy. b 6 r?. [Epi
sieur le Daulphin
gramme, 10 vers.]
Autre. Voyant cecy (lee
40. Meilin de Saint-Gelais,
b
6
v?.
10
teur).
vers.]
[Epigramme,
de Antoine de
41. Mellin de Saint-Gelais,
Epitaphe
Leue. Sous ce tombeau gist, b 6 v?. [Epigramme-epi
taphe, 10 vers.]1
42. Clement

Marot,
gist Francoys
Cy
Epitaphe.
de grant renom. b 7 r?. [Epitaphe, 24 vers.] 2
Daulphin
tu croire. b 7 v?.
Sc eve, Pourrois
43. Maurice
[Epi
8
gramme,
vers.]
44. Maurice Sc eve, Encores vit. b 7 v?. [Epigramme,
8 vers.]
Au noble trein. b 7 v?. [Epi
45. Antoine du Moulin,
10
gramme,
vers.]
sur le trespas de feu
46. Maurice
Sceve,
Eglogue
Ariom
le Daulphin.
Monsieur
(sic), b 8 r? ? c 4 r? ;
se
:
ouffrir.
souffrir,
signe
[Eglogue, 228 vers.]
et Memoriae
47. Benoit Court
DOM
Symphorianus,
Valesii
Francisci
tumulaire,
Delphini...
[inscription
prose. 24 lignes] c 4 r?.
A rfecapituler la liste des collaborateurs, on obtient le
selon Fordre
compte suivant (les auteurs sont classes
de leur contri
decroissante
quantitative
d'importance
:
bution)
1. Maurice
2.
3.
4.
5.
6.
7.

Vers ou lignes
291

Sceve.

Gilbert
Ducher.
Salmon
Macrin.
Etienne
Dolet.
Guillaume
Sceve.
Nicolas
Bourbon.
de
Mellin
Saint-Gelais.

8. Clement Marot.
1

Saint-Gelais

1547.
2

Marot

24

reproduit

reproduit

140
60
45
32
30
30

cette

ses

trois

epitaphe

pieces
dans

Pieces

8 dont
5 latines
et 3 franchises
2 latines
1 latine
4 latines
6 latines
1 latine
3 franchises

1 franchise

dans

ses

son Recueil

(Euvres
do

1544.

09:46:00 AM

de

LA MORT DU DAUPHIN FRANCOIS (1536)

9.
10.
11.
12.
13.
14.
15.

Court.
Benoit
Jean de Gagny.
Lateranus
(Guill. du Coste.)..
Jean
Canappe.
Jean Guttanus
(Des Gouttes).
Eluamus.
Caegilus
Jean Visagier.
du Moulin.
Antoine
9
F. Piochet.
Castellanus
[P. Ducastel]...
Claude
Fournier.

16.
17.
18.
19.
20. Guillaume
21. H. Appian.

Mellier.
4

Vers ou lignes
24
22
18
16
14
12
10
10
1
6
6
1
6
1

75

Pieces
1 latine
1 latine
2 latines
1 latine
3 latines
3 latines
3 latines
1 francaise
latine
1 latine
1 latine
latine
latine

La preface promettait des ceuvres de tous Ies plus


doctes poetes du temps. C'est, bien entendu, une for
toutefois que, si, parmi les poetes
mule. Remarquons
de langue francaise, on note plusieurs
absences
qui
et de Salel, par exemple),
comptent (celles de Boyssone
moins rares sont les absences de poetes de langue latine :
sont presque
et Sussaneau
de Brie, Dampierre
noms
est un
les seuls
Certes, le Recueil
qui manquent.
tous
les rimeurs qui avaient
livre lyonnais, compose par
: naissance,
des attaches tres precises avec Lyon
resi

Germain

relations amicales. Mais,


dence, sejours momentanes,
presque tout ce que la France
comptait de chantres
latins gravitait precisement dans Porbite du sodalitium
lugdunense.

Le

?
VIII.
L'?jLABORATION du recueil.
MOMENT HISTORIQUE. Le DESSEIN PROFOND.

Sur un total de 811 lignes ou vers, 308 seulement


sont francais : encore est-ce Arion qui, avec ses 228 vers
francais, emp?che ici la balance de pencher davantage,
et fausse legerement Poptique. Sur un total de 47 pieces,
8 seulement sont en frangais : et elles sont releguees en
bloc ? la fin du recueil, signe non negligeable. Et la pre
face est ecrite en latin. Le Recueil de vers latins et vul
un
hommage collectif rendu
gares n'est pas seulement
k la memoire d'un mort illustre ; c'est, au moins autant,

09:46:00 AM

76

V.

L.

SAULNIER

une manifestation
de la soeiete
d'existence
eclatante
de France,
des po&tes neo-latins
groupes autour du
sodalitium *.
Les annees 1536-1538 semblent marquer
de
Fapogee
notre poesie neo-latine. Elle vient de gagner le ? combat

?,mais s'assoupirait
pour le College des Lecteurs Royaux
si eile ne trouvait en Dolet, ins
vite en particularismes
talls ? Lyon, le seul chef de choeur capable d'animer les
familiers de la boutique de Gryphe. Le role primordial
stimulateur et chef d'ecole, nous est garanti
de Dolet,

par des temoignages et des hommages nombreux. Quand


Nicolas Bourbon, venant de Troyes, debarque ? Lyon ?
la fin de septembre 1536, c'est Dolet qui Fintroduit et
le patronne dans le cercle neo-latin et humaniste. De
m&me, sans doute, pour Jean Visagier, qui, venant faire
imprimer chez Gryphe son premier recueil, Epigramma
turn libri 77, dans Fete de 1536, chante le los de Dolet
au cardinal de Lorraine, comme Bour
dans la Dedicace

bon dans YOpusculum puerile (1536).


ne durera pas. Des la fin de 1536, Dolet ?
L'accord
: on Fac
en legitime defense ?
tue le peintre Compaing
ou
ses
et
il
le
de
levee
reunit
d'ecrou,
banquet
quitte,
de funerailles de son ecole
amis, est aussi le banquet
neo-latine ; des la fin de 1536, et plus encore dans les
deux ans qui suivent, les petites querelles de clocher
ont dej?
Brouille
divise Fequipe.
Visagier-Bourbon,
sous pretexte de plagiat 2 ; brouilles Visagier-Dolet
et
sur
se
les deux ex-ennemis
reconciliant
Bourbon-Dolet,
le dos de Dolet, F ? ingratissimus sodalis ? 3; puis la
curee contre Dolet, coupable d'avoir mauvais
caractere.
Et

la plupart

Sur

des

chefs de

chceur neo-latins

de

au xvie
latine en France
cf. D. Mura
la poesie
siecle,
et la Renaissance
nio-latine
des Lettres
antiques
poisie
?
L. Febvre,
Le pro
in-8?.
Paris,
1928,
(1500-1549),
au XVIe
de Rabelais,
siecle, La
Vincroyance
religion
?
Iivre I.
UtU
P. Van
La
Tieghem,
in-8?, surtout
1942,
et Renaiss.,
t. IV,
in Bibl.
latine de la Renaissance,
d'Hum.

La
rasu,
en France
bleme de
Paris,
rature

cette

1944,
pp. 177 sqq., passim (et bibliographie).
2
L. Febvre,
op. c?., p. 45.
8
Ibid., pp. 47 sqq.

09:46:00 AM

LA MORT DU DAUPHIN FRANCOIS (1536)


generation mourront dans
La poesie neo-latine, pour
depassee par la francaise, ?
pofetes latins sont desormais
en francais.

77

les annees qui suivent 1540.


leur survivre, est largement
teile enseigne que les grands
avant tout de grands poetes

On pouvait, au contraire, en 1536, esp6rer encore une


floraison brillante de poesie latine, et qui occuperait le
il n'y avait pas de temps ?
haut des tribunes. Mais
des
collaborateurs
La
du Recueil, nes
perdre.
plupart
entre 1490 et 1510, sont en 1536 en plein ?ge de matu
rite poetique. Or, avant 1536, ils n'ont guere produit
de gros recueil. II est grand temps qu'ils montrent ce
savent faire, autrement et ailleurs qu'entre
les
qu'ils
un
murs
II
faut
d'un
cenacle.
chef-d'ceuvre, et
quatre

seduisante de Dolet
suscite une
qui affirme. L'ardeur
sorte de ferveur collective chez ces temperaments un
en leur donnant un
peu mous. Et la mort du Dauphin,
theme illustre, sera Foccasion
de produire le manifeste
en exemple des ennemis de Fidiome vulgaire,
cette
en
encore
Dolet
dira
1544
n'&tre
francaise
que
langue
? pas assez
? pour servir ?
litteraire.
reglee
Pexpression
Si m?me, par la suite, Dolet donne plus que des gages
aux revendications
en faveur du francais, s'attachant ?
est surtout, en 1536, Thomme qui
la
il
x,
regier
langue
prepare les Commentarii
linguae latinae (1536-1538), et

fait figure de leader du latin. Dans la brouille qui suivit,


les poetes neo-latins perdirent le seul temperament qui
p?t stimuler leur travail, les grouper, sinon en ecole, du
: et ils en auraient eu besoin
moins en equipe active
n'avaient
pour travailler, puisqu'ils
que du talent.
il y perdit peut-?tre la foi qu'il avait
Quant ? Dolet,
mise en une restauration possible d'une belle litterature
: et Fechec ne fut-il pas au moins Fune
latine de France
causes
? plaider ensuite pour le
des
qui Fengagerent
francais avec la m&me fougue qu'il avait mise au service

du latin ?
1

Cf. F.

Brunot,

Histoire

de

la Langue

(1906), p. 77. Voir, plus bas, p. 166 ss.

franeaise,

XVI6

09:46:00 AM

siecle

78

V.

L.

SAULNIER

Manifeste neo-latin, autant que livre de circonstances,


le Recueil de 1536 est aussi le fruit d'une manoeuvre
politique.
On sait les tribulations que plusieurs de ces huma
? une forme d'evangelisme
et sur
nistes, sympathiques
tout repugnant ? certaines routines, avaient subies ou
redouter de la vigilance des autorites tradi
pouvaient
le Dauphin,
tionnelles. Apres tout, le jour ou meurt
deux ans ne se sont pas ecoules depuis la fameuse Affaire

des Placards,
Dolet, dans
qui emut tant Phumanisme.
a
fait
les Orationes duae in Tholosam
le
proces des
(1534),
dont
les
de
1533
sentaient
persecuteurs. Bourbon,
Nugae
?
fois
de
de
le
Gerard
d'une
Roussel,
fagot
eloge
plus
Michel d'Arande
; satire contre les moines goulus ; cri
?
syllogismos arte contor
tique de la scolastique avec ses
tos ? ; developpement
de themes presque lutheriens ?
a fait connaissance avec la prison, d'ou le Roi lui-m6me
a seul pu le tirer, il n'y a guere plus de deux ans : ? la
suite de quoi il a cru devoir changer d'air. Certes, en
ne semblent pas jouer la pru
1536, les humanistes
dence : dans les Epigrammes
que publie cette annee-la
de Gerard
Jean Visagier, Peloge de Lefevre d'Etaples,
de Briand Vallee,
alterne avec la satire des
Roussel,
et les avertissements
? Beda 1. Mais,
moines
mauvais
n'est-ce pas une raison de plus, pour notre colonie neo
latine, de prendre une assurance sur la benignite royale

(puisque le Roi est leur seul et veritable appui), des que


: il ne s'agis
s'en presente ? Entendons-nous
Poccasion
en
mort
du
la
sait pas seulement,
Dauphin,
pleurant
de faire sa cour en flattant Porgueil du souverain, comme
latin Au Lecteur. II s'agissait
Pindique PAvertissement
dont on profiterait sans
de donner ? cette occasion,
une
eclatante
de loyalisme,
Pavoir
cherchee,
marque
de patriotisme, qui dementit ceux qui taxeraient encore
et de subver
d'etre un ferment d'anarchie
Phumanisme
sur
le plan de la
sive ardeur. II s'agissait de marquer,
vie politique, un respect civique de la tradition, cette
1

L.

Febvre,

op.

cit.t pp.

41-42

et 36-37.

09:46:00 AM

LA MORT DU DAUPHIN FRANCOIS (1536)

79

tradition k laquelle Dolet, Visagier et d'autres se pro


clamaient
attachesx, mais un peu dans le vide, tant
de la manifester avec eclat k
occasion
manquait
qu'une
chretienne ne tient gu&re
L'idee
d'un
fait
precis.
propos
de place dans le Recueil de 1536, alors qu'on pouvait
et ornements faciles en une
en tirer des developpements
teile occasion : est-ce un hasard, ou ce trait ne souligne
6tre bon
t-il pas un souci d'affirmer que Ton pouvait
sans
du
Roi
s'interdire
de criti
et
fidele
sujet
citoyen
les abus de l'Eglise ?
fait, trois themes surtout ont servi ? la meditation
la mort a permis
des poetes. Le bonheur divin auquel
est encore celui
le
Paradis
au Dauphin
d'acceder
(mais
de Jupiter) :

quer
De

deorum
coelum inuidea^s nato Francisce,
Iam socio : coeli regia tota tua est.
Cum Ioue dispensat foelix nunc fata : sororum,
Atque auiae, et matris gaudet inesse sinu 2.
:
Indigetes sie quinque deos tibi fata dederunt
sextus
eris
uitae
3.
dulcia9
Tempora post

Ne

innocence de la victime opposee k la


Puis, l'adorable
nos
sceleratesse du coupable
(car, bien entendu, tous
:
officielle
rempoisonnement
poetes suivent la version
? Pinstigation de Leyva)
;
par Montecuculli
4
bisdenos spes regni impleuerat annos
Quando ego priuato publica fata lui.
luit: neque enim sors publica quiuit
Haec quoque Laeua
Vel peiore lui, vel meliore anima 5.
Vix mihi

1
Ibid., pp. 36 et 51.
2 Louise
et Charlotte
et Claude
de France,
de Savoie
Louise
de France
; cf. Appendice.
8 Piece
? Francois
21 (Lateranus
Ier.
?). S'adresse
4 Le
? peine
il mourut.
avait
18 ans et demi quand
Dauphin
annos?
Cf. ? et iam attingentem
17,
uiginti
(Piece
plus minus
? Senserat
in quartum
sibi amicam
Pallada
lustrum ?
F. Piochet).
?
?
Lustris
si quattuor
(Piece 23, G. Ducher).
egi
(Piece 30, Caegilus
?
? Sur les
vingt ans
Eluamus).
(Piece 42, Clement Marot).

6 Piece 6
(Appianus).

09:46:00 AM

80

v.

l.

saulnier

Enfin, l'eminent service rendu par le Dauphin,


qui
mourut seule victime des tenebreux projets de l'Empe
reur, les revelant ainsi, en sauvant le Roi et sa famille
contre eux :
des memes
emb?ches preparees
Ut seruat periens mediis Palinurus
Morte sua Aenean, Dardaniasque
seruatur Gallia
Sic, puto, Delphini

in undis
rates :
casu :

auidis manibus
Caesaris
Eque
eripitur.
Unum pro multis caput abripuere Sorores :
Mors huius facta est publica, et una salus

chretiennes.
guere le ton des consolations
le
Salmon
Macrin
lui-m?me
curieux,
tres-pieux
sa
assez
ici
dose
de
regret et d'ana
prodigue
laiquement

Ce
Fait

n'est

theme.

IX.

Les

collaborateurs

du

recueil.

la liste des collaborateurs,


pour t?cher de
Reprenons
donner un visape ? l'equipe. Mettons en tete les homines
le dauphin meurt, a
de cour. Clement Marot, quand
en
ans
est
il
exil
?
d'o? il medite un
;
Venise,
quarante
retour en grace qu'il prepare par des epitres ? la Cour 2 :
au dauphin Frangois ; c'est sans
au roi, ? Marguerite,
nul doute dans le meme plan que rentre Telaboration
et peut-etre son atten
de la piece qu'il donne au Recueil;

tion fit-elle quelque


chose pour lui faire obtenir Tindult
qui lui permit de rentrer en France ? la fin de la m?me
annee. Meilin
a quarante-neuf
ans
:
de Saint-Gelais
cour
de
futur
homme
le
aum?nier
du
que
plus
d'eglise,

II, fait ici, comme toujours,


Dauphin,
qui sera Henri
son metier d'agreable
poete de circonstances 8. Antoine
du Moulin, au contraire, en est presque ? son coup d'es
sai : il a environ vingt-six ans, est passe par Toulouse,
1
Piece
26 (Jean Guttanus).
a
Cf. H. Guy, CUment Marot
8 Cf.
P.-A. Becker,
Mellin

et son ecole, 1926, pp.


de Saint-Gelais,
Wien,

237 sqq.
1924.

09:46:00 AM

LA MORT DU DAUPHIN FRANCOIS


il a pu

81

(1536)

Dolet et Visagier, et, presente ?


va
de
Navarre,
peut-etre par Boyssone,
Marguerite
annee
devenir son valet de chambre en cette m?me
Tous les autres ont des attaches lyonnaises pre
1536
loudunais, Salmon Macrin,
cises, si Ton excepte FHorace
ans pouvait passer pour un grand
qui ? quarante-six
maitre de la poesie neo-latine 2.
:
Des autres, se degagent quelques
figures connues
?tienne Dolet n'a que vingt-sept ans, il s'est etabli ?
Lyon en 1534 pour y rester jusqu'en 1545, date de sa
mort. Jean Visagier peut avoir environ trente-cinq ans
? Lyon, dans Tete de 1536. Nicolas
il debarque
quand
Bourbon a trente-trois ans, il arrive ? Lyon ? la fin de
o?

connaitre

environ
septembre 1536. Gilbert Ducher, d'Aigueperse,
du m?me ?ge, doit toucher Lyon vers la meme date 3.
Sceve est un Lyonnais
Maurice
; il frise la
authentique
trentaine, et ce n'est plus un debutant; des cette epoque :
sans compter sa decouverte de ce que Ton croyait ?tre
sa traduction de la Flamette de
le tombeau de Laure,
fait connaitre, et surtout son triomphe
Flores Favait
dans le tournoi des Blasons Anatomiques.
Son cousin,
Guillaume
Sceve, qui sera, en 1539, conseiller au Parle
ment de Chambery, et s'attirera une mechante
affaire
avec le procureur Tabouet,
est un ancien etudiant de
VUniversite de Padoue, qui chantait en latin ses amours
? Fannie
et Sylvie-fimilienne
; il est encore en 1536
le mecene du groupe, qu'il recoit ? diner chez lui, en des
repas

trop plantureux,

dit Bourbon

4. On

sait d'ailleurs

1
et Cheneviere,
Cf. Cartier
du Moulin,
Antoine
Rev.
d'hist.
litter., 1895 et 1896.
2
Cf. Murarasu,
op. cit., pp. 135-145.
8
au College
Ducher
fut professeur
de la Trinite.
Selon Breghot
du Lut, Nouveaux
et littiraires pour servir
melanges
biographiques
ne serait arrive ?
? Vhistoire de Lyon,
Ducher
pp. 277-280,
Lyon
1538 et n'aurait
les
qu'en
pas pris sa chaire avant cette date. Mais
en
de Ducher,
? Lyon
indi
1538, semblent
Epigrammes
publiees
nette
avec
familiarite
les Lyonnais.
dut
Ducher
quer une
dej?
toucher Lyon
de la Trinite, MUe G. Bra
plus t?t. Sur le College
sart vient de soutenir une these ? TEcole
des Chartes,
cf. Positions
des theses de la promotion
1944. Sur Ducher,
voir aussi Buisson,
Sibastien
Castellion,
p. 32.
4 Sur
La
cf. Fr. Mugnier,
Guillaume
vie et les poisies
Sceve,
6

09:46:00 AM

82

V.

L.

SAULNIER

que la famille des Sc&ve est Tune des families lyonnaises


les mieux representees dans les fastes consulates. Enfin,
et
de Montpellier
docteur en mSdecine
Jean Canappe,
menera
?
le
bon
de
combat
Lyon,
Chirurgie
professeur

du francais dans les sciences


Pusage
seulement ? partir de 1538 \
docteur en m?decine,
Pierre Ducastel
(Castellanus),
en
1531 Poraison doctorale de la Saint-Thomas
;
prononce
est
contre
mede
il remplace Rabelais
elu,
puis
Canappe,

pour introduire
:mais
m?dicales

de Lyon le 14 fevrier 1535 2. Benort


cin de FH?tel-Dieu
docteur es lois
Court, de Saint-Symphorien-le-Ch?teau,
et chevalier de Peglise de Lyon, a prononce en 1530
en
docteur
doctorale8.
Guillaume
Poraison
Mellier,

de Jean

de Boyssoni,

1538, VIII,

56.

Paris,

1897.

Bourbon,

Nugarum

1
de
cf. Brunot,
la
Histoire
Sur Canappe,
t. II, pp. 39-42.
ete directeur
II avait
du College
in Bibl.
J. Megret,
1530.
8 mars
1528 ? P?ques

libri VIII,

francaise,
langue
de la Trinite
du
et Ren,,
d'Hum.

IV (1944), pp. 121-122, suppose que c'est Du Choul qui mit en

et Rondelet.
dtre
devait
Sceve
Maurice
relations
Mais,
Canappe
en tete du Mouvement
communs.
II adresse,
aussi de leurs amis
un appel
en faveur
du
des muscles
Janot,
1541),
(Paris, Denys
il connut
certainement
? son ami Rondelet,
et, ? Lyon,
fran^ais
Sceve.
2 Sur
Le four et feste
cf. Georges
l'oraison
Tricou,
doctorale,
de Lyon,
stance du 29 juin 1926.
Academie
Saint Thomas Apostre,
?
? TH?tel-Dieu,
Sur sa nomination
Rabelais,
pour
remplacer
Bibl.
comm. de Lyon, BB
Archives
55, f? 16 et Baudier,
lyonn.,
et M. Ch. Perrat, qui m'ont
t. VII,
265. ?
Je remercie Mlle Brasart
les
identifica
donne
indications
pour
bibliographiques
plusieurs
tions qui suivent.
8
de Lyon,
de VEglise
Les
chevaliers
Cf. Jean Beyssac,
Lyon,
des bibliophiles
in-8?, p. 91. G. Tricou,
op. cit. Armorial
1925,
k son testa
Fils de Jean Court,
pp. 347-349.
legataire
lyonnais,

ment (13 dec. 1495), chevalier de TEglise du 3 ao?t 1540 au 21 nov.


en novembre
1559.
Benoit
Court mourut
1559 et eure de Coise,
sur son commentaire
se fonde surtout
des Arrets
Sa reputation
:Arresta
cum erudita explanatione,
amorum
d'amour
Lyon, Gryphe,

1533, 1538 et 1546. On a aussi de lui Enchiridion juris utriusque

Jean
libri XXX,
1547 ;Hortorum
J. Frellon,
terminorum,
Lyon,
? : on sait
de Teglise
de Tournes,
1561. Sur le titre de ? chevalier
4 custodes
32 chanoines,
le chapitre
(deux
que
comptait
lyonnais
et le tre
le sacristain
de Saint-Etienne
custodes
de Sainte-Croix,
un theologal,
12 puis 20 chapelains
de TEglise,
sorier), 7 chevaliers
perpetuels.

09:46:00 AM

LA MORT DU DAUPHIN FRANCOIS (1536)

83

droit et avoeat ? Lyon, a prononc6 lui aussi Foraison


doctorale de la Saint-Thomas \
Gagnius peut 6tre Jean de Gagny, docteur en th6o
et aum?nier de Francois Ier 2. Les autres
logie, conseiller
noms sont obscurs. Appian
6tait beau-pfere de Nicolas
a 6crit4. Guillaume
du
d'Ambroise 8. Jean Desgouttes

etait prfetre, et fut precepteur


de
(Lateranus)
ne
XVII
dit
de
On
Laval
5.
sait
Claude,
presque
Guy
rien de Francois Piochet6, ni de Claude Fournier, encore
que son patronyme soit repandu ? Lyon 7. Le nom de
sent Fetranger, Fanglais peut-?tre ?
Caegilus Eluamus
La plupart de ces gens etaient lies d'amitie : ils 6chan
gent 6pigrammes et pieces liminaires pour leurs livres.
et Appian,
Des Kens s'afFirment ainsi entre Bourbon
entre
et
Coste
Du
Ducher
;
Piochet,
Court, Desgouttes
Cost6

et Mellier
1

Cf. Du

; entre Dolet,

Verdier,

Biblioth.

Visagier
frang.

et Desgouttes,

Breghot

du

entre

Lut,

Bio

cf. G.

Tri

ou Catalogue des Lyonnais dignes de mSmoire,


graphie lyonnaise
?

en 1522,
Prononce
l'oraison
doctorale
1839, p. 187.
de jurisprudence.
cou, op. cit. II laisse des ouvrages

8 Le Recueil de 1536 donne :


Gagnius. Jean de Gagny ortho

son nom latin : Gagneius,


facon assez variee
Gagnaeus,
sans doute
II s'agit
du m6me
personnage.
Gagnaeius.
est un autcur
une version
qui 6crit en particulier
Gagny
pieux
:Psalmi
in lyricos versus,
des Psaumes
davidici
quinque
septuaginta
?
maintenant
Nous
la bonne
in-8?.
Paris,
qua
1547,
pensons
: Jean de Gannay.
de son nom doit Itre
graphie
8
une piece
les Nugse,
de Nicolas
Bourbon
dans
cf.
D'apres
t. IV, p. 76.
Rothschild,
Catalogue
4 Cf. Breghot
du Lut,
ou a
p. 90. Dit Guttanus
Catalogue,
et Passerose,
Ecrit Philandre
Jean de Tournes,
Gutta.
1544,
Lyon,
du Roland
in-8? ; une
traduetion
Furieux,
Sabon,
Lyon,
Sulpice
du Nombril
lui est dedie.
in-f?. Le Blason
1543,
8
: ? vir doctissimus,
recens
auetus
sacerdotio
Lateranus
?,
t. IV,
les Nugse
de Bourbon
; cf. Catalogue
Rothschild,
d'apres
Bourbon
1538, livre IV,
p. 78. Nicolas
parle de lui dans les Nugse,
piece 67, Ad Rabelsesum.
6
t. IV, p. 80.
Cf. Bourbon,
; Catalogue
Rothschild,
Nugse
7
ami de Symphorien
Humbert
; son frere
Fournier,
Champier
au senat de Milan,
du Par
conseiller
Hugues,
premier
president
en 1525 ; Barthelemi
mort
avocat
de Dijon,
lement
Fournier,
:
dans
moitie
de la senechaussee
de Lyon
la deuxieme
du siecle
du Lut, Biographie
cit. Un
cf. Breghot
Francois
op.
lyonnaise,
au College de la Trinke
Fournier
loue une maison
pour le logement
graphic
Ganeius,

de

des professeurs (Arch,munieip. de Lyon, CC 833, piece 5 ; 21 jan


vier 1533).

09:46:00 AM

84

V.

L.

SAULNIER

entre Visagier et Guillaume Sceve *.


Court et Desgouttes,
sans
On pourra
doute allonger la liste. La conclusion
: le recueil de 1536 est une
s'impose des maintenant
manifestation
lyonnaise, et de gens qui
specifiquement
et s'epuisent en cour
s'entendent, qui s'entresaluent,
bettes reciproques.
Que cette equipe ait ete formee par Dolet,
qui sus
un signe eclatant
nous
l'in
cita les collaborations,
: c'est que
des poetes
la plupart
latins du
dique
Recueil ne lui donnent que quelques
vers, et ne reci
diveront pas en poesie latine : plusieurs m&me ne sem

Et
plus avoir ecrit du tout apres le Tombeau.
son livre Failure d'un
qu'enfin Dolet ait voulu donner ?
manifeste neo-latin, ce n'est pas la presence de Dolet
: outre qu'ils
et de Canappe
qui permettra de le nier
sont seuls ? avoir combattu pour le frangais (Maurice
Sceve lui-meme fera encore des vers latins), ils n'enta
meront ce combat que plus tard.
blent

au dessein politique,
il eclate aux yeux si Ton
en
les
du recueil. D'un
collaborateurs
groupes
repartit
:
chose ? se faire pardonner
cote, ceux qui ont quelque
sans
et
surtout
; Bourbon, Dolet
Marot,
Visagier, qui,
sentir exactement
le fagot, ne sentent pas l'eau benite.
Mais, face ? eux, des representants de toutes les puis
sances d'ordre, toutes les sortes de personnages
consi
:
avec Du Coste, Benoit Court, Jean
derables
l'figlise,
de Gagny, et le pieux Salmon Macrin ; la Cour, avec
: le milieu
Saint-Gelais
; et les puissances
lyonnaises
Quant

1 Bourbon
:
et Guillaume
Piochet
Du
Coste,
Sceve,
Appian,
? Court, Mellier,
cf. Nugse,
1538 ; pieces
citees. ?
Ducher
dej?
?
:
1538, pp. 110, 141, 143, 159, etc.
Desgouttes
Epigrammes,
en tete des Arresta
avec
de Desgouttes
Une
commentaire
piece
?
de Court,
Pieces
de Visagier
concernant
1566.
Desgouttes,
226
Guillaume
; concernant
p.
Sceve, Epigrammatum
Epigrammes,
un
concernant
libri IV,
f?
256
;
90, 117, 197,
1537,
Barthelemy
du Castel
de Pierre Du
de Nice,
peut-etre
parent
(Castellanus),
: dedicace
livre d'Etrennes
Castel
in Inscriptionum
d'un
libri II,
?
de Dolet
Pieces
libri IV, Paris,
1538, in-16.
Hendecasyllabarum
: Carmina,
concernant
Guillaume
p. 29 ; concernant
Desgouttes
?
: epitre
du De
1535.
liminaire
imitatione
Sceve
ciceroniana,
a Benoit
et ? Guil
encore pieces de Claude
Rousselet
Court
Voir
in Epigrammata,
etc.
laume
Sceve
1537,
Lyon,

09:46:00 AM

LA MORT DU DAUPHIN FRANCOIS (1536)

85

du consulat, avec les Sceve ; le milieu du College de la


; le Palais, avec Mellier ; l'H?tel
Trinke, avec Canappe
avec Du Castel. Dolet
Dieu,
prenait des assurances,
cherchait, sinon des patronages, du moins des attaches
sous son enseigne. Ce
utiles, et des robes rassurantes
bain de civilite politique ferait deteindre la tache d'esprit
subversif qui pouvait rester sur deux ou trois des con
freres.

ficrit pour deplorer le trepas de Penfant royal et


le Recueil
de 1536
invectiver contre Pempoisonneur,
rev&le, au total, un double dessein plus profond et sin
: celui de publier un
episodique
gulierement moins
monument d'art neo-latin qui affirme une ecole, et celui
de loyalisme tradi
de donner un temoignage marquant
tionnel. Et ici comme l?, s'aperQoit l'activite de chef
ne dise pas : m&me si ce
deployee par Dolet. Qu'on
auraient
double
dessein
etait controuve, nos poetes

tout simple
tout de m?me chante la mort du Dauphin,
et qu'il etait mort.
ment parce que c'etait le Dauphin,
de ce
de la collaboration
examine Pimportance
Qu'on
habituels, et sa nature
recueil, en face des Tombeaux
en somme homogene, mis k part quelque poete officiel
on ne pouvait
exclure. Qu'on
que, de toute maniere,
essaie de revivre l'etat d'esprit de ces humanistes, tres
encore tres
eloquents, tres paresseux, et ? tout prendre
obscurs pour la plupart ? la date de 1536 ; et tres sou
cieux aussi de defendre leur independance
toujours
plus ou moins sous menace de Sorbonne. Qu'on repense
? Dolet derriere tout cela, et k son besoin de se depenser.
Le petit livre de 1536 y acquiert un singulier relief.
C'est pour plus d'un motif que la deploration du defunt
la
representait, pour les savants du bord du Rhone,
? sc&ne k faire ?.
ete dej? le lustre de Lyon, la date de
Quel qu'e?t
annees
et
immediatement limitrophes marquent
les
1536
un tournant de sa Renaissance.
Un regain de fecondite
et de luxe, d'activite heureuse. C'est de cette date, et
l'eveil de la Pleiade,
que la ville va connaitre
jusqu'?
ses plus belles annees de pensee et de livres. Et de cette

09:46:00 AM

86

V.

L.

SAULNIER

gloire ? Papogee, Dolet nous semble avoir ete Pinsti


flamme ?
enthou
gateur et le ferment. Avec quelle
sont
les
deux
siasme et mauvaise
humeur,
toujours
il dut, lui qui ne touchait pas ? la
m?les chez Dolet ?
trentaine, secouer et harceler la plume de ces erudits
de dix ou vingt ans. Decidement,
qui le depassaient
?
et ce n'est pas peu
Dolet vaut mieux que son ceuvre
dire. Un jour, il faudra faire de cet eveilleur d'esprits
Tune des quatre ou cinq figures de proue de toute notre
Renaissance.

X.

La

de

contribution

Dolet.

avait donne au livre quatre pieces dont les trois


du r?le qu'il
premieres ouvrent le recueil. L'importance
en
les pieces
du
reunissant
Pelaboration
dans
livre,
joua
une
mais aussi en les commandant
pour
part, donne ?
sa contribution une importance particuliere.
Ce r?le,
au demeurant, est bien revele par Pepitre liminaire ? Aux
Poetes Frangais
?, qui definit en outre la plupart des
les autres poetes.
themes qu'exploiteront
Dolet

Ad Poetas Gallicos
de obitu, et nomine Francisci Valesii Galliae Delphini
celebrando \
quid uestro grauius, quid carmine uestro
quam Heroum ornetis nomina ? sed quis
Nobilius,
uel
Nomine,
jama uiuaci dignior Heros,
Quam qui (pro nimis ante diem) modo funere acerbo
Praereptus, rediit sublimia ad astra Tonantis ?
Carmine

Unde (datus Regi Francisco filius) imas

in Terras, Coeli certissima proles,


ornatus dignis Virtutibus ortu
et
Coelesti,
prima spirans aetate uerendum
Diuorum
genus, ac uerum Iouis incrementum.
Venerat

Omnibus

1
1. Reproduit
Piece
par Dolet
Aurelii
Carminum
libri quatuor,
7.
piece

dans
Lyon,

ses

Galli
Doleti
Stephani
livre
in-4?,
IV,
1538,

09:46:00 AM

LA MORT DU DAUPHIN FRANCOIS (1536)

87

At Coelum ante diem repetiuit : et ante, potentes


Quam regeret Gallos aequis sub legibus : Orbi
Spe solum ostensa, qualis, quantusque fuisset x,
tanto.
Non largitus, quae speres a Numine

Quid facias?Mors id uetuit,


Gallisque sinistra
2
: nec ad

laetos uoluere

adolescere fructus
Terraeque Monarcham,
Speratum, optatumque Maris,
Tandem aliquando Hispanis
cristis iura daturum 3.
Sed minus hanc ob rem uestris, nostrisque micabit
Carminibus ? quin iure habeat praeconia
iusta
tarn celsi animi, imperiique futuri 4.
Promissi
Scribite, quam Romanae gentes, quam quoque Graiae,
Quam Siculae, Illiricaeque Orae, quam denique uastus
Orbis, spem amisit Rectoris, morte nefanda

Fata

Cum

optati spes unica Terris.

occidit Imperii

Eiusdem

Epitaphium5.

Mihi non in primoribuslabrisysed in intimisfaucibus

erat re omni potentissimum regnum : spe iam uoratum e


faucibus mors inuida eripuit. Et tu uel uitae, uel fortunae

fidis??

Eiusdem

7.

Orbis uidendi causa in Orbem ueneram :


Sed continuo Terrestrium affectus graui
1
: ? ostendent
tan tum fata, neque
terris hunc
ultra
Virgile
|
Esse
sinent? Eneide,
869-870.
Cf. Saint-Gelais,
?La
VI,
piece 40:
nous
enuieuse
fatale
donna
con
seulement
ordonnance,
[ Qui
si grand bien, et puis
l'osta du monde
?.
D'ung
gnoissance
? Cf. ? non| uoluere
Dei
aussi
de
?, piece 30, Rappelle
l'?pisode
chez Virgile.
Marcellus
8
Cf. Virgile,
loc. ciU, v. 870-881.
Cf. ? De
paour
qu'estant
a la
la France
ronde ?
nous,
auecques
| Ne donnast
loy
fabricque

(Saint-Gelais, piece 40) ; ? Ce Daulphin dy, qui par terre, et par

mer,

| Fustes,

et

piece 42).

gens

4 ? Nulla
o
tuum,
: si
bunt
quid carmina

eust

prins

plaisir

d'armer

?, etc.

nomen
iuuenum
secula
clarissime,
?
nostra ualent
(Bourbon,
piece 18).

(Marot,
JDele

Recueil, piece 2 ; reproduit dans les Carminum libri IV apres


la piece 7 du livre IV.
1

Cf. M.

Sceve,

piece

: ?

Quid

inani

fidimus

umbrae

?.

Recueil, piece 3 ; Carminum libri IV, livre IV, piece 8.

09:46:00 AM

88

V.

L.

SAULNIER

nec nactus, aut sper ans, postea


Fastidio,
me
gererem dignum, Coeli Indigetes cupide
Quod
Coeli Indiges reuisi : et ago nunc cum paribus 1.
In ueneficum Italum,
ueneno
extinxit2.
Delphinum
qui
Noras uenenum, sed ueneni ignorabas
Usum quidem rectum : uenenosis nempe
Est pestibus dandum uenum (ut tu prorsus

Pestis uenenosae fuisti ingens pixis)


Non
innocenti corpori, Regis proli
Sacrae. Ergo ulinam nosses ueneni usum rectum,
Et sustulisses e medio temature,
uenenis omnibus dignam, et furcis.
Luceret in Terris adhuc Terrae Lumen
Tuo ueneno praepropere extinctum : et Coruos

Pestem

iandiu, Mus

Tu

XI.

La

casque pauisses

contribution

de

putris 3.

Salmon

Macrin.

en 1490, Salmon Meigret, dit Macrin,


Ne k Loudun
devait 6tre, k l'epoque, Tun des doyens du groupe neo
latin. II n'avait encore, ? quarante-six
ans, publie que
au
Tombeau
II
choses
contribua
de
4.
par une ode.
peu
cuius

In Antonium Laeuam,
ueneno extinctus est. 6
hortatu Delphinus

Ecquis Antoni scelerata Laeuae


Ausa promenti mihi, det reuinctum
1 Cf. ?Deos adii ?
?
?
?
(piece 7) ; coelum adii (piece 12) ; in ccelis
?

Comparer

: ? parte

quidem

uiuit

iam meliore

(piece 27).
sui ? (piece 19) ; ?Delphinus moriens uita meliore potitur ? (piece
?
?
25)2 ; II ? tropmieulx que ce qu'il attendoit (piece 42).

uiu(it)

libri quatuor,
34 ; Carminum
Piece
IV, 9.
8 Necessite
le
trouvaille
contournee,
par quelque
d'enjoliver,
de
: cf. la
latine
theme
de rempoisonnement
piece
premiere
M. Sceve.
?
4 Carminum
libri quatuor,
Carminum
1528 ;
libellus, Paris,
?
1531. Murarasu,
libri duo, Paris,
1530 ;
op.
Lyricorum
Paris,
cit, p. 135, n. 1.
5
ses Salmonii
dans
16. Reproduit
par Macrin
Recueil,
piece

09:46:00 AM

LA MORT DU DAUPHIN

89

FRANCOIS (1536)

Aere pulmonem triplici*, seuerae


Vocis et usum ?
2
laniena matris,
Quippe nec Colchae
Nec Thyestaeae fera mensa coenae,
Quaeque Ithym ignaro posuit tnarito
Attis edendum :
Plus
Et

cothurnatis meruere chartis


graui dici Sophoclis boatu>

Quam

trucis Laeuae
facinus, datumque
uenenum 3.
Fraude

Hei quod in talimihi nuncpiaclo

Debiti planctus, sat et apta desunt


Verba ? 4 \quod tantum mea ferre pondus
Barbitos horret?

Non

enim inuoluat taciturna Lethe


Exitum
indignum, miserosque casus
Sed tua seri quoque lachrymarent
Morte
nepotes5

Innocens eheu iuuenis : superbo


Ilio priscis et abusque Teucris
soboles potentis
Ducte, Francisci
Maxima

natu.

Macrini
Iuliodunen.
cubicularii
libri sex, Paris,
Regii, Hymnorum
Robert
Estienne,
1537, in-8? : livre VI, piece 21.
1
Comme
Macrin
: ? Illi robur
d'Horace
d'habitude,
s'inspire
et aes
Circa pectus
erat... ? Odes, 1,3,
9-10. De
la mime
triplex
|
au
ode
de Virgile
Vaisseau
dans
24
la piece
s'inspire
Canappe,
? nil intentatum
? audax
du Recueil:
omnia
?, cf. Horace
linquens
? et ? nil mortalibus
ardui est ?; l'expres
perpeti
| Gens humana
sion mime
est prise au meme
Art Po&tique,
285.
Horace,
*
Medee.
8
Cf. piece 23 ? occulti
tabe ueneni
obiit ?.
4
: ? le
Theme
?. C'est Tun des motifs
le disant
sujet surmonte
favoris des Grands
Rhetoriqueurs.
*
me
?
Cf. ? Cunctaque
et aetas
sors, sexus,
sequitur
lachrymis

(piece 5) ; ?Te populus, te flent flumina,stagna, lacus ? (piece 18) ;

flet iure pater


; qui
Ergo pius
saxa
nes, sed sunt saxea
magis

haec
funera
?
(piece 20).

non

flent,

| Non

homi

09:46:00 AM

90

V.

L.

SAULNIER

Profuit quid te ditione tanta, et


Regiis natalibus exoriri ?
Proximum haeredem quid et esse regni

Profuit ampli ?

Quid iuuant candor, facilesque mores \


Floridum
augustae decus et iuuentae ?
Quid fauor quo te tua prosecuta est
Gallia

semper P

Toxici cuncta haec nihil obstiterunt


Quo minus tetro perimaris haustu,

Et codas diri teneris in annis


Hostia

Laeuae.

Tine crudeli iacuisse letho,


et impuri decuit latronis ?
Fraude
Tine speratum diadema Franci

Linquere regni?

Tu decus nuper patriae ac tuorum,


Grata spes Regis genitoris idem,
Nunc dolor flagrans, et acerba iustae
Causa
querelae.
6 truculente poenam
Quam tibi Laeua
Imprecer? merces erit apta quaenam
Noxio P quae uel scelus expiabit

Vltio tantumP

Sisyphus saxo posito quiescat2,


Nec rotae Ixion agitetur orbe,
saeuae laticum capaces
Expleant
Belides urnas :

1
le Dauphin
? ses freres,
etait
d'un
naturel
Contrairement
? froid,
et pose
de Brant?me,
Grands
?, au temoignage
tempert
loc. eil.
francois,
capitaines
Cette
des grands
Damnes
peut
galerie
classiques
s'inspirer

de Lucrece, III, 991 sqq.

09:46:00 AM

LA MORT DU DAUPHIN FRANQOIS


(1536)

Et sitim seiet fluuiopropinquo

Tantalus, nec sint fugitiua poma


Nec iecur rostro Tityi retundat
Vultur edaci :

91

Dummodo

angorum cruciatuumque1
in
Quicquid
fundo est Barathri aestuoso
Ferre cogaris, uaeet et tibi omnis
Eumenis

uni.

libri sex, parus l'annee suivante


Dans ses Hymnorum
? Paris, Macrin consacre au mfeme thfeme d'autres vers :
In parricidam

qui Delphinum

ueneno sustulit2.

Crudele est male mortuis precari,


Et iam compositos eiere manes :
Efflata, ac simul ut soluta uita est.

Ast illud facinus tarnen patrasti


tanto
Funestissime
parricida,

Et teflagitioperinquinasti,

Dum Regis sobolem necas ueneno


Insontem penitusque et immerentem :
ut modestiaeque
Mansuetudinis
Fines
transgredier pium sit ipsos,
Et diras capiti tuo imprecari

Orcum apud sine fine saeuientes.


Nam quanquam (ut meritus) citis quadrigis
In diuersa trahentibus nocentem,
laniatus interisti :
Membratim
nemo adeo tarnen bonusque
Mitis
dandae ueniae paratus, huius
Qui noxae grauitate ponderata,
Noxae
inquam horribilis nefariseque,
tecum ilico perseuerat actum
Non
Aut

Clementer nimis, atque dissolute.


Quod certus nisi et eruditus essem

1 ? inuidiam cruce
dignam ? (piece 23).
a
1.VI, piece 16, p. 205.
libri
sex,
Hymnorum

09:46:00 AM

92

v.

l.

saulnier

Diuino

ordine, prouidentiaque
Arcana, fieri orbe cuncta toto :
Sexcentos caput in tuum uibrarem,
Immite heu caput, horridos iambos,
Et te atrocibus usque et usque diris
Lethen

persequerer uel ad nigrantem,


Impurae neque parceretur umbrae,
Quando uno interimis tot interempto.

II n'y a pas trop lieu de regretter que Macrin n'ait


pas ecrit les ? six cents ? lambes farouches dont il nous
on ne remar
autant que Montecuculli.
Mais
menacait
sans
curiosite que le plus devot des Neo
quera pas
le plus courtisan.
latins est ici celui qui s'est montre
ehretienne ne l'inspire guere, et, de toute Paven
L'idee
contenait de moins
ture, il n'a retenu que ce qu'elle
? coup s?r, la culpabilite pretendue de PEs
poetique
ou au
pagnol. A la tendresse
qui s'offrait,
pathetique
a
la
il pr6fere
facilite de Pinvective.

XII.

La

contribution

latine

de Maurice

Sceve.

La contribution la plus imposante est celle de Mau


rice Sceve
C'est egalement celle qui offre le plus d'in
? evoquer sans lourdeur ni ernpate
Padresse
t6r^t, par
ment des souvenirs classiques, Part de ne pas se refuser
au
d'une grande idee morale, la variete
developpement
des motifs choisis, d'un poeme ? Pautre ; presque tou
et parfois le souffle
jours, la concision et Pelegance,
sa
II
affirmait
ici
maitrise
latine. Pour aujour
poetique.
nous
nous
contentons
cette contribution
de
citer
d'hui,
latine, pour qu'on

en juge.

? quid inani fidimusumbrae?


Quid uitae hseremus
Inuiti

291

in mortem, summamque

vers

sur 811

; 8 pieces

sur un

illabimur horam
total

de 47.

09:46:00 AM

LA MORT DU DAUPHIN FRANQOIS (1536)

93

se fato eximat. Ecce,


quisquam est hominum, qui
in annos
nondum
adoleueram
primos
Ipse decem
libertate
parentis,
Quum, fratre adiuncto, pro
Et patriae, Hispanas
egi procul actus in oras :
Et longo exilio didici, multoque labore 2,
Optatam toto pacem componere mundo 8.
Unde (citra inuidiam fas sit mihi dicere uerum)
Fama mei in uastum late se effuderat orbem,
Fama quidem, quae me demum inuida proderet orco 4.
Ut iam Lugdunum, Cuculi cui a uertice nomen 5,
Italus appulerat non in me, credo, paratus,
Miratus
potius iuuenili in corpore tantam
Uirtutem, quae totum hominemque, uirumque deceret*,
Crediderat demens me diu?m e semine natum7.
Nec

Sed quem nec ferro, nec flamma, aut uiribus ullis


Ulla manus poterat mortali abducere leto,
1 Le

Dauphin avait ? peine huit ans quand le traite de Madrid

en Espagne.
pour
otage
1526)
l'envoya
est seul ? exploiter
le theme de
en
la captivite
Sceve
? dura
?
ans
: les enfants
Le
quatre
royaux
long exil
Espagne.
le Ier juillet
1530. Cf. F. DeCrue,
la France
Anne
regagnerent
? la cour de Frangois
de Montmorency
Ier, p. 160. C'est a ce fait,
(janvier
?
M.

plut?t qu'? la legende du Dauphin sauvant le Roi

lui-meme de

la piece
30 : ? Sceptra
que fait allusion
Fempoisonnement,
patri
?
retuli.
8 Le
et
du
theme de la delivrance
celui de la paix
dauphin
revenue
ete confondus
des Fevenement.
II s'agit
avaient
de la
le 3 ao?t
1529. Cf. G. Cretin,
?
signee
paix des Dames,
Epttre
in (Euvres
Charbonnier,
p. p. K. Chesney,
1932,
Paris,
poitiques,
287-288
Presentation
de messeigneurs
les enfants
; La
in-8?, pp.
t. V, p. 85) par Nicolas
1530
de France,
(Recueil
Montaiglon,
et delivrance
La prinse
du rot/... et recouvre
Hauville
;Moreau,
et Danjou,
in Cimber
ment de M.
le Dauphin,
Archives
Curieuses,
pe s., t. II, pp. 255-451.
Etc.

4 Theme de la Jalousie : cf. ?Hostili cedens inuidiae ?


(piece 31) ;

?
au plus
fatale enuieuse
ordonnance
(piece 40) ; et surtout,
ses vertus
: ?mais
enuie ? (piece 42).
de Sceve
luy causerent
avec
sur Cuculus,
le
Evidemment
Montecuculli,
jeu de mots
coucou.
le nom de Cucullus,
La piece 24 donne aussi
mais
la cin
est seule a exploiter
le theme.
quieme
piece de Sceve
6 Du
? estant en ses
du Dauphin
dit de meme
jeunes ans
Beilay
vertus
de
eust
telles
un autre
qu'en
ja homme
emply
parfaict
ce qu'en
este appelle
commencement
cy estoit
cestuy
perfection
?
de plus grande
valeur.
Sd. cit.,. Ill, 218).
(Mimoires,
'
?
Cf. ? coeli certissima
proles
(Dolet, piece 1).
? la

pres
6

09:46:00 AM

94

V.

L.

SAULNIER

immortalem ut me iam exploraret, amarum


Appositis uirus (pro) furtim immiscuit undis1.
At postquam intus a gens, ebulliit acre uenenum
Et frigescentes paulatim serpsit in artus 2,
Occubui tandem regni spes alta futuri 3.
Spes inquam (haud adeo est Gallis auersa de?m mens)
Non frustrata suos. Nam patre superstite regno 6,
Ergo

geminos liqui fratres, totidemque sorores 6,


Imperio quorum Galli ad meliora uocantur 7.
Quid te alio, lector, properantem demoror ultra ?
I, memor, in multum longe felicior aeuum 8.

Et

II
uectus plectro indulgebat Arion,
Ridebatque hiemes per freta totus ouans.
At Delphinus
obit, miseri plorate poetae,
Non est qui e medio gurgite uos rapiat9.

Delphino

1
: At
tantum
in facinus
ilia utitur
solitis
armis
Cf. ? Nec
|
?
: ? Ecce
uene
in potum
toxica miscit
aquae
(piece 19)
gelidae
Pro ferro, atque
saeua
colubris
dolis toxica
natis armata Megera
|
?
?
?
escas miscere
mortificis
uenenis
(piece 24) ;
Coepit
parat.

38).
(piece
?

? Tenero
: demum
ut sensit
sub corde aconitum
| Laetiferum
ut ipsae
sub sole niues
in montibus
Ardenti
altis : I
tabescit,
|
extremo
animam
fundit ? (piece 38).
Languentemque
spiramine
8 Cf.
? habeat
futuri ? ; ? occidit
praBconia...
imperii
imperii
1 (ou le spes unica
terris ?, piece
spes unica
peut Itre ins
optati
o crux ave spes
; cf. encore
chretienne,
unica)
pire de la devise
? estant
? l'attente
si florissant
d'un
de
royaume,
Texpectation
la grandeur
d'un
?, Du
royaume
Bellay,
luy surmontoit
desja
loc. cit., p. 218.
MSmoues,
4 Cf. ? Gallis
la lre piece de Dolet.
sinistra
fata ? dans

6 ?
Sceptra patri retuli, dimisi fratribus : hac me |Bis regem

sat est ? ? (Piece 30).


factum nun ratione
8 ? Te
?
sorores...
fratres, geminaBque
pater, et gemini
(piece 18) ;
et Marguerite
: cf. infra,
et Charles,
Madeleine
? savoir Henri
ice.
Append
7 ?
? : c'est
? inciter a mieux
?
uocare
Ad meliora
dej? la formule
? ? tous biens
usera dans Microcosme.
Elle
le
dont Sceve
rappelle
? de Jean
esmouvoir
de Beiges,
Lemaire
ed. Stecher,
CEuvres,
79.
III,
8
4 du RecueiL
Piece
9
est seul ? developper
le theme d'Arion.
Piece
28. Sceve
II le
ce titre.
fait plus
dans
francaise
largement
l'eglogue
qui porte

09:46:00 AM

LA MORT DU DAUPHIN FRANCOIS


(1536)

95

III
Qui patrem, ac patriam iam nobis reddidit, idem
Morte sua patrem liberat, et patriam x.
IV
De

cometa nuper

in coelo Prouinciae

fulgente 2.

si latii renouata ad funera Iulli


Fulsit uel medio Candida Stella die,
Insolitumque suo miretur in axe cometam
qua quoque tuta sua est:
Gallia, Massilia
et ille
Ille ipse est noster nuper Delphinus,
Uenit ut et patri consulate et patriae,

Olim

Qu6 micat, et Gallis signum demonstrat, eundum est :


Nempe suae ultores mortis ad arma uocat.
V
teneros aliorum perdere foetus,
It Cuculus
sua
non nido collocet oua suo.
Ut
Non tarnen ipse tuis alium, at te perdis iniquum,
Ut merito Cuculi nomine dignus eras 8.

Tel est le prestige du genie que, ouvrant aujourd'hui


le vieux petit livre de 1536, on n'y voit volontiers que
1 Piece

en partant
a naguere
29. Le dauphin
libere son pere
le poison
la vie en buvant
; il lui sauve
pour
l'Espagne
? toute
la famille
de France.
Cf. ? Si tibi chare parens
?
me uiuo restituere
tibi chara parentem
Dei...
patriam,
JPatria,
?
:
occubuit
natus, pro stemmate
(piece 7) ; Pro patre
princeps
|
captif
destine

Ille simul uitam perdidit, atque dedit ?. (Piece 24).


8
Piece

33. A

la meme

comete

doit

faire allusion

Ducher

dans

la piece 38 : ? Et nos ante dies ita paucos uidimus ipsi | Fulgere

IQuum
insolito
nitidum
Cometem,
splendore
summi
urbem
ad
Massiliam
pastoris
| Tumque
? Le
alluit
theme
des presages
aequor.
classique
loppe par Bourbon,
piece 18.
8 Piece
sur cuculus
37. Jeu de mots
(coucou)

uolcam

glaucum
est aussi

Lycid?
late
deve

et Montecuculli.

09:46:00 AM

96

v.

l.

saulnier

l'ecrin assez pauvre oil sont gites des vers de celui qui
devait
s'affirmer peu plus lard comme un des plus
de toute notre poesie. Et, hors cela, un
poetes
grands
II nous a paru, au con
banal factum de circonstances.

traire, qu'il portait temoignage des espoirs et des fer


veurs de tout un cercle latin qui aurait pu faire mieux
que ce qu'il a produit ; vestige d'un rare moment de
entre ces Apollons
et jaloux,
concorde
susceptibles
voues jusque-l?
et ensuite ? l'insuffisance des ardeurs
La cause
separees, souvent aux petits calculs mesquins.
du latin poetique n'etait encore, en 1536, que compro
L'esprit vetilleux allait la perdre, au moins autant
de genie. Date capitale done dans l'his
que le manque
en France. Cette cause-l?,
toire du latinisme poetique
dans peu d'annees,
d'ailleurs,
pour sa gloire et notre
bonheur, Maurice Sceve allait la trahir.

mise.

Verdun

L.

Saulnier.

APPENDICE
La

Famille

de

France

contenues
eclairer un certain nombre d'allusions
du Dauphin,
il n'est pas inutile de
dans le Tombeau
faire le point de la famille de France en 1536. Le tableau
que nous allons donner renferme bien des choses con
il est bon de Favoir sous les yeux tel qu'il
nues, mais
est quand on lit le Recueil.
a eu de Charles de
Louise
de Savoie
(1476-1531)
en
comte
mort
Valois,
1496, deux enfants :
d'Angouleme,
la reine de Navarre
Marguerite
d'Angouleme,
(1492
1549) et Frangois Ier.
Frangois
Ier, ne ? Cognac le 12 septembre 1494, suc
Pour

cede comme roi de France ? Louis XII, mort le Ier jan


vier 1515, et il est sacre le 25 janvier 1515. II mourra ?
le 31 mars 1547. Le 18 mai 1514, il a epouse
Rambouillet

Claude de France

(1499-1524), fille de Louis XII

09:46:00 AM

LA MORT DU DAUPHIN FRANCOIS (1536)

97

et d'Anne de Bretagne
x, dont il a eu sept enfants :
1. Louise, morte en bas ?ge (1515-1517).
2. Charlotte
(1516-1524).
de Viennois et due de Bretagne,
3. Frangois, Dauphin
ne ? Amboise
le 28 fevrier 1518, mort ? Tournon
le

10 ao?t 1536.

4. Henri, qui sera Henri


II, alors Henri d'Orleans 2,
ne ? Saint-Germain-en-Laye
le 31 mars 1519, qui epouse
en 1536,
Catherine de Medicis
(1533), devient Dauphin
sera roi le 31 mars 1547, et mourra le 10 juillet 1559.
de France, nee le 10 ao?t 1520, epouse
5. Madeleine
de Paris, Jacques V
le 1er janvier 1537, ? Notre-Dame
roi d'ficosse, et meurt le 2 juillet 1537 3.
6. Charles, dit alors Charles d'Angoul?me,
puis due
:
ne
Henri
21 jan
d'Orleans
le
passe Dauphin
lorsque
vier 1522, mort de la peste le 8 septembre 1545 4.
de France, duchesse de Berry puis de
7. Marguerite
en 1559 Emmanuel
Savoie
(1523-1574) ; eile epouse

Philibert de Savoie ;meurt ? Turin le 18 septembre 1574.


Le second mariage de Frangois Ier a ete negocie par le

traitede Madrid (14 janvier 1526) et ratifiepar le traite


de Cambrai (3 ao?t 1529) ; il Funit ? Eleonore d'Au

triche, nee ? Louvain


(1498-1558), soeur ainee de Charles
veuve
et
du
roi
de
Quint
Portugal 5. Elle vint en France,
ramenant les Enfants royaux captifs en Espagne
(juin
eut lieu la meme annee, mais l'union
1530) ; le mariage
resta

sterile.

sur Madame
Claude
Cf. Querimonie
Montai
(1524), Recueil
sur Claude
t. XII,
ibid.,
p. 128 ; Deploration
(de France),
135.
sur Claude
Cf. Deploration
de France,
loc. cit., p. 140 : ? Noble
?
Orleans,
Daulphin,
Angolesme.
8
Cf. ses Epithalames
in Recueil
II, 25 (par Jean
Montaiglon,
sur son
de Branville)
Leblond
; IX, 184 ; une chanson
depart
vers
Chansons
E. Picot,
histor.
d'Hist.
l'Ecosse,
franc., in Rev.
de G. Corro
litter, de la France,
1896, p. 376 ; et la DSploration
zet sur sa mort, Ree. Montaiglon,
V, 234.
4 Cf.
Grands
Francois.
Brantome,
Capitaines
6 Elle
en 1519
mort
le roi Manuel
avait
de Portugal,
epouse
en 1521.
le Tombeau
Ier
voir
Sur toute
la famille,
de Francois
et de ses enfants, par Ronsard,
op. cit., IX, 8, 2-6.

glon,
XII,
2

09:46:00 AM

DOLET PROPAGATEUR DE L'EVANGILE1


?
que les boites des quais sont sans mystfere
Depuis
de nos villes pour per
il n'y a que les bibliotheques
mettre encore des trouvailles. Sachons gre ? M. Jacques
sur les rayons de
Megret d'avoir rencontre et identifie,
deux editions
de
la Bibliotheque
Toulouse,
municipale
Et
Dolet.
sachons gre
introuvables
d'fitienne
jusqu'iei
et Renaissance
? la Bibliotheque
d'avoir
d'Humanisme
2 le texte d'un de ces
ouvrages, partie integrante
publie
?
tous mal sentants de la Foi au gre
d'un lot de huit
des docteurs de Sorbonne, tous voues aux rigueurs des
Index, mais tous profondement, essentiellement chretiens.
Or, ces ouvrages pieux, ils sortirent en 1542 des presses
estam
legendaire, d?ment
lyonnaises d'un mecreant
ses
soins
de
doloire
la
hache
la
symbolique,
pilles par
de tonnelier qui redresse les tors, sinon les torts : Sca
bra
dolo 3. Symbolique
cette
aussi pour Rabelais,
?
le symbole differait. Le jour qu'il
mais
doloire
fit,
au chapitre xxx du Quart livre, l'anatomie
de Qua
resme Prenant, Me Alcofribas, apres qu'il eut presente
1 La
de mes
Sciences

a alimente,
cet hiver,
de cet article
substance
plusieurs
? l'Ecole
section
des
des Hautes
conferences
Etudes,
ce
a peut-etre,
:
d'un
d'o?
peu
parfois,
Religieuses
qu'il
?
au moment
de le livrer
d'autre
part,
didactique.
J'apprends
se muant
en
a
le probleme
ciceronien
de
Dolet
que
Timpression,
? de la
? illustrateur
tout ? fait
? retenu,
francaise
Dolet
languc
Ce qui
Saulnier.
de moi,
l'attention
de M.
independamment
une
les choses
de
fois de plus qu'il
y a un climat
pour
prouve
l'esprit.
2
retrou
Deux
T. I, pp. 123-137,
Megret,
impressions
Jacques
con
II ne reste plus que
trois de ces impressions
vkes de Dolet.
: la .Fontaine
de la Compa
? retrouver
de vie, les Heures
damnees
en frangois.
le Nouveau
Testament
gnie des pinitens,
8
en 1527, une
a Paris,
II existait
n'est pas unique.
L'enseigne
aux Veaux,
? la rue de la Vieille
sise Place
aboutissant
maison
de la Doloire
et qui portait
louee ? un boucher
Tannerie,
l'enseigne
n? 808).
d'actes notaries,
Recueil
(Coyecque,

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATEUR

DE

l'eVANGILE

99

? comme lunettes ? un oeil ?, le


les amygdales
gosier
? et le
comme ? un panier vendangerot
diaphragme
??
comme ? un bonnet ? la coquarde
n'eut garde,
? le fiel
ses mnemotechnies,
de
negliger
poursuivant
comme une doloire ? : ce fiel, si abondant, disait-on,

de la Doloire
d'or... Bonne
chez rimprimeur
rosserie
de confrere brouille, un peu genante apres le b?cher de
:mais les gens du xvie siecle n'y regar
la place Maubert
daient pas de si pres et leur sensibilite n'etait pas la
n?tre. Je ne sache pas que la sagacite des vieux com
mentateurs
ait jusqu'? present decele la malice de cette
plaisanterie, posthume et rancuniere.
Quoi qu'il en soit, la trouvaille de M. Megret a son
non seulement
mais his
importance ;
bibliographique,
une
:
l'on
n'est
si
Elle
1.
revelation
veut,
pas,
torique
et les lecteurs de Copley
les usagers du d'Argentre
en 1542,
Christie savent depuis longtemps que Dolet,
a edite, entre autres, un Sommaire de la Foi chrdtienne.
: une grosse question de
elle pose une question
et religieuse. Grosse dans la
intellectuelle
Psychologie
mesure o? c'est vraiment un gros Monsieur qu'fitienne
Dolet. Un etonnant Monsieur. L'un des plus singuliers
cet incomplet, ce violent, ce maladroit,
bonshommes,
xvie
le
siecle, fertile en hommes forts, ait k coup
que
s?r engendre. Nous venons k peine de le quitter pour
notre part 2, mais
le quitte-t-on jamais ? II reste tant
d'obscurites dans sa vie et dans ses demarches...3 Essayons,
non pas de les dissiper, certes : il y faudrait ce qui ne se
couron
trouvailles heureuses
prevoit point, quelques
nant un labeur de plusieurs mois. Ou ne le couronnant
Mais

ne nous occuperons
retrouve
iei du second
Nous
ouvrage
pas
?
traduction
de se confesser d'Erasme
La maniere
par M. Megret,
en francais
de
Chansonrette
Claude
par Messire
(Cantiuncula)
de
il ne semble
sive modus
pas poser
confitendi;
YExomologesis
particuliers.
problemes
2
Cf. Lucien
Febvre,

Le Probleme

de Vincroyance

au XVIe

siech,

la Religion de Rabelais (Coil. YEvolution de VHumanitS, Paris,


Albin Michel, 1943, in-8? pp. 4P-60) et Origene etDes Piriers,
in-8?, passim.
Paris, Droz,
1943,
* Cf.
supra, p. 86.

09:47:35 AM

100

LUCIEN

FEBVRE

?
pas...
montrer

Mais
jalonner des pistes, indiquer des voies,
?
ce
en un
qu'on croit etre la bonne direction
son
: voil?
veritable metier d'historien
mot, faire
qui
est toujours possible, et utile.

I
se contente
que le Sommaire ? M. Megret
Qu'est-ce
de nous le presenter comme ? un resume elementaire
des principes de la foi chretienne, suivi des dix com
eux-memes accompagnes
de citations de
mandements,
l'Ancien et du Nouveau Testament, qui les paraphrasent
? x. II
et les developpent
ajoute qu'a ces citations, Dolet
? son propre
commentaire, heretique au premier
joint
sauf qu'a y regarder de plus
chef ?. Et ceci est exact ?
pres, ce n'est pas le seul ? commentaire ? qui est ? here
tique ?, si Ton definit l'orthodoxie par Noel Beda. Et il
faut bien, apres tout, la definir ainsi, sous peine du feu.
Ce n'est pas le seul commentaire,
c'est tout le texte
commente : tout ce resume de la foi chretienne, elemen
taire, sans doute, mais
singulierement ferme dans son
style et dans son dessein, qu'il nous faut tout d'abord
comment ? Plagons-nous
identifier. Mais
ce
devant
texte, inconnu de nous par hypothese. Quelles questions
lui poser pour qu'il nous fournisse, de lui-m6me, la
reponse que nous sollicitons ?

De ces questions,
la premiere, je crois, qu'il convient
d'adresser ? un texte de cette sorte, je veux dire de cette
?
? un texte frangais d'entre 1520
epoque et de ce pays
et 1540, dates longues ?
c'est la question des sources
de la foi. S'agit-il d'un texte ecrit par un novateur ?
: ? pas d'autres
L'auteur
sources recevables
repondra
la
Bible?.
Bible
les
que
Entendons,
par
naturellement,
1

Op.

cit., pp.

128-129.

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATEXJR

DE

101

l'eVANGILE

ce dernier
et le Nouveau,
FAncien
Testaments,
outre
les
les
quatre fivangiles,
comprenant,
epitres
: etant bien etabli que ni saint Paul, ni saint
canoniques
? auteurs ? ; ils sont
Jacques, ni saint Pierre ne sont des
deux

simplement les porte-voix du Seigneur ;Lefevre d'fitaples,


entre tant d'autres, passe sa vie ? le rappeler aux Chre
?
et Rabelais
tiens 1
lui-m^me joint sa voix, sa reten
tissante voix, ? celle du pieux docteur.
? La Parole
la Parole.
Done,
qui suffit ?, comme dit
avec force et sobriete le Lefevre de 1522 2. La Parole
? Tout ce
qui n'en
qui, seule, enseigne la vie eternelle.
reflechit pas Peclat, non seulement n'est pas necessaire,

totalement superflu. Et done, si Pon veut


pratiquer purement un culte conforme ? la vraie piete,
si Pon veut conserVer Pintegrite de la foi, on ne mettra
rien au rang de Pfivangile, comme on ne placera point
le Createur au rang de Dieu ? 3. Ainsi Lefevre le nova

mais

s'avere

: Bri
tous ceux qui le suivent et Pentourent
et
tous
de
Gerard
Navarre,
gonnet, Marguerite
Roussel,
les anonymes, et tous ceux qui ne sont guere que des
teur. Ainsi

noms. Tous herauts de la Parole


divine, de la seule
?
Mais le conservateur, en face d'eux ? ?
Parole divine.
Les textes scripturaires, soit. En s'en mefiant beau
coup : ils sont si difficiles ? bien interpreter ! En tout
cas, ils ne vont pas seuls. II y faut joindre, qui les eclai
rent, les decisions des Papes et des Conciles, les opinions

1
le Psalterium
de 1509, puis dans
dans
Et d'abord
Quintuplex
a ses traductions
ses
de l'Evangile
toutes
succcssives
;
prefaces
au t. I de sa Corres
les voir commodement
dans Herminjard,
des R&formateurs,
pp. 7, 91, etc.
pondence
2
mais
citer un texte posterieur
Cf. egalement,
notable,
pour
et Farel
de Foi que Calvin
le premier des articles
de la Confession
?
:
au
en
de
Geneve
1537
Premierement,
Magistrat
proposerent
nous
nous protestons
la regle de notre foi et religion,
que, pour
sans y meler
chose qui ait ete
voulons
suivre
la seule Ecriture
sans la Parole
?. Ainsi
de Dieu
controuvee
du sens des hommes
ses trois
on trouve
commence
Parmi
le document.
epigraphes,
ce soient les
le texte de I Pierre 4 : ? Si quelqu'un
paroles
parle, que
le Dieu
?.
8 Traductior
t. I, pp. 91-2
d'HERMiNJARD,
(Preface des Com

mentarii

Initiatorii

in quatuor

Evangelia,

Meldis,

1522).

09:47:35 AM

102

LUCIEN

FEBVRE

?. L'opposition
est nette, eile
des Peres et des Doeteurs
est primordiale en ees annees troublees.
son
Comment
la Creature assure-t-elle
Poursuivons.
salut ? Elle ne Passure pas, repond le novateur. Elle
en est incapable. Qu'elle
s'interroge sans complaisance,
eile confessera facilement, avec la Marguerite du Miroir

(Frank, I, 19) :
Car

d'observer
II ne m'advint

un

seul commandement
en ma
vye vrayment...

si eile a quelque teinture des doctrines de ce moine


remue FAUemagne
par sa parole et ses
augustin qui
?
et par eile, toute la chretiente ?
ecrits
FAUemagne,
:
c'est Dieu qui, de sa pure grace, consent
eile ajoute
son
dans
infinie bonte, ? ne pas nous imputer nos peches,
? ne pas nous condamner pour nos fautes et nos igno
rances. 1 C'est Dieu
qui, venant au devant de nous,
donne la Foi. Et
Et,

L'homme
L'homme

est par Foy juste, saint, bienfaiteur,


est

par

Foy

remis

en

innocence...

Par Foy, j'ai Christ et tout en affluence

du Discord
Ainsi, la Marguerite
(Frank, I, 72). Ainsi
et pensent comme
tous ceux qui entourent Marguerite
en
et
hors
France
La
Foi seule nous
France.
de
eile,
sauve. Elle rend nos oeuvres bonnes 2. Nos oeuvres qui,
1

de non-imputation
des peches,
introdui
que nous
a ete, faut-il
le rappeler,
dans
l'expose,
speciale
U bpanouissement
la
Cf. Strohl,
de
par Luther.
1924, p. 46. Lucien
Febvre,
pensie religieuse de Luther, Strasbourg,
Un destin, Martin
Luther,
III, pp. 61, 62.
I, chap.
partie
2
recourons
a dessein
et
? des textes
litteraires
C'est
que nous
non
cette mSme
dans
Donnons,
intention,
theologiques.
point
des Psalmes
d'une
d'Anvers
extraits
piece que Tedition
quelques
? Marot,
donne
de David,
1541
par exces
peut-etre
(Ant. de Gois)
de generosite
des publ. de Marot,
Tableau
chronologiquc
(cf. Villey,
connaissait
du XVIe
Rev.
s., t. VIII,
1921, p. 91) et que Dolet
de la Vaticane
dans Tedition
bien puisqu'elle
figure,
imprimee,
1929, p. 238) ; le Sermon
par M. Pannier
signalee
(Bull. Prot. Fr.,
en tous cas ? 1541, peut
et du Mauvais,
anterieur
du Bon Pasteur
sons
ment

La notion
a dessein
retenue

Itre de 1539, peut-?trem?me de 1538 :Mais que diray dont tel


?
?

amour

procede

Serait-ce

point

par

quelque

bonne

chose

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATEUR

DE

103

l'eVANGILE

: mais
sanctifie
eile, seraient pernicieuses
qu'elle
]e pecheur, ses oeuvres desormais sont celles d'un homme
sanctifie, purge de ses peches. De quoi, sans doute, il
ne doit pas s'enorgueillir : car c'est Dieu qui rend bon
ce qu'il ne peut faire, lui, que mauvais
1.
novateur.
de
Le
conservateur, au contraire :
Propos
?
le
role
des oeuvres bonnes. Sur
Capital, aftirmons-le,
leur nombre, leur qualite, leur intention, l'homme sera
sera sauve s'il en fait beaucoup
et de tres meri
juge. II
s'il n'en fait pas. L'artisan de son salut,
toires. Damne,
c'est lui. Pour que Dieu l'agree, qu'il se rende juste par
son effort propre. ?
s'ecrie Luther. Entre
Blaspheme,
la justice de Dieu et Pincurable misere du pecheur ?
Fahime est tel que, seule, la grace divine peut le com
sans

bler...

sait d'avance
Et encore, pour le novateur, Dieu
qui
sera sauve. II marque
les elus et les reprouves. Ceux k
qui il refusera, ceux k qui il departira, gratuitement, le
don de sa Foi. De sa Foi qui n'est pas une acquisition
de l'homme, mais une grace de la divinite. Ainsi, en
l'octroyant ou en la refusant, Dieu sauve ou damne la

creature. Insondable mystere, dur et cruel, disent ces


hommes ? qui parlent des desseins de Dieu comme un
cordonnier de son cuir ?. Ineffable mystere, plein de
promesses, retorquent les autres : ceux qui aspirent ? la
absolue.
douceur secrete d'une dependance
: sources de la croyance ; moyens
Ainsi
du salut;
ou non-predestination
: les trois
predestination
points
capitaux k quoi l'historien doit regarder s'il veut cata
loguer un texte religieux d'entre 1520 et 1540. Acces
en vostre
cueur
car
??
de vous,
enclose
Certes
Venant
nenny,
en cela vous estes, ?
II est certain,
toutes
bestes ?
Et
indignes
et crasseuses ?
tout ainsi immondes
Comme
le drap des femmes
?
a mon
II est peu probable,
ce texte
menstrueuses.
sens, que
de Mai Ire Clement.
soit d'ailleurs
1
et sa racine ?
est besoin
l'arbre
Done
Soit rendu bon
que
?
aucuns
Premierement
la grace divine
fruits
par
qu'il
puisse
?
ne scauroit ?
mauvais
L'arbre
faire...
produire
Que mauvais
?
et seducteur
Seroit menteur
diroit
fruict, qui autrement
inique...

(Ibid.).

09:47:35 AM

104

LUCIEN

FEBVRE

aussi des mediateurs.


II n'en
soirement, il s'inquietera
est point, dit le novateur, il n'en est point entre l'homme
et Dieu, sauf le Christ1. C'est lui qui sert d'avocat
aux
son
non
et
de
Pere.
la
aupres
Lui,
pecheurs
Vierge. Lui,
et non les Saints. Ces Saints, cette Vierge dont les eon
servateurs, au contraire, ne cessent d'implorer, avec une
ferveur accrue,

Intercession

et la meditation.

l'historien

du Purga
Et, pareillement,
s'inquietera
le chretien meurt, et sit?t que son ?me a
toire. Quand
son corps, que devient-elle ? Les novateurs disent:
quitte
eile attend le Jugement. Ce qui ne laissait pas de sem
? beau
bler, sinon inquietant, du moins desagreable
un
ainsi
de
;
propos
coup
s'explique
Marguerite que nous
a conserve Brantome 2 : la Reine
soupirant, comme on
lui promettait le bonheur celeste : ? nous demeurc ns si
?
longtemps morts, sous terre, avant que de venir la...
Les

conservateurs,

eux,

repondaient:

? Fame

va

au

Pur

gatoire quand la mort l'a saisie en etat de peche ?. Et


cette idee apaisait certains emois ;mais comme on souf
comme l'ame, dans ce lieu mal
frait en Purgatoire,
1 Par

?
ne peut
autre
tant soit-il
L'homme
nom,
eprouve
?
?
venu
estre
le
fut
saulve
Si
salut
lieu
d'autre
Mort
jamais
sur toute
seroit le fils de Dieu
Voir
pour neant
egalemeut
(Ibid.).
cette theologie
Lucien
de Marguerite,
de I'Hep
Autour
Febvre,
1944.
tamiron, Paris, Gallimard,
2
?
t. VIII,
Jourda
Ed. Lalanne,
pp. 124-5.
(t. I, p. 338 n.)
le voeu
? ce propos
formule
par Marguerite
rappelle
(Frank,
vers : ?
t. Ill, p. 131) dans d'assez
heaux
viendra
quand
Seigneur,
?
?
?
Le
le jour
Tant
desire
des tristes yeux
long
Essuyez
?
?
? Cette
Et me donnez
Un doux dormir.
pour le mieux
gemir
en
?
s'inscrire
d'un
eternel
sommeil
autorise
Jourda
nostalgie
le propos
de Brantome.
Pour moi,
la
faux contre
je vois moins
et besoin
de se persuader.
Cf. Miroir,
contradiction
que hantise
?
?
est de mort
ed. Frank,
bienheureux
le sommeil
p. 49 : Las,
sur la mort
?. Ces meditations
? son reveil
A qui la vie advient
on sait
? Antoine
les
sont
dont
familieres
Heroet,
egalement
avec Marguerite.
Cf. dans
la Parfaite
attaches
ed.?Gohin,
Amye,
: ? Je ne croy pas
texte de Teo. Dolet
de 1542,
les v. 1025-1031
?
?
ce
attendant
le
diet
dernier
Qu'en
aysement
qu'on
jugement
ses
ont
este
?me dort, et tel est son repos ?
faicts
Nostre
Quelz
sur
Ilz ont
et ses propos ?
Je ne scay pas
intention ?
quelle
?
?
bien
Mais
fonde ceste dormition
que point ne dormira
je scay
en sommeil,
c'est la
ciel s'en ira ?. L'?me
Le mien
amy, et qu'au
reformee.
doctrine

09:47:35 AM

DOLET

DE

PROPAGATEUR

105

l'eVANGILE

defini, d'autant plus redoutable, commencait ? se puri


en attendant le Jugement ?
les
fier par la douleur,
craintes

renaissaient

sous

une

autre

II y a d'autres
criteres. Ceux-la
Ceux-l? sont decisifs.

forme...

sont primordiaux.

Or, regardons le texte que publie M. Megret. Pas de


doute : il est l'ceuvre authentique d'un novateur.
une refe
S'agit-il des sources de la croyance ? Pas
rence qui ne soit strictement biblique.
Recapitulons
Celles qui sont portees en marge de la glose sur les Com
: 16 proviennent de l'Ancien Testament,
mandements

19 des quatre ?vangiles

texte

16 des fipitresde Paul 2.Le

lui-m?me n'est qu'un tissu de citations bibliques


mises bout ? bout; on peut les restituer comme suit :
et 14 des fivangiles 3; 44 des
19 de l'Ancien Testament

fipitresde Paul 4,4 des fipitresde Pierre et 3 des Epitres


de Jean. L'exclusivisme
est total.

scripturaire

de

ces references

de salut ? Pas de
des moyens
S'agit-il maintenant
:
formule categorique
(et pour cause)
qui proclame
? la Foi seule sauve ?. Mais
nous
apprenons
(p. 131),
? ? cette fin
que <(Dieu nous donne son Saint-Esprit
que nous croyions en lui et au Messie. Et qu'en croyant

1
2 ; Jere
2 ; Levitique,
5 ; Deuteronome,
5 ; Psaumes,
Exode,
1 ;Mathieu,
9 ;Marc,
1.
8 ; Jean, 1 ; Luc,
1 ; Jacob,
mie,
a References
references
seules.
Y
quatre
joindre
marginales
:
le texte, cinq dans
le Commentaire
dans
; au total
pauliniennes
se decomposent
25 citations
Les 16 references marginales
de Paul.
2 ; He
comme
6 ; Ephesiens,
6 ; Romains,
suit : I Gorinthiens,
1 ; et Colossiens,
2 ; Timothee,
1.
breux,
8
2 ; Jeremie,
2 ; Isa'ie, 2 ;
4 ; Deuteronome,
7 ; Exode,
Genese,
?
4 ; Luc,
: Jean, 7 ;Math.,
1 ; Sapience,
1.
Psaumes,
Evangiles
3.
4
5 ; Galates,
11 ; Hebreux,
7 ; I. Cor.,
7 ; Ephesiens,
Romains,
2 ; II. Thess.,
4 ; I Thim.,
4 ; II. Cor., 3 ; Tit.,
1. La gamme pau
ne semble pas celle du Commen
linienne de l'auteur
du Sommaire
tenu de la difference
meme
tateur
des Commandements,
compte
des

textes

et des

taches.

09:47:35 AM

106

LUCIEN

FEBVRE

en eux, ? ayons vie eternelle de par icelluy Jesus-Christ ?


(p. 132). Quant aux ceuvres, Jesus-Christ est venu en
ce monde afin que, ? apres que par foy en luy serions
sanctifies et purges de nos peches, prinssions de luy
exemple de bien faire, suyvants sa volonte en faisant

bonnes ceuvres ?. Bonnes ceuvres qui ne sont pas de notre


? Dieu a dressees et preparees,
fait; bonnes ceuvres que
devant notre vocation, pour estre par nous faictes ? (pp. 131
132). Rien de plus net. De plus tendancieux. Et dans le
sur la Justification,
sur la non-imputation
de
passage
un souffle luthe
nos peches, passe
incontestablement

git, dans ces quelques mots tres simples, la


heresie
la grande heresie cen
fondamentale,
grande
trale de Frere Martin Luther 1.
Point de paragraphe
special, il est vrai, concernant
le haut mystere, l'?pre mystere de la predestination 2.
le discours que Christ, le jour
Mais lisons attentivement
du Jugement, adressera aux elus : ? Venez, vous qui
estes esleus de mon Pere pour avoir la vie eternelle ;
rien. La

prenez possession du royaume qui vous est prepare et


?
Propos qui se laissent
assigne des la creation du monde.
: rien sur le
solliciter. Et quant aux criteres annexes
sur
Mais
la
la
manchette
mediation,
dej?
Purgatoire.
nous avertit : ? Jesus Christ nostre maistre,
evesque,

1
de la pensie
Cf. H.
de
Strohl,
L'ipanouissement
religieuse
?
La
R. Will,
UberU
Luther,
pp. 46-9.
chritienne,
Strasbourg,
?
Lucien
Martin
Febvre,
UnDestin,
1924, p. 224.
Luther, chap. Ill

? 2.
*

reserve
et toutes
n'a
rien d'etonnant.
Cette
Tous
pensent
en forme de vision nocturne
:
comme
du Dialogue
la Marguerite
?
entendue
Sans
le
desirer
soit de vous
chose
Cette
plus avant
?
bien leur vue ! (v. 532).
Car les plus clercs y troublent
savoir
Tous,
y compris Calvin
qui, en 1546, dans la belle et tres humaine
en tete de la traduction,
Preface
procuree
par ses soins,
qu'il met
en est-il de la
communes
de Melanchton,
6crit : ? Autant
des Loci
: pource
il voit
tant d'espritz
que
aujourd'hui
predestination
et ne tiennent nulle
que trop ? curiosite
volages
qui ne s'adonnent
ce danger,
en ceste matiere
mesure
il a rr ieux
; voulant
prevenir
ce
? congnoistre,
seulement
estoit necessaire
aime
toucher
qui
tout ce qu'il
deduisant
le reste comme
laissant
ensevely,
qu'en
eut bien pu, lacher
et
la bride ? beaucoup
de disputes
perplexes
?.
confuses

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATEUR

DE

l'eVANGILE

107

?1. Et le texte precise : ? A ce Saul


fault aller, et retirer, et d'un grand courage
le suivre, affin qu'il nous enseigne ; car il est nostre
maistre, doux et humble de cueur ; outre plus, il est
et pasteur de nos arnes ?
le grand prebstre
Fevesque
et sacrificateur qui a offert lui-m?me son sang pour
et reconciliateur entre Dieu et nous,
nous, le mediateur
est...
nostre advocat
et intercesseur,
hommes;
qui
nous
; qui indubitablement
priant pour
impetrera de
son Pere ce que nous demanderons
ou ? Luy ou k son
Pere au nom de Luy... Car, il Fa ainsi promis ?. Luy,
non point sa Mere, Marie,
Jesus. Et
qui n'apparait
mediateur,
veur nous

advocat

pas dans notre texte. Encore moins les Saints, dont il


n'est pas question dans le Sommaire proprement dit,
?
mais
le commentaire
du premier commandement,
? Les Chrestiens eslevent
lui, est explicite
(p. 133) :
aux
sainctz pour reduire en memoire
images et statues
les beaux faictz qu'ilz ont... soufferts pour l'honneur de
ils ne mettent point leur fiance en
Jesus-Christ. Mais
comme
idolatres ont mis toute leur esperance et
icelles,
fiance en leurs idoles ? 2.

en
Ainsi, pas de doute. Le texte que publie Dolet
1542 est l'ceuvre d'un novateur ?
k tout le moins d'un
? la facon des hommes de
d'un Biblien
evangelique,
Meaux. D'un Biblien qui a lu Luther, peut-on dire, et
qui Fa go?te. Texte pondere d'ailleurs, positif, nulle
1 Ce
tout de suite,
livre de Sebaldus
le fameux
evoque
qui,
: Unum
en 1525 et
mediator em esse qui parut
Christum
Heyden
en francais
: D'ung
et advocat
s'intitula
entre Dieu
seul midiateur
et les hommes Nostre
Jesus Christ dans l'edition de Geneve,
Seigneur
ver
Jean Girard,
ni la derniere
la premiere,
1528, qui n'est pas
sion francaise
de ce texte si avidement
lu : autant
que V Union
de toutes discordes
de VUnio
de 1527,
la traduction
c'est-a-dire
on notera
du soi-disant
Dissidentium
Bodius
loin). Mais,
(v. plus
dans
le texte publie
du mot Evesque.
Introduction
par Dolet
* Le ton
celui
de cette note n'est pas,
exactement,
semble-t-il,
du Sommaire,
plus raide, plus tendu.

09:47:35 AM

108

LUCIEN

FEBVRE

calme et serein dans ses constatations.


polemique,
?
II n'attaque
jamais. II ne dit pas : La Vierge ? Je lui
?
?
d6nie tout pouvoir de mediation
mais, simplement :
? Christ seul peut, et doit, interceder pour nous ?. Et il
ne descend pas aux details ; ? ce qui est secondaire.
Aux Sacrements, par exemple, dont il dirait sans doute
volontiers, avec firasme, dedaigneux,
que la religion ne
sur
en
Rien
la
Cene,
depend point.
particulier. Aucune

ment

si vives, qui mettront aux


controverses,
les
reformateurs
divises.
tard,
prises, plus
de qui le
De qui est ce texte ? Plus precisement,
?
Sommaire, de qui la glose des Commandements
allusion

aux

II
ou
qui le Sommaire ? Au point de la recherche
incontestablement
d'un
sommes, et puisqu'il
s'agit
texte ? tendances
est de prendre
reformees, le mieux
sur nos rayons un excellent instrument de travail. II
: Table alphabitique, analytique et chronologique
s'appelle
du Bulletin historique et litteraire de la Societe de VHis
table et pre
toire du Protestantisme frangais. Precieuse
cieuse societe, mais qu'on n'accusera
les
pas d'aimer
ses rubriques de quel
titres courts : que n'allege-t-elle
?
Lais
ques-uns des de et des du qui les encombrent ?
au t. III, devant les articles
sons cela, et plagons-nous
Tout de suite, nous constaterons
Somme, Sommaire.
nous
ne
savons
le
dej?) que notre Sommaire, celui
(si
en
Dolet
1542, n'est qu'une espece d'un
que
imprimait
?
connu
individu d'une
mieux,
espece
genre
qu'un
bien representee, bien attestee comme disent les natu
ralistes, dans les annees 1520 ? 1550. Car voici le Som
maire de Dolet, mais aussi, celui de Robert Estienne,
ami de Calvin, celui de Farel et bien d'autres. Ainsi
sommes-nous d'embl6e en pays de connaissances.
Entre
novateurs. Entre ?mal sentans ?.
De
nous

et poussons plus avant. Verifions les refe


Restons-y
nous offre. Toujours
rences qu'on
nous finirons par

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATEUR

DE

l'eVANGILE

109

circuits sur un article fonda


retomber, apres quelques
:
au t. XLIII
celui de Nathanael Weiss,
mental
du
:
Les premieres professions
Bulletin
(1894). II s'intitule
de foi des protestants frangais. Une note d'O. Douen
le
en le rectifiant legerement. Bel article,
prolonge
qu'on
aurait bien du extraire du Bulletin, avec quelques autres,
pour le publier k part. Que nous apprend-il ? Des choses
?
et d'abord celle-ci (qui peut-6tre va
pleines de sens
ne Pa pense)
: qu'en France,
son
auteur
loin
que
plus
vers 1536, il ne restait plus guere, dans Jes rangs des
Les persecutions
avaient
novateurs, que des moderes.
decime les extr?mistes. II n'y avait plus, pour resister
comme dira
et ? maintenir
?, que des Nicodemistes,
Calvin meprisant. Ces disciples secrets du vrai Dieu, ce
?
spnt eux finalement, ecrit N. Weiss,
qui sauverent en
France la Reforme frangaise ?. Or, de quoi ces hommes
se nourrissaient-ils ?

Avant tout et fondamentalement,


du Nouveau
Tes
en francais, naturellement.
tament. Traduit
On avait
ici Tembarras du choix : deux versions s'offraient, celle
de Lefevre et celle d'Olivetan.
S'offraient clandestine
:
car
bien
entendu
rien
n'etait
ment,
davantage prohibe

que ces traductions. Les prohibitions etaient si fortes,


les poursuites si rigoureuses que, depuis 1525, personne,
sinon en France, du moins k Paris, n'osait plus impri
mer la Parole
en vulgaire. Pas une edition parisienne
des fivangiles en frangais de 1525 ? 1566 !1 Par contre,
il est vrai, des editions lyonnaises 2, des editions anver
1
de la Bible
1566 est la date d'apparition
de Rene
catholique
: La Saincte Bible
et nouveau
Benoist
contenant
le Vieil
Testament
traduits en frangois selon la version commune...
par M. Rene Benoist,
? Paris. ?
Dr. regent en la Faculte
de theologie
Paris,
Angevin,
aux Cigognes,
rue
avec
Seb. Nyvelle,
1566,
Saint-Jacques,
pri
a
2
t.
Ier
col.
Van
Le
In-fol.
125.
vol. contient
Eys,
I, p.
vilege.
avec
le Sommairet
des variantes
relevees
par N. Weiss
(Bull.,
La meme
chez le meme
anree,
XLIII,
1894, pp. 465-9).
editeur,
les soins du meme
le Nomeau
Testament
de
docteur,
par
parut
et Frangois,
N.
S. Jesus Christ, Latin
selon la version commune...
avec annotations
et exposition
des Lieux
les plus difj?ciles, princi
et corrompus
de ceux qui ont esti dipravis
les hiri
par
palement
t. II, p. 123.
Eys,
tiques de notre temps. In-12. Van
2 La Bible
:
a
et quel
classe
quel beau
sujet de travail
Lyon

09:47:35 AM

110

LUCIEN

FEBVRE

neuch?teloises,
genevoises ? profusion.
les fronti&res, sans encombre
le plus
des tonneaux
innocente,
d'apparence
: sur des char
livres au-dessous
ch?taignes au-dessus,
rettes, par voie continentale, ou bien, ? fond de cale,
en Nor
dans d'honn&tes bateaux 1 qui les debarquaient
en
en
voire
dans
la
Terre
mandie,
Saintonge,
Bretagne,
de Labourd. On se les arrachait comme du fruit defendu.
on avait du loisir, s'entend, et que les longues
Quand
lectures ne vous rebutaient pas. Moins privilegies, beau
choisis ? ; ceux-ci
coup se contentaient de ? morceaux
soises, b?loises,
Elles
passaient
dans
souvent,

de prieres extraites de la Bible et publiees soit en latin,


vieux mot,
de Postilles,
soit en vulgaire2;
d'autres,
vieux genre ; d'autres de livres plus humbles, simples
catechismes,

instructions

familieres,

alphabets

tendan

ces Bibles
a reviser
? faire de toutes
diverses
! II y aurait
de Douen
? ce sujet.
de pres,
indications
je crois, les premieres
comme
consacrer
aux
Des
celui qu'il
faudrait
entiers,
chapitres
seraient
d'un
de Jean de Tournes,
interet.
belles Bibles
puissant
ces etudes
semblent
Mais
abandonnees
aujourd'hui
completement
se trouvent
en France.
dars
la Revue
Les notes de Douen
de thko
t. XXII
logie de Lausanne,
(1889).
1 Rien
non plus sur cette contrebande
par mer qui fut certaine
tres active.
ment
Faut-il
Lam
que, oes 1523, Francois
rappeler
devenu
le frarciscain
de Wittenberg,
bert,
d'Avignon,
pelerin
une officine
se
? Hambourg
d'organiser
preoccupait
d'imprimerie
en frangais. Ces livres seraient
des livres heretiques
qui produirait
et gagneraient
les ports
ensuite
par mer
frangais.
embarques
le souci du chevalier
C'etait
de
Anemond
dauphinois
egalement
de
lui
aussi.
Cf.
Corr.
Coct,
Herminjard,
pelerin
Wittenberg

ment

des Rtformateurs,t. I, p. 130 (lettre 67) et p. 140 (lettre70).


2

les Precationes
Teiles
Biblicae
Sanctorum
Illustrium
Patrum,
? Strasbourg,
virorum et mulierum
Testamenti,
utriusque
compilees
en 1528, chez Jean Schott par l'ex-cistercien
auteur
Otto Brunfels,
en France
comme
en Allemagne.
autres
de divers
livres connus
et la litt, frang., Re
La Re" forme allemande
W.-G.,
(Cf. Moore
en France,
cherches sur la notorietS de Luther
Pub!,
Strasbourg,
Le
livre eut en
de la Fac.
des Lettres,
1930,
in-8?, pp. 156-7).
sous le titre de Prieres
et oraisons
le plus
de la Bible,
fran^ais,
en fr. ? Anvers,
franc succes
1529 ; 2e ed.,
Vostermann,
(lre ed.
Chr. Wechel,
1530 ; 3e ed., Anvers,
Martin
Paris,
Lempereur,
1533 ; 4e ed., Lyon,
1542 ; 5e, Lyon, J. et F. Frellon,
Et. Dolet,
1542
Sub
Scuto
Bibl.
Coloniensi,
egalement
(Baudrier,
Lyon
t. V, p. 186) ; 6e, Lyon,
1543. A l'Index,
J. de Tournes,
naise,

Louvain, 1550 ; Paris, 1551).

09:47:35 AM

DOLET PROPAGATEUR DE l'eVANGILE

111

en
enfin, reclamaient des Psautiers
cieux1;
beaucoup
frangais. Point de Iivre plus populaire que le Psautier,
sinon les Heures, et m6me apres la grande vogue de ces
dernieres, ? partir du xive, voire du xme siecle, le Psau
son rang de livre de prieres pour les
tier conservait
adultes, de livre de lecture pour les petits et les simples 2.
Au total, une ample et copieuse litterature religieuse en
frangais, dont nous n'avons
plus que des debris, de
isoles que nous cataloguons
echantillons
malheureux
ils furent aussi nom
precautions, Mais
nos
romans populaires ?
breux, jadis, et repandus que
lire dans.le Metro. Litterature que Ton ne saurait qua
lifier d'irenique, encore moins d'opportuniste
; pleine de
fermete dans ses doctrines, pleine de precisions nuancees
en general, de toute vio
et pesees, eile est depourvue,
avec

d'infinies

de tout accent
ses lecteurs, ne
polemique.
cherchent pas la lutte. Iis la redoutent au c?ntraire. Iis
la refusent. Pas d'eclat, pas de rupture, pas de schisme :
c'est la consigne. ? Ne recommencons
pas, pensent-ils
sans doute, Terreur nefaste des Placards
; n'evoquons
et des guerres sociales.
la
revolte
le
de
spectre
point
com
Soyons rassurants, discrets, secrets, et d'honn?te
lence, de

toute vehemence
aggressive,
Ses auteurs, non plus que

pagnie ?. Calcul peut-&tre faux, fiternel calcul de toutes


les Girondes, politiques ou religieuses. fiternelle illusion
cette
des sages qui ne veulent pas croire h la folie ?
reine du monde.

fitre discret, &tre secret : pour cela, d'abord,


latin, ficrire latin. Lire latin. Personne n'osait

parier
plus ?

1 Sur
sur la Riforme
cette
Etudes
voir Hauser,
litterature,
:Petits
lu res du XVIe
siecle. Rien ne donne mieux
1909
francaise,
de menus
ecrits que le Catalogue
de ce foisonnement
1'impression
dresse
CoJomb
des livres de Fernand
par J. Babelon.
2
en
substantielle
du Chanoine
Cf. Tintroduction
Leroquais,
tete de ses Psautiers
manuscrits
latins des bibl. publ.
de France,
t. I, M?con,
1940-1941.
Protat,

09:47:35 AM

112

LUCIEN

FEBVRE

en frangais,
Testament
imprimer le Nouveau
ouverte ; on
certes, ni personne le vendre ? boutique
risquait trop. Mais rien ne s'opposait ? ce que l'fivan
gile fut, par contre, publie en latin.
Un homme s'en avisa, typographe emerite, philologue
: ce
convaincu, Robert Estienne
distingue, novateur
suspect, ce mecreant qui reussit ? se maintenir ? Paris,

Paris

par un vrai

tour de force, jusqu'aux


environs de 1550
il
de
Pestime
dont
profitant
jouissait ? la Cour pour
ses
et
solides
editions de la Bible en
bonnes
multiplier
latin. La premiere vit le jour en 1528. D'autres
sui

virent, en 1532, 1534, 1540. Mais la Bible entiere, c'etait


un gros morceau
: l'imprimeur la decoupa.
II publia ?
des
Testaments
Nouveaux
latins, plus accessibles,
part
en 1523, en 1541, en 1543. La Bible en
plus maniables,
en latin, ce n'etaient pas la, dira-t-on,
latin, Pfivangile
de grandes nouveautes
? Certes. Mais Robert Estienne
ne se bornait pas ? imprimer le texte meme des Livres

Saints. II y joignait des notes, des variantes, des com


se multipliant,
en edition
mentaires
qui, d'edition
finirent par occuper autant de place que le texte meme.
Et bient?t, par une nouvelle
innovation,
l'imprimeur
? ses Bibles un resume en latin des
eut l'idee d'ajouter
legons bibliques. Ce fut, la premiere fois, en 1532. En
tete de sa Bible
latine de cette annee x, le bon typo
en
insere
nobles caracteres romains un abrege
graphe
: Hec
dote d'un titre sans tapage, ? l'ancienne mode
en
sacra
bon latin,
Bibliorum
docent
scripta 2. Suivait,
un expose tres dense, un peu sec, un peu trop serre,
les degager
des legons de la Bible
telles que peut
un ? honn^te homme ? de tendances nettement nova
trices. Aucun jargon de theologie. Aucun propos abstrus
1
Biblia,
tationibus

ex doctissimis
Breves
in eadem annotationes
interpre
ex
et Hebraeorum
Roberti
commentariis.
Parisiis,
officina
?
Gum
in-fol.
94 r? :
Gr.
Fol.
MDXXXII.
regis.
privilegio
Stephani,
anno
Robertus
in sua
excudebat
Parisiiis,
officina,
Stephanus
cal. novemb.
MDXXXII,
XVIII,
2
a eu Texcellente
? la suite
idee de le reimprimer
Nat. Weiss
le Bulletin,
t. XLIII
de son article deja. cite, dans
(1894), pp. 461-4.

09:47:35 AM

DOLET

DE

propagateur

l'eVANGILE

113

de Magister
noster, present ou passe. Aucune
attaque
contre rien ni personne. Des
affirmations tranquilles,
dont chacune se pouvait etayer d'une reference biblique.
lui-m?me qui semblait resumer ses
Ainsi, c'etait Dieu
mettre ? la portee de tous.
Et
les
enseignements.
Le

succes

fut grand. Surtout quand Estienne, ayant


son
travail en francais, s'avisa d'en faire des
traduit
sous forme de brochures ou de
?
part. Tant?t
tirages
sous forme de
tant?t
de 16 ff.,
plaquettes
placards,
en
et
belle
d'affiches composees
grosse lettre, propres ?
L'essentiel
de la Bible
tapisser les murs des maisons.
sous les yeux de tous, ? toute heure, au centre du foyer...
*

Or, dans le Bulletin de 1894, Nathanael Weiss a repro


version francaise, d'apres
duit le Sommaire d'Estienne,
la Bibliotheque
l'edition de 1540 qu'en possede
de la
rue des Saints-Peres1.
Lisons
le debut du Sommaire
:
d'Estienne
Icy est brievement comprins tout ce que les livres de la
Sainte Bible enseignent ? tous chrestiens...
:
Et lisons, ensuite, le debut du Sommaire de Dolet
ce
que les livres de la Sainte
Icy est comprins brievement
Escripture enseignent, c'est assavoir les livres du Vieil et
Nouveau

Nous

Testament...

voil? mis

chettes marginales

en go?t. Un
:

coup d'ceil

sur les man

1
est sans date. Mais
N. Weiss
Ibid., p. 75. Le placard
allegue,
le dater de 1540,
les Censures
ou
des thiologiens
d'Estienne
pour
ce passage
on trouve
: ? L/an MDXL...
la
pour
j'imprimay...
et la Somme de
fois les Commandements
seconde
chas
Vescripture,
en une
cune
et grosse
les attacher
feuille, de belle
lettre, pour
?
contre
les parois
Frick,
Geneve,
1866, p. 6). Ainsi,
(reedition
se trouvaient
les Commandements
au Sommaire.
deja
adjoints
N. Weiss
avait vu un exemplaire
de ce type, en tete d'un
recueil

de pieces de 1542 (op. cit., p. 72, n. 2).

09:47:35 AM

114

LUCIEN

1540

estienne,
La
La

Dieu
de
1'Homme
Peche
de Dieu
promesse
qu'il
enverrat
J. C.
creation

La

J.

C.

est

L'agneau

FEBVRE

Loy

venu

Dolet,
La

1542

Dieu
de
1'Homme
Peche
Jesus-Christ
promis
creation

emens
La loy ou les 10 command
est venu
J. C. vray Dieu
est
?
Qui
l'agneau

bout ? Pautre, dans les


continuons pas. D'un
textes, c'est la m&me ordonnance. Le m?me plan.
: I. le Pere ; II. le Fils ;
Celui du Symbole des Ap?tres
III, le Saint Esprit. Et sous ces trois rubriques, tout
sans for
Fessentiel de la foi chretienne se rangeant,
mules byzantines ni chausse-trapes theologiques. A peine
si Fon constate, au milieu du document, quelques
legeres
Ne

deux

Cha
interversions de paragraphes.
Foi,
Saint-Esprit,
: c'est
(Euvres, Sanctification
rite, Justification, Bonnes
l'ordre d'Estienne.
Saint-Esprit, Foi, Charite, Esperance,
: c'est
et
(Euvres
Sanctification, Bonnes
Justification
l'ordre de Dolet, dont le texte se clot par une derniere
: Damnation
eternelle, qui ne figure pas dans
rubrique

l'abrege d'Estienne.
au texte meme des paragraphes,
Quant
quant ? Ja
on
un
si
d'oeil
sufFit pour montrer
veut,
coup
doctrine,
details
de
style pres, l'identite est par
qu'? quelques
a
faite. Disons
pas plus, qu'il n'y a m?me
qu'il n'y
moins de difference entre les deux textes frangais, celui
le
d'Estienne
(1540) et celui de Dolet
(1542), qu'entre
sa
texte latin d'Estienne
et
traduction
frangaise
(1532)

(1540).

: le
Et done, nous voici conduits ? cette conclusion
Plus
Sommaire de Dolet, c'est le Sommaire d'Estienne.
en 1542, s'est fait Pediteur d'un
precisement, Dolet,
et imprime par lui
texte compose en latin par Estienne
en 1532, puis traduit par lui egalement,
legerement
sous diverses formes
explicite et detendu, imprime enfin
en 1540, de son propre temoignage. Plus de mystere.
Voil? identifie le texte du livret que M. Megret a eu la
bonne fortune de decouvrir ? Toulouse.

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATEUR

DE

115

l'eVANGILE

III
Tout
homme,

un savant
cet Estienne ? C'etait
tout
k la fois, d'An
homme nourri,
et d'Antiquite
chretienne. Un excellent

de m6me,
certes. Un

paienne
un
parfait fivangeliste. Mais enfin, devant
philologue,
la perfection m6me de sa science biblique, de cette science
lui
dont temoigne le Sommaire latin de 1532, N. Weiss
m?me, en 1894, s'inclinait avec un leger etonnement.
tiquite

adroite aussi, capable


solide, complete, mais
Ferme,
et cependant,
les faux-pas avec adresse ?
d'eviter
? ceuvre d'un laic reste tel ? ? Or, cet Estienne n'en reste
pas k son Sommaire latin. Le voici, traducteur aise et
precis de son propre texte, qui nous revele de nouvelles
se leve et nous dit :
Sur quoi, un homme
qualites.
? Erreur !Le traducteur, en tous cas, ce n'est pas Robert
Estienne. C'est Lefevre, Lefevre d'fitaples ?. Un homme,
Orentin Douen, d'esprit un peu brouillon, un peu aven
tureux. Mais
il a leve bien des lievres, naguere, aux
temps beroiques du Bulletin. Des lievres, dont quelques
uns

courent

encore.

Ouvrons done, comme il nous y invite, le venerable


en 1534, des presses de
in-folio qui sortit k Anvers,
Martin Keyser,
francisant son nom en Martin Lempe
reur. C'est dans le bei exemplaire
d'fidouard Reuss,
conserve k la Bibliotheque
nationale et universitaire de
Strasbourg (E 123) que nous avons nagueres pris contact,
pour notre part, avec cet illustre temoin du xvie

siecle *.

1
en Francoys,
La Saincte Bible
translate
sehn la pure et entiere
traduction de Saincl HiSrome,
derechief confiree et entierement revi
et plus correctz exemplaires.
Ou sus ung
sitie sehn
les plus andern
?
ce sont les tables,
Avec
chascun
chapitre est mis brief argument
dont Tune
manieres
les diversitez
de parier
est pour
d'aucunes
? leur propre
et de divers motz
;
figuratifz
quant
signification
et Evangiles
toute
de
l'autre
trouver
les Epistres
table
pour
avec brief recueil des ans du monde. ?
Oultre
Tannee,
plus, in
noms hebrai'ques,
d'aucuns
chaldeens,
grecz et latins
terpretation
et XXXIII.
En Anvers
An M. D
Cum
par Martin
Lempereur.

09:47:35 AM

116

LUCIEN

FEBVRE

tete, faisant suite au titre, au privilege et au calen


drier, vient (au fol. 3 v?, n. c., des liminaires) un texte
qui occupe les fol. 3 v? et 4 r?. II est imprime ? pleine
page, tandis que la Bible, qui suit, est sur deux colonnes.
De gros caracteres
rouges y signalent les debuts des
specialement
importants. A gauche, une
paragraphes
avec
des sous-titres. A droite, une autre marge,
marge
En

avec

Pas de titre. Rien que


des references bibliques.
: Le Contenu de VEscripture, suivis de la for
ces mots
: Icy est brievement compris tout ce que les livres
mule
de la Saincte Bible
enseignent ? tous chrestiens. Et le
au texte
texte se deroule, rigoureusement
semblable
en
de la brochure publiee
1894 par Nathanael Weiss,
brochure de 1540, disait-il, ceuvre de Robert Estienne,
?
la
Allons,
propre traducteur de Robert Estienne 1.
est faite. Douen
avait raison.
demonstration

Mais, que vient faire Lefevre dans Paffaire ? Lefevre ?


Car
? est chez lui dans la Bible de Martin Lempereur.
c'est sa Bible ? lui. Ou plutot, des editions successives
: celle de
de la Bible qu'il procura ? ses contemporains
?
c'est la meilleure de
1528, celle de 1530, celle de 1534
Son titre de gloire bi
Son chef-d'oeuvre.
beaucoup.
blique.
On sait avec

quelle

patience

tenace

Lefevre

a pour

?
et Privilcgio
In-fol. de 22 et 396 ff. pour TA.
Imperiali.
gratia
le N. T.
91 ff. pour
T. et 8 +
Caract.
(avec titre special).
goth.,
?
r? du dernier
le 6e jour
2 col.
Au
fol. : Achevee
d'imprimer
cens
en
trente et quattre
Tan mil cinq
de Apvril
Anvers
par Mar
mea
est suivi d'un Pro
tin Lempereur.
Jesus. Le Sommaire
Spes
: Paul,
commence
et qui est
vaisseau
d'election...
par
logue qui
? connaitre
des methodes
l'etude
pour
par
employees
important
l'editeur.
1
textes est facile depuis
La comparaison
des deux
que J. Pan
a reproduit
nier
et de philosophie
dans
la Revue
d'histoire
reli
:
annee
de Strasbourg,
? son article
1935
gieuse
(en appendice
la Prireforme
? la RS forme, A propos des deux dernier es publi
De
le Sommaire
tel qu'il
cations de Lefevre
1534)
figure
d'Etaples,
dans
de 1534, avec
d'Anvers
les manchettes
la Bible
marginales
et references
(pp. 543-546).

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATEUR

DE

117

l'eVANGILE

suivi sa carriere, sa longue carriere d'editeur, de com


mentateur
et de traducteur des livres Saints. D'abord,
en 1509, il s'attache aux Psaumes.
II publie, sur le plan
des Psautiers
medieval
doubles, triples ou quadruples,
un Psautier
ou on peut
d'etude
Psautier
quintuple,

lire, k cote des trois versions classiques de saint Jer?me1,


une version de Lefevre, un Psalterium
conciliatum, qui
n'est, k vrai dire, qu'un Psautier gallican revise k Paide
k saint
des deux autres. Apres quoi, Lefevre s'applique
Paul, k son eher saint Paul, dont il se nourrit quoti
diennement ; en 1512, il en commente
les fipitres en
: d'abord
latin. Dix ans et e'est le tour des ?vangiles
des Commentaires
d'initiation, Commentarii Initiatorii,
?
en latin
: le Nouveau
puis des traductions
(1522)
Testament par fragments, puis total en 1524 ; les Psaumes,
en 1524
apres quatre ans d'interruption et
egalement;

de labeur, le premier des fragments de PAncien Testa


livres de Moise,
ment, le rarissime volume des Chinq
: edition d'Anvers,
cette fois, et
suivis des Prophetes
non plus de Paris. En 1530, tout PAncien Testament,
traduit, est livre aux lecteurs 2. Et ? la fin de Pannee,
pour la premiere fois, parait ? Anvers toujours, chez
Lempereur, La Saincte Bible en frangoys, translatee selon
: la pre
la pure et entiere traduction de Sainct Hierome

miere Bible
d'imprimer

complete dans la version de Lefevre. L'acheve


est du 15 decembre 3.

1
nomme
Et d'une
version
anterieure
de saint Jer?me,
qu'il
vetus.
Psalterium
8
Sur tout ceci, v. d'abord
des iditions de Simon
la Bibliographie
S. de
de Colines,
Iivre fondamental
de Ph. Renouard,
puisque
a ete de 1523 ? 1526
Voir
le grand
Colines
editeur de Lefevre.
du
traduction
les deux
articles
de Quievreux
egalement
(La

N. T. de Lefevre), Bull., t.XLIII

(1894) et de Laune

(Des secours

le
dans
dont Lefevre
s'est servi pour sa traduction
fr. de VA. T.)
t. L
Pu
voir Renaudet,
Bull.,
Enfin,
naturellement,
(1901).
le Com
de 1509, pour
riforme et humanisms
(pour le Psautier
mentaire
des Epitres
de 1512,
etc.).
pauliniennes
8
der
Bibliotheca
dans
Van
Belgica.
Haeghen,
Signalement
Le
de
titre est probablement
celui de la Bible
moins
long que
est semblable,
1534
mais
(voir plus haut, p. 115, n. 1). Le depart
la suite ecourtee.

09:47:35 AM

118

LUCIEN

FEBVRE

Done, Pceuvre de Poctogenaire


(si Lefevre est bien
ne vers 1450) ?
est terminee.
Pceuvre de Poctogenaire
Terminee ? mais
jamais Lefevre ne se repose. Jamais
Lefevre ne se tient pour satisfait de son effort. Toujours
il va plus avant, de son petit pas tranquille de vieillard
chenu, de petit bout d'homme, homunculus, sans peur
et sans reproche. Sa Bible de 1530, e'etait une grande

ceuvre, certes ; rien d'autre, cependant, ? tout prendre,


revision de la vieille traduction
frangaise de
qu'une
1
et
?
de la Vul
Paide
Jean de Rely
completee
eorrigee
en
une
ceuvre
?
voil?
Mais
1528,
que
gate.
Lyon,
parait
: la Bible
tra
latine de Sanctes Pagnini,
considerable
en 1532,
sur Phebreu2.
A Paris,
duite directement
voil? que Robert Estienne, mettant ? profit 1'ceuvre ori
son tour sa Bible latine 3 accom
ginale de Pagnini, sort ?
sur Pedition
pagnee de notes marginales
qui marque

anterieure de 1528 un
la mSme annee
Paris,
Psalmorum
Enchiridion

enorme

progres. Et voici qu'a


1532, on publie egalement un
du bon hebraisant de Louvain,

1
en 1518
encore Sacon
? Lyon,
Sur cette Bible,
qu'imprimait
en 1520,
ainsi
? Paris,
E
Jean
Petit
que
10618),
(Strasbourg,
en 1521
E 122,
? Lyon,
Fr. Regnault
; P. Bailly
(Strasbourg,
et
et qu'en
t. II, p. 1) etc.,
cf. Baudrier,
1545, Pierre
Sergent
a Paris
nos 50
et Kerver
Cousteau
(Van Eys,
toujours
publiaient
?
et 51)
Revue
de thkologie,
articles
d'Ed.
voir les beaux
Reuss,
: Fragments
et critiques,
UtUraires
t. XIV
(1897)
Strasbourg,

relatifs ? Vhistoirede la Bible frangaise, 2e serie ; Les Bibles du


XIV6 etduXVe siecle et lespremieresMitions imprinUes (3 articles,
de catalogue
le 3e, pp. 148-153).
dans
Instru
Biblia.
in hoc
Habes
lector, utruisque
libro, prudens
Sacrae
menti novam
oeditam a Reverendo
Theologiae
translationem,
Praedi
concionatore
Doctore
Sancte
lucensi,
apostolico,
Pagnino
30 ff. lim. n. ch. sign.
etc. Pet.
in-f? de 98 ff. ch. +
catorii ordinis,
?
F? 98: Finis,
Veter is ac novi
deca<Z
50ff. de tables n. ch.
+
essai
2

instrumenti

nova

translatio...

per Antonium du Ry

explicit.

Impressa

est autem

Lugduni

calcographum diligentissimum, impensis

et Jacobi
civium Lucensium,
et Dominici
Turchi
Francisci
Berti,
anno Dom.
de Giunlis
civis Florentini,
1527, die vero
bibliopolae,
d'Ed.
XXIX
Reuss).
exempl.
janu.
(Strasb., E 10307,
8
Voir plus haut, p. 112, n. 1.

09:47:35 AM

DOLET

PRO PAG ATE UR

DE

119

l'eVANGILE

si proche du cceur de
Jean de Campen
(Campensis),
l'arehe
Melanchton
; le livre dont Jean Carondelet,
une
avec
de
de
Palerme,
disait,
depit
v&que
pointe
: ? Sat commentariorum in Psalmos
?, en
dedaigneux
Ici encore,
refusant de s'interesser k sa publication.
sur l'hebreu et paraphrase
suivie
traduction
directe
ces tresors,
d'une traduction de l'EcclesiasteTous

les met k profit. Hebraisant


novice et le sachant,
se fier k sa science trop courte, mais il sait avec
adresse,
sagacite et humilite, tirer parti de richesses
est
lui-meme incapable d'amasser. Voil? com
par
qu'il
ment, quatre ans apres sa Bible de 1530, il donne sa
Bible de 1534, enrichie de variantes entre quoi (grande
les lecteurs sont pries de choisir : elle com
hardiesse)
un
?
l'imitation de la Bible latine d'Estienne,
portait,
un peu reduit,
index des noms hebreux et chaldaiques
et enfin (nous l'avons dit) le Sommaire. Je veux dire la
traduction en francais du texte latin publie par Estienne,
en 1532, mais detendu et parfois heureusement
recti
fie.
done nos conclusions. Le Sommaire que
Reprenons
en 1542, e'est le Sommaire qu'a publie
Dolet
publie
Lefevre
il n'ose

Lefevre
reur.

en 1534 dans

C'est-?-dire

la

la Bible

dite de Martin

traduction,

faite

peut-&tre

Lefevre en personne, en tout cas acceptee par


Sommaire latin publie par Estienne en 1532.

Lempe
par

lui, du

Est-ce tout ? Ce n'est jamais tout, dans ces obscures


et d'editions. On suit la piste.
histoires de publications
Elle vous mene parfois loin du point de depart.
? le Som
Jusqu'? present, nous avons toujours dit :

maire

de Dolet,

e'est le Sommaire

d'Estienne

et done

le

1
a le premier
A.
C'est
Laune
de
VEnchiridion
Signale
qui
sis comme
une des
J. Campen
sources
de l'erudition
hebraique
de Lefevre
et ses rapports
avec
Sur Campensis
(Bull., t. L, 1901).
cf. Bataillon,
et UEspagne,
Erasme
Carondelet,
p. 449.

09:47:35 AM

120

LUCIEN

FEBVRE

de Lefevre... ? Sans doute, ? quelques details


les deux debuts pour commencer :
pres. Comparons

Sommaire

Lefevre

1540

1534-Estienne

Premierement,
est
gnent qu'il
tout puyssant,
commencement.
est
infinie qui
toutes
choses

nous

ensei

seul Dieu,
fin ne
n'ayant
de bonte
Qui,
en
a cree
luy,
sa
seulle
par
toutes
choses
Duquel
parolle.
: tellement
que,
proviennent
sans
estre.
luy rien n'a
ung

Estienne

Les
nous

livres

Dolet,

1542

du Viel

Testament
le Dieu
que
enseignent
ont adore Abraham,
Isaac
que
et Jacob,
est seul vray Dieu,
tout puissant
et eternel.
Qui
de
bonte
est
infinie,
laquelle
en
son verbe
luy, a cree par
le ciel et la terre et tout
divin
ce
est en iceulx.
qui
Duquel
:
toutes
choses
proviennent
sans
rien n'a
estre.
lequel

C'est bien le m?me enseignement, et presque le mtme


texte. Mais, chez Dolet, plus expHcite, plus ample, plus
et
d'Isaac
aussi. L'evocation
d'Abraham,
pedagogique
de Jacob, c'est comme une bouffee d'histoire qui penetre
l'anime, le rend concret et sen
l'expose dogmatique,
sible. Et surtout, chez Dolet, un souci de logique, de
clarte exterieure, de regularite dans le plan tout ? fait
II s'agit de bien faire la part, et des
caracteristique.
et des enseignements
du
de l'Ancien
enseignements

Testament.
faisait la dis
La Bible d'Anvers
termine l'expose des legons
tinction, en ce sens qu'ayant
l'auteur du Sommaire introdui
de l'Ancien Testament,
:
sait par une phrase speciale les legons du Nouveau
? Finalement,
es
Testament
livres du Nouveau
qui
sont la seconde partie de la Bible, nous est clerement
?. Mais
ce ? finalement ?,
donne ? congnoistre que...
adverbe de conclusion appele ? inaugurer un nouveau
On n'y voyait
etait une maladresse.
developpement,
accuse
texte
Le
de
la
clair.
Dolet
division, souligne
pas
le partage des deux Testaments.
Ayant bien annonce,
des le premier membre de phrase, qu'il va 6tre question,
d'abord, de l'Ancien, il annonce avec le m6me soin, ? la
sur la Loi : ? Quant est des livres du
fin du paragraphe
nous
? congnoistre que... ?. Simple
ils
donnent
Nouveau,
Nouveau

de plan, besoin de symetrie et de logique ?


question
Plus encore. Car toute la phrase sur la venue de Jesus

09:47:35 AM

DOLET

DE

PROPAGATEUR

121

l'eVANGILE

Christ, qui suit, est detendue, assouplie, explicitee. On


avait trouve que le texte d'Anvers
dirait que Dolet
n'etablissait
pas assez le lien qui unit la promesse ? la
venue m6me de Jesus-Christ, et surtout, que ce texte
n'insistait pas assez sur ce point d'importance que Jesus
Christ fut envoye sur terre par Dieu le Pere. Et la fin
du paragraphe n'est pas moins
dans les deux textes :

Lefevre

1534-Estienne

interessante

1540

est
II
finablement
venu,
servions
affin que...
par
luy
bonnes
ceuvres, pour
lesquelles
a preparez,
nous
faire Dieu
demonstrars
que, certainement,
sommes
? ceste grace ;
appellez
car qui ne les faict, il se montre
en J. C.
aucune
n'avoir
foy

Dolet

? comparer
1542

J. C. est finablement
venu...
affin que...
de
prissions
luy
de bien faire... en fai
exemple
sant bonnes
ceuvres...
et que
ceuvres
par bonnes
(que Dieu
a dressees
et preparees
devant
nostre
estre par
vocation
pour
nous
que
faictes) demonstrions
sommes
? ceste grace
appellez
et don de foy. Les
quelles...
qui
ne faict, monstre
la foi
n'avoir
en J. C. teile
de
qu'il
requiert
nous.

ne sont pas que de


telles modifications
style. II
faut y voir Poeuvre calculee d'un homme rompu aux
discussions theologiques, d'un docteur exerce, adroit ?
au courant, ? la fois, des difficultes du dogme et des
reforme : d'un homme sachant,
besoins de Papostolat
ce
faut
dire pour gagner les esprits, ce
Pon
si
veut,
qu'il
et
taire
faut
aussi,
quelles sont les erreurs qu'il
qu'il
convient de combattre. Ce theologien, peut-il en verite
s'appeler fitienne Dolet ?
Mais
si, par impossible, il etait Dolet ? Les conse
car dans le Bulletin
seraient assez comiques,
quences
De

une nouvelle
de 1894, voici (que reimprime N. Weiss)
reincarnation du Sommaire de Lefevre de 1534, qui est
de 1540. Celle-l? a vu le
aussi le Sommaire d'Estienne
une
en
dans
Bible
1552,
franco-latine de Robert
jour
Estienne ? nouveau 1,mais d'un Robert Estienne trans
1
N.

c'est-a-dire
Le Nouseau
Testament,
S. J. C. tant en latin qu'en
frangois,

la nouvelle
alliance
les deux
translations

09:47:35 AM

de
tra

122

LUCIEN

FEBVRE

fere ? Geneve et soumettant ses publications, desormais,


au t?tillon conseil de la Cite-eglise K Or, le texte biblique
offre ainsi ? ses lecteurs, quelqu'un
Pa
qu'Estienne
:
Jean Calvin. Et le Sommaire, qui precede la
revise
Bible proprement dite, figurera ? nouveau en 1553 dans
? reveu
Testament
le Nouveau
genevois de Jean Gerard
?.
cette
revision calvinienne du
Or,
par M. Jean Calvin
Sommaire de Lefevre et d'Estienne,
est, ? tres peu pres,
en 1542 et
au
Sommaire qu'a publie Dolet
identique
en
bonne logique, la
que reproduit M. Megret 2. Ainsi,
: ? Calvin, en 1552, a emprunte
conclusion s'imposerait

du grec correspondantes
duictes
l'une ? Vautre verset ? verset... De
de Robert
Tres petit in-4? a 2 col.,
MDLII.
Estienne,
rimprimerie
sur l'autre. Van
le latin sur Tune,
le francais
t. II, n? 58 ;
Eys,
n<> XIX,
p. 186.
Douen,
1 En
ce qui nous
secours
1552 malheureusement,
du
prive
en 1550
de A.
Cartier
de la substantielle
notice
s'arrete
qui
sur le fait de VImprinterie
et de la
de Geneve
(Arrets du Conseil
de 1541
d 1550, Geneve,
et documents
Mimoires
Librairie
de la
et d*Arch?ologie,
Soc. d'Hist.
1893,
in-8?).
2
le Sommaire
s'en assurer
calvinien
On peut
commodement,
? la suite de son article
de 1552 a ete reimprime
par Nat. Weiss
t. XLIII,
Precisons
de 1894, Bull,
d'Oli
pp. 465-469.
que la Bible
vetan ne comporte
de Vingle,
Pierre
pas de Sommaire
(Neuch?tel,
au v? du titre
4 juin 1535)
; on y trouve
simplement,
(fol. I des
n. ch.) une epitre
latine de J. Calvin,
liminaires
Caesaribus,
regi
?
omnibus
Christi
bus, principibus,
gentibusque
imperio subditis
fameuse
suivie, au v? du titre special qui ouvre le N. T., de TEpitre
Calvin A
tous amateurs
du meme
de J. C. et de son Evangile
(repu
en 1929).
trace non
chez Fischbacher,
Pas
bliee par J. Pannier,
en
les
trois
dans
Bibles
revisees
de
Sommaire
Olivetan
par
plus
la revision
de 1540, pos
; pas trace enfin dans
1536, 1538 et 1539
sous le nom de Bible
? Vipie
Jean Girard,
thume, connue
(Geneve,
a Marcourt,
? Geneve
due peut-etre
alors pasteur
revision
;
1540)
et Olivetan
de
? ce moment,
etait ? Strasbourg
venait
Calvin,
ne
Le Sommaire
calvinien
mourir.
pas tout ? fait exac
reproduit
au lieu de : ? le
tement
le Sommaire
Au debut,
par Dolet.
publie
Isaac-et
Jacob
Dieu
?, on lit : Le Dieu
que ont adore Abraham,
et
David
adore
Adam,
Noe,
Jacob,
Abraham,
Isaac,
qu'ont
?. Et ? la fin, au lieu de : ? Car de
nos autres
peres
luy, par luy
et le Sainct
avec
et en luy sont toutes
le Pere
choses. Auquel
et gloire eternellement.
le texte
Ainsi soyt-il? ?
soit honneur
Esprit
le Pere
: ? A Dieu
et par lequel
et
ecrit
calvinien
done, duquel
et
sont toutes
nostre
choses
; et ? Jesus-Christ
Seigneur
auquel
avec
et au S. Esprit
led it Pere,
du monde
soit honneur
redemteur
?. Aucune
autre
correction
et gloire
Ainsi
eternellement.
soit-il
la derniere
de fond. Mais
par un souci
(la premiere
s'explique

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATEUR

DE

123

l'eVANGILE

le reproduire, son propre commentaire des


?. L'hypothese,
enseignements bibliques
avouons-le, ne
de
pas
manquerait
piquant ? Calvin debiteur de Dolet
pour la foi : de quoi r6ver longuement...
Confessons
simplement notre ignorance et adressons
un appel aux chercheurs, aux
surtout, Le
bibliographes
probleme est precis : o? Dolet a-t-il trouve le texte du
Sommaire par lui publie en 1542 et qui est bien celui du
Sommaire
fabrisien de 1534, mais revu, remanie avec
adresse et competence par un inconnu ? Le champ des
se circonscrire
recherches peut m&me
si
davantage,
en
1540 que Robert Estienne a reimprime le
c'est bien
ce cas, 1540, 1541,
texte du Sommaire de 1534. Dans
:
arinees
voil? les
1542
qu'il convient de fouiller *. Qui
done, alors, a repris subtilement le texte du Sommaire
? Dolet

pour

le tirait encore ? part en 1540 ?


de 1534 tel qu'Estienne
Qui done Pa imprime quelque
part, o? Dolet n'a eu
qu'? le prendre pour le reproduire, sans avoir ? faire le
theologien pour son compte personnel ? J'ai cherche
dans diverses directions, les plus indiquees, sans rien
trouver jusqu'? present. L'etat de dispersion des Bibles
du xvie siecle ? travers TEurope,
la rarete de leurs

en
est evidemment
non
pedagogique,
sorte)
l'ceuvre,
quelque
et qui redoute
d'un
averti
pas d'un
la'ique pieux, mais
theologien
les confusions
entre les attributions
des trois personnes
divines.
1
: A qui Dolet
subsidiaire
a-t-il
le corn
Question
emprunte
men taire des Commandements,
? la suite du Sommaire
qu'il publie
un peu
est un mot
dit ? Commentaire
proprement
pompeux;
en fait, Dolet
les commandements
des deux
publie
simplement
en y ajoutant
les passages
tables
du N. T. qui
ou les
referent
s'y
ou plut?t
et quelques
eclaircisse
remarques,
explicitent
quelques
ton assez
de
mais
sur les
ments,
peu
nombreux,
categorique,
les jurements,
du dimanche
l'observation
subs
images des saints,
titute ? celle du Sabbat
finir l'usure.
vu
avons
Nous
et, pour

(p. 113, n. 1) que, des 1540, Robert Estienne imprimaitsous forme

a fixer aux
et le Sommaire
et le Dicalogue,
placards
parois,
teile que
des Dix
commandements,
l'offrait, en 1542,
VExposition
le texte de ces placards
Dolet
d'Estienne
? D'autre
reproduit-elle
en 1540, une
? Geneve,
Jean Girard
part,
publiait
Exposition
chrHienne
des
dix
commandements,
in-8?,
pet.
par
signalee
son excellente
sur lea Iwres
Th. Dufour
dans
Notice
imprimis
d Geneve
et d Neuchdtel
dans
les premiers
temps de la Riforme,
Geneve,
1878, in-16, p. 178, n? XXXIV.
de

09:47:35 AM

124

LUCIEN

FEBVRE

exemplaires sauves des b?chers, Pinsuffisance habituelle


des catalogues et de leurs signalements bibliographiques,
en 1944, voil? qui
la quasi
impossibilite des voyages
un
echec
finalement
que quelqu'un,
demain,
explique
saura

transformer

en

succes.

c'est toute l'histoire du Sommaire qui est k


et
d'ailleurs, k conduire jusqu'au bout de ses
reprendre,
On y trouvera de l'imprevu !
derniers prolongements.
Au vrai,

n'a-t-il pas publie les variantes que fit


Dej? N. Weiss
subir ? la version calvinienne de ce document, aux fins
reformee en fran
d'insertion dans sa Bible catholique
le
Rene
$ais,
Benoist,
theologien angevin de Sorbonne,
dont nous avons signale plus haut (n. 1, p. 109) l'inte

ressante Bible de 1566 ? II y a l? encore pas mal de


? des temps plus
mysteres k eclaircir. Remettons-les
heureux. A des temps o? Ton pourra, plus commode
ment, se servir des bibliotheques
europeennes.

IV
tout cas, un fait est bien acquis. Dolet en 1542 a
publie un texte, un resume des enseignements bibliques,
qui d'une part n'a rien de renaissant, mais qui, de Pautre,
a tout de compromettant. Que, devenu editeur k Lyon,
ce fervent latiniste, se soit
des Commentarii,
Pauteur
mis ? publier des classiques, k procurer de bonnes edi
tions de son eher Ciceron, ? servir la cause de ces lettres
et d'en
antiques dont il parlait avec tant d'eloquence
En

le grand article Literae des Commen


fresque de Pficole, non pas tant d'Athenes
?
on le comprendrait
sans peine. Qu'il se
de
Rome
que
soit employe, si la presence ? Lyon d'une vieille et
celebre firme comme celle de l'editeur au Griffon, Sebas
en train
de mettre
tian Greif, Gryphius, Pemp&chait
une collection de classiques
se
soit
suivie, qu'il
employe
? repandre
les oeuvres des gentils poetes frangais ou
thousiasme
tariiy cette

dans

latins, ses compagnons de combat, dont Pideal d'huma


nisme se rapprochait du sien, rien de plus naturel. Mais

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATEUR

DE

125

l'eVANGILE

qui ecrivait, en 1534, dans ses Orationes duae


: ? Je vous demande ? tous de croire que
in Tholosam
je
ne fais nullement partie de cette secte impie et obstinee
; que rien ne m'est plus odieux que les
(des Lutheriens)
doctrines et les systemes nouveaux;
qu'il n'y a rien au
monde que je condamne plus fortement ? ; rhomme qui
: ? je suis de ceux qui honorent et reverent cette
ajoutait
foi seule, ces rites seuls qui ont recu la sanction des
siecles, qui nous ont ete transmis par une succession
savants et pieux, qui ont ete reconnus par
d'hommes
nos ancetres ?, cet homme, ce m?me Dolet, parangon
Thomme

et qui, dans
le texte plus
des traditionalistes
libre
en
lettre de novembre
d'une
tourmente
1534,
pleine
s'elevait vehementement
contre la folie
des Placards,
de ces lutheriens, de ces tristes fanatiques qui s'expo
saient, ? pour rien ?, aux pires supplices : ? secte stupide,
osait-il ecrire, poussee par une ardente passion pour la
reclame ? et dont les adeptes ? mettaient
leur vie en
un
une
et
ent?tement
ridicule
danger par
insupportable
1 ??
obstination
que cet homme, que ce Dolet de 1534
soit deyenu, en 1542, Pediteur qui, d'un coup, lance
sous son nom, non seulement le Som
sur le marche,
un
maire qui nous occupe, mais,
grande hardiesse,
Nouveau
Testament en frangais et tout un lot d'une
dont le destin sera d'etre br?les :
quinzaine d'ouvrages
les Epitres et les Evangiles des cinquante-deux dimanches,
deux traductions des Psaumes, Tune en prose, Tautre en
vers ; une Paraphrase
des m6mes Psaumes
; VInternelle
consolation ; le Chevalier chritien d'firasme, et, du m&me,
de se confesser ; une Exhortation ? la lecture
la Maniere
des Sainctes
lettres ; les Prieres et oraisons de la Bible,
un Livre de la compagnie des penitens ; la Fontaine de
autres ouvrages dont nous ne connais
vie et quelques

?
ces
le r61e
tragedies,
ajoutait-il
froidement,
je joue
mais
?;
massacres,
spectateur
executions,
je deplore
je ne
?
follement
? subir de tels maux.
Sur tous ces
pas
m'expose
textes et cet etat
cf. Febvre,
Le Probleme
de Vincroyance,
d'esprit,
pp. 50-53.
Dans

de

09:47:35 AM

126

LUCIEN

FEBVRE

sons que les titres 1 : voil? qui a de quoi nous etonner;


voil? qui pose devant nous, ou repose, le probl&me de
le ? Padouan
et de ses croyances. De Dolet,
Dolet
?,
du
vieux Boul
le
l'athee, le mecreant,
libre-penseur
mier... et de beaucoup
d'autres, plus jeunes. De Dolet,
ce paien si fort au-dessus de la m6lee et qui, en 1534
encore, secouait avec tant de serenite la poussiere de
ses souliers sur les armees rivales.

Problemes, problemes... On peut en poursuivre deux


solutions, qui ne s'excluent pas, sans doute, mais s'op
?
et Pautre, la
la mercantile
posent fortement. L'une,
religieuse.
La mercantile

s'est marie, en
? II faut vivre. Dolet
une
avec
Louise
Giraud
1538 probablement,
qui, peut
etre, etait troyenne d'origine et, peut-&tre egalement,
? Nicole Paris, l'editeur champenois. Dolet
s'apparentait
a eu un fils en 1539 : Claude. Pere de famille assumant
des charges, desireux d'y faire face, Dolet edite et vend
ce qui sert ses
non pas ce qui lui plait personnellement,
idees et ses convictions, mais,
indifferemment, tout ce
ce
au
tout
qui risque d'etre enleve, ?
public,
qui plait
bon prix, dans le plus bref delai. Les livres religieux de
ont la vogue ? Eh bien, vendons
tendance novatrice
des
des livres religieux.
publions
Imprimons m?me,
: elle paie...
livres religieux ? Suivons la mode
La religieuse ? C'est, ? pousser les choses jusqu'au bout,
?
c'est l'hypothese d'une conversion tardive, facile ?
romancer. Dolet s'est marie. Dolet a eu un fils ? Preci
a marque
sement. L'evenement
dans sa vie : voyez le
Genethliacum,

VAvant- Naissance,

comme

il dit

bizar

1
commit Tim
On sait que c'est pour revoir les siens que Dolet
a Lyon,
et de s'y
? son retour du Piemont
de s'arreter
prudence
? L'affection
et amour
cette
faire prendre,
fois, definitivement.
ne misse
tout
ne
prez de Lyon,
je
paternelle
permit que, passant
en oubly pour aller voir mon petit f?s et visiter
et danger
hazard
au roi de son Second Enfer).
ma
famille ? (Dedicace

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATEUR

DE

127

l'eVANGILE

ne
rement, dans un frangais imite de Marot. Pourquoi
le
le
admettre
solitaire,
que
violent, le
pas
l'egoiste,
on nous parle toujours,
se soit alors
dont
personnel
tout devoue
aux siens ?1
change en pere de famille
ne pas admettre que des pensees nouvelles
Pourquoi
lui soient venues ? Ne disons pas, brutalement, qu'il se
soit ? converti ?. Mais, il s'est interesse pour la premiere
fois aux problemes
religieux, autrement que pour en
en
restreindre
Certes, il ne br?le
nier,
l'importance.
avec
il
?. l'fivan
s'en
les
tient,
moderation,
etapes,
pas
annees
k
22
25.
cet
des
Mais
?van
gelisme pacifique
veux
dire
est
fort
fort
hardi,
je
dej?
dangereux
gelisme
pour qui le prof esse. Dolet le verra bien... Et, en atten

en
lui interdire de changer d'opinion
dant, pourquoi
vieillissant ?
Ainsi, k poser en logicien ces problemes d'?me et de
conscience, deux solutions, en effet, semblent possibles.
Encore faut-il noter tout de suite que la seconde, jamais
personne ne l'a faite sienne. On a dit, on a redit : Non,
ce n'est pas comme athee, comme mecreant que Dolet
C'est comme impri
vif en place Maubert.
distributeur
de livres here
editeur, propagateur,
? lutheriens ?, comme on disait alors.
De
livres
tiques.
On n'est pas alle plus loin. On a toujours recule devant
cet apparent paradoxe.
On ne s'est jamais servi des
termes que nous venons d'employer pour decrire une con
a ete br?le

meur,

1
a ce grand livre
sur la Religion,
Nous
songeons
qui
promis
en revue
et les solutions
du probleme
aurait
de
diverses
passe
sur
et
les
divers
hommes
reli
sentiments
des
la
rimmortalite,
: has de animae
des sectes religieuses
morta
gion, et la diversite
sectas que homi
litate sententias,
simul varia de religione
judicia,
num
colendo dwersas
in Deo
discutimus
Us libris qui De Opinione
a nobis
ut nos plane
viros vixisse
relinquentur
intelligat,
posteritati
en
vecu
?. Avoir
non
cruciatos
elanguisse
pleinement
ineptiis
:
se
torturer
sans
laisser
des
formule
pen
homme,
par
inepties
t. II, pp. 413-4).
? [Comment.,
Tout
sinon brulable
dable
depend
le mot d'ineptie.
de ce qu'on met dans
Et le xvie
siecle
d'ailleurs
certes pas ce que seraient
tentes d'y mettre,
de Dolet
n'y mettait
:
au xxe
un assez
de nos contemporains
nombre
siecle,
grand
ceux
contre
de qui
suis ailleurs
inscrit en faux
je me
l'opinion
de Vincroyance...,
Un
siecle qui veut
conclusion,
(Gf. Le Probleme
croire, p. 491 sqq.).

09:47:35 AM

128

LUC1EN

FEBVRE

version de Dolet. C'est vrai de N. Weiss. C'est vrai aussi


de Copley-Christie qui, g6ne ? l'idee d'un Dolet martyr
sa suite ces grosses facons de dire) non
(employons ?
?
Renaissance
?, comme il Pecrit, mais de la
pas de la
? Reforme
une
subtile : celle
?, invente
echappatoire
non
aux
se
ralliant
d'un Dolet
novateurs,
par sentiments
? la cause
chretiens, certes, mais, parce que, finalement,
des reformateurs etait celle du progres intellectuel ?.

chretien pour se liberer du christianisme.


Done, Dolet
C'est ce qu'on peut appeler une formule seduisante...
du terrain terminee,
Cette reconnaissance
prealable
choses
d'un
maintenant
les
peu pres.
regardons

C'est le 6 mars 1538 qu'un privilege royal a ete con


fere k fitienne Dolet par Frangois Ier pour Pexploitation
a autorise l'auteur des Commen
d'une
imprimerie. II
tarii k imprimer, ou ? faire imprimer, tous les livres

composes par lui, tous les livres traduits par lui et tous
?
les livres amendes, annotes, corriges par lui
qu'ils
et tant en latin qu'en grec,
soient anciens ou modernes
en italien et en frangais. II etait interdit ? quiconque
de contrefaire les livres sortis des presses de Dolet et
Des
ceci pendant dix ans k dater de la publication.
un
travers
monde
la
?
le
1538,
premier livre portait
?
avec
doloire.
firme
Dolet
la
nouvelle firme
la
ce pre
Or ce premier livre, ce livre d'inauguration,
une
ceuvre
ce
de
n'etait
mier appel,
Dolet, ni une
pas
un
un
de
ni
de
edition
ouvrage
philologie, ni
classique,
un
ou
e'etait
latins
recueil de poemes,
frangais. Non,
assez
Par
allusion ?
de piete
elementaire.
petit manuel
ce vieux classique, bien connu du jeune Gargantua,
les
Cato
du grammairien Dionysius
Disticha Moralia
(en
langage d'ecolier, le Catori), il se nommait Cato Chris
tianus \ Dolet, du m?me coup, publiait du reste, dans
1
xve

L/idee
siecle,

de christianiser
il etait publie

la fin du
Des
le Caton
etait vieille.
? Cum
et
commento
? Ulm
amplissimo

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATEUR

DE

129

l'eVANGILE

uii autre livre date de 1538, les


de Caton
Distiques
? cum scholiis Erasmi
?. Le Cato christianus est raris
sime. Je ne Tai pas tenu en main.
Copley Christie,
un exemplaire
en possedait
et le pretendait
qui
nous en dit k peu pres rien, sinon
unique, ne
qu'il
d'une
ode de Dolet,
d'une
contient, precede
epitre
k Sadolet,
d'une adresse ad Ludi magistros christianos
et de deux odes d'Antoine du Moulin et de Guillaume
?
un expose en latin du Decalogue,
Durand
le Symbole
des ap?tres commente ainsi que l'Oraison dominicale ;
pour

terminer, des

odes

k la Vierge, Odae

de laudibus

et epistolarum
remissorio
thematibus
?, dans
supra
evangeliorum
une edition
nat. Du
texte latin, Huss
donnait
qui est a la Bibl.
a
une ed. in-fol., en car.
Phi
Lyon
goth., cum commentariis
deja
c'est une
suite
de
d'edi
; depuis,
Bergamo
ininterrompue
lippi
du Caton,
soit seul, soit joint aux Auctores
octo
tions lyonnaises
: Cato mora
sous des titres de plus en plus prometteurs
morales,
en procure
une
etc. Erasme
edition
lizatus, Cato moralissimus,
volontiers
atque
qui parait
recognita
interpretata
(1516),
soignee,
avec
les Sentences
le Manuel
des sept sages, quelquefois
d'Epictete
es Froben,
et d'autres
de pedagogie
vertueuse.
ouvrages
Apr
qui
en
ne le dedaigne
le
les
1529
Frcllon
suivent
;
pas, Gryphe
publie
en 1539 en attendant
et
nouveau
de
Beringen
Gryphe.
Cepen
en 1533, Robert
en donne une edition
Estienne
dant qu'?
Paris,
et traduite
annotee
Cordier.
De
bonne
du
par Mathurin
heure,
: on en a des
sera publie
en frangais
tout
reste, le Caton
l'origine
une
une
en donne
suite d'editions
en 1502
lyonnaises.
Nourry
? avec
en francoys,
in-4? goth.
et
aulcunes
additions
(le Cathon
?
et des prophetes
des saincts docteurs
auctorites
?)
simple reim
du reste, d'editions
et de
de Guill.
Le Roy
anterieures
pression,
Pierre Mareschal
1492 ; cf. Baudrier,
Biblio
(ou Cl. Daygne),
t. XII,
une autre en 1515
p. 101. II en procure
graphie
lyonnaise,
en 1521, etc. ?
l'imite
d'un
L'histoire
(ibid., p. 119) ; Arnoullet
?
sur une bonne
de cette
livre classique
sorte
appuyee
petit
a ete procuree
en
bibliographie
(qui precisement
dej? par J. Neve
ce qui concerne
le Cato) ?
serait d'un vif interet, et je ne comprends
ne nous procure
pas, faut-il le dire en passant,
qu'on
pas un cer
tain nombre
de monographies
sur quelques-uns
de
de ce genre
ces ouvrages,
aux
ont
fondamentaux
de
yeux
l'historien,
qui
et la moralite
la mentalite
des masses.
Notre
histoire
fagonne
reste
toute
: les grands
etc... Les
livres,
1'elite,
aristocratique
livres ? quel
duree
d'exis
succes,
grands
diffusion,
quelle
quelle
tence vaut
celle de
la Vila
de Ludolphe
le Chartreux,
Christi
celle du Cato qu'Erasme
par ex., ou dans un autre ordre d'idees,
ne dedaignait
??
d'ecrire This
pas de republier
Mais,
qui s'occupe

toire de la moralite, cette donnee insignifiante (il y parait !) de


?

1'histoire ? Occupons-nous
est passionnant.

des

lettres

ae

la Cassette

voil?
9

09:47:35 AM

qui

130

LUCIEN

FEBVRE

garantes de Porthodoxie doletique. Rien


virginis Mariae,
de plus benin, de plus inoffensif? C'est ? savoir, et savoir
est difficile. Copley Christie nous dit seulement que,
dans Pepitre ? Sadolet, Dolet, avec cette sorte de mala
dresse provocante
qui est sienne, cet art d'attirer Pat
?
tention, tout de suite, sur ce qu'il faudrait taire
avec
lui
le besoin de declarer,
fracas, qu'on
eprouvait
reprochait de ne faire aucune allusion au christianisme
ses livres ; qu'on avait raison, car la matiere etait
scabreuse, mais que, pour une fois, on allait voir ce
obscur prin
Durand,
qu'on allait voir! Et Guillaume
en
un brevet
du
de
decernait
effet,
Lyon,
cipal
College

dans

de chretiente
taires :

Cessate

un peu

crepantes,

comique
invidia

? Pauteur

des Commen

obstrectatores,

Cessate dicere Doletum relligione


Vacuum : et, ut religionis sit doctus doctor,
Hoc libro ab eo discite.
libre : ? Ah, vous dites Dolet indifferent aux
ce livre ; vous y
religieux ! Eh bien, lisez
problemes
verrez quel doctissime
il
docteur il peut 6tre, quand
veut, en matiere de breviaire ?.
Guillaume Durand felicitait; seulement, quelque temps
de Paris intervenait pour con
plus tard, le Parlement
une
au
edition francaise du Cato. Et, sous
feu
damner
sa forme latine, Pouvrage
devait
figurer au Catalogue
de 1551 des livres prohibes par la Sorbonne ; dej?, Pln

Traduction

Pavait
Fr. Vidal
de Becanis,
de Toulouse,
quisiteur
son
sur
en
1.
1548-49
propre catalogue
porte
Reste que le premier ouvrage qui sortit des presses
chre
etait un livre destruction
lyonnaises de Dolet

1
en fevrier 1543-4
fut br?le
Le Catori
chritien
par ordre du
t. II, part. I, p. 133,
Parlement
de Paris
d'Argentre,
(Du Plessis
le Catalogue
latine du Caton de Dolet
col. 2). L'edition
figure dans

des livres prohibes par la Sorbonne en 1551 (ibid.,p. 169, lettreM).

en date du 23 sept.
censure
d'une
avait
fait Tobjet
Elle
speciale
l'in
dont se servait
1542
particulier
(ibid., p. 229). Pour Tlndex
de Becanis,
cf. Bull.
Prot,
Fr. Vidal
de Toulouse,
quisiteur

franc, t. I (1853), p. 447.

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATEur

DE

131

l'eVANGILE

tienne. Mais si Dolet s'etait flatte de desarmer ainsi les


critiques de ceux qui Paccusaient
d'ignorer la religion,
il s'etait bien trompe. Car du premier coup, lui, Phomme
dfrtache des passions
religieuses, Phomme
qui taxait
et
de
vanite
la
obstination
des nova
stupide
d'orgueil
teurs ? se faire tuer pour leurs croyances, il s'etait range,
sinon parmi leurs troupes reguli&res, du moins parmi
en empruntant un mot com
leurs auxiliaires. Disons,
mode ? notre vocabulaire
politique d'hier, qu'il s'etait
nova
classe parmi les ? sympathisants ? du mouvement
ou gaucherie ? Mauvaise
teur. Etait-ce
inadvertance
note pour un Relligionis doctus doctor, tel que le saluait
le bon Durand, fitait-ce inter?t, calcul d'editeur ? Nourry
avait si bien vendu son Cathon en frangois, pourquoi
n'amorcerait-il
Dolet
pas sa fortune en debitant des
masses

de Catons chretiens ? ?tait-ce


enfin conviction
desintGressee ? Je ferai seulement observer que, si Dolet
il n'aimait pas
n'aimait pas d'instinct les Lutheriens,
non plus leurs persecuteurs ; qu'en tout, il se voulait
? et que tout de m6me l'avant
? homme
d'avant-garde
la
c'etait
troupe ardente de ceux qui combat
garde,
sur
tous
fronts ?la barbarie medievale
les
taient
?, comme

ils disaient. En tous cas, un fait est certain : le Cato


christianus fut un geste sans lendemain ; ni en 1538, ni
en 1539, 1540, ni m?me en 1541 (? deux r6serves pr&s),
ce soit de religieux. Copley
Dolet n'imprime quoique
Christie enum?re 36 ouvrages marques
de la doloire qui
ces
annees
et s'en allerent
quatre
parurent pendant
sous le nom de Dolet. Or, 33 d'entre
courir le monde
eux sont exempts de toute preoccupation
religieuse \
cette petite statistique
Et
semble bien exclure, du
coup, Phypothese d'un Dolet gagne aux id6es nouvelles
et se jetant cette fois dans la m?lee pour les servir. Elle
renforcerait, par contre, Phypothese d'un Dolet ayant
fait un premier calcul (un mediocre
calcul) et n'eprou

1 Les
Novum

trois autres sont:


de
Testamentum
de Savonarole
explanatio

1, le Cato
?
1541.

?
de 1538.
christianus
2, le
Le
Dominicae
3,
praecationis

(1541).

09:47:35 AM

132

FEBVRE

LUCIEN

pas le besoin de perseverer dans une voie insolite


et finalement dangereuse. Retenons
cependant les decla
elles
font echo, sans
rations de Guillaume
Durand;
ou
non.
?
des
sinceres
doute,
propos doletiques,

vant

s'ecoulent. Ceux de 1539, 1540, 1541. Dolet


imprime, publie, atteint l'annee 1542. Annee de grosse
?
activite, celle-l?
puisqu'en un semestre, il va publier,
les
releves
de Copley-Christie,
34 ouvrages.
d'apres
C'est-?-dire
autant, k deux unites pres, que dans ses
Les mois

annees d'exercice
anterieures. Or, parmi euXj
quatre
14 sont des livres de piete. Pres de la moitie. Et il y faut
joindre deux ouvrages, parus dej? en 1541.

reste d'importance
particuliere. C'est un Novum
le
P.
Le
que
Long, bon temoin, il est
inutile de le dire, assurait avoir vu et manie
dans la
L'un

Testamentum
Bibliotheque
inconnu,

ce

de
livre

Saint-Germain-des-Pres.
a

ete

heureusement

Longtemps

retrouve,

et

decrit

en 1940, par M. Abel Lefranc *. Notons


qu'un Novum
Testamentum attirait beaucoup moins de soupcons prea
en frangais. Jusqu'?
traduction
lables qu'une
preuve
du contraire, il etait presume
inoffensif.
Le second ouvrage, c'est un recueil d'opuscules mys
dont le supplice n'avait point
tiques, de ce Savonarole
efface le renom de saintete, loin de l? ?
de ce Savo

si specifiquement
italien et cependant
si lu, si
en Espagne,
en France,
si
suivi
hors d'ltalie,
go?te,
: Marcel Bataillon
a finement
dans les pays du Nord
note comment, en depit de tant d'apparentes
differences,
son influence se trouvait souvent rejoindre celle d'firasme,
narole

et des Precationes alliquot.


de l'firasme de YEnchiridion
si totalement
etranger k la vie spiri
Copley-Christie,
1

Voir Humanisme
et Renaissance,
idition
du Nouveau
inconnue
par Dolet
(avec 3 fac-similes).
Une

t. VII
Testament

(1940), p.
en latin

213-223
imprime'e

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATETJR

DE

l'eVANGILE

133

tuelle du xvie siecle, Boulmier, k plus forte raison, et


les autres, se bornent k citer, en bons bibliographes,
le
titre latin du livre que Dolet publia en 1541 :Dominicae
Iis n'ont
Precationis
explanatio, cum quibusdam aliis.
pas le sentiment de ce que recouvrait de br?lant ce qui
sur le Mise
busdam aliis ; entre autres, la Meditation
rere, ce chef-d'oeuvre du grand voyant de San Marco,
ce testament spirituel que recueillaient
k la fois, un
demi-siecle apres sa mort, et les mystiques
d'obedience
en Espagne ou ailleurs, et un Martin Luther
catholique,
retrouvant, ? sa mode, l'echo de ses pensees, l'image de
ses plus intimes attitudes spirituelles dans les paroles
ardentes du Frate. Voil? ce que Dolet, le Dolet de 1541,
offrait en p?ture aux lecteurs chretiens. Le choix etait
;mais, notons-le, il n'etait pas heretique x.
des livres.
1541. Mais voici 1542. La multiplication
en
oeuvres
de
medecine
Six
frangais.
Sept gros ouvrages
litteraires ou poetiques en frangais, toutes considerables
ou notoires : un Rabelais
; les (Euvres de Marot, VEnfer
du m?me ; VAmie de cour de la Borderie ; la Parfaite.

bon

de court d'Ant. de Guevara.


un
imprime de circons
Cinq classiques par surcroit, et
tance. A quoi s'ajoute un bloc de 14 livres chretiens, et
amye d'Heroet,

ceux-l?,

tous

le Mespris

suspects

et

tous

condamnes.

II

ne

s'agit

plus de demi-mesures. Dolet, quelles que soient les rai


sons qui le menent, Dolet, cette fois, saute le pas. Et
en frangais
Testament,
d'abord,
publie un Nouveau
naturellement.

Nous ne
sur
quelque

pas. Peut-?tre
rayon de biblioth&que

l'avons

attend-il son Megret


mal classee ? Quand

1
et VEspagne,
Erasme
p. 636. L'annee
qui suit la publication
une
a Anvers
ac meditatio
en 1542, parait
in
de Dolet,
Expositio
etc. de Savonarole,
mei Dem,
Miserire
Psalmos
regis Israel,
Qui
du meme,
orationis Dominicae
egalement
VExpositio
qui contient
et un
tirees des Precationes
d'Erasme
de pieces
choix
aliquot

(J. Steels).

09:47:35 AM

134

LUCIEN

FEBVRE

ses appartenances.
il faudra determiner
Paura,
1?
ou
de
Lefevre
d'Olivetan
lignee
Lignee
reproduction
pure et simple d'une edition ancienne ou ceuvre per
sonnelle, innovation d'un editeur savant ? En tous cas,
si nous n'en possedons aucun exemplaire, nous ne pou
vons douter de P existence du Nouveau
Testament de
on

II est inscrit sur tous les index et, par surcroit,


Dolet.
on le voit figurer sur des inventaires, dans des biblio
II introduit, au surplus, tout un
theques
privees2.

de travaux bibliques de longue haleine, entre


? cette epoque. Laissons
Dolet
de cote Penig
pris par
latine
de
le
Bible
Avec
Nouveau
Testa
1541.
matique
ment de 1542, Dolet lance dans la circulation des Psalmes
du royal prophete David,
fidelement traduicts du latin en
en
Traduits
8.
prose. II y faut ajouter, inconnue
frangoys
ensemble

? Copley Christie, une edition des Psaumes


de Marot,
et qui
dont un exemplaire s'est retrouve ? la Vaticane,
a ete signale dans le Bulletin de la Societe de VHistoire
du protestantisme frangais par le Pasteur Pannier 4. Or,

1
Voir plus loin, le texte de Calvin
qui est formel : il s'agit, dit
edition greffee sur celle d'Olivetan.
il, d'une
2 Le
lre et 2e partie,
N. T. imprime ? Lyon par Et. Dolet,
figure
au Catalogue
de 1542
t. II, partie
I,
Sorbonnique
(D'Argentre,
au
et
135
II
Beca
de
de
Cat.
Vidal
Fr.
pp.
figure egalement
136).
ou
:
nouveaux
Les
Testaments
nis
par Dolet...
(n? 26
imprimez
ou bien dangereux
et hMsies,
d'erreurs
de y induire),
autres, plains

ibid., p. 441.
8 Les
de 1542 et de 1551 notent
les
Catalogues
Sorbonniques
les Psaulmes
translates par CUment Marot;
Trente psaumes
de David
en
de Da\ id commenUs
les Pseaulmes
mys
par CUment Marot;
II, i, p. 134, nos 2, 8 et
rythme par CUment Marot
(D'Argentre,
les Pseaumes
toulousain
11, p. 178, col. 1). L'Index
(n? 54) proscrit
en
tant en prose qu'en
et Doht
rithme de Marot
francoys
(Bull.,

t. I, p. 444).
4 Une
premiere edition (?) des Psaumes deMarot imprimSepar
Et. Dolet, Bull., X. LXXVIII
(1929), pp. 238 sqq. A la suite, le

en rithme
et du mauvais...
du bon pasteur
compose" et mis
sa
:
Dolet
dit, dans
frangoyse par CUment Marot.
preface
Apres
en prose avec
les arguments
avoir
les Psalmes
de David
imprime
et allegations
mises
de plusieurs
lieux de la Sainte
Escripture
en marge,
mon
intention qui est de produire
pour mieux
accomplir
touts petits
et nScessaires
? Vdme
traicths delectables
chrestienne,
les Psalmes...
aussi
translates
par Cle
imprimer
j'ay bien voulu
ment
de
si la prose
te plait,
Marot...
Parquoy,
je te fourniray
Sermon

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATEUR

DE

135

l'eVANGILE

sont instructives.
les prefaces de ces deux publications
II les faut rapprocher de YEpitre au lecteur chretien que
Dolet a mise en t6te d'une edition des Epistres et Evan
giles des Cinquante deux dimanches de Van, avec briefves
et tresutiles expositions d'yCelles1, edition de la m?me
annee 1542. L'epitre est datee de Lyon, le 3 mai. Dolet
? de leur rendre
? la Bible
promet aux lecteurs
parfaite
?
ou
en petit format dans les trois
et en
quatre mois
: ? et desormais, ajoute-t-il,
dans
les
huit
format,
grand
ne tiendra qu'a toy si tu n'as continuellement
la parolle
de Dieu devant les yeulx ; laquelle tu doibs recepvoir
en toute reverence comme la vraye nourriture de ton
arne ?. On voit l'ampleur des travaux bibliques de Dolet
k cette date : un Nouveau Testament latin et une Bible
et Nouveau
Testaments
franchise complete, Ancien
:
sous
tres
Tun
formats
deux
reunis,
petit, commode ?
et
?
dissimuler
facile
;
transporter
l'autre, un in-quarto
ou in-folio, pour Tetude et la
Ainsi, la
bibliotheque.
en
renom
Dolet
firme
les
egalera-t-elle
jeune
grandes
firmes lyonnaises qui, toutes, ont k coeur de publier des
Bibles ; ainsi, se classera-t-elle definitivement parmi les
aux reins solides ?
les grandes mai
grandes maisons
sons aux sympathies reformatrices ?
qui sont capables
en prose ?
et si le rithme
Psalmes
t'est aggreable,
je croy que
?.
te contentera
Marot
1 En
un recueil
fevrier 1543-4,
des Epistres
et Evangiles
des
52 dimanches
de Vannie
fut brule
c'etait
par ordre du Parlement;
en 1523
et imprime
le recueil
compose
par Lefevre
(D'Argentre,
t. II, lre partie, p. 133, col. 2 et 175, lettre E). Les 52 dimanches
sont d'autre
condamnes
le
de Dolet
de 1551
part
par
catalogue
Iis figurent
? Tlndex
sous le
toulousain
(ibid., p. 174, lettre D).
ex. est saisi,
n? 41 (Bull., t. I, p. 442). Un
le 16 mai
1545, chez
a Toulon
:
Lazare
Drilhon
et Evangiles
des
Tapothicaire
Epistres
52 dimanches
de Van, chez E. Dolet,
1542 ;Bull. Prot, fr., t. XXVIII
?
Les Cinquante
une greffe
deux dimanches
representent
(1879).
sur le vieux
: v. p. ex.,
tronc des Postilles
les impressions
parmi
? Troyes,
des Le Rouge
les Postilles
et Expositions
des epistres et
Le Rouge,
Guill.
1492.
Plus
dommicales,
evangiles
Troyes,
tard,
chez Verard,
et exposition
Les
sur les
grandes
postilles
Epistres
et les Svangiles
de toute Vannie,
5 in-fol. goth.
Paris,
1511-12,
en 1510, publiait
en un in-8?
A Lyon,
Cl. Nourry,
goth. a 2 col. :
et epistolarum
Postilla
dominicalium
evangeliorum
(Baudrier,

t. XII,

p. 109).

09:47:35 AM

136

LUCIEN

FEBVRE

sortir, sans

effort apparent, ? cote d'autres


livres
un Marot, plusieurs gros livres
importants (un Rabelais,
et leur Bible
leur Nouveau
de medecine)
Testament
de

complete.
Autour

de ce noyau biblique, Dolet groupe une dou


zaine de petits traites qui temoignent en faveur de son
go?t, et aussi de son flair d'editeur. Car tous sont faits
pour se vendre, et se vendre fort bien. A cote du Som
maire, ? cote des Cinquante-deux
dimanches, voici Ja
oeuvre
paraphrase de Jean de Campen sur les Psaumes,
de valeur d'un homme de valeur 1; les Prieres et orai
sons de la Bible, traduction de cet ouvrage d'Otto Brun
n'avaient pas epuise le succes 2;
la Fontaine
de Vie, qui sera reimprimee pendant long
temps encore 3; VExhortation ? la lecture des Sainctes
Lettres 4, sujet br?lant;
le Brief discours de la Repu
fels dont tant d'editions

blique

frangaise

que

Rene

Sturel

semble

bien

avoir

1 Sur Jean
de
les remarquables
indications
voir
de Campen,
Ce savant
hebraiste
et l'Espagne,
Erasme
pp. 448-9.
Bataillon,
en sept. 1538,
a Fribourg-en-Br.,
avoir
de mourir
venait
apres
en quete
et TItalie,
la Pologre
d'esprits
TAllemagne,
parcouru
melanchtonienne.
et de pacification
conciliateurs
2
ex-cis
et polemique
d'Otto
litteraire
Sur Tactivite
Brunfels,
un De
et insti
ouvrages
tercien, et sur ses divers
(dont
Disciplina
en 1527,
en latin par Estienne,
tutione de 1525,
par
reimprime
en 1558),
? Lyon,
voir
en 1538 et traduit
chez Granjon,
Gryphe,
de 1528
Bibliae
Moore,
op. cit., pp. 156 sqq. Sur les Precationes
de BrunfeJs,
et lcur succes, voir p. 110, note 2. Sur les polemiques
voir plus loin, p. 138 n.
8 La Fontaine
en francais
une Fons
vitae latine,
de vie traduit
et plus
en 1533, 1538
tard
recueil de textes bibliques,
imprimee
sa forme franchise,
eile para it
Sous
(en 1561 encore, voir Brunet).
en 1542 et ? Paris,
la meme
chez Langelier,
chez Dolet,
? Lyon,
en
? Lyon,
chez Jean de Tournes
de nouveau
annee
; eile parait
en fevrier 1543-4
et br?lee
est censuree
1543. Elle
par la Sorbonne
t. II, lre partie,
de Paris
(D'Argentre,
par ordre du Parlement
un frag
t. XLIII
(1894), p. 69,
p. 133). Voir au Bull. Prot. Franc.,
son caractere
bien
de ce livret qui marque
ment
d'une
preface
? Anvers,
de vie etait encore reimprimee
La Fontaine
evangelique.
en 1564,
in-16.
chez Plantin,
* Sur ce
t. XXX,
pp. 345 et 405 ;
livret, cf. Bull. Prot. Frang.,
chez Arnoullet
II fut reimprime
t. XXXIV,
p. 23 ; t. LI, p. 442.
Du
Verdier
suivant
avec
en 1544,
des
(Baudrier,
adjonctions

t.X, p. 113).

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATEUR

DE

137

l'eVANGILE

identifie nettementun

enigmatique Livre de la Com


et
des
Penitens
enfin, ouvrages de fond, une
2,
pagnie
Internelle Consolation 8 et, qui Petit dit ? deux firasmes
de date et d'aspiration
d'ailleurs fort differentes : VEn
cet Enchiridion
chiridion d'abord,
dont les travaux de
nous ont permis de
et de Marcel Bataillon
Renaudet
mieux mesurer Timportance
capitale 4, et VExomohgesis

subtile pour et contre la


1524, cette argumentation
confession auriculaire qui sort finalement justifiee du
debat, mais apres tant de critiques si longuement exposees,
si mollement
refutees par le ? Serpentin ? firasme, que
son maintien
final sur la liste des Sacrements
semble
sens.
tout
Traduite
d'enthousiasme
Claude
par
perdre
Chansonnette 5, le Messin devenu B?lois, dont Dolet a
de

Notes

sur Et.

t. I (1913).
8

Botet
etre

d'apres
avec

des

inbdits, Revue

du XVI*

siecle,

les Heures

br?le
Condamne
de la Compagnie
des
t. II, 1, pp. 133-4).
Semble
Pinitens
n'avoir
rien
(D'Argentre,
avec
leMiroir
du PSnitent
de commun
signale par Hauser
(Lyon,
ses Etudes
sur la Rtforme
dans
J. de Tournes,
1549)
frangaise.
se cacherait,
le livre imprime par Dolet
dans
Serait-ce
le cat.
qui
: Le livre des
sous la rubrique
de Becanis,
de Fr. Vidal
vendredys
un texte o? les
blancs
t. I, p. 442, n? 43) ? Dans
Quattre
(Bull,
le catechisme
de Geneve,
tout est
de Geneve
quismes
signifient
en fait de deformation
d'ecriture.
possible
8 Portee
de Becanis
au cat. de Fr. Vidal
(n? 50, p. 443) sous
:Uinternelle
consolation
la rubi'ique
Un exem
imprimbe par Dolet.
en est saisi
chez Tapothicaire
toulonnais
Lazare
Drilhon
plaire
le 16 mai
1545 : Le livre de l'internelle consolation
tresutile au chies
revue et corrigSe, 1542
t. XVIII
tien, nouvellement
(Bull.,
(1879),

p. 4420).

Sur YExomologesis
de 1524, cf. Renaudet,
Etudes Erasmiennes,
43 et M. Bataillon,
et VEspagne,
Erasme
pp. 154, 173, etc.
6
Moniere
de se confesser par M.
Erasme,
Roterodame,
premiere
en francois. A Basle,
en latin puis
ment descripte
translaUe
apres
de
le XXVI
La
traduction
Tan
MDXXIIII.
Chanson
d'apvril
nette
? B?le,
de YExomologesis
chez
fut faite des Tapparition
Le
traducteur
de Paques
Froben
de la veille
1524).
(oedicace
pour Paris afin d'offrir en meme
temps et l'original
partit aussitot
au grand aumonier
de Francois
Ier :
et sa traduction
d'Erasme
a Farel
le 6 juillet
t. I,
1524
Lefevre
Tannonce
(Herminjard,
une lettre d'Erasme
Ier
? Francois
p. 224). II emportait
egalement
des
? Tauteur
et c'cst
la
lui qui revint en apportant
Colloques
du roi : ? Je vous
fameuse
invitation
que,
advertys
autographe
?
sy vous voulez venyr, que vous serez le by en venu
(17 juill. 1524).
de Roussel,
touchant
les sentiments
Sur
de Lefevre
et, surtout
p.

09:47:35 AM

138

LUCIEN

FEBVRE

toujours parle avec eloges, tant dans les Commentarii


de 1536 que dans une lettre-preface de 1539 en t?te du
?
de Claude
De Jure Militum
VExomolo
Cotereau,
ete
avait
denoncee
violemment,
gros
gesis
cependant
sierement, par le bouillant Farel, comme une ordure et
une abomination
: insulsissimus
et omnibus merdis
libellus ; le groupe mdme de Marguerite,
concacandus
est
fraichement accueilli. Mais
prevenu, Pavait
qu'il
done piquant de voir Dolet, en 1542, publier devotement
: Dolet
des traites d'firasme
qui, sept ans plus t?t, don
nait comme preface ? ses activites de furieuses attaques

contre le vieil homme de Rotterdam


?
II y a l?, en tous cas, dans cette serie de publications
chretiennes se succedant en quelques mois, autre chose,
de toute evidence, qu'une serie de rencontres heureuses.
Et sinon un plan, ? tout le moins un rassemblement
et d'oeuvres.
de demolisseurs,
Pas
adroit d'hommes
cette
Dans
de
violents.
reunion d'esprits
d'extremistes,
ou Lefevre
ou
rencontre
et Sadolet,
firasme
larges,

retrouve Berquin,
Chansonnette
on
Brunfels des Precationes1,

et Jean de Campen
le
communie
simplement,

t. I, p. 218
? Farel)
cf. Herminjard,
(Le Sueur
YExomologesis,
a Farel).
et t. I, p. 238
de la lettre
interessant
Passage
(Roussel
sur la fermete de Marguerite,
de Le Sueur
pas
qui ne se laissera
: ? ut non facile queat vul
aux pieges
du renard Erasme
prendre
?.
:
note chez Roussel
Meme
de qua scribis dolis
illaqueari
pecule
? Libellum
de confessione
auriculari
in qua se prodit simia
ilia ?.
ni Le Sueur
ni Roussel,
n'avaient
alors
A notei
que ni Lefevre,
maniere
D'une
lu YExomologesis
echo ? Farel.
; ils faisaient
gene
et de son milieu
de Marguerite
rale, sur les sentiments
pour Erasme,
:
Ill
Autour
de VHeptam?ron,
voir L. Febvre,
Paris,
1944, chap.
au
et
texte
la
Erasme
de Dolet
Renaissance.
Quant
Marguerite,
une
il se trouve
concernant
dans
Chansonnette,
lettre-preface

de Dolet au cardinal du Beilay, en t?te du De

jure militum de

Le
St. Doletum,
travail
de
apud
1539).
(Lugduni,
a ceux de
reconnait
les merites
qu'on
generalement
de Chansonnette,
de Zasius,
de Ferrarius
Mon
d'Alciat,
Bude,
sur
de Cantiuncula
et d'Hengerdorphinus.
tanus
La mention
en teile compagnie.
un peu
des relations
Supposerait-elle
prend
ou indirectes
?
directes
personnelles
?
1 Brunfels
sou vent;
et Erasme
s'en plaint
etait un fanatique
sa lettre ? Melanchton
du 6 sept. 1524 dans Allen,
v. notamment
avec amertume,
Erasme
t. V, p. 546, 1. 65 : ?An
ideo, questionne
Cl. Cotereau
a
Cotereau

depellimus

dominos,

pontifices

et episcopos,

ut

feramus

immitiores

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATEUR

DE

l'eVANGILE

139

librement, dans l'amour de l'fivangile, dans Padmira


tion devote de P Imitation, dans le pieux respect des
effusions mystiques de Savonarole. Et d'un pareil choix,
ce ne sont pas des clameurs farelliques, des aigreurs
vers le ciel, c'est un chant
polemiques
qui montent
et pacifiant.
harmonieux
melanchtonien,

Un

chant melanchtonien...
Pecoute, s'il ne Pinspire pas
ne repugne pas ? la musique
en termes trfes personnels et

Mais, dira-t-on, quelqu'un


? Quelqu'un
qui, d'ailleurs,
: il le dira,
de Mre Philippe
tres nuances, lorsqu'il pre
facera en 1546 une traduction des Loci communes menee
? bien par ses soins*1. Ce quelqu'un,
Jean Calvin, semble
II
suivre attentivement
les projets bibliques de Dolet.
en
en
termes
?
II
de
ecrit
interesse.
propres
Farel,
s'y
cembre 1541 : ? Ce qu'il y a de bon k Lyon, c'est que
le Psautier ; bient?t, il
Dolet y imprime en ce moment
k
et
la
Bible
c'est
la
version
d'Olivetan qu'il
s'attaquera
suivra ? 2. Calvin el ait bien renseigne, on le voit, sur les

projets de Dolet. Mais, inversement, Dolet suivait Pef


: dans la boutique de Pimprimeur k la
fort de Calvin
on y fit
k la fin de cette
doloire, quand
perquisition
m&me annee 1542, on trouva, que vendait l'imprudent,
non seulement VUnio Dissidentium du soi-disant Bodius 8 ;
et Phallicos
? ? (Brunfels
scabiosos
Othillones
rabiosos
tyrannos,
se
Othon).
prenommait
1
v. page
est tres curieuse
Sur cette preface,
106, note 2. Elle
et par les grands
de Me Phi
? Tadresse
contient
eloges
qu'elle
? et des
dont il est om6 ?, et pour les reserves
graces singulieres
lippe
avec
et discretes
attenuees
faites par Calvin
aussi
que possible,
une
sur quelques
sensibles
infinie delicatesse
de touche,
points
des exposes
de Melanchton.
8
nunc Psalterium
hoc boni est quod Doletus
excudit,
Lugduni
ac versionem
mox Bibliam
Cal
Olivetani
sequetur.
Op.
incipiet
t. XI,
vini, Thesaurus
p. 357.
Epist.,
a Ce n'etait
sans doute pas l'edition
de P. de Vingle,
lyonnaise
et qui
se partagerent
iier et Claude
celle que
Jean Mon
Nourry
et Neuchatel;
a prendre
P. de Vingle
la fuite vers Geneve
obligea
eile datait
et devait
6tre rare, sinon epuisee
de 1531 dej?
; pros
et
ce temps,
elle-meme
la Sorbonne
crite du reste. Notons
qu'en

09:47:35 AM

140
non
mais

LUCIEN

seulement
les
encore la Bible

Loci

FEBVRE

communes

de Geneve

de Melanchton,
en langue vulgaire et

VInstitutiode Calvin : Institutiode 1539 ou Institution

de 1541 ? En tous cas, apres Dolet


editeur d'firasme,
Dolet vendeur de Calvin : nous ne sommes pas au bout
nous en etonner
de nos surprises. Mais
devons-nous
mesure
de
?
que
plus
Que de choses k dire sur Calvin ! ? Dater finement ?,
datons-nous
le grand conseil de Michelet;
toujours
finement le ? reformateur de Geneve ? ? Ne melons
nous

pas les epoques et les temps ? Et, tout penetres


nous
sommes des recits de la Vulgate sur le Noyon
que
ne
substituons-nous
pas k l'?tre vivant, et done
nais,
fut
changeant, qu'il
(comme nous tous), ? Phomme qui,
sa

d'homme
de chef
d'figlise,
encore
sa
maturite
jeunesse
souple,
d'figlise,
s?re d'elle-mSme et sa vieillesse endurcie dans son sens
?
propre
je ne sais quel personnage de fer-blanc, peint
son
ne varietur avec sa barbiche en
pointe de lance et
: immuable, fige dans son effigie de la
bonnet pastoral
fils tout k la fois des controverses pole
soixantaine,
resumes pedagogiques
il y eut
et
des
? Mais
miques
non
et
et
des Calvins
pas un
(successifs
simultanes)
?
des Geneves et non pas une Genfeve. Et, vis
Calvin
les con
?-vis de ces Calvins, vis-? vis de ces Geneves,
ne
temporains
reagirent pas toujours, ni tous, de fagons
dans

longue
eut sa

carriere

identique.
nous
: quand
en 1542, Frangois
Ier,
Rappeions
aux
venant
de
rechercher,
d'enjoindre
parlements
de traquer, de ch?tier les lutheriens ?
Clement Marot
une
mettre
entre lui et
de
frontiere
prudent
juge

Rhadamante

Fier en parier, cauteleux en demandes,

et Calvin;
le Parlement
semblent
vouloir
associer
Dolet
voir
de Paris
1'ArrSt du Parlement
du 14 fevrier 1542
(n. st.) ordon
sur le parvis
nant de br?ler
de N.-D.
Y Institution
et
ChrHienne
de Dolet,
A. N. X2a 9S.
quatorze
impression

09:47:35 AM

DOLET

o?

PROPAGATEUR

se rend-il, le Clement

Marot

DE

141

l'eVANGILE

qui rfeve de Theleme

1:

Mais sous bei ombre, en chambres et galleries


Nous pourmenans, livres et railleries,
Dames et bains, seront les passe temps,
Lieux et labeurs de nos esprits contens ?
O? se rend-il, en novembre 1542 ? A Geneve. Sans s'en
montrer plus marri qu'il ne sied. Et il ne se borne pas ?
visiter en touriste la ville du Leman, ? prendre sa tem
et religieuse avant de gagner
perature morale
quelque
II s'y attarde toute une annee. II
asile plus marotique.
facilite
caresse, semble-t-il, le r&ve d'un etablissement
par une pension de la ville. Calvin, un Calvin de 33 ans,
ne semble pas lui faire exagerement peur. Au contraire *.
Sans doute Marot connalt-il un peu ? M. d'Espeville
?,
tout
En
Ferrare
?
deux
les
hommes
cas,
depuis
s'apprfe
cient par les Psaumes.
Iis voisinent, dej? sur le papier
des editeurs.
Iis voisinent, dirai-je, k Saint-Pierre
de
son
o?
Clement
des
entendre
Geneve,
Marot,
arrivee, peut
le peuple chanter k pleine voix, dans sa version :
Qui au conseil des malins n'a este
ou bien

:
Quand

Israel

hors

d'Egypte

sortit...

un
Et Geneve, pour un temps, devient paradoxalement
centre actif d'impressions marotiques.
On n'y imprime
?
cet Enfer
pas que des Psaumes, mais aussi YEnfer,
a
en
Dolet
Marot
reedita
lui-m&me
1542,
que
que
publie
1
?
A Francois
Rabelais.
Sur toute cette partie
Epigrammes,
de la vie de Marot,
cf. (avec quelques
0. Douen,
precautions)
et le psautier
CISment Marot
t. I, pp. 389 sqq.
huguenot,
2
a Marot
Ce fut Calvin
une subvention
de procurer
qui essaya
?
du Conseil
des Psaumes,
pour rachevement
requerant
luy faire
de amplir
les seaulme
?.
de David
bien, et il se perforcera
quelque
: ?
Le 15 oct., le Conseil
le
prenne
repondit
qu'il
pour
patience
?. Mauvais
comme
le pense Douen,
ou necessite
vouloir,
present
financiere
? Les
de la R^publique
etaient
finances
fort oberees
et le Conseil
les cordons de la bourse.
serrait
Sur tout ceci, voir,
outre Douen,
le memoire
de Cartier,
dej? cite p. 122, n. 1, notam
ment
pp. 400, 415.

09:47:35 AM

142

LUCIEN

FEBVRE

en 1543, que Jean Chautemps,


k Geneve tou
en
1544 \ fitranges rencontres, ces ren
jours, republie
contres du Caorsin et du Noyonnais, nel mezzo del camin.
Mais, elles ne sont pas fortuites.
Autre histoire. Voici un jeune homme ardent, enthou
siaste et la t?te un peu folle, mais le coeur chaud. II a
k Gen&ve

au

du temps de
college de Guienne,
il
intitule
s'est
Professeur des Saintes
Tartas. Apres quoi,
: Sacrarum
Lettres ? l'Universite de Poitiers
literarum
d'abord

regente

in Pictaviensi
Academia
regius professor. Et c'est de
Poitiers qu'en
1537 il a adresse ? Calvin une lettre
ardente ou il lui fait part et de son admiration et de son
zhle pour l'Evangile.
Zele si visible qu'il est jete dans
un cachot ? Grenoble et qu'il y reste deux ans et demi.
Sit?t dehors, il fait imprimer ? Lyon par le successeur
de Claude Nourry, Pierre de Sainte-Lucie
(dit, lui aussi,
le Prince) un livre de Poesie frangoise 2 o? s'affiche son
tout fait prevoir qu'il va s'installer
amitie pour Dolet;
entre Rhone
et Sa?ne,
dans
la presqu'ile
bruyante

d'hommes. Mais voici qu'il apprend le retour de Calvin


k Geneve ; plus de cesse, il quitte tout, il va offrir ses
services au revenant. En l'absence de ce dernier, Viret
l'accueille, lui propose d'emblee la direction du College ;
Calvin, de loin, approuve. Encore un, ce Sainte-Marthe,
k qui le Reformateur ne semble pas faire peur, bien au
contraire. Encore un ? qui, des lors, le sejour de Geneve
ne parait pas impossible pour un libre esprit d'huma
niste,

enthousiaste

Autre

cas

et

encore.

sans

fanatisme...

Doucement,

tranquillement,

sans

1
et 555.
Cf. egalement
Cartier,
op. cit., pp. 429-431
2 II
en 1540, dedie
? la duchesse
parait
d'Etampes
(Baudrier,
sur son
t. XII,
Pieces
de vers
p. 178).
lyonnaise,
Bibliographie
sur Marot,
sur le differend des maitres
et com
amitie pour Dolet,
etc. Sur
les relations
de Sainte
de Lyon,
pagnons
imprimeurs
v. Buisson,
et de Geneve,
Marthe
Castellion
(1891), t. I, pp. 130
sqq.
8

il
du reste, ne devint
Comme
pas Genevois.
Sainte-Marthe,
sa fiancee pour
aux bords du Leman,
la ramener
allait
chercher
et tire finalement
il fut arrete, emprisonne
des griffes de la police
en fit un lieutenant
? Alengon.
Elle
criminel
par Marguerite.

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATEUR

DE

143

l'eVANGILE

les Genevois
voient arriver dans leur ville, en
un
vieillard majestueux,
venerandus senex, miram
1542,
prse se ferens majestatem. Rien moins que le plus grand
des predicateurs
le moine
s'arrachaient
d'ltalie,
que
les grandes cathedrales de la peninsule,
le moine qui
remuait les foules comme personne, depuis Savonarole,
bruit,

su remuer

de foules italiennes. Quand


fuyant
veut
une
terre
Ochino
Bernardino
gagner
1'Inquisition,
de liberte?
c'est ? Geneve qu'il se rend. Dans la Geneve
de 1542. Et cet homme, si different de Calvin par le
les facons de sentir et les habitudes ?
temperament,
par tout, et d'abord par son aspect et sa nature phy
?
cet hcmme non seulement ne semble pas repu
sique

n'avait

gner k rencontrer Tauteur de V Institution ; il souhaite


et l'ayant vu, il s'ac
le rencontrer, bien au contraire ?
corde avec lui *.
Trois

cas

bourg, apres
refuge pour
jour de 1537,
sin, tour ?

entre bien

d'autres. Geneve,
apres Stras
la Geneve d'apres
1536 est ville de
Bale,
les libres esprits. Et si, un jour dej?, un
cet aimable et fantaisiste cadet de Limou
en Auvergne,
tour organiste a Lectoure

k Tulle, professeur de
et roi de la basoche
en Vivarais
et finalement ? Lyon
k
Bordeaux,
musique
?
si en 1537 Eustorg de Beaulieu, ayant publie un recueil
et
de rondeaux,
blasons
dizains,
ballades,
epitres,
autres joyeusetes sous le nom bizarre de Divers rapportz,
evange
puis s'etant mis en relations avec les milieux
presente
liques, ayant celebre firasme et Melanchton,
son hommage ? Marguerite et duement satirise les Jaco
bins de Lyon ?
si ce joyeux compagnon, d'esprit et
se
d'humeur
voit contraint de s'enfuir pour se
libres,
mettre ? Tabri : c'est dej? k Geneve qu'il va eher eher
refuge, avant d'aller s'enterrer comme pasteur
etudiant

Tout

1 Sur

ch. VII,

cet

circunde

episode,

? 6 (I, 221).

v.

en un village

d'arbres,

notamment

feuille

et ramage,

le Castellion

de

F.

Buisson,

09:47:35 AM

144

LUCIEN

Thierrens

FEBVRE

au pays de Vaud,
que

l? o? on n'entend

cors

de

pastoureaux

Voix de brebis, vaches, bceufs et taureaux,


toute une ? braierie ? qui n'emp^che
pas Eustorg, mue
en Hector, de composer et de faire imprimer ? Geneve
en aotit 1546, les chansons de sa Chrestienne
m?me,
rejouissance, sur des airs et des rythmes tout profanes ;
evan
il y reprend les themes essentiels de la propagande
:
gelique
Brunette,
Qu'alles

joliette,

vous

tant

courir

A Rome n'a Lorette


Pour

1537 d6j??

de vos

maux

guarir1...

et puis 1541, 1542, 1543 : ce n'est guere

que deux ans apres cette derniere date que Calvin, en


Sebastien
chassant de Geneve
Castellion
fera le pre
mier pas dans la voie redoutable qui mene au despo
tisme spirituel. Deux ans, et Calvin, en effet, n'hesitera
plus entre la periculosa libertas et Pautorite du bon tyran.
sans hesitation
: Phomme
II excommuniera
Popposant
ne
?
tenir
le
pas
Cantique des cantiques,
qui s'obstine
pour un ecrit inspire 2. Deux ans. Mais en 1541, 42, 43,
est reconquis
Pauteur
de VInstitution
triom
quand
non
sans
sur
les
Genevois
les
peine) par
(et
phalement
et
suivi
du
d'Idelette
chariot
Strasbourgeois,
quand,
il revient
qui traine ? trois chevaux son maigre menage,
en triomphateur dans ce qui, desormais, va de plus en
? ville ? 3?
Geneve n'apparait
pas
plus, devenir sa
1
sur Eustorg
Voir
de Beaulieu,
de
Histoire
Vuilleumier,
t. I (Lausanne,
de Vaud,
riformie du Pays
1927), pp. 463
l'Eglise
474.
2
t. I, chap. VII,
Cf. Buisson,
Sib. Castellion,
pp. 200 sqq.
8 ? Mardi
: Me
evan
13 sept.
1541
Jehan
ministre
Calvin,
est arrive d'Estrabourg...
et pour aultant
les
que
gelique.
Lequel
vers
retourne
entendent
led. Calvin
que
Seigneurs
d'Estrabourg
eux : resolus de le prier que
il doibve
entierement
demore
icy...
sa femme et son menage.
resoluz
envoye
que Ton
querre
Aussy

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATEUR

DE

l'eVANGILE

145

et guindee ou
encore ? tous comme la cite maussade
Ton doit surveiller ses gestes et ses mots, ou Ton vit
sous surveillance du matin au soir, sous la surveillance
consistoire
reste
d'un
Geneve
intenable
pharisien1.
encore aux yeux de tous une cite de liberte, et non pas
une cite chretienne, calviniste et totalitaire. Des hommes

y vivent toujours nombreux, pour qui changement de


culte ne signifie pas necessairement
rupture totale avec
de vieilles habitudes qu'ils trouvaient humaines et qui
leur restent cheres. Iis y vivront quelques annees encore
?
et il en faudra douze ? Calvin pour triompher d'eux

definitivement.
Tout ceci pour induire ? reflexion. Pour reagir contre
nos manies de classification et de compartimentage.
Et
en Pespece, pour bien nous rendre compte que Patten
tion pr?tee par Calvin, en 1542, aux faits et gestes de
?
et reciproquement,
la
Dolet,
imprimeur biblique
detention et la mise en vente par Dolet, en 1542, de la
Bible de Geneve en vulgaire et de VInstitution, n'impli
un pas de plus vers la Reforme
quaient pas necessairement
au sens strict du mot, un progres, si Pon veut, au sens
dans la voie d'une nouvelle Orthodoxie :
etymologique,
non plus catholique,
calviniste. Car un
celle-la, mais
homme de 1542 ne voyait evidemment pas le Calvin
de 1542 comme nous le voyons, nous, apres quatre siecles
et d'elaborations
de travaux
contradictoires
pedago
?
? ou le ? Tyran ? de Geneve,
le
Pape
gico-polemiques,
attirant tous les regards, dominant tout son siecle et
lui posant

d'imperieux

dilemnes.

du drapt
20 :Me Calvin.
Ordonne
Mardi
qu'il
luy soyt achapte
?
11 : Les trois chevaulx
mardi
Octobre
pour luy fere une robbe.
ont admene
et charryot
la femme et menage
de Me Cal
lesquelx
au
vendus
offrant ?. Registres
resoluz
vin,...
soyent
plus
qu'ils
v. 35, fol. 324, 332 cv?, 356. Thesaurus
CaWi
du Cornell,
Epistol.
vol. XII,
col. 282-4.
nianus,
1
: Marot,
a l'oeuvre
soit dej?
le Consistoire
Bien
que
coupable
s'en apercevra
d'avoir
joue une partie de tric-trac avec Bonivard,
vite en nov, 1543.

10

09:47:35 AM

146

LUCIEN

FEBVRE

Et nous revenons toujours ? nos questions. Pourquoi,


en 1542, brusquement,
cette suite de publications
chre
et doucement
reformistes ??
Je
tiennes, evangeliques
en
dis bien : brusquement,
a
1542,
puisque Dolet,
dej?
ans d'existence
comme imprimeur, editeur et
quatre
?
et qu'en tout et pour tout, pendant ces quatre
libraire
ans, il n'a publie ? coup s?r que trois ouvrages reli
gieux sur plus de trente. Conversion ? Ou calcul ? Ou
peut-6tre pression du dehors ? Mais pression de qui, et
1
pour quoi ?
il resolut de creer, de
s'6tablit, quand
Quand Dolet
une maison toute neuve,
toutes pieces, une ?maison ??
sans traditions, sans tresor d'experiences
heritees, sans
sur le sol lyon
clientele, attaches ni racines veritables
nais ?
qui fit les premiers fonds ? qui commandita
Pentreprise ?
aucune
Dolet
lui-m?me ? Nous
n'avons
raison de
chose derriere lui ?.
penser qu'il e?t, en 1538, ? quelque
Sa femme ne lui avait-elle pas apporte un peu d'ar

gent, de quoi sauter le pas et faire les frais d'un pre


mier etablissement ? Mais nous ignorons tout de Louise
?
tout, sauf son nom ; tout de ses relations
Giraud,
avec Nicole Paris et le milieu des pape
hypothetiques

1 II
faut elargir
savons-nous
la question.
des
conditions
Que
est le Ii vre
du
fonctionnement
de
? O?
lyonnaise
1'imprimerie
: le Baudrier,
d'histoire
(je ne dis pas le recueil de bibliographies
a procure
de renseigne
1921,
interrompu
depuis
dej?
beaucoup
ments precis
en l'absence
inutilisables
d'un
;mais malheureusement
?
sur Flm
o? est le beau
livre que nous devrions
Index)
posseder
au xvie
:
? Lyon
siecle ? Grand
livre d'interet
primerie
lyonnais
certes. Grand
oui. Grand
livre d'interet
livre d'interet
francais,
non moins,
? Lyon
c'est un des
europeen,
puisque
l'imprimerie
au xvie siecle. Rien,
le monde
de l'imprimerie
dans
gros chapitres
une
Pas
these. Aspects
pas un memoire.
aspects
economiques,
: neant,
en dehors des intelligentes
et aperitives
du sujet
sociaux
indications
decouvreur
de la Rebeyne...
Et cependant,
d'Hauser,
une universite
et des etudiants
et des
il y a a Lyon
d'histoire
ces derniers,
rives aux exa
Maitres
Mais,
que peuvent
qualifies.
mens
et aux concours
?

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATEUR

DE

147

l'eVANGILE

tiers et des artisans du livre champenois x. II nous man


que sur Dolet
(et en tous cas, sur Dolet,
imprimeur
un de ces dossiers nourris et precis comme
lyonnais)
en fournit pour quelques-uns
de ses clients.
Baudrier
revenons ? notre
En attendant,
question. Soit ; Dolet,
avec le peu qu'il avait, sinon avec le peu que sa femme,
?
Dolet en tous cas, avec les
peut-6tre, lui apportait
de ses amis2, a pu faire, en
amiables
contributions
1538, les premiers fonds. Mais ensuite ? Le papier co?te
a de la
eher. Et les presses. Et les caracteres. Dolet
en
:
en
auteur
Dolet
peut approvisionner,
appro
copie
visionne en fait, sans difficulte, Dolet imprimeur. Mais,
enfin, il n'y a pas que la copie ? En 1542 surtout, notre
homme

fait de grosses

depenses.

II s'etablit

rue Mer

Louise
Dolet
n'ait pas fait un mariage
Giraud,
Qu'en
epousant
?
cela resulte de la lettre de ? Claudin
de Tourainc
d'argent,
(Claude
dans
? Est. Dolet,
VAvant-Naissance
imprimee
Cotereau)
(ree*d.
?
:
ton
combien
Techener,
que plusieurs
p. 38)
mariage,
lequel,
ce que par
trouve
ta fortune,
la, cuydent
estrange
pour
ayent
ou pour
aux biens,
estre tronquee
le moins
retardee
de
quant
?. Cf.
trouve
bon et louable
toutesfois
je Tay
beaucoup,
egale
sur le mariage
les conseils
ment
que Dolet
prodigue,
toujours
: ? Si tu veulx
dans YAvant-Naissance
(p. 22), ? son fils Claude
?
?
ne
te fault entendre
femme prendre
il
A la beaulte
Ou au
?
?
en richesse
?. Ces conseils
douaire
abondant
d'un
emancipe
sont
siecle
du xvie
d'une
sagesse
(style Boulmier)
irr^pro
s'il les a ecoutes,
et affreuse.
chable
Claude
Pauvre
Dolet,
quel
? Nie.
de Pructhomme
d?t-il
Itre...
Quant
parfait
exemplaire
se
on
sa
?
examine
Cartier
VEn
Paris,
marque,
reporter
peut
qui
et explique
fort bien comment
eile lui est com
fant au palmier
avec
a Geneve
1
celle
mune,
que Girard
'essentiel,
pour
adopta
au
: l'enfant
de 1543
des Emblemes
? partir
palmier
provient
sur N. Paris,
les vieux auteurs
d'Alciat.
Voir aussi,
troy ens : Cor
etc. II faudrait
rard de Breban,
la ques
Socard, Assier,
reprendre
avec Dolet.
tion de ses relations
Louise
Giraud
aurait
possibles
avec la tribu des Girault,
elle, par ailleurs,
rapport
quelque
impri
du nom ne serait
? L'orthographe
meurs,
etc., de Paris
libraires,
pas un obstacle.
2 ?
avec
II aurait mis
ensemble
peu d'argent
lequel
quelque
et l'aide de ses amis,
lever quelques
il despieca
presses
d'impri
et faict imprimer plusieurs
et soubz
beaux
merie
icelle imprime,
?. Proces
7 ;
d'Et.
de libraire
Dolet,
livres, tenant boutique
p.
ce texte, de toute
Copley
Christie,
p. 325, n. 1. II faut lire dans
? et non
?
?
?. Dolet
dut
pas
evidence,
presse
quelques
quelque
en 1542
en acquit,
avec
semble
une presse.
debuter
C'est
qu'il
; voir plus loin.
t-il, une seconde

09:47:35 AM

148

LUCIEN

FEBVRE

la grande rue des impri


eiere, dans la rue achalandee,
du Lyon qui lit, il s'etablit
meurs, la rue Saint-Jacques
? l'enseigne de la Doloire d'or. II voit grand. II s'etend,
il s'agrandit. II se procure une seconde presse. II decide
ou
de frapper un grand coup. Acces de megalomanie,
ces
sortent
Et
d'un
huit
livres
?
?
coup
qui
quoi
ils for
Parmi beaucoup
d'autres, c'est entendu : mais
une belle suite, eoherente, voulue;
ils sont le
resultat d'un
choix, d'un dessein premedite ; ce ne
sont pas les auteurs qui sont venus prier Dolet de
eu
les imprimer (et pour cause). Alors ? Y
aurait-il

ment

chose
calcul
de plus qu'un
de
personnel
quelque
remu
?
vente
et
livres
d'une
la
de
facile
Dolet,
quete
en
ete subventionne
neratrice ? L'editeur
aurait-il
ou indirectement,
encou
sorte
directement
quelque
rage ? tout le moins, incite du dehors ? travailler pour
1
la cause de Dieu et de l'fivangile ?
Pour repondre ? ces questions,
rien qu'un
unique
II nous est fourni (du reste, sans reference,
document.
sinon celle des ? Archives de Lyon ?, ce qui est un peu
celui-ci ne semble
par Copley Christie2. Mais
vague)
avoir ni bien compris, ni bien interprets, ni eclaire son
texte par quelques
recherches complementaires.
Pou
vons-nous faire un peu mieux que lui ?

Le lundi 10 juillet 1542, ? Lyon, en la maison d'habi


tation des epoux Dolet, Mtre Etienne Dolet, marchand
imprimeur et libraire, citoyen de Lyon, et Louise Giraud
sa femme, font avec honorable Helayn Dulin, demeu
rant ? Lyon egalement, une troisieme compagnie
: car,
en
avec
ont forme deux
le m?me personnage.
dej?, ils
a pour objet
Cette troisieme compagnie
l'exploitation
d'une

nouvelle presse d'imprimerie que les epoux Dolet


tiendront ? dater des premiers de septembre prochaine
1
Cf. Copley
Christie,
2
Id., pp. 324, n. 1.

pp.

425-6

et n.

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATEUR

DE

l'eVANGILE

149

ment venant ?

ceci aux conditions, de nous inconnues,


actes de societe anterieurs ?
stipulaient
passes, le premier, le 24 janvier 1539,
respectivement
et le second, le 19 ao?t 1540 ; nous en
ignorons abso
lument la teneur. Le troisi?me de ces actes, celui du
10 juillet 1542, vaut pour six ans. Les deux premiers
sont proroges de fagon ? courir, eux aussi, exactement
les deux

que

pendant

les m?mes

six ans, ? dater du

1542 et ? prendrefin le 31 ao?t 1548.

1er septembre

Une premiere clause nouvelle apparait, nous disent


les contractants, dans ce troisieme jeu de stipulations.
Les epoux Dolet bailleront ? Dulin un exemplaire de
? leurs deux
tous les ouvrages
qu'ils imprimeront sur
ils lui fourniront un
presses ?. Et retrospectivement,
exemplaire de tous les ouvrages qu'ils ont publies depuis
? lever leur
qu'ils ont commence ?
premiere presse ?.
C'est-?-dire depuis 1538. S'ils font des reeditions, m?me
: un exemplaire de chacune
sera remis ?
obligations
en
sera
du chiffre
dorenavant
avise
outre,
Dulin, qui,
du tirage. Souci de contr?le de la part d'un commandi
taire ? Sans doute. Mais aussi, preoccupation
d'homme
ne
un
comme
lit.
editeur
il
commandite
Qui
pas
qui
commanditerait

un

sellier. D'homme

qui

se monte

une

bibliotheque.
Seconde
clause,

plus interessante pour nous. Dulin


sa responsabilite pour le cas o?
d?gage soigneusement
les 6poux Dolet imprimeraient quoi que ce soit d'inter
livre ou livres qui fussent ou vinssent ?
dit, ? quelque
?tre repris ou defendus ?. Clause de style ? La retrouve
t-on dans d'autres contrats lyonnais
analogues, ? cette
epoque ? Ou bien indique-t-elle, chez le commanditaire
de Dolet
(au moment precis o? il augmente, prolonge,
accroit sa commandite)
soit un pressentiment, soit des

et l'apprehension
craintes intimes, soit la connaissance
de certains pro jets precis ? Mystere. ?
En conclusion,
Dulin verse ? Dolet 1.500 1. pour son fonds de nouvelle
ont de ja regu
compagnie ; de quoi les epoux Dolet
500

livres. Les 1.000 1. restants seront payees par por


tions egales aux f6tes de Toussaint
et de P?ques
pro

09:47:35 AM

150

LUCIEN

FEBVRE

en
des Dolet
et
les temoins
repondent. Le notaire signe Cotereau,
se nomment Claude Millet
et Guillaume Lamayne.
Le
tout, suivant les lectures de Copley Christie K

chainement

venants.

Tous

les

biens

le principal commanditaire
de Dolet s'appelait
Dulin ? Copley
Dulin.
Qu'est-ce
Helayn
qu'Helayn
Christie ne s'est pas pose la question ou, s'il se Test
posee, il n'y a pas repondu.
Identifier un inconnu d'il y a quatre cents ans, t?che
Dulin
semble-t-il. Non. L'enigme
peut se
impossible
son xvie
connaisse
resoudre, pour peu qu'on
siecle,
entre
Cor
l'interessante
ait
autres,
qu'on
frequente,
ou
de
Tausserat-R?del
Pellicier
par
publiee
respondance
sur
ses
des
le
recueil
rayons
precieux
qu'on possede
Actes de Frangois Ier 2. Dix documents surgissent aussi
t?t, qui font comme un premier crayon d'Helouin Dulin
ou Du Lin ou De Lin suivant les lectures. Le voil?, en
et mandate
?
de Rouen
1532, receveur du Parlement
annees
en
et
1533
suivantes,
1532,
plusieurs reprises,
pour payer les gages des officiers de ce Parlement. Mais,
Ainsi,

le voil?, en 1533, charge de paiements


plus
On lui confie les sommes, souvent fort impor
tantes, qu'il convient de verser ? MM. des Ligues pour
C'est lui qui regoit
entretenir leurs bonnes volontes.

surtout
delicats.

? Le nom
sans doute.
de
? Non
Etait-ce
Claude
Cotereau
se voit, ecrit Copley
dans plusieurs
le notaire,
Christie,
Cotereau,
n. 1). Claude
avait
Millet
autres actes de la m?me
epoque
(p. 325,

il quelque rapport avec Jean Millet de Saint-Amour, qui a publie

d'erudition
? Paris
entre 1551 et 1560, divers ouvrages
et ? Lyon,
Turcs
de
les Conquestes
des
et d'histoire
? (Egesippe,
Zonaras,
le nom, evidemment,
? Guillaume
Richer,
Lamayne,
etc.). Quant
l'ancien
fait penser
? celui de Guill.
du Maine,
precep
Mai'nus,
au service
du due d'Orleans,
teur des enfants
de France
passe
les lec
Je n'ai pas pu verifier
ami de Dolet
et des humanistes.
etait du reste un assez
tures de
du Mayne
Guill.
Christie.
Copley
gros personnage.
2
t. VIII,
la table alphabetique,
Voir pour les references,
p. 781 :
du Beilay,
Guillaume
ou Helouin.
Du
Bourrilly,
Lin, Heluin

le classe ? Helouyn (de Lin), p. 435.

09:47:35 AM

DOLET

PRO PAG ATE UR

DE

151

l'eVANGILE

en charge du Tresor et transporte ensuite en Suisse les


ecus d'or bien sonnants et trebuchants
beaux
qu'?
sous le contr?le des ambassadeurs
du Tres
Soleure,
Chretien, il distribue aux ? interesses ? : le mot est juste.

est charge
Du
de telles operations,
Lin
Specialiste
d'autres missions du m6me genre. Un jour, ? Lyon, il
touche 500 1. qu'il distribuera aux postes assises entre
Lyon et Soleure. Un autre jour, il regoit l'importante
mission d'aller recevoir ? Lyon et de transporter de l? ?
Paris, les 50.000 ecus d'or qui representent un premier
versement sur la dot de la duchesse d'Urbin, niece du
Pape, mariee au due d'Orleans. Mais, sa grande specia
II continue
lite, c'est le payement ? MM. des Ligues.
: un
d'ailleurs ? &tre receveur du Parlement de Rouen
acte de 1534 ne nous laisse aucun doute sur l'identite des
: celui
deux H6louin Dulin
qui fournit aux appetits des
cantons suisses et celui qui paie les gages des hommes
rouges rouennais. Et ce m?me document nous le montre,
aux ordres, ? Soleure, du sieur de
trait de lumiere ?
de Langey1.

Ainsi, un homme
mais precieux, plein
: transporter
ment
en decembre 1533 ?
titude ce que cela

de confiance. Un agent secondaire


et d'energie necessaire
d'initiative
50.000 ecus d'or de Lyon ? Paris,
se figurer avec exac
voudrait-on

representer de peines, de
pouvait
soucis, de dangers, et de responsabilites de toute nature
d'une
teile entreprise ?
pour celui qui se chargeait
caravane
? former, ? acheminer, vers son but
Quelle
1
: ? Heluin
Actes de Frangois
/er, t. VII,
p. 778, n? 28.998
Dulin,
receveur
ecus d'or
du Parlemant
de Rouen,
100.000
sol. pour
en la ville de Soleure
et distribuer
ainsi qu'il
lui sera or
porter
sur ces distributions,
donne par le Sr. de Langey
Boun
(1534). Cf.

Cf. egalement
rilly,
Rott,
op. cit., pp. 169-170.
Repr?sentation
t. I, p. 393, n. 1. Le meme
de la France
suisses,
aupres des Cantons
n.
Rott
fait mention
du Lin, com
7) d'un Antoine
(t. II, p. 251,
mis de tresorier des Ligues
en 1582 qui est peut-etre
? Lyon
un

filsd'Heluin ?

09:47:35 AM

152

LUCIEN

FEBVRE

par des ehemins impossibles, ? surveiller jour et nuit,


? garder et ? proteger, ? main armee, eontre les brigands
sans parier des intemperies et de
et les aventuriers,

leurs consequences
parfois redoutables ?
L'homme
n'etait certainement pas banal, qui assu
et se tirait k son honneur
mait de telles responsabilites
? :
du Parlement de Rouen
de telles t?ches. ? Receveur
ces mots evoquent, pour nous, un bureaucrate, un seden

taire, un rond de cuir. Et il s'agissait evidemment d'un


et de
homme de forte trempe, d'un homme d'action
et
k
les
la
recuite
les
bises
vents, par les
peau
main,
par
et
de janvier ;
de
froid
les coups
coups de soleil d'ao?t
sans
nul
doute, k
resolu, excellant,
hardi, debrouillard,
organiser le passage d'une riviere quand le pont de bois
venait d'etre emp?rte par la crue, ou k tenir en respect,
au coin d'un bois, une b?nde
suspecte. En tous cas,
:
retenons de lui deux choses
il frayait avec les Suisses,
et il frayait avec Langey.

avec ces Savoyards passes


Avec les Suisses. Ajoutons,
sous le contr?le des Suisses, et qui impriment, en ce
de choses pour eux, mais plus de
moment, beaucoup
: ceux, notam
choses encore, peut-6tre, pour les Francais
:
et Geneve
et
Lausanne
habitent
Neuch?tel,
ment, qui
toutes villes reformees de langue francaise, villes de
Or, qu'?
refuge, villes d'appel aussi et de propagande.
de
notices
et classiques
l'aide des deux
pr?eieuses
la liste des
et A. Cartier, on reconstitue
Th. Dufour
des impressions de J. Girard
impressions genevoises,
notamment,
l'imprimeur patente de Calvin, de Farel
et de Viret, avant que Robert Estienne, quittant la rue
Saint-Jean de Beauvais
pour la grand'rue devers Rive,
ne vienne sur les bords du Leman
le suppleer. Qu'on
avec
des impressions
cette
celle
liste
ensuite
compare
: on sera frappe
et
en
1543
1542
Dolet
d'fitienne
1541,
Testament en francais, les
des similitudes. Le Nouveau
seul
en prose, un Petit traite Sun
de David
Psaumes

09:47:35 AM

DOLET

PROP AG ATE

TJR DE

153

l'eVANGILE

de Clement Marot en
et avocat, les Psaumes
des
les
Instructions
rythmes,
enfants, YEpitre ?une
le Miroir de Vdme peche
femrne ? la Roine de Navarre,
resse ; voil? ce que Girard imprime avant 1539. Apres,
sur les psaumes
il y joindra, entre autres, la Paraphrase
?
comme
de Campensis
Dolet,
pendant que
(1542),
Jean Michel, cette m6me annee 1542, imprimera de son
les Cinquante-deux
c?te, k Geneve,
dimanches, comme
?
un
en
Nouveau
Dolet
1543,
Testament, version
puis,
revue par Calvin ?
et que YEnfer de Marot
d'Olivetan
sortira deux fois, si ce n'est plus, des presses genevoises
en 1543 et 1544. Ceci veut dire que Dolet,
s'il s'etait
ses presses, ? Geneve ?
et
lui
l'exigeant, le
transports,
le tracassier Conseil de la Ville n'aurait rien
minutieux,
su trouver ? redire, sinon, peut-etre, ? ses prefaces, du
midiateur

chretiens qu'il offrait k


moins au choix des ouvrages
: l'activite du
de Girard
ses lecteurs. Rapprochons-le
en
est beaucoup
1542 surtout,
plus grande,
Lyonnais
mais eile est exactement de mSme nature que celle du
En d'autres
Genevois.
termes, Dolet
publie ? Lyon,
dans le royaume des persecutions, sous Poeil du cardinal
de Tournon, des livres pareils k ceux (des livres, parfois,

ceux) qu'un editeur ayant saute


qui sont exactement
le pas, et s'etant etabli en pays reforme, publierait, lui,
sans crainte du b?cher, dans quelque
dans
Geneve,
ou quelque Lausanne.
Et ceci tout
quelque Neuchatel
de m&me est assez frappant ?
comme de Rabelais,
? Langey ? Langey,
est
Quant
un heros de Dolet. N'oublions
le
31
mai
pas que,
1540,
incarne que Phumaniste
c'est ? ce Pantagruel
devenu
un traite sur la Maniere
de bien tra
imprimeur dedie
oeuvre
: un de
d'une
considerable
duire, fragment
plus
ces immenses projets que ne cessait de caresser Dolet;
apres le De opinione (en quoi e?t ete inclus un De Reli
un Orateur
frangais
gione), une Histoire de Frangois Ier,
?
les
chanter
destine
aussi,
louanges de la belle langue
? reduire en teile
? que les
frangaise et k la
perfection
et
N'oublions
latine
pas que Cotereau,
grecque...
langues
le Tourangeau
Cotereau,
juriste, secretaire du Cardinal

09:47:35 AM

154

LUCIEN

FEBVRE

familier de Guillaume,
Jean du Beilay,
etait, aux dires
? le trait d'union
et
entre Saint-Maur
de Bourrilly,
Turin ? \ entre le cardinal et le lieutenant-gouverneur
du Piemont;
par lui, ajoute Bourrilly, Langey commu
avec
le
groupe de poetes et d'erudits que l'im
niquait
?
et d'abord
primeur lyonnais avait reunis autour de lui
avec le medecin Tolet, dont Dolet
imprima plusieurs
k Montpellier.
ouvrages, Tolet, le camarade de Rabelais
Or, c'est ? Cotereau, ami tres fidele et tout specialement
eher, que Dolet dedie son Genethliacum de 1539, comme
au temoin de sa vie la plus intime. Rapprochement
curieux. Faut-il ajouter que tout ce qu'imprima Dolet
de religieux, en 1542, tout ce lot de livres nettement

franchement evangeliques
mais
novateurs,
ireniques,
vides de controverses et de polemiques,
e'etait en verite
de la litterature pour Langey,
je veux dire bien faite
au
des
accords
de foi avec Me
pour plaire
negociateur
au
au
et
d'une politique
serviteur
lanchton,
champion
avec la Reforme ? Nous
n'allons
d'entente
pas plus
loin, est-il besoin de le dire ; mais, enfin, nous pouvons
nous risquer ? aller jusque-l?.
*

ceci dit, tous ces buissons battus, tout ce


long circuit effectue autour de notre Dolet, editeur de
livres chretiens en 1542, nous nous retrouvons devant
notre probleme. Pourquoi
Dolet
editeur de tels livres,
k cette date, ? ce moment de sa vie ?
? Probleme de fait ?, on le dit
toujours et nous-meme
nous l'avons repete. Mais d'abord
le probleme de fait,
au moins une
est-il si facile ? resoudre ? II nous manque
Et

tout

donnee de fait, pour


pour cela, une maitresse
evaluer ? son juste prix l'effort de Dolet
imprimeur
sa pensee,
les publications
chretien. Dans
religieuses
dans le premier semestre
qu'il prodigue brusquement
de 1542 marquaient-elles
le debut d'une serie ? ou bien

donnee

V.

Bourrilly,

op.

cit., pp.

319-320.

09:47:35 AM

DOLET

devaient-elles

DE

PROPAGATEUR

rester uniques

155

l'eVANGILE

dans Poeuvre

d'editeur

du

patron de la Doloire ? Impossible de le dire, puisque

s'etant fait arr&ter au debut de


l'humaniste-imprimeur
Tete de cette m6me annee 1542 par Matthieu Orry l'in
ne reprit plus dfes lors sa pleine liberte d'action.
quisiteur,
Nous ne saurons done jamais si Pactivite
evangelique
au cours du premier semestre de
soudaine de Dolet,
1542, fut anormale, tout exceptionnelle
(ce qui parait
peu probable) ou si elle inaugurait, dans sa pensee, une
et d'initiatives
toutes nouvelles ?
periode d'activites
Nous devons nous en tenir, des lors, au fait brutal et ?
sa consequence,
qui est patente. Car ce n'est pas tant
avoir
pour
pr&te k Pauteur de VAxiochus une opinion
subversive sur l'immortalite de l'?me en traduisant le
oux Iffet du texte par : tu ne seras plus rien du
ffu
yap
tout ce n'est pas tant pour s'?tre entendu faire, k propos
de VAxiochus, exactement le reproche que des critiques
de la Lettre
contemporains ont voulu faire au Rabelais
de Gargantua ? Pantagruel, reproche sur quoi nous nous
sommes explique
suffisamment ailleurs 2, ce n'est pas
une
de
dire non point ambigue, mais qui
fagon
pour
?
?tre
declaree
disons, ce n'est pas
pouvait
ambigue
?
?
un
mourir
du
tel
totalement
que le Bossuet
pour
Sermon sur la mort aurait pu, tel qu'en fait il put le
laisser tomber de ses levres aussi eloquentes qu'ortho
doxes, e'est pour un tout autre grief encore, plus patent,
plus avere, et qui ne pr&tait pas ? la discussion, que le
se trouva
finalement condamn6 par le
pauvre Dolet
Parlement de Paris, en 1546, k 6tre etrangle puis br?l6
en place Maubert
le jour de la Saint-Etienne.
C'est pour
avoir imprime, edite, vendu des livres prohibes ; c'est
pour avoir preface de fagon suspecte des ouvrages par
comme P Internelle consola
eux-m?mes
irreproenables
tion, mais denatures aux yeux des juges par Pinterven
?
tion d'un suspect comme lui
c'est bien pour ces delits,
1
le passage
de VAxiochus
Voir
2
Le Probleme
de Vincroyance,
rir.

dans
pp.

Copley
206 sqq.

Christie,
p. 443.
: Totalement
mou

09:47:35 AM

156

LUCIEN

FEBVRE

de fait et d'intention ? la fois, que Dolet fut essentielle


sur la denoncia
ment condamne, et fort probablement
tion de rivaux envieux, les maitres imprimeurs de Lyon1.
II nous le dit nettement dans son Enfer et nous n'avons
aucune raison de mettre en doute ses affirmations. On
ne Paccusait
plus, en 1544, d'attenter ? la bonne doc
trine. ? Pour cette fois ? du moins, specifie-t-il. On lui
reprochait de vendre et d'imprimer
Livres plusieurs de PEscripture

Sainte

et il se referait alors, implicitement, au mot de Mar


2
? le
que
Roy et Madame
guerite ecrivant ? Briconnet
ont bien deslibere de donner ? congnoistre que la verite
de Dieu n'est point heresie ?. Pour le reste, il protestait
vouloir vivre
Comme chrestien catholique

et fidele.

Probleme de fait, point de fait... Mais enfin, ce grand


mot de fait, il faut bien croire qu'il ne suffit pas ? tout
trancher puisque, depuis des siecles qu'on le repete, il
y a toujours une question Dolet, toujours un probleme
Dolet.

Un probleme psychologique,
rassant, semble-t-il, que personne

ment.

Nous-m^mes,

en

ce

moment,

celui-l?. Et
ne Taborde

si embar
franche

n'avons-nous

pas

Pair de tourner autour de lui, plut?t que de le prendre,


une bonne fois, corps ? corps ? Renoncons
? cette reserve
un peu peureuse et posons la question nettement. Dolet
a publie, dans le premier semestre 1542, tout ce qu'il
1 II ne

en effet, que Dolet


fut le seul patron
faut pas oublier,
a epouser
lors des
la cause
des compagnons
lyonnais
imprimeur
a leurs employeurs.
Sur
les opposerent
conflits
qui
longuement
ses Travailleurs
ces conflits, voir l'art. d'Hauser
et ouvriers
dans
d'autrefois.
8
veux
ce
t. I, p. 78. Dolet
savait
faisait,
Herminjard,
je
qu'il
a ranimer
sous la cenare
etincelles
cherchait
dire qu'il
quelques
Ier lui-meme,
? Francois
feu d'autrefois
du
s'adressant
quand,
en tout je
: ? En
ton vouloir
son Second Enfer,
il lui disait
dans
?
veu
tout court ?
Car s'il te plaist me defendre
Que
parferay
court ?
le bruit que partout
de moy
Je n'aye plus a livres impri
?
: on me
vie
mer ?
Si de ma
De
l'Escripture
puisse
opprimer
?.
il en sort ung de moy

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATEUR

DE

157

l'eVANGILE

fallait d'ouvrages
pour tomber sous le coup des edits
a ete con
eoncernant
reformee. Dolet
la propagande
avant
tout, essentiellement,
damne, d'abord,
pour ces
ne
Et
Pa
pas mis au
cependant, Crespin
publications.
Calvin lui a jete Pana
Livre des martyrs. Cependant,

de Beze, apres avoir con


theme. Cependant, Theodore
sacre au martyr de 1546 une belle piece, genereuse et
humaine, de son recueil de jeunesse *, Pa supprimee de
ses ceuvres, plus tard, quand les prudences de son nouvel
etat Peurent assagi et endurci. Daniel des Marets, repon
dant, en 1684, k des invites assez insidieuses de Jacques
a bien decide,

lui, de faire place k Dolet, dans


du Livre des Martyrs.
II va
alors
PAbrege qu'il publie
meme plus loin ; il ne Pinscrit pas seulement parce qu'il
fut br?le ? sous le bruit et la qualite de Lutherien ?, ou
? catechisait sur
parce qu'il
dogmes adulterins et scan
?
cet
il
lui
rend
dalisait
;
honneur, dit-il expressement,
Severt,

parce qu'il mourut en veritable martyr, Dieu lui ayant


donne au jour de son supplice ? la Constance et fermete
? 2. L'ini
qu'il donnait ordinairement k tous les autres
nous
tiative de Des Marets
g?ne. Ses arguments ne nous
decident pas. Nous repugnons k faire de ce Dolet, qu'on
nous a tant de foismontre comme un martyr de la ? libre
?, un martyr de la Foi,
pensee ? ou de la ? Renaissance
ou tout au moins de la propagande
pour la Foi. II y
faudrait une ? conversion ?, comme nous disons, et de
cette conversion, nous ne trouvons pas trace dans les
documents. Bien plus, cette conversion ne nous parait
pas plausible.

Voil?

le probleme.

II est l?, pas

ailleurs.

1 Elle

en 1546 meme,
dans
la premiere
edition des Juve
parut
dans une second e edition,
a
; eile se maintint
puis disparut
de 1569.
partir
2 Sur
et Berthoud,
sur le livre des
Notes
ceci, voir Piaget
1930. Des Marets
de J. Crespin,
Neuch?tel,
Universite,
martyrs
son
? Jacques
Severt
contre
qui, dans
repondait
Antimartyrologue
aux pro test ants
de la R. P. R. avait reproche
les supposez Martyrs
? catechisait
sur leur liste, alors
de n'avoir
pas admis Dolet
qu'il
? et
? sous le bruit et la
sur dogmes
fut br?le
adulterins
qua
qu'il
?. Severt
sur ce
lite d'homme
lutherien
le temoi
invoque
point
a Texecution
et auditeur
du juge
gnage de son pere ? lors present
ment
lu ? (op. cit., pp. 102, 128, etc.).
nilia

09:47:35 AM

158

LUCIEN

FEBVRE

demande bien pardon, une fois de plus, aux


theologiens du fait sauveur, du fait qui suffit ? tout,
rien.
regie tout, tranche tout, et n'explique

Et

j'en

II est tres certain, et nous ne Pavons pas dissimule,


contraire, que le Dolet des Commentaires n'est pas
un Dolet
incoherent. Personne, dans la France de son
traduit dans une langue aussi ferme des
n'a
temps,
aussi
des pensees dans lesquelles
pensees
categoriques,
nous entrons, semble-t-il, sans le moindre
effort. Des
?modernes
?
nous
ce
sen
et
donnent
m&me
pensees
qui
au

timent de modernisme
surprenant
aigu, de modernisme
? avances ? des
textes
les
les
que
plus
grands Italiens du
quattrocento et du Cinquecento. Les pensees d'un athee ?
N'usons
pas de ce vieux mot desuet, lourd de mefaits
et d'incomprehensions.
d'ailleurs
siecles
Apres quatre
sur la notion de
de travail critique et philosophique
il a encore moins de sens precis, de sens direct
il rev?tait la signification flot
xvie
siecle quand
qu'au
tante et singuliere que nous nous sommes efforces de
?
mais nous pou
decrire ailleurs. Pensees d'athee, non
vons dire, en donnant au mot son sens etymologique
plein, pensees d'achriste. Car tout d'abord, Dolet, dans
ses deux gros livres, et d'une fagon plus generale, dans
de son oeuvre de jeunesse et de maturite,
Pensemble
ne prononce pas le nom du Christx. Simple
purisme,
peut-il pretendre, scrupule de ciceronien qui, n'ayant
jamais rencontre dans les lettres de son maitre Marc
le nom barbare de Christus, non plus que ceux,
T?lle
a pris une
aussi barbares, de Marie, de Joseph, etc.,

Dieu,

bonne fois la decision logique de ne jamais Pemployer


et s'y est tenu. Condamnation
terrible, entre paren
ce souci linguistique invoque
these, cet alibi de Dolet,

1
Cf. Le
Taccusation
Dolet,

pp.

de Vincroyance,
pp.
probleme
au xvie
d'atheisme
siecle.
142-3.

: Ce que
138 sqq.
Plus
specialement,

09:47:35 AM

vaut
sur

DOLET

PROPAGATEUR

DE

159

l'eVANGILE

?
condamnation terrible contre
argument decisif
et ses sectateurs.
le latinisme exaspere de la Renaissance
Car, adopter une langue qui vous oblige, Frangais du
comme

xvie siecle, Orleanais du temps de Frangois 1er et vivant


de christianisme qui est celle
dans cette atmosphere
d'alors, k biffer d'un trait de plume une dizaine ou une
de siecles remplis par le travail profond et
douzaine
avec
christianisme
d'un
collaborant
les
gigantesque
hommes de France
pour travailler, par un jeu con
et de reactions, k transformer petit k
tinuel d'actions
leurs moeurs,
petit, k adoucir, ? humaniser les masses,
leurs fagons d'etre et de sentir, de se conduire : ceci,
sous un simple pretexte de grammairien ?
c'est l? une
un
II y a autre
insoutenable paradoxe.
gageure ridicule,
?
dans les Commentaires
chose, il est vrai, chez Dolet
: autre chose qui peut justifier mieux
cette
de Dolet
nous
tout
lui
?
d'achriste
que
appliquions
epithete
l'heure. II y a tout un Systeme d'idees coherent que

nous sommes appliques


? reconstruire ailleursx,
Systeme plus negatif du reste que positif, Systeme d'idees
tirees de l'antiquite et dans quoi, ? la rigueur, un con
se retrouver et se mou
temporain de Ciceron aurait pu
. un chretien con
voir, ? seize bons siecles de distance
temporain d'Ignace de Loyola, c'est une autre question ?
Mais enfin, dans ce Systeme, nous nous mouvons k l'aise,
nous personnellement. Nous nous y installons sans peine,
avec toutes nos fagons d'etre, de penser, de sentir et de
croire. Pour le faire n?tre ou pour le rejeter violemment:
dans les deux cas, nous nous accordons ? penser, k dire,
est rigoureusement
achriste. Sinon
.qu'il etait, qu'il
nous

Et

antichretien...

c'est

de

l'auteur

ce

Systeme,

Thomme

non seulement sur le gros mais sur


singulier, en avance
?
ses
c'est ce Dolet
de
contemporains
l'avant-garde
nous-meme,

que

tout

recemment,

nous

essayions

de

camper dans son originalite, c'est lui qui a risque la


c'est lui qui a risque sa vie
prison et les persecutions,
1
pp.

Origene
48-53.

et Des

Piriers,

pp.

48-55

; Le Probleme

de

l'incroyance,

09:47:35 AM

160

LUCIEN

FEBVRE

finalement pour servir avec ardeur une reforme de ce


il demeurait, semble-t-il, si totale
christianisme auquel
ment etranger dans ses speculations ? Comment la chose
bien pardon, mais,
est-elle possible ? J'en demande
je persiste dans mes demarches. Et puisque la methode
du Est-il vrai que nous conduit ? une impasse x, je suis
bien force d'adopter
la methode du Est-il possible que ?
Le Dolet des Commentaires est un pur philosophe, un
un pur renaissant.
II s'adonne, non pas
pur moraliste,
au

? l'antiquite
mais
latine. Et c'est
christianisme;
et
c'est
solide
mais
;
certes,
enfin, ce fonde
beaucoup,
ment est assez etroit. II est exclusif, chez Dolet, de tout
recours, non seulement ? cette science experimental
ou ? ce tresor d'experiences
historiques et critiques sans

hommes du xxe siecle, nous ne


quoi, personnellement,
?
mais encore ? bien des
saurions penser ni philosopher
comme succe
de
moindre
valeur
qu'utilisaient
appuis
danes les hommes du xvie siecle : ? ceux que pouvaient
un go?t et un souci
procurer ? la pensee d'un Rabelais
des techniques, un go?t et une curiosite
remarquable
choses naturelles, ou bien (mais s'agissant
des
singuliere
cette passion de l'occul
cette fois d'autres que Rabelais)
tisme qui venait ? point nomme servir des tendances

diverses et, parfois, de signes


religieuses d'orientations
contraires. Dolet n'est pas etranger ? l'Histoire, certes ;
comme
il la congoit, naturellement,
les huma
mais
de

nistes

son

temps,

et

non

point

comme

nous

autres.

Ceci dit, nous ne lui voyons ni curiosites scientifiques,


ni go?t special
ni curiosites naturelles
particulieres,
ni
souci de l'occultisme 2. En somme,
pour les techniques
on peut dire que tout son Systeme d'idees n'est qu'un
d'opinions diverses. Et rien n'est mouvant,
assemblage
auraient dit nos peres)
instable, labile (kaleidoscopique,
comme un assemblage d'opinions.
1

ce probleme
de methode,
de l'incroyance,
voir Le Probleme
11, 18.
2 Je
le t. II des Com
? ce sujet dans
n'ai rien releve de special
et rustique
des
mentarii
o? il est traite du vocabulaire
nautique
: Nauticarum
vocum series et Rusticarum
vocum series.
Anciens
Sur

pp.

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATEUR

DE

161

l'eVANGILE

Admettons que, tres consciemment, tres deliberement,


Dolet ait voulu se liberer du joug chretien. Tentative
difficile en son temps, plus difficile sans doute qu'en
notre temps, et pas seulement pour un homme du com
mun. Mais o? se prendre alors, et ? qui, et ? quoi ? Pour
tous ceux qui ne se contentaient point de plaisanter

sur le f?cheux destin de saint Joseph


qui
la
epousa
Vierge pour proteger sa virginite, ou sur les
enfants qui se font par l'oreille, une seule attitude rai
sonnable etait possible. Elle demandait
dej? beaucoup
et de hardiesse, un tres gros effort pour se
d'audace
et quasi
des facons de penser communes
deprendre
: c'etait Tevhemerisme1,
cet evhemerisme
universelles
dont la decouverte, grace au Contra Celsum d'Origene,
boire

apres

tel contentement Fauteur


du
en
evhemerisme
mundi;
que Postel,
Cymbalum
au
son
rencontra
De
troisieme
livre
de
Concordia
1543,
semble

avoir

ravi

d'un
cet

au Christ; cet evhemerisme


et qu'il refusa d'appliquer
autour de quoi Dolet, des 1538, tourne lui-meme dans
son article Homo des Commentaires.
II y demontre lon
guement (t. II, p. 326) que Fhomme, cet animal eton

les yeux leves vers


doue, Je seul qui marche
: ad deorum
?
est
d'acceder
la
divinite
le ciel,
capable
? Qui oserait nier
dwinitatem accedere. Et il developpe.
que, chez les Grecs, jadis, ce furent vraiment des dieux,

namment

que

Platon,

Socrate,

Aristote,

Demosthene,

Isocrate,

1 Cf.

sur revhemerisme
au xvie
et Des Periers,
siecle, Origene
au Par
Sur la lettre fameuse
cTAntoine
conseiller
Fumee,
de Paris,
? Jean Calvin
(lettre de 1542 ou 1543 precise
ceux qui vont disant
: ? Le N. T. est Toeuvre
o? il denonce
ment)
homme
extremement
etonnament
d'un
doue,
erudit,
ingenio
:
etonnante
d'une
d'une
consommee,
sissimus,
sagesse
sagacite
?
un homme
tel
le
divin
Mais
Platon,
presque
qui,
atteignait
un Dieu
cet homme
ne peut
? Jamais
de la vie !Aucun
argument
le faire admettre
de Dolet,
enfin,
?). Cf. ibid., p. 129. Sur Tattitude
en 1538,
avant
du moins
du Cymbalum,
cf. ibid.,
rapparition
de faits bien groupes,
pour bon nombre
p. 126. Et naturellement,
se reporter au livre
et le deve
d'H. Busson,
Les Sources
classique
dans
la litt. fr. de la Renaissance,
Paris,
loppement du rationalisme
?
se trouve repro
lettre d'Ant.
La
Fumee
1922, pp. 376-380.
au t. VIII
duce
in-extenso
La date
d'HERMiNjard,
pp. 228-233.
de 1542 est probable,
c'est une conjecture.
mais
p. 129.
lement

11

09:47:35 AM

162

LTJCIEN

FEBVRE

? Et chez les
Homere,
Hesiode,
Aristophane
Ciceron, Cesar, Lucrece, Virgile, Ovide, Horace,
les deux Plines ? ? Apres
Terence, Plaute, Tite-Live,
aux
modernes
de race divine, de la race
quoi, passant
Lysias,
Latins,

des dieux, il enumere en Italie, Bembo, Sadolet,


en Germanie,
de
firasme
Vida;
Rodolphe
Agricola,
en
Rotterdam,
Gaule,
Melanchton;
Bude,
Longueil,
Simon de Neufville, Nicolas
Berault, Germain Brice,
? Car,
Pierre Danes,
Toussain...
Jacques
ajoute-t-il,
faisons le compte de tous les dons, de tous les attributs,
de toutes les caracteristiques
de la divinite, que trou
vons-nous ? porter au compte des vrais dieux, qui ne
figure egalement dans le compte des grands hommes1 ?
Homme,
j'ai bien du mal ? ne pas leur retirer ce nom
nom indigne d'eux. Car, au vrai, ce sont
impropre, ce
et tombes des
des dieux revetus d'un corps d'homme
cieux sur cette terre : atque haud scio an eos extra indi
gnant hominis appellationem ponam, et deos esse humano
corpore tectos in terra e cselo delapsos vere dicere possim 2.
done, de ce qui fait les dieux ?
Que leur manque-t-il
non recognosces ?
enim
in
Ulis
divinum
quid
Et Pon entend bien que Dolet
pas ses
n'applique

m&me

II
reflexions ? d'autres dieux qu'aux
dieux des paiens.
n'a pas la maladresse
(ou la candeur) du bon Postel
le Dieu des chretiens de toute
exceptant nommement
enfin ? comment le
assimilation
Mais
blasphematoire.
se
ne
ferait-il pas dans Pesprit du hardi pros
passage
: oui,
de
Pevhemerisme
? Jesus, Homme-Dieu
pecteur

commune des
si ces deux mots expriment Padmiration
un
un homme
mortels
homme
pour
extraordinaire,
?
celui m?me
divin, dont Poeuvre connait Pimmortalite
dont Marc, Mathieu, Luc et Jean se sont fait les bio
et les interpretes aupres
graphes et les historiographes
de la posterite. Mais non, s'il s'agit d'on ne sait quelle
d'on ne sait quel miraculeux
formule theologique,
1 ?
si deorum
nihil
dwinitatem
Quod
perpendas,
i>ideris quod cum tantis talibusque
viris majori
prium
commune
sit ? (Comm., II, 326).

fere diis pro


ex parte non

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATEUR

DE

163

l'eVANGILE

? natures ?
incompatibles, la divine et
mariage de deux
l'humaine... Or precisement, publier les fivangiles, pro
les enseigne
pager les text es evangeliques,
vulgariser
ments d'un homme vraiment divin, J6sus, d'un homme
ses disciples
et merite d'etre
qui a rempli la terre de
sur
les
autels
eleve
reduire
la
;
partout
religion k ces
ces
et
rien
la vider
qu'?
enseignements;
enseignements,
de tout ce qui est, au sens etymologique,
superstition,
croyance plus ou moins aberrante greflee sur le vieux
souvent inte
tronc, construction d'hommes mediocres,
resses ?
les hommes d'figlise ; de m^me que les Chre
tiens pieux donnaient de la Bible, tel Lefevre d'?taplesf
donner de l'?vangile
des interpretations allegoriques,
une traduction
toute humaine ? la fois et purement
sans manquer
k son devoir d'homme
rai
spirituelle,
solidement
nourri
d'homme
de
substance
sonnable,
?
antique, d'homme ? qui l'on n'en fait pas accroire
un lettre, un philosophe, un esprit fort de 1540 ne pou
cette besogne ? Et se dire
vait-il accepter d'accomplir
k
menant
il
k liberer ses con
travaillait
la
bien,
qu'en
masse
d'une
de
de
sottises, de ter
prejuges,
temporains
reurs surtout, de ces degradantes
terreurs ? quoi Dolet

ne cesse de penser pour les detruire.


Schema, simple schema ? Je veux bien. Mais tout de
mfane, n'est-il pas fonde solidement en histoire ? On
traite toujours le cas Dolet en s'enfermant dans Dolet.
Erreur. Voici un texte de ce curieux, de cet ardent, de
ce vivant Postel, un texte qu'il faut aller chercher,
comme tous les textes postelliens, dans d'affreux ecrits
en latin raboteux, mais riches de pensees et d'informa
tions. Celui-l?, je le tire de VAlcorani seu legisMahometi
et Evangelistarum
concordise liber1 de 1543. C'est ? la
suite du fameux passage
incrimine d'atheisme
qui
ces anciens porte-drapeaux
de l'fivangelisme,
le Villa
novus
Michel
fit
le
des
Traitd
(entendez
Servet) qui
1

Parisiis, excudebat ipsi authori Petrus Gromorsus, 1543 (Bibl.

Inv. D* 5248,
Dat.,
res.).
croyance, pp. 111-128.

Sur

Postel,

cf. Le

Probleme

de

09:47:35 AM

Vin

164

LUCIEN

FEBVRE

laisse sans
trois imposteurs et les auteurs, que Postel
et
des Nou
nom, du Cymbalum mundi, du Pantagruel
velles isles x. Faisant
le proces en regle, une fois de plus,
des novateurs ?
leur premier principe, dit Postel, c'est
celui-ci : ne rien croire de ce qui n'est pas dans les ficri
tures canoniques. Or, ajoute-t-il, cela revient ? dire : ne

pas croire ? l'fivangile. Car s'il ne faut tenir pour article


de foi que ce qui est ecrit dans le Nouveau
Testament,
comme nulle part on n'y trouve affirmee Pidentite de ce
?
Nouveau
Testament
avec, precisement, Pfivangile
concluez... Done, Pancre de salut, c'est de tenir ferme
ment qu'avant
il faut croire ?
de croire ? Pfivangile,
?
nous
dit ensuite, en
c'est
elle
l'figlise
qui
puisque
: l'fivan
nous designant du doigt les ecrits canoniques
volon
voil?
le
2...
Nous
traiterons
Pensee
la
subtile.
gile,
ses gens,, et
tiers de captieuse. Mais Postel connaissait
nous ne les connaissons pas. Postel savait comment ses
contemporains raisonnaient et par quelles voies secretes
sa
et compliquees
chacun
ils s'efforgaient d'atteindre
verite 3. II y a la, au contraire, un veritable trait de
1
Sur ces Nouvelles
lies, v. ibid., p. 113. Je note que Dolet,
en 1542
le Gargantua
et le Pantagruel,
y joint Les mer
publiait
du disciple
de Pantagruel
de Panurge
veilleuses
; mais
navigations
ce titre.
les lies n'apparaissent
pas dans
2 ?
ea assertio:
in canonicis
Primo,
nil, praeter ea quae
scipturis
esse credendum ?
non esse credendum
statim Evangelium
habentur,
suadet...
Nam
si nil est tenendum pro articulo fidei praeterquam
est in Novo
hoc
ibi reperias
Testamento
nusquam
quod
scriptum,
esse Evangelion
aliud
quam
potius
quidvis
(op. ? cit., p. 73)... Est
Ecclesiae
credendum
nega
igitur priusquam
Evangelio
alioquin
retur Deus,
etiam verbis qui sunt mysteriorum
quod secreto faciunt
?
(ibid., p. 74).
peritiores
8A
de ce texte si curieux
de Postel
celui de Mar
rapprocher
is
nouv.
II s'agit
da
d'un
guerite
(5e journee,
44).
l'Heptame'ron
?
?
son
beau
que sa
pere Cordelier
qui declare
religion
(entendez,
de fin, car il est fonde sur le plus
n'aura
solide
jamais
ordre),
: la folie des femmes. La discussion
des
fordements
s'engageant
sur les
la-dessus
des Cordeliers,
Parlamente
declare
predications
un
en
nomme
sait Tun d'eux,
docteur
Colimant,
qu'elle
theologie,
?
et principal
?
de Tordre,
grand precheur
qui voulut
persuader
non plus
de ses freres que TEvangile
n'estoit
plusieurs
croyable
les Commentaires
ou autres
de Cesar
histoires
que
par
escriptes
: non
?. Non
docteurs
entendez
authentiques
plus
plus croyable,
ce cordelier
: entre Thistoire
articles
de
de foi. Et encore,
disait

09:47:35 AM

DOLET

DE

PROPAGATEUR

165

l'eVANGILE

lumiere projete par Postel sur les fagons de penser des


?
?
esprits forts de son temps. Et qu'il eclaire Dolet, qui
refuserait de Padmettre ?
Certes, en dehors de Particle Homo des Commentarii,
nous n'avons pas de textes qui nous renseignent, de fagon
directe et vivante, sur Pattitude de Pancien patron de

Des Periers, non plus en 1538, quand parait le second


tome de sa grande oeuvre, mais en 1542, quand Dolet
met ses presses au service d'une propagande
evange
ne pouvons que demonter
lique certaine. Et done, nous

un mecanisme mental qui dut jouer, qui joue au temps


de Dolet, nous le savons, chez quelques hommes de son
ce ne serait que chez Des Periers.
entourage, quand
Du moins pouvons-nous
etablir ainsi, sans grand effort,
comment Penorme distance qui, ? premiere vue, nous
parait separer le Dolet de Particle Homo, tel qu'il parut
en 1536, du Dolet editeur, en 1542, du Sommaire de la
foi evangelique,
peut etre diminuee, et de fagon teile
?
d'un
Dolet
Pautre, le passage puisse se faire sim
que,
sans exigence de ? conversion ?
plement, naturellement,
ou moins
ou
de
reniement
expresse,
d'hypocrisie plus
interessee.

II est bien

entendu

que mettre

en formule

et l'Histoire
racontee
les Evangelistes,
de la Guerre
Jesus,
par
racontee
de nature
des Gaules,
ni
par Cesar,
point de difference
Ici et l?, c'est de Thistoire
il n'y a pas
humaine.
Mais,
d'espece.
sacre et
soit declare
de raisons pour que Tun des deux
ouvrages
?
com
A propos
de ce Colimant
l'autre profane...
(ou Colleman),
l'auteur
ment
de la plus recente
edition de YHeptameron
peut-il
?
ecrire
d'iden
qu'il n'a pas ete possible
jusqu'ici
(p. 482, n. 618)
??
et ? qu'il
d'un
tifier le personnage
s'agit vraisemblablement
? ? Un dominicain
toute la nouvelle
? Mais
roule sur
dominicain
les Cordeliers
et Colimant
est ? l'ung d'eulx
?, dit expressement
?
de leur ordre ?. De
et provincial
Marguerite,
grand prescheur
lui
fait, il est bien connu de tous les familiers du xvie siecle. G'est
? farce des Cordeliers
le heros
de la fameuse
(ou Tun des heros)
?
de Calvin,
de YHis
l'attention
d'Orleans
?, en 1534
qui attire
et meme
le
de Sleidan.
Tous
toire Ecclisiastique
que
precisent
en scene de cette
Colimant
fut un des grands metteurs
provincial
?
tourna
fort mal
interessee
pour ses auteurs
laquelle
scapinade
et acteurs.
t. III, pp. 33 sqq.
Soc. Hist.
Cf. Bull.
; t. XXII,
Prot.,

p. 347 ; t. XXXVII,

No tons au passage
nourri de realite.

p. 326 ; t. XXXIX,

qu'une

fois

de

plus,

p. 438 ; t. XLI,
VHeptamiron

p. 513.

apparait

09:47:35 AM

166

FEBVRE

LUCIEN

de cette maniere, grossierement, de subtils mouvements


et d'?me, c'est donner de la vie mentale
d'intelligence
d'un homme particulier, Dolet, non pas une traduction
sensible et valable, mais une interpretation mecanique
abstraite, sans rapport avec les creations complexes de
la vie. II est bien entendu que c'est substituer, vouloir
substituer ? la realite ondoyante, mobile et diverse, ? la
realite toute fleurie d'apparentes
contradictions, pleine
de divergences comme une souche vigoureuse est pleine
en tous sens ?
il est bien entendu
de rejets poussant
ses
k
k
la
substituer
c'est
vie,
que
souplesses, ? ses avor
la courbe unique, abstraite,
tements, ? ses oppositions,
statisticien
le
degage de ses observa
imaginaire que
tions. Et cette courbe n'exprime
pas dans ses parti
d'un Dolet. Mais eile
cularites revolution psychologique
traduit des pensees plus ou moins nettement exprimees,
toute une

somme ondoyante de velleites, de regrets, de


ces repentirs, ces
repentirs, et finalement, k travers
une
ces
une
tendance, une
velleites,
direction,
regrets,
de
certaine fagon fondamentale
d'etre,
comprendre et
de

se

comporter.
*

faut-il un exemple ? II est


contradictions,
et
personne
cependant ne l'a signale.
caracteristique,
sa carriere est un
dans
la
Dolet,
premiere partie de
II sert de toutes ses forces, avec
latinisant fanatique.
le grand rfeve oecume
outrance, avec intransigeance,
de se doter tout
soucieuse
d'une
Renaissance
nique
d'abord d'une langue propre (on pourrait presque dire
: le latin classique
et m&me,
d'une
langue nouvelle)
II travaille
lui
tout spfecialement, le latin ciceronien.
ce
faire
avec
?
avec
que
ardeur,
aussi,
intransigeance,
la
devienne
mieux
mieux
connu,
etudie,
langue
latin,
vivante, vraiment vivante, de cette catholicity nouvelle
des humanistes, d6bordant toutes frontieres et ne con
naissant de patrie que celle de Pesprit. Et voil? que,
dans la seconde partie de cette c&m&re, Dolet,
impri
De

telles

09:47:35 AM

DOLET

PROPAGATEUR

DE

167

l'eVANGILE

meur

et editeur, le m?me Dolet, se met au service d'une


?
d'une
?, d'une
langue particuliere,
langue
vulgaire
on
son
comme
idiotse
de
disait
pour
langue
temps encore ;
la
disons, d'une
naturelle,
sienne, le frangais.
langue

Dej?, dans
un dizain

la Poesie

frangaise de Sainte-Marthe
(1540)
comme Tauteur d'un grand
Dolet
signale
nombre de traductions en frangais. II y a plus. Dolet se
se
pose en legislateur de la traduction
(1540). Dolet
en
reformateur
de
pose, accessoirement,
l'orthographe,
de l'accentuation
de la ponctuation,
frangaise (1540).
Dolet
seconde activement
le mouvement
de traduction
en frangais de grandes ceuvres chirurgicales et medi
cales ecrites en latin ou en grec (depuis 1540) et il met

ses presses
mouvement

au

service des grands promoteurs


de ce
: des savants reputes, Tolet ou
Canappe.
Dolet fait plus. II se traduit lui-meme ou se fait traduire
de latin en frangais (1539 et 1540). Et finalement, il

fait sienne la revendication


essentielle des evangelistes,
de tous ceux qui reclament la Bible pour tous, la Bible
dans la langue de tous, la Bible en frangais.
Influence du milieu
lyonnais, de ce milieu de mar
?
et
de
d'Italiens
Lanson
Pa
chands,
banquiers
qui
?
note jadis, d'apres Claudin
fut de tres bonne heure,
au milieu parisien, un milieu
ou Ton
par opposition
ou
ou
Ton
Ton
de
ecrivait,
parlait,
imprimait
preference
en frangais ? Influence toute
speciale, dans ce milieu,
des grands ecrivains d'Italie, qui, de Dante ? Petrarque
et de Petrarque
? Boccace,
leurs ceuvres
composent
maitresses non pas en latin mais en vulgaire ? Influence
: Tordon
de la politique linguistique des rois de France
nance
est du 15 ao?t
de Villers-Cotterets
15392 ?
1
le dixain
Cf. Sgalement
de Sainte-Marthe,
Au
lecteur fran
le petit
termine
volume
les
coys qui
contenant,
par
reimprimes
soins de Techener,
la Maniere
de traduire,
le Genethliacum
et
1 'Avant-Na
issance.
2
Sur ses consequences,
voir le livre de Brun,
Recherches
his
sur VIntroduction
du Francais
dans
le Midi,
1923. Et
toriques
ce
sur tout
d'une
en faveur du
maniere
mouvement
generale,
servi par Dolet,
francais puissamment
voir
par le patriote
Dolet,

le t. II (Seizieme Silcle)

de VHistoire de la langue frangaise de

09:47:35 AM

168

LUCIEN

FEBVRE

Influence surtout du metier d'imprimeur, car on ne tire


pas des livres pour les mettre en cave ; or, qui dit clien
tele savante dit clientele restreinte. Pour atteindre le
grand public, il faut done se faire entendre de lui. II
: lati
faut lui parier sa langue. Consequence
pratique

nitate donare ? non, mais gallicitate donare... Tout cela


joue sans doute ; mais
l'important, e'est que servir la
cause du frangais, e'est servir la cause d'un christianisme

renouvele, elargi, transforme. C'est adopter de toutes


la these fondamentale. C'est
les theses des fivangeliques
incliner des lors, aux yeux du public, du cote des nova
Le latin, e'est cette
teurs, des Bibliens, des Fabristes.
cecumenite
brisee.
C'est
le natio
rompue, morcelee,
dans le domaine de la religion
nalisme triomphant1,
comme dans celui de la litterature, de la philosophic,
de l'histoire. Servir la cause du frangais 2, premiere incon
sequence si Ton se nomme et quand on se nomme fitienne

le ciceronien des ciceroniens frangais. Servir la


du frangais, seconde
(fille de la
inconsequence
on
se nomme
se
nomme
et
Ton
si
quand
premiere),
Etienne Dolet et qu'on siege au plafond, loin des m&lees
confuses o? s'agitent les sectes et les religions. Mais ces
la vie finalement, la vie qui a sa logique
inconsequences,
? eile, se charge de les accorder, de les rendre conse
quentes avec cette logique propre...

Dolet,
cause

not. pp.
F. Brunot,
20,
Lucien
Fervre,
Politique

de SyntheseHist., XXXVIII,
1

39,

75-7,
royale ou

etc. ?
Cf. egalement
94-5,
? Revue
civilisation
frangaise

1924, pp. 37 sqq.

?
tous les humanistes
?internationalistes
Et qu'entre
fran^ais
de son temps, Dolet
ait ete fortement et continuemcnt
nationaliste,
contre les Gascons,
et ses batailles
voil? qui n'a
Toulouse
depuis
la ? procla
demontre.
d'etre
relisc, par exemple,
Qu'on
pas besoin
? Vivre
? du Second
de la
mation
enfer :
je veulx pour l'honneur
?
Tant
si ma mort on n'avance, ?
France
celebrer,
Que je pretens,
?
tant orner par escripts ?
n'aura
Que
l'estranger
plus ? mepris
? Sur cette veritable
de tous les con
hantise
Le nom Franc.oys...
? dans
contre
le ?mepris
de Francois
Ier, s'insurgeant
temporains
on les tenait
les Italiens),
cf. Bru
surtout,
(on, entendons,
lequel
not, op. cit.t Iivre I, passim.
2 Cf.
l'art. de V. L. Saulnier,
p. 70 et suiv.
plus haut,

09:47:35 AM

DOLET

PRO PAG ATE UR

DE

169

l'eVANGILE

: parmi tant d'autres ? cas ? difficiles de ce


Cas Dolet
cas Marguerite, cas Marot, cas Des
:
cas
Rabelais,
temps
un
cas desespere
semble-t-il. Desespere,
s'il
Periers,
un ? libre
et
?
mettre
bout
tels
bout
de
quels,
s'agit
penseur ? de 1536-1538 et un imprimeur evangelique
de 1542. Traitable,
je le crois, si Ton emploie la bonne
celle du vraisemblable
; je veux dire, si Pon
methode,
tente d'expliquer,
le cadre du xvie
dans
d'interpreter
et non pas du xxe siecle, les fagons de penser, de sentir
et d'agir d'un homme qui fut, certes, d'esprit parti

culierement ferme, d'un homme qui s'attacha fortement


? ses idees, et dont les apparentes contradictions doivent
une ? conversion ?
pouvoir s'expliquer autrement que par
et qui n'a point laisse de traces,
toute hypothetique,
ou par un calcul de marchand
avide, ne cherchant dans

ses publications
D'une
solution,
gain materiel.
qu'un
nous
d'une
interpretation plus souple, plus nuancee,
avons propose les grandes lignes. Elles sont ? reprendre
sans doute. A preciser. A revoir peut-6tre. En tous cas,
c'est dans cette direction qu'il
faut chercher, si Pon
veut rester d'accord
tant avec la vraisemblance
psy
la vraisemblance
col
individuelle qu'avec
chologique
lective du temps. Disons, d'un mot, si Pon veut se
des possibilites, puisque
mouvoir
le
dans le domaine
domaine des possibilites s'avere si limite et si difficile
? explorer.
En dehors de ce genre d'explications,
je ne vois pour
ma part qu'obscurite
et qu'incertitude.
Et je suis recon
naissant ? M. Megret et ? son heureuse trouvaille de

m'avoir
peut-?tre,
permis d'aiguiller,
dans la bonne voie, celle des probabilites
?
tout en sauvegardant
psychologiques
cette coherence, cette persistance
de la
coeur
au
De
fort
Dolet.
de
tient si
Dolet,
sut terminer bravement,
heroiquement

les

recherches

historiques et
cette unite,
personne qui
Phomme qui
sa vie, sans

09:47:35 AM

170

febvre

lucien

faiblir, par une de ces nobles affirmations qui, malgre


:
tout, le font aimer et estimer ? distance
Tout gentil cueur, tout constant belliqueur
Jusqu'a

la mort

sa

force

a maintenue...

Constance
la
jusqu'?
nous sommes pre
mort, plus que jamais, aujourd'hui,
pares k la comprendre, et ? Phonorer.
Cette

sorte de

constance-l?,

de

Lucien

Febvre.

09:47:35 AM

MICHEL

SERVET ET

JEAN CALVIN

Le 27 octobre 1553, le medecin


espagnol Michel Ser
vet1 monta sur le b?cher de Champel pres Geneve, pour
avoir renie la doctrine traditionnelle de la Trinke qu'il
croyait contraire k la raison et k Tficriture. II etait ne
en 1511 k Tudelle
(Navarre), comme il le dira k ses
en
et si, k Geneve,
il indi
juges de Vienne
Dauphine

en Aragon pour sa ville natale, c'est


quera Villeneuve
sans doute parce
qu'elle etait le berceau de sa famille 2.
1
Bibliographie
toire, de critique

1749.

: Abbe
d'Artigny,
et de UtUrature,
t. II,

Baudrier
(j.), M.
meurs
lyonnais, dans
Dardier
(Charles),

Dide

Nouveaux
ait. XI,

mSmoires
d'his
55 ss., Paris,

pp.

Servet, ses relations avec les libraires et impri


lesMilanges
Em. Picot,
1.1, pp. 41-56.
Michel
1879.
Servet, dans Revue
historique,

(Aug.),Michel Servet et Calvin, Paris, 1907.

t. V et VI.
Doumergue
Jean Calvin,
(Emile),
t. IX, pp.
Haag
protestante,
(freres), La France

1859.

268-276,

Paris,

des Deux-Mondes,
1842.
Du Calvinisme,
dans Revue
Lerminier,
Versuch
einer vollst?ndigen
und unpar
Mosheim,
Anderweitiger
1848.
theyischen Ketzer geschiente, Helmstaedt,
de
Rillet
du proces
criminel
Relation
intenU ?
Candolle,
Michel
1844.
Servet, Geneve,
art. VII,
Roche
t. II,
(Michel de la), Bibliotheque
anglaise,
pp. 76 ss.
t. IV, Geneve,
Roget
Histoire
du peuple
de Geneve,
(Amedee),
1877.
de Calvin,
les victime*
Roquette,
Inquisition
protestante,
pp. 341 ss.
Saisset
des Deux-Mondes,
Servet, dans Revue
(Emile), Michel

1848.

Tollin
par Mme

(Henri), Michel
Picheral-Dardier.

Corpus

reformatorum,

Servet,
vol.

Paris,

XXXVI,

1879.

Trad,

Calvini

de

l'allemand

Opera,

vol.

8,

Bruns vig, 1870.


Mimoires pour servir ? Vhistoire des hommes illustres, t. XI,
1730.
pp. 224 ss., Paris,
Nous
les Archivistes
de Geneve
remercions
MM.
qui ont bien
? notre disposition
voulu mettre
le manuscrit
original des minutes
et les registres du Petit-Conseil.
du proces de Michel
Servet
2
liv. cit., p. 56.
Artigny,

09:47:45 AM

172

AUGUSTE

HOLLARD

Son pere, qui etait notaire, Penvoya en 1525 ou 1526


? Toulouse
faire son droit. L?, le jeune homme se lia
avec quelques
etudiants ; ensemble, ils lurent la Bible
et pratiquerent
II fut ravi par la
les Peres apostoliques.
lecture de la Bible : ? Don du Ciel, pour que nous y cher
chions Dieu, la foi aidant ?, livre ou se trouve ? toute la
? ; les ?
paroles du Christ,
philosophic et toute la science
dit-il, penetrent jusque dans les entrailles ? \
Servet est rappele en Espagne,
aupres de Jean de
en
confesseur
de
Quintana,
Charles-Quint,
qualite de
son pro
secretaire ou de page. En 1529, il accompagne
tecteur ? Bologne, y assiste au couronnement de PEmpe
reur par Clement VII
et son
; puis, il suit PEmpereur
o? il est temoin des discussions
escorte en Allemagne
de la diete d'Augsbourg.
II y fait la con
theologiques
et de Bucer. Quittant Quin
de Melanchton
naissance
tana, il se dirige vers Bale et y entreprend (Ecolampade

sur le dogme de la Trinite (octobre 1530) ; mais il ne

et ? se faire traiter par lui


le scandaliser
reussit qu'?
et possede
de ? juif, musulman,
du
blasphemateur
demon ?. De Bale, Servet s'en va ? Strasbourg
pour
du Verbe
conferer de la Trinite et de la consubstantialite
avec Martin Bucer et Capiton. Mais Bucer, qui ne voit
en Servet qu'un demoniaque,
ose dire du haut de la
faudrait ? arracher les entrailles de cet
chaire, qu'il
et Pecarteler ensuite ? 2. Capiton accorde ?
Espagnol
une
attention moins malveillante.
Servet
Rebute
par
ces insucces, Servet recourt ? la propagande
ecrite pour
il fait imprimer
faire connaitre ses idees. A Haguenau,
ses De Trinitatis erroribus libri septem 3 (1531),
petit in-8?
de 199 fol. II n'avait pas vingt ans. Le livre suscite un
en Suisse et surtout en
certain inter&t en Allemagne,
Italie ; il fut interdit ? Ratisbonne.
Ce premier ouvrage
fut complete Pannee
suivante par les Dialogorum
de
en quatre cha
Trinitate libri duo 4, avec un appendice
1De Trinitate libri IL
1
Lettre de Calvin
3
Manuel,
Brunet,
* Ibid.

? Sulzer,
1553.
t. V, p. 314.

09:47:45 AM

MICHEL

SERVET

ET

JEAN

173

CALVIN

pitres intitule De justicia regni Christi et de charitate qui


est une apologie de son premier livre.
Ainsi, en moins de deux ans, Servet publie deux trai
tes sur la Trinite sans craindre d'y mettre son nom. II
en envoie

des exemplaires ? ses amis d'Italie


; ceux-ci
se croit
les repandent si abondamment
Melanchton
que
en
une
au
lettre
Senat
de
Venise
1539,
oblige d'ecrire,
?
ses
en
mette
contre
Terreur
fitats
pour qu'il
garde
? de Servet. Tout le
et reli
Systeme philosophique
impie
en
ces
est
de
Pauteur
dans
deux
ecrits
germe
gieux
qui
font un tel scandale en Allemagne
que Servet changea
son nom contre celui de Michel de Villeneuve
et gagna
la France. A Paris, il etudie les mathematiques
et la
avec Silvius et Farnel. Regu martre es arts
medecine
et docteur en medecine,
il professe les mathematiques
au College des Lombards
o? il se brouille rapidement
avec ses collegues. II va alors ? Lyon, et travaille comme
correcteur pour les imprimeurs Trechsel et Frellon
11
et
une
fait
les
freres
Trechsel
prepare
imprimer par
: Claudii Ptole
edition de la geographie de Ptolemee
msei Alexandrini
enarrationis
Libri VIII,
geographicse
ex. B. Pirckheymheri translations, sed ad grseca et
prisca
jam primum recogniti, qui
exemplaria a M. Villanovano
et
parait d'abord ? Lyon 2, en 1535 (chez les Trechsel)
en
en
?
Vienne
3.
1541,
reparaitra ensuite,
Dauphine
Servet poursuit avec ardeur ses etudes de medecine,
il decouvre

la petite circulation du sang, circulation


que
Harvey n'aura plus qu'? completer par
pulmonaire
ses recherches sur la grande circulation. Plus tard, nous
le trouvons ? Charlieu pres Lyon, o? il exerce la mede
cine pendant trois ans ; de l?, apres un court passage ?
Lyon (o? il est en fevrier 1540), il se rend ? Vienne en

et y vivra pendant do uze ans. II est l'h?te de


Dauphine
Pierre Palmier,
de Vienne
1527.
archev?que
depuis
Passionne des lettres, ce prelat appela ? Vienne Gaspard
1
Bibl.
Baudrier,
lyonnaise,
a
t. XII,
Ibid.,
p. 243.
8
t. XII,
Ibid.,
p. 256.

t. V,

p.

158,

l'article

Frellon.

09:47:45 AM

174

AUGUSTE

HOLLARD

et Mace Bonhommeimprimeurs
de Lyon,
Trechsel
son
et
de
diocese ;
barbarie
la
bannir
pour
Pignorance
de
dont Michel
il attira ? quatre doctes personnages,
afin
leur
medecin
fameux,
Villeneuve,
que
exemple et
et
honneurs
les recom
ainsi
les
leurs entretiens,
que
k aimer
Viennois
excitent
les
dont
il
les
comblait,
penses
?.
char
la
vie
dans
et
Belle
les
beaux-arts
les sciences
mante ville des bords du Rhone ; Pamitie d'un ev&que
le voisinage de Lyon et des amis les impri
humaniste,
meurs permettent ? Servet de passer douze annees, les
meilleures de son existence agitee. Des son arrivee (1541),

la seconde edition (qui n'est


il dedie k Pierre Palmier
se
une
pas
simple reimpression) de son Ptolemee 2. II
livre k Pexegese et mene ? bien la revision et Pimpres
3
sion de la Bible latine de Sanctes Pagnini, pour laquelle
il avait passe un contrat le 14 fevrier 1540, avec Hugues
de la Porte, editeur, representant de la Grande compa
gnie des libraires de Lyon 4. Cet acte stipule les engage
ments de Servet qui doit : ? premierement, prelire la
sur la Bible
contenant
six volumes.
glose ordinaire
la
Item,
orthograffier, accentuer, punctuer et dyphton
de restituer les dictes dictions grecques ou
item
guer,
en
en lettres latines et les marquer
hebraiques que sont
ou
il
la
fauldra
les
lieux
et
hebrieu.
Item, marquer
grec
au Vieil Testa
de Haugubinus
inserer les annotations
II
de firasme au Nouveau...?.
ment et les annotations
les additions
lui fallait, en outre, ? escripre en marge
contenues en la Bible de Robert Estienne...
marginalles
sera
ceuvre
le diet Me Michel
[de Villeneuve]
Laquelle
tenu et devra commencer le present et fournir deux ou

troys presses, lesquelles presses devront commencer k la


?5.
foyre de Pacques...
prochayne
et fait
encore que Servet compose
C'est ? Vienne
1
t. XII,
Ibid.,
p. 250. Nie.
de ses Nugae.
piece
2
t. VII,
Ibid.,
p. 310.
?
t. VII,
Ibid.,
p. 312.
*
t. VII,
Ibid.,
p. 265.
6
t. VII,
Ibid.,
p. 265.

Bourbon

lui

dedia,

en

1538,

09:47:45 AM

une

MICHEL

SERVET

ET

JEAN

175

CALVIN

restitutio,
imprimer son grand ouvrage, la Christianismi
c'est-?-dire ? le retour de Pfiglise ? ses origines apos
toliques par le retablissement integral de la connaissance
la foi du Christ, de notre justification, de la
de Dieu,
de la Cene
regeneration du bapt^me, de la manducation
du Seigneur, le regne de Dieu etant reedifie, le joug de
brise et l'Antechrist avec tous les
Tinique Babylone
siens aneantis de fond en comble ?. C'est un in-8? de
734 pages *. Cet ouvrage comprend cinq livres et deux
sur la foi, la justice
dialogues sur la Trinke ; trois livres
et le royaume du Christ; quatre livres sur la nouvelle
naissance d'en haut et le royaume de rAntechrist;
plus
de soixante signes du regne de rAntechrist;
enfin, une
et relative au mys
apologie dirigee contre Melanchton
tere de la Trinke

et trente lettres adressees

? Calvin.

Des quatre dogmes de l'?glise


chretienne, ? savoir
la Trinke, la Creation, 1'Incarnation et la Redemption,
la Reforme n'a louche qu'au dernier pour le developper
d'une facon exclusive en insistant sur la gratuite de la
grace, le neant des oeuvres et la justification dans le
sens de saint Paul et de saint Augustin. Pour Servet,
c'est le christianisme tout entier qui est k restituer, en
particulier le dogme de la Trinke, cle de vo?te de tous
les dogmes, car la distinction de trois personnes en Dieu
est absolument
est inadmissible. Dieu
indivisible. La
raison a beau vouloir le dissocier, lui, l'eternel, l'absolu,
reste inalterable dans la simplicite de son Stre, et Servet,
comme
suivant la doctrine de Sabellius,
regarde Dieu
une seule personne
differents
(hypostase)
qui prend
: il est Pere en tant que
aspects suivant les besoins
createur, il fait figure de Fils quand, sous les traits de
il nait d'une vierge et vient apporter
Jesus de Nazareth,
aux hommes le salut. 11 joue le r?le de Saint-Esprit
1

Ibid.,

t. X,

pp.

134-137.

09:47:45 AM

176

HOLLARD

AUGUSTE

une

fois mort sur la croix, son ?me reste dans


Et
Servet
s'acharne contre le concile de Nicee.
l'figlise.
aux Peres, il ecrit :
S'adressant
quand,

Votre Trinite est une oeuvre de subtilite et de demence.


Vous nous parlez d'un Dieu en trois hypostases, ou si Ton veut
en

trois

anciens

Qu'est-ce

personnes.

ne le connait pas

L'Evangile
Peres,

les Ignace,

d'abord

qu'un

tel

(Lettre ? Calvin,

les Irenee,

les Tertullien

langage

p. 594). Les

sont

etrangers

? ces distinctions vain es. C'est ? l'ecole des sophistes grecs


que vous les avez apprises, vous Athanase, prince des Tritheis
tes, et vous saint Augustin (Christ.Rest., Lib. I, p. 24). Sans
doute, lesmots de Pere, de Fils, d'Esprit Saint se rencontrent
dans les Ecritures, mais pour designer lememe Dieu dans les
divers modes de son action sur l'Univers. Au lieu de ce Dieu
vous
nous
presentez
unique,
ou essences
trois substances
Vous

dites

que

ce sont

trois

trois

divines.
Sont-ce
hypostases
ce cas, ce sont trois Dieux.
ne
mais
la personnalite
personnes,
? Dans

se peut diviser : eile est une ou eile n'est pas (Christ. Rest.,
lib. I, p. 16). Point de milieu : ou il n'y a en Dieu qu'une
substance,

une

essence,

une

s'il

agit,

personne,

ou

il y

trois

dieux.

Quoi de plus absurde que ce tritheisme et quel abime de con


tradictions ! Dieu le Pere agit sur Dieu le Fils, Dieu le Fils,
avec ou sans son Pere, agit sur le Saint Esprit. Dieu agit done
sur

lui-meme,

mais

il patit

aussi.

S'il

agit

et

p?tit,

il

change, il se meut (Lettre ? Calvin, p. 591). Que d'absurdites


reunies. Un premier dieu qui engendre, un second dieu qui est

et n'engendre
dieu
pas, un troisieme
engendre
et n'est
tout
! Ce n'est
pas
pas
engendre
il y en a un qui sc fait homme,
les autres
dieux,
un
restant
les autres
soufTre,
qui
impassibles,
pas

qui n'engendre
: sur ces trois
restent
dieux
;
un
qui meurt,

les autres restant vivants (Christ.Rest., lib. I, p. 25). Etrange


dieu, compose de dieux, dieu par addition, dieu brise !mis en
morceaux ! Theis degenere, mille fois inferieur ? celui du
mosai'sme et du Thalmud, inferieurmeme ? la theologie du
Coran ! (Christ.Rest., lib. I, p. 30). Divinite ridicule, qui nous
ramene jusqu'au paganisme, au Cerbere ? trois tetes de la
vieille mythologie ! ? (Christianismi Restitutio, Lib. III,
p. 100).
Parmi tous les dogmes enseignes par Pfiglise, il n'en
est aueun qui choque plus profondement Michel Servet
s'il
que la distinction de deux natures en Jesus-Christ;
faut Pen croire, c'est le fatal levain d'erreur qui a cor
rompu toute la doctrine chretienne ; l? est la faute capi
tale des Peres de Nicee. C'est pour maintenir la divinite

09:47:45 AM

MICHEL

SERVET

ET

JEAN

177

CALVIN

du Christ que les conciles ont etabli la distinction des


deux natures. Le m6me esprit de subtilite contentieuse,
en Dieu trois hypostases, a porte
qui a fait distinguer
les sophistes grecs a decomposer Jesus en deux natures.
Ce n'etait pas assez
fallait encore mettre

meres

creuses,

s'ecrie

d'avoir dechire l'essence divine, il


en pieces l'unite du Christ. ? Chi
Servet,

vains

raffinements

d'ana

: o? est la trace
l'fivangile
deux
fils
distinctions ? Y voyez-vous

tout cela

! Ouvrez

lyse que
de ces pueriles
de Dieu, Tun parfait, infini, impassible ; l'autre, fini,
imparfait, sujet ? la tentation et ? la souffrance ? Non,
un seul Christ, un seul fils de Dieu unique et indivi
sible ! ? (Dial, de Trin., lib. I ; Christ. Rest., lib. II et
? Christ n'est pas Dieu par l'union d'un Fils meta
III)l.

avec la nature humaine, mais l'homme Jesus


physique
est tout ? fait Dieu parce qu'il vit en Dieu et que Dieu
vit en lui ?.

Calvin, nier, comme le fait Servet, la double


en l'unique
nature, divine et humaine
personne de
est
definie
teile
par les premiers
Jesus-Christ,
qu'elle
Christ
n'est pas Dieu
nier
la
Si
le
c'est
Trinite.
conciles,
et homme, il n'y a plus de redemption, nos peches ne
sont pas remis, il n'y a plus d'espoir de salut.
contre Servet, c'est que
Un autre grief de Calvin
comme forme de trois
en
tout
Jesus
celui-ci,
regardant
elements increes et comme engendre de l'essence divine,
n'en fait pas moins la premiere des creatures et le pre
mier anneau d'un monde qui, dans toutes ses parties,
tou
est impregne de l'essence divine. Cette accusation
chait juste, car Servet a ecrit que le Christ apparut le
comme le soleil
l'immensite de Dieu,
premier dans
brilla au milieu de la lumiere creee : le Christ n'existait
done pas de toute eternite ! Servet a beau donner au
Pour

Christ les titres les plus somptueux, 1'appeler la tete de


la Creation, la mer eternelle des idees (De Trinitate lib.
duo, p. 278), il a beau s'ecrier : ? La verite, l'eternite, la
vie et notre salut, sont dans le Christ seul ?, il s'ecarte
1

Saisset,

Liv.

citi.

12

09:47:45 AM

178

HOLLARD

AUGUSTE

de la croyance orthodoxe et des symboles des ap?tres,


de Nicee, d'Athanase,
symboles qui sont rappel6s dans
Voil?
la Confession de la Rochelle.
pourquoi Bucer,
ne
Calvin
voient
la doctrine de Servet
dans
Capiton,
et
que la repetition des heresies d'Artus, de Nestorius
d'Eurichee \
C'est dans YInstitution chretienne que Calvin s'explique
sur le sens qu'il donne ? la Trinite :
Les vocables du Pere, du Fils et de l'Esprit nous denotent
une vraye distinction, afin que aucun ne pense que ce sont
divers titres qui s'attribuent ? Dieu pour le signifier simple
ment en plusieurs manieres :mais nous avons ? observer que
c'est une distinction et non une division... Et ne faut pas dire
que ceste distinction a eu son origine depuis que le Fils a pris
le Fils unique a este
chair, veu qu'il est notoire qu'auparavant
au sein du Pere (Jean, I, 18). Car, qui osera dire qu'il y soit
lors entre quand il est descendu du Ciel pour prendre notre
humanite ? II y estoit done des le commencement, regnant
en gloire,... oultre plus, combien que Peternite du Pere soit
aussi l'eternite du Fils et de son Esprit, d'autant que Dieu n'a
estre sous sa
et vertu
et
peu
l'eternite,
jamais
qu'en
sapience
ne second...
tant
Or
s'en faut que
il ne faut chercher
premier

ceste distinction contrevienne ? l'unite de Dieu, que plus tost

on

le Fils

prouver

peut

un mesme

estre

Dieu

avec

le Pere,

d'autant qu'ils ont un meme esprit et que l'Esprit n'est point


une divine substance du Pere et du Fils, d'autant qu'il est
leur

en

Car

Espoir.

chacune

toute

personne,

la nature

divine

doit estre entendue, avec la propriete qui leur compete. Le


Pere est totalement au Fils, et le Fils est totalement au Pere,
comme

1'affirme

luy-mesme

mon Pere en moy


teurs

: ? Je

disant

en mon

suis

n'admettent
Ecclesiastiques
entre les personnes.
l'Essence
Par

aueune

difference,
quant
dit saint Augustin,

ces mots,

denotans distinction, est signifiee la correspondance que


personnes
est une

ont

en

l'une

toutes

les

et

Pere

10 ss.). Pourtant, tous les doc

(Jean, XIV,

les

non pas
la substance,
l'autre,
laquelle
est nomme
tant
trois...
En
Pere,
qu'il

au regard du Fils, il n'est point Fils ; et le Fils semblable


ment,

au

ment.

C'est

du Pere,

regard

n'est

point

Pere.

Pere, au regard de soy est nomme Dieu,


Servet

un mesme

admet

1
Lerminier,
2
Institution

Dieu

Mais,

en tant

que

2.

un progres dans

le

et le Fils semblable

la revelation

Liv.
cit., p. 542.
1. I, ch. xm,
chritienne
(1560),

de PAn

? 17-19.

09:47:45 AM

MICHEL

SERVET

ET

JEAN

179

CALVIN

et du Nouveau
il rejette la predes
Testament;
aux
oeuvres et croit
merite
du
bonnes
attache
tination,
et
fin
du
le
monde
millenaire
du Christ
la
regne
que
sont proches. C'est en vue de ce regne que la Christia
nismi restitutio doit preparer l'humanite. Pour Servet,
nous sommes justifies et par les oeuvres et par la foi. II
cien

des enfants, d'abord


parce qu'il
repousse le bapt?me
n'est pas recommande par les ficritures, ensuite parce
que la foi eclairee doit preceder l'admission dans Pfiglise :

Jusqu'a present, dit Servet, on prend le Christianisme au


debut de la creation du monde ; je commence, moi, mon etude
par rhomme Jesus qui a ete frappe de verges et outrage sous
Ponce Pilate. Christ est Dieu, non par nature, mais par grace,
par privilege. Le Pere Pa sanctifie, le Pere Pa oint et exalte,
parce que le Christ s'est humilie \
La publication de la Christianismi Restitutio est, pour
C'est une mission
Servet, une affaire de conscience.
en
au
les
revelant
monde
seuls vrais prin
qu'il remplit
? Je suis contraint k mettre
foi
chretienne.
de
la
cipes
la main k l'ceuvre parce que les temps sont accomplis...
Tu nous as toi-m?me (6 Jesus) enseigne qu'il ne faut
pas placer la lumiere sous le boisseau ; malheur k moi
! ? En retournant au pur ?vangile,
si je n'evangelise
Servet ecarte tous les dogmes qui sont posterieurs au
concile de Nicee. figare par les idees de son temps, il
admet que la generation provient du melange des trois
: eau, air et feu avec 1'element feminin,
elements m?les
la

terre.

citations, d'abord de ses deux premiers


quelques
ouvrages theologiques
(1531 et 1532), puis de la Resti
tution chretienne :
Voici

Christ est Tame du monde, ecrit Servet 2, oui, plus que


Tame, car c'est par lui que nous vivons, non pas ?seulement dans
La vie pre
la vie presente, mais aussi dans la vie eternelle.
sente, il nous Ta donnee par sa parole ; et, la vie eternelle, il
nous Ta donnee par sa chair (la Sainte Cene)... II est une
1
Christiamismi
*
De Trinitate

Restitutio,
d'apres
livre VII,
erroribus,

la trad, de Tolun,
f? 78a, 1531.

liv. cit.

09:47:45 AM

180

AUGUSTE

HOLLARD

etoile, notre etoile du matin. II est la lumiere du monde, la


lumiere de Dieu, la lumiere des peuples. L'eclat de sa face
illumine Pimmensite des cieux. Christ est la force divine par
laquelle Puniversalite des choses fut creee. La Parole du Christ
crucifie a soumis lemonde ? sa domination par la puissance
merveilleuse de son amour et il se le soumettra plus encore en
amenant les ?mes captives sans le fracas des armes. En Christ,
tu trouves toute la sagesse du Pere ; dans sa bouche est la
nouvelle loi et Interpretation de Pancienne, la parole de Dieu
nous

qui

la

apporte

du

connaissance

Le

Pere...

Christ

histo

rique est mon unique maitre. Le Christ a d'abord preche


PEvangile ; ce n'est que par ses paroles que Penseignement
apostolique regoit la plenitude de son sens, sa lumiere et sa
splendeur. Toutes les predications des apotres, dans le livre
des Actes,

tendent

a nous

ce Jesus

presenter

vivant,

et par

la

nous amener ? la conviction que cet homme est le Christ, le


Fils de Dieu, le Sauveur. Mais pour ce qui regarde la discussion
scientifique sur la personne du Verbe, eile est secondaire et on
fera

sagement

de

diriger

toutes

ses recherches

sur

la personne

historique de Jesus-Christ. C'est pour lui que je plaide... Car


tout depend de la connaissance que nous avons du Christ
historique et, si nous ne le connaissons pas de cette maniere,
nous

ne

connaissons

rien.

ce qu'ecrivait
sui
Servet ? vingt ans. L'ann6e
son
dans
deuxieme
de Tri
vante,
ouvrage (Dialogorum
nitate libri duo, II), il ecrit :
Voil?

Je

te

le dis,

tu ne

pourras

jamais

etre

sauve

d'une

autre

maniere que si tu crois que Jesus homme est lui-meme le fils


de Dieu, qui s'est donne pour le salut de ton ?me et qui a
souffertpour Pexpiation de tes peehes... Le royaume des Juifs
etait un royaume
de la chair,
le royaume
des pa'iens
etait aussi
un
nous
avons
de la chair, auquel
Mais
le
royaume
appartenu.

Royaume du Christ vivant est un royaume de Pesprit. Et le


passage de la chair a Pesprit, qui constitue P entree dans le
royaume du Christ, s'accomplit par le fait qu'on le connait et
qu'on croit en lui, en tant que la foi semontre par une nouvelle
naissance
sommes

celeste
; car
jusqu'a
encore
dans
Panimalite

ce

qu'elle
et cette

nous
nous
vienne,
nouvelle
naissance

n'est fondee en rien sur les propres forces de Phomme, mais


elle doit commencer a s'achever par la force d'attraction du
Pere et dans Penergie de son bon plaisir, car il n'attire et
n'appelle par sa grace que ceux qu'il veut ; cela ne depend pas
de notre action ou de notre volonte, mais du Dieu de mise
ricorde \
1

Cf. Tollin,

Livre

citi,

pp.

16-17.

09:47:45 AM

MICHEL

ET

SERVET

JEAN

Dans
la Christianismi
restitutio, qu'il
un ans plus tard, nous lisons :
Si tu remontes ? Adam, Abel, Henoch
aux

arrives
tu

publia
et Noe

et

vingt

et que tu

et aux
rois, aux pretres
prophetes,
II est le commence
du Christ...

aux
patriarches,
en eux Pombre

trouveras

181

CALVIN

ment et la fin de tout et la plenitude de tout... quand on Pa


a Padoration, car Padoration
contemple, lui, il faut passer
Celui
la
qui m'adore adore le Pere,
presuppose
contemplation.
comme celui qui me voit, voit le Pere... En Christ seul est la
verite, Peternite ; en lui seul est toute plenitude et notre salut
tout entier. Que lui seul soit toujours le Dieu beni au-dessus
toutes

de

toutes mes

choses

sa misericorde

! Amen...

et

la

le

Pour

forces, je medite

revelation

je rassemble

connaitre,

le jour et la nuit, implorant


de

sa

vraie

connaissance...

A lui seul qui regne avec Dieu le Pere dans Punite de la


substance et de l'espoir soit gloire, empire et toute puissance
a

jamais,

Regarde

Amen.

et le suivre

le Christ qui s'offre a toi afin que tu puisses P aimer


un

comme

ami

et un

frere, aussi

la rancon

comme

de tous tes peches. II t'aime si profondement que ca a ete pour


lui une joie d'aller pour toi ? lamort. 0 bon Jesus, ce qui par
dessus tout me fait te donner mon amour, e'est que la coupe
d'amertume que tu as voulu boire pour moi a ete Pceuvre de

mon

expiation...

C'est

pourquoi

nous

prions

le Pere

en

son

nom, parce que Dieu est devenu notre Pere en Christ, nous
nous prions au
prions au nom du Fils que Dieu nous a donne,
nom du Saint Esprit dont il nous fait participants.
0 Christ Jesus, Fils de Dieu, qui nous es venu du ciel, toi
commu
qui rends visible la divinite, qui semanifeste en toi,

nique-toi,

toi-meme,

? ton

serviteur.

.. Nous

ne

redouterons

pas Fenfer, nous ne craindrons pas le jugement ? venir,


puisque tu nous as fait don deja de la vie eternelle.
Malgre ces declarations vibrantes de piete chr6tienne,
Calvin osera eerire : ? Qui pesera bien les choses et les
considerera prudemment,
pourra clairement voir que
Servet n'a d'autre but "que d'eteindre la clarte que nous
avons par le Fils de Dieu, afin d'abolir toute religion ?.

? Calvin, ? titre
1546, Servet avait communique
de sa
manuscrit
le
autographe
confidentiel,
premier
Peclairer
de
lui
demandant
Christianismi
par
restitutio,
En

09:47:45 AM

182

AUGUSTE

HOLLARD

une discussion fraternelle. Servet avait cherche k entrer


avec Calvin, parce qu'il y avait ete
en correspondance
encourage par le libraire Frellon, correspondant et ami
de Servet avec Calvin
de Calvin. La
correspondance

traite de la deite de Jesus-Christ, de la Regeneration,


du bapteme des petits enfants, de la Trinke. Le mede
cin espagnol a annexe ces lettres ? son grand ouvrage,
sont au nombre de
la Christianismi
restitutio\ Elles
: A Jehan Calvin,
trente et portent cette suscription
:
ton
est
Le
predicateur genevois.
parfois presomptueux
? Je t'ai souvent
au
dit
Picard,
averti,
que
FEspagnol

tu faisais fausse route en admettant


la monstrueuse
distinction des trois essences divines ?... ? Le Seigneur
exacte des choses
te donnera de recevoir Pintelligence
et tu seras conduit par Pesprit de verite, la grace de
Jesus-Christ et de Dieu le Pere. Amen ?.
Calvin, plus habitue ? donner des directives qu'? en
sur un ton hautain.
Ier sep
Le
recevoir, repond
tembre 1548, il ecrit ? Viret: ? Je pense que tu as lu ce que
j'avais r6pondu ? Servet. Je n'ai pas voulu lutter plus
de cet heretique ?. II dira
longtemps avec Popini?tret6
? Je n'ai
aux
:
fait plus d'attention
tard
pas
plus
?
paroles de cet individu qu'au braiment d'un ?ne.
Servet adresse ? Calvin un exemplaire de P Institution
Chretienne sur lequel il a note des passages qu'il consi
les erreurs
dere comme mal fondes, avec, en marge,
? Servet se
a
cru
content:
trouver.
Calvin n'est pas
qu'il
sur
mes
tous
de
criblant
remarques inju
livres, les
jette
et ronge
rieuses, comme un chien qui aurait mordu
ni d6pit
colere
n'en
quelque pierre. Je
parle point par
nature
ce
en
de
c'etait
car, pour dire
est,
plut?t
qui
ce
nulle
k
avait
risee, quant
moi, pour
gravity
qu'il n'y
d'homme de lettres^ mais plut?t, il babillait en haren
gere

?.

Lettre de Calvin k Farel du 13 fevrier 1546 : ? Servet


m'a recemment ecrit et a joint k ses lettres un enorme
avec une arro
de reveries en m'avertissant,
volume
1 Voir

plus haut, p. 179.

09:47:45 AM

MICHEL

SERVET

ET

JEAN

183

CALVIN

gance fabuleuse, que j'y verrai des choses etonnantes


et inouies. II m'offre de venir ici, si cela me plait. Mais
je ne peux pas engager ma parole ; car, s'il vient, je ne
souffrirai pas, pour peu que j'aie autorite, qu'il en sorte
vivant ? x.
A la m?me date, Calvin ecrit au libraire Frellon, ?
Lyon, pour se plaindre du caractere de Servet qu'il
traite de Satan. Servet en est informe et ecrit aussit?t
: ? Puisque
k Calvin
tu crains que je sois pour toi un

done mes manuscrits


Satan,
je m'arrete. Renvoie-moi
et porte-toi bien. Si tu crois veritablement que le pape
est l'antechrist, tu croiras aussi que la Trinite et le
bapt&me des enfants, qui font partie de la doctrine du
pape, sont la doctrine des demons. De nouveau, adieu ?.
se tourne vers d'autres
Rebute
par Calvin, l'Espagnol
sans
vers
Abel Poupin, pasteur
pasteurs
plus de succes,
k Geneve, vers Viret, insistant sur le caractere anti
des doctrines trinitaires et de la croyance
evangelique
au salut par la foi sans les ceuvres. ? A la
place de Dieu,
leur ecrit-il, vous avez un Cerbere k trois tetes ; k la
place de la vraie foi, des songes decevants et vous dites
que les bonnes ceuvres ne sont que des ombres sans
a vous ! oui, malheur
! ?... ? Je
consistance. Malheur

sais que je devrai mourir pour cette cause ; cette pensee


n'abat pas mon courage. Disciple,
je vais sur les traces
de mon Maitre ?. Dej?, Servet se sent poursuivi par la
haine de Calvin qui transparait
jusque dans ses com
: ? II y a, dit Calvin,
mentaires du Nouveau
Testament
ses

dans

sur

remarques

saint

Jean,

un

meschant

garne

de nation, nomine
rempli d'orgueil,
Espagnol
a
cette
Parole
eternelle
Servet, lequel
(le
forge que
a
commence
d'etre
eile s'est
seulement
Logos)
quand
manifestee en la creation du Monde. L'fivangile
enseigne
bien ici autrement... Or je scay bien que ce chien (Ser
vet) aboye le contraire ?.
ment

Opera,

t. XII,

p.

284.

09:47:45 AM

184

Pendant

AUGUSTE

six ans, Servet

HOLLARD

retoucha

son manuscrit

de la
Christianismi
restitutio, pressentant
Calvin, Abel Pou
pin et Viret dont il recherchait Popinion. Enfin, il se
decida ? la publier. Les Frellon, Trechsel et autres impri
meurs
aux idees nouvelles,
lyonnais, bien qu'enclins
n'oserent tenter Paventure
elles
; les presses b?loises,
refuserent. L'imprimeur
memes,
lyonnais, Balthazar
Arnoullet y consentit enfin, mais sous certaines condi
tions. II demanda et obtint, le 27 decembre 1551, Pauto
risation d'installer une presse ? Vienne, et la ville Paf
franchit de toutes impositions 1; cette requete s'expli
querait difficilement si Pon n'entrevoyait pas une inter

vention de la part de Michel Servet. L'atelier etait dirige


et
beau-frere
d'Arnoullet;
par Guillaume
Gueroult,
Servet pouvait compter sur sa discretion. L'impression
fut mise en train le 25 septembre 1552 ? condition que
tous les frais, corrigerait
lui-m&me
Pauteur
payerait
ses epreuves,
se chargerait de la vente et verserait
100 ecus de gratification ? Arnoullet et ? Gueroult. Ce
dernier, afin de prevenir toute indiscretion, installa un
isolee, o? trois compa
petit atelier dans une maison
et
tirerent Pouvrage. Tout
gnons devoues composerent

fut termine le 3 janvier 1553.


en
tires furent deposes
Les huit cents exemplaires
trois endroits differents. Le 13 janvier, cinq bailots sont
envoyes ? par la barquette de Vienne ? au fondeur de
caracteres Pierre Merrin, ? Lyon. II reQoit Pordre de les
? 2.
?
que c'est du papier blanc
garder et on lui fait dire
8
?
PItalie
a-t-on
Ces volumes,
suppose, etaient destines
le
et ? la France.
Ces cinq balles seront decouvertes
?
3 mai,
FArchev6che,
rapportees ? Vienne,
gardees
? le
?en la place appelee
la Charneve
puis br?lees
1
Livre
Baudrier,
citi, t. X,
2
t. VII,
p. 853.
Opera,
8
Livre
Artigny,
cite, p. 76.

p.

108.

09:47:45 AM

MICHEL

SERVET

ET

JEAN

185

CALVIN

17 juin 1553. Un second envoi av?it ete fait par Freiion,


en septembre
et sera detruit k Francfort1
II
1553.
aux
besoins de rAUemagne. Le reste de
devait pourvoir
fut vraisemblablement
adresse ? Geneve,
Pimpression
montre
les exemplaires
chez Robert Estienne, qui aurait
? Calvin, lequel aurait conseille de les detruire 2.
Servet pouvait croire son livre protege par Panonymat
et k Pabri de toute indiscretion. Ne jouissait-il pas de
Pierre Palmier,
Pamitie et de Pestime de Farchev6que
des Viennois qu'il avait
ainsi que de la reconnaissance
fut tout de m6me
genereusement soignes ? L'Inquisition
venue
une
de Geneve.
denonciation
avertie par
Un
denomme Trie, natif de Lyon, recemment converti ?
la Reforme, s'etait refugie ? Geneve. Ce sera Phomme
de paille de Calvin, lequel tiendra la plume et machinera

toute Pintrigue.
3 ?
Trie une lettre
Le 26 fevrier 1553, Calvin dicte
que celui-ci envoie ? Lyon ? Padresse de son cousin
Antoine
Pexhortait
Arneys,
lequel, reste catholique,
sans cesse k rentrer dans le sein de Pfiglise romaine :
Monsieur mon cousin, je vous merci bien fort de tant de
belles remonstrances qu'avez faictes et ne doubte point que
vous n'y procediez de bonne amitie, quand vous taschez ? me
reduire au Heu dont je suys party. D'aultant que je ne suys
verse

homme
faire

aux

aux

poincts

comme

lettres

et articles

que

me
de satis
vous,
je
deporte
vous
m'alleguez...
(Chez vous),

on soustient un heretique qui merite bien d'estre br?le partout


o? il sera... Car combien que nous differions en beaucoup de
choses,

nous

avons

en

commun

que,

en une

seule

essence

de

1 Calvin
de TEglise
de Franc
avait ecrit le 23 ao?t aux pasteurs
chez eux de ce Iivre ? rempli
fort pour les avertir de la presence
en librairie,
?. Le
et d'erreurs
de blasphemes
facteur
pre venu
en
les ouvrages
contre Servet,
avait
eu* soin de ne pas mettre
vente.
8
Sur tout ceci, voir Baudrier,
Livre
citi, t. X, pp. 94 et ss.
8 ?
on connait
le signataire
les relations
etroites
que
Quand
on ne peut doutei
avec Calvin,
de cette lettre entretenait
qu'elle
ait ete redigee
? Tinstigation
de ce dernier
et, rr6me, soit le con
trahir la maniere
du refor
tenu, soit le style de Tepitre
paraissent
et quel
mateur
cultive
que celle d'un marchand,
quelque
plut?t
le suppo
les matieres
que verse dans
qu'on
puisse
theologiques
ser ?. Am. Roget,
Livre
citS, t. IV, p. 21.

09:47:45 AM

186

AUGUSTE

HOLLARD

Dieu, il y a trois personnes et que le Pere a engendre le Fils,


qui est sa sagesse eternelle davant tous temps. Or, quand un
hemme dira que la Trinite est un Cerbere etmonstre d'enfer,
et degorgera toutes les vilenies qu'il est possible de penser
contre tout ce que FEcriture nous enseigne de la generation
eternelle du Fils de Dieu... je vous prie, en quel bien et estime
Paurez vous ? Ii condamne le bapteme des petits enfants,
Fappelant invention diabolique... L'homme dont je vous parle
a ete

condamne

en toutes

les Eglises

lesquelles

vous

reprouvez.

Cependant, il est souffert entre vous, voire jusques ? y faire


imprimer ses livres qui sont pleins de blasphemes... C'est un
Espagnol portugallois, nomme Michel Servetus, de son propre
nom, mais il se nomme Villeneufve a present, faisant le
medecin. II a demeure quelque temps ? Lyon ;maintenant, il
se tient ? Vienne o? le livre dont je parle a ete imprime par
Balthazar Arnoullet. Et, afin que vous ne pensiez que j'en
parle ? credit, je vous envoie la premiere feuille (quatre pages)
pour enseigne.
A ces quatre premieres pages imprimees de la Res
titutio sont joints le titre et Pindex imprime sur le verso
cette lettre fut envoyee, la Restitutio
du titre. Quand
n'etait pas encore dans le commerce. Calvin, seul, en
un exemplaire.
Trie ne pouvait
Guillaume
possedait
connaitre l'auteur de la Restitutio et son incompetence

theologique Paurait detourne d'un livre pareil.


Arneys porta toutes les feuilles expediees par Trie k
Ory ; le 16 mars, la justice per
Pinquisiteur Mathieu
ne trouva rien. Servet, Gue
?
Vienne
mais
quisitionna
sont
les
ouvriers
roult,
interroges ; personne ne sait
rien.

L'ouvrage

paru

sans

nom

d'auteur1,

sans

nom

de ville, sans nom d'imprimeur.


Jamais, Ory n'aurait
sans Calvin. On fait ecrire k
pu decouvrir Pheretique
Trie par Arneys pour demander la Restitutio imprimee,
en entier, d'ou avait ete tiree la feuille envoyee comme
specimen k Vienne. Son cousin lui repond qu'il ne peut
presentement lui fournir le livre imprime 2,mais, ajoute
t-il :
le convaincre, assavoir
Je vous mettray en main
plus pour
deux douzaines de pieces ecntes de celui dont il est question,
1
Avec,
a Calvin

les initiales M. S. V.
cependant,
n avait
Tay ant
plus le volume,

au colophon.
a Viret.
envoye

09:47:45 AM

MICHEL

SERVET

ET

JEAN

187

CALVIN

o? une partie de ses heresies est contenue. Si on luimettait au


devant le livre imprime, il le pourrait renier, ce qu'il ne pourra
faire de son ecriture... Je vous confesseray une chose, que j'aye
eu grand peine ? retirer ce que je vous envoye de mon sieur
Calvin ; non pas qu'il ne desire que de tels blasphemes exe
crables ne soient reprimes,mais pour ce qu'il luy semble que
son debvoir est, quant ? lui, qui n'a point de glaive de justice,
de convaincre plutot les heresies par doctrines que de les
poursuyvre par tel moyen ;mais je Tay tant importune, luy
remonstrant le reproche de legierete qui m'en pourroit advenir
s'il ne m'aydoit, qu'en la fin il s'est accorde ?me bailler ce que

verrez

... II me

semble

que

pour

cette

heure,

vous

etes

garny

d'assez bon gaige et qu'il n'est ja metier d'avoir plus pour se


saisir de sa personne et luy faire son proces. Geneve, le

26 mars.

Ainsi, k defaut du livre imprime demande par Arney,


Calvin lui fait livrer les lettres confidentielles 2 qu'il a
8
jadis regues de Michel Servet sub sigillo secreti et que
celui-ci lui avait reclamees. Calvin complete cet envoi
en y adjoignant
plusieurs feuilles d'un exemplaire de
V Institution Chretienne dont
ete
les marges
avaient
annotees

par

Servet.

Le 31 mars, Trie ecrit encore de Geneve

k son cousin

Et afin que vous entendiez que ce n'est pas d'aujourd'huy


que ce malheureux s'efforce de troubler l'Eglise, taschant de

mener

les

ignorans

en une

mesme

confusion

avec

luy,

il y

vingt quatre [ans] passez qu'on l'a rejette et chasse des prin
cipals Eglises d'Allemagne et, s'il se fust trouve au lieu, jamais
il n'en fust party. Entre les Epistres de Oecolampade, la pre
1 Voil?
un aveu
devant
le dementi
s'ecroule
de Calvin
lequel
? C'est done
le reproche de Uge
pour 6viter ? Trie
(voir plus loin).
a
le Reformateur
rett que
lui
confie des lettres personnelles
et un
un homme
manuscrit
a mort.
faire condamner
Est-il
qui devait
ait cede" pour
d'admettre
Calvin
d'aussi
que
possible
pueriles
? N'est-ce
considerations
? Trie
la
pas plut?t
suggere
qu'ayant
?
est
il
de
moralement
sur
des preuves
denonciation,
oblige
Tappuyer
loc. cit., p. 99).
(Dide,
8
? ces lettres
Emile
Doumergue
D'apres
(loc. cit.t VI,
300)
ou Calvin
^taient
si peu
le moment
confidentielles
les
qu'avant
? Trie,
donnait
lui-m^me
les avait
Servet
fait imprimer
tout au
?. En supposant
cette assertion
exacte,
long ? la fin de la Restitutio
il n'en reste pas moins
et pou
que les lettres etaient
autographes
en
vaient
trahir Servet.
consequence
Livre
ciU, t. II, p. 107.
Artigny,

09:47:45 AM

188

AUGUSTE

HOLLARD

miere et la seconde s'adressent a luy, avec tel tiltre qui luy


esseDei Filium
appartient, Servaeto Hyspano neganti Christum
consubstantialem Patri... Quant ? Pimprimeur, je ne vous
mande pas les indices par lesquels nous avons entendu que
c'estoit Balthazar Arnoullet et Guillaume Gueroult, son beau
frere, mais

tant

y a que

nous

en sommes

fait, il ne le pourra pas nyer.

bien

asseure

; et de

ce

au cardinal
Le 4 avril, Mathieu
Ory communique
? savoir les
les pieces regues de Geneve,
de Tournon
deux lettres de Guillaume Trie, un cahier de la Christia
ecrites de la
nismi Restitutio avec des notes marginales
main de Servet et plus de vingt lettres qu'il avait adres
sees ? Calvin. ? Eh quoi, s'ecrie le cardinal de Tournon,
des lettres et documents
apres avoir pris connaissance
un
eh
de
envoyes
Geneve,
quoi!
heretique peut-il bien
en denoncer un autre ! ?
est jete en prison, ? Vienne,
Servet, ainsi demasque,
selon
le 4 avril, mais il doit ?tre ? traite honn?tement
ses
sa qualite ?. On lui laisse son domestique
et
amis
;
ont la liberte de le voir ce jour-l? \
le ge?lier laisse fuir Servet. ? Les prisons
Cependant,
lui estoient tenues comme si on eust voulu que se sal
vast ?, dit Servet dans son premier interrogatoire k
Le tribunal viennois condamne Servet ? une
Geneve.
et ? estre,
amende ? de mille 1. t. envers le roy Daulphin
conduit sur un tom
incontinent qu'il sera apprehende,
ses livres ? jour prochain de marche,
bereau avecques
de la Porte du Palais Delphinal
(o? il avait ete empri
acoustumes
sonne) par les carefours et lieux
jusques au

Heu de la Halle de la presente cite et subsequemment


en la place appelee la Charneve, et illec estre brusle tout
vif ? petit feu, tellement que son corps soit mis en cendre.
en
sera la presente sentance
executee
Et cependant,
ses diets livres bruslez ?.
effigie avecque
laquelle seront
Dans la sentence, il a ete fait etat des lettres de Servet
confiees ? Calvin et remises ? P Inquisition.
1
de Servet fit du bruit et Pierre Grangier
L'arrestation
imprima
au prisonnier.
a Dijon
farcie envoyee
salve d'alkimie,
Le
epitre
n? 777.
Cf. Cat. Rothschild,

09:47:45 AM

MICHEL

ET

SERVET

JEAN

189

CALVIN

Ont ete br?les sur la place Charneve, k Vienne, Pef


avec cinq ballots de livres, k savoir tous
figie de Servet
les exemplaires de la Restitution Chretienne qui avaient
ete retrouves k Lyon chez Pierre Merrin, fondeur de
caracteres.

Plus tard (22 septembre1553), du fondde sa prison

de Geneve, Servet demandera


Calvin sur les faits suivants :

k ses juges d'interroger

1? Si, lemoys demars dernier (1553), Calvin fit pas ecrire par
Guillaume Trie a Lyon, disant tout plein de choses de Michel
de Villanovanus, diet Servetus : Quel estoit le contenu de la
lettre et pourquoy ?
2? Si, avecque la dicte lettre envoya la moytie du premier
quayer du livre du diet Servetus o? estoit le titre, et indice,
ou table et quelques commencements du diet livre, intitule
Christianismi Restitutio ?
3? Si tout cela ne fut envoye pour le fairevoyr aux officiaulx
de Lyon pour accuser le diet Servetus, comme le effet s'en
suivit ?
4? Si environ quinze jours apres la dicte lettre, envoya dere
chef par lemesme Trie plus de vingt epistres en latin, que le
diet Servetus luy havoyt ecrit et les envoya, comme les autres
de par dela luy demandront, afin que plus seurement ledict
Servetus

fut accuse,

et

comme

conveneu,

le fect

s'ensuivit

5? Si apres n'a entendu que, pour ladicte accusation, ledict


Servetus a este br?sle en effigieet son bien confisque, et fusse
ete br?le en personne si ne se f?t echape des prisons ?
6? Si ne scait bien que ce n'est poynt Pestat d'un ministre de
PEvangile, de estre accusateur criminel, ni de poursuivre judi
ciellement un homme ? mort ?
surplus, la sentence du tribunal viennois declare
? Servet a ete convaineu
expressement que
gr?ce aux
?
Jean Calvin, pr&cheur de
dix-sept lettres adressees
Geneve ?, lettres livrees par Calvin k P Inquisition.
Au

des prisons de Vienne, Servet se cache pendant


II ne peut aller en France o? P Inquisition
mois.
quatre
o? les pasteurs
Pa condamne k mort, ni en Allemagne
o?
P
Pont maudit.
sevissait
lui
L'Espagne
Inquisition
Evade

09:47:45 AM

190

AUGUSTE

HOLLARD

est egalement fermee ; PItalie


seule, surtout Naples o?
en grand nombre, peut
il trouverait des compatriotes
?
au
un
cours de son proces ?
offrir
lui
Servet,
refuge.
raconte
s'&tre
Geneve,
qu'apres
precipitamment
eloigne
? il
des prisons de Vienne,
prit le ehemin pour aller
contre FEspagne
; depuis, il s'en revint ? cause des gens
d'armes qu'il craignait et il resolut
et par FAUemagne pour aller del?
o? sont les Espagnols
de Naples
?. Pour franchir
son art medical
ou suivre la
traverser le Leman

de passer par Geneve


les monts au royaume
et vivre avec eux de
les Alpes, il peut ou
route du Piemont.
II

prend le premier itineraire qui lui parait le plus s?r.


Le pauvre evade arrive le 13 ao?t ? Geneve.
II des
cend ? Pauberge de la Rose o? il se tient cache et cher
che, comme il le declare, ? se procurer un bateau pour
gagner, par le haut lac, le chemin de Zurich. De l?, il
?
le royaume de Naples.
t?chera d'atteindre
le
Malgre
dire de Servet, ecrit Albert Rillet, il est probable que,
dans le logement o? il conservait son incognito, il n'etait
avec les gens du dehors ?.
pas reste sans communication
il
faut
du
entendre les libertins 1
dehors,
Et, par gens
ce
assez
?
moment
et
? Geneve
etaient
puissants
qui
redoutables pour Calvin.
Servet denie toute relation avec le dehors et ses decla
son
rations ne sont contestees
par personne durant
on
on Pavait
de
Si
mensonge,
soupconne
proces2.

1 Les
conserver
ainsi
veulent
Libertins,
parce
appeles
qu'ils
ont acquis
les peres
les hommes
dont
leur liberte,
comprennent
a.
au prix de leur sang la liberte de Geneve
et qui ont ete gagnes
ans
et de Farel,
deux
de Viret
la Reforme
par les predications
ne s'etaient
en Suisse.
Ces patriotes
avant
de Calvin
l'arrivee
pas
un maitre
se courber
devant
du joug episcopal
pour
emancipes
sur
Iis veulent
des etrangers.
lui-meme
penser
etranger,
appuye
au preche
ou non, danser,
et parier
? leur aise, etre libres d'aller
et les pasteurs
leur plait.
En
Calvin
si cela
chaire,
jouer, boire
ne se genent
bl?mer
les vieux
arrives
nouvellement
pour
pas
ou les accuser
mceurs.
et de mauvaises
Genevois
d'impiete
2
ses allegations,
du proces.
les pieces
Voici
d'ailleurs
d'apres
: ? Qui
Le procureur
? Servet
de venir en ceste
l'a meu
demande
semer sa doctrine
et trou
pas delibere
[cite] et s'il n'avoit
d'y
ct s'il cognoist
bler ceste eglise ? Item, ? qui
il a communique
venu pour
en ceste
cite ? Respond
(sic)
qu'il n'estoit
quelcunq

09:47:45 AM

MICHEL

SERVET

ET

JEAN

191

CALVIN

de faire appel au temoignage des


pas manque
II n'en fut rien, c'est
de
de
la Rose.
l'auberge
patrons
comme veridiques
done que les juges consideraient
les
dires du prisonnier.
Servet k Gen&ve
Les agents de Calvin decouvraient
le 13 ao?t 1553 ; il est arrfrte et jete en prison. Calvin

n'aurait

avoue lui-m6me qu'il a fait proceder ? cette arrestation.


? C'est sur ma demande, ecrit Calvin k Sulzer
(9 sept.
en prison cet homme
1553), qu'un des syndics fit conduire
etoile amenait ? Geneve, et je ne dis
que sa mauvaise
simule pas que j'ai cru de mon devoir de faire tout ce
en mon pouvoir pour que cet heretique obs
qui etait
f?t mis hors d'etat de repandre
tine et indomptable
son poison ?. ? Je ne dissimule point, ecrit-il encore,
que <;a a ete ? mon aveu que Servet a ete apprehende
en cette ville pour rendre compte de ses malefices. Que
les malveillants
jargonnent contre moi tout ce qu'ils
voudront

?.

etu
de la Fontaine,
Servet est denonce par Nicolas
diant en theologie, secretaire de Calvin, qui remplacera
: ? Je confesse que
celui-ci dans le role d'aecusateur
l'homme qui demande
justice contre Servet le fut a
?. Conformement
k la loi du ta?on,
mon adveu1
le
non point pour demorer
de l? les monts
passer
icy, et s'en aller
en royaume
la o? sout les Espagnols,
de Naples,
et vivre avec
Et que expressement,
eulx de son art de medecine.
pour ce faire,
en avait
et qu'il
il estoit venu loger ? la Rose,
parle ? l'hoste et ?
trouver une barque
Thostesse
le
pour aller tout hault
pour
par
se
le chemin
de Zurich.
lac qu'il
Et qu'il
pour trouver
pourroit,
en ceste ville
taut qu'il
tenoit
cache
affin d'en pouvoir
pouvoit,
: ?
Sur la seconde
aller sans estre cogneu.
que
question
Respond
non et qu'il n'a communique
? personne
du monde
et ne cognoist
?
du monde.
pp. 766 et 770).
personne
(Opera, VIII,
e : ? O?
le jour qu'il arriva en ceste cite,
il avoit couche
Demand
et accompagne
et s'il n'estoit
? Item, s'il s'en veult
pas ? cheval
nomme
? l'hoste
du
? Repond
avoit
rapporter
logis qu'il
qu'il
a
le jour devant
a
tout seul
couche
Leluyset
(?) et arriva
pied
a Salenove.
et qu'il
loua encor un cheval
Et qu'il
s'en veult bien
?
tenir a la dicte de l'hoste.
pp. 778, 783).
(Opera, VIII,
avec
Au
les pretend us rapports
de Servet
les Libertins
surplus,
ont ete magistralement
dans Bulle
Bainton
refutes, par Roland
du Protestantismc
tin de la SociitS
1938, pp. 261-269.
frangais,
1
Calvin,
Declaration,
p. 11.

09:47:45 AM

192

AUGUSTE

HOLLARD

se constitua prisonnier afin de


denonciateur
s'exposer
k subir la peine requise par lui, au cas o? le denonce
serait reconnu innocent. Cette plainte de Nicolas
de la
?
?
erreurs
liste
la
des
ainsi
criminelles
Fontaine,
que
de Servet, qui ne comprend pas moins de trente-neuf
II l'a reconnu lui
articles, ont ete dressees par Calvin.

merae

1.

14 ao?t

Le
1553, le lieutenant criminel (nous dirions
le juge d'instruction),
Pierre Tissot,
inter
aujourd'hui
roge Servet, dans sa prison, sur les trente-neuf articles
de la plainte : ? N'a-t-il pas ecrit et dogmatise et publie
il y a
que de croire qu'en une seule essence de Dieu
: le Pere, le Fils et le Saint
trois personnes distinctes

c'est forger quatre


fant?mes ? Item, que de
Esprit,
mettre teile distinction entre Pessence
de Dieu,
c'est
faire un Dieu party en trois et que cela est un diable
? trois t?tes, corame le Cerbere que les poetes anciens
ont appele
le chien d'enfer, un monstre ? ?
Repond
ne
Pa point dit en ceste sorte et qu'il ne le veult
qu'il
2 ?.
point maintenir

II est aussi impute ? l'accuse, qui en convient, d'avoir


dit que ? le bapteme des petits enfants est une invention
une faussete infernale pour detruire toute la
diabolique,
3
?. ? N'a-t-il pas imprime un livre execrable 4
chretiente
a
avoir fait
infecte
de gens 5 ? Repond
lequel
beaucoup
un petit livre, mais ne sait pas qu'il ait infecte personne ?.
? n'etant pas entre les mains de
Ce ? livre execrable
? Viret, ? ce moment ? Lau
fut
reclame
Paccusation,
sanne. ? Nous n'avons
pas encore pu, repond Viret,
nous procurer le livre qu'il a publie il y a vingt ans ?.
comme le traite qui l'a
livre, imprime ? Haguenau,
au cours du proces
ete
d'un
utilise
n'a
an,
pas
precede
n'avait
l'obtenir.
parce qu'on
pu
Ce

1337.

p.
2Declaration,
Articles VIII et IX.
8 Article XXXIV.
4 II
s'agit du Dialogorum de Trinitate libri duo, 1532.
5 Article

II.

09:47:45 AM

MICHEL

SERVET

ET

JEAN

193

CALVIN

Au sujet de la Trinite, Paccusation


s'exprime ainsi :
? II a ecrit un livre sur la Trinite en suivant les
premiers
et ses ap?tres. Et
docteurs
croit
apres Jesus-Christ
trois
bien la Trinite : le Pere, le Fils et le Saint-Esprit,
en
est
a
verite
Et
dit
Dieu.
declare
personnes
qu'il
qu'il
ce nom de personnes autrement que n'en ecrivent les
modernes

?.

concernant les heresies, imputes ? Ser


Les passages,
vet etaient empruntes non ? au livre execrable ?, que
l'accusation ne possedait pas, mais peut-etre ? Pun des
deux ou trois exemplaires de la Restitutio qui etaient
restes entre les mains des inquisiteurs de Vienne et de
Geneve ; tous les autres volumes avaient ete brules. Le
de la Restitutio, communique
manuscrit
par Servet ?
Calvin, avait ete envoye ? Pierre Viret, quelques annees
de sorte que le prisonnier etait juge sur
auparavant1;
sur un ouvrage
un livre qui n'existait pas ? Geneve,
en
et
France
qui n'avait pas ete mis dans le
imprime
commerce

2.

du 16 ao?t assiste Germain Colladon,


de Nicolas de la Fontaine.
Pardent calviniste, Pavocat
est mis en liberte et la
Au bout de trois jours, Nicolas
entre
et
Calvin. Celui-ci se fait
Servet
lutte s'engage
?
et
lui
le
Conseil
autoriser par
quel il vouldra avec lui ?
? assister aux interrogatoires de Servet ? afin que mieux
lui puissent &tre remontrees ses erreurs ?.
A

Paudience

Dans la premiere edition de la Geographie de Ptc>lemee>


une des notes emettait des doutes sur la fertilite de la
Palestine
; grande injure pour Moise, au dire de l'accu
sation ! Le prevenu repond, avec raison, que cette note
n'est pas de lui, mais il ajoute qu'il n'y trouve rien de
reprehensible. Cette reponse indigne Calvin qui y voit
un grief formule contre Moise et done ? un grand outrage
au Saint-Esprit
?. Servet n'en convient pas. ? Tant y a,
ecrit Calvin, que ce vilain chien estant ainsi abattu par
1
t. VIII,
p. 734, note 2.
Opera,
2
en vain
son ms.
Servet
avait
demande
? Calvin
il s'en plaint dans une lettre ? Poupin.
pas de reponse,

; n'obtenant

13

09:47:45 AM

194

AUGUSTE

HOLLARD

si vives raisons, ne fit que torcher son museau en disant:


Passons outre, il n'y a point de mal ? x. Cette note, peu
favorable k la fertilite de la Palestine, avait ete retran
chee de la seconde edition dediee k Parchev6que
Paul
mier.

Le 26 aout (1553), Calvin resume pour Farel les evfene


ments et conclut : ? J'espere qu'il y aura une condam
nation capitale, mais
je souhaite que l'atrocite de la
? 2.
soit
evitee
peine
A Paudience
du 21 ao?t
(date probable), discussion
entre Calvin et Servet. Celui-ci ne veut attribuer k Jesus
Christ la qualite de Fils de Dieu que depuis son appa
rition sur la terre. Calvin soutient, au contraire, que ce
de ja au Verbe divin avant que le
titre appartenait
Verbe ne f?t incarne dans la personne de Jesus. Servet
replique que cette distinction reelle du Verbe est une
idee fausse et que le Fils de Dieu ne preexistait ? Pin
carnation que comme une simple maniere d'&tre de la
divinite et non comme une personne douee, dans Pessence

divine, d'une existence propre.


Le 5 septembre, Servet, repondant par ecrit aux refu
tations, egalement ecrites, de Calvin,
s'exprime d'une
maniere encore plus nette ? ce sujet. ? Mon seul but a
ete de dire que le nom du Fils est proprement attribue,
en l'ficriture, k Jesus-Christ
estant homme. Si done
l'ficriture le prend toujours en tel sens, il nous le faut
en la
aussi prendre... J'ai dit que la seconde Personne
a
ete
Deite
jadis ainsi nommee, parce que c'estoit une
monstre ou representation de l'homme Jesus-Christ et
subsistoit en Dieu et relui
lequel, desja par hypostase,
comme
en
?.
Les Reformateurs,
soit visiblement
la Deite
conside
Farel, Bullinger, Haller, Melanchton,
Calvin,
raient comme criminelle Popinion de Servet selon laquelle
Le
le Christ n'a ete fils de Dieu qu'en tant qu'homme.
Conseil

de Geneve

parait

avoir partage

le jugement

Reformateurs.

1
D&claration,
p.
2
t. XIV,
Opera,

1354.
p. 590.

09:47:45 AM

des

MICHEL

SERVET

ET

JEAN

195

CALVIN

sa requite du 22 ao?t, Servet s'appuyant


sur
Dans
les Actes des Ap?tres, sur les ecrits de Constantin et sur
? mille autres autorites des docteurs ? s'efforce de prou
a toujours ete la seule
ver que le simple bannissement
contre
les
contre
heretiques, m?me
punition permise
sous Pempereur
Constantin.
En vain,
Servet
Arius
demande un avocat. Le 23 ao?t, il parait de nouveau
devant ses juges qui s'efforeent, mais
lui faire avouer quelque debauche. ? Ne
son livre et ses doctrines mettroient
grand trouble et donneroient occasion
se deborder en toute paillardise ? ? A

sans succes, de
savoit-il pas que
la chretiente en
? la jeunesse de
cette question,

la plus formelle. Le refor


oppose la denegation
ne recule devant aucun moyen pour ruiner les
au prisonnier. Le dimanche
sympathies susceptibles d'aller
27 ao?t (date probable), Calvin, du haut de la chaire
et devant un nombreux auditoire, stigmatise les impietes

Servet
mateur

et les blasphemes de Servetl.


Le 15 septembre, le malheureux
une nouvelle requite au Conseil :

adresse

de sa prison

Je vous supplie treshumblement que vous plaise abreger


ces grandes delations ou me mettre hors de la criminalite.
Vous voyez que Calvin est au bout de son roulle (rouleau), ne
ce que
la

son
et pour
me veult
doyt dire,
icy faire
plaisir
me
tout
Les
vif, mes
mangent
poulx
prison.
sont dechirees
et
de quoy
ni pourpoint,
changer,
n'ay
une mechante...
vous
ni chemise
avois
que
Messeigneurs,
je
un procureur
ou
comme
avies
aussi
demande
advocat,
permis
sachant

pourrir
chausses

en

a ma partie, laquelle n'en avoyt si afaire que moy, qui suys


etrangier,

ignorant

les coutumes

de

Tavez permis ? luy, non pas ? moy.

ce pays.

Toutesfoys,

vous

la suite de quoi, ? sur les supplications de Michel


Servet se plaignant des prisons et des poux et de lui
permettre un avocat, il a ete arr6te qu'on lui fera des
chaussures et vetements ? ses depens ?. Cet arr?t semble
ne jamais avoir ete execute 2.
A

1 Contra libellum
Calvini, 39.
* Voir
page 196.

09:47:45 AM

196

hollard

auguste

? sa demande

Quant

d'avoir

un avocat

Item, dit le requisitoire, vu qu'il sait tant bien mentir, il n'y


a raison ? ce qu'il demande un procureur. Car, qui est celui qui
lui peut ou voulut assister en telles impudentes menteries et
horribles propos ?
19 septembre, le Petit Conseil de Geneve
Le mardi
ecrit aux figlises de Berne, de Zurich, de Schaffhouse
et de Bale pour leur demander
leur avis sur la culpa
bilite de Servet. A ces lettres, sont jointes les pieces du
Calvin se h?te d'eclairer de
proces. Mais, auparavant,
son point de vue les principaux pasteurs de ces
figlises.
II ecrit ? Bullinger,
sachant Pascendant
de celui-ci
sur les Egl ises de Zurich et de Schaffhouse ; il ecrit
deux jours apres ? Sulzer, pasteur de Pfiglise de B?le,
il lui demande de s'appuyer sur le
qu'il sait hesitant;

temoignage du tresorier du Poux, porteur de la lettre,


? est tres bien
lequel, dit-il
dispose dans cette affaire
et ne reculera pas devant Pissue que nous souhaitons.
Plaise ? Dieu, ajoute Calvin, que tes anciens disciples
soient animes du meme esprit ?.
Le 10 octobre, Servet ecrit ? la Seigneurie :
Magnifiques Seigneurs,
II y a bien trois semaines, que je desire et demande avoyr
audience et n'ay jamays peu l'avoir. Je vous supplie pour
l'amour

de

Jesus-Christ,

ne me

refuser

riez ? un T?re, en vous demandant

choses
d'importance,
me
commande,
qu'on

et bien

de

pour

necessaires.

fit quelque

chose

vous

ce que

ne

refuse

justice. J'ay ? vous dire


Quant
pour me

? ce que aviez
tenir net, n'en

a rien este faict, et suys plus pietre que jamais. Et davantage


le froytme tormante grandemant ? cause de ma colique et
rompure, laquelle m'engendre d'aultres pauvretes, que j'ay
honte vous escrire. C'est grand cruaulte, que je n'aye conge
parier

seulement

remedier

l'amour de Dieu, Messeigneurs,

ou

pour

le devoyr.

? mes

necessites.

Pour

dones-y ordre, ou pour pitie,

Faict en vos prisons de Geneve,

le dixieme d'octobre 1553.


Michel
Servetus.

A la suite de cette requite, le Conseil arrete (10 octobre


et le secretaire
1553) que le seigneur syndic Darlod
d'fitat Claude Roset
iraient aupres du prisonnier s'in

09:47:45 AM

MICHEL

SERVET

ET

JEAN

197

CALVIN

former des propos qu'il desire communiquer aux juges.


lui ferait faire
11 decide en outre que le syndic Darlod
des v^tements...
On ne trouve aucune trace des dits
lui
propos pas plus que des v?tements qu'on devait
fournir.

Les reponses des ?glises


suisses arrivent k Geneve.
sur la nature
Aucune ne se prononce categoriquement
de la peine ? inniger ? Servet de peur de porter atteinte
k la juridiction de Geneve et de sortir de son r?le de
est severe k
simples conse?lers 1, mais leur jugement
au
cours
C'est
du
Servet
Servet.
de
proces
qu'un
Pegard

incident faillit compromettre Pautorite de Calvin. Calvin


refusait d'admettre k la Cene, qui devait se donner le
3 septembre (1553), un des hommes les plus influents
dont le
du parti de Popposition,
Philippe Berthelier
en
mort
trouve
liberte
de
la
la
defendant
avait
pere
avant
la
deux
Geneve.
Neanmoins,
Berthelier,
jours
se
obtint
du
de
Conseil
Pautorisation
pre
communion,
senter k la table sainte. Les adversaires du reformateur
voulaient profiter de cette occasion pour enlever au Con
sistoire et transferer au Petit Conseil le droit de refuser
la Cene

aux

citoyens

A este arreste, repond le Conseil ? Berthelier, que si se sent


estre nest (net) en sa conscience et capable de recevoir [la
Cene] et en deliberation de laisser les choses du passe, qui la
puisse prendre et que Pon luy laisse a sa charge de ce faire ou

non.

Cet arr?t, o? le magistrat


s'erigeait en directeur de
conscience contrecarerait directement la discipline eccle
cet arr?t Calvin
siastique etablie par Calvin. Apprenant
declare ? qu'il mourra plut?t que d'endurer cela contre
?. Son obstination
et
sa conscience
arrete le Conseil
ne
le
Berthelier
parait pas k la Communion. Mais,
plus eprouve de cette journee, ce n'est pas Berthelier,
c'est Servet qui ne pourra plus compter sur Interven
tion efiicace de Berthelier.
Celui-ci, qui avait dej?
s?ffi
d6fendu Servet, n'aura plus desormais Pautorite
sante pour neutraliser Pinfluence de Calvin aupres du
?
Dans
Conseil.
le proces Servet, Philippe Berthelier

09:47:45 AM

198

AUGUSTE

HOLLARD

tenait, comme auditeur, la place du lieutenant absent.


Farel ecrivait ? Calvin le 8 septembre 1553, de Neu

ch&tel :

C'est un effetmerveilleux
venu

? Geneve...

Les

juges

n'aura

rien

de la Providence, que Servet soit

seront

et ennemis

cruels

de

Jesus

Christ et de son Eglise, s'ils ne sont pas touches des horribles


blasphemes de ce detestable heretique contre la Majeste divine
et des effortsau'il fait pour renverser TEvangile et pour cor
rompre les Eghses. Mais, j'espere que ceux qui meritent d'etre
loues a cause des justes peines qu'ils infligent aux voleurs et
aux sacrileges se conduiront dans cette affaire d'une teile

maniere

qu'on

? leur

en

reprocher,

faisant

mourir

Thomme qui a persevere dans son heresie si longtemps et avec


tant

d'obstination

et

qui

a corrompu

tant

de

gens...

Farel se trompe en disant que la Christianismi Resti


tutio a ? corrompu tant de gens ?, car il ne faut pas oublier
qu'elle n'a jamais circule. Seuls, trois exemplaires ont
echappe ? la saisie et ? l'autodafe, Pun est aux mains
de l'inquisiteur de Vienne, un autre est en la possession

de Calvin,

le troisieme parmi

ladon\

les livres de l'avocat

Col

Mais, continue la lettre de Farel, parce que le pape condamne


les fideles pour crime d'heresie, parce que des juges passionnes
font subir aux innocents les suppplices que meritent les here
tiques, il est absurde d'en conclure qu'il ne faut pas mettre ?
mort ces derniers afin de garantir ainsi les fideles. Pour moi,
j'ai souvent offertde souffrirlamort ? l'imitation de saint Paul
si j'enseignais quelquechose de contraire ? la doctrine de
l'Evangile et j'ajoutais que je serais digne des plus grands
supplices si je detournais quelqu'un de la Foi et de la doctrine
de Jesus-Christ. Je ne puis avoir plus d'indulgence pour les
autres

que

pour

moi-mlme

a.

des figlises de
Enfin, le 27e jour d'octobre, la rfeponse
Berne,
1

Ces

B&le,

Zurich

trois

exemplaires

et Schaffhouse

son!

peut-?tre

parvint

? Genfeve,

ceux

se

qui

trouvent

aujourd'hui : Tun ? la Bibliotheque nationale de Paris (il porte

le nom de Colladon,
c'est
ceJui-la me*me qui a d? servir a Ger
en
a la bibliotheque
les deux
de Vienne
main
autres,
Colladon),
exem
et a la Bibliotheque
? ce dernier
Autriche
d'Edimbourg;

ilmanque de titre et les seize premieres pages.


plaire,
1
Opera, t. XIV, pp. 621-2.

09:47:45 AM

SERVET

MICHEL

ET

JEAN

199

CALVIN

? condamnent ledit Servet k 6tre mene


et Messeigneurs
? Champel et l? &tre brule tout vif. Ce qui fut fait sans
que ledit Servet, ? sa mort, ait donne aucun indice de
ses

de

repentance

erreurs?1.

Ce m?me jour, Farel essaye d'arracher au condamne


une retractation ; Calvin raconte lui-m?me les details
2 :
de cette entrevue
sa

J'ecrirai en bref ce que lui-meme, environ deux heures avant


confessa

mort,

devant

temoins

plusieurs

s?rs.

J'estois

accompagne de deux conseillers. Quant Fun l'eut interroge


sur ce qu'il avoit ? dire, il repondit qu'il me vouloit crier
mercy (c'est-?-dire grace). Alors, je protestay simplement
(comme la verite estoit) que je n'avois jamais poursuivy contre
luy aucune injure particuliere. Sur cela, je lui rappelois douce
ment comme je ne m'estois point epargne, il y a plus de seize
ans, de le gagner a Nostre Seigneur, voire jusqu'? y hasarder
ma propre vie et quand il se fut accorde a raison que je me
fusse employe fidelement ? le reconcilier avec tout bon servi
teur de Dieu, et combien qu'il e?t fui la lutte, que je n'avois
laisse pourtant de l'exhorter benignement par lettres ; bref,
que j'avois jusqu'au bout use de toute humanite jusqu'? ce
lui, s'etant

que

aigri

mes

contre

admonitions

bonnes

et saintes,

avoit jete contre moi je ne sais quelle rage plut?t que colere.
Puis apres, disant que je laissois la tout ce qui concernoit ma
personne, je le priai que plut?t il pens?t de crier mercy ?
Dieu, lequel il avait si vilainement blaspheme, voulant effacer
les trois

personnes

qui

sont

en

son

essence

et disant

ceux

que

qui reconnaissent en un seul Dieu le Pere, le Fils et le Saint


Esprit avee distinction reelle, se forgent un chien d'Enfer a
trois tetes. Je le priai qu'il s'appliqu?t a demander pardon au
Fils de Dieu qu'il avoit defigure par ses reverie, niant qu'il
eut vetu notre chair et qu'il fut semblable ? nous en sa nature
et par

humaine,

ce moyen

l'avoit

renie

pour

Sauveur.

Voyant,

continue Calvin, que je ne profitois rien par exhortation, je ne

voulus

pas

etre

plus

sage

que monmaitre

ne me

permet.

Aussi,

suivant la regle de saint Paul, jeme retirai d'un heretique qui


estoit condamne de soi-meme, portant samarque et fletrissure
en son cceur. J'ai fait ce recit afin que ehacun connoisse que
?a ete plut?t par modestie que par crainte que je me suis
deporte durant la vie de Servet, de inventer nulle dispute
contre lui attendu meme que la cause estoit assez favorable.
1 ExtraiU des
registres de la Compagnie des pasteurs, vol. 3,
?
t. Ill, p. 830.
Opera,
*
Declaration, p. 8 ;Opuscule, p. 1317 ;Defensio, p. 6.

fol. 17.

09:47:45 AM

200

AUGUSTE

HOLLARD

D'autre
part, Calvin rapporte comment Servet, peu
avant cette entrevue, regut Pannonce
de moments
de
:
sa condamnation
Quand on luy (? Servet) eut apporte les nouvelles de sa
mort, raconte Calvin, il estoit par intervalle comme ravi;
apres, il jettoit des soupirs qui retentissoient dans toute la
salle, parfois, il semettoit a hurler comme un homme hors de
sens. Brief, il n'y avoit non plus de contenance qu'en un demo
la fin,

Sur

niaque.

le cri surmonta

tellement

que

frappant sur sa poitrine, il crioit ? l'Espagnole


Misericordia !

sans

cesse

:Misericordia

en

Le 27 octobre 1553, vers onze heures du matin, Servet


o? il etait emprisonne et est conduit
quitte Peveehe
aux portes de PH?tel-de-Ville
o? il entend le seigneur

lui lire la sentence de condamnation \


syndic Darlod
mande
par Calvin, arriva ? Geneve la veille de
Farel,
F execution, avec mission
le condamne
d'accompagner
du
Heu
jusqu'au
supplice.
Voici comment Farel rend compte des derniers moments
de Servet, dans une lettre adressee au pasteur de Bienne,
Blaurer

2.

Pendant

que

comme

supplice,

le condamne
quelques

estoit achemine vers le Heu du

freres

? avouer

l'exhortoient

fran

chement sa faute et ? maudire ses erreurs, il declara qu'il


souffroit la mort injustement et qu'il prioit Dieu d'etre miseri
cordieux envers ses accusateurs. Sur quoi je lui dis aussit?t :
? Eh
quoi! apres avoir commis le plus grave des peches, tu te
justifies ; si tu continues ainsi je t'abandonne au jugement de
Dieu et ne t'accompagnerai pas plus loin ; j'avois resolu de ne
pas te quitter jusqu'a ce que tu eusses rendu le dernier soupir. ?
Alors,

il se tut...

II demandoit

grace,

il est vrai,

pour

ses man

quements, son ignorance, mais il ne consentit point ? faire une


confession complete. Plusieurs fois, il pria et demanda aux
assistants de prier pour lui; mais nous n'avons pu obtenir

qu'il

reconn?t

ses

ouvertement

comme Fils Stemel de Dieu

erreurs

et

confess?t

Christ

3.

Opuscule, p. 1355 ;Defensio, p. 61.

2
Opera,
8 Voici

t. XIV,
p. 693.
une
encore
de la mort
de Servet,
relation
qui parut
:
fort peu de temps
apres Tevenement
?
: 0 Dieu,
vers
s'ecrie
le lieu du supplice,
conduit
Servet,
arne ; 0
mon
fils du Dieu
conserve
Jesus,
eternel, aie pitie de

09:47:45 AM

MICHEL

SERVET

ET

JEAN

201

CALVIN

? Servet, lui dit


arrive ? Champel;
Farel, il en est
faire l'aveu de tes crimes et
temps encore, veux-tu
?Oh Dieu !
confesser Christ corame Fils eternel de Dieu.?
?
?
Oh Dieu ! reprend Servet. N'as-tu rien ? dire ? ? insiste
Farel. ?Que voulez-vous
de moi ? A qui puis-je mieux
recommander mon ?me qu'? Dieu, mon createur ? ?
Du b?cher en flammes, on entendit : ? Seigneur Jesus,
fils du Dieu eternel, aie pitie de mon ?me ?. La voix
s'arr&ta avec la vie du supplicie.
On

? II faut que les lecteurs soient


avertis, ecrit Calvin,
que Servet, en sa mort, a montre une stupidite brutale
dont il a ete facile de juger que jamais il n'avoit parle
ni ecrit ? bon escient, comme s'il e?t senti de la religion
ce
ce vint au lieu du supplice,
qu'il en disoit. Quand
ajoute Calvin, notre bon frere Farel eut grand peine ?
aux prieres
lui arracher ce mot qu'il se recommand?t

du peuple afin que chacun pri?t avec lui. Or, cependant,


je ne sais en quelle conscience il le pouvoit faire, etant
tel qu'il etoit; car il avoit ecrit de sa main la foi qui
regne icitoe
diabolique...
qu'il n'y a ni Dieu, ni figlise,
ni Chretiente, pour ce qu'on y baptise les petits enfants.
se conjoignoit
en prieres
done est-ce qu'il
Comment
avec un peuple duquel
il devoit fuir la communion et
l'avoir en horreur ? N'est-ce
pas profaner la sacree
nous commande,
on se meJe
unite que Dieu
quand
une
synagogue
infernalle, pour faire profession
parmi
qu'on tient une meme foi ? Quant ? notre frere Farel,
il exhorta bien le peuple de prier pour lui; mais c'etoit
en Protestant qu'on
suppli?t Dieu d'avoir pitie d'une
creature

II se
moi!
les assistants

perdue

et

damnee,

sinon

qu'il

se corrige?t

en priant,
tandis que Farel
? genoux
harangue
ces termes
: Vous
de quelle
voyez
grand e force
de
est
homme
il
Cet
Satan
dispose
quand
quelqu'un.
s'empare
trds savant
et peut-etre
a-t-il cru bien faire. Mais maintenant,
il
?
a chacun
ce
est au pouvoir
du Diable,
de vous
qui peut arriver
Histoire
du cttebre midecin
(Mosheim,
Servet).
espagnol Michel
jette
en

09:47:45 AM

202

AUGUSTE

HOLLARD

de ses erreurs detestables.


Servet, de son c?te, prioit
comme au milieu de
l'figlise de Dieu. En quoi il mon
troit bien que ses opinions ne lui etoient rien. Qui plus
est, combien qu'il ne fit jamais signe de se repentir,
toutefois il ne s'efforga jamais
de dire un seul mot
sa doctrine ou pour la faire trouver
pour maintenir
bonne. Je vous prie, que veut dire cela, qu'ayant
liberte

de parier comme il e?t voulu, il ne fit nulle confession


ni d'un c?te ni de l'autre, non plus qu'une
souche de
bois ? II ne craignoit point qu'on lui coup?t la langue,
il n'etoit point baillonne, on ne lui avoit point defendu

de dire ce que bon lui sembleroit. Or, etant entre les


des bourreaux,
combien qu'il refus?t de nommer
Jesus-Christ, Fils eternel de Dieu, en ce qu'il ne declara

mains

il mouroit, qu'est-ce
nullement pourquoi
qui dira que
ce soit une mort de martyr1 ? ?
Le diront tous ceux qui admirent en Servet la fermete
de ses croyances qu'il ne retracta jamais, meme en face
du b?cher.

Calvin, pour se justifier du reproche qui


Cependant
sur
lui, ? la suite de la livraison de ses lettres ?
pesait
l'inquisition, pretend en termes embarrasses, qu'il n'a
:
pas correspondu avec Vienne
Le bruit vole ga et l?, declare-t-il, que j'ai pratique que
Servet fut prins en la papaute ? savoir a Vienne ! Sur cela,
me suis pas honnestement comporte
plusieurs disent que je ne
en l'exposant aux ennemis mortels de la foi, comme si je l'eus
jete en la gueule des loups. Mais, je vous prie, d'o? me seroit
venue soudain une teile privaute avec les satellites du pape ?
Voil? une chose bien croyable que nous communiquions en
semble par lettres, et que ceux qui s'accordent avec moi aussi
bien comme Belial avec Jesus-Christ, complotent avec un
ennemi si mortel comme avec leurs compagnons ? Pourquoi,
il n'est ja besoin d'insister plus longuement ? rembarrer une
calomnie si frivole laquelle tombe bas quand j'aurai dit en un
mot qu'il n'en est rien 2.

1
Declaration, p. 95 ;Opuscule, p. 1311 ;Defensio, p. 62 ;Opera,

t. VIII.
8
Declaration.

09:47:45 AM

MICHEL

ET

SERVET

JEAN

203

CALVIN

? cette calomnie ?
? tombe bas ?,
Non, ce n'est pas
qui
c'est la denegation de Calvin. Les lettres de Guillaume
Trie sont l?, incontestables
et, si elles n'ont pas ete
ecrites de la main du reformateur, elles ont au moins
ete inspirees par lui, peut-&tre dictees... Pour peu qu'on
soit familiarise avec le style de Calvin, on reconnait ?
ses tours de phrases, son incomparable
premiere vue
nettete... N'a-t-il pas d'ailleurs remis ? son trop fidele
lui avait
que
jadis
disciple des lettres autographes,
ecrites Servet ? sub sigillo secreti ?, et qui devaient suf
? Nous cherchons en vain
fire ? confondre l'Espagnol
ce

qui pourrait lui servir d'excuse.


M6me apres le b?cher, Calvin a continue ? charger
Servet. Dans la Defensio Orthodoxie fideil, o? il legitime
son attitude, il ne craint pas de depeindre Servet comme
un lache, hurlant devant la mort, alors que le proces
verbal du supplice temoigne de sa dignite et de son
son
refus de se pr?ter ? la moindre retractation. Dans
Commentaire sur les Actes des Ap?tres (chap. XX, v. 28)
date de 1560, Calvin traite Servet de ? vilain chien
orgueilleux ?.
:
Nous lisons dans la Defensio
Nos misericordieux,

les

heresies

s'accorde

trop

impunies
au
mal

qui prennent si grand plaisir ? laisser

voient

maintenant

commandement

que
de Dieu.

leur

fantaisie

Iis voudroient,

de peur que TEglise de Dieu ne soit diffamee de trop grande


rigueur,

qu'on

donn?t

rogue

toutes

erreurs

pour

supporter

un homme. Or Dieu ne veut point qu'on epargne meme ni les


villes ni les peuples, voire jusqu'? raser lesmurailles et exter
miner la memoire des habitants et frustrer tout en signe de
ne s'?tende
plus grande detestation, de peur que Tinfection
loin.
plus
Si le Fils de Dieu a chasse par force ceux qui, sous ombre
vous
de piete, vendoient les sacrifices au parvis du
Temple, je
prie, pourquoi les bons Magistrats ne d6gaineront-?s le glaive
aui leur est donn6 du Ciel pour reprimer les apostats qui se
jouent et se moquent ouvertement de Dieu et qui profanent
et violent tout son sanctuaire ?
Et de fait, Thumanit? que prisent ceux qui veulent qu'on
1

Geneve, 1554.

09:47:45 AM

204

AUGUSTE

HOLLARD

pardonne aux heretiques est plus cruelle, car pour epargner


les loups ilsmettent les pauvres brebis en proie. Je vous prie,
est-ce raison que les heretiques meurtrissent les ?mes en les
empoisonnant de leurs fausses doctrines et qu'on empeche le
glaive ordonne de Dieu de toucher a leurs corps, que tout le
corps de Jesus-Christ soit dechire afin que la puanteur d'un
membre pourri demeure l? ?
de Servet, Calvin passera
aupres
Apr&s Texecution
du gouvernement de Geneve pour le defenseur de la foi.
Au debut de 1554, Calvin, le Conseil et les chefs des
: redoublement de
libertins se reconcilient. Consequence
rigueur contre les mal pensants. En 1555, les quatre
syndics sont choisis dans le parti ealviniste.
La condamnation de Servet donne la mesure de l'ecart
que subit, de son temps, la Reforme par rapport ? ses

et k son elan primitif. La Bible ne lui suffit


de Tame, la Reforme
impose
plus pour la delivrance
une confession ou le peche originel, la predestination,
la
nature metaphysique
du Christ doivent 6tre interpretes
destinees

selon des regies fixes.


:
Calvin trouve, aujourd'hui
encore, des defenseurs
? N'etait-il pas, disent-ils,
au
comme
xvie
siecle,
regarde,
le gardien du dogme de la Trinite ? Que serait-il arrive
de la Reforme k Geneve et dans le monde entier, si on
avait pu dire que Calvin laissait impunement attaquer
un dogme, regarde comme la cle de voute du christia
nisme ? ?
Tout de m?me, Calvin ne sortait-il pas de son r?le
se char
en denongant Servet au tribunal de Vienne,
de
des
consciences dans les contrees
la police
geant ainsi
en
et
livrant
le
gene
fugitif aux magistrats
catholiques
tenter
fortune en Italie sans s'ar
vois alors qu'il allait
r?ter ? Geneve ? ? Cette barbarie, dit Voltaire,
pou
vait ?tre regardee comme une insulte aux droits des
nations ; un Espagnol,
qui passait par une ville etran
gere, etait-il justiciable de cette ville pour avoir publie
ses sentiments, sans avoir dogmatise ni dans cette ville,
ni dans aucun lieu de ses dependances
? ?
Neanmoins,

tout de

suite

apres

la mort

de Servet

09:47:45 AM

MICHEL

SERVET

ET

JEAN

205

CALVIN

contre ce crime
s'elevent de nombreuses
protestations
son
comme le
de
n'etait
done
tellement
pas
temps,
qui
soutiennent encore les amis de Calvin. II y avait encore
des consciences protestantes qui voyaient dans ce sup
une violation de l'esprit du christianisme evan
plice
gelique.
sous le rapport de la tolerance, un refor
D'ailleurs,
mateur doit preceder son siecle et non le suivre. Un ami
de Calvin, le secretaire d'fitat bernois Nicolas Zurkinden,
.
ecrivait au Reformateur
Je ne crois pas que tu puisses te fairebien venir des hommes
de sens rassis en soutenant une these odieuse ? presque tous les
hommes qui reflechissent. N'aurais-tu done pas pu laisser aux
magistrats qui ont rendu leur verdict contre Servet le soin de
se justifier ? Les ch?timents sanguinaires ont jusqu'ici plut?t
encourage

les heretiques

dans

leurs

extravagances.

C'est

ce

qu'? tres bien reconnu ce tres sage Senat de B?le lequel n'a
jamais prononce de sentence capitale pour cause de religion.
La hache du magistrat n'est pas lemeilleur moyen pour arreter
la vegetation luxuriante de Theresie, et il convient de Temous
ser plut?t que de l'aiguiser1.
sentence prononcee contre Servet est desapprouvee
toutes les figlises suisses. M6me dans le
par presque
clerge bernois, les plus fideles amis de Calvin ne prennent
: ? On ne rencontre plus, dit Haller, un
plus sa defense
homme sur cent qui dise du bien de Calvin ?. ? On ne
parle pas mieux de lui ? B?le qu'? Paris ?, ecrit le juriste
? La haine
Hotman.
qu'on porte ici ? notre bon ami
Calvin grandit de jour en jour ?, ecrit un esprit aussi
Le pasteur Zebedee
mesure
de Nyon
que Musculus.
est denonce par Calvin aux Seigneurs de Berne ? eomme
ayant ecrit en faveur de Pexecrable heretique Servet ?.
Et la liste des denonciations
jour :
s'allonge chaque
La

c'est le jurisconsulte Mathieu Grimaldi, de Padoue, qui


est exile, c'est Henri de la Mar, alors doyen des pasteurs
c'est Blandrata, medecin de Saluces, etabli k
genevois;
Geneve et oblige de deguerpir; Gentiiis, Ayme Maigret,
1

Opera,

t. XV,

pp.

19-22.

09:47:45 AM

206

AUGUSTE

HOLLARD

Paul Alciat qui est prive de la bourgeoisie par les soins


sous peine de mort.
et banni ? perpetuite
de Calvin
Ce sont Bernardino Ochino, Vergerio que la ? tragedie ?
de Champel epouvantent;
au
denonc6 par Calvin

c'est le grainmairien Colinet


Conseil de Geneve;
c'est le
en
Camille
sicilien
Renato
exhale
ainsi
1554,
poete
qui,
:
sa colere contre Calvin

Ta cruaute, 6 Calvin, est digne des betes feroces... Ne vois


tu pas que Perreur subsiste et s'etend quand on fait perir
l'heresie ? Non, Dieu, ni son esprit n'ont point conseille de
telles actions. Christ n'a point laisse de tels exemples ? 1'egard
de ceux qui lemeconnaissaient
; n'est-ce point lui qui dechar
gea sa colere contre ses disciples qui voulaient incendier
les
Samarie,
son
regne1.

traitant

d'insenses

et d'ignorants

des

choses

de

Le poete verse des larmes sur la triste destinee des


un b?cher
chretiens libres d'Italic,
qui voient s'elever
l? o? ils avaient espere trouver un asile tutelaire. Nous

lisons dans la Confessionde foi de Lelio Socin (15 juil

let 1555) : ? C'est justement parce que je blame la doc


trine de Servet, que j'eusse prefere Pen voir guerir plu
t?t que de voir cette doctrine br?lee avec lui ?. Avec
Lelio, plusieurs Italiens se font les defenseurs de Servet
et, comme Lelio, declarent ? qu'il faut etre indulgent
pour celui qui est dans Perreur mais croit sincerement
mener les hommes ? la verite ?. II faut encore citer le
tisseur de soie Wyss
et, un peu plus tard, le neveu de
Fauste
Lelio,
Socin, puis ses disciples qui, tous, affirment
que personne n'a le droit de priver les croyants de la
sainte liberte dont Dieu nous a dotes, liberte qui est
necessaire pour ? grandir dans la connaissance des choses
? le vrai sens des
divines ? et penetrer par Pexamen,
Italiens
la
Sainte
de
obscurs
ficriture ?. Les
passages
un
aux
en
fort
fournissant
s'honorerent
contingent
partisans de la tolerance.
son De hereticis capitali supplicio non afficien
Dans
Minus
Celsi de Sienne, en 1577, oppose Calvin ?
dis,
1

Opera,

t. XV,

pp.

239-245.

09:47:45 AM

MICHEL

SERVET

ET

JEAN

207

CALVIN

de VInsti
declarations
Calvin, lui rappeile ses belles
: ? Ce n'est point par les amendes, la
tution Chritienne
prison ou d'autres peines que les premiers chretiens ont
deploy6 leur puissance, mais au moyen de lia seule Parole
de Dieu. L'arme
extreme de Tfiglise est l'excommu
?.
nication
Guillaume du Bois fut emprisonne k plusieurs reprises,
mis aux fers, puis condamne k Tarnende honorable, en
;
chemise, nu-pieds, torche au poing, et au bannissement
Matthieu Antoine est condamne ? crier merci et banni
k perpetuite, sous peine du fouet, pour avoir dit qu'il
ne fallait pas bruler les heretiques ; Antoine d'Argilieres
sa t?te
est torture k plusieurs reprises puis decapite,
en Bresse,
clouee au gibet pour avoir, k Pont-de-Veyle,
en chaire, le parti de Servet contre Calvin.
pris,
Castellion
fut, au xvie siecle, contre Calvin et pour
Servet, la voix qui protesta avec le plus de vigueur au
nom de la conscience chretienne. II groupa les noms de
ses contemporains, ap?tres de la tolerance. C'est Brenz

le reformateur de la Souabe,
qui ecrit :
(1499-1570),
? Incredulite et heresie ne sont
point sujettes aux peines
du glaive civil... Punir de mort quelqu'un
pour crime
d'heresie, c'est non seulement le priver de la vie corpo
relle, mais risquer de perdre son ?me laquelle, avec le
temps, aurait pu recouvrer la vraie foi ?. C'est le pasteur
reformateur de Strasbourg, qui s'eleve
Conrad Hedion,
contre ces cruels qui ? aiment mieux occir Juifs, Turcs
et autres infideles et les envoyer en Enfer que de les
?
par la Parole et par la priere. C'est Brun
gagner k Dieu
: ? Br?ler
les heretiques, c'est agir
felsius qui declare
contre la volonte de l'Esprit ?. II cite le professeur d'he
: ? Le Pere ne veut pas
breu k Zurich, Conrad Pellican
que les heretiques soient occis, mais qu'ils soient souf
?.
ce qu'ils s'amendent
ferts jusqu'?
Le soulevement de conscience provoque par le sup
plice de Servet prend des proportions telles que Calvin
se voit oblig6 de refuter les arguments des defenseurs
de l'Espagnol,
de ceux qui, dit-il, ? se sont entortilles
aux fantaisies de Servet ?. Son memoire
justificatif sort

09:47:45 AM

208

AUGUSTE

HOLLARD

de presse quelques mois apres la tragedie de Champel.


Afin de lui dormer plus d'autorite, Calvin le fait signer
par tous les ministres de l'figlise de Geneve, au nombre
de quatorze. Ce memoire, en latin, a ete reimprime en

le volume VIII
des Calvini Opera (edition
strasbourgeoise, 458-664). Une edition frangaise (Geneve,
?
pour maintenir
1554) a paru sous ce titre : Declaration
la vraie joy touchant la Trinke contre les erreurs de Michel
Servet, par Jean Calvin, o? il est monstre qu'il est licite de
ce meschant a ete
punir les heretiques et qu'? hon droit
?
?
en
la ville de Geneve.
executd par justice
Queis motifs,
non
dit-il, font valoir des hommes
pervers, mais mal
avises, pour soutenir qu'un crime aussi enorme que celui
entier dans

de Servet ne doit pas ?tre puni ? Le Seigneur, disent-ils,


pas voulu que son regne soit etabli par la force et
les armes, mais par le glaive spirituel; il a exhorte ses
disciples k ?tre prets ? verser leur sang et jamais ne les
?A
a engages ? repandre celui d'autrui.
quoi Calvin
?
non
le
Christ
n'a
que
jamais
plus commande
repond
aux siens de punir les voleurs et les assassins ; doit-on,
en conclure qu'il faut les laisser faire ? ? ? Le Christ,
continue Calvin, ne nous est-il pas represents dans les
comme arme d'un sceptre de fer pour briser
psaumes
la t?te de ses adversaires ?... Est-ce que Nabuchodonosor
n'est pas loue par Daniel pour avoir publie un edit contre
du nom de Dieu ? Est-ce que Dieu
les blasphemateurs
son
ordonne
?
cher
n'a pas
peuple de lapider quiconque
k
du
detourner
vrai
culte
Est-ce
le
?...
cherait
qu'il n'a
?
du
commande
de
br?ler
la
maison
pas
coupable ?
?
Castellion
arrachent
la
Ces propos
protestation
suivante : ? 0 Christ, vois-tu ces choses ?... Commandes
tu que ceux qui n'entendent
et
point tes ordonnances
nos
maitres
ainsi
commandements,
que
requierent,

n'a

soient r?tis ? petit feu et tourmentes de toutes sortes


de supplices... Ceux qui font ces sacrifices, sont-ils tes
vicaires ?... Te trouves-tu, quand on t'y appelle, k cette
chair humaine ? Si toi,
cruelle boucherie et manges-tu
ou
ces
?tre faites, qu'as
fais
commandes
choses
Christ,
tu reserve au Diable
horribles ! Oh
? Oh! blasphemes

09:47:45 AM

michel

servet

et

jean

209

calvin

audace des hommes qui osent attribuer au


mechante
Christ les choses qui sont faites par le commandement
? Castellion
contre
s'eleve
et instigation de Satan!
aux
accordent
les
ques
que
theologiens
Pimportance
des personnes
tions concernant la nature metaphysique
de la Trinite. ? De l?, les exils, dit-il, les b?chers... pour
des opinions qui deplaisent aux puissants au sujet de
choses

inconnues...

siecle, la chretiente, nous Pavons vu,


Dej?
de
unanimement
le supplice
etait loin d'approuver
au xvme et surtout
Servet. Cette reaction s'accentuera
au xixe siecle.
Auguste Hollard.
au xvie

14

09:47:45 AM

GUYON

BOUDEVILLE

IMPRIMEUR

TOULOUSAIN

(1541-1562)
ous

le
d'Henri

regne
et
II
pre

jusqu'aux

secousses

mieres

des

de

guerres

la librai
religion,
3
rie
toulousaine
une

connut

gran

de prosperite.
commerce

libre

puyait
Universite
sante
mee.

et

Ce
etait

il
s'ap
sur une
floris
renom

Toulouse

vivait alors intensement, comme Paris et Lyon, une vie


toute de richesse spirituelle et materielle mais, nean
peu parce que les grands editeurs
moins,
produisait
lyonnais y controlaient le marche du livre. Imites par le
? cabals ?,
parisien Jean Petit1, ils avaient installe l? des
ou
bien
avaient passe des
depots geres par leurs agents
avec des libraires locaux qu'ils se
contrats d'association
2. Mais, en faisant la for
chargeaient d'approvisionner
1
et les imprimeurs
les relieurs
A. Claudin,
Les
libraires,
au XVI*
Toulouse
siecle
1895,
in-8, p.
Paris,
(1531-1550).

? part du Bull, du Bibliophile, 1895].


[tirage
2

de
42

Notes
Corraze,
pour servir ? Vhist. de la librairie ?
le Bull,
dans
et historique,
philologique
(1500-1540),
Boullon
1934-35,
pp. 59-81 et surtout pp. 66-73
[contrats Martin
et Pierre
contrat
Jean
de Clauso
Simon
Jean
Crozct;
Faure,
Vincent-Louis
etc.].
Yvernage,
Abbe
Toulouse

R.

09:47:51 AM

GUYON

211

BOUDEVILLE

tune des libraires, cette preponderance


lyonnaise etouf
k
fait les imprimeurs qui travaillaient modestement
Pombre de Feglise du Taur ou de Saint-Sernin ; la bien
au front b?te
nominee, la rude eglise languedocienne
cedaient devant Saint-Nizier ou la
et Tinsigne basilique
de Confort... Et Toulouse n'avait
bourgeoise Notre-Dame
ce nom pour rivaliser
alors qu'un
imprimeur digne de
?
?
avec les Jean de Tournes, Sebas
tant bien que mal
tien Gryphe, Balthazard
Arnoullet, Jean Frellon, Jean
Thibaud
Payen, Philibert Rollet, gloires de
Temporal,
la typographic lyonnaise : c'etait Guyon Boudeville.

?
Sa vie.

ou de Boudeville,
etait-il
Guyon Boudeville,
sa jeunesse nous
toulousain ? Ses origines, sa naissance,
sont restees inconnues. Les noms en -ville, de lieux ou de
personnes, sont assez courants k Toulouse et dans ses envi
rons immediats, mais cette desinence est plus frequente
encore dans les noms de lieux normands x. Un Jean de
ecuyer, etait voyer et receveur de Mantes
Boudeville,
en 1518 2 ; le m6me personnage
et de Meulan
(?) etait,
en 1522, commis au contr?le des edifices et surveillait
la construction de la chapelle royale du bois de Vin
a ecrit une epitaphe pour Charles
cennes3. Ronsard
de Boudeville,
parent d'un
jeune enfant probablement
des
extraordinaire
commissaire
Charles de Boudeville,
etait en 1562 secre
guerres 4; un Julien de Boudeville
taire de Francois de Coligny 5,mais rien ne nous permet
1
commune
est une
de Tarrondissement
Boudevillc
d'Yvetot;
nom pres de Pacy-sur-Eure.
du meme
il existe un hameau
2
26 et Georges
Bibl.
Dubosc,
fr., coll. du Vexin,
nat., ms.
nouveaux
sur la famille de Boudeville
de Rouen,
Doc.
[Journal

22 mars 1926].
8

et monuments
de la Renaissance,
Maurice
Artistes
I,
Roy,
214.
4
le
dans
Sur Ch. de Boudeville,
voir l'etude de F. Blanquart
et M. de Schwei
Bull.
hist, et philologique,
1922-23,
pp. 143-152,
de Ronsard,
nitz, Les Epitaphes
1925, pp. 42-43.
6
?
nomme
M. Roy,
Un protestant
op. cit., II, pp. 544, 555.
le
k Troyes
fut penau
chaussetier
de
Bar-sur-Seine,
Boudeville,
p.

09:47:51 AM

212

JACQUES

MEGBET

de rattacher Guyon ? cette famille du Vexin, sinon le


fut envahie par
fait que, sous la Renaissance,
Toulouse
des artistes et des artisans venus d'outre-Loire. Aurait-il
ete convraint de quitter Lyon ? la suite du ? trie ? de
1539 ? Nous n'en savons rien. Son nom apparait pour la
premiere fois sur le registre de la taille du capitoulat
: Guyon Boudeville
de 1539-1540
Saint-Sernin
etait

II figure encore Pannee


compagnon
imprimeur1.
sur
en
meme registre 2ma is il
cette
le
suivante,
qualite,
? cote de FHdtel
s'etablit en 1541 rue de Villeneuve,
F
dans
de
Nicolas
dont il reprit
atelier
Vieillard
de-Ville,
et chez qui, peut-?tre, il aurait appris son
le materiel
alors

art 3. Apres avoir imprime l? le Blason


de la Perle de
seu Ins
Pierre Merchadier
et, peut-6tre, PAlphabetum
truct sacerdotum, dont le titre ne porte point d'adresse,
demenage et nous le retrouvons ins
Guyon Boudeville
des
la
fin
de
talle,
Pete, devant le college de Foix, dans

soc. hist, protest, fr., XVII,


1562
12 septembre
[Bull.
287] ; au
a
libraire ? Paris,
xvne
Boudeville,
siecle, un Claude
quel
publie
?
Voir
le fichier Picot, ms.
aussi
fr. nouv.
ques mazarinades.
fiche 669.
acq. 23204,
1
en lad. maison
bauteville
Imprimeur
[de
companhon
Guyon
CC 499, f. 12 r0].
Geraud
Toulouse,
Guerin],
iij s. [Arch. mun.
2
en
bauteville
lad. maison
compaignon ?
imprimeur
Guyon
ou Breton],
: Paye
le 8 mars
Au-dessous
Berton
iij s.
[d'Arnaud
CC 491, f. 12 r0].
[1541 n. s.]. [Arch, mun.,
8 Nicholau
en la maison
de Pierre
de
Veylhard,
imprimeur,
le 5 mars
CC 491,
11. 3 s. t, paye
;Arch, mun.,
Guerre,
[1540]
?
ici pour
la derniere
f. 13 r?.
fois et Nie.
Son nom apparait
en 1531, mourut
en cette annee
1540.
Vieillard,
qui avait debute
seu Stimulus
Son dernier
ad Deum
adversus
livre, le Pyrrychiateou
in-4 [Bibl. nat.,
D.
Lutheranos
fut
haereticos,
quosvis
&
5869],
licencie en droit de
pour Jean Bernard,
imprime ? compte d'auteur
?
et acheve
le 4 des ides de janvier
Bordeaux
1540
[10 janvier],
cet imprimeur,
:
est interessante,
Sur
dont
la production
voir
A. Claudin,
les relieurs,
Les
les libraires
et impri
enlumineurs,
meurs
aux XV*
et XVIe
de Toulouse
siecles
Paris,
(1480-1530),

1893, in-8, p. 63 [tirage ? part du Bull, du Bibliophile, 1893] ;

A. Claudin,
Nie.
; Dr Desbarreaux-Bernard,
op. cit., passim
Vieillard
de Toulouse,
de VAc. des Sciences
[tirage ? part des MSm.
nos 103, 332-334,
n? XI,
; Cat. E.-P.
Goldschmidt,
1880]
336, 343

345 [huit impressions inconnues de Nie.

Vieillard]
?
ms.
fr. nouv.
23200
La
acq.
[fiche 283] et 23274.
neuve
est aujourd'hui
la rue Lafayette.

; fichierPicot,
rue de Ville

09:47:51 AM

GUYON

213

BOTJDE VILLE

1
une maison
au college de Narbonne
qui appartenait
et dependait du capitoulat de Saint-Pierre-des-Cuisines.
II y imprime aussitot le Compendium Ciceronis de Pierre
Lagnier, de Compiegne, dont la dedicace k Arnaud Fer
et Jean de Coras est datee du
ner, Jean de Massebrac
26 ao?t 1541. Le livre parut done quelques
jours apres
donne cette adresse :
et, sur le titre, Guyon Boudeville
e regione Fuxi.
Ce recueil de sentences de Ciceron ?
Pusage des juristes fut suivi, trois mois plus tard, d'un

traite de droit de Jean de Coras lui-m?me, qui avait


alors vingt-huit ans ; e'etait la premiere oeuvre de cette
future celebrite et eile fut dediee au president Jean
Bertrand
le Ier decembre. D'autres
impressions, datees
ou non, succederent ? celles-ci
trois ans et
pendant
portent la m&me adresse ou cette autre : e regione Fran

ciscanorum. Les registres de la taille nous apprennent


2
1545
habita la meme maison
que Boudeville
jusqu'en
et, en realite, ces deux adresses designent le m&me ate
du College de Foix est
lier. La chapelle-bibliotheque
sa
masse
et
de briques, carree,
belle
debout
toujours
au
face
seul
fait
florentine,
robuste,
vestige qui soit
: une
encore du couvent des Cordeliers ou Franciscains

tour de style purement toulousain enclose dans le jardin


de la Banque
II est done bien probable que
de France.
dans
entre les deux monuments,
habitait
Boudeville
Pactuelle rue du College de Foix.
Un document semble prouver que, dans les premieres
annees de sa carriere, Guyon
fut aussi
Boudeville
libraire : le 22 avril 1544, il reconnait devoir k Francois
Descobichon,
imprimeur de Lyon, une somme de 18 1. t.
pour achat de livres 3.Mais ce ne dut &tre pour lui qu'un
?-c?te
tres secondaire,
temporaire;
peut-6tre m6me
1
et aultres biens, doutze
La maison
du Coulliege
de Narbonne
soulz. A paye Guion
lad. maison,
Bout
de ville.
pour
imprimeur,
doutze
le dernier de fevrier mil Vc xlj ; Arch. muri. CC 435,
soulz,
f. 85 r?.
2
A. Claudin,
op. cit.f pp. 24, 26, 28.
8
m'a
Ce document
Arch,
de Tlse,
notariales
1544, reg. 6334.
ete aimablement
Francois
Gorraze.
R.
par Tabbe
communique
Bibl.
n'est pas signale par Baudrier,
Descobichon
lyonnaise.

09:47:51 AM

214

JACQUES

MEGRET

jamais, il n'a fait mention de cet etat de libraire sur ses


nombreuses impressions et il a toujours ete taxe comme
: il aban
son atelier prosperait
imprimeur. D'ailleurs,
donnait des 1544 les caracteres uses de Nicolas Vieil
sortes ? la mode
lard, achetait de nouvelles
ludguno
en
Son
b?loise
de nouveaux.
et,
1545, demenageait
sa mort, etait sis
nouvel atelier, ou il travailla jusqu'a
dans ? la maison et hospital du Corpore Christi du Taur ?,
devant Peglise du Taur 2. II etait l? au cceur du quartier
du livre. Un relieur, Gilles Le Merle, habitait la meme

; ? quelques
pas etaient etablis les libraires de
:
Jean Dembat, Jean Chasot, Jehan de Fleurs,
la Porterie
Jean Girard, Jean Moulnier, qui s'adresserent souvent ?
lui pour leurs editions3. Guyon Boudeville
imprima
rue du Taur beaucoup
de droit, un peu de medecine
et de theologie, un beau livre d'architecture,
des pieces
historiques et de la litterature. Les commandes officielles
lui vinrent en 1549, quand
il fut nomme imprimeur

maison

jure de la ville et de l'Universite. Mais cette distinction


comme le prouve le
n'etait pas toujours avantageuse,
curieux privilege de Pordonnance
royale sur les droits
de traite foraine du 14 novembre
1551, enregistree ?
Toulouse
le 2 juin 1552. Pour publier cette piece, les
commissaires responsables
avaient ? requis ? les impri
meurs de la ville qui tous avaient refuse, probablement
1
ete le
avoir
He Foix
le college
Son successeur
devant
parait
en 1546, de
connu
libraire
Fournier,
pour avoir
publie
Jacques
une
reste anonyme,
? demi
avec un imprimeur
compte
parisien
rabelai
Bibl.
edition
du Tiers
livre de Pantagruel
Plan,
[P.-P.
sienne, n? 69].
2
?
de la taille
Sur les registres
A. Claudin,
op. tit., p. 31.
1558 ? 2, 5,
de Saint-Pierre-des-Cuisines,
G. B. est taxe jusqu'en
extraor
deux
6, 3, 2, 4, 3 et 8 sous. En 1552, il paya
impositions
et une autre de trois sous en 1556,
dinaires
de dix sous chacune
:
annee
ou son nom est suivi de cette mention
imprimeur pauvre

[Arch.mun. CC 438-441, CC 410, CC 442, CC 443, CC 512, CC 415,


CC 189, CG 445-448].
3

du sud au nord les rues Saint


La rue de la Porterie
joignait
de
voie marchande
et du Taur.
la grande
Rome
Ce tronc,on de
du Capitole.
a disparu
de la place
la creation
Toulouse
depuis
et Bull,
des rues de Toulouse,
Hist,
II, pp. 286-287
[J. Chalande,
avec un plan].
n03 40-41
de la Soc. archSol. du Midi,
[1913], p. 57,

09:47:51 AM

GUYON

215

BOUDEVILLE

? soumissionnee ? et
parce que la commande etait
qu'il
fallait viser ? la plus stricte economic Sous peine d'ar
le
fut ? contraint ? d'executer
restation, Boudeville
?
?
? modere
travail
pour en 6tre paye
promptement
ment ?... Mais
c'est lui qui beneficia, quatre ans plus
de

tolosaine d'Antoine
l'impression de YHistvire
aux
faite
frais
luxueusernent
des Capitouls ;
Noguier,
les comptes de la ville nous revelent que Boudeville
occupait alors quatre compagnons x. Et malgre sa pau
tard,

du registre de 1556 cite


vrete, prouvee par la mention
plus haut et par ses modiques
impositions, c'est de
1554 ? 1559 que notre imprimeur crea ses livres les plus
reussis, dont certains meritent le nom de chefs-d'oeuvre.
II avait acquis en 1554 un charmant caractere italique
lyonnais, en meme temps qu'il entrait en relations avec
un libraire voisin nouvellement
installe, Pierre du Puis,
dit Vascosan,
dont il devint 1'imprimeur attitre. Comme
son illustre homonyme
parisien qui, si Pon en croit
de Beze2,
etait son oncle, Pierre du Puis
Theodore
avait pris la Fontaine pour enseigne et toutes les impres
a faites pour lui sont pures et sobres
sions que Boudeville
comme Celles du grand Michel de Vascosan.

Cependant, Toulouse vivait en 1556 et 1557 de tristes


? Quatre mille
jours : la peste sevissait.
cinq cents mai
sons, ecrit le scrupuleux La Faille 3, en furent frappees
en moins de deux mois ; il y avait des jours qu'il en
cents personnes ?. Des
mourait
deux
tra
jusqu'?
vaux entrepris par Guyon Boudeville
s'en trouverent
retardes et c'est ainsi que VEpitome des dix livres de
Vitruve, dont Jean Gardet et le grand architecte Domi
ne put
lui avaient
confie Pimpression,
nique Bertin
evenements
fevrier
1560.
Mais
d'autres
paraitre qu'en
plus graves encore se preparaient.
1
le detail
Pour
des circonstances
de l'impression,
voir
J. Me
dans Bill.
Guiraud
d'Humanisme
gret,
graveur toulousain,
Agret,
et Renaissance,
t. V, pp. 361-372.
2
Th. de Beze,
Hist,
ecclis. des eglises r&formies, ed. P. Vesson,
t. II, p. 283.
1882,
8
La Faille,
Annales
de la ville de Toulouse,
II, p. 183.

09:47:51 AM

216

JACQUES

MEGRET

Le protestantisme progressait chaque jour en Langue


doc et s'implantait ? Toulouse, malgre la vigilance et la
et du Parlement K Comme ?
rigueur de PArcheveche
en majorite
Lyon, la corporation du livre se montra
et La Faille,
favorable aux idees nouvelles
toujours
: ? J'ay remarque que de toutes
impartial et precis, note
les conditions des gens de cette ville, il n'y en eut point

des nouvelles opinions que les impri


de si susceptible
meurs
et les libraires ?2. Or, Guyon Boudeville
et
son ami Pierre du Puis furent ? susceptibles ?... L'effer
vescence
des esprits, source de troubles
inevitables,
encore
en
1560
calvinistes
les
toulousains,
grandit
quand
de jour en jour plus puissants, plus nombreux et d'ail
leurs soutenus par la majorite des Capitouls, entreprirent
secret.
de pratiquer publiquement
leur culte jusqu'alors
en
L'edit
1562
droit
de
leur
le
donna
janvier
royal
et les reformes b?tirent aussit?t, hors la porte Ville
neuve, un vaste temple en bois. La meme annee, les
huit capitouls elus en decembre precedent etaient pro
testa nts ; la foule affluait aux sermons ; les incidents
se multipliaient;
la guerre civile semblait proche...

dut etre entoure de


temple de la porte Villeneuve
les sermons. Le 19 fevrier, un soldat
troupes pendant
de la garde des capitouls, poste sur les remparts, l?cha,
sans raison apparente, un coup d'arquebuse
qui blessa
trois ou quatre personnes et tua le fils d'un gentilhomme
nomme La Garde-Montbeton.
du Quercy,
Protestant
en soit, le soldat fut
Que de deg?ts ? la fois ! Quoiqu'il
au
aussit?t arrete, conduit
Capitole et mis ? la torture,
ses
aveux
se
mais
bornerent ? ceci : il avait tire pour se
Le

1
Jean de Boyssone
1532 ; des livres et des
soc. hist, protest, fr., I,
en 1552
: deux
balles

est

des
? l'abjuration
condamne
publique
en 1549
sont mis ? l'index
chansons
[Bull,
chez les libraires
; perquisitions
355, 437]
chez
sont saisies
de Chansons
spirituelles

Tun d'eux et br?lees publiquement [La Faille,

II, 168] ; Ant.

?
au
conseiller
Parlement,
Lautrec-Saint-Germier,
refugie
est condamne
vif en 1553
? etre br?le
Geneve,
par contumace
de livres ?
mises
XI,
[Hist. gin. du Languedoc,
312] ; nouvelles
en 1556 et 1559
13 ; VIII,"
l'index
[Bull. Soc. hist, protest, fr., VII,
75, etc., etc.].
2
La Faille,
op. cit., II, 168.
de

09:47:51 AM

GUYON

217

BOUDEVILLE

divertir et faire peur ?. la foule ; il en avait d'ailleurs


pre venu ses voisins. Cette excuse pleine d'inconscience
et de legerete etait probablement
sincere, cet homme
etant protestant
lui-m&me. II se nommait Michel Me
?
chez Guyon
Boudeville,
chard, travaillait
insigne
huguenot ?, dit La Faille, et Theodore de Beze, qui relate
en grand detail les evenements
de 1562,
toulousains
assure m?me que ce Mechard
etait le gendre de notre

fut rel?che peu


imprimeur. L'imprudent
arquebusier
reci
apres, mais cet incident accr?t encore Fanimosite
ne
et
deux
les
des
heurts
firent
que
proque
s'ag
partis
11 mai, jour o? les reformes s'empa
graver jusqu'au
rerent de Th?tel-de-ville
et o? commenca
la guerre de
rues pour la possession
de Toulouse m&me. On br?la
d'abord toutes les librairies du Palais, ? avec leurs livres,

sans regarder s'ils estoient bons ou mauvais,


de la reli
ou
autres
dit
Theodore
de
Beze.
?,
Puis, d'apres La
gion
Faille, ? des livres on passa aux libraires, dont il y en
eut plusieurs de trainez en prison, apres avoir ete battus
?. Apres cinq jours de bataille, les protes
et mal-traitez

tants furent vaincus. Aussitot, commenca la repression,


: on saccagea
les maisons
terrible, aveugle
reputees
sans
m?me
la
occasion, quelques
oublier, par
huguenotes
riches h?tels catholiques
; le lundi 18 mai, les librairies
de la Porterie furent pillees et les livres jetes k la rue.

Le Parlement
? mort tous les reformes qui
condamna
avaient porte les armes lors de la prise de Photel-de
ville, donne du secours au prince de Conde ou fait partie
on en pro
du consistoire. On rechercha les coupables,
ses
fita pour supprimer
ennemis personnels et les execu
tions commencerent.
Pierre du Puis fut pendu le 19
? ? la solicitation de Pierre de Gar
place de la Dalbade
ne
gas, pour
pas rendre une mallette bien ferree qu'il
?
et Guyon Boudeville
avoit k luy
subit le m&me
sort le lendemain,
du
Salin.
Toujours
d'apres
place
Theodore de Beze, Michel Mechard
fut pendu le 31 juil
let et la femme de Guyon Boudeville
le 20 octobre1.
1

Sur

les evenements

toulousains

de

1562

voir

: Th.

de

Beze,

09:47:51 AM

218

jacques

megret

comme les biens huguenots


avaient ete confis
en
et
vente
remis
les
pour reparer
ques
dommages causes
concurrent
direct de
par Pemeute, Jacques
Colomies,
et catholique militant, racheta des le 6
Boudeville
juillet
le fonds et le materiel
de son malheureux
confrere1
Enfin,

les affaires sont les affaires et que Pimprimerie


tout.
supporte

parce que

?
caracteres.
a fixe les
Guyon Boudeville
sa
de
carriere
caracteres
des
achats
de
neufs
par
etapes
et son
qui prouvent sa constante recherche du mieux
souci de participer ? ce renouvellement
total du style
sous
de
Pinfluence
Simon
de Colines,
typographique qui,
Robert Estienne,
Claude Garamond,
Robert Granjon,
et Michel
Jean de Tournes
de Vascosan,
la
marqua
et modifia
Renaissance
si profondement
du
Paspect
livre. En reprenant Patelier de Nicolas Vieillard,
il n'y
trouva que des caracteres uses, dej? demodes, tout juste
suffisants pour un imprimeur populaire, mais dont il
se servir trois ans encore. C'etait une
d?t cependant
gothique lyonnaise tres fine, de 10 points environ, qu'il
utilisa pour VAlphabetum seu Instructio sacerdotum [n? 1
et sans doute pour les
de la bibliographic
ci-dessous]
corps de lettres
receptas [n? 3], deux
Nompareilhas
rondes, de 12 et de 10, egalement lyonnaises [ n08 5 et 8]
et une curieuse italique de 12, tres gr?le, d'un dessin
Ses

sur les troubles advenus...


Hist,
; G. Bosquet,
op. cit.t II, 266-284
Van 1562
1595,
Faille,
op. cit., II, 227
[Toulouse,
in-12] ; La
241 ;Hist.
et XII,
376-394
XI,
preuves,
pp. 18,
gin. du Languedoc,
La France
2? ed., II, col. 45-80
22, 71-91 ; Haag,
protest.,
[liste
cents condamnes
des dix-huit
le reg.
de 1562,
formant
integrale
de Toulouse].
14 des Arch. mun.
Cette derniere
liste ne ren
AA
ni de la femme de G. B., signales
ferme pas les noms de Mechard
On y trouve de nombreux
libraires.
seulement
par Th. de Beze.
1
Recu
de Thle,
la somme
de Me Jacques
Colomies,
imprimcur
la vente qui luy a este faicte de
de six vingt livres dix sols pour
execute
? mort
? l'occa
de feu Guyon
Boudeville
Timprimerie
le 6 juil
sion des troubles,
par acte retenu par ledict contrerolleur

let 1562 [Archiv,mun., CC 766, f. 34].

09:47:51 AM

GUYON

219

BOUDEVILLE

assure 1 dont
original mais mal
pour le Blason de la Perle
[n?
dictees de Jehan Rus
[n? 6]. De
du titre de YAlphabetum est en

il se servit notamment
2] et pour les (Euvres
plus, la premiere ligne
lettres de forme lyon
naises dont Nicolas Vieillard
avait souvent fait usage,
k Celles que Ton trouve des le debut du
et analogues
siecle chez Claude Nourry, de Lyon 2. En fait de lettres
un jeu de grandes
ornees, Vieillard
leguait ? Boudeville
initiales fleuries ? fond noir et deux alphabets plus petits,
k fond crible. Mais des 1544, Guyon Boudeville
aban
donne toutes ces sortes, revend ? son confrere Jean

et son jeu d'initiales k


Girard le romain, la gothique
fond noir 3,mais conserve pourtant les initiales criblees
et un charmant petit caractere rond, lyonnais, minus
cule, de 7 points environ, tout neuf, avec lequel Nicolas
Vieillard
avait fort bien imprime en 1535 les Disticha
II acquiert
Andreiini4.
de Fausto
alors une italique
meme
de
la
que celle d'Etienne
18,
lugduno-b?loise
et s'en sert aussit?t
Dolet
de et Sebastien Gryphe5
pour imprimer quelques pieces historiques
[n08 16 k 19]
en
Fable
du
la
et,
1545,
faux cuyder [n? 26]. Nous la
1 Nie. Vieillard
en 1540 pour YHistoria
Fuxen
l'avait
employee
de Pamiers
sium
comitum de Bertrand
Helie,
[Bibl. nat., Res.
Res. D. xvi. 18].
Lk* 728 ; Toulouse,
4
du
titre des Evangiles
fac-simile
des
86,
Baudrier,
XII,
s. d. [vers 1501].
connoilles,
3 Nous
en effet dans
:
les deux ouvrages
suivants
les retrouvons
De
in Titulum
libri
Baronis
Ivreconsvlti,
Seruitutibus,
Eguinarii
Excudebat
Ioannem
Notae.
octaui Pandectarum,
Tolosae,
Girard,
Res. D. xvi. 72] et: Antonii
Fvmei
1546, in-4 de 71 pp. [Toulouse,
eo
tres.
Tractates
De
interest.
De
subs
Ivreconsvlti
Parisiensis
quod
Ioannem
coniunetionibus.
titutionibus. De
Tolosae,
Girardum,
apud
in-4 de 123 pp.
Res. D. xvi.
1546,
[Toulouse,
160].
4 Disticha
P. F. Andreiini...
Hecatodistichon.
Cu duplici
Fausti
Nicolaus
Vieillard.
Tolosae.
Commentario...
[A la fin :] Excudebat
in-8 de 96 ff., titre
octob.
Ann. M. D. XXXV.
XV
[1535], pet.
?
Res. D. xvi. 123].
G. B. s'en
rouge et noir
[Bibl. de Toulouse,
en 1542
en
texte
le meme
est servi pour
[n? 7] puis
imprimer
de Jean de Lon
et facilis declaratio
1547 dans
la table de la Nova

[n? 38].
gueil
6

Valesii
Francisci
Gallorum
E.
Dolet,
fata...
regis
Lyon,
111 1; Toulouse,
in-4 [Bibl. nat., Res. m. Yc.
E. Dolet,
1539,
C.
52
Res.
xvi.
Necyomantia
Lyon,
jurisperiti.
x] ; E. Forcadel,
55 1].
Res.
C. xvi.
S. Gryphe,
in-4 [Toulouse,
1544,

09:47:51 AM

220

JACQUES

MEGRET

ensuite, jusqu'en 1550, dans les titres et les


livres, comme caractere
pieces liminaires de plusieurs
non
en
De
vertenda Scriptura sacra
texte
le
1548 dans
de
avant
d'E. Rotier
qu'elle ne passe en 1552 dans
[n? 41]
de
Colomies1.
En
le materiel
1545, Guyon
Jacques
un
commence
k
utiliser
Boudeville
petit Garamond
romain de 9 points environ, tres net [n08 21, 23, 27, 32,
annees avant d'inau
etc.] dont il fera usage plusieurs
un
en
14
de
romain
1549
beau
gurer
[nos 45, 47] et deux
romains et italiques, toujours de style lyon
Garamonds
nais, aussi de 14 points environ [nos 56, 62, 65, 68, etc.].
Enfin, son materiel se complete en 1554 avec deux char
mantes
les memes que Celles de Bal
fontes d'italique,
thazard Arnoullet, de Lyon, de 11 et 9 points environ,
avec lesquelles il imprime, en conjugaison avec un petit
rojnain de 9 d'une grande finesse, les Communes jurium
sententiae [n? 89] et, entierement en italique, VUlpianus
Ferrier
d'Auger
[n? 91], la Vera medendi Methodus
retrouvons

[n? 104], FEpitome des dix livresde Vitruve [n? 101]

et plusieurs autres livres, tous parfaits, la plupart pour


le compte de Pierre du Puis. Enfin, Guyon Boudeville
a eu deux grecs, qu'il a peu employes, du style Froben,
de 12 points environ. Et toutes ces impressions, de 1545
? 1561, seront decorees de deux alphabets d'initiales k
restant fidele sur ce point
fond crible, Guyon Boudeville
au style lugduno-b?lois des belles annees de Jean Frel
lon, des freres Trechsel et de Thibaud Payen. Le plus
est caracterise par un S
petit de ces deux alphabets
orne de fruits stylises, sortes de fraises, et le plus grand,
sont decorees d'ara
lequel les lettres A, E, I, et Q
sur
deux
lettres
fond
S, Fune s'alliant
blanc, par
besques
avec les quatre lettres ci-dessus et Fautre, ? fond crible,
portant dans sa boucle inferieure un ecu charge des ini
tiales GB de chaque c?te d'une branche de fleurs. Bref,
ce rapide inventaire des caracteres de Guyon Boude

dans

Lucubrationum
Fernand,
Berenger
et J. Colomies,
J. Jagourt
1552,
naige,
xvi.
104].

lib. V.
in-fol.

Tolosae,
[Toulouse,

L. Yver
Res. B.

09:47:51 AM

221

boudeville

guyon

ville prouve abondamment


que c'est de Lyon que venait
: ou
la lumiere. II ne pouvait guere en 6tre autrement
les sortes arrivaient directement du grand centre ou
elles etaient aussitot imitees k Toulouse x.
*

?
a eu quatre
marques.
Guyon Boudeville
en
et
la
il
1543
marques
inaugura
premiere
[n? 12].
Elle est charmante, legerement gravee ? la parisienne
: un homme devfctu
et, comme il se doit, symbolique
Ses

? F antique donne, de la main droite, Pessor k la For


tune et retient, de la gauche, un serpent qui s'efforce
de fuir tandis qu'? Parriere-plan une devise deployee
sur une banderole constate : Si . tost . Ivng . qve . lavtre.
ses slogans mais nous sommes beaucoup
Chaque age a
moins entraines k la lecture des allegories que les con
de Rabelais
s'en nourrissaient,
s'en
qui
et digeraient tres facilement les plus sub
bien ; la renommee est aussi prompte
tiles. Travaillons
? ramper : teile
k prendre son vol que la medisance
temporains
imbibaient

Pidee de Boudeville.
En 1545, le
etait, probablement,
m?me sujet est agrandi, grave plus grossierement [n? 27]
et

s'accompagne

parfois

de

cette

autre

sentence,

d'esprit

concise : Hie
fugit : ilia volat
ou
ce
de
teneri
nequeunt optata
quatrain
[n? 35] :
Effugit ut digitae furtive lubricus anguis
semblable

mais

Hunc

moins

licet

astringat

fortiter

arcta

manus

Prospera sic etiam refugit fortuna teneri


Et nequit in certo fixamanere loco 2.

aucun
fondeur toulousain
Glaudin,
op. cit., ne mentionne
dans Bull,
l'abbe R. Corraze
hist et philo
[Jacques Cohmies,
un contrat
en 1537 entre
p. 123]
passe
signale
logique, 1938-39,
?
et Charles Malet,
la fonte
Colomies
?, pour
Jacques
imprimeur
avec
tous les absents
de cent mille
lettres romaines
[les blancs].
encore qualifie
En 1542 et 1543, le meme Malet,
habi
imprimeur,
de St Pierre
tait le capitoulat
des Cuisines
pp. 24,
[A. Claudin,
des caracteres
a-t-il fondu quelques-uns
de G. Bou
26]. Peut-etre
son italique
est
entr'autres
de 18 qui
deville,
lugduno-b?loise
une
nettement
fontes lyonnaises
?
copie des
2
et quatrain
etre de Guillaume
Embleme
bien
de
pourraient
A.

mais

09:47:51 AM

222

JACQUES

MEGRET

estime sans doute


Puis, en 1551, Guyon Boudeville
aux aguets et
la medisance
avoir vaincu
change de
Son nouvel embl?me represente, dans un car
marque.
touche ovale, un aigle tenant dans ses serres un livre

ouvert pose sur une t6te de Meduse


[n? 56]. On lit en
:
cette
fiere
Velis
devise
Nolis.
Est-ce la force
exergue
sur
terrasse
la
Penvie... ou
connaissance,
qui, appuyee

etait assez sommaire


le fanatisme ? Mais cette marque
executee
et Guyon Boudeville
ment
la fit regraver,
en Pagrandissant,
des 1554. Un joli paysage donne ?
et le sujet est enclos
Pembl?me une base harmonieuse

deux palmes
[n? 84]. La gravure est beaucoup
et
savante
fouillee
que dans la vignette de 1551 et
plus
on remarque
sur le livre ouvert quelques
caracteres,
retournes au tirage, qu'il faut avoir la curiosite de lire
: on
par transparence
s'apergoit alors que cette belle
de
marque,
composition, est signee : Claudieus
parfaite
Lambertie Inventor Tho[lo]sano.
Seduit par Poriginalite
dans

son Miroir
en effet dans
les retrouvons
Nous
poli
1555, in-fol., p. 184] et la vignette,
ticque [Lyon, Mace Bonhomme,
de cette
par Georges
gravee
Reverdy,
s'y accompagne
explica
: ? ...Tibulle,
et toute
Juvenal
la tourbe
tion
Horace,
Properce,
Tor come la source & fontaine de tous maux.
blasment
poeticque
et les plus riches de la cite ne doivent
les bourgeois
A ceste cause
les paouvres
& infimcs citoyens
pas pour leurs richesses
despriser
de la
laboureurs
ainsi
& mecanicques,
que Demosthene
prince
en son oraison
a exprime
pour Ctesiphonte,
grecque
eloquence
un homme
? l'autre,
de paouvrete
fait reproche
disant
que quand
estre
il est totalemet
hors du sens : car tout homme
qui se pense
et fait
est semblable
asseure
? celuy qui banquecte
de fortune,
ne peut
festins en une maison
durer que du soir au
grans
qui
Sur ce propos
matin.
auquel
icy pourtrait,
i'ay invente TEmbleme
tenant
est effigie un homme
fortune prospere
d'une main
& un
le serpent
de Tautre,
demonstrant
que
serpent
glisse
aquatique
de la main
& tant plus on le sarre, plustot
glisse et eschape
a digitis ut sensim
lubricus
Exilit
anguis
licet adstringat
fortiter arcta manus
Hue
la Perriere.

sic etiam
teneri,
Prospera
refugit fortuna
certo sistere posse
loco.
negat
Seque
estre asseure
de fortune prospere
Semblablement
qui plus pense
? Cette
etre valable
la
la perd...
pour
peut
explication
plustot
s'est-il appro
de G. B. mais
aussi La Perriere
marque
peut-etre
et ? celui de Demos
? son propos
pour Tadapter
prie cet embleme
thene ?

09:47:51 AM

guyon

223

boudeville

et la rarete d'une marque d'imprimeur signee en toutes


recherches ne m'ont
lettres, de longues mais vaines
helas ! rien appris sur ce graveur toulousain qui, d'apres
ce seul bois, est un artiste authentique.
Claude Lam
aux vignettistes
bertie s'apparente
lyonnais par une

gravure tres souple et tres ombree ; sa maniere differe


absolument de celle de Guiraud Agret, autre toulousain,
graveur du frontispice et de l'unique figure de YHis
toire tolosaine d'Antoine Noguier
[n? 102], du portrait
et
des vignettes de la
de B. du Poey de Luc
[n? 58]
la
Perriere
de
Guillaume
de
1. II faut encore
Morosophie
en 1547, un cartouche aux initiales D. B.
signaler,
[De
qui entoure, sur le titre d'un traite de droit
Boudeville]
2
de Jean de Longueil
[n? 38], la marque de Jean Girard
tres usee, qui figure ? la
autre marque,
ainsi qu'une
fin d'un autre traite juridique de Berenger Fernand
[n? 35]. Cette vignette represente une torchere fleurie
et appartient ? Jean
dans un cartouche rectangulaire
associe ? l'edition de ce livre.
de Fleurs, probablement
On peut cependant remarquer que cette branche fleurie
se retrouve entre les lettres GB de la grande
initiale
de Patelier de
S reproduite ci-dessus et caracteristique

Guyon Boudeville (p. 210).

Guyon

Boudeville

et

les

livres

imprimeur n'a fait que deux


YHistoire tolosaine d'Antoine Noguier

Notre

illustres.

livres illustres
en 1556 et YEpi

Guiraud
J. Megret,
Voir
dans
gravcur
touhusain,
Agret,
t. V, p. 361-372.
et Renaissance,
II faut ajouter
d'Humanisme
de la figure du portique
dessinateur
Cornouaille,
que Servais
que
dans
G. Agret
YHistoire
tolosaine,
grava
p. 26, etait probable
au
ment d'Amiens
voir
G.
Peintres
XVIe
d'Amiens
;
Durand,
siecle,
de Picardie,
dans le Bull,
trimestriel de la Soc. des antiquaires
1925,
de la Revue
du XVI*
; compte-rendu
pp. 619-728
siecle,
1926,
cite le nom de Cornouaille
p. 314. G. Durand
parmi ceux des dynas
ties d'artistes
amienois
du xvie
siecle.
2
est imitee de celle de Sebastien
Cette marque
L'edi
Gryphe.
tion de Touvrage
fut probablement
de Jean de Longueil
faite de
? demi avec Jean Girard.
compte
Bibl.

09:47:51 AM

224

JACQUES

MEGRET

tome ou extrait abrege des dix livres de Vitruve de Jean


Gardet en 1559. II a dej? ete question plus haut de
YHistoire tolosaine, mais VEpitome merite une mention
parce que ses trente-cinq figures geome
particuliere
celebre architecte
Bertin,
triques, dues ? Dominique
sont gravees
sur
? Toulouse,
parisien qui travaillait
en date des
le quatrieme
cuivre. C'est, en principe,
livres frangais illustres en taille-douceGuyon
Bou
deville, novice en cette technique, accomplit un travail
difficile et dont il tint ? prevenir le lecteur ; il reussit
un
pourtant ? le mener ? bien et son ceuvre marque
progres certain sur les experiences de Balthazard Arnoul

let et de Jean de Tournes. Et, apres avoir signale un


du Poey
de Luc,
portrait tres expressif de Bernard
grave par Guiraud Agret dans le De collegio Auscitano
Carmen
[n? 58] ainsi qu'une gravure de piete fort gros
sere dans les Statuts de la Confrerie de VAssomption
fn? 83], le court recensement des editions illustrees de
sera termine. C'est peu, mais
de Boudeville
Guyon
comment s'en etonner quand nous voyons un toulou
faire graver des bois
de la Perriere,
sain, Guillaume
? Toulouse
par un autre toulousain, Guiraud Agret...
et les confier k Mace Bonhomme,
imprimeur de La
?
?
pour illustrer les
Mecque
je veux dire de Lyon
des quatre mondes et de la
quatrains des Considerations
Morosophie...

1
sur cuivre
livre frangais
est
illustre de planches
Le premier
: Des
et des lieux
le fameux
de Jerusalem
saintes
peregrinations
et Jacques
de B. de Breydenbach
prochains,
[Lyon, Michel
Topie
essai isole et ce n'est
1488, in-fol.]. Ce ne fut qu'un
Heremberck,
1546 que Balthazard
de Lyon,
Arnoullet,
qu'en
imprima
YEpi
illustre de portraits
tome gestorum LVIII.
Francise,
graves
Regum
de Lyon
Claude
Corneille
Bibl.
par
X,
lyonnaise,
[Baudrier,
en 1551
le Liure
Jean de Tournes
donna
pp.
Enfin,
116-117].
avec
50
in-fol.
de architecture
extraordinaire
de Sebastien
Serlio,
pi.
le monogramme
la premiere
Cl. Corneille
dont
du meme
porte
Jean de Tournes,
I, 205].
[A. Cartier,

09:47:51 AM

225

boudeville

guyon

?
Boudeville.
La biblio
est
interessante parce
graphic de Guyon Boudeville
reflete fidelement Pactivite
intellectuelle d'une
qu'elle
sous la Renais
grande ville universitaire et parlementaire
sance. Remarquons
d'abord que presque tous les livres
Les

de Guyon

clients

decrits plus loin representent des textes inedits d?s k


des auteurs toulousains d'origine ou d'adoption
et qu'il
: Lyon assurait en effet
ne pouvait en 6tre autrement
les besoins du sud-ouest en ouvrages de fonds, et la seule
etre que de
de notre imprimeur ne pouvait
au jour le jour en executant des commandes
traversa des annees creuses
locales. Guyon Boudeville
et connut sans doute des jours difficiles, mais ses vingt
se resument, k nos yeux, en une reussite
ans d'exercice
parce que cet imprimeur intelligent et adroit a su atti
rer chez lui Pelite des lettres et du droit toulousains.
ambition
travailler

lui assurerent une clientele tou


professeurs, Jean de Coras, Beren
au
de Gouvea, ?tienne Forcadel,
se
Julien
des
etudiants
Tabouet,
hargneux
joignaient
venus de toute la France. Voici Leger du Chesne, ? Taube
d'une belle carriere d'humaniste
qui devait lui valoir
une chaire d'eloquence
la tine au College royal ; Tange
vin Jean Bodin, m?rissant
dej? ses idees sur Teconomie
:
des
Bretons
le
Nantais
Guillaume
Marie,
politique ;
Les

ecoles

de droit

jours renouvelee. Aux


ger Fernand, Antoine

Pierre Tardivel, de Jugon, et Jacques de Saint-Cire, de


Dinan ; le picard Pierre Lagnier, qui etait en relations
avec Robert Breton, d'Arras, Jean Visagier,
d'amitie
et Andre Zebedee,
de Reims,
de Noyon,
qui devint
ou
?
il
Geneve
la
haine
de
s'attira
Calvin1;
pasteur
1
: Roberti Bri
la correspondance
de Robert
Voir
Breton
dans
tanni Attrebatensis
Orationes
liber. Epis
quatuor. De
parsimonia
tres. De
tolarum
libri
virtute $
voluptate
Ejusdem
colloquium.
carminum
liber unus. Tolosae,
in-4
1536,
apud Nie. Vieillardum,
[Bibl.

nat.,

Res.

X.

2475

; Toulouse,

Res.

D.

xvi.

205].
15

09:47:51 AM

226
les auvergnats
bien cVautres
leur ambition

JACQUES

MEGRET

Jean Amariton 1 et Pierre Manxiron,


et
encore. La plupart d'entre eux bornent
sur un point de droit
k une dissertation

rornain qu'ils dedieront ? leurs maitres ou ? leurs pro


tecteurs. Iis demanderont
aussi k leurs amis ou com
ou de
de
laudatives
l'accompagner
patriotes
d'epitres
et justifieront en la publiant
le
poemes enthousiastes
leur
vaudra
dans
la
diplome qui
quelque
place
magis
trature ou la basoche de leur province natale ; d'autres
sont tentes par la gloire litteraire, nouent des relations
d'amitie avec de jeunes poetes rencontres ? PUniversite
et tentent leur chance aux Jeux Floraux.
de Besse, Bernard du
Jean Rus, Pierre Merchadier
Poey de Luc, Barthelemy Baliste, Jean Figon, Berenger
de la Tour, Frangois Blaisot, Guillaume
de Lagrange,
tous regurent le
Antoine Noguier,
Jean de Cardonne,
souci, Peglantine ou la violette et tous sont de mechants
de PAgenais, du Beam,
poetes, qui, venus de Bordeaux,
de Narbonne,
de Montelimar,
de Mussy
d'Aubenas,
ue en Bourgogne, de Sarlat, ou toulousains comme
l'fiveq
les deux derniers, ont etudie ou cherche la renommee

dans la capitale languedocienne.


On peut lire Jean Rus,
ou s'attendrir
sur la
*Jean de Boyssone,
qu'admirait
bonne volonte de Du Poey de Luc, le plus ? Renais
sance ? de tous, de qui deux Odes sont ? peu pres con
on s'etonne que
de Celles de Ronsard;
temporaines
ne
Pierre Merchadier,
le soit pas com
presque inconnu,
on
sans
s'embourbe
remede
des le debut
pletement;

de VEridographie
d'A. Noguier
mauvais
poetes du siecle ;
plus
ecrasant
de son mepris
Beilay,
et les Jeux Floraux
eux-m&mes,

qui est certes l'un des


on implore Joachim du
tous ces chants royaux
o? les ? capitouls mar

chans qui jugent des Fleurs ?, comme raille Boyssone,


n'en avaient eure et continuaient, sous Henri II, k encou

au
Sur Jean Amariton,
de Nonnette,
professeur
au
en
avocat
Parlement
de
mort
Presles,
Paris,
sa vie, ses outrages,
P.-F.
Jean Amariton..,,
Fournier,
Clermont-Ferrand,
1933,
in-8, 32 pp.
Impr. generale,

de
college
voir
1590,
sa famille.

09:47:51 AM

GUYON

227

BOUDEVILLE

rager des formes poetiques abandonnees


partout ailleurs
de
Guillaume
le
Cretin1.
Convenons
temps
depuis
qu'il
est vain de chercher ? discerner ? Toulouse
quelque
?
mouvement
litteraire ou intellectuel d' ? avant-garde
et cette universite si renommee fut, en fait, violemment

retrograde et figee dans des doctrines et des methodes


qui devint le gendre de
perimees. Antoine Noguier,
de la Perriere, fut pour ses concitoyens une
Guillaume
?
maniere d'erudit et parait avoir surtout vecu
d'ail
?
de diverses fonctions municipales
leurs pauvrement
;
d'une famille basochienne,
devint
Cardonne,
et
du
la
reaction
apres
parti catholique
capitoul
pilier
qui suivit les troubles de 1562 ; tous deux ont redige
plusieurs annees les fameuses Annales de Ph?tel-de-ville.
Notons encore, pour Phistoire des lettres languedociennes,
ecrivit dans sa jeunesse les
que ce Jean de Cardonne
Jean

de

Novas

citees par
novellas, aujourd'hui
perdues mais
Odde de Triors parmi les faceties toulousaines
qui Pinspirerent pour ecrire ses Joyeuses recherches de la
forme seule compte dans tous
langue toulousaine. La
ces vers vides de pensee et serait-ce par reaction, parce
qu'il aimait une poesie plus nourrie, que Guyon Bou
deville prit un privilege en 1545 pour imprimer la Fable
du faux cuyder de la dame de Nerac ? Aucun document
ne nous permet de dire que notre imprimeur ait jama is
ete en relations directes avec Marguerite
de Navarre,
il est cependant
curieux que ce soit lui qui ait
mais
imprime le premier, en 1552, apres la mort de Pauteur
de La Coche, son Mirouer de Jesus Christ crucifie, edition
restee d'ailleurs
inconnue au dernier et au meilleur de
ses biographes, M. Pierre Jourda. Et peut-6tre Bernard
et k
du Poey de Luc, qui dedia ? Antoine de Bourbon
Claude

Les

chants

royaux

couronnes

sont

publies

d'apres

le Livre

rouge dans :Actes el deliberationsdu College de Rhetorique (1513

textes publies
et J. Anglade...,
Toulouse,
par F. de Gelis
1641),
?
2 vol.
in-4.
Voir
aussi F. de Gelis,
Hist,
1933-1940,
critique
?
des Jeux Floraux
2e serie, t. XV].
Sur les
[Bibl. meridionale,
?
litteraires
?, voir Les trois centuries de Me Jehan
critiques
capitouls
t. XX,
de Boyssone,
ed. H.
Jacoubet
p. 105].
[Bibl. merid.,

09:47:51 AM

228

JACQUES

MEGRET

ses Odes du Gave en 1551, n'est-il


de Navarre
cette
?.
?1. Enfin, avant de
pas etranger
publication
un
mot
Tumbeau de Pierre
disons
du
les
poetes,
quitter
Louis de Bonnefoy, mince et introuvable recueil, imprime
en 1560 en memoire
d'un enfant mort ? quinze ans,
Jeanne

auteur d'un chant royal qui avait merite Peglantine


aux Jeux Floraux
de 1557. Ce jeune prodige etait fils
et
d'un secretaire du roi k la chancellerie de Toulouse
les amis de la maison rimerent sur ce ? miracle du ciel
et de nature

aussi ?,mort

avant que
d'une

Son

menton

blanchissant

soi'e

fut crepement

blonde
couvert.

de Vares, de Guillaume
Rien, dans les vers de Nicolas
de Lagrange,
de Barthelemy Baliste ou de Jacques de
ne merite d'etre remar
Bonnefoy, frere de Pierre-Louis,
un
avec
sinon
dixain de Jean Bodin,
leur
que
voisinage
ne
eut
de
raison
dans la poesie, et
s'obstiner
qui
point
avec trois sonnets italiens. Le premier est anonyme ; le

second est signe d'une devise A naistre ou bien estre


restee inconnue ; le dernier porte les initiales transpa
rentes de Francois Blaisot,
et ces
de Mussy-Pfiv$que
trois pieces nous permettront d'apporter une tresmodeste
contribution ? la nomenclature
des ? Frangais
italiani
?
sants
si savamment etudies par fimile Picot.

Auger Ferrier, qui fut medecin de Catherine de Medi


: il
en voisin
? Guyon Boudeville
cis, s'est adresse
en
rue
?
habitait
effet
pas du
Saint-Rome,
quelques
Taur. Ses Remedes preservatifs contre la peste, qu'aurait
en 1548, semblent perdus mais la
imprimes Boudeville
Vera medendi meihodus de 1557 est un veritable petit
chef-d'oeuvre

Enfin, YEpitome des dix


typographique.
livres d?architecture de Vitruve, ce beau livre sur lequel
peina si longtemps notre imprimeur, permet de rappro
cher Boudeville

des

Voir

le n?

71 de

et maitres
d'ceuvres
firent tant pour la beaute de
auteur du texte, s'y trouvait

architectes

qui, sous la Renaissance,


Jean Gardet,
Toulouse.

la bibliographie

ci-dessous.

09:47:51 AM

GUYON

229

BOUDEVILLE

en 1556 quand il dedia son ouvrage ? Jean Bertrand,


ancien capitoul et president au Parlement,
qui, entre
dans les ordres ? la mort de sa femme, etait devenu
ev?que de Comminges avant d'etre norame archev&que
de Sens. Quant ? Dominique Bertin, il taillait du marbre
k Saint-Beat pour Pierre Lescot et dirigeait de nombreux
chantiers ? Toulouse l9 mais Gardet quitta la ville et
son absence ne facilita pas Pachevement
de ce difficile

travail que Boudeville mit trois ans ? parfaire.


Et les theologiens ? Et les reformes ? Guyon Bou
deville a imprime plusieurs livres de stricte observance
anti-protestante
catholique, des ouvrages de polemique
et m6me des pieces officielles emanant de Parchev6che
II ne sfcmble avoir adhere ? la reforme que
toulousain.
sa foi resta probable
dans ses dernieres annees, mais
ment secrete et il n'a jamais publie de theologie nette
ment
etaient peu ? peu
calviniste. Les
catholiques
?
? et c'est ainsi que Toussaint Giboult, theolo
noyautes
gal de Saint-fitienne et vicaire general de Parehev&che,
de qui Boudeville
imprima en 1559 VAdresse pour trou
ver espoir en desespoir et le sermon funebre prononce

aux obseques
d'Henri
II, etait en fait protestant2.
avait
converti au protestantisme,
Francois
Ponisson,
fui Toulouse
des 1554 3. Jean de Coras etait huguenot,
et Barthelemy
ainsi que Louis
des Masures
Baliste;
une
Auger Ferrier sentait le fagot et ne serait-ce pas
cette
des
enfans fideles
Deprecation
piece protestante que
de VEglise de Dieu,
aujourd'hui
perdue, dont Pauteur
etait Nicolas de Vialettes, d'Albi ? Enfin, un petit fait
avait ouverte
pourrait prouver que Guyon Boudeville

ment

pris position des 1560. Le P. Esprit Rotier, inqui


auteur du De non vertenda scriptum
siteur de Toulouse,

1
Bachelier
Nicolas
Voir
H.
Graillot,
[Bibl. meridionale,
2? serie, t. XIV],
pp. 131-133.
2
? mort,
? qui Ton
condamne
En mai
1562, Jean de Teronde,
eomme
Giboult
reclama
Rotier
pour
confesseur,
proposait
Esprit
Giboult
Mais
le consoler
lui fut presentee.
et rejeta
la croix qui
s'etait
enfui et fut condamne
op.
[G. Bosquet,
par contumace
cit., pp. 132-134].
8 Devic
et Vaissete,

Hist.

gSn. du Languedoct

XII,

p.

75.

09:47:51 AM

230

jacques

megret

in vulgarem linguam et d'un pamphlet anti-pro


avait imprimes en 1548 et 1549,
testant, que Boudeville
livre contre
lui avait confie l'impression d'un nouveau
les ? bourreaux de la croix ? [n? 128]. Les trois quarts
du travail etaient tires quand Pauteur reprit son ouvrage
sacra

et le
le porter chez Jacques Colomies qui Pacheva
voulu
n'a
Ou
travailler
Boudeville
pas
publia.
plus long
temps pour Pun des plus dangereux ennemis des hugue
nots, ou Pinquisiteur avait appris ce qu'etait son impri
meur. On peut meme supposer qu'en bon inquisiteur il
n'oublia rien et que deux ans plus tard... II faut toujours
se melier de PInquisition...
pour

Guyon

surtout

Boudeville

grammairien.

Mais

c'est

que
par son essai de reforme orthographique
se revele lettre et curieux de gram
Boudeville
comme tant de bons esprits de son siecle. II a,

Guyon
maire,
toute
de bien traduire
de
lu la Maniere
evidence,
et applique
la
d'une langue en aultre d'fitienne Dolet
et
des
d'accentuation
modes
qui
d'orthographe
plupart
surtout dis
s'y trouvent preconises 1,mais il se montre
ciple de Loys Meigret, dont le Trette de la Grammere
francoeze avait paru en 1550 2, bien qu'il n'ait pas suivi
1

accent
d'un
Ye masculin
Boudeville
marque
Dolet,
en i le
et participes
les substantifs
dans
pluriels
remplace
un s, distingue
? et
de la preposition
Ya
avoir)
(du verbe
le trema
l'accent
; en fin il emploie
grave
soigneusement
imprime
etc.
les mots
tels que pai's, poete,
dans
obeissant,
[F. Brunot,
Comme

aigu,
z par

Hist, de la langue fr. des orig. ? 1900, II, p. 94]. II emploiemSme


le trema

graphic

sur Yu
du xvie
Et

ses
Son

pour
siecle
ioues
nez

la typo
du s> puisque
la valeur
lui donner
:
ne distinguait
lettres
pas ces deux
& son front de cristal,
d'yuoire
traitif, ses le?res de coral...

de Bonnefoy,
de P.-L.
1560].
[Tumbeau
?
2
F. Brunot,
2571.
Cat. J. de Rothschild,
op. cit.t II,
III,
on Boudeville
ces
sont restes
de
essais
101-106;
96,
pp.
? Guy
Ch. Beaulieux,
Voir
k Teminent
aussi
inconnus
philologue.
de l'orthographe
Hist,
1927,
II, p. 56, qui a consacre
frangaise,
? extrSmement
et tres
simplifiee
lignes ? l'orthographe
quelques
? de G. Boudeville.
curieuse

09:47:51 AM

GUYON

231

BOUDEVILLE

ce hardi

reformateur jusqu'au terme de ses conclusions.


a fait preuve, en com
L'esprit pratique dont Boudeville
avec
celui de Robert Estienne, est assez
plete opposition
son
et
but ne fut que d'adapter
? Pusage
remarquable

des lecteurs les recherches theoriques du grammairien.


II est convaincu, comme Loys Meigret, que ? les lettres
ne sont qu'images
de voix, que l'escriture devra estre

d'autant de lettres que la prononciation requiert de voix


et que si eile se treuve autre, eile est faulse, abusive et
?. II supprime done
les lettres inutiles et
damnable
n'ayant qu'une valeur etymologique,
remplace Vy par
Vi mais n'adopte
des lettres accen
que quelques-unes
tuees que propose Loys Meigret
et aucune de ses diph
un
tongues, construisant ainsi
Systeme qui concilie les
idees de ses deux maitres. Lisons Pavis au lecteur, place
en tete de VHistoire tolosaine, ou Boudeville
inaugura
ses principes : ? Ne prenz en mauvaise
part, ami Lec

teur, Portographe que tu vois en cet oeuvre, ? toi non


:
acoutume,
que ce n'et de mon inuention
pourtant
ains suiuant Auteurs bien renommes Pai fait : non pour
autre fin que pour aider aux nati?s pelerines & etran
a denie la prononciation
Nature
de
geres, auquelles
Pecriture fr?goise, come ils nous ont fait ? Pendroit de
la leur, ne metans que les lettres sujetes ? la pronon
: de maniere
ciation des mots
qu'il n'ia en leurs ecrits
en
cette diphtongue ai, laquelle prend
lettre ocieuse, fors
son origine de la diphtongue
Iota, qui
Grecque Alpha,
se convertit en e, comme en ces mots, Maitre, naitre,
faire, taire.
que i'ai peu

Ce que
:memes

i'ai garde le plus


en ces dictions

soigneusement

Acoutume.

accoustume

age
ancltre
auenir
..
aueu

aage
ancestre
aduenir
adueu
Basle
beste
cest

Bale

b?te
cSt..
c'St.
connoitre
fit.

e'est
cognoistre

feit

09:47:51 AM

232

JACQUES

MEGRET

f?t. . .
.
haut
naitre
n?tre.
otage.
6
ol?ei.
obeissant
..
pais.
plutot
v?tre..

fust
hault
naistre
nostre
pour

^ ost, pour
obey
obeyssant
pays

armee

plustost

\ vostre

& ainsi des autres, esperant aueq le temps faire mieux,


si possible
&t. Adieu ?. Guyon Boudeville
n'a-t-il pas
et
son
combien
raison,
orthographe
parait naturelle,
simple et logique ? cote des formes herissees de Loys
et des gageures
Meigret, de Jacques Peletier du Mans
d'un Baif ou de Claude de Taillemont,
sans parier d'Ho
norat Rambaud
! Et ces graphies n'ont-elles pas pour
la plupart un aspect tout ?moderne ?, et n'ont-elles pas
ete
deux siecles plus tard ?
adoptees...

bibliographic
qui suit n'est sans doute pas com
en
avons
trouve les elements dans la mono
Nous
plete.
tres
sommaire
que le Dr. Desbarreaux-Bernard,
graphic
a
consacree jadis ? notre impri
bibliophile toulousain,
et nous 1'avons completee par des recherches
meur1
La

dans les quatre grandes bibliotheques


de Paris, dans
Celles du sud-ouest et par une visite ? la precieuse col
lection toulousaine
de M. Fernand
Pifteau. Elle
cite
des livres disparus que seul Du Verdier, bibliographe
digne de la plus grande confiance, a sauves de Poubli.
Iis feront rever les bibliophiles... D'autres ?
et ils sont
?
sont de precieux exemplaires uniques. Tous
nombreux
1
Mim.

des Sc.,
de VAcad.
Inscr.
et Belles-Lettres
de Toulouse,
Le Dr D.-B.
n'avait
fait que copier, rectifier
I, pp. 147-165.
ses propres
et completer,
la liste
parfois
d'apres
exemplaires,
du marquis
d'erreurs
de Castellane,
d'un
catal.
Essai
remplie
2 parties
? Toulouse,
de Vimprimerie
1842-1843,
chronologique
t. V,
in-4 tirees ? part des Mim.
de la Soc. archiologique
du Midi,
pp. 1-94, 137-151.
1879,

09:47:51 AM

Fig.

1. ~

No

2.

09:47:51 AM

Fig,

2. ?

N<> 6.

09:47:51 AM

GUYON

233

BOUDEVILLE

sont tres rares, parce qu'ils ont du etre publies en tirage


assez restreint pour une clientele toute locale et que bon
nombre d'entre eux ont certainement disparu dans le
de 1562. La plupart
pillage des librairies toulousaines
: ils sont dignes du
sont peu connus et c'est dommage
a
vus
naitre. Dans Tart typographique,
temps qui les
c'est tout dire.

BIBLIOGRAPHIE
1541
1. ALphabet? || seu Instructio Sacerdot?, ||vna c? quodam
breui Tra||ctatu domini Bonauenture : de modo || se prepa
randi ad celebrand? Missam. || Venundantur apud G. Boude

uille.

?
In-8 de 8 ff. n. eh. [?], goth., sign. A8.
Imprime en 1541 ?
F. 1 r?, titre reproduit ci-contre.
F. 1 v? :C Instructio seu Alphabetum sacerdotum. Primo. ||
C Modus confitendi. || ...
F. 8 v? : C Finis. II[vign. s. bois : deux anges agenouilles
au pied de la croix] ||.
Opuscule populaire ? l'usage des cures. Ce guide de lamesse
avait dej? ete imprime a Toulouse par Jean de Guerlins vers
1520, in-8 de 16 ff., goth. Dans 1'ex. de la bibliotheque de
Toulouse [Res. D. xvi. 202], le seul connu, provenant de la
coli. Desbarreaux-Bernard,
sur le titre ne
annonce

un

second

cahier.

le traite
se trouve
pas.

de

saint

II occupait

Bonaventure

evidemment

2. Le Bla-||son de || la || Perle. || Ensemble devx || Chantz


Royaulx, Vne Balade, & certains Epi-||grammes. Le tout
|| Nou
c?pose par Pierre Merchadier de Besse. ||M.D.XLL
uellement Imprime ? Tolose, par Guyon \\
Boudeuille Imprimeur,
commune.
demour?t en la Rue de Vil-\\leneufuepres laMaison
de
de
Avec
Monsieur
le
Seneschal
de
la
Covrt
II
||
permission
Tolose. II
In-4 de 12 ff. n. eh., sign. A-C4, car. ital.
F. 1 r?, titre reproduit fig. 1 ;v? blanc.
F. 2 r? : Blason de la Perle, T?t de la Pierre, que oVune
Damoyselle

ainsi

nommee.

F. 12 r?, a la fin du texte, la devise :Plvs qve plvs.


F. 12 v? : Les faultes [huit lignes d'errata].
Parmi les vingt et une epigrammes :A Monsieur Rus bour

09:47:51 AM

JACQUES MEGRET

234

No

1.

delois nouuellement arriue ? Thoulouse et deux epigrammes


traduites du latin suivies de ? leur autre traduction par ung
mien amy ?, signees A Raison Ch&e [Jean de Coras].
Auch, 4425<2>, seul exemplaire connu.
3. Las N?pareilhas Receptas Per fa les Fennas tindetas,
rizentas, plazentas, polidas et bellas. Et aussi per las fa pla
cantar,

et

caminar

honestament,

et per

in-8 de 8 ff. n. eh., goth.,

sign. A-B4.

cOpas,

Nobellament

redigidas, et corregidas en forma deguda, coma sensiec en la


pagina seguenta. Ensemble vna Requesta de lactor a lencontra
de lasdictas Fennas. On les vend a Tholose chez Guyon Boude
uille, deuant le College de Foix.
Pet.

tomne 1541 et 1544.

Impr.

entre

09:47:51 AM

Tau

GTJYON

BOUDEVILLE

235

F. 1 r?, titre ; au v? :Las Receptas contengudas at present libre.

F.

2 r?, texte
A
De

humanitat
la tresgrande
vous messeurs
dautoritat...

On ne connait plus de cette edition qu'un fragment conte


nant les trois premiers ff., communique par Gustave Brun et
au Dr J.-B. Noulet,
qui Pa reimprime en appendice de son
edition critique [Paris, Maisonneuve,
1880, in-8?, publ. de la
Soc. pour Vetude des langues romanes], faite sur le texte de 1555.
? Voir le n<>
95.
4. Marci Tvllii ||Ciceronis || elegans. || ac pervtile com-||pen
divm. II ? Avtore Petro Lagniero,
|| Compendiensi.
|| I ||
j|
Insignes ad idem thema sententiae. || II ||Apophthegmata.
III IIParabolae siue Similia. || IUI ||Piae eiusdem aliquot Sen
tentiae. II $ II $ Addita sunt praeterea e iure ciuili aliquot
Ex Prselo Guydonis ? Boudeuille,
Axiomata.
|| % Tholosx, \\
e Regione Fuxi. || ^ Cvm privilegio % ||M. D. XLI.
||
In-4 de 4 ff.n. ch. et 248 pp. mal ch. 258, sign. A-Z4, AA-II4,
car.

ital.

F. 1 r?, titre ; au v? :Lectori, avis suivi d'un petit avertisse


ment :Ad eundem.
F. 2 v? : Clarissimis atque publicis, legum, apud Tholosam
professoribus

ArnaL

Ferrerio,

Io. Massebraco,

lo.

Coras,

iureconsultiss. Petrus Lagnerius Compendiensis, perpetuam


fselicitatem,dedicace datee de Toulouse, Septi. Calend. Septem.
Anno 1541 [26 ao?t 1541).
P.

1, texte.

P. ch. 193 [f.AA4r?], a la suite du texte :Sequitur Uber secun


dus Apophthegmata. Spectatiss. viro Petro Baudetio, Regis apud
Compendium Procuratori dignissimo Petrus Lagnerius, Com
pendiensis, S., dedicace datee de Toulouse, decimo Calend.
Septemb. 1541 [23 ao?t 1541].
P. ch. 219 [f.EEj r?], ? la suite : Sequitur Uber tertius. %
viris Berengario Fernando, 8f Francisco Ferrerio
Humanis,
legum doctoribus, atqz prseceptoribus suis, Petrus Lagnerius.
S., dedicace datee de Toulouse, nono Kaiend. Septem. 1541
[24 ao?t 1541].
:
Tullii Ciceronis Parabolx aliquot,
P. ch. 221 [f.EE2 r?] M.
?p Similia.
P. ch. 235 [f. GG1 r?] : Sequitur Uber quartus. % Petrus
Lagnerius Compendiensis, Francisco ab Oliua, Tholosano,
summa spei adolescenti S., dedicace datee de Toulouse, octauo
Kaien. Septemb. Anno 1541 [25 ao?t 1541].
:
Tullii Ciceronis, pise aliquot Sen
P. ch. 237 [f.GG2 r?] M.
tentiae.

P. 237 ch. 147 [f.HH8

r?] : Eivsdem

|| Petri

|| Lagnerii

09:47:51 AM

||

JACQUES MEGRET

236

Compendiensis, || Iureconsulti, grauis, & Litellraria de iure


Ciuili ||disceptatio, Tho||losa3 habita || triduum || | ||
P. 238 eh. 148 [f.HH8 v<>] sLectori.
P. 239 eh. 249 [f.HH4 r?] :Reverendissimo in Christo Patri,
Domino Francisco du Bourg, RiuBsi Episcopo, Christianissi
miq\ Gallor? Regis Francisci, libellorum magistro dignissimo
Petrus Lagnerius Compendiensis perpetuam fcelicitatem,dedi
cace datee de Toulouse, Idibus Decemb. 1540 [13 dec. 1540].
P. 241 ch. 251 [f. IIX r?] :De transmissionibus, table, suivie,
p. ch. 252, de :De substitutionibus et, p. ch. 254, de :De iure
accrescendi.

P. 246 ch. 256 [f. II8 v?], a la suite :Ad Lect., seize distiques
suivis de :Ad Arnold. Ferrerium eloquentiss. Iurecons. Arnaldi
Contadis Narbonensis iudicis Carmen, vingt-deux vers latins
suivis de :Lagnerivs. \\?*>Qvod pvdet dicere, hoc te || pvdeat
cogitare. \\
Coll. Fernand Pifteau, ? Toulouse.
Reimpressions a Paris, Robert Estienne, 1546, in-8 [Bibl.
nat., X. 17696 <2>]; ibid., id., 1548, in-8 [Bibl. nat., X. 17695 <*>;
Br. Museum, 8410. ccc. 27] ; Lyon, Jean de Tournes et Guil
laume Gazeau, 1547, in-16 [Br. Museum, 246. a. 22].
D'apres La Croix du Maine, II, 291, Pierre Lagnier aurait
egalement publie ce recueil de sentences en francais, mais
cette edition est restee inconnue. Ce juriste etait au nombre
des

de

amis

Robert

Breton,

son

compatriote.

Dans

une

des

lettres que ce dernier lui ecrivit de Bordeaux, il lui recom


mande la lecture de Ciceron [Orationes..., 1536, f. 38 v0].
Lagnier etait alors etudiant ? Toulouse.
5. Ioannis Cora||si. Tolosatis || ivrisconsvlti in titvl. ||C. de
Impuberum, ad Amplissimum virum || Ioannem Bertrandum
Prsesidem ||Parisiensem commentarij. || ?*><*a||
||Qua3in hoc
volumine continentur || sequens pagella indicat. ||
Carpant
Leniet

Ad Lectorem.
me
sed scribat & iram
cuncti, doctus
: indocti quid mihi
?
uerba nocent

Tolosx.
|| **>Ex Praelo Guidonis ? Boudeuille h regione ||
Collegij Fuxi commorantis. ||M.D.XLI.\\
In-4 de 4 ff. prelim, n. eh., 224 pp. et 4 ff. n. eh., sign. $4,
A-Z4, AA-FF4, car. ronds et ital.
F. 1 r?, titre encadre d'un filet ; au v? :Quse in hoc volumine
continentur,

F. 2 r? : Ioannes Corasus. Iureconsultus amplissimo viro


Ioanni Bertrando Prsesidi Parisiensi sequissimo, datee de Tou
louse, Kal. Decemb. 1541 [Ier decembre].
F. 4 r? : Arnaldus Ferrerius Iurisconsultus Ioanni Coraso

Iurisconsulto.

09:47:51 AM

GUYON BOUDEVILLE

237

F. 4 v? :Legum quarundam in hisce commentarijs singlariter


explicatarum

Index.

P. 1, texte, qui s'acheve au bas de la p. 224 avec la date de


Toulouse, Kai. Decemb. 1541 [1er decembre].
F.

n.

F.

n.

ch. 1 r?, errata


; v? blanc.
sur 2 col.
ch. 2 r?, table
F. n. ch. 4 v?, blanc.
?
Res.
G. xvi. 60.
Coli.
Toulouse,

10219.

F.

Pifteau,

a Toulouse.

Bordeaux,
6. Les IIOevvres || dictees ||par Iehan Rvs, ||Bourdeloys, ez
ieux flo-||raulx ? Tholoze. || Le Blason de la Rose. ||Le Blason
du Puys. IILe Contreblason du Nez .||Vng triste Chant en uers
Lyricques. ||Epigrammes. ||Les douze Labeurs d'Hercules. ||
au nom de Monsieur le Daulphin de ||France. ||Chant
Epistre
Royal, par lequel la fleur de rEsglanti-||ne fut gaignee ?
Nouuellement Imprime ? Tholoze par IIGuyon
Tholoze.
II *%>
Auec permission de la Covrt || de Monsieur
le
Boudeuille.
\\
Seneschal de Tholoze. \\
In-4 de 28 ff.n. eh., sign. A-G4, car. ital.?
Impr. en 1541 et
au plus tard avant mai 1542.
F. 1 r?, titre reproduit fig. 2 ; au v? :Epigramme de Pierre
Gilabert Tholozain ? Iehan Rus Bourdeloys, dizain suivi de :
Pierre Aubert deMarmande en Agennois Au lecteur.
F. 2 r? : Epigramme regraciatif (suyuant la cousiume) ?
maistres de la poesie fr?eoise, pour
Messieurs le Ch?cellier,
la fleur de VEsglantine quilz auoyent adiugee ? Iehan Rus,
dizain suivi du Blason de la Rose et de la suite du texte.
F.

25 r?: Epistre

au

nom

de Monsieur

leDaulphin,

touchant

sa

guerison.

F. 27 v?, fin du texte, signe :Bien ov rien.


F. 28 r? : Iehan Corrier ? Pierre Merchadier de Besse, dizain
suivi de :Pierre la Lane, Bourdeloys ? Iehan Rus, huitain, et
de : Pierre de Sanctoaniano [P. de S* Aignan], Tholozain ?
Guyon

Boudeuille,
Imprimeur,
? Marot,
Si pour rCEuure
Iuste on
Frangois
En brief ton nom aussi, Boudeuille
luyra :
en ta presse
Car TOeuure
diceluy,
s'imprime,
iour en Part, sur Marot
Qui quelque
reluyra.

estime,

F. 28 v?, blanc.
Destinataires des epigrammes : les deux freresGilabert;
? une damoyselle Bourdeloyse nommee Gracienne de Cante
ez droietz ; Jean de
loup ;Pierre Merchadier de Besse, Licentie
Coras, docteur regent de Tholoze ; Marguerite de Navarre ;
Jehan Villeneufve, Bourdeloys ; Francoise de Nyeil, de Mar
mande en Agennois ; Clement Marot ; Andre Tiraqueau ;
Charles et Christofle de Candale ; Pierre la Lane, Bourdeloys ;

09:47:51 AM

238

Nicolas Valee Bourdeloys

Berauld

MEGRET

JACQUES

d'Orleans.

; Francois Berauld, filz de Nicolas

seul exemplaire connu.


Auch, 4425
Jehan Rus regut TEglantine aux Jeux Floraux de 1540
[F. de Gelis et J. Anglade,
op. cit., I, pp. 31, 37-38] et la
Violette a ceux de 1542 [ibid., I, p. 46,
50-52] pour un chant
royal ecrit apres la publication des (Euvres dediees puisqu'il
n'y est pas reproduit. Ce recueil a ete reimprime ? 100 ex.
par Ph. Tamizey de Larroque
[Paris et Bordeaux, 1875,
t. VI de la Coll. meridionale].

1542
7. Disticha
|| Favsti. || P. F. Andrelini Foroliuien. Poetae
Lau-||reati, Regij, Regineiqz, Heca* ||todistichon. C? duplici ||
Commentario. ||L. Claudij Ensis Philomusi. || Ioannis Mauri
Constantiani. ||
Accedit. ?*? ||AEgloga de obitu Andreas
Vaurenti ||ni Poetae Aquitani per L. Claudivm ||Ensem Phi
lomu. || C Omnia emendatissime iam quar||ta ?ditione in
lucem prodeunt. || ?*>Tholosae
||Ex Prado Guidonis a Bou
deuille. ||M.D.XLII.
||
Pet. in-8 de 96 ff. eh., sign.A-M8, car. ronds.
F. 1 r?, titre rouge et noir.
F. 1 v? :Principi suo Cardinali Claromontano, legatoAuenio
nensi Meritiss.
uantia.

S.,

L.

dedicace

Claudius

suivie,

Ensis

Philomusus
: Ioannes

f. 3 r?, de

cum

omni

Maurus,

obser

Cons

tantianusMathurino Alm?dino, Angeliaco, S. D. P., datee de


Tholose, Nonis Septembris 1523 [5 septembre 1523].
F. 4 r?, texte, termine f. 93 v? et suivi de : Ioannis Crucei
Paulinatis Picardi ad Studiosam Iuuentutem carmen, six dis
tiques.

F. 94 r? : Lucii Claudii Ensis Mgloga


de obitu Andreas
Vaurentini poetae Aquitani. Lucius ?p Maurus
interlocutores.
F. 96 r?, a la fin : m- Excvdebat Gvydo \\
Bovdevilla. ||
Tholosae. \\
Anno domini. M. D.XLII.
\\
penultima Aprilis. \\
[29 avril 1542].
F. 96 v? : Iehan de Clause aulx ieunes enfans ayans bon
vouloir

d'aprendre,

huitain

en

francais.

Collection Fernand Pifteau, ? Toulouse ; e'est Tancien ex.


de Ch. Barry, de Toulouse, et le seul connu.
Copie exacte, mais augmentee du huitain final, de Ted. de
Toulouse, Nicolas
Vieillard, 15 octobre 1535, pet. in-8 de
96 ff. eh., sign. A-M8, car. ronds [Toulouse, Res. D. xvi.
123],
dont certains ex. sont dates de 1536 [Toulouse, sans
cote,
inc.].

Sur Jean Le More, ditMaurus, voir: A. Claudin, Les


origines
de Vimprimerie ? La Reole en Guyenne (1517). Recherches sur

09:47:51 AM

GUYON BOUDEVILLE

239

la vie et les travaux de Jean Le More, ditMaurus, de Coutances,


imprimeur et professeur de grammaire [tirage ? part a 100 ex.
de la Revue catholique de Bordeaux, 1894, in-8 de 39 pp.]
Jean de Clause, auteur du huitain, etait libraire a Toulouse.
On lui attribue la Complainte de France, dont la dedicace ?
Louise de Savoie est signee I. D. C. [Bibl. nat., Res. Ye 324].
8. Michaelis
|| poetae chri-||stiani de pueror?
|| Verini
mo-|]ribus Disticha, cum || luculeta Martini || Iuarrae C?ta-||
brici expo||sitione. ||
Huic
puer incubas
ingenti
si prompte
verba
Fundere

pectore
Latina

libro,
velit.

Tholosse ||Ex prselo Guidonis ? Boudeuille, M.D.XLII.


||
||
In-8 de 269 pp., 1 p. n. ch. et 1 f. [blanc ?], sign. A-R8, car.

ronds.

P. 1, titre.
P. 2 : Bernardus Villaplana, Tarraconensis, Aquitanien
iuuituti, huitain latin suivi d'un distique de Bertr. C. M.
Sparronus.

P. 3, preface ; p. 6, Poetae vita ; p. 8, Poetae morbus.


P. 9 :Michaelis Verini poetae Epitaphium, ab Angelo Poli
tiano aeditum, suivie de Celles du meme par Nie. Seraticus,
Bernard Michelot, Ant. Geraldino, Hieronymus, Martin
Ibarra,

avec

commentaires.

P. 22, texte, termine p. 269.


Michaelis Verini PoUae ||
P. finale n. ch. :Expositionis in \\
Laureati Disticha, || ?*>Finis m || Excvdebatvr a Gvi-\\done
Bovdeville \\
Anno \\
Tolosae. \\
M.D.XLII.
\\
189
D.
xvi.
Res.
Toulouse,
[incomplet].
Reimpression page pour page des editions de Lyon, Thi
baud Pay en, 1540, in-8 et ibid., id., 1541, in-8 [Baudrier, IV,
222 et 225]. ?
II existe aussi de 1542 une ed. d'Agen, [Ant.
Reboul ?], in-8, citee dans le cat. Richard Heber.
Ces

poesies

latines

et morales

etaient

tres

lues

a Toulouse

Claude Odde de Triors, qui avait fait ses etudes dans cette ville,
en

donne

une

traduction

etEstienne Michel,
Cloquemin
?
nal.

Cat.

Desbarreaux-Bernard,

en

vers

francais

? Lyon,

Loys

1577, pet. in-8 de 40 ff. [Arse


I, 307].

9. Nova Arbo||ris vtrivsque tarn civi-||lis quam pontificij


iuris concinnatio. Beren. || Fernandi & Ciuilis & pontificij ||
iuris Doctoris Tholosani, ||podij Rupis oriundi, ||nunc prim?
nata, ||& reces sedita. || *YAd malignum alieni laboris || inter
pretem.ll
tuos fructus, nostris
aut uescere
Prome
promptis,
at cupidos
sumere nostra
Sin doleo,
feras.

09:47:51 AM

240

MEGBET

JACQUES

H> Prodeunt Ex prselo Guydonis Boudeuille


||M.D.XLII.
\\
regione Franciscanorum.
?*> Praemia
Quoqz

pro cepto non dat


sed indignos munere

fortuna
sajpe

Tholosae h
\\

labores
beat.

In-4 de 4 ff.prelim, n. ch. et 30 ff.eh., sign. A-G4, H6, car.


ronds et ital. ; les IT.8 v?, 9 v?, 19 v?, 20 v?, 22 r?, 24 r? et 28 v?
sont occupes par des bois ? pleine page sur fond noir : tableaux
de

schematiques

parente,

legendes impr. en goth.


n.

F.

ch.

1 r?, titre

de

arbres

en car.

ital.

etc.,

consanguinite,

avec

et ronds.

F. n. ch. 1 v? : Clarissimo ac splendidissimo viro Domino


Durando ? Sarta, Praesidi Tholosano dignissimo Beren. Fer
nandi, dedicace suivie, f.n. ch. 2 r?, de : Idem ad iuris candida
tes, datee de Toulouse, 4 cal. Iuniis [27 mai] et, f. n. ch. 3 r?,
de cinq distiques latins de Vitalis Ausoneus ? Ber. Fernand,
d'un Exastichon de Ber. Fernand ? cupidae legum iuventuti ?,
d'une elegie latine de Jacques Gaurand au lecteur, d'un qua
train latin de Jean de Bigorre, de Moissac [loan, a Bigora
Mossacensis] au lecteur, de cinq distiques latins adresses ?
B.

Fernand

par

Robert

Morus,

d'une

epitre

en prose

de

Ray

? ornatissimo atqz eruditissimo loanni Alberto


?
datee de Toulouse, idib. octobr. [15 octobre]
Petragorensci
et de trois distiques latins non signes :Ad Robertum Bordanum

mond Verinus

Petragorensem.
F. 1 r?, texte.

F. 30 r?, au dessous d'un distique latin de R. Verinus


Pro secunda editione. Anno a Xpo passo. || 1542.
Tholosae. \\
F.

30 vo, blanc.
?
nat., Fz 377.

Bibl.

Toulouse,

Res.

D.

xvi.

:
||

194.

Les figures sont celles de Ted. originale impr. ? Toulouse


par Nicolas Vieillard, 31 mai 1538, in-4 de 4 ff.n. ch. et 30 ff.
le derniermal ch. 29, car. ronds [Coll. F. Pifteau].
10. Repetitvm || nvper
inextricabile illvd || Imperatoris,
|j
Iustiniani responsum. 1.Vnice. C. de sent. ||qua pro eo, quod
|| uigili exactaq; Berengarij a
interest, studio per quam
Paulhaco || Iurisconsulti diligentia cy-||merijs prius obuolutum ||
Tholosae. \\
|| % \\
tenebris, in lucem || restitutum. || ?*>
?*>Ex Praelo Guidonis d Boudeuille, || e regione Franciscano
rum. ||M.D.XLII.
II
?4> Praemia
Quoqz

pro cepto non dat


sed indignos munere

fortuna
s?pe

labore
beat.

In-4 de 4 ff.prelim, n. ch., 254 pp. et 1 f. n. eh., sig. A4,

A-Z4,
aa-ii4, car. ital.
F. n. ch. 1 r?, titre.
F. n. ch. 1 v? : ^ Raymondus

garium Paulhacum

Verinus

petragorensis

ad Beren

iuris consultum insignem de liuore ferendo,

09:47:51 AM

GUYON

BOUDEVILLE

241

Eiusdem de eodem ad
trois distiques latins suivis de :
lectorem,deux distiques.
F. n. ch. 2 r? : Celebratissimo tempestatis huiusce nostrse
iurisc?sulto. Guydoni a Breslai, Parisis magni Concilij vnico
prsesidi Berengarius ? Paulhaco, dedicace datee de Toulouse,
Octauo Calen. Septemb. [25 ao?t].
F. n. ch. 3 v? : mr Iacobus a Sancto Foslice Berengario ?
Paulhaco Iurisconsulto eruditissimo, dedicace datee de Tou
louse, Octauo Cal. Septemb. [25 ao?t].
F.

n.

ch. 4 v?,

blanc.

P. 1 :Berengarii ? Paulhaco Prsefatiuncula in operis, exor


dium ad auditores.
P. 4, texte ;p. 166, blanche ; le texte finitau bas de la p. 252.
P. 253 :Ad lectores.
F. final n. ch. [manque].
?
?
Bibl. nationale, F 5401.
Bordeaux, 10220.
Troyes,
Jurisp. 822.
11. Reqveste ||dv sexe ||mascvlin, contre || le Sexe Femenin,
a cause de ceulx ||& Celles q mesdisent de PAu||theur du Liure,
intitule IILes Controuerses ||des Sexes Mas-||culin & Fe||meni,
bail||leea da||me ||Raison. ||Ensemble || le plaidoye des IIparties,
& Arrest || sur ce interuenu. ||M.D.XLII.
|| 4 A Tholose. \\
leCollege de Foix.
Par Guyon Boudeuille, Imprimeur, deuant \\
IIAvec privilege. ||
In-4 de 10 ff.n. ch. sign. A-B4, C2, car. ronds.
?
Apologie des Controverses de Gratien du Pont, seigneur de
Drusac, faite par Gratian du Pont lui-meme et imprimee ? la
suite des Controverses en 1536, 1537, 1538, 1540 et 1541. Cette
piece avait d'abord paru s. I., 1534, pet. in-4 de 12 ff.le dernier
blanc, publiee la meme annee que Tedition in-fol. ? [Brxjnet,
Suppl, II, 467].
Le

seul

exemplaire

connu,

rel.

en mar.

citron

rares

et curieux,

par

Trautz

Bauzonnet, a fait partie des bibliotheques du comte de Lurde


et du marquis de Ruble [cat., n? 146] ; il appartint ensuite ?
Edouard

Moura

[Beaux

livres one.

Bordeaux,

1921, n? 159, fac-simile ; cat. de vente, 1924, n? 222, fac sim.].

1543
12. La ||Descen-||te des angloys ||Et combat de six diceulx ||
c?tre six gentilz homes || Fr?coys, faict pres la || ville de
|| la prinse du neuf Fosse. ||A Tholose,
Therou?||ne, Auecques
chez Guyon Boudeuille.
||
In-8 de 8 ff. n, ch. sign. A-B4, car. ronds. ?
Imprime
en 1543,
16

09:47:51 AM

242

JACQUES MEGRET

F. 1 r?, titre portant lamarque 1.


F. 1 v?, texte debutant ainsi : Environ le vingtiesme de
iuillet, Tan mil cinq cens quarante troys, monseigneur de
Villebon, capitaine & gauverneur [sie] de Therouenne, eut
nouuelles de la descente des Angloys...
Chantilly, IV. B. 100 [Cat. L. Delisle, 1338], ex. Cigongne
[cat., n? 2493] et L. Cailhava.
13. Ludovici ||Deeressolles ||Ossisini Parainesis. Cvr || impe
ratori christianis ||simvs Gallorvm rex, ||bellvm indi-||xerit .*. ||
H> TholossB m II $ Ex Prselo Guydonis ? Boudeuille, || e Re
||
gione Franciscanorum .% ||M.D.XLIII.
In-4 de 4 ff. n. eh., sign. A, car. ronds.
F. 1 r?, titre en capitales et ital. ; v? blanc.
F. 2 r?, texte, termine au bas du f. 4 r? par : C Finis.
F. 4 v?, blanc.
Bibl. nat., Lb80160.
in quibus casibus
14. Ludovici de Cressoles, Tractatus
omnium
bonorum
vel
civili
jure
partis publicatio sit indicta.
Tolosse, 1543.
Du Verdier,
IV, 158 [format non indique].
Probablement imprime par Guyon Boudeville. ? Voir les
nos 13 et 15.

1544
15. Ludovici de Cressolles, Osissini, in L.ii. de pact, inter
empt. & vend. C. Commentarius, ubi materia pacti de retro
vendendo in forensibus controversiis frequens pertractatur.
Tolosse, apud Guid. Boudevillseum, 1544.
In-4.?
IV, 157-158.
Signals par Du Verdier,
16. Copie IIDune Lettre, eseripte ||De Thurin ? Ly?, du
seiziesme d'Apuril, La Mil || einq eens. xliiij. traduiete d*Ita
lien en Francoys, ||eontenant la deffaiete des Espaignolz dela ||
les Montz, par les Francoys, soubz la || conduicte du seigneur
d*Anguien, le ||Lundy de Pasques quatorziesme || lour desdietz
An suscriptz. ||Ensemble lestimation des Victuailles,
Moys, & II
& des'Hpouilles prinses par lesdietz Francoys sur lesd ||Espai
gnolz ; le tout deseript au uray. || Imprime d Tholose par Guy?
Boudeuille, auecq per-\\missionde messieurs les Capitolz dudict
Tholose, de-\\fendans? tous aultres Imprimeurs <$* librayres,
de non || en imprimerny uendre sans le conge$ licence dudict ||
Boudeuille par lespace dung An. \\
In-4 de 4 ff. n. ch. ni sign., ear. ital.?
Imprime en 1544.
F. 1 r?, titre ; au v?, debut du texte : au bas du f. 4 v? :
Finis.
Ste Genevieve, (E xve s. 754 (14>.

09:47:51 AM

GUYON

BOUDEVILLE

243

17. Discours de la bataille ||de Cerizolles. ||Reueu, corrige,


& augmente || au uray, oultre les prece-||dentes Impressions. ||
Item y est adiouste la Prinse de troys Villes, || faicte sur noz
Ennemys dela les Montz, ||depuis la susdicte Bataille. ||M.D.
||
|| A Tholose, par Guyon Boudeuille
[Marque 1] XLIIII.
Imprimeur, deuant le College de Foix. \\
Auecq permission &
Priuilege pour ung An. \\
In 4 de 8 ff. n. eh., sign. A-B4, car. ital.
F. 1 r?, titre ; v? blanc.
F. 2 r? :La I ournee de Cerizolles.
F. 8 v?, dans le bas :Finis.
Ste Genevieve, (E xve s. 754 (13>.
18. La IIPrinse || de Pauie || Par Monseigneur d'Anguien,
|| du Due d'Vrbin, & de plusieurs aul-||tres
aecompaigne
Capitaines, enuoyez par || le Pape. ||
In-4 de 4 ff. n. ch. ni sign., car. ital.?
Imprime par Guyon
Boudeville en 1544.
F. 1 r?, titre portant les armes de France ; v? blanc.
F. 2 r?, texte, debutant par une grande initiale L avec
rinceaux au trait, qui se retrouve dans plusieurs autres impres
sions de G. B.
F. 4 r? :Ballade Faicte ? la Fajueur du Roy nostre Sire pour
animer les bons Capitaines, & gern de Guerre pour obtenir
nos
Ennemys.
cheualeureux
triumphant,
Francoys
secours
des Francoys,
des ualeureux...
vous en auez
la force.
marchez,
[refrain :] Marchez,
:Fin.
le bas
F. 4 v?, dans

Victoire

contre

Roy
Chef

Ste Genevieve,

(E xve s. 754W.

19. Ordonnance
|| Sur la forme & maniere de uiure, que
tenir
les
||
gens de Guerre, tant de Cheual que de ||
doyuent
Pied, sur les Champs, & en leurs gar-||nisons :Faicte ? Tassem
blee, faicte || a Beziers, d'ung homme de chas-||cun Diocese
du pays de Lan-||guedoc : le dixiesme lour ||du Moys de May,
Mil cinq centz Quarantequatre.
||Par monsieur de Montpezat,
Mareschal ||de France, & lieutenant pour le Roy ||audict pays
de Languedoc.
|| Imprime par Guyon Boudeui?e, Auec Per~\\
mission $ Priuilege de la Court \\
le Seneschal
de Monsieur
de Tholose. ||
In-4 de 6 ff. n. eh., sign. A4, B2, car. ital.?
Imprime en
1544.
F. 1 r?, titre portant les armes de France encadrees d'un
double filet; v? blanc.
F. 2 r?, texte se terminant au f.6 v?, au-dessus de lamarque 1.
Ste Genevieve, CE xve s. 754 <22>.

09:47:51 AM

JACQUES MEGRET

244

20. Le Triumphe || et la Pompe ||Magnificqve, ||Faictz aux


Baptisailles du Due Francoys, || filz de Monseigneur le Daul
phin, ||Celebre a Fontainebleau le || dixiesme iour du moys ||
de Feburier. ||M.CCCCC.XLIIII.
|| Imprime ? Tholose, deuant
le ||College de Foix. \\
In-4 de 4 ff. n. eh., sign. A, car. ronds.?
Imprime en 1544
[1545 n. st.].
F.

1 r?, titre

ci-contre

reproduit

; au v?,

F. 4 v?, dans le bas :Finis.


Ste Genevieve, QE xve s. 754 <21>.

debut

du

texte.

1545
21. Antonii ||Goueani ||De || ivre accrescendi || liber, ||Ad ||
Andream Goveanvm || fratrem. ||Tolosse, ||Ex Prselo Guidonis
a Boudeuille.
M.D.XLV.
\\
\\
In-4

de

22 ff. n.

eh.,

sign. A-D4,

E6,

car.

rom.

et ital.

F. 1 r?, titre ; au v? : Loci Pandectarum in hoc libro prse


cipue explicati.
F. 2 r? :Antonius Goveanus Andrese Goueano Fratri, epitre
datee de Toulouse, Id. Aug. [13 ao?t].
F.

3 r?, texte,

termine

Ff. 21 v? et 22, blancs.

Toulouse,

Res.

D.

xvi.

au

73

f. 21

r?.

[ex. Desbarreaux-Bernard],

22. Deploration sur la mort d'illustre prince Charles de Va


lois, viuant due d'Orleans ; ensemble deux epitaphes dudit
Seigneur. Tholose, G. Boudeville.
?
Du Verdier,
1, 473 [format non indique].
Imprim6 en
1545.
Charles de Valois, troisieme fils de Francois Ier,mourut le
9 septembre 1545.
23. Hierony-||mus Laurentius, ||Auenionensis
Iurium ||
Doctor, || In legem In fideicommissariam. ff. ad || Senatuscon.
Trebell. ||Ad Gaillardum ? Montecalmo,
||Nemausensis pro
uinciae Prsesidem. || Impressum Tolosse per G. Boudeuille.
\\
M.D.XLV.
||
In-4 de 4 ff. prelim, n. ch., 39 pp. et 1 p. n. eh., sign. A4,
A-E4,

car.

rom.

et

ital.

F. n. ch. 1 r?, titre ; au v? :Nobilissimo viro Gaillardo a


Montecalmo
iurium doctori segregio, Tresquarum domino, ac
Bellicadrensis Prouincise Prxsidi
sequissimo, Hieronymus
Laurentius Auenionensis, epitre datee de Toulouse, cal. Iunii
1545, suivie, f. n. ch. 3 r?, de : Index materiarum legis in fidei'
commissariam [table sur 2 col.].
P. 1 :Procemium ;p. 3, texte.

09:47:51 AM

GUYON

Lc

245

BOUDEVILLE

LU
ET TriumpKc
VOMTB

Faiflz mixBaptijailksduDue Frmcoys^

U
de
jtti Monf?gnturDaulpbin,
Celebrea Fontameblem
It
lour dumoys
dixiepne
deFeburier*

M,

CCCCC. XLIIIL

Thohfe,deu<mth
Imprinted
College deFoix*
Marque

1.

No

20.

09:47:51 AM

JACQUES MEGRET

246
P.

finale

n.

eh., marque
Res. D. xvi.

Toulouse,

devise.
2, avec
187 <*>.

24. La bienvenue faite ? Monsieur d'Anguien, Viceroy, au


pays de Languedoc. Imprime ? Toulouse, par Guyon Boude
ville.
In-4, d'apres le Cat. des Foires de Francfort o? cette piece
est attribuee ? Pierre de Nogerolles [Brunet, Suppl., II,
I, 132, Tattribue a Antoine Noguier
33-34]. Du Verdier,
et n'en indique pas le format.
Pierre de Nogerolles, conseiller a la Senechaussee de Tou
louse, fut capitoul en 1544 etmaitre es jeux de 1539 ? 1566.
de Bourbon,

Francois

comte

d'Enghien,

fut nojnme

lieute

nant-general en Languedoc le 15 decembre 1544 ; les lettres


furent enregistrees au Parlement de Toulouse le 5 fevrier sui
vant [Devic et Vaissete, XII, p. 535].
25. Epitre ? Jean Pollier, seigneur de Vareillettes
pres
Saint Flour en Auvergne. Tholose, Guyon Boudeville.
In-4, d'apres le Cat. des Foires de Francfort o? cette piece
est attribuee ? Pierre de Nogerolles [Brunet, Suppl., II, 33-34].
Du Verdier,
I, 132, ? l'attribue ? Antoine Noguier et n'en
Voir le n? precedent.
indique pas le format.
Imprime en 1545 ? Ces deux pieces paraissent perdues.
26. La || Fable || du faulx cuyder, con-1|tenant THistoire ||
des Nymphes de Dyane, transmuees en saulles, || faicte par
une notable Dame de la || Court, enuoyee ? madame Mar-||
Par
guerite fille unicque du Roy de ||France. IIIfA Tholose. \\
G. Boudeuille, auecq' Priuilege \\
||
||
pour deux Ans. M.D.XLV.
Petit in-4 de 24 ff. n. eh., sign. A-F4, car. ital.
F. 1 r?, titre ; au v?, privilege accorde ? G. Boudeville par
la Cour du Senechal de Toulouse pour deux ans et date de Tou
louse, 27 octobre 1545.
F. 2 r?, texte finissant au f. 24 r?.
F. 24 v?, marque 1.
Bibl. nationale, Res. Ye 1005 [seul ex. connu].
Reimpression de Tedition de Paris, Ant. Saulnier, 1543,
pet.

in-8.

27. Lvdovicvs
||Canetvs ||Grassenus leg? profes-||sor Tho
in
ff. || de uulg. & pupil, substit. ||Ad
.L.
Centurio.
losanus,
Ioannem Mainerium priorem, || apud Aquenses Prsesidem. ||
\\
\\
Impressum Tholosae, per Guidonem ||Boudeuille. M.D.XLV.
Cum Priuilegio. \\
In-4 de 6 ff. prelim, n. ch., 97 pp. les cinq dernieres mal ch.
63, 94, 65, 67, 67, 1 p. n. ch. et 1 f. n. eh., sign. If6,A-L4,
M6,

car.

F.

rom.

n. ch.

et ital.

1 r?, titre

; au v?,

errata.

09:47:51 AM

GUYON

BOUDE

VILLE

247

F. n. ch. 2 r? :Egregio vivo, Ioanni Mainerio,

Baroni
Prxsidi,
Alpediensi:
Aquenses
senus
Iurisconsultus
Tholosanus,

Id. Iunij
F.

n.

ch.

1545 [13 juin].


4

r?

: Index

P.

3, texte.

qu3?

datee

primo apud

Canetus
de

Gras

Toulouse,

in hoc Libello

[table sur 2 col.].

Marque
n. ch. 6 v?, blanc.

epitre

materiarum,

nentur, per ordinem Alphabeti

F.

Ludouicus

conti

P. 1. :Proc?mium [en ital.].

P. finale n. ch. [v? de la p. 97], avis au lecteur suivi de :


Excudebat Tolosse Guido Boudeuille.
M.D.XLV.
\\
|| et du
registre.

09:47:51 AM

248

MEGRET

JACQUES

F. final n. ch. r?, blanc ; au v?, marque


Bibl. nat., Res. F. 2339.?
Toulouse,
Res. D. xvi. 130
Desbarreaux-Bernard];
?
Bordeaux, 10199.

2, sans devise.
Res. D. xvi. 75 [ex.
;Res. D. xvi. 187 (4).

1546
28.

L'Amant

mal

traicte

de

s'amye,

reueu

&

amende,

oultre

les precedentes impressions. On les vend a Tholose, ? la Por


terie, ches Jehan de Fleurs, Librayre, 1546.
In-16 de 60 ff. n. eh., sign. A-G8, H4, car. ronds.
Le dernier f.,blanc au r?, porte au v? lamarque 1 de G. Bou
deville, au nom de qui le privilege est concede
[Brunet,
V, 113, fac-simile].
Vendu 23 fr. 50 ? la Salle Silvestre en 1844 ; rel. en mar.
rouge par Niedree, c'est le seul exemplaire connu ; il appartint
ensuite ? Yemeniz [cat., n? 2259] et figura trois fois dans les
cat. Morgand [Butt., 19211; Repert. 1893, n? 5901 ;Bull 1900,
n<>39025].
La traduetion de ce roman de Diego de San Pedro est celle
de Nie. de Herberay, sieur des Essarts ; eile avait d'abord paru
a Paris, chez Vincent Sertenas, s. d. [1539], in-8.
29. Petri de Rippayrio, Curias Agennensis Regis Consiliarii,

solennis
sarum

Repetitio
criminalium

L.

capitalium.
continens.

ff. de

Tolosae,

peen.
apud

decisionem
Guidon.

Cau

Boude

ville, 1546.
? Du
In-8.
Verdier,
IV, 203.
II existe de cet ouvrage une edition d'Agen, Guillaume
Gobert, 1541, in-4 de 14 ff. n. ch. le dernier blanc, car. rom.
[Grenoble, F. 5257]. L'auteur etait licencie es lois et conseiller
du Roi ? Agen [Baudrier, XII, 6-7] ; Robert Breton lui a
adresse une lettre [Orationes..., 1536, f. 62 v0].
30. Preparation chretienne pour d?ment se confesser et
dignement recevoir le Saint Sacrement de TAutel : joint une
un
petite Instruction pour bien & chretiennement vi vre : avec
Provi
entre
touchant
la
difference
Traite
Prescience,
petit
dence, & Predestination. Imprimee ? Tholose par G. Boude
ville, 1546.
?
Du Verdier,
In-16.
I, 668.
Par Frangois Ponisson, Docteur Regent en TUniversite de
Toulouse, en la Faculte de Theologie, religieux de Tordre des
Freres Pr?cheurs du Convent reforme de Toulouse.
31. Proludium || in legem Abesse, ff. || ex quibus causis ||
maiores. xxv. || annis || in integrum restituantur. ||Ad Fran
ciscum Conanum, || Libellorum Supplicum Magistrum. ||Per

09:47:51 AM

GUYON

Leodegarium ? Quercu.
Boudeuille. ||M.D.XLVI.
In-4

de

12 ff. n.

eh.,

BOUDEVILLE

|| Tholosae,
||

sign. A-C4,

car.

249

||Ex Prselo Guidonis ?


et rom.

ital.

F. 1 r?, titre ; au v? :Leodegarius ? Quercu Francisco Conano,


Libellorum Supplicum in Regia Magistro, dedicace datee de
Toulouse, Pridie Idus Nouemb. 1546 [12 novembre].
F. 2 r? :Leodegarii ? Quercu Dialogus. Loquuntur Liber, $
libriAuthor, vingt distiques latins.
F. 3 r?, texte, termine au f.24 v? par une Peroratio : 1fHabes
(gener?se Lector) ingenij inei primos conatus, q si aut honesti
sunt,

aut

tu non morosus,

debes

aequi

boni

facere...

datee

Nouembr. [12 nov. 1546].


Toulouse, 1546, Prid. Idus
Bibl. nat., 4? F. 1030.? Montpellier, Jurispr. 103.

de

32. Tractatvs
|| Iurispatronatus be-||neficiorum. || loan.
: In quo perutilia || pleraq; & ad rem
Nicolai Delphinatis
huiusmodi cotidiana || occurrent, in florentissima ||Vniuersi
tate Tholo-|)satum nunc pri-||mum aeditus. II
||Tholosse. ||
In Vico Portarietis uenseunt. M.D.XLV
||
I.\\
In-4 de 44 pp. sign. A-E4, F2, car. rom.
P. 1, titre ; p. 2, blanche.
P. 3 :Ad R. P. Dominum Franciscum de Castellana, Abbatem
sancti Andrese, secus Auenionem. loannis Nicolai, dedicatio
huius Tractatus, dedicace datee de Toulouse, pridie cal. April.
[31mars].
P.

5, texte.

Imprime par G. B. ; les car. rom. se retrouvent dans les


n?s 34, 37, etc.
Jean Nicolas, dauphinois, etait chanoine en Avignon.
?
Bibl.

nat.,

E.

reaux-Bernard]

2947.

Toulouse,

Res.

; Res. D. xvi. 187 M.

D.

xvi.

76

[ex. Desbar

1547
33. Chant elegiacqve, de || la Republique,
IISur la mort de
hault, & magnanime Prince, ||Francoys premier de ce nom ||
Roy de France. || Ioings aussi, certains Epitaphes, mys ? la
fin. ||Sur lamort dudict Prince. ||
In-4 de 12 ff. n. eh., sign. A-C4, car. ital.?
Par Berenger
de la Tour oVAlbenas.
F. 1 r?, titre portant les armes de France.
F. 2 r?, le Chant elegiacque commence ainsi :
Si les soupirs qu'en
l'aer j'ay espandus
Et mes
bien entendus...
regretz estoient

Les Epitaphes, au nombre de cinq, occupent les deux der


niers ff. On trouve a la suite la devise de Pauteur : Souspir

09:47:51 AM

JACQUES MEGRET

250

oVespoir et la mention : Imprime ? Tholose, chez \\Guyon


Boudeuille. || 1547. ||
Bibl. nat., Res. Ye 377. ?
Cat. J. de Rothschild, IV, 2884
II, 1213, et Bull. Morgand, 26247, 38766 et
[ex, Lignerolles,
?
Cat. Mac-Carthy, 3954 [dans un recueil ; se confond
45113],
avec

peut-etre

Tun

des

deux

ex.

ci-dessus].

Cette plaquette a ete reimprimee dans Le Siecle oVOr.Et


autres vers divers. A Lyon, Par lean de Tournes et Guillaume
Gazeau, 1551, in-8 de 230 pp. [Cat. J. de Rothschild, V, 3254].
34. D. Andreae ||Alciati, Medio-||lanensis
|| Iurisconsulti ||
clarissi-||mi, ||De Magistratibus, Ciuilibusqz, & ||Militaribus
Officijs liber. || **J**||Tolosse ||Ex Prselo Guidonis a Boudeuille

II1547. ||
In-4

de

12 ff. n.

eh.,

sign. A-C4,

F. 1 r?, titre ; au v? : Clariss.


Senatori Conservatoriqz Biturig.
F.

2 v?,

car.

rom.

Iurecon.

Ioanni Pelordse,

texte.

F. 7 r? : Index dignitatum civilium militariumque in Oriente


[sur 2 col.], suivi, f. 12 r?, de : Iacobus Ysnardus Arausionensis
Lectori, quatre distiques dont le dernier est:
Quem

tibi, Guidonis,

miro

splendore

Boudeuill?i Typographia dedit.


F. 12 v?, blanc.
Toulouse, Res. D. xvi. 187 (2).

nitentem

35. D. Bereng. ||Fernandi ||vtriusque Iuris Doct. ||L. Vlti


mae. C. de Posthu. hatred, inst. || enarratio. ||Exemplaria pros
tantapud Guidonem Boudeuillseum \\
h regione Templi Taurini. ||
Cum Priuilegio Senatus Tolosani. \\
M.D.XLVII.
\\
In-4 de 94 pp. et 1 f. n. eh., sign. A-I4, k4, L-M4, car. ital.
P. 1, titre portant la marque 2 entouree du quatrain cite
p. 221.
Studiosis Legum Auditoribus, epitre
P. 2 : B. Fernandus
datee de Toulouse, pridie cal. Decembr. [30 nov.].
P. 3 :Franciscus Foresterius Vellaius D, Bereng. Fernando
Iurisc, datee de Toulouse, pridie cal. Decembr. 1547 [30 nov.

1547].

P. 5 :Prsefatio ; p. 7 :Oratio ; p. 9, texte.


P. 93 :Hsec est nuncupatoria superiorum nostrorum Axio
matum Epistola. Amplissimo Senatui Tolosano, Bereng. Fer
nandus

utriusqz

Iuris

Doctor.

F. final n. eh., r? :Cum Priuilegio, ne infra ||duos annos, per


alte-\\rum Typis || tradantur ||
II
F.

final

n.

ch. v?,

torchere

Bibl. nat., 4? F. 978.

reproduite

ci-contre.

09:47:51 AM

251

BOUDEVILLE

GUYON

N?

35.

36. Jacobi Ysnardi, Arausionensis, Dialogus Academicus,


ad jus civile perdiscendum hortatorius. Item Epigrammatum
libellus. Excud. Tholosae Guido Boudevilseus, 1547.
In-4.

Du

Verdier,

IV,

111.

Jacques Ysnard [ou Isnard], d'Orange, etait au nombre des


amis de Berenger de la Tour d'Albenas [Cat. J. de Rothschild!
? Voir les n 34 et 37.
I, 662 et V, 3254].
37. Ioannis ||Crucei Picardi, ||De qvintvplici ||Substitutione,
Liber. II Item || Testandi Methodus, ex uarijs iurisconsulto
rum || responsis, ingeniosissime congesta. ||Quae omnia nunc
ab Iacobo Ysnardo Arausionensi, diligen-||tissime recognita,
Ex Praelo G. d Boudeuille. ||
prodeunt in lucem. ||Tholosae, \\
1547.11
In-4

de 27 pp.

et 1 p. n.

eh.,

sign. A-C4,

D2,

car.

rom.

et ital.

P. 1, titre ; p. 2 : Iacobus Ysnardus Francisco Ysnardo


Fratri Iuris utriusqz studiosissimo, dedicace datee de Tou
louse, octavo col. Septemb. 1547 [24 aout],
P. 3 : Idem Lectori.
P. 4 : loannes Cruceus Francisco Belcerio Primo Senatus
Burdigalensis Prae* idi.

09:47:51 AM

JACQUES MEGRET

252
P.

5, texte.

P. 19 : Iacobus Ysnardus Lectori, avertissement date de


Toulouse, octavo col. Septemb. 1547 [24 aout].
P. 20 : Iohannes Cruceus Cardio Candelabio Viceprefecto
Burdigalensi, epitre datee de Bordeaux, viii Idib. Septemb.
1535 [6 septembre].
P. 21 : Testandi Methodus, per Io. Cruceum.
P. finale n. eh. [v? de la p. 27] :Franciscus Ysnardus Arau
sionensis, Iacobo Ysnardo Fratri, six distiques latins suivis de :
Lectori.
Typographus
hie opes, summam
dat uimqz
Egregias,
: sors bona. Lector
Venditur
& parui
Finis.

libellus,
erne.

?
Bibl. nat., Res. V. 2565.
Toulouse, Res. D. xvi. 187 <8>.
Joannes Cruceus, picard, s'appelait de Lacroix. Rob.
Breton, dans une lettre, Tappelle Ioannes a Cruce [Orationes...,
op.
1536, f. 57 v0]. II etait chanoine ? Auch [P. Benetrix,
cit., pp. 10, 48].
etablie et prefacee par Jacques Ysnard,
Reimpression,
de deux opuscules dej? publies ? Lyon, par Seb. Gryphe, 1536,
in-8 [Baudrier, VIII, pp. 91 et 100].
38. Ioannis Longovaliii in ||Parisiorum Senatv cavssarvm ||
patroni, noua & facilis declaratio in 1. Imperium, sub || titulo
de iurisdict. om. iudi. in Pandectis.
||Habes in hoc libello,
optime

lector,

imperii

iurisdictio-||nisque

ueram

doctrinam,

longe aliter & facilius, utiliusque, || quam ab antiquis tracta


tam. II Item in doctrina & usucapione seruitutum, rer?mque
ex

multa

in-||corporalium,

legum

ueritate

praeter

communes

ue-||terum traditiones explicata. Sit longaeuus & ualeat.


losae. IIEx Praello G. ? Boudeuille. || 1547. ||

||Tho

n. ch. et 68 ff. eh.,


car. rom.
In-4 de 4 ff. prelim,
sign. A-S4,
F. n. ch. 1 r?, titre portant
la marque
ci-contre.
reproduite

F. n. ch. 1 v? :Petri Bouguerii Aureliani, ad Ioannem Longo


vallium, huit distiques latins.
F. n. ch. 2 r? :Amplissimo viro Gulielmo Poyeto Galliarum
Cancellario dignissimo, Ioannes Longovallius, epitre datee de
Paris, 4 cal. Ianuar. [28 decembre].
F. n. ch. 3 r? : Sequuntur Themata & conclusiones, quas
epilogi seu indicis eorum quse in hoc libello continentur hic
posuimus [sur 2 col.], suivi de la devise : Sit longseuus ?f
ualeat.

F. ch. 1 r? :Praefatio, suivie du texte au f. 2 r?.


F. 68 v?, ? la suite du texte :Distichon Oldoardi Piacentini,
suivi de :Finis.
Toulouse,

Res.

D.

xvi..

188

[ex. Desbarreaux-Bernard].

II existe deux editions anteri eures : Declaratio ad legem


imperium ff. de jurisdict. omnium .udicum. Paris, Nie. de la

09:47:51 AM

GUYON

BOUDEVILLE

253

Barre, 1528, in-4 [Bordeaux, 10204] ; reimp. Paris,


Janot, 1539, in-4 [Bordeaux, 10196].

aux

Cartouche
encadrant

de G. Boudeville

initiales

la marque

Denys

de Jean

Girard.

1548
39. Avgerii ||Ferrerii ||Tolosatis ||medici ||Liber de Som
nijs. || Hippocratis de Insomnijs Liber. || Galeni Liber de
IITolosae. \\
Apud G. Boudeuillseum, \\
Typo
Insomnijs. ||
graphum. ||
In-8 de 94 pp. la derniere mal ch. 95 et 1 f. n. eh., sign.
A-M4,

car.

ital.

Imprime

P. 1, titre ; p. 2 : Ad

vers

1548.

lectorem, treize distiques

latins non

signes.

P. 3 :Augerij Ferrerij Medici Prsefatio, in Librum suum de

Somnijs,

ad Doctiss.

P. 15 :De Somnijs

uirum

Robertum

Hay

; p. 69 :Hippocratis

urn, Remensem.

liber de insomnijs

09:47:51 AM

JACQUES MEGRET

254

interpretelulio Caesar e Scaligero ; p. 80 : Galeni de insomnijs


liber interpreteGuinterio Andernaco.
Le

dernier

f., blanc

ou

portant

une

marque,

dans

manque

Tex. de la Bibl. nat., 8? Tb60 1.


Autre edition :Lyon, Jean de Tournes, 1549, in-16 de 202 pp.
et 1 f. de marque, augmentee de : Synesius de Somniis, trans
latus a Marsilio Ficinu [Bibl. nat., 8? Tb60 1. A. ; Toulouse,
Res. D. xvi. 135].
40. Communes Iu-||rium senten||tise. ||Quibus additse sunt
eontrariorum || oppositiones & Solutiones. ||Per || Ioannem
iuris || vtriusqz
Bellonum Tolosatem
studiosissimum.
||
1[ Ad illustrissimum virum Petrum de Ricijs || dominum ?
Laneis Iuris vtriusqz ||Doctorem Auenionensem. ||De minore ||
maior || Tolosse || Excudebat Guido ? Boudeuille. Anno ? II
uirginis partu. 1548. ||
in-8 de 175 pp.
Pet.
a 2 col.
P.

et 1 p. n. eh.,

sign. A-I8,

k8, L8,

car.

rom.,

1, titre.

loanni Bellono
P. 2 : Iacobus Ysnardus Arausionensis,
Tolosati Salutem, cinq distiques latins.
P. 3 :Amplissimo, 8?Magnifico Viro, Petro de Ricijs, Domino
a Laneis, Iuris utriusq; Doctori, Patrono Collegij Sanctae
Auenionensis.

Crucis

Ioannes

Bellonus

Tolosas

S.,

epitre

en

prose datee de Toulouse, Quinto Calend. Februarij. Anno ?


uirginis partu. 1548 [28 janvier 1548, 1549 n. st.], suivie de :
Idem ad eundem, neuf distiques et de : Idem spectabili ?p segre
gio domino Guillermo Bellono, Canonicse Ecclesise Vicifezen
sacij, in Vasconia fratri. Salutem, cinq distiques.
P. 7, texte ; a la p. 47, le texte a etemodifie par un papillon
imprime

sur

la moitie

de

la seconde

colonne.

P. finale n. ch. [v? de la p. 175], blanche.


Bordeaux, 30123.
in-8 de 179 pp. et 1 f.
Reimpr. ? Lyon, Guill. Roville, 1549,
?
Cahors, 578] et par
blanc, ? 2 col. [Baudrier, IX, 154.
G. Boudeville en 1554 [n? 89 ci-dessous].
41. De non || vertenda || Scriptum sacra in vulga-||rem
linguam, deque occidente litera, & uiui-||ficante Spiritu dis
sertatio :Editaper R.||P. Fr. Spiritum Roterum, ordinis ||Pre
dicatorum sacrse theologiae ||Professorem, Hasreticeqz ||praui
tatis Inquisitorem
|| Christianissimo Regi
|| Tolosanum.
Francorum ||Henrico dicata. || % Item Parergvs similitudi
intentio Hsereticorum,
num, quibus errores || deprauataqz
demonstratur.
ad
oculum
fructus
||Tolosae, ||
||
maliqz ipsorum
Venxunt in uico Portarietis, apud Ioannem ||Dembat, ?p Ioan
nem Chasot. ||M.D.XLVIII.
||
In-4 de 8 ff. prelim, n. ch. et 148 pp., sign, a-b4, A-R4, S6,
car.

ital.

09:47:51 AM

GUYON BOTJDEVILLE

255

F. n. ch. 1 r?, titre ;v? blanc.


F. n. ch. 2 r? : Christianissimo, ac potentissimi Francorum
suse maiestatis seruus, Fr. Spiritus Roterus,
Regi Henrico,
: intendere prospere, pro
Hsereticeqz prauitatis Inquisitor
cedere, ad fceliciter in Christo regnare, epitre impr. en ital.
F. n. ch. 6 v? : Index capitum prsecipuorum locorum que in
hoc

en

sommaire

tractantur,

opere

car.

rom.

F. n. ch. 8 v? :Calcographus Lectori:


Quia dum excuderet hoc opus, Author infirmitate grauatus,
correctioni & p?ctuationi
literse, ut par erat, intendere
de

Hac

ualuit.

minime

causa,

errata

emersere,

q?se

per

facies

tuo candide, ueritatisqz noscende, auide


paginarum lineatim
Lector subiecimus conspectui [suit Verrata].
F. n. ch. 8 r? : Parergum autem similitudinum, quibus Hse
retici, status Ecclesise, ad oculum depinguntur fauenteChristo
melius

propediem

correctum,

punctuatumqz

exhibebimus.

Vale.

[voir le n? 49].
P. 1, texte, termine p. 148 par :Finis huius Operis.
comme le prouvent Pitalique du texte et
Imprime par G. B.
les grandes initiales en tete de P epitre et du texte, ainsi que
Pinitiale I de la p. 82.
Reimpr. dans la Collectio quorundam authorum qui sacr&e
translationes

scriptum

damnarunt,

pp.

47

et suite.

?
S*e Genevieve, Res. 4? B. 1018 [Inv. 1434].
Arsenal, 4?
?
?
T. 533.
Bordeaux, 11471.
Poitiers, 3508.
42. Remedes preservatifs et curatifs de la peste, par Oger
Ferrier. Tholose, G. Boudeville, 1548.
In-16.? Du Verdier,
III, 152.
Autre edition :Lyon, Jean de Tournes, 1548, in-16 de 93 pp.
et 1 f. [Bibl. nat., 8? Te30 39].
43. Rimes de PAmour, contenant cent vingt dizains, Chantz
Royaux et autres compositions, imprimis ? Tholoze par Guyon
Boudeville, 1548.
In-16.

Par

Du

Etienne

du Chant

des

Verdier,
Forcadel.

Seraines

III, 496.
C'est,
suppose
dont
il a paru

Brunet,
la meme

une

reimpression
annee
deux
edi

tions ? Paris, Gilles Corrozet, in-12 de 78 ff. [Bibl. nat.. Res.


Ye. 4021] et ? Lyon, Jean de Tournes, in-8 de 120 pp. [Cat.
J. de Rothschild, IV, 2878]. Cette edition toulousaine pourrait
cependant etre Poriginale puisqu'Etienne Forcadel habitait
Toulouse, o? il enseignait le droit. Elle est mal citee sous la
date de 1574 dans le Cat. des foires de Francfort.

1549
44. Anonymus Utopiensis : IIAPAA03A TAMIKA.
Piacard in-fol. imprime par Guyon Boudeville, signale par

09:47:51 AM

256

MEG RET

JACQUES

R. Gadave, Documents sur Vhist. de VUniversite de Toulouse


1910], n? 394. II etait conserve aux
[Bibl. merid., t. XIII,
Archives hospitalieres de Toulouse [H, Liasse 2] qui, apres
aux

versees

ete

avoir

Archives

ont

departementales,

ete

en

a disparu ; il
partie incendiees depuis la guerre. Ce placard
contenait des positions de theses fantaisistes sur lemariage en
droit canonique, terminees par la formule :Disputabantur
Hilaribus proximis quando et quandiu videbitur.
45. Christianae IIPhilosophies Prseludium, || opus cum alio
rum turn ho-||minis substantiam lucu-llientis expromens, & ||
||
exemplis & ra-||tionibus. || Gulielmo Bigotio Laualensi,
Autore.H IfEiusdem, & ad Iesum Christum, Carmen supplex ||
& Antilogica deicatrixqz Epistola, perapte || tarn Prseludio
quam reliquis ipsius ||Christianis scriptis praelegenda. ||Si veri
tatem dico vobis. ||Tolosae. ||Ex Prselo Guidonis Boudeuillsei,
Academies Tolosanae. ||M.D.XXXXVIIII.
\\
Typographi \\
In-fol. de 537 pp., 1 p. n. eh. et 1 f. n. eh., sign. A-I6, k6,
AA-II6,

L-Z6,

kk6,

car.

LL-YY6,

rom.

P. 1, titre ; p. 2, privilege accorde a Guil. Bigot, date de


Toulouse, 27 mars 1549 avant P?ques [1550 n. s.].
P. 3. : G. Bigotij admonitio, suivie de Tepitre de Tauteur au
cardinal Jean du Beilay :Epistola partim Antilogica, partim
dedicatoria, datee de Toulouse, cal. decembribus [Ier dec. 1549].
: Gulielmus

52

P.

Sacco,

Saueracano,

Figulus
actorum

Auenerus...

Tolosani

Domino

Senatus

Antonio

custodi,

datee

de Toulouse, Idib. Decembribus 1549 [13 decembre].


P. 54 : G. Bigotij Laualensis ad Iesum Christum Saluatorem
nostrum, Prsecatio, cum scholijs Gulielmi Figuli Aueneri... [en

vers

latins].

P. 71 : G. Figulus

Reuerendiss...

Toulouse,
P. 83,
la p. 535
P. 536
en marge.

Dom.

lectori,suivi de : G. Bigotij Laualensis

Ioannem

Bellaium...

Prsefatio,

datee

ad
de

7 cal. Ian. [24 decembre 1549].


texte du Prseludium Christianum, terrnine au bas de
par un avis de G. Figulus au lecteur.
: G. Bigotius libro suo, sept distiques latins avec glose

P. 537 : G. Bigotius Lectori, treize distiques latins.


P. finale n. ch. [v? de la p. 537]; blanche.
F.

final

n.

ch. r?, errata

; v? blanc.

Aux pp. 101 et 159, grande initiale S a fond crible portant


les initiales de G. Boudeville, reproduite ci-dessus, p. 210; le
texte est decore de nombr. initiales du grand alphabet.
Bibl.

B.

xvi.

nat.,
52.

Res.

R.

210.

Mazarine,

3836.

Toulouse,

Res.

46. Contra Astrologos & divinatricem Astrologiam, authore


F. Spiritu Rotero. Tolosse, G. Boudeville, 1549 ?

09:47:51 AM

^^^^

Fig, 3. ?

N? 56 (marque 3).

09:47:51 AM

BOUDEVILLE

GUYON

257

?
In-4 ?

Du Verdier,
I, 491 [cite a la suite de la Responsio
ad Epistolam civium novae Babylonis Gebennde scilicet, 1549,
avec

(n? 50 ci-dessous)
ut
supra],

: authore

cette mention

eodem,

impress,

47. DN. ||Remigii ||de Gonni, ||Nauarrsei I. V. Doctor. ||De


Immunitate Ecclesiarum,
|| Personisque ab eas confugienti
aureus,
bus, Tra-||ctatus
Gonsuetudiniqz || quotidianae peru
tilis. ||Ne scribam vanvm, ||due pia virgo manvm. || ?*>?*> || ?*> ||
Ex Prselo Guidonis Boudeuilaei, ||Academiae Tolo
Tolosae, \\
sanae Typographic || 1549. ||
In-fol. de 6 ff. prelim, n. ch. 262 pp. et 1 f. n. eh., sign. A6,
A-16,
F.

car. rom., nombr.


k6, L-Y6,
n. ch. 1 r?, titre ; v? blanc.

F. n. ch. 2 r? : Remigius

salutem.

initales

du

grand

alphabet.

de Gonni, I. V. Doctor Lectori

F. n. ch. 2 v? : Sequuntur Themata, 8p Conclusiones, quas


Epilogi, seu Indicis eorum quas in hoc libello continentur hie
posuimus,

sur 2 col.

index

F. n. ch. 6 r? :L. P. [Lodoicus Phreatinus] Lectori candido.


F. n. ch. 6 v? :Lodoici Phreatini ad G. Boudeuillaeum Typo

graphum,

Carmen.

sunt grata, virisqz,


varijs mihi pr?la modis
:
amor
astern?
Posteritatis
Quos mouet
referunt monumenta,
Turn,
quod Doctorum
iuuantqz,
vt his nulla parte nocere
queat.
Tempus
tua cum nobis diligentia
honores
Qu?
prustet,
Cum

Vnum

tibi promeritos
celsa, neget ?
Quis
sydera
nomine
reddet,
opus hoc tarn te celebratum
Cunctorum
inferior laus fit vt arte pari.
Avt

P.
F.

1, texte.
final n. ch.,

nihil,

avt Caesar.

blanc.

Ste Genevieve, F<> E. 523 [Inv. 401].


48. Gulielmi Bernardi Tolosatis, J. C. de Jurisprudentia

Declamatorius
?
Du
In-4.

libellus.

Verdier,

excud.

Tolosae,
IV,

G.

Boudevillaeus,

1549.

84.

49. Parergi, IIsive Tabellae


|| tres Similitudinum : || qvibus
svis coloribvs ||Haretici, vera Ecclesia, vulgaresqz sacrse ||
Scripturse traductiones describuntur. ||Authore R. P. Inquisi
tore H8e-||retice prauitatis F. Spiritu IIRotero, Ordi. Prae-||
dicatorum. || ^ || 1[ Insta oportune, importune, argue, || ob
secra increpa. 2. Thi. 4. || 1fEx Prselo G. Boudeuillaei Academise
||Tolosane Typographi. M.D.XXXXVUII.
\\
\\
In-4 de 108 ff. n. eh., sign. If4,A-Z4, Aa-Cc4, car. rom.
F. 1 r?, titre ; v? blanc.
F. 2 r? : Index nonnullorum lectu dignorum, quae in hoc
opere latius explicantur,
17

09:47:51 AM

258
F.

JACQUES

3 r?

: Christianissimo,

rum Regi Henrico,

cgelesti

vnctione

consecrato

Franco

sue maiestatis seruus, hereticeqzprauitatis

Insuisitor,
frater Spiritus
F. 5 r?, texte.
F.

MEGRET

Roterus...

r?, errata.

108

Bibl. nat., D 11499 [le dernier f. est blanc]. ? Mazarine,


?
A 12709. ?
Toulouse, Res. D. xvi. 195.
Bordeaux, 35396.
50. Responsio ad Epistolam civium novae Babylonis Gehen
nas scilicet. Authore R. P. F. Spiritu Rotero. Tolosae, Guido
Boudevillaeus, 1549.
?
Cat. Mac-Carthy, 3954
In-4.? Bibl. Colbertina, 5152 (2).
un
recueil].
[dans
51. Sphaera legalis Stephano Forcatulo autore. Eiusdem
autoris versus aliquot. Tholosae, ex praelo Guidonis Boude
villaei, 1549.
In-4 de 30 ff. [59 pp.], sign. A-G4, H2.
Un

ex.,

incomplet

de 4 ff., a appartenu

au Dr

Desbarreaux

Bernard [voir son cat. ms., Suppl. 1864, t. I, p. 370 ;ms. 1019
de la bibl. de Toulouse],
Autre edition :Lyon, Jean de Tournes, 1549, in-4 de 27 pp.
[Bibl. nat., F. 5411 ;Toulouse, Res. C. xvi. 55 W].

1550
52. Gvlielmi ||Marii ||Nanetensis Iur. licent. ||Animaduer
siones in Iuris ||ciuilis interpretes, quibus veri Respon-||sorum,
& legum multarum
|| intellectus explicantur. || ?*>Tolosae.
|| Academiae,
|| Ex of?cina Guid. a Boudeuille Typographi
apud quern vaeneunt
expensis honesti viri loan, de Fleurs, \\
in vico Portarietis. II 1550. ||
In-4

I.

de

90 pp.

et 1 f. n.

eh.,

sign.

A-K4,

L6,

car.

rom.

P. 1, titre ; p. 2, blanche.
P. 3 : Gulielmus Marius, Iuris licent.D. Francisco
V.

doctori

celeberrimo,

&

Gabard.

disertissimo.

Iurisconsultorum

S.,

dedicace datee de Tolosae ex gymnasio nostro diuo Raymondo


sacro. 6. Cal. Febru. Anno 1550 [27 janvier 1550, 1551 n. st.].
P. 7 : Gulielmus Marius Candido Lectori, S., dedicace suivie
de :Petrus Tardiuel Iugoniensis Iuris vtriusque studiosissimus,

de opere

Auctoris

ad Lectorem,

douze

vers

P. 10 :Petrus de Saintcire Dinaniensis


Lectorem, six quatrains latins en ital.
P.

F.

latins

en

ital.

de authore operis Ad

12, texte.
final n. ch., blanc.

Coll. Fernand Pifteau, ? Toulouse.

09:47:51 AM

BOUDEVILLE

GUYON

259

53. Lettres ||de monsieur le Seneschal de ||Tolose, contenans


plusieurs, & ||diuers Edicts, Lettres patentes du Roy, Arrests ||
de la Court souueraine du Parlement de || Tolose, d?nes au
|| Auec
profiit du bien pu-||blique du Pays de Languedoc.
insertion dautres pieces, concernans || les Priuileges diceluy. ||
II
|| Imprime a Tolose, par Guy on Boudeuille Iure de la jj
uille 8f Vniuersite, par mandement 8f permission de ||monsieur
le Seneschal dudit Tolose. ||M.D.L.
||
Pet. in-fol. de 1 f.n. eh., 94 pp. et 1 f.n. eh., le titre encarte
puis
F.

car. rom. et ital.


sign. A-M4,
n. eh. 1 r?, titre
; v? blanc.

P. 1. : lames de sainct Iulien Cheualier, Seigneur dudit lieu,


de Cahors, Conseiller du Roy nostre Sire, Gentilhomme
ordinaire de sa Chambre, son Seneschal de Tolose ?f Albigeois,

tous

ceux

qui

ces presentes

Lettres

uerront,

Salut...

P. 94, ? la fin ; en ital :En foy dequoy, auons fait expedier


cesPresentes, $ icelies collationnees ? leursOriginaux, permis au
Sindic dudit Pays les faire imprimer.Donne ? Tolose, le seiziesme
de Septembre,Mil cinq cents Cinquante.
Au-dessous, signature autographe de M. du Faur, luge Mage.
F.

n.

final

blanc.

ch.,

Abolition de nouveaux offices, residence des senechaux et


viguiers dans leurs senechaussees et vigueries ; les viguiers
sur leurs bene
courte
seront
de robe
des prelats
;*residence
fices ; suppression de la Chambre des Requetes ; retablis
sement des conseillers clercs ; reglement sur la maitrise des
eaux

et

forets,

sur

la

des

reparation

chemins,

ponts

et pas

sages ; sur les greniers ? salpetre ; defense de porter soie sur


soie [contre le luxe des habits] ; arret sur le droit de la
foraine,

etc.,

etc.

Bibl. nat., F 12704.


54. Preparation chrestienne, tres-utile et profitable ? un
chacun, pour bien et deument se confesser, et dignement

recevoir

le saint

ville, 1550.
Pet.

in-8,

sacrement

lettres

rondes.

de

l'autel.

Par

Tholose,

Frangois

Guyon

Boude

Ponisson.

de 1546 [n? 30].


Reimpression de T edition
Cat. Mac-Carthy, I, 771. ? J. Techener, Description bibliogr.
de Iwres choisis..., 1855, t. I, 185.
55. Remigius de Gonni. De immunitate ecclesiarum trac
tatus aureus. Ex prselo G. Boudeuillsai, Tolosae, 1550.
In-fol.?
Edition de 1549 [n? 46] avec un nouveau titre ?
British Museum, 5051. f. 12.

1551
56. Antonii Goveani ||Ivreconsvlti ||de ivrisdictione ||libri II.
Iureconsultum.
|| Aduersus Eguinarium Baronem
|| Ad H

09:47:51 AM

JACQUES MEGRET

260

Petrum Castellanum Episcoporum Matisconensem


|| & ma
|| Tolosse. \\
gnum Galliae Eleemosynarium.
Apud Ioannem
Cum priuilegio Regis. \\
Molinerium, in via Arietinx Portas. \\
M.D.LI.
||
In-4 de 2 ff.prelim, n. ch., 99 pp. et 1 p. n. ch., sign. [*]2,
A-M4,
v?

N2,

car.

ital.

et rom.

F. n. ch. 1 r?, titre portant la marque

de Jean Moulnier

blanc.

F. n. ch. 2 r? :Petro Castellano Episc. Matisconensi


regis

christianiss.

Eleemosynario

magno

menses

Lector,

Ant.

etHenrici

Goveanus,

epitre

datee de Cahors, non. Febr. 1550 [5 fevrier 1550,1551 n. s.].


F. n. ch. 2 v? : Typographus lectori.
sex

Totos

ante

amice,

doctissimus

quam

vir

Eguinarius Baro fato concederet, traditum mihi fuerat istius


apographum libelli. Quod cum ab omnibus requiri studiosus
intelligerem, nolebam certe committere, vt fcedis illis &
sinuosis,
& magna

malum

venustiores

adhuc

quibus
cum

vsi

sumus,
iactura,

temporis

characteribus

turn

excuderetur:
comune

etiam

opera?,

tantisper sustinuimus, dum elegantiores isti pauloqz


&

scalpuntur,

adferuntur

nos

ad

post

longo

interuallo. Hie porro officina chartaria nulla est, nullus


papyroprates qui nobis solidas ac puras chartas suppeditet.
Emporeticae magis sunt quibus vulg? utimur, & aut bibulae
aut

quae

characteres

facile

transmittant.

Haec

te,

Lector,

scire

volumus,

authori

ne

sus

itaque

Papyrus

cipiendis typis hisce conueniens nobis aliunde petenda


ascribas

fuit.
huius

libelli seram editionem aut ver? cum laruis eum luctari (quod
aiunt) putes, qui non nisi lacessitus scripsit, & opuss criptum,

vixque

mox

ade?

quoddam

nec

recognitum

per

se,

precibus

amicorum

victus

Baronis

obitum

tradidit, quod tot? esse possit velut


^e?tao-fjta.Ex quibus (opinor) intelligis, nec per me,

excudendum
eum

stetisse,

quominus

multo

ante

liber in lucem prodierit. Vale.


P. 1, texte suivi, p. 99, de P errata.
P. finale n. ch. [v? de la p. 99] : Gvido || [Marque 3] ||Bov
devill&vs || exevdebat Tolosse ||Anno M.D.LI.
Mense Decem
\\
\\
bri. ||, reproduite fig. 3.
Bibl. nat., F. 5918 <2) et Fz. 1362.? Toulouse, Res. C. xvi.
59 (i).
56 bis.?
Tolosse. \\
Apud Ioannem Perrin. in via Arietinse
Port&s. ||Cum privilegio Regis. ||M.D.LI.
||
In-4.? Meme edition que ci-dessus [n? 56] mais a Padresse
de Jean Perrin, de qui le titre porte lamarque. ? Voir le n? 62.
Bordeaux, 10197.
57. Bernardi Podii Lucensis Odae III. prima Cygnus, in
laudem Tholosae ; secunda ad Petrum Ronsardum ; tertia

09:47:51 AM

GUYON

Venus

ad

Michaelem

Petr.

BOUDEVILLE

Mauleon

261
Durbanum

Excus. Tholosse apud Guid. Boudevillseum, 1551.


?
?
In-8.

Luc.

Du

Verdier,

I, 228.

Par

Bernard

senatorem.
du Poey

de

58. De
II collegio Auscitano
|| Bernardi Podij Lucensis
Carmen ad || Posteritatem. || Eiusdem aliquot epigrammata.
IITolosse IIEx officinaGuidonis Boudeuillsei ||Academise Typo
graphy II 1551. II

Portrait de Bernard du Poey de Luc

[n? 58]

In-8 de 36 ff.n. eh., sign, a-i4, car. ital., quelques passages


en grec.
1 r?, titre.

et mots
F.

09:47:51 AM

262

JACQUES

MEGRET

F. 1 v? :Ad Petrvm Fabrvm Archidiaconum apud Auscos


Ber. Podius, distique suivi de :Bernardinus Daza Hispanus,
iuris studiosus, ad Podium, sept vers latins suivis de ; xov avxov
et;. to(ji aux6[jL.,

F. 2 r?
suivis de

latin.

quatrain

grec.

:Muretus, 14 vers latins de Marc-Ant. de Muret,


: De Podio Octostichon Lochiani Vssellici, huitain

F. 2 v? :Rodolphus Condomius, cinq distiques latins suivis


de :Ad librumBer. Podii Iacobi Bottxi E pi gramma, cinq dis
tiques.

F. 3 r? : Viro clarissimo Bernardo Podio Petrus Amorosius


Auscitanus, dedicace en prose latine suivie de :Ad Auscitanam
iuuentutem I. Vermeliani Vss. Octostichon, quatre distiques
suivis de : Idem ad Podium, trois distiques.
F. 4 r? : Posteritati Bernardus Podius Lucen., texte du De
Collegio Auscitano Carmen, suivi au f. 8 v? d'un distique :
Iacobus Bottasus ad Podium.
F. 9 r? : Deturdo Lacerato Fontani Gymnasiarchae apud
Auscos, suivi d'un distique: Quintinus Ligeotus Charliensis de

Ber.

Podio.

F. 10 r? :De fonte nuper reperto in quodam agro suburbano


apud Auscos inAquitania.
F. 12 v? :Eiusdem Ber. Podii Epigrammata aliquot.
Noms des destinataires ou noms cites : Bernardino Daza ;

Frangois

de

Tournon,

archeveque

d'Auch

; Marguerite

de

Navarre ; Jeanne de Navarre ;Henri de Navarre ;Antoine de


Valois ; le seigneur de Termes ; le president Pierre du Faur ;
Blaise Oial [ou Oyaly, jurisconsulte d'Auch] ; Jules Cesar
Scaliger ; Gerard Roussel, eveque d'Oloron ; Jean Olier, de
Lectoure ; Petrus Malhocius, abbas Latae Sylviae [Pierre II
de Maillos, abbe de Sauvelade, en Beam] ; Jean de Capiteville
[ou Capdeville], official de Lectoure ; Jean de Marca, de Pau ;
Gulielmus Vinaea [Guillaume Vignes, juge-mage de Pau] ;
Petrus Cornelius judi. [Pierre de Corneilh, de Lectoure ?] ;
Mathieu Pac ; Blaise Quinhard, premier juge de Lectoure ;
Jean Verdier, de Foix, juge ? Lectoure ;Adamus Malhipilhus,
medicus Castanhonus [Adam Malipilh, medecin de Castoing,
en Beam ?] ;Laurentius Borsis ;Bernardus Scuranus [Esguran
ou Escuraing, de Lectoure ?] ;Guillaume Perrier, jurisconsulte
a Lectoure ; Jean Olier ; Bernardus Pautricus ; Joseph Cas
tanet ;Barth. Fraxinus [Barthelemy du Fresne,de Lectoure ?] ;
Gabrielis Burgum [Du Bourg ?] iuriscons. ; Guillaume Gobert,
?
?
bibliopola, cum vellet edere Deplorationem Burdig.
[libraire
de Nerac]
; Gavaro
[Gavare, nom d'une famille de Lec
toure ?] ; Mathieu Labat
[de Lectoure] ; Pierre Tausin ;
Antoine du Sanhet; Bernardus Casaucalius ; Sans. Lacu
melus ; Cacopoetae Bastieris (?) ; de poetis de Tolosa cum

09:47:51 AM

GUYON

BOUDEVILLE

263

ludis fioralibus Boyr. [Helie Boyresse] Burdigalen. donatus


est viola [en 1549 ?] ; Dominicus Podianus [du Puy, ou du
Poey] iuris studiosis apud Gymontanos [Gimont] ; Cenac,
avocat a Lectoure [suivie de la reponse de Cenac ? du Poey];
sur George Buchanan ;Etienne Forcadel ; Franciscus Bonadus
Augeria, de opere suo cui titulus Paulus [Francois Bonade,
theologien de S* Jean d'Angely, auteur d'une paraphrase en
vers orphiques des Epitres de S* Paul, 1537] ; sur la tra
gedie de Jules Cesar de M.-A. de Muret ; Santius Pena ;
de Petro Bonacassa
adolesc. Ausci
fils
[Pierre Bonacasse,
d'un professeur du college d'Auch] ; Joachim Perion ; sur
sur Pierre Ramus et
Pierre Paschal et Frangois Revergat;
Omer Talon ; Jacques de Foix, eveque de Lescar ; Pierre de
S11Aignan ; Carolus Pontanus Lucen. [Charles Dupont, de
Luc] ; Bertr. Carbonellus Salanus
[Carbonnel, de Sailhan
(Htes-Pyr.) ?] protonot. ; Ponthus Carbonellus Salanus [Pons
Carbonnel, de Sailhan ?] ; Jean Percin, de Lectoure ;Martin
Perere, de Pau ; Raymond Colomb, de Luc ; Franc. Mon
et Dyonisus
Lucen.
guilotus Angusturianus
Artigalius
[Francois Montguillot, d'Angoust (B.-Pyr.) et Denis Artigailh,
de Luc ?] ; Francois Arnauld, de Fleurance ; Fra. Petrus
Yrissoneus [le f. Pierre Herisson ?].
F. 31 r? . Epitaphia
[de Tristan Monnenhus
(Tristan de
Moneins, gouverneur de Bordeaux, t 1548) ; Marguerite de
Valois (suivie d'une piece en francais :De eilemesme, dizain) ;
Francois de Valois ; Jeanne a Costa (de Coste ?) matris et
Jeannae sororis ; Luca Urdesius Germanse Rossignoli uxori sic
posuit (Lucas d'Urdes (B.-Pyr.) ou d'Urdens pres Fleurance ?) ;
Andre de Gouvea ;Briand Vallee, de Bordeaux ;Claude Budin ;
Louis Puteanus Allobrogis (Louis Dupuy, professeur au college
d'Auch) ; Podius med. Burdigal. [Du Puy, ou Du Poey, mede
cin de Bordeaux) ;Cenac, avocat de Lectoure ; Jacques Tusa
nus (Toussaint, f 1547, professeur de grec au college royal) ;
Joannes Regius Laudun. (Jean Le Roy, de Laon, professeur
au college d'Auch) ; Arnaud de Foix, abbe de Lue ; Pierre
Durban de Mauleon ; Pierre Fontaugier]. A la fin, la devise :
Libera me a labijs iniquis.
F. 35 v?, portrait de B. du Poey de Luc, grave par Guiraud
Agret et reproduit p. 261.
F. 36 r? : Gulielmus Perrierius Tolosse lectori, de Podio, six
distiques latins signes de sa devise : Redime me a calumnijs
hominum.

F. 36 v?, blanc.
?
Soc. archeol. du Gers, ? Auch [ex.
Mazarine, 21629.
L. Couture, inc. des ff. 35 et 36].
Sur ce recueil, voir P. Benetrix,
Les origines du college
?
La plupart des
d'Auch, 1907, in-8, pp. 118-125 et 184-197.

09:47:51 AM

JACQUES MEGRET

264

noms des amis lectourois de B. du Poey,


college de Lectoure avant d'enseigner ?
dans les Archives de la ville de Lectoure,
P. Druilhet
[Arch. hist, de la Gascogne,

qui fut professeur au


Auch, se retrouvent
doc. ined. publ. par
t. IX, 1885].
59. Las Instituciones imperiales (o Principio del Derecho
civil) dirigidas al Principe Don Philippe nuestro senor. Tradu
zidas por Bern. Doza Legista. Tolosa de Francia, Guion Boda
vila, 1551.
In-8.
Bernardino

Daza,

traducteur

des

espagnol

Institutiones

imperiales de Justinien, etait ami de B. du Poey de Luc [voir


le n? precedent], II traduisit en 1549 les Emblemes d'Alciat
en espagnol [Lyon, G. Roville, 1549, in-8 ; Baudrier,
IX,
p. 167].
?
British Museum, 1376. a. 12.
Cat. Gabriel Peignot, 1852,
n? 602.
60. Odes
ronne,

auec

||Du Gaue, Fleuue en Beam.

les

|| tristes

chans

IIDu Fleuue de Ga

a sa Caranite.

||Par

Bernard

du

||A Tolose. ||Par Guyon Boudeuille,


Poey de Luc en Beam.
iure de la ville || <^ Vniversite oVicelle. 1551. ||
In-8

de

56 pp.

car.

sign. A-G4,

rom.

et ital.

P. 1, titre, portant la marque de Jean Moulnier acc. de la


devise : Ov vertv gvide honnevr svit, reproduit ci-contre.
P. 2 :A tresillustre Prince etPrincesse Antoine de Bourbon
Due de Vandosme # Madame Ianne de Nauarre ses Souuerains
Seigneurs,

sonnet.

P. 3 :Ode dv Gave Fleuue en Beam...,


signee, p. 19, de la
devise de l'auteur : Iusques ? quand ?
P. 20 :P. dv Cedre Tolosain ? VAuteur de VOde de Garonne,
sonnet.

P. 21 :A Monseigneur Iaques du Faur President oVEnquestes


a Paris 6f Abbe de la Case Dieu, ? son retour de Paris, sonnet
signe Iusques ? quand ?
P. 22 : Ode de Garonne..., suivie, p. 33, d'un sonnet :A sa

Caranite.

P. 34, a la suite du sonnet ci-dessus :Triste Chant ? Caranite


contre les mesdisans, suivi, p. 44, d'un huitain A Monsieur de
la Roche Medecin.
P. 45, ? la suite du huitain ci-dessus : Ode ? Geravd, de
Jean de Lauzerte, suivie, p. 47, de :Pierre Le Comte Tolosain
disciple de Vauteur, a Caranite, et, p. 48 :Ode a sa Caranite.
P. 50, ? la suite : seconde Ode ? sa Caranite, signee, p. 56 :
Iusques ? quand?
?
Arsenal, 8? B. L. 11581 [cat. La Valliere-Nyon, 16202].

Un

autre

ex.,

incomplet

du

titre,

univ. de bibliogr. de L. Techener,

figure

dans

le

1869, I, 1549.

Repertoire

09:47:51 AM

GUYON

265

BOUDEVILLE

ODES
Du C^aue^Fleme en2?eam*
ante Its
TDmFUum de
Cjaronne,

<J T0L0S8.
Pa?GtiyonTtoudemllejure
de la <vllU
t^niuerfiteductile. 155-1.
N?

60.

09:47:51 AM

JACQUES MEGRET

266

1552
61. Antigraphon artis Rhetorices in tres partes distribu
tion, quibus universa bene dicendi institutio summa methodo
comprehenditur. Tolosas apud Guidon. Boudeville, 1552.
?
Par Durand Gessain
In-4.?
Du Verdier,
IV, 59-60.
[Gessanus],
62. Antonii Goveani || Ivreconsvlti ||de ivrisdictione ||libri II.
|| Aduersus Eguinarium Baronem Iureconsultum. ||Ad ||Pe
trum Castellanum Episcoporum Matisconensem
|| & magnum
Galliae Eleemosynarium.
||Tolosas. ||Apud Ioannem de Fleurs
Cum priuilegio Regis. \\
in via Arietinae Portas. \\
M.D.LI
I. ||
In-4 de 2 ff. prelim, n. eh., 99 pp. et 1 p. n. ch., sign. [*]2,
N2,

A-M4,

car.

ital.

et rom.

Sur le titre,marque de Jehan de Fleurs, copie de celle du


libraire lyonnais Barthelemy Honorat, accompagnee de la
devise Paulatim.
Meme edition que celle de decembre 1551, imprimee pour
Jean Moulnier et Jean Perrin [nos 56 et 56 bis], mais dans ce
tirage la p. finale porte : Gvido || [Marque 3] ||Bovdevillasvs \\
Anno
excvdebat Tolosas \\
M.D.LII.
||Mense lanuario.
\\
\\
Bibl. nat., F. 5414.
63. Canones, || sev regvlae || ecclesiastical Concilij || prouin
cialis Nar-||bonensis.
|| ?*> || If Impressum Tolosas per Guido
nem \\
Boudeuillasum. M. D.LII.
\\
In-4
rom.

de

77 pp.,

et ital.

1 p. n.

ch.

et 1 f. n.

eh.,

sign. A-14,

k4,

car.

P. 1, titre portant la marque 3 ; p. 2, blanche.


P. 3, titre complet, en ital., occupant toute la page.
P. 4 :Canones concilii domini Alexandri Zerbinatis Archiepis
copatus

Narbonensis

vicarii

ad

consortes

suos,

christianosque

omnes, Praefatio [suivie du texte].


P. finale n. ch. [v? de la p. 77], errata.
F. final n. ch., r? blanc ; v?, marque 3.
? Nar
Bibl. nat., B. 2293. ?
Toulouse, Res. D. xvi. 197.
bonne, 8534.
? Le concile de Narbonne commenca le 10 decembre 1551
et finitdix jours apres. Aucun eveque n'y assista en personne ;
il fut preside par A. Zerbinatis, professeur en droit et proto
notaire apostolique, grand vicaire du cardinal Pisani, arche
veque de Narbonne. Le concile fit 66 canons dont la plupart
regardent le retablissement de la discipline ecclesiastique. Le
nou
premier, intitule De la foi catholique, fut dresse contre les
veaux heretiques, et le Concile approuva les articles de doc

09:47:51 AM

GUYON

BO U DE VILLE

267

trine donnes par la Faculte de theologie de Paris le 10mars 1552.


II est defendu par le 46e canon de celebrer dans les eglises les
fetes des fous et des enfants de chceur, qui etaient des spec
tacles tout ? fait profanes. Par le 47e, on defend de tenir des
bals dans les eglises et dans les cimetieres, d'y faire des danses
et des assemblies ; lememe canon defend aux cures d'inviter
a Pavenir leurs paroissiens aux festins qu'on appelle de Fructu
et de permettre de chanter Memento, Domine, David, sans
?
[Devic et Vaissete, Hist
truffe,et ?utres choses ridicules.
de
generale
Languedoc, XI, 296.]
causarum patroni Aetatvm
64. Christophori Avtvmni
conditionis

humanae

commentarius.

Ad

ornatissimum

virum

P. Redovn, Agenensis praesidis provincial vicarium. Tolosae,


ex of?cina Guidonis Boudevillaei Academic Tolosanae tipogra
phi, 1552.
?
Cat. J. Ch. Brunet,
In 4. ?
Du Verdier,
I,
IV, 44.
713 [dans un recueil ayant appartenu ? Bernard de la Mon
noye].

a la
Christophe Automne appartenait tres probablement
famille du juriste agenais Bernard Automne [J. Andrieu,
Bibl. generale de VAgenais, I, 32-34].
65. De certis recte || interpretandi praeceptis, & ||vero qua
rundam propositionum sensu, apo ||logica Ioannis Mansen
calli Proto-Hpraesidis Tolosani declaratio. || Tolosae. IIEx offi
cina Guidonis Boudeuillsei, impensis \\
honestissimi viri Ioannis
Moulnier. || In Portariete. || 1552. ||
In-4 de 37 pp., 1 p. n. eh. et 1 f. n. eh., sign. A-E4, car. ital.
et rom.

P. 1, titre portant lamarque de Jean Moulnier ;p. 2, blanche.


P. 3, texte, debutant par une grande initiale H ? fond

crible.

P. 37, en grosses lettres rondes :Apologise huius exemplar ||


hsereticseprauitatis Inquisitor es,
moribus ? doctrina insignes \\
<? sacrse Theologise IIprofessores non pauci cum || perlegissent,
|| $ ||
propria sin-\\gulorumsubscri-\\ptionecom-\\proba-\\runt.
P. finale n. ch. [\? de la p. 37] : Gvido || [Marque 3] ||Bov
Mense
M.D.LII.
Anno \\
devillaevs \\exwdebat Tolosae \\
\\
Maio.
||
F.

final

n.

ch.,

blanc.

? Bibl.
Ste Genevieve, 4? L. 7134 [Inv. 892].
Colbertina,
5767 (2).
Par Jean deMansencal, premier president au Parlement de
Toulouse. ?
Sur les circonstances de la publication de cette
II, 457-458.
apologie, voir Du Verdier,
66. De par le Roy, || & mandement des Messieurs les luge
mage & Capitouls de ||Tolose, ensuiuant les inionetions a eux

09:47:51 AM

JACQUES MEGRET

268

faites par || la Court souueraine de Parlement. || II est fait


inhibition & defence ? tous Escoliers || estans de present en
la ville de Tolose, & autres ? laduenir, venans pour estudier
en || Luniuersite dudit Tolose, de ne porter Dagues, Espees,
ou autre harnois de iour ny ||de nuict en ladite ville ou Faux
bourgs dicelle : ... || IfFait au Concistoire de la Maison de la
Ville le second iour de Septembre, Mil cinq cens cinquante
deux. || ... ||Du mandement de messieurs les Capitouls. ||
Placard in-fol. [333 X 222 mill.], car. rom., grande initiale I
avec

arabesques

au

trait.

Imprime par Guyon Boudeville ; l'initiale I se retrouve


notamment dans le Christianas philosophic Prasludium de
Guill. Bigot, 1549 [n? 45 ci-dessus].
des Capitouls
interdisant aux ecoliers de
Ordonnance
des

porter
mentant

aux
armes,
les vetements

armuriers

des

ecoliers.

de

leur

en vendre

et

regle

Toulouse, Arch, du Donjon, Placards gr. format, t. II, f. 77.


67. Dialogue sur les fondemens de la Grammaire, entre le
maitre & le disciple. Imprime d Tolose par Guyon Boudeville,
1552.
? La Croix du
?
Du Verdier,
In-16.
II,
Maine,
I, 420.
228.
Par Jacques Jussy, de Villiers en Partois. ? L'auteur dudit
livre florissoit en la ville d'Avignon Tan 1549. ? [L. C d. M.]

68. Ex libro || lectionum iuris variarum ||Antonij Goueani ||


Ivreconsvlti. ||Ad 1. earn quam. C. de fideicommiss. Cod. ||
Ad 1.precibus. C. de impub. & alijs sub. ||Ad ?. Cato. 1. eadem
Dig. de verb, oblig. ||Ad ?. nihil commune. 1.naturaliter Dig.
de acquir. vel. amit. poss. ||Tolosas. ||Apud Ioannem de Fleurs,
I. ||
Cum privilegio Regis. M.D.LI
in via Arietinas Portas. \\
\\
In-4 de 26 pp. et 1 f. n. eh., sign. A4, B4, C2, D4, car. rom.
et

ital.

P.

blanche.

1, titre, portant la marque

de Jean de Fleurs ; p. 2,

texte.

P.

3,

F.

final

F. final n. ch., r? : Gvido || [Marque 3] ||Bovdevillasvs || excv


Ianuario. || [1553 n.s.].
dehat Tolosas ||anno M.D.LII.
Mense
\\
||
n.

ch. v?,

blanc.

Bibl. nationale, E. 2239(7).


68 bis.?
Tolosas. ||Apud Ioannem Perrin in via Arietinas
Portas. IICum privilegio Regis. ||M.D.LII.
\\
In-4.? Meme edition que ci-dessus [n? 68], mais ? Tadresse
de Jean Perrin, de qui le titre porte la marque.
10197 <2).
Bordeaux,
69. ?Enry par la grace de Dieu Roy de France, ? noz ames
& II feaux Conseillers, Maistres Pierre du Faur Cheualier &

09:47:51 AM

GUYON BOUDEVILLE

269

Francois Bertrand Presidens. lean de Bagis || C?seiller en


nostre Court de Parlement de Tolose, & Michel du Faur luge
mage en nostre Seneschau ||cee dudit Tolose, Salut et dilec
tion. Comme ? loccasion des grands amas & leuee des Gens
de guerre ||quil nous a c?uenu faire... [1.59]: Donne ? Chaalons
le vingt cinquiesme iour Dauril Lan de ||grace Mil cinq cents
cinquante deux apres Pasques, & de nostre regne le sixiesme.
Ainsi signe, Par le Roy en son conseil estably a || Chaalons.
Burgensis. Et seellees du grand Seel soubz simple queue de
cire iaune. IIImprime ? Tolose du mandement de messieurs les
Vniuer
Capitouls, par Guy on Boudeuille iure de ladite ville
site dicelle. \\
Placard in-fol. [364 X 260 mill.] car. rom., suscription en
ital., grande initiale H ? fond crible en tete.
Emprunt de guerre de 120.000 livres garanti sur le tresor
royal par la vente de biens royaux.
Toulouse, Arch, du Donjon, Placards gr. format, t. II,
fl. 20 et 105 [2 ex.].
70.

loan.

Taulani,

Enarrationes

Tolosatis,

Rhetoricae.

Tolosae, apud Guid. Boudevil., 1552.


?
Du Verdier,
In-4.
IV, 143.
71. Le Mirouer de Jesus-Christ crucifie, compose par feu
tres-illustre princesse Marguerite de Valois, reine de Navarre.
Tolose, par Guyon Boudeville, jure de VUniversite, 1552.
Pet.

in-4.

C'est Tun des derniers poemes de Marguerite de Navarre,


qui

le composa

en

a Pau,

1549,

peu

sa mort.

avant

II occupe,

sous le titre de Miroir de la Croix, les ff.91-115 du fameuxms.


fr.24298 de la Bibl. nat., en partie publie par M. Abel Lefranc
en 1896. II en existe, sous le titre de Mirouer de J. C. crucifie,
un autre ms. qui appartint a Monmerque et dans lequel le
texte

est

accompagne

de

trois

sonnets

et

d'une

epitaphe

de

J. de Morel sur la mort de Marguerite. Enfin, ce texte a ete


publie en 1556 par le F. Pierre Olivier, docteur en theologei
et M. Pierre Jourda [Tableau chronol. des publ. de Morgue
rite de Navarre, dans Revue du XVIe
s., 1925, pp. 233-234]
en donne la description suivante :
?VArt et usage du souverainMirouer du Chrestien.
Compose
par exceilentePrincesse Madame Marguerite de France, Royne
de Navarre. Avec privilege. A Paris, par Guillaume le Noir,
1556, in-8 de 32 et 62 pp. [Arsenal, B. L. 8136].
L'extrait du privilege [f. 1 v?] n'est pas date. Au f. 2 com
mence une longue dedicace du frere P. Olivier ? Marguerite
de France, duchesse de Berry. Marguerite de Navarre, y est-il
dit, s'est appliquee ? developper les graces par eile regues de
Dieu et ceci iusques au dernier souspir de sa mort. Plus lamort

09:47:51 AM

270

MEGRET

JACQUES

approchait, plus la Reine invitait chacun de retorner? soy, se


mir er,$ congnoistre ses imperfections.Avec S* Paul eile nous
engage ? contempler Jesus crucifie ; il doit etre notre mirouer.
Dans ce dessin, eile a done compose ce poeme mais ? peine en
estoient tirees les dernieres lignes que son iour et heure derniere
est survenue...
imperfaict,

qui
incorrect

este

la cause

est demoure
que ledict ceuvre
voire et en danger
oVestre egare...

et impoli,

Dieu, toutefois, a permis que ce livre fut communique au frere


par lesmains royalles de ladicte princesse peu de jours avant sa
mort. II n'a voulu garder pareil tresor. II le communique done
a la duchesse de Berry comme ? la vraye heritiere de ladicte feue
Royne. II ajoute, croyant que le livre sera utile, qu'avant de
le lui presenter, il a entrepris et presume iceluy parfaire,
corriger, polir et limer.
F. 5. v? :Epistre contenant Vargument du present traicte [du
f.Olivier].
F. 8 r? :Proeme par Vinvocation de Vesprit de Iesuchrist cru
clermirouer,
cifie$ advoue du Chrestien pour vray exemple
avec deploration des peines $ passions souffertes ; ensemble une
confession perpetuele du peche cause ?f occasion d'icelles :
Seigneur

Iesus

ie dois

qui

advouer...

Suit leMiroir,

divise par Olivier en chapitres, avec Vargu

Au

au
e'est
lui qui a prepose
que
ajoute
est termine
Le vol.
par un opuscule

ment

et sommaire

des

f. 7, Olivier
le titre convenable.

choses

contenues.

poeme
d'Oli

vier : Le Miroir du Chrestien etmoyen de congnoistreDieu


soi mesme [privilege du 19 octobre 1554]. ?
Cette

toulousaine

edition

est done

anterieure

de

quatre

et

ans

? la publication du f. Olivier. Elle a ete signalee pour la pre


miere fois par lemarquis de Castellane
[op. cit., Suppl. de
1843, p. 3] puis par le Dr Desbarreaux-Bernard
[Guyon
Boudeville, n? 45] qui n'a fait que recopier la courte mention
Bien

precedente.

que

cette

reference

soit

assez

suspecte,

la

description relativement precise que nous avons reproduite ?

notre
cieux

tour

d'amrmer
l'existence
de ce pre
permet
meme
ce Mirouer
Peut-etre
offre-t-il un texte

ci-dessus

volume.

plus proche de celui du ms. orig. que celui de 1556, que le


f. Olivier a cru bon de remanier ? Dej? le seul libelle du titre
prouve que Tediteur de 1556 a ete etranger a cette edition et
Bernard du Poey de Luc, jeune poete bearnais sujet du roi de
Navarre,

n'aurait-il

point

servi

d'intermediaire

entre

Pentou

rage de la reine et Guyon Boudeville pour cette publication ?


Son Ode du Gave, parue l'annee precedente [n? 59] est dediee ?
Antoine de Bourbon et ? Jeanne de Navarre, gendre et fille
de Marguerite. Deux epitaphes de la Reine accompagnent,
dans les pieces latines qui suivent le De collegio Auscitano
Carmen [n? 57], des epigrammes qu'il lui avait adressees ainsi

09:47:51 AM

GUYON

BOUDEVILLE

271

qu'a sa fille, a Henri de Navarre et a Antoine de Valois. II a


chante six fois Marguerite de Valois, ecrit-il ? Jules-Cesar
Scaliger un peu plus loin ; il est alle a Nerac, rappelle-t-il ?
Guillaume Gobert, imprimeur lyonnais assez nomade, qui
introduisit en 1549 rimprimerie dans cette ville. Enfin, son
a la

attachement
encore

ces

par

cour

de Navarre
en diverses

poesies

n'est-il

pas mieux
prouve
ecrites
? l'occasion

langues

de la naissance du futurHenri IV et publiees ? Toulouse par


I, 228] ?
Jacques Colomies en 1554, in-8 [Du Verdier,
72. L'Eridographie
|| contenant || la Decsripti? de Proces H
Qui le nourrit, & que fault il || auoir pour Peuiter. || Par
Antoine Noguier Tolosain. ||
|| Imprime ? Tolose par Guyon
aux
iure
de
ladite
Ville
||
<$fVniuersite oVicelle, \\
Boudeuille,
despends de Henry Dugua, || habitant dudit Tolose. ||Auec Pri
\\
1.1|
uilege du Roy pour six Ans. M.D.LI
Pet. in-4 de 122 pp. et 1 f.n. eh., sign.A-O4, P6, car. ital.
P. 1, titre ; p. 2, blanche.
P. 3 : A son livre, suivi, p. 4, de :Clio aux gens de court,
signe de la devise de l'auteur :Ne tropne peu.
P. 5 : Antoine Noguier Tolosain a son amy Henry Dugua
aussi Tolosain, Ode, suivie, p. 11, de : Le livre au Lecteur,
sonnet

signe Ne

trop

ne peu.

P. 12 :A Monseigneur Monsieur Maistre Estienne Poytier,


Maistre des Requestes du Roy nostre Sire
Seigneur de la
Terrasse, Antoine Noguier, $ Henry Dugua Tolosains, Salut
[en vers], signe de lameme devise.
P. 20 : Le premier livre de VEridographie, contenant qu'est
ce que Proces.
P. 39 : Le

second

contenant

livre...

qui

nourrit

les Proces.

P. 73 :Le tiers livre... contenant que fault il auoir pour euiter

Proces.

P. 121 :A Monseigneur Monsieur Maistre Michel du Faur


luge Mage de Tolose, dizain signeNe tropne peu.
P. 122 :A VEnuie, dizain signe de la meme devise.
F.

final

Bibl.

n. ch. r? :Les

nat.,

Res.

Desbarreaux-Bernard,

m.

Fautes

Ye

66.

titre

; v? blanc.

Toulouse,
?

refait].

Res.
Bull.

D.

xvi.

Morgand,

[ex.
nouv.

serie, 9, n? 444 et nouv. serie, 16, n? 1898 [ex. Desbarreaux

Bernard],

73. Ordonnance || du Roy nostre Sire, sur || le fait, percep


tion, & administration des || droits de Traiteforaine, Resue,
sur les marchandises entrans & II sortans
& Haut-||passage,
hors le Royaume de France, es || pays, villes, & frontieres de
Langnedoc [sic], || & autres lieux circonuoisins. || Publiee en
la Court de Parlement ? Tolose le second || iour de Iuing Mil
cinq cents LII. ||A Tolose, ||Par Guion Boudeuille, Imprimeur

09:47:51 AM

JACQUES MEGRET

272

iure de ladite ville^ Vniuersite \\


d'icelle :Du commandement de
messieurs les Commissaires \\en ceste partie. Auec Priuilege
\\
pour deux Ans. ||M.D.LII.
in-4 de 20 ff. n.

Pet.
F.

1 r?, titre,

portant

car. rom.
eh., sign. A-E4,
de France.
les armes

et ital.

F. 1 v?, privilege aecorde ? G. Boudeville le 28 novembre


1552 pour deux ans. II y est dit notamment: ? ...Et que maistre
Baltasar Chapart poursuiuant Texecution desdits Edicts a eu
dit auoir fait diligences faire imprimer lesdites Ordonnances :
& a ces fins requis les Imprimeurs de ceste ville de Tolose,
qui ont este refusans [sans permission & pavement]. A ceste
cause, ensuiuant le pouuoir ? nous donne par le Roy nostredit
Seigneur, par ses Lettres patentes, ? ce que lesdits Officiers,
Marchands & autres, ne puissent pretendre ignorance de
Tobseruation desdites Ordonnances, Avons permis & permet?s
a Guion Boudeuille, maistre Imprimeur de Tolose, imprimer
lesdites Ordonnances, d'impression correcte & bonne lettre,
iusques au n?bre de Cinquante, desquelles sera paye modere
ment & ainsi que par nous sera ordonne Et ? ce faire,pr?mpte
ment sera c?traint ledit Boudeuille
Imprimeur, par toutes
voyes
est...

& manieres,

voire

par

arrestation

de personne

si besoing

F. 2 r?, texte [ordonnance de Paris, 14 novembre 1551,


enregistree au Parlement de Toulouse le 2 juin 1552].
F. 20, blanc.
Tirage ? 50 exemplaires.
Bibl. nat., F. 13418.?
Toulouse, Res. D. xvi. 201 [ex. de
Sebastien de Noailhes, procureur general du Roy en lamais
trize des ports et passaiges],
74. Praeconium ac Defensio Quadragesimae, cui, pluribus
requirentibus, adjunetus est Sermo de ratione institutionis
divinissimi Eucharistie Sacramenti, Autore F. Spiritu Rotero,
&c. Tolosas, apud Guid. Boudeville, 1552.
In-4.

Du

Verdier,

I, 491.

75. Rhetoricae Forensis Enchiridium, in gratiam Aduoca


torum Tolos. Authore Hyeronymo Rupeo Navarrensi D. Me
dice Tolosas, ex of?cina Guid. Boudevillasi Acad. Tolosano
typographi, 1552.
? Dr Desbarreaux
In-4.? Du Verdier,
IV, 99 [sans date].
:
cette
43
reference
titre communique].
Bernard,
[avec
76. Statuts et Ordonnances de la noble confrairie dediee a
Thonneur de Jesus-Christ et de Madame Sainte Anne, fondee
du Taur, a Tholose,
d'anciennete en Teglise Notre-Dame
rediges par ordres, titres et chapitres. Tholose, G. Boudeville,
1552.
In-4.

Du

Verdier,

I, 432.

09:47:51 AM

Fig.

4. ?

N? 84 (marque 4).

09:47:51 AM

GUYON BOUDEVILLE

273

1553
77. Devis poictevin dicte ? Tholose aux jeux Floraux, 1553.
L'affutiman de Pelhot, invention Barotine, avec le Blason du
glaive de Saint Pelhot, qui coupa Toreille a Malchus : avec le
Blason de la Verole. Imprime ? Tholose, par Guyon Boudeville.
?
Du Verdier,
Brunet,
II, 661 [qui donne le for
I, 474.
mat in-8 sans avoir cependant vu le livre, qu'il cite d'apres
?
Du Verdier].
Imprime en 1553 ?
L'auteur de ce Devis est certainement Jehan de Barot,
baron de Taye Peilhot, limousin, qui obtint le Souci aux Jeux
et J. Anglade,
Floraux de 1554. [F. de Gelis
op. cit., I,
132-134.]
78.
Edict du Roy sur IIla creation des Officiers establis
sur le Recou-llurement de ses droits d' Imposition foraine,
:Et sur le IIreigle
Res-llue, ou Domaine forain,& Hautpassage
ment du nombre desdits Officiers,& de IItaxe de leurs salaires. ||
Auec la forme de leuer & payer lesdits droits pour || chacune
Marchandise, appreciee ? la mesure & || au pois de Paris. ||
A Tolose. || Par Guion Boudeuille, Imprimeur iure de ladite
vil\\le8f Vniuersite oVicelle :Du comm?dement de ||messieurs
les C?missaires en ceste partie. ||Auec priuilege pour deux
Ans. ||M.D.LIII.
\\
Pet. in-4 de 86 pp. et 1 f. n. eh., sign, a-i4, K4, l4, car. rom.
et ital.
P. 1, titre, portant les armes de France ; p. 2, blanche.
P. 3, privilege du 28 nov. 1552, lem?me que celui du n? 73.
P. 5, texte [edit, d'Amiens de septembre 1549].
P. 51 :u> Ensuit la forme$ maniere de leuer# payer lesdits
droits a" Imposition foraine 3f Domaine forain, pour chacune
Marchandise
F.

final

n.

permise...
ch., blanc.

Tirage ? 50 ex., d'apres le privilege.


Bibl. nat., F. 13419. ?
Toulouse, Res. D. xvi. 201 <2>[rel.
a la suite du n? 73].
79. Epistre || du Treschrestien Roy Hery || aux estats du
saint Em-||pire Romain.
||Nouuellement traduite de latin ||
en francois. ||A Tolose. \\
Chez Guion Boudeuille, Imprimeur iure
Auec permission & priuilege. \\
M.D.LI1I.
||
||de VVniuersite. \\
Pet. in-4 de 11 ff.n. eh. et 1 f.blanc, car. ital.
Decrit dans le Schier Picot [Bibl. nat., ms. fr., nouv. acq.
23232, fiche 453].
II existe de cette piece deux ed. lyonnaises impr. par Phili
bertRollet en 1553 et s. d. [Baudrier, X, pp. 437, 445 ; Cat.
J. de Rothschild, II, 2684 ;Bibl. nat., 4? Lb?153 ;8<>Lb31 53.A].
18

09:47:51 AM

JACQUES MEGRET

274

Le texte commence ainsi : Combien que, par les parolles et


lettres de plusieurs... [Paris, 26 fev. 1552, 1553 n. st.]. Cette
piece avait d'abord ete ecrite en latin ; la traduction francaise
est de Barthelemy Aneau.
Chantilly, Musee Conde ; c'est probablement Tex. Hiver
de Beauvoir qui a figure en 1872 dans le cat. de la librairie

Gouin.

80.

Io.

Ramatus,

Montemarinus.

Commentarium

in

1.

vinum. ff. de reb. cred. Tolosae, excud. Guido Boudevillaeus,


anno Christi 1553.
Du Verdier,
In-4.?
IV, 139.
81. Piatonis || Convivivm ||vel, de Amore. || $ ||Tolosae, \\
Ex officina Guidonis Boudeuillaei Academiae
\\typographi.

1553. ||

In-8 de 96 pp. sign, a-i4, K4, 1-m4,car. ital.


P. 1, titre, portant la marque 3 ; p. 2, blanche.

P.

3, texte.

Auch, 2497
82. Sensuiuent plusieurs Edicts || du Roy nostre Sire, tant
sur le fait de rimpo-||sition Foraine, que du droit de Do-||maine
forain .Lesquels on ||peult voir par la Ta-||ble d'iceux cy apres ||
Par Guion Boudeuille, Imprimeur iure
inseree. ||A Tolose. \\
de ladite ville ?f ||Vniuersite d?icette :Du mandement deMes
sieurs IIles Commissaires du Roy, sur ce deputes. IIAuec Priui
\\
lege pour deux Ans. ||M.D.LIIL
Pet. in-4 de 2 ff.prelim, n. ch., 151 pp. mal ch. 130 et 1 p.
n.

eh., sign. A2, a-i4, K4,


1-n4, o2, p-t4, v2, car. rom. et ital.
les armes
de France
F. n. ch. 1 r?, titre, portant
; v? blanc.

F. n. ch. 2 r? :Table des Edicts comprins au present Volume.

P.

1, texte.

P. 61 :Rolle de toutes sortes de Marchandises,


Vappreciation

contenue

en VEdict

de Tonnerre...

declairatif de

P. 109 mal ch. 89 :Extraict des Regestres de la Chambre des


Comptes. C9est le Stille de la Court des Maistres des Ports 6f
passages du Royaume de France, es Seneschaucees de Tolose,
Carcass?ne, Beaucaire, Armaignac, Bigorre, Lyon Bailliage
deMacon, & autres lieux dudit Royaume.
P. finale n. ch. [v? de la p. ch. 130], marque 3.
Cette piece a certainement ete tiree ? 50 ex. comme les deux
precedentes [nos 73 et 78] ;? elles ont ete publiees ensemble.
Bibl. nationale, F. 13420.
Toulouse, Res. D. xvi. 201<3>
a
et
n08
des
la
72
suite
77].
[rel.
nostre
88. Statuts II de la Confrerie de Lassump-||tion
||vierge, mere de Iesus Christ, || instituee en PEglise U

Dame,

09:47:51 AM

GUYON

BOUDEVILLE

275

IISaint Estienne en Tolose. ||H> \\Imprime


metropolitans
nouuellement ? Tolose par G. Boudeuille || Imprimeur iure de
la ville et Vniuersite oVicelle. ||M.D.LIII.
||
In-4 de 10 ff.prelim, n. eh., 55 pp., 1 p. n. eh. et 4 ff.n. eh.,
sign,

a-h4,

I4, k6,

car.

rom.

et

ital.

F. n. ch. 1 r?, titre ; au v?, grand bois a pleine page, assez


archai'que, representant TAssomption, avec cette legende
\\in celvm. \\
xylogr. :Assvmpta. est.Maria
F. n. ch. 2 r? :Aux treshonorisSeigneurs Confreres de la sainte
deuote Confrerie de VAssumption de la benoiste viergeMarie,
institute en VEglise metroplitaine de Tolose, Salut, paix
dilection.
F. n. ch. 9 r?, octroi des privileges et Statuts de la confrerie
par Paul III.
P.

1, texte.

P. 45 : Sensuiuent les noms # surnoms de messieurs les Con

freres...

F. k8 v? : Sensuit la Table des presens Statuts.


F. k6 r? :Fin des Statuts -de la sainte ||
deuote Confrerie
fondee en VEglise metropo-\\litainede Tolose, ? Vhonneur de
Dien [sic], ||# de la glorieuse Assumption de || la viergeMarie :
de Conseil de ||
nou-\\uellementimprimis \\
par deliberation \\
messieurs \\les Regens $ Confreres de ladite Confrerie. ||
M.D.LIII.
||
F. k6 v?, fig. sur bois, la meme que celle du v? du titre.
?
British Museum, 5017. aa. 29 <8>.
Toulouse, Res. C. xvi. 39.

1554
84. Antonii ||Goveani || Iureconsulti, ||Ad tit. de vulg. &
Ex ofj?cina Guidonis Boude
pupil, subst. ||Liber. ||Tolosse, \\
uillsei Academise typographi, || impensis loannis Perrini. \\
M.D.LIIII.
||
In-4 de 15 pp. et 1 p. n. ch. sign. A-B4, car. ital.
P. 1, titre, portant lamarque de Jean Perrin ; p. 2, blanche.
:
de Cardallaco Eleemosynario regio, etCadur
P. in Mafredo
censis Academise Cancellario, Ant. Goveanus, datee de Cahors,
idib. Aug. [13 ao?t].
P.

im,

texte.

excv
P. finale n. ch. : Gvido \\[Marque 4] ||Bovdevillsevs \\
Anno II
debat Tolosse \\
M.D.LIIII.
Mense Martij.
\\
?
_
Bibl. nationale, F. 5219.
Toulouse, Res. C. xvi. 59(2).
Bordeaux, 10197 (5).
84 bis. Antonii ||Goveani || Iureconsulti, ||Ad tit*de vulg. &
Ex of?cina Guidonis Bou
pupil, subst. || Liber. || Tolosse, \\
deuillsei Academise typographi, || impensis loannis Molinerii.
||M.D.LIIII.
||

09:47:51 AM

JACQUES MEGRET

276

Mime edition que ci-dessus [n? precedent], mais le titre


porte la marque et le nom de Jean Moulnier, qui a partage
P edition avec Jean Perrin.
Bibl. nationale, E. 2239 <?>.
85. Antonii ||Goveani || Iureconsulti, ||De iureAccrescendi ||
Ex officina Guidonis Boudeuillaei Academiae
Liber. ||Tolosae, \\
\\
\\
typographic || impensis Ioannis Perrini. M.D.LIIII.
In-4 de 14 pp. et 1 f. n. eh., sign. A-B4, car. ital.
P. 1, titre, portant la marque de Jean Perrin ;p. 2, blanche.
P. in :Ant. Goveanus Andr. Goueano fratri, datee de Tou
louse, idib. Aug. [13 a out].
texte.

P. mi,

F. final n. ch. r?, blanc ; au v? : Gvido || [Marque 4] ||Bov


Anno \\
M.D.LIIII.
exevdebat Tolosae \\
devillsevs \\
||Mense
||
Martij.
Ii est probable qu'il existe, comme pour les autres pieces
la meme

publiees

annee

par

Ant.

de Gouvea,

des

exemplaires

portant lamarque et le nom de Jean Moulnier.


[n? 21].
Reimpression.de Ted. de 1545
?
Bibl. nationale, F. 5220.
Bordeaux, 10197 <4>.
86. Antonii ||Goueani Iureconsulti, ||Lectionvm variarvm
ivris civilis || lib. I. ||Ad Iacobum Fabrum Parisiensem Medi
Ex officina
||Montisalbani.
|| Tolosae, \\
cum, Archidiaconum
Guidonis Boudeuillaei Academiae typographic || impensis Ioannis
M. D.LIIII.
||
\\
Molinerij.
In-4 de 68 pp., sign. A-H4, I2, car. ital.
de Jean Moulnier ; p. 2,
P. 1, titre, portant la marque
blanche.

P. 3 : Ant. Goveanus lac. Fabro Medico, Archidiacono


Montisalbani, datee de Cahors, cal. Januar. [Ier janvier].
P.

4,

texte.

Bibl. nat., E. 2239 (4).


86 bis.?
Tolosae, ||Ex officina Guidonis Boudeuillaei Aca
M.D.LIIII.
demiae typographi, \\impensis Ioannis Perrini. \\
||
In-4.? Mime edition que ci-dessus [n? 86] mais le titre est
au

nom

de Jean

Perrin

et

porte

sa marque.

Bordeaux, 10197 <?).


87. Antonii ||Goveani || Iureconsulti ||Ad L. Gallvs || liber.
|| Tolosae. ||Ex officina Guidonis Boudeuillaei Academiae typo
D.LIIII.
||
graphi, || impensis Ioannis Perrini. \\M.
In-4 de 19 pp. et 1 p. n. eh., sign. A4, b2, C4, car. ital.
P. 1, titre, portant lamarque de Jean Perrin ; p. 2, blanche.
P. in :Petro Bertrando Abbatis Grandisyhae, Ant. Goveanus,
datee de Cahors, idib. Aug. [13 aout].
P.

im,

texte.

09:47:51 AM

GUYON BOUDEVILLE

277

exevdebat
P. finale n. ch.: Gvido || [Marque 4] ||Bovdevillaevs \\
Tolosse ||Anno ||M.D.LIIII.
Mense Martij.
||
\\
?
Bibl. nationale, E 2239 ?*).? Toulouse, Res. C. xvi.59
Bordeaux, 10197 <?).
87 bis.Antonii ||Goveani || Iureconsulti ||Ad L. Gallvs ||liber. ||
Tolosse. ||Ex officina Guidonis Boudeuillaei Academiae typo
||
||M. D. L1I1I.
graphi, \\impensis Ioannis Molinerii.
Meme edition que ci-dessus [n? precedent], mais le titre
porte la marque et le nom de Jean Moulnier, qui a partage
r edition avec Jean Perrin.
Bibl. nationale, F. 5218 et F. 19518 C1).
88. Claudii || Galeni || trivm de natvralibvs || facultatibus
librorum, deque earundem || substantia librivnius, ||Epitome. ||
Ioanne Baiulio Paccuuio Apamaeo Medico ||autore atque inter
prete. ||Ad D. Antonium ? Paulo Senatorem Clariss. ||Adiecti
sunt totidem praetermissorum libri, in quibus ||quid in quoque
trium superius memoratum capite || omissum sit, ex similibus
sibique inter se correspon-||dentibus literarum notis, facile
lector sit reperturus. ||Tolosae, ||Ex officina Guidonis Boude
M.D.LIIII.
||Cum Priuilegio
uillaei, Academiae typographi. \\
Regio. II
In-4 de 6 ff.prelim, n. eh., 162 pp., 1 f. n. ch.; 53 pp., 1 p.
n. ch. et 1 f. n. eh., sign. AA6, A-T4, V6, A-G\ car. ital.
F. 1 r?, titre ; au v? :Extraict du Priuilege du Roy, aecorde ?
?Me lean Baiuli, Docteur en
medecine, habitant de Tolose ?,
le 16 avril 1554, pour six ans.
F. 2 r? :Do. Antonio Paulo Senatori clarissimo lo. Baiulius
Pacuvius

Apamseus

medicus,

dedicace

suivie

de

l'index.

Pp. 1-162, texte.


F. n. ch. r? :Errata sie castigatio ; au v? : Gvido \\
[Marque 4]
Anno ||M.D.LIIII.
||
IIBovdevillaevs \\excvdebat Tolosae \\
Mense Aprilis. ||
P. 1 [2e partie] :Eorvm ||qvae ab interprete || in conuerten
dis superioribus de facul-||tatibus naturalibus libris, vt esset ||
Epitome locus, praetermissa || sunt, libri tres. ||Tolosae, ||Ex
officina Guidonis Boudeuillaei, Academiae typographi. || 1554. ||
Ce titre porte la marque 4; v? blanc.
Pp. 3-53, texte, suivi d'un quatrain latin : Ad impostores.
P. finale n ch. [v? de la p. 53] : Gvido II [Marque 4] ||Bov
devillaevs \\
excvdebatTolosae \\Anno\\M.D.LIIII. Mense Maij.\\
F. final n. eh., blanc ?
Bibl. nat., 4? Tb6. 25 [inc. des ff.AA? AA4 et du f. final].
89. Commvnes || ivrivm sen-||tentiae. ||Quibus additae sunt
contrariorum || oppositiones & solutiones. || Per || Ioannem
Bellonem Tolosatem iuris || vtriusque studiosissimum. ||His
nouissime accesserunt insignioresVeteris ||& Noui testamenti.

09:47:51 AM

JACQUES MEGRET

278

Omnia demum ab Authore recognita & locupletata. ||Tolosse, ||


Ex
|| Tolosanse
of?cina Guidonis Boudeuillsei, Academise
typographi, impensis loannis || de Fleurs. 1554. ||
Pet. in-8 de 239 pp. et 1 p. n. eh., sign, a-p8, ? 2 col., car.
rom.

et ital.

P. 1,
Bellono
P. 3
Laneis,

titre ; p. 2 : Iacobus Ysnardus Arausionensis, loanni


Tolosati, cinq distiques latins.
:Amplissimo, etmagnifico viro, Petro Ricijs, domino a
Iuris vtriusqueDoctori, Patrono Collegij Sanctse Crucis

Auenionensis,

Ioannes

Bellonus

Tolosas,

datee

5 cal. Feb. 1548 [27 janvier 1548, 1549 n. st.].


P. 5 : Idem ad eundem, neuf distiques latins.
P.

de

Toulouse,

6, texte.

Ex of?cina Guidonis
P. 239, ? la fin du texte : Tolosse, \\
Boudeuillsei, Academise || typographi. || 1554. ||
P. finale n. ch. [v? de la p. 239], marque 4.
Reimpression remaniee et augmentee de 1'edition de 1548

[no40].

Toulouse, Res. D. xvi. 199.

90. La tres-grande desolation, merveilleuse deploration &


infaillible punition de Tame incorporee etant aux enfers, en
vers croises et leonins, avec le Symbole de Saint Athanaze,
traduit aussi en rime. Imprimee ? Tholose par G. Boudeville,
1554.
Du Verdier,
I, 189 [format non indique].
91. Titvli ||XXVIIII.
IIex corpore ||Vlpiani. || In eosdem
titulos Notae. ||Tolosse, ||Apud Petrum du Puis, ad insigne fon
M.D.LIIII.
tis ||Typis G. Boudeuillsei. \\
||
In-16 de 4 ff.prelim, n. ch., 158 pp. et 1 f. n. eh., sign.

car. ital.
A4, A-K8,
F. n. ch. 1 r?, titre

; v? blanc.

F. n. ch. 2 r? : Ioannes Amariton Nonetanus Iacobo Cuiacio


cal. Nouemb. 1554
Iureconsulto, epitre datee de Toulouse,
et
de
suivie
Tindex.
[1er novembre]
F.

1, texte.

F. final n. ch. r? :Errata impressoris ; v? blanc.


?
Toulouse, Res. D. xvi. 198.
Troyes, Jurisp. 226.

1555
92. Chansons lyriques en nombre dix-neuf [par Jean For
mer, de Montauban]
imprimees ? Tholose, par Guion Bou
deville.
In-16.? Du Verdier,
III, 416.
Le meme Jean Fornier a publie en 1557 [date donnee par
Brunet], chez J. Colomies, lesEpigrammes erotiques (en nombre

09:47:51 AM

GUYON BOUDEVILLE

279

deux cens un). Ce poete recut PEglantine aux Jeux Floraux


de 1541 [F. de Gelis et J. Anglade,
op. cit., I, pp. 39, 42-43].
[Bibl. du Tarn et Garonne, I, 313], il
D'apres G. Garrisson
ne serait pas impossible que les Chansons lyriques ne fussent
autre chose que YUranie en dix-neuf sonnets publiee ? Paris,
Ch. V Angelier, 1555, pet. in-8, et qui aurait ete reimprimee
[ou aurait d'abord paru] a Toulouse sous ce nouveau titre.
93.
Confession ge-||nerale sur les dix Commandemens
de || la Loy, Composee & extraite des || Saintes Escriptures,
par feu Frere ||Guillaume Letard, quand viuoit Re-||ligieux de
la reguliere Obseruance
|| saint Francois, au grand Conuent
de ||Tolose. ||Auec le Directoire de ceux ||qui sont ? Particle
& trespas de la ||mort. Ensemble tous & chacuns les || cas
reserues au saint Siege Aposto-||lique : comme on peult voir ?
la Ta-||ble, mise au commencemet d'icelle. A
|| Tolose. Nouuelle
\\
ment imprimeepar Guy on \\
Boudeuille. 1555. ||
Pet. in-8 de 8 ff.prelim, n. ch., 223 pp. et 1 p. n. ch., sign.
Aa8,

A-O8,

rom.

car.

et

ital.

F. n. ch. 1 r?, titre ; au v? :Au Lecteur, dixain.


F. n. ch. 2 r? :Reverendo ac spectabili patri fratriLudouico
de Porta, regularis minor? Obseruantise in sancta 6? celebri
Aquitaniss prouincise meritissimo ac vigilantissimo ministro,
fraterGuillelmus Letardus eius obsequentissimus <$fhumilimus
seruus, cum omni submissione $ demissa obedientia, epitre
suivie des noms et qualites des religieux ayant approuve
Pouvrage : Frere Loys de Porta, ministre provincial, avec
imposition du petit sceau de la province d'Aquitaine ; Frere
Melchior Flavin diffiniteur & gardien du susdit Convent;
Frere

Pierre

aussi

Pessani

diffiniteur

& vicaire

dudit

convent

Frere Gerauld Roberti, Lecteur de la Theologie audit Convent;


Frere Robert Roques, Lecteur des Ars audit Convent.
F.

n.

trains
F.
P.

ch.

3 v?

:Aux

devots

et devotes,

suivie

de Perrata.

francais.
n.

ch. 4 r?, table,

en Iesuchrist,

six qua

1, texte.

P. finale n. ch. [v? de la p. 223] ;Au bening Lecteur, dixain.


Bibl. nat., Res. D. 80219.
94. loannis ||Svperioris || in singulas leges quse sunt sub titulo
de serui || tutibus commentarii succenturiati. ||Ad Amplissi
mos viros Matthaeum Pacum & Claudium ||Reginum, Illustriss.
Augustissimique Principis ||Vindocinorum Ducis Antecessores ||
Ex of?cina Guidonis Boudeuillsei Aca
Primarios. ||Tolosx, \\
demise || typographi.M.D.LV.
II
In-4 de 4 ff.prelim, n. ch., 80 pp. et 2 ff.n. eh., sign. ?4,
A-K4,

L2,

car.

rom.

et ital.

F. n. ch. 1 r?, titre portant la marque

4 ; v? blanc.

09:47:51 AM

JACQUES MEGRET

280
F.

n.

ch.

2 r?

:Mattheo

Claudio

Paco,

Regino...

Ioannes

Superior, epitre datee de Lectoure, non.Maij


[7mai].
F. n. ch. 3 r? :P. Garros I. Svperiori, epitre datee de Lec
toure.
F.
P.

n.

ch. 4, blanc.
1, texte.

F. Lt r? :His continentur pene omnia quae ad Tractatum de


prsediorum seruitutibus pertinent quorum veritas tridui dispu
tatione qusesita est Tolosae in Scholis Iuris Ciuilis loanne
Superiore Tyrocinium faciente anno 1552, table sur 2 col.
suivie de : loan. Pauli Laberii ad Lectorem evoeiraaoXXa?ot
[en vers latins].
F. La v? : Gvido || [Marque 4] ||Bovdevillaevs \\
excvdebat
Tolosae anno \\
Mense Iunii. \\
M.D.LV.
Toulouse, Res. D. xvi. 200.
95. Las nompareilhas ||Receptas, per fa las Femnas tinden
tas, IIrizentas, plasentas, polidas, & bellas. Et IIaussi per las fa
pla cantar, & caminar IIhonestament, & per compas. Nobella-||
ment redigidas, et corrigidas en forma IIdeguda, coma sensiec
en la pagina se-llguenta. II
C Ensemble vna Requesta de L'Ac
tor IIa lencontra de lasditas Femnas. II
C On les vend ? Tolose
chez Guyon Bou-Wdeuille, deuant VEglise du Taur. 1555. II
in-8 de 8 ff. n.

Pet.
F.
liure,

; au

1 r?, titre
table.

F. 2 r?, prologue
A
De

car. rom.
eh., a 26 11., sign. A-B4,
: Las
v?
al
contengudas
Receptas

present

la tresgranda
vo9 messeurs

humanitat
dautoritat...

F. 3 v? : C Sensiec la premiera Recepta per guary les


Maritz de ialousie :Et fa que agian tant de pacience coma vn
Aze,
F.
Le
locque

ou

vn Mouton.

8 v?,
seul
et

blanc.
connu
exemplaire
Desbarreaux-Bernard.

Baude
? Lang,
appartenu
Cette
plaquette
precieuse

appartient aujourd'hui ? M. B. Galanti, qui a bien voulu me


la communiquer, ce dont je le remercie vivement.
[Paris, Mai
Reimpression critique par le Dr J.-B. Noulet
sonneuve, 1880, in-8, publ. de la Soc. pour Vetude des langues
?
romanes], Cette piece, qui comprend trois cents vers de huit
syllabes, est ecrite dans le roman provencal degenere qui cons
tituait encore ? Toulouse, au seizieme siecle, une sorte de
roman litteraire ecrit, surnageant ? peine au-dessus du vulgaire
? Voir le n? 3.
dialecte parle. ? [J.-B. Noulet,
p. vn].
96. Le Chemin de vertu, enseigne par Isocrates, Orateur &
en rime par
Philosophe, au Seigneur Demonique son ami; mis

09:47:51 AM

GUYON

BOUDEVILLE

281

M. de Sila, selon la traduction qu'en a faite de Gree en prose


francoise Loys le Roy. Tolose, Guy on Boudeville, 1555.
?
Du Verdier,
In-16.
III, 86.
97. Le Livre Blanc des Madonnes
ainsi :

de Tholose,

commengant

Aissi
las costumos
s'ensieguon
Escrivtas
per diversos
plumos,
san fillols, & quan
fan festas
Quan
Escrivtes
&c.
testas,
per aiversas

imprime? Tholose, par Guy Boudeville


Du Verdier,
I, 272 [format non
U s'agirait d'une edition perdue de

tumas

del

libre

de tota ancianetat,

obseruadas

blanc,

[1555 ?].
indique].
:Las Ordenansas et cous
compausadas

per las sabias femnas de Tolosa. Et regidas en forma deguda per


lor secretary,

titre

cite

Ted.

d'apres

de Toulouse,

Jacques

Colo

mies, 1555, pet. in-8 de 16 ff. ? 28 11., car. ronds [Coll.


B. Galanti].
Le texte cite par Du Verdier differe de celui de Ted. J. Co
lomies. J. B. Noulet, qui a reimprime en 1878 le texte Colo
mies [Paris, Maisonneuve, in-8, publ. de la Soc. pour Vetude
des langues romanes] croit ? une erreur de Du Verdier et doute
de Texistence de Ted. Boudeville.
98. Moyen facile pour lire en grec, traite par dialogue, en
langage Francois, par Ch. G. L. Imprime ? Tholose par Guion
Boudeville, 1555.
In-16.? Du Verdier,
I, 422.
99. Sensuit ung petit traicte intitule : l'Art de servir Dieu,
compose par frereAlonso de Madric, de l'ordre de Sainct Fran
cois, auecques les additions faictes depuis par icelluy mesme,
par lesquelles s'entendra ledict art beaucoup mieulx ; et depuis
a

este

ledict

traite

nouuellement

translate

de

Francois. A Tolose, par Guion Boudeville, 1555.


Pet. in-8 de 102 pp.
?
Du

Verdier,

I,

[qui indique 102 pp.].

47.

Dr

Castillan

en

57

Desbarreaux-Bernard,

1556
100. Discours sur la rupture de la treve en Tan 1556. Tholose,
Guyon Boudeville.
Du Verdier,
III, 554 [format non indique].
Reimpression du Discours sur la roupture de la Trefve en
Van M.D.LVI.
Paris, M. de Vascosan, 1556, in-8 de 36 pp.
? Attribue ? Charles
[Bibl. nat., Res. Lb31 63 et 8? Lb31 63].
deMarillac, archevlque de Vienne, par le P. Lelong.

09:47:51 AM

282

JACQUES MEGRET

101. Epitome || ov extrait abrege || des dix livres d'arehi-H


tectvre de Marc || Vitrvve Pollion. || Enrichi des figures &
pourtraits pour || rintelligence du liure. || Par || Ian Gardet
|| et Dominiqve Bertin || Parisien. || Aueq les
Bovrbonnois,
annotations sur les plus difficilespassages ||de Tauteur, dediees
? tresillustre Seigneur Rene ||de Daillon, Euesque de Lusson,
Par Guion Boudeuille,
|| & Abbe de Charroux. ||A Tolose, \\
iure de Vvniuersite. || 1556. ||Par priuilege du Roi pour dix
ans. ||
In-4 de 4 ff.prelim, n. ch., 272 pp. la derniere mal ch. 262,
81 pp. mal ch. 85, 1 p. n. ch. et 1 1. n. ch., sign, a4, A-Z4, AA
LL4,

L2,

A-KA,

car.

rom.

et

ital.,

fig.

sur

cuivre.

F. n. ch. 1 ro, titre ; au v?, extrait du privilege accorde ?


Jean Gardet et ? Dom. Bertin, date de S^Germain en Laye le
26 ao?t 1555. Ce texte occupe 18 lignes.
F.

n.

ch.

r?

:A

tresvertueux

Iehan

Bertrandi,

Chancelier

[sic], Cheualier $ seigneur de Fur ins, Euesque de


abbe de Bonnefont, Ian Gardet, <$f
Commeinge
Dominique
Bertin Salut.
F. n. ch. 3 v? :Avx artisans et stvdievx darchitecture, avis
tegarde [Jean Gardet]. II y est dit:
signe de la devise :EnDieu
? Quant a la
pourtraiture de Vitruue, eile s'est perdue par
Tiniure du terns : au grand dommage& preiudice des ouvriers.
Lesqueis ont ete secourus en ce defaut, premierement par
d France

Ioconde,

puis

par

quelques

Italiens

de

bon

scauoir,

conse

quemment par Ian Gouion, sculpteur & architecte de grand


Bertin, duquel si le
bruit, & finablemet par Dominique
&
scauoir,
assez
sont

de ces arts, ne vous


le iugement
& Texperience
en remets
ce mien
nottoires
ie vous
par
raport,

? la veue des figures de cet Epitome... ?


P. 1, texte, illustre de 35 fig. sur cuivre de Dominique Bertin.
P. 1 [2e partie] :A tres vertvevxRene de Daillon, Protenotere
du Saint Siege Apostoliq\ Seigneur Sf*Euesque de Lusson, Ian
Gardet Bourbonnois... epitre datee de Tolose, ce dernier de mars
1556.
P. 5 :Av Lectevr.
P. 7 :Annotations sur le premier liure de Vitruue ; ? la p. 39,
tableau

grave

sur

cuivre.

P. finale n. ch. [v? de la p. 85], tableau imprime des propor

tions

des

colonnes.

:
F. final n. ch. r? :Av Lectevr [par Guyon Boudeville]
Ie te pri, Ami Lecteur, prendre en bonne part, si tu treuue
quelques fautes legeres en Timpression de ce liure, lequel
depuis quatre ans, aiant ete c?mence d'imprimer, & puis dis
continue & reprins par plusieurs fois, tant pour la difliculte
de Timpression des figures, que pour l'absence du Traducteur :
ioint aussi la peste qui s'etoit r'enflammee, n'a ete possible

09:47:51 AM

GUYON

BOUDEVILLE

283

^^^^^^ ^^^|^^ ^^^^


N? 102 (reduit).

09:47:51 AM

JACQUES MEGRET

284

de plus tot Pacheuer, ne si bien que le suiet le demande, &


l'Auteur lemerite :& memement pour le regard des Commen
taires, o? il y a variete de langues : car quand a la traduction
Frangoise, i'espere que tu la treuueras assez diligemment
reueue & corrigee : non seulement pour la grace de bien tra
duire, qui est plus admirable qu'imitable, mais pour Porto?
: par

graphe

quoi,

un

fauorisant

tel

labeur,

tu donneras

occa

sion au Traducteur de s'emploier en tous autres Liures, &


enrichir de plus en plus la langue Franchise. Adieu.
Fin.

A Tolose, par Guion Boudeuille iure de Vvniuersite, || a ete


acheue oVimprimerce present Hure le vingtieme || iour de Feurier.
M.D.LIX.
II [1560, n. st.].
final

F.

n.

eh. v?, marque

4.

Tout le livre est imprime avec l'orthographe partieuliere a


Guy on Boudeville.
Malgre la date du titre, le livre ne fut acheve etmis en vente
qu'en 1559, 1560 n. st. On ne connait de ce tirage de 1556 que
deux exemplaires : celui de la coli. Fernand Pifteau, a Tou
louse,

qui

appartenu

Felibien des
? Voir le n? Avaux,
120.

au

s. a Andre

xvne

et ? J.-F.

Felibien

et celui de H. Destailleur

[cat., II, 210],

102. Histoire || tolosaine ||par ||Antoine Noguier Tolosain. ||


Aueq Priuilege du Roi. || 1556. ||A Tolose, par G. Boudeuille jj
Iure de VVniuersite. ||
In-fol. de 8 ff. prelim, n. eh., 408 pp. mal ch. 368 ; 4 ff.
n.

eh., 133 pp., 1 p. n. ch. et 1 f. n. eh., sign, aa8, A-Z6,


;A4, A-K6,
L8, car. rom. et ital.
un
7re partie.
F. n. ch. 1 r?, titre dans
encadrement
grand

prelim,
AA-LL6

gr. sur bois par Guiraud Agret, reproduit p. 283.


F.

n. ch. 1 v?

:U

Imprimeur

au Lecteur

debonnaire

[avertisse

ment reproduit ci-dessus, pp. 231-232].


F. n. ch. 2 r? :Avgerivs Ferrerivs Tolosas Medicus, suivi de
Tolosates qyi palmam nostro seuo reportarunt, deux pieces de
vers latins a la gloire des toulousains de la Renaissance, sui
vies d'un Sonet au Lectevr signe de la devise d'Ant. Noguier :

Ne

trop

ne peu.

F. n. ch. 3 v?, dedicace [en prose] d'A. Noguier aux Capitouls


de 1555-56, datee de Tolose, la quatrieme Ide de Decembre 1556
[10 decembre], signeeNe tropne peu.
F. n. ch. 8 r? : Sonet av Lectevr, signeNe tropne peu ; au v? :

Preface.

P. 1, texte, illustre ? la p. 26 d'une fig. sur bois ? pleine

page

representant

un

portail

du

Chateau

Narbonnais

ment demoli, gravee par Guiraud Agret d'apres


Servais Cornouaille [voir le texte de la p. 27].

recem

le dessin de

09:47:51 AM

GUYON BOUDEVILLE

285

P. 145 : Second livre de VHistoire tolosaine.


JJepartie : F. n. ch. 1 r?, titre :Tiers livre ||de ||Phistoire ||
tolosaine ||Par Antoine Noguier ||Tolosain. || 1557. ||A Tolose,
Iure de VVniuersite || ; ce titre particulier
par G. Boudeuille \\
est place dans Pencadrement de celui de la lre partie ; v? blanc.
F. n. ch. 2 r?, dedicace d'Ant. Noguier aux Capitouls de 1556
57, datee de Tolose, le 11 fevrier 1557.
F. n. ch. 4 v? : Au Lecteur, sonnet d'A. Noguier signe Ne
trop

ne peu.

P. 1 :Tiers livrede VHistoire tolosaine ;p. finale n. ch. [v? de


la p. 133], blanche.
F. final n. ch., blanc ? [manque].
Imprime avec Porthographe particuliere a G. Boudeville.
Bibl. nat., Res. Lk7 9723 [inc. des 4 ff. prelim, de la seconde
?
toujours]. ? Toulouse, Res.
partie, qui manquent presque
?
?
7999.
B. xvi. 53 [meme defaut].
Auch, 5085.
Ajaccio,
?
?
Clermont-Ferrand, 5513.
Bordeaux, 2026.
Montpellier.
?
?
?
Voir le n<> 123.
Etc. ?
Narbonne, 6397.
Pau, 3588.
103. Le poetique Trophee de lean Figon, Dauphinois,
contenant Odes, Epitres & Epigrammes. Tholose, Guy on
Boudeville, 1556.
In-8.? Du Verdier,
II, 415.
Jean Figon, de Montelimar, obtint PEglantine aux Jeux
Floraux de 1558 [F. de Gelis et J. Anglade,
op. cit, I, 156,
? Voir les n<? 113 et 114.
160-162].

1557
104. Avgerii Fer-||rerii Tolo-||satis.
||Vera medendi me-||
thodvs, dvobvs || libri compre-||hensa. || Eiusdem Castiga
tiones Practicae ||Medicinae. ||Tolosse, \\
Apud Petrum du Puys,
sub signo fontis, || Typis Guidonis Boudeuillsei. ||Cum Pri~
uilegio. || 1557. ||
In-8 de 8 ff. prelim, n. ch., 431 pp. et 13 pp. n. ch., sign.
A-Z8, AA-EE8, FF6, car. ital.
F. n. ch. 1 r?, titre reproduit fig. 5 ; v? blanc.
F. n. ch. 2 r?: Avgerii Ferrerii Tolosatis inmedendiMethodum
Prsefatio,
dum,

ad

Regalium

Reuerendiss.

Senonum

Cardinalem

Io.

Bertran

moderatorem.

F. n. ch. 7 r?, table ; f. n. ch. 8 v?, blanc.


P. 1, texte ; p. 345 :Avgerii Ferrerii Tolosatis, Castigationes

Practicae

medicinae.

P. 1 n. ch. [v? de la p. 431], table ; p. 7 n. ch. :Corvinvs


Malezivs Aemilianensis Lectori.
P. 8 n. ch. :Typographus lectori,avis suivi de Perrata.
P. 13 n. ch. : Tolosse, ||Apud Guidonem Bou-Wdeuillseum
Academise ||Typographum \\
Idib. Iulij. \\
1557. ||

09:47:51 AM

JACQUES MEGRET

286

Bib. nationale, Res. Td30 24.?


?

[ex. Desbarreaux-Bernard].

Coli.

Toulouse, Res. D. xvi. 87

F.

Pifteau,

k Toulouse.

Troyes, 5562.
105. Des mariages || clandestinement, || et irreveremment ||
contractes ||par les enfans de famille, au deceu, ou || contre le
gre, vouloir, & eonsen-||tement de leurs Peres & ||meres, petit
discours, || & brieue reso-||lucion. ||A trecretien, treuertueux,
& trepuissant || prince, Henri deuxieme de ce nom ||Roi de
France. ||A Tolose, ||Chez Pierre du Puis, ? Venseigne de la ||
Fontaine : de VImprimerie de Guion || Boudeuille,
iure de
de la covr. ||M.D.LVII.
Vuniuersite. ||Aveq privilege \\
||
In-8 de 4 ff.prelim, n. eh., 93 pp., 1 p. n. ch. et 1 f. n. eh.,
?
sign. A-N4,

car.

rom.

et

ital.

Par

Jean

de Coras.

F. n. ch. 1 r?, titre ; v? blanc.


F. n. ch. 2 r? :A Trescretien, tremagnanime, <$*trepuissant
Prince, Henri second de ce nom, Roi de France, lean de Coras,
docteur es droits, 8f conseiller dudit Seigneur, en son Parlement
de Tolose, en tres-humble suiecion, desire perpetuelle felicite,
epitre datee de Tolose, ce premier de SeptembreM.D.LVII.
F. n. ch. 4 v? :Av Lectevr.
P. 1, texte, termine p. 93 avec la devise de Jean de Coras :
A

raison

cede.

P. n. ch. [v? de la p. 93] :A Tolose. ||Chez Pierre du Puis, ?


Vensei-\\gnede la Fontaine, de || Vimpression de || Guion Bou
deuille, iure de || VVniuersite. || 1557. H
F.

final

n.

eh.,

blanc.

Imprime avec Torthographe particuliere ? Guyon Boude


ville.
Bibl. nationale, E 4565. ?
Toulouse, Res. D. xvi.203 <2)
?
[ex. Desbarreaux-Bernard

].

Bibl.

de

la Soc.

du

protestan

tisme francais,Res. 655.? Troyes, Jurisp., 1127.


106. Ioannes || a Fanis || Galli Narbonensis
|| Consiliarij
Regij de seruitutibus libri tres, || adiectis locorum sedibus,
quibus II contenta his libris singula || probantur. || Tolosm,
IIEx officina Guidonis Boudeuillsei, Academise || typographi.

1557. II

In-fol. de 62 pp. et 1 f.n. eh., sign.A-E6, F2, car. rom. et ital.


P. 1, titre, portant la marque 4 ; p. 2, blanche.
P. 3 : /. A. Fanis Gallvs Narbonensis Bernardo Rollando
colleguss suo, suivi de : Steph. Forcatvlvs Iurisc. ad Io. a Fanis
Iurisc. disertiss., 4 distiques latins suivis de deux pieces
grecques et de : lacobi Narigmni de vtilitate hvivsce operis ad
Lectorem, cinq distiques latins.
P.

5,

texte.

P. 50 :u> Sedes locorum superioribus libris citatorum.


P. 62, ? la suite de la table des citations : Gvido ||Boudeuil
Iseus exeudebat. || 1557. ||

09:47:51 AM

GUYON

F.

final

n.

eh.,

BOUDEVILLE

287

blanc.

Bibl. nationale, F 1122.


107. loannes ||Tavardi ||Borboniensis, de || Ivrisdictione ||
& Imperio. ||Ad ornatissimum virum D. || Io. Mansencallvm
||
Primarium Tolosae || Prsesidem. ||Tolosse, ||Apud Petrum du
Cum
Puys, sub signo fontis : ||Typis Guidonis Boudeuillsei. \\
|| 1557. ||
Priuilegio.
Pet. in-4 de 65 pp. mal ch. 64,1 p. n. ch. et 1 f. n. eh., sign.
A-H4,

car.

ital.

P. 1, titre ;p. 2, blanche.


P. 3 :Amplissimo Tolosani Senatus Principi D.

callo

Io.

Io. Mansen

Tamrdus.

Tavardum de suo libro, Nicolai Bergeronij


huit
distiques latins.
Valesij Elogium,
P. 6 :Eiusdem Bergeronij Admonitio, ad Lectorem.
P. 8 :Ad iuris studiosos, Caroli Garnerij Exastichon.
P.

P.

5 : Ad D.

9, texte.

P. finale n. ch. [v? de la p. ch. 64] :Tolosse, \\


Apud Petrum
du Puys, sub \\
signo fontis, Typis Guido-\\nisBoudeuillsei. \\

1557. II
F.

final

n.

eh.,

blanc.

La p. 51 [f.G2] est double ; il y a done en realite 65 pp. mal


ch. 64, les pp. [51] et [54] etant blanches.
Bibl. nat., Res. *E. 648.
Arsenal, 4? J. 114 [cat. La Vall.
?
Cahors, 579.
Nyon, I, 2547].

1558
108. Advis et re-||medes souuerains pour se garder de ||Peste
en terns suspect : desquels Ion ||vse a Rome, Venise, & aux
Alle-||magnes : communiques par tresillu-||strissime & Reue
rendissime, Mon-||seigneur le Cardinal d'Armaignac, ||au profit
Par Guion Bou
de sa Cite & Diocese de ||Rhodez. ||A Tolose \\
VVniuersite. || 1558. ||Aueq Priuilege du
deuille, iure de \\
Seneschal. II
Tres pet. in-8 de 6 ff. n. ch.
Cat. J. de Rothschild, I, 195 [ex. Behague, I, 223]. ? Reim
de Larroque
dans les Annales du
prime par Ph. Tamizey
Midi, 1892, t. IV, pp. 70-79.
109. Altercacion, || en forme de ||dialogve, ||De TEmpereur
Adrian, & du Philosophe Epi-||ctete. contenant Soixante &
treze Que-||stions, & autant de reponses. rendu, de ||Latin en
Francois, par monsieur ||maitre lean de Coras, ||Docteur es
droits, & IIConseiller du |jRoi, ||au Parlement de Tolose. aueq la
Chez Antoine
||du meme Autheur. ||A Tolose, \\
Paraphrase,

09:47:51 AM

JACQUES MEGRET

288

? Venseigne de VEscu de Venise. \\


Andre, Libraire ? laPorterie, \\
\\
Aueq Priuilege du Roi. ||M.D.LVIII.
Pet. in-4 de 6 ff. prelim, n. eh., 321 pp. et 1 p. n. eh., sign.
aa6, A-Z4,

car.

RR6,

AA-QQ4,

rom.

et

ital.

F. n. ch. 1 r?, titre ; au v?, extrait du privilege accorde ?


Jean de Coras le 4 avril 1557 [1558, n. st.].
n.

F.

ch.

2 r?

:A

et tresvertvevx

tresbon,

tresillvstre,

prince,

Francois de Valois, Roi oVEcosse, Dauphin de France, lean


de Coras, Docteur es droits.$ Conseiller du Roi au Parlement de
Tolose..., epitre datee de Tolose, ce 15 mai 1558.
F. n. ch. 4 r? : Table alphabetique des plus notables dixions
&

sentences...

P. 1 :Av Lectevr, avis sign. A Raison

Coras.

cede, devise de Jean de

P. 2 :La Vie a"Adrian VEmperevr, suivie de celle d9Epictete,


philosophe, sign. A raison cede.
texte.

P.

17,

P.

314,

au

avertissement

lecteur,

en ital.,

sign. A

raison

cede.

: Illvstrissimo, ac ervditissimo viro, Ivlio Caesari


Scaligero, Medicorum omnium facile principi, Ioannes Cora
P. 315

si us

epitre

datee

reponse

de

Tolosas,

de

Toulouse,

ex

sedibus

nostris,

18 col. Febru. 1557 [15 janvier 1557,1558 n. st.].


P. 318 : Illvstrissimo Ivrisconsvltorvm Ioanni Corasio Sena
tori Tolosano,

J. C.

Scaliger.

De VImprimerie \\
P. finale n. ch. [v? de la p. 321] :A Tolose. \\
de G. Bovde-\\ville. || [Marque 4] || Ivre de || VVniversite ||
M.D.LVIII.
||
Imprime avec l'orthographe particuliere ? Guyon Bou
deville
?
Bibl nat., Res. R. 1219 ;R. 5901 [inc.].?
Cahors, 1261.
6296.
Bordeaux,
109 bis.Altercacion, ||en formede ||dialogve, ||De TEmpereur
Adrian, & du Philosophe Epi-llctete. contenant Soixante &
treze Questions, || & autant de reposes, rendu, de Latin en
Fran-||gois. par monsieur maitre lean de Coras, ||Docteur es
droits, & Conseiller du Roy, au || Parlement de Tolose. auec
la Paraphrase, du ||meme Autheur. ||A Paris, \\
Chez Gabriel
1558. ||Avec
Buon, au Clos Bruneau, ? Venseigne S. Claude. \\
privilege dv Roi. \\
Meme edition que le n? precedent. Seuls le f. de titre et le
dernier f. prelim, ont ete reimprimes ? Paris par Gabriel Buon.
Le titre porte la marque de G. Buon. Sans doute Jean de
Coras, beneficiaire du privilege, a-t-il envoye une partie de
Pedition en depot chez G. Buon. II se peut aussi que ce libraire
parisien ait rachete le solde du tirage apres la mort de G. Bou
deville.
Bibl.

nat.,

R.

17981.

Toulouse,

Res.

D.

xvi.

94.

09:47:51 AM

Fig.

5.

N?

104.

09:47:51 AM

Fig.

6.

N?

124.

09:47:51 AM

GUYON BOUDEVILLE

289

110. ?Bernardin Meraud, de la ville de Puy-Laurens, a ecrit


par Quatrains les Points principaux des trois vertus theolo
gales, Foi, Esperance & Charite. A Tholose, par Guyon Bow
deville, 1558. ?
Du Verdier,
In-4.?
T, 234.
111. Dialogue de Plutarque, Auteur Grec, auquel estmontre
que les betes usent de raison. Imprime ? Tholose par Guion
Boudeville, 1558.
Du Verdier,
In-8.?
I, 17 ; cette traduction est 6?Adam
de la Planche.
112. Hymne sur la justice de Metz : de la prinse de S* Quen
tin & de la conquSte de Calais. Au Roi. Tholose, Guyon Bow
deville, 1558.
?
Par Louis desMasures.
In-4.? Du Verdier,
II, 607.
Brunet signale une edition de Paris, Vincent Sertenas, 1559,
pet. in-4 de 8 ff. eh., dont un ex. a appartenu au Chirurgien
Protestant Fr. Rasse des Nceux [J. Techener, Descript. bibliog.
de livres choisis..., I, 2259].

113. L'Amitie bannie du monde : ceuvre fait en forme de


dialogue par Cyre Theodore, Poe*te Grec, & traduite en vers
franeois par Jean Figon. Tholose, Pierre du Puis, 1558.
?
Tres probablement
Du Verdier,
In-8. ?
II, 414.
imprime par Guyon Boudeville.
De cette traduction en vers de Theodore Prodromos, il
existe une ed. de Lyon, Gabriel Cotier, 1559, pet. in-8 [Arse
nal ; Cat. La Vall.-Nyon, 14697]. La dedicace est adressee ?
J. de Coignard, conseiller du Roi au Parlement de Toulouse.
114. La Course ||d'Atalante, ||et la victoire d'Hippomeine,
IIPar I. Figon de Monteillimar || en Dau-||phine. ||A Tolose, \\
Chez Pierre du puys, || ? Venseigne de la Fontaine. ||De Vim
iure de Vuniuersite. || 1558. ||
primerie de Guyon Boudeuille, \\
In-8 de 24 pp.
Le

seul

ex.

connu,

relie

par

Thouvenin

? aux

ecussons

? a

appartenu ? Ch. Nodier [cat. de 1844, n? 396], ? Baudelocque


et au Cte de Lignerolles [cat., II, 945].
115.

Las

navas

naveras

de

Joan

de

Cardonna,

Tolosenc,

dictadas a la maison communa, impr. a Tolousa, per G. Bou


deville, 1558,
Du Verdier,
II, 371 [format non indique].
Ce titre transmis par Du Verdier parait inexact; ces Now
velles nouvelles sont ainsi mentionnees par Claude Odde de
Triors [Les joyeuses recherches de la langue toulousaine. Nou
uellement imprime a Tolose [par Jacques
s. d.
ColomiesJ,
?
[1578], f. 3 r? et v?] : Je vous prie bien fortpour l'amitie que
je vous porte de vous despoiller de toute affection, & consi
derer un peu de pres combien de veillees, nuictees, & lucubra
19

09:47:51 AM

JACQUES MEGRET

290

tions ilm'a faillu passer pour bien regarder, ruminer, recoler,


lire, relire, feuilleter, refeuilleter tant de beaus livres Tolosains,
comme rordonnance du Liure blanc, la farsa de las goyas quand
van a Garonna, vn autre intitule quand les femme de Tolosa
volen fa nobias lours fillhas, plus un epistre en langage Tolosain
par les mesmes dames Tolosaines responciue a celle que les
dames de Pasi ma commese, ie voulois dire Paris leur ont
enuoye, Item lesnauues nouuellas de lean de Cardonne Tolosain.
Item aussi plusieurs receptes en langage Tolosain comme
celle qui montre lemoyen per fa las femnas bellas, policieras,
comme

rotillhadas

roussas,

espessas,

un

cles

descargol,

plus

de

chansons,

pas

une autre recepte per las fa parla polidamen, 8? placanta,


camina honestamen, Sf per compas en forma de bragua oVAlle
&

man,

autres

plusieurs

avec

une

infinite

?
quins, ballades, au mesmes langage, & autres seinblables.
Sur Jean de Cardonne, voir F. de Gelis, Hist, critique des
jeux floraux, pp. 81,121, 131, 215, 282, 296.
116. Preparation chrestienne tres-utile et profitable a un
chacun, pour bien et deument se confesser, et dignement rece
voir le saint sacrement de l'autel. Tholose, Guyon Boudeuille,
1558.
Pet.

in-8,

lettres

rondes.

L. Techener, Repertoire univ. de bibliogr., 1869, I, 139. ?


Cette ed. n'existe pas ; c'est une faute d'impression pour 1550
[n? 53

ci-dessus]

; le meme

ex.

car.

rom.

est annonce

sous

cette

date

dans

la Description bibliograph. de livres choisis... de la libr. J. Te


chener, 1855, t. I, 185.
117. Reiglement || et ordre || des affaires de la Maison de la
Par G. Boudeuille, lure
Ville & ||Cite de Tolose. ||A Tolose, \\
de VVniuersite. \\
M.D.LVIII.
\\
Pet. in-4 de 4 ff.prelim, n. ch., 125 pp., 1 p. n. ch. et 1 f.n.
eh.,

sign. AA4,

A-Q*,

et ital.

F. n. ch. 1 r?, titre portant un petit bois carre : armes de


Toulouse ; v? blanc.
F. n. ch. 2 r?, titre complet; ce reglement a ete redige sur
i'ordre des Capitouls de 1557-1558 par Antoine Tournier,
procureur au Parlement de Toulouse et Tun des Capitouls.
F.

n. ch. 2 v?

P.

1, texte.

:
Argument

aux

Lecteurs.

F. n. ch. 4 r?, table des chapitres.

P. 121: Repertoire particulier du septieme et dernier chapitre...


P. 124 :Extraict des Registres de laMaison de la Ville $ Cite

de Tolose.

P. finale n. eh. [v? de la p. 125], marque 4.


F.

final

n.

ch.,

Desbarreaux-Bernard,

blanc.

n?

69,

cite

cette

impression

09:47:51 AM

avec

GUYON BOUDEVILLE

291

Padresse suivante : Chez Pierre du Puis, de V imprimerie de


Guion Boudeville, iure de VUniuersite, 1558.
Toulouse, R6s. D. xvi. 140 et 196 [2 ex.].
118. Reglement et ordre des officiersde la ville de Toulouse.
Toulouse, G. Boudeville, 1558.
Desbarreaux-Bernard,
67, d'apres Castellane,
op. cit.,
p. 46.? Ne serait-ce pas lamime piece que le n? precedent ?

1559
trovver || espoir || en desespoir ; || et ||
119. Adresse ||
povr
Repos IIen adversite. ||Par ||Maistre Touss. Giboult, Docteur
en Theologie, & ||Vicaire General en l'Archeuesch? de Tolose. ||
Esaye xxv. IITu es la force du Debile, & la force du Pauure
en IIsa tribulation : le refuge c?tre le tourbillon : & l'om-llbrage
contre la chaleur. ||Hieremie xvn. ||Tu esmon esperance aux
iours d'aduersit6. ||Psal. xxxix. ||Bien heureux est Phomme
Chez
qui met le Seigneur || pour son esperance. ||A Tolose. \\
G. Boudeuille, lurh de VVniuersite. ||Auec Priuilege du Roy
II
M.D.LIX.
||
pour troisAns. \\
Pet. in-4 de 52 If.n. eh., sign. A-N4, car. rom. et ital.
F. 1 r?, titre ; v? blanc.
F.

2 r?, texte.

F. 41 v? :Addition de certaines sentences extraites de Vescri


ture Sainte, pour seruir de consolation, contre toutes sortes
oVennuys& oVaduersites.
F. 44 r? :Pribres, Crys, $ Complaintes, que plusieurs serui
teurs de Dieu ont fait en leurs angoisses ; auec lo?enge de la
honte de Dieu pour leur deliurance.
Par G. Boudeuille iure de
F. 52 v?, a la fin :A Tolose, \\
Vuniuersite. || 1559. ||
Coli. Fernand Pifteau, ? Toulouse [ex. de Pierre de Carbonel
avec sa signature et sa devise :Bien parier decore, a la fin ; c'est
le seul connu et il estmentionni dans leBull, du Bibliophile de
sept. 1856, n? 502 et dans le Repert. univ. de bibliogr. de
L. Techener,
1869,1, 258].
120. Epitome || ov extrait abrege || des dix livres d'archr
||tectvre de Marc ||Vitrvve Pollion. || Enrichi des figures &
pourtraits pour || ^intelligence du liure. || Par || Ian Gardet
|| et Dominiqve Bertin || Parisien. || Aueq les
Bovrbonnois,
annotations sur les plus difficilespassages de ||Tauteur, dediees
? tresillustre Seigneur Rene || de Daillon, Euesque de Lusson,
& IIAbbe de Charroux. ||A Tolose, \\
Par Guion Boudeuille,
iure de Vvniuersite. ||1559. ||Par priuilege du Roi pour dix Ans?
In-4. ? Voir la collation du n? 101.
Ce tirage de 1559 ne differede celui de 1556 que par quelques

09:47:51 AM

292

MEGRET

JACQUES

EPITOME
OV EXTRAIT
DES

DIX

LIVRES

ABREGE
D'ARCHh

DE

TECTVRB

p ol

virnyri

M A

liok.

Enrichidesfigures
& portraits
pour
du
lintelligence liure.

IAN

GARDET

DOMINI

p jt

BOVRBONNOlS>

Mt

Qjr B BERT
P A R I SI EN.

IN

do
lesflu*difficilcs
Aueq Us annotationsfir
paffages
Vauteur, dcdicct+ trcfi?u?rbSeigneurKent

deLuffon
deDaitton,
,
&
Euefque
de
Abbe charroux.

A T O I O S E,
fir GuionBoudeui?ejmredetynmer?tu
l S S 9m

Par priailegedo Rol poor dfxAn*.


N? 120.
menues differences typographiques [le privilege au v? du titre
sur 18 11.en 1556 et sur 20 11.en 1559 ; la p. 197
est
compose
se termme par natu || en 1556 et par nature en 1559; legeres

09:47:51 AM

GTJYON

BOUDEVILLE

293

differences dans les lignes du titre, etc.] et par Padresse de la


dedicace du f. 2 r? :A tresvertueuxSeigneur Monseigneur le
Reuerendissime Cardinal de Sens Ian Gardet, et Dominique
Bertin, desirent salut et perpetuelle felicite [Jean Bertrand
avait en effet ete nomme eveque de Sens et fait cardinal en
meme dans
1557]. L'acheve d'imprimer du 20 fev. 1559 est le
les deux tirages, qui se justifient par les explications de G. Bou
deville [voir le n? 101]. Quelques titres etaient sans doute com
poses et quelques feuilles dej? tirees des 1556 mais la peste,
l'absence de l'auteur et certaines difficultes techniques retar
derent la parution pendant trois ans.
Bibl. nat., Res. V. 1370.
Apres la mort de G. Boudeville, le solde de Tedition fut
transports ? Paris et Gabriel Buon remit le livre en vente en
1565 sous un titre rajeuni :
Epitome ||ov extrait abrege ||des dix livres d'architectv-||re,
de Marc Vitruue Pollion. || Enrichi des figures & pourtraits
pour || Tintelligence du liure. || Par || Ian Gardet Bovrbon
nois || et ||Dominiqve Bertin Parisien. ||Aueq les annotations
sur les plus difficiles passages de l'auteur, || dediees a Tres
illustre Seigneur Rene de Daillon,
|| Euesque de Lusson, &
Abbe de Charroux. || [Marque de G. Buon] ||A Paris. || Chez
Gabriel Buon, au clos Bruneau, ||? Tenseigne S. Claude. ||1565.
IIAuec Priuilege. ||
Les quatre ff. prelim, ont seuls ete reimprimes par Gabriel
Buon,

ainsi

que

le

dernier

f.

contenant

l'avis

au

lecteur.

G. Buon a supprime Tacheve d'imprimer de 1559 et lamarque


de G. Boudeville au v?. La composition typogr. de cet avis est
differente et le v? est blanc.
Cat. J. Pichon, 1898, II, 2333.
Le titre a encore ete renouvele aux dates de 1567 [Bibl.
nat., Res. V. 1371] et de 1568 [Bibl. nat., Res. V. 1372].
Enfin, Yedition n'etait pas encore epuisee ? la findu xvie siecle
et de nouveaux titres furent refaits ? Tadresse d'Antoine du
Brueil en 1597 [Cat. H. Destailleur, II, n? 211] mais les trois
autres ff. prelim., contenant la dedicace ? Jean Bertrand et
Pavertissement. furent supprimes dans le solde de Yedition.
121. ? Francois Blaisot, de Mussi l'Eveque, a traduit du Grec
de Lucian,

en nostre

langue,

Declamation

contre

la calomnie,

avec un brief recueil des Histoires y desirees, pour Tintelligence


du texte, colligee par lememe traducteur, imprimee ? Tolose,
par G. Boudeville, 1559. ?
In-4.? Du Verdier,
I, 642.
122. Hippocratis ||Coi aureus de c?po-||sitione tum hominis,
t? reliquarum omnium || rerum naturali?, libellus :De Natura
Hu-||mana ob excellentiam vulg? dictus. || Cum noua Hiero
nymi Rupei Academiae ||Tolosanse in facultateMedicinal Docto

09:47:51 AM

JACQUES MEGRET

294

ris IIRegentis e Graeco versione. || Par sit fortvna labori. ||


eiusdem \\
Academix
|| Ex officina G. Boudeuillxi
Tolosx,
typographi. 1559. ||
In-4 de 10 ff. n. eh. sign. A-B4, C2, car. ital. et rom.
F. 1 r?, titre ;v? blanc.
F. 2 r? : Antonio a Paulo meritissimo Tolosatum Prxsidi,
Salvs, courte dedicace datee de Toulouse, tertioIdus Augusti.

1559 [11aotit].

F. 2 v? :Ad LectoremH. Rvpei Medici

latin.

Tetrastichon, quatrain

F. 3 r?, texte, ach eve au haut du f. 10 r? et suivi de : De


Hospitio apvd Tolosates excipiendo Hippocrate, Rupei versus :
in gratiam D. lo. Cognardi clariss. Senatoris Tolosani, quatre
distiques suivis de :Finis.
F. 10 v? : Cursus medici ratio $ ordo, six lignes en prose
eos legendi ordo hic esto, liste de seize clas
suivies de :Libri,
siques medicaux terminee par :Medici cursus, qui vulg? in
probatioribus fitAcademijs, finis.
Bordeaux, S. 2808 <2).
123. Histoire || tolosaine ||par ||Antoine Noguier Tolosain.
IIAueq Priuilege du Roi. || 1559. ||A Tolose, par G. Boudeuille
IIIure de VVniuersite. \\
C'est l'edition de 1556 [n? 102] avec un titre
In-fol.?
rajeuni. Les deux tirages sont en tous points semblables et la
seconde

partie

a meme

sa date

conserve

de

1557.

Toulouse, Res. B.xvi.54 ;B.xvi.55 (2) [inc. des ff.prelim, de la


seconde partie]. ? Mazarine, A 14440 [mime defaut], ?
Li
?
1115.

moges,

Etc.,

etc.

124. I. Bodini ||Oratio de || institvenda in repvb. || ivventvte


ex officina
ad Senatvm ||Popvlvmque
||Tolosatem. ||Tolosk, \\
Petri Pvtei, || svb signo fontis. \\
CIO.ID.LVIII.
||
In-8

de

G.

B.

par

[n?102].

car. rom.
71 ff. ch. et 1 f. n. eh., sign. A-S4,
avec
car. et initiales
les memes
que YHist.

Impr.
tolosaine

F. 1 r?, titre reproduit fig. 6 ; v? blanc.

F.

2 r? texte.

F. final n. eh., blanc ?


Bibl. nat., B 5443 (2) ;X. 18345 (3) et X. 20086 (3).? Maza
?
?
Toulouse, Res. D.xvi.70.
Bordeaux, 6350 [le
rine, 14433.
?

dernier

f. manque

tous

cex

ex.].

Reims,

782.

125. Prelude sur les Statuts de la venerable Confrairie des


Confreres du merite de la Passion de notre Seigneur Jesus
Christ, instituee en la devote Eglise de Saint Saturnin, ? la
Chapelle du Crucifix, dite de Saint-Gilles, ? Tholose. Tholose,
Guyon Boudeville, 1559.
Du Verdier,
I, 432 [format non indique.]

09:47:51 AM

GUYON

295

BOUDEVILLE

126. Quintini Ligeoti, Charliensis, ex parvo magnum fieri


librum. Tolosse, ex offic.Guidon. Boudevillaei, 1559.
?
In-4.? Du Verdier,
Quentin Ligeot etait au
IV, 210.
nombre des amis de B. du Poey de Luc [voir le n? 58].
127. Sermon funebre, fait es obseques du Roi tres-chrestien
Henri II de ce nom en l'Eglise metropolitaine de Tholose, le
7 ao?t 1559. Tholose, Guyon Boudeville, 1559.
?
Par Tous
Du Verdier,
III, 546 [format non indique].
saint Giboult.

1560
128. Adversvs
|| Crvcimastiges || De magna gloria quam
Christus ex || cruce sibi comparauit, ad solidan-||dam fidem
cha-|Iritatem hac presertim te||pestate opus
excit?damque
.||Autore R. P. F. Spiritu Rotero hsere
accom||modatissim?
ticae IIprauitatis Inquisitore Tolosano. ||Tolosae. ||Ex Of?cina
Iacobi Colomerii, Academise || Typographi. 1560. ||Cum Pri
uilegio. II
In-8 de 8 ff.prelim. n. eh., 282 pp. mal ch. 286, 1 f. n. ch.
et 2 ff.blancs, sign. U8, A-S8, car. rom.
F. n. ch. 1 r?, titre ; au v? : Sacra distich? in antro S. Soli
tarii repert?, suivi d'un second distique et des Septem gloriosi
tituli quos ex cruce sua reportauitChristus... [en ital.].
F. n. ch. 2 r?: Spectabiii atq; inclito,Supraemii Senatus Meti
sis Prsesidi D. Antonio Senectono Antonius Podiobobanus
interV. I. professores exiguus salutiferam. S. D., epitre datee
de Toulouse, Cal. nouBb. 1560 [1ernovembre 1560] et suivie
de la table en ital.
P.

1, texte.

F.

final

P. 253 : Appendix
n.

ch.

ad caput deeim?...

r?, errata

; v? blanc.

Les pp. 1-210 [cahiers A-N] sont imprimees par Guyon


Boudeville avec lesmemes car. et initiales que YHist. tolosaine
[n? 102] ; les 8 ff.prelim. et la fin sortent de chez Jacques
Colomihs [voir pp. 229-230 ci-dessus].
?
Bibl.

nat.,

D.

21975.

Toulouse,

Res.

D.xvi.204.

129. Le IITvmbeav ||de ||Pierre Lovis de ||Bonnefoi. ||A To


lose. IIChez G. Boudeuille iure de Vvniuersite. || 1560. ||
In-4 de 10 ff.n. eh., sign. A-B4, C2, car. ital.?
Signale par
Du Verdier, I, 212, art. Barth. Batiste.
F. 1 r?, titre reproduit p. 297 ;v? blanc.
F. 2 r? :Avertissement au lecteur [par Guyon Boudeville ?].
Bien

que

tu peux

etre

asses

auerti

Lecteur,

combien

nous

deuons ? Thonneur de ceux qui ont fait quelque chose memo


rable ; si t'ai-ie bien voulu faire connoitre quelle ha ete mon
intencion en Timpression de ces epitaphes. Non pas que ie te

09:47:51 AM

296

MEGRET

JACQUES

vueille ici proposer le merite de celui en faueur de qui nous


auons b?ti ce tombeau : ie reserue cela ? l'impression de ses
oeuvres

memes,

dans

lequelles

de

peu

temps

comme

i'espere

pourront porter temoignage ? toi & a toute la posterite, de la


vertu & gentil esprit de leur autheur. Seulement ie te vueil
bien prier de ne trouuer mauuais, que i'aie emploie quelque
diligence ? recueillir ce que quelques gens de bon esprit, ainsi
que tu pourras voir au discours de ce petit ceuure, auoient
dresse de leur gre pour recompense d'une vertu, de laquelle il

ne

nous

rester

maintenant

peut

la memoire.

que

Ce

que

tu

dois trouuer d'autant meilleur en cet endroit, que celui ? qui


nous b?tissons cette gloire n'a peu lui-meme, pour la brieuete
de sa vie, ioui'rde l'honneur qui lui etoit aprete. Voil? Lecteur
ee

qui

nous

ha

&

poussez,

te pourra

parauenture

qui

semondre

? t'emploi'er de ton cote ? la louange d'une si rare & singu


liere vertu. A Dieu.
F. 2 v? : Sur lamort de P. Louis de Bonnefoi:
Pierre

et mort!

Louis

6 trop

iuste

tristesse...

[34 vers]

suivis d'un Sonet :


ce iouuenceau

Passant,

le nom

(c'et

son age)...

de

signe [Guillaume de] La Grange [de Sarlat], qui est probable


ment aussi l'auteur de la piece precedente.
F. 3 v? : Soneto :
Vn

&

piccol',

vn'

F. 4 r? :Epitaphe

vn* giouenetto...

vn* vecchio,

grande,

de Pierre Louis de Bonnefoi

Possible
Scauoir

veux

qui

tu passant
et cy gisant...

[85 vers]

signes de Nie. de Vares et suivis d'un dixain de Jean Bodin,


signe /. Bodin Angevin :
Vous

dites

F. 6 r? : Elegie
B. Baliste :
Le

voleur

Platon,

vrai,

que

la fureur...

sur le trepas de P. Louis


qui

la haut

cette

deroba

de Bonnefoi, par

flamme...

[160 vers]

signes de la devise : Vn seal bvt et suivis d'un douzain signe


:
/. D. B. [Jacques de Bonnefoy, frerede Pierre-Louis]
Bien

loin des

que

&

soupirs

des

veeus

de

ton frere...

F. 9 v? : Sonetto :
Talma

di Bonafe

Quando

Natura

volse...

signe de la devise :A naistre ov bien estre.


F. 10 r? : Sonetto :
S'lo

signe DI. FR.


VEve que].

(di Bonafe)

BL.

D. M.

hauessi

L.

sublime...

[Frangois Blaisot,

de Mussy

09:47:51 AM

le

VMBEAV
d e
LO VIS

PIERRE

DE

JONNEFOI.

u tolosb.
Chez,C. Boudcuillciurcdc rvniuerfitc*
I 5 60.
5~io
N?

129

(marque

4).

09:47:51 AM

298

JACQUES MEGRET

F. 10 v?, blanc.
Imprime avec l'orthographe particuliere ? G. Boudeville.
Mazarine, 18772 (12) [seul exemplaire connu],

1561
130. Antiatheon per rationes aliquot congestum physicas,
quibus Athei, tanquam suis baculis, seu telis icti, refelluntur,
Deum unum esse aeternum,Omnipotentem, plenissimum mise
ricordiae,& bonitatis infinitae,nostrique sollicitum [a Francisco
Boria, alias dictus a Guerra]. Impres. Tolosse ? Guidone Bou
devillsso, 1561.
? Par Francois de
? Du
In-4.
Verdier,
IV, 67 et I, 642.
La Borie, de Vallon en Vivarais selon La Monnoye, de Cahors
selon Du Verdier. Ii s'agit pour l'abbe Goujet, XI, 191-192,
de Francois Arnault de la Borie, historien perigourdin sur
lequel on peut consulter le Dictionn. de biogr. francaise, III,
col. 909-910 et Moreri, I, 357-358.
131. Deprecation des enfans fideles de TEglise de Dieu, au
Roi Tres-Chretien de France, Francois II du nom. Imprimee ?
Tholose par Guyon Boudeville, 1561.
Du Verdier, III, 137.? Par Nicolas de Vialettes, Albigeois.
132. Fidvciaria || Christianae, civilis et || politicae ivrisprv
dentiae, || in artem seu potius artis ideam, ex || sacrosanctis ac
Caesareis || conflatae sym-||bolis, ||Methodvs.
||Ad rarissimae
|| Georgivm
virtutis, & Heroicae probitatis || Ecclesiastem
Armeniacvm || Cardinalem, Tolosanae Pastorem ||Ecclesiae. ||
Ivlianvs Taboetivs
|| Ivrisprudentiae professor, suis primae
classis IIauditoribus priuatim dictauit. ||Ex officina G. Bou
M.D.LXI.
||
deuillsei, Academise Tolosanse typog. \\
In-4 de 67 pp. sign. A-G4, H6, car. rom. et ital.
P. 1, titre.
P. 2 : Ad eundem spectabilis doctrinse$ sanctitatis eximise
Prsesukm, ccelesti Iurisprudentia conspicuum Georgium Arme
nacum Cardinalem, douzain latin.
P. 3 :Mquissimo Narbonensis Provincise Censori Io. Man
sencallo, triplici Iurisprudentia suspiciendo Prsesidi apud
Tolosates prim?r io, Iulianus Taboetius.
P. 5 : Ad ornatissimum virum D. Antonium ? Paulo, in
Senatu Tolosano Prsesidem doctrina $
singulari prudentia
spectabilem, epigramma, six distiques.
P. 6 : Integerrimo viro Io. Daffis, in prsetorio Tolosano
Prsesidi multis nominibus obseruando, Iulianus Taboetius.
P. 8 : Ad iustissimum virum D. Ant. Latomium, ciuili,
iudiciali sapientia prmditum, Tolosano in Senatu
politica $

09:47:51 AM

BOUDEVILLE

GUYON

Prsesidem
declarans

299

tribunalitium, Decastichon,

prsecedentis epistolse

emphasim.

P. 9 :Prudentissimo viro septem artium 8f virtutum corona


longe conspicuoMichaeli Fabro, Prassidi apud Tolosates tribuna
litio, Iulianus Taboetius, epitre suivie de trois distiques :Ad
studiosos auditores, in Academia Tolosana
Iurisprudentise

sacris

operantes.

P. 11, texte, termine p. 66 par :Finis primi tomi et par un


quatrain latin de Jean Bertrand du Mysnil.
P. 67 :Severos etad prime spectabiles triumvirosB. de Aygua,
B. Sabaterium et Io. Mansencallium,
Fiscali nomophilacise
in Tolosano senatu prsefectos,Remondus Taboetius, in eodem
Senatu patronus, epigrammate rudi salutat, huit distiques ter
mines par la devise : Valete forensis asylise patroni.
P. 68, blanche.
Bibl. nat., F 16092.
133. Les Charites, prises du grec de Theocrite. Tholose,
Guy on?Boudeville, 1561.
Du Verdier, 1,376.? Par Claude Turrin, de Dijon.
In-4.
? Cette traduction de la xvie
idylle du poete grec est citee
par Tabbe Goujet, qui ne savait evidemment pas o? eile
avait paru, car eile ne figure pas ? son catalogue. Cette piece
semble du reste avoir disparu et nous pouvons la classer parmi
les livres perdus ; eile est portee au Cat des foiresde Francfort.?
[Brunet, Suppl.,

II, 816].

134. Petri Manxiron, Adolescentis

rundam

quibus

mortis

psena

imponitur,

quis liberatur ; aliorum quibus


congeries. Ejusdem Epigrammata.

devillseus.

In-8.?Du
Verdier,
biogr. sur Tauteur].

Alverni, Casuum
nonnullorum

quo
quibus

infamise causa irrogatur,


Tolosse, excud. Guido Bou

IV, 199 [sans date ni renseignements

135. Articles, respondues par || le Roy en son c?nseil ||priue,


sur la requeste presentee par plusieurs ||habitans de la ville de
Bourdeaux & Senes-||chaulcee de Guyenne, sur le faict de la
Reli-||gion qu'on diet reformee. ||Publiez en la Court de Parle
ment audict de || Bourdeaux,
le 30. iour d'Auril. 1565
||
A Tovlovze, ||Par G. Boudeuille, Imprimeur || de ladicte ville. ||

1565. ||

In-8 de 12 ff.n. eh. sign. A-C4, car. rom.


F. 1 r?, titre ;v? blanc
F. 2 r? : Av Roy [texte de la remontrance des protestants

09:47:51 AM

JACQUES MEGRET

300

bordelais sur la liberte du culte et l'acces aux emplois publics


(en application de l'edit de pacification, dont Texecution etait
contrecarree par les autorites bordelaises), en 23 articles accom
pagnes chacun de la reponse du Roi, ecrite de Valence, le
5 septembre 1564].
F. 7 r?, lettres d'expedition du document precedent au Parle

ment

du meme

datees

de Bordeaux,

jour.

F. 8 r?, lettres patentes royales pour Texecution des articles


et edits precedents, lesmaire et jurats de Bordeaux n'en ayant
pas tenu compte, ecrites de Montpellier le 29 decembre 1564,
suivies de leur enregistrement au Parlement de Bordeaux, le
30 avril 1565.
F.

10

F.

12, blanc.

et arrete

r?, enregistrement

d'execution

chal de Guyenne, 9mai 1565.

le Sene

par

Coll. Fernand Pifteau, ? Toulouse.


Cette edition, faussement publiee sous l'adresse de Guyon
Boudeville, n'est pas toulousaine mais probablement borde
laise.

Peut-etre

encore

vivant

sort-elle

d'une

imprimerie

et clan

protestante

destine installee sur les bords de la Gironde, et le nom de


Boudeville tendrait ? accrediter cette hypothese ? Elle prouve
en tous cas que lamort de 1'imprimeur toulousain n'etait point
passee inapergue et que le souvenir de son execution etait
trois

ans

plus

tard.

II existe de la meme piece une edition officielle,privilegiee

pour

dix

ans,

Par

d'Angoulesme,

lean

de Minieres,

Pour

Guil

laume Boulanger, 1565, in-4 de 12 ff.n. ch. [Coll. F. Pifteau,


? Tlse]. Guillaume Boulanger etait libraire ? Bordeaux
[voir
A. Claudin, Les orig. et les debuts de Vimpr. ? Bordeaux, 1897,
pp. 103-112].

Ajoutons ici les titres de quelques livres toulousains, la plu


part signales par Du Verdier, qui pourraient avoir ete impri
mes par Guyon Boudeville.
A.

grammata.

Blanchon
Tolosas,

(Jacques).
1542.

Lusus

extemporanei

sive

Epi

Cite par G. Draudius,


Bibl. classica, 1625, p. 1531.
J. Blanchon etait d'Uzes [Baudrier, VIII, 187].
?
B.
Aureum de peccatis capitalibus et eorum speciebus
opusculum. Venundantur Tholosde in palatio regis, ex officina
Arnaldi de la Borde, 1544.
In-8,

goth.

Suivant

A.

Claudin,

op.

cit., p. 29, Arnaud

de

la Borde etait libraire. L'adresse ci-dessus semble indiquer


que cet ouvrage sort de ses presses. L'impression gothique
datee de 1544 pourrait infirmer l'attribution ? G. Boudeville.

09:47:51 AM

GUYON

BOUDEVILLE

301

?
Cat. Mac-Carthy, 716.
Description bibliogr. de livres
1855, I, 188 [lememe ex.].
choisis, par J. Techener,
?

C.
Dame

Epistre
Tholosaine,

la

des

louange

en

composee

Dames,
rime par

a une
adressante
un
sien
serviteur,

pour l'amour de sonmaitre Pierre Servati, imprimee ? Tholose


Van 1545.
Du Verdier,
In-4.?
I, 553.
Le Miroir du pauvre Pecheur penitent, sur le Psalme
D. ?
de David 50. Imprime ? Tholose par lean Lemosin, 1545.
?

In-16.

Du

I, 668.

Verdier,

Par

Francois

Ponisson.

Jean Limosin n'etait que libraire [A. Claudin, p. 29].


La vraie et sure Adresse des Pecheurs penitents, pour
E. ?
se confesser purement & devotement selon la loi de Dieu;
ensemble YInstruction des confesseurs, imprimee ? Tholose
par Jean etRaymond Chazot, 1546.
In-8.

Du

I, 668.

Verdier,

Par

Francois

Ponisson.

Les freres Chasot etaient libraires et relieurs [A. Claudin,


pp. 33-34] ; G. Boudeville a imprime pour Jean Chasot le
De non vertenda scriptura sacra... du P. E. Rotier en 1548
[n? 41 ci-dessus].
F. ?
Epistre d'un Gentilhomme ? un sien ami, contenant
la Perfection Chretienne, translatee de T Italien en Francois
par une Dame qui ne se nomme point, imprimee a Tholose,
par Thomas du Pert, 1546.
Du Verdier,
In-16.?
I, 553-554.
Thomas de Fer [ou du Fern, Duffern ou du Fer] fut toujours
libraire, d'abord en association avec Guillaume Negre [ou
Le Noir ou Noiral] puis avec les heritiers de ce dernier en 1546,
puis seul ? partir de 1548 ; il payait une imposition de 4 1.,
somme elevee qui suppose un etablissement important
[A. Claudin, passim].
Du Verdier signale encore de la meme Epistre une ed. de
Lyon, Thibaud Payen, 1549 [format non indique] que Baudrier
n'a

pas
?

vue,

et il mentionne

Joannes

G.

de

que

la Mazzera.

ce

livre a ete censured


usu

De

out, & similibus. Tolosse, 1554.


In-4.

Signale

par

une

note

ms.

vocularum

du Dr

&

cum,

Desbarreaux-Ber

vel,

nard sur son ex. interfolie de YEssai chronol. de Vimpr. ? Tou


louse du Mls de Castellane [Bibl. de Toulouse].
Jacques
1

Cette

etude

forme

Tun

des

chapitres

toulousaine (1476-1567) qui parattra en 1946.

Megret
d'une

1.

Bibliographie

09:47:51 AM

DEUX
I.

ASPECTS DE MONTAIGNE

Montaigne

et

la

cite

: Essais,

III,

10

De

quoi s'agit-il ici ? Est-ce uniquement du probleme


la mairie de Montaigne
? Ce serait restreindre sin
la
Est-ce
de Pattitude
de Mon
gulierement
question.
ses
devant
semblables ? Ce serait trop Petendre ;
taigne
non, il s'agit de definir le comportement de Montaigne
et poli
dans et devant une societe hierarchiquement
constitute, o? il est appele k remplir cer
tiquement
en se
taines fonctions de juge, de soldat, de magistrat,
ou
au
ses
mettant k la t?te,
service de
concitoyens. La
sous cet angle, reste vaste
envisagee
question, m^me
de

et complexe. Cest
chercher ? expliquer Pattitude
de
avant 1580 et apres 1586, que d'essayer d'y
Montaigne
repondre. Faisons d'abord le point.
c'est surtout Pessai 10 du livre III qui
fividemment,
semble ici 6tre en jeu. Mais il ne contient pas toute la
Nous devrons utiliser aussi bien
pensee de Montaigne.
sa vie que ses ecrits et ne pas perdre de vue Pune de nos
donnees, sous pretexte que nous etudions Pautre.
en son chateau est dej? une
La retraite de Montaigne
de
Phomme
Pattitude
attitude,
qui ne veut pas attacher
? sa vie publique de magistrat ? Perigueux ou ? Bordeaux
essentielle. Les raisons de la retraite de
Pimportance
en une
tiennent
dans une certaine mesure
Montaigne
? librairie ? et
sa
mettre
latine
dans
fit
inscription
qu'il
dont voici la traduction : ? L'an du Christ 1571, ? Page
de trente-huit ans, Michel de Montaigne,
excede depuis
cours
et
des
de
des fonctions
Pesclavage
longtemps dej?
se
encore
sur
sante
de
le sein des
reposa plein
publiques,
1
Essais

Les

sont indiquees
references
suit celle de Villey.

d'apres

1'edition

Plattard

qui

09:47:58 AM

des

DEUX

ASPECTS

DE

303

MONTAIGNE

doctes vierges. ? En paix et en securite, il y passera les


jours qui lui restent ? vivre, souhaitant seulement que
les destins lui permettent de parfaire le doux asile pater
? sa tranquillite et ?
nel consacre ? son independance,
ses loisirs. On

a beaucoup

discute de ce renoncement
aux
On a
premature de Montaigne
charges publiques.
degue, de r6ve de gloire insatisfait,
parle d'ambition
que sais-je encore ? Si nous nous reportons aux deux

livres essentiels de Gr?n, Montaigne


magistrat et La
il semble qu'il faille changer
Vie publique de Montaigne,
notre fagon de voir. II y avait en realite incompatibilite
entre les fonctions de juge et le temperament de Mon

de quelle
d'ailleurs
faeon il
taigne. Rappelons-nous
parle des proces et des plaideurs dans notre chapitre 10
de son esprit sceptique
pour comprendre Pinhibition
devant la complexite des choses humaines;
et, ce que la
et
avoir
de h?tif
d'irrevocable,
peut
justice
d'aveugle
dans ses decisions, repugne ? son jugement, qui reste
? donner ? la balance et, qui
incertain de Pinclinaison
se
?
lui
donner. II nous a dit, d'autre
refuse
la
est,
plus
ses
devant
la rigueur, devant la neces
part,
scrupules
site de donner la mort. L'auteur de l'essai sur la cruaute
est presque un tendre qui ne veut point des methodes

violentes.

? cela ce qui sera sa preoccupation


des les
Ajoutez
premiers livres ; celui qui a ecrit que la plus grande
chose du monde c'est d'etre ? soi, va des l'essai trente
neuvieme, sur la solitude, du Iivre premier, nous suggerer
les motifs profonds de sa retraite. II n'aime pas 6tre
presse de tous les cotes, ? la fois du dehors et du dedans,
par les affaires publiques et par les affaires privees. Pour
arriver ? un resultat valable, pour pouvoir vivre et se
il faut alleger
liberer de cette mort d'enterre vivant,
son fardeau : ? Si on ne se descharge premieremeiit et

son ?me, ecrit-il ? la p. 138 1, du fais qui la presse, le


remuement
la fera fouler davantage
; comme en un
navire les charges empeschent moins, quand elles sont
1

Edition

citee.

09:47:58 AM

304

CH.

DEDEYAN

faites plus de mal que de bien au malade,


ce n'est pas
de luy faire changer de place... Parquoy
se
assez de changer de place, il
faut escarter des condi
tions populaires qui sont en nous ; il se faut sequestrer
et r'avoir de soy. ? Et un peu plus loin (p. 139), il pre
cise avec plus de force la m6me idee : ? Notre mal nous
tient en P?me ; or eile ne se peut echapper ? eile mesme...
Ainsin, il la faut ramener et retirer en soy : c'est la vraie
solitude et qui se peut jou'ir au milieu des villes et des
cours des Roys ; mais eile se jouyt plus commodement
k part. ? En somme, c'est un surmenage intellectuel et
moral qu'evite le philosophe
; il ne veut fixer son atten
rassises. Vous

tion que sur ce qu'il a de plus proche et de plus intime.


un desir
des maintenant
Ne voyons pas pourtant
formel de la culture de soi. II s'agit d'abord pour Mon
ses precautions. Avant de se mettre
taigne de prendre
au travail (je crains que cette expression ne soit trop
il trace les limites de ses
k lui appliquee),
vigoureuse
il est maitre
le moment,
veritables
;
pour
possessions
du chateau et de la librairie. Le sera-t-il
de Montaigne,
les temps ne
egalement de Michel ? Malheureusement,
a
cette question religieuse
II y
sont point favorables.
un des trois
qui va entrainer tout gentilhomme dans

celui des Protestants,


partis, celui du Roi de France,
celui des Ligueurs. Cessant d'etre un personnage officiel,
un personnage
n'en demeure
pas moins
Montaigne
le
nombre
de
fois
officieux. Comptez
qu'il est oblige,
se
sa
de
de
bon gre mal gre,
retraite, non seule
deranger
ment pour quelque
randonnee agreable, mais encore et
une
surtout pour
pour aller k la guerre ;
negociation,
ne
son
en
m?me
partant pour
long voyage de sante, il
se
au
se
de
La
rendre
croit pas pouvoir
siege
dispenser de
Fere o? il est seant d'etre present aux cotes d'Henri III.
est si reelle, je ne dirai
L'activit6
guerriere de Montaigne
M.
Marc Citoleux, par un decou
pas si trompeuse, que
est
et
vie
des ecrits de Montaigne,
page sincere de la
un
nous
et
montrer
Sol
k
arrive
theologien
Montaigne
dat, qu'il estime le seul vrai. On peut m&me se demander
si la facon dont il est accueilli dans differentes villes en

09:47:58 AM

DEUX

ASPECTS

DE

305

MONTAIGNE

en Italie, avec des honneurs supe


Allemagne, et surtout
ceux
sont
?
d?s ? un simple gentilhomme, ne
rieurs
qui
et si, dans son voyage
cache pas une activite diplomatique
de sante, il n'y a pas aussi d'inscrit un voyage d'infor
mation
Car, prenons bien garde, Montaigne
politique.
au
et au second, se presente souvent
livre
premier
qui,
comme un stoicien citoyen du monde, qui fait, dans ses
et dans son Journal, profession de cosmopoli
Essais
par tradition de famille, est tres
tisme, Montaigne,
et au Roi.
II est Perigourdin
sans
?
Bordeaux
attache
?
?
son
a
coeur
et par
par Paris qui
doute, mais Frangais
la

couronne.

en quittant le Parlement de Bor


affirmer
deaux que Montaigne
pouvait veritablement
son independance ? l'egard de la cite. C'est maintenant,
quand la situation s'aggrave et que tous doivent prendre
ou de Pautre,
parti et mettre leur epee au service de Tun
Ce n'etait

done pas

que la decision doit ?tre prise par lui. Jusque-l? egale


et c'est ici le point essentiel, la personnalite de
ment,
Montaigne n'etait qu'en formation ; eile voulait prendre
conscience de soi, peut-6tre ? travers les livres. La Cour
des Aides de Perigueux, une place de conseiller au Par

sans
s'abandonner
cela pouvait
lement de Bordeaux,
: il n'y allait pas de la cite, de toute la cite.
dommage
Mais voici que justement, au moment meme ou cette
commence ? s'affirmer, au sortir de ses
personnalite
deux livres d'essais, dont les premiers chapitres avaient
ete de simples extraits, relies entre eux, de lectures,
ses premiers pas, on le sollicite pour
quand le moi fait
et s'attache au service des autres,
soi-meme
s'oublie
qu'il
et cela non seulement dans la mairie, mais encore dans
et les operations mili
les negociations
diplomatiques
taires.

Nous savons dej?, par cet essai sur la solitude, Popinion


sur les hommes publics, celle du moins
de Montaigne
avant
1580. II est dur pour eux et, tout
qu'il professe
comme le fera quelque cent ans plus tard La Rochefou
et le devouement
cauld, il ramene le desinteressement
? la cause publique des hommes en charge, ? Pambition,
20

09:47:58 AM

306

CH.

DEDEYAN

k la recherche egoiste de la gloire, en un mot ? ce que le


ou
du xvne
siecle appelle
moraliste
l'amour-propre
l'amour de soi. C'est le but m?me de l'essai (p. 135) qui
nous donne sans ambages
sa facon de penser : ? Lais
sons ? part cette longue comparaison de la vie solitaire
? Pactive ; et quant ? ce beau mot de quoy se couvre
: que nous ne sommes pas nez
l'ambition et l'avarice

pour nostre particulier, ainsi pour le publicq, rapportons


nous en hardiment ? ceux qui sont en la danse ; et qu'ils
se battent la conscience, si, au rebours, les estats, les
charges, et cette tracasserie du monde ne se recherche
. ?
plutot pour tirer du publicq son profit particulier
a
lui-m&me
Une dizaine d'annees
tard,
lorsque
plus
ete ? en la danse ?, son opinion n'a pas change ; ecoutons
le lui-m6me attaquer pour se defendre au Chapitre X
?
(p. 117) : Nos hommes sont si formez k l'agitation et

ostentation
que la bonte, la moderation,
l'equabilite,
la Constance et telles qualites quietes et obscures ne se
sentent plus... C'est agir pour sa reputation et proffit
particulier, non pour le bien, de remettre k faire en la
place ce qu'on peut faire en la chambre du conseil, et
en plain midy ce qu'on eust faict la nuict precedente,
et d'estre jaloux de faire soy-mesme ce que son com
pagnon faict aussi bien. ?
Nous connaissons les circonstances de l'election et de
? la Mairie
de Bordeaux,
la reelection de Montaigne
activite combien absor
l'activite qu'il y a deployee,
bante, pendant quatre ans. Nous savons aussi comment
le
il avait hesite ? accepter ces fonctions qui venaient
sa
au
moment
de
la
formation
de
critique
surprendre

a eu moins
en sorte que Montaigne
le
personnalite,
ses
et
de
limiter
suite
de
de
la
actes, que
temps
prevoir
au
immediates
de les juger dans leurs consequences
sortir de sa charge.
C'est une fois qu'il a agi, qu'il a eu ? se demander si
ce qu'il avait donne de lui-m?me etait s?ffisant, et mieux
encore, s'il s'etait donne lui-m^me et s'il devait se don
ner lui-m&me ? la cite. Le probleme est d'ailleurs pour
si br?lante, qu'il l'envisage des le
lui d'une actualite

09:47:58 AM

DEUX

ASPECTS

DE

307

MONTAIGNE

:
premier chapitre du troisieme livre intitule De Futile
consacre
au conflit de
et de Phonn6te,
Fobligation
et de la personne morale. Si nous y ajoutons
politique
l'Essai sur la solitude et celui De menager sa volonte,
nous avons les pages essentielles de Montaigne,
dans le
passe et dans le present, sur la fagon de comprendre
ses devoirs

Montaigne

civiques.
essayiste,

spectateur

de Montaigne,

maire,

soldat et diplomate,pose des 1586 ou ? la fin de 1585 le

: ? Au demeurant,
de passion
principe de son manque
ou
hayneuse ou amoureuse
je ne suis presse de passion
envers les grands ; ny n'ay ma volonte garrottee d'of
? Cette
k
attitude
fence ou obligation
particuliere.
l'egard des personnes, il la renouvelle k l'egard des idees
et le contexte nous indique que ce sont les idees poli
?
ne m'attache
non
tiques : La course generale et juste
ne suis pas subjet
sans
et
moderement
Je
fievre.
que
plus
? ces hypotheques
et engagemens penetrans et intimes ;
la colere et la hayne sont au-del? du devoir de la justice,
et sont passions servans seulement ? ceux qui ne tiennent
pas assez ? leur devoir par la raison simple. ?
Et tout comme en resignant sa charge au Parlement,
il avait voulu eviter ce qu'il y avait d'implacable
dans
les fonctions de juge, il repudie, en y renongant pour
lui-m?me, toute fonction publique requerant la violence
?
et Pimmoralite
(p. 8 et 9) : De mesme, en toute police,
non seulement abjects,
a
il y
des offices necessaires,
encore
mais
vitieux ; les vices y trouvent leur rang et
s'employent ? la cousture de notre liaison, comme les
venins ? la conservation de nostre sante. S'ils deviennent
excusables, d'autant qu'ils nous font besoing et que la
commune
il faut
necessite
efface leur vraye qualite,
laisser jouer cette partie aux citoyens plus vigoureux
et moins
craintifs qui sacrifient leur honneur et leur
conscience...
; nous autres, plus faibles, prenons des
rolles et plus aisez et moins hasardeux. Le bien public
mas
requiert qu'on trahisse et qu'on mente et qu'on
sacre ; resignons cette commission ? gens plus obeissans
et plus souples. ?

09:47:58 AM

308

CH.

DEDEYAN

cette refutation de l'ecole de Machiavel,


Mon
sous
son
couvert
le
de
la
moralite,
taigne
II se reduit lui-m6me au role
activite publique possible.
officieux des princes. ? Aussi
de collaborateur
(p. 15)
ne sont aucunement
de mon
gibier les occupations
; ou que ma profession en requiert, je Py four
publiques
nis, en la forme que je puis la plus privee... J'ay sou
vent depuis evite de m'en mesler,
rarement accepte,
tenant
tourne
?
le
dos
Vambition. ?
jamais requis,
Ainsi, il place sous l'egide de la vertu et de Pinno
cence (le mot est de lui) sa reserve (theorique) et sa
Dans

limite dej?,

des affaires publiques.


Nous
apparente
sur la Solitude prendre comme
k YEssai
raison les soins qu'on se doit ? soi-m6me. Ce sont ces
deux motifs reunis qu'on retrouve au debut de l'essai X,
De menager sa volonte : ?Mon opinion est qu'il se faut
disaffection
vu

Pavions

prester k autruy et ne se donner qu'? soy-mesme. Si ma


et ? s'appli
volonte se trouvoit aysee k se hypothequer
:
suis
durerois
pas
quer, je n'y
trop tendre, et par
je
est en effet persuade
nature et par usage. ? Montaigne
que Pon doit avoir en vue Phomme et non les hommes,
c'est pour le plaisir de se connaitre qu'il n'avait pas voulu
&tre un homme public avant 1580, et maintenant,
c'est
parce qu'il se connait qu'il peut limiter la part de nous
m?me que nous devons k la cite.
tout k fait original.
Ici, intervient un raisonnement
va montrer que
Se prater et non se donner, Montaigne
c'est non seulement Pinter6t bien compris du citoyen,
se defie du devoue
mais encore de la cite. Montaigne
ment corps et ?me, de l'abdication de Pintellect au profit
de la sensibilite et de Penthousiasme,
qui ne sont pas
comme on le croit, mais
constructeurs,
destructeurs,
sait main
parce que passions aveugles ; et Montaigne
tenant, par le spectacle des guerres de religion, ou peut
et le sacrifice en apparence
conduire Pelan heroique
: au massacre
desinteresse
general. II veut au gouverne

ment

des gens qui ont toute leur t?te et qui, par un


egoisme et un egotisme bien compris, par Penrichisse
ment de soi et Pintrospection,
trouveront le moyen de

09:47:58 AM

DEUX

ASPECTS

DE

309

MONTAIGNE

de leurs
peser leurs actions, de prevoir la consequence
actes. Les bons gouvernants,
les meilleurs
chefs sont
ceux qui sont le plus capables
ceux qui
d'analyser,
savent dominer leur sujet, la matiere qui les occupe et
ne s'en laissent pas dominer. Comme
sa psychologie
s'offre ici fine et insinuante, comme eile sait faire accep
ter les resultats de ses investigations, ou plutot de ses
?
decouvertes
(p. 96) : Cette asprete et violence de desir
empesche, plus qu'elle ne sert, ? la conduite de ce qu'on
envers les eve
entreprend, nous remplit d'impatience
nements ou contraires ou tardifs, et d'aigreur
et de
soupgon envers ceux avec qui nous negotions. Nous ne
conduisons jamais bien la chose de laquelle nous sommes
possedez et conduits.
cuncta ministrat

male

Impetus.

Celui qui n'y employe que son jugement et son adresse,


il y procede plus gayement : il feinet, il ploye, il diflere
tout k son aise, selon le besoing des occasions ; il faut
sans tourment et sans affliction, prest et
d'atainte,

entier pour une nouvelle entreprise ; il marche toujours


la bride ? la main. En celuy qui est enyvre de cette
intention violente et tyrannique, on voit par necessite
et d'injustice
; l'impetuosite de
beaucoup
d'imprudence
son desir l'emporte ; ce sont mouvemens
temeraires, et,
si fortune n'y preste beaucoup, de peu de fruict. ?
L'inter6t bien compris des autres, de la cite selon
est naturellement
Montaigne,
qu'on
agisse pour eux,
comme
pour elle,
pour soi, et e'est en agissant pour soi
saura agir pour les autres. Justement, e'est lui
qu'on
encore qui (a la p. 95) nous apprend que la ? principale
? Et
charge que nous ayons, e'est ? chacun sa conduite.
il continue par un exemple frappant : ? Comme qui
oublieroit de bien et saintement vivre, et penseroit estre
et dressant les
quitte de son devoir en y acheminant
ce
un
tout
de
seroit
autres,
mesme, qui abandonne
sot;
en son propre le sainement et gayement vivre pour en
et desnature
servir autruy, prent ? mon gre un mauvais
? G'est le mot desnature
faut
retenir ; la
parti.
qu'il

09:47:58 AM

310

CH.

DEDEYAN

du troi
nature, c'est un terme qui pour le Montaigne
sieme livre sonne plus vrai que le mot de vertu et mime
que Figoisme. C'est la nature qui nous a donne en charge
et nous verrons par la suite que c'est la
? nous-mime,
nature qui nous apprend ? vivre et k mourir ; pour le
sachons nous prater ? la cite, mais en ayant
moment,
en sante (p. 95), non pas
l'esprit toujours en repos et
sans action, mais sans vexation, sans passion. Montaigne
nous oblige ? ce moment de sa pensee k reconsiderer un
annees, un sin
probleme
qui avait eu, il y a quelques

:
gulier retentissement, sous l'impulsion de Julien Benda
la trahison des Clercs. Pour Montaigne, Pintellectuel qui
trahit n'est pas celui qui se refuse ? la cite, c'est celui
ou cesse de
qui, en se donnant ? eile, oublie de l'etre

Pitre.

Mais ce respect du moi dans les affaires publiques,


cette dispensation des graces par Pentremise obligatoire
d'un moi qui en est le premier beneficiaire, ne risquent
ils pas de produire un desequilibre d'un autre genre, une
disaffection des interets que Pon a en charge ? Non. En
vaut
de Montaigne
realite cette attitude philosophique
surtout par la conscience exacte de ce qu'on a ? gouver
ner, et de ce qui nous permet de gouverner ; on peut
ne se fait
aller aux plus grands sacrifices. Montaigne
sa
nous
dire que malgre
pas faute de
complexion molle,
il y serait alle lui-meme; on peut meme verser son sang
et donner sa vie, ? condition qu'aucun
aveuglement ne
soit venu obliterer notre volonte. Ne perdons pas de vue

en effet le titre meme de notre essai. La volonte est pour


ce qui guide notre choix, et ce qui nous y
Montaigne
fait tenir, une faculte de juger sans parti-pris et de rester
arrites. Nous
constant dans ses choix judicieusement
au
?
la limite, accomplir
pouvons mime,
pouvoir ou dans
nous
un
acte
Pexercice d'une fonction
que
n'approuvons
obeir ? un ordre, qui nous parait
pas, nous pouvons
cruel ou superflu, mais par ce jugement meme que nous
lui appliquons, nous restons libres, nous ne sommes pas
atteints dans la partie la plus profonde et la meilleure
aurait compris et
de notre etre. Au fond, Montaigne

09:47:58 AM

DEUX

ASPECTS

DE

311

MONTAIGNE

approuve Servitude et grandeur militaires, car Pessentiel


est pour lui la maitrise de soi.
C'est cette m&me maitrise qui lui dietera sa conduite

aussi bien dans le gouvernement que dans les troubles


de la cite. L'ennemi
abattre, c'est,
qu'il faut d'abord
nous Pavons vu, la passion (p. 102) : ? Quand ma volonte
me donne ? un party, ce n'est pas d'une si violente obli
mon entendement s'en injecte. Aus presens
gation que
brouillis de cet estat, mon interest ne m'a fait mescon
louables en nos adversaires, ny
naitre ny les qualitez
en ceux que j'ay suivi...
celles qui sont reprochables
en equani
Hors le noeud du debat, je me suis maintenu
mite et pure indifference. ? De l? ? se faire accuser de
il n'y avait qu'un pas,
tiedeur, d'inertie, de mediocrite,
et les dernieres pages de Pessai sont caracteristiques k cet
ne voir
egard. Mais ce serait un contre-sens complet de
dans le chapitre X qu'un essai d'apologie
personnelle.
se defend, c'est encore pour
si Montaigne
Et m6me,
sans aller jusqu'au
testament poli
preciser sa pensee ;
nous
la
avoir
il
va, apres
part de nous
indique
tique,
m6me que nous devons apporter au gouvernement de la
cite, et l'esprit qui doit nous animer, prendre position k
Pegard du but qu'il faut poursuivre.
comme
dont il interdisait Pintrusion
Cette passion
aux
est
et
?
la
cite,
citoyens,
justement
prejudiciable
la
de ces nouveautes
qui bouleversent
Pinstigatrice
il s'agit de
France. Au point ou en est le Royaume,

deranger Pordre etabli le moins possible. C'est la qu'a


? Je
obscur d'un Montaigne.
tendu tout le devourment
ecrit-il (p. 120), qu'? conserver et durer, qui
n'avais,
est de
sont effects sourds et insensibles. L'innovation
ou
en
ce
est
interdite
eile
mais
lustre,
grand
temps,
nous sommes pressez et n'avons ? nous deffendre que des
? Connaissance
et maitrise de soi, devoue
nouvelletes.

conser
eclaire et raisonne ? la chose publique,
liberal et tolerant, voil? les principes sur les
quels s'appuie Montaigne homme public, et dont la pra
feront le citoyen sans reproche, et
tique victorieuse
Phomme libre par excellence.

ment

vatisme

09:47:58 AM

312

CH.

DEDEYAN

ici ? un aspect decisif de la pensee de


; nous l'avons vu imposer son moi ? la cite,
Montaigne
ou plus exactement
ses franches coudees.
lui menager
S'il est exact de dire que le sage n'abdique
pas sa per
sonnalite dans la cite, il ne faut pas non plus oublier de
Nous

sommes

dire, et je le souligne ? dessein, que la cite aussi par


faira le sage, et que c'est elle qui lui donnera la cons
cience et la maitrise
decisive de soi. II avait dej? laisse
entrevoir, ? la fin de Pessai de la solitude, les dangers
d'une retraite chez soi et en soi, pour qui ne pouvait de
en vous,
lui-meme s'enrichir (p. 150) : ? Retirez-vous
vous
de
mais preparez-vous
y
recevoir,
premierement
ce seroit folie de vous fier ? vous-mesmes, si vous ne vous
sgavez gouverner. II y a moyen de faillir en la solitude
? Et dans le troisieme livre, ?
comme en la
compagnie.
Pessai III des Trois commerces (p. 55 et 56), il nous a
? il est ne k la societe et ? Fami
indique encore comment
tie ?, et comment, quandil est seul, il est porte ? s'occuper
de la cite : ? La solitude locale, ? dire verite, m'estand
plustost et m'eslargit au dehors ; je me jette aux affaires
et k Punivers
d'estat,
je suis
plus volontiers
quand
seul.

Ce n'est pas seulement le go?t des affaires publiques


qu'il devra k la cite dans sa retraite. C'est egalement la
connaissance
definitive de soi. C'est elle qui en l'obli
contre le Maire, Pessayiste
geant ? defendre Montaigne
contre le magistrat municipal,
le moi contre l'envahis
sement des fonctions publiques,
lui permettra de cir
conscrire son itre, d'en savoir Petendue et la puissance,
a ete
de mesurer sa volonte. La cite, comme la maladie,

cette epreuve qui


le mal necessaire,
pour Montaigne
par la loi du contraste a trempe fortement sa person
son independance devant
nalite, lui a permis d'acquerir
la servitude menagante.
Comme il le dirait lui-mime,
elle lui a permis ? d'achever cet homme, non d'en refaire
un autre. Par
en
long usage cette forme m'est passee
?
substance, et fortune en nature.

S'il n'avait ete reduit qu'? ses livres, k Pintrospection


monotone de l'homme tournant en rond dans sa librairie,

09:47:58 AM

deux

aspects

de

313

montaigne

ni cette fricassee (comme il appelle ses ecrits) n'aurait


eu la portee que nous lui voyons, ni ce qu'il a pu avoir
de volonte, cette force. La cite a largement rendu ?
ce qu'il lui a pr6te, et qui, malgre certaines
Montaigne
denegations, a ete grand. C'est elle aussi qui, en le tenant
pendant plusieurs annees dans l'attente de soi, lui a
et ce jaillissement de lui
permis cet epanouissement

meme, qui longtemps bride connait enfin la liberation


de la retraite cherement acquise. Cela nous ram&ne k
ce que nous savons sur Pexperience
formatrice de Mon
II faut, avant de se retirer dans cette arriere
nous parle dans l'essai sur la solitude,
boutique dont il
passer par la boutique ou l'on doit servir, en toute cons
de
cience et en toute loyaute, c'est le principe m?me
et
des
visiteurs
bien
des
bien
chalands.
Montaigne,
taigne.

II. ?

Montaigne

et l'honnete

homme

:Essais,

III, 8.

Nous avons examine l'attitude de Montaigne


devant
encore
c'est
de la
la societe politiquement
;
organisee
sera question,
mais
societe qu'il
consideree sous son
en m&me temps que comme champ
aspect mondain,
et
de
comportement. Ce n'est plus le pro
d'experience
bleme du sage et de la cite, c'est celui de l'attitude de
l'homme police devant ses semblables, du profit intel
lectuel et moral qu'il peut retirer de leur commerce et
de leurs qualites ou defauts ; mais
le sage ne vit pas
seulement et toujours* avec les hommes, il vit aussi et
surtout pour lui-m6me ; il s'agit done de connaitre le
vis-?-vis de lui-m6me, et
comportement de Montaigne
ce que le commerce de son moi lui suggere d'accepter

ou de rejeter dans son ethique


quotidienne.
: le
sommes en presence d'un beau probleme
Nous
probleme de l'honn&te homme, de ce qu'il doit savoir
ou
ignorer, recevoir ou refuser; mais pour le resoudre,
nous ferons
k certains essais, en
specialement
appel
reste notre texte
dehors de notre
8,
chapitre
qui
de base ; nous demanderons
par exemple au chapitre

09:47:58 AM

314

CH.

DEDEYAN

des Trois commerces, le 3e du IIIelivre, ou? celui de la


en voyage,
Vanite
(le 9e), qui nous revile Montaigne
sa conception
et les
de Phonnite
d'eclairer
homme
en
en
donne
desirant
les
imiter; nous
exemples qu'il
verrons

a pre
ensuite dans quelle mesure Montaigne
au
ses
et
?
la
voie
xvne
siecle
definitions de Phon
pare
nite homme. N'oublions
pas d'ailleurs qu'en revenant
en arriere, en relisant le chapitre de PInstitution
des
du Ier livre ou mime

celui de la solitude, nous


n'en preciserons que mieux
II
la pensee de Montaigne.
ne s'agit pas en effet de partir d'une definition, il
s'agit
homme
d'y arriver, et nous ne saurons ce qu'est Phonnite
qu'en tirant la conclusion de ses actions et de ses pensees.
Nous avons vu dej? Montaigne nous indiquer ? Pessai

Enfants

3 du IIIe livre comment il est ne ? la societe et ? Pamitie.


II nous indique aussi, et nous le voyons nous-mime par
son journal de voyage et Pessai de la Vanite, combien

il est liant en particulier avec les etrangers, quand


il
sa
en
et
Alle
randonnee
lointaine
entreprend
longue
magne, en Suisse et en Italic Sa vie entiere est placee
sous le signe de Pamitie, amitie de La Boetie d'abord,
amitie de Pierre de Pibrac, de Charron, de Mlle de Gour
II faut se reporter au livre de
nay, et de tant d'autres.
sur Montaigne
et Vamitie, qui veut
M. Maurice Riveline
mime nous montrer que les Essais sont issus de Pamitie.
sur la solitude est un itre emi
de Pessai
L'auteur
nemment sociable;
il n'a rien d'Alceste, du Misanthrope.
N'est-ce
point dej? une premiere qualite de Phonnite
homme ? II recoit chez lui et il forme salon. A Pimita
tion des Italiens et ? l'exemple peut-itre de son pere, il
nous indique ? Pessai LIV du Premier Livre qu'on joue
chez lui ? des jeux de societe ; il possede mime dans sa
un recueil italien de ce genre de jeux. Ce
bibliotheque
sont des jeux d'esprit, ceux de PHotel de Rambouillet
ou ceux de Mme de Sable et de Mme de La Fayette en
de La Rochefoucauld
; que lisons-nous en
compagnie
effet au debut du deuxieme chapitre du livre :
? Nous venons
presentement de jouer chez moi ? qui
trouver
pourroit
plus de choses qui se tiennent par les

09:47:58 AM

DEUX

ASPECTS

DE

315

MONTAIGNE

livrets extremes : comme sire, c'est un tiltre qui se


donne ? la plus eslevee personne de nostre estat, qui est
le Roy, et se donne aussi au vulgaire, comme aux mar
chans et ne touche point ceux d'entre eux. Les femmes
les moyennes, Demoi
de qualite, on les nommes Dames,
selles ; et Dames encore, Celles de la plus basse marche. ?1
ait consacre tant de
Le fait m?me que Montaigne
commerce
au
montre bien le prix
des
hommes
pages
desire
attache.
Ce
etudier, ce sont leurs
qu'il
qu'il y

deux

moeurs

et leurs coutumes. Ainsi, nous le voyons Her


et engager conversation avec une facilite
qui peut surprendre au premier abord. Bien plus, cette
contradiction du sage qui se retire dans sa tour et qui
ne semble vouloir connaitre que lui-m6me, avec ce gout
affiche pour la societe, s'explique et s'efface si Ton songe
au but que s'est assigne Montaigne
: il recherche encore
connaissance

les hommes en lui-m&me et son narcissisme poursuit k


travers son moi
leur connaissance. Montaigne
remplit
done cette condition premiere et necessaire ? l'honnete
homme, l'acceptation de la vie de societe.
cette frequentation,
Mais
pour universelle
qu'elle
sans
?
choix ni discernement.
vise
6tre, n'apparait point
Etre sociable ne veut pas dire &tre gregaire; vouloir
connaitre tons les hommes, ou plutot tout Vhomme, ne
se plait ? se commettre avec tous.
signifie pas qu'on
Nous avons parle du soldat et du magistrat
qui en
avec
se
le
Nous
n'avons
Montaigne
philosophe.
disputent
II veut, en raison m&me de
pas parle du gentilhomme.
ses origines bourgeoises,
l'6tre dans toute la force du
terme. Non point qu'il nourrisse une sotte prevention
envers ceux qui ne sont pas nes. Ici justement va s'exer
cer une qualite essentielle de l'honn&te homme, la faculte

et de choix. Montaigne
de discrimination
n'a-t-il pas
:
ecrit dans son chapitre des Trois commerces
(p. 56)
? Les hommes de la societe et familiarite
je
desquels
1
Le
ficatif:

italien
de l'ouvrage
titre meme
Cento giuocchi
liberali, et d'ingegno,

de Ringhieri
novellamente

est
deM.

signi
Inno

centioRinghieri, gentilhuomoBolognese, ritrovati,et in deci Libri

descritti.

In Bologna,

per Anselmo

Giaecarelli,

1551.

09:47:58 AM

316

CH.

suis en queste,
hommes

habiles
autres.

DEDEYAN

sont ceux
; l'image

qu'on appelle
de ceux-ci me

honnestes
degouste

et
des

Et ne croyons pas qu'il attache une importance quel


conque ? Pobjet m?me de ces entretiens, cela est bon
en voyage, quand il parle avec tout le monde;
il s'agit
d'abord ici d'une sorte d'escrime, jamais un duel ? mort,
ou son ?me bien trempee
au contact des
s'assouplit
autres (p. 56) : ? La fin de ce commerce, c'est simple
ment la privaute, frequentation et conference : Vexer
cice des dines, sans autre fruit. En nos propos, tous sub
? Car pour
comme
jects me sont egaux.
Montaigne,
du
xvne
homme
Phonn?te
la
conversation
pour
siecle,
est d'abord une legon de grace, de mesure et de go?t.
II y a toujours de l'artiste, plutot que du savant dans
Phonn6te homme digne de ce nom et Montaigne precise
en quoi reside la valeur veritable d'une conversation
: ? II ne me chaut
(p. 56)
qu'il y ait n'y poix, ny profon
et
la
la
grace
deur;
pertinence y sont toujours, tout y
est d'un jugement seur et constant, et mesle de bonte,
de franchise, de gayete et d'amitie. ? Et ce qui suit est
encore plus significatif : ? Ce n'est pas au subject des
sa
substitutions
seulement que notre esprit montre
beaute et sa force, et aux affaires des Roys ; il la montre
?
autant aux confabulations
privees.
La grace, la beaute, voil? ce que
cherche d'abord
?
d'un
d'un
l'instar
France et, plus
Renan,
Montaigne,
pres de lui, d'un Chevalier de Mere. Faut-il nous eton
ner apres cela si Fhonn&te homme fait
egalement la part
du galant homme et si ? c'est aussi pour lui un doux
commerce que celuy des belles et honnestes femmes. ?
Sans aller aussi loin que Sainte-Beuve
qui a joue le
tour ? La Rochefoucauld,
mauvais
parangon de l'hon
n?te homme, de le placer dans ses Portraits de femmes,
nous pouvons constater tout de merae que sans Mme de
Lafayette, Mme de Sable, Mme de Sevigne, les honn&tes
gens du grand siecle ne l'auraient pas ete tout k fait.
Ce n'est pas le Chevalier
nous contrediraient ici.

de Mere,

ni m?me

Pascal

09:47:58 AM

qui

DEUX

ASPECTS

DE

317

MONTAIGNE

II y a deja une vie de salon, une vie feminine, qui est


reconnue par Montaigne
comme necessaire a la forma
tion de Phonn&te homme ; une Diane de Foix, la Belle
Corisande, Mlle de Gournay ont aussi contribue ? facon
ner Phonnite homme en Montaigne.

Mais serait-ce faire une faute grossiere que d'accorder


une place trop importante ? ces frequent?tions de Mon
?
taigne ? Ces deux commerces, ecrit-il (p. 60), sont for
tuits et despendans
d'autruy. L'un est ennuyeux par
sa rarete ; Pautre se flestrit avec Paage ; ainsin ils n'eus
sent pas assez pourveu au besoing de ma vie. ? II y a en
effet une contradiction, qui n'est pas la premiere dans
Pesprit de notre auteur ; il ne peut pas toujours suppor
ter la compagnie, il y en a qui le faschent et la qualite
le mieux sur lui l'em
de Phonnite homme qui marque
de
la
la
la
societe,
civilite,
preinte
politesse, n'a point
assez solides, en raison mime de son
en lui d'assises
temperament epicurien, ennemi de la
Peffort. Cela ne represente encore qu'un

contrainte
aspect

et de

de Mon

taigne.
Au contraire, dans Pessai huitieme, qui nous interesse
nous allons le voir declarer que
plus particulierement,
?le plus fructueux et naturel exercice de nostre esprit ?,
c'est

portait
precedent,

son

aux

gre

un

la

conference.

livres dans
autre,

cette

Car,

si un

la deuxieme
fois-ci,

mouvement

partie

le ramene

aux

le

de Pessai
hommes.

Et c'est encore sa nature qu'il suit. II pouvait parier de


la grace et de la beaute de la conversation, maintenant
c'est un caractere plus precis qu'il va lui conferer; Mon
de la Civile conver
taigne se fera, ? Pinstar du Guazzo
et
du Corteggiano,
sation
du Balthazar
Castiglione
II
avait mis dej? l'accent
l'educateur des honnites gens.
sur la valeur esthetique de la conversation.
II va la
en
parlant de Vart de conter, comme il peut
preciser
parier de Part de vivre, et lui, qui tout ? l'heure consi
il va jus
derait les livres comme ses seuls compagnons,
?
:
Si j'estois asteure force de choisir, je
qu'? affirmer
consentirois plutost, ce crois-je, de perdre la veue que
Pouir ou le parier. ? Cette impatience qui naguere ne lui

09:47:58 AM

318

CH.

DEDEYAN

a pas permis de supporter les conversations, eile lui fait


ceder la place, ? la bonhomie, ? l'indulgence, qui sont
? l'honn&te
aussi des formes de la civilite necessaire
homme.

J'irai m6me plus loin :Montaigne


fait appel ici ? une
sa
son
de
de
anterieure
attitude morale,
pensee,
etape
il fait appel ? son scepticisme. La conversation, le com
merce des hommes est pour lui un exercice (lemot, nous
II ne s'agit pas ici, enten
l'avons vu, est de Montaigne).
en sophiste, non :
dons-nous bien, de travestir Montaigne
ne
: la nature, et
connait
verites
deux
que
Montaigne
son moi, avec ses joies et ses peines, ses plaisirs et ses
si toute opinion n'est pas pour lui
M?me
elle
merite
audience par ce qu'on pourrait appe
valable,
ler sa valeur de curiosite : ? Les contradictions des juge
ments, ecrit-il (p. 200), ne m'offencent,
ny m'alterent;
seulement et rriexercent. ?
elles m'esveillent
douleurs.

Le but de la conversation n'est pas pour lui la recher


che de la verite, ? la maniere de la dialectique
platoni
cienne et socratique,
eile est une methode. Ce qui carac
terise Phonnete homme n'est pas tant la fin qu'il pour
suit, que les moyens, la maniere qu'il y emploie ; il n'y a
pas de plus belle attitude de Phonnete homme que celle
ecrivant (a la p. 20) : ? Quand on me con
de Montaigne
trarie, on esveille mon attention, non pas ma cholere ;
vers celuy qui me contredit, qui m'instruit. ?
je m'avance
Ce n'est done pas la contradiction qu'on lui apporte qui
e'est plut?t le manque
de jugement,
depite Montaigne,
en un mot la sottise. Pourtant, la encore il trace sa voie
? l'honnete homme, qui doit savoir Pendurer
(p. 199) :
? La sottise est une mauvaise
mais
de ne la
;
qualite

pouvoir supporter, et s'en despiter et songer, comme il


e'est une autre maladie
m'advient,
qui ne doit guere ?
la sottise en importunite ; et est-ce qu'? present je veux
accuser du mien. ? Plus loin (p. 203), il ajoutera pour
: ? II est impossible de traiter de bonne foy
s'excuser
avec un sot. Mon jugement ne se corrompt pas seulement
? la main d'un maistre
si impetueux, mais aussi ma
conscience.

09:47:58 AM

DEUX

ASPECTS

DE

319

MONTAIGNE

Ce qui importe en effet d'abord pour l'honn&te homme,


c'est l'honn&tete du jugement, doue et pourvu d'une
certaine dose de scepticisme (p. 199) : ? Mille proposi
tions m'estonnent, mille creances me blessent, quelque
II n'est si frivole et
contrariete qu'elle aye ? la mienne.
me
ne
semble bien sortable
fantasie qui
si extravagante
?
humain.
L'auteur de VApolo
? la production de l'esprit
se
? cette derniere
reconnait
Sebon
gie de Raimond
et
Mere
et
La
Rochefoucauld
si le Chevalier de
phrase,
ont lu ces lignes, ils ont certainement abonde dans le
sens. Ceux qui agiraient autrement ne seraient
mime
au gre de Montaigne,
ils se ren
pas des honnetes gens
ne
d'un defaut qu'il
draient coupables
pardonne pas,
que nous l'avons vu dej? condamner ? propos de la
cite : la passion.

Ce defaut, que condamnent


egalement les mondains
Ce
du xvne siecle, a d'abord ete fletri par Montaigne.
ne veut pas dire que la conversation doit prendre, a
qui
force d'eviter les heurts et les querelles, un air benin,
lui viendrait
d'une
allure
qui
insipide et emascule,
unie et monotone
; cela meme ne serait pas digne d'un
homme de caractere ; or justement, ce qui permet de lui

c'est de
donner vie, tout en respectant les convenances,
savoir parier avec force et franchise ; la franchise aussi
va de pair avec l'honn&tete, et le veritable honnite
homme ne sera pas trop ceremonieux ; il ne faut pas
itre trop poli pour itre honnite, aussi le stoique reparait
dans les lignes des pages 200 et 201 : ? J'ayme, entre les
que
s'exprime courageusement,
galans hommes, qu'on
II nous faut fortifier
les mots aillent o? va la pensee.
l'ouie et la durcir contre cette tandreur du son ceremo
nieux des parolles.
J'ayme une societe et familiarite
une
et
amitie
virile,
qui se flatte en l'asprete et
forte
vigueur

de

son

et esgratignures
en

sens

inverse.

commerce,

sanglantes.
Mais,

nous

comme

? Voil?
pouvons

l'amour,

les morsures

notre Michel
retrouver

sous

parti
l'exa

mot direct et de la franchise, qui


geration cet amour du
vient temperer la civilite de l'honnite homme. Honn&tete
du maintien,
des paroles, des
des manieres, honnitete

09:47:58 AM

320

CH.

DEDEYAN

et Phonn6tete du jugement, voil? dej? ce que


Montaigne
prescrit ? PhonnSte homme. Ce n'est pas
reactions

tout.

Le propre de l'honn&te homme, ce n'est pas d'appor


ter des jugements preformes, des prejuges, c'est de se
former, de juger au contraire au contact de ses sem
blables, ? c'est de se frotter et limer k la cervelle d'au

dans
trui ?, comme Montaigne
Pa ecrit excellemment
son Institution des Enfants. Cela suppose un renonce
ment ? la science apprise. Cela suppose une honn^tete

qui connait le chapitre du pedantisme


Mon
aisement
comprendra
qu'attache
Pimportance
k
cet
c'est
homme.
Phonn6te
de
par
Or,
aspect
taigne
se
en
nous
revele
le
faisons
que
pedant ou
Pusage que
PhonmHe homme et dans un essai sur Part de conferer,
encore une
ne pouvait manquer
d'attaquer
Montaigne
fois Pusage immodere et inintelligent de la science. ? Qui
n'entre en deffiance des sciences (ecrit-il p. 204) et n'est
en doubte s'il s'en peut tirer quelque
solide fruict au
de la vie, a considerer Pusage
besoin
que nous en
avons ? ?
est cinglant.
Et son requisitoire contre la scolastique
du

savoir.

Et

II n'y voit rien moins que la faillite de Pentendement.


La m6me remarque s'impose k propos de Pusage immo
dere de la memoire au detriment du jugement. Celui qui
a ecrit que ? savoir par coeur n'est pas savoir ? poursuit
de ses attaques
la memoire
alliee ? la
impitoyables
?
:
au
et
manque de personnalite
bfctise,
J'ayme et honore
ceux
et en son vray
autant
le scavoir
que
qui Pont;
et
usage, c'est le plus noble
puissant acquest des hommes.
en
en
ceux
est un nombre infiny de ce
l?
il
Mais
(et
en
suffisance
leur fondamentale
establissent
genre) qui
et valeur, qui se raportent de leur entendement ? leur
memoire, ? sub aliena umbra latentes, ? et ne peuvent
rien que par livre, je le hay, si je Pose dire, un peu plus
que la bfrtise. ? Car Phonn?te homme digne de ce nom
fait sien tout miel qu'il butine, il n'a pas une person
nalite fantome, faite de pieces rapportees, mais au con
traire un moi equilibre et agissant, ou la science et le

09:47:58 AM

DEUX

ASPECTS

DE

321

MONTAIGNE

un esprit cultive et
qui tire
pedantisme ont fait place k
de son commerce avec les livres ce qu'il en faut pour
Tomer et l'enrichir, et non l'etouffer et l'ecraser. La
veritable eloquence se moque de l'eloquence, a dit ? peu
a pu dire de mime
et Montaigne
pres Pascal,
(p. 205) :
?
mon
aux
fils
mieux
tavernes
?
que
apprit
J'aimeray
? Et si Pascal
de
escholes
la
et
parlerie.
parier, qu'aux
Montaigne
s'expriment ainsi, c'est qu'ils pretendent itre
tous deux ? d'honnites gens. ?
N'est pas d'ailleurs honnite homme qui le veut. Nous
ne pouvons faire partie de cette elite que par des qua
lites naturelles et la science ne s'adresse qu'? cette elite.
L'idee d'un choix s'impose ici encore : tous les savants
ne sont pas d'honnites
gens. ? C'est pourquoy on voit
(p. 212) tant d'ineptes ames entre les sgavantes, et plus
que d'autres : il s'en fut faict des bons hommes de mes
nage, bons marchans, bons artizans ; leur vigueur natu
relle estoit taillee k cette proportion. C'est chose de
? Et
grand poix que la science ; ils fondent dessoubs.
si ? pour estaller et distribuer cette noble et puissante
matiere, il faut une forte nature ?, selon l'expression de
iJ en faut aussi pour la recevoir.
Montaigne,
N'allons
pas non plus ? l'autre extreme et ne faisons
Phonnite
homme un heros ou un surhomme,
de
pas
mais c'est un heros de la vie quotidienne, qui sait garder
son equilibre et donner sa juste mesure dans le commerce

des hommes et des livres. Car la sottise et le pedantisme


et k la S?ffisance.
peuvent encore s'unir ? Pignorance
Elles se revelent par des jugements universels, par des
ou mal placees. Et
surtout que
admirations
vagues
Phonnite homme ne s'avise pas de corriger tout cela :
ce serait peine perdue, ces maladies
sont incurables.
sur
ne croit
la
du
corps,
Montaigne
guerison
Sceptique
pas non plus k la guerison de Pesprit. Sans avoir l'amer
tume dedaigneuse
de l'auteur des Maximes,
il approu
verait volontiers certaines de ses affirmations. Mais son
pessimisme est doucement souriant.
La qualite mime d'honnite homme suppose enfin le
k une
refus de la specialisation,
le refus de s'appliquer
21

09:47:58 AM

322

CH.

DEDEYAN

au mepris et au detriment
seule et unique occupation
des autres.
de la Vanite 6claire sur ce point la pensee de
L'Essai
II en veut ? un certain parti-pris et ? une
Montaigne.

certaine forme d'etroitesse


d'esprit, indignes de l'hon
n6te homme. ? La plupart, 6crit-il ? propos des Fran
en voyage, ne prennent l'aller que pour le venir.
cis
Iis voyagent couverts et resserres, d'une prudence taci
se defendant de la contagion
turne et incommunicable,
d'un air inconnu. Ce que je dis de ceux-l? me ramentait,
en chose semblable, ce que j'ai parfois apergu en aucuns
de nos jeunes courtisans. Iis ne tiennent qu'aux hommes
de leur sorte, nous regardent comme gens de l'autre

monde, avec dedain, avec pitie. Otez-leur les entretiens


des mysteres de la cour, ils sont hors de leur gibier, aussi
comme nous sommes ?
neufs pour nous et malhabiles
eux. ? Ce sont gens qui ont des oeilleres, qui ne savent
pas regarder autour d'eux et surtout en eux.
attache desormais plus de prix ? ce que
Montaigne
nous

trouvons

en

nous-m6mes,

ce

que

nous

sommes

II en veut ? celui qui se presente autre qu'il


sur sa valeur, qui n'a pas, autrement dit,
triche
n'est, qui
reelle. C'est encore La
le courage de sa personnalite
le
La Rochefoucauld
Rochefoucauld
annonce,
qui
qu'il
ecrit au chapitre VII de ses Reflexions diverses (p. 139
etre un autre et n'?tre
et 140, ed. Gamier). ?Chacunveut
une
ce
contenance
ils
hors d'eux
cherchent
est;
plus
qu'il
m?mes et un autre esprit que le leur ; ils prennent des
au hasard ; ils en font des expe
tons et des manieres
reellement.

sur eux, sans considerer que ce qui convient ?


? Et
uns ne convient pas ? tout le monde.
quelques
?
un livre de bonne
pour celui qui a voulu faire des Essais
foi ?, la droiture passe meme avant la politesse. Les reac
riences

tions spontanees de Montaigne ne sont pas toujours ? la


hauteur de son ideal. En particulier, comme le remarque
chere aux mon
Villey, il n'a pas cette preoccupation,
dains du xvne siecle, de laisser l'interlocuteur satisfait,
ce raffinement de la courtoisie et de la charite qui con
siste ? faire taire les preferences les plus fondees, les

09:47:58 AM

DEUX

ASPECTS

DE

323

MONTAIGNE

les plus incontestables au profit de Celles


constatations
Car Tart de conferer et Tart de conduire sa
encore Villey, vont de pair chez
pensie, comme le note
son
et
desir de ne point paraitre ce
malgre
Montaigne,
ne laisse pas
un
nous
que
professionnel, il
appellerions
homme
le
Phonnite
pas sur Pecrivain
prendre
toujours
et sur le philosophe. Quoi qu'il en soit, nous avons ici
un portrait en pied de Phonnite homme, une premiere
mise en pratique des theories italiennes du savoir-vivre,
une reglementation frangaise de la vie de salon, et aussi
de la vie de Pesprit, k l'usage de Phomme du monde.
les legons de maintien donnees par Montaigne
Ajoutons
d'autrui.

souvent

sous

une

forme

negative,

et

nous

aurons

un

nous
ensemble
coherent,
representant
parfaitement
Phonnite homme dans le monde.
Mais Phonnite homme vit aussi en lui-mime et pour
lui-mime. Au fond, il n'est pas plus un mondain qu'un
II sait tenir la balance
solitaire au sens absolu.
egale
cette
entre soi et les autres. Le que sais-je de Montaigne,
modestie devant les problemes les plus ardus de la des
tinee, cette soumission non point aux fables des hommes,
mais ? la nature, cette resignation souriante, cette ele
gance morale qui ne songe qu'? une mort calme, k Pac
son honneur en la loyaute,
ceptation de la douleur, qui met
les
entre
choisit
les
plus delicats, qui ne
plaisirs
qui
veut ni parti-pris, ni passion, c'est peut-itre le meilleur
de Phonnite homme. Ce sont ses devoirs envers lui-mime
en mime
temps que son attitude en societe que nous

sont les plus


les premiers
retrace Montaigne.
Mais
dans ce troisieme livre, qui
decrits
minutieusement
choisi
reste le livre du moi
integral, judicieusement
les lectures, le
et accepte par Panalyse psychologique,
la matiere des
Iis forment mime
jugement, la volonte.
ou
au
tout
moins
leur trame
dans leur entier,
Essais
suivie.
Si nous essayons ? present de definir Phonnite homme,
nous voyons que sa premiere
en parlant de Montaigne,
II y a
la moderation.
est d'abord
la mesure,
qualite
la competence,
Peffacement devant
aussi la modestie,

09:47:58 AM

324
et

CH.

surtout

le

refus

DEDEYAN

d'etre

un

Comme
professionnel.
PhonnSte homme
Pecrira plus tard La Rochefoucauld,
est celui qui ne se pique de rien, qui ne se flatte de rien.
II y a par suite ce refus de la passion, que Montaigne
condamne comme contraire ? la fois au sage et ? Phon
a peine ? se defendre et
n6te homme, dont Montaigne

.de La
qui font la matiere de la plupart des Maximes
comme Fa con
la condamne
Celui-ci
Rochefoucauld.
damnee Pascal. Et enfin, il y a ce scepticisme pratique
et jamais ?
qui nous invite ? prendre en consideration
cceur, qui nous invite ? considerer et ? examiner, mais

jamais ? tenir ?prement ? quoi que ce soit. Mais surtout


c'est par sa valeur artistique, par le go?t et le choix
que Phonn^te homme introduit dans la morale et la vie,
qu'il se degage du gentilhomme vieux style, du pru
dhomme du moyen age. C'est, si Pon veut, une question
de methode et non de matiere, d'harmonie et de propor
et de savoir-faire,
tions et non de volume, d'opportunite
de
savoir,
d'experience
comprise et utilisee, de
plus que
sur le monde
regards comprehensifs largement ouverts
et sur l'activite des hommes, de demi-teintes et de rec

tifications, de main de fer dans un gant de velours, et


surtout de probite fonciere. Voil? ce qui emp^chera
le
heurt des caracteres differents, la contrainte violente
en un mot
et penible, la faute de ton impardonnable,
ce
de
crime que
les poetes
la demesure,
tragiques
PAntiquite ne font jamais pardonner par les dieux aux

mortels.

ainsi compris ne sera jamais


Sans doute, Phomme
un
aux vertus heroiques, mais
6tre
&tre
un
d'exception,
m&me
du
coup justement, par l'equilibre qu'il prescrit
et que Phonnfete homme doit chercher dans la vie de la
societe, comme en lui-m&me, on evitera le plus penible
et le moins supportable, le monstre intellectuel ou moral,
le pedant ou le tyran.
va parachever
cet enseignement;
il ne
Et Montaigne
se contente pas de prendre pour
Phonn6te
pr^cher
homme, le ton et le style familier de l'honn&te homme,
d'hon
il va nous proposer des exemples. Ses modeles

09:47:58 AM

DEUX

ASPECTS

DE

325

MONTAIGNE

gens, il va les chercher, moins chez les modernes


que chez les anciens. 11 nous a dej? montre que l'ideal
mondain ne doit pas se separer de l'ideal moral. Celui-la,
comme Fa dit Villey, est l'ideal d'une humanite
con
forme k la nature, vertueuse avec volupte et voluptueuse
avec vertu, et capable de se
plier sans effort ? toutes les
nites

circonstances
de la vie, l'humanite qu'il oppose ? la
demarche toujours tendue et guindee des stoiciens. Ce
c'est une ? ?me k divers etages ?
qu'il veut pour lemonde,
qui, par sa souplesse, se rendra agreable dans toutes les
compagnies et se plaira dans toutes ?(Intr. au Ch. III du
sera Alcibiade, dont,
3e livre). Le modele des mondains
au chapitre de F Institution des Enfants,
il esquisse ?
? J'ai souvent remarque
:
le
traits
moral
grands
portrait
avec grand' admiration
nature d'Alci
la merveilleuse
biade, de se transformer si aisement ? fagons si diverses,
sans interest
(dommage) de sa sante : surpassant tantost
et pompe Persienne,
la somptuosite
tantot l'austerite

et frugalite Lacedemonienne
; autant reforme en Sparte
comme voluptueux
en Ionie... Tel voudrois-je
former

mon disciple. ? Et de mime ? la fin de PEssai XXXVI


du

livre

et le souple
II, entre le rigide Epaminondas
c'est ce dernier qu'il choisit: ? Pour un homme

Alcibiade,
non sainct, mais
galant homme qu'ils nomment, de
moeurs civiles et communes, d'une hauteur moderee,
la
vescue
riche
vie
k
estre
entre
les
que
sgache
plus
je
vivans, comme on diet, et estoffee de plus de riches par
ties et desirables, c'est tout considere, celle d'Alcibiade
kmon gre. ?Mais Socrate, lemaitre d'Alcibiade, demeure
le parangon definitif, celui que Montaigne
regarde et
veut imiter en ecrivant son troisieme livre. On sait avec
quelle pieuse veneration il nous raconte, au chapitre XII,
sa fin en nous retragant son caractere. Ce sont encore
les noms du maitre et du disciple qui reviennent sous

sa plume dans le chapitreVIII

(p. 206) : ? Quelle plus

? vostre
grande victoire attendez-vous
que d'apprendre
vous
ennemy qu'il ne vous peut combatre ? Quand
de vostre proposition, c'est la verite
gaignez Favantage
de Fordre
qui gaigne ; quand vous gaignez Favantage

09:47:58 AM

326

CH.

DEDEYAN

II m'est
et de la conduite,
c'est vous qui gaignez.
et en Xenophon
admis qu'en Piaton
Socrates dispute
plus en faveur des disputants qu'en faveur de la dispute,
et Protagoras
de la con
et, pour instruire Euthydermis
de leur impertinence, plus que de Pimperti
naissance
nence de leur art.,. Mon humeur est de regarder autant
? la forme qu'? la substance, surtout ? Padvocat
qu'?
ordonnait qu'on fit. ?
la cause, comme Alcibiade
Ces deux symboles de l'honn?te homme, Pun mon
bien les deux
dain, l'autre philosophe,
representent
ou
Pon
de
si
Montaigne,
prefere, le contenant
visages
ans
et le contenu. Guez de Balzac,
soixante
quelque
son
nom
?
homme
donnera
honn6te
ideal
le
plus tard,
de ? Socrate chretien ?. Mais malgre quelques
vetilles,
le premier exemplaire de l'honn&te homme, et m?me ?
certains egards, tant par le caractere, les moeurs, la dou
ceur, la moderation,
que par la pensee et le style, c'est
est
s'il
le
des libertins au xvne siecle,
breviaire
;
Montaigne
il Pest aussi des honnetes gens. C'est souvent de lui que,
et un La Rochefoucauld
sans en avoir Pair, un Pascal
vont prendre leur mot d'ordre, ? plus forte raison un
Saint Evremond.
se reporte au convoi ideal de Montaigne
ima
Qu'on
et Pon se
dans son Port-Royal
gine par Sainte-Beuve

rendra compte que la paternite de Phonn6te homme lui


revient de plein droit. Ces reproches et cette critique
cites par Sainte-Beuve
[Port-Royal,
ironique de Huet,
livre III, p. 450), restent au fond un eloge, celui de
des honnetes
Phonn6te homme, qui est ? le Breviaire
et des ignorants studieux, qui veulent s'en
paresseux
et de quel
du monde
connaissance
fariner de quelque
un
trouverez-vous
que teinture des Lettres. A peine
se
distinguer des
gentilhomme de campagne qui veuille
sur sa cheminee. ?
preneurs de livres, sans un Montaigne
C'est bien ce que nous disions : educateur qui ne veut
le paraitre, il aide ? former les honnetes gens. Et quand
Faret, en 1640, dans son Art de plaire ? la Cour, nous
un gentilhomme qui,
depeint Phonnete homme comme
? la naissance, unit les dons du corps, la souplesse et la

09:47:58 AM

deux

aspects

de

327

montaigne

grace, la culture de Pesprit, le desir d'etre passablement


imbu de plusieurs sciences, plutot que solidement pro
fond en une seule, enfin possedant
les ? dons et orne
ments de P?me ?, le courage, la probite, la noblesse
et les vertus chretiennes, nous
naturelle des manieres
reconnaissons bien des traits de notre chapitre sur Part
de notre Mon
de conferer et bien des caracteristiques
taigne.

Ch. Dedeyan.

09:47:58 AM

MORT ET TESTAMENT DE REMY BELLEAU


Au debut de Fannee 1577, Remy Belleau
quittait sa
1
residence ordinaire de Joinville
pour Paris ou. Pappe
laient diverses affaires. Les voyages qu'il faisait dans la
2 et rien ne laissait
prevoir
capitale etaient frequents
les fatigues
que celui-ci d?t &tre le dernier. Cependant,
sante du poete eurent
du voyage jointes ? la mauvaise

rapidement raison de lui. Le 6 mars, apres quelques


il mourait ? Page de 49 ans, dans la
jours de maladie,
ou il etait
maison de la rue Saint-Germain-PAuxerrois
descendu.

fut venue, ne
la mort, si rapide qu'elle
Toutefois,
Pavait pas pris au depourvu ; il avait eu le temps de
comme le devoir
remplir ce que Pon considerait alors
essentiel de tout chretien : il avait fait son testament
le lundi 4 mars.
Ce jour-l?, deux notaires du voisinage, Rene Bar
riere et Lambert Charta in, appeles sur le desir du mou
rant, avaient trouve celui-ci couche et, suivant la for
? mallade
de corps ? mais ? sain de pensee ?. Sur
mule,
ses indications, ils avaient redige ses dernieres volontes,
mais
ils Pavaient
fait conformement au formulaire en
actes
de ce genre, aussi le testament ne
usage pour les
presente-t-il aucune originalste quant ? la forme. Et,
pour ce qui est du fond, il est un peu decevant de cons
tater que les dernieres preoccupations
d'un itre si proche
sont
de la gloire litteraire
presque les memes que celles
de n'importe

1
cant.
2
pest,

Joinville,
Cf. AI.
1917.

quel bourgeois

Haute-Marne,

Eckhardt,

Remy

de Pepoque.

arr.
Belleau,

ch.l.

de Wassy-sur-Blaise,
sa vie, sa

Bergerie

?, Buda

09:48:07 AM

de

MORT

En

ET

TESTAMENT

DE

REMY

BELLEAU

329

lieu, Belleau declare mourir dans la reli


? laquelle il n'avait
gion catholique
jamais cesse d'ap
le bref penchant qu'il avait manifeste
partenir malgre
IX.
pour la Reforme au debut du regne de Charles
Suivant Pusage, il recommande son ?me k Dieu et aux
saints, ayant soin toutefois de reserver une pensee spe
ciale aux principaux d'entre eux et ? saint Remy son
premier

patron.

alors les clauses du ? testament de 5 sols ? et


le desir de payement des dettes : ce ne sont Ik que for
mules qui figurent invariablement dans tout testament
dresse par les officiers civils de la coutume de Paris.
Viennent ensuite l'enonce des desirs du mourant quant
au sort reserve k son corps, et l'enumeration des
legs
qu'il a faits aux personnes de sa famille et de son entou
rage : 100 ecus ? son neveu, qui appartient aux Minimes
de Chaillot, par lesquels il veut que son corps soit porte
k sa derniere demeure ; 100 livres tournois au couvent
des Grands Augustins, ou il desire etre enterre ; legs k
son serviteur, ? la garde, qui s'est occupee de lui durant
sa maladie
et aux pauvres de la paroisse.
Ici se place
un don de 100 livres tournois fait ? un barbier, et c'est
est le
le plus interessant puisqu'il
peut-itre Particle
seul ou se manifeste la qualite du testateur : ces 100 livres
sont en effet destinees ? favoriser les etudes du jeune
Iiis du marchand. Quant au surplus de la succession, il
au plus
doit itre remis, une fois les legs accomplis,
: ? son frere Guillaume qui,
proche heritier du mourant
demeure fidele ? la ville natale, est serrurier a Nogent
Suivent

le-Rotrou.

executeurs
testamen
Belleau
termine en nommant
taires deux de ses amis parisiens :Etienne de Bray, treso
rier des guerres, et Guillaume Lallemant, ? qui il temoigne
sa confiance en leur remettant tout ce qu'il possede en

fait d'argenterie, de bijoux et d'argent monnaye.


Trois jours plus tard, le ? gentil ? Belleau meurt et les
clauses de son testament entrent en vigueur; cependant,
par derogation k ses voeux, ce n'etaient pas les minimes
de Chaillot qui porterent son corps au couvent des Grands

09:48:07 AM

330

M.

mais

Augustins,

quatre

CONNAT

: Ronsard,

de ses confreres

Ba'if,

et Jamyn
Desportes
Et tandis que ceux-ci, apres avoir depose la depouille
de leur ami devant le choeur de la chapelle, pres du jube,
en prose et en vers, ? rendre un dernier
s'occupaient,
ses
?
hommage
qualites morales et ? sa valeur litteraire,
leur mandat
les executeurs du testament remplissaient
et faisaient proceder ? l'inventaire des biens demeures
les lieux qu'avait
occupes le defunt.
fut
d'ailleurs compliquee du fait que
Cette formalite
Belleau, precepteur de Charles d'Elbeuf 2, ? cette epoque
lors de ses voyages ? Paris,
?g6 de 20 ans, s'occupait
non seulement de ses affaires personnelles mais encore
de Celles de son eleve et possedait des papiers concer
nant celui-ci. Aussi, soucieux des inter?ts de son pupille,
dans

le cardinal de Guise, oncle et tuteur du jeune marquis,


avait-il, des la mort du poete, fait apposer les scelles
sur ses biens. II fallut recourir au prevot de Paris pour
fut accor
obtenir permission de les lever : Pautorisation
dee le samedi 9 mars et les formalites de l'inventaire
commencerent

le

11.

et les execu
Outre les officiers publics indispensables
: fitienne Doron,
examinateur
teurs, etaient presents
au Ch?telet, venu pour lever les scelles, Pierre Andre,
homme d'affaires du cardinal de Guise, Jacques Du Val,
serviteur du defunt, charge de presenter les objets qui
et Guillaume
arrive en
lui avaient appartenu,
Belleau,
toute h?te

de Nogent-le-Rotrou.
ou Belleau
6tait mort se composait
L'appartement
de deux chambres et d'un cabinet de debarras, situes
de l'Hdtel d'Elbeuf.
dans un corps de logis dependant
au
Ces deux pieces, meubl6es
appartenant
d'objets
son
?
et
r6servees
lui
6taient
constituaient
usage
po?te,
1 Cf. H.
p.

280.
2 Fils

Rieux,
et 87.

Chamard, Histoire de la PUiade,

de Rene
de Lorraine,
marquis
en 1566. Cf. Al.
tous deux morts

t. Ill

d'Elbeuf
SIckhardt,

(Paris, 1940),

et de Louise
op.

cit.t pp.

09:48:07 AM

de
77

MORT

ET

TESTAMENT

une sorte de pied-k-terre o?


k Paris.

DE

REMY

BELLEAU

331

il 6tait chez lui lors de ses

voyages
Dans

decoree de tapisseries
la chambre principale,
representant Phistoire de Samson ou ornees des armoi
il retrouvait un mobilier peu
ries de Louise de Rieux,
avec
toutes les
soin puisque
mais
choisi
important,

pieces etaient de noyer.


les objets destines
chambre contenait
La deuxieme
k occuper les loisirs que laissaient les affaires au poete :
instruments de musique,
jeux, armes, livres surtout.
Ces livres etaient-ils ceux qui avaient ete laisses ? Paris,
en 1563, dans la precipitation
Joinville1 ? Belleau
avait-il,
plus riche du chateau o? il allait
k faire venir ses compagnons

du premier depart pour


devant
la bibliotheque
vivre desormais, renonce

et de plaisir, se
d'etude
les retrouver lors de ses se jours dans la
capitale ? Ou bien, au contraire, cette bibliotheque pari
sienne n'etait-elle qu'un double reconstitue peu ? peu ?
En tout cas, teile qu'elle se presente, eile est suffisam
ment
figurent les principaux
importante pour qu'y
un membre
d'interesser
de la
ouvrages
susceptibles
reservant

de

Pleiade.
A cote des objets precedents, sont enumeres le con
tenu de 5 coffres : habits, linge de corps et de maison
en assez grande quantite et quelques pieces de vaisselle
?
s'ajoutent des lettres et des papiers mal
auxquels
heureusement

non

inventories.

et des bijoux, confies


de Pargenterie
du
lors de la redaction
testament,
prouve que Belleau ne dedaignait pas le luxe de la table
ni celui de la parure, et il est assez curieux de constater
que, sur chacun des nombreux anneaux d'or qu'il pos
sede, se retrouve une ou plusieurs de ces pierres precieuses
L'6numeration
aux executeurs

qu'il s'etait plu k celebrer.


se termine par la mention
L'inventaire

trop sommaire

1
Eckhardt
dit
l'invitation,
envoyee
par
(op. cit., p. 78) que
au poete, de venir habiter
au chateau
Rene
d'Elbeuf
de Join vi lie,
sans mime
fut si inattendue
Paris
que Belleau
quitta
emp?rter
ses livres.

09:48:07 AM

332

M.

CONNAT

de quelques papiers : le testament dej? vu, et deux obli


gations dont Tune, passee par le libraire Jacques Pau
tonnier1, aurait ete interessante ? retrouver; malheu
reusement, les minutes des notaires qui Pont dressfee ne
sont pas parvenues jusqu'? nous.

12 mars, Guillaume
se
Le lendemain, mardi
Belleau
rendait chez Me Chartain.
avoir
examine
les
Apres
testamentaire dresses par fitienne
comptes d'execution
il se declarait satis
de Bray et Guillaume
Lallemant,
fait de la fagon dont ceux-ci avaient rempli leur mis
sion et entrait en possession de ce qui restait de la suc
cession de son frere.
Co NNAT.

M.

Par devant Rene Barriere et Lambert Chartain2, notaires


du roy nostre sire au Chastelet de Paris, fut present en
sa personne noble homme Remy Belleau, secretaire de la
chambre du roy et maistre d'hostel de la maison de Monsei
gneur lemarquis d'Elbeuf, estant a present en ceste ville de
Paris,

loge

en

la rue Sainct

son de Mademoiselle

corps,
comme

sain
toutesfoys
ses propos,
par

d'icelle,
de son

bon

de

Germain

en

TAuxerrois

la mai

Charbonnier, gisant au lict mallade


de

pensee,
maintien

de

et

memoire

entendement,
il est aparu
ausd.

et termes

notaires, lequel considerant en luy bien et sagement qu'il est


rien plus certin que la mort ne plus incertin que Pheure
feist

non

voulant

decedder

gre et bonne
et faict son testament

de

ce monde

sans
volunte,
et ordonnance

mortel

contraincte
de

derniere

intestat,
aucune,
volunte

au nom de Dieu Pere, Filz et benoist Sainct Esperit, ainsi et


par

la

forme

et maniere

que

s'ensuict.

Et premierement, comme bon et vray chrestien et catho


licque a recommande et recommande son ame ? Dieu nostre
pere, createur saulveur et redempteur, ? la glorieuse Vierge
Marie, ? Monseigneur sainct Michel ange et archange, ? Mes
seigneurs saincts Pierre et Paul, ? Monseigneur sainct Remy,
son patron, et generallement ? toute la court celeste de Paradis.
Item, faict son testament et ordonnance de derniere vollonte
1
connu
comme
relieur.
Cf. Ph.
Plus
Renouard,
sur les imprimeurs,
libraires...,
1901, p. 213.
Paris,
2
43.
Arch. Nat., Min.
Centr., LXXXVII,

Documents

09:48:07 AM

ET

MORT

DE

TESTAMENT

REMY

BELLEAU

333

de cinq solz parisis pour estre distribuez en lamaniere accous

tumee.

Item, veult et ordonne ses debtes estre paiees et ses torf


se aucun

faicts
cy

nommez.

aprez

en y a repares

et amendes

ses

par

executeurs

Item, veult et ordonne son corps estre inhume et eslit sa


sepulthure en l'eglise des Augustins, ? Paris, devantl 'ung des
crucifix du d. lieu.
Item, ? son convoy, veult que les cure et prebtre de la
paroisse Sainct Germain de TAuxerrois, ? Paris, 1avec les
par les
quatre ordres mendians et les Mynimes de Nigeon
en sepulthure.
quelz il veult estre porte
Item, du luminaire, services tant de son enterement que
bout de Tan, il laisse et remect le tout ? la volunte et discre
de

tion

executeurs.

sesd.

Item, donne et laisse aux Augustins de cested. ville la


somme de cent livres tournois en une fois paiee.
Item, donne et laisse ? Frere Remy Belleau, son nepveu,
religieulx aux Mynimes, la somme de cent escuz d'or soleil en
une foispaiee.
Item, donne et laisse ? Jacques Du Val, son serviteur, oultre
ses sallaires, la somme de cent livres tournois pour une fois
paiee.

Item, donne et laisse ? sa garde la somme de dix livres tour


nois oultre se qu'elle gagne par chacun jour.
Item, donne et laisse aux pouvres de la paroisse Sainct-Ger
main de l'Auxerrois la somme de dix livres tournois pour une
fois paiee.
Item, donne et laisse ? Me Gabriel Vezain, barbier ? Paris,
la

somme

aider

cent

de

? entretenir

Item,

led.

testateur,

apres

son

a donne et donne ? Guillaume


? Nogent-le-Rotrou,
demourant
cuns ses biens meubles,
debtes,

qui appartiendront
trespas
Item,

sans
a

aucuns

esleu

une

livres
tournois,
pour
son filz aux estudes.

aud.

testament

present

Belleau

tout

pour

accomply,

son frere, serrurier

le reste

creances

fois payee,

tous

de

et conquestz

et chas

immeubles

testateur au jour et heure de son

en reserver.

et eslist

pour

ce

present

testament

accomplir

ses executeurs nobles hommes Me Estienne de Bray, sr de


TEschelle, conseiller du roy et tresorier de ses guerres et
Guillaume Lallemant, escuyer, ausquelz et a chascun d'eulx
seul et pour le tout led. testateur a donne et donne et les a
prie
et prie de voulloir sond. present testament accomplir de pomct
en

poinct

selon

sa forme

et teneur

et pour

ce faire

s'est

dessaisy

1 A Chaillot.

09:48:07 AM

334
de

m.

tous

ses biens

selon

connat

es mains

la coustume

teurs

?
jusques
Taccomplissement
et revoque
Item a revoque

de
tous

sond.

de

sesd.

execu

testament.

les testaments

et codicilles

qu'il pourroit avoir cy devant passez, s'arrestant du tout ?


cestuy, soubzmectant Taudition du compte de Texecution
d'icellui...

[et qualite de ce qui est dessus]. Ce fut faict et passe Tan


mil Vc LXXVII,
le lundi IIIIe jour de mars.
Barriere
Cedict

jour,

Chartain.

en la presence

des

notaires

susnommez

et soubz

signez, led. testateur a declare et declare que d'une certaine


promesse signee Bahuet du XIIIe
jour de decembre mil Vc
soixante seize montant la somme de quatre mil livres tournois,
il ne luy en est deu pour sa part que la somme de deux mil
livres tournois et que les deux aultres mil livres tournois sont
et appartiennent au sr de PIsle, gouverneur de mond. seigneur
lemarquis d'Elbeuf qui n'en a aucune promesse dud. testateur.
Faict les jour et an susd.
Barriere

Chartain.

L'an mil Vc LXXVII1,

jour de mars, ? la

le lundi XIe

sr de l'Eschelle,
de Bray,
et Guil
de ses guerres,
du roi et tresorier
ordinaire
ou nom
et comme
executeurs
du
laume
escuier,
Lallemant,
et ordonnance
testament
de derniere
volunte
de
feu noble

requeste
conseiller

de nobles

hommes

Estienne

homme Remy Belleau, en son vivant secretaire de la chambre


du roy, conseiller et me d'hostel de Monseigneur le marquis
d'Elbeuf, aussi ? la requeste de Guillaume Belleau, serrurier,
demourant
deffunct

son

? Nogent-le-Rotrou,
frere, des meubles,

et
donataire
creances

debtes,

dud.
legataire
et conquestz

immeubles et en la presence de honnorable homme Me Estienne


Dorron, commissaire et examinateur de par le roy nostre sire
ou Chastelet de Paris, commis et depputte par Monseigneur
le lieutenant civil pour lever et oster le scellemis et appose par
luy ? la requeste de Monseigneur illustrissime et reverendissime
cardinal de Guise, tuteur et ayant la garde noble de Monsei
gneur Charles de Lorraine, marquis d'Elbeuf, et de noble
homme Me Pierre Andre, advocat en la cour de Parlement, a
Paris, superintendant des proces et affaires dud. srmarquis,
et aussi en la presence dud. Me Pierre Andre oud. nom qui a
consenty et accorde led. scelle estre leve et oste par led. Dor
ron, commissaire susd. ? la charge que les biens qui se trouve
1

Arch.

Nat.,

Min.

Centr.,

LXXXVII,

43.

09:48:07 AM

ET

MORT

DE

TESTAMENT

REMY

BELLEAU

335

ront... la description et inventaire des biens cy apres declarez


apartenant aud. srmarquis d'Elbeuf seront distraictz et mis
en ung coffre? part qui sera rescelle par led. Dorron pour la
conservation

des

droitz

dud.

sr marquis,

et ce,

le

ensuyvant

jugement donne samedy dernier par Monseigneur le lieutenant


civil qui sera transcript vers la fin d'intitulation de ce present
inventaire et apres led. scelle leve, par Rene Barriere et Lam
bert Chartain, notaires du roy nostre sire ou Chastelet de
Paris fut et a este faict inventaire de tous et chascuns les biens
meubles, ustancilles, debtes, lettres, tiltres et enseignements
demourez apres le deces et trespas dud. deffunct, prisez et
es

estans

d'une

apartenances

maison

rue Sainct

? Paris,

assise

Germain de TAuxerrois, en laquelle est demourant Madam oi


selle Charbonnier, o? led. deffunct est decedde, monstrez et
enseignez par Jacques du Yal, serviteur dud. deffunct, apres
serment, par luy faict en la presence et par devant led. exami
de

nateur,

tous

les biens

monstrer

et

sans

enseigner

aucun

en

receller sur les peines en tel cas introduictes et ? luy declai


rees et exprimees par led. examinateur et lesd. biens prisez et
estimez assavoir les biens meubles et ustancilles d'hostel par
Pierre Poucelle, sergent royal priseur vendeur de biens ou
Chastelet, prevoste et viconte de Paris, les livres par Mathurin
Prevost, me livraire jure ? Paris, et la vaisselle d'argent,
bagues et joyaulx par Nicollas de Villiers, me orfevre ? Paris,
ont

lesquelz

aussi

faict

serment,

en

la presence

et par

devant

led. commissaire, de tous led. biens priser et estimer eu esgard


au cours du temps present. Ce faict, les ont prisez et estimez
aux sommes de deniers ainsy et par la forme et maniere qui
s'ensuict.

la teneur
dud.
Ensuict
jugement
sentes
lectres verront,
Anthoine
Du

:A

tous

Prat,

ceulx

chevalier

qui
de

ces pre
1'Ordre

du roy, seigneur de Nantoillet, Precy, Rozay et de Fourvieres,


baron de Thiert, Arnoy et de Viteaulx, conseiller de samajeste,
son chambellan ordinaire et garde de la prevoste de Paris,
salut.

Scavoir

faisons

que

aujourd'huy,

dacte

de

ces

presentes,

Me Jehan Legoux, procureur de nobles hommes Me Estienne

de Bray,
du roy et tresorier
conseiller
de ses guerres,
ordinaire
et Guillaume
executeurs
du testament
de
Lallemant,
escuier,

feu noble homme Remy Belleau, en son vivant me d'hostel de


lamaison de monsieur lemarquis d'Elbeuf, a faict appeller en
jugement par devant nous Me Noel Franchet, procureur de
noble homme Me Pierre Andre, avocat en la court de Parle
ment, intendant des affaires de illustrissime et reverendissime
Loys, cardinal de Guise, evesque de Metz, tuteur de Monsei
gneur le marquis d'Elbeuf, et dud. seigneur reverendissime
aud. nom intervenant en la poursuictte cause et requit que led.
Andre eust a apporter procuration specialle ou mandement

09:48:07 AM

336

M.

CONNAT

expres dud. seigneur cardinal eh vertu duquel il a faict proced


der par voye de scelle sur les coffresetmeubles dellaissez apres
le decez dud. deffunct Me Remy Belleaue et ? faculte de ce
faire que led. seile soict leve et oste, et led. Andre condamne
en son propre et prive nom es despens, dommaiges et interestz
desd. executeurs d'une part et led. Franchet aud. nom qui a
diet que notoirement led. Andre est superintendant des affaires
et proces dud. seigneur marquis d'Elbeuf et tel tenu et advoue
dud. seigneur reverendissime et que par le deu de sa charge
il a peu et deu faire apposer le scelle en la chambre en laquelle
led. deffunct srde Belleaue, maistre d'hostel dud. seigneurmar
quis d'Elbeuf, est decedde en l'hostel d'icellui seigneurmarquis
attendu que led. de Belleau, comme maistre d'hostel dud.
a manye

seigneur,

de

apartenants
marquis
oud.
led. Andre
nom,

et

sous
sans

et a

affaires

grandes

et meubles

plusieurs pappiers

en

sa

de consequence

tenu

aultre

a este
qu'il
maniement

possession

aud. seigneur
et a peu
faire
special,

loisible

apposer led. seel pour la conservation dud. seigneur et deu de


sa
neaulmoings
charge,
estre
accorde
led. scelle

led.

leve

oud.

Franchet,
et oste

et

et

consent

nom,

faicte

description

des

biens qui se trouveront en la presence dud. Andre de luy


appelle ? la charge que les biens meubles et pappiers qui se
trouveront apartenir aud. seigneur marquis d'Elbeuf seront
distraietz et dellaissez en Phostel dud. seigneur, le surplus et
ce qui se trouvera apartenir aud. deffunct de Belleau bailie
en

executeurs

ausd.

auparavant
tenuz
eulx

led.

scelle,

purger

par

lesd.

par

rapportant

ont emp?rte dud. hostel d'icellui


et ? ceste
serment

ce

executeurs

fin

lesd.

executeurs

concluant

ses

qu'ilz

d'Elbeuf

seigneur marquis

seroient
et

fins

de

despens et par led. Legaux audict nom a este diet que attendu
qu'il appert de la qualite desd. de Bray et Lallement ainsy
qu'il

aparteneu

faire

aparoir

par

le testament

dud.

signe Chartain et Barriere en date du lundi IIIle

present

mois

et soustenu

par

led.

scelle

doibt

estre

deffunct

jour de ce

leve

et oste

et les biens inventoriez et ce faict leurs estre baillez pour l'ac


complissement dud. testament d'aultre part ?,
parties oyes,
nous disons et ordonnons que led. scelle sera leve et oste par le
commissaire Doron, qui a icellui mis et appose en la presence
dud. Andre et luy appelle, et sera description et inventaire
faicte des biens qui seront trouvez soulz led. scelle par led.
executeur et les biens et pappiers apartenans aud. seigneur
marquis d'Elbeuf seront distraietz et inventoriez et apres mis
en ung coffre qui sera rescelle par led. commissaire Dorron
et les autres biens estans de la succession dud. deffunct, iceulx
seront
inventoriez
baillez
ausd.
preallablement
en
dud.
testament,
pour
qui
Paccomplissement

executeurs,
seront
saisyz

suivant la coustume et pour veoyr lever led. scelle et procedder

09:48:07 AM

et

mort

de

testament

remy

belleau

337

aud. inventaire et description sera led. Andre present ou


appelle. En tesmoing de ce, nous avons faictmettre ? ces pre
sentes le seel de lad. prevoste de Paris. Ce fut faict aud.
Chastelet, par noble homme et saige Me Pierre Seguier, conseil
ler du roy nostre sire, lieutenant civil de lad. prevoste de Paris,
le samedi neufiesme jour de mars Pan mil Vc soixante dix sept.
Signe

Drouart.

Et premierement, en la chambre ou led. deffunct est decedde,


a este trouve une table de bois de noyer, ployant, de trois
piedz et demy de long ou environ sur laquelle a este trouve
une monstre de cuivre dore aux armoiries dud. seigneur
marquis, prise le tout ensemble xvni 1.
Item, une table assise sur deux treteaulx de quatre piedz de
s.
t.
long ou environ, prisez ensemble xxx
escabelles
et
de
bois
six
de
noier
Itam,
sept aultres escabelles
aussi de bois de noier, prisees ensemble vm1.
Item, quatre chaises de bois de noier (dont deux grandes et
deux petites) les quatre chaises couvertes de cuir, prisees
ensemble

c s.

Item, deux aultres chaises de bois de noier et deux petites


chaises

basses

aussi

de

noier,

prisees

une

couverture

lx

ensemble

s.

Item, une couchette facon d'imperialle de bois de noier, garny


de son pavilion de camelot vert ? damyers rouges, garny
de frangevert, incarnat et blanc de laine, une paillasse, deux
ung

matelatz,

traversin,

pointe vert, prisez ensemble xv ?.

Item,

une

matelatz,
longues,

autre

couchette

lict de
ung
Tune
blanche,

de

plume,
l'autre

de

bois

deux
rouge

et une

rouge
noier

courte

de trois
garnye
trois castel

traversins,
et l'autre

verte

et deux

pavilions, Tun de fustaine blanche et l'autre de serge d'Or


leans

rouge,

prise

ensemble

xxn

?.

Item, quatre chesnetz, dont Tun ? pommes de cuivre et les


trois aultres de fer,unes tenailles, deux pelles et fourchettes
et une cremaillere, le tout de fer, prise ensemble
l s.
Item, cinq pieces de tappisserye de haulte lisse de l'Istoire de
Sanson,

contenant

ensemble

quarante

six aulnes

trois quartz

et demy, prise ? raison de trente sols tournois l'aulne


lxxlvi

s.

in

d.

t.

Item, deux autres pieces de tappisserye de menue verdure, ou


sont les armoiries de Madame de Rieux, douairiere, conte
nant dix-huict aulnes et demye, prise l'aulne quinze solz
xm ?. xvn s. vi d. t.
tournois, valient ensemble aud. pris
Item, ung coffrede bahut carre fermant ? clef de trois piedz et
lxx
s.
t.
demy de long ou environ, prise
22

09:48:07 AM

338

M.

CONNAT

dedans lequel fut trouve :


assavoir une robbe de burat d'Auvergne, gris, fourree de chatz
gris et le reste de pene blanche garnye de boutons gris, a
l'usage dud. deffunct, prise xn ?. t.
manteau

ung

Item,

de

serge

de
fourre
mi

noire,

prise

penne

noire,
?. t.

Item, une robbe de drap tane ? l'usage dud. defTunct servant


? la chambre, ? parement, par le collet de satin, p isee
vm

t.

?.

Item, ung collet de vellours noir, decouppe, a chesnettes de


soye, double de taffetas noir, prise nn ?.
Item, ung hault de chausses de vellours facon de querqueche,
l
s.
t.
double de toille blanche, telquel, prisez
Item, ung bas de soye et ung capluchon le tout de drap noir,
une saincture de taffetas noir et une paire de jartieres de
soye, ung parement de taffetas avec les bandes ? servir pour
ung manteau,

nn

ensemble

prise

?.

Item, deux bonnetz de vellours, Tun riche et l'autre plain,


ung chappeau de taffetas garny de son cordon de crespe et
deux

Tun

fustes,

de

et l'autre

taffetas

nn

ensemble

cordons

prisez

frise vert

et ung
coutelatz

de vellours

avec

leurs

?.

s.

t.

Item, deux sainctures de vellours garnies de leurs pendans,


xn s. t.
l'une ? frange et l'aultre plaine, prisees ensemble
Item, deux pistolles garnies de leurs estuys, l'une doublee de
Item, ung
fourreau

de

flasqe
dore,

cuir,

prise

ensemble
corne, prise
de deux
couteaulx
garny
xl s. t.
ensemble

Item, cinq grands cousteaulx ? manches


le bout,

xv s.

ensemble

prise

xin

de

t.

et de

?.
son

de corne blanc par

Item, trois petitz boutz de bandes de vellours noir et ung


morceau de vellours viollet figue et deux morceaulx de
passemant
et ballences,

d'or

et ung
xx s.

et d'argent
ensemble

prise

tresbuschet

garny

t.

de poix

Item, ung autre coffrede bahut fermant ? deux serrures, b?nde


de fer et de bois, prise l s. t.
dedans lequel fut trouve :
assavoir
et par

ung manteau
devans,

de
prise

serge noire
nn ?.

et fourree

les parement

par

Item, ung petit colletin de camelot de Turquie,


de

et penne

regnardeaulx

Item, une

noire,

noir, fourre

prise

lx

s. t.

juppe de taffetas noir fourree de regnardeaulx,


lxv

prisee

s.

t.

Item, ung petit juppon de vellours noir, passemente, double de


camelot

noir,

prise

cx s.

t.

Item, ung hault de chausse de vellours ? querqueche,


de toille blanche, prise vi ? x s. t.

double

09:48:07 AM

et

mort

de

testament

remy

belleau

339

Item, ung aultre hault de chausses de vellours noir figue,


facon de querqueches, prise vi ?. t.
Item, ung manteau de serge noire de Beauvais, passemente et
double de frise,prise ix ?. t.
Item, ung aultre manteau de serge de Chartres noire, double
de

et passemante,

taffetas

xm

prise

?.

s.

t.

Item, ung aultre manteau de poudesoye, garny de passemant


et double de taffetas, prise xvi ?. t.
Item, trois bas de chausses d'estamine, ung noir et deux gris,
ensemble

prises

lxx

s.

t.

Item, ung hault de chausses de taffetas noir, facon de quer


queches, prise nn ?. t.
Item, quatre pourpoinctz, Tun de taffetas decouppe et les
vn ?.
x
trois aultres de toille
s.
t.
c s. t.
manteau
de
hallebranche
blanche, prise
Item, ung
Item, ung aultre coffre de bahut ? deux serrures fermant ?
clef, b?nde de fer, de quatre pieds de long ou environ prise
c

s.

t.

dedans lequel fut trouve ce qui s'ensuict :


assavoir dix sept serviettes de toille de lin ceuvrees, prisees
vn

ensemble

?.

s.

Item, quatre nappes ouvrees de toille de lin et deux dressouers


de toille de lin, prises ensemble vm?.
vin ?.
Item, deux draps neuf de toille de lin, prises ensemble
Item, trois aultres draps de toille de lin a demy usez dont deux
de lin et ung de chanvre, prises ensemble vi ?.
Item, six douzaines trois serviettes de toille de lin, prisees
soixante dix solz tournois la douzaine, valient ensemble.
Item, seize aultres serviettes de toille de lin telles quelles,
prisees

ensemble

lx

s.

t.

Item, neuf serviettes de toille de


Item,

deux

couvrechefz

Item, quatre
semble

de

lin, prisez

lin ouvrees, prisees en


semble

ensemble

vi

?. x
xxxv

s. t.
s. t.

draps de toille de chanvre neufz, prisez en


vin

?.

vm s.
Item, deux tayes d'orellier de lin, prisees ensemble
Item, dix sept chemises de toille de lin ? remices dont trois
xxv ?.
vielles ? l'usage dud. deffunct, prisees ensemble.
Item, une nappe de toille de lin teile quelle et une aultre de
toille de lin, prisees ensemble xxx s. t.
Item, ung aultre coffrede bahut fermant ? deux serrures, de
l
s.
t.
quatre pieds de long ou environ, prise
ce
dedans lequel fut trouve
qui s'ensuict :

assavoir quatorze chemises de toille de lin ? l'usage dud.


deffunct ? remices, prisees ensemble xvin ?.
Item, ung drap de lin blanc et deux aultres draps assavoir de
toille de lin salles, prisez ensemble nn
?. x s. t.

09:48:07 AM

340

m.

connat

Item, deux nappes et dix serviettes de toille, prisees ensemble


mi

?.

Item, douze coiffes de lin, quatre frotouers, sept mouchouers,


une douzaine et demye de chaussons, cinq paires de chausses
mi ?.
de toille, une taye d'orellier et une brasserolles
Item, ung has de chausses de gris blanc estamine, prise vm s.
Item, ung sac de cuir dedans lequel fut trouve ung bonnet de
taffetas noir garny de toille, estuy garny d'une cavaiolle
bordee de soye noire, deux couvrechefz ? pigner, deux frot
xlv s.
touers et une coiffe de nuict, prise le tout
Item,

une

de vergettes,

paire

prisee

vi

s.

dedans

fut trouve

lequel

micte

une

chandeliers

une

d'erain,

s.

mar

garny de son couvescle, ung coquemar de

d'arain

cuivre,

trois

d.

xx

Item, ung aultre coffrede bahut tel quel prise


bassinoire

aussi

d'arain,

deffunct.

neant.

deux

cuelliers

de

fer,

une leche fricte et ung gril de fer,prise le tout


in ?. xv s.
Item, une paire de bottes, trois paires de soulliers et une paire
de panthoufles, qui ont este ? l'instant baillez et donnez
par led. Guillaume Belleau, donataire aud. Guillaume du
serviteur

Val,

Item, ung
Item, ung
Et, dedans
poisle ?
ung
Item,

En

dud.

vn s. vi d.
chaulderon garny de son ance, prise
vert
s.
xv
tel
quel, prise
tapis
led. coffre fut trouve ung chauderon tel quel, une
frize, une broche, le tout de fer, une corbeille et

panier
une

servant

de

nappe

au
marche,
toille
demy

prise
ouvree,

xvm s.
une

aultre

nappe

aussi de lin et une aultre nappe, petit parement de toille de


lin, prise xv s.
potz,

escuelles,

platz,

cilles d'estaing

neuf

livres

ensemble

et aultres

assiettes

saulcieres,

ustan

fut trouve la quantite de quatre vingt dix

d'estaing
aud pris in

poisant...
s. vi d.

prise

la

livre...

qui

valient

En ung petit cabinet joignant fut trouve deux grandz chande


liers

de

lad.

layette

cuyvre

gauderonnez,

prises

in

?. x.

s.

nn ?.
Item, ung tappis vert frange de jaulne, prisez
xn s.
Item, ung myrouer en ung estuy de bois, prise
Item, ung coffrede boys de chesne fort fermant ? clef,prise v ?.
l'un desd. coffres de bahut cy-dessus declarez fut
Dedans
trouve une layette de boys couverte de cuyr, dedans
laquelle
fut trouve plusieurs lectresmissives, envoyees aud. deffunct
Belleau par plusieurs personnes, qui n'ont este inventoriees,
prisee

nn s.

t.

Item, ung petit coffre de bahut fermant ? clef, dedans lequel


fut trouve plusieurs papiers de poisie
[poesie] qui n'ont este
aussi

inventoriez,

led.

coffre

de

bahut

prise.

xxv

s.

Item, une layette blanche carree dedans laquelle a este


trouve plusieurs pappiers qui n'ont este
pareillement inven

09:48:07 AM

MORT

ET

DE

TESTAMENT

toriez parce qu'ilz

*
BELLEAU

REMY

sont de nulle valleur, lad. layette prise.


xl

faisant ouverture desd. coffre de bahut

En

estoient

lesd.

341

et

lectres missives

s'est

papiers,

s.

et layettes ou
trouve

aucuns

papiers que led. Me Pierre Andre a diet et declare servir aud.


seigneurmarquis d'Elbeuf, lesquelz ont este extraietz etmis
en ung petit coffrefermanta clef pour en fairepar led. Doron,
commissaire susd., description, lequel petit coffre et pap
piers led. Dorron a emp?rte et icelluy coffrescelle et la clef
du d.coffre est demouree par devers led. Guillaume Belleau.
Item, une autre layette de boys, couverte de cuyr, fermant ?
clef,

prisee

xv s.

t.

En une aultre chambre, sur le corps d'hostel de derriere ser


vant d'estude, fut trouve ce qui s'ensuict :
Et premierement une chappelle de plomb servant ? distiller
des

eaues.

Item, ung lue et ung cistre sans estuys, prisez ensemble nn ?. t.


t.
Item, ung damyer, garny de ses dames, prise l s.
Item, une table de boys de chesne, garnye de ses deux tre
s.
t.
teaulx et de deux ais, prisez ensemble lx
Item, une chaise de feurre et d'oziers, prisee lv s.
Item, ung espieu et trois espees, une petrucel, prise ensemble
xl

s.

Item, quatre pieces de tappisserye de verdure aux armoiries


de madame de Rieux, douairiere, contenant vingt-huict
aulnes trois quartz, prisee au pris de xv solz chacune aulne
qui valient ensemble aud. pris
Item,

ung

ccessinet

sur une

? mectre

seile,

prise

vjn

s. t.

Item, ung carquois de bois garny de cuir et de quinze fleches,


prise

ensemble

xxxv

s.

t.

ENSUICT LA LIBRAIRIE 1 TROUVfiE EN LAD.


CHAMBRE ET ESTUDE INVENTORIED :
LlVRES

EN

FRANCOIS

Et premierement, lesArmours de Bay 2, in-octavo, prise v s. t.


Item, les Euvres en ryme de Jehan Anthoine de Bay 8, secre
x s. t.
taire de la chambre du roy, in-octavo, prise
1 Les
ont ete
identifies
livres de net inventaire
par Jacques
Meg ret.
2
Lucas
in-8.
Par Jean Antoine
de Bail.
1572,
Paris,
Breyer,
?
8
ne possedait
in-8.
R. Belleau
Lucas
1573,
Paris,
Breyer,
collective
de Bai'f, com
done que deux
des quatres
vol. de Ted.
avec
les Jeux
et les Passetemps.
plete

09:48:07 AM

342

connat

m.

et

j.

megret

Item, lesEuvres poetiques d'Amadis Jamyn *, in-carto x s. t.


Du mardi xne jour dudit mois de mars en continuant,
led. inventaire a este faict ce qui s'ensuict :
Et premierement, lesEuvres frangoises de Joachin du Beilay 2,
couvertes

poete,

de

in-octavo

parchemyn,

Item, les euvres dud. deffunct qui est la Bergerie3,


volume

et couverture

v s.

t.

xn

s.

pareil

Item, les Euvres de Pierre de Ronsart 4, in-quarto, en deux


couvert

volumes,

de velin

et dore

lxx

s.

t.

Item, six livres du Second advenement de Nostre Seigneur 6,


couvert

de

nn

in-octavo

parchemyn,

s.

Item, ung aultre livre de divers aucteurs, intitule Epitafium


in mortemHenrici Gallorum regis 6, couvert de parchemin
viii

couvertz

de parchemyn,

s.

en frangois 7, en deux volumes,

Item, lesEuvres de Plutarque,


grand

lxx

volume

s.

Item, ung grand livredes cartes cosmographiques par Anthoyne


du

8, couvert

Pynet

de parchemin,

en

grand

xn

volume

s.

Item, ung livre couvert de parchemin, livre de classe, intitule


9 nn s.
Vingt psealmes de David
Item,

aultre

ung

livre

intituleMascarades

de

classe,

couvert

de

parchemyn,

10

et Bergeries par Pierre de Ronsard

in

Paris,

Mangnier],
2
L'une

de

par M.
l'impr. de R. Estienne
in-4. C'est Ted.
1575,
originale.
ou lyonnaises
des
ed. parisiennes

1575 [Brunet, I, 749].


8

Patisson
de

1569,

s.

[ou R.

Le

1573

ou

Paris, Gilles Gilles,


1572, pet. in-8.
4 Ce sont deux tomes
de Ted. de 1567, Paris, G. Buon,
complete
en 6 tomes
livre des Amours
second
est
formant 4 vol.
in-4. Le
commente
est
ces
II
Belleau.
difficile d'admettre
par Remy
que
six tomes
le prix d'esti
aient pu etre relies en 2 vol. bien que
un ex.
laisse supposer
mation
complet.
6 Par
de Billy. Paris, G. Chaudiere,
1576, in-8.
Jacques
6
en 1560
on
et dans
Recueil
par Ch. Utenhove
publie
lequel
?
trouve une
F. Lachevre,
Ree.
coll. XVIe
s.,
piece de R. Belleau.
p. 235.
7
en
tomes
2
4
vol. in-fol.
Paris, M. de Vascosan,
1565-1572,
8
et forte
et Descriptions
villes
de plusieurs
Pourtraitz
Plans,
resses tant de
que des Indes et terres neuves...
VEurope, Asie, Afrique
avec plusieurs
servant a la cosmo
cartes generates
et particulieres
in-fol.
J. d'Ogerolles,
Bibl.
1564,
graphie...
[Baudrier,
Lyon,

X, pp. 106, 133, 137, 184].


lyonn.,
9 ppp
10

I/ed. orig. a paru ? Paris, G. Buon,


1565, in-4. Cette designa
?
un petit
de ? livre de classe
R. Belleau
format;
suppose
sans doute
une seconde
du t. V des
possedait
partie
depareillee
G. Buon,
in-16.
Paris,
1571,
(Eueres,
tion

09:48:07 AM

et

mort

de

testament

c s.

livres de Anguerrand

Item, deux
volumes,
Item, deux

prisez
volumes

ensemble

xxx

s.

de Froissart

343

belleau

1, grand volume, couvert de

Item, les Opusculles de Plutarque


parchemin

remy

de Monstrelet a, en deux
xx

ensemble.

8, prisez

s. t.

Item, ung livre couvert de parchemin,


grand volume, intitule
4 v s. t.
:
de
la
des
guerre
Juifs
Josephe
Item, ung livre des Memoires du Sr d'Argenton 6, couvert de
grand

parchemin,

volume

v s.

t.

Item, ung livre des commentaires de Mathiole Sur la discorde8


lx

Item, ung livreDe


en

parchemin

v s.

s.

t.

Item, ung livre appelle les Euvres de Andre de Rivaudeau


gentilhomme du Bas Poictou in s. t.
Item, les Euvres de Desportes 9, couvertes de parchemin
viii

Item, le second volumes des Euvres


Marthe

10, couvert

de

parchemyn

Item, ung livre en grand volume De


couvert

de

t.

la nature et dwersite des poissons 7, couvert

parchemyn

xv

s.

de Sevole

s.

8,
t.

de Saincte

mi s.

la vicissitude des choses11,

et mesUes,
les (Euvres
trad. J. Amyot.
Sans
doute
morales
in-fol.
1575,
Paris, M. de Vascosan,
2
Sau vage.
Ed. Denis
G. Chaudiere
Paris,
[ou P. L'Huillier],
1572, 3 t. en 2 vol. in-fol.
8 Ed. Denis
ou Paris,
J. de Tournes,
1559-1561
Sauvage.
Lyon,
M. Sonnius,
1574, 4 t. en 2 vol. in-fol.
4 Trad.
Fr. Bourgoing.
J. Temporal,
in-fol. ou
1558,
Lyon,
?
etre
les heritiers
de J. Jonte,
Peut
in-fol.
ibid., chez
1562,
2 t. en
aussi
la trad. F. de Belleforest,
Cl. Fremy,
Paris,
1569,
1 vol. in-fol.
6 Par
du Pre
ed. D. Sauvage.
Galiot
Ph. de Commines,
Paris,
1552 ; ou ibid.,
J. de
id., 1561 ; ou Lyon,
[ou J. de Roigny],
in-fol.
Tournes,
1559, toutes
6
sur les six livres
de M.
Pierre Andre" Matthiole
Commentaires
en francois par
de Ped. Dioscoride
de la matiere mSdicinale...
mis
M.
Jean des Moulins.
G. Roville,
in-fol. [Baudrier,
1572,
Lyon,
une trad. d'Amb.
annee
II existe de la meme
du
IX, 339-340].
Pinet. Lyon, Vve G. Co tier, in-fol.
7
Par Pierre Belon.
1555
Ch. Estienne,
Paris,
I, 761].
[Brunet,
8
Nie. Logeroys,
Poitiers,
1566, in-4 [Brunet,
IV, 319].
9
L'ed.
R. Estienne
[ou R. Le Mangnier],
orig. est de Paris,
en 1575,
in-4 et 1577, pet.
in-4 ; reimpr. parisiennes
in-12.
1573,
10
le recueil
des poesies
Sans
doute
latines de Paris, F. Morel,
sou vent
celui de Paris,
F. Morel,
aecompagne
1575,
in-8, qui
?
Voir plus bas.
1571, in-8.
11
ou variete des choses en l'univers et concurrence
De
la vicissitude
et des lettres, par
les premieres
et plus
des armes
illustres nations
du monde...
P. L'Huillier,
in-fol.
par Loys Le Roy.
Paris,
1575,

09:48:07 AM

344

M.

CONNAT

ET

J. MEGRET

Item, le premier livre des Euvres


1, in-octavo

Marthe

Item, les Condons

couvert

etHarangues

in-octavo

parchemyn

de

de Sevolle

parchemyn,

de Saincte

mi s.

de Tite-Live

v s.

2, couvert de

3
Item, ung livre, couvert de cuir tanne, de VIstoire de Troies
v

Item, laMaison

v s.

parchemin

Item, lesMemoires

vin s.
parchemin
le
Decameron
Item,
xn

volume

de Est. Olivier de la Marche 5, couvert de


de Bocace

s.

6, couvert

Item, le premier livre des Poesies


parchemin

vi

s.

de veau

de Ronsard

rouge,

couvert

de

parchemin

grand

7, couvert de

Item, les quatre premiers livres de la Franciade8,


classe

s.

rustique de Me Charles Estienne 4, couvert de

livre de

nn s.

Item, Ymbert en francnis 9, en petit volume, couvert de veau


noir, prise mi s.
?
1
F. Morel,
1569 ou 1571, in-8.
Voir
ci-dessus.
Paris,
2
de Jean de Amelin.
Traduction
Paris, M. de Vascosan,
1567,
in-8.
3 Recueil
le
des histoires
de Troye,
Fevre
par Raoul
[Brunet,
? couvert
?
la mention
A noter
de cuir tanne
III,
924-928].
qui
une reliure
de Ted. de Lyon,
Peut-etre
estampee.
indique
s'agit-il
ou
format moyen,
Ant. du Ry, 1529,
in-4, la seule qui soit d'un
encore des Cent histoires de Troye, de Christine
de Pisan
[Brunet,

I, 41855-1856].

L'ed.
in-4 ; Brunet
J. du Puys,
cite
1564,
orig. est de Paris,
autres
? la mort
ed. anterieures
de R. Belleau.
Publies
d'abord
Sau vage ? la suite de la Chronique
par Denis
sans doute Ted.
de Flandres,
G. Roville,
in-fol. C'est
1562,
Lyon,
1566 ou 1567,
de Gand,
G. de Salenson,
in-4, publiee
par J. Lau
tens.
6
Le Macon,
Trad.
d'Ant.
Est. Roffet,
in-fol. C'est
1545,
Paris,
livres du xvie
illustre de dix fig. attri
Tun des tres beaux
siecle,
a Etienne
II est estime tres peu eher bien que sa
butes
Delaulne.
un bei
au
et par rapport
rel. en veau
rouge
indique
exemplaire,
trois
6

Ciceron
ci-dessous,
p. suiv., note 7, par exemple.
7
Le premier
de Pierre
livre du recueil des nouvelles
de
poisies
Ronsard...
in-4 ?
G. Buon,
1564,
Paris,
8
in-16.
Paris, G. Buon,
1573,
9 L'une
des traductions
de Jean
de La Ro
franchises
Imbert,
criminel
de Fontenay-le-Comte,
Tun des
lieutenant
chelle,
juris
ses ouvrages
les plus souvent
edites au xvie
consultes
siecle. Tous
en latin ou en franc, ais ? Poitiers,
et Paris
furent reimpr.
;
Lyon
ou brief recueil du droit escrit
est sans doute
celui-ci
1'Enchiridion
J. Bor el, 1571 ou Lyon, B. Ri
Paris,
gar dt et observe" en France...
in-16.
1575,
gaud,

09:48:07 AM

mort

et

testament

de

remy

belleau

345

Item, leRoman de la Rose1 nn s.


Item, ung livre couvert de parchemin, en livre de classe, De la
2 vs.
Republique des Turqs
Item, ung livre, couvert de parchemin, de la Cosmographie de
Pierre Apian3 nn s.
4
Item, Amours de Ronsard, en petit volume
de veau rouge de Sebastien
Item, ung grand livre couvert
5
Serlio, De Varchitecture x s.
6
xx s. t.
Item, un grand livreDe la genealogie des Roys
LlVRES

latins.

Et premierement, les Euvres de Cicero 7, en deux volumes,


couvertz de veau noir, impression de Robert Estienne,
prisez ensemble vin 1.
Item, le livre de Pline, en grand volume 8, couvert de veau
noir, impression de Basle, prise xxx s. t.
Item, ung livre de la Philosophie de Cicero 9, couvert de car
reaulx, impression de Jehan Petit, prise xv s.
Item, ung livre, couvert de veau rouge, des Commentaires
de Bolateran, in-folio, impression d'Almaigne10, prise xxv s.
Item, ung livre couvert de veau rouge, de Celius Rodiginus,
impression d'Almaigne n, prise xlv s.
1
La derniere
ed. est celle de Paris,
1538, in-8, goth., impr. par
et autres.
P. Vidoue
Fr. Regnault
pour Jean Longis,
2
in-4 ou
Par Guillaume
Postel.
E. de Marnef,
Poitiers,
1560,
ibid., id., s. d., pet. in-4.
3
1544 ou Paris,
de Gemma
Trad,
Frisius.
Anvers.
G. Bonte,
V. Gauitherot,
in-4.
1553,
4 Tome
I des ed. de Paris, G. Buon,
1560, 1571 ou 1572, in-16 ?
6
Jean Barbe,
Meme
1545,
in-fol., trad, de Jean Martin.
Paris,
de 1545.
reliure que sur le Decameron
6
ed. in-fol. sont Celles de Paris,
? Les deux
Par Jean Bouchet
est-ce
1545. Peut-etre
Galiot
du Pre, 1541 et Poitiers,
J. Bouchet,
aussi
la GSnSalogie
P. Vi
de treschrestiens Roys de France...
Paris,
du Pre, 1520,
doue
in-fol. [Brunet,
II, 1528-1529].
pour Galiot
7
6 tomes en 2 vol. in-fol.
Paris, R. Estienne,
1538-1539,
8
J. Froben,
mundi
secundi Historise
libri. B?le,
Plinii
1545,
in-fol.
9
et Jehan
J. Bade
ed. Josse Bade.
Paris,
philosophica,
Opera
de la reliure.
la description
in-fol. A remarquer
Petit,
1511,
10
Volaterrani
urbanorum
Commentariorum
[R. Maffei,
Raphaelis
in-fol.
J. Froben,
de Volterra]
octo et triginta libri. B?le,
1530,
11
1542
J. Froben,
lib. XXX...
Lectionum
B?le,
antiquarum
?
ou 1566,
de Rovigo,
dit L. Cse
in-fol.
Par Lodovico
Ricchieri,
lius Rhodiginus.

09:48:07 AM

346

M.

CONNAT

ET

J. MEGRET

Item, Apianus Alexandrinus, Alemaigne


Johannes Ruspinianus De Consulibus2,
maigne

xx s.
prise
impression d'Ale

xx

s.

xvin

s.

3 x s.
Balduinus, Per Instituta
Erasmi
4, in-folio, Almaigne xvm s.
Adagia
volumes, in-folio xx ?.
Opera Gesneri 5, en trois
6 xv
s.
Phtolomei Geographia
Descriptio urbis Romae 7, en parchemin xv s.
in-folio

Suetonius,

8, parchemin,
9 xxv s.
Vascosan

Titus-Livius,
Vegecius,

cum

commento,

a Lion

de Pinpon

10

xxx

11
Ciceronis, in-folio, Charles Estienne
s.
Lugduni12 xxxv
Calepinus, in-folio,Grifius,
13 xxv
s.
Onufrius, De Pontificiis
Divii Cassius, latine14 xx s.
Sententia Stobei, greco et latine 15 xxx s.
Pierii Valeriani, Hieroglifica16 xxv s.
Thesaurus

s.

xlv

s.

1 Romanarum
trad.
Gelenius.
historiarum
lib. V,
S.
B?le,
in-fol.
J. Froben,
1554,
2
ex off.
Par J. Spiesshaymer
dit Cuspinianus.
B?le,
Oporini,
in-fol.
1553,
8 Par
: Commentaria
Institu
in libros IV
Bauduin
Francois
in-fol.
J. Dupuys,
tionum juris civilis...
1554,
Paris,
4 Nombreuses
1574.
? Bale
ed. chez Froben
jusqu'en
6
en 5 vol.,
est complete
h'Historia
de Conrad
Gesner
naturalis
de R. Belleau
le dernier
la mort
paru bien apres
(1587). Estime
tres eher.
vers le milieu
et Venise
B?le
ed. in-fol. ? Lyon,
Nombreuses
du siecle.
7
ou de
de Giovann.
Marliani
Probabiement
Barth.
Pouvrage
ou une ed. des Mirabilia
Fr. de Albertinis,
urbis Romse.
8
Jean Frellon,
in-fol.
1548,
Lyon,
9
1543 ou 1552, in-fol.
Paris, M. de Vascosan,
10 ???
11
in-fol.
Par Charles
Ch. Estienne,
Estienne.
1556,
Paris,

12 Seb.

Gryphe en a publie cinq ed. en 1533, 1538, 1546,1550,

une autre
en 1565, toutes
et Ant. Gryphe
in-fol.
revue et
romanorum
de Platine,
Historia
de vitis pontificum
ou
1573
continuee
Panvinio,
1562,
1568,
par Onofrio
Cologne,
et
les Romani
in-fol. ; ou, du m?me
1574,
Panvinio,
pontifices
cardinales...
Venise,
1557, in-4.
14 Dion
J. Oporin,
historise
Romanse
lib. XXV,
B?le,
Cassius,
in-fol. ou Lyon, G. Roville,
1558,
1559, in-8.
16
ex thesauris
Jean Stob-eus,
dilectse... a
Sententise
Grsecorum
Gesnero...
sie ut Latina
Conrado
in latinum
sermonem
traduetse,
k regione
Grsecis
J. Oporin
B?le,
pour Chr. Fros
respondeant...
?
Autres
ed. ? Zurich,
in-fol.
1545, 1559.
chover,
1549,
18
Par Giovanni
1556 ou 1562,
Pierio
Valeriano
Bolzani,
B?le,
1552
18

in-fol.

09:48:07 AM

mort

et

de

testament

1
Opera Aristotelis, latine, en deux tomes
Dictionarium latine gallicum 2 xlv s.
Un volume de Opera Damasalii 3 x s.
Vergeliaus
Martialus

cum

cum

commento

commento

xv

Lucretius
Suetonius
Johannes

commento

cum

xxv s.

commento

1
1542
J. Oporin,
B?le,
1549, 2 vol. in-fol.
2
Par Robert
Estienne,

de 1538 ? 1561.

Servii17
ou
qui

1548,
en a

in-folio 10 xxv s.

x s.

de Geometrica11
Durerus,
12 v s.
cum
commento
13
in-folio
Tranquilus,
cum
Solinus
Polyhistor

Urbis Roma Topographia16 xv s.


Peletarius In Eucliden 16 x s.
Virgilius

s.

s.

Quintilianus
9 xn s.
Georgius Aquaria
Dionisius Halicarnasseus, latine, Allemagne,

Albertus

xxxv

4x
s.
5 xvin
s.

Tibullus Catullus 6 vs.


Lexicon Jieis Pregeli 7 xx s.
8
Vascosan

347

belleau

remy

x s.

in-fol.
imprime

14 v s.

; ou Lyon,
plusieurs

J. Frellon,
ed.

in-fol.

S* Jean Damascene
en 1539,
? Ses oeuvres
ont paru
? B?le
et 1559,
etre aussi
1548
Celles du medecin
in-fol. Ce pourraient
Jean de Damas,
dit Mesue.
in-fol.
Venise,
1561, 1568 ou 1570,
4
Virgile.
6
Martial.
6
sans doute Ted. de Venise,
C'est
Aide,
1558, in-8 ou sa reimpr.
de 1562, commentees
de Muret.
par M.-A.
7 ???
8
in-fol.
Paris, M. de Vascosan,
1538, 1542 ou 1549,
9
Agricola.
10Georgius
1532 ou 1549, in-fol.
J. Froben,
B?le,
11
Chretien Wechel,
1532 ou 1535, in-fol.
Paris,
12 II
entre celle d'A. Navagero
commentee
n'existe
pas d'ed.
J. Bade,
in-fol. ou Venise,
1514,
Paris,
Aide,
1515,
[Naugerio],
in-8 et celle de Denys
inventoriee
Lambin,
plus loin.
18
???
14 Edition
de Josse Bade,
J. Petit,
Paris,
1503,
in-4, ou plut?t
d'Elie
E. de Marnef,
in-4.
Poitiers,
Vinet,
1554,
15
de Giov.
Barth. Marliani
dont
antiquse Romse
Topographia
a publie
une ed. chez S. Gryphe
en 1534 ; R. Belleau
Rabelais
l'une des deux
ed. romaines
de 1544 ou
possedait
probablement
sous le titre de
III, 1437-38]
1560, in-fol. [Brunet,
publiees
Topo
urbis Romse.
graphia
18
Elementa
In Euclidis
demonstrationum
lib. VI.
geometrica
?
et G. Gazeau,
in-fol.
J. de Tournes
Par Jacques
1557,
Lyon,
du Mans.
Peletier
17
Le
Servius
de Maurus
commentaire
Honoratus
aecompagne
surtout dans
de nombreuses
ed. de Virgile,
la premiere moitie
du
xvie
siecle.

09:48:07 AM

348
Plautus

M.
1

CONNAT

ET

J. MEGRET

X S.

Licostenus De Prodigiis 2 xx s.
3 xv
Opera Lucianii, Lion, in-folio 4 s.
x s.
Macrobius, in-folio, Alemaigne
5
Alberti Durerii De proportionibus xn s.
6 xvin s.
Cronologia Fuxi, Allegmagne
7
cum

Horatius

commento,

Destructorium

vitiorum,

xn s.

Badius

Dioscorides Ruellii 8 xn s.

in-folio

9 xx s.

10 x s.
Tragedia Salierde cum commento
Historia Petri Beubi11 x s.
Lucretius Lambini32 vm s.
Terentius
Instituta

cum
c.um

commento
questosis

Augustinus Hugubinus
Oppianus

de venatione1?

Donati13
14 x s.

vin

s.

x s.

de pare... Philosophia15
mi s.

Historia Polonica 17 vs.


Lambinus In Athicam18 v s.
Hermogenes Barbari In Plinium19

nn s.

1 Nombreuses
chez les Gryphe.
ed., surtout ? Lyon
2
:
ac ostentorum
Conrad
[Wolffhardt]
Prodigiorum
Lycosthenes
in-fol.
chronicon. Basile?,
[1557],
3
in-fol.
Jean Frellon,
1549,
Lyon,
4
in-fol.
J. Hervagius,
1535,
B?le,
6
Ch. Perier,
1557, in-fol., fig. sur bois.
Paris,
6 L'une
de Leonard
des
ed. b?loises
de YHistoria
stirpium
?
Fuchs
7
chez Josse Bade,
Souvent
1503, 1511, 1516, 1519,
reimprime
in-fol.
8
Es
? Paris,
d'abord
de Jean Ruelle,
H.
Traduction
publiee
et ? Lyon.
tienne, 1516, in-fol. ; nombr.
reimpr. in-8 ? Paris
9
Brunet,
II, 674-675
[article Dialogue
creaturarum],
10
ppp
11
venetae lib. XII.
Pietro
Bembo.
Historie
Venise,
apud Aldi
1551, in-4.
filios, 1551, pet. in-fol. ou Paris, M. de Vascosan,
12
et Lyon, G. et Ph. G. de Roville,
in-4 ; reimpr. ?
Paris
1563,
in-16 et in-4, et ? Lyon, A. Gryphe,
1565 et 1570,
1576,
Paris,
in-16.
18
ou de
Tune
des ed. parisiennes
de R. Estienne
Probablement
se trouve
ce commentaire
les ed. du
dans
S. de Colines;
dej?
xve siecle.
14 Par Justinien.
15
Steuchius
Eugubinus.
Augustinus
16
de Jean
latine
M. de Vascosan,
Traduction
Bodin,
Paris,
1555, in-4.
17
Par Martin
Cromer.
Plusieurs
ed. ? B?le ? partir de 1555.
18 Par
Lambin.
Denys
19 Par Hermolaus
Barbarus.

09:48:07 AM

MORT

ET

TESTAMENT

DE

REMY

BELLEAU

Baifvus de re navali et de re vestiaria1 nn s.


Joachimi Bellay allusiones 2 m s.
3 xx s.
Apocalypse cum figuris
Jeronimi Cardani de sapientia 4 vm s.
6
Adriani Turnebi Adversariorum prima pars
6
Imagines imperatorum, taille douce, Venise
7 xn s.
volumes, in-octavo
Opera Ovidii, m 8
vm
s.
Alus Gelius, Aide
9 vs.
Opera Joachinii Fortii
vm
s.
Epithome adagiorum10
Pauli Jovii latine, tomus secundus 11 x s.
Paulus Aemilius, deux volumes12 xx s.
Practica Serapionis13 x s.
Columella de re rustica, Robert Estienne14 vms.
Alexander ab Alexandro16 v s.
16 x s.
Tragedia Saeneca, Aide
Pausanias,
Pontanus,

un

volume

un

volume,

349

vi s.
xxv s.

in-octavo,
Alemagne17
nn s.
in-octavo18

s.

Institutionen forenses Imberti19 v 8.

1 Par Lazarc
ed. chez res Estienne.
de Bayf. Nombreuses
2
seu
nominum
Xenia
illustrium
allusiones.
His
quorundam
ad Janum Morellum..,
F. Morel,
accessit Elegia
in-4.
Paris,
1569,
3 C'est
Durer
la suite d'Albert
II, 912] ou la tres pre
[Brunet,
de 1561
R. Brun,
suite de Jean Duvet
cieuse
II, 930;
[Brunet,

Lwre ill.XV/* siecle, p! 192].


4
6

J. Petreius,
1544,
Nuremberg,
1564 ou 1565,
Paris, G. Buon,

in-4.
2 vol.

in-4.

Par JEneaVico [Brunet,V, 1174-1175].

7
Brunet,
IV, 270-272.
8
atticarum
lib. XXI.
Aulu
Gelle. Noctium
Venise,
sept. 1515,
in-8.
S. Gryphe,
1531 ou ibid.,
Par J. Fortius
Lyon,
Ringelberg.
in-8.
J. Frellon,
1556,
?
10 Tres nombreuses
som
Voir
la Bibl.
ed.
I. Liste
erasmiana,
maire,
pp. 1-6.
11 Tome
II de VHistoria
sui temporis de Paul
Jove, Florence,
in-fol.
1552 ou Paris, M. de Vascosan,
1553,
12
ou
2
vol. in-fol.
Tune des ed. Vas
S. Henricpetri,
1569,
B?le,
cosan rel. en 2 vol. avec la suite d'Arnoul
le Ferron,
1550 ou 1565.
18
in
1525, in-4 ou Venise,
Giunta,
1550,
Jacques
Myt,
Lyon,
fol.
14
rei rusticse, Paris, R. Estienne,
des Scriptores
1543,
Fragment
in-8.
16
ro
Ales
sand
lib. VI,
Alessand
dierum
Generalium
ri, plu
par
in-fol. ou in-8.
sieurs fois impr. ? Paris
18
in-8.
1517,
Venise,
Aide,
17 Trad,
Amalseus.
de Romulus
in-8.
1557,
B?le, M. Isingrin,
18 Par
de Ted. des Opera
Tome
de
J.-J. Pontanus.
depareille

B?le, 1556, 4 vol. in-8 ?


19 Par

Jean

Imbert,

de La

Rochelle.

09:48:07 AM

350
Cornelius Celsy
Catulus

CONN AT

M.

Tibulus,

Epigrammata

1 vi s.

in-octavo
4

J. MEGRET

nn s.

et Sesmodi 3 mi s.

Marulli

Claudianus

ET

m s.

poeta
5 mi s.
Martialis, Aide
Statius

v s.

7 vs.
Agrippa, De vanitate
Verrius

et Sextor

Flaccus

Pompeius

8 vi

s.

vin
Henrici Stephani, Epigrammata graeca 9
Henrici Stephani Fragmenta poetarum10 v s.
Eritreus In Bucolica Vergilii11 vi s.
Tragoedia Cariolani12 v s.
Bucolicqua

Dictionarium
1 Cornelii
siecle.

xvie
2

Mantuani33

poeticum
Celsi

mi

4vs.

de Medicina

s.

s.

lib.

VIII,

sou vent

reimpr.

au

Tune des ed. commentees


de Muret,
Probablement
par M.-A.
P. Manuce,
Venise,
1554, 1558 ou 1562, ou Lyon, G. Roville,
1559,
in-8.
3
le scribe a-t-il mal
Chr. Wechel,
in-8. Sans doute
Paris,
1529,
un format ou un etat semblable
qui indiquait
compris hujus modi,
au Catulle
?
ci-dessus
4 Plusieurs
et ? Lyon.
ed. chez S. de Colines
5
in-8.
Aide,
1517,
Venise,
6 Les
ont donne
deux
ed. en 1502 et 1519 ; S. de Colines
Aide
a reimprime
en 1530,
la secoude
in-8.
7 De
et vanitate
Henri-Corn.
incertitudine
scientiarum,
par
fois reimpr. depuis
1530.
plusieurs
Agrippa,
8M.
de verborum
Festi
Yerrii Flacci
quse extant et Sex. Pompeii
lib. XX.
in-8 ou publ.
1559, pet.
Venise,
Bonelli,
significatione
Paris, M. Patisson,
1576, pet. in-8.
par J.-C. Scaliger,
9
ex Anthologia...
Henri
Estienne,
grseca selecta
Epigrammata
H. Estienne,
in-8.
1570,
[Geneve],
10 Henri
veter urn latinorum quo
Estienne,
Fragmenta
poetarum
a Rob.
summa diligentia
rum opera non extant... undique
Stephano
: nunc autem ab Henrico
olim congesta
digesta...
[Geneve],
Stephano
H. Estienne,
in-8.
1564,
11
Nie.
P.
Maronis
Eritreo,
Bucolicum,
Georgicum
Vergilii
ac rerum
vocum
et Mneidos
omnium
certissimus...
sylvse Index
de
in-8.
J.-A.
Sabio,
Venise,
1538,
12 Coriolani
VIII...
Martirani...
J.-M. Simo
Tragcedise
Naples,
de San Marco].
netta,
1563, in-8 [Par Coriolano
Martirano,
eveque
18
ed.
Par Giovann.
Batt.
; la derniere
Spagnuoli
[Mantuanus]
est celle de Lyon,
J. et F. Frellon,
in-8.
1546,
14
et poeticum,
historicum
Dictionarium
Estienne,
par Charles
etre aussi VElucidarius
et
carmtnum
Paris,
1561,
in-4, etc. Peut
dont Ch. Es
vel vocabularius
de Torrentinus,
historiarum
poeticus,
une autre en
in-8 et R. Estienne
tienne a donne une ed. en 1559,
in-12.
1550,

09:48:07 AM

MORT

ET

DE

TESTAMENT

REMY

BELLEAU

1
Opera Platonis2 in decimo sexto quinque volumina
II cortegiano vs.
8
xxv s.
Antiquites
decimo sexto 4
Opera Homeri, graeco et latine, in
et latine 5 x s.
Epythome Dionis, grece
6
Phoenomena

x s.

de
graeco
Oppianus
Budei
commentaria*
Opera

Euripidis

venatione

viii

xx s.
cum commento

graeco

Homeri,

xxx

s.

xxx

s.

s.
9

xxv s.

10 xxv s.
tragedia, graeco et latine
graeca

Epigrammata

et latina

Brodei11

xxx

s.

Opera Homeri graeco et latine, folio, Alemagne


Poetae graeci, in-folio, Henrici Stephani13 mi ?.
Lexicon graeco latinum Arespini14 mi ?.
16
Theracitus

Opera
Homeri

xvm s.

GRECZ.

LlVRES

Aratus

351

vs.

grsece

Luciani

grseco

Illias

12

graeca

deux

volumes16

Turnebusln

xv s.

mi s.

1
Jean de Tournes,
1550, 5 vol. in-16.
2 Lyon,
et sou vent
Par Balthazar
Castiglione,
reimprime.
3
assez
ces
le prix d'estimation
eleve,
D'apres
Antiquitis
pour
raient etre un recueil de gravures
d'architecture
tel que
antique,
ou les Ares
les Temples
de triomphe de J. Androuet
du Cerceau
?
4
2 vol. in-16.
Jean Crespin,
1559-1567,
[Geneve],
5
romanorum...
Dionis
Nicsei
Rerum
authore
Ioanne
epitome
Paris, R. Estienne,
1551, in-fol.
Xiphilino,
6
in-4.
Paris, Guillaume
1559,
Morel,
7
Paris, M. de Vascosan,
1549, in-4, ed. publiee
par Jean Bodir.
8
Guill.
Commentarii
J. Bade,
Bude,
grsecse. Paris,
linguae
J. Bebel,
R. Estienne,
ou B?le,
1529;
1530;
Bale,
Paris,
1548,
Nie. Episcopius
in-fol.
jun., 1556, toutes
9
en Italie, ? B?le
ed. commentees
Nombreuses
et ? Strasbourg

III, 270-271].
[Brunet,
10
Venise,

Aide

Manuce,

1503,

in-8,

b?loises de 1537, 1544, 1551 ou 1562.


11

ou

Tune

des

quatre

ed.

lib. VII...
annotationibus
Io. Bro
grsecarum
Epigrammatum
dsei illustrati... B?le,
Frohen,
1549, pet. in-fol.
12
J. Hervagius,
B?le,
1535, 1541 ou 1551, ou ibid., N. Brylinger,
1551 ou 1567,
in-fol.
18
Poetse
et alii
heroici
carminis
ed.
grseci prineipes
nonnulli...,
H.
H.
en 1 vol.
2 parties
Estienne,
Estienne,
1566,
[Geneve],
in-fol.
14 Par
Jean
J. Crespin,
Geneve,
Crespin
[Crispinus],
1566,
in-4.
15
Theocrite.
Voir Brunet,
V, 781-782.
16
de Giunta,
2 vol. ; ou B?le, M.
L.-A.
Venise,
1535,
Isingrin,
1526 ou 1535, 2 vol.
1545, 2 vol. in-8 ; ou Haguenau,
17
in-8.
Paris, Adrien
Turnebe,
1554,

09:48:07 AM

352

M.

CONNAT

ET

J. MEGRET

Novum Testamentum, Stephani Roberti, grseco 1


2 vms.
Pidarus, greco et latine

vi s.

Italiens.

Poliphile* 4 xii s.
vs.
II Dante
Rime degli academici occulti6 x s.
6 vs.
Epigrammi Toscani
Soneti di diversi authori 7 vs.
Secti Hbri de Satiro de Ariovisto 8 ms.
Opere burlesche9 hi s.
Diana del Montemaior 10 mi s.
Libro terzo delle rime diversi authori11 mi s.
Discorso sopra Orlando farioso 12 in s.
Libro quarto delle rime diversi authori13 n s.
AULTRES

livres
franqois

de

plusieurs
que

sortes

aultres

tant

en

latin,

langues.

Et premierement ung pacquet de quinze volumes, in-quarto,


xvin s.
reliez en parchemyn, marquez A, prisez ensemble
1
1549 ou 1568,
in-16.
R. Estienne,
1546,
Paris,
2 Pindare.
Guill. Morel,
in-4 ou [Geneve],
H. Es
Paris,
1558,
in-16.
tienne, 1566,
8 Par Francesco
Colonna.
Probablement
la reimpr.
de Venise,
in-fol.
1545,
4 Plusieurs
vers
ou
le milieu
ed. venitiennes
du
lyonnaises
siecle.
5
con le loro imprese et discorsi.
occulti
Rime
degli Academici
in-4 [Brunet,
de Sabio,
Vicenzo
1568,
Brescia,
II,
Suppl.,
484].
Girolamo
Toscani
di Gigliaro,
Pensa,
[di Fra
Epigrammi
cavalier
di Malta],
1570, in-4.
Monteregale,
7
e Canzoni
Sonetti
di diversi antichi
autori
toscani...
Florence,
du moyen
1532, in-8 [recueil de poetes
1527, in-8 ou Venise,
?ge].

8 Sette libri di satire di hod.


Ariosto, Ercole Bentwogli, Luigi

e d'altri,
raccolti per F.
di nuovo
Sansoiino.
Alamanni...
Venise,
ou 1573,
1563
in-8.
Nie.
1560,
Bevilaqua,
9
Par Francesco
Berni
I, 799-801].
[Brunet,
10 La
de Montemayor,
souvent
de George
Diana,
reimpr. depuis
1560.
11
Recueil
forme
G.
in-8.
Dome
par Loo.
Venise,
Giolito,
1550,
? divers
forme 9 vol. publies
la collection,
d?e
nichi;
editeurs,

de 1545 ? 1560 [Brunet, IV, 1303-1304].


11

: Discorso
Poeme
de Laura
Terracina
il prineipio
di
sopra
tutti i canti d'Orlando
Furioso
detta
fatto per la S.. L. Terracina
Feba.
nelV Academia
726
I, 444 et V,
[Brunet,
degl'
Incogniti

727].
18

Bologne,
suite
faisant

au

forme
in-8. Recueil
1551,
t. III
in vent or ie ci-dessus.

par

Ercole

Bottrigaro,

09:48:07 AM

et

mort

testament

de

remy

belleau

353

Item, ung aultre pacquet de quatorze volumes reliez en par


xn s.
chemyn et en pappier, marque B, prisez ensemble
Item, ung pacquet de seize volumes, in-octavo, reliez en par
chemyn, marque C, prisez ensemble xxv s.
Item, ung pacquet de dix huict volumes, in-octavo, reliez en
parchemyn, marque D, prisez vingt solz tournois, pour
ce

xx

s.

Item, ung aultre pacquet de quinze volumes, in-octavo, reliez


en parchemyn et veau, marque E, prisez xn
s.
Item, ung pacquet de dix volumes, petit volume, reliez en
parchemyn marque F, prise xx s.
Item, ung aultre pacquet de seize volumes de plusieurs gran
deurs reliez tant en veau que en parchemyn, marque G,
xxv

prizes

s.

v s.
Item, cinq petitz volumes en almant marque H, prisez
Item, ung pacquet de douze volumes de musique, in-quarto,
marque J, prise xx s.
Item, ung aultre pacquet de plusieurs livres et grandeurs,
marque K, prise in s.
Du jeudi xime jour dud. mois de mars et an... en proced
dant aud. inventaire fut inventorie, prise et estime par Nicolas
de Villiers, me orfevre ? Paris, la vaisselle d'argent, bagues et
joyaulx qui apartenoit aud. deffunet, et laquelle vaisselle
d'argent et deniers comptans cy apres declarez furent baillez
et delivrez le lundimie jour de ce presentmois par led. deffunet
ausd. seigneurs de Bray et Lallemant, pour la garder et laquelle
prisee d'icelle vaisselle d'argent, bagues et joyaulx led. [de
Villiers] a faict, apres serment par luy faict, aux sommes de
deniers, ainsi et par la forme etmaniere qui s'ensuyt :
ensuict

l'oR

et argent

monnoye

Et premierement :
Deux cens cinquante quatre crioices (?) et ung teston.
Item, mil trente escus d'or soleil.
Item, quarante cinq escus pistolletz.
Item, quarante sept doubles ducatz a deux testons.
Item,

un

portugaise.

Item, ung real d'or.


Item, ung noble rose, et ung double du roy et ung
Henry et ung pistollet faulx,

double

23

09:48:07 AM

354
LA
ENSUICT
VAISSELLE

M.

CONNAT

PRIS^E

FAICTE

s'ensuyt

d'aRGENT,

ET

J. MEGRET

PAR

LED.

BAGUES

ET

DE

DE
VlLLIERS
JOYAULX
AINSI

lad.
QUE

a
Et premierement, une chesne d'or au bout de laquelle
y ung
chifre, poisant six onces douze estellins etmaille, pris6 cha
cune once vingt huict livres tournois, qui valient ensemble
aud.

pris...

Item, cinq coupes, deux sallieres, le tout d'argent, dorees par


les garnitures, poisant ensemble septmars et demy, prise au
pris de vingt livres tournois le marc, valient ensemble aud.
viixx
pris
ce
nix*
pour

1. t.

1. t.

Item, une aiguiere et une escuelle ? oreillons, le tout d'argent,


dore par les garnitures, poisant ensemble quatre mars, trois
onces et demy, prise aud. pris de vingt livres tournois le
marc, qui valient ensemble aud. pris.
Item,

une

Item,

deux

garnye

couppe

de

son

couvescle,

aux

armoiries

dud.

sieur marquis d'Elbeuf, et cinq cueillers, le tout d'argent,


poisant ensemble deux mars cinq onces, prise aud. pris de
vingt livres tournois lemarc qui valient ensemble aud. pris.
couppes

de

garnies

leurs

couvescles,

le tout

d'ar

gent vermeilles et dorees, le gauderonne pointille, poisant


ensemble trois mars et demy, prise au pris de vingt deux
livres

tournois

le marc

qui

valient

ensemble

aud.

pris.

Item, une bourse de vellours vert, dedans laquelle fut trouve


cent ung gecton d'argent aux armoiries de Monseigneur le
marquis d'Elbeuf, poisant ensemble ung ma^c six onces et
demy, prise aud. pris de vingt livres tournois le marc, qui
valient

ensemble

aud.

pris...

Item, une bourse, brodee de rouge, dedans laquelle fut trouv?


vingt six medailles d'argent poisant trois onces, prisees au
pris de quarante cinq sols tournois l'once, qui valient
ensemble

aud.

pris...

Item, ung anneau d'or, auquel est enchasse cinq dyamens,


prise dix escus d'or soleil x escus
Item, ung aultre anneau d'or, auquel est enchasse trois petitz
v escus
rubis, prise cinq escus d'or soleil, pour ce
anneau
aultre
est
d'or
enchasse
Item, ung
ung saphis
auquel
in escus
bleu, prise trois escus d'or soleil, pour ce
anneau
aultre
d'or
o? y a
de
blanc
esmaille
ung
Item,
petit
une opalle prise ung escu, pour ce i escu
Item, ung aultre anneau d'or, auquel y a ung dyament, en
chasse en cueur, prise huict escus d'or soleil, pour ce
viii

Item,

ung

aultre

anneau

d'or,

ou

est

enchasse

prise cinq escus d'or soleil, pour ce 5 escus

ung

escus

grenat,

09:48:07 AM

ET

MORT

TESTAMENT

DE

REMY

BELLEAU

355

Item, ung aultre anneau d'or, sans pierre, poisant quatre


cvm s.
estellins, pris6 cent huict sols tournois, pour ce
Item, deux aultres anneaulx d'or, o? sont deux agathes,
escus d'or soleil, pour ce
vi escus
prises ensemble six
o? est enchassd une jacinte, pris6
d'or
Item, ung pendant
deux escus d'or soleil, pour ce 11 escus
Item, ung aultre pendant d'or o? est enchasse une cornaline
xxx s. t.
et une perle pendante, prise trente sols tournois
une
croix
estellins
d'or,
quatre
maille, prise six
Item,
poisant
vi ?. i s. vi d.
livres ung sol six deniers, pour ce
Item, ung pendant d'or, o? est enchasse ung prasme d'eme
raulde, prise vingt solz, pour ce xx s.
Item, ung anneau d'argent, pour servir d'orloge, prise sept
solz

six deniers,

pour

ce

vn s.

vi

d.

Item, une petite pomme de sentence platte, garnye de fild'or,


et une petite perle, prise trente solz tournois pour ce xxx s.
Lesd. executeurs ont declare qu'il estoit deu aud. deffunet la
somme de trois mil livres tournois par ung certain person
nage duquel ilz ont retire lad. somme, lequelperso nnage a
prie

les d.

executeurs

inventaire,

present

et led. donataire
ce ihm 1.

n'estre

en ce

nomme

pour

Item, une promesse dactee du xme jour de decembre l'an


MVCLXXVI,
signee'Bahuet, par laquelle apert le soubz
signe avoir receu dud. deffuntung blanc signe en parchemyn,
sign6 Charles de Lorraine, cocte au doz : pour servir de
? monseigneur

quictance

le

tresorier

de

1'epargne

Me...

x,

de la somme de quatre mil livres tournois, ainsi qu'il est


en

declare

En

lad.

inventoriant

promesse,
laquelle

au

inventoriee

promesse

lesd.

doz.

executeurs

ung.
ont declare

que led. deffunet a declare que de lad. somrrie, il ne luy en


somme de deux mil livres tournois et les
appartenoit que la
aultres deux mil livres ilz appartiennent a monseigneur de
l'lsle, gouverneur dud. seigneur marquis d'Elbeuf, ainsi
qu'il apert par une declaration estant a la findu testament
dud.

deffunet.

Item, ung brevet du Chastelet de Paris, signe Corneillau et


Perrier, dacte du xxe jour de mars MV^LXVIII
par lequel
apert Jacques Pautonnier, marchant libraire, demeurant ?
Paris, rue Chartriere pres le Cloz Bruneau, debvoir aud.
deffunet la somme de douze livres tournois, pour les causes
contenues

aud.

brevet,

inventorie

au

doz.

deux.

Item, ung aultre brevet du Chastelet de Paris signe Barriere


et Chartain, dacte du lundi iine jour de mars MVcLXXVlI
1 En

blanc.

09:48:07 AM

356

m.

connat

et

j.

megret

qui est le testament dud. deffunct, par lequel apert icelluy


deffunct seigneur de Belleau avoir ordonne de ses sepul
thure, convoy, enterrement, et faict plusieurs legs et decla
rations

et avoir

esleu

pour

ses

executeurs

pour

sond.

testa

ment accomplyr nobles hommes Me Estienne de Bray,


conseiller du roy et tresorier ordinaire de ses guerres, et
Guillaume Lallement, escuier, ainsy qu'il est plus ? plain
contenu et declare par led. brevet inventorye au dessoubz
trois.
desd. seings
Barriere

L.

Chartain.

09:48:07 AM

UN HISTORIEN DU XVI* SlfiCLE


ETIENNE PASQUIER
Le xvie sifecle et surtout la seconde moiti6 du sifecle ont
connu un veritable renouveau de l'histoire consacr6e au
pass6 de la France. Jusque-l?, les Grandes chroniques de
en 1477,
Bonhomme
France,
imprimees par Pasquier
avaient represents le type normal de Poeuvre historique
de portee generale. Formees des ouvrages mis bout ? bout
de diff6rents chronicfueurs, elles constituaient un ensemble
d'un grand int6r?t, conforme, semble-t-il, aux go?ts du
public, et qui parut longtemps definitif. Toutefois, dfes
le debut du xvie siecle, le style en etait vieilli tandis que
la composition et les id?es g?nferales de Pouvrage apparais
saient tr&s insuffisantes ? des hommes nourris dans le
culte des grandes ceuvres de Pantiquit6
classique. Les

chroniques semblaient diffuses et mal 6crites. On repro


chait aux vieux chroniqueurs de ne point attribuer assez
aux affaires d'Etat
: negotiations,
trait6s,
d'importance
ne
de
de
mieux
saisir les causes ou
alliances,
pas essayer
la portee des grands evenements, bref de raconter au Heu
et d'exposer sans souci de composer. D6sor
d'expliquer
sous
des humanistes
l'influence
mais,
italiens, on traita

et les pr?ceptes
l'histoire d'apres le modele de Tite-Live
litt6raires de Ciceron.
L'histoire
devint une dissertation, ecrite en latin et

ecrite, habilement
composee, m&lee de harangues,
tout
de
merveilleux
chretien et dont le but
depouillee
fut de servir de pretexte ? des considerations morales et
son De
avec
rebus
politiques. En France, Paul-Emile
bien

gestis Francorum
(1516) fut le veritable initiateur de cette
nouvelle mani&re de faire qui exerga une influence consi
derable. A partir de 1560 neanmoins, sous Pinfluence des
id6es de la Pl6iade, le frangais prit le pas sur le latin dans
les oeuvres d'histoire generale consacrees ? notre pays.

09:48:13 AM

358

P.

BOUTEILLER

Le premier livre des Recherches de la France d'Etienne


1 est de 1560. Les
grandes ceuvres historiques
Pasquier
se
entre 1570 et 1580 furent
si
succederent
rapidement
qui
aussi ecrites en frangais : en 1576, YHistoire de France de
en 1577 les Memoires
et recherches de
Girard du Haillan,
en
et histoire
Jean du Tillet,
1579, les Grandes Annales

generale de France de Frangois de Belief ores t, le Sommaire


de Vhistoire des Frangois de Nicolas Vignier et surtout le
Recueil des antiquitez gauloises et frangoises de Claude
Fauchet. Seules les Annales Francorum de Papire Masson
firent exception
(1577). Mais ce retour ? la langue des
Grandes chroniques de France et des Annales et chroniques
de Nicole Gilles n'etait encore qu'accessoire.
Plus impor
tante fut la nouvelle methode historique qui se fit jour
se montra un des initia
? cette epoque et dont Pasquier
teurs. Desormais Phistoire devint plus erudite et la chasse
aux documents d'archives
fut la grande preoccupation.
Si un historien comme Girard du Haillan, bien qu'ecrivant
en frangais, se montra encore un disciple de Paul-Emile

dans son hostilite aux chroniques, son go?t pour Pelo


quence et son dedain de Perudition, la plupart des autres,
Etienne Pasquier, Jean du Tillet, Papire Masson, Claude
Fauchet
furent des chercheurs infatigables qui reussirent
en s'inspirant de documents
? faire ceuvre d'envergure
nouveaux
et inexploites. M6me des historiens de moindre
credit comme Belieforest ou Vignier surent etendre leurs
sources en utilisant des documents autres que de simples
text

es narratifs.

Cette tendance fut encore developpee par Papparition


de grands erudits comme les freres Pithou, Fontanon,
ou Miraulmont
Bongars
qui se specialiserent dans les
editions de textes et les dissertations savantes.
1 Sur
sur la vie et les
voir : L. Feugere,
Essai
Historien,
Pasquier
ouvrages d'Etienne
Paris,
1848, in-12.
Pasquier.
Estienne
M. J. Moore,
Historien de la poSsie et de la langue
Pasquier
Poitiers,
1934, in-8?.
frangaises.
P. Bouteiller,
Etienne
Sa vie, ses recherches sur l'orga
Pasquier.
?
these encore manuscrite
nisation
civile frangaise
dont le resume a
les Positions
dans
des
theses de VEcole
des Charles,
paru
1943,
pp. 19-27.

09:48:13 AM

un

! e.

historien

359

pasquier

Durant la deuxieme moitie du xvie siecle, l'histoire stit


done s'allier intimement ? l'erudition ou, pour le moins,
en utiliser les resultats principaux. Plus tard, au xvne sie
cle, il n'en fut pas toujours de m?me et jusqu'? Mezeray, la
separation entre erudits et auteurs d'histoires generates
se fit souvent sentir de la maniere la plus f?cheuse.
De tous les historiens erudits du xvie siecle, Etienne
est certainement le plus connu, sinon le plus
commencees
representatif. Ses Recherches de la France,
1
sa
en 1557
furent poursuivies
mort, survenue
jusqu'?
le 30 ao?t 1615, soit pendant pres de 58 ans et le texte

Pasquier

integral ne parut qu'en 1621. Consacrees ? presque toutes


les branches de l'histoire de France : origines, institutions,
evenements et personnages notables, histoire litteraire,
les Recherches constituent un ouvrage capital, tant par leur
contenu que par Pinfluence qu'elles exercerent.
sur l'histoire,
En exposant
ici les idees de Pasquier
en
en etudiant sa maniere de travailler, bref
essayant de

sa valeur comme historien, il nous a done


semble que nous aiderions non sjsulement ? faire mieux
connaitre l'ceuvre et la methode d'un des meilleurs histo
riens de la seconde moitie du xvie siecle, mais encore ?
le sens de l'activite historique
faire mieux comprendre
de cette periode.

determiner

I.

Preoccupations

historiques

et

tendances

generales.

se fait une haute idee du metier d'historien.


les desseins des princes, celui
comprendre
&tre
doit
ecrit
l'histoire
qui
capable de manier les affaires

Pasquier
Pour bien

1 Lettres
Berriat
Histoire
de
II, 6 ; 38 G. D'apres
Saint-Prix,
1557.
1821, cette lettre serait de rautomne
Paris,
Cujas.
nos references,
sont donnees
sauf indication
Toutes
contraire,
de 1723
Fedition
Amster
(les (Euvres d'Etienne Pasquier...
d'apres
se trouvant
de la France
dam, 1723, 2 vol. in-folio), les Recherches
au tome I et les Lettres d'Etienne
et de son fils Nicolas
Pasquier
au tome II.

09:48:13 AM

360

P.

BOUTEILLER

car il risquerait autrement de porter sur les evenements des


jugements d'ecolier 1; malgre tout, la verite doit rester
son seul
guide 2. Or, il est difficile de decouvrir la verite
ou m6me de la dire en etudiant l'histoire de son temps.
n'a pas l'ambition d'etre historiographe
; il a
Pasquier
done pris pour sa part la recherche des antiquites natio
8?
nales
Mais comment les etudier ?
annonce bien haut son intention de recourir
Pasquier
aux sources originales : ? Parce qu'en toute mon histoire
?
?
ecrit-il
je ne me suis propose que de cotter les plus
tirez
signalez exemples d'entre plusieurs et mesmement
des autheurs qui furent ou du temps ou fort proches des
choses que je raconte 4. ?
Mais, sur lem?me sujet, ces auteurs peuvent &tre d'avis
differents ; il faut alors confronter les temoignages piece
? pi?ce, ? verifier par parcelle ? 5 et tenir pour assure
qu'entre deux sources il faut toujours choisir la plus
comme plus proche des evenements
ancienne
qu'elle

rapporte 6.
Toute affirmation doit done 6tre prouvee, tant?t en
en four
alleguant Tautorite des auteurs anciens, tant?t
nissant des extraits de leurs ceuvres 7. Pasquier a toujours
aime inserer dans son texte des extraits d'ouvrages ou de
documents
dont il s'etait servi. En agissant ainsi, il
et augmenter la con
pensait renforcer sa demonstration
fiance du lecteur mais il visait aussi un but plus general :
permettre ? ce lecteur de juger lui-m6me en lui mettant
sous les yeux les pieces capables de Taider ? fonder son
? Quant ? moy, ecrira-t-il,
opinion.
je suis tres aise de
en
leur naturel afin que le
representer les antiquitez
lecteur en tire tel profit qu'il voudra ou pourra 8. ?
1
2 Pourparler
Recherches

d'Alexandre
I, 4 ; 15 A.

dans

(Euvres,

I;

1061 A.

8 Recherches 1 ; 6 A.
I,
4Recherches
12 ; 213 D. ?
I, preface ; 2 C et 3 A.
5Recherches III, 7 88 B.?
13 ; 474 B.
;
V,
II,
?
6

Recherches
V,
I, 2 ; 6 B.
Recherches
; 3 A
I, preface
leurs passages
tantost couchant
7

8Recherches

IX, 30 ; 953 D.

14 ; 476 B.
: ?
tan tost
Alleguant
tout au long ?.

les autheurs,

09:48:13 AM

UN

HISTORIEN

: E.

361

PASQUIER

Ce principe de la necessite d'une source comme garant


a souvent ete
d'a
applique par Pasquier avec beaucoup
au
de
des
propos. Ainsi,
Francs,
sujet
Porigine troyenne
?
nom avons-nous qui y puisse
quel autheur ancien de
servir ou de guide ou de garend ? ?1
Mais Pasquier
lui-meme ne sut pas toujours respecter
cette regle fort sage. Si les sources lui manquaient,
il lui

expliquer quand m?me ; alors, rappro


chant certains faits en apparence indifferents, il echafau
dait des theories souvent contestables dont il s'empres
sait de reconnaitre lui-m6me la fragilite.
? Si la vraisemblance doit
quelquefois tenir lieu de verite
ou les livres nous defaillent ?, ecrit-il ?
es anciennetez
2
et, de m&me, au sujet de
propos des pairs de France
eaux
et forets ? vous me direz que
Porigine de Pexpression
je devine, j'en suis d'accord. Aussi ne vous ay je fonde
mon opinion sur Passeurance,
ains sur une presomption
vous
de laquelle
tirerez tel profit qu'il vous plaira 3. ?
En somme, riche ou pauvre en documents, Pasquier
cherche toujours ? expliquer, ? faire comprendre certains
aspects de notre histoire et, en cela, il s'oppose aux anna
listes ou chroniqueurs dont il critique vigoureusement
la
arrivait de vouloir

maniere

d'ecrire.

Comme tous les historiens, ses contemporains 4, Pas


quier est surtout hostile aux chroniques redigees par les
moines. Ceux-ci nous ont trop parle de leurs monasteres
et n'ont pas essaye de ressusciter Phistoire en nous decri
vant les faits, gestes et deliberations des rois ? comme si
nous y eussions este en personnes ?. II ajoute encore ?
qui
est celuy (jen'en excepteray aucun) qui apres avoir quelque
peu saute sur les guerres, nous ait jamais discouru le fait
de nostre police ? 5.
C'est ici une des preoccupations essentielles de Pasquier:
1

; 19 A.

Recherches,
I,
2 Recherches
10 ; 99 C.
8Recherches II, 15 126 C.
;
II,
4

Voir parti culierement


1576, preface.
5
Recherches
I, 1 ; 5 B.

Du

Haillan,

Histoire

de France.

Paris,

09:48:13 AM

362

P.

BOUTEILLER

ne pas faire seulement l'histoire des activites exterieures


des hommes mais
expliquer comment s'est constitute
d'un
Les livres II et III des Recherches
pays.
l'organisation
de la France sont ecrits dans cette intention et de simples
chapitres trahissent encore le m&me effort puisque, lors

s'efforce d'expliquer
qu'il parle de l'amiraute, Pasquier
?
mer? ? l'inverse des autres
rapidement la police de la
l'avaient negligee 1.
historiens qui jusqu'iei
? l'organisation
Mais tout en s'interessant beaucoup
de la France, ? ses institutions, ? son droit, Pasquier
de la
reste toujours historien. S'agit-il du Parlement,
ou des
d'Etats
Chambre des Comptes, des Assemblies
Comtes et baillis, Pasquier n'etudie guere la juridiction et
la competence mais surtout ce qu'il appelle les origines et
Ce qu'il veut, c'est faire Fhistorique
rapide de
non pas comment elle
et
montrer
institution
chaque
comment elle s'est formee, d'o? elle
fonctionne, mais
et
comment
elle a evolue. Cette preoccupation
procede
? suivre le plus souvent l'ordre
l'amene naturellement

progres.

par exemple,
chronologique. A l'inverse de Miraulmont
il parle des auditeurs des comptes avant les correcteurs
? pour avoir este Testat d'auditeur en essence longtemps
? 2. Cet ordre influem&me
celuy de correcteur
auparavant
sur la place respective des chapitres des Recherches de la
France. Ainsi, l'amiral de France n'est pas etudie avec les
autres grands officiers de la couronne mais l'expose qui
lui est consacre vient apres les chapitres relatifs aux dues,
comtes et baillis et Pasquier nous dit lui-meme : ? si ne l'ay
je voulu aggreger par ci devant avecques nos connestables,
chanceliers, pairs, dues et comtes qui prennent leurs
noms et origines d'un plus ancien estoc ? 3.
etait aussi plus accessible au
L'ordre
chronologique
et non
de Pasquier,
lecteur. Or une des preoccupations
fut de se mettre toujours ? la portee du
des moindres,
lecteur et de chercher ? l'interesser. II n'ecrit pas seule
1 Recherches
II, 15 ; 120 D et 124-125.
2
Recherches
II, 5 ; 77 A et Miraulmont,
et institution des cours souveraines.
Paris,
8 Recherches
II, 15 ; 119 C.

sur I'origine
Mimoires
fol. 115 v?.

1584,

09:48:13 AM

UN

HISTORIEN

I E.

363

PASQUIER

pour les doctes, autrement il n'aurait pas senti la


necessite de traduire en frangais toutes ses citations latines.
II ecrit pour un public cultive mais assez large. Aussi
doit-il s'efforcer de ne pas 6tre trop difficile h comprendre
et de ne pas rebuter le lecteur par des exposes ennuyeux
et longs. A cet effet, il compose des chapitres assez courts

ment

ou divise ceux
qui lui semblent trop longs Mais surtout,
il t?che de ne pas trop ? depayser ? le lecteur en le trans
portant dans une epoque ou tout lui serait indifferent.
Pasquier sent le besoin d'une comparaison entre le passe et
le present, probablement
parce qu'il Pestime utile pour
se faire mieux comprendre. Au livre II des Recherehes,
il vise surtout ? expliquer Porigine de certaines insti
tutions contemporaines 2, ce qui etait bien propre ? piquer
la curiosite des lecteurs de son temps. Soucieux d'etre
assimilable, Pasquier Pest aussi de ne pas ?tre ennuyeux.

les grands exposes et les petites


cela, il melange
recherehes. Cette habitude est peu sensible aux livres I,
II et III des Recherehes de la France mais devient tres
frequente par la suite o? P etude sur le proces de Jeanne
d'Arc est suivie d'un chapitre consacre ? deux exemples

Pour

de grande

Pasquier.

se delectent

d'ecrire plaisait ?
liberalite 3. Cette maniere
II se comptait parmi ? ceux qui ambitieusement
mesmes

aux

plus

petites

anciennetez

de nostre

France ? 4 et il ne les jugeait pas indignes de figurer dans


son grand recueil.
Cela ne Pemp6chait pas d'aimer aussi les grandes fres
ques d'histoire tracees de maniere
rapide et saisissante
au
dont le recit de Papparition
des pairs de France,

milieu des troubles qui ensanglanterent


le royaume de
878 ? 987, reste un assez bon exemple 5.
De la sorte, Pasquier avait Pespoir de ne pas lasser le
1Recherches
deux
2

?.

II, 4 ; 61 G ? d'un chapitre ilme piaist d'en faire

et Estienne
Voir J.-G. Espiner-Scott,
Claude Fauchet
Pasquier
t. VI
et Renaissance,
dans Humanisme
(1939), pp. 352-360.
8
et
6.
5
Recherches,
VI,
4
et
Estienne
historien de la poksie
Cite par M. J. Moore,
Pasquier
de la langue frangaises,
Paris,
1934, p. 145.
5
Recherches
II, 10.

09:48:13 AM

364

P.

BOUTEILLER

lecteur et de maintenir toujours sa curiosite en eveil. II


arrivait aussi au m6me resultat par le soin qu'il prenait de
couper ses exposes de reflexions profondes ou simplement

ou
considerations
morales
philosophiques,
comme
pour faire comprendre au
politiques, placees la
lecteur que le simple recit des evenements n'etait pas tout
mais qu'il fallait aussi mediter sur eux. ? Ce n'est pas assez
de faire une bonne loy qui ne donne ordre par mesme
pittoresques,

de la maintenir ?, dit-il ? propos des mesures prises


1 et
pour eviter le pillage des epaves
parlant du bon droit
?
le subject qui
de Charles le Simple, il ajoute
parceque
prend les armes contre son Prince n'est jamais excuse
envers Dieu 2 ?.
se degagent d'ailleurs
De ces reflexions nombreuses

moyen

certaines tendances plus generates, sur lesquelles il con


vient d'insister, car elles aident ? faire mieux connaitre
l'?me et la personnalite de Pasquier.
Pour lui, l'histoire ne consiste pas seulement ? raconter

les evenements, mais surtout ? en tirer les legons. Pas


le resultat de
quier sait bien que l'histoire est d'abord
l'activite libre de l'homme, aussi a-t-il lui-meme tendance
? chercher dans la psychologie humaine les raisons d'une
ou
d'une
institution. Toutefois,
politique
l'explication
il a ete frappe par d'etranges coincidences de noms, par
d'extraordinaires
d'evenements.
rapprochements
Un Brutus avait donne la liberte aux Romains, un autre
de
Brutus essaya de la leur conserver par l'assassinat
Cesar 3. Par un etrange retour du sort, Pepin le Bref,
de Clodion, renversa la dynastie de Clovis
descendant
alors que ce dernier avait cru assurer sa puissance par le
meurtre de ses parents 4. Mais les Carolingiens
furent ?
leur tour detrones par Hugues Capet, descendant de Witi
kind, le vaincu de Charlemagne 5.
II y a done dans l'histoire une mysterieuse
1 Recherehes

2
Recherehes
8 Recherehes

fatalite que

II, 15 ; 124 C.

II, 10 ; 102 B.
IV, 26 ; 419-420.

* Recherehes
11 ; 108 G.?
6 Recherehes II, 1 512 B.
;
VI,

V, 1 ; 436 B.

09:48:13 AM

UN

HISTORIEN

: E.

365

PASQUIER

en bon chretien, ramene ? Dieu 1.L'homme n'est


Pasquier,
il doit compter avec Pintervention continuelle
seul,
plus
de la divinite, car Dieu n'est pas spectateur indifferent
des actions des hommes. Juste et vengeur, il intervient
pour ch?tier les coupables soit dans leur propre corps soit

leur posterite. La punition n'a pas besoin d'etre


immediate et tout Part de Phistorien eonsiste justement
k decouvrir ces grands jugements de Dieu 2.
ne restent
est done morale. Les mechants
L'histoire
?
dise
les
mauvais
et,
Machiavel,
quoiqu'en
jamais impunis
une
ont
fin
Dieu,
tragique.
toujours
qui permet
princes
leur prosperite pour la punition des sujets, finit toujours
? 3.
par les renverser
C'est \k une des idees essentielles de Pasquier, une de
Celles qui, selon lui, donne ? Phistoire tout son prix. Cette
derniere, en effet, n'est qu'une perpetuelle lecon. Les mal
heurs et les erreurs du passe doivent nous rendre sages 4.
La Fortune est changeante et il faut savoir se moderer
carles exces, de quelque qualite qu'ils soient, sont presque
dans

toujours suivis de cruels lendemains.


est la philosophic
banale que
Teile
judicieusement
k tirer de Phistoire. Toutefois, son
s'evertue
Pasquier
intention n'est pas seulement de philosopher et de cher
cher aux 6v6nements historiques des conclusions morales.
Plus direetement, il soutient et defend certaines theories
qui lui tiennent ? cceur. II est historien et moraliste mais
II combat avec hardiesse pour ce qu'il
aussi polemiste.
aime, car il sait qu'il est difficile de deraciner une opinion
communement

admise

1 Recherchea

sans

que,

par

un mesme

moyen,

II, 1 ; 45 A ? Quand je nomme icy la Fortune, afin

a aucuns
de se scandaliser,
les
occasion
que je n'appreste
j'entends
?.
de Dieu
mysteres
* Les
sont ecrits dans
de la France
livres V et VI des Recherches
?
24 ; 496 C.
cette intention. Voir
surtout Recherches
V, 5 ; 452 C.

29; 510 B et aussi RecherchesVI, 29 ; 640 et LettresXV, 19 ;


447 D.
* Lettres
IX, 7 ; 233 A etRecherchesV, 24 ; 496 B.
4 Recherches
V, 29 ; 507 C ?Cela pour le profitdes princes quand
ils se feront

VI, 3 ; 517 A.

sages

par

la folie d'autruy

?. Voir

aussi

Recherches

09:48:13 AM

366
Ton

P.

BOUTEILLER

ne

les bornes d'un


passe
simple narrateur ?1.
voue
?
et illustration de la
s'est
la
defense
Pasquier
II
ecrit
et non pour lui 2.
la
France
pour
patrie frangaise.
est
ce
il
tout
est
done
D'ordinaire,
pour
frangais contre
qui
ce qui est etranger ou sent l'importation etrangere. Pour
lui, le meilleur
argument en faveur d'une institution,
d'un usage ou d'une coutume est d'etre ? du vieil estoc
frangois ?. II est done pour le frangais contre le latin, pour

contre Rome, pour la coutume


les Gaulois
contre
le
contre celle des
droit ecrit pour Phistoire de France
Grecs et des Romains.
II ecrit en frangais parce que nous, qui portons le nom
de Frangais, c'est-?-dire de francs et libres, ne pouvons
pas asservir nos esprits sous une ? parole aubaine ? 3.
II compose les Recherches ? pour revanger nostre France
contre Pinjure des ans ? 4. Aussi s'en prend-il vigoureuse
ment ? certains auteurs etrangers 5, italiens ou allemands,
comme Paul-Jove, P. Crinito, Polydore Virgile et Agrippa,
? nous blasonner ?, c'est-?-dire
qui avaient voulu
critiquer
et railler ce qui est notre et, par l? m&me, diminuer la
grandeur de la France.
Cette intention patriotique
le rend parfois injuste et
son
amour
Dans
pour ? nos bons vieux
paradoxal.
egal
?
ou
ne
veut
il
Gaulois
peres
Francs,
plus reconnaitre les
bienfaits de la civilisation romaine ou s'efforce de prouver
que les Gaulois n'ont jamais ete inferieurs aux Romains 6.
Mais,
lorsque ce ton de polemique
s'apaise, Pasquier
est tout le premier ? rechercher ? certaines de nos institu
tions des origines
siecles d'oecupation

II sait bien que plusieurs


romaines.
n'ont pas ete sans laisser de traces,

mais, selon lui, pour qu'une institution soit proprement


nationale, il faut qu'elle ait ete adoptee par les rois francs
1

3 ; 14 G.

Recherches

2Recherches I,
I, preface ; 2 G et LettresVII, 8 ; 181 G.
Lettres I, 2 ; 3 C.
4 Lettres
II, 1 ; 28 B.

6 II
attaque

particulierement

les Italiens

Paul

j?ve

et P. Crinito

(RecherchesI, 2 ; 6-7) Polydore Virgile (RecherchesII, 18 ; 147 B)


et l'allemand Agrippa (Recherches
VI, 1 ; 513 A).
6
Lettres

I, 12.

09:48:13 AM

UN

: E.

HISTORIEN

367

PASQUIER

est hostile au droit


la conqu&te. Si Pasquier
ete
c'est
n'a
romain,
pas
qu'il
adopte par eux des l'origine
mais qu'il est venu par la suite ? s'insinuer entre nous ?,
c'est-?-dire se surajouter ? nos vieilles coutumes. Au
contraire, les dues, les comtes, les maires du palais, bien
que d'origine romaine, ont un caractere veritablement
national car ils ont ete adoptes par les rois merovingiens 1.
En somme, au livre II des Recherches de la France,
a voulu exposer le developpement
proprement
Pasquier
lors de

il s'est
des institutions frangaises. Ailleurs,
toujours efforce de montrer que les coutumes et la culture
de la patrie m&me etaient aussi dignes de former lamatiere
d'une histoire que les usages et traditions des peuples de
un des autres buts de Thistoire est de faire
l'antiquite. Car,
aux
connaitre
princes comme aux hommes le sens des
traditions et le jeu des institutions qui se sont developpees
au cours des siecles dans leur pays.

national

Aussi est-il legitime de penser que la simple curiosite


n'a pas pousse Pasquier vers l'histoire. II s'agissait pour
lui de trouver les fondements du vieil edifice pour, au
besoin, en consolider certaines parties que les evenements
recents, les idees nouvelles ebranlaient dej? et pour tirer
des traditions purement frangaises une theorie politique
tacitement

impliquee

dans

les usages

seculaires.

2
Cette theorie politique est celle des Parlementaires
et eile transparait dans toutes les oeuvres de Pasquier.
Selon lui, le Roi ne doit pas se flatter d'une puissance
absolue mais, au contraire, reduire son autorite sous la
? civilite de la
?
loy 3. II y a des principes superieurs qu'il
ne doit pas transgresser, mais
surtout il faut, pour bien
cours souveraines dont
ses
de
l'avis
gouverner, qu'il prenne
le Parlement

mieres

et la Chambre

des Comptes

sont les pre

4.

Le Parlement

est le perpetuel

conseil de la monarchic

1
Recherches
II, 13, 14, 11.
2
sur Etienne
Voir ? ce sujet l'article de Sainte-Beuve
dans les Causeries
du Lundi.
Paris, 1858, t. 3, pp. 249-269.

Pasquier

8 Recherches
II, 4 ; 66 B.
4 heitres
XII, 2 ; 327 A.

09:48:13 AM

368

P.

BOUTEILLER

entre le peuple et le Roi et la veri


il est Pintermediaire
cause
table
de la grandeur franchise
Parlement et cours
ete
souveraines n'ont pas
etablis pour grossoyer les edits
comme de simples tabellions, mais
ils ont le droit de
remontrance 2 et leur resistance ? la volonte royale n'ex

clut jamais la fidelite. La procedure de l'enregistrement


? des lors
est la raison m?me de l'obeissance du peuple;
que quelque ordonnance a este publiee et verifiee au Parle
ment, soudain le peuple francais y adhere sans murmurer :
comme

si teile compagnie fust le lien qui no?ast l'obeis


sance des sujets avec les commandements de leur prince ? 3.
Partisan resolu du Parlement, Pasquier est par la m&me
occasion hostile aux Etats Generaux 4. Ceux-ci n'ont ete

inventes que pour tirer Pargent du peuple sans jamais lui


Iis representent une longue
procurer lemoindre avantage.
tradition de desordres parfois sanglants, d'echecs et de
au prince, dommageables
tentatives avortees. Dangereux

au peuple, les Etats sont sans utilite et le Parlement doit


suffire ? jouer le role de Conseiller de la Couronne car ce
role il Pa toujours tenu tandis que les Etats, qui le reven
diquent, ne Pont jamais exerce.
Le Parlement n'est pas le remplagant des Etats-Gene
raux mais le veritable et perpetuel conseil de laMonarchic
Ce que Pasquier
defend, c'est d'ailleurs le r?le politique
il ne
du Parlement et des cours souveraines. A Poccasion,
ces
s'interdit pas de critiquer l'activite
judiciaire de
cours ou les pretentions personnelles de leurs membres 5.
Mais, en depit de ces critiques de detail, Padmiration de
la fierte qu'il eprouvait ?
pour le Parlement,
Pasquier
faire partie de la Chambre des Comptes n'ont pas ete sans
influencer ses opinions sur certains sujets, lorsqu'il abor
dait, par

exemple,

Petude

d'organismes

dont Pautorite

1
Recherches
II, 2 ; 45 C.
2
? la
II s'agit du discours
de Pasquier
2 ; 327 A-B.
heitres XII,
le
de Vend?me
des Comptes
lors de la seance du Cardinal
Chambre
30 septembre
1587.
8
Recherches
II, 4 ; 66 B.
4
Recherches
II, 7. Voir aussi heitre
IV, 9; 84 D et X, 6;265C-D.
6
?
Voir Recherches
17 ; 135-136.
II, 4 ; 70 B-C.
ed. 1567,
fol. 35 v?-36 v?.
Recherches,

09:48:13 AM

un

historien

e.

369

pasquier

lui semblait battre en breche Celle de ses cheres cours sou


veraines. Aussi sera-t-il hostile au Grand Conseil et k la
Chambre du Tresor dont la juridiction lui semblait inutile
ou de la
et comme demembree de celle du Parlement
des Comptes x.
etait done parlementaire
Pasquier

Chambre

dans Pame. Une


de cet esprit
veritable
tendance,
consequence
son
acheve
de
Pesquisse
portrait intellec
parlementaire,
tuel : le gallicanisme.
Le pape n'est pas absolu mais sa toute puissance est
derniere

limitee par les salutaires libertes de notre eglise, libertes


se sont developpees au cours des siecles, qui nous sont
qui
propres et que nous devons defendre contre tous ceux qui,
tels les jesuites, essaient de les detruire car teile est ? la
foy generale que nous gardons de tout temps et anciennete
en cette France pour laquelle nous ne fusmes jamais
estimez heretiques ? 2.
En somme, Pasquier n'est pas novateur ; il se penche
curieusement sur Phistoire pour retrouver le sens de la
tradition leguee par les anc6tres, car, pour lui, lorsqu'il

s'agit de juger, le criterium supreme demeure toujours la


tradition frangaise.
Mais, si Pasquier n'est pas novateur en politique, si ses
idees generates sur Phistoire ne s'ecartent guere de celles
il represente au contraire par sa
de ses contemporains,
methode de travail un exemple caracteristique et nouveau
un des initiateurs de cette conception erudite
puisqu'il fut
de Phistoire qui avait ete si mal entrevue jusque l?.

II.

Travail

de

preparation.

Les Recherches de la France sont Poeuvre de toute une


vie ; elles sont aussi Poeuvre d'un grand laborieux. Pas
ne fut jamais mtnager de sa peine et il avait le repos
quier
1 Recherche*
2

Recherches

le gallicanisme

II, 6 et 8 (94C).

III, 45 ; 354 B. C'est


de Pasquier.

au livre III

qu'apparait

lemieux

24

09:48:13 AM

370

P.

BOUTEILLER

en horreur 1. A la ville aussi bien qu'? la campagne, il ne


les dures annees de
restait jamais inactif et, pendant
guerres civiles qu'il passa loin de Paris, il ne cessa jamais
de travailler. Cette activite jointe ? ses rares facilites
d'esprit reste le secret de sa reussite.
Comme tout historien, Pasquier ne travaille pas simple
ment d'imagination.
II lui faut, avant d'ecrire, rechercher
les documents qui lui permettront de fonder son opinion ;

au xvie siecle, le probleme n'etait pas aussi aise


car les sources restaient beaucoup moins
qu'aujourd'hui
accessibles. Pasquier avait certainement chez lui une belle
2 en tout
de nombreux
;
cas, il possedait
bibliotheque
manuscrits et il lui arriva d'en prater ? Claude Fauchet 3.
Mais ses propres ressources ne pouvaient pas lui suffire.
Nous savons qu'il travailla ? la bibliotheque
de Saint
Victor 4 et aussi ? la bibliotheque du Roi ? Fontainebleau
ou il se rendit assez souvent 5. Naturellement,
il eut acces
aux archives du Parlement et de la Chambre des Comptes.
mais,

II avait aussi recours aux bibliotheques


de ses amis,
Celles du premier president Achille de Harlay et de Pavocat
du Roi J. Faye d'Espesse
6.A ses amis, il empruntait livres
et manuscrits, quitte ? leur rendre la pareille si Poccasion
se presentait. Le Journal Xun
le
bourgeois de Paris,

Journal de Nicolas de Baye lui furent ainsi prates et il les


gardait souvent plusieurs annees 7.Gare ? Pami qui laissait
trainer un livre interessant lorsque Pasquier
allait le
:

visiter, temoin cette anecdote


? Soudain

que

nous

sommes

entrez,

sur

je trouve

son

pul

pitre un vieux livre ouvert..., ilme repond qiie c'estoit l'his


toire du roy Louys unziesme que l'on appeloit la mesdisante.
1 Lettres
2

Pasquier

39 C?
8

?
II, 4 ; 33 B
parle

XIX, 9 ; 555.

J.-G.

II, 11 ; 43 D.

sou vent

de

Claude

ses

livres ?

Fauchet.

voir

Lettres

Espiner-Scott,
Paris, 1938,
4Recherches
5 ; 536 C.
29 ; 275 B. ?
6Recherches III, 5 699 A. ? VI,
?
;
VIII, 5 ; 769-770.
VII,
794 A.
6 Lettres
XII, 4; 331 B.
7
J.-G.

Espiner-Scott,

Documents

concernant

pp.

II,

7 ;

200-202.

VIII,

18 ;

la vie et les ceuvres

de Claude Fauchet. Paris, 1938, p. 212 etRecherchesVI, 48 ; 678 D.

09:48:13 AM

UN

: E.

HISTORIEN

371

PASQUIER

Je la luy demande d'emprunt, comme celle que je cherchois


il y avoit longtemps sans la pouvoir trouver... J'emporte le
livre en ma maison, je le Iis et digere avec teile diligence que
?
je fais les autres 1.
sollicitait tous ceux qu'il connaissait de bien
Pasquier
vouloir lui faire parvenir des livres, s'ils en avaient, qui
pouvaient l'interesser. Cujas fut du nombre 2. II n'hesitait
pas non plus ? demander directement des renseignements
k ses amis, s'il les savait erudits. A son vieux camarade

Bigot, il demande d'ou provient le privilege de la fiertre


de Rouen pour en faire ? un emblesme
de Saint-Romain
en quelque endroit de ses Recherches ? 3. Jacques Chouard,
lui suggera plusieurs hypotheses 4
avocat au Parlement,
et Me Cadan, docteur regent en TUniversite de Toulouse,
lui fit parvenir la copie de plusieurs documents 5.
De cette maniere, Pasquier reussit k reunir de nombreux
textes et documents. II est d'ailleurs loin d'utiliser toutes
ses sources de la m?me maniere.
Certaines lui servent
tandis que d'autres
lui fournissent,
continuellement
comme k Poccasion, quelque renseignement, souvent sans
importance, qu'il incorpore k son expose.
D'une
etude tres attentive du livre II des Recherches

de la France, il ressort que, parmi les premieres, figurent


les Ordonnances des rois de France de la 3e race dont
a tire de tres nombreux extraits et qu'il a pu
Pasquier
consulter soit aux archives du Parlement ou de la Chambre
des Comptes puisqu'elles y etaient enregistrees, soit dans
la compilation de Fontanon
lorsque eile eut paru, soit
dans les recueils manuscrits
partiels dont Tusage etait
les
erudits
du
xvie
siecle 6.
frequent parmi
aux
et
lois
Quant
franques
capitulaires
carolingiens,
1 heitres
8 ; 65 G.
2 heitres III, 6 38
; C.
II,
8

heitres VIII,
2 ; 200 B.
avocat
au Parlement
du Roi
fance de Pasquier.

Emeric
sieur de Tiberttiesnil,
Bigot,
de Rouen,
etait un camarade
d'en

4Recherches
63 B ; 880 B.
6RecherchesVIII, 37 985 C.
;
IX,
6
Recherches
II, 3 ; 51 C
des chartes du Roy

registre

? Comme

Ton

trouve

dan?

un

?.

09:48:13 AM

vieux

372

P.

BOUTEILLER

les a consultes dans un recueil du genre de celui


Pasquier
de B. J. Herold, Originum ac germanicarum antiquitatum
en 1557.
libri, leges videlicet Francorum,
publie ? Bale
encore
sources
ses
faire
il
faut
Parmi
habituelles,
figurer
en bonne place les registres du Parlement, serie Conseil,
dont il a tire d'innombrables
details, faits ou dates, qu'il a

dans ses divers chapitres et


repartis ? titre d'exemples
de
la Chambre des Comptes dont il a
aussi lesMemoriaux
toujours fait le plus grand cas 1.
En ce qui concerne les auteurs, Pasquier utilise beau
Pon
de Fleury. Lorsque
coups la Chronique d'Aimoin
tout
a
de
retire
la lecture d'Aimoin,
considere
le profit qu'il
on peut s'etonner de le voir, ? la fin de sa vie, ecrire ?
: ? He ! vrayment, je vou
propos du m?me chroniqueur
savoir quelle creance on doit apporter
drois volontiers
? 2.
? cet autheur mensonger

figurent : VHistoire des


de Gregoire de Tours,
les Histoires
Francs
(De rebus
de Procope de Cesa
Gothorum, Persarum et Vandalorum)
ree, les Annales de Flodoart, VHistoire de saint Louis de
de Paul-Emile,
le De rebus gestis Francorum
Joinville,
1445
?
Charles
VII
de
1402
de
la Chronique
qu'il attribue,
comme tous ses contemporains,
? Alain Chartier alors
qu'elle est l'ceuvre de Gilles leBouvier, dit le Heraut Berry,
enfin les chroniques de Froissart et de Monstrelet.
II se sert assez souvent aussi du De hello gallico de Cesar,
de la compilation des Scriptores historiae Augustae, de la
et du
Chronique universelle de Sigebert de Gembloux
encore
annalium
Francicorum
manuscrit,
fragmentum,
Parmi

qu'il
1

ses livres de

chevet

attribue ? Theodulphe

3.

des avocats,
ed.
Recherches
III, 37 ; 305 C et Loisel,
Dialogue
sur la
t. I,
d'avocat.
dans Lettres
Paris,
1832,
profession

Dupin,
p. 155.

2Recherches
V, 27 ; 504 D.

comme
ou
les historiens
du xvie
siecle,
Pasquier
Lorsque
se referent a Theodulphe,
a son ceuvre histo
ils pensent
Fauchet,
ses
de
Fauchet
avait
fait des extraits
qu'a
rique plutot
poesies.
son erreur par la
cette chronique
il reconnut
de Theodulphe,
mais
suite. (Voir Espiner-Scott,
Claude Fauchet^.
Francicorum
301).Le
a ete edite par Canisius
dans Thesaurus
annalium
fragmentum

09:48:13 AM

UN

HISTORIEN

: E.

373

PASQUIER

sont citees assez frequemment la ? vieille


De m?me,
? et la
de
histoire de St Denis
chronique de Guillaume
sur
est
il
fort
mal
d'ailleurs
Nangis,
lesquelles
renseigne
un contemporain de Charles V
puisqu'il fait de Guillaume
ecrivant en frangais tandis que, dans la vieille histoire de
la biographie de Louis le Gros est aussi ecrite
St Denis,

en frangais.
En fait, il semble bien que Pasquier se soit surtout servi
des Grandes Chroniques de France x.
aux sources les plus curieuses employees par
Quant
:Le Journal d'un bour
ce sont principalement
Pasquier,
encore manuscrit, dont il fut
Paris
de
geois
(1405-1449),
le premier, en 1596, k citer des passages dans une oeuvre
imprimee 2, le libelle frangais de Jean de Montreuil contre
les pretentions du roi d'Angleterre k la couronne de France,
qu'il vit enmanuscrit bien que le texte ait dej? ete imprime
aux alentours de 1502 3,
dans la Chronique Martiniane
enfin la Notitia utraque dignitatum cum orientis turn occi
dentis ultra Arcadii Honorique Caesarum tempora, ouvrage
rare au xvie siecle et qu'il eut entre les mains 4.
avait done un vif souci de se procurer des
Pasquier
documents rares ou precieux et de se renseigner le mieux
sa plus grande
possible ? des sources variees. Toutefois,
su utiliser, k
ce
en
k
avoir
domaine
consiste
originalste
c?te de textes strictement narratifs, des documents d'ar
chives de grande valeur comme les registres du Parlement
ou les memoriaux de la Chambre des Comptes.

?
monumentorum...
sive lectiones antiquae.
Anvers,
1725,
et
48
suiv.
pars 2, p.
?
1
et
111
12 ;
A
Recherche*
ed.
Recherches
II, 7 ; 90 A.
: Recherches
fol. 133 v?. Comparer
II, 7 ; 87 C et les Grandes
ed.
p. 299 et Recherches
niques, ed. J. Viard
(S. H. F.), t. VIII,
fol. 133 v? et les Grandes
(regne de Jean II et de
Chroniques
les V), ed. Delachenal
(S. H. F.), t. I, pp. 87-88.

t.

II,

1581,
Chro
1581,
Char

?
2Recherches
?
19 ; 407 A.
IV, 15 ; 395 C.
II, 4 ; 67 A et C.
28 ; 426 B. ? VI, 39; 663 C.? 40 ;665 A. ? VII, 43; 836 B. Voir

A.

Longnon,

Conjectures

sur Vauteur

du journal

parisien

1409-1449

dans lesMSmoires de la SociiU de Vhistoirede Paris et de Vile de


France, t. II (1876), p. 311. }

a Recherches
De Joannis
de
II, 18 ; 147 B-C. Voir A. Thomas,
?
Monsterolio
vita et operibus.
1883, index et aussi pp. 16-30.
Paris,

4 Recherches

II, 17 ; 141 A.

09:48:13 AM

374

P.

BOUTEILLER

Mais dans ses recherches preliminaires,


travaillait-il
suivant un plan bien etabli ? II ne le semble pas. Pasquier
avait toujours ete curieux et, des sa jeunesse, il avait
Phabitude de consigner par ecrit tous les renseignements
qu'il jugeait interessants, sans but precis mais dans Pespoir
de pouvoir les utiliser quelque
jour \
II parait bien avoir conserve cette habitude toute sa

vie. En consultant les registres du Parlement, il notait des


et s'en servait
details qui lui semblaient caracteristiques
par la suite ? des fins diverses.

Par exemple, du registre du Parlement,


serie Conseil,
a tire un ren
cote X 1 A 1479 2, Pasquier
actuellement
sur les prerogatives
par les
revendiquees
seignement
novem
maitres des requetes de PHotel
du
12
(quereile
bre 1407, fol. 1), des details sur la competence de la Grande
le
de Rieux
Chambre
(revision du proces du marechal
4 decembre 1411, fol. 183 v?), enfin des renseignements sur
Pextension de la competence du Grand Conseil (arret du
18 novembre 1412, fol. 222 v<> et 225).
Pasquier prenait un document, registre ou memorial, et
il en faisait un depouillement
analyt-ique rapide mais
nous
encore attestee par le
est
Cette
habitude
precis.
seul de ses travaux preparatoires qui nous soit parvenu,
un
fragment conserve par M. du Lis d'un recueil fait par
intitule Extraict des registres de la Chambre des
Pasquier
Comptes 3. II s'agit d'une analyse du Memorial Croix qui
se presente de la sorte :
1 heitres
XXI,
2
Les

1 ; 626 A.

renseignements

tires

de

Recherches II, 3 ; 58 B et 62 A. ?

ce

registre

se

II, 6 ; 82 C.

trouvent

dans

les

8 II ne fait aucun doute


conserve
? la
pour nous que ce fragment,
sous la cote Ms.
de Carpentras
1837, ne soit Toeuvre
Bibliotheque
: Extraict
le titre exact
d'Etienne
Voici
par M. du Liz
Pasquier.
des registres de la
intitule ? Extraict
faict par Pasquier
d'un recueil
?. Ce fragment se trouve dans le fonds Peiresc
des Comptes
Chambre
Pas
Or Ch. du Lis, qui etait un grand ami d'Etienne
(reg. LXIII).

quier (voirheitres II, 13 ;XXI,

4 ;XXI,

5 et XXII,

6 ; 667 B),

de
heitres
de Peiresc
fut par la suite tres lie avec N. Fabri
? (voir
1888
de harroque.
Peiresc
Paris,
par Philippe
Tamizey
publUes
InSd. t. I, pp. 65, 404, 891). II avait chez lui
1897, 7 vol. dans Doc.
t. I, p. 65) ; il n'est pas
de nombreux
documents
(hettres de Peiresc,

09:48:13 AM

UN

: E.

HISTORIEN

375

PASQUIER

? De la taxe
qui debvoit estre faicte aux procureurs du roy
des seneschaussees et bailliages de Languedoc et Aquitaine
pour venir au Parlement rendre raison de leur charge et en
prenoient

taxes

qui

estoient

in

signees

camera

Compotorum

per aliquem de magistris clericis avec mandement au recepveur


des lieux de les payer. Cela est sans datte mais per subsequen
tiam semble que ce soit 1274, fol. 15 et ante aux feuillets
precedents, fol. 33 est la grande ordonnance de St-Louys pro
utilitate subjectorum regni 1256...
et plus loin :
fol. 89. Ordonnance

faicte par Philippe le Long


(nota,
appele quelquefois Philippe le Grand) a Pontoise le 18 juillet
1318, confirmee ? Longchamp le 13 juillet 1319 (je Tay en un
original)...
registre
Tordonnance
fol. 93. C'est

nous

que

avons

faicte

pour

notre

Chambre des Comptes et du Tresor au Vivier en Brie environ


la Tiphanie (sic) l'an 1319; publiee en ladite Chambre par
M. de Sully le 17 apvril 1320 ; qu'il y aura 4 maitres clercs dont
2 oiront et 2 corrigeront, etc.. Jusques au feuilled 96 exclud 1.
fol. 157. Des regales et en quelles provinces et passim en ce
registre. Patentes de Philippes-Auguste de 1206. II remet la
regale du chapitre d'Auxerre salvo nostro servitio equitationis
exercitus et subventionis sicut episcopi Altissiodorenses nobis
fecerunt.J'en ay plusieurs autres pareilles tirees d'un registre
des chapitres de France etc.. 2
se constituait done des recueils de documents,
? references o? il n'avait plus ensuite qu'?
puiser pour traiter les sujets les plus varies. II avait chez
lui une documentation
abondante qui pouvait lui servir
? toutes fins, pour la raison meme qu'elle ne semble pas
avoir ete recherchee suivant un plan bien arr6te.
Pasquier
des mines

III.

Travail

de

composition.

Muni de tous ces renseignements, comment Pasquier


composait-il ? II est difficile de repondre ? cette question
car les brouillons des Recherches de la France, toujours si
etonnant
les papiers
de
certains
ensuite
aient
que
passe
parmi
Peiresc.
1
avec Recherches
II, 5 ; 77 A.
2 Comparer
se retrouve dans
les Recherches
Cet exemple
III, 36 ; 302 C.

09:48:13 AM

376

P.

BOUTEILLER

revelateurs des habitudes d'un auteur, ont completement


lui-meme, eomme il se concoit, ne
disparu et Pasquier
nous a guere renseigne sur sa maniere de travailler. II est
se faire
possible neanmoins de
quelque idee sur sa matiere
du
des sources
texte, Pexamen
par la lecture attentive
et la confrontation minutieuse
des diverses editions.
Nicolas Pasquier nous apprend que son pere travaillait
lentement, qu'il polissait et repolissait ses ouvrages, sans
? d'un bouillonant
desir ? x.
jamais precipiter sa besogne
sa
son
et
zele
patience, Pasquier n'a pas reussi
Malgre
k donner ? ses Recherches un plan bien rigoureux. Peut
6tre ne Pa-t-il m?me pas cherche car ? il n'est pas dit ?
?
estimait-il
qu'une prairie diversifiee d'une infinite de
fleurs que nature produit sans ordre ne soit aussi agreable
? l'ceil que les parterres artistement elabourez par les
? 2.
jardiniers
Les Recherches de la France connaissent neanmoins un
assez lache que
avait concu des
plan general
Pasquier
1560 3 et qu'il nous a lui-m?me livre :
?
Apres avoir, par les six livres precedens, discouru plu
concernans
nos anciensGauloiset
Frangois,
particularitez
tant
seculiere
les polices,
de notre
France,
qu'ecclesiastique
sieurs

et ? leur suite quelques anciennetez qui ne regardent TEstat


en son general, puis une meslange d'exemples signalez qui
peuvent servir d'edification au lecteur, il me semble n'estre
hors de propos si je jette maintenant Tceil sur nostre poesie
frangoise... Qui est le subject auquel j'ai voue ce septiesme livre
et le huictiesme ? nostre langue franchise 4. ?
Quant au IXe livre, il devait &tre consacre aux Univer
sites de France. Ainsi, k chaque livre, etait attribue un
s'est
sujet determine, parfois tres vaste, que Pasquier
toujours efforce de respecter bien qu'il ait souvent mani
feste beaucoup d'hesitation dans la maniere de le traiter.
En effet, l'indifference au plan se traduit surtout dans
la composition des livres eux-m&mes et des chapitres.
Pasquier n'a jamais estime qu'un livre des Recherches
1 Lettres deNicolas
Pasquier VII, 11 ; 1311 A-B.
2 Recherches
VI, 44 ; 671 C.
8 Recherches

ed.

1560,

livre

*Recherches
VII, 1 ; 681.

Ier,

chap.

I.

09:48:13 AM

UN

HISTORIEN

: E.

377

PASQUIER

put constituer des Porigine un tout homogene et intan


d'une partie aurait risque de
gible dont la modification
de Pensemble.
C'est pourquoi
les
detruire Pharmonie
Recherches de la France ne furent jamais composees livre
apres livre, c'est-k-dire que leur auteur ne se contenta
sur
jamais d'ajouter de temps k autre un livre nouveau
un ensemble juge definitif.
Le livre n'est pour lui qu'un cadre vaste et sans rigueur
dans lequel il insere ? chaque edition des chapitres ou des
passages entierement nouveaux. Aussi chaque livre, une
fois paru, se modifie-t-il et s'accroit-il sans cesse.
Par exemple, le livre II 1} dans ses elements essentiels,
remonte k 1565. II fut augmente d'un chapitre en 1581,
puis remanie et augmente ? nouveau en 1596, 1607, 1611
et 1621. De mSme, le livre VII 2, date de 1607 et fut
en 1611 et 1621 mais trois de ses chapitres exis
en 1596.
en fait
encore, d'un seul chapitre Pasquier
un
detache, sans qu'il y paraisse beaucoup,
entier d'un ancien chapitre et Paugmente
paragraphe
pour en former un chapitre nouveau 4.Et non content d'in
augmente
taient dej?
Tantot
deux 3 ou

edition
dans chaque
tercaler des chapitres nouveaux
nouvelle, Pasquier modifie encore Pordre de ceux qui
existaient dej? 5.Bref, on a Pimpression d'etre en presence

1
les dates d'apparition
des chapitres du livre II, represented
Voici
de 1723.
dans Tedition
d'ordre
par leur numero
ed. 1565 :1, 2 ; 3 et 4 (un seul chap, texte different), 6 ;
Recherches
11 et 12 (un seul
9 et 10 (un seul chap.,
texte en partie different),
18.
13, 14 ; 16 et 17 (un seul chapitre),
chap.),
ed. 1581 : 7 (texte different).
Recherches
4 (texte actuel),
5 ; 7 et 8
ed. 1596 : 3 (texte actuel),
Recherches
10 (texte actuel).
9 (texte actuel),
(un seul chap., texte actuel),
: 19.
ed. 1607
Recherches

Recherchesed. 1611:8 (detachedu chap. 7), 17 (detachedu chap. 16).


Recherches ed. 1621 : 12 (detache du chapitre 11), 15.

2
ed. 1596 : 1, 2,12.
Recherches
: 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9,10,11.
ed. 1607
Recherches
: 14.
ed. 1611
Recherches
Recherchesed.
1621 :13.

Chapitre sur les Tresoriers de France (II, 8) detache en 1611 du

sur l'assemblee
des trois Etats
(II, 7), etc...
chapitre
4 Le
19 du livre II par exemple.
chapitre
6
sur les pairs de France,
livre II le chapitre
Au

place

primi

09:48:13 AM

378

P.

BOUTEILLER

d'une collection de feuilles ecrites pour la plupart en toute


independance Tune de Pautre et ? differents moments.
C'est que Pasquier
travaille, avant tout, dans le cadre du
chapitre.
Le chapitre constitue pour lui l'unite de travail. Autre
ment dit, ses Recherches s'ecrivent et se pensent chapitre
par chapitre. Jamais il n'en supprime un lorsqu'il a paru,
mais il le modifie, le divise ou Penrichit sans abandonner
completement son texte primitif. Le chapitre est toujours

le point de depart des modifications ulterieures, si impor


tantes soient-elles.
Ainsi, k propos des pairs de France, Petude de 1565
comportait le texte ? peu pres integral du chapitre 9 actuel
suivi d'un expose sur la date d'apparition
des pairs qui
rien de commun avec le texte du chapitre 10.
n'avait

En

1596 done, Pasquier


laissa subsister la premiere partie
de son chapitre et ne modifia que la seconde. En somme, si
Tune de ses theories lui semble contredite par des faits
il n'hesite pas k la modifier completement ou
nouveaux,
mfcme k la remplacer par une autre mais, en agissant
ainsi, il ne fait que reviser ou remplacer une piece de son
premier expose.
C'est aussi dans le cadre du chapitre que s'operent les
modifications moins
enrichit son
importantes. Pasquier
texte en le bourrant de references ou d'exemples qu'il a
rencontres au cours de ses recherches. Ainsi, ? propos de
et eveques, Pas
Pentree au Parlement
des archev?ques
?
en
fut
Pentree
de ce Parlement
aussi
1565,
quier disait,

et abbes. Laquelle
sedentaire ouverte ? tous evesques
: bien
coustume dure encore pour le regard des evesques
au
est vray qu'ils n'ont aujourd'huy
deliberative
voix
fors
et
Pabbe de St-Denys en
conseil,
l'evesque de Paris
?.
En
France
1596, il cite k propos des m6mes faits un
le Long,
reglement de 1289, une ordonnance de Philippe
un reglement de 1359 et diverses
exceptions ? la regle 1.
avant
au Grand
le chapitre
consacre
tivement
fut par la
Conseil,
suite place
apres.
1
ed. 1567, fol. 14 v? et 15 et Recherches
;
Recherches,
II, 3 ; 55-56

09:48:13 AM

UN

HISTORIEN

: E.

379

PASQUIER

De m6me, il enrichit son expose en y intercalant des


sans modifier le texte ancien. C'est
passages nouveaux
tant?t une phrase, tantot un paragraphe qui viennent se

surajouter sans toujours tomber avec beaucoup d'? propos.


On a souvent Pimpression que Pasquier a voulu nous faire
part, ? tout prix, de quelques documents ou renseigne

ments

rencontres par lui1.


Cette maniere de faire lui plaisait d'autant plus que le
sens des proportions lui echappait completement 2. II fait
des recherches sur des sujets varies et qui l'interessent; le
detail piquant le seduit mais il ne cherche presque jamais
et complet.
? donner un expose d'ensemble, methodique
Tel livre, tels chapitres !
sait enrichir son expose, il sait
Toutefois, si Pasquier
aussi faire resservir le m6me renseignement et parfois le
memte passage ? des fins diverses. C'est Pun des aspects
les plus curieux de sa maniere de travailler.

II a decouvert, par exemple, dans le registre actuelle


ment conserve sous la cote XIA 1479 que le 12 novem
bre 1407 il n'y avait eu aucun president au Parlement et
une querelle avait eclate entre les
qu'? cette occasion
de
PH?tel et les conseillers. II utilise,
maitres des requites
le
bien entendu,
renseignement dans son expose sur le
Parlement mais, plus tard, il s'en sert ? nouveau dans une
cet evenement
lui
intention toute differente puisque
comme un presage des malheurs
alors
apparait
qui
devaient arriver ? la France 8. De m&me, Pasquier
sait,
le registre, que Jean sans Peur, en
toujours d'apres
mars 1418 (anc. St.), fit revoquer, contre la volonte du
comparer

99 D.

: Recherches

aussi

ed.

1567,

fol. 46

et Recherches

II,

10

? d'une
: Recherches
chose me
suis je
II, 3
Passages
ajoutes
? distincte
?
celle
de
du roy et du
d'advocat
(54
C)
jusqu'?
esbahy
en 1611 et encore Recherches
II, 12 :? Je trouve
regent?
(55 A) ajoute

que Bernard ? (110 C) jusqu'a ? pour le fait de guerres ? (110 D)

en 1607.
ajoute
8
Par exemple,
autant
de place

deux
que

souvenirs
de Pasquier
personnels
occupent
sur la
tout Texpose
de la mer
dans
police

Recherches II, 123 A-124 A et 124 A-125 B.


Voir

aussi M.

8Recherches

J. Moore,

Etienne

Pasquier,

p. 57.

II, 3 ; 58 B etVI, 48 ; 678-679.

09:48:13 AM

380

P.

BOUTEILLER

Parlement, les ordonnances faites pour parer aux abus de


la cour de Rome et cet exemple lui sert ? deux reprises
differentes au cours des Recherches 1. D'ailleurs,
les cas
du m&me genre ne sont pas rares dans toute Poeuvre de

2.
Pasquier
de conserver ses brouillons
II avait encore Phabitude
et d'en extraire, de temps ? autre, un passage
qu'il
pour Pincorporer dans un texte
jugeait caracteristique
nouveau.

Cette maniere de faire se remarque aussi bien dans les


Recherches de la France ou tout un passage du livre IV se
retrouve au livre IX 3 que dans les heitres. Ainsi, en 1607,
ecrivant ? Loisel, lui raconte quelles sont ses
Pasquier
sa maison du quai de la Tournelle durant
occupations dans
les longues journees d'hiver. Le passage est bien venu,
tres agreable ; sans doute Pas
spirituel et d'une lecture
en fut-il tres satisfait car environ quatre ans apres,
quier
en 1611, il Pincorpora mot pour mot dans une lettre
4 et cet
? M. de Harlay
adressee
exemple n'est pas
unique 5.
tous les
En somme, Pasquier a su utiliser au maximum
resultats de son travail et toutes les ressources de son
talent.

Teiles sont les caracteristiques


generates de la maniere
Pon
Si
considere plus parti
dont travaillait Pasquier.
une
sa
derniere question
methode
culierement
historique,
se pose : quel usage a-t-il fait des sources recherchees par
lui avec tant de zele ?
a donne de nombreux extraits d'ordonnances
Pasquier
et
d'ouvrages divers qui lui servaient de sources.
royales
Son ceuvre en est comme parsemee ; parfois, ils sont si
rapproches

qu'ils

constituent

Pessentiel

de

Pexpose,

1Recherches
II, 4 ; 65 B et III, 26 ; 266.
? Recherches
2 Voir Recherches
II, 3 ; 54 C et VI, 48 ; 677 C.
I,
1; 4Cet II, 16; 127 G.
3Recherches
IV, 24 ; 417 D-418 G et IX, 29 ; 951 C-952 B.
4 Lettres
9 ; 555 A-556 D etXXII, 9 ; 669 D-671 C.
XIX,
6 Lettres
XIX, 16 ; 583 G et 586 B et LettresXXII, 12 ; 679-680
et 678 C.

09:48:13 AM

: E.

HISTORIEN

UN

Pasquier n'ayant
de phrase 1.

plus qu'?

381

PASQUIER

les relier par quelques membres

les
general, ses transcriptions sont exactes mais
?
l'etre
tendance
latines
auraient
davantage
transcriptions
tente de
etait moins
que les frangaises, car Pasquier
texte.
le
rajeunir
En

II est d'ailleurs difficile de juger en pareille matiere car


on ne sait jamais si les erreurs et rajeunissements
sont
ou s'il les a
?
simplement copies sur
imputables
Pasquier
le texte qu'il avait ? sa disposition et qui etait rarement
l'original. t
Le second cas est m?me le plus probable car Pasquier
nous dit lui-m?me ? aussi vous veux je icy representer
le Long. Non vraye
l'ancienne ordonnance de Philippe
ment au mesme langage qu'elle fut faite, car le malheur
du temps a voulu, qu'en cette cy et plusieurs autres par
moy alleguees on ait change le langage, selon le temps
? 2.
qu'elles estoient copiees
Mais Pasquier ne se contente pas de nous fournir quel
ques extraits dans la forme ou il les a trouves ; s'ils sont
en latin, il s'empresse d'en donner une traduction ? afin
soit entendue de tous ? 3. Parfois
que cette anciennete
ne
il
donne
m&me,
que la traduction avec la reference,
inutile
d'ajouter aussi l'original.
lorsqu'il juge
Ses traductions, tout en suivant le texte d'assez pres,
ne manquent
le
pas d'allure. Voici, ? titre d'exemple,
debut du formulaire employe par les empereurs pour
et la traduction qu'en donne
investir les dues de Rhetique
4 :
Pasquier
? Quia non est tale pacatis regionibus jusdicere quale sus
non tantum vitia quantum bella
pectis gentibus assidere, ubi
suspecta

sunt...

Rhetiae

namque

sunt

munimina

Italiae

claustra provinciae. Quare non immerito sic appellata


1

Par

exemple,

Recherches

2Recherches
II, 3 ; 57 A.
3 Recherches
II, 5 ; 73 G.

4 Recherches
II,
Cassiodore.
Lettresde

13

II,

et

esse

3 ; 51-52.

texte
; 112 G. Le
Ed. Migne,
Patrologie

est

insere

latine,t.

69,col.

latin

dans
les
709-710.

09:48:13 AM

382

P.

contra feras et agrestissimas

judicamus quando
quaedam
? Ce

quoye
laquelle

BOUTEILLER

obstucula
plagarum
mesme
chose
n'est
pas

disponuntur.
de commander

gentes velut

? une

nation

comme ? celle que Ton tient pour suspecte et pour


on ne

les vices,

seulement

craint

ains

les guerres.

La

sauvages

aux

Rhetique est un boulevard d'ltalie, laquelle non sans grande


cause fut ainsi appellee, parce qu'elle est exposee aux nations
les surprendre
pour
?
et penneaux.

ainsi

brutales
rets

que

les bestes

il ne traduit pas et qu'il utilise simple


M&me quand
ment une source citee, il la suit de tres pres. En voici un
:
exemple pris entre bien d'autres
dit Pasquier ?

? Je trouve ?

choses

qui

en ce

advenoient

dans un livre auquel toutes

temps

la sont

escrites

forme

par

de

au mesme an (1436) revint


papier journal que le jour St Clement
dans

le connetable

Paris

et sa

femme

et

eux

qu'avec

estoient

Tarchevesque de Rheims Chancelier, le Parlement du roy et


entrerent par la porte Bordelle (c'est celle que nous appellons
aujourd'hui Saint Marcel) qui lors nouvellement avoit este
1. ?

desmuree

avec le texte m6me du Journal


Comparons maintenant
:
oVun bourgeois de Paris
? Item, le jour saint Clement ensuivant, vint le connestable
? Paris et admena sa femme, sceur du due de Bourgogne, et
avoit este femme au due de Guienne, filsdu roy de France, et

vint

avecques

lui Parcevesque

de Rains,

chancelier

de France

et le Parlement du roy et entrerent par la porte de Bordelles

qui

nouvellement

avoit

este

desmuree

2. ?

est
II apparait bien que Putilisation faite par Pasquier
une
tres
et
il
presque
amalgame
transcription ;
incorpore
le texte de sa source dans son expose per
habilement
sonnel

3.

II se sert done tres completement de ses sources, toute


est
fois son utilisation ne va pas sans erreurs. Pasquier
1 Recherches
II, 4 ; 67 G.
2
?
de Paris
Journal
d'un
ed. Tuetey.
1405-1449,
bourgeois
1881
Paris,
(S. H. F.), n? 710, pp. 327-328.
8
et
aussi Recherches
de 1291
Voir
II, 3 ; 49 G-D. Reglement
Ch. V. Langlois,
Textes
les
relatifs ? Vhistoire du Parlement
depuis
1314, p. 156.
origines jusqu'en

09:48:13 AM

UN

HISTORIEN

: E.

383

PASQUIER

d'abord responsable de certaines fautes de lecture lors


au lieu de martern dans un
passage du
qu'il lit mortem
De
vanitate scientiarum de H. C. Agrippa1,
il
mais
commet encore bien d'autres negligences.
Les

references fausses ne sont pas

rares

chapitre

15

du livre IV, chapitre20 du livre I, chapitre7 du livre I,


en citant Aimoin et Ton
dit Pasquier
s'apergoit qu'il
15 du livre V, du chapitre 20 du livre II,
du
chapitre
s'agit
du chapitre 14 du livre I 2.
Enfin

les confusions de dates

sont frequentes

: 28 de

cembre 1359 au lieu de 28 decembre 1355 ; 5 juillet 1452


au lieu de 5 juillet 1455, 3 juillet 1498 au lieu de 13 juil
let 1498, 22 decembre

1355 au lieu de 28 decembre

1355,

7 janvier1404 au lieude 7 janvier1401,18 novembre1332


au

lieu de

19 novembre

1352,

21 mai 1374 3.

12 mai

1374 au

lieu de

liste est longue de ces references dont une partie


seulement est erronee. II faut evidemment faire la part
: 12 mai ? la
des fautes d'impression
place de 21 mai peut
tres bien provenir d'une ? coquille d'imprimeur ?. Toute
fois, le nombre d'erreurs est trop grand pour que la meme
excuse puisse s'appliquer k toutes. II faut leur chercher
une cause plus generale qui pourrait bien resider dans la
maniere dont Pasquier prenait ses notes. II avait l'habi
tude de prendre des notes nombreuses et rapides, chaque
fois qu'un document interessant lui passait par les mains,
sans toujours les utiliser immediatement apres. II commet
tait dej? des erreurs de lecture sur des textes imprimes ;
quoi d'etonnant k ce qu'il ait pu en commettre sur ses
La

propres papiers.

il demeure surprenant que


Neanmoins,
Pasquier,
qui
ses
revoyait
chapitres avec tant de soin pour les enrichir

1
Recherches
II, 17 ; 140 G et H.-C.
Agrippa,
et artium atque excellentia
vanitate
scientiarum
?
S. 1.1530,
v?.
fol. CLXV

2 Recherches
8

Recherches

7 ; 91 D. ?

?
II, 14 ; 117 C.
II,

3 ; 58 C.

5 ; 77. A. ?19

15 ; 126 B. ?

3 ; 60 A. ?-

; 150 B.

et
De
incertitudine
verhi Dei declamatio.

16 ; 130 B.

6 ; 83 C. ?

7 ; 88 C.

09:48:13 AM

384

p.

bouteiller

et les modifier, ait pu y laisser subsister de si nombreuses


erreurs de detail, imputables ? la seule negligence.
IV.

Originalite

et

valeur.

sur Phistoire et
Teiles sont les conceptions de Pasquier
de travail. II reste
les principaux aspects de sa methode
? conclure sur son originalite et sa valeur.
maintenant
:
Dans Pensemble, ses idees generates ont peu d'originalite
les theories politiques sont celles de son milieu et de son
temps, les conceptions proprement historiques ne s'ecar
II a
tent guere de celles des historiens, ses contemporains.
un des premiers ? comprendre que Porga
pourtant ete
d'un pays etait un sujet aussi digne
interieure
nisation
les
Phistoire
de
que
grands evenements politiques et mili
son
la
veritable merite. Quant ? son grand
taires. (Test
dessein de tirer la morale des evenements historiques et
de considerer Phistoire comme un perpetuel jugement de
Dieu, il est difficile de lui en faire honneur comme d'une
vue infiniment originale et feconde !

D'un autre c?te, Pasquier


a-t-il subi Paction profonde
de certains auteurs ? Des influences generales comme celles
ou de Papire Masson
sont delicates, voire
de Paul-Emile
?
etablir
impossibles
Plus etroitement, on peut seulement affirmer que, sur
les divers sujets traites par lui, Pasquier s'est tres souvent
II ne cherche pas
servi des travaux de ses devanciers.
ne
et
?tre
il
s'en
?
cache
pas. Ses exposes
original
toujours
sur les fiefs (1565), sur la loi salique (1565) et sur Pamiral
(1615) ne sont guere que de bons resumes dans lesquels il
divers et choisit celle
reproduit les opinions d'auteurs
Au
2.
livre II, par exemple,
lui
la
parait
plus judicieuse
qui
1

Pasquier admire Paul-Emile

methode

historique,
? 1'habitude
Quant
selon M. J. Moore,

(RecherchesII, 18 ; 144 C) mais sa

au livre I,
sauf peut-etre
? la sienne.
s'oppose
sources
de citer de nombreuses
originales
qui,
de Papire Masson,
op. cit., p. 100, lui viendrait

il Tavait des 1560 et surtout 1565 (Voir Recherches I, preface ;


3 A et les chapitres 9,11, 13,14,16,17,18
du livre II).
2

Recherches

II,

16, 17

et 15.

09:48:13 AM

UN

HISTORIEN

: E.

385

PASQUIER

il cite parmi les ouvrages de ses contemporains VHistoria


gallica de R. Ceneau, le Code Henri du President Brisson,
et
les Commentaires
de Fr. de Connat,
les Memoires
recherches de Jean du Tillet, les Ordonnances de Fontanon,
le Catalogue
des Amiraux
de Le Feron, les traites sur
la loi salique de G. Postel et Cl. Seissel, enfin VHistoria
anglica de Polydore Virgile.
II a done largement et loyalement utilise ses devan
il lui arrive aussi de le faire sans m?me
le
ciers. Mais
signaler. A propos de la Chambre des Comptes, il n'est pas
se soit servi des Memoires
de
douteux
que Pasquier
sur Vorigine et Vinstitution des cours
P. de Miraulmont
souveraines (1584), auteur dont il n'a par ailleurs jamais
avec
cite le nom tandis que Miraulmont mentionnait
sur
l'opinion de Pasquier
l'origine des Requetes
du Palais
II est d'ailleurs bien evident que dans un ensemble
aussi vaste que les Recherches de la France, Pasquier ne
pouvait pas etre original partout ni presenter toujours des

honneur

morceaux

d'egale

valeur.

Parmi les neuf livres, certains offrent bien plus de nou


veaute que les autres, notamment les livres I et II dont
leur auteur disait : ? En Tan 1560, je mis en lumiere le
premier livre de ces miennes Recherches et en 65 le second
dans lesquels je pense avoir este le premier des nostres
(je le diray par occasion, non par vanterie) qui ay defriche
plusieurs anciennetez obscures de cette France tant pour
la venue des nations estrangeres aux Gaules que de Tin
troduction des Pariemens,
pairies, apanages, maires du
palais,
et

connestables,

prevosts

chanceliers,

dues,

comtes,

baillifs

? 2.

a ? defriche ?, e'est-a-dire
Et non seulement Pasquier
mis en valeur certains sujets peu connus, mais il a surtout
apporte pour les traiter une methode nouvelle fondee sur
la patiente recherche des documents et leur habile mise
1
op.

Recherches
II, 5 ; 71 C-D
Comparer
cit., fol. 107 v? et 122.
2
Recherches
; 2 A.
I, preface

et 71 B

et Miraulmont,

25

09:48:13 AM

386

P.

BOUTEILLER

en ceuvre. C'est son art de decouvrir et d'utiliser les docu


qui constitue sa principale originalite et donne ?

ments
son

ceuvre

une

valeur

si reelle.

ne reste
Malgre Poriginalite de sa methode, Pasquier
?
de
Pabri
la
Les
defauts
des
Recher
ches
de la
pas
critique.
France sont evidents. Ce qui frappe le plus, c'est l'inegalite
de valeur des differents chapitres. Autant Pexpose con
sacre au Grand Conseil est documente
et approfondi,

les chapitres reserves aux maires du palais, chan


celier et connetable reposent sur des renseignements de
mince valeur et pourtant
ils furent ecrits ? la meme
A
x.
des
Pinterieur
epoque
chapitres, m&me inegalite et
ces differences deviennent encore plus sensibles dans les
autant

livres IV, V et VI lorsque Pasquier


fait des melanges de
et
de
grands
petits sujets.
Les Recherches de la France sont done une juxtaposition
de morceaux
de valeur et des pieces de faible aloi. ? Pas
?
a
est plus remarquable pour
dit Aug. Thierry, ?
quier,
l'abondance que par la precision de ses idees, sa critique
est quelquefois
subtile au lieu d'etre juste ? 2.
En effet, dans son abondance,
il n'evite pas toujours
? des hypo
Perreur et sa subtilite l'entraine quelquefois
theses plus
references

ingenieuses
fausses,

dates

que

fondees. Les

erronees

abondent.

inexactitudes,
Des

erreurs

plus graves existent aussi. Tantot Perreur de Pasquier pro


vient de la fausse interpretation d'un document ; par
exemple, quand il attribue ? Philippe le Bel la creation du
Parlement de Paris 3 le 23 mars 1303 (n. st.) ou croit que la
cour des Aides n'etait pas encore constitute le 13 avril
1436 4. Tantot aussi Perreur provient d'une fausse etymo
avait du go?t pour les etymologies mais
logic Pasquier
il ne se montra guere heureux en cette matiere
et ses
1

Recherches
II, 6 et 11-12.
op. cit., p. 397.
Aug. Thierry,
8
Recherches
II, 3 ; 51 B.
4
Recherches
II, 7 ; 92 G et Dupont-Ferrier,
ou Cour des Aides
premier siede de la Chambre
1933, pp. 2 et 22.
2

et le
Les
origines
?
de Paris.
Paris,

09:48:13 AM

UN

HISTORIEN

: E.

387

PASQUIER

souvent ? de lourdes
l'amenerent
essais philologiques
erreurs historiques.
Ainsi, le mot alleu vient de leudis, signifiant sujet;
l'alleu est done la terre du sujet, grevee de cens et rede
vance ? l'opposition du franc-alleu qui en est exempt1.
Souvent Pasquier
p&che aussi par exces de subtilite.
il n'est
En general, lorsque les documents lui manquent,
guere heureux dans ses hypotheses. Personne n'a ete plus

habiles
doue que lui pour operer des rapprochements
C'est
indifferents en apparence.
entre des evenements
ce qu'Augustin Thierry appelle sa ?manie argumentative ?
sur laquelle il porte un jugement severe 2. Cette subtilite
se manifeste dans bien des explications que donne Pas
sont apparus les pairs de France, pour
quier. Comment
sont-ils
nobles
les
appeles ecuyers et gentilhommes,
quoi
meres furent-elles appelees
les
reines
raison
pour quelle
reines blanches, par exemple 3.
Mais ce defaut de Pasquier amene ? parier de ses qua
si ingenieuse soit-elle, revele
lites. Ce besoin d'explication,
de faire mieux
le c?te createur de son oeuvre. Desireux
en
a
la
France, Pasquier
partage l'etude
pris
comprendre
de certains aspects de son histoire plus ou moins negliges
il apporte des
par ses predecesseurs. En cette matiere,
faits nouveaux mais il n'ecrit pas seulement pour le plaisir
de mettre en oeuvre certains documents rencontres par
lui, ce qu'il veut c'est faire comprendre l'origine et revolu
tion de chaque institution, expliquer la genese de chaque
ev?nement.

son
s'agit de grands evenements historiques,
Lorsqu'il
car
elle repose la plupart du
explication est souvent vaine
temps sur une cause lointaine, la col&re de Dieu ou les
secrets de sa toute puissance 4.
admirables
Mais lorsqu'il ne cherche plus ? philosopher sur l'his
?
?
ses expli
enmati&re d'institutions par exemple
toire
une
Ses
valeur.
cations prennent
exposes sur le
grande
1Recherche*

II, 16 ; 131 C.

Thierry,

cit.t

398.

p.
op.
16 ; 130 A. ?
Recherche*II, 10.?
4 Recherche*
II, livresV etVI.
Aug.

19 ; 149 A.
25.

09:48:13 AM

388

P.

BOUTEILLER

Grand Conseil (1560-1565), le Parlement de Paris (1565


1596), la Chambredes Comptes (1596) peuvent resterdes
du genre 1. Fondes sur des documents originaux,
patiemment recherches et etudies, ils arrivent en quelques
pages ? fournir de Phistoire de ces organismes une image
traites.
plus exacte que de volumineux
Ici, point d'imagination
superfine, mais un essai conti
o? rien n'est laisse au hasard et dans
nuel d'explication
lequel les hypotheses elles-m?mes sont toujours fondees
sur des titres dignes de foi.
Malgre leur brievete, ils sont certainement le r6sultat
d'un long etminutieux travail. Ils sont parmi lesmeilleurs

modeles

de Pouvrage

parce que Pasquier

y a mis

lemeilleur

de sa

science.

Cette science de Pasquier


est d'ailleurs rendue moins
austere par le charme de son style. A. Thierry pouvait
ecrire que les Recherches de la France sont ? le seul livre
d'erudition ecrit au seizieme siecle que Pon puisse par
courir

sans

ennui

2?.

Ce style est celui d'un orateur, plein, sonore et colore,


parfois legerement redondant. La phrase est souvent
longue mais toujours solidement construite. Au milieu
de ses recherches, Pasquier
n'oublie
jamais sa qualite
il semble toujours s'adresser ? un
d'avocat,
public plus
?
qu'? un lecteur. C'est ce qui m'a faitmon style de parier
et d'ecrire ? disait-il lui-m?me 8 ; aussi ecrit-il comme il
parle, sans que style parle veuille dire style neglige, car
nous savons
qu'il preparait ses discours avec beaucoup de
soin.

II y a d'ailleurs de
l'originalite dans ce style, parfois
et qui
plus que dans les idees ; les mots pittoresques
?Mais
font image, les tournures bien frappees abondent:
vous
ces deliberations
dans
d'Etats)
(les assemblees
ne verrez point que le menu
fust
y
peuple
appele duquel

1 Recherche*
II, 6, 3 et 4, 5.
1
op. cit.f p. 397.
Aug. Thierry,
8
ou dialogue
des advocals
Pasquier

du Parlement

Dupin dans Profession d'avocai, t. I (1832), p. 244.

de Paris,

09:48:13 AM

ed.

UN

HISTORIEN

: E.

389

PASQUIER

Ton ne faisoit non plus d'estat que d'un 0 en chiffre ? 1 ou


cette consideration imagee, k propos des levees d'impdts :
? La
friandise de manier
les deniers fut teile que les
Princes voulurent avoir part au gasteau 2. ?
Habile k trouver des idees, Pasquier est ingenieux dans
le choix des mots et la plupart du temps son style ne
pas d'allure. Ce style fut certainement une des
manque
raisons du succes des Recherches de la France car, si les
doctes en consideraient avant tout le contenu, il n'est pas
interdit de penser que la plus grande partie du public
n'ait d'abord ete impressionnee par la forme exterieure de
l'ouvrage.

De toutes fa$ons, le succes de Pasquier


fut grand et
atteste par de trfesnombreux temoignages 8. Evidemment
ce succes lui venait autant de ses oeuvres litteraires que de
son oeuvre historique, pourtant les Recherches de la France

son plus beau


constituerent
titre de gloire.
toujours
Honore d'Urfe pouvait lui ecrire, en lui envoyant VAstrie :
? Comment ne
rougirois-je point voyant ces ecrits foibles
et mal polis de ma
estre prets de recevoirla
premiere jeunesse
censure de celuy qui est redoute par les plus doctes de nostre
aage et de qui les Recherches sont si exactes qu'il n'y a que luy
seul qui puisse soustenir ses propres coups 4.
Et Nicolas Pasquier
resumait l'opinion generale lors
qu'il ecrivait :
?Mon pere a donne le
poulx et lemouvement ? nostre his
toire francoise, laquelle il a recherchee dans son berceau et
mise en tel ordre que tous ceux qui ont escrit depuis luy,
Tont avec prefaces d'honneur allegue et suivy en ses opi
nions

6. ?

fut ce ceux qui, de leur vivant, obtinrent les


Pasquier
du
suffrages
public et les 6loges de leurs confreres. De son
1 Recherches
7 ; 85 B.
8 Recherches II, 7 91 C.
;
II,
* Voir

Feugere,

Essai

sur

la vie ei les ouvrages

d'Etienne

?
quier, pp. 232-234 et aussi Lettres IX, 12 ; 243 D-244 D.
6 ; 550 G etXXI, 3 ; 642 A.
4 Voir Lettresde
Pasquier XVIII, 9 ; 32 D.
5 Lettres deNicolas
Pasquier X, 4 ; 1401 C.

Pas

XIX,

09:48:13 AM

390

P.

BOUTEILLER

reconnue, mais
temps, sa valeur fut done unanimement
apres sa mort, sa gloire devait rapidement se restreindre?
Les attaques de ses vieux ennemis, les Jesuites, et leur
rancune tenace ne furent pas sans nuire k sa reputation et
puis, le go?t du siecle ayant change, Pasquier cessa rapide

ment

d'interesser

le grand public.

Toutefois, son ceuvre historique ne fut jamais oubliee.


II avait peut-6tre r?ve de laisser un nom comme poete et
comme ecrivain, ce fut comme erudit qu'il demeura
celebre.

Ilestm&me curieux de constater le prestige dont Pasquier


continuait ? jouir aupres des chercheurs et des historiens
k Pepoque m6me ou Perrault dans ses Hommes
illustres de
la France (1696-1700) et le Pere Niceron dans sesMemoires
pour servir ? Vhistoire des hommes illustres dans la Repw
blique des Lettres (1727-1745) ne le mentionnaient m?me
pas.

Piganiol de la Force, en 1742, pouvait k bon droit le


en effet, pour
nommer Poracle du xvie siecle \ Pasquier,
les savants contemporains de Louis XIV et de Louis XV,
etait devenu le representant le plus illustre de Phistoire
erudite en ce siecle.
Son nom avait m?me fini par eclipser ceux de certains
de ses compagnons. On disait une theorie, une opinion
sans m?me chercher k savoir s'il en etait
de Pasquier
aux
Pauteur
vraiment
; il suffisait qu'elle
figur?t
lui en attribu?t
Recherches de la France
pour qu'on
immediatement la paternite 2. Ses Recherches ne cesserent
8 et de servir
jamais d'etre lues, critiquees, commentees
1

de la Force,
Piganiol
de la ville de
historique
Description
et ses environs, nouv.
ed. 1765, t. VI, p. 258.
dans YAuditeur
des Comptes
Fr. Hubert,
(xvne siecle), M. Le
sur la Chambre
des Comptes
Chanteur
dans sa Dissertation
historique
une ?
en giniral. ?
vivement
de
1765, critiquerent
Paris,
opinion
?. Or, cette
sur
auteurs
par piusieurs
opinion
Pasquier
adoptee
des Comptes
n'etait meme
des auditeurs
pas de Pasquier
l'origine
ans auparavant
dans
de ja emise douze
l'avait
Miraulmont
puisque
?
ses Mimoires
sur l'origine
et institution des cours souveraines.
v?.
117
fol.
Paris,
1584,
3
Ainsi Bibl. de Lille,
fonds Godcfroy, ms. 149, recueil d'extraits

Paris
2

09:48:13 AM

UN

HISTORIEN

: E.

391

PASQUIER

de base aussi bien ? ceux qui entreprenaient des travaux


approfondis sur Phistoire de France qu'aux simples vulga
risateurs.

Qui voudrait etudier, non pas l'histoire elle-m&me, mais


Phistoire de la maniere dont elle fut etudiee, s'apercevrait
que Pasquier et les erudits du xvie siecle furent ? la source
duplications
originales et vraies mais aussi de croyances
et tardivement dera
et d'erreurs longtemps repandues
cinees.

Ces explications nouvelles, qui rompaient si souvent


avec les traditions communement admises, ils les devaient
? cette methode nouvelle fondee sur la patiente recherche
des documents les plus anciens et les plus objectifs, docu
sur Pexactitude
ments d'archives
des
principalement,
des textes, la dis
citations, la confrontation minutieuse
tinction de valeur entre les temoignages et Papplication
: Chrono
? Phistoire de toutes ces disciplines auxiliaires

paleographie,
philologie, epigraphie
logie, diplomatique,
encore peu developpees mais qui devaient devenir un jour
les instruments necessaires de tout historien digne de ce
nom.

Chez les historiens erudits du xvie siecle, Paspect crea


teur de Poeuvre provient d'abord de Pesprit novateur de
C'est l? qu'il faut chercher Poriginalite de
la methode.
Pasquier en m6me temps que Pexplication de sa veritable
influence.
A partir du milieu du xixe siecle, dans le renouveau
les auteurs s'attacherent
d'inter?t que suscita Pasquier,
? retrouver ses autres merites. L. Feugere ecrivait en 1848:
?
on lui avait accorde un rang plus avantageux
Jusqu'ici
entre les savants qu'eiitre les ecrivains ; et le merite de
son erudition avait, pour ainsi dire, etouffe celui de son

etc...
Et. Pasquier,
ouvrages
(xvne s.).
imprimes de Cl. Fauchet,
ms. ?86 fol. 303-305, memoire
Bibl. de Clermont-Ferrand,
critique
sur un passage
de la France
dans ses Recherches
d'Estienne
Pasquier
au sujet de la mort
de Clermont
par J. Du
?veque
tragique? d'?n
au xvne
il y eut
fraisse de Vernine
D'ailleurs
siede,
(1762).

des

7 editions des Recherches de la France en 1607, 1611, 1617, 1621,


1633, 1643, 1665.

09:48:13 AM

392

P.

style.

II etait

temps

trop incomplete? \

BOUTEILLER

de revenir

sur eette appreciation

on ne vit plus gufere en lui que Phumaniste,


Desormais
le conseiller de la Pleiade et parfois le
1'ami de Ronsard,
theoricien politique 2. II fut salue comme Pun des crea
teurs de la prose frangaise, ancfctremeconnu de Pascal et
de Bossuet.
En agissant ainsi, on a certainement mis Paccent sur
de la production de Pas
certains aspects trop meconnus

quier et raviv6 Pimage qu'il aurait voulu laisser de lui ? la


posterite. Pourtant son veritable r?le est ailleurs. Si Pon
s'en tient plus simplement ? Pinfluence qu'il a continue
d'exercer au del? de la mort et ? Putilisation
que son
ceuvre a subie, il faut reconnaitre que c'est ? titre d'histo

rien et surtout d'erudit, comme patient defricheur de nos


antiquites nationales, que Pasquier a survecu ? son temps
et exerce sur Pesprit des hommes une action profonde et
durable.
P.

BoUTEILLER.

sur la vie et les ouvrages d'Etienne


L. Feugere,
Essai
Pasquier,
p. 6.
*
sur
:
travaux
la liste de quelques
Voici
parus
Pasquier
H. Baudrillart,
dans C. R.
Etienne
icrivain
Pasquier
politique
de I'Acadimie
des Sciences morales
et politiques,
ao?t 1863, pp. 449
486.
P. Dupont,
De Stephani
latinis car minibus. ?
Paris,
Pasquierii

1898.

A.
XVI9
pp.
K.

Chamberland,
siecle dans
38-49.

1902.
P.

Voigt,
de

Etienne
et VintoUrance
au
Pasquier
religieuse
Revue
d'histoire moderne
et contemporaine,
1899,

Etienne

Nolhac,

Un

Pasquiers
ami

Stellung

de Ronsard,

Revue hebdomadaire, juillet 1923.

zur Pleiade.
Etienne

Pasquier

Leipzig,
dans

09:48:13 AM

la

TABLE DES MATlfiRES


Autour d'une

A. Renaudet.
nisme. 7

definition de

La mort du Dauphin
V. L. Saulnier.
son tombeau poetique (1536).
50

Auguste Hollard.

et

Francois

propagateur de TEvangile

98

Michel Servet et Jean Calvin

171

Dolet

Lucien Febvre.

l'Huma

Jacques Megret. Guyon Boudeville,


imprimeur tou
210
lousain (1541-1562), 5 pl. hors-texte.
Ch. Dedeyan.
M. Connat.
P. Bouteiller.
Pasquier.

Deux

aspects de Montaigne

....

302

Mort et testament de Remy Belleau.

Un historien du xvie siecle : Etienne


357

09:48:20 AM

328

ACHEVE D'IMPRIMER
SUR LES PRESSESOFFSET DE L'IMPRIMERIEREDA S.A.
A CHENE-BOURG (GENEVE),SUISSE
JANVIER1974

09:48:20 AM

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