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BULLETIN HEIDEGGRIEN (Bhdg)

- Secrtaires : Sylvain CAMILLERI (Universit catholique de Louvain/Universit de Montpellier III) Christophe PERRIN (Universit Paris-Sorbonne/Fondation Thiers) - Comit scientifique : Rudolf BERNET (Katholieke Universiteit Leuven) Steven CROWELL (Rice University) Jean-Franois COURTINE (Universit Paris-Sorbonne) Dan DAHLSTROM (Boston University) Franoise DASTUR (Universit de Nice Sophia-Antipolis) Gnter FIGAL (Albert-Ludwigs-Universitt Freiburg) Jean GRONDIN (Universit de Montral) Theodore KISIEL (Northern Illinois University) Richard POLT (Xavier University) Jean-Luc MARION (Acadmie franaise) Claude ROMANO (Universit Paris-Sorbonne) Hans RUIN (Sdertrn University) Peter TRAWNY (Bergische Universitt Wuppertal) Jean-Marie VAYSSE (Universit de Toulouse-Le Mirail) Helmut VETTER (Universitt Wien) Holger ZABOROWSKI (Catholic University of America) - Comit de rdaction : Diana AURENQUE (Karl-Ruprechts-Universitt Tbingen) Vincent BLOK (Radboud University Nijmegen) Cristian CIOCAN (Universitatea din Bucureti) Franois JARAN (LMU Mnchen/Universitat de Valncia) Julien PIRON (Universit de Lige) Mark SINCLAIR (Manchester Metropolitan University) Christian SOMMER (Archives Husserl, Paris) Sverin YAPO (Universit catholique de Louvain)

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- Correspondants locaux : Victoria BRIATOVA (- ) Richard COLLEDGE (Australian Catholic University) Tziovanis GEORGAKIS ( ) Takashi IKEDA (University of Tokyo) Francesco PAOLO DE SANCTIS (Universit Ca Foscari Venezia) Marcus SACRINI (Universidade de So Paulo)

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SOMMAIRE DU BHDG 1

LIMINAIRES............................................................................................................. 4
I. "Sur la valeur du comprendre historique pour le philosophe" : Martin Heidegger et Heinrich Finke , par Gabriel CERCEL .......................................... 4 II. "Heidegger au XXIe sicle". Chronique du congrs de Dublin, 10-11 septembre 2010 , par Tziovanis GEORGAKIS & Paul J. ENNIS .....................14

BIBLIOGRAPHIE POUR LANNE 2010 ...................................................20

1. Textes de Heidegger..........................................................................................20 2. Traductions de textes de Heidegger ................................................................21 3. Collectifs et numros de revues ......................................................................23 4. tudes gnrales ................................................................................................30 5. tudes particulires ...........................................................................................37

RECENSIONS ........................................................................................................60 INSTRUMENTUM ...............................................................................................78

* Les secrtaires du Bhdg remercient le Centre dtudes phnomnologiques de lUniversit catholique de Louvain (dir. Mme Danielle Lories) et le Centre dhermneutique phnomnologique de lUniversit Paris-Sorbonne (dir. MM. Claude Romano, Jean-Claude Gens et Michael Foessel) daccueillir cette publication sur leur site respectif. ** Il est possible de se procurer des tirs--part du Bhdg en crivant ladresse : [email protected]. Nota bene : le numro ISSN de la version imprime diffre de celui de la version lectronique.

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BULLETIN HEIDEGGRIEN I
Organe international de recension et de diffusion des recherches heideggriennes pour lanne 2010

LIMINAIRES I. SUR LA VALEUR DU COMPRENDRE HISTORIQUE POUR LE PHILOSOPHE : MARTIN HEIDEGGER ET HEINRICH FINKE1 Comprendre la pense de Heidegger dans sa logique intime et dans sa relation au contexte gnral des sciences de lesprit implique de considrer avec une extrme attention le problme de lhistoire qui, plus que tout autre, permet de manifester les continuits et les discontinuits en la matire. Depuis la priode estudiantine jusqu la pense tardive de ltre, la question de lhistoricit a tenu le philosophe en haleine ; cest aussi elle qui, dune certaine manire voire dune manire certaine, a fait de lui ce quil devait devenir2. Dans ce contexte, il est important de constater que lhistoriographie luvre en Allemagne aux XIXe et XXe sicles est marque par une remarquable tradition dhistoriens fribourgeois qui regroupe des figures notables telles que Karl von Rotteck, Heinrich von Treitschke, Max Weber, Friedrich Meinecke,

Fond par Sylvain Camilleri & Christophe Perrin. Ont collabor ce Bulletin : Mmes Diana Aurenque et Victoria Briatova ; MM. Sylvain Camilleri, Gabriel Cercel, Cristian Ciocan, Richard Colledge, Tziovanis Georgakis, Francesco Paolo De Sanctis, Paul J. Ennis, Tziovanis Georgakis, Jean Grondin, Takashi Ikeda, Franois Jaran, Dominic Kelly, Christophe Perrin, Marcus Sacrini, Mark Sinclair et Christian Sommer. Le symbole signale les publications recenses de lanne. 1 La prsente contribution sinscrit dans le cadre dun projet de recherches entam lUniversit Albert-Ludwig de Fribourg-en-Brisgau en avril 2010. Ma gratitude va au Professeur Friedrich-Wilhelm von Herrmann ainsi qu la Fondation Gerda Henkel (Dsseldorf) pour leur soutien. Je remercie galement Sylvain Camilleri pour la traduction de ce texte en franais. La citation contenue dans le titre provient dune lettre dErnst Laslowski disciple de Heinrich Finke Heidegger date du 13 mars 1915. Laslowski y invite Heidegger dvelopper un point soulev dans sa dernire lettre (probablement perdue), propos prcisment de la valeur du comprendre historique pour le philosophe . Cf. Alfred Denker, Hans-Helmuth Gander & Holger Zaborowski, HeideggerJahrbuch, Bd. I, Heidegger und die Anfnge seines Denkens, 2004, p. 45. 2 Heidegger lui-mme a indiqu limportance de cette question pour son chemin de pense dans la plupart de ses textes autobiographiques.

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Ludwig Curtius et Gerhard Ritter3. Mais celui qui a jou un rle dcisif dans le dveloppement intellectuel de Heidegger est avant tout le mdiviste et spcialiste de la Renaissance de confession catholique Heinrich Finke (18551938) qui, entre 1898 et 1928, a dtenu la fameuse chaire concordataire lUniversit Albert-Ludwig et qui tait alors une personnalit trs influente Fribourg-en-Brisgau4. Martin Heidegger et Heinrich Finke. Pour la plupart dentre nous aujourdhui, ce sujet peut sonner de manire trange, comme si lon sinterrogeait sur Humboldt et Forster . Certes, nous savons que, dans les deux cas, les hommes en question taient des contemporains, quils se connaissaient, sapprciaient ou sinfluenaient mutuellement. Pourtant, dans lombre du plus clbre lintrieur de ces tandems, lautre apparat ncessairement comme une figure un peu fade, dont le prnom est loin de nous venir spontanment lesprit. De tels personnages, au rle prtendument ou effectivement secondaire, dont luvre et la personnalit sont souvent tombs dans loubli, on en rencontre un nombre important, qui ont jou un rle non ngligeable sur le chemin heideggrien de pense qui prcde 1919. La plupart ne font quune trs courte apparition sur la scne de la recherche actuelle : ils sont limage des ombres du royaume souterrain qui, dans lOdysse, ne font que renseigner sur le voyage du grand hros et disparaissent aussitt. Pour le cas qui nous occupe, on compte au rang de ces personnages des noms comme Carl Braig, Gottfried Hoberg, Josef Sauer, Arthur Schneider, Engelbert Krebs, Ernst Laslowski, Heinrich Ochsner et, bien sr, Heinrich Finke la liste nest pas exhaustive. Quoi quil en soit, tout cela semble en dire davantage sur notre propre propension loubli que sur linsignifiance des personnes cites. Entre 1913 et 1916, cest--dire entre le dpart dArthur Schneider, le directeur de thse de Heidegger, et larrive de Husserl Fribourg, Finke devient le premier mcne protecteur du jeune et talentueux philosophe. Si lon en crot Hugo Ott, lappel de Schneider reprendre la chaire laisse vacante
Cf. lintroduction des diteurs Achim Aurnhammer et Hans-Jochen Schiewer louvrage collectif Poeten und Professoren. Eine Literaturgeschichte Freiburgs in Portrts , Fribourg/Berlin/Vienne, Rombach, 2009, p. 99. Curtius, qui na exerc quun an Fribourg, nest pas cit par les auteurs. 4 Principalement en tant que Doyen de la Facult de Philosophie, Prorecteur de lUniversit et Prsident de la puissante Grres-Gesellschaft, mais aussi en tant que fondateur des Instituts historiques de Rome et de Madrid relevant de cette socit, de la revue Rmische Quartalschrift fr christliche Altertumskunde und fr Kirchengeschichte et de la collection Vorreformationsgeschichtliche Forschungen.
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par Clemens Baeumker lUniversit de Strasbourg aurait pu priver Heidegger de tout soutien, sans le Conseiller priv et Professeur Heinrich Finke, titulaire de la chaire dhistoire rserve aux enseignants catholiques et par ailleurs lhomme fort de la Facult de philosophie, navait t l 5. Et le biographe de rajouter que Heinrich Rickert na jou quun rle tout fait marginal pour la carrire scientifique de Heidegger [], et laissa plutt le champ libre Finke 6. En outre, Heidegger doit galement linfluence de Finke la venue Fribourg de celui qui allait devenir, au moins pour un temps, la fois son modle philosophique et son mentor, savoir Husserl : Sous la conduite dterminante de son doyen Finke, la Facult plaa au premier rang le grand phnomnologue Husserl, enseignant Gttingen, en qui elle voyait "la plus grande force scientifique et pdagogique" 7. Cest Finke qui a urg Heidegger de soutenir son Habilitation le plus rapidement possible, et cest galement lui qui a donn au jeune philosophe (il tait alors g de 27 ans) lespoir de dcrocher la chaire de philosophie chrtienne qui se librait Fribourg8. Lorsque vint le temps de la dcision, le comit facultaire informa quil donnait la priorit au professeur confirm Josef Geyser, lequel fut qualifi par Husserl, et cela en prsence de Finke, de compilateur insignifiant 9. Ces aspects biographiques ont t reconstruits de faon trs minutieuse par Hugo Ott. Mais dans ses textes autobiographiques, Heidegger se rfre pourtant avant tout sa dette intellectuelle lendroit de Finke. Dans ce qui suit, il sagira donc de mettre en lumire, partir de documents acadmiques et des premiers crits de Heidegger, ce qui a t plusieurs fois soulign par le philosophe lui-mme et cependant nglig par lexgse jusqu aujourdhui, soit les connexions entre les recherches des deux auteurs du point de vue de leurs contenus. lpoque o il tait encore tudiant, Heidegger a suivi par trois fois les cours de Finke. Au semestre dt 1911 ainsi quau semestre dt 1913, il a assist aux quatre heures hebdomadaires portant sur Lpoque de la
Hugo Ott, Martin Heidegger. Unterwegs zu seiner Biographie, deuxime dition revue et enrichie dune postface, Francfort-sur-le-Main, Campus, 1992, p. 77. 6 Ibid., p. 78. 7 Ibid., p. 90. 8 Voir ibid., p. 81. Le biographe cite un passage du journal dEngelbert Krebs la date du 14 novembre 1913. On se reportera galement la lettre de Heidegger Rickert date du 9 juillet 1916, dans Martin Heidegger/Heinrich Rickert, Briefe 1912 bis 1933 und andere Dokumente, Francfort-sur-le-Main, Klostermann, 2002, p. 28. 9 Hugo Ott, Martin Heidegger. Unterwegs zu seiner Biographie , op. cit., p. 93. Cet chec fut pour Heidegger une dception amre qui le marqua durablement.
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renaissance. Histoire du Moyen ge tardif . Au semestre dhiver 1914, il suivait la mme frquence le cours intitul Les causes de la Rforme . la suite de la thse de doctorat soutenue en 191310, Finke na pas seulement soutenu Heidegger dans son projet de shabiliter ; il a aussi influenc directement la dtermination concrte du sujet de la thse complmentaire. Tandis que Heidegger inclinait pour un travail sur la logique mathmatique moderne, Finke la fortement incit se confronter un sujet dhistoire de la philosophie, de prfrence en relation avec le Moyen ge11. Le travail de Heidegger sur La doctrine des catgories et de la signification chez Duns Scot sassimile en fin de compte une tentative de prendre en compte simultanment ses intrts systmatiques dj bien ancrs et son orientation nouvelle vers lhistoire. ct de cela, nous savons aussi que Heidegger a continu suivre les cours de Finke lpoque o il prparait son habilitation. Dans une lettre du 2 janvier 1914 Friedrich Nauen, qui tait alors Privatdozent Strasbourg, Engelbert Krebs crit : Afin de lui permettre dapprendre la mthode, il [Finke] lui a conseill de suivre les sances quil dispense au sein du Sminaire dHistoire 12. Dans le catalogue jusquici le plus complet des enseignements suivis par Heidegger, catalogue que lon doit aux bons soins de Th. Kisiel et Th. Sheehan, pas moins de six cours ou exercices supplmentaires dispenss ou dirigs sont lists : Histoire de la vision mdivale du monde et de sa culture spirituelle (semestre dhiver 1914, Exercices pour public avanc en lien avec le cours magistral, quatre heures par semaine) ; Introduction ltude de lhistoire (semestre dt 1914, quatre heures par semaine) ; Histoire de la constitution de lglise allemande (semestre t 1914, Exercices pour public avanc en lien avec le cours magistral, deux heures par semaine) ; Aperu sur lhistoire politique du Moyen ge (semestre dhiver 1914/15, quatre heures par semaine) ; Recueil de[s] sources, avec attention
Lors du Rigorosum qui sest droul le 26 juillet 1913, Heidegger a t valu par Finke sur la matire complmentaire Mittlere Geschichte . Cf. Martin Heidegger, Gesuch um Zulassung zur Promotion , dat du 20 juillet 1913, dans Martin Heidegger/Heinrich Rickert, op. cit., p. 91 : Le respectueux soussign souhaite tre examin [] dans la matire annexe [] en histoire mdivale par Monsieur le Conseiller priv et Professeur Finke . 11 Que Heidegger, dans sa correspondance avec Rickert, insiste sur le rle de ce dernier, ne doit ni nous surprendre ni remettre en question linfluence de Finke, en dpit de linterprtation dAlfred Denker. Voir Martin Heidegger/Heinrich Rickert, op. cit., p. 17, et la note explicative de Denker, p. 110. 12 Cit daprs Hugo Ott, Der Habilitand Martin Heidegger und das von Schaezlersche Stipendium. Ein Beitrag zur Wissenschaftsfrderung der katholischen Kirche , in Freiburger DizesanArchiv, 106, 1986, p. 147.
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particulire lAllemagne du VIe sicle la guerre de Trente ans (semestre dhiver 1914/15, trois heures par semaine) ; [Divers] exercices pour public avanc en lien avec les cours magistraux 13. En dehors du Rigorosum, on peut compter pas moins de neuf enseignements au total. Par consquent, Finke est sans nul doute lenseignant auquel Heidegger a eu le plus affaire et le plus temps du moins officiellement. Dans les premiers crits et les premiers curricula, la reconnaissance de linfluence de Finke sur le jeune philosophe et la gratitude de ce dernier envers son matre sont rcurrentes et appuyes du moins en comparaison des dclarations portant sur les autres figures tutlaires. Ds la brve prface la thse La doctrine du jugement dans le psychologisme (soutenue 1913, parue en 1914), o, en dehors de Finke, seuls le Doktorvater A. Schneider et H. Rickert sont mentionns, Heidegger crit : je veillerai de mme ne pas laisser steindre en moi linfluence de Monsieur le Conseill priv et Professeur Finke, lui qui, avec la plus obligeante bienveillance, a veill dans le mathmaticien anhistorique [que jtais] amour et comprhension pour lhistoire 14. Et cest encore Finke quoique son nom napparaisse pas cette fois en toutes lettres que se rfre les dernires lignes du curriculum accompagnant la thse de doctorat : Lors de mes premiers semestres dtudes, je suivais des cours de thologie et de philosophie, puis, partir de 1911, je me concentrais sur la philosophie, les mathmatiques et les sciences de la nature, enfin, lors des derniers semestres, sur lhistoire 15.
Une anne plus tard, on retrouve Finke en bonne place dans le curriculum accompagnant la thse dhabilitation sur La doctrine des catgories et de la signification chez Duns Scot (soutenue en 1915, parue en 1916), et de nouveau en rapport lintrt nouveau et grandissant de Heidegger pour lhistoire : Ltude de Fichte et Hegel, le travail intense et dtaill sur le Grenzen der naturwissenschaftlichen Begriffsbildung de Rickert, les recherches de Dilthey, et, dernier point mais non des moindres, les cours et les exercices relatifs aux sminaires du Conseiller priv Finke, ont eu pour consquence de dtruire
Theodore Kisiel & Thomas Sheehan (ds.), Becoming Heidegger. On the Trail of His Early Occasional Writings, Evanston, Northwestern University Press, 2007, p. XXXIX sq. La participation de Heidegger aux six enseignements cits nest pas aussi bien documente quen ce qui concerne les cours suivis du temps o il tait tudiant, car en tant que Habilitand, il ny avait pas obligation de sinscrire officiellement sur les registres de cours. 14 Martin Heidegger, Die Lehre vom Urteil im Psychologismus, 1914, p. 7, repris dans Frhe Schriften, Francfort-sur-le-Main, Klostermann, 1972, p. 3, puis en GA 1, p. 61. 15 Martin Heidegger, Lbenslauf, in Reden und andere Zeugnisse eines Lebensweges , GA 16, p. 32.
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en profondeur mon aversion pour lhistoire depuis longtemps nourrie par ma prdilection pour les mathmatiques. Jtais amen reconnatre que la philosophie devrait sinterdire de sorienter unilatralement aussi bien vers les mathmatiques et les sciences de la nature que vers lhistoire, cette dernire demeurant pouvant toutefois se rvler, en tant que Geistesgeschichte16, incomparablement plus fconde pour les philosophes. Lintrt historique alors croissant ma ainsi facilit une collation plus fine et plus approfondie avec la philosophie du Moyen ge, entreprise reconnue comme pralable ncessaire la construction dune solide charpente scolastique17.

Dans la version publie de la thse dhabilitation, cela devient simplement : La mise limpression du prsent travail fut complique par de multiples facteurs. Elle est aujourdhui rendue possible en grande partie grce au soutien obtenu de la part de la Socit scientifique de Fribourg-en-Brisgau. Que son conseil ainsi que Monsieur le Conseill priv Finke et Monsieur le Professeur Husserl en soient chaleureusement remercis 18. De manire surprenante, linfluence de Finke est encore voque en 1922, un moment o donc Heidegger, rest dpendant de subsides catholiques pendant treize ans, se dtachait enfin de lglise catholique aussi bien matriellement que dogmatiquement. Ce fait pour le moins tonnant minvite interprter le document o il se trouve de faon plus dtaille que je ne lai fait pour ceux dont il a t question jusqu maintenant. Il sagit dans ce cas dune Vita que Heidegger envoie Gttingen lattention de Georg Misch (un protestant et disciple trs proche de Dilthey ayant dailleurs pous la fille de ce dernier) accompagn de deux manuscrits : le fameux RapportNatorp et la recension du Psychologie des conceptions du monde de K. Jaspers paru en 1919. Dans la version de ce texte repris depuis lan 2000 seulement dans les uvres compltes, nous lisons : Cest travers les cours et exercices de Finke sur lhistoire du Moyen ge et de la Renaissance que jai t initi aux chantiers

Le lecteur sait quil est extrmement difficile de rendre le t erme Geistesgeschichte en franais. Il dsigne un domaine gale distance de ses deux traductions franaises les plus courantes : histoire des ides dune part, et histoire de lesprit dautre part. 17 Martin Heidegger, Lebenslauf, in GA 16, p. 39. Le curriculum a dabord t publi dans Hugo Ott, Der junge Martin Heidegger. Gymnasial-Konviktszeit und Studium , in Freiburger Dizesan-Archiv, 104, 1984, pp. 323-325. 18 Martin Heidegger, Die Kategorien- und Bedeutungslehre des Duns Scotus , Tbingen, Mohr Siebeck, 1916, p. [V], repris dans Frhe Schriften, p. 133, puis en GA 1, 191.
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et aux mthodes de la recherches historiques. Et cest par cette voie que jen suis venu considrer les travaux de Dilthey concernant la Geistesgeschichte 19. Lorsquon prte attention la priode et aux circonstances de la rdaction de cette Vita , la reconnaissance du rle de Finke dans le dveloppement de la conception heideggrienne de lhermneutique doit apparatre comme particulirement crdible. Les premiers textes autobiographiques pouvaient encore tomber sous le soupon dopportunisme, car Finke tait alors lhomme fort de la Facult de Philosophie et quil jouait un rle dterminant aussi bien dans les procdures de promotion et dhabilitation que dans celle de nomination. Or, nous lavons rappel plus haut, Heidegger esprait un temps se voir attribuer la chaire concordataire de philosophie de lUniversit de Fribourg. Cest dans cet esprit que H. Ott a pu mettre en doute la sincrit des dclarations de Heidegger, notamment celles relatives la scolastique, dans divers documents acadmiques, au premier rang desquels ses actes de candidature20. En 1922 au contraire, Heidegger avait toutes les raisons de ne pas ou de ne plus mentionner Finke. Lorsque la chaire concordataire, laisse vacante pendant un an, a t remise au concours en 1916, Finke, pour des raisons qui nont pas encore t claircies, a subitement abandonn son protg et sest dcid pour Josef Geyser, certes bien plus g mais pas particulirement estim des cercles philosophiques. Heidegger lui a alors adress une lettre sans quivoque. Celle-ci est aujourdhui probablement perdue, mais la rponse de Finke a t conserve. Publie rcemment, cette dernire permet de conjecturer quelle tait la teneur de la missive de dpart 21. Le 9 janvier 1919, Heidegger stait clairement distanc du systme du catholicisme , cette fois dans une lettre clbre adresse au thologien Engelbert Krebs22. Il avait alors un nouveau et pour le moins puissant protecteur en la personne de Husserl, et navait de chance dobtenir une chaire de philosophie que dans la mesure o lon pouvait lestimer confessionnellement neutre. En octobre 1917 dj, Natorp avait port son attention sur Heidegger pour le poste de professeur extraordinaire prendre lUniversit de Marbourg. Il le plaait mme en haut de la liste , et se
Martin Heidegger, Vita, in GA 16, 42. Cf. Hugo Ott, Martin Heidegger. Unterwegs zu seiner Biographie , p. 91, ainsi que la critique argumente de cette position par Robert Vigliotti, The Young Heideggers Ambitions for the Chair of Catholic Philosophy and Hugo Otts Charge of Opportunism , in Studia Phaenomenologica, 1 (3-4), 2000, pp. 323-350. 21 Cf. Alfred Denker, Hans-Helmuth Gander & Holger Zaborowski, Heidegger-Jahrbuch, Bd. I, op. cit., p. 71 sq. 22 Cf. ibid., p. 67 sq.
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tournait sans tarder vers Husserl pour lui poser une srie de questions dtailles sur le jeune Privatdozent23. Seule une lecture distraite voire frivole de la rponse argumente de ce dernier, qui semble au premier abord ntre en aucune faon ngative, peut linterprter comme un soutien Heidegger. Une considration attentive des circonstances particulires de lpoque laisse pourtant clairement entrevoir que cela nest absolument pas le cas. Car en vrit, Husserl ne connaissait Heidegger que de manire trs superficielle. Le 8 octobre 1917, le pre de la phnomnologie sadresse Natorp en ces termes :
Je ne peux rien dire de lui qui joue en sa dfaveur. Quil soit confessionnellement li est une chose certaine, car il se tient pour ainsi dire sous la garde du collgue Finke, notre historien catholique . En lien avec cela : lanne dernire, son profil a t examin par la commission des spcialistes lors de la remise au concours de la chaire de philosophie catholique de notre Facult de Philosophie chaire que nous aurions volontiers transforme en un poste denseignement vritablement scientifique centr sur lhistoire de la philosophie mdivale. Finke le tenait pour un candidat appropri en regard prcisment de ses attaches confessionnelles. [] Pour notre poste et aussi pour celui de professeur extraordinaire, nous lavons cependant trouv en fin de compte trop jeune et pas assez mr24.

ce propos, Hugo Ott remarque de faon trs pertinente : Pour Husserl, Heidegger tait estampill "philosophie catholique" car "sous la protection de Finke" (avec toutes les implications) et cela signifia premirement une marque de non-scientificit 25. Ott pense que, si lon remet ce jugement dans son contexte, il ne peut tre que dvastateur 26, car il aurait t en effet difficilement concevable de confier lenseignement de la philosophie un professeur catholique dans une ville qui avait t en 1529 le cadre des entretiens sur la religion entre Luther, Zwingli et Melanchthon, une ville qui stait donn en 1527 la premire universit protestante ! 27. Ce qui vient dtre dit de Marbourg me semble valoir pareillement pour Gttingen, lieu denseignement de Husserl entre 1901 et 1916 et centre de lcole de lHistoire des Religions (Religionsgeschichtliche Schule) fonde et porte
Voir Edmund Husserl, Briefwechsel, Dordrecht/Boston/Londres, Kluwer, 1994, t. V, p. 131. 24 Ibid., p. 131. Nous soulignons. 25 Hugo Ott, Martin Heidegger. Unterwegs zu seiner Biographie, p. 98. 26 Ibid. 27 Ibid., p. 97.
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par des protestants. Puisque la mention de Finke dans ce contexte pouvait tre tout sauf avantageuse, elle doit tre pareillement valorise au plus haut point et considre comme la marque dune influence authentique et dcisive. Car pour Husserl (qui avait procur Heidegger une charge de cours rmunre ds 1919 ainsi quun poste dassistant temporaire mais stable partir de 1920 au sein du Sminaire de Philosophie Fribourg, et qui avait jou un rle dcisif dans sa nomination Marburg en 1923 puis dans son retour Fribourg en 1928), lide dune science catholique tait ainsi Heinrich Ochsner, disciple et ami de Heidegger, lexpliquera plus tard Bernhard Welte une absurdit. Il croyait personnellement en Dieu mais, limage du mathmaticien, sa philosophie est toujours demeure parfaitement neutre vis--vis du religieux28. Ott rsume ce sujet :
Cet aspect de la personnalit de Husserl sclaire soudain la lumire de la violente polmique qui clata la Facult de Philosophie de lUniversit de Fribourg, lorsquil fallut, en 1924, pourvoir la chaire de philosophie (chrtienne), aprs le dpart de Josef Geyser pour Munich. Husserl sengagea alors nergiquement pour la dconfessionalisation de cette chaire, ce qui naturellement fit monter en premire ligne lhistorien Heinrich Finke, ex-protecteur de Heidegger. Le mot de Husserl selon lequel on avait fait de vastes concessions lInternationale catholique pendant la guerre , mais quil tait temps dsormais dy mettre bon ordre, provoqua la colre de Finke : Et il faut entendre cela de la bouche dun juif autrichien ! Je nai jamais t antismite de ma vie ; mais jai de la peine aujourdhui ne pas ragir en antismite . [] En 1924, Husserl aurait volontiers appel cette chaire son protg Heidegger, lancien aspirant catholique rcemment nomm Marbourg, et devenu maintenant un philosophe indpendant29.

Quil nous soit permis de revenir maintenant vers la question de savoir quels textes de Dilthey dcouvrit Heidegger travers les cours et les sminaires de Finke entre 1911 et 1915. Un texte en particulier, de rdaction tardive (1957) et de nature autobiographique, nous met sur la voie dune rponse. Il
Ibid., p. 113. Ibid., p. 113 sq. Cf. la lettre de Husserl au Doyen Ludwig Deubner date du 3 fvrier 1924, dans Edmund Husserl, Briefwechsel, t. VIII, p. 186 : Dans la sance du 22 janvier de cette anne, le collgue Finke sest laiss aller aux plus offensantes dclarations mon gard ; dclarations auxquelles je me suis refus de ragir de la faon dont il aurait fallu du fait quil tait alors manifestement gravement souffrant .
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sagit du discours prononc lors de son admission au sein de la trs rpute Acadmie des Sciences de Heidelberg, que Heidegger cite dans la prface ses Frhe Schriften. On y lit notamment ceci :
Ce que les annes exaltantes entre 1910 et 1914 ont apport, ne se laisse pas exprim de manire exhaustive, mais seulement travers tout ce que suggre une numration slective : la deuxime dition, augmente de moiti, de la Volont de puissance de Nietzsche, la traduction des uvres de Kierkegaard et de Dostoevski, le renouveau de lintrt pour Hegel et Schelling, les posies de Rilke et les pomes de Trakl, les uvres compltes de Dilthey30.

Puisquen 1914, seul le deuxime volume des uvres compltes de Dilthey avait paru, Heidegger ne pouvait se rfrer dans son Discours de Heidelberg qu Conception du monde et analyse de lHomme depuis la Renaissance et la Rforme (Weltanschauung und Analyse des Menschen seit Renaissance und Reformation)31, volume de surcrot dit par Georg Misch dont il a t question plus haut. Cela nexclut bien sr pas que Finke se soit rfr dautres crits de Dilthey. Un verdict dfinitif cette question se fait encore attendre. En rsum, il est possible de constater que cette enqute concernant linfluence de Finke sur Heidegger peut apporter de multiples bnfices hermneutiques pour la comprhension de la pense heideggrienne. Rcapitulons. La mentalit de Heidegger nous apparat dsormais plus clairement : comme Finke jadis, Heidegger fut un jeune catholique talentueux, dorigine modeste, convoitant une carrire acadmique et cherchant sa place dans une situation complexe cartele entre le combat culturel (Kulturkampf) et la controverse du modernisme ou crise moderniste (Modernismusstreit) . Ensuite, nous pouvons mieux localiser et dterminer le dveloppement, la structure et le sens du concept heideggrien dhistoire, assurment lun des concepts les plus centraux de lensemble de sa pense. Dsormais, il devient galement possible de mieux reconstruire lmergence de lhermneutique de la facticit, en particulier le rle jou par la rencontre avec les crits de Dilthey dans celle-ci. Enfin, la difficile relation de Heidegger au catholicisme, au christianisme et la religion de manire gnrale sclaircit sensiblement. Pour que les multiples bnfices prcits deviennent monnaie sonnante et
Martin Heidegger, Frhe Schriften, p. X. Wilhelm Dilthey, Gesammelte Schriften (1914), Gttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 199111, t. II.
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trbuchante, il faut bien sr que lensemble des points mentionns soient approfondis pour eux-mmes et en relation les uns avec les autres. Dans cette perspective prospective, le dernier point, en particulier, nous semble tre la crux de la relation entre Heidegger et Finke et, consquemment, la cl de tous les autres. La recherche ne manque jamais de rappeler tout ce que lhermneutique heideggrienne et particulirement ce qui en elle concerne le rle de lhistoire doit linfluence de la thologie protestante et de lhistoire des religions (Luther, Schleiermacher, Overbeck, Dilthey, Troeltsch, Otto, Bultmann, etc.). Sans elles, le jeune philosophe aurait eu les plus grandes difficults se librer de lanhistorisme et de lantimodernisme de la no-scolastique catholique. Mais il ne faudrait surtout ngliger les tendances positives que Heidegger a rencontres au sein mme du monde catholique. Finke illustre la perfection ce le rle dterminant quelles ont jou dans le passage une hermneutique phnomnologique. Il nous appartient de le montrer de manire dtaille dans un prochain travail32. Gabriel CERCEL (Fondation Gerda Henkel, Dsseldorf/Societ Roumaine de Phnomnologie, Bucarest) traduit de lallemand par Sylvain Camilleri * II. HEIDEGGER AU XXIE SICLE CHRONIQUE DU CONGRS DE DUBLIN, 10-11 SEPTEMBRE 2010 Il faut prendre Alain Badiou au mot lorsquil affirme que Heidegger est le dernier philosophe universellement reconnaissable 33. Le statut philosophique de Heidegger sest en effet renforc au fil des ans, grce ladmirable effort consenti par Vittorio Klostermann de publier ses uvres
Sur ce point, nous nous permettons de renvoyer notre ouvrage : Liber exeperientiae. Heidegger et lhermneutique de la vie, Bucarest, Humanitas, 2010 (en roumain), particulirement le chap. III : Les sources thologiques de lhermneutique heideggrienne : de lhermneutique biblique lhermneutique de la facticit (1909 1919) , qui concerne ce que nous proposons dappeler la dcade thologique de la pense heideggrienne, encadre symboliquement par le dbut des tudes de thologie Fribourg (1909) et par la lettre du 9 Janvier 1919 Krebs dont il a t question plus haut. Sur le problme de lhistoire et Dilthey, nous renvoyons aussi notre chap. V , qui propose une interprtation des Confrences de Cassel (1925). 33 Alain Badiou, Ltre et lvnement, Paris, Seuil, LOrdre philosophique, 1988, p. 7.
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compltes en 102 volumes, en incluant tous ses cours magistraux. Commence en 1975 et toujours en cours, cette tche monumentale a port lattention de toute une gnration un Heidegger plus complexe, car riche de ses multiples visages, un Heidegger aux leons et aux convictions nouvelles, excitantes et souvent surprenantes. La notorit heideggrienne sest pourtant paye au prix fort. Soixante ans exactement aprs la parution de Sein und Zeit, la fin de lanne 1987, Victor Faras publia en franais une chronique dtaille de lengagement direct de Heidegger avec le nazisme. Victor Faras y dpeignait Heidegger comme un simple idologue dont la pense refltait, manifestement et effrontment, leffroyable idologie du national-socialisme34. Emmanuel Faye a dailleurs rcemment relanc le dbat. Relayant toutes les affirmations de Victor Faras, il y a ajout de nouveaux lments. Il en a en outre appel avec passion un complet boycott de la philosophie heideggrienne puisque, selon lui, il est en vrit impossible sauf faire preuve dune navet aveugle de sparer la pense de Heidegger davec les idaux malfaisants de la NSDAP35. Mais, aprs tout, Victor Faras et Emmanuel Faye ne pourraient-ils pas avoir raison ? Un boycott gnral de la philosophie heideggrienne pourrait-il tre lgitime ? Se pourrait-il, au XXIe sicle, que lintrt constant des chercheurs actuels pour le travail de Martin Heidegger soit motiv par la mme rhtorique tourmente de cette idologie fasciste, qui a excit les sentiments de la jeunesse allemande dans les annes 1930 ? Quelle quelle soit, la rponse appartient aux chercheurs de notre nouveau sicle. eux de se donner pour tche daffermir ou de ruiner la rputation de Heidegger. Pour ce faire, il leur faut en devenir des lecteurs attentifs, car cest l la seule voie par laquelle ils peuvent esprer, derrire limage aujourdhui trouble du penseur, faire toute la vrit. Sans doute faut-il lire Heidegger sans prjug, mais il faut aussi tenir compte de linvitable srie dobstacles qui se trouvent dans ses textes. Les jeunes chercheurs doivent apprendre tre sensibles aux justes avertissements que fait lauteur quant aux haltes, aux dtours et aux impasses36 auxquels conduit linterrogation ontologique. Une telle valuation des piges cachs et oublis de la question du sens de ltre ne condamne ni nexcuse lengagement politique de Heidegger.
Victor Faras, Heidegger et le nazisme, traduit de lespagnol et de lallemand par Myriam Benarroch et Jean-Baptiste Grasset, Paris, Verdier, 1987. 35 Emmanuel Faye, Heidegger, lintroduction du nazisme dans le philosophie. Autour des sminaires indits de 1933-1935, Paris, Albin Michel, Ides, 2005. 36 Cf. Martin Heidegger, Mein Weg in die Phnomenologie, in Zur Sache des Denkens, GA 14, 99.
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Elle sert plutt rappeler que la question de la politique doit tre pose chez lui via la plus importante question de la pense mditante, celle qui, dans son essence, suppose et repose sur une radicale dissimulation aimant elle-mme se dissimuler. Avant que ne soient formules la question de la politique en particulier et la question de la pense en gnral, il est ainsi ncessaire de reprer et de rassembler ces dissimulations. Il est ncessaire, comme le conseille le vieil Heidegger au jeune William Richardson, d aider mettre en route la pense pluriforme de la question toute simple de la pense, et qui, en raison de sa simplicit, hberge la plnitude 37. Par deux belles journes de septembre, les 10 et 11, lUniversity College Dublin en Irlande, sest tenu un congrs intitul 21st Century Heidegger , dont le but principal tait daborder toutes les questions prcites et de prsenter, dune manire libre et impartiale, la plthore dapproches existantes de la pense heideggrienne38. De fait, le congrs a examin les voies semblables, diffrentes, complmentaires et souvent contradictoires dans lesquelles les tudes heideggriennes se sont dveloppes au XXe sicle, comme il a trait des questions fondamentales relatives aux tudes heideggriennes du XXIe sicle, y compris celles de leur orientation, de leurs problmes et de leur potentiel. De fait, ce congrs a russi rassembler les approches de plus en plus disparates du travail sur Heidegger, quelles soient traditionnelles dans leur usage de la phnomnologie et de lhermneutique ou quelles sappliquent la pense heideggrienne de faon nouvelle et tonnante. Au total, quarante et un confrenciers venus des quatre coins du monde se sont exprims partir dune large varit de disciplines, parmi lesquelles la philosophie, la thologie, les sciences cognitives, les neurosciences, lanthropologie, larchologie, la sociologie, la science politique, le droit, la linguistique, les tudes cinmatographiques, lesthtique ou les arts visuels. Cest par un discours de Martin Gessmann (Universitt Heidelberg), intitul : Being and Time and the Future: Phenomenology and the Future , que se sont ouverts les travaux. Le propos de M. Gessmann a aussitt lanc le dbat en instaurant une tension entre des approches phnomnologiques traditionnelles et des positions phnomnologiques appliques. Les interventions se sont
Martin Heidegger, Vorwort , in William J. Richardson, Heidegger. Through Phenomenology to Thought (1963), New York, Fordham University Press, 20034, p. XXII. 38 Le colloque a t organis par nos soins. Notre collgue Evangelos Giannakakis, de lUniversity College Dublin lui aussi, nous a seconds. Lvnement a t firement soutenu par lUCD Humanities Institute of Ireland, lUCD School of Philosophy, lInternational Journal of Philosophical Studies et le Goethe-Institut de Dublin.
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ensuite tenues en sessions parallles. La premire sest concentre sur les fins morales et historiques de lhomme. Raphael Zagury-Orly (Tel-Aviv University/Bezalel Academy of Fine Arts), Marko Goran Bosni (AlbertLudwigs-Universitt Freiburg) et Sinead Hogan (University College Dublin) y ont pris la parole. La seconde sest concentre sur la difficile relation entre Heidegger et les autres philosophes, tels que Descartes, Kant, Frege et Russell. Matthew Shockey (Indiana University South Bend), Christophe Perrin (Universit Paris-Sorbonne/Fondation Thiers) et Sacha Y. J. Golob (University of Cambridge) y sont intervenus. Ces sessions ont toutes deux soulign la dimension historique de la pense heideggrienne, faisant tat du propre statut de Heidegger par rapport cette tradition plus large quest la philosophie continentale. Elles se sont suivies dun symposium organis par Babette E. Babich (Fordham University) sur le thme suivant : Das "was kommt" . En stendant sur la thmatique historique des sessions prcdentes, la communication de B. Babich a introduit son tour la question des tudes heideggriennes venir. Un deuxime volet de communications a insist quant lui sur des questions pistmologiques dans luvre de Heidegger. Une premire session a examin la question de la transcendance comme fondement de la philosophie du point de vue transcendantal. Y ont particip Dermot Moran (University College Dublin), Peter Wolfendale (University of Warwick) et Niall Keane (University of Limerick). La session suivante a vu les intervenants mettre laccent sur lesthtique, la certitude et le problme du ralisme. Joseph Ward (University College Dublin), Thomas Arnold (Universitt Heidelberg) et Jeff Kochan (Universitt Konstanz) y ont pris la parole. Cest dans larne de lhermneutique et sur les terres communes de Heidegger et de Nietzsche que les deux sessions parallles suivantes ont men. Dans la premire, la question de lhermneutique et de la comprhension a t examine en dtail. Georgia Warnke (University of California, Riverside), Branko Klun (University of Ljubljana) ainsi que Georg Friedrich Simet (Hochschule Neuss fr Internationale Wirtschaft) y ont apport leur contribution. Dans la seconde, cest la discussion faite par Heidegger de Nietzsche qui a t examine grce aux prsentations de Justin Laleh (University of Warwick), aussi bien que celles de Mark Sinclair et dUllrich Haase (Manchester Metropolitan University) sur lhistoire et la vie dans les interprtations de la Seconde considration intempestive. Cette premire journe sest conclue sur un deuxime discours, celui de Miguel de Beistegui (University of Warwick) intitul Towards an Aesthetics of the Hypersensible . Dans une gnreuse communication faisant mention de 17

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nombreux penseurs de la tradition, celui-ci a considr la pense de Heidegger de manire esthtique, en insistant particulirement sur la sculpture. La deuxime journe du congrs sest, elle, ouverte par le discours dAndrew Haas (University College Dublin) intitul Heidegger and the Aporia of Being . Dans son propos, A. Haas a dvelopp largument selon lequel il faudrait en revenir la question heideggrienne du sens de ltre lui-mme plutt que de se perdre dans les diffrents usages de sa pense. Les sessions liminaires de ce deuxime jour de travail ont justement pris en considration certains de ces usages. La premire a trait du dveloppement international et de la juridiction lgale travers les communications de Trish Glazebrook (Dalhousie University) et de Gregor Noll (Lund University). La seconde a abord lapplication des ides heideggriennes dans les sciences cognitives et les neurosciences. Jill Coffin (Georgia Institute of Technology), Bert van den Bergh (The Hague University) et Shaun May (University of London) y sont intervenus. Le congrs a ensuite fait retour aux thmes plus traditionnels des tudes heideggriennes. La premire session de laprs-midi a interrog laspect thologique de la pense de Heidegger. Joseph Cohen (University College Dublin) et Stephen Reynolds (New College, University of Oxford) en ont entretenu lauditoire. Cest une srie de questions sur les thmes de lambigut, de la spontanit et de lesthtique onto-hermneutique que, grce aux communications de Hans W. Gruenig (Tulane University), Christian Pinawin (Northwestern University) et Evan McDonald Smith (University of St. Andrews), une seconde session a pose. Le dernier volet des sances du jour a commenc par une attention particulire la posie, au cinma, lart et au design. Ce fut loccasion dentendre Jana Elsen (University of Sussex) et Evi Haggipavlu (Cyprus University of Technology), comme dassister la confrontation de Mark Titmarsh (University of Technology, Sydney) et de Cameron Tonkinwise (The New School of Design, New York) dans leurs propos respectifs. Une communication supplmentaire a, pour sa part, t lue comme un dialogue par Lisa Foran et Joseph Ward (University College Dublin). Cest des questions de lennui profond, des origines humaines et du monde animal qua trait lultime session. zge Ejder (Yeditepe niversitesi), Phillip Tonner (University of Glasgow/University of Oxford) et David Storey (Fordham University) y ont parl. Prsid par Dermot Moran, le discours de clture a t confi Francois Raffoul (Louisiana State University) et portait sur Heidegger et Derrida : The Ethics of the Im-possible . Aprs avoir relev les affinits des penses thiques de Heidegger et de Derrida, F. Raffoul a 18

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construit pour lthique la possibilit dun espace libre qui ouvre une vritable absence de fin comme limpossible. Si, de lavis de tous, ce congrs fut un succs, pareil consensus ne sexplique pas par un exercice dautocongratulation. La russite de 21st Century Heidegger tient en vrit son total refus de rduire la pense de Heidegger une simple position idologique, comme en sa forte dmonstration du fait quil est bien possible dexaminer une pense qui fait se croiser de nombreux domaines de recherche. Finalement, les 41 chercheurs internationaux qui ont particip ces travaux ont mis en lumire un Heidegger diffrent : un Heidegger dune diffrence unique qui dpasse les idologies spcifiques, les nationalits, ou les horizons culturels. Si donc ce congrs fut un succs, cest simplement parce quil a permis de semer ce quil faut rcolter au XXIe sicle : une furieuse tempte des tudes heideggriennes qui fera tournoyer la pense mditante pour la renvoyer son essence tumultueuse de la manire la plus fconde et la plus imprvisible.

Tziovanis GEORGAKIS & Paul J. ENNIS (University College Dublin) traduit de langlais par Christophe Perrin

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BIBLIOGRAPHIE POUR LANNE 2010 1. Textes de Heidegger 1.1. HEIDEGGER (Martin)/BAUCH (Kurt), Briefwechsel 1932-1975, dit par Almuth Heidegger, Fribourg/Munich, Alber 1.2. HEIDEGGER (Martin), Das Geringe: unverffentlicht, Messkirch, MartinHeidegger-Gesellschaft 1.3. HEIDEGGER (Martin), Der Spruch des Anaximander, GA 78, dit par Ingeborg Schler, Francfort-sur-le-Main, Klostermann 1.4. HEIDEGGER (Martin), Grundbegriffe der Metaphysik. Welt Endlichkeit Einsamkeit, dit par Friedrich-Wilhelm von Herrmann, Francfort-sur-leMain, Klostermann, Rothereihe 6 1.5. HEIDEGGER (Martin), Grundprobleme der Phnomenologie, GA 58, dit par Hans-Helmut Gander, Francfort-sur-le-Main, Klostermann, 2ime dition corrige 1.6. HEIDEGGER (Martin), Kant und das Problem der Metaphysik, GA 3, dit par Friedrich-Wilhelm von Herrmann, Francfort-sur-le-Main, Klostermann, 2ime dition corrige 1.7. HEIDEGGER (Martin), Martin Heidegger Briefausgabe, dit par Alfred Denker, Fribourg/Munich, Alber 1.8. HEIDEGGER (Martin), Zum "Brief" ber den "Humanismus" , in EMAD (Parvis), HERRMANN (Friedrich-Wilhelm von), DAVID (Pascal), CORIANDO (Paola-Ludovika), SCHLER (Ingeborg) & SCHALOW (Frank), Heidegger-Studien/Heidegger-Studies/tudes heideggriennes, Foundations of Sciences, Tradition, and the Other Onset of Thinking, 26, Berlin, Duncker & Humblot, pp. 9-16 1.9. HEIDEGGER (Martin), Zum Wesen der Sprache und zur Frage nach der Kunst, GA 74, dit par Thomas Regehly, Francfort-sur-le-Main, Klostermann

Outre les ditions ou rditions des textes de Heidegger en langue originale comme en dautres langues, la prsente bibliographie prend en compte toutes les monographies et tous les articles de collectifs et de revues portant explicitement sur Heidegger ou, tout le moins, sur lun de ses concepts-cls. Ainsi les traductions douvrages des commentateurs ne sont pas listes. Que lon veuille bien excuser les invitables oublis inhrents tout exercice vise exhaustive. Pour y remdier, les auteurs sont invits nous indiquer directement leurs travaux ladresse suivante : [email protected].

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2. Traductions de textes de Heidegger Traductions anglaises 2.1. HEIDEGGER (Martin), Being and Time, trad. de STAMBAUGH (Joan), New York, SUNY, nouvelle dition revise par SCHMIDT (Dennis J.) 2.2. HEIDEGGER (Martin), Being and Truth, trad. de FRIED (Gregory) & POLT (Richard), Bloomington/Indianapolis, Indiana University Press 2.3. HEIDEGGER (Marin), Country path conversations, trad. de DAVIS (Bret W.), Bloomington, Indiana University Press, Studies in Continental Thought 2.4. HEIDEGGER (Martin), Logic. The Question of Truth, trad. de SHEEHAN (Thomas), Bloomington/Indianapolis, Indiana University Press, Studies in Continental Thought 2.5. HEIDEGGER (Martin), On the Question Concerning the Determination of the Matter for Thinking , trad. de CAPOBIANCO (Richard) & GBEL (Marie), in Epoch. A Journal for the History of Philosophy, 14/2, pp. 213-223 2.6. HEIDEGGER (Martin), Phenomenology of Intuition and Expression, trad. de COLONY (Tracy), Londres/New York, Continuum 2.7. HEIDEGGER (Martin), The Phenomenology of Religious Life, trad. de FRITSCH (Matthias) & GOSETTI-FERENCEI (Jennifer Anna), Indiana University Press, Studies in Continental Thought, nouvelle edition Traductions chinoises 2.8. HEIDEGGER (Martin), Jing shen xian xiang xue de qian ti : qi shi yu jue dui jue dui kai duan, trad. de ZHAO (Wei-guo), Xian Dai Zhe Xue, pp. 88-93 2.9. HEIDEGGER (Martin), Shi ji xing de guan nian he ren de gai nian, trad. de HE (Wei-ping), Jiang Su Xing Zheng Xue Yuan Xue Bao, pp. 28-34 Traductions corennes 2.10. HEIDEGGER (Martin), Ariseutoteles e daehan hyeonsanghakjeok haeseok, trad. de KIM (Jae Chul), Seoul, Numen 2.11. HEIDEGGER (Martin), Bilhelreum Diltai ui tamgu jakeop gwa yeoksajeok segyegwan: martin Haideggeo ui Kasel gangyeon, trad. de KIM (Jae Chul), Seoul, Numen 2.12. HEIDEGGER (Martin), Niche 1, trad. de PARK (Chan Guk), Seoul, Kil

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Traductions espagnoles 2.13. HEIDEGGER (Martin), Los himnos de Hlderlin "Germania" y "El Rin", trad. de MERINO RIOFRO (Ana Carolina), Buenos Aires, Editorial Biblos 2.14. HEIDEGGER (Martin), Pensamientos poticos, trad. de CIRIA (Alberto), Barcelone, Herder Traductions franaises 2.15. JNGER (Ernst)/HEIDEGGER (Martin), Correspondance 1949-1975, trad. de HERVIER (Julien), Paris, Christian Bourgois 2.16. HEIDEGGER (Martin), Sminaires de Zrich, trad. de GROS (Caroline), Paris, Gallimard, Bibliothque de Philosophie 2.17. HEIDEGGER (Martin), Trois lettres Karl Lwith, trad. de FAGNEZ (Guillaume) & NICKISCH (Holger), in Archives de Philosophie, 73/2, pp. 321332 Traductions grecques 2.18. HEIDEGGER (Martin), Agapimeni mou psychoula. Grammata tou Martin Heidegger sti syzygo tou Elfriede 1915-1970, trad. de KOPERTI (Iakovos), Athnes, Ekkremes 2.19. HEIDEGGER (Martin), Eisagogi sti Metafysiki, trad. de MALEVITSIS (Christos), Athnes, Armos Traductions italiennes 2.20. HEIDEGGER (Martin) & FINK (Eugen), Eraclito. Seminario del semestre invernale 1966/1967, trad. de ARDOVINO (Adriano), Rome/Bari, Laterza, I libri dellascolto 2.21. HEIDEGGER (Martin), Hegel, trad. de MORETTI (Giampiero), Rovereto, Zandonai, I fuochi 2.22. HEIDEGGER (Martin), Oltre lestetica. Scritti sullarte, trad. MARAFIOTI (Rosa Maria), Messine, Sicania Traductions japonaises 2.23. HEIDEGGER (Martin), Genshgaku no konpon mondai : dainibumon kgi, trad. de KIDA (Gen), HIRATA (Hiroyuki) & SAKODA (Kenichi), Tokyo, Sakuhinsha 2.24. HEIDEGGER (Martin), Genshgaku no konpon mondai : dainibumon kgi, trad. de TSUJIMURA (Kichi), MUSHIAKI (Shigeru), IKEDA (Takashi) & STENGER (Georg), Tokyo, Sbunsha, Haidegg zensh 22

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2.25. HEIDEGGER (Martin), Doitsu kannen ron no keiji jgaku (sheringu), trad. de SUGAWARA (Jun) & STENGER (Georg), Tokyo, Sbunsha, Haidegg zensh Traduction nerlandaise 2.26. HEIDEGGER (Martin), De oorsprong van het kunstwerk 1, trad. de WILDSCHUT (Mark) & BREMMERS (Chris), Boom, Onderwijs Traductions polonaises 2.27. HEIDEGGER (Martin), Podstawowe problemy fenomenologii, trad. de. BARAN (Bogdan), Varsovie, Aletheia 2.28. HEIDEGGER (Martin), Identyczno i rnica, trad. de. MIZERA (Janusz), Varsovie, Aletheia Traductions portugaises 2.29. HEIDEGGER (Martin), Fenomenologia da vida religiosa, trad. de CASANOVA (Marco A.), FRANCO DE S (Alexandre), Lisbonne/So Paulo, Forense & Gulbenkian 2.30. HEIDEGGER (Martin), Kant e o fim da metafsica, trad. de CASANOVA (Marco A.), FRANCO DE S (Alexandre), Lisbonne/So Paulo, Forense & Gulbenkian 2.31. HEIDEGGER (Martin), Meditao, trad. de CASANOVA (Marco A.), Petrpolis, Vozes Traductions russes 2.32. HEIDEGGER (Martin), Chto zovetsja michleniem?, trad. de SEGETDINOV (Elfir), Moscou, Akademicheskii proekt 2.33. HEIDEGGER (Martin) & FINK (Eugen), Geraklit, trad. de CHURBELEV (Alexandr), Moscou, Vladimir Dal 2.34. HEIDEGGER (Martin), Leccii o metaphisike, trad. de JIGALKIN (Sergey), Moscou, Jaziki slavjanskih kul`tur

3. Collectifs et numros de revues En allemand 3.1. FRISCHMANN (Brbel) (d.), Sprache Dichtung Philosophie. Heidegger und der deutsche Idealismus, Fribourg/Munich, Alber

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FRISCHMANN (Brbel), Vorwort , pp. 7-9 ; JAMME (Christoph), "Hlderlin und der Mythos , pp. 10-16 ; FRANZ (Michael), Die braunen Frauen, die Inder und die Quelle des Reichtums. Vernachlssige Aspekte von Hlderlin "Andenken" , pp. 17-35 ; HILLER (Marion), "der Gute gefhrlichstes, die Sprache". Dichtung und Philosophie bei Hlderlin , pp. 36-60 ; ARNDT (Andreas), Poesie und Poiesis. Anmerkungen zu Hlderlin, Schlegel und Hegel , pp. 61-75 ; FRISCHMANN (Brbel), Die Wahrheit der Dichtung: Zu Heideggers Hlderlinrezeption , pp. 76-94 ; ZOVKO (Jure), "Ereignet sich das Dichterische, dann wohnet der Mensch menschlich". Ein Vergleich von Friedrich Schlegels und Martin Heideggers Metaphysikkritik , pp. 95-111 ; SCHRDER (Wolfgang M.), Praktische Freiheit in Schellings "Neuer Deduktion des Naturrechts (1796/97)" , pp. 112-136 ; KOCH (Anton Friedrich), Hegel und Heidegger , pp. 137-154 ; KOCH (Dietmar), "Vermutlich ist das Wesen der Sprache das eigentlich Mrchenhafte". Zum Wesen der Sprache in Heideggers Denken des Anderen Anfangs , pp. 155-172 Tbinger Studienpreis der Philosophie : NEUBER (Simone), Alle Wege fhren zu Kant. Heideggers Vorlesung Die Frage nach dem Ding und die Programmatik einer "aneignenden Verwandlung" Kants , pp. 174-190 ; RUPPERT (Michael), Zur Rolle des Raumes beim spten Heidegger , pp. 191-214 3.2. HHN (Lore) & JANTZEN (Jrg) (ds.), Heideggers Schelling-Seminar (1927/28). Die Protokolle von Martin Heideggers Seminar zu Schellings "Freiheitsschrift" (1927/28) und die Akten des Internationalen Schellings-Tags 2006, Stuttgart, Fromman-Holzboog, 481 p. Beitrge : HHN (Lore), Vorwort , pp. 1-2 ; HHN (Lore), Heidegger Schelling im philosophischen Zwiegesprch Der Versuch einer Einleitung , pp. 3-44 ; FIGAL (Gnter), Schelling zwischen Hlderlin und Nietzsche Heidegger liest Schellings Freiheitsschrift , pp. 45-58 ; GABRIEL (Markus), Unvordenkliches Sein und Ereignis Der Seinsbegriff beim spten Schelling und beim spten Heidegger , pp. 81-112 ; HALFWASSEN (Jens), On the Tragic: One more Time , pp. 113-138 ; LEYTE COELLO (Arturo), Zeit-denken Zu einem nicht-begrifflichen Zugang zur Zeit bei Schelling und Heidegger , pp. 139-162 ; KHLER (Dietmar), Kontinuitt und Wandel Heideggers Schelling-Interpretation von 1936 und 1941 , pp. 163-192 ; KAUFMANN (Sebastian), Metaphysik des Bsen Zu Heideggers Auslegung von Schellings Freiheitsschrift , pp. 193-226 ; 24

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SCHWENZFEUER (Sebastian), Natur und Sein Affinitten zwischen Schelling und Heidegger , pp. 227-261 Editionsteil : SCHAWB (Philipp) & SCHWENZFEUER (Sebastian) (ds.), Protokolle einer bung von Martin Heidegger zu "Schellings Abhandlung ber das Wesen der menschlichen Freiheit" aus dem Wintersemester 1927/28 in Marburg (mit editorischer Bericht), pp. 263-272 Anhang : Bibliographie zu Schelling und Heidegger , pp. 465-478 3.3. RESE (Friedericke) (d.), Heidegger und Husserl im Vergleich, Francfort-surle-Main, Klostermann INKPIN (Andrew), Formale Anzeige und das Voraussetzungsproblem , pp. 13-33 ; WESTERLUND (Fredrik), Phenomenology as Understanding of Origin. Remarks on Heideggers First Critique of Husserl , pp. 34-56 ; RESE (Friederike), Phnomenologie und Skeptizismus bei Heidegger und Husserl , pp. 57-76 ; EILEBRECHT (Tilo) Der Rckgang zu den Sachen selbst zwischen Hegel, Husserl und Heidegger , pp. 77-94 ; BAUR (Patrick), Vom Was zum Wie. Heideggers Kritik an Husserl als Neukonstitution eines dynamischen Phnomenologiebegriffs , pp. 95113 ; CIMINO (Antonio), Phnomenologie als strenge Philosophie. Perspektiven zur phnomenologischen Idee der Strenge bei Heidegger und Husserl , pp. 114-132 ; ESPINET (David), Intentionaler Blick und aufmerkendes Aufhorchen , pp. 133-151 ; PALETTE (Virginie), Heideggers frher Durchbruch zur Phnomenologie als Kritik des "cartesianischen Weges" in Husserls Ideen I , pp. 152-168 ; SIEGFRIED (Meike), Husserls "Angst vor dem Dasein" und Heideggers "Angst vor der Stimme". Zur Sprachkonzeption in Husserls I. Logischer Untersuchung und Heideggers Sein und Zeit , pp. 169-185 ; HEEFER (Paul), Heideggers Discussion with Husserl on the Being of Truth in 44 of Sein und Zeit , pp. 187-205 ; MCGUIRK (James N.), The Phenomenology of Truth in Husserl and Heidegger , pp. 206-224 ; KEANE (Niall), Heideggers Constructive and Destructive Components. Conscience as a Further Way through Husserls Reduction , pp. 225247 ; PEDERSEN (Hans), Understanding Heideggers Account of Death in Being and Time. Through a Comparison with Husserls Phenomenological Reduction , pp. 248-265 ; MIETTINEN (Timo), Husserl, Heidegger and the Crisis of Europe , pp. 267-286 ; WEIGELT (Charlotte), Only Science Can Save Us. Phenomenology with a Cartesian Face , pp. 287-304 ; RMER (Inga), Zu einer gemeinsamen 25

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RECENSIONS

Alexandre DHELT, Heidegger et la pense mdivale, Bruxelles, Ousia, 2010, 196 p. LA. se propose de traverser lensemble de luvre heideggrienne et den clairer le cheminement et les tournants plus ou moins appuys, en suivant quelques uns des multiples appels et des diverses confrontations la pense mdivale qui la jalonnent depuis son commencement jusqu sa fin. Il opte pour une triple topique pousant la chronologie du chemin de pense. Dans un premier temps (pp. 25-71), il sagit dexaminer les premiers crits en se basant sur la thse dhabilitation, La doctrine des catgories et de la signification chez Duns Scot (1915-1916), consacre pour une partie au corpus scotiste authentique, pour une autre la grammatica speculativa dun pseudoDuns Scot, en loccurrence Thomas dErfurt comme le dcouvrira le mdiviste Martin Grabmann en 1922. LA. montre comment Heidegger sappuie sur la pense mdivale pour se propulser au cur du domaine philosophique le plus pris et le plus discut de lpoque : la logique. Il note galement comment, dans la conclusion de lHabilitationsschrift rajoute en 1916 pour la publication, il se dtache assez nettement de ses figures tutlaires mdivale (Duns Scot) et contemporaines (Rickert, Lask, Husserl) et manifeste sa volont de reconduire la logique son sol mtaphysique en un sens historique, en visant de nouveaux paradigmes philosophico-thologicoreligieux : la mystique et lidalisme romantique, soit Eckhart et Hegel. Dans un second temps (pp. 73-121), lA. se transporte vers une priode dont Sein und Zeit est le cur, mais qui est ici tudie travers le rapport au Doctor Angelici : Cest parce quil incarne au mieux le monde mdival avec lenvoi destinal de ltre qui le caractrise que Thomas dAquin savre si important dans cette criture singulire quest lcriture de lhistoire de ltre (p. 121). Il est trs bien dmontr comment Heidegger entretient un sentiment ambivalent vis--vis de Thomas, simultanment responsable dune synthse douteuse avec la pense ancienne et de la dcouverte de nouveaux chemins de comprhension de la problmatique ontologique ltre de ltant, la diffrence ontologique et de son destin lonto-tho-logie. Dans un troisime et dernier temps (pp. 123-175), lauteur sattarde sur la priode post-Kehre, durant laquelle Heidegger cherche se dgager de la mtaphysique et dterminer la pense venir en tournant et retournant 60

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autour de Matre Eckhart. Il sagit dsormais de repenser ltre de part en part, nouveaux frais et, surtout, partir de lui-mme. Lauteur analyse un trs large panel de textes, en mettant laccent sur la question de la Gelassenheit et toutes celles, constantes dans la pense tardive, qui sy rattachent plus ou moins directement : la technique, la parole, lEreignis, le Geviert, etc. Parmi les qualits de ce livre : une grande clart dexpression, une excellente synthse de nombreux points ardus de la pense heideggrienne impliquant dune faon ou dune autre la pense mdivale, et, finalement, un clairage nouveau et utile sur le Denkweg. Parmi ses carences : loubli des textes cruciaux de la priode 1916-1919 mentionnant Eckhart, Bernard de Clairvaux et Thrse dAvila, le silence quant Augustin et Luther qui ont tant compt pour Heidegger lun et lautre bout du Moyen ge, et enfin la mise lcart dune grande partie de la littrature secondaire notamment rcente en allemand et anglais (Sikka, McGrath, etc.) pour ne sen tenir quaux tudes classiques surtout en franais sur Heidegger et la pense mdivale qui, contrairement ce que dclare lauteur pour justifier son propre travail, rivalisent en quantit et en qualit avec celles concernant le rapport de Heidegger aux philosophies antiques, modernes et contemporaines. En rsum, louvrage ne vient pas bouleverser le champ dtudes, mais il a le mrite den clairer de nombreux recoins et, dfaut dy rpondre, de poser ou de reposer les bonnes questions les questions problmatiques quant au rapport de Heidegger au Moyen ge, parmi lesquelles celle de loccultation mystrieuse des sources de la pense mdivale et de sa diversit intellectuelle, culturelle et cultuelle. Sylvain Camilleri

Franois JARAN, La Mtaphysique du Dasein. Heidegger et la possibilit de la mtaphysique (1927-1930), Bucarest, Zeta Books, 2010, 371 p. Chanon manquant : cest ainsi que la riche tude de Franois Jaran nous semble pouvoir tre qualifie. Chanon, car elle sinscrit dans la stricte ligne des meilleurs travaux francophones sur Heidegger songeons par exemple ceux de Jean Grondin qui, justement, prface ici louvrage de son ancien lve, historien de la philosophie qualifi et gographe chevronn de la Gesamtausgabe, parcourue quelle est par lui dans sa totalit, et mme au-del, comme en tmoignent la prcieuse annexe et la prcise bibliographie quil offre au lecteur. 61

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Manquant, car lA. entend faire ressortir la cohrence insouponne du projet de la "mtaphysique du Dasein" et [] en marquer loriginalit (p. 11-12), clairant par l un sentier du Denkweg heideggrien qui, sil mne de lontologie fondamentale sa mditation ontologico-historiale, restait jusquici obombr par ce quil relie : lHauptwerk (Sein und Zeit, 1927) et leigentliches Werk (Beitrge zur Philosophie, 1936-1938). Cest l le coup de force, et mme le coup de matre de Franois Jaran : en se montrant attentif aux occurrences dun syntagme dcisif o le gnitif sentend en son double sens, mtaphysique du Dasein , il unifie en un tout particulirement signifiant les essais, cours, sminaires, confrences et autres crits dans lesquels Heidegger, pendant 4 ans, sest voulu pleinement mtaphysicien, cependant quil ne lavait pas dsir avant et quil ny tiendra plus aprs. Et laudace de lA. daller plus loin encore, puisquelle consiste non vouloir tracer un portrait complet et exhaustif de lensemble des thmes abords par le penseur fribourgeois dans les textes qui sont les siens de 1927 1930, mais les lire au fil conducteur que constitue chez lui le questionnement sur lessence de la mtaphysique , ce qui revient tenter une caractrisation de la mtaphysique du Dasein partir de la thse de lontothologie (p. 20). Or, sil soffre par l aux coups de la critique, cest avec aplomb et raison que Franois Jaran les prvient. lventuelle objection danachronisme, pour ce quune priode de la pense heideggrienne est ici ressaisie laune dun concept celui dontothologie qui nmerge pourtant littralement qu la toute fin de celle-ci, rpond magistralement la premire partie de son ouvrage. LA. y explique avec clart ce quest ou a t historiquement la mtaphysique et, partant, ce quelle doit tre authentiquement pour Heidegger. Relatant comment ce dernier a hrit, comme tous les philosophes, du problme de lunit de la Mtaphysique aristotlicienne et, comme tous les modernes, de la promotion cartsienne de lhomme, ainsi que de lide kantienne dune disposition naturelle pour la mtaphysique, Franois Jaran sefforce de restituer tous les jalons qui ont prpar, avant 1930, laffirmation de lonto-thologie comme structure essentielle de toute mtaphysique. Aprs avoir dmontr en quoi et pourquoi Sein und Zeit sexcepte de ce schma, il cherche alors montrer quil nen va pas ainsi de la mtaphysique de lexistence humaine conduite, partir de 1927, laune de cette figure centrale quest la transcendance. la possible objection d"isolationnisme", pour ce que la mtaphysique du Dasein est ici envisage de manire atomique lors mme quelle nest quune entreprise transitoire, rpondent proprement les deuxime et troisime parties 62

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du livre. LA. y dcrit avec prcision une double articulation spcifique de la rflexion heideggrienne de lpoque, proccupe par un questionnement thologique, sinon thiologique, et occupe un approfondissement ontologique de motifs anthropologiques. En revenant Aristote, Franois Jaran identifie dabord la raison pour laquelle, ct de ltant comme tel, ltant dans son ensemble fait lui aussi problme, au point quil faudra Heidegger emprunter trois voies diffrentes pour russir laborder et parvenir un concept opratoire celui, transcendantal, de monde. En rappelant les apports de la modernit, lA. met ensuite laccent sur lhomme, sur son rle de fondement et sur la nature de sa libert pour Heidegger, afin dexpliciter la dfinition de la mtaphysique quil finit par proposer comme vnement fondamental dans le Dasein, donc comme possibilit, voire ncessit de ltre que nous sommes. La pertinence du propos nayant dgale que sa transparence sachons apprcier la simplicit du verbe de lexgte quand la parole tudie est rpute difficile , il serait vain dentrer plus avant dans son dtail, sinon pour mentionner ses morceaux de bravoure : le savant rcit de la premire rception de Sein und Zeit (pp. 33-45), la minutieuse chronique des dits et des crits heideggriens de la fin des annes 1920 (pp. 76-87), le bel expos des sources du concept donto-thologie (pp. 137-149) et du monde du Dasein mythique (pp. 193-200), ou encore lexcellente mise au point sur lessence du fondement (pp. 279-301). Quant son mrite, il est vident. Si Franois Jaran, aprs dautres, clarifie les rapports de Heidegger la mtaphysique, il tablit, le premier, la grandeur propre de tout un pan de la pense heideggrienne et non des moindres, puisquil sagit de la mtaphysique mme du penseur allemand, onto-thologique sa manire, du moins double. Son ambition den faire voir galement lunit (p. 334) semble cependant toucher une limite. Dsireux dtablir que la "mtaphysique du Dasein" prsente une entreprise diffrente de celle de lontologie fondamentale (p. 91), en sorte quil sinterdit de faire ce que son prfacier lui-mme se permet, savoir tir[er] un peu Sein und Zeit du ct de la mtaphysique du Dasein (p. 8), lA. nest ni sans convenir qu une "premire" mtaphysique du Dasein a vu le jour dans Sein und Zeit (p. 51), ni sans tenir la seconde de ces mtaphysiques pour son hritire directe (p. 152), ni finalement sans, pour ainsi dire, se ddire, en citant un mot de Heidegger dans lequel celui-ci tient la fois Sein und Zeit et Vom Wesen des Grundes pour lessai dune mtaphysique du Dasein comme ontologie fondamentale (p. 51, n.3). Contradiction apparente seulement : chacun sait bien que lidentit nempche pas la diffrence. Mais linverse est 63

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aussi vrai, et cest pourquoi lA. reste manifestement trop discret sur les raisons du passage par Heidegger la mtaphysique du Dasein voquant simplement linfluence de Scheler (p. 67), lui-mme nen est dupe, puisque estime que cette suggestion nest aucunement une explication complte et satisfaisante (p. 88, n.2). Cette discrtion en amont est certes compense par une belle hypothse en conclusion, celle qui entend rendre compte du dpassement par Heidegger de cette mme mtaphysique par, plutt que le dbat avec la Phnomnologie de lesprit (p. 88), un revirement (p. 327) qui aurait lieu entre la premire et la troisime partie de lessai (p. 326) de 1929. Cet essai, Vom Wesen des Grundes, lA. en fait une pice matresse de sa progression troisime partie , comme dailleurs avant lui le cours du semestre dhiver 1929/1930 deuxime partie ou celui du semestre dt 1928 premire partie , cela parmi dautres rfrences. Mais curieusement, sans tre absente (p. 127, 132, 161, 265, 274), lune delles ne reoit pas le dveloppement auquel ses ressources pourraient laisser croire. Capitale, puisque cest delle que vient la caractrisation de la mtaphysique comme vnement fondamental dans le Dasein, la confrence de 1929, Was ist Metaphysik? , a beau tre signale par Franois Jaran (p. 84-85), elle nest par lui gure tudie, sans doute parce que le projet dune mtaphysique du Dasein ny [est] pas voqu (p. 23). On reconnat l toute la rigueur de lA., soucieux de coller au plus prs dun chantier dont ltendue est nettement circonscrite dans la Gesamtausgabe. Mais lui offrir ses lettres de noblesse ne ncessite-t-il pas galement de se laisser sduire par toutes les richesses de tous les textes appartenant la priode o il est men et, ainsi, den dresser linventaire ? Soit, il y a l fort faire, ne serait-ce quavec Was ist Metaphysik? qui, au cur de la mtaphysique du Dasein, fait le lien entre ce qui la prcde et ce qui lexcde, donc entre lontologie fondamentale par lexprience du nant dans langoisse, sur laquelle revient la confrence et qui rend possible une thiologie ngative et la mditation ontologico-historiale par les rcritures, du moins les rinterprtations successives de cette allocution, dans la postface, puis dans lintroduction qui lui sont jointes en 1943 et 1949. Mais il est parier que les hermneutes passionns de lvolution, pour ne pas dire de lvolutionnisme de Heidegger, sauront travailler produire ce nouveau chanon manquant. En quoi louvrage de Franois Jaran est vritablement pionnier. Christophe Perrin

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Peter TRAWNY, Adyton. Heideggers esoterische Philosophie, Berlin, Matthes & Seitz, 2010, 120 p. En lespace de 118 pages fort denses, Peter Trawny propose une interprtation totalement nouvelle des Beitrge zur Philosophie (Vom Ereignis). Certes, au sein des tudes heideggriennes, la conscience du caractre plus ou moins auto-rfrentiel de louvrage est relle ; mais jusquici, aucune tude globale navait abord srieusement le caractre problmatique de la rfrentialit des Beitrge. Nouvelle galement : la comprhension quoffre lA. de cette rfrentialit prise dans le sens dune pense sotrique ou, pour le dire avec Heidegger, dun instndlichen Denkens (GA 74, 16). En sappuyant sur la figure de ladyton, compris comme un lieu, inaccessible pour les mortels ordinaires, de gurison (p. 7) et de consolation divine (p. 8), lA. sessaie faire comprendre la dimension sotrique de la pense heideggrienne de lEreignis. Et il y russit en tout point. Certes, Heidegger ne parle pas expressment d adyton dans les Beitrge, mais P. Trawny sait montrer prcisment que ce qui est appel par Homre dans le cinquime chant de LIliade Adyton savoir, linaccessible et impntrable domaine o, dans un temple grec, se trouvait le sanctuaire (p. 7) correspond au centre inaccessible de lEreignis heideggrien. Y gagne surtout en clart le concept dEreignis, dfini comme un excs de sens , qui concentre quelque chose dintrieur (p. 96), soit linaccessible de ladyton (p. 106). Au fil du livre sclaire le fait que linitiative sotrique (p. 14) qui est celle de Heidegger est essentiellement lie la question de la possibilit de la philosophie, aussi bien qu la dtermination de son lieu et de ses destinataires. La thse de lA. selon laquelle la pense sotrique de Heidegger va de pair avec une politique sotrique (p. 35) est particulirement intressante. Le salut de la prise de pouvoir des national-socialistes par celui-ci peut tre compris comme le salut dun lan anti-moderne (p. 33) correspondant au geste platonicien dune prise de pouvoir de la philosophie en matire de politique universitaire (p. 34). Aprs lchec du rectorat cependant, Heidegger revient sur la comprhension de la publicit quil a prsente dans Sein und Zeit. La publicit est foncirement non philosophique, puisque elle est un dplacement et une dformation de la langue (p. 31) qui renvoient la fausset et lalination (p. 30). Ltude laisse transparatre bientt le fait que les traits hermtiques des textes des Beitrge ne sont pas fortuits, mais rsultent du centre inaccessible de lEreignis, qui fait leur ncessit. Les Beitrge sont ainsi un livre secret (p. 41) 65

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dont le but est de dire lindicible sans le priver son "intgrit" (p. 46). Cependant, puisque le mot ne peut sempcher de chosifier, ltre requiert son propre langage (p. 48). Seule la posie de Hlderlin apparat comme le paradigme dune autre langue (p. 87), qui permet au centre inaccessible de lEreignis, donc de ladyton, de se faire connatre. Le difficile accs la pense de lEreignis dans les Beitrge repose justement sur le fait que Heidegger est le premier destinataire (p. 45) de la voix silencieuse de ltre, si bien que les Beitrge ne dcrive aucun appel, mais plutt une rponse (p. 62). LEreignis est le parfait mlange du sens et de la sensibilit, ce qui, toutefois, exige toujours une capacit se laisser toucher. Pour Heidegger, la philosophie est un savoir magistral (GA 65, 34, 43, 44, 59, etc.) qui ne reoit sa lgitimation que de la domination de l tre. Et bien quelle nappartienne fondamentalement aucun lieu, il est ncessaire quelle satteste par del tous les lieux publics au-dedans de son foyer dans lintime (p. 109). Nappartient donc pas seulement la pense sotrique de Heidegger un caractre ducatif (p. 63) et prparatoire (p. 86), mais encore une dimension rotique (p. 101). Que lEreignis ait quelque chose drotique, Heidegger lui-mme le confirme, lorsquil parle dun giron pesant de lEreignis (GA 74, 47). Cest pourquoi lA. dcrit la recherche heideggrienne de lintimit et de la patrie par rapport la conduite de Heidegger vis--vis des femmes. Heidegger na pas simplement fait de la philosophie, il la bien plutt vcue, et comme tout philosophe qui se respecte, il ntait jamais la recherche dautre chose que ceci : un vrai lecteur (p. 102). Au fond, la philosophie sotrique de Heidegger peut tre comprise cest la thse principale de ce livre comme une rponse linaccessible de ladyton (p. 106). Grce cette interprtation, Peter Trawny est capable de renouer les fils de la pense de lEreignis dune manire originale et convaincante. nen pas douter, Adyton est un livre que tous ceux qui sintressent la pens tardive de Heidegger en gnral et la question lEreignis en particulier gagneront lire et mditer. Diana Aurenque traduit de lallemand par Christophe Perrin

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Bret W. DAVIS (d.), Martin Heidegger. Key Concepts, Durham, Acumen, 2009, 288 p. Bret W. Davis est lauteur de Heidegger and the Will. On the Way to Gelassenheit (Northwestern University Press, 2007), lune des plus impressionnantes et perspicaces monographies des dernires annes sur le philosophe allemand. Avec Martin Heidegger. Key Concepts, B. Davis veut offrir un recueil qui creuse lcart (p. xi) entre les textes introductifs, dont on est loin de manquer, et les tudes crites par et pour les spcialistes qui ne sont pas moins abondantes. cette fin, lA. a slectionn quinze experts qui, quatre exceptions prs, sont des universitaires amricains, en leur demandant de faire un pas en arrire pour expliquer clairement et de manire concise leur comprhension des concepts cls de leur champ dexpertise (p. xi). Le rsultat est un recueil de presque 300 pages, divis, aprs lintroduction, en 17 chapitres Davis en a crit deux concernant, entre autres concepts, la phnomnologie, ltre-au-monde, le souci , le tournant , la vrit, lart, l Ereignis , la volont, la technique, Dieu, et le langage. Il faut dire que lutilit dun tel projet nest pas certaine, mme en remarquant que Heidegger. Key Concepts est le plus rcent livre dune collection croissante, dont cinq sur dautres philosophes du XXe sicle ont dj paru. Cest dire que lon peut se demander qui pourra lire un tel texte sur Heidegger avec profit. Les doctorants et les spcialistes ny renverront point puisque, a priori, ils trouveront ailleurs des analyses plus longues et plus sophistiques des mmes auteurs dailleurs. Restent alors les tudiants moins avancs. Il savre ainsi que Martin Heidegger. Key Concepts est finalement un texte introductif dune facture particulire. En lucidant le concept qui est le sien, chaque auteur na pas beaucoup plus quune dizaine de pages, ce qui ne facilite pas du tout sa tche. Naturellement, tous les auteurs ne sen acquittent pas avec le mme degr de succs, et le lecteur rencontre deux problmes typiques. Le premier est li la brivet des chapitres par rapport limportance du concept trait : ainsi les neuf pages sur lart de Jonathan Dronsfield ont beau tre claires et concises, elles ne suffiront pas ltudiant dsireux de comprendre plus que le simple cadre de la question chez Heidegger. De fait, il est probable quun tel tudiant gagnera du temps en consultant directement dautres sources. De mme, le premier chapitre sign par Theodore Kisiel sur le concept de facticit chez le jeune Heidegger requiert des analyses beaucoup plus longues par lui bien sr fournies ailleurs pour tre intelligible ltudiant qui se familiarise la 67

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pense heideggrienne. Le deuxime problme concerne les partis pris des auteurs : dans le chapitre sur die Kehre chez Heidegger par exemple, Thomas Sheehan annonce que la question de ltre se rduit la question du sens, et que lide mme de ltre provient dune mtaphysique prphnomnologique du ralisme objectif (p. 83). Les lecteurs familiers avec les travaux de lauteur reconnatront la thse, mais, quoiquils en pensent, se demanderont sans doute si, tant donn sa distance par rapport ce que dit Heidegger lui-mme, elle convient un volume qui servira surtout orienter le non-spcialiste. Martin Heidegger. Key Concepts contient pourtant quelques contributions de qualit et dune grande clart sur des concepts basiques, et ltudiant profitera notamment des chapitres sur ltre-au-monde (Timothy Stapleton) et sur le souci (Charles E. Scott). Mais, dune manire gnrale, le plus utile de tous les chapitres est celui qui se diffrencie des autres par sa longueur (27 pages) et par son approche : celui que signe Bret Davis lui-mme et qui trace, sous la forme dun abrg, les positions changeantes de Heidegger par rapport la question de Dieu de 1911 jusqu 1968. Mark Sinclair

ESPINET (David), Phnomenologie des Hrens. Eine Untersuchung im Ausgang von Martin Heidegger, Tbingen, Mohr Siebeck, 2009, 266 p. Cet ouvrage concis, tir dune thse de doctorat, est la premire monographie denvergure entirement consacre limportant thme de lcoute chez Heidegger, simple fait qui mrite dtre salu au-del des qualits videntes inhrentes cette tude. Si la thse centrale de David Espinet postule un oubli de lcoute (Hrvergessenheit, 2) dans lhistoire de la philosophie, oubli dont il sagira de retracer quelques tapes dcisives de la Wirkungsgeschichte, cest aussi, paralllement, pour esquisser une pense de () lcoute (hrendes Denken) : lA. entend ainsi complter la dfinition de la phnomnologie au 7 de Sein und Zeit ( faire voir partir de soi-mme ce qui se montre de telle sorte quil se montre partir de soi-mme ) par son corollaire ( faire entendre ce qui se donne entendre par lui-mme ) en exploitant les possibilits mmes offertes par le corpus heideggrien. Cet objectif se nourrit dune thse gntique sur lvolution du thme de lcoute chez Heidegger : lA. parle dun tournant heideggrien vers une phnomnologie de lcoute comme 68

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seconde phnomnologie hermneutique dont le pivot central serait la lecture dHraclite (fr. 50), essentiellement dans le cours du semestre dt 1944, Heraklits Lehre vom Logos (GA 55). Les analyses du corpus heideggrien, fines et claires, seffectuent bonne distance critique, sans tomber jamais dans le jargon dcole. Sur le thme de lcoute, louvrage, quon peut dores et dj dire de rfrence, donnera des aperus nombreux et instructifs pour lexgse heideggrienne. Mais si Heidegger est un modle pour le moins lgitime, car, lauteur le montre tout au long de ses investigations, il est sans doute parmi les penseurs postnietzschens celui qui a accord lcoute la place la plus minente, les analyses proprement phnomnologiques de lexprience de lcoute et des conceptualits qui en procdent sont conduites sur un mode autonome et original. Dans une premire partie de louvrage, David Espinet tudie ladite Hrvergessenheit, qui serait intrique avec une obsession du voir, en se concentrant sur Aristote et Platon. Lapproche parat assez typiquement dconstructrice , dans la mesure o lauteur critique le primat du modle optico-eidtique de la pense travers lopposition suppose du voir et de lentendre pour en renverser, ou compliquer, la hirarchie. En bon disciple du premier Heidegger, lauteur sollicite le paradigme critique de linterprtation grecque de ltre comme ousia pour critiquer le souci du voir et la curieuse et remarquable prsance du "voir" (Sein und Zeit, 36) dans le contexte de la gense existentiale de lactivit thortique. Dans les 3-5 consacrs Aristote, lA. part donc de Mt. I, 1, 980 a 21-24 ( 3), passage combin, ailleurs, Pol. I, 2, 1253 a 9-19, et du De sensu, 1, 437 a 3-17 ( 4). La prdominance du modle optique pour la constitution du savoir, prdominance qui fera tradition travers la rception de ces passages, et le refoulement de lcoute juge inessentielle, cest--dire accidentelle , seraient directement lis la prsance inquestionne de lousia. Ltude de Platon ( 6), notamment du Sophiste, mene selon cette mme perspective critique, est galement oriente par le paradigme de lousia. Lun des aspects intressants de ces analyses et de la mthode gnrale de lauteur, remarquons-le, est de relier le paradigme critique de lousia, avec toutes les consquences dveloppes par Heidegger, une approche mtaphorologique ( 2). La mtaphorologie de Blumenberg, en effet, est dun concours fcond pour la phnomnologie de lcoute esquisse par lauteur, qui part ainsi de la Grundmetapher de la lumire et du soleil pour ausculter la pense hliotrope , oppose une pense auditive . De l il ny a quun 69

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pas, soit dit en passant, qui spare lauteur dun questionnement sur les conditions doprativit de la phnomnologie, dpendante, dans son dsir de voir la chose mme en son pur apparatre, de la lumire comme mtaphore de la vrit . Selon sa thse dun tournant , opr par le second Heidegger, vers une phnomnologie hermneutique de lcoute, lauteur affirme que les impulsion dcisives tires des premires lectures de Platon et surtout dAristote, impulsions bien identifies et examines, ne resurgiront que plus tard, dans la lecture dHraclite ( 5), point nodal o David Espinet puise ses ressources pour procder une vritable rhabilitation de lcoute dans ses phnomnes multiples et de la dimension acroamatique de lhermneutique (Riedel), effectue dans la deuxime partie de louvrage. ce propos, il est peut-tre permis de se demander si une prise en compte de la strate thologique du corpus heideggrien net pas quelque peu inflchi cette thse. La problmatique de la foi comme coute, noue laffect, du Verbe divin adresse loreille de la crature gare , parat en effet tout fait dterminante pour le premier Heidegger, comme en atteste limportance que celui-ci accorde laudire luthrien dans son expos de 1924. Cest aussi, probablement, cette dimension acoustique, structurellement transpose dans lanalytique de lappel de la conscience dans Sein und Zeit, qui met disposition lun des outils pour subvertir le primat de la concupiscentia oculorum, cellule orxique de lattitude thortique, et pour critiquer, plus gnralement, le modle optico-eidtique de la philosophie, ne serait-ce qu travers la critique luthrienne de la scolastique comme thologie de la gloire ( ontologie du monde ), cest--dire ce qui deviendra plus tard la structure onto-tho-logique de la mtaphysique prtendant dfinir Dieu tel un objet visible. Si lA. peroit dans lanalytique de la conscience ce tournant vers lcoute (Wende zum Hren, 10), cest--dire le germe dun contrepoint au paradigme visuel, mais qui ne viendrait closion que dans les mditations heideggriennes sur le logos acroamatique dHraclite, il sappuie surtout sur certains passages dAristote comments dans le cours de 1924. L aussi, on peut se demander, tout en sappuyant sur les analyses de ces passages menes avec perspicacit, surtout dth. Nic. I, 13, 1102 b 28 1103 a 1 sur lcoute a-logique ( 5), si le cadre gnral de lexgse du cours de 1924, la doctrine des passions dans la Rhtorique dAristote, ne fournit pas quelques indices prcieux pour cerner le phnomne de lcoute ds Sein und Zeit. supposer, en effet, que Heidegger se rapproprie la rhtorique aristotlicienne sous la forme dune hermneutique systmatique de la 70

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quotidiennet de ltre ensemble (Sein und Zeit, 29), lanalytique de lappel de la conscience, dcidment le lieu de lcoute dans le matre-ouvrage, nimplique-t-elle pas, sous le signe dune communication indirecte kierkegaardienne, loreille dun auditeur ou dun lecteur virtuellement transformable par ses passions et susceptible dentendre, ou non, cet appel exhortatif lexcellence du Dasein : tolle, lege ? Appel mis par la voix de lami , que lauteur reconduit par ailleurs Hlderlin, plutt qu Aristote (th. Nic. IV, 12-13). Quoi quil en soit, cest bien la question (aborde au 16), de l intersubjectivit et du statut rhtorique de la voix adresse autrui qui pourrait simposer plus nettement encore une mditation sur lcoute dans Sein und Zeit. Sur ce point, lanalyse du refoulement de lcoute, qui permet lauteur de critiquer le schme suppos dominant de la pense optique, semble pouvoir tre explicitement associe, dans une perspective blumenbergienne, au refoulement mtaphysique de la rhtorique. Il faut galement signaler lexamen convaincant de lattentionnalit dans son rapport lintentionnalit, et de lcoute, dans les Ideen I, 92 et ailleurs ( 9). Lauteur en conclut que Husserl sinscrit sans reste dans la tradition visuelle, contrairement son lve Heidegger, mais, l aussi, certains lments pars permettraient dapporter quelques nuances, sans contester le diagnostic global, par exemple le passage dans les Ideen, II (Hua IV, 95) sur le rle de la Verlautbarung dans la constitution de soi et de lautre. On regrettera ce propos labsence de discussion des phnomnologues post-heideggriens qui ont pu travailler le thme de lcoute, notamment autour de la problmatique de lappel, en contestant le principe de visualisation de la phnomnologie husserlienne, le principe de tous les principes quest lintuition originairement donatrice (Ricur, Levinas, Chrtien, Henry, Marion surtout). Lauteur, nen pas douter, aurait pu y trouver plus dune impulsion pour nourrir ses mditations, de mme dans la confrence de Derrida, Loreille de Heidegger , pourtant cite dans lintroduction. Au-del des questions relatives aux sources externes et la gense interne du corpus heideggrien, videmment ouvertes la discussion, cest la question du rapport entre voir et entendre sous langle de la corporalit qui se trouve pose dans la troisime partie de louvrage. On notera demble les analyses intressantes du cours de 1929/30 sur lorganicit et la corporalit de lcoute ( 22), premire tape pour ancrer lcoute dans l oreille charnelle . Lauteur entend en effet renraciner lcoute dans le corps (Leib), la faveur dune synesthsie , voire dune polyphonie des sens. Les qualits mtaphoriques de l il ou de l oreille , de la vue et de l coute , 71

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impliquent une problmatisation des facults sensitives dans leur entrelacement, polyphonie des sens qui, selon lauteur, se rduirait aprs Hraclite, mais pourrait se retrouver dans le concept heideggrien de terre (Erde) comme archi-sensibilit pour lexplicitation de laquelle on aurait pu sattendre, cependant, plutt qu la petite phrase de Proust, Hlderlin et sa nature sacre (heilige Natur : chaos et phusis) dont Heidegger prtend entendre le chant matutinal dans Lorigine de luvre dart et ailleurs ( 23). Au dbut de louvrage, David Espinet citait comme indice conducteur de ses recherches le diagnostic de Bernhard Waldenfels : Notre ontologie occidentale aurait un aspect diffrent si elle stait moins appuye sur la vue, et davantage sur lcoute . En avanant sous lgide du second Heidegger hracliten, qui noue indfectiblement le voir et lentendre sur un mode chiasmatique et synesthsique (wenn das Denken hrend blickt und blickend hrt), lauteur vite pourtant ce diagnostic un peu massif port sur l ontologie occidentale et la prtendue antithse entre le visible et laudible (dont Philon dAlexandrie ne saurait tre tenu pour responsable), en permettant dentrevoir le phnomne de leur intime identit : in animo non est aliud atque aliud videre et audire. Christian Sommer

Ladelle MCWHORTER & Gail STENSTAD (ds.), Heidegger and the Earth. Essays in Environmental Philosophy, Toronto, University of Toronto Press, New Studies in Phenomenology and Hermeneutics, 2009, 269 p. Ce collectif souvre sur un avertissement : la terre est dans une situation de plus en plus prilleuse, et cest rien moins que lavenir de notre plante qui est en jeu dans la dtermination technologique continue, pour lhumanit, de son environnement. chercher une solution ce problme, la tentation est grande de sombrer dans une pense calculante qui mne laction immdiate, au pragmatisme technologique une pense qui a men lhumanit la situation fcheuse qui est la sienne actuellement. Nous sommes appels au contraire, selon Heidegger, demeurer dans la pense elle-mme comme une rponse paradoxale la ncessit apparente de laction, dans lespoir que cela rvlera lhumanit la vrit dmesure de lomnipotence humaine, ainsi que sa tendance inhrente au nihilisme, en sorte que les hommes puissent souvrir une pense non-technologique. 72

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Sous cet clairage, lintention qui est celle de ce florilge dessais nest pas de chercher une rponse nos problmes cologiques actuels, mais plutt dappeler la pense et de sinterroger sur la faon dont nous pensons la relation humaine la terre. cette fin, les contributions de louvrage sont exposes en trois sections distinctes. Un premier groupe, intitul Thinking Earth ( Penser la terre ), porte sur la faon dont Heidegger rlabore les notions de terre et de technique, comme sur la manire dont, par l, une voie nous est offerte pour transformer la comprhension qua lhumanit de sa relation lcologie. Regroups sous le titre : Animals and the World ( Les animaux et le monde ), les textes qui appartiennent la deuxime section traitent de la question du monde animal dans le travail de Heidegger, surtout quant ses implications thiques. La section finale se nomme Posis and Dwelling ( Poisis et habitation ) et consiste dans une analyse des rflexions de Heidegger sur la pense potique et sur la faon dont elles peuvent clairer une comprhension plus fondamentale de ce que signifie pour ltre humain habiter la terre. Nayant pas lespace ncessaire pour examiner chaque contribution du volume, nous en choisirons trois, une par section, selon leur mrite philosophique distinctif. La premire section commence par un essai de Ladelle McWhorter, qui cherche faire apparatre le sentiment de culpabilit de lhumanit moderne comme un mode de domination technologique de la terre par dautres moyens. McWhorter soutient que lappel fait par Heidegger la rflexion, par laquelle la pense permet au monde de se manifester tel quil est plutt que de le dominer, nest pas lappel au quitisme que le lecteur de Heidegger, indign dun point de vue thique, pourrait croire. Heidegger est plutt vu comme celui qui met en doute cette conduite du sujet humain consistant contrler son monde, et qui sinterroge sur le fait de savoir si les hommes contrlent une telle conduite ou sils lui sont en fait eux-mmes soumis. La socit humaine est encore encline rsister un tel appel de faons diverses, dont une est le sentiment de culpabilit. La culpabilit, voil ce qui est avanc, empche les coupables de faire attention aux institutions technologiques et les mne plutt se concentrer sur le sentiment de culpabilit chez ceux dans lesquels il surgit. Ainsi, en nous appelant laction plutt que de donner cours la rflexion, la condamnation morale de Heidegger, en tant que champion du quitisme, savre laffirmation dune pense technologique. Lessai de Donald Turner, dans la deuxime section, constitue une tentative pour retracer lvolution de la pense de Heidegger sur les animaux et pour y dceler limpulsion pour une rvaluation de leur statut thique. Donald 73

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Turner situe la pense de Heidegger entre lide de Bentham selon laquelle les animaux sont des tres dous de sensations qui mritent une considration thique, et lexclusion des animaux par Kant hors de la sphre thique en raison de leur manque de raison. On voit que la pense de Heidegger se situe quelque part entre la clart de ces deux conceptions opposes, puisquil considre les animaux comme tant la fois semblables et diffrents des hommes sur des points importants. En dautres termes, les animaux sont, pour Heidegger, pauvres en monde ils ressemblent aux hommes dans la mesure o ils ont des mondes, mais ils sen distinguent dans la mesure o ils sont prisonniers de leurs mondes et que ce nest pas librement quils forment leur monde comme tel. Cette diffrence ontologique est ce que Donald Turner invoque pour soutenir une approche diffrente de la position thique quant aux animaux. Une pense intresse par ltre plutt que par le calcul permettra aux animaux de simposer dans une nouvelle relation thique lhomme qui, en tant que berger de ltre comme il est dit, se souciera des animaux en tenant compte de leur tre mme. Dans la section finale, Remmon Barbaza essaye dappliquer la pense sur la posie de Heidegger une peinture du peintre et architecte philippin Juan Apellano, comme Heidegger le fait dans Lorigine de luvre dart avec la peinture des souliers de Van Gogh. linstar de Heidegger, Remmon Barbaza, dans la rflexion quil mne sur cette oeuvre dart, cherche montrer comment ce qui est obscur dans ltre est ici mis en vidence et comment la chose fait apparatre le monde sous un jour nouveau. Cependant, la diffrence de Heidegger, Remmon Barbaza met laccent sur la signification thique quentrane, selon lui, cette rvlation. Son argument consiste dire que loeuvre dart tablit la mesure dun espace primordial dans lequel les hommes sont amens habiter la terre, gagnant ainsi leur libert. Ainsi les hommes sont libres dhabiter la terre et par l de vivre dans leur monde, vivre dans leur monde signifiant en venir certaines manires de se comporter avec respect, ce qui revient dire quils disposent de certains modes thiques dexistence par lesquels ils en viennent tre dans le monde en tant quun peuple. Habiter la terre doit donc tre un acte thique, laissant les hommes libres de rpondre, ds lors, la menace technologique. Dans la peinture dApellano, ce qui est obscur dans ltre survient et nous appelle rpondre en reconnaissant ce qui est en danger si nous refusons de reconnatre lappel savoir, la perte dune place o habiter. De manire gnrale, ce collectif consiste en un exercice prolong pour penser la relation humaine lcologie et ses responsabilits cologiques au 74

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del des frontires de la pense mtaphysique traditionnelle. Comme tel, il offre un expos sympathique et provocateur de la pense de Heidegger, tenue pour une faon douvrir de nouveaux chemins la comprhension de ltat prcaire de la terre lpoque qui est la ntre, et ainsi douvrir la possibilit dviter ce que lon considre comme une catastrophe menaante pour notre plante. Comme tel, ce livre ne peut qutre conseill. Dominic Kelly traduit de langlais par Christophe Perrin

Friedrich-Wilhelm VON HERRMANN, Hermeneutische Phnomenologie des Daseins. Ein Kommentar zu Sein und Zeit . Band III. Erster Abschnitt: Die vorbereitende Fundamentalanalyse des Daseins 28 - 44, Francfort-sur-le-Main, Vittorio Klostermann, 2008, 304 p. Voici le troisime tome de lindispensable commentaire de F.-W. von Herrmann consacr Sein und Zeit, intelligemment rsum sous le titre prcis dune phnomnologie hermneutique du Dasein . Dieu merci, la question de savoir sil faut prfrer (donc opposer) la phnomnologie lhermneutique ne se pose pas outre-Rhin. Von Herrmann a raison de soutenir que les deux sont parfaitement solidaires dans Sein und Zeit. Cette approche limpide lui permet de lire, et dclairer, tous les paragraphes de SZ en tenant compte de la richesse phnomnale quils portent au jour, mais aussi de leur attention ce que la phnomnalit recle et que seule une destruction hermneutique (il sagit dun autre plonasme pour Heidegger) permet de comprendre. Le premier tome de ce grand et patient projet avait paru en 1987, vou tout entier aux denses 40 pages de lintroduction. Il fallut attendre 2005 pour pouvoir lire son second tome portant sur lanalyse de la mondanit des 9 27. Von Herrmann y promettait la parution prochaine de la suite et il a tenu parole. Le consciencieux commentaire de SZ a maintenant trouv sa vitesse de croisire. Ce troisime tome, ddi Walter Biemel, le Nestor de la phnomnologie , se penche sur ce que lon pourrait appeler le cur hermneutique de luvre, car cest dans les 28-44 que Heidegger aborde le thme cardinal de ltre-dans ou de louverture du Dasein. Dans sa prface, lauteur marque bien certains des principes qui guident sa lecture. Il rappelle dabord la distinction quil y a lieu de faire entre deux phnomnes que lon 75

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confond trop souvent, la quotidiennet et linauthenticit : la premire correspond lexistence mene dans ce que Husserl aurait pu appeler la vie prscientifique, alors que la seconde a trait aux deux grands modes daccomplissement de lexistence. Les deux ne se recoupent nullement, car il peut y avoir authenticit dans la quotidiennet. Une remarque fondamentale a trait la notion de Dasein : le l du Dasein, soutient von Herrmann, nest pas le nom de tout ce que lon pourrait dire propos de ltant qui mrite ce titre. Ce l nomme plutt et constamment une double ouverture : dune part louverture extatique (selbsthaft-ekstatische) que lexistence a propos dellemme, dautre part une ouverture horizontale, moins souvent aperue, grce laquelle souvre ltre de ltant. Le commentaire parle parfois son sujet dune ouverture universelle . Von Herrmann nous aide voir que ces deux ouvertures restent toujours prsentes lesprit de Heidegger. Fort de ce fil conducteur, son commentaire dmontre avec rigueur comment les existentiaux, loin de former une rhapsodie, dcoulent les uns des autres : louverture est dabord passionne (par la Befindlichkeit, 29, dont la peur fournira lillustration au 30), mais cette passion comporte toujours sa comprhension (Verstehen, 31), qui vient se comprendre elle-mme en sexplicitant (Auslegung, 32). Lnonc ( 33), et ds lors toute la logique qui se construit sur sa primaut, incarne pour Heidegger un mode driv de cette explicitation. La Rede (discours, parler, 34) prsente un mode plus originaire de lAuslegung, mais dont la version dchante, qui la suit comme son ombre, est le Gerede, le potinage ( 35), avec ses tentacules, la curiosit ( 36, qui opre un dtournement de la Sicht du Dasein), la duplicit (Zweideutigkeit, 37) et la dchance (38). Si la totalit originaire du Dasein ( 39) doit tre prise en vue, il est besoin dune exprience insigne qui rveille cette Erschlossenheit (ouverture) du Dasein lui-mme ( 40), langoisse, laquelle permet de rsumer ltre du Dasein comme souci ( 41), que viendra attester la fable de la cura ( 42). Les notions dexistence, de ralit et de monde sen trouvent redfinies dans une perspective qui nest plus celle de lpistmologie ( 43) et il devient possible de reconqurir le problme originel de la vrit dans le 44, le plus long de luvre, o Heidegger dploie sa clbre analyse de laletheia. Dans cette succession, tout coule de source. Cette source est la double ouverture, existentialo-extatique et horizontale, du Dasein et tout y retourne, comme le confirme lintitul prodigieux du 44, lui-mme volontairement tautologique , Dasein, ouverture et vrit . En fin interprte, von Herrmann a bien vu que ce paragraphe permettait non seulement la transition la seconde section de SZ, mais tout autant sa troisime section (ici p. 244), 76

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Temps et tre , car le 44 (comme le 43) voque la vrit de ltre luimme, o Heidegger entrevoyait dj la vrit la plus originaire . Les notes marginales de Heidegger, bien utilises par von Herrmann, y insistent en parlant de lmergence ou de la physis de ltant dans son ensemble comme de lvnement primitif de laletheia, mme si elles se dploient parfois dans la perspective un peu plus tardive de lhistoire de ltre. Mais ce que lon comprend ici, cest comment tout se prparait dj dans SZ. Il ny a dailleurs rien dexceptionnel ce que le fruit excde ce que laissait esprer le bourgeon. Ces perspectives sont si lumineuses que cest presque le commentaire de la troisime section de SZ que lon attend avec le plus dimpatience. Cette section tant dtruite, Heidegger la trs tt confi son lve von Herrmann, ce commentaire naura bien entendu jamais lieu, mais on peut sattendre ce que le commentaire de la seconde section, moins lue en France, nous aide considrablement comprendre lnigme de cette fascinante troisime partie, qui relve des agrapha dogmata du penseur. Son chec aura permis lclosion de sa seconde pense. Tous ceux qui connaissent et admirent luvre de Friedrich-Wilhelm von Herrmann savent lintrt quil a toujours port cette troisime partie, cette tentative de penser la vrit, lclosion et ds lors le temps de ltre lui-mme (rappelons quil en avait dj longuement trait dans son livre de 1991, sur Les problmes fondamentaux de la phnomnologie de Heidegger. propos de la deuxime moiti de Sein und Zeit, mais dj dans sa thse de 1964 sur lautointerprtation de Heidegger). Il est lun des rares commentateurs, en fait le seul, avoir devin, et compris, que le texte le plus important et le plus rvlateur que Heidegger ait jamais rdig est peut-tre celui quil na pas vraiment crit ou quil a dtruit, Temps et tre . Peuttre na-t-il jamais vraiment cess de lcrire. La grande vertu du commentaire, littralement im-manent , de von Herrmann est de faire apercevoir cet impens de Sein und Zeit, ltre qui se donne comme temps. Jean Grondin

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INSTRUMENTUM CONCORDANCE HEIDEGGER par Franois JARAN & Christophe PERRIN Index nominum Antiquit I (Les Prsocratiques, VIIIe Ve s. av. J.-C.)

ALCMON [Alkmaion] 22 42 ANAXAGORE [Anaxagoras] 9 142 15 129 22 36, 54, 78, 80, 81, 218, 219, 241-244 26 14, 220 27 169, 241 62 129, 155, 156, 157, 159, 164, 323 88 234 ANAXIMANDRE [Anaximander, Anaximandros] 5 321, 322, 323, 325, 327, 329, 330, 338-343, 351-354, 366, 368371 6.1 62 6.2 123 9 242, 369 10 158 16 747 19 90 22 36, 54, 217-218, 227-229 35 1-3, 6, 812, 15-19, 21, 25, 27, 31, 32, 46, 100, 101, 142, 182, 186, 193, 201, 203, 207-209, 211, 213, 220-226, 228, 230-232 40 175 45 136, 193, 221, 222 46 6, 334, 349 49 57 51 94, 95, 98, 101, 102, 107, 109, 110, 114, 116, 117 54 2, 4, 10, 16 55 4, 5, 22, 41, 174, 330, 339 62 156 65 190, 232, 424, 460 66 273, 379, 415 69 172 71 39 75 323 78 1-4, 69, 11, 15-17, 19-23, 25-26, 28, 29, 31, 34, 35, 40, 43-46, 48, 50, 51, 53, 55, 60, 64, 98, 99, 101, 78

103-112, 115-117, 119, 121-123, 128, 130, 131, 133, 135, 139, 143, 144, 152, 155, 158, 160, 161, 164, 183, 185, 187, 192, 193, 202, 216-221, 223, 224, 226-235, 237, 238, 240, 242, 243, 245, 247, 248, 257, 259, 269-271, 273, 275, 276, 305, 314, 319, 321 81 137 86 931 89 45 90 253, 292 ANAXIMNE [Anaximenes] 18 114 22 36, 54, 217, 230 ANTIPHON [Antiphon, antiphonisch-] 9 265-267, 272-274, 282, 293, 298 19 628 22 84 62 132, 133 76 16 90 124 ANTISTHNE [Antisthenes] 15 377 508-511, 582, 648 275, 278 22 53, 90 CRATYLE [Cratylos, Kratylos] 19 647 22 43, 94 19 500, 502-504, 506, 514, 551, 569, 581, 22 17, 127, 134, 273, 33 23

ARISTOPHANE [Aristophanes]

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DMOCRITE DABDRE [Demokrit, Demokritos] 9 268 18 230, 231, 240 19 2, 646 21 373 22 14, 39, 79, 80, 81, 82, 89, 219, 220, 241, 242, 244, 245, 278 33 98 34 134, 293 36/37 227 41 80, 81, 211 58 89, 212 62 129, 323 69 155 87 17 EMPDOCLE [Empedokles] 4 44, 45, 56, 70, 128 17 8 18 240 19 442 22 36, 42, 80, 82, 89, 217, 241-245 29/30 271 39 215, 258 42 90, 96 52 82, 101, 102 53 70 55 30 62 155, 156, 165 66 420, 426 70 167 71 249, 331, 332 75 331, 335, 336, 337, 338 87 197, 206 SCHYLE [Aischylos] 5 77 7 214 15 56, 94, 278 16 120 31 8 35 11, 210, 211 36/37 144 53 120 54 108, 165 55 316 66 3 75 224, 225, 237, 242 EURIPIDE [Euripides] 4 70, 174 76 301 GORGIAS [Gorgias] 19 309, 628 21 19 22 84, 87, 247, 248 HRACLITE [, Herakleitos, Heraklit, Heraklitismus, heraklitisch-] 1 46 2 290/ SZ 219 4 160, 179 5 29, 105, 280, 338, 345, 353, 369-371 6.1 16, 19, 62, 297, 298, 311, 364, 365, 417, 446, 79

453-456, 539, 570, 591 6.2 2, 5, 97 123, 202, 346, 422 7 124, 213-234, 242, 252, 260, 265-288 8 47, 81, 110, 112 9 142, 223, 234, 242, 279, 300, 354-356, 434, 436 10 69, 95, 103, 161, 163, 165, 168, 169 11 14, 15, 17 13 71, 72 14 58, 62 15 11-18, 20, 22-26, 29, 31-34, 36, 37, 41, 43, 45-51, 53, 54, 62, 64, 66, 67, 70-72, 74-82, 84-92, 94, 96, 97, 98, 102, 104-106, 109, 110, 112114, 116-121, 123-126, 128, 130132, 134-136, 138, 141, 142, 146, 148-158, 160, 162, 164, 166, 168-170, 172, 174, 175, 178, 180, 183-185, 187, 189-191, 194, 198, 200, 201, 205, 206, 213, 215, 216, 220, 230, 241, 242, 247, 250-253, 256-259, 265, 271, 273-283, 302, 343, 399, 400 16 156, 283, 379, 687, 689 18 157 19 237, 442, 489, 503, 641 22 36, 43, 51, 56, 57-61, 62, 72, 79, 83, 86, 94, 109, 115, 217, 229-234, 242, 249, 313 24 444 26 219, 220, 273, 281 27 23, 241 29/30 34, 40, 41, 44, 47 32 204 33 5, 122 34 13-16, 157 35 20, 101, 133, 142, 218, 222 36/37 89, 90, 95, 115, 117, 119, 120 38 111, 112 39 105, 123, 125-129, 133, 134, 249 40 66, 104, 105, 111, 121, 122, 134143, 145, 148, 153, 175, 179, 186, 200 42 117, 140, 281 43 21, 24, 25, 75, 289 44 25, 81, 82, 96, 153, 154, 227, 243 45 178,

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222 46 6, 28, 101, 131, 138, 176, 177, 195, 196, 203, 211, 259, 265, 318, 343, 344, 349, 374, 375 47 32, 39-43, 45, 46, 68, 69, 200, 245-247, 270, 276, 279, 316 48 118, 179 49 57, 166 50 113, 130, 136 52 33, 101 53 133 54 1-4, 9, 10, 16, 26, 28, 160, 218 55 [in toto] 62 131, 138, 212 65 264, 265, 360, 457, 460 66 299, 385 67 6, 89, 96, 118, 135, 151, 162, 166, 197 68 55, 77 69 88, 89, 132, 172 70 98, 101, 102, 147, 161 71 13-16, 20, 21, 2629, 55, 56, 60, 61, 66, 69-71, 259, 322 74 6, 31, 60, 69, 169, 170, 185 75 16, 229, 230, 233, 236, 239, 293, 295, 376 76 15, 21-25, 27, 31, 32 77 55, 151153, 167, 169, 171, 172, 177, 178, 185, 186, 243 78 17, 18, 41, 96, 98, 100, 101, 107, 108, 150, 231, 232, 235-238, 307, 319 79 149, 155, 159 81 251, 253, 254 86 214, 542, 544, 594, 713, 726, 736, 793-795, 859, 909, 932 87 6, 26, 28, 31, 81, 109, 162, 163, 184, 190, 192, 201, 231, 237, 285 88 31, 153, 157, 159, 161, 162, 171, 179, 220, 244, 252, 253, 282, 283, 284, 288, 290, 306, 321 89 45, 311, 349 90 68, 253 HRODOTE [Herodot] 15 71 27 169 34 135, 279 46 351 62 322

HSIODE [Hesiod, hesiodisch-] 6.1 312, 506 15 62, 74-77, 8082, 91, 103, 276, 277 22 35 27 21 44 97 47 149 53 87, 138 54 42, 45, 48, 53, 56, 106-108, 117, 122, 130, 190, 250 78 77, 78 HIPPIAS [Hippias] 19 628 22 84, 88 HIPPOCRATE [Hippokrates] 33 60 62 133 75 269 HOMRE [Homer, homerisch-] 2 529/ SZ 400 4 33 5 340, 343, 345, 349, 350 7 269-271, 281 8 139, 190, 207 9 211, 443 14 87 15 103, 104, 282, 335, 336 16 629 19 239, 312 22 231 27 21 34 64 35 28, 51, 122, 126, 130, 143, 218, 249, 250 39 16, 184, 291 40 72, 133, 180 41 50 50 152 52 154, 184 53 87, 138 54 32, 34, 40, 42, 45, 46, 53-55, 88, 102, 103, 108, 109, 188-191, 193, 195 55 16, 93-95, 282, 363 62 291 64 11 67 172 70 159 75 220, 239, 253, 257-259, 347 78 56, 57, 60, 105, 150, 155, 156, 313, 321, 323 79 161, 171 86 213, 649 89 116, 148 KLEINIAS [Kleinias] 31 63 LEUCIPPE [Leukipp, Leukippos] 22 39, 79, 80, 219, 241, 242, 244 LYCON [Lycon] 22 90

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MLISSOS [Melissos] 18 157 22 76, 240, 247 26 220 27 241 35 148 62 128, 135, 138, 142, 143, 187, 189, 197, 201, 292, 294, 314, 334 PARMNIDE [Parmenides, parmenideisch-] 1 46 2 19, 35, 134, 227, 282, 294, 295/ SZ 14, 25, 100, 171, 212, 213, 222 5 90, 105, 301, 345, 351, 352, 369-371 6.1 62, 417, 446, 475 6.2 71, 97, 123, 202, 302, 422, 432 7 47, 122, 140, 237-261, 276 8 12, 47, 81, 110, 171, 175, 176, 178-181, 183, 187, 188, 190, 193, 195, 198-201, 204, 205, 213, 219, 222, 223, 227, 231, 233, 234, 243-247, 253-255, 257, 259-264, 266 9 131, 142, 242, 334, 335, 434-436, 439, 477, 479 11 15, 17, 36-38, 47, 79, 81, 94 13 238 14 12, 70, 83-85, 115 15 16, 75, 190, 247, 265, 271, 273, 279, 281, 294, 295, 332, 394-401, 403-407 16 424 18 228, 277, 285, 329, 359, 367 19 22, 89, 193, 204, 205, 236-239, 241, 246, 276, 396, 410, 411, 413, 415, 423, 425, 430, 433-436, 438, 438, 444, 449-451, 455, 456, 460, 489, 496, 556, 567, 569, 571, 574, 624, 640, 641, 644 20 102, 184, 200 21 168, 171 22 38, 40, 42, 44, 56, 57, 60, 62-68, 70, 71, 79, 81, 82, 108, 115, 116, 143, 220, 224, 227, 229, 230,

234-236, 238-242, 244, 245, 249, 261, 275, 282, 285, 298, 313 23 33 24 154, 155, 320, 444 26 19, 162, 179-181, 219, 220 27 240, 241, 318, 385 28 46 32 19, 57, 204 33 7, 19, 23, 24, 26, 27, 162 34 14, 157 35 68, 100, 101, 103, 104, 106, 109, 110, 112-115, 117, 119, 120, 123, 127, 129, 132, 133, 139, 142, 145, 147, 148, 150, 152, 155-158, 160-166, 171, 172, 174-177, 179, 180, 187, 189, 192-194, 222, 237, 239, 243, 244, 246, 253, 263 36/37 116, 255 38 111, 112 39 127 40 103-105, 108, 117-121, 134, 135, 145-149, 151-155, 174176, 181, 182, 192, 198 42 140 43 75, 289 44 227 45 178, 222 46 6, 38, 349 47 32, 94, 100, 285 48 90, 118, 179, 303, 334 49 57, 166, 198 54 [in toto] 55 4, 5, 22, 37, 58, 132, 133, 149, 159, 174, 178, 179, 339, 366 62 128, 129, 138, 142, 114-146, 152, 156, 157, 169, 187, 189, 194, 195, 197, 209-211, 213-217, 220, 222, 225, 227, 228, 230, 231, 234, 239, 242, 290, 291, 294, 296, 320, 326, 327, 334, 335, 337-339, 371, 393, 411 63 91, 105 64 100 65 190, 360, 457, 460, 473 66 313, 342, 349, 385 67 6, 55, 89, 151, 162, 166 68 32, 55 69 132, 172 70 21, 51, 66, 86, 98, 101, 102, 147, 159 71 9, 11, 14, 15, 20, 21, 27, 32-34, 36, 46, 55, 56, 60, 61, 66, 69-71, 81

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125, 322 74 6, 22, 30, 31, 74 75 224 76 15-17, 19, 21, 22, 25, 27, 332 78 17, 18, 41, 98, 100, 101, 108, 128, 152, 153, 158, 184, 209, 278, 314, 319 79 118-120, 125, 127, 155, 162 81 41, 46, 67, 137, 258, 320, 354 87 31, 163, 190, 231 86 59, 192, 324, 518, 594, 608, 655, 657, 713, 726, 788, 793, 796, 797, 799, 801803, 842, 864, 907, 911, 913, 919, 931, 932 88 18, 31, 56, 157, 220, 271, 272, 328 89 45, 152 90 68, 69, 141, 253 PHILOLAOS [Philolaos] 35 227 53 140 PINDARE [Pindar, pindarisch-] 4 61, 68, 74, 79, 149, 191 7 214, 281 8 139, 193 12 21, 172 13 213 15 42, 102, 282 16 355, 619 19 132 32 66 34 134 39 91, 188 40 108, 110, 121 45 161, 222 50 95 52 46, 110, 111, 113116, 118, 125 53 37, 61, 62, 138, 177 54 109-111, 115, 117, 118, 124, 129, 130, 190, 250 55 93, 94 65 360, 507 66 11, 149 71 322, 337 75 27, 103, 142, 172, 173, 196, 200, 222, 225, 240, 243, 319, 320, 321, 325, 341, 342, 344, 345 76 29-32, 392 78 60, 64, 65, 69, 71, 74-76, 78, 79, 83-86, 90, 94, 95, 97, 98, 105, 144, 194, 284-287, 290-293, 308, 311, 321, 323-326 81 215, 344 PRSOCRATIQUES [Vorsokratiker, vorso-kratisch-] 82

3 307 5 105, 321, 322, 323, 324 6.1 17 6.2 122 7 240 8 187, 188 9 142, 369 12 126 15 12 18 277 19 217, 321, 628 22 14, 22, 54, 63 26 220, 281 27 23, 169, 241, 29/30 34 34 13, 52, 134, 164 35 2, 103, 193 36/37 90 43 22 48 178 51 98 55 12 58 212 61 191 62 210-212, 214, 291 63 10, 91 66 3 68 32, 77 69 89, 155 76 26 78 1-3, 5, 8, 9, 11, 16, 150, 152, 232, 236, 275, 278, 315 79 118, 146 86 324 87 10, 39, 64, 81, 91, 149, 163, 167 89 45 90 69, 124 PRODICOS [Prodikos] 19 220, 628 22 84, 88 PROTAGORAS [Protagoras] 5 102-105 6.2 113, 114, 118120, 122-125, 149, 152, 153, 170, 180 18 108 19 2, 218, 219, 628 22 84, 86, 109, 110, 118, 246, 267-269 27 154 33 193, 197-199, 201, 203 34 60 36/37 240 41 45 46 115 48 161, 162, 166, 172, 174-180, 182, 210, 211, 229, 233, 257, 269, 279 60 39 67 7 69 157 86 593 90 6870 PYTHAGORE [Pythagoras, Pythagoreer, pythagoreisch-, Pythagorer, pythagorisch-] 18 31, 319 19 420 22 23, 40-44, 54, 63, 71, 72, 220, 222 42 90 53 140 61 108 62 133, 212, 292

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SOPHOCLE [Sophokles] 4 26, 27, 33, 154, 167, 183 5 26, 334 6.1 336 6.2 152 7 208 8 139 9 312, 354 10 154 12 135 13 35 15 56, 102, 284 31 3 34 198 35 11, 18, 19-21, 209, 217 39 40, 145, 148, 215, 216 40 115, 155-157, 174, 175, 180, 185 44 120 48 233 50 95 52 46, 47, 71-73, 78 53 1, 13, 61, 62, 63, 69, 70, 79, 84, 85, 87, 90, 95, 107, 108, 120, 121, 150, 152, 153, 157, 176, 177 54 108-110, 133, 134, 209, 212 55 63, 316 56.57 74 58 111 71 3, 160, 322 75 277, 385 76 31, 32, 139 78 145, 183, 301, 305, 307, 309, 310, 322 79 171 81 26, 121, 337 87 123 THALS [Thales] 15 331, 332 18 150 19 90 22 36, 40, 54, 81, 90, 143, 195, 217, 224, 228, 230, 285 24 453 26 14 41 2, 8 50 152 58 211 62 128, 294 88 221 89 111

THODORE [Theodoros] 22 109, 111, 113, 131, 132, 265, 278 34 150, 197, 254, 255, 309, 327 36/37 246 THRASYMAQUE [Thrasymachos] 19 628 THUCYDIDE [Thukydides] 2 52/ SZ 39 5 334 6.2 197 19 629 20 204 34 139 36/37 228 48 297, 298 63 10 86 325 TIMAIOS [Timaios] 19 522 40 70 XNOPHANE [Xenophanes] 19 442 22 62, 87 35 108 62 212 ZNON [Zenon] 19 236, 238 35 148 62 152 86 793-795

Les rfrences sont donnes suivant ldition de dernire main ( Gesamtausgabe, Francfortsur-le-Main, Klostermann, 1975). Nous indiquons tout dabord le numro du tome (en caractres gras) et les pages o apparat le nom de lauteur ou un adjectif driv de son nom. Nous avons exclu de cet index les tables des matires et les titres qui ne sont gnralement pas de la main de Heidegger , ainsi que les postfaces ou les notes des diteurs. Les termes allemands auxquels lindex fait rfre nce sont indiqus entre crochets. Dans lattente de la publication du tome 89 de la Gesamtausgabe, nous utilisons ce chiffre pour renvoyer aux Zollikoner Seminare, mais indiquons ici la pagination de ldition de Medard Boss, Zollikoner Seminare. Protokolle, Zwiegesprche, Briefe, Francfort-sur-le-Main, Vittorio Klostermann, 20063. Les rfrences au tome 2 de la Gesamtausgabe sont aussi indiques entre parenthses suivant la pagination de ldition originale de Sein und Zeit (Tbingen, Niemeyer, 200619).

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Cet index nominum sera prsent en six livraisons suivant le dcoupage suivant : Antiquit I (Les Prsocratiques, VIIIe Ve s. av. J.-C.), Antiquit II (De Socrate Plotin, IVe IIIe s. ap. J.-C.), Moyen ge et Temps Modernes I (DAugustin Hume, IVe s. 1750), Temps Modernes II (De Kant Kierkegaard, 1750 1850), poque contemporaine (De Nietzsche Celan, 1850 1976). Nous remercions la fondation Alexander von Humboldt (www.avh.de) pour son appui financier et M. Benjamin Schrer pour son aide dans la ralisation de ce travail. Nous excluons les mentions du Cratyle, du Gorgias, de lHippias, du Protagoras et du Parmnide, dialogues de Platon, pour ne conserver que les rfrences aux personnages ponymes.

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