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Le premier art chrtien by Andr Grabar; L'age d'or de Justinien de la mort de Thodose
l'Islam by Andr Grabar
Review by: Jules Leroy Syria, T. 45, Fasc. 1/2 (1968), pp. 194-202 Published by: Institut Francais du Proche-Orient Stable URL: http://www.jstor.org/stable/4197699 . Accessed: 10/10/2014 14:28 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Institut Francais du Proche-Orient is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Syria. http://www.jstor.org This content downloaded from 132.204.3.57 on Fri, 10 Oct 2014 14:28:03 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions 194 SYRIA [XLV qui est en realite une petite bibliogra- phie commentee, Mme Emilia Masson examine les c( mots qui sont reelle- ment emprunt6s k une langue semi- tique X et elle les repartit par cate- gories d'objets (tissus et vAtements, etc). La moisson est relativement riche, plus que je ne l'aurais suppose h priori. II est int6ressant de noter quelles sont ces categories de mots. Ils se rapportent (vooir p. 113) h des epices, des parfums, des tissus sp6- ciaux, des matieres precieuses, des recipients, des poids et mesures, etc, A l'exclusion des notions abstraites. Voici les principales r6flexions que m'a suggerks la lecture de ce livre. Dans la discussion sur les mots yxiA6g (cvase ) et yxtAo; (( navire )) (cf. (( vais- seau )) en frangais), page 39 et suiv., on pourrait faire intervenir le nom de I'tle de Gozzo, h savoir Fmu3gog et en punique GWL (cf. CIS 1, 132); cf. le latin plebs Gaulitana (CIL X 7508). A propos de &6pm ou &6pm (p. 97), ne pas oublier que la racine HBR est attestee en ph6nicien pour designer une a association s d'armateurs ou de negociants (voyage de Wenamon). Le nom de ville B66),og souleve un problieme tres complexe (p. 101 et suiv.). En particulier pour 1'alternance G/B on peut alleguer des evolutions phon6tiques dans la toponymie asia- nique: par exemple Ha)4uwpx repond h l'arabe Tadmur (c'est la mEme ville) et il est probable qu'il faille rapprocher ces formes de Kutmar (voir mon Histoire politique et economique de Palmyre, p. 2). Mme 0. M. attribue au cypriote &pLoq (= r&so, tombeau) une origine semitique, hebreu hdrus fosse )). Je crois pouvoir apporter un argument supplementaire. Dans un texte neopunique (Cahiers de Byrsa, 1960-61, IX, p. 36), I'inscription fune- raire d'une femme se termine ainsi 'N B'MQM ST N'SP' 'SMY BHRS... Y. J'ai traduit ( Voici que dans ce lieu ses ossements ont ete rassembl6s dans la fosse... )) Des index tres utiles terminent le livre. James FAtVRIER. Andre GRABAR, Le premier art chr6tlen (200-395) (L'Univers des Formes, collection dirigee par Andre Malraux et Georges Salles). Un vol. in-40 relie, de 326 p., 310 fig., 2 cartes en depliant, Paris, Gallimard 1966. IDEM. L'age d'or de Justinlon de la mort de Th6odose i l'Islam, meme collection. Un vol. de 408 p., 469 fig., 6 cartes. Paris, 1966. C'est au moment oui M. Grabar quitte le College de France, ofu pendant plus de vingt ans iI a entretenu ses auditeurs de l'art chretien des premiers si'cles et du Haut Moyen Age que ces deux gros volumes sortent des presses. On peut donc les considerer comme une somme des enseignements du maitre eminent de l'histoire de l'art de ces periodes, comme un resume, diligem- ment arrange et mis A la portee d'un public non specialise, de tout ce qui a t dit de neuf et d'important du haut de la chaire sur les ceuvres, les tendances, le contenu, les visees d'un This content downloaded from 132.204.3.57 on Fri, 10 Oct 2014 14:28:03 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions 1968] BIBLIOGRAPHIE 195 art auquel on pe refusera ni sa person- nalit6 et ni sa vi'gueur puisqu'aujour- d'hui encore il s'impose aux artistes, m6me k ceux qui tentent de creer un art sacr6 du xxe xi6cle, lequel se cherche encore. Faisant partie de la collection d6sor- mais celebre de l'Univers des Formes, ces deux livres s'offrent avec une pro- digieuse quantit6 de reproductions admirablement faites et judicieusement choisies qui feront l'enchantement de ceux qui, moins attentifs au texte, iront surtout k l'image de l'objet qu'il s'agit de comprendre et d'admirer. Nous ne nous attarderons pas sur ce c6t6 materiel de l'ceuvre, car celebrer l'harmonie de la mise en page, la somp- tuosite des reproductions, la pr6cision et la clart6 de l'expos6, le bel accord des images et du texte qui les eclaire, ne ferait que rep6ter des eloges qu'on trouve partout dans la presse et ici m6me dans le compte rendu accord6 par M. Parrot au volume de M. Ghirsh- man sur les Parthes (Syria XL, p. 182). Nous saluerons par contre dans cette execution mat6rielle un 61lment qui nous semble b la fois trhs attrayant et tr6s instructif. Le premier volume se termine par une suite de onze textes traduits du gr6c et du latin, dont c les uns decrivent des monuments, d'autres 6voquent I'ambiance dans lquelle le premier art chr6tien etait cr6e et vivait, ou bien nous aident b com- prendre l'esthetique qui, A la fin de l'antiquit6, vient se substituer bi l'esth6- tique classique, et qui ne fera que s'affermir au Moyen Age * (p. 28). Heureuse initiative! Elle permet ainsi d'acceder aux textes qui nous rensei- gnent sur les plus importants monu- ments, existants ou detruits, de l'anti- quit6 chretienne. IdWe feconde aussi, puisqu'elle fait saisir au lecteur non initi6 la methode par laquelle, k partir d'un texte, un specialiste ressuscite la forme et la nature de l'objet disparu. Cette idee n'a pas ete retenue dans le deuxi6me volume parce que les textes portent sur les deux periodes. Par contre celui-ci nous offre, en m6me place, plus de soixante-dix plans de monuments religieux appartenant i la pfriode etudiee dans les deux volumes. Dessin6s au trait, isoles de leur envi- ronnement naturel et parfois priv6s des ajouts que certains de ces monuments ont revus au cours des si6cle8, ces plans ont surtout pour but de guider le lecteur dans le monde si vaste et si multiforme de l'architecture chretienne & ses origines. C'est une innovation qu'il importe de souligner. Nulle part ailleurs sans doute on ne trouvera un rassemblement aussi riche et aussi clair. II ne saurait 6tre question de repren- dre ici point par point la somme de documents, de points de vue, d'expli- cations accumulees par M. Grabar dans ces deux volumes. Pour repondre & la curiosite generale des lecteurs de Syria le mieux n'est-il pas de relever ce que ces pages denses apportent & notre connaissance de l'art chr6tien d'Orient, dont la part a t6 s8i grande dans la cr6ation et la diffusion de lart pal6o- chr6tien, puis dans l'art byzantin? Avant d'aller A notre sujet, il con- vient pourtant de s'attarder un peu sur le chapitre ler, qui sert d'intro- duction aux deux volumes. Ce sont This content downloaded from 132.204.3.57 on Fri, 10 Oct 2014 14:28:03 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions 196 SYRIA [XLV des pages capitales; elles resument toute une vie de r6flexion sur la nature de l'art chretien qui n'est, A I'origine, qu'une branche de I'art antique, dont il ne se distingue que par les themes iconographiques et les fonctions qui sont attribuees a ceux-ci dans les monuments. D'une excellente formule M. G. le caracterise en disant qu'il ( nait vieux, avec sur ses epaules le poids des habitudes millenaires de l'art m6diterran6en )) (p. 43). Par IM s'explique un fait, affirme dans I'avant- propos, qui ne manque pas d'etonner les historiens generaux de I'art: I'art chretien n'a pas, pourrait-on dire, de prehistoire. En lui il n'y a rien de primitif )), et il est vain d'imaginer son histoire (( comme celle d'un 6tre vivant qui nait et grandit, puis decline et meurt s. Cette absence de primiti- visme ou de balbutiement deconcerte l'esprit d6sireux toujours d'etablir une progression allant du simple au com- plexe. II faudra attendre la rupture qui se manifeste au debut du Moyen Age pour constater cette evolution satisfaisante pour 1'esprit, quand appa- raitront les ceuvres grossieres des civi- lisations barbares, d'ofu partira un nouveau rejeton de l'art chretien mani- feste par les ceuvres romanes, puis gothiques. Cette rupture ne se montrera d'ailleurs qu'en Occident. Dans l'empire d'Orient au contraire, qui resistera aux assauts des barbares germaniques et slaves, pour succomber A ceux des Turcs, les traditions heritees de l'anti- quite se maintiendront sous le style byzantin. Ces considerations tr6s per- tinentes 6clairent d'un jour tout nou- veau la nature des deux arts chretiens, celui d'Occident et qelui d'Orient, ce dernier montrant jusqu'a notre epoque une stabilite qu'on prend sou- vent pour une incapacite de creer. L'Orient. C'est h Doura Europos que l'historien de l'art chretien le rencontre pour la premiere fois et l'on devait s'attendre A voir M. G. s'arr6ter longuement sur un endroit qui, ignore il y a un demi si6cle, est venu trans- former veritablement nombre de notions qu'on croyait definitivement acquises sur les origines de l'art du christianisme, notamment sur son iconographie et l'application de celle-ci a la decoration des monuments. Reprenant les acqui- sitions accumulees pendant plus de trente ans d'etudes sur la domus eccle- siae et la synagogue, notions aux- quelles M. G. a lui-m6me beaucoup contribue, l'auteur nous parait avoir mieux que personne mis en lumiEre le temoignage qu'apportent ces monu- ments sur la situation politique des deux religions et les conseiquences qu'on en peut tirer dans le domaine de l'art: d'une part une religion admise qui peut s'exprimer au grand jour et s'affirmer dans des monuments d'architecture, d'autre part une religion interdite qui se contente d'adapter des habitations pri- vWes au culte, quitte A les munir de symboles peints ou d'un mobilier cultuel attestant sans crainte d'erreur leur desti- nation religieuse, perceptible seulement aux inities. Ainsi se manifeste, d6s les origines, la nature de l'art etudie, tr6s pauvre en monuments architec- turaux, riche au contraire en peintures, surtout funeraires, et en sculptures, elles aussi en rapport avec la mort, puisque le plus grand nombre d'entre This content downloaded from 132.204.3.57 on Fri, 10 Oct 2014 14:28:03 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions 1968] BIBLIOGRAPHIE 197 elles, et les plus belles, ornent des sarcophages. A maintes reprises dans sa vie de recherche, M. Grabar a rencontre les probl6mes specifiques que posent les deux arts manifestes k Doura, I'art judaique et l'art chretien, ainsi que leurs r6ciproques implications. Citons seulement pour memoire la s6rie d'ftudes sur 1e8 sources juives de l'art paliochritien qui se poursuivent dans les Cahiers archeologiques qu'il dirige (XI, 41-71; XII, 115-152; XIV, 49-57). L'essentiel reparait ici non seulement dans les pages consacrees specialement A Doura, mais aussi & l'occasion de certains monuments pal6o-ou para- chretiens, comme la Catacombe de la Via Latina, b Rome, d6couverte en 1955. Lk beaucoup de sujets bibliques repr6sent6s sugg&rent & I'auteur l'uti- lisation a d'illustrations de bibles h6braiques ' (p. 231). Le probleme- reparait, mais sous un autre angle, h propos des premieres basiliques chr6tiennes (( dont la conservation est si deplorable qu'elle interdit l'etude approfondie des particularit6s regio- nales )) (p. 173). La Syrie, la seule rTgion A avoir conserve (( en ruines plus ou moins completes D (p. 181) une s6rie d'6glises du Ive siNcle, quelque-unes m6me ant6rieures peut-gtre k Theodose, fournit de precieuses indicat-ions sur la forme de la basilique et son emploi comme lieu de culte chretien. LA encore l'influence juive a dl jouer, car on connalt aujourd'hui plusieurs syna- gogues monumentales palestiniennes & trois nefs, dont la disposition g6n6- rale rappelle celles des eglises. Vu l'&ge de ces salles cultuelles juives, dont la synagogue de Capharnaum (Tell Hfim) est la plus imposante dans ses ruines, M. G. consid6re une influence judaique comme atr6s normale s. Notre insistance & relever ces rap- ports entre les deux arts religieux du monde chretien A ses origines, insis- tance dictee par notre volonte de mettre en relief la part de l'Orient dans l'art du premier age chr6tien, risque de trahir la pensee de l'auteur ou de la defigurer en la limitant. D'autres points d'importance reVoivent ici une atten- tion remarquable et des solutions de grande clarte. C'est par exemple le cas des rapports de l'art chretien et de l'art imperial. Celui-ci a agi avec force, surtout sur l'iconographie. Il a agi 6galement sur l'architecture, et il suffit de rappeler, pour s'en rendre compte, les grandes constructions constantiniennes et theodosiennes. Mal- heureusement leur destruction presque g6n6rale ou les transformations qu'elles ont subies au cours des si6cles rendent difficile l'evaluation de cet apport. Celui-ci apparaitra au contraire avec 6vidence dan8 le second volume. Rien qu'au titre qui lui est donne, l'dge d'or de Justinien, on perpoit quelle sera dans la seconde periode de l'histoire de l'art qui nous occupe, l'importance du facteur imperial. C'est h cet instant que se cr6e, comme dit l'auteur (II, p. 1), (( un art chr6tien complet s, ce qui n'etait pas le cas pour la p6riode pric6dente, riche en ceuvres decoratives (peintures, sculptures) et en ceuvres d'art industriel (ivoires, verres peints ou graves). La situation change desor- mais l'empereur est toujours mecene, mais il trouve pour encourager et 12* This content downloaded from 132.204.3.57 on Fri, 10 Oct 2014 14:28:03 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions 198 SYRIA [XLV diriger son action constructrice 1'ensei- gnement des grands docteurs qui fon- dent (( l'humanisme chretien )) et favo- risent les arts en developpant le culte de la croix et des martyrs, tandis qu'i des niveaux inferieurs les pratiques reli- gieuses du peuple apportent tin regain de faveur aux manifestations artis- tiques populaires. Dans l'analyse de ces differents facteurs se retrouve une des preoccupations constantes de M. Grabar de mettre l'art dans son contexte social, de le considerer comme une manifestation d'un milieu donne; ici, le milieu chretien considere dans son ensemble hi6rarchique, depuis la tAte jusqu'aux membres. * * 11 suffit au lecteur d'ouvrir et de feuilleter le deuxieme volume pour decouvrir immediatement la diff6rence des deux epoques. Le premier livre ne presentait presque pas de monu- ments: ici ils obtiennent la plus belle part de l'illustration, interieure et exte- rieure (sans compter les soixante-dix plans signales plus haut). Cette sura- bondance de reproductions accordee aux constructions d'architecture s'ex- plique facilement. Les ve et vie si,cles forment une epoque ofu fleurit le grand art de l'architecture chretienne qui trouvera sa plus belle reussite dans la Sainte-Sophie de Constantinople. Tout l'effort des artistes se porte alors A 1'edi- fication de a cette forkt de basiliques chretiennes e evoquee par M. Grabar A la premiere page de son livre. On peut mEme dire que tous les arts ne se conVoivent que par rapport h l'architec- ture, qu'il s'agisse des fresques peintes, des mosaiques murales ou de pavements, des miniatures meme, si l'on se rappelle qu'b1 part quelques livres, comme la Genese de Vienne, I'Iliade de Milan, le Virgile du Vatican, la peinture sur parchemin orne uniquement des evan- geliaires destin's .i la celebration de la Liturgie. I1 n'est pas jusqu'aux arts somptuaires et industriels qui ne puis- sent Atre mis en rapport avec la basilique en se rappelant le grand nombre de diptyques, de boites et de coffrets, de reliures en ivoire, utilises dans les ceremonies ou destines h recevoir les reliques des martyrs. Et nous ne pou- vons taire a ce sujet I'existence d'une orfevrerie liturgique, dont la beaute, ajoutee k celles des sanctuaires, atteste chez les artistes le sens non seulement de la majeste divine, mais de la gran- deur tout court. N'oublions pas non plus que c'est egalement i cette epoque qu'apparaissent les premieres ic6nes qui sont A la fois des objets de piete priv6e et de culte officiel. L'architecture ne se limite pas d'ailleurs 'a l'edification des basiliques: elle s'exerce sur d'autres monuments comme les martyria, les baptisteres et les grands couvents. Autre difference avec l'epoque pre- cedente. Tout l'univers chretien est ici represente; le domaine de l'art s'etend aussi bien h l'Empire d'Occident qu'aL l'empire d'Orient, qui sont la double forme sous laquelle depuis Theodore se presente l'Empire. A son image, l'art offre un double aspect: ( d'une part le m6me art... rayonnant depuis la Mesopotamie jusqu'en Grande Bretagne et au Maroc, et, d'autre part, This content downloaded from 132.204.3.57 on Fri, 10 Oct 2014 14:28:03 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions 1968] BIBLIOGRAPHIE 199 sur ces Mtendues immenses, des reali- sations qui portent n6cessairement un accent different, avec des 6carts plus ou moins affirmes, selon le lieu et I'epoque )) (p. 1-2). L'Orient qui nous interesse ici doit s'entendre moins au sens geographique qu'au sens culturel, ou mAme plus pr6cisement cultuel, puisqu'il porte la marque impos6e par les querelles chris- tologiques, d'otui sont nees les tglises d'Orient, separ6es de l'Rglise byzan- tine. Chacune de ces ethnies religieuses va apporter son tribut et jouer sa partie dans le concert artistique dont ce deuxieme volume nous apporte l'6cho. II ne serait pas aise de reconnaitre cet apport, si M. Grabar n'avait eu l'heureuse idee d'etudier l'art chretien de cette epoque par province. Cette me'thode clarifie 6normement l'etude que rendrait difficile l'abondance des matieres traitees, sans la pr6cieuse table onomastique ajoutee 6 la fin du livre. L'auteur, tout en faisant la part belle aux basiliques chr6tiennes italiennes, africaines, byzantines, introduit le lec- teur dans les grandes eglises d'Egypte (Sohag, Hermopolis r6cemment decou- verte, Saqqarah, sans oublier les edi- fices chretiens 6lev6s dans les ruines pharaoniques); de Syrie, malheureuse- ment toutes en ruines mais offrant tous les types basilicaux, depuis la simple eglise jusqu'aux majestueux monu- ments de Qalbloz6 et Qalaat Seman); de Palestine qui, a 1'exception de Bethleem etudi6 au livre pr6cedent et de Gerasa, ne presente guere que des 6difices de second plan, eglises et ora- toires commemoratifs; de Mesopotamie dont les basiliques du nord (Nisibe, Edesse, Amida, Mklit6ne) montrent des rapports manifestes avec celles de Syrie du Nord et de Palestine. M. Gra- bar, dans cette vue p6netrante de l'architecture, introduit une section speciale sur l'Asie mineure, et c'est probablement par son livre que beau- coup de lecteurs, attires surtout par les monuments posterieurs de la Cappa- doce, apprendront l'existence des basi- liques en ruines de Cilicie et d'Isaurie, de Phrygie et de la region des Mille Eglises, et surtout du groupe d'Alahan Monastir, date des environs de 450, qui ((annonce manifestement l'architec- ture byzantine du vie siecle & Cons- tantinople o (p. 66). A cette activite veritablement extra- ordinaire de construction d'6difices, M. Grabar consacre le quart de son 6tude. Le reste du livre examine, avec une richesse d'observations impossibles A r6sumer les questions relatives aux arts de l'ornementation. On ne s'etonne pas de voir plus d'une centaine de pages d6di6es i la peinture, dont *c'est z la grande epoque )), qu'il s'agisse de la s grande peinture )), k laquelle appar- tient la mosaique, ou la peinture plus reduite appliquee aux manuscrits. Beau- coup de nome orientaux apparaissent dans la liste des ceuvres, plus ou moins somptueuses, plus ou moins r6ussies: Antioche et ses mosaiques de la Grande Chasse, de la Megalopsychie, du Phenix et surtout du baptistbre de S6leucie de Pierie; Qabr Hiram et Madaba en Palestine, Jerusalem et le Mont Nebo, Et-Tabgha et quelques autres sanc- tuaires dont le pavement consacr6 au (( theme de la pacification de la terre This content downloaded from 132.204.3.57 on Fri, 10 Oct 2014 14:28:03 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions 200 SYRIA [XLV par Dieu )) (p. 115) evoque le decor en mosaique de quelques synagogues palestiniennes i Tiberiade, ? Gerasa, A Beth Alfa. En Orient il ne reste aucune mosaique figurative appliquee aux parois des vofites ou aux murailles. C'est en Gr6ce byzantine et en Italie qu'il les faut chercher, et Ravenne ici tient la place d'honneur. Par contre la fresque, art democratique, peu coAteux, d'execution rapide et facile (p. 167), est rare en Italie, insignifiante en Afrique, de mEme qu'en Syrie, en Pales- tine et en Asie Mineure (( qui ont ete videes de leurs fresques chretiennes antiques, et Constantinople ou Ephese ne font pas exception )) (p. 172). Alors intervient l'Egypte et ses ceMlbres peintures de Saqqarah et de Baoulit. A leur sujet M. G. emet un jugement qui meriterait grande attention de tous ceux qui s'interessent k l'art de l'?gypte chretienne. (( La chronologie de ces peintures monastiques coptes est incertaine et l'on se heurte a beaucoup de difficultes en voulant les preciser. Contrairement a ce que l'on a cru tout d'abord, les couvents de B. et de S. ne furent pas abandonn6s lors de l'installation de l' Islam. Cer- taines de ces peintures datent de la periode islamique. On pourrait ima- giner une courbe d'evolution elegante, qui donnerait la priorite chronologique aux peintures les plus a classiques sur les peintures (( schematiques ). Mais on sait A quel point ces courbes ideales sont trompeuses et inexactes. Rien ne vaut, A titre d'exemple, en itgypte meme, les portraits peints fun6raires dits du Fayoum oA les por- traits 0 classiques n et les portraits "sch6matiques )) pouvaient ktre contem- porains et provenir de la m8me tombe s (p. 173). L'auteur tente cependant d'etablir cette chronologie et rencontre le probleme de l'influence de la peinture copte sur certaines peintures romanes d'Espagne, d' Irlande, d'Angleterre et de Gaule. La reponse donnee au probleme est pleine de bon sens. (( Il n'est pas exclu que les analogies appa- rentes ne soient que la consequence d'un fonds commun de traditions et de motifs. C'est l'hypothese qui me semble, actuellement, la plus plausible)) (p. 180). D'autres peintures murales d'une epoque identique ou appro- chante ont ete trouvees en Thrace ou dans la vallee du Vardar. Aucune n'approche pour le nombre celles d'Egypte qui nous fournit egalement, avec le Sinai, les plus anciennes ic6nes connues. Nous quittons l'Egypte et retrouvons la Syrie et les territoires adjacents quand il s'agit de la peinture des livres. Les manuscrits illustres religieux sont plus rares que les manuscrits profanes (p. 198). Nous n'en connais- sons guere que sept; la Bible de Cotton, la Genese de Vienne, I'evange- liaire de Rossano et l'e'vangeliaire de Sinope, l'evangeliaire syriaque de RabOila, l'evangeliaire de Mardin et la bible syriaque de la Biblioth6que nationale. Meme si on refuse A la Syrie, comme on a tente de le faire parfois, l'origine des evangeliaires grecs de Rossano et de Sinope, cette pro- vince demeure bien representee dans cette liste de livres peints. M. G. con- sacre plusieurs pages de son livre This content downloaded from 132.204.3.57 on Fri, 10 Oct 2014 14:28:03 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions 1968] BIBLIOGRAPHIE 201 a cette serie (p. 208-212) en s'arretant naturellement surtout sur le Rabulensis, non seulement parce (( qu'il nous offre la plus riche version d'un livre enlu- minie de ce temps )) (p. 208), mais aussi a cause des enseignements qu'il nous donne sur l'art de la peinture syrienne, sur sa nature et sur ses liens avec celle des pays environnants. Soulignant le cete artisanal des figurines margi- nales, tandis qu'il releve (( le sens de l'action dramatique associe' au rea- lisme des visages et des mouvements ) dans les miniatures 'a pleine page, il poursuit: (( contrairement 'a une opi- nion tres repandue, je ne vois pas pourquoi les Syriens seraient seuls responsables de ce style. Les peintures grecques et latines de la meme epoque n'attestent-elles pas qu'un courant realiste a toujours cotoye d'autres courants, plus conventionnels et plus abstraits? L'imitation de la realite materielle n'est pas une marque d'ori- gine. En revanche, il est interessant de constater, dans l'enluminure de cet evangeliaire syriaque, cette fidelite constante 'a 1'esthetique et aux procede's concrets de la peinture grecque cou- rante. L'ceuvre est celle d'un ou de plusieurs Syriens, mais pour l'essentiel, l'art qui en etmane est grec D (p. 210). Ces traits s'expliquent 'a nos yeux par l'origine du manuscrit qu'on a longtemps attribue 'a la Me'sopotamie. Il provient d'un de ces grands monas- teres de la Syrie du Nord, ouverte sur la Me'diterranee. Ainsi s'explique aussi que tous ces beaux manuscrits syria- ques, qui sont tous du vie siiecle, peuvent refleter l'art des manuscrits de luxe constantinopolitains... envoyes par les basileis )) (p. 212). Tous attes- tent un gout tries d'eveloppe' de l'icono- graphie, gofut qui s'affirme aussi bien dans les sculptures provenant d'Antio- che (p. 235-36) ou d'Egypte, ces dernieres si etonnantes par le grand nombre de sujets paiens. Certaines de celles-ci, provenant d'Ahnas, (( instal- lent, dans n'importe quelle partie de l'edifice (chretien) et sans trop se soucier de la structure architecturale, des scenes bachiques, des nereides, des Hercule, des Le'da, des Aphrodite ) (p. 239). Comme nous voilia loin de la dignite des sculptures constantino- politaines. L'Egypte, heureusement, se rachete par ses steles fune'raires, ofi le deffunt est represente en orant. Mais c'est encore l'Occident ou la Griece byzantine qui possedent les beaux sarcophages 'a sculptures figu- ratives que nous avons rencontre's deij'a dans le premier art chre'tien. On nous pardonnera de ne pas continuer cette revue des te moins orientaux dans les monuments d'orfe- vrerie ou de tapisserie qui remplissent les deux derniers chapitres de ce deuxieme volume (p. 277-336). C'est a toutes les pages qu'apparaissent les noms de l'Orient chretien. Nous en avons dit assez pour montrer par une recolte faite sur un point limite com- bien il serait errone' de ranger ces deux livres dans la classe des beaux livres d'images dont la librairie fran- caise et etrangiere est aujourd'hui encombre'e, au grand dam de la vraie science. Ces deux-ci sont avant tout des livres de texte, que l'image vient eclairer, confirmer, assurer. Il faudra sans cesse y avoir recours quand on This content downloaded from 132.204.3.57 on Fri, 10 Oct 2014 14:28:03 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions 202 SYRIA [XLV traitera soi-mEme d'un point d'histoire de l'art des premiers siecles de notre ere ou mAme quand il s'agira des arts du moyen age, car l'art des deux periodes etudiees sert de base h tous les arts medievaux, y compris les arts musulmans. La recherche ulte- rieure apportera sans doute sur des points de detail des critiques ou des changements. II est peu probable que l'edifice entier en soit affecte. Et pen- dant longtemps. Jules LE'ROY. NOUVELLES ARCHEOLOGIQUES DACOUVWRTES PRIHISTORIQUES A APAMtE L'importante cite historique d'Apa- mee sur l'Oronte fut l'objet de plusieurs campagnes de fouilles archeologiques menees par des chercheurs belges, de 1930 h 1938. Les recherches furent reprises apr6s la guerre, en 1947 et 1953, pour recouvrer une partie de la documentation perdue lors des bombar- dements de Louvain en 1944 et de l'incendie des musees royaux d'art et d'histoire, h Bruxelles, en 1946. Enfin, depuis 1966, la Mission archeo- logique belge ' Apamee de Syrie a entrepris une nouvelle serie de cam- pagnes de fouilles sous la direction de M. J. Ch. Balty, en accord avec la Direction generale des antiquites de la Republique arabe syrienne. La ville d'Apamee a ete construite au bord d'un plateau situ6 k F'extr6mite meridionale de l'important massif cal* caire syrien auquel M. G. Tchalenko a propose de donner le nom de Belus. Une eminence naturelle prolonge I'aire de la citet et domine le Ghab et la vall6e de l'Oronte. Cet eperon calcaire recou- vert de sediments quaternaires a pris l'apparence d'un tell. La citadelle de la ville y etait installee; actuellement, un village moderne est etabli sur le sommet, ^ l'interieur d'une enceinte d'epoque arabe medi6vale. En examinant les pentes sud et sud- sud?est du tell, nous avons recolte une abondante quantite de documents pr6- historiques, constitues essentiellement par de l'outillage lithique. Les recher- ches que nous avons entreprises ne nous ont pas encore permis de decou- vrir des couches en place, ni de struc- tures d'epoque pr6historique. Celles-ci existent sirement sous le village actuel et devaient peut-ttre deborder un peu des remparts, ce qui explique- rait leur glissement et l'eparpillement des vestiges sur les pentes du tell. Il est difficile et hasardeux d'assigner au millier de silex recueillis des identi- fications precises k des groupes culturels connus. On pourrait tout au plus y distinguer des documents allant du Chalcolithique k des periodes plus anciennes du Neolithique. L'etude typologique de cette documentation a 6te entreprise. Les techniques de debitage paraissent fort interessantes. Les nuclei prismatiques sont rares, de mtme que les nuclei Levallois. Une forme originale se revele dans l'utili- sation de galets, desquels furent enleves quelques eclats. Certains pourraient apparaitre comme des K pebble-tools This content downloaded from 132.204.3.57 on Fri, 10 Oct 2014 14:28:03 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions
Michel Ange, Léonard de Vinci, Raphaël: avec une étude sur l'art en Italie avant le XVIe siècle et des catalogues raisonnés historiques et bibliographiques