M. Robespierre - Oeuvres Complètes (Tome VI) PDF
M. Robespierre - Oeuvres Complètes (Tome VI) PDF
M. Robespierre - Oeuvres Complètes (Tome VI) PDF
lOIlKSl'lVUWE.
>
PUBLICATION DE LA VP SECTION DE L'ECOLE DES HAUTES ETUDES (Sciences sociales et conomiques) ET DE LA SOCIETE DES ETUDES ROBESPIERRISTES
DISCOURS
(I" Partie)
I
789- 790
1
la direction
de
Marc Bouloiseau
Docteur es Lettres Pru[esseur d'Histoire au Collge
Il
Georges Lefebvre
(l'Histoire
la
Albert Soboul
Proiesseur Agrg d'Histoire au Lyce Henri-lV
Avec
le
de
la
Recherche scientifique
Ul
Publications de
i.a
I.
Robesipierre
vers,
Arras
et
en
et ipublis par Eugne Desprez, archiviste dpartemenlafl du Pas-de-Calais, et Emile Lesueur, docteur en droit, avocat Arras. Paris, Eraest Leroux, 191 2,
irecueil'lies
un
II.
vdl.
in-8",
Robespierre
Arras Les uvres judiciaires (plaidoyers et mmoires), recueiil'lies et puMies par Emile Lesueur, docteur en droit, avocat Arras. (Paris, Ernest Leroux, 191 4, un =vol. in-8, /log pages (puis).
:
Uine 'plaidoirie indite, dcouverte p<ar M. iLouis Jacob, a t publie depuis, dans Iles Annales historiques de la Rvolution franaise, 1947, P- 97-140.
IliJ.
Correspondance de Maximilien et Augustin Robespierre, recueiillie et ipuMie par Georges Michon, docteur es lettres. Paris, Flix Altoan, 1926, un vofl. iin-8 de 384 page*, avec portrait de iRobespierre an par Grard.
Paris,
(iLes
Smppllment 3a iCorrespondainIce... par Geo!rges Michon. Nizet et Bastard, 1941, un vo. in-S" de 182 pages.
3
IV.
bis,
P'iace
et
Bastard,
de
xxxiii-399 pages.
iPresses Universitaires,
Paris-5.)
Gustave Laiurcnt, dcd en 1949, tenait prte son dition des Lettres aux Commettants, qui doit former le Tome V, et^que les ressoui^ces de la Socit ne lui ont pas encore permis de publier.
PRFACE
Lorsqu' Albert Mathiez prit, en 1909, la direction de Socit des Etudes robespierristes, il lui assigna, entre autres tches, la publication des uvres de Maximilien
la
Robespierre. On ne peut douter que, dans sa pense, la priorit appartenait aux Discours, puisqu'ils constituent la source essentielle pour l'tude de la pense et de l'action politique du grand rvolutionnaire. Pourtant l'dition en fut ajourne et c'est aux crits de jeunesse, la Correspondance, et au Dfenseur de la Constitution que les quatre volumes imprims jusqu' prsent ont t consacrs. L'vidente difficult de l'entreprise en explique la date tardive. Robespierre crivait les discours qu'il comptait prononcer et il les lisait suivant l'usage du temps. On n'en possde pas les textes manuscrits de ses brouillons prparatoires il ne subsiste rien (i). Que des fragments s'en
;
(i) Stfaine Pol, dans son ouvrage Autour de Robespierre: le conventionnel Le Bas, P^rs, 1900, rapporte, ip. 99, que plusieurs brouillons qu'a conservs M. Lon Le Bas sont presque illisibles tant ils sont 'ratuirs . Lon Le Bas tait le fils id Phiiliippe Le Bas, luimme fils du convientionnetl. E. Hamel (J, 305, note) signale giadlment que presque tous les discours manuscrits de Robespierre tatiemt, en Thermidor, entre les mains d'Eilonore Dntplay, la fille ils purent ins' ane de so.n hte, qui les cacha soigneusement chapper au pillage du conventionniel Courtois. Mais en 1816, la seconde Kestauration, le frre d'Blonore, Simon Dujplay, adiministrateur du domaine des hqpilaux et hospices de Paris, avec lequel demeurait Elonore, cdant un regrettable sentiment de orainte, jeta au feu la plupaa-t des lettres, man'uscrits et papiers pirovenant <le Maximilien, ainsi qn'un maignifiqiue portrait en pied de lui, peint var Grard, et dont nous parlerons plus tard. Quelques lettres seulement et trois discours manuscrits chapprent ce dsaistre, le discours siur la ptition du peuple aviignonnais, le discours sur les jurs, et celui du 8 thermidor. Ce diernier seul, rendu incomplet la famille Le Bas, est de l'criture de Roibespierre )). Nous n'avons pu retrouver trace de ces documients.
;
VI
PRFACE
retrouvent, c'est peu probable, ses papiers ayant t expurgs par ses ennemis. Des plus importants de ses discours, im certain nombre, il est vrai, furent imprims par les ordres de l'Assemble ou des Jacobins. Reste savoir s'ils ont t exactement entendus tels que l'impression nous les a conservs: les comptes rendus des journaux constituent le seul lment de probabilit. En supposant que le doute s'carte, ces comptes rendus n'en con&ervent pas moins leur intrt ce que le nouvelliste a retenu rvle, si on a lieu de le croire attentif, les traits qui ont le plus frapp l'auditoire, et nous renseigne sur ce qu'au dehors, on a pu
:
en apprendre immdiatement. L'obligation de recourir la presse apparat mieux encore si Robespierre a parl sans que son manuscrit ft remis ensuite aux typographes, ou s'il s'agit des improvisations dont on relve un grand nombre. Dans l'un et l'autre cas, aucun document officiel ne nous a transmis le texte de son intervention, puisque les assembles n'entretenaient pas de stnographes et ne rdigeaient qu'un procs-verbal succinct o les noms des orateurs ne sont mme pas mentionns. Avant 1791, les journaux n'envoyaient pas non plus de stnographes aux sances et jusqu'en juin 1793, les Jacobins n'en possdaient pas d'attitrs. Leurs comptes rendus n'offrent qu'une valeur approximative, mais il n'existe pas d'autres sources. Que les discours de Robespierre aient t imprims ou ne soient connus que par l'intermdiaire des gazettes, observons enfin qu'ils provoqurent l'occasion, dans ces dernires, des commentaires qui traduisent l'impression de telle ou telle partie du public, et, ce titre, mritent de se voir retenus par une dition critique. C'est un concours de mme nature que peuvent prter les notes prises par les dputs, leurs lettres aux commettants et aux amis, celles d'autres auditeurs. Quant aux mmoires, leur rdaction plus ou moins tardive ne prsente qu'un
intrt subalterne.
En rsum, part les discours imprims du vivant de Robespierre, les journaux constituent la source essentielle. L'entreprise envisage par Mathiez comportait donc le dpouillement de la presse rvolutionnaire jusqu'en thermidor an II, les gazettes parisiennes s'imposant avant
PRFAC
Vn
tout l'attention, mais la contribution des feuilles proyinne pouvant s'exclure sans examen. L'alternative se concevait sous forme d'un choix des journaux rputs les mieux informs la suite d'une tude critique nous rcartons les versions eji effet ne sont pas toujours idenciales
:
tiques, et d'aprs notre opinion, il ne nous appartenait pas d'imposer implicitement notre prfrence, si justifie qu'elle nous semblt nous paraissait d'autre part, il important de recenser tous les tmoignages qui mentionnent une intervention de Robespierre on constatera qu'ils sont beaucoup plus nombreux, ds le dbut, que la tradition thermidorienne ne se plait l'affirmer et que, par consquent, l'autorit de Robespierre la Constituante ne fut pas le fruit tardif de pnibles efforts, comme Aulard le croyait (2). Un dpouillement d'ensemble fut donc jug du recueil ncessaire. Qu'ainsi conue, la prparation s'expost rester imparfaite, certains journaux nous chappant ou demeurant introuvables, nul n'en pouvait douter. quel rudit ne Affronter ce risque, nous y tions dcids
;
:
l'encourt ? A notre appel, plusieurs membres de la Socit Mlles Bngent et Qutel MM. Bouloiseau, Caron, Cuttoli, Palou, Schaeffer, Soboul, offrirent bnvolement leur aide et se mirent l'uvre. MM. Jacob et Javogues (3) nous remirent la copie d'une partie des discours qu'ils avaient antrieurement prpare. Personne toutefois ne s'y tromdes annes s'eouleraient avant que la recherche pa s'achevt et comment financer ensuite l'dition d'un L'insuffisance des recueil invitablement volumineux ?
:
moyens qui
d'espoir.
arrta
Mathiez,
ne nous
laissait
que
peu
Si la pr(paration de ce premier volume se termina rapidement si la publication a suivi immdiatement, nous le devons au Centre de Recherches Historiques attach la Sixime section de l'Ecole des Hautes Etudes, celle des
;
(2) L'loquence parlementaire pendant la Rvolution. Les orateurs de l'Assemble constituante (1882), ip. 620, 522, 524, 527.
M. Javogues, qui,
notre
tolie.
de remenciier tout pairticulitoment de 1986, consacra les Msirs de sa retraite au dpouillement d'importamts journaux et conttiibua ainsi allger
(3)
Qu'il
nous
soit
ipermis
partir
VUI
PRFACE
Sciences conomiques et sociales rcemment cre par M. Lucien Febvre, membre de l'Institut, professeur au Collge de France, et dirige par lui avec le concours de M. F. Braudel, Directeur d'Etudes l'Ecole pratique des
Hautes Etudes, professeur au Collge de France, ainsi qu' l'appui du Centre National de la Recherche scientifique qui, invitant ses attachs et chargs de recherches rserver une partie de leur temps au profit d'un travail collectif, nous procura les collaborations de Mmes Bouloiseau, Cellier, Delavalade Mlles Franoise Coornaert, Friedman, Harouet, Morin de MM. Belin-Milleron, Blumenkranz, Marcovitch, Nunez de Arenas, Vaury, et, enfin mit M. Marc Bouloiseau, professeur au Collge Colbert, en mesure de consacrer une part de son activit la direction du dpouillement, de prparer l'annotation des documents runis, tandis que M. Albert Soboul, professeur au Lyce Henri-IV, se chargeait, d'accord avec lui, de rdiger les introductions. Si la premire partie du recueil, qui embrasse la priode des Etats Gnraux et celle de l'Assemble Constituante jusqu' la fin de l'anne 1790, voit aujourd'hui le jour, c'est le rsultat de ces efforts conjugus et d'un travail collectif. Par l l'entreprise, outre son objet propre, en atteint un autre de porte plus gnrale, puisqu'elle
;
permet d'entrevoir l'influence salutaire qu'exercerait sur progrs de la connaissance historique, l'organisation concerte de la recherche qui, dans notre discipline, n'en
le
est
Georges Lefebvre,
Prsident de
la
Le plus grand vide de bois blanc, d'o mon livre s'en va maintenant et o je reste seul, c'est de n'y plus
Le croira-t-on
cette
?
table
voir
mon
ple compagnon,
le
plus
en Ther-
l'homme de grande
rieux comme m,oi et pauvre comme moi, avec qui, chaque fnatin, j'eus
tant
d'pres
discussions.
J.
(i)
MiCHEUET.
(i)
et piibli
Robespierre, p. 6o4).
INTRODUCTION
L'dition des Discours de Maximilien Rdbespierre. dont nous prsentons aujourd'hui le premier volume, procde d'une conception qui risque de surprendre le lecteur non averti. Qu'on ne s'attende pas sur la foi des publications antrieurement parues sous ce mme titre, un nouveau recueil de morceaux choisis (i). Il s'agit, en effet, d'une dition critique (dans laquelle, nous nous sommes assign, selon les directives de notre Prsident, M. Georges Lcfebvre, un douMe but d'abord recueillir tous les textes qui permettent d'embrasser l'ensemble de l'activit oratoire de Robespierre depuis l'ouverture des Assembles lectorales d'Arras jusqu' la fin de la Constituante ensuite, les accompagner d'un appareil critique qui en ft un instrument de travail de maniement ais pour les chercheurs. Quels matriaux avons-nous utiliss, quelles difficults
:
tels
avec une notice commentaires, par Laiponmeraye prodes d<> kx)nsidrations gn^raks par Armand Carrd. Patii?, ichez l'diteur, i8/jo, 3 vol. m-S (une preimire dition avdit paru, ds i832, concernant les discours de 1789 k 1792).
(i)
uvres
uvres de
j.^
dition, Paris,
'notes,
Discours et rapports de Robespierre, avec les introductions et les par Charles Velilay, 'Pa'ris. . Fasqueille, igo8, innia, xx-/i3o p.
phique
Les plus beaux discours de Robespierre, avete une notice biograet 'critiqtue par F. Crastre. Paris. Editions du Centaure, 1929, :n-8 XXXI 1-287 P- Cp^"'' ^'^ priode de la Constituant, on s'est borne reproduire les textes de cinq dis<ours).
XII
INTRODUCTION
il
LES SOURCES
r
Il convient en premier lieu de souligner la masse norde documents qu'il a t possible de consulter, pour la premire fois, grce l'appui financier du Centre National de la Recherche Scientifique. Comme il s'agit avant tout d'une revue de la presse rvolutionnaire (2), les bibliographies de Deschiens (3) et surtout de Tourneux (4), puis les travaux de Gallois (5) et de Hatin (6), nous ont permis ide dresser une liste de journaux examiner, en mme temps qu'ils nous montraient la richesse des dpts parisiens et plus particulirement de la Bibliothque
me
Nationale
(7).
La presse rvolutionnaire
C'est
l
c'est
(2) G. Rounet, sur les icons^ils de Mathiez, la tent une sem'blable enqute dont les rsultats furent puiblis dans les Annailes rvo-
lutionnaires, 1916 et 19118. (3) Collection des matriaux pour l'histoire de la Rvolution de France, depuis 1789 jusqu' ce jour. Paris, 1829, in-8, 645 p. (4) Bibliographie de l'histoire de Paris pendant la Rvolution franaise, i8g.li ,t. Il, p. 476 Sio. (5) Histoire des journaux et des journalistes de la Rvolution franaise. Paris i&45-4'6, 2 vol. in -8". (6) lE. Hatin. Histoire du Journal en France, 1846, in^i6, 128 p. Histoire polidique et littraire de la\ presse en France, 1859-61, 8 vol. Bibliographie historique 'et critique de la Presse priodique in-S" franaise, 1866, in-S", 660 p. (7) Fribourg avait dj soulign en 1910 (R.F., t.5i8, p.'5o9) l'inif>ortaince de ces documents et aurait eu a^lors l'intention de dresser un catalogue gnral des jouirnaux rvolutionnaires conservs dans les bibliothques parisiennes.
; ;
INTRODUCTION
XIII
rcent Catalogue dress par M. G. Walter (8), grce aussi l'aooueil comprhensif de M. Martin, conservateur en chef du Dpartement des Imprims, nous parvnmes assez rapidement utiliser plus de douze cents volumes, repr-
sentant 467 titres de priodiques. Sauf indications contraires, c'est ce Catalogue que nous renvoyons le lecteur. 11 y retrouvera aisment les cotes, car nous nous sommes astreints reproduire pour chaque extrait cit, les titres exacts des journaux, la tomaison s'il y a lieu, le numro ou sa date, et la page.
Mais cette moisson, dj si Dans les autres dpts. abondante, et t incomplte si l'on n'avait pas tenu compte des autres fonds rvolutionnaires de la capitale et de la province. JNos recherches y furent rendues plus malaises par l'inexistence d'un inventaire spar ipour la priode dans laquelle se localisaient nos recherches. Sauf aux Archives Nationales en effet, o la srie AD XX possde un rpertoire (9), partout ailleurs les journaux de cette poque sont inclus dans la masse des priodiques parus depuis la Gazette de Renaudot jusqu' nos jours. Au milieu d'une (grande quantit de collections qui doublaient celles de la Bibliothque Nationale, nous y avons trouv un certain nombre de volumes qui en comblaient les lacunes, et une cinquantaine de titres nouveaux. La Bibliothque de l'Arsenal possde en particulier un fonds trs riche (10). Celle de la Ville de Paris, alimente en partie par ies doubles du British Musum, compte galement une grande quantit de journaux et de brochures relatifs la priode rvolutionnaire (11). Quant la Mazarine et la Bibliothque de la Chambre des Dputs, elles nous ont apport peu de documents (12). Pour toutes ces collections, nous avons pris le soin de prciser la suite de chaque extrait, en note, la rfrence exacte,
(8)
Catcdogae
BiiblioUique
(9)
(1789-1799),
^ari
Voir l'annexe, page xxxi. page xxxi. l'annexe, page xxxii. Voir (11) <12) Voir l'annexe, page xxxii.
XIV
INTRODUCTION
La COHKESPOKnANCfc,
Ll'iS
JOljRNAUX MANUSCRITS
iNous eussions soiiliait pouvoir elecluer quel'ques sondages dans les grandes bibliotliqmes de 'province et dans les dpts d'Archives des dpartements, mais le rper- loire de Monglond (i3) et les "catalogues des sries L nous laissaient peu d'espoir, de mnic que les limites de nos crdits nous interdisaient de disperser nos efforts. Aussi, nous sommes-nous borns consulter les journaux manuscrits des dputs aux Etats Gnraux, les lettres leurs commettans dont on nous avait. signal l'existence et qui purent tre communiqus la Bibliothque IVationale. Nous lmes aids dans cette partie de notre travail par les dpouillements effectus en vue de la prparation du Recueil des Etats Gnraux {ili}On connat dj, parce qu'ils lurent publis, les textes de Duquesnoy (i5), de Creuz-Latouche (i6), de Gaultier et les passages que nous en de Biauzat et d'autres (17) avons extraits, portent la pagination de l'imprim, mais nous en avons, dans la mesure du possible, reconstitu rorthographe et la ponctuation, d'aprs les originaux.
(( ;
A. Monjjploiid. La France rvolutionnaire et impriale. ArGrenoble, igSo, t. I, p. 7^6 t s. Il, p. 807 et s. Cf. de t. mme A. Tuetey, Rpertoire gnral des sources manuscrites de l'Histoire de Paris pendant la Rvolution franaise, Paris, 1890 (les 3 premiers volumes) et P. Caron, Manuel pratique pour l'tude de la Rvolution franaise. Paris, Picard, 1947, in-S" 320 p. (i4) Le iprcmier volume de celtie importante puLliication. que dirige M. Georges Lefeibvre, est ein cours d'impression.
(i3)
lliaud,
; ;
(i5)
tiers tat
d Bar-le-Ikie. Jour
naJ A.
I.
(3
mai 1789-3
;
1790)
puMi pax
(iSocit
voll.
im-S"
premier dput des communes de Ghatel 1789), publi par J. Marchand Paris, Didier, 1946, in-8 .(Socit de 'l'hiistoire de Framce).
Creuz-Lloucilie,
lerau'lt.
Journal (3 mai
11789-juilJet
(17) F. Mcge, Gaultier de Biauzat, ia vie et sa correspondojfie Le Chevalier, Parjs, 1890, 2 voll. iin-8 (Manoircs de l'AciadMmie des is<"iences, belles lettres et arts de Oerimont-Ferrand, 2* srie, t. I et II). Jllet, cur de Chrign, dput du iderg du PoMou aux Etais
INTRODUCTION
XV
Toutefois, en ce qui concerne les manuscrits, comn j celui de Castellanc (i8) ou celui rcemment dcouvert du dput de Nantes, Pellerin (19), nous avons d indiquer en
rfrence, la suite du titre, la date de la sance d'o le passage avait t tir (20) Il nous restait aussi consulter les minutes des procsverbaux de la Constituante et les originaux des motions, qui sont conservs aux Archives Nationales dans la srie G, et qui clairent souvent les procs-verbaux imprims par ordre de l'Assemble, o les noms des orateurs ne sont que trs rarement mentionns (21).
Gnraux, Journal, puMi par J.J. Brethi, Fontenay-He-Comte, 187 1, iii-8, 166 pages. Lettres de J.P. Boull, dtput du tiers tat de Plormel (i*"" mai3o oictobre 1789), Revue de la Rvolution, t. X XVI. Escherny, Correspondance d'un, habitant de Paris avec ses omis
Paris 1791, in-8 Lettres de F,J. Bouchette, publies par le cthanoine C. Looten, Paris, 1909 ; in-S (B.iN. 8 Z 576 (29)). Papiers indits trouvs ohez Robesipierre, St Just... supprims ou omis par Courtois... Paris, 1828, 3 vol., in-8.
suisses.
Journal (4 mai 1789-17 avril 1790), d'un dput du Laonnois aux Etats Gnraux, attiibu Dcvisme, B. IN., Nouveliles a'cq. fr***, 129138.
(18)
Comte de
Castellane,
fr"'*
41121. Jouruail
(19) Bi'M. de Versailles, mss. F. 828, Journal de la tenue des Etats Gnraux convoqus Versailles pour le 27 avril 1789 par le Hoi Louis XVI le Bienfaisant, Rdig jour par jour par jnoi Joseph avocat iNantes en Bretagne, dput doi Comt nanMichel Pellerin tais aux Etats Gnraux du iRoyaume (imai 1789 octobre 1789). Ce journal complte 'la Correspondance du mme dput, puhlie par Gustave Bord, Paris, Sauton, i883. (20) On nous signale galement ceilui de Prisse du Luc, dput du tiers tat de Lyon. La Xamile Mougins de Roquefort doit galement possder icelui du dput de Grasse. (211) INous avons dpouill dans lia srie C, lies cartons 27 49. et mous les avons .compars au Procs verbal des snnces de t-Ass.emble nationale de France tenues en l'anne 1789... Paris, Imprimerie
;
in-/i, Sg p. Nous nous sommes rfrs gallement aux textes impriims suiLes sances des dputs du Clerg dux Etats Gnraux de vants 1789. Journaux du cur Thibault et du chanoine Coster, publis par A. Houlin (Sic de l'histoire de lia Rvolution Franaise, 19117), p. 4 et Hcit des sances des dputs des communes depuis le 5 mai 1789 s. jusqu'au ir? juin suivant. S.l.n.d., rcimpression Aiulrd (Socit de
nationale, 11791,
:
xvi
introduction
(24).
l'histoire
s.l.n.d.
de
la
Rvolution framaise, iSg) et Procs-verbal des sanCommunes depuis le 12 juin jusqu'au 17 juin 1789,
(22) Numro du i3 aot 1791. (23) Gf. G. Micihon, op.cit., t. I et II. Un certain nomihre d'autres nous ont t rvls par les journaux et feront d'objet d'oine publication postrieure. Jouriial des journaux (B.N., 4 Lie ^^ io34 (2^) En ipartiicuilir 26.382 ; Ars.) ; et Feuille de corres(4) ; Esprit des journaux (8
:
pondance du
libraire^ Paris,
INTRODUCTION
la
XVl
tribune, et que nous les livrerions au public dans leur il n'en subsistait pas moins, qu'un classement s'imposait. Ne fallait-il pas vn effet, faire suivre l'introduction qui prsentait la sance, du texte qui paraissait reflter le plus exactement la pense de l'orateur ?
intgralit,
Discours imprims. Lorsque le discours prononc livr l'impression l'issue de la sance, et corrig par les soins de Robespierre, cette question se trouvait rsolue, mais pendant la Constituante le cas se produisit quatre fois seulement. Par contre, quatre reprises aussi, le discours rdig ne put tre prononc, ou le fut
avait t
plusieurs mois aprs sa publication, alors qu'il avait donn lieu dans le public des ractions diverses et fait l'objet
de nombreux commentaires.
cation, et de renvoyer
Il
nous sembla
les
qu'il
tait
de publiconcernaient ou
qui
les
eussent concerns.
Mais il s'agit ici de cas d'espces. La pluJournaux. part des interventions nous sont connues travers les jo'urnaux et le choix du meilleur extrait apparat d'autant plus malais que ces extraits sont moins nombreux. En effet, on ne saurait accorder tous les priodiques la mme valeur documentaire pour le travail trs particulier qui nous occupe. Comme notre poque, la presse comportait des genres divers. On peut classer les journaux en plusieurs les grands quotidiens d'information, les jourcatgories naux de parti, enfin les feuilles de commentaires, et les
:
crits satiriques.
Nous avons fait grand cas de la part que ces derniers font Robespierre 11 est, avec Mirabeau, la tte de Turc des royalistes, et son nom revient presque chaque page des Actes des Aptres, de la Chronique scandaleuse, des
Sabbats jacobites. L'intrt qu'il y suscite permet de mesuon caricature surtout ceux que l'on rer sa popularit mais nous ne pouvions songer ivtiliser dans le craint cadre de Jiulic publication ces passages truculents et pleins d'esprit, car ils ne sont presque jamais dats et ne se rapportent que de trs loin des sances de l'Assemble.
:
XVIII
INTRODUCTION
r,<\s
((
l;il)l(aii\
(le
la
siliialiou
actuelle
;
journaux
et cela s'expli-
que par
le
caiactre
mme
de
la
.et
capitaux rduits, aussi en correcteur, et parfois mme en imprimeur. Il se charge de recevoir les abonnements et d'assurer la diffusion de sa feuille. i\ 'ayant pas le temps matriel d'assister aux dbats de la Constituante, il se contenle de disserter sur les vnements; et, s'il est indispensable de les analyser po'ur tudier l'volution de l'es-piit publie (20), il est trs rare, par contre, d'y dcouvrir une indication prcise propos de Robespierre. D'ailleurs, c'est dans ce groupe qu'il faut placer la multitude de publications mort-nes ou exsangues, qui disparurent aprs (quelques numros (26).
l'unique rdacleur de ces feuilles se
Utilisant des
moyens matriels
des
mu
Journaux de parti. Quant aux journaux de tendances, qu'ils soient patriotes ou aristocrates, leur lecture offre, pour nous, plus d'intrt. Bien qu'une part importante de leurs colonnes soit rserA e ce cfue nous appellerions des articles de fond, ils rendent compte des interventions de Robespierre, soit qu'ils les louent, soit qu'ils les dnigrent. Ainsi procdent parmi les feuilles contre-rvolutioimaires les deux Ami du Roi (27), le Journal gnral
:
le type de ices puiMicatioiis les attribues Duplain de Ste AJbine, d'une faimilie de libraires lyonnais et qui il'ut guillotin le 21 messidor an II. M. G. Wallter a utilis ce genre de tex,tes dans fa Rvolution franaise vue par ses journaux, ig^'S, P'a-ris, Tiaindy, in-8 de ^72 p. (26) VVaudin, rdaicteur dm Censeur patriote, indique que son
(2)
On peut
M.
le
regaixler icomnie
B...,
Lettres
Comte de
journal aurait eu 19 numros. Les six premiers auraient t dis'tri p'ius de 1.200 exemplaires, mais quinze souseripteurs seulement avaient envoy le montant de 'rabonnement... 11 se plaint d'avoir travaill com^me on n'a pas ide, et dpens 3. 200 li-sres... n Il renonce une lutte que la multiplicit des journaux ne lui permet plus de soutenir. (Tourneux, op. cit., t. H, n 10.278). ('7) L'Ami du Roi, des Franais, de l'ordre et surtout de la vrllc, fut lanc en iiyuo par iriimprimeur (;'rapart, Mme Frron, veuve du l'diictcur dr 'Anne lillrairc, l'abb Thomas Marie Royou, et Moiiljoye. Mais ce i)rcmier essai ne dura que du i""" juin au 26 aot 1790. cette date, Royou et Montjoye se sparent de Grapart et crent le i'"' septembre chacun un nouvell Ami du Roi. Il y en eut
ibus
!
INTRODUCTION
XlX
de France, le Journal Gnral de Fontenai, le Lendemain, Journal de la Cour et de la Ville, le Journal de la Noblesse, du Sacerdoce et du Militaire et parmi les feuilles avances les Rvolutions de Paris (2S), VAmi du Peuple de Marat (29), l'Orateur du Peuple de Frron (3o).
le
;
:
Journaux d'information. D'ailleurs, pour suivre les dbats de l'Assemble, il est ncessaire d'y avoir sa place et les tribunes du public sont tel ipoint envahies qu'il faut souvent passer la nuit la porte de la salle, pour y trouver le lendemain matin un coin \de banc au premier rang (3i). Outre Le Hodey qui possde une place rserve partir du i5 novembre 1790 (32), et Maret (33) qui, tout
donc trois qui se ressemblaient par leur format et leur prsentation. Puis Montjoye se rconcilie avec Crapart, et Royou travaille seul. En dfinitive il subsista deux Ami du. Roi qui se firent, pendant prs d'un an, une concurrence acharne. (28) Prudhomme, sim;pile papetier et rdieur au dbut de la Rvolution, vendait des brochures de circonstance, mais il tait incapable de les rdiger. D'abord associ Toumon pour la publication des Rvolutions de Paris, il s'en spare aprs le i5* numro. lil s'assure alors la collaboration d'Elyse Lousialot, qui, dje l'aveu mme des contemporains (y /compris Marat), est l'un des premiers publicisles du temps. Mais il 'mourut le 19 septembre 1790 (cf. Mareellin iPellet. Elyse Loastalot et les Rvolutions de Paris. Paris, 1872, in-i8, 3o8 p.). Les Rvolutions de Paris perdent adors du terrain mal@r l'aide de Sylvain Mardhal, Fabre d'Eiglantine, Santlionax, et G. Ghaumette. (29) Gif. Gharles Brunet. Marat, dit l'Ami du Peuple, notice sur sa vie et ses ouvrages. Paris. PouletiMalassis, 1862, in-12, 67 p. (00) Les premiers numros parurent sous le nom de Martel, mais A la \fin d 1790, un cerils taient rdigs par Stanislas Frron. tain nombre d'article's sont dus la plume de Marat. L'Orateur' du Mlle CoPeuple et l'Ami du Peuple avaient le mme imprinueur lombe, Place Dauphine, sur le Pont Neuf. 11 semble que tous les le second rendant deux se soient par la suite partag le travail compte des faits poliliques, tandis que le premier publiait les dnonciations, la corrcspond'ance cl les faits divers (Orateur du Peuple, Mil, p. 72, note). A partir du 117 juillet 1791I, Laibenette succda Frron (cf. Tourneux, II, 583). (3i) Cf. G. Rouancf, Robespierre, d'aprs les comptes-rendus p'arlemenfaires de mpi-jnin 1789, Ann. rvol., 1918, p. 337, et note i.
: :
Tourneux, II, o^. Hugues Bernard Maret, tait en 1789 pauvre et inconmu. Venu de Dijon Vans prmr rhereher fortune et introduit par Iq
(32)
(33)
XX
en continuaiil
lionale,
INTRODUCTION
dilTuser .son
le
HuUctin de
1
V Assemble
Na-
au Moniteur fond par l^mckcjiicke, les tlpiilcs journalistes taient donc des privilgis. Assistant aux sances, connaissant leurs collgues, ils pouvaient noter l'essentiel des interventions et en publier un. compte rendu assez exact.
o
16% licr
donna aprs
790, le
mme
texte
Utilisant leurs notes, ils rdigeaient, ds le soir, leur article qui paraissait aussitt. Ainsi, procdaient Biauzat dans son Journal des Dbats et des Dcrets (34), Dinocheau dans le
Madon
(35), Mirabeau dans le Courier de el surtout Barre dans son Point du Jour.
Pro-
protection du comte de Vergennes dans les priiicipiaux saioiis poililiques du temps, il s'tait astreint, ds le dbut des Etats Gnraux, en noter tous les incidents qu'id rsumait ensuite de mmoire, une lois rentr dans sa mansarde du ifaubourg .Saint-Jacques. Encourag par Mirabeau et par d'autres orateurs qui il avait communiqu son (Tourneux, 5i2). 11, travaiii, il finit par trouver un imprimeur. 6on Bulletin commence le 7 juillet 1789, mais le rsum des sainces prcdentes qui tait annonc, n'a pas paru, tout au moins notre connaissance. (34) Rdig d'abord par Gaultier de Biauzat, par Huguet et Grenier, dputs du 'Puy-de-i)me, le Joarnal des Dbals et des Dcrets parut i partir du 29 aot 1789. Il est prcd d'une introduction en deux parties la premire allant du 5 mai au 117 juin 1789 et porEtats Gnraux, la seconde seuile pirend le nom de tant pour titre Journal des Dbats. Gaultier et Grenier lurent remplacs la rdaction par J.B. Louvet de Couvrai partir de mars 1791 (Of. Histoire difiante et curieuse du Journal des Dbats, Paris, 1989, in-8, 116 p. ; A. Nettement, Histoire politique du Journal des Dbats, Paris, 1842, F. Mge, Les fondateurs du Journal des Dbats en 1789, 2 vol., in-8 Le livre'du centenaire du Journal des Dbats, Paris 18615, in-8, 82 p.
:
1889, in-4, 63o p.). Les rdacteurs du journal possdrent jusqu'au jo i^ot 1789, une loge sur le ct droit de la salle du JManoige, presque aussi spacieuse
Paris,
que
celles
du Logographe
et
du Moniteur.
fait allusion
au hameau de Maidon, comde Cand (Loir-et-Cher), dont le nom avait dj servi Lauzires die Thmines, ivque de Blois, pour exposer ses vues sur les rformes, en 1789, dans une ibrochure qui fil alors beaucoup de bruit II, (cf. Tourneux, nsti^uctlons et Cahier du hameau de Madon n 10. 358, p. 55o). (30) Miraheau d'aiilleurs, n'accoa'dait que trs peu de temps au journal publi sous son nom, qui tait en ralit rdig par Dumont, Duroverai et Reybaz.
(35) Le titre
du Journal
mune
INTRODUCTION
XXI
non pas
C'est ce deriijer qui parat mriter le plus de crdit, qu'il donne toutes les interventions de Robespierre, souvent il les analyse brivement pour con-
mme
server la possibilit de reproduire les textes des dcrets vots par l'Assemble, mais parce qu'il demeure pendant toute la Constituante en conta'ct avec Robespierre. On
assiste,
en
effet,
au long de cette
.prio'de la
certains journalistes
modrs
comme
remarquera que les extraits que nous reproduisons se compltent plus souvent qu'ils ne se doublent, chacun d'eux soulignant mi fragment de l'intervention le dbut, la fin, ou les points qui frapprent plus particulirement
,
rdacteur. Toutefois, Rarre jouissait d'am avantage, qu'il partageait d'ailleurs avec Camille Desmoulins et Mme Robert, celui d'obtenir la copie d'un cerex-Mlle de Kralio (87) tain nombre de discours prononcs par Robespierre. Nous avons pu constater plusieurs reprises que le Point du Jour pu'blia l'issue de la sance un texte absolument identique l celui qui fut imprim quelques jours plus tard nous savons d'autre ipart que Robespierre demanda plule
:
sieurs
fois
l'hospitalit
Brahant
(38). Enfin, le
d(''mie d'Arras.
flicita
(37) Mlle de Kralio avait t la (cdldgue de .Robespierre l'AcaEn 1788, il rpondit son dis^cours de remerciements,
l'Acadmie sur
le
ichoix
de ce inouveau imembre,
el
exa-
minant cette ocasion s'il serait avantageux d'admettre des femmes dans les compagnies littraires, l a prouv que l'intirodlulction de cet Hsa^e serait utile aux femmes et oprerait le bien puMilc (cf. A. Parenty, Elude sur les almanachs d'Artois, Arras, 1&60, in-8, p. 33). Elle lui conserva son amli, et le Mercure national qu'elle dirigeait
mme aiprs sa fusion aviee les Rvolations de l'Europe. Robospierre avait t l'un des tmoins de Desimoulins lors de ^on mariage lavee Lucilc Duiillcssis, le 29 dcemibre 1790 (cf. A. Mailliez, La lune de miel de CamMle Desmoulins, Ann. rvol., 1916, 5O7-570). Il le rappelait 'ordre, le lA fvrier 17911, lui repro]). eha'Ut de ne point annoncer son ouivrage s-ur les Gards nationales.
liii
i-csta
fidle
CAR)
11
XXII
INTRODUCTION
ses lot:tciirs, en su'pplmont, le t^xtc intgral des inlervcnlions de Robespierre relatives au Iraitement des voques (Sg). C'est donc parmi les journaux rdigs par les proches du dput d'Arras, proches tant par leurs relations anciennes que par leurs tendances politiques, qu'on peut, en 1790 surtout, retrouiver quelques discours peu connus (4o). Mais en 1791, la situation volue au (fur et mesure que s'organise la presse. Des procds d'abrviations sont alors mis au point et permettent aux rdacteurs parlementaires une notation plus rapide et des comptes rendus plus amples (/|i). Le Postillon de Calais, le Journal du soir des
donner
Je prie Camille,
et
I,
ajoulait-il,
les
...de
l'cher
de
ai
me
Jellrc d'Aiviignon
chon,
p.
100).
Le Journal Gnral de l'Europe de Lebrun devient le Mercure national et tranger ou Journal politique de il'Europe, avec la collaboration des Robert en avril 1791, puis Journal gnral de l'Europe oa Mercare national et tranger, ,par Lebrun, partir de juillet 1791. De son ict, le Mercure national ou Journal d^Etat et du Citoyen, diriig par les Robert, parut du ,01 dcembre 1789 au 3o aot fusionne avec 1790, comme suile au Journal d'Etat et du Citoyen. ]es Rvolutions de l'Europe, de Tburnon, en septembre 1790 et devient le Mercure naiionai et Rvolution de l'Europe (B.N. 8 Cc^ 178(39)
lil
179)-
Entre autres ceux qu'il pronona lors de 3a discussion du Constilulion du (lergK'. Quant VlJnion ou Journal de la Libert, dans lequel ou crut devoir signailer la col]ia])oration de Robespierre, nous pot^vons aiffirmer qu'il n'en est rien, d'abord par^* qu'id n'eut pas manqu d'y rsimier ses ipropTCS interventions, ensuite parce qu'il ji'eut ipas (laiss l'imprimeur y estroijier son. nom avec tant de constance et tant de ressources. G. G. Rouanet, Ann. rvol., 1917, p. ii45 et G. Laureni, Le Dfenseur d.e la Constitution, Introduction, p. m-iri. (40 Un procd d'abrviations avait t invent ipar E.C Guiraut, de Bordeaux. Il Je prsenta Baiily ds juin 1789, mais aucune dcision ne fut prise ce sujet. Il enregis'tra son brevet le 7 janvier 1791, mais la tri'bune qu'il rclamait l'assemible ne lui fut accordie en principe que le 29 maii 1792. Par contre, 'Le Hodey prevenait ses abonns, partir du 127 avril 1791 que les discussions de l'Atesemble nationale taient littralement consiig>nes dans son Logographe... d'aprrs le travail de la Socit logoigraiphiiqne qni svu" le rapport fait l'Assemble nationale du >procd qu'ils ont dcouvert j>our crire aussi vite que lia parole ont obtenu ipar le dcret du mme jour, un emp^lacement en (face de la tribune d'oii ils reicueil(/|o)
(le
plan
INTRODUCTION
frres Chaif^nioaii (/i^X
et surtout le
!<'
XXIII
dtrnrent les prcdents leaders, sauf toutefois le Point du Jour. Enfin, en ce qui concerne les sances des Jacobins, nous avons puis les extraits essentiels dans le Mercure Universel de Tournon et c'est parce 'qu'il ne l'a pas connu, qu'Aulard a publi un Recueil (43) qui comporte, pour 1791, tant de lacunes.
;
Copies, imitations, Quant aux contrefaons. autres priodiques, ils doivent, pour subsister, ou s'associer entre eux, ou puiser chez leurs confrres plus favoriss l'essentiel de leurs informations. On ne s'tonnera pas, par la suite, qu'un mme extrait publi ne varietur dans plusieurs journaux soit class sous des rfrences multiples. Ainsi, les Veilles d'un Franais de .loly reproduisent le Point du Jour le Courier national de Beuvin s'est uni au Journal de Perlet et tous deux diffusent la mme copie de mme le concurrent de Perlet, imprim
;
Cour du Commerce (4/i), puise abondamment dans le Journal du Soir. Ce procd est encore plus couramment utilis dans les journaux de provin'ce, soit en vertu d'un accord,
soit en raison du retard avec lequel ils informent leurs lecteurs des dbats de la Constituante, retard qui peut atteindre de trois huit jours en ce cas, il leur suffit de dmarquer leurs confrres parisiens. On vite d'ailleurs l'accusation de plafjiat en spcifiant parfois dans le titre
;
le
les expressions de l'orateur . En vrit, que Le Hodey siignc avec la .Socit est dat du 10 septembre on en trouvera copie aux Aroh. mat. A A /jo 12 28. 1791 (42) Le Journal du soir, des frres Ghaignieau, eut pour principal juillet 11790, Eiiemie Antoine Feuillant. ldacteur, partir du
lent
trail<''
;
ii''"
Bientt son succs dpassa ceilui du Postillon de Ga'liaiis qu'il cherchait concurrencer. f/i3) A. Aulard. La Socit des Jacobins. Paris, 1889, 5 voL, in-S** ((lollection de dnifumenls relatifs l'Histoire de Paris pendant la Rvolution Tranaise). 8 hc^ 206, 8 vol. G. Walltor, dan son Catalogue l'in(/|/i) RjN., dique comme une dition nouvelle du Journal de Perlet. Il s'agit en lalitc d'une dition concurrente dont le texte' est presique toujours plus complet que celui, de l'diition pTincipa'le et qui, par suite, prsente un rel intrt.
XXIV
((
INTRODUCTION
qu'il s'aitil d'un extrait do toid rc que les papiers publics offrent de j)lus inlric^siud pour l'hisloire de r\ssenjble .
Ainsi opre la (nzettc SaVionale imprime Metz, chez Devilly (45), qui utilisera tant (qu'il paratra le Journal des Etats Gnraux de Devaux. Quant la Correspondance de Bretagne de Vatar, elle s'insf)ir(> du Journal des Etats Gnraux -de Le Hodey tandis que sa concurrente, publie par Au'dran, puise dans le Point du Jour. Les Affiches d/Artois (46) mm<\ butinent dans le Journal de Pari^ et les Rvolutions de Paris imprijues Neu\\i(>d se prsentent comme u une sorte de mosaque de textes emprunts aux Rvolutions de Prudhomme. au Patriote Franois de
;
;
Brissot, et aux pamphlets ligeois (47). C'est pourquoi d'une faon "-nrale les journaux de province, et plus forte raison les journaux trangers de langue franaise, nous ont t d'un faible secours. Mme les plus importants, comme le Journal de J^orinandie, le Courrier de Lyon, le Courier de Bordeaux et le Courrier d'Avignon accordent une (place prpondrante aux iniformations locales et se conten-
tent de
rsumer
les
dbats de l'Assemble.
On comprend
im irrljouinaux parisiens. Pour la seu]<' \ilh^ de Grenoble, en effet, on relve une rimpression (hi Point du
ainsi, [jourquoi des libraires a\iss tiouvenl
mieux
rt r-diler les
Jour,
du Courier
;
ois (48)
et
il
ne
Ajoutons cela le nombre de contrefaons et d'imitations serviles, de pillages dira-t-on, qui provoqurent de multiples procs entre journalistes, dont on trouve les chos dans leurs pu'blications. Le Journal de la Cour et de la Ville n'envoie-t-il pas mille remerciements l'aimable Rdeur qui ne (le) pille pas, mais qui veut bien prendre la peine d'extraire et de souligner ee qu'il trouve de plus piquant dans (ses) petites pices fugitives (49)- Ainsi, le
de
(45) Airs., 8 Jo aoiuo. Collleiction complte en 20 vol. (46) De (mai 1789 mai 1790, elles ne citent que 7 fois le Robesipierre. Ce journal a t omis dans le Catalogue de G. Walter
le
nom
;
on
trouve cependant la B.lN. sous la cote 8 Ix 18 (47) Cf. Tourneux, II, n 110.268.
747.
T,
(4).
n*
40,
p.
3i5.
INTRODUCTION
^'
XXV
;
succs des journaux l o-ros tirages tente les imitateurs Postillon de Calais n'en eompte pas moins de i4, de mme que VAml du Peuple et le Pre Duchesne bat le record avec le chiffre de 28 (5o). Comment alors s'y reconnatre, mme avec le catalogue de M. Walter ? Il nous a fallu dans ce cas reproduire en note la cote de la Bibliothque Nationale, ou lorsqu'il est connu, indiquer entre parenthses, le nom du rdacteur la suite de la rfrence, tant pour les contrefaons que pour l'dition principale. Si donc, nous avons paru alourdir cette publication,
le
;
c'est
uniquement dans
l'espoir
de
la
rendre aisment
utili-
car l'un des principaux griefs qu'on adresse aux ditions antrieures et aux compilations couramment utilises, consiste justement dans cette absence de rfrences prciss notre souci a d'ailleurs t d'en combler les lacunes. Enfin, un index report la suite de la seconde partie de cet ouvrage renseignera sur l'importance accorde l'activit de Robespierre par chacune des sources utilises.
sable, et c'est notre seule excuse,
;
Les annotations
A propos des Discours de Robespierre, il ne saurait une bibliographie complte des trarelatifs la
Rvolution vfranaise. Dj on reprochait du dput d'Arras, l'histoire de tous les vnements auxquels il ^fut ml. Le lecteur peut d'ailleurs aujourd'hui trouver un expos trs clair et ime liste des principaux ouvrages publis sur cette priode, dans le volume de la collection Peuples et CiviUsatlons d la plume de MM. G. Lefebvre, Guyot et Sagnac (5i). Nous nous sommes borns va signaler dans l'appareil critique qui accompagne chaque sance, d'abord les articles et les publications qui mentionnaient, propos de ces faits, le rle de Robespierre. C'est ainsi, que nous fumes amens La Rvolution frandpouiller les collections des revues
vaux
E.
Hamel
(5o)
Cf.
Cil.
linnicl.
I.e
j)rr
Dachesne
'IIbcrt,
Paris,
tS5),
228 p. et F. Braesich, Le Pre Durhesne d'IIherf, Paris, 1988, in-8. (5i) La Rvolution franaise, Paris, Alcan, igSS, m-8, Sgg p.
XXVI
aise
INTRODUCTION
los Annales rvolutionnaires, doAnnales Historiques de la Rvolution franaise, orgrane de la Socit des Etudes Rohespierristes, diriges par Albert Malhiez, puis par M. Georges Lef^ivre, et citer abondamment les ouvrages de E. Hamel (62) et de M. G. Walter (53) dont la seconde dition, dans laquelle il a pu tirer parti des recherches ncessites par la confection de son Catalogue, prsente un rel intrt. D'autre part, nous nous sommes appliqus relever les passages des Mmoires des anciens Constituants et des contemporains, rdigs par leurs soins ou d'aprs leurs notes, et publis aprs coup, 011 l'on fait tat du rle de
d'Aulard
et
veniios, en
]():>-4,
Ic^
Robespierre (54).
(52) E. Hnicil. Histoire tionale, i865, 3 vol. in-8.
(53) G.
2
de Robespierre.
Pariis,
Librairie interna-
vol.
in-8
Walter, Robespierre, i'* dition, Paris, igSC et Robespierre, 2* dition, Paris, Ciillimard, iq/j,
1939,
i
vol.
in -8,
768
p.
franaise,
vol.
Histoire authentique et suivie de la Rvolution Londres 1792, 2 vol., in-8 (B.N. Lc^ 2278). paiMis par Bei-vi*le et Barrire, Paris, 1821, Baiilily, Mmoires,
(54)
Anonyme.
:>.
in-8
Barre de Vieuzae. Mmoires, puMis paT Hippolyte Carnot et David d'Aiigers, Paris, i842-i8)M, 4 vol. in-8. CF. BeauHieu, Essais historiques sur les caus>es et les effets de la Rvolution franaise..., Paris, i8oi-!i8o3, 6 voL in-8. Bertrand de Molleviiilile, Mmoires secret.^ pour servir l'histoire (Je la dernire anne du rgne de Louis XVI, Londres, 1793, 3 v. in-8; Histoire de la Rvolution de Fr^ance, Paris, i8oi-!i8o3, lA vol. in-8. Mmoires de Condorcel sur a Rvolution franaise, extraiis de sa correspondance et de celle.s de ses amis, iParis, 182/i, a vol. in-8. Dubois-Cranr. Analyse de la Rvolution franaise... Ou'vra'gc postlmme, public par Th. lung. Paris 1880, i'n-i2, 427 p. E. Diimonf, Souvenirs sur Mirabeau et sur les deux premires assembles lgislalives, Paris, Gosscilin, 2 dition, ,i83'2, in-8 xxiv^79 P-
et Barrire,
1828,
vol.
La
BvellilirenLpaux,
Montjove, Histoire de
nationale, Paris, 1792, m^. Montilosier, Mmoires sur la Rvolution franaise, Paris, Dufey, 'i8i3o, 2 vrfl. in-8.
Consulat...,
INTRODUCTION
XXVU
Entin, nous avons vrifi dans la rimpression du Moniteur universel (55), V Histoire parlementaire (56), les A'chives parlementaires (57) et pour les Jacobins, dans le
recueil d'Aulard, l'origine des textes reproduits, et les variantes qu'ils prsentaient par rapport aux originaux. Con-
trairement l'opinion commune, le Moniteur comporte plusieurs rimpressions (58) c'est celle de L. Gallois,
;
Moiinier, Expos de ma conduite dans l'Assemble nationale et des motifs de mon retour en Dauphin, Paris, Desenne, 1789, i vol. in-8 62 p. RecliercJies sur les causes qui ont empch les franois de devenir libres; et sur les moycits qui leur restent pour acqurir la
;
Genve et Paris, 1792, 2 vol. in-8, 3ofi et 296 p. iPagancl, Essai historique et critique sur la Rvolution franaise, 1810, 3 vol. i.n-8. Cette dilion suip.pirime par ordre d\i GouvciTinemcnt imprial en 1810, fnt dtruite en i8i3, et rimprimie en i8i5.
libert.
Piaris,
Abb Proyart. La vie et les crimes de Robespierre surnomm le Tyran, d.epuis sa naissance jusqu' sa mort, par Le Blond de Neuv(B.N. g-iise. Colonel d'infanterie, Hambourg, 1790, in-8, 870 p.
Lb"
ii63).
in-8. D'aprs G. Wallter {Roauraient t compossi par Texconventionnel Laignlot ;'mais ne put les aicihevcr car il mourut en 1829, et ce fut Charles Reyibaud qui s'en chargea apira lui. L\c" second voluime contient un certajin nombre d discours coinnus. Mmoires de Charlotte Marie de Robespierre sur ses deux frres, prcds d'une introduction par Lapo'uneraye, et suivis de pices Jus1
Mmoires de Robespierre,
-f
vol.
ils
bespierre,
dition p.
59^-596),
iil
lificatives,
^^
dilion, Paris,
i835, in-8,
:
iiS's
p.
A'o//ce historique et biblioBidault, t<S38, 102 p. La colloclon de la Gazette nationale ou le Moniteur universel est 'complte aux Airehives nationales et la B.N. A la Bibliothtxjue de lia Sorbomne et collle de l'Institut d'IIiistoire de la Rvolution franaise, il manque un volume pour l'anne 1790. A la BibliothticTue de l'Arsenal, ce journal n'existe pas. (56) Bchez et Boux, Histoire parlementaire d,e la Rvdhition franaise, Par'iis. Cet ouvrage ifut publi entre i834 et i&38. (57) Archives parlemenlaircs, publies sous la direction d .T. Mavidal et de E. Laurent, i''" srie (1787 1799), 'T*'ii'i'S, 1888. (58) La Gazette nationale ou le Moniteur universel a fait Toibjet
(55) Cf.
Sur
le
Moniteur universel
graphique, par
^].
de plusieurs analyses, taibles aflpliahtiiques et riimipressions. Ce journal n'ayant commenc paratre que le 21/j novembre 1789, l'un ds rdacteurs Thuau-Grenville, rdigea, en Tan W, une Introduction couvrant la f)riod du 5 mai au 2/1 novembre 1780. Une premire ai.'allysc en 3 vol. suivie de 3 v<l. <le tables, <lue Oirardin, ot puP;ni<, fl une autre dite M'iflan en i8o2-t8o3 Idie en j8(>i-i.S()) comprend du 5 mai 1789 au 8 juillet 1790, 82 vdl. in-S" die s'ar:
i'i
XXVIII
!ich('V('('
INTRODUCTION
(Ml is'i") ',")()), Inqncllc nous nous r(''f(Vons, car plus ((.iiiiiic (>( |;i plus coiiranimonl iililisc. Ainsi qu'il l'indiqnr an (Irbiit de sou Iravail, la ])remire par-
c'est la
novembre 1789, dalc du dbut de Gazette de Panckoii(k<\ lut rdige en l'an IV, (d'aprs le Courier de Provence el lo Journal des Etats Gnraux (de Le Hodey. Pour la suite, il a reproduit
tie,
prcdant
le
9J\
la
publication de
la
de l'dition oriirinale en supprimant les archasen uniformisant l'orthograplie des noms propres. Aussi nous aAons pris soin de rtablir dans nos extraits les formes premires, de mme que nous avons pris pour rgle de suivre dans nos introductions les indications de la Liste des Constituants de Brette (60). Bchez et Roux ont dmarqu le Moniteur Universel, ^myh ils n'ont qu'en partie publi les textes des interven lions, et l'on ne saurait trop y prendre garde. Bien suprieures tous gards apparaissent les Archives parlementaires qui, tout en rservant une place importante au Moniteur, l'ont complt l'aide du Point du Jour, du Journal de Le Hodey, et pour 1789 du Bulletin de V Assemble Nationale. On y trouve souvent la mention que telle sance est trs incomplte dans la Gazette Nationale, et pour cette raison la compilation de Mavidal fait tat, pendant la Constituante, de 927 interventions de Robespierre, contre 167 seulement publies dans le Moniteur Universel. C'est ce dernier journal que. Laponneraye emprunte
le
texte
et
mes
les
vSi
discours
qu'il
reproduits pour
;
789-1 791,
sauf
le premier datant du 20 ceux prononcs aux Jacobins octobre 1789. Quant au choix de textes de Vermorel, compos en ralit d'extraits trs brefs, relis entre eux par des transitions plus ou moins heureuses, il n'offre aucun
blie
l'uvre de L.
Galloiis,
a t pu-
brumaire an VILI, 29 vol. in-8. Elite est suivie de 2 vo. de tables dus A. Ray, parus en i8i45. Cette rimpression fut nouveau dite, avec des p'iancihics reproduisant des gravures du temps, Paris, 'cliez Pion, de 1802 1870. (60) Al. Brette, Les Constituants, Liste des Dputs et des supplants lus l'Assemble constituanie de 1789, Paris, 1897, in-8 (Publication de la Socit de l'Histoire de la Rvolut'ion franaise.)
INTRODUCTION
XXIX
intrt historique. Celui de Cli. Vellay est plus ample (6i), mais jusqu' ce dbut du xx" sicle, c'est encore E. Hamel qui a saisi avec le plus de profondeur le rle politique de
dpouill avec conscience six des plus le Point du Jour, le Courier de Provence, la Gazette nationale, les Rvolutions de Paris, les RvoluHuns de Frahje et de Brabant, et l'Ami du Roi. Il a consult des documents aujourd'hui disparus (62) et certains manuscrits de discours (63). Son ouvrage qui parut longtemps apologtique, n'a gure vieilli, et M. G. Walter, quoiqu'il en dise, en adopte les vues sur bien des points. Ce dernier est parvenu dresser un rpertoire chronologique qui, du 18 mai 1789 au 3o septembre 1791, mentionne 282 interventions de Robespierre tant la tribune de l'Assemble qu' celle des Jacobins, mais encore, nombre d'entre elles ne sont-elles signales que d'aprs la rimpression du Moniteur (64). Certes, nous ne prtendons pas tre l'abri des critiques. Elles ne pourraient que nous aider pour les prochains volumes. La ralisation d'un travail collectif exige en effi une complte identit de vues, un dvouement total de tous les membres de l'quipe. Chacun des participants, quelque titre que ce soit, demeure longtemps dans l'ignorance du rsultat de ses efforts, la mise en uvre supposant d'abord l'accumulation des matriaux telle la chane d'une usine dans laquelle l'ouvrier ne construit qu'un fragment de l'ensemble. Mais nous tenons dire que cet esprit d'quipe ne fit dfaut aucun de nos collapendant le temps qu'ils consacrrent une beborateurs sogne souvent fastidieuse, ils n'pargnrent pas leur peine.
Koibespierre.
11
importants journaux
(Oi)
G.
VVaillor
donne jusqu' cette date (p. 66, note 57). En railit, l'autour s'est content de reproduire dos discours imipinms (8 pour la Consl
tituante).
(62) 'Par exennple, les brochures et les journaux conservs la BiM'iothque du Louvre. (03) Viililicrs lui rendait le service de copier des discours. IJNous en avons quelques-uns sous les \<'u\, entre autres les discours sur l'tabli sment du jury et sur l,i ji'iiliou du peuple avignonnais, provenant des papiers trouvs clic/. Hobt'spierre (Hamel, I, 181). (0',) Cf. G. Waltcr, p. 718 740.
XXX
INTRODUCTION
C'est qu'ils pensaient faire uvre utile en versant, avec la plus complte objectivit, au dossier du procs de Robespierre, souvent jug... jamais plaid , ainsi que le constatait
dj Cambacrs, des pices nouvelles, laissant aux aux professeurs, au public 'pris de justice, le soin de tirer les conclusions qui leur paratront s'imposer.
historiens,
Paris, le
i*'
dcembre
ig/ig.
Marc BouLoisEAu.
INTRODUCTION
XXXI
ANNEXE
Outre
le
fonds de
la
Aux Archives .\atio.\als Journal politique de Bouillon, AD xxA 370 Journal du Soir, par SaMier, AD xxA 387 Ami de la RAnnales de la Rvolution, AD volution ou Philippiques, AD xxA 36 xxA 58 Correspondance patriotique, AD xxA iSg.
; ; ;
;
LA Bibliothque de l'Arse.nal Affiches de l'Aristoci'utic, 1790, A>lerte, .citoyens, alerte l, 1790, in"* i et 2, 8** n*-^ I 4, 8 Jo 2o3i55 Ami de la loi au peuple (Ferrires) 179I1, n^ i 5, Jo 20187 bis B. 8 Jo 20187 ibis (j. Ami de l'Humanit, 1790, n"* 3 29, 8 Jo Ami des honntes gens, 1789 (octobre), 8" Jo 20257 D. 20160 B. Aristocratie vaincue, 1790 ,n 5, 8 Jo 20186 J. Assemble natiQDjile ou recueil trs intressant et trs impartial des discours, motions, &t principaux vnemens de l'Assemble nationale (27 aiviriil 1789-dcembre 1789), Angers, imprimerie de Marne, rue St. iLaud, 8- Jo ai 964 A Bulletin de l'Assemble nationale (Maret), 2 vdl., n 4 (10 aot 1789), Ce que vous ne voyez pas, n i55 (3o janvier 1790), 8 Jo 20250 Dclin du Jour (7 jui'Het-20 juillet 1789), 1790, n I, 8 Jo 20000 D. 8" Jo 2oi85 G. Dfenseur de la Libert, 1790, n"^ 25 49, 8 Jo Dnonciateur national, juin 1789, n' i 6, 8 Jo 2o366 20256 icahier (6 novembre Devoir de la Seconde Lgislature de France, Echo 1790), et 2** caihier (jusqu'au 18 dcembre 1790), 8 Jo 20. 553 du Palais-Boya'l, 1789 ? (n" 2), 8 Jo 2oJ5oo K. Ecouteur aux Portes, Espion de l^ris et des Provinces, 1789, 1789, (2 n), 8 Jo 20. 258 A. Espion des Campagnes, 19 novembren'^' I et 2, 8 Jo 20.!i8i5 H. Etoile du Matin, 18 mars 1790 2 dcembre 1789, 8 Jo 20. 583 H. Etats de 1789, juin 1789-juiMet 1789, (n 2), 8 Jo 20.047 '^;
; ;
1'*''
'
ii!^"^
Gniyiux, 5 mai-'i6 juin 1789, 8 Eustache Ramponneau aux Franais,. 12 i3 juillet 1791 II 26.008 A. Eva]nglihfes du Jour, el un numro sans date, 8 Jo 2o.5oo V. Fastes de la Libert (de ij avril-io juillet 1790, 8 Jo 20.209 C. Finissez donc, cher Belair), 178g (n i) au 11-1-90, 8 Jo 2o.il66 Fouet national, 22 scipt'embre pre, 1700, n^ i et 2, 8 Jo 20.26(1' A. Furet 7789 fn" j) avril 1790 (n 20), 8 Jo 2O.053 ot 8 Jo 20.112 Galerie des Etats Gnraux parisien, 1790, n* i 10, 8 Jo 20.297 2'' partie, 8 Jo 20.567 A. Gaet des Dames Franaises, 1790, i'" et Granzette Nalionak, o mai 1789-30 sepl. i79ir, 20 vol., S Jo 20.110 de Constitution (Moreiiii de LMeiMa.ii), 7-19 aol <S(), 8 Jo 20.907 C. (j-iv-go, H" Jo >n.\:\:) (].; Je m'en fouis et Ingnu, i^'^-ix-go (11 1) Je ne m'en fout, n.nin' l"iils. i-i|o '1 ni.'iiii'i-di, S" Jo xi.iSy liis H. ni ne ni.'t'ii i-unlrc, je iiii' rends a lu niison., 1790 ('i nutoro), 8' Jo Je Perds mon tat, Faites moi vivre, 1789, n"' i et 2, 20.187 bis L.
I
vol.,
H
;
26.500
A.
Etats
.'i
XXXII
;
INTRODUCTION
Journal de La ISuciclc des Amis de la Constitution, S Jo 20.i85 K. ntonarchique, i6 dc. 1790 au 18 juin 17911, 8" Jo 20.210 ; Journal des Fdrs, janvkr 1791 {/j numix)s), 8 Jo 20.108 A. ; LanLgende doterne Magique, 1790 i8o4 (i vol. rolic), 8 Jo 20.792 Livre des Rois re, 16 lvrier (n" i) 18 mai 1791, S" Jo 20.CJ79 au Nouveau Testament, d''cem'bre 1789 (dettre i"*) 10 fvrier i7'90, 8" Jo 2o.ai(>7 Magasin Historique, l sept, (n" i) 17 sept. 1789, 8 Marchal des Logis des trois ordres (S .P.), avril 1789 Jo 20.119 A. Marlirologue National, 1790 (?), n' i (n' I et 2), 8 Jo 20.208 P. 8 Petit Journal du Pahiis Royal (i5 sept. -12 nov. Jo 20.o5i 24, 8 K. Petit carme de 'Abb Maury, 1790, 80 p., Jo 20.079 1789), 8 Jo 20.589 G. Premier coup Persifleur (1790 ?) ,8 Jo 20.00 U. Pices intressantes de vpres, 1789 (2 nuimros), 8 Jo 20.180 J. pour servir l'histoire des aboyeurs, 11790 (n^ i 3), 8 Jo 20.890 Prompt avertisseur (1790 ?), prospectus, 8 Jo 2o.'9o8 C. Prospectus Prospectus d'un nouveau Mercure de France, 1790, S" Jo 20.908 G. ^^ Repu civiques (Abib Laimonretlc), 11791I, 11* 1-2-4-5, 8 Jo 20.269 Rvolutions nutionales, sept, blicain, juilile 1791, 8" Jo 20.2O1 P. Rvolutions de Versailles et de Pari^, ocl. oct. 1789, S Jo 20.1174 B. Rvolutions de l'Europe et Journal des mu nov. 1789, 8 Jo 20.39.5 Rvol^ition de France, sox>t nicipaHis, aot 1790, 8 Jo 20.894 C. Le Rideau lev, 1789 (3 numros) 1789 sept. 1790, 8 Jo 2o.i3i 8 Jo 20.208 H. Spectateur patriotique-, sept. 1789, 8 Jo 20.5oo Y. Supplment au Journ^al gnral de France, i788-i7'9o, 4 Jo 10.099 ^ Les souliers de l'Abb Maury, 1790 (2 num.ros), 8 Jo 20.186 H. Sans quartier, aot 1790 (10 numros), 8 Jo 20.261 C.
; ; ; ;
;
>
A LA Bibliothque de la Ville de Paris Grands arrts du Club des Jacobins, tavriil 1790, 8 8.847 Sermon prononc le ii*"" dimanche de carme par dom Robespierre, 1791 (i5 p.), 25.707 + n 10 Procs-Verbal de la Sance du 21 juin 1791 de la Socit des Amis de 8 i5 p., 950674. la Constitution, Paris, Imprimerie nationale, s.d. Nous a-vons galement utrliis les fiches de la table que l'on compose actud'Iement pour les Actes de la Commune de Paris (SLgismond
:
Laeroix)
srie.
:
A
A
i4i
LA Bibliothque de la Chambre des Dputs Chant du Coq, Crole patriote, EZ 8, t. XiL Historiographe national (2 nu:
mros) EZ IIP.
CITES
(1)
Paris, pendant la Rvolution franaise, puSigismond Lacroix, T" srie et 2" srie, Paris 1900, 8 vol. in-4 (Collection des documents relatifs l'histoire de Paris pendant la Rvolution franaise).
la
G>mmune de
blis
par
Jacobins,
Paris,
1889,
t.
I,
II,
III
(mme
Bchez
et
Roux,
Paris,
1834-1838, 40
Journal
in-8.
Creuz-La TOUCHE,
tellerault,
du premier dput des Communes de Chapubli par J. Marchand, Paris, Didier, 1946, in-8.
B.N. mss,
DeVISME, Journal
indit,
sur
n*"'"^
acq.
{f'\
12.938.
E. DUMONT, Souvenirs
DUQUESNOY,
in-8
vol.
vol.
in-8.
O. Havard,
ris
Histoire
de
la
Rvolution dans
de guerre, Pa-
A. HoUTIN, Les
de 1789...
lution
Paris,
1917,
in-8''
(Socit de l'histoire de la
Rvo-
franaise).
L. Jacob, Robespierre vu par ses contemporains. Paris, les classiques de la Rvolution). (Coll"
:
1938, in-8
LapONNERAYE,
3 vol.
Paris,
1840,
in-8.
la
Rvolution.
1882,
vol.
in-8''.
On
se
rfren'ces le
nom de
LoRIQUET, Les Cahiers de dolances de 1789 dans du Pas-de-Calais. Arras, 1891, 2 vol. in-8.
F,
dpartement
MGE,
1890,
et
Gaultier de
t.
Biauzat,
sa
vie
et
sa
correspondance,
et
II).
Paris,
11
belles-lettres
arts
de Clermont-Ferand,
1926
et
srie,
t.
et
Augustin Robespiene.
1941. 2 vol.
in-8.
A.
J.
Paris,
La
jeunesse de Robespierre.
indit
(Bibl.
Anas, 1870,
in-8.
Pellerin, Journal
Communes
s.d.
et
;
de l'Assemble na75
vol.
Paris,
Imprimerie
nationale,
in-S"
le
(une
dition
in-4,
premier
volume).
Procs-verbal
des sances des dputs des Communes depuis le 12 17 juin 1789, s.l.n.d. (B.N., Le" 39 insr en tte du procs-verbal de l'Assemble nationale).
juin jusqu'au
;
Abb ProyaRT
(Le Blond de Neuvglise), La vie et les crimes de Robespiene surnomm le Tyran..,, Hambourg, 1795, in-8.
Rcit des sances des dputs des Coirununes depuis le 5 mai 1789 jusqu'au 12 juin suivant, s.l.n.d. (rimpression par A. Aulard,
1894).
la
patrie
dmasqus par
le
rcit
la
de
Ville
d'Artois.
Adresse au Peuple Artsien par 34 Avis au Peuple Artsien. de 14 Adresse au peuple par 34 Adresse de Maximilien Robespierre
p.
Nation Artsienne, sur la ncessit de rformer les Etats Nouvelle dition, considrablement augmente de nouveaux faits, jecueillis depuis la premire. S.l.n.d., in-8'*, 83 p.
ses reprsentants.
S.l.nd..,
in-8
Paris,
l'imprimerie
L.
Potier de
Lille,
in-8,
p.
belge,
plusieurs
de
ses
reprsentants.
S.l.n.d.,
in-8,
p.
aux
Franais,
Paris,
Pa-
quet,
1791,
in-8% 49
p.
et rapports
in- 12,
XX-430
p.
(L'Elite
de
la Rvolution).
G. WaLTER, Robespiene,
2^
dition,
Paris,
1946,
in-8\
Actes C. de P
Au'lard
Actes
de
la
Commune
de
Paris...
(iSigis-
mond
Lacroix).
Recueil de documents sur la, Socit des Jacobins, publis par Aulard.
Arch. nat
Arcih.
Archives nationales,
Archives
parlementaires.
rvolutionnaires.
pari
Ann. rvol
A. h. de la R, F.
..
Annales
aise.
Ars
Bibl.
O.D
V. de
et
Bibliothque d la
Chambre
del
Dputs.
B.N
Bibl.
Bibliothque
nationale.
Bchez
Roux
Moniteur
P.V. de l'Ass. nat.
R.F
Revue de
la
Rvolution franaise.
R.H
Revu
historique.
L'lection des dputs aux Etats Gnraux s'opra en Artois, rglement royad du 24 janvier 1789. Les trois noblesse, clerg et tiers tat y participaient dans des conditions diffrentes. Tandis ique les deux premiers se runissaient directement au chef-lieu du bailliage principal, pour composer leurs assembles lectorales et dsigner leurs dputs; les roturiers gs de 25 ans, et inscrits au rile des impositions, devaient subir l'Os preuves d'ain scrutin plusieurs detgrs. Les habitants des viMcs se groupaient d'abord soit par corporations, s'iils en faisaient partie, soit dans une assemble prliminaire, pour nommer leurs dlgus l'assemlble de la ville o l'on devait fondre en un seuil cahier, les doilances exprimes par^ ces divers lments. De leur ct, les paysans, remplissant les mmes conditions, formaient d'a'bord une assemble de paroisse, rdigeaient leurs dolances et les remettaient leurs dlgus au bailliage secondaire. L, ils se rencontraient avec les reprsentants des villes de leur circonscription et la runion nommait le quart de ses membres qui devenaient les lecteurs du tiers tat au bailliage principal, lesiquels, en dfinitive, lisaient les reprsentants de la province aux Etats Gnraux du royaume. Ainsi quatre barrires franchir pour atteindre le but: paroisse, corporation ou quartier; assemble de la ville assemlble du bailliage secondaire ; assemble du bailliage principal lections aux Etats Gnraux (1). Tel tait le pro.cesisus qui devait en principe, s'appliquer la France to^ut entire, mais les Pays d'Etats s'empressrent, ds la de janvier 1789, de solliciter du roi des amnagements que fijjustifiaient leur situation et leurs privilges particuliers. L'Artois, runi la Couronne en 1650, par le trait des Pyrnes, appartenait cette catgorie. Un gouverneur le duc de Guines, y reprsentait le roi (2) des Etats, dans lesquels devaient siger les reprsen-
conformment au
ordres
:
p.
(1) . 44.
A. Mathiez,
La Rvolution
franaise,
Paris,
Colin,
t.T,
12) Adrien Louis de Bonnires, comte, puis Lille le 14 avri'l 1735 et mort Paris le 21
d'abord ambassadeur
Berfiin,
puis Londres, de
6
tajits
des trois ordres, fixaient et rpar tissaient l'impt (3), enfin origine-^ les 'organisation municipale dont remontaient au xi* sicle (4). Par suite, l'application du rgllement royal du 24 janyier 1789 fiouievait de nombreuses difiicuilts, heurtait bien des intrts. La (gouvernance d'Arras tendait son ressort sur la snchausse de Saint-Pol et la gouvernance de Bthune. Il n'y avait donc pas
pais de bailli, et cependant c'tait|>au bailliage principal et sous la prsidence du baiiMi que des lecteurs devaient se runir. Ce fut l'objet de deux rglements partiouiliers, l'un du J9 fvrier, l'autre du 12 mars 1789, attribuant la ville d'Arras le rle de chef-ilieu du bailliage principal, et au duc de Guines les fonctions de Grand Bailli d'Epe. D'autre part, on dterminait le nombre des dputs dsigner dans chacun des bailliages secondaires et dans chacune des villes de la gouvernanioe. Enfin, la prire du duc de Guines, en raison des difficults, le roi autorisa lie report de la convocation des assemWes lectoralas (5). On conoit que, dans ces conditions, la campagne lectorale ait t particulirement mouvemente. Ds la fin de 1788, une vive opposition se manifesta contre les Etats d'Artois, tant cause de leur composition que de leur administration. Y sigeaient en effet les Bculs gentilshommes qui pouvaient faire la preuve de six quartiers de noblesse et qui taient seigneurs de paroisses on d'glises succursales pour le clerg les vques d'Arras et de Saint-Omer, les abbs rguliers de 18 monas'tres, le Grand Prieur de Saint-Vaast, ainsi que les dputs des chapitres et collgiales du diocse enfin, pour le tiers les chevins d'Arras et les dputs des villes de SaintOmer, Bthune, Aire, Lens, Bapaume, Hesdin, Saint-Pol, Pernes et Lillers. Ces derniers, quel que soit leur nombre, ne bnficiaient que d'une voix par dputation, si bien qu'en fin de compte le tiers ;n 'tait reprsent que par 10 voix, cootre prs de 40 pour le clerg et de 100 pour la noblesse (6). A cette flagrante ingalit entr des ordres, s'ajoutaient les protestations de la noblesse non entrante (7), ainsi que des curs
de bailliage principal,
(3) Of J. A. Paris, p. 193 ; Filon, Histoire des Etats d'Artois ; et A. Parenty, Etude sur les almanachs d'Artois, 1860, in-8 (B.N. L<29 15 bis), p. 34 51. (4) Cf. Lecesne, Notice historique sur l'chevinage d'Arras, 1866, in-8, 25 p. (B.N., Lk' 12271); Parenty, op. cit., p. 37. (5) Arch.dp., Pas-de-Calais, Collection Barbier, Recueil factice, 1461, pice 1 Lettre du Roi pour la convocation des Etats Gnraux Versailles, le 27 avril 1789, et rgllement annexe pour la Province d'Artois, Paris, Imprimerie royalle, 1789, in-8'', 13 p. Pice 2 Rglement fait par le Roi, x>our l'excution de celui du 19 fvrier dans sa Province d'Artois, du 12 mars 1789. Paris, Imprimerie royalle, 1789, in-8", 6 p. (6) Cf. H. Loriquet, p. xxxiv, note 1. (7) La noblesse non entrante leva de vives protestations oe .sujet lors des runions de rassemble de l'ordre .du 20 au 30 avril 1789 Arras. Le 28. les commissaires la rdaction du cahier, ont rendu compte l'assemble de quarante ptitions formes pour obtenir une reprsentation plus parfaite des ordres dans les tats
.
ordinaires, contre l'exclusion dont ils taient reprochait galement aux Etats la comipllai'sance a-yec acceptaient toutes les augmentations d'impts proposes laquelle ils par le pouvoir central, l'ingale rpartition des chargeis fiscales qui pesaient lourdement sur les pa,ysans, l'pret avec laquelle iih soutenaient les revendications des seigneurs propos de l'exercice du droit de triage (8), enfin leurs larigesses inutiles, les gratifications scandaleuses dont ils dotaieat les fonctionnaires royaux pour s'assurer leur appui. On accablait de griefs identiques le corps chevi-nal ou magistrat d'Arrais. Ce dernier se composait en 1789 d'un anayeur, de 9 chevins, de 2 conseillers pensionnaires, d'un syndic, d'un substitut, d'un argentier. Nomms par d''un greffier civil et criminel et rassemble gnrale des Etats d'Artois, sauf deux qui taient au choix de l'vque , les chevins constituaient une oligarchie qui possdait en fait la facult de dsigner ses succe&seurs (9), Agissant comme de vritables officiers royaux, ils soumettaient les habitants de la ville une administration tracassire, ordonnait, sous prtexte de mesures de police, des arrestations arbitraires. Malgr tout, ils prt&ndaient reprsenter la commune et dominer les prochaines lections aux Etats Gnraux. A cet effet, ils rclamrent d'abord, ds le 18 novembre 1788, puis, la double reprsentation du tiers aux Etats du royaume (10) lors de l'ouverture des Etats d'Artois, le dput ordinaire: Desmazires (lH), s' appuyant sur un savant mmoire, s'effora, le 29 dcembre 1788. d'obtenir pour ce mme tiers une plus large place dans l'aissemble de la province. Ils souhaitaient ainsi faire nombnficiers
On
. Devant cette opposition, on s'effora de trouver un et d'admettre aux Etats: 1) Toute la noblesse pouvant prouver quatre gnrations et ayant une terne clocher... 2) Les autres lisent parmi eux un certain nombre de dputs. Mais le lendemain, le comte de Cunchy, au nom de la noblesse entrante, ayant affirm son dsir de maintenir les Etats dans leurs anciens privilges, Alexandre de Lameth leva une vivjc protestation qui fut insre au .procs- veribal. (Arch. dp. Pas-de-Calais. Recueil (factice, 1461, pice 6, p. 33). C'tait peine inutile, ear lies Etats ne devaient plus se runir. (8) Cf. ci-dessous. Motion de Robespierre... pour la restitution des biens communaux envahis par les seigneurs, fvrier 1790; et ;sance du 4 maris 1790. (9) A la fin de leur mandat, les chevins dsignaient leuns successeurs avec l'aide de 12 dlgus des corporations de la ville. i(ll) Les dputs ordinaires rsidaient Arras ils taient chargs de l'administration de la nrovince dans l'intervalle des sessions des Etats. Chacun des ordres envoyait en outre un dput la Cour. i(10) Ce vu fut reproduit dams l'art. 46 du Cahier du tien dp la ville d'Arras cf. Loriquet, I, p. vil. Les chevins de SaintOmer avaient fait une dmarche analogue, ce qui explique les termes de la lettre ci-dessous, rapporte par Lecesne (Arras pendant la Rvolution franaise, p. 20), d'aprs les Arch. mun. d'Arras. Recueil factice Assemble des Etats Gnraux, t. II, p. 388.
d'Artois
compromis
Il
l'attribue
3)
rote
<(
(p.
35,
Lettre
MM.
les
mayeur
et chcAnns
d'Arras
Mesisieurs,
Il parat aujourd'hui constat qu'en Artois, plus^qu'en autre province d'Etat, le tiers n'est pas reprsent ou qu'il l'est mal. Messieurs de Saint-Omer viennent d'en donner des raisons auxquelles vous aviez sans doute adhr d'avance par les dilibration'^ que vous avez pris (sic) ce sujet; perm'Cttez-moi d'y ajouter que rendent presque les chevins qu'on dpute aux assemlbles s'y toujours sans invitation fornieHe, et y portent, au lieu de vux de leurs commettants, toujours leurs opinions personnelles et souvent
Je n'insisterai pas sur le tort qu'introduit dans les municipal'admission irrgulire et insidieuse des nobles: le mayeur avec sa voix prpondrsfnte -et les cuyers qui les suivent ont presqu'un tiers de voix, ce qui est beaucoup, si ce n'est trop. Il est inutile, Messieurs, de vous rappeler encore mille autres inoonvnients que vous connaissez mieux que moi et que vos dmarmais permettez ches combines vont faire disparatre sans doute \que j'aie l'honneur-de vous observer qu'elles resteront sans succs si vous ngligez une prcaution que je crois essentielle, laquelle vous avez dj song peut-tre, mais que je prends la libert de vous suiggr,:>r, si toutefois etlle vous tait chappe. On a lieu de croire que les lettres de convocation aux proiehains tats gnraux seront envoyes aux tats de cette province l'assemble tenante. Si' vos dputs s'y trouvent, et qu'ils aient dji vot, comment se refuseront-ils la nomination "ordonne, puisqu'ils seront dj reconnns aptes reprsenter le tiers 1 Et, co^mme il est de principe que l&B tats particuliers d'une province sont bien les tats gnraux en quelque sorte de cette mme province, pourront-ils en mme temps tre et n'tre point, tantt reprsenter le tiers pour un objet et se refuser ensuite le reprsenter pour un autre ? Je ne m'appesantirai pas sur les consquences tirer de ce que je viens de dire, vous les avez dj saisies. <( Il me parat donc indispensafble. Messieurs, qu'aussitt la lecture faite par le greffier de la lettre de convocation, et avant que Messieurs les commissaires du Roy prennent la parole, les dputs des villes se livent et disent, qu'ils ne coroparaissent que par respect pour les ordres de Sa Majest, qu'ils reconnaissent qu'ils sont absolument incomptents pour reprsenter duement le TiersEtat, qui ne peut et ne doit l'tre que par le vu de la commune lgalement assemble, et ce, malgr le long usage qui n'est qu'uin ong abus de date. Vous sentez. Messieurs, que cette dmarche, qui vous a t si nergiquement trace par la conduite qu'a tenue le Parlement de Paris relativement l'enregistrement des impts, est la consquence ncessaire de vos rclamations, et que si vous croyez devoir enfin tre galement reprsents aux Etats Gnraux, vous ne devez pas l'tre d'une manire ingale vos tats provinciaux. Ne vous y trompez pas. si vou's comparaissez ceux qui vont s'ouvrir purement et simplement, on en argumentera, et avec raison, contre toute protestation ultrieure de votre part, soit qu'on nomme
lits
mer par cette Chambre largie , et sous leoir influ^eince, les dputs 'aux Etats Gnraux (12). Robespierre ne fut pas dupe de leurs agissements et son influence en tant qu'homme politique, se manifesta ds cet instant. En janvier 1789, il commena par dnoncer dans sa brochure inti A la Nation Artsienne, sur la ncessit de rformer les tule Etats d'Artois , ces corps privilgis qui n'taient -plus qu'une ligue de quelquejs citoyens qui se sont empars seuls du pouvoir qui n'appartenoit iqu'aux Peuples (13). Ainsi, rappelait-i'l leurs membres aux vritables principes de leur constitution ;, en dnonait-il les exactions et proposait-il de rendre au peuple k ila libert de choisir lui-mme ses reprsentons . Le ,succ's de cette brochure fut tel qu'il! eu donna une nouvelle dition, vraiseuablablement fin aivril, en mme temps qu'il publiait, toujours sous l'amnymat Les Erlnemis de la Patrie dmasqus par le rcit de ce qui s'est pass dans les Assembles du Tiers Etat de la Ville d'Arrais ifl4), brochure - laquelle nous empruntons la majeure partie d^s
:
_ :
pour les Etats gnraux pendant l'ia&semble, soit qu'on Le fasse une poque plus recule. iSi ramour-propre ou le dsir de se rendre importants pouvait sduire quelques-uns des membres renomms pour l'assemble proce que je suis bien loign de prsumer, j'espre que le Magistrat d'Arras votant en corps, et qui a eu ravantage d'aivoir fait et motiv les premires rclamations, concevra l'importance de .l'observation que j'ai l'homneur de lui prsenter, et qu'il sentira comibiem serait ridicule et nuisible que cette nomination aux Etats Gnraux ressemble celles qu'on fait chaque anne, soit pour dputer la cour, soit pour composer la commission intermdiaire. Je laisse votre sagesse juger le mrite ou les inconvnients de ma proposition, vous suppliant d'tre persuads de la puret de iines vues, comme je le suis de votre zile et de ivotre amour pour ia chose publique. Je suis bien respectueusememt. Messieurs, votre trs-humbile
chaine,
il!
et
trs-obissant serviteur.
Un
:
Artsien.
Cf. galement Motion faite par un de MiM, les Dputs du Tiers Etat la sance du 31 avril 1789, in-S", 5 p. (Arch. dp. Pas de Calais,
Recueil
(12) iCf.
factice,
1460).
Nation Artsienne..., p. 76. Mais nos Aristocrates savent si peu calculer les progrs de l'opimion publique, qu'ils ont os nous dire encore, que tous les membres des Etats se montreront toujours jaloux du privilge d'administrer la Province"; qu'ils le conserveront dau'S toute son intgrit, et qu'ils ine feront que le communiquer en jDartie leurs Concitoyens, en les admettant concourir, avec eux seulement, pour la nomination des Dputs aux Etats iCnraux. (13)P. 10. Nous nous rfrons la nouvelle dition conisid.rablement augmente de nouveaux faits, recueillis depuis la premire . S.l.n.d., in-S", 83 p. <14) iS.il.n.d., in-8", 58 p. (B.N. 8, Lb^ 11095). L'auteur est sans conteste, Robespierre (cf. Lettre de Charamond Dubois de Fosseux, publie par L. Jacob, p. 33-34). Le rcit des faits s'arrte la sance du 30 mars 1789.
la
10
1789
La premire runion des habitants de la ville d'Arras fut annonce au son de la trompe, pour le lundi 23 mars, sept heures du matin, dans T glise du Collge de l'Oratoire. Les corporations, au nombre de 39, devaient se grouper au dieu ordinaire de leurs sances. Ces dernires furent calmes; leurs dolances refltrent un esprit goste et traditionaliste. L'une d'elles cependant, la pflus pauvre, mais la plus nombreuse, celle des cordonniers mineurs ou savetiers, pour rdiger son cahier de revendicatioBs (1) fit appdl Rdbesipierre. Il assistait, avec les autres avocats (2) l'assemble des habitants non corpors qui fut, par contre, trs houleuse. Les chevins, environns de tout le cortge de leurs Sergens et de leurs Suppts, dcors de tous les ornements de leur dignit , prtendaient en assurer la prsidence. Ils proposrent d'abord de dlibrer par igrou'pe'' de cent personnes qui se retrouveraient aprs la noomi-' inatioin des deux deUgus auxquels chacun d'eux aurait droit. Mai,-; Je nombre des prsents tant insuffisant, on les obligea reporter la sanice dans l'aiprs-midi, et, dans l'intervalle, faire une nouvelle annonce au son de la trompe.
Dolances du corps des cordonniers mineurs de la vMe d'Ar-, rdiges par Robespierre. Reproduiction lithographique du manuscrit dans J.A. Paris, p. 280. Les quatre premiers articles retracent les difficults particulires la corporation et calles qui rsultent surtout de la hausse du prix des cuirs. Mais le cinquime est dirig contre le magistrat. Le voici 5 ...ils ont une rclamation plus intressante encore former iqui leur est comimune avec toutes Iles clasises de citoens que la fortune a le moinis favoriss, ils deanandent que les officiers municipaux qui ne doivent tre que les hommes et les mandataires du peuple ne se permettent plus l'avenir d'attenter arbitrairement la libert des citoens, sous prtexte de police pour 'les raisons les plus frivoles et souvent injustes ; non seulement en les envolant en prison mais mme en les menaant trop lgrement de ce trait ignominieux. Cet usage trop commun ne fait qu'avilir le peuple qu'on mprise au lieu que le premier devoir de ceux qui le gouvernent est d'lever, autant qu'il en est en eux, son caractre, pour lui inspirer Je courage et les vertus qui sont la source du bonheur sociale (sic). On n'oser oit se permettre d'adresser ces outrages aux citoyens de la classe la plus aise; de quel droit les prodigue-t-on aux citoens pauvres ? ils sont prcisment ceux qui les magistrats doivent le plus de protection, d'intrt et de respect. (Cf. G. Walter, p. 67). (2) Malgr les efforts des avocatij appartenant l'chevinage pour se runir part, 'il fut dcid que les avocats d'Arras ne formeraient pas un corps spcial et voteraient avec les habitants non corpors.
(1)
ras,
((
^
LES DISCOURS DE ROBESPIERRE
11
Cette mesure amena un puMic considrable, emyiron 600 personnes selon Ro'bespierre, et "les officiers municipaux surpris dclaqu'ils n'entendaient tre Electeurs ni ligibles en la prrrent sente Assemble (3). On procda donc au contrle des prsenloes sans s'inquiter de l'opposition du magistrat. 11 ne semble pas que Robespierre ait pris la parolle au cours de cette premire sance. Ce fut en effet, l'un des confrres pflus -gs Ansart, qui dclencha et soutint la lutte contre Le dput ordinaire du tiers aux Etats d'Artois; Desmazires (4). Elle devait d'ailleurs se poursuivre le lendemain avec plus de violence. Toutefois, malgr les efforts de Desmazires pour accrotre le nombre de ses partisains, il ne figura pas au nombre des 12 dlgus qui furent dsigns par les suffraiges de l'iassemble, et parmi lesquels Olh comptait Robespierre.
((
:
Les Ennemis de lia patrie dmasqus..., p. 11 13; et 'Exde la sance tenue en l'iglise du Coillge des prtres de l'Orapour l'lection des dputs dans la dlasse des habitanis com(poisant le Tiers Etat, ,qui_ ne se trouvent compris dans aucun corps, commiunaut ou corporation, in-8, 1 p., s.l.'n.d. (Arch. dp. Pas de Gaulais, recueil factice, 1460). Il s'agit de la premire page d'une brochure de l'poque; nouis n'avons pu en retrouver la suite par
(3)
trait toire
ailleuris.
A la nation Art(4) Robespierre expose dans sa brochure sienne, p. 33-35, ses griefs contre le dput ordinair'e, qui en plus de 10.000 liv. d'appointements annuels, s'tait fait octroyer une somme de 3.000 liv. pour la compositioin d'un mmoire sur les ainciens usages de la Province, mmoire qui n'avait jamais t publi, et qui, au dire de ceux qui l'avaient vu, avait cot beaucoup plus de travail aux commis qui ont copi (les titres conservs dans .les archives des Etats), qu'au dput lui-mme .
:
Les douze dlgus nomms le 24 par les habitants non corpors e runissent le 26 l'Htel de Villle aux 53 dlgus des corporations, afin de rdiger le cahier unique des dolances du tiers tat
et de nommer les dputs l'assemble du bailliage. Mais, ds l'ouverture de la sance, les chevins dont certains, comme Dubois de Fosseux, appartenaient la noblesse (1) s'emparent de lia prsidence et s'efforcent d'imposer leurs vues. Ils prtendent
d'Arras
ville,
Dubois de Fosseux, secrtaire perptuel de (1) Ferdinand l'Acadmie d'Arras. Pendant la Rvolution, il fut maire de la et prsident du Dpartement du Pas-de-Calis Oc. L. Jacob, p 27, n 2).
12
dicter lea termes du ]r(ict-s-vonLal, anmiler les lecliuus du 34 et s'iassurer huit voix un baililiaige, prolongeant ainsi la discussion pendant toute la journe, mais rassemble dicida unanimeraent de jje leur accorder que deux suffrages, ce qui paraissait encore abusif
pas pour battus et ennployrent la nuit obtenir du lieutenant gnral du Bailliage d'Arras une sentence qui accordait leur les huit voix convoites esprant faire ratifier cette dcision par l'assemble (2). Ne pouvant y' parvenir, ils durent se rsoudre dans la matine du 27 remettre leur dmission entre
les mains de M. le -Mayeur (3), mais que nanmoins ils contiixiueraient (leurs fonctions) ''jusqu' ce qu'ils fussent remplacs (4). Au cours de la sance du soir, un dbat s'instaura sur l'opportunit d'entreprendre les dmarches ncessaires pour rendre la ville d'Arras le droit d'lire ses officiers municipaux. Puis on dlibra sur la constitution de cette nouvellle municipalit, jet on arrta de demander que deux des officiers municipaux fussent ncessairement choisis dans l'Ordre de la Noyiesse . La idiscusision rebondit >au sujet du choix du mayeur et Robespierre intervint.
Les Ennemis de
((
la Patrie
dmasqus... p. 34-35.
Membres de l'Assemble, que je ne veux point beau observer que cette dlibration, aussi-bien que la prcdente, seroit une msulte que le Tiers-Etat se feroit luimme; que, soit que l'on considrt l'galit de droit, qui appelloit tous les Citoyens l'admmistration de la chose commune, soit que l'on fit attention au petit nombre des Nobles, compar la multitude des autres Habitans, il toit injuste d'accorder aux premiers une dis...l'un
(5),
des
nommer
eut
n'en
fut
qu'il falloit
pas moins dcid, par une pluralit au moins apparente, ncessairement que le Mayeur ft Noble.
p.
Xes Bnne*is de
p.
24.
la
En
dfinitive,
dputs au
30
ci-dessous,
sance
dsign par les trois Dputs ordinaires et six commissiaires des Etats d'Artois. (4)Le mayeur tait le baron d'Aix de Rmy. Il rendait compte chaque jour au garde des Sceaux, du droulement des oprations lectorales. Ses lettres sont conserves aux Arch. nat., B ""a, 15, Artois. La premire, date du 27 mars, relate les incidents qui ont ])rovoqu la dmission des officiers municipaux. Bile a t reproduite par L. Jacob, p. 34-36. (5) Il s'agit sans aucun doute de Robespierre.
tait
13
3.
ASSEMBLEE
DU TIERS ETAT DE
(suite)
LA VILLE D'ARRAS
ide Fosseux, qui avait comla dmission des cbevins, qu'il lecture de la brochure vient de publier sur les avandonne tages ide bien rdiger les cahiers de dolances (1). Puis on procde l'examen des reivendications exprimes par les corporations. Un grand nombre exprimant le vu de regnriOr l'Administration municipalle , la discussion entame a veille reprend nouveau, sur la motion de l'avocat Brassart iqui souligne rnngence d'une dcision. 11 ,est appuy par Robespien^e.
la
...un autre Membre de l'Assemble (3) en adoptant la motion propose, crut devoir rpondre aux raisons allgues par quelques-uns de ceux qui avoient opin avant lui, et qui avoient prsent la df-
rence due
oij
ils
MM.
les
Echevins,
comme un
seroient sortis
(4)
;
de charges,
que
le
la restitution
des droits de
la
Com-
mune
il
avoit observ
retard, aucune complaisance, aucune foiblesse; qu'il ne leur toit pas permis de fixer leurs attentions sur tel ou tel homme, vers qui ils pouvoient se sentir inclins, soit par le sentiment des biensances sociales, soit par les mouvemens d'une affection particulire; mais sur le peuple seul, dont les intrts leur toient confis, sur le Peuple si malheureux et opprim depuis si
peine
le
Dput dont
je
(1) Arch. dp. Pas-de-Calais, Hecueil faictice, n 1460, pice 1 Avis aux Artsiens des campagnes, s.l.n.d., in-8, 7 p. Cet crit qui fut imprim aussitt et distribu avec profusion, contient une longue dissertation sur les avantages d'un Cahier de Dolances bien rdig (cf. Les Ennemis de la patrie dmasqus... p. 38). (2) Cf. iG. Walter, p. 68 (3) Il s'agit de Kobespierre, comme on le verra plluis loin. A Ja Nation Artsienne, p. 9. Les Offi(4) Cf. tRobespierre ciers Municipaux dont le pouvoir est une atteinte continuelle < nos droits, qui n'ont mme aucune "qualit conistitutionnelle et lgale pour administrer les Villes, se font de cette usurpation mme, un titre pour s'omparor oricnro de l'aHministration de la Province.
:
((
14
que
loit
s'cria,
que
si
tout le
:
monde
par-
finiroit
jamais
mais, ce qui
paroitra plus inconcevable encore, c'est qu'un autre ELchevin-Noble (5), celui-l
mme qui avait ouvert la scne par la lecture dont j'ai rendu compte, osa prendre nommment partie celui qui avoit propos les observations que je viens d'exposer; et s'attacbant ces expressions qu'il avoit employes dans son discours, de Peuple malheureux opprim depuis longtems, il demanda expressment qu'elles fussent consignes dans le procs- verbal (6) le Dput, qui voyoi/ cet objet d'un autre oeil que l'Echevin-Noble, y consentit volontiers, et fit quoi M. de aire de suite dans le mme acte le dire suivant Robespierre a rpondu, qu'en dveloppant les difrens motifs qui faisoient une loi aux Reprsentans de la Ville d'Anas, de prendre les moyens les plus prompts et les plus srs de lui rendre les droits prcieux et sacrs dont elle avoit t dpouille, il n'avoit pas pu se dispenser de rappeller que ses Concitoyens toient malheureux et opprims depuis longtems; qu'au surplus, la rquisition de M. Dubois de Fosseux, ne pouvoit tre regarde que comme une nouvelle atteinte
:
((
porte la libert des suffrages, et d'autant plus extraordinaire, que M. Dubois de Fosseux tant un Membre tranger au Tiers-Etat,
n'avoit
pas
(7).
le
droit
d'lever
la
voix
dans
l'Assemble
du
Tiers-
Etat
() Dubois de Fosseux. Son discours fut reproduit par les Affiches d'Artois, t. I, p. 32, et tir -part, s.l.n.d., in-8", 6 p. (cf. Loriquet, ibiMiographie). mss., Arch. dp. Pas-de-Calais, B 882-883 (cf. Miss (6) P.V. .B. Hyslop Rpertoire critique des caihiers de dolances, Paris, 1933, publication de la /Commission d'histoire co'nomiqu'e de la Rvolu:
tion,
mars qui
paissage de 'la lettre du baron d'Aix date du 29 cet incident (Arch. nat. Ba l Artois). ...On s'est runi ce matin neuf heures et demie. M. Dubois de Fosiseux chevin gentil homme demanda /l'assemble la permissio-n de parler il se plaignit de ce que dans la smice prcdente quelques membres de l'assemMe s'toient oublis envers les officiers municipaux en leur imanquant d'une manire essentielle. Ce discours fut suivi du isilence le ip'lus profond qaii fait bien l'loge <lo l'orateur. J'ai propos de reprendre le travaiil lom is'ein est occupij 'et l'occasion de la discussion d'un article imsrer dans le cahier de dolance un jeune homme is'ohappa assez fortememt pour obliger Res prsidens de l'asisemble tenir procs verbal de ce manquement. Depuis lors les oprations se continuent et j'espre qu'en rprenant ur la nuit Je travail se terminera et pourra tre port demain l'assemble prliminaire...
rela-te
15
4.
quatre jours de dlibrations, l'Assemible, parvenue terme, fut oibiige de terminer brusiquement la r.da>ction de son cahier de dolances, qui apparat par suite, comme un ouvrage informe, 'Sans ordre, sans suite, plein de demandes, ou draisoniiables, ou coiUtradiictoires (1). Puis on procda la nomination des 24 dputs d'Arras l'assemble du bailliage. Ma'Lgr les .efforts des officiers municipiaux, six d'entre eux seuleonent furent dsigns et Robespierre compta parmi les lus de l'opposition. La sance se termina une heur,e avance de la nuit; mais,
Aiprs
'Son
<|,)eu
avant la
fin,
E-obesipierre intervint
nouveau
(2).
(1) Cahier du tiers tat de la Ville (Arch. dip. Pas-de-Calais, 882-883, publi par Loriquet, il, 158-167 ; et dans les Arch. pari. Il, 55-88. Lecesne, p. 24, signale l'influence de Robespierre dans la rdactio'n de l'article 10 Une loi qui obvie aux suittes du
prjug contre 'les familles des supplicis en prononaait des peines graves et corporelles contre ceux qui lui en feroient un reproche, et en dfendant aux corps et communaut quelconques, tant ecclsiastiques que laques, d'en faire un moyen d'exclusioin. Kobesipderre avait en effet iprsent l'Acadmie d'Arras en 1785 et 1786 un Mmoire prouvant l'injustice et les inconvnients du prjug qui fait rejaillir sur les parents des criminerls l' infamie attache leur
suppilice
0)
(cf.
Piaremty,
o,p.
cit.,
p. 30-31),
<2) G.
popularit
ville .
Walter, ip. 69, date de cette intervention la vritable de Robespierre dans les milieux dmocratiques de la
(3) Cf. E. Hamel, J, 82. (4) Il s'agit de l' altercation entre Robespierre et Dubois de Fos.seux, cf. sance prcdente. D'.ctpris la lettre du baron d'Aix au Garde des iSceaux en date du 30 mars a 'L'Assemble du tiers tat de la ville d'Arras a t termine deux heures aprs minuit par l'lection de vingt-quatre dputs. Tout s'y est pass trs tranquillement et sans bruit Je parti anti-municipal n'a pa;s triomph, six membres de l'Echevinagc ont t du nombre des dputs. La dissolution de l'Assemble nous fait esprer que le calme durera et que tout rentrera dans l'ordre. (Arch. nat., B a 15, Artois).
:
16
repr-
membres
plusieurs Artisans
qui avoient consacr aux affaires de la Commune, quatre journes ncessaires leur subsistance; et conclut que l'humanit et la justice exigeoient que la Commune jeur payt au moins les modiques salaires croyez- vous que les Oraqu'elles auroient pu leur procurer. Eh bien
1
du Corps Municipal ne trouvrent aucune objection demande ? Ils rpondirent que cette observation paraissait
teurs
contre cette
assez juste
mais
tre
ils
lui
opposrent
la
forme,
et
prtendirent
qu'elle
accueillie,
le
sans la participation
dire,
suffrage
les
comme
prsens
la plus
grande partie
mme
toient
l'Assemble
tandis
les
mme,
reprsente
(5).
par
que l'Assemble toit la Ville elleDputs de tous les Corps et des Ci-
toyens!...
(5)
p.
5.
ASSEMBLEE
iLe
vililes,
30,
arrivrent
,et
bourgis
(1).
villages
d' Arras
Ils
554 dputs reprsentant 245 bailliage royal et gouvernance se^ runirent dans T glise du CdDlge de l'Orales
Arras,
du
gouverneur et d,e Lesoing, procureur du roi. On procda d'abord la nomination de 49 commissaires, chargs de l'examen des aolances particu:liress et de la rdaction d'un cahier commum. Fidles leur tactique, les partisans de l'chevinage d'Arras s'efforcrent de diviser l'assemble pour y accrotre leur influence. Afin d'exclure leurs adversaires de ce premier travail, ils soutinrent que 'les votes devaient avoir lieu par district, et que les reprsentants d'Arras-ville fussent spars d'Arras-campagne. iRobesipierre s'y opposa vivement, et fut dsign comme coanimissaire, (le 36", puis l'assemble s'ajourna au 3 avril (2).
'
;<
Lecesne
p.
25;
G.
(I,
Walter,
p.
69.
On
lui
E Hamel
83), la rdac-
tion du cahier du tiers tat de la gouvernance d'Arras. En effet, il est facile de reconnatre sa main, car c'est le rsum de tous
LS DISCOURS DE ROBESPIERRE
Robespierre. Les Ennemis de la Patrie dmasqus..., p. 50.
\J
Dputs de la Ville et leurs adhrens firent de la Ville se spart de celle des Villages circonvoisins, qui toient compris dans leur district, pour nommer entr'eux arbitrairement six Commissaires; ce qui m'a beaucoup plus scandalis encore, c'est que l'un de MM. les Officiers Municipaux fit luHmme la liste de ceux qu'il dsignoit l'Assemble, pour remplir cette fonction, et qu'il n'oublia pas d'y inscrire son nom, quoiqu'il en et exclu ceux des personnes dont le zle lui avoit caus le plus d'embarras dans l'Assemble de la Ville. Il devoit se rappeller que je lui reprsentai combien cette mthode toit contraire la libert des suffrages; et sa rponse: que sa liste toit une simple proposition; et ma rplique :, que de telles propositions toient au moins embarrassantes pour ceux qui elles toient faites (3).
...Les Echevins
en
sorte
que
la dputation
))
mis par lui pendant ces dernires annes. Le cahier est Ja B.N., Le-* 304; J.A. Paris i'a rsum, p. 297 Loriquet Ta publi intgralement, I, 52-71, ainsi que les' Archive? parlementaires, t. VI, p. 721-736. '(3) fie procs- verbail de la sance ne anentionne pas cet incident (Arch. nat. B a 15).
les principes
imprim
et
Le 3 avril, on avait procd la rduction au quart du nombre des dputs de rAssemtble Ginrale de la Gouvernance. Opration importante nuisque les lus dcivaient avec les reprsentants des sept autres bailliages d'u\rtois, for'mer le Corps lectorall aux Etats Gnraux Roibeispierre subit aisment cette preiu've et fut choisi le dixime sur un total de 184 noms il). Tout^efois pendant les 17 jours qui le sparaient de la date des lections il dploya uie
grande
activit
(2).
(1) Cf. E. Hamel, I, 83 (il le fait lire le 13) ; et (2) iCf. Abb Proyart, B.N., Lb"' 1163, p. 70-71.
G.Walter, p.69.
Le passage que
par
G.
nous
donnons ci-dessous
70.
partiellement
reproduit
Walter, p.
,,." Tandis que Robespierre le jeune, alloit ainsi, de Vililage en Village, quter des suffrages pour son Frre, d'autres Emissaires
18
20 avril (3), en effet, devaient commemoer les preuves dciLe duc de Guines, assist de Mgr. de Conzi, vque d'Arras, ouvrit soilennellement, daos la cathdralle, l'Assemble des trois ordres (4), puis ce dernier dclara noblement que son Ordre entendait remettre la Nation assemble d'exercioe de ses exemptions et immuinibs qui pourraient tre onreoise^ aux autres classes
Le
sives.
de
la socit...
La
fit
Xa
mme
bnvoles se rpandoient dans les Tripots et les Estaminettes (sic) de la Ville et des Faubourgs d'Arras, chauffant les ttes, pr'nant Kobespierre comme un igrand-Homme, et toujours, sur-tout, comme un Patron alectionn-e du Peuple, dont il avait jur de venger les droits depuis long-tenus outrags par les 'Grands. De son ct, Kobespierre jouoit le rle qu'il s'toit rserv. Affectant en toute caressoit la Multitude, il occasion la plus grande popularit, saluoit, il arrtoit dans les rues ceux qu'il savoit avoir quelque ascendant sur ellle. Mettant ses conseils au raibais, il les offroit, il les donnoit (gratuitement ^ quiconque pouvoit lui accorder ou lui gagner une Voix. Long-tems ava,nt les lections, il rpondoit, avec une feinte modestie, ceux qui lui faisoient coimpliment sur sa future dputation, que, si iquelque chose le flattoit, plus encore que le touchant intrt que lui marquoit Ile bon Peuple, c'toit l'espoir qu'il concevoit, s'il toit dput, de pouvoir travailler effi)cacement lui conqurir la libert et le bonheur. Une seule chose, disoit-il, lui donnoit de l'inquitude; c'toit que son zle trop connu pour le 'bien public ne lui isuscitt de puissans Ennemis, et ne le rendit victiane de la cabale des Riches et de leurs Partisans. Et, d'un autre ct, l'hypocrite faisoit des visites aux Hiohes et deurs Partisans, mendioit publiquejnent leurs suffrages, et les assuroit de son dvouement le plus entier et le plus pur leurs intrts. Les choses en toient l, et Robespierre toit sans inquitude sur Ile succs de 'Son affaire, lorsque les Electeurs is' assemblrent pour procder au choix Je leurs Reprsentans. Cependant, par surabondance de prcautions, et pour ne rien ngliger dans une affaire capitale, le prudent Ngociateur chargea son Frre et ses Emissaires de se rpandre dana les Auberges o les Electeurs toient descendus; d'y faire retentir son nom et son loge, et de parler chacun le ilangage de plus propre capter sa bienveillante. Il crut encore qu'il ne pouvoit que lui tre utile de transiger avec quelques-uns de ses Concurrens. Il les vit et leur fit offre de seconder leur lection de tous les suffrages qui lui toient dvous, charge de rciprocit. (3) iLa date en avait d'abord t fixe au 13 avril, puis reporte au 20, car elle tombait pendant le temps pascal . Le jour de Pques tombait, en effet, le 12 avril. (4) 'Cette imposante assemble comprenait 220 dputs nobles et 292 mandataires 470 curs et vicaires, 19 chapelains, 35 bnficier
ill
c(
>
simples, les bnficiers de 8 chapitres, 20 prieuns et prvts, les reprsentants de 14 chapitres et collgiales, de 26 abbayes d'hommes, de 1.1 abbayes de femmes et de 39 communauts religieuses, les voques d'Arras, de St-Omer et diC Boulogne. Enfin 488 dputs du tiers tat pour les 7 bailliages d'Artois\- dont 184 pour Arras, 86 pour St-Pol, 61 pour St-Omer, 47 pour Hesdin, 35 pour Bapaume, 28 pour Aire, 27 pour Lens, 20 pour Bthune.
j^
dclaration et le tiers tat raponidit par 'des applaudissements (5). Chacun des ordres gagna ensuite les sailes qui leur taient rserves l'Hpital gnral pour procder la rdaction du cahier (6) et laux lectio:n's dfinitives. Le lieutenant gnral de la gouvernance Cauwet de Baly, prsidant 'l'Asisemble du tiers, invita alors 'les Ellecteurs tmoigner l^ar gratitu(de aux deux autres ordres. Eoibespierre s'y opposa et son avis iut adopt jpar lia plluralit O).
Comte de
Villedeuil,
20
avril
1789
(8).
...Un avocat s'est lev et a dit qu'on ne devoit point de remerciements des gens qui n'avaient fait que renoncer des abus.
(9).
...J'ai
fait
ds la premire aurore de
la
rvolution,
au
del
de laquelle vous vous plaisez remonter pour y chercher vos amis des titres de confiance, ce que je n'ai jamais daign dire, mais ce que mes compatriotes s'empresseraient de vous rappeler ma place, dans ce moment o l'on met en question si je suis un ennemi de la
patrie
et
s'il
est
utile
sa cause de
me
sacrifier...
Ils
vous diraient
que, tandis qu'ailleurs le Tiers Etat remerciait humblement les nobles de leur prtendue renonciation des privilges pcuniaires, je les engageais dclarer pour toute rponse la noblesse artsienne que nul n'avait droit de faire don au peuple de ce qui lui appartenait...
(5) Discours de M. le Duc de Guines, gouvierneur gnral de l'Artois, faisant les fonctiou'S de grand Bailli d'Epe, l'Assemble gnrale de cette Proivince, le lundi 20 avril 1789, s.l.n.d,, i-8, 8 p. Ce diiscours a t reproduit par J.A. Pans, op. cit., p. 254. On en trouvera un rsum dans un mmoire de Dauchez, avocat au Conseil d'Artois, intitul M. Dauchez ses enfants (cit par Lecesne, p. 50). (6) Ce cahier qui existe la B.N. (Le-^ 205), est publi dans les Arch. pari., VI, 721-734 et dans Loriquet, I, 31-41. Pour le bailliage d'Arras, les comimi'&saires chargs de sa rdactioin taient Bras)>
Lechon et Levaillant d'Oisy. Le procs-verbal de la sance du 20 avril ne fait aucune mention de cet incident (Arch.nat., B a 15). Par contre, on y trouve la lettre du Comte de Guines, reproduite ci-dessuB. <8) Comte Laurent de ViWedeuil, secrtaire d'Etat la Maison du Roi. Cf. L. Jacob, p. 36. (9) Discours prononc la Socit des Amis de la Constitution (cf. Journal du (5lub..., n 187, reproduit par Bchez et Roux, XIV,
sart,
'(7)
151).
20
7.
SEANCE DU
26
AVRIL
1789
ii^o
Les oprations llectorailes commences vendredi 24 avril midi, prolongrent jusqu'au 28. On procdait, en effet, au scrutin uninominal et on .ouvrait un no'uveau scrutin ds que les rsui-tats ou prcdent taient positifs. l y avait au total huit dputs lire et l'Assemble comptait environ 1.200 lecteurs (1). Aprs .kis nommations de Payien, de Brassart et de Fleury, Piobesipierre fut, au quatrime scrutin, le 25 avril, en ballotage avec Vaillant, ancien gaide des sceaux de la chamcellerie d'Artois, qui l'emporta au second tour (2).
s'agissait de la Qouvernance principale d'Arras et de ((l) Il :es secondaires, cf. E. Hamel, I, 85. Sur l'lection de Kobespierre, cf. galement Arch. nat., B ni 12, p. 109-114.
(2) Cf.
<c
C'est ailors que, le dsespoir dans le cur, il court dans une maison que frquentoit .sa Soeur, raconter son humliation et ses chagrins. Un^e personne prsente son rcit l'exhorte ne point perdre courage, tant qu'il restera une pll'ace remplir. L se trouvoit aussi un Dput dj nomm. On l'invite, on le presse de faire queique chos;e pour Kobespierre. Celui-ci s'y refuse d'abord; mais voyant Kobespierre ses pieds, iqui lui jure qu'il ne feria rien que par ses avis dans les Etats-gnraux, il consent lui prter son crdit auprs des Vtans. Fort de cette ressource. Robes-pierre entrevoit .'sncorie une lueur d'esprance. Son ambition se ranime; il tient conseil, il passe en revue divers expdiens, et s'en tient ce'Iui de fairje une dernire tentative auprs des Villageois, par
un Discours
crire sur le
qu'il
croit propre
Jes sduire.
Cependant,
il
fait
cents morceaux de papier, remet ses Affids, avec injonction de les distribuer qu'il aux .Paysans de l'Assemble, au moment prcis o ils s'appercevront que sa H'aranigue fera impression sur eux. Las choses ainsi convenues, on se rend la Sance qui devoit terminer le Scrutin, liobespierre y toit arriv le premier: l .s'empare de la Tribune. 11 commence par dclarer emphatiquement qu'il va clair;er le Peup'le sur de grands intrts, et lui rvler des mystres d'iniquit oprs son prjudice . Aussitt, il se met dcLamer contrie la prtendue tyranaie des Leves militaires qui ont eu lieu dans l'Artois. Il prend de l occasion de caloninier les Autorits. Il incu'lpe l'Intendant de la Province, il inculpe l'es Etats. Il accumule d'hypocrites dolances sur le -sort du mallheureux Habitant des (Campagnies, qui, selon lui, dj vex en mil'le manires diffrentes par les Grands, est encore cruellement arrach ses utiles travaux ipour le Service (militaire. An moment o les Vi'lll'ageois attentifs s'iextasient, la bouche ouverte, devant le Discoureur char'latan, on leur glisse dans la main le nom de celui que tant de zle pour
21
Mais ,1e lendeimain, dimanche 26, l'lection de Robespi;erre fut procla/me et les jours suivants on dsigna les trois derniers dputs du tiers tat. Les autres ordres ayant choisi chacun quatre dputs, la reprsentation artsienne se trouva compose
;
de
la
mai, les dputs des trois ordres se trouvant runis dans saLLe de l'hf)ital gnral, sous la prsidence du duc We Ouines, prtrent le sierment de remplir avec fidlit et exactitude la commisision qui leur tait confie atiprs des Etats Gnraux .
P*"
16 'Le
membres
(3).
grande
((
gaux
et
Je dterminai l'assemble lectorale... annuler les actes illconcussionnaires que les Etats de la province et l'intendant
avaient os se permettre...
En
butte la rage
de
criminel,
peuple m'arra-
cha
la
perscution pour
me
de l'Assemble na-
tionale.
eux leur rend chei. Robespierre descent de la Tribune, on va au scrutin, est nomm. Ainsi ce Fourbe, qui devoit bientt enilever tous lies bras l'Agriculture, aux Arts et au Coimraerce ce Robespierre que nous avons vu enrgimenter la .France entire, et placer toute la Jeunesse du Royaume entr,e les bayonnetes de l'Ennemi et le couteau de l'a guillotine, il fai&oit un crime alors son Roi de La juiste demande d'un homme par Paroissje, pour le maintien de l'ordre public et la difense de l'Etat. (Texte cit par G. Walter, p. 71. Ce serait, d'aprs lui, la protection de Charles de iameth qu'il aurait s'olllicite chez Mme Marchand). Briois de Banmetz, Comte Charles de Lameth, (3) Noblesse Comte de Croix, Lesergent d'Isberigues. Clerg: Le Roulx, cur de St-Pol Boudard, cur de la Couture; Behin, cur d'Hersin-Coupignj' Diot, cur de Ligny. Tiers P2tat Payen, fermier Boiry-Becquerelle Brassart, avoFleury, fermier Coupelle-Vielle; Vaillant; Robescat Arras pierre Petit, fermier Magnicourt-isur-Canche Boucher, ngociant Arras; Dubuisson, fermier l Inchy. Les Affiches d'Artois, du Boulonnois et du Calaisis, publirent dans leur supplment au n" du P"" mai 1780, une apprciation satirique sur la dputation d'Artois. Elle est due la plume de Fourdrin, notaire Arras. Il la compare trois curies de courses et voici le passage concernant Rolbespierre Robespierre... l'enraig, double bidet crains, emport, ne connaissant ni le mord, ni la gaule, vicieux comme une monle, n'ose mordre que par derrire, crainte du fouet. L'on a t tonn de son admisision, mais on le dit destin faire le rle du risible peecata. aprs les courses brillantes que vont fournir leis Mirabeau, les Bergasse, les Malouet, etc., dont est dress singer grotesquement les allures, (Cit par G. Walter, p. 654, note 1). Cf. galement: La sentinelle artsienne ou rve d'un vieux soldat d'Arras, s.l.n.d., in-8, 16 p.
i'I
iii
22
TATS GNRAUX ru
8.
SEANCE DU
18
MAI
1789
Ds
<(
missaires, et invitait les communes nommer les leurs, afin d'aboutir une runion. Le tiers tat fut fort embarrass. Le 14, Habaut de SaintEtienne, dput du tiers_ tat de la .snchausse de Nmes, suggra d'accepter cette proposition, en prcisant toutefois que ces dputs ne pussent jamais s'carter des principes du vote par tte et de l'indivisiibilit des Etats Gnraux (3). Le Chapelier, dput de la snchausse de Henns, reprsenta que les confrences taient inutiles, puisique le tiers tait rsolu ne pas cder, et dangereuses, puisque nommer des commissaires c'tait permettre ses adversaires de isoutenir juridiquement que le tiers s'tait constitu et iqu'ainsi la vrification en commun n'avait plus de sens.La discussion sur les onctions de Rabaut de Saint-Etienne et de Le Chapelier, fit l'objet des sances des jours suivants. Le 15 mai, l'importance de la question dbattue dtermina l'assemble recueillir les voix par appel de ibailliage, chaque dput- tant libre
(1) Le tiers tat aux Etats gnraux et, ensuite, l'Assemble nationale se partagrent en bureaux dont la composition varia et dont on ne possde pas de listes co^mpltes voir cet gard, la note publie dans les Annales historiques de la Rvolution franaise, 1950. n 2. On constitua aussi nombre de Comits le nom de Robespierre ne figure pas dans les listes insres dans: les Ar: ;
chives narlementaires, t. 32, p. 545-570. (2) Cf. Gazette Nationale ou Extrait... (Ars., Jo 20110) t. I, a date: Mmoires de Bail'y, t. I, p. 105; Houtin, p. 4 et 83. (3) Rcit des sances des dputs des communes, p. 19 24.
23
de motiver son avis. L'appel continua le 16 mai. Le 17 tant un dimanche, c'est le lundi 18 seulement qu'intervint Eobespierre (4) un refus, et que l'Assemble, craignant d'indisposer le clerg par adapta la motion de Rabaut puis, le lendemain, elle nomma 16 commais noblesse, de la et missaires pour confrer avec ceux du clerg .seulement quant prsent pour la vrification des pouvoirs en comwiun et [en spcifiant qu'] il sera fait une relation crite des con;
((
frences
(5).
1789)
(6).
fit
...M. Rabbau de Saint Etienne, ministre protestant la motion de nommer des commissaires pour confrer
la
de
noblesse
et
du
clerg.
M.
Chapellier,
dput de
Rennes s'opposa
cette
prtendit qu'elle tolt la fois inutile et dangereuse... ...La premire motion fut adopte une grande
pluralit de mais la plupart de ceux qui opinrent dclarrent qu'ils ne rejettoient pas la seconde et qu'ils y reviendroient si les confrences proposes ne produisoient aucun effet...
voix
(4)
La date
est prcise
par
le
Journal de Devisme.
(5) Parmi les commissaires des Communes, figuraient Rabaut, Le Chapelier, Mounier, Target, Volney, Gart, Bcrgasse et Barnave. (6) D'aprs G. Michon, I, 39. Toutefois G. Walter conteste la date du 24 mai (cf. p. 655. note 10) On peut affirmer en toute ceci pour plusieurs^ raisons certitude que cette date est fausse
:
1 Il y est question
qui eut lieu aujourd'hui M. Or, le 24 tait un dimanche et les Etats Gnraux ne sigeaient pas ce jomr-l. Aucun des comptes-rendij.s de l'poque n'indique une sance cette date. 2 Robespierre dit dans cette lettre: Il est temps que je rompe le silence auquel les circonstances m'ont forc jusqu'ici . Cela suppose que jusque-l^ il n'avait pas eu le temps d'crire Buissart et que c'est la premire lettre ou'il lui adresse. Or la mme Correspondance publie par M. Michon reproduit une lettre de Robespierre date du 23 mai, dans laquelle il raconte Buissart ce qui (vient de se passer l'Assem-
Communes
Donc la lettre dite du 24 mai avait t crite avant celle du puisqu'elle prtend tre la premire. 3 Le discours de Le Chaauquel fait allusion Robespierre fut prononc le 18 mai et non pas le 24. Pour rsumer, c'est le 18 ue cette lettre avait t crite. Ce n'est nas notre avis. Robespierre crit en effet dans Il v a auatre jours que nos commissaires sont ce mme texte nomms en vertu de la dliibration dont je vienS de parler. Ils le furent le 19 mai, ce qui nous mnerait au samedi 23 mai, o il a ipu coimmencer crire sa lettre pour la continuer le lendemain dimanche, tandir- que les Communes ne sigeaient pas. Quant la lettre date du 23 et /adresse au mme destinataire, il semble bien nu'il s'agisse d'un fragment appartenant sans doute celle du 24. G Michon a puis son texte dans J.A. Paris (apiDendice, p. XCV), ni ce dernier n'indique pas ses isources il signale simplement qu'il a eu les autographes sous les yeux.
ble.
23.
pelier
24
...C'est
la
inspir
une
anti-
propose par M. Rabbau de Saint-Etienne et qui m'engagea la combattre vivement mais comme je parlois l'un des derniers et que ceux qui avoient opin avant moi
pathie
invincible
contre
motion
presque tous dclars pour elle je crus qu'il toit impossicombattre avec succs, surtout si je lui opposois la motion nergique et vigoureuse qui toit en concurrence avec elle; je pris le parti d'ouvrir un troisime avis qui me sembloit devoir conduire au mme but. Je proposai d'envoyer au Clerg seulement une invitation fraternelle qui seroit rendue publique par la voie de l'impression, dont je laissai le projet sur le bureau (7), pour le presser, au nom
s'toient
ble
de
la
Nation de se runir au corps national et joindre ensuite leurs leurs efforts ceux des Communes pour dterminer la Noblesse suivre cet exemple, auquel il lui et t difficile de rsister, sans armer contre elle l'opinion publique et sans se dvouer au mpris et l'indignation de toute la Nation qu'il n'est plus permis de braver impunment dans les circonstances, o nous sommes. D'aprs la connaissances que nous avons des dispositions et des intrts des curs, je ne doute pas qu'ils ne se fussent dtachs du parti de la scission, pour se runir aux Communes; une partie de la Noblesse n'auroit pu se dispenser de les imiter ensuite, puisque plusieurs dputs de ce corps ont un ordre exprs de leurs commettants de ne voter' que par ttes; les plus distingus de ce corps par leurs vertus et par leur mrite se seroient empresss de s'immortaliser par cet exemple de patriotisme et de magnanimit; il ne seroit donc plus rest dans le parti oppos que les aristocrates vous la haine publique, dont on se seroit facilement pass et qui n'auroient pu mettre aucun obstacle la rsolution que nous aurions prise de nous dclarer l'Assemble nationale avec les citoiens des deux ordres
la
de
instances et
Mais comme la dlibration n'avoit roul jusques l que sur deux motions qui avoient t proposes d'abord, les commissaires nomms pour tablir provisoirement une espce de police dans l'Assembile crurent que Ton ne pouvoit point opiner sur la mienne, dcision qui me paroit mal fonde et qui toit l'effet de l'imperfection de nos ides sur la mthode de recueillir les suffrages, que nous allons bientt rformer. Cependant un grand nombre de personnes me tmoignrent qu'ils me scavoient gr de l'avis que j'avois ouvert, et
les
m'assurrent
avoit
t
qu'il
n'et
adopt,
s'il
(7) Nous n'avons pu retrouver aux Archives nationales de cette motion. (8) Cf. G. Rouanet; Ajin. rvol., U)16, p. 351.
.
le
texte
25
11-12
(9).
18 mal
1789, p.
((
gens
montrer,
et
la
ils
semblent des
la
papillons qui
viennent
se
la chandelle.
C'toit
rflexion
encore ce matin l'occasion d'un jeune avocat d'Airas nomm Robespierre, connu par un joli plaidoyer sur le paratonnene de St. Orner (10). Il s'avana avec beaucoup d'assurance, nous demanda un silence profond, parce qu'il avoit des choses neuves nous dire, et surtout un moyen infaillible nous indiquer pour oprer
que
ije
faisois
runion des trois Ordres. Et aprs une harangue d'une demi-heure nous dclina ce prtendu moyen infaillible qui consistoit faire au Clerg un discours qu'il avoit prpar et qui n'tait autre chose
la
il
qu'une
invitation
pleine
{]]).
(9) Mentionn par G. Walter, p. 656, note 18. Ce journal manuscrit fut acquis par la B. N., en mai 1944. (10) Allusion la clbre plaidoirie prononce par Robespierre devant le Conseil d'Artois le 17 mai 1783. Cf. ,L. Jacob, p. 22 24. (11) On trouve dans le Rcit des sances des dputs des Communes, p. 22, le passage suivant dat du 15 mai Deux avis particuliers et diffrents des motions qu'on discutoit ont t ouverts. Celui des dputs qui a propos le premier de ces avis a prtenidu que la conduite des Communes ne devoit .pas tre la mme vis vis des deux Ordres privilgis. Il a ob^ervi que la Noblesse avait fait prcder son consentement nommer des Commissaires pour se concerter avec les deux lautres Ordres, de la dclaratiom qu'elle toit lgalement constituie, dclaration d'aprs laquelle il ne restoit rien concerter que le Clerg ,au contraire, ne s'toit pas constitu, et que, dans cette position, si on pouvoit autoriser des Commissaires des iCommoines confrer avec ceux du Clerg, on ne pouvoit, quant la Noiblesse, que tolrer au plus ,que M. le Doyen et les Adjoints s'expliquassent avec elle, comme individus et sans qu'ils eussent aucune mission, /parce qu'elle seroit sans objet, et ne seroit pas sans danger. iCette opinion a t adopte par plusieurs membres . 6'agit-il de l'intervention de Roibespierre ? Les jo-urnaux ne sont pas plais explicitea.
:
26
9.
SEANCE DU
20
OU
22
MAI
1789
(1)
-tiers
tat
du
bail-
d'Etampes, propose qu'il isoit form, provisoirement, un comit de rdaction; que tout ce que J'assemjble jugera propos de faire paratre en son nom, manuscrit ou imprim, soit renvoy ce comit pour y tre prpar, et prsent ensuifte par lui l'Assemble , avant d'tre publi (2). Cette oiiotion fut vivement combattue (3). Une majorit norme se pronona contre elle, le 22 mai, mme lorsque Target, dput du tiers tat de Paris, l'eut rduite la publication d'un
procs-verbal
sommaire
(4).
Le
Point du Jour,
t.
I,
p.
128
(5).
Dans les dbats occasionns par cette motion, de grands dj connus, comme ceux de Target et Mirabeau ont rempli l'attente qu'on en avait conue. D'autres, comme ceux de Barnave, Chapelier, Ption de Villeneuve et Robespierre, se sont manifests d'une manire clatante (6).
talents
MM.
MM.
sance
tcommena
le 20, et comme il n'y eut pas de l'Ascension, elle continua le 22 avant le vote.
(2)
Hcit des
p.
2-6-27:
Aulard,
(3)
Communes,
p.
37;
d.
Robespierre
rapporte
ces
3art
p.
BuisMichon,
(4) 'Gazette nationale ou extrait..., t. I, la date. fut rejete par uine majorit de 366 ivoix. De son ct, Politique de Bruxelles (t. 11, p. 223) indique qu'
La motion
le
il
Journal ne s'est
la
soutenir
s'agit
de l'Introduction rdige en 1790, Barre n'ayant numro que le 19 juin 1789; mais il assistait
1916,
p.
350.
27
10.
SEANCE DU
JUIN
1789
Les confrences pour la vrification des pouvoirs runissant commissaires nomms par les trois ordres, se /poursuivirent du 23 au 27 mai. Elles n'aboutirent aucun rsultat, la noblesse et le tiers montrant semblable obstination. Le 1^8 mai, Louis XVI propose de rouvrir les confrences en prsence des ministres. La discussion is'engage sur cet objet, ce mme jour, la chambre des Communes. Le 29 mai, le doyen qui prside, pose ainsi le dbat acceptera-t-on ou rejettera-t-on les confrences proposes par le roi? Les dputs furent consults par appel de bailliage. A la sance du 29 au soir, le tiers tat dcida de rpondre l'offre du roi, et arrta que ses commissaires reprendraient leurs confrences avec ceux du .clerg et de la^ noblesse, que procsverbal serait dress de chaque isance et sign des assistants (1). Les confrences commencrent le (30 mai, et le 4 juin les Communes entendirent le compte rendu de celle de la veille. La discussion qui s'engagea, porta essentiellement sur deux points: communiquera-t-on la noblesse et au clerg, les procs-iverbaux des confrences rdigs par les commissaires des Communes? laissera-t-on aux seuls commissaires le soin de dcider de continuer les confrences tant qu'ils le jugeront ncessaire? Les dputs votrent par appel ^nominal. Les deux questions furent dcides par l'affirmative.
les
:
Communes de
Chtelle-
{Creuz-Latouche), p. 50
Robert-Pierre
s'tre
(2).
iM.
de bornes de
saires
trop
leur
pouvoirs
c'est,
(1) Il semble que Robespierre soit intervenu dans cette .sance; mais nous n'avons tout au moms, l'avis d'Hamel {I, 102) trouv aucun texte qui confirmt son assertion. au manuscrit de Creuz-Latouche con(2) Mention conforme serv la bibliothque de Poitiers. (3) Cf. Bulletins 'anonymes conservs aux Archives du Ministre des Affaires Etrangres (France, 1405, n" 29, f" 177), et publis par Brette, dans R.F., 1892 (t. 23) et 1893 (t. 24). Les gens sages se runissent et leur iparti grossit chaque jour pour temprer la violence des ttes exhaltes (sic). De ce .nombre on distingue surtout les diputs de Bretagne, de Provence et d'Artois. Ils sont connus et l'on s'est bien promis qu'ils ne feroient pas tout le mal qu'ils se proposent (5 juin 1789; t. 23, p. 471).
;
28
11. SEANCE DU
JUIN
1789
Le 4 juin, la confrence des conimis&aires cbes trois ordi'cs, en prsence des commissaires du roi, Neoker proposa un projet d'accord: chaque ordre vrifierait les pouvoirs de ses propres mem'bres ; ceux qui se trouiveraient contests, seraient examins en commun par les commissaires des trois ordres qui en rfresi l'entente ne se ralisait pas, le raient leurs commettants
;
dciderait. 5 juin, l'assemble des iCommunes, l'un des commisBailly qui prsisaires fit son rapport sur la confrence du 4. dait, proposa de renvoyer au lendemain la discussion sur le projet de conciliation prsent par les ministres. Les avis se partagrent sur cette proposition; les uns demandant qu'il soit form immdiatement des bureaux pour discuter les divers (points du projet; d'autres soutenant ique la discussion tait prmature, et qu'il fallait attendre la fin des confrences.
roi
Le
L'assemble dcida la presque unanimit, que la discussion sur le projet prsent par les ministres, aurait lieu aprs la clture du procs-verbal des confrences, c'est--dire lorsqu'elles auraient pris fin .
Etats Gnraux. Journal du premier
rault
(Creuz-Laiouche), p.
Pierre,
58.
l'artois.
dans
Beaucoup de perte de tems Les runions partielles favorisent l'influence de quelques personnes et les intrigues. Il vaut mieux laisser chacun mditer dans la retraite et le silence jusqu' demain .
M. Robert
de
la
29
12.
SEANCE
DU
6 JUIN 1769
(1)
La sance du 6 juin, l'assemble des Communey, est dj assez avan'ce, lorsqu'une dputation du clerg (la seconde en cette sance) est introduite. Elle vient faire part d'une dlibration invitant les deux autres ordres s'occuper de la misre du peuple, vrifier les causes de la chert du pain, aviser aux remdes les plus prompts q^ue l'on pourrait y apporter (2). Un dbat trs vif s'engage aprs le dpart des dputs du Popuclerg <3), au cours duquel interviennent successivement lus (4), dput du tiers tat du .bailliage de Bourg on Bresse, Hosnchausise de la tiers tat hespierre, et Lanjuinais, dput du
:
de Rennes
(5).
(1)
G.
p.
du
et
28 juin,
2,
Walter place, par inadvertance, cette sance dans les deux ditions de son Roibespierre (l""",
:
la
I,
date
133;
78).
(i2) Arrts Arch. nat., C 27, 186. Texte de la du clerg dlibration dans Houtin, p. 31 ; dans le Rcit des sanceis des dputs des Communes, p. 84; dans la Gazette Nationale ou Ex-
trait...
t.
I,
p.
38.
(3) Cf.
Journal manuscrit de
Pdlilerin
la^
date)
La dpu-
tation dire
(4)
Populus est mentionn dans Etats de 1789 (Ars., 8 H A); dans Assemble nationalie ou Recueil trs intressant... p. 71, (Ars., 3" Jo. 2186 A); et dans le Point du Jour: M. Populus a fait aiipercevoir que le clerg ne cherchait qu' tendre un pige, qu'il vouloit mettre le ;;^eu:plle de son ct et dtourner l'assemble de se constituer, que si l'on adhroit son arrt c'toit agir sparment et faire une dlibration par ordre. ...Ce seroit perdre tout le fruit de notre rsistance puisqu'on op26500
du clerg retire plusieurs (personnes se S'ont leves pour rAssemble qne cette invitation tait insidieuse.
Le nom de Lanjuinais
Nationale, 6 juin 1789 (B.N., note 24. i< iM. Lanjuinais dit: Ce n'est pas la chert des vivres qui cause seule la dtresse des malheureux. C'est le luxe et l'opulence excessive du clerg. Vendez, prlats, vos caro^sses, votre vaisselle plate; vendez ces ameublements somptueux qui blessent la vue du pauvre. Les anciens canons ordonnaient la vente des vases sacrs pour les aumnes. Les sacrifices du luxe et du superflu rempliront ce vide affreux, et l'infortune sera soulage . On trouve une mention semblable dans Creuz-Latouche, oip. cil., p. 64. Mais G. Rouanet doute du fait, u car la Correspondance de Bretagne n'eut pas manqu d'analyser avec pompe son discours (art. cit., p. 349); ce qui ne nous parat pas une preuve suffisante <cf. notre Litroduction, p. xxiv et G. Rouanet lui-mme, La Correspondance de Bretagne, Ann. rvol., 1918, p. 642). Voici le
, ;
est cit dans Sances de ^'Assemble 8 Le- 12235). Cf. G. Walter, p. 656,
30
qu'elle
L'assemble se refusant toute discussion sur cet objet tant ne sera pas constitue, dcida par un vote unanime, de conjurer le clerg de se runir elle, dans Ja salle des Etats gnraux, pour aviser aux moj^ens de remdier cette situa/tion.
(Creuz-Latouche)
s'est
p.
64.
falloit
la
dlibration
du Clerg comme
cette voix
))
sditieuse.
Un
murmure gnral a
aussitt touff
(6).
texte publi dans ce dernier journal (n 17, p. 113-114, B.N., 8 Lc^ Un dput a observ que l'arrt tendait soulever le peu130). ple et indigner le roi contre les communes, que le plus sr moyen de soulager les pauvres, serait de rappeler les anciens cauon3 sur le pai-tage des biens ecclsiastiques ; qu'en tout cas, s'il tait pressant de soulager la misre, les greniers des seigneurs et des prlats taient pleins et qu'il fallait des faire ouvrir. Dumont donne, p. 62, un rcit color mais fantaisiste i(6) E. de cette intervention. Il a t reproduit par G. Houanet, Ann. rvoL, 1918, p. 345, et par G. Walter, p. 78. Le voici: ...Un dput prit la parole et renchrit sur les sentimens du prlat en faveur de la classe indigente. Il jeta du doute avec adresse sur les intentions doi clerg... Allez, dit-il l'archevque, et dites vos collgues que s'ils ont tant d'impatience soulager le peuple, ils viennent se joindre, dans cette salle, aux a*mis du peuple; dites leur de ne plus retarder nos oprations par des dlais affects ; dites leur de ne plus employer de petits moyens pour nous faire abandonner les rsolutions que nous avons prises, ou pluioo, ministres de -a religion, dignes imitateurs de votre matre, renoncez ce luxe qui vous entoure, cet clat nui blesse l'indigence; reprenez la renvoyez ces laquais qui vous escormodestie de votre origine tent, vendez ce^ quipages superbes et convertissez ce vil superflu en alimens pour les pauvres... _ ce discours, qui entrait si bien dans les passions du moment, il se fit, non pas un applaudissement, qui aurait t une bravade, mais un murmure confus beaucoup plus flatteur. On demanda partout quel tait Tt ateur ; il n'tait pas connu, et ce ne fut qu'aprs quelques momens de recherche qu'on fit circuler dans la salle et dans les galeries un nom qui, trois ans aprs faisait trembler toute la France. C'tait Robespierre. Heybaz qui tait Ce jeune homme n'est pas encore exerc, ct de moi, me dit verbeux, il ne \sait pas s'arrter; mais il a un fonds il est trop d'loquence et d'aigreur qui ne le laissera pas dans la foule.
(( ((
((
((
a sans aucun doute utilis pour ce compte rendu un analogue ceux que publirent les feuilles volantes imprimes, l'poque et que nous avons cites. Tromp par l'anonymat dans lequel on y noyait les orateurs, il attribue Robespierre non seulement sa propre intervention, mais celles de Po-
Dumont
texte
31
Correspondance d'Anjou...,
ft
...Il
t.
I,
p.
121
(7).
s'est
demand que
cette proposition
dnonce au
comme
sditieuse...
Etats de
1789, sance du 6 juin 1789. Assemble Nationale ou recueil trs intressant... (Angers),
..,
p.
71.
Aussi
qui
les
esprits
s'chauffrent-ils
falloit
dput Clerg
s'cria,
qu'il
dnoncer
comme
sditieuse...
Le
Point du Jour,
...M.
t.
I,
p.
294.
cri
et
((
Robespierre
s'est
qu'il
falloit
rappeler
le
clerg
sdi-
aux
rgles
primitives
(8).
de
l'glise
que
sa
conduite
toit
tieuse...
et de Lanjuinais, ainsi qu'il ressort de la comparaison des textes. Enfin il est hors de doute que cette discussion n'eut pas lieu en prsence de la dputation du clerg. Nous partageons donc
pulus
les
^jes
points (p.
79).
Elle fut par la suite entirement rdige par Pilastre et Leclerc, et imprime Angers, chez Pavie.
8
Le-
145.
de Le Hodey attribue bien la premire (8) La compilation partie de rintervention Populus, mais la seconde demeure anoii'ym.e (B.N., 8 Lc^ 125, I, la date). C'est la version que t.
{I,
57)
et
les
Arch.
(VIII, 75). Il faut rappeler M... le clerg aux principes primitifs de l'Eglise; les anciens canons portent ^que l'on pourra vendre les vases sacrs pour soulager les pauvres ; mais il n'est pas besoin d'en venir ,une si triste ressource; il faut engager les ecclsiastiques, les vques renoncer ce luxe qui offense la modestie chrtienne, renoncer aux carrosses, aux chevaujf, vendre enfin, s'il Le faut, un quart des biens ecclsiastiquies. D'aprs les Bulletins anonymes conservs aux Archives du Ministre des Affaires trangres (France 1405, n 30, i 178), le discours de la dputation du clerg aurait produit une sensation extrme. La commotion .a t gnrale et tenait de l'-effervieB-
ccnce du dlire. Jamais, non jamais la chambre n'a t dans une ;;Hreille agitation. Les motions faites ce sujet ont extrmes. ...On a surtout distingu celle de M. Populus (K.F., t.23, p. 521). L intervention de Robespierre n'a donc t nullement isole comme il -semblait rsulter du rcit de Dment; on conoit qu'elle n'ait pas t conserve par la plupart de^ tmoignages.
32
13.
--
SEANCE DU
12
JUIN
1789
bailliage
la confrencie des dlgus des trois ordres en prroi, constata son chec, par suite de du 5 juin, de rduire l'arbitrage des commissaires et du roi aux dlgations entires , qui, comme ceJles du Dauphin, avaient t lues par les trois ordres runis acs nobles, lus par des nobles, ne relvent que de leurs pairs.
juin, les Communes dcidrent d'adresser aux ordres privilgis l'invitation de venir se joindre elles ; en cas de refus, on procderait l'appel des dputs, sans distinction d'ordre, et on donnerait dfaut contre les non-eomparants . L'appel nominal par ordre des bailliages comimena le 12 au soir et se termin-a le 14. La province d'Artois fut appele la quinzime, le 12 juin.
Le
10
Procs-oerbal des sances des dputs des Communes depuis le 12 juin jusqu'au 17 juin 1789; sance du 13 juin aprs-midi (1).
p.
ts
Province d'Artois.
Robespierre...
et
MM.
MM...
p.
60
Les
.
titres
bonne forme
(1)
90.
14.
SEANCE DU
16
JUIN
1789
sances.
Mounijer,
soulignant
que
la
formule
de
Sieys
laisse entendre que l'Assemble est incomplte, pense qu'elle doit s'appeler Assemble lgitime des reprsentants de la majeure partie de la nation franaise agissant en l'absence de la mineure partie. Le 16 juin. Le Grand, dput du tiens tat du bailliage de Bourges, demande au tiers de prendre le Jiom d'Assemble nationale. Sieys reprenant sa motion, la modifie dans le sens pro-
(1).
le
17 juin,
89.
O) Arch.
Sieys.
nat.,
27,
188:
(2).
3^
J'avoue qu'avant que la noblesse et le clerg se fussent runis aux reprsentants du peuple et tandis que le ministre favorisait la Ah que nous importe ce division des ordres, je me suis cri que disent les Ministres, ce que pensent les Ministres; c'est la volont du peuple qu'il faut interroger; la force du peuple est en lui-mme; elle est dans la probit inconuptible de ses Reprsen:
!
tans.
{Creuz-Latouche)
p.
117.
M. Robert Pierre, avocat d'Artois s'est rcri sur ce que, dans nos discussions, l'on s'occupoit souvent de ce que penseroient nos ministres, de ce qu'ils feroient, de ce que diroit le Roi ? que ces vaines considrations portoient atteinte la libert de l'Assemble, que nous ne devions pas nous en occuper, puisque nous n'tions runis que pour resaisir (sic) tous les droits de la nation .
Etais de 1789. Sance du 16 juin 1789. Assemble Nationale ou Rcit trs intressant... (Angers),
t.
I,
p.
115.
Gazette Nationale ou
extrait...
t.
I,
p.
69.
Plusieurs
personnes discutrent
encore
les
troiis
motions prin-
cipales.
Robert (sic) parla avec une loquence rare, une prcision au-dessus de son ge il eut sembl que c'toit le gnie de la patrie qui l'inspiroit ici dans ce
entr'autres,
Un
jeune
homme
appel
M.
moment
(3).
Journal de Duquesnoy,
<(
t.
I,
p. 99.
Robespierre, Rewbell, Bouchotte, Durand de Maillane et Andrieu ont tabli avec plus ou moins de force la motion de l'abb Sieyes.
Gaultier de Biauzat,
((
M.
t.
II,
p.
119:
lettre
du 16
juin.
Plusieurs dputs qui ne s'taient pas encore fait connatre se sont annoncs en orateurs dignes d'admiration...
...MM Camus
discours.
)>
(de
Paris),
Robespierre...
ont
aussi
fait
des
(2)
s
(3) agit,
G.
B.N., 8 Lb39 6607. cit par G. i.aas co: te! te, de Walter, p. 666, note
Texte
llouanet,
19.
Amn.
rvol.,
1916,
Robetpierre.
C'est
galement
p. 352. l'avis
Il
de
;oi;i
si'iLnut.
34
Le
t.
I.
p.
396
(4).
l'abb Sieyes, Mounier, Pison du Galand, Legrand, Si ont montr beaucoup de talent prsenter une motion et la souPtion de Villeneuve, Target, Chapelier, Camus, tenir; si Barnave, Tbouret, Barre de Vieuzac, Buzot et Robespierre se sont distingus par une dialectique trs fme, trs exacte, par une grande nettet d'locution et surtout par la puret de leurs intentions et beaucoup de chaleur patriotique... (5).
MM.
MM.
parue en
sance.
1790,
mais Barre
:de la
ville
utilisait
les
notes
de Paris ; Mounder, dput du tiers tat du Dauphin ; Pison du Galland, dput du tiers tat du Dauphin ; P'tion de Villeneuve, dput du tiers tat du bailliage de Chartres ; Target, dput du tiers tat de la prvt et vicomte de Paris hors les onurs Le Chapelier, dput du tiers tat de la snchausse de Rennes; Camus, dput du Barnave, dput du tiers tat du tiers tat de la ville de Paris Dauphin; Thouret, dput du tiers tat du bailliage de Eouen; Barre de Vieuzac, dput du tiers tat de la snchausse de Tarbes ; Buzot, dput du tiers tat du bailliage d'Evreux.
; ;
15.
SEANCE DU
20 JUIN 1789
n 3, p. 8.
(1).
De
ment
le
a rpondu l'appel
de son nom
et
prt ser-
(1) Cf. E. Hamel, I, 109; Arch. pari., VIII, 138; A. Bnette, Le Serment du Jeu de Paume, Fac-simil du texte et des signatures d'aprs le procs-verbal manuscrit conserv aux Archives natio-
nales (1893 Socit d'histoire de la Rvolution franaise) la signature de Roibespierre figure sur la planche I. (2) David aurait reprsent Robespierre dans son fameux dessin Le Serment du Jeu de Paume i (Louis Blanc, Histoire de la
;
:
Rvolution, U, 297).
35
16.
SEANCE
DU
24 JUIN 1789
Le (Prsident de l'Assemble nationale, Bai'lly, lit une lettrie du garde-des-sceaux et une autre du marquis d Dneux-Brz qui marquent que les ordres du roi sont que l'entre de la salle des dputs du tiers tat 'soit dsormais rue du Grand Chantier. Un dput annonce que l'Assemble est investie de troupes en armes,
ce qui est contraire sa libert et au droit qu'elle' a d'exercer intrieure et extrieure, Unje dlgation qui s-a police est allie s'informer des consignes que les troupes ont reues, rapporte qu'elles ont ordre ( de laisser entrer tous les dputs dans la .salle de l'assemble gnrale, mais d'aa refuser l'accs aux trangers )>. Mounier fait la motion de prsenter une adresse au roi, pour lui exposer que les reprsentants de la nation doivent avoir la palice de leur Assemble, et lui demander de retirer des troupes dont la prsence est incompatible avec la 'libert de l'Assemble ; si Je roi ne les retire pas, l'As&emble se vierrait iforce de se transfrer ailleurs. iLe dbat sur la motion de Mounier dans lequel Robespierrie intervint, fut interrompu par l'arrive du clerg qui venait pren<lre sance l'Assemble nationaliC.
elle-mme
Texte autographe de
((
la
motion de Robespierre
(1).
que l'assemble nationale suspen'dra ses sances jusqu procur un lieu o elle puisse dlibrer avec toute la libert convenable, et ou le public puisse librement assister ses sances conformment au vu et aux rsolutions de l'assemble (2).
arrter
ce quelle se
soit
(Creuz-Latouche), p.
148.
des
Robert Pierre dit que nous devions tre rebuts d'envoyer dputatlons au Roi, entour d'aristocrates qui le trompent et loignent toujours la vrit de sa personne; qu'il falloit que l'Assemble se procurt eille-mme sa libert, en suspendant toutes ses sances jusqu' ce qu'elle put se aoire libre .
(1) Cette pice n'est pas signe, mais, outre l'icriture, qui est reconnaissable, elle est authentifie par le secrtaire qui a crit <>n marge le noan de Robert-Pierre. (Aroh. Nat. C 27, 185 bis, 9, 2i juin 1789). (2)
tarisme
(Ann.
rvoil.,
1916,
p.
206).
36
Correspondance...
I,
p.
234.
N^otion de M. Robert -Pierre. Suspendre les sances jusqu' ce que l'Assemble se soit procure un lieu o elle puisse dlibrer publiquement et librement. ... Ces motions ont t appuyes par les discours les plus nergiques, et dans lesquels on a retrac sans mnagement, et la surprise faite au meilleur des rois, et les manuvres aristocratiques.
>7
ASSEMBLE CONSTITUANTE
17.
(1)
SEANCE DU
JUILLET
1789
motion
qu'il
soit fait
au
roi
vives alarmes qu'inspirent l'Assemble nationale, les troupes oonicentres autour de Paris et de Versailles depuis le 26 juin et pour lui en demander le prompi renvoi. La motion est adopte l'unanimit, moins quatre voix (2). Le 9 juillet, Mirabeau donne letcture du projet d'adre&se qu'r. a t charg de rdiger. Elle est adopte par acclamations. On
demande
qu'ellle soit
incessamment prsente au
roi,
tation de vingt-quatre meanbres, que l'Archevque de Vienne, prsident (3) nomme aussitt (4).
Mercure de France,
juillet/aot
t.
I,
p.
178.
archevque de Vienne, vque de Chai> trs, Abb Joubert, M. Chatizel, M. Grgoire, M. Yvernault. Membres de la Noblesse duc de la Rochefoucauld, Comte de Cressy, Vicomte de Toulongeon, Vicomte de Macaye, Marquis de
:
Membres du Clerg
((
Blacons,
CoroH.er,
Re-
la suite, nous ne re<prpduisons pas cette indication en sances de (l'Assemlble nationale. Par contre, 'les sances iSo>cit des Amis de la Consdes Jacobins portent en suscription
(J)
Dans
tte des
titution.
i(2)
Arch. nat.,
13) Le Franc de Pompignan, dput du clerg du Dauphin. (4) G. Walter (p. 656, note 25) suggre que c'est Mirabeau peut-tre que revient l'initiative de (faire comprendre Robespierre Il affectait d'aller. dans la dputation . Cf. Proyart, op. cit., p. 58, se placer dans la salle de l'Assemble ct de Mirabeau... On trouve en effet dans l'opuscule de Mounier Appel au tribunal de l'opinion publique du rapport de M. Chabroud et du dcret rendu nar .l'Assemible nationale le fi octobre 1790 (Genve, 1790, in-8, B.N. Lb (2652), p. 12, en note), l'indication suivante propos de la sance du 11: Le Comte de Mirabeau... me fit appeler dan les bureaux o ie le trouvai avec MM. Buzot et Robespierre... . Mais la liste de la dputation du 9 juillet fut dresse par les secrtaires qui taient alors Grgoire, Lally-Tolendal, Le Chapelier, Siys, Clermont-Tonnerre, pour lesquels Robespierre n'tait pa^ un inconnu. (5) Reproduit dans H'introduction du Journal des Dibats, t. I,
((
:
''
p. 130.
36
Sze, de Tronchet,
gnaud (de Saintes), Robespiene, Marquis, Barrre de Vieuzac, de Launay, Pethlon de Villeneuve, Buzot, de Kervelegan,
(6)
(6) De Lubersac, vque de Chartres, dput du clerg du bailaibb Joubert, dput du clerg de la nchausliage de Chartres e d'Angoulme; abib Chatizel, dput du clerg de la snchausse d'Angers abb Grgoire, dput du clerg du 'baiiliage de Nancy ; chanoine Yvernault, dput du clerg du bailliage de Bourges duc de iLa Rochefoucauld, dput de la noblesse de la ville de Paris ; comte de Crcy, dput de la noblesse de la snchausse de Ponthieu Aibbeviille vicomte de To'ulongeon, dput de la noble&se du bailliage d'Aval Lons-le-iSaunier vicomte de Macaye, dput de la noblesse du bailliage d'Ustaritz; marquis de Blacons, dput de la noblesse du Dauiphin comte de Cilermont-Tonnerre, dput de la noblesse de lia ville de Paris comte de Mirabeau, dput du tiers tat de la snchausse d' Aix-en-Proveaice Corroler du Moustoir, dput du tiers tat de la snchausse de H-ennebont Regnaud. dput du tiers tat de la snchausse de Haint-Jean-d'An; ; ;
;
igly
dput du tiers tat de ney, dput du tiers tat du velegan, dput du tiers tat chet, dput du tiers tat de
iSze,
Marquis, dput du tiers tat du bailliage de Bar-le-Duc De la snchausse de Bordeaux; De Laubailliage de Caen Lie Goazre de Kerde lia snchausse de Quimper TronJa ville de Paris.
; ;
;
18.
SEANCE
DU
17
JUILLET
1789
Au lendemain de l'insurrection parisienne, le 15 juillet, le roi, rendit l'Assemble nationale, protesta de ses bonnes intentions et annona le renvoi des troupes ; le lendemain il rappcfla
se
Necker.
Le
17
juillet,
il
Piobespierre,
partit
...Enfin le
Roi
la
fut reu
l'Hotel
avec
lui...
...J'ai
vu
Bas.tille,
j'y
ai
t conduit
(1) D'aprs le P.V. de l'Ass. nat. <t. II, n 25, p. 11), Robespierre ne figure pas parmi les cent noms dsigns par le Prsident, pas plus d'ailleurs que le dput du tiers tat du Berry Salle de Choux, qui, cependant, fit iI'Assemblie le 17 au soir, le rcit de tous .Les tmoignages d'amour que iSa Majest a reus dans la capitale . Robespierre indique d'ailleurs dams la mme lettre qu' une partie de l'Assemble nationale accompagna le Roi Paris, sans y avoir t officiellemient invite. (2) G. Michon, I, 46; ,Hamel, I, 120; et G. Wailter, p. 656, note 25. Cf. aussi Moniteur, I, 173, et Bailly, Mmoires, t. II, p. 45.
:
(!
39
;
cette
fut
brave
(Sorti
milice
bourgeoise
ville,
qui
le
l'avoit
jprise
car
aprs
que
les
de Thotel de
et
ils
jour
du voiage du Roi,
qu'ils rencontroient,
tions
du peuple,,.
19.
SEANCE
DU
20
JUILLET
1789
Me
et
(1).
Ces troubles suscitaient dans l'Assemible de grandes craintes, des protestations violentes. (Le comte de 'Lally-Tolendal, dput de la noblesse de la ville de Paris, proposa le 20 juillet d|e diffuser une proclamation, invitant tous les Franais l'ordre et au respect des lois, dclarant que iquiconque 'Se porterait enfreindre ces devoirs, serait regard comme mauvais citoyen que tout homme souponn, accus, arrt, doit tre remis aux mains de la justice , cvutorisant enfin les municipailits former des milices bourgeoises, et n'y admettre que ceux qui sont incapables de nuire la pa;
trie (2).
fut renvoye
vive,
'la
motion de Lally-Tolendal,
(Creuz-Latouche),
Robert-Pierre.
Il
p.
faut
265.
aimer l'ordre mais ne pas nuire dclare rebelles indistinctement tous ceux qui pourroient causer des troubles, et cependant les troubles actuels n'ont eu pour cause que les efforts gnreux des citoyens contre une conspiration inoue forme contre les citoyens mmes; mais jusqu' prsent ces troubles n'ont caus nuls malheurs politiques.
la
M.
libert.
La Motion de M. Tollendal
il est vrai, de quelques coupables; mais au surplus, L'meute de St-Germain et de Poissy n'a eu pour principe que la chert des bls, puisque les auteurs de cette meute n'ont parl que des bls et n'ont recherch que des gens qu'ils souponnaient de monopoles sur les bls. La Motion de M. de Tollendal qui semble in-
Ils
la
libert.
<1) (2)
G. Rouanet, Ann. rvol., 1916, p. 162 et s. Arch. nat., C 28, 211; Texte autographe de la motion.
40
culper
les
courageux dfenseurs de
par
la
libert
et
[profrer]
des
mme condamne
royaume;
et cette motion,
Le
t.
I,
p.
305.
141.
le
la
26
juillet
1789, p.
M. de
arriv,
Robert-Pierre,
dput d'Artois,
il
analyse
projet
de
proclamation de
M. de
Lally, et
Qu'est-il
s'crie-t-il, de cette meute de Paris ? La libert pupeu de sang de rpandu, quelques ttes abattues sans doute, mais des ttes coupables. Oui, MM., la proclamation de M. LallyTolendal est dplace, elle est dans le cas de sonner le tocsin. Dclarer d'avance que des hommes sont coupables, qu'ils sont rebelles, est une injustice. Quel pourroit tre donc, ou plutt quel seroit le motif de l'Assemble Nationale pour adopter ce projet de proclamation } Est-ce l'meute de la capitale ? Eb messieurs, c'est cette meute que la Nation doit sa libert. Quoi de si pressant donc engageroit l'Assemble dlibrer dans cette (sic) instant ?... Et qui nous dit qu'on ne feroit pas de nouvelles tentatives ? et si l'on dclare rebelles les citoyens qui se sont arms pour notre salut, qui repoussera ces
donc
blique,
tentatives ?...
(3).
Le
(4).
M. Robert-Pierre, mais aussi il faut aimer la libert. Avant tout, analysons la motion de M. Lally-Tolendal. Elle prsente d'abord une disposition contre ceux qui ont dfendu la libert. avoit-il rien de plus lgitime que de se soulever contre une conspiration horrible forme contre la nation ? L'meute a t occasionne Poissy sous prtexte d'accaparemens. La Bretagne est en paix, la Bourgogne est tranquille (5). Cette proclamation rpandroit l'alarme et feroit perdre la patience, elle seroit d'ailleurs prcipite. Qui nous a dit que les ennemis de l'Etat seront encore dgots de l'intrigue ? n
II
(3) Cf. G. iRouanet, art. cit., ip. 165. Texte reproduit dans les Arch pari., VIII, 253. Cf. galement iG. WaJter, qui estime que le renvoi de la motion aux bureaux est .surtout d l'intervention de
Buzot
(4)
(<p.
81).
:
reproduit avec quelques lgres variantes danis les compilations suiivantes Moniteur, I, 182 (c'est la premire fois que Journal des dbats et dcrets le nom de Robespierre y est cit) (Introduction, 2 ipartie) Bchez et iRoux, II, 145. Cf. Hamel, I, 124. (5) Lally-Tolendal, dans son discours, avait fait allusion des dsordres en Normandie et en Bourgogne.
Texte
^"^^
41
V Assemble Nationale,
t.
I,
16, p.
9.
M. de
dre
la
Robespierre... reprsente le danger qu'il y auroit perconfiance qu'avoit le peuple dans les lumires et le courage de
et
TAssemible Nationale
la prcipitation
la
libert.
Il
trouve
de
faire sentir
aux troubles parce que les ennemis de l'Etat, tonns de leur foiblesse de notre force, mditent sans doute dans le silence de nouvaux moyens de vengeance.
et
t.
I,
p. 279.
M. de Fermon (6), qui le fit le premier fut interrompu par les murmures de i' Assemble qui ne croyait pas qu'on put douter de la, bont de cette motion. MM. Robert-Pierre et Buhot (7) le secondrent avec beaucoup de force. (8)
Mercure de France, 27
((
juillet
789.
...Il
a t
(9)
MM.
Robespierre, Buzot et
GJeizen.
paix dans Je provinces... membres ont successivement combattu la motion de M. de Lally-Tollendal tels que M. Robes-piene... Ils ont prtendu qu'elle pourroit compromettre le sort des Habitans de Paris; que cet armement gnral dans les provinces alloit rpandre l'alarme, causer
rtablir la
((
Plusieurs
))
de
Versailles, 21
juillet
1789.
Cette motion adopte avec de lgers amendemans par un grand nombre de Dputs, a t combattue avec un tel avantage par quelques autres, surtout par ,M. Rabesse-Pierre, que les membres qui l'avoient adopte avec le plus de chaleur, ont t 'd'avis qu'on la renvoyt a:u
Comit.
Courier franais.
Assemble
inationale,
21
juillet
1789.
Cette motion... a paru captieuse plusieurs honorables membres... Robespierre, de Custine, Aprs avoir t vivement combattue par
MM.
lia sn(6) Defermon des 'ChaTtelires, dput du tiers tat de chausse de Rpnnes, s'tait en effet, lo premier, oppos la TOotion. (7) Pour Buzot, dput du tiers tat du bailliage d'Evreux. (8) iCf. Rouanet, Ann. rvo'l., 1916, p. 168, note 1. (9) f. Rouanet, Ann. rvol., 1916, p. 172. Glezen tait dput du tiers tat de la snchausse de Rennes.
42
Il
qu'elle devoit tre mise aujourd'hui sur le bureau pour y dlibrer, et la sance s'est leve sans qu'il en ait t question.
(10) Comte 'de iCustine, dput de la noblesse du Ibailliage de Metz. Eoussilllon, dput du tiers tat de la snchaxisBe de Toulouse. Bleizel pour Glezen.
20.
5EANCE
DU
23
JUILLET
1789
(soir)
(suite)
juin,
ds l'ouverture de la samce
(1),
le
prsident com-
munique irAssamible iplu'sieurs 'lettres de diverses villes qui demandent des iseicours -pour 'dissiper Iles troupes de brigands qui, sous
le prtexte de la disette des (grains, parcourent .le pays et causent ds soulveniients (2). Pviis un dput rend compte du massacre, le 22 juillet, l Paris, de Bertier de iSauvigny, intendant de Paris et de l'Ile-de-France, et de son beau-pre, Foulon (3). LaHy-ToJendail saisit cette occasion pour reproduire le projet de proclamation qu'il avait rdig. Le dbat reprend (4). Ce n'est qu' la sance du soir, une heure aprs minuit, que l'Assemble nationale adopte la motion de Lally-Tolendal, sous une nouvelle rdaction (5).
Versailles,
24
juillet
1789, p. 2.
M. de Lally-Tollendal y a t admise envoye incontinent aprs au Comit de Rdaction qui lui a donn une autre forme, l'Assemble toujours tenant, et en a ensuite fait son rapport, M. de Robesse-Pierre ternel antagoniste de cette motion, ne pouvant plus l'anantir, est au moins parvenu en faire encore retrancher quelque chose. Il a t ordonn qu'elle serait sur le champ envoye
proclamation de
et
,
La
l'impression
(1) Il
(6).
n'y eut pas de .sance le 22; on amnageait la salle, et bureaux se runirent. Lettre du comte de Saint Priest, qui fait part l'Assemble des vux de Troyes, Amiens, Chteau-Thierry. Ces villes rclament des troupes pour les dfendre de la fureur 'de la populace (Cf. Courier Franais, Assemble nationale, sance du 23 juillet 1789). (3) G. Rouanet, Ann. rvol., 1916, p. 174, et Hamel, I, 126. (4) Le comte de Mirabeau reprend les arguments dvelopps par Robespierre dans la sance du 20 juillet. (6) Lally-Tolendal fut oblig id'y ajouter la promesse solennelle de nommer un tribunal pour juger les coupables (Courier Franais, numro cit). Cf. gailement Procs-verbaJ de l'Assemble nationale, II, n 30, p. 17-20. (6) Cf. G. Rouanet, Ann. rvol., 1916, p. 175.
seuls les
(2)
;
LES DISCOURS
'DE
ROBESPIERRE
.43
Jour, t. I, n" 32, p. 275. Alors cette motion et ses amendements ont t renvoys au Comit de rdaction, la sance tenante. Il tait onze heures de la nuit, ce n'est que vers une heure qu'on a lu l'assemble la nouvelle rdaction sur laquelle M. Robert Pierre a fait quelques observations qui ont t adoptes; il a t arrt que cette proclamation seroit imprime
((
Le Point du
et affiche .
21.
SEANCE DU
27
JUILLET
1789
Le 25 juillet 1789, le prsident de l'Asseinlble, .le duc de Liancourt, dclare que la veille au isoir, un dput de la conimune de Paris, envoy par Bailly, lui remit lun paquet de lettres J'adresse du comte d'Artois et un .procs-verbal dress ipar Je district des Augus'tins, duquel il ressort que cette correspondance a t saisie dans lia nuit du 22 au 23, sur le 'baron iCastelnau de iCurires, ambassadeur Genve, alors qu'il passait en fiacre sur le PontNeuf {!) Le T)rsident de J'AsSiemlMe, voulant respecter 'le principe de l'inviolabilit du secret des lettres, a renvoy le paquet et le iprocs-verbal, au comit piermanent de ila coimmune de Paris ; il es-tira^e que l'Assemble ne peut .se mler de la police de ila capitale. Le dbat s'lve plusieurs dputs invoquent les articles de (leurs Cahiers condamnant expressment l'ouiverture des lettries (2) d'autres, tout en reconnaissant ce principe, adnaettent une exception: lorsque les lettres sont isoiuponnes 'crites par des ennemis, let des ennemis de la nation .
:
que tous ((3) demande papiers relatifs aux circonstances soient mis en -dpt et comle cas l'exigera, l'Asisemlble Nationale . Mais cette dernire ne prend aucune dtermination (4). Le dbat rebondit le 27 juillet, et ds lie dbut, Robespierre intervient. Aprs uine discussion confuse, J'Asseimble dcide qu'il n'y a pas lieu dlibrer. Le lendemain, Reubell revient la charge et rclame l'examen des papiers saisis. Finailement l' Assemble dcide la cration d'un comit de reoherches (5).
((
les
muniqus quand
<1) Aroh nat., C 28, 23 Note pour la sance du 25 juillet 1760. (2) Le cahier du tiers tat du bailliage principal de Rouen s'tait, en partivUilier, prononc pour l'inviolabilit du secret des lettres. (.3) Marquis de Gouy d'Arcy, dput de la Province de l'Ouest de St-Domin;0rne. Il fut gailement lu dput supplant de la no-
blesse
(4)
du
bailliage de
Melun.
28.
Arch. nat..
Fragments
cits
par G. Le-
Rouanet, dans Ann. rvol., 1918, p. 176-187. Hamel, (5) Cf. G T, 127-128 et G. Walter, p. 654, note 27. Intervention brve de peu d'importance, contrairem_ent l'affirmation de Rouanet qui en par/le assez longuement.
'"
44
Communes de
Chtelle-
M. Robertpierre a parl sur cette motion et a t Interrompu assez durement par le Prsident, qui a prtendu qu'une de ses rflexions
de
M.
tois, a justifi sa rflexion et a conclu fermement que ce n'toii pas la peine de l'interrompre. Des murmures se sont levs du ct de la Noblesse. Le Prsident a rpliqu M. Robertpierre ipour justifier son interruption. De vifs applaudissemens de la part de la Noblesse, qui ne paroit point accoutyme voir un avocat rprimander un duc (6)
qui l'interrompt mal propos, ont touff ce que M. Robertpierre ou d'autres membres des Communes auroient pu dire sur ce sujet. Quand la rflexion de M. Robertpierre auroit manqu de justesse, le Prsident
de l'Assemble, qui, suivant le rglement, n'a le droit ni de discuter ni de rfuter, et n'a que celui de rappeller la question ou l'ordre lorsque un orateur s'en carte, n'auroit pas eu le droit de l'interrompre mais ce [ (7) ] avait de l'humeur d'avoir vu sa conduite censure relativement aux lettres qu'il avoit renvoyes Paris sans avoir consult l'Assemble. D'un autre ct, les dputs des Communes sentoient la rpugnance de la Noblesse se rendre des vrifications qui ne manqueroient pas de compromettre plusieurs de ses membres. Ceux-ci vouloient soutenir et justifier tout ce qui pouvoit
empcher ou
faire perdre
de vue ces
vrifications.
M.
uns auroient dsir lui voir perdre de vue. La U" de toutes les loix est le salut du peuple. L'assemble nationale est charge de rprimer et de venger les attentats commis contre la Nation. II faut donc les rechercher pour les connatre et ne pas rejetter les preuves qui sont offertes. On oppose des objections, des scrupules sur l'inviolabilit des lettres toutes ces maximes sont ici sans application. Elles doivent cder des principes d'un autre ordre et bien suprieurs qui sont le salut du peuple.
L'exemple de Csar, et non pas de Pompe, comme on Va dt, ne prouve pas davantage. Quoi de commun, entre un tiran qui, aprs avoir opprim sa patrie, voulut bien n'tre pas cruel; et les reprsentans de la Nation obligs de suivre toutes les traces d'une conspiration forme contre elle, et de pourvoir son salut } Lorsqu'on a adopt, il y a quelques jours, le dcret qui invite tous les citoyens au calme et la paix, on a cru devoir y ajouter la promesse de former un tribunal pour venger le peuple. Or, si l'on rejette tous les moyens d'acqurir des preuves le peuple ne dira-t-il pas que l'on refuse de punir les coupables
parce qu'on craint de compromettre
(6) Li? (7)
les
grands
Duc
ide
Un mot
t.
45
7.
I,
n 22, p.
n'est point l une matire sur laquelle on puisse dlibrer par assis ou debout. La question se rduit savoir si l'Assemble peut et doit admettre ou rejetter des pices indiques par l'opinion publique et adresses par le Comit de l'Htel de Ville de Paris, concernant
M. Ce
Robespierre
une conspiration...
((
vous arrte pour vous contredire. La lettre de M. Bailly n'a point parl de conspiration (8). Elle porte seulement qu'il adresse l'Assemble deux paquets ouverts, et un autre adress M. le Comte d'Artois, lesquels ont t remis au Comit par le district des
M. M.
le
Prsident
je
Augustins
(9).
M.
Robespierre
Rplique que cette lettre ne contrarie point ce qu'il a dj dit et que quoiqu'elle ne le porte pas expressment, toutes les circonstances le font assez prsumer, qu'ainsi on ne devoit point l'interrompre . La question consiste donc, a-t-il ajout, savoir si l'Assemble peut et doit refuser des pices qui lui sont indiques pour l'intrt de la Nation. Si dans les Institutions sociales, la suprme loi est le salut du peuple, ne devez-vous pas venger et punir les attentats commis contre vous devez chercher tous la libert et la sret de ses reprsentans les moyens de dcouvrir et non de rejetter des pices qui, selon les vraisemblances, sont relatives cet objet, cependant vous tes arrts par des scrupules sur l'inviolabilit des lettres. Oui, sans doute, ce secret est inviolable mais si cette rgle a jamais des exceptions, c'est sans doute lorsque le salut de la Nation est compromis, nos commettans, il est vrai, nous ont recommand ce respect, mais ils ont voulu qu'auparavant nous veillassions la libert du peuple et cette objection doit disparoitre devant ce mandat sacr et solennel. 11 doit en tre de mme de l'argument tir de ce que ce seroit dgrader la loyaut Franaise; on nous a cit ce sujet la dlicatesse de Csar; mais Csar qui avoit donn des fers son pays; qu'avoit il a redouter des effets qu'une
:
lettre
lettre qui acco.mpagndit les papiers saisis. apiprhend, Castelnaiu dchira une lett-e jHlresso au Comte d'Artois, migr dans le Hainaut. Interrog sur cr qu'il allait faire ojn Belgique, alors qu'il devait rejoindre sjn expliqua que, dsireux d'aller prsenter i-es l'oste (Ipiivp, hommagf^s au (milite <l'Ai-tois, la maison de iqui il appartenait, avait oWtcnu rlu sMiriistrc des Affaires Etrangres l'autorisation i: d'aller passer quelques jours auprs du Prince. 11 tait porteur, en pjjrticulirv. d'une lettre ique lui adressait I iDuc de Dor.et,
(8) Il s'agit (9) Lorsqu'il
de
la
fut
iil
tiaii'bassadeur
d'Angleterre en France,
46
t.
Le
II,
<n
21, p. 7.
Robert-Pierre observe qu'il est trs prcieux de savoir le contenu des lettres saisies sur le baron de Castelnau. Que l'opinion publique semblait fixe sur ce contenu, et qu'on toit assur qu'elles
renfermaient les preuves d'une horrible conspiration. Dans la prcdente sance, M. de Langres avoit condu qu'il falloit les brler sans les lire, ni s'toit autoris de l'exemple de Csar M. de Robert-Piene foudroie 1 argument de l'vque de Langres
!
M.
Sans doute, les lettres sont inviolables, je le sais, j'en suis convaincu mais lorsque toute une nation est en danger, lorsqu'on trame contre sa libert, lorsqu'on proscrit les ttes respectables des citoyens, ce qui est un crime dans un autre temps devient un action louable. Eh que m'importe qu'on cite Csar ? que m'importe que le tyran de Rome ait brl par politique les lettres de conjurs qu'il ne craignoit plus ? on doit au moins ouvrir des lettres o l'on peut dcouvrir les traces d'une conspiration, dont les suites peuvent tre si funestes au citoyen ?
((
!
{fort
applaudi).
t.
Mercure de France,
IV, p. 65.
:
Roberspierre a dit On ne peut dlibrer, puisque le fond de la question n'est pas jug; elle se rduit ceci l'Assemble peut-elle, doit-elle rejeter ou admettre les papiers arrts, et qui peuvent tre relatifs la conspiration ?
:
M. de
)>
adresse par
:
le
Comit
M. de
Roberspierre a
rumeur de l'Assemble pour rpter que la La premire de toutes les lois est le salut du Peuple. Oblig par le plus imprieux des devoirs de venger l'attentat projet contre les Reprsentants de la Nation, on doit se servir de tous les moyens possibles. Le secret des lettres est inviolable, mais il est des circonstances o l'on doit le violer. Qu'on ne cite pas l'exemple de Pompe qui brla les lettres adresses Sertorius. Pompe tait un tyran, un oppresseur de la libert publique, et nous en sommes les restaurateurs. L'Assemble et le Peuple seroient exposs aux plus grands prils si l'on rejetoit ou si l'on brloit ces papiers.
repris la parole,
))
t.
I,
15" sance, p. 4.
:
M. de
la question,
dit-il,
doit-elle, peut-elle rejetter les pices qui lui sont indiques par l'opinion
trame contre
tait
Csar Guililaume de la Luzerne, vque, duc de Langre>B, dput du clerg du bailli fuge de Langres.
47
libert
publique
M.
Bailly a
envoy
ce
paquet
le
l'assemble
a-t-il
Le
devoir
plus imprieux,
est
de
veiller
la
des citoyens ? Pouvez- vous donc ngliger l'examen des pices qui vous sont envoyes par un membre de l'assemble dont les lumires, la droiture et la fermet vous sont connues, par votre ancien prsident, par le maire de Paris ? Le principe de l'inviolabilit des lettres, doit cder au salut du peuple, la sret de la nation, son repos. M. l'vque de Langres a voulu vous opposer la modration de Csar, qui ne se permettoit pas mme d'ouvrir les lettres de ses ennemis mais quelle analogie y a t'il entre cet empereur, tyran de la patrie qu'il avoit subjugue, et les reprsentans d'une nation libre ? que dira le peuple de vous, si aprs votre dernire proclamation, o vous lui promettez la punition des coupables, vous ngiligez de profiter des pices qui peuvent servir leur conviction ? Je conclus donc ce qu' l'instant, on crive qu'on nous les
la libert
:
du Royaume,
reprsente.
Le
Point du Jour,
((
t.
II,
Je dois user du droit de tout reprsentant de la nation, a dit Robert-Pierre; c'est--dire, du droit de parler librement sur la question qui nous occupe, et je soutiens que l'assemble ne peut pas refuser des lumires utiles la patrie. La premire des loix est le salut du peuple; si cette loi est obligatoire, c'est sans doute pour nous dans la crise la plus tenible o peut se trouver une nation. Il faut rechercher avec activit la preuve des attentats commis contre la libert publique, dont les preuves vous sont envoyes par les
M. de
((
chefs d'une municipalit. On vous a fait une objection prise de l'inviolabilit des lettres; mais ce principe doit cder la sret nationale. On vous a dit qu'il falloit brler ces lettres, en portant l'exemple de
y-a-t-il entre
les reprsentans
Vous avez voulu, par votre proclamation, appaiser le peuple, en lui promettant la punition de ses ennemis; il faut donc conserver la preuve de leurs crimes; je vous laisse le soin de peser ces considrala rtablir? tions.
Journal des Etats Gnraux (Le Hodey), t. II, p. 201. Assemble Nationale. Correspondance de Bretagne (Vatar),
p. 343.
((
t.
I,
n''
29,
M. de
la
question
((
L'Assemble
maire de
la
Capitale
comme des
claircissements
48
de
conspiration qui
ft
jamais trame
On
a combattu
encore pour
Le premier
de
l'intrt social,
{1 1).
s'est cri
un honorable membre,
des peuples...
Il attribue la der(11) Reproduit dans le iMoniteur, T, 210. nire iihrase Eobespierre et Tiasre dans le texte. Of. galement Journal des Dbats, Introduction, p. 263, et Arch. pari., VII, 279. Aucune mention dans le Procs-verbal de i' Assemble nationale.
On
22.
SEANCE
DU
31
JUILLET
1789
(I)
Aprs le 14 juillet, le baron de Besenvall prit lie chemin de la Suisse. Il fut arrt 'par la municipalit de Villenauxe et emprisonn Brie-Comte-K/obert. Necker, lors de son retour Paris, reu avec enthousiasme par les lElecteurs, leur demanda une amnistie gnrale qu'ils accordrent <2). iLes ass-embles de districts .s'mureint de cette mesure, un point tel que Ja Commune, prise de peur, rvoqua l'ordre de mise en libert de Besenval et dpcha en toute hte un icourrier charg de le ramener immdiatement Paris.Pendant ce tem.ps, le district des Blancs-Manteaux envoyait, dans la matine du 31 juillet, une dputation Versailles pour protester contre l'amnistie proclame, sans aucun droit, par les Electeurs. Dans le dbat qui s'instaure sur cette affaire, aprs un discours vhment de Mirabeau, itobespierre intervient son tour. Une dputation conduite par Bailly, tente de justifier la conduite des Electeurs; son orateur, Joly, est vivement pris partie par Mirabeau (3). Finalement, l'Assemble nationale, tout en dclarant ap(1) Pierre Victor, lieutenant ignral, il
baron de Besenval, n Soleure en 1722 commandait le 9 juillet 1789 les troupes candonna,
le
Il
14 juillet 1789,
au Grouverneur de
la Bastille, l'ordre de rsister jusqu'au dossier I, p. 16-17). C'tait l'un des par les Parisiens.
(2) P. -y. de l'Ass. nat., t. II, n 37, ip. 3-13. Ce fut Lally Tolendal qui rendit compte ta l'Assemible du discours de Necker et de il'arrt pris par les Electeurs. Il fut soutenu par ClermontTonnerre qui tait hier Paris . (3) Dtails emprunts Versailles et Paris (Perlet), la date; et reproduits par G. Houanet, Ann. rvol., 1918, p. 190. Mais
on trouve aux Aroh. nat., bis, I, d I, une note manuscrite qui dsigne comme orateur M. de Smonville, au lieu de Joly (Cf. G. Lefebvre, art. cit. ci-dessou?). iMounier, dans son Expos de la conduite..., op. cit., p. 25, signale qu'une dputation des
lecteurs de Paris vint soliliciter l'rection d'un tribunal pour ju" ger les crimes de lse nation .
D XXIX
49
l' explication donne par les Electeurs de Paris leur arrt pris le matin du 30 juillet , dcrta la remise en lieu sr et sous une garde suffisante du Ibaron de Besenval (4). C'est en cette circonstance que la proposition de crer un tribunal d'exception pour juger les contre-rvolutionnaires, fut discute la tribune de la Constitaiante (5).
juillet
1789.
Robespierre dit qu'il faut engager les citoyens prendre confiance dans les recherches que l'assemble fera elle-mme.
Bulletin de l'Assemble Nationale,
M.
t.
I,
n" 26, p.
1.
M.
Il
il
le
langage de la justice et de
la raison
commenc
Ce
n'est plus
<4)
Actes
t.
Electeurs,
Arch. nat.
p.
7
D XXIX
et
22.
P., T'^ srie, 46-60, 61-73, 171-174; P.-V. des 499-530. Cf. galement Bibl. V. de P. 10073; bis I, d. 8, et 2, d. 13, p. 16; Nombreuses lettres rclamant la mise en libert de
C.
de
II,
p.
bis,
D XXIX
Besenval. G. Lefebvre, La premire pronositio'n d'instituer un (5) Cf. tribunal rvolutionnaire, (A. h. de la K. F"., 1933, p. 354-356). La cration d'un tribunal d'exception a-vait t prsente l'Assemble, ds le 23 juillet par Duclos-Dufrnoy, notaire, rue de Kichelieu et dput supplant du tiers tat de Paris, au nom du district des Filles St Tih ornas. Elile fut adopte le 30 juillet par l'assemble des Electeurs parisiens et apporte le lendemain Versailles par la dputation conduite par Bailly. Le Comit des Recherches nomm par l'Assemble nationale le 28, considrant cette proposition comme une atteinte ses prroexprim son mcontentement Smongatives, avait, ds le 30 ville, puis prsent ses griefs le 2 aot l'Htel de Ville qui avait prorais de faire lacrer les placards annonant au pubdic son arrt du 30, engagement qui ne fut pas tenu. L'Assemble nationale ne retint d'ailleurs pas la proposition des Electeurs et les (Procs-Verbaux de la Commune publis par Sigismond Lacroix n'y font qu'une vague allusion; aussi la plupart des historiens l'ignorent-ils. Cependant il apparat nettement la lecture des journaux que les Electeurs s'taient convaincus que la cration d'une juridiction politique d'exception offrait le moyen le plus sr de prvenir les massacres populaires. Robespierre, Reubell, Target, et Barnave taient d'un semblable avis. Le premier reprendra d'ailleurs cette proposition dans la sance du 21 octobre 1T89. iMais la Constituante qui avait, le 14 octobre, attribu la juridiction spciale des crimes de lse-nation au Chtelet, attendit jusqu'au 18 janvier 1791 pour instituer une Haute-Cour nationale dont l'activit rpressive demeurait encore insignifiante quand survint le 10 aot 1792 ; la iConvention la upprima le 25 septean'bre Huivaut.
VinMsi'iVi'Ui:.
50
le
moment de se servir du lieu commun, qu'on ne peut porter atteinte la libert d'un citoyen que sur un dcret ou un arrt rendu suivant
les Joix et par les loix
etc., un juge a
procs.
((
le
Peuple sait qu'il n'est point applicable aux de cas, tels que la clameur publique, droit d'ordonner un emprisonnement sans forme de
:
le
de Robesipierre propose en consquence un arrt (6) par : que la vengeance et la punition des crimes est un droit de la nation; que la poursuite des criminels est un devoir de ses reprsentans et qu'il n'appartient personne, qu' la nation, de
lequel on dclareroit
M.
(7).
t.
Correspondance d'Anjou...
((
II,
p.
70.
grand nombre de personnes parmi lesquelles on a distingu MM. Volney, Pethion de Villeneuve, Robertpierre, Barnave, etc., ont prtendu que lorsqu'il s'agissoit d'une conspiration, les bruits
trs
Mais un
ne
ft
M. de Bezenval toit suffisamment accus pour qu'il pas permis de prononcer son largissement...
1789,
54.
et
du
Calaisis, n
et
20, p.
188.
MM.
de Volney, de Robespierre
les principes
hommes
(8).
Le Point du Jour, t. Il, n 39. p. 361. Etats Gnraux, Assemble Nationale (Audran, Rennes),
p. 331.
t.
I,
n 40,
(( M. Robert-Pierre, en disant que le seul moyen de calmer le peuple, toit de lui parler le langage de la justice et de la raison, a
propos un projet
d'eirrt.
(6) Nous n'avons pas retrouv le texte de ce projet d'arrt dans la srie iC des Arch. -nat. (7) Texte reproduit par G. Rouanet, Ann. rvol., 1918, p. 91, <8) Les textas du Journal des Dbats, I, 323, et du Moniteur, 1, 255, sont identiques, k M. Kobeapierre a rclam dans toute leur rigueur les principes qui doivent soumettre les hommes s'uspects la Nation, des jugements exemplaires. Voulez-vous, a-t-il_ dit, calmer le peuple ? Parlez-lui l iangage de !la justice et de la raison. Qu'il soit sr que ses ennemis n'chapperont pas la vengeance des Les loix, t les sentiments de justice succderont ceux de haine. Arch. pari. VI, I, 312, reproduisent ce passa-ge.
>
51
Le
t.
II,
r 28, p. 115.
MM.
appuie
Mounier
M. Camus
Robetz-Pierre tablissent chacun leur avis. L'un (9), et Je second adopte l'arrt de M. Target (10).
et
t.
Journal de Versailles,
I,
MM.
(9)
Robertpierre, Rebell
Camus propose
(10)
((
((
23.
SEANCE DU 3
AOUT
1789
(soir)
La discussion s'engage sur les troubles des camp_a,gnes. Pour remdier ces dsordres, iSalomon, au nom du comit des rapports, propose que l'Assemble nationale, informe que le paiement des rentes, dmes, impts, cens, redevances seigneuriales, e^st obstinment refus , dclare qu'aucune raison ne peut lgitimer les suspensions des paiements d'impts et de tout autre redevance, jusqu' ce qu'elle ait prononc sur ces diffrents droits . Certains dputs estiment qu'il n'y a pas lieu dlibrer,, attendu que l'Assemble n'a pas de preuves lgales des dsordres qu'on lui annonce. Desmeuniers, dput du tiers tat de la ville de Paris, observe que les faits n'tant point constats, il ne convient pas i'AssemIble de faire une dclaration sur des objets douteux . Robespierre intervient alors (1). l'inalement le projet de dclaration fut renvoy au comit de
i
'daction.
<1) G. liouanet considre que cette intervention n'est pas de Robespierre <Ann. rvol. 1918, p. 280-293). On pourrait en effet, expliquer cette attitude de llobespierre qui prend la dfense d'une mesure dirige contre les paysans. D'ailleurs, dans le Point du Jour, comme dans le Mercure cle France, c'est Mougina de Roquefort qui intervient.
difficilement
52
Il,
p.
348.
a rpondu cette dernire objection, que le pouvoir excutif, pour prononcer des jugements, avait besoin d'une certitude non quivoque; mais qu'il suffisait au pouvoir lgislatif d'tre assur des faits mme officiellement, qu'au surplus, les lettres envoyes
M. de Robespiene
au Comit de Rapport toient suffisantes, puisqu'elles toient manes des personnes en place, des corps de magistrature, etc. (2).
(2) Texte reproduit dans le Moniteur, I, 270; et dans les Arch. pari., VIII, 366. Le compte rendu de la sance, y est entach d'er-
nraux
et
du Point du Jour.
24.
SEANCE DU 4 AOUT
1789
Au cours de la sance de la nuit du 4 aot, les dputiS des provinces privilgies, et notamment ceux de l'Artois, firent abandon pour leurs provinces de ileurs privilges particuliers (1). Les traits des Pyrnes (1659) et de ^imgue (1679) qui avaient runi l'Artois la France, renfermaient des stipulations formelles au sujet du maintien des privilges; et en particulier des Etats de la Province. De mone les ca/pitulations de certaines villes (de Hesdin en 1639, et d'Arras en 1640) affirmaient lia conservation des privilges de l'Artois et des coutumes municipales (2). La dclaration que rdigrent ensuite les dputs des trois ordres de la province de l'Artois, fut publie dans les Affiches de l'Artois, du Boulonnois et du iCalaisis, du 7 aot 1789 (supplment au 11 20, p. 197-198) (3).
Les Dputs de tta Province d'Artois, tmoins du zle patrioavec lequel les Dputs de toutes les autres Provinces et du Royaume ont fait l'hommage l'Assemble Nationale des particuliers, immunits et privilges assurs auxdites Villes Provinces par des traits, loix, ohartres et capitulation entra
;
(1) Parmi les provinces qui firent abandon de leurs privilges, figurent en particulier la Bretagne, la Provence, la Flandre. l'Artois, de Dauphin, le Hainaut, le Cambrsis, 'le Comt de Foix. (2) Cf. J.A. Paris, p. 193. (3) Pellerin signale dans son Journal, la date du 4 aot, que les Diouts des provinces privilgies qui sont porteurs de mandats impartifs ou prohibitifs ont rsertv de se retirer vers leurs commettans pour les faire s'expliquer de nouveau ou pour leur faire r,atifier les dclarations de renonciation faites en leur nom et ces rserves ont t mentionnes au Procs-verbal de la sance .
:
'
53
ns par un si beau mouvement, et par le dsir d'aplank tous les obstacles qui pouvoient retarder ou attnuer le bienfait d une Constitution libre, considrant que la GabeWe, cet impt, depuis longtemps jug dsastreux, va tre enfin (proscrit dans toute si rtendue du Rovaume, persuads que leurs commettans dsirent avant tout et tout prix cette (Constitution dans laquelle ils retrouveront les droits bien plus prcieux que ceux qui pourroient rsulter de fleurs privilges, ont dclar et dclarent que nonobstant les mandats impratifs qui les obligent conserver la Constitution particulire, les droits et privilge de la Province d'Artois en leur entier, ils employeront tous leurs efforts pour engager leurs commettans dsister de ces mandats et rsigner leurs exemiptions et immunits, ne doutant ipas qu'ils ne (partagent le zle et l'abandon patriotique dont toute la Nation Franoise leur donne un si gnreux exemple, ne doutant pas qu'ils n'adhrent tout oe que l'Assemble Nationale dclarera pour le plus grand bien et avantage de la Nation, et qu'ils ne renoncent tous privilges, libertiS, franchises et immunits particulires de la Province d'Artois qui pourr oient nuire ou apporter quelqu'empchement au bien gnral de
l'Etat.
Pour ladite rcomciliation, .avoir lieu et effet seulement, compter du jour de la promulgation de la Constitution libre soue laquelle doit vivre dsormais la Nation Franoise, et condition que si cette Constitution n'toit pas tablie, oxi venoit tre dtruite ou abroige, la Province d'Artois rentreroit isur le ohamp et par le fait mme dans la possession de tous ses droits, liberts, franchises et privilges pour en jouir et user comme par le pass. iSigns, Briois de Beaumez; De Croix; Lameth Le Sergent
^
d'Isbergue.
Roux, Cur de Saint-PoU Bhin, Cur d'Hersin-Counigny Boudart. Cur de la Couture Diot, Cur de Lagny-sur-Canche. Payen, Brassart, Fleury, Vaillant, de Robespierre, Petit, Bou
iLe
cher,
Dubuisson.
25.
SEANCE DU 6 AOUT
1789
(sot)
Le 26
juilllet
1789.
Clezen s'tant oppos, comme membrje du comit des reicherclies, la mise en libert du duc de La Vauguyon, donna sa dmision la suite du vote qui le relaxait <cf. Malouet, Mmoires, t I, p. 360, note 2).
54
en libert du duc de la Vauguyon Mirabeau propose que le prsident soit charg d'crire la municipalit du Havre, que l'AsBem.aucun motif pour que la dtention de M. de la Vauguyon soit continue, et qu'elle laisse la dcision entire au pouvoir excutif. L'Assemble se rangea cet avis (3).
We ne connat
Journal de Versailles,
\.
I,
n 20, p. 169.
Vainement M. Robespierre s'est lev contre cet avis, M. de Mirabeau et plusieurs autres ont dfendu celui du rapporteur.
(3) f.
G. Rouanet, Ann.
rvol.,
1918,
p.
294-297.
26.
SEANCE
DU
21
AOUT
1789
(soir)
Un membre du
prsente,
l'Assemfble
impratifs, en mandats libres et gnraux (2). Le juge a demand des informations propos du dlai; pendant l'intervalle le peuple s'est port en foule aux chteaux des deux dputs nobles. L'un a t sur le point d'tre assassin, l'autre de voir jeter ses meubles par les fentres, et sa imaison livre au
pillage.
Les deux dputs ont demand acte des diligences mu'ils ont faites pour la convocation de l'assemlble de la noblesse de la province (3). Plusieurs dputs ont dfendu leur conduite 'l'assemlble a con;
(1) Le Juge mage (de judex major) rendait en Languedoc et en Provence, la justice au nom du Snchal. Sa comptence tait par suite trs tendue, puisqix'il devait (connatre les causes tant au civil au'au criminel, en premire instance comme en appel, qui relevaient de la iuridiciion du snchal. (2) L'Arrt du Conseil du 27 juin 1789, envov dans les provinces pour une nouvelle convocation de la Noblesse, aviait provoqu de violentes rsistances de' la part des douts des Communes d'Auvergne en particulier. Ds le dbut ^ie juillet, l'un d'eux, Gaultier de Biauzat. avait protest avec force' contre ce fait (Arch. nat., C 27, 195). Dans une lettre au prsident de l'Assemble
/en date du
sp,rte,mlbre
1789).
le
Villefranche en Rouergue, a.nnonce qu'il a reu de ses commettant'^ de? pouvoirs tendus et qu'il arrivera bientt Paris (Arch. nat.,
32,
275-276).
(S) Journal des Etats Gnraux CLe Hodey), t. III, p. 42; et G. Rpuanet, Ann. rvol., 1918, p. 299-300; de mme Correspondance d'Anjou, t. II, p. 244, mais on n'y cite pas Robespierre.
55
et
les justifications
1789,
2*^
quin-
M. de Robespierre, dput d'Artois, a le premier demand et obtenu la parole, son avis toit qu'il n'y avait pas lieu dlibrer. Il a paru supposer qu'on proposait l'Assemble de censurer la conduite
du Juge-Mage de Villefranche. C'tait peut-tre s'carter de la question, puisque, SI par un sentiment de justice qui devait faire excuser tout au moins les suites malheureuses de cette affaire, il tait chapp M. Salomon (1) quelques paroles d'improbation sxir les lenteurs du Juge de Ville-franche faire la convocation, nulle censure n'tait cependant ni propose par lui contre cet Officier au nom du Comit, ni demande par M. de Bournazel. a M. de Robespierre a prsent la conduite du Juge-Mage de Villefranche comme trs digne des loges de l'Assem.ble Nationale.
Vous
lui
en devez.
Messieurs,
fait
a-t-il
dit,
car
les
mmes
principes
rglement du 27 juin, on*^ inspir les rpugnances et les dlais qu'il a opposs une convocation qu'il devoit faire en excut'on de ce rglement. Cette ide, qui prtait beaunationaux qui vous ont
dsavouer
le
de M. de Robes-
t.
III,
p.
42.
M.
Robespierre a
mme
(4) iSalomon de la Saugerie, dput du tiers tat du baiflliage d'Orlans, secrtaire du comit des rapports.
56
27.
SEANCE DU
21
AOUT
1789
(soir)
Au lendemain du 14 juillet, les patriotes de Marienbourg, avec consentement du commandant, convoqurent les habitants r.Htel de Ville, afin de remplacer par des officires lus, ceux qui devaient leurs charges la 'vnalit. A la suite de cette lection (1) quatre bourgeois furent arrts de nuit, sur l'ordre, affirmait-on, d'Esterhazy, commandant de la province, et emprisonns Avesnes ipour y tre jugs, sous rincul)ation de sdition, par la justice prvtale. Les bourgeois arrts iprsentrent une requte l'Assemble nationale. Salomon, au nom du comit des rapports, et sous prtexte que l'Assemble n'avait reu aucune pice len faveur des citoyens de Marienbourg, propose le 2il aot au soir, que l'affaire soit remvoye au pouvoir excutif. Robespierre s'lve contre les condlusions du rapporteur (2). L'Assemble dcrta que son prsident s'informerait auprs du Garde des Sceaux des faits relatifs ces arrestations, et demanderait un sursis tout jugement, jusqu' ce que l'Assemble ait eu connaissance des faits et de la procdure (3).
le
'>
M.
M.
Robespierre prtend que cette cause qui intresse la Libert, l' Assemble qui ne peut pas se dispenser de svir
Destrasi,
contre
commandant de
la
province.
Gazette Nationale ou Extrait..., t. II, p. 16. Courier National (Beuvin), t. I, n 45, p. 3. Assemble Nationale, Correspondance de Bretagne (Vatar), p. 467.
Versailles et Paris,
({
t.
I,
n" 50,
t.
I,
n 22, p. 3.
le
M.
lence
particuliers,
dit, la libert nationale. Quatre quatre citoyens domicilis, ont t enlevs leur famille,
a-t-il
sans forme
ils
sans dlit,
sans dcret,
enfin
Mon
avis est
que l'Assem-
ble nationale seule peut et doit connatre d'un dlit aussi grave; en
aot 1789. Cf. Arch. nat., D XXIX, B5, d. 197, Eouanet, Ann. rvol., /1918, p. 300-302; E. Hamel, 133; et G. Walter, p. 81. C3) Cl sance du 30 .septembre 1789.
(1) (Le 13 (2) Cf. G.
I,
57
propre cause.
connaissance au pouvoir excutif seroit le rendre juge de sa 11 est inconcevable, a-t-il ajout, que Ton ait os faire
une pareille violence des citoyens qui n'ont fait qu'user de la libert qu'ont toutes les villes de se choisir des officiers municipaux. M. Barnave a beaucoup appuy cette motion (4).
Point du Jour, t. Il, n 61, p. 189-190. Les Veilles d'un Franais, t. I, n 10,
p.
73.
M.
regard cette
Robert-Pierre a combattu cet avis [l'avis du Comit]. Il a dtention comme un crime national et il proposait, en
M.
.
d'Esterhasi.
M. d'Aoust
toit
de
l'avis
t.
I,
53,
M. de
et
Robespierre voit dans cette violence une atteinte punisVous avez proscrit, dit-il, tout acte d'autorit voici, que contre vos dcrets, un homme ose commander
un
attentat, et
un autre
le
mettre excution...
(6).
1789, 2 quin-
M.
Robespierre et
M.
sivement
soire par
la parole,
l'Assemble Nationale.
Courier National l'appelle M. de Barnve. marquis d'Aoust tait dput de (la noblesse de la. gouvernance de -Douai. (6) Dans son Avis au Peuple Artsien, p. 9, Jlolbespierre crit: ...lorsque j'appuyois, avec une constance infatigable, toutes les justes plaintes des citoyens opprims, dans diffrentes villes, contre les violences des Officiers militaires, Municipaux et Prvtaux .
(4) Le (5) iLe
58
28.
SEANCE DU 22 AOUT
1789
L'Assemble discute l'article XIV du projet de ddlaration des droits de l'homme, .prsent ipar le sixime (bureau, et ainsi conu Nul citoyen ne peut tre accus ni troubl dans l'usage de sial pio'prit, ni gn dans celui de sa Jibert, iqu'en vertu de la loi, aiveic les formes qu''ellle a prescrites, et dans les cas qu'elle a prvus. (1). Target prsenta la rdaction suivante Art. l^''. Aucun citoyen ne peut tre accus, arrt, dtenu,
:
t;
puni qu'au nom de la loi, et qu'avec les formes prescriteis, et suivant les disp-ositions prcises de la loi. << Art. Tout ordre arbitraire contre la libert doit tre II. puni. iCeux qui l'ont sollicit, expdi, excut e^t fait excuter, doivent tre punis. Rofbespierre intervint en ce sens. L'AssemMe se rangea cet avis, 'et l'article VII de Ja dclaration porta que ceux qui sollicitent, expdient, excutent ou font excuter des ordres arbitraires, doivent tre punis .
t.
I,
14, p.
4.
Robespierre pas prononcer contre les subalternes, ce seroit donc que chacun peut porter atteinte la libert du Citoyen, car tout est subalterne except le chef de l'Etat. ))
:
M. de
((
Ne
Courier de Provence,
((
t.
I,
n 31, p. 5.
MM.
(2), et
d'Aix
le
Rabaud de Saint Etienne, Robert-Pierre, l'Archevque M. Gouy d'Arcy ont tour tour parl sur cette question;
))
les trois
Le
10, p. 78.
et
MM.
Rabaud de Saint-Etienne
de
la responsabilit
de nouveau
l'opinion
la
(1) Cf. G. Rouanet, Ann. rvol., 1918, p. 303, et Hajnel, I, 133. (2) Boisgelin de Ouc, archevque d'Aix, dput du clerg de snchausse d'Aix.
'
59
29.
libert
religieuse
Le 22 aot, l'Assemible nationaile .entreprend la discussion des articles XVI, XVII et XVIII du projet du sixime bureau, relatifs la libert des opinions religieuses et au respect du culte public: XVI. La loi ne pouvant atteindre les dlits secrets, c'est la redigion et la morale la suppler. Il est donc essentiel pour le bon ordre mme de la socit, que l'une et l'autre soient respectes.
respect pour
doit point
XVII. Le maintien de la religion exige un culte public. Le le culte public est donc indispensable. XVIII. Tout citoyen qui ne trouMe point le culte tabli, ne
tre
inquit.
la dlibration la sance suivante La journe du 23 fut marque par une lutte violente du clerg contre les partisans de la libert religieuse. iLes articles XVI et XVII furent disjoints et renvoys la discussion de la Constitution, lie comte de CasteMane proposa une nouvelle rdaction de l'article XVIII Nul homme ne doit tre inquit pour ses opinions religieuses, ni troubl dans l'exerce de son culte. La discussion reprit avec acharnement sur cette motion. 'Finalement 'l'Assemble fipporta des restrictions la rdaction de Castellane, et adopta l'article en ces termes Nul ne doit tre inquit pour ses opinions mme religieuses, pourvu ique leur manifestation ne trouble
:
c>>
P'as
loi.
(art.
X)
(1).
1789.
les
Robespierre a parl pour prouver que gieuses ne pouvaient jamais troubler l'ordre public.
pris la parole
M.
opinions
reli-
M. de
Virieux a
pour prouver
le
contraire.
))
Bulletin de
((
VAssemble
Nationale,
:
t.
I,
16, p. 8.
de
la
Robespierre Ajouter une restriction un principe aussi simple que celui irction qu'on discute, c'est l'amantir, en donnant lieui ujne
d'interprtations
M. de
foule
dangereuses.
(2)
la
(1) Cf. G.'Rouanet (Ann.rvol., 1918, p. 303); et E. Hamel, I, 133. (2) Robespierre entend s'opposer en particulier l'adjonctiDn motion de Castellane des termes ((mme et pourvu '...que leur manifestation ne troulble pas l'ordre tabli par la loi.
60
Le
n"
11,
p.
85.
une foule d'amendemens, qui ont t longuement discuts par MM. Plerin (3), d'Andr (4), Guillotin (5), Bouche (6), Duquesnoi, Robert-Pierre, Bouchotte 7), Lachaise (8), l'vque de Langres, Gart, de Mirabeau, Pison du Galand (9), de Virieux 1(0), Rabaud de Saint Etienne, l'vque de Clermont (11), l'abb Dillon (12), l'vque de Lyda (13), Chass (14) et plusieurs autres membres. On ne finiroit pas, si l'on devoit rapporter mme en bref, les diffrentes discussions qui ont t faites sur chaque mot de la; motion et des amendemens.
Alors on a
fait
(3)
du
bailliage d'Or-
lans.
i(4)
(5)
(6)
D'Andr, dput de la nolblesse de la snchausse d'Aix. Guillotin, dput du tiers tat de la ville de Pairis. Bouche, dput du tiers tat de la snchausse de Forcal-
quier.
(7) iBouohotte, dput du tiers tat du bailliage de Bar-sur-Seine. (8) 'Lachse, dput du tiers tat de la snchausse du Quercy
Cahors.
i(9)
(10)
i(ll)
Pison du Galland, dput du tiers tat du iDauphin. Comte de Virieu, dput de la noblesse de la snchausse
du Dauphin.
Franois de Bonal, vque de Olermont-Ferrand, dput snchausse de Clermont. Dominique Dillon, cur du Vieux Pouzauges, dput du clerg de la snchausse de Poitiers. (lis) Gobel, vque de Lydia. suffragant et vicaire gnral du' prince-vque de Ble, dput du clerg des districts de Belfort et de Huningue. (14) Chasset, dput du tiers tat de la snchausse de Ville-
de
la
(12)
franche-de-Beau]'olais.
61
30.
SEANCE DU 24 AOUT
1789
(ulte)
Le 24 aot, la discussion du projet de dclaration des droits de rhomme, mis au point par le sixime bureau de l'Assemble, reprend sur l'article XIX qui porte La libre communication des penses tant un droit du citoyen, elle .ne doit tre restreinte qu'autant qu'ellle nuit aux droits d'au:
trui.
Cette rdaction est rejete, au profit de celle du duc de la Rochefoucauld La libre communication des penses et des opinions est un des droits les plus prcieux de l'homme. Tout citoyen peut don-c parler, crire, imprimer lifbremont, sauf rpondre de l'abus de cette ilibert dans les cas prvus par la loi. (1).
:
((
1789.
l'article
M.
Robertpierre a
fort
bien rapport
de
la constitution
d'un des Etats unis de l'Amrique relatif la libert de la presse, mais s'il et galement rapport l'article 18 de la mme constitution, on et su que ce peuple n'tait pas assez ennemi de lui-mme lorsqu'il a fait sa constitution, pour tablir en principe que la licence n'tait pas dangereuse et nuisible la libert de l'tat, qu'il voulait assurer. (2)
))
Le Point du Jour, t. I, n" 63, p. 208. Etats Gnraux. Assemble nationale (Audran, Rennes),
p.
t.
I,
n" 61,
491.
t.
I,
12, p.
92.
M.
de
la
puret du principe,
disoit-il,
Vous ne devez pas bade dclarer franchement la libert de la presse; il jamais permis des hommes libres de prononcer leurs droits d'une
rvol.,
1918,
p.
303); Hamel,
((
I,
134;
Un recours fr(2) Voici comment s'exprime cet article 18: ouent aux principes fondamentaux de la Constitution et une adhsion constante ceux de la pit, de la 'justice, de la modration, de la temprance, de l'industrie, et de la frugalit, sont absolument ncessaires pour conserver lies avantages de la libert et pour maintenir un gouvernement libne. n
62
manire ambigu; toute modification doit tre renvoye la constitution; le despotisme seul a imagin des restrictions, c'est ainsi qu'il est parvenu attnuer tous les droits... Il n'y a pas de tyran sur la tene qui ne signt un article aussi modifi que celui qu'on vous propose. (3)
Le
Patriote franais,
t.
I,
p.
2.
Robespierre a expos qu'il n'est pas permis des hommes libres de dclarer leurs droits, sans le faire d'une manire franche et libre... Il est vident qu'il faut bien distinguer le droit en lui-mme de Vabus . L'abus ne regarde que les lois pnales. Un tyran n'a jamais dit Je dominerai. Eh bien. Messieurs, il n'y en a pas un seul qui ne consentt publier cet article de la dclaration, avec les restrictions que vous y mettez. Tous les Etats de l'Amrique ont nonc purement et simplement leurs droits sur la libert de la presse . Il a donne ensuite sa rdaction; elle fut approuve de trois des Membres.
:
M.
Btdletin de
V Assemble nationale,
:
t.
I,
16,
p.
4.
((M. de Robespierre
((
Toute
doit
.
restriction,
toute
exception
dans
l'exercice
des
droits
doti
tre
renvoye
tre
la
constitution.
La
dclaration
et
des
Droits
de
l'homme
dification
franche,
dcisive,
lit
:
M. de
Robespierre
crit,
La
soit
libre
par parole,
soit
par
les
par
voie
de l'impression,
le
tant
un des droits
fort
impres-
criptibles
entreprises
plus
rempart
)).
contre
tre restreinte
Courier de Provence,
((
II,
n 32.
M.
et
[une rdaction]
qui se raptout
prochait davantage
ricaines,
de
la brivet et
sur-tout
les
au
moins dans
vus par
(4)
et
non dans
la loi.
t.
III,
p.
9L
mme
Tous
les projets se
rapportoient toujours au
ait
point.
Il
n'y
a que celui de
M.
Robespierre qui
t illimit.
<3) Texte reproduit dans le Moniteur. 1, 380; dans le Journal des Dbats, I, l9; dana les Arch. pari., VIIl, 483; et dans Bchez
et
l'article
propos par
le sixi-
me bureau.
63
2"
intervention:
l'article
Sur l'entretien de
la
force publique
Aprs
la
sixiioie
discussion des
bureau,
sur la libert 'de la presse, l'Assemble aborda articles XX, XXI, XXII, XXIII du projet du relatifs l'impt et l'entretien de la fonce pu-
blique (5). L'article fut .adopt (le premier des vingt-quatre articles du projet qui ait t conserv) La .garantie des droits de l'homme et du citoyen ncessite une cette force est donc institue pour l'avantage de force publique tous, et non pour l'utilit particulire de ceux auxquels elle est confie. (article XII). L'article XXI fut dcrt en ces termes: <( Pour l'entretien de lia force publique et pour les dpenses d'administration, une contribution commune est indispensable. Elle doit tre galement rpartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facults. (article XIII).
XX
:
Etats Gnraux.
p.
((
Les Veilles d'un Franais, t. I, n 12, p. 93 (6). Assemble nationale (Audan, Rennes),
493.
t.
I,
n"
61,
MM. Malouet, Robert Pierre, le prince de Broglie, Target, de Marguerittes (7), Redon (8), Bouche, de Laborde, de Virieux, Vermres (9), Biauzat, Pison du Galand, Fermont, Mounier et du Port, ont propos divers projets de rdaction qui comprenoient plus ou moins
d'articles.
))
Dbats,
(7) '('put
(5) Cf. G.Rouanefc (Ann.rvol.. 1918, p.303) et E. Hamel, I, 134. (6) Texte reproduit dans le Moniteur, I, 381, et le Journai des T, 521.
;
(8)
(f>)
Baron de Marguerittes, premier Consul, maire de Nmes, de la noblesse de la snchausse de Nmes. Redon, dput du tiers tat de la snchausse de Riom. Vernier, dput du tiers tat du bailliage d'Aval, Lons-Ie-
Saunier/
64
31.
SEANCE DU
26
AOUT
1789
(suite)
La discussion porte sur l'article XXII du projet du sixime bureau, ainsi rdig La contribution publique tant une portion retranche de la :r.aprit de chaque citoyen, il a le droit d'en constater la ncessit, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi, et d'en dterminer la quotit, l'assiette, le recouvrement et la dure. Duport propose deux amendements. Le premier ajoute aprs par lui-mme ou par ses reprles mots il a droit , ces termes sentants il est adopt l'unanimit. Le second qui tend sup la contribution publique tant une primer la phrase portion retranche de la proprit de chaque citoyen , est mis en discussion. Prisse du Luc, dput du tiers tat de la ville de Lyon, soutient que le paiement de l'impt est une dette (lgitime, acquitter, et que la nation a le droit imprescriptible de le percevoir, pour l'intrt et la sret de tous, il propose un projet de rdaction en
:
<(
deux
articles, conforme ces principes. iRobespierre intervient aprs Prisse du Luc. Finalement l'Assemble supprime la premire partie du texte du sixime bureau,
tants,
adopt en ces termes le droit, par lui-mme, ou par ses reprsenla ncessit de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi, et d'en dterminer la quotit, l'assiette, le recouvrement et la dure, (l).
et l'article est
Chaque citoyen a
de constater
Gaultier de Biauzat,
t.
II,
p.
261
lettre
du 27
aot.
M. Robespierre a demand la suppression de l'article 22 et de ramendement. Ils ne concertent pas ensemble, a-t-il dit; c'est altrer le droit de la Nation et le rduire un simple veto que de lui attribuer le droit de consentir librement l'impt. Il a ajout que la contribution est une partie de pioprit mise en dpt et en commun, et
il
M.
(1) Cf.
1918, p.
304-307.
t.
65
111.
III,
p.
M. de Robespierre a donn beaucoup plus d'tendue aux prindvelopps p)ar le propinant, quoiqu'en attaquant son projet d'arrt et celui du sixime bureau
cipes
:
Discours de
M.
de Robespierre
La
nation,
dit on,
le droit
le
ainsi
le principe,
ce n'est pas
consacrer,
le
Celui qui
a le droit
de consentir l'impt a
droit
de
la
le
rpartir;
le
ds que
droit
le la
nation,
de
excutif,
((
ce droit ne serait plus, tant en la puissance du pouvoir qu'un veto qu'il nous opposerait. Je viens actuellement la seconde partie de la motion; tout impt y est-il dit, est une portion retranche de la proprit; je soutiens, au contraire, que c'est une portion de la proprit mise en commun dans
les
mains de
((
l'administrateur
public.
Et
je
En
effet,
ce n'est le dposiprincipe
contraire;
taire
si
de
toutes
contributions.
Or, admet-on
la proprit,
le
c'est
la
squence, voici ce que je propose, au lieu de l'article 22 du projet du sixime bureau Projet d'arrt de M. de Robespierre : Toute contribution publique tant une portion des biens des citoyens mis en commun, pour subvenir aux dpenses de la sret publique, la nation seue a le droit d'tablir l'impt, d'en rgiler la nature, la quotit, l'emploi et la du:
((
re.
(2).
Le
Point du Jour, t. Il, n 64, p. 215. Les Veilles d'un Franais, t. I, n 14, p.
106
(3).
M.
trs-
qu'a la nation de faire seule la loi de l'impt; il a prouv que la rdaction du sixime bureau et de M. Prisse, n'exprimoient pas suffisamment les droits de la nation en matire d'impt,
vrais sur le droit
et qu'elle les altroit
de consentir l'impt, disoit-iil, que l'article XXII ne donne la nation qu'une espce de veto. Cependant le principe toit reconnu avant que la nation et repris le pouvoir lgislatif; auau contraire.
la loi
loi
La
suppose
le droit
de
faire
de
l'impt, au lieu
(2) Cf. Hamel, 1, 135. Texte reproduit dans le Moniteur, I, 383; dans les Arch. pari., VIII, 487; et, ajvec quelques variantes, dans Bchez et Roux, II, 344. 5i25, et (3) Texte reproduit dans, le Journal des Dbats, t. I, p. cit par G. Walter, p. 657, note 29,
66
jourd'hui
donc de
que ce pouvoir ne peut pas lui chapper, son droit est-il examiner et consentir l'impt, ou bien doit-elle faire la loi ? Quant la dfiinition qui doit tre donne de l'impt, je l'appellerai une portion de la proprit des citoyens, mise en dpt ainsi il est imp>ossible d'exet en commun pour les besoins publics primer les droits de la nation, sans parler de la formation de la loi
se borner
:
qui
lui
est
dvolue.
franais,
t.
Il,
n 53, p. 221.
M. Robespierre, qui sans s'chauffer dit souvent de trs bonnes choses, auroit voulu que l'on ne parlt pas du consentement de la
Nation
la
sensment observ, n'est point une portion retranche de la proprit du Citoyen, il est lui-mme une proprit dont chaque individu a fourni sa quote-part; et s'il cessoit d'tre tel, aprs avoir t vers dans la caisse publique, la Socit n 'auroit plus le droit de veiller l'emploi qui doit en tre fait.
L'impt
a-t'il
de
veto,,
tandis qu'il
faut dire
que
la
de
la
consentir...
((
...On a ensuite
lu
la
l'occasion de laquelle un
ration de droits il ne s'agit mais de ceux des citoyens.
membre
Bulletin de
l'^
Assemble
nationale,
t.
I,
n"
17.
M. de
Nation,
Robespierre,
Cet amendement attnue l'article, il ne manifeste pas le droit et le rduit une sorte de veto... Dans le temps o l'on contestait la Nation la puissance lgislative, on tait forc de convenir qu'elle avait le droit de consentir l'impt. L'impt est une portion reUe de la proprit, et non une portion retranche, c'est un dpt entre les mains des agents publics: M. de Robespierre propose une rdaction de l'article...
de
la
Kter5ai7/es et Paris,
t.
I,
n" 26, p. 3.
t.
II,
p.
35.
M. de
me
67
voirs de la Nation sur les impts, par le mot de consentir, qui suppose dans un autre, le droit de faire la Loi, et dans la Nation un simple droit de l'eimpecher, un droit de veto. Il a propos de dcider, que les Citoyens seuls, ont le droit par un de leurs reprsentans, d'tablir l'impt, de le rpartir, etc.. Cette opinion a entrain les suffrages, l'on a demand quelque tems que la rdaction de M. Robertpierre et la prfrence, mais quelques nouveaux dbats ayant dtourn l'attention de l'Assemble de cette rdaction, l'artide du sixime bureau a t admis et dcrt.
Journal de Versailles,
t.
I,
Aprs
lui
MM.
Versailles,
26 aot 1789,
p.
4.
M. du Luc,
Sur
la sparation
des pouvoirs
de l'article XXiIV du projet du sixime bureau Diverses rdactions sont .proiposes par Target, Eeubeil, Mounier..., qui tous in>sistent sur la cessit d'exiprimer le principe de la sparation des pouvoirs dans la dclaration des droits. Le Chap^elier propose la rdaction suivante La libert des citojrens exige que les diffrents pouvoirs soient
Boisgelin,
:
dteronins.
Robespierre intervient alors. Finalement l'As^emible adopta, la rdaction du sixime bureau Toute socit dans laquelle la garantie des droits n'est pas assure, et la sparation des pouvoirs dtermine, n'a pas de cons:
((
titution.
(article
XVI).
t.
Gaultier de Biauzat,
II,
p.
s'est
264,
lettre
du 25
aot.
M. de
Robespierre
M. de
est contradictoire
avec
(4) Cf.
G. Rouanet, Ann.
rcvoil.,
1918, p,
304
et
Hamel,
I,
135.
68
III,
p.
123.
M.
toit tranger la
(5).
d-
demandoit
la
question pralable.
Le
14, p.
110.
M.
)>
dlibrer.
t.
I,
7,
p.
42.
dans
discussion du projet de dclaration des droits fut reprise sance de mercredi Robespierre... dvelopprent ... successivement des opinions diverses sur les articles 22, 23 et 24. (6)
la
;
La
MM.
(5)
Reproduit dans
le
Moniteur,
I,
VIII, 489.
(6) Les Rvolutions de Paris rsument l'ensemble de la sance du mercredi 26 aot. Pour l'article XXII du projet, voir plus haut, la discussion sur le consentement de l'iimpt. L'article suivant: K La socit a le droit de demanider compte tout agent public de son administration , aprs une discussion trs vive dans laquelle Hobespierre n'intervint pas, fut vot l'unanimit (art. 15 de la
Dclaration
des
Droits).
32.
SEANCE DU
28
AOUT
1789
L'Assemble entame
dfinition
glement (1). Dj le
(24
aot,
(1) Depuis le dbut des sances, aux Communes, puis I'Absemble nationale, les dbats furent toujours fort tumuiltueux. Duquesnoy, op. cit., signale le fait avec humour: ...des coliers sont infnimant (sic) moins bruyant, plus tranquille, plus honnte et la Suite des Nouvelles de -VersaUes du 7 aot 1789, crit Quand un orateur, qui avoit obtenu la parole, avoit parl deux minutes, on l'interrompoit grands cris. M. le comte de Mirabeau, M. de Robespierre et vingt autres ont t interrompus . Target avait dj .propos, le 3 aot, de .rduire le temps de parole dixi minutes chacun; et Ption avait demand qu'on inscrivt les noms des orateurs sur une liste double pour et contre (d'aprs le Journal manuscrit de Pellerin, la date).
((
((
69
snchausse de Pamiers, demandrent que, par rglement, on ne pt mettre aux voix des amenceux-ci eussent t discuts par dix orateurs, s'agissait de prvenir les inciil cinq contre lors de Ja discussion des articles de la dclaration relatifs la libert religieuse, o des amendements importants n'avaient t discuts que sommairement, et o les partisans de la libert religieuse avaient subi un ch'ec Leur projet de rso-
du tiers tat de la une modification au dements sans que dont cinq pour et dents de la veille,
kition fut repouss. Rolbesipierre reprend le 28, leur tentative. Il est violemment interrompu, lorsqu'il rappelle les incidents qui ont marqu les sances des 22 et 23; il doit quitter la tribune. Soutenu par plusieurs membres, qui rclament la libert des opinions, et en particulier par Mirabeau et Laimeth, Robesipierre reiprend la parole. Mais malgr cet appui, sa tentative de modification du rgle-
ment choua
(2).
28 aot 1789.
M.
Rglemenit avant de s'occuper de la constitution. On le rassemble il descend de la tribune; une partie de applaudit, l'autre murmure, il y a un moment de dsordre, on rclame la libert de la parole en faveur de Robertpierre. Il remonte la tribune pour dvelopper ses ides rglementaires. Un autre n'eut pas t il ne rappel il est vident que cet opinant n'tait pas dans l'ordre, s'agissait pas de discuter le rglement, mais bien rellement un article
faire
dans
rappelle l'ordre,
de
la
Constitution.
t.
III,
p.
158.
Ici l'ordre de la discussion a t troubl par M. Robespierre. D'aussi grands intrts que ceux, qui nous agitent, a-t-il dit,
me donnent
le
je
crois
ncessaire. Je demande qu'avant de dlibrer on adopte un moyen qui satisfasse sa conscience je veux dire d'tablir une dlibration pai:
de murmures, offrir l'Assemdonc ajouter au rglement conformes ce que j'ai l'honneur de vous
crainte
Il
faudrait
peine avoit-il achev ces mots que les cris rpts l'ordre, l'ordre ont interrompu l'orateur. M. le Prsident lui observe qu'il ne s'agit pas du rglement. Il veut rpondre, les cris recommencent et
il
descend de
la
tribune.
Plusieurs
membres
(2) Cf.
l>e
mme
et
Hamel,
I,
137.
'
70
M. de
Robespierre re-
monte
tribune et y propose, sans succs, d'ajouter quelques articles ncessaires la tranquillit de la dlibration, pralablemnet toute
la
discussion
sur
la
Constitution.
M. de Mirabeau
Robespierre,
il
M. de
Le
a cherch donner quelque faveur l'avis de a cherch prouver qu'il toit dans l'ordre. (3).
n
54, p.
Courrier de
Versailles Paris,
t.
II,
542.
Robetz-Pierre interrompt l'ordre pour faire une rflexion utile. Iil observe qu'il est absolument essentiel que les dlibrations soint paisibles; il propose quelques articles ajouter au rglement car il se rappelle que certaines lacunes laisses ce rglement ont fait grand bien au clerg le dimanche prcdent. On le rappelle l'ordre; mais le zle qui l'anime l'engage poursuivre; il est encore intenompu; enfin voyant qu'il n' toit pas toujours permis d'avoir de bonnes vues et qu'on pouvoit dplaire en les exprimant, il sort de la tribune. Le Prsident ne peut s'empcher de remontrer rAssemble que cette conduite n'est pas quitable. M. de RobetzPierre est invit remonter ia Tribune; il s'y rend; mais quelques choses exceillentes qu'il dise, la contrarit incivile qu'il avoit prou
M. de
qui
lui
semble
;
ve avoit beaucoup dtruit de son nergie. M. de Mirabeau rpond ceux qui prtendent que c'est
tort
que
M. de
d'en parler lorsque ce qu'on improuve ou ce que l'on approuve dans ce rglement a rapport la question.
Le
16, p.
124.
Jusques
l,
M. Robert Piene y a fait diversion en proposant l'assemble d'tablir des rgies pour une discussion libre; paisible et aussi tendue que les diffrents points de la consitution pouvoient l'exiger; cette rflexion, quoique sage, loignant la discussion de l'article premier, a caus une petite interruption, mais la libert de la parole ayant t fortement rclame par pfusieurs membres, l'ordre s'est rtabli, et M. Robert-Pierre a continu d'observer que l'intrt de l'assemble toit de travailler paisiblement
la constitution.
(3) Texte reproduit d'ans le Moniteur, I, 391; et jusqu' interrompu l'orateur , dans les Arch. pari., VIII, 506.
...ont
71
de l'Assemble nationale,
t.
I,
n"
19.
la
M. de
qui assure
une discussion
retirer.
et
paisible.
Des murmures
l'obli-
gent se
lui
la
libert
M. de Lameth et de la parole. M. Le
de ne pas
s'carter
plusieurs
tribune,
le prie
de
la quesition et
Journal de Versailles,
t.
I,
n 27, p. 229.
la
M.
Robert-pierre a pris
il
de
la
question,
s'est
qui fasse couter avec impartialit tous ceux qui parleront. Ncessit qui toit plus frappante encore, lorsqu'on disputoit d'aussi importantes questions. Un bruit assez fort, parti surtout d'un des cts
et paisible,
de
la
salle,
a interrompu l'orateur,
sa palace; mais
invit
et
M.
le
libert
de
la
parole, a
l'Assemble
Il
l'ordre, et
fait
M.
continuer.
((
l'a
et
M. de Mirabeau
II.
a appuy l'observation de
M.
Robert-pierre.
t.
Rennes),
Il,
2,
M.
Roberspierre
il
propose
est
de
s'occupper,
avant
tout,
de
la
manire de dlibrer,
l'ordre du jour.
(4).
Le
...Ici
l'ordre
de
la discussion
a t interrompu par
n
M. de Ro-
bespierre, qui a
demand que
l'on tablisse
(4)
le
I,
540.
72
33.
r-
SEANCE DU
29
AOUT
1789
'Le 28
aot
:
de constitution, et
ainsi conu
s'il
Aucun acte de lgislation ne pourra tre considr coanme loi, n'a t fait par les dputs de la nation et sanctionn par k
monarque. Le vicomte de Noailles (1) proposa rAssemble, pralablement tout autre question, de dfinir la sanction royale, de prciser si elle tait ncessaire pour les actes lgisilatifs, et dans quels cas et do quelle manire elle devait tre employe. Il fut appuy par GuilJotin (2) et Regnaud de Saint-Jean d'Angly. MaUgr une opposition bruyante, la motion du vicomte de Noailles fut adopte. Plusieurs dputs demandrent alors la division quoi s'opposrent Mirabeau, Ption et Robespierre. L'Assemble confirma la motion du vicomte de Noailles.
Bulletin de
V Assemble nationale,
Robespierre.
t.
I,
n
la
1,
p.
9.
tait
M. de
L'esprit
de
motion
de s'occuper
c'est
p.
390.
M. de Robespierre, en dveloppant l'intention de M. de Noaildans sa motion, ainsi que celle des autres membres qui l'ont soutenue, a fait voir que l'on ne peut pas diviser les articles de cette motion. Il a donc conclu, ainsi que M. de Mirabeau ce que les articles de
les
cette
motion fussent
traits
conjointement.
(il)
Louis-Marie, vicomte de
Noaiililes,
dput de la noblesse
ville
du
bailliage de
(2)
Nemours.
de Paris.
73
34.
SEANCE DU
SEPTEMBRE
1789
(soir)
Le 6 aot 1789, u>n bateau escort de gardes nationales est ar-^ rt par le peuiple, au port Saint-Paul. On le trouve charg de poudre et de munitions sortant de l'Arsenail, les bateliers produi sent un ordre sign du marquis de la .Salle, faisant pour M. de La Fayette . Il s'agissait en fait de poudre de traite destine l'Espagne, pour le commerce de Guine. Le peuple se porta en foule l'Htel de Ville, rolamant l'arrestation du marquis de la Salle, accus de menes contre-rvolutio'nnaires. Le lendemain, M. de la SaHe chappa de justess'e la fureur populaire; le 7 aot, il se constitua prisonnier et demanda une instruction ,(1). Le 29 aoit, une dputation de la Commune de Paris prsente rAi^:emble, un arrt demandant la libration du marquis de
Salle (2). Le 5 septembre, le comit des raj>ports de l'Assemble, estimant sur les pices qui lui ont t soumises que l'innocenioe du marquis est manifeste, et qu'il ne peut tre dtenu plus longt-emips, demande que le prsident crive la Comimune pour faire cesser sa dtention. Robespierre intervient contre cette proposition. L'Assemble se rangea l'avis de son comit.
la
Le Nonciateur ou
les
t.
Nouvelles du Jour,
I,
t.
I,
n 8. p. 59.
3.
Versailles et Paris,
L'ide d'un innocent dans les fers disposoit tous les curs la membres de l'Assemble nationale manifestoieint leur impatience prononcer son largissement, lorsque M. Robertpierre les a pri (sic) de modrer leurs transports, pour prendre en considration quelques observations qu'il avoit leur prsenter. Je ne vois, a-t-il dit, mespiti; et les
sieurs, dans le rapport qui vient de vous tre fait aucune base solide il dans laquelle vous puissiez lgalement asseoir un dcret national vous faut des connoissances plus tendues, plus dtailles, plus circonstancies; vous avez, dans de semblables circonstances, dcid qu^ll n'y avoit pas lieu dlibrer sans doute, ce n'est pas la qualit de la per:
:
<1) B.N. Lb'"' 1160. Extrait du Procs-verbal de l'Assemibile des reprsentans de la Commune de Paris, du 6 aot 1789, Imp. Lottim an, in-S", 23 p. et Arch. nat. D XXIX bis 1, d. 2, p. 34-36. Note du duc de Choiseul-Praslin renvoyant au comit de vrification, deux lettres des 7 et 10 aot, par lesqueTles le marquis de la Salle proteste de son innocence. (i2) Arch. nat., C. 32, 271 A et B. Dputation de la Commune de Paris, du 29 aot 1780.
;
74
vif
intrt
qui
vous anime
crois,
Vou
en cons-
Versailles,
7 septembre 1789, p
2.
M. de Robespiene, Dput
s'est lev et a dit que cette affaire lui que le travail du comit n'offroit pas un rsultat assez clair pour que l'Assemble pt prononcer autrement qu elle avoit prononc dans des affaires peu prs du mme genre, c'est--dire qu'il n'y avoit lieu dlibrer. Il a ajout que si on dclarolt l'innocence de M. le Marquis de la Salle, cette prfrence accorde un homme aussi distingu que lui, pourroit paratre une injustice au Citoyen d'un rang moins lev. Pour ce qui est de cette
d'un mrite
parassoit
distingu,
et
trop
dlicate,
rflexion, nous ne savons pas jusqu' quel point elle peut fonde; mais pour ce qui est du manque de clart du rsultat du Comit, tout le monde est encore chercher les motifs de cette assertion.
dernire
tre
Courier franais,
((
t.
H, n 64, p. 307.
est le
M.
Robespierre
affaires
semblables,
qu'il
n'y
M.
le
de partialit, Marquis de la
Salle.
8, p.
115.
M. de
la
t.
III, p.
319
(3)
toit
Robespierre a parl trs long-tems pour dire que l'affaire dlicate; rimpatience de l'assemble ne lui a pas permis de finir:
l'avis
M. de
on a adopt
du comit...
(3)
le
Moniteur, 1,439;
cf.
G.Walter,
714.
'*
75
35.
SEANCE DU
SEPTEMBRE
(1) (suite)
1789
Le 7 septembre, rAssemble nationale poursuit la discussion sur les trois questions de la sanction royale, de la permanence et de l'organisation du corps lgislatif. Interviennent notamment dans iles dbats, le coimte de Virieu qui demande pour le roi un veto indfini et la division du pouvoir lgislat en deux chambres ; Malouet, qui se prononce pour le veto royal et l'institutioft d'une chambre des reiprsentants et d'une chamibre du conseil )) ou snat ; Sieyes qui propose que l'Assemble nationale soit une et permanente , que le roi ait le droit de sanctioinnnr Ja loi, et qu'en cas de rejet d'une loi, elle soit sans excution jusqu' ce que le peuple ait manifest sa volont . Un grand tumulte s'lve alors dans l'Assemble. Les uns demandent Ja poursuite de la discussion, les autres la clture. C'est cette dernire proposition que se rallie l'Assemble.
<(
Journal Politique, ou Gazette des Gazettes, octobre 1789, \" quinzaine. Journal de Paris, 9 septembre
1789.
et
MM. de Robespierre ,de Clermont-Tonnerre, de Laliy-ToUendal MM. Gart ont demand la parole. Sur cette question mme, ils pen-
que
les questions
agites
n'taient
que
la
discussion
profonde de
faire prendre une face toute nouvelle que c'tait peut-tre attenter aux droits les plus sacrs de la nature, que de priver en cette occasion un seul dput de la facult de soumettre ces vues l'Assemble. la suite de plus d'une heure encore d'altercations, il a t statu que la discussion tait termine, et la dcision des questions
M.
l'abb Syeyes
venait
de
la plus importante
de
toutes, et
renvoye au
9.
p. 231.
demanda une Dlibration publique dans laquelle chaque Membre rendit compte publiquement de son opinion; mais la plupart des Membres impatiens d'une dcision, arrtrent de dlibrer par assis et lev. peine le Dcret toit port que beaucoup de Membres rclamrent et refusrent mme de dlibrer... Un bruit affreux domina seul pendant quelques momens.
Robespierre, la vrit,
M.
(1) Cette importante question fut l'origine de l'meute qui <ilata les 30 et 31 aot Paris, au Palais Rioyal, o le marquis de St-Huruge et C. Desmoulins essayrent d'entraner la fou^le \ Versailles (c. Lettre d'Augustin Robespierre Buissart, 5 septembre 1789, dans G. Michon, op. cit., p. 51).
76
36.
SEANCE DU
11
SEPTEMBRE
(suite)
1789
iLa discussion sur la sanction royaile reprend le 11 septemibre, lorsqu'il s'agit de dfinir sur quelles questions prcises l'Assemb'e
votera.
Aprs un certain
:
tunaullte,
le
qui prside, prcise que l'Assemble devra se prono'ncer sur ces deux questions 1. La sanction royale aura-t-eile lieu, ou non 1 2. iSera-t-elle suspensive ou indfinie ? Le dbat rebondit, certains dputs proposant des amendements. Finalement, l'Assemble adopta le veto une trs grande majorit (733 voix contre 143 et 76 abstentions), puis une majorit moindre (673 voix contre 325 et 11 ^voix perdues ), le veto
suspensif.
Bulletin de l'Assemble nationale,
la
t.
I,
n 30, p. 6.
M. de
Robespierre
volont du
Selon cette rdaction, il est certain que la loi seroit faite par roi, et que non seulement sanction voudroit dire ceto,
(1).
Le
10,
p.
6.
76 personnes
((
733 ont adopt la ncessit du consentement royal, 143 ont pens que le souverain ne pouvait le refuser.
rage
se
Ces derniers qui runissent la rigueur des principes le coude dfendre leur opinion, mriterolent d'tre tous connus. On contentera de citer ici ceux qui sont plus prsens au souvenir MM.
((
:
de Robespierre...
))
(2).
Le
Barnave, Robertspierre, sont les hommes les plus distingus qui se montrent le plus souvent favorables aux opinions fortes que soutient le parti dont je vous pafle (parti qui met en doute la ncessit de la sanction royale)... qui vouloit porter ses dernires consquences la
MM.
maxime qui
est
si
dit
qu'il
facile
le
peuple,
maxime
(1) Kobespierre rpond ici Miralbeiau qui prsente la question sous cette forme k La sanction du Roi sera-t-clle ncessaire pour lia validit des actes du corps l'gislatif ? (2) Lettre d'Augustin Robespierre Buissart, du 5 septembre ...Il n'y a qu'une trs 1789, publie par G. Michon, op. cit., p. 52. petite minorit qui s' oppose toute espce de veto royal, la grande majorit est pour le veto suspensif. Les Bretons viennent de recevoir des dfenses de souscrire aucun veto, nos Artsiens suivront cet exemple courageux )>. Cf. ci-dessous Dire sur le veto royal...
:
((
77
37.
SEANCE DU
12
SEPTEMBRE
1789
Lepeletier de Saint-Fargeau, dput de la noiblesse de la viMe de Paris, prend la parole ds le dbut de la sance, et fait reimiarquer qu'avant d'examiner pendant combien de lgislatures' Le veto du roi sera valable, il est essentiel de dcider combien de temps durera chaque lgislature. iL'Assemble se range cet avis. De liichier, dput de la noblesse de la snchausse de la Saintonge Saintes, observe que l'AssemMe pourrait aussi juger pralablement si les membres de il'Assemble nationale seront lais tous
la fois ou partiellement. iL'Assemlble dcrte que ces deux questions seront discutes conjointement, mais divises lors de la dcision. Lepeletier de iSaint-Fargeau reprend alors la parole et demande que la dure de la lgislature soit fixe un an et que le renouvellement ait lieu par totalit. Robespierre soutient la motion de Saint-Fargeau, raai^ la Constituante se prononce pour une lgislature de deux ans (1).
Journal
manuscrit
de Pellerin,
12
septembre
1789.
l'assemble actuelle
M. de M.
III,
p.
409
(2).
Robespierre a parl avec beaucoup de sagesse et d'loquence en faveur de la motion de M. de Saint-Fargeau. Dans une
M. de
grande monarchie
nommant des
vent
:
peuple ne peut exercer sa toute puissance qu'en 11 est juste que le peuple les change sourien n'est plus naturel que le> dsir d'exercer ses droits, de faire
le
reprsentans
c'est l les
bases de la libert.
13,
p.
206.
Robespierre a appuy la motion de M. de Saint-Fargeau; il a ajout ce qu'avoit dj dit cet honorable membre, que le peuple doit jouir le plus souvent possible de ses droits; et puisqu'il est condamn ne pouvoir faire lui-mme ses lolx, au moins faut-il qu'il y influe le plus souvent par de nouvelles nominations de ses man-
M. de
dataires.
(1) Cf.
(2)
Hamel,
I,
pari.,
Moniteur,
I,
73.
Arch
78
Courier franais,
t.
70, p.
355.
M. de
qu'un an.
M. Robespierre a adopt entirement cet avis; et il n*a ajout qu'un point bien essentiel, extrmement important, sur lequel M. de Saint-Fargeau n'avoit pas insist, c'toit que le Peuple, qui toit condamn ne pouvoir faire ses loix lui-mme, et au moins la et d'tre ainsi consolation de renouveler souvent ses Reprsentans en une continuelle activit, pour dfendre ses droits et sa libert.
;
Le
tion
t.
III,
p. 255.
d'nergie la mo-
de
dans le principe nous anime, puisqu'elle met souvent les peuples porte
d'exprimer leurs
vux
et
de nommer
leurs reprsentans.
Les Veilles d'un Franais, t. I, n" 36, p. 282. Etats gnraux. Assemble nationale (Audran, Rennes),
p.
((
t.
II,
14,
118.
Puisque
le
le
par lui-mme
mettre
et
peuple, disoit M. Robert-Pierre, ne peut exercer pouvoir lgislatif dans une grande na/ion, il faut le
l'exercer souvent; c'est ainsi qu'il sentira sa dignit
mme de
ses
droits,
qu'il
conservera
.
cette
nergie
ncessaire
la
libert
qu'il
vint
de conqurir
t.
Il,
n 20, p.
3.
M.
est juste
de
lui
politique.
)>
Journal de Versailles,
t.
I,
n 35, p. 268.
Robertpierre a ajout ces observations que le peuple toit intress maintenir sa libert, en multipliant la frquence des lections, puisqu'il ne concourt la formation de Ja loi que par la con-
M.
Journal de la
Ville, n
48, p.
370
(3).
M.
<3)
Le' 192).
79
au Peuple, et de
lui
faire
possible,
libert...
UAmi
((
du Peuple (Marat),
t.
I,
p.
37.
Robers-Pierre a ajout que de courtes lgislaturse auroient l'avantage que le Peuple feioit plus souvent l'exercet avis,
M. de
cice de
ses
droits.
Le
Secrtaire
de l'Assemble nationale, n
11,
p.
4.
M. de Saint-Fargeau... Ainsi il faut borner chaque lgislature un an, et la composer en entier de nouveaux membres. M. de Robespierre a soutenu le mme sentiment.
38.
SEANCE DU
14
SEPTEMBRE
1789
Le 12 septembre au soii*, le comit de judicature avait donn lecture d'un projet d'arrt portant excution de certains des articles adopts dans la nuit du 4 aot et compris dans le dcret des 5-11 aot. Plusieurs dputs avaient fait remarquer qu'on ine pouvait ordonner l'excution d'articles qui n'avaient pas t promulgus, et qu'il tait ncessiaire de faire sanctionner les arrts du 4 aot. La majorit dcida qu'ils seraient, cet effet, prsents au
roi.
Le 14 septembre, l'Assemible se prpare reprendre la discussion sur la dure du veto suspensif. Barnave prend la parole et souligne que rAs,emble n'a pas dcid si Les arrts du A aot seront soumis au veto suspensif. Se fondant sur des considrations la fois politiques et de circonstances, il demande de surseoir l'ordre du jour, jusqu' ce qu'il soit dfinitivement statu sur ces arrts, en dcidant soit qu'ils seront sanctionns purement et simplement, soit qu'ils seront soumis au veto i suspensif. La question pralable est demande. Robespierre intervient et dclare qu'il faut dlibrer (1). L'Assemble se spare S'ans prendre de dcision (2).
(1) Cf. Hamel, I, p. 142; et P.-V. de l'Ass.nat., t. III, n<> 74, p.6. <2) iSon hsitation ne mettait pas en cause le dcret des 5-H aot, non plus que la dclaration des droits, adopte le 27: lite tenait au contraire les imposer Louis XVI comme parties essentielles de la constitution Mais, comme ellle venait de lui accorder le veto suspensif, la question tait de savoir si cette prrogative s'exercerait exclusivement l'gard des dcisions purement lgis' latives des reprsentants de la nation, toujours rvocables sans que
80
Journal
de Pellerin,
la
14
septembre
1789.
s'il
On
question pralable,
l'affirmative.
y a lieu dli-
brer
Le Point du Jour, t. II, n 79, p. 376. Etats gnraux. Assemble nationale (Audran, Rennes), p. 134.
c(
t.
II,
16,
On
demand
de de-
mander l'assemble
Barnave, mais
cette
s'il
y avait
M.
Robert-Pierre a
Il
sentir le
pas t envoys avec celui qui a t publi pour blique (3), quoi que ce ft le vu de l'assemble;
le
procdure de revision constitutionnelle intervnt, ou si elle s'apgalement aux lois constitutionnelles. A l'origine, le tat n'avait pas mis en doute qu'elles dussent recevoir la sanction du roi la nation souveraine (passerait contrat avec Le prince investi d'un pouvoir de fait cr par l'histoire. Ainsi, la Constitution dlimiterait les pouvoirs publics, mais ,ne les crerait pas, du moins ,ein ce .qui concernait le roi. Depuis la rvolution de juillet, la conception voluait. La royaut et la dynastie subsisteraient, mais par la volont de la nation. La notion moderne de constitution, qui cre les pouvoirs en mme temps qu'elle les rgle apparaissait ainsi. Ds lors, Louis XVI n'avait (pas sanctionner la Constitution. Cependant, l'Assemble hsita longtemps la lui imposer parce que, s'il rsistait, comme il tait prvisible, elle ne sortirait de l'ioiiipasse que par une nouvellle intervention insurrcytionnelle. C'est pourquoi on la voit se contenter tout d'abord d'exiger la promulgation, requte quivoque qui laissait dans l'ombre la question de la sanction. Ce fut seulement le P'' octobre qu'elle dcida que le roi devait accepter et non sanctionner les dcrets d'aot, ce qui impliquait, sans qu'elle ost le dire, que rajbdication serait pour lui l'alternative. Cette transformation juridique de la notion de Constitution, reflet des vnements historiques, a t mise en lumire par Pierre Duclos, La notion de Constitution dans l'uvre de l'Assemble constituante de 1789 (1932). On va voir avec quelle nettet Robespierre se pronona dans ce dbat. Comme Louis XVI pouvait tout aussi bien refuser d' accepter que de sanctionner , la dcision fut olbtenue par une nouvelle rvollution populaire, celle des journes d'octobre, qui provoqua la capitulation du monarque. Voir, par exemple, G. Lefebla
pliquerait
tiers
<(
Quatre-vingt-neuf (1940) sixime partie. s'agit du dcret du 5 aot, pour l'tablissement de la tranquillit publique, et notamment la libre circulation des subsistances... Elle (l'Assemble) invite en mme temps le gouvernement prter l'autorit municipale, l'assistance de la force miilitaire dans les cas de ncessit, et lorsqu'il en aura t requis, pour rtablir la scurit des citoyens, la libert du commerce et le bon ordre universel.
vre,
;
(3) Il
LS DISCOURS DE ROBESPIERRE
a bien
8l
envoy
le
premier
et
non
les autres,
connue.
Ce
15, p.
237.
M. de Robespierre a fait voir l'importance de cette question, puisqu'elle tend assurer la prompte excution de l'arrt du 4 aot; il a fait encore sentir davantage l'importance, en rappelant les circonstances dans lesquelles cet arrt a t pris, et le peu d'effet qu'il a produit; puisqu'il n'a point t envoy de la manire dont il devoit l'tre Les articles qui composent ce fameux arrt, ou n'ont pas tous
envoys ou ont t envoys sparment, et de plus, n'ont pas promulgus d'une manire lgale. On s'est content de faire sanctionner un ce ces dcrets, celui qui est relatif la tranquillit publique, et les autres ont t mis l'cart. Il a donc propos de suspendre tout travail sur la constitution
t
et
sur
le
veto,
ap-
puy
la
motion de
M. Barnave
.))
1789,
p.
273.
grand bruit s'leva pour rclamer la question pralable, mais il n'arrta point M. Roberspierre Dj, dit-Il, les Ants ont essuy un retard contraire au dcret formel de l'Assemble. Je ne connois, pour hter leur excution, de moyen plus efficace, que de surseoir toute
:
Un
autre question,
t.
III,
p. 410.
M. Robespierre a parl sur cette question pralable; il a prouv avec vidence qu'il fallolt dlibrer. .le comte de Mirabeau a prouv aussi, avec son nergie ordinaire, qu'il fallolt dlibrer. (4).
Rvolutions Nationales,
t.
I,
p.
250
(5).
MM.
au
ils
...
ont parl
(6)
Te Deum
et
jour. MM. de Robespierre... de l'adhsion donne par le Roi en de celle manifeste par tout le Royau-
du
me; d'o
(4)
et
Moniteur,
I,
464; et dans
,
Bchez
dites
L;- 181, 182 (1), 182 (2). (6) L'Article 16 du dcret de^ 5-11 aot porte qu'en mmoire des grandes et importantes dlibrations qui viennent d'tre priscB pour le bonheur de la France, (...) il sera chant en action de grce
\'.V(iii
siMKuni;.
82
Le
Universel,
n"
15,
p.
10.
On
dlibrer ?
commeTic demander la question pralable, y-a-t-i! lieu M. de Robespierre a prouv qu'il falloit dlibrer.
t.
Courier franais,
II,
Chapelier,
a remont dans cette tribune o les Ption, les Le Barnave, les Robespierre, les Target, et tant d'autres excellents patriotes font admirer leur loquence.
...M.
Maury
les
Le
tion
Patriote jranois,
t.
I,
n" 44, p. 2.
(sic)
M.
l'ordre
la ques-
de
((
surseoir
du
toit
jour...
M.
Rcberspierre
du mme sentiment.
12,
p.
Le
Secrtaire
((
6.
ne pouvait se rapporter non aux lois fiites le lois simples, dvoient tre soumises la sanction. Cet avis a t combattu par M. de Robespierre.
la
M. Maury
et
que
constitution
et
))
La Voix du
Peuple,
14 septembre
1789, p.
74.
dlibrer.
M. de
t.
n"
22, p. 3.
la
M.
Robespierre appuie
motion de
M.
n"
Barnave.
Le Nonciateur ou
((
les
Nouvelles du JouT,
t.
I,
18. p.
139
(7).
MM.
Le
ne proposer au Roi
q\^
la
publication.
toutes ley i)a)H)is'iCs et glises du lloyaume. L'ar'prcise que le Koi sera suppli de permettre que le Te Deum soit chant dans sa chapelle et d'y assister lui-mme. Le Te Deum fut chant dans la ohaipelle du roi, en iprsence de l'Assemlble, Iq 13 aot. (7) Eu note dans le journal.
lin
Te
Deum dans
ticle 18
83
39.
SEANCE DU
18
SEPTEMBRE
1789
(suite)
He;pteiiil))-o, ])](\si<l('iit <lc l^e 18 le T Assemble nationale fait lecture d'un long mmoire du roi, en rponse i la demande qui lui avait t faite de sanctionner les arrts du 4 aot. Le roi n'approuve pas tous les arrts et ne les sanctioinnera que lorsqu'ils seront rdigs en lois. Le Chapelier fait remarquer que lorsque l'Assemble, sa sance du 12 septembre, avait demand la sanction , elle avait entendu par l, la promulgation , les arrts du il demande de ne point 4 aot tant en partie constitutionnels dsemparer que la promulgation ne soit obtenue. Robespierre soutient cette motion (1).
;
Le dbat continua
prsident
le
interviendrait
19 septembre l'Assembie dcida que son immdiatement auprs du roi, pour de;
aot.
18 septembre
1789.
L'Assemble, dit M. Robespierre, n'a jamais entendu que ses arrts du 4 aot eussent besoin d'autre chose que d'tre promulgus; il faut qu'elle dclare aujourd'hui si elle entend tre prive de sa Constitution, si le pouvoir excutif a droit d'interprter le mot sanction l'effet d'approuver telle ou telle condition. La nation a t-elle donc besoin pour faire sa constitutioTi d'une autre volont que la sienne. (2)
Journal gnral de l'Europe, n"
116, p.
182,
longs dlais.
Ce
fois
le roi
4 aot
et
suivants.
On
en
ft
deux
un discours qu'un pre adresse ses enfants; ce sont des observations prsentes dans les termes les plus mesurs et les plus concilians. Aussi la lecture en fut-elle applaudie par la plus grande partie de l'assemble, quoique reue froidement par l'autre. On proposa la formation de plusieurs comits pour l'examiner; d'autres au conlecture;
c'est
traire
de donner
ne voulurent point se contenter de la promesse que faisait le roi ils la sanction aux arrts ds qu'ils seront rdigs en loix exigeaient que cette sanction fut pure et simple. Plusieurs membres se de Mirabeau, Robespierre, Pdclarrent pour le premier avis;
;
MM.
Hamel,
I,
143,
et
P.-V
de rAss. nai.,
.ITI,
n" 78.
Voir,
ci-<lessijs,
pi(';irriVul(>
du n
36.
84
thlon
et
tout le
ct qu"on
nomme
l'Enfer,
Le
Point du Jour,
t.
III,
I,
n" 42.
L'assemble, en disant que ces arrts seroient sanctionns, a dit Robert-Pierre, a cru qu'il ne falloit que les promulguer, elle n'a attach ce mot que l'ide de l'authenticit donne par le souverain aux dcrets mans d'elle. Si quelque membre de l'assemble a voit cru
M.
que le mot sanction toit autre chose que l'authenticit, elle n'auroit pas permis qu'il y et des quivoques sur des dclarations du pouvoir constituant, qui avoient une relation intime avec la Constitution. Sur ce point, il faut que vous dclariez aujourd'hui, si vous voulez que l'assemble soit prive de sa constitution, si le pouvoir excutif veut trouver des quivoques et interprter le
La
nation a-t-elle
la
t.
IV,
les
p.
47.
M.
n'toit
difficults
prsentes
ministre
du
:
roi
s'toit
ne tromp,
pas possible que cela ft autrement si non, a-t-il dit, hautement la France que vous admettez le veto mme pour la Constitution; il faut dire la nation qu'elle a besoin d'une autre autorit que la sienne pour faire sa Constitution.
faut
dire
Le
t.
III,
p. 336.
Robetz-Pierre observe que les dcrets n'ont besoin de la --^'on que sous la forme de promulgation; il ajoute qu'ils on* force de loi, puisqu'ils sont des bases de la Constitution. Il veut que l'on demande la France si elle a besoin d'une autre volont que la (4). sienne pour faire une Constitution et des Loix ?
)i
M.
Suite
des NotVelles de
Versailles,
18 septembre
1789.
M. Le
la
tant
de
Chapelier a demand que l'Assemble s'occupt l'insdfiniticn du mot sanction et que, sans dsemparer. M. le
(3)
T3xte
i-eiproduit
daHs
les
le
JloUX,
(4)
IL
451
Moniteur,
I,
492.
85
l'effet
du 4 ou de
s'assurer
du
refus
de
sa
Majest.
Robespierre...
MM.
Courier franais,
t.
II,
n"
76,
M. Le
de
se retirer vers le
((
Chapelier a dclar... qu'il falloit prier M. le Prsident Roi pour le prier de promulguer ces Dcrets.. ...MM. ... Robespierre ... ont soutenu la mm.e opinion; et
ces illustres
membres
sentir
la
ligne
de
Versailles,
t.
I,
37, p.
288.
M. de
et
beau;
insistt
aprs
M.
la
le
pour avoir
sanction
p.
311.
M. de
vient
moment
peut-tre
Le Nonciateur ou
Nouvelles du Jour,
(5),
t.
I,
n 23, p.
(sic)
177.
MM.
motion.
Bonnet
Robespierre
et
Rebel
ont
soutenu
la
mme
86
40.
SEPTEMBRE
1789
(1)
Aprs le vote de la Dclaration des Droits, l'Assembl^ avait abord, le 28 aot, la discussion du chapitre II du projet du Comit de constitution sur les principes du gouvernement monarchique. Il apparut trs vite que le problme essentiel tait celui de la sanction royale, ce qui amena l'Assemble dans sa sance du lendemain, s'occuper, sur la motion du vicomte de Noailles, de cette question. Le 2 septembre, Barnave pro'posa d'accorder au roi le veto titre suspensif, la volont du pouvoir lgislatif devant demeurer prpondrante si trois assembles successives persistaient dans la mme dcision. Ce point de vue l'emporta; le 11 septembre, le veto sus-pensif fut accord au roi pour deux lgislatures. Robespierre tait intervenu dans la discussion plusieurs reprises, protestant chaque fois contre ce qu'il considrait comme un empitement de l'excutif. Mais il ne put prononcer le discours qu'il aviait soigr>eu'^ement prpar iponr combattre ce monstre inconcevable (2). Il eut en effet la dsagrable surprise d'apprendre le 7 septembre que la discussion tait close. Et c'est alors, comme le dput bnrricbrvi Salle do Chou, qu'il prit le parti de faire imprimer son opiniort . Le Dire de Robespierre parut ainsi vraisemblablement entre le 20 et le 30 septembre (3).
<(
((
DIRE DE M. DE ROBESPIERRE
dput de
la
Provmce d'Artois
r Assemble Nationale
(4).
Contre
Messieurs,
le
a, par sa nature, la facult de se gouverner par homjmes runis en Corps politique, c'est--dire, une Nation, a par consquent le mme droit. Cette facult de vouloir commune, compose des facults de vouloir particulires, ou la Puissance lgislative, est inalinable, souveraine et indpendante, dans la socit entire, comme elle l'toit dans chaque homme spar de
Tout homme
les
sa
volont;
ses semblables.
Les
loix ne
sont
que
les actes
rplacent
Les Arch. pari, qui reproduisent ce texte (IX, 79 82) le au. 21 septembre 1789. mais aucune indication ne permet de prciser aussi nettement la date de sa publication.
(1)
(2) Cf.
Hamel,
139-140.
.Lc=^
(3) G. Walter, p. 84. (4) In-8, 14 pages s.J.n.d. B.N., 1S235; Bibl. de la Sorbonnte, 8
2134; Bibl.
V. de P., n
HFr
140.
87
une grande, Nation ne peut exercer en corps lu Pmssanc qu'une petite ne le doit peut-tre pas, elle mi confio rexercice des Reprsentans, dpositaires de son pouvoir. Mais alors il est vident que la volont de ces Reprsentans doit qu'elle tre regarde et respecte comme la volont de la Nation doit en avoir ncessairemient l'autorit sacre et suprieure toute volont particulire, puisque, sans cela, la Nation, qui n'a pas d'autre moyen de faire des Loix, seroit en effet dpouille de la Puissance
lgislative,
et
;
Comme
lgislative
et
de
sa
Souverainet.
homme a le droit de s'opposer la Loi. dit que la volont d'im seul est au-dessus de la volont de tous. Il dit que la Nation n'est rien, et qu'un seul homme est tout. S'il ajoute que ce droit appartient celui qui est revtu du Pouvoir excutif, il dit que l'homme tabli par la Nation, pour faire excuter les volonts de la Nation, a le droit de contrarier et d'enchaner les volonts de la Nation; il a cr un monstre inconcevable en morale et en politique, et ce monstre n'est autre chose que le veto royal. Par quelle fatalit cette trange question est-elle la premire qui occupe les Reprsentans de la Nation Franoise, appels fonder la libert sur des bases inbranlables Par quelle fatalit le oremier article de cette Constitution, attendue avec tant d'intrt par toute l'Europe, et qui sem.bloit devoir tre le chef-d'uvre des lumires de ce sicle, sera-t-il une Dclaration de la supriorit des Rois sur les Nations, et de la proscription des droits sacrs et imprescr.'ptibles des Peuples Non... c'est en vain qu'on regarde, comme dcide d'avance, cette bizarre et funeste Loi; je n'y croirai point, puisqu'il m'est permis d'en dmontrer l'absurdit en prsence des Dfenseurs du Peupile, et aux yeux de la Nation entl/e. Les nombreux partisans du veto, forcs reconnotre qu'il est en effet contraire aux principes, prtendent qu'il est avantageux de les sacrifier de prtendues convenances politiques. Admirable mthode de raisonner qui substitue aux Loix ternelles de la justice et de la raison l'incertitude des conjectures frivoles, et la subtilit des vains systmes, dont il semble cependant que l'exprience funeste de tant de Peuples auroit d nous dfendre. Mais voyons donc qu'elles
CeJui qui dit qu'un
!
! !
mme.
Je ne rpondrai point ceux qui ont cru pouvoir dire que nous n'tions point appelles pour donner une Constitution notre Patrie,
jouit,
suivant eux;
d'abord
prtendu,
pour
contester
notre
pouvoir,
et
que
la
de
la
Nation,
la
Souverainet de
la
Nation,
pour
concentrer
dans
per.sonne
du
Roi. J'aime mieux oublier que de rfuter ces maximes, rptes peut-
88
tre
souvent
les
Mais, puisqu'il
public,
sans
le
faut,
je
il
rappellerai
premiers
du
Droit
sur
lesquels
n est
pas
mme
permis de raisonner
des questions
semblables
est
celle-ci.
M ne
Roi,
et
la
La France
un Etat
Monarchique
et la
comme
dcouler ensuite de cet axiome les droits du premire et la plus prcieuse partie de la constitution;
faire
la
secondairement
Nation.
Il
portion de
droits
dans sa
exprime
pouvoir excutif est confi un seul. Il faut se rappeler que les Gouvernemens,
sont tablis par le Peuple et pour le Peuple
;
que tous ceux qui gouvernent, et par consquent les Roix eux-'mmes, ne sont que les mandataires et les dlgus du Peuple; que les Fonctions de tous les Pouvoirs politiques, et par consquent de la Royaut, sont des devoirs publics, et non des droits personnels ni une proprit particulire; qu'ainsi il ne faut pas se scandaliser d'entendre, dans l'AsEemble des Reprsentans de la Nation Franoise revtue du pouvoir constituant, des Citoyens qui pensent que la libert et les droits de la Nation sont les premiers objets qui doivent nous occuper, le vritable but de nos travaux, et que l'autorit royale, tablie uniquem.ent pour les conscver, doit tre rgle de la manire la plus propre remplir cette
destination.
fois on sera pntr de ce principe; ds qu'ur.e fois fermement l'galit des hommes, au lien sacr de la fraternit qui doit les unir, la dignit de la nature humaine, alors on cessera de calomnier le Peuple dans l'Assemble du Peuple; alors on ne donnera plus le nom de prudence la faiblesse, le nom ^e modration la pusillanimit, le nom de tmrit au courage; on n'appellera plus le patriotisme une effervescence criminelle, la libert une licence dangereuse, le gnreux dvouem.ent des bons Citoyens une folie; alors il sera permis de montrer, avec autant de libert que de raison, l'absurdit et les dangers du veto royal, sous quelque dnomination et sous quelque ferme qu'on le prsente. Alors peut-tre ne croira-t-on plus oue nos cahiers nous dfendent de le repousser. Vous m.e dites que la plupart de vos Cahiers font mention de la Sanction Royale; je pourrois vous rpondre que la Sanction de la Loi, loin de se confondre avec le droit de s'opposer la Loi, l'exclut de la manire la plus formelle. Je pourrois vous observer que la Sanction n'est autre chose, que l'acte par lequel le dpositaire du Pouvoir excutif promet la Nation de faire excuter la Loi et la promulguer et
Ds qu'une
on
croira
89
que le moyen qui en garantit l'excution, ne peut en tre l'obstacle. Mais, de quelque manire qu'il vous plaise d'interprter ce mot, en est-il moins certain que la Constitution ne peut pas tre le simple rsultat de ces opinions isoles que les Commissaires des Assembles
Bailliagres
hte
dans des Cahiers informes, rdigs la moins certain que vous tes les Reprsentais de la Nation, et non de simples porteurs de notes, comme vous l'ave? vousmmes formellement dclar ? Et de quel droit nous objecteriez-vous cette mention vague de la Sanction Royale, qui ne contient rien d'impratif ? vous qui, en dpit des mandats impratifs qui vous disoient de voter par ordre, avez cru nanmoins que des circonstances impont
consignes
en
est-il
rieuses
quel droit nous objectez-vous ces Cahiers, vous tous, Dputs de toutes les classes, qui, malgr la prohibition la plus fomielle de ne consentir aucun emprunt avant que la Constitution ft affermie sur des bases mbranlables, avez nanmoms pens que des conjectures pressantes vous donnoient le droit d'ouvrir un Emprunt de quatre-vingt millions ? Et, quelle qu'ait pu tre alors l'opinion des Electeurs sur cet objet, de quel droit tournerez-vous contre le Peuple mir.e ces voeux timides pour la libert, qu'il n'osoit encore exprimer qu' demi ? Hlas! dans ces temps de servitude, ne croyoit-il pas former une entreprise bien hardie, en demandant, dans rAssemble Nationale, un nombre de Reprsentans sal celui des deux classes privilgies. Telle toit alors son humiliation, que cette demande si modeste et si contraire son propre intrt, toit dnonce comme l'effet d'une licence coupable, qui menaoit le Trne et l'Etat du plus funeste bouleversement que le Gouvernement mme croyoit avoir acquis des
;
De
droits
lui
sans bornes
la
reconnoissance et
mme
ses
libralits,
en
donnant seulement un nombre de Dputs gal celui de ses adversaires naturels, sans lui accorder mme le misrable avantage de voter par tte, sans lequel cette prtendue faveur toit absolument illusoire; mais aujourd'hui qu'une rvolution, aussi merveilleuse qu'imprvue,
vient
de
lui
qui
pourroit
assez
indiffrent
ses
intrts
pour
soumettre
"h..
sa
volont
souverain? aux
Non,
quelque ide que l'on veuille se former des Cahiers, mes collgues et m.oi nous voulons au moins dfendre le voeu de ceux qui nous ont envoys, et qui nous ont partout trac, dans nos Cahiers, l'ordre de nous sacrifier pour leur bonheur et pour leur libert, et nulle part celui de les assujettir au veto des Ministres. J'oubl'e donc l'objection tire des Cahiers; et passant aux seules difficults qui aient pu faire line lgre impression sur quelques esprits, je les rduits cet unique argument
:
90
donc
faut
comme
si
l'ou
disoit
le
lgislateur
peut
errer;
donc
il
l'anantir.
Ceci suppose une grande dfiance du Corps lgislatif, et une extrme confiance dans le Pouvoir excutif; il s'agit d'examiner jusqu' quel point l'une et l'autre est fonde. Sans doute les rgles d'une sage politique prescrivent de prvenir les abus de tous les Pouvoirs par de justes prcautions la svrit
:
de
ne
la
facilit
de ces abus;
pas
et
par
une
suite
ncessaire
la
seroit
raisonnable
dausrrienter
le
force
celle
la
force
du Corps
lgislatif
au
Le premier
d'une
ils
est
compos de Citoyens
paisible,
et
Magistrature
leur intrt
celui
de
leur
famille,
de
leur
postrit,
celui
du Peuple
dont
la
revtu
Qu'est-ce au contraire que le Pouvoir excutif ? Un Monarque d'une norme puissance, qui dispose des armes, des Tribunaux, de toute la force publique d'une grande Nation, arm de tous
les
combien de facilits pour de sduction aux Princes, sur-tout lorsque ''hrdit de la Couronne leur permet de suivre constamment le projet ternel d'tendre un pouvoir qu'ils regardent comme le patrimoine de leurs
et
:
moyens d'oppression
si
satisfaire l'ambition
naturelle
familles
les
assigent
et
si
ce
?
de la puissance lgislative, devenues le jouet et la proie des Monarques absolus qui les oppriment et les avilissent; tant il est difficile que la libert se dfende long-temps contre le pouvoir des Rois. Et nous qui sommes peine chapps au
par-tout
mme
nos
malheur,
nous,
dont
la
runion
actuelle
est
peut-tre
le
plus
du pouvoir
ministriel,
devant lequel
Assemblfes Nationales avoient disparu, peine les que nous voulons les remettre encore scus sa tutelle ej;^ dans la dpendance. Les Reprsentans des Nations vous paroissent donc plus suspects Si j'examine quels sont les danque les Ministres et les Courtisan gers que vous semblez craindre de la part des premiers, je crois qu'ils
anciennes avons-nous recouvres
")
se
rduisent
trois
espces;
l'erreur,
la
prcipitatloai,
l'ambition.
91
Quant
le
que celui de le rendre nul, je ne vois aucun raison pour laquelle les Monarques, en gnral, ou leurs Conseillers seroient prsums plus clairs sur les besoins du Peuple, ou sur les moyens de les soulager, que les Reprsentans du Peuple mme. La prcipitation Je ne conois pas non plus que le remde ce Pouvoir
!
mal
de condamner le Corps lgislatif l'inaction; et avant de recourir un pareil moyen, je voudrais du moins que nous eussions examin s'il n'en est point d'autre qui puisse nous conduire au m.me
soit
but.
L'ambition
moins redoutable
puisse
Mais
?
celle
des
Et
c'est elle
la
seule
qui
Celui
Mais quel service esprez-vous donc, aprs de prvenir de mauvaises Lois ? Mais
du Peuple
?
tout,
du veto
royal }
ignorez-vous
que
la
plupart des Rois ont, sur le m.rilD des Lois, des ides bien diffrentes
de
celles
Q^i ne
leur
voit
bles
leurs
prtentions
leur
paratront
assez
bonnes,
et
que
sera
l'usage
du veto ne
les
sera
de
dferiidre
droits
si
du Peuple contre
vous leur refusez
ils
desseins ambitieux.
Mais, dit-on,
Loi,
ils
pouvoir de
s'opposer
la
seront mcontei^s, et
sance Lgislative.
Ainsi donc, la majest et les droits des Nations doivent tre immols la satisfaction et l'orgueil des Princes. Ainsi on croit un homme bien humili d'tre rduit la simple puissance de commander, au nom des Lois, un vaste empire; et on suppose qu'il a lieu d'tre bien mcontent d'un pareil partage. Ils voudront usurper la Puissance lgislative et, pour leur pargner cette tentation, vous prenez le sage parti de l'abandonner leur merci; comme si l'ambition devenoit moins redoutable, mesure qu'elle
:
a plus
de moyens de parvenir
reste,
son but.
du veto, en gnral, a produit, dans cette Assemble, l'invention du i;e/o suspensif; expression nouvelle, imagine pour un systme nouveau. J'avouerai que je n'ai pas encore pu le comprendre parfaitement:
l'absurdit
Au
palpable
tout
ce que je
sais,
c'est
qu'il
donne au Roi
lgislatif
le
droit
de suspendre,
sur
la
son gr,
l'action
les
du Pouvoir
opinions
dure
duquel
qui
ne
s'accordent
leurs par
m'encourage combattre cette doctrine, soutenue d'ailde trs-bons Citoyens, c'est qu'un grand nombre d'entre eux ne m'ont pas dissimul que regardant tout veto royal, comme con-
Ce
92
traire aux dans toute
ils
rigueur,
croyaient
que
le
moyen d'chapper ce
flau
toit
de
se
rfugier au
moins dans
public;
la
c'est que du Pouvoir de la vrit et du salut m'a sembl d'aiMeurs qu'il n'toit pas bon de composer avec
avec la justice, avec la raison, et qu'un courage inbranqu'une fidlit InviolaMe aux grands principes, toit la seule ressource qui convnt la situation actuelle des dfenseurs du Peuple. Je dirai donc, avec franchise, que l'un et l'autre veto me paroissent diffrer beaucoup plus par les mots que .par les effets et qu'ils sont galement propres anantir, parmi nous, la libert naissante. Et d'abord, pourquoi faut-il que la volont souveraine de la Nation cde pendant un temps quelconque la volont d'un homme ? Pourquoi faut-il que les Lois ne soient excutes, que longtemps aprs que les Reprsentans du Peuple les auront juges ncessaires son bonheur ? Pourquoi faut-il que le Pouvoir lgislatif soit paralys, ds
libert,
lable,
au Pouvoir excutif; tandis que celui-ci peut toujours exer? L'opinion des Ministres qui s'opposent la Loi, vous parot-eUe plus imposante que celle de vos Reprsentans qui l'adoptent ? ou plutt si l'on pse toutes les consiqu'il plaira
cette
opposition
mSme
de
ne pourroitla
l'utilit
Loi
et
fidlit
du Corps
lgislatif
Mais, pendant tous ces dlais que vous permettez d'apporter dcrets, qui vous promettra que les intrigues et l'ascendant de la Cour ne prvaudront pas sur la vrit et sur l'intrt public ? A.vezvous calcul toutes les chances des distractions du Peuple, de cette
leurs
funeste indolence qui fut toujours l'cueil de la libert, de l'adresse, du pouvoir des Princes habiles et ambitieux ? Nous rpondrez-vous qu'il n'arrivera pas un moment o le concours de toutes ces circons-
la
Constitution.
Quelques-uns aiment se reprsenter le veto royal jusf>ensif, sous l'ide d'un appel au Peuple, qu'ils croyent voir, comme un Juge souverain, prononant sur la Loi propose entre le Monarque et ses
Reprsentans.
Si
le
Mais qui n'apperolt d'abord combien cette ide Peuple pouvolt faire les Loix par lui-mme;
est
si
chimrique
la
gnralit
des Citoyens assemble pouvoit en discuter les avantages et les inconveniens, seroit-11 oblig de ncmmer des Reprsentans } Ce systme se rduit donc, dans l'excution, soumettre la Loi au jugement des Assembles partielles des diffrents Bailliages ou Districts, qui ne
93
c'est--dire,
transmettre la puissance
prsentans de la
calculer
et
diverses Provinces,
ls,
les
suffrages
l'infini,
pour
rempllacer
commun
il
uniforme de
T Assemble
iSlationale.
de prvoir toutes
les
roit
entraner
ce systme; ce qui
me
parot
vident,
qu'il
con-
ouvertement l'opinion reue jusqu'ici, que, dans un grand Empire, le Pouvoir lgislatif doit tre confi un corps unique de Reprsentans, et qu'il drange absolument le plan de gouvernement que nous semblions avoir dj adopt; c'est que, dans ce nouvel ordre de choses, le Corps lgislatif devient nul; qu'iil est rduit la seule fonction de prsenter des projets qui seront d'abord jugs par le Roi,
trarie
et
ensuite
Je
len-
laisse
teurs,
soin
de calculer
les
incertitudes,
les
de
la
cette grande
Monarque
de l'Anarchie qui en
seroit
pour
lever
lgislatif.
Et ce ne
tionale
seroit
pas encore-l
le
expose.
Si vous songez que le Ministre n'appellera jamais des Loix favorables ses intrts, quoi se rduit votre prtendu appel au Peuple,
si ce n'est compromettre, ou ncessaires au maintien de toujours oblig de recourir moins toutes les fois qu'il aura
Constitution
?
il
Mais
il
ne sera pas
cet
expdient
en sera dispens
du
pu amener
les
Reprsentans eux-mmes
ses vues
or,
il
cessibles ce danger,
deux Pouvoirs, vous n'aviez pas donn au Monarque le droit d'examiner, de censurer leurs dcrets, et par consquent la facilit de ngocier, de transiger avec eux; si, en les mettant ainsi dans sa dpendance, vous ne les aviez en quelque sorte placs entre la ncessit de s'engager dans une espce de procs avec ce puissant adversaire,
et
la tentation
plaisances funestes
public.
la
En un
Nationale.
toute
l'
chaaue Assemble de
ou vous
la
Assemble
le
Dans
le
second,
la
au lieu de l'exercer
et
de
l'avilir,
vous devez
force
l'autorit
94
elle est
lia
formidables du Pou-
voir
excutif.
Ce n'est donc pas dans le veto royal, quelque nom qu'on lui donne, que vous devez chercher les moyens de prvenir les alms possibles du Corps lgislatif, lorsque vous en trouverez de si simples et
de
si
mmes de
la
Constitution.
Nommez
ils doivent rentrer dans la foule des Citoyens dont ils subissent le jugement impartial. Composez votre Coips lgislatif, non sur des principes aristocratiques, mais suivant iles rgles ternelles de la justice et de rhumanit. Appelez-y tous les Citoyens, sans autre distinction que celle des vertus et des talens; qu'ils ne puissent pas mme tre continus aprs le temps ordinaire de leurs fonctions. Si ces prcautions ne vous rassurent pas, songez que, sans invoquer le veto royal, tous les avantages que vous semblez attendre du prtendu appel au Peuple vous sont assurs par la nature mme des choses, puisque les mauvaises Loix seront toujours ncessairement juges par la Nation, qui connot sans doute ses droits et ses intrts aussi bien que les Minis-
tres,
et
que
les
la
erreurs
d'une
Lgislation
peuvent
tre
facilement
rformes par
Lgislature
suivante.
Ajoutez cela qu'une Constitution sage doit fixer des poques Peuple nommera des Reprsentans, revtus du Pouvoir constituant, pour l'examiner et la revoir, et quelle trouvera, dans cette convention extraordinaire, une sauve-garde bien autrement utile que la
le
protection
ministrielle.
ne peuvent vous dterminer l'avoue, il ne nous reste plus qu' gmir sur les malheurs de la Nation trempe; car il m'est impossible de concevoir qu'elle puisse tre libre sous rempire d'une parejetter le
Si
ces
funeste systme
du
veto,
je
reille Loi.
Et ne me citez plus cet gard l'exemple de l'Angleterre... ne vous dirai pas que les Reprsentans de la Nation Franoise, matres de donner leur Patrie une Constitution digne d'elle et des lumires de ce sicle, n'toient pas faits pour copier servilement une institution ne dans des temps d'ignorance, de la ncessit et du comje
bat des factions opposes... je vous dirai que votre Nation, place dans
n'est
pas capable de
la
supporter
ce
vice
de
la
mme,
et
qu'il
ncesairement
berceau.
Les Anglais ont des Loix civiles admirables, qui temprent un certain point les inconvniens de leurs Loix politiques les vtres ont t dictes par le gnie du despotisme, et vous ne les avez po'nt encore rformes.
:
95
La
militaires
libert,
situation
de l'Angleterre la dispense d'entretenir ces forces immenses qui rendent Je Pouvoir excutif si terrible la
la
et
vtre vous
force
cette prcaution
prilleuse.
Des
Nation et le Roi avoient donn aux Anglais un caractre vigoureux, des habitudes fortes, et cette dfiance salutaire, qui est la plus fidle gardienne de la libert et peut-tre y aurait-il de la prsomption penser que nous qui n'avons pas subi, beaucoup prs, les mmes preuves, nous nous soyons entirem.ent corrigs en un jour de cette Jgret de caractre, de cette foiblesse de moeurs dont on nous Dvoit souponns jusqu'aujourd'hui.
;
Enfin
tie,
qui
se
de
ila
confiance
dite
nouvelle,
elle
menaantes,
et
m.-
de
la
libert,
mmes de
a Constitution
naissante.
tyrannie peuvent se dvelopper encore chaque avec une fatale rapidit dans ce vaste Empire Enfin, telle est la situation et le caractre du Peuple Franois, qu'une excellente Constitution, en dveloppant cet esprit public et cette nergie que prcmettent le souvenir de ses longs outrages, et les progrs de ses lumires, peut le conduire, en assez peu de temps, la libert, mais qu'une Constitution vicieuse, une seule porte ouiverte au Despotisme et l'Aristocratie, doit ncessairement le replonger dans un esclavage, d'autant plus indestructible, qu'il sera cim.ent par
instant,
Combien de germes de
et
la
Constitution
mme.
le
Aussi,
toit
Messieurs,
premier
et
le
plus
noble
de
nos
devoirs
de nos Concitoyens,
grande
et
superbe rvolution.
le remplir,
et
de quel prix doux et glorieux leur gnreuse sensibilit n'avoit-elle pas dj pay nos travaux et nos dangers. Puissions-nous dsormais ne pas rester au-dessous de nos sublimes destines; puissions-nous parotre toujours dignes de notre mission aux yeux de la France, dont nous devions tre les sauveurs; aux yeux de l'Euroipe, dont nous pouvions tre les modles
!
sfMn})]f'p
Imprimeur 3e
l'As-
%
41.
SEANCE
DU
30
SEPTEMBRE
1789 (Soir)
{suite)
L'Assembie nationale s'tait O'ccmpe, le 21 aot au soir (1), l'affaire des quatre citoyens de Marienbourg, arbitrairement dtenus, la suite de troubles dans cette ville. Le comte d'Esterhazy considr comme le responsable de ces arrestations, crivit au roi, le 25 aot 1789, de Valenciennes ...J'ai t dnonc l'assemble nationale le 21 de ce mois sur un fait faux. Je n'ai point donn d'ardre de faire arrette (sic) quatre citoyens de Marienbourg. Ils l'ont t par la marchausse, sur une dnonciation des officiers municipaux de ladite iviille. [...] Je l'ai mand M. le prsideni de l'assemble, anais je demande M. le Garde des >Sceaux que ma justification soit aussi publique que l'a t mon accusation... (2). Le 30 septembre au soir, TAssmble entendit un rapport de son comit, sur cette affaire. L'Assemble dcrta que son prsident crirait au comte d'Esterha'zy, qu'elle voyait avec plaisir sa justifiication (3), Sur le surplus de l'affaire, elle dclara qu'il n'y avait pas lieu dlibrer.
de
((
((
II,
q''
AS, p. 3.
l'opinion
((
M.
Robespierre,
(4),
reprenant
nonce
pa-
le
Dput
la di^
d'Avesnes
M.
le
Comte
-d'Estherazy reut la
avait droit d'exiger; il a de mme plaid des quatre malheureuses victimes d'un ordre arbitraire. Il a la violence, commise leur gard, toit un attentat contre
satisfaction qu'il
cause
que
loix
les
et la
toit ainsi
libert,
que
tout
leur
cr'me
de s'tre assembls pour nommer que l'on fait plusieurs autres villes,
une
et
nouvelle
Municipalit,
celle
notamment
de Paris,
(1) Cf.
(2)
plus haut,
la date.
:
Arch. nat., C 221, n leo^^^ Texte autographe. Le comte d'Esterhazy prtend qu'il n'a connu cette accusation que par ia lecture de la Sance. nationale >, n'^ 19, du 22 -a-ot 1789. (3) D'aprs le P.-V. de l'Ass.' nat., (n" 39, p. 62), li3s dputs auraient vot une motion qui innocentait le comte d'Esterhazy. (4) Il s'agit vraisemblablement de Darche, matre de forge Marienbourg, dput du tiers tat du Bailliage d'Avesnes, qui soutenait les Vux des quatre victimes mcontentes de i!ia sentence qui les avoit largis en les condamnant aux dpens (cf. Corres
pondance d'Anjou...,
t.
II,
p.
495).
97
fond de
la
de TAssemble Nationale. H a donc pens que, sur le au lieu de dclarer qu'il n'y avait pas dlibrer, procdure, faite contre les quatre habitans de Mariembourg, devoit
l'affaire,
aux loix
et la libert
des Citoyens.
Le
Point du Jour,
t.
III,
n* 96, p.
174.
la
M.
cause de ces
ci-
toyens
perscuts,
dsiroit
que
l'assemble
attentat
pronont
la
sur
cet
comme un
libert
civile
(5)
(5)
les
42.
SEANCE DU
OCTOBRE
1789
Le P'' octo^bre, Necker .vint prsenter l rAsseimble, un projet de plan de rorganisation des inances (1). Mirabeau proposa de Ku'bordonner l'examen de ce fplan, d'acceptation par le roi, de la Dclaration des Droits de d'Homme, et des premiers articles de ia Constitution (2). Se rangeant son avis, l'Assemble arrte d'envoyer le projet de dcret prsent par le prieimier ministre des finances (sic) la section du comit des finances, compos de douze membres, pour en combiner avec lui, la rdaction, de maarnire que la premire partie devienne le prambule du dcret rte en outre quie de prsident se retirera par devers le roi, pour prsenter son acceptation les divers articles dlibrs de la constitution, ainsi que la dclaration des droits . Le 2 octobre, Ption demande que le projiet de dcret sur la rorganisation des finances, que vient de prsenter le comit des finances soit imprim, afin de pouvoir tre attentivement examin par les dputs. Robespierre appuie cette motion, et demande en mme temps qu'en vertu de son dcriet de la veille, l'Assemble ne dlibre sur ce projet, que lorsque le roi aura accept la dclaration des droits et les articles de la Constitution dj vots (3). L'Assemble ordonna l'impression du projet de dcret, et ajouriia la discussion au lendemain.
(
en ))artK;u]ier la cration d'une contribution revenu de chaque citoyen. (2) On savait en effet, qu'au l*"" octobre 1789, le Trsor ne disposait que de 3 millions de livres pour faire face toutes les d(1) Il
ijroposait
roportionnelle
au
penses.
%
Le
sion
t.
III,
n" 97,
rie
p.
195.
M.
Robert-Pierre
trouvoit
de ce projet de dcret.
En effet, il est connu dans ce moment, de la France et de l'Europe entire, que l'assemble nationale a adopt de confiance le plan de M. le directeur-gnral des finances. Quel danger pouvoit-il donc y avoir imprimer un projet rdig d'aprs les discours et les plans de ce ministre, qui sont dj publis? Il est d'ailleurs une vue
suprieure
la
toutes
les
autres,
c'est
qu'il
les
importe
bases
la
la
sret
natio-
nale
que
dclaration
des droits et
le
de
constitution,
monarque
avant de consentir dfinitivement la taxe extraordinaire et patriotique. Tel est au surplus le vu bien connu de presque tous les cahiers.
Bulletin de l'Assemble nationale,
n"*
49, p. 3.
Robespierre appuie la dernire observation de M. Ption de Villeneuve, et pense que l'Assemble, d'aprs le dcret qu'elle a prononc hier, ne peut dlibrer sur la rdaction qui vient de lui tre soumise, qu'aprs que le roi aura accept la dclaration
M. de
des
droits,
et
(4).
les articles
de
la
constitution qu'elle
vient
de
lui
pr-
senter.
Le
t.
IV, p. 89.
et
MM.
Pthion
de
Villeneuve
la
Robertz
Pierre
demandent
rponse du Roi, et ce dernier insiste ou pour l'impression du projet, ou pour qu'il en soit donn des copies
l'ajournement jusqu'aprs
car enfin, dit-il, il faut bien connotre une chose aussi importante pour la discuter, ou du moins pour faire les remarques capitales, qui ne peuvent se fixer toutes dans la tte la mieux organise une simple
lecture
cussion
'la
insistent
la
dis-
II,
n 7, p. 53.
nationale (Audran,
Rennes),
t.
Il,
n" 39,
253
...M.
l'im-
Moniteur,
II,
99
43.
SEANCE DU
OCTOBRE
{suite)
1789
Intervention:
de
la lecture de la rponse du roi, au sujet sanction de divers dcrets et de la Dclaration des droits de l'Homme: ...Je ne m'explique pas sur la Dclaration des droits de l'homme ; elle contient de trs ibonnes maximes, propres guider vos travaux. Mais elle renferme des principes susceptibles d'explication et mme d'interprtation diffrente, qui ne peuvent tre justement apprcis qu'an moment oii leur vritable sens sera fix par les lois auxquelles la dclaration servira de base . Au moment o, aprs la lecture de la rponse du roi, l'Asisemble allait reprendre l'ordre du jour, ic'est--dire la rdaction du dcret sur l'imposition du quart des revenus. Muguet de Nanthou, dput du tiers tat du bailliage d'Amont Vesovil, changea le cours de la dlibration en demandant la parole sur la rponse du roi. Il proposa de continuer le travail de la constitution, et de n'arrter le dcret sur la contribution du quart des revenus, qu'une fois la constitution accepte. Hobesipierre intervient immdiatement aprs. Le dbat se droula sous le coup de l'motion souleve par les ractions parisiennes aix banquet des officiers des gardes du corps ec du rgiment des Flandres, le P"" octobre, et par la marche sur Versailles des feimmes de Paris (1). Aprs une discussion mouvemente, l'Assemble ordonna son rsident d'aller la tte d'une dlgation, supplier le roi de luner son acceptation pure et simple la Dclaration des droits aux articles de la Constitution dj dcrts .
la
'
5 octobre
1789.
((
M.
Robespierre
la
dit
que
la
rponse du Roi
le
prsente
comme
cri-
suprieur
Nation.
s'crie-t-il,
<1) Voici, d'suprfi le Courier National, la substance runie des interventions les
de Pussy (n"
108,
p.
...
3),
plus importantes
<lans
<lc
<
...M/M., vous semblez dlibrer au sein de la paix, et rgler, le calme, le destin du royaume. Cependant l'orage gronde toutes parts. L-s nuits des 13, 14 et 15 juillet n'toient pas si rageuses que le jour qui vous claire. On disoit, il v a quelques jours, l'aristocratie crase; un H. M. (x) (M. de Lally). ajoutoit ((lie ce mot insignifiant n'inspiroit plus que du dgot. Kh bien, lie lve encore la tte. Vous savez, ,MM ce qui s'est pass, cs jours derniers, sous vos yeux, dans la ville qu'habite le Souveraina
,
100
tiquer
la
par
le
pouvoir
lgislatif ?
la
Aucune
puis-
(Le prsident rapelle l'ordre et- un trs grand nombre de membres applaudissent aux principes de l'orateur). Il faut dchirer le voile religieux, ajoutait Robespierre, dont vous avez voulu couvrir ces premiers droits de la Nation. Il a demand qu'avant tout il fut rgl qu'aucune puissance humaine ne put empcher qu'une nation se donne une Constitution que l'Asseimble dcida si le Veto suspensif peut s'appliquer aux conventions nationales, et qu'elle dcrta galement la forme dans laquelle le Roi donnera sa sanction aux actes de lgislature ordinaire. M. de Robespierre a t fort applaudi.
Mercure de France,
17
octobre
1789,
p.
181-182.
Aprs
le
trois
lectures succesives
fort.
dit-il,
de
la
Rponse,
M. Robespiene
l'attaqua
((
plus
Le
principal,
les
est
pouvez fermer
droits
yeux
sur cette
nationaux.
On
s'arroger le droit
vous a dit qu'on examinera. Juger une Constitution, c'est de la refuser... On vous impose des conditions: je
texte
Vous avez .enteudu parler die ces rvoltantes orgies, o des hommes destins plus .spcialement la dfense de la patrie, se sont livrs aux plus icriminels excs. Toute cette ville retentit des rapports certains de ces scnes affreuses, oii l'intemprance a. produit des dsordres allarmans. Dira-t-on que ces festins sont des ftes niilitaires admises par l'usage, et qui imaintiennent l'union entre leo corps Mais pardonnera-t-on ces hommes vous au service de l'Etat, d'avoir invoqu les noms de ses ennemis, et vomi des imprcations contre l'Assemble nationale 1 Ils sont sans doute les organes de ces aristocrates puissans, qui par leurs manuvres secrtes, sduisent les corps les plus fidles, et voudroient bouleverser le royaume, pour le charger de nouveaux fers. Ces festins Bont d'autant plus dplacs, qu'ils insultent la misre publique, et peuvent caus^er les plus dangereuses fermentations. Ce ne sont pas le? cris de vive le Koi et la Reine, que nous devons iinprouver, ils retentissent <lans tous nos curs, et plus d'une fois ils ont t expression de notre joie et de notre sensibilit. Mais les faits dont vous tes instruits, n'ont rien de communs (sic) avec ceb ki(x) H. M., Honorable membre (note du gnes de patriotisme.
?
texte).
Il
101
Nation.
de censurer
Constitution qu'elle
se
de s'lever au-dessus d'uiie mane de la Nation, donne. On vous dit que l'on
;
mais approuve en gnral les principes de la dclaration des Droits on vous dit qu'ils sont susceptibles de diffrentes applications. C'est encore une grande erreur. Ce sont les principes de la justice, du droit naturel, qu'aucune iloi humaine ne peut altrer... Quelles scmt les
fausses
faire ?
:
du ministre
vous verrez un de
un Arrt du Conseil
contraires
si
tout principe
hon
le
plaisir...
;
vos Lois
et
de raison Car tel est notre Vous verrez ajouter des Reglemens contraires mme lorsque vous ne faites les Lois que concurremment avec de
justice
et
:
pouvoir excutif,
il
les
vtres
;
moment de dchirer ce voile religieux et certes je ne puis comprendre comment les Reprsentans de la Nation ont voulu jeter un voile sur les droits de la Nation. Que'Ue religion peut-il
C'est
ici
le
excutif
((
y avoir les obscurcir ? Est-ce pour donner un prtexte au pouvoir d'y contrevenir ? Aucune puissance humaine me peut s'op|x>ser au vu d'une Na;
tion
et
en
consquence,
excutif.
votre
Constitution
n'est
pas
soumise
au
par
ex-
refus
du pouvoir
({ Je propose encore que vous dterminiez incessamment, quels termes la Sanction Royale aux Actes de Lgislation sera
prime.
et 52, p.
4-5.
M. de Robespierre. La rponse du Roi est destructive, non seulement de toute constitution, mais encore du droit national avoir une constitution. On adopte les articles constitutionnels qu' une
qui peut imposer une condition une consd'empcher cette constitution il met sa volont au-dessus du droit de la nation. On vous dit que nos articles constitutionnels ne prsentent pas tous l'ide de la perfection. On ne s'explique pas sur la dclaration des droits est-ce au pouvoir excutif critiquer le pouvoir constituant, de qui il mane ? Il n'appartient aucune puissance de la terre d'expliquer des principes, de s'lever au-dessus d'une nation, et d'assurer ss volonts; je considre donc la rponse du Roi comme contraire aux principes des droits de la nation et comme oppose la Constitution. Tout vous fait assez connatre que les ministres veulent rivaliser d'autorit avec la nation: on a sanctionn vos arrts, les uns
:
condition positive
a
le
celui
titution
droit
102
un
des
lois
sans
vous,
tandis
faire
sans
sant
Vous n'avez
obstacles.
les
donc
couvrir
les droits
de
la
qu'on voudrait leur porter ? Il faut exammer franchement s'il est une puissance humaine qui puisse opposer aucun obstacle la constitution qu'un peuple veut se donner si le veto suspensif doit f>orter sur les actes d'une G>nvention nationale; il faut rgler la formule de l'acception de ces actes et celle de la sanction pour Tes actes des lgislatures
:
ordinaires.
(2).
t.
II,
t.
II,
t.
II,
75.
la rponse du Roi ?, a dit M. Ropouvez-vous bien concevoir, Messieurs, que l'on s'arroge le droit de juger votre constitution car je ne vois aucune diffrence entre examiner et juger. Le premier de ces actes suppose ncessairement le second: on nous observe que notre constitution n'est pas aussi parfaite qu'elle pourroit l'tre, nous en convenons, sans doute, nous-mmes, et ne de voit-on pas imaginer que les circonstances orageuses au milieu desquelles nous sommes continuellement dvoient produire cette imperfection ? Oui, notre Contitution est vicieuse mais est-ce donc au pouvoir excutif qu'il appartient de tenir un pareil langage ? est-ce donc lui de censurer cette Constitution ? qu'il apprenne qu'il n'y a sur la terre aucun pouvoir qui ait le droit de s'lever au dessus des lois qui manent des Reprsentans de la Nation. Ah! Messieurs; la rponse du Roi vous dicte ce que vous devez faire; il est tems enfin que vous dchiriez ce voile religieux, que vous aviez jug, dans votre prudence, devoir laisser sur la nature
bertspierre,
de
la
sanction royale;
les
il
du
droit national,
il
faut poser
de
scurit.
t.
I,
p.
211.
Robespierre s'leva le premier contre deux actes publics qu'il dnona l'Assemble, parce que leur forme blessoit essentiellement l'autorit souverains de la Nation; l'un toit un Arrt
(2)
M. de
pari.,
Texte reproduit dans le Moniteur, II, IX, 343, et Bchez et Roux, III, 98.
dans
les
Arch.
103
du Conseil, revtu de ces expressions que la bassesse et l'oubli des droits de l'homme ont jadis enfantes car tel est notre plaisir. L'autre toit une Dclaration qui, la suite d'un Dcret de l'Assemble, portoit un Rglement rdig par le Conseil ce qui annonoit le dessein qu'avoit le Roi d'exercer le pouvoir lgislatif concurremment avec la Nation. Ensuite, il passa la discussion de la Sanction Royale sur la Constitution aprs avoir prouv qu'il toit tems de dchirer le voile dont les Ministres couvroient depuis longtems leurs manuvres,
:
avec plusieurs autres Dputs, qu'on ne devoit la Constitution fut accepte par le Roi, qui viendroit alors dans l'Assemble jurer de gouverner suivant les Loix, et recevoir de la Nation le serment d'obissance.
il
finit
par conclure,
t.
IV, p. 367.
:
voir
excutif,
la
de
mme
roi,
le pouRobespierre a dvelopp les mmes principes dit, n'a pas le droit de critiquer )a Constitution nation. Quelque respectable que soit un pouA'oir, quelque sacr qu'il doive tre, il n'y en a aucun qui puisse s'lever contre
a-t-il
M. de
l'autorit
souveraine de la nation.
s'est
L'orateur
lev
contre
les
deux
sanctions
donnes
la
par
le
droits
souverains
de
nation.
L'une
est faite
:
par un arrt du Conseil, c'est--dire qu'elle est car tel est notre plaisir, termes enfants par la
et
maintenus par
!e
glaive
du despotisme
(3).
la suite d'un dcret de L'autre est une dclaration qui, l'Assemble, porte un rglement rdig par le Conseil; ainsi le roi ne permet la nation d^exercer le pouvoir lgisilatif qoie concurremment avec lui (4). L'orateur est venu la question clbre de la sanction royale sur la Constitution. Il est temps, a-t-il dit, de dchirer le voile reli((
gieux dont on
l'a
couverte.
a-t-il
donc de
la
religion
entretenir
(3) Jlobespierre fait sans doute allusion un arrt du Coms'eil d'Etat du 30 septem'bre 1789, portant suppression de la Commission de Valence, en vertu du dcret de l'Assemble nationale du 23 septembre, sanctionn par le Roi, qui supprime les Commissions extraordinaires tablies pour connatre de la contrebande. Cet arrt !'i Conseil iporte la formule habituelle: Le roi tant en son Conil, a ordonn et ordonne ce qui suit n. (4) Il s'agit de la dclaration du roi, du 27 septembre 1789, l'our sanctionner et faire excuter divers arrts de l'Assemble nationale concernant la sortie et la dclaration des grains, cette dclaration, porte ses arti'cles 1 et 2, la formule: Voulons que...
104
droits ?
Il
Courier franais,
((
t.
III,
M.
Robespierre a ensuite observ que ce seroit se priver pour la rponse du Roi; que le
le
droit
de
critiquer
le
la
Constitution;
qu'il
n'y
d'administration qu'une
que c'est le Nation se donne elle-mme de dchirer le voile religieux qu'on a cru devoir jeter sur les et que d'ailleurs, en jetant droits du Pouvoir Excutif cet gard les yeux sur les dernires Dclarations du Roi, on verra que l'on y
;
et
mme
feuille,
fait
l'Assem-
ble
cours
fait
sans le con-
123, p. 297-98.
les
esprits
vari
membres de l'Assem-
premier a dit, qu'on ne pouvait se fut bien diffrente de celle qu'on attendait qu'il n'y avait pas un instant attendre pour demander au roi une acceptation pure et sinrple de la dclaration des droits d^* l'homme et du citoyen, ainsi que des articles constitutionnels dj dcrts, qu'il ne fallait voter l'impt qu'aprs avoir obtenu cette acceptation, et qu'il tait indispensable plus que jamais de s'occuper
ble.
Le dput
;
qui a
parl
du
roi
ne
uniquement, de
((
la
constitution.
et
MM.
de Robertspierre, Bouche
termes, soutenu la
mme
opinion.
t.
I,
n''
14, p.
221.
journe du Lundi (6); la seconde orgie s'toit clbre le Samedi au Soir; le peuple de Paris en toit inform le Dimandie (7); la fermentation s'accrut tout le jour, et l'on passa
sat les dtails
On
de
la
dput du tiers tat du bailliage de Chlons-surBouche, dput du tiers tat de la snchausse d'Aix-enProvence.
(5) Prieur,
;
Marne
(6) Il
s'agit
du lundi
octobre.
(7) Le banquet offert par les officiers des gardes du corps, ceux du rgiment des Flandres eut lieu le jeudi l*' octobre. La nouvelle fut connue Paris le samedi 3 octobre par le Courrier
105
la sanction,
armes;
la
rponse du Roi, la
s'levrent
demande de
le
semble.
MM.
de Robespierres.
Lundi contre
cette
Le Point du
p.
Jour,
t.
III,
99, p.
216.
t
Etats gnraux.
II,
35,
281.
La rponse du
de que
roi
est
contraire
aux
lois
de
la
la
nation,
disoit
M.
Robert-Pierre;
la
elle
contient
une
censure
de
dclaration
des
droits et
titution
pas au
roi
censurer la cons-
nation
veut
se
donner.
donc dchirer le voile religieux dont vous avez voulu couvrir les premiers droits de la nation car je ne conois pas comment les reprsentans de la nation ont voulu envelopper de nuages
Il
faut
les
droits
les
plus
(8).
Roi
et attribu
au sieur de Riolles
que ce n'est pas au pouvoir excutif s'lever au-dessus de la Nation, qu'il n'a pas le droit de censurer la Constitution que c'est lui d'obir et d'accepter simplement, que cette rponse est une offense aux droits du peuple, qu'on se permet
Robertspierre dis
(sic)
de publier des arrts du Conseil qui ont l'ancienne forme, et par le bon plaisir, il conclu (sic) par dire qu'il faut faire assurer avec respect le consentement qui est du la souverainet de la nation qui est
suprieur son dlgu qu'il
faut
la
sanction et
aux
arrts et
aprouve
t.
(sic)
II,
de battement de mains.
n" 55, p. 3.
Robespierre dit que l'on ne peut fermer les yeux sur la Rponse du Roi, sans renoncer avoir une vritable Constitui^ion ; et il propose, 1 " de reconnatre qu'aucune puissance humaine ne peut former obstacle la Constitution qu'un Peuple veut se donner; 2 d'arrter
M.
que
tre restreint
aux actes
lgislatifs.
(9)
de Gorsar,. Le dimanche 4, la Chronique de Paris, l'Ami du Peuiple dnoncrent le coimplot aristocrate, dont .Le but tait de renverser la Constitution avant .son achvement. Le vendredi 2 octobre, un second banquet avait eu lieu dans la iSalle du Mange. Le samedi 4, lenfin, la (municipalit de Versailles ayant offert trois pices de vin aux soldats du rgiment des Flandres, ce furent les Gardes Nationales qui leur en firent les honneurs. 18) Arch. nat., C 221, pi. 160, n" 146, 5 octobre 1789. Texte signal par Tuietey, op. cit., I, 103, n" 969. (9) Texte reproduit dans BailJy, Mmoires, III, 72.
106
5 octobre
le
1789, p.
premier
3.
la
M. de
tribune,
il
conclut,
(sic),
il
ne
les
acceptes,
Courier de Provence,
t.
I,
n 50, p.
10.
que la Nation n'avoit pas besoin du Monarque pOur se constituer que la rponse du Roi n'toit pas une acceptation, mais une censure et par consquent une atteinte aux droits de la Nation.
Robespierre
et
M.
Prieur soutenoient
Le
n"
12,
est
p.
194.
La
rponse,
disoit
M.
Roberspierre,
la
dcrets;
veut se donner.
Pussy),
108,
p.
3.
MM.
Duport,
Goupil,
2* Intervention:
Aprs ique l'Assemble nationa.le eut adopt le dcret demandant au roi racceptation pure et simple de la dclaration des Droitj de l'homme et des articles de la Constitution dj vots, une dputation trs nombreuse 'de femmes de Paris se prsenta la barre.
dput du tiers tat, du bailliage d'Amont Vesoul. dput du tiers tat de la snchausse de Ville-
franche de Beaujolais.
107
Maillard (12) porta la parole en leur nom, dnonant les manuvres pour affamer Paris demandant l'iAssemble d'envoyer une dpuration aux gardes du corps pour les engager prendre la cocarde
,
tricolore (13).
L'Assemble ordonna son prsident de se rendre aussitt chez la tte d'une dputation, pour lui prsenter le tableau d'- la position malheureuse de la ville de Paris. Au 'cours de son intervention, Robespierre soutint Maillard, en particulier dans sa dnonciation au isujet d'un meunier qui on aurait envoy 200 livres, et avec la promesse d'autant chaque semaine, en l'invitant ne pas moudre. Jjs matin, l'Abb Grgoire avait dnonc le mme fait la tribune de TAssemble (14).
le roi,
Pices de
la
procdure criminelle
instruite
au Chtelet sur
les
v-
(15).
M. de
(16)
prit
la
parole, et dit
que
l'tranger
et qu'il
croyait qu'il
en avait t question
matin, que
M. l'Abb
le
Grgoire pourrait donner des claircissements, ce qui dchargea posant d'en donner lui-mme. (17). ,
d-
Maillard, voir Alexandre Sorel, Stanislas Maillard, 2 seiotembre (1862) et les complments de P. Caron, Les
p.
61-70).
I, 146; et G. Walter, p. 658, note 34. Moniteur, II, 0. (15) Moniteur, II, 541. Le 14 octobre, l'Assemble a/utorisa le l'hteLet ouvrir une information isur les Tournes d'octobre; une dputation de co tribunal vint dposer la procdure l'Assemble Le^** 980) le 7 aot ]790. Collo-ci en ordonna l'impression (B.N <'c rapport, prsent par Boucher dArgis, lieutenant du roi au Chtelet, se prsentait comme un violent rquisitoire contre Mirabeau fit le duc d'Orlans. Mirabeau n'eut aucune peine djoue* cette manuvre, et Chabroud fit un nouveau rapport sur ces vnem'ants qu'il lut dans la sance du 4 octobre 1790. (16) T1 s'agit de Maillard. 07) Bailly, dans ses Mmoires (Eclaircissements historiques, t III, p. 419). cite icette intervention M. de Robespierre fit, la. suite, un discours plein de patriotisme ce iqui rendit les fi3mme tranquilles pour le moment. Of. galement Mmoires du Marquis
, :
Hamel,
de Ferrires,
I,
312.
108
44.
SEANCE DU
OCTOBRE
1789
divers articles de la projet du comit temps qui s'coulera jusqu'au dernier jour de la isession suivante; toute contribution cessera de droit cette poque, si elle n'est pas renouvele. Plusieurs dputs, dont Mirabeau (1) estiment que les impt.^ destins l'acquittement de la dette publique, ou affects la liste <ivile, ne peuvent tre suspendus ou renouvels tous les ans. Au terme du dbat, l'Assemble adopta la rdaction du comit, avec cette addition Mais chaque lgislature votera, de la manire qui lui paratra la plus convenable, les sommes destines, soit l'acquittement des intrts de la dette, soit au paiement de la liste
Constitution,
<(
des
6
du
le
<
civile.
t.
IV,
p.
la
403.
ncessit
M. de
Robespierre a
fait
sentir
encore
tant
Se con-
pour empcher l'impt', de survivre lui-mme, que pour qu'il ne se peroive pas au del de
sacrer le principe port dans l'article
6,
la
ncessit qui
l'a
fait
tablir.
ni
Cet
article
ne
les
blesse
les
droits
la
du
trne
ni
l
la
dette garants
civile.
Ce
sont
principes
l
de
nation,
ce sont
et
les
de
qui
la
splendeur du trne et
toujours les
Vous
base appuyer la dette publique. C'est une maxime qu'il faut dcider en matire de constitution. Et quand vous en serez au chapitre des finances, vous profiterez des observations que l'on vous a faites.
sere'z
matres de
civile
d'assurer
la
doit
t.
II,
n 57, p. 3.
MM.
tablir
plus de
ncessit
la
liste
de
l'Etat,
que pour
les
dpenses de
la
Guerre
de l'Administration.
Bulletin de
4.
M.
s'agit
sur
d'un article
la
constitutionnel
sur
la
liste
et
non
dette
et
civile.
Le
(1) Cf.
E. TIamel, J, 148.
109
principe gnral tabli dans votre article n'est contraire ni ce qu'on doit aux cranciers de l'Etat, ni la dignit du trne; vous serez toujours les
jets.
))
matres
de disposer de
tels
ou
tels
faits
(2).
Courier franais,
t.
III,
n"
95, p. 61.
M. de Mirabeau toit de rduire une seule session tous les impts .. l'exception de ceux qui auroient pour objet la dette publique et l'clat du trne, dont l'assignat devoit tre permanent. Divers membres... ont fortement appuy cette opinion mais elle a t combattue avec autant de vhmence et de succs par MM. RoL'avis de
((
bespierre...
Le
Point du Jour,
p.
((
t.
III,
p. 243.
t.
II,
n 37,
300.
MM.
...
article
du comit,
(2)
pari.,
le
Moniteur,
II,
15; et
dans
les
Arch.
45.
SEANCE
DU
OCTOBRE
1789
Le 7 octobre 1789, il avait t fait lecture l'Assemble, d'une crite dans leur langue, par deux Anglais, et pleine des sentiments les plus dvous pour la libert franaise . Grce Robespierre, elle eut les honneurs de l'impression <!).
lettre
Le
Point du Jour,
p. 301.
t.
III,
n'^
102, p. 233.
t.
Etats gnraux.
II,
n**
37,
M.
Robert-Pierre a demand
la
traduction
et
l'impression
Il
de
la
l'Assemble par les deux Anglais. voir des membres d'une nation rivale applaudir nos
lettre
crite
est
beau de
pour con-
efforts
qurir
la
libert,
(1) Cf.
E.
Hamel,
1,
148.
110
Journal de
I,
n"
47, p.
354.
M. de
verbaux, a
demand
traduction et l'impression
la
de
la
lettre
))
des deux
rgnration de la France.
54, p.
I,.
M. de
Robespierre.
la
Demande que
lettre
hier,
soit
(2)
le
Moniteur,
II,
16;
et
Arch. pari.,
IX, 382.
46.
SEANCE
DU
OCTOBRE
1789
L'Assemble poursuit la discussion de la Constitution. EAe ^adopte l'article 8 du projet du comit Le consentement royal sera exprim sur le dcret, par cette formule le roi fera excuter le refus suspensif sera exprim par celle-ci le roi examinera. Aprs L'article 9 est propos par le comit sous cette rdaction avoir consenti un dcret, le roi le fera sceller et ordonnera qu'il
:
<(
aux tribunaux et aux assembles administratives et municipales, pour y tre dlibr, inscrit sur les registres publics
soit et
envoy
excut.
1""
Intervention
Robespierre qui, dans la sance du 5 octobre, a dj insist sur la ncessit de modifier, les anciennes formes de publication, prend une premire fois la parole et demande que l'Assemble dlibre sur ]a forme de promulgation des lois.
Journal manuscrit de Pellerin, 8 octobre
1789.
Robespierre a propos de retrancher dans la formule de publication des actes lgislatifs ces expressions. Louis, par la grce de Dieu, de notre pleme puissance, et autorit royale, car tel est notre
M.
bon
plaisir.
11
est
impossible,
a-t-il
dit
de
concilier le droit
national
avec les formes employes jusqu' ce moment. Je propose a ajout M. Robespierre, qu'aprs ces mots Lxjuis, roi des Franais, on transcrive littralement le dcret de l'Assemble nationale, et qu'il soit
:
Que
cette
loi
soit
inviolable
et
sainte
111
Toutes
les
lois seront scelles d'un sceau uniforme et aux assembles administratives, et aux muni-
publies et
excutes.
Annales patriotiques et littraires, t. I, n" Les Veilles d'un Franais, t. II, n" 14.
7,
p.
2.
Robespierre a dit, que l'Assemble toit arrive l'poque o il convenoit de fixer la promulgation des lois portes par les reprsentans de la nation. Il a rappelle une dnonciation faite prcdemment l'assemble, des formes d'arrts du conseil
M.
de
la
constitution,
et
de dclaration, dont on avoit en dernier lieu revtu ses dcrets, notamment ceux sur les grains. Il a demand l'abolition des formes usites dans les dclarations, telles que voulons et nous plat; tel est notre bon plaisir; de notre certaine science, pleine puissance et autorit royale. Il a prsent ces formules employes au nom du prince,
dans
la dclaration rendue sur le dcret des grains, comme contraire au droit national de puissance lgislative, exerc par les reprsentans
du peuple
((
franais
(1).
))
Ces
Le
Point du Jour,
p.
t.
III,
p.
254.
t.
Etats gnraux.
II,
n"
37,
302.
((
Vous ne pouvez
arrts
M.
Robert-Pierre, de
la
forme des
du
[de]
tions
les
anciennes. 11 est impossible de concilier le droit national avec formes employes jusqu' ce moment, de notre pleine puissance,
car tel est notre plaisir. Je voudrois que tout (sic) les dcrets du pouvoir lgislatif soient exprims par le terme uniforme de loi, que les formules usites jusqu' prsent dans la promulgation des loix soient
abolies; que les formes soient remplaces par une forme noble et simple,
.le caractre sacr de la loi. Je propose qu'aprs ces mots, Louis, Roi des Franois, on transcrive littralement le dcret de l'Assemble Nationale, termin par ces mots Que cette
:
loi
soit
forme,
adress
aux tribunaux,
pour tre
lu,
il
sera
scell
municipalits,
publi et excut.
(2).
(1)
(2)
mme que
Cit par U. Walter, p. G58, note 36. Ce texte rsume les deux interventions de Robespierre, le suivant.
de
112
Versailles
et
11,
p.
4.
II,
n"
89,
p.
4.
M.
des
formes
prcdentes
de
la
publication,
qu'elles
toient
absolument
employes:
pouvoient
Nous par
tel est notre bon plaisir . ne que des actes arbitraires. Qu'il falloit choisir une formule qui caractrist sans quivoque les droits sacrs et inviolables de la nation. En consquence, il a propos que, pour procder avec ordre, on comment par dlibrer sur la formule de promulgation des loix.
Bulletin de
p. 4.
M. de
Vous venez de
celle
ment,
de
la
mme
temps en
formule.
Vous ne pouvez
:
adopter ni celle
des arrts du Conseil, ni celle des dclarations; vous rejetterez sans doute ces expressions du despotisme de notre certaine science, pleine puissance et autorit royale; car tel est notre bon plaisir. La libert doit exister dans les mots par lesquels vous exprimez les choses et dans la forme de la loi comme dans la loi mme. Je demande qu'on s'occupe en ce moment de cette formule . (3).
Le
Patriote Franois,
t.
I,
n*^
66, p. 2.
((
M.
de
la
Roberspierre.
On
les
serve
Tel
est
bon
plaisir.
t.
I,
14, p.
223.
On pense aussi qu'il falloit rformer cette formule singulire des Arrts du Conseil, Lettres patentes, etc. Louis, par la grce de Dieu, etc., ceux-ci plus offensants encore, car tel est notre bon plaisir,
ce
fut
M. de
Robespierre qui en
fit
la
motion.
(3)
le
Moniteur,
II,
21,
113
II,
n"
:
58, p.
faut
et
2.
M. de
comme
Robespierre
contraire
qu'il
supprimer
la
:
du Conseil
plaisir,
et des
Dclarations
est
notre
libert
nationale...
t.
I,
n"
14, p. 41.
M.
Robert-Pierre a
le
dans laquelle
roi
feroit
t.
IV,
sur
p.
421.
M.
Robespierre a fortement
le
insist
la
Roi
fera
promulguer.
2"
Intervention
Aprs une discussion anime laquelle participe, entre autres, l'archevque d'Aix, Buisgelia, Robespierre revient la charge et iropose par amendement, une formule de promulgation. La dcision fut ajourne au lundi 12 octobre.
Journal de Duquesnoy,
((
t.
1,
p.
419.
M. Robertspierre ayant propos une formule de promulgation dans laquelle se trouvoient ces mots Peuple voil la Loi que vos reprsentans ont faite, un plaisant lui a demand si c'toit un can: ;
tique
qu'il
proposoit.
Journal manuscrit de
((
Pelerin,
8 octobre
1789.
Robespierre reprend la parole pour proposer de substituer a Peu la formule Inous par la grce de Dieu etc. ces expressions ple, voici la Loi que vos reprsentans ont faite et laquelle j'ai ap:
M.
pos
le
sceau royal.
Courier de Provence, n
Ici
51, p.
s'est
13.
M.
Robespierre
Conseil,
de
(4) Cf.
Arch.
-pari.,
111,
141.
hor.IMM.KKl.
lu
tel est notre plaisir. I! faut, disoit-il, une forme noble et simple, qui annonce le droit National, et qui porte dans les curs des peuples le respect de la loi aprs ces mots, Louis par la grce de Dieu, etc. on commenceroit le dcret de l'Assemble par ceux-ci peuples, voici la loi qui vous est impose ; que cette loi soit inviolable et sainte pour tous. Un Dput avec un accent gascon, s'est lev, et a dit plaisammant MM. Cette formule ne vaut rien, il ne nous faut point de cantique. Chacun sait qu'on ne relve point d'une saillie. M. Robers-
((
pierre a
abandonn
sa formule
et
gard
le
silence.
)>
(5).
t.
IV,
p.
426
(6).
Robespierre a propos un amendement. Il a fatigu l'Assemble par la rdaction d'une formule trs plaisante, et qu'il vouloit toujours lire quand on ne taisoit pas, et qu'il ne lisoit pas quand on faisoit silence sa formule a paru telle a plusieurs membres qu'ils l'ont appelle caustique.
:
M. de
((
D'abord
il
dcrets de l'Assemble soient exprims par le terme uniforme de loi. Suppression des anciennes formules usites, telles que pleine puissance et autorit royale, car tel est notre bon plaisir, etc..
tous
la
Que
Que
ces
formules
soient
Louis,
par
((
roi
des Franais;
et
de l'empire
franais.
j'ai
Peuple, voici la loi que vos reprsentans ont faite appos le sceau royal.
laquelle
Par ce commencement burlesque, on devine aisment Heureusement, l'opinant a fait grce des rflexions dont il appuyer son protocole.
la
fin.
voulait
Le
Courier national (de Pussy), t. I, n" 112. Nonciateur ou les Nouvelles du Jour, t.
I,
n"
18, p.
143.
mots
loi
M. de Robespierre avoit propos un autre intitul, aprs ces Louis par, etc. Il toit conu en ces termes Peuples voici la qui vous est impose, que cette loi soit sainte pour tous, etc.
: :
Un Membre
Hamel, Le Moniteur
(7)
des bords de
148-149,
22),
la
Garonne
s'est
lev,
et
a dit
(5) Cf.
(6)
1,
note
et
les
2.
(II,
Arch. pari.
(I
384),
reproduicrit:
si
sent
<
ce
mme
(7)
Un membre
'de
la
Garonne, fleuve
diffrent
du Pactole.
1 1
plaisamment: M. M. cette formule ne Vaut rien; il ne nous faut de cantiques. Cette saillie, prononce avec l'accent du terroir, a excit un rire universel; et l'Assemble a jug que l'orateur ne devo
point
plus tre
entendu.
Journal de
Versailles,
t.
1,
n"
47, p.
355.
vouloit qu'on
((M.
dt
les
:
il
Louis,
par
la
volont de
la
nation,
voici
roi
des Franois,
loi
tous
peuples,
la
Un membre
faisoit
de l'assemble
s'est
un cantique, et l'orateur n'a pas discours, pour dvelopper les mofifs de son prambule.
Robertspierre
son
Le
Patriote Franois,
t.
I,
n" 66, p. 4.
M.
noble:
Robespierre dsiroit qu'on et adopt cette formule vraiment de dieu et par la volont de la Nafion;
Roi des Franois: tous les citoyens de l'Empire Franois; Peuple voici la loi que vos reprsentans vous ont faite, et laquelle
j'ai
appos
Il
le
sceau
Royal.
vouloit dvelopper
ses
motifs,
i>
t.
II,
n"
58, p.
3.
((
M.
:
Robespierre
discussions on adopte
propose un nouveau projet. Aprs quelques l'amendement ajouter aprs les mots. Roi des
et
Franois
nous voulons
et
ordon-
nons ce qui
54, p. 6.
formule.
((
M. de
la
(luestion
<. (H) a. Waltci'. p. >s(; ST. ;ii(.iilc propos: u II ii- ,p.ni\;i,it f-rn' pour Kobespiei re de icojiUmi cir son discours, il dut aban Itmner la tribune assez vex sans doute. C'tait la premire fois ridicule, 'lu'il se voyait publiquement tournf' en
;i
47.
SEANCE
DU
12
OCTOBRE
1789
(soir)
Le .combe de Casteliane, aprs avoir rappel l'article VII de Dclaration des droits de l'homme, fait la motion que toui ceux qui sont actuellement exils ou dtenus par lettres de cachet, ou par des ordres arbitraires queloonqu'es, seront incessamment remis en libert )), Deschamps, diput de la noblesse de la snchausse de Lyon, propose de demander au pouvoir excutif urne liste des prisonniers les innocents seront et l'expos des motifs de leur dtention librs, les coupables maintenus. La motion du comte de iCasbellane est carte. Lia discussion s'engage sur celle de Deschamps; Robespierre intervient et Fajournement de cette seconde motion est vot.
la
;
t.
11,
n''
65, p.
4.
(1).
M.
lieu
demande
neroit
arbitraires
tait
Robespierre a combattu cette proposition, il a dit que cette absolument contraire aux principes, attendu qu'elle don
croire
que
comme
lgitimes.
champ
la libert
de tous
(1) Le texte du Moniteur, II, 52, et des Arch. pari., IX, 414, est diffrent: J'observe que cette motion tend consacrer les lettres de cachet. Elle viole au moins indirectement le principe qui les rprouve, puisqu'elle fait un choix dans les lettres de cachet. Elle est contradictoire celle de M. de Castellane admettre celle de M. Deschamps, ce serait rejeter l'autre qui vient d'tre ajourne.
:
l'origine.
117
48.
SEANCE DU
20
OCTOBRE
1780
Le
15 'Octobre
tionale,
vos
seigneurs,
leurs proprits.
Le '20 octobre, un dput de Bretagne demande avec instance que soit interrompue la discussion sur les conditions d'ligibilit pour les assembles primaires, afin que l'Assemble entame la discussion du rapport sur les agissements contre-rvolutionnaires de l'vque de Trguier. Le comte de Clermont-Tonnerre estimant que l'laboration de la constitution ne peut tre continuellement retarde, propose qu'un jour de la semaine soit rserv aux affaires particulires de la nature de celle-ci. Robespierre s'lve contre cette motion qui est ajourne; l'Assemble reprend le dbat sur
conditions d'ligibilit. L'affaire de l'vque de Trguier devait revenir en discussion, le 22 octobre. L'Assemble la renvoya par devant le tribunal du C'htelet, charg de juger les crimes de lse-nation.
les
1789
(2)
((
M.
qu'il
Robert-Pierre
ne
suffisoit
lui
rpondu
[au comte
de Clermont-Ton-
nerre]
(sic), qu'il y avoit une conspiraconnue de tout le monde, et qu'enfin les rapports des eomits nomms par l'assemble toient impossibles entendre tous dans une sance du Dimanche qui commenoit tard, et o presque personne
n'assistait.
M.
probablement n'existe pas en aussi la motion de M. de Clermont-Tonnerre a-t-elle t rejette par la majorit, et on n'a mme pas voulu perm.ettre son auteur de parler une seconde fois en sa faveur.
conspiration
il
monde connut
qui
trs
parloit juste;
j).
XXIX, 80, d. 187, et (1) Arch. nat., 23-24. Dnonciation l'Assemble nationale
Lannion, Morlaix... 14-28 septembre (2) B.N., Nlles acq. frses, 4121.
1789.
D XXIX
bis,
1,
d.
8,
par des
dlgus
le
18
II,
n"
98, p.
7.
t.
Assemble nationale
Commune
II,
n" 78, p. 7.
applaudie par une partie des Membres, sentir, avec autant de raison que de chaleur, les consquences funestes de la rflexion de M. de Clermont, dont le bien gnral avait sans doute t le principe, mais dont les
((
Cette motion a t
Robertspierre
a
fort
mais
M.
fait
suite
(3).
Voudriez-vous bien, MM., a dit M. Robertspierre, m'expliquer pourquoi vous avez rig une Commission de Rapport ?( 4;, pourquoi vous avez sollicit son changement tout l'heur, et pourquoi vos scrupules dans le choix des nouveaux Membres qui le composent, si vous dcrtez maintenant que vous n'entendrez plus aucun rapport ? Eh qui ne voit. Messieurs, que la m.otion qui vient de vous tre prsente n a d'autre objet que de vous faire perdre de vue l'affaire de M. l'Evque de Trguier ? et cependant, peut-on se dissimuler son importance ? Peut-on n'avoir pas t frapp par ce Manderr.ent, o Vous rgne par-tout l'esprit de rvolte et du plus dangereux fanatisme en avez entendu la lecture. Messieurs, et vous ne pouvez y droger aujourd'hui sans la plus monstrueuse inconsquence D'ailleurs Messieurs il faut dire tout le Salut de l'Etat est en pril une conspiration des plus atroces a t forme. La Patrie ne cesse d'tre me lace, les ennemis du bien public n'ont peut-tre pas encore renonc leurs odieuses trames, et nous nous plcngencns dans une scurit coupable Loin de nous de semblables penses je fais la motion expresse pour que la proposition de M. de Clermont soit rejette et le rapport de l'affaire de M. l'Evque de Trguier continu. Le vu de l'Assemble s'est trouv parfaitement conforme au .sentiment
! ! ! : : ! :
de M. Robertspierre.
Journal des Dbats,
((
t.
II,
n" 72, p.
7.
Robert-Pierre a combattu cette motion, en disant que l'Assemble ne devoit pas s'engager par un Arrt loigner l'examen
M.
de plusieurs
elles
affaires
intressantes
du moment,
l'instant
et
qui
pourro'ent,
si
n'toient
o l'Assem-ble en auroit
l'Etat.
Il
connaisance, occasionner
bouleversement de
parl
de
mme
]789.
G. Walter, p. 87 Robespierre adoptait peu prs le ton aw Marat employait cette poque, i ILe Comit des rapports avait t cr le 30 juillet et le (4) Coimit de^ recherches dont il sera question qolus loin, .le 28 juillet
(3) Cf.
:
119
conspirations contre le bien public, et du danger qu'il y auroit ce que l'Assemble ne s'en occupt pas ds le moment o son Comit des Recherches lui soumettroit les renseignemens qu'il pourra se procurer.
))
Bulletin de
l'
Assemble
nationale,
66,
p.
6.
srieuse
un usage salutaire, quoiqu'il embarrasse les oprations de l'Assemble. H propose de remettre un jour dtermin des demandes qui sont un besoin de chaque jour. Est-il permis par exemple, de diffrer l'examen de l'affaire de Trguier, quand le
attention.
s'agit
de
proscrire
feu de la guerre civile est allum dans ce diocse ? Il me faut exprimer mes inquitudes avec franchise dans le mme moment oii le
:
les
Je demande
si,
lorsque
de circonstance lgitime nos craintes, nous pouvons nous rsoudre, sous prtexte de Constitution, des dlais qui peuvent amener le bouleversement de l'ordre public. (5).
Le
Point du Jour,
t.
III,
n"
112, p. 389.
M. Robert-Pierre l'a combattue (la motion de M. de ClermontTonnerre), en disant qu'il toit dangereux de limiter ainsi des travaux qui pouvaient tre urgents; qu'une pareille dtermination ne pouvait
<(
de
celles
M.
il
au plutt de l'affaire de Trguier, qui peuvent demander clrit. Robert-Pierre a ajout que dans un temps de troubles, et quand
de Rouen
(6)
et
autres,
le
bien public,
il
n'toit
)).
affaires extraordinaires
7i2. (b) Texte reproduit dans le Moniteur, II, Cf. g-alement Hamel, I, 151. Le 19 octobre, Comit des rapports avait le t saisi d'un (6) nimoire adress par le Corps municipal lectoral de la ville de Kouen, sur la situation de cette ville, qui paraissait trs agite. L'affaire parut importante de la tranquillit de Rouen dpendait pour une bonne part l'approvisionnement de Paris. Le 21, Fermont prsenta l'Assemble nn rapport sut oette affaire: les troubles de Rouen provenaient de ce qu'il s'tait tabli dans cette ville ])lusieurs f formations armes faisant fonction de 'Garde Nationale. Le Corps municipal prsentait un plan d'organisation d'une garde nationale unique. Ce plan fut autoris par l'Assemble.
E.
120
Assemble nationale
du Journal de
Paris),
t.
I,
16, p. 222.
a soutenu
Robespierre a ccmbattu M. de Clermont-Tonnerre, et dans des circonstances o tant d'alarmes nous environnent encore, o un Prlat a presque allum la guerre civile dans une Province ce seroit abandonner la Patrie que de ne pas permettre
M. de
que,
de dnoncer
1789.
129, p.
398
((
...M.
il
Roberspieire a
fallait
dit,
de
prendre son rapport en considration; qu'i tait tout aussi urgent de discuter l'affaire relative au mandement de M. l'Eveque de Trguier, parce qu'il n'y avait que ce moyen d'nppaiser
rapport,
les troubles etc..
L'Assemble
a adopt le sentiment
pierre
mais
le
de M. Robertsl'Assem-
Etats gnraux.
p.
6.
t.
II.
n 47,
383.
M. de
que
la
soutenir,
sants
Constitution m.me,
a t ajourne.
Le
Nonciateur ou
les
Nouvelles du Jour,
t.
1,
n"
p.
l.
M. de Clermont-Tonnerre a fait alors une motion, tendant ce que l'Assemble consacrt un jour de la semaine au rapport des troubles que le malheur des temps occasionne dans les Provinces. M. de Robespierre et plusieurs autres membres ayant fait voir
que
la
proposition
toit
))
inconciliable
elle a t ajourne.
Correspondance... d'Anjou,
t.
III,
p.
16.
.de Roberspierre s'est oppos . cette motion, en disant des cas urgens dont le rapport ne pouvoit tre recul sans danger dans un temps o l'on savoit qu'une conspiration avoit menac et menaoit peut-tre encore le royaume des plus grands malheurs.
((
qu'il
toit
121
49.
SEANCE
DU
21
OCTOBRE
1789
Le 21 octobre, une dputation de la Commune de Paris vient rendre compte l'Assemble diss troubles survenus, ce jour mme, dans la capitale, l'occasion des subsistances: un boulanger, accus par le peuple, d'avoir mis de ct un certain nombre de pains, a t massacr (1). Les dputs de la Commune demandent que l'Assemble rende une loi martiale et s'occupe de pourvoir aux subsistances 'de la capitale (2). Barnave appuie cette demande, de mme que Mirabeau. Aprs Ption et Buzot, iRobespierre intervient son tour dans
discussion. lAu terme du dbat, Target, au nom du comit de constitution, pr&enta Je projet de Mirabeau lgrement modifi (3) et la loi martiale sur les attroupements fut vote par l'Assemble. En cas de troubles, la municipalit avait requrir les troupes rgles, la marchausse et la garde nationale et s'avancer leur tte pour sommer, par trois fois-, les sditieux de se retirer, aprs quoi la firce des armes \pouvait tre employe, c'est--dire qu'on pouvait ouvrir le feu contre la foule. Pour annoncer l'application de la loi martiale, on arborait le drapeau rouge. Ultrieurement, le populaire insurg, retournant la loi martiale contre le pouvoir, fit du drapeau rouge l'tendard de la rvolte. La Convention rapporta, le 23 juin 1793. la loi de la Constituante.
la
(1) Il s'agit d'un boulanger de la rue du March Palu, nomm Franois, accus d'avoir conserv un certain nombre de pains, et refus de les vendre. Amen l'Htel ide 'ville par la Garde Nationale, il y fut interrog par les reprsentants de la Commune. Mais les femm;es l'arrachrent de leurs mains, et il fut livr au peuple qui l'attendait pour lui donner la mort i. <Cif. B.N., 8" Lb*" 294. Brochure anonyme: Avis aux parisiens sur le meurtre du boulanger Franois > et 8" L,b*" ll&l Dnonciation par le Club des Jacobins d'une feuille imprime en forme de journal contenant une apprciation calomnieuse du rle de la Garde nationale lorB du
;
:
meurtre du boulanger Franois . Kobespierre prtendit en 1792 que iLafayette organisa cette provocation pour obtenir la loi du sang {Cf. son article sur la Fdration de 1792, dans Laponneraye, op. cit., t. Il, p. 36, <iit par
((
G. Walter, p. 658, n. 38). (2) Il y eut en ralit dans la mme sance, deux dputations de la Commune de Paris. La pr,emire n'ayant pas t mandate par la totalit des reprsentants de l'Assemble municipale, une seconde rpara cette irrgularit et reproduisit les vux formuls par la premire.
(3) Cf.
E.
Hamel,
I,
152-154.
122
octobre
1789.
Robert-Pierre s'est cependant oppos la proposition faite d'une loy contre les attroupements sous prtexte qu'il toit cruel a dit que il de faire tirer sur le peuple, parce qu'il avoit faim
...M.
;
tous nos
maux,
les
for-
me
instituer
i!
un tribunal dans
si
Jamais
n'avoit
bien parl
principes...
t.
I,
p.
454.
Roberspierre a beaucoup parl d.'une conjuration qui existe contre la libert publique. On en avoit les preuves, il ne faut plus
((
M.
que
mais
il
les recueillir.
s'il
Il
s'est
fortement
lev contre
la
loi
martiale
faut
du discours de M. Roberspierre,
est
fait
pour
habitans
et
se mettre
du faubourg St Antoine, pour leur plaire et point du tout pour l'Assemble; nation, qu'elle reprsente. Un membre de la
fut tenu de remettre l'Assemble les preuves qu'il pouvoit avoir de l'existence de la conjuration dont il parloit, mais ce membre ne faisoit pas attention qu' la vrit M. Roberspierre soutenoit avec force qu'il existoit une conjuration, mais qu'il vouloit qu'on en rechercht les preuves.
Assemble nationale et Commune de Paris (Perlet), Journal du Citoyen, 22 octobre 1789, p. 5-6. Gazette nationale ou Extrait... t. IV, p. 17.
t.
II,
M.
Roberspierre
s'est
surpass
(4)
:
par
la
libert
de ses penses
et
le
et
l'nergie
((
de
ses
expressions
le
patriotisme
dit,
le
plus
ardent
plus
pur,
nous voici
rigoureuses
a-t-il
messieurs,
arrivs
au terme des
plus
si
preuves et si votre patriotisme pouvoit s'affaiblir, courage pouvoit chanceler, si la terreur pouvoit succder cette hroque fermet que vous avez gnreusement professe... Ah messieurs, tremblez c'en est fait de la libert Franois?*.
votre
! ;
On vient de vous demander des soldats et du pain; les ennemis du bien public ont bien prvu les tristes perplexits dans lesquelles vous alliez tre plongs, elles sont peut-tre leur ouvrage; mais y
(4) Cf.
G. Walter,
p.
88
digs et prpars longtemps rava-mce. Cette sion d'tre en prsence d'une improvisation
123
?
demande une
loi
martiale
C'est com-
me
si
de faim,
sieurs
il
faut
l'gorger.
11
que
Il
s'agit
de remonter
le
source
du mal.
est
question
de
peuple meurt de faim, il faut absolument touffer cette conjuration formidable contre le salut de l'tat; car nous n'en pouvons plus douter, ses ennemis sont nombreux l ce sont des vques, vous en avez la preuve dans un mandement incendiaire qui vous a t soumis (5), ailleurs, ce sont des accapareurs de grains qui, en empchent la libre circulation dans l'intrieur et qui en favorisent l'exportation; par-tout enfin il semble qu'on ait jur d'touffer dans son berceau la libert franoise qui dj nous cote si cher.
dcouvrir pourquoi
;
MM.
pour rappeler
(6),
ont
fait
de grands
efforts
demand
qu'il
sa
motion,
qu'il
fournir
les
Les opinions de l'assemble ne se sont pas trouves universellement conformes cette motion qui a t rejete, et M. Charles de Lameth a annonc qu'il soutiendrait l'assertion de M. Roberspierre.
))
t.
II,
M. de
Robespierre
Ne
donc question
dans
cette
discussion que d'un fait isol, que d'une seule loi ?... Si nous n'embrassons pas la fois toutes les mesures; c'en est fait de la libert, les
dputs de
la
commune vous
et
ont
fait
un
rcit
affligeant;
ils
ont deont
mand du pain
prvu
source,
le
des soldats.
ils
Ceux
subsistances
man-
qu'on A'ous montrerait aux peuples comme sa seule resont prvu que des situations terribles engageraient vous demander des mesures viodentes, afin d'immoler la fois, et vous et la libert. On demande du pain et des soldats c'est dire le peuple attroup veut du pain donnez-nous des solats pour immoler le peuple. On vous dit que les soldats refusent de marcher... eh! peuvent-ils se jeter sur un peuple malheureux dont ils partagent le malheur ? Ce ne sont donc pas des mesures violentes qu'il faut prendre, mais des dcrets sages pour dcouvrir la source de nos maux, pour dconcerter
queraient;
ils
:
;
(5) Allusion au mandement de l'vque de Trguier (cf. sance prcdente). De Cazales, dput de la noblesse du pays de Rivire - Ver(6) dun, Gaure, baronnies de Lonac et Marestaipg (gnralit d'Auch) Rgnier, dput du tiers tat du bailliage de Nancy.
124
la
peut-tre
dans
le
moment o
je
parle
11
ne
faut
nous
laisse plus
dvouement
illustre.
nom-
mer un
((
tribunal
vraiment national.
Nous sommes tombs dans une grande erreur, en croyant que les reprsentans de la nation ne peuvent juger les crimes commis envers la nation. Ces crimes, au contraire, ne peuvent tre jugs que par la nation, ou par ses reprsentans, ou par des membres pris dans votre sein. Qu'on ne parle pas de constitution quand tout se runit pour l'craser dans son berceau. Des mandemens incendiaires sont
publis,
les
provinces
s'agitent,
11
les
gouverneurs
favorisent
I'
'exportail
de rapports;
fauf
des recherches dcouvrir la conspiration, touffer [a conspiration... Alors nous ferons une constitution digne de nous et
entendre
le
comit
qui
de
la nation
l'attend.
))
(7).
Le
Point
p.
du
Jour,
t.
111,
113, p. 399.
t
II,
n 48.
390.
Si nous ne nous rveillons, c'en
les et est
fait
de
la
libert,
disoit
M.
et
Robert-Pierre;
des soldats;
les passions,
dputs de la commune vous demandent du pain pourquoi? pour repousser le peuple, dans ce moment
les
menes de
faire avorter la
rvolution
actuelle.
Ceux
vous;
qui
ils
veulent
l'exciter,
les
ont
feroient usage
contre
coDTimer
un moyen propre vous demander des loix qui pourroient le peuple et la libert quand le peuple meurt de faim, il s'attroupe, il faut donc remonter la cause des meutes pour les appaiser il faut prendre des mesures pour en dcouvrir les auteurs, touffer la conjuration qui nous menace et qui ne nous laisse plus que la ressource d'un dvouement inutile; il faut demander que la municipalit de Pans nous donne toutes les pices qu'elle a il faut nommer un tribunal national, dfinitif et non provisoire il ne faut pas laisser le procureur du roi du chtelet, faire les fonctions de procureurgnral de la nation (8), elle n'a que ses reprsentans ou elle-mme.
seroient
: : ; ;
<7)
n<^
'et
du Jour.
(8) Le 14 octobre 1789, aprs le rapport du Comit des recherches sur l'affaire de M. de Besenvall, l'Asseaibl'e dcida que le Chtelet sera provisoirement autoris informer, dcrter et instruire, jusqu'au jugement dfinitif exclusivement, conformment la loi provisoire rendue pour la rform.ation de la jurisprudence criminelle, contre tous les prvenus et 'accuss du crime de lse-na-
tion
125
pris
pour juges de cette espce de crime. Aprs avoir organis un tribunal dans votre sein, il faudra vous occuper de tous les complots, de ici toutes les trames contre la chose publique et la libert nationale ce sont des vques qui donnent des mandemens incendiaires; l ce
:
sont des
frontires,
il
faut
et celui des recherches, nous donner connoissance de tous les faits que l'on ne nous parle pas tant de constitution; ce mot ne nous a que trop endormis. Souvenez- vous que, pendant qu'on se prparoit faire avorter la libert dans son berceau, on ne cessoit de nous parler de constitution, qui ne seroit qu'une chimre, si nous ne portions
actuels.
t.
V,
p.
120.
:
emport par le patriotisme, a dit (9) Nous sommes parvenus ce terme o notre libert est tout fait acquise ou perdue. La Commune de Paris vous demande du pain et des soldats, ou plutt des soldats et du pain, et pourquoi ? C'est pour repousser le peuple dans ces momens o les passions des grands cherchent faire avorter la rvolution actuelle... On demande des soldats !... Et le peuple se rvolte, demande du pain, nous n'en n'est-ce pas dire avons pas, il faut l'immoler l'un demande une loi martiale, et qui l'excutera ? Sera-ce des soldats citoyens ? Vont-ils tremper leurs mains dans le sang des malheureux dont ils partagent les maux ? Non Ce n'est pas l ce qu'il faut faire il faut prendre les mesures ncessaires pour dcouvrir les traces d'une conjuration qui, peut-tre en ce moment, ne laisse aux bons citoyens que les effprts inutiles d'un dvouement courageux. Je demande un tribunal national, non pas tel que le Chtelet, quelque respectable qu'il soit, car il ne convient pas de constituer le procureur gnral du roi du Chtelet en procureur gnral de la nation. Aprs avoir cr un Tribunal pris dans votre seing, il faut vous occuper de tous les complots, les menes contre la libert natioRobespierre,
((
((
:
:
M. de
nale.
Ici,
ce sont les
mandemens
incendiaires;
Texte reproduit dans le Moniteur, II, 78; dans les Arch. IX, 474, et dans Laponneraye, I, 39; cf. galement: Actes 2 srie, II, 879. On trouvera aussi un cho de cette importante intervention de Robespierre dans les Mmoires du Mar'quis de Ferrires, II, 10; les uvres -compltes de Stanislas de Clermont Tonnerre, II, 197-198; et dans Lacretelle. Histoire de l'Assemble (Constituante, I, 263, de mme que dans A. de Lamet^, Histoire de l'Assemble Constituante, I, 192-194,
(9)
pari.,
0.
de
P.,
126
mandans de provinces qui laissent passer les grains dans les pays trangers. Que Von ne nous parle pas de constitution; ce mot nous a trop
longtemps endormis, ce mot nous a trop retenus dans
la
ltargie
cette
quand
on nous aura
M. de
bspierre est
au berceau. motion tendant ce que M. Robesla preuve de la conjuration. Si elle est dit, elle doit tre dcouverte; si elle n'existe pas, M. Rocoupable. (10).
ravi
notre .libert
la
Comier de Provence,
((
t.
III,
56,
a
p.
5.
Le
projet
de
la
loi
martiale
:
excit plusieurs
arrivs
rclamations...
((
M.
Robespierre
s'est
cri
Nous sommes
un ^erme o
Commune de Pa-
demande du pain
pourquoi
?
et
les
et des soldats, ou plutt des soldats et du pain, C'est pour repousser le peuple, dans ce moment, o passions des Grands cherchent faire avorter la rvolution ac-
tuelle.,.
On demande
il
des soldats!
le
peuple
se rvolte,
lui
moler,
[/ne loi
les
manque du pain, nous n'en avons point, il faut l'immartiale! Qui l'excuterc. ? Des soldats-citoyens tremils
peront-ils
partagent
c'est
les
maux ? Non, ne le pensez pas la seule mesure efficace, nommer un tribunal national, un tribunal pris dans votre sein,
cupe de tous
les
de
qui s'oc-
complots contre la libert nationale. Ici ce sont des (M. de Robespierre dsigne ici le mandement de l'Evque de Trguier fait en obissance d'une lettre du Roi tous les Evques, mais aussi contraire l'esprit de cette lettre qu'
mandemens
incendiaires
l'esprit
du patriotisme
t.
et
de
la religion)...
II,
n''
73, p.
7.
Robespierre entre dans les mmes principes; il di^ que les puissans ennemis du bien public ont prvu ce concours de circonstances, que SI les soulvemens du Peuple viennent de ce qu'il manque de pain, il ne faut pas faire de Loi terrible contre lui, parce qu'elle ne seroit pas excute; qu'il faut remonter la source du mal et s'en prendre ses ennemis; qu'il faut dcouvrir cette conspiration formidable qui ne laisse plus le pouvoir de dfendre la libert. Cherchez
dcouvrir les moteurs,
M.
les
instructions
<10) A quoi le cjmLc de Mirabeau rpondit, d'aprs le meiue iournal Cette expression coupable est indigne d'un membre de l'Assemble Nationale: on peut, sans crime sortir des cercles troits du sang froid dans des circonstances aussi orageuses.
:
127
Mandemens
incendiaires
que les crez un Tribunal de lse-Nation de quelques Prlats y soient proscrits, et vous
;
;
Le Fouet
((
national, n"
7,
p.
6.
On
de
tation voir
le
ces
terribles
Reprsentais
des G>mmunes,
qui
voudroient
demand avec
tre
instance la
les
Membres, dont
les
noms doivent
et
le
MM.
Roberts-Piene
Che-
de Lameth.
29 octobre
1789.
contre
membres, M. de Robespierre entr'autres, s'lvent de loi martiale) et ce dput a soutenu qu'il ne fallait s'occuper que de remonter la source du mal; qu'il fallait rechercher les accapareurs qui empchent la libre circulation dans l'intrieur, et touffer cette conjuration formidable contre le salut de l'tat. On vient, disait-il trs nergiquement, vous dem.ander des soldats et du pain .. {Suit le texte publi par Assemble nationale et Commune
Plusieurs
(le
projet
de Paris
)>
et
Journal de Normandie, 21
octobre
1789, p. 391.
M. de Robert-Pierre a observ que ce n'toit pas contre un peuple qui meurt de faim qu'il faut employer la force d'une loi martiale; mais qu'il falloit dvoiler la trame des conspirateurs, touffer leurs abominables complots, et nommer un Tribunal pour juger ces grands coupables d'une manire clatante.
Journal de
((
Versailles,
t.
I,
n"
52 (suppU.),
p.
392.
a dit que
les
M.
ennemis
de
on
la
libert
amen l'assemble au dernier terme du danger, leurs sordides manuvres. Aujourd'hui, ajoutoit-il,
martiale,
c'est--dire
;
citoyens qui
qu'on veut gorger des que les soldats ne veulent pas marcher eh, qu'iroient-ils faire contre des malheureux dont le crime est d'avoir faim ? II faut chercher dcouvrir la trame qui
loi
demande une
demandent du pain
:
On
se plaint
reste ourdie
contre la nation
il
faut
crer un
tribunal
qu'il
verra
128
L'Ami
13.
M. Robespierre a plaid la cause du peuple avec son nergie accoutume. On avait dj propos la loi martiale sur les instances on proritres d'une seconde dputation des Communes de Paris posait aussi de saisir le Chtelet de la connaissance des crimes de lzenation. Donnez, s'cria-t-1, donnez du pam au peuple et la loi martiale est inutile. Ainsi, d'un ct la famine; de l'autre la flamme et Vous voulez un Tribunal Citoyens, quelle horrible extrmit le fer contre les coupables de lze-Nation. Ah ce n'est point le Chtelet c'est qui doit les juger, puisque l'opinion publique n'est pas pour lui nous cette vrit est trop combattue c'est nous ou ceux que nous
:
de
les
absoudre.
Le Le
Vridique, t. Nonciateur ou
((
II,
n"
62, p.
93.
t.
les
Nouvelles du Jour,
I,
n"
l,
p.
6.
(Il)
M. de
l'impossibilit
Robespierre qui a pris ensuite la parole, a parl de oii toit l'Assemble de satisfaire sur le champ, les
Reprsentans de la Commune de Paris, qui demandoient du pain et des soldats, des soldats et du pain. L'honorable membre a attribu les dsordres qui affligent en ce moment, la Capitale et le Royaume, une conjuration sur l'existence de laquelle il n'a paru avoir aucun doute. Il s'est ensuite lev contre le dcret qui confre au Chtelet de Paris le pouvoir suprme de juger les criminels de lze-Nation.
Des
juges ordinaires,
car c'est tre
a-t-il
dit,
la
se
trouveront
par
juges
de
la
nation;
intrts.
juges
de
Nul n'a
droit
de
le
faire.
elle-mme
109, p.
173.
Robespierre a observ que ce n'toit pas contre un peuple qui meurt de faim qu'il faut employer la force d'une loi martiale; mais qu'il falloit dvoiler la trame des conspirateurs, touffer leurs abominables complots, et nommer un Tribunal national, pour juger ces grands coupables d'une manire clatante.
Courrier national politique et littraire, n 45, p. 35.
M. de
MM.
l'meute
Robert Pierre et Pethion de Villeneuve ont dnonc de ce matin, dont un malheureux Boulanger (reconnu pour
(11) ciateur
Nous reproduisons
comporte
quelques
ici
le
texte
du Vridique,
celui
du Nou-
variantes
dnues d'intrt.
129
victime. Ce dtail rvoltant a ramen l'attendes troupes l'accaparage (sic) des grains que M. Robert Pierre a lis dans son discours; M. Cazales s'est lev et a demand les noms des personnes suspectes; au moins dix Membres l'ont assur d'une seule voix qu*il les verroit bientt, et plulot (sic) que ne voudroient bien des gens; qu'il toit du devoir de l'Assemble Nationale de mettre un frein de tels attentats.
l'indiscipline
Le
Patriote Franois,
((
t.
I,
n"
75, p.
2.
M. de Robespierre a prtendu que la loi martiale ne devoit pas tre rendue dans les circonstances critiques ou la Nation se trouvoit plonge, et il a produit une grande impression, par une ide imposante et sublime au premier coup d'il mais qui manque de justesse.
Lorsque le peuple s'assemble pour demander du pain, a-t-il dit, vous ordonnez par la loi martiale qu'on tire sur lui et qu'on l'assassine. (12)
La
1789, p. 6.
Roberts-Pierre a montr avec force que tous les vnements qui investissent l'ass. nat. ont t prvus, calculs par les ennemis de
l'tat et les conspirations contre la
M.
libert publique.
Il
a manifest des
de
la loi martiale
demand
l'Assemble, et le
meinbij de la municipalit parisienne, soutenait le projet de loi martiale. Par contre des royatrouvaient exagr (cf. Marquis de derrires, Mmoires, I, 354) ; et le peuple rendit hommage l'opposition vhmente de itobespierre (cf. Les K/volutions de Paris, de Prudhomme, n 16, p. 5. Lettre crite au JEldacteur, signe L* 0***, du district de iSaint-Jaoques la Boucherie), dont voici un extrait: ...La motion de M. Hobers-Pierre m'a frappe; ses cris n'ont point t couts; l'loquence fastueuse l'a emport sur l'loquence de la raison, et son nergie a t qualifie d'irascibilit d'amour-propre. Oui, proclamer la loi martiale avant d'avoir tabli un tribunal pour les criminels de lze-nation, est un acte impolitique ou un coup de fles:potisme vigoureux. Ce sont de ces coups terribles qui, quand ce coup toit prvu depuis ils porl^ent. forment une plaie profonde long-tems. M. de Mirabeau l'annonoit afin d'y aiocoutumer nos esprits et le boulanger et les deux hommes excuts le lendemain, sont peut-tre trois victimes qui dvoient le prparer; on n'a produit ces scnes sanglantes que pour avoir occasion de demander la lo; martiale. Si c'est Je hasard qui a produit cette scne, ils en ont profit. Mais on jetta des cartes dans des boutiques et les fauxbcurgs fermentoient la mort du boulanger les a peut-tre servi plus heureusement et plutt qu'ils ne croyoi'P.nt. Je desirerois que vous consigniez dans votre prochain numro la imotion de M. Robers-Pierre, prise dans le Point du Jour, et la rponse de M. de
(12) Brissot,
:
Mirabeau.
Vi.s.-u.:kK.
Il
130
danger d'armer une partie du peuple contre l'autre partie. Il a reprsent que ce qui devoit tout de suite occuper l'Assemble, c'tait de rechercher les auteurs des complots, des conspirations tendans faire avorter le germe de la libert. Il a observ que plusieurs mandemens
semblables celui de l'vque de Treiguier (sic), avoient t publis dans diffrens diocses, que plusieurs dputs en avaient des preuves
crites.
La
vraiment hroque de
M. de
Robert-Pierre a sembl plusieurs membres de l'Assemble l'avoir emport trop loin, et il a t rappel l'ordre, quelques uns mme tel que M. de Casols (sic) demandoient qu'il fut tenu de remettre sur
le champ, sur le bureau de l'Assemble en main du complot qu'il annonoit.
les
))
17,
p.
19.
Il
faut
nommer un
le
s'crioit
M.
Robers-Pierre, dans
laisser
la
ne faut pas
(P.
procureur du roi
nation.
du Chtelet
faire
les
fonctions
de procureur gnral de
37)
il
((
martiale;
M. Roberspierre s'est lev avec force contre la loi a dit qu'il falloit auparavant assurer la subsistance du
a demand qu'on s'occupt tout--la- foi s des
peuple.
M. de Mirabeau
50.
SEANCE DU
22
OCTOBRE
1789
du jour de l'Assemble appelle la continuation du On en arrive la quatriraie condition Payer une imposition directe de la valeur locale de trois journes de travail. (1) .L'abb Grgoire attaque cet article: il redoute l'aristocratie des riches, fait valoir les droits des pauvres. Duport dclare que cet article est contraire la Dclaration des droits de l'homme. Robespierre prend la parole on tour. Malgr ces interventions, l'Assemble adopte pour cette quatrime condition du droit de vote, la rdaction propose par son
:
L'ordre
comit.
(1) (Cf.
vier et
.18
I,
157-158; et c-dessuus
t.
13
I,
p.
468.
On a dcid ensuite conformment au projet du Comit, qu'il payer en imposition directe la valeur de trois journes de travail; c'est peu, c'est trop peu, sans doute; mais on ne peut s'empcher de concevoir un sentiment d'indignation quand on voit un Robespierre s'opposer de tout son pouvoir ce qu'on exige aucune portion de contribution. Vil et dtestable incendiaire, qui croit dfendre !a cause Sans doute, du peuple en l'armant contre ses dfenseurs naturels elle est belle, elle est sublime en thorie, cette ide que tous les hommes ont un droit gal la lgislation, mais qu'elle est fausse dans la pratique et ce qui se passe sous nos yeux en est une grande preuve.
falloit
!
!
Le Point du
Jour, n"
114, p.
t.
II,
M. de
Robespierre
Tous
citoyens,
quels
qu'ils
soient,
ont droit
de prtendre
de
reprsentations.
Rien
n'est
plus conforme votre dclaration des droits, devant laquelle tout privilge, toute distinction,
titution
La
cons-
dans le peuple, dans tous les individus du peuple. Chaque individu a donc droit de concourir la loi par laquelle il est oblig, et l'administration de la chose publique, qui est la sienne. Sinon, il n'est pas vrai que tous les hommes sont gaux en droits, que tout homme est citoyen. Si celui qui ne paie qu'une imposition quivalente une journe de travail, a moins de droits que celui qui paie la valeur de trois journes de travail, celui qui paie celle de dix journes, a plus droit que celui dont ds-lors celui l'imposition quivaut seulement la valeur de trois qui a cent mille livres de rente, a cent fois autant de droits que celui
tablit
que
la
souverainet
rside
qui
Il
rsulte
que chaque citoyen a le droit de concourir la loi, et ds-lors celui d'tre lecteur ou ligible, sans distinction de fortune. (2).
Courier national (Beuvin),
((
t.
II,
100, p. 6.
ne pouvoit concevoir l'insuke que l'on faisoit la classe des citoyens pauvres, de les exclure des Assembles primaires ou Nationales, parce qu'ils ne payoient pas une certaine contribution, mais est-il bien de votre pouvoir de l'exiger ? et comment vous concilierez- vous avec vous-mmes, avec cette dclaration des droits de l'homme et du citoyen ? Avec ces magnifiques
Robertspierre a dit
qu'il
M.
(2)
pari.,
Texte reproduit dans le Moniteur, II, 81 IX, 479; et dans Bucbez et Roux, III, 213.
dans
les
Arch,
132
principes que
tous
hommes
sont
vous allez leur en substituer d'autres de l'injustice la plus rvoltante, puisque vous dcrtez que l'homme qui a cent mille livres de rente, est cent mille fois plus citoyen que l'homme qui n'a rien. Les cris d'une partie de l'Assemble ont forc M. Robertspierre se taire, et
trs
vifs
t.
V,
la
p. 49.
M. de
sur
la
cause du pauvre,
:
il
s'est
appuy
ne
de l'homme
il
a dit que
rien
admettre une distinction fltrissante, qu'un homme parce qu'il contribuait moins qu'un autre, n'en tait pas moins franois, moins citoyen; il a distingu entre droit civil et droit politique.
devoit
faire
Tout homme
s'il
donc cent mi'le Les inconveniens de politique ne doivent pas .Tii'.itwr contre les droits sacrs de la nature. Vous n'avez donc pas le droit de fixer une quantit de revenus pour avoir la qualit d'lecteur.
livres
100.000
de rentes
seroit
27 octobre
1789.
M. Robertspierre a dit qu'en excluant les pauvres, on tombait en contradiction avec cet article de la Dclaration des Droits Tous les hommes sont gaux en droits . Les cris d'une partie de l'Assemble ont forc .Robertspierre descendre de la tribune, au grand regret de Tautre partie, qui l'entendait avec le plus vif intrt.
((
:
)^
Assemble
nationale (Extrait
du Journal de
traiter
Paris),
t.
I,
n 16, p. 227.
tendue.
qui,
M. de
Robespierre a voulu
la
question avec
les
On
on
alloit
parler pour
pauvres,
il
On
il
lui
a coup la parole,
la
l'a reprise;
coupe encore;
))
est
descendu de
voulu y remonter.
(3)
(3) Cf. Lettre de Robespierre Bussart, reue le 9 novembre (G. Miohon, p. 58) Ces dispositions (concernant le droit de vote) sont l'ouvrage du iParti aristocratique, de l'ulssemble, qui n'a pas mme permis aux autres de dfendre les droits du peuple, et a constamment touff leurs voix par des clameurs de manire que la plus importante de nos dlibrations la t arrte sans discussion, dans le tumulte, et emporte comme ipar violence.
:
:
133
La
Sentnee du peuple,
23 octobre 1789. p.
6.
a dfendu la mme cause avec ce zle si reconnu en lui pour la partie des citoyens la plus indigente, la plus digne de la protection des loix, et il a invoqu en leur faveur l'article
M.
Robert-Pierre,
de
la
oii
il
est
dit
que tous
les
hommes
sont
libres et
gaux en
droits.
))
Journal de
Versailles,
t.
1,
n"
53, p. 395.
la
M. Duport
l'a
a appuy
motion de
M.
Grgoire, et
M. Ro-
bespierre
51.
SEANCE DU
29
OCTOBRE
d'ligibilit
1789
L,e dbat s'engage sur la question de la contribution ncessaire pour tre nomm reprsentant l'Assemble nationale. Le comit do constitution propose la vaLeur d'un imarc d'argent. Aprs une intervention de Ption, .Ramel-Nogaret demande que l'article excepte les 'fils de famille dont les pres paient l'imposition. Le raipporteur du comit de constitution admet cet aimendement, que sou-
d'argent
fuse
article
amende
d'abord la rdaction de son comit, ainsi contribution directe quivalant un marc proprit foncire quelconque. Beaucoup contre cet article ; la parole leur est r-
(1).
Barre reprend l'amendement de Ramel-Nogaret, il propose un spar: Seront excepts du prsent article les fils de famille dont les pres possdent une proprit foncire quelconque, et paient la contribution prescrite . Il est appuy par Gart le jeune. Robespierre prend alors la parole. La discussion fut ajourne, aprs les interventions de Mirabeau, <lo Charles Lameth, de iGarat l'an, au mardi suiv,ant 3 novembre.
t.
II,
n 33, p. 261.
M. de
c'est
famille,
droit
crit
Robespierre. Faire une exception en faveur des fils de une exception sans motif, car les fils, qui en pays de (2), ne possdent rien, sont dans le mme cas que les ci-
talot,
Ci) Cf. sance prcdente, note 3, et E. Hamel, I, 159. Lousdans le n" 17 des iRivolutions de Paris, s'leva fortement contre ce dcret. Cf. sance du 25 'janvier 1790 et discours imprim
(avril
(2)
1791).
rest en vigueur
dans
le
Midi.
134
Ds
lors
que vous avez confirm votre dcret, injurieuse une grande partie des
habitans de ce royaume.
t.
V,
p.
256.
t.
III,
p.
21.
M.
:
il Gart prononc un dcret, a-t-il dit, et il faut le respecter; si les fils de famille ne sont pas propritaires, ils n ont pas le droit de se plaindre. Il semble que M. Robertpierre a fait ici une ptition de prin:
Robertpierre a pris ensuite la parole pour rpondre M. Vous avez s'est lev avec raison contre toute exception
cipes.
M. de
rire
(sic)
Robessepierre a combattu l'amendement de M. Barde Vieuzac, par une observation qui est une critique du
Dcret port contre son avis. Cette exception, a-t-il dit, stipule en faveur des fils de famille, serait injurieuse pour les autres citoyens que vous avez exclu de la reprsentation.
Le
Courrier de Paris ou
((
Le
Publiciste Franois,
t.
1,
n"
18, p.
Il
146.
M.
a
la
soutenu
qu'elle dtruiroit
entre
les
diffrentes
familles
de
mme
contre et que
filles,
pre de famille qui n'aurolt qu'un fils, ou que des quoique payant la mme contribution que son voisin, pre de
tel
aurolt
Il
Assembles
politiques.
raisons
contre
Le
Point du Jour,
t.
III,
p.
494.
M.
:
famille
<(
Robert-Pierre s'est dclar contre l'exception des fils de La chose est juge disoit-il l'assemble a dclar avoir
Heu dlibrer,
(La discussion
est
il
objet.
Assemble nationale
Commune de
t.
Paris (Perlet),
t.
II,
n 87, p.
7.
II,
107, p. 7.
M. Robertspierre a prtendu que l'exception demande seroit une inconsquence et une injure faite la classe des Citoyens qui ne jxyunoient pas payer la contribution exige.
(3)
pari.,
le
Moniteur,
II, 198; et
dans
les
Arch.
135
Je Paris,
30 octobre
1789.
Petlon de Villeneuve, l'Abb Grgoire, le Comte de Mirabeau, Target, Barere de Vieuzac, Gart le cadet et Gart l'an, Barnave, le Comte Charles de Lameth, Robespierre, etc., soutenaient par divers motifs que le dcret n'tait pas rendu et qu'il tait impossible qu'un tel dcret dshonort la Constitution d'un peuple qui
regarde la libert
MM.
comme
le
droit
de tous
les
hommes.
42.
Robespierre l'a combattue (4), et M. de Mirabeau entreprenoit de la dfendre, lorsqu'on lui a oppos que la discussion toit ferme.
M.
Courier Franais,
t.
III,
M. M. de
Roberspierre...
rclam
droit
de
la
chose
juge.
(4)
La motion de Barre.
52.
SEANCE DU
NOVEMBRE
1789
(l) Tl adressa aux Affiches d'Artois une lettre rectificative que ce journal publia dans on n 2 du 4 dcembre 1789. Ce texte nous permet de connatre -avec prcision la position de Robespierre sur la scularisation des_ biens du clevg. Au reste, crit-il, s'il faut faire ici ma profession de foi, la voici: convaincu, avec tous les hommes raisonnables et dsintresss, de cette vrit que le clerg n'est point propritaire, qu'il n'est pas bon, ni pour la religion, ni pour l'tat, ni pour lui mme qu'il le soit, je dclare que je
m'opposerai toujours, autant qu'il sera en moi, tout emploi des biens ecclsiastiques, qui seroit contraire soit au bien gnral de la Nation, soit aux droits particuliers de la province que je reprsente. I^ reprendra cette ide la sance du 18 janvier 1790. Ds le 11 aoiit 1789, l'avocat Guffroy, d'Arras, 'avait publi une brochure intitule Offrande la iNation, dans laquelle il dmontrait que tous les biens du clerg axvpartenaient la nation .
136
rat laisment, M. de Beaumetz (2) qui prit part ce dbat clbrie, cherchant dj, cette date, saper par tous les moyens la popularit de Robespierre en Artois, o le clerg possdait d'importan-
tes proprits
'(3).
Courier Franais, t. III, n" 121, p. 269. (4) Affiches d'Artois, du Boulonnais et du Calaisis, n" 46, p. 420.
que
les
...M. Robertspierre n'a dit qu'un mot sur cette matire, c'toit provmces belgiques ne s'opposoient pas, comme on l'assuroit,
toit
l'alination des biens d'Eglise, puisqu'il d'Avesnes, qui demande cette vente.
porteur
d'un cahier
Sb (2) Briois de Beaumetz, dput de la noblesse d'Artois. interventions taient cites avec complaisance par les Affiches d'Artois,
() Of.
du
26
ci-dessous intervention de Robespierre, dans la sance janvier 1790 (texte du Journal des Etats Gnraux de Le
:
Hodey).
(4) C'est le journal rdig par Poncelin de la Roche Tilhac. Les autres journaux n'ont pas cit le nom de Robespierre (cf. Correspondance d'Anjou..., t. III, p. 78: Un dput des provinces belgiques a oppos aux riaisonnements faits en leur faveur l'expression de son cahier qui porte textuellement que les biens du clerg seront vendus, pour le produit tre employ l'acquittement de la dette ) ou bien, comme le Courier de Madon (n 2), ils ont restitu l'intervention ison vritable auteur k M. iDarche n'a rpondu que deux mots, et a rfut toutes les phrases sonores de M. de Beaumetz Je suis. Messieurs, dput d'une des provinces Belgiques, et mon cahier (de Marienbourg) m'enoint expressment de demander que les biens ecclsiastiques soient vendus. Cf. galement G. Walter,
;
: :
p.
139-140.
53.
SEANCE DU
NOVEMBRE
d'ligibilit
1789
Lors de la discussion sur les conditions d'ligibilit, le 29 ocun amendement de Ramel-Nogaret, tendant ' exempter les da famille de l'obligation du marc d'argent, ""avait t ajourn. \Le dbat reprit sur cette question, le 3 novembre. E. Hamel (1,169) attribue Robespierre l'interrogation suivante 'Si tout est jug oui ou non pour les fils de faimille comme pour les autres citoens {Arch.nat. C 32, 275, pice 18). Nous nous sommes report l'original cit par Hamel, que rien ne permet d'authentifier. Il ne porte en effet aucun nom, et, qui plus est, l'criture ne parat offrir qu'une ressemblance trs lointaine avec celle, bien connue, de Rotcbre,
fils
:
bespierre.
137
54.
SEANCE DU
17
NOVEMBRE
1789
(soir)
MeTZ
A la fin de La sance du 16 novembre, le prsident fit lecture d'une lettre du garde-des-sceaux, accompagnant l'envoi d'un arrt du conseil, par lequel \g roi cassait un arrt du Parlement de Metz. Par cet arrt, le Parlement de Metz ordonnait pronavisoirement l'enregistrement du dcret de l'Assemble tionale du 3 novembre, qui portait que tous les parlements du royaume continueraient ' rester en vacances (1). Au lieu d'enregistrer purement et simplement le dcret, le Parlement de Metz protestait son encontre, croyant ne pas reconnatre dans le dcret de l'Assemble inationale du 3 du courant et dans la sanction du roi qui y est jointe, le caractre de libert ncessaire pour rendre les lois obligatoires ; il n'ordonnait l'enregistrement que pour prvenir de plus grands maux et jusqu' ce que l'opinion du peuple franais soit fixe sur cet
objet
.
La discussion de cette affaire est renvoye la sance du novembre au soir. Le vicomte de Mirabeau, admettant qu'il soit possible que
quinze mille
aient
17
les
hommes qui sont alls inviter le roi venir Paris, paru le forcer s'y rendre i(les 5 et 6 octobre), propose que le Parlement de Metz enregistre puremjcnt et simplement le dcret du 3 novembre, -et que pour rassurer les provinces, l'Assemble, par un dcret, reconnaisse qu'elle est libre. Un dput (2) demande que la parole soit interdite au vicomte de Mirabeau pendant trois mois, attendu que son discours est irrespectueux. Cette motion donn,e lieu un dbat, dans lequel Robespierre intervient en faveur de la libert des opinions. Finalement, l'Assemble manda la barrie les membres du Parlement de Metz, qui assistrent la sance du 12, pour y rendre compte de leur conduite, ordonna l'enregistrement pur et simple, et envoya son prsident remercier le roi de la promptitude apporte par lui, rprimer (les carts du Parlement de Metz.
Journal de Duquesnoy,
t.
II,
p.
56.
Robespierre faire la trs ingnieuse pigramme de demander l'impression du Discours de M. de Mirabeau pour prouver qu'on pouvait impunment tout dire dans l'Assemble
a vu avec plaisir
(1) Les Parlements ne pouvaient esprer survivre la Rvolution (cf. Lettres de Robespierre Buis&art, des 23 juillet et 9 nocf. galement vembrie 1789, publies par G. Michon, I, 49 et 57)
;
On
M.
i:.
Hamel,
(2)
I,
160.
Lavie, dput
du
tiers .tat
du
.bailliage
de Belfort et Hu-
ningue.
138
...Il
1789, p. 247.
de ce
la
sin-
gulier
incident,
lorsqu'on
vit
M.
de
Robespierre
l'aptre
de
la
monter clmence.
tribune.
s'atten-
On
on fut surpris de l'entendre dire que l'assemble toit libre, que chacun devoit jouir dans son sein d'une pleine libert, et que la meilleure rponse faire ceux qui supposoient que quelques uns des membres se trouvoient dans un tat de contrainte qui enchainoient leurs opinions, c'toit d'ordonner l'impression du discours du Vicomte de Mirabeau. Cette ironie ingnieuse commena calmer les esprits.
sa part;
Le
Nonciateur ou
les
t.
Nouvelles du Jour,
I,
t.
I,
n 27, p. 211.
Courier de
Madon,
p.
165.
M. Robespiene
observ
qu'il
ne
falloit
pas
s'occupper
que pour prouver qu'on toit libre, il ne falloit que faire imprimer le discours de M. de Mirabeau et nullement svir contre lui; la publicit de l'impression, ditil, fait taire les dtracteurs, et justifiera en mme-temps, l'indulgence de l'Assemble l'gard du motionnaire . M. de Mirabeau a enfin fini la lecture de son discours; mais le mouvement de l'Assemble l'a dtermin en supprimer une grande partie, et l'Assemble, d'aprs l'avis de M. de Robespierre a paru tout coup se calmer, elle ne s'est plus occuppe d'un vnement qui avoit dj consum trop d'instans prcieux et l'on a repris la discussion de l'affaire du Parlement de Metz.
aussi
inconsidr,
))
Correspondance d'Anjou...,
t.
III,
p.
149.
Roberspierre prenant la parole a dit, qu'il pensoit qu'une libert entire devoit rgner dans l'Assemble; que chacun de ses membres devoit y donner ses opinions dans tout leur force et toute leur tendue, et que loin de rappeller M. le Vicomte de Mirabeau
l'ordre, si l'Assemble croyoit devoir attacher son discours l'importance d'une dlibration, son avis toit que ce discours ft impri-
M. de
m, comme une preuve non quivoque de l 'extrme libert qui rgne en effet dans l'Assemble. Cette proposition a ramen le calme, et
l'on a repris la discussion.
II,
n"
127, p.
2.
M. de
Robert-Pierre a mont
la tribune
ne
pas faire attention aux discours de avoit mcontent, que cela toit au-dessous de
falloit
la
la
qui
de l'Assem-
139
punir de
On
Ddaigner les dires de M. le Vicomte de Mirabeau, c'toit les la manire la plus douce, et en mme temps la plus forte. a pris ce parti. La rumeur a cess et d'autres membres sont monts
la tribune.
L'Union ou
((
le
Journal de la Libert,
20 novembre 1789, n
8.
ayant propos de dcider la question pralable, y avoit lieu dlibrer sur cette motion; MM. Bion (3) et Robertspierre s'y sont opposs le premier en demandant que le discours de M. le Vicomte ft dpos sur le bureau pour tre jug par l'assemble; et le second en disant qu'il falloit ordonner l'impression du discours, afin de montrer jusqu' quel point on toit libre dans l'Assemble Nationale.
c'est dire s'il
:
Quelqu'un
Le
Point du Jour,
t.
p.
203.
On
M.
Robert-Pierre n'adop-
motion contre M. le vicomte de Mirabeau. Il a invoqu avec succs les grands principes de la libert, et il a demand l'impression de son discours comme une preuve de la libert de penser qui rgnoit dans l'assemble; alors M. Lavie a retir sa motion, en disant que l'impression toit une peine suffisante
toit
ni
21
Journal gnral de
l'Europe,
Robertspierre a propos l'impression du discours de Mirabeau, comme le moyen le plus propre prouver la libert d'opinions qui rgne dans l'Assemble.
M. de
M. de
Bulletin
de l'Assemble nationale,
t.
II,
n"
98.
M. de
que
le
discours
prouver la
n'adopte aucun de ces avis et propose de M. le vicomte de Mirabeau soit imprim afin de libert de l'Assemible. (4),
Robespierre
((
liois,
Bien, dput du tiers tat de la snchauisse du Loudii Loudun. (4) Texte reproduit dans les Arich. pari., X, 81 ,avec une lgre variante, dans le Moniteur, II, 194, let dans Buohez et Roux, III, 338. Cf. Louis Blanc, Histoire de la Rvolution, J, 442.
(3)
140
55.
SEANCE DU
18
NOVEMBRE
1789
nationale,
94, p.
6.
le
M.
Robespierre expose
dterminent penser
Assembles nationales doivent tre composes au moins de mille dputs; il est persuad que plus elles seront nombreuses, plus l'intrigue aura de peine s'y introduire, et plus la vrit paratra avec clat. Les mmes raisons lui font croire que le nombre des lecteurs doit tre plus grand que le comit ne le propose. (2) que
les
Le
Point du Jour,
((
t.
IV, n
139, p.
215-216.
Robert-Pierre dsiroit que les assembles fussent plus nombreuses, pour tre plus libres, et plus incorruptibles. La vertu, disoit-il, n'a pas besoin d'tre entoure de tmoins, mais la corruption a besoin d'un grand nombre de surveillants. Je voudrois mille dputs l'assemble nationale, et qu'aucune assemble des lections ne ft jamais moindre de trois cents, n
Journal des Dbats,
((
M.
t.
III,
n*^
97, p. 8.
de Robespierre a dit que le but des Assembles est moins d'expdier les affaires que de les bien faire, que sous le point
...M.
et
d'utilit,
pour maintenir
la
force et
le
les
Assembles Nationales, il faudrait les composer d'environ mille personnes, et les Assembles de dpartement, de 300 votans.
Suite des Nouelles de
Versailles,
18 novembre
1789, p. 6.
...M. de Robespierre, persuad que c'est du sein des bles nombreuses, que s'lve la libert, avoit demand que
bre des Dputs l'Assemble Nationale, fut port Cette motion n'a t ni appuye, ni contredite.
(1) Cf.
(2)
le
Assemnommille.
jusqu'
E.
.
Hamel,
I,
pari.,
166. le
Moniteur,
II,
197; et
dans
les
Arch.
141
SEANCE DU
19
NOVEMBRE
1789
L'Assemble nationale continue la discussion sur le projet de rforme administrative. Aprs que divers articles eurent t adopts, le rapporteur donne lecture de l'article suivant: L'Assemble administrative de chaque dpartement sera compose de trentesix
membres.
Barnave soutient ce projet. Robespierre propose que le nombre des administrateurs soit port quatre-vingts, et Defermon, soixante-douze (1). Il L'Assemble dcide qu'il n'y avait pas lieu dlibrer eur les amendements, et dcrta l'article du Comit.
Jomnal des Etats gnraux (Le Hodey), t. VI, p. 51. Etats gnraux. Assemble nationale (Audran, Rennes),
sans entrer
t.
III,
p 194.
dans tous les dtails d'co ...M, de Robespierre, nomie qu'il regardoit comme au-dessous des considrations propres conserver la libert des citoyens, vouloit qu'on augmentt le nombre
des administrateurs, et qu'il ft port jusqu' quatre-vingts, prtendant que les assembles nombreuses sont constamment l'appui de la libert, qui devoit tre le principal objet des dmarches de l'Assemble.
p.
305.
tages,
...M. Roberspierre. Les propinans se fondent sur deux avanl'conomie et l'expdition des affaires; ils sont prcieux, je
mais ils doivent cder de plus hautes considrations. peuple qui veut se rgnrer, qui veut fonder sa libert sur la destruction de toutes les aristocraties, doit songer dfendre les droits
l'avoue,
Un
du peuple.
Il faut donc qu'il ait le plus grand nombre de surveillans et de dfenseurs. Je demande que, bien loin de restreindre le nombre
t.
I,
n 95, p. 3.
M. de Robespierre. II faut sacrifier la considration de l'conomie l'avantage essentiel de multiplier les soutiens et les dfenseurs du Peuple. D'aprs cette vue, loin de demander la rduction du nombre 36, je pense qu'il doit tre port 80. (2)
(\) Cf.
E.
Hamel.
166. le
Moniteur,
IJ,
204
et
dans
les
Arch.
142
Le
(Perlet),
t.
II,
108, p. 4.
rgnrer et fonder
de Robert spierre a observ qu'un peuple qui vouloit se la libert sur la ruine de toutes les aristocraties, devoit se donner le plus grand nombre possible de dfenseurs, en consquence de ce principe, il a propos de porter 80 le nombre des membres de l'administration de dpartement.
Versailles,
28" sance,
p.
2.
l'me du Peuple, a soutenu qu'il ne pouvoit tre protg d'une manire efficace, que par un grand nombre de dfenseurs; il a demand en consquence, que le nombre des Administrateius de chaque dpartement soit port 80.
...M.
de Robespierre,
toujours
Annales patriotiques
((
et littraires,
et
n 49, 20 novembre
(sic)
1789.
MM.
Robespierre
et le
Fermond
ncessaire
soutiennent qu'un
les
nombre
leur
considrable de
votants est
dans
assembles pour
donner l'nejgie
Journal de
Versailles,
t.
I,
466.
Les autres, tels que Robertspierre, remarquoient que les petites Assembles toient l'cueil de la libert, tandis que les grandes en
toient
l'asyle.
Le
Patriote Franois,
((
t.
I,
104, p. 2.
Barnave a soutenu que l'esprit public ne se montroit que dans les assembles nombreuses; que de petites dirigeoient toujours les petites assembles. 11 a vot pour le nombre 36. Il falloit, d'aprs ces raisons voter, comme Robespierre, pour 80, ou comme M. Fermond (sic), pour 72.
))
M.
L'Union ou
le
8,
20 novembre 1789.
fait
Le danger de
corruption
du
petit
nombre a
opiner
M.
Barnave pour les 36 membres proposs... mais aussitt l'esprance d'augmenter les avantages du grand nombre a port M. Robert-Pierre lever le nombre des membres jusqu' 80...
Journal des Dbats,
t.
III,
n' 98, p. 3.
ont
...MM.
de porter
de
le
Robespierre...
propos:
le
premier
(Robes-
pierre)
nombre
80.
t.
143
II,
n 4, p. 336.
Le Nonciateur ou
les
Nouvelles du Jour,
t.
I,
n 29, p. 227.
M. de
Robertz-Pierre, a
demand
quatre-vingts membres,
Le
7, p.
100.
il
(3).
parot
M. de
motion.
falloit
les
payer.
On
ri
que de la
(3) Il
-vis
semble que, ds cette poque, l'attitude de Gorsas visde Robespierre, ait chang. Il le cite rarement et avec une
certaine m'alveillance.
57.
SEANCE DU
19
NOVEMBRE
1789
(soir)
novembre 1789, les Etats du Cambrsis, sensiblement des justes alarmes qu'inspirent quelques arrts de l'Assemble nationale , ne voulant pas consentir k< la destruction (les franchises du Cambrsis et l'anantissemient des droits des propritaires, avaient dclar ne pouvoir donner aucune renonciation leurs capitulations, dsavouer celle qui pourrait avoir t faite en leur nom i, et avaient proclam les pouvoirs des dputi du Cambrsis \k l'Assemble nationale, nuls et rvoqus. Cette dclaration manait en fait du Bureau Renforc des Etats du Cambrsis, compos de .six ecclsiastiques, de six nobles et de trois maires. Elle fut lue l'Assemble le 17 novembre (1). E<Ue vint en discussion le 19 au soir. Treilhard engagea le dbat: l'arrt est illgal, il doit tre dclar nul. L'Abb Maury dclara s'abstenir de donner son opinion, faisant simplement remarquer que le trait de Nimgue garantissait les biens ecclsiastiques et les capitulations du Cambrsis. Robespierre prit la parole aprs l'Abb Maury. Barnave, Le Chapelier, Alexandre de Lameth, intervinrent leur tour. L'affaire fut une nouvelle fois ajourne (2).
Le
9
affects
<l) Arch. nat., D XXIX bis 3, <{. 40, p. 11. Lettre d'un lecteur de Cambrai dnonant une assemble illicite provoque par le bureau permanent de l'administration des Etats du Cambrsis, la circulation de billets injurieux pour l'Assemble nationale (16 no-
vembre
Hamel,
I,
164.
144
Le 24 novembre au soir, l'Assemble adopta la motion prsente par Barnave, dclarant nuls et attentatoires la souverainet nationale, l'arrt et la dlibration du Bureau Renforc des Etats du Cambrsis, suppliant le roi de donner les ordre" ncessaires, pour fair^e rentrer dans le devoir les membres de ce bureau, et faire excuter dans le Cambrsis, les arrts de l'Assemble nationale.
Le
/le
111-113.
d'entendre Robetz-Pierre mais il me semble
je viens
MM.,
que
discours loquent
de M. l'Abb Maury
(c'est
M. de
savante dissertation,
tomb dans une lourde erreur de fait, quand il s'est donn tant de peine, tant de fatigues, pour dfendre la Province de Cambrsis; en effet, MM., ce n'est point du tout de la Province du Cambrsis dont il s'agit ici; la Province du Cambrsis n'est point inculpe, n'est point accuse; elle n'a donc pas besoin d'tre justifie; elle n'a donc pas besoin d'tre dfendue. Il s'agit uniquement, MM., d'examiner et de juger (si cela en vaut la peine) une simple dlibration, ou si vous voulez, un acte de folie d'un simple corps le
plus inconstitutionnel,
le
plus aristocratique...
plaise
A
(*),
doute
Dieu ne
natio-
soirement battu des mains, et avec assez d'indcence pour qu'on leur
ils
se sont tu un
puis dix
minutes de tapage;
enfin
l'opinant
a pu
reprendre la parole et -peu-prs se faire couter. (( Il a prouv que les lumires qui toient rpandues dans toute
la France n'avoient pas pu pntrer encore les tnbres renforcs du Bureau du Cambrsis. Leur ignorance, MM., est tout leur tort, et l'ignorance n'est point un crime gardons-nous, ah gardons-nous bien de les mander la barre de cette Assemble; la faute qu'ils ont commise ne vaut pas la peine que nous prendrions les punir; ils ont pch par ignorance, il faut les plaindre; ils sont ignorans, il faut avoir piti d'eux et les instruire... Les seuls vritables Reprsentans du Peuple du Cambrsis sont les Membres qui sigent au milieu de nous; ce sont leurs
; !
lumires qui
invitons-iles
les
ont
fait
choisir
par
leurs
respectables
Concitoyens;
;
de prceptoriser un
tant soit
peu ce Bureau
n'y
avoit
renfcnrc (**)
(*)
On observera
Ce
peut-tre .qu'il
personne
(note
du
journaliste).
renforc a j^e ne sais quoi de pittoresque depuis La Fontaine, qui prte singulirement l l'ignorance (note du journa(**)
liste).
LES DISCOURS DE ROBESPIERRE
invitons-les,
claire,
145
en consquence, crire tous ses Membres une lettre lumineuse qu'ils puissent la comprendre; que cette lettre soit imprime et publique, et qu'elle leur retrace les principes de la saine raison, dont ils se sont carts sans le savoir, et du bien public dont ils ne demanderoient, sans doute, qu' s'occuper; et qu'ainsi ils soient ramens des ides plus saines et des sentimens plus patriosi
si
tiques.
t.
II,
n" 98, p. 6
(3).
dans un grande eneur de fait, il justifie les Etats de Cambrsis, qui ne sont pas accuss; il s'agit seulement d'une commission renforce, qui prend Robespierre
:
M. de
M.
l'abb
Mauiy
est
tomb
Je titre
pompeux
d'Etiats.
L'arrt
de quelques
l'mdignation mais ce sentiment se change en piti, lorsque j'examme quels sont ses auteurs: et il me purat tout naturel que ce bureau renforc, vraiment aristocratique, ait cru pouvoir opposer son impuissante faiblesse la force de la nation, qui fait celle de
vos
dcrets.
pire d'abord
(Le
mot
aristocratique
excite
beaucoup
:
de
mouvement
dans l'Assemble. Plusieurs membres applaudissent en signe d'improbation, d'autres applaudissent parce qu'ils approuvent M. le Prsident rappelle les uns et les autres l'ordre et l'orateur continue.)
Ce
Il
par le peuple, sans que le peuple ait t conen vertu des fonctions qu'il tient d'un rgime dont ce mme peuple a voulu que la destruction ft demande. On vous invite dployer la rigueur de la vengeance nationale contre un bureau illgal et inconstitutionnel on propose de mander la barre les membres qui le composent. Ils sont moins coupables qu'ignorants, ils n'ont pu se dpouiller encore des prjugs gothiques dans lesquels ils ont vcu. Les sentiments de justice et d'honneur, la raison et le patriotisme n'ont pas encore pntr jusqu' eux. Ce sont des orgueilleux qu'il faut humilier, des ignorants qu'il faut instruire. Notre piti et notre justice exigent seulement que nous autorisions les Dputs des Communes de cette Province faire une Adresse aux iMembres du Bureau lenforc du Cambrsis pour travailler leur instruction et les rappeler la raison et au patriotisme qu'ils ont galement mconnus. (4).
sult.
des dputs
nomms
agit
(3) Texte reproduit dans le Moniteur, II, 206. Par contre, Bchez et Roux, III, 341, ne donne que cette simple -mention, d'ailleurs errone: Robespierre, au reste, avait propos d'carter cette question, et de laisser aux municipalits le soin de faire l'ducation de ces prtendus Etats. (4) Arch. nat., C 32, 276 A et B. Texte autographe de la ino" charger les dputs de la province du tion Cambrsis d'crire
^<
:
\\.iiiKsrii;iviu:.
12
I
146
Journal de Paris, 21
prise d'abord avec beaucoup un autre caractre aux yeux de l'Assemble Nationale. M. de Robespierre de qui on attendait un peu plus que de la force, a donn une tournure presque gaie cette affaire il a opin pour la douceur et pour l'indulgence, il est vrai que cette douceur tait du mpris et cette indulgence de la piti, et il est douteux que cette manire de faire grce soit de la clmence. Apres avoir fait sentir combien l'arrt des Etiats du Cambrsis est illgal, puisque ces Etats n'ont ni mission ni droit pour se mler de la lgislation de leur Province; combien il est criminel puisqu'il attaque la vritable puissance lgislative de leur Province et de la Nation entire, M. de Robespierre, par un retour de rflexion, n'a pu voir dans une si grande audace, de la part de quelques particuliers que l'excs de la folie
du Cambrsis,
de chaleur, a
ou l'excs de l'ignorance, on l'clair, on ne chtie pas la folie, on la traite par des remdes doux. M. de Robespierre a conclu ce que les Dputs du Cambrsis l'Assemble Nationale, dans une adresse leurs Etats leur apprissent combien on est loin des maximes
aristocratiques
et
gothiques
qu'ils
veulent
faire
revivre,
les
missent,
de ces principes d'galit et de justice universelle sur lesquels s'lve le nouvel difice de l'Empire Franois, ce que Sa Majest ft supplie de veiller ce que le peuple du Cambrsis qui doit tre indign contre les Etats de cette Province, ou plutt contre les particuliers qui en usurpent le titre, ne voult les
autant qu'il est possible au cours
punir lui-mme.
Le
Point du Jour, t. IV. n 140, p. 226-227. Gazette nationale ou Extrait..., t. III, p. 242.
((
(6).
voyant cette opinion plus diplomatique qu'oratoire, ne diroit-on pas que M. l'abb Maury a oubli les fameux arrts du 4 aot>...
En
Aussi
le
M.
Robespierre
objet
a-t-il
de vue
principal
de
la
discussion,
aux auteurs de l'arrt pour lui retracer les principes de la raison et de l'intrt public qu'ils ont mconnus et de les exhorter
adopter triotiques.
deg ides plus raisonnables et des sentiments plus p;i [Sign :] de JRobespierre. Affiches d'Artois se contentrent de reproduire le dbut et On trouvera le mme extrait partir de iM. de Robespierre par un retour de rflexion , dans Assemble Nationale, Extrait du Journal de Paris , t. 1, n" 32, p. 442. (6) Texte reproduit dans les Arch. pari., X, 123.
(5) Les la fin.
147
dit, de la province de Cambrsis, mais de son bureau renforc vraiment aristocratique. ce dernier mot des applaudlssemens et des murmures ont clat la fois, et les diffrentes sensations qu'il a et
interrompu quelque temps l'orateur, qui a repris ainsi : premier coup d'il on ne peut se dfendre d'un mouvement d'indignation contre ces hommes qui, sans qualit lgale, ont os atproduites ont
Au
Le comble du
dlire
de
de rvoquer
les
les
de dtruire
rvoquer sans l'aveu des peuples qui ont charg ces mmes dputs le rgime actuel des Etats; mais tant d'absurdit fait changer l'indignation en piti. Les manderez-vous la barre? Mais ils sont moins coupables qu'ignorans; ils tiennent encore ces prjugs
gothiques dont ils n'ont pu secouer le joug; les lumires, rpandues dans le royaume n'ont pu donc parvenir jusqu'au bureau renforc du Cambrsis Ce sont des orgueilleux qu'il faut humilier, et des ignorans qu'il faut insrtuire. Je propose de charger les dputs du Cambrsis, ses vritables dfenseurs d'crire une adresse pour leur insinuer des sentimens patriotiques et des ides raisonnables.
!
Courier de
((
Madon,
t.
I,
p.
192.
(M. Robespierre), Ce n'est pas de la province de Cambrsis, mais de son bureau renforc que nous parlons. M. l'Abb Maury a donc perdu le principal objet de la discussion. Au premier coup d'il, on ne peut se dfendre d'un mouvement d'indignation contre ces hom-
lgale,
Le comble
de dputs pas nomms, et de les rvoquer sans l'aveu des peuples qui ont charg ces mmes dputs de provoquer la distruction du rgime actuel des tats. Mais ce premier sentiment succde bientt celui de la... piti. Les appellerez-vous la barre } Ils ne mritent pas cet honneur. Ils tiennent encore ces principes gothiques dont ils n'ont pu secouer le joug. La lumire qui claire le reste du royaume, n'a pu parvenir jusqu' ce bureau renforc. Je ne les regarde que
part est d'avoir os rvoquer les pouvoirs
n'ont
mme
dputs de
la
ou des ignorans qu'il faut Robespierre a propos de leur envoyer province des claircissemens (ou sans doute un
faut humilier,
))
catchisme
populaire).
L'Union ou
((
le
1789.
Robert-Pierre a observ que ce n'toit point l'assemble des Etats de la province, mais le bureau renforc des tats. Il a parl contre un corps aristocratique. On l'a applaudi par drision. Il a rpt plusieurs fois le mot aristocratique, et on a rpt les applau-
M.
148
dissements drisoires
il
Quoique
et
loin
le
prsident
s'irriter,
l'ait
il
la
il
tte,
de
que ou du moins se borner les faire rougir de leur orgueil et de leur ignorance; il a pens que le meilleur moyen seroit que les dputs de Cambrsis envoyassent une adresse leurs commettans, pour les instruire des principes de l'Assemble et des sentimens dont ils doivent tre anims. Nos lecteurs voudront bien observer que cet honorable membre tant dput de l'Artois, c'est dire d'un pays o rgnent encore quelques uns des prjugs Espagnols, il ne pouvoit avancer des principes et montrer un caractre plus propre ramener les hommes du nuage des prcalme de
raison,
il
montr
les
Etats
comme
plus
coupables, d'o
conclu qu'il
falloit
les
dsabuser,
Courier de Provence,
((
t.
p.
21.
la
M. de
se
rsoudre en ironie
(1')
terribles
lui
La
piti
parole, et nous avons vu qu'on s'attendoit lui voir a paru devoir prendre la place
de
indignation.
Cet
arrt,
a-t-il
dit,
de
folie,
ou d'un excs
d'ignorance.
Or
d'clairer l'une et
de
cette
de gurir l'autre. Il vouloit donc que les dputs province expdiassent aux tats ignares ou extravagans, une
adresse mstructive et curative, bien approprie aux symptmes du mal dont ils se montroient atteints. M. de Robespierre ne pensoit pas que la maladie de l'ignorance est incurable, quand elle se complique avec
l'orgueil et
l'intrt.
))
M.
l'abb Mauri
(sic)
fait
le
contraire par
et
long qui
a quelquefois provoqu
le
rire,
dans une grande erreur de fait, qui n'a pas tard tre releve par M. de Robespierre qui a dit ensuite que les Membres du Bureau renforc de Cambrai ne mritoient pas l'honneur d'tre mands la barre; il a fait entendre, d'une manire ironique, que c'toit la seule
ignorance de ces
qu'il
toit
Membres
qu'il
falloit
attribuer
leur Dlibration,
et
les
suffisant
prceptoriser, et
des
(7) D'auprs
pierre
iir.
avait
Ql,
les Actes des Aptres, t. I, p. 60 64, Robesprononc aristocrassique, ce qui avait provoqu le galement G. Walter, p. 65V, note 31.
149
t.
III,
n" 99, p. 6.
a
dit
M. de
Robespierre
que
la
dlibration
des
soi-disant
mais qu'en l'examinant de plus prs, on n'y trouvoit que des motifs piti. Il a propos de charger les Dputs de cette Province de dresser une instruction familire, propre clairer les Membres du
de
((
Comit renforc
mes.
))
et
faire
natre
le
leurs
Journal des Etats gnraux (Le Hodey), t. VI, p. 58. Etats gnraux. Assemble nationale (Audran, Rennes),
t.
III, p.
199.
Robespierre a badin sur une affaire de la plus haute vouloit qu'il ft permis aux dputations des Etats du Cambresis de s'assembler, d'exprimer librement leur vu. L'arrt qu'il a propos est un arrt couleur de rose. Il parot que le propinant n'a pas rflchi la circonstance o nous nous troirvons.
importance;
il
M. de
10 dcembre
1789.
L'Affaire des Etats de Cambresis a fix l'attention de l'Assemble Nationale, MM. Chapellier, Robespierre, Biozat (sic) et Barnave ont dmontr l'illgalit de l'Assemble qui avait fait l'arrt ils se sont levs avec force contre les prmcipes inconstitutionnels qu'il renferme, et ont demand que cet acte d'insurrection ft rprim par le monarque et les reprsentants de la nation.
((
Le Nonciateur ou
les
Nouvelles du Jour,
t.
I,
n 30, p. 238.
M. Roberspierre a rpondu, que ce n'toit pas du Cambresis, mais de son bureau renforc que l'on parloit, et continuant son discours, a dit Appelerez-vous, Messieurs, ceux qui composent ce bureau la barre ? ils ne mritent pas cet honneur. Comme la lumire qui claire le reste du Royaume n'a pu parvenir jusqu' eux, je propose de leur envoyer par leurs dputs, des claircissements.
t.
II,
ri"
5,
p.
338.
l'objet
Aprs un
court
rappel
de M.
Robespierre,
de
la
de
la
Province, mais
l'ar-
du Bureau des
Etats,
l'orateur
plaudissements continua...
150
Annales patriotiques
((
n"
50,
21
novembre
et
1789.
MM.
contre
Chapelier,
Robespierre, Biozat
(sic)
montr
M.
ils
l'bb
Maury,
et
...l'illgalit
de
l'avait rendu,
se sont levs
titutionnels qu'il
fut
renferme
ont
demand que
rprim.
))
Assemble
nationale et
Commune de
Paris (Perlet),
t.
Il,
n"
109, p. 2.
M.
l'indignation, mais que la rfleetion (sic) l 'avoit converti en piti, parce que les Auteurs de cet Arrt lui paroissoient coupables seulement d'ignorance et d'orgueil, et a pens qu'il falloit se contenter
iil
de
les
t.
II,
n"
129,
p.
3.
des soi-disant Etats du Cambrsls. La l'nergie de presque tous les Dputs. Treillard, Barnave et Robert-Pierre, proposolent plus d'indulgence que de' svrit, plus de mpris que d'animadversion poui le bureau renforc du Cambrsls qui se donne le titre d'Etats. Ils renvoyolent au pouvoir excutif, le soin de rappeler aux principes et la
Vint ensuite
l'affaire
soire
sembloit
avoir
affaibli
MM.
subordination,
cette
petite
runion d'Aristocrates.
Journal de Duquesnoy,
((
t.
II,
p.
63.
:
Robespierre s'tant servi de ce mot aristocratique ceux Ironiquement applaudi plusieurs reprises et alors quelqu'un s'est lev et a cri mais pourquoi donc parler d'un mort ?
,
M.
Le
Patriote Franois,
t.
I,
p.
105.
Roberpierre, Biauzat, et Chapelier ont aisment pulvris cette rudition diplomatique et prouv qu'il n'tolt point question des droits de la Province du Cambrsls mais d'une Dlibration folle
MM.
d'un Corps
inconstitutionneil.
)>
Versailles, '20
novembre 1789,
p.
3.
M. de Robesseplene
soi-disans
et
que
les
Etats
dlsolt
qu'il
falloit
humilier,
151
Vridique ou
((
le
Courier Patriote,
t.
11.
n" 88.
le
M. de
Roberpierre, de Bieuzat
(sic),
Ghapellier
(sic),
Bar-
M.
du
mme
avis.
Courier de Lyon,
((
n" 21, p.
a
164.
M.
il
Robertspierre
voulu faire
acte
considrer
et
l'arrt
;
du bureau
en
cons-
du Cambrsis,
quence,
comme un
de
folie
d'ignorance
l'assemble, ramener,
par une
lettre,
les
58.
SEANCE DU
21
NOVEMBRE
1789
Aprs la lecture de deux adresses, Rabaut Saint-Etienne prend parole et reprrente que, dans sa province, beaucoup de munin'ont pas encore reu divers dcrets de l'Assemble, notamment les arrts du 4 aot, tandis qi\6 la loi martiale y a t trs exactement publie (l). Un court dbat s'instaure, au terme duquel l'Assemble adopte, malgr Robespierre, la motion prsente par Rabaut Saint-Etienne: un comit de quatre membres est cr, pour communiquer avec le garde-des-sceaux et les s,ecrtaires d'Etat ayant le dpartement des provinces, afin de s'assurer de l'envoi des dcrets sanctionns on accepts de prendre connaissance d;es rcpisss qui constatent, l'envoi, et de rendre compte l'Assemble ".
la
cipalits
Hodey),
t.
VI,
p.
82.
M. de
(l) Cf. Point du Jour, n 141, p. 241, et E. Hamel, I, 168. Il un fragment de lettre manuscrite de Charlotte Robespierre son frre, que nous retrouvons dans la publication de G. Michon {I, 55-.56) sous la suscription Augustin Robespierre X... (sans date). Voici ce fragment: On vient de publier aujourd'hui dimanche la loi martiale. J'ai marqu mon tonnement d'entendre immdiatement aprn la lecture de cette loi, dclarer que la garde nationale toit toujours libre... . G. Michon se rfre Stfane ^ ', op. cit.. p. 04-95, mais Robespierr,e le jeune tait Paris, s Versailles depuis lie dbut de septembre; il faudrait penser rs qu'il retourna Arras fin octobre.
cite
152
pays
tent;
des semences de guerre civile que les ennemis publics y jetfalloit incessamment qu'il y eut quelque concert entre l'Assemble et les ministres du roi. (3)
et
qu'il
t.
III,
100, p.
3.
M. Robespierre, croyant que les- retards contre lesquels on rclame de diffrentes parties du Royaume, sont l'effet d'un concert des personnes charges de ces envois avec les ennemis de l'Etat, a propos d'ajourner la question, pour la soumettre ensuite une plus
ample
discussion.
La
question de
et rejete.
Versailles, 21
novembre 1789,
p.
4.
M. de
Le Le
Le
1,
Publiciste Franois,
t.
I,
n"
106, p. 2.
la
motion de
rejet.
t.
H, n" 20,
p.
35.
M. de
Il
son pays.
tres
Robert-Pierre a peint les divisions intestines qui agitent a propos l'Assemble de se concerter avec les minisfaire
pour
les
cesser.
Sa
proposition a t ajourne.
t.
II,
n 37, p. 478.
ce sujet
M. Fourcaud
(4)
M. de
Robespierre l'ajournement.
Mais
(2) iCif. Lettre de Robespierr.e Buissart, reue le 9 novembre (G. Mi'chon, I, 57). Je viens de recevoir une lettre d'un patriote qui gmit sur l'opinitret de l'aristocratie et qui se plaint de ce que nos dcrets ne sont encore connus en lArtois que par les papiers publics. Je vous prie de m'informer au plus tt de ces faits...
p.
s'excuta-t-il 3 6.
les
Cf.
Arch. pari., X, 159. (4) Il s'agit du marquis de Foucauld, dput de de la snchausse de Prigueux.
la
noblesse
153
Madon,
t.
I,
p.
208.
les
M.
de
dlais qui
la
faisoient
l'objet
la
plaintes
Assemble,
toient
en partie
suite
de
des mauvaise
Le
Point du Jour,
t.
M.
Le
9,
p.
M.
59,
SEANCE DU
21
NOVEMBRE
1789
(soir)
L'ordre du jour appelle le rapport du comit des recherches. Son doyen, Goupil de Prfeln, dclare que le comit s'est constamment occup, dans l'esprit de son institution, de ton. ce qui peut sauvegarder la sret et la libert publiques, de tout ce qui j-ieut faire dcouvrir les ennemis de la patrie; il passe sommairement en revue toutes les affaires qui sont venues sa connaissance. Malouet critique vivement la (marche du comit qu'il tccuse d'avoir compromis la dignit du corps lgislatif, en descendant
jusqu'aux fonctions de commissaires subalternes, l'occasion d'une perquisition au couvent des religieuses de l'Annonciade. Il est .son tour attaqu propos d'une lettre crite au comte d'Estaing, commandant la garde .nationale de Versailles, dans laquelle il dnonce un certain Mascelin, marchand-parfumeur, coupable d'avoir dit que les bourgeois de Versailles devraient se servir de leurs fusils contre les mauvais citoyens de l'Asaemble nationale. Malouet, au milieu d'un violent tumulte, parvient se disculper, et l'Assemble dcrte qu'il n'y a pas lieu inculpation contre lui.
Journal gnral de France, 26 novembre 1789.
Minuit allait sonner. Quelques membres votaient pour l'ajournement, M. de Robertspierre opinait pour demander la question prala((
10 dcembre
1789.
Il
tait
onze heures
ajourne.
tout.
et
que
l'affaire
ft
le
M.
pralable
sur
154
Journal de Versailles,
I.
69, p.
474.
Robertspierre et Charles de
MM.
pralable,
nous
passons
plusieurs
Journal Je Duquesnoy,
t.
II,
p.
77.
la
M.
Robespierre a os proposer
question pralable.
60.
SEANCE DU
DECEMBRE
d'ligibilit
1789
Le Comit
cinq
de
Constitution
ayant
fait
voter
par
rAssemble
articles destins complter l'organisation des assembles lectorales, la discussion s'engagea sur le dixime article ainsi conu: La condition d'ligibilit relative la contribution directe,
dclare ncessaire pour tre ligible, sera cense remplie pour tout citoyen qui, runissant d'ailleurs toutes les autres conditions, aura pendant deux ans conscutifs, pay volontairement un tribut civique, gal la valeur de cette contribution, et qui aura pris l'engagement de le continuer (1). excita les plus vives rclamations (2), et fut reCet article ' jet la pluralit des voix.
((
Journal de Duquesnoy,
faut ajouter
t.
Il,
p.
124.
(3).
Il
l'on reproche
que dans un parti se trouvaient tous ceux qui de l'exagration; les d'Aiguillon (4), les Mirabeau, les
Maury,
les
d'Ormesson
(5),
les
ci-devant nobles,
le
haut-clerg, et
la partie
(1) Gazet-te nationale ou le Moniteur Universel, n" 11, p. 44. (2) Journal de Duquesnoy, t. II, p. 101. ne trouve nulle part ailleurs trace d'une intervention de (3) Robespierre, et dans ce texte on ne prcise pas qu'il ait
On
mme
n'est pas douteux qu'il l'ait tent. (4) Vignerot Duplessis-Richelieu. duc d'Aiguillon, .noblesse de la snchausse d'Agen.
il
parl, mais
dput de
la
la
la
Lefvre d'Orinesson de Moyseau, dput de prvt et vicomte de Paris hors les imurs.
(5)
noblesse de
155
61.
SEANCE
DU
DECEMBRE
17ft9
Goupilleau,
rend compte de
'affaire de Marseille, sur laquelle Mirabeau avait dj appel plusieurs fois l'attention de l'Assemble, notamment le 25 novembre. A la suite de troubles (1), un certain nombre de citoyens, lus par l.'s districts, ifurenfc enferms au fort Saint-Jean, puis transifrs au Chteau d'If, sur l'ordre du prvt, qui refusa aux inculps comliunication des pices justiticatives et de la procdure: ce faisant
il
mconnaissait
le
du code criminel . (2) L'Assemble dcrte: 1" Que son prsident se retirera devers le Roi, pour le supplier de faire renvoyer par devant les officiers dr, la snchausse de Marseille, les procs criminels instruits depuis le 19 aot dernier, par le prvt gnral ed Provence contre les sieurs Rbecqui, Granet, Paschal et autres d'ordonner que ceux des accuss qui sont dtenus ensuite des dcrets de prise-de-corps lancs par le prvt, seront transfrs dans les prisons royales de Marseille pour y tre ju^fs en dernier ressort. 2" Que la copie des requtes prsentes par trois des accuss, au prvt gnral de Provence, au bas desquelles sont les conclusions du procureur du roi, et les ordonnances des 20 et 25 novembre dernier, sera renvoye au procureur du roi du Chtelet de Paris pour y tre donn les suites convenables. (3)
tion
;
Gazette nationale ou
Journal universel,
t.
le
I,
Moniteur universel, n
143.
16, p.
164.
p.
On
de Marseille.
M.
le
Comte de Mirabeau a renouvel ses griefs contre le Prvt de cette ville (4) et a demand la suppression de toutes les prvts du mme
genre.
motion dont
Pthion de Villeneuve et Robespierre ont appuy cette succs paraissait assur. Mais l'Assemble, adoptant l'opinion du Comit des rapports a rendu le dcret suivant...
le
))
MM.
aux galement D XXIX 63, d. 160. Documents relatifs aux vnements de Marseille. Dinocbeau signale avec humour dans son Courier de Madon, t. I, p. 88, que l'vque de Nancy s'est trouv par hasard porteur d'une lettie de M. de Caraman (gouverneur de Provence)... portant que Marseille jouit de la plus grande tranquillit . (2) Le dcret de rformation est du 8 octo,bre 1789 et prvoit la prsence de notables dans l'instruction.
(1)
Arch. nat.,
D XXIX
bis
1,
cl.
(3)
(4) Il
156
62.
SEANCE DU
14
DECEMBRE
(1)
1789
Par suit de l'opposition entre (la garde nationale de Toulon, troupes et officiers de la marine, une meute clata le l""" dcembre dans cette ville, dont le motif fut le renvoi, le 30 novembre, de deux matres de qianuvre par le comte d'Albert de Rioms, com mandant de l'escadre i(2). D'Albert, accus d'avoir bless un gardt national avec son pe, et deux autres officiers gnraux d'avoir ordonn aux troupes de la marine de faire feu sur le peuple, furent inearicrs. L'un des griefs essentiels des travailleurs du port contre d'Albert, tait qu'il voulait les empcher de porter la cocarde nationale (3). Ces troubles furent voqus v.ne premire fois l'Assemble nationale, le V dcembre au soir, l la suite d'une lettre du garde dep sceaux. L'Assemble dcida que Je comit des rapports prendrait sur cette insurrection du T' dcembre toutes les informations ncessaires et lui en rendrait compte (4). Le 14 dcembre, avant mme que le comit ait fait son rapport, 'Malouet donne lecture de lettres adresses au ministre par d'Andr, dput de la noblesse de la snchausse d'Aix, par le commandant de la ville et par l'officier commandant le port la place de d'Al "bert. On y fait mention du bruit qui ?'est rpandu que les flottes anglaise et hollandaise doivent venir s'emparer du port: ce qui a donn l'occasion au peuple de rester en armes et de surveiller 1,'lus troitement les officiers dtenus. Les entrepreneurs du port par ailleurs solliciteraient la rsiliation de leurs marchs, par suite des demandes incessantes et des menaces continuelles des ouvriers. Malouet propose qu'il isoit crit la municipalit de Toulon que l'Assemble voit avec inquitude l'insurrection du peuple, qu'il n'y a aucune mena<;e contre le port et que les demandes des ouvriers ne seront T>rises en considration que lorsque le calme sera rtabli. Robespierre protesta contre cette motion. La discussion fut ajourne au lendemain. Aprs un dbat trs vif, l'affaire fut une nouvelle fois renvoye. Elle devait revenir encore plusieurs reprises l'ordre du Jour de l'Assemble,
le:;
D XXIX D XXIX
bis
1,
d.
7,
13;
D XXIX
bis
41,
d.
414,
p.
1-117;
et
79, d. 186.
(2) Charles Hector, comte d'Albert de Rions, n Avignon le 19 fvrier 1728, lieutenant de vaisseau le 15 mai 1756, capitaine le 18 fvrier 1772. (3) Cf. O. Haivard. I, 46 et 54; Viguier, Les dbuts de la Rvolution en Provence (1789-11791) G. Walter, p. 148 et 666, note 49; A.-J. Pars, Maximilien Robespierre, citoven de Toulon, 1923 in-8, 27 p. (B.N., 8 Ln" 66554). /4) Robespierre n'intervint pas le 7 dcembre imas le 14. II tait, d'aprs _G. Walter. au courant de l'affaire grce un mmoire adress Paris par la ville de Toulon et qu'il lut l'un des premiers .
;
t.
157
II,
p.
169.
Robespierre a succd M. Malouet, et il a, comme on dans un genre trs diffrent. Suivant lui, il rsulte des pices que M. d'Albert et les autres officiers ont conspir contre en rsulte qu'ils sont trs coupables... il voulait qu'on la libert il dise qu'il n'y a pas lieu dlibrer, parce que la motion de M. Malouet tendoit surprendre un dcret dangereux. Il a t durement rappel l'ordre, forc de dire qu'il n'avoit pas entendu inculper M. Malouet.
M.
))
t.
VI,
p.
438.
que l'assemble ne pouvoit rien dcider sans avoir entendu la commune de Toulon. Quoi qu'on en dise, s'est-il cri, l'insurrection du peuple n'a eu d'autre source que le mpris clatant que M. d'Albert a tmoign fwur la cocarde nationale. Vous avez d voir, d'aprs les diffrentes pices qu'on nous a lues ce sujet, avec quelle morgue il insultoit la garde nationale tout fait prsumer que ces officiers
;
sont coupables.
))
(Ici, l'orateur a t interrompu par les partisans de M. d'Almais sans s'effrayer du brouhaha, il a exig le mme silence qu'on avoit donn M. Malouet, se plaignant avec raison de ce qu'on vouloit l'interrompre.) Quoi qu'il en soit, il a continu et dit Le chef de la marine de Toulon a pouss l'audace jusqu' vouloir armer des soldais contre la garde nationale, si ce fait n'est pas vrai au moins les apparences sont contre lui, je conclus que la motion de M. Malouet ne mrite aucune considration, comme tendante surprendre l'assemble un dcret prmatur, et donner raison des personnes que des faits peuvent faire prsumer coupables.
bert,
Le
Point du Jour,
((
t.
V,
p.
115.
Robespierre n'a pas adopt cette opinion (de M. Malouet) il a dit, au contraire M. Malouet vous parle d'un bruit rpandu Toulon, d'un complot form pour surprendre ce port. Il nous propose de charger le prsident d'crire Toulon, que ce complot n'a
:
M.
((
jamais exist.
ni
de ce complot
ni
du
Il propose que le prsident crive aux officiers municipaux de Toulon, que les demandes des ouvriers du port, sur leurs salaires, ne seront point accueillies, jusqu' ce que toute insurrection ait cess
de blmer la conduite de la ville de Toulon san^ connoitre et malgr les preuves qui vous ont dj t prsentes de
conduite du commandant de
la
marine
de quelques
officiers
de
158
la
garnison,
vont
ncessiter
la
en
insultant
libert
nationale,
et
en menaant
la
sret
du peuple.
Je demande que toute dlibration, sur *ce qui a rapport la ville de Toulon soit suspendu jusqu' ce que vous ayez pris connoissance des pices nouvelles que les habitans viennent de vous envoyer par un courrier extraordinaire pour prouver Jes attentats commis par l'intendant contre la paix publique et contre le peuple. (6)
M. Robespierre, ne voyant apparemment aucune importance ce retour de l'ordre, s'est violemment chauff contre M. Maljuet. plusieurs reprises, une grande partie de l'Assemble lui a manifest son improbation; mais souvent interrompu, il n'a jamais t dconcert. La lettre propose, a-t'il avanc, contient un blme contre le Peuple et une punition contre les Ouvriers (*). Vous avez vu dans les pices qui vous ont t prsentes, une conduite trs rprhensible, le mpris le plus insultant du signe de la libert Nationale, l'oppression du Peuple, des projets contre sa sret. On n'a pa vous rendre compte des documens nouvellement apports. Nous ne savons ce qu'est ce bruit d'un complot pour surprendre le port. La Motion de M. Malouet ne tend qu' surprendre un Dcret qui prjugerait une
((
((
cause
non encore
res,
il
suffisamment instruite. D'affreux dbats ont tenu lieu de dcision; il toit quatre heua fallu ajourner l'affaire, et lever 1^ Sance.
:
(*) Punition
(note du journal).
t.
Assemble nationale
((
Commune de
Paris (imitation),
II,
n133,
p. 8.
La motion de M. Malouet
lequel
elle
M.
de
l'Assemble par
avoit
ce que cette motion ft rejette comme tendante surprendre un Dcret qui prjugeait une cause non encore suffisamment instruite.
((
l'affaire
ajourne
au
lende-
main.
Journal des Etats gnraux (Devaux), t. VI, p. 443. Etats gnraux. Assemble nationale (Audran, Rennes),
t.
III,
p.
407.
il
M. de
Robespierre a rpondu
le le
M. Malouet avec
chaleur,
cocarde nationale, avoit t commandement militaire avoit voulu armer ses soldats
la
signe de
libert,
la
(6) Cf.
E. Hamel,
I,
159
peuple,
comme
Maet il a conclu rejetter la motion de M. tendante prjuger la conduite des officiers de Toulon.
et
Assemble nationale
Commune de
t.
Paris (Perlet),
t.
III,
n133,
p. 7-8.
II,
nl53, p. 7-8.
Robespierre a vainement combattu la motion de M. Mala conduite des officiers de la garnison de Toulon et celle du commandant comme trs condamnable. Le sacrilge commis contre le signe de la libert lui parot le plus grand des crimes. Il conclut ce que la motion de M. Malouet soit rejette, comme tendante
M. de
louet
il
regarde
surprendre
fait
de
la
dernire
importance.
Gazette nationale ou
((
Moniteur universel,
t.
I,
Cette Motion a t vivement attaque par M. Robertspierre, qui a prtendu que les Officiers dtenus tant coupables, il toit de la justice de l'Assemble de ne pas adopter un Dcret qui tendoit
leur
assurer
l'impunit;
qu'il
et
falloit
instruire
il
l'affaire,
et
vrifier
s'il
y avoit eu un complot,
les auteurs
toute
la
seroit
prouv, abandonner
))
8.
M. de
Robesse-pierre,
la
prtendant
et
toujours
comme
plusieurs
l'abri
autres
autres ne
sont pas
du
motion de M. Mallouet (sic) ft rejette, comme tendant surprendre un dcret contraire aux intrts du peuple de Toulon et qui prjugeroit une affaire dont on n'a point encore de
reproche, a conclu ce que
connaissances
suffisantes.
t.
))
III,
n"
119, p.
14.
Roberspierre a demand, qu'avant de prendre une pareille idtermmation, l'Assemble prt connoissance des pices envoyes par la Municipalit de Toulon, pour claircir la cause des troubles qui
ont agit la ville de Toulon.
Bulletin de
((
M.
l'Assemble nationale, n
118, p.
(5).
propose contient un blme contre le peuple une punition contre les ouvriers; cependant vous ne connaissez pas les faits; vous avez ajourn l'affaire pour qu'elle fut mieux instruite; on n'a pas pu vousr endre compte encore des pices apportes par un courrier extraordmaire de la ville de Toulon. Vous avez vu dans
et
(.5)
le
Moniteur,
II,
391.
160
rprhensible
(in-
tervention de l'abb
de Bonneval
:
et
de
M. de
Virieu).
M.
le
mpris
que
qu'il
le
Vous avez vu ou vous avez d voir le du signe de la libert nationale; vous avez vu Commandant de Toulon a soutenu ses soldats avec audace,
Robespierre continue
plus insultant
a voulu mme les armer contre les Dfenseurs de la Patrie... ce qui vient d'tre allgu par M. Malouet. Je conclus que sa Motion ne mrite aucune considration; qu'elle ne tend qu' surprendre un dcret, qui prjugerait votre dcision sur une affaire des plus im-
De
portantes.
63.
SEANCE DU
15
DECEMBRE
1789
Au dbut de la sance, Malouet rappelle la motion qu'il a faite prcdemment, et qui a pour objet de fixer les bornes de la juridiction des municipalits (1). L'Assemble, sur la motion du cur Dillon, dput du clerg de la snchausse de Poitiers, dcrta qu'il n'y lavait pas lieu de dlibrer, quant prsent <2).
Journal des Etats gnraux (Devaux), t. VI, p. 446. Etats gnraux. Assemble nationale (Audran, Rennes),
t.
III,
p.
408.
M.
le
comte de Mirabeau,
mais
M. Malouet
et
M. de
Robespierre
toient la tribune,
(1) Il
la discussion
a t ferme.
s'agissait
d'empcher
administration, autorit juridiction ^ur une autre <2) iCf. P.-V. de l'Ass. nat., n 151, p. 9.
64.
SEANCE DU
15
DECEMBRE
1789
(soir)
Un dput annonce que le Parlement de Tiennes a refus, nime aprs lettres de jussion itratives (1), d'opregistrcr le dcret du 3 novembre portant prorogation des vacances des Parlements. Le Chapelier propose de former xmci. nouveau ^-arlement, avec des juges pris dans les bailliages du ressort, afin qu'il n'y ait pas d'interruption dans le cours de la justice. Le baron de Marguerittes
demande qu'un commissaire soit nomm pour former une chambre de vacations avec les membres du parlement qui n'ont pas pris
_
part cet arrt. Roederer appuie cetLe motion, et ajoute ou'il faut
(1) Lettres de jussion itratives: commandemoit renouvel deux trois fois, par lequel le roi enjoignait au:: autorits suprieures faire une chose qu'elles avaient refus de faire. Cette ]:rocdure tait employe surtout l'encontre des Parlements.
ou de
161
mander
les (protestataires,
Aprs que l' Assemble et rgl "l'incident ipiovoqu par le vicomte de Mirabeau, en dclarant qu'il lui avait (manqu de respect, elle adopta la motion de ilderer et manda la barro le Parlement do Rennes (3).
Journal de Duquesnoy,
((
t.
II,
p.
174.
La
de
trs
bonne heure, si elle n'avait t interrompue par une scne excessivement scandaleuse. Pendant que M. Robespierre parlait et aprs qu'il a eu fini de parler, le vicomte de Mirabeau, qui tait ct de la tribune, a dit plusieurs reprises et fort haut cela n'est pas vrai, cela n'est pas Vrai. On l'a rappel l'ordre. Quand M. Robespierre a eu fini de parler, il a voulu monter la tribune et prendre la parole. On s'est bientt aperu qu'il toit ivre comme un cordelier. On s'en est aperu; trs peu de chose prs unanimement la discussion a t ferme. 11 a voulu rester la tribune o il disait mille extravagances ses amis (si un tel homme pt avoir des amis) voulaient l'en faire des:
cendre,
son
il
se
battait
contre
ils
eux,
l'ont
les
accablant
de
tout
le
poids de
lourd
individu;
enfin
entrain.
Journal de Paris,
17 dcembre
7,
1789.
p.
22 dcembre 1789,
58.
Les deux propositions de M. Le Chapellier et de M. Regnaud ont paru susceptibles d'amendement M. de Robespierre; il a demand que les Membres du nouveau Tribunal ne fussent pas lus par
les
il
la
Province elle-mme
vacations
de
faire aller
la
Chambre des
l'attribution
de Renfait
nes
devant
ne
le
lui
Chtelet,
tribunad
dont
et la
uniquement pro-
visoire
Nation entire.
d'une
la
le
cours
entre
Vicomte de Mirabeau
lanc pour soutenir qu'il tait faux que cette correspondance et exist. Les expressions dont il s'est servi n'ont pas paru dignes d'un
s'est
Reprsentant de
Lgislateurs
la la
de
France.
Nation parlant un autre Reprsentant devant les On a cru qu'il tait d une rparation la
E. Hamel, 1, 162, et Arch. nat., D XXIX l?s 26, d. 263, Lettre de la municipalit de lien nos. 8 janvier 1790, l'Assemble dcrta que les Conseillers du parlement de Rennes seraient censurs la barre <i l'Assemble.
(2) Cf.
p.
1-2.
<3)
Le
162
majest
plusieurs
on
en
demand de
Le
Point du Jour,
t.
V,
n'"
162, p.
133.
accompagne presque de lia dignit du pouvoir lgislatif Aussi M. Robespierre s'est-il cri, que non seulement le parlement de Rennes avoit offens la nation en refusant
da lchet qui
la
justice
confidentielles
((
M. M. M.
au peuple, mais qu'il avoit eu l'audace d'crire au pouvoir excutif. Aprs un grand tumulte produit par cette assertion le vicomte de Mirabeau est mont la tribune pour Robespierre; mais celui-ci a continu, en adoptant la
)i
des
lettres
vigoureuse,
interrompre
motion de
se-
Chapelier,
laquelle
il
ajoutait
que
n
les
nouveaux magistrats
du peuple,
t.
VI,
p.
416.
t.
III,
p. 417.
toit
M. de Robespiene
la
a dit que
puisqu'il
le
parlement de Bretagne
refus
coupable envers
nation,
avoit
de
renfdre
la
justice
au peuple,
tieilles
que d'un autre ct il avoit crit des lettres confidenau mpris de cette mme nation. Au surplus, il a t d'avis que les magistrats qui dvoient composer la cour suprieure provisoire de Rennes fussent pris dans toutes les classes, et choisis librement dans une assemble du peuple.
et
au
roi,
))
Rderer, Robespierre ont parl aprs Robespierre a t interrompu par -e vicomte de Mirabeau qui, avec une voix de stentor, lui a dit sur un fait allgu Non, cela n'est pas vrai. Une multitude de voix l'ont rappel l'ordre. Alors le vicomte s'est transport la tribune. Malgr les instances de ses amis, et l'ordre de l'huissier, il y est rest plus d'une heure, en ldhant des D... et des f... Messieurs de la noblesse, dit-il, vous tes des f... aristocrates, {in vino Veritas) si vous n'tes pas d'accord,
MM.
de Marguerite,
M.
Chapellier.
M.
je
me mettrai du parti de ces petits messieurs. On a j>erdu un grosse heure dans un tumulte pouvantable; on en a perdu une autre dlibrer sur la punition, on a observ qu'il n'y avait pas de rglement pour punir un dput. Cependant plusieurs vouloient une justice rigoureuse; on avait d'abord propos d'inscrire seulement au procs verbal
en termes gnraux, qu'un membre ayant manqu l'ordre, la quest ajourne. Mais M. de Liancourt a obsery que chacun des membres se trouverait compris dans cette gnralit, et qu'il fallait mettre le vicomte de Mirabeau, comme ayant manqu de respect l'assemble, Cette motion a pass.
tion avait
163
Assemble nationale
Courier de
et
t.
I
III,
p.
et
4,
Madon,
15
dcembre 1789
(soir).
Le
t.
I,
n 31, p. 242.
cette
affaire,
((
M.
Robertspierre avait
commenc de
:
parler
sur
inopinment interrompu par le M. le Vicomte de Mirabeau qui, sur un fait allgu s'est cri Non, cela n'est pas vrai. Aus'si-tt une foule de voix s'est leve pour le rappeller l'ordre; mais ayant continu de troubler l'assemble plusieurs membres, ont demand les uns qu'il ft exclu pour un mois, les autres pour quinze jours, quelques-uns dfinitivement. La demande de l'exclusion a t ajourne; alors M. le duc de Liancourt prenant un parti plus doux, a proposer de ramener (sic) simplement l'ordre le membre qui avait manqu de respect l'assemble et d'inscrire son nom dans le procs-verbal ce qui a t prononc. (4).
lorsqu'il a t
t.
VI,
p.
456-457.
((M. Robespierre
s'est rfr,
il
M.
le
Chapelier, seulement
Ici
vouloit
...
M.
le
commenc une scne galement indcente et scandaleuse. Vicomte de Mirabeau a donn un dmenti M. Robespiene
a
ou ce qui revient au
pas vrai.
dix
fois.
mme
s'est cri
avec
sa voix
norme
cela n'est
le compliment tait honnte, il l'a rpt au moms Robespierre s'toit attir le courroux du Vicomte pour avoir dit que les lettres crites au ministre par la chambre des vacations avaient l'air de lettres confidentielles pour sonder les dispositions de la cour T gard de l'assemble nationale. Si. M. de Mirabeau eut t de sang froid, cette conduite n'eut pas eu de suite, car l'offens a eu la modration de l'excuser, mais emport hors de luimme le Vicomte a voulu couronner l'oeuvre, et insulter l'assem-
Comme
M. de
ble.
).
(5).
il s'en est suivi un (4) Perlet, dans son Journal, ajoute qu' grand duel k l'pe avec M. de La Tour Maubourg et que M. de Mirabeau a t griivement bless... Cette manire de mettre un membre l'ordre n'est pas moins efficace qu'un dcret de l'Assem'<
;
ble.
Le texte des Arch. pari. (X, 90), est diffrent: <( M. de iRobespierre. Messieurs, le parlement de Rennes est entr dans une voie d'o nous devons Je faire sortir. J'appuie donc la motion de
(5)
M. Le Chapelier
et je
t.
164
Assemble nationale
p.
Commune
de Paris (imitation),
t.
11,
n"
135,
3-4.
M.
faire
lorsque
M.
le
lement de Rennes, l'a interrompu sur un manire la plus offensante, que ce qu'il
Aussi-tt plusieurs
allgu,
en
lui
disant
vrai.
avanoit
n'toit
pas
voix se
sont
leve,
sans
mation du Vicomte de Mirabeau s'est transport la tribune, o il s'est obstin rester pendant plus d'une heure malgr les reproches qu'on lui prodiguait de troubler l'assemble.
Gazette nationale ou
((
le
p.
96.
M.
Robertspierre avoit
s'est
commenc
de ces mots
et
Non, cela
ft
n'e&t
chacun, en reconrappel
M.
le
le
Vicomte de Mirabeau,
et
l'ordre;
tumulte
la
Vicomte de Mirabeau est mont la Tribune on a demand ne ft pas cout; il est rest plus d'une heure sans vouloir dsemparer L'Assemble, fatigue d'une rsistance qu'il ne nous appartient pas de qualifier, parat acquiescer la proposition d'insrer dans le procs-verbal qu'un Membre ayant manqu l'ordre, la quesle
M.
qu'il
tion
avait
ajourne...
(6).
Le Rdeur
franais,
n" 9, p.
152.
...Dans la sance du soir, du mardi 15 Dcembre, M. le Vicomte, plus matre de la tribune que de sa raison, s'y est maintenu malgr les efforts d'une douzaine de ses amis, les rclamations de l'assemble, les ordres du prsident et les sommations de huissiers... 11 a dit .de Robespierre: cela n'est pas vrai...
Journal universel,
((
t.
1,
p.
200.
M.
menc de
parler,
Robespierre a t interrompu presqu' aussitt qu'il a compar M. le vicomte de Mirabeau qui lui a dit sur
les nouveaux juges seront librement lus par le peuple... J'ajoute que non seulement le parlement de Rennes a offens la nation en refus.ant la justice au peuple, mais qu'i'l a eu l'audaee d'crire des lettres confidentielles au pouvoir excutif pour sonder le? dispositions de la cour regard de l'Assemble nationale. Une voix norme s'terie: Non, cela n'est pas vrai ((Toute la salle se retourne et reconnat M. le viicomte de Mirabeau. (6) Texte reproduit par le Moniteur, II, 399.
I
que
165
Tlnstant, grande confusion, allgu Cela n'est pas mai. vicomte de Mirabeau s'est empar de la Tribune. La scne qui a eu lieu a afflig sensiblement tous les amis du bon ordre. Sur que la motion de M. de Liancourt, on a insr dans le Procs- Verbal le vicomte de Mirabeau a manqu de respect l'Assemble.
:
M.
L'Union ou
le
18 dcembre
1789.
seulement a dit M. Robert -Pi erre, le parlement de Renla nation en refusant la justice au peuple, mais encore il a eu l'audace d'crire des lettres confidentielles au pouvoir excutif. Cette assertion vigoureuse a t interrompue par un nouveau tumulte et par le Vicomte de Mirabeau, qui l'a pris d'un ton si fier,
Non
nes a offens
qu'une partie de l'Assemble a perdu patience sieurs reprises qu'il ft mis l'ordre.
Journal des Dbats,
III,
et
demand
plu-
t.
n"
121, p.
4.
pour noncer son opinion sur cette affaire, de la conduite de la chambre des Vacations du parlement de Rennes. Il a t interrompu par un membre de l'Assemble qui lui a reproch, de la manire la plus dure, de ne pas
Roberspierre,
avoit repris quelques dtails
M.
dire la
((
vrit.
...Cette
interruption
toit
fait
Mirabeau qui en
l'auteur ft rappel
Le
M.
Ta appuye
la
Robertz-Pierre a rsum l'opinion de M. de Cazals, et il par un nouveau raisonnement. Pour dmontrer toute
la libert des opinions, que cette libert subsiste particulirement dans cette Assemble, non seulement il convient de ne point mulcter M, le Vicomte de Mirabeau, mais encore vous feriez bien peut-tre d'ordonner l'impression de son Discours, quelque draison-
terre
entire
que
l'on
jouit
en France de
et
nable qu'il
soit.
et
de Brabant,
t.
I,
n 4, p.
162-163.
A
...
la
M. de
sance du Mardi soir, M. le Vicomte donna un dmenti Robespierre, cet excellent citoyen, l'ornementation de la
septentrionale
!
dputation
Si
mon
cher
camarade de
collge
Robespierre
avoit
dit
la
166
mme
au
tait
Vicomte,
celui-<:i
n'et
il
Pierre, car
neuf heures du
t.
soir, et
Courier franais,
Ill,
n**
165, p.
618.
Robertspierre se disposoit dvelopper l'Assemble la gravit du dlit commis par cette cour suprieure, lorsqu'il a t
M. de
de M.
!e
Vicomte de
Mirabeau,
(7) Camille Desmoulins fait d'abord allusion au banquet des Aptres, le jour de la Pentecte, et prte St-Pierre ces paroles irrligieuses . Messieurs, nou:, ne sommes point ivres, car i! n'est que neuf heures du matin, et le cabaret n'est point encore ouvert.
:
(Cit par
E Hamel,
I,
162.)
65.
SEANCE DU
16
DECEMBRE
1789
Le mode de recrutement de l'arme donna lieu un dbat anio le plan du Comit militaire fut (vivement discut. En fin de sance le comte d'Egmont ayant propos que l'arme active soit renouvelle au moyen des enr'lements volontaires, Mirabeau l'an exprima la crainte qu'une telle mthode compromt l'existence des Milices nationales , et persista, malgr une longue opposition expliquer la diffrence entre ces deux corps de troiu (1). C'est au cours de son intervention qu'un tranger sil^.es gnala sa prsence parmi les dputs.
Le
Point du Jour,
t.
V,
162, p.
143
(2).
On
l'entre,
un tranger qu'on a
et,
tre
un gentilhomme,
les
nomm M. de
augmentoit par
Servires,
ses cris
qui,
s'tant plac
parmi
lgislateurs,
qu'on portait l'orateur. L'tranger tant sorti de la salle, M. de Robespierre et quelques autres membres ont demand que son nom fut inscrit dans le procs-verbal. (3).
l'interruption
(1) Cf. Gazette nationale ou le Moniteur Universel, x 24, p. 96. (2) Cf. E. Hamel, I, 175; t G. Walter, p. 715. on ne pouvoit plus constater le (3) Barre 'ajoute vritable nom de la (personne qui avoit t force de sortir, cette o))inion n'a Toas t suivie. Mais nous rappellerons ici ce que nous avons del dit plusieurs fois, que les Athniens punissaient d'une peine capitale l'tranger, qui, veniant s'asseoir parmi les lgisla:
Comme
teurs,
usurpoit
le
pouvoir
souverain.
)67
-.
SEANCE DU
23
DECEMBRE
1789
JUIFS
Le SI dcembre, un membre ayant fait remarquer que l'dit de 1787 exclut les non-catholiques des placs des municipalits auxquelles sont attaches des fonctions de jadicature, et que cet dit n'a pas t rformellement aboli, un dbat s'instaure. Rderer largit la discussion et pose le problme des comdiens (1). Le comte de Clermont-Tonnerre propose alors la motion suivante: L'Assemble natonale dcrte qu'aucun citoyen actif, runissant les conditions d'ligibilit ne pourra tre cart du tableau des ligibles, ni exc'u d'aucun emploi public, raison de la pro((
ou du culte qu'il professe. cette motion au sujet de l'ligibilit des comdiens, des protestants (2) et des juifs, est ( l'ordre du jour. Le comte de Clermont-Tonnerre la dveloppe longuement. Robesfession qu'il exerce, Le 23 dcembre,
pierre intervient son tour. La discussion ne fut close que le 24 dcembre. L'Assemble dcrta que les non catholiques pourront tre lus dans tous les degrs d'administration et admis tou^s les emplois civils et militaires. Elle se rserva de prononcer sur l'tat des juifs (3).
Journal manuscrit attribu Devisvne, 23 dcembre 1789, p. 291.
MM.
et
en faveur des
Bulletin
de l'Assemble nationale,
126,
.5
(4).
Robespierre. Tout citoyen qui a rempli les conditions d'ligibilit q^ie vous ayez prescrites a droit aux fonctions publiques. Quand vous f vez dis-
M. de
<1) Cf.
E.
Hamel,
I,
171
pire
dien
le district des Cordeliers, ayant lu un comofficier de la Garde Nationale, vit se soulever contre lui les 59 autres districts, et que Franois de Nieufchateau fut ray
du prjug, que
comme
du tableau des Avocats de Paris uniquement parce qu'il avait pous la fille du clbre acteur Prville (D'aprs Les Rvolutions de Paris, n 24, p. 6). (2) En ce qui concerne les protestants, leur cause paraissait plus aise dfendre. Un des leurs, Rabaut de St-Etienne. fils d'un pasteur cvenol, n'avait-il pas t prsident de l'Assemble ?
(3) Cf. sance du 28 janvier 1790. <4) Texte reproduit dans le Moniteur, II, 462; et dans les Arch.parl., X, 757, jusqu' contraires l'histoire ; puis elles donnent la suite le passage du Point du Jour indiqu ci-dessus. Par contre, Bchez et Roux, III, 459, se borne cette simple mention M. de Robespierre a dfendu la motion de M. de Clermont:
Tonnerre.
166
cut ces conditions, vous avez trait la grande cause de l'humanit. Le Propinant a voulu faire de quelques circonstances particulires trois causes diffrentes. Toutes trois elles sont renfermes dans le principe, mais, pour l'honneur de la raison et de la vrit, je vais les examiner
succintement.
On
ne dira jamais
avec
succs
dans cette
fonction ncessaire
de
de bases disparatra. Je ne crois pas que vous avez besoin d'une loi au sujet des comdiens Ceux qui ne sont pas exclus sont appels. Il ^ait bon cependant qu'un membre de cette assemble vint rclamer en faveur d'une classe trop longtemps opprime. Les comdiens mriteront d'avantage l'estime publique quand un absurde prjug ne s'opposera plus ce qu'ils l'obtiennent, alors les vertus des individus contribueront purer les spectacles et les thtres, deviendront des coles publiques de principes de bonnes moeurs et de patriotisme. On vous a dit sur les Juifs des choses infniiment exagres et souvent contraires l'histoire. Les vices des Juifs naissent de l'avilissement dans lequel vous les avez plongs ils seront bons quand ils pourront trouver quelque avantage l'tre... Je pense qu'on ne peut priver aucuns des individus de ces classes des droits sacrs que leur donne le titre d'hommes. Cette cause est la cause gnrale, il faut dcrter le principe.
;
Le
Point du Jour,
t.
V,
168, p.
226.
Comment
ce
a-t-on
pu,
ils
s'crioit
M.
Robespierre,
opposer
aux
sont, au contraire des crimes nationaux que nous devons en leur rendant les droits imprescriptibles de l'homme, dont aucune puissance humaine ne pouvoit les dpouiller. On leur impute encore des vices et les prjugs, l'esprit de secte et d'intrt les exagrent, mais qui pouvons-nous les imputer, si ce n'est nos propres injustices ? Aprs les avoir exclus de tous les honneurs, mme des
ples
expier,
droits
l'estime publique,
lucratives ?
nous ne
leur
avons
laiss
que
les
objets
de spculations
la vertu
en leur rendant la ne peut jamais tre politique quoiqu'on puisse dire, de condamner l'avilissement et l'oppression, une multitude d'hommes qui vivent au milieu de nous. Comment l'intrt social pourroit il tre fond sur la violation des principes ternels de la justice et de la raison, qui sont les bases de toute socit humaine. M. Robespierre a soutenu avec la mme force les droits des non-catholiques et des comdiens.
qu'il
))
169
L'Union ou
le
Roberts-Pierre a dit qu'aucune profession utile ne pouvoit ceux qui l'exercent de la jouissance des droits de citoyen. Aprs avoir dit un mot sur les excutions de la justice, il s'est plus particulirement expliqu concernant les comdiens. Bien loin de les regarder comme trangers la partie il les croit propres au contraire inspirer des sentiments patriotiques. 11 est esprer que ds que la
exclure
M.
morale aura t entirement pure, nos auteurs de Thtre s'efforceront d'crire en citoyens philosophes, amis des bonnes moeurs, plutt qu'en potes licencieux. L'orateur a imput nos loix l'tat de mpris dans lequel les juifs sont plongs, et il ne croit pas qu'on puisse les laisser parmi nous en si grand nombre, sans leur donner la qualit de
citoyen.
))
t.
III,
n"
126, p.
la
7.
12,
p.
145.
les bonnes loix changent les prinfmes les personnes charges de l'excution des jugements... qu'au moyen d'une m.eilleure police, le Thtre deviendra l'cole des murs... que ce seroit animer toujours les juifs contre l'intrt public, que de leur refuser les avantages que peuvent prtendre les autres citoyens, il a vot pour la motion de M. de
M.
jugs qui
font
comme
Clermont-Tonnerre.
Assemble nationale
((
et
Commune de
Paris (Imitation),
t.
II,
n 141, p. 4.
Robertsperre et l'Evque de Nanci ont galement parl; le premier en faveur, le second contre les comdiens, l'excuteur de la Haute Justice, et les Juifs; ils n'ont fait que prsenter sous d'autres
MM.
termes les
mmes
ides que
M. de Clermont-Tonnerre
7.
et
l'abb
Maury.
Courier de Provence,
t.
V,
n 82, p.
Robespierre a rfut l'abb Maury en peu de mots, mais avec force, ses raisons ayant t plus dveloppes dans la sance du lendemain, nous y renvoyons nos lecteurs pour leur viter d'inutiles
rptitions.
M.
Mercure de France, 2
((
janvier
1790, p. 59.
Robespierre renouvela les argumens dj dvelopps d'une manire fimineuse, prcise et philosophique, par M. de Clermont Ton-
M.
170
Le
pris
lui.
t.
III.
118.
.143.
de Robespierre, Tvque de Nancy (5) et Duport. ont la parole aprs M. l'abb Maury, mais ils n'ont pas su, comme s'attirer l'attention gnrale de l'assemble.
t.
MM.
Courier Franois,
III,
172, p. 677.
M. de
l'un en
Robertspierre et
M.
l'vque de
Nancy
suite;
emplois.
t.
III,
p.
479.
t.
III,
p. 479.
M. de
il
Maury
a totalement
approuv
la
motion de
M. l'abb M. de Clermont-Tonnene.))
Gazette nationale ou le Moniteur universel, n" 31. p. 124. Nonciateur ou Les Nouvelles du Jour, t. II. n" 2. Journal gnral de France, 26 dcembre 1789.
Le
((
M.
nerre mais
M. de Clermont-Ton-
MM.
(la
motion de
M. de
Cler-
mont-Tonnerre).
t.
II,
n 24, p. 47.
MM.
M. de
{bT
sance), p. 7.
t.
VII,
la
p.
83.
(6).
M. de
motion.
(5) Henri de la Fare. vque de Niancy, primat de Lorraine, dput du clerg du bailliage de iNancy.
(6)
Pour
Le Hodey
pensera de suivre
171
67.
SEANCE DU
28
DECEMBRE
1789
Target prsente un projet d'arrt relatif aux papiers faire et aux comptes faire rendre laux anciennes administrations municipales et aux intendants k Les assembles provinciales, les commissions intermdiaires et les intendants rendront aux administrations qui es remplaceront, les comptes des fonds qu'ils auront eus l leur disposition; les corps municipaux actuels rendront de mme leur compte ceux qui leur succderont, et leur remettront les papiers lappartenant laux municipalits. Tous ce.s comptes seront rendus partir des derniers comptes arrts. Cette motion donne lieu un dbat o plusieurs dputs dnoncent la mauvaise gestion ou les malversations des administrations provinciales et des intendants. Regnaud de ,St Jean d'Angly souhaitait que tous les administrateurs soient tenus de soumettre la rvision les trente dernires annes de leurs comptes (1). Mais, Dumetz (2) recommande la prudence, afin de ne pas multiplier les ennemis de la Rvolution et estime i qu'il vaut mieux tirer le rideau sur tout ce qui s'est pass avant nous . C'est alors
remettre
:
qu'intervient Robespierre.
L'Assemble dcrta que les comptes des dix dernires annes pourront tre rviss par les AdminBtrateurs de Dpartement, et dans cette obligation seront compris les Commissions intermdiaires, les Etats provinciaux .
Le Noncatem ou les Notavelles du Jour, t. II, n" 5, p. Le Journal de Paris, 29 dcembre 1789. Gazette nationale ou Extrait..., t. V, p. 135-136.
35-36.
Au
miilieu
paroissoient justes,
il
s'est
lev
une petite contestation particulire entre deux Dputs des Provinces Belgiques, M. de Roberspierre et M. de Beaumetz. M. de Robespierre s'indignant qu'on ost mette en doute seulement la ncessit de faire rendre des comptes svres tous ceux qui, autrefois, dpouilloient impunment et presque lgalement les peuples, a voulu en citer un exemple particulier sa Province. En 1788, a-t-il dit, anne si clbre par les flaux qui ravagrent nos campagnes, Sa Majest, qui voulut soulager son peuple, l'exempta de la Milice ou de l'impt qui la remplace Elh bien les Etats de
:
!
pour
leur
Province,
la
et
rendirent vaine,
(1) Cf.
E.
Hamel,
I,
176.
du
tiers
tat
du
bailliage
de
172
Le
fait
que vient de rapporter M. de Robespierre est matM. de Baumetz; mais deux mots suffiront pour combien il est innocent; il est trs-vrai que les Etats
de
rent
l'Artois,
lever,
ce
mme
malgr la dispense accorde par Sa Majest, continuen 1788, l'impt de la Milice, mais Sa Majest, dans acte o elle signaloit sa bienfaisance, dclaroit ses peuils
seroient obligs
de payer pour
et
la
mme
d'Ar-
de
les Etats
avoient encore des fonds dans leur caisse, jugrent qu'il mieux, pour la Province elle-mme, payer chaque anne l'impt de chaque anne que de s'en exempter une fois pour s'craser ensuite en payant le double l'anne suivante (3). M. de Robespierre est remont en hte la Tribune pour rpliquer M. de Baumetz. L'explication de M. de Baumetz, a-t-il dit, justifie mal les Etats de l'Artois; la Province, soulage dans
qui
valoit
de 1788, pouvoit tre, comme elle l'a t, pour toujours de l'impt de la Milice en 1789, d'ailleurs n'est-il pas plus ais de payer le double dans une anne d'abondance que la moiti dans une anne dsastreuse ?
l'anne
malfieureuse
dlivre
Journal des Etats gnraux (Devaux), t. VII, p. 130-131. Etats gnraux. Assemble nationale (Audran, Rennes), t.
III,
p. 504.
M. de
.
Montlausier estime qu'il faut jeter un voile sur toutes l'anne de la rvolution devoit tre une anne
((
de grce
Robespierre, moins tolrant a t surpris d'entendre peuple ne dt pas demander des comptes ses anciens dprdateurs, au moins pour les dernires annes de leur gestion. Je propose un amendement, a-t'il ajout les subdlgus, les intendans ne sont pas les seuls coupables. Les bureaux intermdiaires des Assembles provinciales ont commis autant de malversations tmoin I*. bureau intermdiaire de ma province, qui a ordonn la continuadire que
le
: :
M. de
is) La lutte sourde que menait Briois de Beaumetz contre Robespierre, la fois en Artois et rAssemble, s'tait mianifeste 'ds les premires sances de la Constituante. iDans la lettre qu'il crivait le 23 juillet 1789 Buissart, Robespierre le jugeait en ces termes: Il n'est... pas le cousin des bons citoyens; il n'y a point d'efforts qu'il n'ait faits, pou"r soutenir l'opinion par Ordre et pour empcher qu3 ses collgues ne se runiss.ent aux Communes (Cf. G. Michon, I, 49). Le conflit deivint particulirement aigu au fur et mesure que la popularit de Robespierre grandit et Beaumetz s'acharna le calomnier auprs des Artsiens (Cf. lettre de Robespierre M. de Beaumetz (crite en mai 1790). In-8,
19 p.,
B.N.,
Lb
39
3482).
173
du
((
tirage
de
la
milice,
ration des
dommages qu'y
avoit occasionn
grle
M. de Beaumetz a expliqu ce fait: La milice se paie en contribution. Or le roi, en exemptant le paiement d'une anne, s'toit
rserv
de
la
faire publier
double, et
la
la
comme
l'ordinaire.
M. de
Robespierre a repris
il
parole:
il
convenu du
fait,
mais, a-t'ii dit, J'arrt du conseil n'en toit pas moins une dcharge
toit
alors
incertain
si
l'anne prochaine
payeroit
la
milice.
Gazette nationale ou
le
36,
p.
144.
peuples n'auroient-ils pas droit de demander compte leurs anciens dprdateurs ^ Comment d'honntes administrateurs se refuseraient-ils rendre un compte
Pourquoi,
a
dit
M.
Robertspierre,
les
qui
faire l'loge de leur conduite ? En Artois, l'anne derRoi, ayant gard aux calamits qu'avoient prouves la province par la grle, remit au peuple l'impt odieux de la Milice. Cependant l'Intendant, de concert avec la Commission intermdiaire,
doit
nire,
le
voulut
((
lever
cet
impt.
M. de Beaumetz
...M.
rejeter
le
s'est
effet
s'est
de
l'ordre du Roi toit en double pour l'anne suivante, un murmure gnral lev dans l'A-ssemble; on n'a pas voulu l'entendre.
Le
Point du Jour,
((
t.
V,
n"
171,
p.
256.
Je ne conois pas, disoit M. Robespierre, comment l'Assemble Nationaile peut cramdre de demander des comptes de l'administration des dix dernires annes, et d'y comprendre les subdlgus, les intendants, les tats provmciaux, et les commissions intermdiaires. Je prop>ose, en consquence, de dcrter que les comptes de dix dernires annes au moins pourront tre rviss, et dans cette obligation seront compris les tats provinciaux, et autres comptables
administrateurs.
(4).
t.
VII, 28 dcembre
le
1789.
a
M. de
que
l'on
Robespierre
voult
et
s'est
lev
contre
le
Comit,
il
paru
surpris
refuser
au peuple
droit
de demander des
Il
voulait
(4)
31.
174
que
commissions dnonc une malversation exerce dans sa province relativement l'impt de la Milice qu'on a fait payer au peuple malgr l'ordre exprs du mirvision
s'tendit
sur
les
intendans,
subdlgus,
intermdiaires et
administrations provinciailes.
nistre
qui
l'en
exemptait pour
janvier
1788.
Mercure de France, 9
((
1790,
p.
108.
et la
M. Roberspiene dnonce
des
tort
l'Intendant
Commission
inter-
mdiaire
((
Etats
d'Artois.
Beaumetz, aussi Dput de cette Province, ayant vice de cette inculpation, M. Roberspierre a t rduit au silence, et a descendu de la Tribune, aux murmures de l'Assemble.
de
prouv
le
et le
))
Journal universel,
t.
I,
p.
304.
M. Dumetz,
craignant
que
cette
recherche
des
voleurs
des
deniers publics n'augmentt le nombre des ennemis de la rvolution, s'y est oppos, mais M. de Robespierre, partisan de l'article cidessus,
a
tout
qu'on
assujettt
la
rvision
la
des
Dbats,
130,
p.
5.
Roberpierre a dnonc un abus de la Commission Intermdiaire des Etats d'Artois, relatif l'impt de la Milice, en ce que cette Commission avoit impos une somme ce sujet pour 1788, quoique le Ministre l'en et dispens.
M.
L'Ami du Peuple
((
(Marat),
t.
I,
81, p.
3.
fort les
intendans,
subd
L'Union ou Journal de
la
1789.
Suivant M. Robertspierre, il faut faire rendre compte, non seulement aux intendans et subdlgus, mais encore aux commissions intermdiaires des tats provinciaux ou Assembles provinciales, mais cette reddition des comptes ne doit pas remonter au del
de dix
faliloit
ans.
...M.
Carat
l'ain...
pens
avec
M.
Robertspierre
))
qu'il
175
68.
SEANCE DU
31
DECEMBRE
1789
novembre, l'Asseimble avait dcrt qu'il y aura des chaque ville, village ou communaut de campagne Le 14 dcembre, avait t vot par l'Assemble le dcret relatif la constitution des municipalits; le 22 dcembre, celui riur la constitution des assemtols primaires et des assembles adaninistratives le 29 et 30 dcembre, celui relatif aux fonctions municipales et la tenue des assembles primaires. La discussion du plan de division du territoire, labor par le comit de constitution, avait commenc le 10 octobre. L'Assemble s'tait surtout intresse aux divisions importantes, dpartements et districts. Lie 31 dcembre, lorsque Robespierre prsiente sa motion, l'ordre du jour n'appelait nullement cette question.
iLe
12
municipalits dans
).
Gazette nationale ou
((
le
Moniteur universel,
1790, n"
1,
p.
4.
que
fait
L'Assemble renvoie au Comit de Constitution la demande M. de Robespierre, qu'il n'y ait pas de Municipalit tao
il
(1).
l" janvier
1790.
fait
Ensuite
M. de
Robertspierre a
les
la
et
pas
de Municipalit dans
villages
au-dessous
de
30 feux.
))
(1)
le
Moniteur,
III,
7; et
dans
les
Arch.
176
69.
SEANCE DU
JANVIER
1790
(soir)
A la fin de la sance, Mougins de Hoquefort, dput de Ja snchausse de Draguignan (1) annonce que quatre des prisonniers des les iSainte-Marguerite se sont rcemment vads et que, rfugis Grasse, en Provence, ils se sont placs sous la fjrotection de la milice nationale. Dionis du Sjour, dput de la noblesse de la ville de Paris, demande alors que l'on visite les prisons de religieux dnommes Vade in pace . Dom Gerle (2) oftre de donner l'tat des dtenus dans le ressort de sa visite. Aprs diverses interventions, la motion dpose par le comte de (Jastellane, au noim du Comit des lettres de cachet, est dcrte sous une rdaction lgrement diffrente, par l'Assemble. ...Huit jours aprs la rception du prsent dcret, tous gouverneurs, ilieutenants du roi, commandans de prisons d'tat, ou suprieurs de maisons de force, suprieurs de maisons religieuses, et toutes autres personnes charges do la garde des prisonniers dtenus par lettre de cachet, ou par ordre quelconque des agents du pouivoir excutif seront tenus, peine d'en demeurer responsables, d'envoyer l'Assemble nationale un /tat certifi vritable, contenant les noms, surnoms et ges des diffrents prisonniers, a-vec la cause let 3a date de leurs dtentions, et l'extrait des ordres en vertu desquels ils ont t empri;
sonns.
t.
VII, p. 227-228.
cur,
qui se
JVI.
Emport par ses lans d'humanit qui font honneur son de Robespierre a essay de peindre toutes les horreurs commettent dans les maisons de force et, sur ce qu'une partie
paraissait pas
de l'Assemble ne
a-t-il
Eh
bien
dit
je
vous supplie au
nom de
justice
et
de l'humanit, de
vouloir
le
bien m 'entendre. Je vais plus loin, et je soutiens qu'avant terme expir de quinze jours qu'on vous propose, pour savoir
les
noms de
Il
s'est
lui
appuy
avoit
sur
ce
de
l'Artois
dit
les
que
eux ne seront plus. qu'un frre d'une maison de force parce qu'il avoit paru compatir aux
vouloient
l'en
j>eins
des prisonniers,
suprieurs
punir
et
qu'il
et premier consul de Grasse, avocat au Parlement. Gerle, prieur de la Chartreuse de Port Ste Marie, dput du clerg de la snchausse de Riom (cf. F. Mge, Notes biographiques sur les dputs de la Basse Auvergne, Paris, Aubrv, 1866-1870, ] n^ol. in-8. B.N., Ln-" 145).
(1)
Maire
(2)
Dom
177
chapp aux traits de leur cruaut que par sa fuite (3)... M. de Robespierre a demand, par amendement, que les renseignemens sur les prisonniers fussent envoys directement l'assemble nationale. Cet
amendement a
t rejette.
et
))
(4).
Assemble nationale
P((
Commune de
Paris (imitation),
t.
II,
152,
5.
M. Robertspierre a annonc qu'il existoit une prison d'Etat, connue sous le titre de Maison des Bons-Fils (5); que les lieux, ainsi que les traitemens, y toient affreux, que rien n'y toit plus ordinaire que les attentats les plus horribles et mme les assassinats, qu'il en tenoit les dtails d'un gelier de cette prison, que le cur dchir des tourmens qu'il voyait faire souffrir aux prisonniers, il s'toit enfui de ce lieu de douleur, toit venu chez lui, ces jours derniers, lui en rendre compte (6). M. Robertspierre a conclu ce qu'on dcrtt sur
le
champ
l'largissement
de
du despotisme.
t.
IV,
p.
17.
M. de
Roberspierre
ce n'est pas
ils
le
t.
IV, n
135, p.
M.
ds prsent.
a cit des
traits
de barbarie exerce
sur plusieurs
de
<(
<(
V'...iii.srii:iHV..
178
70.
SEANCE DU
JANVIER
1790
Target propose, pour lier plus troitement les gardes nationaux la Constitution, une formule de -serment, d'aprs laquelle ils doivent jur:er son maintien et fidlit la Nation, la Loi et au roi. Le comte de Virieu i(l) fait observer qu'un serment de fidlit le maintien de la Constitution ne -oit la Constitution doit suffire pas appartenir un corps, qui par son nombre et sa force, pourrait son gr la dfendre ou la dtruire. Le comte de Mirabeau, soutient que les gardes nationales doivent jurer d'tre fidles la Constitution mais non de la maintenir. M. de Montlosier (2) et le comte de Clermont-onnerre S4e rangent l'avis du comte de Virieu et appuient l'amendement de Mirabeau. Robespierre le combat. De Montlosier, en partie convaincu par Robespierre, demande que les gardes nationales ne puissent agir que sous la direction des corps a/dmi:
nistratifs.
Finalement, la motion prsente par Target est vote par l'AsSiemble sous cette rdaction
:
En attendant que l'Assemble nationale ait dtermin les bases sur lesquelles elle rglera les milices et gardes nationales, les citoyens qui remplissent actuellement les fonctions d'officiers ou de soldats dans ces milices, et mme ceux qui se sont forms sous le titre de volontaires, sej-ont tenus de prter entre les mains des officiers municipaux et en prsence du peuple, le serment d'tre fidles la Nation, la Loi et au roi; de maintenir, de tout leur pouvoir, sur la rquisition des corpo municipaux et administratifs,
la constitution
du royaume...
Gazette natianale ou
8,
p.
32.
L'amendement,
M. de
Robertspierre,
tend
dtruire
la
Motion, qui est essentielle au maintien de la constitution. Chaque citoyen est oblig d'tre fidle la constitution; mais les Milices Nationales, ainsi que les Corps administratifs, les tribunaux, ont une destination particulire. Il peut arriver que lorsque la voix du Magistrat se
fera entendre,
tenir
les Milices Nationales se croient obliges de leur manire. (3).
la
main-
Virieu, dput de la noblesse du Dauphi. Chevalier Reynaud de Montlosier, dput de la noblesse de Ja snchausse de Riom. (3) Texte reproduit dans le (Moniteur, III, 75, et dans les Arch. pari., XI, 113. Cf. E. Hamel, I, 186. Le texte adopt prvoit la rquisition de l'autorit civile, comme Robespierre le stipulait. Mais Jes derniers mots: leur manire , attests par trois autres gazettes paraissaient laisser la garde nationale le dioix des moyens.
(1)
Comte de
<2)
179
t.
et et
Commune de
littraires,
II,
n" 155, p. 6.
M.
Robertspierre
il
a,
maintenir, et
fait
sentir
au contraire, fortement insist sur le mot que les devoirs de tous les citoyens en
d'tre
fidles
gnral
qu'elle
toient
bien,
sans contredit,
la
la Constitution
la
force
militaire
de
maintenir lors-
attaque.
16.
M. de
la constitution, mais qu'il y avoit une mission particulire qui obligeoit les gardes nationales la protger. Quand la constitution sera
attaque,
et les
l'officier municipal rendra des jugemens pour la maintenir, gardes nationales les feront excuter leur manire par la force arme. Maintenir renferme ncessairement les deux ides, celle d'tre
fidle, et celle
si
on ne
la
la constitution,
t.
VII,
p.
279.
comte de Mirabeau a dit que les gardes nationales dvoient tre fidles la constitution mais non pas tre charges de la maintenir... M. Robertspierre au contraire a soutenu que c' toit assurer le salut de la constitution que de charger les milices du soin de la mainle
tenir.
il est du devoir Tout citoyen doit tre fidle la constitution des milices nationales de la maintenir, la rquisition des magistrats.
:
M.
Courier franais,
t.
III,
n 8.
M. Robespierre a remarqu ensuite que, de mme que le juge veille, par ses fonctions, au maintien de la constitution, de mme les milices nationales seront obliges de la maintenir leur manire, lorsque la voix du magistrat se sera fait entendre; et il a conclu ce que
l'on dcrtt
l'article.
trs
M. de Montlauzier (sic) et M. de Clermont-Tonnerre sont endans les observations de M. de Virieu, et ont dmontr que le Serment propos feroit dgnrer la Constitution en Dmocratie Militaire. Mais cette crainte n'a pas branl M. Robespierre qui s'est au contraire dclar fortement en faveur du mot maintenir, comme essentiel la libert. Tous les citoyens, il est vrai, a-t-il dit, doivent
((
180
tre
fidles
la
Constitution;
mais
c'est
aux
Citoyens
arms
la
maintenir.
1790.
que chaque citoyen est dans l'obligation d'tre fidle la Constitution, mais que l'on doit exiger quelque appareil de plus pour les Milices Nationales et les Corps admi-
M.
de Robertspierre
croit
nistratifs,
et
mme
L'Union ou Journal de
M. Robert-pierre a observ qu'tre fidle la Constitution un devoir de tous les Citoyens et que maintenir la Constitution un devoir qui seroit plus positif pour les Gardes Nationales.
t.
VIII, p. 276.
et
156.
M.
Roberts-Pierre
milices,
qui,
insiste pour la destination particulire des dans l'ordre administratif, doivent, dit-il, maintenir la
agir
alors que les milices ne puissent que sous l'inspection des corps administrans.
M. de
Montlausier propose
))
71.
SEANCE DU
JANVIER
1790
(soir)
La ville de Bouen sollicite l'autorisation d'effectuer un emprunt, pour assurer la subsistance des ouvriers des manufactures qui sont en chmage (1). En l'absence d'une municipalit normalement constitue, suivant la loi du 14 dcembre 1789, Kobespierre demande que la gnralit des habitants .soit convoque pour dlibrer sur ce sujet. Craignant les troubles qu'une telle convocation pourrait susciter
<1) Le Couteulx de Canteleu, dput du tiers tat du bailliage de /uen, prcise qu' cette poque sept huit mille ouvriers et quatre mille femmes sont sans travail Eouen. Dj une contribution volontaire a fourni plus de 300 mille livres . Et il ajoute Si la police manque Rouen, Paris est en danger, les subsistance.pourront manquer. (Cf. Journal des Etats Gnraux (DevauxK
:
l.
Vil. p.
m*i..)
181
aie autorise iprovisoirement les Electeurs, la Tniiniripalit proviwirf et les notables h proodcr cet emprunt.
!i\
Le
Point du Jour,
t.
V,
n"
180, p.
170.
Robespierre, disoit que les notables sont une espce d'aristocratie qui n'est point la commune, c'est dire la gnralit des
citoyens laquelle seule
M.
appartient le droit
convoque pour nommer des dputs l'assemnommer une municipalit. Je demande, au nom du peuple, et du droit national, que les municipaux de Rouen soient tenus de convoquer la gnralit des habitans pour dlibrer sur la contribution ncessaire au soulagement de leurs concirique, puisqu'elle a t
toyens
indigens.
(2).
t.
IV, n"
139,
p.
3.
En consquence, M. l'abb Gouttes a propos de substituer dans le prcdent Dcret (3), au mot Commune, ceux d'Assemble gnrale du 0>rps Municipal et Electoral et des Notables lus. M. Roberspierre a soutenu que tous les citoyens dvoient tre appels donner leur vu.
t.
V,
p.
241
t.
Journal des Etats gnraux (Devaux), t. VII, p. 286-87. Etats gnraux. Assemble nationale (Audran, Rennes),
IV, p.
5.
Robetspierre a t d'avis qu'il ft rpondu la commune de Rouen que les habitans dvoient tre convoqus pour exprimer leur
M.
L'Union ou Journal de
((
la
Libert,
a
30,
Il
janvier
1790.
M.
,)
Robert-Pierre
la
ne pounoit
suppler celle de
l'impt.
commune
qui avoit
seule
le
droit
de consentir
(2)
I,
les
187. (3)
115. Of. E.
Hamel.
,
fait la
au
la
nom du
182
SEANCE DU
14
JANVIER
1790
(soir)
Des dputs protestent contre cette proclamation rdige en forme d'arrt de propre mouvement, i^ue l'Assemble a dfendu. Robespierre le premier, puis Prieur et Camus, soutiennent cjue l'Assemble seule a le droit de lgifrer, et prsentent diverses observations quant la teneur du dcret. L'Assemble renvoya la rdaction de ce dcret son comit les
rapports.
Courier franais,
t.
III,
16,
p.
123.
d'Epercy, qui a fait le rapport au nom du mais comit, proposoit un dcret conforme aux intentions du ministre
...M.
(sic)
;
Renaud
MM.
ia
de
Roibertspierre,
et
ils
Prieur et
soutenoient
Camus
s'levoient
fortement contre
que ce n'toit-l qu'un arrt du rgime; que le pouvoir excutif n'a pas le droit de se mler en aucune manire de la lgislation; qu'il n'a pas mme l'initiative en pareille matire; et qu'il seroit du plus dangereux exemple d'autoriser une premire usurpation sur le pouvoir lgislatif. Tous s'accordoient demander le renvoi de l'affaire au comit des rapports, pour, sur les rflexions dposes sur le bureau, en former un dcret, et non une proclamation; et, comme il toit tard, et que le nombre des votans diminuoit sensiblement, ce parti a t adopt
proclamation;
suivant
conseil
l'ancien
sans
rclamation.
t.
p. 3.
la forme de la proclamation il l'a considre comme un Arrt du Conseil; c'est, a-t-il dit, accorder ey pouvoir excutif un moyen de faire de nouvelles Lois. La proclamation doit tre une rptition de la loi pour en donner connoissance, elle ne doit point assujettir une peine que la loi ne prononce point ainsi je propose de changer les acquits caution en une dclaration aux municipalits.
M. de
))
autorisations que les employs de l'ad(1) Acquits caution ministration des Finances dlivrent sur papier timbr pour que telle marchandise, qui n'a point encore pay de droits, puisse circuler librement d'un entrept un autre. (Cf. Afanassiev, Le commerce des crales en France au xvm^ sicle.)
:
.163
p. 63.
t.
II,
n"
163, p. 3.
le
Publiciste franois,
t.
II,
n 95, p. 323.
Roberstpierre a observ que cette longue Proclamation est inconvenable et qu'il falloit, en adoptant ce qu'il y avoit d'utile
M. de
dans
projettes, rdiger le tout en forme de Dcret, forme trop fiscale des acquits caution en simples Dclarations des Ngociants aux Municipalits. (2).
les
Articles
et convertir la
Le
Point du Jour,
((
t.
VI,
15 janvier
1790.
la
M.
de
Robespierre,
la
formule
et
la
dispo-
d'en rdiger la partie utile en dcret, et de convertir ia forme fiscale des acquits caution, en simple dclaration des ngocians aux municipalits.
sition
proclamation
t. VII, p. 396. Gazette nationale ou Extrait... t. V, p. 313. Etats gnraux, Assemble nationale (Audran, Rennes),
((
t.
IV,
p.
112.
Robetspierre a dit, que cette proclamation n'toit autre chose qu'une loi mme qui, d'aprs les principes de la constitution, ne pouvit tre faite par le pouvoir excutif.
M.
Annales patriotiques et
littraires,
107,
17 janvier
1790.
MM.
Prieur,
Camus
craint
t.
et Robespierre ainsi
loi
tres
clamation et
ont
qu'elle
un empitement sur
puissance lgislative...
Le
Patriote franois,
((
II,
151
p. 2.
Roberspiere a censur la Proclamation et le Projet de Dcret. 11 a demand que la forme des acquits--caution fut convertie en simple dclaration des Marchands aux Municipalits.
M.
Le Modrateur,
16, p.
61.
M. de
en
plus simple et
Robespierre a rclam pour qu'on donnt une forme plus naturelle cette proclamation, et qu'on convertt
dclarations
ces
acquits
devant
les
municipalits
(3).
des
lieux
par
le Moniteur, III, 132; et dans Les- Arch. Cf. E. Harael, I, 187. est le plus explicite. Il ne remplaait pas l'acquit caution qui comportait une dcharge au lieu d'arrive ; en outre, il tait inoprant pour la circulation par m:er ; mais l'Artois expdiait beaucoup de grains par mer et Robespierre a prfr ici exemp-
pari.,
XI,
Ce texte
'
184
73.
SEANCE
DU
16
JANVIER
1790
Journal de Dvqvesnoy,
t.
II,
p.
290.
son ordinaire, parl
lout
la
M. de
Robespierre
etc.,
et
a,
;
comme
ri
de complots,
la
;)
de
conspiration,
etc.
vouloit qu'on
municipalit,
garde nationale,
qu'on ne
dt
officiers
de
la
marine.
Journal des Etats gnraux (Devaux), t. Vil, p. 417. Etats gnraux. Asemble nationale (Audran, Rennes),
t.
IV,
p.
124.
M.
Robertspierre
Je ne serai
ni
l'avocat,
ni
l'accusateur des
partis; je crois
ter les ngociants de la formalit de l'acquit plutt que de contenter l'opinion publique souponneuse.
(1) Cf. sance du 14 dcembre 1789. Ricard, dput, accompagn de Meiffrun, envoy par (la ville de Toulon, se serait, d'aprs G.Walter, p. 149, adress Bouche et sans doute Robespierre. Cf. galement E. Hamel, I, 169-170. (2) Le marquis de Castellet, cheif d'escadre et directeur gnral Toulon depuis le 2 novembre 1786. comte Roux de Bonneval, chef (3) Le chevalier, et plus tard
:
d'escadre depuis le 15 mars 1786. (4) Jean, Ren, Csar Chambon de S-t. Julien, major Toulon depuis 1786. Aprs l'meute du T"" dcembre, il resta tout mutil, un il poch et pouvant peine se soutenir . Sa vie resta longtemps en danger, et il fut question de lui faire subir l'opration du trpan (Cf. O. Havard, I, 49).
((
185
vous montrer comrespect qui est
de
est
la
nation.
Cependant,
je
crois devoir
bien
il
manque au
d au peuple. C'est
de vue que
Je ne rappellerai point des faits qui sont fixs dans votre attenplaintes du peuple de Toulon contre ceux qui ont exerc, dans cette ville, le pouvoir militaire. Plt Dieu que l'on put oublier ce qui s'est pass Brest (5), ce qui se passe actuellement Marseille (6). Craignez, messieurs, que l'on ne dcourage le patriotisme; et que l'on ne donne trop de force aux ennemis du bien public. L'orateur a repris la longue numration des faits depuis l'origine de cette affaire. 11 a rappel les torts du rgiment de Dauiphin,
tion;
les
;)
la conduite rprhensible de l'officier qui fut arrt, portant une norme cocarde noire. Il a recens pareillement, ceux de M. d'Albert, qui a mpris la cocarde nationale, qui a outrag des citoyens arms pour la dfense de la Patrie; qui a crit M. de Caraman (7) de faire venir des troupes; qui a fait dans le port et dans l'arsenal des prparatifs hostiles, qui n'ont jamais heu en temps de paix. M. de Robertspierre a pleinement approuv la conduite du peuple, qui, craignant pour sa libert et son salut, au milieu de tant d'alarmes, s'est empar des officiers de la marine; et les a conduits en prison. (( S'il est des insurrections justes et gnreuses, a-t-il dit, en
peuple repousse la force par la force, est sans et si vous condamniez son nergie en de pareilles circonstances, vous seriez ses premiers oppresseurs. L'opinant a adopt la motion de M. Ricard, dans la partie qui porte que l'assemble nationale rend hommage aux intentions du peuple de Toulon; ainsi, qu' la conduite qu'il a tenue.
finissant,
celle o
le
contredit
de ce nombre,
Gazette nationale ou
((
le
Moniteur universel, n
18,
p.
71.
:
M. de Robertspierre a rpondu au Propinant (8) Je ne veux tre ni l'Accusateur ni l'Avocat des Officiers de la Manne; ni l'un ni l'autre rle ne convient aux reprsentants de la Nation; mais je crois que nous devons faire tous nos efforts pour empcher qu'on ne donne des loges aux sentim.ents et la conduite des
((
manqu
d au Peuple.
Brest. Of. sance du 15 septembre 1790, et O. (.5) Troubles de Ilavard, II, chap. 6-7. (6) Cf. sance du 8 dcembre 1789. (7) Victor, Maurice de Riquet comte de Caraman, gouverneur militaire de Haute Provence du 7 juin 1787 au 7 fvrier 1790; i migra en 1792, revint en France en 1801, et mourut Paris, le 24 janvier 1807. (8) La Rochefoucauld, duc de Liancourt, dput de la noblesse du bailliage de Clermont en Beauvoisis.
186
Je ne parlerai pas des faits de celte affaire; lis vous sont connus. Plt Dieu que nous puissions oublier ce qui s'est pass la mme poque Brest, oii la libert gmissoit entoure de Soldats: Marseille, o les meilleurs amis de la libert, jettes dans des cachots, toient
fer
et
l'antique
absurdit de
je
nos vieilles
avoient
arm
la
Justice.
Quand
de
cette Province,
je
ne puis m'em-
pcher de penser, que, rapprochs par leur poque, ils toient peutje tre lies par des fils qu'il ne seroit pas Impossible de dcouvrir crains sur-tout de voir un Dcret de l'Assemble Nationale dcourager le patriotisme, et encourager les ennemis de la libert. M. de Robertspiere jette ensuite un coup-d'il rapide sur
;
((
les principaux
faits
de
cette
affaire.
l
Si
vous marquez de
'approbation,
continue-t-il,
pour
la
con-
duite
votre
de M. d'Albert, ne refusez- vous pas au Peuple le droit que Dclaration des Droits a consacr, celui de la rsistance l'op-
ment l'autorit Nationale ?... Si vous dclariez qu'il n'y a lieu aucune inculpation, ce seroit dclarer qu'on n'est pas coupable pour avoir Insult le Peuple. Si vous donniez des loges, que deviendroient vos Dcrets ?... mais Je ne propose pas cependant de renvoyer au Chtelet .Ricard; persuad que j'adopte la premire partie du Dcret de la prudence et la justice vous commandent galement de tmoigner la Garde Nationale et au Conseil municipal votre satisfaction de
((
;
leur
conduite.
(9).
Le
Point du Jour.
t.
VI,
p.
81.
M. de Robespierre, aprs avoir prouv que 'M. d'Albert de Rloms avoit manifest des principes contraires ceux de la rvolution actuelle, et s'tolt permis des procds contraires aux droits de la libert publique; aprs avoir prsent la conduite des habitans de Toulon comme une rsistance ncessaire l'oppression, il a conclu que rien ne seroit aussi injuste et aussi impolltique la fols que de donner ou des loges ou une sentence d'absolution prcise M. d'Albert et aux autres officiers, ou le moindre signe d'improbation la conduite des habitans de Toulon. On vous parle beaucoup, dlsolt-il des gards ds un commandant de la marine qui a bien servi, et mol, je rclame la fols
((
(9) Texet reproduit dans le Moniteur, III, 148, Les Arch. pari, empruntent au Point du Jour le dbut de l'intervention jusqu' conduite des habitans de Toulon , puis la suite au Moniteur.
187
je
commisration,
l'amour,
le
respect
pour
le
peuple;
ne connois
de grand pour l'assemble nationale, que le peuple. On vous parle de consoler, d'honorer un officier gnral; je vous supplie au nom de la libert, de ne pas dcourager le patriotisme des bons cirien
toyens.
Protgez
la
libert,
honorez
la
nation et l'humanit.
Ce
de
n'est
c'est
au courage,
c'est
au gnreux
leurs
qu'est
attache
:
la
Voyez
ce qui s'est pass Brest voyez ce qui s'est pass et ce qui se passe et vous verrez que les bons citoyens ont besoin sur-tout Marseille d'encouragement et de consolation; et une province qui a donn la premire les plus nobles preuves de son amour pour la libert, vous apprendra qu'il n'est pas encore impossible de la combattre ou de l'opprimer. Je ne concluerai donc pas que vous dclariez les officiers en question exempts de tout reproche, je demanderai encore moins des loges pour leur conduite, mais je vous en proposerai plutt pour la municipalit, pour la garde nationale et pour la ville de Toulon, n
;
Journal politique
M. de
ni
est
il
Robersplerre
l'accusateur
11
ni
l'avocat,
des parties.
se
combien
important
d'empcher que
Je ne rappellerai point, dit-il, des faits qui ont fix votre attention, ni les plaintes du peuple de Toulon contre ceux qui ont exerc dans cette ville le pouvoir militaire. Plt--Dieu que l'on pt oublier ce qui s'est pass Brest, ce qui se passe actuellement Marseille. Craignez, que l'on ne dcourage le patriotisme, et qu'on ne donne trop de force aux ennemis du bien public. M. de Robespierre rappela les torts du rgiment du Dauphin. la con-
respect au peuple.
MM.
))
rprhenslble de l'officier, qui fut arrt portant une norme cocarde noire. Des lettres que M. Albert avolt crites M. de Caraman pour faire venir des troupes, des prparatifs hostiles qui avolent t faits par son ordre dans le port et dans l'arsenal, et qui avolent t jusques l Inconnus en ems de paix. M. de Roberspierre approuva la conduite du peuple qui, craignant pour sa libert et pour son .salut au milieu de tant d'allarmes, s'est empar des officiers de la marine et les a conduits en prison. Il conclut en demandant, que l'assemble approuvt la conduite du peuple de Toulon.
duite
t.
I,
p.
147.
M.
Robertspierre a dit que l'Assemble Nationale devoit donla plus srieuse attention une affaire intime-
188
ment
avec toutes
les
explosions de
l'oppression
militaire,
qui a
du Peuple.
Marseille
a cit, entr'autres, ce qui se passe dans la Ville de Il o un Prvt de Marchausse se joue des dcrets de l'Assemble. Il est revenu sur tous les faits de l'affaire de Toulon;
il
les a analyss
et
il
publique;
ciers
pour y trouver des complots criminels contre fini par demander que, sans s'expliquer sur
la
libert
les Offi-
de la Marine, l'Assemble dcernt des loges la conduite ferme tenue par la Municipalit et la Milice Nationale de la Ville de Toulon.
Journal de
((
Versailles,
96, p.
n'a
627.
considr les choses de cette mavnemens de Toulon comme une suite des complots forms d'un bout du royaume l'autre contre la libert pu-
M.
Robertspierre
les
pas
nire
il
a regard
a runi
blique
il
il
les
de 'Assemble Nationale, comme d'un fait devant former un des anneaux de la chane de systmes oppressifs contre une nation redevenue libre. Enfin il a conclu par demander qu'on dcernt des marques d'approbation aux milices et aux officiers municipaux de Toulon, sans s'expliquer en aucune manire sur les officiers de la marine de ce port.
a parl
L'Union ou Journal de
((
la Libert,
M.
il
ni
l'avocat
de M. d'Albert.
Il
a dit que
avec peine, que le patriotisme des habitans de Toulon Il a rappelle les faits qui font connotre que M. d'Albert de Rioms vouloit s'opposer la rvolution. Il a lou la conduite des officiers municipaux et des gardes nationales, et leurs prcautions pour calmer le peuple. II auroit voulu que l'Assemb'e nationale leur en tmoignt sa satisfaction ce qu'elle a dj fait, comme on sait, par une lettre de M. le prsident uniquement destine
nation,
verroit
pt tre dcourag.
cette
fin.
Annales universelles
et mthodiques,
t.
I,
n 34, p. 437.
:
M. de Robespierre, prenant la parole, a dit On vous parle beaucoup des gards ds au commandant de la marine, qui a bien
moi, je jclam.e la fois la commisration, l'amour, le respect peuple; je ne connois rien de grand pour l'Assemble nationale, que le peuple. On vous parle de le consoler, d'honorer un officier gnral; je vous supplie, au nom de la libert, de ne pas
servi, et
le
pour
189
dcourager le patriotisme des bons citoyens. Protgez la libert, honorez la nation et l'humanit. Ce n'est point de foibles mnagemens, c'est au courage, c'est au gnreux dvouement des dfenseurs de la patrie, c'est l'inflexibilit de leurs principes, qu'est attache la destine
Mercure de France, 23
1790, p. 293.
(( M. Robespierre, qui a pris ensuite la parole, ne devoit pas adopter ces maximes de douceur. Aussi s'est-il retranch derrire les ides de M. Ricard. Il a prtendu n'tre ni l'Accusateur, ni l'Avocat des Officiers de la Marine; cependant, aprs les avoir inculps d'avoir insult le Peuple, il a press l'Assemble de ne pas prodiguer des
loges ceux qui manquent de respect au Peuple. Il a vu une trame de conspiration universelle il en tient tous les fils, il les a montrs Rapprochez, a-t-il dit, tous les vnemens de la Provence; voyez les plus dignes amis de la libert jets Marseille dans des cachots, le fer coupable lev sur leurs ttes, les menes concidentes de Toulon, la libert finissante Brest, les amis du Peuple opprims par le despotisme militaire. L'Assemble l'encouragera-t-elle en dchargeant M. d'Albert ? Je borne le dcret l'expression du contentement que
;
la
conduite des
habitans
inspir
l'Assemble.
192.
Gazette universelle,
((
17 janvier
rpte
1790, p.
tout
M.
Robertapierre
11
ce
sa
qui
s'est
dit
pour
inculper
la
M.
Albert de Rioms.
gnrale
trouve dans
conspiration
qu'il
suppose
exister
constitution.
La
procdure prvtale de Marseille lui parot lie cette affaire. I! ne peut se figurer qu'une cocarde o la couleur noire excde la couleur nationale, ne soit pas un signe certain de conjuration. La longue rsistance de M. Albert aux supplications de reprendre un ouvrier chass de l'arsenal, est un attentat la dignit du peuple. 11 veut cependant qu'on use de clmence, et il se borne proposer, que l'assemble tmoigne sa satisfaction aux braves citoyens de Toulon.
Le Modrateur,
((
17,
p.
65.
le
M. de
Robespierre a t
dfenseur de
la
cause populaire.
a-t-il
S'il y a un motif
;
dit,
qui a rassembl les citoyens et les milices de loulon la cocarde mprise, des prparatifs de guerre, des refus d'couter les rclamations du peuple, le danger toujours menaant de
voir branler la nouvelle constitution par les
fait
natre,
tout
a d
faire
agir
la
milice
comme
elle
fait,
et
190
M. de
))
intervenir portt un
Robespierre a dsir que le dcret de l'assemble tmoignage de satisfaction en faveur des citoyens de
Toulon.
t.
I,
75* Sance, p.
4.
Robesse-Pierre, M. de Clermont-Tonnerre ont parl successivement dans cette affaire. Le premier et le dernier se sont efforcs ed prouver l'innocence de M. le CcMnte d'Albert et des officiers de la marine. M. de Robesse-Pierre, au contraire, a prtendu prouver que
le
M.
duc de Liancourt,
M. de
((
Comte d'Albert et les officiers toient trs coupables. Cependant l'honorable membre n'a pas donn d'autres raisons que celles qui avolent t longuement exposes dans cette trop longue affaire.
le
M.
Journal de Paris,
17 janvier 1790.
les
Le
les
Nonciateur ou
Nouvelles du Jour,
toujours
t.
II,
n 21, p.
165.
tous
M. de
Roberspierre,
l'Orateur
du Peuple dans
procs du peuple, a vu les dpositaires de l'autorit, a vu le peuple de Toulon insult, menac, dans toutes les circonstances de cette affaire; et M. Albert de Rioms et les autres Officiers du Roi, coupables
de
du pouvoir
les
,qui
rendent toutes
))
les
insur-
rections
lgitimes,
puisqu'elles
et
rendent
ncessaires.
t.
Assemble nationale
Commune de
Paris (Perlet),
III,
n 166, p.51.
17 janvier
1790, p. 5.
la sincrit
lui
M. de
libert,
Il
de prinde l'amour
doit
lui
de
la
des
droits
du peuple
et
du
respect
qu'on
porter.
de l'opinion du dput de Toulon, qui est, que l'assemble se borne tmoigner sa satisfaction de la conduite des officiers municipaux de la garde nationale de cette ville.
a adopt la premire partie
Correspondance...
d'Anjou,
t.
III,
p.
499.
(( M. Robespierre a rcapitul les faits. Il en a conclu que d'Albert toit videmment coupable, et il a prtendu que la seule grce que l'on pt lui accorder, ainsi qu'aux officiers de marine, etoit de ne pas s'expliquer sur leur compte, et que l'Assemble dcernt des loges la conduite ferme de la municipalit et de !a garde nationale de Toulon.
M.
Il
et
du Citoyen,
t.
I,
n 5, p. 269.
de douter du patriotisme de
n' toient
MM.
Robespierre
et
Ricard, dont
avis
191
de Clermont-Tonnerre et de Llancourt. Ils ont fait de libelles les accusent, que la mesure du droit qu'ils ont la vnration publique est justement celle de la haine que leur portent les Auteurs de ces crits infm.es. (de Keralio).
leurs preuves,
MM.
d'ailleurs tant
Assemble nationale
((
et
Commune de
le
Paris (imitation),
t. II,
n164, p. 6.
MM.
sur
Robertspierre
affaire;
parl
cette
galement et de Clermont-Tonnerre ont premier pour accuser, le second pour det les autres officiers
fendre
M.
d'Albert de
Riom
de
la
Marine;
ils
n'ont fait que rpter, le second surtout, en des termes diffrens, tout
ce qui avoit t
L'Ami du Peuple
(Marat),
et
t.
II,
p.
2.
Charles de Lameth ont comavec nergie la proposition inconsidre de donner des loges des officiers, dont la conduite a port atteinte la libert et la sret des citoyens.
M. de
Robespierre
surtout
M.
battu
L'Avocat du Peuple, 17
((
janvier
1790.
MM.
mont-Tonnerre, se sont succds la tribune. Mais loin d'adoucir les esprits, ils les ont aigris, au contraire, par des projets de dcrets qui n'taient point conformes l'opinion gnrale.
16,
p.
129.
11
a vu
les
M.
Albert
les
de Rioms
lences.
et
les
autres Officiers
vio-
(10).
t.
Journal universel,
Il,
p.
455.
M. de Robespierre, l'Ami, le vritable Ami du Peuple, a vu dans toute cette affaire le peuple insult, menac et M. Albert de Rioms, avec les Officiers du Roi, trs coupables.
Assemble
p.
((
nationale. Correspondance
de Rennes
(V'atar).
t.
III,
n 22,
274.
La
continuation de l'affaire de
Toulon
fut reprise
Liancourt,
Robertspierre et Clermont-Tonnerre.
s'ins'))irei!t
du
.Ii.iirual
de Tai
192
Courier de Lyon,
155.
Dans
la
sance
d'aujourd'hui,
MM.
de Llancourt,
la
Robertset
tribune,
Annales patriotiques et
((
littraires,
n
la
107,
17 janvier
1790,
M.
(sic).
Robespierre a soutenu
M. Ri-
chard
74.
SEANCE DU
18
JANVIER
1790
Le marquis de Lancosme, dput de la noblesse du bailliage de Tours, propose de former un comit de onze membres, charg de s'occuper sans dlai d'un plan d'impositions. L'abb Maury prend la parole, demande que les aides soient immdiatement supprimes, et que cet impt soit rempla^i par des octrois sur les villes; de plus il croit indispensable d'ta.blir, ct du comit d'impositions, un comit de liquidation de la dette. Kegnault, dput du tiers tat de la snchausse de Saint-Jean d'Angly, dvoile les intentions de l'abb Maury, dclare qu'il est dangereux de tromper le peuple par des esprances exagres, et demande la cration des deux comits proposs. Blin, dput du tiers tat de la snchausse de Nantes, aprs quelques remarques sur l'inopportunit de taxer le luxe , s'lve contre le projet de cration d'un comit de liquidation de la dette le comit des finances est charg de cet objet. M. de Cazals se prononce pour la cration de ces deux comits. Barnave intervient son tour en voulant remplacer les impts de consommation par des impts sur le luxe, on risque de ruiner Paris et de porter atteinte au commerce national. Barnave attire l'attention sur la motion de Collaud de la Salcette, dput du clerg du Dauphin, qui veut rduire tous les bnfices ecclainsi allgera-t-on les charges de la siastiques 3.000 livres dette. Barnave demande que cette proposition soit dcrte avec que seront excepts les vques et les archecet amendement,
: : :
<(
sur le sort desquels l'Assemble se rserve de statuer . Robespierre prend la parole la suite de Barnave. Aprs les interventions de Charles de Lameth, d'Anson, dput du tiers tat de la ville de Paris, du duc de la Rochefoucauild qui dclare que la motion de l'abb de la Salcette doit tre longuement examine, l'Assemble rejette l'ajournement et vote la motion de M. de Lancosme portant cration d'un comit d'impositions.
ivques,
193
t.
IV,
p. 136.
M.
me Une
Robetspierre
motion de
qu'elle
M.
Je ne puis m'empcher de regretter que la l'abb de la Salcette n'ait pas t autant appuye
:
parot
mriter
de
l'tre.
grande partie des biens ecclsiastiques appartient au peuple l'employer son soulagement, c'est le faire rentrer dans ses droits (1). Nous devons marcher au but propos par M. l'abb Maury non en achevant de tarir les sources de la prosprit du commerce mais en rendant aux pauvres l'usage des biens qui leur appartiennent Ce qui les accable, ce n'est pas seulement le sentiment de leur mi sre, c'est encore le specitacle scandaleux de l'opulence de ceux qui jouissent des richesses qui ont t destines leur soulagement.
:
Assemble nationale
<(
et
Commune de
s est
Paris (imitation),
t.
II,
166,
M.
Robertspierre
n'avoit
plaint
la
Salcette
point
encore
pauvres.
aux pas seulement le sentiment de ses souffrances, c'est eicore l'ide que son bien lui est ;ravi, et qu'il est entre les mains d'hommes insensibles, qui ne lui en restituent aucune part. J 'appuy la motion de M. l'Abb de la SalEcclsiastiques,
dit,
appartiennent
misre du Peupile, ce
n'test
cette et je
demande
qu'elle
soit
dcrte.
MM.
Anson
La
Gazette nationale ou
p.
et
n 20,
80
16,
133.
Beaucoup d'autres Membres ont parl, et entr 'autres MM. Cazals, Bamave, Roberstpierre, Charles de Lameth, dont nous dvelopperons les opinions dans la Feuille de demain. ...M. de Robespierre a appuy une partie de l'avis du Propinant. Les biens Ecclsiastiques appartiennent au Peuple. Demander
aux
Ecclsiastiques
des
secours
pour
le
Peuple,
c'est
ramener
ces
biens leur premire destination. Je demande qu'on m^tte en dlibration la motion de .de la Salcette avec l'amendement de M. Bar-
nave.
(2).
sance du 2 novembre 1789. Lettre de Robespierre au des Affiir^hes d'Artois. (2) Texte reproduit dans le Moniteur, III, et dans lea 164, Arch. pari., XI, 231 Cf. E. Hamel, I, 189.
(1) Cf.
rf'-'da^teur
194
Le
les
Nouvelles du Jour,
le
t.
II,
n''
23, p.
179
et
181.
MM.
et
Barnave,
le
Lameth,
Duc de
l'abb
la
cessivement
M.
chacun avec des raisons qui lui toient propres et particulires. ...MM. Barnave et Robespierre adoptoient tous les deux la motion de M. l'abb de la Salsde (sic); le premier par le motif que puisqu'on peut rduire les pensions, on peut aussi rduire les bnfices sans charges d'mes qui sont de vritables pensions; le second par la raison qu'une grande partie des biens Ecclsiastiques appartenant au Peuple, en les lui rendant, on ne lui donneroit que ce
((
qui est
lui.
t.
IV, n 148,
p. 8.
Roberspierre a dit qu'une grande partie des Biens Ecclsiastiques appartenant au Peuple, en assurant au Pleuple ou la partie pauvre du Peiq^le une partie des revenus Ecclsiastiques, c'est lui
rendre sa proprit.
Il
M.
a attaqu la
et
imme, de
M. l'Abb Maury,
a,ppuy
de
la Salcette.
Assemble
nationale
(Beaulieu),
t.
I,
77*"
sance,
p.
5.
Les biens ecclsiastiques, disoit M. Robesse-Pierre, sont le patrimoine du peuple demander aux ecclsiastiques des soulagements
;
pour
le
Assemble nationale
((
Commune de
Blin,
Paris (Perlet),
le
t.
III,
n 168, p. 6.
de Noailles, Duquenoy (sic), Barnave, Robespierre, Charles de Lameth, Anson, et de la Rochefoucault, ont successivement dmasqu le projet du
vicomte
propinant
))
MM.
Regnault,
de Canteleu,
Annales universelles
et
mthodiques,
t.
I,
35, p. 446.
Cette motion a eu beaucoup d'applaudissemens. MM. Barnave et Robespierre l'ont appuye, et rajournement a t prononc.
)>
Le
Point du Jour,
((
t.
VI,
p. 96.
M. Barnave
)>
et
(3).
M.
et
l'ajournement
a t prononc.
(3) On rappelle la motion de l'Abb de la Salcette au dbut de la sance du 21 janvier propos d'une lettre de Bailly et 'Assemble dcide de nommer une commission de 4 personnes charges de recevoir les aumnes des dputs, et de prparer un plan pour abolir gnralement la mendicit .
;
9$
p.
[la
4.
M. de
t.
la Salcette,
et
du Citoyen,
I,
n" 5, p. 269.
les
Tous nos orateurs, MM. Blin, Renaud (sic), de Noailles, Charde Lameth, Robespierre, La Rochefoucauld, Barnave, et autres,
incendiaire.
(4).
Mercure de France, 30
((
janvier
1790, p. 336.
M.
(4) (La sance est, dans ce numro, date par terreur du 28 janvier 1790. Il s'agit de la motion de l'abb Maury, et non de celle de l'abb de la Salcette.
75.
SEANCE
DU
21
JANVIER
1790
A propos de la nomination des membres du comit d'imposis'lve la question de savoir si un membre de l'Assemble peut tre de plusieurs comits ila fois. Le Chapelier pense qu'il n'y a pas lieu dlibrer. Le marquis de Foucauld Lardimalie, dput de la noblesse de la snchausse de Prigueux, demande que on ne peut, sans prsomption, tre memle rglement soit observ bre de plusieurs comits; puis il propose, nouveau, l'tablissement d'un comit charg de dsigner les matires soumettre C'est oe propos qu'inter la discussion de l'Assemble (1) vient Robespierre. mise pralable aux voix. L'Assemble dcide est question La ^ ^u'il n'y a pas lieu dlibrer.
tions,
: .
Courier franais,
t.
III,
21,
p.
163.
soutenoit
Mais
M. de
sur
Roberstpierre
cette
qu'on
ne
pouvoit
pas
mme
dlibrer
dernire proposition.
Des projets s^emblables avaient t dposs plusieurs reafin d'viter que des discussions importantes fussent 'uterrompues par l'examen des ptitions et dnonciations relatives u des faits d'actualit. llobes])i'3rre s'tait toujours oppos au
i(l)
prises
renvoi de la discussion des affaires courantes et la limitation des pfjuvoirs de l'Assemble en cette matire (of. sances des 28 aot et
octobre
1789).
1%
76.
1790
Barre de Vieuzac donne lecture d'un mmoire envoy par Kpublique de Gnes (1), relatif l'intgration de la Corse la :t'rance. La Kpublique de Gnes proteste en vertu du trait de 1768, par lequel elle a cd au roi de France l'administration de la souverainet en Corse , contre les votes de l'Assemble nationale dclarant la Corse partie intgrante de la monarchie la Rpublique de Gne se dclare blesse dans les droits f i-anaise qu'elle s'est expressment rservs, en cdant l'exercice de la souverainet sur cette le. Elle exige le maintien de tous ses droits. Un dbat s'instaure. Mirabeau demande l'ajournement. Salicetti, dput du tiers tat de la Corse, annonce que d'aprs les lettres qu'il reoit, les dcrets ne sont point publis en Corse, que le peuple encore incertain sur son sort, craint qu'on ne le il s'lve contre l'ajournement. cde la Rpublique de Gnes attendu le vu nonc par les Karnave propose de dcrter qu' partie intgrante de la monarchi-e former de Corse habitants de la franaise, il n'y a pas lieu dlibrer sur la rclamation de la en outre que le prsident ii demande Rpublique de Gnes soit charg de prier le roi de faire envoyer et excuter immdiatenationale l'Assemble en Corse . de ment Les dcrets Aprs les interventions de divers orateurs dont d'Espremenil, et Robespierre qui parle la suite de l'Abb Maury^ la motion de Barnave est dcrte.
la
:
((
Journal de Duquesnoy,
((
t.
II,
p.
301.
:
le mme c'est une conengag l'aristocratie gnoise faire cette rclamation, etc., etc. Le comte de Mirabeau, qui avait ou ses voisins plaisanter sur l'aristocratie des rpubliques de Genes^ Lucques, Raguse, Saint- Marin, a persifl avec beaucoup d'esprit le
M.
juration,
dfiant
M.
Robetspierre.
Gazette nationale ou
le
M. de
ville
Robertspierre
est
comme M.
deviner.
d'Esprmnil,
:
de Gnes
?
Il
mue
Puissance
de
le
On
(1)
le
Marquis de
iSpiuola.
ministre pl-
nipotentiaire de la Rpublique de
Gnes, Paris.
197
des indices. Les dcrets ne sont pas encore envoys en Corse, et des troubles y ont t excits. Ne seroit-il pas trs possible que ces vnemens eussent quelque rapport avec la demande extraordinaire d'une
petite
Rpublique
tardive,
?
N 'est-il
mement
Libert
arrive
pas tonnant que cette demande, extrau milieu des efforts que l'on fait contre la
Cette dmarche ne doit avoir aucune suite. Ajourner la question, ce seroit entrer dans le sens de la demande, en laissant aux Corses des inquitudes qui fomentoient des troubles. Il faut la traiter comme toute demande absurde, c'est dire, ne j>as dlibrer. M. Robertspierre
crets.
croit
qu'il
est
trs
des
D-
(2).
Journal de Paris,
22
les
janvier
1790.
t.
Le Nonciatew ou
Nouvelles du Jour,
[a
H, n 26, p. 204.
qu'il est tent de croire que Rpublique de Gnes est mue en cette occasion par quelqu'autre puissance, et que s'il ne peut en donner des preuves, il peut en donner des indices. M. de Roberspierre a rappelle alors la lenteur avec laqueiHe les Dcrets de l'Assemble National sont toujours parvenus en Corse, il a ajout que si elle veut tre juste, l'Assemble ^Nationale doit dfendre de toutes ses forces la libert de la Corse, et son association la France qu'elle doit les dfendre pour ses propres intrts, parce que si la libert toit jamais en pril dans la France, elle trouveroit de puissans appuis dans ces insulaires accoutums combattre avec les sentiments de leur antique libert et de
M. de
Roberspierre
tabli],
la
leurs
antiques oppressions.
))
Le
Point du Jour,
((
t.
p. 37.
Robespierre ce que les dputs de l'le de Corse ont dit plusieurs fois que nos dcrets n'toient pas publis cbez eux, et qu'on cherchoit exciter des troubies nous devons regarder le peuple Corse comme un des boulevards de la libert, puisqu'il runit le souvenir d'une antique libert et le souvenir d'une rcente oppression. Que penser de la rclamation de la rpublique, lonsqu'on la voit parotre huit mois aprs qu'elle a vu la Corse convoque pour les tats, et sige (sic) pendant ce tems dans la dite de la France ? Ajourner la question, ce serait tenir les Corses dans l'in:
M.
(2) Cf.
<le
Moniteur,
III,
194; et Arch. pari., XI, 269. Le Courier texte, les interventions de Gart
l'an,
'
198
certitude et augmenter les craintes qu'on cherche leur donner; il faut dclarer n'y avoir lieu dlibrer et presser le ministre pour l'envoi des
dcrets dans
l'sle.
Assemble nationale
t.
III,
n"
171, p. 6.
que l'ajour M. de Robespierre a combattu cette opinion, nement il pense que la fermentation qui s'est leve en Corse est due ce que les dcrets de l'Assemble n'y toient point encore publis, vt que la dmarche de la rpublique de Gnes pourroit bien avoir rapport au mouvement que se donnent les ennemis de la rvolution pour la faire avorter: qu'il toit trange que depuis 1768 la rpublique
ainsi
:
de Gnes
o
ser
la
et gard le silence,
et qu'elle
ne
le
rompt qu'au
Il
moment
a appuy la
question pralable, et a
demand que
le
vivement
le
Assemble nationale
p.
((
Commune de
Paris (imitation),
t.
III,
n"
169,
7.
M.
Robertspierre,
ses
rise
toutes
opinions,
que la Rpublique de Gnes toit mue par une puissance trangre, et que la preuve en toit dans les obstacles qui toient opposs la publication des Dcrets de l'Assemble dans l'le de Corse; il a fait observer combien il seroit trange qu'aprs avoir souffert sans rien dire, que les Corses envoyassent des Dputs l'Assemble Nationale de France, la Rpublique de Gnes aprs huit mois de silence aurait imagin de venir faire valoir de prtendus droits de
souverainet.
roit
II
tre
favorable
a combattu l'ajournement en faisant sentir qu'il pouraux ennemis de l'Etat; il a fini par dire que la
et
pour que
les
Dcrets
fussent
envoys en
Corse
et
que
leur
L'Union ou Journal de
((
la
1790.
paru
par quelque
trangre.
M.
M.
mme
empcher que
de ce qu'il voit faire pour peuples ne jouissent de la libert, il est port croire qu'une puissance ennemie voudroit faire chouer l'union de la Corse la France, de crainte qu'un pareil exem.ple et la libert des
diverses conjectures
les
ide;
Corses ne
fissent
trop
goter les
libre,
199
janvier
1790,
p.
359.
M.
Robespierre,
dont
la
pntration
embrasse l'avenir
comme
le
dans la demande de Gnes, combine avec le retard de l'envoi des Dcrets en Corse, et les efforts d'une contre rvolution. Ces indices, qui frapperont mme les Penseurs les plus inattentifs, n'ont cependant pas jx>sitivemnt dcid l'opinion de M. Robespierre faut, a-t-il Il
:
dit,
traiter
la
rclamation
comme
toute
demande
absurde, c'est--dire,
ne pas en dlibrer.
t.
I,
79" sance, p.
8.
M.
de
rpublique
venoit
de
faire
Gnes
des
Maury que la dmarche qu'eUe par quelques personnes mal intentionnes, en concluant
l'abb
la
M.
avoit
pu
tre
excite
comme
plusieurs
propinans,
qu'il
n'y
avoit
lieu
dlibrer,
demandoit expressment l'exacte publication des dcrets de l'assemble dans l'isle de Corse.
Courier de Provence, n" 96, p. 5.
M. Robertspierre a cherch veiller des soupons trop bien fonds, peut-tre, d'aprs la lenteur qu'on a mise faire parvenir les dcrets de l'Assemble dans cette le; il a fait entendre que Gnes,
toit
et
det
et
l'avantage de dfendre
libert
des Corses
association,
t.
VII, p. 693.
M.
Robetspierre a
les
fait
voir le
traiter
falloit
la
comme
sous
tous
rapports.
11, p.
41.
pierre ont
Barnave et Robertsappuy l'honorable Membre par des raisons dont l'vidence n'a pu tre dtruite par MM. le Vicomte de Mirabeau, d'Eprmesnil et l'Abb Maury.
l'ain,
MM.
le
E. Hamel, T, 189-190. Bien que Mirabeau ait propos (3) Cf. ajournement indfini, il revient dans son journail sur cette premire position .et loue la perspicacit de Robespierre: Sans vouloir donner trop d'extension ses craintes, quelques faits peuvent
1
200
a" moins servir les rendre naturelles et ,plaiisibles on sait que Les Gnois n'ont perdu par la ee'ssion force de la Corse que le titre de souverains, dont ils toient, il est vrai, fort jaloux; mais on sait aussi que la possession de ce petit royaume a t la source de toutes les guerres qu'ils ont eues contre les Pisans, et la seule cause de la dette immense dont ils sont grevs. C'est pour payer l'intrt des sommes dpenses pour ces diffrentes guerres qu'ils ont tabli chez eux cette banque de St. Georges, qui a ses ministres, ses agens, ses magistrats, son rgim'e', et qui forme un tat dans un tat, etc. Ainsi donc ou pourroit croire, avec M. RobertsPierre, que la rpublique n'a pas ifait d'eSlle-mme une pareille rclamation ; les Russes dsirent depuis long-tems de se procurer un port de mer dans la Mditerrane c'est pour en solliciter un
;
pour eux auprs des Napolitains, que l'empereur a entrepris, quoique sans succs, son dernier voyag* en Italie on a tent les Gnois avec aussi peu de fruit pour leur faire cder la belle anse de la iSpezia, qui formeroit une rade prfrable peut-tre celle de Toulon enfin on sait que Paoli se dispose aller en Corse,
;
:
qu'il doit passer Paris sous peu de jours; sans lui prter des sentimens contraires la libert de son pays, sa reconnoissance pour les Anglois ne lui feroitelje! pas tenter de donner l cette nation une proprit, ou du moins des allis qui pourroient nous inquiter... Tous ces fait, qui n'toient pas sans doute connus de M. Roberts-Pierre, pourroient peut-tre aggraver Les soupons vagues par lesquels il a cherch veiller la prudence de l'Assemble.
77.
SEANCE
DU
25
JANVIER
1790
Le dcret relatif la constitution des assembles primaires, on date du 22 dcembre 1789 (1), portait comme quatrime condition por tre citoyen actif payer une contribution directe de' la valeur locaile de trois journes de travail. Un dcret du 15 janyiei" prcisait que le prix de la journe de travail me deVoit pas tre fix sur Izs journes d'industrie, susceptibles de beaucoup de variation, mais sur le travail de la terre >>. Le 25 janvier, Robespierre intervint ce sujet ,sans que cette question soit l'ordre du jour (l'Assemble venait de' voter le jnaintien des droits d'aides et des octrois) et demanda que tous ceux qui payaient une contribution quelconque fussent aidmis au
:
(1) Cf. sances des 29 octobre et 3 dcembre 1789, dans lesqueLles Robespierre s'est dj lev contre les restrictions apportes l'exercice des droits du citoyen. Guiroy, dans Le Franc en vedette ou le Porte voix de la vrit sur le tocsin, Paris, fvrier 1790, in-S", 35 p., indique (p. 18, note 1), qu'il transmit au prsident de l'Assemble nationale, Target, un mmoire plusieurs jours avant l'intressante motion faite ce sujet par M. Drobespierre, qui ce prsi'dent (1') a remis... .
'
201
la mise en vigueur d'un nouveau systme d'impocs. motion suscita un dbat trs vif. Duquesnoy reconnut qu'un amnagement provisoire s'imposait mais tout le monde comprenait .que Kobespierre visait implicitement remettre en question le rgime censitaire adopt par l'Assemble fie 29 octobre 1789 et spcialement (le marc d'afgent (voir ci-dessus p. 131). Finalement, la motion de Robespierre fut renvoye au Comit
vote jusqu'i
jCette
de Constitution
(2).
Journal de Duquesnoy,
tir
t.
II,
p.
315.
la tribune et a chercli la
M.
Robespiere
est
mont
faire sen-
les
inconvnients
qu'aurait
dans
province
d'Artois
l'excution
de la loi qui exige une mesure de contribution pour exercer les droits de citoyen actif. Il a prtendu que, dans cette province, les impositions tant principalement indirectes, n'y ayant aucun impt direct sur
la
personne, mais seulement sur les biens, les biens tant presque tous la classe des lecteurs et des ligibles serait
extrmement restreinte. Jusque-l il pouvait avoir raison, mais il s'est perdu son ordinaire en dclamations vagues, en grands mots sur
l'galit,
vait
sur la
le
libert,
lui
encore
la
loi
l'Artois; mais
il
contre les moines, l'aristocratie, etc. On poupardonner s'il et propos une loi particulire pour a donn un projet de dcret qui suspend l'excution
les
de
impositions seront
(sic)
Gazette nationale ou
le
107.
M. de
parole et a dit
votre dlibration
un objet infiniment
plus
du Royaume... Il lient la que vous nous accuseriez d'une malversation odieuse, ,si nous ne soutenions pas avec force la cause qui nous est en ce moment confie. Parmi les Dcrets qui fixent la quotit d'impositions ncessaires pour exercer les droits de
libert
intressant pour
d'une
telle
nature,
adopt
il
obtint satisfaction en ce sens que le dcret le 2 fvrier 1790 spcifia i(art. 6) que dans les lieux o n'y a point de contribution territoriale... tous les citoyens seront lputs actiifs jusqu' la nouvelle organisation de l'impt, except ceux qui dans les villes n'auront aucun mtier ou proprits et ceux qui dans les campagnes n'auront pas quelques proprits foncires ou ne tiendront pas quis.lque ferme ou mtairie de tretite
(2)
Robespierre
livres
de
bail.
Cf.
E.
Ham1,
I,
191,
202
citoyen
actif,
eu
est
qui
ont
donn
lieu
Des
contributions
directes,
personnelles
et
relles,
sont
ta-
blies dans
une grande partie du Royaume. Dans l'Artois et dans les Provinces qui l'avoisinent, on paie peu de contributions directes; la Corve n'y existe pas; la Taille et la Capitation y sont converties en Impositions indirectes. Il en est de mme des contributions par les centimes tablis depuis deux sicles propritaires de fonds les toient bien loin de produire une imposition proportionne a valeur des fonds: ils ont t abolis par les soins des Etats d'Artois (3). Ainsi, cette province ne contiendroit qu'un trs-petit nombre de Citoyens actifs; ainsi une partie considrable des habitants de la France se:
roient
frapps de
rexhrdation politique...
Si vous considrez maintenant que presque la totalit du territoire des Provinces Belgiques est possde par des Ecclsiastiques, par des Nobles et par quelques Bourgeois aiss, que dans une Com-
il
actifs...
demande
la
preuve de ces
assertions)
J'ai
de
sur
si
du peuple, que
l'galit
j'ai droit
Dans
l'tat
actuel,
politique
la
est
Prononcez
cette
la
importante rclamation.
Nous
raison qui
vous a dict
sur
la
Jettez
vos
yeux
cette
classe
mpr's par le nom sacr de Peuple... Voulez-vous qu'un Citoyen soit parmi nous un tre rare, par cela seul que les proprits appartiennent des Moines, des Bnficiers, et que les contributions directes ne
Marion, Dictionnaire des Institutions de la France (3) Cf. aux xvii et xviii*' sicles, p. 26. L'Artois tait pays exempt de gabelle, abonn pour le contrle let pour les traites, province de l'tranger effectif. La capitation et le vingtime y taient abonns. Les principales inupositions leves taient les taxes sur les boisions, affermes, et une taxe territoriale, les centimes, tablie d'aprs de vieux cadastres remontant 1569 trs dfectueuse. (Cf. galement M. Marion, Les impts directs sous l'Ancien Rgime, et la brochure de Robespierre la Nation Artsienne..., p. 18-24; ainsi que la Ptition en faveur des laboureurs artsiens, par Lair de Vaucelles, dput de la Paroisse de Saulty, sl.n.d., in-8 22 p. D'anrs cette brochure, les centime? auraient t ports cinq en 1788, mais ils n'taient pas rpartis selon l'tendue et la fertilit des terres. Chaque paroisse tait frappe d'une imposition globale qui tait ensuite divise arbitrairement entre les habitants.)
:
203
pas en usage dans nos Provinces ? Voulez-vous que nous portions ceux qui nous ont confi leurs droits, des droits moindres que ceux
ils
dont
jouissoient ?
et
Que
dans
rpondre quand
il
ils
nous diront
et
vous parlez
:
de Libert
consiste,
de Constitution,
la
La
libert
dites-vous,
volont
voix
ne sera
pas compte dans le recensement gnral des voix de la Nation. La libert consiste dans la nomination libre des Magistrats auxquels on doit obir, et nous ne choisirons plus nos Magistrats. Autrefois, nous les nommions, nous pouvions parvenir aux fonctions publiques; nous
ne
le
Dans
Libert; dans
clavage.
((
France esclave, nous tions distingus par quelque reste de la France devenue libre nous serons distingus par l'esloin
les
de compros'il
cimente
la
et
consacre;
et
l'amour de
Nation,
quelle objection
pourrez-vous faire
((
L'assemble nationale considrant que les contributions publiques tablies dans les diffrentes parties du royaume ne sont ni assez uniformes ni assez sagement combines pour permettre dans le moment
actuel
ges,
pour l'exercice
a
et
une juste application des conditions qui auroient pu tre exides droits de citoyen actif; voulant maintenir
entre
la
l'galit politique
les
dont elle
dcrets,
reconnu
pntre
ncessit
par
quelques-uns de
religieux
ses
prcdens
les
sur-tout
d'un
respect
pour
:
droits
!a
nature
la
et
lit
la
de
la
contribution requise,
sera
comme
condition
de
quaaura
de
citoyen
le
actif,
diffre
jusqu'
l'poque
elle
systme actuel des impositions, et combin les rapports de celui qu'elle doit tablir, avec l'exercice des droits politiques; dcrte en consquence que jusqu' la dite poque, tous les Franais, c'est-dire tous les hommes ns t domicilis en France, ou naturaliss, qui
rform
payeront
une
imposition
quelconque,
continueront
d'tre
habiles
exercer la plnitude des droits politiques et d'tre admissibles tous les emplois publics, sans autre distinction que celle des vertus et des salens, sans toutefois droger aux autres motifs d'incompatib<lii:;
i
(4).
(4) Textepa,ril.,
reproduit dans
318-319,
2.56-258.
dan
]e Moniteur, Laponneraye, I,
III,
40,
les
Areh.
Le texte autograyjhe de
nat.,
la
-pierre
23,
303.
204
Le Point du
((
VI. n"
a
196, p.
184.
une motion qui j>eut faire cesser le seyl reproche peut-tre que l'on peut faire la constitution franaise, mais la manire d'tablir cette question toit difficile; toucher, mme de loin au marc d'argent c'toit s'exposer aux contradictions
Robespierre
propos
M.
d'une partie de
((
l'assemble...
de vous, disoit M. Robespierre, ne s'alarme pour r irrvocabilit de vos dcrets; ce que nous venons vous offrir est prcisment la solution de ce grand problme, c'est--dire, de
Qu'aucun
rtablir
les droits
imprescriptibles
la
de l'homme
et
base ncessaire
de
sans
rvoquer
roient
de
l'humanit,
attachent au
paie-
ment d'une quotit de contribution, l'exercice des droits de citoyen. Nous devons vous consulter sur l'application de ces mesures une contre importante, surtout dans la rvolution actuelle. En Artois, la contribution directe personnelle est inconnue, parce que la taille personnelle ou la capitation y ont t converties par l'administration des de manire que tats en vingtimes et en impositions foncires (5) tous les citoyens qui ne possdent pas des fonds de terre, c'est--dire, /la plus grande partie des habitans ne peuvent atteindre la condition tablie par les dcrets qui attachent les droits de citoyen une
;
exhrdation
province.
((
politique
la
plus
grande
partie
des
habitans
de
cette
M.
soient
((
l'galit
ajoutoit-il, aux plus zls partisans de cause publique, quand i)ls nous diront vous nous parlez de libert, et nous sommes rduits la servitude politique ? Nous avons exerc tous les droits des hommes libres, quand nous vous avons dputs vers cette dite auguste qui devoit consacrer nos droits, et nous les avons perdus nous ne sommes plus que des proltaires et des esclaves, car
Que
rpondrons-nous,
Ja
nos voix ne seront pas comptes dans les suffrages qui nommeront les
lgislateurs.
C'est vous, messieurs, de rpondre de telles objections; vous rendrez un nouvel hommage aux droits de tous les citoyens vous
((
;
(5)
sitions indirectes.
205
ne ferez point dpendre les principes fondamentaux de Tordre social des bizarreries d'un systme de finance, mobile et vicieux, que vous vous proposez de dtruire; vous ne ferez pas une loi particulire pour l'Artois, et vous tendrez toute la nation un dcret qui rendra votre constitution plus chre tous les amis de la patrie et de la libert
:
je propose
en consquence
le
dcret suivant
...
Assemble nationale
p. 5 et 6.
et
Commune de
Paris (imitation),
t.
III,
173,
M. Robertspierre qui avoit dj demand la parole pour prdes rclamations en faveur de la Province d'Artois, est mont la Tiibune, et a dit Parmi tant de sages Dcrets que vous avez rendus, il en est qui attachent telle contribution les droits de Citoyen actif; il faut que cette contribution soit directe, et dans la Province
((
senter"
n'en existe, pour ainsi dire, pas de cette ,il y a des Ngocians dont le commerce roule pour cent et deux cent mille livres, et qui cependant d'aprs vos Dcrets et le genre d'imposition qu'ils payent, ne pourroient pas mme lire un Officier Municipal. Quant aux habitans des campagnes, leurs impositions foncires sont si modiques qu'en considrant que les plus grandes fortunes sont dans les mains d\\ Clerg, des grands Seigneurs, et de quelques riches Bourgeois, on ne trouvera pas aprs eux trente Citoyens actifs. Voudriez- vous, Messieurs, priver tant d'hommes de
il
Eh
que
de recouvrer enfin
si
cette
prcieuse
laquelle
ils
aspirent
depuis
:
long-tems
leur rpondrions-nous
quand
ils
nous diroient
((
confi l'a dfense de nos droits; en vous envoyant la diette auguste de la Nation, nous avons exerc les droits d'hommes libres, et comment se fait-il donc que nous ne participions pas ses bienfaits du moins dans le rgime ancien, nous jouissions de la foihle portion de libert qui nous toit laisse, et aujourd'hui que vous prtendez l'avoir donne tous, nous ne sommes cependant que des esclaves } Si vous devez, Messieurs, a continu M. de Robertspierre, ne devoir fixer vos regards que sur la seule province d'Artois; !a bonne
:
heure; mais
qui
si
principes de cette justice ternelle dont vous tes nous vous proposons de ramener cette galit que vous avez consacre, une foule d'individus qui se trouvent en ce moment privs des droits prcieux de Citoyens, en remplissant un devoir aussi sacr, ne devons-nous pas tre certains d'exciter tout l'intrt et la
consacre
si
les
anims,
justice
dont
vous
tes
susceptibles ?
206
M. de
Robertsplerre
a
la
termin
fort
son
discours
par
proposer
la
le
dcret suivant:...
2031.
partie
Cette proposition
de
l'Assemble sigeant
la
droite
du Prsident;
a murmur.
(6) ont
Plu-
sieurs, et particulirement
M.
le
Marquis d'EUtourmel
demand
question
pralable.
))
Assemble nationale
et
Commune de
Paris (Perlet),
t.
III,
n"
174, p. 5.
1790, p. 5.
aux difrens taux de conque l'assemble a jug ncessaires, soit, pour tre citoyen actif, soit pour l'ligibilit aux diffrentes places administratives. M. Robespierre a expos que dans la province d'Artois les
se rappelle la condition relative
On
tributions
directes
impositions
directes,
soit
foncires,
et
soit
personnelles,
toient
pres-
qu 'entirement inconnues,
remplaces par des impts sur les consommations; que d'aprs ce rgime il toit impossible de pouvoir excuter la lettre les daets de l'assemble; que les neuf
qu'on
les avoit
diximes des cioyens toient hors d'tat de justifier de la contribution exige, et qu'il seroit souverainement injuste de les fraj^jer d'une exhrdation politique. En consquence, il a propos un projet de dcret dont l'esprit est que l'assemble nationale considrant que les contributions publiques tablies dans les diffrentes parties du royaume, ne sont ni assez uniformes, ni assez sagement combines pour qu'on puisse les regarder comme pne rgle invariable de la fortune des citoyens, et voulant cependant maintenir l'gallit politique tablie dans la dclaration des droits de l'homme, l'assemble dclare que rexcution des dispositions concernant la condition de citoyen actif et autres ncessaires pour l'ligibilit aux places administratives, sont suspendues jusqu' ce qu'on /ait tabli un rgime uniforme d'impts dans le royaume, el que tous les Franois ou ceux qui sont naturaliss continueront jouir des droits de citoyen comme ils' en jouissaient dans le pass.
((
qu'elle
de l'assemble opinitrement attache aux dcrets a cru appercevoir dans cette motion l'intention de vouloir y porter atteinte; de grands murmures ont clat, et plusieurs membres sont alls jusqu' proposer de rejetter la motion sans souffrir
((
Une
a
partie
rendus,
D'un
les dcrets
comme
nombreuse des
la
justice et
l'opinion publique.
la
noblesse du Cambrsis.
207
fvrier
1790, p.
23.
((M, Robespierre
le
demand
et
la parole
de
sa harangue,
Dans
n'existe
que
fort
peu de con-
tributions directes.
La corve y est inconnue. La taille et la capitation y sont converties en impositions indirectes. Ainsi, cette Province renfermeroit un trs petit nombre de Citoyens actifs. Il en est de mme des lieux circonvoisins de sorte qu'une partie considrable de la France seroit frappe d'exh dration (sic) politique. a Si vous considrez maintenant que la presque totalit du territoire des Provinces Belgiques, est' possde par des Nobles, des Ecclsiastiques, ou par quelques Bourgeois aiss, on trouvera peine assez de Citoyens actifs pour lire un Officier Municipal. (M. de Montlauzier (sic) a demand l'Opinant la preuve de ces assertions; l'Opinant en a tir les consquences sans s'inquiter de la demande.) Voulez-vous, a-t-il ajout, qu'un Citoyen soit chez nous un jtre rare, par ceila seul que les proprits sont possdes par des Moines ? Que rpondre, quand ils nous diront Nous vous avions confi la dfense de nos droits. Il n'existe plus pour nous de libert ni de
;
((
((
Constitution.
Nous ne
plus
France esclave nous dans la France devenue libre, nous serons distingus par l'esclavage, je propose la rsolution suivante [suit le texte de la motion] Cet arrt de M. Robespierre... a t reu avec la plus vive improbation. On a donc invoqu la question pralable... mais de
fonctions
parvenir aux
publiques.
Dans
de
libert;
toutes
parts
l'esprit
de
parti
s'est
ht
d'envahir
parti
le
sujet;
il
a pro-
duit un
grand tumulte;
car
l'esprit
de
autre
chose.
t.
VIII, p.
10.
32-33.
t.
V,
p.
il a expos que presque touen Artois; que la plus grande partie du sol appartient au clerg, et qu'il serait rare de voir un citoyen jouir des droits que donne ce titre, attendu qu'ils sont presque tous dans l'impuissance de payer un marc d'argent. Il s'est lev avec loquence contre la servitude, qui tablit leur exhrdation politique des droits de citoyen mais pour remdier
M.
Robespierre a pris
sont
la
parole
tes
les
impositions
personnelles
((
206
le
royaume
tel
principe,
et
moyen de
votre
constitution,
M.
les
im-
peuvent tre appliques aux conditions exiges, pour tre citoyen actif, la condition relative l'imposition du marc d'argent, sera suspendue
jusqu' l'poque o elle aura combin un
mode
qu'
poque tous les franois continueront d'tre habiles exercer la plnitude de lems droits, sans autre distinction que celle des vertus et des talens. Cette proposition dlicate a veill les deux partis: mais l'un et l'autre ont t d'accord; pour ne pas prendre une dlibration prcipite, on a demand la question pralable et l'ajournement.
la
dite
t.
I,
82''
sance, p. 7, et
SB*"
sance,
((M. de Robesse-Piene a ensuite fait une motion, tendante loigner l'excution du dcret qui fixe la contribution ncessaire pour
tre
lecteur ligible, jusqu' ce que l'assemble ait dtermin un nouveau mode d'imposition. Cette motion patriotique a t renvoye au comit de constitution. Nous rendrons compte dans notre prochaine feuille des motifs sur lesquels elle est fonde, et des dbats qu'elle
occasionns.
...M.
il
de Roberspierre a attaqu
le
fort
adroitement ce
dcret,
la
auquel
a eu
courage de
plus
grande nergie. Il a prouv que la plus grande partie des proprits foncires des provinces belgiques dont il est dput, toient dans les mains des religieux et autres ecclsiastiques, qu'on n'y payot peu ou
point de contribution directe;
que par
l'effet
qui possdoient
tenter
cent mille
francs ou
mme
n'toient point
li-
M. de
de demander une exception au dcret pour certaines localits, que l'Artois, sa province, et vraisemblablement il l'auroit obtenue; mais il s'est rappelle, sans doute, qu'il n'toit pas seulement dput de l'Artois, et qu'il appartenoit toute la nation franoise, et
telles
il
Quelqu'en puisse
tre
le
sort,
il
la
209
Le Modrateur,
((
n 27, p.
105.
M. de
contribution directe; que la taille et la capitation y toient converties en impositions indirectes; que le territoire des provinces belgiques toit possd presque en entier par des ecclsiastiques et des nobles; et que dans ces deux contres, sur une communaut de mille mes,
peine
trouveroit-on
directe,
quatre
habitans
payant
la
individuellement
qualit
la
conactif,
tribution
de citoyen
contributions
de dcrter, qu'attendu la diversit des le royaume, condition que l'imposition lecteur et ligible, sera diffre jusqu' l'poque o d'imposition sera tabli; et que jusqu' cette poque
a propos
blies
ta-
dans
un nouveau mode
tous les franois,
drog
que celle des vertus et des talens, et sans qu'il ft aux autres motifs d'incompatibilit dcrt* par l'assemble
nationale.
ties
de
Cette proposition a excit une grande rumeur dans une des parla salle, o l'on a demand plusieurs reprises Ja question
pralable.
t.
VIII, p. 61.
M. de
il
vraiment ir^tressante
patriotique,
Robespierre avait demand la parole sur une matire il l'a obtenue, et par un dbut aussi sage que a su capter l'attention de l'assemble, chose extraordi;
naire lorsqu'on saura qu'il a parl contre les dcrets qui ont attach le
droit
d'tre
la qualit
citoyen actif une certaine quotit de contribution et de propritaire; mais il a su par la vrit, et de l'loquence,
intresser
ceux
mmes des
du marc d'argent. Pntr de la cause qu'il dfendoit, il a fait voir tout ce que l'humanit a de droits; il a fait un tableau aussi pittoresque que vrai de l'tat affreux o se rduit, pour la reprsentation, l'Artois, o le plus grand nombre des habitans n'ont aucune proprit., quoiqu'ils aient d'ailleurs un mobilier, une fortune assez considrable. convaincu de ce que M. de Il suffit de connotre le pays pour tre Robespierre a avanc. La majeure partie du territoire est possde par le clerg, et le reste appartient de gros propritaires lacs. M. de Robespierre a propos le dcret suivant...
Journal des Dbats,
((
t.
IV, n
155 (supplment), p. 2.
l'irr-
M. de
de
vocabilit
e^ce de
contribution,
annonc qu'en Artois, il n'y avoit qu'une qu'il n'existoit pas dans cette province, de
V..,>S.M>.<U..
Iti
210
en impositions indirectes. En consquence, l'orateur a annonc que, dans les villes et les campagnes de l'Artois, on ne trouveroit qu'un trs petit nombre de citoyens actifs et ligibles, s'il falloit se rgler par la proportion indique par les dcrets relativement
converties
l'impt direct; que la plupart des proprits foncires appartiennent
au clerg et la noblesse, et que la majeure partie des Bourgeois et des Propritaires connus pour avoir des possessions considrables, se trouveroient exposs l'exlirdation politique.
Assemble
p.
nationale. Correspondance de
Rennes
(Vatar),
t.
III,
n 26
315.
Robespierre a dit ensuite /que dans la province de l'Artois dput, et dans les provinces Belgiques, o la capitation nombre est abonne et tablie isur des impositions indirectes le -des citoyens actifs toit considrablement rduit, attendu que les propritaires de fonds toient les seuls payer une contribution directe, et qu'il n'toit pas sans doute dans les vues de 'J'as.semble de refuser la qualit de citoyens actifs une quantit immense d'hommes qui
dont
il
M.
ctoit
t.
I,
n" 6, p. 338.
Robespierre a expos que la plus grande partie des habitans de l'Artois (et on peut dire de toute la France) seraient privs des droits de citoyens actifs, si on faisait dpendre l'ligibilit de la nature et de 4a quotit de l'impt idirect. Pour remdier ce dsordre politique, il a propos que l'excution des dispositions concernant les conditions de l'ligibilit ft diffre jusqu' l'poque o le systme
M.
que tous les franais qui payent une imposition quelconque, so:ent admissibles tous les emplois, sans autre distinction que celle des talens et des vertus.
actuel des impositions sera rform, et
Le
Journal de Paris,
((
Nonciateur eu Les Nouoelles du Jour, t. II, n 29, p. 228-229. 103-104. t. III, n" 26, p.
la
il
suite
de ce dcret, M. de Robespierre
est
mont
la
tribure, et
sa sagesse. Ses prcdents dcrets exigent de contributions directes pour tre admis la M. de Robespierre, Dput plnitude des droits de Citoyens actifs de l'Arcis, o, par l'ancien rgime de son administration, les con-
une
certaine
quotit
tributions
directes
sont
Citoyens,
211
en rclamant une exception indispensable pour sa Province, en a li la cause des intrts et des principes plus universels, et aprs un discours oii il montroit son courage ordinaire, M. de Robespierre a
propos
le
Dcret suivant...
Gazette de Paris,
((
t.
1,
27 janvier 1790,
p.
2.
M. Robetspierre est ensuite mont la tribune, pour prsenter des rclamations en faveur de la province d'Artois; aprs avoir demand qu'une foule d'individus qui se trouvent en ce moment privs des droits prcieux de citoyens fussent ramens cette galit, consacre par les dcrets de l'auguste snat, l'honorable membre a propos celui-ci... [suit le texte reproduit p. 203]. Cette proposition a fait natre les plus vifs dbats; Nous avons
((
que par respect mme pour L'Assemble Nationale nous ne rendrions jamais compte de ces scnes tumultueuses (7). Aprs de longues contestations, il a t dcid que la motion de M. Robespierre seroit envoye au comit de constitution, pour qu'il prsentt
dit plus haut;
III,
t.
n 41, p. 324.
Depuis trois mois, bien des personnes, peu instruites sans doute des moyens qu'emploiera l'Assemble nationale, pour mettre de l'unit dans la perception des impts, se plaignent du dcret qui, pour tre ligible l'Assemble nationale, exige une contribution directe quivalente la valeur d'un marc d'argent. De-l les efforts qu'on a faits pour faire renvoyer ce sage dcret; de-l, la motion de M. Roberstpierre de-l, celle de M. Brouet, avocat au parlement, lue au district de S. Etienne du Mont, le 23 janvier dernier (8); de-l, enfin, les reprsentations que la commune de Paris se propose de faire l'auguste aropage (9). M. le prsident a lu, l'occasion de
;
on effet particulirement tumultueuse. Le semblait avoir perdu compltement la tte... J! annona qu'il allait lever la sance tandis que Charles de La,raeth tait la tribune... ce qui redoubla lia confusion , (d'aprs ,1e Patriote Franois, n ]171, eit par G. Walter, l""" dition, p. 156). (8) Nous avons vainement recherch la motion de Brouet. suite du vote du dcret sur. le Marc d'argent, le 29 .(9) A la (.'ctobre 1789, un mouvement de protestation s'tait dessin dans
(7)
La
sance
fut
prsident
Target
-(
17 dcembre celui de Henri IV prit l'inicommissaires dans les autres districts pour engager organiser une dputation au roi afin de le supplier refuser sa sanction ri r(; rlrrrrf. (Turtry, lliini-toirr gnral des
Le
212
cette dernire,
qui
une lettre de cette premire municipalit du royaume, demandoit ila permission de lui prsenter son adresse; mais l'Assemble a jug propos de la renvoyer son comit de constitu tion, avec la motion de M. Roberstpierre
lui
Le
t.
II,
a"
105, p. 412.
M. Robespierre a expos que la plus grande partie des habide l'Artois et de quelques piovmces voismes, seraient privs des droits de citoyens actifs si on les faisait dpendre de la nature et de la quotit de l'impt direct, attendu que presque toutes les contributions sont dans ces provinces de nature indirecte. Pour prvenir cet inconvnient de 'l'espce la plus grave, il a propos de projet de
tants
dcret suivant.
Le
de
Nouvelliste National,
((
t.
II,
n"
64, p. 29.
M.
l'Artois et
Robespierre a dit que la plus grande partie des Habitans de quelques Provinces voisines serait prive des droits
et
la
de Citoyen actif si on les faisait dpendre de la nature de l'Impt, parce que presque toutes les contributions y
rectes; et pour parer cet inconvnient,
cret suivant...
il
quotit
indi-
taient
propose
le
Projet de
D-
L'Union ou Journal de
((
la
M.
tout
son
les
auditoire
que
habitants
parce
qu'iils
quoique dirig contre le marc d'aurgent, a expos de l'Artois seroient privs d'tre citoyens actifs, ne payoent point d'impts directs.
sources manuscrites de l'histoire de Paris pend.ant la Rvolution franaise, t. II, n" 426). Cinq jours plus tard, le dis-trict de St. Sverin votait la mme rsolution, et le 9 janvier 1790 la question du marc d'argent fut voque l'Assemble de celui de St-Jeanen-Grve (cf. G. Walter, 2"^ dition, p. 152-153). Aprs l'intervention de Eobespierre Ja municipalit parisienne ne pouvait plus se drober. Le 26 janvier, elle recevait une dputation du district .de iSt-Andr-des-Arts, et dans sa sance du S3, un membre a demand qu'il fut fait une adresse d'Assemble nationale pour lui tmoigner 'la satisfaction que la Commune a prouve en apprenant qu'elle avait pris en considration la motion de M. Robespierre ('cf. Aetes C. de P., 1 srie, III, 617). Ainsi le renvoi au Comit de Constitution apparaissait comme un succs, et l'affaire ayant rebondi, on lu'tta jusqu' la fin de la Constituante pour l'abolition du marc d'argent (of. ci-dessous sance du 23 octobre 1790- discours imprim d'avril 1791; sance du 11 aot 1791).
213
26
janvier
1790,
p.
228.
M.
ture
d'un mmoire
Robertsplerre a fix l'attention de l'assemble par la lecprovinces relatif aux impositions de l'Artois et des
belgiques.
,snlte
Ces impositions tant presque toutes indirectes, il en rqu'un petit nombre d'habitans ayant l Iles qualits de citoyens qui ligibles, il est ncessaire d'tablir cet gard des dispositions
les mettent
de niveau avec
les
autres Franois.
13,
p.
51.
1 AsM. de Robestpierre, profitant semble qui exigent une certaine contribution pour tre Citoyen actif, ne peuvent tre excuts dans l'Artois, sa Province, o les contribunouvelle tions directes sont inconnues, a eu la gloire de faire une la tentative en faveur des Citoyens dont les talens sont aundessus de
de ce que
les
dcrets de
fortune,
et
les
dcrets,
78.
SEANCE
DU
28
JANVIER
1790
L'vque d'Autun (2), au nom du comit de constitution, donne connaissance l'Assemble d'une adresse remise au comit par une dputation extraordinaire des Juifs de Bordeaux. Cette adresse fait tat de la position particuilire des Juifs de Bordeaux, de Bayonne et d'Avignon, par rapport aux autres Juifs du royaume, et des lettres patentes accordes depuis deux cent quarante ans et renouveles de rgne en rgn:e, qui reconnaissent aux Juifs portugais et avignonnais tablis Bordeaux, les mmes droits qu'aux autres sujets du roi. En consquence les Juifs de Bordeaux demandent, non pas tre admis la participation des droits du citoyen, mais bien d'tre maintenus dans la jouissance de ces droits (3).
(1) Cf. sance du 28 dcembre 1789. Talleyrand-Prigord, vque d'Autun, prsident-n et (2) De perptuel des Etats de Bourgogne, dput du clerg du bailliage
d'Autun.
(3) Le Courier de Provence (t. VI, p. 187), signade une lettre de la municipalit de Bordeaux, en date du 9 fvrier, rendant compte des troubles causs par l'excution du prsent dcret. De mme il mentionne (t. VI, p. 424), une ptition de la Commune de Paris, en faveur des Juifs allemands et polonais (25 fvrier 1790).
214
Le comit de constitution propose qu, sans rien prjuger sur question de l'tat des Juifs prise dans sa gnralit, il soi-t dcrt que les Juifs qui les lois anciennes ont accord la qualit de citoyen, la conservent. Le vicomte de Noailles, Le Chapelier, le marquis de FumelMonsgur, dput de la nobless.e de la snchausse d'Agen, appuient la motion du comit, que comba't l'abb Maury. Aprs des dbats houleux, l'Aspemble nationale dcrte que tous les Juifs connus en France sous le nom de Juifs portugais, espagnols, avignonnais, continueront de jouir des droits dont ils ont joui jusqu' prsent et qui sont consacrs par des lettres patentes qu'en consquence ils jouiront des droits de citoyens actifs, lorsqu'ils runiront les conditions requises par les dcrets.
la
;
L'Avocat du Peuple, 29
((
janvier
1790.
le
MM.
sur
(le
vicomte de Noailles,
Robetspierre,
parl
le
comte de
affaire.
Fumel,
et
membres
ont
cette
79.
SEANCE
DU
30
JANVIER
1790
A.nson, dput du tiers tat de la ville de Paris, rai>pelle le rapport qu'il a prsent le 23 au nom du comit des finances; il demande que la perception des impts, pour 1790, soit conserve dans_ ses anciennes fermes, et que les receveurs particuliers soient provisoirement maintenus. Salie, dput du tiers 'tat du bailliage de Nancy, combat le projet du comit, .attaque les financiers dont il dnonce le manuvres sur le numraire )>, et soutient qu'il n'y a pas lieu dlibrer. Robespierre dfend ce mme point de vue. Le Couteulx de Canteleu,' prieur de la chambre de commerce de Normandie, banquier Rouen, prend la dfense des financiers, fait l'apologie de la Caisse d'escompte et reconnat la pnurie du numraire. Finalement le projet du comit, lgrement modifi, est adopt par l'Assemble nationale.
Gazette nationale ou
Le Moniteur
universel,
n"
31,
p.
124.
Robertspierre a appuy l'opinion de M. Salles, en disant qu'il ne falloit pas se lier par un Dcret positif des Financiers qu'il seroit possible de supprimer avant la fin de 1790; que les Receveurs
actuels,
M.
en
vertu
des
Loix
anciennes,
qui
n'toient
pas
abroges.
215
falloit
pa.^,
perception,
et
qu'il
ne leur
cet
gard,
((
On
ensuite
fait
lecture,
tant
du
;
projet
la
de Dcret, que de
))
question praJabe a t
elle
a t rejette.
janvier
1790. p. 6,
J'avoue que je ne vois pas la^ ncessit de un nouveau dcret, et qu'il me parot plus convenable de laisser les choses telles qu'elles son*^, sans se priver pendant une anne de la facult de faire les changemens convenables Je propose de dcrter que les choses subsisteront dans l'tat o e'iles sont, jusqu' >ce qu'il en ait t autrement ordonn.
M. de
Robespierre
maintenir
L'Union ou Journal de
la Libert,
n 39,
l^""
fvrier
1790.
M.
un
donner
nouveau pouvoir,
1790.
(aux
financiers),
que
de
raffermir
leur
Puisqu'ils
la
sont
ncessaires dans ce
m.o-
bonne heure; mais que le glaive leurs ttes, jusqu' ce que l'assem
autrement ordonn.
Le Point du
((
Jour,
t.
VI,
p.
248.
M. Robespiene
doit
subsister
disoit qu'attendu
que
t
le
actuelle
jusou'
ce qu'il
sera
ait
proposition,
.)
d'ordonner
qu'il
conserv
pendant toute
1790.
(1).
L'Ami du Peuple
((
et
Le
Robespierre, parlant dans le mme systme que M. Salle, de ne pas se lier par un dcret pour toute l'anne 1790; mais de dcrter simplement que la forme et le rgime de perception continuerait tel qu'il existe jusqu' ce que l'assemble en et autrement ordonn.
a propos
M.
(1)
ri.,
Texte reproduit dans le Moniteur, III, 259, et dans XI, 397. Cf. E. Hamel, I, 194.
les
Arch.
216
t.
Le
M.
lier
II,
n 67, p. 55.
Cette dnonciation [contre les Financiers] a t soutenue par de Robespierre, qui croyait d'ailleurs qu'on ne devait pas se
par un Dcret pour toute l'anne 1790, et qu'il fallait estimer simplement le mode de perception actuel, jusqu' ce que l'Assemble en et autrement ordonn.
t.
IV, n"
160, p. 8.
M.
la
rgime ac-
de
il
demand
la
question pralable
pour l'carter.
Journal de Paris, 31
((
janvier
1790.
l'avis
M. de
ni
du Comit
des Finances
statuer
de
l'avis
de M. Salle;
il
positivement
on
que l'ancien rgiime durerait encore une anne, qu'un nouveau rgime ft tabli.
p.
6.
Le Fouet
national,
n"
Et ce temps employ par M. Canteleu justifier la caisse d'escompte, attaque si justement par Messieurs Salle et Robespierre
!
janvier
1790, p. 5.
Paris,
t.
Assemble
((
nationale et
Commune de
IV, n
180,
.5.
...Il
comme
lui,
(M. Salle) a t appuy par M. de Robertspierre, qui, a pens qu'il n'y avoit pas lieu de dlibrer sur le projet
de dcret.
lier,
M.
que
Robetspierre
reprsent
:
alors
qu'il
toit
Inutile
de
se
et
pourvu.
Courier franais,
t.
III,
n 31, p. 246.
et
MM.
Robeapiene
qui
Bouchotte
(2)
ont
ensuite
propos
des
amendemens
ont
rejets.
(2)
217
80.
FEVRIER
1790
revtait une importance partiD'ordonnance de 1669 stipulait en effet que le triage ne pouvait avoir lieu si les fonds de da comiinunaut' avaient t concds titre onreux, et si les deux tiers restants ne suffisaient pas ses besoins. Les iseigneurs des Flan dies, tant wallonne que maritime, voulurent s'affranchir de ce<' deux conditions. Les Etats de Flandre, c'est dire les baillis des quatre seigneurs principaux prsentrent au conseil, une requte dans ce sens; un arrt du conseil du 27 mars 1777, enregistr immdiatement par le Parlement de Douai, fit droit leur requte. Les Etats d'Artois ayant imit ceux de Flandre, un arrt du conseil <iu 13 novembre 1779, revtu de lettres patentes, tendit l'Artois, les mmes conditions, avec cette diffrence qu'il n'accordait aux seigneurs qu'un sixime (au lieu d'un tiers) sur les fonds concds titre onreux. Le Parlement de Paris enregistra les lettres patentes, mais le Conseil provincial d'Artois les rejeta le 15 mars 1780; un arrt du Conseil cassa sa dcision, le 5 mai; toutefois, la rsistance des paysans finit par dterminer le pouvoir royal rvoquer, le 8 septembre 1787, les lettres patentes de 1779 (1). llobespierre rdigea au milieu de mai 1789 au nom de la Province d'Artois et des provinces de Flandre, de Hainaut et de Cambraisis une motion pour demander la restitution des biens communaux envahis par les seigneurs (2). D'aprs G. Wa'lter, elle aurait t dpose en aot 1789 sur le bureau de l'Assemble (3). Cela parat peu probable (4), tout au moins dans sa forme dfinitive, dont on peut situer la rdaction la fin de 1789 (5). Ell^ fait en effet allusion dans la conclusion, aux intrigues odieuses des puissances ennemies du Bien public ... l'ignorance dans laquelle on a laiss le peuple des dcrets bienfaisants pris par l'Assemble , ((ui ont fait l'objet de longu'es discussions pendant le mois de novembre 1789. Enfin Robespierre souligne l'effort de quelques dputs qui s'opposent la rtroactivit d'une telle mesure. N'est-ce pas dans la sance du 11 dcembre 1789 qu'on vota le dcret sur la conservation des forts, dont l'art. 2 dfend toutes communauts
La question du
en
Artois
droit de triage
culire
et
en Flandre.
((
(1) F. Laude. Les classes rurales ^en Artois ( la fin de l'ancien rgime (1760-1789); Lille, 1914, livre P*", chap. G. Lefebvre, Les paysans du Nord pendant la Rvolution franaise, 1924: Premire
.
partie, chap. III. xviii b 60; B.N., Lc^ 120, in-80, s.l.n.d., 11 p., <2) Arch. nat. publi par J.-A. Paris, Appendice.
AD
(3) G. Walter, p. 142. (4) Nous n'avons retrouv aucune trace de cette motion aux Archives Nationales. (5) Le Moniteur le reproduit la date du 10 dcembre 1789, et les Arch. pari, suivent son exemple (X, 486 et s.).
218
d'habitans, sous prtexlo ih^ dnii do proprit, Id'usurpation et de tout autre prtexte ([uc! oiMiuf, de S'e mettre en possession par voie de fait d'aucun des bois,, pturages, terres vagues et vaines, dont elles n'auraient point la possession relle au 4 aot, sauf aux dites communauts se pourvoir par les voies de droit, contre les iisin-i)atiMns dnut cllrs croieront avoir droit de ise plaindre. (6). Ainsi la motion aurait vu le jour au dbiit de 1790, Robespi'erre .ayant ^is-imir frais do l'impresion '(7)- H en a utilisi les principaux pnssniics (l.ms si i)r(nniie intervention au suj'et du droit de mars 171)0 (H). triage, le
!<';-,
-1
MOTION DE
au nom de
la
M.
DE ROBESPIERRE,
Pour
Communaux
MESSIEURS,
Nous venons vous
pour
le
se prsenter vous de
des plus belles occasions qui puissent ce zle pour les intrts du peuple et bonheur de l'humanit qui est la fois le premier de tous vos
offrir l'une
isignailer
Vous avez
disparotre
:
usurpations dont
il
est
la
dont nou^ proposons de vous entretenir. Les villages, bourgs et villes de l'Artois possdoient paisiblement, depuis un tems immmorial, des proprits, sur lesquelles reposoient. en grande partie, la richesse et la prosprit de cette Province et principalement de nos campagnes.
C'toient surtout des pturages, des marais, d'o l'on tlrolt une grande quantit de tourbes, ncessaire, pour suppler "la raret du bols dont la disette est grande, et le prix excessif, dans cette contre.
A la conservation de ces proprits tolt attache presque gnralement, rabondance des bestiaux, la prosprit de l'agriculture, le comr^erce, les lins (*) qui falsolt vivre une partie de ses habitans, et la subsistance d'une multitude Innombrable de familles.
(6)
p.
80.
le
Moniteur universel, n
20,
{7) Il en annonce l'envoi au Comit patriotique de Lille dans sa lettre du 12 fvrier (cf. G. Michon, I, 65). (8) 'Cf. ci-dessous, h la date. (*) Elles servoient rouir, blanchir, scher Jes lins (note du texte).
219
rent
Mais elles ne purent cl^apper aux attentats du despotisme. Les intendans et les tats d'Artois, qui se disputrent et conquitour tour, par des arrts du conseil 'l'administration de ces biens
conimunaux, qu'ils enlevrent aux communauts, nous laissrent incertains, llaquelle de ces deux e&pces d'administration nous avoient opprims, par des injustices et des vexations plus criantes. Conversions arbitraires des pturages et des marais, en terres labourables,
contre le vu et l'intrt des habitans, spoliations violentes, rglemens tyranniques dont l'objet toit d'enrichir les agens de l'administration aux dipens des citoyens; aucune de ces vexations ne nous fut pargne. L'une des plus rvoltantes fut sans doute celle, qui nous ravit une partie de nos biens communaux, pour les faire passer entre les
On
article,
mes besoins
voler
?
Cette
circonstance
peut-elle
vous
autoriser
me
les
Qu'importe encore que je les aye acquis titre gratuit ou titre onreux ? Dans le second cas ils sont sacrs, comme le contrat de vente; dans le premier ils sont sacrs comme le contrat de donation; dans l'un et l'autre, ils sont sacrs comme les droits de la proprit. Par consquent, l'acte qui dpouilloit les peuples des biens qui leur avoient t dvolus par une antique concession, pour en investir quelques hommes privilgis, n'toit qu'une infraction absurd? des premiers principes de la justice et de l'humanit.
S'il toit essentiellement nul,
dans quelques lieux que ce ft, dans la province d'Artois, qui, d'a-
eaux
et
forts.
la
Cependant dans
vexation
suite,
droit
les
du plus
seigneurs
fort
introduisit
cette
le
dans
triage,
notre
Province;
et
envahiren!,
sous
nom de
l'anne
L'une
une grande partie des proprits de leurs vassaux. des poques les plus mmorables de ces injustices
fut
1779.
Ce
prise
fut alors que les Etats d'Artois formrent la coupable entrede dpouiller les communauts qui avoient chapp aux brigan-
220
dages prcdens, sous 'le prtexte de partager leurs iblens, et de les convertir en terres labourables. Ce fut alors qu'aprs avoir essay les menace*, les artifices, les sductions, les perscutions secrettes, pour les amener adopter ces oprations ruineuses, ils surprirent clandestinement et firent presque en mme temps enregistrer leur insu, au Parlement de Paris, des lettres patentes qui ordonnent le partage de ces proprits, de manire que le tiers des biens communaux prtendais concds par le eigneur, titre gratuit, sera adjug au seigneur, et le sixime
de ceux qui
toient possds
titre
onreux.
Ainsi par cette dernire clause qui toit l'objet vident de toute cette trame, on encherissoit encore sur l'article inique de l'ordonnance de 1669, qui ne comprenoit que les biens concds titre gratuit, avec la condition que nous avons dj indique, en comprenant dans cette usinpation le sixime des biens acquis titre onrx, qu'elle exceptoit
formellement.
:
attentat
mais
la
Nos concitoyens opprims rclamrent contre cet commission intermdiaire des Etats d'Artois, rendoit
les
des ordonnances
et
et
leurs
rclamations
ses
mme
toient
punies
comme des
les prisons
crimes.
Nous avons vu
ordres
une multitude innombrable de citoyens qui n'avoient commis d'autre faute que d'invoquer la protection des loix ,en faveur de leurs proprits violes nous avons vu, pour la mme cause, leurs cachots regorger longtems des malheureuses victimes de leur tyrannie nous avons vu des femmes, mettre au
arbitraires plonger
dans
monde
ils
et
allaiter,
l'existence
foible
languissante
attestoit
sous
quels
affreux
auspices
Mais ce qu'on ne croira pas peut-tre dans les lieux qui ne furent point le thtre de ces scnes atroces, c'est que nous avons vu nos oppresseurs parcourir, main arme, nos campagnes,
l'avoient
reue.
leurs
subjuguer
leurs
paisibles
habitans
qui
c'est
que
l'un
prsent aux ministres les citoyens lies plus pacifiques comme des rebelles arms contre l'autorit, a conduit des troupes rgles contre nos
bourgades qu'il a investies, au milieu de la nuit, et dont les habitans arrachs au sommeil, fuyans, comme dans une ville prise d'assaut, toient arrts par ses satellites et trams en prison comme des criminels; crime si atroce que bientt les ministres eux mmes dtromps
de ces
taires
de dsavouer
tiers-tat
(9),
les
ordres mili-
horribles
manuvres
Un
Et quel Dput du
toit le principa;]
agent de ces
runissant
qui,
les
Laude
221
jet
cette qualit celle d'agent d'un grand seigneur, avoit form le prode dsoler son pays, pour livrer son matre des proprits im-
menses que l'inique partage devoit lui procurer... Qui pounoit raconter tous les maux, toutes les perscutions publiques ou secrettes que les mailheureux habitans des campagnes ont souffertes, pendant pluCar plusieurs annes d'exactions, de violences et de procs ruineux sieurs communauts eurent le courage d'en soutenir contre toutes les intrigues et contre le crdit formidable de leurs oppresseurs; et au
!
Parlement de Paris
et
les
biens
de
et
les
conserver...
toutes
conserv le cruel souvenir de tant d'injustices, que nos commettans nous ont recommand avec le plus d'intrt et d'unanimit est le soin de vous en demander la rparation, et de solliciter auprs de vous une loi, qui rende celles dont les pturages et les marais ont t mis en cudture, le droit de les remettre leur premier usage, s'ils jugent que leur intrt l'exige, et qui
Mais
ont
restitue
toutes,
la
portion
considrable
qui
leur
injustement
ravie,
surpris
1762,
Les mmes
des
circonstances
ont
dict
le
mme vu
manuvres du despotisme
de
l'aristocratie,
atten-
dent avec impatience la restitution et la justice qui leur sont dus. Les vexations qu'elles ont prouves offrent mme cette circonstance particulire,
des
que la cupidit et l'injustice leur ont enlev par du Conseil, non seulement le tiers des biens concds titre gratuit; non seulement le sixime de ceux qui avoient t acquis mais mme le tiers de cette dernire espce de pro titre onreux
arrts
:
prit...
dans tous ces pturages (11) est des Seigneurs, qui en ont envahi la m.oiti; une iotile d'autres, au lieu de prendre en une seule masse la part qu'ils s'attribuoient, ont choisi pour leur lot, diverses portions parses qui toient leur convenance, de manire qu'ils ne peuvent pas mme en jouir, sans traverser, sans gner, sans dtriorer celles qu'ils ont laisses aux habitans... Partout enfin la
surcrot d'iniquit,
Et d'ailleurs quel
mmes
Il
(10) Vitry-en-Artois, aujourd'hui chef-lieu de canton de l'arrondissement d'Arras. Robespierre- avait dj signal les veng'eances des seigneurs et les perscutions dent ils poursuivirent les dfenseurs des communauts dans sa brochure: A la Nation Artsienne...,
p.
55-60. (11)
Pour
partages.
222
tyrannie
insultant,
Il
ses
injustices,
la
les
preuves de ce mpris
pour
les droits
caractrise...
ses ravages,
votre
Nous ne
ici
contre
La Justice exige en gnral la restitution de tous les biens dont communauts ont t dpouilles, mme en remontant l'poque de l'ordonnance de 1669; niais il en est ici une trs grande partie,
les
culires et
dcide par des raisons partimme dans tous les systmes. Rappelions nous d'abord que l'ordonnance de 1669 faisoit prsent aux Seigneurs, du tiers des biens qui appartenoient aux communauts, deux conditions la premire que ces biens auaroient t concds gratuitement, la seconde, que les deux autres tiers seroient suffisans pour les besoins des habitans. Or, indpendamment des deux exceptions tablies, par cet article, il est vident que jamais il n'a pu transmettre aux Seigneurs la proprit d'aucune partie de ces biens. Ej effet, sans compter d'abord qoie rien n'est si difficile reconnotre, ni sujet une dcision arbitraire que le titre primitif de ces possessions; sans compter, que si l'on remonte ici la vritable origine de la proprit, il est de fait qu'elles appartenoient d'abord et par le droit aux peuples; et qu'il n'y a pas plus de raison de s'arrter l'poque des Seigneurs, que de &e reporter celle de la proprit du peuple; que souvent ces prtendues con^cessions n'cnt jamais t vrifies, et que, dans ce cas, les biens dvoient tre prsums avoir toujours appartenu aux communauts, malgr la maxime fodale contraire; il suffit d'observer, comme nous l'avons dj fait, qu' quelque titre que les communauts fussent propritaires, au tems de l'ordonnance de 1669, titre gratuit, ou titre onreux, leurs proprits n'en toient pas moins inviolables; que par consquent, lorsque le despotisme aristocratique et ministriel entreprit d'en transfrer une partie aux seigneurs, c'esit--dire lui mme, il excda videmment son pouvoir, et fit non pas une loi, mais un acte de violence et d'usurpation, qui n'a jamais pu anantir, ni altrer les droits imprescriptibles du peuple; et il est impossible de voir idans l'excution de cet ordre arbitraire et injuste, rien autre .chose qu'une spoliation viclentp et un vrai brigandage or on sait que le brigandage et la rapine ne peuvent jamais constituer un titre de proprit. On sait mme qu'un titre de cette espce est un obstacle invmcibie la prescription. Et d'ailleurs peut-on opposer la prescription au peuple ? Peut-on
l'gard
est
singulirement premptoires,
223
qu'elle
ait
au peuple,
une
possession
quelque
il
longue
t,
de l'oppression o
que
crimes Et ne que mme dans les causes civiles, la violence et la fraude opposent un obstacle insurQue sera-ce donc, dans la cause du montable la prescription jadis on peuple, dans la cause de la libert, contre la tyrannie regardoit comme imprescriptibles les alinations du domaine, faites mme sous les auspices de la bonne foi et sous le sceau d'un consentement libre; et le patrimoine sacr du peuple, pourroit tre presses rclamations
mme
auroient t punies
comme des
'
sait-on pas
encore,
mme
!
pour
les
particuliers,
crit,
lorsqu'il
lui
a t arrach par
l'opposeroit-on,
la
force
Mais
qui
cette
prescription
au
lgislateur
lui-mme. Car il n'est ici question que d'une loi porter. Or si le lgislateur peut rvoquer ses propres loix; , plus forte raison, le vritable lgislateur peut-il changer les ordonnances du lgislateur fictif
qui s'toit eroipar de ses fonctions. Si le ministre de 1669 a pu enlever aux communes une partie de leurs biens, pour les donner aux Seigneurs, plus forte raison pouvez vous la retirer aujourd'hui des mams de ces derniers pour la restituer aux lgitimes propritaires. Ou bien l'article de l'ordonnance de 1669 toit nul, ou il toit valide; dans le premier cas il ne peut nous tre oppos*,, dans le second, la loi que vous ferez aujourd'hui aura au moins la
et provisoire,
mme
force et
la
mme
que
la
puissance;
et
il
ministridl,
cette
et
diffrence,
que
celui-ci
et tyrannique,
vtre,
ouvrage de
volont
gnrale,
rpa-
On
est aussi
justice et l'hula
manit.
Pourra-t-on
bien
proprit
mais que l'on nous dise donc quel est le vritable propritaire, de celui qui a t dpouill de son bien par la force, ou de celui entre les mains duquel ont pass les dpouilles. Dira-t-on que cdlui qui depuis a acquis ces biens de bonne foi, ne doit pas en tre vinc ? mais tous ceux qui achtent le bien d 'autrui, sont-ils dispenss par leur bonne foi, de le rendre au vrai propritaire ? Ce qu'un tel vnement peut avoir de malheureux pour l'autre, prive-t-il celui-ci de ses droits ? et certes quel est celui qui mrite ici plus d'gards et de commisraticn, ou du Seigneur riche qui perdra un objet qui ne lui apipartient pas; ou des malheureux vassaux oui
il
faut
le
restituer
Vc:l ce que nous opposons en gnral l'ordonnance de 1669: mais indpendamment de toutes ces raisons, nous pourrions trouver
224
dans ses dispositions mmes de quoi appuyer notre rclamation et nos raisonnemens. En effet n'xige-t'-elle pas cette condition, pour toucher aux biens communaux, que les deux tiers restans soient suffisans, pour les besoins des habitans ? mais, nous le demandons, quand cette condition a-it'-e(lle t remplie ? Dans quels lieux s'est-on inform des besoins et des intrts des peuples, pour l'appliquer ? N'est-i pas constant, n'est-il pas notoire, que partout l'ambition et la cupidit ont tendu cette loi oppressive, sans aucune distinction ? Et de bonne foi croit-on qu'en effet les Seigneuis qu'eiUe favorisoit toient trop pauvres, et les infortuns habitans des campagnes trop riches, de manire qu'il fallut ter ceux ci, pour donner ceux l ? Tout ce que nous pouvons assurer, du moins pour nos Provinces, c'est que ces injustes spoliations dguises sous le nom de partage, c'est que les absurdes oprations qui ont chang l'tat de leurs biens communaux, ont ruin ou a,ppauvri les communauts e: les ont rduites presque partout une profonde misre. Ainsi l'ordonnance de 1669 condamne elle mme toutes ces infractions des droits de la proprit, et elle a toujours rclam contre elles, puisque la condition mme laquelle elle les avoit attaches n'a pas t lemplie.
Mais ce que nous venons de dire ne regarde que les biens communaux prtendus concds titre gratuit mais ceux qui n'avoient
:
vahis
Seigneurs en aucune manire et qu'ils ont enMais ceux qui taient acquis titre onreux, et qu'ils ont
sous quel prtexte
se dispensera-t'
toit
le
usurps
on de
les
restituer,
lors-
que l'ordonnance
proscrit dlle
mme
qui
prtexte
ill
mme expressment. Or en est dans toutes les parties de la France et surtout dans les Provinces dont nous rclamons les droits. Vous avez dj vu entr 'autres des ordres arbitraires surpris au ministre, mme une ,poque trs rcente, en enlever le sixime aux communauts de l'Artois; vous avez vu la Flandre dpouille du tiers de ces biens, excepts mme par l'ordonnance de 1669, sans compter les vexations plus grandes qui ont encore exicd ces bornes.
muJltiplis
Dira-t'on par exemple, que les infmes intrigues, que les attentats contre la libert dont nous avons rendu compte, sont deve-
nus des titres de proprit contre ceux de nos concitoyens qu'ils ont opprims Quel est celui qui osera soutenir dans l'assemble des reprsentans du peuple qu'il est dchu de ses droits, ds qu'il a plu quelques tyrans de le lui ravir; que le vol et la rapine peuvent lui tre opposs pour l'en dpouiller, tandis qu'on ne les regarderoit que comme des motifs de restitution dans la cause d'un particulier... Mais, vous, Messieurs, votre jugement sur ce point est dj prononc d'avance, par celui qui a prosfcrit le rgime fodal. Il sur!
225
si
mme
ide
plus odieiux,
l'optitre
N'est-ce pas
de Seigneurs, n'est-ce pas en vertu de la puissance fodale, que l'on s'est empar des biens que nous reclamons ? Comment donc pourroientils les conserver quand la puissance fodale n'est plus ? Si ces droits qui avoient au moins quelque chose de lgitime, dans cet ancien systme, sont anantis, comment des usurpations que l'injustice fodale
elle
mme,
et
auroit proscrites,
pourroient-elles subsister
aprs avoir
les
comme
per-
comment
laisserez-^vous
mmes
gneurs qui les ont usurps, par le plus criant abus de leur pouvoir
Quelques-uns, dit-on, voudroient nous proposer de consacrer tous ces actes d'oppression, sous le prtexte qu'une conduite contraire donneroit im effet rtroactif votre loi; mais quel autre effet une loi,
qui ordonne des restitutions ncessaires, peut-elle avoir, que celui de
retirer
les
biens
qui
en doivent tre
c'est
l'objet,
'des
mains de ceux
et
qui
ils
point
loi.
un
effet
rtroactif;
l'effet
naturel
essentiel
de
la
Quand
rement; mais l'gard des biens qui lui ont t ravis, sous le nom de triage, ou autrement, si vous vous contentez de dire le triage, l'avenir, sera supprim, vous laissez subsister la spoliation dont il est la victime; vous dites bien, l'avenir il ne sera plus permis d'atmais vous dites en mme tems, tenter la proprit du peuple
;
((
ses
la
proprit qu'ils
s'attri-
buent sur une partie de ses biens , et sous le prtexte chimrique de ne point donner la loi un effet rtroactif qui n'existeroit pas, vous prolongez rellement dans l'avenir, la privation funeste des droits
dont
a t dpouill, et le plus odieux monument de l'empire fodal. Messieurs, avec empressement cette occasion facile que nous vous prsentons ,d'accorder au peuple un grand bienfait. Tant d'obstacles s'opposent souvent votre zle pour le bonheur Ide l'humanit Profitez de ce moyen de le satisfaire, au moins en partie. Hlas dans ce moment mme que les puissants ennemis du bien public s'efforcent d'aggraver la misre de nos concitoyens, par d'injustes allarmes, par des soupons sinistres et par mille intrigues odieuses; grce leurs funestes soins ce peuple souffrant ignore jusqu'aux loix bienfaisantes par lesquelles vous avez prpar le bonheur
il
Saisissez donc,
de
la nation entire.
Disfsipez,
mans,
qui
s'lvent
pour
obscurcir
de
la
libert
la
naissante.
l'esprance,
consolation
226
et la joie, par
trera
toute Ja
et
doivent
mettre
reprsentai!*
du peuple
ceux qui cherchent le tromper, aprs l'avoir oppiim. Htez-vous de leur donner ce gage du bonheur dont ils seront redevables vos travaux, et de conqurir, pour ainsi dire, cinq provinces de plus la constitution et la libert.
81.
SEANCE
DU
FEVRIER
1790
J.ie comit des rapports duiine connaissance d'un mmoire de la municipalit de Chinon. Un nomm Bicherot (1) qui assumait la charge de Lieutenant particulier, s'est ivu interdire par un arrt du parlement, toutes fonctions judiciaires , tant sous le coup d'une ^.ccusation de spoliation d'hoirie (2). j&, municipalit de Chinon a cru, dans ces conditions, devoir lui refuser les droits de citoyen actif. Le comit propose que l'Assemble ordonne simplement l'excution du dcret du 32 dcembre 1789, qui constitue les assembles primaires juges de la validit des titres des citoyens axtifs, et renvoie donc aux trois sections de la ville de Chinon, le jugement de la capacit de Bicberot. L'abb Gouttes, dput du clerg de la snchausse de Bziers, demande que pour viter les cabales, ce ne soit pas la commune de Chinon qui juge le cas de Bitherot (3). L'Assemble nationale se rangea l'avis de son comit.
Le
Point du Jour,
((
t.
VI, n 204.
de
rejeter
le
M. l'Abb
Gouttes propose
projet
de Dcret
prsent par le Comit des Rapports et qui (( charge les Assembles primaires de juger de la validit des titres de Cftoyens actifs .
Mais M, Robespierre
toit
plus
a fait sentir que le projet du Comit conforme aux principes des dcrets de l'assemble, puis-
(1) Il s'agit de Pichereau de Greffus. Le Courier de Madon l'orthographio: Picherot (IT, 37). Cf. Arch.nat. D xxix bis, 5, d. 70. p. 24; et D xxix, 33, d. 140. (2) Gf. Gaz-ette nationale ou le Moniteur universel, 1790, p. 143. (3) Cf. P.V. tic l'Ass. nat., n 219, p. 10. La (commune de Chi.ntjn, charge par l'AssembLe de dcider si M. Pichereau de Greffus ,toit citoyen actif, l'a lev la dignit de Maire, et lui a 'donn les tmoignages les plus clatans d'estime et de confiance.
227
les
renvoyait
(4).
qualits
de
l'ligibilit.
t.
VIII, p.
176.
M.
I,
(4) 194.
Texte reproduit dans les Arch. pari., XI, 423. Cf. E. Hamel, G. Walter, p. 716, place cette intervention le 4 fvrier, au
3.
lieu
du
82.
SEANCE DU 9
FEVRIER
1790
(soir)
L'abb Grgoire, prsident du comit des rapports, rend compdes troubles qui (agitent encore le Quercy i(l)j ie Jlouergue, le l'rigord, le Bas-Limousin et une partie de la Basse-Bretagne {2) des paysans runis en troupes armes, se portent sur les chteaux
te
:
comit, il propose u que le roi soit suppli de donner les ordres ncessaires pour l'excution du dcret du 10 aot 1789 sur la tranquillit publique ; que le prsident crive iux municipalits des pays o fies troubles ont lieu, pour tmoigner combien l'Assemble est affecte de ces dsordres dont la continuation nc'essiterait l'emploi de la force publique . L'abb Maury estime ces moyens insuiffisants ; il demande que les juges poursuivent, en toute rigueur, quiconque porte atteinte la proprit et la .sret des personnes, et que les ttoupes soldes puissent marcher contre les brigands attroups , sans qu'il soit besoin de la rquisition des officiers municipaux. Lanjuinais fait remarquer que les causes des troubles de la Bretagne sont connues ce sont les multiples vexations fodales
pour
les dtruire.
Au nom du
(1) Cf. Chanoine E. Soi, La rvolution en Quercy (t. I, chap.VI) et J. Viguier, Les meutes populaires dans le Quercy en 17&9 et 1790, bis, 2, d. 21, p. 31. Lettre R.F., XX, I 37. Arch. nat.
D XXIX
anonyme
nonant
(25
les 40,
des frontires du Quercy, vers l'Auvergne , anmenaces du peuple contre les nobles et les bourgeois sept. 1780); D. XXIX bis, 40, d. 408, p. 18-27. Pice concernant troubles survenus en Quercy (20 janv.-18 fv. 1790) D XXIX bis,
crite
les
concernant
I)
XXIX
commis
concernant les troubles survenus en bis, 40, d. 406, p. 4-13, Pices les troubles survenus en Agennai'' (sic;, 5-11 fv. 1790 ; bis, 40, d. 408, p. 28. Lettre donnant le dtail des excs au chteau de Bournazel en Kouergue, s.d.
D XXIX
<2) Cf. Henri Se, Les troubles agraires en Haute Bretagne (1790-91), dans Bulletin de 'la Commission de recherche et de publi 'cation des documents relatifs la vie conomique de la Rvolution franaise, Annes 1920-21 (Fascicule paru en 1925).
228
dont
les dcrets du 4 aoilt ont t le signal. Il demande qu'il s.^ii ajout au dcret que les voies de conciliation et d'exhortation t-eront d'abord employes, et qu'on ne recourra la force arme que dans la plus urgente ncessit d (3). Aprs des dbats assez vifs, au cours desquels Robespierre intervint, le projet de dcret du comit des rapports fut aidopt par l'Assemble.
Gazette nationale ou
le
M. de
de
Robertspierre
M.
voies
conciliation
avant
d'employer
force
militaire
contre
le
peuple qui a brl les chteaux... M. d'Esprmenil Ce n'est pas le Peuple, ce sont d'es brigands. M. de Robertspierre Si vous voulez, je dirai les Citoyens accuss d'avoir brl les chteaux... MM. de Foucault et d'ELsprmenil Dites donc des brigands.
:
((
M. de
Robertspierre
Je ne
me
accuse.
((
La
quand
pos par
absolument indispensable. Le moyen humain proconvenable que les propositions volentes ne vous est pas permis d'oublier que nous sommes dans un moment o tous pouvoirs sont anantis, o le il Peuple se trouve tout coup soulag d'une longue oppression ne vous est pas permis d'oublier que les maux locaux dont on vous rend compte sont tombs sur ces hommes, qu' tort ou avec raison, le Peuple accuse de son oppression et des obstalcles apports chaque jour la libert; n'oubliez pas que des hommes gars par le souvenir de leurs malheurs, ne sont pas des coupables endurcis, et vous conviendrez que des exhortations peuvent le ramener et le calmer. Craignons que cet amour de la tranquillit ne soit la source d'un moyen propre dtruire la libert craignons que ces dsordres ne servent de prtexte pour mettre des armes terribles dans des mains qui pourroient les tourner contre la libert; craignons que ces armes ne soient diriges par des hommes qui ne seraient pas les meiilleurs amis de la rvolution. L'Assemble, peine de manquer la cause populaire qu'il est ide son idievoir de dfendre, doit ordonner que les Munielle n'est pas
((
cipalits useront
de
tous les
moyens de
conciliation, d'exhortation et
(4).
d'instruction, avant
(3) Cf.
que
la
Bchez et Roux, IV, 306. Texte reproduit dans le Moniteur, III, Arch. pari., XI, 538 j cf. E. Hamel, I, 195-197.
(4)
338,
et
dans
les
229
1790, p.
189.
M.
Lanjuinais, employer la
les Ghteaiux.
lui
Ne
prostituez pas le
nom du Peuple,
a repris
a dit
M.
d'Esprmenil,
les
Je dirai,
les
si
l'on veut,
))
M.
Robespierre,
Citoyens
qui
brlent
((
Chteaux.
Dites
M.
(les brigands, a rpliqu M. de Foucauilt. Robespierre n'en a pas moins persist soutenir que l'amour
de
la
en pril, et tous
'es
com-
mentaires de
cette
maxime.
42, p.
et
Le Modrateur,
((
165.
Robespierre ont remarqu que toutes meutes toient nes de la rigueur employe par les seigneurs pour Jiter le paiement de leurs droits; qu'en Bretagne cette rigueur toit alle au point de faire briser les meules bras o l'indigent venoit moudre Je grain destin la subsistance de sa famille, pour le forcer le porter au moulin bannal (sic); enfin, que le meilleur moyen de ramener le peuple la modration et la justice toit d'tre juste son gard, et qu' la .seule vue deis dcrets paicificatteurs de l'assemble, il rentreroit dans l'ordre accoutum et sa ttanquillit ordinaire. Tel a t le dcret rendu sur cet objet.
i^njuinais
ces
MM.
Gazette Universelle,
11
fvrier
1790, p. 291.
M.
mains, souvent ennemies de la libert des peuples, le soin de dissiper les meutes; il a rappel la promptitude avec laquelle ce peuple bon
et
les
l'assemble;
seule cause
de ces excs,
biens et
tre
les
injustice
les
L'Union ou Journal de
n 44,
12 fvrier 1790.
excit ct
M. Robespiene a regard le peuple, plutt comme que comme mchant. Ses mnagements n'ont point
la
abus et
plu
un
de
intenompu.
11
(5) Il avait dj soutenu ce point de vue lors de la discussion qui aboutit au vote de la loi martia'le (cf. sance du 21 octobrie 1789).
230
a montr par des exemples rcens, que le peuple abus, aprs s'tre port des excs s'tolt appals, ds qu'on l'avoit rappel la justice. Il a cru que les forces du pouvoir excutif ne dvoient tre employes qu'aprs des instructions donnes par les municipalits, et par
(l'assemble
nationale.
t.
V,
171, p. 5.
Roberspierre a appuy avec chaleur l'amendement propos par .M. Lanjuinais; il a fait sentir le danger qu'il y aurait employer des moyens trop violents pour arrter ces dsordres particuliers et a
M.
pens qu'il
principes
seroit
Infiniiment
plus convenable
et
plus
conforme
aoix
de l'assemble de n'avoir recours la force militaire qu'aprs avoir puis tous les moyens d'instruction et de conciliation.
>
Le
Point du Jour,
((
t.
Robespierre voulolt que rassemble dcrtt, qu'avant d'employer aucune vole de rigueur, il ft adress par les officiers municipaux, aux habitants des icantons dont il s'agit, dies instructions conformes aux principes de l'assemble, et propres ramener la tranquillit.
)i
M.
t.
VIII, p. 289.
Robespierre a soutenu M. de Lanjuinais: il s'est appesanti sur la douceur et la bont du peuple franois; et mettant part ces scnes fde sang o quelques particuliers ont t victimes, il a soutenu que chez aucun peuple du monde une rvolution semblable la ntre ne se serait opre avec autant de tranquillit.
M. de
Assemble nationale
et
Commune de
Peuple,
ri
Paris (imitation),
t.
III.
n" 189,
p. 3.
MM.
moyen de ramener
la
de le traiter avec modranon. Ils dangereux de remettre en des mains libert du Peuple, le soin de dissiper les
toit
seioit
II,
p.
775.
MM.
de
Lanjuinais et
(6).
Robespierre
proposent
d'puiser
les
voies
conciliation.
(6) Arch. nat., C 37, 313 pice 21; texte autographe: Araendernent de M. de Robespierr'e qu'il soit dcrt, qu'avant d'emploier aucunes mesures de rigueur, les offiiciers municipaux adresseront aux habitans des cantons dont il est question des instructions conformes aux principes de l'Assemble nationale et propres ramener la tranquillit, ii
:
231
n"
40, p.
329.
M. de
que
les
scanda-
avolent t occasionns
))
83.
SEANCE
DU
11
FEVRIER
1790
(1)
le rapport du Comit ecclsiastiqu'e concerdes religieux du royaume, est interrompue par le prsident, qui communique J' Assemble une lettre du Garde des sceaux (2). Elle contient la copie du Conclusum pris par les dputs an Cercle du Haut Rhin, assembls Francfort, le 7 janvier 1790, relativement aux arrts du 4 aot et au dcret du 2 novembre 1789, concernant les biens ecclsiastiques. Ils s'estiment obligs et fonds en droit de requrir S.fM. Impriale et tout l'Empire d'accorder protection aux Etats, la noblesse, et au clerg
La
discussion sur
nant
la situation
menac . (3). Aprs intervention du comte de Mirabeau, l'Assemble a renvoy le tout au Comit fodal et a charg ce Comit <le lui en rendre <'ompte mardi prochain deux heures .
Journal de Duquesnoy,
t.
H, p. 379.
M.
le
Robespierre
faire
il
est
la
souvent
ferm
lui
discussiion
connatre;
mont on a
et
a repris sa place.
Ja
Lorsqu'il y est
sur
revenu,
MM.
de Liancourt
et
de
se
hasardait
Rochefoucauld de parler
une question de ce genre sans avoix j-amais rien lu, rien appris. Non. Mais connaissez-vous au moins le trait de Rysw^iok ? Non. Il ne s'agit Avez-vous tudi le droit public d'Allemagne ? ici ni de droit public, ni de trait, mais du droit des gens. I>e droit
des gens
et
M.
Robespierre en
partie
(1) Cf.
<ler
Th. Ludwig: Die deutschen Reiohstande im Elsass nnd Ausbruch der ,Revolutionskri'ege iStrasibourg, 1898; et P. Mu;
L'Affaire des Princes possessionns d'Alsace et les origines entre la Evolution et l' Europe (Revue d'Histoire Moderne, t. T, 1899-1900). (2) P. V. de l'Ass, nat., n 199, p. 5.
ret:
du
conflit
C 37, 317-318. Copies de la lettre du comte (3) Arch. nat., de Montmorin (30 janvier 1790) et de la traduction du Conclusum.
232
84.
SEANCE DU
13
FEVRIER
1790
Le 11 fvrier, Treilhard, dput du tiers tat de la ville de Paris, donne lecture, au nom du coimit ecclsiastique, du rapport sur les ordres religieux. Un dbat s'engage sur ce rapT::)ort, et reprend l'e 12. Treilhard propose, pour mettre de l'ordre dans la discussion, de traiter successivement trois questions
:
1) Abolira-t-on
'les
ordres
religieux
3) Qu-el sort fera-t-on aux religieux dans les maisons et dans l'habit
qui ne voudront pas rester de leur ordpe ? 3) Quel sort fera-t-on ceux qui voudront rester dans les maisons et dans l'habit de leur ordre 1
La discussion s'ouvre sur la premire question, et continue le 13 fvrier. Aprs l'intervention de Gart l'an, et dans le tumulte qui la suit, La Fare,vqup de Nancy, prsente une motion tendant oe qu'il soit pralablement reconnu que 'la religion catholique est la religion nationale. Le prsident consulte l'Assemble pour savoir si cette motion, qui n'est pas inscrite l'ordre du jour, peut tre mise en dlibration. Le marquis de Fumel, Cazals, le comte de Virieu... soutiennent que l'Assemble doit dlibrer sur la motion de MM. de La Fare, Duport, Rderer, lobespierre... sont d'une opinion contraire. Aprs une inljervention de Charles de Lameth, l'Assemble revient l'ordre du jour. Finalement l'Assemble dcrta que la loi ne reconnaissait plus les vux monastiques, 'et qu'en consquence les or^dres et congrgations taient supprims.
Courier Franais,
t.
III,
n"
44, p.
363.
que
M. Gart l'an dclara Je jure conu comment Dieu pourroit reprendre i'homme les biens et la libert qu'il lui a donns... C'est ces derniers mots que s'est lev le murmure pouvantable dont nous avons parl. Tout le quartier des noirs ayant leur tte M. de Juign (1) et p'iusieurs vques, crioient au blasphme, rimpit; et M. l'vque de Nancy (2) y ajoutoit la motion expresse
terminant son discours,
:
En
((
je n'ai jamais
de
yeux,
s'carter
l'opinant.
L'orage
est
alors
devenu plus
que
(1) Leclerc de Juign, archevque de Paris, duc de Saint-Cloud, pair de France, dput du clerg de la ville de Paris. (2) De la Fare, vque dte Nancy, primat de Lorraine, dput du clerg du bailliage de Nancy.
_
233
vques de Glermont (3) et de Nancy, ayant au l'an, occupoient la tribune, environne de MM. Duport, de Rderer, Roberstpierre Duval, Cazals, Fumel, de Virieux ,dont les uns vouloient soutenir la motion de M. de la
les
MM.
milieu d'eux
M. de Mirabeau
(4).
vque de Clerinont-Ferrand, dput (3) Franois de Bonald, du clerg de la snchausse de Clermont-Ferrand. sur les qu'estions religieuses soulevrent (4) Les discussions chaque fois des dbats ipassionns. (Cf. sances du 23 aot 1789, juin 1790). 31 mai. de 9 et 16 da et
85.
SEANCE DU
18
FEVRIER
1790
(soir)
L'Assemble nationale entend la lecture des adresses de flicitations qui lui sont parvenues. iSur l'extrait de celle des volontaires du Quercj^ {!), 'l'on 'en a dsir la lecture entire. Elle annonait que les volontaires du Quercy s'taient runis pour chasser les brigands qui dsolaient cette province, incendiaient les chteaux et les chartriers ; leurs efforts ont rtabli la tranquillit et les brigands ont t repousss dans le moment mme oiv il.^ pillaient un chteau. L'Ass'embl'e, aprs une courte discussion, dcrta que 1? i)rsJdent serait charg d'crire aux volontaires du Quercv, pour If ur tmoigner sa satisfaction, <( raison des soins qu'ils se sont donns pour arrter les troubles qui existaient dans cette province (2).
Le
109.
ajout cette
MM.
Robespierre
et
Regnaud ont
demande que
a
M.
le
Prsident fut
(3).
autoris
leur
crire.
Cette proposition
accepte.
(1) Cf. Chanoine E. Sol (op. cit.), .et ,E. Hamel, I, 197. (2) Arch. nat., C 37, 311. Pices pour servir la rdaction des procs-verbaux de l'Assemble. (3) Texte utilis par les Arch. pari., X,I 644.
234
86.
SEANCE DU
19
FEVRIER
1790
Poursuivant le dbat sur la suppression des ordres religieux^ l'Assemble nationale avait dcrt, le 18 fvrier, que le traitereligieux mendiants qui sortiraient de leur clotre, serait diffrent de celui des religieux non mendiants. Le 19 fvrier, Treilhard propose que l'Assemble dcrte qu'il soit pay chaque lanne tout religieux qui ara sorti de son clotre, s'il est mendiant 700 livres jusqu' ciuquante ans, 800 jusqu' soixante-dix, 900 aprs cet ge; s'il n'est pas mendiant, 900, 1.000 ou 1.100 livres suivant son ge. Aprs diverses interventions, et sans retenir l'amendement propos par Robespierre, l'Assemble adopta Les propositions de Eon comit, avec cependant cette modification, que les religieux mendiants de plus de soixante-dix lans recevraient 1.000 livres, et L200 les religieux non-mendiants du mme ge (1).
ment des
Gazette nationale ou
Bulletin de
l'
le
M. de
connoissance exacte
des biens religieux, et vous ne pouvez, dit-on, rien statuer sur le traitement faire aux Religieux; cela je rponds que, quoique vous n'ayez ,pas des dtails bien ciiconstancis sur la valeur de ces biens, il est cependant notoire qu'ils suffiront abondamment au sort que vous devez faire tous les Moines. Les revenus des Moines sont immenses, on le sait, quoique, dans des indications vagues, ils aient t fixs -un taux trs modique. Jusqu' prsent le Clerg seul a pu vous donner une ide de l'immensit de ces biens, et le Clerg avoit le plus grand intrt, comme ia plus grande facilit, ne vous offrir que des calculs infidles. De l les erreurs mme du gouvernement. Mais ces mmes inexactitudes, que nous pouvons souponner avec vraisemblance, me font penser que la valeur des biens du Clerg peut tre double de ce qu'on l'a crue jusqu'aujourd'hui. Nous devons aux Religieux un traitement juste et honnte. Nous devons les mettre l'abri de tous les besoins, par cela mme que dans
la valeur
de
leur tat,
ils
toient l'abri
de
que vous devez aux Religieux mendiants 800 livres, aux Religieux non mendlans .000 livres. Vous avez tablll une diffrence dans le traitement faire aux Religieux rentes et ceux qui ne le sont pas. Mais, Messieurs, con1
(1) Cf.
E.
Hamel,
I,
204.
235
ceitte diffrence ilorsqu'il s'agira de fixer le sort des inou des vieillards ? non, sans doute ,vous -vous imposerez alors il ne faut ni du uxe ni des jouisle devoir de la faire disparotre sances l'homme infirme et vieux; il lui faut des secours; les besoins sont alors les mmes pour tous les hommes, et ces besoins sont ceux de la nature. Je pense que s'il devoit exister une distinction, les Religieux mendians auroient peut-tre plus de droits vos gards que ce<lui qui ne le fut pas. La vie du Religieux mendiant ayant t plus active que cdlle du Moine rente, les travaux ont rendu pour lui le fardeau de l'ge plus pesant. Je demande donc que vous fixiez un taux uniforme pour le Religieux mendiant ou non mendiant, quand il est infinne ou vieux, et je fais de cet objet une motion expresse que je
:
(2)
Le
Point du Jour,
((
t.
VII, n 219, p.
les
116.
ecclsiastiques
et
M.
les
religieux
d'une rvolution qu'ils prvoyaient. De l les notions vagues du ministre des finances et des autres apprciateurs des biens ecclsiastiques, mais que les gens bien informs portaient leur valeur une somme norme, et qu'ainsi ds prsent, l'assemble pourvoit dcrter le taux des pensions, dont il a donn l'apperu suivant On ne pourra accorder aux mendians moins de 800 livres, et aux religieux rentes, moins de 1.000 livres. M. Robespierre donnoit plus de secours la vieillesse des religieux de tous les ordres, et il croyoit que l'on devoit leur accorder 12 1400 livres, depuis l'ge de 60 ans et au dessus.
ila
crainte
et
incertaines
((
)i
t.
t.
V,
p.
M.
suffisans
Robetspierre
il
quoique vous n'ayez pas un tat au vrai des n'en est pas moins certain qu'ils sont plus que
pour
le
Le
clerg et
soit
les
reli-
pour se sous-
aux impositions,
:
soit
depuis long-tems
fait
doubler toutes les estimations que l'on des biens du clerg. Aprs ce prambule, M. de Robetspierre est entr dans la discussion du traitement faire aux religieux; il a estiaussi
faut-il
dans
le
Moniteur,
III,
414,
et
dans
les
236
qu*on ne pouvoir pas accorder moins de 800 livres aux religieux il a promendians, et de 1000 livres aux religieux non mendians pos ensuite, comme amendement, de dcrter, que tous les religieux parvenus l'ge de 60 ans, mendians pu non mendians, auroient une pension de 1200 1400 livres.
:
Assemble nationale
et
Commune de
Paris (imitaticwi)
t.
III,
n198, p. 7.
MM.
Robertspierre et
leurs biens
Bamave
de
sort des religieux; ils ont expos que que J'on prtendoit insuffisans aux j>ensions
que
de
leur valeur;
la
ils
ont particulirement
et
insist
vieillesse
aux
infir-
de
ils
la
t.
V,
181, p. 9.
Robertspierre s'est oppos l'ajournement; il a dit que les biens des Ordres Religieux f>ouvoient fournir un traitement honnte,
M.
que les Reprsentans de la nation ne pouvoient se dispenser d'assurer aux Religieux. Il a rclam au surplus un traitement beaucoup plus considrable et unifome, pour les Religieux rentes et non-rents qui
auroient
pass
soixante
ans.
))
L'Union ou Journal de
la Libert,
M. Robertspiene croit que les biens des ecclsiastiques vailent double de l'estimation faite par les intresss, qui en cachoient la valeur, dans la crainte de la rvolution qu'ils voient s'op>rer aujourl
d'hui.
livres,
Il
et
l'ge
de 60
1200
livres
chacun des religieux mendians 800 1000 livres; et aprs aux premiers et 1400 aux seconds.
M. de
gnaires
de tous
Courier de
Madon,
t.
II,
18,
p.
252.
naires
M. Robespiene a vot pour que les pensions des septuagde tous les ordres, sans aucune xJistinction fussent ds ce mo-
237
vieillesse,
Mercure de France, 27
fvrier
1790, p. 287.
MM. Robespierre, Barnave et Pthion ont plaid pour l'augmentation de traitement sans s'inquiter des calculs de finances.
Le
Rveil Matin, 20 fvrier 1790, p. 33.
M.
l'ge
des pen-
sionnaires.
87.
SEANCE DU 22 FEVRIER
1790
Le 9 fvrier au soir, l' Assemble s'tait dj occupe des troubles agraires dans le Quercy, le Houergue, le Prigord... Le jeudi 13 fvrier, la sance du matin, Le Chapelier fait lecture du projet de loi que le comit de constitution a t charg de rdiger au la sansujet des troubles qui rgnent dans plusieurs provinces. ce du soir, on annona que les gardes nationales du Quercy s'taient
runies pour chasser les brigands qui incendiaient les chteaux et les chartriers, et qu'elles avaient rtabli l'ordre. A l'Assemble qui dcidait que le prsident crirait aux volontaires du Quercy pour leur tmoigner leur satisfaction, un membre fit observer que les brigands repousss du Quercy, allaient se replier sur les provinces limitrophes et qu'il tait donc instant de dployer contre eux toutes les forces militaires. Ce contre quoi s'leva Charles de Lameth, qui signala qu'un de ses chteaux avait pourtant brl dans l'Agenais, en mme temps qu'un autre tau duc d'Aiguillon. Le samedi 20 fvrier, la discussion s'engage sur le projet de loi dont une nouvelle rdaction est propose, qui prvoit en particulier l'envoi de troupes dans les rgions troubles et le recours h la loi martiale. Le dbat se poursuit le 32 fvrier, par l'intervention du duc de La RochefouicauM, suivie de celle de Robespierre.
intervenue,
Aprs une longue discussion, et aucune dcision n'tant encore l'Assemble adopta le dcret suivant L'Assemble nationale rendra demain, sans discussions ultrieures, sauf les amendements, un dcret concernant la tranquillit
:
publique.
(1).
(1) E. Hamcl <I, 197 2()2), insiste longuement sur cette importante sance. Cf. galement ci-dessus, sance du 9 fvrier 1790.
238
Journal de Duquesnoy,
((
t.
II,
p.
417.
dputs d'Artois m'ont assur qu'au mois de Juin dernier, M. Robespierre avait sur l'esprit des habitants de cette province un empire tel qu'il pouvait seul faire brler tous les chteaux (ce crdit, il ne l'a plus); et, bien loin d'en faire usage, il n'a cess d'crire qu'on soit tranquille, de prcher l'union, la paix, la modraPlusieurs
tion. Je dois croire un fait ainsi attest, mais, quelle que soit la cause des troubles, ils existent, il faut les rprimer. Il parat vident beaucoup de personnes que les droits fodaux sont le grand prtexte de
ces mouvements;
classer trs
tables,
sur
il
il
est
donc
instant
de s'occuper de
cet objet
et
de
lequel tout le
non rachetranquilliser les esprits agits. Voil un point monde est d'accord; mais on diffre beaucoup sur
les droits rachetables et les droits
et
de Brabant,
t.
II,
p.
62, n
;
15.
et
d'abord
Robespierre,
dit
M.
Gart,
crainte
ses
principes
elle,
de
tout
rapporter la libert,
de n'avoir de
que pour
et d'atten-
Je ne donne point une foi entire au rcit officiel des ministres, et ces tableaux trop chargs des insurrections du royaume. Il y a eu /des <ihteaux brls dans l'Agnois; mais ces chteaux appartenoient d'Aiguillon et Charles de Lameth. ces deux noms,
MM.
est-il
de deviner qui a gar le peuple et a dirig ses torches contre les proprits de ses plus ardens dfenseurs ? Ces gnreux patriotes vous conjurent de ne pas vous effrayer de ces accidens. Si la colre du peuple a brl en Bretagne quelques chteaux, c'toient ceux de ces magistrats qui lui ont refus la justice, qui ont t rebelles
difficile
Que
ces
donc aucune terreur aux pres du peuple et de la patrie Ne savez-vous pas quel moyen on a employs (sic) en Normandie pour exciter des meutes ? Vous avez vu avec quelle candeur les habitans des campagnes ont dsavou Heius signatures surprises et apposes une adresse, ouvrage de sdition et de dlire, rdige
n'inspirent
!
239
par une femme aristocrate (2), Qui est-ce qui ignore qu'on a rpandu avec profusion dans les provinces Belgiques, des libelles incendiaires (3); que la guerre civile a t prche dans la chaire du Dieu de
paix (4); que les dcrets sur
suppression
la loi martiale,
du
au peuple ceux de vos dcrets qui lui prsentent des objets de bienfaisance facifles saisir ? Qu'on ne vienne donc pas calomnier le peuple. Laissons ses ennemis exagrer les voies de faits, s'crier, jusque dans le Parlement en Angleterre, que la rvolution a t souille
par la barbarie la plus sauvage. C'est bien aux Anglais,
constitution bauche,
qui leur
a cot tant de ruisseaux de sang et dix sept guerres civiles, nous reprocher l'incendie de quelques chteaux, le supplice de quelques conspirateurs pour rappeler l'homme dans la jdnitude de ses droits et le crer une seconde fois l'image de Dieu dfigure par l'ignorance et les tyrans. Moi j'atteste tous les bons citoyens, tous les amis de la raison; j'appelle le tmoignage de la France entire vous avez vu un peuple immense, matre de sa destine, rentrer dans l'ordre au milieu de tous les pouvoirs abattus, de ces pouvoirs qui l'avoient opprim pendant tant de sicles. Sans doute la France est divise en deux parties, le peuple et 'l'aristocratie; celle-ci expirante, mais dont l'agonie bien longue n'est pas sans convulsions, comme celle d'un corps vivace, et qui
imparfaite,
avorte,
aristocratique,
((
Une dernire esprance lui reste; mauvaise organisation des assembles administratives. Si l'intrigue et lia cabale qui s'agitent en tous sens, pouvoient influer sur les lections; si des aristocrates dguiss sous le masque du civisme s'emparoient des suffrages; si la lgislature suivante pouvoit se trouver ainsi compose des ennemis secrets de la constitution, la libert ne seroit plus qu'une vaine esprance que l'Assemble nationale auroit prsente l'Europe. Les nations n'ont qu'un moment pour devenir libres; c'est celui o tous les anciens pouvoirs sont suspendus: ce moment pass, si on donne au despotisme le temps de se reconnoitre, les
existoit
c'est
lia
Le Comit des j-eeherches an^ait fait l'Assemble, le 18 un rapport sur une Adresse au iloi , rdige par le luarquis de l'Epinay du Lut et sa femme, 'et diffi^e dans le grand
(2)
fvrier,
bailliage d'Evreux. Elle recueillit les signatures t( de neuf particuliers de la paroisse de Vaux. Le fait fut confirm par Vieillard et lUizot; cf. 'Courier de Madon, i.l, n 17, .p. 241, et Moniteur, III, 429. (3) Cf. Rponse de Robespierre M. Lambert contrleur gnral des finances (B.N., Ln-'^ 17634) reproduite par G Michon
(I,
59-63).
(4)
Allusion au
mandement de
l'vque de Trguier
(cf.
sance
du
20 octobre
1789).
240
cris
la
libert disparot,
la servitude reste.
veut que nous le perdions, on veut gner les lections, on veut abattre
l'nergie
du peuple,
loi
et n'est-ce
?
nouvelle
martialle
pas pour cela qu'on vous propose une villes ont reu
des garnisons extraordinaires, qui ont, pai la terreur, servi gner la libert du peuple, lever aux places municipales Iles ennemis cachs de la constitution. Ce malheur est certain, je Je prouverai, et je demande pour cet objet une sance extraordinaire; et cette rflexion seule vous permettra -t-eille d'en douter ? En Angleterre, une loi sage ne permet pas aux troupes d'approcher des lieux o se font chaque anne Iles lections; et dans les agitations incertaines d'une rvolution, on vous propose de dire au pouvoir excutif Envoyez des troupes o vous voudrez, effrayez les peuples, gnez les suffrages, faites pencher la balance dans Jes lections. Prvenons ce malheur; ne proclamons pas une nouvelle loi martiale (5) contre un peuple qui dfend ses droits, qui recouvre sa libert. Devons-nous dshonorer Je patriotisme en l'appelant esprit
:
et honorer l'esdlavage par le nom d'amour de de Ja paix ? Poursuivons nos travaux, fermons l'oreille aux importunits du pouvoir excutif, qui frap:pe sans cesse nos portes pour interrompre nos sances. Le peuple se remettra bientt, et de lui-mme, sous le joug des lois, lorsqu'elles ne seront que protection et bienfait. Ne souffrons pas que des soldats arms aillent opprimer de bons citoyens, sous prtexte de les dfendre. Ne remettons pas le sort de la rvolution dans les mams des chefs miilitaires; ne nous laissons point aller aux murmures de ceux qui prfrent un paisible esclavage une (libert achete (par quelques sacrifices, et qui nous montrent sans cesse les flammes de quelques chteaux incendis. Eh quoi, voulez-vous, comme les compagnons d'Ulysse, rentrer dans l'antre du Cyclope, pour un chapeau et une ceinture que vous y avez laisss } Je n'ai pu me refuser au plaisir de transcrire ce discours en entier. Avec quel plaisir les patriotes ont entendu cet orateur du peuHic est Vere fratrum amator, hic est qui multum orat pro populo. ple mon cher Robespierre il n'y a pas long-temps, lorsque nous gmissions ensemble sur la servitude de notre patrie, lorsque puisant dans les mmes sources le saint amour de la libert et de l'galit, au milieu de tant de professeurs dont Jes leons ne nous apprenoient qu' dtester notre pays, nous nous plaignions qu'il n'y et pas un profes-
sditieux et turbulent,
l'ordre et
((
seur
tions la tribuie
de Rome
et
d'Athne, combien
j'tois loin
de penser
(5) Cf.
sance du 21 octobre
178
241
jour
sur
nous,
d'une constitution mille fois plus be'lle toit si prs de et que toi-mme, dans la tribune du peuple franais,
la
tu
serois
libert
naissante
(6).
Gazette nationale ou le Moniteur universel, n 54, p. 217. de l'Assemble nationale, x\ 177, p. 12-15. Le Nonciateur ou les Nouvelles du Jour, t. Il, 6" recueil, n" 25, p. 194. Gazette nationale ou Extrait... t. V, p. 328 332.
Bulletin
M. de
Robertspierre.
Avant d'examiner
les
diferens dcrets,
je
ils vous sont prsents. Il y a peu de jours, sur le simple des vnemens du Quercy, l'Assemble, par un dcret, a ordonn la lunion des troupes soldes et des marchausses aux gardes nationales pour rprimer les dsordres. Ce dcret a paru insuffi;:ant aux
auspices
rcit
demand, dans
leur
mmoire, que
le
autoris
Ce mmoire
voy au comit; et, samedi, des membres de cette Assemble vous ont fait des propositions conformes celles des ministres. Qu'on me pardonne de n'avoir pu concevoir comment les moyens du despotisme pou voient assurer la libert; qu'on me pardonne de demander comment une rvolution faite par le peuple peut tre protge par le dploiement ministriel de la force des armes. Il faudroit me dmontrer que ie royaume est la veille d'une subversion totale cette dmonstration a paru ncessaire ceux-l mmes qui se joignent la demande des
:
ministres,
vrai.
((
puisqu'ils
assurent
qu'elle
est
acquise.
Voyons
si
cela
est
t dit
situation
sur
les
avez vu que ces troubles ne consistent qu'en quelques chteaux brls. Des chteaux ont le mme sort dans l'Agnois. Nous nous rappelons avec plaisir que deux dputs qui partagent ces malheurs, deux dputs nobles on [t] prfr ce vain titre celui de dfenseurs du peuple ils vous ont conjur de ne pas vous effrayer de ces vnemens, et ils ont prsent les /principes que je dveloppe aujourd'hui. H y a encore quelques voies de fait en Auvergne et quelques-uns (sic) en Bretagne. Il est notoire que les Bretons ont calm des motions plus violentes il est notoire que dans cette jprovince, ces accidens ne sont tombs que sur ces magistrats qui ont refus la justice au peuple, qui ont t rebelles
:
:
<6) C. De^iiiouHiis fait alhisio), aux con'disci')le de Jlobespiene. r.issajte 201, note 2.
li;
;Uiiu'-ck
r;t|);)ort
242
VOS dcrets el qui s'obstinent les mpriser. Les dputs des contres agites
tre rassurs
m'ont
par
assuir
que
et
les troubles se
plus
les
effrayant
faits:
il
force
calment. Vous avez d mmoire du garde des sceaux, l'exagration des expressions que par
en articule un seul: des malheurs arrivs Bliers (7). Vous avez blm le peuple vous avez donn une preuve touchante vous avez vu qu'ils ne tiennent pas une d'intrt ses malheurs cause gnrale, mais qu'ils prennent leur source dans les contraintes exerces sui Ja perception d'un impt odieux, que le peuple croit dtruit et que, depuis le commencement de la rvolution il refuse de payer. Que ces faits ne nous inspirent donc aucune terreur. Rapportcms maintenant les venemens qui peuvent dissiper nos craintes. Vous savez quols moyens on a employs en Normandie pour soulever le peuple, pour garer les habitans des campagnes; vous avez vu avec quelle candeur ils ont dsavou les signatures surprises et apposes une adresse, ouvrage de sdition et de dlire, rdig par les auteurs et les partisans de l'aristocratie. Qui est-ce qui ignore qu'on a rpandu avec profusion dans lies provinces Belgiques des libelles incendiaires, que ls principes de l'insurrection ont t prches dans la chaire du dieu de paix, que les dcrets sur la loi martiale, sur les contributions, sur la suppression du clerg ont t publis avec soin, qu'on a cach tous ceux de vos dcrets qui, non moins utiles, prsentoient au peuple des objets de bienfaisance faciles saisir ? Qu'on ne vienne donc pas calomnier le peuple J'appelle le tmoignage de la France entire je laisse ses ennemis exagrer les voies de fait, s'crier que la rvolution a t signale par des barbaries moi j'atteste tous les bons citoyens, tous les amis de la raison, que jamais rvolution n'a /cot si peu de sang et de cruauts. Vous avez vu un f>euple immense, matre de sa destine, rentrer dans l'ordre au milieu de tous les pouvoirs abattus, de ces pouvoirs qui l'ont opprim pendant tant de sicles; sa douceur, sa modration inaltrables ont seules dconcert les manoeuvres de ses ennemis et on l'accuse devant
; :
((
ses
reprsentans
((
A
i*
Ne
:
divis
Ne
celui
(7) Les employs de la gabll.j, aids par la garde nationale, saisi aux portes de la ville, du sel de contrebande, le dposent l'Htel de Ville. La population manifeste et veut s'emparer de 32 commis et de plusieurs de leurs femmes, rfugis la maison commune. Le rgime;iit de Mdoc intervient et se range en bataille devant l'Htel de Vi'Lle . 'Malgr tout, le peuple enfonicie les portes ds qu'O se retire, et cinq commis sont pendus. Of Courier de Madon, 6 fvrier 1790, II, p. 209.
ayant
243
l'aristocratie et du despotisme ? Esprons que la constitution sera solidement affermie; mais reconnoissons qu'il reste encore faire: grces
tle
libelles,
et
si
dguis
nces-
dcrets,
l'esprit
voyez- vous pas qu'on cherche nerver les sentimens gnreux du peuple, pour le porter prfrer un paisible esclavage une libert achete au prix de quelques agitations et de quelques sacrifices ?
saire.
Ne
doit pencher s'il despotisme ce sera l'tablissement des assembles administratives. Mais si l'intrigue s'introduisoit dans les lections, si lia lgislature suivante pouvait ainsi se trouver compose des ennemis de la rvolution, la libert ne serait plus qu'une va'ne esprance que nous aurions prsente l'Europe. Les nations n'ont qu'un moment pour devenir libres; c'est celui o l'excs de la tyrannie
Ce
qui
formera
l'esprit
public,
et
qui dterminera
vers la libert
ou se reporter vers
le
doit
cris
faire rougir de dfendre le despotisme. Ce moment pass, les des bons citoyens sont dnoncs comme des actes de sdition; la servitude reste, la libtert disparot. En Angleterre, une loi sage ne permet pas aux troupes d'approcher des lieux o se font chaque anne les lections; et dans les agitations incertaines d'une rvolution, on nous propose de dire au pouvoir excutif envoyez des troupes o vous voudrez, effrayez les peuples, gnez les suffrages, faites pencher la balance dans les lectsions (sic) Dans ce moment m-Sme des villes ont reu des garnisons extra:
!
((
du peuple,
la
lever aux
ennemis cachs de
rvolution.
cet objet
Ce malheur
certain; je le prouverai, et je
demande pour
une sance extraordinaire. Prvenons ce malheur; rparons-le par loi que la libert et la raison commandent tout peuple qui veut libre, qu'elle a commande une nation qui s'en sert avec une pectueuse constance pour maintenir une constitution laquelle
reconnot
une
tre reselle
des vices; mais ne proclamons pas une nouvelle loi martiale contre un peuple qui dfend ses droits, qui recouvre sa libert. Devons-nous dshonorer le patriotisme en l'appelant esprit de sditieux et turbulent, et honorer l'esclavage par le nom d'amour de l'ordre
et
de
la
paix
Non;
il
moyens
paix, ce ne
neroient de nouveaux
((
ils
moyens d'amener des troubles. Tout cet empire est couvert de citoyens arms par la libert, repousseront les brigands pour dfendre leurs foyers. Rendons aux
les principes patriotiques, atta-
qus dans tant d'endroits divers; me souffrons pas que des soldats arms aillent opprimer les bons citoyens, sous le prtexte de les dfendre.
244
ne remettons pas
tisme
[pour]
de
la
des
dtruire la libert.
(8).
Le Le
L'opinion de
les
coup pour
ple.
Robespierre a t beaucoup plus dveloppe. c'est beaurestaurateurs de la libert, pour les reprsentans du peuce.lle-ci;
il
M.
dans quelles circonstances on vous a lu un mmoire de M. le Garde des sceaux qui vous reprsente l'empire franais dsol ipar les p>Ius horribles calamits; il ne vous a cependant cit d'autres faits que celui de Bziers. Vous avez donn des marques de sensibilit cet vnement malheureux et vous avez pris en considration la motion ministrlelile au point de charger votre comit de constitution, de vous prsenter un projet de loi sur cet objet. D'abord est-ce bien ile moment de porter une loi de cette espce ?... Il faut que l'on me (pardonne de n'avoir pas pu concevoir encore comment la libert pouvoit tre tablie ou consolide par le
faut voir
et sous quels auspices, elle
Avant de dcrter
((
terrible
exercice
de
la
force
militaire,
qui
fut
toujours
l'instrument
dont on s'est servi pour J 'opprimer; et de n*^avoir pu concilier encore des mesures si arbitraires, si dangereuses avec le zle et la sage dfiance qui doivent caractriser les auteurs d'une rvolution fatale au despotisme. Je n'ai pu oublier encore que cette rvolution n'tait autre chose que le combat de la libert contre le pouvoir ministriel et aristocratique. Je n'ai point oubli que c'toit par la teneur des
armes que l'un et l'autre avolent retenu le peuple dans l'oppression, que c'toit en punissant tous ces murmures, et les rclamations mme des individus, comme des actes de rvolte, qu'ils ont prolong pendant des sicles, l'esclavage de la nation honor alors du nom d'ordre,
de
la
((
tranquillit.
Quelques dsordres ont t commis dans le royaume ? Mais de quelle nature sont-ils ? Rendent-ils ncessaire le plus violent de tous les remdes ? Les troubles du Quercy et de quelques autres cantons se rduisent l'Incendie de queilques chteaux. Dans l'Agenois cet accident n'est point tomb sur les ennemis du peuple, mais sur
des dputs nobles qui se sont montrs constamment ses dfenseurs, et qui ont rclam dans cette tribune que de pareils vnements ne de-
C8> T<xte
Bchez
et
Uoux,
245
peuple des mesures
les
le
violentes et
la libert.
On
sait
d* ailleurs que
dsordres
de ces provinces viennent des trangers sortis d'un pays qui est l'asyle de ceux qui ont fui la France au moment o elle devenoit libre. Ainsi adopter une loi martiale ce seroit courir \e risque de remplir peut-tre les intentions secrtes de ces fauteurs du despotisme qui auroient pu provoquer de pareils dsordres. On vous en a cits de plus rprhensibles qu'ils ne sont alarmans pour la tranquillit du royaume; tels que des paiemens de droits
seigneuriaux refuss,
n'est
et
des injures adresses certains seigneurs. Ce l'a .dit, une disposition gnrale du
principes
de
l'ordre
social;
l'vnement de
la
l'aversion
qu'inspire
l'impt
odieux de
gabelle...
des moyens aussi violens que ceux qu'on vous propose ;ie croirois trahir mon devoir si je ne repoussois les injustes prventions que l'on voudroit inspirer contre le peuple.
rduits
J'invoque d'abord cette province imme o se sont levs des troubles populaires dont on vous a entretenus dans la dernire sance.
difficult
les
partisans
les
de
l'aristocratie
habitans de la
campagne tromps
avec quelle
reconnoissant
facilit
vos dcrets et
s'appaisa et
sur
vos
intentions ?
Rappeliez
vertueux
aile
comment ces
citoyens
cette
qu'ils avaient souscrit... Je laisse les ennemis du peuple dclamer ternellement contre quelques actes violens commis la premire po-
que de cette rvolution; au moins j'observe que jamais un plus grand spectacle ne s'est offert aux yeux des hommes, que celui d'un peuple immense, qui, matre de sa destine voyant tous les pouvoirs qui l'avoient opprim, abattus autour de lui, est rentr de lui-anme dans le calme et dans l'ordre, malgr sa misre et ses victimes... S'il a t commis quelques dsordres et quelques voies de fait contre la proprit des seigneurs soit par ignorance de vos dcrets qu'on lui cache, soit par de funestes prventions icontre certains droits, pardonnez quelques erreurs en faveur de tant de sic^les de servitude et de misre. S'il a t tromp, il faut punir ceux qui l'ont gar par de fausses insinuations, et non pas promulguer des loix terribles que dsirent les ennemis du bien public; si ces dsordres sont commis par des bandits trangers, il ne faut pomt wx,Doser les citoyens par une loi rigoureuse. M. Robespierre pensoit que les milices nationales gardiennes naturelles de la tranquillit intrieure, toient le premier moyen de chasser lies brigands tt d'assurer la proprit sans que la libert fut compromise, surtout dans un temps o les municipalits nouvelles ne laisseroient plus de prtextes aux projets sinistres.
246
((
voyoit
;
la
dpartemens
le
mais
parti
aristocratique
se
disputent
places
les
de la Constitution. N'est-il pas possible que les dpartemens soient composs d'un plus grand nombre d'aristocrates et que l'intrigue fortifie par il'ascendant du pouvoir excutif, introduise dans la lgislature prochaine un plus grand nombre de fauteurs de l'aristocratie, que d'hommes vraiment attachs aux intrts du peuple ?
matres
Allors,
seroit
ne
vous
impossible,
y trompez pas, toute msurrection, toute rclamation car le pouvoir excutif aurolt repris tout son ancien
empire;
dit, ses
le j>euple
resteroit avec son ignorance, ses prjugs, sa timiennemis arms des richesses, de la fofrce, de la teneur... Que
?
Or
lia
;loi
martiale martiale
les
lections.
Une
il
loi
aristo-
cratique, et
terreur,
y en a dj des exemples. Oui, Messieurs, cette rvosi Je peuple est retenu dans le nant par tous ses ennemis doivent tendre le rendre nuJ, et vous
Influence.
mnager son
((
Robespierre a termm son discours en observant que c'toit au moment des jections qui vont former les diffrents districts et les
M.
a-t-i(l
le
gouvernement contre
les
ci-
J'admire,
dit,
ministrielle;
mais
je
serois
bien plus
tonn
encore
de
de
si
MM.
(9).
dsesprer de Ja France
combattues.
tet
plus justes
t.
VIII, p. 469-474.
d'examinex les dlffrens projets qui vous sont prsents, qu'lJ me soit permis d'examiner sous quels auspices ils vous isont offerts. II y a quelques jours que l'on vous ft part des troubles du Quercy. Vous avez ordonn que les municipalits requissent le secours des marchausses et des troupes; ces prcautions n'ont ipoint paru suffisantes. Depuis ce tems le roi vous a fait remettre un mmoire o l'on reprsente le royaume livr J'anarchie; de J les projets de loi que nous avons discuter.
:
M. de
Robetsplerre
avant
dans
.les
Aroh.
pari.,
XI,
605,
et
dans
247
que ce n'est pas
Que
l'on
me
pardonne,
le
MM.,
si
je
arois
travailler efficacement
mmes
croire
despotisme.
Que
l'on
me pardonne de
si
qu'une lvolution faite par le peuple, ne peut s'accomplir, ploy l'autorit militaire contre ce mme peuple. Si Je royaume menaoit de tomber dans l'anarchie,
toit
l'on d-
si
le
sang
prt
de couler de
;
toutes
parts,
je
croirois
alors
la
ncessit
d'une pareille loi mais quoi ont abouti les troubles du Quercy ? quelques chteaux brls; voil tout. Dans l'Agnois, il y a eu aussi quelques chteaux brls, et nous nous rappelions ici avec une satisfaction pure et vraie, que deux dputs nobles, qui ont sacrifi ce
vain
titre
lesquels ont
les
ne
pas vous servir de ce prtexte pour tablir une gereuse dans ce moment. Parlera-ton encore des troubles de
falloit
la
danBre-
tagne
Il
et que,
s'il
rest
ils
constamment
tranquille,
de l'assemble,
Vous vous assemble a prtendu que que sa province toit livre tous les troubles de l'anarchie vous a-t-il dit encore ? que quelques vassaux refusoient de payer les
((
Ne
faisons
donc pas de
loi
rappeliez.
Messieurs,
qu'un membre de
droits seigneuriaux
je
me
suis
inform
de ce qui
se
passoit
actuel-
j'ai
M.
de
appris que tout y toit calme... de Foucault, sans aucune circonlol'autre ct.
cution.
l'ordre,
a-t-on cri
Quelques membres se
joignent
M. de
Foucault
nass-eoit
M. Goupil
:
IM.
de Foucault se
je
en disant
l'orateur,
me
tais.
:
a repris le mmoire du ministre est bien plus pemtuies que par la vrit des faits; la contramte d'un impt odieux a soulev de >euple. Quelques commis ont t maltraits, et vous les avez plaints; mais est-ce l une insurrection gnrale ? sont-ce l des troubles ripandus sur toute la France ces insurrections particulies, op)osons des faits gnraux. Vovez en Normandie, comme l'on s'est empress de dsavouer un crit dangereux, ourdi par quelques fauteurs de l'aristocratie. Jettez un coup d'oeil dans les provinces belgiques que l'on Nvouloit aussi empoisonner par des libe'Hes; l, on a port l'excs jusles provinqu' prcher l'insubordination dans les chaires. Eh bien ces belgiques sont restes dans le calme. Cessez de calomnier le peuple; ne l'accusez pas de s'tre souill de crimes; laissons aux ennemis
L'opinant
effrayant par les
">
248
de
la
demande
iJ
App!laudissement de la part des spectateurs; M. l'abb Maury qu'ils soient rappels l'ordre. L'orateur continue: le peuple est malheureux, et on l'injurie; souffre, ne se plaint pas, et on le calomnie; il attend tout de vos
de lui et pourquoi tous ces efforts ? que ,1e royaume est partag en deux factions, le peuple d'un ct, et de l'autre le de&p>otisme et l'aristocratie. Il nous reste beaucoup de choses faire, grce la lenteur de (la publication de ,vos dci^ets, grce aux libelles prodigus avec tant d^ profusion, grce aux allatmes, que l'on veut rpandre dans les
succs, et on veut vous sparer
c'est parce
coeurs.
Ne
voyez- vous pas que l'on veut nous faire prfrer une demie
^et
libert,
de
les
Jg^ers sacrifices ?
Si
la
lgislature
prochaine
n'est
pas
bien
compose,
et
si
mmes prmcipes ne
qu'un
grand
malheureux
les
exemple. Alors
lans
sur
les
comme
des crimes,
du
patriotisme
seront
Vous
tes
le point de convoquer les assembles du peuple pour organiser dpartemens. En Angleterre, dans le tems des lections, les troupes ne peuvent s'approcher des assembles, et ici on voudroit investir les villes de troupes, pour favoriser l'aristocratie... (Encore une interruption).
((
Il
faut
donc ranimer
les
patriotes
tremblants dans
les
provin-
hommages
silence
contre nous;
libert...
Il
est
Vous avez
les
gardes nationales.
Ne
? N'avez-vous pas des municipaux } ne sont-ils pas autoriss requrir les milices nationales, les marchausses ? Que faut-il donc de plus ? Mais il est un moyen suprieur tous ces moyens coactifs. Repoussons ce qui imprime la teneur; admettons ce qui doit ramener la confiance; dveloppons ce caractre d'humanit auquel tout doit cder. Protgeons le .p)euple contre les corps oppresseurs; protgeons les patriotes, que l'on veut intimider; prenons le parti de la paix, de la justice, de la modration, et n'envoyons pas dans les provinces des
de brigands
officiers
troupes, qui
y porteroient
la
249
Madon,
t.
II,
M. Robespierre. Je ne puis, MM., me convaincre de l'indispensable ncessit de faire de nouvelles lois contre les attroupeniei\j, et d'tendre ,1a force de la loi martiale que vous avez rendue, je suis moins encore d'avis d'adopter la dictature momentane dont on vous
fait
la
motion.
J'entends
tant
sans
cesse
.calomnier
et
le
peuple.
Aprs
l'avoir
faut-il
opprim pendant
encore
rvolte.
lui
de
sicles
n'est point,
et
comme on
supposer des intentions dangereuses: Non, MM., il vous J'a dit, dans un tat gnral d'msurrection
locaux, des infortunes prives,
inspare-
de
Des mouvemens
Mais
marquez avec quelle modration s'est conduit ce peuple que l'on vous peint comme furieux et livr aux plus grands excs de la licence. Remontez l'instant o il prouva les premires douceurs de la libert. Ce fleuve imptueux, retenu dans ses digues avec violence depuis tant de sicles, auroit pu, en les rompant, dvaster les campagnes et porter partout
la
Eb
bien,
il
a repris un nou-
veau cours avec une majestueuise lenteur. Quelques victimes ont t sacrifies, une fermentation gnrale n'a produit que des malheurs isols; et Tbistoire nous prouve que jamais aucune rvolution ne fut moins sanglante. La capitale et les provinces se sont armes. Des
miilliers
de citoyens
veillent
de
la \o\
martiale,
pour en assurer
la
conservation, par
l'emploi d'une force avoue par les lois. Est-il donc encore ncessaire
de nouvelles
?
terreurs,
Examinez en
vnemens mal-
Voyez
si
dans les abus du pouvoir; s'ils n'ont pas t provoqus par injustices ? Ajoutez encore que les peuples gars ont cru servir les intentions du roi et les vtres. Non seulement on les a tromps par des libelles incendiaires, mais on a rpandu de faux dcrets, qui embloient commander ces violences, tandis qu'on lev^
plus
cruelles
les
auroient instruits
de
leurs
droits.
Entrans par un faux zle, les peuples ne se livreront point ces dsordres
par
l'amour
du
pillage
ou
l'esprit
d'insubordination.
C'toit
par une obissance trop servile des lois fausses, et dont, par erreur,
ils
vouloient contraindre
l'excution.
Ceux
quit
ont
sduit
Us ont airtificieHemenl prpar les dsordres, ]X)ur ncessiter l'appeil de la force rprimante et invoquer la terreur de l'autorit. Us ont voulu runir dans Ja main d'un seul toute la force publique, pour faire revivre une puissance funeste
les
p.lus
coupables.
250
la libert. Ils ont suscit les maux, pour faire dsirer le remde et abuser de cette cumulation de pouvoirs, pour renverser la constitution. Cette marche audacieuse et pxerfide doit vous inspirer de justes d-
que ces invasions, ces pillages on (sic) ceux qui toient inculps d'tre les partisans des abus, et qu'id est absurde de prsumer qu'ils aient sur euxmmes fait exercer ces affreux ravages. Je n'accuse ni ne condamne personne, mais les auteurs de ces crimes sont certainement ls ennemis de la rvolution; ils savent qu'elle ne peut tre dtruite que par l'anarchie, qui conduit invitablement au despotisme. C'est d'aprs ce calcul qu'ils excitent les peuples au soulvement, le premier effort de la licence tombe queilquefois sur lems oppresseurs, parce que les peuples irrits suivent leur premire impulsion, et que la multitude ne dcouvre pas le bras qui dirige ses aveugles mouvemens. Bientt la mme erreur l'entrane, et ses propres dfenseurs deviennent aussi ses victimes. Au milieu de cette confusion dplorable, des hordes de brigands ont commis les plus grands forfaits; mais ce tableau d'horreurs n'est pas aussi effrayant qu'on vous le reprsente. Ces agitations s'apaisent successivement, et le calme suit de prs cette effervescence. Qu'arrivera-t-ill si vous appelez les forces militaires pour prvenir tous ces attentats } Bientt la teneur environnera le peuple, et attnuera l'esprit public. C'est au moment des assembles des districts et des dpartemens que ces troubles sont arrivs; c'est au mme moment que Ton voudroit inve(stir le pouivoiir excutif d'une force illimite. Que deviendra la libert presque toujours orageuse de ces assembles naissantes, si la force y ^maintient une servitude tranquill'e ? Bientt cette force influera sur les lections, et vous ne verrez la tte des corps administratifs que des ennemis connus de la rvolution. Un (sic) triste exprience nous a dj convaincus que dans quelques villes de garnison ces vnemens se sont raliss. Oui poutroit donc arrter la marche ra,pide de cette puissance revtue de toutes les forces politiques ? L'assemble nationaile } C'est la Jibert qui seoile constitue ses poufiances. Inutilement, vous dira-t-on
frapp smguiherement
sur
voirs;
libre
sous la pression
de
cette
force
irr-
L'opinion ? La .crainte en suspend les effets, ou si elle ne peut en comprimer l'activit, alors la cuerre civile devient invitable. C'est donc, l'esclavage ou l'anarchie que l'on vous rappelle par
sisltible.
ce systme,
fin
et.
commune.
lois,
qu'il suffit
par une suite ncessaire, au despotisme, qui en est la soit besoin d'adopter de nouvelles de survre l'excution des premires; car il est dangesi
251
n 201,
Assemble nationale
p.
et
Commune de
Avant de
Paris (imitation),
t.
III,
2-5.
M.
Robertspierre
discuter
les
diffrents projets
de
me
soit
ils l'ont t. Il y a quelques jours qu' l'occasion des troubles du Quercy, vous ave? rendu un Dcret par lequel vous avez enjoint aux Officiers Municipaux de faire marcher les troupes contre les sditieux. Ces prcautions n ayant pas pu suffire, ce qu'il parot, le Garde-ides-Sceaux vous a envoy,
jours aprs, un Mmoire o il peint le Royaume dans le plus grand dsordre, et demande que l'on dploy toute la force militaire pour imprimer une grande terreur. Que il'on me pardonne de n'avoir pu comprendre comment on veut conserver la libert par les mmes
deux
moyens qu'a employ (sic) le despotisme pour la dtruire ? Que l'on me pardonne de n'avoir pu concevoir comment une Rvolution commence par le peuple, (pourroit tre acheve par la force arme que
marcher contre le Peuple. Pour me faire adopter de .pareillles propositions, il faudroit que l'on comment par me dmontrer que le Royaume est dans une prochaine subversion. Si il'on examine *les troubles dont nous n'avons connoissance que par les rapports qui ont t faits cette Assemble, on verra que tout se dduit au plus quelques Chteaux brls dans le Quercy et dans l'Agnois; on vous a parl encore de trooibles excits dans la Province de Bretagne; mais il est notoire que les Bretons toient rests dans la pilus grande tranquillit jusqu'au moment o ils ont t forcs de sortir des bornes par la conduite des Magistrats du Parlement de Rennes. Il est encore notoire que tous les ttccidens ne sont tombs que Sur ces Magistrats. Ne concluons donc pas d'aprs
l'on
feroit
((
cela qu'il
la
ait
"un
principe d'insurrection
gnrale,
dangereuse pour
Foucault)
libert.
((
Vous
Membre (M. de
en
dans sa Province, ne vous a parl que du refus des Vassaux de payer les droits fodaux, et de quelques injures faites des particuliers. Vous avez d tre encore rassurs jusqu' un certain point, (p<ar ,1e Mmoire mme du Garde-desSceaux, o vous avez sans doute remarqu plutt une grande nergie de style et des tableaux effrayans, que des faits capables de vous allarmer
citant
les
rgnoient
SUT le sort de la libert publique. Il ne rapporte que celui de Beziers, o quelques Commis ont t maltraits et victiTres des eirsivs du Peuple. Vous avez plaint le sort de ces malheureux Commis; mais vous n'avez point vu dans ce fait, l'indice d'une insurrection gnrale. Ne nous laissons donc point aller de vaines terreurs opposons ces faits particuliers, des dispositions gnralement pacifiques du Peuple.
:
252
Je pouiTois vous citer, cet gard, la Normandie. Vous avez vu comment on a cherch surprendre quelques habitans des Campagnes, et avec quelle navet intressante ils se sont empresss de dsavouer des mouvemens excits j>ar les fauteurs du Despotisme et de l'Aristocratie. Je pourrois vous citer encore les Provinces Belgiques, o l'on a r^andu avec le plus de profusion, des crits mcendiaires o l'on a prch la sdition jusque dans les Chaires; peine connoissoient-elles vos Dcrets; l'on avoit affect de n'y publier que .la Loi Martiale; et cej>endant, voyez combien le Peuple est tranquille. Il n'y a donc pas d'insurrection gnrale, comme cherchent le persuader les ennemis de la Rvolution. Laissons-les dclamer, et flicitons-nous de ce
;
qu'elle s'opre encore d'une manire aussi douce; car j'en atteste
tous les amis
si
ici
de
la
raison
eut-il
peu de
la
hommes un
de
sang, et de cruauts ? spectacle aussi beau que celui d'un Peuple brisant les liens
il
rentrant
presqu'au'ssi-tt
de lui-mme dams l'ordre et dans le calme ? Il est encore malheureux ce Peuple; mais il met toutes ses esprances dans le courage de ses Reprsentans c'est sa douceur qui a dconcert quoi tendent toutes les manceuvres des ennemis de la Rvolution. donc les mesures violentes que l'on vous propose ? Ne voyez- vous pas que le Royaume est partag en deux partis ennemis; celui du Peuple,
;
et
ceilui
de l'Aristocratie
faire,
et
la
du Despotisme
Mais quoiqu'on
dise
et quoiqu'on puisse
Il
Constitution s'achvera.
nous reste encore beaucoup de choses faire, et l'esprit puCe qui le formera, cet esprit
les
de ceux qui composeront les Administrations; Corps Administratifs fussent forms de gens certains principes, il arriveroit que les Lgislatures suivantes ne seroient composes que des ennemis du Peuple. En Angletene, une I^oi sage ne permet pas aux troupes d'tre moins de dix lieues de distance de l'endroit o se font les lections; et on ose proposer, nous qui n'avons point encore de Constitution, de laisser au Ministre la libert Ne seroit-ce d'envoyer des troupes par-tout o il le jugeta propos pas videmment un moyen de faire dans les lections pencher la balance en faveur du parti Aristocratique, et ne croyez pas que ce que je dis cet gard, soit de pures conjectures. Nous en sommes dj menacs, et j'ai la preuve que dans quelques Villes, des garnisons
oe seront
et
s'il
principes
arrivoit
que
les
253
prouve
texte
que les Dcrets o la conduite du Peuple seroit dsapDevons-nous encourager ces honunes qui prtendent flchir
4e Patriote
du nom de perturbateur du repos public, et qui, sous prde la dfendre, ont videmment le dessein de dtruire la libert ? Quels moyens ,devonis-nouis donc employer pour prvenir les troubles ? il en est de bien faciles, et que Ton apperoit aisment, quand c'est avec l'amour de la paix et de la libert, qu'on les cherche. Les iloix martiales ne font qu'aigrir les esprits et les porter la rvolte.
donc
gands
elles n'toient
(sic)
bri-
est
:
et
ce moyen
est
irrsistible
c'est
de
lui
peut
il
lui
n'en est
rendre respectable l'autorit lgitime dont il vous a revtus; ipoint, et le Franois sur-tout qui rsiste cet empire. H-
droits;
travaux; rendons au Peuple ses vritables Citoyens opprims par des corps particuliers, le parti patriotique, opprim par les ennemis de l'Etat, et ne souffrons pas que des troupes aillent rpandre ll'allarme dans l'esprit des bons Citoyens; htons-nous plutt de les faire sortir des villes o elles
tons-nous
d'achever
nos
protgeons
les
ne font qu'insulter
la
libert.
p.
25.
M. Roberspierre a rclam pour la rjection totale du Projet, en plaidant l'inutilit d'une Loi quelconque, en faveur du rtablissement de l'ordre.
Avant d'examiner les Dcrets, a-t-il avanc, il faut considrer dans quelles circonstances et sous quels auspices ils sont prsents. Il y a peu de jours que quelques Membres vous ont parl des troubles du Quercy, et sur un simple expos du Comit des Rapports, vous avez rendu un Dcret svre. Ces dispositions n'ont point paru suffisantes au Ministre. Deux jours aprs vous recevez un Mmoire du Garde-des-Sceaux, qui vous demande que le Gouvernement soit autoris dployer la terreur et la force des armes, dans tous les lieux et dans tous les cas qu'il lui plaira d'en user. Des Membres de l'Assemble ont ensuite appuy ces propositions. Qu'on me pardonne de n avoir pu concevoir, comment les moyens du despotisme pouvoient
((
servir
le
tablir la libert comment une Peuple, ne peut tre protge que par
;
rvolution
le
commence par
la
dploiement de
force
ministrielle.
((
Nous ne connoissons les troubles que par le rcit de quelques Dputs. Cela se rduit - quelques Chteaux brls. Il y en a eu dans le Quercy, dans i'Agenois, et nous nous rappelons avec plaisir
754
que deux Dputs Nobles (MM. d'Aiguillon et Charles de Lamelh) ont sacrifi une vaine possession au titre de dfenseurs du Peuple, et vous ont pri de ne pas provoquer des moyens violens, capables d'alarmer la libert... Il y a eu dernirement quelques voies de fait en Bretagne. Le Peuple jusques-l toit rest dans la plus grande tranquillit,
sortir.
Il
est
nolui
toire
Magistrats qui
ont refus la justice, qui ont t rebelles vos Dcrets, qui s'obstinent
les mpriser.
Vous devez tre rassurs par le rcit mme de l'honorable Membre qui vous a expos les troubles du Prigord, puisque tous les
dsordres se rduisent quelques refus de payer les droits fodaux. D'autres Dputs de la mme Province m'ont appris depuis que la
tranquillit
se rtablissait.
tre
))
Vous avez d
des
faits,
rassurs
encore par Je
la
Mmoire mme du
que par
la
mul-
puisqu'il
rduit
seule
affaire
particulire
de Bziers, dont
teurs
la cause est une contrainte exerce par les percepd'un impt, dont le Peuple, depuis le commencement de la rvolution, s'est cru dcharg. On pourra prouver par une foule d'autres venemens que le peuple est pacifique. Vous avez vu quels moyens on a employs pour soulever la Normandie, Vous avez vu en mme temps avec quelle ingnuit les Paysans ont dsavou les signatures qu'on leur avait fait apposer par surprise, une Adresse rdige par les fauteurs de l'Aristocratie, et /le despotisme. Et les Provinces Belgiques par quelle foule de libelles incendiaires ne sont-elles pas excites la rvolte ? Le Peuple a t inquiet, a gmi, il est rest tranquille. Qu'on cesse de calomnier le Peuple; que les Ennemis de la rvolution ne viennent plus lui reprocher des barbaries. Moi j'atteste que jamais rvolution n'a cot si peu de sang et de cruauts. Ces paroles ont excit les applaudissemens d'une partie de la Salle, et sur-tout ceux des galeries. Nous ne sommes point des comdiens, s'est cri M. l'Abb {(( Maury, ,M. de Robersperre a repris le fil de sa harangue.) Quel spectacle que celui d'un Peuple, qui, matre de sa destine, et voyant abattre devant lui tous les pouvoirs qui l'avoient si long-temps opprim, rentre de lui-mme dans l'ordre, et demande une Sa douceur et sa modration inaltrable ont dconcert Constitution les manoeuvres de ses ennemis. quoi tendront ces violences qu'on vous propose ? ne voyez vous pas le Royaume divis en deux partis ? celui du Peuple, et celui de l'Aristocratie et du Despotisme ? ' Rappelons-nous toujours que l'tablissement de notre Consti)) ((
!
((
((
((
255
dpend de
(l'esprit
public.
Ne
tran-
aux dpens de
la
libert ?
(10).
En Angleterre, une loi sage et toujours respecte dfend aux Troupes d'approcher des Elections. Et parmi nous qui n'avons pas encore de Constitution, on saisit ce moment pour nous proposer de Envoyez des Troupes, portez la terreur dire au Pouvoir excutif dans (les Villes et les campagnes. N'est-ce pas videmment pour gner les Elections, et pour faire balancer les suffrages en faveur du parti Aristocratique, comme on l'a dj fait dans plusieurs Municipalits ? Dans ce moment mme, plusieurs Villes ont reu des garnisons extraordinaires, pour violer la libert des suffrages et lever aux charges publiques tous les Ennemis de la rvolution. Je demande une Sance particulire pour donner la preuve de ce que j'avance. Dans une rvolution, il ne faut point de Lx)i Martiale. Ce moyen ne tend qu' aliner le Peuple de l'amour de sa nouvelle libert, et favoriser les projets de ceux qui travaillent l'en dgoter. Les Gardes Nationales qui couvrent la surface du Royaume, ne suffisentelles pas, et les Officiers Municipaux, eux-mmes propritaires, ne sont-ils pas intresss se servir de leur assistance pour le maintien de la tranquillit ? Montrons toujouirs au Peuple le -grand caractre de justice et
:
<(
))
((
d'humanit.
Ne
souffrons
la
terreur
Ne
et
nous
fions point
prenons les
t.
111,
n 38,
M.
qu'il
Robespierre,
avant de
discuter
le
projet
de
loi
prsent,
ne pouvoit comprendre comment on vouloit conserver la libert par les mmes moyens qu'a employs le despotisme pour la dtruire ? comment une rvolution commence par le peuple, pouiroit tre acheve par la force arme que l'on feroit marcher contre le peuple ? Pour me faire adopter une pareille proposition, il faudroit nous avoir dmontr que le royaume est dans une subversion prochaine.
dit
Les troubles dont on nous a parl dans cette assemble ont pour cause le refus de quelques vassaux de payer ,des droits fodaux et dans quelques provinces, il s'agit d'injures faites des particuliers. M. le
;
(10)
le
Contrat
social,
livre
III, chap.
IV,
De
la dmocratie.
256
garde-des-sceaux nous annonce un malheur aniv Bzlers, o quelques commis ont t maltraits et victimes des erreurs du peuple. Nous avons plamt le soit de ces malheureux commis, mais nous n'avons point vu dans ce fait l'indice d'une insurrection gnrale. On nous a parl encore des troubles excits dans la province de Bretagne mais il est notoire que les bretons toient rests dans la plus grande tranquillit, jusqu'au moment o ils ont t forcs de sortir des bornes par la conduite des nobles et des magistrats de cette province. Ne nous laissons pomt aller de vaines terreurs; opposons ces faits particuliers, des dispositions gnralement pacifiques, je pourrois vous citer cet gard, ce qui s'est pass dans la Normandie, o l'on a cherch surprendre les habitans des campagnes. Je pourrois vous dire que dans les provinces belgiques l'on a rpandu avec profusion des crits incendiaires, l'on a drob autant qu'on a pu vos dcrets la connoissance du peuple, l'on n'y a publi que la /loi martiale; et ce>endant, voyez combien le peuple est tranquille. Il n'y a donc pas d'insurrection gnrale, comme cherchent a 'le persuader les ennemis de la rvolution. Laissons les dclamer, et flicitons-nous de ce qu'elle s'opre encore d'une manire aussi douce; car j'en atteste ici tous les amis de la raison et-il jamais de rvolution qui cott si peu de sang ? S'offre-t-il jamais aux yeux des hommes un spectacle aussi beau que celui d'un grand peuple brisant les liens de ila servitude sous laquelle il gmissoit depuis des sicles, et rentrant presqu' aussi-tt de lui-mme dans l'ordre et dans le calme. Il est encore malheureux ce peuple, mais il met toutes -ses esprances dans le courage .de ses c'est sa douceur qui a dconcert les ennemis de la reprsentans rvolution. quoi tendent donc les mesures violentes qu'on nous propose ? Ne voyez-vous pas que le royaume est partag en deux partis ennemis; celui du peuple, et celui de l'aristocratie et du despotisme? Mais quoiqu'on dise et quoiqu'on fasse, la constitution s'achvera. Il nous reste encore beaucoup de choses faire, et l'esprit public peut seul nous conduire notre but... Tout le succs dpend dans ce moment de la manire dont vont tre forms les divers corps administraitfs... S'il arrivoit que ces corps fussent composs de gens ennemis du bien public, les lgislatures suivantes ne seroient composes que des ennemis du peu,ple... Prenons garde que les troupes ne soient employes pour gner la libert des lections, sous prtexte d'assurer la tranquillit publique. (Il a cit une loi d'Angleterre qui ne permet pas aux troupes d'tre moins de dix lieues de distance de
;
, :
((
o se font les lections). J'examine maintenant quels moyens nous pouvons, nous devons employer pour prvenir les troubles. Il en est qu'il est facile de trouver, quand c'est l'amour de la paix et de la libert qui nous guide. Au miUu des troubles qui ont agit la capitale, un illustre membre
l'endroit
((
257
cette assemble, n'a jamais mieux russi rtablir !e calme, que, lorsqu 'abandonnant les forces qu'il avoit sa disposition, il s'est montr seul au milieu des meutes. Sa voix seule, ses paroles pacifiques ont
calm
volter.
le
esprits,
que
'les
bayonnettes n'eussent
fait
qu'aigrir
et
r-
t.
V,
Robertspierre a rappel toutes /les circonstances qui ont conl'Assemble cette discussion. Il a dit que M. le Garde des Sceaux avoit annonc des insurrections alarmantes et la ncessit d'employer la force militaire pour les faire cesser. D'aprs l'exposition de ces malheurs, plusieurs Membres ont fait un tableau touchant, mais peu fidle, de la situation prsente du Royaume. Quelques insurrections particulires ont t considres comme des msurrections gnrales; il y a eu quelques dchiremens passagers que l'on prsente comme une subversion universelle. On a fait voir les maux leur comble. Plus de salut pour la Patrie sans l'tablissement d'une dictature. C'est le seul remde qui nous reste. Nul danger craindre de ce remde violent. La responsabilit des Agens du pouvoir excutif prvient les abus qui pourraient natre de l'emploi des forces militaires. Voil tout ce que l'on a dit pour justifier une Motion si trange.
duit
M.
M.
de
cette
Motion
lui
ont
fait
entrevoir.
les
partisans
pas
extrme,
comme on l'a suppos. 11 est trs-lger; il ne s'tend pas, comme on se plat le persuader, dans tout le Royaume; il est renferm dans quelques petites contres, et il peut cesser .sans que l'on soit oblig de recourir des remdes violens.
y la eu quelques chteiaux incendis dans l'Agenois. Deux Dputs nobles, qui ont sacrifi ce vain titre pour tre les dfenseurs du Peuple, ne demandent point des Lois terribles contre ce Peuple qui a mconnu dans son erreur, ses vritables amis. Il supportent gnreusement ces malheurs particuliers, et ils vous engagent ne point faire de Lois qui soient funestes la libert.
lil
On
eilJe
La Bretagne
agite;
mais
gistrats
eu pour cause la dsobissance de quelques Maaux Lois qu'ils dvoient respecter, a bientt t calme. Bziers, quelques Commis sont devenus ies victimes du Peuple, pour avoir voulu percevoir un impt odieux; mais le Peuple est rentr de lui-mme dans l'ordre. En Normandie on a cherch garer le Peuple; il a dsavou l'acte que les fauteurs du despotisme ont surpris.
cette agitation, qui a
\\.M-...M-iiKUi:.
lU
258
Les Provinces Belglques ont t agites pai des crits inceiidiaires elles ont reconnu leur erreur, et le calme y rgne. La douceur de ce peuple que Ton calomnie sans cesse, pour persuader qu'il n'est pas digne de jouir de Ja libert, a dconcert toutes les manoeuvres de ses ennemis; et c'est dans ce moment que Toutes les rvolutions dl'on propose contre lui une Loi terrible pendent de l'esprit public. Cet esprit public s'est rpandu par les moyens que l'on a pris ipour arrter les progrs. On veut prsenter l'appareil effrayant de la force militaire, afin d'nerver tous les sen((
!
timens vigoureux; on se plat rappeler le regret des anciennes jouissances; on veut tablir le calme affreux de
n'ont qu'un
voirs
rts;
la
servitude.
Les Nations
tous les pou-
moment
p>our
devenir libres
tout
viter
avoir les yeux ouverts sur leurs intce qui peut compromettre leur libert.
Les Anglois, dont la libert est affermie, ont fait de sages lo's pour prvenir le danger de l'emploi des forces militaires; et nous qui travaillons la G>nstitution qui doit assurer la libert publique, nous
irions
abandonner
imprudemment
toutes
les
forces
militaires
des
Agens du pouvoir
employer contre les Citoyens N'avons-nous pas des Gardes Nationales pour arrter les dsordres ? ne sont-elles pas assez puissantes pour repousser les brigands; ne les ont-elles pas repousss ? qu'avons-nous tant craindre pour exposer la libert puprice, qui pourroient les
blique
t.
VllI, p. 457.
Robespierre avant d'examiner la question qui tait a remont aux sources d'o semblaient natre les diffrents projets de loi relatifs aux troubles. Il a trouv et prouv, qu'on avait beaucoup exagr les faits, qui se rduisaient au refus du payement des rentes seigneuriales et quelques injures faites la personne des
((
M. de
agite,
seigneurs. Il est ce>endant convenu qu'il y avait eu des diteaux et des chartriers brls, ce qui lui a valu les murmures et l'improbation d'une partie de l'assemble, entre autre M. de Farmel (sic) et de Foucault (11), Cependant, ferme dans sa faon de voir, M. de Robespierre a continu: Quoi qu'on en puisse dire, vous avez d voir par le mmoire mme du garde des sceaux, que le tableau des dsordres
est plus effrayant par les couleurs et l'nergie
la
multitude des
faits.
De
quoi
s'agit-il
en
effet
(11)
MM. d Fumel
et
de loueault-Lardimalie.
259
peuple s'est-il soulev ? Contre les percepdespotisme mme a dclar insupportable, la gabelle. Je suis loin d'approuver aucune violence; mais des faits isols opposons des faits. En Normandie on a tent d'garer les cultivateurs, on a eu les plus grandes difficults pour parvenir soulever quelques individus; voyez avec quelle franchise ils sont rentrs dans le devoir ds qu'ils ont reconnu leur erreur. Dans les provinces belgiques, que n'a-t-on pas fait ? Que ne fait-on pas encore pour garer les peuples. Ce pays plus que tout autre a t inond de libelles incendiaires. Vos dcrets y ont circul lentement, ou ils ont t falsifis. Cependant on n'a pas pu venir ^ bout de faire dans ce pays le thtre d'une contre-rvolution; les peuples sont /estes tranquilles... Je sais qu'il y a eu quelques victimes; mais j'invoque ici le tmoignage de (l'histoire; dans aucun pays du monde, jamais pareille rvolution ne s'est opre avec moins d'effusion de sang ni moins de cruaut... quoi tendent donc toutes ces prcautions qu'on nous propose ? quoi elles tendent semer 'le trouble et l'anarchie. Ne voyez-vous pas dans lie royaume deux partis bien marqus; celui du peuple et celui du dispotisme et de l'aristocratie. On ,se fonde sur ce que l'esprit public n'est pas encore mri que les peuples ne savent oii ils en sont, grces aux soins qu'on a eu de ne publier que des dcrets faux, et des libelles infmes contre l'assemble nationale. Mais plus la crise o nous nous trouvons doit marquer dans la rvolution, l'instant o la formation des assembles administratives do"t
le le
A A
de
!
certains
des prjugs c'est dans se font un honneur d'en tre .les plus zls dfenseurs. Eh ces moments de crise qu'on nous propose de donner tout au pouvoir N'est-ce pas vouloir videmment excutif, de l'investir de la dictature reforger des fers au peuple qui vient de les briser ? Le pouvoir excutif n'a m.me que trop d'influence dans ce moment, puisqu'il est vrai qu'il y a des villes qui ont reu des garnisons l'aide desquelles les lections des officiers municipaux ont t gnes et forces au point de mettre la tte de la commune des hommes reconnus enned'avoir
encore
secou
la
poussire
j'opine
Loin d'ici tous ces moyens de violence, moyens de douceur sont les seuls qu'il faut employer chez un peuple aussi gnreux que le peuple franais.
mis de
la rvolution actueille.
que
les
...
p.
470:
L'avis de
M.
Robespierre
tait
de commencer pralablement
bles,
et
ceux qui sont abolis sans indemnit et ceux qui sont rachetajusqu' cette poque, ajourner la question qu'on agitait dans
ce mcwnenl.
260
213.
M. Robertspierre, parlant de ila motion faite samedi pour dau Pouvoir excutif la plnitude du Pouvoir rprimant, de la conformit de cette motion avec les vues manifestes dans le Mmoire du Garde-des-Sceaux, a dit qu'il ne concevoit pas comme l'on pouvoit fonder ou conserver la libert publique, par les mmes moyens prcisment employs, depuis tant de sicles, par le despotisme, pour l'opprimer; il a examin ensuite si les troubles qui existoient dans quelques parties du Royaume toient de nature ncessiter le dveloppement formidable de toutes les forces publiques. En rsumant et analysant le rcit de ces troubles faits dans diffrentes Sances de l'Assemble, il en a conclu que les dsordres n'toient pas tels qu'ils missent ila chose publique en danger, et que dans ce moment actuel ces troubles commenoient par-tout s'appaiser. Il a ajout que l'accident de Bziers, et les dsordres de quelques autres endroits, n'toient causs que par des considrations particulires; en quelques lieux, par la perception de l'Impt odieux de la Gabelle; en d'autres, par la tyrannie du systme fodal; en d'autres enfin, par les libelles et les dclamations mcendiaires des ennemis de la Rvolution. Que l'on voudroit persuader l'Europe que pette grande rvolution avait t ensanglante; mais qu'il attestoit tous les bons Citoyens que jamais rgnration d'un grand Ejnpire ne s'toit opre par des moyens plus doux. Il a prsent le tableau de la division de la France en deux partis ennemis; le parti du peuple d'un ct; de l'autre le despotisme et l'aristocratie. Il a expos le danger d'accorder au Pouvoir excutif le droit illimit de faire marcher des Troupes o bon lui sembleroit, dans le m.oment o l'on alloit procder aux lections pour les Assembles administratives, pendant qu'en Angleterre, dont on 'a voit invoqu le bil (sic) de Mutinerie, les Troupes ne pouvoient approcher de dix lieues le sige des Elections. Il a conclu enfin ce que Ton employt que la Garde Natio
frer
((
nale,
qui
suffisoit
fit
ce que l'on
la
promptement
sur
Journal de Paris,
t.
III,
n^ 54, p. 213
son principe de tout rapporter que pour elle, et d'attendre d'elle tous les biens, a dcla d abord qu'il ne donnoit pias une foi entire aux tableaux terribles qu'on trace des insunections du Royaume. Suivant M. de Robespierre, il y a des troubles, et on les donne pour
M. de
de
Robespierre,
ldle
la
libert,
261
encore divis en deux partis: le Peuirrite le Peuple et s'expose ses fureurs pour les lui reprocher, qui payeroit volontiers de quelques chtaux incendis le recouvrement de sa puissance abattue. Il n'y a>qu'un
le
Royaume
est
et
moment,
disoit
M. de
solide
l'tablissement
de
:
Roberspierre, dans l'histoire des Peuples pour lia libert; c'est celui o tous les anciens
s'ils
perdent ce moment, les Peuples ne le que nous le perdions; ils le veulent ceux au moins qui nous proposent de dfrer une dictature absolue au Poupouvoirs sont suspendus
retrouvent plus; et on veut
voir
excutif,
lorsque
est
l'esprit
lorsque
la libert naissante
agitations
toit
que par
ses paisibles
Des
loix
rnartiales,
ajou-
M. de
lui
et ne le ramneront pas cette bont Si on veut a^bsolument qu'il ait besoin d'tre contenu, comment les Gardes Nationales, cette Milice Citoyenne et si nombreuse, ne seroit-elle pas suffisante ? comment peut-on craindre que des Officiers Municipaux qui auront tant d'intrt eux-mmes au maintien, ne dployent pas, pour le ialre respecter, ce mme pouvoir dont ils seront revtus par le Peuple ? Poursuivons nos travaux, don-
ne dissiperont pas
qui
est si naturelle.
force,
lois
et
le
mme
sous le joug
des
lorsqu'elles ne seront
qu'une protection
et
des bienfaits.
Courier de Provence,
t.
VI,
de
p.
302-304
(12).
Le second
projet
loi sur
la tranquillit
publique a t vive-
ment dbattu dans cette sance, M. de Robespire s'en est dclar l'adversaire. II l'a combattu, sinon avec les meilleurs raisons, du moins avec toute la vhmence d'une ame fortement prise de l'amour de
la
libert.
le moment, a-t-il dit, de porter une loi de cette qu'on me pardonne de n'avoir pu concevoir encore comment la libert pouvoit tre tablie ou consolide par le terrible exercice de la force militaire, qui fut toujours l'instrument dont on se servit pour l'opprimer; et de n'avoir pu concilier encore des mesures
Est-ce bien
Il
espce?...
faut
si
arbitraires,
si
(12) Mirabeau appuya Robespierre, et rappelant ces lignes crites par Joseph II au gnral d'Alton: J'aime mieux voir, des villages incendis que des villages rvo'lts , il s'cria: <( Voil le
code des dictateurs/ (cf. marquis de Ferrires, Mmoires, t. p 382). Les Rvolutions de Paris, de Prudhomm'e, n 33, p 10 consacrent cette sanice un important article.
I,
16,
262
vent
le
caractriser !es auteurs d'une rvolution fatale au despotisme. Je n'ai pu oublier encore que cette rvolution n'toit autre chose que
combat de
f)oint
la
libert
contre
le
Je n'ai
nissant
terreur
l'autre avoient
tous
comme des
l'esclavage
quillit
actes
de
la
murmures et /les rclamations mme des individus, de rvolte, qu'ils ont prolong ,pendant des sicles nation, qu'on honoroit alors du nom d'ordre et de tranroyaume; mais de de tous laisse les ennemis du peuple dclamer ternelleactes violens commis la premire poque de la j'observe que jamais il ne s'est offert aux yeux grand spec'acle que celui d'un peuple immense,
le
?
publique.
le
plus violent
rvolution;
est rentr de lui-anme dans le calme dans l'ordre, malgr sa misre et ses victoires. Pour assurer la paix intrieure, l'orateur s'est rduit demander l'emploi des gardes nationales, et la proncjpte formation des districts et des dpartemens. Il a observ que c'toit prcisment au moment des lections qu'on provoquoit des mesures violentes contre les
citoyens.
J'admire,
a-t-il
dit,
de notre confiance,
;
nous tions assez faciles pour les adopter. Je n'ai pas besoin de discuter les projets de de Cazals et Dsprmnil il faudroit dsesprer de la France, si leurs ides avoient seulement besoin d'tre
MM.
la
lois
justes et
des
nationales.
Assemble
nationale
(Beaulieu),
t.
1,
107^ Sance, p.
3-4.
la
M. de Ce
Robesse-Pierre a succd
M.
le
duc de
Rochefou-
cauld.
ami du peuple faisant allusion aux moyens proM. Cazals, et par ceux qui toient de son opinion, ne peut comprendre qu'on veuille veiller au maintien de la libert par les moyens dont on se sert pour tablir le despotisme. Ce moyen, c'est de remettre entre les mains du pouvoir excutif une autorit indfinie, sans aucune responsabilit de ses agens subalternes. M. de Robesse-Pierre soutient que le peuple n'est point dans un tat d'insurrection, comme la voix de la calomnie a voulu le faire entendre; que l'affaire particulire de Beziers n'est point lie un
vritable
poss dans
la
((
263
On
en
se
tant
rcrie
ls
violences qui
commettent
Robesse-Pierre, je me contenterai de rpondre ceux qui se plaisent exagrer ces forfaits, que jamais
de lieux; mais,
M. de
de sang que
sous nos yeux; que jamais spectacle aussi grand n'a paru dans l'uni-
que celui d'un peuple immense, matre de sa destine, et rende lui-mme dans l'ordre et la paix. En Angleterre, dit l'orateur, les troupes sont obliges de s'loigner de dix lieues de l'endroit des lections; et c'est l'instant oij toute la France est assemble ou va
vers,
trant
garnisons;
peuple. 11 y a des villes o n a doubl les ce qui a servi de prtexte pour lever aux emplois muni-
cipaux des ennemis connus de la rvolution. J'ai par devers moi des preuves complettes de ce que j'avance. M. de Robesse-Pierre prtend que les Gardes-Nationales sont suffisans pour arrter les brigandages
(13).
L'Union ou Journal de
la Libert,
M.
perceptions
rigoureuses
de
droits
seigneuriaux,
ou par des
insi-
ne lui paroissoient quune adroite combinaison de l'aristocratie et du despotisme. 11 a soutenu que les ravages du Quercy n'toient pas aussi considrables qu'on l'avoit avanc; que ceux du Prigord se rduisoient rien,
coupable,
ou que du moins
Ces grands traits de lumire insdans certains poumons; des voix fortes ont interrompu l'orateur, mais sans le dconcerter. Il a rappel les manoeuvres adroites qu'on avoit employ dans la Normandie pour tromper le peuple, qui s'est appais ds qu'il a connu son erreur. I! a cit nos provincCiS Belgiques qu'on ohercbe soulever par des libelles, et mme par des ,discours prononcs en chmre, mais dans lesquelles le peuple n'a pu heureusement tre gar. 11 croit que les gardes nationales sont assez nombreuses et assez fortes pour arrter les brigands dans toute la France, et qu'on ne doit f)oint s'empresser d'envoyer dans les villes des trou|pes rgles, parce que trop de militaires tiennent errcore aux (Orjugs, aux prtentions du clerg et de la noblesse. 11 a ajout que dans quelques villes o il avoit des rgimens, on avoit
tout
tait appais.
de
la vigueur
(13) Texte reproduit dans le Courrier de Paris ou Franois (t. II, n" 133, p. 194, jusqu' nos yeux ).
le
PubhViste
264
populaires,
ni
amis de
rvolution.
On
^ui a
sent
que ces
faits
ne sont point de nature tre circonstancis ni prouvs; et si l'esprit de parti a fait huer l'orateur, l'esprit d'quit l'a en mmeteins fait
applaudir.
le
...M.
a
Prieur a
demand
lire
la
parole
comme membre du
co-
mit de rapport...
Il
commenc de
lectiure
venoit l'appui
de
les
l'opinion
de M. de
feroit
Robertspierre,
aussi,
trop
d'obstination
l'empcher de parler
croire
que
cet
nemis.
Courier Franais,
t.
III,
M.
Roberspierre,
ami du peuple
et
de
la
libert,
qui
a fait sentir les dangers qu'il y auroit porter une telle loi, seroit peine admissible dans un moment o la France seroit
et
il
rduite au dsesp)oir;
confier au
Roi
les pouvoirs
de
moment o les corps admmistratifs vont de faire lire les ennemis du peuple et les fauteurs du despotisme que les bruits qu'on rpand avec affectation sur les insurrections des provinces, sont dnus de fondement qu'on a imagin ce moyen pour calomnier le peuple, et pour obtenir le droit de J'opprimer; que, dans le mmoire adress l'Assemble pai M. le garde-des-sceaux, o l'on se plaint avec tant d'amertume de ces troubles, on ne parle i.]ue d'un vnement arriv Bziers, o le peuple, las d'un impt destructeur s'est permis une insurrection passagre contre les percepteurs de la gabelle; qu'en Bretagne, en Normandie, par-tout o la voix de l'Assemble nationale a pu se faire entendre, les habitans des campagnes, tromps par de faux dcrets, sont rentrs dans le devoir; que des loix menaantes ne peuvent qu'aigrir le peuple; que, s'il existe encore des brigands dans quelques provinces, les milices nationales sont plus que suffisantes pour les carter; que les officiers municipaux, qui tous sont citoyens et propritaires, ne ngligeront pas de provoquer la force publique; s'ils en ont besoin; et que jamais l'homme, le Franais surtout, ne rsiste l'autorit paternelle qui le protge, quand elle est bien employe.
toute la force militaire, dans un
se former, et dans l'intention
; ;
(14)
D'aprs
le
Moniteur,
III,
439,
265
1790, p. 5.
droits
M. de Robertspierre, cet ardent et infatigable dfenseur des du peuple, a parl avec beaucoup de force et d'nergie contre toute loi qui tendroit menacer la libert publique. La constitution,
a-t-il
dit,
est
commence
mais
il
vous reste
l'achever,
et
vous
long-temps des obstacles vaincre. L'esprit public n'a point encore acquis dans toutes les parties du royaume cet ascendant insurmontable qui peut seul vous rassurer contre les entreprises des ennemis
aurez
de la rvolution. On veut nous engager une demi-libert plutt qu' une libert entire, qui n'est point trcip chrement achete quand elle l'est au prix de quelques dsordres particuliers. Si les assembles administratives qui vont se former, toient malheureusement mal composes, et que vous missiez dans leurs mains une loi dont ils pussent abuser contre le peuple, songez aux flots de sang, que vous feriez couler. Il n'est qu'un temps pour la libert des peuples, et si vous le
laissez chapper, la fortune ne vous l'offrira plus.
le
En
Angleterre, dans
lieues
de plus de dix
de
troupes dans toutes les villes qui vont tre occupes de se choisir leurs
administrateurs.
qu'il
Ce
n'est
loi
loi
de sang,
ramener.
est
d'autres
moyens pour
le
N'avez-vous pas les gardes nationales ? quel secours en attendez-vous donc, si elles ne sont pas bonnes repousser quelques brigands ? Montrons toujours au peuple un grand caractre de justice et d'humanit. Htons nos travaux; rendons-'lui ses vritables droits; protgeons --^es citoyens opprims, et ne souffrons pas aue des soldats arms aillent porter la terreur dans les villes et dans les campagnes.
Le
Nouvelliste national,
et
t.
II,
Annales patriotiques
littraires,
n"
144,
23 fvrier
1790.
Robespierre a dit Nous sommes dans une crise viodu despotisme et de l'aristocratie contre la libert s'est tablie. L'aristocratie cherche dominer dans toutes les lections actuelles; cependant de la bonne ou mauvaise composition des assembles administratives dpend la formation de l'esprit public, et par consquent la stabilit de la monarchie populaire, seul gouvernement qui convienne la France. Si l'aristocratie domine dans les Munici:
M.
((
lente; la lutte
palits et
Assembles Administratives, la libert est toufTe sa nouveau pouvoir psera plus que l'ancien sut la tte du peuple, et la Constitution que vous avez fonde, pour son bonheur, et en vertu de sa souverainet, sera dtruite. Cependant pour parvenir faire dominer l'Aristocratie dans ces assembles, on veut gner les
les
naissance;
le
266
qu'on
du Peuple, et c'est pour y parvenir une nouvelle Lx>i Martiale; car c'est le nom qui convient au dcret qui vous est propos. Je dis plus. Messieurs, je dis qu'on gne effectivement la libert des lections, et ce ne peut tre que dans celte vue qu'on a mis dans plusieurs villes des garnisons extraordinaires. M. Robespierre s'est rsum dire que la seule rElections, on veut abattre l'nergie
sollicite
quisition des
tion
est
suffisante,
et
demand
la
rejec-
I,
Robespierre, fidle dfenseur du peuple et de ses droits et liberts, a reprsent que l'on donnoit quelques troubles pour des
subversions;
la
M. de
que
le
l'tablissement
toient
solide
;
de
libert
toit
celui
suspendus
que ce
moment perdu ne se retrouvoit plus; et qu'on vouloit nous e faire perdre, du moins ceux qui proposoient une dictature absolue; que des loix martiales peuvent faire verser le sang du peuple sans dissiper ces
erreurs.
a-t-il
dit,
caractre
se
de popularit qui en fait la beaut et la remettra bientt de lui-mme sous le joug des
et
des bienfaits.
7.
Sottises de
la
dernier
dcret
de l'assemble,
))
les troubles
des provinces.
((
samedi,
tout.
quoi donc ont abouti les troubles du Quercy? s'est cri, le vertueux Roberspierre, quelques chteaux brls, voil
vaut-il ,1a peine d'tablir une loi ? Je voudrois bien que M. de Robespierre me dit quel est le vritable but des loix; Montesquieu, et quelques autres prtendus
Cela
institues
pour garantir
proprits,
de vouloir bien nous communiquer ses quelque jour sur les oprations de l'assemble nationale; elles pourroient nous apprendre, par exemple, que les institutions politiques ne sont bonnes qu'autant qu'elles sont utiles ceux qui gouvernent; que tant qu'il y a des chteaux pills, des insurrections, que tant qu'il n'arrive point d'argent au trsor-royal, on a besoin de l'assemble, et que de l vient qu'on ne travaille ni aux
pourroient
jeter
finances,
ni
ainsi,
Si
M. de
Roberspierre
nous parloit
nous pourrions
l'en-
267
dit-il
ses
vous les
avez plaints.
t pendus,
Il
est
vrai
que
l'on
que ces commis qu'il appelle maltraits, ont prtend que leurs femmes ont t embroches,
les
mais cela ne
particularit
fait rien,
puisque l'assemble
de plus.
Journal de
((
Versailles, n"
117, 24 fvrier
1790.
opmion plus dangeureuse encore, est celle qu'on ne doit pas s'occuper de cet objet; c'est l'avis ouvert par M. de Robertspierre, qu'il n'y a pas lieu dlibrer sur un projet de loi que l'assemble a charg son comit de constitution de lui prsenter. C'est la pense de laisser croire que (rassemble peut un instant tre insensible aux malheurs des infortunes victimes de la vengeance ou de
autre
l'injustice .populaire.
Une
Chronique de Paris,
((
t.
II,
n 54, p. 215.
M. de Robespierre a prtendu qu'on pouvoit, avec les seules gardes nationales, rtablir la tranquillit dans les provinces, et qu'il
dangereux d'y dployer une plus grande tendue de force Cet orateur du peuple s'est efforc d'en attnuer les torts. Ceux, a-t-il dit, qui vous ont propos de dfrer la dictature l'autorit royale, vous ont assur que le royaume toit dans l'anarchie, et cependant. Messieurs, vous n'ignorez pas que ces maux dont on s'est plu charger le tableau, se rduisent quelques chteaux... je laisse, a-t-il dit encore, aux partisans de l'ancien rgime, le triste plaisir d'exagrer les fautes du peuple; mais j'en appelle aux amis de la libert, de l'humanit qu'ils disent si jamais rvolution a cot moins de sang que celle qui s'opre, en ce moment, sous nos yeux ?
seroit
militaire.
M. de Robertspierre a t d'un avis contraire Nous sommes dans une crise violente, a-t-il dit; l'aristocratie cherche dominer dans toutes les lections actuelles. Si elle russit, la libert est touf((
:
fe
la
tte
sa
naissance;
le
nouveau pouvoir
la constitution
ri'Ue
{jesera
.vouis
plus que
l'ancien
sur
avez jfonde pour son bonheur et en vertu de sa souverainet, sera dtruite. Ce malheur n'est pas loin de nos ttes, puisqu'on sollicite une nouvelle loi martiale, et qu'on a dj mis dans plusieurs villes, des garnisons extraordinaires.
et
du peuple;
268
M. de
demand
ila
rjection
du dcret propos.
105.
25, p.
M. de
a fait- sentir jusqu' J'vidence le danger de rendre la force militaire son ancienne activit, au .moment o les lections se font dans
peuple a besom de toute sa libert et de Angleterre les troupes ne pouvoient a^rocher de dix lieues le sige des lections. Cet honorable Membre a conclu que la seule rquisition des Gardes nationales est suffisante pour arrter des dsordres qu'on exagre, et a demand la rjection du
tout le
Royaume,
et
le
toute
son
nergie,
tandis qu'en
dcret propos.
>)
156.
une bonne et belle rvolution, bnignement le ci-devant royaume de France, il est indispensable qu'il y ait quelques gouttes de sang rpandues, quelques chteaux brls, quelques possessions dvastes; mais MM. Barnave et Robertspierre se chargent, par des raisonnements simples,
On
comme
d'liminer
ces
lgers
inconvnients.
t.
la
I,
n 5, p. 27.
M. de
Clermont-Tonnerre a remplac
M. de
Robespierre
tribune.
88.
SEANCE
DU
23
FEVRIER
1790
(suite)
ia veille,
l'Assemble entend
la
lecture des diffrents projets de dcret sur la tranquillit publique. La priorit est accorde au projet de Boussion, dput du tiers tat de la snchausse d'Agen. Aprs diverses interventions, les articles 1 et 2 sont adopts. L'article 3 prvoit que dans Jes cas de violences contre les proprits ou les personnes, ou de rsistance la perception de l'impt, les municipalits pourront recourir la loi martiale. Gart l'an et 'le m^arquis de Fou'cauTd approuvent l'esprit d'e l'article, mais proposent des amendements. lobespierre s'lve contre le recours la loi martiale pour le recouvreiraent de l'impt. L'Assemble rejeta la rdaction de Boussion et adopta celle de Pi s on du Gai and Les officiers municipaux emploieront tous les moyens que la confiance du peuple met leur disposition pour la protection efficace des personnes, des proprits publiqu'es et particulires, et
:
269
pour prvenir et dissiper les obstacles apports la perception des impositions et si la sret des personnes, des proprits, ou la perception des impts tait mise en danger, ils feront publier la
;
loi
martiale.
Gazette nationale ou
le
p. 224.
Le Nonciateur ou les Nouvelles du Jour, t. 11, n" 27, p. 209 (1). Lorsque le peuple est prt se porter M. de Robespierre contre ses ennemis, un homme qui auroit la confiance du peuple pour((
:
<(
ramener des sentimens pacifiques. (Un ct de l'Assemble Je n'insiste point, puisque ceux qui m'interrompent ne trouvent pas dans leur cur la vrit de ce que j'avance. On demande le secours de la force arme pour le recouvrement des impts mais quels sont les impts que le pexiple refuse de payer ? Ce sont certains impts indirects, tels que la Gabelle, les Aides, etc. (Nouvelle
roit
le
interrompt l'orateur).
marque d'improbation,
Je
la
et toujours
d'un seul
et
mme
ct de la Salle.)
l'article la partie
Assemble nationale et Commune de Paris (imitation), n 202, L'Ami du Peuple (Guignet), 25 fvrier 1790.
p. 617.
M.
Robertspierre,
toujours
ardent
dfenseur
du
peuple,
qui refuseroient
que de faire marcher des troupes armes contre ceux de payer les impts de la Gabelle et des Aides, qui
il
comptoit
depuis longtemps.
))
t.
VIII, p. 475.
MM.
M.
Gart l'an et de Foucauld sont partisans de la force. de Robespierre constant dans son systme de modration,
et
a soutenu que les voies de conciliation du peuple que les voies de rigueur; qu'il cent exemples contre un que le peuple mme irrit tait rentr
l'autre
et
la
M. Roberspiene, au
pas
Il
contraire,
d'evoit
mme
pour
le
pts.
elles
ses
l-
vres;
mais l'Assemble
))
laissa,
en refusant de
l'entendre
plus
long-temps.
(1)
et
Roux, IV,
Texte reproduit dans le Moniteur, III, 452; et dans Bchez 364, avc une lgre variante.
270
Le Modratevr,
MM.
derer,
Frteau,
Bainave, Robespierre, Plzon du Galand, Dumetz, Roele vicomte de Noaiilles, Lanjuinais, Cazals, et un
grand nombre d'autres 'pnt discut ]es divers articles du projet soumis la discussion Les uns vouloient en rendre Je dispositions plus svres, les autres moins rigoureuses. Enfin il a t arrt que nul citoyen ne pourra s'autoriser de prtendus dcrets de l'assemble nationale, qu'ils n'aient t sanctionns ou axicelpts p'ar le roi, publis ou affichs de l'ordre des municipalits; que sa majest sera supplie de faire envoyer incessa-
ment
Franois, ainsi que tous les dcrets, avec ordre aux curs et
de
les lire
V,
183, p. 6.
article
M.
dangereux pour
la
Libert
publique
naissante.
89.
SEANCE
DU
26
FEVRIER
1790
du
L' Assemble continue la discussion du projet d'abolition des droits fodaux, prsent par le comit de fodalit. Merlin, dput tiers tat de la gouvernance de Douai, donne lecture des trois
:
premiers articles du titre II, Des droits seigneuriaux qui sont supprims sans indemnit Art. P"". La mainmorte personnelle, relle ou jnixte, ainsi que ia servitude d'origine, la servitude personnelle du possesseur des hritages tenus en mainmorte relle, [...] sont abolis sans indemnit. ((Art. 2.
morte
les fonds ci-devant assujetis la mainou mixte, continueront d'tre assujetis aux autres charges, redevances, tailles ou corves relles dont ils taient pr-
Nanmoins tous
relle
cdemment chargs.
Aprs quelque changement (1).
y>
...
discussion,
ces
articles
furent
adopts
sans
Le
Point du Jour,
t.
MM.
Muguet
et
la
mainmorte
du
tiers tat
du
bailliage
d'Amont
Vesoul.
271
et
prsomptions toient contre le seigneur, et que c'toit lui de prouver que la concession des terres toit la source de la main-morte; ils ont propos pour amendement, que les mainmortables seroient dchargs, moins que les seigneurs ne prouvent par morte est le fruit de la convention. (3).
titres,
que
la
main-
t.
IX, p. 47.
insist
M. Muguet
et
M.
de Robespierre ont
pour celui-ci.
sera
Les que
droits
la
qu'il
))
prouv
V,
p.
392.
Muguet, Populus et Robespiene auroient dsir plus d'extension dans cet article du dcret Plusieurs droits ou charges sont la suite de l'oppression; ils doivent disparaitre avec la main morte qui en est la cause. Tant qu'on ne prsentera pas de titres de concessions, les charges ne doivent pas tre acquittes.
:
MM.
(3)
les
716.
90.
SEANCE DU
MARS
(1)
1790
"^
1
Intervention
Poursuivant la discussion du projet sur l'abolition des droits fodaux, ri\.ssemble avait (vot la fin de la sance du 3 mars, l'article 21 Le droit de triage tabli par l'article IV du titre XXV ds l'ordonnance des eaux et forts de 1669, est aboli. Le 4 mars, Merlin de Douai ouvre la sance en prcisant l'objet du dbat l'abolition du droit de triage aura-t-elle un effet rtroactif 1 Le comit de fodalit s'est pononc pour la ngative. Aprs une preimir'e discussion au cours de laquelle iRobespierre intervient (2), l'Assemble, sur la proposition 'de Merlin, dcrte que les mots pour l'avenir seront ajouts l'article adopt la veille. Merlin demande alors si l'ass'emble prononcera de la mme manire sur les triages ordonns par des arrts 'du conseil rendus la requte des seigneurs, et propose le projet de dcr'et suivant
:
f(
<(
(1) Cf. Motion de M. de Robespierre pour la restitution des Biens communaux envahis par les seigneurs, reproduite ci-dessus, p 220.
(2) Cf.
E.
Hamel,
J,
205.
272
Les arrts du conseil et novembre 1779) qui ont d Flandres et d'Artois, hors ie69, demeureront quant ce, ments rendus et actes faits en
du
lettres patentes du 27 mars 1777 (et autoris le triage dans les provinces des cas permis par l'ordonnance de comme non avenus, et tous les jugeconsquence sont rvoqus peuvent les communauts rentrer ds prsent dans la possession des droits communaux dont elles ont t prives par lesdits arrts du conseil et lettres-patentes.
13
;
Bulletin
Gazette nationale ou le Moniteur universel, n" 65, p. 259-260. de l'Assemble nationale, n" 189, p .3. Le Nonciateur ou les Nouvelles du Jour, t. 111, n 5, p. 38.
Mon opinion est conforme aux principes M. de Robespierre du Comit fodal, quoique contraire ses conclusions. Qu'est-ce que le droit de triage ? C'est le droit que se sont arrog les Seigneurs, depuis une poque assez moderne, de s'emparer d'une partie des biens des Communauts; ils ont fait consacrer cette usuipatlon par l'Ordonnance de 1669: elle y a apport des modifications; d'abord 11 fallolt que les Communauts eussent reu des Seigneurs titre gratuit; mais ce qui nous est donn nous appartient aussi rellement que ce que nous avons acquis titre onreux. Ravir quelqu'un le bien donn ou vendu, c'est attenter la proprit. L'Ordonnance de 1669 a dit ai" Seigneurs vous convoitez une partie des biens de vos vassaux, eh bien prenez-en le tiers Cette loi est un acte de despotisme, ou plu:
: ! !
ce n'est point une Loi un Lgislateur ne peut prendre "une classe de Citoyens pour donner une autre. D'aprs cela, aux yeux du Lgislateur et de la raison, le doit de triage n'a jamais t qu'une rapine. Les Communauts peuvent-elles demander une restitution ? pouvez-vous l'ordonner ? Voil la question. Elles peuvent la demander puisque c'est une chose juste; vous devez ordonner la rparation d'une
tt
:
injustice;
rteille.
l'Ordonnance de 1669 et la justice terfaire un acte de justice, que le despotisme n'en avait pour enfreindre la loi de la proprit ? C'est en vain qu'on veut nous opposer les inconvniens de cette restitution. Quand on a t vol, n'a-t-on pas gard ses droits sa proprit Ne peut-on pas toujours la rclamer ? Le Peuple rclame la sienne rpondrez-vous par un refus ? Le despotisme lui-mme, Louis XIV, dans un de ces moments si rares o la voix du Peuple arrive jusqu'au Trne, a reconnu que les biens communaux dvoient tre restitus aux Communauts (3). Le Peuple aura-t-11 moins de crdit auprs de ses Reil
.'
(3) Edit de 1667 par lequel Louis XIV dclara inalinable;-, les biens des communauts, supprima l'effet de toutes les alinations
opres avant 1620, ordonna restitution des fruits perus et rvision des actes de cet ordre pendant les 30 annes qui avaient pr-
cd l'Edit.
273
La Loi
cette
(4).
mdiat
annes.
en ordonnant la restitution
restitution
soit
n'aura pas un effet rtroactif, mais un effet imd'une proprit lgitime. Je defaite
mande que
Le
La
Point du Jour,
((
t.
M. Robe^ierre a
justice exige
en gnral,
mme remontant l'poque de (5) ont t dpouilles, l'ordonnance de 1669, mais il en est une trs grande partie l'gard desquels cette question est dcide par des raisons particulires. Il
dont elles
titre que les communauts fussent proen 1669, titre gratuit ou titre onreux, leurs proprits n'en toient pas moins inviolables; ainsi lorsque le despotisme aristocratique et ministriel entreprit d'en transfrer une partie aux seigneurs, c'est--dire lui-mme, il excda videmment son ({xmvoir, et fit, non pas une loi, mais un acte de violence et d'usurpation, qui n'a jamais pu anantij ni altrer les droits imprescriptibles des peuples. Il est
suffit
pritaires
impossible
autre
de voir dans l'excution de cet ordre arbitraire et injuste chose qu'une spoliation violente, qui ne peut jamais constituer de
proprit... Pourra-t-on m'objecter
?
un
la
titre
mais que l'on nous dise donc quel est le vritable propritaire, de celui qui a t dpouill de son bien par la force, ou de celui entre les mains duquel ont pass ses dpouilles ? Dira--on que celui qui a acquis ses biens de bonne foi, ne doit pas en tre vinc ?
proprit
le
Ce qu'un
tel
vnement
Ce que
se
titre
je viens
gratuit.
de
dire ne regarde
que
les
biens
communaux concds
t
?
Que
dira-t-on
dispensera-t-on
le
de
les
restituer,
l'ordonnance
mme,
qui
il
toit
Or,
France, et
le
dans les provinces d'Artois, de Flandres, Hainaut et CambrQuelques-uns proposent de consacrer ces actes d'oppression, sous prtexte qu'une conduite contraire donneroit un effet rtroactif
loi
;
votre
loi
qui
ordonne des
restitutions
(4)
Texte
XII,
reproduit dans
17.
le
Moniteur
IH,
52i2
et
les
Arch.
par].,
(5)
274
ncessaires peut-elle avoir, que celui de retirer les biens qui en doivent
tre l'objet,
ils
rendre au propritaire.
fet
Ce
de
n'est point l
la
loi.
,Si
un
l'ef-
naturel et essentiel
est
triage
les
la victime; vous dites qu' l'avenir il ne sera plus permis d'attenter la proprit du peuple mais vous dites en mme temps ces usurpateurs continueront de jouir de la proprit qu'ils s'attribuent, et sous le prtexte chimrique de ne pas donner la loi un effet rtroactif qui n'existeroit pas, vous prolongez dans l'avenir la privation funeste des droits dont il a t dpouill, et le plus odieux
peuples sont
monument de l'empire
((
fodal.
))
M.
Robespierre a conclu
la restitution
titre
de
40 der-
1790, p.
2.
t.
Assemble
((
nationale,
Commune de
a
Paris (Perlet),
cette
IV, n 213,
a'oolition
p. 2.
Le comit
fodal
t d'avis que
ne devoit
Cet
des partisans.
((
Cochard (7), Robertspierre, Lanjuiont trouv que la question toit mal pose
titre
MM.
par le comit.
Des
de
triage,
G. Michon, I, 67; lettre de Hobespierre Buissart, (6) Cf. mars 1790 Je me bornerai vous rendre compte d'un dcret qui intresse notre province et relatif la motion que j'ai fait imprimer pour la restitution de nos biens communaux: il a t port ce matin ;^ et quoiqu'il ne remplisse pas toute l'tendue des vux que je prsentois au nom du peuple, il surpasse du moins les esp4
:
((
r;mces de beaucoup de monde. (Le dcret lut accueilli avec joie en Artois si l'on en croit ce passage du Mercure National (t. Il, ii 14, p. 936) Un dput supplant, actuellement absent, a crit M. Robert, colonel de la garde nationale de Givet, qu' la nouvelle du dcret de l'Assemble qui abolit le droit de triage, les paysans de Flandre et d'Artois avaient tmoign une joie extrme, avaient fait retentir les cris de Vive l'Assemble Nationale ! et que passant ensuite des transports de reconnaissance, ils faisaient chanter des messes en l'honneur do M. de Eobespierre, qu'ils regardent avec raison comme un des plus fermes appuis de la cause touchante et sublime du peuple. Ce jeune hros de la libert souffrira que tous les patriotes franais, joignent leurs bndictions celle du peuple et observent on mme temps, combien nos ennemis doivent conserver d'esprance de la fameuse contre- rvolution. (7) Cocharrl, dput du tiers tat du bailliage d'Amont Vsoul.
:
275
?
ils
appartiennent
se
Voi-
une qu'un droit que, depuis des temps modernes, les seigneurs ont tabli en leur faveur, et qu'ils ont fait ensuite consacrer par un acte d'autorit qu'on appelle l'ordonnance de 1669. Ravir ce qui a t donn, n'est pas moins un attentat la proprit que de ravir ce qui a t vendu ces deux titres sont irrvocables. Or, qu'a fait l'ordonnance de 1669? ellle a adjug aux seigneurs la facult de reprendre le tiers des bois qu'ils avoient autrefois concds gratuitement aux communauts, dans un tems o ils avoient besoin de repeupler leur terre, et o ses bois, surchargeant la plus grande partie du sol, toient plus incommodes que profitables. Une foi qui ordonne d'enlever la proprit des particuliers, n'a plus le caractre d'une loi, c'est le renversement de toute justice; et puisque les seigneurs ont induement ipossd, il est indispensable qu'ils
ont-ils
dit,
la
faut,
avant tout,
faire
Ce
n'est
restituent.
((
On
la
objecteroit
en vain
la
teroit
de ces recherches
possession
est
rtroactives.
Les considrations ne
le
sont
droit
rien
die
quand
abusive
le propritaire perd-t-il
revendiquer la chose qui lui a t vole, p^irce qu'elle aura pass dans plusieurs mains. En un mot, pour bien apprcier l'ordonnance de 1669, il suffit de remarquer qu'dlle a t enregistre en lit de justice,
du
que
trs-exprs
l'toit
commandement du
roi
et
Louis
XIV, on
sait
quelle
ide on doit
avoir
d'une
loi
commande
par la
volont absolue.
Tels sont les motifs sur lesquels se sont fonds les propinans, pour demander que les communauts pussent rentrer dans la proprit des bois, dont le triage avoit t fait depuis quarante ans. La seule
diversit qu'il
y a eu entre les partisans de cette opinion, c'est que n'y avoit pas lieu la restitution de fruit, et que
les
autres
l'ont
ans.
))
I,
11?*"
sance, p. 3 5.
comme
raisonnoit
M. de
de
Robesse-Pierre.
pritaires,
droits }
tablis,
aux proau moins dater d'une certaine poque ? Quels sont ces Ils sont d'une existence moderne. La violence les a seuls
se'igneurs,
titre
triage,
seront-ils restitus
violence a t confirme par la prtendue ordonnance mots de prtendue ordonnance, on a murmur, et M. le prsident a observ l'opinant qu'il ne devoit pas se servir de cette
et cette
de 1669.
Aux
expression
faire
((
Effectivem.ent
la
loi
existe
encore,
et
il
faut
encore
la
respecter.
Ravir quelqu'un
les
biens qui
lui
ont
vendus,
poursuit
276
M. de Robesse-Pierre, c'est un attentat la proprit. Ravir quelqu'un des biens qui lui ont t donns, c'est un attentat la proprit. Qu'a dit l'ordonnance de seize cens soixante-neuf aux seigneurs ? Vous convoitez les biens de vos vassaux, je vais vous en donner le tiers... Le droit de triage est un usage inique, qui donne aux seigneurs un
droit
qui
11
triage ?
Et qu'est-ce que ce
vritab'le
droit
rapine
le
et vous
et
de dever
la
loi
opter,
MM.,
de
entre l'ordonnance
la
de 1669, qui
consacre,
ternelle
droit,
justice.
Eh
quoi,
MM.,
n'auriez-vous pas
autant
de
pour rendre chacun ce qui lui appartient, que le despotisme ministriel en avoit pour le lui enlever ? En 1667, un grand nombre de communes avoient t dpouilles de leurs proprits. Louis XIV ordonna que ces biens fussent restitus par ceux qui s'en toient ren-
dus matres, depuis l'poque de 1620. Si Louis XIV a pu se comporter ainsi dans un tems o la voix de tant de courtisans touffoit celle du peuple, serez vous moins favorables ce peuple aujourd'hui ? Je conclus ce que les portions de biens enleves aux communauts
par les ci-devant seigneurs,
tion
leur
soient restitues,
suivant
la
modifica-
XIV.
Assemble nationale
p.
Commune de
question qui
Paris (imitation),
t.
III,
n 211,
3-4.
Pour dcider
il
la
s'agite,
a dit
M. de
Quel
Robertsest-il ?
pierre,
faut se faire
triage.
C'est un droit assez moderne que se sont fait accorder les Seigneurs, de prendre une part dans les communaux de leurs Vassaux. Ils ont pro-
pour se le faire concder. Il est des concessions gratuites; mais en supposant que ces communaux soient des concessions gratuites, en sont-ils moins des proprits des Communauts; ce qui nous appartient par
fit
XIV,
vrai
doit
s'exercer
sur
donation,
nous appartient aussi bien que ce que nous possdons par achat, ravir quelqu'un ce qu'il a achet, c'est lui ravir sa proprit;.
L'Ordonnance de
ministriel,
1669
fait
Le Despolisme
a
ravi
qui
se
sentir
dans cette
Loi,
aux
Communauts ce
l'article
fait
qui
leur appartenoit.
Quand
ce Despotisme a
insr
de l'Ordonnance de 1669, il n'a pas un acte injuste, un acte de violence. Le droit de triage est un usage barbare, il n'a jamais t qu'un*, rapine. Les Vassaux ont-ils 'le droit de rpter ce qui leur a t pris ^ Voil la vritable question. Pouvez-vous leur donner ? Voil encore la question, je le derrande, tie devez-vous cas rendre ce qui a t ravi au Peuple par la force et d'injustice? Il faut opter entre l'Ordonnanc^"
titre
XXV
fait
LES DISCOURS
de 1669
PF,
ROBESPIERRE
277
dcrter. et la loi ternelle de la justice que vous devez Votre autorit, Messieurs, seroit-elle moins respectable en ordonnant une restitution que n'a t res^pecte votre autorit celle du despo Je vous propose de tisme, aprs avoir ordonn une spoliation ? Comfaire aujourd'hui ce qu'un Monarque absolu a fait en 1667. Des munauts se sont plaintes de violences et de spoliations, et Lxjuis XIV a ordonn que leurs biens leur seroi^nt restitus. Si le peuple a eu tant d'ascendant qu'il l'ait emport sur les intrigues des Courtisans, en au-
rolent-ils
moins
sur
ses Repirsentans ?
fini
M.
Robertspierre a
par conclure
la
restitution
des biens
dont
t dpouilles par les Seigneurs, au moins, lui-mme, c'est-suivant les modifications apportes par Louis dire, en faisant remonter l'effet rtroactif trente annes.
les
Communauts ont
XIV
t.
IX, p.
la
132.
M. Robespiene
tait
a dbut par
condamner
:
manire dont
la
question
votre dcret aura-t-il ne doit pas dire un effet rtroactif, mais bien l'invasion des biens communaux par les seigneurs en vertu du droit de triage sera-t-elle consacre ? Voil, s'est-U cri, de quelle manire on doit prsenter la question. Qu'il me soit permis maintenant d'interpeller ceux qui d-
prsente.
On
et
de
jleur
demander quelle
est sa
base, quelle est son origine; je rponds pour eux: l'iniquit et la tyrannie. Sous Louis XIII et la minorit de Louis les seigneurs
XIV
empars du tiers des biens communaux par des voies de fait; rduites au silence par la loi du plus fort, les communauts se sont vu expolies de leurs proprits par l'ordonnance de 1669, deux ans aprs y avoir t rintgres. En effet, l'ordonnance de 1669 a dit aux seigneurs prenez un tiers des biens communaux, quand il sera prouv que la cession en a t faite titre gratuit. Comme si une donation ne donnait pas au donateur un vritable proprit, comme si ravir quelqu'un un bien rendu ou donn n'tait pas galement un attentat la proprit. Mais quelle est donc cette loi prtendue qui a consacr de tels excs ? C'est une loi qui n'en est point une puisse
sont
loi
dont l'esprit
et
le
le
bonheur
et
la
scurit
au plus grand
nombre possible d'individus. Or l'ordonnance de 1669 n'a favoris que quelques individus privilgis aux dpens de la grande famille donc cette loi est nulle, donc elle porte videmment le caractre de rprobation Inhrent toutes les productions du despotisme; donc le droit de triage aux yeux de la raison est un droit inique, et pour trancher le mot n'est qu'une rapine. Or prsent, je le demande, les vassaux peuvent-ils demander la restitution de ces biens usurps et
:
276
pouvez- vous leur donner ? N'est-il pas conforme aux principes de la proprit de rendre des biens enlevs ? Des ministres ont-ils pu autoriser des invasions, des usurpations ? Il vous reste donc opter entre Tordonnance de 1669 et la justice ternelle dont vous ne vous dpartez jamais. Il dpend de vous d'ordonner la restitution de ces biens. Etes- vous donc moins puissans pour rendre la justice, que le despotisme jx)ur exercer cette tyrannie ? Pouvez-vous vous refuser cette
restitution
sans
violer
les
principes
;
de
la
proprit ?
Sans doute,
il
mais des pertes particulires doiventelles un instant vous empcher de consacrer le principe ? Quand un
donc
N'est-ce pas un droit de la rclamer ? H bien les peuples rclament des fonds que l'injustice, la violence, la tyrannie leur ont extorqus.
((
L'opinant a
conclu
les
biens
communaux,
>)
dont
en vertu du droit de triage, depuis quarante ans, fussent rintgres dans leurs biens.
les
communauts avaient
dpouilles,
t.
p. 2.
Robertspierre a t d'une opinion diffrente; il a pens que la question ne souffrait des difficults que parce qu'elle toit mal prsente; qu'il ne falloit pas demander si l'on donneroit la loi qui abolit les triages, un effet rtroactif; qu'il falloit demander si les biens usurps sur les communauts d'habitans depuis un temps dterappartiendroient ou non aux usurpateurs; s'il a pu exister une qui dit au seigneur vous (convoitez le bien des habitans de votre terre? Prenez-en le tiers; je vous le donne; et sous ce point de vue, qui est le seu'l sous lequel ik question doit tre considre, on demeu(loi
:
M.
min,
que le despotisme ministriel a donn ce qu'il n''oit pas en son Douvoir de donner.
rera convaincu
((
M.
Robertspierre a
et son
effet
fini
de
triage
derouis
47
ans,
fait.
et
que l'Assemble
fit
cet
gard ce que
Louis
XIV
avoit
mars
1790.
Robertspierre a dit qu'il fallait rtablir la question dans ses vritables termes, et ne pas dire, l'article aura-t-il un effet rtroactif? mais les biens envahis par les Seigneurs, sur les Communauts, la faveur d'une Loi injuste, seront-Hs restitus celle-ci? Si cette loi tait juste, a-t-il dit pourquoi l'avez-vous abolie ? Si elle
XX
est injuste,
comment pouvez-vous
les
refuser
dit-on
attaquer
proprits.
Mais
violerais-je
la
proprit,
si
je
et
reprenais
ne
suis-je
un bien dont on m'aurait dpouill par le brigandage ? pas toujours Propritaire e\ matre de le reprendre dans
les
279
et
l'ont
je
ajoutez-vous,
et
ne puis pas sans injustice me ressaisir de vous ne croyez pas pouvoir rparer, par une
cependant, la chose
loi
juste,
effet
arbitraire.
L'Union ou Journal de
1790.
de 1669
de l'Ordonnance un acte de despotisme miles communauts d'un tiers de leurs nistriel, qui avoit dpouill biens pour les adjuger aux Seigneurs. Il a cit en preuve, que dans un cas semblable Louis XIV lui-mme avoit ordonn en 1667 la restitution de biens communaux dont les seigneurs s'toient empars en 1620. Il lui a paru juste d'ordonner de mme la restitution des com-
M.
Robertspierre a
soutenu
que cet
toit
article
n'toit point
une
loi,
qu'il
munaux dont
Mercure
((
triage.
du Citoyen,
t.
II,
12, p.
756.
M. de
les
l'effet rtroactif
devoit avoir
iieu;
soit
communauts avoient t dpouilles, qu' quelque titre, onreux que les communauts fussent propritaires en 1669, leurs proprits n'en toient pas moins inviolables; que l'ordonnance mentionne n'est pas une loi, mais un acte de violence et
gratuit,
soit
que
d'usurpation,
une
spoliation
violente
qui
ne
peut
plus
constituer
un
acte
de proprit; que, si on se contente de dire que le triage est aboli pour l'avenir, on laisse subsister la spoliation dont les peuples sont la victime. M. de Roberspierre a demand l'effet rtroactif pour 40 annes.
))
p.
121.
le
M.
que
Roberspierre
se sont
droit
arrog
droit
de
triage ?
C'est le
de
6'empar.er
des biens des Communauts. L'ordonnance de gneurs: Vous convoitez une partie des biens de bien, prenez-en le tiers !
Courier de
vassaux;
Eh!
Madon,
t.
II,
n"
4,
p.
50
me
Robespierre a combattu ce systme de la prescription commoyen le plus odieux d'une usurpation dont la plus ancienne possession ne pouvoit couvrir le vice originaire. C'est, selon lui, un abus qui rclame toujours, mme malgr le silence du propritaire dpouill. Il a prtendu que le comit avoit prsent cette question sous un faux rapport; qu'il devoit seulement soumettre l'examen de il'assemb/le la question (sur il'|xK|ue o l'action des
tant
le
M.
280
communauts devoit
teurs.
prescrite
pour
le
pass
comme
les
usurpa-
Le
sion
t.
III,
143, p. 274.
MM.
Cochard, Robespierre
rtroactif.
))
et
de
l'effet
2" Intervention
blesse
Le comte de Lannoy, seigneur de Wattignies, dput de la node la gouvernance de Lille, dfend les droits des seigneurs,
reprsente les oprations faites en Artois et en Flandres, comme a trs agrables aux communauts, propose de dcrter que le droit de triage tel qu'il a t tabli en 1777 et 1779, ne sera aboli que pour l'avenir. Le comte de Croix, dput de la noblesse d'Artois, rappelant que les seigneurs ont fait de grandes dpenses pour asscher les marais, demande, s'ils -doivent en perdre la jouissance, qu'ils soient au moins indemniss. Hobespierre prend la parole une seconde fois pour dfendre les droits des communauts (8). Aprs diverses interventions, le dcret se trouva dfinitivement rdig en ces termes Les arrts 'du conseil et lettres-patentes ren^us depuis trente ans, tant l'gard de la Flandre et de l'Artois, qu' l'gard de toute autre province du royaume, et qui ont .autoris le triage hors des cas permis par l'ordonnance de 1669, demeureront, quant ce, comme non-avenus, et tous les jugements rendus et actes faits en consquence sont rvoqus. Pour rentrer en possession, les communauts seront tenues de se pourvoir par devant les tribunaux, sans pouvoir prtendre aucune restitution de fruits, sauf les faire entrer en compensation dans les cas o il y aurait lieu une indemnit pour cause d'impenses.
:
((
Gazette nationale ou
le
p.
263.
M. de
les
Robertspierre
mettriez
Communauts
hors
de
profiter
de
la
justice
que
vous vouiez leur rendre. Dsoles par des poursuites violentes, par des procs rumeux, elles sont pauvres, et ne pourraient jamais se liquider. Je ne sais pas s'il en existe quelques-unes auxquelles les Arrts du Conseil dont il s'agit aient t agrables; mais ce que je puis assurer,
c'est
que
la plupart
se sont
opposes
leur excution;
c'est
que cette
opposition a donn lieu une vritable guerre. Les habitants des cam-
pierre,
<8) f. E. Hamel, I, 206-207. Aprs l'intervention de Robesle dcret fut amend, malgr l'opposition de Redon, membre du Oomit' fodal.
281
pagnes ne faisoient que des rclamations paisibles; cependant des Troupes environnoient les Bourgades, et, d'aprs les ordres des Etats d'Artois, les prisons regorgeoient de malheureux enlevs leur culture et leur famille... J'adopte en entier le projet de Dcret prsent
par
M.
Merlin.
(9).
1790, p. 5.
Robertspierre a rpondu que ces dfriohemens et ces ne sont que le fruit de la violence; qu'ils ont t faits main arme, et qu'une preuve que les communauts n'y aient point consenti, c'est qu'elles orit charg 'leurs dputs d'en demander formellement la rvocation.
transactions
M. de
t.
IX,
p.
140.
Robertspierre s'est oppose cet amendement; il a obdfrichemens s'toient faits si peu volontairement, que les tats d'Artois avoient fait emprisonner beaucoup d'habitans qui vouloient rsister l'oppression.
serv que
les
M. de
Le Point du
Jour,
t.
VII, p. 290.
Robespierre a attaqu cet aimendement comme impossible excuter, comme tant une source de procs pour des indemnits arbitraires, et comme dtruisant la restitution lgitime en faveur des communauts.
M.
t.
IX,
p.
137.
(Vatar),
t.
Assemble
nationale.
Correspondance
de
Bretagne
IV,
n 4, p. 57.
M.
deux
Courier Franais,
t.
p.
38.
M. de
seroit
Roberstpierre
dit
que
la
condition
d'indemniser
les
seigneurs
(9)
le
Moniteur,
III,
523.
282
91.
SEANCE DU
13
MARS
1790
(soir)
M. de iCasteliane fait lecture d'un projet de dcret, qu'il a modifi d'aprs les obEervations de l'Assemble Art. r*". Dans l'espace <ie six semaines aprs la publication du prsent dcret, toutes les personnes dtenues dans les
chteaux, maisons religieuses, maisons de force, maisons de police ou autres prisons, par lettres de cachet uu par ordre des agents du pouvoir excutif, moins qu'elles ne soient lgalement condamnes, dcrtes de prise de corps ou renfermes pour cause de
folie,
seront
remises en libert
:
...
L'abb Maury demande que l'on organise d'abord le pouvoir judiciaire et les tribunaux sera alors permis aux prisonniers il d'invoquer la justice ordinaire (2). Robespierre lui rpond, et propose un amendement dont il n'est pas tenu compte. L'Assemble se borne en effet ajouter l l'article I la phrase suivante: ... moins qu'elles ne soient lgalement condamnes, dcrtes de prise de corps, ou qu'il y ait eu contre elles une plainte en justice l'occasion d'un crime portant peine afflictive...
Gazette nationale ou Le Moniteur universel, n l'Assemble nationale, n 202, p.
74, p.
4.
303
(3).
Bulletin de
M. de
Robertspierre.
En me
sur le sort des personnes qui ne sont accuses d'aucun crime que nous avons nous prononcer. Nous ne favoriserons pas, sans doute, ces actes de despotisme; des Lgisla-
votre
discussion,
j'observe que
c'est
teurs
Comment
les
gmir ceux qui sont dans l'oppression. En vertu de quoi ont-ils t privs de leur Libert ? En vertu d'un acte illgal. Ne serait-ce pas consacrer cet acte illgal que d'ordonner des dlais ? Si quelque chose peut nous affecter, c'est Je regret de siger depuis dix mois sans avoir encore prononc la libert de ces malheureux, victimes id'im Pouvoir arbitraire. L'Assemble sera, sans doute, tonne de voir que lorsqu'il est question de la cause de l'innocence, on lui
anantir,
laissent
(1) Cf. sance du 2 janvier 1790 et Mmoire pour le sieur Louis Marie Hyacinthe Dupond, dtenu pendant douze ans dans une pri-
le
sieur
Arras,
(BN,
Fm
332163)
Hamel,
210-211.
le
I,
reproduit dans
Moniteur, III, 609; Hes Arch. pari., 48; et dans Bchez et Roux, V, 121.
283
de ces infortuns dtenus, souvent pour leurs pour avoir laiss chapper quelques preuves d'nergie et de patriotisme; mais qu'on fixe son attention sur des hommes emprisonns la sollicitation des familles. Vous n'avez pas, sans doute, oubli cette maxime Il vaut mieux faire grce cent coupables que punir un seul innocent. Je propose, pour amendement au premier article, que tous ceux qui seront dtenus seront mis en libert le jour mme de
:
la
publication
publi.
du prsent Dcret,
et
que dans
huit
jours
votre
Dcret
sera
L'Union ou Journal de
{(
la
Libert,
57,
15
mars
17%.
homme de voit tre prsum d'un crime, tant que ce crime n'toit point lgalement prouv, et que ce n'toit que d'aprs des prsomptions lgales de dlits, qu'on pouvoit arrter un homme. Ce n'est, a-t-il ajout, que dans des circonstances o la sTet publique pourroit tre compromise, que des officiers de justice ou de police peuvent faire arrter des personnes souponnes du crime de lze-nahon et dans ce cas l mme ,on ne peut .les retenir en prison que pendant le tems ncessaire pour connoitre si elles sont coupables; et si elles ne
Robertapierre a dit que tout
innocent quand
M.
mme on
l'accuseroit
fait sentir que de cachet, .sans qu'on ait lgalement prouv leur crime et qu'ils aient t condamns par un tribunal, doivent tre mis tout de suite en libert, ainsi que le porte l'article premier du dcret projette, oir l'on excepte les cas de folie et de dcret de prise de corps.
le
paroissent
point,
elles
Il
)>
t.
I,
127
sance, p. 2.
Contre l'avis
de
M.
la
l'Abb Maury,
libert
M. de
Robesse-Pie^-re
ne pouvoient, sans courir risque de passer f>our inhumains, prolonger la dtention d'un citoyen, dj assez malheureux d'avoir t jette dans une captivit affreuse par l'autorit du crime. Il invoquoit ce principe vanglique Il vau*^ mieux que cent coupables soient isauivs, qu'un seu'l innocent prisse. En vain supposera-t-on des crimes affreux. Ces crimes ne seront rien s'ils ne sont constats par la loi, ou au moins par la clameur publique.
soutenoit
les
:
que
pres de
t.
VI, n 206, p
5.
M.
Robertspierre
propos de faire publier le Dcret dans mis excution dans la huitaine suivante, pour
a
ni
attaqus de
ou de
folie.
284
Annales patriotiques et
n"
164,
15
mars
t.
1790.
n"
106, p. 362.
Le
II,
adqpt tel qu'il a t propos; qu'il ft ensuite publi sous huitaine, et excut dans la huitaine suivante, pour l'largissement de tous les prisonniers qui ne seraient pas accuss de crime, ni attaqus de force Cet amendement n'a pas t. adopt.
raiticle
ft
M.
Robertspierre a
demand que
t.
IX,
p.
292.
Robespierre l'a combattu en disant que l'Assemble ne peut laisser dans les fers les prisonniers dtenus par un ordre illrgal sans approuver cet ordre illgal et a propos de restreindre huit jours le dlai de six semaines que porte l'article.
))
M. de
Courier de Provence,
t.
VII, n
lies
118, p. 26.
rfute, en disant que la nouvelle loi ne doit pas se montrer plus rigoureuse que le despotisme il cite les loix qui permettent un criminel expatri de rentrer dans la socit au boult de 20 ans. L'emprisonnement est une sorte d'expatriation; il fixe donc vingt ans de captivit le plus haut degr de peine qu'on puisse infliger un prisonnier, quel que soit le crime qui ait motiv
M. de
Robertsipierre
sa
dtention.
Journal de Versailles, n
Plusieurs
137, p. 808.
amendemens, observations ou ohangemens ont t successivement prsents par MM. Robeirtspierre, Loys, de Croy (4), d'Esprmenil et Glermont-Lodve (5); mais de projet du comit a surnag au milieu de cette qualit d'opinions diverses, et il a pass...
))
i(4) Le comte de iCroix, dput de la noblesse d'Artois, avait soulign que nul ne peut tre retenu prisonnier, qu'en 'vertu d'un dcret, et non sur mie plainte. D'Eprmenil demanda la suppr'ession du comit des recherches, responsable, selon lui, de plus de dtentions ique le despotisme. Loys, dput du tiers tat de la snchausse de Prigueux, se pronona pour le maintien de ce comit, mais proposa qu'il ift tenu de remettre dans les 24 heures, les dtenus entre les mains des tribunaux. (5) Marquis de Gui?lhem-Clermont-Lodve, dput de la noblesse de la ville et terroir d'Arles.*
285
92.
SEANCE DU
23
MARS
1790
A la suite d'une lettre adresse l'Assemble par les admiaistrateurs de la Caisse d'Escompte, Anson, prsente au nom du Comit des Finances le projet de dcret suivant L'Assemble nationale dcrte que les douze commissaires nomms par son dcret du 17 de ce mois (1) pour aviser au choix et l'estimatiori des biens domaniaux et eoclsiastiques qui seront vendus et alins la municipalit de Paris, et aux autres municipalits du royaume sont autoriss choisir quatre d'entre eux pour prendrie connoissance successivement, et de la situation, et des oprations habituelles de la Caisse d'Escompte et pour mettre commission en tat de concilier les intrts des porteurs de ses \<a billets avec les mesures qui pourront tre prises avec les municipalits, relativement aux biens domaniaux et ecclsiastiques qui
:
<(
seront alins. Frteau, puis Ption de Villeneuve en rclament rajournement, Le Couteulx de Canteleu et Gart s'y opposent; enfin le projet est adopt une trs grande majorit et au milieu des applaudissements de presque toute l'Assemble (2).
Journal des Dbats,
t.
VI, n 218,
p. 5. (3)
M. Roberspierre a propos par amendement, que la nomination des commissaires soit faite par l'Assemble, et non par les douze auxquels le Projet de Dcret en renvoie la nomination. (4) Cette Motion n'ayant pas t appuye, le Projet de Dcret a t mis aux voix.
(1) I!
)jet
(2) 339.
(.3)
du dcret par lequel l'Assiemble avait adopt le le Bureau de la Ville, en date du 10 mars. nationale ou le Moniteur universel, n 83, hs nom de Robespierre n'y est pas cit. Texte reproduit dans les Arch. pari., XIII, 312.
s'agit
(4) Cf.
286
93.
SEANCE DU
26
MARS
1790
(1)
iLe 6 octobre 1789, l'Assemble avait t un-anime adopter le projet de contribution patriotique du quart du revenu. Cette contribution ne donna pas les rsultats esprs. Le 24 mars 1790, Dubois de Cranc, dput du tiers tat du bailliage de Vitry-le-Franois, fit lecture d'un projet de dcret n onze articles, destin rglementer les dclarations. Ce projet vient en discussion le 26 mars. Duport (2), Robespierre et Roedeier soulignent qu'il est contraire au dcret prcdent, qui a institu une contribution volontaire, sans poursuites possibles. Le nouveau dcret sur la contribution patriotique, profondment modifi au cours de la discussion, fut vot par rAsseanble, la sance du 27 mars.
t.
IX,
p.
472-473.
M. de
Robetspierre
si
la
que
les
que l'on a fait croire au peuple banqueroute tolt infaillible; c'est que l'on a sem par tout calomnies quand la crainte de ces malheurs sera dissipe, la conc'est
la
;
tribution patriotique
Que
vous prosecoiirs
pose-t-on
alors
aujourd'hui
les
aprs
avoir
le
gratuits et volontaires,
vous allez
que
;
nationale
ennemis de l'assemble nationale auront occasion de voyez quels sont les bienfaits de cette assemble vous tes dans la dtresse, et cependant il faut que vous
:
fassiez le sacrifice
du
;
quart
de
votre revenu.
Un
officier
municipal vous
taxera
arbitrairement
les
Tels seront
((
on vous livre aux plus funestes inquisitions. discours que l'on tiendra au peuple on F garera, en
;
La
plus
de tous
les
et
le
insupportable
:
n'y a que le patriotisme qui puisse en souffrons pas que le ministre mette l'assemble
;
il
ses principes;
faire
il
citoyens;
il
faut
ce que
le
ministre n'a
faut porter
ptuent,
sur
un regard svre sur les prodigalits ruineuses qui se perces traitemens scandaleux, que l'on continue de faire
mel,
La contribution patriotique
(1910),
'et
E.
H.a-
Du
Paris.
287
ces hommes que l'on appelle grands seigneurs. Supprimez, s'il le faut, c'est-l ces normes appointemens que l'on donne des gens inutiles
;
le seul
moyen de
rappeller la confiance, et
))
de
bution patriotique.
Assemble
((
nationale,
Versailles et Paris,
t.
III,
n" 233, p. 7.
MM. Duport, Robertspierre, Roederer, et quelques autres ont regard ce projet comme inquisitorial. Le premier a mme prtendu
qu'il
toit
se sont accords soutenir qu'il qu'alarmer les citoyens, qui le regarderoient comme un impt vexatoire; que l'on ne pouvoit pas d'ailleurs employer les moyens coactifs avant de s'tre assur de ce qu'avoit dj produit cette con-
1791
et
les
;
tous
ne
feroit
tribution;
ils
projet
de Dcret,
M. Roederer
n'y avoit pas lieu dlibrer sur le a ajout que dans le cas o l'As-
semble se dcideroit adopter quelques unes des vues du comit des Finances, il demandoit que la liste des contribuables ft imprime et affiche pendant dix annes, dans le lieu o se tiendroient les Assembles d'lection.
))
Le
Postillon (Calais),
((
t.
I,
n"
33, p.
4.
M.
la
Robespierre.
Ce
de patriotisme qui a
une autre chose qu'on n'a pas cherch dcouvrir. Si, en mme tems que vous avez dcrt la contribution, vous eussiez calm les inquitudes, ranim la confiance, vous ne seriez pas dans la ncessit de convertir en impt forc, une rtribution qui avoit pour caractre essentiel, la libert. Mais, Messieurs, lorsque le peuple se disposoit payer, on lui insinuoit de toutes parts, que l'assemble nationale seroit dissoute, que la banqu^^route toit infaillible comment voulez-vous que dans cette '.ncertitude de son sort, il se dpouillt d'un bien et d'une force que l'autorit pouvoit employer contre lui. Bien loin donc, d'adopter le projet qui vous est prsent par le comit des finances, je rclame de tou'^es mes forces contre ses di^ositions. Elles contiennent une inquisition funeste,
ralenti
contribution patriotique.
existe
Gazette nationale ou
le
p.
353.
pre
Le Dcret propos ne me parat pas proqu'on en attend; il faut chercher la vritable cause du dfaut de dclarations. Je ne puis tre de l'avis du premier ministre, qui accuse le patriotisme des citoyens: ce patriotisme existe;
Robertspierre.
M. de
produire l'effet
288
il
peuple, et par
queroute
Robespierre entre
ont arrt l'essor
triotisme
moyens qu'on a pris pour lui persuader que la banque 'la contre-rvolution l'tait aussi. (M. de dans de trs grands dtails.) Voil 'les manuvres qui du patriotisme; faites cesser les inquitudes, le patoute
reprendra
son nergie,
et
l'on
viendra en foule
tre
inutile
offrir
la
L'Union ou Journal de
((
la
Libert, n"
63,
29 mars 1790.
MM.
Robertspierre et
(4).
Ils
Roederer ont t du
mme
avis
que
le
propinant
que
c'toit
une contribution demande au patriotisme. Si elle n'a point produit tout ce qu'on en devoit attendre, c'est parce que les ennemis de la rvolution ont touff les sentimens gnreux des bons patriotes peu instruits, ei leur inspirant des craintes sur Futilit et ila stabilit de la nouvelle constitution. Ils ont pens que plusieurs citoyens, revenus un jour de leur erreur, feront une nouvelle dclaration et un payement plus juste, et que cexix qui en agiront autrement sont de mauvais citoyens qui ne doivent tre punis que par le mpris.
Mercure de France, 3
((
avril
1790, p. 64.
Si vous convertissez cette contribution volontaire dans le plus onreux, le plus accablant des impts, dit M. Robespierre, quel effet
une disposition pareille produira-t-elle sur les esprits; quelle facilit ne donnera-t-elle pas aux insinuations des ennemis du bien public ? . L'Opinant s'tendit ensuite sur le dtail des oprations faire i>our rtablir la confiance, pour fortifier l'espoir par le patriotisme et le patriotisme par
l'espoir,
etc..
M. Robertspierre a dit qu'il ne falloit point attribuer le non paiement de la contribution au dfaut du patriotisme, mais aux obstacles, aux craintes, aux alarmes que les ennemis de la Constitution n'ont cess de rpandre dans les provinces. Il a donn cette ide un grand dveloppement, et il a fini par indiquer les moyens de ranimer le patriotisme, en consolidant la constitution.
((
(3) Cf.
282,
Bchez et Koux, V, 52, et Actes C. de P., srie, V, Texte reproduit dans le Moniteur, III, 710; e>t les Arch. pari.,
l''^'
XII, 361.
(4)
Il
s'agit
de Duport.
t.
289
VII, n
123.
Duport, Robertspierre, Roederer et de Tracy ont trouv Le dfaut de moyens, le dfaut de confiance sont de plus grandes causes de retai^d dans les dclarations, que le dfaut de patriotisme et de bonne volont. Ouvrez donc des ressources aux bien-intentionns; donnez la confiance une base sensible et inbranlable, et vous verrez des flots d'or rouler vers le trsor national. toute voie coactive amC'est donc le cas d'agir par la persuation nera beaucoup de murmures, et peu d'argent. Il n'y a pas heu de
le dcret trop rigoureux.
:
MM.
Journal de
((
Versailles, n
149, p. 857.
et
MM.
Roederer ont
))
alloit faire
Assemble nationale
p.
7.
et
Commune de
Robertspierre,
Paris (imitation),
t.
III,
n''
233,
MM.
Duport,
Roederer,
et
quelques
autres,
comme
inquisitorial.
Gazette universelle, n
((
117, p. 468.
MM.
Robertspierre,
Murenai
(5)
et
projet.
t.
VI, n 222,
p.
5.
M. de
Robespierre a combattu
aussi
le
Projet
de Dcret.
(b) Il
s'agit
du
cr.nitc
de Marinais, dput de
la
noblesse du
I^auphin.
290
94.
SEANCE
DU
29
MARS
1790
excutif
Le Chapelier rappelle que l'Assemble a dcrt que le pouvoir nommerait des commissaires pour veiller l'applioation
de ses dcrets relatifs l'organiiiation des municipalits (Instruction sur la formation des assembles primaires et des corps administratifs, 8 janvier 1790). La municipalit de la ville de Troyes a refus de recevoir les comimissaires du roi choisis pour veiller ^on organisation elle a envoy toutes les municipalits du royauie une lettre ce sujet (1). Le comit de constitution propose que l'Assiemble dcrte que les commissaires nomms par le roi cesseront leurs fonctions ds la fia des lections des municipalits, que les jugements de ces commissaires ne seront jamais que provisoi/e.s, que les difficults majeures qui s'lveront dans les lections municipales seront renvoyes l'Assemble nationale. Robespierre prend la parole aprs la lecture de ce projet de dcret. Dans la discussion, quelques a^nendements sont proposs deux sont adopts par le comit, les autres rejiets par la question
;
;
pralable.
les articules proposs par le comit, furent adopts de lgres modifications prs L'Assemble Nationale, apr.s avoir entendu la lecture de la commission et de l'instruction donne par le Roi aux Commissaires nomms par Sa Majest pour la formation des Assembles primaiX>ar
Finalement
l'AssembLe,
(1) Lettre adresse au Rdacteur des Rvolutions de Paris, de t. M. de Robespierre a bien peint les IV, p. 241 commissaires dpartis dans les provinces, lorsqu'il dit ( l'assemble nationale) que ces commissaires travailloient sans ordre contre la constitution; nous en avons la preuve dans la conduite du commissaire de notre canton ce commissaire a rempli ses fonctions dans sa patr'e, oii il possde de grandes proprits, et dont il est seigneur c'est un aristocrate dcid, sou'S le masque d'un citoyen, qui s'est empar des suffrages, et fait mouvoir des agens subalternes, qui nomme aux places, et ne s'oublie pas: so,n onicle. ses curs, ses fermiers, et autres gen;^ lui vendus la tyrannie intendanta'le consquemment il est juste qu' la premire promotion (des membres de l'assemble nationale); elle ne soit compose que d'aristocrates ennemis des droits de l'homme et de la libert publique, et que de pareils reprsentans nous remettent sous le joug de l'esclavage La municipalit de Troyes avoit arrt que les porteurs d'ordres ministriels ne seroient point admis aux assembles, moins qu'ils ne tinssent leur mission de l'assemble nationale. Je vous prie, monsieur, de prsenter dans votre prochain nunro, de faire :jzntiv la nation entire, combien il est dangereux de confier les assembles de pareils ennemis, intresss la conservation des abus qui ont toujours asservi et ruin la nation.
Prudhomme,
<'
291
res et administratives, et sur le rapport elle fait par son comit de constitution, dcrte: 1" Que les pouvoirs des Commissaires chargs par le Roi de surveiller et de diriger pour cette premire fois seulement, conformment aux dcrets du 3 janvier dernier, la formation des administrations de dpartement et de district expireront le jour de la clture du dernier procs verbal d'lection des citoyens qui composeront lesdit'es administrations. 2" Que les Comimissaires de<vant dcider provisoirement les difficults qui surviendront dans le cours de la formation des Assembles primaires et administrativies, renverront l'Assemble yationale les difficults majeures qui pourroient survenir, et dont la dcision ne pourroit tre dirige ni par le texte, ni par les consquien-ces ncessaires des dcrets de l'AssemMe Nationale. 3" Que le Comit de constitution ayant t autoris donner son avis sur plusieurs difficults relatives la formation des municipalits, et renvoyer aux Assembles de dpartemens les difficults qui tiennent des connoissances locales, ce seront ces Assembles qui prononceront sur toutes les questions survenues ' cet gard, ou qui pourront survenir. Les Commissaires du Roi ne pourront en connotre sous aucun prtexte. 4 Quie les Commiss/aires avant de commencer leurs fonctions prteront le serment civique devant la municipalit du lieu o se tiendra l'Assemble du dpartement. (2).
((
((
<(
t.
X,
p.
35
et s.
Robetspiere; mon intention n'est pas de justifier la conduite de la ville de Troyes; mais <:'est au nom du ^alut public que je vous dnonce la nommation des commissaires chargs de surveiller l'organisation des dpartemens en jettant un regard en arrire, je n'ai pu envisager cette mission sans concevoir de justes alarmes. J'ai calcul les forces du patriotisme; et ceux qui m'accuseront d'excs dans cette dnonciation, me pardonneront en faveur de la chose publique. Nous touchons au moment critique, l'poque qui doit dcider
:
M.
((
si
la
ou
s'il
rvolution qui
le
peuple.
de
assembles administratives, sont composes des vrais amis la constitution s'tablira sur des bases immuables; mais si la cabale et l'intrigue trouvent le moyen d'y placer les fauteurs du despotisme, le peuple retombera sous le joug, et reprendra des fers plus pesans que jamais. Le moment que la providence avoit prsent aux franois pour reconqurir la libert seroit-il perdu ? C'est du ct de ces nouvelles assembles que les ennemis du bien public tournent leurs regards; pour mol qui suis tmoin de la situation alarmante* d'une vaste partie de l'empire, qui suis charg par les gardes nationales belgiques et par les patriotes perscuts, de rclaSi
les-
la
libert,
((
('2)
Cf.
t.
II,
n" 40, p.
242.
292
mer
votre
vous
la
demande
aujourd'hui,
messieurs
je
sollicite
on cherche
((
vous
tranquilliser.
le peuple est partout tromp, par-tout calomni; vos dcrets ne sont pas envoys; et de tous les dsordres, voil le plus funeste. Vos ennemis se sont appliqus cacher vos principes nulle part votre dclaration des droits n'est connue ; l'on entretient le peuple dans son ignorance. Et cependant, nous, qui sommes revtus des pleins pouvoirs de la nation, nous avons remis
Le
patriotisme s'puise,
ce mme pouvoir ministriel, le soin de promulguer nos dcrets ce pouvoir ministriel, dont nous devions nous dfier continuellement; ce pouvoir qui a mis deux fois dans la bouche royale la censure ce ipouvoir enfin qui a cherch deux fois rejetter de vos dcrets quels effets attendiez vous donc de ces ministres ? ils la constitution ils changent de conduite n'ont pu russir par des attaques ouvertes l'un de ces ministres et cherchent miner sourdement notre ouvrage
;
s'y est rendu et loin de s'excuser, il a a t mand la bane il mis au grand jour ses projets (3). Vous avez oubli tout cela. Aujourd'hui ces ministres viennent de nommer des commissai;
parmi lesquels on remarque un grand nombre de prlats, tandis que cette malheureuse classe plbienne est toujours frappe de cette ancienne disgrce, qui l'a sans cesse loigne des places; l'on y voit des hommes qui ne vivoient que des anciens abus on y retrouve et croyez-vous que les ministres enfin tous les fauteurs du despotisme auront choisi les ennemis de l'aristocratie ? Cependant examinez combien les pouvoirs de ces commissaires sont tendus, puisqu'ils dcideront de tout, mme contre la majorit des voix, puisque enfin on les dclare ligibles; c'est ici que se
res,
;
manifeste
plus clairement d'intention des ministres ils dsireroient mais c'est en cela, surbien que leurs commissaires fussent nomms tout, que le pouvoir excutif est sorti de ses limites comment peut-il
; ;
:
dclarer
ligible
l'assemble
n'auroit
:
pas donn
l'ligibilit
des
hommes, qui auront tant d'influence sans doute, comme dans l'ancien stile du despotisme, on a dit qu'ils n'entreront pas dans les assembles
;
mais
ils
en fixeront le jour
et
l'heure
mais
ils
sont
autoriss
:
de-
la liste des citoyens actifs voir toutes ces mesures, ne diroit-on pas que les hommes sont des automates, qui ne jp>euvent se mouvoir que par le moyen des commissaires du roi
:
ce n'est pas tout les assembles primaires sont formes, et l'on veut que les commissaires du roi s'informent des lections, demandent des dtails, jugent les difficults, mme les doutes ainsi ce ne sont pas des juges, mais des inquisiteurs, qui iront la recherche des doutes,
; ;
(3}
Champion de
1'
293
c'est--dire, qu'ils prononceront sur la validit des lections, qu'ils dcideront de la formation des assembles, qu'il faudra avoir leur apainsi ce droit probation, pour tre membre des nouvelles assembles essentiel qui vous appartient, vous allez le laisser usurper, dans le mo:
en vrit je ne sais lequel on doit le plus ment le plus dangereux admirer, ou de l'audace ministrielle braver l'autorit nationale, ou de votre patience le souffrir. Je demande qu'il soit dit, qu'il n'y a
:
lieu
la
dlibrer
sur
la
proposition
n
du comit,
et
Le
Point du Jour,
((
t.
VIII, p. 353.
:
(4)
M. Robespierre
libert;
Il
ne
suffit
blir la
point de faire des loix pour tade veiller sans cesse f)our
repousser tous les dangers qui entourent son berceau. Je n'en connois pas de plus grand que l'instruction inconstitutionnelle des commissaires que le pouvoir excutif s'est permis de nommer et d'investir du pouvoir
le
plus tendu,
Il
mme sans avoir consult l'assemble nationale. mme jamais t soumis votre discussion, sans les
communes,
qui
se
sont
dj
leves
contre
cette
disposition ministrielle
reste une dernire ressource au despotisme et l'aristocratie, mauvaise organisation des assembles administratives, et qu'elles soient composes en trs grande partie des ennemis du peuple; c'en est fait de la libert, et la nation retombe sous le joug de la c'est la
servitude,
avant d'avoir
acquis cet
esprit
public,
la
ces
vertus
!
fires
et
libert
Et quelle
servitude que celle qui nous seroit impose par une foule d'aristocraties
siir
la constitution
mme,
despotisme minis-
leurs
les
membres
!
des Franais La mauvaise organisation des assembles administratives nous conduit infailliblement ces malbeurs. C'est de ce ct que les ennemis de la libert dirigent tous leurs efforts, et leur succs est certain.
{4) Tex-te reproduit dans les Arich. pari., XII, 406. D'aprs Hamel (I, 216, notel), ce discours aurait t publi intgralement par le Hrault nationad, dans son numro du 30 mars, et imprim part sous le titre de Discours sur l'organisation des municipalits. Nous avons cherch vainement ce numro du Hrault national Paris. La B.N. n'en possde qu'un, oelui qui rend compte de la, sance du 27 mars; mais Deschiens et Hatin signalent l'existence do 15 numros (Cf. Tourneux, t. II, 10470, p. 578).
294
si
par
du temps, et peut-tre amis des peuples foibles, isols, dpourvus des ressources que donne l'opulence; ses ennemis puissans par leur concert, par leurs intrigues, possesseurs de presque tous les emplois publics, matres du numraire accumul en.re leurs mains, par un systme dsastreux; le peuple accabl de sa misre, augpatriotisme ralenti par le
seul
les
Le
perscutions qu'il
essuyes;
les
mente
rant
p'ar
leurs
coupables
manuvres,
tantt
intimid
par
!a
vio-
de
sa destine, et igno-
de
ses droits;
la
mis de
libert se
eh! comment les connotroit-il, lorsque les ennesont appliqus les lui cacher avec une affreuse
;
qui
les
lui
auroit
rvls,
sur-tout
des droits de l'homme, qui en ce moment mme, n'a encore t promulgue nulle part ? Eh comment nous-mmes aurions-nous prvu ce malheur, nous qui, revtus des plains (sic) pouvoirs de la nation, sans lesquels il nous et t impossible de rien faire pour la libert, nous sommes condamns l'impuissance d'assurer la promulgation et la prompte excution des loix constitutionnelles, en remettant exclusivement ce soin ce mme pouvoir ministriel que nous devions rprimer nous, que tant de preuves de sa rpugnance le remplir, n'a pu engager prendre les mesures ncessaires pour remdier un si grand mal quel autre procd pouvions-nous ah attendre de ceux qui, aprs avoir tent ouvertement de renverser votre ouvrage, n'ont paru changer de systme que pour le miner sourdement par toutes les manuvres de l'intrigue. C'est au milieu de toutes ces circonstances et de tous ces ennemis, que vont se former les assembles qui doivent dcider de la destine du peuple et de la libert; et ce sont des commissaires du roi que le ministre envoie pour diriger cette grande opration, avant
!
((
mme
et
la
des reprsentans de
la
nation.
Qui
les
nomms
cour,
ministre.
Qui
sont-ils
c'est
la plupart se plaignent de ce que la liste ministreuse (sic) condes noms qui ne rveillent rien moins que l'ide du patriotisme que l'on a prodigu les prlats, les grands seigneurs, et que cette malheureuse classe plbienne, dans laquelle nous ne pouvons voir que la nation, y parot en gnral ncore frappe de cette ancienne disgrce qu'elle a encourue aux yeux des ministres et des cours. Que peut-on attendre de ces commissaires, ou plutt que ne doit-on pas
mais
tient
craindre
de
leur
influence
sur
les
lit
lections ?
leurs
Mais ces
et les
craintes
se
pouvoirs
instructions
295
dterminer
sur
le
Se
faire
donner
la
liste
des citoyens
assembles,
actifs,
nomop-
bre des
lecteurs,
diriger
les
veiller
toutes
les
dans chaque assemble, des difficults, des doutes qui s'y lveront, des doules (sic) enfin dcider toutes les difficults, prononcer sur la validit des lecvoil une tions voil une partie des pouvoirs qu'on leur donne
rations, s'informer
de tous
les dtails
de ce qui
se passera
partie
moyens odieux que l'on veut employer pour se rendre [matre] de l'organisation des assembles administratives et du sort de la libert, voil le complment de ce pilan coupable form par les ennemis de la nation, pour replacer sur sa tte le joug de la servitude, avant qu'elle ait pu goter les avantages de la libert. Aprs son discours, M. Robespierre a propos le projet de
des
((
dcret
((
suivant
les
pouvoirs
des
commis-
borns la convocation des assembles primaires et lectives, et que leur mission cessera ds que ces assembles seront formes; 2" Que les assembles dcideront la pluralit des voix les difficults qui pourroient s'lever dans leur sein, et ces dcisions seront excutes
saires seront
sauf l'assemble nationale prononcer sur les rclamations qui seroient formes contre ces mm.es dcisions; 3 Que les commissaires ne pourront tre lus dans les assembles du dpartement
par provision,
il
seront envoys.
Moniteur universel, n 89, p. 365. 221, p. 10. Journal gnral de l'Europe, t. H, n" 40, p. 241 (5).
Gazette nationale ou
le
Robespierre Le propinant vous a propos deux d'amehdemens rien ne me parot plus simple que ces deux amendemens; rien ne me parat plus superflu. En effet, messieurs, pourquoi faire de? amendemens une volont qu'on n'auroit pas d trouver chez vous. Je dnonce, moi, au nom de la patrie et d(
M. de
((
espces
la nomination des commissaires, et surtout la nature et des instructions que le pouvoir excutif a voulu leur donner. {Il s'lve quelques murmures). Je ne me suis point dissimul que m.on opinion sur cet objet prouveroit de 'la dfaveur; mais je me suis peu arrt celte considration; j'ai seulement consult mon patriotisme.
la
libert,
l'objet
(5) Le Joiirnal gnral de l'Europe fait 'prcder ce texte de l'apprciation suivante: L-dessus, M. Robespierre est mont l.i tribune, et y a prononc un discours, dans lequel il <a prsent ;ivee 'beaucoup d'nergie lies dangers qu'il a cru voir dans l'ins-truciion ministrielle, relativement aux pouvoirs trop tendus donns ux commissaires de dcider les questions relatives aux lections.
296
et je
me
suis dit
Ceux
mmes
Lorsqu'on voit se prparer une grande et belle rvolution qu'on n'aime pas, on ne nglige rien ipour en suspendre la marche, pour en teindre les effets. Telle sera-t-elle et constamment la conduite de ceux qui, de mauvaise foi, ou par erreur, tiennent encore cet odieux et ancien ordre de choses que vous avez si justement aboli. Voici, pour ces gens-l, le moment dcisif; l'organisation des municipalits, des assembles de district et de dpartement va s'oprer; et de cette organisation nat la solidit de votre ouvrage. Il faut donc empcher cette
intrts
et s'uniront
que moi,
moi pour
l'intrt
de
tous.
organisation;
ceilui
et
Un
seul,
et
c'est
des hommes adroits et perfides qui sauront bien s'op)oser la perfection d'un travail qui sera mauvais s il n est parfait. Dj, les libelles se sont rpandus avec profusion dans les provinces; vos dcrets ont t mal interprts; vos ennemis leur ont donn une signification qu'ils n'ont pas. Oui, vos ennemis, car vous en avez beaucoup et je vous conjure de ne pas regard'^r plus longtemps comme des chimres toutes les dnonciations qui vous sont
de
glisser
parmi
les organisations
faites.
de
les
Les ministres ont nomm vos commissaires, et l'on s'est plaint une foule de noms qui ne rveillent rien moins que ides de patriotisme. Et quels sont les hommes qui les ont choisi
(sic) ?
Des
est
ne
sais ce qu'il
(sic)
ou de l'audace conti!
nuelle de ministres, ou de votre longue patience la souffrir (On murmure de plus fort. Quelques personnes demandent que l'Orateur soit rappel l'ordre). Je demande que l'Assemble dclare qu'il n'y a pas lieu dlibrer sur les amendemens qui lui sont proposs, et qu'il soit aussi dcrt que les commissaires n'exerceront pas les
fonctions qui leur ont t confies par le pouvoir ministriel
(6).
t.
X.
p.
43.
Votre Comit vous propose deux espces d'amendemens, a dit M. Robespierre en ouvrant la discussion; mais ils ne dtruisent pas de ces commissaires du roi dans les assembles primaires; 1 influence et sous un autre aspect, ils vous portent reconnotre votre nomination
du salut public. Je vous dnonce surtout la des instructions qu'ils ont reues. Si l'on m'accuse d'un excs d'inquitude et de zle, c'est le patriotisme qui m'entrane.
de^ la patrie et
l'objet
au
nom
nature
et
Mon
motif
est
excusable.
le
pouvoir
(6)
le
Moniteur,
III,
734.
297
avoit
force,
je
n'ai
jamais craint;
effray.
mais
s'il
recours aux
La mauvaise
organisation des
assembles
excutif,
si
administratives
et
ministriel
nous conduit la runion des pouvoirs municipal; et alors, que devient notre libert,
?
Suffit-il
donc de
des
loix
comme
si
notre
Constitution
^oit
solidement
tablie ? N'en devriez-vous pas en ce moment surveil'er l'excution du moins par la correspondance de vos comits avec les agens ? Pour moi, qui depuis long-tems demande audience de la part de toutes les
gardes nationales des provinces belgiques pour vous exposer les rranceuvres, les oppressions dont elles ont se plaindre, je ne puis me
taire.
((
Ne
nos yeux
comme des
il
chimres.
mois.
Nous sommes
loin
de
la
pos'tion o
Aujourd'hui, les amis du peuple sont foibles, puiss par leur constance et leurs travaux pour la cause publique; les ennemis de la libert, forts de leur runion, de l'appui des gens en place, de leur opulence qu'ils augmentent chaque jour en
nous tions
y a
trois
concentrant
le
abusent
le
peuple fatigu
de sa misre. Votre dclaration des droits de tl'homme n'a t promulgue nulle part. Au lieu de faire excuter nos loix, n'avezvous pas vu ces mmes ministres tirs de votre sein, faire tout le contraire de ce que commande le patriotisme, ne vous adresser des discours que pour insulter la majest du peuple, vous tromper par des rapports infidles ? Quel zle que celui de ceux qui ont tch d'abord de renverser notre ouvrage et qui ne pouvant y russir, h force
ouverte,
cherchent aujourd'hui le miner sourdement. N'a-'^-on pas vu l'un d'eux (le garde des sceaux) mand la barre, et convaincu non seulement de n'avoir ,pas fait parvenir vos dcrets, mais d'y avoir substitu des ordres contraires, avouer ses torts? Et ils ont t oublis! Sur cette liste des commissaires, figure une foule d'hommes, de prlats intresss aux anciens abus; les seuls plbiens y sont oublis leurs commissions portent de diriger les assembles, juger les contestations con:me le feroit le roi lui-mme, point de mode fixe; MM. les commissaires sont libres, un seul jugera ou plusieurs; qu'importe au ministre ? Les commissaires seront mme ligibles et en cela le pouvoir excutif excde visiblement ses droits. Le seul pouvoir lgislatif peut prononcer cette ligibilit. Eh de quel droit le pouvoir excutif veut-il la lui attribuer ? Mais ce n'est pas tout, les commissaires prendront au greffe de la municipalit la liste des citoyens actifs; ils indiqueront le jour et le lieu des assembles; ils s'em.pareront pour ainsi dire des citoyens, ne dirait-on pas que ceux-ci sont des automates qui ne peuvent agir que par les secours des commissaires du roi enfin, les assembles primaires ouvertes, ils doivent s'informer chaque instant
:
! ;
298
de tous les dtails; ils dcideront de toutes les difficults. Que dis-je ? Tous les doutes, tant les ministres ont peur qu'il ne s'chappe quelque rayon de libert; ils dcideront toutes les difficults; c'est--dire qu'ils seront les arbitres des lections et, en dernire analyse, de l'organisation des assembles admmislratives. Quoi de plus tonnant, ou de l'audace ministrielle ou de notre patience la souffrir ? Car ces
dcisions provisoires ne deviendront-elles pas dans le
fait,
dfinitives.
Je demande que l'assemble dclare qu'il n'y a lieu dlibrer sur le projet du Comit et que les commissions seront retires ces commissaires.
))
Le
Postillon (Calais),
t.
I,
n 36, p. 3 5.
M.
saires et la nature
Roberspierre. Je vous dnonce et la nomination des commisdes instructions qui leur ont t donnes. Nous somcrise,
mes au moment de
la
cot
la
partie
du
Car si, par la libert des suffrages, les bons citoyens sont appels aux fonctions municipales et administratives, si le vu public, si la confiance les y porte, nous pouvons tre assurs de la paix et du retour de la tranquillit; mais si, au contraire, les fauteurs du despotisme ne remplissent ces places que de leurs partisans, bientt il s'lvera, du milieu des dbris de l'autorit, une aristocratie d'autant plus dangereuse, que, pesant directement sur toutes les classes du peuple, elle se prvaudra de leur voeu pour les soumettre la toute puissance
ministrielle.
Je reviens,
messieurs,
seront chargs
de demander
la liste
aux instructions des commissaires, ils des citoyens actifs, d'en dterminer
le nombre, d'assigner l'heure le jour et le lieu de l'assemble, ils dcideront les contestations, ils lveront les doutes, ils donneront aux muni-
cipalits
dirigeront dans leurs oprations, enfin, cependant, ils ne pourront pas assister aux assembles, pour ne pas gner les suffrages.
les
instructions,
les
eux-mmes
seront
ligibles,
Qui de vous, messieurs, ne voit la lecture de ces instructions un systme ministriel destin miner sourdement l'difice de la constitution. Enfin, je ne sais qui doit plus tonner, ou de l'audace des ministres former de tels complots, ou de votre patience les souffrir. Je conclus qu'il n'y a pas lieu dlibrer sur l'avis de M. le Chapelier et que les commissaires ne pourront continuer les fonctions
299
III,
Assemble nationale
(Extrait
t.
II,
n 99, p. 127.
Le Nonciateur ou Nouvelles du
III,
29, p. 228.
de Roberspierre sur-tout, dans an discours crit mais tr-^. manifest des inquitudes trs vives; il n'a point t rassur par les bornes poses par le Comit de Constitution, au-devant du ipouvoir des commissaires nomms par le Roi. Leurs jugeroens, qu'importe disoit M. de Roberspierre. ne seront que provisoires. Eh SI la circonstance tant provisoire elle-mme, leurs jugemens doivent avoir des influences durables et permanentes. Leur pouvoir, disoit M. de Roberspierre, expirera lorsque les Assembles des Dpartemens seront formes; mais quel motif de nous rassurer si, les Dpartemens tant forms, le mal que leur pouvoir aura pu faire est consomm ? Ce n'est pas pour l'instant o les membres de ces corps administrateurs seront lus que je redoute les commissaires, c'est pour le moment mme des lections. C'est dans ces lections qu'ils pourront exercer leur fatale influence. C'est l que, revtus d'un grand pouvoir, ils pourront s'en servir pour faire tomber leur gr les choix sur des hommes qui porteront dans la nouvelle Constitution tout l'esprit de l'ancienne. C'est sur les Dpartemens, ajoutoit M. de Robespierre, que nous esprions pour consolider dans toutes les Provinces cet esprit public qui a dict tous vos dcrets mais que deviendra cette esprance si c'est un esprit contraire vos dcrets, un esprit ennemi de la libert naissante qui vient rgner dans les Dpartemens par la manire dont les lections de leurs Membres seront diriges ? Ce n'est pas au moment o le despotisme se montroit arm et' front dcouvert, qu'il toit le plus redoutable; je le redoute bien davantage lorsqu'il devient tout doux et caressant, lorsqu'il se glisse dans la Constitution sous les formes populaires de la Constitution elle-mme. Le discours de M. de Robespierre, qui a dur prs de trois quarts d'heure, et partout em.preint de ce caractre, coinmiC on peut le croire, n'a pas t toujours prononc au milieu d'un grand silence; mais M. de Robespierre ne monte pas la tribune pour y parler, et le caractre de son talent, fait pour exciter ces orages, est fait aussi pour les braver.
M.
vhment,
Courier Franais,
t.
((
M.
de
il
ces commissaires,
s'est
contre
sur
les
les
d'abord
les
dangers que courroit l'Assemble de ministres du Roi, qui ont tant d'intrt
300
favoriser les abus, et maintenir le peuple dans l'esclavage; et il a observ que deux fols ces mmes ministres, quoique pris dans le sein de l'Assemble, se sont efforcs de renverser la constitution; que deux fois ils ont mis dans la bouche du Roi, une censure contraire aux droits du peuple, et injurieuse ses reprsentans qu'il y a deux mois, l'un d'eux s'tant prsent la barre, pour rendre compte de la ngligence qu'il avoit mise faire parvenir dans les provinces les dcrets de l'Assemble, sa rponse seule avoit dmontr combien il tolt cou;
que, si on leur permet d'envoyer des missaires dans les propour prsider aux premiers actes de la libert naissante, ils n'oubliront pas d'accaparer les suffrages, et de faire pencher la balance en faveur des ennemis du peup'le qu'on voit sur cette liste des commissaires, aine foule de personnages qui ne sont rien moins que les amis de la libert, qu'on n'y apperolt que des prlats ou des riches; et que la classe plbienne en a t carte; qu'il n'appartient pas
pable
(7);
vinces,
d'ailleurs
et
qu'un
tel
au pouvoir excutif de juger de la validit des lections; droit ne peut par consquent tre dlgu ses agens.
Mercure de France, 10
avril
1790, p. 98.
di^x>sitlons
Immdiatement aprs, M. Roberspierre s'est lev contre ces judicieuses, en annonant qu'il dnonolt au nom de la Ce sont, patrie et de la libert la nomination de ces Commissaires s'est-il cri, de nouveaux instrumens du despotisme ministriel, qui
:
((
Le
de grands avantages;
l'autorit.
il
est riche
et
puissant,
On
des Nobles audacieux, des Prlats faits pour dcourager On va jusqu' dire expressment qu'ils seront ligibles. Voil un de ces traits qui dclent le but du gouvernement. Le Pouvoir excutif sort de ses bornes en prononant sur le droit d'ligibilit. Je ne sais ce qui doit parotre plus tonnant, ou de l'audace minlstrieHe violer l'autorit nationale, ou de votre patience la souffrir. Je pense qu'il n'y a pas lieu dlibrer sur la motion du Comit de Constitution, et que les Commissaires doivent sur-le-champ tre rvoqus comme inutiles et dangereux. La trs-longue harangue de M. Roberspierre a t Interrompue par les murmures chapps
rvolution,
!e
public.
l'impatience et l'indignation;
les
cependant,
il
il
s'est
trames
et
les conspirations
dont
l'Assemble.
(7)
Voir
p.
292,
note
3.
301
17-18.
t.
II,
n", p.
M. Robespierre, cet infatigable dfenseur de la libert, a dmontr avec toute l'nergie dont il a donn tant de preuves, combien peut tre dangereuse l'influence des Commissaires dans les lections, et malgr les murmures des temels amis du despotisme et de l'ancien rgime, il a dnonc la nomination des Commissaires et sur-tout la nature et Ttib^et des instructions que le pouvoir excutif a voulu leur donner. Voici, dit-il, pour les enriemis de la rvolution un instant
dcisif; l'organisation des Municipalits va s'oprer, et
nisation nat la solidit
organisation,
celui
et
de
glisser
de cette orgade votre ouvrage. 11 faut donc empcher cette quels sont les moyens qui restent } Un seul, et c'est parmi les organisans des hommes adroits et perfides
qui sauront bien s'opposer la perfection d'un travail qui sera mauvais,
s'il
n'est parfait.
Voyez
la
liste
Quels sont les qui ne rveillent rien moins que l'ide de patriotisme hommes qui les ont choisis ? des ministres qui ont toujours insult le
Peuple dans
les
les
Lettres
et
Mmoires
qu'ils
vous
les
ont
adresss.
Je
ils
demande que
fonctions dont
t.
VU,
n"
124, p. 203.
fort
M. de
Robespierre a parl
municipalits plaignantes contre les commissaires ministriels, contre la nature des instructions qui leur ont t remises, contre les ministres
eux-mmes,
selon
lui,
et par consquent contre le projet de dcret, qui n'est qu'un amendement insuffisant des instructions ministrielles. Il a vivement dpeint le danger de l'influence des commissaires sur les lections. Leurs pouvoirs ont beau n'tre que provisoires, leur influence peut tre fatale, puisque les lections aristocratiques peuvent ramener
nos
anciens malheurs.
attachs
L'orateur parat
inconvnients
tion
nouve'lle,
l'intervention
n'avoir envisag ici, que les du pouvoir sans augun gard, embarras qui natroient de cette organisa-
aucun pouvoir, tantt stimulant, tantt feu peut rduire les maisons en cendres donc l'usage, mais n'en concluez pas qu'il faut le proscrire.
n'y intervenoit.
rprimant
:
Le
rglez-en
Assemble nationale
p.
et
Commune de
Paris (imitation),
t.
III,
236,
3 et 4.
1790, p. 3.
Robertspierre s'est fortement lev contre la nomination des commissaires du roi c'est au nom des villes qui rclament, a-t-il dit, C est au nom du salut public que je vous dnonce cette nomination, et
:
M.
302
surtout la nature et
des Instructions qui ont t donnes par le aprs ce dbut, a longuement dclam contre les ministres; il a prtendu qu'on devoit tout craindre de l'mfluence qii'auroient ncessairement les Commissaires du Roi dans la formation des Assembles administratives; il a fait sentir combien tout il importait d'carter dans ce moment dcisif pour la Constitution, ce qui pourroit y apporter les principes de l'ancien ordre de choses; il a prtendu que sur la liste de ces Commissaires, se trouvaient inscrites plusieurs personnes attaches l'ancien rgim.e, et la libert lui a paru tre dans le plus grand danger; il a trouv que le pouvoir excutif avoit pass les bornes de son pouvoir, en donnant aux Commissaires le droit de juger les difficults relatives aux lections: enfin, aprs s'tre livr la plus svre censure de la conduite des Ministres, il a conclu qu'il n'y avait pas lieu dlibrer sur le projet du Comit de Constitution, et ce qu'il ft dfendu aux Commissaires du Roi, d'exercer des fonctions qui leur avoient t attribues.
pouvoir
excutif.
.M.
Robertspierre,
Journal universel,
((
t.
III,
p.
1018
(8).
Ah
M. Ro-
bespierre,
((
il
Je vous dnonce,
nature
l'instant
et
la
de
leurs pouvoirs.
Nous sommes
de
la
crise;
nous touchons l'poque o il va tre dcid si la constitution sera tablie sur une base solide, ou si nous serons rduits dplorer une rvolution qui a tant cot la partie du peuple la plus infortune.
En
effet,
si
la
libert
des suffrages,
si
le
vu
gnral,
si
'o
de
nous pouvons tre assurs du retour de la paix et mais si les partisans du despotisme ne remplissent ces places que de leurs cratures, nous verrons bientt s'lever du milieu des dbris de l'autorit, une aristocratie d'autant plus dangereuse que, pesant directement sur toutes les classes du peuple, elle se prvaudra de leur vu pour le soumettre la toute puissance ministadministratives,
la
tranquillit;
rielle.
Ces commissaires,
actifs,
est-il dit,
seront chargs
le
des citoyens
d'en dterminer
l'iassemble, etc.,
((
etc.
la consti-
Qui de
tution ? Je ne sais qui doit le plus tonner, ou de l'audace des ministres fermer de te5s comp^lots, ou de votre patience les souffrir m
(8)
Texte
Posti'llon
de Calais.
303
t.
I,
142^ sance, p. 4.
M. de
Roberts-piene
is'est
oppos
au
projet
de dcret
du
comit, et a conclu qu'il n'y avoit rien dlibrer sur cette proposition. Beaucoup d'injures longuement phrases contre les ministres,
des expressions faites pour rpandre la terreur, si l'assemble pouvoit en tre susceptible; beaucoup de vrits, sans doute, pour prouver que la stabilit de la constitution dpend de la manire dont sont compovoil en peu de mots, ses les nouvelles assembles administratives J'analyse du discours de M. Roberts-Pierre, toujours excellent citoyen sans doute, mais s'exaltant au point que ses ennemis croient qu'il est tout autre chose, et que ses amis ne l'coutent pas.
:
Le Modrateur,
((
Les
roi
limites
assigner
que
ainsi que les instructions de grands dbats. M. de Robespierre avanoit que ces limites toient faciles franchir; que le despotisme cach sous des formes lgales n'en toit que plus dangereux; que ce pouvoir des commissaires, quoique seulement provisoire, influeroit sur les lections, et que leur influence momentane auroit des suites d'une longue dure; ils pourront employer leur crdit pour nuire la libert des lections, ou ne faire tomber le choix que sur les partisans de l'ancien gouvernement. Alors l'esprit qui devoit rsulter de l'institution des dpartemens, ne sera que l'esprit dguis du goule
nomm
pour
les
dparteonens,
40, p.
174.
M.
Com-
missaires que des impts ministriels, ont vivement exprim leurs inqui-
que les choix du Roi avaient Dputs mme des Provinces, et que le dcret du 8 janvier dernier avoit ordonn que le Roi seroit suppli de surveiller et de diriger les Assembles primaires ou lectives, elle a senti que le pouvoir excutif ne pouvoit remplir cette fonction autrement que par des Commissaires. On s'est donc born tablir et circonscrire leurs pouvoirs de manire ce qu'ils ne puissent
tudes;
mais l'Assemble,
nuire,
qui sent, comme la Municipalit de de ces Commissaires peut tre funeste la libert, s'est fortement oppos l'admission du projet de dcret, et a demand qu'on te ces Commissaires la direction et la surveillance des Assembles primaires ou lectives; mais les Patriotes clairs,
...
M. de
Roberspierre,
304
qui
savent cx>mibien l'honorable Membre se laisse souvent son zle, ont refus de partager ses frayeurs.
JVl.
a-t-il dit,
que
Robertspierre n'a pas t de cet avis. Personne ne doute, si les dpartements et les districts ont coiBooss de bons
citoyens, da rvolution ne soit acheve; mais si les fauteurs de l'ancien despotisme viennent influer sur des lections, tous vos soins, messieurs, sont pendus. Qui ne seroit effray et du choix des commissaires et de l'autorit qu'on leur confie ? On a presque par-tout reproduit l'ancienne distinction des ordres, en nommant pour chaque dpartement, un ecclsiastique, un noble et un magistrat. On les charge de demander la liste des citoyens actifs, d'en dterminer le nombre, d'assigner le jour des assembles, de dcider les contestations, et de prononcer sur iils pourront mme tre nomms et vous presla validit des lections
:
II
M. Robertspierre lait une autre dnonciation c'est celle et des commissaires, et du pouvoir qui leur est confi, et des ministres qui les ont nomms. IJ ne voit dans cette opration qu'une trame ministrielle, une manuvre sourde dirige contre la constitution, puisqu'on ne voit sur la liste des commissaires que des noms dont l'anti-patriotisme est connu. Il ne sait ce qui doit le plus tonner ou de l'audace
((
:
des ministres, ou de
soit
la
patience de l'assemble.
la
Il
conclut ce qu'il
proposition
les
de M.
le
Chapeilier,
que
les
fonctions
t.
p.
2.
Roberspierre a fait un discours dans lequel il a prsent avec beaucoup d'nergie les dangers qu'il a cru voir dans l'instruction
ministrie'lle,
M.
de dcider les questions relatives aux lections. a demand que l'Assemble nationale dclare qu'il n'y a lieu dlibrer sur le Projet du Comit de Constitution, et que les Commissaires du Roi ne pourront exercer leurs fonctions.
L'Union ou Journal de
la
Libert,
n''
64, 31
mars 90.
M.
ces commissaires.
Robertspierre a vu le plus grand danger de l'existence de Ses craintes ont augment; en considrant que sans
305
eu aucune connoissance
de Troyes, rassemble nationale n'en auroit a dit tre surpris de l'audace ministrielle de l'assemble nationale, et de la patience de
!
Il
Il
nomms
le projet
et
ce qu'il
))
ft
a conclu la rvocation des commissaires dcid qu'il n'y avoit lieu de ddibrer sur
du comit.
natiorxal
Mercure
ou Journal d'Etat
et
du Citoyen,
t.
II,
n"
p.
37.
Robespierre a propos un dcret portant que les comseroient borns la convocation des assembles primaires et lectives; que ces assembles dcideront elles-mmes les
missaires
M. de
du
roi
difficults
qui
s'lveront
nationa(le;
l'assemble
les
de que
ils
dlans
dpartemens o
Versailles, n
sein, sauf soumettre la dcision commissaires ne pourront tre li.s seront envoys.
leur
les
Journal de
{(
152, p. 870.
M. de Robertspierre a envisag cette question comme il fa^t ordinairement celles sur lesquelles il porte la parodie. Son patriotisme lui fait voir surtout des dangers pour la libert, dans des circonstances
qui,
mieux observes, ne
et
.l'exposent
aucun
il
priil.
Il
trouv
les
que
Assemble
p.
nationale, Correspondance de
Rennes
(Vatar),
t.
IV, n
15,
214.
M.
la
nomina-
tion
les commis-vaires
Intendants.
95.
SEANCE
DU
30
MARS
1790
(soir)
de
Lepeletier de Saint-Fargeau, dput de la nobiesse de la ville Puris, signale que plusieurs particuliers condamns par des jug'eiments prvtaux des peines de bannissement ou de blme, restent dtenus dans les prisons, par suite du sursis ordonn l'excution de tous les jugements prvtaux; il serait injuste de prolonger la dtention de ces malheureux, qui sont prts subir la peine laquelle ils taient condamns aa-aut le sursis (1).
(1) Cf.
306
Lepeletier
propose le dcret suivant L'Assemble nationa'le a dcrt et dcrte que les accuss qui auraient t condamns par des jugements prvtaux quelques peines, autres toutefois que des peines afflictives, seront provisoirement largis, la charge par eux de se prsenter, quand ils en seront requis, pour subir leur jugement, s'il y chet, aprs la mainleve du sursis ordonn par son prsent dcret; la charge en outre de donner caution des condamnations pcuniaires prononces contre eux, au profit des parties civiles, s'il y en a.
<(
t.
VI, n 228,
:
p.
4.
Le sentiment qui a dict au prRobespierre a dit opinant le Projet de Dcret qu'il vient de vous prof>oser, est sans doute le sentiment d'humanit, mais je le crois insuffisant, ou, pour mieux m'exprimer, j'y trouve un trs grand Inconvnient en ce qu'il prjuge le maintien de la juridiction prvotale encore quelques temps. On a observ que M. de Robespierre n'toit pas dans la question; l'Assemble consulte l'a ainsi dcid, et le Dcret a t rendu ainsi qu'il a t ci -dessus rapport.
M. de
Le
Patriote Franois,
t.
II,
n 236, p.
I.
Robespierre, en rendant hommage au sentiment d'humanit qui dictoit ce projet de dcret, y trouvoit un grand inconvnient, en ce qu'il prjuge le maintien de la juridiction prvotale. L'orateur com-
M.
menoit
se
jetter
dans
une
dissertation
et le projet
trs
anime
contre
cette
dans
les
termes suivans...
et
Annales Patriotiques
Le
n 181, l^"" avril 1790. Nouvelliste national ou Journal de Toulouse, t. II, n" 120, p. 475.
Littraires,
(( M. Robespierre, en rendant hommage aux motifs d'iiximanlt qui ont form l'opinion de M. de Salnt-Fargeau, a cru apercevoir dans le projet de dcret une foule d'inconvnients. Il prjuge le maintien
de la juridiction prvotale, il prjuge l'excution de nombre d'ordres prvtaux attentatoires la libert publique. L'orateur a eu peine se faire entendre travers les cris levs dans quelques parties de la salle. L'Assemble a demand d'aller aux voix et il en est sorti le dcret suivant en rapport avec les vux de M. de Saint-Fargeau.
((
Journal de
Versailles,
156, p.
87.
Robertspierre a applaudi l'humanit qui anlmolt M. de Saint-Fargeau ; mais il ne voulolt pas qu'on confirmt, pour ainsi dire,
M.
par le dcret propos, l'existence de la juridiction prvotale mais M.- de Robertspierre a t regard comme s'loignant de la question et le dcret a pass en ces termes...
;
307
1790
SEANCE DU
AVRIL
Sur
Le 24 mars 175)0, l'Assemble nationale avait commenc la discussion sur la nouvelle organisation du pouvoir judiciaire. Le dbat se poursuivit les 29, 30 et 31 mars, leis 2, 5 et 6 avril. L'une des premires qu'estions abordes concermait les jurs y aura-t-il des jurs 1 les tab'lira-t-on tant en matire civile qu'en matire
:
crimineile 1 La discussion reprend le 7 avril. Aprs le discours de Rgnier dput du tiers tat du bailliage de Niancy, plusieurs dputs deapandent la clture et insistent *pour que l'Assemble aille aux voix, tandis que d'autres se pressent la tribune pour prendre la parole. Charles de Lameth finit par l'obtenir; il demande que, vu l'importance du sujet dbattu, la discussion soit poursuivie. L'Assemble se range 'Son avis.
Fraud, dput dij tiers tat de la snchausse de Toulon, s'ex Mais avant de discuter, qu'on dfinisse donc ce que clame alors c'est que des jurs (1). Robespierre intervient aussitt aprs, pour demander l'tablissement de jurs, tant au civil qu'au cri:
minel.
La discussion devait se prolonger pendant plusieurs siances encore. Le 30 avril 1790, l'Assemble nationale dcrta enfin l'tablissement de jurs en matire criminelle, et qu'il n'y en aurait
pas en matire
civile (2).
Le
Point du Jour,
t.
VIII,
la
M. Robespierre est mont la tribune; l'tablissement gnral des jures ne pouvoit avoir en lui qu'un dfenseur ardent et courageux. Voil le discours qu'il a prononc Pour dcider si vous devez adopter l'institution des jurs, il
:
((
suffit
de
la dfinir.
Qu'est-ce que la procdure par jurs ? Sans entrer dans les dtails des diverses modifications, dont ce systme est susceptible, il suffit ici d'en dterminer l'essence, et d'en marquer le principal
caractre.
Supposez qu'
fait,
la place
absolument
Ja
sont attachs, qui prononcent on substitue des citoyens choisis par confiance publique pour un temps court, dans les diffrentes classes
de
sur
destine,
(1) Ci.
Moniteur.
JV,
67;
civile
K.
Hiamel,
I,
223-225;
et
L'Institu-
tion
181,
du Jury en matire
I,
465.
(2) Cf.
Bchez
et
Roux, V,
308 de
la
la socit indistinctement, pour juger d'abord les faits qui sont base des contestations judiciaires; supposez ensuite des juges qui n'aient d'autre fonction que d'app'liquer la loi ces faits, en con-
voil
les
jurs
tels
que
je
les
remarque que deux caractres essentiels distinguent cette de celle qui rgne actuerllement parmi nous, et de celle qu'on veut aujourd'hui lui opposer (car le comit de constitution n'a gures fait que changer les noms et la place des tribunaux actuels). Le premier c'est que la sparation du jugement du fait et de celui du droit rendroit les dcisions bien autrement certaines et claires que dans un systme oij le juge dlibre confusment sur les questions de fait et sur les questions de droit, bien autrement impartiales dans toutes leurs parties, parce que celui qui n'a qu' appliquer la loi une dcision trangre, n'est point tent de la faire plier
Je
institution
((
forme sur le fait contest. bien plus important encore, c'est que, dans l'ordre des choses que je propose, nous ne verrons plus de corps permanens investis du plus terrible pouvoir, adopter par une cons l'opinion particulire qu'il s'tolt
Le second
caractre,
quence toute naturdlile de la folblesse humaine, cet esprit particulier, de morgue, d'orgueil et de despotisme, attach toute corporation revtue d'une grande puissance. la seule ide de l'institution des jurs, je me rassure au moins sur le danger de voir mes plus
cet esprit
hommes. Ils sont, au moins, confis mes de simples citoyens choisis par le peuple, qui rentreront bientt dans la foule, o ils seront eux-mmes soumis au m.eme pouvoir qu'ils viennent d'exercer sur moi j'ai pour garant de leur
chers intrts confis des
pairs, c'est--dire
:
religion,
et
leur
Intrt,
et
et
cet
esprit
de
justice,
qui
caractrise
alt-
les
rer je
hommes en masse,
;
que
peuvent seuls
et
si
le
ne craindrai gure qu'il ose irriter l'opinion pub'liique, par un conhideux de la loi avec le fait, qui en appelle Tapplication. La ncessit de cette institution pour le maintien de la libert, est si vidente, que ceux mme qui l'ont combattue avec le plus de chaleur, consentent l'admettre en matire criminelle Pourquoi pas aussi en m^atire civile ? Quelle diffrence y-a-t-11 de l'une l'autre, celle de la vie, de l'honneur, l'honneur et la fortune ? Or, tous les droits des citoyens ne doivent-ils pas reposer sur la mme sauvegarde ? c'est un devoir sacr de la socit qui les embrasse tous. De quel front pourriez-vous me proposer pour ma proprit, pour ce qui me rend la vie agrable ou supportable, une garantie insuffisante en elle-mme, et qui ne pourroit pas protger mes autres droit? ? On objecte rimpossibiillt; mais elle existe depuis des sicles en Angleterre; elle s'est tablie avec Je mme succs en Amrique,
traste
((
!
.
((
309
la
l'importance
possibilit.
;
mais vous voulez l'tablir en matire crien matire civile; cela ne peut signifier autre chose, si ce n'est que les faits qui sont la base des contestations relatives nos proprits, ne peuvent tre apperus ni reconnus par des bommes censs ou clairs que la confiance publique aura chargs de ces fonctions (car je ne supposerai jamais que ces citoyens s apElle est impossible
Ceila
est
minelle.
iimipossible
hommes
sont
Nos
et
loix
compiliques,
nilais
elles
le
sont
autant
peu prs par les mmes causes. Au reste, cette objection porte sur une obscurit d ides, qui confond la question de fait avec la question de droit.
en Angleterre,
pilus
la
lgislation
est
complique,
l'application
si
des
loix
est
difficile;
mais
les
la
difficult
de juger
faits
le
fait
existe ou non,
ne
suit
Dans
de
ils
se
les
mmes
ides,
par
mmes
apparences,
et
ncessaires
pour les voir et les connotre sont les inmes. Multipliez les loix, les codes, les arrts, les commentateurs sur le contrat de vente; ces ques-
La vente a-t-elle eu lieu ou non ? Est-ce vous qui tes de fait vendeur ou non ? n'en seront pas moins simples. Faites, si vous lie voulez, des efforts d'imagination pour inventer des cas particuliers difficiles. Je ne conviendrai que la facult de les connotre soit attache telle robe, ou a telle profession, ni qu'elle soit au-dessus de l'intelligence des hommes raisonnables, et mme instruits que la confiance publique aura appelles ces fonctions. Notre situation politique, vous a-t-on dit, ne nous permet pas
tions
le
:
((
de
Quelle est notre situation politique ? Celle d'un ipeupile qui marche grands pas vers sa libert, avec ce noble enthousiasme qui surmonte tous les c>bstacles, et dans le seul moment peut-tre o il lui sera dorme dte conqurir toutes les institutions salutaires ncessaires pour affermir sa libert. Les gens de loi, nous a-t-on dit, seront mcontens, et grossiront le nombre de vos ennemis. Je rponds d'abord que c'est une
tenter cette institution.
((
injure
gratuite
faite
a;jx
j'atteste
ici
tous
ceux qui ont port au barreau autre chose qu'une servile routine et des prjug? que comme ils n'ont embrass ces utiles fonctions que pour dfendre le pauvre, foible, opprim contre l'injustice et la chicane, leur premier vu fut toujours de la voir inutile. Les autres gmiront! tant mieux, les peuples vous bniront; est-ce vous de connotre des ennemis, toutes les fols qu'arms des forces de l'opinion et de l'intrt national vous marchez la destruction de tous les abus et de toutes les tyrannies } Si de pareilles raisons avaient pu prcva;
310
loir,
de
votre
carrire...
ou
Au reste,- quoi qu'on puisse dire, je ne connois rien d'aussi dangereux que cet esprit pusillanime, qui, des droits sacrs qu'il faut tablir, oppose toujours des prtendus inconvniens aux principes les plus videns de l'ordre sociaJ de prtendues convenances poilitiques. Malheur nous, si nous n'avons pas la force d'tre tout fait libres, une demi-libert ramne ncessairement un despotisme. Malheur nous, si nous nous crons des obstacles, au moment o ils taient tous aplanis devant nous. Nous accoutumerons-nous donc ne regarder ces vrits ternelles, sur lesquelles reposent les droits des hommes et le bonheur des .socits, que comme une vaine thorie faite pour tre relgue dans les livres de morale ? Songez plutt que les principes immuables de la justice et de la raison sont les seules bases de la libert et de la flicit publiques; que toutes les constitutions qui les offensent ne sont que des crimes contre l'humanit, que le jargon absurde de presque tous les lgislateurs s'efforce de dguiser en vain sous les noms imposteurs de sagesse et de pclitlque. L'histoire, la raison, tout nous dit que les nations n'ont qu'un moment pour devenir libres il est arriv pour nous c'est vous que l'ternelle providence a destins Je mettre profit pour la rgnration et le bonheur des (peuples Le courage, la raison, un respect religieux pour le droit des hommes et pour les dcrets du lgislateur suprme, qui doivent tre le principe des vtres, voil Ja seule rgile de conduite faite pour votre situation; voil les seules armes par lesqueles vous pouvez triompher de tous les ennemis de k libert et de la vertu.
;
;
et
du Citoyen,
t.
II,
n" 2, p.
104.
beau mouvement ne pouvolt pas tre sans effet. Les demandes, et M. Robespierre a occup la tribune. On ne pouvoit attendre que la dfense des jurs au civil d'un citoyen attach indissolublement aux principes, qui fait, qui volt d'une vue pour ainsi dire Intuitive, qu'on ne s'en carte jamais sans de grands dangers, qu'en s'y tenant on n'prouve jamais que des inconvniens passagers; en un mot qui est homme en fait de libert, tandis que plusieurs citoyens n'y sont encore qu'enfans. Il a dfini ce qu'toient les jurs, des citoyens choisis par la confiance publique pour un temps court, dans toutes les classes de la
aussi
Un
socit indistinctement, pour juger les faits qui sont la base des contestations
judiciaires.
Il
repr.sent
que
le
que
la
et les places
droit et
de
fait
311
le
que
qu' appliquer
lia
pilier
((
une dcision trangre, n'est point tent de l'opinion part icxi Hre qu'il s'toit forme sur le fait.
la
loi
vestis
prit
Nous ne verrons plus allors, a-4-il dit, des corps permanens, indu pilus tenible pouvoir, adopter cet esprit particulier, cet esde morgue, d'orgueil et de despotisme, attach toute- corporarevtue
tion
la
seule
ide
des jurs je
pairs,
le
me
rassure en voyant
intrts confis
mes
c'est-
et,
quand
fait.
juge
l'opi-
ne cramdrai gure qu'il ose nion publique par un contraste hideux de la loi avec le
viendra appliquer la
je
((
irriter
On
consent
du civil ? Quelle diffrence y a-t-iil de l'un l'autre ? Celle de la vie et de l'honneur la fortune. Tous les droits des citoyens ne doivent-i'ls pas reposer sous la mme sauve-garde ? C'est un devoir sacr de la socit, de les embrasser tous. On objecte l'impossibilit; mais rAngleterre, mais l'Amrique, o cette institution existe, et o le z8e de ces deux nations pour la maintenir, en prouve
il'exclure
l'importance
et
la
possibilit.
Elle est impossible, dit-on; mais vous la voulez au criminel. Elle est impossible au civil. Vous dites donc que iles faits qui sont la base des contestations civiles, ne peuvent tre apperus ni reconnus par des hommes clairs et senss, que la confiance puMique aura charg
citoyens
de
ces
fonctions
(car
je
ne
suppKJserai
jamais
que
ces
prononcer sur leurs intrts) Nos iloix sont compliques, mais les loix Angloises le sont autant que les ntres (mme beaucoup pilus) et -peu-prs par les
choisissent
des hommes
ineptes
et
stupides pour
(subtilits des hommes de loi). Au reste, cette une obscurit d'ides qui confond la question d|e droit avec celle de fait. Quand les loix sont compliques, l'applicjition en est plus difficile; mais la difficult de juger si lie fait existe ou non, ne suit point cette proportion. Muiltipliez |les loix, les codes, les arrts, les commentaires sur le contrat de vente; ces questions de fait, la vente a-t-elle lieu ou non ? est-ce vous qui tes le vendeur ou non ? n'en seront pas moins simples.
mmes
causes,
(les
objection porte
siur
))
permis d'ajouter une observation au raisonnement de M. de Robespierre. C'est que l'homme de loi qui veut ou voudra constater un fait, est, et sera oblig ncessairement, tout aussi bien que le jur, de l'tablir dans son opinion, indpendamment de toutes les loix, avant d'y appiliquer la loi. S'agit-il par exemple, d'un
((
Qu'il
me
soit
contrat
de vente,
la
il
faudra que
l'homme de
loi,
examine
et
constate
d'abord
pouvoir
forme de ce contrat dans toutes ses circonstances, avant de il dcider si cette forme est conforme ou non la loi
:
312
sera
donc exactement dans \a. mme position que le jur, avant l'applide la loi, et n'aura sur lui pour constater le fait, aucun avantage. Les gens de loi, vous M. de Robespierre a continu ainsi. a-t-on dit, seront mcontens et grossiront \\e nombre de vos ennemis. Je rponds que c'est faire une injure gratuite aux plus estimables d'entre eux; j'atteste ici ceux qui n'ont embrass ces utiles fonctions que f>our dfendre le foible opprim contre l'injustice et la chicane; leur premier voeu fut toujours de la voir inutile les autres gmiront tant mieux les
cation
((
((
Assemble
M.
de
des
fois
Fraud, dput de Marseille (3)... a demand pour a seconqu'on voult bien lui expliquer nettement ce que c'tait que
jurs.
Il a fallu que M. Roberspierre, qui avoit la parole, ait rpt au propinant ce qu'on lui avoit dj appris la veille, que les jurs toient des citoyens choisis dans toutes les classes, par la confiance du peuple, pour constater si tel fait existe ou n'existe pas. La sparation du fait et du droit a ce premier avantage que les juges ne porteront plus dans l'application de la loi, la prvention qu'ils auroient eue sur la prvention de fait. Il toit difficile, dans l'ancien rgime judiciaire, d'avoir raison de l'erreur ou de la malversation d'un juge. Il lui tait ais de couvrir ses bvues du voile de quelques circonstances qui ne manquoient jamais au besoin mais, avec mes pairs, je ne redoute plus ce juge, parce qu'une fois que la certitude du fait est acquise, l'application de la loi n'est plus un problme. Je ne redoute pas les jurs, jparce qu'ils sont mes gaux, intresss comme moi la vrit d'un fait, et que je puis tre appelle les juger comme ils me jugent eux-mmes. Toutes les opinions se runissent en faveur des jurs au criminel qudlle est donc cette grande diffrence dans leurs fonctions au civil ? On ne cesse de dire, que dans le dernier, cette institution est impossible; et vous avez l'Angleterre iqui l'a adopte, l'Angleterre dont les
((
;
((
loix et l'ordre judiciaire sont cent fois plus com,pliqus .que es ntres;
impossibilit
jurs
diroit
paux
vient
toit ceille de nos pres. Cette pas sans doute la difficudt de trouver des sages, honntes, droits, dignes de la confiance; car, ce aue l'on pour les jurs, il faudroit le dire aussi pour les officiers municiet pour les membres des districts et des dpartements. Elle ne pas non plus de la complication des loix, car, si .cela toit, il
et cette institution
ne
tient
(3)
313
de partage
n'y auroit jamais de rapports d'experts, de /liquidation, de procdure, et... que par des juges, et cependant le contraire arrive. On
s'obstine ne vouloir pas faire attention que
lia
le fait avec on s'imagine que, dans toutes les affaires, il sera indispensable que Jes jurs prononcent, tandis qu'ils ne lie feront que dans les cas
n'a rien de
le droit,
commun avec
les faits;
on affecte de confondre
oii les
et
oii
les
faits seront
les jurs
ne pourront dmler
les replis
de
la
J'ensemble des
lib^les'?
Ne
semble-t-il pas
Je m'en rapporte tous ceux qui ont ik pratique du palais. Ne diroit-on pas aussi que lies jurs vont tre tboisis parmi les citoyens les plus ignorans, les plus novices, les plus trangers aux affaires. On dit que nous isommes un peuple vieux; cela signifie que le systme de nos Joix est compliqu. Or, j'ai dj rpondu cette
((
objection.
Quant
Qu'on ne dise pas rpugneront une institution pour laquelle ils ne sont pas prpars? J'en atteste les lumires de da plus grande partie de la France. Depuis longtemps, les crits de nos philosophes ont appelle
qui marche la (libert et la rforme des abus.
les Franois
que
cet tablissement
de
il est connu de tous ceux qui se sont levs au-dessus de l'cole et des prjugs. Les vrais gens de loix sont ceux qui aspirent devenir inutiles. Je condlus l'admission des jurs
;
la poussire
vous dit -on encore, ne permet pas Quelle est notre situation politique ? Celle d'un peuple qui marche grands pas vers sa libert, avec ce noble enthousiasme qui surmonte tous les obstacles, et dans le seul moment peut-tre o lui sera donn de conqurir toutes les institutions salutaires, ncesil
Notre
situation
politique,
cette institution.
saires
))
(4).
Gazette nationale ou
Le Moniteur
230
bis, p.
l.
M. de
fixer
il
semble
que pour
suffit
(4) Le Courier National reproduit ensuite le texte du Point du Jour, depuis: Je ne connois rien d'a-ussi dangereux... jusqu' la fia , 'et constate qu' il toit difficile de rempW.er M. de Robespierre la tribune ,
314
niant (5)
la
en dfinissant l'essence et en dterminant le princlpul caractre procdure par jur. Supposez donc, la pllace de ces uibunaux permanens auxquels nous sommes accoutums, et qui prononcent la fois sur le fait et sur le droit, des citoyens jugeant le fait et des jugesr appliquant ensuite la loi. D'aprs cette seule dfinition, on saisira aisment la grande diffrence qui se trouve entre les jurs et les diffrentes institutions qu'on voudrait ivous proposer. Les juges des tribunaux permanens, investis pour un temps du pouvoir teniblle de juger, adopteront ncessairement un esprit de corps d'autant plus redoutable que, s'alliant avec Torgueid, il devient le despotisme. Il est trop souvent impossible d'obtenir justice contre des magistrats en les attaquant soit comme citoyens, soit comme juges. Quand ma fortune dpendra d'un jur, je me rassurerai en pensant qu'il rentrera dans la socit; je ne craindrai /his le juge qui, rduit appliquer lia loi, ne pourra jamais s'carter de la loi je regarde donc comme un point incontestable que les jurs sont la base la plus essentiell'le de la libert sans cette institution, je ne puis croire que je suis libre, quelque belle que soit votre constitution. Tous les opinans adoptent l'tablissement des jurs au criminel. Eh quelle diffrence peut-on trouver entre les deux parties distinctes de notre procdure ? Dans il'une, s'agit de Thonneur et de la vie; dans l'autre, de l'honneur et de Ja fortune. Si l'ordre judiciaire au crimine'l sans jurs est insuffisant pour garantir ma vie et mon honneur, l'est galement au civil, et je rdlame les jurs pour mon honneur et pour ma fortune. On dit que cette institution au civil est impossible des hommes qui veulent tre libres et qui en ont senti le besoin sont capables de surmonter toutes les difficults; et s'il est une preuve de la possibilit d'excuter l'mstitution qu'on attaque. Je la trouve dans cette observation que beaucoup d'hommes instruits ont parl dans cette affaire sans prsenter une objection soutenable Peut-on prouver ou' il est impossible de faire ce que (l'on fait ailleurs, qu'il est impossible de trouver des juges assez clairs ipour juger des faits. Mais partout, malgr la complication de nos lois, mailgr tous nos commentaires, les faits sont toujours des faits, toute question de fait sur une vente se rduira toujours ce point La vente a-t-dle t faite ? (Murmures.) J'prouve en ce moment mme que l'on confond encore le fait et le droit. Quelle est a nature de la vente ? Voil ce qui appartient la loi et aux juges. N'avez-vous pas vendu? Cette question appartient aux jurs... Quoi' Vous voulez donc que le bon sens, que !a raison soit exclusivement affecte aux hommes qui portent une certaine robe ? On a dit que notre situation politique ne permettait pas l'tablissement des jurs, quelle est donc notre situation politique ? Les Franais,
de
ill
iil
<5) Il s'agit, d'aprs la Gazette Nationale ou le Moniteur, de la question po&e par M. Fraud, qu'il appelle Perrot (n 99, p. 404).
315
sont changs, par la Rvolution, en ne connot pas d'obstacles quand il s'agit d'assurer la libert; nous sommes au moment o toutes les vrits peuvent paratre, o toutes seront accueillies par )le patriotisme. On dit que nous ne connoissons pas les jurs; j'en atteste tous lies gens clairs; la plupart des citoyens connoissent les jurs et en dsirent l'tablissement. On veut vous faire redouter les obstacles des gens de loi c'est une injure qui leur est faite; ceux qui n'ont port au barreau que le dsir d'tre utiles leurs concitoyens saisiront avec enthousiasme l'occasion de sacrifier leur tat si l'utilit publique l'exige... Suffit-il donc de se borner opposer des convenances aux principes ? Rappelez-vous ce que vous avez fait, souvenez- vous que quand vous avez chang ce mot fservile et gothique Etats-gnraux, en cette expression Assemble nationale (6) qui a consacr tout Ha fois vos droits et vos principes les plus sacrs de la constitution, les mmes convenances ont t opposes par les mmes personnes. Je conclus, et je dis que diffrer jusqu' 1792 l'tablissement des jurs au civil, c'est peut-tre y renoncer pour toujours, c'est aider la renaissance de cet esprit aristocratique qui se montre chaque jour avec une assurance qu'il avait perdue depuis plusiexirs mois. Le moment vous diffrez le plus favorable pour cette belle institution tait venu Qui vous a dit que ce moment reviendra Et si vous n'tes pas srs de son retour, de quel droit hasarderez-vous le bonheur du peuple (7).
du despotisme,
un peuple
libre qui
((
Courier de Provence,
((
t.
VII, p. 287-288.
Robespierre a prouv que le propinant n'a'voit pas en carrire. Il a demand quelle diffrence essentielle on pouvoit trouver, quant aux jurs, entre lia procdure civile et la procdure criminelle ? Dans celle-ci, il s'agit de l'honneur et de la vie du citoyen; dans 'autre, de son honneur et de sa fortune. Si donc l'ordre judiciaire est insuffisant, au criminel, pour garantir ma vie et mon honneur, il l'est galement au civil; et je rclame les jurs pour mon honneur et ma fortune. Comment peut-on prouver, a-t-il dit, qu'il soit impossible de faire ici ce qu'on fait ailleurs ? Qu'il soit impossible de trouver assez de jurs instruits pour juger des faits. Mailgr notre complication de loix, nos exceptions, nos commentaires, les faits sont toujours des faits; le commun des hommes peut en tre juge; le bon sens, la judiciaire
vain rouvert
la
il
M. de
((
Dclaration des Communes, du 17 juin 1789. Texte reproduit dans le Moniteur, IV, 67 Laponneraye, I, 40. Les Arch. pari. publiic?nt, propos de cette sance, les Principes de l'organisation des jurs et rfutation du systme de M. Ruport... que nous pflaons en' fvrier 1791.
<6)
(7)
;
316
sont-ils
difficiles
? Que de choses consommes, pour lesquelles on vous opposoit les mmes raisons de circonstances, de circonspection, de mnagemens Diffrer rtabllissement des jurs au civil, c'est peuttre y renoncer ipour toujours. M. de Robespierre en a cbndlu qu'il fal'loit dcrter cette institution pour les deux parties de la procdure.
hommes de robe
et
n'avez-vous pas
entreprises
t.
II,
p. 6.
Journal universel,
t.
III,
p.
1091.
M. Robespierre, dput d'Arras, dont le zle pour la cause populaire n'a point de bornes, peint la ncessit de faire rentrer le
du
de
l'autorit
dont
plus
et
la ncessit
grande de
lui
effets
loi.
de
ses passions, en
jurs
Jurs au civil,
ne au
criminel,
est l'opinion
de
l'orateur.
Assemble nationale
p. 5-6.
et
Commune de
fait
Paris (imitation),
t.
M.
Robertspierre a
bien
il
importoit la libert
un trs-llong discours pour tablir comque les fonctions de juge fussent bornes
la simple application de la
et les mettre
loi, qu'il falloit rendre les Juges Citoyens dans l'heureuse impossibilit d'abuser, ainsi qu'ils l'avoient fait jusqu' prsent, d'une autorit qu'ils avoient su rendre arbitraire; il a trouv singulier que ceux qui avoient vu leurs intrts dpendre
de l'opinion et souvent mme du caprice d'hommes qui n'avoient d'autres tites que l'or au prix duqudl ils avoient acquis leurs charges,
vinssent s'opposer l'tablissement des Jurs. M. Robertspierre a prsent diverses rflexions dj dveloppes par plusieurs Membres; et il a conclu l'institution des Jurs tant au civil qu'au criminel. ^)
Journal de Versailles, n
163, p. 906.
de
Robertspierre a parl aprs lui {M. de Lameth) en faveur l'tablissement actuel des jurs mme au civil; il a t sur ce point
M.
p^lus loin
les tablir et
que M. Barnave, et a soutenu que ds ce moment on pouvoit que sans eux il ne pouvoit y avoir ni libert politique, ni
libert individuelle.
t.
X,
p.
173.
Cependant,
Il
cette opinion.
M. de Robespierre toit la tribune pour combattre a voulu pailler, mais sa voix toit touffe par les
317
M.
Charles de Lameth s'est prsent concunemil n'a ipas t accueilli plus favorablement
...MM. de Robespierre et de Roderer ont insist galement pour admetre (sic) les jurs tant au civil qu'au criminel. Je regrette de ne pouvoir donner les raisons qu'ils ont donnes... Mais les bornes de cette feuille ne permettent pas de tout dire.
L'Union ou
le
M. de
de
faire excuter
les loix.
Ils
n'ont que ce pouvoir, lorsqu'ils prononcent sur un fait constat par des
jurs,
mais
ils
fait et le droit
en ont un bien plus grand, lorsqu'ils prononcent sur le conjointement ou mme sparment, et il est craindre
qu'ils
en abusent.
V Assemble
nationale,
t.
III,
14, p. 23-24.
Robespierre a ddaign ces considrations frivoles, il a pens que l'Assemble, forte de l'intrt national et de l'opinion publique, devoit marcher la destruction de tous les abus et de toutes (les tyrannies; en effet, si de pareilles raisons avoient branl l'Assemble lors de ses Sances de Versailles, elle seroit encore au commencement de ses travaux ou plutt elle ne seroit plus.
Journal des Dbats,
M. de
t.
6.
Assemble
p.
((
nationale. Correspondance de
Rennes (Vatar),
t.
IV, n"
19,
269.
M.
de Lameth;
de dcrter le principe de rtablissement des Jurs en matire civile. Il a dit que les circonstances toient favorabJles cette institution popiilaire, et qu'il ne falloit pas la remettre d'autres tems o l'intrt personnel mettroit des entraves
a
fait
sentir
la
ncessit
pllusieurs
objections des
avril
1790, p.
7.
La
M.
Membre
permettre
sortie
s'est
tribune,
demandaient
de la discussion, semblrent ne pas devoir de parler; mais sa contenance assure et une vigoureuse de M. Chailles de Lameth, qui est venu le soutenir
clture
l'opinant
318
ordonn que
({
la
M.
en a demand
Annales patriotiques
et littraires, n"
188,
avril
t.
1790.
III,
Le
n 126.
((
M.
fait
de
demand que la discussion fut ferme. C'est alors que vu l'un des plus beaux triomphes que puisse remporter l'loquence de l'honneur et de la raison... (Intervention de M. Charles de Lameth). L'Assemble mue a dclar que la discussion devait continuer et Roberspierre a parl en faveur de l'tablissement des jurs tant au civil qu'au criminel.
de
la salle ont
l'on
Le
t.
III,
n 7, p. 55.
M. de
sur l'tablissement
des
jurs.
On a donc laiss la discussion rouverte. MM. Robespierre, Desmeuniers, Roederer, Goupil de Piofeln (4), ont parl successivement.
((
Le
PosUllon (Calais),
t.
I,
n 41, p. 6.
Le
l'institution
premier (Robespierre) qualifi avocat du peuple demandoit des jurs dans toutes les affaires.
avril
Mercure de France, 17
1790, p. 201..
((
M.
il
quels
joignit que'lques
M.
Barnave, aux-
(8)
on.
319
M.
comme
dans le criminel.
97.
SEANCE DU
13
AVRIL
1790
Le 12 avril 1790, propois de lia discussion sur les dmies ecciGerle avait fait la motion de dcrter que la siastiques, religion catholique, apostolique et romaine est et demeuriera pour toujours, la religion de la Nation, et que son cu'lte sera le seul
Dom
autoris
du
. Cette importante question figurant l'ordre du jour provoque, ds le dbut de lia sance, de vives ractions (1). Pour y mettre fin, on adopte la proposition du baron de Menou, dput de la noblesse du bailliage de Tours, qui souligne que l'Assemble considrant qu'elle n'a et ne peut avoir aucun pouvoir exercer sur les consciences et sur les opinions religieuses... ne peut, ni ne doit dlibrer sur la motion de Dom Gerl (2). Un certain nombre de membres dont Cazales et Robespierre ayant demand l'a parole, on dcida de fermer la discussion par 495 voix contre 400.
13,
t.
10.
M. de
demand
d'aller
sur
le
point
de
parler,
Jorsqu*on a
167, p. 929.
M. de
et
aux voix,
demand
d'aller
(1) Cf.
(2) Cf.
sances des 23 aot 1789, 31 mai, 9 juin 1790. P.V. de l'Ass. nat., t. IX, n 258, p. 3.
320
98.
SEANCE DU
17
AVRIL
1790
(soir)
Au nom du comit des ra>pports, Goupilleau, dput du tiers tat de la snchausse de Poitiers, expose l'affaire de M. de Riston. Cet awocat de Nancy est accus d'avoir suppos un arrt du conseil en cassation d'un arrt du parlement de N'ancy, qui le condamnait payer mil.'le cus M. de Vuilmont, conseiller ce parlement. Le roi a donn des lettres patentes d'attribution de cette cause aux .requtes de l'htel (1). M. de Riston soutient que cette attribution est illgai'e, contraire aux dcrets de l'As'semble nationale, et que le tribunal est incomptent. Le comit estime qu'il
n'y a pas lieu dlibrer sur la rclamation de M. de Riston (2). iSchmits, dput du tiers tat du bailliage de Sarregucmines, et Robespierre soutiennent l'incomptence du tribunal. Merdin de Douai dclaire qu'il existe des lois, remontant au XV" sicle, qui attribuent aux requtes de l'htel, les faux commis en fait de chancellerie. iSe rangeant l'avis de son comit, l'Assiemble dcida qu'il n'y avait pas lieu dlibrer sur la rclamation de M. de Riston.
f
ils
t.
M. Schmitz
et
Projet de Dcret;
du
(1)
Requtes de
l'htel
tres des requtes ;et descendant directement des anciens j)ilaids de ja porte o les rois avaient rendu justice en pei'-sonne. Ce tribunal tait compos de plusieurs sections. Il y connaissait en pramire instance, avec appel au Parlement, des causes personnelles et mixtes des olficiers de la maison du roi, des secrtaires du roi, des officiers du Grand Conseil, etc... et souvenainement des causes renvoyes par arrt du Conseil ou relatives l'excution d's lettres du sceau pour privilges d'impression. Par l mme leur juridiction tait la rivale dangereuse et hae du Parlement (d'aprs M. Marion, op. cit., p. 485). (2) Cf. Arch. nat., C^, 336. Lettre au Prsident de l'Assemble en date du 14 avril 1790, de Le Blanc de Verneuil, procureur gnral des requtes de l'htel adjurant l'Assemble de faire connatre au plus tt sa dcision concernant l'affaire du Sieur de Riston; et D XXIX, 90, d. 202: sur Riston, avocat au parlement de Ncincy. L'affaire Riston est expose dans son ensemble par E Seligman, La justice pendant la Rvolution, I, 424-434.
LES
DISCOURS DE ROBESPIERRE
172, p.
321
Journal de
((
Versailles, n
948.
voulu faire envisager les requtes du palais un tribunal ^d'attribution, une section du conseil,
et
MM.
Sclhmltz
Robertspierre ont
et
ils
ont
demand
MM.
le
adopt.
109, p. 445.
MM.
Schmith
(3).
et
Tribunal
Assemble nationale
p.
((
et
Commune de
Paris (imitation),
t.
IV, n 255,
3.
MM.
du
tribunal.
dans
le
Moniteur,
IV,
149
et
dans
les
99
SEANCE DU
18
AVRIL
1790
(1)
Au nom du comit de Constitution, Target, dput du tiers tat de Paris, rapiporte sur les troubles de Saint-Jean-de-Luz. Au sujet de l'lection de la municipalit, deux questions divisaient les citoyens celles de savoir si la fixation faite par les anciens officiers municipaux de lia journe de travail vingt sous subsisterait, et si un fi'ls de famille auquel un pre avait fait cession d'une proprit, pouvait tre ligihle. Par ailleuirs, la ville de Saint-Jean'c'e-Luz a, cru ne devoir faire prockier aux lections que d'aprs lo dcret du 2 fvrier, rendu pour les villes oii il n'y a point de contribution directe, alors qu'il est de fait qu'il y en a Saint:
Jean-de-Luz. Le comit de constitution proposie le projet de dcret suivant .L'Assemble nationale instruite des difficults qui divisent les citoyens de Saint-Jean-de-Luz, ordonne que le prix de la journe
:
(1) Sance du 25 janvier 1790, note 2. Ce doret fut publi le 18 fvrier et sanictionn le 24. Cf. galement Arch. nat. 38, 337; et bis, 7, d. 97, p. 17. Minute de la lettre crite par ie comit des recherches, du 28 juin 1790.
D XXIX
322
de travail demeurera fix au taux 'qui a t arrt par ?les anciens officiers municipaux (2) dclare que le dcret du ,2 fvrier ne peut tre appliqu !Ia vile de Saint- Jean-de^Luz o il y a des impo;
sitions directes.
Dclare en outre que les fils *de famille auxquels i'I aura t cd, par acte authentique, des proprits charges des contributions exiges par les prcdents dcrets, seront ligihles (3) ; ordonne en consquence que l'lection sera faite incessamment par les anciens officiers municipaux. Robespierre intervient aprs la lecture de ce projet de dcret. Target rappelle alors les termes exacts du dcret du 2 fvrier, souligne qu' iSaint-Jean-de-Luz, on paie les vingtimes et la capitation, comme ailleurs; il n'y a donc aucun prtexte pour que les dcrets ne soient pas suivis. L'Assemble dcrte qu'il n'y avait pas lieu dlibrer sur riijuurnement demand par Robespierre. Le projet de dcret fut adopt.
246, p.
19.
Gazette nationale ou
le
Moniteur universel, n
109,
p.
446.
(( M. de Robert&pierre. J'ai l'honneur d'observer que le Dcret qui porte une exception en faveur des pays o il y a une imposition indirecte ne suppose pas qu'il faudra qu'il n'y ait point du tout d'im-
position directe dans ce pays, mais qu'elle y soit trop faible. Il serait trs possible qu' ,Saint-Jean-de-Luz les impositions indirectes fussent
eiit
aussi
que c'est un vritable scandale que de disputer un citoyen sa qualit de citoyen. Aprs 'les prcisions de Target, il poursuit Je demande que l'on ajourne la question, ou que la discussion soit continue; c'est l'aristocratie pure que de pareils dcrets tendraient
faut tre d'autant plus circonspect,
)) <(
:
((
Municipalits.
(4).
Cet arrt tait lgal aux termes du dcret du 2 fvrier 179(J. octobre 1789. dans le Moniteur, IV. 151, et dans les Arch. pari., XIII, 101; Cf. galement E. Bamel, I, 227.
(2)
323
100.
SEANCE DU
20
AVRIL
1790
Gillet de la Jacqueminire, dput du tiers tiat du 'bailliage de Montargis, fait lecture du dcret prsent par le comit des dmes, t dont lies quatre premiers articles ont t adopts la sance du 14 avril!. La discussion progresse rapidement; on en arrive l'article
10
Les baux ferme des dmes, tant ecclsiastiques qu'infodes, sans mlange d'autres biens ou droits, seront et demeureront rsilis l'expiration de ,1a prsente anne, sans autre indemnit que la restitution du pot-de-ivin, ceUile des fermages lgitimement pays d'avance, et ja dcharge de ceux non pays; le tout au prorata de la non-jouissance. Robespierre proposa d'indemniser les fermiers vincs (1). L'Assemble dcida qu'il n'y 'avait pas lieu dlibrer sur la proposition de Robespierre, et l'article 10 fu-t dcrt sous une rdaction lgrement modiifie.
111, p
453.
y a mutation, les baux sont rsilis; mais ici comme c'est Ja Nation qui se succde elle-mme, 'les baux sont sacrs; ils ne peuvent tre rompus sans indemnit. Il y a en Artois beaucoup de biens ecclsiastiques, et vous savez combien on emploie de moyens pour y fane natre des ennemis de la Rvolution. Ne pourroit-on pas se servir de votre Dcret pour sduire la classe nombreuse des Fermiers des biens ecclsiastiques... La prudence et la sagesse exigent que vous accordiez une indemnit pour les baux qui
Robertspierre
:
M. de
Lx>rsqu'il
Le
Point du Jour,
t.
IX. n 179,
p.
131.
Lorsque le titulaire meurt, dit M. Robespierre, les baux sont mais ici comme c'est la nation qui se succde dlle-mme, les baux sont censs durer; ils ne peuvent tre rompus sans indemnit. II y a dans l'Artois beaucoup de biens ecclsiastiques et beaucoup de fermiers. Ces hommes du peuple perdront sur les baux qui les font vivre, et vous savez combien l'on emploie de moyens odieux pour augmenter le nombre des ennemis de la rvolution. Ne pourroit-on pas se servir de cette rsiliation des baux sans indemnit pour sduire
rsilis;
Harnel, I, 2.30, qui date cette sance du 21 avril. reproduit dans le Moniteur, IV, 166; et dans les Arch. puni., XIII, 149.
(1) 'Cf.
(2)
E.
Texte
324
la
classe
La prudence
Assemble nationale
p.
((
et
Commune de
Paris (imitation),
t.
6.
MM. Robertsplerre et l'Abb Grgoire, demandoient que les Fermiers vincs fussent indemniss de la mme manire que des Fermiers ordinaires; cette opinion n'a pas t adopte.
Journal des Etats Gnraux (Devaux),
t.
X,
p. 360.
Robespierre a pris la parole pour faire sentir que la justice prescrivoit d'accorder indemnit aux fermiers, dont les baux alloient
M.
tre rsilis.
t.
8.
Robespierre a propos qu'il fut ajout au 10" article une indemnit aux fermiers des dmes. Il a appuy son amendement par
diffrents motifs
M.
de
justice et d'quit.
101.
SEANCE DU
20
AVRIL
(soir)
Au nom du Comit de fodalit, Merlin de Douai rapporte sur le droit de chasse. Le privilge exclusif de la chasse a t supprim par l'article 3 des^orots du 4 aot; le droit de dtruire, sur ses possessions seulerifent, toute espce de gibier a t rendu mais la chasse est devenue une source tous les propritaires {!) de dsordres, qui, s'ils se prolongeaient, seraient funestes aux rcoltes. Le comit est parti de ce point de vue, pouir prparer le
;
projet qu'il propose. Plusieurs dputs, dont Robespierre, s'lvent contre la restriction du droit de chasse et rclament la libert illimite de chasser. L'Assemble pronona l'ajournement, vu l'importance de la question dbattue.
3 du promulgu
idcret du 4 aot 178 ('Sianctionn le 21 seple 3 novembre 1789), est ainsi conu Le droit exclusif de la chasse et des garennes ouvertes est pareillement aboili, et tout propritaire a le droit de dtruire et faire dtruire, seulement suir ses possessions, toute espce de gibier, sauf se conformer aux lois de po'lice qui pourront tre faites relative(1) L'airticle
tembre
et
ment
la sret publique
325
le
Robespierre Je m'lve contre le principe, qui restre it le droit de dhasse aux propritaires seulement. Je soutiens que la cSasse n'est ipoint une facult qui drive de la proprit. Aussitt aprs la dpouille de la superficie de la terre, la chasse doit tre libre tout citoyen indistinctement; dans tous les cas, les btes fauves appartiennent
M. de
au premier occupant. Je rclame donc en prenant toutefois les mesures pour pour la sret publique (2).
'la
libert illimite
de
la chasse,
la
p. 36.
Durant l'absence de M. de Bonnay (3), rempilac par M. de Menou, M. de Robespierre s'est lev contre le principe qui restreint le droit de chasse aux propritaires seulement. Il appartient tous, et libre de l'exercer aussitt aprs la dpouiHe de la terre; il doit tre sauf les mesures prendre pour la conservation des rcoltes et pour la sret publique tout gibier appartient tout le monde depuis la
:
t.
l'Homme.
p.
IV,
1203.
Le premier
mme
de
la
MM.
que
fait
sentir
commun
et
Assemble nationale
p.
4.
Commune de
Paris (imitation),
t.
MM.
libert
de
la
la
illimite
de
la
Gazette universelle, 23
avril
1790, p. 572.
de la Viile-aux-Bois, Reubell et Robertspierre vouloient accorder un chacun, sous certaines modifications, le droit de chasser sur les terres d'autrui ce qui est contraire au droit de proprit reconnu par l'assemble nationale dans la dclaration des droits,
siurs
;
Les
article
(2;
III.
Texte reproduit dans le Moniteur, IV, 173, et dans les Arch. XIII ,158. Of. E .Haraie:, I, 228-230. Le marquis de Bonnay, dput de la noblesse du bailliage de Never, avait t lu jyrsident de l'Assemble nationaile, le
pari.,
(3) 12
avril
(4)
1790.
Villle
L'Eleu de la
a.ux BoiS;
dput du
tiers tat
du bailliage
du VermaTidois Laon.
326
102.
SEANCE
DU
21
AVRIL
1790
Les 8 et 9 octobre 1789, l'Assemble nationale avait adopt un dcret portant rformation de quelques points de la jurisprudence crimindlle. A la sance du 23 mars au soir, Briois de Beaumez, premier prsident du conseil d'Artois, dput de la noblesse de la gouvernance d'Arras, prsente un nouveau rapport sur les adjoints qui doivent assister le juge lors de l'instruction (1). Le 27 mars au soir, l'Assemble adopte les quatre premiers articles de ce projet. Elle continue son examen le 21 a,vril. Dans la. diiscussion, s'leva la question de savoir si le conseil de l'accus (2) pourrait poser des questions aux tmoins, lor^ de la confrontation. Le comit est d'avis qu'il n'y a pas dlibrer. Mais plusieurs dputs dfendant les droits de l'accus, cette question est renvoye au comit, pour en rendre compte le lendemain. Le 22 avril, l'Assemble adopta, entre autres articles sur la rformation provisoire de la jurisprudence criminelle, celui-ci Lors de la confrontation des tmoins, l'e conseil ne pourra faire aucune interpellation ni examination aux tmoins; il pourra seulement requrir le juge de faire les inteirpellations qu'il croira convenables. (3).
:
t.
X,
p.
374.
M.
Robetspierre
c'est
pacit, la timidit, la gne de l'accus, que vous l'avez assist d'un conseil; ce conseil doit subrvenir l'accus par tous les moyens
{1) Dans tous leis lieux o il y a- un ou plusieurs tribunaux tablis, la municipailit, et nu cas o il n'y ait pas de municipalit, la communaut des habitants, nommera un nombre suffisant de no-, tables, en gard l'tendue du ressort, parmi lesquels seront pris les adjoints qui assisteront l'instruction des procs criminels, ainsi qu'il va tre dit ci-aprs. (Art. P*" du dcret des 8-9 octobre 1789, sur la rformation de quelques points de la 'jurisprudence
criminelle).
L'accus dcrt de prise de corps pouir quelque crime que (2) ce soit, aura le droit de se choisir un ou jolusieurs conseils, avec lesquels il pourra confrer librement en tout tat de cause, et l'entre de la prison sera toujours permise aux dit conseils. Dans le cas o l'accus ne pourrtait pas en avoir par lui-mme, le juge lui en nommera un d'office, peine de nulilit . (Art. 10 du dcret des_ 8-9 octoibre 1789, sur la rformation de quelques points de la jurisprudence criminelle). (3) Cf. Bchez et Roux, IV, 235. Robespierre avait communiqu l'Acadmie d'Arras, dans sa runion annuelle de 1789 des Rflexions sur la jurisprudence criminelle (cf. Parentv, op.cit.,
((
34).
327
n'ose
faire
probit
autorise;
l'accus
le
craint,
hsite,
ba'lance,
d'un tmoin de mauvaise foi; son conseil s'apperoit de son embarras, et par un mot qui peut jetter un grande lumire, il supple au silence de son client.
interpellation qui peut
sauver,
vis--vis
p. 6.
(Penlet),
t.
V,
n" 261, p. 6.
M. Prieur et M. Roberspierre ont dit que l'esprit de justice qui a dtermin l'assemble accorder un conseil J'accuse, ne seroit qu'un acte illusoire, si le conseil n'avoit pas le droit de faire des questions
le sort
de
l'accus.
103.
SEANCE DU
21
AVRIL
1790
(suite)
(suite)
le droit de chassie reprend le 21 avril. M'erremarquer qu'en vertu des dcrets du 4 aot, tout citoyen a le droit de chasse, mais qu'il ne s'en'suit nu'llement que tout le monde ait le droit de poursuivre le gibier partout. En consquence, propose le dcret suivant il 11 est dfendu toute personne de chasser, m.me dans les jachres et les proprits non closes, soit pied, soit cheval, avec ou sans chien, compter du l**" avril au 15 septembre, apr" la dpouille entire des fruits croissants, psine d'une amende de 20 livres au profit de la comimunaut du lieu, et en outre contre celui qui auirait chass sur le territoire d'autrui, une somme de lin fait
:
10 livres
d'indemnit envers
le
dice des
dommages
et intrts.
Aprs quelques remarques, l'Assemble ferme lia discussion. Robespierre prend la parole et se la voit .retirer, parce qu'il poursuit la discussion, au lieu de se borner prsenter des amendements. L'Assemble adopte une nouvelle rdaction prsente par Merlin
el
:
Il est dfendu toute personne die cha&ser, an quelque temps en quelque manire que ce scjit, sur le terrain d'autrui, sans son consentement, peine de 20 livres d'taonende envers la commune du lieu, et d'une indemnit de 10 livres envers les propritaires des fruits, sans prjudice de plus grands dommages et intrts s'il y choit (1).
Assemble
nationale,
Correspondance
de
t.
Rennes
(Vatar),
et 414.
t.
IV,
X,
p.
410
M.
le
dcret
E. Haanel,
I,
32
sophlques de
anniller
l'avis
(sic)
de M.
les
M. de Robe^ierre qui ne tendaient rien moins qu' un des articles du mois d'avril 1789 .. Si vous suiviez de Robespierre, il faudrait permettre indistinctement
de
chasser.
tous
franais
Un
droit
aussi
illimit
causerait
le
plus
grand dsordre dans la socit... M. de Robespierre est mont la tribune pour donner un nouveau dveloppement son opinion, mais l'assemble n'a pas jug propos de laisser rouvrir la discussion sur de fond. Elle a montr de l'impatience. Aussi l'opinant s'est-il cri plusieurs fois que dans l'assemble d'un peuple libre rien n'toit plus indcent que de violer la libert de l'opinion. On lui criait de tous cts de se renfermer dans
((
l'amendement
sur
M. Le
trs
cet
objet.
Comme
impa-
tience,
M. de
de
Robespierre
laconiquement
Je
rarticle
votre
Comit
tel
Au
reste,
voil
mon
systme, je
la pcirole
(2).
t.
X,
p.
379.
je les
lorsque
M.
n'ai
jamais dit,
que
quand
moissons y sont
encore, quand la terre est ensemence; mais je dis que l'arlicle, tel
qu'il est prsent, porte atteinte aux droits les plus sacrs
((
;
de
!a libert.
L'opinant a t interrompu souvent il a t cout avec dfaveur cependant il a continu votre com.it fodal vous a pr.sent un article odieux et injuste; pour le dfendre, le rapporteur a parl deux fois: il obtiendra la parole dix fois, s'il le veut; mais puisqu'on ne
; :
par! XIII, 166 ne repioduis'ent que la fin du (2) Les Areh passage de Le Hodey. Voici, d'ailleurs, comment elles reconstituent
,
cette intervention
<(
de Eobespierre. J'ai un ame-ndem-crit prsienter. Je propose de dcrter que la chasse sera li'bre, mme sur le terrain d'autrui, pourvu qu'on ne nuise pas ila proprit. (L'orateur entre dan.s des dtails qui portent moins sur son amendement que sur le fond de la question. L'Assemble tmoigne une grande impatience.) M. de Hobespierre s'crie: Eien 'n'est plus in'dcent que de violer ainsi la libert de mon opinion,
M. de Robespierne. Je
dis qe l'article de votre comit, tel porte ^atteinte aux droits les plus sacrs de la je vous ai dit mon systme, je renonce la
parole,
LES DISCOURS
Di;
ROBESPIERRE
329
Le
Point du Jour,
((
t.
IX,
p.
139.
Ds que M. Merlin a eu dvelopp les motifs du Comit, on a demand d'aller aux voix; mais M. Robespierre a demand la parole:
Je ne propose pas,
indistinctement
sur
a-t-il
dit,
toutes
les
proprits,
chasser sur les proprits d'autrui toutes les fois qu'il ne peut pas
tre
port
Ici,
quelque prjudice,
c'est--dire,
lorsque
les
rcoltes
seront
faites.
((
M.
Robespierre,
interrompu
plusieurs
fois,
renonce
la
parole.
Avant-Coweur, n
((
3, p.
4-5.
(3),
Aprs M. Grangi
M.
il
Robespierre a demand
la
parole;
et
comme
parler
je
du fonds de
l'article,
avant
de
que
de son amendement,
))
ne
je
renonce
parler.
Gazette nationale ou
le
p. 457.
M. de
Robertspierre
demande
la
parole...
Il
parle...
On
lui
mme
observation.
amendemens.
Il
Il
insiste.
On
renou-
quitte la tribune
(4).
Journal de Versailles, n
175, p. 962.
M.
Roberspierre
sur le
qui
miatire,
a de nouveau
demand que
terrain
dj parl hier soir sur cette la chasse fut permise tout le d'autrui, pourvu qu'on n'y ft pas de
avoit
t.
VII, n 25, p.
15.
il
M.
la
Robespierre a propos,
chasse ft libre
)>
comme
sur le
de dcr-
ter
que
lui
mme
terrain
ne
nuist pas.
Assemble
((
nationale,
Commune
de Paris (Perlet),
t.
V,
n 261, p. 7
MM.
Martineau
(3^
le
Jeune...
Grangier, dput da tiers tat du bailliage de Bourges (4) Texte reproduit dans le Moniteur, IV, 175. (5) Martineau, ancien avoicat au parlement, dput du tiers tat de la ville de Paris.
330
104.
SEANCE
DU
22
AVRIL
(suite)
1790
L'Assiembile- continue la discussion de Ja loi provisoire sur le droit de chasse. Les articles 2 et 3 ^prvoient diverses amendes. L'article 4 mo-tive la protestation de Robespierre Le contneveniant qui n'aura pas, huit jours aprs la signification du jugeraent, satisfait l'iamende prononce contre lui, sera contraint par corps et dtenu en prison, pour la premire contravention pendant vingt-quatre heures ; pour la seconde, pendant huit jours pour la troisime pendant trois mois. L'article fut dcrt.
:
t.
X,
p. 428.
Robespierre toujours retranch derrire la dclaration des droits de l'homme, l'aptre, le martyr s'il le faut de la libert; mais cette fois il a t dbusqu de son poste Il est injuste, a-t-il dit, de punir pour faits de dhasse. La prison est une peine qui doit tre rserve pour les crimes. Les rparations pcuniaires, les amendes, sont le seul moyen qu'on puisse employer. Les termes de vagabond, de gens sans aveu, taient souvent employs sous l'ancien rgime dans les ordonnances. Mais Rassemble nationale ne doit pas adopter les prjugs du despotisme ni se servir d'une dnomination aussi vague que peu dfinie pour frapper l'indigence, la pauvret, la misre (1). Je
:
M.
demande
la rjection
de
t.
l'article
(2).
Le
Postillon (Calais),
II,
n 56, p. 3.
Je m/lve au nom de la justice et de l'humanit contre le dcret de votre comit; et c'est la dclaration des droits, la main, que je fais cette rclamation; un des articles porte que les mmes crimes seront punis de la mme manire, sans distinction de personnes (3), pourquoi votre comit viole-t-il ouvertement ce principe
M.
Robespierre
nous-mmes,
et
l'assemble
(1) Robespierre fait ici allusion l'articfle 7 du projet Si des trangers ou des hommes masqus sont trouvs chassant en contravention, ils seront arrts sur le champ et conduits ea- prison . (2) Le texte reproduit dans les Arch. pari., XV, 247, s'est insjnr de ce passage.
:
(3)
protge,
droits.)
...Elle (la loi) doit tre la mme soit qu'elle punisse... ' (Art. 6
pour
de
la
touis,
>/lV
331
doit-elle
un des plus grands abus de l'ancien rgime, de de l'opulence l'galit que vous
:
avez voulu tablir n'est donc qu'une chimre, vous la rompez ouvertement, et ce n'est, je pense, que vous rappeller vos prmcipes en demandant le rejet entier de
l'article
,
Le
de
150.
M.
Robespierre a dit
que l'assemble a toujours consacrs, de punir par la prison un fait de chasse, parce que la prison est une peine, et que cette peine n'est faite que pour le crime. La seconde partie de l'article est trop vague, a-t-il ajout; le mot vagabond est facile prononcer, mais difficile dfinir. Ce n'est pas dans les loix de l'assemble nationale que ce mot doit tre prodigu. Quand on aura dfini constitutionnellement quels signes on doit reconnotre et punir ce qu'on appelle vagabondage, alors je consentirai violer l'galit des peines contre l'indigence et la misre Je ne vois ici que le langage des anciennes loix, et des hommes punis plus fortement parce qu'ils n'ont rien; je demande le rejet de
raison et d'humanit
l'article.
Le
Postillon Franois,
22
avril
790.
Quelques-uns des premiers articles ont prouv des oppositions, M. Robespierre a entendu proposer la condamnation la prison contre ceux qui ne seroient pas en tat de payer l'amande (sic); il a rclam avec force les droits sacrs de la libert, qui ne permettoient pas, suivant lui, d'emprisonner aucun citoyen, moins qu'il ne se fut rendu coupable d'un crime mritant peine effective.
lorsque
Le
Patriote Franois,
((
t.
II,
n" 258, p. 2.
M.
Robespierre
la
t.
s'est
l'Homme,
L'article concernant
viendraient
au
Rglement
les
sur
chasse,
paru
M.
Roberspierre
a
tendre proroger les abus des anciennes loix qui comprenoient sous le
nom de vagabonds,
le rejet
il
demand
de
l'article.
t.
X,
p.
389.
le
M.
Robetspierre
il
est facile
?
de prononcer
mot de vagabond,
dfinition qui
soit
Je
demande une
332
LES DISCOURS
PE-
ROBESPIERRE
d'aprs les principes de la constitution; car remarquez que l'on se servoit de ce mot dans le tems du despotisme, pour opprimer les victimes
des ministres
peut-il
connoit-on des vagabonds dans un empire bien poliri y en avoir dans un empire o rgnent les loix ?
;
Gazette universelle, 23
avril
1790, p. 572.
l'article
Robertspierre soutenoit que la contrainte par corps laquelle quatrime soumet, au dfaut d'amende, les contrevenans nonsolvables, toit contraire l'galit des droits.
et
M.
Assemble nationale
p.
Commune de
articles,
Paris (imitation),
t.
8.
la suite
de ces
M.
ter
loi,
commences
(4).
Mercure de France,
mai 1790, p. 42
l'article concernant les abus des anciennes lois qui les personnes pauvres et non
retenue.
105.
SOCIETE
SEANCE DU
AVRIL
1789
(1)
Les dputs de Oa Corse, ayant !leur tte le gnral Paoli, furent reus le 22 avril, la sianoe du soir, Ja -barre de l'Assemble nationale Paoli pronona une allocution dans laquelle il assurait l'Aissemble du loyalisme ide ses compatriotes (2). Puis
;
(l)ilobespierve avait lt lu prsident de .la iSocit des Jacobins dans la sance du 31 mars 1700 (of. E. Hamdl, I, 220-221; et G. Wialter, p. 133 mais on ne trouve aucune mention de cette nomimatioin dans le recueil d'Aulard, qui ne l'indique pas davantage dans lia .liste des prsidents, p. LXXX). Par contre, Eobespierre annonce ce fait Buissart dans sa lettre du !' avril 1790: Je trouve un ddonuTnagement 'sufifisant de la haine aristocratique qui s'est attache moi dans les tmoignages de bienveillance dont m'honoretnt tous les bons citoyens Je viens d'en recevoir un rcent de la part de la Socit des Amis de la Constitution compose
;
;
333
Ja dputatioin en ayant exprim le dsir, fut reue au Club des Jacobins, le 26 avril, par un public enthousiaste i(3), et son orateur fut invit prendre place la droite du prsident Robespierre (4), qui porte la parole en ces termes
:
((
Messieurs,
o la Socit des Amis de la Constitution reoit les dputs du peuple corse, est pour elle un jour de fte. Dj, Messieurs, elle vous avait exprim ses sentiments quand, pour admettre dans son
((
Le
jour
crites.
Paoli, elle suspendit les rgles ordinaires qu'elle s'est presC'est un lommage qu'elle a voulu rendre la libert, dans la personne de l'uii de ses plus illustres dfenseurs.
sein
((
M.
aussi dignes de prononcer ce un temps o nous allions l'opprimer dans Mais non; ce crime fut celui du despol'un de ses derniers asyles tisme. Le peup^le franais l'a rpar. La France libre et appelant les Quelle magnifique expiation pour la Corse connations la Libert quise et pour l'humanit offense Gnreux citoyens, vous avez dfendu la libert dans un temps o nous n'osions l'esprer encore. Vous avez souffert pour elle; vous triomphez avec elle et votre triomphe est le ntre. Unissons-nous pour la conserver toujours; et que ses lches ennemis plissent d'effroi, la vue de cette sainte confdration qui, d'une extrmit de l'Europe l'autre, doit rallier sous ses tendards tous les amis de la
La
Libert
nom
sacr
Hlas
fut
raison,
de l'humanit, de
la
vertu
(5).
les dputs patriotes de l'sseanble nationale et des plu illustres citoiens de la capitaile; ils viennent de me nommer prsident de cette socit, laquelle s'affilient les patriotes des provinces pour former une sainte ligue contre Jes ennemis de la libert et de la Patrie. ('Cf G. Miciho'n, I, 60, qui la reproduit d'aprs V. Barbier et P. Bart, Kevue des curioisits rvolutionnaires, I, 207-98; et Michon, II, 14, qui la reproduit cette fois d'aprs le fac-simil de il'original figurant en partie d'ans le catalogue Maggs, Autograph 'Lietters... n'' 492, 1927, planche XXII. En ce qui conc(-rne le passage que nous utilisons, les deux textes sont identiques.) (2) Arch. nat., iC 38, 337: texte de ^l'adresse des dputs corses et de la rponse du prsident.
de tous
(3)
La
relatioin
que
fit
publier
la
en Corse, se trouve la B.N., sous la cote Lb^^ 3326. C'est d'aprs ce texte que nous re'produisons le passage ci-dessus. lnergique et majestueux , la dputa(4) Aprs ce dis^cours tion est admise l'unanimit au sein de ila socit (cf. G.Walter,
<(
p.
134).
(5)
ble,
Cette rponse fut aussi profondment sentie par l'Assemtoit nergique et majestueuse; les dputs prirent sance parmi les membres de la socit, o leur admission a t dcrte l' unanimit.
qu'elle
334
106.
SEANCE DU
28
AVRIL
1790
'propos du projet de :rform de la procdure rapporteur, Briois de Beaumez, avait dcliar que le comit militaire et celui de jurisprudenice criminelle n'avaient pas cru devoir, dans l'tat aJctuiel des choses, .prendre en considration les observations du ministre de la guerre, isur la rforme du rgime des conseils de guerre. Sur les protestations de plusieurs dputs, l'Assiemble dcidia qu'il lui 'serait 'prsent un projet de dcret, sur cet objet. Le 28 avril, Briois de Beaumez soumet l'Assemble un projet do dcret sur les conseils 'de guerre, dont 'l'es principales dispositions consistent rendre la procdure puiblique et donner un conseil l'accusi. Robespierre prend la parole ausitt aprs le rapporteur et demande que les conseils de guerre soient composs par moiti de soldats. Divers dputs, dont Charles 'de Lameth, interviennent dans
Le
21
avril,
le
criminelle,
le
mme
sens.
Le dbat fut ajourn et les comits militaire et de constitution chargs de prsenter un projet de formation de tribunaux militaires
(1).
Annales universelles
((
(politique),
est ensuite
t.
III,
n"
76,
p.
221.
M. Beaumets
sur
la
mont
militaire.
la tribune
de dcret
jurisprudence
Cette
lecture
acheve, que
qu'il a
M. de
pour
toit
prononc ce
Les articles proposs par le comit sont bien loin de remplir le but que l'Assemble doit se proposer. Ils laissent subsister, sans aucune modification, la constitution actuelle des conseils de guerre. Or, tant qu'elle subsistera, toutes les prcautions de dtails indiques
par le comit sont inutiles.
Ne suffit-il pas de vous faire observer, disoit M. de Robespierre, que ces espces de tribunaux ne sont composs que des officiers de rgimens } Or, ne rpugne-t-il pas tous les principes de la justice et de la raison, que les soldats ne soient jugs que par des officiers, que la vie des infrieurs soit soumise uniquement la volont de leurs
((
(1) Cf.
Bchez
et
Roux, V, 242-240;
et E.
Mame,
1,
S'i:
335
que n'aurois-je point dire des circonstances paiticulires o nous sommes Pouvez-vous dissimuler que c'est sur-tout dans le moment o nous sommes, que la violation de ces rgles sacres entraneroit les plus terribles inconvniens ? Je ne veux inculper personne, et je rends hommage au patriotisme de' beaucoup de militaires de tous les grades: mais il est impossible qu'une grande partie des chefs et des officiers des rgimens, aient les mmes intrts, les mmes principes, les mmes affections que le reste de l'arme. N'est -il pas notoire que la rvolution actuelle a fait natre entre les suprieurs et les infrieurs une opposition de sentimens ? Et si cette observation est juste, serez-vous suffisamment rassurs sur la destine des soldats, tant qu'elle sera soumise au pouvoir de leurs chefs ? Ne craindrez-vous pas plutt que les passions excites par les vnemens politiques, qui prparent la rgnration de la France, n'influent sur les jugemens terribles? Ne craignez-vous pas que le patriotisme et l'attachement la cause populaire, ne soient punis, sous le prtexte de venger la svrit de la discipline militaire ? L'Assemble nationale pourroit-elle abandonner ce point la cause de ces braves soldats, dont le gnreux patriotisme a prpar la libert, et qui ont acquis des droits immortels, non-seulement la reconnoissance de l'Assemble nationale et du peuple Franois, mais celle de toutes les nations du monde ? Je conclus que vous ne devez dlibrer sur aucun des articles qui vous ont t proposs, jusqu' ce que vous ayez fix la principale base des jugements militaires, jusqu' ce que vous ayez accord aux soldats, comme aux autres citoyens, le
!
droit d'tre
aujourd'hui
l'on vouloit absolument rendre ce point, je demanderois qu'au moins les conseils de guerre soient composs, pour moiti, de soldats. Je sufjplie l'Assemble de ne pas oublier ce principe, que les soldats sont des citoyens; que la svrit de la discipline militaire doit laisser intactes ces loix fondamentales par lesquelles la socit doit
et
si
sur
((
de
la
patrie
les
autres
p.
110.
M. de Roberspierre a demand un Projet de Loi dfinitive sur composition des Conseils de Guerre. Si vous ne donnez, dit-il, aux soldats, tous les moyens de confiance dans leurs Juges, vous n'aurez point rempli le but que vous vous proposez. Les Soldats, comme tous les autres Citoyens, doivent jouir des droits essentiels de tous citoyens. Je ne prtends rien dire de dsobligeant aux Officiers de l'Arme Franoise; mais je soutiens qu'il est impossible que vous dcrtiez que
la
provisoirement, et sur-tout dans les circonstances actuelles, les Soldats ne soient point jugs par leurs Pairs. Certes, les mouvements que j'en-
336
Ce
Assemble o
l'on a relev
avec
tant
de svrit
contre
expressions
seulennent
quivoque
d'un
Membre
Patriote
l'Arme; ce n'est pas dans cette Assemble, dis-je, qu'on me dfendrait de prendre les intrts des Soldats Franois. Or, je crains que dans les circonstances actuelles, les Officiers et les Soldats de l'Arme
ont des principes et des intrts difrens sur la Rvolution.
Ne
crain-
drez- vous
pas que,
sous
le
prtexte
d'un
Jugement
le
ncessaire
?
Patriotisme
pour Je conclus
les
donc ce qu'avant tout, l'Assemble Nationale dcrte que seils de Guerre seront composs moiti de Soldats.
Gazette nationale ou
l'
Con-
le Moniteur universel, n" 119, p. 481. Assemble nationale (Maret), n 258, p. 3. Le Nonciateur ou Les Nouvelles du Jour, t. III, n 28, p. 218.
Bulletin de
((
M. de
il
Robertspierre.
Le Dcret qu'on
vous propose
est- si
impor-
dant,
failoit
est
de se dterminer aprs une seule lecture; cepenimpossible de n'tre pas frapp de son insuffisance, il ne
;
pas se borner rformer quelques dtails mais on devoit toucher la composition des Conseils de Guerre. Vainement vous auriez donn un Conseil l'accus, si, comme les autres Citoyens, les Soldats ne tenoient de vous le droit d'tre jugs par les pairs. Je ne prtends rien dire de dsobligeant l'Arme Franaise, en exposant avec force un sentiment que vous trcaverez sans doute plein de justice. Il est impossible de dcrter, dans les circonstances actuelles, que les Soldats n'auront pas d'autres juges que les Officiers... (Il s'lve quelques
murmures). J'en conviens, il faut du courage pour dire, dans cette Tribune, o une expression d'un Membre Patriote a t interprte d'une manire dfavorable, qu'il y a entre les Soldats et les Officiers des
intrts
absolument opposs.
sort
Si
cette
rflexion
est
juste,
serez-vous
des Soldats qui pourroient tre accuss 7 Ne craindrez-vous pas quelquefois que cette diffrence de sentiments sur la Rvolution, ne fasse natre des prjugs contre l'innocence des Soldats? Ne craindrez-vous pas que, sous prtexte de discipline, on
suffisamment rassurs sur le
l'attachement la Rvolution ? Mes obserconformes aux principes de l'Assemble Nationale; elle ne les violera pas, quand il s'agit de la sret des braves Soldats auxquels nous devons une reconnoissance si sincre et si mrite ? Je demande que dsormais le Conseil de Guerre soit compos d'un nombre gal d'Officiers et de Soldats )> (2).
ne punisse
le patriotisme et
vations sont
(2) Texte publi par Laponneraye, I, 52; et reproduit dans Moniteur, IV, 233, ainsi que dans l'es Anch. pari., XV, 317.
.e
337
Le
Postillon (Calais),
((
t.
II,
n 62, p. 3-4.
jurisprudence criminelle a oubli
M.
Roberstpierre.
Le comit de
un des objets les plus importans pour les accuss militaires. C'est l'organisation des conseils de guerre. Vainement offririez-vous aux soldats tous les secours de la loi; vainement leur accorderiez-vous un conseil, ce ne seroit rien faire pour leur libert, si vous ne leur donniez de justes motifs de confiance dans leurs juges. Mais tant que vous laisserez
subsister la formation
de ces tribunaux,
tant
que
d'y siger, quelle confiance voulez-vous que les soldats aient dans des hommes qui ils sont sans cesse soumis et subordonns. Des circonstances actuelles donnent un nouveau poids ma rclamation. 11 seroit facile des officiers mal-mtentionns de punir, sous le prtexte
droit
de de
la
discipline
militaire,
le
patriotisme
et
le
zle
des soldats.
Je
La motion de M.
M.
Charles
de Lameth.
t.
XI.
pour protger l'innocence.
la
au
11
lui
dit,
qu'il
dtruire,
mme
provisoirement.
Qu'est-ce qui
de guerre compose ?
Ces juges
Les
officiers ont
des intrts opposs ceux des soldats sur-tout dans les circonst>ances actuelles. 11 y a entre eux opposition totale de principes. N'est-il pas craindre que, sous prtexte de disclphne, les officiers ne punissent les soldats de leur attachement la rvolution. Pouvons-nous abandonner n'est pas Il ainsi ceux qui nous devons tant de reconnolssance permis de compromettre provisoirement la vie des hommes. Je demande que les conseils soient composs mme provisoirement d'une moiti
.
de
soldats.
Le
M. de
falloit
changer entirement
la
moment o les Officiers et les Soldats ont des Intrts diffrens; dans un moment o le zle du patriotisme considr sous le rapport de la discipline, peut-tre considr comme un dlit. L'opinant a conclu, en rejettant le projet de dcret, et demandant que le Conseil de Guerre soit par moiti compos
composition des conseils de guerre, dans un
de Soldats.
U.viii:si'H:kiu;.
'24
338
Courier Franais,
t.
p.
477.
lev
contre
il
M.
Roberstpierre
et,
fortement
les
dispositions
de ce dcret;
dangereux de confier aux officiers la vie de leurs soldats, dont en gnra! ils ne partagent pas les opinions sur la rvolution, et rendu ces braves militaires le tribut d'bommages, que la nation doit leur courage et leur patriotisme, il a demand que le conseil de guerre fut compos,
aprs avoir fait sentir combien
est
))
Le
t.
III,
144, p.
190.
Robersplerre a dit que Je projet de Dcret tait insuffisant. s'est plaint de la composition actuelle des Conseils de Guerre, Il entirement composs d'Officiers. Il a dit qu'il fallait que chaque grade
M.
de l'Arme, depuis
pairs.
t.
y trouvt des
Journal universel,
IV,
dlits
p.
M. de Beaumetz
les
provisoire pour
militaires,
peu prs
sur
le
dcret
rendu par notre jurisprudence criminelle provisoirement retard. Mais sur les remarques judicieuses de MM. de Lameth, Robespierre et Barnave, il a t dcid que cette rponse provisoire entrerait dfinitivement dans la constitution militaire qui va faire partie elle-mme du nouvel ordre judiciaire.
))
Annales patriotiques
et littraires,
n"
209, du 29
sa
avril
1790.
sur
la
M.
Robespierre...
a dploy
vertueuse
indignation
composition de ces Conseils de Guerre entirement occups par des officiers et o le soldat n'a pas un dfenseur ni un juge de sa classe. Il a accus d'insuffisance le projet prsent.
Journal de Versailles, n"
182, p. 988.
Robertspierre a observ en principal combien la nation devolt surveiller attentivement le sort des braves soldats qui avoient favoris l'tablissement de la constitution.
Journal des Dbats,
t.
M.
Vil, n 258,
a
dit
p. 4.
tolt ncessaire d'abord de dcrter que les Conseils de Guerre seront composs moiti de soldats, parce que on ne sauroit assez pourvoir la sret des braves soldats qui la nation a tant d'obligation, par l'esprit qui les a toujours anims
M. de
Robersplerre
qu'il
pour
la
constitution.
t.
339
II,
120, p. 479.
Robertspierre, Charles de Lameth, et de Sillerl (3) ont insist sur son admission, et ont propos que le conseil de guerre ft
MM.
compos moiti de
soldats.
M. de
le
prsent
guerre.
dcret
il
a pas
essentiellement
de plan pour
la
composition
lui
future
des
Conseils
de
Le dveloppement de
ses opinions
mures d'improbation... Il a conclu et demand que le Conseil de guene ft compos dsormais d'un nombre gal d'Officiers et de Soldats.
(3)
oi,
Marquis de Brulard de Sillery, brigadier des armes du dput de la noblesse du bailliage de Kioms.
107.
SEANCE DU 29 AVRIL
du
la
1790
(soir)
A
so
la sance
29 avril
au
soir,
et
il
est
aidres-
envoye par
commune de
iSaint-Omer
13 et 14 avril, concernant l' administration des biens ecclsiastiques. La commune de 'Saint-Omer tablit sur les prceptes de l'Eglise, les vritables devoirs des vques et autres ecclsiastiques, en leur prouvant qu-a Le fondateur de ila religion cathodique leur a interdit les richesses. (2).
Courrier extraordinaire,
1*"^
mai 1790, p. 2.
Roberspierre a propos l'Assemble de tmoigner satisfaction la Commune de Saint-Omer. sur son patriotisme. Cette motion
a t adopte (3).
(1) iSaint-Omer constituait un bailliage isecondaire de la gouvernance d'Arras, dont Robespierre tait dput pour le tiers tat. (2) Cf. Moniteur, IV, 247. Le texte de d'adresse Extrait du registre aux dlibrations 'du Conseil Gnral de iSaint Omer , et sign de Du Brucq , secrtaire greffier, est reproduit dans les Arch. pari., (XV, 335-336), iqui donnent galement dans la cance 'le pasr,age suivant: M. de Robespierre demande que l'exiiait qu'on vient de 'lire soit imprim, annex au Procs-verbal et <]u<2 M. le Prsident soit charg d'crire la municipalit de St-Omer pour lui tmoigner la satisfaction qu'a cause l'Assemble le patriotisme clair qui a dict cette dlibration. (3) Arch. (Uat., C 38, 337: Texte autographe de la motion: L'assemble nationale charge son prsident d'crire la rauicipalit de iSainf, Orner, pour lui tmoigner la satisifaction qu'a ause l'assemble le patriotisme clair qui a dict l'adresse de l'tte in'.iiiicipalit et que ccUc adi.'sKc soit insre au procs-verbal. de Bobespierre.
<(
1
'
M.
340
Le
t.
11,
n" 266, p.
la
1.
M.
Robespierre
fait
motion que
l'Assembls tmoigne sa
patriotisme clair qu'elle
satisfaction la
commune de Salnt-Omer, du
les
vient
de dceler contre
t.
Agr.
VII, n 260, p.
M.
M.
le
de tmoigner
de Saint-Omer
et la
108.
SEANCE DU
29
AVRIL
1790
(soir)
Gazette nationale ou le Moniteur universel, n" 121, p. 488. Bulletin de l'Assemble nationale, n" 260, p. 4-5.
M.
et
Robertsplerre
aux voix
Si l'assemble voulolt aller sur le champ adopter le projet de dcret, sans discussion pralable, elle
:
p.
XXIX, 35, d. 142; (1) Arch. nat. 17-20. Pices envoyes par le Comit
craintes
ville 232.
et
D XXIX
bis,
26,
d.
256,
tives aux bl de la
qu'il
(18
permanent de Dieppe, relaprouve touchant l'approvisionnement en septembre-6 novembre 1789). Cf. galement E.
Uamel,
I,
LS DISCOURS DE ROBESPIERRE
341
elle juge la discus-
me
mais
si
de lui faire part Les consquences du projet de dcret me parossent funestes; j'ai vu un dput de Dieppe qui s'est adress au ministre pour lui faire part de la situation de cette ville, et la rponse du ministre n'est pas satisfaisante. Ce qui me donne des inquitudes et des soupons, c'est que je vois, dans l'adresse de la municipalit de Dieppe, un style qui n'est pas celui de la dodleur; et la manire dont
sion ncessaire avant
se dterminer, je serai forc
de
de quelques
rflexions.
conue sa demande semble tendre faire donner au pouvoir excutif une extension de force qui pourrait tre funeste la libert publique, je ne puis, la vrit, me dissimuler que le pays manque de subsistances; mais, avant d'employer les moyens violens, ne seroit-il pas convenable de s'assurer si les faits contenus dans l'adresse sont parfaitement exacts? (2).
est
t.
XI,
p.
66-67.
M. de
de la ville de Dieppe lui parassoit suspecte elle presse l'asssemble de rendre son ancienne force au pouvoir excutif qu'elle a constitu. Mais un dput de cette ville (3) a protest de son patriotisme manifest dans des adresses prcdentes, dont l'assemble a donn l'impression, et a pri l'assemble de ne pas s'arrter quelques expressions chappes dans les premiers instans de la douleur. Les moindres faits deviennent intressans ds qu'ils tendent au
bien mme particulier, faire disparatre une impression dsavantageuse sur un citoyen. Je rviens cet effet sur ce qui a t dit relativement la nomination de M. de Biron (4).
Assemble nationale
p.
et
Commune de
Paris (imitation),
t.
IV, n 267,
3.
M. de
de
la
l'adresse
Robertspierre a marqu de l'inquitude sur l'objet de ville de Dieppe. 11 a craint qu'on ne voult porter le
la fureur
lui
(2)
248, et
dans
les
Arch.
pari.,
(3)
XV,
337.
Bourdon, cit plus haut. i(4) Le 22 dcembre 1789, le duc de Biron, dput de la noblesse de la nchausse, du Quercy Cahors, nomm gouverneur de la Corse, avait demand l'assentiment de l' Assemble pour cette nomination. Le 26 janvier 1789, l'Assemble ayant fait dfense ses membres, conformment son dcret du 7" novembre 1769, d'accepter aucune place du gouverneiment, Ile duc de Biron, aux applaudissements de l'Assemble, avait donn sa dmission de gouverneur de la CorS'e, pour rester dput.
342
VII, n 260, p.
4.
Roberspierre a dit que les faits noncs dans l'adresse lui paraissoient exagrs; que le projet de dcret propos pouiroit tre d'une dangereuse consquence; il a cru que l'adresse de Dieppe, prsentoit un vu pour faire donner au pouvoir excutif un ressort plus
M.
que
suffisant
pour soutenir
la
libert publique.
Il
a propos un
les
moyen
les
Gouvernement d'employer
moyens
cette contre.
109.
SEANCE DU
P^
MAI
1790
(1) L'originp des assises est trs lointaine, cette tradition s'^est tablie en France et en Angleterre ds les ix-x'' sicles. Il s'agissait d'assembles da justice temporaires et extraordinaires. Sous les Carolingiens, les missi dominici runissaient quatre fois par an les comtes et les vques, et -tenaient des assises pour l'administration et la justice, .bous Philippe Auguste les snchaux et les baillis firent de mme dans leur juridiction. Ainsi l'assise apparat dans l'ancienne France comme une forme de justice suprieure; on la qualifie encore de Grands Jours. Ce sont des plaids extraordinaires, par comparaison aux assembles ordinaires. On appela par extension, assises, les ordonnances qui y furent iprises. Cette coutume disparut dans la plupart des provinces partir du rgne de Henri II, lorsque furent crs les iPrsi'diaux. Elle subsista cependant dans quelques rgions, et Flchi.er dirigea, sous Louis XIV, les Grands Jours d'Auvergne, pour rprimer les brigandages fodaux. L'expression fut d'usage courant en Angleterre sous les Plantagenets dont les juges itinrants runissaient, titre exceptionnel, les Cours de iComt pour exercer leurs fonctions; (cf. (Stubbs, Histoire constitutionnelle de l'Angleterre; traduction Ch. iPetit-Dutaillis et G. Lefebvre, t. III, p. 686). En France, la fin de Ancien rgime, on appelait encore assises, les assembles extraordinaires qu'un tribunal convoquait certains jours et en certains lieux de son ressort, pour y voir comparatre obligatoirement les membres des tribunaux subalternes, les huissiers et sergents royaux, parfois les notaires, procureurs et avocats, et facultativement les justiciables qui avaient formuler des plaintes contre les officiers locaux ou faire appel de leurs sentences. Des procs pouvaient mme y tre jugs en
11'
LS DISCOURS DE ROBESPIERRE
343
ventions, la discussion est ferme. iPlusieurs membres demandent, alors que ila question soit divise, le problme du caractre sden taire ou ambulant des juges leur paraissant li celui de l'appel. Le dbat rebondit sur cette dernire iquestion, ainsi formule par l'Assemble: y aura-t-il plusieurs degrs de juridiction, ou bien l'usage de l'appel sera-t-il aboli 1 (2).
qu'il
juridiction en matire civile, sauf les exceptions particulires >ourraient tre dcrtes, et sa^ns entendre rien prjuger en tire criminelle.
ma-
Le
Point du Jour,
t.
Je demande, disoit M. Robespierre, que l'institution des assises adopte au moins pour les jugemens sur l'appel, en tablissant des juges sdentaires en premire instance et des juges d'assise pour l'appel; vous runissez les avantages des deux systmes, et vous cartez toutes les objections qui ont t faites contre l'institution des assises, dans un sens vague et absolu. J'observerai que c'est sur-tout aux juges d'appel que s'applique tout ce que l'on peut dire de la ncessit d'adopter le systme des assises, puisque ces juges devant tre revtus d'un
soit
pouvoir redoutable,
les
c'est
les
d'eux
le
sur-tout
qu'il
importe
d'carter
tous
intri-
dangers, toutes
seroit
Je
premire instance s'ils taient en tat. Toutefois, les dates, sige et comptence des assises variaient avec la coutume du ressort. Les prsidiaux n'taient pas seuls en tenir; des bailliages et snchausses, les matres des eaux-et-forts, certains hauts justiciers laques, et ecclsiastiques jouissaient du mme droit; les prvts royaux le possdaient aussi J'gard de leurs justiciables, mais non des juges infrieurs. Les assises auxquelles pensaient les Constituants figuraient donc des juridictions temporaires, au personnel circulant et non pas spcial et de rsidence permanente, qui exerait des attributions disciplinaires et jouissait d'une comptence d'appeil. C'est ce prcdent qui inspira la proposition de Robespierre. L'appel .aux justiciables, ncessairement temporaire, ayant t rduit par la Constituante - la formation du jury, et seulement jiour le jugement de faits qualifis crimes, l'expression de: tribunal ou cour d'assise n'voque plus pour nous qu'un tribunal criminel et on ne songe plus au sens originel de tribunal constitu temporairement, sans personnel appropri, ce que la cour d'assise est pourtant reste. Toutefois, !le caractre itinrant a disparu ds la rforme judiciaire de la Constituante <cf. Guyot, Rpertoire de jurisprudence). (2) Cf. E. Hamel,
I,
244.
344
sur l'appel.
Mais comme
nous avez pose d'une manire distinctive y aura-t-il des tribunaux d'appel ou non ? je demande que cette question soit discute et dcide pralablement.
Le
'
Postillon (Calais),
t.
Il,
n 65, p. 6.
II me parat, Messieurs, qu'en rejettant les tribunaux d'assise en premire instance, et en les admettant en seconde instance, vous runissez les avantages qui rsultent de ces deux tablissements; car si les juges d'assise en premire instance, prsentent des inconvnients, on ne peut se dissimuler qu'il ne soit utile d'admettre cette institution dans
les tribunaux d'appel.
t.
II,
p. 53.
Robetspierre le tribunal d'appel doit tre un tribunal redouen le rendant sdentaire, vous donnez lieu toutes les liaisons qui peuvent en faire un foyer d'intrigue les passions tourmenteron* les juges; et ces inconvniens distparotront, quand le juge ne connotra point quels sont les lieux de sa jurisdiction mais avant de dcider lia question des juges d'appel par assises, il me semble qu'il faudroit d'abord dcider si l'appel aura lieu.
:
M.
table
Mercure de France, 8
m.ai
1790, p. 133.
M. de Robespierre n'a fait qu'ajouter aux rflexions du Propinant en prsentant cette considration (( Le Tribunal doit tre ncessairement redoutable en le rendant sdentaire on donne lieu toutes
: ; :
les
de puissance
d'intrigue,
Courier national (Beuvln), 2 mai 1790, p. 5. Assemble nationale, Commune de Paris (Perlet),
t.
V,
n 271, p. 5.
spierre, ont
Boiissemard (3), M. de Beaumetz, et M. de Robertappuy la dcision. Les deux premiers sur-tout, ont montr les avantages du second plan de M. Thouret, qui tablit des juges pour Je second degr de juridiction.
M. de
(3)
De Bousmard de
liage
de Bar-le-Duc.
t.
345
VIII, n 261, p.
7.
M.
des
trois
Roberspierre a fait remarquer que d'aprs les observations Propinans, qu'il a appuyes, il falloit pose la question
qu'elle
est
autrement
expose
si
dans
le
Projet
discut;
qu'il
falloit
dcider pralablement
la
trois
III,
n 18, p. 6.
M. de Beaumetz
et
aprs
lui
espces de Tribunaux, dont ls ont tabli la ncessit. Savoir Tribunaux sdentaires, pour juger en premire instance; les Tribunaux d'Appel, qui participeroient la nature des Tribunaux d'Assise; et la Cour de Rvision, qui seroit inutile et pourroit devenir funeste la Constitution, si elle n'toit pas ambulante.
les
Assemble
p.
nationale. Correspondance de
t.
IV. n 29,
la
445.
MM.
:
de Robespierre
et
question
e)\\e
Il
civile,
sauf les
exceptions
qui
pourront
tre
dcrtes
par
l'assemble
M. de
Robertspierre,
tirant
parti
de
cette division,
a dclar
qu'il voyoit
de l'inconvnient
tablir
Annales patriotiques
((
et
littraires,
n"
mai 1790.
les juges d'assises,
Que
les causes
je
a dit Robespierre,
et
croirais
juste
et
ncessaire,
))
mais
est-il
juste
du Citoyen,
t.
II,
n" 5, p
352.
Robespierre a p/opos d'tablir des juges sdentaires en premire instance, et des juges d'assises pour les appeler. Enfin, aprs de longs discours et dbats, l'assemble a dcrt ce qui suit...
M. de
Chronique de Paris,
t.
II,
n"
122, p. 487.
t.
III,
145, p. 200.
M.
Robespierre
et
en premire instance,
346
L'Ami
((
L'usage de l'appel devoit-il tre conserv ? MM. de la Rochefoucault, Pethion, Barnave et Robertspierre, ont propos diffrentes observations. Assemble nationale et Commune de Paris (imitation), t IV, n 268,
p. 6.
M. Robertpierre... a propos qu'avant de mettre en question si Juges d'Appel seroient sdentaires ou tiendroient des Assises, l'Assemble dcidt d'abord s'il y auroit ou non des appels.
>
les
110.
SEANCE DU
l^^"
MAI
1790
(soir)
daction
desscher les marais, les lacs et les terres habituellement inondes de son territoire, dont la conservation dans l'tat actuel ne serait pas juge .prfrable aux desschements, pour les partifaire
communauts dans
(1),
l'enclave
desquelles
ces
(1) Cf. E. Hamel, I, 2.32-33. La suite des articles du projet fut discuts dans la sance du 23 aot 1790 (soir). On trouvera aux Arch. nat., C. 48, 472, la brochure suivante <( Dcret sur le desschement des marais, rendu le 24 Dcembre 1790, prcd du dernier rapport fait pour cet objet au nom des Comits d'Agriculture et de Commerce, de Mendicit, de Fodalit, et des Domaines. Par M.
:
Heurtault Lamerville dput du dpartement du Cher et membre du Comit d'Agriculture, imprim par ordre de l'Assemble Nationa^le.
{Baudouin, Paris.
in-8,
/16
p.).
347
101.
XI,
p.
M. de Robespierre a observ que le desschemerit des marais dans plusieurs parties du royaume, sur-tout en Flandre et Artois, seroit funeste aux habitans; (2) qu'on y comprend sous le nom de marais, des terres qui, presque toute l'anne, servent de pturages, et fournissent des tourbes pour le chauffage; que l'ancien gouvernement n'avoit
pu se refuser la justice de ces reprsentations. Son amendement a t de ne comprendre, sous la dnomination de marais, que les terrains
couverts d'eau et ne produisant aucun fruits aux habitans
(3).
Le
Point du Jour,
t.
IX,
p. 311.
M. Robespierre vouloit que les proprits qui ne sont point caches sous les eaux et qui sont ncessaires ou utiles aux propritaires, ne fussent pas comprises dans le prsent dcret, et que l'on substitut ces mots, chaque commune, ceux--ci, chaqiie dpartement.
t.
VIII, n
"
262, p.
4.
M.M.
Regnaud
de Saint Jean d'Angly ont parl dans cet esprit... Mais la question prailable ayant t mise aux voix sur l'vobservation de M. le Rapporteur, qu'il seroit ais de concilier les diffrens intrts, que les diihcults propeses par quelques membres toient dj rsolues leur satisfaction, et que le comit avoit fait droit dans les articles subsquens plusieurs amendemens de M. l'Abb Grgoire, et de M. Roberspierre, il a t dcid qu'il n'y auroit pas lieu de
dlibrer
sur
les
amendemens proposs
et
l'article
dcrte
en
ces termes...
(2) (Cf.
Nord pendant
la
Evolu-
tion Franais-3, Paris, '19'24, in-8, 1.020 p. ; et F. Laude, Les clas<es rurales en Artois k la fin de l'Ancien Rgime. 1914. La question revtait une grande importance en Artois (Robespierre, la Nation Artsienne..., p. 60). nat. C 39, 34g^ Texte autographe de l'amendement (.3) Arch. Les proprits qui ne sont point caches sous les eaux et 1. qui sont ncessaires ou utiles aux propritaires ne seront point
comprises dans
2.
:
((
le prsent dcret [8ign:] de Robespierre. substituer les mots (sic) chaque commune la place du
du
tiers
"au
parlement, dput
348
111.
SEANCE DU
MAI
1790
(soir)
(1) Cf. E. Melli. Les Sections de Paris pendant la Rvolution franaise. 1898, in-8'' G. Garrigues, Les districts parisiens pendant la Rvolution franaise, 1931 et E. Hamel, I, 244-246. (2) Cf. G. Walter, p. 135. Les interventions du comte et du vicomte de Mirabeau donnrent lieu un incident amusant, mais il faut signaler que tous deux combattirent les arguments de Robespierre sur un ton ironique et ddaigneux, ainsi que le montre le passage suivant, emprunt la Gazette nationale ou le Moniteur universel ( la date)
;
; :
la
plus pure,
Comment
ne
pas savoir que le Dlgu ne peut entrer en fonction devant le Dlguant 1 Demander la permanence des districts, c'est vouloir tablir soixante sections souveraines dans un grand Corps o elles n,e peuvent qu'oprer un effet d'action et de raction capable de dtruire notre Constitution. Lorsqu'on nettoiera la rdaction, je proposerai aussi quelques amendemen'^s. Surtout ne prenons pas ^'exaltation des principes pour le sublime des principes. M. le Vicomte de Mirabeau. Si je ne me plaais point danr, la section de cette Assemble oue l'on nomme Aristocrate, et de laquelle ou me fait l'honneur de me supposer un des arcboutans l'appuirojs l'opinion de M. de Robertspierre. et je demanderois l'impression de son Discours, pour en faire une seconde adresse aux Provinces...
349
L'ancienne municipalit de la ville de Paris et tous les offices qui en dpendaient, la municipalit iprovisoire subsistant l'Hotelde-ville ou dans les sections de la capitale, connues aujourd'hui sous le nom de districts, sont supprims et abolis, et nanmoins la municipalit provisoire et les autres personnes en exercice continueront leurs fonctions jusqu' leur remplacement. (3).
Gazette nationale ou
Bulletin de
le Moniteur universel, n 125, p. 505. V Assemble Nationale, 3 mai 1790, p. 10-11.
Je ne crois pas qu'il soit de la sagesse M. de Robertspierre de l'Assemble de prjuger une des plus grandes questions qui lui aient t soumises, je veux dire la permanence ou la non-permanence
:
des
districts.
Il
du plan du Comit, qui, s'il tait admis, ca^terolt sans retour le vu de la capitale entire. Quand vous avez parl d'une exception en faveur de la Ville de Paris, j'avoue que je n'ai entendu que la conservation
des assembles de districts, qu'exige imprieusement l'Immense population de la capitale. Dans cette ville, le sjour des principes et des factions opposs. Il ne faut pas se reposer sur la ressource des moyens ordinaires contre ce qui pourrolt menacer la libert; Il faut que la gnralit de cette ville conserve son ouvrage et le vtre. Songez au moment o vous tes; quoique vous ayez beaucoup fait, vous n'avez pas tout fait encore. J'ose le dire, vous devez tre aussi Inquiets que vous n'aviez pas commenc votre ouvrage. Qui de vous pourrolt si nous garantir que, sans la surveillance active des sections, l'on n'auroit
quelques jours aprs, s'exprimait (3) Voici en quels termes, Loustalot Nous avons peu de ces hommes qui, cherchant plutt remplir leur devoir qu' obtenir des applaudissements, se tiennent, comme M. de Robesipierre, prs des principes, et qui, bravant le reproche d'tre trop chaleureux, rclament sans cesse les droits sacrs du peuple, lors lme qu'ils prvoient qu'ils vont tre sacrifis. Et en note il ajoutait: Il vient de donner une nouvelle preuve de ce genre d'hrosme eu dfendant seul la maintenue des districts de Paris (Ilvolutions de Paris, n 43, p. 258). De son ct, Camille Desmoulins crivait dan? son journal Tous les rpublicains sont consterns de la suppression de nos soixante districts. Ils regardent ce dcret d'aussi mauvail il que celui du marc d'argent. Il y a un grand moyen en faveur des districts; on doit croire les faits avec les raisonnements. Quels maulx ont-ils faits 1 Et n'est-ce pas eux au contraire qu'on doit la Rvolution 1 L'Assemble nationale, il faut en convenir.^ a dgnr elle seule en cohue plus souvent que les soixante districts ensemble. Ce qui parle plus haut en leur faveur, c'est que leur majorit a toujours vot pour l'intrt gnral. Pourroit-on en dire autant de l'Assemble nationale, o les noirs ont remport pilus d'une victoire clatante (Rvolutions de France et de Brabant, n 26). Cf. E. Hainel, I, 247, note 1.
: :
350
pas employ des moyens plus efficaces pour ralentir vos oprations ? Ne nous laissons pas sduire par un calme peut-tre trompeur il ne faut pas que la paix soit le sommeil de l'insouciance. Je ne m'tendrai pas davantage, et je crois pouvoir conclure du peu que j'ai dit... que
:
dis-je,
((
peu} J'en
:
ai trop dit pour ceux qui dsirent voir le peuple nul. Je conclus ce qu'on ne dcrte aucun article avant d'avoir
1
discut
si
les
districts
seront
autoriss
la
s'assembler, Constitution; 2
quand
si,
ils
aprs
une
M.
ils pourront s'assembler, au moins pour rpandre l'esprit public. de Robertspierre est applaudi de la partie droite et des
tribunes (4).
t.
VIII, n 264, p. 3.
...M. de Roberspierre a pris la tribune: cet orateur a annonc qu'il alloit envisager le plan du Comit sous un plan plus important; il a demand contre le premier article du plan, la conservation des Districts actuellement existans; il a beaucoup appuy sur le vice qu'il
trouvoit
ce que
la
commune
:
exert
un pouvoir trop
t
la
fort
par
la
ses
moyens ont
population immense
de
rvolution,
le pril qu'on pouvoit augurer des circonstances d'une encore trop rcente; enfin les heureux rsultats des autorits rparties en plus de mains lorsqu'un petit nombre de puissans produiroit des effets dangereux.
cette ville,
la
ncessit
de
les
tablir,
voil
comme
deux mois
c|'uand
ce grand
et
Mercure de France,
((
mai
1790, p.
213.
mme il et dans des points plus importans. 11 a demand contre le premier article la conservation des Districts, et la limitation des pouvoirs de la Commune tout ce qui rsulteroit de funeste la libert mme, il a dvelopp d'une trop grantde tendue de pouvoirs dans les mains de quelques personnes, et les heureux fruits des autorits rparties. Qui pouvoit douter que sans la surveillance active des Districts, l'uvre de la Constitution n'et pas t rallenti (sic) par des moyens plus efficaces ? Tout n'loit pas encore fait. Il a t fort applaudi.
M. de
Robespierre a considr ce Plan du
;
ides
et
et dans B(4) Texte reproduit dans le Moniteur, IV, 280-81 chez et Roux, VI, 204-205; Les textes du Moniteur et du Journal Dbats out t cits par les Actes C. de P., l""^ srie, ,t.I, p. xvill
;
XIX.
351
Le
et littraires, n 215 du 5 mal 1790. Nouvelliste national ou Journal de Toulouse, t. III, n 149, p. 226.
M.
Robespierre
difice
de
la
districts.
les
la
envisage
pierres angu-
de
ont
rendus,
titre
rendre,
il
pense qu'
Rvolution et, soit reconnaissance des esprance des services qu'ils peuvent de conseils, ils peuvent et doivent mme des travaux de l'Assemble.
soit
Courier Franais,
((
t.V,n
125, p. 35.
lui
M.
Roberspierre qui
a succd
vouloit
M.
Maury), a beaucoup
ce
soit
n'et
pu dire ce
qu'il
MM.
de
Mirabeau
ensemble
1.
Le
Patriote Franois,
t.
II,
n 270, p.
M.
Robespierre
s'est attach
et
portance de la division
du pouvoir des districts, la ncessit de les conserver jusqu' la fin des travaux de l'assemble. Nous reviendrons sur l'opinion de M. de Robespierre quand on agitera la question des pouvoirs laisser aux districts.
Le
Point du Jour,
t.
IX,
la date.
que la libert et les intrts du peuple n'y fussent pas assez mnags, dsiroit quelques changements dans la rdaction des premiers artidies.
Robespierre,
craignant
((
M.
Mauri
et celle
succs l'opinion de
M.
l'abb
t.
XI,
p.
132.
Robespierre a commenc par demander la conservation des districts. Il a appuy sa demande par tous les arguments que suggre une inquitude entre dans ses principes.
Courier de
M. de
Madon,
t.
t.
II,
n*"
p.
30.
Journal universel,
((
IV,
p.
1299.
les
M. de
intrts
et
la
du peuple n'toiemt pas assez mnags dans l'universalit du plan. Son zle patriotique lui a inspir quelques terreurs sur !a rdaclibert
tion.
352
Assemble
V,
n 274, p. 3.
M. de Roberspierre s'est tenu, comme on le pense bien, une grande distance de l'opinion de M. l'abb Maury; il a trouve qu'on n'avoit point assez fait pour la libert et les intrts du peuple.
((
et
du Citoyen,
t.
II,
n 6, p. 392.
Robespire a propos de conserver le pouvoir actuel des. districts, jusqu' la fin des travaux de 1 assemble. Cette opmion a t combattue par M. de Mirabeau.
M. de
Annales universelles
((
(politique),
t.
III,
n"
78, p.
254.
la rfutation
les assertions
1790, p. 2.
M.
croit
il
les
Roberspierre ne veut pas qu'on anantisse sitt les Districts; ncessaires jusqu' la fin des travaux de l'Assemble; il
Journal de
((
Versailles,
188, p.
1011.
lui,
M.
et
s'est
born demander
la
Gazette universelle,
((
n"
157,
p.
628.
M. de Robertspierre a maintenu, avec un zle vraiment patrioque les intrts et la libert du peuple n'toient pas en gnral assez mnags dans ce nouveau projet.
tique,
353
(soir)
*
SEANCE DU
MAI
1790
{suite)
Le 5 mai au soir, l'Assemble reprend la discussion sur le plan de municipalit pour la ville de Paris. Les articles 2 (liquidation remboursement des finances des offices supprims), et 3 (limites et de la commune de Paris renferme dans l'enceinte des nouiveaux murs) sont adopts sans dbats. L'article 4 (application la ville de Paris des dcrets des 14 dcembre 1789 et jours suivants) est lgrement modifi. L'article 5 est adopt son tour sous cette
rdaction
((
:
iLa municipalit sera compose d'un maire, de seize administrateurs, dont les fonctions seront dtermines au titre second, de trente-deux membres du conseil, de quatre-vingt-seize notables, d'un procureur de la commune, de deux substituts qui seront ses adjoints et exerceront ses fonctions son dfaut.
t.
On
Il
a pass l'artiole
V. M.
article.
demand que
les
sections
de Paris
soient
autorises
s'assembler toutes les fois qu'il y aura des rglements locaux faire. L'opinant est entr dans la grande question de la permanence des
districts
de la ville de Paris. Il a t interrompu par une partie de l'Assemble qui a pens que cette question n'e^partenoit pas l'ar.
ticle
(1).
les
(1) Texte reproduit dans les Arch. pari., XV, 402; et cit dans Actes C. de P., F srie, I, p. XX et note 2.
113.
SEANCE DU
MAI
1790
t.
III,
n
ft
19,
5.
M.
ajout au
les
D-
cret,
que
formes qui
Sance du 1" mai 1790. Provisions: lettres par lesquelles un bnfice, un une chare sont confrs "quelqu'un.
(1) Cf.
(2)
office,
ou
1\.i.;isimi;kiij..
2j
354
Ministres ne suivissent l'ancien protocole qui suppose le droit d'institution. Cet amendement toit ncessaire, ainsi que celui de M. Goupilleau (3)...
pale.
Aussi,
l'Assemble les
a-t-elle
lis
la
motion princi-
129, p. 523.
de l'Assemble que la formule soit rdige de manire qu'elle ne paroisse pas tre une institution (4).
M. de
Robertspierre
7,
Il
est
Courier de
Madon,
t.
II,
n"
p.
106.
Robespierre a vot pour l'addition de ces mots: suivant les formes qui seront dtermines par V assemble nationale, afin d'empcher les ministres de suivre le protocole ancien qui suppose le droit
M. de
de
l'institution.
1790, p. 202.
a
fix
l'attention
de l'Assemble
sur
la
t.
de manire
qu'elle ne
II,
p.
171.
lettres.
M.
(3) OoupiLleau, dput du tiers tat de la snchausse de Poitiers, avait demand que les provisions soient dlivres sans frais. (4) Texte reproduit dans les Arch. pari., XV, 430.
114.
SEANCE DU
10
MAI
1790
(soir)
(suite)
Poursuivant la discussion sur Le plan de municipalit pour la de Paris (1), l'Assemble aborde le titre III Du rgime de la municipalit, des fonctions et de la responsabilit du maire, des administrateurs, du conseil municipal, des notables, des traiteanents et indemnits. Chaque article est discut sparment et aucun ne donne lieu d'importants dbats. L'article 4 est vot en ces termes:
ville
:
adminisau bien il (le maire) pourra en suspendre l'effet; mais il sera tenu de le dclarer aussitt et de convoquer dans les vingt-quatre heures, suivant la nature de l'affaire, ou le bureau, ou le corps nmnicipal, ou le conseil-gnral de la commune.
iSi
les
trateur, gnral,
ou
dlibrations du bureau ou des ordres d'un d'un dpartement, lui paraissent contraires
(1) Cf. sances des 3 et 5 mai 1790; et Actes C. de P., F' srie, introduction.
355
t.
et 5.
Sui rartlcle IV, M. de Roberspierre a dit qu'il ne concevoit pas comment le Maire pouvoit exercer sur les dlibrations du Bureau ou des Administrateurs un droit de veto qui en suspendt l'excution
ou
l'effet
{(
(2).
Roberspierre a propos rajournement de l'article comme donnant trop d'autorit au Maire; mais l'ajournement n'a pas t appuy, et l'article a t dcrt avec un ilger changement de
M. de
rdaction.
(2)
les
460.
115.
SEANCE DU
11
MAI
1790
(soir)
A
A
la et la
sance du 11 mai au soir, une dlgation de la municipagarde nationale de la ville d'Arras est admise_ la barre. Aprs s'tre leve contre les calomnies dont les Artsiens ont t l'obj'8t, elle assure l'Assemble de son entire soumission ses dcrets; puis elle montre quelles preuves de civisme la cit a dj donnes. Bien qu'il existe Arras, 8.000 pauvres sur 22.000 habitants, une offrande patriotique a produit 600.000 livres. D'autre part, une runion des gardes nationales du dpartement y est prvue pour le 3 juin. Enfin la dputation met le vu qu'une fdration de toutes les gardes nationales du royaume soit organise sous l'gide de l'Assemble nationale (1). A ila suite d'une chaleureuse rponse du Prsident (2), les Arlit
Arch. nat., C 39, 349: Texte autographe de 1' Adresse de et de la garde nationale de la ville d'Arras , Signe Dubois de Fosseux, Maire d'Arras, Fromentin de Sartel, Thellier, nuisible], dputs de la Commune et de la Garde nationale. (2) Arch. nat., C 39, 349: Rponse du Prsident de l'Assemble lionale. Texte autographe: L'Assemble Nationale applaudit gnreux patriotisme dont la Commune d'Arras a donn tant de preuves et qu'elle a exprim si nergiquement dans l'Adresse que vous venez de lire. La calomnie aurait tent en vain de nous l'Crsuader que les braves Artsiens ne sont pa-s des Franois dignes de ce beau titre qui reoit un nouveau lustre par le rtablisssment d'> la Libert. L'union de vos gardes nationales et le vu plus 'lendu que votre commune annonce garantissent la France qu'elle a pas de citoyens plus fidles la Constitution, et plus sincrement dvous raffermissement de la prosprit ipublique que vos
(1)
la
Commune
1'
'oninittants.
>>
]/ As:s(^Mible
Natioiialr
xoiis
permet d'assister sa
sance.
356
tsiens
Kobespierre,
suivre la sance, et, sur l'invitation l'impression de l'Adresse est dcrte (3).
t.
de
5.
Roberspierre a demand que l'Assemble autorist M. le Prsident crire la ville d'Arras, pour lui tmoigner la satisfaction de l'Assemble, que le Discours ft imprim, et que l'Assemble renvoyt au Comit de Constitution, pour qu'il prsente un projet de
M,
dcret
sur
les
demandes de
))
la
dputation
d'Arras.
Ces
propositions
ont t acceptes.
143.
...Sur la motion
de
MM.
ble)
a ordonn
l'impression
constitution
les
gardes nationa-
Le
Point du Jour,
((
IX,
a
la date.
M. Robespierre
demand que M.
(4).
le
Prsident
ft
charg
de l'assem-
commune d'Arras
(3) Le document cit plus haut (note 1) contient les corrections demandes d'imprimeur Baudouin par Dubois de Fosseux. Les Af-
fiches d'Artois ont publi l'Adresse (supplment au n" 51, p.453-46). (4) Texte reprodurfc dans les Arch. pari., XV, 490, et cit dans Actes C. de P., srie, V, p. 728.
m.
SEANCE
DU
15
MAI
1790
A la sance du 14 mai, il avait t fait lecture d'une lettre adresse au prsident de l'Assemble, par le comte de Montmorin, seicrtaire d'Etat aux affaires trangres, dans laquelle il faisait part des dispositions hostiles de l'Anglete-rre l'gard de l'Es'pagne, propos du conflit de Nootka-sund, des mesures d'armement maritime prises cette occasion par la France, lie par le pacte de famille, et des ngociations entames pour maintenir la paix. La discussion s'ouvre sur cette lettre, le 15 mai. Le duc de Biron, dput de la noblesse de la snchausse du Quercy Cahors, propose l'Assemble de dcrter que le prsident se retire par devers le roi, pour le remercier des mesures prises pour la sret de l'empire et du commerce, comme des ngociations entreprises, et pour le supplier de remettre l'Assemble l'tat des
LS DISCOURS DE ROBESPIERRE
:
357
besoins de la marine. Alexandre de Lameth lve le dbat l'Assemhle nationale doit savoir pourquoi <et armement (question de circonstances) elle doit aussi dterminer si elle peut dlguer le droit de faire la paix et la guerre (question constitutionn'elle) ; il propose que l'Assemble discute d'abord cette question constitutionnelle. Du Pont de Nemours, dput du tiers tat du bailliage de Nemours, demande que" la motion d'Alexandre de iLaimeth soit ajourne trois semaines. iGupil de Prefeln, dput du tiers tat di bailliage d'Alenon, se prononce lui aussi pour l'ajournement. Le prince de Broglie, dput de la noblesse d'es districts de Colmar, et Schlestadt, s'oppose l'ajournement. Robespierre intervient alors (1). Finalement l'Assemble se rallia une motion prsente par Mirabeau et la vota en ces termes L'Assemble nationale dcrte que son prsident se retirera, dans le jour, par devers le roi, pour remercier sa Majest des mesures qu'elle a prises pour maintenir la paix; dcrte en outre que demain, 16 mai, il .sera mis l'ordre du jour cette question constitutionnelle La nation doit-elle dlguer au roi l'exercice du droit de la paix et de la guerre ? (2)
;
:
:
Le
Point du Jour,
t.
X,
Il
n 303, p. 44.
s'est
plus imporun moment pour l'assemble nationale de dcider qui appartient le droit de faire la paix ou la guerre, c'est celui o il peut tre question de dlibrer sur l'exercice de ce droit, et o le ministre semble nous annoncer que nous devons prendre part aux diffrends de deux nations voisines.
tantes en disant
:
M.
Robespierre
lev
des
s'il
considrations
est
vident que
est
quoi
lie l'objet
de
la lettre ministrielle,
politiques
que
qu'on puisse dire, est tellement que le rsultat des vnements absolument diffrent selon la ma-
Si vous la dcidez conformment aux prtentions de la cour vous la laissez indcise, (ce qui laisseroit ce redoutable pouvoir entre les mains du ministre) vous devez craindre, avec beaucoup de raison, qu'une guerre trangre ne soit une machination forme par les cours ou par les cabinets ministriels contre les nations, dans le moment o la ntre a reconquis sa libert, et o les autres sont peut((
ou
si
et il est vident que mesures du ministre franois devroient tre naturellement conformes ce but, si vous lui abandonnez l'exercice du droit de la guerre et de
la
paix.
((
Cependant
n'es-il
(1) Cf.
E.
Hamel,
nat.,
I,
247-250.
Arch. Mirabeau.
(2)
39,
350:
Texte autographe de
la
motion de
358
dmls de l'Espagne et de l'Angleterre, dont la lettre ministrielle vous parle si obscurment et si vaguement, n'est-il pas pc>ssible, dis- je, qu'au lieu de mesures hostiles et prcipites qui branleroient infailliblement l'difice de votre constitution naissante, vous adoptiez des mesures de paix et de mdiation, dignes de la justice et de la dignit d'une nation qui vient de reconqurir sa libert, et cette dernire espce de mesures, qui pourra la prendre, si ce n'est la nation ou ses reprsentans
rle et
Je suppose, par exemple, que vous levant la hauteur de votre des circonstances, vous jugiez qu'il pourroit tre de votre sagesse
de dconcerter
:
les projets des cours, en dclarant aux nations, et particulirement cdLles que l'on vous prsente comme prtes fane la guerre que, rprouvant les principes de la fausse et coupable politique, qui jusqu'ici a fait le malheur des peuples, pour satisfaire
l'ambition ou les caprices de quelques hommes, vous renoncez tout avantage injuste, tout esprit de conqute et d'ambition, je suppose que vous ne dsespriez pas de voir les nations averties par cette noble et clataote dmarche de leurs droits et de leurs intrts, comprendre ce qu'elles ont peut-tre dj senti, qu'il leur importe de ne plus entreprendre d'autres guerres que ceMes qui seront fondes sur leur vritable avantage et sur la ncessit, de ne plus tre les victimes et les jouets de leurs matres; qu'il leur importe de laisser en paix et de protger la nation franoise qui dfend la cause de l'humanit, et qui elles devront leur bonheur et leur libert... Je suppose, dis-je, qu'il ft utile ou ncessaire de prendre dans les circonstances actuelles, les mesures que je viens d'indiquer ou d'autres semblables. Est-ce la cour, sont-ce les ministres qui les prendront ? Non, ce ne peut-tre que la nation mme ou ses reprsentans. 11 faut donc, avant tout, et df prsent dcider si le droit de la guerre et de la paix appartient la nation ou au roi. Eh comment pourriez-vous balancer dployer dans cette occasion toute la vigilance et toute l'nergie qu'exigent les circonstances et vos fonctions; vos regards ne percent-ils pas aisment le voile qui couvre cette intrigue aristocratique et ministrielle ? Tant de menes la fois puriles et coupables, djoues en partie et toujours renaissantes, n'ont-eHes pas suffisamment averti votre zle ? Cette lettre mme du ministre qui vous apprend, aprs les papiers publics, un prtendu projet de guerre entre deux nations, d'une manire si nigmatlque, ne porte-t-elle pas un caractre assez suspect ? N'avez-vous pas remarqu que l'on vous insinue assez clairement la prtendue ncessit de prendre parti pour l'E^agne contre l'Angleterre; que l'on vous demande de nouveaux subsides pour l'avenir, en vous apprenant que Ton a dj fait des dispositions de guerre, dont vous n'avez t prvenus en aucune manire. Si ce projet de guerre n'est pas srieux, il
((
!
LS DISCOURS DE ROBESPIERRE
faut s'Indigner
la
359
de ce pige ou de cette drision. Si l'est, il faut frmir ide de voir des dangers de toute espce dont il menace la constitution encore imparfaite et ohancolante, au milieu des ennemis domestiques et des orages dont elle est environne.
seule
Gazette nationale ou
le
Moniteur universel, n" 136, p. 550. 15-16. n"" 284, p. 123, p. 497-498.
M. de
moment o
il
soit
indispensable
de
juger la question
de
de
faire
la
l'poque o vous avez dllibrer sur l'exercice de ce droit. Comment prendrez- vous des mesures si vous ne conla guerre, c'est
paix ou
Vous dciderez
l'empire
au ministre.
Pouvez- vous ne pas croire, comme on vous l'a dit, que la guerre est un moyen de dfendre le pouvoir arbitraire contre les nations ? II peut se prsenter difrens partis prendre. Je suppose qu'au lieu de vous engager dans une guerre dont vous ne oonnoissez pas les motifs, vous
vouliez maintenir la paix; qu'au lieu d'accorder des subsides, d'auto-
des armemens, vous croyez devoir faire une grande dmarche et montrer une grande loyaut. Par exemple, si vous manifestiez aux nations que suivant des principes bien difrens de ceux qui ont fait les malheurs des peuples, la nation Franoise, contente d'tre libre, ne veut s'engager dans aucune guerre, et veut vivre avec toutes les
riser
commande
la
nature.
I!
est
de
des nations de protger la nation Franoise, parce que c'est de la France que doit partir la libert et ie bonheur du monde. Si l'on reconnoissolt qu'iil est utile de prendre oes mesures o toutes autres semblables, il faudroit dcider si c'est la nation qui a le droit de les prendre. II faut donc, avant d'examiner les mesures ncessaires, juger
si
le roi
(3).
et
du Citoyen,
t.
II,
n 7, p. 45.
M. de
projet
que ce
gres,
est
Robespierre, embrassant cet avis sallutaire, a fait sentir vraisemblablement une machination des cours tran-
qui
craignent
que
les
peuples opprims
comme
nous l'tions,
n'imitent notre exemple, et veulent les occuper d'une guerre. Elle fera
prir un million
soit satisfaite.
Il
d'hommes; peu
a propos
leur importe, pourvu que leur ambition que l'assemble nationale dclare aux nations
(3)
Texte
I,
ueraye,
reproduit dans Le Moniteur, IV, 373; dans Lapon53; dans Bchez et Koux, IV, 44, et dans les Arch. pari.,
XV,
517.
360
coupable politique, qui jusqu'ici a fait le malheur des peuples, la renonce tout esprit de conqute et d'ambition. Les autres nations averties par cette noble et clatante dmarche, de leurs droits
nation
et
de
leurs
intrts,
sentiront
l'avantage de
n'tre
plus
les
jouets et
de laisser en paix et de protger la nation Franoise qui dfend la cause de l'humanit, et laqueMe elles devront leur bonheur et leur libert. Enfin, a fait voir le pige renferm dans cette proposition. Ou le projet de
les victimes
leurs matres, et
il
de
combien
leur importe
il
est
srieux
de
la constitution.
II,
))
t.
p. 279.
devez-vous abandonner aux ministres le soin d'une guerre qui selon l'apparence est plutt une guerre de cour, qu'une
:
M.
Robetspierre
guerre de nation.
Je suppose qu'au lieu de vous hter de faire des prparatifs, il faiHe faire une dmarche noble vis--vis d'une nation gnreuse qui a conquis sa libert je suppose que vous ayez dclarer cette nation
:
que vous n'entendez pas vous mler dans une guerre qui n'est que la suite des Intrigues de la cour ou du ministre, comment pourrez-vous faire cette dclaration quan'd vous aurez laiss commencer la guerre ? Je suppose encore que vous veuilliez dclarer cette nation que vous n'avez aucune prtention, si ce n'est celle de dfendre votre
((
libert
je
suppose que
les
ddlarations, pour maintenir la paix, n'est-il pas vident que, pour que
l
nation
si
ces
droit
mesures,
il
faut
qu'elle
dcide
eWe
qu'af<partient
de
faire
la
paix ou la maintien de
exemple agira
la
que
du
sein
de
France, natra
bonheur du monde
p.
entier.
291.
de
ises
qu'il toit indispensable juger la question, et qu'il faut tablir le principe avant d'accorder
M. de
Roberspierre a jug de
mme
Comment prendre des mesures pour faire la paix ou que de savoir qui en appartient le droit? Ensuite, il a fait entendre sa pense qui est de ne point s'engager dans une guerre dont on ne connolt pas les motifs et qui n'est qu'un moyen de dfendre le despotisme contre les Nations; et supposons qu'au heu de montrer une grande loyaut, en accordant des subsides et en autorisant des armniens, on se renfermt dans les principes sacrs de n'entrer dans aucune guerre et de vivre avec toutes les Nations dans cette fraternit recommande par la nature, il en a tir cette conclusion que toutes les Naconsquences.
la guerre avant
361
la
de
la
libert
M.
de
la
Nale
tion,
dans la
qui a t envoye
qu'il
est
rAssemble;
d'tablir
lie
a trouv
moyen
indirect
de nous conduire
pareilles
invasions;
les
essentiel
avant
consquences; qu'une marche inverse tendroit nous carter de nos devoirs, et nous priver de la tranquillit qui nous est (ncessaire pour achever la Constitution; que c'est la Nation ou ses Reprsentans prendre des rsolutions qui ont Ja pilus grande influence sur sa libert et sur son bonheur; qu'il est dsirer que toutes les Nations psent mrement de si grands intrts, et que le dessein o nous sommes, de ne faire aucune conqute, et de jouir paisiblement des douceurs de la Libert sera un jour suivi par les autres Nations.
d'accorder
Assemble
nationale,
Commune de
Paris (Perlet),
5.
t.
V,
n*"
285, p.
5.
tcombattu par
croient
l'opinion de
(5) et
M.
avec force contre cette ancienne et funeste politique des cours, qui se en droit de disposer arbitrairement du sang des peuples 11 a soutenu que dornavant les nations seroient assez claires pour ne pas entrer aveuglment dans la querelle des rois. Sur quoi le duc de Caylus (6) s'est cri
ironiquement
((
Je demande que
. et
de l'assemble.
Journal unioersel,
((
IV,
a
p.
1394.
la nation doit manifester,
M. de
la
face
de
l'univers,
dfendra.
et littraires,
126.
il
pour se dgrader par 'esprit de conqute, doit dire l'Univers qu'elle ne veut ni insulter souffrir qu'en l'insulte.
sa libert (4)
Une
de
!'i
bailliage de
Nemours.
'Caylus,
(5) Victor d3 Broglie, prince du Saint Empire, lobles'sc des districts de Colmar et Sichlestadt runis
(6)
!o
Duc de
dput de
la
noblesse de
la
Saint-Flou r.
362
117.
SEANCE DU
17
MAI
1790
d'un conflit entre la garde nationale t la munici(1), l'Assemble nationale avait, le 10 avril au soir, consacr nouveau le principe de la subordination des gardes nationales aux municipalits, et engag la garde nationale et la municipalit de Montauban, travailler de concert au main tien de la constitution et de la tranquillit publique. Les troubles ne s'taient cependant point apaiss, et s'taient doubls de conflits entre protestants et catholiques. Le 10 mai, l'occasion de l'inventaire du couvent des Cordeliers par les oMciers municipaux, les catholiques et les aristocrates s'en prennent aux gardes nationaux et aux protestants qui sont pourchasss et massacrs (2). Le 17 mai, un membre du comit des raipports rend compte de ces vnements l'Assemble, .et prsente un projet de dcret demandant lau roi de prendre les mesures les plus promptes pour rtablir l'ordre dans la ville de Montauban, ordonnant que la cocarde nationale sera reprise, plaant les non-catholiques sou,s la sauvegarde spciale de la loi, et menaant de sanctions tout officier qui par quelque ngligence dans ses fonctions, aurait occasionn Le trouble et tout citoyen qui l'aurait foment. Cazals propose en amendement que le roi soit suppli de
la
sui-te
palit
de
Montauban
(1) Les oifficiers municipaux aristocrates j) et le marquis de 'Cieurac prtendaient ajouter un quatrime bataillon la gartde nationade dont les volontaires taient recruts parmi leurs partisans. (2) Cf. Arch. nat.. D XXIX, 57, d. 164; D XXIX bis, 6, d. 86, p. 23: Lettre de la 2" lgion de St-Barthlmy, relative aux troubles deMontauban; XXIX bis, 6. d. 89, p. 12-14: Lettre de Bailly an
comte de Parlieu
D XXIX
bis,
7,
d.
103,
p.
3.
363
donner les ordres ncessaires afin de punir les auteurs des troubles de Montauban. L'Ass'emble adopta le projet de son comit ,..).
Le
Point du Jour,
((
t.
X,
p. 78.
Un
amenidement de
M. de
M. Ro-
t.
12.
M.
ipos par
sa
M. de motion. M. de
Roberspierre a demand ta rjection de l'amendement proCazalles; qu'il regardait comme dj renferm dans
Cazales
l'a retir.
))
(3) Cf. D. Ivigou, Jeanbon Saint Andr et la journe du 10 mai 1790 Montauban (A. h. de la H.F., n 115, juillet-septembre 1949, p. 229 et suivantes). La solution intervint le 26 juillet la suite du rapport prsent l'assemble par Vieillard: la municipalit fut suspendue .et des poursuites ordonnes; six commissaires noimns par le dpartement du Lot, prirent po.ssession de l'Htel de Ville. Le rapport Vieillard est reproduit dans les Arch. pari., XVlii, 272 et s.
118.
SEANCE DU
18
MAI
1790
(suite)
Conformment .son dcret du 15 mai, l'Assemble aborJa le 16, discussion de cette question la nation doit-elle dlguer au roi l'exercice du droit de la paix et de la guerre 1 Le dbat se poursuivit les 17, 18, 19, 20, 21 et 22 mai. Robespierre intervient le 18, arprs le duc de Praslin, dput de lia noblesse de la snchausse d'Angers, et le duc du ChateletLomont, dput de la noblesse du baillia/ge de Bar-le-Duc, qui tous deux avaient dfendu la prrogative royale. liobespierre soutient le projet de dcret que Ption avait prsent la veille Le pouvoir executif ne pourra dclarer la guerre, ni faire aucune entreprise offensiive que du consentement du corps lgislatif. En cas d'invasion 'si le corps lgislatif n'est point assembl, .le pouvoir excutif disposera de la force publique et convoquera les reprsentants de la natiorn. Le pouvoir excutif propo'sera les conditions de la paix, ainsi que les projets de traits et d'alliances. Le corps lgislatif pourra faire des modifications, admettre ou
la
:
rejeter.
Le 22 mai, au terme de la discussion, l'Assemble dcrta ui. ensemble d'articles sur cette question, dont les deux premiers taient
ainsi
rdigs
I.
Le droit de
la paix et de la
guerre appartient
la nation.
364
II. La guerre ne pourra tre dcide que par un dcret ^ l'Assemble ncationale, qui sera rendue tsur la proposition fonmclle et ncessaire du roi, et qui sera sanctionn par lui.
M.
prsentes sur
question,
il
reste
les
la points principaux, rduire question ses termes les plus simples et fixer vos regards sur notre situation actuellle. En me rappelant ce qu'ont dit les deux propinans, la Nation tant oblige de dlguer mieux v.aut dlguer au Roi, qui est reprsentant de la Nation, le droit de dclarer la guerre. 11 est inexact de dire reprsentant de la Nation. Le Roi est le commis et le Dlgu de la Nation pour excuter les volonts Nationales... (1). (MM. Destourmel, de Murinais, etc.. demandent que l'opinant
je
:
tout
pouvoiir,
autant vaut
et
soit
rappel l'ordre.)
Certainement le murmure qui s'lve n'auroit pas lieu, si l'on ma pense on ne m'auroit pas souponn de manquer de respect la Majest royale, puisqu'elle n'est autre chose que la Majest Nationale. J'ai voulu donner une magnifique ide de... si mes expressions ont afflig quelqu'un, je dois les rtracter par commis, (je n'ai voulu entendre que l'emploi suprme, que la charge subhme d'excuter la volont gnrale; j'ai dit qu'on ne reprsente la Nation que quand on est spcialement charg par eiUe d'exprimer sa volont. Toute autre puissance, que'lque auguste qu'elle soit, n'a pas le caractre de Reprsentant du Peuple. Je dis donc que la Nation doit
avait compris
;
:
de
la paix.
toutes
{!) Lettre au Moniteur, publie dans Je numro du 29 mai 1790. Je viens de lire. Monsieur, dans le numro 139 du Moniteur, que M. Robespierre ayant dit, dans la sance du lundi .17, que le roi est le commis de la nation, .MM. d'Estournel, de Murinais, etc., demandrent qu'il fut rappelle l'ordre. J'avois .vu dans le numro 139 que la veille mme M. de Montlosier s'tant le premier servi de cette expression, et ayant dit ex'presseimiment l'assemble: le roi est le commis de la jtiation, et non le vtre, ces Messieurs n'avoient pas donn le moindre .signe d'improbation. Expliquez
i<
moi, je vous prie, Monsieur, pourquoi les membres de l'Assemble qui ont trouv oette expression si rprhensible dans la bouche de M. Kobespierre, l'avoient trouive fort bonne la veijle dans la bouche de M. de Montlosier ? Un mot est-il bon ou mauvais, suivant qu'il est .proiuonc droite ou gauche 1 II est ncessaire, ce me semble, pour l'usage de la langue, de savoir quoi s'en tenir cet gard. Un Abonn. (Reproduit par E. Hamel, I, 251,
note
1).
365
ces rflexions, j'ajoute qu'il faut dlguer ce pouvoir celui qui a le moins d'intrt en abuser; le Corps lgisilatif n'en peut abuser jamais. Mais c'est le Roi arm d'une puissante dictature qui peut le
leindre
la
Constitution.
Le Roi
direct et
prrogative
les
mme
de dclarer la guerre pour augmenter sa Reprsentans de la Nation auront toujours un intrt personnel empcher la guerre. Dans un instant, ils
tent
viter ces inconvniens sans
je
vont rentrer dans la classe des Citoyens, et la guerre frappe sur tous
Jes Citoyens.
Pour
nombre qui
se prsen-
propose l'Assemble de fixer son opinion sur le projet de Dcret de M. Ption; c'est ici le moment de commencer cette grande rvolution, qui s'tendra sur toutes les parties du monde. Je ne crois pas qu'il soit facile de supporter l'ide de la guerre qui s'annonce. C'est l'Espagne qui a fait les premiers prparatifs; c'est l'Espagne qui a rclam des possessions loignes. On nous parle d'un quel trait ? un pacte de famille est-il un pacte National ? trait Comme si les querelles des Rois f)ouvoient encore tre celles des Peupiles... (On observe que ce n'est pas l'ordre du jour). Il est im|x>stent nos regards,
:
que des vnemens qui amnent cette discussion, soient trangers cette discussion. Il est important d'avertir l'Assemble Nationale que (Cette question traite, elle en aura une autre traiter. Pourquoi voulezvous m'empoher de vous dire que vous tes exposs aux plus grands des dangers, si vous ne prenez pas un dcret sage. Je conclus ce que l'Assemble dlibre d'abord sur le projet de Dcret de M. Ption de Villeneuve, et ensuite sur les circonstances prsentes (2)
sible
163-I063.
la
M.
le
tribune aprs
lui,
et,
comme
on peut
et qui
lui,
la
nation ne
que les pouvoirs qu'elle ne peut pas exercer elle-mme, peuvent tre confis sans danger. Or, le pouvoir de faire la guerre, est le pouvoir d'aliner une portion des revenus de la nation, une portion de ses proprits, de risquer la vie, la fortune des citoyens; les reprsentans seivls du peupje ont cette facult. Le roi n'tant que le commis, le dlgu... Les cris l'ordre sont partis ces
doit dlguer
Texte reproduit dans le Moniteur, IV, '^97; dans La'ponn54; dans Bchez et Roux, VI, 67-68; et dans les Arch. pari., XV, bf>0. Le Nonciateur ou les NouveHes du Jour (t. III, n 16, "p. 124), emprunte au Moniteur le dbut de l'intervention de Robespierre jusqu' le droit de dclarer la guerre et la phrase suivante: Toute puissance, quelque auguste qu'elle soit, n'a pas le caractre de Reprsentant du Peuple je dis donc que la Nation doit confier ses rejprsentants le droit de guerre et de paix.
(2)
raye,
I,
366
mots de presque tous les cts de la salle. M. Martlneau (7) a fait une motion expresse pour que l'orateur y ft rappelle. Mais reprenant lia parole, en demanidant explliquer sa pense, et retracter ses expressions, il a dit qu'on ne pouvoit croire qu'il et voulu rabaisser Tempiloi auguste, la fonction sublime de veiller au salut public, mais qu'il avoit voulu exprimer que la nation ne doit pas tendre l'importance de cette mission, qui donne dj une si grande autorit. Il a rappelle ensuite les circonstances o se trouve la France, et le danger o elles exposent la chose publique. Enfin, il s'est rfr au projet de dcret prsent par M. Pethion de Villeneuve, en demandant que l'Assemble prenne l'instant o elle l'aura adopt, les mesures les plus promptes pour pourvoir aux malheurs dont la constitution pourroit tre menace.
((
Assemble
nationale,
Commune
t.
V,
p. 6.
d'une espce de dictature, tous les liens de la c'est alors que ses ordres sont absolus, t c'est alors qu'il peut menacer la libert publique, si la constitution sur-tout n'est ni acheve ni affermie. Il s'en est rapport au projet prsent par M. Pthiion de Villeneuve.
jouissance,
il
est revtu
discipline
Le
Postillon (Calais),
((
t.
II,
n 82, p. 3-4.
nation tant oblige de dlguer le poupaix et la guerre; autant vaut, vous ont dit les propinans, le dlguer au roi qu' tout autre corps. J'observe que cette opinion n'est pas juste: le roi n'e-st pas le reprseatant de la nation; il n'est que le commis, le dlgu... L'orateur interrompu par le Lorsque je me tumulte que ces derniers mots ont occasionn, a repris suis servi du terme commis, je n'ai eu ni pu avoir d'autre ide que c&lle de l'emploi auguste, de la fonction sublime, de veiller au salut de la nation. C'est dans les troubles de la guerre que le pouvoir excu-
M.
Robertspierre.
La
voir,
de
faire la
(3)
ville
de Paris.
367
jouit
de toute son
confier
((
Le
C'est alors qu'il est dangereux de lui peut si facilement abuser. pouvoir lgislatif au contraire, a le plus grand intrt ne
intensit.
il
pas entreprendre de guerre sauis une ncessit urgente. Plusieurs des propinans ont voulu nous engager favoriser une des deux nations qui sont sur le point de se faire la guerre. On a voulu vous persuader que vous tes dans l'obligation d'excuter les traits qui nous unissent l'Espagne. IVi^ais je rponds que c'est le comble de l'imprudence, de proposer rassemble de faire une guerre pour
((
J'adopte
le
projet
propos par
M.
Pthion,
et
je
demande
qu'immdiatement aprs l'Assemble s'occupe avec la plus grande attention des circonstances actudWes, afin qu'on ne puisse prendre aucune mesure contraire au bien public et abuser du dcret que vous avez rendu au commencement de cette discus;sion (4).
Joiunal des Etats Gnraux (Le Hodey),
((
t.
XI,
p.
407.
Robespierre toujours excessivement inquiet sur le bien que nous venons de conqurir, je veux dire la libert, a discut cette
question suivant ses principes ordinaires.
sion,
il
M. de
encore accoutum
le
Dans le cours die la discuspeu dure, laquelile on ne parot pas roi est le premier commis de l'a nation. On a lettre de l deis murmures et des improbations
;
:
M. de
faire
Robespierre
s'est
comment,
et
il
excuter les loix. Passant ensuite la question, il faut laisser, a-t-il dit, ce terrible droit aux mains de celui qui a le moins d'intrt en abuser. Or le pouvoir excutif, en juger par l'exprience, en a
presque toujours abus; il faut donc se garder de [le] lui laiss^er, On peut prsumer que ce qui est arriv arrivera encore. Or les ministres ont presque toujours abus de ce pouvoir, ils l'ont toujours ou presque
toujours dirig pour satisfaire leurs passions particulires; des b'agatelles
ont souvent caus des guerres qui ont cot des flots
faut l'ter au roi.
de sang; donc,
il
le chef suprme doit employer la force de l'Etat c'est quand une puissance voisine veut attaquer nos frontires;- il faut qu'il puisse pourvoir la sret des peuplas et la conservation des proprits. Le plan de M. Pethion me parot remplir ces vues; j'opine ce que l'on dlibre sur ce plan et que, quand ce projet aura t adapt, le comit de constitution vous prsentera un plan de trc^vail fond sur les bases que vous
tre autoris
aurez adoptes.
(4)
La Chronique de Paris
le
(t.
Il,
lement
dernier alina.
368
Journal des Etats gnraux (Devey), t. II, p. 330. Gazette Nationale ou Extrait..., t. VIII, p. 28( (Ars. 8 Jo 20 110).
Robespierre a t interrompu ds le dbut de son discours, mal sonnante qui lui est chappe. Il avoit dit que le roi n'toit que le commis des reprsentans de la nation. Il s'est rtract en disant qu'il considroit le pouvoir excutif comme le dlgu et le reprsentant de la nation. Il a fortement appuy les propositions de M. Pethion et msist sur la dclaration que le membre a propos
M.
de
faire toutes
lies
nations.
Cet important manifeste, a-t-il dit, changera la face de '.'Europe, il sera (l'poque d'une grande rvolution; il armera l'opinion publique des nations contre ]<es cabinets qui voudraient se servir de la guerre, pour opprimer la libert des hommes; et ne vous dissimulez pas le vritable objet qui a amen votre dlibration; on a cherch vous faire dcider en fcUveur de l'Espagne; et de quelle guerre s'agit-il ? d'une guerre offensive; c'est l'Espagne qui rclame des terres loignes dans l'Am.rique.. Et que nous importent ces querelles...
.
Journal universel,
t.
IV,
p.
1418.
Robespierre a demand s'il tait possible de souponner que la nation qui ne veut pas, dans sa constitution, abandonner un
seul
M.
homme
?
ses prQprits,
Il
iroit
lui
confier la vie
de
de l'empire de
a reprsent le danger qu'il y auroit, surtout d'aprs les circonstances o nous nous trouvons, dlguer le plus dangereux
tous les droits au
e
la nation.
un membre a
demand que
que
la
:
s'est
expliqu et a dit
tions
de son chef
Ainsi
le
roi
est l'auguste
dlgu de
L'orateur
a continu sans tre rappel l'ordre et a conclu ce que le Corps lgislatif pt seul dclarer la paix et la guerre. 11 a appuy au surplus la motion de M. Pethion de Villeneuve. ))
Gazette universelle,
19 mai
t.
1790, p. 684.
n 7, p. 113.
(5)
Journal de la Libert,
((
1,
(6)
et
de Volney
roi
n'toit pas le
(5)
du
bailliage de
Troyes.
(6)
se d'Angers.
369
de
la
nation;
de
la fonction
dans
rit
les troubles
de
la
qu'il toit seulement revtu de l'emploi sublime de veiller au salut de la nation c'est guerre que lie pouvoir excutif cherche tendre
:
dangereux de lui confier une autodont il peut si facilement abuser. On vous dit que les impts ne pouvant tre perus qu'en vertu d'un dcret des reprsentans de la nation, l'assemble nationale pourra refuser les subsides; mais quoi servira ce dcret ? si le roi peut faire la guerre, il trouvera les moyens d'obtenir cet impt. On nous rpte que les ministres sont responsables; mais oij est l'homme qui osera reprocher son semblable de n'tre
ses prrogatives; c'est alors qu'il est
pas infaillible
(7).
et
du Citoyen,
t.
II,
n 7, p. 467.
M. de
que
le
sent
Robespierre a raisonn d'une autre manire. Il a reprpouvoir excutif avoit intrt multiplier les guerres, et
En
effet,
il
est trs-rare
que
les rois
perdent, et le peuple y perd toujours; c'est le peuple qui fait la guerre pour eux avec son argent et son sang. 11 a parl du pacte de famille
qu'on allgue; mais ce pacte n'existe plus depuis que la nation a repris mais, quand il existeroit, quand il y en auroit dix, le pouvoir souverain ou cent ou mille, ils n'autoriseroient point faire une guerre injuste, et les ministres n'ont pas dit un seul mot du sujet de celles qu'ils proposent voil leur sagesse et leur justice et leur droit des gens. M. de Robespierre a reprsent aussi la ncessit d'arrter tout armement ils ne pourroient qu'effrayer le comdans les circonstances prsentes
:
merce
et
branler
le
crdit.
)>
Annales patriotiques
et littraires, n"
Le
Lorsqu'un pouvoir est dangereux, a dit M. Robe.spierre, rponfaut confier ce dant aux propinants (de Praslin et du Chtelet), il pouvoir celui qui a le moins d'ntrt d'en abuser. C'est donc au Corps lgislatif que la nation semble devoir confier ce droit redou((
table,
certes
il
abusera
il
et
dans un
moment de
thion
troubles
pierre a propos
l'Assemble de fixer ses ides sur le plan de Villeneuve et surtout de s'occuper srieusement des circonstances en se gardant bien de laisser au pouvoir excutif une ouverture prendre des mesures qui puissent l'engager dans une guerre funeste.
M. Robesde M. Pe-
(7)
(lu
<l('})iit
<!'
Artois...
n"
51,
p.
4-17,
370
Journal des Dbais,
((
p. 6.
le
M.
Roberspierre a
remarquer que
Corps
lgislatif
ne peut
la
l'intrt principal de la Nation; au contraire il peut y avoir des Rois qui trouvent un avantage personnel dans le parti de la guerre paice qu'elle fournit toujours au Pouvoir excutif le moyen de se faire beaucoup de cratures, et d'tendre son autorit. L'Opinant a conclu que le droit de dclarer la guerre et de faire la paix devoit tre exerc par le Corps lgislatif; il a insist sur le Projet de Dcret propos par M. Pethion de Villeneuve.
Le
Patriote Franois,
((
t.
II,
n" 284, p. 2.
M. de Robespierre a enfin dfendu les bons principes, 11 a fait voir que le pouvoir excutif avoit intrt multiplier les guerres, tandis que l'intrt du pouvoir lgislatif toit de les viter. 11 en a conclu qu'il toit dangereux de iconfier au premier le droit de la guerre. Le fameux pacte de famille n'a pas chapp sa critique; et, aprs avoir dclar qu'il adoptoit le projet de M. Pethion de Villeneuve, il a fait voir la ncessit de s'occuper des circonstances actuelles, de prvenir l'abus qu'on pouvoit faire du dernier dcret et d'arrter des armements inutiles qui ne pouvoient qu'effrayer le commerce et bianler
le crdit.
))
t.
III,
n**
21, p.
14.
...C'est ainsi,
et
les ennemis de la m'y en a aucun des premiers qui n'ait mrit la reconnaissance publique. On en doit beaucoup MM. Roberspierre... Que n'ont-ils pas fait pour rendre le
regrettons
de ne pouvoir
que
les
amis
et
Il
triomphe de
la
l'tre
(8).
M. de
celui qui a le moins d'intrt d'en abuser;, le Corps lgislatif ne voudra la guerre que dans le cas de ncessit absolue. Le Pouvoir excutif au contraire la dsirera pour l'exercice et l'accroissement de sa prrogative. Il a conclu ce que l'Assemble dlibrt d'abord sur le projet de M. Pethion et ensuite sur les circonstances prsentes.
(8) Dj, dans le patriotismie
f^e n 20 du m^ne journal, on signalait l'loquence dont certains dputs, entre autres Robespierre, au cours de cette discussion.
et
t.
371
V,
139, p.
146.
Nous ne devons
que
Je
M. Robertspiierre que pour avoir dit, de donner une magnifique ide de la maRoi est Je commis de la nation. Aprs avoir balciter ici
lui
il l'a tranche tout-pacte de famille; et il a finr projet de M. Peythion.
le
sur le
t.
I,
5,
p.
72.
la et
On
))
de
guerre;
contre.
MM.
de Roberspierre,
...ont
prsent
Le
Journal
((
du Diable, n 24,
Roberspierre
jp.
2.
M. de
qui a donn
la solu-
l'ignore.
119..
SEANCE DU
21
MAI
1790
(soir)
Le prsident de
(les
l'Assemble
donne
connaissance d'une
let-tre
officiers du rgiment de Lorraine, en .garnison Tarasicon, par liiquelle ils se plaignent que les dra^gons de ce rgiment ont enlev les caisses de la maison du commandant (1), ipour les transporter
r Htel-de-ville. Un d'put de .la snchausse d'Ar'les lit alors un rapport du procureur de la commune de Tarascon, duquel il rque des troubles ont t excits parmi les .soldats du rgiment de Lorraine que trois dragons ont dclar avoir reu de l'argent pour y causer un soulvement; que la municipalit et la garde nationa'le sont pa-rvenues rtablir la paix et rconcilier les soldats. D'Andr, dput de la noblesse de la ,snchausse d'Aix, souligne la frquence de ces troubles parmi les soldats et leurs man'iiiements la discipline militaire; il demande- que le comit de nstitution soit charg de prsenter incessa,mment un plan d'orgalisation de l'arme L'Assemble se rangea l'avis de l'abb Gouttes, dput du elle chargea son prside t clerg de la snchausse, de Bziers d'crire la municipalit et ,1a garde nationale de Tarascon, pour leur tmoigner sa satisfa)ction, et de supplier Te roi d'ordonner que les trois dragons soient recherchs, arrts et amens Paris sous bonne garde.
sulte
;
:
(1) Il
ri'agit
cf.
masses;
des caisses du rgiment contenant Arch. nat. D XXIX bis, 11, d. 121,
11, d.
le
!>.
pro'duit de?
10
et
11
D XXIX
bis,
122,
p.
9.
372
Le
p. 3.
MM.
fallait
Robertspierre,
Charles Lameth
et
de
Ville-au-Bois,
ont soutenu que le dcret propos tait prmatur; qu'il inculpait toute
force
publique
attendre la fdration gnrale (2) et l'organisation de la dont l'Assemble allait prochainement s'occupper.
t.
Le
Point du Jour,
IX, p. 189.
M.
de
la faute
le
demand en consquence
les marques d'insubordination des des chefs que de celles des soldats. renvoi de cette affaire au Comit des
rapports.
143, p. 580.
296, p.- 2.
surtout rechercher les auteurs
M. de
(3).
Robertspierre
et
je
Il
faut
de
les
ces
troubles,
crains
bien qu'on
ne
les
dcouvre
parmi
Chefs
t.
VIII, n 285, p. 2.
Roberspierre a dit que les marques d'insubordination des Soldats ont pour cause plutt la faute des Chefs que celle des Soldats. II demande le renvoi de l'affaire de Tarascon au Comit des Rapports.
(2)
(3)
M.
Fdration gnrale :des igaivles nationales du 14 juillet 1790. Texte reproduit dans le Moniteur, IV, 432; et dans les
Arch. pari.,
XV,
647.
I2.
SEANCE
DU
24
MAI
1790
A la suite de la 'lecture du procs-verbal ^de la sance du 22 mai, plusieurs changements sont pro'poss au dcret qui reconnat la nation, le droit de paix et de guerre (1). Mirabeau prsente un article additionnel, d'aprs lequel les traits, actes ou conventions passs jusqu' prsent aveic les puissances trangres, seront examins dans un coraiit spcial, lequel en fera le rapport avant la fin de la prsente session, pour que l'Assemble connaisse ceux qui doivent tre ratifis ; en attendant, ces traits, actes et conventions demeureront dans toute 'leur force.
(]) iCf.
juillet 1790.
373
Frteau de Saint-Jusit, dput de la noblesse du bailliage de Me'lun. demande le renvoi au comit de constitution, tant donn l'importan'oe de (cet article. iRobespierre soutient le mm;e avis. L'Assemble dicida iqu'i'l n'y avait pas lieu dlibrer et passa l'ordre du jour.
Gazette nationale ou Moniteur universel, n" 145, p. 589. 299, p. 2.
:
M. de Robertspierre J'ai Tbonneur d'observer que l'article propos par M. de Mirabeau est, aprs ceux de Samedi, un des plus importans qui vous aient t soumis je le regarde comme la consquence du Dcret. On ne peut, sans tre prpar, adopter une proposition qui tient la prosprit de l'empire. L'ajournement de M. Fr:
(2).
Mercure de France, 5
juin
1790, p. 21.
M. de Roberspierre, le regardant comme la consquence du Dcret, a demand l'ajournement, indispensable dans une question de cette importance pour mnager le temps d'y rflchir.
MM.
Frteau
et
et le renvoi
de
cet article au
t.
Courier Franais,
((
V,
n 145, p. 194.
:
Frteau a sagement pressenti tous ces dangers et il a propos d'ajourner la motion, et de la renvoyer au comit de constitution. Cet ajournement a t appuy par M. Robertspierre, et par M. de Mirabeau lui-mme.
M.
Assemble
((
nationale.
Commune de
Paris (Perlet),
t.
V,
n 294, p. 2.
Frteau a observ que les articles ne seroient autre chose qu'une dclaration de guerre aux diffrentes puissances avec le.squelles ces traits ont t passs. 11 en demande, en consquence, le renvoi au comit de Constitution, ainsi que l'ajournement. 11 a t appuy par
M.
M. de
Robespierre.
t.
VIII,
n''
287, p. 2.
la
M.
Motion de M. de Mirabeau
toit
de
la
proviste et avant
que chacun et
le
{2) pari.,
le
XV,
663.
374
121.
SEANCE DU
25
MAI
1790
pour.'-uivaiit la idiscussion sur l'organisalion <de l'ord. l"A?soni.ble avait dcrt que les jugements eii dernier ressort pourraient tre attaqus par la voie de la cassation. Elle tait passe alors cette ^question des juges du Tribuinal de cassation s,'eront-ils permanents ou .ambulants 1 (1). La discussion continue sur cet oh^ct le lendeniain. Robespierre intervient alors, .soutenant que le tribima'l de cassation n'tait pas de l'ordre judiciaire, mais qu'il tait plac au-dessus de cet ordre pour surveller la Loi . Barre de Vieuzac .appuie cette opinion (2) de mme que iRiffard de iSt iMartin, dput du tiers tat de la sn-
Le 24 mai,
judiciaire,
chausse d'Annonay. Impressionne par les arguments de Robe&jjierre, l'Assemble ordonna le rienvoi de la question au comit de constitution.
Le
Point du Jour,
))
t.
X,
n 314, p. 206-208
(3).
Pour dcouvrir
tion,
il
de rorganisation du tribunal de cassafaut se former une ide netle de sa nature et de son objet, a
les rgles
Robespierre. Il n'est point destin appliquer la loi aux diffrends des particuliers, ni prononcer sur 'e fond du procs, mais
dit
M.
dfendre
contre
les
formes
et les principes
de
la constitution
de
la lgislation
Il
les
atteintes
que
:
les
n'est
en un mot,
pour
le
il
ciaire,
au-dessus
de
lui
faut-il,
Il
essentiel
de son
institution?
fauf
videmment
de
teHe manire qu'il ne puisse adopter un esprit particulier, ni se faire un intrt oppos celui du lgislateur, ou diffrent de celui du lgislateur car alors il employeroit son pouvoir pour faire dominer sa volont particulire; et loin de maintenir le's loix, il pourroit en favoriser la ruine, en connivant aux entreprises des tribunaux qu'il doit rprimer, et pourroit devenir un dangereux instrument dont les autres pouvoirs coaliss avec lui pourroient se servir contre le pouvoir lgislatif. Or comment pourrez-vous prvenir ces inconvniens ? comment la cour
:
11) Of. E. iSeligman. La, justice en France pendant la Rvolution (1789-1792, in-8, 1901). (2) Cf. dipcour'3 de Barre, dans le Point du Jour (t.X, p. 213).
(3)
les
Arch.
par'l.,
XV,
670).
LES DISCOURS
de cassation
cipes
sera-t-elle
PE;
ROBESPIERRE
375
rmdans l'impuissance d'adopter en esprit des prii de ceux du lgislateur; si elle est un corps spar, distinct du corps lgislatif, et en imme tems souverain et indpendant il est dans la nature imme des choses que tout tre moral, que tout corps, que tout individu ait une volont propre, il est dans la nature des choses qu'il cherche sans cesse la faire dominer, lorsqu'il est revtu d'un grand pouvoir, toutes les fois que ce pouvoir n'est point soumis une autorit suprieure qui le ramne sans cesse la rgle et la loi. Or, remarquez que votre cour de cassation doit tre ncessairement souveraine et indpendante; puisque si les jugemens toient soumis une rvision, ce seroit un corps charg de les examiner qu'appartiendroit en dernier ressort, le droit de cassation; et que ce que je dis du premier, pourroit s'appliquer celui-ci. Il suit donc, que s'il adopte des vues et une vdlont diffrentes de celle du lgislateur, il pourra l'lever au-dessus du lgislateur lui-mme, qu'il sera en dernire analyse, l'arbitre de la lgislation qu'il pourra altrer, ou branler son gr, par l'abus arbitraire qu'il fera de son autorit indpendante; et comme il est impossible de s'assurer que sa volont sera toujours confondue avec la sienne, si son existence ne l'est pas, il est vident que nous somme/s entrans, par la nature mme des choses, adopter cette maxime, qui n'toit point trangre au droit public de Rome, et que notre ancien gouvernement mme avoit adopte la lgislation romaine posoit en principe; que l'interprtation des loix appartenoit
diffrens
:
:
On
a senti,
que
si
interprter les loix, elle finiroit ipar les altrer, et par lever sa volont
au-dessus de la sienne; et
s'applique,
n'est
ancien
rgime avoit
quoique le roi aux causes particulires du citoyen, il exeroit nanmoins celui de casser les juges contraires aux formes qu'elles avoient tablies, et qui tendoient les attaquer ouvertement; et cette institution toit raisonnable, dans un systme o il exeroit la puissance lgislative. Le pouvoir lgislatif est foible ou nul, et toute sa force passe au pouvoir judiciaire, ds qu'il n'a pas, en lunmme, le droit et les moyens de
repousser les atteintes que
lui
du pouvoir judiciaire qui les enfreint. Notre reconnu lui-mme la ncessit de ce principe n'et pas mme alors le pouvoir d'appliquer les loix
:
porte ce dernier;
comme
il
n'tablit
que
des rgles gnrales, que les tribunaux seuls les appliquent, les loix deviendroient de vaines formules, dont l'autorit dpendroit absolument des juges ou du corps charg de revoir leurs jugemens. Qu'on ne dise pas que je confonds ici les pouvoirs, en runissant dans les mmes mams le pouvoir lgislatif et le pouvoir judiciaire. J'ai et les fait observer que ceux qui doivent surveiller les tribunaux,
((
376
ramener sans cesse aux principes de la lgislation, ne sont pas une du pouvoir judiciaire et que leurs fonctions sont une dpendance et une convention ncessaire, de la puissance lgislative, et qu'elle devolt tre exerce par le lgis^lateur, peine de renoncer la stabilit, la puret, l'unit des princij>es constitutionnels. J'observe d'ailleurs, que cette maxime de la division des pouvoirs judiciaires, ne doit pas tre observe avec superstition, puisqu'elle est subordonne la ncessit des moyens qu'exigent le maintien de la libert pour laquelle elle a t institue, et qu'il est des points de contact o ils doivent se runir. Je conclus -que c'est dans le sein du corps lgislatif que doit tre plac le tribunal de cassation. Je propose en consquence, qu'un comit du corps lgislatif, choisi par lui, soit charg de proposer, d'instruire et de rapporter les affaires qui sont de son ressort, et qu'elles soient dcides ipar des dcrets de l'assemible.
partie
;
)>
Le
Postillon (Calais),
((
t.
II,
n 88, p. 3.
M.
Robetapierre.
Lia.
se former une ide de la nature et de l'essence du tribunal de cassation. Quelles sont les fonctions du tribunal de Cassation ? Elles consistent statuer sur la forme des jugemens, et dcider si les loix ont t violes ou non. Ce tribunal n'a aucun pouvoir sur le fonds de l'affaire; toute sa puissance se restreint aux formes prescrites par la loi. D'aprs cette opinion il est facile de voir que les juges de cassation Influent essentiellement sur la constitution du royaume car si c'est un pouvoir suprme que celui de veiller la conservation des loix, et de prononcer si elles ont t maintenues ou attaques par les magistrats, on ne peut disconvenir que ce pouvoir, par sa nature, ne tende fortifier ou
;
altrer la
constitution,
Mais
s'il
est
vrai
que ce
tribunal
de
pas en conclure que son institution et son existence doivent tre entirement la dpendance du corps lgislatif; car s'il en toit autrement, le tribunal de cassation agissant continuellement par des dcisions particulires, pourrolt parvenir, en interprtant les dcrets de l'assemble, en dtourner
cette
Influence
ncessaire,
ne
doit-on
ou peut-tre en dtrulrolt-il les effets. Ne croyez pas. Mesque ce soient des principes de spculation que je vous prsente, ils tolent raliss dans l'ancienne administration de la justice. Le roi comme lgislateur suiprme avoit la nomination entire des membres du conseil des parties, ils survelUoient par leur ministre les loix qu'il avoit portes et que les juges aurolent pu transgresser dans leurs dcil'esprit
sieurs,
sions.
'^
377
sein
Je crois donc que le tribunal de cassation doit tre pris dans le de l'assemble de telle manire qu'il y eut un comit charg de
prparer l'instruction des affaires pour tre ensuite dcid par un dcret
particulier.
)>
Gazette nationale ou
le
p.
589.
la
300, p.
10.
M.
Cour de Cassation,
faut se former
une ide
juste
de
ses fonctions
Uniquement tablie pour dfendre la Loi et la Constitution, nous devons la considrer comme une partie de l'Ordre judiciaire, mais comme place entre le Lgislateur et la Loi rendue, pour rparer les atteintes qu'on pourroit lui porter. Il est dans la natxue jqjue tout individu, que tout Corps qui a du pouvoir, se serve de ce pouvoir pour augmenter ses prrogatives; il est certain que le Tribunal de Cassation pourra se faire une volont indpendante du Corps lgislatif, et s'lever contre la Constitution. Ces ides m'ont (conduit adopter une maxime Romaine qui pourroit parotre paradoxale, et dont vous reconnoitrez sans doute la vrit Aux Lgislateurs appartient le pouvoir de veiller au maintien des Loix . Cette .maxime tolt rigoureusement observe. Quand il y avoit quelque obscurit, les Loix Romaines ne vouloient pas que les Juges se permissent aucune interprtation, dans la crainte qu'ils n'levassent leur voilont au dessus de la volont des Lgislateurs. D'aprs ces rflexions, j'ai pens que vous ne trouveriez pas trange qu'on vous propest de ne pas former de Tribunal de Cassation -distinct du Corps lgislatif, mais de \e placer dans ce Coips mme. On objectera que vous avez distingu les pouvoirs, et que vous confondriez le Pouvoir judiciaire et le Pouvoir lgislatif mais un tribunal de Cassation n'est point un Tribunal judiciaire. On objectera encore la dure des sessions, mais vous n'avez pas encore dcrt cette dure; mais on
et
de son
objet.
le pourrait,
sans imconvnieins,
si
si
Libert,
l'exigeoient.
tabli
Mon
le
dans
de
l'instruction
donc que le Tribunal de Cassation soit sein du Corps lgislatif, et qu'un Ccmi' soi^ charg et de faire le rapport l'Assemble qui dcidera (4).
avis
est
t.
II,
n" 7, p. 495.
remontant son ordinaire au principe, a dit que le tribunal de cassation tolt le protecteur des loix, le surveillant
(4) Texte reproduit dans le Moniteur, IV, 458; dans LaponneI, 57, et dans Bu'chez et Roux, V, -465. Le Journal des Dcrets de l'Assemble nationale pour les habitans des campagnes (t. III, n" 21, p. 27), 1 utilise depuis il est dans la nature... jusqu' maintien des Loix.
M. de Robesplene,
raye,
378
de l'ordre judiciaire, et au-dessus pour le contenir dans les bornes que la constitution a poses. Il faut donc videmment qu'il soit confirm de ^manire qu'il ne puisse adopter un esprit particuilier, ni se faire un intrt oppos ce'lui du lgislateur. Il ne doit donc pas tre spar, distinct du corps lgislatif les jurisconsultes ramams disoient, avec raison, que l'interprtation de la loi appartient celui qui a fait la loi. Dans notre ancien rgime, ce jprinclpe tolt reconnu la cassatioin des jugemens contraires aux formes tablies par la loi, tolt attribu au roi, qui avolt en partie le pouvoir lgislatif. Ce (pouvoir est ioible ou nul, et pass au pouvoir judiciaire, ds que le lgislatif ne conserve pas le droit et les moyens de rparer 'les atteintes que le judiciaire peut porter aux loix. M. de Robespierre a propos qu'un comit du corps lgislatif, choisi par lui, k>it charg
t le censeur des jug'es, plac liors
de
lui,
de proposer,
d'instruire, et
de
et qu'elles soient
dcides par
les dcrets
de l'assemble.
Le
Journal de Paris,
Nonciateur ou Nouoelles du Jour, t. 111, n 20, p. 157. t. III, n" 146, p. 585-586. Assemble Natiorxale (Extrait du Journal de Paris), t. II, p. 521.
n"
42,
Robersplerre a eu, sur la nature de ce tribunal, une vue a t propre, qui est euve et qui est fonde sur des motifs qu'on n'a pas pu appercevoir sans avoir de la pntration dans l'esprit. Que fait un Tribunal de cassations, a demand M. de Robersqui
lui
M. de
plerre ?
il examine si les jugemens il ne juge pas les affaires au fond, rendus l'ont t suivant les loix et suivant les formes prescrites par les
maintient ou casse les jugeme'ns suivant que les Loix or, qui peut-il appartenir de prononcer dfinitivement sur les atteintes que les loix ont pu souffrir > Ce ne peut pas tre un Tribunal de justice, car ce Tribunal pourroit se tromper
Lgislateurs
:
il
ou prvariquer comme les autres; aprs avoir revis, il pourroit donc avoir besoin d'tre jevis lui-mme, et ainsi de suite l'infini si on
ne prenolt pour xemipilir ses fonctions qu'un Tribunal de justice il donc les faire xempillr ,par un |>ouvoir suprme, aprs lequel il n'y a de pouvoir; il faut doinc les faire remplir par le Pouvoir lgislatif autre Pouvoir en effet, que celui qui fait les loix, peut savoir et noncer avec certitude si les Juges s'y sont soumis ou s'ils s'en
: :
faut
plus quel
prosont
carts ?
si
mmes o
n'y avoit gures que des erreurs dans le Gouvernement. Lorsque les Rois toient seuls Lgislateurs, c'toit devant leur Conseil, c'est--dire devant eux, que les Jugemens des Cours suprieures toienl
Il
379
comme
Cassations
ne faut donc pas (chercher ailleurs le Tribunal suprme de et de rvisions .ce Tribunal doit tre le Corps lgislatif
:
lui-mme.
((
On
soit
trop
par un Comit,
t.
XII, p
21.
((
M. de Robespierre
Quel que
Il
soit le parti
faut
donc
Mon
avis est
que
le tribunal
de dassation
sden-
plac au dessus des tribunaux de jusi^ice, 'sa^s faire p'arti^e ,du pouvoir judiciaire. Son objet est de maintenir l'esprit des Ioix. Or, s'il est spar et indpendiant du corps lgislatif, il aura
tribunail est
Ce
tout
il
est
soi.
de
l'fes'sence
de
tout
individu,
de
En
dernire analyse,
ce tribunal
maxime
L'ancien rgime l'avoit aussi adopt. directement les arrts cointraires aux
lgislateur, et
il
Le
lois
roi
du Royaum.e.
toit
alors
en cette -qualit, protger ton autorit centre le pouvoir judiciaire. 'D'^aprs cela je propose de favoriser ce tribunal d'un certain ncmbre de membries du Corps lgislatif, et de le placer dans son sein. On m'objectera que je runis le pouvoir judiciaire au pouvoir lgislatif, taudis que vous avez dcrt la divisiou des poudevoit,
ne
Cette objection ne seroit pas juste, car le tribunal de cassation point partie, comme je l'ai dj remarqu, du pouvoir judiciaire il est .cr pour le surveiller. On tm'qpoosera encore .des .jafficults de dtail. J'invoque ce sujet les lumires du Comit de Constivoirs.
fait
:
tution tpour laguer .ces difficults, et je propose d'tab'ir dans l'assemble nationale un comit qui sera charg de statuer sur les demandes
de
cassation.
t.
Robespierre a dvelopp sur l'essence du tribunal de casdes ides et ds principes qui ne permettroient pas de 'e rendre ambulant, p'J^sque, d'aprs cc.^te cpinion, il faudro't qv.'il fit })artie du corps '^g'sla'if; !1 a fai^ remarquer que ce Tribunal n'es+ point
sation,
dan'
M.
et
de
Cons-
360
titutlon par les
Tribunaux judiciaires, il ne pouvoit tre Tribunal judilui-mme, puisque ce seroit crea: un Pouvoir qui n'auro'* point de suprieur; et que si l'on vouloit subordonner ce Tribunal la surveillance et aux ordres du Pouvoir lgislatif, ce seroit prouver par l mme que le Pouvoir lgislatif peut connotre des dcisions du Tribunal de cassation et qu' plus forte raison le Pouvoir lgislatif pouvo't connatre par lui-mme des cas de cassation; que les dcisions sur demande en cassation ne pouvant jamais mettre d'ans le cas de statuer entre les parties par voie d'admission de la Justice dislributive le jugement de cassation ne devant jamais toucher au fond des demandes sur lesquelles il a t statu par le jugement dont l'a cassation est provoque.
ciaire
{(
Ceitte
opinion a paru
prsente
pour
'la
Constitution.
Assemble
((
nationale,
Commtme de
rclamant en faveur de la permanence de la Coui de CasRoberspierre is'est fond sur des motifs qui n'avoient point encore t dvelopps, oair il est d'avis d'tablir le tribunal de cassation au sein mme de l'Assemble du corps lgislatif. Tout doit se
sation,
En M.
Rien ne
plus directe sur elle, que le soin d'e veiller la conservation des loix,
et
d'examiner
si
ou violes par
les magistrats.
L'institution et l'existence
du tribunal de Cassation doivent tre dpendance du corps lgislatif; car, s'il en toit
pourroit
enti-
sions
particulires,
parvenir
en
interprtant
les
loix
et
les
dcrets de
latif
l'Assemble,
insensiblement les
runiroit
en dtourner l 'esprit, et en corrompre principes. Qu'on ne dise pas que le corps lgis
la
puissance lgislative et
dit,
la
puissance
que de casser un arrt ou de le maintenir, c'est dclarer seulement que les juges sont contrevenus ou non la loi, let qui peut mieux en juger que le corps charg de les faire ? L'ancien tat des choses nous en fournit un exemple. On sait que le conseil du toi runissoit la double fonction de dlibrer les ordonnances, dits et dclarations, et de statuer sur les demandes en cassation; il en (rsultera que le coips lgislatif ne p>ourra point interrompre ses sessions; mais on ne voit pas que ce soit un inconvnient; il est mme indispensable qu, dans un grand empire comme la France, l'assemble lgislative soit toujours en actijudiciaire; car ce n'est point
un jugement proprement
vit.
t.
381
IV,
p.
1474.
Robespierre a opin pour qu'ils fussent sdentaires et pris dans le corps lgislatif. Un comit prpareroit tous les moyens qui ont donn lieu telle cassation, les dvelopperoit, concluroit et mettroit tout de suite J 'assemble nationale porte de prononcer sur les violations faites la loi. Il a rejet, et avec fondement, toute interprtation des lois par les juges. Mais il auroit pu tre dlivr de son inquitude patriotique en songeant que le Tribunal de Cassation sera toujours sous la coupelle (sic) et la domination du corps lgislatif. Ainsi
M.
on peut ne pas confondre les fonctions de cassation avec celle du lgislateur, qui, dans l'bypotlise de M. de Robespierre, participeroit un i>eai du pouvoir judiciaire, ce qui doit n'tre pas, aprs la distinction et le balancement des trois pouvoirs lgislatif, excutif et judiciaire.
Bulletin d'Aujourd'hui, n
((
14, p.
106.
discussion
Pour
traiter
la
question
dont la
continue,
M.
Quoi
qu'il
une consquence des ides qu'il a dveloppes. On peut aisment du mrite des raisons qu'il a donnes pour aippayer le projet de dcret qu'il a propos par le projet lui-tmme. Personne n'avoit encore cru, avant M. Robespierre, qu'il ft possible de faire de l'Assemble Nationale, un tribunal judiciaire, il l'a dit le premier, et il a fond cette opinion sur un principe dont l'vidence ne parot pas dmontre c'est qu'un Tribunal de cassation ne tient point l'ordre judiciaire . On pourroit lui demander si un tribunal qui peut dtruire ou sanctionner un Jugement, ne tient pas l'ordre judiciaire 7 M. Robespierre a conclu ce que le tribunal soit plac dans le corps lgislatif, c'est--dire, qu'il soit nomm un Comit de l'Assemble Nationale, charg de prparer et d'instruire les affaires, et qu'un dcret de l'Assemble les dtide.
juger
:
((
Journal de
a
la
Libert,
t.
1,
n"
12, p.
\%.
Roberspierre a prtendu que les juges de Cassation (don*^ les fonctions consistent statuer sur la forme des jugemens et dcider
si
M.
les
loix
ont
violes,
:
ou non)
influent
si
essentiellement
sur
la
constitution
franoise
car,
a-t-il
que de
veiller la conservation
sa
nature,
il
un pouvoir suprme des loix, et de prononcer si elles ont les magistrats, on ne peut disconvenir ne tende favoriser ou altrer la conclu ce que son institution et son
ajout,
c'est
382
consquence
qu'un,
membres,
l'assemble,
que
et
ce
comit
les
soit
charg
d'instruire
et
de rapporter
soient
qu'enfin
dcrets
de
l'Assemble
reguds
comme
les
jugemens suprmes.
t.
M.
du
Robespierre.
La
offrira toujours beaucoup de difficults, on ne se forme pas d'abord une ide juste de la nature de ce mme tribunal Toutes ses fonctions sont restreintes statuer sur la forme des jugements, et dcider si les lois ont t violes ou non; il est sans pouvoir suir le fonds de l'affaire. Ce tribunal influera donc ncessairement sur la constitution du royaume, car c'est un pouvoir suprme que celui de veiller la conservation des lois et de prononcer si les tribunaux infrieurs les ont respectes ou non. C'est d'aprs ces principes que je me suis dtermin vous proposer de placer dans le centre mme du corps lgislatif, le tribunal de cassation de telle manire qu'il y ait un comit charg de l'instruction des affaires, qui d'aprs le rapport qu'il en fera, seront juges par un dcret de l'assemble nationale.
lance,
si
tribunal
de cassation
((
Assemble nationale
p.
et
Con\mune de Paris
(imitation),
t.
2-3.
Robertspierre a tabli que le Tribunal de Cassation ne dedestin juger le fonds des affaires, mais seulement les atteintes portes aux Loix et la Constitution, qu'ainsi ce Tribunal devoit tre considr comme hors de l'ordre judiciaire, et qu'il faliloit qu'il n'et d'autres principes que ceux du corps lgislatif, car
M.
voit point
tre
autrement
il
par attaquer
a conclu ce
lgislatif
du corps
les
de prparer
geroit.
les affaires,
de
Courier de Provence,
((
t.
VIII, p. 339,
Etoit-ce
srieusement
si rebattu de la division des pouvoirs, sans invoquer contre Montesquieu, ni rarticle XIX de la constitution, dcrte le 23 septembre, qui ne permettent pas que le pouvoir judiciaire puisse
l'argument
ni
lui,
383
en aucun cas tre exerc ni par le roi, ni par le Corps lgislatif, on nous permettra de demander si un coips de 700 personnes, compos de citoyens de toutes les classes, de toutes les professions, dont un petit nombre seulement aura quelque connoissance des loix, seroit bien
propre rformer les erreurs des tribunaux.
M.
ou non;
se
qu'il n'a
de
l'affaire,
loi,
toute
sa
puissance
eiifin,
restreignant
par la
que
les
cassation
dv.
Royaume
que
l'institution
l'existence
de ce
Tribunal doivent tre entirement la dpendance du Corps lgislatif, pour prvenir que, par des dcisions particulires, en inteipria-nt les dcrets de l'Assemble, il n'en dtruise les effets, a conclu que le
Tribunal de cassation doit tre pris dans le sein de l'Assemble; de telle manire qu'il y ait un Comit charg de prparer l'instrucuon des affaires, pour tre ensuite dcides par un dcret particulier,
Courier de
Madon,
111,
21,
p.
357-358.
M. de
il
de
moment. Non devenu insoutenable, de l'ambulance des juges, mais il a voulu qu'ils fissent partie du corps lgislatif. Il a prtendu qu'il n'en rsulterolt aucune confusion des pouvoirs lgislatif et judiciaire, car, disoit-il, la cour de cassation ne prononce jamais sur e fonds; elle ne statue que sur la forme; elle examine si la loi a t observe avec exactitude. Cet examen est plutt un acte de simple surveillance qu'um acte judiciaire or il n'est pas de fonction qui se concilie mieux avec la nature et les droits du corps lgislatif. Le jugement sur le fonds sera toujours renvoy aux tribunaux ordinaires. 11 rsultera de grands avantages de cette attribution. Car ces juges associs la lgislature connotront mieux l'esprit de ses dcrets, et ne s'en carteront pas. Ils veilleront avec un intrt bien plus actif au maintien d'une constitution dont ils scron; les premiers dfenseurs.
toutes celles qui avoient t discutes jusques \ce
seulement
Le
res,
En
consquence,
li plus intimement avei; les tribunaux judiciaipar une influence plus spciale, respecter les lois. l'orateur a vot pour qu'il ft toujours nomm dans
chaque lgislature un comit pour examiner toutes les matires sujettes cassation, et qui seroient soumises aux dcrets dfinitifs de l'assemble.
))
384
L'Ami du Peuple (Marat), II, n" 46, p. 2. M. Roberspierre a tabli que le tribunal de
((
aux
dr
dre
loix
et
la
cassation ne devoit fond des affaires, mais les atteintes pK)rtes constitution; qu'en consquence il devoit tre consile
comme
sur
!e
liors
tres principes
de l'ordre judiciaire, et qu'il falloit qu'il n'et d'auque ceux du lgislateur autrement il pourroit entrepren;
pou-voir lgislatif,
et
finir
par attaquer la
constitution.
Il
de
semble nationale
les
de rasaffaires, de
rapporter,
et
elle
jugeroit.
Courier Franais,
((
t.
V,
146, p. 203.
Mais, M. Robertspierre avoit un systme absolument diffrent des uns et des autres. Persuad que les jugemens ne peuvent tre mieux prononcs que par le lgislateur lui-mme, il demandoit que ce tribunal ft pris dans le sein mme du coiips lgislatif; et il ajoutoit que ce moyen lia tait le seul, l'aide duquel on pt conserver e!^ l'unit dans la loi, et l'uniformit dans la jurisprudence, et la conservation des principes; et que d'ailleurs ce seroit en vain que le corps lgislatif feroit des loix, si une cour indpendante de toute juridiction a voit le droit de les interprter sa manire. Gazette unierselle, n
178, p. 712.
M.
mem-
bres de l'Assemble nationale, de telle manire qu'il y ait un comit charg de prparer l'instruction des affaires, pour tre ensuite dcides
Mercure de France, 5
Robespierre, en adoptant cette maxime Romaine qui pourroit parotre paradoxale, mais dont il esproit qu'on finiroit paf
reconnotre la
veiller
M. de
vrit
((
Aux
Lgislateurs
appartient
le le
au maintien des Lois )), a propos de placer Cassation dans le Corps Lgislatif mme.
pouvoir de Tribunal de
III,
n"
13,
p.
136.
M. Robespierre
:
veut
il
que
le
lgislateur
et
le
juge
ne
soient
qu'un
blisse
soit
demande que l'Assemble nationale taun Comit compos de ses propres Membres; que ce Comit
en consquence,
et
charg d'instruire
de rapporter l'Assemble,
regard
et
qu'enfin
le
dcret de l'Assemble
soit
comme
jugement.
385
pris
M. Robetspierre a dit que le Tribunal de cassation devait tre dans Je sein de l'Assemble, de telle manire qu'il y et un Comit charg de prparer la dcision et que l'Assemble pronon
1.092.
((
Les uns
la
comme M.
Robert&pierre,
veulent
corps lgislatif.
122.
SEANCE
DU
31
MAI
1790
Le 29 mai, s'ouvrit l'Assemble na/tionaile, la discussion sur le projet de plan de constitution du clerg, prsent par le comit ecclsiastique (1). Les dbats sur l'ensemble du plan du comit se poursuivent le 30 mai, jour o fut ordonn par l'Assemble, l'impression du discours de Treilhard, Idput du tiers-tat de la vi'Ile de Paris. Le 31 mai, la sance s'ouvire sur l'intervention de ll'abb Lecierc, cur de La Cam<bis, dput du clerg du bailliage d'Alenon, qui souscrit la -dclaration faite le 29 mai, par Mgr Boisgelin, l'archevque d'Aix dput du clerg de la snchausse d'Aix s'tait lev contre le plan du comit, avait dni l'Assemble Je droit d'intervenir dans ii;e domaine de l'organisation de l'Eglise, ft avait propos de consulter l'Eiglise gallicane par un concile na:
.
tional.
Aprs une courte intervention de Goupil de Prfeln, dput du tiers tat d;e ce mme bailliage d'Alenon, qui dsavoue au nom (ie ses commettants, !la dclaration de l'abb Leclerc, Robespierre
|;rend la parole.
A
de
!la
fin
de cette
la discussion
f't
(1) Cf. A. Mathiez, Home et la Constituante, 1911, chap. VI; A. Latreille, L'Eglise catholiquie et la Rvolution franaise, Pa-
ris
1946,
I,
87-89.
noill'.bl'U^RRE.
21
386
Gazette nationale ou
Le Moniteur
universel, n
152, p. 616.
HO.
M. de
Robertspierre,
les
maximes videntes que consacrer les Lois sociales, qui tablissent les rapports des Ministres du culte avec la Socit. Les Prtres dans l'ordre social, sont de vritables Magistrats destins au maintien et au service du culte. De ces
Je
me
bornerai rappeler en
autre chose
trois,
qui
rapportent
:
cipe
Chapitres du Plan du Comit. Premier printoutes les fonctions publiques sont d'institution sociale elles ont
aux
trois
pour but l'ordre et le bonheur de la Socit; exister dans la socit aucune fonction qui ne
il
soit utile.
Devant
cette
maxime
les
Cathdrales, les Collgiales, les Cures, et tous les Evchs que ne demandent pas les besoins publics. Je me bornerai ajouter que le Comit a nglig les Archevques, qui n'ont aucunes fonctions spares de celles des Evques; qui ne prsentent qu'une vaine suprmatie. On ne doit donc conserver en France que des Evques et des Curs.
((
11
est
l'opi-
confre par un
Prince Etranger, et qui lui donne pour ainsi dire des .sujets hors des pays soumis sa domination. Ainsi, les Cardinaux disparoissent galement devant le principe.
((
Second principe.
les
Peuple doit
droits
les
Les Officiers ecclsiastiques tant institus et pour le bien du Peuple, i! s'ensuit que nommer. Il est de principe qu'il doit conserver tous
hommes
les
qu'il ipeut
exercer;
et
or,
le
peiiple peut
lire
ses
Pasteurs,
comme
Magistrats
autres
Officiers publics.
non-seulement conclure que le Peuple doit nommer les Evques, mais vous devez encore carter les entiraves que le Comit lui-imme a mises l'exercice de ce droit. Troisime principe. Les Officiers Ecclsiastiques tant tablis pour le bien de la Socit, il s'ensuit que la mesure de leur traitement doit tre subordonne l'intrt et l l'utilit gnrale, et non au dsir
((
de
d'enrichir ceux qui doivent exercer ces fonctions. S'il d'une simple faveur, je ne balancerois pas l'aocorder aux Ecclsiastiques, et mme aux Evques; mais ces traitemens ne peuvent tre suprieurs ceux qu'on donne aux grands Officiers publics. Ne perdons pas de vue que ces traitemens seront pays par le peuple, par la classe la moins aise de la Socit; ainsi, dterminer c'est seulement tre juste et compatissant envers les malheureux. Ces trois principes renferment la justification complte du projet du Comit.
gratifier
et
s'agissoit ici
((
387
et
la
que
j'auiois
peut-tre
s'agit
de
fixer
Constitution
c'est--dire, les raipports des Ministres du Culte public avec la Socit, il faut donner ces Magistrats, ces Officiers publics, des motifs qui unissent plus particulirement ileur intrt l'intrt public. Il est donc ncessaire d'attacher les Prtres la Socit par tous les liens, en... (L'Orateur est interrompu par des murmures et par des applaudissemens). Je ne veux rien dire qui puisse offenser la raison,
ecclsiastique,
l'ordre du jour). Je finis, il 1 forment le rsum de mon opinion n'existera plus d'autres Officiers Ecclsiastiques que les Evques et des Curs dans un nombre qui sera proportionn aux besoins de la Socit; 2 les titres d'Archevques et de Cardinaux seront supprims;
ainsi
en prsentant des
3" quant au traitement des Curs et des Evques, je me rfre au Comit; 4 les Evques et les Curs seront lus par le Peuple. Il est un certain article, plus important que tous les autres, que j'aurois nonc, l'avoit permis, c'est... (Il s'lve des murmures qui si l'Assemble empchent l'Orateur d'achever) (2).
L'Ami
des Citoyens, n
10,
p.
126-127.
(sic),
Le
s'avancer vers la
tri-
connue;
M. de
Roberspierre
l'utilit
Ce
Parmi les dignits qui appartenoient ce ministre, en est-il d'inutiles; en est-il de prjudiciables l'ordre social ? Vous pouvez retrancher les unes, vous devez anantir les autres. Il a tabli ensuite que les cardinaux toient nuisibles, les archevques plus qu'inutiles, et que la hirarchie ecclsiastique devoil se borner aux evques et aux curs. 11 a (revendiqu poui le peuple le droit de nommer ses pasteurs; il a dmontr que, pour le traitement des ministres des autels, la nation de^oit prendre les conseils de la justice, mais non pas ceux de la magnificence; et il a termin son discours, en proposant de rendre la socit des milliers de citoyens, en rendant aux prtres la facult qu'ils ont eu dans les premiers sicles de l'glise, de vivre sous les liens du mariage, plus srs pour les murs que les voeux du clibat. Cette dernire partie du discours de M. de Robertspierre n'a pas t accueillie. De tous les coins de l'assemble, il s'est lev des voix pour le rappeler l'ordre;
((
(2)
pari.,
XVI, 3;
Texte reprodaii dans le Moniteur, IV, 504; dans et dans Butehez et Roux, VI, 21-23.
*les
Arch.
388
et
si
membres de
Assemble
p.
natioriale.
t.
V,
1,
12.
du Comit
Robespierre a invoqu quatre principes en faveur du plan premier est que tout titre ecclsiastique doit tre utile or, les archevchs n'tant d'aucune utilit et ne donnant qu'une vaine suprmatie, il ne faut conserver que des vchs et des cms en France. II en sera ainsi du titre de cardinal, la disposition d'un prince tran-
M. de
:
le
ger,
le
dont la suppression est demande par l'opinion publique. Second principe Les officiers ecclsiastiques tant tablis pour bonheur du peuple, Je peuple doit y nommer. Il est reconnu que le
et
peuple doit retenir tous les pouvoirs qu'il peut exercer par lui-mme. Or, il peut nommer ses pasteurs aussi bien que ses magistrats. Il doit donc le faire galement. Les officiers ecclsiastiques tant tablis Troisime principe pour le bien de la socit, il s'ensuit que la mesure de leur traitement doit rte proportionne leur utilit ne perdons pas de vue que ce traitement est pris sur la substance des peuples. Le comit a donc
:
modr dans sa taxe. quatrime principe, et le plus Important de tous, est l'utilit qu'il y aurolt attacher les pasteurs par tous les liens qui runissent entr'eux les citoyens . Un signe d'improbation s'est prolong. Mais parmi ceux qui l'ont improuv, on en pourroit compter qui ont des
raison d'tre
Mon
(3) Cette dernire motion de Hobiespierre provoqua de violentes ractions dans l'AssemW'e et dans le pays. D'abord Mirabeau en fut particulirement micontent ; cair il cotmptait lui-mme la prsenter l'Assemble... Il avait command d'avance un de ses fournisseurs attitrs, le Suisse Reybaz, un superbe discours sur l'abolition du clibat des ecclsiastiques . Ce dernier demanda alors des instructions... k Robespierre m'a escamot 'la motion sur le mariage des prtres... Il est vident que Jiobespierre gtera .la cause et nuira au suiccs... >, lui rpondit alors Mirabeau. (Lettre du 2 juin 1790, puiblie dans la R.H. de la K.F., 1919, p. 216) Cf. G. Wa'lter, p. 135-137. D'autre part, en Artois, ses ennemis il' exploitrent active:m;enfc, et Augustin Robespierre Ta motion ^our le mariage des prtres te fait regarder lui crit coiuime un impie par tous nos grands philosophes Artsiens, i (Cf. G. Michon, I, 81). Mais il trouva une certaine faveur auprs 'des prtres eux-mmes f. iLe mariage des Prtres, ou Rcit de ce qui s'est pass trois sances des Assembles Gnrales du District de St-Etienn.8 du Mont, 1790, in-8, 96 pages (B.N., Lb^" 1588), Lettre de Lefetz Robestpierre, 11 juillet 1790 (G. Michon, I, 87), et pour l'ensemble: M. Dommanget, Ann. rvo*!., 1918, p. 198 et s
:
((
389
Et l'opinant
a conclu ce qu'il n'existt plus que des vchs, les cures, propor-
de
tionns aux besoins rels, la suppression des titres d'archevques et cardinal, l'lection des vques et curs par le peuple. Je voulois
retirant;
parler
du mariage des prtres, a dit M. Robespierre en se mais l'assemble n'a pas voulu me le permettre.
Assemble nationale
p. 3 et 4.
et
Commime de
Paris (imitation,)
t,
M. Robertspierre a tabli que la constitution ecclsiastique dont l'assemble s'occupoit, n'toit autre chose que les loix qui rgloient
de l'institution du culte avec l'ordre social; et .sous ce a considr les prtres comme de vritables magistrats du culte; d'oii il a conclu que n'tant institus que pour la plus grande utilit sociale, aucuns bnfices inutiles ne dvoient tre tolrs. Sous ce point de vue, il a trouv que lie comit auroit d tendre ses principes aux archevques, regard comme absolument titre qu'il a inutile; et il a t d'avis qu'il ne devoit rester en France que des vques et des curs. Il a galement parl de la suppression d'une autre
les
rapports
il
rapport,
comme
longtemps demande par l'opinion publique, a pens que le peuple devoit nommer les pasles autres magistrats, et qu'aucun autre systme seroit une
vritable
trahison
de
ses
<lroits,
un attentat
sa
souverainet.
M.
toit
l'utilit
d'attacher les
il
possibles la socit;
les plus
ce but, le mariage des prtres, mais on l'a arrt en que cette proposition n'toit pas dans l'ordre du jour.
observant
Mercure de France, 12
((
juin
1790, p.
108.
M. Roberspierre. Je vais rduire quelques principes simples Texamen du plan du Comit Ecclsiastique. La Constitution Ecclsiastique, que vous allez tablir, n'est autre
((
du
dtermmation des rapports de la Socit avec les Mmstres sont que des Magistrats publics, destins au service du culte. Toutes les fonctions publiques sont tablies pour l'intrt social. Il ne peut exister dans lia socit aucun titre de bnfice qui ne soit ncessaire au bonheur de la socit et l'administration du culte. Je tire de ces principes plusieurs consquences que le Comit n'a pas toutes comprises dans son projet de Dcret. Tous les titres d'offices Ecclsiastiques qui ne sont pas utiles, sont nuls. Les Archela
chose que
culte.
Ces Ministres ne
390
vchs tant des dignits inutiles et sans fonctions, doivent tre supprims.
les Curs.
rester dans l'ordre Ecclsiastique que les Evques et une autre dignit Ecclsiastique, dont l'on demande depuis long-temps la suppression, dignit confre par une puissance trangre, et qui tablit une autorit indpendante au sein de la Nation, je veux parler des Cardmaux, que vous devez aussi supprimer. Les Officiers ecclsiastiques tant institus pour l'utlit du Peuple, c'est le Peuple qui doit les nommer; car il doit conserver tous les droits qu'il peut exercer avec utilit. Tout systme qui tendroit altrer celui-ci, seroit une traliison de ses intrts; ainsi je m'oppose toutes les entraves que le Comit y a ajoutes. Il suit de ces principes que la mesure du traitement pcuniaire doit tre fonde sur l'intrt gnrai. Ne suivez point une gnrosit inconsidre, mais songez que chaque augmentation de traitement sera prise sur le produit de la sueur des malheureux. Enfin quand il s'agit de fixer les rapports des Ministres du culte avec la socit, peut-tre seroit-il utile de fixer les premiers et vritables liens qui doivent les unir la socit, et en faire vraiement des Citoyens. (Il s'lve des murmures.) Je rsume mon opinion dans un projet de Dcret, dont je supprime le dernier article, puisque vous ne voulez pas l'entendre; il est relatif au mariage des Prtres. (Nouveaux murmures).
Il
ne doit
Il
est
t.
VIII, n 295, p. 3.
(( M. Roberspierre, appuyant l'avis du Comit, a dit que la Nation devoit conserver tout ce qui est ncessaire au Culte, au maintien de la
Religion Catholique, et rien au-del. De l il a conclu que non seulement les Bnfices simples, les Canonicats, et autres Bnfices inutiles, dvoient tre supprims, mais encore, qu'on devoit supprimer ce qui est de pur luxe, comme les Cardinaux et Archevques, dont aucune fonction essentielles n'excdent celles de l'Apostolat; en sorte que le rgime ecclsiastique doit tre rduit aux Evques, Curs et Vicaires. Ce seroit trahir les intrts du Peuple que de lui conserver dans l'ordre de la Religion sa solde, des serviteurs inutiles. Les Prtres sont des
Magistrats chargs de maintenir la dignit et l'ordre du culte ncessaire la Socit. Il a fini son discours par un Projet de Dcret, consistant statuer qu'il ne seroit conserv que les Bnfices ncessaires au culte; que nul Franois ne pourroit accepter le Cardinalat ni les Archevchs.
Il
a ajout qu'il auroit parl d'un autre article si l'Assemble le lui c'est le mariage des Prtres. Mais lorsque dans son permis Discours il avoit voulu parler de ce dernier article, l'Assemble l'avoit rappel l'ordre du jour.
et
:
391
publiques tant institues en rsulte que les offices ne doivent tre institus que quand ils sont utiles; et devant cette maxime, disparoissent tous les titres de bnfices; devant cette maxime, disparoissent les canonicats, dont on reconnoit la profonde utilit; les archevchs, qui n'ont qu'une vaine suprmatie, et dsormais il ne doit y avoir en France, que des curs et des vques; il est encore une autre dignit trangre, confre par un prince tranger, celle de cardinal; je crois qu'elle ne peut subsister en France. II est un second principe c'est que le peuple doit nommer ses
((
:
M.
pour
le
les fonctions
il
officiers,
et le
maxime
salutaire
je
ne m'y arrterai pas. Quant au traitement sera accord aux premiers sera pay avec les impts, Je ne m'en tiendrai
((
du
clerg,
:
il
magistrats
il
de
;
a soci-
de grands murmures ont interrompu l'orateur, que l'on a vu prt s'lever contre le clibat des ministres de la religion il a propos le projet de dcret suivant ]" Il n'y aura plus que des cures et des vchs; 2" Les archevques et les cardinaux seront supprims; 3 Les vchs let les cures seront la nomination du peuple, chacun dans l'tendue de leur territoire. H y a, a-t-il ajout, un quatrime article, qui est peut-tre le
:
((
plus important
de
m 'entendre
c'est le
153, p.
613.
a particulirement propos un projet de Dcret qui fera connotre bien positivement sa sagacit, sa morale et il n'existera plus d'autres Officiers Ecclsiastiques que ses principes 1
:
M. de Robertspiene
des Evques
besoins de
des Curs, dans un nombre qui sera proportionn aux 2 les titres d'Archevques et de Cardinaux seront supprims; 3" quant aux traitements des Curs et des Evques, le plan du Comit sera adopt 4" les Evques et les Curs seront lus par le Peuple. 11 est, a continu M. de Robertspierre, un cinquime article plus important que tous les autres, que j'aurois nonc si l'Assemble l'avoit permis, c'est... il s'est lev dans la partie gauche, beaucoup de murmures, comme pour touffer la voix de l'Orateur; mais on a bien
et
la socit;
;
regarde
comme
le plus
392
M.
gard.
Chronique de Paris, t. II, n" 152, p. 607; Assemble Nationale, Commune de Paris (Perlet),
Courier National (Beuvin),
l^""
t.
VI, n 301,
p.
juin 1790, p. 4.
Du
de bnfice ne
sont institus
que pour
le
bien
tir
de
les
la
M.
Robertspierre en a
consquences l'une, qu'il ne peut exister de bnfice que ceux qui ont une destination vritablement utile; la seconde, que les peuples peuvent nommer leurs pasteurs comme ils ont le droit de choisir leurs magistrats; la troisime, que la mesure du traitement des ecclsiastiques doit avoir ^pour objet l'utilit gnrale, et non d'enrichir les titulaires. Il a ainsi rsum son opinion.
trois
Il
n'existera
plus que
le
royaume
2 Les titres de Cardinal et d'archevque seront supprims; 3 Les vques et les curs seront lus par le peuple, chacun
article
que
elle
me
Journal universel,
((
t.
IV,
p.
1522.
gnrales.
de
tre
la
Robespierre s'est born rappeler quelques considrations Toutes fonctions publiques tant institues pour le bonheur socit, il s'ensuit que toutes celles qui sont inutiles doivent
M.
supprimes. Il chtie les cardinaux franais, abolit le privilge d'archevque ou premier vque, et rduit notre clerg l'unit de la religion, aux trois qualits d'vques, curs et vicaires; il vent que leur traitement soit gal celui des autres premiers magistrats du royaume, comme administrateurs, comme juges ou comme officiers gnraux de l'arme; il allait entreprendre le point matrimonial des prtres, quand un murmure s'est lev il a vu que le lien allait se rompre, parce qu'il n'tait pas assez fort pour soutenir le fardeau, il ne s'est point expos et il s'est retir, en appuyant le plan du comit et en y
:
Le
Patriote Franois,
t.
II,
297, p. 2.
Sa demande
MM.
M. Camus.
-*
393
Robespierre qui a
...I!
cependamt un
M.
du murmure. Cet orateur ardent a fait entendre que les prtres dvoient appartenir la socit par le premier des liens, le lien du mariage. Il n'est personne qui ait un peu rfldhi sur la cause de la corruption ecclsiastique, qui ait t tmoin des bons effets du mariage des prtres parmi les sectes protestantes, qui ne soit convaincu de la ncessit de cette rforme. Mais quoique tous les bons esprits en soient convaincus, quoique tous soient persuads de la possibilit de l'allier avec la doctrine catholique, tous ne pensent pas galement que ce soit le moment de proposer cette ide; ils sont arrts par la cramte d'augexcit
ce n'est peut-tre qu'une menter l'effervescence chez les ignorans fausse terreur... Quoiqu'il en soit, il faut au moins prparer les esprits, et c'est ce que M. de Robespierre n'avoit pas fait.
:
Assemble Nationale
Jomnal de
(Extrait
du Journal de
Jour,
t.
Paris],
t.
II,
Le Nonciateur ou Nouvelles du
Paris,
l*""
III,
juin
1790.
M. de
:
suivantes
((
Il n'existera plus que des Cures et des Evchs. 2 Les titres d'archevques et de Cardmaux seront supprims. ((3 Le traitement des Curs sera conforme ^u plan propos par
l
((
l'Abb Expilli. 4 Les Evques et les Curs seront lus par le Peuple. Dans le cours de son opinion, M. de RobersDierre, indiquant
{( ((
par lesquels il falloit attacher les Prtres 'a socit, parloit ces mots, tout le monde dj de ces liens si puissans et si doux... a prononc un autre mot que l'Orateur ne pronono't pas, le Mariage des Prtres; on a rappelle M. de Roberspierre la question. 11 y est rentr, mais une proposition annonce depuis six mois toit -peu-prs faite, et en descendant de la tribune, M. de Roberspierre a dclar qu'il reviendroit sur cet objet pour en faire le sujet d'une motion
les liens
expresse.
Courier Franais,
t.
V,
n 152, p. 254.
Roberstpierre, avoit dj ^t prononc avec un
Ce
qu'a
dit
M.
M.
Treilhard;
et
il
n'y a
ajout qu'un article bien essentiel, et qui sera, sans doute, dcrt par
unir les prtres ceux de la socit, Cette vrit est si incontestable que nos neveux s'amuseront sans doute, mme nos dpens, lorsqu'ils apprendront dans nos livres qu'il fut chez nous une classe de citoyens auxquels il fut dfendu de devenir pres de famille.
le corps lgislatif; c'est
il
que pour
faut
leur
394
Journal de Versailles,
III,
n"
p. 3.
M.
pensoit,
dvouement auquel
Il ne serment qu'ils font au pape, et au servile les astreint, et ne songeoit pas qu'on peut bien
mais non pas l'anantir. Il a aussi parl du mariage des prtres; mais peine a-t-il indiqu son opinion sur ce point, qu'un murmure assez marqu l'a empch
de continuer.
17, p.
275.
:
Robespierre a pris la parole S'il ne peut exister aucune institution qui ne tende l'ordre et au bonheur public, je crois qu'il est de la sagesse de l'Assemble de dcrter qu'il n'y aura plus 1 dans le royaume que des cures et des vcbs; 2 que les vques et les curs seront lus par le peuple; 3 que les prtres auront la per:
M.
mission de se marier.
Le
t.
III,
19.
M. Roberspierre a demand la suppression des archevques et des cardinaux, l'lection des curs et des vques par le peuple; le traitement des curs et des vicaires conformment au plan de M. l'abb
d'Expilly
(4).
Le
Postillon extraordinaire ou
((
Le Premier
Arriv,
t.
I,
n 95, p.
3.
Robespierre a dit que les ministres de l'Eglise ne sont autre chose que des Officiers publics, et qu'ils doivent par consquent tre nomms par le Peuple. L'honorable Membre a demand la suppression des Archevques et des Cardinaux; et pour lier davantage les intrts des Prtres avec ceux des Peuples, il a demand qu'il ft permis aux
Prtres
M.
de se marier.
et
du Citoyen,
t.
II,
n 8, p. 553.
Gouttes, un autre cur, et M. de Robespierre, ont combattu avec leurs propres armes, et ce dernier s'est avanc dans cette lice jusqu' proposer que les prtres s'unissent la socit par les liens du mariage. Aussitt des cris immenses se sont levs. Ce n'est pas, comme 'chacun sait, que ces Messieurs renoncent aux fem-
M.
de mme
les prlats
mes, mais
(4)
ils
.))
Abb
395. h
p.
7.
il
le
Robespierre ne veut ni archevques, ni cardinaux; et a raison. Son avis est pour l'lection des curs et des vques par peuple et pour le traitement des curs et des vicaires, selon le plan
i\
M. de
de M. l'abb Expilly.
Le
t.
111,
n 172, p. 713.
il a trait a regard ce dernier comme tant d'autant plus inutile, qu'il est tranger et confr par une puissance trangre; il a avanc que le mariage des prtres serait trs-avantageux la puret des murs du clerg.
M.
d'archevque
et
de cardinal,
et
L'Ami du Peuple
((
(Marat),
t.
II,
n"
121
p.
3.
des bnfices inudes dignits archi-piscopales et cardinales, l'lection des curs et des vques par le peuple, le mariage des prtres, et le traitement des curs et vicaires, conformment au plan de M. l'abb d'Expilly.
Roberspierre a
la suppression
tiles et
M. de
demand
t.
II,
n 62, p. 490.
la suite d'un projet de dcret, un projet relatif au mcuriage des Prtres, qu'il se propose de prsenter l'Assemble.
M. de
Roberspierre a annonc,
Gazette universelle, 1" juin 1790, p. 736. Journal ou Annales de Normandie, n" 67, p. 293.
Qu'il Robespierre a prsent un projet de dcret portant que des cures et des vchs dans le Royaume. 2 Les titres de cardinal et d'archevque seront supprims. 3 Les vques et les curs seront lus par le peuple, chacun dans l'tendue de leur juridiction. 11 est encore un quatrime article, a dit M. de Robertspierre, que j'aurois prsent l'assemble, si elle me l'et permis c'est le mariage des prtres.
((
:
M.
n'existera plus
L'Orateur du Peuple,
((
t.
1,
n"
10, p.
79, et n"
p. 3.
terrass
MM.
et
Camus, ont
des archevques et des cardinaux, et les lections des curs et des vques par le peuple. ...Reposons-nous, amis lecteurs, sur des images plus douces et plus riantes; vous savez la motion faite hier par M. de Robespierre en faveur du mariage des prtres. Vous avez appris quels furent ce sujet les murmures de notre chaste clerg.
leurs
argumens.
ont
demand
la suppression
3%
mme
J'oubliois ide dire que M. de Robespierre a propos dans la sance un projet de dcret dont voici la substance I Il n'existera plus d'autres officiers ecclsiastiques que des vques et des curs, dans un nombre qui sera proportionnel aux be
:
soins
de
la socit.
titres
d'archevques et de cardinaux seront supprims; au traitement des curs et des vques, le plan du Comit sera adopt. 4 Les vques et les curs seront lus par le peuple. M. de
2 Les
3 Quant
Roberspiene annonoit une autre article comme plus important que les autres. On ne lui a pas permis de l'articuler; mais on assure qu'il proposoit le mariage des prtres. Cette motion toit hors de la question et peut tre encore hors de propos.
p.
548.
M.
le
123.
SEANCE
DU
JUIN
1790
L* ASSEMBLE,
A L'oCCASION DE LA FDRATION
Un dput demande que pour la icrmonie qui doit marquer runion de toutes les gardes nationales, l'occasion de la Fdration du 14 juillet, il soit aiocord tous les dputs du royaume, les tribunes destines au public pour assister aux 'S.ances de l'Assemble (1). L'Assemble dcrte que du 10 au 20 juiWe^; toutes Jes tribunes seront rserves .aux dputs des gardes nationales des dpartements, auxquels les membres de l'Assemble pourront distribuer
la
les cartes
(2).
Assemble
nationale,
Commune de
Paris (Perlet),
t.
IV, n 307,
p. 5.
Robertapierre et Regnaud de Saint-Jean-d'Angeli, ont d'abord observ que le peuple de Paris auroit peut-tre se plamdre d'tre amsi exclu des sances auxquelles tous les citoyens avoient droit
ils ont demand que quelques-unes des tribunes seulement fussent rserves aux dputs-gardes-nationales mais l'assemble a dcid que toutes les tribunes seroient leur disposition, et le public a vivement applaudi.
MM.
))
(1) Cif. P.V. de l'Ass. nat., n 314, p. 11. <2) Aroh. nat., C 41, 361, pice 73: Tiexte motion.
autographe de
la
397
t.
XII, p. 155-156.
Je ne pense pas qu'il faille priver les citoyens de Paris qui sont accoutums assister nos travaux, du droit d'y assister encore pendant ces dix jours je suis cependant assur qu'il n'est aucun des citoyens de Paris habitus nos sances, qui ne se fasse un devoir et un plaisir de cder sa place aux trangers qu'ils ont appelles parmi eux. (Les deux tribunes applaudissent l'assertion de M. de Robetspierre) d'autant que
:
fixs prs
de nous,
il
de
;
124.
SEANCE
DU
9 JUIN 1789
(suite)
(suite)
du
9
Le P"" juin, T Assemble avait entam la discussion des articles du projet de plan de constitution du clerg. Le titre I juin, elle aborde Je titre II. Les deux premiers articles sont adopts ; ils tablissent qu'il sera pourvu .aux vchs et aux cures, par la forme des lections, que toutes les lections se feront par la voie du scrutin et la pluralit des 'suffrages. On donne 'lecture de Part. 3: L'lection des vques se fera dans la forme prescrite et par lie corps leictoral indiqu dans lie dcret du 22 dcembre 1789, pour la noimination des membres de
l'Assemble de dpartement
.
C'est--dire que les lecteurs choisis cet effet par les assembles primaires, devront payer une contribution gale la valeur locale de dix journes de travail (art. 19 de la section I du dcret du 22 dcembre 1789). L'abb Jacquemart, cur de Brissartke, dput du clerg de la snchausse d'Angers, propose que les vques soient 'ins par lie clerg du dpartement convoqu en synode, et auquel on adjoindrait les membres de l'assemble administrative dpartementale. L'Assemble ordonne l'impression du discours de l'abb Jaccjuemart.
Robespierre
on
's'lve
lui,
particulier
Le Chapelier
Barnave
(1). 'l'article,
(1)
Cf.
E.
Hamel,
1,
4.
398
Mercure
naiiorxal
du Citoyen,
t.
II,
10, p.
678
683.
est
M. de Robespierre, dfenseur constant des principes, parce qu'il intimement persuad de cette vrit, dont les lgislateurs dvoient
((
tre pntrs,
savoir
la
peine
que ds qu'on s'carte d'un principe on commet suit ncessairement, a rfut en ces termes la
l'abb Jacquemart renferme deux objets qui de la constitution et les blessent gale-
du propinant.
La motion de M.
ment Il demande que les vques soient lus par des membres des corps administratifs de dpartements et par des ecclsiastiques; ni les
uns, ni les autres ne peuvent exercer cette fonction.
"
sont bornes
par les prmcipes constitutionnels aux objets d'administration. Le droit de nommer les, officiers publics; et par consquent les vques (qui ne sont
culte)
dire au Peuple.
sont
Vous ne pouvez
par le peuple sans confondre les pouvoirs, ou plutt sans attenter la souverainet du peuple qui en est la source. Que les principes obscurs et faux de la ihologie scholastique n'offusquent pas notre jugement au point d'oublier que
officiers publics les
eux-mmes des
nomms
relatives
vques ne sont que des magistrats chargs des fonctions publiques au culte et la morale, et qu'ils doivent tre lus par le peuple
les autres magistrats.
comme
aussi
le
Mais que
droit
dirai-je
de
de
confier
aux ecclsiastiques, concurremment avec les administrateurs ? Nommer les vques c'est exercer les droits polit'ques qui appartiennent tous les citoyens; vous ne pouvez donc l'attribuer par prfrence une certaine classe de citoyens sans violer l'galit des droits qui est la base de toute constitution libre, et c'est au clerg que vous donneriez ce singulier privilge ? Vous allez donc reconstituer ie clerg en corps politique, isol et particulier dans l'Etat; vous allez ressusciter ce corps au moment mme o vous l'avez ananti, au nom de la raison et de la libert. Vous allez rouvrir la premire porte aux abus monstrueux qu'a produit l'existence politique du clerg, comme corporation privilgie. Prenez-y garde, messieurs; si vous rendez au clerg cette prrogative que plusieurs de ses membres sollicitent avec tant d'empressement, vous ne commettrez point cette faute impunment, pour vous il en abuserait bientt, pour attasoit pour vous, soit pour lui quer les principes de votre constitution et de votre libert. Pour lui,
d'lection
:
prsenter ce corps ncessairement ambitieux, comme tous les corps, le plus faible moyen de faire renatre ses prtentions, il le fera valoir
dans toute son tendue. Mais bientt, l'opinion publique, trop claire.
399
abus s'armerait contre lui de toute sa des anciennes injures nationales. Ah, qui pourroit rpondre alors du sort du clerg } Que dis-je, ceux qui affectent sans cesse d'opposer l'intrt de la nation, l'intrt prtendu de la religion catholique, ne prvoient-ils pas que ce seroit alors seulement qu'elle pourrfSit courrir quelque danger ? Si les membres des corps administratifs et les ecclsiastiques ne peuvent lire ni les vques, ni tout autre ministre du culte, la consquence est que ce droit ne peut tre exerc que par le Peuple. On vous a dit que dans ce sicle de lumires et de corruption, cette institution auroit les plus funestes inconvnients; sans m'tendre sur ce qu'on appelle la corruption du sicle, sans comparer ce sicle avec les bons sicles de servitude et de barbarie que l'on regrette sans porter mme mes regards dans l'avenir, qui doit si amrement, peut-tre offrir aux lgislateurs de la France une perspective plus satisfaisante, je me contenterai de faire observer l'auteur de la motion, que cette objection qu'il oppose au peuple s'lve contre tous ceux auxquels il voudroit transporter ses droits, puisqu'enfin la corruption des sicles ne respecte aucune classe, aucune corporation. Je ne crois pas mme que les privilges du clerg se soient jamais tendus jusque-l. Au reste, messieurs, au milieu des inconvnients qui peuvent natre dans tous les systmes, de ce qu'on appelle la corruption du sicle, il faut s'attacher une rgle qui est la seule sauve-garde contre cette corruption mme; c'est ce principe que la moralit qui semble avoir disparu dans le plus grand nombre des individus ne se retrouve que dans le corps du peuple assembl et dans l'intrt gnral. Or, le vu du peuple reprsente l'intrt gnral; le vu d'un corps reprsente l'intrt et l'esprit
rigueur, elle rveillerait le ressentiment
particulier
du
corps.
Le vu du
clerg
reprsentera
ternellement
l'esprit et l'intrt
((
du
Ce
Le
Point du Jour,
t.
X,
n''
329, p. 453.
M.
M.
Jacque-
mart.
1 Il est contraire, a-t-il dit, tous les principes, que les membres des assembles administratives choisissent les vques; les vques
sont des minitres du culte, ce sont des hommes chargs de fonctions publiques, relatives au culte et la morale. Leur lection est l'exercice d'un
appartient ncessairement celui qui dlgue les ne peut donc appartenir des administrateurs, qui ne peuvent exercer que des fonctions administratives, et qui sont eux-mmes des officiers lus par le peuple. C'est au peuple, c'est celui qui
droit politique,
qui
il
pouvoirs publics;
nomme
400
de
du
culte, et surtout
Le
aux
droits
du sou-
verain.
qui confre le droit d'lire aux par un privilge attach cette qualit, avec une influence particulire, est une atteinte encore plus rvoltante la constitution, puisque la nomination des vques est l'exerappeller les ecclsiastiques, par prfcice d'un droit politique
ecclsiastiques,
rence aux autres citoyens, cette nomination, c'est rompre l'galit des droits politiques, qui est la base de la constitution, c'est donner au clerg une influence politique particulire, c'est le reconstituer en corps isol, c'est rouvrir la premire porte aux abus qui ont rsult, et qui peuvent
renatre encore
de ce grand abus.
vous a dit que livrer au peuple, c'est--<lire l'assemble des lecteurs, le droit de choisir les vques, toit une institution funeste dans ce sicle de lumires et de corruption. Mais sans m'tendre sur
On
de ce qu'on appelle la corruption du sicle, sans la comparer bons sicles barbares qu'on regrette, sans porter mme mes regards sur l'avenir, qui doit prsenter aux lgislateurs de la France une
les causes
avec
les
me
de
la motion,
que l'objection
qu'il
ceux qui il voudroit transporter ses droits; puisqu'enlin la corruption des sicles ne respecte aucune classe, aucune corporation. Les privilges du clerg, ce me semble, ne s'tendoient pas jusque-l; au reste, au milieu des inconvnients qui peuvent natre, dans tous les systmes, de ce qu'on appelle la corruption du sicle., il est une rgle laquelle il faut s'attacher, c'est que la moralit qui a disparu dans la plupart des individus, ne se retrouve que dans la masse du peuple et dans l'intrt gnral; or, l'opinion du peuple, le vu du peuple expriment l'intrt gnral; le vu d'un corps exprime l'intrt du corps; l'esprit particulier du corps, et le vu du clerg exprimera ternellement l'esprit et l'intrt du clerg. Je conclus pour le peuple (2).
Gazette nationale ou
le
M.
Roberspierre.
M.
les
Evques par
les Ecclsiastiques,
de l'Assemble administrative, ceci est directement oppos aux principes de !a Constitution. Le droit d'lire ne peut appartenir au Corps
administratif; celui en qui rside la Souverainet, a seul le droit d'lire,
(2) Texte reproduit dans les Aroh. pari.. XVl, 186. L'imprimeur .libraire Prvt, la suite de l'dition du discours de Robespierre s-ur la peine de mort (cf. sance du 30 mai 1791). en 1830, annonait auteur sur la publication prochaine d'un nouveau discours du les ides religieuses. Nous ne saurions dire s'il a paru; en tout cas^
mme
401
ce droit ne peut tre exerce que par lui ou par ceux auxquels il l'a On vous propose de faire intervenir le Clerg dans l'lec^on de cette portion d'Officiers publics, appels les Evques c'est bien-l l'exercice d'un droit politique. Vous l'appelez l'exercice de ce droit, non comme Citoyen, mais comme Clerg, mais comme Corps particulier, ds-lors vous drogez aux preimiers principes; non seulement vous rompez l'galit des droits politiques; vous faites du Clerg un corps isol; vous consacrez vous-mme le retour des abus; vous vous exposez l'influence dangereuse d'un Corps qui a oppos tant d'obstacles vos travaux. Ni les Assembles administratives, ni le Clerg ne peuvent concourir l'lection des Evques: la seule lection constitutionnelle, c'est celle qui vous a t propose par le Comit. Quand on dit que
dlgu.
:
de pit;
aux prin-
cipes
du bon
sens;
que
corrompu pour
de bonnes
ne s'aperoit-on pas que cet inconvnient est relatif toutes que le .Clerg n'est pas plus pur que le Peuple lui-mme ? Je conclus pour le Peuple (3).
lections,
;
Assemble
nationale,
Commune de
Paris (Perlet),
t.
VI, n 310,
p. 7.
et
il
M. l'abb Grgoire a adopt le plan de M. l'abb Jacquemard, a ajout, pour amendemeTit, que les non-catboliques ne puissent
pas concourir cette lection. M. Roberspierre a prouv que les deux parties de la motion du le propinant heurtoient directement les principes de la constitution
:
ne peut appartenir aux administrateurs, il rside minemment dans le peuple, qui ne le confie qu'au corps lectoral. Les membres du dpartement ne reoivent que le pouvoir d'administrer; ils usurpedroit d'lire
donc sur le droit du peuple, et ils n'agiroient mme que comme dlgus de ses dlgus, ce qui est entirement inconstitutionnel. Choisir ses officiers de morale comme ses officiers de justice, est l'exercice d'une fonction civile et politique or, si vous appeliez le clerg, non comme citoyen, mais comme clerg, ds-lors vous drogez aux premiers principes de votre constitution, non-seulement parce que vous rompez l'galit des droits que vous avez tablie, mais parce que vous en faites un corps politique et spar, qui exerceroit une grande influence, et qui
roient
les
:
renatroit bientt
du comit.
t.
IX, n 304, p.
13.
Roberspierre a pens qu'il toit inconstitutionnel de donner aux Membres des Corps Administratifs, conjointement avec le Clerg
M.
(3)
raye,
I,
le
et lloux,
402
Le
des fonctions d'administration; de-l il rsulte que le droit d'lire les Evques ne peut tre exerc que par le Peuple ou ceux qu'il chargera d'lire. Nommer des Evques, des Officiers du Culte, des Officiers de' morale, c'est exercer une fonction politique qui ne peut tre donne au Clerg, parce qu'il ne fait plus une corporation, et ne doit plus la faire dans les principes de la Constitution. C'est mal propos, a-t-il ajout, que M. le Rapporteur (4) a abandonn l'avis du Comit, dont l'article est le seul constitutionnel, l'intrt gnral ne peut tre exprim que par le vu du Peuple, l'lection d'un Corps ne peut exprimer que l'intrt d'un Corps; je conclus pour le Peuple.
Journal des Etats gnraux (Devaux),
t. XII, p. 162-163. VIII, p. 266.
t.
vous propose de faire nommer les evet les assembles administratives j'attaque cette proposition, parce qu'elle est inconstitutionnelle et dangereuse sous tous les rapports; elle est inconstitutionnelle parce que,
:
M.
Robespierre
On
ques
concuremment par
le
clerg
vous permettiez que les prtres se runissent en corps, pour procder l'lection des vques, ce seroit autoriser l'existence d'un corps, que vous avez dcrt ne devoir pas tre un corps; elle est encore
si
inconstitutionnelle parce que vous avez aussi dtermin les fonctions des assembles administratives et que vous ne leiir avez donn ni d donner le droit d'lev (sic) aucunes charges publiques. Les dispositions du dcret qui vous est propos par M. l'abb Jaquemart, sont donc dangereuses parce qu'elles contrarient les droits et les intrts du
peuple. Je conclus donc ce qu'il n'y ticle, ainsi je conclus pour le pays. )>
ait
Mercure de France, 19
<(
juin 179, p.
186.
droit d'lire
Robespierre s'est rcri contre ce mode inconstitutionnel le ne pouvant appartenir au Corps Administratif, mais celui en qui rside la Souverainet. Il a insist sur le danger de ramener
:
M.
l'existence politique
du Clerg.
t.
XII, p. 250.
Robespierre La proposition de M. Jacquemar (sic) est oppose diamtralement aux principes de la constitution. D'abord des fonctions administratives sont absolument distinctes du droit d'lire. Les vques sont des officiers publics, par consquent, ils ne peuvent tr<^
:
M.
(4)
403
que par le peuple. En second Heu, faire intervenir le clerg dans nomination des officiers publics, c'est lui donner l'exercice d'un droit politique, c'est appeler, non des citoyens, mais un corps qui vous donnez une influence isole et particulire dans l'Etat. Je conclus ce que l'article du Comit soit admis.
Courier de Provence,
((
t.
VIII, p. 480-481.
Ce
Il
sageoit le systme
de
M.
Jacquemart, qu'il
attach rfuter.
voyoit dans le
mode
principes
on confroit un corps qu'on cumuloit deux pouvoirs diffrens dans la mme main; c'est--dire qu'on dpouilloit de ces lections, le peuple, qui seul a le droit d'lire. Ce dernier raisonnement, nous devrons l'observer, frappe galement contre une assemble lectorale, et ce n'est pas juste par consde
la
constitution;
car d'un
administratif
le
droit
d'lire,
((
quent.
))
MM.
tel
plan
toit
avoir
de bons vques,
titre
il
aucun
Le
Postillon (Calais), n
((
M. de
du comit,
selon la
nouvelle rdaction,
ces
lections le
ce qu'elle admet
qu'elle transporte
en d'autres mains
ple.
))
n'appartient
qu'au peu-
Annales patriotiques
et
littraires,
n'*
252,
Il
juin
1790.
L'abb Jacquemart a conclu ce que les vques fussent choisis par le clerg de chaque dpartement et par les membres des Assembles dpartementales.
((
Dj l'Assemble
Robespierre,
de
que
MM.
le vote.
404
Le
les
34, p.
2.
,
MM.
)>
Chapelier,
Barnave
et
Robespierre ont
fait
cesser
tous
dbats.
Assemble nationale
p. 6.
((
et
Commune de
Paris (imitation),
t.
...Mais ce
Robertspierre,
Chapelier,
systme a t combattu avec avantage par Camus et Barnave, qui ont ramen l'assem-
MM.
125.
SEANCE DU
10
JUIN
1790
Le marquis de
Grillon,
dput de
la-
noiblesse
du bailliage de
:
Troyea, propose au nom du comit militaire, un projet de dcret pour le rtablissement de la discipline dans l'arme L'Assemb'le nationale instruite des dsorkires survenus dans plusieurs rgiments de l'arme, et que notamment plusieurs rgiments ont cru pouvoir forcer leurs officiers quitter leur corps ; .(...) dclare qu'elle voit avec la plus, vive douleur et le plus grand mcontentement les actes d'insubordination qui ont eu lieu dans quelques rgiments; (...) arrte que son prsident se retirera par devers le roi, chef suprme de l'arme, pour 'lie supp'lier de prendre les mesures les plus promptes et les plus fficaces pour y rtablir l'ordre et la subordination, et de punir avec svrit toutes dsobissances aux lois militaires m... Malgr quelques dputs qui demandent l'ordre du jour, l'Assemble dcide ique la discussion s'ouvrira sur -le rapport du marquis de Crillon. Le chevalier de Murinais, dput de la noblesse de Dauphin, annonce alors qu'un officier se trouve la barre, qui apporte en don patriotique, l'argent donn des soldats pour les sduire. L'Assemble dcide que cet officier, M. de Puysgur, colonel du rgiment d'artillerie en garnison Strasbourg, sera entendu. Il se prsente la barre et offre en don patriotique 245 'livres qu'il dclare avoir t donnes sur le march de S'tras bourg, par un inconnu, .un caporal de 'Son rgiment (1). On demande l'impression du disjcours de M. de Puysgur (2) Robespierre s'y oppose. L'Assemble, de l'avis de Charles de Lamcth, dcrte l'impression du discours et de la rponse du prsident. Quant au projet de dcret du comit militaire, il fut renvoy un nouvel examen du comit. b
((
(1) Cf.
E.
Hamel,
266.
(2)
Arch. nat.,
41,
405
t.
Assemble Nationale
et
Comnxme Je Paris
(imitation),
IV, n 308,
Le
Junius Franais,
((
13 juin 1790, p. 7.
M.
relation
M. de
Crilon,
qu'en ordonner l'impression avant d'avoir statu sur le projet de dcret, ce seroit en quelque sorte prjuger les torts qu'on reproche des rgimens, et que l'assemble ne sauroit apporter trop d'attention ce
de d^cret, avant que de l'adopter. Les uns, s'est-il cri, attribuent les torts des soldats l'insubordination, d'autres les attribuent des causes bien diffrentes. Il a conclu ce que l'impression demande ne ft pas dcrta sans avoir examin les faits qu'on reproche
projet
l'arme.
Gazette nationale ou le Moniteur universel, n 163, p. 663. Bulletin de l'Assemble nationale, n" 327, p. 13.
((
M. de
Robespierre
parce que le Discours de M. de Puysgur nve parat avoir une relation intime avec le projet de Dcret prsent par M. de Grillon. En ordonner l'impression, ce seroit en quelque sorte prjuger les torts qu'on reproche quelques rgim^ens. L'Assemble ne saurait apporter trop d'attention avant que de l'accorder. Les uns attribuent les torts des Soldats l'insubordination, les autres des causes bien diffrentes, que je ne veux pas mme noncer. (3). Je demande qu'on passe sur le champ l'ordre du jour
Je
demande
l'ordre
du
jour,
))
Le
Patriote Franois,
t.
II,
n" 308, p.
l.
Robespierre, Charles Lameth et de la Ville-aux-Bois (4) inculpoit qu'il ont soutenu que le dcret prqpos toit prmatur; toute l'arme, tandis qu'on n'avoit se plaindre que de quelques rgi-
MM.
mens; qu'il
la
falloit
de
force
publiqu.e
dont
l'assemble
alloit
prochainement
s'occupper
(sic).
MM.
du
l'ordre
brer.
jour,
de Roberspierre et Charles Lameth ont demand l'autre, que l'on dcrtt qu'il n'y avoit lieu
l'un
dli-
(3)
liarl.,
le
les
Arch.
XVI,
163.
iu
(4) L'Eleu de la Ville aux Bois, dput du tiers tat du baiTliage Vermandois Laon.
406
126.
SEANCE
DU
16
JUIN
1790
{suite)
les fonctions
Poursuivant la discussion" sur la constitution du clerg, TAssemble en arrive l'article premier du titre III, concernant i. traitement des ministres de la religion. Il commence par ces motiLes ministres de la religion exerant les premires et les plus importantes fonctions de la socit... ^ Malgr les oibservations de JRobespierre fet d'Andr, cet article fut dcrt sous la rdaction propose par le comit.
:
c(
t.
II,
p. 300.
Je proipose de supprimer ce premier article, faite des Ides spirituelles, les premires et les plus Importantes fonctions de la socit ne sont pas celles des ministres de la religion, mais plutt celles des lgisRobetspierre.
et
M.
comme
Inutile
lateurs.
Le
Point du Jour,
t.
p. 73.
M.
D'assez
article inutile et mal motiv. La de la socit, a-t-11 dit, est celle des lgislamurmures se sont fait entendre n (1).
Assemble nationale
p.
((
et
Commune de
et
Paris (imitation),
t.
IV, n 314,
5.
MM.
Roberstpierre
les
la
l'on
supprima
tolent
(sic)
de
l'article
mots: ...exerant
socit,
du pouvoir
lgislatif
et excutif.
t.
XII, p. 344.
ont
ils
MM.
de Robespierre
article,
et
d'Andr
(2)
demand
la suppres
sion
du premier
comme
inutile;
mais
Texte rieproduit dans les Arch. pari., XVI, 235. D'Andr, dput de la snchausse d'Aix il se contenta Jguer que le passage en question tait inutile.
(1)
(2)
:
d'al-
407
vqxtes
Sur
le
traitement
des
L'Assemble aborde la discussion de rarti'dle 3 du ti-tre lil ui plan de constitution du clerg, concernant le traitement des ministres de la religion. Il est ainsi rdig Le traitement des vques sera: savoir, pour l'vque de Paris, O.OOO livres; pour les vques des villes dont la popuilation pour tous est de cinquante mille mes et au-dessus, 20.000 livres
:
autres vques, 12.000 livres. Cazales, dput de la nob'lesse du pays de Rivire-Verdun, se fondant sur les devoirs de charit qui incombent aux ministres
les
.
du
traitement des vques ne soit pas infrieur a 20.000 livres, celui de l'vque de Paris lO.OOO, ceux des curs s'chlonnant entre 10.000 livres pour ceux de Paris et 6.000 pour ceux des villes de plus de cinquante mille mes. Robespierre s'lve contre ces propositions. Aprs diverses interventions, dont celle de Le Chapelier, l'article 3 fut dcrt par l'Assemble, sous la forme mme propose par le comit (3).
culte,
le
demande que
Gazette nationale ou
le
p. 688.
M. de
Roberspierre,
J'adopte les principes du Proipinant (Cazals), mais j'en tire une consquence un peu diffrente on vous a parl de Rel'gion et de charit saisissons l'esprit de la Religion, agrandissons les ides
: :
de
et nous verrons que l'article du Comit ne pche rien par l'conomie. L'Auteur pauvre et bienfaisant de la Religion, a recommand au riche de partager ses richesses avec les indlgens; il a voulu que ses Ministres fussent pauvres; il savolt qu'ils serolent corrompus par les richesses; 11 savolt que les plus riches ne sont pas les
charit,
moms que
plus gnreux;
de l'humanit ne
luxe
et
compatissent gures
misres,
qui,
par
leur
par
les
m&me de
l'oppulence. D'aprs ces ides qui paroissent aussi inspires par la raison
il est vident que le vrai moyen de soulager les paude remettre des sommes considrables entre les mains d'un petit nombre de Ministres. Sont-ce donc-l les vues du Lgislateur ? Le Lgislateur doit travailler diminuer le nombre des malheu-: reux, et pour cela il ne suffit pas de remettre des trsors entre les mains de quelques-uns et de les charger de les rpandre. Non, les Lgislateurs ne soumettront pas la vie des hommes, le bonheur du Peuple au caprice et l'arbitraire de quelques hommes c'est par les grandes vues de rAdminlstration qu'ils peuvent secourir les malheu-
par
la vrit,
(3) Cf.
E.
Hamel,
I,
267-268.
408
reux;
c'est
en rformant les Lois qui outragent l'humanit; c'est en les Lois gales pour tous, frappent galement sur tous et protgent tous les bons Citoyens sans distinction. Voil la vritable bienfaisance qui convient des Lgislateurs.., Je demande si douze mille liv. ne suffissent pas, et bien au-del, aux besoins d'un homme. Je pense qu'il seroit plus conforme la justice de rduire cette somir.^, et mon avis particulier est qu'on ne fasse mille aucun Evque un traitement qui s'lve au-dessus de dix
faisant
que
livres
(4).
et
du Citoyen,
t.
II,
n 11, p. 767.
Robespierre, dont l'me simple et franche, est ennemie d'un vam luxe, a retrac l'usage que les vques avoient fai ae leurs richesses, et conclu ce qu'on donnt 12.000 livres ceux des grandes
M. de
villes et
10.000 aux
autres.
et
du Citoyen,
t.
II,
n"
12, p.
802
M.
mais j'en tire des J'adopte les principes de M. de Cazals consquences un peu diffrentes des siennes. On vous a parl. Messieurs, de religion, de charit, pour lever la fortune des vques beaucoup au-dessus de 12.000 livres de revenu. Eh bien! saisissons l'esprit de la religion; agrandissons les ides de charit ou de bienfaisance, et vous verrez que le taux, propos par votre comit, ne pche rien moins, que par un excs d'conom.ie. Sans doute le Dieu bienfaisant qui s'est montr aux hommes,
(( ((
a ordonn tous les hommes de se ordonn aux riches de secourir de leurs richesses leurs semblables, maltraits par les abus qui font si peu de mais il n'a pas voulu que les ministres de riches, et tant de pauvres son culte fussent eux-mmes opulens. Il savoit que ds le moment oix
sous les dehors
de
la pauvret,
il
secourir
mutuellement;
ils
s'enrichiroient,
ils
et qu'ils perdioient toutes leurs vertus, sans en excepter la bienfaisance et la charit. Il savoit que, si les riches peuvent faire du bien, ils le veulent rarement; non-seulement parce
(4)
le
et
Mme
409
et les plaisirs qui les environnent les rendent inaccesau sentiment des misres humaines, mais, parce que leurs besoins et leurs passions croissant toujours avec leurs richesses, ils deviennent pauvres eux-mmes, au sem de l'oppulence; et sans doute, ce n'est point en vain qu'il a donn ceux qui dvoient tre les ministres de son culte, l'exemple d'une pauvret diffrente; ce n'toit pas du moins pour que l'on vnt aujourd'hui nous proposer, pour ainsi dire en son nom, d'accumuler sur leurs ttes ces trsors dangereux, qu'il a luimme voulu carter de leurs mains. On vous a allgu la ncessit de l'aumne, pour vous dterminer enrichir les vques. Mais est-ce donc l la manire dont les lgislateurs doivent pourvoir au bonheur public, et la subsistance de leurs concitoyens? Non; d'abord ce seroit violer tous les principes de
social; ce seroit blesser la fois les droits et la dignit de l'homme, que de mettre dans les mains de quelques hommes le pouvoir d'accorder ou de refuser des secours pcuniaires aux citoyens indigens, qui la patrie doit une subsistance certaine; que de faire dpendre des vertus et de la volont de quelques ecclsiastiques le bonheur et la vie d'une multitude de citoyens. Oui, l'aumne, la mendic't, une classe nombreuse de socit mourant de faim, ou ne subsistant que par la piti des particuliers opulens voil le scandale et le crime des
l'ordre
socits
corrompues.
Elle
indique
au
lgislateur
la
tche
qu'il
doit
gaux en droits, que les foibles trouvent toujours proque le citoyen le plus riche et le plus puissant n'chappe jamais l'autorit ou la svrit des loix; tarir les sources de la misre publique, et empcher, autant qu'il est en leur pouvoir, qu'il n'existe des malheureux; au lieu de s'appliquer uniquement les soulager par des moyens insiffisans ou avilissans pour les hommes; voil la vritable bienfaisance du lgislateur; voil les moyens par lesquels 11 n'ira donc pas l'puiser il doit surtout assurer le bonheur du peuple. par des charges insupportables, pour enrichir quelques prlats de ses
soient rellement
tection et justice
traitement
propos pour chaque vque, il pourra excessive. Pour moi, je propose de le fixer 10.000 livres, et je crains encore de n'tre point assez avare de la subsistance des malheureux.
livres
de 12.000
cette
trouver que
somme
est
Journal des Etats Gnraux (De vaux), t. III, p. 310. Gazette nationale ou Extrait..., t. VIII, p. 354 (Ars., Jo 20 110).
M.
mais
je
crois devoir
Robespierre: J'adopte tous les principes du propinant; en tirer d'autres consquences; il vous a parl de
410
religion et
eh bien, suivons avec lui les prceptes de la reliSans doute un dieu bienfaisant a impos aux riches l'obligation de secourir les malheureux; mais il n'a pas voulu que ses ministres fussent riches eux-^mmes. Le sauveur savoit bien que cet homme qui jouit d'une honnte mdiocrit, se prive de son absolu ncessaire pour soulager des maux qu'il ressent lui-mme; il savoit aussi que les riches, spars de l'indigence, ne les aperoivent que pour dtourner les yeux; il savoit que les besoins de riches, sont toujours proportionns leurs richesses... Le lgislateur doit soulager les malheureux, oui sans doute il le doit, il doit encore s'il est possible, empcher qu'il existe des malheureux; mais pour atteindre ce but, il ne suffit pas de laisser des trsors dans les mains de quelques-uns; il n'est pas permis au lgislateur de faire dpendre le sort de l'indigence de la volont de quelques hommes quels qu'ils soient; il ne lui est pas permis de soumettre le bonheur du pauvre au caprice et l'ambition du riche favoris... Les lgislateurs prendront soin des pauv'res, et 12 mille livres assignes aux vques ne suffisaient pas pour leur existence prive. De quelle nature sont donc les hommes 7 qui destinez-
de
charit;
de l'piscopat? Je conclus ce qu'il n'y ait pas lieu dlibrer sur les conclusions du propinant, et si je me plaignais de l'article du comit, je lui ferai le reproche du contraire celui que vient de lui adresser M. de Cazals. Mon avis particulier, est que
vous
la charit
le traitement
livres.
t.
349.
propinant (M. Cazals) vous a parl J'adopte ses principes; mais approfondissons ce que l'une et l'autre nous prescrivent, et les consquences que l'on tirera seront toutes diffrentes des siennes. Sans doute, l'auteur bienfaisant de notre religion veut que tous les hommes se seco'.rent mutuellement. Il a impos aux riches les doux fondemens (sic) de soulager les pauvres; mais Jsus-Christ a-t-il voulu qu'ils fussent dans l'opulence ? Non sans doute. Il prche d'exemple. Ne savait-i! pas
M. de
Robespierre:
Le
de
la religion et
de
la
charit.
que
les richesses leur feroient contracter tous les vices qu'elles tranent
fait
oublier les
maux de
l'humanit, et
la
socit;
que
l'on
homme
((
qu'on en
quand
il
chameau de
passer par le trou d'une aiguille, qu' un riche de parvenir au royaume des cieux ? N'avons-nous pas t tmoins que ces prtendus dispensateurs
se sont
crs des besoins proportion de leurs richesses; que leur luxe et leur
prodigalit les a rendu
411
Le pass nous a instruit que le vritable moyen de soulager pauvres n'est pas de mettre les richesses en peu de mains. Une nation ne peut souffrir que le soulagement des indigens dpende d'une classe d'hommes. Cette noble fonction appartient essentiellement toute la nation, et par elle aux pres, aux reprsentans des peuples,
les
traiter galement le pauvre une justice gale et prompte. De quelle nature sont-ils donc ceux-l qui se trouvent dans la gne avec 12 mille livres? Si l'on croit qu'il faut tre riche pour faire du bien, que l'on demande aux fidles dont les paroisses toient gouvernes par des pasteurs portions congrues, et vous verrez qu'ils y ont fait tout le bien possible. Je conclus, quant m.oi, fixer le traitement des vques 10 mille livres.
dont
les devoirs
et le riche,
((
de
L'Ami du
{(
Roi,
t.
I,
n''
18, p. 69-70.
Le premier de
M. de
Roberspierre.
galement par la justice et par l'humanit, d'assigner des magistrats, des officiers publics, un moyen de subsistance; un foible ddommagement des proprits qu'ils ont possdes ? Et faudra-t-il aussi regarder comme inutile de fixer un traitement aux ministres de la justice. M. de Roberspierre va plus loin. Son avis est que mme en fixant le sort des ministres de la religion, on fasse abstraction de toute ide religieuse; la chose ne parot pas aise, et d'ailleurs quel inconseroit-ce
Ne
vnient y auroit-il de rveiller ces ides. Enfin, l'honorable membre ne reconnot dans le corps politique ((
tion
que deux tats, le pouvoir lgislatif et le pouvoir excutif. La constitucependant en a distingu un troisime, le pouvoir, judiciaire. Ne pourroit-on pas lui demander auquel de ces deux pouvoirs
((
de
la religion, et s'il
que
du corps
lgislatif,
du pouvoir
excutif.
...Les applaudissements
toient
et
mations de
sibilit
M. de
Robespierre
des vques...
t.
Le
Point du Jour,
XI,
p.
77.
J'adopte les principes du propinant, a dit M. Robespierre; mais il me permettra d'en tirer des consquences diffrentes. D'abord, le peuple savoit que les vques ne travailloient pas pour les pauvres, qu'ils toient eux-mmes toujours pauvres au milieu de ropi'lance; nous sommes assurs, nous, que le moyen de soulager les malheureux
n'est
de
la
pas de mettre de grandes richesses entre les mains des mini.stres religion, et qu'il ne faut pas faire dpendre le soulagement du
412
pauvre de
n'est
la volont ou <u caprice d'un certain nombre d'hommes. Ce que par les grandes vues de la lgislation que l'on pourvoit efficacement au soulagement du pauvre. Je pense qu'il faut donner 12.000 livres aux vques des principales villes et 10.000 livres tous les
autres.
Assemble nationale
p.
7.
et
Commune de
Paris (imitation),
t.
IV, n 314,
Robertsplerre en adoptant les principes du propinant (Caen a tir des consquences toutes diffrentes On vous a parl de religion et de charit; saisissons les ides de religion, tendons les ides de charit. Le divin instituteur de notre
iM.
zals),
religion,
sans
doute,
voulut
que
les
ses
ministres
fussent
il
charitables,
mais que
il
les
corrompent
qu'ils
hommes,
qu'elles
et
les
sibles
aux maux
n'ont
jamais
prouvs,
que
Le
moins de pauvres possibles, ses vues doivent tre gnrales, et ce n'est pas dans les mains seules de quelques particuliers qu'il faut dposer des ressources dont ils pourroient toujours disposer arbitrairement. Il ne faut pas donc assigner aux ministres du culte plus que la patrie ne leur doit; or, 12.000 livres sont plus que suffisans pour la subsistance d'un vque, je demande que le traitement soit rduit 10.000 livres.
ait le
t.
IX, n 312,
p.
4.
M.
Roberspierre a soutenu
le projet
du Comit.
Il
a pos pour
que ds Lgislateurs ne pouvoient augmenter le traitement de quelques officiers publics sous la condition qu'ils en emploieroient une partie au soulagement des malheureux; qu'ils dvoient dans leur sollicitude faire des loix qui pourvoyent aux besoins des pauvres, mais qu'ils ne pouvoient pas sur cet objet important s'en rapporter des particuliers, quelles que soient les vertus qu'on puisse leur supposer. Il a conclu ce que le traitement propos pour les vques, par le Comit ecclsiastique, ft rduit une somme de dix mille livres
principe
Le
Postillon (Calais),
({
t.
III,
M.
de
vous
et
a parl
de
que l'une
Sans doute l'auteur bienfaisant a ordonn de se secourir mutuellement, mais il n'a pas voulu que ses ministres soient dans l'opulence, parce qu'il savoit bien qu'au mme instant ils contracterolent tous les vices qui sont la suite des richesses, parce qu'il savoit
l'autre nous prescrivent.
413
mme
se prive sou:
du
maux
qu'il sent
lui-mme
le riche
au contraire oublie au milieu des jouissances les peines de l'humanit, dont il n'a jamais prouv les atteintes. Je pense que le traitement propos par le comit doit tre rduit 10.000 livres.
Le
Spectateur national,
17 juin
1790.
Robespierre a dit qu'il adoptait les principes du propinant, mais qu'il n'en tirait pas les mmes consquences; que l'intention de la religion tait que les pauvres fussent secourus par les riches, mais non pas que ses ministres ifussent riches eux-mmes. Il a ajout que l'auteur de cette sainte religion savait trs-^bien, que donner des richesses aux ministres, c'tait les exposer toutes les erreurs qui garent la faiblesse humaine, et il a fini en disant que le comit avait trop accord, et que 10.000 1. sufisaient (sic) aux vques.
M.
Assemble
((
nationale,
Commune Je
t.
VI, n 317.
p. 6.
MM. Roberspierre et Chapelier l'ont rfut avec beaucoup de force; ils ont fait voir que le fondateur de notre religion a command aux riches le devoir de secourir l'humanit; mais qu'il n'a pas voulu que ses ministres fussent riches. Ils ont rappel cette grande vrit, que c'est toujours le pauwe qui donne aux pauvres, et que, dans un gouvernement bien administr, c'est la socit pourvoir aux
personne; indigens.
Journal de
{(
Versailles,
t.
lll,
l7, p. 67.
de Robertspierre et le Chapellier l'ont rfut en prsenargument que la bienfaisance publique ne doit point tre exerce par une classe particulire, et que les ministres de la religion seront toujours les dpositaires et les distributeurs des aumnes des fidles. Ils ont remarqu que les vques toient peu dans l'usage d'exercer cette chant active dont parloit le propinant, et que les curs qui le deviendroient l'avenir, trouveroient avec peu le moyen de devenir gnreux et bienfaisants.
tant
le
MM.
seul
On
a cart les
amendemens,
et l'article a pass.
M.
trop
libral
qu'il
fallait
rduire
le
traitement
10.000
liv....
Un
414
silence
prouv
le
jugement que
l'on
portait
Mne
telle
motion.
Courier de Provence,
((
t.
IX, n 156,
religion,
p.
12.
disoit M. Robespierre, a voulu que parce qu'ils seroient corrompus par les richesses, parce qu'il savoit que ce ne sont pas les plus riches qui sont les plus humains.
L'auteur de
la
ses disciples
fussent pauvres,
3" intervention:
Sur
le
est
L'article 4 sur le traitement des vicaires des glises cathdrales ensuite mis en discussion. Successivement, Prieur, Camus, Le
Chapelier let Kobespierre interviennent pour demander que le traitement des premiers vicaires soit diminu. Le rapporteur se raliia leur avis, sans toutefois aller aus-si loin; et l'Assemble dcrtfi Le traitement des vicaires des l'article sous cette rdaction (7) Paris, pour le premier vicaire, glises cathdrales sera, savoir de 4.000 1.; pour tous les autre pour le second, do 6.000 livres; vicaires de 3.000 1. Dans les villes dont la population est de plus de cinquante mille mes: pour le premier vicaire, de 4.000 livres; pour le second, de pour tous les au-tres de 2.400 1. 3.000 1. Dans les villes dont la population est de moins de cinquante pour le premier vicaire, de 3.000 livres ; pour le semille mes cond de 2.400 1. ; pour tous les autres, de 2.000
:
:
'1.
L'Ami du
Roi,
t.
I,
18, p. 70.
M. de
vicaires
le
de l'vque,
et le
Robespierre vouloit une galit fraternelle entre tous les et proposoit une moyenne projx>rtionne]le entre
maximum
minimum du
Robespierre voudra-t-il aussi admettre une galit fraternelle entre tous ceux du royaume ? Quoi qu'il en soit, l'assemble a paru craindre la trop grande extension de V galit fraternelle, qui doit rgner, non pas entre les vicaires seulement, ma's entre
tous
les
M. de
citoyens;
elle
rejette
la
de Roberspierre
entre le rraximum et le
(7)
Arch. nat., C
41,
3&9.
procs-verbal.
415
SEANCE DU
17
JUIN
1790
Chasset, dput du tiers tat de la snchausse de Villefranche de Beaujolais, au nom du comit des dmes, demande l'Assemble de dcider si Ton accordera aux redevables, la facult de payer la dme en argent, ou isi l'on exigera qu'ils la paient en nature. Ou demande al'ler aux voix. Hobespierre monte la tribune. L'Assemble dcide que personne ne sera entendu sur le fond de la question, e<t, aprs une courte discussio,n sur la rdaction propose, dcrte que les dmes, pour la prsente anne seront payes en la manire accoutume, et que les droits de champart seront perus jusqu' leur rachat.
Bulletin de
((
V Assemble
nationale, n^ 339, p. 8.
M. de
Robertspierre.
sera entendu sur le fond
((
(1).
de
la question
le
Moniteur,
IV,
654;
et
dans
les
SEANCE DU
20
JUIN
1790
Commmoration du Serment
l'initiative de Gilbert Romme (1), la socit du Jeu de avait t fonde Paris et Versailles au dbut de 1790. organisa le 20 juin 1790, une crmonie commmorative qui fut particulirement brillante. Ses membres forms en batailljn civique, entrrent Versailles par l'avenue de Paris. Au milieu d'eux quatre volontaires de la Bastille portaient une table d'airain sur laquelle tait grav le serment du Jeu de Paume... . La municipalit de Versailles vint la rencontre du cortge et le rgiment de Flandre prsenta Tes armes..., puis un repas de trois cents couverts tait servi au Bois de Boulogne (2).
Sur
Paume
Efle
(1)
Futur dput
Ja
Con.vejition,
-Caleil
drier rvolutionnaire, et l'un des martyrs de prairial . 12) Cf. A. Aulard, Le serment du Jeu de Paume (K.F., t.XVH, p. 18), et A. Mathiez, Les origines des culltes rvolutionnaires (Paris,
1904,
in-8),
47.
416
Au dessert, le Prsident Eomme lut le procs-verbal de la journe. Aprs lui, on porta, une srie de toasts; Danton dbuta; il fut suivi par le baron de Menou, par Charles de Laoneth, Santhola fin, j'ax (3), Barnave, Robespierre, puis Camille iDesmoulins. des jeunes filles vinrent couronner les dputs rAssemble nationale de feuilles de chne.
Description du Serment de la Fte civique clbre au Bois de Boulogne, par la Socit du Jeu de Paume de Versailles, des 20 Juin
1789
((
et
1790
(4).
Robespierre porta un toast aux crivains courageux qui avaient couru tant de dangers et en couraient encore en se livrant la dfense
de
la Patrie
(5),
{3) \Santhonax, membre de la socit des Amis de la Con titution de P.aris ; plus tard commissaire du Pouvoir 'excutif Saint-
Domingue. (4) Brochure in-8 (Bibl. de la V. de P., 12.272). On trouve galement aux Arch. nat, C 42, 376, la date du 3 juillet 1790, le procs-verbal d'inauguration d'un monument par la Socit du Serment du Jeu de Paume Versailles, le 20 juin 1790, mais Robespierre n'y est pas mentionn et on n'y voit pas sa signature. L'Assemble nationale reut en effet une dputation de la Socit du Jeu de Paume qui vint lui offrir une plaque commmorative du
20 juin. Cette rocit se runit ensuite celle des Amis de la Constitution (Mercure National... du 27 juin 1790; t. II, n 11, p. 789). (5) Cit' par A. Mathiez (Ann. rvol., 1926, p. 99), propos de la dcouverte d'un manuscrit de Robespierre Tomsk. Il rappe'lle a cette occasion que Romme avait t le prcepteur du jeune comte l'aul Alexandrovitch Stroganof, qu'il amena Paris en 1789 o ce dernier prit le pseudonyme d'Otcher. C'est sous ce nom qu'il devint secrtaire de la Socit du Jeu de Paume, et en cette qualit qu'il assista la fte du 20 juin 1790. Peut-tre aurait-il, ce jour-l, recueilli les discours et notamment celui de Robespierre. Cl gale-
ment G. Walter,
p.
665,
note 42..
129.
SEANCE DU
22*
JUIN
1790
sollicite
i:)vivs
les
(1) Le pays de Comminges formait dans les Pyrnes centrale un Comt de la province de Gascogne. C'tait, en particulier, rgion de Saint-Gaudens. (2) Cf. Gazette nationale ou Exrtait..., t. IX, p. 4 (Ars. Jo 20110)
417
haite que l'on passe Torde du jour, le rglement de T Assemble n'tant pas dfinitivement arrt; Un autre membre propose que la mesure n'ait pas d'effet rtroaictif (3), L'Assemble rejeta les amendements et dcrta que les dputs qui se sont absents ou qui s'absenteront seront privs de leurs appointements tout le temps de leur absence (4).
t.
XII, p. 399.
p. 4.
t.
IX,
Robespierre vouloit que Ton passt l'ordre du jour, par la raison, disoit-il, que toutes ces motions sur les honoraires ne font qu'avil'assemble nationale. lir On a mis aux voix s'il seroit pass l'ordre du jour. La ngative a t dcrte, et la discussion dclare ferme.
((
M.
Le
Point du Jour,
t.
XI,
p.
et
168.
MM.
((
Robe^ierre
Lavenue demande
(sic)
Vordre du jour.
))
Il est tonnant, ajoute Prteau, qu'aprs avoir fait le (3) serment que nous avons fait le 20 juin, de ne pas nous sparer que la Constitution ne soii acheve, on se permette de proposer des amendements sur les congs et les honoraires. (4) Cette mesure ne semble pas avoir produit l'effet escompt, car, le 26 juin, Populus fit observer que dj 400 membres sont absens et que si l'on .continue accorder des congs sans motif l'assemble sera bientt dserte . Cet exode avait commenc ds le 6 octobre 1789, 300 passeports avaient t dlivrs en l'espace de deux jours, le 9 il en fut encore demand 200 au prsident. Pour remdier cet tat de choses, on fut oblig de dcrter qu'il n'en serait accord dsormais que sur des motifs exposs publiquement au sein de l'Assemble. (cf. E. Hamel, I, 149-151).
130.
SEANCE
DU
22
JUIN
1790
{suite)
<(
)\OBESPIERRE.
29
418
Chateauneuf-en-Thimerais, prend la dfense dn clerg actuel, auquel on ne peut appliquer les rgles tablies pour le clerg futur, en particulier parce que souvent les titulaires actuels ont des dettes auxquelles ils ont t obligs, parfois par charit. Il propose que le minimum envisag soit adopt, que les titulaires actuels jouissent de la moiti de leurs revenus au dessus de ce minimum, mais qu'aucun maximum ne soit fix. Roederer, dput de la ville de Metz, demande pour des raisons semiblables, le rejet du projet. Robespierre le dfend, puis Treilhard, dput du tiers 4;at, de la ville de Paris (1). [La discussion se poursuit le 23 juin.
et
du Citoyen,
le
t.
II,
n 12, p. 805.
M.
traitement
Je tcherai de rpondre, en peu de mots, aux motifs que les propinans (2) viennent de proposer pour assurer aux vques un traitement plus considrable que celui qui est dtermin par le projet du comit. Pour rsoudre une pareille question, il suffiroit peut-tre d'observer, que le rsultat de ce projet donne la plupart des vque?
insuffisant,
ont
commenc par
effet
rtroactif.
Ont-ils
ecclsiastiques
ne
peuvent
tre
considrs que
comme des
que vous
les
et qu'il est
avez en effet considrs comme tels jusqu' ce moment; impossible de contester la nation le droit de rgler dans
les
salaires
qu'elle attache
ici
oubli
soit
que jusques
la
vous
n'avez
autre
qu'exercer
ce
droit,
par
suppression
de
ques, soit par la rduction des salaires de ceux qui les remplissoient ? Comment n'ont-ils point apperu d'ailleurs la contradiction frappante
En
effet,
ils
jouis-
vous ont
mme
ment pour les dcrets qui dpossdent actuellement les ecclsiastiques de tous biens fonciers. Or, n'est-il pas vident que, si leur principe toit vrai, vous n'auriez pas eu le droit de rien changer, ni au mode, ni la quotit de leur jouissance actuelle ?
(1) Cf. E. Hamel, I, 'i68-269. (2) Le 3omte de Castellane, .Roederer et le marquis fers, dput de la noblesse du bailliage de Nancy.
de oui-
419
on a
Passant
ensuite
<es
considrations
la
munificence,
gnrosit d'une
grande nation
Quelle est donc la gnrosit qui convient une nation, grande ou petite, et ses reprsentans ? elle embrasse, sans doute, l'universalit des citoyens; elle a sur tout pour objet la portion la plus nombreuse et la plus infortimc de la socit; elle ne s'attendrit pas exclusivement sur le sort de quelques hommes, condamns recevoir un revenu de 30.000 livres. Pour moi, je la rclame, en faveur de cette multitude innombrable de nos concitoyens, qui gmissent dans l'indigence; je la rclame, en faveur des pres de familles qui ne peuvent nourrir les nombreux citoyens qu'ils ont donn (sic) la patrie; je la rclame, en faveur de la foule des ecclsiastiques qui ont vieilli dans les travaux d'un ministre actif, qui n'ont recueilli que des infirmits et la misre, et dont les touchantes rclamations retentissent tous les jours vos oreilles. Vous avez choisir entr'eux et les vques; soyez justes, soyez gnreux, comme des lgislateurs, comme des reprsentants du peuple, non comme des hommes froids et frivoles, qui ne savent accorder leur compassion qu'aux prtendues pertes de ceux qui mesurent leurs droits sur leurs anciennes usurpations, sur leurs besoins factices et dvorans, mais qui la refusent aux vritables misres de l'humanit. On vous cite, en faveur des vques, l'opulence mme dont ils ont joui, et dont il seroit cruel de tomber une fortune de 30.000 liv. de rente; comme si l'injuste avantage d'avoir longtemps dvor des richesses qui appartenoient la nation, toit un titre pour les dvorer toujours; comme si ce qui seroit plutt un motif de restitution envers la socit, pouvoit tre une raison d'en exiger encore
d'excessives libralits
Mais
le
plus
de
recommande,
dettes person-
ce sont
((
les
Je pourrois
me
pu
contenter
de rpondre, que
du
lgislateur, la dispensation
des biens
la socit
nationaux; que ces principes sont le plus grand bien du plus grand
nombre,
la
l'intrt national,
et sur-tout celui
de
la portion
de
faut rfuter cette objection avec plus de dtail, ne puis consentir supposer gratuitement que la gnralit des vques a oubli la modestie et les vertus qui convenoient leur tat, au point de contracter des dettes normes, avec un revenu suprieur aux besoins les plus tendus. Si quelques-uns avoient en effet fourni une pareille preuve du danger des richesses, ce ne seroit pas, sans doute, vos yeux, une raison de leur prodiguer les trsors
fortunes.
Mais,
s'il
j'ajouterai,
que
je
420
de la nation, -et la substance des malheureux. J'ajouterai encore que 30.000 liv. de rentes, et l'conomie qu'exigent leur tat et les principes de la constitution nouvelle doivent suffire au payement de leurs
que celui qui ne les acquitteroit point avec ce revenu, les acquitteroit vraisemblablement beaucoup moins exactement encore, avec 100.000 liv. de rente, parce-que cette opulence mme, qui auroit caus sa dtresse en multipliant les passions et ses
dettes. J'observerai sur-tout
de
ses affaires et
de
sa conduite.
Enfin on vous a reprsent les sacrifices que les vques ont faits
la socit, et
dont
il
seroit injuste
de
leur enlever le
ddommagement.
de choses. Je
les
Ils
ont consacr leur tems, vous a-t-on dit, des tudes pnibles, dont
fruits
les
rponds
d'abord
leur conserver, et dont un grand 30.000 liv. nombre d'excellens citoyens se contenteroient sans doute. De plus, je ne crois pao que le temps qu'ils ont consacr l'tude de la religion puisse tre regard conime perdu, par des hommes qui resteront vques ou mmlstres de la religion. Il est un sacrifice plus intressant dont on vous a parl encore avec beaucoup de sagacit mon avis; c'est la privation de ce lien doux et sacr, auquel sont attachs la fois et le bonheur et les vertus de la vie humaine. Mais ce n'est point l'or qui peut compenser un pareil sacrifice; il est un moyen plus heureux et plus juste de remplir cet objet; et l'Assemble nationale le tient entre ses mains. J'ai dj eu l'honneur de l'indiquer dans une autre occasion (3). Je conclus de tout ce que je viens de dire, que vous donnerez aux vques beaucoup plus que vous ne leur devez en adoptant le projet de votre comit; et que si vous alliez au-del, vous manqueriez tout ce que vous devez au peuple, et vous-mmes.
((
un
ddommagement dans
Le
Point du Jour,
t.
XI,
p.
205.
((
M.
Robespierre
s'est
di-
sant
Je rpondrai, en peu de mots, aux motifs allgus par les propmans, pour assurer aux vques un traitement plus considrable que Celui qui est propos par le Comit. Le rsultat du projet du Comit donne aux v'Sques peu prs 30 mille livres de revenus, et on trouve Ce traitement insuffisant. Voil la question. On a commenc par prtendre que vous n'aviez pas le droit
((
ndu
de sa
des prtres,
cf.
sance
421
de toucher la jouissance des titulaires ecclsiastiques, que vos dcrets ne pouvoient avoir, contr'eux, un effet rtroactif.
A-t-on donc oubli que les ecclsiastiques ne peuvent tre conque comme des fonctionnaires publics, salaris par la nation ? que vous les avez vous-mmes toujours considrs comme tels, et qu'il est impossible de contester que la nation a le droit de rgler, dans tous les temps, ces salaires ? que vous n'avez vous-mmes rien fait autre chose, jusqu'ici, qu'exercer ce droit, soit en supprimant une foule d'offices publics, soit en rduisant les salaires, de ceux qui les
sidrs
remplissoient.
les
Comment
tandis
cette objection
a-t-elle
pu
tre
prsente par
propinans,
qu'eux-^mmes
n'ont
point
os
vous
proposer
de conserver aux
titulaires
tandis qu'eux-mmes ont consenti aux dcrets qui ont ils jouissoient, dpossd actuellement les ecclsiastiques de tout bien foncier ? N'estil pas vident, en effet, que si leur principe toit vrai, vous n'auriez pu rien changer absolument, ni au mode, ni la quotit de leur jouis-
sance
On a invoqu, en faveur des vques, la munificence, la gnd'une grande nation. Quelle est donc la gnrosit qui convient une nation grande ou petite, et ses reprsentans ? Elle doit embrasser, sans doute,
rosit
pour objet, la classe mfortune elle ne consiste pas s'attendrir exclusivement sur le sort de quelques individus condamns recevoir un traitement de 30 mille livres de rentes: (a) pour moi, je la rclame au nom de la justice et de la raison, pour la multitude innombrable de nos concitoyens dpouills par tant d'abus; (6) pour les pres de famille qui ne peuvent nourrir les nombreux citoyens qu'ils ont donns la patrie, pour la foule des ecclsiastiques pauvres (c) qui ont vieilli dans les travaux d'un ministre actif, {d) et n'en ont recueilli que des infirmits et la misre; dont les touchantes rclamations retentissent tous les jours vos oreilles. Vous avez choisir entr'eux et les vques. (e) Soyez gnreux (/) comme des lgislateurs, comme les reprsentans du peuple, et non comme des hommes froids et frivoles, qui ne savent accorder leur intrt (g) qu'aux prtendues pertes de ceux qui mesurent leurs droits sur leurs anciennes usurpations, (h) sur leurs besoins factices et dvorans, et qui refusent leur compassion aux vril'universalit
la
des citoyens;
tables misres
de l'humanit
(4).
Variantes du Journal de Paris, d'aprs le texte du Point du (a) annuels, (b) qui gmissont dans la misre, (c) cette foule d'ecclsiastiques qui..., (d) utile, (e) Prlats ^qui vous assurez d'ailleurs une opulence que j'ose croire excessive, (if) ou plutt bienfaisans, (g) commisrations, (h) des passions divorantes.
(4)
Jour:
422
((
^
On
vous
a
ecclsiastiques,
comme du recommande.
Je pourrois rpondre d'abord que les dettes contractes par des vques ne peuvent rien changer aux principes qui dirigent, dans la main du lgislateur, la dispensation des biens nationaux. Ces principes sont le plus grand but de la nation, et sur-tout l'intrt de la porMon de la socit la plus maltraite par les abus et par la monstrueuse disproportion des fortunes. Mais pour rfuter cette objection plus en dtail, j'ajoute que je ne puis consentir supposer, que la pluralit des vques aient oubli la modestie et les vertus qui convenoient leur caractre, au point de contracter des dettes normes avec un revenu suprieur aux besoins les plus tendus. Si quelques-uns ont fourni une pareille preuve du danger des ridhesses, ce ne sera plus une raison vos yeux de leur prodiguer les trsors de la nation et la substance des malheureux. J'ajoute encore que 30 mille livres et l'conomie peuvent suffire au paiement des dettes. Je conclus pour le
plan du Comit ecclsiastique.
(5).
Courier de Proence,
t.
IX,
p.
70.
et
ceux de
M.
Clermont,
sur
les
-avoit
de l'impudeur
dont
nous
par ides
:
M.
Roberspierre,
transcrivons
ici
les
principales
[Mme
Annales
justice,
texte
universelles et mthodiques,
t.
101, p. 204.
loix
Elh bien
ternelles
de
la
a paru erron
M.
titres
de
l'abri des-
quels
remplir avec le tems; sans avoir gard toutes les raisons qui militoient
en
leur faveur,
M. de
tre
ne pouvoient
considrs
que
comme des
fonctionnaires
publics
Ce principe conduisoit M. de Robespierre aux rsultats suivants [Mme texte que dans Le Point du Jour, depuis On a invoqu
:
de
la nation
].
(5)
les
408,
423
III,
n"
175, p. 704.
On a commenc, disoit hier .die Roberspierre, par prtendre que vous n'aviez point le droit de toucher la jouissance des Titulaires actuels; que vos dcrets ne pouvoient avoir, contre eux, un effet rtroactif. [Suit le texte du Point du Jour, depuis A-t-on donc oubli... jusqu' ...aux vritables misres de l'humanit , avec les va:
p.
loin de vouloir adoucir le plan du Comit ecclsiastique, a tmoign, en l'adoptant, le regxet de ne pou-
...M.
de Roberspierre,
voir
proposer,
le
((
M. de
il
Robertspierre.
la
question
part
est
liv.
donc bon
la plu-
de rappeler que
des
Evques. On a mis en question si l'on avoit le droit de toucher aux revenus des Titulaires. D'aprs vos prcdens Dcrets, cette question n'en est plus une. Les Ecclsiastiques ne sont-ils pas des fonctionnaires publics, et n'avez-vous pas dj rduit les honoraires de plusieurs fonctionnaires ? Des Ministres du Roi, par exem.ple On a parl de gnrosit, et quelle est cette espce de gnrosit ? Nous est-il permis de nous attendrir sur le sort des Prlats exclusivement ? Un homme qui vous accordez 30.000 livres doit-il laisser l'Administration bien inquite sur son sort ? Et que dira-t-on de ces Ecclsiastiques qui de leur travail n'ont retir que la misre ? On vous a parl de leurs dettes il ne seroit pas tout--fait draisonnable de dire que moms on leur accordera, et plus aisment ils les paieront leur faste ne connoissoit pas de bornes. S'ils veulent conomiser, ils pourront aisment faire face leurs affaires. Le pass pourroit servir d'exemple pour le prsent: n'est-ce pas les besoins de leur opulence qui les a engags contracter des dettes? Dans tous les cas j'oppose les intrts des Ecclsiastiques malheureux ceux des Evques. On a parl de les ddommager de leurs sacrifices: 30.000 liv. sont un ddommagement assez honnte. Quant au malheur d'tre priv d'une compagne, il est de plus heureux moyens de les ddommager que ceux qu'on propose. Je pene que le projet du Comit doit tre adopt. (6)
:
>)
(6) Text/e
reproduit dans
le
Moniteur, IV,
692.
'
424
t.
M. Robetspierre. On a mis en discusson si vous aviez le droit de toucher aux revenus des titulaires actuels, comme s'il toit possible de reprsenter votre dlibration ce que vous avez dj dcid par vos dcrets. M, Roederer vous a dit que vos loix ne pouvoient avoir
d'effet rtroactif
ds que
ne p>ouvoit porter sur tous les abus, vous parle de gnrosit pour une certaine classe d'individus, comme s'il toit permis de faire porter cette gnrosit sur une partie des citoyens, l'exclusion des autres. On
;
comme
si
la
loi
les
abus existent.
On
recommande votre humanit le sort des vques, et on ne pense pas ces vertueux ecclsiastiques, dont les plaintes retentissent tous les jours autour de cette enceinte et -dans vos comits. On dit encore qu'avec le
traitement que votre comit vous propose
seroit
de
faire
au clerg actuel,
il
de payer
particu-
lirement contractes; quant moi. Messieurs, je pense qu'avec un revenu de trente mille liv. destin par votre comit au plus grand nombre des vques, il est trs-facile de payer ses dettes, et que celui qui ne les paieroit pas avec cette somme, les paieroit encore moins avec une somme plus considrable. Quant aux sacrifices qu'on vous dit avoir t faits par les titulaires actuels, et quant aux liens pnibles surtout qui les sparent de la moiti de l'espce humaine, il est un moyen sr et facile de les en dgager: je conclus l'adoption du dcret propos par votre comit.
))
Assemble
nationale,
Commune de
Paris (Perlet),
t.
VI, n 323, p
5.
Robespierre a rpondu d'alxMrd l'objection tire de ce que les loix ne doivent avoir aucun effet rtroactif, que cela est bon en matire de lgislation ordinaire, mais que, lorsqu'il s'agit d'une rduc-
tion sur un objet de dpense publique, on ne peut point justifier d'un abus par une existence ancienne; car, l'abus tant toujours antrieur la loi qui le rforme, on ne pourrait jamais y toucher, si l'on suivait
le
principe du propinant.
Les motifs de
justice
que
liv.
de revenus
seront toujours un
suffisant
bien plutt fixer ses regards sur cette foule d'ecclsiastiques qui entendre leurs voix autour de l'assemble, et adressent chaque jour leurs plaintes au comit. Quant aux dettes, si, avec d'immenses revenus, ils en ont contract de si considrables, ose-t-on bien prsenter, comme un motif d'intrt, une dissipation aussi insense; c'est une raison de plus pour les rduire 30.000 liv. du moins la facilit de contracter des
font
;
425 du revenu;
i!
proportion
de
la
rduction
Assemble nationale
p.
et
Commune de
Paris (imitation),
t.
IV, n 320,
6.
M.
de
Robertspierre a t
savoir
si
question
tonn que M. Roederer eut mis en l'assemble nationale avoit le droit de toucher aux
que votre loi ne on prouvoit que vous avez appliqu des principes directement contraires une autre classe de citoyens, que pourroit-on me rpondre? Que sont les membres du clerg, sinon des fonctionnaires publics, et quels sont les citoyens de cette espce sur lesquels vos rductions n'ont pas port on a object que la rduction tera aux vques le moyen de payer leurs dettes, mais aoyez-vous que ceux qui ne pourroient les payer avec 30.000 livres de rentes les payeroient mieux avec un revenu plus considrable. Quant au lien pnible qui spare le clerg de l'autre moiti de l'espce humame, il est un moyen facile et ihonnte de les en dgager... (On sent que M. Robertspierre vouloit parler du mariage)"; il a
vous a dit,
pouvoit avoir d'effets rtroactifs; mais
On
MM.,
si
MM.,
du
projet
du comit.
t.
XII,
la date.
Robespierre a dfendu le plan du comit. Le propinant, a-t-il dit, a mis en question si vous aviez le droit de toucher au revenu actuel des bnficiers; mais ce droit, il le reconnot lui-mme, puisqu'il convient de diminuer le revenu de certains bnfices dans une certaine proportion. S'il croit que vous avez le droit de faire ce qu'il vous propose, c'est--^dire une diminution, je ne sais comment il peut parler d'effet rtroactif dans la loi. On vous parle de dettes contractes; l'exprience du pass prouve qu'un bnficier avec cent mille livres de rentes se trouvoit encore endett; plus vous lui donnerez, moins il s'acquittera. Quant la privation dont on nous parle, on peut facilement y remdier. M. de Robespierre a dj fait la motion de rendre ?. la
socit
les
M. de
ministres
Il
du
culte et
de
les
y attacher par
les
nuds de
l'hymen...
a conclu
Le
III, n''
16, p.
la
127.
svrit ordinaire
M. de
ide ses
maximes par ces considrations d'une humanit qui. suivant lui, nV pour objet que quelques individus; nous donnerons dans la feuille luivante l'extrait de son opinion.
426
M. de
poser,
avec quelque esprance de succs, un traitement plus modique encore pour le Clerg actuel.
))
Mercure de France, 3
juillet
1790, p. 35.
du Roi, a prononc
les Ecclsiastiques aux Ministres simples Fonctionnaires publics, et sous ce rapport, soumis toutes les rductions que voudroit ordonner Qu'ils conomisent, ils le Corps Lgislatif. On parle de leurs dettes
M. Roberspiene
comparant
toient
qu'ils
qui on laisse 30.000 pas laisser l'Assemble inquite sur son sort.
les paieront.
Un homme
liv.
de rente ne
doit
177.
M.
vant que les lgislateurs d'un peuple qui succombe sous le poids des impts et des dettes, ne pouvoient pas se prter des sentimens assez
gnreux pour
laisser
aux prlats
II,
leurs*
puissances immodres.
Gazette de Paris,
t.
p. 4.
L'inexorable M. Treilhard n'a pas moins persist souplan du Comit; et l'on pense bien que M. de Roberspierre n'a pas t moins inflexible; il faut bien tre fidle son systme.
tenir le
L'.4mi du Roi, 24
juin
1790, p. 98.
tre
On sent que des principes aussi clairement tablis, ne peuvent combattus que par des sophismes purils, ou de vaines dclamations; c'est le caractre des discours prononcs dans cette affaire par MM. Treillard et Roberspierre. Nous ne daignons pas mme nous
y
arrter.
t.
III,
n 25, p. 43.
..
Puis le sage Rapporteur a trouv dans zls dfenseurs des droits de la Nation.
((
MM.
264.
Roberspierre
de
Annales patriotiques
et
littraires,
t.
II,
Le
MM.
Robertspierre
t,
42J
IX, n 319.
p.
5.
Roberspierre a pens que 30.000 liv. toient plus que suffisans pour faire le sort des anciens Bnficiers, que les privations qu'ils s'toient imposes pouvoient avoir un autre <l<lommagement par les nouvelles loix et que tout ce qui n'toit pas ncessaire leur entretien honorable, devoit tourner au profit d'un Peuple malheureux.
M.
Journal unwersel,
t.
V,
p.
1708.
bien dit les Petion, les Robespiene, Lucas, celui-ci brave citoyen du Bourbonnais (7), s'occuper d'entretenir le faste, le luxe, le drglement des vques, lorsqu'il n'est pas un honnte pre de famille qui ne voult avoir pour tout bien 12. 000
Doit-on,
l'ont fort
les
comme
livres
de rente
(7)
131.
SEANCE
DU
23
JUIN
1790
{suite)
le traitement des vques en fonction reprend. sont en prsence celTe du comit et celle que Thou ret, dput du tiers tat du bailliage de Rouen, a propose la fin de la sance de la veille, et qui prvoit un taux progressif, le niinimum tant fix 15.000 livres. Aprs des interventions d'ordre gnral, dont celles de Le Chapelier qui soutient la motion de Thouret, et de Ricard en faveur de la motion du comit, la discussion se concentre sur la question de la priorit. La Fayette, Roederer dema-ndent la priorit pour la, motion de Thouret; Chasset, Robespierre... pour celle du comit. La priorit, mise aux voix, est accorde au projet du comit. Au terme de la discussion, l'Assemble adopta 'les articles du dcret rdigs par son comit ecclsiastique (1).
dbat sur
Deux motions
Gazette nationale ou
le
M.
Robertspierre,
dlibrer autrement qu'en. accordant la priorit
est
est
au G>mit.
une faveur; or, c'est au projet de votre due. Pour dterminer laquelle des deux
la priorit,
examinons
celle
de M. Thouret
Peuple.
le
Un
poids, c'est
les biens
comparaison que
(1) Cf.
Comit a
I,
des finances et
E.
Ham^el,
270.
428
Exclsiastiques.
Enfin, ce n'est qu'en adoptant l'avis du Comit que vous pourrez faire face des engagemens inmvenses (2).
Le
Postillon (Calais), n
80, p. 4.
la salle et a dur peu prs deux heures (3); la fin, sur la motoin de M. Charles de la Meth (sic), Barnave, Robespierre et six autres, la priorit a t accorde au plan prsent pour savoir si la discussion serait continue, l'affirmative a
Un
Journal universel,
t.
V,
p.
1708.
la
Le
M. Thouret
MM,
la
mme M. de
a
failli
Fayette,
ont
appuy
cette
proposition
de M. de Robes:
de
Vous
que pour le peuple gmissant, le projet du comit n'et point pass, parce qu'au club ministriel s'tait joint tout le ct des noirs.
Courier national (Beuvin), 24 juin 1790, p. 6. Assemble nationale, Commune de Paris (Perlet),
t.
VI,
n**
324, p. 6.
MM.
Ri-
card
(4),
Pthion, Chassey
t.
(5),
Robespierre, etc..
p.
12.
IX, n 320,
...M. Robersplerre l'a demande (la priorit) pour celui du Comit, s'appuyant sur ces motifs que l'un tolt favorable une cen:
le
Moniteur,
I,
pari.,
XVI,
446.*
de Petion et de Le Cha/peque le prsident, Le Peledans l'Assemble continue, je dclare que je serai oblig de lever la sance. Le dbat sur la priorit accorder au texte, du Comit ou celui de Thouret, aimend par Le Chapelier, fut ensuite si tumultueux que le journal ajou-te Aprs de longues agitations, une partie de l'Assemble demande que la sance soit ^leve puisqu'il est impossible de dlib'rer. Commence 9 heures, la sance ne se termina nanmoins iqu' 5 heures, le prsident ayant propos en vain de remettre le dbat au lendemain, attendu qu'une sance du soir tait prvue. Il fallut d'ailleurs supprimer cette dernire. (4) Ricard, dit Ricard de iSalt, dput du tiers tat de la snchausse de Toulon. (5) Chasset, dput du tiers tat de la snchausse de Ville(3) D'aprs le Moniteur, les discours lier suscitrent de si violents murmures (( iier, dclara Si le dsordre qui rgne
: :
((
franche-de-Beaujolais.
rts
429
MM.
du peuple.
132.
SEANCE
DU
25
JUIN 1790
Le 24 juin, Viguier, dput du tiers tat de la snchausse de Toulouse, annonce, au nom de la dputation du Languedoc, que le comte de Toulouse-Lautrec, dput de la noblesse de la snchausse do Castres, a t arrt Toulouse, en vertu d'un dcret de prise de corps dcern par la municipalit. L'affaire est renvoye au comit des rechercihes (1).
Le 25 juin, Voidel, dput du tiers tat du bailliage de Sarrieguemines, rend compte de cette affaire. Le comte de Toulouse-Lautrec est accus d'avoir particip des menes contre-rvolutionnaires, dont le but tait de s'opposer la fdration particulire du 4 juillet Toullouse, et de ramener les choses au point o elles taient avant la Rvolution. Au nom du comit des recherches, Voidel prsente le projet de dcret suivant: L'Assemble naliionale dcrte que M. Lautrec, lgalement prvenu d'un dlit, ne doit pas jouir de la garantie, de l'inviolacharge son prsident de se retirer par devers le roi, pour bilit le tout tre ensuite envoy au iChtelet. Le marquis d'Ambly, dput de la noblesse du bailliage de Eeims, prend la dfense du comte de Toulouse-Lautrec. D'autres dputs, Gart l'an, Kobespierre, Ption... lvent le dbat et posent le principe de l'inviolabilit des reprsentants de la na(( ;
tion (2),
L'Assemble dcida que les comits de cons-titution et des recherches seraient chargs de prsenter ds le lendemain, un projet de dcret sur les principes de l'inviolabilit des dputs et sur l'affaire du comte de Toulouse-Lautrec.
Gazette nationale du le Mnitetif universel, n 178, p. Bulletin de l'Assemble nationale, n 352, p. 5-6.
((
725.
M.
Robertspierre,
Je viens invoquer, en faveur de M. Lautrec, ou plutt des Reprsentans de la Nation, les premiers principes du Droit public, sui
t(
(1) Arch..nat., D XXIX bis, 31, d. 318, p. 13. Lettre du garde des sceaux Champion de Cic, offrant de comm'uniquer les pices de la procdure instruite contre Toulouse-Lautrec. et P. -H. Thore, Fdrations et (2) Cf. E. Hamel, I, 274-275 l)rojets de fdrations dans la rgion toulousaine, A. h. de la R.F.,
;
1949,
p.
430
pu dterminer
l'difice
renoncer toutes
de supposer qu'un Tribunal quelconque puisse, sans avis pralable des Reprsentans de la Nation, dcrter et juger un Dput. Qu'est-ce que l'inviolabilit > Ce n'est point un privilge, et cependant c'est quelque chose de plus que le droit commun des autres Citoyens. Il est de principe qu'aucune Puissance ne doit s'ver au-<lessus du Corps reprsentatif de la Nation; qu'aucun Corps ne peut dcider des destines des Reprsentans... Mais, dira-t-on, s'ils sont coupables, ils doivent tre punis. Oui, sans doute; il faut rduire la question ce point. Peut-il exister un Tribunal qui puisse dclarer coupable les Reprsentans de la Nation ? Si l'on rpond affirmativement, il est vident que oe Tribunal sera l'Arbitre de leur destine. S'il ne peut dcider de leur sort, sans forme de procs, il le pourra avec des foimes et par des Jugemens iniques; et l'inviolabilit dtruite, l'indpendance des Reprsentans de la Nation n'existe plus... (11 s'lve des murtution,
sans
renverser
de
la
Libert
publique,
mures).
((
M,
si
bilit,
Nation jouissent de l'inviolaaucun Pouvoir particulier; aucune dcision ne peut les frapper si elle ne vient d'un pouvoir gal eux, et il n'y a point de pouvoir de cette nature. Il existe un Pouvoir suprieur aux Reprsentans de la Nation, c'est la Nation ellemme. Si elle pouvoit se rassembler en Corps, elle seroit leur vritable Juge... Si vous ne consacrez ces principes, vous rendez le Corps lgislatif dpendant d'un Pouvoir infrieur, qui, pour le dissoudre, n'auroit qu' dcrter chacun de ses Membres. Il peut le rduire la nullit, et toutes ces ides si vraies, si grandes d'indpendance et de libert, ne sont plus que des chimres. Je conclus ce qu'il soit dclar qu'aucun Reprsentant de la Nation ne peut tre poursuivi dans un Tribunal, moins qu'il ne soit intervenu un acte du Corps lgislatif, qui dclare
Pour que
les
Reprsentans de
la
il
qu'il
y a
lieu accusation
(3).
t.
XII,
p.
p.
474.
t.
IX,
50.
M. Robetspierre. Je viens invoquer en faveur de M. Lautrec, les premiers principes du droit public et de l'intrt national je n'examinerai pas la gravit de l'accusation, la force des dpositions, la vraisem:
(3)
XVT,
462-463,
Texte reproduit dans le Moniteur, IV, 722, dans et dans Bchez et Roux, VI, 305.
les A-'ch.parl.
431
blance des dpositions, le caractre des tmoins, irrprochables jusques l. Je me bornerai donc examiner si la municipalit avoit le droit de
dcrter
il
:
un
homme
du
dlit.
En
principes,
est impossible,
quelconque puisse, sans y tre un reprsentant de la nation (il s'lve des murmures) qu'est-ce donc en effet que cette inviolabilit dont vous avez investi tous vos membres ? Sans doute, cette inviolabilit n'est pas un privilge d'impunit; mais certainement, c'est quelque chose de plus que le droit commun tous les citoyens. Les -reprsentans de la nation ne doivent pas tre soumis l'autorit d'un coips tranger; aucune puissance n'est au-dessus de la puissance
tution,
nationale,
la
ici.
Peut-il exister
sentant
de
la
un tribunal qui puisse dclarer coupable un reprnation? (encore des murmures) je dis jion; je dis que,
pour que les reprsentans de la nation jouissent de cette inviolabilit que vous avez sont (sic) ncessaire de leur donner, il faut qu'ils ne puissent tre perscuts, ni traits en coupables par aucun pouvoir tranger
le
:
le seul
la nation,
c'est
pouvoir gal eux; c'est--dire le corps lgislatif lui-mme. S'il toit possible que tous les individus de la nation se runissent, sans doute
c'est
eux qu'appartiendroit
alors le droit
de juger un de
leur repr-
sentant.
La
puissance de
la
:
reprsentans
de
la
nation
n'est
le
le dlit soit
l'accusation et l'information.
Le
Point du Jour,
t.
XI,
p. 243.
les
M.
:
Robespierre a tabli
ces termes
((
nation et
de
la
du
droit national et
de
toute
constitution
raisonnable.
Ce
n'est point
M.
Je n'examine point quelle est la gravit des la municipalit dcrter M. de Lautrec. de Lautrec qui doit principalement nous occuper
:
c'est le
suprme
intrt
et je
supplie l'assemble.
432
que
le
de rprimer les attentats oontraires au bien de vue un objet plus important, le^ maximes de la constitution et de la libert. Qu'est-ce qu'exige la vritable inviolabilit des reprsentans de la nation ? Tout ce qui est ncessaire pour assurer leur indpendance et leur sret. Cette sret, cette indpendance pourroit-elle caisser (sic), si quelque tribunal, si quelque pouvoir avoit le droit de dcider de la destine de chacun de ses membres ? N'est-il pas vident que sous l'appareil des loix, que sous le prtexte de l'ordre public, ce pouvoir feroit trembler le pouvoir lgislatif lui-mme; qu'il pourroit tre le despote et le flau; que n'osant l'attaquer, comme corps, il pourroit le perscuter dans chacun de ses membres, en les dcrtant, et 'es traiter en coupables, s'riger en despotes, et devenir le flau des reprsentans de la nation; et qu'il n'y auroit plus pour eux, ni sret, ni libert, ni inviolabilit, ni indpendance ? Si la nation pouvoit juger en corps
public,
ne
lui
ses reprsentans,
elle
tre le juge
nation est
n'est plus.
de ses reprsentans peut prendre sa place, et seul, il peut de chacun de ses membres. La souverainet mme de la soumise en quelque sorte un tribunal particulier, et la libert
faudroit
au moins qu'avant qu'une procdure criminelle ft un reprsentant de la nation, l'assemble nationale ellemme et dclar qu'il y a lieu cette procdure. Je demande que ce principe soit expressment dcrt, et qu'en consquence M. de Lautrec se rende l'assemble nationale, et que les pices de la procdure dont il a t l'objet, soient apportes afin qu'elle prenne pour
11
faite
contre
affaire.
t.
XIII, p.
:
19,
mont la tribune iloir Je ne viens point examiner des faits; mais je viens faire va le premier principe du droit public, dfendre les droits d'un repr-* sentant de la nation. Si vous ne voulez vous-mmes renverser a constitution de la mme main qui vient de la construire, vous ne pouvez souffrir qu'aucun tribunal puisse dcrter de prise de coips un reprsentant de la nation. L'inviolabilit est-elle une chimre ? Si !a nation vous a nanti (sic) de ce caractre n'est-ce pas pour vous mettre hors d'atteinte de tout tribunal ? Doit-il vitter un pouvoir au-dessus du pouvoir lgislatif. L'inviolabilit, je le sais, n'est pas un privilge d'impunit: mais un membre de l'assemble nationale doit tre hors d'atteinte de tout tribunal, jusqu' ce que l'assemble nationale ait dcid qu'il y a lieu inculpation. Il faut ncessairement qu'il intervienne une dcision du corps lgislatif, si un de ses membres^ est
est
de Robespierre
433
11 pourroit arriver que le corps lgislatif ft parapar les tribunaux, dcrtant les membres les uns aprs les autres. Je conclus qu'aucun des membres de rassemble nationale, ni
((
celui dont
il
s'agit
ne
soit
intervenu un acte
ne peut tre soumis aucun pouvoir, moins qu'il du pouvoir lgislatif, qui dclare qu'il y a lieu
inculpation.
Courier de Provence,
t.
IX,
p. 95.
La
a mis de ct toutes les rflexions sur le ou moins grande de preuves. M. Robespierre, prenant un vol plus lev, a vu qu'ici le caractre de l'inviolabilit des dputs toit attaqu; il a vu dans cette atteinte l'exemple le plus dangereux; et pour empcher que le pouvoir excutif n'en abust un jour, ou pour corrompre, ou pour effrayer un reprsentant incorruptible, il a propos de dcrter que l'assemble nationale juget constamment s'il y a lieu dcrter un de ses membres, avant qu'il pt
dlit, et sur la validit plus
o elle a t continue.
On
tre
poursuivi
et
jug.
ter la conviction
que d'tre prsentes pour pordans tous les esprits, et l'on a senti la ncessit d'opposer un frein aux entreprises futures du pouvoir excutif, ou de son
rflexions n'avoient besoin
Ces
Assemble nationale
p.
et
Commune de
Paris (imitation),
t.
IV, n 324,
6.
MM.
bonne
constitution,
Robertspierre et Pethion de Villeneuve ont soutenu qu'en un membre de l'assemble nationale ne pouvoit tre
sans
(sic)
du corps
soumis l'autorit d'aucun tribunal particulier, lgislatif qui dcida (sic) prablement
l'information;
ils
une dlibration
qu'il
ont
tabli
que
l'
Inviolabilit
il
de plus que le droit de tout autre citoyen, n'y avoit videmment plus de libert publi-
que, puisqu'une simple corporation sous prtexte d'un dlit pourroit se permettre de dcider en dtail du sort des reprsentans de la nation,
et
de
la
puissance
du corps
lgislatif;
ils
ont
l'innocence
de de l'accus; Innocence que falsoit encore prsumer son caractre, et, en consquence de leurs principes, ils ont demand que M. de Lautrec fut entendu la barre. Toute procdure suspendue.
probabilits en faveur
t.
mme, de grandes
IX, n 322,
p.
9.
M.
I\oiiESPiEi\nE.
30
434
Nation avec
elle,
l'
inviolabilit
de
pouvoir gal un accus revtu de ce caractre, le Corps entier des Reprsentans de la Nation doit prononcer, non pas, si telle ou telle personne est absoute oui ou non, mais si tel
ses
Membres,
le seul
ou
Il
tel
membre
a conclu ce qu'aucun
Membre
tel
fait
homme
t.
soit poursuivi.
Le Nonciateur ou Nouvelles du
((
Jour,
III,
19, p.
151.
fait,
M. de
la
et
il
a discut
de
l'inviolabilit
qu'elle
fait
natre.
Il a pos comme une vrit certame, que l'mviolabilit de chaque Reprsentant et de l'Assemble entire n'est qu'un vam mot, s'il existe un seul Tribunal qui puisse de sa seule autorit dcrter, anter un Dput, et lui faire subir un jugement un Dput oourroit-il commettre impunment des dlits, et quand mme il seroit coupable, seroit-il hors d'atteinte des Tribunaux ? Non, sans doute mais les Tribunaux ne doivent agir sur lui que lorsque, sur leur dnonciation, il leur sera livr par l'Assemble des Lgislateurs c'est le pouvoir suprme dont il toit partie, qui peut le dpouiller de l'inviolabilit dont il toit entour.
;
: :
Annales universelles
et
mthodiques,
t.
IV,
n*^
101, p. 217.
de Villeneuve et Roberspierre ont vivement appuy le de M. d'Ambly, en tablissant comme lui l'invraisemblance qui rgnolt dans l'accusation intente M. de Lautrec. Ces deux membres ont conclu ce que M. de Lautrec ft mand la barre, pour rendre compte de sa conduite, et dcider praladiscours
((
MM.
blement s'il y avoit lieu l'accusation; qu'il toit dangereux de livrer aux hasards d'une procdure criminelle la libert individuelle des membres,
etc..
Annales patriotiques et littraires, n'^ 267, 26 juin 1790. Assemble nationale, Correspondance de Rennes (Vatar), t. V, n
p.
12,
153.
M. de
de
membres
Lautrec le l'Assemble
nationale. Quoique les tribunaux ne puissent attaquer le corps lgislatif en masse, son existence se trouverait nanmoins bientt compromise si les tribunaux pouvaient lancer des dcrets contre chacun des membres qui le composent. Je conclus donc ce que M. de Lautrec ne puisse
435
le
traduit
jusqu'
ce que
corps
lgislatif
dclar jugeable.
Journal de Normandie ou de
Infrieure, n
Rouen
et
du dpartement de
la
Seine-
78, p. 344.
Dans le ct droit, dans le ct gauche, tout le monde toit profondment mu. MM. de Llancourt, Gart et Roberspierre ont encore pris la dfense de l'accus. D'un autre ct, M. Viguier, Dput de Toulouse, a dfendu le Procureur du Roi et les Officiers municipaux de sa ville, qui lui paroissoient inculps par quelques-uns des
((
propinants.
))
Robespierre n'a discut que la question relative l'inviolaDput; il a conclu que le pouvoir suprme, (on observera que ce n'est pas le Roi, car il y a encore des vieux Gaulois qui pourroient s'y mprendre que ce n'est pas la Nation, c'est--dire la runion des Bailliages, des Commettans donnant des Pouvoirs); que c'est le pouvoir suprme, c'est--dire, les Mandataires qui ont imit SixteQuint, disant, ego sum papa, qui seul peut dpouiller un honorable Membre de l'inviolabilit dont il toit entour. Les Tribunaux ne peuvent agir sur lui, que lorsqu'il leur est livr par ce pouvoir suprme. Si toutes ces ides l avoient t conues par un homme, il y a seulement dix-huit mois, on eut dit de lui ce que l'on a dit de l'Anglais la de qui jetta, il y a quelques mois, des pierres contre voiture
bilit
M.
de
tout
Georges
Courrier
III.
extraordinaire,
26
juin
1790,
p.
3.
((
MM.
un
Gara
(4) et
et
le
droit
de
faire
arrter
Membre de l'Assemble.
I
(4) Il
s'agit
de Gart
l'an,
bailliag'ft
d'Ustaritz.
436
133.
SEANCE DU
26 JUIN
(soir)
ble
Les dputs d'Avignon n'ayant pu tre entendus par l' Assemnationale, le 22 juin 1790, en raison de la brivet de la sance du soir, se prsentrent nouveau le 26 juin au soir. Le prsident engage l'Assemble nationale dcider si cette dputation sera admise dans l'intrieur de la s-alle ou la barre (1).
Aprs un dbat rapide, l'Assemble arrta que serait admise l'intrieur de la salle des sances.
Courrier d'Avignon, n
156, p.
la
dputation
630.
((
M.
Robespierre soutint
M.
Reubell.
Eh
quoi
dit-il,
nous hsi-
tons recevoir des dputs d'une ville enclave dans la France et dont
du droit de regnicoles, lorsque nous savons que ces Citoyens sont en danger ? Ne serions-nous hospitaliers qu'envers les peuples dont la population suppose une grande force ? Nous admmes il y a trois jours les Citoyens de tous les pays, (2) et nous repousserions les citoyens d'Avignon ? Nous les repousserions parce qu'ils sont malheureux, parce qu'ils sont attaqus par nos propres ennemis? Ah! qu'est devenue notre morale bienfaisante, qu'est devenue la gnrosit Franoise ? Je conclus donc que l'admission des dputs d'Avignon ne prjuge rien en leur faveur; mais c'est une rgle de biensance dont nous ne pouvons pas nous carter sans dshonneur.
tous les Citoyens jouissent
t.
...M. Robespierre a appuy l'opinion du propinant (Rewbel) parce que l'admission des dputs d'Avignon, ne compromet, ni ne
juge, la question
de
savoir
si
ou non.
:)
(1) Cf.
']'''
Courrier d'Avignon,
n"
loo,
p.
626;
et
P.
Valandel:,
Corespaadance des Dputs d'Avignon prs l'Assemble Nationale, partie, p. 39-40. La lettre du 28 juin contient la rponse faite
l'orateur des arvigaonnais TiSo-t, par le prsident de l'Assemble. (2) Eobespierre fait allusion au discours prononc le 19 juin, la barre de l'Assemble par Anarioharsis Cloots, au nom du Co:
437
1790
SEANCE DU
28
JUIN
L'Assemble poursuit la discussion sur le traitement des voques euctuellemcnt en fonction. Un amendement est propos par Chasset, dput du tiers tat de Ja snchausse de Villefranchede-Beaujolais l'article premier du dcret, vot le 23 juin. Le maximuim fix dans l'article premier pour les vques, pourra tre augment d'un tiers en faveur de ceux qui se trouveraient, avant la publication du prsent dcret, gs de soixante-dix ans. Il en sera de mme du maximum de tous les autres bnficiers. Cette motion est appuye par Draeuuiers, dput du tiers tat de la ville de Paris, le marquis de Toulongeon, dput de la noblesse du bailliage d'Amont Vesoul. Robespierre demande que l'Assemble dclare qu'elle pourvoira la subsistance des ecclsiastiques de soixante-dix ans, qui n'ont ni pensions ni bnfices. On demande la priorit pour la motion de Robespierre (1). L'Assemble nationale dcrta qu'il n'y avait pas lieu dlibrer sur l'article, ni sur les amendements proposs (2).
Journal des Etats Gnraux (Le Hodey),
t.
XIII, p. 78.
t.
Assemble
nationale. Correspondance
de Rennes (Vatar),
V.
Suppl.
au n 14, p. 181.
M. de Robespierre Je vais invoquer l'humanit de l'assemnon pour des bnficies qui vous avez accord une honnte subsistance, mais pour des vieillards ecclsiastiques qui, aprs avoir
ble,
n'ont retir
du
fruit
de
leurs
travaux
que de
misre et des infirmits. Je demande donc que l'assemble veuille bien les prendre en considration et pourvoir leur subsistance.
la
Texte autographe de la motion: qu'elle pourvoira la subisistance des ecclsiastiques de 70 ans qui n'ont ni pension ni bnfice et renvoie au Comit ecclsiastique pour lui proposer la quotit de la pension. Dclare qu'il n'y a pas lieu dlibrer sur l'augmentation du traitement qu'elle a dj fix aux bnficiers actuels. Robespierre. Il reprend sous forme de motion, une phrase de son discours du 22 juin: ...Je la rclame en faveur des ecclsiastiques qui ont vieilli dans les travaux d'un ministre actif, qui n'en ont recueilli que les infirmits et la misre, et dont les touchantes rclamations retentissent tous les jours vos oreilles. il cite ce propos le Moniteur du 24 (2) C'f. E. Hamel, I, 271 juin, et confond la partie du discours de Robespierre se rapportant cette question (cf. sance du 22 juin et la motion prsente le 28). De mme G. Walter, p. 717, date cette intervention du 25 juin,
<1)
((
Arch.
nat.,
41
363.
436
Quant aux
les
comme
(L'Abb Grgoire
...On a
lu la
en faveur de tous les bnficiers de 3.000 livres). motion de M. de Robespierre, qu'il avoit rdige
intervient
L'Assemble nationale dcrte qu'elle pourvoira au sort des ecclsiastiques gs de 70 ans, qui n'ont ni bnfice, ni pension, ni bien, et renvoie au Comit des pensions; dclare qu'il n'y a pas lieu
amsi
:
Le
Point du Jour,
t.
XI,
p. 297.
On
lit
les motions.
:
Celle de M. Robespierre obtient la priorit elle tendolt ce que l'assemble nationale dcrtt qu'elle pourvoiroit la subsistance des ecclsiastiques gs de 70 ans, qui n'ont ni pension, ni bnfice, et renvoie
lui
pension,
et
n'y a
lieu
dlibrer sur
du
Gazette nationale ou
Bulletin de
p.
736.
V Assemble
Robertspierre
la
vieilli
n'^
358.
M.
de l'Assemble en faveur des Ecclsiastidans le Ministre, et qui, la suite d'une longue carrire, n'ont recueilli de leurs longs travaux que des Infirmits. Ils ont dj pour eux le titre d'Ecclsiastiques, et quelque chose de plus, l'indigence. Je demande la question pralable sur l'article propos, et que l'Assemble dclare qu'elle pourvoira la subsistance des Ecclsiastiques de 70 ans, qui n'ont ni pension, ni bnfices (3)
J'invoque
justice
))
t.
III,
n 26, p. 21.
M. Robersplerre, qui ne varie jamais dans ses principes, a tmoign son tonnement de ce qu'on voulolt toujours ajouter l'opulence des Bnficiers, tandis qu'on ne s'occupoit aucunement du sort des anciens Curs et Vicaires, qui, aprs des travaux pnibles et utiles, n'aurolent ni Pensions, ni Bnfices, il a demand en consquence que l'Assemble dclart qu'elle pourvoiroit leur subsistance; mais M. Camus a fait chouer ces deux propositions.
(3)
par..,
XYI,
Texte reproduit dans le Moniteur, IV, 743; dans 535, et dans Bu chez <A Roux, VI 257.
les
Arch.
439
p.
Le
t.
IV, n 196,
126.
serait
M. Roberspierre proposait en consquence de dcrter qu'il pourvu la subsistance de tous les Ecclsiastiques septuagnaires
l'augmentation propose pour ceux dont le traitement est dj Cette proposition tait dj prjuge par les acclamations de la majorit et par un dcret qui lui accordait la priorit.
lable,
fix.
))
Journal de la Libert,
((
t.
II,
n 40, p. 644.
M. Robespierre n'a pas t d'avis d'augmenter le traitement des bnficiers, mais il a rclam la justice et l'humanit en faveur des ecclsiastiques qui, sans bnfices et pensions, sont accabls d'infirmits et
gs de 70 ans.
(imitation),
t.
IV. Suppl-
MM.
Desmeuniers,
Toulongeon,
Robespierre,
la
et
quelques
de l'assemble en faveur des vieux ecclsiastiques... M. Robespierre demandoit que l'assemble dcrta (sic) qu'elle pourvoiroit la subsistance de tous les ecclsiastiques gs de 70 ans, qui ne sont pourvus ni de pensions,
autres,
de
part
ni
d'aucun
(sic)
bnfice,
dclara
renvoya (sic) son comit ecclun projet de dcret cet gard, et qu'elle qu'il n'y avoit lieu dlibrer sur le traitement dj fix
et
qu'elle
pour
les
))
bnfices actuels.
On
demand
la
question pralable
sur
le tout.
29
n
juin
1790, p.
6.
Le
Postillon (Calais),
nationale,
t.
III,
Assemble
Commune
t.
VI, n 329,
p. 6.
ecclsiastiques pourvus
Robespierre. Je crois inutile d'augmenter le traitement des de bnfices; mais il est de la justice et de de l'assemble de venir au secours de ceux qui se sont 1 humanit vous au sacerdoce, et n'y ont acquis que des infirmits. Je demande
M.
donc que l'assemble dcrte qu'elle pourvoira la subsistance des ecclsiastiques gs de 70 ans, qui n'ont ni bnfices, ni pensions, et renvoya au comit ecclsiastique la fixation du traitement: dclare
qu'il n'y
ficiers.
les
bn-
'
440
IX, n 326,
p.
10.
Roberspierre a pens que, si l'Assemble se dcldoit par un motif d'humanit, augmenter le sort des ecclsiastiques qui ont un revenu de 6.000 livres, elle devoit donner aussi quelque chose aux
ecclsiastiques
M.
gs
de
lu
70 ans qui
la
n'ont
ni
pensions,
articles,
ni
bnfices
l'un
M.
par
le
Prsident a
rdaction
de deux
proposs
Desmeuniers, l'autre par M. Roberspierre. M. Camus a voulu que par un amendement, l'on tendt ce traitement tous les citoyens actifs ou non actifs, par la raison que l'tat ecclsiastique ne p>eut tablir une diffrence entre ceux qui l'ont pris et les autres citoyens. La priorit a t accorde la rdaction de M. de Roberspierre. Ensuite l'article et l'amendement ont t rejets.
M.
135.
SEANCE DU
30 JUIN 1790
Le 29 juin, une dputation de la mujiicipalit de Versailles est admise la barre. Elle expose que la place- de commandant en chef de la garde nationale tant vacante par La dmission de Lafayette, il a t procd une nouvelle nomination; mais avant scrutin, diverses ptitions sont parvenues le dpouillement du l'Htel de Ville, par lesquelles tous les citoyens demandent concourir cette nomination. Le conseil gnral de la commune a alors suspendu les oprations, pour demander l'As&emble nationale, si r lection pou'vait tre faite par tous les citoyens indistinctement, et si le oomimandant en chef pouvait tre choisi hors des citoyens actifs de la ville. Le 30 juin, sur le ra;pport de Target, l'Assemble nationale considrant qu'il existe actuellement un commandant en second de la garde nationale de Versailles, que l'lection d'un commandant en chef donne lieu des contestations, dcrte qu'il sera sursis cette nomination jusqu'aprs le dcret constitutionnel sur l'organisation dfinitive des gardes nationales. Au cours de cette mme sance du 30. une dputation du district de Versiailles vient protester contre la conduite illgale de la municipalit de Versailles: l'lection du commandant en chef a t faite par les compagnies, ]a municipalit entend y procder par les sections; par ailleurs la municipalit a mconnu l'autorit des assembles administratives, en correspondant directement avec l'Assemble nationale (1).
(1)
Arch.
nat.,
41,
364-365.
du
de Versailles au prsident de l'Assemble nationale et texte du discours prononc par la dputation la barre de l'Asdistrict
semble.
441
En fait, ce conflit de procdare oaxjhait l'opposition, de deux partis dans la garde nationale de Versailles (2). Procder l'lection du commandant en chef par les compagnies, c'est--dire par les gardes nationaux seuls, comme le voulait le district, c'tait favoriser le parti du comte d'Estaing et de M. de Grouvernet, favorable la Cour. Faire voter les sections jointes aux gardes nationaux, ainsi que le demandait la municipalit, aurait permis, au contraire, l'lectio.n de Lecointre, chef du parti patriote. L'Assemble a-vait prfr maintenir les choses en l'tat (3).
brochure 8, on suppose que Charles de Lameth souhaitait tre lu commandant de la garde nationale de Versailles, et qu'il aurait combin l'affaire avec Lacroix. Lettre de Charles Lameth son correspondant de Versailles, M. Godart u L'ami Robertspierre a pourtant bien rempli sa tche. Il s'toit charg de faire demander l'Assemble Nationale,- par les districts de Versailles, qu'on ouvrt le scrutin. Il s'y est bien pris; jusque l, il a russi. Mais ce petit homme a la folle vanit de prtendre l'esprit. iS'il se ft content de faire les dmarches ncessaires auprs du district pour obtenir cette dtputation, rien n'toit mieux. Eh bien, point du tout. Il veut encore dclamer dans la tribune de l'Assemble. Et pour faire revenir cette mme Assemble sur son dcret, il s'avise de crier qu'on reconnot ce dcret les intrigues et les passions particulire-s . On n'est pas plus mal adroit que ce'la. Il veut obtenir, et il invective, il calomnie. C'est le moyen de ne venir bout de rien. Quand pourrai-je, mon cher Godart, tre idbarrass de cet imbcile? Il n'a juste que la portion de bon sens ncessaire pour bien suivre les instructions qu'on lui donne et avec cela il veut toujours y mettre du sien. On est bien plaindre, mon ami, quand la fortune cruelle vous force employer de pareils gens. J'interromps l ma llettre, quelqu'un me demande (...). a Qui croyez-vous qui sorte de chez moi? C'est... Robertspierre
7
:
(2) Of. E. Hamei, I, 276. (3) Arch. nat., AD^ 75; Dossier Bourbon-Orlans, pages, s.l.n.d. Il s'agit d'un pamphlet dans lequiel
lui-mme. Allons,
il
Il
vient de me le dmontrer d'une manire vidente. C'est un tour de passe-passe dont je ne le croyois pas capable. Il faut qu'il lui
ait t souffl (...). bien .vous sentez,
Oomme
j'ai
entam
la
reproches, mais modrs, car il faut encore mnager 'l'homme. Pour toute rponse, le maraud m'a ri au nez. Je sentois mon sang s'allumer, j'allois me fcher. Il s'en est apperu. Je veux bien, m'a-t-il dit, monsieur ,qui- prtendez tout savoir, entrer avec vous en quel<ju'explication ; ne voyez-vous pas que nos ennemis les patriotes sont terrasss du coup ique je viens de leur porter? Mais terrasss n'en jamais s'en relever. J'avois de bonnes raisons, lors^que j'ai dit, qu' la conduite de l'Assemble, on reconnoissoit les intrigues et les passions particulires. Ne concovez-'vo'us pas, qu'avec une pareille phrase, toute l'Assemble peut tre aisment dnonce au peuple comme aristocrate? De l la russite de tous nos projets. Cette Assemble est celle contre qui doivent, dans ce moment-ci, {c diriger nos coups. Nous payons les habitus des tribunes, nous nous fesons applaudir par une centaine de solds, que nous dcorons du nom de peuple, et cela n'eanpche pas qu'aucune de nos
442
Aussi Robespierre insista-t-il pour que l'Assemble revienne sur son dcret; et rouvre le dbat. L'Assemble se rangeant l'avis de Eegnault de Saint-Jean d'Angly, passa l'ordre doi jour.
Gazette nationale ou
le
Moniteur universel, n
182, p. 16-19.
745.
M. Robertspierre Il est sans doute dans l'intention de l'Assemble Nationale de joiger en connoissance de cause une affaire de cette importance. Toutes les parties n'ont point t entendues... On peut dianger un Dcret rendu sur une affaire particulire, et qui n'est relle-
sur
ment qu'une simple dcision, on le peut sur- tout quand il a t obtenu un faux expos... (Des murmures interrompent l'Opinant). II faut
indiquer une autre sance pour juger, aprs avoir entendu toutes les
parties.
qui a t
alloit
(Les murmures recommencent). J'insiste, parce qu' la surprise faite votre Religion, se joignent des considrations trs importantes. Les rclamations ne se sont leves qu'au moment o l'on
nommer
la
personne lue.
(4),
t.
On
reconnoit
ici
sions particulires
IX, n 328,
p.
10.
Roberspierre a pris alors la parole. Il a beaucoup appuy sur l'importance de l'objet sur lequel venoit de parler la dputation de
M.
l'Assemble de District du Dpartement de Versailles. Il a l'on ne pouvoit juger aprs avoir entendu une seule partie,
dit
et
que que
puisqu'on vouloit tablir la tranquillit Versailles, il ne falloit pas que l'on pt mettre un parti dans le cas de dire l'autre qu'il a surpris la religion de l'Assemble.
propositions ne passe. Il faut done l'abattre tout fait, et c'est biien cette intention, que j'ai parl d'intrigues, de passions. Le peuple ne nous connot pas, et il est mme de notre plus ciher intrt qu'il ne nous connoisse jamais, sans quoi gare la lanterne. Le peuple croit qu'il n'y .a plus que les aristocrates qui soient des intrigans, et qui soient conduits par des passions particulires. O'est bien pourquoi j'ai accus l'Assemble entire. Je vous rponds, moi, que quand mme nous nous en mlerions actuellement l^our en empclier l'effet, cette phrase a perdu tous nos ennemis, oui tous dans l'esprit du peuple. Voil, mon cher Godart, mot pour mot, toute la petite justification, du petit Hobertspierre. Il n'a pas tant fait qu'il le veut bien dire, mais il nous a rendu service.
Si j'ai de nouvelles instructions vous faire passer, vous les recevrez par la voie ordinaire, c'est--dire par les mains de le
Cointre
(4)
le
Moniteur, V, 6; et dans
les
Arch.
pari.,
XVI,
580.
443
t.
Assemble nationale
p.
7-
et
Commune de
Paris (imitation),
V,
328,
M.
que
dus,
le
il
dcret ayant t rendu sans que les deux partis eussent t entendevoit tre rapport.
Versailles,
t.
Journal de
III,
n" 31
p.
125.
Cependant, M. Robertspierre a demand le rapport du dcret, l'examen fond de l'affaire il a prtendu que le scrutin tant fait, la municipalit n'avoit pas d venir demander qu'on en suspendi l'ouverture. Il a prsent le dcret comme surpris, et rendu sans contradicteur, d'aprs des passions particulires.
:
))
Courier Franais,
t.
VI, n 182,
t.
p.
5.
IX,
p.
116.
M.
Robertspierre
matin, ft retir;
demand que le dcret, rendu ce mais M. Regnaud s'y est oppos vivement, on remara
alors
))
L'Ami
des Citoyens, n
14, p. 203.
la
M. de
la
de-
mande de
Le
afin
Point du Jour,
((
t.
XI,
p.
306.
Robespierre demande que l'affaire soit examine de nouveau, qu'elle soit juge contradictoirement, ne s'agissant pas d'un dcret
))
M.
constitutionnel.
136..
SEANCE DU
30
JUIN
1790
{suite)
Au dbut de la sance du 29 juin, le comte Arthur Dillon, dput de la Martinique (1) donne lecture d'une lettre qu'il a reue Pur les troubles de l'le de Tabago le second bataillon du rgiment de la Guadeloupe s'est rvolt contre ses officiers, le feu a dtruit la ville de Tabago, Port-Louis. Dillon signale qu'il y a il aujourd'hui Tabago, prs de 20.000 noirs contre 360 blancs demande pour eux, l'Assemble, des secours en vivres, en munitions et en armes. L'affaire est renvoye au comit des rapports (2). Le 30 juin, la fin de la sance, Dillo-n prsente, au nom de ce comit, un projet de dcret demandant au roi de donner ses
:
lution (1930)
l,
p.
225-229.
444
ordres pooir faire des armements et prendre les mesures ncessaires pour la sret et la subsistance des colonies, comme pour dcouvrir et faire punir les auteurs et instigateurs des troubles de Tabago. Kobespierre s'lve contre ces mesures, qui, selon Dillon, ne consistent qu'en l'armement d'un bateau marchand portant 300 hommes. Malgr les interruptions de Dillon et de Duval d'Eprmesnil, dput de la noblesse de Paris, Robespierre poursuit, et demande le renvoi au comit colonial. Dmeuniers, dput du tiers tat de la ville de Paris, reprend cette proposition en l'amendant (3). L'Ass.eimble se rangea cet avis et dcrta, selon la rdaction de Barnave, qu'il serait demand au roi, un rapport sur la situation de Tabago, et que le comit prsenterait ensuite un projet do dcrot sur cette affaire.
Gazette nationale ou
Bulletin de
((
le
V Assemble
361, p.
17-19.
cun rence aussi importante. Je prie l'Assemble de considrer quelles pourroient tre les consquences d'un Dcret par lequel le Pouvoir excutif seroit indfiniment autoris faire un armement pour secourir une Colonie dont vous ne connoissez pas l'tat. (Il s'lve beaucoup de mur-
deman<le aller aux voix) Si cette considration ne vous si vous ne voulez pas rflchir sur les intentions du Gouvernement dans nos relations extrieures, si vous ne voulez pas qu'on puisse impunment faire une guerre trangre, si vous ne voulez pas que je vous dise que ce ne sera point par une proposition directe qu'on cherchera engager la guerre, mais par des propositions, et des dmarches dtournes dont l'effet sera d'autant plus sr, qu'il sera loign, si vous ne voulez pas que je vous dise que personne ne connoit l'tat de cette Colonie; que ce que vous en savez vous ne l'avez appris que par l'assertion d'un Ministre et d'un seul de vos Membres, n'examinez pas, prenez un parti sur la projwsitlon des Ministres; croyez les sur
mures.
On
touche pas,
parole,
et dcrtez la guerre
et
la
servitude (4).
Arthur Dillon Les armemens dont se plaint M. Robertsplerre consiste en un btiment marchand portant 300 hommes. M. Duval (ci-devant M. d'Epremenll). Si M. Robertsplerre doute des faits, je vous propose de l'envoyer comme commissaire
:
M.
Tabago,
afin
de
les vrifier.
Il n'y a pas de milieu; H faut entendre avec patience les Membres de cette Assemble, ou s'exposer tous les dangers dont j'ai parl. Je ne sais si les mesures proposes sont
M.
Robertsplerre.
(3) Cf.Journal des Etats Gnraux (Le Hodey) t. XII, la date. (4) Il faut se souvenir que le conflit de l'Angleterre et de l'Espagne, propos de la baie de Nootka, qui avait suscit en mai, le grand dbat sur la paix et la guerre, n'tait pas encore rgl.
445
dtermines par les besoins de Tabago, ou par des menes ourdies par les Ministres pour occasionner la guerre. Nous avons pour garant des faits, une lettre du Ministre, et l'assertion d'un de nos collgues. Jamais nos Dcrets ne doivent tre rendus sur des assertions isoles et appuyes par des assertions ministrielles. Nos inquitudes sont d'autant mieux fondes, qu'on n'a pas laiss au Comit le temps d'claircir les faits... D'aprs ce qui m'est dit en ce moment par les Dputs des Colonies, je demande le renvoi du projet de Dcret au Comit Colonial (5)
^
t.
Le
Point du Jour,
XI, n 350,
p. 310.
M. Robespierre s'lve contre g^ projet, qui donne au pouvoir excutif le droit indfini d'armer et de provoquer la guerre par de telles
mesures.
demand d'aller aux voix. Robespierre rpond qu'il est plus ais de crier aux voix, que de prendre les moyens d'viter que le gouvernement n'engage quelque guerre pour des faits que nous ne connaissons pas particulirement. 11 faut envoyer M. Robespierre commissaire de l'assemble, Tabago, dit M. Duval, pour s'assurer des faits. M. Robespierre reprend Je ne sais si ces dterminations sont ncessites par les malheurs rels de Tabago, ou si c'est un moyen ministriel pour parvenir des hostilits. Dans cette incertitude, qu'avez-vous ? Une lettre crite un ministre, et l'assertion d'un membre. Ce ne sont pas l des bases suffisantes. Vos inquitudes sont d'autant plus fondes, qu'on vient, la fin d'une sance, de statuer sur de pareils objets. Je demande, d'aprs ce que m'ont dit certains dputs des colonies, que l'affaire et les pices soient renvoyes au comit colonial. D'ailleurs, on ne peut pas dire vaguement ce qui est port par le premier article. Je m'lverai toujours contre toute motion propose par les ministres.
On
M.
((
Annales universelles
((
et
mthodiques,
t.
IV, n* 103,
p. 254-255.
Cependant M. de Roberspierre ne voyoit dans ce dcret que des embches, et de nouveaux moyens de favoriser les ministres, et de donner au pouvoir excutif (expression favorite de M. Roberspierre) le droit indfini d'armer, et de provoquer la guerre par des mesures semblables.
c(
On
demandoit
aller
aux voix.
Roberspierre reprenoit de nouvelles forces. Il est plus ais de crier aux voix, disoit-il, que de prendre les moyens d'viter que
M. de
(5) Texte reproduit dans le Moniteur, V, 67; dans Bchez Roux, VI, 339, et dans les Arch. pa^rl., XVI, 580-581,
et
446
le
que nous ne
((
((
pierre
depuis l'ouverture de
la
dite.
t.
))
Le
III,
n 24.
Journal universel,
((
V,
p.
1771.
M. de Roberspierre s'est lev contre le premier article, sur ce fondement, que la vraie situation de l'Isle de Tabago est inconnue tous les Dputs; qu'on ignore quels en sont rellement les troubles, et quelles forces sont ncessaires pour touffer ces troubles, que !a libert seroit trop en pril si les Reprsentans de la Nation s'en rapportoient ainsi aveuglment la parole des Ministres, si on donnoit ainsi au Pouvoir excutif toutes les forces qu'il peut demander. M. Dillon a rpliqu qu'on ne demande ni des armes, ni des flottes, qu'il suffira de trois cents hommes transports sur un vaisseau marchand, et qu'il n'y a pas l de quoi s'alarmer sur la libert d'un
grand Empire. Cette rponse toit srieuse; un moment avant M. d'Eprmesnil en avoit fait une qui l' toit moins. Si M. de Robespierre, a-t-11 dit, a des doutes sur les troubles de la Colonie dont il s'agit, je fais une motion qu'il soit nomm Commissaire, et qu'il soit envoy Tabago.
))
t.
IX, n 328, p
12.
...Comme M. Roberspierre annonait l'Assemble les dangers qui pouvolent rsulter de cette partie de son Dcret, o elle autorise le Pouvoir excutif envoyer des Troupes, on a demand avec insistance d'aller aux voix. Le reste du Discours de M. Roberspierre a t entirement interrompu par des murmures et par des demandes ritres d'aller aux voix sur le projet de Dcret du Comit; seulement quelques applaudissements pars ont tmoign l'approbation que
447
lui donnoit. Il a dit que rien ne certifioit rvnement on dlibroit, qu'une lettre ministrielle, que cette lettre pouvoit n'tre qu'un moyen indirect d'amener la guerre et qu'enfin, puisqu'on doit faire des armemens, sous le prtexte d'un malheur, il falloit d'avance dcrter la guerre et la servitude. Il a conclu qu'attendu que la fidlit des faits noncs n'toit pas constate, l'Assemble ne pouvoit se dispenser pour l'intrt public de renvoyer au Comit Colonial.
lequel
))
et
du Citoyen,
III,
1,
p. 27.
Robespierre, craignant qu'un envoi de troupes et d'armes dans les circonstances prsentes, n'inquitt les puissances voisines, et ne devint mme un prtexte et un moyen d'engager une guerre, que
la nation
M. de
doit viter avec le plus grand soin, s'est lev contre cette
partie
du dcret.
lettre
y dit que la qu'on la fasse remplacer. La notorit de cette lettre est-elle suffisante pour que l'assemble se presse de dcrter. Il y a certains membres de l'assemble qui font pour dcrter, comme Dandin pourjuger. )> a On s'est lev contre M. de Robespierre, et M. Duval a propos d'envoyer l'orateur Tabago comme commissaire cette plaisanterie n'a pas paru fort heureuse. Elle n'a point empch l'orateur de soutenir la vrit. Il a propos de renvoyer l'affaire et les pices au comit colonial, et dit qu'il s'lveroit toujours contre toute motion propose par un ministre.
:
que les faits ne sont pas bien connus, on n'en a encore de connoissance que particulire d'un homme qui est bord d'un vaisseau. On garnison revient en France. Cela est-il assez certain, pour
Il
a reprsent
En
effet,
L'Ami
14. p.
205-206.
des plus
intrpides
M.
Roberspierre,
l'un
dfenseurs
de
la
oppos la partie du dcret qui autorise le pouvoir excutif envoyer des troupes; il en a dmontr le danger au milieu des murmures d'une partie de l'assemble, et des applaudissemens d'un trs-petit nombre; on demande d'aller aux voix. C'est une marche connue, quand on veut faire passer un dcret, d'interrompre la discussion par des clameurs. Cependant M. Roberspierre s'est fait couter, il a dit que rien ne certifioit l'vnement sur lequel on dlibroit, qu'une lettre ministrielle; que cette lettre pouvoit n'tre qu'un moyen indirect d'amener la guerre; et qu'enfin, si l'on vouloit ainsi faire des armemens, sous le prtexte d'un malheur, il falloit d'avance
libert, s'est
et
de Brahnl,
t.
III,
L'auguste assemble nationale descend quelquefois des plaisanteries dignes tout au plus d'un mauvais journal. L'autre jour, M. de
448
Dillon,
ville
gouverneur de Tabago, ayant appris l'assemble que cette d'tre rduite en cendres, et Robespierre ayant nonc quelques doutes, d'Epremesnil a fait la motion dans les formes que Robespierre ft envoy Tabago avec le titre de commissaire du pour
venait
faits
suprme f)our s'assurer par lui-mme de la vrit des Je voudrais bien que les aristocrates de l'assemble nationale qui se moquent de nos mauvaises plaisanteries et qui en font de si piquantes fussent condamns faire un journal et malades ou bien portants rire une anne entire (6).
voir
excutif
Gazette de Paris,
t.
II,
p. 4. projet
Un
des
articles
du
((
Sa
de
faire passer
M.
demande
dont
la Il
naturelle,
des menes de
fait
la
des
Ministres,
un
art
jouir.
:
n'y avoit qu'une seule rponse faire l'honorable Membre c'toit de le charger d'aller voir par lui-mme, si la situation de cette Isle malheureuse mrite ou non des secours. Aussi M. d'Esprmnil, avec cette sagacit, qui lance si souvent des traits aussi rapides que
l'clair,
a-t-il
fait
la
M.
Roberspierre
ft
nomm
Commissaire
et
envoy Tabago.
t.
Courier Franais,
VI, n 182,
t.
p.
6.
IX,
p.
117.
de combattre ce projet, et il remarquoit que l'Assemble nationale n'a pas de nouvelles officielles de cette colonie que ce qu'on en sait n'est fond que sur une lettre du ministre, qui ne mrite aucune croyance; que ne pouvant nous enRoberstpierre
s'est
M.
efforc
gager dans une guerre trangre, les ministres vouloient nous y prcipiter, en armant le pouvoir excutif de toutes les forces nationales, et qu'il falloit viter les piges qu'ils tendoient la bonne foi des membres de l'Assemble,
t.
XIII,
la date.
On
sommes,
a-t-il dit,
Il
champ; mais M. de Robespierre, mal murmures, s'est roidi Dans la position o n< on ne doit pas laisser au ministre la facult d'armt
:
indfiniment.
Ions viter.
nous ne sommes pas assez pour pouvoir prononcer avec connoissance de cause.
D'ailleurs
(6)
instruits
voU'^
fait
I,
277.
449
Le
Spectateur national,
((
T-"
juillet
1790.
de dcret relatif de Tabago, et de l'incendie de Port-Louis. Les inquitudes que M. Robespierre a levs (sic) sur l'authenticit de ces nouvelles, et sur les intentions du ministre comme des cabinets trangers, ont engag quelques membres demander que l'on fixt par un dcret le nombre de troupes que l'on enverrait dans cette Colonie.
aux vnements de
l'le
Le comit des
Ce
la
Mercure de France, 10
juillet
1790, p.
132.
la certitude de de ces secours, M. d'Epresmenil avoit propos de l'envoyer Tabago, en qualit de commissaire vrificateur. Heureusement on pourra conserver M. Robespierre et secourir Tabago, que le Journaliste des Dcrets et Dbats
Lorsque
M.
ces malheurs
(de
Tabago)
l'urgente
ncessit
Isle.
t.
))
Assemble
((
nationale,
Commune de
Paris (Perlet),
VI, n 331,
p. 5.
11
pourroient abuser dans les circonstances actuelles pour des armemens qui, sous prtexte de secourir Tabago, pourroient avoir d'autres destinations contraires au vu de l'assemble, et peuttre l'intrt de la France, qui ne doit pas provoquer lgrement
les
ministres
faire
la
guerre,
L'Ami du
Roi,
il
t.
I,
n 32, p.
130. (7)
ne sera plus besoin, comme le proposoit plaisamment M. d'Eprmesnil, d'envoyer M. de Robespierre en qualit d'inspecteur. Mais il faudra peut-tre, pour parer aux inconvniens de la contrervolution qu'il redoute, le charger de la conduite des trois cents hom...Et
mes de garnison
pour leur dfense.
constitution.
Il
et
des
trois
les
habitans demandent
la
Ce
redoutable armement
t.
Assemble nationale
P((
Commune de
Paris (imitation),
V,
n 328,
7.
Roberspierre a soutenu que ce dcret toit purement minisconu dans des termes si vagues, que l'assemble ne pouvoit pas prudemment dlibrer. Il a prtendu que par la premire disposition, le ministre avoit la facult d'armer toutes les forces qu'il lui plaisoit de mettre sur pied et d'allumer la guerre qu'il a tant d'intrt faire natre dans toute l'Europe.
triel,
M.
et
par
i",
(7) Ami du roi des Franois, de l'ordre et surtout de la vrit les continuateurs de Frrori (par Royou et Montjoye); B. N., Lc2 395.
ro;jKSiu;:\i\K.
31
450
137.
SEANCE DU
V'
JUILLET
1790
JUIN
1790,
Robespierre avait t lu, le 19 juin, l'un des trois secrtaires de l'Assemble. Il rdigea les procs-verbaux des sances des 25 et
30 juin,
et des 4,
5,
I,
8 juillet <1).
L'Ami du
({
Roi,
t.
n 32, p. 129.
Aprs
le rcit
de ces
on a
fait
lecture
du
Robespierre pour enfanter les chefs-d'uvre d'loquence qu'il dbite tous les jours dans la tribune, ne lui a pas permis de donner tous ses soins la rdaction du procs- verbal, dont l'inexactitude et le style nglig ont forc d'ordonner une nouvelle rdaction. Nous voudrions pouvoir dire aussi qu'un des motifs de la rjection de ce procs-verbal, a t la suppression du nom du Roi que l'assemble avoit prononc dans son dcret relatif l'affaire de Tabago; nom qui a sans doute choqu les oreilles populaires du rdacteur, et qu'il a supprim de sa pleine puissance (3).
p.rocs-verbal.
qu'il
Le tems
M.
I, 273, note 3. Robespierre fut lu secrtaire juin, en mme temps que Delay d'Agier, dput de la noblesse du Dauphin, et Populus (Cf. Meroure de France, 26 juin 1790, p. 314; Courier national, 23 juin 1790, p. 8; Gazette universelle, n 204, p. 816; Arcih. nat., C 41, 359. Le Muse Carnavalet possde une carte de tribune date du 21 juin, signe par Robespierre). Ce dernier avait t le 4 mars 1790 dsign par 111 voix comme 3^ secrtaire supplant avec le marquis ^d Bonnay et Lapoule, dput du tiers tat du bailliage de Besanon. Duquesnoy, dans son Journal (I, 431), appirciait alors ce choix en ces termes Les trois secrtaires et les deux derniers supplants ont t ports l par la dmocratie on ne peut que s'affliger d'y voir M. LaI^oule, homme sans talent, sans bon sens, et qui avec cela a une bonhomie d'orgueil qui le rend insupportable; M. Robespierre a plus d3 talent sans doute, il en a mme beaucoup, mais une assemble devrait se respecter assez pour ne pas mettre en avant un tel homme. En gnral, le choix des secrtaires devrait tre fait avec beaucoup de soin, parce que la rdaction des procs-verbaux est trs importante. (2) Au dbut de la sance, il avait t donn lecture d'une lettre du comte de Clermont-Tonnerre, dput de la noblesse de la ville de Paris, commandant de la garde nationale de Corbeil. Il rendait compte des troubles survenus Ris, au cours desquels cinq perso,nnes avaient t massacres. (3) Cf. Arch. nat., C 41, 360. Robespierre a .en effet sur le procs-verbal du 30 juin, ratur pouvoir excutif , et l'a remplac par Roi , ainsi que le souhaitait l'Assemble.
:
451
t.
II,
juillet
1790, p. 4.
oublier
de
dire
que M. Roberspierre, en
rdigeant
suite
procs-verbal
principes,
:
de
ses
comme Michault
avoit, par une supprim ce mot Roi, dont on pourroit dire craignez-vous donc que cela vous dchire la bou-
de
la
sance
prcdente,
che ? L'honorable Membre toit-il tent de substituer le mot Empereur au mot Roi, ainsi qu'il en a t fait la motion dans un de ces Clubs...
Courier Franais,
t.
VI, n 182,
p.
10.
M.
Roberspierre,
secrtaire,
a lu
ici
le
procs-verbal
d'hier;
mais l'honorable membre, qui ne se flatte pas d'tre un excellent crivain, l'avoit si pitoyablement rdig, que l'Assemble a cru devoir le
prier
de
le
[reprendre]
et
de
le
rapporter
t.
demain matm.
XII, p.
123.
M.
la
der-
comme ne
sance
1.
(4).
Le
procs-verbal a t
Cet estimable Dput a t nomm Secrtaire et son premier si mal rdig, qu'on l'a pri de le recommencer, cela est inconcevable qu'on le laisse parler et qu'on ne l'oblige pas d'crire, ou qu'on lui permette de se faire aider.
:
(4)
les
587.
138.
~ SEANCE
DU
1^'
JUILLET
1790
(soir)
Une dputation
de
t.
X,
n 330, p. 3.
Roberspierre a reprsent l'Assemble qu'il n'y a point de Dcret qui te un citoyen qui n'est pas membre de la lgislature, le droit de former une ptition, et qu'on ne peut dcider sur elle qu'autant qu'on l'aura entendue (I).
(1)
M.
les
602.
452
139.
SEANCE
DU
JUILLET
1790
(soir)
{suite)
Sur l'admission a la barre de deux Fribourgeois, LIBRS DES GALRES PAR DCRET DE l' ASSEMBLE
a;u cours de sa sance du soir, l'Assemble nationale un rapport de l'abb Grgoine, au sujet des condam-
Le
20 mai,
avait entendu
nes trangers reus sur les galres franaises. En vertu d'un long usage, les forats de Genve et de Fribourg accomplissaient leur peine sur les galrer, franaises. En mai 1781, aprs une meute populaire contrie le gouvernement aristocratique de Fribourg, quatre Fribourgeois avaient t envoys aux galres ; deux y moururent; les deux survivants rclament le secours de l'Assemble. L'Assemble dcrte qu' l'avenir il ne sera reu sur les galres franaises, aucune personne condamne par des juges trangers que les forats trangers qui sont sur les* galres franaises, seront largis dans les trois mois, s'ils ne sont pas rclams pa^r les tribunaux qiii les ont condamns ; que les deux Fribourgeois seront librs dans les huit jours. Les deux Fribourgeois librs^ ayant le premier juillet au soir, demand leur admission la barre de l'Assemble; elle rejeta cette demande, malgr Robespierre, en se fondant sur une ancienne ordonnance qui interdisait tout homme sorti des galres d'>approcher de la' Cour (1).
;
Mercure de France, 10
juillet
1790, p.
133.
Deux
Fribourgeois envoys
lui prsenter leurs
demand
hommages,
et l'admission la Barre.
Cette nouveaut a excit une indignation que la gnreuse loquence de M. Robespierre n'a pu calmer. Malgr les sentimens fraternels que M. Robespierre alloit manifester en faveur de ces Galriens, dit le Journal des Dcrets, sentimens qu'un cri gnral a proscrit, l'Assemble a pass l'ordre du jour.
Journal des Etats Gnraux (Le Hodey),
t.
XIII, p. 137.
tre
largis
admis
Une
trs
proposition.
Un
Roi,
le
Robespierre a
lutt
t.
grande partie de l'assemble s'est rvolte cette petit nombre penoholt pour les admettre. M. de inutilement contre le brouhaha universel.
p.
L'Ami du M.
((
I,
135.
refuse.
Robespierre a trouv que tous les hommages taient bons recueillir. Il avoit un beau plaidoyer tout prt en faveur de l'admissiE. Harnel,
M. de
(1) Cf.
I,
453
a,
tendre
Courier Franais,
VI, n
184, p.
ici
18.
que les deux Fribourgeois auxquels l'Assemble a fait rendre la libert, demandoient lui prsenter leur respectueux hommage; mais quoi que M. Roberstpierre observt qu'il y et de l'inhumanit les rejetter du sein de l'Assemble, on a
le
M.
prsident a annonc
du
jour.
(2)
L'Ami du Roi
.
des galriens
Cf.
140.
SEANCE
DU
JUILLET
1790
J
1790)
Journal des Etats Gnraux (Le Hodey), t. XIII, p. 139. Assemble nationale, Correspondance de Rennes (Vatar), t.VI, n 15
p.
197.
M. de
procs-verbal
de mercredi. Elle a
du procs-verbal
(2).
sance a t ouverte par la lecture du procs-verbal du mercredi 30 juin. Une difficult s'est leve sur l'article second additionnel, relatif au traitement du clerg actuel; mais sur l'observation faite que l'article toit exactement rdig, l'Assemble a dcrt qu'elle passe-
La
roit
l'ordre du jour.
(1)
(2)
Texte reproduit dans les Arch. pari., XVI, 607. Arch. nat., C 42, 369-371; reproduit dans le P.-V. de l'Ass.
nat. la date.
SEANCE DU 2
(?)
JUILLET
1790
454
dans les premiers jours de juillet (1). Cet pisode fournit matire la satire, de la part des journaux contre-rivolutionnaires (2).
t.
V-VI,
chap. 41, p.
11.
je
Que
je
baise,
s'cria le jeune
B.A.R.N.A.V.E, que
ont
kaise
la
cent
jois
ces
mains
gnreuses
qui
port
des
chanes
pour
M. R.O.B.E.R.S P.I.E.R.R.E, ce sont les stigmates de la rvolution. En un moment je fus dshabill; les plus ardents coupoient des petits morceaux de mon habit on en vint dcouvrir nos paules. Ah! s'cria M. R.O.B.E.S. P.I.E.R.R.E,
libert.
Et moi ces
cicatrices,
disoit
seroit glorieuse
lis.
et
belle;
quelle
seroit
touchante
si
Il est
la
Courrier extraordinaire, du 2 juillet 1790 (p. 7), (1) samedi, 'ces malheureux Patriotes, suivis d'un grand nombre de leurs concitoyens assisteront un Te Deum qui sera chante
D'aprs
le
Notre
<2)
c;e
effet de nombreuses variations humoristique.* thme. Par exemple' on lit dans l'Apocalypse (n 17, p. 8-10), le rcit suivant M. de Robespierre travailloit, les paules nues dans un coin, avec les deux Fribourgeois nouvelLement chapps des galres. Ces deux malheureux, couverts d'un gros habit de laine, suoient gros-
Dame . On trouve en
:
sur
ses gouttes. .de Robespierrie, sensible leur situation critique, les invitoit se dpouiller d'un vtement importun. Mais les deux galriens, tristes et confus, lui firent voir une oertaine marque aristocratique, qui fl,euirdelisoit leurs paules. A la vue de ces marques glorieuses, Robespierre n'est plus matre du transport qui le saisit, O victimes de ra;iset se jettant (sic) leurs genoux, il leur dit tocratiie et du despotisme, permettez-moi de baiser les gnreuses stigmates, qui vous couvrent de gloire dans ce sicle rgnr; pardonnez-moi de n'avoir pu vous faire introduire dans notre assi?mbie, votre conduite passe et vos v;ertus sociales vous en assur oient l'entre (*) ; mais les aristocrates et les (ministriels l'ont emport, et on a pass l'ordre du jour. Cette scne attendrissante fut entendue par quelques tmoins qui en rendirent compte d'autres: enfin, tout le champ de Mars en fut bientt instruit. Tous les membres du souverain chapps de Eictre, de la Salptrire iet du Chtelet entourent M. de Robespierre, l'embrassent, le serrent et le remercient de l'intrt qu'il prend pour un de leurs confrres. (*) Un aristocrate disoit ces jours derniers qu'il ne voyait pas pourquoi l'on avait refus de recevoir :1a visite des deux galriens fribourgeois car, ajoutoit-il, entr.8 brigands, on ne doit point faire de faon. (note du journal). De mme, dans les Sottises et Vrits de la semaine ou Espion gnral de la Cour et de la Ville, n 111, p. 24, on trouve un cho do cette affaire: Le nouveau commandant lu, de la section d'Henri JV, avoit pour cette place un redoutable comptiteur dans l'officier de la garde nationale: celui-ci croyant l'obtenir comme membre du Club des Jacobins dont il est trs estim, a publi hauteonent que
:
)>
455
t.
La
I,
Filoutin, prsent Anecdote au sujet d'un chapp des galres au club des Jacobins (3). ...(Que je baise)... ces cicatrices, disait M. Robertspierre, ce sont les stigmates de la Rvolution. En un moment, il est dshabill... On en vint dcouvrir ses paules. Ah! s'cria plus vivement M. Robertspierre,
touchante,
n'ait
qu'elle seroit que cette marque seroit glorieuse et belle Il est tems enfin qu'on ce n'toient des Fleurs-de-Lys plus que la Nation sur les paules! (4).
!
si
ce graxie auroit d tre le prix de ses vertus patriotiques, faisan-t ce clater ses regrets d'une manire imprieuse son rival dernier ayant pris des renseignements sur le compte du Jacobite, a acouvert qu'il avoit sur l'paule une marque civique peu recommandable sous l'ancien rgime, mais qui l'est devenue sous le rgne d'un Snait rgnrateur, il en a instruit la compagnie du patriote; eJle l'a dpouill, et, aprs avoir vrifi l'existence du V despotique, sur son poque citoyenne, l'a renvoy aux Jacobins o on l'on a ft plus que jamais ce digne frre, lui disant en grand chorus: Dignus, dignus, est intrare, etc., etc.. Ce que M. Robespierre s'est charg de prouver par tous les moyens qui sont en lui. (3) Le nom de Filoutin devint la mode ; et l'on trouve la B.N., sous la cote Lb''^ 9183, une Lettre de Ren Filoutin, dbarqu Paris, l'an I de la libert, qui n'a d'ailleurs aucun rappotrt avec cette affaire, mais qui s'e prsente comme un pamphlet contre-rvolutionnaire.
mme
(4)
Texte
utilis
par G. Walter,
p.
133.
142.
SEANCE DU
JUILLET
(1)
1790
Poursuivant la discussion des rapports sur toutes les parties de la dette publiquie, l'Assemble nationale entend le rapport d;e Lebrun, dput du tiers tat du bailliage de Dourdan, sur la loterie royale. Puis l'article premier est mis en discussion: Le traitemtent des administrateurs de la loterie royale sera
il)
partir de l'arrt
lieu
lies
La Loterie royale ne devint une institution d'Etat qu' du Ccnseil du 30 juin 1776. Les tirages avaient l""" et 16 de chaque mois. Cinq numros sortaient gagnants.
Si l'on avait jou un seul de ces numros, la mise tait rembourse 15 fois si l'on en avait jou deux, dlle tait rembourse 270 fois, et ainsi de suite, si bien qu\e si l'on avait eu la chance de jouer
;
cinq numros gagnants, on voyait sa mise multiplie par 1 million. Cette loterie co.nnut un grand succs et exigea une administration importante qui ne comptait pas moins de 10 a/dministratieurs gnraux (d'aprs M. Marion, op. cit., p. 343).
456
rduit 12.000 livres. Ils Continueront jouir des remises qui leur taient accordes. Aprs les observations de Robespierre et de Frteau de SaintJust, dput de la noblesse du bailliage de Melun, l'assemble ajourna la rduction du nombre des administrateurs, mais fixa leur traitement 9.000 livres.
Journal des Etats Gnraux (Le Hodey),
((
t.
XIII, p.
165.
une autre conomie dont votre Comit ne parle point, je veux dire la rduction Hu nombre des rgisseurs. Trois me parotroient suffisans pour une loterie. Leurs appointemens ne
Robespierre
:
M. de
Il
est
doivent point, selon moi, aller au-del de 9 mille livres. Cette som.me, jointe aux remises ordinaires, se montera encore 12 mille livres. Je sais qu'on m'objectera que si l'on rforme deux rgisseurs, il faut les
rembourser, et que leurs finances, montant 500 mille livres chacun, notre position ne nous permet pas de le faire. Mais je crois devoir vous
il ne se trouvera en faveur de qui l'on ne puisse allguer des avances. Nous ne sommes pas dans le cas de rembourser, a dit M. Le Brun; les choses parlent assez d'elles-mmes, sans que je m'ex-
avertir
que,
si
ni administrateurs, ni rgisseurs,
plique davantage.
))
Gazette nationale ou
le
Moniteur universel, n
185, p^ 759. 10
.
y a une question prliminaire examiner. Combien conserverez-vous d'Administrateurs? N'y en avoit-il pas trop dans l'ancienne Rgie ? Quant au traitement, il est ncessaire de le rduire. Si l'Assemble se dtermine, ce que je ne crois pas, donner 12.000 livres pourquoi y ajouter encore des remises? Je demande au moins que cette (sic) excdent soit retranch (2).
:
M.
Robertspierre
il
Journal universel,
((
t.
V,
p.
1786, 4-7-90.
Les Administrateurs que M. Roberspierre vouloit rduire trois au lieu de 5, ce qui a t ajourn, sont rduits provisoirement 9.000 livres, au lieu de 24.000 livres.
Courier Franais,
Il
t.
p. 38.
y a cinq administrateurs de cette loterie, qui, 9.000 livres chacun, emportent seuls un capital de 45.000 livres. M. Roberspierre /proposoit de les rduire trois; on et pu mme n'en laisser que deux; mais chacun d'eux a fourni d'avance un fonds de 500.000 livres; et il n'est pas trop facile de trouver de quoi les rembourser.
Texte reproduit dans
Moniteur, V, 33; et dans
les
(2)
le
Arch.
pari.,
XVI,
683.
457
t.
Assemble
p.
nationale,
Commune de
Paris (imitation),
V,
331,
8.
M.
teurs trois.
Cet amendement a
t.
t ajourn.
X,
n"
331, p.
8.
le
M.
et
Roberspierre a
demand que
ft
nombre des
12.000
rgisseurs ft
diminu,
que
leur traitement
t.
rduit
livres.
Le
par
Point du Jour,
((
XI,
p. 368.
M.
le
M.
Brun,
Robespierre demande par amendement au dcret propos la rduction du nombre des administrateurs des lotela
ries.
On demande
143.
question pralable.
))
SEANCE DU
JUILLET
1790
(soir)
Nompre de Champagny, dput de la noblesse du bailliage de Forez Montbrison, membre du comit ^militaire, fait part l'Assemble nationale, du dsir du comte d'Ailbert de Rioms, commandant de l'escadre, de Brest, d'tr;e admis la Fdration du 14 juillet, pour y prter le serment civiquie en son nom et en celui de l'escadrie dont le commandement lui a t confi (1). Le comte d'Albert de Hioms avait t compromis dans les troubles de Toulon; par dcret du 16 janvier 1790, l'Assemble avait dcid qu'il n'y avait lieu contre lui aucune inculpation (2). L'opposition de Ro'bespierre la motion de Nompre de Champagny, suscite un vif dbat. Mise aux voix, cette motion fut dcrte une grande majorit.
Gazette nationale ou
Bulletin de
((
le
p.
762.
l'
Assemble
M.
la motion honorable...
tout le mrite militaire
Robertspierre. Je ne prends pas la parole pour m'opposer (On demande aller aux voix). Je reconnois
neurs,
de M. Albert... Je ne crois pas que des honque des distinctions particulires doivent nous occuper dans cet instant... Je ne crois pas que la Fte de l'galit... Supposons que M. Albert soit revtu de toutes les qualits que je ne veux pas lui contester; mais est-il le premier, parmi les Citoyens qui ont montr avec le plus d'clat et d'utilit, pour la chose publique, leur dvouement la Constitution, leur amour pour la libert ? Est-ce ce titre qu'il a
(1)
Marseille, puis
mandement de
d'Alher-t, aprs avoir quitt Toulon, tait all avait t envoy Brest pour y prendre le coml'escadre .qui devait se rendre Saint-Domingue, (2) Cf. ci-dessus, la date; et E. Hamel, I, 281.
il
Le comte
458
droit
fte nationale, o Serment qu'ils ont prononc avec le mme respect, qu'ils ont respect avec le mme courage, qu'on doit exclure toutes les distinctions... (Les murmures d'une grande partie de la gauche, et l'empressement d'aller aux voix, qui, chaque phrase, interrompoient l'Orateur, se renouvellent avec plus de force). Je prends la libert de faire une question aux plus zls partisans de M. Albert; je leur demande si M. Albert est de tous les Citoyens, celui qui ait le mieux servi la libert publique... (Les applaudissements d'une partie du ct gauche et des tribunes interrompent l'orateur). Les principes que je viens de rappeler sont les vtres; ils sont incontestables. On m'oppose que M. Albert a un titre particulier, comme Chef de l'Escadre... (Applaudissements et murmures). J'espre que M. d'Albert lui-mme trouvera son mrite assez rcompens par le Commandement dont il est honor; j'espre sur-tout que la Nation n'aura pas en ce moment besoin de ses talents distingus, et qu'il ne les exercera pas en faveur de l'Espagne j'espre que la paix ne sera point trouble (3). Je laisse l'Assemble suppler toutes les raisons que je n'ai pas dites mais si, malgr celles que j'ai prsentes, malgr celles qui se prsentent d'elles-mmes chacun de nous, la motion toit recueillie, je demanderois que l'on rechercht avec soin, avec justice, tous les Citoyens qui ont rendu des services la Patrie, pour les faire participer cet honneur; je demanderois qu'ils fussent placs dans un ordre dtermin par le degr d'utilit de ces services... M. Albert seroit-il leur tte...? (Les applaudissemens d'une partie du ct gauche et les murmures du reste de l'Assemble se mlent la demande ritre d'aller aux voix) (4).
. . .
C'est d'une
t.
XIII, p. 170.
motion honorable qui vient d'tre faite, mais je soutiens que l'assemble nationale ne doit point s'occuper d'accorder de distinction particulire; elle ne le peut sans droger tous ses principes, sans renverser cette galit qui fait la base de la constitution... J'accorde, si l'on veut, que M. d'Albert soit le citoyen le plus illuste de l'empire franois, j'irai mme plus loin; je suppose qu'il ait un des plus mrit de la chose publique, et qu'il ait contribu autant que qui que ce soit la conqute de la libert. H bien, dans
la
(3)
(cf.
Je ne m'oppose pas
comme
le
30
juin
France entrane dans le coinflit de l'Angleterre et- de l'Espagne. L'extrait du Courier franais (ci-dessous, p. 464) montre qu'en effet la distinction demande pour d'AibeTt tait motive par le dsir de mettre en vedette l'escadre de Brest qu'il commandait. (4) Texte reproduit dans le Moniteur, V, 40, et dans les Arch. pari. XVI, 690;
ci-dessus, p. 447), par la crainte
de voir
la
459
hipothse
l'honneur
(sic)
la-mme,
venir
avoir
de
il n'y aura que des reprsentans. m'oppose que M. d'Albert est dans une position toute particulire; que cette dmarche, inspirera de la confiance ses subordonns. Ces raisons ne peuvent balancer le mal que causeroit une violation des principes. D'ailleurs le citoyen Franois qui a l'honneur d'tre
une fte o
On
choisi
patrie.
mme
qu'il
sert
la
que la flotte actuelle ne rendra pas la France tous les services qu'on a lieu d'en attendre, la paix subsistera. Je conclus ce qu'il n'y ait aucune distinction.
reste,
Au
j'espre
Courier de Provence,
((
t.
IX, n 162,
p.
177.
n'est pas surprenant de voir des inquitudes s'lever dans Il l'me des vrais patriotes, quand on propose, dans des momens de crise, des honneurs particuliers pour des individus; quand sur-tout cet individu ne s'est pas distingu par sa popularit. C'est donc sans tonnement qu'on a vu, dans cette sance, M. Robespierre rclamer contre la faveur qu'on proposait d'accorder M. d'Albert (ci-devant de Rioms) nomm pour commander l' escadre, de prter le serment la Fdration. L'assemble n'a pas partag les inquitudes de ce membre
patriote, et
M.
le
14
juillet.
militaire, a
expos que
ration;
M. de
exciter
pourrait
service,
Robertspierre a jug que ce serait une distinction qui la jalousie des autres personnes distingues par leur
.
etc..
M. de Champagny
faire
a vu que l'opinion
de M, Roberts-
pierre
commenait
fortune.
Roberspierre n'a pas hsit dans son opinion. Je veux que M. d'Albert de Rioms surpasse en patriotisme les meilleurs Citoyens je reste persuad que nul Franais n'a t plus
M. de
utile la
France
mais en
lui
'^oute?
les
ne vois en lui qu'un homme priv, et je ne puis consentir qu'il soit admis une crmonie o on ne peut l'tre que comme Dput. Si cette distinction lui est dfre, je la demande aussi pour tous les Franais qui ont honor leiu: nom par
vertus, toutes (sic) les genres
de
leur vi.
460
Journal de la Libert,
II,
n 46, p. 734.
Robespierre a dit que M. d'Albert de Rioms ne peut obtenir un si grand honneur, et il a soutenu que c'est un homme priv qui ne doit assister la fte du 14 juillet que dans le cas o il sera dput par son corps. En effet, a-t-il ajout, si ce privilge particulier lui est accord, il faudra pareillement admettre tous les citoyens distingus qui mritent cette faveur.
M.
t.
III,
236" Sance, p. 3.
Robesse-Pierre s'est oppos ce que cette distinction accorde M. de Rioms. Il n'a jet aucun doute sur toutes ses vertus patriotiques, sur sa bravoure, enfin sur toutes ses qualits de citoyen et de militaire; mais il a soutenu que si on accordoit
honorable
ft
M. de
cette distinction
M.
mme
droit
que
lui.
de
la faveur, lorsque
M. de Champagni
la
dit,
je
demande
faite
taire
distinction
pour
conduite de
l'escadre,
abstraction
de la personne de M. de Rioms. C'est au nom du comit milique je fais cette motion. Elle a t adopte une trs grande majorit. Par ce dcret, l'Assemble a voulu honorer un chef digne d'loge par sa haute valeur, lui attacher la confiance de son escadre et l'entourer de celle de la nation.
X
Assemble nationale et Commune de Paris (imitt"), t.V, n332, n.2. Annales universelles et mthodiques, t. IV, n" 105, p. 285. Journal de Versailles, t. III, n" 35, p. 139.
Le
5.
M. Roberspierre s'est oppos ce qu'il a appel une distincJe veux bien croire, a-t-il dit, que ce commandant a donn les plus grandes marques de patriotisme; qu'il est dans tout l'empire le
tion.
citoyen le plus
illustre
par ses vertus et ses qualits personnelles; qu'il dans cette hypothse,
:
dont
garde de contester la certitude, je pense que M. d'Albert de Rioms ne peut obtenir un si grand honneur. En effet, c'est un homme priv, qui ne devroit assister la fdration, cause de ses fonctions publiques, que dans le cas o il seroit dput par son corps; s'il ne l'est pas, pourquoi la nation lui accorderoit-elle le droit personnel
je n'ai
de se prsenter
est
cette fte
mmorable
faut
Si ce privilge individuel
lui
y admettre tous les autres citoyens distingus, qui cette distinction seroit galement due.
attribu,
je
soutiens qu'il
)>
461
Le
et
Postillon (imitation), n
126, p. 6
(5).
On a demand que M. d'Albert ft dput la fdration, de prter le serment de son escadre. M. Robertspierre s'est violemment lev contre cette distinction, et il a insist mme aprs le dbut de l'assemble, en refusant de rdiger le procs- verbal.
et
du Citoyen,
t.
III,
n"
1,
p. 48.
M. de
nergie et
plus grand
oppos en reprsentant avec son son patriotisme ordinaires que, quand M. d'Albert seroit le
s'y
est
Robespierre
homme de
t.
))
Courier Franais,
((
VI, n 186,
M.
il
M. d'Alsi
bert,
le
il
personnelles,
tel
honneur; et que,
la
on
lui
comme
lui,
Assemble
((
nationale,
Commune
t.
VI, n 333,
p. 2.
Robespierre s'est oppos de toutes ses forces cette admission honorable, et a donn pour motif, que nul ne pouvoit assister,, comme homme priv, cette fdration mais uniquement comme dput de son corps, et que M. Albert de Rioms ne l'toit point. Cette svrit de principe n'toit point applicable la circonstance actuelle, o un gnral, au moment peut-tre de la premire guerre vraiment nationale, demandoit contracter, entre les mains de l'assemble et du roi et la face des dputs, de toutes les parties de l'arme, et des milices nationales, l'engagement de servir son pays et
son roi et de maintenir la constitution.
M. de
Le
Point du Jour,
t.
p.
377.
Robespierre dit en supposant que M. d'Albert soit un des plus grands officiers de mer, je dirai qu'il faut loigner toute distinction, et c'en est une des plus grandes d'tre invit une crmonie laquelle le civisme, et non les honneurs et les places doivent appeler. Son mrite est assez honor, d'tre appel, dans ces circonstances, au commandement des forces navales. Il s'lve des mouvements tumultueux. On rclame l'ordre du
((
M.
jour.
(5)
462
144.
SEANCE DU
JUILLET
1790
Un des secrtaires fait lecture d'une adresse des dputs du commerce de France (1) signalant que l'Angleterre et La Hollande mettent une activit persivrante dans leurs armJements, que pluvaisseaux de ligne sont sortis des ports d'Angleterre. L'adresse demande que le commerce franais soit protg et que la France son tour, dploie ses forces maritimes. Delaville-Le Koulx, ngociant et armateur Lorient, dput du tiers tat de la snchausse de Hennebont, propose alors u qu'il soit demand au roi de faire sortir un nombre suffisant de frgates pour protger la rentre de nos navires, et d'envoyer quelques b-timients aux colonies pour les avertir des dispositions de l'Angleterre . Robespierre s'y oppose et demande l'ajournement. Desmeunier parla dans le mme sens et l'Assemble passa l'ordre du jour.
sieurs
la rdaction
du procs-verbal (Arch.
nat.
42,
Sur cette adresse un membre a fait la motion qu'il fut envoie des vaisseaux, pour protger les navires franais, Un membre (c'est Robespierre) a observ que toutes les propositions relatives des armemens, des prparatifs et des mesures de guerre qui toient prsentes de tems en tems l'assemble mri((
et a
demand
nes et qu'avant d'en discuter l'assemble dlibrt sur l'ensemble des rapports oi elle se trouve avec les nations trangres et sur les moens de conserver la paix ncessaire la conservation de la libert et de
la
constitution.
et
du Citoyen,
382-384.
t.
III,
p.
55.
p.
M. de
ni
ne devez
en dtail toutes les propositions isoles, relatives des mesures de guerre, qui vous sont proposes de temps en temps; pour peu que l'on connoisse le vu et l'intrt pressant des ennemis de notre libert, pour peu que l'on ait suivi leur marche, il est impossible de ne pas couter avec dfiance, et sur-tout de ne pas
adopter
ni discuter
par
quelque
bouche
(1) Cf. J. Letaconnoux, Le Comit des dputs extraordinaires des manufactures et du commerce de France et l'uvre conomique ae l'Assicmble constituante, Ann. r'vol., t. VI (1913), p. 149.
463
me parot vident que les personnes que France reconnotra ces traits, n'osant pas maintenant vous proposer ouvertement de dcrter la guerre, de peur d'veiller le patriotisme et l'opinion publique, cherchent vous mener insensiblement ce but, par des mesures partielles, dont ils ont bien calcul tous les effets, mais dont vous ne pouvez embrasser toutes les consquences, au moment o vous les adoptez; tantt on fait des prparatifs de guerre dont on vous avertit aprs coup, et ou vous engage en tmoigner votre satisfaction; tantt on vous propose d'appeller la confdration nationale celui que l'on a mis la tte de votre escadre (2), comme si l'on vouloit donner l'air de dire aux nations trangres, par une distinction aussi extraordmaire, que vous destmez ce gnral et cette escadre jouer un grand rle dans les affaires de la fin de la mme sance on vous lit une lettre qui vous l'Europe. annonce qu'une escadre angloise est sortie de Portsmouth (3), et l'on semble vous prsenter ce fait, comme l 'avant-coureur d'une guerre o vous devz tre partie, et on vous engage renvoyer cette affaire au pouvoir excutif. Ce matin mme encore, ne venez-vous pas de rendre un dcret, pour assurer la facilit de faire de nouveaux prparatifs } (4). Ne vous a-t-on pas fait la proposition bien plus importante, d'autoriser vos commandans militaires dployer la force nationale sur les mers dans certains cas, pour dfendre ceux qu'on appelle vos allis (5). Sans doute, si nous suivons une pareille marche, nous arriverons un
que toute
la
Le 3 juillet 1790 au soir, l'Assemble avait discut l'admission Fdration du 14 juillet du coimte d'Albert de Rioms, commandant de l'escadre de Brest. Cf. sance prcdente et celles des 15
(2)
la
et
18
mai
1790.
formule nettement sa conviction que la Cour souhaite la guerre, ainsi qu'il le dveloppera longuement en janvier 1792 dans sa lutte contre la politique belliqueuse de la Gironde. (3) A la .fin de la sance du 3 juillet (au soir) il avait t donn lecturie d'une lettre d'un capitaine hollandais venant de Newhampton, qui dclarait avoir vu le 28 juin, une flotte de 12 vaisseaux de guerre, de 18 frgates, sortir de Portsmouth. Cette lettre enregistre par devant notaire, avait t transmise par les autorits municipales du lavne. (4)Au cours de cette mme sance du 4 juillet, l'Assemble se fondant sur l'autorisation qu'elle avait donne au pouvoir excutif de faire un armement maritime, et considrant les entraves que la plupart des municipalits avaient apportes la libre circulation des poudres et des munitions, avait pris un dcret en vue d'assurer la libert des approvisionmsments des ports et des arsenaux en poudre et en munitions.
Robespierre
(5) Il s'agit d'un amendement propos par Malouet, au dbut de ceftte mme sance du 4 juillet, un projet de dcirist prsent par le comit de la Marine, au sujet de la protection du commerce franais en Mditerrane, en particulier contre les actes de piraterie des ressortissants de la rgion d'Alger. Malouet avait demand
464
point o nous pourrons tre obligs de faire la guerre des ennemis que nous pourrions viter, et avec des allis que nous ne devions pas reconnotre mais tout vous fait une loi imprieuse de vous occuper des moyens de dconcerter toutes ces intrigues ministrielles, d'examiner vos rapports politiques avec les nations trangres, et de prendre les mesures ncessaires pour assurer la conservation de la paix, si ncessaire au bonheur et la libert de la nation; il vous suffira pour cela de sentir l'immensit des ressources et la dignit d'une nation libre, et de faire prcisment une marche et des principes opposs ceux des cours et des ministres.
:
t.
X,
n 332, p. 10-11.
ces ptitions
Roberspierre s'opposoit vivement ce qu'on dlibrt sur particulires; il craignoit que tant de dmarches dans lesquelles on engageoit l'Assemble, et dont on ne se dfioit pas assez, ne conduisissent la fin un but que dsirent tous les ennemis de
M.
la Constitution, une guerre avec les Etrangers. Il a fait rapprochement de diverses circonstances, de diverses propositions sur lesquelles on a fait dlibrer l'Assemble Nationale. La proposition qu'on vous fait en ce moment, a-t-il dit, de donner aux Commandans d'Escadre le pouvoir d'employer telles et
((
telles
pour protger notre commerce et nos Allis prtendus, le pouvoir de commettre des hostilits les Ministres ont calcul les effets de ces diverses mesures dont vous n'avez pas embrass les consquences. Depuis qu'on leur a oppos une barrire sur le droit de paix et de guerre dont ils vouloient s'emparer, ils n'ont
forces
leur laisseroit aussi
:
de vous arracher indirectement un vu que vous Songez que par le Dcret que
M.
trangres,
appel particulirement cette Fdration. Craignez que la calomnie ne rpande au loin que l'Assemble Nationale est d'accord avec les Ministres, et que les Ministres le sont avec certaine Puissance
trangre
faire
?
(7).
soit
ajourne, et que l'on fixe un jour pour examiner ce que nous avons
ctes
commandants de terre et de mer, dans lies ports et sur les du royaume, soient autoriss employer la force arme pour empcher les violations de territoire et toute insulte ou agression
que
les
contre les vaisseaux trangers mouills sous la protection des ports portant le pavillon national. Cet amendement avait t renvoy au comit de la Marine. (6) Il s'agit du dcret du 23 mai 1790. (7) iL'Espagne, lie la France par le Pacte de famille.
465
Moniteur universel, n
367, p.
il
186, p. 764.
14.
faut- ajourner
Il
M.
Robertspierre.
attention
Non
sur
seulement
affaire
nous
cette
ne faut
par telle ou telle pervnements; il faut calculer toutes les circonstances on dit tantt que l'Escadre Angloise est sortie de ses ports, tantt qu'il faut autoriser vos commandans dployer la force arme pour protger vos prtendus allis. Je ne vois en cela que des propositions isoles, amenes avec plus ou moins d'adresse (il s'lve des murmures). Chacun a sa manire de voir. En examinant la marche qu'ont prise ceux qui prtendent influer sur nos dlibrations, je ne vois que des motifs de dfiance. Ceux pour' qui la guerre est le premier des besoins, parce qu'ils envisagent comme le plus sr moyen de s'opposer une Rvolution qui les dsespre, ne voient peuttre pas du mme il que moi. On cherche de toutes parts les moyens de vous amener un parti qui rendroit la guerre ncessaire on vous a fait la proposition de faire figurer la Fdration celui que le Roi a nomm Chef d'Escadre, on a fait lecture d'une lettre qui annonce que l'Escadre Angloise est sortie de Portsmouth, aussi-tt on a fait la motion de renvoyer cette lettre au pouvoir excutif, comme si ce n'toit pas vous qu'il appartient de dlibrer sur les grandes destines de l'Etat. On vous a fait dcrter que vous secourrez ce qu'on appelle vos Allis. (Il s'lve de grands murmures dans presque toutes les parties de la salle). Je n'entends parler que de guerre. Si vous adoptez le dtail des mesures dont le Ministre a bien calcul l'effet, on tchera de persuader aux Nations trangres que l'Assemble Nationale est d'accord avec le Ministre, et le Ministre avec les Cabinets trangers, je fais la motion que toutes ces propositions soient ajournes, et que l'Assemble fixe un jour o elle s'en occupera. C'est
pas
fixer
il
notre
une
faite
sonne,
le
moyen
d'carter les
manuvres
Ministres du
monde
))
(8).
juillet
Assemble
5
((
nationale,
Commune
t.
p. 6,
juillet
1790.
sortir
M. de Laville-Leroux a propos de supplier le roi de faire de nos ports quelques frgates pour protger l'atterrage de nos
M.
Robespierre
s'est
btiments.
((
Il
a rapproch la
la
fdration,
sortie
de
la flotte
le
les
Arch.
XVI,
694.
I\oiri;si'ir.unr..
52
466
anglolse, le dcret sur \e transport des poudres dans nos ports et arse-
naux;
sur les
la
prop>osition
d'autoriser
les
commandans de
toute
terre
et
et
ctes
de France repousser
l'adresse
aggression
violation
et dans, la runion
des dputs extraordinaires du de toutes ces circonstances, il croit voir des propositions isoles amenes par les ministres avec plus ou m.oins d'adresse, pour provoquer une guerre qu'il est de l'intrt de la nation d'viter. Il a conclu par demander que l'assemble indique un jour fixe pour dlibrer sur les rapports extrieurs de la France.
territoire,
enfin
de mer de commerce,
t.
XII, p.
181.
Il
nemens qui se prparent anglois, tantt on vous demande d'autoriser les commandans de terre et de mer employer la force arme; on ne nous parle plus que de guerre. Je vois ceux qui ont besoin de la guerre pour s'opposer la rvolution, tenter toutes les voies pour vous y engager. Je demande que
toute proposition ce sujet soit ajourne, et qu'il pour dlibrer sur notre situation politique.
))
Robespierre, l'ensemble des grands vtantt on vous annonce la sortie des vaisseaux
M.
soit
fix
un
joui
Le
Postillon (imitation), n
126, p. 7.
M.
il
guerre;
tre
la letil
rapproch
de mer
demande de M. Malouet, pour assurer aux commandans permission de commencer les hostilits, avec la ptition
commerce,
et
il
fait
l'ensemble
d'une
avec raison dans cette adresse que des piges tendus par les ennemis de la rvolution, qui ne dsirent que la guerre et employent toutes sortes de moyens dtourns pour la faire dclarer, a demand que toute proposition de cette espce ft ajourne jusqu' ce que l'assemble nationale et des connoissances bien exactes de la situation politique actuelle de la France et qu'elle dlibrt sm les moyens
((
L'Ami du Peuple (Marat), t. II, p. 3. Le sage Roberspierre, ne voyant et toutes les autres de la mme nature,
d'assurer la paix.
))
Courier de Proence,
t.
IX, n 162,
p.
179.
lettre a excite,
Dans
n'a
la
courte discussion
que cette
M. Robes-
pas manqu de prmunir l'assemble contre les desseins de ceux qui, pour ruiner notre constitution, veulent nous envelopper dans une guerre trangre. On s'explique assez naturellement, combien des membres dvous au ministre, cherchent soulever les espierre
46^
Anglois; mais on ne conoit pas comment des commerde leurs intrts, pour solliciter des armemens qui peuvent donner de l'ombrage ces Anglois mme, assez gnreux pour ne pas nous traverser dans notre rvolution; armemens qui peuvent, par des imprudences, attirer une guerre, o le commerce franois trouveroit son tombeau. Heureusement les alarmes de ces commerants n'ont pas fait d'impression sur l'assemble (9).
ants sont assez ennemis
Assemble nationale
et
Commune de
M.
demandes de la mme nature, que des piges tendus p,ar les ennemis de la rvolution, qui, a-t-il dit, ne dsirent que la guerre, et employent toutes sortes de moyens dtourns pour la faire dclarer. Il a demand que toute proposition de cette espce ft ajourne jusqu' ce que l'assemble nationale eut des connoissances bien exactes de la situation politique actuelle de la France, et dlibrt sur les moyens
d'assurer
la
paix.
veur,
dfa-
Mercure de France, 10
1790, p.
141.
(M. Dupont) a fait part ensuite d'une Adresse de la Chambre du Commerce, vivement alarme des armemens de l'Angleterre et de la Hollande, et invoquant le dploiement des forces de nos Ports, pour la protection de nos vaisseaux marchands. a M. Robespierre a pris la parole contre cette demande, et en a
demand
l'ajournement.
discours dont
M. D-
meunier a dfendu
le principe...
Annales patriotiques
((
et littraires, n
276.
de Robertspierre et Dmeunier ont fait prvaloir l'ordre du jour en observant que cette ptition n'tait pas de nature tre discute dans une sance du matin.
MM.
Le
t.
IV, n 202,
p.
171.
Spectateur national, 5
1790. ce
M.
qu'il a appelle
Le
Postillon (Calais), n
Robespierre dit qu'il ne voit dans toutes ces demandes isoles, que des intrigues ministrielles, que des manuvres des ennemis de la constitution.
(9) Cf.
M.
E.
Hamel,
J,
278.
468
145.
SEANCE DU 6 JUILLET
1790
XIII, p. 210.
Le dpartement de Calais a souffert quelques difficults. M. de Robespierre et Beaumets ont milit pour Arras; ils ont tch, l'un et l'autre d'intresser l'assemble pour leur ville, mais la centralit et les convenances ont fait prfrer Saint-Omer.
Le
Point du Jour,
t.
XI, n 357,
la
p. 426.
M.
Robespierre appuie
))
motion de
M. de Beaumetz,
ainsi
E. Hamel,
I,
283.
146.
SEANCE DU
JUILLET
1790
(soir)
((
Procs-verbal de
la
((
Un
autre
de
MM.
adresses prsentes
l'assemble nationnale
le
Le mme
25
juin
1790 par
faite
le sieur
l'assertion
par
fait
469
tion
apperus de son compte une rticence de 600 millions. II fait la ptique l'assemble nationale nomme dans son sein des commissaires,
les
preuves
des
faits
en question
(I).
Mercure de France, 17
juillet
1790, p. 194.
Adresses mentionnes au commencement de la Sance, M. Robespierre, Secrtaire, a cru devoir lire en entier, en invoquant l'attention particulire de son auditoire, compos alors d'une soixantaine de Membres, une lettre signe de M. Colmard, .A.vocat et Auteur de plusieurs Ouvrages d'conomie politique. Cet Ecrivain dit avoir lu dans les Feuilles publiques la sortie faite, le 19 juin, par M. l'Abb Maury, contre le Premier Ministre des Finances, qu'il accusa d'une rticence de 600 millions sur les dpenses ordinaires, dans ses comptes
Parmi
les
cette rticence;
l'ont avanc mais il propose l'Assemble de nommer des Commissaires-Examinateurs; et il espre, qu'aid de leurs lumires, il ne manquera pas de recueillir des preuves probantes. Quelque trange que soit cette forme de dnonciation et son objet, le dsir d'embarrasser M. Necker, beaucoup plus certainement que celui de donner gain de cause M. l'Abb Maury, lui a mrit un accueil favorable. Un goupe de Membres du ct gauche qui venoient d'arriver, s'poumonnoient la faire renvoyer au Comit des Pensions, dont la rpu-
comme
plusieurs
journaux,
tation
de
1.
III,
24P
sance, p.
l'ouverture de la sance d'hier soir, M. Roberts-Pierre a donn connoissance d'une lettre, signe Colmar, se disant auteur de plusieurs ouvrages. Ce particulier offre de prouver que M. l'abb Mauri n'a avanc que la vrit, lorsque dans sa sortie contre M. Necker (2), le dput de Pronne a accus le ministre des finances d'une rtisense (sic) de six cent millions. Je demande, ajoute Colmar, que vous associez votre comit des finances des citoyens fermes et incorruptibles, en tat de se procurer des renseignements ncessaires, et alors je vous mettrai mme de juger sur des pices probantes. ensuite
(1) Arch. nat., C 41. 369-371. Cette pice est, saul au dbut, de l'criture de Robespierre. Les P.V. de l'Ass nat. reproduisent ce passage dans le texte imprim (2) A la sance de l'Assemble du 19 juin 1790, lors de la discussion du mmoire prsent par le ministre des Finances, l'Abb Maury avait reiproch M. Necker d'avoir cach l'Assemble que les dpensies extraordinaires pour l'anne 1789 et les suivantes,
470
Gazette nationale ou
les
Un
<ie
MM.
les
une
lettre
Auteur de plusieurs Ouvrages d'conomie pK)litique. Elle est conue peu prs en ces termes: J'ai lu dans les feuilles priodiques que le 19 juin, M. l'Abb Maury a fait une sortie dans laquelle il reproche au Premier Ministre des Finances une rticence de six cents millions. Dans le cas o il ne pourrait en offrir la preuve, je l'offre... Je demande qu'il soit, cet effet, nomm. des Commissaires fermes et inaltrables... (3).
Adresses.
Elle est signe Colmard, Avocat,
(3) Texte reproduit dans le Moniteur, V, 81, et le Point du Jour, XI, 469, qui attribue la lecture de cette axiresse Populus. Par contre, les Arch. pari., XVI, 750-751, mentionnent Robespierne comme le secrtaire qui a communiqu toutes les adresses l'Assemble, ce qui ne concorde pas avec le P.V. de l'Ass. nat.
147.
SEANCE DU 9 JUILLET
1790
(1)
A la fin de la sance, Robespierre venant de l'Assemble dnonce un projet du comit de Constitution qui tend modifier dispositions a-rrties le 19 juin en ces termes L'Assemble nationale dcrte que la noblesse hrditaire est pour toujours abolie en France; qu'en consquence les titrtes de marquis, chevalier, cuyer, comte, vicomte, mcssire, prince, baron, ^idame, noble, duc, et tous les autres titres semblables, ne pourront tre pris par qui que ce soit ni donns personne, qu'aucun citoyen ne pourra porter que le vrai noim de sa famille... (2)
les
:
. .
Courrier
extraordinaire,
10
juillet
1790,
p.
7.
Roberspierre qui a annonc que le Comit de Constitution devait proposer une modification sur le dcret du 19 juin dernier qui rend aux hommes leur galit et qui supprime les titres de
Est arriv
noblesse.
Il
M. de
a dit que
(le
cher
M. Necker)
Il
avait
(1) Cf. G. Walter. Histoire des Jacobins, chap. VI. sance du 10 juillet. (2) Cf. Moniteur, IV, 680.
date cette
471
provoqu ce travail de la part du Comit; (3) l'honorable a conclu ce qu'il n'y avait pas lieu dlibrer, parce que le dcret avait t
dict par la sagesse (4).
(3) L'Opinion de M. Neoker dsapprouvant le dcret de l'Assem-, ble nationale, concernant les titres, les noms et les armoiries, provoqu de nombreux coraimentaires. La Gazette naavait tionale ou le Moniteur universel, l'a reproduite dans son numro
du
2 juillet.
Anthoine
une semaine
plus tard (Cf. Gazette nationale ou Extrait..., 14 juillet 1790). Cette opinion acheva de ruiner la popularit de Necker. (4) Texte reproduit par Fribouirg, Les sances des Jacobins en 1790 (R.F., 1910, t.9, p. 60) mais qui ne figure pas dans Aulard.
148.
SEANCE DU
10
JUILLET
1790
Sur le procs-verbal de la sance du 8 juillet 1790 au soir ET sur les troubles DE TaBAGO
Depuis le 19 juin, Robesipierre est l'un des trois secrtaires de l'Assemble nationale ce titne il procde, le 10 juillet, la lecture du procs-verbal, des adresses et des lettres, dont celle de la
;
municipalit
A la 30 juin sur les troubles de Tabago (1), l'Assemble avait entendu le juillet, un mmoire de La Luzerne, ministre de la Marine (2). Arthur Dillon avait propos, entre autres mesunes, que le roi soit suppli de faire punir les auteurs des troxibles qui avaient occasionn rincendie de Poirt-Louis. Aprs un dbat assez vif, l'Assemible s'tait contente de demander au roi de faire passer Tabago, Les moyens de subsistance et de dfense ncessaires aux habitants de cette le. Les mesures de rpression contre les auteurs des troubles tant du ressort du pouvoir excutif, l'Assemye avait jug inutile d'en dcider elle-mme.
la
42, 372),
des officiers municipaux du Havre au prsident de l'assemble annonant l'envoi, par Mrs de Jubal et Masse de Tabago des pices d'une procdure et d'un jugement contre un soldat du rgiment de la Guadelouppe.
secrtaire a fait mention
lettre
mme
d'une
Assemble
p.
t.
V,
19,
156.
M. de
Il
du
soir.
fait part
Robespierre a lu le procs-verbal de la dernire sance d'une nouvelle lettre des officiers municipaux du
la date. 43, 381-385; texte
du mmoire.
472
<de
annoncent que MM. Joubal et Mas procdure contre un des soldats dbarqus dans leur port et qu'en consquence ils ont transfr dans les prisons. Ils pressent, au surplus, la dcision concernant les autres
ils
passer une
prisonniers.
Cette
lettre
))
(3).
t.
XIII, p. 273.
M. de
Robespierre a
lu
le procs- verbal
de
la
dernire sance
du
soir (4).
(3) Cf.
iSaintoyant,
op.
cit.,
p.
225-229.
O'est celle du jeudi 8 juillet 1790, au soir, qui fut consacre la continuation de l'important dbat sur le commerce des Jndes
<4)
orientales.
149.
SEANCE
DU
10
JUILLET
1790
(soir)
Une dputation conduite par Paul Jones, des citoyens des EtatsUnis d'Amrique qui se trouvent actuellement Paris, est admise la barre (1). Aprs avoir flicit l'Assemble nationale de ses travaux, elle demande assister la Fdration du 14 juillet (2). Le prsident lui rpond aux applaudissements de l'Assemble. Eobespierre prend la parole. Aprs son intervention et cielle de l'abb Maury, l'Assemble dcrta l'impression du discours de la dputation ot de la rponse du prsident. Quant la dem^ande d'une place la Fdration, il fut observ qu'elle tait dj accorde par un dcriet rendu le ma
tin
mme.
le
Gazette nationale ou
M. Robert spierre. J'oserai vous faire une proposition dj devance par l'impression profonde qu'a d laisser le discours des Dputs de l'Amrique (il s'lve des murmures) de la Dputation des Etats-Unis {nouveaux murmures); des Citoyens Amricains, et de la rponse de M. le Prsident. VoUs avez souvent entendu vos concitoyens parler le langage de la libert; mais aucun d'eux ne s'est expri(1) Le prsident de l'Assemble avait dans sa sance du matin, annonc la prsence Paris des dputs amricains, et exprim
leur
vu
(2)
I,
(Aroh.
nat.,
42,
372).
la
crmonie
(cf.
Ha-
mel,
473
m avec plus de noblesse et d'nergie. L'Assemble a entendu... Je demande, au nom des personnes quelle vient d'entendre... (Des murmures interrompent l'Opinant). Je demande plutt aux personnes qui m'ont interrompu qu'elles ne dmentent pas, en touffant la voix d'un Membre qui veut parler le langage de la libert, l'admiration que l'Assemble a mrite. C'est ce sentiment qui m'inspire la hardiesse, bien pirdonnable un de vos Membres, de penser que je pourrois librement rendre un hommage sincre. (L'impatience de l'Assemble se manifeste par de nouveaux murmures). Si au milieu des circonstances dont vous tes tmoins, je persiste dans la rsolution de dire quelques mots... Ce n'est pas par un autre motif que de convaincre tous ceux qui sont prsens votre dlibration, qu'il n'est interdit aucun Membre d'exercer le droit de suffrage, caractre essentiel de la libert dans une Assemble dlibrante, et je ne m'cartois ni de ce principe, ni de ce sentiment, lorsque je voulois vous proposer le premier de donner aux Citoyens que vous venez d'entendre une marque de considration digne de vous, digne d'eux... Aprs quelques phrases que des interruptions frquentes ne permettent pas l'Opinant d'achever, M. Robertspierre propose d'ordonner l'impression du discours des Citoyens des Etats-Unis d'Amrique, ainsi que de la rponse de M. le Prsident, et d'accorder ces Citoyens la place qu'ils sollicitent la crmonie de la Confdration. M. l'Abb Maury demande l'impression du discours de M.
((
Robertspierre
(3).
Mercure de France, 17
((
juillet
1790, p. 210.
comme le Reprde quatre Nations, puisque, n Ecossais, il a servi tour tour la France, l'Amrique et la Russie, s'est prsent la Barre la tte de quelques Am.ricains-Unis, et a compliment l'Assemble en demandant pour ses Collgues et lui une place dans la Fte Nationale du 14. peine le Prsident avoit-il rpondu la harangue de Paul Jones, que M. Robespierre a envahi la Tribune a L'Assemble a entendu, a-t-il dit, avec une exaltation au-dessus de [toute expression]... Vous avez souvent entendu le langage de la libert... Je demande au
Jones, qu'on peut considrer
sentant
Le fameux Paul
vient d'entendre... {des hues im^niodres coupoient chaque phrase de cet exorde). On m'interrompt, et je viens parler le langage de la libert!... (De toutes parts on crioit, nous ne voulons pas vous entendre). Si au milieu des circonstances je persiste
dire quelques mots...
sa harangue,
M.
le
M.
(3) Texte reproduit dans le Monibe'ur, V, 100, dans Bchez Roux, VI, 373, et dans Les Arch. pari., XVII, 41.
et
474
l'impression
du
Le
Spectateur national,
((
t.
II.
n" 224,
12-7-90.
Au
M. Ro-
dr,
il
Nous
ignorons
s'est tou-
s'il
qui le dominoit l'entranoit sans cesse hors de pense qu'il vouloit rendre ce qu'il y a de certain, c'est que nous n'avons pas compris tout ce qu'il a voulu dire et que ce que nous avons bien entendu nous a paru ou ridicule ou indcent. M. le prsident a pri l'orateur, au nom du respect d l'assemble et [plus] encore au nom du bien public, de mettre fin son interminable parlage. M. Robespierre a conclu en demandant: 1 l'impression du discours des dputs amricains et de la rponse du prsident; 2 qu'on accordt aux gnreux trangers qu'on venoit d'entendre une place honorable la fdration nationale. On n'a adopt que la premire de ces
l'imptuosit
du feu
l'expression
de
la
propositions.
)>
L'Ami du
Roi,
t.
I,
p.
170.
Robespierre monte la tribune pour demander qu'au grand jour de la fdration, on accorde une place distingue aux Amricains. Son exorde, digne de l'avocat Petit-Jean, a le mrite rare de runir tous les esprits, tous les partis. Les deux cts, pour la premire fois, s'accordent huer l'orateur. Aux sarcasmes, il riposte par des injures. La tte se trouble, il prononce un long discours pour prouver qu'il va tre court.
...Il
M. de
de
que de l'abrger
une.
M. l'Abb Maury met le comble au comique de cette scne, en demandant l'impression du discours de M. Robespierre.
((
t.
X,
n 341, p. 3.
Roberspierre est mont - la Tribune: apparemment l'on n'a pas compris d'abord le but de son discours, qui n'avoit pour objet que
M.
de demander
d'assister la
l'impression
rique, et la rponse
du discours des Citoyens des Etats d'Amdu Prsident, et de satisfaire au vu qu'ils formoient Fdration; il y a eu peu d'exemples dans l'Assemble
475
d'une dfaveur plus longue et plus bruyante. Vainement, M. Roberspierre reprsentoit-il l'Assemble le droit de chacun de ses membres de voter librement, et combien le spectacle qu'elle offroit en cet instant confondoit les ides de libert et de dignit qu'en avoient d concevoir
les Etrangers.
Vainement M. de Bonnay
:
(4)
invitoit-il
la fois l'Assemble
M.
de du discours de M. Roberspierre.
et
littraires,
Annales patriotiques
((
283.
M.
le
comme
celui
des dputs amricains, a excit les plus vifs applaudissements. M. Robertspierre luttant d'enthousiasme avec ceux qui avaient parl avant lui a fini par demander l'impression des discours des dputs amricains et de la rponse du Prsident et a souhait qu'on accordt aux dputs la place qu'ils demandaient.
La
)>
(4) Le ble, le 5
lu
prsident de l'Assem-
1790.
150.
SEANCE
DU
10
JUILLET
(soir)
(suite)
(!)
En
France,
avril 1790, manifestant par l teur dsir d'tre runis la les citoyens d'Avignon avaient adopt l'organisation mu
nicipale dcrte par l'Assemble nationale. L'opposition du parti patriote let du parti atta>ch au maintien de l'ancien rgime, entrana une' tension croissante. Le 10 juin, les aristocrates tentrent un coup de force. Le 11, le peuple usa de reprsailles. Les gardes nationales acoourues des environs, en particulier d'Orange, rtablinent l'oridre et mirent fin aux excutions. Les aristocrates compromis dans la journe du 10, furent transfrs a Orange pour y tre jugs. Le 10 juillet au soir, l'un des secrtaires de l'Assemble nationale donn!3 lecture d'une adresse signe Boyer, procureur fond des Avignonais dtenus Orange: ils r<lament leur libert en tant qu'trangers, sujets du souverain pontife, et au nom mme de
i
11,
28
et
30
avril
1791,
476
droits de l'homme. Malouiet, l'abb Maury demandent que lexir largissement soit ordonn sur le champ. Robesipierre s'y oppose (2). Aprs un dbat trs vif, l'Assem/ble dcide que les dputs d'Avignon alors prsents Paris seraient lentendus par le comit des rapports, sur l'adresse -des dtenus d'Orange; le renvoi au mardi 13 et l'ajournement furent dcrts.
Gazette nationale ou
le
Vous ne pouvez pas juger sans connoisau Comit des RapfK)rts des pices importantes qui vous prouveront que la libert des prisonniers dtenus Orange tient d'importantes questions. Vous vous doutez que des actions et des principes contraires au vu et l'intrt des Avignonois et de la Libert, ont occasionn ces emprisonnements. Si vous adoptez la proposition faite par M. Malhouet et appuye par M. Maury, vous prononceriez contre le Peuple d'Avignon... (M. Cazals interrompt et demande la parole). Le seul point dcider, est de savoir si l'Assemble Nationale veut prendre une connoissance exacte de
iRobertspierre
il
:
M.
sance de cause;
est arriv
l'affaire avant de la juger. (L'Opinant est interrompu par le ct droit, d'o partent ces mots Elle ne le veut pas ). D'aprs les efforts que l'on fait pour que cette affaire ne ft pas exactement connue, il est vident que c'est ici la cause de l'Aristocratie contre les Peuples et contre la libert j'en atteste ceux qui murmurent et qui m'interrompent (3).
: :
))
et
du Citoyen,
t.
III, p.
127.
d'Avignon, dtenus Orange, ont demand leur une adresse, signe Boyar, leur procureur fond, M. Maury a appuy cette demande. M. de Robespierre l'a combattue, et a eu peine se faire entendre au milieu du tumulte excit par le ct droit, favorable l'aristocratie avignonoise, M. Maury, revenu la tribune, a soutenu, je ne dirai pas son opinion, mais sa proposition avec beaucoup de chaleur. Il s'est emport jusqu' dire que le peuple d'Avignon n'toit que des sclrats, des rfiheles (sic), des assassins : on auroit dit entendre Edmund Burke, parlant des franois dans la Chambre des Communes. Dans le cours de son oraison, il a affirm qu'il toit honnte homme, et je ne sais pourquoi toute l'assemble s'est mise rire.
Les
prisonniers
largissement
par
dans Bchez le Moniteur, V, 101 lioux, VI, 376; et dans les Arch. pari., XVII, 43.
reproduit dans
;
Hamel,
I,
284.
et
477
t.
X,
n 341, p. 5.
Roberspierre a reprsent que la dtention de ces prisonniers tenoit l'insurrection de tout un peuple; que l'Assemble avoit prononcer sur le vu qu'il avoit form, d'tre runis la France;
M.
ne pouvoit, sans rejeter ce vu ordonner l'largissement des Il a conclu renvoyer cette affaire au Comit des Rapports. Un membre (4) a appuy cette demande, en observant qu'une dcision prcipite sur cet objet, pouvoit entraner une guerre civile entre le Peuple Avignonois et celui d'Orange.
qu'elle
prisonniers.
t.
XIII,
:
la
date,
dire
M. de Robespierre a succd M, l'abb tout ce qu'on de M. Robespierre, c'est qu'il n'a pas t un Maury dans
il
peut
l'in-
tention, mais
a t trs
Maury
par le
fait,
trois
quarts d'heure.
sister
((
Les murmures frquents n'ont pas empch l'opinant de pertrs long-tems et constamment la tribune,
Robespierre est trs honnte homme, mais j'ai entendu dire les pieds sur terre et la tte tantt dans la lune, tantt ailleurs. Comme ses immenses occupations l'empchent de calculer, je lui reprsente que chaque heure de sance cote la nation au moins une anne de gratification d'un dput.
qu'il
M.
avoit
Annales patriotiques
et littiaires, n
283, du 12
juillet
t.
1790,
p. 239.
Le
IV, n 208.
de la sagesse de l'Assemble nationale, a observ M. Rode se faire donner des instructions positives et certaines sur une affaire de cette nature. Eh qui nous rpondra qu'en rendant avec autant de prcipitation la libert ces prisonniers, nous ne risquons pas d'exciter une vritable guerre entre les habitants d'Avignon et ceux de la principaut d'Orange ? J'insiste sur le renvoi au Comit
Il
est
bespierre,
des Rapports.
Courrier extraordinaire,
12
juillet
1790, p. 3.
le
M.
mrite de
de
la
dtention, on s'exposerait,
en largiset
la
guerre entre
les
Comit
(4) Il
s'agit
d3 Bouvier, dput du
tiers tat
de
la
principaut
d'Oramgie.
478
Annales universelles
mthodiques,
t.
IV, n 108,
p. 336.
M. de
compte de
gnonois.
ment, et qu'il
le comit des rapports lendt dangereux de prcipiter le jugencessaire d'entendre au comit les dputs Avi-
toit
Assemble
falloit
nationale,
Commune de
Paris (Perlet),
t.
VI, n 342,
p, 3.
mme
Robespierre en appuyant ces observations a dit qu*'l bien remarquer que cette rvolution sembloit tre partie du principe que les troubles de Nmes, de Toulouse et de Mon-
M. de
tauban.
Courier Franais,
t.
VI, n 197,
p. 90.
M.
lixe,
le
nous avoit
a
mes
toit
encore
voulu
exercer
il est rsult que son avis que cette rvolution d'Avignon paroissoit tre partie du mme foyer que les troubles de Nismes, de Toulouse et de Montauban.
Mercure de France, 17
Ici,
juillet
1790.
Robespierre a reparu: il a crou les Dtenus; il n'a pas craint de motiver leur emprisonnement, par la raison qu'ils avoient des principes contraires ceux d'Avignon et de la Libert; il n'a pas craint d'encourager l'Assemble exercer le despotisme envers des Etrangers, sur lesquels la Juridiction Franoise ne peut avoir de prise,
M.
qu'en violant tous les principes du Droit des gens. On prsume l'indignation avec laquelle tous les Auditeurs sages ont reu ces maximes.
Chronique de Paris,
III,
n
et
192, p. 771.
MM.
Roberspierre
Camus
s'y
sont
opposs.
Enfin,
aprs
bien des dbats, il a t dcid que l'affaire d'Avignon seroit renvoye au comit des rapports, et que les dputs y seroient entendus.
Assemble nationale
P
falloit
t.
V,
n 339,
mme
Robespierre, en appuyant ces observations, a dit qu'il remarquer que cette rvolution sembloit tre partie du principe que les troubles de Nmes, de Toulouse, de Montauban.
bien
et
M. de
P.
Vaillandet,
op.
cit.,
1"
479
t. IX, n 164, p. 223. Ces exemples n'avoient aucun trait l'affaire actuelle, suivant MM. Robespierre et Camus. Ces personnes toient un dpt, et on ne pouvoit toucher au dpt sans le consentement de la ville d'Avignon.
Le
Point du Jour,
t.
MM.
Le
Spectateur national, 12
((
juillet
1790.
et
M.
s'est
oppos
l'largisse-
ment de ces
151.
SEANCE DU
16
JUILLET
1790
sion
...
(1).
Le
Point du Jour,
t.
XII, p. 93.
M.
L'article 23 a donn lieu une foule d'amendemens. Celui de Robespierre tendait demander que le corps lgislatif donnt sa
dcision sur les pensions, d'aprs les principes constitutionnels, c'est-dire que la liste en ft faite par le corps lgislatif, la question pralable
rejette
tous
(2).
ces
amendemens
et
l'article
adopt
en
ces
termes
et
de Brabant,
t.
II,
14, p. 254.
Oh!
si
le
de
et
Le Procs-verbal de
la
le
les
Arch.
pari.,
XVII,
136,
480
excutif,
recevoir
les
152.
SEANCE
DU
17
JUILLET
1790
(soir)
Latour du Pin
(1).
C'est cette lettre que Dulac dnonce l'Assemible, comme une lettre de cachet dont le ministre a os le frapper sous l'empire de la libert .
Courier Franais,
((
t.
VI, n 200,
adresses,
p.
145.
ici
Parmi
les
autres
lues
par
M.
Robertspierre
(2),
en toit une de M. Dulac, qui contenoit une dnonciation vhmente d'une prtendue lettre de cachet, lance contre lui, le premier avril dernier, par M. de la Tour du Pin, ministre de la guerre. M. Roberstpierre, en appuyant fortement la dnonciation, en demandoit le renvoi au Comit des recherches, M. Cazales pensoit au contraire, qu'avant de faire une affaire srieuse de cette ptition, il falloit s'assiurer s'il existoit en effet une lettre de cachet...
il
Jean Frdric de la Tour du Pin-Gouvernet, comte de Paun Grenoble en 1727, marclral de camp, lieutenant gnral et de Saintonge, fut lu dput de la noblesse de Saintes aux Etats gnraux. Louis XVI l'appela en 1789 au ministre de la Guerre. Aprs avoir dmissionn, il vcut dans la retraite Auteuil. Tmoin au procs de Marie-Antoinette, il fut en avril 1794 traduit son tour devant le Tribunal rvolutionnaire, condamn mort et excut (cf. Chilly,
(1)
lin,
et
La Tour du
Pin,
Paris, 1910).
mme
toit sur
481
insis-
M.
Robertspierre voyoit toujours une lettre de cachet et ce qu'elle ft renvoye au comit des recherches." ))
t.
il
Journal xmiersel,
V,
p.
1906.
Robespierre, dans la sance de samedi soir, a demand le renvoi au comit des recherches ou des rapports. M. Cazals a reprsent que la conduite du ministre tait irrprochable et qu'une punition juste tait ncessaire pour maintenir la discipline militaire et par cons-
M.
quent l'existence de l'arme. M. Robespierre voulait rpliquer, mais un dcret a ordonn qu'on passerait l'ordre du jour. ))
Annales patriotiques et
littraires,
290.
de la libert publique, a t frapp de cette allgation et s'est charg de la prsenter l'Assemble en demandant que le Comit des Recherches... fut charg de s'en
Robertspierre, zlateur ardent
instruire.
M.
Mais
l'ordre du jour.
t.
X,
la
n 348, p.
M.
lues,
fortement
appuy
(sic),
sur
M.
Dulac,
d'une
avril
))
dernier, par
M.
la
Tour-du-Pain
ministre
de
la
Guene.
20
153.
SEANCE DU
JUILLET
1790
(soir)
Au nom du comit des rech/erches et de celui des rapports, il est fait l'Assemble nationale, un rapport sur un conflit survenu iSoissons. La municipalit de Soissons, ayant cru devoir diminuer le prix du pain, la communaut des boulangers se pourvut au bailliage, qui annula la taxe et en ordonna une nouvelle. Devant le nicbntentement populaire et pour arrter des troubles naissants le conseil gnral de la commune et le dinectoire de district ordonnrent le rtablissement de la taxe. Le bailliage entama alors une procdure criminielle contre les auteurs des troubles. La municipalit, inquite des suites que pourrait avoir cette action judiciaire, s'est adresse l'Assemble nationale (1).
iSaint-Pol
(1) Le maire de Soissons tait alors Grouillart, originaire de en Artois ; son frre bndictin de l'abbaye de Chzy, prs Chteau-Thierry, devint juge de paix du 3*^ caniton de Reims et mourut dans cette ville en 1825 (Cf. lettre de Robespierre (Jouillart,''' procureur du roi Soissons, du 14 fvrier 1790, dans G. Michon, I, 66, note 1). Robespierre le dfendra galement aux Jacobins (sance du 23 septembre 171).
I'i):;i;.^i'ii:niii:.
35
482
comme une
de
"
la conduite du bailliage de Soissons, atteinte T-autorit des corps administratifs, demandent que l'Assemble annule la sentence sux la taxie du pain et la procdure entame par le bailliage de Soissons contre les auteurs
troublies,
dont
il
est
lui-mme responsable
(2).
Le projet du comit est dfendu par Kobespierre, par Loys, dput du tiers tait de la snchausse de Prigueux, Chabroud, dput du tiers tat du Dauphin.
Finalement, l'Assemble se rangea l'avis de Bouteville-Duon ne metz, dput du tiers tat du gouvernement de Pronne pent condaimner ni la municipalit, ni le bailliage, tant donn que la police contentieuse et police entre la la ligne de dmarcation
:
adminisitrative n'est pas encore trace. L'Assemble ordonna en consquence l'apport des pices et le renvoi au comit de constitution.
t.
X,
t.
Versailles,
217.
:
M.
Roberspierre a
la
une fonction judiciaire ou une fonction administrative ? Ce n'est point une fonction judiciaire; car l'objet du pouvoir judiciaire est de dcider d'aprs une l^i tablie; c'est au contraire une fonction administrative; car, tout ce qui intresse l'ordre public, la sret des subsistances, ainsi que la fixation du prix des denres pour le i>euple, tient ncessairement l'administration. Les dcrets de l'Assemble n'ont point drang cet ordre;
taxe des denres de premire ncessit
donc
dont
la
la
municipalit de
ne se fut occup que de D'aprs un Dcret les bailliages ne peuvent pas troubler les Municipalits dans leurs fonctions; donc, la Sentence du bailliage de Soissons est une atteinte ce Dcret; en appliquant les mmes principes; il a condamn la procdure criminelle commence. Il a conclu pour le projet du Comit.
le Bailliage
est
transmise.
Gazette nationale ou
((
le
M.
Robertspierre
:
La
;
vritable question
"^est-elle
est
celle-ci
la
taxe
du pain
les
fonction
juger
les
administrative ?
que prsente cette affaire une fonction judiciaire ou une Juges doivent appliquer la Loi pour
:
hors de entre les particuliers de la Loi et de la recherche des dlits je ne connois plus de fonctions. Tout ce qui tient dans l'ordre public la sret des
diffrends
qui
s'lvent
l'application
et
appar-
us) Cf. Ch. Vellay (E.H. de la R.F., 1915, p. 303-305); C. Walter, p. 669, note 79. Cf. galement E. Hamel, et Arch. nat. D XXIX bis. 40, d. 405V p. 1-51.
cit
I,
par
285;
LS DISCOURS D ROBESPIERRE
tenoit
483
l'ancien rgime, aux Corps administratifs. Vos dchang cet gard, La Municipalit de Soissons, en fixant la taxe du pam, s'est donc renferme dans les fonctions sur lesquelles le pouvoir judiciaire ne devoit se permettre aucune entreprise. D'aprs vos Dcrets, les Tribunaux ne doivent pas troubler les Municipalits dans leurs fonctions; vous avez plusieurs fois fait l'application de ces Dcrets des Corps judiciaires la Sentence du Bailliage de Soissons est donc une atteinte formelle porte vos Dcrets. Votre dcision sur la Procdure criminelle commence, doit porter sur les mmes principes. Le projet de Dcret qui vous est prsent par vos Comits, n'en est qu'une application exacte; il doit tre adopt (3).
crets n'ont rien
:
mme, dans
))
L'Ami du
Roi,
t.
I,
22
t
juillet
1790, p.
2n.
quand nous avons Robespierre, Loys, Chabrou, etc.. quand nous les avons entendu dire, qu'il est dans les vues de l'assemble
bien plus tonns encore,
Nous avons
vu
le
MM.
de favoriser
il
municipalits.
n'est question
(3)
que de
justice ?
le
Moniteur, V, 184;
et
dans
les Arcli.
154.
SEANCE DU 20 JUILLET
1790
(soir)
Me)
de
juifs
Metz
Au nom du comit des domaines, Devisme, diput du tiers tat du bailliage de Vermandois Laon, rend compte de la demande M. de Brancas, au sujet de la redevance annuelle de 20.000 livj-es, laquelle son'fc assujettis envers lui, titre de droit d'ha/bitation, protection et tolrance, les. Juifs de Metz et du pays messin. Ce droit qui pse depuis prs de deux sicles sur les Juifs de Metz, le roi, la famille de M. de Brancas (1), n f t accord par 1716, par lettres patenites, renouvelles en 1745. La question se iiose de savoir si ce droit doit tre supprim sans indemnit au concessionnaire. M. de Brancas dclare se soumettre la dcision :Ie l'Assemble quelle qu'elle soit, mais demande subir lie mme sort que les titulaires de pension. Le comit propose en raison dte son ge eit de ses services de l'assimiler aux pensionns. L'Assemble dcrta l'abolition sans indemnit de la redevance
di.3
Brancas originaire de Naples s'tablit en (1) La famille de Irance sous Charles VII. Son dernier descendant mlie Louis Lon, duc de Brancas Lauraguais, n en 1733, tait pair de France sous la Restauration. Il mourut en 1824, et son neveu comte, puis duc de Brancas lui succda dans la pairie.
484
annuelle de 20.000 livres leve sur les Juifs de Metz. Furent pareillement abolies les redevances de mme nature leves partout ailleurs sur les Juifs, sous quelque dnomination que ae ft.
Journal ds Dbats,
t.
X,
n" 352, p. 6.
Robertspierre n'a pas cru qu'une socit pt dfendre des hommes quelconques d'habiter son sol, lorsqu'ils ne troublent pas l'ordre social. Il en a conclu que le titre de possession toit illgitime;
il
M.
a donc adopt
la
Quand
(sic)
il
l'a
ne peut accorder une indemnit un Possesseur, que si le titre du premier propritaire est juste, ce qui n'est point dans l'hypothse propose. Il a demand la suppression de cette premire partie du dcret; en rservant que M. de Brancas ft prvaloir auprs du
On
gouvernement
(2).
(2)
les
218.
155.
SEANCE DU
22
JUILLET
1790
(soir)
au soir, l'ordre du jour de l'Assemble nationale le rglement de l'affaire de Montauban. Cazales annonce maire de Mon'tauban, le procureur-syndic de la commune et plusieurs officiers municipaux, accuss de n'avoir pas pris les mesures ncessaires pour prvenir les troubles du 10 mai, puis pour
Le
22 juillet
appelle
que
le
rtablir l'ordre, viennent d'arriver Paris, et qu'ils demandent tre entendus avaut d'tre jugs. Cazales propose que l'Asseduble dcrte que l'affaire sera ajourne et qu'ils seront admis la barre mardi prochain (1). Robesipierre et l'abb Gouittes s'opposent cet ajourmement. L'Assemble dcida qu'elle entendrait immdiatement le rapport de l'affaire de Moiitauiban (2).
*.
Gazette nationale ou
Le Moniteur
universel,
n 205, p. 845.
((M. Robertspierre.
Nous avons dj
trop diffr
de prendre con-
(1) Gf. sance du 17 mai 1790; et Ligou, art. cit., A. h. de la K.F., 1949, p. 229 et s. L'allocution que pronona le 26, le procureur de la commune de Montauban Lade, est reproduite dans les Arch. pari XVII, 360-371.
:
(2)
des
Arch. nat. C 43, 380, 26 juillet 1790. Tex^e de l'allocution dputs de Montauban l'Assemble nationale.
48^5
de prvenir
les
malheurs qui
menacent les patriotes de cette ville; le Maire, et les Officiers Municipaux eux-mmes, doivent tre surpris de notre indulgence; nous ne devons pas droger un usage constamment suivi dans cette Assemble,
et
le
rapport
(3).
Journal universel,
t.
V,
p.
1948.
le
M.
Cazals,
avant
rapport,
l'affaire
la
le
oppos,
M.
appuy vive-
ment...
L'Ami du
Roi, 24
juillet
1790, p. 219.
l'abb Gouttes s'opposent
principes de la justice et
MM.
Robespierre,
sur
les
de
droit
si
justes
demandes fondes
sur
les dcrets
du
naturel,
mme de
essentiels
de l'ihomme,
t.
celui
l'assemble qui mettent au rang des droits de ne pouvoir tre jug sans tre entendu.
p.
ici
Courier Franais,
((
VI, n 204,
179.
l'affaire
de Montauban... M. Ro-
berstpierre
s'opposoit l'ajournement,
l'on
ne prononoit promptement sur cette de Montauban sont peut-tre tonns euxmmes de l'indulgence dont on a us envers eux.
toient prts
affaire,
et
que
officiers
t.
X,
n 355, p. 2.
oppos cet ajournement, en disant que l'Assemble avoit dj pendant trop longtemps diffr se faire rendre compte de cette affaire, et que peut-tre de nouveaux malheurs menaoient encore les Patriotes de Montauban. Il faut d'ailleurs, avant de
Roberspierre
s'est
M.
les entendre,
entendre
le
rapport
de
leur affaire.
(3) Texte neproduit dans le Moniteur, V, 205; dans Bchez Roux, VI, 416; et dans les Arch. pari., XVII, 272.
et
486
156.
SEANCE
DU
28
JUILLET
1790
Cernon, dput de la noblesse du bailliagie de Chalon-sur-Sane, rapporte sur une contestation leve au sujet de la fixation du cheflieu du dpartement du Pas-de-Calais. L'Assemble aprs les observations prsentes par les dputs intresss, confirma son dl'Assemble du dpartement se tiendra dans la cret prcdent ville d'Arras; mais les lecteurs du dpartement, lors de leur runion pour la nomination des administrateurs, pourront propor:;er une autre ville pour y fixer le chef-lieu.
.
Le
Point du Jour,
t.
XII,
p. 303.
MM.
que le ment dans la ville d'Arras cette motion a obtenu la priorit. L'assemble a dcrt que le ohef-lieu du dpartement du Pas:
de Beaumetz (1), Delbecq (2) et Robespierre ont demand chef-lieu du dpartement du Pas-de-Calais ft fix dfinitive-
((
de-Calais
ft
fix
)<
dput de
(2)
(1) Briois la
de Beaumez, premier prsident du conseil d'Art'::, noblesse de la gouvernance d'Arras. Baron d'Elbecq, dput de la noblesse de la gouvernance
.
ae Lille.
157.
SEANCE DU 28 JUILLET
1790
{suite)
Le 27 juillet, aprs lecture de pices envoyes par le dpartement des Ardennes (1), l'Assemble nationale avait nomm six
commissaires pour se rendne au secrtariat la guerre, et prendre communication des ordres donns aux autorits militaires, de livrer passage travers le territoire franais, aux troupes autrichiennes
duite
juillet 1790.
La lettre du comte de Montmoirin l'Assemble est repropar la Gazette nationale ou le Moniteur universel, du 29 Il s'aigissait de troupes autrichiennes, allant soumettre l'evch de Ljge o la rvolution avait clat en 1789, et les provinces belgiques qui avaient suivi cet exemple.
(1)
487
se rendant dans les provinces belges (2). Les commissaires devaient en outre se faire communiquer par le ministre des affaires trangres, les dpches relatives la situation politique des puissancie voisines du royaume. Le 28 juillet, Frteau de Saint-Just, dput de la noblesse du bailliage de Melun, rend compte l'Assemble, au nom des commissaires nomms la veille, et propose le projet de dcret suivant L'Assemble nationale dclare que, conformment au dcret du 28 fvrier, accept par le roi, le passage d'aucunes troupes territoire trangres sur le de France ne doit tre accord qu'en
:
vertu d'un dcret man du corps lgislatif, sanctionn par Sa Majest; qu'en consquence les ordres maas du Secrtaire d'Etat au dpartement de la guerre, et a*dresss aux commandants pour le roi sur les frontires du royaume, seront rputs comme non avenus. Et cependant l'Assemble se rserve de statuer sur le passage demand par l' ambassadeur du roi de Hongrie, lorsqu'elle aura connaissance du nombre des troupes, des diffrentes espces <l'armes et attirail de guerre, de l'ordre de leur marche et de l'objet de leur destination ... (3). Le duc d'Aiguillon, dput de la noblesse de la snchausse d'Agen, fait cette proposition, que l'Assemble, improuvant la conduite du ministre des Affaires trangres, le dclare personnellement responsable des vnements qui pourraient tre la suite d'ordres donns d'une manire imprudente ou perverse; qu'il soit nomm un comit de huit personnes pour s concerter avec le ministre des affaires trangres et donner l'Assemble des renseignements exacts et dtaills, sur la situation extrieure (4). Robespierre s'oppose cette motion. L'Assemble adopta le projet de dcret prsent par ses commissaires, et passa l'ordre du jour sur la motion du duc d'Aiguillo.n.
Gazette nationale ou
le
M.
Robertspierre.
Ce
que
je crois
le
Ministre
s'agit
M.
quand
il
du
salut
de
l'Etat.
La Nation ne
attention sur
un
particulier.
Ce
qu'une branche des manuvres qu'on emploie contre nous. L'Assemble Nationale doit voir que M. Montmorin n'est pas seul coupable; elle ne doit pas prendre un parti qui fasse supposer qu'elle regarde la
(2) L'art. 3 du dcret du 28 fvi'ier 1790 concernant la constitution de l'arme porte: 'il ne peut tre introduit dans le royaume, ni admis au service de l'Etat aucun corps de troupes trangres, qu'en vertu d'un acte du Corps lgislatif, sanctionn par
le
roi.
bruit que les troupes autrichiennes avaient pntr en France provoqua des paniques dans l'Est et le Nord-Est (cf. G. Lefebvre. Les paysans du Nord pendant la Rvolution franaise, et La Grande Peur de 1789). (4) Cf. E. Hamel, I, 286-289.
(3)
Le
488
conduite particulire
comme
le
but de
de sa rigueur. Il est suffisamment mdiqu par toutes que les auteurs de la conspiration qui nous menacent,
appercevons bien tard,
et
ce
sont
tous
les
Ministres.
Je
conclus
ce
fix
la
de
t.
de Dcret de M. d'Aiguillon, un jour pour s'occuper des moyens d'enchaner Rvolution (5).
le projet
Le
Point du Jour,
XII,
p. 327.
Je ne regarde pas le ministre comme absolument innocent des diverses mesures prises, mais je considre cette mesure comme trop importante pour la nation pour qu'elle s'occupe d'une seule branche et d'un seul homme. Elle ne doit pas prendre un parti contre le ministre des Affaires
((
trangres,
((
comme
Il
est
tant l'unique objet de sa svrit. indiqu par toutes les circonstances, que les auteurs de cette
sition
Je demande l'ajournement de
la
t.
M.
Roberstpierre s'opposoit
:
comme
le
propinant, la propo-
de M. d'Aiguillon Quand il s'agit, disoit-il, du sau de la patrie, quand elle est trouble au dedans et menace au dehors, il ne faut pas s'attacher un seul homme. Le m.inistre des Affaires trangres n'est pas le seul coupable,
s'il
est
des coupables,
lui
seul ne doit
la svrit nationale.
t.
X,
n 363, p. 13.
M.
Robespierre
s'est
oppos galement
la
motion de
il
M.
a-t-il
s'agit,
la Patrie, quand elle est trouble au dedans et menace ne faut point s'attacher un seul homme. Le Ministre des Affaires Etrangres n'est pas seul coupable; si il est coupable, il ne doit pas tre seul l'objet de la svrit nationale. Les auteurs de la
du Salut de
il
au dehors,
vaste
tard,
sur
conspiration
sont
tous
les
dont
nous
elle
Ministres.
nous appercevons peut-tre un peu L'Assem.ble aura bientt dlibrer demandera compte tous les Ministres
la
de
leur conduite.
(5)
pari.,
le
Moniteur,
V,
254;
et
dans Arch.
489
{suite)
SEANCE
DU
28
JUILLET
1790
Intervenant dans la discussion sur le projet de dcret prsieint les commissaires de l'Assemble nationale et sur la motion du duc d'iAiguillon, Mirabeau avait signal un manifeste lanc par Je princie de Cond, et avait fait la motion de le dclarer tratre
par
la patrie.
Aprs le vote du dcret sur le passage des troupes trangres en territoire franais, Voidel, dput du tiers tat du bailliaige de Sarneguemines, rend compte l'Assemble, au nom du coimit des recherches, d'une dnonciation faite la municipalit de Cette, par le prince de le camraandant de la garde nationale de cette ville Cond serait nomm gnralissime d'une arme contre-rvolutionnaire leve gracie aux subsides de l'Espagne; un manifeste rpandu parmi le peuple, devancerait la marche de ces troupes. iMialgr le caractre peu probant de cette dnonciation, Mirabeau prsente une seconde fois son projet de dcret, demandant que le prince de Cond soit -tenu de faire sous trois semaines, le dsaveu du manifeste qui lui est attribu, faute de quoi il sera dclar tratre la patrie (1). Robespierre (2), Cazales, Charles Laimeth s'opposent la motion de Mirabeau enfin, aprs une courte intervention de Mirabeau et une rplique de Robespierre, puis de Le Peletier de Saint-Fargeau, l'Assemble dcida de passer l'ordre du jour.
'
Gazette nationale ou
((
le
Moniteur universel, n
p.
870.
la
de
Patrie que
M. Mirabeau, il est facile de prouver que sa notion est inadmissible et dangereuse. Comment nous proposer un Dcret solennel contre un
homme, d'aprs l'nonc d'un Manifeste que nous ne connoissons pas, sans savoir s'il est de telle personne plutt que de telle autre ? Pourquoi, parmi tant d'hommes ennemis de la Rvolution, n'apperoit-il
que
? Est-il le seul qui ait donn des preuves d'opposition ? Et s'il un exemple exclusif, je le demande tous les hommes impartiaux, faudroit-il tomber sur un homme qui, attach par toutes les relations possibles aux abus de tout genre n'a pas got nos principes > Pourquoi jetter les yeux sur un ci-devant Prince plutt que sur d'an'^res plus coupables, puisqu'ils ont des raisons de s'attacher la Constitution,
lui
falloit
'(1)
Arch. nat.,
C
C
rabeau.
380,
Texte autographe de
la
motion
...ajourner la proposition de M. de Riquetti et dcrter que demain l'assemble continuera de s'occuper des mesures ultrieures prendre pour assurer le salut public et l'effet de la dlibration
actuelle
490
puisque par leur tat, ils doivent acclrer le cours de la Rvolution ? Pourquoi au milieu de tant de grands objets, allez- vous fixer votre attention sur un Manifeste qui n'est peut-tre pas authentique } Je demande donc que, sans avoir gard la motion de M. Mirabeau, l'Assemble dcrte que demain elle contmuera de s'occuper des moyens de rsister la ligue de nos ennemis. Robespierre. Je ne veux ni accuser, ni justifier M. Bourbon; mais je pense qu'il ne faut pas dtourner l'attention de dessus les coupables, pour l'attacher un seul individu (3).
Le
Point du Jour,
t.
de
la patrie
que
M. de
porter une accusation contre un un manifeste qui n'est pas connu authentiquement. M. Riquetti dirige votre svrit contre un homme qui ne s'est pas montr le partisan de la Rvolution, mais ce citoyen est-il donc le seul qui ne l'ait pas aime ? Et s'il falloit accorder une prfrence pour svir contre ses ennemis, peut-elle tre donne celui qui, accoutum des jouissances et de grands avantages, sous l'ancien rgime, les soutient et les dfend. Mais pourquoi la svrit nationale s'arrtera-t-elle sur un cidevant prince ? Vous devez plutt la porter sur ceux qui, par leurs fonctions, dvoient acclrer vos travaux; et pourquoi dtourne-t-on notre attention des grands objets, qui intressent le salut public, pour la fixer sur un manifeste qui n'est pas authentique? Je demande que l'assemble indique un jour o elle s'occupera de l'intrt public. Voil la grande et importante question qu'il faut examiner. Sans avoir gard la motion de M. Mirabeau, l'assemble doit s'occuper des moyens d'assurer le bonheur public. Je demande qu'on ajourne jour fixe la proposition de M. Riquetti, et que l'on continue de s'occuper demain des mesures ultrieures prendre.
Je
homme,
sur
t.
X,
n 262, p. 15.
M. de Mirabeau. M. Robespierre en employant plusieurs des raisons qui l'avoit port rejeter la motion de M. d'Aiguillon. Je demande M. Mirabeau, a-t-il dit, s'il est certain que le Manifeste existe, et quelles preuves il a que M. Louis- Joseph de Bourbon en soit l'auteur? Je lui demande en second lieu, M. Mirabeau, pourquoi il n'apperoit que M. LouisJoseph de Bourbon ? Pourquoi, quand nous ne m.archons qu'au milieu
a pass la motion de
l'a
On
combattu,
(3)
pari.,
le
Moniteur, V, 2&5
et
dans
les
Arch.
49 1-
des complots, toute sa svrit se porte sur un homme, qui la prrogative de sa naissance, et tant de prjugs hrditaires ont du donner un loignement naturel pour la Constitution; au lieu de l'attacher ceux qui, lis par leurs fonctions et leurs sermens la Constitution,
s'attachent
tion
est
chaque jour la renverser? Pourquoi dtourner votre attende ces coupables qui vous environnent, pour en chercher un q'J loign de vous ? Je demande que l'Assemble s'occupe demain
croit devoir
t.
prendre pour
le
Salut public.
combattu avec les mmes moyens qui de M. d'Aiguillon je demande M. de Mirabeau, disoit-il, s'il est certain que le manifeste existe et quelle preuve il a que Louis-Joseph de Bourbon en soit l'auteur ? Pourquoi, tandis que nous ne marchons qu'au milieu des complots, toute sa svrt se porte-t-elle sur l'homme qui la prrogative de sa naissance, et tant de prjugs hrditaires ont d donner un loignement naturel pour la constitution, au iieu de l'attacher ceux qui lis par leurs fonctions et par leur serment, la constitution, s'attachent chaque jour la renverser ? Pourquoi dtourner votre attention de ces coupables qui vous environnent, pour en chercher un qui est loign de vous? Je demande que l'Assemble s'occupe demait) des diverses mesures qu'elle croit devoir prendre pour le salut public. ...(M. de Mirabeau a rpondu au vhment interrogatoire de
Robertspierre
l'avoient port rejeter la motion
:
M.
))
M.
Robespierre...)
Roberspierre a rpliqu qu'il y avoit peu de gnrosit un Franais exil, pour dtourner l'attention de l'Assemble de dessus les ministres, qui peuvent tout bouleverser et quelquefois
...M.
poursuivre
tout corrompre.
))
et
de Brabant,
t.
III,
36, p.
581-82
585.
Le hors-d'uvre de
On
sait
qu'il
et la colre du contrade bon notre fal Robesne pche point par trop de confiance; et comme
la
motion Mirabeau,
est
toujours
croyant
le
reconnotre
:
une
manuvre savante du gnral Mirabeau, il fut sont les ennemis, moi Auvergne c'est--dire,
moi les Jacobins (4).
(4) Il semble en effet, que Miraboau ait eu l'intention de dtourner l'Assemble du fai't essentiel (cf. Courier de Provence, t IX, n" 170, p. 369). La Socit de 89, fonde en janvier 1790, comptait parmi ses membres Lafayette et Sieys.
492
J'ai expos la motion Riquetti sous le point de vue o il parat que Robespierre et Lameth l'ont envisage. Maintenant je dirai ce que je pense, je ne suis pas plus confiant que Robespierre. parceque dans cette assemble, on n'avoit pas fait Mais toit-ce aux patriotes illustres; meilleures motions possibles, les Lameth et Robespierre, de se joindre Malouet, Cazals, pour en faire rejeter une bonne ? M. Cond est notoirement connu pour le chef des ennemis de la constitution, et c'est des chefs qu'il importe de faire un exemple. Ainsi l'objection de notre cher Robespierre, pourquoi lui plutt que tant d'autres, n'tait pas digne de lui. Robespierre sera toujours pour moi, en fait de principes, primus ante omnes; mais, quoi qu'il pense, j'ai peine croire qu'un homme tel que Mirabeau, lors m.m.e que la femme de Putiphar (5), le tiroit par son manteau de toutes ses forces, et faisoit briller l'or ses yeux,
la
vertu et la libert.
Journal de
((
Versailles,
t.
II,
de
Robertspierre est venu combattre son avis (celui du Mirabeau); il a trouv peu de gnrosit attaquer un
M.
Comte
prince
ult-
il
a propos
avec l'accent d'une indignation -vidente, a y avoit peu de mrite tre l'cho des clameurs que le peuple avoit fait entendre la veille, et que la vraie surveillance de l'intrt public toit donner un prince fugitif l'occasion de revenir dans ses foyers, ou d'clairer sur ce qu'on peut craindre de lui. M. Robertspierre, son tour, a rpliqu qu'il toit moins courageux d'attaquer un exil loign de deux cents lieues, que des ministres
M. de Mirabeau,
dit qu'il
mme
tout corrompre.
t.
III,
n 29, p. 227.
M.
Robespierre
(6).
et
M.
il
projet
de M. Mirabeau,
et
du
jour
s'agit sans doute de la reine. A la suite de cette intervention la presse contre-rvolutioiicf. Ami du Roi, adressa ses flicitations Robespierre n*^ 60; Le Prince de Cond gnreusement protg par MiM. de Lameith et Robespierre, in-8, 1790, 8 p. Lettre de M. l'Abb Maurj' M. de Robespierre, dfenseur du prince de Cond et des ministres, Imprimerie de Champigny, in-B", 4 p.
(5) Il
(6)
naire
juillet
493
1790, p. 853.
On
en
est
M. de
battre.
((
Roberspierre et
venu celle (la proposition) de M. de Mirabeau. M. de Cazals ont t d'accord poux la com-
Roberspierre demandoit pourquoi M. de Mirabeau voul'attention et toute l'animadversion publique sur un seul homme et sur un Prince qui s'est exil lui-mme de la Patrie. Parmi tant de coupables, ajoutoit-il, pourquoi un seul seroit-il jug plus
loit
M. de
concentrer toute
Ah
et
il
plutt,
occupons-nous
de
est
cette
Vaste
conspiration
de Puissances
de Ministres
faut
La
libert
tous
les
connotre
je demande donc que l'Assemble Nationale se et tous les dnoncer marque elle-mme un jour qu'elle consacrera l'exam.en des faits qui dnoncent tant d'ennemis de la Constitution.
juillet
1790, p. 3.
M. de
Robespierre
tait
l'a
disant qu'elle
inutile
que
de prfrence
de l'assemble
sur
le
un ouvrage qu'il n'avait pas sign, tandis qu'on n'inculpait pas des hommes d'un rang plus lev, ou d'autres rfugis, tout aussi coupables que lui, puisqu'ils refusoient de se soumettre la constitution, et de prter le serment civique.
prince
de Cond,
et lui attribuer
t.
XIV,
p.
79.
La motion de M. de Mirabeau a eu primitivement une grande fureur; mais les observations de M. de Robespierre et plus que cela encore l'amour-propre a t cause qu'on ne l'a pas adopte... M. de Robespierre vouloit qu'on s'occupt des ministres, M. de Mirabeau de M. de Cond. Si l'amour-propre n toit pas venu la traverse, ces
messieurs auroient t d'accord sur le champ.
sur la
Ils
mme
pas
rappelle
l'autre).
des petitesses
et
des
personnalits
Assemble
les
Il
nationale.
Commune de
Paris (Perlet),
t.
VI,
p. 8.
dit
(Robespierre) que
regards;
redouter.
Le
Postillon (Calais),
((
149,
p.
8.
M.
Robertspierre et
et
il
M.
le Pelletier ont
rclam contre
le projet
de M. Mirabeau
du
jour.
494
159.
SEANCE DU
V'
AOUT
1790
Gazette nationale ou
le
dcrt qu'il sera envoy une donner une marque de l'attachement de l'Assemble. Je demande qu'en mme temps une dputation soit nomme pour assister la crmonie funbre qu'on prpare pour les Citoyens morts en dfendant la libett.
Robertspierre.
lui
M.
Vous avez
((
Un membre
M.
de
la partie droite
des personnes quelles qu'elles soient, ne sont pas d'accord sur les honneurs rendre aux Vainqueurs de la Bastille; ce qui importe aux Reprsentans de la Nation, c'est de savoir si l'Assemble peut refuser de concourir cet hommage, si mme elle n'auroit pas d le dcerner elle-mme. Je demande qu'on mette aux voix ma proposition (3).
Robertspierre.
savoir
si
la
question pralable.
(1) Lettr des Vainqueurs de la Bastille. Cf. Actes C. de P V- srie, VII, 402-463. Cette compagnie fut constitue aprs le J juillet 1789, et joua un rlo dans les journes d'octobre. iLe 15 oc tobre 1789, la Commune de Paris la reconnut et lui accorda une solde. (Cf. V. Fournel, Les hommes du 14 juillet: Gardes franaises et Vainqueurs de la Bastille, Paris, 1896, chap. VII et VIII.) On trouvera dans Tourneux, II, 167, une liste de pices concernant les Vainqueurs de la Bastille.
V, 283-234 et dans les Arch. pari., XVlI, 4S9. Bchez et Roux, VI, 452, ne donnent que le dernier paragraphe.
;
Hamel,
I,
292.
495
t.
nationale,
Commune de
s'est
Paris (imitation),
V,
359,
7-8.
M.
Robertspierr
prsent
la
tribune
de passer
l'ordre
du
jour...
...Au moment de lever la sance, M. Robertspierr a requis qu'il ft nomm une dputation conformment au vu des vainqueurs
de
la Bastille.
t.
X,
p.
35.
M.
et
Bastille,
Robespierre a rappelle la demande des vainqueurs de la demand avec instance, qu'elle ft accueillie par l'assem
ble.
((
XIV,
p.
35.
M. de
Robespierre
s'est
du
jour.
1790, p. 871.
Beaucoup de cris se sont levs qui demandoient de passer du jour, et on y a pass sans vouloir mme entendre M. de Robespierre qui demandoit la parole.
l'ordre
Journal de la Libert,
t.
III,
n" 69, p.
1109.
Robespierre s'est prsent la tribune, mais on a refus de l'entendre pour passer l'ordre du jour.
M.
l*""
aot
1790, p. 6.
la tribune pour parler sur mais l'assemble a dcid de passer l'ordre du jour. ...Avant de lever la sance, M. le prsident a nomm les membres qui dvoient composer la dputation au roi. M. Robertspierr a demand, qu'en mme-temps, il en ft nomm une pour assister au
M.
Robertspierr
s'est
prsent
cette lettre,
((
de
la bastille.
))
Le
Robespierre a voulu parler sur l'adresse des vainqueurs de mais un dcret a ordonn qu'il ne serait pas entendu, et un autre, qu'on passerait l'ordre du jour. M. Robespierre a propos l'assemble d'envoyer une dputation au service dont les vainqueurs de ia Bastille venaient de donner avis. Aprs de longues explications, il a t dcid que ce
la Bastille;
((
M.
496
municipalit
de Paris en
))
rglerait l'ordon-
sursis
sa clbration.
Dpude la sant du Roi, on peut bien en dcrter une pour la Crmonie funbre en l'honneur des Citoyens qui ont trouv la mort au sige de la Bastille.
((
M. de
tation
s'instruire
t.
X,
p. 9,
la
M. M.
Robespierre a demand
t.
Le
Point du Jour,
((
nomme.
160.
SEANCE DU
AOUT
1789
(soir)
(1) Il y comparait la Fte de la Fdration au Triom'phe de Paul Emile o le vainqueur avait tran derrire son char un roi
humili et suppliant.
(2) Arch. naft., C 43, 380, 31 juillet 1790 (soir). Texte autographe de la motion de Malouet, et Dnonciation l'Assemble nationale... par M. Malouet, B.N,, Lb^^ 3859, in-&, 24 p. (3) Tandis que Camille Desmoulins rdigeait une adresse hiafcile et modre dans ses termes, Marat, furieux, tonnait contre Malouet (cf. E. Hamel, I, 296). M.arat rpondit la brochure de Malouet par une dnonciation la Nation... , in-8, 8 p., B.N
((
Lb^ 3987).
497
rpand que c'est Camille Desmoulins qui a parl; le prsident ordonne de l'arrter. Un membre demande que l'on dlibre pralablement sur cette arrestation. Robespierre intervient au milieu du tumulte. Le prsident annonce alors que Camille Desmoulins
s'est
chapp.
La discussion reprend aprs cet incident. Aprs s'tre cart de l'ordre du jour (voir intervention suivante), l'Assemble y revient. Ption deniiande qu'elle examine nouveau son dcret du ^31 juillet. Aprs une Longue discussion o interviennent Alexandre Lametli et Camus. l'Assemble adopte le dcret propos par Pthion ...Il ne pourra trie intent aucune action, ni dirig aucune poursuite pour des crits qui ont t publis jusqu' ce jour sur les affaires publiques, l'exception nanmoins du libelle intitul: C'en est fait de nous, l'gard duquel la dnonciation prcdemment faite sera suivie; et cependant l'Assemble justement indigne <ie la licence laquelle plusieurs crivains se sont livrs dans ces derniers temps, a charg son comit de constitution et celui de jurisprudence criminelle runis, de lui prsenter incessamment le mode d'-excution de son dcret du 31 juillet.
:
Gazette nationale ou
le
p. 889.
Je crois que l'ordre provisoire donn par M. le Prsident toit indispensable; mais devez-vous confondre l'imprudence et r inconsidration avec le crime; il s'est entendu accuser d'un crime de lse-Nation, il est difficile un homme sensib'e de se taire. On ne peut supposer qu'il ait eu l'intention de manquer de
Robertspierre.
respect au Corps lgislatif. L'humanit d'accord avec la justice, rcla-
M.
ment en sa faveur. Je demande son largissement, et qu'on passe l'ordre du jour. M. le Prsident annonce que M, Camille Desmoulins s'tant chapp, il n'a pu tre arrt (4).
))
aoijt
1790, p. 2.
M. de
donn par M. le prsident, a dit que l'assemble ne devoit pas confondre l'inconsidration avec le crime, et que c'toit ainsi qu on devoit juger la rponse d'un homme sensible, (M. Robertspierre entendoit parler de M. Desmoulins, et c'toit sans doute lui-mme) qui, s'tant entendu accuser du crime de lze-nation, n'avoit pu contenir un premier mouvement, sans doute bien pardonnable. Tandis qu'on dlisoire
broit
sur
l'arrestation
du
est
particulier,
M.
Il
le
prsident
annonc
demand que
l'on passt
du
jour, et
on y
pass en
effet.
M.
jour,
M. Biauzat a dnonc son tour un imprim portant pour Tableau de l'assemble prtendue nationale.
(4)
pari.,
Texte reproduit dans le Moniteur, V, 294, et dans XVII, 506, et dans Bchez et Roux, VI, 460.
les
Arch.
V.o;!i:si'li;!iiu:.
34
498
Journal de Versailles,
II,
XI,
trouv
M. M.
circonstances o s'toit
Prsident,
et
ignorant
sur-tout
qui s'toit
fait entendre, il avoit d donner des ordres tels que ceux qu'on venoit d'excuter, et que l'Assemble ne pouvoit se dispenser de les approuver; mais il a en mme temps rappel, au nom de l'humanit, la situation violente d'un homme sensible qui, se croyant opprim, a pu s'lever contre son oppresseur; qui a d tre indign de s'entendre appeler criminel envers une Nation qu'il croit avoir di'fendue dans son systme; il a demand que si c'toit M. Camille Desmouhns, il ne ft point emprisonn; que l'on passt l'ordre du jour,
et
que
la liste ft suivie.
t.
I,
L'Orateur du Peuple,
Camille Desmoulins ose se justifier, s'criait Malouet triomphant. Oui, je l'ose, a rpliqu, d'une tribune, Camille Desmoulins, car c'tait lui-mme. L-dessus grande rumeur: a Qu'on l'.irrte ,
Que
Maury. Qu'on l'cartle , balbutiait Mirabeau-Tonneau. le pende tait le cri de tous les Noirs, qui dj regardaient au plancher si on ne l'accrocherait pas auprs de l'oriflamme. Pendant ce temps, il s'est esquiv pour aller dans une autre tribune. Son ami Robespierre qui est encore plus celui de la justice et de la raison, ne l'a pas abandonn dans ce moment de crise Messieurs, a-t-il dit, si c'est un tranger, je demande qu'il soit puni, mais si c'est M. Desmoulins, je prie l'Assemble de considrer qu'il y a l le cri de l'innocence outrage, et que se voyant outrag l'Assemble Nationale, d'une manire aussi atroce l'accus a pu demander se justifier . Cette observation sage a fait passer l'ordre du jour (5). ...Il (Malouet) a t culebut (sic) de la tribune par Pthion de Villeneuve, Roberspierre, Lameth et Camus .
disait
((
((
Qu'on
et
de Brabant,
t.
III,
n 38, p. 656-659.
Mon
En me condamnant
autre
cher Robespierre ne m'abandonna point en ce moment. d'abord il se concilia tous les esprits, et les ramena
:
si
c'est tout
la voix,
ce manquement l'assem-
ble doit tre puni c'est lui si il est difficile un accus qui ne se sent point coupable, de ne point accepter le dfi de son accusa;
(5) La scne rajconte par Frron qui se trouvait assis dans la tribune prs de Camille Desmoulins, es<t rapporte par Louis Blanc, Kvolution franaise, t. I, p. 581.
499
fut
Je demande son
((
largissement.
Robespierre
sur-tout
applaudi
infini-
ment.
...Maints
toit
Robespierre.
beaux Cependant
faits
d'armes
ont
signal
mon
cher
la
victoire
restoit
indcise,
lorsque
Camus,
parvint
qu'on
all
que, et le poil hriss, se fit jour au milieu de la mle, enfin me dgager d'entre les mains des aristocrates.
Le
Patriote Franois,
t.
III,
n 361, p.
2.
Desmoulins toit sans doute condamnable d'interrompre de l'assemble nationale. Mais c'toit un mouvement si naturel, si pardonnable dans un homme attaqu, dchir par un autre homme qui l'insultoit, parce qu'il ne pouvoit se dfendre, que sa situation et sa faute ont excit le plus vif intrt. En le justifiant sous ce point de vue, M. Robespierre a demand qu'on passt l'ordre du jour, et on y a pass. M. Desmoulins, dont la libert avoit paru un moment menace, avoit disparu.
...M.
ainsi
les
dlibrations
Le
Point du Jour,
t.
Journal universel,
VI, p. 2037. t. Gazette nationale ou Extrait..., t. X, p. 50 (7). Courier Franais, t. VI, n'' 215, p. 267-268.
('
M.
le
prsident, a dit
fondre l'imprudence et
s'est
entendu
sensible
est difficile
cri
un
homme
de se
taire...
Dans
eu l'intention
se justifier; il a simplement voulu se dfendre. L'humanit parle ici en sa faveur, d'accord avec la justice. Qui oseroit le condamner ? Pendant ce temps, Desmoulins s'est vad. Alors on passe l'ordre du jour.
a offert
de
Journal de la Libert,
t.
IV, n 71.
M.
Robespierre,
demand
qu'il ft excut,
il
lins
lui-mme; mais
Robespierre, sans improuver cet ordre, le particulier n'tait pas M. Desmoua reprsent que dans le cas contraire l'assemle fidle
si
Le rdacteur ne reproduit
.
oe texte
que jusqu'
corps
l-
indi-
rect.
500
comme un dlit l'expression de sa sensid'un homme qui n'avait pas {ni d) entendre, sans indignation, qu'on le dfit, absent, de se laver d'un crime suppos.
le
cri
Assemble nationale
et
Communes de
Paris,
t.
p.
3.
Robespierre a applaudi, au contraire, l'ordre donn par le prsident, mais il a ajout qu'il falloit pardonner quelque chose au sentiment de l'innocence et. qu'on ne peut supposer que ce particulier ait eu l'intention de manquer de respect au corps lgislatif.
M.
Annales patriotiques
((
et littraires,
M.
a tent de disculper le fait qui avait provoqu l'ordre; il n'y a vu qu'un mouvement naturel, cette rpulsion premire de l'homme qui se
croit innocent.
161.
SEANCE
DU
AOUT
1790
(soir)
(suite)
(1)
Aprs l'incident soulev par (Camille Desmoulins, Dubois de Cranc, dput du tiers tat du bailliage de Vitry-le-Fnanois, dnonce un libelle ayant pou<r titre liapport du comit des r&cherciies de la commune de Paris, dans l'affaire de MM. Bonne-Savardin, Maillebois et Guignard de Saint-Priest (2). Il demande que le comit des recherches soit m'and la barre pour avouer ou dsavouer cet imprim. (Si le comit l'avoue, le ministre Saint-Priest, accus de haute trahison, doit tre 'suspendu de ses fonctions. Dimeunier, dput du tiers tat de la .ville de Paris, demande que soit d'abord eritendu le comit des recherches de l'Asseimble (3). Robespierre observe que tout cela n'est pas l'ordre du jour; l'Assemble dcide d'y passer. Biauzat devait une fois encore faire dvier la discussion sur l'accusation contre le comte de Saint-Priest. Robespierre demande pour la seconde fois, que l'Assemble passe l'ordre du jour.
:
Emmanuel Guignard, comte de Saint(1) Franois-Ferdinand, l'riest, n Grenoble le 12 mars 1734, neveu du Cardimal de Tencin, Chevalier de Malte l'ge de quatre <ans, entre quinze ans dans Jes Gardes du Corps, fait la campagne d'Espagne comme colonel sous les ordres du prince de Beauveau. Puis il quitte l'arme pour la diplomatie, ministre Lisbonne, ambassadeur extraordinaire Constantinople. Ministre des Affaires Etrangres en 1790, il dut par la suite migrer, et gagna la Russie. Il rentra en France en 1814, et mourut <en 1821 (cf. Baron de Barante, Etudes histoiriques et biographiques, PariS; 1858). sance du 23 aot 1790. En ralit Dubois de Cranc (2) Cf. voulait amener l'Assemble limiter la porte de son dcret du juillet contre les libelles. Il fut soutenu par Pthion, Lameth et oJ
Camus.
t.
501
164.
XIV,
p.
Cranc, a dit M. de Robespierre, nous a conduit d'pisodes en pisodes l'affaire de M. Guignard (de Saint-Priest). M. Dmeuni vient de parler de factieux, de prils, sans que j'y aie rien compris. Tout ce que je sais, c'est que, s'il y avoit craindre, aucun membre de l'assemble ne voudrait courir moins de danger que lui. Quoique je regarde le sieur Guignard comme trs susceptible d'mculpation, je crois cependant que ce n'est pas ici le tems de s'en occuper,
et je
M. de
l'ordre
du
jour.
Le
M. Robespierre est mont la tribune, et aprs avoir montr de la surprise sur la vhmence du propinant (M. Desmeuniers), et du doute sur l'existence des factieux qui veulent tout perdre, il a observ qu'on s'loignait de l'ordre du jour, qui devait rouler uniquement sur les dnonciations de diffrens libelles (4).
))
M. de Roberspierre a reprsent que d'incidens en mcidens, on s'cartoit de plus en plus de. l'ordre du jour; que l'ordre du jour n'toit pas la dnonciation d'un Mmistre; mais celle d'un grand nom((
bre de libelles qui attaquent les Lx>ix et les Lgislateurs, et qu'il falloit
y passer,
et
de Brabant,
t.
III,
n 38, p. 657.
...Quand les hues qui vinrent couvrir ces mots le propinant Desmeuniers eurent fini, Robespierre observa froidement que rien de
tout cela n'toit l'ordre
du
jour;
il
conseilla l'honorable
membre de
(3) Arch. mat. C 43, 381-385. Lettre 'de Giuignard de St-Priest Prsident de l'Assemble du 13 juillet 1790; il se plaint d'avoir t dnonc par le Comit des Recherches de la Ville de Paris et de l'Assemble nationale, au Chatelet comme prvenu du crime de lze-nation avec MM. de Maillebois et Bonne-Savardin et il 'en dfend. La publication du comit des recherches de Paris est eproduifce, ainsi que le mmoire de Saint-Priest et la rplique du lapporteur Garran de Coulon, dans les Arch. pari., t. XVII, p. 510.LU
((
i
.572.
Non, M. de Hoibespierre, non; il n'y a dies projets, on veut nous coniduire la guer,re civile. Tous les yeux sont ouverts et bientt les mchans seront dmasqus.
(4)
Le journal ajoute:
;
T)as
de doute
il
y a des factieux,
502
Assemble
Commune de
Paris,
t.
VII,
n*^
364, p. 3.
motion de M. Robespierre, l'assemble passe l'ordre du jour sur une accusation intente contre M. de Saint-Priest.
Sur
t.
XI,
p.
7.
M.
entendu qui et trait l'ordre du jour. Il l'a rappel. M. Dubois n'a parl qu'pisodiquement de divers libelles; il avoit aussi parl pisodiquement du rapport, et tout cela, pour arriver la dnonciation de
M. de
((
Saint-Priest.
annonc obscurment des incendiaires, des facde M. Robespierre. Il a ajout que tous toient galement disposs attaquer les incendiaires, les factieux, que M. Dmeunier en avoit parl; que pour lui il ne savoit qui ils toient, et que tous toient capables du mme hrosme que le Propinant. Il a demand que l'on passt l'ordre; le Prsident a observ que l'Assemble l'avoit dj dcrt.
a
M. Dmeunier
.^
)>
Courier de
Madon,
jour.
t.
V,
la
I,
p.
16.
L'assemble,
sur
motion de
M. de
Robespierre, a pass
l'ordre
du
162.
SEANCE DU
AOUT
1790
Poursuivant la discussion sur l'organisation de la justice, l'Assemble nationale aborde, le 5 aot, le projet rapport par Thouret, concernant les bureaux de paix et le tribunal de' femille, et vote les dix premiers articles. On fait lecture de l'art. 11 Aucune femme ne pourra se pourivoir en justice contre son mari, aucun mari contre sa fomme, aucun fils ou petit-fils contre son pre ou son .aeul, aucun frre contre son frre, aucun neveu contre son oncle, aucun pupille contre son tuteur pendant trois ans, depuis la tutelle finie et rciproquement, qu'aprs avoir nomm des parents pour arbitres, devant lesquels ils clairciront leur diffrend, et qui, aprs les avoir entendus, et avoir pris les connaissances ncessaires, rendront une dcisio,n motive. (1). Des amendements sont prsents par Lanjuinais, Audier-Massillon, dput du tiers tat de la snchausse d'Aix, le marquis de Folleville, Thvejiot, dput du tiers tat du bailliage de Lan ares... Malgr Robespierre, l'Assemble dcida qu'il y avait lieu dlibrer sur Les amendements et sur l'article. Le comit adopta
:
((
)>
(1) Cf.
E.
Hamel,
I,
300.
503
tous les amendements. Tls furent d'crts, sauf rdaction, ainsi que
l'article.
Gazette nationale ou
((
le
p. 889.
M.
Robertspierre.
rsulteroit, seroit amendements et sur l'Article. " videmment contraire tous les principes, 2 impraticable. Premirement vous voulez que le frre, plaidant contre son frre soit jug
: 1
pralable
sui
les
comme
de
les autres
et
impartial,
l'institution
Citoyens, vous voulez que le jugement soit galement qu'on vous propose renferme tous les germes
la partialit; les jugements ne seroient plus rendus suivant la justice, mais suivant l'affection des Juges pour les parties. Secondement, comment esprez-vous que toutes les familles seront assez nombreuses pour vous fournir des Juges ? (2).
t.
VI,
p. 9.
Robespierre a trouv cet article contraire aux principes, et impraticable dans son excution; contraire aux principes, en ce que quand un parent citeroit un autre parent devant un Tribunal de Famille, ils s'exposeroient l'un et l'autre un jugement qu'influenceroit beaucoup l'amiti ou la haine; impraticable, parce qu'il arriveroit souvent que les Parens ne trouveront pas dans leur famille un assez grand nombre
M.
M.
Robespierre
rejete,
(2)
pari.,
Moniteur, V,
31.9,
et
dans
les
Arch.
163.
SEANCE DU 9 AOUT
Sur le ministre public
1790
L'Assemble nationale continue la discussion sur l'organisation de la justice. Le dbat porte sur le (ministre public. Briois de Beaumez, dput de la noblesse de la igouivernance d'Arras, propose de poser ainsi la question comment seront exerces les accusations publiques. Deux partis se font jour, les uns voulant que le roi nomme les officiers du ministre public, les autres soutenant que ce droit appartient la nation. Dfendirent notamment ce dernier jjoint de vue, outre Robespierre, Mnugins de Roquefort, Brevet de Beaujour, dput du tiers tat de la snchausse d'Angers, Lepeletier de iSaint-Fargeau, et Barre de Vieuzac. La discussion se poursuivit 'le lendemain; l'Assemble dcrta que l'accusation publique ne serait pas confie aux commissaires du roi et renvoya cette question aux comits runis de constitution et de jurisprudence criminelle.
:
504
Journal des Dbats,
II,
p.
13.
Robespierre est remont, ainsi que plusieurs des Propinans, l'origine qu'a d avoir dans le systme social l'acnisation individuelle. Cette accusation est essentiellement un acte public. Toiit dlit attaque la Nation, c'est ' la Nation en poursuivre la vengeance; ou concurrement avec la partie lse en son nom. Le Pouvoir excutif ne peut agir que quand deux autres pouvoirs ont dtermin son action. M. Robespierre a insist sur les dangers de confier des Agens Ministriels
M.
(l).
et
qui
amis de
Gaette nationale ou le Moniteur universel, n 223, p. 920. Gazette nationale ou Extrait..., t. X, p. 148.
((
M.
Robertspierre. L'accusation individuelle est un acte public. attaque la Nation, c'est donc la
Tout
Nation en poursuivre seule la vengeance ou la poursuivre concurremment avec la partie lse le pouvoir excutif ne peut agir que quand les deux autres Pouvoirs ont dtermin son action; songez d'ailleurs au danger qui n'est pas imaginaire de confier aux Ministres ou leurs agens une arme terrible qui frapperoit sans cesse sur les vrais amis de la libert (2).
;
))
Journal gnral de
((
la
Cour
et
de
la
Ville,
t.
III,
(3).
Robertspierre rem_ontant l'origine de toute accusation sociale, n'a pas vu qu'elle doit tre porte au nom du chef-gardien de
la
M. de
sociabilit.
Tout
dlit,
dit-il,
attaque
la
nation
II
c'est
donc
la
ne peut
tre accusatrice.
En
Chine, tout
le
le quartier
d'un coupable
est
.
empch
Oii sont
M.
Roberspierre conclut:
Que
quand deux autres pouvoirs ont dtermin son action deux pouvoirs, si ce n'est le roi et le peuple; l'excutif
sier et
les
n'est
que
l'huis-
le bourreau.
[Suit
ser
ne servt
un long commentaire qui se termine ainsi :] voit trop de danger confier le droit d'accuose avouer qu'il craindroit que ce ministre rechercher les Vrais amis de la libert. C'est un homme de
(1) Hobespierre insista sur cette ide plusieurs reprises (cf. en particulier, sance du 29 mars 1790). (2) Texte reproduit dans le Moniteur, V, 355; dans Bchez et Houx, VII, 44; dans les Arch. pari., XVII, 672. ce dis(3) Cf. E. Hamel, I, 301, note 1. Il remarque que cours avait sans doute plus d'tendue . C'est certain si l'on considre l'importance du commentaire que lui accorde ce journal.
:
505
n'est
si
au moins.
Que
rpondre
Si
la
libert
que
l'obis-
la
libert ren-
ferme la loi des devoirs envers soi et les autres; que pourroit faire de dangereux un magistrat nomm par celui qui n'est roi qu'autant qu'il a des sujets sages, intelligens et nombreux; il seroit bien plus craindre qu'un homme qui propaget l'anarchie, le mpris des loix, sous prtexte de la ncessit des passions pour tre libre, et qui paieroit enfin de complaisance et d'aveuglement volontaire, sa nomination la
place qu'il auroit dsir
Courrier extraordinaire,
et
qu'il
voudroit conserver.
)>
Sign
10 aot
t.
L.
M. D.
Journal de la Libert,
Robespierre pensent galement que ce grand droit doit tre dlgu par la nation et exerc par un reprsentant du peuple, et le dernier de ces deux membres prtend non seulement que ce droit n'appartient pas au roi, mais mm.e qu'il est incompatible avec le pouvoir excutif, et que la libert publique est compromise
Pelletier et
toutes les fois
MM.
Le
que
le
pouvoir excutif
est
charg de rendre
la justice.
L'Ami du
M. de Robespierre, tout ce qu'il y a de remarquable dans son opinion, c'est de ne pas vouloir que l'accusation fasse partie du ^ribunal qui doit juger. Il dsireroit que cette fonction ft dfre au procureur de la commune du lieu du dlit. M. de Robespierre peut-il avoir oubli que dans l'ancien rgime, l'accusateur public ne faisoit pas partie du tribunal qui jugeoit ? tl y portoit sa dnonciation, mais il n'y dlibroit point, et n'y traoit aucun jugement.
Quant
))
t.
XIV,
la date.
que
Robespierre a t, comm.e on s'en doute d'avance, pour ministre public ft nomm par le peuple. L'opinant est d'avis que ce soit un m.agistrat particulier, sous le nom de procureur du peuple; qu'il ait une mission spciale et particulire, moins qu'on ne voult en charger un hom.me pris dans le corps administratif.
l'office
M- de
du
Journal universel,
t.
VI,
p.
2082.
longuement les fonctions du ministre public. Les accusations doivent-elles tre dlgues aux procureurs ou commissaires du roi, ou bien un censeur public nomm par le peuple ? Tous les bons citoyens, MM. Le Pelletier, de Beaumetz, Robespierre et Barrre ont parl en faveur du peuple.
a discut
On
M.
constitution
que de
confier
l'accusation publique
aux
officiers
du
roi.
506
L'accusateur
est le
du peuple
et r\on celui
du
roi,
il
doit tre
nomm
p.
((
par le peuple.
nationale,
Assemble
7.
Commune
de Paris (imitation),
t.
V,
n"
367,
et Barreyre de Vieuzac ont galement parl de donner la facult de l'accusation publique tout autre qu'au dlgu du roi; cependant, M. Barreyre a trouv la fonction d'accusateur public incompatible avec celle de Juge...
MM.
Robertspierre
dans
les principes,
Assemble
((
nationale,
Commune de
Paris (Perlet),
t.
Vil, n''370, p. 3.
Mougins, Brevet de Beaujour, Le Pelletier, Robespierre, Barrre, ont t d'avis que l'accusation publique ne pouvait tre exerce que par un magistrat dlgu par le peuple.
MM.
164.
SEANCE DU
19
AOUT
1790
la sance du 16 au soir, Nompre de Champagny, major des vaisseaux du Eoi, dput de la noble&Sie du bai'lliage de Forez Montbrison, avait prsent a/u nom du comit de marine, un projet de dcret portant rformation des lois pnales dans la marine de guerre (1). L'Assemble vo-te les dix premiers articles du titre I. Elle poursuit, le 19 aot, l'examen du titre II, concernant les dlits et les peines. Robespierre interivient deux reprises, dans la discussion, au sujet des art. 19 et 20. (2) Art. 19. Tout commandant d'un btiment de guerre, coupable d'avoir dsobi aux ordres ou ajux signaux du comimandant de l'arme, escadre ou division, sera priv de son commandement, et si la dsobissance occasionne une sparation, soit de son vaisseau, soit d'un autre vaisseau de l'escadre, il sera cass et dclar indigne de servir; si elle a lieu en prsence de l'ennemi, il sera condamn mort. L'article 19 ifut dcrt par rA.ssemble. Art. 20. Tout matelot ou officier marinier, coupable d'avoir quitt dans le cours ordinaire du service, soit un poste particulier du vaisseau la garde duquel il aurait t propos, soit la chaloupe ou le canot, si c'est pendant le jour. sera, attach au grand mt pendant une heure et rduit la paye immdiatement infrieure la sienne .si c'est pendant la nuit, il sera attach au grand mt pendant deux jours, deux heures chaque jour, et mis deux payes au-dessous
;
de la sienne.
L'article
20
fut
dcrt
par
l'Assemble.
(1) Arch. nat., C 43, 394. Projet (2) Cf. E. Hamel, I, 305-307.
de code pnal de
la
marine.
507
dit, que l'on s'y toit occup de dcrter les articles au Code Pnal de la Marine nous devons en dtaille ce qui tient au caractre moral des hommes. M. de Robespierre a signal, dans cette Sance, son got pour la popularit, ce got auquel on peut appliquer ces beaux vers de Racine
((
Nous avons
relatifs
Dtestables flatteurs, prsent le plus funeste Qu'ait pu faire aux Franais la colre cleste!
((
Le Dput populomane
de
la
l'homme
de
tivement aux peines applicables aux dlits, que tous les Officiers de la
Marine, sans distinction, fussent attachs au cabestan, pour y recevoir des coups de corde, courussent la bouline, etc.. Il A os proposer, qu'ils fussent envoys aux Galres, pour les mmes cas. qui feroient que les Matelots et les Soldats y seroient envoys. On peut juger combien de pareilles propositions toient faites pour rvolter ceux des Membres, qui la fureur des innovations et l'adulation pour le Peuple n'ont point fait oublier les vritable. prin((
Gazette nationale ou
le
Robertspierre. Je trouve un contraste tonnant entre les peines portes contre les matelots et celles contre les officiers. Est-ce d'aprs
l'galit
M.
donner
je
si
que pour un mme genre de dlit on propose de aux soldats, et simplem.ent de casser les Officiers ? Si ces principes sont vrais, si ce sont ceux de la justice et de la libert,
du
droit,
la
calle
demande que
on
les
les
mmes
mmes
peines;
juge
trop
svres pour
Officiers,
on
les
supprime pour
les soldats.
M. Robertspierre. Le dlit dont il est question dans l'article, un des plus dangereux dont on puisse se rendre coupable dans le service militaire, ce dlit ne doit-il pas tre rpar par les peines les plus svres lorsque pour une simple faute de discipline vous condamnez
est
le
Matelot
m.ort ?
))
(M.
Murinais.
On
ne
ce
doit
pas
souffrir
Tribun
du
la
(3) Texte reproduit dans le Moniteur, V, 435; dans Bchez Boux, VIT, 96-97; et diuis ]os .\rch. pari., XVI.Il 164.
et
508
Journal des Dbats,
II,
p.
7.
Rol>espierre a demand que toutes les peines fussent gales pour les Matelots et pour les Officiers. Cet amendement a t cart par la question pralable. (( M. Robespierre l'a reproduit sur l'article suivant avec aussi peu
Sur
l'article
XIX, M.
de succs.
165.
SEANCE DU 20 AOUT
1790
Malou.et prsente l'Assemble nationale, au nom des comits runis des rappor'ts, des reoiherches, de la marine et militaire, un projet de dcret au sujet de l'attentat commis le 10 aot, Toulon, contre Castellet, commandant en second de la marine (1). Mirabeau exi profite pour poser 'l'ensemble du problme de l'arme, et faire la mo'tion que l'arme soit dissoute le 10 septembre, et recompose f;ur-le-champ d'aprs l'organisation dcrte par l'Assemble et sanctionne par le roi n'y seront alors rintgrs que les soldats et les officiers qui prteront le serment de remplir les devoirs attachs leur tait, tels qu'ils auront t statues par l'Assemble. Cette proposition fut renvoye au comit militaire.
:
Gazette nationale ou
le
p.
963.
a prsent
(2).
M.
Robertspierre.
est
vident que
M.
Riquetti
sa motion,
comme
Lh
Point du Jour,
t.
M. Dubois
se lve et
M.
Robespierre demande
la parole.
(1) devenant de l'Htel de ville de Toulon o il avait prte le serment civique, M. de Castellet, qui avait soutenu le comte d'Albert dans l'meute du P*" dcemibre 1780 et qui avait t libr par la
suite,
71,
et ci-dessus,
sajice
du
14
dcem-
bre 1789. Le Moniteur date cet attentat du 10 aot. Cf. galement, Arch. nat., D XXIX bis, 12, d.l37, p. 13; D XXIX bis, 13, d. Ik,
p.
16-17.
(2)
pari.,
le
Moniteur, V, 400:
et
dans
les
Arch.
509
1790
SEANCE DU
22
AOUT
Un des secrtaires de rAssemble na'tionale fait lecture d'une lettre de Guignard, comte de iSaint-Priest, ministre de l'intrieur, qui, d'ordre du roi, comanunique l'Assemble, une adresse remise Sa Majest, par les dputes du Barn. Dans cette adresse, signe: Darnaudat et ses collgues (1), les habitants du Barn, aprs avoir rappel qu'ils ont renonc ' leur constitution, parce que Votre Majest l'a dsir, et que le bonheur de la France l'exigeait , dclarent voir avec douleur que le chteau de Pau, berceau du bon Henri IV, va tre mis en vente, et demandent qu'il soit conserv la famille royale (2). Malgr Robespierre et Charles Lametli, qui rclamrent l'ordre du jour, cette adresse, sur la proposition de Pemartin, dput du tuers tat du Barn, fut renvoye au comit des domiaines. Le 27 aot, il fut fait lectura l'Assemble, d'une lettre du roi, o il indiquait les chteaux qu'il entendait conserver (( ...Vous trouverez bien naturel aussi que j'aie cur de retenir le chteau de Pau, qui ne produit aucun revenu; il m'est impossible de ne pas partager le vu des habitants du Barn, pour que le lieu o Henri IV est n, reste toujours dans les mains de ses enfants. (3).
:
Le
Point du Jour,
t.
(4).
M.
dit
for-
mes, a
La
M.
Guignard,
soit
me
parot
l'ouvrage
mme
que d'une seule personne. peut-on souponner qu'elle n'est pas l'expression d'une
de
II
n'est personne
sans joute qui ne partage les sentimens exprims dans l'adresse, pour
mmoire d'Henri IV et pour Louis XVI. Mais quand les reprsende la nation sont ensembles pour dlibrer sur les objets auxquels cette ptition est relative, c'est eux qu'elle devoit tre adresse directement, et non au roi. C'est de ses auteurs que nous devions la tenir et non du ministre.
la
tans
Ceux
conseiller au parlement de Barn, dput du (1) Darnaudat, tiers tat de la souverainet de Barn (dputation lue par les Etats). (2) Copie de l'iadresse dans le Point du Jour, XIII, n" 406, p. 252. (3) La liste des biens que le roi tait appel conserver avait t dresse par l'Assemble dans une prcdente sance. Le dcret du 26 mai 1791, dans son art. 8, ajoute le chteau de Pau cette liste, (4) C. E. Hamel, I, 307.
510
le
vu de
hommes
libres
qu'ils
que c'toit uniquement pour obir aux dsirs du roi avoient chang l'ancienne constitution de ce pays contre la nou-
velle constitution franoise. C'toit sans doute aussi et principalement par amour pour la libert, par respect pour les droits des homm.es et
pour l'intrt gnral de la nation et du peuple barnois. Nous en avons pour garanties le caractre gnreux et magnifique dont ce peuple a et je ne doute pas que les principes et toujours donn tant de preuves les sentimens que j'exprime ne soient plus conformes son vu, que les termes de tendresse qui vous sont envoys par le ministre, dans le moment prcisment o l'on vient de vous demander, au nom du roi,
:
la
conservation
il
de biens domaniaux
est question
liste.
si
considrables,
comme
si
la
ptition dont
grossir
encore
(5).
la
un nouveau moyen imagin pour en Je crois que cette adresse doit tre absolument
toit
carte
1790, p. 4.
Assemble nationale (Beaulieu), 23 aot 1790, p. 5. Journal de la Libert, t. IV, n" 88, p. 1396. Assemble nationale. Commune de Paris (imitation),
p. 5 (6).
t.
V,
n"
380,
Robertspierre et Charles Lameth ont trouv dplac qu'une province adresst une semblable ptition au pouvoir excutif, lorsque le corps lgislatif toit assembl; ils ont trouv galement dplac
((
MM.
qu'une province
dit
que
c'tait
sur
l'invitation
du pouvoir excutif
qu'elle avoit voulu vivre sous une nouvelle constitution, tandis que sans
y tre invites toutes les parties de l'empire avoient manifest formellement leur vu pour l'adoption d'un nouvel ordre de choses. En consquence, ces MM. ont demand qu'on passt l'ordre du jour.
Journal de Paris, 23 aot
1790, p. 959.
Journal universel, t. VI, p. 2195. M. de Roberspierre a observ d'abord que cette adresse, qu'on
((
de tous les Dputs du Barn, n'toit signe que d'un seul; il tonn ensuite qu'on adresst au Pouvoir excutif une demande qui ne pou voit tre dcide que par l'Assemble nationale. Il ne vouloit pas qu'on renvoyt au Comit des Domaines une ptition qui ne mritoit pas qu'on s'en occupt davantage: il vouloit qu'on passt l'ordre
disoit
s'est
du
jour.
))
t.
XV,
la date.
Le
renvoi a t
est
Robespierre s'y
(5)
demand au Comit des Domaines; mais M. de oppos. Il a demand qu'on passt l'ordre du
217.
(6)
Texte reproduit dans les Arch. pari., XVIII, Avec quelques lgres variantes.
t.
la nation.
XI,
p. 5.
Robespierre a relev dans cette Adresse la premire phrase, qui lui a paru oppose aux sentimens de patriotisme. Il s'est tonn que ceux des habitans qui avoient sign cette Adresse, se fussent adresss au Roi (7).
))
M.
Annales universelles
et
mthodiques,
t.
V,
126, p.
195.
Roberspierre a rclam l'ordre du jour; mais sur la motion d'un second membre, le renvoi de cette adresse au comit des domaines a t ordonn.
M. de
Le
Postillon (Calais), n
(7)
174, p. 5.
M. Robespiene
Au dbut
a rclam l'ordre
du
jour.
de la sance du 23 aot, Darnaudait, absent le 22, de l'adresse qu'il avait prsente au roi, donna, quelques explications l'Assemble sur cette affaire, pour justifier &a conduite.
lorsqu'il fut question
167.
SEANCE DU
23
AOUT
1790
ci-devant intendants des postes et messageries (1). Le 23 aot (2), l'Assemble poursuit l'examen du projet. L'article 5 prvoit que les postes et messageries seront rgies par un directoire compos d'un dinecteur et de quatre administrateurs, non intresss dans les produits; l'article 6, que les traitements tt frais de bureau runis seront de 80.000 livres, savoir 20.000 pour ie prsident et pour 'chacun des administrateurs, 15.000 . Ces articles furent adopts par l'Assemble.
Le
Point du Jour,
((
t.
Vous avez
voulu,
M.
Robespierre, que
les
fonctions
du
commissaire du
roi
fussent
diffrentes
de
celles
des administrateurs.
(1) Cf. E. Hamel, I, 308. (2) Le Moniteur ne mentionne aucune discussion sur ce sujet dans sa sance du 23. Mais le Courrier extraodinaire est trs net cet gard. Les dbats sur l'organisation de la poste aux lettres ont t arrts midi, heure indique pour entendre le rapport du Comit des Reohercbes relatif l'affaire Perrotin.
512
Pour
des
lettres,
je
demande que
la
ses
...Sur l'article
V, M.
Robespierre a demand
rduction
du
8 mille livres; que le prsident de cette administration ne ft pas distingu des autres administrateurs pour le traitement, et que les appointements des facteurs et employs subalternes assujettis un travail pnible et journalier dans toute l'tendue de Paris, fussent augments de dix sous par jour. (3)
traitement
))
de chaque admmistrateur
Assemble
p. 2.
nationale,
Commune
t.
de Paris (imitation),
t.
V,
o"
381,
Le
Patriote Franois,
III,
Assemble nationale
((
(Beaulieu),
et
M. Robespierre vouloit que ce traitement ft rduit de moiti, qu une partie des sommes que le rapporteur proposoit de leur allouer ft rversible aux facteurs et autres agents subalternes, en donnant huit sols de plus chacun d'eux. En vain, le comit a-t-il fait valoir les sacrifices des administrateurs, leurs longs travaux; en vain a-t-il fait ses efforts pour pressentir le peu d'importance d'une rduction en cette
son projet n'a pu tre entirement adopt.
1
))
partie,
790, p.
M. Robespierre, qui voit toujours des dangers pour la libert ds qu'une place quelconque est la nomination du Roi, vouloit que ces Administrateurs fussent choisis par le Peuple; mais sur l'improbade l'Assemble, il vouloit du moins, que les fonctions que le despotisme ministriel ne pt exercer ses moyens pour asservir le Peuple; car tout ce qui tient au Pouvoir excutif prsente aux yeux de M. Robespierre autant d'cueils pour le vaisseau de la Patrie, et de la Constitution. Il s'est rcri sur l'excs des traitemens; il proposoit 8.000 liv. frais de bureaux compris, pour chaque Adm.inistrateur, et encore, discitque cela toit bien considrable; qu'il faioit voir la misre du il, Peuple, de ce bon Peuple, si long-temps vex; aujourd'hui libre, heution et le rire
reux.
nistrateurs.
))
(3)
Texte
utilis
dans
les
Arch
pari.,
XVIII,
228.
513
{suite)
SEANCE DU 23
AOUT
1790
Le 28 juillet, avait t arrt iSoissous, l'abb Perrotiii de Barmont, dput du clerg de la ville de i'aris, ayant dans sa Aoibure un laenomm Eggs, deipute de la garde nationale d'Obernheini (I), >et le chevalier de BonU'e-Savardin (2). Ce dernier, arrt comme agent de la conspiration de MaUebois, le 30 avril 1790, s'tait vad des prisons de TAbbaye, le 13 juillet. Dans une sance du 29 juillet au soir, l'Assemble nationaLe avait dcrt le transfert des trois dtenus Paris. Le 18- aot, l'a^bb Perro'tin fut entendu la barre de rAss.emble, en vertu d'un dcret nendu la veille. L'Assemble dcida qu'un papport Hui serait prsent le
2.}
affairie,
et
maintenu en tat d'arrestation (3). Le 23 aot, Voidel, dput du tiers tat du bailliage de Sarreguemines, prsente le rapport demiand. Il propose, au nom du comit des recherch'es que le roi soit pri d'or^clonner l'ouverture par le Chtelet, d'une information contre les auteurs .et complices de l'vasion de Bonne-iSavardin, que l'abb Perrotin demeure provisoirement .en tat d'arrestation, que le marquis de Foucauld, dput de la noblesse de la snchausse de Prigueux, compromis dans cette affaire, par son amiti pour l'abb Perrotin, soit interrog
(4).
Un dbat s'instaure sur cette motion. Foucauld s'explique sur son rle: sachant que l'abb Perrotin a, par humanit, donn asile Bonne-Savardin, pour carter tout soupon sur son ami, il reoit chez lui le fugitif. Bouchotte, dput du tiers tat du bailliage de Bar-sur-Seine, demande alors que l'abb Perrotin soit mis en libert provisoirie. Hobespierre intervient aprs Boucihotte. Au terme d'un long dbat, l'Assemble dcrta la motion prsente par Barnave L'Assemble nationale, aprs avoir entendu le rapport de i<on comit des recherches, dcLare, qu'il y a lieu l accusation conlie M. l'abb Perrotin, dit Barmond, relativement l'vasion et la fuite de M. Bonne-iSavardin.
:
nat.,
114, p. 18 et p. 7 et 8 (19
19 (31
juillet-
aot 1790), et
124, p. 5 et 6 (36 aot 1790). (2) Cf. Marquis de Ferrires, Mmoires, t. II, liv.VII, p. 108. D'aprs lui l'arrestation aurait eu lieu Chlons-sur-Marne, (cf. galement Vingtrinier, Histoire de la Contre Rvolution, 1924-25,
2 vol.
(3)
in-S").
dent
394. Discours prononc par M. le Prsil'Assemble nationale, dans l'affaire de M. l'abb de Barmond et pour lequel il a t censur. Paris 1790, in-8", 19 p., dpos sur le bureau de l'Assemble nationale le 21 avril 1790. Arch. nat. D XXIX bis, 11, d. 144, p. 18-19 (31 juillet3 aot 1790); D XXIX bis, 12, d. 132, p. 8 (14 septembre 1790);
43,
D XXIX
lement Tourneux,
(4) Cf.
1 40 (22 juillet-3 dcembre 1790) C. gan" 1227, Avis sur l'vasion de Bonne-Savardiu.
E.
Hamel,
I,
303.
niiifii-
vo
514
Le
t.
Robespierre a parl ensuite en ces termes Il faut chercher, dans les principes et circonstances les l'affaire, quel est le parti que l'assemble nationale doit adopter.
Le vrai point de devez envisager ce que du sieur Bonne.
M.
de
la
MM.
Foucaud ont
fait
en faveur
Je n'ai pas besoin de dire que ce n'est pas en dcriant l'instides Comits de recherches, que l'on pourroit justifier cette action. Chacun sent assez que le salut public est la premire des loix, et que la marche des rvolutions n'est pas soumise aux rgles qui conviennent l'tat paisible d'une constitution tablie. Je ne puis croire, non plus, avec le propinant, que l'amiti ou l'humanit pussent justifier leur conduite, si elle est coupable en ellemme. L'amiti ne peut nous autoriser partager les crimes d'un ami contre la patrie. L'humanit consiste sur-tout aimer !a patrie et faire le bien des hommes, et non sacrifier l'intrt de la socit entire celui d'un particulier; l'humanit dont parle le propinant n'est qu'un sentiment de bienveillance envers un homme, et une vri
tution
({
juger la conduite
Mamtenant, quels sont les principes d'aprs lesquels nous devons de MM. Foucaud et Perrotin. Tout accus a le droit
briser ses fers; le droit naturel le justifie. Ce motif se borne la personne de l'accus. Celui qui lui ouvre sa prison, pour le soustraire la vengeance des loix, est coupable envers la patrie, puisqu'il l'expose tous les dangers de la conspiration qu'elle devoit connatre et punir. Un accus de lze-nation se rfugie dans la maison d'un citoyen. Je crois que l'honneur ou plutt qu'un sentiment imprieux de commisration et d'humanit ne permet pas de le dnoncer et de le remettre entre les mains des tribunaux. Mais s'il va plus loin, s'il prend des mesures pour favoriser ultrieurement son vasion, et pour le soustraire de nouvelles poursuites, il devient rprhensible, et il enfreint les devoirs imprieux imposs tous les citoyens de veiller au salut public autant tout citoyen qui connot une conspiration trame contre qu'il est en lui le salut public, et qui en connot l'auteur, est sans doute oblig de le
de
Le mme principe lui dfend de favoriser sa fuite, et de le mettre hors de la porte des loix. Mais il y a une diffrence sensible entre celui qui a tir des mains de la loi un accus de lze-nation, et
dnoncer.
celui qui, aprs lui avoir donn, dans sa fuite, l'asyle qu'il im.ploroit, prend ensuite des moyens de le mettre en sret. Il peut du moins tre prsum avoir t entran par la suite du mouvem.ent d'humanit, qui 'avoit intress au malheur de celui qui s'toit jette entre .ses bras.
Le
je dsirerois
premier toit infiniment plus grave. Dans les circonstances actuelles, que l'on prt des informations ultrieures, pour dcouvrir
LS DISCOURS DE ROBESPIERRE
si
515
vasion,
MM.
a
Perrotin et
fait
Foucaud ont eu
maisons,
part
la premire
le
en
le
attendant l'intrt
fugitif
mme
leurs
sa sret,
choix que
pour sa retraite, me parossenl des indices suffisans pour autoriser, et mme pour ncessiter leur arrestation jusqu'au rsultat de ces informations.
de
les conclusions de votre Comit des vous ne pouvez pas adopter la forme qu'il vous propose de recourir au roi pour faire ordonner la continuation des informations. L'assemble constituante doit pourvoir directe
Au
que
recherches
inadmissibles
une circonstance dcisive, qui vous dfend de vous reposer ici de ces soins sur les agens du pouvoir excutif, puisque l'un des ministres, celui-l prcisment qui seroit charg de l'excution de nos volonts, le sieur Guignard, est dnonc comme complice du crime de lze-nation, auquel l'objet mme de cette discussion est essentiellement li (5). On suppose encore que le Chtelet sera le Tribunal charg de cette affaire. Mais pouvons-nous nous dissimuler plus longtemps que le Chtelet n'a point obtenu la confiance de la nation, ni justifi la vtre. S'il est permis aux reprsentans de la nation de parler de ce tribunal, ce n'est plus pour lui livrer les destines de la nation, mais pour provoquer les comptes qu'il doit enfin lui rendre de sa tre priv d'un tribunal de lze-nation il vaut mieux encore conduite que d'abandonner le jugem.ent des attentats contre le salut public un tribunal suspect lui-mme, pour ne rien dire de plus, d'une suite de
il
ment Mais
de
la constitution.
Perrotin et Foucaud soient crimes de lze-nation. Je demande que en tat d'arrestation, jusqu' ce qu'il ait t pris des informations ultrieures sur l'vasion et sur l'affaire
MM.
sieur
du
Bonne,
et
que l'assemble
national
s'occupe
incessamment
de
(6).
l'organisation
du
tribunal
dont
la
suivant
moi,
devra
tre
de juger
Gazette nationale ou
le
est la
:
M. Robertspierre. Tout le monde sent trop que le salut public Loi suprme. L'amiti ne consiste pas partager les fautes d'un ami le sentiment de l'humanit n'est pas relatif un seul homme. Quand l'utilit gnrale rend nuisible la Socit un service rendu un individu, ce n'est point un bienfait pour cet individu, c'est une barbarie pour la Socit entire. J'en veux moins aux hommes qui, par un enthousiasme romanesque justifient leur attachement d'anciens
octobre
1790.
516
;.
principes qu'ils ne peuvent abandonner qu' ceux qui couvrent des desseins perfides sous les dehors du patriotisme et de la vertu. Examinons quel est Fe dlit dont il s'agit aujourd'hui un Accus s'chappe et
:
rclame un asyle. Sans doute est-il innocent de s'tre chapp; mais quels sont les devoirs de l'homme auquel il a recours. Le sentiment de l'humanit lui dfend de repousser celui qui s'est jette dans ses bras,
et cet homme est plus prs du vice que de la vertu, s'il dnonce celui qui est venu chercher un asyle dans sa maison. Voyons s'il en [est] de
il s'agit d'un crime de lze-nation tout homme qui cornoit un crime public, qui recle son auteur, qui fait tout ce qui dpend de lui pour le soustraire la vengeance des Loix, ne remplit pas se? devoirs de citoyen. Il compromet le salut de la Patrie. On ne peut dire que cet homme soit exempt de torts il y a donc un tort reprocher MM. Foucault et Barmond; ni l'un ni l'autre n'toient affranchis d'un devoir qui tient la sret de la Patrie. Il y a ici une nuance saisir; le tort seroit plus grave, si l'accus avoit t pris immdiatement dans les mains des loix. Ainsi pour savoir exactement le parti que l'Assemble doit adopter, il est des renseignements ncessaires; il est des indices plus positifs sur la part que MM. Foucault et Barmond peuvent avoir dans cette affaire. On a rpandu un grand mystre sur l'vasion de M. Bonne-Savardin, jusqu'au moment o M. l'Abb Barmond lui a le premier donn un asyle. Il reste un indice rsultant de ce que les premiers hommes qui paroissent dans cette affaire, sont MM. Barmond et Foucaut. Ds qu'il y a un indice, la premire chose est donc d'ordonner que M. Barmond restera en tat d'arrestation. J'examine ensuite les conclusions du Comit des Recherches d'abord, vous ne pouvez recourir au Roi, pour le prier de donner des ordres pour que le Ohtelet informe contre les auteurs, fauteurs et complices de l'vasion de M. Bonne-Savardin. Les Reprsentans de la Nation ne peuvent, en gnral, se reposer sur les Agens du Pouvoir excutif: l'un des d'ailleurs, il se prsente ici une circonstance imprieuse
: :
:
mme quand
par lequel les ordres du Roi seroient excuts, est M. Guignard, impliqu lui-imme dans l'affaire de M. Bonne-Savardin. L'interrogatoire propos, est une mesure peu convenable. Qui interroMinistres,
celui
gera ? Sur quels faits interrogera-t-on ? Il est difficile de rpondre ces questions. J'ajoute qu'il n'est pas possible que vous vous dissimuliez vous-mmes, qu'on vous propose de confier une affaire qui, par ses'
circonstances et ses suites, peut influer puissamment sur la
Chose publi-
que, des hommes, un tribunal qui, jusqu'ici, n'ont pas mrit la confiance publique. Je sais qu'il faut des Tribunaux pour poursuivre les crimes de lse-Nation; mais il vaut mieux n'en avoir pas, que d'en avoir un qui agisse en sens inverse de la Rvolution. Je demande donc
qu'il soit
tation, jusqu' ce
ordonn que M. Perrotin dit Barmond, restera en tat d'arresque vous ayez dcrt qu'il y a lieu accusation, et
517
que l'Assemble Nationale s'occupera incessamment de l'organisation d'un Tribunal National (7).
Assemble nationale (Beaulieu), 24 aot 1790, p. 7-8, Assemble nationale, Commune de Paris (imitation), t. V, n 381,
p. 7.
t.
X,
p.
355.
l'amiti pure,
dicte par un sentiment d'estime pour celui qu'elle honore, ne doit jamais porter celui qui professe ce sentiment, jusqu' partager les fautes de son ami.
a dit
L'amiti,
M.
Robespierre,
L'humanit vritable, celle qui mrite les loges de l'homme public vertueux, ne se borne pas la sensibilit pour un individu, mais elle s'tend sur la chose publique en gnral elle veille sift les intrts de la patrie. M. Foucault devoit savoir que le dlit dont toit accus le sieur Bonne-Savardin, toit un dlit attentoire la tranquilli^ publique, et pour tre humain et religieux envers un homme prvenu, il a t,
et
;
j'ose le dire,
((
de qui le sieur Bonne s'est vad des prisons; on dcouvre seulement qu'il s'est vad; on le voit prs de fuir, et les premiers objets qu'on apperoit, c'est M. Perrotin qui lui donne un asyle, puis c'est M. Foucault qui lui donne encore un asyle, et puis enfin c'est encore M. Perrotin qui lui donne ime place faut en convenir, dans sa voiture pour sortir des terres de France il et c'est un indice il y a dans tout cela un louche qu'il faut claircir; assez frappant, selon moi, pour exiger que provisoirement, M. Perrotin demeure en tat d'arrestation, et que M. Foucault soit interrog. Il est dans le projet de dcret que vous psente votre comit,, une disposition contre laquelle je m'lve, c'est celle qui renvoie l'affaire au chtelet. Messieurs, cette affaire est d'une grande importance; elle ne
Jusqu'ici, on ignore l'aide
:
((
comptence de certains juges, qui, j'ose le dire, du public, et n'ont pas mrit celle dont l'assemble nationale les avoit honors. Je conclus en demandant que M. l'abb de Barmop.d demeure en tat d'arrestation jusqu' nouvel ordre; je demande aussi que l'assemble dcrte qu'elle s'occupera dans ses prochaines sances, de la formation d'une haute cour nationale.
doit pas tre
de
la
Journal
((
M.
retrac
se
Robespierre a dfendu le projet de Dcret du Comit, et a de nouvelles considrations par lesquelles l'Assemble devoit
dterminer.
(7)
Texte reproduit dan? le Moniteur, V, 464, dans Bchez et et dan? les Aroh. pari., XVIII, 234.
518
((
Cfue le
a rp>ondu aux idclamations contre le Comit des RecKerches, public toit la Loi suprme, que la marche d'une rvolution ne devoit pas tre soumise aux Loix qui rglent le cours paisible
salut
la
de
voit
vie
civile
il
a distingu ensuite
la
vritable
humanit, qui ne
indi-
que vives de
l'intrt
la piti,
de
Ce
n'est pas,
a-t-il
dit,
que ces
la
scurit publique quand on donne pendant plusieurs un a*yle un homme prvenu d'un tel crime quand on favorise sa fuite, au point de partir avec lui, les mouvemens de sensibilit ne peuvent plus servir d'excuse. Les soupons de complicit naissent de toutes parts. Un faux a t commis pour tirer M. Bonne-Savardin de prison. Les Auteurs en sont inconnus. Les premiers qui se prsentent sont des personnes, je n'en excepte pas M. Foucault, qui favorisent
;
qui menaceroit celui qui lui demande un dnoncer, seroit plus prs du vice que de la vertu. s'agit d'un crime qui intresse une Nation entire, qui
Un homme
la retraite et la fuite
de l'accus.
Au
il
reste
un indice. Il faut donc poursuivre une telle information. Vous ne pouvez en attendant relcher les prisonniers. Il s'agit d'un crime de lseNation, et ils n'ont que trop provoqu les soupons de complicit
Journal des Etats Gnraux (Le Hodey),
t.
XV,
la date.
la tribune
M. de
Robespierre.
qu'il n'avoit
Il
a parl
en dbutant, est la loi suprme. La voix de l'amiti doit se taire lorsque le salut public est compromis. Une pareille humanit est mal entendue; c'est vouloir sauver l'individu pour perdre le public; c'est tre humain envers un individu pour perdre 25 millions d'hommes. Je passe sous silence les ides romanesques que viennent de dbiter les propinans; mais de quoi s'agit-il ici? D'un accus ou du moins d'un hom.me prvenu de crime de lse-nahon,
salut public, a-t-il dit,
Le
dtenu dans
les prisons
dont
il
trouve le
moyen de
s'vader.
Il
a us
va se rfugier chez un individu quelconque. Sans doute, celui-ci ne pouvoit pas humainement le dnoncer; s'il l'avoit fait, il auroit t plus prs du crime que de !a vertu; mais il y a bien loin de trahir et de dnoncer un homme prvenu du crime de lse-nation, se prter tous les manges propres le soustraire l'information publique. Or, M. de Barmond a fait tout ce qui toit en lui f>our le soustraire cette information en cela il est plus coupable qu'un autre individu, puisqu'il est magistrat et dput de l'assemble nationale. Ces excuses fondes sur l'amiti et l'humanit deviennent
droit inhrent
Il
:
du
l'homme.
519
absolument nulles. Il faut savoir si M. die Barmond, que l'on a trouv de Bonne Savardin, n'est point participe de son vasion. Au milieu de tous ces indices, on croit toucher au doigt la preuve qu'il y a particip; mais dans cette affaire, vous ne pouvez pas oublier tout ce qui s'est pass. Vous ne devez point renvoyer au Chtelet, tribunal qui n'a point du tout pour lui l'opinion publique, une affaire de cette nature. Le public vous dira avec moi qu'il jugera en raison inverse de la rvolution. Il a conclu en consquence laisser M. l'abb en tat d'arrestation, jusques l'organisation des nouveaux tribunaux.
saisi
Assemble nationale
t.
VII, n 384, p.
6.
rpondre aux moyens de justification proposs par M. Foucault; puis discutant le fond de l'affaire: Si l'on ne sait point encore l'aide de qui le sieur Bonne s'e.st vad des prisons, le premier objet qu'on aperoit, c'est M. l'abb Perrotin, qui lui donne un asyle, ensuite, c'est M. Foucault qui l'accueille et M. l'abb Perrotin va l'y voir; le sieur Bonne retourne chez M. l'abb Perrotin, et c'est sa belle-sur qui vient le chercher; enfin, c'est M. l'abb Perrotin qui l'emmne dans sa voiture et le fait passer, dans ses passe-ports, pour son domestique. Il faut en convenir, il y a un
s'est attach
M. Robespierre
louche qu'il faut claircir; c'est un indice assez frappant, selon moi, pour exiger que provisoirement M. l'abb Perrotin demeurera en tat d'arrestation, et que M. Foucault soit interrog. M. Robespierre a attaqu le projet de dcret du comit, en ce qu'il charge le pouvoir excutif de faire informer, ce qui n'est nullement ncessaire, puisqu'il y a dj une dnonciation, et en ce qu'il renvoie au Chtelet la connoissance de cette affaire. Il a demand que l'assemble s'occupt, dans ses prochaines sances, de la formation
d'une haute
cour
nationale,
et
qu'en attendant,
))
M.
l'abb
Perrotin
p.
26.
M. Bouchotte a le premier paru ensuite la Tribune pour dfendre M. l'abb de Barmond, et pour conclure son largissement provisoire. Ce n'toit pas l'opinion de M. Roberspierre, qui a crou
le
prisonnier.
et
Il
ncessit
du
salut
loi
suprme de
inventeurs
la
les
de
l'Inquisition et ceux des Lettres de Cachet, trouvoient aussi que le salut public devoit l'emporter sur les lois. Il ne s'agit plus pour l'application de cet axiome, que de dterminer ce qui constitue le salut public. M. Roberspierre l'a vu dans l'emprisonnement d'un homme, accus du
de Conspiration,
et en consquence,
il
520
((
En adoptant le Dcret du Comit, M. Roberspierre, en a cependant retranch la prire au Roi de faire ordonner les informations, parce que, a-t-il dit, l'un des Agens du pouvoir excutif est impliqu. Quant
au Chtelet,
il
M.
Roberspierre
ses amis).
Il
agit
fureur
de
parti
lui
))
dnoncent).
Il
en sens inverse de
que
l'ivresse
Cour-Nationale.
Annales patriotiques
et littraires, n
326, p. 309.
loi
M.
Robertspierre, est la
la
loi,
suprme
dro-
c'est participer
ses torts.
Le
un commissaire du chtelet; il toit donc entre les mains d'un tribunal, et non du pouvoir arbitraire. Au surplus, on ne peut confrer la suite de l'affaire au pouvoir excutif puisqu'un de ses ageiis, M. Guignard, est formellement engag dans l'accusation et il est peut-tre encore moins sr de l'envoyer au tribunal du chtelet; que l'opinion publique a dclar si peu digne de la confiance de l'Assemble. L'opinant conclut ce qu'il soit dcrt que M. Perrotin demeure en tat d'arrestation, jusqu' ce que l'As-seinble ait prononc qu'il y a lieu inculpation, et que le comit de constitution ait propos les mesures d'information des crimes de lze-nation.
avoit t interrog par
!i
Bonne
Courier de Provence,
{(
t.
X,
p. 4.
M.
Roberspierre pensoit,
avec raison
aussi,
que
la
libert
ne
M.
Perrotin.
disoit-il,
On
le
prison-
nier; le premier
homme
M.
ait
Perrotin. Voil un indice contre lui et, jusqu' dcouvert qui a favoris cette vasion, jusqu' ce qu'on
il
ce
ait
qu'op
clairci
cette affaire,
faut le dtenir.
M.
Robertspierre succde
la
tribune,
et parle
long-temps en
de ces Comits de Recherches, odieux en eux-mmes, mais dont il voit dpendre le salut de l'Etat. Cette humanit de Barmond et Foucault, n'est pour lui que foiblesse et mme barbarie envers la Socit. Quoiqu'il soit trs facile qu'on soit touch du sort d'un
faveur
MM
homme
fugitif,
mme,
il
croit
voir les
soupons lgitimes natre de toutes parts, de ces prcautions prises pour la sret du fugitif; il conclut, comme le Comit, contre M. de Bar-
mond.
t.
Journal universel,
VI,
p.
2194.
la
M.
Bouchotte a demand
libert provisoire
de M. de Bar-
521
et ensuite M. Robespierre a insist sur la nomination et installad'un tribunal plus digne que le Chtelet de juger les crimes de haute-trahison bravo, mon cher Robespierre je suis c,bsolument de votre avis et je conclus comme vous ce que l'abb de Barmond reste en tat d'arrestation.
mond
tion
Le
Patriote Franois,
t.
III,
n**
381, p.
1.
Robespierre a prouv que la libert provisoire ne pouvoit tre accorde M. Perrotin, convaincu de son droit d'inviolabilit, pour soustraire la justice un homme prvenu d'un crime de lse-nation.
Courrier extraordinaire,
yer
M.
24 aot 1790,
si
p.
6.
M.
et
Roberspierre. Examinons
l'action
commise par
dlit.
MM.
rotin
comme un
Un
Peraccus se
sauve de sa prison
le
sa-
et se rfugie dans la maison du citoyen; l'honneur, sentiment de l'humanit lui dfendent de trahir celui qui lui donne,
de rprhensible
cri-
mme
citoyen pourvoie
du prisonnier
vad,
il
expose sa patrie
devenir
vue, l'action
de
MM.
demande
que
M.
d'arrestation.
>)
Journal de
((
Il,
MM.
pro-
monde, que M. de Barmond devoit demeurer en tat d'arrestation, jusqu' ce que le Chtelet et prononc. Ce dernier a prsent une motion qui ordonnoit ce tribunal de poursuivre et de continuer la dtention de M. de Barmond.
jet
1074.
{( M. Robertspierre n'aurait pas voulu que l'affaire ft renvoy-e au Chtelet; tribunal, dit-il, qui n'a point la confiance publique, et qui
de
la rvolution.
t.
III,
Robespierre a pris la parole, c'est dire assez que cet honoa laborieusement plaid, non pas pour faire sentir l'humanit et la noblesse des procds de MM. Foucault et Barmond, mais au contraire pour les faire dclarer coupables et criminels.
rable
M-
membre
522
169.
SEANCE DU
25
AOUT
1790
Sur l'incompatilit des fonctions de prtres AVEC celles de JUGES Le 25 aot, Thoure^ prsente un article additiojinel ceux dcrts par l'Assemble nationale, sur l'organisation de la justice, i/elatif l'incompatibilit des fonctions de prtres avec celles de juges. Buzot, puio Robespierre soutiennent cet article (1). Aiprs un court dbat, il fut dcrt en ces termes Les eoclsiastiques ne pourront tre lus aux places de juges, dont les fonctions sont dclares incompatibles avec leur mi:
c(
nistre.
t.
Point du Jour,
M.
mme
/^inion d'une
Je crois aussi qu'il faut exclure les ecclsiastiques des tribumais cette exclusion doit tre fonde sur un principe vrai et constitutionnel. Or, le motif par lequel on l'a justifi jusques ici, ne l'est pas. Le vritable motif ne peut pas tre le danger de l'influence des ecclsiastiques. Dans toute constitution sage et libre, il ne peut pas laisser une classe de citoyens ou de fonctionnaires publics, redou
naux
et,
si
l'tat
quence ncessaire
seroit qu'il
mer son
que les ecclsiastiques ne soient plus que des citoyens. Quelle est donc la raison constitutionnelle qui doit nous dterminer les exclure des fonctions judiciaires ? Ce n'est po'nt une
esprit,
et faire
ccmmvne
tous
que
les fonctions
publiques
On ne doit point en runir plusieurs, dans les parce que celui qui est charg par la socit de quelque emploi doit avoir tout le temps et toute la libert ncessaire pour s'y livrer tout entier; 2 parce qu'un citoyen qui runiroit plusieurs fonctions publiques, seroit trop puissant et trop redoutable !a libert
doivent tre spares.
mmes mains
publique; je
tionnel, et
demande que l'on consacre ce principe comme constituque l'exclusion que l'on propose ici contre les ecclsiastiques,
mme,
ce principe
t.
))
(2).
X,
p.
371.
voulu ramener les ecclsiastiques leur tat primitif, c'est--dire, celui de simples fonctionnaires, char:
M. Robesplere
Vous avez
(1) Cf.
E.
Hamel,
I,
303.
(2)
les
523
culte il est vident que vous vous vous refusiez d'adopter l'article du comit. Rappellez-vous, Messieurs, que le clerg n'est devenu dangereux, et n'a presque command sa distinction, que parce que ses
du de vos
ministre
du
si
principes,
membres
la
toient
devenus
la
plus
que
prtres.
L'exprience,
la
raison
nation
senti
l'article
soit
adopt.
M.
M.
Robespiere, et dvelopp
en sa faveur
mmes
motifs.
Courrier extraordinaire,
((
26 aot 1790,
p. 2.
Roberspierre a refut cette opinion. Il a dit que l'influence que les ecclsiastiques pouvoient avoir sur le peuple n'toit pas une raison de les loigner; mais qu'il tait inconstitutionnel de donner un
fonctionnaire public deux charges remplir. 11 a demand une exception pour les ecclsiastiques qui n'toient chargs d'aucune fonction publique, et a dit qu'aucune loi constitutionnelle n'excluoit les ecclsiasti-
M.
11
derniers,
une
Le
174, p. 3.
Robespierre a combattu cette opipion, en disant que les ecclsiastiques, citoyens comme les autres, ne pouvoient tre exclus des fonctions de juges, qu'autant qu'ils auroient un autre emploi public, et il a demand une exception pour ceux qui ne remplissoient aucune autre fonction publique, mais la question pralable demande et mise aux voix, il a t dcrt qu'il n'y avoit pas lieu dlibrer, et l'article
M.
a t dcrt.
III,
Le
Patriote Franois,
((
t.
383, p. 2.
Buzot et Robespierre ont parl en faveur de l'article propos, ainsi que M. Thouret, qui a dit que le comit s'toit fond sur l'intention oij toit l'assemble nationale, de ramener le clerg la
primitive discipline
MM.
de
l'glise
(3).
t.
XV,
la date.
aucun motif particulier, a repris M. de Robespierre, qui a exclu les ecclsiastiques; mais un motif gnral, qui est que les fonctionnaires publics ne doivent pas cumuler les places,
Ce
n'est
))
(3) Jlobespierre,
met
une
opinion
semblable
dans
la
du
juin
1789.
524
170.
SEANCE DU
25
AOUT
ble
comit diplomatique, Mirabeau prsente l'Assemun rapport sur les relations de la Fnance et de l'Espagne (1), et propose le dcret suivant: continueront Que tous les traits, prcdemment conclus, tre respects par la nation franaise, jusqu'au moment o elle alira revu et modifi ces divers axites, d'aprs le travail qui sera fait cet gard, et les instructions que le roi sera pri de donner ses agents auprs de diffrentes puissances de l'Europe. ...Que le roi sera pri de faire connatre S.'M. Cathoilique que la natian franaise en prenant toutes les mesures propres maintenir la paix, observera les engagements que son gouvernement a contracts avec l'Espagne... L'Assemble, aprs une brve discussion, se rallia la proposition de Robespierre, soutenue par l'iabb Maury, et accepte par Mirabeau: la discussion fut renvoye la sance du lendemain (2).
Au nom du
nationale,
((
Gazette nationale ou
le
Moniteur universel,
r\
238, p. 984.
M. Robertspierre. Il n'y a jamais de circonstances assez urgentes pour forcer une Assemble qui dlibre sur l'intrt national dcrter
que
sans avoir approfondi la matire soumise la dlibration. Il est certain celle dont il s'agit maintenant est une des plus importantes qui
puisse
A-t-on bien senti ce que c'est que de coup toutes sortes d'Alliances, de rtablir des Traits que l'Assemble ne connoit pas, qui n'ont jamais t examins ni consentis par la Nation? (3).
jamais
vous occuper.
(1) Il s'agit du Pacte de famille, sign le 15 aot 1761, entre Louis XV et Charles III d'Espagne, en vue de. rsister la puissance anglaise laccrue par les victoires coloniales au cours de la guerre de Sept ans. Il fut ainsi appel car son protagoniste ChoifePul insistait sur la ncessit de resserrer par des alliances politiques les liens familiaux existant entre le? membres de la maison de Bourbon. Par cet acte, les deux signataires s'engageaient traiter en ennemie personnelle toute puissance qui dclarerait la guerre l'une d'elles, et se garantissaient rciproquement leurs possessions dans toutes les parties du monde. La mme garantie t>ait accorde au roi des Deux-'Siciles et au duc de Parme, issus de la maison de Bourbon, charge de rciprocit. Le trait fixait aussi les contingents fournir par l'un et l'autre contractant. C'est en vertu du Pacte de famille que l'Espagne participa aux cts de la France la guerre de l'indpendance amricaine et qu'elle rclama son appui lors de l'affaire de Nootka (ci-dessus, p. 356). E. Hamel, I, 303. (2) Cf reproduit dans le Moniteur, V, 483, et dans les (3) Texte Arch. pari., XVIII, 267
525
Le
Point du Jour,
((
t.
Robespierre, de son ct, a demand le temps ncessaire pour approfondir cette question Il n'y a jamais de circonstance assez pressante, a-t-il dit, pour une assemble dlibrante, de statuer sur un objet sans l'avoir discut. Celui-ci est un des plus importans par ses grands rapports, et par les
:
M.
circonstances actuelles.
Comment
traits
qu'elle ne connot pas, et qui n'ont t faits que pour les ministres?
4, p. 8.
M.
dans une
aussi
importante.
Il
prsente notre
situation
actuelle
comme
la plus
il
critique
rvolution;
faut
o nous nous soyons encore trouvs depuis la un mr examen avant de confirmer les dispositions
))
qui ont t faites par des ministres qui ne furent jamais guids par les
intrts
des nations.
t.
X,
p. 377.
M.
Robespiere.
On
champ une
mon
svre discussion.
rflchir,
Comment pouvez-vous, Messieurs, adopter, sans y un dcret dont une des dispositions principales est de vous faire sanctionner tous les traits conclus par le despotisme franois avec le despotisme des autres nations ? Je demande l'ajournement du projet
de dcret.
Journal de
((
Versailles,
t.
Il,
88, p.
368.
Une
ment ont
tant
il
MM.
Maury
et Rc^bertspierre,
est vrai
que
les
deux extrmes
t.
Courier de Provence,
11
X,
p. 37.
mation de
M.
Robertspierre, l'assentiment
l'an.
mme de
45.
l'auteur
du
rapport,
de M. Mirabeau
1790, p.
M.
Roberspierre
s'est
lev contre
cette prcipitation
confir-
non
consentis
pai
la
p.
4.
qui
))
ajouruf'
526
171.
SEANCE DU 26 AOUT
1790
(suite)
La disicussion reprend sur le projet de dcret prseut par Mirabeau, au nom du comit diplomatique. Aprs diverses interventions, Charles Lameth demande si le comit a reu du ministre une opinion motive et signe, afin que les responsabilits puissent tre rigoueuseraent tablies. Frteau de Saint-Just lui rpond au
comit diplomatique. rappelle que, d'ordre du roi, Montmorin, ministre des affaires trangres, a adress le P'" aot une lettre l'Assemble nationale, dlfcant que la prudence et la dignit de la nation exigeait l'augmentation des armements en proportion de ceux des autres puissances, que le roi d'Espagne demandoit que la France s'expliqut sur l'exeution des traits; le roi invitait l'Assemble nommer oin comit pour confrer avec le ministre sur ces deux objets, les armements indispensables, la rponse faire la cour de Madrid. Le 10, le ministre provoiqua une nouvelle confrence avec les comits, qui l'ont entendu trois fois depuis cette date; le comit diplomatique n'a agi que d'aprs la mission lui confie par l'Assemble, et formelleiment provoque par le roi. Aprs les explications de Frteau, une partie de l'Assemble demande aller aux voix, liobespierre reprsente que la discussion doit tre continue. L'Assemble ferma la discussion. Le dcret prsent le 25 aot par Mirabeau, fut adopt sou;^ une rdaction modifie (1).
11
nom du
Gazette nationale ou
((
le
M.
moment
Robertspierre. J'ai l'honneur de vous reprsenter que jusqu'au o ces pices vous ont t rappelles par M. Frteau, l'Assemla discussion.
la part
(2),
Ce
seroit
48.
M.
de M. de Mirabeau;
Journal des Dbats,
t.
Robespierre a tent de nouveaux efforts contre la motion n'a pas mme obtenu la parole. il
Il,
p. 5.
Robespierre vouloit parler, M. Martineau a demand que appuy M. Robespierre l'a la discussion ft ferme, M. Gouttes s'tonnoit que l'on voult fermer la discussion, parce que la lecture
M.
des pices
sur lesquelles
il
))
adopt unanimement, et au milieu (1) Cf. Texte du dcret des applaudissemens des galeries et des tribunes , dans le Point du Jour (t. XIII, n^ 410, p. 313). (2) Texte reproduit dans le Moniteur, et dans les Arch. pari.,
XVIII,
292.
t.
527
X,
p. 391.
fois
M.
la tribune;
on dclare
que
la
172.
SEANCE DU 27 AOUT
Sur l'affaire dAvignon
1790
(soir)
Le 23 juillet, l'Assemble avait nomm six commissaires pour enquter sur les troubles d'Avignon, et parmi eux Trondiet et Charles Laimeth. Le 34 aot, Tronchet avait commenc la lecture de son rapport qu'il poursuit la sance du 27 aot au soir. Lameth de-
mande rajournement du
cle
Orange, d'Avignon
dcret propos par Tronchet, dont l'artiprvoit en particulier l'largissement des individus dtenus depuis le 12 juin, comme responsables des troubles
(1).
du projet de dcret fut adopt par l'Assemble, avec im aimendement prsent par Malouet. Les autres articles du projet furent ajourns sur la proposition du comte de Montmorency, dput de la noblesse du bailliage de Montfort-l'Amaury (2).
L'article 3
t.
II,
p.
9-10.
le
M.
Propi-
nant (3) demandt l'ajournemeni pour obtenir de nouveaux claircissements, attendu qu'il n'toit all qu'une seule fois au Comit, et qu'il
l'ordre.
M. Lameth M. Tronchet a
il
a ni
le fait.
Plusieurs
memelle
rpt
son observation,
a combattu l'ajournement.
M.
Robespierre
appuy.
(1) Ci. (2) Cf.
ci-dessus, sance du 10 juillet 1790 (soir). Point du Jour, t. XIII, n" 412 ,p. 348-49, mais
il
ne cite
pas
173.
SEANCE DU
31
AOUT
(1)
1790
des secrtaires donne lecture l'Assemble U'ationale, de doux lettres: par la premire, La Tour-du-Pin, ministre de la gurie, annonce qu'il transmet l'Assemble, une lettre de Bouille,
(1)
Un
Arch. nat.,
17:70)
:
D XXIX
bis,
18,
d.
197,
p.
1-21
(septembre-oc-
tobre
pices utilises par Sillery, dput de la noblesse du bailliage de Reims, pour la rdaction de son raipport; d. 198, p. 1-35
528
leiivoye
par un courrier extraordinaire (2). Ce dernier relate la mutinerie survenue dans trois des rgiments placs bous son commiandement, fait part des mesures militaires qu'il a prises pour la rduire, et des craintes qu'il prouve, que des municipalits ne iui oppoisent quelque rsistance. Il propose ,en consquence que l'Assemble dlgue deux dputs auprs de lui. Plusieurs membries, la suite d'Alexandre Lameth, demandent le renvoi des pices aux comits. Le comte de Custine, dput de la noblesse du bailliage de Metz, dclare qu'il n'est question que de se prononcer sur la proposition de Bouille, et qu'il n'est pas ncessaire pour cela d'avoir l'avis des comits. Eobespierre s'y oppose et demande que soient entendus des dputs de la garde nationale, prsents Paris. Aprs diverses interventions, la proposition est reprise par Mirabeau, et l'Assemble dcide d'entendre les dputs de la garde nationale de Nancy.
Gazette nationale ou
le
p.
1008.
M,
Robertspierre.
piter
plus scrupuleuse.
'attention la faut examiner les faits avec, il Pour bien approfondir la cause de ces venemens, vous faudra d'autres renseignements que les rapports des Ministres, il j'ose mme le dire, que l'avis de vos Comits. Il y a ici des Dputs de la Garde Nationale de Nancy. Je demande qu'ils soient entendus (3),
votre dlibration;
t.
XV,
p.
156.
en moi, a ajout M. de Robespierre, toute prcipitation. Vous ne pouvez trop approfondir les causes, si vous ne voulez pas tout perdre. Il y a ici un dput de la Je m'oppose, autant qu'il
est
pices utilises par Sillery pour la rdac1 p. (20 juillet-31 aot 1790): procsverbaux de la municipalit de Nancy relatifs aux insurrections arri-
(septembre-octobre 1790)
199,
les rgiments du roi; d. 200, p. 1-33 (aot-septembre H. Choppin. Insurrections militaires en 1790 (1903) L. Hartmann. Les officiers de l'arme royale et la Rvolution (1910); L. de La Tour Ohilly, Le premier ministre constitutionnel de la Guerre du Pin (1909); G. Bourdea.u, L'affaire de Nancy (Annales de l'Est, t. XII); E. Hamel, I, 310-311; L. Blanc, op.cit., t.V, liv.V, ch. II. Le mouvement qui sovilevait les soldats de la garnison de Nancy contre leurs officiers avait pour origine la vrification des masses. Ds le 6 aot, l'Assemble avait dcrt que le roi nommerait .les inspecteurs pour apurer les comptes des rgiments. L'envoi d'un Malseigne, exaspra les soldats au lieu de les calmer, et officier 28 clata une sanglante collision entre le dtachement de cara,;e commandait et les soldats du rgiment suisse de Chaqu'il biniers teauvieux dont plusieurs furent emprisonns. (2) Lettre de Bouille La Tour du Pin, du 29 aot 1790 (Cf.
ves dans
1790).
V,
27
dans
les
Arch.
131.
Il
529
demande
L'Ami du M.
tout,
Roberspierre, le premier des opposans, a demand qu'avant on entendt deux dputs de la garde nationale de Nanci.
)^
Le
Point du Jour.
t.
M.
dputs de
la
ville
de
Nancy
fussent entendus.
Journal de Paris,
((
M. de
si
dlicate,
et
il
insista
statuer
on admt la barre et l'on entendt deux Dputs de Nationale de Nancy qui demandoient audience.
t.
Garde
XI, n 41
p. 3.
Robespierre s'est oppos cette mesure; il a pens que l'on ne pouvoit dcider sur la question propose d'aprs une lettre de M. Bouille, et des rapports de Ministres. Il a demand que pralablement toute dcision, on entendt toutes les Parties, et sur-toat, puisqu'il y avoit Paris une Dputation de la Garde Nationale de Nancy.
Gazette nationale ou Extrait...,
((
t.
XI,
p. 9.
M. Robespiere
prcipite; et je
Je m'oppose au contraire toute dlibration pense que pour ne pas prendre de fausses mesures, il
:
ne
suffit
pas d'entendre, ni
les ministres,
ni
mme
s'il est
La garde
il
demande
qu'ils soient
faut
Deuxime
interoention
Aprs l'audition des deux dputs de la garde nationale de Nancy, qui les honneurs de la sance sont dcerns (4), la discussion se poursuit sur le projet de dcret prsent, au nom du comit militaire, par Emmery, dput du tiers tat du bailliage de Metz (5) aprs avoir entendu la lecture de la L'Assemble nationale, lettre de M. Bouille, adresse au ministre de la guerre, aprs avoir aussi entendu le rapport du corait militaire, dclare 1 que sa confiance est entire dans les sages mesures prises par le roi
: :
(4) Cf.
dhomrae)
E. Hiamel, I, 312. Il cite les Rvolutions de Paris (Prun" 60, p. 377. (6) Cf. Actes C. de P., l' srie, VII, 158, note 1.
(b) Cf.
<oui:si'u;uiu;
530
liour le rtablissement de la iiaix dans la ville de Nancy; 2" qu'elle .-ipprouve tout ce qu'a fait et fera, conformment aux ordres du roi, le gnral, M. Bouille, en excution des dcrets de l'Assemble nationale ; 3 que les personnes qui se joindront aux soldats rebelles, seront comme euXj dans le cas d'tre poursuivis par la force
larme, dcrte
triatifs
que le roi sera pri d'ordonner aux corps adminisdu dpartement, de donner M. BouiLl, tous les secours qu'il jugera ncessaires au rtablifi&enjent de la paix Nancy. Aprs une longue discussion, au cours de laquelle Robespierre intervient (6), le projet de dcret d'Emmery est abandonn. L'Assemble se rallia une motion de Barnave elle dcida presque l'unanimit, qu'une proclamation serait faite, exhortant au reto'ur l'ordre, annonant la punition des coupables, de quelque giade qu'ils fusisent et plaant, en attendant la dcision, tous les soldats et les* citoyens sous Ja sauvegarde de la nation. Cette proclamation sera porte par deux commissaires dont le patriotisme Koit connu, et qui auront la force militaire leur rquisition .
:
Le
Point du Jour, t. XII, n" 416, p. 41 1 413. Gazette nationale ou le Moniteur universel, n 244, p.
((
1009.
M.
Robertspierre.
Tous
il
les
Opmans
s'agissoit ici
du
salut public,
de
il
on peut donc examiner sans passion, les moyens prendre. On doit d'alx>rd rechercher l'origine des insurrections; car c'est de l que dpend l'efficacit des moyens qu'on emploiera. Je prsenterai, d'aprs cette rgle, le projet de Dcret de M. Emmery ce Dcret consiste approuver les mesures prises par le Roi et par le Gnral pour dployer la force militaire contre les Soldats. Il se peut que ce parti soit excella
paix
et le respect
pour
la loi
faut
donc
examiner
mrement
lent; mais
il
public.
les
M.
Bouille sont
plus sages,
n'ai
rien
dire;
si
du salut de la Constitution, songez que c'est entre les mains des Ministres que reposera le bonheur public. Mais d'aprs les faits qui vous ont t dnoncs, ne voyez-vous pas que les Officiers ont cherch sduire les Troupes ? Et c'est contre ces Soldats tromps, contre ces Soldats dont le patriotisme a fait l'erreur, qu'on veut envoyer arrivera peut-tre qt^e vous verrez d'un ct tous II d'autres Soldats les Soldats patriotes, et dans l'arme de M. Bouille, tous ceux que le despotisme et l'aristocratie auroient soudoys. L'Officier Gnral qu'on emploie vous dit lui-mme, qu'on le regarde comme l'ennemi de la Chose Publique. Je vous demande d'aprs cela seul, si l'on n'es^ pas coupable de l'avoir choisi. On vous garantit son patriotisme, et long-tems il a refus de remplir un devoir de Citoyen. Pourquoi ne douteroit-on pas de la sincrit de son repentir ? Il n'y a pas de garantie individuelle du caractre moral d'un Homme, quand il s'agit du salut public. Il ne faut pas seulement fixer votre attention sur la garnison de Nancy, il faut d'un seul coup
qu'il s'agit
!
((
531
d'll envisager la totalit de l'Arme. On ne sauroit se le dissimuler, les ennemis de l'Etat ont voulu la dissoudre, c'est l leur but. On a cherch dgoter les bons Soldats; on a distribu des cartouches
jaunes (7) on a voulu aigrir les Troupes pour les forcer l'insurrection, faire rendre un Dcret et en abuser, en leur persuadant qu'il est l'ouvrage de leurs ennemis. Il n'est pas ncessaire d'un plus long dvelop;
Il
faut prendre le
moyen
l'Assemble Nationale, toujours attache au bien public et la Libert, ne veut punir les Soldats, que quand il sera bien prouv qu'ils sont mus par un esprit d'insubordination, d'insurrection et d'indiscipline, et que les coupables prouveront un juste chtiment, soit qu'ils commandent, soit qu'ils obissent. Quand ce qui regarde la ville de Nancy, je demande que quatre Dputs de ''.Assemble Nationale y soient envoys, avec la mission expresse de vrifier les faits, notamment ceux qui ont t raconts par les Dputs de la Garde Nationale, et de suspendre, ou du moins de diriger toutes les mesures militaires. Sur leur rapport, l'Assemble Nationale prononcera (8).
))
t.
XI,
p.
11.
comme pouvant
du Dcret, M. Robespierre l'a regard renfermer des mesures excellentes, mais comme poulecture
du Dcret dpendoit
par
de deux hypothses,
seroient
tre
celle
o
la
les
dispositions prises
M.
Bouille
sages,
et
celle
Il
souponne.
a craint
que
Dcret de
M. Emmery
ne remt,
de l'Etat et la Rvolution entre les mains du Gnral nomm par le Roi et du Ministre. La chane des causes qui ont amen l'insurrection de Nancy, ne lui a pas
cela paroissoit vident, la Destine
comme
sembl
tion
indiffrentes
il
connotre;
lui
et
revenant
c'toit
de
Bouille,
a paru
que
de
l'avoir choisi.
Je vous prie, lui a dit M. de Faucigny (9), de vous rserver davantage sur le compte de M. Bouille, et je demande que M. Robes-
M.
Nancy pour
Robespierre a conclu ce que quatre Dputs fussent envoys vrifier les faits, et particulirement ceux noncs par les
jaunes.
Cf.
ci-dessous,
sance du
;
11
dcembre
pari.,
dans les Arch. Texte reproduit dans le Moniteur, V. 530 XVIIT, 433, et dans Bchez et Roux, VII, 141-H2. Lucinge, de Faucigny de dput de la noblesse du Comte' (9) bailliage de Bourg-en-Brese.
532
Dputs de
la
outre
de
))
septembre, p. 8.
p. 8,
Assemble nationale, Commune de Paris (imitation), t. V, n" 389, Assemble nationale et Commune de Paris (Perlet), t. Vil, n 892, Assemble nationale (Beaulieu), t. 111, n" 406, p. 8.
p. 8.
((MMperdre
la constitution.
de M. de Bouille
le dsignoit
comme un
si
con-
cette seule
l'on
ne
M. de
Robertspierre
demandoit que quatre membres de l'assemble nationale fussent envoys mouvemens de la force militaire, aprs qu'on auroit puis tous les moyens de conciliation.
t.
XV,
p.
154.
M. de
le projet
du Comit. Aprs
M. de
n'a pas craint d'annoncer que le projet du Q>mit toit le signal de la guerre civile. Il est certain que malgr les exagrations o se laisse quelquefois aller M. Robespierre, on ne peut gure le blmer quand il
doute de l'attachement la rvolution dans un homme qui s'est distingu par un refus opinitre de prter le serment civique. Que l'on vante tant que l'on voudra les talens militaires de M. de Bouille, il est certain que beaucoup de citoyens ne le croyent point attach la rvolution actuelle ;
l'opinion publique n'est point pour
ignorer.
Ils
lui
les
ministres
ne
le
pouvoient
de
le
nommer;
donc
coupable; mais au reste, elle est conforme leurs vues. 11 est incroyable que parmi les dnonciations multiplies d'insurrections des rgimens on ait toujours t la cause, et qu'aucun officier n'ait t inculp
Journal de Versailles,
t.
II,
11 vouloit qu'on remontt la source des troubles qu'on vt de quel ct toient les torts comme si on pouvoit juger entre des soldats rebelles et des officiers soumis tant
M.
que
fier
les premiers auront les armes la main, comme si rien pouvoit justides violences exerces sur leurs chefs. Il a fini par proposer d'envoyer quatre membres de l'assemble pour ramener les soldats l'ordre et
la
subordination.
))
et
de Brabant,
t.
p.
75.
crioit-on.
du rgiment,
On
les peint
comme des
On
reprsente
533
le les
promener
en feu; on assure qu'ils veulent nommer un chef, qu'ils doivent l'aide de ces faits controuvs, sur un char de triomphe. noirs, les ministriels surprennent le fatal dcret du 16 (10), dont
Robespierre,
le
I,
mon
n 94, p. 2.
pas craint de les accuser d'tre les auteurs de l'insurrection de Nanci. Ne faut-il pas avoir un grand courage pour
taxer les seigneurs de faire mettre de gaiet de cur le feu leurs chteaux, et les nobles d'exciter les soldats verser le sang de leurs officiers, pour le seul plaisir de causer des troubles ? Ce seroit, certes,
Robespierre et Barnave, qui ne demandent que la guerre mlanger le sang franais, ont propos d'annoncer, par une proclamation, que l'Assemble nationale examinera, sans distinction de rang, les torts respectifs, et de faire partir des commissaires bien choisis, pour tout concilier.
((
MM.
civile et veulent
19.
Heureusement, MM. Biauzat, Roberspierre, et beaucoup d'autres ont dvelopp des principes plus humains. Ils ont combattu cette rigueur excessive et dangereuse dont on vouloit s'armer contre des
Soldats aigris par l'injustice, dont le patriotisme a caus l'erreur, et qui
chrissent leur Patrie autant qu'ils l'affligent.
Courier Franais,
t.
VII,
p. 7.
fait perdre une bonne demiheure nous entretenir de la rvolution, du peuple, et des ennemis de l'Etat; et il nous a propos, aprs nous avoir fait un portrait peu flatt
de
M. de
de nommer deux membres de l'Assemble nationale, oprations militaires de ce gnral. M. Barnave a tout autrement de mthode et de nettet dans
Bouille,
les
1*""
M.
;
Ministre
Robertspierre n'a confiance ni ce Gnral (Bouille), ni au il opine au dpart de quatre Membres qui vrifieront les faits
et dirigeront
ou suspendront
(Marat),
t.
les
mesures hostiles.
210.
L'Ami du Peuple
III, p.
cris patriotiques
de Robespierre, de Biosas
(sic).
(10) Le dcre't du 16 aot autorisait poursuivre comme coupable du crime de lze-nation tout soldat ayant pris part la rbellion et qui, dans les 24 heures, n'aurait pas confess ses torts.
534
de
Salles,
de Barnave,
les
dus...
Le
et
Rviseur Moniteur, n
55.
Le
Barnave;
Biauzat, Gouttes, Robespierre ont propos d'employer les voies de douceur avant de
MM.
recourir la force.
Le
MM.
La
sivement
la ncessit
et conciliatoires,
la
guerre civile.
565-566.
tel
MM.
acte
de
174.
SEANCE DU
l^--
SEPTEMBRE
1790
Au nom du
dput de
la c;ue les villes
comit de constitution, Pinteville, baron de Cernon, noblesse du bailliage de Chlons-sur-Marne, expose de Saint-Denis et de Bourg-la-Eeine, districts du d-
partement de Paris,
L'Assemble
nationale avait dcid le 20 juillet, qu'il y aurait un tribunal par district (dcret du 16 aot 1790). Mais elle avait, par son dcret du aot, aidopt une organisation judiciaire particulire po'ur le ii dpartement de Paris. L'article 3 de ce dcret prvoyait la cration, pour la ville et le, dpartement de Paris, de six tribunaux, (cdont les arrondissements seront dtermins . Robespierre intervient, soutenu par Voidel. Mais l'Assemble donne la majorit un amendement de Camus qui stipule que le sige des tribunaux de districts sera fix d'aprs l'importance des cantons qu'ils englobent dans leur circonscription.
Gazette nationale ou le Moniteur universel, n 245, p. Gazette nationale ou Extrait..., t. XI, p. 17.
((
1013.
M. Robertspierre. Rien ne s'oppose la Ptition de la Ville de Saint-Denis et du Bourg-la-Reine, elle est autorise par le Dcret du 16 aot, qui dit qu'il y aura un Tribunal dans chaque District; et par celui du 25, sur l'organisation judiciaire du Dpartement de Paris, qui
ne
fait
Le
M.
Robespierre
se rappeller qu'elle
535
a dcrt qu'il seroit plac un tribunal dans chaque District, ainsi elle a dcrt qu'il y auroit un tribunal dans le District de Saint-Denis, et un autre dans celui de Bourg-la-Reine.
Le
Point du Jour,
t.
Robespierre a propos pour amendement de placer un tribunal dans chacun des districts de Saint-Denis et de Bourg-la-Reine, et de ne pas renfermer les enclaves des districts extrieurs dans les tribunaux
M.
de
Paris.
))
Courier de
((
MaJon,
t.
V,
n^ 5, p. 4.
M.
ces
districts.
Le
de
[Saint-iDenis
capitale]
demande
Ce
MM.
Robespierre et Voydel.
175.
SEANCE DU 3 SEPTEMBRE
Sur l'affaire de Nancy
(suite)
1790
L'un des secrtaires fait lecture d'une lettre de Lta Tour du Pin, ministre de la guerre il transmict l'Assemble nationale, une lettre de Bouille et une du directoire du dpartement de la Meurthe. qui rendent compte de la manire dont l'ordre a t rtabli
:
Nancy
(1).
Aprs plusieurs interventions, l'Assemble dcide d'aller aux voix, sur une motion de Mirabeau. Robespierre tente en vain d'obtenir la parole. Le projet de dcret prsent par Mirabeau fut adopt presque l'unanimit: L'Assemble nationale dcrte que le directoire i;lu dpartement de la Meurthe et les municipalits de Nancy et
seront remercis de leur zle. gardes nationales qui ont march sous les ordres de M. Bouille, seront remercies du patriotisme et de la bravoure civique qu'elles ont montr pour le rtablissement de l'ordre Nan^y (2).
<le
Lunville
Que
les
(1) Lettres du roi et du Ministre de la Guerre l'Assemble nationale, 2 septembre 1790. (Cf. Point du Jour, t. XTI, n" 417, 4.31 433). (Rapport de Bouille au Ministre de la Guerre sur la manire dont il a rta-bli l'ordne Nancy (cf. Point du Jour, t. XTIL n 420. p. 474-479). (2) Of. E. Hamel, I, 315. Un certain nombre de soldats du rc'ment de Chteauvieux furent condamns aux galres et ne furent librs que deux ans plus tard.
7'.
536
Que le gnral et les troupes de ligne seront approuvs pour avoir glorieu'sement rempli leur devoir (3). Que les commissaires dont l'envoi a t dcrt, se reJidront a Nancy pour prendre les mesures ncessaires la conservation de la tranquillit et l'instruction exacte des faits qui doivent amener la punition des coupables, de quelque grade qu'ils puissent tre.
t.
15.
M.
il
marque.
tion,
Robespierre vouloit parler, on y a montr l'opposition la plus toit la tribune. Ds que M. Mirabeau a eu fini sa rdacl'a lue. M. Robespierre vouloit parler encore-, des demandes
Il
rptes d'aller
fait
entendre,
et
le
dcret
adopt
M.
On demande
de nouveau
aller
un projet de
Dcret dont
fait
lecture...
M.
Robertspierre
t.
demande
II,
la
parole
(4).
L'Orateur du Peuple,
((
Sommaire du
journal
Le
patriote
Roberstpierre
Il
veut parler
est
arrach
de
la tribune ...
...Le crime a t commis... Alors qu'on dcrta que Bouille remerci pour avoir dsobi au dcret de l'Assemble Nationale, pour avoir enfin fait rpandre le sang qu'il pouvait au moins pargner (car tout son crime n'est pas encore connu), l' incorruptible Robertspierre des membres forcens, encore ivres du sang se leva et voulut parler
serait
:
qui venait de couler, l'arrachrent malgr tous ses efforts de la tribime quel et l'empchrent de dire un seul mot. On redoutait son opinion
:
Et de quel opprobre
s'est couvert
l'Assem-
ble Nationale.
))
UAmi
((
du Peuple (Marat),
t.
III,
n 213, p. 8.
En
la cause de la patrie, indignement imm.ole au pouvoir excutif, par les noirs et les ministriels, on l'a repouss de la tribune, et forc
dfendre
(3)
Bouille,
leries.
(4)
Tandis qu' la Cour on ^aipplaudissait la conduite de la population parisienne exaspre, se porta vers les Tuile
pari.,
les
Arch.
537
19, p. 634.
Huit membres tout au plus, parmi lesquels on a distingu Robespierre, Pethion, Dubois de Crance et Antoine, ont voulu s'lever contre une telle proposition d'lever des autels au commandant de Metz, Bouille qui leur paraissait outrager l'humanit (5).
))
et
et
161.
M. Antoine (6), cet excellent dput de L,orraine, avec Robespierre monts la tribune pour s'opposer cette prcipitation de votes de remerciemens Bouille, ne purent
patriote
l'un
Le
des
trois qui,
une preuve sans rplique que l'expos de Bouille toit si les trois rgimens avoient t rebelles, aids de la fureur des femmes et des enfans, et du courage des gardes nationales Nancienes (sic) et au nombre de dix mille combattans, avec l'avantage de leur position, il toit impossible que la petite arme de Bouille n'et pas t extermine, et son gnral pendu, cela saute aux yeux; et voil ce que vouloient reprsenter MM. Robespierre, Pethion, Reubell et Anthoine, lorsque Beauharnois, Praslin, Prugnon, Emmery et Liancourt, sollicitrent si vivement des actions de grce Bouille, pour le massacre du rgiment de Chateau-vieux.
((
...Enfin,
'
(5) Bouille adressa le 9 septembre une lettre de remercieiments l'Assemble. (6) Anthoine, dput du tiers tat du bailliage de Sarreguemines.
175
bis.
SEANCE
DU
SEPTEMBRE
1790
(soir)
Le dbat sur l'organisation des Archives (nationales avaii comn.enc devant l'Assemble le 4 septembre. Gossin, dput du tiers tat du bailliage de Ear-le-Duc, soutient la suite des articles de on projet. L'art. 9 fixe le traitement annuel de l'archiviste (i.OOO livres ; ce dernier n'est autre que Camus, dput du tiers tat de la ville de Paris. Une discussion s'engage au cours de laquelle Lachaise d'abord, demande que ce traitement soit rduit de moiti, puis un autre membre rappelle une maxime de Camus qui dit que l'honneur seul doit tre la rcompense du bon Citoyen ;>. Kobespierre intervient alors.
538
iL'
l'Archiviste sera de
6. (XX)
livres
le
M. Camus, a dit M. Robesde l'Archiviste. Certainement s'il loit question de M. Camus, nous ne devons pas souponner qu'aucune classe de Citoyens, pas mme la plus indigente, trouvt mauvais qu'un traitement aussi modique ft accord M. Camus. La reconnaissance seule... De nombreux applaudissemens ont achev sa phrase. Quant au traitement, a-t-il continu, nous devons considrer des rgles gnrales et non des intrts particuliers. Or, le dpositaire des titres nationaux mrite autant de faveur, mrite une indemnit aussi considrable pour les soins utiles de cette administration, que tel Administrateur des Fmances, lel Commis du Pouvoir excutif, qui vous accordez 10, 20, 100 mille liv. d'appointemens. Je dem.ande la question pralable sur tous les amendemens. (1)
Il
n'est
point
ici
question de
pierre,
mais de
fixer
le
traitement
(1)
les
648.
176.
SEANCE DU
14
SEPTEMBRE
1790
14 septembre, le marquis de Bouttliillier, dput de la nodu bailliage de Bourges, prsente, au nom du comit militaire, un projet de dcret sur la discirpline force principale des rmes >k Aprs une lgre discussion, onze articles du projet furent vots. L'article 4 tablit des peines diffrentes pour les soldats, pour les caporaux ou brigadiers et les sous-oifficiers, pour
Le
blesse
les officiers.
Courier Franais,
t.
Nous avons
rem.arqu
M. de
Biauzat,
fortement
l'officier;
appuy,
et
comme de
les
raison,
M.
que
sentimens d'honneur
et
l'autre
grade
(1).
(1) Robespierre met une opinion identique propos de la discussion du Code pnal de la Marine (sance du 10 aoiit 1790).
539
1790
(soir)
SEANCE DU
14
SEPTEMBRE
hors de leurs fonctions. L'Assemble, aprs avoir bart plusieurs motions et amendements, adopta l'article suivant (1) Les costumes particuliers de tous les ordres reli XVII. gieux demeurent abolis en consquence, chaque religieux sera libre de se vtir comme bon lui semblera (2).
tiquies
16 septembre
1790, p.
3.
tout
M. Despremesnil vouloit que les religieux fussent affranchis de costume, M. Robespierre demandoit qu'il ft conserv.
')'
Le
Point du Jour,
((
t.
XIV,
n 431, p.
168.
:
Robespierre a pris la parole et a dit opinion est trs dclare sur le costume des ci-devant religieux et des ecclsiastiques en gnral: mais si je crois qu'il doive tre aboli, ce n'est point un motif injurieux et particulier aux eccl
M.
Mon
siastiques, qui me dtermine. 11 suffit que les ecclsiastiques soient maintenant citoyens; il me suffit que la redoutable corporation du clerg soit anantie par la volont gnrale je ne les regarde que comme des citoyens qui ont des droits gaux aux autres citoyens; je crois qu'il seroit injuste et inconsquent de ne les regarder que comme une classe suspecte, et en quelque sorte proscrite. C'et parce qu'aucune espce de fonctionnaires publics ne peut tre distingu (sic) dans la socit par aucun costume particulier, hors de l'exercice de ses fonctions, c'est parce que cet usage favoriseroit l'esprit de corps, l'espri*^ de morgue, et de despotisme, que le costume des ecclsiastiques doit tre supprim
;
de leurs fonctions. Car, dans l'ordre social, les ministres du culte, ne sont que des fonctionnaires publics; ils doivent tre soumis aux
hors
mmes
comme
l'admi-
lui-mme ne port aucun costume, c'est--dire aucune des marques qui annoncent leur autorit, ou leur caractre public,, le prtre ne doit pas jouir seul de ce privilge. Tout ce que l'on pourroit faire en faveur des prjugs que l'empire de l'habitude et des prjugs pourroit justifier, ce seroit de ne pas en faire mais de dcrter seulement actuellement une loi stricte et imprieuse
nistrateur,
juge,
le
lgislateur
(1)
Aux applaudissemens
l'art.
des tribunes
ajoute
le
Point du
Jour.
(2)
C'est
22
du projet du Comit.
540
que
de
(3).
les
Arch. pari.,
XVIH,
756.
178.
SEANCE DU
15
SEPTEMBRE
L' ESCADRE
1790
DE BrEST
Defermon, dput du tiers tat de la snchausse de RenneB, rend compte l'Assemble nationale, au nom du comit de marine des troubles qui se sont produits le 6 septembre, dans l'escadre aux r.,: dres d'Albert de Eioms, en rade de Brest, A l'occasion de la lecture faite aux quipages, du nouveau code pnal de la marine, un mouvement s'tait dclar sur l'America, puis avait gagn le vaisseau commandant, et de 'l plusieurs vaisseaux de l'escadre. Une partie des quipages s'empara des chaloupes, gagna la terre, et se rendit la maison commune, pour dposer entre les mains de la municipalit, les reprsentations des matelots contre certains articles du code pnal. Le commandant de 1 escadre a fait passer l'Assemble, le rapport de ces vnements, l'assurant que l'ordre avait t rtabli bord, avec le retour ei des matelots (1). Deifermon propose l'Assemble de dclarer qu' elle veut bien oublier les torts de quelques hommes gars, qui ont mconnu les dispositions bienfaisantes des dcrets de l'Assemble ..., et qu'il n'y a pas lieu dlibrer sur les reprsentations faites par M. Albert et par les officiers municipaux de Brest, au nom des matelots
de" l'escadre.
Ce projet de dcret
Journal des Dbats,
t.
fut adopt.
7.
Journal de
Versailles,
(2)
II,
109, p. 460.
M. Moreau
qu'elle vouloit bien oublier les torts, ainsi qu'il toit exprim dans le
projet de dcret; que l'Assemble n'avoit pas le droit de remettre des peines, mais qu'il falloit y substituer ces mots: que l'Assemble esproit que le Roi voudrait bien ovhlier les torts, etc.. M. Robespierre a dit que si le corps lgislatif n'avoit pas ce droit, le pouvoir excutif, plus forte raison, devoit en tre priv. Il a demand que le dcret restt comme il toit.
(1) Cf.
(2)
Point du Jour, t. XIV, n 432, p. 181 185. Moreau de St Mry, avocat au parlement de Paris,
et
au
Conseil suprieur de St-Domingue, prsident de l'assemble des Electeurs parisiens en juillet 1789, dput de la Martinique l'Assemble nationale en 1790.
541
179.
SEANCE
DU
16
SEPTEMBRE
1790
(soir)
Le 15 septembre, l'Assemble nationale avait continu l'examen des articles concernant le clerg, prsents par Treilhard, au nom du comit ecclsiastique. L'article suivant avait t vot Art. 18. Tous les religieux qui, par les statuts et rgles de leur ordre, ou en vertu de bulles par eux obtenues, avaient le privilge de mendier, jouiront du traitement fix pour les religieux mendiants, encore que de fait ils ne fussent plus dans l'usage de mendier, l'poque du 29 octobre dernier. Malgr l'intervention de Robespierre, aprs la lecture du procs-verbal, au dbut de la sance du 16 septembre, l'Assemble per:
sista
dans sa dcision
nationale,
(1).
Assemble
p.
((
Commune de
Paris (imitation),
t.
V,
n"
405,
4.
Sur
la lecture
du procs-verbal de
la
sance d'hier,
M.
Robertz-
pierre a observ que la clause d'un des articles sur le traitement des
que tous ceux qui, par leurs statuts, toient autoriss mendier recevroient le traitement dcrt pour les religieux des ordres mendians, encore qu'ils ne fussent plus dans l'usage de mendier, rendroit illusoire un de ses prcdents dcrets, qui dcide que les religieux mendians et non mendians ne jouiront pas d'un traitement gal.
religieux, portant
Je soutiens,
religieux,
dins,
disoit-il,
que,
si
mme
les plus
t.
XII, n 434. p.
Aprs
la
lecture
du Procs- Verbal
M.
Robespierre a rclam
Fondateurs
le
contre un des articles dcrts hier sur le traitement des Religieux, qui
de
leurs
privilge a dit
de mendier,
presque tous
(sic),
seront traits
les
que
qu'ainsi
tous
comme mendians
l'gard
du
de l'Assemble.
L'Ami du Roi
(Royou),
t.
I,
n 109, p. 2.
la
Aprs
la lecture
du procs-verbal de
l'article
sance prcdente,
Robespierre
s'lve
contre
qui
met au rang
des
M. de mendians
(1) Cf.
E.
Hamel,
I,
316.
542
des ordres religieux, qui pourvus de revenus suffisans, n'ont jamais profit de la permission de mendier. Assurment, M. de Robespierre ne peut tre souponn de partialit en faveur des religieux; il falloit une injustice bien rvoltante pour l'exciter rclamer contre un dcret de l'auguste assemble; cependant ces importunes rclamations ont t touffes par les cris l'ordre du jour (2).
((
Le
Postillon (Calais), n
((
199, p.
I.
Robespierre a demand de faire une observation sur l'article XVllI du traitement des religieux, dcrt dans la sance d'hier. Cet article porte que tous les religieux qui, par leurs statuts, avoient le privilge de mendier, jouiront du traitement fix pour les religieux mendians, encore que de fait ils ne fussent plus dans l'usage de mendier l'poque du 29 octobre dernier. L'opinant a demand de substituer la dernire disposition de cet article commencer des mots encore que ceux-ci moins qu'ils ne fussent plus dans l'usage de mendier l'poque du 29 octobre
((
:
M.
dernier.
jour.
Cette
motion
rejette
par
la
demande de
l'ordre
du
Courrier extraordinaire,
((
17 septembre
1790, p.
1.
M.
Roberspierre a ouvert la discussion de cette sance par une dcrt hier, il a observ que cet article
XIX
comme
mendians, attendu que tous les ordres avoient commenc par la besace. L'assemble n'a pas cru que la tendre sollicitude de M. Roberspierre dt l'engager revenir sur un dcret (3).
Le
Spectateur National,
17 septembre
1790.
Robespierre s'est lev contre cet article, dont il n'a pas eu de peine dmontrer l'injustice. Ce dput a t, pour la premire fois, peut-tre appuy par les membres du ct droit, et combattu par ceux du ct gauche. Mais sa reprsentation, pour tre juste, n'en a pas mieux t accueillie. Sur le changement de rdaction qu'il a propos, il a t dcrt qu'il n'y avoit pas lieu dlibrer.
M.
Mercure National
et
L'article 18
du dcret rendu
a
la
la sance
de mardi
soir,
concer-
donn
prendre
la
M.
(2) Texte reproduit dans Bchez et (3) Il s'agit, non de l'art. 19, mais
Roux, VII,
de l'article
214.
18.
543
(4),
M.
du
jour.
Le
Point du Jour,
((
t.
XIV.
n 432, p.
187.
Robespierre a propos une modification l'article XVIII sur le traitement des religieux; il craignoit que l'on ne regardt la presque totalit des religieux comme des mehdians . (5)
M.
Assemble
nationale,
Commune de
Paris (Perlet),
t.
1.
Robespierre a propos un changement l'irticle XVIII du dcret sur le traitement des religieux concernant les ordres mend'ans; sur l'observation de M. Lanjuinais, on est pass l'ordre du jour.
M.
Courier de
Le
M.
Robespierre
Il
les religieux
mendians
(4)
et autres.
Lanjuinais observa qu'il tait faux que les ordres dont parRobespierre fussent autoriss mendier par leurs statuts et que, par consquent, la motion tait sans objet. (5) Texte reproduit dans les Arch. pari., XIX, 18.
lait
SEANCE DU
17
SEPTEMBRE
1790
L'Orateur du Peuple,
((
t.
II,
n<'
39, p. 305.
lui
Maladie de Loustalot ... Le club des Jacobins deux de ses membres, MM. Roberspierre et Mercier...
(1) Cf. (2) Cf. 253.
le
leii
a dput
(3).
t.
X, n
45,
p.
(3)
288.
544
181.
SEANCE DU
21
SEPTEMBRE
1790
(soir)
Premire intervention
(I)
Alors que l'Assemble doit continuer la discussion du projet do dcret, prsent par Treilhard, au nom du comit ecclsia"%tique,
wiur
mais on a
le traitement des religieux et des religieuses, l'abb Maury signale qu'il est porteur du vu de 150 villes contre les assignats, sollicit grands cris l'ordre du jour (2).
p.
(3),
M. de Rol>espIene une ptition en faveur de Frres Lais de l'ordre de Saint-Franois qui demandent tre traits comme les pres. Puisqu'on n'accorde, en effet, ceux-ci que le strict ncessaire, c'toit bien le cas de proscrire toute distinction anti-sociale, et contraire au systme de l'galit constitutionnelle, mais celui de l'conomie est encore bien plus en faveur; et la demande de M. de Robespierre a t rejette pour venir l'ordre
Avant d'y
passer cependant on a permis
du
jour.
Deuxime
intervention
Poursuivant l'examen dos premiers articles du titre II du projet du comit ecclsiastique, l'Assemble, aprs diverses observations, dcrte que- le maximum de traitement des religieuses de chur sera de 700 livres, et celui des surs converses de 350 livres. titre et relatifs au traitemeot Les articles 2, 3 et 4 du des religieuses furent vots le 23 ,au soir selon la rdaction du comit, les aamendements ayant t lepousss par la question pra-
mme
lable (4).
Texte autographe de
<(
la
motion de Robespierre
(5).
Que
mme
(1)
Arch. nat.,
s.d.
D XXIX
I,
lais
de France,
B.
par les continuateurs de Frron. Dans. son Ami du Roi (B. N.. 4 Le- 397, n 115, p. 470), Montjoye cite galement cette intervention sauis toutefois l'attribuer RoVjespierre. (4) Cf. E. Hamel, I, 317. C 44, 409, p. 23. <5) Aroh. nat
,
E. N.,
Hamel,
4
316.
Lc^ 398,
545
SEANCE DU
23
SEPTEMBRE
1790
(soir)
du
comit des recherches, Voidel, dput du tiers tat bailliage de Sarreguemines, rend compte l'Assemble nationale, des troubles survenus Soissons, les 30 juillet et l*"" aot
Au nom du
derniers. La municipalit de Metz ayant fait procder l'achat de grains, Soissons, le peuple de cette ville a, empch le dpart du second convoi, coimpos de 23 voitures. Instruit de cette opposition, le comit a crit la municipalit de Soissons, pour qu'elle fasse excuter le dcret suir la libre circulation des grains. Mais le peuple s'oppose toute tentative, et les grains sont replacs dans les greniers de Soissons. La municipalit se justifie en allguant que le dcret de rAssemble concerne la libre circulation et non la libre extraction des grains d'une ville (1). Le comit propose a l'Assemble de dcrter qu'elle u improuve la conduite tenue par les maire et officiers municipaux de Soissons..., leur enjoint de faire excuter littralement les dcrets du corps lgislatif sanctionns par le roi . Le comit propose en outre qu'il soit crioun au bailiiage de Chteau-Thierry d'ouvrir une information contre les auteurs et instigateurs de ces troubles. Malgr Kobespeirre, l'Assemble adopta le projet de dcret de son comit des recherches.
t.
3.
Robespierre a dfendu, et la Municipalit et le peuple de Soissons, qui a voit conu des alarmes patriotiques sur un achat de grains pour les 1 roupes trangres. Quoique ses inquitudes ne fussent pas fondes, il les avoit, et on ne peut pas lui en faire un crime. Il en avoit aussi sur sa propre subsistance. La Municipalit pouvoit-elle dployer la force pour l'excution d'une Loi que le peuple croyoit
contraire
M.
ses
propres besoins
la
Etoit-elle
sre
de
l'obissance
?
de Votre
Loi
prudence des Administrateurs, et elle ne faut pas s'accoutumer voir excutei avec la plus implacable svrit, des Loix que l'on a peint comme bienfaisantes pour le Peuple.
laisse
quelque chose
11
Gazette nationale ou
le
1110.
M.
Robertspierre.
projet
elle
du Comit. La
le
Municipalit
de Soissons
conduite
comme
devoit.
Le
(1) Cf. Arch. nat., D XXIX bis 10, d. 111; et E. Hamel, I, 319: La circulation des grains rencontira, il faut le dire, la pilus vive opposition dans les journaux du parti populaire; elle paraissait un pige ministriel (cf. Ami du Peuple, n** 242).
((
(OBK^FIEHttK.
Il
546
Peuple devoit
les grains
tre inquiet sur sa subsistance, il devoit craindre que ne fussent imports l'Etranger, ou ne servissent aux troupes trangres. N'alinons pas de l'Assemble Nationale le Peuple, par des Dcrets tels que ceux qu'on nous propose (2).
Journal universel,
t. t.
VII, p. 2453.
Courier de
Madon,
Assemble
nationale,
t.V, n413, p. 3
dit
(3).
Si les officiers
tout lieu
M.
Robespierre,
l'ont pas pu. garde nationale n'auroit pas voulu faire feu sur le peuple; et il parot qu'on veut porter l'Assemble Nationale des actes de rigueur, afin d'aliner le peuple. ces mots les galeries ont beaucoup applaudi et je n'ai pu me dfendre d'applaudir aussi ces dernires expressions de notre ami Robespierre. Il a grandement raison. Oui, on ne cherche, je l'ai dj dit dans plusieurs de nos numros, on ne cherche qu' arracher l'Assemble Nationale des dcrets sanglants pour les prsenter au peu ple et lui dire : Tiens, voil tes lgislateurs, implore-les donc
martiale,
la
c'est
qu'ils ne
y a
de
croire ici
que
((
M. Voidel
M.
Robespierre.
faute.
Annales universelles
et
mthodiques,
t.
V,
140, p. 475.
de dfendre la Si les officiers municipaux n'ont pas fait excuter la loi martiale, c'est qu'ils ne l'ont pas pu... Il ne faut jamais, ajouta-t-il, compromettre l'autorit de la loi, lorsqu'on n'est pas sr
seul
Un
membre (M.
:
Roberspierre) a entrepris
municipalit, et a dit
de
la faire
((
Il
et c'est
de M. Badoui
(4)
que
nous l'emprunterons...
(2)
pari.,
(3)
XIX,
Texte reproduit dans le Moniteur, V, 370 dans 175, et dans Buohez et Roux, VII, 229. Jusqu' aliner le peuple .
;
les
Arch.
547
Le
la
Patriote Franois,
((
t.
III,
n 413, p. 2.
M. Robespierre a vivement combattu la disposition qui improuve conduite des officiers municipaux de Soissons qui, suivant lui, ont
comme
ils le
agi
dvoient.
L'Ami da
M.
nt la
Roberspierre a cru devoii s'opposer ce que l'on condamconduite des officiers municipaux de Soissons, et les a dfen-
dus.
(4) iSans doute Roederer. Roederer rpliqua en effet Robespierre que, d'aprs ses principes, la ville de Metz, comme les autres cits frontires qui manqueraient de grains, se trouveraient condamnes la disette puisque les autres pourraient empcher la libre circulation des grains.
SEANCE DU
OCTOBRE
1790
(1).
Mais l'imipatience de
1790, p. 5.
M. Robespierre a paru la tribune; mais l'assemble ayant tmoign quelqu' impatience, l'honorable membre s'est retir, comme Jrmie, la larme l'deir (2),
souhaitait en effet qu'on attribut une indemnit les affaires publiques privaient de leur Magne pain en les loignant de leurs proccupations habituelles. Il Klveloppa cette idcc dans son discours sur l'organisation des gardes nationales (cf. ci-dessous, dcembre 1790). (2) Rien dans Aulard cette date.
(1) Robespierre .-jjiurnalire tous
ceux que
548
184.
SEANCE
DU
OCTOBRE
1790
(soii)
L'Ami du Roi
Il est
(Royou),
t.
I,
n" 1939. p. 3.
de l'essence de
la Constitution, suivant
M. de
Rol>espiene,
que ce
soit
pralable, on a repouss la
afin
logement, le lieu de ses promenades; en consquence par la question demande de la libert du choix rclame en faveur du Roi; on a fait plus; sur la motion de M. Robespierre,
que l'Europ^e ne pt pas s'y tromper, et s'imaginer qu'un peuple choix de ses maisons de plaisance, aprs ces mots, rservs au Roi, on a eu soin d'ajouter, en vertu des dcrets de rassemble.
libre laissoit son roi le
(1) Cf. E. Hamel, I, 322. 45, 417, p. 28. (2) Arch. nat., que les domaines qui auront t
de l'assemble nationale
Texte autoigraphe de la motion: rservs au Koi par un dcret soient excepts. Robespierre .
185.
SEANCE DU
OCTOBRE
1790
(soir)
cette copie
dans
le
Point du Jour,
t.
XV,
p.
90-93.
549
de
pour l'intrt duidit seigneur roi, contre le bouleviersement la monarcihie, l'anantissement des ordres, l'envahissement des proprits, la suppriession de la cour de Languedoc; et vu que les prcdents dits et dclarations n'ont t transcrits par elle sur les registres que provisoirement et charge de l'tre nouveau, la rentre de la cour, clause maintenant illusoire, elle dclare
enregistrements non avenus... La cour, considrant son prcdent aa-rt et l'impossibilit o elle est de se dtruire elledclare ne pouvoir procder l'enregistrement de-s dites inime, lettres patentes de suppression. Aprs l'intervention de Robespierre, la lettre du garde des sceaux et les pices jointes furent renvoyes au comit des rapports (2).
lesdits
Le
obtenu
Robespierre a demand et de la chambre des vacations de Toulouse, en prenant cet arrt, s'toient rendue coupable de lze-nation, qu'ils mritoient qu'on leur infliget les chtimens dus aux plus grands criminels; mais que quoiqu'ils eussent viol l'autorit suprme des reprsentans de la nation il toit de la politique (mieux auroit valu dire de la gnrosit) de l'assemble de se montrer indulgente envers des ennemis vaincus, honteux de leur dfaite et accabls de tout le poids de l'opinion publique. M. Robespierre a fait un crime M. le garde-des-sceaux d'avoir donn connoissance au corps lgislatif de l'arrt sditieux de la chambre des vacations du parlement de Toulouse. M. l'archevque de Bordeaux auroit, selon lui, montr plus de sagesse et de patriotisme, s'il avoit enseveli dans l'oubli ce monument de sdition et de rvolte. M. Robespierre croit voir dans cette conduite une sorte de coalition entre M. le garde-des-sceaux et les membres de l'ancienne magistrature. Nous ne nous permettrons aucune rflexion sur ces soupons forms par M. Robespierre, nous dirons seulement qu'il faut qu'ils aient paru la fols bien extravagans et bien Injustes, puisqu'il
la lecture
Il
Aprs
de
cette pice,
M.
la parole.
lui
les
vlolens
murmures de
ceux-mmes qui
177.
M.
Toulouse
des
criminels
de lze-Natlon,
et
Hamel (I, 320). Le 8 octobre, le duc de Broglie, comits de constitution et des rapports, demandera 'o chtiment des parlementaires de Toulouse que l'Assiemble renverra devant la haute cour nationale. Plusieurs membres du ci<Ieyant Parlement de Toulouse furent condamns mort par le Tribunal rvolutionnaire le 26 prairial et le 18 imessidor an II, raison de leurs diverses manifestations contre la Bvolution.
(2) Cf.
E.
au
nom des
550
Son
ne contre
chose dans
M.
la
le
Garde-<des-Sceaux, qui,
Magistrats;
disoit-il,
entroit
pour quelque
mais dont que la situation toit sans doute fort embarrassante lui et fait un crime d'avoir laiss ignorer cet Arrt reste, le soupon de M. Robertspierre a excit de
coalition des
:
l'Assemble
Au
grands murmures.
Journal du Soir,
t.
I,
n" 92, p. 2.
Assemble
nationale,
Commune
de Paris (imitation),
t.
VI, n425,
p. 4.
Robespierre a dit que l'assemble ne devoit regarder la condu parlement de Toulouse, que comme l'effet du dlire ou du dsespoir d'un ennemi foible, vaincu, accabl sous le poids de l'opinion publique; il faut, ajoutoit-il, que l'assemble
M.
dploy son gard, cette modration qui est le signe vident de la force et la marque distinctive de la toute-puissance. Cependant, il vouloit que les membres de cette chambre fussent traits comme des ennemis de la nation, et il demandoit qu'on les mandt la barre; cette demande a t repousse par des murmures.
Le
Patriote Franois,
((
t.
III,
n" 425, p.
1.
enflamm la colre du patriote M. Robespierre. Il a soutenu, avec raison, que les magistraits de Toulouse mriteroient d'tre punis comme criminels de lse-nation; mais qu'il toit de la politique de l'assemble de se montrer gnreuse et indulgente
Un
11
fait
un
crime au
communiqu au corps
Il
garde-des-Sceaux dans
croit voir
une
sorte
de
mem-
bres
de l'ancienne
magistrature.
p.
196.
toujours
sa
lecture,
M.
Il
Robespierre,
trouv
matre
de lui-mme,
comme
de
au Pouvoir Excutif.
bespierre auroit trait
inou
que
le
Garde-des-Sceaux
M. Role
de crime de lze-Nation,
le
silence
de M.
Garde-de s Sceaux, s'il n'et pas envoy l'Arrt. Des hues seule rcompense du zle de M. Robespierre.
Journal des Etats Gnraux (Le Hodey),
t.
furent la
XVI,
p.
248.
Robespierre a observ, avec son laconisme ordinaire, qu'une telle conduite toit sans doute l'effet du dlire cependant, il a parl d'appel la barre; mais l'assemble a voulu couter auparavant son comit des rapports elle lui a envoy le tout.
:
:
M. de
551
t.
VIII, n428, p
5.
Robespierre, au grand tonnement de l'assemble, a drog sa svrit ordinaire, en rclamant la clmence de l'assemble, en faveur de cette cour expirante, laquelle il pardonne dans son agonie
les
M.
mouvemens de son
dsespoir.
Journal de Versailles,
t.
III,
n"
129, p. 550.
L'assemble n'a pas paru sentir assez fortement les consquences ou plutt de rbellion la loi. Elle a montr un moment le mpris du lion pour ces vains efforts de magistrats
de
M.
Robertspierre
selon
lui,
l'a tire
de
Il
falloit,
mander
les
parlemens
barre
Sa motion a
ddaigne.
Gazette nationale ou
le
p.
1164.
doit exciter
de dlire qui ne L'Assemble peut dclarer aux divers Membres de Toulouse, qu'elle leur permet de continuer tre de mauvais
Robertspierre. Cet Arrt n'est qu'un acte
M.
que
le mpris.
Citoyens. Ce corps se coalise avec le Pouvoir excutif (Il s'lve des murmures). Pourquoi ce Ministre s'empresse t'il d'en prvenir l'Assemble. (Les murmures augmentent). M. Robertspierre descend de la Tri-
bune
(3).
Annales universelles et mthodiques, t. VI, n* 145, Courier de Madon, t. VI, n 4, p. 70. Courrier extraordinaire, t. III, p. 8 (5).
p.
89
(4).
M. Robespierre. J'observe que l'assemble ne peut voir, dans membres du parlement de Toulouse, que des ennemis foibles, vaincus, accabls sous le poids de l'opinion publique. Je demande qu'elle dploie cette modration et cette fermet sage, qui sont les signes les plus videns de la force, et la marque distinctive de la toute puissance. MM., traitez les membres de ce parlement comme des ennemis de la nation, considrs dans un dlire manifeste, je demande donc les
(3)
loux,
(4) (5)
VT.
Texte reproduit dans le Moniteur, VI, 60; dans Bchez et 352; et dans les Arch. pari., XIX, 469._ Elles reproduisent seulement les deux premiers alinas. II reproduit le premier alina.
552
M. Robespiene
Il
la barre.
s'est plaint
186.
SEANCE DU
23
OCTOBRE
1790
Defermon, dput du tiers tat de la snchauisse de Rennes, avait, au nom du comit des impositions, prsent l'Assemble iLationale, le 19 octobre, un rapport sur la contribution personnelle. -La discussion du projet de dcret avait commenc le 21 octobre au
soir.
Le 23 octobre, la discussioa S3 poursuit. Aprs un court dbat, Defermon prsente une nouvelle rdaction de l'article 3 du titre II:
La partie de la contribution qui sera tablie rai::on des fa/cuks qui donaent le titre de citoyen actifs sera fixe la vileur de trois journes de travail, dont le taux sera propos par chaque district pour les municipalits de son territoire et arrt par cha-
que dpartement. Roederer dclare q^^l est ncessaire que l'Assemble dcide quelles sont les facults auxquelles on attache le titre de citoyen actif: le salari qui ne gagne que sa subsistance et qui ne peut rien distraire de sa journe, doit tre mis hors de cause; mais comme il ne peut tre appel aux fonctions sociales, il ne doit pas non
plus tre impos.
Robespierre s'lve contre la proposition de Roederer, qu'appuya au contraire d'Andr. Defermon propore de faire de la motion de Roederer un article part, dont il prsente la rdaction
:
par
de travail sera paye ceux qui auront quelques richesses foncires ou mobilires, qui, rduits leur travail journalier, exerceront quelque profession qui leur procure un salaire plus fort que celui des ouvriers ou manuvres de la dernire classe. iLes articles 3 et 4 furent dcrts par l'Assemble.
tou'S
Art. 4.
La contribution des
trois journes
263, p.
5.
instruit des grands principes, et peut-tre le seul vrai patriote qui sige dans le snat, s'est fortement rcri contre cette injustice il a soutenu et avec
:
553
au lgislateur ide priver les indigens de la de citoyen actif non pas, comme il le disoit, parce que le droit de citoyen vient de la nature, mais parce que dans un gouvernement juste tous les membres de l'tat doivent avoir les mmes droits. C'est un plaisant sophisme que celui de ces harangueurs qui prtendaient que l'indigent ayant besoin du salaire de sa journe pour subsister, et n'ayant point de temps donner pour la chose publique, n'a pas droit de s'en occuper (1).
qualit
Annales universelles et mthodiques, t. VI, n 153, Courier de Madon, t. VI, n 20, p. 317.
p. 236.
a demand la question pralable Non, a-t-il que ce puisse tre l'imposition, mais seulement parce que je pense que personne n'a le droit, pas mme le lgislateur, d'tablir des bornes au-del desquelles on ne peut plus tre citoyen. L'homme est citoyen par la nature; personne ne sauroit lui arracher ce droit, qui est insparable de celui qu'il a d'exister sur la
:
M. Robespiene
dit,
que
terre.
)>
que l'influence des impositions ne se feroient pas au moment des lections; l'autre que le droit de Citoyen actif ne pouvoit tre refus, pas mme par le Lgislateur un seul Citoyen domicili, et que ce droit toit insparable de celui que tout homme a d'exister dans le Royaume. M. d'Andr n'a fait, cette vrit, qu'une rponse subtile en disant qu'on est homme par la nature, Citoyen par la loi, et que sans la loi nous serions tous des brigands; mais M. Robertspierre avoit parl du Citoyen domicili, de celui qui vit sous le joug ncessaire de la loi, et point du tout du brigand et du vagabond; il avoit pens que si la loi fait le Citoyen, le pauvre et le riche ont galement droit ce beau titre, puisque tous deux obissent la loi.
MM.
Fermont
de l'homme
que
les rles
))
L'Ami du Roi
(Royou),
t.
I,
n"
148, p. 2.
Cependant M. de Robespierre, qui connot mieux que personne que doit inspirer la classe proscrite, tout le peirti qu'on en peut tirer dans les assembles, a t encore bien plus loin que !e comit.
tout l'intrt
Ce
la
con-
Hamel, I, 323, 23 octobre 1790. Marat continua son Dfense des pauvres dans le n 264, p. 5-7.
554
ceux qui ne pourroient et ne voudroient en un mot, sans aucune distinction, qu'il voulolt ouvrir l'entre des assembles. Il n'appartient personne, dit-il, pas mme au lgislateur, de placer des bornes au-del desquelles on ne peut plus tre citoyen. L''homme est citoyen par la nature, par cela seul qu'il a droit d'exister sur la terre, droit antrieur aux lgislateurs et aux lois, qui n'ont pas
pas
s
y soumettre, tous
les citoyens,
celui
de
le lui arracher.
Notre lgislateur, prsident du tribunal de Versailles (2), a eu l'esprit de gter une cause excellente et de dire une absurdit l'appui d'une vrit incontestable, du moins dans les principes de ses adversaires.
Gazette nationale ou
le
position
les
demande la question pralable sur la prode M. Roederer. Lx>in d'augmenter les difficults, il faudroit diminuer, le droit de Citoyen est un droit naturel, dont doit jouir
Robertspierre. Je
M.
tout
membre d'une
Socit politique;
(3).
il
l'intervention
du Lgislateur
Assemble
p.
nationale,
Comnnune de Paris
(imitation),
t.
VI, n 442,
5.
M.
de
Robertspierre
soutenoit qu'il
n'appartenoit point
actif,
au
lgis-
lateur
est
priver l'indigent
du
droit
titre
de citoyen
est
droit
de
lui
arracher,
M.
de
l'ordre social.
ne peut pas,
dit l'opinant,
frustrer l'indigent
de ce
p.
370.
par
le
M-
Robespierre a cru
la
soutenir
l'article
lieu
science politique
de
cet honorable
commun Membre
:
Le
donne
chaque
Membre de
la
Socit
le droit
de Citoyen.
page
663,
Texte
pari.,
reproduit -dans
le
VI,
191
et
dans
Arch.
XIX,
771.
555
1790
SEANCE
DU
25
OCTOBRE
Premire intervention
Le Ciiapelier, au noon du comit de constitution, expose l'As?emble nationale, les principes qui ont guid le comit dans son il tj^avail sur la haute cour nationale et le tribunal de cassation donne lecture du projet de doret. La haute-cour nationale sera compose d'un haut-jury et de minq grands-juges qui dirigeront l'instruction (article P""). Les lecteurs de chaque dpartement, aprs avoir nomm les reprsentants du co'rps .lgislatif, liront un citoy.en qui sera inscrit sur le tableau du haut-jury, pour toute la lgislature '{a,Yti(ile 2). La haute-cour nationale connatra de tous les crimes et dlits dont le corps lgislatif jugera ncessaire de se rendre l'accusateur (artiicle 4). Elle se runira une distance de quinze lieues au moins du lieu o la lgislature tieradra ses sances (artidle 6). Le haut-jury 'sera de vingt-quatre membres (article 11). Le oommi&saire du roi du tribunal de district, dans le ressort duquel la haute-cour sigera, fera auprs d'elle les fonctions de commissaire du roi. La discussion s'ouvre sur l'ensemble du projet. Robespierrie interivient le premier (1). Au terme du dbat, l'Assemble dcida de s'occuper du tribunal de cassiation, avant de discuter le projet sur la haute-cour nationale, l'organisation de cette dernire tant calque sur celle du
tribunal de cassation.
Le
Point du Jour,
t.
XV,
473-474, p. 369
et
389-391.
Robespierre a parl le premier contre le plan du Comit. Il trouvoit le nombre des jurs trop restreint 22 (2); il proposoit que chaque dpartement en nommt deux (3) que le nombre qui restoit aprs la rduction opre par les rcusations, ft dclar suffisant, et que l'on prt panni eux les grands juges chargs d'appliquer la loi. Il ajoutoit que les membres de la cour nationale ne dvoient pas tre rlus, et que, dans aucun cas, il ne devoit tre permis de recevoir aucun don, pension, ni emploi du pouvoir excutif, mme pendant les deux annes qui suivront immdiatement le temps de leur magistrature. Je m.e borne ces rflexions, disoit M. Robespierre, que je confie votre sagesse, lors de la discussion de cette importante fonction. Si le berceau de la libert est environn d'ennemis, dont l'audace et
;
M.
(1) Cf.
(2)
(3).
que
le
vingt-quatre mombres.
D'aprs
l'articile
2,
chaque dpartement
nomme un
jur.
556
les
de
complots semblent crotre mesure que vous avancez vers le terme la constitution qui devoit les dconcerter, n'en doutons pas, ces malheurs sont ds en grande partie l'impunit dont ils ont constam-
joui sous les auspices du tribunal anti-constitutionnel et unique, auquel vous avez remis le soin de rprimer leurs attentats contre la constitution et contre la patrie. Assez puissans encore pour rparer cette erreur funeste, qui sait si vous le seriez assez pour en commettre impunment une seconde les auteurs d'une grande rvolution ne peu:
ment
vent
jamais
et
sans
danger de prvoyance,
de
maturit ou d'nergie.
Une autre consquence importante drive des observations que nous avons exposes. C'est que s'il ne suffit pas que tous ceux qui concourent, de quelque manire que ce soit, au jugement des crimes de lze-nation, soient nomms par le peuple, il faut encore prendre toutes les prcautions possibles, pour dfendre ceux que le peuple aura
de
la corruption.
Or,
:
Que
la
soit surveill
soit aussi
nombreux que
trois objets
la nature
de
la
chose peut le
permettre.
Le
premier de ces
me
du
(4).
que
les
membres
seront renouvelles
ans
Le second l'est aussi, mon avis, par l'article qui ordonne qu'ils ne connotront que des affaires qui lui auront t dfres par les dcrets de l'assemble nationale (5), et que deux membres de cette assemble seront commis par elle pour la poursuite des accusations
(6).
Mais
lieues
je
l'esprit
de
du
tribunal
de
de 15
de
celui
veillance
que
celle-ci
o rsidera l'assemble nationale (7). La doit exercer, semble exiger plutt qu'il
approch d'elle; et si je considre cette proposition, sous d'autres rapports, 11 me semble qu'un tribunal dfenseur des droits de la nation, dont les jugemens doivent tre l'expression du vu gnral, qui d'ailleurs a besoin d'tre soutenu par l'opinion publique, contre les 'tentations qui l'environnent, ne peut pas tre mieux plac que dans une ville
(4) Aucun article ,dans le projet, ne porte que les membres de la haute-cour seront renouvels tous les ans. (5) Art. 4. (6) L'art. 9 porte que le corps lgislatif nommera deux de s-es membres, sous le titre de grands-procurateurs de la nation pour soutenir l' accusation devant la baute-oour. (7) Art. 6.
557
reuse
qui est le centre des lumires et o l'opinion publique exerce son heuinfluence, avec plus d'impartialit et d'nergie; et certes, les grands services que le patriotisme clair et courageux de la capitale
a rendus la libert et l'assemble nationale ne suffiroient-ils pas seuls pour vous dmontrer la ncessit de fixer dans son sein le trbunal qui doit exercer une si grande influence sur la prosprit et sur la diue de votre ouvrage ? Quant au troisime objet, je veux dire le nombre des juges, il me parot trop restreint par le Comit au lieu de borner trente-deux ou vingt le nombre des jurs, je voudrois au moins que chaque dpartement nommt deux jurs; que le nombre qui resteroit aprs !a rduction opre par les rcusations, exerceroit ses fonctions, et que l'on prt parmi eux les grands juges. Enfin, pour parvenir plus srement au but que j'ai indiqu, et toujours guid par le principe fondamental que j'ai indiqu, je voudrois ajouter deux dispositions celles dont je viens de parler. La premire que les membres de la cour nationale ne pussent pas tre rlus. La seconde seroit l'application d'une loi que vous avez dj faite pour l'assemble nationale, et qui, par une raison semblable, conviendroit parfaitement au tribunal de lze-nation je dsirerois mme qu'elle ft tendue leur gard, comme je prsume que vous l'tendrez mme pour les membres du corps lgislatif, je voudrois donc que ceux de la cour nationale ne pussent recevoir aucun dons (sic), pension ni emploi du pouvoir excutif, mme pendant les deux ans qui suivront immdiatement le temps de leur magistrature. Je ne crois pas avoir besoin de prouver la ncessit de cette intention. On sent assez qu'une loi qui borne une pareille prohibition la dure des fonctions de celui qui en est l'objet, laisse l'illusion des promesses et la sduction de l'esprance, source de corruption plus dangereuse et plus fconde, que
: :
la facult
l'ambition ou
tre l'objet
de
Assemble
p. 6.
nationale.
Commune de
VI, n 21,
p.
Paris (imitation),
t.
VI, n 444,
Courier de
((
Madon,
t.
341-342
(8).
Robertspiene, qui a ouvert la discussion sur ce sujet, s'est quelques ides sur le crime de ls-nation, qui doit servir d'occupation au tribunal de haute cour nationale. Les ennemis
attach
fixer
(8) Dinocheau, dans son journal, derniers alinas de oe texte.
M.
reproduit seulement
les
deux
558
du corps
sont
de deux espces:
existence physique, les autres cherchent vicier son existence morale (9). Les uns et les autres sont coupables, puisqu'ils voudroient ne voir
que des esclaves et un matre. Quand la constitution d'un tat affermie, elle comprime de toutes parts avec la force gnrale,
individus qui seroient tents d'tre factieux.
Il
est
les
hommes
de
la libert
publique.
Ce
eux qu'il est utile de fixer alors la dfiance d'un tribunal; mais dans un temps de rvolution, lorsque d'une part, le peuple secoue un joug de fer, et que de l'autre le despotisme effray cherche ses sectateurs publics ou secrets, le tribunal de surveillance
n'est
donc que
sur
Le
tribunal
de
soin
de punir les forfaits des nombreux ennemis qui ont entour le berceau de la libert (10). Il faut que le tribunal que vous allez former soit investi de forces, arm de courage, puisqu'il aura combattre les grands, qui seront ennemis du peuple. Il aura dfendre la libert du peuple. Toutes ces considrations doivent vous dmontrer que le peuple seul a le droit de nommer ses protecteurs. Confrer au Roi une partie de ce droit d'lection, ce seroit faire un cueil de ce qui doit tre un
rempart pour la libert. Il faut donc, ajoutoit
((
M.
l'lection, et je vais plus loin; je demande, par amendement, que, pour loigner de ce tribunal l'illusion des promesses et la sduction des grces, ceux qui en seront membres ne puissent accepter avant
part
leur exercice,
(9) iLe Con-esponclant fdratif des 83 dpartemens, ne reproduit que cette pitrasie,
n"^
15,
p.
60,
(10) Il s'agit du tribunal du Chtelet, qui les orimes de lsenation taient renvoys jusque-l.
559
morale qui constitue et organise une Nation en Corps politique ; mme qu'en respectant les individus dans les droits de chacun d'eux en particulier, on attente aux droits qu'ils ont tous ensemble, on veut ou dsorganiser la Constitution, ou en altrer et en changer l'organisation. Surtout dans ces tems de crise, a pourcelle-l est attaque lors
suivi M. de Roberspierre, o la libert naissante est entoure d'ennemis qui ne dguisent pas mme leur fureur contre elle, soit dans ces jours plus calmes, ou des long-tems tablie elle n'a plus que des ennemis qui se tiennent sous le masque, elle a toujours pour adversaires tous ceux qui ont des titres, des grandeurs et de la puissance. Ce qu'elle doit redouter sur-tout c'est le Pouvoir excutif, parce que c'esf lui qui a le plus de moyens, et naturellement aussi le plus de dsirs de faire des invasions dans cette souverainet de la Nation, dont il n'est que l'instrument, et dont il a toujours voulu tre le propritaire. Je pense dbnc que le Comit de Constitution est tomb dans une grande erreur, lorsqu'il a imagin de faire nommer par le Roi les surveillans des loix, les Juges parmi lesquels doivent tre pris encore les
Juges de la Haute Cour Nationale. C'est au Peuple seul nommer de tels Juges, des Juges plus spcialement chargs de veiller sur ses intrts et sur sa libert. Je ne serai pas mme assez rassur lorsque le Peuple seul lira ses Juges, si je puis les voir exposs aux grces, par lesquelles le Pouvoir excutif peut mettre dans sa dpendance les Fonctionnaires mmes qui auront reu du Peuple leur existence; et je fais la motion que ceux qui auront t Membres du Tribunal de Cassation et de la Haute Cour Nationale ne puissent recevoir du Prince ni pensions, ni places, que deux ans au moins aprs l'expiration des fonctions qu'ils auront
remplies pour le Peuple,
p.
6.
en
lice.
a pens, en premier lieu, qu'une haute cour nationale ne devoit tre tablie que pour punir les dlits contre le gouvernement et la vie du corps politique. Selon M. de Robesse-Pierre, un pareil tribunal, ncessaire sans doute dans un temps de rvolutions et d'attentats
contre la libert, seroit
les crimes
de peu de
En second lieu, que ce spcialement institu pour veiller la libert du peuple, ne devoit point tre sous la main de ceux qui ont le plus d'intrt
de
lze-nation sont infiniment rares.
tribunal
l'anantir.
M. de
intrts
du peuple
Robertspierre a donc trouv qu'il seroit contraire aux et la libert constitutionnelle de dcrter que le
de
pour
la
mmes
prin-
560
cipes,
il
ne voudroit point que le roi et un commissaire auprs d'un cette espce, et cette observation rpond l'esprit d'un article propos par le comit, qui porte que les dcrets du corps lgislatif, portant accusation devant la haute cour nationale, ne seront point soumis la sanction royale. La disposition du projet tendant fixer la haute cour nationale 15 lieues de l'endroit o le corps lgislatif tiendra ses sances, a paru galement inconvenante M. de Robertspierre cette il voudroit que cour fut place prs du corps lgislatif Paris, comme tant le lieu oii elle trouveroit toutes les lumires capables de la guider dans les importantes fonctions dont elle sera charge; o l'opinion publique se trompe le moins; o le patriotisme est le plus actif s'opposer aux manuvres et aux attentats contre la libert. Si la haute cour nationale toit trop loigne du corps lgislatif, la circonvention du ministre seroit plus facile, plus sre, et la corruption seroit presque toujours
tribunal
de
immanquable,
Il a soutenu au suiplus que les membres composant la haute cour ne dvoient point tre rlus ils seront revtus d'une autorit trop formidable, pour qu'on ne doive pas craindre qu'ils seront tents d'en abuser. Ils ne doivent recevoir ni dons, ni faveurs du pouvoir excutif; ils doivent tre loigns de l'espoir mem.e de ces faveurs. Ces esprances, quelqu'illusoires qu'elles puissent tre, sont souvent plus dangereuses que les dons, et les faveurs elles-mmes.
:
Le
Journal de Normandie,
((
II,
130, p.
537.
Robespierre. Je crois que, pour se pntrer des vritables principes de la formation de la haute cour nationale, il falloit auparavant se faire une ide juste des crimes qui lui seront ports. La haute cojir nationale doit connotre des dlits qui compromettent la sret du corps politique, des attentats contre les droits de la nation. On peut
attenter
M.
de deux manires
la vie
de
la nation,
car elle a
deux
exis-
comme
comme
les
corps politique.
Dans un tems de
rvolution,
on a craindre
les sditions,
calmes, les menes sourdes remplacent les grands mouvemens; et dans ces deux cas, le pouvoir excutif, par sa nature, est celui qui peut le
plus attenter aux droits
de
la
nation et sa libert.
De
cette
vrit
consquence ncessaire que la formation de la haute cour doit tre entirement indpendante du choix du Roi. C'est donc par un faux principe que le comit a t conduit donner au pouvoir excutif une part dans l'lection des membres de la haute cour; et . cet gard, je m'oppose l'avis du comit de constitution. L'opinant est
en drive
la
561
la
moyens propres
loigner
corruption et
la
Gazette nationale ou
le
p.
1240.
J'ai quelques observations vous soumettre sur l'organisation de haute cour nationale. Les crimes de lze-nation sont des attentats commis directement contre les droits du corps social. Il en est de deux
la
espces: ceux qui attaquent son existence physique, et ceux qui cherchent vicier son existence morale. Ces derniers sont aussi coupables que les premiers. Celui qui attente la libert d'une nation, est autant son ennemi que celui qui voudrait la faire prir par le fer. Dans ce cas, ce n'est plus une nation, ce n'est plus un roi; il n'y a que des esclaves et un tyran. Les crimes de lze-nation sont rares quand la constitution
de
comprime de
Il n'y a alors que les hommes publics arms de grands pouvoirs qui puissent rumer l'difice de la libert publique. Ce n'est donc que sur eux qu'il est utile de fixer alors la dfiance d'un tribunal. Mais dans un temps de rvolution, lorsqu'un peuple secoue le joug, que le despotisme fait des efforts pour se relever, alors le tribunal de surveillance' doit scruter plus particulirement les factions particulires. Il faut que ce tribunal soit compos de personnes amies de la rvolution. Il ne doit ressembler en rien ce sige anticonstitutionnel qui vous avez remis le soin de punir les forfaits des nombreux ennemis qui ont entour le berceau de la libert, il faut que le tribunal que vous avez form soit investi de courage, de force arme, puisqu'il aura combattre les grands, qui sont ennemis du peuple. De-l dcoule cette vrit incontestable, que le peuple seul a droit de nommer ses protecteurs. Confrer au roi une
de ce droit d'lection, ce serait faire un cueil de ce qui doit un rempart pour la libert. Le comit a donc commis une erreur, en vous proposant de faire nommer les juges par le roi (1 1), Ce n'est pas mme assez, il faut que, pour loigner de ce tribunal l'illusion des promesses et la sduction des grces, ceux qui seront membres de ce tribunal ne puissent accepter aucune grce ou commission du pouvoir excutif, avant deux ans; et
partie
tre
((
-slipule
(11) Aucun article du projet de dcret instituant la haute cour riationale, n'tablit que les juges seront nomms par le roi. L'art. 10 Les cinq grands juges qui prsideront l'instruction seront pris parmi les membres du tribunal de cassation: leurs noms seront tirs au sort dans la salle o la lgislature tiendra publiquement ses sances, en prsence de deux commissaires que le roi sera invit d'y envoyer.
:
ftoBESrIlERRB.
58
562
mme,
faut fixer une poque plus recule. O peut-on que dans Paris, cette ville qui a tant rendu de services la rvolution, et qi'.i fut de tout temps le centre des lumires? (12). Je me borne ces rflexions; je n'ai point eu le temps de rdiger un projet de dcret; une discussion plus mre, et vos lumires y
possible,
il
mieux placer ce
tribunal
suppleront (13).
t.
Robespierre a pens qu'avant d'entrer dans la discussion importante que venoit d'ouvrir le rapport de M. Chapelier, il toit ncessaire de se fixer sur l'ide que l'on devoit avoir des crimes de lse-nation. Il les a dfinis; des attentats envers la Nation, comme les
M.
des crimes envers les individus. Il a considr qu'il pouvoit en avoir de plusieurs espces, parce que l'on peut aussi attenter de plusieurs manires la vie et l'existence du corps politique.
dlits ordinaires sont
a sembl que les crimes de lse-nation toient rares, nombre des personnes qui pouvoient s'en rendre coupables est petit et que les dpositaires de la puissance publique, ont seuls assez de moyens pour les commettre. C'est de ces notions prliminaires que M. Robespierre a vu natre tous les principes qui doivent servir de base l'organisation de la Haute-Cour nationale, il avoit pens que l'institution d'un nouveau
lui
le
((
corps pour cet objet, toit non seulement inutile, mais dangereuse pour la libert; que les conspirateurs n'avoient pas de vengeurs plus srs
que les Reprsentans de la Nation; que le frein du despotisme toit l'Assemble Nationale. Mais comme l'opinion de l'Assemble ne permettoit pas M. Robespierre de prsenter dans ce sens des ides qu'elle avoit dj rejetes, il a pass au plan du Comit. Selon lui, les Membres d'un Tribunal qui devoit tre l'arbitre des destines du Peuple, et qui devoit dvelopper tout son courage contre ce qu'il y auroit de plus puissant dans le Royaume, dvoient tre lus par le Peuple, et nomms par lui, sans que le Roi et en tout, ou en partie, une influence sur cette nomination. Selon lui encore, il toit draisonnable de placer auprs de ce Tribunal un Commissaire du Roi; et l'on devoit enfin prendre toutes les prcautions ncessaires pour dfendre les Membres choisis par le Peuple contre les dangers de la sduction pour cela proposoit il 1) que la dure de leurs fonctions ft courte; 2) qu'ils fussent surveills par le Corps lgislatif; 3) qu'ils fussent aussi nombreux que l'importance de leurs fonctions l'exigeroit.
;
:
(12) Voir l'art. 6 du projet de dcret, qui prvoit que la haufcecour se runira une distan^ce de quinze lieues au moins du lieu
o
et
sances.
211 et
(13) Texte reproiduit dans le Moniteur, VI, Roux, VII. 428-429; dans iLaponneraye, I, 65;
iparl.,
XX,
25.
563
Robespierre a fini par dire combien il lui paroissoit imporTribunal de la Cour Nationale Paris; et il a propos quelques vues gnrales sur l'encouragement qu'avoit donn aux ennemis de la chose publique, l'impunit qu'avoit consacr l'inattention ou anti-constitutionnel la ngligence du Tribunal qui l'Assemble Nationale avoit confi la connoissance des crimes de lse-nation.
tant
M.
de
fixer le
Chronique de Parts,
t.
III, III,
Le
de
Patriote Franois,
((
t.
1196.
1.
M.
Robespierre
s'est attach
fixer
quelques ides
sur le
crime
uns
son
de haute cour
:
nationale.
social
les
sont
de deux espces
cherchent
11
les
attaquent
physique,
et
les
autres
vicier
existence morale.
les
Les uns
n'y a que
hommes
utile
de
la libert
de
fixer
veillance
et
doit
dfiance d'un tribunal. Alors le tribunal de surscruter plus particulirement les factions particulires,
la
dfendre la libert du peuple. Le peuple seul a le droit de nommer ses protecteurs. Confrer au roi une partie de ce droit d'lection, ce seroit faire un cueil de ce qui doit tre un rempart pour la libert. L'opinant a demand, par amendement, que, pour loigner de ce tribunal l'illusion des promesses et la sduction des grces, ceux qui en seront membres, ne puissent accepter avant deux ans, aprs le temps de leur exercice, aucune grce ou commission du pouvoir excutif.
Gazette de Paris, 27 octobre I790, p. 3-4.
M. Roberspierre pour mriter le choix que Versailles a fait de pour son Juge (14) a commenc par insister sur ce qu'il falloit empcher, avant tout, que le Roi pt avoir la moindre influence sur la nomination des Juges qui composeront ce tribunal. Il n'a pas dissimul,
((
lui
(14) llobespierre avait t lu juge du tribunal du district de Versailles, le 5 octobre 1790, en mme temps que Bouche et Biauzat. Cette nomination avait eu \m grand retentissement; (ci. Mercure de France, 16 octobre, p. 228; Correspondant fdratiif des 83 dpartements, n" 2, p. 2; Journal de la Cour et de la Ville, t. IV, n 7, p. 53-55; Le Postillon (Calais), 6 octobre, p. 4; Les Rvolutions de Fiamce et de Brabant, t. IV, n" 46, p. 302; Le Patriote franois, t. III, n" 433, p. 2; Courier nationall (Beuvin), 8 octobre, ip. 8; Ascsemble nationale, commune de Paris, t. VIII, n 429, p. 8; Journal -lUiiversel, t. VIT, p. 2574 et 2580; L'Orateur du Peuple, t. II, in" '58; Chronique de Paris, ji" 282, p. 1126; Les Hvolutions do Paris (Prudhomme), n 65, p.682; Le Lendemain, 17 octobre; L'Apo-
564
que une
le
Pouvoir Excutif tant toujours souponn de tendre envahir dont il n'est que dpositaire, la Haute-Cour-Nationale seroit toujours occupe avant tout, de procder contre le Chef suprme de la Nation que l'on en reprsente toujours comme V Ennemi-n; ide excrable, que jamais nul Franais n'avoit conue jusqu' ce jour, et qu'il semble que ne puisse inculquer, et rpter sans cesse des Franais qu'un homme, dans les veines duquel coleroit le sang des Jacques Clment, ou des Damien (15). Si le Pouvoir Excutif est ainsi expos aux coups reprs de la Haute-Cour-Nationale, quel sort attend les Ministres du Roi Il y a plus SI comme il est arriv jusqu' ce jour de tous les Dcrets de l'Assemble, ceux de la Haute-Cour ont un e//e/ rtroactif, qui pourra tre en sret, depuis le Roi lui-mme jusqu'au dernier de ses Sujets? Ce sera le Corps Lgislatif qui dnoncera, et la Haute-Cour pourra absoudre. Mais le voudra-t-elle ou le pourra-t-elle ? Dpartemens, Districts, Municipalits, tout ce qui compose l'ensemble de la nouvelle administration, n'est-il pas ou l'ouvrage ou l'organe du Corps Lgislatif? N'est-ce pas sa voix que tout tremble et flchit ? Un individu dnonc par lui ne sera-t-il pas ds-lors regard comme proscrit ? Il n'y aura que la forme mise en avant, pour avoir au moins le masque de
autorit,
!
((
l'quit.
p. 33.
L'excessive influence qu'on laisse au Roi sur la formation de Haute Cour, alarme M. Robespiene. Il dfinit les crimes de Lze Nation, en distingue de deux espces, ceux qui attaquent l'existence physique du Corps social, et ceux qui cherchent vicier son existence morale, nonc trop clair pour que jamais on s'y mprenne. Les cri((
mes de Lze Nation, dit-il, sont rares quand la Constitution est affermie... Mais dans un temps de rvolution... le Tribunal de surveillance
doit
qu'il
scruter
soit
plus
particulirement
les
factions
particulires...
Il
faut
compos de personnes amies de la Rvolution... investi de courage, de force arme, puisqu'il aura combattre les Grands qui sont Ennemis du Peuple... Confrer au Roi une partie de ce droit d'Election, ce seroit faire un cueil de ce qui doit tre un rempart pour la Libert. Il veut que ces Juges ne puissent accepter ni grce, ni commission du Roi avant deux ans, et que le Tribunal sige dans Paris,
)
le centre
des lumires.
t.
III,
n 265, p. 5.
a ouvert la discussion, s'est attach dvelopper quelques ides sur les fonctions de la haute cour nationale il a
:
(Ib) Les journaux contre-rvolutionnaires attribuaient Robespierre une parent avec Daimiens.
563
du corps social en ceux qui attaquent son existance physique, et en ceux qui cherchent vicier son existance morale. Les uns et les autres, ses yeux, sont coupables du crime de lze-nation, puisqu'ils voudroient ne voir que des esclaves et un matre (*).
Quand
la constitution
d'un
comprime de
toutes parts avec la force gnrale les individus qui seroient tents d'tre
factieux; et il n'y a alors, selon lui, que les hommes publics arms de grands pouvoirs, et les grands corps, qui puissent miner l'difice de la
que c'est sur eux seuls qu'il est d'un tribunal. Mais dans un tems de rvolution, lorsque d'une part le peuple secoue un joug de fer, que de l'autre le despotisme effray cherche ses sectateurs publics et secrets;
libert
il
insre
utile
de
alors
lires,
le
tribunal
de
surveillance
doit
rechercher
les
factions
particu-
et
tionnel
forfaits
qui
soin
de punir
les
des nombreux ennemis qui ont entour le berceau de la libert. Il faut que le nouveau tribunal soit investi d'une grande force, arm d'un grand courage pour dfendre la libert du peuple contre ses nombreux ennemis. Ces considrations doivent convaincre que le peuple peut seul avoir le droit de nommer ses protecteurs; confrer au roi une partie de ce droit d'lection, ce seroit faire un cueil de ce qui doit tre un rempart pour la libert. Un tel tribunal ne doit pas tre non plus loign du corps lgislatif et pour en carter l'illusion des promesses et la sduction des grces, je demande que ceux qui en seront membres ne puissent tre rlus ni accepter avant l'expiration de deux ans aprs le tems de leur exercice, aucune grce ou commission du pouvoir excutif. grands principes. Ses vues sont Voil un orateur dans les excellentes, mais elles ont besoin de dveloppement, et nous ne doutons point qu'il ne les dveloppe d'une manire faire sensation (16).
((
:
))
Notes du journaliste. Ces ides manquent de prcision et de justesse. On ne doit ranger dans la classe des orimes de lze-nation que les attentats contre le peuple; les -factions, les soulevemens, les rvoltes, les 'conjurations, les conspirations faites pour usurper la. souiveraine puissance et anantir la libert; les accaparemens de numraire, de comestibles et de choses de premiisre ncessit, les enrlemens pour attaquer l'tat, les malversations dans la gestion des affaires publiques, les prvarications dans l'administration de la justice, la destruction des forces nationailes. En y plaant les dlits de ceux qui cherchent vicier son existance morale, il faudroit traiter de criminels de leze-nation, et les libertins qui font mtier de sduire les femmes, et les auteurs qui corrompent les murs, et les prtres qui prchent l'obissance aveugle aux puissances de la terre. Ainsi, un Sardanaple, un Grcourt, un la Fontaine, un abb Maury, seroient des crimineils de leze-nation ce qui est faux, tant que l'tat
(16)
(*)
:
566
Annales patriotiques
389, p. 587.
a jug
inconstitutionnel et
roi,
M.
du peuple,
roi, et
le
choix donn au
et l'inla
Cour quinze
d'tre rlus.
lieues
Il
du du Corps
l'loignement prescrit
haute
faveurs de la cour,
serait
prsident
n;
et
comme
la
dire, la clef
de vote,
que
la
t.
XVII,
p.
123.
t.
XII, p. 106.
La
de
dcret.
Dans
tems de Rvolution, a dit M. de Robetspierre, il n'y a pas de meilleurs vengeurs des crimes de lze-nation, que les reprsentans de la nation eux-mmes; mais ce tems pass, il est de la plus haute importance de dposer ces fonctions augustes en des mains plus sres qu'en celles du tribunal inconstitutionnel, qui vous avez donn votre confiance. Je demande que ce ne soit pas le sort, mais la volont du corps lgislatif qui dcide le choix des membres de la Haute Cour nationale.
les
t.
IV, n 26,
p.
202.
On a remarqu sur-tout les discours de MM. Chapelller et Robespierre d'un ct, et de M. Mauri de l'autre aprs de longs dbats, 11 a t dcrt qu'on dlscuteroit les articles de cassation avant ceux relatifs la haute cour nationale.
:
Mercure national
((
et Rvolutions
discussion
du
projet
de
:
la
haute
cour nationale.
les preRobespierre, Antoine, Mauri, ont t entendus trs bons principes, le troisime dans de trs mauvais. Et enfin, comme les bases de l'organisation de la haute cour
MM.
n'a pas proscrit l'vangile, et que le gouvernement n'est pas fond sur Les bonnes murs, c'est--dire tant qu'il n'est pas patriarchal. (**) Cette opinion est dnue de fondement. Un tratre la jiatrie qui mnage dans l'intrieur de l'tat des intelligences r ennemi, un incendiaire des arsenaux, des chantiers de marine, des magasins nationaux, un gnral ou un amiral vendus n'en sont pas moins en tout tems des criminels de leze-nation.
567
nationale sont calques sur les bases du tribunal de cassation, l'Assemble a dit que le comit de constitution commenceroit par faire son
))
1262.
M.
Robertspierre qui,
le
Roi dans
puisque
cette
les
lection,
trente
que Membres,
qu'on veut bien lui permettre de nommer, sont dj compris dans les quarante que l'Assemble lui prsenteroit. Ce n'est pas l une lection, c'est simplement le droit de rejeter un quart des prsents ou des lus
par l'Assemble.
Journal universel,
t.
VII, p. 2698.
M.
nomination par
Roberts-Pierre l'a discut; seulement il ne veut point de le roi ou ses ministres et il a bien raison. ))
Deuxime
intervention
M.
Roberspieire a
saisi
cette occasion
si
de demander
la suppres-
sion
du Chatelet, de ce Tribunal
Arch. nat., C.
(17) Cf. Hamel, I, 327 ; et Actes C. de P. ,F srie, V, 163-164. 45, 419, pice 34. Texte autographe de la motion: L'attribution donne au Chatelet de juger les crimes de lsenation est rvoque ds ce moment et toutes procdures faites cet gard par ce tribunal sont suspendues. Robespierre.
'
568
l'excration des bons Citoyens. Chargs de punir les attentats des ennemis du Peuple et de la Constitution, loin de remplir cette mission honorable, les Juges du Ohtelet, ont abus de la force dont ils avoient t investis pour sauver les ennemis de la Patrie, et pour machiner une Procdure infme contre les Membres les plus distingus de l'Assemble Nationale, contre les gnreux conqurans de la Libert (18). Ce crime est trop odieux pour qu'il reste impuni, et bientt tm Tribunal
digne de
((
la
varicateurs et perfides.
La Motion de M. Roberspierre a t interrompue par des applaudissemens ritrs partis du ct des Patriotes et des Tribunes, et ces applaudissemens seront rpts d'une extrmit de la France l'autre extrmit par les amis de la Constitution.
Le
Patriote Franais,
((
t.
III,
n" 444, p. 2.
Cette sance a t termine par un dcret bien ncessaire, et que les patriotes attendoient avec impatience. M. Robespierre avoit dit dans le cours de la discussion, que l'on devoit casser le chtelet, les juges de Paris tant sur le point d'tre lus. M, Chapelier a observ qu'il suffisoit de rvoquer l'attribution faite au chtelet des crimes de
haute trahison,
naires,
et
de
laisser
continuer
le
ce qui a t dcrt.
Le
Point du Jom,
t.
XV,
p.
370.
Robespierre a demand que l'assemble rvoqut l'attribution donne au Chtelet pour le jugement des crimes de lze-nahon. MM. Chabroud et Chapelier ont appuy cette motion avec des amendemens, mais M. l'abb Mauri insistoit pour que l'on s'occupt du jur la manire des Anglois. La motion trs applaudie de M. Robespierre a t mise aux
voix et dcrte.
M.
Gazette nationale ou
((
le
p.
1242.
plus pressante,
M.
Robertspierre.
disposition
de
la
haine de tous
(18) Sur dnonciation de la Commune, le Ohtelet avait ouvert une instruction propos des vnements des 6 et 6 octobre 1789; il apporta la procdure l'Assemble le 7 aot 1790 et conclut qu'il paraissait y avoir lieu accusation contre le duc d'Orlans et Mirabeau. Sur le rapport de Chabroud prsent le l*"" octobre, l'Assemble dcrta le lendemain qu'il n'y avait lieu.
569
soit
je
demande que
sur le
champ
il
supprim. (On
applaudit
(19).
Mercure national
et Rvolutions
p. 264.
L'tablissement de la haute cour nationale tant retarde pair l, M. Robespierre, notre brave Robespierre, a fait la motion, et l'assemble a dcrt, que l'attribution des crimes de lze-nation donne au
chtelet seroit rvoque.
noirs a
et le
cul-de-sac des
Journal universel,
((
VIll, p. 2698.
Robespierre a vot, aux applaudissements du peuple, la suppression totale du Chtelet. Mais ce tribunal va seulement cesser ses fonctions quant aux crimes de lse-nation et cesser consquemment d'tre surnomm buanderie de la reine. 11 disparotra et s'engouffrera pour le surplus ds que les nouveaux juges seront nomms; et il faut esprer qu'ils ne tarderont pas l'tre.
))
M.
Le
790.
M.
prolonger quelques temps encore le chtelet dans ses fonctions, a demand que ce tribunal inconstitutionnel ft sur le champ mme supprim.
de M. Robespierre,
XVII,
p.
126.
M.
Robespierre
;
constitutionnel
(on
applaudit)
que
le
(Les
p. 34.
la
...M.
Robespierre
reconquis
Inconstitutionnel
le
Chtelet ft
nationale,
Commune de
Paris (Perlet),
t.
VIII,
n"
447,
La formation de la Haute-Cour tant ajourne, demande que la connaissance des crimes de lse-nation,
Robes'pierre
attribue provi-
soirement au Chtelet,
lui
soit retire.
rJans
le
Moniteur,
VI,
215;
et
dans
les
570
L'Ami du Peuple
((
(Marat),
t.
III,
n" 265, p. 8.
let,
et
Annales patriotiques
et littraires, n
399, p. 587.
le
comme
crit
telet,
dj pros-
et
Annales universelles et mthodiques, t. VI, n 153, p. 244. Assemble nationale (Beaulieu), 26 octobre 1790, p. 8.
Enfin,
M. de
Roberts-Piene a
il
fait
la
motion de supprimer un
tribunal inconstitutionnel et
nomm
le cbtelet.
Le
Journal de Normandie,
II,
130, p. 587.
la suppression
M.
Robespierre a demand
du Ohtelet.
1790, p. 6.
la
lui
M.
suppression
du
chtelet avant de
p.
1199.
l'attri-
Sur
la
motion de
M.
70, p. 258.
Sur la motion de M. Roberspierre, il a t dcrt que l'attribution donne au chtelet de juger les crimes de lze nation est rvoque ds ce moment, et toutes procdures faites cet gard par ce
tribunal sont suspendues.
t.
IV, n 26,
p. 202.
et
M.
Robesp...
a
demand
la
la
suppression
suivante.
du
chtelet,
M.
au
Chab...
(20)
prsent
rdaction
L'attribution
faite
(20)
Chabroud.
571
188,
SEANCE DU 9 NOVEMBRE
Sur le tribunal de cassation
1790
Le 25 octobre, rAssemble nationale avait dcid d'examiner, avant celui sur la haute cour nationale, le projet concernant le tribunal de cassation prsent par Le Chapelier au nom du comit de constitution. Le 9 novembre, la discussion s'ouvre sur l'ensemble du projet. Prugnon, dput du tiers tat du bailliage de Nancy, intervient d'abord, p.uis Robespierre, Goupil de Prefeln, enfin Chabroud. Au terme de ce premier dbat, l'Assemble dcrta l'impression du discours de Chabroud, et de son projet de dcret sur l'organisa-tion du conseil national pour la conservation des lois, sur les rgles constitutionnelles de 'la cassation, enfin sur les dlits qui formeront la comptenice de la haute-cour nationale (1).
Gazette nationale ou Extrait...,
t.
XII, p. 245.
M. Robespiere
crer, c'est
cette cour 7
point un tribunal que vous avez une cour de cassation. Quel est l'objet de l'institution de Voil la premire, et peut-tre la seule question que vous
:
Ce
n'est
ayez rsoudre; car c'est l'objet de toutes les institutions sociales, qui dirige les lgislateurs dans leur formation; les fonctions de ce tribunal sont de n'oprer que pour l'intrt de tous, et d'empcher la violation de la loi, plutt que d'en faire l'application; lorsque les parties ont puis tous les degrs de jurisdiction que leur a donns la loi, leur intrt s'arrte l, et c'est moins les individus que la loi, que le tribunal de cassation va commencer dfendre. Ce n'est qu'en vous pntrant de ces principes, que vous parviendrez un juste rsultat 3ans cette matire ici je me fais une seconde question quel est le genre de pouvoir auquel le tribunal de cassation doit tenir ? Ce n'est pas au pouvoir judiciaire, car casser un jugement, ce n'est pas juger les droits des parties; ce n'est pas non plus au pouvoir excutif, car dire que la loi a t viole, ce n'est pas la faire excuter; et d'ailleurs, si le droit de cassation pouvoit tre confi au pouvoir excutif, qui est souvent intress violer la loi, ou en tolrer l'infraction, la loi, loin d'tre le tribunal de cassation, protge, sercit touffe par le despotisme s'il dnvoit du p>ouvoir excutif, auroit un moven lgal d'anantir l'autorit lgislative, dont les dcrets pourroient n'tre que de vaines formules abandc;nnes la volont des agens du Roi. Ce tribunal serat-il donc une dpendance, une partie ncessaire du droit de faire les
; :
:
(1) Cf.
E.
Hamel,
I,
328-329.
572
lolx ?
Oui, sans doute, car ce ne peut tre qu' celui qui fait la loi, de dire que la loi a t mal entendue ou enfreinte. Je ne connois pas en effet de troisime puissance, et si les reprsentans de la nation n'avoient pas dans leurs mains la surveillance de leurs propres oprations; je le rpte, ces oprations seroient ouvertement ludes, violes avec l'espoir de l'impunit. La cour de cassation est donc le complment de l'assemble lgislative, et ni le Roi, ni les agens de son pouvoir, ne peuvent avoir plus de part sa formation, qu'ils n'en
qu'il convient
Votre comit vous propose de faire choisir par le peuple quatreSur ce nombre, le corps lgislatif en prendra quarante; et enfin, sur la prsentation de ce dernier nombre, le Roi nommera trente juges. Voil donc, en dernire analyse, le pouvoir excutif disposant son gr des membres composant le tribunal de cassation. Non, Messieurs, je ne pense pas que vous vouliez adopter un ordre d'lection, aussi videmment contraire tous vos principes, et loin d'admettre le pouvoir excutif la formation de cette cour, et de lui en asservir ainsi les membres, par la double chane de l'intrt et de la reconnoissance, vous voudrez avec moi, que le peuple ait seul le droit de former constituera ce triil la cour de cassation reposez-vous sur sa sagesse bunal, d'une manire assez vigoureuse, pour qu'il puisse se dfendre contre l'immortelle ambition des ministres. Le principe qui dtermine l'opinion que je viens d'noncer, me force m'lever aussi contre la proposition que vous fait votre comit, de faire du ministre de la justice, le prsident du tribunal de cassation. Ce seroit en bannir les zlateurs de la libert, de la vrit; ce seroit en loigner tous les hommes vertueux qui redouteroient la corruption, mme avec la certitude, qu'ils ne seroient pas capables d'y cder; ce
((
vingt-trois sujets.
facile
de
voir
corrompre tous les principes j'ajoute qu'il est qu'une disposition, qui place un ministre du Roi dans
:
un sanctuaire de
et la cabale,
la justice,
prouv qu'elle les fermeroit la vertu. Je conclus donc en votant, pour que la question pralable fasse justice du projet du comit; je demande aussi que les commissaires qui l'ont conj'ai
comme
u,
est
soient
rappelles
et
au respect qui
d l'assemble
Gazette nationale ou
p.
1302.
Roberspierre. Quel est l'objet de l'institution d'un tribunal de cassation. Voil la premire question et peut-tre la seule que vous ayez juger. Les tribunaux sont tablis pour dcider les contestations entre citoyens et citoyens: l finit le pouvoir judiciaire; l cornmence
M.
Tautorit de la
le
Cour de
la loi et
maintien de
de
l'autorit lgislative
que
la
Cour de cassa-
573
Le pouvoir lgislatif n'tablissant que la loi gndont la force dpend de l'exacte observation, si les magistrats pouvaient y substituer leur volont propre, ils seraient lgislateurs II est donc ncessaire d'avoir une surveillance qui ramne les tribunaux aux principes de la lgislation. Ce pouvoir de surveillance fera-t-il partie du pouvoir judiciaire ? Non, puisque c'est le pouvoir judiciaire qu'on surveille. Sera-ce le pouvoir excutif ? Non, il deviendrait matre de la loi. Sera-ce enfin un pouvoir diffrent des pouvoirs lgislatif, excutif et judiciaire? Non; je n'en connais pas quatre dans la constitution. Ce
rale,
droit
effet,
de
surveillance est
lgislatif.
En
interprter
mme, ce
prin-
Je passe l'examen rapide des bases et de l'esprit du plan projet, dont le rsultat livre une institution l'influence ministrielle, doit tre rejet. Tout le systme qu'on vous propose se rduit une cascade d'lections, qui se termine par le choix du ministre et par le jeu toujours dsastreux des intrigues de cour.
du comit. Tout
Comment
sur
les
membres du
de
cassation,
cette
fatale
influence
!
que
vous leur avez ote sur les juges ? Quel trange systme On veut purer le choix du peuple par ses reprsentans et le choix des reprsentans par les ministres. Ce n'est qu'ouvrir un plus vaste charnp la cabale, la corruption et au despotisme. (On applaudit). Que resterait;
il faire pour livrer le tribunal aux ministres ? Etablir que le garde des sceaux prsidera ce tribunal? Eh bien! tel est l'article XXI. Dans l'article IV, le comit veut que, sans plaintes, le tribunal juge la conduite et les fautes d'un autre tribunal, de quelques-uns des juges qui le composent ou du commissaire du roi. Il veut que ce mme tribunal prononce sur les prises parties des tribunaux et des commissaires du roi. Il fait plus ne donne-t-il pas au garde des sceaux le droit d^humilier des juges ou des commissaires du roi pour des choses qui ne sont pas des dlits, mais des ngligences dans l'exercice de leurs fonctions, mais une conduite contraire la dignit des tribimaux ? Il veut que sur la dnonciation du garde des sceaux et l'avis du directoire du district, le tribunal de cassation prononce des injonctions, des amendes, des suspensions de fonctions. Nul systme ne fut jamais mieux imagin pour avilir l'autorit judiciaire, pour la ramener entre les mains du despotisme. Rien ne m'tonne autant que ce systme, si ce n'est qu'on vous l'ait prsent. Je ne puis en ce moment proposer aucun dtail; je demande seulement que l'assemble, en consacrant le princpe, dclare qu'au corps lgislatif seul appartient le droit de maintenir la lgislation et sa propre autorit, soit par cassation, soit autrement. Quant au plan propos, je pense qu'il n'y a pas lieu dlibrer, et que
:
574
les membres qui composent le comit <loivent tre rappels au respect pour les prmcipes constitutionnels (2).
))
XIV,
n"
499, p. 3.
tion
des
fonctions
des
Juges.
Ceux-l
Constitution et les
:
de la Loi, les autres en sont les conservateurs. La Loix particulires peuvent recevoir des atteintes jour-
nalires ces atteintes doivent tre surveilles. Si le pouvoir judiciaire pouvoit s'lever impunment contre l'autorit et la dcision des Lgislateurs,
s'ils
les
seroient
eux-mmes
les
mme
sur les Tribunaux, et Tribunal qui aura cette grande fonction peut-il appartenir au Pouvoir Judiciaire, peut-il tre form par lui ? Non ce seroit rendre les Tribunaux juges d'eux-m.mes, ce seroit dtruire toute l'utilit, tout l'objet de cette institution. Ce Tribunal appartiendra-t-il au Pouvoir excutif ? Sera-t-il form par lui ? Non, car l'interprtation des Loix, il tendroit commettre toute la puissance de au Pouvoir excutif, et l'lveroit audessus des Loix mmes, dont il pourroit diriger son gr l'interprtation le pouvoir de conserver l'autorit des Loix, de les faire respecter aux Juges qui voudroient les violer, ou qui en mconnoissent le vritable sens; ce devoir, dis-je, est le complment et une dpendance du Pouvoir lgislatif. 11 est important mme -q|ue les Membres du Tribunal de Cassation puissent tre jugs dans certains cas par le Corps lgislatif. On rpte que !e Corps lgislatif ne doit pas exercer le pouvoir judiciaire. Cet axiome n'est point applicable ici, car j'ai observ jque les fonctions de Juges sont absolument diffrentes des fonctions du Tribunal de Cassation. Un autre axome qu'il ne faut point mconnotre, c'est que le pouvoir d'interprter la Loi n'appartient qu' son auteur. C'est mme sur le fondement de ce principe que le Despotisme s'toit arrog parmi nous le droit de rformer les jugemens de tous les Tribunaux.
Mais qui
doit
avoir
surveillance
sur la prvarication
de Juges
Le
p.
170.
De
M.
Roberspierre, ni le
jugement des causes est la borne de ce dernier pouvoir, et que l l'autorit de la cour de Cassation, il a conclu que ce tribunal devoit tre une dpendance du pouvoir lgislatif. Voici ses raisonnele
commence
(2) Texte reproduit dans le Moniteur, VI, 336; dans Bchez et Eoux, VIII, 1920; dans Laponneraye, I, 66; et dans les Arch. pari.,
XX,
336,
575
Vous vou<lrez, sans doute, que le tribunal de cassation soit propr^ maintenir la constitution que vous donnez la France; vous voudrez que l'esprit de ce corps soit conforme l'esprit public. Le plan du comit est totalement contraire ce but. Tout son systme se rduit laisser au choix du peuple une reprsentation qui est vraiment illusoire, et qui insulte la souverainet du peuple, en paroissant la respecter. Le corps lgislatif doit, suivant le mme systme, faire un choix sur les sujets prsents, et il doit ensuite rduire le poids du corps lgislatif. Cette cascade, qui se termine au choix ministriel, aux intrigues de cour, ne peut pallier l'atteinte porte aux droits du peuple. Vous avez laiss au peuple le cihoix de ses juges. On allguoit, pour dlguer ce choix au pouvoir excutif, toutes les raisons qu'on peut allguer aujourd'hui pour lui attribuer le choix des membres du tribunal de Cassation; vous ne pouvez pas, sans tre contraires vous-mmes, varier dans l'application du principe qui dj vous a dtermins. Comme si ce n'toit pas assez de la violation manifeste des droits du peuple, on vous propose de resserrer encore la libert des lections du peuple, qui ne doit que prsenter en exigeant que les membres du tribunal de cassation ne soient choisis que parmi ceux qui ont dj dix ans de profession et d'exercice prs d'une cour souveraine ou de bailliage. Enfin on admet le ministre dans ce tribunal de cassation c'est i>eu; on lui donne une prsidence, qui le rend le despote de ce tribunal qui ne sera form que de ses cratures.
:
Annales universelles et mthodiques, t. VI, n 160, p. ^388. Assemble nationale (Beaulieu), 10 novembre 1790, p. 4.
M. de
de
la
l'rection
Robertspierre a ritr son opinion dj connue sur cour dont il s'agit si vous admettiez, disoit-il, le projet
:
vous pouviez consacrer de pareilles la plus tonnante contradiction avec vos propres dcrets. Comment rtablir ici le systme si justement repouss, d'ter au peuple le droit de nommer ceux qui doivent prononcer sur sa vie, pour le dposer entre les mains des ministres du
si
pouvoir excutif
((
? si
N'est-ce pas rendre ces ministres la confiance qu'ils ont justement et si gnralement perdue ? N'est-ce pas laisser flotter
justice au gr
la
des cabales de l'injustice et de l'ambition ? Donner au la prsidence du tribunal qu'on vous propose, n'est-ce pas soumettre toutes ses dcisions la passion, l'influence d'un homme qui n'apporteroit jamais dans le sein de cette cour, que l'esprit d'intrigue dont il seroit obsd lui-mme par la nature de ses fonctions, et celui de domination qui est inn dans tous les hommes qui remplissent de pareilles fonctions, et qui en est insparable ? Il ne peut y avoir, selon M. de Roberspierre, de systme mieux
ministre
du
roi
576
combin que celui du comit de constitution, pour avilir les juges, les loigner de l'esprit de leurs fonctions, ou les remettre sous l puissance du despotisme. C'est au corps lgislatif seul, dit l'orateur, que peut appartenir le droit de maintenir la constitution contre les atteintes
du pouvoir excutif;
violation
les erreurs
faite
aux loix manes de son sein; lui seul peut rectifier de ceux qu'elle a charg de les appliquer. Je demande que ce
soit
principe important
du comit
t.
XVII,
p. 345.
M. de
Robertspierre.
II
que
vous avez crer. Ce n'est point un tribunal ordinaire, dont les fonctions se bornent aux intrts particuliers; le tribunal que vous voulez
organiser
va
la
directement
violation
l'intrt
empcher
ciaire.
de
la loi,
Est-ce donc un quatrime pouvoir que nous voulons tablir ? Non, sans doute; il ne peut en exister dans une monarchie, que ceux que vous avez tablis et reconnus. Quel est donc le genre de pouvoir auquel ce tribunal doit tenir ? Ce n'est ni au pouvoir judiciaire, ni au pouvoir excutif, parce que casser un jugement et prononcer que la loi a t viole, n'est ni juger
{(
n'est au lgislateur
des parties, ni excuter la loi. Or, qui appartient-il, si ce lui-mme de surveiller la juste application de la loi ? Dans l'ancien rgime, quand le conseil cassoit un arrt du parlement, on se fondoit sur le principe que je viens d'noncer; le roi, en effet, toit le seul lgislateur alors reconnu. La Cour de Cassation est donc un complment du pouvoir lgislatif. L'opinant est parti de l pour exclure le pouvoir excutif de toute participation la formation de la Cour de Cassation. Il a demand la question pralable sur le plan du Comit, et que les autres fussent rappels aux principes constitutionnels et au respect d l'assemble.
les droits
((
^Assemble nationale,
p. 4.
Commune de
Paris (imitation),
t.
ferme dans ses principes, a commenc par tribunal de cassation ne dvoient embrasser que l'intrt gnral; il sera destin redresser les violations de la loi. Dans quelle classe de pouvoirs doit-il tre rang ? Ce n'est pas dans celle du pouvoir judiciaire; car casser un jugement, ce n'est pas juger les droits des parties; ce n'est pas non plus dans celle du pouvoir excutif, car il ne s'agit pas d'excuter la loi, mais de dire qu'elle
((
M.
Roberspierre,
tablir
que
les fonctions
du
a t viole;
et
d'ailleurs
si
le
577
ou
loi,
loin
d'tre
protge,
seroit
bientt
qui convient-il donc de dire que la loi a t mal-entendue ou enfreinte ? C'est, et ce ne peut tre qu'au pouvoir lgislatif. La cour
de
donc le complment de l'assemble lgislative. Le roi agens ne peuvent donc pas avoir plus de part la formation et aux fonctions de cette cour, qu'ils n'en ont celles de l'assemble
cassation est
et ses
nationale.
Lom
le
propose
et
le
comit, le pouvoir
ainsi les
la
de
lui
en asservir
l'intrt
et
de
reconnoissance,
pense que
le
constituer
telle
de manire
a
peuple a seul le droit de le former, et surtout de le qu'il dfende sa libert contre l'ambition immorrejette
des ministres.
L'opmant
disoit-il,
bien
l'esprit
loin
la
proposition
du
com.it,
Ce
seroit,
y porter
de passion
et d'intrigue;
ce seroit
corrompre tous les principes. Il a termin par demander la que les membres qui le plan du comit, et l'avoient conu fussent rappels aux principes constitutionnels qu'ils avoient viols, et au respect d l'assemble nationale.
turer
et
Journal de Paris, p.
((
1276-1277.
Lorsque dans la premire discussion sur la nouvelle organisation de la Justice on parla d'un Tribunal de Cassation, M. de Roberspierre, on peut se le rappeler, soutnt que la rvision des jugemens ne pouvoit appartenir qu'au Corps lgislatif qui devoit la faire prparer par un de ses Comits, et prononcer lui-mme cette opinion parut trange plusieurs (3). Cependant, elle n'toit pas sans caractre, il s'en faut bien. M. de Roberspierre l'a porte de nouveau aujourd'hui la tribune, il l'a fonde sur des dfinitions plus prcises de la nature des fonctions qu'on veut dlguer ce Tribunal. Ces fonctions, a dit M. de Roberspierre, ne sont pas de prononcer sur des intrts particuliers, mais sur l'intrt gnra!, il ne il n'exerjugera pas entre les Citoyens, mais entre les Juges et la Loi cera pas l'autorit des loix, il la conservera pure et sans violation. qui peut appartenir un tel genre de pouvoir ? Aux Juges ? Non car il doit inspecter, et, s'il le faut, annuler les jugemens, mais il ne doit pas les rendre. Au Pouvoir Excutif ? Non car il n'excutera pas
:
{(
(3) Il reprend en effet, une partie des ides qu'il expose dans son discours du 25 mai 1790. Mais il n'intervient pas la sance
du
11
novembre
de
la discussion
du projet.
578
les
seulement qu'elles ont t suivies ou violes. ne doit pas tre confi au Pouvoir il qui donc excutif, dont l'intrt est trop souvent de les violer. sera-t-il et doit-il tre donn ce pouvoir de juger si les Juges ont scrupuleusement appliqu les Lx>ix ? Et qui donc si ce n'est aux Lgislateurs mmes ? Qui peut savoir mieux qu'eux, ou comme eux, si la Loi,
dclarera
Fait pour maintenir les Loix,
leur ouvrage, a t
est
entendue et suivie
Un
:
de savoir si des jugemens ont t rendus sur les Loix, n'est qu'un complment de la Puissance lgislative c'est la mme puissance, et le Roi et les Ministres ne doivent pas plus nommer les Juges d'un tel l'Assemble Tribunal, qu'ils ne doivent nommer les membres de
Nationale dans l'un et l'autre cas, la libert publique seroit en pril, quoi qu'elle ne le ft pas au mme degr. Nomms par le Roi, les Membres de ce Tribunal lui seroient asservis par la double chane de c'est donc le Peuple, et le Peuple l'intrt et de la reconnoissance seul, qui doit faire de telles lections, et je ne crois pas avoir besoin de m'tendre beaucoup pour prouver qu'un Tribunal compos de Juges lus par la Nation ne doit pas tre prsid par un Ministre nomm par
:
le la
Roi, par
vrit
le
captive
aimeroit
mieux
fini par demander la question pralable du Comit de Constitution, et que le Comit lui-mme ft rappel cet esprit de la Constitution dont son projet lui parossoit
l'entier oubli.
Chronique de Paris,
t.
III,
n 314, p.
1255.
Les fonctions de ce tribunal, a dit M. Roberspierre, sont de (( n'oprer que sur l'intrt gnral et d'empcher la violation de la loi
plutt
que d'en faire l'application. Le genre de pouvoir auquel ce tribunal doit tenir, n'est ni le pouvoir judiciaire, ni le pouvoir excutif. Si le pouvoir de la cassation pouvoit tre confi au pouvoir excutif qui est souvent intress violer la loi ou en tolrer l'infraction, la loi,
loin d'tre protge, seroit touffe par le despotisme.
il
qui convient-
donc de dire que a loi a t mal entendue ou enfreinte ? C'est, et ce ne peut tre qu' celui qui fait la loi, au pouvoir lgislatif. Le roi et les agens de son pouvoir ne peuvent pas avoir plus de part A la formation et aux fonctions de cette cour, qu'ils n'en ont celle de l'assemble nationale. Loin donc d'admettre, comme le propose le comit, le pouvoir excutif la formation de cette cour, je pense que le peuple a seul le droit de former la cour de cassation, et de la constituer assez vigoureusement pour qu'elle puisse se dfendre contre l'am-
fini
du comit,
et
que
les
t.
579
et
au respect d
II,
141, p. 634.
M.
cassation ?
Roberspierre. Quel est l'objet de l'institution de la cour de Voil la premire et peut-tre !a seule question aue vous
c'est le but de toutes les institutions sociales, qui dirige les lgislateurs dans leur formation et dans leur comptence.
Lorsque a donn
les
de
juridiction
et
leur
la
intrt
loi
cette limite,
c'est
alors
que le tribunal de cassation doit dfendre de ces principes qu'on peut parvenir un juste rsultat dans cette matire. Dira-t-on que le tribunal de cassation est une partie du pouvoir judiciaire ? Non, puisque le pouvoir judiciaire doit lui tre soumis. Drive-t-il du pouvoir excutif? Non; car alors il auroit un moyen lgal d'anantir l'autorit lgislative, et ses dcrets se changeroient en de vaines formules, abandonnes la volont des agents du roi. Est-ce enfin une dpendance, une partie ncessaire du car je ne connois pas de troisime puisdroit de faire les lois ? Oui sance, et si les reprsentants de la nation n'avoient pas dans leurs mains
c'est
individus que
en
se pntrant
la
surveillance de
je
le rpte,
elles seroient
de l'impunit.
Je passe l'examen de l'article des lections. Le comit vous propose de faire choisir quatre-vingt-trois sujets par le peuple; sur ce nombre, le corps lgislatif en dterminera quarante; enfin, sur la prsentation des quarante sujets, le roi en choisira trente. Voil donc, en dernire analyse, le pouvoir excutif disposant son gr des membres composant le tribunal de cassation. Ce n'est pas tout, le chef de la justice doit tre, suivant le comit, le prsident n du tribunal de
cassation.
Il
est
facile
de
voir
que
le
rsultat
de ces
dispositions est
l'encouragement de l'intrigue, de la corruption, de la cabale. Je conclus donc par la question pralable sur le projet du comit, et je demande en outre qu'il soit rappelle l'ordre pour avoir manqu de respect aux
principes constitutionnels
de l'assemble.
))
Courier de Provence,
((
t.
XI,
p. 206.
la
M.
Roberspierre a
commenc
il
l'impression a t ordonne;
l'lection
des trente juges du tribunal de cassation. Ce tribunal exerant une surveillance qui appartient au pouvoir lgislatif, doit tre au choix des reprsentans du peuple. Le tribunal de cassation doit tre le vritable protecteur du peuple contre les grands; ceux-ci obsdent sans cesse le trne; c'est donc une erreur que de donner au roi une partie de l'lection,
qui
doit,
toute
entire,
appartenir
la
nation.
Ce
principe
580
incontestable est d'une pratique bien plus importante dans le emps o la nouvelle constitution se forme, malgr es nombreux ennemis qui
d'annes.
que quand elle sera consolide par une longue suite faut de plus loigner de ce vritable asyle de la libert, tout objet de sduction, et que ceux qui sigeront ne puissent accepter aucune grce, aucune commission du pouvoir, que deux ans aprs leur
l'attaquent,
Il
retraite.
Mercure
1475.
Robespierre a vigoureusement soutenu, et dmontr nergiquement que le pouvoir excutif ne pouvoit influer en rien sur ces nominations, et quant l'admission du garde des sceaux la prsidence, que ce seroit dnaturer tous les princij>es, que ce seroit bannir de ce tribunal tous les zlateurs de la libert, que confondus avec un ministre,
personne ne voudroit en tre, et finalement il a demand que les commissaires qui ont conu le projet soient rappelles aux principes constitutionnels, et au respect d l'assemble nationale.
M. de
Annales patriotiques
et littraires,
t.
III,
404, p. 643.
Robertspierre est oppos au vu du Comit. Veut-on, pourra-t-on ren Quelle contradiction avec vos dcrets dre aux ministres cette confiance si gnralement perdue ? Qu'apportera le ministre du roi, sinon l'esprit d'intrigues et de domination? Avilir
M.
les
juges ou les
:
corrompre,
je
voil
l'effet
t.
le
plan du Comit
demande
la question pralable.
Assemble
nationale,
Commune de
Paris (Perlet),
VIII,
462,
p. 3 et 4.
Robespierre pense que de mme au maintien de la constitution, c'est aussi lui seul rprim.er la violation faite aux loix manes de son sein, et rectifier les erreurs des juges chargs d'en faire
Fidle ses principes,
M.
que
le
Corps
l'application.
t.
Journal universel,
((
VIII, p. 2818.
la
MM. Robespierre et Chabroud ont vot pour que le peuple seul nommt les membres de la cour de cassation; que le roi ou ses ministres n'y fussent pour rien; et que le ministre de la justice y remplit seulement les fonctions de comcour de cassation; les deux plus distingus,
missaire
du
roi.
))
Courier Franais,
((
t.
MM.
Prugnon, Robertspierre
dvelopp
bres
qu'ils
de ce redoutable
561
Suivant
lui
de la loi, et non d'en faire l'application, au seul pouvoir l^latif que peut appartenir de dire que la loi a t enfreinte, ou mal entendue, et par consquent le roi ni ses agens ne peuvent pas avoir plus de part sa formation, qu'ils n'en ont celle de l'Assemble nationale; mais c'est le' peuple qui a le droit de former la cour de cassation.
est
sur la violation
et c'est
de prononcer
Courrier extraordinaire,
10 novembre 1790, p. 3.
Robespierre a sap le plan du comit jusques dans ses fondemens; il veut que les lections soient faites dans les dpartemens que le roi n'ait pas le droit de choisir parmi les lus; enfin, le rapporteur, aussi outr que son confrre Dubuisson l'est peu, a conclu ce que le comit fut rappelle l'ordre (4) pour avoir manqu de respect l'assemble, en lui proposant un plan aussi indigeste.
;
M.
I,
n 165, p. 3.
rien
de commun
prcdents orateurs, que les dclamations bannales contre la cour et les ministres. Il n'a pas t rassasi des vapeurs mphistiques et des exhalaisons empestes, que, dans sa censure emporte, M. Goupil, ce jeune vieillard, avoit fait partir de la cour et du cabinet des
avec
les
ministres.
t.
Le
Point du Jour,
((
XVI,
Roberspierre s'est lev avec force contre le plan du comit dans lequel il trouvoit un systme combin, pour avilir, pour anantir l'autorit des magistrats populaires, pour la rappeller toute entire entre les mains du despotisme, et surtout pour carter les citoyens vertueux des places de juges, il a demand que ce plan fut rejette et le comit
rappelle aux principes constitutionnels.
M.
L'Orateur du Peuple,
((
t.
III,
n 26, p. 208.
toit le tribunal
s'est
de
cassation.
Le
patriote,
l'in-
du Comit qui attribuait au roi la nommination des juges, prsidence son ministre. Il a tonn contre le vnal et gangren comit de constitution. Goupil de Prfeln et Chabroud ont soutenu l'opinion de M. Roberspierre...
MM.
((
M.
Roberspierre
II
s'est
lev
le
disposition
(4)
demand que
Dubuisson
tait g.alement
nal se
554).
582
Le Lendemain,
t.
U
la
n"
32, p. 283.
le projet
M.
du comit.
11
ne veut
parti
pas que le
oprations
moindre influence
C'est
ni sur la comjx)sition,
ke
ni sur les
de
ce
tribunal.
toujours
plan
ordmaire du
auquel tient
M.
Robertspierre.
Le
ont
Robespierre et Goupil de Prfeln qui ont parl ensuite, combattu la plupart des dispositions du projet de dcret prsent au nom du Comit.
aussi
MM.
Journal
des
dcrets
de
l'Assemble
nationale,
10
novembre
1790,
P-24.
MM.
Roberspierre
Celui-ci
et
Goupil
lieu
mme
cercle
d'ides.
demand que
Juges
ft fixe
deux ans au
de douze.
189.
SEANCE
DU
16
NOVEMBRE
1790
fut ajourn.
Le
du
Point du Jour,
t.
XVI,
n 494. p. 223.
la
M.
Robespierre trouvoit
question de la libert de
la Constitution.
la
culture
(1) Cf. E. Gondolff, Le tabac dans le Nord de la France (Vesoul, 1910); Bouchette, Appui de l'opinion de M. Delaville Le Roulx contre tout systme prohibitif de la culture, fabrication et vente libre du tabac, 5 fvrier 1791, Paris, Imprimerie nationale, in-8, 8 p. (B.N., Le-** 1270). Cette question fut en effet voque plu
sieurs
(cf.
583
17 novembre
1790, p. 5.
Le
tumulte augmente,
la
M.
tionnel
de conserver
prohibition
de
la culture
du
tabac,
))
190.
SEANCE DU
18
NOVEMBRE
1790
Gazette nationale ou
le
p.
1336.
soit
M.
Robertspierre. Je
demande que
le
Tribunal de cassation
renouvelle en totalit et le plus souvent possible. Ceux des propinans qui ont adopt l'avis contraire, n'ont pas redout l'esprit de corps,
mais
la
versatilit
de
la
jurisprudence.
Ce mot de
jurisprudence des
tribunaux, dans l'acception qu'il avoit dans l'ancien rgime, ne signifie plus rien dans le nouveau;
il
la loi; alors
il
y a toujours identit de
de corps, qui cherche toudans un tribunal, qui s'introduirait dans le tribunal de cassation comme partout ailleurs, parce que les hommes ont toujours une volont particulire. Il y a encore cet esprit d'orgueil, cet amour naturel d'tendre son autorit. Le seul moyen de l'empcher d'abuser de son autorit, est de la renouveller trs frquemment. C'est ainsi qu'on le rappellera cet esprit d'galit, sans lequel il n'y a plus de magistral, mais des despotes et des tyrans (2).
vritable inconvnient est l'esprit
jours s'introduire
Le
Le
Point du Jour,
t.
XVI,
n 496. p. 249.
et
MM.
Roberspierre rpondoient
(1) Cf. E. Hamel, I. 329. (2) Texte reproduit dans le liiirl., XX, 554.
584
de
la
cassation,
les
effet,
fonctions qui
lui
sont
attribues
n'en
?
tant
point susceptibles.
En
quel sera
le
d'exadiffi-
miner
tult
si
loi
ou obscure. Si
il
il
n'y a nulle
la
ne peut y avoir deux opinions dans cette loi est obscure, elle sera rforme ou clair-
Outre ces rflexions, qui toient communes aux trois opinans dont nous venons de parler, MM. Antoine et Robespierre en prsentoient une autre qui leur toit particulire. Ils disoient que si on dcrtoit que les juges seroient lus pour six ans, on allait donner au tribunal de cassation une puissance -formidable; qu'un esprit de corps funeste l'aiitorit du peuple, ou celle de ses reprsentans en seroit le principal systme et ils demandoient pour le bien de la constitution et de la libert publique, que le tri;
bunal de cassation
soit
deux
ans.
L'Ami du Roi
(Royou),
I,
174, p.
M. Robespierre, le corps lgislatif nama-t-il pas toujours ses cts le tribunal de cassation dont il saura bien diriger les jugemens dans le sens de la rvolution; et s'il ?e trouve quelque loi obscure et embarrassante, un adroit interprte du snat suD'ailleurs,
comm.e
disoit
prme n'en
lvera-t-il
pas toutes
,
les
difficults
Ainsi
nul
inconv-
L'Orateur du Peuple,
t.
III,
entre Chabroud, Robertspierre, a t dcrt que les juges du Tribimal de Cassation seroient en fonction pendant quatre ans et qu' ce terme il seroit renouvel tout entier; mais qu'on pourra lire les mmes membres.
MM.
Martineau,
Le
Spectateur national,
19 novembre
1790.
d'une- opinion
Robespierre, d'Andr et Mougins de Roquefort ont t contraire, et ils se sont fonds sur ce que l'e.iprit de corps tait plus craindre encore que la versatilit des principes.
et littraires, n
MM.
Annales patriotiques
413, p. 683.
Les fonctions du
tribunal,
rpondent
MM.
Mougin,
Roberts-
pierre et Antoine,
ne peuvent tre susceptibles de variation; ils n'ont autre chose qu' juger si la loi a t applique par les tribunaux ordinaires.
Courier de
Madon,
t.
VI, n
15, p.
204.
MM.
Roberspierre,
Anthoine,
585
n'tant
que
les
point susceptibles
tiers
de
variation
de
toit
inutile.
191.
SEANCE DU
18
NOVEMBRE
1790
(soir)
Le 26 octobre, Avignon avait renouvel son vu d'tre runi la Franoe. iLe 16 novembre au soir, un dbat s'instaurait ce sujet. Le comit d'Avignon, nomm le 23 juillet, et le comit diplomatique n'ayant pu se mettre d'accord sur le rapport prsenter l'Assemble, la discussion s'ourvrit sur la ptition de la ville d'Avignon {1). Ption, membre du comit d'Avignon, se pronona
premier pour la runion, que combattit Malouet (2). Le dbat reprend le 18 novembre au soir. Aprs Durand de Maillane, dput du tiers tat de la snchausse d'Ar'les, qui demande la runion, et l'abb Jacquemart, qui fait une proposition transactionnelle, Robespierre intervient en faveur de la runion. Aprs lui, le duc du Chtclet-iLomont, dput de la nobles&e du bailliage de Bar-le-Duc, demande que l'on ngocie avec le pape. Au terme de ce long dbat (3), l'Assemble adopta le projet ile dcret prsent par Mirabeau, au nom du comit diplomatique la dlibration sur la ptition du peuple avignonnais fut ajourne le roi fut pri de faire passer Avignon des troupes franaises, pour y protger les tablissements franais et y maintenir, de concert avec les officiers municipaux, la paix publique (4).
le
:
(1)
CL
P.
Vaillandet,
p.
78-83.
(2) Arch. nat., C 6, 447. Texte autographe de la motion de L'Assemble nationale a dcrett qu'elle ajourne indfiniment la ptition des habitants d'Avignon que le Roi sera suppli d'envoyer Avignon, conforn^ment la demande du Pape, <[es troupes franoises pour y protger la tranquillit publique sous l'autorit du pape. (3) Les dbats reprirent dans les sances du 20 et 21 novembre. Clermont-Tonnerre et l'abb Maury s'efforcrent vainement de ruiner l'intrt provoqu par les discours de Pethion et de Robespierre (cf. Orateur du peuple, t. III, n<* 38, p. 306; P. Vaillandet, op. cit., lettre CVI, p. 85-86, et Arch. nat. C 32, 275, lettre de Bouche au prsident de l'Assemble nationale). (4) Le vote de la .motion de Mirabeau provoqua une vive oppo-
Tabb Maury
comte de !la Marck le manda que vous avez fait dcider pour Avignon: ajournement et point de troupes, voil ce que j'aurais voulu (Correspondance entre le comte de Mirabeau et le conte d- la Marck, publie par M de Bacourt, t. II, p. 348). De mme,
'tion,
de la part des
:
royalistes, et le
son auteur
i((
je n'ai
pas aim
ice
586
DISCOURS DE M. DE ROBESPIERRE
Dput du Dpartement du Pas-<Ie-CaIais,
A L'ASSEMBLEE NATIONALE
Sur
Messieurs,
la ptition
du peuple Avignonois
(5)
pour la question qui vous est soumise, l'attention de vous les plus grands objets de vos dlibrations. Ce n'est pas sur l'tendue du territoire avignonois que se mesure l'importance de cette affaire, mais sur la hauteur des principes qui garantissent les droits des hommes et des nations. La cause d'Avignon est celle de l'univers; elle est celle de la libert. Il seroit galement inutile de la dfendre devant des esclaves, et coupable de
Je
rclame,
hommes
libres,
devant
les fondateurs
de
la libert.
Elle
me
parot
se
rduire
je
prouverai
successivement.
I
Le peuple
avignonois a le droit de
demander
la
runion la
Le peuple
sous l'autre
avignonois
sous
l'un
la
ou
de
nation
la suite de ^ce vote, les patriotes manifestrent leur mcontenteiment ainsi que le montre le texte ci-dessous. Pthion, Robespierre, tvous tous, patriotes de l'Assemble, qui tes bien peu nombreux, vous sur-tout gnreux avignonois, quel coup de foudre pour vous Des soldats, vont entrer dans vos murs, et l'on a jur de ivous remettre dans les fers! mais vous n'y rentrerez pas, vous prirez plutt victimes de la pusillanimit do l'assemble nationale de france. Ali Mirabeau, que je te hais, c'est toi qui est l'ouvrier de >ce dcret, toi, dput de provence,
! !
commettans demandoient grands cris la runion des avignonois. Que je hais ton fatal ascendant sur l'assemble nationale, que je hais ton infernale loquence; seul tu as caus plus de ma'l que 'le ct droit tout entier. Je dteste Maury, mais je le prfre un million de fois ta fourbe adroite et sacrilge. Vas tu as voulu river les, fers d'une nation devenue ilibre vas, dis-je, im nouveau champ se pr^'ente encore toi: l'aristocratie suisse redemande en ce moment de nouveaux hros de la libert helvtique, pour les faire monter rchafaud, il te manque la gloire <l'tre leur bourreau, de les rendre aux tyrans qui les redemandent. i.'M'encure national et Rvolutions de l'Europe, n 41, p. 1603). (5) Discours imprim par ordre de l'Assemble nationale, B.N., I.c^* 1101; Arch. nat. AD XVIII A 60; Arch. municipales de Carpentras, n 1753, fol. 473. Reproduit dans les Arch. pari., XX, 525-530.
toi,
dont
,les
587
qui veut
lui
ou comme un peuple devenu tranger la France, qui demande de s'unir elle. Or, dans l'une et l'autre de ces hypothses, la demande du peuple avignonois est juste. La preuve de cette proposition dcoule des premiers principes du droit public; elle exige l'exposition de quelques faits prliminaires, ou plutt d'un seul fait.
unie,
La
ville
d'Avignon
et
son
territoire,
la
qui
faisaient
partie
de
la
au pape Clment VI. S'il toit question de la vente d'un immeuble, ou de quelqu'objet qui ft dans le commerce, je vous rappellerois avec les historiens que la reine Jeanne toit mineure; qu'elle toit greve de substitution; que le contrat dont nous parlons toit le prix de l'absolution qu'elle ngocioit avec le pape, au tribunal duquel elle toit cite pour le meurtre de son mari; que, parvenue sa majorit, elle rclama contre cet acte scandaleux; que les tats de Provence qui elle avoit promis avec serment de ne point l'effectuer, se htrent de protester; je mettrois sous vos yeux la foule des protestations renouvele?, depuis cette poque jusqu' nos jours, par ses successeurs comtes de Provence, ou rois de France ou plutt des droits de la France sur cette partie de l'empire, maintenus et exercs par eux, par nos derniers rcis, par Louis XVI lui-mme, la maxime que l'tat avignonois n'toit, entre des mains des papes, qu' titre prcaire et d'engagements consacrs par les arrts de nos cours souveraines, et reconnue comme un point incontestable du droit public franois (6). Enfin, je vous prsenterois la fois
reine Jeanne,
;
qui
la
frappent
raison,
et
d'une
ternelle
actes
contraire?
la
aux
justice
bonnes
et
murs,
c'est--dire;
de
qui
titres
mmes
doivent en tre
.Mais
il
des droits des Nations; il est question de savoir si pu dtacher de la Provence le peuple avignonois, pour le vendre au pape et pour vous un seul mot dcide cette question. Vous le savez, l'autorit des princes n'est qu'une portion de la souverainet du peuple mise en dpt entre leurs mains; ils ne peuvent donc ni la vendre, ni l'aliner en aucune manire. Le peuple mme ne
s'agit
la
reine Jeanne
le
attachs la nature
et
peut pas, parce qu'il ne peut se dpouiller de ces droits essentiels, de l'homme, que la socit a pour but de protger
de maintenir,
i(6)
et qu'elle
En
1768,
Louis
XV
occupa Avignon
et le
Conitat
il
Icr^
ro:;-
titua en 1774, sauf la clause conservatoire des droits inali '-lablrs de la proprit (Rapport de iMenou l'Assemble, !:> no ni'il iTStl Arch. pari., XXV, 458). Pour Louis XVI, Robespierre fait sans doute allusion ses lettres patentes de dcembre 1774 qui accordent des droits, privi:
588
La
ment
ler
Une partie d'entr'eux ne peut en dpouilune partie ne peut retrancher l'autre de la socit pour la soumettre un pouvoir tranger. La nation provenale elle-mme, n'auroit pu cder les avignonois au pape. La reine Jeanne le pouvoit-elle, contre les rclamations mmes de la nation provenale? Non; les avignonois sont donc toujours rests de droit une portion intgrante de la Provence, et par consquent ,de la nation franoise laquelle la Provence a t incorpore. Eh comment pourriez- vous mconno^re cette vrit, vous, Messieurs, qui, les premiers, avez solennellement promulgu les lois immortelles sur lesquelles elle repose ? Seriez-vous moins
l'association politique.
l'autre;
!
clairs sur ce point, ou plus indiffrens que nos anciens Magistrats, que Louis XIV, que Louis XV, que nos jurisconsultes, que nos publicistes de tous les temps ? Mais veut-on qu'en dpit de ces principes videns. Avignon ait cess de faire partie de la France ? II faut donc le considrer comme un peuple spar qui demande s'unir elle. Or, dans cette nouvelle
d'hommes runis pour leur intun gouvernement commun si les lois ne sont que les conditions de la socit dtermines par la volont gnrale des associs, ei le gouvernement, l'organisation de 'autorit publique tablie pour le maintien des lois, qui pourra disputer un peuple, quel qu'il soit, le pouvoir de changer son gr et les lois et son gouvernement, et, plus forte raison, ceux qui il a confi les fonctions de ce mme gouvernement ? Et certes, si un homme pouvoit dire un peuple Je retiendrai, malgr vous, le pouvoir que vous avez remis en mes mains; vous ne changerez ni vos lois ni votre gouvernement, parce que j'ai des droits sur tout cela , cet homme, sans doute, n'auroit pas t tabli pour le gouvernement; le gouvernement auroit t tabli pour lui; l'autorit qu'il exerceroit ne seroit point une charge publique, une portion dlgue de la puissance du peuple; ce seroit un droit personnel, une proprit particulire; la souverainet du peuple seroit aline son profit; les lois, le gouvernement ne seroient plus l'ouvrage de la volont gnrale; il n'y auroit plus de peuple; il n'y auroit plus d'association politique; il ne resteroit qu'un
Si une nation n'est qu'une socit
sous des
lois
rt
commun,
et
sous
<(
Pape
facile.
foible,
nulle,
suivant moi,
mais que le premier rapporteur de cette affaire a juge assez solide pour en faire la base de son rapport contre Avignon (7). En convenant de la vrit de nos principes, il a considr Avignon comme formant avec
(7)
Le premier rapporteur,
27 aofit
1790.
tait
Tronchet, dans
.les
sances des
24
et
589
soumises au gouvernement <lu Pape, un seul et mme pour en conclure, que cette cit n'avoit pu changer son gouverleur concours;
nement sans
le
fait sur
peuples peuvent confier au mme individu le soin de tenir leur gouvernement, et rester cependant trangers l'un l'autre. C'est ainsi, pour me borner un seul exemple, que l'A^ngleles rnes
Deux
de
terre et
[le]
Hanovre reconnoissent
les ides
le
mme
mme
nation.
sont dpraves par le despotisme,
L'bomme, dont
coutume aisment ne distinguer les nations que par le nom de* leurs rois, et les rois la place des nations; il lui semble que deux peuplades se confondent sous la main d'un monarque, comme deux troupeaux sous l'empire du mme ptre, mais dans l'ordre de la raison et de la vrit, les peuples sont de grandes socits d'hommes libres qui, rglant avec une puissance souveraine et leurs intrts et leurs actions, ne s'associent, ne s'allient, ne s'identifient que par des conventions rciproques, par un consentement mutuel. Sans cette condition, soit
qu'elles aient pour rois des individus diffrens,
soit
qu'elles se
trou-
forment toujours des corps politiques distincts, unis au prince qui les rgit des titres diffrens, indpendans des autres tats soumis au mme prince. Or, quel
elles
mme,
que soit le titre, en vertu duquel le Pape a exerc l'autorit publique Avignon; quel pacte est intervenu, quelles relations ont exist entre le peuple de cette ville et les autres pays o il rgnoit ? Au contraire, toutes les barrires qui pouvoient marquer la sparation de ces diffet subsistent encore; diffrence des des usages, du gouvernement, de la constitution civile, militaire, judiciaire .Absolument tranger aux tats du Pape en Italie, Avignon ne l'est pas moins au Comtat Venaissin, auquel il tient immdiatement. Je m'arrte sur ce point, parce que c'est particulirement au Comtat Venaissin que l'on a voulu incorporer l'tat d'Avignon, pour prsenter la ptition de ce peuple, comme un vu partiel, auquel
murs, des
lois,
du Comtat
Mais
cette assertion
rapproche des faits notoires qui prouvent que le Comtat et Avignon furent toujours regards comme deux tats tellement distincts, qu'il n'y eut jamais rien de commun entre eux. C'est en 1275 que le Comtat Venaissin est cd au Pape
doit parotre bien tonnante,
lorsqu'on
la
Grgoire X, par Philippe le Hardi, moyennant la leve d'une C'est en 1348 qu'Avignon et son territoire sont munication Clment VI, par la reine Jeanne, pour payer une absolution. cette poque mme comme auparavant, on voit ces deux pays
:
excomvendus Depuis
toujours
Avignon des assembles connues sous le nom de parlemens gnraux. Le Comtat est gouvern par un recteur; Avignon par un lgat. Chacun de ces pays a
rgis
comme deux
tats diffrents.
Le Comtat
a les tats;
590
ses lois, ses tribunaux particuliers; les brefs, les bulles, les ordonnances des Papes, donnes pour l'un, ne regardent point l'autre, moins que le contraire ne soit expressment ordonn. Que dis-je ? La rvolution mme opre en mme temps, dans l'un et dans l'autre, ne nous prsente-t-elle pas la preuve la plus sensible de cette distinction ? Les omtadins ont actuellement une assemble reprsentative, laquelle ils n'ont jamais souponn que les Avignonois dussent tre appels; tandis que ceux-ci dlibrent et agissent sparment pour leurs intrts politiques (8). Enfin, la vrit de ce fait est la fois reconnue par l'un et l'autre peuple; et l'assemble du Comtat elle-mme, quelque dclare qu'elle soit contre le peuple d'Avignon, vient de vous l'attester encore dans une lettre adresse l'Assemble nationale. Je puis mme ajouter ici une anecdote assez importante; c'est que l'Assemble du Comtat, rsidant Carpentras, pour qui M. Tronchet a montr autant de bienveillance, qu'il a dploy de rigueur contre le peuple d'Avignon, vient de lui crire une lettre, pleine sans doute des expressions de sa juste reconnoissance, mais oii elle rfute l'erreur qu'il a commis, en pensant qu'Avignon et le Comtat toient un seul et mme tat. Mais c'est ici que i'tonnement redouble. Vous vous rappelez. Messieurs, quels loges on a donns devant vous la conduite de l'Assemble venaissine, qui, en dpit du Pape, a os changer les loix et la constitution de ce pays, et cela sans le concours du peuple avignonois, sans le concours des autres sujets du Pape. On a donc pens que le Comtat venaissin avoit le droit de faire tout cela sans le consentement des Avignonois; on n'a donc pas cru que le Comtat venaissin formait un seul et mme tat avec celui d'Avignon. Or, par quelle espce d'enchantement les adversaires du peuple avignonois runissent-ils, divisent-ils, leur gr, les pays soumis au Pape ? Par quelle fatalit arrive-t-il qu'Avignon fait partie du Comtat, lorsqu'il s'agit de juger ce que le Comtat a fait sans Avignon;
et
qu'il
n'en
fait
plus partie,
sans
le
lorsqu'il
?
s'agit
de juger
les
la
demande
des peuples sont-ils poss dans une balance si ingale ^ Ce n'est pas sans doute parce que l'Assemble comtadine change son ancien rgime despotique contre une constitution aristocratique, et que les Avignonois ont secou
qu'Avignon forme
Comtat
Pourquoi
droits
le
Ce
n'est
pas parce que le sige de l'Assemble du Comtat est l'asyle et l'arsenal de tous les ennemis du peuple franois, et qu'Avignon est l'objet de leur haine, de leur terreur et de leurs complots.
Le Comtat avait spar ds l'origine sa cause de celle d'Avidputs de Carpentra? iDrsentent l'Assemble reprsenune traduction renforce de Robespierre comme du systme ds M. Pthion de Villeneuve, plein de sophismes, de contradictions... Cf. Arch. nat., D XXIV, Papiers du comit d'A\i(8)
gnon;
les
tative le discours
((
^nou; et
D XXIX
18, d.
125,
591
donc dmontr que le peuple avignonois toit matre de forme de son gouvernement; et que la demande qu'il fait de s'unir la France est juste. Rpondrai-je aux futiles prtextes par lesquels on s'est efforc d'obscurcir cette grande vrit ? Non. Mais qui n'a pas t indign d'entendre sans cesse rclamer les droits, la proprit du Pape ? Juste ciel! les peuples, la proprit d'un homme et c'est dans la tribune de l'Assemble nationale de France, que ce blasphme a t prononc Qui n'a pas t au moins tonn de cette citation de l'article du dcret sur le droit de la paix et de la guerre, o l'Assemble nationale dclare que la Nation n'entreprendra jamais aucune guerre dans la vue de faire des conqutes (9); comme si le consentement mutuel, par lequel deux peuples s'unissent et se confondent, ou par lequel une partie d'un peuple se runit au tout, avoit quelque chose de commun avec la conqute moins que les auteurs de cette objection, ne voyant dans le dcret de l'Assemble nationale qu'un sens moral et figur, n'aient pens srieusement qu'elle avoit voulu s'interdire elle-mme cette espce de conqute, qui est l'ouvrage de la sagesse, de la justice
reste
la
changer
et
? C'est au milieu des troubles, c'est au milieu du sang, c'est aprs une insurrection violente, que le peuple avignonois demande tre uni la France; donc il faut rejeter la ptition ? Que ceux qui raisonnent ainsi, engagent donc les despotes rendre eux-mmes aux nations l'exercice de leurs droits, ou qu'ils rvlent aux nations le secret de les ressaisir, sans insurrections; ou plutt qu'ils fassent le procs au peuple franois mme, et ses reprsentans, ou qu'ils pardonnent aux Avignonois de les avoir imits. Voudroit-on leur faire un crime de l'horrible conspiration trame
contr'eux par les aristocrates, qui ont ensanglant leur Rvolution, par
massacre des citoyens; ou bien les croit-on indignes de rclamer les des hommes, parce qu'ils ont t forcs de combattre et de vaincre les lches ennemis de la libert et de la justice ? Quelles autres objections aurions-nous eues rfuter si les aristocrates d'Avignon avoient t les rapporteurs de cette grande affaire? (10). Mais ce qui est vraiment inconcevable, c'est que le premier raple
droits
du comit, qui nous a object les troubles d'Avignon, comme une rvolution devoit s'oprer sans troubles, n'a pas mme jug propos d'en rechercher la cause. Que dis-je Muni de la procdure qui en contenoit l'histoire authentique, il s'est fait une loi de la cacher aux yeux de l'Assemble nationale, sous le prtexte absurde de je ne sais quel vice de forme, que personne n'a pu comprendre; et grces cette
porteur
si
!
sance du 18 mai 1790. des afficiers municipaux d'Avignon, sance du 17 juin 1790 (Arch. pari., XYI, 256).
(9) Cf.
ci-dessus,
(10) Cf.
Lettre
lue
la
592
figure
Reprsentans de la Nation auroient ignor et les le peuple d'Avignon par les aristocrates de cette ville, et leur coupable mtelllgence avec ceux de la France. Il *st vrai que, par une contradiction assez bizarre, en mme temps qu'on couvrolt ces faits d'un voile mystrieux, sous le prtexte de rillgalit de cette procdure, on tlrolt de cette mme procdure des inductions en faveyr des ennemis du peuple avignonols, pour dterm.iner l'Assemble nationale rendre la libert ceux de leurs complices qui toient dtenus
attentats
commis contre
prisonniers
Orange
(11).
Certes,
naturel
nous
que, prodiguant toutes les chicanes que le plaideur le plus absurde puise dans une cause dsespre, les mmes adversaires d'Avignon aient feint de douter de son vritable vu, sous le prtexte que
de ses dlibrations ne contenolt pas renonciation du nombre des votans Oui, c'est en vain que tous les vnemens qui se sont passs la face de l'univers, attestent ce vu et la vrit des dlibrations authentiques qui l'expriment-, c'est en vain que le peuple
le procs- verbal
!
avignonois tout entier a combattu pour les soutenir; c'est en vain qu'il
a repouss le petit nom.bre des dissidens qui vouloient l'opprimer; c'est en vain que les armes de France brillent sur les portes de la ville, que
de nouveaux officiers municipaux, nomms par lui, l'administrent; que des dputs qu'il a envoys sollicitent publiquement auprs de l'Assemble nationale, la runion la France; c'est en vain que, le 14 juillet, tous les citoyens ont prt le serment civique qu'ont fait tous les Franois; que quatre dputs l'ont renouvel solennellement au Champ-deMars, avec ceux des autres parties de l'empire; c'est en vain que la garde nationale avignonoise a prsent l'Assemble nationale une adresse, o elle manifeste la rsolution de combattre jusqu' la mort pour la dfense des frontires de l'empire franois; que le 9 septembre (12), cette mme garde runie en armes, avec tous les citoyens des deux sexes, a jur de prir mille fois, plutt que de rentrer jamais sous le joug du pape, et de renoncer l'union avec la France; c'est en vain que toutes les. gardes nationales franoises des dpartemens voisins, confdres avec eux, mettent au rang des premiers devoirs du civisme et de la fraternit, celui de les dfendre contre les ennemis communs de la libert; on ne veut rien voir de tout cela; et on scrute froidement les procs-verbaux, pour y dcouvrir, s'il est possible, ce qu'on appelle un dfaut de forme; et on observe gravement qu'ils ne portent pas le nombre des personnes qui ont assist aux assembles, sans songer que les intrts des Nations et la vrit ne sont pas soumis ces subtilits
(11) Cf.
5
ci-dessus,
(soir).
(12) D'aprs P. Vaillandet, op. cit., 2" partie, p. 18; c'est le septembre que la garde nationale d'Avignon, l'occasio de la rception de ses officiers qui venaient d'tre lus, renouvela son vu de runion.
593
du barreau,
les dcrets
et
que, par la
mme
raison,
de l'Assemble
laissons-les
la
nationale.
de cette dcouverte; et aprs avoir du peuple avignonois est juste dans les deux inypothses, o on pouvoit le considrer, prouvons que la plus imprieuse ncessit force l'Assemble nationale l'accueillir. Ici, je ne vous dirai pas que c'est une vritable ncessit pour les reprsentans du peuple franois de respecter ces principes ternels de la justice, sur lesquels ils ont fond l'difice de notre constitution, de dfendre autant qu'il est en eux, cette cause sacre des Nations, qui
s'applaudir
Mais
prouv que
ptition
est leur propre cause, et qui ne peut gure succomber, sans entraner dans sa chute, ou sans branler leur propre ouvrage. Je ne vous rappellerai pas combien il importe votre gloire et votre puissance, au maintien de cette force morale dont vous tes revtus et qui vous est si ncessaire, de ne pomt livrer la fureur de ses ennemis et des ntres, un peuple dont tout le crime fut de suivre votre exemple, et de se dvouer pour la dfense de vos principes et de vos
lois.
Je ne vous rappellerai pas des raisons d'intrt politique, plus palpables peut-tre pour les mes vulgaires, quoique bien moins importantes
et
Je ne vous parlerai pas de la conservation de ces tablissemens la France s'est rservs Avignon. Je ne vous dirai pas que tant qu'Avignon resteroit spar de l'empire franois, sa position entre plusieurs de nos provinces rendroit impossible l'excution de ce systme salutaire du reculement des barrires aux frontires de la France; que la situation de cette ville au confluent du Rhne et de la Durance, le rocher qui la domine, la facilite qu'elle peut donner ceux qui en seroient les matres, de mettre des entraves la communication du Languedoc, de la Provence, du Dauphin, en
publics que
font une place infiniment importante et ncessaire la France, et vous invitent ne point violer la plus irrfragable de toutes les lois, celle
de
la nature
mme,
ft,
portion
du
territoire
Je
un
intrt
de cet empire. Rappelez- vous avec quelle inquite prudence, il faut pourvoir au maintien d'une constitution naissante, qui sera long-tems en butte aux attaques de tant d'ennemis puissans. Voyez au sein de cette partie de
(13) Il est intressant de signaler l'importance que Robespierre accorda aux conditions gogra/phiques et conomiques. Les autres orateurs n'envisagrent ila question que d'un point de vue purement
politique.
-
noBEsriF.uhfe.
ML
594
la
France o
civiles,
tre,
sions
le
Comtat venaissin
suivant le
pour
la
ou
le principal
tranquillit publique,
du peuple avignonois. Quel danger n'y auroit-il pas !e laisser retomber sous le joug de ceux qui, unis par des passions et des intrts communs aux mcontens de la France, conspireront avec eux pour amener une explosion fatale norte glorieuse rvolution C'est de ce pays que, dans nos troubles domestiques, les Papes souffloient sur ce royaume tous les flaux du fanatisme, de la guerre civile et religieuse, qui l'ont si long-tems dsol. C'est l que les ennemis du peuple Avignonois et du peuple Franois peuvent vous prparer de nouveaux troubles. Rappelez-vous, Messieurs, cette fameuse journe du 10 juin, o les aristocrates avignonois, de concert avec le gouvernement papal, le baignoient dans le sang des Citoyens, en poussant des cris de Vive
le sort
">
ils
abandorin leurs sinistres projets (14). Jetez les yeux sur les dpositions authentiques et nombreuses de cette procdure, si soigneusement carte, qui vous montre le plan de
contre-rvolution, qu'ils ont form, li aux troubles
de Nmes
(13),
aux
provinces mridionales, l'esjxnr des secours de l'Espagne, de la Savoie et du pape; et quelqu 'extravagante que puisse vous parotre cette ide, fixez votre attention sur les vnemens qui se passent dans le comtat. Ecoutez les adresses de vos gardes
les
de
la libert
coutez
Carpentras, qui a signal plusieurs fols sa haine, pour les principes de l'Assemble nationale, qui a formellement adopt la protestation de la
minorit contre ses dcrets, a convoqu secrtement un nouveau
fdratlf
de
trente mille
les
camp hommes; que des amas Immenses de bled et jours dans le Comtat; qu'alarme de ces prpaobjet,
l'aristocratie
dans toute autre hypothse que celle fianoise, la garde nationale d'Orange a arrt plusieurs reprises une quantit de caisses de fusils destins pour Carpentras. Vous verrez qu'elle vous renouvelle avec instance la demande qu'elle a dj faite de 3.000 fusils, pour tre en
videmment sans
tat
de s'opposer
leurs entreprises.
de cette milice citoyenne, en garnison Orange, en confirmant ces faits, vous dit, en propos termes, dans une autre adresse, que Carpentras avoit achet des canons Toulon, que la municipalit de cette ville n'avoit pas cru devoir lui laisser parvenir;
Le
comit
militaire
(14) Cf.
(15)
2
Sur
partie,
ci-dessus, p. 591, note 10. les troubles de Nmes, cf. sance du 2 avril 1971 (soir).
_
Discours de
Eobespierre,
595
que dans rimpossibilit de s'en procurer, l'assemble du comtat en faisoit actuellement jeter en fonte vingt-huit pices de tout calibre; que des voitures charges de balles pour Carpentras avoient t arrtes sur le 'territoire d'Avignon; mais que toutes ces prcautions n'ont pas empch que plus de quatre mille fusils et de quarante mille sabres
n'aient t introduits.
un autre ct, ce rassemblement des Pimontois, des Savoyards, des contre-rvolutionnaires de Nmes, d'Avignon et d'une foule de ci-devant nobles franois, le projet annonc des prtres et des nobles qui dominent dans le comtat, de porter leurs forces sur Avignon, o ils trouveront une artillerie considrable; les intrigues qu'ils ourdissent dans cette ville; l'or qu'ils y rpandent; les crits incendiaires qu'ils y font circuler tout cela ajoute encore aux alarmes des citoyens des
:
rassemblement des ennemis aux frontires, des mouvemens de toute espce ourdies dans le mme temps par les ennemis de la rvolution; ils sentent que le seul moyen de djouer tous ces complots, c'est de protger Avignon la cause populaire, en runissant cette ville la France; c'est de runir en mme-temps la France ce mme comtat Venaissin qui n'a pas t plus lgitimement vendu et alin qu'Avignon. Ce sont leurs vux, ce sont ceux de la France entire qui appuient la juste demande du peuple Avignonois. Mais ce qui est bien digne d'attention, c'est qu'avant que les circonstances actuelles eussent fait une ncessit de cette runion, les droits et l'intrt de la nation avoient dtermin les provinces voisines d'Avignon, la Provence et la principaut d'Orange h charger leurs dputs, aux tats gnraux, de la demander aussi bien que celle du
ces faits
<kx
comtat.
les raisons
irrsistibles qui
vous
? Comme si la runion d'une petite enclave du domaine franois, dj opre plusieurs fois, et toujours regarde comme lgitime, toit un vnement fait pour alarmer leo nations trangre;, et pour embraser l'Europe. Chacan le sent assez; ou les puissances qui nous sont suspectes, veulent la guerre ou elles ne la veulent pas si elles ne la veulent pas, un acte aussi indiffrent pour elks, et aussi juste, ne les dterminera point nous la faire si elles la veulent, elles sauront bien se passer d'un si frivole prtexte. Au reste, dans les circonstances o nous sommes, nous n'avons qu'une rgle de conduite; nous n'avons
guerre
s'ils
osent se
liguer
contre
pour Restez inviolablement attachs vos principes, et vous tes invincibles si vous les abandonnez, si vous montrez quelque foiblesse, vous tes dj vaincus. 11 ne me reste donc plus qu'une observation faire, purement relanotre libert; c'est la rsolution inbranlable de vivre
prir,
:
ou de
596
tive la
la runion
dont je parle.
Il
est ncessaire
du moins de dfendre
contre l'erreur
constitution,
de ceux qui, je ne sais pourquoi, ont propos de remettre au roi le soin de rgler cette affaire. Ils n'ont pas vu que l'article du dcret sur la paix et la guerre, qui donne au roi le pouvoir d'arrter et de signer les traits avec les puissances trangres, sauf la ratification du corps lgislatif, ne peut aucunement s'appliquer la question
L'acte par lequel un peuple est aggrg ou conserv la un acte du pouvoir constituant, puisqu'il a pour objet de dterminer l'tendue de l'association politique; c'est un article du pacte social, qui ne peut tre rgl que par la volont mutuelle des associs: il n'a donc rien de commun avec les relations particulires du corps politique, suppos form et organis, avec les socits trangres, dont
actuelle.
nation,
est
le dtail
ou
?
d'ailleurs,
qu'est-ce que
N'est-il pas
le
roi
question
membres de
la
nation
franoise ?
la nation elle-mme, ou par ses reprsentans ? Il est donc Impossible que le roi puisse intervenir dans cette affaire, jusqu' ce que vous ayez vous-mmes dclar cette volont souveraine dont vous tes les organes. C'est alors seulement qu'il pourroit tre charg de l'excution de ces dcrets, et mme des ngociations qui pourroient en tre la suite. Mais quel sera l'objet de ces ngociations ? Je n'ai pas besoin d'observer que ce ne peut tre la souverainet d'Avignon, puisque votre dcret aura dcid ce point. Ce ne sera pas non plus aucune indemnit rela-
tive cette souverainet, puisqu'il n'est {joint d d'indemnit pour la perte d'un droit usurp, ou plutt pour la cessation d'un long outrage fait l'humanit et aux droits des nations (16). Quel sera donc l'objet
Sera-ce l'indemnit des droits fodaux dont le la bonne heure, si vous de vos dcrets? pouviez le ranger dans la classe de nos ci-devant seigneurs; mais si vous considrez que la jouissance de ces prtendus droits fodaux n'toit que la suite et l'effet de la souverainet qu'il avoit usurpe; si vous consi-
l'effet
drez que des sicles d'une injuste jouissance sont plutt des motifs d'une immense restitution que des titres d'indemnit; qu'il ne peut pas mme exister de rparation assez grande pK>ur compenser la violation des droits sacrs des peuples et les crimes du despostisme; alors vous pourrez croire que vous ferez un grand acte de justice et mme de gnrosit, si, cartant l'ide de ces ngociations absurdes et sans objet, vous vous contentez d'adopter le projet de dcret que j'ai l'honneur de
vous proposer:
(16)
O'est sur ce point que Robespierre se spare essentielleil estime qu'on ne saurait accorder une indemnit ;
597
d'Avignon
et
L'Assemble
font partie
nationale dclare
que
la
ville
son
territoire
de l'empire
y
franois,
tre
y
la
excuts
comme dans
le reste
de
France
(17).
le
Gazette nationale ou
(18).
M.
Robespierre.
:
La
deux propositions 1 la ptition du peuple Avignonais est juste ; 2 l'Assemble nationale ne peut se dispenser de l'accueillir. Ou le peuple avignonais fait une partie intgrante de la France, et ne peut
tre spar, ou c'est un peuple tranger qui demande s'y runir. Dans l'un et l'autre cas, il ne faut que l'exposition de quelques faits et de quelques principes de droit public pour dcider la question. En 1348, Avignon fut cd au pape Clment VI par la reine Jeanne; or, cette reine toit mineure et greve de substitution. Avignon a t
en
de l'absolution qu'elle ngociait. Parvenue sa majorit, elle une donation qu'elle n'avait pas eu le droit de faire, Le Etats-gnraux du royaume, qui elle avait promis de ne point faire cette donation, protestrent contre le trait de 1348, et rclamrent la rincorporation d'Avignon au royaume. Les comtes de Provence," tous
le prix
rtracta
nos rois ont successivement fait valoir leurs droits sur cette ville, et n'en ont abandonn la jouissance aux papes que sous les clauses et rserves de proprit. Les vices qui frappent de nullit la donation de 1348 sont nombreux. Avignon faisait partie intgrante de la nat'.on provenale, et en vertu de la constitution du pays, ne pouvait en tre spar. Le principe que nos adversaires mmes font valoir avec emphase,
que la portion d'une nation ne peut tre spare de tous, sans le consentement gnral de l'association. La reine Jeanne ne pouvait donc pas donner ou vendre Avignon au pape, lorsque la nation provenale toute entire leva contre cette donation des rclamations unanimes, qui furent exprimes sur le champ par l'organe des tats-gnraux... Serions-nous, en cette circonstance,
est
cette
(17) Une correspo,ndance ionportante fut change la suite do sance entre Pi,obespierre et les officiers municipaux d'Avignon. Cf. Bchez et loux, VIII, 96-98; E. Hamel, I, 335-337, et G. Michon, I, 495, qui reproduisent ces lettres d'aprs les Rvolutions de France et de Brabant, t. V, n 59, p. 329-330 et 331-3:3., M. Chobaut a -publi dans les A. h. de la R.F. (mai-juin 1930) le tpxte exact de la rponse de Robespierre, retrouv par lui e<t rintgr par ses soins aux Arch. mun. d'Avignon. Une lettre des Amis de la Constitution d'Avignon Robespierre est connue par la rponse de ce dernier, du 25 dcembre 1790, reproduite par P. Yaillandet. A. h. de la R.F. (novembre-dcembre 1926) et insre iVcir G. Michon dans son t IJ, p. 16-17. (18) Texte reproduti dans le Moniteur, VI, 419 dans Bchez efc Roux, VIII, 00-95; et dans les Arch. pari., XX, 525 et s.
;
;
598
moins courageux reconnatre les droits des peuples que les anciens d'Aix, qui, par plusieurs arrts, dcidrent qu'Avignon devait tre rincorpor la France ? Porterions-nous un jugement moins juste, moins dcisif que les publicistes de tous les sicles '>... Il est donc prouv qu'Avignon a fait une partie intgrante du comt .de Provence depuis runi la France, et qu'il n'et jamais d en tre spar. Considrons maintenant Avignon comme un peuple tranger qui veut librement se runir nous.
magistrats
gouvernement sont tablis pour le maintien de la de quelques individus, qui peut contester l'association politique le droit de changer la nature de son gouvernement ? Car si un homme pouvait dire un peuple vous ne changerez pas votre gouvernement, j'ai des droits sur lui, et je puis vou forcer le maintenir, il s'ensuivrait que cet homme ne serait point fait pour le gouvernement, mais que le gouvernement serait fait pour lui: qu'il serait la proprit d'un individu, et non pas celle de la socit; la souverainet du peuple aurait t aline au profit de cet individu; il n'y aurait plus de peuple, il n'y aurait qu'un despote et des esclaves. Cette proposition n'a pas encore trouv un seul contradicteur. On a prtendu qu'Avignon ne faisait pas, ne pouvait pas faire un Etat spar des autres Etats du pape. Quoi deux peuples n'en sont devenus qu'un, ont perdu leur indpendance mutuelle; parce qu'ils ont choisi le mme individu pour tenir les rnes de leur gouvernement Les habitans d'Angleterre et de Hanovre, pour avoir le mme roi, ne sont-ils pas deux peuples distincts ? Il semble que les peuples se confondent sous la main d'un mme roi, comme deux troupeaux sous la direction d'un mme pasteur... Non, les peuples sont matres de choisir les mmes chefs, et de rester indpendans entr'eux. On a allgu, pour dtruire ces raisonnemens, qu'Avignon a t de fait incorpor aux autres Etats du pape. Tous les titres, tous les monumens prouvent qu'il en diffre et par la forme de son gouvernement, et par sa constitution civile, militaire et judiciaire. Non seulement il est tranger aux Etats d'Italie, mais il l'est encore au comtat Venaissin. C'est en 1275 que le comtat a t cd par Philippe-e-Hardi, pour payer la leve d'une sentence d'excommunication: c'est en 1348 qu'Avignon a t cd par la reine Jeanne, pour payer une absolution... Depuis cette poque, ces deux pays ont toujours t distincts, ont toujours exist sous un rgime diffrent. Le comtat a des Etats-gnraux; Avignon a un recteur. Les loix, les coutumes, les tribunaux sont diffrens; les bulles du pape ne sont communes pour les deux Etats, que
Si les lois,
si
le
socit, et
non pour
l'intrt
((
Dans
cette rvolution,
ft
consentement
ncessaire
599
vu d'Avignon,
la
existe entre les deux peuples; elle a au premier rapporteur de cette affaire, ( M. Tronchet) en le remerciant de la manire honorable dont il a parl en faveur du Comtat, et a rclam expressment contre l'erreur o il est tomb, en
Assemble,
distinction
qui
mme
crit
disant
qu'Avignon
faisait parit
du Conitat.
Rpondrai-ie aux
?
futiles objections
On
du Pape. Juste ciel les peuples, la proprit d'un homme ? Et c'est dans la tribune de l'Assemble nationale de France qu'on a profr ce blasphme!... (On -applaudit plusieurs reprises). On vous a dit que, par un dcret, vous aviez renonc toute conqute. La runion d'un peuple un autre a-t-elle quelque chose de commun avec les conqutes ? Une conqute n'est-elle pas l'oppression d'un peuple auquel le conqurant donne des fers. Ici les avlgnonals vous Invitent un contrat libre de part et d'autre... On nous a rpondu encore que le vu des avlgnonals avait t form au milieu des troubles et de l'insurrection. Que les auteurs de ces raisonnemens engagent donc les tyrans rendre aux peuples l'exercice de leurs droits, ou qu'ils donnent aux peuples les moyens
les recouvrer sans insurrection. (On applaudit plusieurs reprises). ...Ou plutt qu'ils fassent le procs au peuple franais et ses reprsentans, avant de le faire ceux qui nous ont imits... Ce qui est inconcevable, c'est que ceux qui ont reproch au peuple avlgnonals les troubles de sa rvolution, nous en ont dissimul les causes; ils n'ont pas voulu considrer que ces causes sont les mmes que celles qui nous ont fait recouvrer nos droits, avec cette diffrence que la rvolution
de
d'Avignon
avait t sanglante.
On
et
l'on
vu des
vain que ce peuple a combattu, qu'il a cart les obstacles que prten-
opposer un petit nombre de dissldens. C'est en vain que les d'Avignon ont unanimement vot la runion; qu'ils ont envoy une adresse nergique l'Assemble nationale. C'est en vain que le 5 septembre, la garde nationale a prt le serment de mourir plutt que de se soumettre au pape, et de renoncer la demande de devenir franaise. On ne veut rien voir de tout cela; on ne nous prsente que
daient
lui
districts
des chicanes,
lits
comme
si
les droits
du barreau...
((
peuple avignonais a le droit de se dmontrer que vous ne pouvez vous dispenser d'accueillir sa demande... Je ne vous dirai pas qu'il est de votre Intrt de dfendre ces principes; que la cause d'un peuple qui court la libert, ne peut gure tomber sans entraner dans sa chute, ou sans branler votre propre cause. Je ne vous dirai pas que vous vous couvrirez de honte en livrant la vengeance des ennemis
J'ai prouv jusqu'ici
Il
que
runir la France.
me
reste
vous
600
la libert, un peuple qui Ta si gnreusement conquise. Je ne vous dvelopperai point les raisons d'intrt politique qui ont toujours d engager la France conserver Avignon, dont le territoire enclav dans la Provence, rendrait le reculement des barrires impossible, ou infiniment dispendieux, ou accompagn d'une foule d'incon-
communs de
vniens.
Je ne vous rpterai pas qu'Avignon fait partie de cet empire; de la France contre les ennemis extrieurs; mais je fixerai vos regards sur une considration plus importante, je veux dire sur le vu fortement prononc de toutes les municipalits, de toutes les gardes nationales du dpartement des Bouches-du-Rhne, qui vous demandent la runion d'Avignon et du Comtat la France, et vous
avertissent
qu'Avignon sera
le
soutien ou le flau
de votre
constitution,
suivant le parti que vous prendrez. Je vous invite vous rappeler les transports d'armes et de munitions de tout genre qui ont t faits dans
ce pays, malgr
tique le soin
la
qui
ont arrt
dernire
de prvenir les dangers qui vous menacent... J'ajoute une Les dpartements voisins d'Avignon, considrant que l'oppression et le despotisme ont seuls pu faire passer Avignon sous
rflexion.
la domination papale, ont charg, par les cahiers, tous leurs dputs, de demander la runion de cette ville. Quel argument peut encore balancer ce vu, et obscurcir vos yeux les droits imprescriptibles des peuples ?...
Si les cours trangres veulent vous faire la guerre, elle? se passeront bien de ces frivoles prtextes; S'il est vrai que votre rvolution les alarme, vous ne pourrez leur prsenter que les armes que tous "les peuples, dans l'tat de rvolution, ont opposes aux tyrans, le serment de prir pour la libert. Adoptez d'autres principes, et montrez quelques craintes, vous tes dj vaincus. (On applaudit). Permettez-moi encore quelques rflexions relatives la manire d'excuter la runion qui vous est propose. On vous a dit qu'il fallait charger le roi de ngociations; mais les articles du dcret sur le droit de paix et de guerre ne peuvent s'appliquer cette circonstance, o il s'agit de la runion volontaire d'un peuple un autre. Le pouvoir constituant a seul le droit d'tendre l'association, de dterminer les conditions d'une runion. Il n'y a ici rien de commun avec les autres relations particulires qui s'entretiennent par l'intervention du roi, au nom d'une socit dj organise. Il est impossible que le roi puisse ici intervenir avant que vous ayez dclar que vous acceptez la runion. C'est alors seulement qu'il pourra tre charg de l'excution de ce dcret, et de quelques ngociations minutieuses, qui ne pourront jamais avoir pour objet, ni la souverainet d'Avignon, ni aucune indemnit accorder pour la perte d'une usurpation et pour la cessation d'un long outrage Une longue jouissance fait aux droits des nations et l'humanit.. indemnit... injuste exige plutt uije grande restitution qu'une (On
((
601
Vous
:
dcret suivant
partie
L'Assemble nationale dcrte qu'Avignon et son territoire font de l'empire franais, et que tous ses dcrets y seront incessamtre excuts suivant leur
t. II,
forme
et teneur.
1.
Suppl. au n
135, p.
Robespierre, en rappelant avec rapidit les faits dj prsents par M. Pthion, s'est rvolt contre la mauvaise foi, contre la fraude employe par le pape pour dpouiller une princesse jeune et foible. Pouvoit-elle, a dit l'opinant, vendre ses peuples ? Les peuples sont-ils l'encan? De quelle autorit un prince est-il revtu? Du droit de gouverner, d'excuter la loi pour le bien et l'avantage de ceux
qui
lui
M.
en confient
le
pas lui-mme se vendre, vendre le peuple qui se vendroit, se dpouilleroit de tous ses droits, de celuimme, de disposer son gr du prix de sa vente, prix que le despote
pourroit lui enlever.
seroit
est
Un
Un tel acte ne seroit qu'un trait de dmence, il Et puis quel fut le prix d'Avignon? Un pardon. Certes, celui qui le donna, en a t suffisamment rembours par son abusive
nul.
possession.
Et d'ailleurs n'est-ce pas lui rendre tout ce qu'il a donn que pardonner aussi sa fraude. Mais, nous dit-on, il a t reconnu pour tre le matre de ce pays... Juste ciel! les peuples sont la proprit d'un homme et c'est dans la tribune de l'assemble nationale qu'on a os profrer ce blasphme contre le droit des nations Vos dcrets, vos principes, me dispensent de rpondre une pareille sotise... L'opinant a rsum les nombreuses preuves de l'adhsion unanime, majeure, vraie, sincre et ardente, que les Avignonois expriment pour leur union la France. Puis il a dit, c'est vous, reprsentans de la nation franoise, accueillir des homm.es qui n'ont jamais cess d'tre franois; il est inutile de charger le roi de faire aucune ngociation cet gard. Il seroit trange qu'on offrit une indemnit au pape, pour un droit qui n'exista jamais ou plutt pour l'outrage trop rel qu'il a fait un peuple, au mpris des droits sacrs et imprescriptibles des hommes. Je propose donc de dcrter que la ville et le territoire d '.Avi-
de
lui
((
gnon
dans
fait
partie
de l'empire
la
franais,
que
ses
dcrets
de l'assemble
comme
de
France.
Assemble nationale (Beaulleu), 20 novembre 1790, p. 3-4. M. de Robertspierre a trait les deux propositions suivantes
ptition
la
des Avignonais
juste.
602
sidr que sous ces deux rapports, ou comme anciennement Franais, ou comme peuple tranger; et dans l'un et l'autre cas, il peut, sans aucun inconvnient, selon M. Robertspierre, tre runi la Frfince. Jeanne de Naples n'a pu vendre ou donner la ville d'Avignon au Saint-Sige, et sa mort, elle en a tmoign ses regrets; mais sans examiner si la reine de Naples pouvoit faire un acte de cette espce, si la ville d'Avignon pouvoit tre tour--tour le prix d'une absolution, ou la main leve d'une absolution, l'orateur s'est attach tablir, sur-tout, que le peuple Avignonais, tant souverain de lui-mme par
((
le droit
suffisoit
la
France.
((
de
les rois
L'homme habitu vivre dans l'esclavage, disoit l'orateur, regarcomme tenant la place des nations, et les na'^ions comme la
il
la
main d'un mme pasteur... sur un peuple! et c'est tribune de l'assemble nationale de France que ce blasphme est
comme de
vils
troupeaux
sous
la
homme
prononc.
M.
du
roi.
D'ailleurs,
M.
la
pet'^e
ville
d'Avignon, enclave au milieu des dpartemens du royaume de France, puisse tre un prtexte aux puissances trangres pour nous dclarer la guerre si elles sont dans cette intention, elles trouveront d'autres raisons que celles-l. L'opinant a propos le dcret suivant il est remarquable
: :
la
ville
territoire,
de l'empire Franais,
et
seront envoys,
comme dans tous les autres doartemens. L'assemble a ordonn l'impression de l'opinion de
))
M. de Ro-
bertspierre
(19).
t.
XVIII,
p. 7.
:
Je considrerai la question sous deux faces la ptition des Avignonois est juste; l'assemble nationale ne peut se dispenser de l'accueillir.
Robertspierre
:
M.
(19') L'impression du discours de Robespierre fut propose par son collgue Bouche. Il n'est pas impossible, ainsi que le fait rep. 145. que ce dernier, qui tait en relations troites avec les dputs d'Avignon, n'ait qii.elaue peu inspir cette intervention de Robespierre . Cf. galement H. Chobaut, Le r;remier pisode de l'affaire d'Avignon la motion de Bouche l'Assemble nationale (Mmoires de l'Institut historique de Provence, 1925, t. II, p. 5-30).
marquer G. Walter,
603
que comme
D'abord,
les
Avignonois ne peuvent
tre considrs
Franois ou demandant l'tre. Quant la reine Jeanne les a cds au Saint Sige, elle ne le pouvoit ni ne le devoit; M. Pethion l'a prouv.
L'autorit des princes n'est qu'une partie
de
la souverainet
du peuple
Non
lui-mme ne peut se dpouiller. Avignon et le Comtat sont deux tats distincts. Philippe le Hardi a cd le Comtat au pape, pour lever une excommunication Jeanne a cd Avignon pour payer une absolution (on applaudit). Le Comtat est gouverii par un recteur; Avignon par un lgat. Le moment actuel ne le prouve-t-il pas sans rplique } Le Comtat a une assemble repr((
:
sentative, sans qu'il ait pens y appeller les Avignonois, cette assem-
en rendant grces au rapporteur (M. Tronchet) a cependant relev une erreur o il toit tomb, en disant qu'Avignon faisoit partie du Comtat. On a oppos qu'Avignon toit la proprit du pape. Juste ciel Le peuple la proprit d'un homme et c'est dans la tribune de l'Assemble nationale de France qu'on a os proposer cette doctrine On a object que c' toit au milieu du carnage et du >ang que que les adversaires enseignent donc aux cette runion toit demande nations des moyens de se ressaisir de leurs droits, autres que l'insurrection, ou plutt qu'ils fassent le procs au peuple franois et ses reprsentans, ou qu'ils pardonnent Avignon de les avoii imits. J'ai prouv la justice de la ptition d'Avignon. Reste la ncessit pour l'Assemble nationale de l'accueillir. Ecoutez les adresses de tous les corps administratifs voisins, des gardes nationales vous y voyez partout les mmes craintes exprimes par-tout ce pays est reprsent comme Je flau ou l'appui de votre Constitution, selon le parti qui y domine. L se font des amas d'armes et de bleds. Montrez de la timidit, et vous tes vaincus.
ble reprsentative,
!
! !
{(
((
M. Robertspierre a prsent le projet de dcret suivant L'Assemble nationale dclare qu'Avignon et son territoire font partie de l'Empire franois; que le Roi sera pri d'y envoyer les dcrets de l'assemble nationale, pour y tre excuts comme dans le reste de
((
:
la
France.
p. 272.
M.
dj dit dans
droit
toire
Robertspierre a revtu de son style ce que M. Pthion avoit le sien; seulement il a travesti le droit de gouverner en
se
les peuples,
mnager l'occasion d'un mouvement orala proprit d'un homme et c'est On vous la tribune de l'Assemble que ce blasphme est prononc a rpondu encore, a dit l'orateur, que le vu des avignonois avoit t form au milieu des troubles et de l'insurrection. Que les auteurs
de proprit, pour
Juste ciel
!
)>
604
de ces raisonnements engagent donc les tyrans rendre au peuple l'exercice de leurs droits; ou qu'ils donnent au peuple les moyens de les
recouvrer sans insurrection... ou plutt qu'ils fassent le procs au peuple
On
a prtendu que les signatures avoient t surprises; c'est j>euple a combattu, qu'on a sign, qu'on a vot,
qu'on vous a envoy une adresse nergique, des procs-verbaux, des sermens, des dputs que vous avez admis la barre... On ne nous apporte que des chicanes, com.me si les droits des peuples toient soumis aux subtilits du barreau. J'ai prouv que le peuple Avignonois a le droit de se runir la France; il me reste vous dmontrer que vous ne
pouvez vous dispenser d'accueillir sa demande. Sa dmonstration s'est borne au vu de toutes les municipalits et gardes nationales du dpartement des Bouches-du-Rhne, qui nous avertissent qu'Avignon sera le soutien ou le flau de notre constitution, suivant le parti que l'on prendra. Qua^it aux puissances de l'Europe, mme raison que M. Pthion. Pour ce qui est de quelques ngociations minutieuses que suppose cette affaire, elles ne pourroient jamais avoir pour objet ni la souverainet d'Avignon, ni aucune indemnit; une longue jouissance injuste exige plutt une grande restitution qu'une indemnit. L'opinant a conclu, au bruit des applaudissemens. que l'Assemble aura satisfait tous ses devoirs, en dcrtant qu'Avignon et son territoire font partie de l'empire franois, et que tous ses dcrets y seront incessamment envoys, pour y tre excuts suivant leur forme
et teneur.
Mercme
national
et
41,
p.
1555 (par
d'Avignon. de thorie politique, et pour cette fois, l'assemble n'a pu se dispenser d'en ordonner l'impression. M. Robespierre a parcouru avec rapidit les faits qui ont donn lieu au dmembrement d'Avignon de la Provence; (ces faits sont connus), il a examin les droits de tous les peuples, et particulirement de celui d'Avignon, il a prouv que jamais il n'avoit cess d'tre franois, que s'il avoit cess de l'tre, if pouvoit le redevenir; qu'une nation quelconque pouvoit toujours changer la forme de son gouvernement, quand elle le croyoit utile son bonheur et sa libert, que la puissance des monarques n'toit qu'un dpt confi 'eurs mains, qu' chaque minute on pouvoit le redemander; et sur ce qu'un propinant avoit dit que le pape toit le matre des avignonois, Robes-
M.
Robespierre a repris
discussion
Son
de de
l'affaire
logique,
pierre,
le
Brutus de l'assemble,
s'cria
juste
ciel
les
peuples,
la
proprit d'un
homme
et c'est
dans
la tribune
de l'assemble nationale
605
!
national Ces diverses considrations ont conduit Robespierre conclure ce que les dcrets
fussent envoys incessamment
le reste
Avignon, pour
comme dans
de
la
France.
Robespierre parut et foudroya l'loquence perfide de ce tratre (20). Robespierre reprsenta encore de nouveau ces faits historiques qui fondent les justes et gnreuses demandes des braves avignonois il seconda les premiers efforts de Pthion, il prsenta aux yeux de l'assemble, les droits de l'homme qui dvoient tre la rgle de ses devoirs, hlas il
((
; '
qu'aprs les avoir reconnus, aprs avoir dchir le voile qui les couvroit, elle ne pouvoit plus se les drober elle-mme; il crut
crut
lui
comme
pouvoir dire que c'toit un blasphme d'avoir prononc dans l'assemble nationale de France, que des hommes appartenoient un homme Robespierre fut cout avec attention, il fut applaudi avec enthou!
Qui
auroit
pu prvoir
ce qui a suivi
Tandis
de prsident des noirs. Chaque fois que la bouche du dfenseur des peuples, blessoient l'oue impure des factieux, chaque fois qu'ils vouloient murmurer, Stanislas tendoit une main imposante, et ce geste ridicule faisoit taire les oiseaux de nuit.
tribune, jouoit le rle honorable
les paroles
de
vrit
sortant
de
La
M.
ports
1 la ptition des
Avignonois
est juste;
l'assemble nationale de l'accueillir. Comme les raisons qu'a fait valoir l'opinant, rentrent presque toutes dans celles qu'avoit dveloppes M.
Le
Il
790.
M. Robespierre a pris la parole, aprs M. l'abb Jacquemard. pense que la ptition des Avignonois porte tous les caractres qui constatent la volont gnrale d'un peuple, et croit fermement l'authenticit des parchemins qui contiennent les titres de la souverainet de la nation franaise sur le pays avignonois.
Journal de Versailles,
t.
111,
n"
172, p. 745.
les
M.
Robertspierre,
l'histoire,
tablissant
le
crs dans
et
sur
le
droit
des nations,
conclu
territoire
d'Avignon
fait partie
ce que de l'empire
pierre.
606
XII, p. 360.
Robespiere Je rappelle l'illgalit de la vente faite par la reine Jeanne, Clment VI, et soutiens, avec quelques historiens, que cette vente a t le prix d'une absolution on vous a dit, ajoate-t-il, que les Avignonois toient une proprit du Pape juste ciel les peuples tre la proprit d'un homme et c'est dans la tribune de cette assemble, que ce blasphme a t profr on vous a dit que la ptition des Avignonois avoit t faite au milieu du carnage, et qu'elle toit crite en caractres de sang, mais on ne vous a pas ajout que les motifs de l'insurrection Avignonoise toient les mmes que ceux qui ont provoqu les insurrections dont nous avons t les tmoins qu'ils aillent donc, ces hommes, apprendre aux despotes restituer aux nations les droits qu'ils leur ont usurps, ou qu'ils apprennent aux peuples le secret de s'en ressaisir sans insurrection. L'orateur conclut enfin, ce que l'assemble dcrte que le Roi sera pri de donner des ordres pour faire proclamer Avignon les dcrets constitutionnels
:
: : ! ! ! :
M.
Chronique de Paris,
t.
III,
n 324, p. 1296.
l*""
[Reproduit d'abord
ajoute
:]
le
alina
du Journal du
soir (p.
600), puis
l'adh-
L'opinant
rsum
vraie,
les
nombreuses
preuves
de
sincre et ardente,
la
que
:
les
Avignonois
de
la natoin
franaise,
France. Puis il a dit c'est vous, accueillir des hommes qui n'ont
jamais cess d'tre franais; il est inutile de charger le roi de faire aucune ngociation cet gard. Il seroit trange qu'on ofFrt une indemnit au pape, pour un droit qui n'exista jamais, ou plutt pour l'outrage trop rel qu'il a fait un peuple, au mpris des droits sacrs et imprescriptibles des hommes; ensuite, il a propos de dcrter que la ville et le territoire d'Avignon font partie de l'empire franais,' que les dcrets de l'assemble nationale y seront envoys incessamment pour y tre excuts comme dans le reste de la France.
))
t.
XIV,
n 510, p. 6.
Robespierre n'a annonc qu'une analyse des princines que leur vidence dispense de dmontrer avec tendue. Il a tabli deux propositions: la Ptition de? Avignonois est juste; l'Assemble ne peut se dispenser d'y accder. Il a envisag le Peuple Avignonois 1 comme un Peuple franois qui n'a pas pu tre spar de la France; 2 comme un Peuple qui dispose de lui-mme. Il a retrac un histo:
M.
de la cession faite d'Avignon par la Reine Jeanne, en 1348, pour une absolution. Mais ce que M. Robespierre s'est attach prouver, c'est qu'Avignon est absolument distinct du Comtat Verique trs-court
naissin.
607
t.
Assemble
P- 2.
nationale,
Commune de
Paris (imitation),
M. Robertspierre a raisonn dans les mmes principes que Pthion de Vileuve (sic); il a soutenu comme lui que la surprise faite par le pape une princesse jeune et foible, n'avoit pu acqurir au premier qu'une proprit illgitime contre laquelle, le peuple Aviil a rappelle les grands principes gnonois toit toujours en droit de la souverainet, de la libert des peuples, de leur droit de se donner des chefs et de leur ter la puissance lorsqu'ils la faisoient servir opprimer, lorsqu'elle ne doit que protger.
((
M.
164, p.
52.
M. Robespierre a pens, au contraire, que la nation pouvoit s'emparer d'Avignon et de son territoire. Ses raisons portent sur ce que la reine Jeanne de Naples ne pouvoit aliner le peuple Avignonois. Son discours, qui est trs-long, et o il n'y a rien qui n'ait t dj dit, doit tre imprim, d'aprs la demande du ct droit de l'Assemble (21). M. Roberspierre a propos l'Assemble de dclarer que les peuples d'Avignon et de son territoire font partie de a nation
franoise.
t.
Journal universel,
VIII,
n.
289-290.
sur
MM.
l'affaire
((
de Malllanne, Jacquemart, Robespierre ont parl d'Avignon, qui ne peut manquer d'tre unie la Frarxe.
...M. Robespierre, dans un discours, dont l'impression a t ordonne, a prouv et par l'histoire et par les grands principes du droit des nations, que l'assem.ble doit dclarer que le territoire d'Avignon
fait partie
de l'empire
franois.
20
novembre
1790,
Cette proposition (de Pthion) fortement combattue, dans les sances suivantes, par Malouet, Duohatelet, Jacquemard, Maury,
MM.
Clermont-Tonnerre
pierre,
Bouche
et
MM.
Roberts-
Le
Patriote Franois,
((
III,
n" 469, p.
I.
Dire que M. Robespierre a parl sur cette question, c'est annoncer qu'il a dploy avec force les grands principes qui, seuls, doivent dterminer une nation loyale et indpendante. M. Chatelet est un peu loin de ces principes, lui qui fait grand cas des parchemins; notre proprit, mais il vouloit ngocier.
))
(21) C'est
et obtint; l'impression
du discours
do Robespierre.
608
Courier Franais,
t.
M.
a
ne,
droit
Roberspierre, dans un discours dont 1* impression a t ordonprouv, et par l'histoire, et par les grands principes du
nations,
fait partie
des
d'Avignon
dclarer
que
le
territoire
avec
la
Municipalit,
17
novembre
790.
M. Robertspierre a fait un discours qui a t fort applaudi et dont l'assemble a ordonn l'impression, deux abbs ont pror longuement mais sans que nous ayons pu entendre un mot, parce que l'impatience de l'Assemble et des tribunes se manifeste ds que quelqu'un prend la parole contre nous et les orateurs ne peuvent obtenir silence
(22).
i(22)
Cf. P. Vaillandet,
op. cit.,
2^
partie, p. 84.
SEANCE DU
19
NOVEMBRE
1790
?]
t.
attendant la grande dcision sur l'affaire d'Avignon, ajourne par l'assemble nationale au samedi 20, M. Robesp... !'a juge au club des lgislateurs suprieurs de la rue Saint-Honor pour faire
;
En
qu'un dcret de quatre lignes, lequel tant constitutionnel, sera simplement prsent
il
ne
lui
en
coiite
(1)
Voir
la
sance de
l'Assemble
nationale du
18
novembre
1T90 (soir).
(*) Rien dans Aulaix (1, 380). Dans les jours qui suivirent, de nombreuses adresses furent lues la Socit, demandant la runion d'Avignon la France. Cf. Vaillandet, Correspondance des dputs d'Avignon prs l'Assemble nationale, 3^ partie, p. n.
609
1790
SEANCE DU 24
NOVEMBRE
Le
le
Point du Jour,
t.
XVI,
n 503, p. 353.
Pour apprcier toutes les propositions qui vous sont faites sur remboursement des brevets de retenue, disoit .Robespierre, il suffiroit de vous rappeller la dfinition qui vous en a t donne par votre comit des pensions. Ce sont des actes par lesquels le roi ou ses ministres donnoient aux titulaires qu'il vouloit favoriser l'assurance que la place ne seroit point donne un autre, moins que celui-ci ne leur payt une certaine somme. D'aprs cette dfinition trop justifie par les abus qui voois ont t dvelopps, vous voyez que les brevets de retenue toient des actes contraires aux loix, des libralits faites des courtisans aux dpens du peuple, un trafic du despotisme ministriel, avec la faveur et avec la cupidit des courtisans. C'en est assez pour conclure qu'il n'y a pas lieu dlibrer sur les divers projets de remboursement qui vous
un (1) Cf. E. Hamel, I ,340. On .entend par brevet de retenue acte sign de celui qui avait le droit d'accorder des provisions d'un acte par lequel il s'engageait ne donner aucunes provisions un nouveau titulaire sans que celui-ci et remis aux .mains du titulaire actuel ou de ses ayants cause une somme spcifie dans le
<(
office,
brevet (dfinition donne par Camus). Ces brevets n'avaient pas tous la mme origine; les uns consistaient en quittances du montant du prix de charges verses au trsor public, comme celles de commissaires de guerre; d'autres, comme ceux des gouverneurs de province, rsultaient d'actes royaux; d'autres enfin rsultaient de libralits du roi ou de ministres. On valuait le chiffre des remboursements effectuer de ce fait, environ 100 millions de livres. (2) Le Comit, dans cet article, proposait d'accorder une indemnit diffrente pour les brevets concds partir du l"" no-
vembre
-
1769.
(3) Cf.
Point du Jour,
t.
XVI,
p.
354.
If.O^il.Sl'IKRld'E.
'^
41
610
de l'humanit
titres imprescriptibles du peuple et quoiqu'on puisse dire que ceux des riches et des courtisans, qui ont obtenu ces places et ces libralits, quelques couleurs que l'on veuille leur donner. Je demande donc que l'on dispense les habitans de nos campagnes et le peuple de nos villes de porter les cent millions d'impts, dont il faudroit les charger pour
Les
sont plus
sacrs,
et pour consacrer ces injustes ngociations qui leur ont t absolument trangres, et qui doivent tre mises au rang des abus les plus rvoltants dont ils tolent les victimes. (4).
payer,
t.
XII, p. 412.
t.
M.
Le
d'Andr.
Patriote Franois,
III,
n"
474
p.
3.
les
contre
M. Robespierre M. d'Andr. M.
a dfendu
courageusement
vrais
principes
p.
la
40.
Robertsplerre
vot pour
suppression
M.
voulu que
(4) Cf.
M.
E.
Hamel,
I,
341.
194.
SEANCE DU
DECEMBRE
1790
articles constitutionnels
(1).
concernant l'organisation de
aussitt
constila
Le dbat s'ouvre
sur
l'ensemble
du
Robespierre intervient (2), mais* l'Assemble ferme la discussion sur l'ensemble et commence l'examen de chacun des articles (3).
soire du 18 novembre, La Fayette avait dj dei(l) Dans la mand qu'on s'occupt de l'organisation dfinitive des gardes nationales. Le rapport du comit de constitution et du comit mili-
runis avait t publi la fin de novembre. Hamel, I, 338, place par erreur cette intervention de .Robespierre au 26 novembre. dcembre 1790 et (3) Cf. ci-dessous, sance des Jacobins du 5 Discours imprim sur l'organisation des gardes nationales.
taire
(2) E.
611
XI,
p.
536.
11
est
regretter,
Robespierre, quand il a voulu dvelopper le princip^e ternel, inaltrable, que tout citoyen a le droit de s'armer pour sa propre dfense.
M.
Quand
l'explication du 4" article, des murmures invinmurmures dicts par un parti qui veut dominer dans l'assemble, qui ne souffre point de contradicteur, qui ne rgne que
il
demand
:
fait circuler. C'est la peur qui a empch bonnes gens d'entendre M. Robespierre dont l'inflexibilit des principes est redoute des hommes corrompus ou mal intentionns.
)>
Journal universel,
t.
VIII, p. 3044.
((
Le
prtations...
nal, au
nom des
Mon
on
lui
a ferm la bouche.
commun
seroit le
ce sujet l'Assemble Nationale; osoit dire Il n'y a pas de sens demander ce qu'il demande (en parlant de Robespierre); ce moyen d'armer des troupes de vagabonds.
Un membre
C'est honteux...
L'Ami du Peuple
(Marat),
t.
IV, n 302,
p. 5.
seul Robertspierre s'est vainement lev condes pres conscrits; sa voix a t touffe par les clameurs des Montlausier, Foucauh, Desmeunier, Rabeau, Chapelier, Martineau, Duquesnoi, Malouet, iMotti (4), et autres tratres
,1e
Robertspierre
la
nation...
t.
XV,
n 534, p. 5.
d'atteinte ce principe
Robespierre a demand que l'Assemble ne portt point de droit naturel qui permet chaque citoyen de s'armer pour sa sret et la sret commune. Tout citoyen arm est matre de celui qui ne l'est pas. M. Robespierre n'a pu continuer son opinion au milieu des murmures qui l'ont interrompu. (5)
((
M.
<4) Mot-ti. Les patriotes dsignent ainsi Lafayette tait Pau] lloch Auguste Gilbert de Motur, marquis (5) Texte utilis dans les Arch. pari., XXI, 236.
612
SEANCE DU
DECEMBRE
1790
(1)
L'Assemble nationale avait discut ce jour-l le projet de dcret prsent par Habaut de Saint-Etienne et concernant l'organisation de la torce publique. Kobespierre tait intervenu dans la discussion pour affirmer le droit de tous les citoyens tre membres de la garde nationale. L'Asseanble passant outre ses observations, avait adopt un texte qui excluait implicitement pour l'averir, les citoyens passifs de la garde nationaile. la sance de la Socit des Jacobins, Hobespierre critiqua vivement le dcret adopt de matin par l'Assemble nationale, tel point que Mirabeau qui prsidait le rappela l'ordre, sur ce qu'il n'tait permis personne de parler sur un dcret rendu. Le lendemain 6 dcembre, rAssemble nationale, faisant une concession aux ides dfendues par Hobespierre, dcrta les deux articles suivants: 1) iLes citoyens non-actifs qui durant le cours de la rvolution, ont fait le service de garde nationale, pourront tre autoriss en remplir ies fonctions durant le reste de leur vie. selon les rglements qui seront statues cet gard. 2) Les citoyens qui font actuellement les fonctions de gardes nationales, continueront le service dont ils sont requis, et il ne sera rien innov, d'aprs les prsents dcrets, dans la composition des gardes nationales actuelles, jusqu' ce que l'organisation ait t
((
dtermine
(2).
t.
Journal universel,
VIII, p. 3044.
vaincu
le
Le
patriote Robespierre,
du vote de
(1) Aulard place cette sance le lundi 6 dcembre, mais il apparat d'aprs ile Courier de Provence qu'elle eut lieu le soir mme l'article 4 du projet de dcret sur l'organisation des gardes nationales. Enfin le Journal Universel indique nettement qu'il s'agit du dimanche , donc du 5, de mme que le Mercure national. (2) Of. Point du Jour, t. XVI, p. 355. Malgr le vif incident que souleva Mirabeau au cours de cette sance, son journal rendit pleinement hommage Robespierre (Courier de Provence, t.XI. p. 538).
Les ides que M. Robespierre avoit voulu dvelit en effet lopper la tribune avoient t saisies par le comit de constitution. J^'impression que fit, aux Jacobins, le discours de ce patriote, fora li comit de corriger ce qu'il y avait dans son dcret d'attentatoire a la dclaration des droits. On prit un biais qui calmoit les crainles des gardes nationales actuelles, mais peu propre rassurer les .amis de la libert sur les effets futurs de ce dcret. Le comit de <;onstitution proposa de dcrter que les citoyens non actifs qui portoient les armes, toient autoriss les porter le reste de leur
:
On y
vie...
613
nale (c'tait dimanche) lut le soir aux Jacobins un discours sur le droit qu'ont tous les citoyens, actifs et inactifs, d'tre admis dans la garde
grande force; et comfut trs applaudi (3). Son discours finissoit, quand M. Mirabeau, prsident, le rappella l'ordre, sur le prtexte qu'il y avoit un dcret rendu dans la matine mme et qu'il n'toit permis personne, et surtout aucun membre de l'Assemble Nationale, de parler contre un dcret rendu. Cette interruption excita un soulvement parmi le peuple indign de
nationale.
Il
la plus
me on aime
il
ce qu'on prtendoit dpouiller les citoyens inactifs du droit de porter l'uniforme; le tumulte dura pendant une heure et demie. M. Charles Lameth parvint le calmer, mais il prtendit galement qu'on n'avoit pas le droit de parler contre un dcret; cette prtention ne fut pas applaudie et elle ne mritoit pas de l'tre. M. Noailles rconcilia les esprits, en soutenant que le dcret ne comportoit pas le sens qu'on
lui
prtoit...
et
de Brabant,
t.
V,
n**
55, p. 111.
Qui
fit
clater le soir,
parurent
plaudissements dont il fut couvert, si forte censure du dcret du matin, alarmer Mirabeau, prsident des Jacobins. Il osa rappeler Robespierre l'ordre, en disant qu'il n'toit permis personne de
parler contre un dcret rendu.
Cette interruption excita un grand soulvement dans l'assemble, dj indigne de ce qu'on prtendoit dpouiller les citoyens non actifs, du droit de porter l'uniforme. a-t-il
que Mirabeau imposait Robespierre et la raison qu'il en allguoit. C'est notre obissance seule aux dcrets que vous avez droit d'exiger, et non pas notre silence. C'est bien assez que vous ayez le droit d 'enchaner notre volont sans mettre encore notre pense au cercueil. Quel despotisme que celui d'un
rien
le silence
lui
crie
si
impratifs
de continuer;
est-ce qu'un
n'y avait paysan ni vendeuse d'herbes dans l'Attique qui au nez de Mirabeau s'il lui avoit chapp de dire qu'on ne pouvoit pas parler contre un dcret, aussi le tumulte dura-t-il pen((
n'auroit
les (3) Cet important discours ifut remani et imprim dans jours qui suivirent sous le titre de Discours sur l'organisation des gardes nationales. A ca,use de aon norme re^;entissement et des commentaires dont il fut l'objet, nous le publions part, mais on ne s-aurait oublier qu'il fut prononc en partie au cours de cette
sance.
"'
614
dant une heure
et
la
voix de
sa
son-
ne pouvoit parler aux oreilles, s'avisa de parler aux yeux, et pour les frapper par un mouvement nouveau, au lieu de mettre son chapeau comme le prsident de l'Assemble nationette toit touffe, nale,
il
monta
sur
son
s'il
fauteuil.
Que
s'cria-t-il
comme
Aussi-tt
et
et
question
personne.
une trentaine
cette
entourent Mirabeau.
incorruptible,
les
pur,
lui
si
loquent,
avoit
autour
toute
de
tous
vrais
l'lite
du pa-
triotisme.
thtral
..Le silence que n'avoient pu obtenir la sonnette et le geste de Mirabeau, le bras en charpe de Charles de Lameth (4) par-
vint le ramener. 11 monta la tribune oiJ tout en louant Robespierre de son amour pour le peuple, et en l'appelant son ami trs cher, il le colaphisa (5) un peu rudement et prtendoit comme M. le Prsident qu'on n 'avoit pas le droit de faire le procs un dcret sanctionn ou
non.
La difficuh tant leve, la parole fut rendue par le prsident Robespierre qui acheva son discours au milieu des applaudissements
((
comme
il
'avoit
commenc.
(6)
Il
t.
V,
n 45, p.
fit
1761.
affaire
est
notre
une
de
Je lui
le
(4) 'Charles de iLameth avait t bless au cours d'un duel avec duc de Castries. Rappelons k ce propos que (Robespierre avait, aussi, t provoqu en duel, le 15 octobre, ainsi que le relate Spectateur national (n 320, p. 556): Un officier du rgiment du
roi est all 'vendredi ina-tin chez iM. Robespierre. Il l'a. dit-on, interpell de la manire la plus outrageante, en lui demandant raison de quelques opinions articules par ce dput au sein de l'Ass^embJe nationale. M. Robespierre n'a pas cru devoir, accepter la proposition d'un duel, mais il s'est comport, ce qu'on assure, de faon ne mriter, sur cet article, que des loges des hommes qui ne croient pas que l'honneur consiste s'gorger pour des mots. Ce qui inspire de l'estime pour M. Robespierre, dans cette circonstance, c'est le silence qu'il garde religieusement sur le nom de l'officier qui l'a provoqu, dont la conduite nous parot rprhensible, et que son indiscrtion auroit pu jetter dans de grands em-
barras
Journal de la Rvolution, n 67, p. 539. Frron, dans l'Orateur du Peuple (t. TJI, n 30, p. 339), tvoit, dan^s tous ces faits, un plan concert par la Cour pour supprimer les dfenseurs du peuple.
Cf. galement le
(5)
(6)
I,
403.
615
mmes
M. Rabaud
F. Robert.
n"
n'est
la
modrs de
libert.
La
Feuille du Jour,
t.
I,
13, p.
99.
se passa, mercredi soir (7), une scne vive aux Jacobins. Mirabeau, prsident de la socit, soufroit impatiemment la lenteur d'un mmoire de M. Robespierre, je crois, ou d'un autre penseur de la mme toffe, qui proposoit srieusement la destruction des milices nationales, la suppression d'un commandant gnral, la contribution personnelle et ncessaire au service intrieur, et d'autres
((
Il
M. de
ides accessoires,
dignes du fond...
7 dcembre
Le
Patriote Franois,
1790.
Le Club des
lut
Robespierre y
Jacobins eut hier une sance trs orageuse. M. de un discours sur le droit qu'avaient tous les citoyens
Fond
grande force, il fut singulirement applaudi. Son discours finissait quand M. Mirabeau, prsident des Jacobins, le rappela l'ordre, sur le prtexte qu'il y avait un dcret rendu dans la matine mme, et qu'il n'tait permis personne, et surtout un membre de l'Assemble nationale, de parler contre un dcret rendu.
la
dveloppa avec
plus
Cette mterruption excita un soulvement universel dans l'assemble, dj indigne de ce qu'on prtendait dpouiller les citoyens non actifs du droit de porter l'uniforme; le tumulte dura pendant une heure et demie. M. Charles de Lameth pwvint le calmer; mais il prtendit
galement qu'on n'avait pas le droit de parler contre un dcret, et de Noailles rconcilia cette prtention ne fut pas fort applaudie. davantage les esprits en soutenant que le dcret ne comportait pas le sens qu'on lui prtait. Le dcret ne bornait pas aux seuls citoyens actifs le droit d'tre garde nationale, mais il ordonnait ceux qui voulaient tre actifs de se faire enregistrer. II ajouta que tel tait le sens dans
lequel
il
avait
avait assist.
(8)
<:elui
mercredi 8 dcembre', le numro tant ici du Mais on ne saurait s'y arrter, car ce journal fourmille d'erreurs de dates et de faits. (8) Texte reproduit dans Aulard, , 404. Cf. galement G. Wal(7) Il
s'agirait
13.
du lundi
ter,
p.
136-137.
616
DISCOURS
SUR
(1)
Maximilien
ROBESPIERRE, Membre
de
l'Assemble nationale
MESSIEURS,
Vous
tes tous convaincus que,
de
restent former,
de
Buisson, 1790, in-S" de 78 p. (Bibl. V. de P., 950804; parut vraisemblablement au milieu Le^ 1456). Il de dcembre. Le 18, il en fut donn lecture la Socit des Ajnis de la Constitution de Versailles, qui en avait reu deux exemplaires (cf. G. Walter, p. 144). Cette lecture est interrompue plusieurs fois par de vifs applaudissements^ et l'on vote une nouveille lettre de remerciements ^Robespierre A la mme poque, la Socit de Marseille en reoit galement un exemplaire et aJdresse aux autres socits de province une lettre circulaire dans laquelle elle souligne que ses membres partagent entirement les ides de Robesjjierre. Versailles la reoit le 21 dcembre, et le 28, adopte soa xour le texte d'une circulaire aux (Socits affilies pour les engager appuyer vivement cette campagne. Des rponses nombreuses lui parviennent par la suite: le 21 mars 1791, de Poitiers; le 25, de Pdntarlier, le 4 avril, de OonHans (cf. iG. Walter, p. 145). Ce discours fut rianprim par les soins de la iSocit des Amis de la Constitution de Besanon (Besanon, Simard, 1791, in-S" de 61 p.). Un exemplaire est conserv la Bibl. de la iSorbonne sous la cote RFr 140, et 'nous avons pu voir que les deux textes sont rigoureusement identiques. Ce dernier est aocomipagn de la mention suiet
B.N.,
vante
'La Socit des Amis de la Constitution tablie Besainon, qui le mmoire ci-dessus a t envoy par l'Assemble Nationale, ayant trouv 'que les droits du peuple, relativement au service militaire national, y toient tablis d'une manire aussi claire que so-
a dlibr, que pour mettre un plus grand nombre de personmme de se pntrer des excellens principes qu'il renferme, et donner en mme temps l'auteur un tmoignage particulier de son estime et de sa reconnoissance, il seroit livr l'impression.
lide,
nes
Besanon, ce 3 Fvrier
1791.
ne fut pas isole, et on peut affirmer qu'un certain nombre d'ditions de ce discours circulrent de janvier avril 1791 travers toute la France. Toutefois, Robespierre ne put l'utiliser la tribune de l'Assem-
617
Je
me
Vous
le
moyens de parvenir un but utile la socit, et, pour bien choisir et employer les moyens, il est toujours ncessaire, il suffit souvent de connotre parfaitement le but et de ne le jamais perdre de vue. Examinons donc, avant tout, quel est l'objet prcis de l'institution des gardes
nationales, quelle est la place qu'elles doivent tenir, quelle est la fonction qu'elles doivent
comme des consquences palpables de ce principe. Ce seroit en vain que nous chercherions ici des autorits ou des exem.ples trangers parfaitement analogues. L'ide de l'institution des gardes nationales, du moins telle que nous la concevons, est neuve; elle appartient notre rvolution; elle fut presque galement inconnue et aux peuples libres, et aux peuples subjugus par le despotisme. Chez les premiers, les citoyens, ns soldats pour dfendre la patrie, s'arment dans les dangers qui la menacent, repoussent les invasions des ennemis du dehors, et rentrent dans leurs foyers o ils ne sont plus que des citoyens. Quant aux autres (je parle des peuples modernes), ils entretiennent, ou plutt leurs monarques entretiennent, leurs dpens, des corps de troupes permanens qu'ils emploient alternativement pour combattre leurs ennemis trangers et pour enchaner leurs sujets. Tel est l'ordre de choses que vous avez trouv, parmi nous, en comn.enant votre carrire. Je ne vous rappellerai pas ce qu'il devoit vous conter si, par un enchanement extraordinaire d'vnemens dont l'histnire du monde n'offre pas un exemple, les soldats du despotisme n'toient devergles
de
nus tout--coup les soldats de la libert... Les circonstances extrieures qui vous environnoient vous ont dtermins conserver une arme nombreuse sur pied; vous l'avez laisse entre les mains du prmce; mais en
senti que cette force, dangereuse la libert, juge par vous un mal ncessaire, exigeoit un puissant remde, et vous avez appelle les gardes nationales; ou plutt, au premier cri de la libert naissante, tous les Franais ont pris les armes, et se sont rangs
en bataille autour de son berceau; et vous, convaincus qu'il ne suffisoit pas de crer la libert, mais qu'il falloit la conserver, vous avez mis ds-lors au rang de vos premiers devoirs le soin de consolider, par des loix sages, cette salutaire institution que les premiers efforts du patriotisme avoient fonde.
ble nationale qu'au cours des sances des 27 et 28 avril 1791 (cf. J)iscours de llobespierre, 2'' partie, la date). (2) Cette question fait Tobjet d'un important article des Rvolutions de Paris, de Prudhomme (n 72, p. 333 344), qui parut le 28 novembre 1790.
618
U5
PSOVRS PE ROBESPIERRE
Dj, ce simple historique nous montre le vritable objet de l'tablissement des gardes nationales; et la nature de la chose nous le dit encore plus clairement.
Les
fait,
loix
constitutionnelles
la
tracent
les
rgles
qu'il
faut
observer
La
plus invitable
est le matre de celui qui ne l'est pas; un grand corps arm, toujours subsistant au milieu d'un peuple sans armes, est ncessairement l'arbitre de sa destine; celui qui commande ce corps, qui le fait mouvoir son gr, pourra bientt tout asservir. Plus la discipline sera svre, plus le principe de l'obissance pas.sive et de la subordination absolue sera rigoureusement maintenu; plus le pouvoir de ce chef sera terrible; car la mesure de sa force sera la force de tout le grand corps dont il est l'me; et ft-il vrai qu'il ne voult pas en abuser actuellement, ou que des circonstances empchassent extraordinaires qu'il pt le vouloir impunment, il n'en est pas moins certain que, partout o une semblable puissance existe sans contrepoids, le peuple n'est pas libre; en dpit de toutes les loix constitutionnelles du monde; car l'homme libre n'est pas celui qui n'est point actuellement opprim; c'est celui qui est garanti de l'oppression par une force constante et suffisante. Ainsi, toute nation qui voit dans son sein une arme nombreuse et discipline aux ordres d'un monarque, et qui se croit libre, est insense, si elle ne s'est environne d'une sauve-garde puissante. Elle ne seroit pas justifie par la prtendue ncessit d'opposer une force militaire gale celle des nations esclaves qui l'entourent. Qu'importe des hommes gnreux quels tyrans ils seroient soumis } et vaut-il la peine
L'homme arm
se donner tant de soins, et de prodiguer tant de sang, pour conserver un despote un immense domaine o il puisse paisiblement fouler aux Dieds plusieurs millions d'esclaves ? le n'ai pas besoin d'observer que le patriotisme gnreux des soldats Franois, que les droits qu'ils ont acquis, dans cette rvolution, la reconnoissance de la nation et de l'humanit entire, ne changent rien la vrit de ces principes; on ne fait pK>int de loix; on ne fait point une constitution pour une circonstance et pour un moment. La pense du lgislateur doit embrasser l'avenir comme le prsent. Or, cette sauve-garde, ce contre-poids ncessaire,
de
quel
est-il ?
les
gardes nationales.
Posons donc pour premier principe qu'elles doivent tre organises de manire qu'elles mettent le pouvoir excutif dans l'impuissance de tourner, contre la libert publique, les forces immenses dont il est
sans cesse arm.
Mais ce ne sera point assez il faudra encore qu'elles ne puissent jamais elles-mmes opprimer la libert, ni le p)OUvoir excutif; puisque tant qu'il se renferme dans les bornes que la constitution lui prescrit,
:
il
est
la nation.
'
619
nationales,
est
double objet que doit remplir la constitution des gardes le double point de vue sous lequel nous allons la
considrer.
premier ne nous prsente que des ides infiniment simples. que cette institution soit un remde contre le pouvoir exorbitant qu'une arme toujours sur pied donne celui qui en dispose, il s'ensuit qu'elles ne doivent point tre constitues comme les troupes de ligne; qu'elles ne doivent point tre aux ordres dw prince; qu'il
S'il est vrai
faut bannir
Le
de
influence; puisqu'alors,
libert
et
les dangers de sa puissance, qu'au lieu de crer des soldats au peuple, elle ne feroit que donner de nouveaux auxiet
de diminuer
liaires
l'ambition du prince.
ce principe simple, je
:
De
I"
tire les
le
Que
le
prmce,
ni
prince a une
nommer
les_
Que
les
des gardes nationales. prince ne doit ni avancer, ni rcompenser, ni punir les gardes nationales. Je rappellerai ce sujet, que ce fut, de !a part du dernier ministre, un trait politique aussi adroit dans le systme ministtre chefs ni officiers
Que
le
que reprhensible dans l'es principes de notre constitution, d'avoir riel envoy des Croix de Saint Louis aux gardes nationales de Me^z, qui assistrent la fatale expdition de Nanci. Ce procd doit, au moins, avertir la vigilance et la sagesse de l'assemble nationale, comme il a
,
tonn tous les citoyens clairs. Enfin, messieurs, vitez soigneusement tout ce qui pourroit allumer dans l'me des citoyens-soldats ce fanatisme servile et militaire, cet amour superstitieux de !a faveur des
cours, qui avilit les
hom.mes au point de
leur servitude
;
leur gloire
dans
les titres
mmes de
murs
frivoles et
de nos
institutions tyranniques.
L'vidente simplicit de ces ides me dispense de tout dveloppement; et je passe au second et au plus important des deux objets que je veux dire l'examen des moyens employer pour j'ai annoncs que les gardes nationales ne puissent pas elles-mmes opprimer la libert
:
des citoyens.
c'est
ces moyens me semblent se rapporter un principe gnral d'empcher qu'elles forment un corps, et qu'elles adoptent aucun esprit particulier qui ressemble l'esprit de corps. Il est dans la nature des choses que tout corps, comme toi't individu, ait une volont propre, diffrente de la volont gnrale, et qu'il
Tous
cherche
la faire
dominer. Plus
il
est puissant,
plus
il
a le sentiment
de
Songez com-
620
LES DISCOURS
ROBESPIERRE
de de
bien l'esprit de despotisme et de domination est naturel aux militaires tous les pays; avec quelle facilit ils sparent la qualit de citoyen
celle
de
de
l'autre.
Redoutez
ce funeste penchant, chez une nation dont les prjugs ont attach long-temps une considration presqu' exclusive la profession des armes, puisque les peuples les plus graves n'ont pu s'en dfendre. Voyez les citoyens romams commands par Csar si, dans un mcontentement rciproque, il cherche les humilier, au lieu du nom de
sur-tout
:
soldats,
il
leur
donne
celui
de
ils
rou-
gissent et s'indignent.
Un
autre
cueil pour le
c'est l'ascendant
que prennent
leurs chefs.
La
discipline
et entire soumission leur volont; les caresses, des vertus plus ou moins relles la changent en dvouement et en fanatisme; c'est ainsi que les soldats de la rpublique deviennent les soldats de Sylla, de Pompe, de Csar, et ne sont plus que les aveugles instruments de la grandeur de leurs gnraux et de la servitude de leurs concitoyens.
Il sera facile, parmi nous, de prvenir toutes ces espces d'inconvnients. Rappelons-nous la distance norme qui doit exister entre
l'organisation d'un corps d'arme destin faire la guerre aux enne' mis du dehors, et celle des citoyens arms pour tre prts dfendre leurs loix et leur libert contre les usurpations du despotisme rappelons-nous que la continuit d'un service rigoureux, que la loi de l'obissance aveugle et passive, qui change des soldats en des automates terribles, est incompatible avec la nature mme de leurs devoirs, avec le patriotisme gnreux et clair qui doit tre leur premier mobile. Ne cherchez point les conduire par le mme esprit, ni les mouvoir par les mmes ressorts que vos troupes de ligne. Soit que, dans les commencemens de la rvolution, il ait t ncessaire, comme on l'a dit, de leur donner beaucoup de ressemblance avec l'arme, soit que des motifs difrens, ou seulement l'esprit d'imitation, aient multipli
:
ces tats-majors,
certain
nales.
Il
ces grades,
il
me
parot
font ressortir.
la
de
ncessit.
s'appliquer confondre chez elles la qualit de de citoyen, les distinctions militaires les sparent et Rduisez le nombre des officiers la stricte mesure Gardez- vous sur-tout de crer, dans le sein de cette
famille
de
frres confdrs
pour
la
mme
est
que contraire
chefs.
;
des gardes nationales. Prenez d'autres prcautions contre l'influence des tous les officiers soient nomms pour un temps trs court drois pas qu'il excdt la dure de six mois.
Que
je
ne vou-
621
Que
les
commandemens
soient diviss
On n'imagine pas aisment quel point cet esprit de despotisme militaire, que nous cherchons teindre, peut tre foment par l'usage de porter continuellement les marques distinctives du grade dont on est revtu. En gnral, tout maqu'elle ne paroit au premier coup-d'il.
gistrat,
tout
de l'exercice de
rappellent
ses
fonctions,
n'est qu'un
simple citoyen.
Les
insignes qui
son caractre
donns que pour le moment o il les remplit et pwur la du service public, et non pour sa dcoration personnelle l'habitude de les taler dans le commerce ordinaire de la vie peut donc tre regard, en quelque sorte, comme une espce d'usurpation, comme une vritable atteinte aux principes de l'galit. Elle ne sert
ne
lui
sont
dignit
qu' l'identifier, ses propres yeux, avec son autorit et je ne crois pas m'loigner beaucoup de la vrit en disant que ces distinctions extrieures, qui poursuivent partout les hommes en place, n'ont pas peu contribu faire natre dans leurs mes un esprit d'orgueil et de vanit^ et dans celles des simples citoyens cette timidit rampante, cet empressement adulateur, galement incompatibles avec le caractre des hommes libres. qui cette vanit purile convient-elle moins qu'aux chefs des citoyens-soldats ? Dfenseurs de la libert, vous ne regretterez pas ces hochets dont les monarques paient le dvouement aveugle de leurs courtisans. Le courage, les vertus des hommes libres, la cause sacre pour laquelle vous tes arms, voil votre gloire, voil vos ornemens. Je n'ai pas dit que ces officiers dvoient tre nomms par les citoyens, parce que cette vrit me paroissoit trop palpable. Aussi n'ai-je pu concevoir encore la raison qui avoit pu dterminer vos comits de constitution et militaire vous proposer de les faire choisir moiti par les citoyens, moiti par les administrateurs du dpartement. or si ce principe exigeoit le Ils sont sans doute partis d'un principe choix du peuple, pourquoi le respecter en partie et le violer en partie ? ou pourquoi dcider une question unique et simple par deux principes contradictoires ? N'est-il pas vident que l'exercice du droit d'lection appartient essentiellement au souverain, c'est--dire, au peuple qu'il ne peut tre dvolu des officiers du peuple, dont l'autorit est qu'il est circonscrite dans les bornes des affaires administratives contradictoire de faire concourir, avec le souverain lui-mme, ses propres dlgus pour le choix de la mme espce de fonctionnaires pu;
Quel avantage peut-on trouver confier cette partie de sa puissance un petit nombre d'administrateurs ? Ceux qui savent, au contraire, quel point il est expos au malheur d'tre trahi ou abandonn par ceux qui exercent son autorit, par tous ceux qui ne sont pas lui, craindront que l'intervention de ces directoires ne serve donner aux
blics ?
622
ennemis de
la
appesantir le joug militaire sur les citoyens foibles, et servir les in-
monstre qui existe sous plus d'une forme, que et qui est immortel. S'ils poussent encore plus loin leurs grandes rflexions, ils craindront peut-tre que ce systme n'aille jusqu' remettre bientt une partie des forces nationales entre
de
l'aristocratie,
ignorans
croient
mort,
les
la
destine
fut
toujours
de
tout
asservir et
de
tout corrompre.
(3).
Il
sans doute
qu'ils se sont encore tromps en et dure des fonctions des officiers que cette erreur dangereuse, surtout dans le systme dont je viens de parler, est suffisamment rfute par les principes que nous avons ta-
me
deux annes
blis.
quelqu'importantes que soient en elles-mmes les disque nous venons d'indiquer, elles n'atteignent pas encore le et si ipoint capital de la grande question que nous devons rsoudre j'avois d ngliger quelqu'une des ides qu'elle semble offrir les premires l'esprit, je les aurois laisses de ct pour aller droit au principve simple et fcond dont elles ne sont que des consquences. Quoi que vous puissiez faire, les gardes nationales ne seront jamais ce qu'elles doivent tre, si elles sont une classe de citoyens, une portion quelconque de la nation, quelque considrable que vous la
reste,
Au
positions
supposiez-.
Les gardes nationales ne peuvent tre que la nation entire arme il faut que tous les citoyens en pour dfendre, au besoin, ses droits ge de porter les armes y soient admis sans aucune distinction. Sans cela, loin d'tre les appuis de la libert, elles en seront les flaux ncessaires. Il faudra leur appliquer le principe que nous avons rappelle au commencement de cette discussion, en parlant des troupes de ligne; dans tout tat o une partie de la nation est arme et l'autre ne l'est tout poupas, la premire est matresse des destines de la seconde voir s'anantit devant le sien; d'autant plus redoutable qu'elle sera plus nombreuse, cette portion privilgie sera seule libre et souveraine;
; ;
tre
est
Etre arm pour sa dfense personnelle est le droit de tout homme arm pour dfendre la libert et l'existence de la commune patrie le droit de tout citoyen. Ce droit est aussi sacr que celui de la
;
dfense naturelle
et
individuelle dont
il
est
la
consquence, puisque
(3) Note de rdition de Paris et de Besanon, p. 17: Je dois })rvenir ici que depuis que ce discours a t compos cette dispobition qui avoit t lue l'assemble par le rapporteur des comits, a t change dans le rapport imprim; ils se contentent d'exiger que les lections soient faites en prsence des administrateurs, ce
qui ne
me parot encore qu'une formalit inutile, contraire principes et la libert des ass^embles lectives.
aux
623
rintrt et l'existence de la socit sont composs des intrts et des existences individuelles de ses membres. Dpouiller une portion quelconque des citoyens du droit de s'armer pour la patrie et en investir exclusivement l'autre, c'est donc violer la fois et cette sainte galit qui fait la base du pacte social, et les loix les plus irrfragables
et les plus sacres
de
la nature.
Mais, remarquez, je vous prie, que ce principe ne souffre aucune distinction entre ce que vous appelez citoyens actifs et les autres. Que les reprsentans du peuple franais aient au, pendant quelque tems (4)
qu'il falloit interdire tant
sont point
de
peuple dlibre sur ses intrts ou ses magistrats je ne puis en ce moment que me prescrire sur ces faits un silence religieux tout ce que je dois dire, c'est qu'il est impossible d'ajouter la privation de ces droits la prohibition d'tre arms pour sa dfense personnelle, ou pour c'est que ce droit est indpendant de tous les syscelle de sa patrie tmes politiques qui classent les citoyens, parce qu'il tient essentiellement au droit inaltrable, au devoir immortel de veiller sa propre
parotre
sui le clioix
aux assembles o
de
ses reprsentans et
de
conservation.
Si quelqu'un m'objectoit qu'il faut avoir une telle espce, ou une telle tendue de proprit pour exercer ce droit, je ne daignerois que rpondrois-je un esclave assez vil, ou pas lui rpondre. Eh un tyran assez corrompu, pour croire que la vie, que la libert, que tous les biens sacrs que la nature a dpartis aux plus pauvres de tous les hommes ne sont pas des objets qui vaillent la peine d'tre dfendus ? Que rpondrois-je un sophiste assez absurde pour ne pas compr^indre que ces superbes domaines, que ces fastueuses jouissance des riches, qui seules lui paroissent d'un grand prix, sont moins sacres aux yeux des lois et de l'humanit que la chtive proprit mobiliaire, que le
!
salaire auquel est attache la subsistance de l'homme modeste et laborieux ? Quelqu'un osera-t-il me dire que ces gens-l ne doivent pas tre admis au nombre des dfenseurs des loix et de la constitution, parce qu'ils n'cmt point d'intrt au maintien des loix et de la constitution ? si ces hommes Je le prierai, mon tour, de rpondre ce dilemme ont intrt au maintien des loix et de la constitution, ils ont droit, suivant vos principes mmes d'tre inscrits parmi les gardes nationales s'ils n'y ont aucun intrt, dites-moi donc ce que cela signifie, si ce n'est que les loix, que la constitution n'auroient pas t tablies pour
plus modique
Je dis <4) S^ote de l'dition de Paris et de Besanon, p. 19 pendant quelque tem.s, parce que le dcret du marc d'argent et ceux qui tiennent au mme principe sont jugs depuis lon-gtems par l'assemble nationale, qui ne se sparera pas sans avoir exauc h cet gard le vu de la nation.
:
624
l'intrt gnral,
;
proprit
commune de
;
tous
ce qui se-
une supposition trop rvoltante Allons plus loin ces mmes hommes dont nous parlons, sont-ils suivant vous des esclaves, des trangers ? ou sont-ils citoyens ? Si ce sont des esclaves, des trangers, il faut le dclarer avec franchise, et ne point chercher dguiser cette ide sous des expressions nouvelles et assez obscures. Mais non ils sont en effet citoyens; les reprsentans du peuple franois n'ont pas dpouill de ce titre la trs grande majorit de leurs commettans; car on sait que tous les Franois, sans aucune distinction de fortune ni de cottisation, ont concouru l'lection des dputs l'assemble nationale (5) ceux-ci n'ont pas pu tourner contre eux le mme pouvoir qu'ils en avoient reu,
et trop absurde.
: ;
:
leur ravir
et
les droits
qu'ils toient
par cela
mme
anantir
leur
ils
propre autorit,
qui
n'est
autre
que
ne l'ont pas pu; ils ne l'ont pas voulu, ils ne l'ont pas fait. Mais si ceux dont nous parlons sont en effet citoyens, il leur reste donc des droits de cit; moins que cette qualit ne soit un vain titre et une drision. Or, parmi tous les droits dont elle rappelle l'ide, trouvez-m'en, si vous le pouvez, un seul qui y soit plus essentiellement attach, qui soit plus ncessairement fond sur les principes les plus inviolables de toute socit humaine, que vous le leur tez, trouvez-moi une seule raison de leur celui-ci si en conserver aucun autre. 11 n'en est aucune. Reconnoissez donc comme le principe fondamental de l'organisation des gardes nationales, que
celle
leurs
de
commettans;
gardes nationales,
des dcrtez qu'ils pourront se faire inscrire comme tels dans les registres de la commune o ils demeurent. C'est en vain qu' ces droits inviolables on voudroit opposer de prtendus inconvniens et de chimriques terreurs. Non. non; l'ordre
tous les
et
de
les
si
bases essentielles. Aprs avoir annonc d'une imposante, dans cette dclaration immortelle
nous les avons retracs qu'elle toit mise la tte de notre code constitutionnel, afin que les peuples fussent porte de la comparer
chaque
instant,
avec
nous d'en dtourner nos regards sous de nous'agit de les appliquer aux droits de nos
patrie.
L'hum.anit,
la
justice,
la
politique,
voil
la
sagesse des
lgislateurs:
tout
le
en effet, aux (5) Le rglement du 24 janvier 1789 appelait, assembles lectorales de paroisses, les Franais inscrits au rle des contributions, sans fixer de cote.
625
n'est que prjugs, Ignorance, Intrigue, mauvaise foi. Partisans de ces funestes systmes, cessez de calomnier le peuple et de blasphmer contre votre souverain, en le reprsentant sans cesse indigne de jouir de ses droits, mchant, barbare, corrompu; c'est vous qui tes
mjustes
et
corrompus; ce sont
peuple qui est bon, patient, gnreux; notre rvolution, les crimes de ses ennemis l'attestent: mille traits rcents et hroques, qui ne sont chez lui que naturels, en dposent. Le peuple ne demande que tranquillit, justice, que le droit de vivre; les
C'est
hommes
volupts.
de
distinctions,
de
trsors,
de
des
vu du peuple
gnral.
est celui
le
de
la nature,
de
et
l'hu-
manit;
L'intrt,
vu
des riches
hommes
de
l'orgueil,
de
la
cupidit,
des fantaisies les plus extravagantes, des passions les plus funestes au bonheur de la socit. Les abus qui l'ont dsole furent toujours leur ouvrage ils furent toujours les flaux du peuple. Aussi, qui a fait notre glorieuse rvolution ? Sont-ce les riches ? sont-ce les hommes puissans } Le peuple seul pouvoit la dsirer et la faire le peuple seul peut la soutenir, par la mme raison... Et l'on ose nous proposer de lui ravir les droits qu'il a reconquis On veut diviser la nation en deux classes dont l'une ne sembleroit arme que pour contenir l'autre, comme un ramas d'esclaves toujours prts se mutiner et la premire
:
renfermeroit
tous
les
tyrans,
le
tous
les
oppresseurs,
toutes
les
sangsues
peuple! Vous direz aprs cela que le peuple ah il en sera le plus ferme appui, si vous est dangereux la libert la lui laissez. Cruels et ambitieux sophistes, c'est vous, qui force d'injustices, voudriez le contraindre, en quelque sorte, trahir sa propre cause par son dsespoir. Cessez donc de vouloir accuser ceux
publiques; et l'autre,
:
ne cesseront jamais de rclamer les droits sacrs de l'humanit vous irez jusquestes-vous pour dire la raison et la libert l; vous arrterez vos progrs au point o ils ne s'accorderoient plus avec les calculs de notre ambition ou de notre intrt personnel? . Pensez-vous que l'univers sera assez aveugle pour prfrer ces loix ternelles de la justice qui l'appellent au bonheur, ces dplorables
qui
!
Qui
subtilits
d'un
esprit troit et
de quelques tyrans
dprav, qui n'ont produit jusqu'ici Que et les malheurs des nations ?
C'est en vain que vous prtendez diriger, par les petits manges du charlatanisme et des intrigues de cour, une rvolution dont vous n'tes pas dignes vous serez entrans, comme de foibles insectes, dans son cours irrsistible; vos succs seront passagers comme le mensonge, et votre honte immortelle comme la vrit. Mais, au contraire, supposons qu' la place de cet injuste systme, on adopte les principes que nous
:
avons tablis, et nous voyons d'abord l'organisation des gardes nationales en sortir, pour ainsi dire, naturellement, avec tous ses avantages, sans aucune espce d'inconvniens.
K..,..s,.nKU,:.
---
42
626
D'un
militaire
n'est
impossible que le pouvoir excutif et la force arm puissent renverser la constitution, puisqu'il point de puissance capable de balancer celle de la nation arme.
ct,
il
est
dont
il
est
D'un
toire tout,
autre
ct,
il
est
que
la
Voyez comme
parles
la place
de
l'esprit
les sentimens de l'galit, vertus douces et gnreuses qu'ils doivent ncessairement enfanter.
Voyez
sont
simples et faciles.
On sent assez que, pour tre en tat d'en imposer aux ennemis du dedans, tant de millions de citoyens arms, rpandus sur toute la surface de l'empire, n'ont pas besoin d'tre soumis au service assidu, la discipline savante d'un corps d'arme destin porter au loin la guerre. Qu'ils aient toujours leur disposition des provisions et des armes; qu'ils se rassemblent et s'exercent certains intervalles, et qu'ils volent la dfense de la libert lorsqu'elle sera menace voil tout ce qu'exige l'objet de leur institution.
:
Les cantons
genre,
libres
de
et
la
une destination plus tendue que force pour combattre les ennemis du dehors. L tout habitant est soldat, mais seulement quand il faut l'tre, pour me servir de l'expression de J.J. Rousseau. Les jours de dimanche et de fte, on exerce ces milices selon l'ordre de leurs rles. Tant qu'ils ne sortent point de leurs demeures, peu ou point dtourns de leurs travaux, ils n'ont aucune paie; mais sitt qu'ils marchent en campagne, ils sont la solde de l'tat. Quels
leurs
quoique
milices
qu'ils
il est peu de moins fortuns, qui ne pussent ou qui ne voulussent se prter un service de cette espce, que l'on pourroit rendre parmi nous encore moins onreux qu'en Suisse. Le maniement des armes a pour les hommes un attrait naturel, qui redouble lorsque l'ide de cet exercice se lie celle de la libert et l'intrt de dfendre ce qu'on a de plus cher et de plus sacr. Il me semble que ce que j'ai dit jusqu'ici a d prvenir une difficult rebattue que l'on sera peut-tre tent d'opposer mon systme elle consiste objecter qu'un trs grand nombre de citoyens n'a pas les moyens d'acheter des armes, ni de suffire aux dpenses que le service peut exiger. Que concluez- vous de-l ? que tous ceux que vous appelez citoyens non actifs, qui ne paient point une certaine quotit d'impositions, sont dchus de ce droit essentiel du citoven ? Non, en gnral l'obstacle particulier, qui empcheroit ou qui dispenseroit tels
qu'aient t nos
Franois,
murs
parmi
et
mme
les
individus de
l'exercer,
627
quelle que soit sa cottisation, moyens, ou qui veut faire tous les sacrifices ncessaires pour en user, ne peut jamais lre repouss. Cet homme n'est pas assez riche pour donner quelques jours de son temps aux assembles publiques; je lui dfendrai d'y parotre ^ Cet homme n'est point assez riche pour faire le service des citoyens-soldats,
et,
de fortune;
pu
se procurer les
je le lui
libert.
interdis.
)>
Ce
n'est pas l le
langage de
la
raison et
de
la
Au
lieu
de condamner
il
ainsi la plus
faudroit au contraire carter les obstacles des fonctions publiques. Payez ceux qui les remplissent; indemnisez ceux que l'intrt public appelle aux assembles; quipez, armez les citoyens-soldats. Pour tablir la libert, ce n'est pas mme assez que les citoyens aient la facvlt oisive de s'occuper de la chose publique, il faut encore qu'ils puissent l'exercer en effet.
qui
loigner
Pour moi, je l'avoue, mes ides sur ce point sont bien loignes de beaucoup d'autres. Loin de regarder la disproportion norme des fortunes qui place la plus grande partie des richesses dans quelques mains, comme un motif de dpouiller le reste de la nation de sa souverainet inalinable, je ne vois l pour le lgislateur et pour la socit, qu'un devoir sacr de lui fournir les moyens de recouvrer l'galit essentielle des droits, au milieu de l'ingalit invitable des biens. Eh quoi ce petit nombre d'hommes excessivement opulens, cette multitude infinie d'indigens, n'est-elle pas en grande partie le Quelle crime des loix tyranniques et des gouvernemens corrompus manire de l'expier que d'ajouter la privation des avantages de la fortune l'opprobre de l'exhrdation politique, afin d'accumuler sur quelques ttes privilgies toutes les richesses et tout le pouvoir, et Cersur le reste des hommes toutes les humiliations et toute la misre tes, il faut ou soutenir que l'humanit, la justice, les droits du peuple sont de vains noms, ou convenir que ce systme n'est point si absurde.
de
celles
Au
reste,
pour
me
conclus de ce que
j'ai dit,
que
tat
dpenses ncessaires
pour mettre
lorsqu'ils
les citoyens
en
de remplir
les fonctions
de gardes
!
natio-
comme
abandonnent
leurs
foyers pour le
fense publique fut jamais plus ncessaire et cette trange conomie qui, prodiguant tout au luxe funeste et corrup!
teur des cours, ou au faste des suppts du despotisme, refuseroit tout aux besoins des fonctionnaires publics et des dfenseurs de la libert que pourroit-elle annoncer, si ce n'est qu'on prfre le despotisme
!
Aprs
il
faut,
pour
compltter
cette
discussion,
dterminer
leurs
fonctions
628
deux ou
questions
I"
importantes.
les
ennemis trangers
11
Les gardes nationales doivent-elles tre employes combattre ? Dans quels cas et comment peuvent-elles l'tre ?
Les gardes nationales
sont-elles destines
prter main-forte
et
la justice et la police ?
Ou
de quelle
Dans
?
de
leur propre
mouvement
Ou
en activit
Pour rsoudre la premire de ces questions, il suffit de l'clairer. Toutes les fois qu'il s'agit d'un systme militaire, nous ne devons jamais perdre de vue, ce me semble, la situation o nous nous sommes placs, et o nous devons rester, l'gard des autres nations.
Aprs
la
cipes de justice que nous voulons suivre dans nos relations avec elles;
d'alliance des termes purement dfensifs, nous devons d'abord compter que les occasions de guerre seront pour nous infiniment plus rares, moins que nous n'ayons la foiblesse de nous laisser entraner hors des rgles de cette vertueuse politique par les perfides suggestions des ternels ennemis de notre libert. Mais, soit qu'il faille fournir nos allis le contingent de troupes stipul par les traits, ou faire la guene au-dehors pour quelque cause que l'on puisse imaginer, il est vident
mme
trangers ne peut donc regarder o nous serions obligs de dfendre notre propre territoire. Or, ici je ne sais pas si la question ne pourroit point parotre, en quelque sorte, oiseuse. Du moins si vous exceptez le cas o des troubles civils, des trahisons domestiques, de la part du gouvernement mme, seroient combines avec des invasions trangres; si vous exceptez, dis-je, le cas o l'oubli des principes que j'ai poss entraineroit plus srement encore la ruine de l'tat, comme j'aurai occasion de le remarquer bientt, il est permis de croire que la plus extravagante et la plus chimrique des entreprises seroit celle d'attaquer un empire immense, peuple de citoyens arms f>our dfendre leurs foyers, leurs femmes, leurs enfans et leur libert; et, si cet vnement extraordinaire arrivoit, si une arme de ligne immense ne suffisoit pas pour repousser une attaque, qui pourroit douter de l'ardeur,
soin
Le
les
de
la facilit
yriroient
sa
surface
avec laquelle cette multitude de citoyens-soldats qui couse rallieroit ncessairement pour en protger tous
629
opposer chaque pas une barrire formidable au tmform le projet, je ne dis pas de leur apporter 'a guerre, mais de venir s'ensevelir lui-mme au milieu de leurs innombrables lgions ? Or, une espce de danger si rare, d'une part, de l'autre des moyens de dfenses si faciles et si solidement tablis par la nature mme des choses, par la seule existence des gardes nationales, doit loigner de nous toute ide de les plier un systme militaire qui dnatureroit leur esprit et leur institution, en les incorporant, en quelque manire que ce soit, avec les troupes de ligne. C'est ce point que je voulois venir. C'est une observation dont on sentira toute l'importance, quand je l'appliquerai au systme du comit de constitution, dont je ferai bientt connotre tout le danger dans un examen rapide.
raire qui auroit
Je passe maintenant la seconde des questions que j'ai poses, qui concerne l'action des gardes nationales dans les troubles intrieurs,
et qui
tient
Je ne parle point ici de ces grandes conspirations trame? contre la libert du peuple par ceux qui il a confi son autorit. Les gardes
nationales sont, la vrit, le
moyen
:
le plus puissant
et
le plus
doux
de
les touffer et
de
les prvenir
ce sera
mme
l,
sans contredit, le
:
mais et le plus saint de leurs devoirs de la volont gnrale, c'est l'empire de la ncessit, et non une marche mthodique, des rgles exactes, qu'est soumis l'exercice du droit sacr de l'insurrection.
plus
c'est l'explosion
mouvemens sditieux, ou des actes contraires peuvent troubler l'ordre public. Il faut une force publique qui les rprime; cette force ne peut pas tre celle des troupes de ligne, parce qu'elles sont entretenues pour combattre les ennemis trangers; 2 parce qu'entre les mains du prince qui la dirige, elle seroit un instrument trop dangereux la libert. D'ailleurs dans les troubles civils, il n'y a qu'une force mue par la volont gnrale qui puisse tre lgitime et efficace; et les ordres du prince ne reprsentent pas et ne supposent point cette volont, puisque sa volont particulire est trop naturellement en opposition avec elle. De-l vient que c'est aujourd'hui une maxime gnralement reconnue, que dans un tat libre, les troupes ne doivent jamais tre employes contre les citoyens. Il ne
parlons que des
Ne
aux
I
loix qui
(reste
donc que
la
les
publique. Cette consquence est du moins vidente et avoue de tout le monde, pour le cas de sdition, c'est--dire des insurrections d'une multitude de citoyens contre les loix. Mais les gardes nationales doivent-elles tre employes pour le maintien de la police ordinaire? faut-il leur confier le soin, par exemple, de remettre entre les mains de la justice les citoyens suspects dont elle veut s'assurer; ou de forcer des rsistances que les particuliers peuvent apporter l'excution de ses jugemens; ou faut-il crer un
rtablir
tranquillit
630
corps particulier pour remplir ces fonctions ? C'est ici que les opinions semblent se partager; c'est par ce point que la question de la conservation de la marchausse est lie celle de l'organisation de? gardes nationales; question vraiment importante et complique; qui mrite toute votre attention. Quelque srieuses que soient les difficults qui l'environnent, il me semble que toutes les raisons pour et contre aboutissent un point de dcision assez facile.
Il faut, dit-on, pour remplir les fonctions attribues jusqu'ici la marchausse, des hommes actifs spcialement vous et exercs ce ministre. La marchausse seule remplit ces conditions. Le nom seul de la marchausse est en possession d'en imposer
aux malfaiteurs.
Des
vrir,
citoyens-soldats sauront-ils,
comme
elle,
les pier,
les
dcou-
les
poursuivre
Consentiroient-ils exercer un
?
expos ces raisons, j'ai puis, ce me semble, tout ce qu'on a dit, et peut-tre tout ce qu'on peut dire en faveur de l'institution de la- marchausse. Voici les raisons du systme contraire, qui paroissent plusieurs et plus solides et plus importantes. Ils dsireroient d'abord qu'en parlant des services qu'elle rendoit, par l'exercice d'un ministre indispensable, on ne dissimult pas les vexations et les abus qui taient insparables d'une telle institution; ils voudroient que l'on se souvnt que SI, comme on l'a dit, elle toit excessivement redoute des malfaiteurs, c'toit en partie, parce qu'elle toit formidable l'innocence mme. Que pouvait-on attendre de mieux, en confiant les fonctions de lia police un corps constitu militairement, soumis, comme tel, aux ordres du prince; qui, par cela seul qu'il toit exclusivement vou l'exercice de ces actes rigoureux, devoit tre peu capable d'en concilier les devoirs avec le respect pour les droits de l'humanit et pour les rgles protectrices de la libert des citoyens ? Or, les citoyens-soldats peuvent seuls remplir ce double objet. Il ne faut pas craindre que chez eux l'esprit de justice nuise la sret publique. D'abord, qui seroit plus propre qu'eux prter main-forte l'excution des ordonnances de l'autorit publique ? Quant l'arrestation des coupables, pourquoi ne pourroient-ils pas rendre aussi ce service la socit ? Comme il y auroit des gardes nationales dans toutes les communes, il est vident que, sans espionnage et sans inquisition, ils seroient partout atteints avec une extrme facilit. Croyez-vous que les gardes nationales manqueroient de bonne volont pour s'en assurer ? Vous avez deux garans au contraire l'horreur qu'inspirent les forfaits et l'intrt des citoyens; vous avez encore l'exprience. N'avez-vous pas vu toutes les gardes nationales du royaume, sur-tout celle de Paris, suppler, avec autant de succs que de zle, aux anciens agens de la police, et maintenir l'ordre et la tranquillit au milieu de tant de causes
j'ai
:
Quand
631
en
mettant"
?
de troubles
et
de dsordres? Se
la
sont-elles
deshonores,
nom
les infracteurs
des loix
garde parisienne a-t-il cru se dshonorer lui-mme (6), en arrtant de sa main un citoyen, je ne sais dans quel mouvement populaire ? Tous ces exemples ne prouvent-ils pas que le prjjg que vous nous objectez n'est plus qu'une chimre } Que, sous le despotisme,
Le commandant de
la
loi,
conoit
leur
ouvrage du despote, est tyrannique et partiale comme lui, de ses satellites; cette manire de voir se mais comment attacheroit-elle cette dfaveur aux devoirs des
de
la
la
loi
la
force publique
toute
son nergie, et
bitraire, n'est-il
de dangereux
et d'ar-
pas plus analogue aux principes d'un peuple libre qu'un d'un corps tel que la marchausse ^ Pourquoi donc conserver ce corps qui ne sert qu' augmenter la puissance redoutable du monarque aux dpens de la libert civile ? C'est un grand malheur, lorsque le lgislateur d'un peuple qui passe de Ja servitude la libert empreint dans ses institutions les traces des prjugs et des habitudes vicieuses que le despotisme avait fait natre; et nous
esprit violent et despotique
si
nous conservions
la
marchausse. Cepen-
dant, on nous parle non-seulement de la conserver, mais de l'augmenprojet d'autant plus ter, c'est--'dire d'en multiplier les inconvniens incomprhensible, qu'il semble supposer que, sous le rgne des loix, les crimes doivent tre naturellement plus frquens que sous celui du
;
despotisme; ce qui est la fois une insulte la vrit et la raison, et un blasphme contre la libert. Tels sont les raisonnements de ceux qui veulent laisser aux gardes nationales les fonctions attribues ci-devant la marchausse. Pour moi, quoique ces raisons me paraissent convainquantes, je ne puis me dissimuler cependant que ce systme, considr dans toute sa rigueur, offre des inconvniens rels, et entrainerot de grandes difficults dans l'excution; et je ne puis l'adopter qu'en partie. D'un
ct
je
vois
que
si
tous
les
citoyens-soldats
il
indistinctement
toient
y a beaucoup d'occasions o ils iseroient pour la plupart d'entre eux infiniment incommodes et onreux; de l'autre j'adopte le principe qu'il faut ncessairement trouver un sysdestins au service dont je parle,
tme qui
allie la force
la libert
(6) iLe mardi 25 mai 1790, la foule s'empara d'un individu qu'on menait au Chtelet pour vol, et le mit mort. iLafayette passant ce moment pour aller l'Htel de Ville, descendit de voiture, et se jetant au milieu de l'attroupement, saisit lui-mme un homme qu'on lui dsignait comme un des auteurs du meurtre et le conduisit au Chtelet <C. Moniteur, IV, 468).
632
des citoyens. Je ne vois rien rfK)n<lre aux objections faites contre l'institution de la marchausse; je ne voudrois pas que des fonctions si importantes fussent abandonnes un corps militaire absolument indpendant et spar des gardes nationales, faisant partie de l'arme de ligne, plac dans la dpendance immdiate du roi, command par des chefs nomms par le roi, assimil aux autres officiers de l'arme. Je voudrois enfin une institution qui renfermt les avantages attachs au service des gardes nationales, et qui ft exempt des inconvnients que j'y ai remarqus. Or, il me semble que cette double condition seroit remplie par le moyen que je vais indiquer, et qui n'a peut-tre contre lui que son extrme simplicit. 11 consiste former dans chaque cheflieu de district une compagnie solde, consacre aux fonctions qu'a exerces la marchausse, mais soumise aux mmes chefs et !a mme autorit que les gardes nationales.
On
de
Rien n'empcheroit de composer ces compagnies des mmes individus qui forment actuelletage particulier relatif aux circonstances actuelles.
ament la marchausse, et d'pargner la nation le regret de les dpouiller
de
Il
leur tat.
reste
la
et dernire question. Les gardes nationales d'elles-mmes, ou faut-il qu'elles soient mises en mouvement par quelque autorit ? Elle se rduit un seul mot. Les gardes nationales ne sont que des citoyens qui, par eux-mm.es, ne sont revtus d'aucun pouvoir public, et qui ne peuvent agir qu'au nom des loix; il faut donc que leur action soit provoque par les magistrats, par
troisime
peuvent-elles
agir
gardas natione peuvent marcher ni dployer la force dont elles sont armes que par les ordres du corps lgislatif ou des magistrats.
les
la loi et
organes naturels de
les
elles
Ce que
tielles
me
Je crois devoir observer qu'une partie du plan que je viens de soumettre l'assemble nationale est dtermine par l'existence du systme des troupes de ligne qu'elle a conserv. Utile, ncessaire aussi longtemps que ce systme subsistera, il doit subir de grands change-
mme
la
il
solidement affermie, que tout le monde seniira absurde qu'une nation qui veut tre juste, qui s'interd t (toute agression et toute conqute, et qui peut chaque instant armer cinq millions de bras pour repousser de criminelles attaques, croie la ncessit d'entretenir perptuellement une autre arme, dont le moindre
nises,
constitution
combien
inconvnient seroit d'tre inutile et dispendieuse. Le spectacle d'un vaste empire couvert de citoyens libres et arms
inspire
de grandes ides
et
de hautes esprances.
Il
me semble
qu'il
633
les invite rougir
de
la
libert;
il
avec laquelle livrant toutes les forces de l'tat entre les mains de quelques despotes, elles leur ont remis le droit de les enchaner et de les outrager impunment; il leur apprendra
faire disparotre ces corps
entretient
avec
leurs
d-
et se lever elles-mmes,
toutes
tyrans la terreur que ceux-ci leur gnie de l'humanit rpandre bientt dans l'univers cette sainte contagion de la justice et de la raison, et affranchir le genre humain par le glorieux exemple de ma patrie Mais ne nous reprochera-t-on pas d'embrasser avec trop d'ardeur une tromle
cur des
le
Puisse
peuse esprance et une brillante chimre... ? Je l'avoue, ce doute autrefois m'et paru une espce de blasphme; mais, je suis forc d'en convenir, trop de circonstances aujourd'hui semblent m'en absoudre, ou plutt il est plus que justifi par le projet d'organisation des gardes nationales que vous proposent vos comits de constitution et militaire. Je dis plus j'affirme que si ce projet est adopt, c'en est fait de la libert...; et puisque le salut de la patrie l'exige, je me hte de le
:
prouver.
Dans
le
la
garde nationale
est
en quelque sorte
une inaction absolue; l'autre, consarecevant une solde, toujours prte renforcer l'arme de ligne toutes les fois que le pouvoir excutif l'appellera (7). Cette arme, compose de deux hommes pris dans chaque compagnie, s'lveroit cent mille homm.es. Je n'ai pas besoin de vous dire qu'il ne sera pas difficile rie faire tomber le choix de ces deux hommes par compagnie sur des partisans du despotisme et de l'aristocratie; il suffit d'observer que, malgr le nom qu'on leur donne, ces cent mille hommes sont vidment des troupes de ligne, et non des gardes nationales, qui par leur destination parcette rquisition, devant rester dans
cre spcialement
au
ticulire,
seront
les
cratures
et
les
soldats
du
prince.
la
Ils
;
tourneront
gloire
cour
la
des
armes,
tion
:
les
bientt
exemple contagieux
il
pervertira
le
vritable
caractre
de
fonctions civiques,
tions dont
ils
dsir
d'obtenir
ides de la libert, de ce profond sentiment de la dignit de l'homme et des droits du citoyen, qu'il faut graver dans les mes des Franois.
(7) Cette disposition ne fut pas incorpore dans le dcret du 6 dcembre 1790. Celui du 28 .janvier 1791 stipula qu'on recruterait 100.000 soldat;; auxiliairen, e'igao^s ,pour trois ans sous condition de rejoindre l'arme la rquisition des corps administratifs.
634
dcora du nom en une aristocratie militaire, aussi docile opprimer les citoyens que prompte se prosterner devant la volont du monarque. Les deux comits ont tellement pris le change sur le vritable objet des gardes nationales, qu'ils semblent regarder comme le principal avantage de cette institution celui d'opposer en tout temps des forces militaires immenses aux ennemis du dehors. Il faut lire dans leur rapport avec quelle complaisance ils talent sous les yeux du lecteur ces armes qu'ils mettent en campagne h la premire invasion; comme, la suite de leur arme auxiliaire, ils dtachent, au besoin, du reste des gardes nationales des armes nouvelles
qui se pressent les unes les autres; commue
ils
flicitent la patrie
de sa
grandeur
Il
et
de
sa puissance
!...
Eh
il
est
est
bien question de
!
nous
constituer
comme
si
nous
sans
voulions
lesquels
conqurir l'Europe
les autres
occuper
Or, quelles
Etes-vous donc convaincus que la libert n'a plus que des amis des adorateurs ? Avez-vous la parole de tous les princes, de tous
de tous les courtisans passs, prsens et futurs, que tout que toute ambition est jamais bannie de leurs coeurs > Ignorezvous que le premier devoir, l'uvre la plus difficile des lgislateurs, est de fortifier pour toujours la libert contre leurs attaques } Que faitesvous ici pour elle } Quand le pouvoir excutif peut chaque instant requrir les cent mille auxiliaires que vous lui donnez, le reste des gardes nationales reste nul; ce ne sont que des citoyens qui, sous le rapport de gardes nationales, sont comme s'ils n'toient pas; moins
les ministres,
artifice,
dis-je
mouvement par la rquisition. Que deux comits poussent la prcaution jusqu' leur ter leurs armes, jusqu' leur dfendre de les avoir chez eux; ils veulent qu'elles
qu'ils ne reoivent l'existence et le
!
les
restent
les
gardes nationales
Vous
la
lais-
tandis que le
que je ne serois point rassur; puisque, pouvoir excutif d'un seul acte de sa volont, peut ras-
sembler toutes ses forces, les gardes nationales, divises par cantons, districts, par municipalits, ne pourroient tre remues que partiellement, suivant les volonts particulires et diverses des diffrentes administrations et d'ailleurs, il est tellement dans l'ordre des choses possibles que les ennemis hypocrites de la libert s'emparent d'un grand
par
:
les
hommes en
artifices
rois, sont
habiles
635
diviser, tromper, endormir l'opinion publique sur les faits plus notoires et sur les plus pressans intrts; cette nation est si bonne, si
si crdule, que, par degrs, et toujours sous !e prtexte de paix et de l'ordre public, tout en parlant de loix et de libert, ils nous auroient environns des plus grands prils, avant que nous eussions pu nous mettre en garde contre la monstrueuse puissance dont on les
confiante,
la
investit.
Mais que
dis-je ? croit-ofi
nous
laisser
que de la
les
tratifs ?
Que
diriez-vous
s'ils
:
en effet
leur donner impunment cette fatale influence, il n'en cotera vos deux comits que de la dguiser sous une fofme illusoire en proposant que le roi require, et que l'agrment des directoires ou de la
;
municipalit intervienne
car,
dant de onnera
de l'initiative royale; quiconque soupdegr de complaisance, de foiblesse, de crdulit que les ordres, que la volont du prince peut obtenir de quelques officier? municipaux ou administratifs, saura bien calculer les vritables effets d'une telle disposition ? Ainsi les gardes nationales n'existeront que quand il plaira la cour; elles ne pourront dfendre la libert centre les entreprises du pouvoir excutif, si le pouvoir excutif ne l'ordonne lui-mme; elles seconderont par leur action les entreprises du pouvoir excutif, si le pouvoir excutif l'ordonne et ne pensez pas que la constitution propose leur laisse quelques moyens de s'en dispenser; apprenez qu'elle ne leur laisse pas mme le droit d'examen; qu'elle ne tend rien moins qu' en faire des automates obissans et des instrumens aveugles, dans toute la force de ce terme et afin que vous ne me souponniez pas de la moindre exagration, lisez vous-mmes ces passages nergiques o la main des comits a trac les devoirs e*: les droits des citoyens arms pour la dfense de leur libert, des sentinelles vigilantes tablies pour veiller autour d'elle. Les gardes nationales ne doivent pas mme
l'initiative, celui sur-tout
le
: :
dlibrer, hsiter,
refuser sont
CRIMES. Obir, voil dans un seul mot, tous leurs devoirs. Instrument aveugle et purement passif, la force publique n'a ni ame, ni pense, ni volont . Est-ce un despote, est-ce un conspirateur qui trace ici les fonctions de ses satellites, ou le rle de ses complices ?
DES
ou sont-ce
les reprsentans
la
du peuple,
dfendre
?
les fondateurs
de
la
libert qui
Je croyois du moins qu'il toit impossible de rien ajouter ces funestes mesures mais les comits vont jusqu' assurer au prince, dans le plus grand dtail, la facilit d'en tirer parti; ils veulent, par exemple, qu'il ne soit pas astreint employer
:
en masse, mais que celles-ci puissent ou en masse, ou par compagnies, ou tires seulement trois
les gardes nationales
tre
trois,
prises
deux
cette
toute
la
profondeur de
636
ide, rappelez-vous que dans un tat divis par tant de partis, qui renferme dans son sein une multitude innombrable de mcontens de toutes les clauses, qui voit mme ceux-ci dominer insolemment dans plusieurs contres, une partie des gardes nationales sera compose d'ennemis de la rvolution; qu'ils s'y prcipiteront sur-tout en foule, aujourd'hui qu'un dcret propos par le comit dclare dchus de la qualit de citoyens actifs ceux qui ne prendront pas cet engagement, tandis qu'un autre dcret, en excluant les citoyens dits inactifs, cartera une foule d'amis
naturels de pu appeler
la
les
si le pouvoir excutif n'avoit gardes nationales que suivant l'ordre de leurs divisions,
par exemple, par bataillons, par compagnies, telles qu'elles toient formes; malgr tous les vices essentiels de l'organisation propose, il seroit rest, sinon une ressource la libert, du moins une espce d'inquitude au despotisme mais que non-seulement il puisse choisir dans
:
l'tendue de la France les masses les plus infectes de l'esprit iservile et anti-civique; qu'il lui soit permis d'extraire encore, pour ainsi dire, des diffrentes divisions les individus qui conviennent le mieux
(toute
des mauvais citoyens; alors voil tout--coup les arme immense qu'ils pourront contempler avec satisfaction, en disant, comme Catilina parmi ses complices nous sommes notre aise, il n'y a pas ici un homme de bien (8). Quel obstacle pourra les arrter, lorsque la seule force qui existera de fait dans
ses desseins,
l'lite
l'tat
gr au
loix et
de
la
une
occasion favorable de tenter quelque grande entreprise, soit qu'il s'agisse seulement de miner insensiblement les fondemens de la hbeyt et d'opprimer en dtail le parti patriotique, ce systme sera galement utile. Faut-il provoquer par de longs outrages et par des complots sinistres,
devenue ncessaire
une rsistance qu on y aura rduits, et effrayer par un exemple terrible tous les amis de l'humanit et de la patrie ? Vous sentez combien l'espce de milice
une
fermentation
naturelle,
l'on veut nous donner seroit propre de telles expditions. Faut-il par des actes moins clatans, mais non moins utiles, accabler des patriotes isols, redoutables par leur nergie et par leurs lumires, attenter la libert des crivains qui auront le courage de dvoiler les dangers publics, et de lever le masque du civisme qui cache nos plus redoutables ennemis ? Dtachez seulement trois trois, deux deux, tm un
que
quelques uns de vos dfenseurs-automates de la constitution et si 1 on pouvoit redouter encore l'opinion publique, n'a-t-on pas sa solde une lautre arme d'intrigans et de libellistes ? avec des rcits infidles rpandus par-tout, et pays du trsor de l'tat, avec les mots d'incendiaires, de factieux, de subordination, d'anarchie, de licence, on pourra se
;
(8) Cf.
637
le
on pourra
en hros de
la libert
de la libert publique. Cette seule analyse du plan propos suffit sans doute pour effrayer les amis de la patrie cependant je n'ai point parl de cette multitide de dispositions de dtail qui en renforcent les vices essentiels, et dont chacune est une atteinte la libert. Je n'ai parl ni de la foule des
leur fortune particulire sur la ruine
:
et qae l'on avec la facult d'tre rlus, ni des dispositions combines pour les faire marcher sous les ordres des gnraux des troupes de ligne, ni de tant d'autres vices dont je puis supprimer le dtail ni de ces insultes faites aux citoyens en prsentant
ils
veut faire
de citoyens actifs qui appartient essentiellement tous, comme le prix d'un long temps de service dans la garde nationale. Je n'ai point parl sur-tout de leur projet sur l'organisation de la marchausse, dont l'augmentation, telle qu'elle est propose, seroit le complment du funeste systme que nous venons de dvelopper. Si j'avois voulu, sous le nom de police et d'ordre public, livrer la libert des citoyens toutes les vexations du despotisme (en supposant que je fusse le gnie le plus inventif en ce genre), voici comment je m'y serois pris: j'aurois confi ces fonctions civiles un corps militaire; et en donnant le choix de l'appeler marchausse ou gendarmerie
la qualit
de l'arme,
tre
icorps
et
dvouement le plus absolu la cour de combiner tellement les modes d'avancement, que chaque cavalier et officier dpende, cet gard, de en cons6on suprieur immdiat, et que tous dpendent de la cour
un seul
esprit,
qui sera
le
l'aristocratie;
il
me
suffira
quence,
je
fais
nommer par
le
roi,
les
colonels;
je
les
fais
nommer
638
entre les
deux plus anciens lieutenans-colonels; au grade de lleutenanscolonels arrivent tour d'anciennet les capitaines; au grade de capitaine les lieutenans; ceux-ci sont choisis pour les trois quarts, par le colonel, et pourvus par le roi; l'autre quart est pris tour d'anciennet
les marchaux de logis; mais que par le choix du colonel,
parmi
(nent
les
marchaux de
logis
ne parvien-
sur la prsentation
du
capitaine, et
cette cascade se prolonge jusqu'au dernier officier; de manire que le premier prix de l'ambition est entre les mains du roi, et que l'on ne peut parcourir les degrs qui y conduisent que par la faveur des chefs; de manire que si je parois donner aux directoires, dans quelques cas seulement, un droit de prsentation illusoire, ce n'est qu'un moyen
de plus d'tablir entre eux et des hommes vous la cour, une espce de liaison laquelle on sent que la cause populaire ne gagnera pas
beaucoup.
Mais
si
est
de ces mesures, vous ne connoissez point encore toute la grandeur de nos ressources apprenez que par une seule disposition qui
la justesse
:
on assure toutes
des
hommes
qui ne seront certainement pas les plus zls partisans de la rvolution; qu'on les livre exclusivement ces castes ci-devant privilgies
qui,
le prvoyez, ne seront encore de long temps, par tous au niveau des citoyens on veut que les trois quarts des places de lieutenans ne soient donns qu' des officiers de troupes de ligne. Aprs avoir ainsi constitu ce corps, que reste-t-il faire pour raliser la grande conception que je vous ai annonce 7 de lui donner en matire de police, une autorit tendue et arbitraire eh bien chaque cavalier pourra, de son propre mouvement, arrter, poursuivre qui il voudra, p>ourvu qu'il lui paroisse suspect ou prvenu. Ils sont chargs des
-comme vous
les points,
fonctions
dlicates
recueillir
de
et
l'inquisition
si
ner-
giques,
de
prer\dre
tous
renseignements possibles,
de
n'auriez pas devin sans doute, c'est qu'ils sont autoriss dissiper de
leur autorit les attroupements sditieux; et un article exprs statue pru-
demment
pour cela, d'aucune rquisition. Ainsi, si un attroupement est sditieux ou non, si des citoyens rassembls sont ou non des rebelles; les voil matres de dployer la force des armes contre le peuple voil la loi martiale supprime, non comme violente et barbare, mais parce qu'elle entrane au moins des formes; mais parce que des soldats et des coups de fusils d'abord sont tous les gards qu'on doit aux citoyens franais... Voil le systme que l'on nous propose (9).
qu'ils n'auront besoin,
voil ces
hommes
matres
de
juger
Et
comme
si
tant d'infractions
de
tous
les principes,
(9) f.
ci-dessuus,
sances des
26,
27
et 30
dcembre
1790.
639
de police combin avec pas qu'ils associent aux fonctions des juges de paix foute cette arme d'officiers; qu'ils rigent en magistrats de police ces colonels, ces lieutenans-colonels, ces lieutenans; qu'ils leur donnent le pouvoir de rendre arbitrairement des ordonnances pour faire arrter les citoyens, pour les faire arracher mme du sein de leur propre maison, de les mander, de les interroger, d'entendre des tmoins, de les
celui-l
Ne
voil-t-il
condamner la prison... (10). Voil donc par quelles routes vos comits nous conduisent la libert Mais arrtons-nous un moment, il en est temps, sans doute, pour rflchir sur une circonstance importante de leur conduite et de notre situation politique. Leur systme, si on les croit, est excellent, soit qu'il faille ou non ajouter foi ces bruits de guerre dont on nous menace. Personne en effet ne s'est donn la peme encore d'approfondir ces vnemens et tout le zle de ceux qui toient faits pour nous en occuper s'est born un silence discret, ou des communications mystrieuses et vagues, dont le but toit de nous entretenir dans une profonde scurit. Mais c'est bien ici, je pense, le moment de demander aux comits pourquoi, au lieu de nous proposer des projets d'organisation de cette espce, ils ne se sont pas plutt hts de faire donner des armes aux gardes nationales actuellement existantes; c'est bien le moment de demander pourquoi les innombrables adresses qu'elles envoient depuis un an, de toutes les parties de la France, y sont restes ensevelies; pourquoi, pendant si longtemps, toutes les fois que cette proposition a t faite l'assemble, on a trouv le moyen de la faire ajourner; pourquoi un membre du comit diplomatique ayant reprsent, il y a quelque temps, la ncessit de les armer, au moins sur nos frontires, un autre membre du mme comit fit chouer cette proposition, si urgente ds-lors, en la faisant renvoyer aprs le rapport sur l'organisation des gardes nationales; pourquoi, au moment o nous sommes, il n'a pas encore t question srieusement de la raliser. Ah si vous pensiez que cette question de la paix ou de la guerre valt la peine d'tre examine, il seroit facile peut-tre de la rsoudre par des raisons plus vraisemblables que celles des habiles politiques qui
!
le
tat
il
qu'un autre peuple lui appartenoit de droit, et qu! l'a dcid par ses armes (11); peut-tre cette trange garantie ne vous paroitroit-elle pas
(]<))
Cf.
ci-<leas()us,
siuicc
lu
::!-.
^lcembre 1790.
(H) 11 s'agit de Lopokl II (iiii, ;ivant de succder son irvo Joseph II, avait t duc de Toscane, et dont les troupes, au moment o Robespierre parlait, achevaient de soumettre la Belgique
insurge en 1789.
640
des intentions d'un ennemi qui nos portes par son caractre, par la manire dont on prtend qu'il calcule ses jouissances et ses intrts, vous pourriez croire vous-mmes que le caractre des despotes peut bien aussi les porter chrir, souest
tenir
ront tre
surtout lorsqu'ils esprent que leurs efforts pourseconds par des trahisons domestiques et par des troubles intestins; vous pourriez croire que les hommes qui les entourent et qui les font mouvoir, sont, par leurs habitudes et par leur intrt personnel,
le
despotisme,
les amis, les allis naturels des ennemis de la cause populaire. D'aprs ces seules notions du bon sens, vous pourriez donner quelqu'attention
de troupes extraordinaires qui ne j>euvent tre suffisamment expliqus par le prtexte qu'on leur donne; vous pourriez remarquer que tout annonce une intelligence parfaite de ce despote dont
ces rassemblemens
je vous parle avec un autre despote, nagure son ennemi, qui, lui-mme, pour la querelle de sa sur, se fit, il y a peu d'annes, un jeu de soumettre un peuple libre au joug de son beau-frre (12); vous pourriez ob-
de manifester leurs vritables inclinaen trahissant; l'autre en rem.ettant dans les fers d'un prtre dtest, le peuple du monde le plus mtresrant par son courage et par sa magnanimit (13). Enfin, s'il faut tout dire, cet amour profond de la justice et de l'humanit, qui nous porte dsirer que tous les peuples soient libres et heureux, m'avertit que la premire passion des rois en gnral, de leurs conseils, de leurs courtisans, est de conserver leur puissance absolue et celle de leurs pareils; et je sais de plus que les hommes, que ces hommes-l sur-tout, obissent leurs passions, leur orgueil, l'intrigue qui les obsde, bien plus facilement qu' leur vritable intrt qu'ils ne connurent jamais. Je sais enfin, et j'atteste toute l'histoire, que leur grand art est de dissimuler, de prparer, de faciliter les succs de la force par l'adresse avec laquelle ils endorment la crdnlt des peuples; je sais qu'ils ne sont jamais plus redoutables que lorsqu'ils talent avec le plus de pompe ces sentiments de justice et d'humanit, qu'ils ont coutume de prodiguer dans leurs dclarations et dans leurs manifestes... Si vous me dites, aprs cela, que ces dangers ne vous effraient pas, je vous dirai que ce n'est pas l non plus ce qui m'effraie
server
que
tions,
l'un en abandonnant,
Etats gnraux de la rpublique des Provinces conflit avec le prince d'Orange, stathouder \:\c la rpublique, le roi de Prusse Frdric Guillaume II, dont la <^ur avai't pous ce dernier, envahit le pays et rtablit son beauirre, d'accord avec l'Angleterre. (13) iLe roi de Prusse Frdric Guillaume II avait d'abord encourag les Belges et les Ligeois, puis laissa iLopold les soumettre s.'ins opposition; Lopold, non content de rtablir son autorit dans ses provinces belgiques, venait de rinstaller aussi l'vque-prince de Lige dans son tat.
(12)
1787,
les
En
641
a avantage
que ce ne sont pas mme nos divisions intrieures que ce immenses accumuls entre les mains des ennemis de notre libert; que ce ne sont pas mme ceux qui on a confi la garde de nos frontires, de nos places fortes, ceux qui sont destins
; ;
ne sont pas
les trsors
de
l'tat...
C'est cette
o nous demeurons plongs, par de perfides insinuations, ou par l'ordre exprs du ciel irrit; c'est cette lgret avec laquelle nous semblons juger et les hommes et les vnemens, et nous jouer, pour ainsi dire, des destines de l'humanit; c'est ce retour insensible
et funeste vers nos antiques prjugs et vers nos frivoles habitudes, qui
fait
tout
diriger par
de
moyens
et
s'appliquent sans cesse touffer l'esprit public et les lans du patriotisme en les calomniant; gens dont l systme parot tre d'chapper
tous les principes, par des exceptions, par des circonstances, par des
sophismes politiques; d'attaquer tous les sentimens droits et gnreux le reproche d'excs et d'exagration; de rendre ridicules, s'il toit possible, les saintes maximes de l'galit et de la morale publique; contens, si par quelques dclamations contre les dbats impuissans des aristocrates les plus outrs, ils peuvent cacher leur profonde indiffrence pour la libert publique et pour le tK>nheur des hommes, et leiu dvouement secret tous les abus qui favorisent leur ambition particupar
lire.
Ce
de
la vanit,
substitues la
hommes
libres, celle
de
tarir la
source des
misres humaines en dtruisant l'injustice et la tyrannie; ce sont enfin ces projets de loi qui nous sont offerts en mme temps par des commissaires ternels
avec une effrayante prcipitation, et qui, si nous n'y prenons garde, auront rtabli le despotisme et l'aristocratie sous des formes et sous des noms diffrens, avant que l'opinion publique ait pu les
apprcier ni les connotre.
Gardons-nous sur-tout d'adopter le plus funeste, peut-tre, de tous, en donnant la force publique une constitution qui la rendroit passive et nulle, pour dfendre b nation contre le despotisme; active, redourestons table, irrsistible, pour servir le despotisme contre la nation. Ah inviolablement attachs aux seuls principes qui nous conviennent; rg!
nrons les murs publiques, sans lesquelles il n'est point de libert; respectons, dans tous les Franais indistinctement, les droits et la dignit du citoyen; et rendons tous les hommes gaux, sous des lois impartiales,
que
le
dictes par la justice et par l'humanit. Brisons ces vaines idoles, charlatanisme et l'intrigue lvent tour--tour, et qui ne laisse:
ront toutes leurs adorateurs que la honte de les avoir encenses n'adorons que h patrie et la vertu. Ne sommes-nous pas ces reprsentans
du peuple franais qui lui avons jur solennellement au jeu de paume de nous dvouer pour sa cause; ces hrauts du lgislateur
>oiii..si'ii
itni
43
642
ternel,
en
affranchissant
une
nation,
les
par
autres
la
seule
la
force
7
de
la
dvoient
appeler
toutes
libert
Serions-nous descendus cet excs de foiblesse, que l'on pt, en se jouant, nous proposer des fers ? Non, nous serons libres du moins,
les perscutions
de
la
Je le suis encore; je jure de l'tre toujours; des tyrans, si les sourdes menes des faux amis libert doivent tre le prix d'un attachement immortel l'objet
soit.
sacr
patrie
de
que
notre
commune
mission, je pourrai
attester
l'humanit et la
je les ai mrites.
:
Que
tout
homme
de
ses semblables.
Que
tout citoyen a
un droit gal
et
dfendre sa patrie.
Elle dclare donc que les gcurdes nationales qu'elle va organiser la nation arme pour dfendre, au besoin ses droits,
sa libert et sa sret.
En
I.
suit
Tout citoyen, g de dix-huit ans, pourra se faire inscrire en cette qualit dans le registre de la commune o il est domicili. II. Aussi long-temps que la nation entretiendra des troupes de ligne,
aucune partie des gardes nationales ne pourra tre commande par
les
chefs ni par les officiers de ces troupes. III. Les troupes de ligne resteront destines combattre les ennemis du dehors; elles ne pourront jamais tre employes contre les
citoyens.
IV. Les gardes nationales seules seront employes, soit pour dfendre la libert attaque, soit pour rtablir la tranquillit publique trouble au-dedans.
V.
des
du corps
lgislatif
ou
officiers civils
nomms par
le peuple.
les citoyens,
VI. Les
VII.
VIII.
officiers
La dure de
Ils
leurs fonctions
six
mois.
IX. Il n'y aura point de commandant-gnral de district; mais commandans des sections qui formeront le district, en exerceront fonctions tour de rle.
X.
cas
Il
en sera de
de
district,
pour les runions de dpartement dans le ceux qui feront les fonctions de commandant commanderont le dpartement tour de rle.
mme
643
XI. Les
officiers
distinctive hors
de
l'exercice
de
leurs fonctions.
l'tat.
Les gardes nationales qui s'loigneront de trois lieues de foyers, ou qui emploieront plusieurs journes au service de l'tat,
XIV. Les gardes nationales s'exerceront certains jours de dim.anches et de ftes qui seront indiqus par chaque commune.
XV.
district
Elles se rassembleront tous les ans le 14 juillet dans chaque pour clbrer, par des ftes patriotiques, l'heureuse poque de la
rvolution
XVI.
PLE FRANAIS,
TERNITE.
au-dessous:
seront
inscrits
sur
leurs drapeaux,
qui
nation.
sera supprime; il sera tabli dans chaque une compagnie de gardes nationales solde qui en remplira les fonctions, suivant des loix qui seront faites sur la police, et dans laquelle les cavaliers de la marchausse actuellement existans
XVII. La marchausse
de
district,
chef-lieu
seront incorpors.
preniez sur le
qui
le
salut
de
l'tat
provisoires;
je
me
et
de
stupidit se reposer
mme
si
tement;
met en pril, et qui l'a attaque plusieurs fois ouvern'y en auroit pas moins croire que l'esprit des cours change facilement. Une confiance si purile, loin de convenir des lgislaparti qui la
il
teurs environns
et dpositaires des destines de la pardonnable dans un particulier qui n'auroit dfendre que des intrts privs. Ces mesures seront de deux espces. La premire consistera prendre les seuls moyens qui nous restent d'obtenir enfin que les gardes nationales soient pourvues d'armes et de munitions, et l'empire franois mis en tat de dfense (14). La seconde, que je regarde comme la plus prompte, comme celle qui est le plus en notre pouvoir, et propre suppler, en grande partie,
de
tant
de piges,
mme
(14) Cf. Discours <le Robespierre, 2*' partie, sance du 28 janvier 1791 ; et G. Lefebvre, Etudes sur le ministre Narbonne, A. h. <!(. la R. F., 1947, p. 195.
644
la
premire, est d'avertir la nation du danger qui la menace car si grand art des conspirateurs est de plonger les peuples dans une trompeuse scurit, le premier devoir de ceux qui sont chargs de veiller
:
le
de
rveiller leur
prudence
et leur
courage.
L'homme
le
que ce soit, trouve des ressources inconnues, ds qu'il a pu prvoir les attaques de la tyrannie.
C'est dans cet esprit que je propose le projet de dcret suivant
:
du prsent
dcret,
les
munici-
palits
des lieux oii se trouvent les arsenaux de la nation, s'y transporteront pour constater la vritable quantit d'armes qu'ils renferment.
IL
Que
toutes
commencer par
celles des
des
frontires.
III.
Il
de mme
la quantit
de poudre
et
de
de de
IV. Pour assurer l'excution des prcdens articles, le ministre tenu de justifier incessament l'assemble nationale la distribution et de l'emploi qu'il en aura faits.
la guerre sera
V. Il sera tenu pareillement de rendre compte dans trois jours, compter du prsent dcret, des mesures qui ont t prises jusques ici pour l'excution du dcret de l'assemble, qui ordonne la distribution de cent cinquante mille fusils (15).
VI. Indpendamment de
cette distribution,
on continuera de
fabriles
quer de nouvelles armes, avec la plus grande activit, dans toute* fab'iques de la France, lesquelles seront aussi distribues.
taine
VII. Le ministre de la guerre sera tenu de rendre compte, de huien huitaine, l'assemble nationale de l'tat de ces travaux et
distributions.
de ces
VIII. Les gardes nationales sont invites adresser l'assemble toutes les rclamations qu'elles pourroient avoir former, relativement l'excution de ces mesures.
645
et
de
lui
faire
le
de
X. L'assemble
arsenaux publics.
pu
tre diverties
des
pays
de France dans
d'tre
poursuivis
les
sous
peine,
comme
criminels
de lze-nation
XII. Elle dcrte que les gardes nationales qui ont t dissoutes en tout ou en partie (17), notamment dans les dpartemens des provinces
frontires,
seront
rtablies
aussi-tt
aprs
la
publication
du
prsent dcret.
XIII. Elle ordonne que son comit diplomatique lui rendra compte dans trois jours, de ce qu'il a fait pour remplir la mission dont elle l'a charg; et qu'il lui communiquera toutes les connoissances qu'il a d acqurir sur les dispositions et la situation des puissances tranenfin,
rendra dans le
et et
des affaires trangres lui compte, pour ce qui le concerne, remettra sous ses yeux sa correspondance avec les cours trangres avec nos ministres dans ces cours.
Elle ordonne
XIV.
que
le
ministre
mme
dlai le
mme
XV. Que
bres
jours aprs,
le rapport, soit
du comit diplomatique,
soif
du
ministre,
mem-
de l'assemble
et l'opinion
dans l'assemble
les
XVI. Que
les cours
y a
lieu,
par
de
la
nation.
Il est (16) Note de rdition de Paris et de Besanon, p. 50 bon que l'assemble nationale se rappelle i<;i iqpe plusieurs fois des municipalits, animes d'un patriotisme louable, avoient saisi des armes que l'on transportoit en pays trangers mais a,lors on surprit sa religion en l'engageant en permettre l'exportation, sous le prtexte de la libert du commerce. Les circonstances actuelles, le prtexte peut-tre aussi artificieux de la disette d'armes que l'on nous objecte aujourd'hui, doit nous rendre un peu dfians. (IL'Assemble n'interdit l'exportation des armes qu'aprs la fuite du roi par les dcrets du 28 juin et du 8 juillet 1791.) (IT) Note de l'dition de Paris e* de Besanon, p. 59: n Ces vnemens ont eu lieu en partie par le despotisme des municipalits, en partie par les conseils perfides des ennemis dguiss de la constitution. On en a vu des exemples, en particulier dans le dpartement du Nord, et on assure que le coimmandant Valenciennes y a eu quelque part.
: :
646
notamment
par ceux qui, dans la rvolution, ont eu occasion de signaler par des
faits particuliers le patriotisme
XVIII. Tous
depuis le 14
juillet,
ont t cong-
dis avec des cartouches jaunes (18), ou par des ordres arbitraires, seront rassembls, et il en sera form de nouveaux rgimens, afin qu'ils
jouissent
t dignes
la
patrie
pour
laquelle
ils
ont
L'assemble nationale
et
toutes
les
municipalits,
tous
la
les
patrie,
de
se prparer s'unir
la
conquise.
Cotxrier
de Provence,
t.
sur l'organisation des gardes nationales, par Maximilien Robespierre, membre de l'assemble nationale.)
(Extrait
du Discours
((
Tous
M.
Robespierre
et
il
la justice,
de
la libert;
coup de membres dont on puisse faire le mme loge. Le discours, dont on va lire un fragment, prouve que M. Robespierre mrite cet loge.
[Suit le passage
titutionnelles (p.
(p.
Les
loix
cons))
618)... jusqu':
opprimer
la
libert
des citovens.
619). Puis
((
il
ajoute:]
;
c'est
Tous ces moyens me semblent se rapporter un principe gnral d'empcher qu'elles forment un corps, et quelles adoptent aucun esprit particulier qui ressemble l'esprit de corps.
M.
1
.
Robespierre
croit
tions suivantes.
.
Il
comme
garde
nationale.
Que Que
les
officiers
les
la
4 Qu'il
n'y
point
de
commandant gnra'
de
district.
(18) On appelle cartouche jaune une feuille de cong de couleur jaune revtue du sceau du rgiment qu'on dlivrait, sous l'ancien Kgime, aux soldats dgrads ou chasss de leurs corps. On donnait par contre aux soldats rforms une cartouche verte, et aux soldats ilibrs une cartouche blanche.
647
district,
formeront le
en
Que
que
distinctive hors
Il
des gardes nationales ne portent aucune marde l'exercice de leurs fonctions, etc. propose qu'elles portent sur leur poitrine ces mots gravs
les officiers
:
:
LE PEUPLE FRANOIS, et au-dessous LIBERTE. EG.^LITE. FRATERNITE. Il propose que les mmes mots soient inscrits sur les
drapeaux qui porteront
les trois couleurs
de
t,
la nation.
V,
n**
65, 21
fvrier
1791,
Discours sur l'organisation des gardes nationales, par Maximilien Robespierre (et non pas Robertspierre, comme affectent de le nommer les journalistes qui trouvent apparemment ce dernier nom plus noble et plus moelleux, et qui ignorent que ce dput, quand mme il se nommeroit la bte comme Brutus, ou pois-chiche, comme Cicron, porteroit toujours le plus beau nom de la France).
((
Qui
et
son
loi
patriotisme pur et
dgag de
Quand
il
parle,
c'est
moins
un orateur dont
mais de la loi incre, et grave dans tous les curs. C'est le commentaire vivant de la dclaration des droits, et le bon sens en personne. Je ne crois pas pourtant qu'une seule des lois qu'il a propos ait jamais pass. C'est que Robespierre a presque toujours t le patriote, le lgislateur parfait, ef que je dfie dans toute la collection des dcrets de m'en montrer une demidouzaine qui ne soient perfectibles. Je ne fais pas au ct gauche, l'injure de croire que tout ce qu'il y a de gens clairs, ou qui seulement ont quelques principes, ne
crite,
pensent pas
plupart
mais j'imagine que la la nation en ce moment comme Jsus regardoit ses disciples, lorsque le jour de son ascencion, prenant cong d'eux, et mettant dj le pied sur son nuage, il leur disoit j'aurois beaucoup dire, mais ce sont des choses audessus de votre porte, sed non potestis portare modo, dans dix jours je vous enverrai quelqu'un qui vous ouvrira l'esprit. De mme, je ne saurois croire que les pres de la constitution, Mirabeau et Syeyes, par exemple, en entendant Robespierre, aient pu ne pas s'avouer qu'il a raison, mais ils se seront dit, que cela passoit notre porte quant prsent, et regardoit les lgislatures suivantes. On ne peut pas dire la mme chose de l'ouvrage que nous annonons en ce moment. Il reste l'Assemble nationale, une opration bien importante, terminer, une
notre cher dput d'Arras;
comme
648
espce de remde universel toutes ses erreurs, dans l'organisation des gardes nationales. M. R. dveloppe parfaitement dans ce discours, les
principes de
la -matire.
doute,
pour
se
Dans les ditions qui s'en multiplieront sans ddommager de l'a'pprobation du censeur royal, qui
conseillons
l
'auteur
de
lettre
suivante
de
la
de
la
constitution
de Marseille
Maximilien Robespierre
((
Monsieur,
la
Les Amis de
Ils
pour
demander l'adoption de vos projets de dcrets sur la gendarmerie et sur l'organisation de la garde nationale, ils vont demander la municipalit
la
cit
entire mette le
mme
vu.
Recevez, Monsieur, l'hommage d'un peuple dont l'enthousiasme pour les talens et les vertus sont sans bornes. Cet hommage est la seule rcompense digne des grands hommes. Nous sommes avec respect,
(( (( ((
Monsieur,
la
((
Les Amis de
Ferand,
secrtaire.
Des tmoignages
si
suffrage. Il suffit ce discours, de son objet et du nom de son auteur, pour qu'il ne tarde pas se rpandre dans tous les coins de France o il y a des patriotes. Nous ne laisserons pas d'en citer quelque chose, qui justifiera pleinement les grands loges que nous n'avons cess de donner M. Robespierre.
[((
Puis
il
((
Le
.
de ma
patrie!
Et
ajoute:]
prouve que le projet d'organisation des gardes nationales, tel qu'il est propos par les comits de constitution et militaire, loin d'tre propre affranchir l'Europe, ne l'est qu' asservir la nation. Aprs avoir lu sa discussion, on frmit avec lui des dangers de la libert, on se demande sur ce dcret Est-ce un despote qui trace ici les fonctions de ses satellites, ou les fondateurs de la libert
bientt
l'auteur
:
Mais
(19)
I,
99.
Cf.
ga-
lement E. Hamel,
368-369.
649
qui prparent les moyens de la dfendre? Il prouve qu'avec ce dcret, un pouvoir excutif un peu habile parviendra sans peine s'environner d'une arme constitutionnelle immense, qu'il pourra contempler avec satisfaction, en disant comme Catiiina ses complices: nous som-
mes
et
ici
notre aise,
il
n'y a pas un
homme de
bien.
Le
dcret dont
M.
Robespierre rend
l'absurdit, c'est celui de l'organisation de la marchausse. Nous avions suspendu jusqu' ce moment notre indignation contre ce dcret capital, dont la censure manquoit notre journal hypercritique. Nos
lecteurs auront gagn attendre. Le discours imprim de Robespierre, nous fournit un morceau de main de matre, et tel, qu'il est impossible de ne pas rire au nez du comit constituant. [ Suit le passage du discours, depuis: Si j'avois voulu, sous le
nom de
(p.
police...
))
(p. 637),
639).l
et littraires,
Annales patriotiques
497, p.
1036
(11
fvrier
1791).
M. MaxiParis, chez
membre de l'Assemble
Hatefeuille, n"
20.
nationale.
rue
Prix:
12 sous broch, et
le
18
s,
La grande
qu'il
difficult politique,
c'est
de placer
corps nilitaire
de manire
mme
le
contrepoids naturel de l'arme de ligne; mais ces deux remparts ne doivent tre ni fondus ensem.ble, ni opposs leur dsunion seroit trsdangereuse, leur union absolue ne le seroit pas moins. Des forces im-
menses sont nanmoins remises au pouvoir excutif, et il faut qu'il soit lui-mme indpendant, puisqu'il est une portion des droits nationaux, ds qu'il marche dans le sens de la loi sans sortir des bornes que la constitution a prescrites c'est ainsi que le poids qui court sur la balance romaine, fait quilibre ou le rompt. L'auteur, un des plus intrpides et des plus fermes appuis de nos liberts et qui n'a jamais march que sur une ligne droite, veut que les gardes nationales soient pour l'intrieur, mais que le soin de combattre nos ennemis trangers ne les regarde que dans le cas o nous serions obligs de dfendre notre propre territoire; il fait de tous les citoyens autant de soldats; il ne veut confier qu'aux citoyens-soldats la conclut que ni le prince, ni le grande cause de la libert civile il
: :
ministre ne doit
nommer
ni
les
nales; que
tre
les ni
chefs,
officiers
ni
chefs et les officiers des troupes de ligne ne peuvent des gardes nationales enfin, que le prince ne
:
doit ni avancer,
((
rcompenser,
ni
le
650
offre
des
rois et
ceux qui
les
ne
que
lorsqu'ils
de pompe
ils
se jouent.
tat libre, M. Robertspierre veut que ne puissent tre autre chose que toute
la nation
mam
moyens de dfense
le pouvoir excutif pour la conservation de la libert qu'elle a conquise. Si cet ouvrage porte un caractre d'austrit irrfragable, que l'on songe qu'il n'y a point composer avec l'ancien
de
supplier
soit
pour
le
redressement de ses
torts,
soit
despotisme (20).
t.
et II, n^ 20,
(21).
(( M. Robespierre, l'un des orateurs le plus tranchant de l'assemble nationale, a rpandu un discours de prs de cent pages d'impression, sur l'organisation des gardes citoyennes. Il n'est pas ais de renon-
cer ses principes, quand c'est par eux qu'on s'est fait un tat; ses habitudes, quand elles assurent une espce de suprmatie; au ton du
(20) De nombreux tmoignages en faiveur du plan de Robespierre parvinrent l'Assemble nationale, par exemple celui des deux .Socits des Amis de la Constitution de Nantes; dont nous extrayons le passage suivant: ...Dj un de vos membres, M. Robespierre, recommandable par ses vertus et ses talens, vous avoit prsent sur cette matire un projet qui a subi l'exanaen, et runi les suffrages de la France entire... (Journal des Clubs, t. II, ir^ 24, p. 433, 18 avril 1791; et Journal Universel, t. II, p. 5091). Les journaux patriotes adressrent galement des louanges Robespierre ainsi le Mercure national, t. II, n 9, p. 325, 4 fvrier Notre cher, notre bien aim Robespierre est peut,1791, qui crit: tre celui qui a donn les ides les plus justes sur cette importante matire )>. Mme ,1e royaliste Duquesnoy, dans l'Ami des Patriotes, t. II, n" 21, p. 136, reconnat que le travail de M. Robespierre sur les gardes nationales renferme beaucoup d'ides trs-saines ; et so'us plusieurs rapports il est prfrable presque tout ce qui a t crit jusqu' prsent sur cet objet. (21) Cette critique acerbe date de fvrier-mars 1791, mais d'une fa(.!on gnrale, les journaux contre-rvolutioanaires tardent annoncer l'ouvrage de Robespierre, ainsi le Mercure de France, qui ne s'y dcide que dans son numro du 14 mai 1791, p. 81, avec cette suscription Nous croyons qu'avant que l'opinion soit entireiment fixe sur l'organisation de la Oarde Nationale, on sera curieux de connotre celle de ce clbre Dput. (Feuille de Correspondance du Libraire, t. I, art. 206, p. 33).
;
((
:
651
quand c'est celui de l'aropage jacobite aussi, M. Robespiene, de la gloire que lui donnent des succs phmres, se permet des bagatelles; il mdit de la composition des gardes nationales, il injujaloux
rie la
il
les dtails
de sa dmagogie.
L'crivain dbute par nous apprendre que l'homme arm est matre de celui qui ne l'est pas. De ce principe, il tire vite la consquence, qu'il faut armer toute la nation, commencer par les jeunes
gens de dix-huit ans. Les forges de l'Etna vont retentir des coups redoubls de mille cyclopes nos arsenaux doivent s'ouvrir la prsence des municipalits; on doit fabriquer un nombre prodigieux d'armes, gal
;
du royaume. M. Robespierre, assur de la comme de la sienne, n'a pas calcul l'abus qui sera fait de ces moyens dangereux combien de dvastations, d'assassinats, de guerres partielles, si chacun a des armes Quel juge osera prononcer un arrt qui n'aura pas le suffrage de la multitude arme ? Quel receveur osera se prsenter pour recevoir un impt ? Qui osera contredire une communaut, un district, un dpartement qui courront aux armes, et qui prendront pour devise. Sic volumus?
celui de tous les habitants
sagesse de six millions d'hommes,
: !
((
Toute nation qui voit dans son sein une arme nombreuse et discidu monarque, est insense; et plus bas l'orateur pr:
tend ne pas insulter nos lgions ce lger correctif lui suffit. Je n'ai pas besoin d'observer que le patriotisme des soldats franois ne change rien
la vrit de ces principes. Il nous donne, en passant, un des attributs du pouvoir excutif qui n'avoit pas encore t dfini sous ce rapport; et cela par un sentiment de tendresse pour lui, qui va jusqu' craindre que les gardes nationales puissent l'opprimer, ce qui ne doit pas tre, puisque, tant
que la constitution lui prescrit, il est luiune portion des droits de la nation. Le Rformateur dfend au prince de nommer un emploi quelconque dans les gardes nationales, en sorte que le Restaurateur de la libert, nomm tel par l'acclamation gnrale du peuple, dont il est le pre, seroit criminel de dsigner un chef ses enfans. Il proscrit les officiers des troupes de ligne; aucun ne doit tre admis servir la cause populaire. Heureusement le snat, dont il est la douze centime partie, a mpris cette ide, puisqu'il a dcrt que les officiers de ligne qu' passeroient dans les gards citoyennes, conserveroient leur activit pour
qu'il se renferme dans les bornes
mme
effet, et
il
est
assez
les
tonnant de
officiers
de
et
proscrire
les
de
talens
indispensables
pour leur apprendre servir. Le Censeur va plus loin; il trouve trs-^ reprhensible, dans les principes de la constitution, d'avoir envoy des croix de Saint-Louis aux gardes nationales qui assistrent l'expdition de Nancy. L il voit un pige couvert, celui d'allumer dans l'am des
652
hommes
ou point de les porter mettre leur {floire dans les titres mme de leur servitude. Voil qui est superbe; mais tt verba tt errores. Qui peut ignorer que ce prtendu pacifisme n'est qu'une ardeur brlante, une soif de la clbrit ? Louis XIV, toujours si grand, quoique tous les jours attaqu, connoissoit le cur du Franois; que n'a-t-il pas tent aprs
l'institution
de
l'ordre
de
Saint-Lx>uis
t
G>mbien
la
d'actions brillantes et
nation, doivent leur valeur? M. Robespierre croit-il mieux connotre le gnie militaire que Frdric-le-Grand, et l'immor-
dcisives,
l'avantage de
la
existence ce
telle
mode de rcompenser
Marie-Thrse ? L'un et l'autre ont institu des marques distincun service clatant, un dvouement sans bornes la patrie; et notre Aristarque trouve mauvais que de braves gens reoivent du souverain la preuve de son estime. Il est dans la nature des choses que tout corps, tout individu ait une volont propre, diffrente de la volont gnrale, et qu'il cherche la faire dominer? Hlas! si nous avions jamais dout de cette vrit, la preuve est trop prs de nous, pour ne la pas sentir.
tives qui prouvent
que la continuit d'im service rigoureux, que la loi de V obissance aveugle et passive, qui change les soldats en des automates terribles, est incomptatible avec la nature mme des devoirs des gardes nationales, etc. On ne sait pas trop ce que c'est qu'un automate tenible; nos ennemis auroient t trop heureux de ne trouver sur les champs de bataille que des pices mcaniques. M. Robespierre n'a jamais eu l'honneur de servir; il sauroit que nos soldats
RAPPELONS-NOUS
c'est--dire,
qu'ils
connoissent merveille
et le prjugent souvent
avec beaucoup de
sagacit; mais
ils
ve, sans quoi une phalange, fut-elle compose d'Alexandres, de Csars, de Charles XII, seroit battue par des hommes ordinaires mais soumis au commandement. Notre rpublicain veut, sur-tout, confondre la qualit de soldat dans celle de citoyen. Nous pensons que cette union intime ne se fera
pas en vingt-quatre heures. Ici, il sabre grenadiers, chasseurs, canoniers (sic), etc. Gardez-vous de crer, dans cette famille de frres confdrs pour la mme cause, des troupes privilgies, dont l'institution est aussi inutile que contraire l'objet des gardes nationales. Il peut v avoir de la vrit dans cette phrase, mais la chose est faite; par-tout les citoyenssoldats ont cru ne pouvoir mieux oprer que de copier la formation des trouDes de ligne: supprimer bonnets, casques, plumes, etc., ne sera pas facile; les esprits fermenteront: s'ils prennent de l'humeur, ou plutt, s'ils se refroidissent, que fera M. Robespierre? Ce novateur veut que les chefs des gardes ne puissent runir sous leurs ordres qu'un seul district; bon Dieu! voil presque le systme des
653
Et
!
si
l'adage tt capita,
tt
sensm
!
prodigieuse dsunion
Que
sage veut que les soldats nationaux ne portent les marques militaires que lors d'un service effectif; ceci n'est pas mal vu; mais
renonceront-ils volontiers ces signes qui, suivant le rgnrateur, sont
Le
une espce d'usurpation, et comme une vritable atteinte aux principes de l'galit ? Il a beau s'crier A qui cette vanit purile convient-elle moins qu'aux citoyens soldats ? Dfenseurs de la libert. Vous ne regretterez pas ces hochets, dont les monarques paient le dvouement aveugle de leurs courtisans : le courage, les vertus de l'homme libre, la cause sacre pour laquelle vous vous tes arms, voil votre gloire, voil vos omemens! Et nous disons, voil des phrases dignes de la tribune des Jacobins, du Cirque (22), et des autres thtres ox la dclamation lient lieu de talent aux acteurs. Si ces hochets sont si vains, pourquoi en avoir charg ceux qui en dvoient porter le moins ? Un philosophe tel que M, Robespierre ignoreroit-il que les hommes, depuis peut-tre cent mille annes, ne sont que de vieux enfans, et qu'ils ne sortiront jamais du cercle o la nature les a renferms ?
:
ciers
Notre auteur veut que le peuple, seul souverain, nomme les offipour six mois seulement, et que les directoires n'aient aucune influence sur cette promotion; nos lecteurs n'en souponneroient pas la
raison, si
on ne
de
l'glise.
il est expos au malheur d'tre trahi ou abandonn par ceux qui exercent son autorit, par tous ceux qui ne sont pas lui, craindront que l'intervention des directoires ne serve donner aux gardes nationales des chefs ennemis de
Parlant
du peuple, ceux
forme,
que
les
ignorons
de placer, aussi bien qu'ailleurs, ce vers donc connu, ce secret plein d'horreur! (23) Quoi M. Robespierre, vous nous avouez franchement que les directoires, qui vous doivent l'tre, peuvent vous donner des chefs ennemis de la cause populaire } Vous nous dites, avec candeur, que le peuple quelle imprudence Vous est trahi par ceux qui exercent son autorit ajoutez, sans doute malgr vous, que l'aristocratie est immortelle, cela
Ne
Le
voil
!
((
(22) Le Cirque, construit dans le jardin du Palais Hoyal o se runissaient le Cercle social fond par Bonneville et la Confdration des Amis de la Vrit inaugure par l'abb Fauchet, le 13 oc-
tobre 1790.
(23) Voltaire.
Zare,
5.
654
((
Le peuple ne que le droit de vivre; les hommes puissans, les riches sont affams de distinctions, de trsors, de voupts. Il nous parot que ceux qui n'avoient rien avant la rvolution, et qui ont beaucoup aujourd'hui, sont plus voraces que les prtendus riches, puisqu'il n'y en a plus. Le Dmosthne artsien prend pour appui de son systme, qui
:
demande que
((
((
de la Suisse. Jusqu' quand, toudu rpublicanisme, irons-nous comparer une vaste monar-
chie aux
soldat,
ligues suisses et grisonnes? L, dit-il, tout habitant est mais seulement quand il faut l'tre. merveille, chez une nation dont les moeurs sont douces et modres; mais, armez les Franois, en totalit, dans un moment d'effervescence, de partis, d'animosits, de cabales, et vous verrez si on ne sera soldat que quand il faut
l'tre.
Le
moins d'une invasion sur notre territoire; c'est des troupes de ligne cependant si une arme immense ne suffisait pas, on opposeroit l'ennemi, qui seroit assez extravagant pour fortent l'ennemi tranger,
l'affaire
:
mer
l'entreprise
il
de nous
attaquer,
Nous croyons cet ordre de choses, nous sommes seulement fchs que M. Robespiene et ses collgues ne
desquelles
viendrait s'ensevelir.
fassent pas supprimer une foule d'crits qui sment la terreur chez le
peuple, et
est notre
peignent sa foiblesse, en exaltant sa force; et puis, o ? Plus bas, le vhment crivain, empruntant le style maratique, s'crie Je ne parle point ici de ces grandes conspi' rations trames contre la libert du peuple, par ceux qui il e confi son autorit. Ni nous non plus; nous demandons seulement qui sont
lui
arme immense
nous en som-
connue
du
de
l'insurrection.
En
style vulgaire,
Dans
les
mouvemens
sditieux, point
de troupes de
ligne
parce qu'elles ne sont faites que pour combattre les ennemis trangers; 2 parce qu'entre les mains du prince elles seroient un instrument dange-
dans
cependant, lorsqu'il s'lve des insurrections sacres reux la libert les provinces, le snat n'a d'autres ressources que de dputer son
:
de
faire passer,
:
sans dlai,
de ces
elles ont eu jusqu'ici des pour calmer les orages succs; mais dnigrer, dnoncer, calomnier, sont les vertus du jour. Si on ne lisolt l'lgant Robespierre, on ne se douterolt pas que si la marchausse tolt excessivement redoute des malfaiteurs, c'tolt
de
ligne
comme on
655
arrange des phrases, pour n'tre ni cru ni entendu. Il est fcheux pour le citoyen d'Arras, que l'assemble nationale, au lieu d'anantir un corps formidahle l'innocence, ait augment le nombre des pervers le
:
projet seul
de
le
suppose que, sous le rgne des loix, les crimes doivent tre plus rares que sous celui du despotisme, ce qui est une insulte la vrit, et un blasphme contre la libert. Ce sera ce que voudra le Censeur; mais les dlits sont sans nombre, les prisons regorgent, et l'on dit que la
libert rgne.
Nous ne
il
faut finir ce
Plus d'arme de ligne, ds que la constitution sera finie; les gardes nationales ne seront pas plutt organises, que l'univers sentira combien il est absurde qu'une nation qui veut tre juste, et qui peut, chaque instant, armer cinq millions de bras (c'est beaucoup; mais au calcul, ce n'est que deux millions cinq cents mille hommes) pour repousser de criminelles attaques, croie la ncessit d'entretenfr perptuellement une autre arme, dont le moindre inconvnient seroit d'tre inutile et dispendieux. Concluons que M. Robespierre n'a jamais eu l'honneur d'tre grenadier de Picardie, de Champagne ou de Navarre.
feu d'artifice par la girandole.
196.
SEANCE
DU
11
DECEMBRE
1790
(soir)
du
bailliage
de Bourges,
au nom des comits militaire, des rapports et des recherches runis, rend compte l'Assemble nationale, de l'affaire d' Hesdin. Le 7 aot, la suite d'actes d'insubordination de la part de sousofficiers et de cavaliers du rgiment <de Koyal-Champagne, en garnison Hesdin, l'Assemble avait demand au roi de punir svreles instigateurs et fauteurs de troubles. De nouveaux mouvements s'tant produits dans ce rgiment, le ministre de la guerre, aprs avoir pris l'avis du coimit militaire, fit licencier le 21 aot un certain nombre de cavaliers et de sous-officiers, qui l'on dlivra des cartouches jaunes, portant que les hommes congdis itraient tenus de se rendre dans 'leur pays . (1) Les sous-officiers et les cavaliers renvoys dnoncrent l'Assemble nationale, la conduite qu'on avait tenue leur gard. Uii dcret du 6 aot dfendait en effet d'expdier des cartouches jaunes et infamantes aux soldats, si ce n'est aprs une procdure instruite et un jugement prononc. Cette punition arbitraire prenait un caractre encore plus grave, du fait qu'avaient t congdis
ment
(1) Cif.
ci-des:-us,
p.
646,
note
18.
656
des sous-officiers 'la veille d'accder au grade d'officiers, aprs de nombreuses annes de service Jionorable. En lait ces troubles traduisaient 1 opposition de deux partis dans Ja ville d'Hesdm: la troupe et da garde nationale soutenant la cause de la iivolution, les officiers du iloyal-diampagne et la municipalit
s'y
opposant (2)
JJans son ra^pport, iSall de Choux souligne le fait que la municipalit, l'instigation des officiers, s'est mise en avant: elle a provoqu un ornlre pour casser et cnasser de leurs corps des militaires, elle a prpar l'excution du 21 aot, pour laquelle elle a fait rassembler des troupes Hesdin ; breif elle a usurp le pouvoir militaire dans toute sa plnitude.
iLe rapporteur propose un dcret portant en substance que les congs dlivrs aux sous-olticiers et aux cavaliers du rgiment de lioyal-Cihampagne sont nuls; que ces militaires toucheront leur solde, jusqu' leur rintgration dans la marchausse, conformment au vu qu'ils en ont fait, et suivant leur ordre d'anciennet et leurs grades respectifs ; que l'Assemble improuve la conduite de La Tour-du-iPin, alors ministre de la guerre, et celle de la anunicipalit qui a excd les bornes de son pouvoir: Le duc du Ohatelet-Lomont, dput de la noblesse du bailliage de Bar-le-Duc, soutient qu'il n'y a pas lieu de dlibrer, cette affaire tant du ressort du roi, chef suprme de l'arme. Jiobespierre appuie le projet de dcret (3), Aprs une discussion assez vive, l'Assemble refusa d'improuver la conduite du ministre et de la municipalit ; mais elle dclara nulles et non avenues les cartouches dlivres aux cavaliers et sous-officiers du rgiment de Jloy al -Champagne. Elle dcrta qu'il leur en serait dlivr de nouvelles, sauf faire leur procs, suivant la loi, devant une cour martiale, s'il y avait contre eux quelque accusation, pour des faits postrieurs k la proclamation du dcret du 6 aot; les cavaliers congdis recevaient provisoirement leur solde, jusqu' ce qu'ils fussent jugs, ou, ' dfaut d'accusation, jusqu' l'expiration de leur cong.
Gazette nationale ou
le
p.
1433.
M.
Robespierre.
il
Des
punitions ont
ment, donc
considre
y a de
l'arbitraire,
de Royal-Champagne
illgale;
elle
et t
comme
telle,
mme
de
contenir tmoignage
bons services. Au contraire, les congs dont il est ici question intimaient aux soldats l'ordre d'aller chez eux. Ce sont trs rellement des lettres d'exil; c'est une fltrissure terrible, arbitraire. Il est impossible que cet acte d'oppression vous soit dnonc, et que vous ne prononciez pas la restitution de leur tat des soldats qui en ont t arbitrairement dpouills. Il n'y a aucune dposition prcise, aucune accusation contre eux; l'information ne con-
de bonne conduite
et
.(2)
Arch. nat-,
bis,
15,
D XXIX
(3)
146, p. 18 (18 octobre 1790), et octobre 1790). Of. Actes C. de P., F" srie, VII, 261; et E. Hamel, I. 34S-345.
DXXIX
160,
bis,
13,
d.
d.
p.
<25
657
au contraire
aucun
le
fait
Vous voyez
prtexte d'insubordination a t l'un des moyens qu'on a employs pour expulser du corps les soldats les plus patriotes, les plus
la constitution. Quelques mesures qu'on ait prises pour les provoquer, soit par un systme combin d'oppression, soit par l'intermdiaire de quelques-uns de leurs camarades, ils ont constamment per-
que
amis de
dans la subordination, dans la fidlit la loi. Ne pouvant russir par les moyens que je viens d'indiquer, on a recours au despotisme ministriel. Vous ne pouvez vous empcher de rendre justice ceux qui en ont t les victimes...
sist
((
Quand
du
et
la
municipalit,
contre
s'est
mise
la
tte
parti
anti-rvolutionnaire,
les
l'
a
a
provoqu
usurp
nationale
les
le
actes
arbitraires
exercs
cavaliers,
pouvoir
n'obit
militaire,
est
vous devez
improuver...
tel
La garde
d'Hesdin
rduite aujourd'hui
un
point d'avilissement,
qu'elle
mis sa t^te, qui a runi ses fonctions celle la garde nationale, pour protger le parti contre-rvolutionnaire. Vous devez un grand exemple de justice l'arme. J'appuie le projet de dcret de vos Comits. (4).
s'est
t.
XV,
541, p. 5.
rit
M.
lui
casions,
un devoir de
la
sur
leurs
r-
clamations.
pour
tre destitu d'une fonction qu'il occupe Socit, sans un jugement pralable. Ce principe est vrai l'gard du Soldat, ou il faut dire que le Soldat n'est pas un Citoyen. Ici il n'y a aucun jugement rendu. On n'a pas mme cherch justifier cette injustice aprs qu'elle a t commise. Mais ce n'est point((
la
seulement une destitution pure et simple, c'est une destitution infamante. L'Assemble, en dfendant l'usage arbitraire des cartouches jaunes, n'a point entendu proscrire une couleur, mais l'application arbitraire d'une peine infamante. Ici les mmes caractres se rencontrent. Ces hommes congdis n'ont reu de leurs camarades, que les tmoignages les plus honorables. Toute leur conduite dpose qu'ils
n'ont pu tre factieux. Mais ce n'est point eux de se ceux qui leur ont inflig cette peine, en exposer produire la preuve des dlits qu'ils leur imputent.
justifier
:
c'est
les
motifs,
(4)
le
pari.,
XXI,
p.
395.
658
t.
XVIII,
p. 397.
M. de
Robespierre
(M. du Chtelet). Je me bornerai relever ce injustices qu'prouvent selon lui les gens en place.
:
a dit
sur
les
affaire un acte arbitraire, il ne peut le nier il s'agit de savoir si vous devez fermer les yeux. Des congs difamans ont t dlivrs; et nul jugement n'a t port. Vous ne pouvez don a vous dispenser de rendre l'tdt ceux qui l'ont perdu. Il y a plus en suivant M. le Rapporteur, vous n'avez trouv aucun dlit de la part des soldats ils n'ont t poursuivis qu' cause de leur attachement la patrie et la nou: :
velle constitution.
Vous avez vu
qu'on a chercb lasser la patience des soldats, qu'on a dploy autour d'eux tout l'appareil de la guerre, qu'on a braqu contr'eux quatre pices de canons; mais vous voyez aussi, quoi qu'on ait pu faire, qu'ils ont su ne pas sortir des bornes. Je ne puis finir mon opinion sans vous prier de jetter un regard sur la municipalit d'Hesdin voyez la se mettre la tte du parti anti-rvolulionnaire, se coaliser avec les ennemis du rgiment de Champagne; voyez son maire faire les fonctions de gnral, rendre nulle la vraie garde nationale, et avoir une liste de proscription contre les patriotes, je m'en rfre au projet du comit.
:
de vous
tre exposs
Courier Franais,
Journal universel,
((
t.
t.
M.
M.
Salles,
a observ que
l'insurrection.
rvolutionnaires,
fait
tous
ses
efforts
pour porter
le
rgiment
Le
Spectateur national,
13
dcembre 1790,
p.
51.
Ce
et trois
Annales
VII, n"
174. p. 279.
Roberspierre a succd dans l'ordre de la parole M. du Chtelet; son avis n'a t qu'une rptition de celui du comit.
M. de
659
1790
SEANCE DU
14
DECEMBRE
Le 13 dcembre, Dinocheau, dput du tiers tat du bailliage de Blois, avait prsent l'Assemble 'nationale, au nom des comits de constitution et de judicature, son rapport sur les officiers ministriels. Le projet de dcret qu'il prsente, prvoit en particulier la suppression de tous les officiers ministriels, attacihs au service des tribunaux, comime des avocats ils seront remplacs par des hommes de lois , qui exerceront les anciennes professions d'avocats et de procureurs. Le directoire du district en dressera un tableau en y inscrivant de prfrence les membres, les avocats et les procureurs des anciens tribunaux royaux et seigneuriaux; ultvieuremeiit, les vacances seront pourvues par concours devant un
:
membres du tribunal du district et d^e 2 hommes sort. Des dispositions analogues so.nt prvues p->ur les notaires et les huissiers. En outre, tout citoyen pourra plaider pour un autre titre de dfenseur officieux , mais gratuitement.
jury compos de 3
de
loi
tirs
au
discussion s'engage aussitt sur l'conomie gnrale du proElle se poursuit le 14 dcembre. Robespierre intervient ce jour-l. Le surlendemain, l'Asseimble adopta sur la proposition de Tronchet un texte qui tablissait auprs des tribunaux, des avous, pour reprsenter et mme dfendre les parties, lesquelles gardaient le droit de se dfendre elles-mmes ou d'employer le ministre d'un dfenseur officieux. Les membres des anciens tribunaux furent admis s'inscrire comme avous et on ajourna les conditions
jet.
La
(1).
Le
Point du Jour,
t.
XVII,
p. 202.
M. M.
plus d'applaudissemens.
torit
:
La
voici
Robespierre Ds qu'une fois la socit a dtermin l'aupublique, qui doit prononcer sur les difrens des citoyens, ds
qu'elle a tabli les tribunaux leur rendre, en son nom, la justice que
chaque
civile;
homme
il
a le droit
de se
faire
lui-mme,
le
avant l'association
cette institu-
ne
lui* reste
plus, pour
donner
mouvement
leurs
tion
que
d'instruire
les
de mettre sous
les
yeux
raisons
sur
lesquelles
s'appuyaient
rclamations de
dre
Or, qui appartient ce soin, qui appartient le droit de dfendes citoyens } aux citoyens eux-mmes ce droit est le plus sacr, le plus imprescriptible de tous; c'est celui de la dfense naturelle. S'il ne m'est pas permis de dfendre ma vie, ma libert,
les intrts
<1) Cf. E. Ha/mel, I, 345-349. Cet important discours fit en effet une forte impression sur rAssemble qui en tint largement compte dans les dcisions prises ce sujef
660
celui
que
je
regauxie
mes mtrts; si le lgislateur veut me une classe d'individus que d'autres auront dsigns; loin d'tablir la libert publique, il sap|>e jusqu'aux premiers fondemens de la libert individuelle; il viole la fois les plus saintes loix de la justice et de la nature, et tous les principes de l'ordre social qui ne peut reposer que sur elles.
incontestables, il ne s'agit plus que de dterminer avec plus de prcision, commenons par claircir la question en distinguant et en dfinissant (en deux mots) les diverses fonctions qui sont les objets de votre dlibration actuelle.
Ces principes
Pour
sont
l'application.
la
Le
lgislateur a
pens que
la
demande d'un
les tribunaux,
nire certaine, et le moyen qu'il a imagin pour remplir cet objet, a t de crer des officiers, que l'on appelle huissiers. Il a voulu ensuite tablir un ordre de procdure, dont l'objet
est de donner au dfendeur le temps et les moyens de prparer sa dfense; au demandeiu le temps de rpliquer, jusqu'au moment oii la cause devoit tre discute devant les juges et recevoir levu: dcision; de l des dlais fixs, des formes dtermines, (compliques dans notre systme actuel, infiniment faciles simplifier, en les rapprochant de leur but). Cette routine de la procdure, cette partie de !a mchanique (sic) de l'instruction des procs a t attribue d'autres officiers connus sous le nom de procureurs.
Il
restoit
la
partie
principale et essentielle
de
la
dfense des
de
moyens
de rclamer
entendre la voix de l'humanit et les cris de l'innocence opprime. Cette fonction seule chappa au gnie de la fiscalit et au pouvoir absolu; du moins une restriction prs, qui consistoit dans la ncessit de faire un cours d'tudes
la
sainte
autorit
des
loix,
de
faire
monde,
le
tant le droit
de
la
dfense naturelle
croyoit
toujours
respect,
tant
despotisme
mme
se
oblig
de
cder l'opinion publique et la nature des choses. Ainsi en dclarant que la classe des citoyens que je viens d'indiquer ne fut point exempte des abus, qui infecteront toujours toutes les socits qui ne
de la libert; je suis forc de convenir que barreau semble conserver encore des traces heureuses et profondes de la libert et des vertus qu'elle produit; que l on retrouvoit encore ce courage de la vrit, ce zle gnreux qui dfend avec nergie, les droits du foible opprim, contre les crim.es du puissant oppresseur;
vivront point sous l'empire
le
ces sentimens magnanimes, qui n'ont pas peu contribu amener une que parce qu'elle toit prpare dans les esprits.
((
Tel
toit l'ancien
661
droit sacr de la dfense, en exigeant d'autres conditions que la confiance des citoyens; et cependant beaucoup moins intolrable que
et
de judifonctions
Runir
le
ministre
attribu
aux procureurs,
et
les
exerces par les avocats, pour soumettre les unes et les autres un privilge exclusif; qui deviendroit le patrimoine d'un trs petit nombre d'individus dans chaque district; voil le fond de ce systme.
((
Ainsi, voil tout d'un coup les privilges que vous avez pros-
des droits les plus sacrs; voil un corps de gens de loi recr sous une forme plus vicieuse que l'ancienne. En eFet, ce pouvoir exclusif de dfendre les citoyens sera confr par trois juges et par deux hommes de loi. Mais pour devenir l'objet de leur choix ou de leur faveur, il faudra non-seulement avoir travaill cinq ans cliez un homme de loi, mais encore avoir obtenu l'avantage d'tre
crits rtablis sur les ruines
inscrits sur
les
membres du
directoire
ils
de l'admi-
nistration
de
d'oia
ils
jugeront pro-
Ce n'est pas tout encore, du sein de ce privilge gnral, sort un autre privilge particulier, en faveur des plus anciens praticiens; de manire que les premires avenues de cet tat sont fermes tous les autres, et que les plus anciens seulement auront le droit de venir faire assaut d'rudition et de capacit dans un concours ouvert devant trois
((
membres du
tribunal et
deux de
leurs confrres.
Je ne dirai pas que ce systme renverse tous les principes de la constitution, en donnant des administratems, des juges, des particuliers mmes, le pouvoir de confrer un droit aussi prcieux.
un droit aussi essentiellement commun tous les citoyens poudonn ou t, il ne pourroit l'tre que par le souverain (qui est le peuple), que cette confusion de pouvoirs est en mme temps le plus dangereux de tous les exemples, et le plus rvoltant des attentats contre la souverainet nationale; je m'arrte aux inconvniens qui sont
Que
si
voit tre
de
votre dlibra-
actuelle
je
citoyens ? Qui pensez-vous qui parviendra ce peti^ nombre de places que les comits montrent dans une perspective si loigne une si grande muhitude de candidats? Seront-ce les plus clairs et les plus vertueux ? Non. Le gnie, fier et indpendant, ne sait attendre ses la probit inflexible ne connot ni les sousuccs que de lui-mme plesses de l'intrigue, ni l'art des sollicitations; or par-tout oi un corps ou quelques hommes disposent de quelques avantages, de quel;
ques emplois, les affections personnelles, l'intrigue, les sollicitations feront presque toujours pencher la balance dans leurs mains, ces hommes fussent-ils des juges, des administrateurs de district. Non, vous ne
662
et
de la justice ces dfenseurs sensibles magnanimes, dont la sainte intrpidit seroit l'appui de l'innocence et ia terreur du crime. Ces iiommes-l sont trop redoutables la to"blesse, la mdiocrit! que seroit-ce l'injustice, la prvarication! Vous ne verrez descendre, dans cette ridicule arne, que vous ouvrez aux candidats, que le rebut du barreau, que !a lie des praticiens, que ces mes foibles et froides, qui prfrent la bienveillance fructueuse des ihommes en place aux striles bndictions du pauvre et de l'opprim. Que tout cela est loign de l'esprit de la libert ES chez quel peuple libre une pareille ide fut-elle jamais conue ? Ces citoyens illustres, qui aprs avoir sauv l'tat dans les premires magistratures, venoient devant les tribunaux sauver un citoyen opprim, avoient-ils pris l'attache des diles ou des juges qu'ils venoient clairer? Les Romams avoient-ds des tableaux, des concours, des privilges. Quand Cicron fpudroyoit Verres, avoit-il t oblig de postuler un certificat auprs d'un directoire, et de travailler cinq ans chez un homme de lois? Oh! les Verres de nos jours pourront tre assez tranquilles; le systme des Comits n'enfantera pas des Cicrons. C'est en vain que l'on voudroit le justifier, en disant qu'il admet des dfenseurs officieux, je pourrois me contenter de rpondre que cette institution ne peut justifier un corps privilgi dont l'organil
! '
((
sation est
si
funeste et qui
engloutiroit presque
intressent les droits des citoyens; qu'au contraire, elle en fait ressortir
davantage
les
vices et l'inutilit.
Mais ce
qu'il
server .c'est
que
repousse en effet les dfenseurs officieux en mme temps qu'elle semble les appeller. Eh pourquoi, d'abord, mettre une diffrence si absurde entr'eux et vos dfenseurs privilgis, en statuant qu'ils ne pourront avoir communication des pices de ia partie adverse, qu'en se
!
au domicile de l'homme de loi, qui dfendra la partie Pourquoi cette affectation de rendre pour eux, ou impossible ou au moins incommode et difficile, la dfense de la cause qui leur est confie ? Mais quel citoyen ne seroit point cart par l'pcuvantail ou plutt par le danger trop rel que leur prsente l'article qui prcde, en donnant aux juges devant lesquels ils parotront, le droit de les exclure de tous les tribunaux; il suffira pour cela de leur faire deux intransportant
?
adverse
jonctions
successives,
et
ces
injonctions,
les
juges
pourront
les
faire
non-seulement lorsque le dfenseur officieux leur parotra avoir m.anqu la dcence, au respect d au tribunal, (termes vagues et susc^'ptibles de tant d'interprtations arbitraires) non seulement lorsqu'il leur parotra avoir manqu de modration l'gard des parties (ce qui n'est ni plus lorsqu'il parotra avoir prcis, ni plus dtermin), mais qui le croiroit manqu d'exactitude dans l'exposition des faits ou des moyens de la cause. Or, comme tout procs suppose ou des faits litigieux, ou du moins susceptibles de discussion; comme il est possible de se tromper
!
663
il
des raisons,
le
s'enil
seroit
l'abri de l'interdiction;
juge
suffiroit
ne
ft
ft
d'une opinion diffrente de la sienne; c'est--dire qu'il faudroit qu'il gagnt sa cause peine d'interdiction. Et pour qui pensez-vous que cette autorit arbitraire seroit la plus redoutable ? seroit-ce pour ces hommes paisibles qui souffrent si patiemment les maux d'autrui et les crimes de la tyrannie? Non, ce seroit pour les hommes d'un caractre oppos. C'est leur zle gnreux qui seroit appel un manquement la dcence, au respect d aux tribunaux; c'est leur sainte indignation qui seroit nomme un dfaut de modration envers la patrie. Ce sont leurs vertus, ce sont leur talens qui seroient des crimes. C'est donc ainsi que l'on veut dnaturer, dgrader des fonctions aussi prcieuses l'humanit qu'intimement lies aux progrs de l'esprit public et au triomphe de la libert; c'est ainsi que l'on veut changer en une cole de lchet et de vnalit une cole de patriotisme, o les vrais amis de la justice et de l'humanit auroient prlud par leur courage dfendre la cause des particuliers, au devoir plus important encore de dfendre la cause du peuple dans les assembles
publiques,
((
C'est
le
ainsi
guider
titution
si
de propager
sentiment et
premiers principes qui doivent de former les murs, l'amour de la libert, sans lequel la consles
fantme, les loix ne sont que des formules. Ah! nous ne voulons pas que la libert soit un vain nom, adoptons-en parlons moins de dcence, de dignit des tribunaux, des homl'esprit
n'est qu'un
:
l'humanit,
la
justice,
vertu,
la
libert,
la
loi...
Voil
culte.
intressent
hommes;
de notre
place de cet absurde systme, la place de toutes les opinions, qui ne semblent les combattre que pour en conserver le vice essentiel; pour viter toutes les surprises et toutes les erreurs, qu'une discussion embarrasse produit trop aisment, je demande que l'assemble dcrte, comme un article constitutionnel et comme un principe
la
inaltrable,
((
vais proposer
le droit
de dfendre
soit
il
vou-
Gazette nationale ou
((
le
Moniteur universel, n
349, p.
1441-1442.
que l'on vous propose en ce moment tient aux premiers principes de la libert et du bien public dans les circonstances o nous sommes, elle intresse essentiellement l'existence d'une multitude innombrable de citoyens c'en
Roberspierre.
partie
la lgislation
M.
La
de
664
est
Qierdions
les
premiers
peut
tre
principes
de
cette
matire
importante
ils
nous
conduiront
facilement au parti que nous devons adopter... Ds que la socit tabli et dtermin l'autorit publique qui doit prononcer sur les diffrens des citoyens, ds qu'elle a cr les juges destins leur rendre,
la justice, qu'ils avaient droit de se faire par eux-mmes avant l'association civile, pour mettre le dernier sceau, et pour donner
en son nom,
le
mouvement
cette
institution,
il
ne
reste
plus qu'
instruire
les
A
droit
il
qui
est
des citoyens
Aux
Ce
citoyens
n'est
fond
autre
de
de
la
justice,
chose
que
le
droit
ma
le
libert,
ma
je
fortune,
le
et imprescriptible de la dfense de dfendre mon honneur, ma vie, par moi-mme, quand je le veux et quand je
essentiel
puis, celui
et
dans
de
que
regarde
comme
le
plus clair,
intrts;
si
le
plus vertueux,
le
mes
cette
vous
me
forcez les
alors vous
fois
et
loi
de
la
nature et
de
la
de
ne peut reposer que sur elles... Ces principes sont incontestables; il ne s'agit plus que de l'application. Je me permettrai cependant d'observer avant tout, qu'il ne faut pas se porter trop aisment opposer sans cesse des inconvniens des droits inviolables, et des circonstances des vrits ternelles. Ce serait imiter les tyrans, qui il ne cote rien de reconnatre les droits des hommes, condition de pouvoir les violer toujours sous de nouveaux prtextes, condition de les relguer, dans la pratique, parmi ces thories vagues qui doivent cder des maximes politiques et des considrations particulires; ce serait abandonner le guide fideHe que nous avons ;romis de suivre, pour embrasser des com.binaisons arbitraires qui ne seraient que le rsultat de nos anciennes habitudes et de nos prjugs. Quoi ou'il en soit, pour dterminer l'application des principes que j'ai poss, il ne s'agit que d'claircir la question, en dfinissant et en distinguant, d'une manire prcise, les diverses fonctions qui font Tobjet du raff)ort de nos Comits de constitution et de
judicature.
Le
lgislateur
vu qu'il
fallait
citoyen
forme et 'constate d'une manire certaine et authentique, afin qu'aucun jugement ne pt tre surpris, et l'on institua les officiers chargs
de ce
suite
soin,
sous le
nom
la
d'huissiers.
Le
le
loisir
de prparer
dfense,
ensuite
665
dcide devant
jusqu'au
et recevoir
moment o
sa dcision
:
la
cause
devait
tre
'
de-l des dlais fixs, des formules, des actes de procdure dtermine par la loi et cette partie mcanique de l'mstruction des affaires, cette routine de la procdure, furent con;
juge,
11
connus sous
la
le
nom de
procureurs.
la
restait
la
partie
plus
importante,
partie
principale
et
essentierle
dfense des citoyens, qui demeure spare des fonctions dont nous venons de parler, la fonction de prsenter les faits aux yeux des magistrats, de dvelopper les motifs des rclamations des
la
de
de faire entendre la voix de la justice, de l'humanit, et les de l'innocence opprime. Cette fonction seule chappa la fiscalit et au pouvoir absolu du monarque. La loi tint toujours cette carrire libre tous les citoyens; du moins n'exigea-t-elle d'eux que la condition de parcourir un cours d'tude facile, ouvert tout le monde, tant le droit de la dfense naturelle paraissait sacr dans ce tems l. Aussi en dclarant, sans aucune peine, que cette professio.i m.me n'tait pas exempte des abus qui dsoleront toujours les peuples qui ne vivront point sous le rgime de la libert, suis-je du moins forc de convenir que le barreau semblait montrer encore les dernires traces de la libert exile du reste de la socit; que c'tait l o se trouvait encore le courage de la vrit, qui osait rclamer les droits du faible opprim contre les crimes de l'opresseur puissant; enfin, ces sentimens gnreux qui n'ont pas peu contribu une volution, qui ne s'est faite dans le gouvernement que parce qu'elle tait prpare dans les esprits. Si la loi avait mis au droit de dfendre la cause de ceux qui veulent nous la confier, une certaine restriction, en exigeant
parties,
cris
i
un cours d'tudes dgnr presqu'entirement en formalit, elle semblait s'tre absoute elle-mme de cette erreur par la frivolit vidente
du
motif...
En
moment
avaient paru
d'une profonde sagesse, vous convenez tous que sous aucun prtexte, pas mme sous le prtexte d'ignorance, d'imoritie, la loi ne peut interdire aux citoyens la libert de dfendre eux-mmes leur propre cause. Quoi qu'il en soit, l'ancien rgime tait cet gard,
le rsultat
de la raison, du bien public, et de la constitution systme propos par vos Comits de constitution et de judicature. Runir et confondre le ministre des procureurs, les fonctions des avocats, pour soumettre l'un et l'autre un privilge exclutel nombre d'individus sif, qui deviendra le patrimoine d'un petit
infiniment plus prs
nouvelle,
que
le
fond de ce plan. Ainsi voil les privilges que vous avez proscrits, rtablis sur la ruine du droit d plus sacr de l'homme et du citoyen; voil, en dpit d dcret qui proscrit jusqu'au costume des gens de loi, par
est
le
((
la le
raison
qu'ils ne
voil
que l'ancienne
En
effet,
666
deux hommes de loi, et pour tre pour tre l'objet de leur suffrage ou de leur faveur, il faudra non-seulement avoir travaill cinq ans, chez un homme de loi, mais avoir encore t inscrit sur un tableau dress par le directoire de l'administration du district, dont les membres pourront exclure qui ils jugesera confr par trois juges et par
ligible,
de la probit des canJe ne dirai pas que ce systme est contraire la constitution, que c'est donner des fonctionnaires publics un pouvoir tranger leurs fonctions, que c'est un attentat la souverainet du peuple, puisqu'il n'appartient qu'au souverain d'ter ou d'accbrder un droit un citoyen; je m'attache particulirement aux inconvniens de l'institution qu'on vous propose; elle tend former un corps d'hommes de loi, vil et' indigne de ses fonctions, elle prsente un petit nombre de places une multitude de candidats. L'intrigue assurera le succs, et la probit inflexible ne connat pas l'intrigue, et le gnie n'attend rien que de lui-mme. Jusqu' ce que nos moeurs soient changes, il y aura de l'indidats.
trigue,
les
de
la
faveur par-tout
oii
dispensateurs
La
trois
formalit
du
deux hommes de
dcideront,
la pluralit
de
loi
voix donnes
crain-
hommes de
de
jalouseront,
Si un juge se range
le
leur parti,
toutes les
de
la justice
ces
hommes
et
sensibles, capables
de de
dignes de
la
dfendre
hommes
la
l'innocence et flau du
crime;
faiblesse,
en seront toujours repousses; mais vous verrez accueillir des gens de loi sans dlicatesse, sans enthousiasme pour leurs devoirs, et pousss seulement dans une noble carrire par un vil intrt. Ainsi vous dnaturez, vous dgradez des fonctions
et la prvarication les redouteront; ils
prcieuses
public,
vertus
la
l'humanit,
les
essentiellement
la
lies
aux progrs de
l'esprit
au triomphe de
civiques
oii
libert;
et
talens
cause du citoyen devant les juges dfendre un jour celle du peuple parmi les lgislateurs. Chez quel peuple libre a-t-on jamais conu
l'ide d'une pareille institution? Ces citoyens illustres qui, en sortant des premires magistratures o ils avaient sauv l'Etat, venaient devant les tribunaux sauver un citoyen opprim, avient-ils pris l'attache des diles, ou des juges qu'ils venaient clairer ? Les Romains avaientils des tableaux, des concours et des privilges ? Quand Cicron foudroyaitVerrs, avait-il t oblig de postuler un certificat auprs d'un directoire et de faire un cours de pratique chez un homme de loi ? Oh les Verres de nos jours peuvent tre assez tranquilles car le
! ;
667
systme du Comit n'enfantera pas des Cicrons. Ne vous y trompez pas; on ne va point la libert par des routes diamtralement opposes. Si le lgislateur ne se dfend pa? de la manie qu'on a reproche au gouvernement, de vouloir tout rgler, s'il veut donner 'autor't
ce qui appartient la confiance individuelle; s'il veut les affaires des particuliers, et mettre pour ainsi dire
curatelle;
et
s'il
faire
les
l.ii-meme
citoyens en
veut se mettre
confiance,
ma
mon
la
dfenseur
mon homme de
siu
il
sera
plus clair
libert poli-
que moi,
tique,
mes propres
la
intrts,
loin d'tablir
et
anantit
libert
individuelle,
le
appesantit
chaque
ins-
jougs.
On voudra peut-tre dfendre le plan du Comit, en observant admet des dfenseurs officieux; mais cette disposition ne justifie pas l'institution d'un corps d'hommes de loi privilgis; elle en fa't mieux ressortir les vices et l'inutilit. Le comit lui-mme rend cette disposition illusoire, il exige que pour avoir communication des pices de la partie adverse, le dfenseur officieux se rende chez l'homme de loi qui dfendra cette partie. 11 donne aux juges le droit d'exclure du tribunal les dfenseurs officieux, aprs deux injonctions successives pour n'dvoir pas observ la dcence et le respect envers le tribunal,
((
qu'il
termes vagues qui s'interprteront suivant les intrts, les caprices, les
degrs de morgue, de faiblesse ou d'ignorance. Pour avoir manqu de modration l'gard de la partie adverse, ce qui n'est pas plus dtermin, pour avoir manqu d'exactitude dans l'exposition des faits et
des moyens de la cause : or, comme un procs suppose des faits litigieux ou des moyens susceptibles de discussion, il s'ensuit que nul dfenseur officieux ne sera l'abri de l'interdiction dshonorante, puisqu'il suffit qu'il ne soit pas infaillible, ou mme simplement que les juges aient sur les faits et les moyens de la cause une opinion diffrente de la sienne, c'est--dire qu'il faudra qu'il gagne sa cause
peine
d'interdiction...
des
juges
le
droit
de
forme de procs, du plus touchant du plus sacr de leurs droits, celui de dfendre Occupons-nous moins de dcence, leur semblable ? Quels principes de morgue, de la dignit du tribunal, de modration, d'exactitude. La
dpouiller
ignominieusement
citoyens,
sans aucune
justice,
loi,
rts
libres... Je borne tablir ce principe, qui me parat devoir tre l'objet actuel de votre dlibration et de votre premier dcret. Tout citoyen a le droit de dfendre ses intrts en justice, soit par luim-me, soit par celui qui il voudra donner sa confiance. (?)
du
voil
les
objets
du
culte
des hommes
conclus et je
me
(2) Texte reproduit dans le iMoniteur, VI, 630; dans Bchez et Roux, VTTT, 236-242; dans Laponneraye, I, 69 et s. et dans les Arch.
;
pari.,
XXI,
4G6.
668
XV,
n"
543, p.
7.
M. Robespierre a considr la dfense des parties prs des Tribunaux, comme appartenant au droit sacr de la dfense naturelle. Si l'ordre des Tribunaux, si l'intrt mme des parties exigent qu'elles confient ce soin des personnes plus habitues qu'elles ces sortes de dfenses, il faut au moins que cette confiance ne soit point limite; que ceux-l sur-tout soient appels au rle gnreux de dfenseurs des opprims, qui trouvent dans leur me et dans leurs talens, les moyens de remplir une si noble fonction. Les abus de l'administration judiciaire toient effrayans. Je ne m'occuperai point les retracer. Eh bien au milieu de tous ces abus et de tout ce despotisme judiciaire, s'ofroit une classe prcieuse de Citoyens qui conservoient dans la il fonction de Dfenseurs publics la plus parfaite indpendance.
!
Cet avantage unique de l'ancien Ordre judiciaire, votre Comit vous propose de l'abolir, en runissant des fonctions qui toient autre-
fois
si
distinctes,
les autres
celles
d'Avocat
et
les
uns et
un privilge exclusif.
Vous
les
tution,
privilges
de
de votre Constique vous avez abolis; vous violez cette galit base de votre Constitution.
Si j'examine les diverses dispositions du Comit pour l'lection des gens de loi, j'y trouve de nouvelles entraves, qui ne sont propres qu' teindre toute mulation gnreuse. Il faudra obtenir la faveur
et le
nombre de Juges;
il
loi, mais il faudra d'un Directoire qui pourra carter plusieurs de ceux qui se prsenteront pour tre inscrits au tableau des ligibles. Quelle espce de dfenseurs vous procurera un simple mode d'lection 7 Ne voyez- vous pas par quelles viles intrigues, par quelles
homme de
bienveillance
les hommes les plus mdiocres et souvent les moins intgres russiront gagner les suffrages des Juges, tandis que le gnie libre et indpendant ddaignera de semblables moyens ? Je sais que ces places d'hommes de loi seront le prix d'un concours; mais que sera-ce que ce concours? un assaut de mmoires, une lutte insignifiante, o la subtilit l'emportera toujours..
basses
complaisances,
les
moin purs,
Ne vous attendez pas voir ces habiles Jurisconsultes, ces Orateurs profonds et loquents qui honoroient l'ancien Barreau, se soumettre un pareil concours. Voudront-ils tenir de la faveur d'un Juge, un emploi qu'ils dvoient depuis long-tems
l'estime
et
la confiance du
Public?
ne lutteront pas contre la mdiocrit ambitieuse. C'est que vous changerez en une cole de vnalit, une cole de patriotisme. Les Romains et les belles Rpubliques de la Grce assujtissoient-ils leurs Orateurs s'inscrire dans ces tableaux ? Quand Cicron poursuiIls
669
de pratique,
et
de
mendier
le suFrage
d'un Juge
Le plan du Comit appelle, dit-on, les dfenseurs officieux; mais cette disposition n'est qu'illusoire. Le Comit veut que les Juges aient le pouvoir de leur ter cette fonction quand ils manqueront la dcence des Tribunaux, ou qu'ils commettront des inexactitudes de fait, comme si la plupart des procs ne portoient pas sur des faits litigieux ? N'est-ce pas l repousser d'un ct les dfenseurs officieux, tandis qu'on les appelle de l'autre ? Il faudra que ce dfenseur officieux gagne son procs, peine d'interdiction. Que les Lgislateurs .soient forcs de sacrifier la chose publique beaucoup d'intrts particuliers, ils remplissent en cela un devoir rigoureux. Mais sacrifier une multitude de Citoyens, sans autre objet que de substituer une partie de l'Ordre judiciaire, qui mritoit peu de blme, un nouvel ordre qui entraneroit des abus beaucoup plus graves, c'est commettre la fois une injustice et une barbarie gratuite. M. Robespierre a t applaudi.
t.
XIH,
p.
188.
M.
Roberspiere
Il
rejeter
que d'admettre en
[est]
totalit
moyen
de
trouver la
pas plus possible l'assemble de plan de ses comits. Le meilleur vrit et de remonter aux principes. Chaque
n'est
le
citoyen a le droit incontestable de surveiller ses intrts, de les dfendre par lui-mme ou de les confier qui bon lui semble; voil les
les immuables maximes de la libert; si la constitution une classe d'hommes, hors laquelle il ne soit pas permis la confiance de se reposer, je ne vois plus de garantie des droits de l'homme; et voil. Messieurs, l'institution que vous proposent vos
ternelles,
tablit
comits.
Vous
de grands inconvniens
suivre la
rai-
son {Kxir anantir jusqu'aux dernires traces de cet ordre de choses. Effacerez- vous, Messieurs, jusqu'aux noms de ces hommes clbres qui seuls avoient le courage de faire entendre les accens de la libert sous
l'empire du despotisme
le
plus
terrible
et
le
plus
effrayant;
de ces
dont les talens ont prpar cette rvolution que vous avez si glorieusement excute ? Eh quel est le dcret que vous proposent vos comits ? Runir les fonctions des ci-devans procureurs et des avocats pour en faire le patrimoine d'un petit nombre d'individus. Pour avoir le droit de dfendre ses concitoyens, faudra-t-il avoir t choisi par les juges des tribunaux et avoir gagn la bienveillance des directoires, qui ne manqueront pas d'loigner ceux qui n'auront pas eu le bonheur de fixer leur attention ? En agissant ainsi, vous commettez
illustres,
!
[hommes]
670
une grande injustice; vous accordez quelques particuliers un privilge qui appartient galement chaque individu du corps social. Eh Messieurs, quel est l'homme de bons sens qui s'abaissera venir demander
!
ces collateurs de fonctions, le droit d'tre utile sa patrie et l'humanit ? Vous ne verrez descendre dans l'arne qu'une foule d'intriguans, et pas un seul homme talent; c'est ainsi, Messieurs, qu on ose vous proposer de violer les premiers principes des sages
lgislateurs,
qui
n'ont
cess
les
de
faire
:
leurs
efforts
moeurs
avoit-il
et
encourager
talens
Cicron,
pour
foudroyer
demand un certificat d'un directoire de district ? avoit-il subi un examen en prsence des administrateurs d'un dpartement ? avoit-il, enfin, fait un cours de pratique ? son loquence mle et intrpide se
!
soumise de pareilles conditions ? Eh Messieurs vos comile projet de donner des Cicrons la France... Je ne veux pas d'une loi qui gne ma libert, au-lieu de me donner les moyens de la dfendre je demande que ce droit de dfense scit accord
seroit-elle
ts n'ont
pas form
tout le
puisse parotre en personne devant ou confier ses intrts qui bon lui semblera; que tous les citoyens puissent dfendre verbalement ou par crit leurs causes, et choisir leurs dfenseurs parmi tous les individus.
les tribunaux
t.
Il,
160, p. 2.
p. 5.
Assemble nationale, Commune de Paris (imitt"), t. VI, n 494, Mercure national et Rvolutions de l'Europe, n 48, p. 1902.
((
M. Robespierre a aussi combattu le projet du comit, non pas parce qu'il tend supprimer tous les offices ministriels, mais parce
qu'il en rtablissoit d'autres sous
On
captivera
ma
plu-
homme
que
tel
autre
Suis-je
homme
privilgi, dont
Et q voudra tre cet homme privilge ? Pour le savoir, il de considrer par quelle route on parviendra cette matrise. Il faudra subir un examen devant des administrateurs de district, qui seront inexperts, et devant des hommes de loi qui seront, par intrt, par jalousie, intresss carter du tribunal le mrite dont le parallle
suffit
les craseroit.
Quel sera l'homme talent, quel sera le cur passionn pour dfense de la vertu opprime, quel sera l'ancien jurisconsulte qui voudra passer par cette preuve dgotante, et venir faire assaut de mmoire pour avoir le droit de mriter l'estime publique qui lui est acquise } Il n'y en aura aucun qui veuille descendre dans cette arrne. Vous n'y verrez que le rebut du barreau. Quand Cicron foudroyoit Verres, avoit-il eu besoin, pour avoir ce droit, de postuler an certila
671
ficat auprs d'un district ? Rendez donc, Messieurs, la profession de dfenseur sa libert, sa puret, je dirai presque sa saintet originelles. Corrigez vos loix, opposez une digue au torrent de la chicane,
mais ne
que
les
avenues des
Le
Patriote Franois, t. III, n" 495, p. 2. Journal des Etats Gnraux (Le Hodey), t.
XVIII,
le
p. 434.
M. de
Robespierre
La
!
dans
L'ancien rgime avec tous ses district pourra loigner son gr de la liste des candidats ceux qui lui dplairont. Du sein de ce privilge gnral en nat un particulier, c'est que, dans le concours qui
certaine classe d'individus privilgis
;
car un directoire
de
'
suivra,
et
il
En admettart ce mode, que le rebut du barreau, la lie des praticiens. Les Romains avoient-ils des privilges pour entrer au forum. Quand Cicron foudroyoit Verres, avoit-il eu besoin de postuler des certificats auprs d'un directoire de dpartement ou de district ?
jeunes gens auront tout avantage sur les anciens.
hommes de
loi
En
On me
la
mettant tous les citoyens en curatelle, le comit anar.tit la libert. dira qu'il tablit des dfenseurs officieux; mais cette disposition
ne peuvent obtenir par eux-mmes communication des pices de la partie adverse; s'ils n'observent pcis les rgles de la dcence, et du respect envers le tribunal, porte vaguement le projet du Comit, de la modration l'gard de la partie adverse, et de l'exactitude dans l'exposition des faits, ils seront exclus de cette fonction. Quoi de plus arbitraire et de plus partial ? Je demande un plan plus conforme aux principes de la libert. L'argument de M. Robespierre est excellent pour carter les offices d'avocat, et introduire une autre forme pour le concours des autres offices; mais si l'on veut diminuer le nombre et les frais des procs, il faut s'assujettir des formes et il ne peut en exister que
est illusoire, car elle les repousse. Ils
par des
hommes
))
(3).
p.
157.
les pri-
M.
Roberspierre a accus
le
mode
dit,
Ne voyez- vous pas, a-t-il d'lection des futurs par quelles viles intrigues, par quelles basses complaisances, les
les plus
de la hommes de loi.
a blm le
hommes
(3) Ce dernier comme'ntaire est extrait du Patriote Franois, texte de Le Hodey s' arrtant principes de la libert .
672
LS DISCOURS DE ROBESPIERRE
russiront capter les suffrages... tandis que le gnie libre, 'ndpendant, est ddaigneux de semblables moyens?... Que sera-ce que ce concours. Un assaut de mmoire... Ne vous attendez pas voir ces habiles
jurisconsultes, ces orateurs profonds et loquens qui honoroient l'ancien
barreau, se soumettre un pareil concours... Ainsi vous dnaturez, vous dgradez des fonctions prcieuses l'humanit, essentiellement lies aux progrs de l'esprit public, au triomphe de la libert, ainsi vous fermez cette cole de vertus civiques, o les talens et le mrite apprendroient, en plaidant la cause du citoyen devant les juges, dfendre un jour celle du peuple parmi les lgislateurs... Je conclus, et je me borne tablir ce principe qui doit tre l'objet actuel de vos dlibrations et de votre premier dcret tout citoyen a le droit de dfendre ses intrts, en justice, soit par luimme, soit par celui qui il voudra donner sa confiance.
:
))
Chronique de Paris,
t.
III,
n 349, p. 1396.
Robespierre, successeur de M. Prugnon, a, dans un discours trs-long et priodiquement diffus, voulu prouver, et a enfin prouv qu'il toit de principe que tous les citoyens avoient le droit incontestable
M.
de plaider eux-mmes
tel autre
leurs causes,
ou de
confier le soin
de
les plaider
Robespierre s'est donc lev contre la disposition du comit qui admet le concours pour devenir homme de loi ou huissier. Quand Cicron, a-t-il dit, foudroyoit Verres, avoit~il postul le droit d'tre orateur public devant un tribunal de district ou de dpartement ? (( Cette phrase a obtenu des applaudissemens. M. Robespierre a conclu ce qu'il n'y et lieu dlibrer sur le projet de dcret prsent par les comits.
citoyen qu'il leur plairoit.
M.
t.
II,
M.
Roberspierre.
le
Autant
je
regarderois
entier,
il
la
justice
d'admettre
injuste
projet
autant
les
soit
me
parot
mme
((
de demander la question pralable sur tous plan; je demanderai donc que chaque article
articles
de ce
discut succes-
sivement.
M. Landine. Si personne ne se prsente pour dfendre le plan des comits, je me retire de la tribune. Je demande qu'on aille aux
voix sur la question pralable, que j'appuie de toutes mes forces.
((
Un
murmure presqu'universel
toit
de
l'assemble contre le projet des comits et de son dsir d'aller aux voix, lorsque M. Roberspierre est mont la tribune. Le but de son
discours a t
de
faire dcrter
que
les
de
dfendre verbalement, ou par crit, leurs causes, ou de choisir leurs dfenseurs parmi tous les individus.
673
et littraires,
est
n 439, p. 792.
la
M.
Robertspiene
les
mont
tribune
dfendre par lui-mme ou de les confier qui bon lui semble voil les immuables, les ternelles maximes de la libert. Si la constitution tablit une classe d'hommes hors de laquelle il ne soit pas permis la confiance de se reposer, je ne vois plus de libert, je ne
ses
:
Qiaque intrts, de
de
surveiller
de garantie des droits de l'homme; et voil, messieurs, l'instique vos Comits vous propose (sic.) L'opinant soutient qu'une mission exclusive n'est propre qu' touffer le talent il veut que le droit de dfense soit universel, que chacun puisse paratre en personne devant les tribunaux ou confier ses intrts qui bon lui semblera.
vois plus
tution
((
:
Journal de Versailles,
t.
III,
197, p. 854.
le projet du comit, non pas parce qu'il tend supprimer tous les offices ministriels, mais parce qu'il en rtablit d'autres sous une nouvelle forme. Corrigez vos loix, a-t-i! dit, opposez une digue au torrent de la chicane, mais ne laissez subsister ni avocats, ni procureurs; que les avenues des tribunaux soient
M.
Robertspierre
combattu
((
ouvertes,
que
rien n'en
gne l'accs.
15
dcembre 1790,
p.
4.
Roberspierre a attaqu le plan du comit, sur ce qu'il restreignoit trop la libert qu'a tout citoyen de donner sa confiance qui bon
lui
M.
semble;
et
il
qu'il
aussi
injuste
qu'inconstitutionnel
des Dcrets
35.
de
l'Assemble
nationale,
MM.
Du-
metz
certains individus le
Journal universel,
((
t.
VIII,
p.
3098.
Robespierre a insist pour que chaque citoyen et le droit de dfendre lui-m.me sa cause et la libert de se choisir indistincte-
M.
>;
Le Lendemain,
t.
I,
n"
71, p. 634.
et
Robertspierre ont soutenu que le droit de dfendre un citoyen ne devoit point tre un privilge exclusif, et qu'enfin ces affaires hrditaires formeroient une partie discordante avec
MM.
Thouret
l'ordre judiciaire
rcemment dcrt.
674
198.
SEANCE DU 26 DECEMBRE
1790
t.
XV,
n"'
558, p. 8.
M.
de
M. du
nations
Robespierre a parl ensuite; il n'a attaqu dans le plan de Port qu'une seule disposition, c'est celle qui, pour les condampolice, associe les Officiers
Paix.
Les Officiers de Marchausse doivent tre les excuteurs de Loi pour la recherche des accuss, et non point les Juges des accuss des fonctions aussi disparates ne peuvent tre runies sans porter
la
fondement de la socit. On ne peut contester la distinction qu'a taM. le Rapporteur entre la Police et les Tribunaux. Mais si elle est oblige d'employer plus de clrit dans les moyens, elle ne doit pas pour cela se permettre en rien des formes arbitraires qui mettent en pril la libert du Citoyen le plus paisible. En second lieu, il faut considrer les Officiers de Marchausse comme des Officiers militaires, et le despotisme seul peut tenter de
blie
((
L'Assemble
a dcid que le Corps de la Marchausse feroit partie des Troupes de ligne. 11 est donc impossible de ne pas les considrer comme militaires.
(3)
(1) Cf. E. Hamel. , 349-351 ; sances des 21 janvier, 5 fvrier 1791 et discours imprim de Robespierre sur les Principes de l'orgr.nisation des Jurs. (2) Cette confusion entre l'autorit civile et le pouvoir militaire, entre l'administration et le pouvoir judiciaire, apparaissait Robespierre comme l'un des plus redoutables cueils. (3) Texte reproduit dans les Arch. pari., t. XXI, p. 673.
675
UAmi
du Roi (Royou),
t.
I,
n 213, p. 3.
Duport a t un peu consol des dures vrits que lui a fait entendre la franchise bretonne de M. Bacon (4), par le spffrage d'un censeur redoutable, de M. Robespierre. Ce grand lgislateur ne trouvoit rien reprendre au projet de M. Duport, si ce n'est l'influence qu'auroit la marchausse dans l'exercice de la police. Les gendarmes nationaux, disoit-il, seront tirs des armes, ce seront des agens du pouvoir excutif, des ministres du despotisme, des tyrans de la libert
individuelle.
le
M.
L'loquence de
il
M.
Robespierre ne
s'il
tarit
pas quand
il
tonne contre
despotisme,
que
les
deux cts
baillent
comme de
Chronique de Paris,
III,
n 361, p.
1444.
t
C'est
sur
entendus
MM.
et Robespierre.
Tous deux
Bacon du comit:
mais tous deux n'toient pas inspirs par le mme sentiment. Le premier orateur craignoit que la loi propose ne ft pas assez forte pour en imposer aux malfaiteurs, et arrter les effets du brigandage. Le second ah de bonne foi, nous ne savons trop ce qu'il a dit, et nous serions parfaitement reconnoissans, s'il vouloit nous expliquer ce qu'il
:
!
a voulu dire.
t.
XIX,
p.
133.
s'est
M.
M. Baco]
attach
constitu-
combattre
tion et
du
projet
de jurisprudence criminelle, qui attribue la gendarmerie nationale des fonctions de police. Il a trouv que c'toit cumuler des fonctions militaires et civiles et attenter
la
libert individuelle.
t.
I,
n 171, p, 2.
Roberspierre s'est attach combattre la partie du projet de dcret du comit, qui attribue le droit d'exercer la police la gendarmerie nationale il a pens que cette attribution donne des
:
M. de
hommes
cutif,
des armes, et par consquent agents du pouvoir exseroit extrmement dangereuse pour la libert individuelle. Ces rflexions n'ont pas t trs applaudies.
tirs
1790, p.
1464.
M. de
Roberspierre
de donner
la
Mar-
(4)
Pour Baco de
la Chapelle.
676
Organes de
et
la Loi; d'avoir associ, dans plusieurs fonctions, des Soldats des Juges de Paix.
Journal de
((
Versailles,
t.
III.
n 210, p. 905.
Robertspierre s'est lev sur-tout contre le projet de faire aux .officiers de la marchausse les mmes fonctions qu'aux juges de paix.
M.
Ce
seroit,
a-t-il dit,
la constitution,
))
et bientt
Annales patriotiques
et littraires,
t.
III,
n 451, p. 841.
Robertspierre s'est aussi lev fortement contre l'influence que le projet des comits donnera, dans l'exercice de la police, la
M.
gendarmerie nationale.
Journal du Soir (des Frres Chaignieau),
t. II, n 171, p. 3. Courrier extraordinaire, 28 dcembre 1790, p. 4. Annales universelles et mthodiques, t. VII, n 180, p. 423.
Assemble
p. 4.
nationale.
Commune de
Paris (imitation),
t.
VI, n 506,
Robespierre et Prieur ont galement combattu le plan du premier a regard comme un vice radical l'association des juges de la marchausse aux juges de paix; ce seroit confier l'officier militaire une fonction de police qui renouvelleroit tous les abus de l'ancien rgime.
((
MM.
le
comit;
Courier Franais,
t.
fini par l'examen du plan des jurs, dont Baco, Robertspierre et Prieur se sont dclars les adversaires, sans exposer d'une manire bien nette leur opinion...
MM.
Assemble
t.
IX, n 510,
p. 5.
M.
officiers
Robespierre a regard comme trs-vicieuse, l'association des de la marchausse aux juges de paix.
677
199.
SEANCE DU 27 DECEMBRE
1790
Sur
i/ attribution
La discussion commenc,e le 28, se poursuit le lendemain, RobeS' pierre prend de nouveau la parole aprs Mouging de Roquefort.
Gazette nationale ou
le
Robespierre. Je m'lve contre la disposition du plan des Comits qui associe les officiers de la marchausse aux fonctions de juge de paix, et qui les rige en magistrats de police. Je soutiens qu'ils
M.
les excuteurs
des ordonnances de
la police,
mais
des citoyens. Je fonde mon opinion sur les premires notions vos comits ont fond leur systme sur une nuance qu'ils ont remarque entre la justice et la police, cette nuance peut tre exprime avec assez de justesse, sous le rapport de la question actuelle, en dfinissant la police de sret une justice provisoire. Le juge absout ou condamne; le magistrat de police dcide si un citoyen est assez suspect pour perdre provisoirement sa libert ou pour tre mis sous la main de la justice l'une et l'autre ont Jn objet commun, la sret publique, leurs moyens diffrent en ce que la marche de la police est soumise des formes moins scrupuleuses, en ce que ses dcisions ont quelque chose de plus expditif et de plus arbitraire. Mais remarquez que l'une et l'autre doivent concilier, autant qu'il est possible, la ncessit de rprimer le crime avec les droits de l'innocence et de la libert civile, et que la police mme ne peut, sans crime, outrepasser le degr de rigueur ou de prcipitation qui peut tre absolument indispensable pour remplir son objet; remarquez surtout que de cela mme que la loi est oblige de laisser plus de latitude la volont et la conscience de l'homme qu'elle charge de veiller au maintien de la police, plus elle doit mettre de soin et de sollicitude dans le choix de ce magistrat, plus elle doit chercher toutes les prsomptions morales et politiques qui garantissent l'impartialit, le respect pour les droits du citoyen, l'loignement de toute espce d'injustice, de violence et de despotisme. Ce danger, ce malheur de perdre la libert avant d'tre convaincu, et quoique l'on soit innocent, dit le rapporteur des deux comits, est un droit que tout citoyen a remis la socit, c'est un
de
Mais
vu
et
le
besoin public,
678
qui rclame-
dune
institution faite
pour
justi-
mamtenir
cer.
fie.
la sret
des citoyens
mon
opinion est dj
J'en tire d'abord la consquence que des officiers militaires ne doivent pas tre magistrats de police; ce n'est que sous le despotisme que des fonctions aussi disparates, que des pouvoirs aussi incompatibles peuvent tre runis, ou plutt, cette runion monstrueuse serait ellf^-mme
le
despotisme
le
Or,
ce ne
son*:
des
officiers
militaires ? Vous vous rappelez sans doute la constitution que vous avez donne ce corps; vous savez que vous avez dclar qu'il faisait partie de l'arme de ligne, qu'il serait soumis au mme rgime, vous avez dcrt que, pour y tre admis, il fallait avoir servi dans les troupes de ligne pendant un certain nombre d'annes dtermin; vous avez dcrt que les trois quarts des lieutenans seraient des officiers de troupes de ligne; il faut passer par ce grade pour arriver aux grades le lgissuprieurs, qui sont tous assimils ceux de Farme de ligne lateur ne peut donc confier des fonctions civiles si importantes et si dlicates aux officiers de la marchausse, sans oublier ce principe sacr qu'il doit trouver dans ceux qu'il investit d'une telle magistrature la garantie la plus sre possible de l'usage humain et modr qu'ils en
:
feront.
Il
est surtout
c'est
celle
une garantie qu'il n'est pas permis de ngliger; que vous avez vous-mme cherche en dcrtant que les
doivent dcider des intrts
des
citoyens
libert
nomms
par le peuple.
la
aux
soui>ons,
volont
qu'ils
puissent mettre
ce sacrifice,
sans doute
qu'ils
choisiront
eux-
mmes
par
les officiers
de
la
les chefs
de ce corps
sont
choisis
Observons encore que vous avez vous-mmes consacr le principe que j'invoque, dans la matire mme dont je parle, en confiant l'autorit de la police des juges de paix nomms par le peuple; or, comment vos comits peuvent-ils vous proposer de la partager entre eux et les officiers de la marchausse et mme de donner ceux-ci un pouvoir plus tendu; de fonder .cette institution si intimement lie aux droits les plus sacrs des citoyens, sur deux principes si opposs, ou plutt sur
le directoire, et ils choisissent leur tour les autres officiers.
des contradictions
si
rvoltantes ?
troisinie rapport qui
Mais
il
est
un
de prudence que
j'ai
courage
679
de
le dire, ou plutt faut-il que les reprsentans de la nation aient besoin de courage pour dire les vrits qui importent le plus son
? S'il est vrai que tous les abus de l'autorit viennent des ou des passions des hommes qui les exercent, ne devez- vous pas calmer les intrts, les passions qui, dans les circonstances o nous isommes, c'est--dire l'poque la plus importante de notre gouvernement, pourraient diriger l'autorit entre les mains des officiers de police? Pouvons-nous oublier que longtemps encore la diffrence des sentimens et des opinions sera marque par celle des conditions et des anciennes habitudes ? Pouvez-vous croire que le moyen de donner au peuple les juges, les magistrats de police les plus impartiaux, les plus dvous
bonheur
intrts
ses intrts,
dus, serait
des respects qui lui sont prcisment dans la classe des ci-devant privilgis, des officiers militaires chez qui l'amour de la rvolution est combattu par tant de causes diffrentes } Or, les officiers de marchausse ne seront-ils pas composs de cette manire par les dispositions qui destinent la plupart des places importantes des officiers de troupes de ligne, et qui font dpendre l'avancement des autres du sufles plus religieusement pntrs les choisir
de
leur
abandonner
zls,
l'autorit
livrer
de
la
police
sans exposer
patriotes
les
plus
sans
le
peuple ces perscutions secrtes, ces vexations arbitraires dont votre comit avoue que l'exercice de la police peut tre facilement le prtexte; vous ne le pouvez pas sans dmentir la fois et votre humanit,
et votre sagesse, et votre justice.
Vous seriez effrays, si vous examiniez en dtail les fonctions qu'on leur attribue. Quoi un officier militaire pourra faire amener devant lui, par la marchausse, tout citoyen qui lui plaira de suspecter, se trouve quelque distance qu'il se trouve Il pourra le relcher s'il Il pourra recesatisfait de ses rponses, ou l'envoyer dans une prison voir des plaintes, dresser des procs-verbaux, entendre des tmoins, et former les premiers titres qui compromettront l'honneur et la vie d'un Un officier militaire pourra susciter un procs criminel tout citoyen citoyen, le fltrir d'abord d'un jugement qui le dclarera prvenu du crime, jusqu' ce que le directeur du jur ait rendu un second jugement
((
!
!
coup de rapports,
pouvoir militaire
et
magistrature
civile
et
le
(1) Texte reproduit dans le Moniteur, VI, 744; dans Bchez et Koux, Vll, 25.5-260; dans iLaponnorave, T, 59 et s.; <lans les Arch.
pari.,
XXI,
682.
680
Le
t.
XVII.
p.
497 500.
s 'tant
La
ouverte,
M.
Robespierre a
Le
de
ture
et
systme de police, propos par les deux comits de judicaconstitution, porte sur une base essentiellement vicieuse et
destructive
de la libert civile. Les comits associent aux fonctions des juges de paix les officiers de la marchausse. Ils les rigent en magistrats de police. Je soutiens qu'ils ne doivent tre que les excuteurs des ordonnances de
la police; mais qu'ils ne doivent point occuper son tribunal, ni prononcer des dcisions sur la libert des citoyens. Les comits semblent fonder leur systme sur la diffrence qu'ils ont apperue entre la police de sret, dont il est ici question, et la justice. Cette diffrence ou cette nuance existe; mais elle peut tre exprime, ce me semble, avec assez de justesse, en disant que cette police est une justice provisoire. [Suit le texte de la Gazette nationale, depuis : Le juge absout ou condamne... , jusqu' la fin, avec quelques variantes de dtail.]
Courier de Provence,
t.
XII, n 286,
[Robespierrel
p.
200.
Ce
n'est, dit-il
runis;
ou
plutt,
que sous le despotisme que des que des pouvoirs aussi incomparibles peuvent cette runion monstrueuse seroit elle-mme le
la
Quand
les
moindre condition qu'ils puissent mettre ce sacrifice, c'es (sic) sans doute qu'ils choisiront eux-mmes cet homme-l or, les officiers de la marchausse ne sont point lus par le peuple.
:
volont d'un
homme,
Courier de
Madon,
projet
t.
Le
Roberspierre,
de
tous les
a' ensuite t vivement attaqu par M. avanc que l'assemble rameneroit la confusion pouvoirs qu'elle a dtruite, si elle accueilloit cette propo-
du comit
a
qui
le reste de l'opinion de M. Robertspierre n'a que des choses qui dj avoient t dites.
sition;
offert d'ailleurs
681
SEANCE
DU
28
DECEMBRE
1790
L'Assemble nationale poursuit l'examen du projet sur l'organisation de la police, et entame la^ discussion article par article. L'article 2 du projet prvoit que les oifficiers de gendarmerie exerceront les fonctions de police concurremment avec les jugeu de paix. Le juge de paix de chaque canton sera charg des fonctions de la police de la sret il y aura dans chaque dpartement, un certain nombre d'officiers de la gendarmerie, cthargs d'exercer concurremment avec les juges de paix, les fonctions de police. Cet article donna lieu un vif dbat au cours duqued Robespierre reprit la parole. L'Assem.Me ordonna son renvoi aux comits de constitution et de judicature runis
;
Le
Point du Jour,
t.
XVII,
p.
508.
:
Robespierre a pris aussi la parole, et il a dit deux Comits n'a oppos que des raisons frivoles aux principes videns qui dfendent d'riger les officiers de marchausse en magistrats de police.
((
M.
Le
rapporteur des
Il
ait
officiers
pour
fait
le
bien de
la
police.
Je n'examinerai pas
ce systme, tout
n'occasionneroit
nouveau,
seroit
plus
utile
que nuisible;
s'il
pas
leur ngligence,
en
de
s'il ne leur fourniroit pas le moyen d'chapper, l'un par l'autre, la censure ou la responsabilit. J'observerai que le plan du comit n'tablit pas cette concurrence, puisqu'on donne aux officiers de marchausse et une activit plus habituelle et une autorit plus tendue
;
d'o
il
rsulteroit
que bientt
toit
le
il
Mais
s'il
prouv que
cette
concurrence
est utile,
s'ensuivroit-
qu'il
faille
appeller
concurrence
des
officiers
de
mar-
chausse; qu'il fallt violer tous les principes de l'ordre social, en remettant dans les mmes mains et l'excution et le jugement, une magistrature civile et le pouvoir militaire ? Non, il faudroit chercher
un citoyen nomm par le peuple, un officier civil. Mais, dit-on, il ne s'agit que d'arrter, que d'emprisonner un
homme
si
le
provisoirement; le directeur du jur viendra ensuite, et dcidera Je crois que c'en est assez pour
682
du lgislateur mais ne voyez-vous pas jugement du directeur peut tre influenc par celui mme de l'officier de marchausse; que vous laissez celui-ci le droit d'interroger celui qu'il aura fait amener devant lui, de dresser des procsverbaux, d'entendre des tmoins, et que tout cela peut et doit mme naturellement dterminer le second juge provisoire ? Mais cette institution ne sera pas permanente, elle pourra tre rforme par les lgislatures suivantes. C'est avouer que la loi est mauvaise, qu'elle mrite tous les reproches que nous lui adressons; c'est dire en mme temps que nous devons donner des chanes la nation, dans l'esprance que nos successeurs voudront bien les briser. On a parl des magistrats nomms par le peuple avec assez peu d'estime; on a prtendu qu'ils n'toient pas propres exercer la police.
veiller la sagesse et l'humanit
le
:
que
((
J'avoue que plusieurs ne mais ceux qu'il n'a pas choisis mritoient pas la confiance du peuple sont-ils prsums plus dignes de son suffrage } Connoissez-vous une rgle plus courte que les choix populaires pour lui donner de bons magistrats ?
injurieuses
se renouvellent
trop souvent
me
parossent gale-
la libert.
:
Mais combien
toutes
les
rflexions
parossent
absurdes,
quand
elles
ne sont
Robespierre. J'ajouterai quelques rflexions propres clairM. Le Rapporteur vous a parl de concurrence. Je n'examinerai pas si cette concurrence en matire de Police est plus utile que nuisible; si elle ne prcduiroit pas l'effet invitable de mettre
cir
la
M.
question.
un
sujet
de ngligence dans
la
seroient 4'un sur l'autre, et qui, l'un par l'autre, chapperoient en quelque sorte l'opinion publique et la responsabilit; mais je vous observerai. Messieurs,
blit point cette
que
le
M. Le
Rapporteur, n'ta-
fait,
de Marchausse, attendu qu'on lui donne des beaucoup plus tendues, et qu'on ne fait du Juge de Paix qu'un Juge auxiliaire, il en rsulteroit jue ce dernier deviendroit absolument nul, et que le Magistrat de Police seroit l'Officier de Marchausse, sans qu'il y et aucune concurrence; avec cette diffrence seule, qu'entre ces deux Officiers, la vritable influence seroit donne celui qui ne devroit pas l'avoir. Mais je suppose qu'il faille une concurrence, il faudroit seulement examiner quel est celui que l'on doit adjoindre au Juge de Paix, l'Officier du peuple. 11 faudroit examiner
vit qu'auroit l'Officier
fonctions
vrit politique justesi c'est une raison suffisante pour s'carter de cette ment reconnue, l'excution et le jugement ne doivent pas tre runis dans les mmes mains, sans porter un coup mortel la Libert. Il fau-
663
donc chercher, Messieurs, quel seroit cet Officier que vous mettriez en concurrence avec le Juge de Paix. Or, si vous jugez que cette institution soit absolument ncessaire, vous l'avez tous trouv. Autrefois c'toit les Officiers municipaux qui toient chargs de la Police; vous avez cr des Officiers municipaux nouveaux sous de nouveaux principes appelez-les donc la concurrence. Et si vous voulez un Officier qui concourt avec le Juge de Paix, appelez ce concours le Procureur de
:
la
Commune,
J'observerai
M.
le Maire, enfin tout Officier municipal. (On applaudit). encore que toutes les raisons qui ont t allgues par le Rapporteur pour pallier ces inconvniens, ne font que dmontrer
la gravit
de plus en
le
plus.
Il
que
visoire sur la
Directeur du Jur auroit rendu un Second Jugement prolibert; mais sans compter qu'il n'y a pas une seule partie
des droits du Citoyen, ceux qui tiennent la libert, qui ne doivent tre scrupuleusement protgs par le lgislateur, je vous prie d'observer, Messieurs, que l'Officier de Marchausse tant charg d'interroger celui qu'il a fait amener devant lui, de dresser des Procs- Verbaux, d'entendre les tmoins, et que de tout cela rsultent les premiers titres, les premires prsomptions d'une procdure criminelle qui compromettent l'honneur, la libert et la vie des Citoyens, il rsulte que le Second Juge qui viendra examiner le premier Jugement de l'Officier d Marchausse,
remises,
pareil
jugera
et
d'aprs
seront
les
pices oue
:
ce
mme
par
seroit
Officier
lui
aura
qui
son ouvrage
l'Officier
il
rsulte
consquent,
l'atteinte
la
qu'un
plus
pouvoir attribu
militaire,
les influences de parent, si vous voulez pousser votre sollicitude jusqu'au moindre dtail, la seule manire de rsoudre ce problme, sera de trouver un Magistrat qui n'ait ni parents, ni amis. Je conclus. Messieurs, de tout ce que je viens de dire, que les Officiers de la Marchausse ne puissent point tre chargs des fonctions de la Police; ce que vous dcidiez ce point-ci, et ensuite ce que vous examiniez s'il faut une concurrence, et quel Officier civil
((
vous
la
donnerez.
t.
II,
173, p. 3.
MM. Robesblerre, Mouglns (2), Pthion, Buzot et Prieur, ont vivement combattu la disposition du second article, qui tendroit accorder aux officiers de la marchausse ou gendarmerie le droit d'exercer la police concurremment avec le juge de paix. Ce seroit, disent-ils, un
plupart des extraits que nou!= la sance predente, citons le 23 font en mme temips tant les deux interventions de Robespierre prsentent de points
il
(2)
On remarquera que
le 27
la
principale
la
intervention de Mougins
eu lieu
et
non
le 28.
Mais
allusion
communs.
684
grand abus que de confier la force l'interprtation de la un grand abus que de substituer aux officiers civils des
taires.
Ce
seroit
officiers
mili-
La
force
militaire,
la
passivement, blesseroit
cier
pour agir promptement, aveuglment, libert si elle lui toit abandonne. Un offifaite
de gendarmerie
il
accus, et
s'tabliroit
trueux alliage
de pouvoirs discordans
et la et
De
la
commerce
entre
les juges
de paix
rivalit
gendarmerie
feroit
gence,
Les
tribunaux
de paix seroient dgrads. gendarmerie ne sont point choisis par le peuple; ils ne sont point entours de la prudence que doi^ inspirer la ncessit de quitter, aprs un tems donn, des fonctions temporaires. Suivant les opinans, ces officiers ne doivent avoir aucune part immdiate l'exercice de la ix>lice. Ils ne doivent agir que d'aprs l'impulsion d'un officier civil.
de l'assemble nationale:
D'ailleurs,
les officiers
de
la
Robespierre, Mougins, Pthion et Buzot ont attaau avec Admettre en concurrence les officiers de gendarmerie-nationale avec les juges de paix, c'est associer deux pou((
MM.
mler
la
loi
l'administration
de
le
la justice;
l'officier qui
arrte en vertu
de
mme
Ce
des citoyens la haine et la vengeance d'un de marchausse; ce seroit tablir entre eux et les juges de paix
une
une msintelligence qui nuiroit la sret publique; ce donner au peuple des juges qu'il n'auroit point choisis et qui seroient d'autant plus redoutables pour lui, que leurs fonctions ne
rivalit et
seroit
Assemble
p.
nationale,
Commune de
Paris (imitation),
t.
3.
discussion a t trs-vive sur ces deux articles; MM. RobesMougins, Pethion et Buzot ont fait remarquer qu'il seroit dangereux de dlguer une des fonctions les plus dlicates de la socit, celle de ravir la libert des citoyens, des officiers militaires, qui ayant la force en mam, seroient toujours tents d'en abuser; ils ont encore relev les inconvniens qui rsulteroient de la concurrence entre ces officiers et les juges de paix ou, il y auroit de la ngligence dans le service, parce que l'un se reposeroit sur l'autre, ou il y auroit de la jalousie, de la msintelligence, des rivalits qui tourneroient ncessaire-
La
pierre,
685
la
libert
individuelle,
et bientt
de
la
libert
officiers
Enfin ce que proposent les comits est inconstitutionnel; car les de la gendarmerie nationale exerceroient sur le peuple un droit
de
lui.
M.
ou au procureur de
Gazette nationale ou
commune.
M. Robespierre. La premire question est de savoir si, comme vous le propose le Comit de Constitution, dans le second article de son projet de dcret, les officiers de marchausse doivent exercer les
fonctions
de
la
que
je
demande
la
question pralable.
M.
Robespierre. L'Assemble
me
parat
impossible d'attribuer des officiers de marchausse le droit de donner et d'excuter en mme tems les mandats d'arrter les citoyens, de dres-
de faire les premiers actes de la procdure. Personne n'ignore combien cette cumulation de pouvoir serait nuisible la libert. S'il faut aux juges de paix des surveillans, je vous rappellerai que les municipalits taient autrefois charges de la police. Faites concourir avec le juge de canton, le maire ou le procureur de la comser les procs verbaux,
mune du
lieu
s'est
commis
le dlit
(3).
la Marchausse. Si on veut absolument faire concourir le Juge de Paix avec d'autres Fonctionnaires, les Municipalits en prsentent tels sont d'autres, avec lesquels son association sera bien plus naturelle les Maires, tels sont les Procureurs de la Commune
: 1
Mercure de France, 8
tt
janvier
1791, p.
la
113.
M.
Pthion
s'est
mis
hauteur de
M.
l'officier
lui, les
leprsentans les plus immdiats du peuple, qui est aussi reprsent par les corps lectoraux, par ses administrateurs, par ses lgislateurs, ce qui
(3) Texte reproduit dans Arch. pari., XXI. 691-692.
(4)
le
et
dans
les
La commune
.
avait un
procureur
et le district
uu
procu-
reur-syndic
686
le
t.
met
du cahos
(sic)
civil et poli-
tique.
Courier Franais,
((
de savoir si la gendarmerie nationale de paix l'entretien de cette police, les excutions hommicides (sic) de la jurisdiction prvtale se sont prsentes aux esprits. MM. Peythion et Roberstpierre se sont opposs de tout leur
Lorsqu'il a t question
concourroit avec le juge
pouvoir
la
Journal universel,
((
IX,
p.
3210.
pour que
l'officier
M.
Robespierre a
insist
de gendarmerie ne
partaget point la concurrence, mais bien le maire ou les officiers municipaux; et aprs quelques opinions contradictoires, la question a t
))
La
Feuille du Jour,
((
t.
I,
n 29, p. 226.
la
MM.
dispo-
sition
du second
le droit
d'exercer
Annales patriotiques
et littraires, n
451, p. 847.
La
concurremment avec
MM.
((
de sret aux juges de canton, gendarmerie nationale, a paru inconstitutionnelle Robertspierre, Buzot, Pethion et Beaumetz.
disposition confiant la police
la
t.
XV,
a
n 560, p. 8 et 10.
les
M.
Robespierre
la
renouvel
objections
qu'il
avoit
faites
contre la disposition
du Comit, qui
.
attribue
merie Nationale
M.
Robespierre, aprs avoir reprsent que les Municipalits du Peuple, a demand que la
ft confie
concurrence
au Procureur-Syndic de
la
Commune.
t.
Assemble
IX, n51l,
s'lvent
p. 3.
MM.
II
contre
l'article
donne
canton,
de dcret sur l'organisation de la police, lequel de la marchausse d'exercer dans chaque police concurremment avec les juges de paix.
du
L'Ami du M.
(5)
Roi, p. 870
(5).
Robertspierre
4;"
pens que
si
des
fonctionnaires
publics
B.N.,
(Lc2
397.
687
devaient concourir avec le juge de paix, dans les fonctions de la police, il tait plus raisonnable de faire choix d'un juge de tribunal de district
voisin,
ou de
tout autre.
t.
XIX,
p.
158.
Robespierre penchoit admettre le procureur syndic (6) de la commune de chaque lieu pour remplir ces fonctions, concurremment avec le juge de paix.
M. de
Mercure national
et
Rvolutions de l'Europe,
t.
V,
n 52, p. 2036.
Les articles I et II ont t vigoureusement combattus, par Robespierre, Mougin, Pthion, Buzot et Prieur, de manire qu'ils ont t renvoys au comit, pour en proposer d'autres la place.
Journal de Versailles,
t.
III,
n 212, p. 911.
Eji consquence,
M,
tution,
lu l'article
II,
substitu l'article
M.
Robertspierre.
t.
XIII, p. 335.
l'avis
MM.
Robersplere
et
Buzot appuyent
de M. Pthion.
gins,
MouCe projet a rencontr de puissans contradicteurs dans Roberspierre, Petion, Prugnon, Loys, Rey, Prieur, et dans pluautres
MM.
sieurs
Membres
trs-distingus
par
leurs
lumires
et
par
leur
amour du bien public. Ils ont sur-tout combattu avec plus de raison que de succs la proposition de faire exercer la Police par les Officiers de Gendarmerie.
(6)
Voir
p. 687,
note
3,
201.
Laissant de ct la question de savoir si les fonctions de police seraient attribues aux officiers de gendarmerie aussi bien qu'aux juges de paix, l'Assemble nationale avait poursuivi l'examen du projet d'organisation de la police, et en avait adopt un certain
nombre Le
d'articles. 30 dcembre,
et
l'Assemble dcrte
le
titre
II
(Du mandat
d'arrt). Aprs quoi, Du Port, faisant remarquer que les fonctions de la police sont dfinies, et qu'il faut se dterminer sur le choix des officiers qui la confier, propose une
<ramener
du mandat
688
nouvelle rdaction des articles rservs le 28 dcembre: elle maintient, avec quelques modifications, la concurrence des officiers de gendarmerie et des juges de paix. Aprs un dbat assez rapide, irAssemble adopta les quatre premiers articles du projet prsent par Du Pcrt (1) Article P''. Il y aura dans chaque district plusieurs fonctionnaires publics chargs des immes fonctions, concurremment avec les juges de paix. Cette concurrence est provisoirement dlgue de la manire qui va tre prsente (ailleurs, toutefois que dans les villes), aux capitaines et aux lieutenants de gendarmerie nationale, sauf aux lgislatures modifier cette dlgation lorsqu'elles
:
le
trouveront ncessaire...
t.
XIX,
p.
192.
Robespierre : La question actuelle mrite la plus grande vous l'avez sentie, messieurs, lorsqu'elle vous ft prsente, puisque vous Tavez renvoye de nouveau l'examen de vos comits. 11 n'est pas besoin de recorder (sic) l'assemble qu'elle n'a agi ainsi, que parce que les principes prsents par le comit lui paroissoient et toient videmment contraires la Constitution. Vous avez jug qu'il toit inadmissible, le principe qui mettoit dans la mme main le droit de lancer un mandat et le terrible pouvoir de l'excuter. Voil pourquoi vous avez renvoy de nouveau cette matire l'examen de votre Comit. Pourquoi vient-on encore aujourd'hui vous prsenter les mmes ides, avec quelques modifications ncessaires ? On finit toujours par tablir cette concurrence que vous voulez repousser; on veut toujours que l'officier de la gendarmerie puisse donner des mandats d'arrt. Que dans le flagrant dlit, on arrte, la bonne heure mais lorsqu'on a satisfait l'ordre public, pourquoi ne pas conduire le dlinquant devant l'officier de police ? Si vous adoptez les vues du Comit, vous rtablissez dans toutes ses horreurs la juridiction prvtale; elle n'aura fait que changer de nom: vous allez mme encore enchrir sur elle; car enfin, sous l'ancien rgime, un officier de marchausse ne pouvoit donner un mandat
attention
; ;
M.
d'amener.
Une preuve bien sensible de l'absurdit du systme de votre Comit, c'est qu'il convient de s'en rapporter aux lgislatures suivantes pour rformer cette concurrence, s'il est prouv que les officiers de gendarmerie abusent de l'autorit remise entre leurs mains, comme si nous n'tions pas pays pour savox: combien il en cote pour rformer les abus. Je conclus qu'il est contraire aux principes de donner dans les fonctions de la police la concurrence aux officiers de la gendarmerie, avec les officiers de police,
(1)
D'aprs
le par
la
689
1481.
Roberspierre, qui n'a pas t convaincu par ces raisonnements, les a combattus avec une grande chaleur.
Parmi toutes les raisons qu'il a employes, il y en a eu une qui a beaucoup jfrapp; c'est que, suivant lui, sous le despotisme, la Mardhausse avoit une puissance moins tendue que celle qu'on veut don-
M. de
de la libert. Les Soldats de la Marchausse pouvoient arrter dans deux cas seulement, dans le cas de flagrant dlit et dans le cas de vagabondage, et aussi-tt qu'ils avaient arrt, ils remettoient entre les mains des Juges au lieu que, dans la nouvelle Loi qui vous est propose, on donne aux Officiers le droit de faire amener, de faire arrter, droits qui ne peuvent tre exercs que par les Ministres pacifiques de la loi, dans un pays qui a quelque ide de la libert publique et de la nature des loix.
:
Le
Point du Jour,
t.
XVII,
n 537, p. 547.
:
Robespierre a pris la parole il pensoit qu'en aucun cas l'officier militaire ne pouvoit donner un mandat d'arrt, parce que c'toit faire un acte judiciaire, un acte qui ne pouvoit concerner que le pouvoir civil il s'efrayoit des conflits invitables qui pouvoient exister entre les juges de paix et les officiers de la gendarmerie, qui, plus actifs et plus entreprenans finiroient par usurper le pouvoir civil et l'autorit si respectable des juges de paix.
:
M.
Gazette nationale ou
((
le
p.
1506.
M.
mme. Dans
On
voit
l'ancien
rgime
dlit.
la
rformeront
ce
serait
rendre
inutile
prcaire
la
libert
de
la
563, p. 6.
Ption et M. Robespierre ont pens que l'Assemble nationale, en renvoyant ces articles au Comit, n'en avoit pas seulement blm les accessoires, mais le fond mme, parce qu'ils ofl^roient une combinaison funeste de deux fonctions incompatibles Ils ont reprsent que cette atteinte porte aux principes, cette violation de la sret personnelle, n'toient jamais plus dangereuses qu' l'poque de l'tablis-
M.
(2)
le
Moniteur,
VI;
et
dans
les
Arcli.
pari.,
XXI,
715.
UoiiF?rn.i\RE.
690
sment de
les
C'est assez que dans les cas de flagrant-dlit Marchausse puissent arrter, mais hors de l, il ne peut y avoir aucun prtexte qui puisse lgitimer une violation arbitraire de la sret personnelle par des agens qui ne sont point ceux que le peuple a nomms. Dans l'ancien rgime mme, les Officiers de Marchausse n'avoient pas d'autre droit que celui de l'arrestation, et ce droit toit accord mme aux Cavaliers de Marchausse. Il ne faut pas que l'on ait reprocher la Constitution d'avoir, sur l'objet le plus essentiel aux citoyens, leur libert civile, surpass l'injustice et l'arbitraire de l'ancien rgime qu'elle a dtruit.
Cavaliers de
Annales patriotiques
fois,
et
littraires,
n 456.
M.
combattu
systme propos.
t.
Assemble
((
IX, n5l3,
faites
p. 3.
M.
Robespierre rpte
a dj
au plan
des comits.
ADDITIONS
91
bis.
SEANCE DU
16
MARS
1790
(soir)
(sin7e)
dement avait
cours de la discussion qui avait eu lieu le 13 mars, un ament ajout T article du projet de dcret prsent par le comit des lettres de cachet. Ce dernier remanie alors l'ensemble du projet et Frteau, en. son nom, propose l'Assemble cette nouvelle rdaction. L'article 2 ,est d'abord soumis la discussion; Ceux des dtenus par lettres de cail est conu en ces termes chet, qui, sans avoir t condamns en dernier ressort, auroient t jugs en priemire instance, ou dcrts de prise de corps comme coupables de crimes capitaux, seront conduits dans les prisons dsignes par la loi pour y subir leur jugement, qui ne pourra pas tre plus rigoureux qu'une condamnation en une prison, de quinze aiines, y compris le temps qu'a dj dur leur dt(yition. Plusieurs membres, dont iCaza.les, demandent que ceux qui auraient t condamns mort voient leur peine commue en prison perptuelle. (Robespierre s'y oppose, mais l'article est dcrt avec toutefois un amendement de Loys excepts de l'article, les assassins et les incendiaires; sau-f eux demander d'tre renvoys en justice pour l'instruction de la procdure. (1).
:
Au
Gazette nationale ou
Le Moniteur
universel, n
77, p. 315.
Robespierre. Les raisonnemens du propinant tiennent plutt aux prjugs qu'aux rgles de la justice. Vous ne tirerez pas des mal-
M.
de
heureux des cachots du despotisme pour les transfrer dans les prisons la justice. Vous ne serez pas plus svres que n'toient nos lois, qui accordaient un criminel la facult de rentrer dans la socit aprs 20 ans. Ceux qui ont t escamots par le despotisme mritent autant d'gards que ceux qui se sont expatris. Je conclus ce qu'un homme dtenu en vertu d'une lettre de cachet, quel que soit le crime qu'il ait commis, ne puisse tre condamn plus de vingt ans de captivit.
(2).
t.
Courier de Provence,
VII, n
118, p. 26.
p.
^Placer
ici
du 16 mars,
(1) Cf. (2)
et
284,
et
qui est
pari.,
dans
les
Arch.
692
93
bis.
SEANCE DU
27
MARS
1790
(soir)
des 8 et 9
tant leves propos de l'excution du dcret 1789 sur la rforme provisoire de l'ordonnance de Beaumetz, au nom du comit de judicature, lusente l'Assemble un nouveau projet de dcret dont l'art. 5 vise le cas de l'absence des reprsentants de la municipalit, qui, <!' aprs le texte prcdent, devaient assister le juge dans l'instruction, en qualit d'adjoints. Le juge pouvait, sans eux, poursuivre la procdure, mais il devait faire mention de l'absence de l'adjoint. A la suite des interventions de Robespierre et de Prieur, cet art. 5 fut ajourn et renvoy au comit.
.difficults s'
Des
novembre
Briois
criminelle,
Le
Point du Jour,
((
t.
L'article
MM.
Robes-
pierre,
Prieur,
Mougins
de
vu
(1).
{!) Les Arch. pari., XII. 380, reproduisent le texte suivant sans en indiquer la source M. Robespierre attaque cet article qui lui parat dangereux et en denaande le- rejet.
:
127
bis.
SEANCE DU
20 JUIN 1790
B'outteville-Dumetz, l'un des quatre commissaires chargs par l'Assemble de la rdaction de son rglement de police intrieure, donne lecture du projet. L'impression de -qe texte ayant t rejete par la question pralable, la discussion en est aussitt entame. Le marquis de Bonny propose un article additionnel portant qu'aucune discussion ne pourra tre ferme avant que deux opinants pour et deux opinants contre aient t entendus. Aprs une lgre discussion, l'Assemble adopta les six premiers articles du rglement.
.
Archives parlementaires,
t.
XVI,
p.
392.
Robespierre. Il faut pourtant que la lumire se fasse ne pouvez clore un dbat avant de l'avoir ouvert. , Comme l'article propos par M. de Bonnay sauvegarde le droit de discussion,
et
((M. de
vous
je
suis
d'avis de
le
dcrter.
))
(1).
les
sources ne sont
693
162
bis.
SEANCE DU
AOUT
1790
Aprs la lecture d'un message du ministre de la guerre (La Tour Pin, dans lequel il dnonce l'esprit d'indiscipline qui agite l'arme, et plus particulirement les rgiments de Poitou et de Chaanpagne, Emery, au nom du comit militaire, prsente un projet de dcret destin y porter remde. L'article 7 autorise poursuivre les coupables, et prcise que le procs sera fait et parfait aux instigateurs, auteurs, fauteurs, et participans de ces insurrections et par jugement intervenir ils seront dclars dchus pour jamais
du
titre de citoyen actif, tratres la patrie, infmes, indignes de porter les armes, et chasss de leur corps. Ils pourront tre condamns des peines afflictives ou infamantes, coniformment aux
du
ordonnances . Robespierre demande alors une prompte organisation des conseils de guerre, et l'Assemble dcide d'adjoindre sa motion l'art.?, sous cette forme: A l'effet de quoi le Comit Militaire prsentera dimanche prochain un projet de Dcret pour mettre l'Assemble Xationale en tat de statuer sur l'organisation du Conseil de Guerre, et la forme d'y procder. (1).
<(
Gazette nationale ou
le
Sur
la
proposition
dimanche prochain (2) la discussion sur une nouvelle composition des Conseils de Guerre. (3).
Le
Point du Jour,
t.
XII, p. 476.
MM.
Robespierre,
Alexandre de Lameth
le
et
Prieur,
se
sont
runis pour
comit prsentt aujourd'hui son travail sur l'organisation des conseils de guerre, et qu'il ft mis l'ordre du jour, ce qui a t adopt.
demander que
.(1) ((2)
Cf.
10.
Le dimanche 8 aot, l'affaire du rgiment de - .itou fut nouveau voque Le prsident de l'Assemble demanda au marquis de Crillon, dput de la noblesse de la snchausse de Troyes, membre du comit militaire, si le rapport de ce dernier tait rdig. La rponse fut ngative, le comit n'ayant pu s,e runir la veille, car ses membres n'avaient pas rpondu la convocation.
(3) 1. Moniteur, V, 327, Les Archives parlementaires (XVII, 642) reproduisent le texte suivant: M. Robespierre. Vous venez de dcrter dans l'article 7 qu'on informera contre les auteurs et participes des troubles qui auront eu lieu dans les corps. C'est le mo-ment de vous faire remarquer combien sont vicieuses la forme et l'organisation des conseils de guerre; un changement trs prompt est indispensable cet gard. Je demande que le comit vous prsente un projet sur la matire.
694
187
bis.
SEANCE DU
30
OCTOBRE
1790
i(l)
t.
XX,
p.
135.
)).
M.
Il
Robespierre.
Il
(3).
s'agit des taxes prleves sur les marchandises l'entre et la sortie de certaines provinces et l'entre et la sortie
du royaume.
13
Elles correspondraient nos droits de douane. Les provinces du centre avaient adopt en 1667 un tarif commun et constituaient les Cinq Grosses Fermes; les autres formaient les provinces rputes trangres et les provinces de l'tranger effectif qui avaient conserv libre communication avec l'tranger et taient spares douanirement de la France. On entendait donc par reculement des bar/ires, le report ^es frontires douanires aux frontires politiques
(2)
du royaume.
effectif.
la fin de l'Ancien rgime, proprojet form en 1761 de la comprendre dans le rayon du tarif uniforme des Cinq grosses fermes suscita beaucoup d'opposition et ne fut pas ralis. (Ci. M. Marion, Dictxcnnaire des institutions de la France aux xvii^ et xviii^ sicles,
vince de l'tranger
Un
p.
sel
342).
(3) On trouve dans la Gazette nationale ou le Moniteur univer(n 805, p. 1263), la mention suivante: Plusieurs voix s'lvent: Plus de provinces, plus de privilges . Les Arch. pari, attribuent M. de Foucault la seconde rflexion: Jl n'y a plus de
privilges
192
bis.
SEANCE
DU
20
NOVEMBRE
1790
L'Assemble "poursuivant la discussion du projet d'organisation du tribunal de Cassation aborde le titre concernant la nomination de ses membres. Le Chapelier, rapporteur, donne lecture des quatre premiers articles qui sont adopts. Le cinquime prcisant les
tions
conditions remplir pour tre ligible (1), provoque les intervende d'Andr et de Robespierre, que soutient le marquis de
Follevill.
(1)
D'aprs
le
l'art.
5.
695
forme suivante: Pour tre lifaudra avoir trente ans accomplis, et avoir pendant dix ans exerc les fonctions de juge gradu dans une cour suprieiwe, un prsMial, snchausse ou bailliage, et pour la suite, dans un tribunal de district, ou avoir, pendant le mme tems, rempli publiquement les fonctions d'homme de loi auprs de ces mmes tribunaux, l'assemble nationale se rservant de dterminer pour la suite les autres qualits qui pourront rendre
L'article 5 fut adopt sous la gible lors de la premire lection,
il
ligible.
t.
Le
de
les
Point du Jour,
XVI,
n 498, p. 285.
la
membre de cassation, M. Robespierre a demand qu'elles fussent mmes que pour les autres juges des tribunaux du district; autreSur
l'article
III,
cour
ment,
la
disoit-11,
vous tablirez une diffrence inconstitutionnelle entre du royaume, et la libert des lections demande
(2)
Texte
utilis
dans
les Arch.
pari.,
XX,
554.
index des noms de personnes, des noms de lieux et des journaux dans cette premire partie, accompagrtera le second volume de notre publication, englobant ainsi toute la priode de la Constituantecits
Un
ERRATA
(Cet err,eta concerne les fautes typographiques commises en reproduisant les discours et extraits originaux, et les notes.)
ge
41,
320, 368, 378, 400, 411, 428, 444, 516, 517, 569, 594, 611,
Au Au Au note ligne 25. 28. Au note ligne 33. Au 35. Au 24. Au 26. Au Au note note Au
12.
17.
2.
2.
5.
4.
15.
4.
lieu de: le, lire: dans les provinces lieu de doti, lire doit tre renvoy. lieu de pralableiiment, lire pralablement. lieu de: dlibrer, lire: dlibrer. lieu de: vint. lire: qu'il vient. lieu de leur, lir.e leurs entreprises. lieu de M., lire Robesipierre. lieu de: notionale, lire: Gazette nationale. lieu de: Robspierre, lire: Robespierre. lieu de: s'criu-t-l, lire: s'cria-t-il. lieu de: Robetz-ierre, lire: Robetz-Pierre. lieu de: Dupont, lire: Duport. Supprimer Etats Gnraux, -t. III, p. 479. Au lieu de ed, lire de prouver. lieu de natiofflal, lire nationale. Au lieu de lui, lire, la leur attribuer. lieu de: surtout, lire: souvent. lieu de -C^, lire C SB. Au lieu de e, lire cette expression. lieu de viole, lire violes. Il s'agit du discours du 18 floral an II. Au lieu de: M., lire: Robespierre. lieu de motoin, lire motion. lieu de consiste, lire consistent. lieu de Foucaut, lire Foucault lieu de psente. lire prsente. Au lieu de retarde, lire retard. lieu de: 1971, lire: 1791. lieu de: Motur, lire: >M'otier.
:
:
Au Au Au Au Au Au Au Au Au Au Au Au
MM.
MM.
:
1789
d Artois
10
11
1.
23-24
mars
(soir)
2.
27 29
mars
3.
mars
mars
(nuit)
4.
29-30
5.
30
20
mars
avril
6.
Assembles prliminaires des habitan-ts d'Arras Assemble du tiers-tat de la Ville d'Arras Assemble du tiers-tat de la Ville d'Arras (suite) Assemble du tiers-tat de la Ville d'Arras (suite) Assemble du tiers-tat de la gouvernance d'Arras Assemble gnrale des trois ordres de
l'Artois
13
15
16
17
7.
26
20
8.
18
mai
9.
20
juin
dres
22
-.
10.
Sur la publication des procs-verbaux des Communes Sur les confrences de conciliation en-
26
27
17.
Sur
trois ordres projet de conciliation prsent ministres Sur la "motion du clerg de s'occuper de la chert du pain
tre
les
le
par
les
27
29
3-^
Appel nominal par bailliage ^ Sur la motion de l'Abb Sieyes Serment du Jeu de Paume Sur la libert des sances de l'Assemble
32 34
3
nationale
^
aot
le retrait des troupes concentres autour de la capitale le voyage du Roi Paris la motion de iLallv-Tolendal (suite) d iSur le secret de la correspondanee (Sur l'arrestation du baron de Be-
Sur
Sur Sur
37 38 39 42 43
senval
48
51
iSur
le
Sur
(soir) (soir)
de
la
province
d'Artois
52 53
54
698
27. 28.
21
aot (soir)
22
56
58
29.
23
30.
24
septembre
59
61
64
31.
26
64 68 V2 73 75 76 77 79 83
32.
33.
28
(soir)
..
iSur l'affaire
du marquis de
la Salle.
Sur
la
Sur
tives
Sur
lu,
la sanc1;ion
d*'
Dire...
(soir)
..
octobre
43.
n-
(soir)
novembre
3
17 18
53.
54.
55. 56.
19
la sanction de la Dclaration des Droits de l'Homme (suite) intervention: d** 2* intervention Sur les mesures tendant affamer Paris Sur le consentement de l'impt Sur une lettre.de deux Anglais 'Sur la formule de la promulgation royale Sur la mise en libert des dtenus par lettres de cachet Sur l'affaire de l'vque de Trguier. Sur la loi martiale Sur le droit de vote Sur les conditions d'ligibilit Sur la scularisation des biens du clerg (attribu par erreur Robespierre) Sur les conditions d'ligibilit (attribu par erreur Robespierre) Sur le discours du Vicomte de Mirabeau relatif au Parlement de Metz. Sur le nombre des membres des assembles lectorales Sur le nombre des administrateurs de
!
:
Sur Sur
86 96
97 99
106 108 109 110
116 117 121 130 133
135
136 137
140
141
dpartement
699
PAGES 143
151 153
57. 58. 59. 60. 61. 62. 63. 64. 65. 66. 67. 68.
19 21
novembre
21
(soir)
Sur l'aiflaire des Etats du Cambrsis. Sur rexcution des dcrets dans les
provinces
(soir)
Sur
Sur Sur Sur Sur
l'inculpation de
Malouet
3
8
dcembre
14
15
15 16
23 28
31
(soir)
iSur 'Sur
les
les conditions d'ligibilit l'affaire de Marseille l'affaire de Toulon les pouvoirs des municipalits. l'affaire du parlement de Rennes la prsence d'un tranger parmi
.
Sur Sur
le
166
et
des Juifs
contrle de la gestion financire des anciennes administrations Sur la limitation du nombre des munile
167
171
cipalits
175
1790
69.
janvier
(soir)
Fvrier
3
Sur Sur
les la
176
178
nationales
(soir)
(soir)
une autorisation d'emprunt deimande par la ville de Rouen Sur les acquits caution pour le commerce des grains Sur l'affaire de Toulon (suite)
Sur
196
citoyens actifs le droit de citoyennet des Juifs portugais, espagnols et avignonnais Sur le maintien des anciennes formes pour la perception des impts
200
213 214 217
226 227
231
Sur
80. 81.
Motion sur le droit de triage Sur la validit des titres des citoyens
actifs Sur les troubles des campagnes Sur les droits des princes possession-
,.
Sur
ns d'Alsace la suppression
des
ordres
reli-
gieux
232
des
volontaires
du
233
reli-
Sur
Sur -
le
gieux
les
(suite)
Sur
la suppression
de Ja main-morte.
700
90. 91.
4 13
mars
Sur Sur
(soir)
91 bis. 16 92. 23
26 93 bis. 27
93.
94. 95.
mars
282 691
285 286 692
mars
(soir)
Sur Sur
29
30
7
avril
criminelle
Sur
(soir)
pouvoirs des commissaires du pouvoir excutif Sur l'excution des jugements prvtaux
290
305 307
96.
97.
13
17
98. 99.
(soir)
Sur
la
(soir)
Sur
;
..
Jacobins
106.
28 29 29
l*""
mai
(soir)
(soir)
d" (suite) Discours de bienvenue la dputation corse, par Robespierre, prsident de la Socit iSur la composition des conseils de guerre iSur une adresse de la commune do Saint-Omer Sur une adresse de la municipalit de
332
334 339 340
T542
l"""
3 5 8 10
11
112. 113.
114.
(soir) (soir)
Dieppe Sur l'organisation de la justice Sur le desschement des marais Sur la rorganisation de la municipalit de Paris
;
(soir)
do
mai
Sur
le
la
115.
116.
117. 118.
16 17 18
21
nomination peuple
353
(soir)
Sur
municipa354
(soir)
la'
355
356 362
363
119.
(soir)
de paix et de guerre Sur les troubles de Montauban Sur l'attribution au roi du droit de paix et de guerre (suite) Sur l'affaire d rgiment de Lorraine
120.
24
Tarascon
le
37T
Sur
l'exercice
guerre
372
701
PAGES
121.
25
31
.
mai
Juin
Sur
.Sur
le
374 385
9
10 16
126.
les tribunes de T Assemble r occasion de la Fdration Sur le plan de constitution du clerg (suite). Election des voques Sur le rtablissement de la discipline dans l'arme Sur le plan de constitution du clerg
396
397
404
V intervention Sur les fonctions des ministres de la religion 2 intervention Sur le traitement des vques intervention Sur le traite: :
(suite)
406
407
3*
127.
17
piscopaux 414 dmes en nature en argent 4l5 Sur le rglement intrieur de TAssemvicaires
ment des
ou
ble
20
22 22
692 415
Socit
(le
(lu
Jeu
.
Paume
Commmoration du serment
Sur
Sur
les
129.
appointements
des
dputs
416
absents
130.
131.
132.
133.
23
25 26
28 30
le
tion
(suite)
134.
135.
136. 137.
30
juillet
Sur l'inviolabilit des dputs Sur l'admission de la dputation d'Avignon Sur les secours accorder aux ecclsiastiques
gs
1"
P""
l""
2
3 3
142.
143.
144.
l.j5_
4
(j
du commandant en chef la garde nationale de Versailles les troubles de Tabago le procs-verbal de la sance du 30 juin, rdig par Kobespierre Sur l'admission la barre d'une dl'lection
440
44c
450
451
Sur l'admission
Jacobins
(soir)
la barre de deux Fribourgeois librs des galres Sur je procs-verbal de la sance du 30 juin, rdig par Kobespierre .. Sur la rception de deux Fribourgeois librs des galres ^iir !e nombre et le traitement des a Iministrateurs de la Loterie royale Sur l'admission du comte d'Albert de llioms la Fdration Sur une adresse des dputs du com. .
452
453
468
702
146. 147.
148.
8
9
juillet
10
aot
Jacobins
149.
150.
10 10 16 17
(soir)
(soir)
151. 152.
153.
(soir)
(soir)
Sur une lettre prsente l'Assemble par Jiobespierre, secrtaire Sur une modification du dcret qui supprime les titres de noblesse Sur le procs-verbal de la sance du 8 juillet et sur les troubles de Tabago Sur le discours de la dputation des citoyens des Etats-Unis d'Amrique Sur les troubles d'Avignon Sur l'octroi des pensions iSur la dten'tion d'un officier par ordre
468
470
471
du
(soir)
(soir)
roi
20 20
22 28
154.
155. 156.
du Pas-de-Calais
Sur
le passage de troupes trangres travers le territoire franais Sur la dnonciation de Mirabeau contre le prince de Cond
157.
158.
28 28
489
159.
P""
160.
494
(soir)
aot
Sur un incident provoqu par Camille Desmoulins 496 Sur une accusation intente contre M. de Saint-Priest 500 Sur le tribunal de famille 502 Sur le rtablissement de l'ordre dans
l'arme 693 le ministre public 503 le code pnal de la marine 506 le rtablissement de l'ordre dans l'arme (suite) 508 Sur une adresse des habitants du
aot
174.
l'^'"
509
511
Sur
513
522 524 526 527 527 529
(soir)
Sur
iSur
l'affaire l'affaire
la
d'Avignon de Nancy.
V
2''
intervent. intervent.
septembre
'Sur
175.
demande des
534 535
703
175 bis. 7
DPT LGAL
l""*
dition
3^
trimestre
1950
TOUiS
DROITS
22644
DC
\L(:>
R6A2 1910
t.
PLEASE
DO NOT REMOVE
FROM
THIS
CARDS OR
SLIPS
UNIVERSITY
OF TORONTO
LIBRARY