Etude D'effets Relativistes en Champ Gravitationnel Fort

Observatoire de Paris
cole doctorale Astronomie et Astrophysique dle de France (ED 127)

Thse de Doctorat
Spcialit
Astronomie et Astrophysique
tude deffets relativistes
en champ gravitationnel fort
Simulations dobservations du centre galactique
par linstrument GRAVITY
par
Frdric Vincent
Thse dirige par Guy Perrin
et Eric Gourgoulhon
Soutenue publiquement
le 8 juillet 2011
lObservatoire de Meudon
devant le jury compos de :
Didier Pelat Prsident du jury
Denis Mourard Rapporteur
Cliord M. Will Rapporteur
Stefan Gillessen Examinateur
Alain Riazuelo Examinateur
Michel Tagger Examinateur
Guy Perrin Directeur de thse
Eric Gourgoulhon Co-directeur de thse
Thibaut Paumard Invit
Observatoire de Paris - Laboratoire dtude Spatiale et dInstrumentation en Astrophysique
Observatoire de Paris - Laboratoire Univers et Thories
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Remerciements
Je tiens remercier trs chaleureusement mes trois encadrants, Guy Perrin, ric Gour-
goulhon et Thibaut Paumard. Ils ont su tout la fois maiguiller, me conseiller et me
laisser la libert ncessaire tout travail de recherche au cours de ces trois annes. Leur
soutien et leur profonde connaissance des domaines que jai t amen tudier ont t
pour beaucoup dans le droulement de ma thse.
Je remercie les membres de mon jury, Didier Pelat, Denis Mourard, Cliord M. Will,
Stefan Gillessen, Alain Riazuelo et Michel Tagger pour avoir accept dtre prsents ma
soutenance et pour leur lecture attentive de mes travaux.
Je suis galement reconnaissant la Rgion le de France pour avoir accept de nancer
mes travaux de thse.
Cest un plaisir de remercier toutes les personnes avec qui jai t amen collaborer
au cours de ma thse. Je remercie en particulier Frank Eisenhauer et Stefan Gillessen dont
les conseils et le soutien ont toujours t prcieux. Un grand merci Laurent Mugnier pour
le temps quil ma consacr au dbut de ma thse. Je remercie galement Odele Straub,
Marek Abramowicz, Hlose Mheut et Jrme Novak. Jespre que ces collaborations
continueront dans lavenir.
Un trs grand merci aux occupants des btiments 5 et 6 du LESIA et aux membres de
lquipe de relativit numrique du LUTH : travailler en leur compagnie a toujours t un
plaisir. Un merci particulier revient aux tudiants de mes deux quipes pour leur prsence
revigorante, et tous mes encouragements ceux qui nissent leur thse, en particulier Alex
et Michal avec qui jai partag les ares des derniers mois.
Je tiens galement remercier tous les ITA de lObservatoire de Meudon qui rendent
possible le travail de recherche au quotidien : informaticiens, administratifs, biblioth-
caires, ... ils ont tous t ncessaires au bon droulement de ma thse.
Un merci trs chaleureux revient Elisabeth Vangioni de lInstitut dAstrophysique de
Paris pour mavoir guid lors de mes premiers pas en astro, ainsi qu Jean-Philippe Uzan,
Frdric Daigne, Yannick Mellier et Patrick Boiss.
Ces annes passes lObservatoire ont galement t trs riches en amitis nouvelles.
Il me faudrait probablement plusieurs pages pour dcrire tout ce que je dois Rhita :
je me contenterai ici dun merci particulirement chaleureux. Cest une joie de remercier
galement Sophie, Seb et Joo pour les innombrables moments danthologie partags. Un
trs grand merci Ccile et Fabrice ainsi qu Julien et Denis. Merci beaucoup enn
Odele et Michal pour tous les moments passs tudier la composition chimique des shots
varsoviens.
Les vraies amitis tant celles qui durent, cest un plaisir pour moi de remercier mes
amis denfance, Grgoire, Guillaume, Franois, Thomas, Simon. Un merci particulier
Nomie pour sa grande matrise du Grec et des textes antiques.
Je tiens remercier trs chaleureusement ma famille, sur le soutien de laquelle jai
toujours pu compter. Un trs grand merci revient mes parents et mon frre : leur
prsence attentive ma toujours accompagn et ma servi de port dattache au cours de ma
vie.
Ma dernire pense sera pour Elsa sans qui tout le reste ne ferait pas beaucoup de sens.
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Simulations dobservations en champ
gravitationnel fort
Rsum
Le centre de la Galaxie constitue un laboratoire idal pour mettre lpreuve les pr-
dictions de la relativit gnrale. Le trou noir supermassif qui y sige possde le rayon
de Schwarzschild ayant la plus grande taille angulaire sur le ciel (10 as). Cest donc un
candidat de choix pour observer avec une grande prcision les phnomnes relativistes qui
se droulent dans son environnement immdiat.
La premire partie de ma thse a consist tudier la prcision astromtrique de lins-
trument de deuxime gnration du VLTI, GRAVITY. Ce recombinateur de faisceau qui
sera install Paranal en 2014 est conu pour atteindre une prcision astromtrique de
lordre de 10 as. An de vrier si ce but pourra tre atteint, jai utilis un programme de
simulation de linstrument pour dterminer de faon raliste lerreur astromtrique com-
mise, en prenant en compte les caractristiques relles de GRAVITY. Jai pu ainsi mon-
trer que linstrument tait capable datteindre son objectif pour des sources susamment
brillantes, ainsi que de mettre en vidence le mouvement dobjets proximit immdiate
du trou noir.
Jai ensuite dvelopp un code de calcul dorbites relativistes, GYOTO, permettant
de calculer les images et les spectres dobjets situs proximit dun trou noir. Dirents
objets sont lheure actuelle implments dans le code. On peut citer en particulier le disque
mince daccrtion, le tore daccrtion, ou ltoile en orbite autour du trou noir. GYOTO
permet galement de raliser des calculs de transfert radiatif au sein de lobjet considr, ce
qui permet de prendre en compte la physique interne des structures daccrtion. Signalons
que GYOTO sera rendu public dans un proche avenir.
Jai pu alors utiliser GYOTO pour calculer la silhouette et le spectre dun tore dac-
crtion entourant le trou noir central de la Galaxie, en prenant en compte lmission syn-
chrotron gnre par cette structure. Lintrt de ce genre de simulation est de contraindre
les paramtres du trou noir et du tore daccrtion en ajustant les spectres modliss aux
donnes observes. Jai galement simul grce GYOTO lvolution dune sphre de gaz
chaue en orbite trs serre autour du trou noir. Ce schma constitue un modle promet-
teur pour les phnomnes de sursauts de rayonnement qui sont rgulirement observs aux
abords du trou noir central. Il a alors t possible de simuler de faon raliste une obser-
vation par GRAVITY de ce phnomne, et de dterminer les contraintes que linstrument
permettra dapporter sur ce modle, et sur le paramtre dinclinaison du trou noir.
Je me suis galement intress la possibilit de modliser des objets compacts alterna-
tifs an de tester le paradigme du trou noir au centre de la Galaxie. An de pouvoir prendre
en compte de tels objets, il a fallu permettre GYOTO dintgrer des orbites de particules
dans des mtriques non standards calcules numriquement, dans le formalisme 3+1 de
la relativit gnrale. Cette capacit de GYOTO prendre en compte des mtriques non
standards en fait un code unique parmi les algorithmes de calcul dorbites existant dans la
littrature.
Je me suis alors intress fournir quelques perspectives dutilisation de GYOTO en
mtriques numriques. Limplmentation dun objet gravastar au sein de la bibliothque
LORENE nayant pas abouti, je me suis intress reprsenter les images observes dune
toile neutrons en eondrement, dirents stades de son volution. Ce genre de calculs
pourra permettre dans lavenir de calculer numriquement les contreparties lectromagn-
tiques de phnomnes en champ gravitationnel fort, telle que lmission de rayonnement
proximit dun systme dtoiles neutrons en coalescence.
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Simulating observations in strong
gravitational elds
Abstract
The Galactic center is an ideal laboratory to put to the test general relativistic pre-
dictions. The supermassive black hole lying there has the biggest angular Schwarzschild
radius (10 as): its environment is thus a perfect candidate for the observation of strong
relativistic phenomena.
My rst interest was to study the astrometric precision of the second generation VLTI
instrument named GRAVITY. This beam combiner, which will take place in Paranal in
2014, was conceived in order to reach an astrometric precision of 10 as. In order to check
whether this goal is possible to achieve, I have used a programme simulating the instrument
that allows to compute precisely the astrometric error that will aect the observed signal,
taking into account the actual performance of GRAVITY. I came to the conclusion that
the instrument is capable of reaching its goal, provided the observed point like source is
bright enough. I was also able to show that GRAVITY can distinguish between a moving
and a motionless source at a few Schwarzschild radii from the black hole.
I then developed a new general relativistic ray-tracing code, GYOTO, allowing the
computation of images and spectra of objects lying close to a black hole. A few astrophys-
ical objects are implemented at the time being: a thin accretion disk, an accretion torus,
a star orbiting around the black hole, for instance. GYOTO is also capable of integrating
the radiative transfer equation inside optically thin objects. Let us highlight the fact that
GYOTO will be made public in the near future.
I was then able to use GYOTO in order to compute the silhouette and the spectrum
of an accretion torus surrounding Sgr A*, emitting synchrotron radiation. The interest
of such simulations is to constrain the black holes parameters by tting the theoretical
model to observed data. I also computed the evolution of a blob of gas orbiting very
close to the black holes radius. This scenery can account for the radiation ares observed
in the vicinity of the Galactic center. I performed realistic simulations of a GRAVITY
observation of such a phenomenon, that allowed me to determine to what level GRAVITY
could constrain this are model, as well as the inclination of the black hole.
I am also interested in the possibility to simulate observations of alternative compact
objects at the Galactic center, in order to test the black hole paradigm. In this perspective,
I developed a specic way of integrating geodesics with GYOTO, in the framework of the
3+1 formalism of general relativity. This formalism allows GYOTO to take into account
non-standard metrics, computed numerically. This is a specic feature of GYOTO, that
was not developed by other ray-tracing algorithm in the literature.
The last part of my work was to give some perspectives of the use of GYOTO in
numerically computed metrics. After having unsuccessfully tried to implement a gravastar
metric inside the LORENE library, I developed the integration of null geodesics in the non-
stationary spacetime of a collapsing neutron star. I computed images of such a neutron
star, at dierent stages of its evolution. This kind of simulation could allow in the future to
compute the electromagnetic counterpart of strong gravity phenomena, such as radiation
emission in the vicinity of coalescing neutron stars.
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Table des matires
Introduction 13
I Contexte 19
1 Mouvement godsique proximit dun trou noir 23
1.1 Trou noir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1.1.1 Gravitation et gomtrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1.1.2 Solution de Schwarzschild . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.1.3 Lespacetemps de Kerr . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
1.1.4 Thorme dabsence de chevelure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
1.2 Orbites en mtrique de Kerr . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
1.2.1 quation des godsiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
1.2.2 Quelques aspects des orbites relativistes . . . . . . . . . . . . . . . 31
2 Notions dinterfromtrie 39
2.1 Imagerie et interfromtrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.1.1 Composantes de Fourier dune image . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.1.2 Imagerie, diraction et interfromtrie . . . . . . . . . . . . . . . . 42
2.2 Interfromtrie plusieurs tlescopes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
2.2.1 Fonction de cohrence, fonction de visibilit . . . . . . . . . . . . . 42
2.2.2 Fonction de transfert et PSF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
2.2.3 Rsolution et prcision astromtrique . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
2.2.4 Dicults lies la mesure de la phase . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3 Le trou noir au centre de la Galaxie 49
3.1 Un bref aperu du parsec central de la Galaxie . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.1.1 Les principales structures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.1.2 Lamas nuclaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.2 Sagittarius A* . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.2.1 Un trou noir au centre de la Galaxie ? . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.2.2 Alternatives au trou noir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
3.3 Spectre dmission, disque daccrtion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
3.3.1 Spectre dmission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
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10 TABLE DES MATIRES
3.3.2 Structure daccrtion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
4 Linstrument GRAVITY 61
4.1 Description succincte de linstrument . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
4.1.1 Concept instrumental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
4.1.2 Performances vises pour linstrument . . . . . . . . . . . . . . . . 64
4.2 Les cas scientiques de GRAVITY . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
4.2.1 Le centre galactique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
4.2.2 Autres cas scientiques de linstrument . . . . . . . . . . . . . . . . 65
II Performance astromtrique de linstrument GRAVITY 67
5 Astromtrie en mode imageur 71
5.1 Mesure astromtrique en interfromtrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
5.1.1 Mthode classique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
5.1.2 Intrt du mode imageur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
5.2 Simulation du bruit instrumental induit par GRAVITY . . . . . . . . . . . 74
5.2.1 Bruit de dtection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
5.2.2 Fluctuations du rapport de Strehl . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
5.2.3 Bruits sur la visibilit complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
5.3 Simulation des donnes observationnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
6 Prcision astromtrique de GRAVITY 83
6.1 Observation de sources ponctuelles xes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
6.1.1 Commentaires gnraux sur les rsultats astromtriques . . . . . . . 86
6.1.2 Rsultats pour une toile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
6.1.3 Rsultats pour deux toiles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
6.1.4 Rsultats pour trois toiles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
6.2 Observation dune source ponctuelle variable . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
6.2.1 Simulations ralises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
6.2.2 Mise en vidence du mouvement du point chaud . . . . . . . . . . . 92
III GYOTO, un code de calcul dorbite en relativit gnrale 97
7 GYOTO en mtrique de Kerr 101
7.1 Mthode dintgration des godsiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
7.1.1 quation des godsiques utilise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
7.1.2 Droulement de lintgration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
7.2 Transfert radiatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
7.3 Calcul de spectres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
7.3.1 Spectre dobjets optiquement pais . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
7.3.2 Spectre dobjets optiquement minces . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
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TABLE DES MATIRES 11
7.4 Objets astrophysiques implments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
7.4.1 toile en orbite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
7.4.2 Disque mince . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
7.4.3 Disque avec instabilit de Rossby . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
7.4.4 Tore daccrtion (polish doughnut) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
8 Calcul dorbite dans des mtriques numriques 123
8.1 Le formalisme 3+1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
8.1.1 Le formalisme et son application GYOTO . . . . . . . . . . . . . 123
8.1.2 Aperu des fondements thoriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
8.2 quation des godsiques en formalisme 3+1 . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
8.2.1 Intrt dune quation des godsiques en 3+1 . . . . . . . . . . . . 128
8.2.2 Drivation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
8.3 toile relativiste en rotation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
8.3.1 toile relativiste en rotation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
8.3.2 quation des godsiques pour un espacetemps axisymtrique sta-
tionnaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
8.3.3 Application la mtrique dune toile relativiste en rotation . . . . 133
IV Simulations dobservations pour contraindre lobjet com-
pact au centre de la Galaxie 135
9 Tore daccrtion autour de Sgr A* 139
9.1 Le modle du polish doughnut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
9.1.1 Motivations physiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
9.1.2 Le polish doughnut : dveloppements thoriques . . . . . . . . . . . 141
9.1.3 Processus radiatifs au sein du tore ionis . . . . . . . . . . . . . . . 145
9.2 Simulations dobservation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
9.2.1 Modlisation de limage dun tore ionis . . . . . . . . . . . . . . . 149
9.2.2 Modlisation du spectre mis par un tore ionis . . . . . . . . . . . 149
10 Sursaut de rayonnement aux abords de Sgr A* 153
10.1 Un trou noir qui sursaute . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
10.1.1 Les sursauts de rayonnement de Sgr A* . . . . . . . . . . . . . . . . 153
10.1.2 Origine des sursauts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
10.2 Le modle du point chaud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
10.2.1 La physique sous-jacente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
10.2.2 Des priodes mesures au spin du trou noir . . . . . . . . . . . . . . 159
10.3 Simulations dun point chaud en orbite autour de Sgr A* . . . . . . . . . . 160
10.3.1 Modlisation dun point chaud par GYOTO . . . . . . . . . . . . . 160
10.3.2 Simulations de courbes de lumire et de trajectoires de centrode . . 162
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12 TABLE DES MATIRES
10.3.3 Allure de la courbe de lumire et de la trajectoire du centrode en
fonction des paramtres du point chaud . . . . . . . . . . . . . . . . 164
10.4 Simulations dobservations par GRAVITY . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
10.4.1 Cadre de lanalyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
10.4.2 Observations simules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
10.4.3 Mise en vidence du mouvement du point chaud en fonction de lin-
clinaison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
V Perspectives dapplication de GYOTO dans des mtriques
non analytiques 181
11 Le gravastar 185
11.1 Le gravastar dans la littrature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
11.1.1 Une approche intuitive du gravastar . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
11.1.2 Les modles de gravastar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
11.1.3 Vers des contraintes observationnelles ? . . . . . . . . . . . . . . . . 189
11.2 Implmentation du gravastar dans LORENE . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
11.2.1 Lobjet gravastar dans LORENE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
11.2.2 Dicults rencontres et orientations de travail futur . . . . . . . . 193
12 Eondrement dune toile neutrons 197
12.1 Espacetemps dynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197
12.2 Calculs deondrement : le code CoCoNuT . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198
12.3 Visualisation GYOTO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199
12.3.1 Droulement de lintgration des photons . . . . . . . . . . . . . . . 199
12.3.2 Visualisation de ltoile en eondrement . . . . . . . . . . . . . . . 200
Conclusion et perspectives 205
Annexe 211
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La relativit gnrale est la description la plus satisfaisante dont on dispose lheure
actuelle pour rendre compte de lune des quatre interactions fondamentales : la gravitation.
La comprhension la plus ne possible de cette interaction est ncessaire pour obtenir une
reprsentation valable des phnomnes toutes les chelles astrophysiques. Bien que trs
bien vrie par les dirents tests mens lchelle du systme solaire, la relativit gnrale
est peu contrainte dans son domaine dapplication le plus extrme : les environnements
champ gravitationnel fort tels que les abords des objets les plus compacts que sont les trous
noirs.
Cette thse sintresse la simulation deets relativistes en champ gravitationnel fort.
Il sagit de rendre compte le plus prcisment possible des phnomnes extrmes auxquels
la matire est soumise proximit dun trou noir supermassif, et de dterminer les eets
observables pour un observateur lointain.
Ce genre de calcul ne peut tre men quen utilisant un code numrique permettant de
dterminer la trajectoire des photons et des particules de matire au voisinage de lobjet
compact et au cours de la propagation du rayonnement jusqu lobservateur. Le dvelop-
pement dun tel code, nomm GYOTO (General relativitY Orbit Tracer of Observatoire
de Paris), est le premier objectif de ma thse.
La mise en vidence deets relativistes en champ fort ncessite galement des moyens
dobservation dvelopps spciquement dans cette perspective. Les dtecteurs dondes
gravitationnelles, dvelopps depuis plusieurs dcennies, sont un exemple de tels instru-
ments. En se souvenant que ces dtecteurs font appel linterfromtrie, on ne sera pas
tonn quun nouvel instrument candidat la dtection deet relativistes en champ fort
soit galement un interfromtre : il sagit de linstrument GRAVITY, recombinateur de
faisceaux qui sera install au Very Large Telescope Paranal en 2014.
Le deuxime objectif de cette thse est dtudier la capacit de GRAVITY raliser
ses objectifs en observant le voisinage du trou noir supermassif situ au centre de notre
Galaxie, Sagittarius A* (Sgr A*). Linstrument devra sonder lespacetemps aux abords de
lobjet compact central en suivant avec une prcision susante le mouvement des sources
lumineuses voluant au plus prs du trou noir.
La dtermination de cette prcision astromtrique, en fonction du champ de vue ob-
serv, sera tudie. On souhaite vrier si lobjectif de GRAVITY datteindre une prcision
astromtrique de 10 as, correspondant la taille angulaire de lhorizon des vnements
de Sgr A*, est ralisable.
La source lumineuse la plus prometteuse dans la perspective dun test de la relativit
gnrale en champ fort est celle qui donne lieu aux sursauts de rayonnement qui aectent
rgulirement le centre galactique. Dans le cadre de lun des modles proposs pour rendre
compte de ce phnomne, cette source est constitue dun amas de gaz en orbite trs
serre autour du trou noir central, une distance de quelques fois la taille de son horizon
des vnements. Si proche de lobjet compact central, la dynamique de cet amas de gaz
constitue une sonde idale des proprits de lespacetemps dans sa rgion la plus relativiste.
On souhaite donc tudier les caractristiques observationnelles impliques par ce mo-
dle de sursaut. Pour ce faire, on dterminera la prcision avec laquelle GRAVITY sera
capable de suivre lvolution dune source variable situe une distance de quelques fois la
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taille de lhorizon des vnements de Sgr A*. Il sagira galement de simuler au moyen du
code GYOTO la courbe de lumire et la trajectoire sur le ciel associes lvolution dun
tel sursaut, an de permettre de simuler de faon trs raliste lacquisition des donnes
observationnelles par GRAVITY. On pourra alors se demander si linstrument aura une
prcision astromtrique susante pour mettre en vidence le mouvement de cet amas de
gaz en orbite autour de Sgr A*. Si tel est le cas, on tudiera dans quelle mesure ce type
dobservation permettra de contraindre lobjet compact central.
En scartant un peu des environs immdiats de lhorizon du trou noir central, on peut
sintresser la structure daccrtion qui est susceptible de lentourer. Jai donc envisag
que Sgr A* puisse tre entour dun tore ionis daccrtion, structure drive de la classe
des polish doughnuts propose la n des annes 70 comme un modle analytique de
structure daccrtion gomtriquement paisse et optiquement mince. Je me suis intress
simuler lallure du spectre mis par cet objet rayonnant en synchrotron. Pour ce faire, il a
fallu rendre GYOTO capable de tenir compte du transfert radiatif au cours de lintgration
des photons au sein de lobjet metteur. Lobjectif de cette tude est de dterminer si le
tore ionis est un candidat digne de considration pour modliser la structure daccrtion
entourant Sgr A*, et de dterminer limpact des paramtres dcrivant le trou noir sur
lallure du spectre observ.
Bien que lexistence des trous noirs soit admise par la grande majorit de la com-
munaut, il est important de garder lesprit quil nexiste aucune preuve irrfutable que
lobjet compact qui est mis en vidence par les observations du centre galactique est eecti-
vement un trou noir. Il existe quelques objets alternatifs susceptibles de rendre compte des
eets observs, tels que le gravastar et ltoile bosonique. Dans cette perspective, GYOTO
a t dvelopp pour permettre lintgration des particules massives et des photons dans
des mtriques direntes de celle de Kerr, dcrivant les trous noirs de la relativit gnrale.
GYOTO est en eet capable de calculer des trajectoires de particules dans des mtriques
non analytiques calcules numriquement dans le cadre du formalisme 3+1 de la relativit
gnrale, formalisme utilis par la communaut de la relativit numrique.
Je me suis donc propos de driver lquation du mouvement de particules soumises
la gravitation dans ce formalisme an de pouvoir mener bien des simulations dans des
mtriques alternatives celle de Kerr. Je me suis alors intress calculer numriquement
la mtrique dun gravastar en formalisme 3+1 en utilisant la bibliothque LORENE dve-
loppe par lquipe de relativit numrique du LUTH. Cette tude nayant pas abouti, jai
tudi un exemple dutilisation de GYOTO en mtrique numrique en calculant lvolution
de limage dune toile neutrons seondrant en trou noir. Ce genre de simulation, dont
on ne trouvera ici quune prsentation prliminaire, sera susceptible de conduire des r-
sultats astrophysiques intressants dans un avenir proche dans le cadre de la modlisation
dmission de rayonnement au voisinage dtoiles neutrons en coalescence.
Dans la perspective de traiter les dirents thmes prsents dans cette introduction,
le plan de ce manuscrit est le suivant.
La partie I sattachera prsenter le contexte dans lequel se place mon travail : on
y trouvera rappeles quelques notions fondamentales concernant la physique des trous
noirs, quelques caractristiques des trajectoires de particules voluant dans leur voisinage,
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quelques notions fondamentales dinterfromtrie, ainsi quune prsentation succincte du
centre galactique et de linstrument GRAVITY.
La partie II traitera de la prcision astromtrique de linstrument GRAVITY lorsque
son champ de vue est constitu de sources ponctuelles xes ou dune source unique variable.
La partie III prsente en dtail le code de calcul dorbites GYOTO.
La partie IV dcrit des simulations eectues par GYOTO de spectres mis par un
tore ionis entourant le trou noir central Sgr A*. Cette partie tudie galement des simula-
tions dobservation de sursauts de rayonnement qui utilisent le code GYOTO et lanalyse
prcdente de la prcision astromtrique de GRAVITY.
La partie V propose des perspectives dutilisation de GYOTO dans des mtriques non
analytiques en tudiant limplmentation dun gravastar dans la bibliothque LORENE et
la visualisation de leondrement dune toile neutrons en trou noir.
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Premire partie
Contexte
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Introduction
On souhaite prsenter ici de faon succincte les principaux concepts physiques qui seront
utiliss dans toute la suite de ce manuscrit.
La thorie de la relativit gnrale induit lexistence dobjets extrmement compacts,
au sens o leur paramtre de compacit, qui sexprime en fonction de leur masse M et de
leur taille caractristique r selon = GM/r c
2
, est gal 1
1
. Les objets les plus compacts,
pour lesquels le paramtre de compacit est de lordre de 1, ne peuvent tre compris que
dans le cadre de la relativit gnrale. Pour des objets classiques tels que la Terre ou le
Soleil, le paramtre de compacit vaut 10
10
et 10
6
et la relativit gnrale napporte
quune petite correction lexcellente description newtonienne
2
.
Le chapitre 1 prsente le cadre thorique permettant ltude des objets les plus com-
pacts : les trous noirs. Aprs de brefs rappels concernant les bases de la relativit gnrale,
on sintressera dcrire lespacetemps dun trou noir, et prsenter les principales carac-
tristiques des trajectoires de particules dans son voisinage. Ces notions seront largement
utilises par la suite lorsquil sagira de dvelopper un code de calcul de trajectoires de
particules (voir la partie III).
Bien quabondamment mise lpreuve lchelle du systme solaire (et toujours par-
faitement vrie), la thorie de la relativit gnrale nest que peu contrainte en champ
gravitationnel trs intense, cest--dire proximit des objets les plus compacts tels que
les toiles neutrons et les trous noirs (pour une revue des tests de la relativit gnrale,
voir Will 1993, 2006; Psaltis 2008; Will 2009).
Lune des perspectives prometteuses permettant de tester la relativit gnrale en
champ gravitationnel fort est dutiliser la trs haute rsolution angulaire permise par luti-
lisation dinterfromtres. Cest dans cette perspective que le chapitre 2 rappelle quelques
notions lmentaires de la thorie de linterfromtrie.
Des contraintes portant sur la taille de la silhouette du trou noir central de notre
Galaxie, Sagittarius A* (Sgr A*), ont dj t obtenues en utilisant linterfromtrie trs
longues lignes de base (Doeleman et al. 2008). Le sondage dvnements dynamiques ayant
lieu dans le voisinage immdiat de lhorizon des vnements de Sgr A* sera rendu possible
1. Ce qui nimplique pas forcment que ces objets soient trs denses, comme on le comprend dans la
discussion de Gourgoulhon (2010c).
2. Rappelons tout de mme que pour des applications ncessitant une prcision particulirement ne,
telles que les mesures GPS, lutilisation de la relativit gnrale est ncessaire.
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dans un futur trs proche par linstrument de deuxime gnration de linterfromtre du
Very Large Telescope, GRAVITY.
Les chapitres 3 et 4 prsentent brivement lextrme centre galactique (compris comme
les environs immdiats du trou noir central) et les principales caractristiques de linstru-
ment GRAVITY.
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Chapitre 1
Mouvement godsique proximit
dun trou noir
Sommaire
1.1 Trou noir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1.1.1 Gravitation et gomtrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1.1.2 Solution de Schwarzschild . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.1.3 Lespacetemps de Kerr . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
1.1.4 Thorme dabsence de chevelure . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
1.2 Orbites en mtrique de Kerr . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
1.2.1 quation des godsiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
1.2.2 Quelques aspects des orbites relativistes . . . . . . . . . . . . . . 31
1.1 Trou noir
1.1.1 Gravitation et gomtrie
En novembre 1915, Einstein publie un article qui va rvolutionner la faon de concevoir
la gravitation. Dans ce nouveau formalisme, une particule test place dans un champ de gra-
vitation ne se dplace plus parce quelle serait soumise une force gravitationnelle, comme
ctait le cas dans le formalisme newtonien. Son mouvement est dict par la gomtrie de
lespacetemps, cette gomtrie tant elle-mme impose par le contenu en matire-nergie
de lespacetemps.
Toute linformation sur la gomtrie dun espacetemps est contenue dans loutil ma-
thmatique qui permet de dterminer la distance entre deux points inniment voisins, la
mtrique. Un systme de coordonnes x
tant choisi, on peut exprimer la mtrique dans

ce systme de coordonnes selon :
ds
2
= g
dx
dx
(1.1)
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24 CHAPITRE 1. MOUVEMENT GODSIQUE PROXIMIT DUN TROU NOIR
o les g
sont les coecients mtriques, contenant toute linformation sur la gomtrie,

et o ds
2
reprsente llment de longueur entre deux points spars par le vecteur inni-
tsimal dP = dx
dans la base naturelle associe aux coordonnes e
. On a utilis dans
lEq. 1.1 la convention de sommation dEinstein : on somme implicitement sur les indices
rpts.
Les quations dEinstein permettent de dterminer la mtrique de lespacetemps partir
de son contenu en matire-nergie. Elles sexpriment en notation tensorielle
1
selon :
R

1
2
Rg
= 8 T
. (1.2)
Dans cette quation, le terme de droite T
est appel tenseur nergie-impulsion, il

reprsente le contenu en matire-nergie de lespacetemps. Le terme de gauche contient des
quantits gomtriques. On y retrouve les coecients mtriques g
, mais aussi le tenseur

de Ricci R
qui drive lui-mme dun tenseur de rang plus lev, le tenseur de Riemann
R
qui contient toute linformation sur la courbure de lespacetemps. Le scalaire R est

appel scalaire de courbure et drive du tenseur de Ricci.
Dans lquation prcdente, on sest plac dans un systme dunit dans lequel la
constante de gravitation G et la vitesse de la lumire c valent 1. On continuera dutili-
ser cette convention dans tout ce document, sauf mention contraire. Remarquons quavec
cette convention, une longueur est homogne un temps, tous deux homognes une
masse.
1.1.2 Solution de Schwarzschild
La premire solution exacte des quations dEinstein fut tablie par Karl Schwarzschild
dans une lettre Einstein du 22 dcembre 1915
2
. Il sagit dune solution du vide, cest--dire
que le tenseur nergie-impulsion est pris nul. De plus, lespacetemps est suppos statique
et symtrie sphrique
3
. La mtrique suivante, exprime dans le systme de coordonnes
(t, r, , ) dit de Schwarzschild, est alors solution des quations dEinstein
4
:
ds
2
=
_
1
2 M
r
_
dt
2
+
_
1
2 M
r
_
1
dr
2
+ r
2
_
d
2
+ sin
2
d
2
_
. (1.3)
o M est une constante qui apparat au cours de la drivation de la mtrique de Schwarz-
schild et est homogne une masse.
On remarque que la mtrique de Schwarzschild est singulire en r = 0 et en r = 2 M. La
premire singularit ne peut tre vite en se plaant dans un autre systme de coordonnes.
En eet on peut montrer que le scalaire R
obtenu en contractant compltement

le tenseur de Riemann vaut :
1. Pour une introduction la notion de tenseur, voir Gourgoulhon (2010c)
2. soit moins dun mois aprs la publication originale, et alors que Schwarzschild tait engag sur le
front russe, o il mourra peu aprs
3. On trouvera une dnition prcise de ces termes dans Gourgoulhon (2010c)
4. On en trouvera une drivation dans, par exemple, Gourgoulhon (2010c)
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1.1. TROU NOIR 25
R
=
48 M
2
r
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. (1.4)
Ce scalaire diverge donc en r = 0, et ce sera galement le cas dans nimporte quel autre
systme de coordonnes (puisque la valeur dun champ scalaire en un point ne dpend
pas du systme de coordonnes). Le point r = 0 est donc une vraie singularit, appele
singularit centrale.
Par contre, la singularit r = 2 M nest quune singularit de coordonnes lie lexpres-
sion de la mtrique dans le systme de coordonnes particulier que forment les coordonnes
de Schwarzschild. Il sut dexprimer la mtrique dans un autre systme de coordonnes
pour sen convaincre. Ainsi, en utilisant les coordonnes dEddington-Finkelstein entrantes
(V, r, , ), o V t + r + 2 M ln [r/2 M 1[, la mtrique scrit :
ds
2
=
_
1
2 M
r
_
dV
2
+ 2 dV dr + r
2
_
d
2
+ sin
2
d
2
_
. (1.5)
On lit immdiatement sur cette expression que la mtrique reste rgulire en r = 2 M
(qui correspond bien lhypersurface r = 2M en coordonnes de Schwarzschild puisque
la coordonne r est la mme dans les deux systmes). Cependant, cette surface a une
proprit trs particulire. On peut en eet dmontrer facilement (en utilisant encore les
coordonnes dEddington-Finkelstein, cf Gourgoulhon 2010c) que la coordonne r dune
particule (massive ou non) vriant r < 2 M ne peut que dcrotre. Ainsi, une particule se
trouvant lintrieur de la surface r = 2 M ne peut pas rejoindre linni et est contrainte
se rapprocher de la singularit centrale. La surface r = 2 M est donc unidirectionnelle :
une particule (massive ou non) peut la traverser dans le sens des valeurs dcroissante de r,
mais pas dans lautre sens. La surface r = 2 M est alors appele horizon des vnements.
On appelle trou noir de Schwarzschild cette solution du vide des quations dEinstein.
Dun point de vue astrophysicien, un trou noir est donc caractris par lexistence de
son horizon des vnements. La zone despacetemps comprise lintrieur de lhorizon
des vnements ne pouvant inuencer la zone externe (en consquence de la dnition
prcdente), elle na aucune incidence sur linformation quun observateur loign peut
esprer acqurir dun trou noir.
Cette solution de Schwarzschild a une importance remarquable puisquelle constitue
galement lunique solution aux quations dEinstein lextrieur de tout corps symtrie
sphrique de masse M. Cette mtrique nest donc pas limite dcrire les seuls trous
noirs, elle est aussi valable lextrieur dune toile, dune plante, ou de tout autre corps
symtrie sphrique. Ce rsultat est connu sous le nom de thorme de Birkho.
Cependant, lhypothse de symtrie sphrique est extrmement contraignante et limite
fortement la possibilit dappliquer la solution de Schwarzschild des cas astrophysiques
rels. La plupart des corps qui occupent lunivers sont en rotation, et perdent ainsi la
symtrie sphrique. On peut penser aux toiles en rotation rapide dont la surface na plus
rien de sphrique. Il semble donc ncessaire pour dventuelles applications astrophysiques
dtre dot dune solution symtrie axiale.
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1.1.3 Lespacetemps de Kerr
Ce nest quen 1963 quune solution exacte aux quations dEinstein dans le vide en
symtrie axiale fut tablie par Roy Kerr (voir Kerr 1963). Cette solution est aujourdhui
usuellement exprime dans les coordonnes de Boyer-Lindquist (t, r, , ) (voir Boyer &
Lindquist 1967), bien que ce ne soit pas dans ce systme de coordonnes que Kerr ait
driv sa solution originale.
La mtrique de Kerr en coordonnes de Boyer-Lindquist sexprime selon :
ds
2
=
_
1
2 M r
_
dt
2
4 M a r sin
2
dt d +

dr
2
(1.6)
+ d
2
+ sin
2
_
r
2
+ a
2
+
2 M a
2
r sin
2
_
d
2
o M dsigne la masse du trou noir et a son paramtre de spin, reli au moment cintique
du trou noir J selon
5
a =
J
M
. On dnit galement :
r
2
+ a
2
cos
2
, r
2
2 M r + a
2
. (1.7)
La mtrique de Kerr est singulire en = 0, soit en r = 0 et = /2, et en = 0,
soit en r
= M
M
2
a
2
.
La singularit = 0 est une vraie singularit qui ne dpend pas du systme de co-
ordonnes choisi. En eet, le scalaire R
y diverge. Cest le prolongement de la

singularit centrale de la solution de Schwarzschild. Cependant, la singularit centrale de
Kerr nest pas ponctuelle mais annulaire. On peut le voir en eectuant un changement de
coordonnes vers les coordonnes (T, x, y, z) de Kerr-Schild dont la partie spatiale est relie
aux coordonnes de Boyer-Lindquist selon :
x + i y = (r + i a) e
i
R
(d+
a dr
)
sin, z = r cos. (1.8)
On voit que le point r = 0 en coordonnes de Boyer-Lindquist correspond dans ce
nouveau systme de coordonnes au disque :
z = 0, x
2
+ y
2
a
2
. (1.9)
La singularit r = 0 et = /2 correspond donc au cercle z = 0, x
2
+ y
2
= a
2
: on
parle donc bien dune singularit annulaire.
Les deux autres singularits sont des singularits de coordonnes.
La surface r = r
+
est un horizon des vnements : elle constitue le bord de la rgion
de lespacetemps permettant une liaison causale avec linni (cest--dire permettant des
particules massives ou des photons de rejoindre linni). On a donc aaire une solution
5. Remarquons que ce paramtre de spin est homogne une masse. On peut galement dnir un
paramtre de spin adimensionn a = J/M
2
= a/M.
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1.1. TROU NOIR 27
de type trou noir, et on parlera dsormais de trou noir de Kerr. Pour que r
+
soit dni on
impose :
0 a M. (1.10)
Pour les solutions ayant a > M, lhorizon des vnements nexiste pas, et on parle de
singularit nue, notion qui ne sera pas tudie ici.
La surface r = r
est appele horizon interne, et situe donc sous lhorizon des v-

nements. Elle marque une limite causale : il ny a pas de brisure de la causalit pour
r
< r < r
+
, au sens o le futur dun vnement ne peut pas inuencer son pass, mais
par contre pour r < r
, il est possible pour une particule massive de repasser plusieurs fois

par un mme vnement (t, r, , ) (ce qui est en contradiction claire avec la causalit).
Gardant un point de vue astrophysique sur les trous noirs, on ne sintressera pas la
rgion de lespacetemps de Kerr situe r < r
+
. Pour une prsentation exhaustive de la
structure de lespacetemps de Kerr, on pourra consulter Hawking & Ellis (1973).
Lhorizon des vnements du trou noir de Kerr a donc pour coordonne radiale :
r
hor
= M +
M
2
a
2
. (1.11)
On remarque que cette fonction dcrot avec le paramtre de spin a : plus le spin du
trou noir est important, plus lhorizon des vnements se situe une faible valeur de r.
On remarque quon retrouve bien, pour un spin nul, r
hor
(a = 0) = 2 M, lhorizon des
vnements en mtrique de Schwarzschild.
Une dernire surface importante de lespacetemps de Kerr est lergosphre. Cette surface
est dnie par :
r
ergo
= M +
M
2
a
2
cos
2
. (1.12)
On peut montrer facilement (Gourgoulhon 2010c) quune particule test ne peut rester
statique par rapport linni (cest--dire, (r, , ) xs) lorsquelle se trouve lintrieur
de lergosphre : elle est entrane par la rotation du trou noir. On parle deet Lense-
Thirring, du nom des physiciens autrichiens qui prdirent cet eet en 1918.
La Fig. 1.1 reprsente les direntes surfaces dont il a t question dans les prcdents
paragraphes.
1.1.4 Thorme dabsence de chevelure
Au contraire de la mtrique de Schwarzschild, il nexiste pas dquivalent du thorme
de Birkho en mtrique de Kerr. Cette gomtrie ne dcrit donc que les trous noirs en
rotation, et non pas lespacetemps extrieur dautres objets telles que des toiles en
rotation.
Cependant, la solution de Kerr a une proprit fondamentale, tablie dans les annes
70 par Carter, Hawking et Israel : tout trou noir stationnaire et non charg lectriquement
est un trou noir de Kerr. Un trou noir apparat donc comme un objet particulirement
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Figure 1.1 Surface particulires de la mtriques de Kerr. Issu de Hawking & Ellis (1973).
simple dcrire : il est compltement dni par deux paramtres uniquement : sa masse
M et son paramtre de spin a. Cette proprit remarquable est connue sous le nom de
thorme dabsence de chevelure (les cheveux auxquels il est fait rfrence ici symbolisent
les paramtres ncessaires la description du trou noir, on devrait donc plutt parler dun
thorme des deux cheveux !)
La suite de ce chapitre va tre consacre ltude des trajectoires de particules test
voluant dans la mtrique de Kerr.
1.2 Orbites en mtrique de Kerr
1.2.1 quation des godsiques
tant donn un espacetemps muni dune mtrique donne, on dnit les godsiques
comme les courbes rendant extrmale la distance
6
entre deux points de lespacetemps.
Une godsique de genre espace rend minimale cette distance, tandis quune godsique de
genre temps la rend maximale. Les godsiques lumire, enn, assurent une distance nulle
entre deux points quelconques.
La relativit gnrale traduit le principe dquivalence (qui stipule que toute particule
subit une mme acclration dans un champ de pesanteur) en imposant aux particules
6. Cette distance est, bien entendu, calcule en utilisant la mtrique g
de lespacetemps considr.
Ce nest pas, en gnral, une distance euclidienne.
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1.2. ORBITES EN MTRIQUE DE KERR 29
soumises uniquement la gravitation de suivre de telles godsiques. Une particule massive
suivra une godsique de genre temps alors quune particule de masse nulle (un photon)
suivra une godsique de genre lumire.
La norme au carr dun vecteur unitaire tangent une godsique dpend du type de
la godsique considre. Un vecteur unitaire tangent une godsique de genre temps a
une norme au carr gale 1. Un vecteur tangent une godsique de genre lumire a
une norme au carr gale 0.
7
On peut montrer (Gourgoulhon 2010c) que lquation rgissant le mouvement dune
particule (massive ou non) le long dune godsique (de genre temps ou de genre lumire)
est :
x
= 0 (1.13)
o lon a introduit les symboles de Christoel dnis en fonction des coecients mtriques
et de leurs drives selon :
=
1
2
g
) (1.14)
avec
.
Les quations des godsiques forment donc un systme dquations direntielles cou-
ples du second ordre.
Dans le cas trs particulier de la mtrique de Kerr, on peut rduire ce systme quatre
quations du premier ordre en mettant en lumire quatre constantes du mouvement.
La premire constante est immdiate : il sagit de la masse de la particule m. Deux autres
constantes apparaissent naturellement grce aux symtries de la mtrique (stationnarit
et axisymtrie). On peut montrer quil sagit de lnergie de la particule mesure par un
observateur linni, E, et de la composante axiale L de son moment cintique (Misner
et al. 1973), qui peuvent sexprimer en fonction des composantes covariantes
8
de la 4-
impulsion
9
de la particule selon :
E = p
t
, (1.15)
L = p
.
7. Les valeurs inhabituelles de ces normes proviennent du caractre non euclidien de la mtrique, qui
nest plus dnie positive comme ctait le cas de la mtrique euclidienne.
8. On rappelle quun indice dune composante dun tenseur est dit covariant lorsquil est plac en
position basse, et contravariant lorsquil est plac en position haute.
9. tant donn une particule (massive ou non) soumise uniquement la gravitation, sa dynamique est
entirement dcrite par la donne dun champ de vecteurs p tangents sa godsique (de genre temps ou
de genre lumire). Imposant par ailleurs que ce champ de vecteur soit homogne une masse (la masse m
de la particule est alors dnie par la relation m
2
= p p), la quantit p est appele quadri-impulsion de
la particule. On trouvera une discussion dtaille de cette quantit dans Gourgoulhon (2010b).
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De faon beaucoup moins naturelle, il se trouve quexiste une quatrime constante (Car-
ter 1968), qui sexprime selon :
Q = p
2
+ cos
2
_
a
2
_
m
2
p
2
t
_
+
p
2
sin
2
_
. (1.16)
On peut alors rsoudre les Eqs. 1.15 et 1.16 en fonction des composantes covariantes
de la 4-impulsion, et remonter ensuite aux composantes contravariantes :
p
= g
= m
dx
d
particule massive (1.17)
p
= g
=
dx
d
photon
o g
reprsentent les composantes de la mtrique inverse, reprsente le temps propre

pour une particule massive et un paramtre ane pour un photon. Les composantes
contravariantes de la 4-impulsion ntant rien dautre que les drives des coordonnes par
rapport au paramtre dintgration de la godsique ( un facteur m prs), on obtient
exactement les quations du mouvement recherches.
On obtient (voir par exemple Bardeen et al. 1972) :
dr
d
=
R, (1.18)
d
d
=
d
d
=
_
a E
L
sin
2
_
+
a
dt
d
= a
_
a E sin
2
L
_
+
r
2
+ a
2
P
o :
= () = Qcos
2
_
a
2
_
m
2
E
2
_
+
L
2
sin
2
_
, (1.19)
P = P(r) = E
_
r
2
+ a
2
_
a L,
R = R(r) = P
2
_
m
2
r
2
+ (L a E)
2
+ Q
et o est reli au temps propre selon = /m pour une particule massive, et est un
paramtre ane pour un photon.
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On remarque au vu des quations 1.18 que lon peut supposer sans perte de gnralit
que m = 1 pour une particule massive, au prix de rednir E et L comme tant des
quantits par unit de masse. Pour le photon on a bien sr toujours m = 0.
Il apparat au vu de lEq. 1.18 que lutilisation numrique de cette expression de lqua-
tion des godsiques sera complique par lapparition des racines carres dans les quations
direntielles portant sur les variables r et : il faudra prendre en compte explicitement
les changements de signe des drives de ces variables, ce qui constitue une complication
de lalgorithme.
On verra dans le chapitre 7 quil existe une formulation dirente de ces quations des
godsiques qui permet dviter cette complication.
Il sut dsormais dintgrer les quations des godsiques pour direntes conditions
initiales an dobtenir les lignes dunivers de particules plonges dans la mtrique de Kerr.
La section suivante prsente quelques-unes de ces orbites.
1.2.2 Quelques aspects des orbites relativistes
On cherche, dans cette section, prsenter de faon visuelle quelques traits particuliers
des orbites de particules en champ fort en mtrique de Kerr, an de permettre une com-
prhension plus aise des simulations qui seront prsentes plus tard, et an de donner une
ide de la complexit pouvant rsider dans limage calcule dun phnomne relativiste.
Toutes les gures prsentes dans cette section ont t obtenues avec le code de calcul
dorbites GYOTO qui sera prsent en dtail dans le chapitre 7.
Godsiques de genre temps
Concentrons nous sur les trajectoires de particules massives suivant des orbites lies
(cest--dire ne schappant pas linni). En ngligeant leur physique interne ainsi que les
eets de mares, ce seront des trajectoires possibles pour les toiles se trouvant aux abords
du trou noir.
Un eet bien connu des orbites relativistes est la prcession du priastre qui a constitu
la premire vrication de la thorie dEinstein sur le cas de Mercure. La Fig. 1.2 illustre
cet eet pour une orbite quatoriale en mtrique de Schwarzschild. Au vu des axes, on
constate que lon est ici en champ faible : la valeur de la coordonne r au priastre
10
10. Lorsquil sagit dun trou noir, lappellation priastre peut se discuter, mais elle sera utilise dans ce
manuscrit. On rencontre dans la littrature :
priapse, du Grec peri, autour de, et hapsis, dsignant un objet de forme courbe ou circulaire ;
pribothron, du Grec bothros, le trou ;
prinegricon, du Latin niger, noir, la terminaison en on tant la grecque ;
primlanophrear, du Grec melas, au gnitif melanos, signiant noir, obscur, et phrear qui veut dire
puits ; lutilisation de phrear est dautant plus convaincante quon en trouve une occurrence chez
Platon (Thtte, 174 c) pour dsigner un lieu o la pense sgare...
On pourrait proposer aussi bien primlandin , du Grec din signiant goure, tourbillon, cest--dire
quelque chose qui aspire en tournoyant. Cela conviendrait parfaitement pour un trou noir de Kerr.
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y
x
Figure 1.2 Prcession du priastre dune orbite faiblement relativiste en mtrique de
Schwarzschild. La position du trou noir est repre par le carr noir lorigine des coor-
donnes. Les axes sont gradus en unit de la masse du trou noir M, avec c = G = 1.
est
11
r 170 M. Cet eet davance du priastre est galement prsent pour les orbites
elliptiques kpleriennes, mais d dans ce cas lattraction gravitationnelle cumule des
dirents corps en prsence.
12
Cependant, ds que la particule se rapproche de lobjet compact, laspect des orbites
se diversie normment par rapport au cas newtonien.
Mme si lon se restreint aux orbites lies et connes au plan quatorial du trou noir
de Kerr, le paysage est trs vari. Les orbites ne sont plus elliptiques, et plus forcment
priodiques. Cependant, et cest ce qui confre une certaine simplicit aux orbites quato-
riales, elles resteront connes dans ce plan au cours de leur volution. Au contraire, les
orbites non quatoriales ne seront mme plus planes lorsque le paramtre de spin est non
nul.
Une intressante taxonomie des orbites quatoriales en mtrique de Kerr a t tablie
rcemment dans une tude mene par Levin & Perez-Giz (2008) laquelle le lecteur est
renvoy pour plus de dtails, et plus dexemples dorbites relativistes en champ fort.
La Fig. 1.3 reprsente une orbite conne au plan quatorial. On constate que cette
orbite nest pas ferme et prcesse comme celle de la Fig. 1.2. Ici pourtant, lorbite na plus
11. Comme on la vu plus haut, longueurs et temps sont homognes des masses lorsquon utilise un
systme dunits dans lequel c = G = 1.
12. La particularit du cas de Mercure ntait donc pas lexistence dune drive du priastre, mais la non
adquation entre la valeur mesure et la valeur prdite par la thorie newtonienne.
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Figure 1.3 Orbite dune particule massive dans le plan quatorial dun trou noir de
Kerr de masse M = 1, de spin a = 0,995, situ lorigine des coordonnes. Lnergie de la
particule vaut E = 0,92103 et son moment cintique le long de laxe du trou noir L = 2. La
constante de Carter Q est nulle comme pour toute orbite quatoriale. On voit ici clairement
lavance du priastre.
rien delliptique, et prsente une succession de phnomnes dtirement de lorbite loin du
trou noir et de tourbillons serrs autour de lobjet compact (zoom - whirl en anglais, voir
Levin & Perez-Giz 2008).
La Fig. 1.4 reprsente une orbite gnrale, qui nest plus ni ferme, ni plane : on est
loin de lellipse kplerienne...
Toutes les orbites de particules massives autour dun trou noir de Kerr ne sont pas aussi
complexes que les Figs. 1.3 et 1.4 le laissent supposer. Une particule peut suivre, dans le plan
quatorial dun trou noir de Kerr, une orbite circulaire de nimporte quel rayon suprieur
un rayon critique, r
ISCO
, correspondant la dernire orbite circulaire stable (souvent
appele ISCO, de lacronyme anglais innermost stable circular orbit). Le rayon de lISCO
varie en fonction du spin du trou noir, mais le relation nest pas immdiate. On la trouvera,
ainsi quune discussion approfondie des orbites en mtriques de Kerr, dans Bardeen et al.
(1972). On peut retenir quil sagit dune fonction dcroissante du spin. Sa valeur varie
entre r
ISCO
(a = 1) = M et r
ISCO
(a = 0) = 6 M.
On verra dans la suite le rle particulier que joue lISCO dans ltude des trous noirs :
elle peut permettre davoir accs au spin a.
Godsiques de genre lumire
Les rayons lumineux sont eux aussi soumis la gravitation. On va voir dans cette section
que la courbure quils subissent au voisinage dun objet compact rend ardue linterprtation
dune image dun phnomne relativiste.
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Figure 1.4 Dans les mmes conditions que pour la Fig. 1.3, mais en choisissant les
conditions initiales de faon ne pas restreindre la trajectoire au plan quatorial.
La Fig. 1.5 met en lumire leet Lense-Thirring. On y voit deux godsiques lumire
partageant les mmes conditions initiales
13
, mais intgres dans des mtriques direntes.
Lune est calcule au voisinage dun trou noir de Schwarzschild (de spin a = 0), lautre
est calcule aux abords dun trou noir de Kerr quasi-extrme (de spin a = 0,99 M). On
constate immdiatement sur cette gure que le spin du trou noir a en particulier pour eet
dentraner les godsiques.
La Fig. 1.6 reprsente limage dune toile en orbite sur lISCO dun trou noir de spin
a = 0,9, qui a pour valeur de coordonne radiale : r
ISCO
(a = 0,9) = 2,32 M. On y distingue
clairement un amas principal de pixels formant limage primaire, un arc plus mince formant
limage secondaire, et un arc trs n formant limage tertiaire. On peut mme remarquer la
prsence de deux pixels clairs en bas de limage, formant limage quaternaire. Ces images
dordre suprieur sont dues leet de lentille gravitationnelle exerc par le trou noir sur
les rayons lumineux, comme on va lillustrer dans la suite.
La Fig. 1.7 reprsente quatre godsiques lumire correspondant quatre pixels clairs
dans la Fig. 1.6. Chaque godsique correspond lun des pixels de lune des images, pri-
maire, secondaire, tertiaire ou quaternaire voques plus haut. La godsique correspondant
limage primaire est assez peu courbe dans son parcours la reliant lobservateur. Par
contre, plus lordre de limage considre augmente, plus la godsique suit une trajectoire
fortement courbe, au point de faire plusieurs fois le tour du trou noir avant de rejoindre
lobservateur. De ce fait, il faut prendre garde au fait que les dirents pixels clairs dans
une image relativiste telle que la Fig. 1.6 ne sont pas simultanment mis par la source.
13. Lorsquil sagit de godsiques lumire, on entend par condition initiale la quadri-position et le
quadri-vecteur tangent du photon au niveau de lobservateur, lintgration tant eectue en remontant le
temps. On reviendra sur ce point dans le chapitre 7.
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30
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Spin = 0.99
Spin = 0.
x
y
z
Figure 1.5 Deux godsiques lumire ayant les mmes conditions initiales, calcules
avec deux spins dirents, a = 0 et a = 0,99. On distingue clairement leet de Lense-
Thirring : le spin du trou noir entrane les godsiques. La carr noir de gauche se trouve
lemplacement du trou noir, le carr noir de droite reprsente la position dun observateur
distant, r = 35 M. Lintgration (eectue en remontant le temps coordonne) est arrte
proximit de lhorizon des vnements. Les axes sont gradus en unit de la masse du
trou noir.
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Figure 1.6 Image dune toile en orbite sur lISCO dun trou noir de spin a = 0,9. On
distingue nettement les images primaire, secondaire et tertiaire. Les axes sont gradus en
radians.
En eet, un pixel de limage quaternaire est mis une valeur du temps coordonne t
bien infrieure la date dmission dun photon de limage primaire. Ainsi, les dures en
temps coordonne sparant lmission du photon de sa rception par lobservateur pour les
godsiques illustres Fig. 1.7 correspondant aux images primaire et quaternaire sont de :
t
primaire
= 109 M, (1.20)
t
quaternaire
= 154 M.
Un exemple bien connu de lentillage gravitationnel est reprsent sur la Fig. 1.8. Cette
fois, lobservateur est align avec le trou noir et une toile, le trou noir tant plac entre
lobservateur et ltoile. La taille angulaire de ltoile tant infrieure celle de lhorizon
du trou noir, celui-ci cache la source au sens de la physique newtonienne. Pourtant,
des rayons lumineux peuvent rejoindre lobservateur comme le montre la Fig. 1.8, limage
obtenue formant un anneau dEinstein.
Ces quelques exemples montrent la complexit qui est contenue dans une image de
phnomne relativiste. Il est clair que la simulation numrique est le seul outil qui permettra
danalyser ecacement ce genre dimage.
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Image primaire
Image secondaire
Image tertiaire
Image quaternaire
x
y
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Figure 1.7 Godsiques lumire donnant lieu un pixel clair des images primaire,
secondaire, tertiaire et quaternaire de la Fig 1.6. Le trou noir a un spin a = 0,9. Les carrs
noirs reprsentent les positions du trou noir et de lobservateur, et les carrs jaunes les
dirents lieux dmission des photons. Certaines godsiques prsentent des coudes trs
brusques, qui sont expliqus par les chelles direntes des axes (gradus en unit de la
masse du trou noir).
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x
y
z
Figure 1.8 La source lumineuse (en jaune), le trou noir (de spin a = 0) et lobservateur
(tous deux en noir) sont aligns. La courbure des rayons lumineux leur permet de rejoindre
lobservateur et de former sur son cran dobservation un anneau dEinstein, reprsent
dans lencart. Les godsiques reprsentes en rouge relient la source quatre pixels de
lcran. La godsique reprsente en bleu est responsable dune image secondaire, qui se
traduit par un autre cercle de rayon plus petit sur lcran, mais quon ne peut pas distinguer
sur lencart.
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Chapitre 2
Notions dinterfromtrie
Sommaire
2.1 Imagerie et interfromtrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.1.1 Composantes de Fourier dune image . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.1.2 Imagerie, diraction et interfromtrie . . . . . . . . . . . . . . . 42
2.2 Interfromtrie plusieurs tlescopes . . . . . . . . . . . . . . 42
2.2.1 Fonction de cohrence, fonction de visibilit . . . . . . . . . . . . 42
2.2.2 Fonction de transfert et PSF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
2.2.3 Rsolution et prcision astromtrique . . . . . . . . . . . . . . . . 46
2.2.4 Dicults lies la mesure de la phase . . . . . . . . . . . . . . . 47
Ce chapitre vise tablir quelques notions de base sur linterfromtrie. Cette prsen-
tation restera trs succincte et ne vise qu mettre en perspective les fondamentaux de
linterfromtrie.
Pour une description approfondie de ce thme, on pourra consulter Born & Wolf (1999).
2.1 Imagerie et interfromtrie
Cette section vise rappeler quelques notions fondamentales dimagerie.
La section 2.1.1 prsente quelques notions de thorie de limagerie utilisant le formalisme
de Fourier. Ces notions seront immdiatement transposes au cas interfromtrique : ce
dtour par limagerie vise les introduire dans un contexte peut-tre plus familier au
lecteur.
La section 2.1.2 montre en quoi il est naturel que ces notions dimagerie soient trans-
posables au cas interfromtrique.
2.1.1 Composantes de Fourier dune image
Cette section est trs largement inspire de Hani (2007).
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40 CHAPITRE 2. NOTIONS DINTERFROMTRIE
Figure 2.1 Coordonnes angulaires dans le plan du ciel (
x
,
y
), coordonnes conjugues
de Fourier (u, v), dans le plan orthogonal la ligne de vise, relies aux coordonnes
cartsiennes (x, y) par (u, v) = (
x
,
y
). Source : Labeyrie et al. (2006).

On considre un objet astrophysique tendu de distribution dintensit O(
x
,
y
) o
x
et
y
sont des coordonnes angulaires sur le ciel. Cet objet est observ travers un systme
optique de fonction dtalement de point (PSF
1
) P(
x
,
y
). Du fait de la limitation de
louverture du systme optique, limage dune source ponctuelle sera tale en une certaine
distribution dintensit, la PSF.
La thorie de limagerie (voir par exemple Goodman 2005) permet de relier la distri-
bution dintensit observe I(
x
,
y
) (cest--dire, limage observe) O(
x
,
y
) et P(
x
,
y
)
selon :
I(
x
,
y
) = P(
x
,
y
) O(
x
,
y
) (2.1)
o loprateur dsigne la convolution.
En prenant la transforme de Fourier de cette galit on obtient :
I(u, v) = T(u, v)

O(u, v) (2.2)
o

X dsigne la transforme de Fourier dune quantit X, et o lon a introduit la fonction
de transfert optique (FTO) T =

P.
Les coordonnes (u, v), conjugues de Fourier des coordonnes angulaires sur le ciel
(
x
,
y
), sont relies aux coordonnes (x, y) du plan orthogonal la ligne de vise par
(u, v) = (
x
,
y
) (Labeyrie et al. 2006), o est la longueur donde du rayonnement suppos

1. On garde lacronyme anglais correspondant point spread function.
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2.1. IMAGERIE ET INTERFROMTRIE 41
Figure 2.2 A droite, fonction de transfert optique dune ouverture circulaire de rayon
R, en fonction de la variable f =
u
2
+ v
2
. Le schma de gauche illustre lidentit entre la
FTO et lautocorrlation de louverture (reprsente par laire de la surface hachure, qui
varie en fonction de la distance entre les centres des deux ouvertures). Source : Labeyrie
et al. (2006).
monochromatique. Ces coordonnes (u, v) sont appeles frquences spatiales. Par analogie
avec la frquence conjugue de Fourier dun temps t, on associe la frquence spatiale u
la coordonne angulaire
x
. On voit dj ce stade que le spectre en frquences spatiales
de lobjet va tre limit par louverture du tlescope : des valeurs de (u, v) correspondant
des points (x, y) situs en dehors de la projection de louverture orthogonalement la
ligne de vise, la composante de Fourier

I(u, v) sera nulle.
Toute linformation sur lobjet observ se retrouve dans la transforme de Fourier de
cet objet,

O. Si lon connat parfaitement la transforme de Fourier de lobjet, on remonte
sa distribution dintensit par simple transforme inverse. LEq. 2.2 tablit le lien entre
les composantes de Fourier de limage et celles de la distribution objet. Les composantes
de Fourier de limage pour des frquences spatiales u et v,

I(u, v), sont gales aux compo-
santes de Fourier de la distribution objet,

O(u, v), pondres par la valeur de la fonction
de transfert optique value aux mmes frquences spatiales, T(u, v). Cette fonction de
transfert agit donc comme un ltre sur la transforme de Fourier de la distribution objet.
On a vu que le spectre en frquence spatiale de lobjet tait limit par louverture du t-
lescope. Il est donc naturel que la FTO soit relie directement cette mme ouverture. On
peut montrer queectivement, la FTO nest rien dautre que lautocorrlation de louver-
ture. Ainsi pour une ouverture circulaire, on obtiendra la fonction de transfert reprsente
sur la Fig. 2.2, en fonction de la coordonne f =
u
2
+ v
2
. On constate sur cette gure
que la FTO dcrot avec laugmentation de la frquence spatiale, jusqu sannuler en une
frquence f
c
=
D
o D est le diamtre de louverture. La fonction de transfert optique agit

donc comme un ltre spatial passe-bas. Cette frquence de coupure permet dobtenir la
rsolution angulaire du tlescope, que lon peut dnir gale linverse de la frquence
de coupure :

D
. (2.3)
La section suivante tente dexpliquer en quoi le dtour par le formalisme de Fourier qui
a t opr jusquici est naturel en imagerie.
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2.1.2 Imagerie, diraction et interfromtrie
Limagerie consiste analyser limage dune source travers une ouverture unique. Cela
revient tudier la gure de diraction de la source travers louverture, qui nest rien
dautre quune gure dinterfrences. En eet, le principe de Huygens-Fresnel stipule que
chaque point du front donde peut tre considr comme une source secondaire mettant
une onde sphrique dans la direction de propagation (on ignore la partie de londe se
propageant dans le sens contraire) et que ces ondes vont interfrer pour former la gure de
diraction.
On constate donc que les notions de diraction et dinterfrence (donc dimagerie et
dinterfromtrie) sont essentiellement identiques. On parle dinterfrences quand deux
faisceaux ayant suivi des chemins dirents se rencontrent ; on parle de diraction quand
il sagit dune mme onde dont les direntes composantes de Huygens-Fresnel interfrent.
Or, on verra dans la section 2.2 que les observables interfromtriques sont directement
relies aux composantes de Fourier de la distribution image,

I(u, v). On voit donc ici le lien
qui rend naturel lutilisation du formalisme de Fourier en interfromtrie, et donc, daprs
ce qui prcde, en imagerie.
2.2 Interfromtrie plusieurs tlescopes
2.2.1 Fonction de cohrence, fonction de visibilit
On considre une source astrophysique mettant un rayonnement qui est chantillonn
par deux tlescopes. Le tlescope T
1
dtecte la date t une intensit I
1
= [E
1
(r
1
, t)[
2
) et
le tlescope T
2
une intensit I
2
= [E
2
(r
2
, t)[
2
), o .) reprsente lopration de moyenne
temporelle sur une dure longue devant la priode doscillation du champ lectrique. Si on
combine ces deux signaux on obtient lintensit :
I
interf
= I
1
+ I
2
+ 2 Re (E
1
(r
1
, t)
E
2
(r
2
, t))) (2.4)
o X
dsigne le complexe conjugu de X et Re dsigne la partie relle dune quantit

complexe.
On constate que toute linformation sur la gure dinterfrence est contenue dans la
grandeur E
1
(r
1
, t)
E
2
(r
2
, t)) qui ne mesure rien dautre que la corrlation entre les deux
chantillons du champ lectrique prlevs en deux points dirents r
1
et r
2
(correspondant
aux vecteurs coordonnes des deux tlescopes) un mme instant t (la date de lobserva-
tion). Cette quantit est directement fonction de la dirence de chemin optique entre les
rayons lumineux incidents sur les deux tlescopes.
La valeur de lintensit aprs recombinaison des faisceaux dpend donc de la dirence
de marche entre les faisceaux. Si les rayons lumineux impactant T
1
ont parcouru une
distance exactement gale la distance parcourue par les rayons qui impactent T
2
, le terme
de corrlation sera maximum. Au contraire, si la dirence de chemin optique parcouru
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2.2. INTERFROMTRIE PLUSIEURS TLESCOPES 43
est trop grande, le terme de corrlation sannulera. On peut montrer (Labeyrie et al. 2006)
que la distance partir de laquelle le terme de corrlation devient ngligeable vaut :
r
c
=

(2.5)
o est la taille angulaire de la source. Cette grandeur r
c
est appele distance de coh-
rence.
An de pouvoir observer des franges dinterfrences, il faudra faire en sorte dgaliser
les chemins parcourus par les rayons impactant les tlescopes moins que r
c
.
On appelle fonction de cohrence
2
spatiale 1 la quantit :
1(
B = r
2
r
1
) E
1
(r
1
, t)
E
2
(r
2
, t)) (2.6)
o lon a suppos linvariance spatiale de la fonction de cohrence en crivant que 1 ne
dpend que de la sparation

B entre les tlescopes, appele ligne de base, et o lon suppose
galement la stationnarit de sorte que la valeur du terme de droite ne dpend pas de la
date t laquelle on calcule la corrlation.
Plutt que dexprimer la fonction de cohrence spatiale comme dpendant de la s-
paration entre les tlescopes

B, on peut lexprimer en fonction des coordonnes (u, v)
introduites Fig. 2.1. On peut galement sparer la fonction de cohrence complexe 1 en
module et argument selon :
1(u, v) = V (u, v) e
i (u,v)
. (2.7)
Les quantits V (u, v) et (u, v) sont appeles module de la visibilit et phase. Ce sont les
observables interfromtriques qui peuvent tre dduites de la gure dinterfrence dnie
par lEq. 2.4. En lumire monochromatique, la visibilit est gale au contraste des franges,
et la phase est gale lcart entre la position du maximum du systme de franges et la
position du zro de dirence de marche (voir Fig. 2.3).
Munis de ces dnitions, on peut noncer un thorme essentiel : le thorme de Zernike-
van Cittert. Celui-ci permet de relier visibilit, phase et distribution dintensit de lobjet
observ I(
x
,
y
) (on utilise ici les notations introduites dans la section 2.1.1).
Il snonce (Hani 2007) :
1(u, v) =
I(u, v)
I(0, 0)
(2.8)
On obtient donc ici ce que la section 2.1.2 avait annonc : les composantes de Fourier
de limage observe sont exactement gales (aux facteurs de normalisation prs) aux va-
leurs prises par la fonction de cohrence spatiale, cest--dire, aux valeurs des observables
interfromtriques que sont la visibilit et la phase.
De faon moins condense, le thorme de Zernike-van Cittert scrit donc :
2. le terme cohrence est donc ici prendre comme un synonyme de corrlation
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Figure 2.3 Figure dinterfrence en lumire monochromatique : variation de lintensit en
fonction de la dirence de marche entre les rayons. La visibilit est gale au contraste des
franges (I
M
et I
m
dsignant respectivement la valeur maximale et minimale de lintensit),
la phase vaut lcart entre la position du maximum des franges et la position de dirence
de marche nulle.
V (u, v) e
i (u,v)
=
_ _
I(
x
,
y
) exp(i 2 (u
x
+ v
y
)) d
x
d
y
_ _
I(
x
,
y
) d
x
d
y
. (2.9)
Ainsi, la fonction de cohrence spatiale est gale la transforme de Fourier normalise
de la distribution dintensit de lobjet observ.
Il est donc possible de reconstituer limage de lobjet partir des donnes interfrom-
triques : si la visibilit et la phase sont connues pour susamment de valeurs de couples de
frquences spatiales (u, v), on peut dterminer limage par transforme de Fourier inverse.
Sachant que lors du calcul de transforme de Fourier inverse la connaissance de la phase
est cruciale (elle a un impact plus important que la connaissance du module V ), on peut
dj conclure que deux conditions sont ncessaires pour esprer obtenir une image partir
de mesures interfromtriques :
une connaissance susamment prcise de la phase,
un chantillonnage susamment n du plan des frquences spatiales (u, v).
2.2.2 Fonction de transfert et PSF
On considre deux tlescopes reprsents sur la Fig. 2.4.
On peut calculer la fonction de transfert optique de ce systme de la mme faon que
dans la section 2.1.1, par autocorrlation de la fonction douverture (en tenant compte
du fait que lon a dsormais deux ouvertures au lieu dune seule). On obtient la fonction
reprsente Fig. 2.5, qui na quune seule dimension, celle de la droite joignant les deux
tlescopes. On peut gnraliser immdiatement plusieurs tlescopes, la FTO tant dsor-
mais reprsente dans le plan (u, v), et prenant des valeurs non nulles autour des points
(u, v) tels quil existe une base projete orthogonalement la ligne de vise

B
= ( u, v)
qui relie deux tlescopes. En pratique, la dimension de louverture des tlescopes tant
ngligeable devant les lignes de bases, la FTO devient une assemble de pics de Dirac dans
le plan (u, v) reprsentant les frquences spatiales chantillonnes par linterfromtre.
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Figure 2.4 Interfromtre deux tlescopes spars de la distance B. La dirence de
marche entre les deux faisceaux dtects par les deux tlescopes vaut

B s o s est le
vecteur directeur de la ligne de vise. Cette dirence de marche sera corrige par les lignes
retard (delay lines) an dobtenir des franges dinterfrence lors de la recombinaison
des faisceaux S
1
et S
2
. Le plan (u, v) est reprsent, orthogonalement la ligne de vise.
Source : Labeyrie et al. (2006).
Figure 2.5 Fonction de transfert optique (FTO) dun interfromtre deux tlescopes
douverture de diamtre D, spars dune distance B
en projection orthogonalement la
ligne de vise. On note f la frquence spatiale.
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La notion de PSF introduite dans la section 2.1.1 peut galement tre dnie dans le
cadre de linterfromtrie. On a vu que le thorme de Zernike-van Cittert (Eq. 2.9) tablit
que la distribution dintensit de lobjet est gale la transforme de Fourier inverse de
la fonction de cohrence spatiale 1(u, v). Dans la pratique, on na accs qu un certain
chantillon de frquences spatiales (u, v), jamais au plan tout entier. On peut donc crire :
I(
x
,
y
) =
_ _
S(u, v) 1(u, v) exp(i 2 (
x
u +
y
v)) dudv (2.10)
= P(
x
,
y
) O(
x
,
y
)
o la fonction S dsigne la fonction dchantillonnage du plan (u, v) (qui est gale la
fonction de transfert lorsque quon la considre comme une assemble de pic de Dirac
en ngligeant louverture des tlescopes) et O(
x
,
y
) dsigne la distribution dintensit de
lobjet, gale la transforme inverse de 1(u, v). La fonction P(
x
,
y
) dnie par lEq. 2.10,
gale la transforme de Fourier de la fonction dchantillonnage du plan (u, v), nest autre
que la PSF de linterfromtre.
2.2.3 Rsolution et prcision astromtrique
On constate au vu de la Fig. 2.5 que le recours plusieurs tlescopes permet de sonder
des frquences spatiales nettement plus leves que celles qui sont accessibles au moyen
dune seule ouverture. En terme de prcision angulaire, ceci se traduit par un gain consi-
drable puisque, de la mme manire que la rsolution atteignable par une ouverture mo-
nolithique de diamtre D est

D
, la rsolution dun interfromtre deux tlescopes atteint
o B
est la distance maximale entre les tlescopes projete orthogonalement la ligne

de vise. On peut donc esprer atteindre un niveau de dtail bien suprieur celui fourni
par un tlescope unique.
Par ailleurs, linterfromtrie permet de raliser des mesures astromtriques de haute
prcision. Soit en eet deux sources sur le ciel spares dun cart angulaire . Chaque toile
va donner naissance un paquet de franges, qui seront spars dune distance (dirence
de marche) . On a :
= B
. (2.11)
Lincertitude sur ces grandeurs, note , sera donne par :
() = B
(). (2.12)
o on a suppos en premire approximation que la ligne de base est parfaitement connue.
La quantit () = ()/B
est alors la prcision astromtrique de linterfromtre.

Cette prcision astromtrique est donc inversement proportionnelle la longueur de
la base : plus la base est grande, meilleure sera la prcision. Cette notion est dirente
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de la rsolution de linterfromtre qui est de

B
. En eet, la rsolution dsigne la largeur

angulaire des franges (cest linterfrange). Ce qui importe pour lastromtrie cest la capacit
mesurer un dcalage entre deux franges centrales pour deux paquets de franges forms
par deux sources. Lincertitude sur cette quantit dpend de la prcision mtrologique ()
dont on est capable et peut tre trs infrieure la rsolution.
On constate que la prcision astromtrique, qui cherche mesurer un intervalle entre
deux maxima de paquets de franges, est directement relie la prcision sur la mesure de
la phase, celle-ci tant gale lcart entre le maximum du paquet de franges et la position
de dirence de marche nulle (voir Fig. 2.3).
Limportance dune mesure prcise de la phase apparat donc clairement.
2.2.4 Dicults lies la mesure de la phase
Les sections prcdentes, assez thoriques, ne se sont pas du tout intresses la mesure
eective des observables interfromtriques que sont le module de la fonction de visibilit
V (u, v) et la phase (u, v). Il nest pas question ici daborder ces sujets qui demanderaient
de trop longs dveloppements. On ne va dcrire, trs succinctement, que les eets de lat-
mosphre terrestre sur la mesure de la phase (quantit cruciale, comme on la vu plus haut,
pour obtenir des images partir des donnes interfromtriques, et pour parvenir une
haute prcision astromtrique).
On a vu dans la section 2.1.1 que la rsolution angulaire dun tlescope de diamtre
D tait de /D. Cependant, ceci ne tient aucun compte de la turbulence atmosphrique.
Celle-ci a pour eet de rendre compltement dcorrls en phase deux points de louverture
distants de moins dune certaine longueur appele paramtre de Fried, r
0
, qui est typique-
ment gal quelques dizaines de centimtres en infrarouge. Si r
0
< D (ce qui est toujours
le cas !), cest la turbulence atmosphrique qui dicte les performances du tlescope, limitant
la rsolution la valeur du seeing : /r
0
.
Loptique adaptative est une technique qui permet de corriger les eets de la turbu-
lence pour sapprocher de la limite de diraction. Lide est de corriger les distorsions du
front donde en rchissant la lumire sur un miroir pouvant se dformer une cadence
susamment leve pour suivre les variations de la turbulence (typiquement de lordre de
la dizaine de millisecondes en infrarouge).
On obtient alors des fronts donde plans au niveau de chaque tlescope, mais dcals
dune certaine valeur de chemin optique, appele piston atmosphrique. Cet eet est illustr
Fig. 2.6. On constate que ce piston atmosphrique dcale les franges dinterfrence par
rapport au zro de dirence de marche o les franges se trouveraient en labsence deet
atmosphrique. Ceci se traduit par une variation rapide de la valeur de la phase au mme
rythme que la turbulence.
Il faut donc corriger ce piston atmosphrique en ramenant les franges dinterfrence
leur position de rfrence (cest--dire la position de dirence de marche nulle pour
la Fig. 2.6). Une boucle dasservissement permet de raliser cette opration : on lappelle
suiveur de frange. Cette correction est absolument ncessaire pour obtenir des observables
interfromtriques exploitables, puisquelle permet dintgrer susamment longtemps sur
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Figure 2.6 Loptique adaptative corrige les distorsions du front donde et laplanit de-
vant chaque tlescope (traits rouges). Cependant, les dirents fronts donde seront aects
dune certaine dirence de marche (DDM) qui a pour eet de dcaler la gure dinterf-
rence de la position du zro de DDM. Source : Kervella (2001)
la source observe, sans tre limit par le temps caractristique de variation de la turbu-
lence.
Une dicult supplmentaire intervient lorsque la source dintrt scientique est trop
faible pour que des franges soient observables en intgrant seulement pendant un temps
infrieur la variation de la turbulence. Dans ce cas, il est ncessaire doprer la correction
de piston sur une autre source plus brillante, aecte par la turbulence de faon analogue
la source dintrt (donc situe susamment proche delle sur le ciel). On parle alors
dinterfromtrie rfrence de phase.
Ces direntes techniques (optique adaptative, suivi de frange, rfrence de phase),
ncessaires pour obtenir une bonne mesure de phase, vont permettre de pousser son
maximum la prcision astromtrique de linstrument (voir section 2.2.3) et vont permettre
denvisager de construire des images
3
partir des donnes interfromtrique condition
que lchantillonnage du plan (u, v) soit susant (voir section 2.2.1).
On verra dans le chapitre 4 que la ralisation de ces performances permet denvisager
dutiliser linterfromtrie pour mettre lpreuve certaines prdictions de la relativit
gnrale.
3. Laccs aux cltures de phases permet dj dobtenir des images, mais la connaissance de la phase
elle-mme est une information supplmentaire permettant dobtenir une image plus prcise.
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Chapitre 3
Le trou noir au centre de la Galaxie
Sommaire
3.1 Un bref aperu du parsec central de la Galaxie . . . . . . . . 49
3.1.1 Les principales structures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.1.2 Lamas nuclaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.2 Sagittarius A* . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.2.1 Un trou noir au centre de la Galaxie ? . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.2.2 Alternatives au trou noir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
3.3 Spectre dmission, disque daccrtion . . . . . . . . . . . . . . 58
3.3.1 Spectre dmission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
3.3.2 Structure daccrtion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
Le centre galactique est un environnement riche et complexe. La prsente section ne vise
qu dresser un portrait rapide et succinct du parsec central abritant la source Sgr A*. Pour
une description nettement plus complte (et en Franais) on pourra se reporter Paumard
(2003). Genzel et al. (2010) ont publi rcemment une revue exhaustive sur le sujet.
3.1 Un bref aperu du parsec central de la Galaxie
3.1.1 Les principales structures
Les 10 parsecs centraux de notre Galaxie sont occups par le complexe Sagittarius A
(Sgr A). La Fig. 3.1 reprsente les principaux constituant de ce complexe, ainsi que sa
localisation dans le degr central.
Sgr A est constitu de quatre sous-structures principales. Sgr A Est est une bulle en
expansion, probablement un reste de supernova, de 7 9 parsecs. Il est possible que Sgr A
Ouest et Sgr A* soient lintrieur de cette bulle. Le disque circumnuclaire est proba-
blement compos de 10 20 nuages molculaires de taille caractristique 0,5 parsec. Il se
trouve en projection au bord de Sgr A Est. La minispirale Sgr A Ouest occupe les deux
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50 CHAPITRE 3. LE TROU NOIR AU CENTRE DE LA GALAXIE
parsecs centraux de la Galaxie. Cette structure est domine par lmission du gaz ionis et
de la poussire.
3.1.2 Lamas nuclaire
Le parsec central est occup par un amas dense dtoiles, lamas nuclaire.
Celui-ci est constitu dtoiles de dirents types. Les premires toiles observes (Rieke
& Low 1973; Becklin & Neugebauer 1975), de loin les plus nombreuses (96% du total),
sont des toiles chaudes et vieilles (gantes et supergantes rouges, toiles AGB), ce qui
est attendu dans un amas si proche dun trou noir : la formation in situ dtoiles jeunes
y serait extrmement perturbe par la prsence de lobjet compact central du fait de
lextrme densit que doit atteindre un nuage de gaz pour former des toiles proximit
dun trou noir supermassif (la densit des particules de gaz doit tre de lordre de 10
8
cm
3
,
comparer aux 10
4
cm
3
que lon trouve usuellement dans les nuages molculaires de la
Galaxie, Alexander 2005).
Cependant, des observations ultrieures (Forrest et al. 1987; Allen et al. 1990; Paumard
et al. 2006) ont dmontrer la prsence dtoiles chaudes et jeunes (quelques millions dan-
nes), de type O et B sur la squence principale, ou mme des toiles Wolf-Rayet (WR),
probablement rparties sur deux disques tournant en sens oppos (Paumard et al. 2006).
La distribution spatiale de ces toiles O/B/WR prsente une rupture nette : elles ne sont
pas observes moins de 0, 8 seconde dangle de la source ponctuelle Sgr A* (Bartko et al.
2010).
Ces toiles pourraient stre formes sur place par fragmentation dun disque daccr-
tion. Cette hypothse est soutenue par des considrations thoriques qui ont prdit, bien
avant lobservation des toiles de lamas nuclaire galactique, lexistence sous certaines
conditions de formation dtoiles dans les disques daccrtion (Paczynski 1978). Il est aussi
envisageables que ces toiles aient t formes dans un amas dtoiles plus loign de lobjet
central, qui aurait spiral vers le centre sous leet de la friction dynamique, et aurait -
nalement t fragment par les forces de mares au voisinage du trou noir (Gerhard 2001).
La dicult que rencontre ce modle est que les forces de mares risquent de fragmen-
ter lamas avant quil natteigne lextrme centre galactique. Toutefois, on peut envisager
quun trou noir de masse intermdiaire au cur de lamas puisse lutter contre ces eets
de mares et permettre de conserver la stabilit de lamas susamment longtemps. Cette
hypothse est appuye par des observations rcentes suggrant lexistence dun trou noir
de masse intermdiaire au cur de la source IRS13E (Schdel et al. 2005). On trouvera
une discussion de toutes ces questions dans Alexander (2005) et Genzel et al. (2010).
Plus surprenant encore, Eckart et al. (1995) ont dcouvert un amas dense dtoiles
faibles (m
K
16) principalement de type B occupant la seconde dangle centrale, sans
rupture de distribution spatiale observe jusqu Sgr A*. Il sagit de lamas S (voir la
Fig 3.2), constitu des toiles les plus proches du trou noir observables lheure actuelle.
Contrairement aux toiles O/B/WR plus lointaines qui sont rparties dans des disques, les
toiles de lamas S sont rparties de faon isotrope (Ghez et al. 2005). Les observations
rcentes des positions et mouvements propres de ces toiles trs proches de la source Sgr A*
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3.1. UN BREF APERU DU PARSEC CENTRAL DE LA GALAXIE 51
Figure 3.1 Image radio (source : Kassim et al. 1999) du degr central ( 100 pc) faisant
apparatre le complexe central Sgr A, les rgions HII Sgr B1 et Sgr C, le nuage molculaire
gant Sgr B2, des restes de supernovae (SNR) ainsi que des structures lamentaires traant
les lignes du champ magntique central. Lencart de droite (source : Bagano et al. 2003)
est un schma des quelques parsecs centraux.
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Figure 3.2 Lamas dtoiles S occupant la seconde dangle centrale du centre galactique.
Source : Gillessen et al. (2009).
ont permis de contraindre la distance au centre galactique (R
0
), la masse (M
bh
) et le
mouvement propre de lobjet central avec une prcision ingale : R
0
= 8,0 0,6 kpc,
M
bh
= 4,1 0,6 10
6
M
et un mouvement propre nul lincertitude de 30 km s

1
prs (Ghez et al. 2008) ; R
0
= 8,33 0,35 kpc, M
bh
= 4,31 0,36 10
6
M
(Gillessen et al.
2009). Signalons que lerreur sur la masse dans ces ajustements est compltement domine
par limpact de lerreur sur la distance (voir la discussion ce propos dans Gillessen et al.
2009). Ceci est d au fait que la contrainte sur la masse provient (via les lois de Kepler)
de contraintes sur le demi grand axe des orbites, dont la distance physique est dduite des
mesures angulaires sur le ciel via la distance au centre galactique. Les erreurs sur R
0
et
M
bh
sont donc fortement corrles.
Ces toiles S constituent donc une sonde idale des proprits de lobjet compact central
Sgr A*.
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3.2. SAGITTARIUS A* 53
3.2 Sagittarius A*
3.2.1 Un trou noir au centre de la Galaxie ?
Lhypothse de lexistence dun trou noir au centre de la Galaxie a t mise pour
la premire fois par Lynden-Bell & Rees (1971), sinspirant de la dcouverte rcente des
quasars et du mcanisme qui avait t propos pour expliquer ces phnomnes : laccrtion
par un trou noir supermassif. Balick & Brown (1974) dcouvrent peu aprs lexistence
dune source compacte radio au centre de la Galaxie, qui sera nomme Sgr A* par Brown
(1982) pour la direncier du complexe plus tendu Sgr A. Des mesures de vitesse radiale
du gaz ionis proximit du centre galactique (Wollman et al. 1977) ont ensuite permis, via
lutilisation du thorme du viriel, dinfrer la prsence dune masse de quelques millions
de masses solaires dans le parsec central.
Grce ltude de la population stellaire connue lpoque dans lamas nuclaire,
Genzel et al. (1996) ont conclu que le centre galactique tait constitu dune masse centrale
de 3,010
6
M
et dun amas stellaire de 1,010

6
M
.
Lexistence dune source centrale compacte a t corrobore par les mesures de mouve-
ments propres des toiles (Eckart & Genzel 1997; Ghez et al. 1998). Mais les arguments les
plus dterminants en faveur dun trou noir ont t apports par ltude de lacclration
des toiles S, et surtout par lobservation de lorbite complte de ltoile S2, dont la priode
est dapproximativement 15 ans, et qui passe son priastre seulement 1400 rayons de
Schwarzschild pour un trou noir de quatre millions de masses solaires (Ghez et al. 2000;
Schdel et al. 2002). Les travaux les plus rcents prcdemment cits (Ghez et al. 2008; Gil-
lessen et al. 2009) ont conrm eux aussi laccord parfait des observations avec la prsence
dun trou noir supermassif.
Il faut toutefois noter que ces tests observationnels sourent de quelques limitations.
Tout dabord, ltoile S2 tait plus brillante que dhabitude lors de son passage au p-
riastre en 2002, ce qui laisse supposer quelle pouvait tre alors superpose une autre
toile plus faible, perturbant ainsi les mesures astromtriques. Pour tenir compte de ce
problme, Ghez et al. (2008) nont pas tenu compte de ce point dobservation dans leur
ajustement, et Gillessen et al. (2009) lui ont attribu un poids plus faible. Ceci est prju-
diciable puisque cest prcisment au priastre que ltoile est la plus aecte par lobjet
central. Par ailleurs, le mouvement propre de Sgr A* nest pas parfaitement connu, ce qui
entrane une source derreur supplmentaire dans les ajustements.
De plus, il est important de garder en tte que ces observations nont sond le potentiel
central que jusqu une distance de lordre de 1400 rayons de Schwarzschild (avec les
restrictions du paragraphe prcdent). Il est donc tout fait possible que des observations
de phnomnes plus proches du centre contredisent lhypothse du trou noir, en privilgiant
un autre type dobjet qui serait trs semblable un trou noir grande distance.
Par ailleurs, lobservation par interfromtrie trs longue base (VLBI) a permis rcem-
ment de contraindre la taille de la rgion mettrice 1,3 mm seulement 37
+16
10
(3) as (Doe-
leman et al. 2008), valeur particulirement impressionnante si on se souvient que la taille
angulaire du rayon de Schwarzschild dun trou noir de quatre millions de masses solaires
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au centre de la Galaxie vaut 10 as 8 kpc. Cette valeur nest que trs marginalement
en accord avec la taille de la silhouette
1
du trou noir qui varie entre 45 et 50 as selon la
valeur du spin. Cependant, il est probable que lmission dtecte ne concide pas avec la
source Sgr A*, mais soit mise dans son voisinage, par exemple dans un disque daccrtion
ou dans un jet.
Enn, Broderick et al. (2009b) ont montr que, tenant compte des observations ralises
jusqualors, et en imaginant que Sgr A* est dot dune surface mettant un rayonnement
de corps noir, on aboutit une contradiction. Ils en concluent quil ne peut exister de
surface, ce qui est un argument fort en faveur de lexistence dun horizon des vnements.
Cependant, il convient de garder en tte les limites des arguments en faveur de lexistence
dun horizon des vnements, mis en lumire dans Abramowicz et al. (2002).
3.2.2 Alternatives au trou noir
Un amas sombre dtoiles faibles ou de rsidus stellaires
On peut imaginer que le centre galactique ne contienne pas de trou noir supermassif
mais soit constitu dun amas sombre trs dense dtoiles faibles et de rsidus stellaires
(toiles neutrons, trous noirs stellaires).
En tudiant lorbite de ltoile S2, Schdel et al. (2002) ont montr, en supposant un
prol de Plummer
2
pour la densit, que la densit centrale de lamas devrait alors atteindre
10
17
M
pc
3
.
Un tel amas ne sera stable que si ses constituants ne svaporent pas (cest--dire, ne
schappent pas de lamas sous leet de dexion gravitationnelle des autres constituants
de lamas) et si lamas nest pas dtruit par les collisions entre ses constituants. Maoz
(1998) montre que le temps caractristique de stabilit dun amas soumis ces deux seuls
eets (qui sont les eets dominants prendre en compte pour ltude de la stabilit de
lamas) avec la densit centrale tablie plus haut nest que de quelques 10
5
ans, dure bien
trop courte pour tre envisageable, les toiles S ayant une dure de vie suprieure.
Une boule de fermions
Viollier et al. (1993) ont propos dexpliquer les masses compactes observes aux centres
des galaxies par des boules de fermions massifs (dont la masse tait initialement propose
de lordre de 17 keV). Ces fermions pourraient tre des neutrinos striles, des axinos ou des
gravitinos, dont les masses supposes varient selon les modles de 1 keV 100 GeV (Mu-
1. On rappelle que la silhouette dun trou noir est la zone dombre qui lentoure en projection sur le
ciel. Cette zone est plus grande que la taille angulaire de lhorizon des vnements car les rayons lumineux
qui passent susamment prs de lhorizon sont courbs tel point quils nissent par tomber dans le trou
noir. Voir par exemple Broderick & Narayan (2006).
2. cest--dire un prol de densit en (r) =
0
_
1 +
r
2
r
2
c
_
5
2
avec
0
=
3M
4r
3
c
, r
c
tant un paramtre
xant le rayon de lamas et M tant la masse totale de lamas.
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nyaneza & Viollier 2002). Ces structures compensent lattraction gravitationnelle par la
pression de dgnrescence des fermions qui empche lobjet de seondrer en trou noir.
Munyaneza & Viollier (2002) ont spciquement tudi les orbites des toiles S1 et S2
du centre galactique et ont montr que les mesures obtenues jusqualors taient en accord
avec leur modle dune boule de fermions massifs de 17 keV.
Cependant, les mesures de mouvement propre les plus contraignantes sur ltoile S2 (Sch-
del et al. 2002) (qui approche 125 UA de Sgr A* 600 km/s) et sur ltoile
3
S0-16
(S14) (Ghez et al. 2005) ( qui approche 45 UA de Sgr A* une vitesse de 12000 km/s)
ont impos une modication du modle, repoussant la masse de lhypothtique fermion
massif 76 keV (Bilic et al. 2003). De plus, les objets compacts les plus massifs (> 10
8
M
)
ne peuvent pas tre expliqus par ce nouveau modle.
Un gravastar
Mazur & Mottola (2004) sappuient sur des dicults rencontres lorsque lon tente de
traiter un trou noir de Schwarzschild de faon semi-classique (au sens de semi-quantique)
pour justier la recherche dune solution aux quations dEinstein ayant une compacit
proche de celle des trous noirs, tout en vitant lapparition dun horizon des vnements
et celle de la singularit centrale. Ces auteurs proposent un modle symtrie sphrique
constitu de deux couches (le cur et la crote) et de deux zones de transition inniment
minces (entre le cur et la crote, et entre la crote et lextrieur). La Fig. 3.3 reprsente
ce modle.
Le cur est constitu dun vide dot dune quation dtat de type nergie noire
p = = cst. La mtrique y est celle dun espacetemps de de Sitter, qui scrit en
coordonnes statiques (t, r, , ) (voir par exemple Gourgoulhon 2010c, o lon trouvera
une tude dtaille de lespacetemps de de Sitter) :
ds
2
=
_
1 b
2
r
2
_
dt
2
+
dr
2
1 b
2
r
2
+ r
2
d
2
(3.1)
o b
2
= 8 /3 est une constante et d
2
= d
2
+ sin
2
d
2
.
La crote est forme dun uide parfait dont lquation dtat est extrme p = , la
vitesse du son y tant gale la vitesse de la lumire. Une transition de phase a lieu dans
cette rgion, qui conduit un changement de valeur de la constante cosmologique entre
lextrieur et le cur du gravastar, et permet dempcher lapparition dun horizon des
vnements.
Lextrieur est raccord la solution du vide de Schwarzschild.
Enn, les deux interfaces sont caractrises par la prsence de discontinuits des coef-
cients mtriques et des grandeurs hydrodynamiques.
On peut dsormais comprendre ltymologie du nom de cette structure : GRAvitationnal
VAcuum STAR.
3. Les direntes quipes travaillant sur le centre galactique nutilisant pas toutes la mme terminologie,
une mme toile peut tre connue sous plusieurs noms dirents. Par exemple la source S0-16 est la mme
que la source S14.
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Figure 3.3 Schma dun gravastar dans le modle original de Mazur & Mottola (2004).
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Bien quil vite davoir recours un horizon des vnements et une singularit centrale,
on constate que le modle du gravastar fait appel des concepts physiques qui ne sont pas
forcment plus satisfaisants : cur dnergie noire dont la nature est inconnue, discontinuit
des grandeurs physiques, transition de phase dans la crote faisant appel une physique
semi-quantique qui ne dispose pas encore dun soubassement thorique stable.
Cependant, ce modle reste une des alternatives aux trous noirs les plus srieuses, qui
mrite dtre prise en compte, en particulier en ce qui concerne la nature de lobjet compact
concidant avec la source Sgr A*.
Une toile bosonique
Le modle de ltoile bosonique a t dvelopp par Feinblum & McKinley (1968); Kaup
(1968); Runi & Bonazzola (1969). Pour une introduction claire et succincte au formalisme
de base on pourra consulter Sharma et al. (2008).
On considre une assemble de bosons de spin 0 dont on tudie lvolution sous leet
de leur propre gravitation. Les quations rgissant lvolution de ce systme sont donc les
quations dEinstein qui permettent de dterminer la mtrique de lespacetemps (le ct
droit des quations dEinstein ntant plus gal zro, mais au tenseur nergie-impulsion
du champ scalaire associ aux bosons) et lquation de Klein-Gordon qui rgit lvolution
du champ scalaire :
R

1
2
Rg
= 8 T
, (3.2)
T
_
1
2
g
+ V ([[
2
)
_
,
_
+ m
2
_
= 0
o V ([[
2
) reprsente le potentiel dauto-interaction du champ, m la masse de chaque
boson et est loprateur dAlembertien associ la mtrique.
An de rsoudre ce systme dquations (en symtrie sphrique), il faut dterminer le
potentiel V , la masse des bosons m et les conditions aux limites. Celles-ci sont choisies en
demandant que la mtrique se raccorde la mtrique de Schwarzschild (dont la constante
M sera interprte comme la masse totale de ltoile bosonique) une certaine valeur de
la coordonne radiale R qui sera interprte comme le rayon de ltoile.
Le modle initial (Runi & Bonazzola 1969) considrait des bosons sans auto-interaction
V ([[
2
) =
1
2
m
2
[[
2
. Il sensuit alors une masse totale trop faible pour permettre aux toiles
bosoniques daccder au statut dalternative plausible aux objets compacts supermassifs.
Cependant, la motivation astrophysique initiale de ltoile de bosons ntait pas celle-ci,
elle tait envisage comme candidat au titre de matire noire.
En introduisant un terme dinteraction au Lagrangien (usuellement pris quartique,
V ([[
2
) =
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2
m
2
[[
2
+
1
4
[[
4
), on constate alors quil est possible dobtenir des objets de
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masse comparable celle des toiles neutrons, et mme un spectre de masse allant jusqu
10
12
M
en fonction du potentiel considr (Colpi et al. 1986; Alcubierre et al. 2002). Il

est galement envisageable de considrer des toiles mixtes bosons-fermions (Henriques &
Mendes 2005), dotes dun spectre de masse trs large allant de 10
15
M
10
13
M
.
Torres et al. (2000) analysent en dtail lventualit que le centre galactique abrite une
toile bosonique plutt quun trou noir supermassif. Ils montrent que des observations du
disque daccrtion trs proche de lhorizon des vnements (dun ventuel trou noir de
Kerr, ltoile bosonique nayant pas dhorizon, pas plus que de surface solide) pourraient
contraindre la nature de lobjet central.
Du fait de leur assise thorique solide et de limportante littrature existant sur le
sujet, les toiles bosoniques apparaissent comme un candidat digne de considration au
titre dalternative au trou noir de Kerr.
3.3 Spectre dmission, disque daccrtion
Cette section vise prsenter succinctement le spectre dmission de la source Sgr A*
ainsi quune structure daccrtion qui permet de rendre compte de ses caractristiques
observationnelles.
3.3.1 Spectre dmission
On ne sintresse ici qu lmission de la source Sgr A* ltat passif, cest--dire
lorsquelle nest pas soumise un sursaut de rayonnement (voir section 10.1).
La luminosit bolomtrique L
Sgr A
de Sgr A* est extrmement sub-Eddington (voir
par exemple Genzel et al. 2010)
4
:
L
Sgr A
10
36
erg s
1
10
8,5
L
Eddington
. (3.3)
La Fig. 3.4 reprsente le spectre dmission de Sgr A*
5
. On constate que le ux
observ crot avec la frquence, jusqu un maximum au niveau des longueurs donde
sub-millimtriques (on parle en anglais de submillimetric bump) environ 5 10
35
erg s
1
.
Le ux diminue ensuite brutalement au niveau de linfrarouge moyen, o seules des li-
mites suprieures sont fournies par les observations (reprsentes sur la Fig. 3.4 par des
ches verticales diriges vers le bas). En infrarouge proche, Sgr A* est dtect environ
3 10
34
erg s
1
(Do et al. 2009; Dodds-Eden et al. 2011). Sgr A* est de nouveau dtect en
4. On rappelle que la luminosit dEddington correspond la luminosit entranant une pression radia-
tive (quivalente une force dirige vers lextrieur) capable dquilibrer la force gravitationnelle (dirige
vers lintrieur).
5. Pour la bonne comprhension de cette gure, on rappelle que le rayonnement Bremsstrahlung est le
rayonnement gnr lors de la dexion dune charge dans le champ lectrique cr par une autre charge ;
le rayonnement synchrotron est le rayonnement mis par une charge voluant dans un champ magntique ;
leet Compton inverse consiste en la diusion dun photon par une particule, le photon gagnant de lnergie
aux dpens de la particule lors de linteraction.
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3.3. SPECTRE DMISSION, DISQUE DACCRTION 59
Figure 3.4 Spectre de Sgr A* ltat passif (sans sursaut de rayonnement). Les donnes,
en couleur, proviennent de divers auteurs dont on trouvera les rfrences dans Genzel
et al. (2010). Les spectres modliss proviennent du modle de Yuan et al. (2003) : en
tirets courts, lmission synchrotron dlectrons thermiques ; en tirets longs, la diusion
Compton inverse des photons mis par synchrotron sur les lectrons thermiques ; en tirets-
points, lmission synchrotron dune population non-thermique dlectrons ; en pointills,
lmission Bremsstrahlung des rgions externes de la structure daccrtion. Source : Genzel
et al. (2010)
rayons X environ 2 10
33
erg s
1
(Xu et al. 2006). plus haute frquence, la faible rsolu-
tion angulaire permet dicilement de distinguer Sgr A* de son environnement, ce qui peut
entraner des rsultats dobservation contradictoires (Aharonian et al. 2004; Albert et al.
2006).
3.3.2 Structure daccrtion
Aucune observation directe dun hypothtique disque daccrtion autour de Sgr A* na
t ralise lheure actuelle. La taille caractristique dun tel disque dans les longueurs
dondes radio est limite r
disque
1 UA (Shen 2008).
Une structure daccrtion trs plausible lheure actuelle et permettant de rendre
compte de ces rsultats observationnels est le modle ADAF (pour advection domina-
ted accretion ow, Narayan & Yi 1994) et plus particulirement la version plus rcente
dveloppe par Yuan et al. (2003) spciquement pour Sgr A*, connue sous le nom de
RIAF (pour radiatively inecient accretion ow - les RIAF tant donc une sous-classe
des ADAF).
Le modle standard du disque mince daccrtion (Shakura & Sunyaev 1973) ne peut
tre appliqu ici, car la luminosit prdite par ce type de modle appliqu au cas de Sgr A*
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donne une luminosit bolomtrique de lordre de 10
41
erg s
1
(Yuan 2010), bien suprieure
la luminosit observe.
Le modle ADAF, au contraire, est caractris par des luminosits beaucoup plus faibles.
Ceci est d au fait que les lectrons sont beaucoup plus chauds et ne se refroidissent par
rayonnement que trs inecacement. Lnergie est donc stocke sous forme thermique
lintrieur du disque, plutt que rayonne lextrieur.
Le modle RIAF dvelopp par Yuan et al. (2003) permet de rendre parfaitement
compte des observations, comme on la dj observ sur la Fig. 3.4. Les missions radio
infrarouge ont leur origine prs du trou noir, de quelques rayons de Schwarzschild (R
S
)
jusqu 100 R
S
typiquement. Lmission en rayons X seectue plus loin de lobjet compact,
typiquement 10
5
R
S
(Xu et al. 2006).
Signalons, an de complter cette image de lhypothtique disque daccrtion entourant
Sgr A*, ltude de Cuadra et al. (2005) examinant lvolution des vents stellaires accrts
proximit du trou noir. Selon ce modle, le disque daccrtion rsultant serait cr continuel-
lement par jection de masse stellaire des toiles environnantes, et pourrait tre galement
rgulirement dtruit, en particulier lors dexplosions de supernovae susamment proches.
Enn, prcisons que le modle RIAF voqu ci-dessus nest pas la seule tentative pour
expliquer le spectre de Sgr A* ltat passif. On peut en particulier citer le modle du
jet permanent (Falcke & Marko 2000), capable galement de rendre compte de faon trs
satisfaisante des observations.
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Chapitre 4
Linstrument GRAVITY
Sommaire
4.1 Description succincte de linstrument . . . . . . . . . . . . . . 61
4.1.1 Concept instrumental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
4.1.2 Performances vises pour linstrument . . . . . . . . . . . . . . . 64
4.2 Les cas scientiques de GRAVITY . . . . . . . . . . . . . . . . 64
4.2.1 Le centre galactique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
4.2.2 Autres cas scientiques de linstrument . . . . . . . . . . . . . . . 65
4.1 Description succincte de linstrument
4.1.1 Concept instrumental
GRAVITY est un recombinateur de faisceaux qui permettra de combiner la lumire
dans linfrarouge proche issue des quatre tlescopes principaux de 8 m, ou des tlescopes
auxiliaires de 1,8 m du Very Large Telescope (VLT) Paranal, au Chili. Sa premire lumire
astrophysique aura lieu en 2014.
Linstrument est compos de trois parties distinctes : le recombinateur lui-mme qui
sera install dans le laboratoire de linterfromtre du VLT (le Very Large Telescope Inter-
ferometer - VLTI), un systme doptique adaptative infrarouge pour chaque tlescope, et
un systme de mtrologie laser qui calculera prcisment les dirences de marche entre les
direntes voies de linstrument. La Fig. 4.1 reprsente les quatre tlescopes principaux du
VLT ainsi que le recombinateur de faisceaux et lun des systmes doptique adaptative. La
Fig. 4.2 schmatise les grandes lignes du concept de linstrument, qui vont tre prsentes
de faon succincte dans la suite de cette section.
Pour une prsentation plus dtaille de linstrument, on pourra consulter Eisenhauer
et al. (2008); Gillessen et al. (2010); Eisenhauer et al. (2011).
On considre dans ce qui suit une observation du centre galactique. La prsentation qui
suit est illustre pas pas sur la Fig. 4.2.
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62 CHAPITRE 4. LINSTRUMENT GRAVITY
Figure 4.1 Les quatre tlescopes principaux du Very Large Telescope (VLT) Paranal
au Chili. Le recombinateur de faisceaux de GRAVITY est reprsent dans lencart central,
il sera situ dans la salle de contrle du VLTI. Lencart de gauche reprsente lun des quatre
analyseurs de front donde de linstrument. Source : Eisenhauer et al. (2011)
Figure 4.2 Design de linstrument GRAVITY. Les dirents lments apparaissant dans
ce schma sont prsents dans le texte. Source : Eisenhauer et al. (2011)
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4.1. DESCRIPTION SUCCINCTE DE LINSTRUMENT 63
Linstrument va observer en permanence trois sources simultanment. On distingue :
la voie scientique (constitue par exemple dune source en orbite proche autour du trou
noir), la voie doptique adaptative (constitue de ltoile IRS 7) qui permettra de corriger
la distorsion du front donde gnre par latmosphre, et la voie de rfrence de phase
(constitue de ltoile IRS 16C) qui sera ncessaire pour la mesure prcise de la phase de
la gure dinterfrence.
Le faisceau doptique adaptative est spar des deux autres grce au sparateur dtoiles
de linstrument PRIMA (Delplancke et al. 2004). Il est ensuite dirig vers lanalyseur de
front donde qui permet deectuer la boucle de correction du front donde grce au miroir
dformable de MACAO (dj en place au VLT), la mme correction tant applique aux
deux autres voies.
Les voies scientique et de rfrence de phase sont achemines dans les lignes retard du
VLTI qui permettent dgaliser les chemins optiques parcourus par les faisceaux issus des
dirents tlescopes. Arrivant au recombinateur de faisceaux, elles sont introduites dans
des bres monomodes, qui ont un champ de vue gaussien de largeur mi-hauteur gale
environ 60 mas (cette largeur mi-hauteur vaut prcisment /D o est la longueur
donde du rayonnement et D le diamtre dun tlescope).
A ce stade, les fronts donde arrivant en entre du recombinateur sont plans (grce
loptique adaptative qui a corrig les distorsions atmosphriques) mais sont aects par une
certaine dirence de marche direntielle entre les tlescopes : le piston atmosphrique
prsent dans la section 2.2.4. Cest la correction de ce piston que va servir la voie de
rfrence de phase.
Une fois les faisceaux des voies scientique et de rfrence de phase recombins, on
obtient aprs dispersion par un prisme la gure dinterfrence. Comme on la vu dans la
section 2.2.4, leet du piston atmosphrique est de faire varier la cadence de la turbulence
atmosphrique (typiquement =10 ms) la position du maximum de la gure dinterfrence.
Il est donc impossible dintgrer pendant un temps suprieur , ce qui a pour consquence
limpossibilit dobserver quoi que ce soit sur la voie scientique, trop faible pour permettre
dobtenir un signal en un temps dintgration si faible. Cependant, la voie de rfrence de
phase tant nettement plus brillante, il est possible de dtecter les franges dinterfrence
mme sur une aussi courte dure. On peut alors corriger les eets du piston atmosphrique
en astreignant la gure dinterfrence de la voie de rfrence une position xe via une
correction en temps rel : cest le rle du suiveur de frange (Choquet et al. 2010) qui permet
de corriger la part de chemin optique due au piston en agissant sur la position dun miroir
(voir la che OPD control sur le schma 4.2) commun la voie de rfrence et la voie
scientique. On peut ainsi observer la gure dinterfrence de lobjet scientique dintrt.
Par ailleurs, la position de la gure dinterfrence de la voie scientique va tre dcale
par rapport celle de la voie de rfrence de phase tant donn que les deux sources sont
loignes dune certaine distance angulaire sur le ciel. Ainsi, si on appelle S
sc
et S
ref
les
vecteurs position sur le ciel des sources scientique et de rfrence, B le vecteur joignant
les deux tlescopes, et si S = S
sc
S
ref
, alors les rseaux de franges des deux voies
seront spars dune dirence de marche de S B. La connaissance prcise de cette
dirence de marche direntielle entre les voies scientique et de rfrence est permise par
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le laser de mtrologie (metrology laser
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sur la Fig. 4.2). Ce laser est envoy en remontant
tout le chemin optique, travers la voie scientique et la voie de rfrence, partir du
recombinateur jusquau miroir secondaire de chaque tlescope. Une gure dinterfrence
est alors produite sur ce miroir, qui permet de dduire la dirence de marche direntielle
entre les deux voies (dOPD control sur le schma 4.2). On est ainsi en mesure de dterminer
le zro de dirence de marche de la voie scientique, qui est maintenue cette position
au moyen de la compression ou de ltirement dune ligne retard bre (le Fiber coupler
indiqu sur le schma 4.2 injecte la lumire provenant de chacune des deux voies dans sa
ligne retard bre).
A ce stade, la gure dinterfrence de la voie scientique est stabilise (grce au suiveur
de frange) et le zro de dirence de marche est connu (grce la mtrologie). On peut
donc dterminer les observables interfromtriques de lobjet dtude que sont le contraste
des franges et la phase.
4.1.2 Performances vises pour linstrument
Pour les cas scientiques qui nous intresseront dans la suite, la principale performance
de GRAVITY est sa prcision astromtrique de 10 as sur une source scientique de ma-
gnitude en bande K m
K
= 15 pour un temps dintgration de 5 minutes, cette prcision
devant rester stable pendant plusieurs heures.
Il faut sattarder un instant sur cette valeur : 10 as reprsente la taille angulaire dune
pice de 1e sur la Lune observe depuis la Terre... Plus scientiquement, cest prcisment
la taille angulaire de lhorizon des vnements du trou noir central de la Galaxie, Sgr A*.
Ainsi, GRAVITY permettra de suivre des phnomnes dynamiques dune taille com-
parable lhorizon du trou noir central, avec un temps dintgration de quelques minutes
seulement.
4.2 Les cas scientiques de GRAVITY
4.2.1 Le centre galactique
Lanalyse de la population stellaire du centre galactique (Genzel et al. 2003b; Paumard
et al. 2006), extrapole au 60 mas centrales (correspondant au diamtre du champ de vue
gaussien de GRAVITY), permet de prdire le nombre dtoiles que linstrument pourra
observer. La Fig. 7 de Genzel et al. (2003b) permet dextrapoler une densit numrique
denviron 80 toiles vriant 10 < m
K
< 17 par seconde dangle au carr ayant une distance
au centre infrieure 30 mas (cest--dire, dans le champ de vue de GRAVITY). Il y a
donc 80 0.03
2
0.2 toile dans le champ de vue de linstrument, soit moins dune
toile continment dtectable. Cependant, comme la densit numrique augmente lorsque
1. Ce laser de mtrologie ne doit pas tre confondu avec le laser de guidage (laser guiding system sur
la Fig. 4.2) qui permet de corriger les perturbations du front donde induites par le VLTI lui-mme.
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4.2. LES CAS SCIENTIFIQUES DE GRAVITY 65
le rayon diminue, on pourra dtecter davantage dtoiles moins brillantes, soit m
K
> 17,
mais ceci demandera un plus long temps dintgration.
On a vu dans la section 3.2 que ltoile S2, trs proche du trou noir (125 UA au p-
riastre), a une priode dune quinzaine dannes. Les nouvelles toiles faibles qui seront trs
probablement dtectes par GRAVITY auront une priode de lordre de lanne, permet-
tant de mettre en lumire la prcession relativiste de Schwarzschild du priastre de leurs
orbites (Paumard et al. 2008; Gillessen et al. 2010).
Par ailleurs, la meilleure prcision que permettra GRAVITY sur les mouvements propres
et les acclrations des toiles du centre galactique, et de ce fait sur leurs lments orbitaux,
permettra probablement de faire progresser le dbat sur la formation des toiles aux abords
du trou noir central qui a t prsent dans la section 3.1.
De plus, la source Sgr A* prsente des sursauts intenses de rayonnement en sub-
millimtrique, infrarouge et en rayons X. Dans linfrarouge proche, ces vnements sont
observables statistiquement une deux fois par jour (voir la section 10.1), durent une
deux heures, et prsentent une pseudo-priode de lordre de la vingtaine de minutes. La
physique sous-jacente ces vnements, et lexistence mme dune pseudo-priode, sont trs
dbattues et aucun consensus na encore merg, comme on le verra dans la section 10.1.
Il est possible que ces phnomnes soient dus une boule dlectrons chaus par recon-
nexion magntique dans un disque daccrtion entourant le trou noir, et qui orbiterait sur
une orbite proche de lISCO : cest le cadre propos par le modle dit du point chaud. Avec
sa prcision astromtrique de lordre de la taille angulaire du rayon de Schwarzschild du
trou noir, GRAVITY est linstrument idal pour mettre lpreuve ce modle : on verra
dans le chapitre 10 que linstrument pourra tre utilis pour contraindre le mouvement
dun ventuel point chaud.
4.2.2 Autres cas scientiques de linstrument
On se reportera Gillessen et al. (2010) pour une description plus dtaille des cas
scientiques en dehors du centre galactique.
GRAVITY ne se limitera pas ltude du centre de notre Galaxie. Sa prcision astro-
mtrique permettra dtudier les noyaux actifs des galaxies situes moins de 20 Mpc
des chelles de lordre de 0,5 pc, permettant de sonder les rgions les plus internes des
galaxies proches.
Linstrument permettra galement dtudier le mouvement et lacclration des toiles
dans certains amas globulaires de la Galaxie, permettant de mettre lpreuve lhypothse
que leur centre abrite un trou noir de masse intermdiaire (de 10
2
10
4
M
).
GRAVITY permettra dtudier les disques circumstellaires, berceaux des plantes en
formation. Linstrument permettra davoir accs des chelles inexplores jusqu mainte-
nant dans cette sorte dobjet, atteignant lchelle de lunit astronomique pour les objets
stellaires jeunes les plus proches (Eisenhauer et al. 2011).
Enn, GRAVITY sera capable de mettre en lumire la uctuation de position du pho-
tocentre dune toile lors du passage dune plante devant la ligne de vise. Linstrument
pourra donc galement tre utilis pour la recherche dexoplantes.
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Deuxime partie
Performance astromtrique de
linstrument GRAVITY
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Introduction
On a vu dans le chapitre 4 que la prcision astromtrique vise pour linstrument
GRAVITY est de 10 as, cest--dire la taille angulaire de lhorizon des vnements du
trou noir central de la Galaxie, Sgr A*.
Cette partie vise dmontrer que cet objectif ambitieux est ralisable, et que les ca-
ractristiques de linstrument lui permettront de latteindre en faisant appel un mode
dutilisation particulier de linstrument, le mode imageur.
Le chapitre 5, aprs avoir rappel la mthode de dtection astromtrique la plus clas-
sique lheure actuelle en interfromtrie, va prsenter les caractristiques de lastromtrie
en mode imageur et les avantages qui en dcoulent. Le recours la reconstruction dimage
induit lapparition de bruits particuliers qui seront dcrits dans la suite. On dcrira enn
lalgorithme suivi pour simuler lacquisition des observables interfromtriques, reconstruire
une image, et en dduire linformation astromtrique.
Le chapitre 6 a pour but de dterminer la prcision astromtrique de linstrument
GRAVITY en mode imageur en fonction des caractristiques du champ de vue considr.
On va sintresser plus particulirement la prcision astromtrique obtenue en fonction
du nombre de sources ponctuelles prsentes et de leur magnitude intgre sur le champ de
vue. Ces rsultats sont importants pour les perspectives dobservations des populations
stellaires les plus proches du trou noir central, qui pourront servir de sondes pour certains
eets relativistes (voir ce propos Paumard et al. 2008; Will 2008).
On va ensuite tudier la prcision astromtrique dont linstrument est capable lorsque le
champ de vue est constitu dune source mobile et de magnitude variable. Le cas scientique
en perspective est ltude des sursauts de rayonnement du trou noir central qui ont t
prsents succinctement au chapitre 4 et qui seront tudis en dtail au chapitre 10. Si
ces vnements sont dus de la matire en orbite trs serre autour de Sgr A*, comme
le propose le modle dit du point chaud, ces sursauts constitueront une sonde idale des
proprits de lespacetemps au voisinage immdiat dun trou noir supermassif. Il est donc
important de dterminer avec quelle prcision linstrument GRAVITY sera capable de
suivre lvolution de ces boues de rayonnement.
Les rsultats de cette partie ont t obtenus en collaboration avec Thibaut Paumard
(LESIA), Laurent Mugnier (ONERA), Frank Eisenhauer (MPE, Garching) et Stefan Gil-
lessen (MPE, Garching)
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Chapitre 5
Astromtrie en mode imageur
Sommaire
5.1 Mesure astromtrique en interfromtrie . . . . . . . . . . . . 71
5.1.1 Mthode classique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
5.1.2 Intrt du mode imageur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
5.2 Simulation du bruit instrumental induit par GRAVITY . . . 74
5.2.1 Bruit de dtection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
5.2.2 Fluctuations du rapport de Strehl . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
5.2.3 Bruits sur la visibilit complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
5.3 Simulation des donnes observationnelles . . . . . . . . . . . . 77
5.1 Mesure astromtrique en interfromtrie
5.1.1 Mthode classique
Considrons un interfromtre deux tlescopes observant deux sources. Lune de ces
sources (appele rfrence dans la suite) dnit une rfrence de position sur le ciel et on
souhaite dterminer la position relative de la deuxime source (dite astrophysique dans la
suite), suppose susamment proche pour tre aecte par latmosphre de la mme faon
que la source de rfrence (on dit alors que les deux sources sont dans le mme domaine
disoplantisme). La correction du front donde par optique adaptative permet dobtenir
une surface donde plane au niveau de chaque tlescope, mais les fronts dondes sont aects
dune certaine dirence de marche les uns par rapport aux autres. Cest leet de piston
atmosphrique illustr sur la Fig. 2.6. On a vu dans la section 2.2.4 que ce dcalage des
fronts donde en marche descalier a pour eet dintroduire un dcalage de la phase par
rapport la position du zro de dirence de marche (dnie par la position de la frange
centrale de la source de rfrence), que lon note
piston
.
De plus, la dirence de position angulaire des sources sur le ciel se traduit elle aussi par
une sparation des paquets dondes de la source de rfrence et de la source astrophysique.
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72 CHAPITRE 5. ASTROMTRIE EN MODE IMAGEUR
Figure 5.1 Mthode astromtrique standard en interfromtrie, illustre une dimen-
sion. On veut remonter lcart de position angulaire entre deux sources partir de lcart
entre leur gures dinterfrence. Lcart entre les phases des gures dinterfrence est reli
la dirence de marche (ddm)
ddm
entre les positions des maxima des interfrogrammes
par
geom
=
2

ddm
. Crdit : G. Perrin.
En eet, si lon note S
1
et S
2
les vecteurs position des deux sources sur le ciel, si S =
S
2
S
1
, et si B reprsente le vecteur de base joignant les deux tlescopes, lcart des
positions des gures dinterfrence des deux sources vrie :
geom
=
2
B S (5.1)
o est la longueur donde dobservation du rayonnement, que lon suppose ici monochro-
matique. La Fig. 5.1 illustre cette dernire quation.
La dirence totale, due au piston atmosphrique et la sparation angulaire des sources
est simplement la somme des deux contributions :
=
piston
+
2
B S (5.2)
Si lon est capable de mesurer cet cart de phase, on peut remonter la position relative
de la source astrophysique, aux bruits (de piston et de mesure) prs.
Cette mthode astromtrique dpend fortement de deux hypothses qui ont t faites
ici : les sources doivent tre ponctuelles et isoles. Que lune des sources soit tendue, ou que
dautres sources soient prsentes dans le champ de vue de linstrument, le terme de phase
ne sera plus aussi simple que ce que lon a dvelopp dans ce qui prcde. En particulier, si
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5.1. MESURE ASTROMTRIQUE EN INTERFROMTRIE 73
la source de rfrence est tendue, la phase intrinsque de la source de rfrence risque de
ne plus tre nulle, ce qui fausse la dtermination du point de dirence de marche nulle.
De plus, mme dans le cadre de lhypothse de sources ponctuelles et isoles, on peut
imaginer que lune des sources, bien que xe, voit son intensit varier, ce qui se traduira par
une variation du photocentre du champ de vue, et par la dtection dun signal astromtrique
alors mme quaucun mouvement na eu lieu. On peut mme imaginer un cas extrme
pour lequel un mouvement rel ne serait pas mesurable, pour peu que le photocentre reste
immobile : cest le cas pour une binaire parfaitement quilibre par exemple.
Dans ces cas plus complexes, la mthode standard dcrite schmatiquement dans ce
qui prcde peut tout de mme tre utilise, en faisant appel un ajustement de modle
an de dterminer le modle le plus vraisemblable compte tenu des donnes observes.
Cependant, si le champ de vue est complexe, le modle imposera de nombreux paramtres
quil sera dicile de contraindre en mme temps.
Il est de ce fait intressant dtudier une mthode astromtrique qui puisse faire lco-
nomie du recours un ajustement, ou du moins qui limite la part du recours a la priori.
5.1.2 Intrt du mode imageur
On peut faire lconomie du postulat dun modle en utilisant un interfromtre en mode
imageur. Pour ce faire, on veut reconstruire une image du champ de vue observ partir
des visibilits complexes mesures. Cette transformation se fait en utilisant le thorme
de Zernicke - van Cittert (Eq. 2.9) qui relie les visibilits complexes la transforme de
Fourier de limage observe : on na donc jamais besoin de faire appel une connaissance
a priori du milieu tudi.
Cette proprit est particulirement intressante si lon se souvient que lenvironnement
proche de Sgr A* est probablement complexe : un modle adapt, dpendant dun certain
nombre de paramtres, pourrait tre dicile dterminer.
Cependant, lalgorithme de reconstruction dimage qui va tre utilis dans la suite,
CLEAN (Hgbom 1974), est fond sur lhypothse dun champ de vue constitu dun
petit nombre de sources ponctuelles. Hors de ce contexte, lalgorithme ne permet plus de
reconstruire proprement limage. Les rsultats qui suivent sont donc fonds sur lhypothse
implicite que le champ de vue est susamment simple pour que CLEAN puisse tre utilis.
Lutilisation du mode imageur pour des cas plus complexes ncessiterait de faire appel
des algorithmes nettement plus volus (voir les algorithmes de reconstruction dimage
MIRA et WISARD, Thibaut 2008; Meimon et al. 2008) qui ne seront pas utiliss dans
ce chapitre. Ces algorithmes pouvant faire appel certaines connaissances a priori sur le
champ de vue pour rgulariser la reconstruction, il peut sembler que lon perd alors lintrt
principal du mode imageur. Pourtant, la connaissance a priori utilise par les algorithmes de
reconstruction dimage est nettement moins contraignante que celle qui est injecte dans un
ajustement de modle. Pour une comparaison des ajustements de modle avec lutilisation
dalgorithmes de reconstruction dimage, on pourra consulter Le Besnerais et al. (2008).
Ce chapitre et le suivant se proposent de dmontrer que le mode imageur de linstru-
ment GRAVITY (voir chapitre 4), dans la limite dun champ de vue compos de sources
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ponctuelles et peu nombreuses, permet dobtenir une prcision astromtrique scientique-
ment signicative dans la perspective dune utilisation en vue de tester des phnomnes
gravitationnels en champ fort au voisinage du trou noir central Sgr A* (voir chapitre 10).
5.2 Simulation du bruit instrumental induit par GRA-
VITY
Le recours au mode imageur dun instrument tel que GRAVITY donne naissance des
bruits dorigines diverses qui vont aecter la prcision de la mesure astromtrique. Cette
section prsente ces direntes sources de bruits.
Commenons par dcrire la mesure des visibilits complexes en labsence de bruit de
mesure.
On appelle V
obj
et
obj
les visibilit et phase intrinsques dun objet astrophysique
observ par linstrument (par exemple, une toile en orbite autour du trou noir central).
Ces quantits intrinsques sont celles qui seraient mesures en labsence de tout bruit de
mesure et de toute perturbation atmosphrique. Ce sont ces quantits que lon souhaite
mesurer avec la plus grande prcision possible, pour chaque ligne de base de linstrument.
On pourra alors utiliser le thorme de Zernicke - van Cittert pour dterminer limage de
lobjet tudi.
Linstrument GRAVITY, comme on la vu dans le chapitre 4, est dot de six lignes de
base. Le recombinateur de faisceaux va superposer les intensits I
p
et I
q
de chaque paire
de tlescopes p et q. Lintensit courte pose
1
rsultante scrit en fonction de la dirence
de phase entre les trajets parcourus par la lumire en provenance des deux tlescopes :
I() = I
p
+ I
q
+ 2
_
I
p
I
q
V
obj
cos( +
obj
+
piston,court
) (5.3)
o
piston,court
est la phase due au piston atmosphrique courte pose.
La mesure de quatre chantillons de cette fonction permet de dterminer la visibilit
complexe. En eet, si lon est capable de mesurer :
A = I(0), (5.4)
B = I(
2
),
C = I(),
D = I(
3
2
),
il est facile de montrer quon a alors :
V
obj
e
i
obj
= 2
(AC) i (B D)
A+ B + C + D
. (5.5)
1. Cest--dire avec un temps dintgration infrieur au temps dvolution de la turbulence, qui est de
lordre de la milliseconde
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5.2. SIMULATION DU BRUIT INSTRUMENTAL INDUIT PAR GRAVITY 75
La suite de cette section va chercher dterminer lquivalent bruit de lquation pr-
cdente, aprs avoir pass en revue les direntes sources de bruits instrumentaux aectant
la mesure.
5.2.1 Bruit de dtection
Commenons par rappeler quelques dnitions. Lecacit quantique du dtecteur est
gale au rapport du nombre de photo-lectrons crs par eet photolectrique au nombre
de photons incidents. Le courant dobscurit est le signal dtect par linstrument lorsquil
nest pas expos la lumire ; ce signal est caus par le bruit thermique de linstrument
lui-mme, et augmente avec le temps dintgration. Lorsque les photo-lectrons accumuls
dans chaque pixel de lcran sont lus, un certain bruit de lecture est ajout au signal,
indpendamment du temps dintgration. Enn, le bruit de photon est d la nature
alatoire de lvnement de dtection dun photon : si le dtecteur reoit en moyenne N
photons durant une dure , le nombre de photons eectivement dtects pendant une
dure suivra une loi de Poisson ayant un cart-type de

N.
On appelle N
ph
le nombre de photons arrivant depuis chacun des N
tel
= 4 tlescopes for-
mant linstrument. Chaque lot de N
ph
photon est rparti entre les N
tel
1 autres tlescopes.
Il y a donc, dans chaque ligne de base joignant deux tlescopes,
2 N
ph
N
tel
1
photons.
Soit alors T le facteur de transmission de linstrument, multipli par son ecacit
quantique. Sachant que lintensit combine pour chaque ligne de base est rpartie sur
quatre sous-faisceaux correspondant aux quatre chantillons A, B, C et D, le nombre
moyen de photo-lectrons par sous-faisceau et par ligne de base vaut :
m) =
2N
ph
T
4(N
tel
1)
. (5.6)
Do lon dduit le bruit de photon :
phot
=
_
m).
Pour un bruit de lecture
RON
donn et un taux dlectrons participant au courant
dobscurit de N
obscur
, on dduit la variance du bruit de dtection pour un temps dint-
gration de :
2
detec
=
2
phot
+
2
RON
+ N
obscur
. (5.7)
En supposant que le bruit de dtection suit une distribution gaussienne, on peut dduire
de cette expression quatre ralisations de bruits n
A
, n
B
, n
C
, n
D
aectant les signaux A, B,
C et D.
5.2.2 Fluctuations du rapport de Strehl
La qualit de la correction doptique adaptative du front donde est value par le
rapport de Strehl, qui dtermine le rapport du pic principal de la PSF corrige celui que
lon aurait si les tlescopes taient limits par la diraction de leur ouverture. Ce rapport
de Strehl uctue au cours du temps, ce qui donne lieu des bruits sur les intensits
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transmises par les tlescopes, I
p
et I
q
, puisque la quantit de photons injects dans les
bres est proportionnelle au rapport de Strehl (voir ce sujet Haubois 2009).
On note n
p
et n
q
deux ralisations de ces bruits.
5.2.3 Bruits sur la visibilit complexe
Pour un temps de pose infrieur au temps dvolution de la turbulence, la visibilit
complexe mesure en faisant appel lEq. 5.5 vaut :
V
courte pose
= V
obj
e
i (
obj
+
piston,court
)
. (5.8)
Dans les simulations qui vont suivre, le temps dintgration est choisi gal 100 s. La
visibilit complexe associe cette intgration longue pose scrit donc :
V
sc
= C V
obj
e
i (
obj
+
piston
)
, (5.9)
o C est un paramtre de contraste compris entre 0 et 1, et
piston
est la phase associe au
piston atmosphrique longue pose, rsultat dune moyenne des pistons courte pose. Lindice
sc associ la visibilit indique quil sagit de la visibilit complexe de la voie scientique.
On se souvient en eet que GRAVITY possde galement une voie de rfrence de phase.
Cette source de rfrence de phase va permettre dliminer le terme de piston atmo-
sphrique. En eet, le suiveur de franges de linstrument a prcisment pour but dassigner
les franges dinterfrences de la source de rfrence une position xe, et dappliquer la
mme correction la source dintrt scientique. Deux sources de bruits vont polluer cette
correction : lcart angulaire entre la source scientique et la rfrence va se traduire par
un piston dirent dans les deux voies ; les capacits du suiveur de franges entraneront
une correction imparfaite.
La rfrence tant une certaine distance angulaire de la source scientique, le piston
atmosphrique naecte pas les deux sources strictement de la mme faon. La correction
du piston de lobjet scientique par la valeur du piston mesure sur la rfrence entrane une
erreur dite danisopistonisme qui, pour des conditions atmosphriques typique de Paranal,
est donne dans Delplancke (2008); Shao & Colavita (1992) :
piston res
[arcsec] = 370
L
0
[m]
1
3
B[m]
[rad]
_
[s]
, (5.10)
o B est la ligne de base, L
0
dsigne lchelle externe de la turbulence, le temps dint-
gration, et lindice res dsigne une quantit rsiduelle.
Si lon note
piston res
une ralisation de cette erreur, en supposant gaussienne la distri-
bution, on peut en dduire lerreur danisopistonisme aectant la phase :
piston res
=
2
B
piston res
. (5.11)
Les capacits limites du suiveur de franges se traduisent elles par lexistence dun terme
de phase rsiduelle
SFres
.
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5.3. SIMULATION DES DONNES OBSERVATIONNELLES 77
Enn, la position angulaire de lobjet de rfrence nest jusquici connue que relative-
ment la rfrence. An de connatre sa position absolue, il faut connatre le terme de
phase impos par la sparation angulaire des deux sources,
met
=
2
S B, o on a ruti-
lis les notations de la section 5.1.1. Cette phase est obtenue grce au systme mtrologique
de linstrument, qui permet de la mesurer avec une erreur de
met res
= 0,07 rad Rabien
et al. (2008).
Il est dsormais possible dcrire les valeurs bruites mesures pour la visibilit et la
phase :
V
sc
= C V
obj
+ n
Vsc
, (5.12)

sc
=
obj
+
piston res
+
SFres
+
met res
+ n
sc
,
o n
Vsc
et n
sc
dsignent des ralisations du bruit de mesure de la visibilit et de la phase.
Ces visibilit et phase bruits sont mesurables en pratique en utilisant lEq. 5.5, pour
laquelle les signaux A, B, C et D sont dnis en utilisant cette fois lintensit longue pose
bruite :
I() = I
p
+ n
p
+ I
q
+ n
q
(5.13)
+ 2
_
(I
p
+ n
p
)(I
q
+ n
q
)

V
sc
cos( +
sc
)
+ n
detec
,
o n
detec
dsigne une ralisation du bruit de dtection.
La prise en compte de ces direntes sources de bruit pour la simulation du bruit
aectant les visibilit et phase fournies par linstrument a t ralise par un programme
simulant linstrument GRAVITY (Perrin 2007). Dans les simulations dont il est question
dans la suite, les bruits de mesure utiliss proviennent directement de ce programme, et
tiennent donc compte des capacits ralistes de linstrument.
5.3 Simulation des donnes observationnelles
On va se donner un jeu de positions angulaires dtoiles (x
modèle
i
, y
modèle
i
) qui sont choisies
alatoirement dans un champ de vue carr dont le ct mesure 100 mas. On associe ces
sources des valeurs dintensit I
modèle
i
. Dans les simulations qui vont suivre, on considre
entre une et trois toiles.
tant donn la gomtrie des tlescopes du VLT et la position du centre galactique,
on peut calculer les dirents points (u, v) accessibles (qui ne sont rien dautre, comme le
rappelle la Fig. 2.1, que les coordonnes des vecteurs de base projets orthogonalement
la ligne de vise, divises par la longueur donde dobservation).
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On peut alors calculer les visibilits complexes V(u, v), pour chaque couple (u, v), as-
socies au modle (x
modèle
k
, y
modèle
k
, I
modèle
k
) par transforme de Fourier :
V(u, v) =
Nsources
k=1
I
k
e
2 i(ux
k
+v y
k
)
(5.14)
o N
sources
dsigne le nombre de sources dans le champ de vue.
On ajoute alors au module et la phase de chaque visibilit complexe une erreur calcule
en tenant compte des direntes sources de bruit envisages dans la section 5.2. Ce sont
ces visibilits et ces phases qui simulent les quantits qui seront dlivres par linstrument.
A partir de ces visibilits complexes bruites, on peut calculer limage observe par
transforme inverse :
I =
Nuv
k=1
V (k) e
i (k)
e
2 i(u(k)x+v(k)y)
(5.15)
o N
uv
dsigne le nombre de points du plan u-v, et o les quantits en gras sont deux
dimensions : I contient limage cherche, x une carte de valeurs dabscisses angulaires et y
une carte de valeurs dordonnes angulaires
2
.
On peut galement calculer la PSF de linterfromtre par transforme de Fourier de la
fonction de remplissage du plan u-v. Il est alors possible de dconvoluer limage observe I
au moyen de la PSF de linterfromtre. Cest pour cette opration que lon faite appel
lalgorithme CLEAN
3
(Hgbom 1974).
Lutilisation de CLEAN permet dobtenir une carte contenant des ensembles de pixels
clairs correspondant aux direntes sources. On dnit la position retrouve par CLEAN
comme concidant avec le barycentre de ces ensembles de pixels pondrs par leur intensit :
x
deconvolue
=
k
x
k
I
k
I
tot
(5.16)
y
deconvolue
=
k
y
k
I
k
I
tot
o I
k
dsigne lintensit du pixel (x
k
, y
k
) et I
tot
dsigne lintensit totale de lensemble de
pixels.
La Fig. 5.2 illustre cette procdure.
En ralisant une boucle Monte Carlo partir de ce schma, il est possible de dterminer
la prcision astromtrique de GRAVITY en mode imageur que lon dnit comme :
2. Lexponentielle de ces tableaux est prendre dans le sens de lexponentielle des lments des tableaux,
on ne parle pas ici dexponentielle de matrice.
3. On utilise une implmentation de CLEAN en Yorick disponible ladresse
http://www.lesia.obspm.fr/perso/thibaut-paumard/yorick/CLEAN.i
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x (mas)
Simulated observation of 3 stars, mK=15, whole night integration
y

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)
40 20 0 20 40
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0
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40
x (mas)
Associated CLEANed image
y

(
m
a
s
)
20.5 21.0 21.5
21.0
20.5
20.0
19.5
x (mas)
Zoom on the associated CLEANed image
y

(
m
a
s
)
Figure 5.2 En haut gauche : image dune simulation dobservation de trois toiles
dintensit intgre m
K
= 15, en intgrant durant toute la nuit. En haut droite : carte de
pixels clairs obtenus aprs dconvolution de limage observe par CLEAN, les triangles
bleus montrant les positions des ensembles de pixels clairs. En bas : zoom sur lun des
ensembles de pixels.
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6. 4. 2. 0. 2. 4. 6.
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+7
6.
4.
2.
0.
2.
4.
6.
10
+7
u
uv plane
v
10 5 0 5 10
10
5
0
5
10
x (mas)
Whole night integration PSF
y

(
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)
Figure 5.3 Plan u-v et PSF de linstrument.
x
= RMS(x
modèle
i
x
deconvolue
i
) (5.17)
y
= RMS(y
modèle
i
y
deconvolue
i
)
o loprateur RMS dsigne lcart quadratique moyen.
Dans les simulations qui vont suivre, on considre deux temps dintgration dirents :
soit 5 h, cest--dire toute la partie de la nuit pendant laquelle le centre galactique est
observable pour une nuit moyenne Paranal, soit 100 s (on justiera dans la suite le choix
de cette dure). Lorsquon intgre toute la nuit, la procdure dobservation est choisie
comme suit. On intgre pendant 1 h sur la source scientique en subdivisant cette dure en
blocs lmentaires de 100 s dintgration, puis on intgre pendant 30 min sur une source de
calibration, et ainsi de suite durant toute la nuit. La rotation de la Terre pendant la dure
lmentaire de 100 s est nglige, ce qui est justi par le fait que la trace des points (u, v)
dans le plan u-v dcrit une droite parfaite pendant cette dure. On peut donc utiliser la
moyenne des points (u, v) plutt que de tenir compte de leur variation instantane. Sachant
que linstrument dispose de six lignes de bases et de cinq canaux spectraux (de longueur
donde : 2, 2,1, 2,2, 2,3 et 2,4 m) on peut calculer le plan u-v et en dduire la PSF de
linstrument, tels quillustrs sur la Fig. 5.3. La PSF a subi une rotation de telle faon que
ses axes correspondent aux axes horizontaux et verticaux x et y.
Lchantillonnage (dni comme le nombre de pixels par milliseconde dangle) est choisi
dans le cadre dun compromis entre le temps de calcul et la meilleure prcision quil soit
possible datteindre. Lorsquon intgre durant toute la nuit, un chantillonnage de 3 pixels
par mas est choisi. Lorsquon nintgre que 100 s, le gain en temps de calcul permet de
choisir un chantillonnage de 10 pixels par mas. Cependant, cet chantillonnage plus n
ne donne lieu une prcision meilleure que sil ny a quune seule source dans le champ de
vue. Lorsque plusieurs sources sont prsentes, leurs PSF se superposent et se polluent donc
mutuellement, ce qui entrane une perte de prcision suprieure au gain du ranement de
lchantillonnage. Notons pour terminer que ces chantillonnages permettent de vrier le
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critre de Shannon puisque linverse de la frquence spatiale maximale vaut :

min
Bmax
1,5
mas.
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Chapitre 6
Prcision astromtrique de GRAVITY
Sommaire
6.1 Observation de sources ponctuelles xes . . . . . . . . . . . . . 83
6.1.1 Commentaires gnraux sur les rsultats astromtriques . . . . . 86
6.1.2 Rsultats pour une toile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
6.1.3 Rsultats pour deux toiles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
6.1.4 Rsultats pour trois toiles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
6.2 Observation dune source ponctuelle variable . . . . . . . . . . 90
6.2.1 Simulations ralises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
6.2.2 Mise en vidence du mouvement du point chaud . . . . . . . . . 92
6.1 Observation de sources ponctuelles xes
Dans cette section, on sintresse tablir la prcision astromtrique de linstrument
GRAVITY utilis en mode imageur, lorsque le champ de vue contient entre une et trois
toiles de magnitudes 12 m
K
17. On a vu dans la section 4.2.1 que le nombre dtoiles
continment observables dans cette bande de magnitude ntait que de 0,2. Cependant,
des toiles plus lointaines peuvent traverser le champ de vue de linstrument de temps en
temps, cause de leur grande excentricit, telles que les toiles S de magnitude m
K
= 15 :
S2, S14 et S17. De ce fait, considrer que le nombre dtoiles de magnitude m
K
15
prsentes dans le champ de vue sera compris entre 1 et 3 est un peu optimiste, mais pas
irraliste, condition de bien choisir la priode dobservation de telle faon que les toiles
S les plus proches soient prsentes.
Le temps dintgration est tabli 5 h (dcompos en blocs lmentaires de 100 s comme
on la vu dans la section 5.3) ou 100 s. Dans le cadre dune observation relle, un temps
dintgration de 5 h sera utilis pour imager un champ de vue contenant des toiles proches
du trou noir central, qui nvoluent que trs peu durant la nuit. Le temps dintgration de
100 s sera utilis pour tudier les phnomnes de sursauts de rayonnement, dj voqus
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84 CHAPITRE 6. PRCISION ASTROMTRIQUE DE GRAVITY
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Figure 6.1 Prcision astromtrique en mode imageur, en as, lorsquune toile est
prsente dans le champ de vue, en fonction de la magnitude de ltoile ; dans les directions
x (bleu) et y (rouge). Le temps dintgration est de 5 h ( gauche) ou de 100 s ( droite).
Les lignes horizontales montrent la prcision atteinte en labsence de bruit sur la visibilit
et la phase.
dans la section 4.2.1. On a vu que le temps caractristique dvolution de ces phnomnes
tait de lordre de la vingtaine de minutes. Une intgration de 100 s permettra donc de
suivre la dynamique de ces boues de rayonnement.
On ralise des simulations Monte Carlo comprenant N nuits dobservation. Chaque
nuit, numrote par lindice 1 i N, permet de calculer une valeur des dirences d
x
i
et
d
y
i
entre les coordonnes modles et les coordonnes dconvolues par CLEAN :
d
x
i
= x
modèle
i
x
deconvolue
i
, (6.1)
d
y
i
= y
modèle
i
y
deconvolue
i
.
On peut alors calculer lcart quadratique moyen dni par lEq. 5.17 qui correspond
la prcision astromtrique recherche.
Lorsquune seule toile est prsente dans le champ de vue, les rsultats du mode imageur
sont dun intrt purement thorique, tant donn que lon se trouve alors dans le cas
optimal de la mesure astromtrique pour un ajustement de modle (le modle est le plus
simple possible). On cherche dans ce cas uniquement montrer la prcision limite du mode
imageur. Cependant, on va voir que la prcision astromtrique en mode imageur associe
un temps dintgration de 100 s est trs proche du rsultat obtenu par ajustement de
modle, ce qui est un argument convaincant en faveur de lintrt du mode imageur.
Les Figs. 6.1, 6.2 et 6.3 illustrent les rsultats obtenus en fonction du nombre dtoiles
prsentes dans le champ de vue.
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6.1. OBSERVATION DE SOURCES PONCTUELLES FIXES 85
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Figure 6.2 Prcision astromtrique en mode imageur, en as, lorsque deux toiles sont
prsentes dans le champ de vue, en fonction de la magnitude intgre sur le champ de vue ;
dans les directions x (bleu) et y (rouge). Le temps dintgration est de 5 h ( gauche) ou
de 100 s ( droite). Dans ce dernier cas, seule la source la plus brillante (cart de deux
magnitudes par rapport la seconde) est recherche. Les lignes horizontales montrent la
prcision atteinte en labsence de bruit.
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Astrometric error, brightest of 3 stars (+2 mag), 100s integ.
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Figure 6.3 Prcision astromtrique en mode imageur, en as, lorsque trois toiles sont
prsentes dans le champ de vue, en fonction de la magnitude intgre sur le champ de vue ;
dans les directions x (bleu) et y (rouge). Le temps dintgration est de 5 h ( gauche) ou
de 100 s ( droite). Dans ce dernier cas, seule la source la plus brillante (cart de deux
magnitudes par rapport la suivante) est recherche. Les lignes horizontales montrent la
prcision atteinte en labsence de bruit.
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6.1.1 Commentaires gnraux sur les rsultats astromtriques
Allure des courbes derreur
Lallure gnrale des rsultats illustrs sur les Figs. 6.1, 6.2 et 6.3 peut sexpliquer
comme suit. On distingue un plateau qui se prolonge jusqu une certaine magnitude li-
mite, puis une augmentation plus ou moins brusque de lerreur astromtrique pour des
magnitudes plus faibles que cette limite. Ce comportement sexplique en remarquant que
le niveau du plateau correspond lerreur numrique introduite par la procdure de d-
convolution eectue par CLEAN (comme le dmontre la position des lignes horizontales
qui reprsentent le niveau de lerreur astromtrique sans bruit ajout aux visibilits com-
plexes, la seule erreur tant donc induite par la dconvolution). Laugmentation de lerreur
pour des magnitudes plus faibles sexplique par le poids du bruit de dtection qui devient
prpondrant.
Par ailleurs, le niveau du plateau correspondant lerreur numrique de CLEAN dpend
fortement de lchantillonnage. Ainsi, dans la Fig. 6.1, le plateau se situe 12 as pour 5 h
dintgration (chantillonnage de 3 pixels par mas), et 3,7 as pour 100 s dintgration
(chantillonnage de 10 pixels par mas). Si lon dgrade lchantillonnage pour ce dernier
cas 3 pixels par mas, le plateau remonte une valeur proche de 12 as, semblable la
valeur obtenue avec 5 h dintgration.
Bien entendu, la prcision astromtrique ne peut tre amliore indniment en ranant
lchantillonnage. On peut en eet calculer la prcision thorique ultime de linstrument.
Lerreur sur la phase associe un temps dintgration de 100 s sur une source de magni-
tude m
K
= 12 peut tre calcule par le programme simulant linstrument GRAVITY. On
obtient :
= 0,0085 rad. Pour N= 30 points u-v (soit le nombre de canaux spectraux

- 5 - multipli par le nombre de lignes de base - 6 -), une base moyenne de B=100 m, et
une longueur donde moyenne de = 2,2 10
6
m, lerreur astromtrique correspondante
vaut :
theo
=

2 B
N
1,12 as. Cette estimation suppose que tous les points u-v sont
aligns dans une mme direction. On peut donc estimer lerreur dans nimporte quelle
direction selon :
y theo

2
theo
= 1,58 as. Cette prcision thorique ne sera jamais
dpasse quel que soit lchantillonnage choisi.
On remarque galement sur les Figs. 6.1, 6.2 et 6.3 que lerreur dans la direction du
grand axe de la PSF (x) est plus importante que lerreur dans la direction du petit axe de
(y), ce qui est le comportement attendu.
Signalons galement quil a t envisag dutiliser une des sources retrouves comme
rfrence an de positionner les autres toiles par rapport cette rfrence et de dterminer
lerreur astromtrique relative. Cependant, cette mthode ne permet pas dobtenir une
prcision plus ne car le poids des erreurs non corrles (dues en particulier au processus de
reconstruction dimage) entre les sources est plus important. Le passage lerreur relative
ne fait que dgrader le rsultat absolu.
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Simulations non prises en compte
Dans certains cas, correspondant des niveaux de bruit levs, la dconvolution par
CLEAN seectue mal et conduit des positions retrouves trs direntes des positions
du modle. Ce genre de cas pathologique dgrade violemment la prcision nale, aussi est-il
justi de les ignorer, condition de vrier que leur occurrence soit extrmement limite.
An dviter au maximum lapparition de ces cas extrmes, on a modi le droulement
des tapes qui ont t voques dans la section 5.3.
Ainsi, lorsque le temps dintgration est de 5 h, des cas pathologiques peuvent apparatre
lorsque plusieurs sources sont prsentes dans le champ de vue, et lorsquelles sont proches les
unes des autres. Aussi, une distance minimale de 5 mas entre les sources a t impose dans
le processus de choix des coordonnes du modle, ce qui correspond la taille caractristique
du pic central de la PSF.
Lorsque le temps dintgration vaut 100 s, il faut raner encore davantage la procdure
pour viter lapparition de ces cas extrmes. On a dj limit le choix des coordonnes du
modle un disque de rayon 30 mas, correspondant la largeur mi hauteur du champ
de vu gaussien de linstrument GRAVITY (voir la section 4.1.1). De plus, on a modi le
droulement standard de lalgorithme CLEAN, qui est rappel ci-dessous.
Considrons une image dobservation simule, et une image CLEANe initialement
nulle.
tape 1 : Le maximum dintensit de limage simule est localis ;
tape 2 : On ajoute une certaine valeur dintensit (dnie lavance comme un
paramtre de lalgorithme) au pixel correspondant dans la carte CLEANe ;
tape 3 : On soustrait une fraction quivalente de la PSF limage, au niveau du
mme pixel, en multipliant par un gain de boucle lui aussi dtermin lavance
comme un paramtre de lalgorithme
Retour ltape 1.
La boucle se prolonge jusqu ce que le nouveau maximum de limage simule devienne
infrieur une certaine fraction de son maximum initial :
max
nouveau

max
initial
D
(6.2)
o D est un paramtre de lalgorithme, qui vaut entre quelques units et 10.
Intuitivement, on pourrait penser quil sut de choisir D lev de faon obtenir un
rsultat particulirement prcis. Cependant, lorsque le niveau de bruit est lev, la sous-
traction de nombreuses PSF au niveau du pic principal de limage simule peut conduire
lapparition de pics secondaires qui peuvent devenir plus intenses que le pic principal
si la boucle se prolonge, conduisant une valeur des coordonnes retrouves trs loigne
de la position du modle. Pour viter ce genre dartefact, on vrie la n de la boucle
CLEAN que le nouveau maximum nest pas trop loign du maximum initial (on tolre
un loignement de lordre dune fraction de la taille caractristique du pic central de la
PSF). Si cette condition nest pas valide, lalgorithme CLEAN est relanc avec une valeur
infrieure de D.
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Malgr toutes ces prcautions pour viter lapparition de cas pathologiques, une fraction
ngligeable des cas Monte Carlo simuls a pour rsultat des coordonnes retrouves trs
loignes des coordonnes du modle : si, cause dun niveau de bruit lev, le maximum
de limage simule ne concide pas avec la position de ltoile la plus brillante du modle, il
ny a aucun moyen de retrouver cette toile (et encore moins les ventuelles autres sources).
An de ne pas polluer les rsultats naux, on ne tient pas compte de ces cas extrmes.
On prend garde de fournir, pour chaque rsultat de simulation, le pourcentage de ces cas
limins (qui devra rester ngligeable).
6.1.2 Rsultats pour une toile
Lalgorithme CLEAN est ici utilis dans une conguration optimale avec une unique
source ponctuelle. On constate sur la Fig. 6.1 que lerreur dpend trs peu de la direc-
tion, CLEAN tant peu prs insensible lallure de la PSF. La valeur de la prcision
astromtrique obtenue dans les deux directions est surtout impose par lchantillonnage.
La meilleure prcision obtenue, 12 as environ pour un temps dintgration de 5 h, est
nettement meilleure que la taille du pixel, qui vaut dans ce cas 0,33 mas. Ceci est d au fait
que la prcision astromtrique porte sur la position du barycentre de chaque ensemble de
pixels clairs retrouvs par CLEAN, position qui peut tre dtermine avec une prcision
infrieure au pixel.
La meilleure prcision obtenue avec un temps dintgration de 100 s (et un chan-
tillonnage de 10 pixels par mas) est trs proche de la limite thorique obtenue dans la
section 6.1.1 : 4 as. On a vri que lon pouvait obtenir une prcision astromtrique en
mode imageur gale la limite thorique en ranant lchantillonnage : on descend jusqu
1,6 as pour un chantillonnage de 150 pixels par mas (mais au prix dun temps de calcul
trs long, ce qui explique que lchantillonnage ait t choisi moins n pour les simulations
Monte Carlo).
On sest galement intress la possibilit dutiliser les rsultats obtenus en mode
imageur avec 100 s dintgration (et un chantillonnage de 10 pixels par mas) dans le cadre
dun ajustement de modle. Dans ce contexte, les rsultats en mode imageur peuvent tre
utiliss comme une premire approximation des rsultats de lajustement. On na pas ajust
lintensit, qui est suppose connue 10 % prs.
Lajustement, ralis avec la routine Yorick lmfit, permet dobtenir la prcision limite
de 1,6 as pour une source de magnitude m
K
= 12.
Lorsquune seule source est prsente dans le champ de vue, des cas pathologiques si-
gnals dans la section 6.1.1 surviennent uniquement lorsque la magnitude de ltoile vaut
m
K
= 17 et pour 100 s dintgration.
La Fig. 6.4 reprsente un histogramme des quantits d
x
i
et d
y
i
dnies par lEq. 6.1. La
proportion des cas pathologiques qui apparaissent clairement sur cette gure est de 0,03%.
Au regard de ces rsultats, on peut dj conclure que la prcision astromtrique en
mode imageur de linstrument, lorsquune seule source est image, vrie les objectifs xs
linstrument pour ses cas scientiques les plus extrmes.
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1.0 0.5 0.0 0.5 1.0
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d
x
,d
y
(mas)
Histogram of d
x,y
with mK=17 (1 star, 100 s integ.)
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5 0 5
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d
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(mas)
Histogram of d
x,y
with mK=17 (1 star, 100 s integ.)
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Figure 6.4 Histogramme des quantits d
x
(bleu) et d
y
(rouge) dnies par lEq. 6.1 pour
une source de magnitude m
K
= 17 avec 100 s dintgration. En dehors de la distribution
gaussienne ( gauche), on distingue trois ralisations des valeurs de d
x
et d
y
comprises
entre 2 et 10 mas ( droite), donc dconnectes de la distribution. Ce sont des cas patho-
logiques : un haut niveau de bruit a pour consquence un dplacement du pic principal de
limage simul lcart de la position de ltoile la plus brillante du modle.
6.1.3 Rsultats pour deux toiles
Lorsque deux toiles sont prsentes dans le champ de vue, et pour un temps dintgra-
tion de 5 h, la Fig. 6.2 montre que la prcision astromtrique pour toutes les magnitudes
considres est de lordre de la taille de lISCO en mtrique de Schwarzschild (30 as).
Lorsque le temps dintgration est rduit 100 s, un histogramme similaire celui
reprsent sur la Fig. 6.4 est trop bruit pour permettre dtablir un critre de rejet clair.
On est contraint de se limiter ne rechercher que la source la plus brillante, qui est
suppose tre de deux magnitudes plus intense que la seconde toile. Dans le cadre de
cette restriction, le pourcentage de cas pathologiques est restreint 0,1%. Par ailleurs,
cette restriction ne diminue en rien lintrt scientique des rsultats obtenu, puisque le
cas de deux sources dont lune est nettement plus brillante que lautre peut avoir lieu au
centre galactique si lon imagine un sursaut de rayonnement qui serait observ en mme
temps quune toile proche.
Les rsultats prsents sur la Fig. 6.2 montrent que la prcision obtenue dans la direction
du petit axe de la PSF pour des magnitudes m
K
15 est de lordre de grandeur de lISCO
en mtrique de Schwarzschild.
6.1.4 Rsultats pour trois toiles
La Fig. 6.3 montre que lorsque trois sources sont observes pendant 5 h, la prcision
astromtrique reste de lordre de lISCO en mtrique de Schwarzschild pour une magnitude
intgre plus brillante que m
K
= 16.
Lorsque le temps dintgration est rduit 100 s, la prcision sur la source la plus
brillante reste meilleure que 40 as (donc un peu au-del de lISCO) lorsque la magnitude
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intgre est plus intense que m
K
= 15,5. Le pourcentage de cas pathologiques associs reste
infrieur 0,5%.
Tous ces rsultats sont encourageants pour ltude de la population stellaire du centre
galactique la plus proche du trou noir central. On constate en particulier que les prcisions
obtenues permettent datteindre le rayon de Schwarzschild du trou noir (10 as) lorsquune
seule source susamment brillante est prsente, ce qui est particulirement intressant dans
la perspective de ltude des sursauts de rayonnement voqus dans la section 4.2.1. On peut
galement conclure de cette tude que le mode imageur de linstrument peut tre utilis
pour obtenir un niveau de prcision permettant daccder des phnomnes gravitationnels
en champ fort (quelques rayons de Schwarzschild).
6.2 Observation dune source ponctuelle variable
Aprs avoir considr dans la section prcdente des sources immobiles et dintensit
constante, on va dsormais sintresser une source en mouvement et dintensit variable.
Lintrt scientique de cette tude est bien entendu lobservation des sursauts de rayon-
nement aux environs du trou noir Sgr A*. On a vu dans la section 4.2.1 que ces sursauts
taient caractriss par une pseudo-priode de lordre de la vingtaine de minutes, la dure
totale du phnomne tant de lordre de 1 2 h. On a vu galement que dans le cadre
du modle dit du point chaud, ces sursauts sont dus du gaz mettant du rayonnement
synchrotron en orbite sur lISCO du trou noir.
An de tenir compte de ces caractristiques, on va considrer ici une source mobile sur
une trajectoire circulaire, dont le rayon est de 30 as (le rayon de lISCO dun trou noir de
Schwarzschild de la masse de Sgr A*). La courbe de lumire de cette source est modlise
par la superposition dune gaussienne dont la largeur mi-hauteur est de lordre d1 h
et dune sinusode dont la priode est de lordre de la vingtaine de minutes. La Fig. 6.5
reprsente une telle courbe de lumire.
On va considrer trois valeurs de la magnitude maximale de la source : m
K
= 13, 14, 15.
Ces choix tiennent compte de la magnitude du sursaut le plus brillant observ lheure
actuelle : m
K
= 13,5 (Dodds-Eden et al. 2011).
Ce modle de sursaut est bien entendu trs simpliste pour trois raisons principales.
Il ne tient aucun compte des eets relativistes qui sont trs importants
1
si prs du trou
noir (Hamaus et al. 2009). Linclinaison du trou noir est suppose tre nulle (on voit
lorbite de face). Et le point chaud constituant le sursaut est suppos tre une source
quasi-ponctuelle, ce qui nest pas vraisemblable compte tenu des forces de friction dues
1. On peut imaginer le cas le plus extrme dune inclinaison de 90 : du fait de leet de beaming, on
ne verrait alors quun point xe sur le ciel !
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6.2. OBSERVATION DUNE SOURCE PONCTUELLE VARIABLE 91
6.0 6.5 7.0 7.5 8.0
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UT
Flare light curve
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Figure 6.5 Courbe de lumire de la source variable en orbite circulaire autour du centre
galactique. Lintensit est en units arbitraires et laxe des abscisses est gradu en heures,
temps universel.
au gradient de vitesse de rotation dans les zones les plus internes du disque daccrtion
entourant le trou noir : une source initialement quasi-ponctuelle sera dforme.
Les rsultats qui suivent doivent donc tre considrs comme une premire tape, n-
cessitant le dveloppement dun modle plus complexe tenant compte des eets relativistes
et du caractre tendu de la source. Un tel modle sera dvelopp au chapitre 10.
Dans les sections qui suivent, on va sintresser dterminer si linstrument GRAVITY
est capable de mettre en vidence le mouvement du point chaud simul.
6.2.1 Simulations ralises
On va considrer deux types de simulations :
Premier type : la source est en orbite circulaire de rayon 30 as autour du centre
galactique, avec une courbe de lumire dnie par la Fig. 6.5,
Deuxime type : la source est immobile en un point du cercle de rayon 30 as entou-
rant le centre galactique, avec une courbe de lumire toujours dnie par la Fig. 6.5.
Il va sagir de direncier ces deux modles, lobjectif tant de dterminer si GRAVITY
est capable de mettre en vidence le mouvement de la source.
Pour toutes les simulations qui suivent, le temps dintgration est de 100 s. On ne
sintresse qu la partie de la nuit durant laquelle lintensit de la source (mobile ou
immobile) est suprieure la moiti de son maximum observ : on slectionne ainsi 15
blocs dintgration de 100 s durant lesquels la source est susamment brillante. A partir
de cette slection, on va rechercher la position de la source pour chaque bloc dintgration
de 100 s, en utilisant la mthode qui a t prsente dans la section 6.1. Pour ce faire, on
utilisera soit le mode imageur de linstrument uniquement, soit la combinaison du mode
imageur et dun ajustement de modle (en utilisant les rsultats du mode imageur comme
premire approximation de la solution de lajustement).
Une fois ces calculs raliss au cours dune nuit, il est possible de dterminer la dispersion
des positions retrouves, dnie comme suit :
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Dispersion in the x direction (as)
Dispersion histogram, no fit, mK=13 flare
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Figure 6.6 Diagrammes de contours des histogrammes bidimensionnels de dispersion
pour une source mobile (points rouges) ou immobile (traits bleus) ; la magnitude maximum
de la source vaut, de gauche droite, 13, 14 et 15. Les positions sont retrouves en utilisant
le mode imageur de linstrument uniquement. Les axes sont gradus en as.
x
=
_
1
14
14
k=0
(x
k
x)
2
, (6.3)
y
=
_
1
14
14
k=0
(y
k
y)
2
o x
k
et y
k
dsignent les positions retrouves de la source pour chacun des 15 blocs dint-
gration slectionns, et o x et y dsignent les moyennes des positions retrouves au cours
de la nuit dans chaque direction.
Il est alors possible de raliser une simulation Monte Carlo base sur cette procdure,
chaque nuit simule tant associe un couple de valeurs de dispersions (
x
,
y
). On peut
alors tracer les diagrammes de contours des histogrammes relatifs la distribution des
dispersions obtenues dans le plan (
x
,
y
).
6.2.2 Mise en vidence du mouvement du point chaud
Les Figs. 6.6 et 6.7 reprsentent les histogrammes bidimensionnels de dispersion lorsque
le mode imageur de linstrument est uniquement utilis, et lorsque lon fait appel de surcrot
un ajustement de modle.
Commentaires gnraux sur les histogrammes de dispersion
Lintrt des ces histogrammes est le suivant. Si lon imagine avoir obtenu une cer-
taine valeur de dispersion au cours dune nuit de vritable observation, on peut utiliser les
Figs. 6.6 et 6.7 pour dterminer si oui ou non la source observe tait en mouvement. Si la
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Dispersion histogram, with fit, mK=13 flare
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Figure 6.7 Identique la Fig. 6.6, les positions tant retrouves en utilisant un ajuste-
ment de modle, les rsultats du mode imageur tant utiliss comme premire approxima-
tion la solution.
valeur de dispersion obtenue se situe lintrieur des contours reprsents en bleu, alors la
source tait immobile. Par contre, si la dispersion obtenue se situe dans le domaine rouge,
la source tait en mouvement.
Il faut encore garder en tte que la simplicit du modle considr fait lconomie dun
grand nombre deets qui dans la pratique viendront compliquer linterprtation, comme
on la mentionn plus haut : lorbite est suppose tre observe avec une inclinaison nulle,
et tous les eets relativistes ont t ngligs. Il faut donc considrer les rsultats obtenus
comme une illustration de lintrt scientique potentiel de la mthode propose, plutt
que comme des rsultats astrophysiques fermement tablis.
On peut dj remarquer que les contours associs une source immobile sont centrs,
comme on lattend, sur une valeur (
x
,
y
) proche de la prcision astromtrique (du mode
imageur pur, ou de lajustement) la magnitude considre. En eet, les prcisions astro-
mtriques en mode imageur pur pour une source de magnitude m
K
= 13, 14, 15 sont, en
as : (
x
= 7,7 ;
y
= 4,8), (
x
= 13,6 ;
y
= 6,3) et (
x
= 28,6 ;
y
= 11,6). Les prcisions
correspondantes lorsquun ajustement est utilis galement sont : (
x
= 6,7 ;
y
= 2,6),
(
x
= 12,8 ;
y
= 5,0) et (
x
= 27,4 ;
y
= 10,6).
On constate galement au vu des Figs. 6.6 et 6.7 que les rsultats obtenus en mode
imageur pur sont quasi identiques ceux que lon obtient en ayant recours un ajustement.
Cest un argument de plus en faveur de lintrt scientique de ce mode astromtrique.
Mise en vidence du mouvement de la source en fonction de la magnitude
Dans le cadre du modle simple tudi ici, les Figs. 6.6 et 6.7 montrent clairement
quil est possible de distinguer facilement entre les distributions dues la source mobile et
immobile lorsque la magnitude maximale de la source est plus brillante que m
K
= 14.
De plus, on peut utiliser le fait que le mouvement du point chaud est connu an dob-
tenir un critre de distinction entre les deux types de sources mme lorsque la magnitude
maximale nest que de m
K
= 15. La Fig. 6.8 reprsente en eet les histogrammes de
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0 5 10 15
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100
150
200
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histograms for an ISCO fit with an mK=15 flare
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Figure 6.8 Histogrammes des
2
rduits pour une source immobile (en bleu) ou mo-
bile (en rouge). Ce
2
est lcart quadratique moyen de la dirence entre les positions
retrouves et un modle faisant lhypothse dun mouvement circulaire de rayon 30 as.
rduit associs lajustement de la trajectoire retrouve de la source un cercle de rayon
30 as. On constate que les deux distributions sont nettement spares, ce qui permet de
conclure galement dans ce cas.
Cependant, lorsque la magnitude du sursaut devient plus faible que m
K
= 15, il devient
impossible de direncier les deux types de sources, mme en ayant recours un ajustement
de la trajectoire.
Contrainte sur la taille de lorbite
On peut extraire une dernire information des histogrammes de dispersion reprsents
sur les Figs. 6.6 et 6.7.
Dans les simulations ralises, le point chaud a une priode orbitale de 20 minutes. Un
tour dorbite est donc eectu en 12 blocs dintgrations de 100 s. Langle dcrit entre deux
simulations successives est donc de =
2
12
. La dispersion thorique peut donc tre calcule,
si on note R
isco
le rayon de la trajectoire, et en se souvenant que la simulation complte
porte sur 15 blocs dintgration de 100 s :
theo
=
_
1
14
14
k=0
R
2
isco
cos
2
(k ) (6.4)
= 23 as.
Cette valeur est proche du centre des contours de lhistogramme de dispersion corres-
pondant une source mobile de magnitude maximale gale m
K
= 13 et 14.
La taille caractristique de lorbite peut donc tre dduite de la valeur de la dispersion
obtenue pour peu que le sursaut considr ait une magnitude suprieure m
K
= 14.
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Encore une fois, on prend garde de rappeler que ce rsultat doit tre considr dans les
limites de la simplicit du modle envisag. Cependant, il nen reste pas moins que cette
constatation est de bon augure pour la mthode astromtrique prsente ici.
Tous les rsultats obtenus dans cette partie sont encourageants dans la perspective de
lutilisation de GRAVITY pour tester la relativit gnrale en champ fort aux abords du
trou noir central Sgr A*. On a vu dans la section 6.1 que la prcision astromtrique de
linstrument lorsquune seule source susamment brillante est situe dans le champ de vue
atteint le rayon de Schwarzschild du trou noir.
On vient maintenant de voir que, dans le cadre dun modle simpliste de sursaut,
linstrument est capable de mettre en lumire le mouvement dun point chaud de magnitude
maximale m
K
= 15 et mme de donner une estimation de la taille caractristique de lorbite
si lon se restreint un sursaut de magnitude plus brillante que m
K
= 14.
Il reste mettre lpreuve ces rsultats dans le cadre dun modle raliste de sur-
saut. Ce sera lobjectif du chapitre 10. On y sera plus mme dtudier la possibilit,
pour le genre dobservations simules dans cette section, dapporter des contraintes sur les
paramtres du trou noir central.
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Troisime partie
GYOTO, un code de calcul dorbite en
relativit gnrale
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Introduction
De nombreux codes de calcul de trajectoires de particules en relativit gnrale existent
lheure actuelle.
Les premiers dveloppements de ce champ de recherche remontent aux annes 70 avec les
travaux de Cunningham & Bardeen (1973) relatifs lapparence dune toile en mouvement
autour dun trou noir de Kerr, de Cunningham (1975) calculant le spectre observ dun
disque daccrtion autour dun trou noir de Kerr exprim en fonction des quantits mises
au moyen dune fonction de transfert, et de Luminet (1979) qui prsente la premire image
dun disque daccrtion entourant un trou noir de Schwarzschild.
Depuis, les codes de propagation de rayonnement ont euri dans la littrature, prin-
cipalement pour calculer des spectres, et en particulier la raie du fer 6,4 keV (voir en
particulier Fabian et al. 1989; Hameury et al. 1994; Fanton et al. 1997; Fuerst & Wu
2004; Li et al. 2005; Wu et al. 2006; Dexter & Agol 2009), et pour calculer des images
de disques daccrtion (Karas et al. 1992; Marck 1996; Fuerst & Wu 2004; Dexter & Agol
2009). Certains auteurs sintressent plus particulirement la simulation de phnomnes
doscillation quasi-priodique proximit dun trou noir supermassif (Broderick & Loeb
2006; Schnittman et al. 2006), aux trajectoires et lapparence dtoiles proches dob-
jets compacts (Levin & Perez-Giz 2008; Mller 2009), des simulations incluant les eets
magntohydrodynamiques dun disque daccrtion entourant un trou noir de Kerr (Noble
et al. 2007; Dolence et al. 2009), ou prendre en compte la polarisation du rayonnement
mis (Broderick 2004; Zamaninasab et al. 2010; Shcherbakov & Huang 2011). On trouvera
galement sur le site dAlain Riazuelo
2
quelques prsentations concernant la visualisation
dobjets compacts ainsi que des animations et simulations trs pdagogiques disponibles
en ligne.
Dans ce contexte, on peut se demander quelle est lutilit de dvelopper un code sup-
plmentaire. Il y a trois raisons principales au choix du dveloppement du code GYOTO
qui va tre prsent dans cette partie.
Tout dabord, et cest ce qui explique la diversit des codes lheure actuelle, il est
toujours prfrable de matriser compltement un code plutt que de lutiliser comme
une bote noire. GYOTO tait donc ncessaire an de permettre de mener bien de faon
optimale les travaux de simulations ncessaires entourant le dveloppement de linstrument
GRAVITY.
2. http ://www2.iap.fr/users/riazuelo/bh/index.html
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Il est toujours possible dutiliser un code crit par dautres auteurs en le matrisant suf-
samment, condition que ce code soit public. Or il est trs rare de rencontrer dans la lit-
trature des codes de propagation de rayonnement en relativit gnrale dont la source soit
mise disposition (citons lexception que constitue le code de Dexter & Agol 2009). Dans
cette perspective, GYOTO est appel devenir public dans un avenir trs proche. Tout
le dveloppement du code a t ralis dans cet objectif, en particulier le dveloppement
dun plugin en langage Yorick dvelopp par Thibaut Paumard, qui rendra lutilisation de
GYOTO trs aise. Le choix du langage, C++, rend galement le code particulirement
modulable, ce qui permettra de futurs utilisateurs de pouvoir facilement continuer
dvelopper leur propre version du code.
Enn, GYOTO dispose dune particularit qui le rend unique en comparaison des autres
codes de calcul de trajectoires de particules en relativit gnrale. Il permet de prendre en
compte des mtriques non analytiques, calcules numriquement dans le cadre du forma-
lisme 3+1 de la relativit gnrale. Ceci permet GYOTO de pouvoir eectuer des calculs
au voisinage dobjets beaucoup plus divers que les seuls trous noirs de Kerr, comme on le
verra dans le chapitre 8 et plus en dtail dans la partie V.
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Chapitre 7
GYOTO en mtrique de Kerr
Sommaire
7.1 Mthode dintgration des godsiques . . . . . . . . . . . . . 101
7.1.1 quation des godsiques utilise . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
7.1.2 Droulement de lintgration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
7.2 Transfert radiatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
7.3 Calcul de spectres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
7.3.1 Spectre dobjets optiquement pais . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
7.3.2 Spectre dobjets optiquement minces . . . . . . . . . . . . . . . . 117
7.4 Objets astrophysiques implments . . . . . . . . . . . . . . . . 118
7.4.1 toile en orbite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
7.4.2 Disque mince . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
7.4.3 Disque avec instabilit de Rossby . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
7.4.4 Tore daccrtion (polish doughnut ) . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
7.1 Mthode dintgration des godsiques
7.1.1 quation des godsiques utilise
quation des godsiques en coordonnes de Boyer-Lindquist
Lorsque GYOTO est utilis pour calculer des godsiques en mtrique de Kerr, on se
placera presquexclusivement en coordonnes de Boyer-Lindquist, qui ont t prsentes
dans le chapitre 1.
On a dj rappel une expression de lquation des godsiques dans ces coordonnes
au chapitre 1. Cependant, cette quation entranait une dicult numrique du fait de
lapparition de racines carres qui imposaient de dterminer le signe de r et de

au cours
de lintgration.
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102 CHAPITRE 7. GYOTO EN MTRIQUE DE KERR
Cette complication peut tre vite en utilisant une formulation hamiltonienne du pro-
blme, telle quexpose, par exemple, dans Levin & Perez-Giz (2008). En faisant appel
limpulsion dont les composantes covariantes sont (voir par exemple Levin & Perez-Giz
2008) :
p
t
=
_
1
2 r
_

t
2 a r sin
2
, (7.1)
p
r
=

r,
p
=

,
p
= sin
2
_
r
2
+ a
2
+
2 a
2
r sin
2
_

2 a r sin
2
t
on peut montrer que lquation des godsiques devient :
r =

p
r
, (7.2)
p
r
=
_

2
_
p
2
r
_
1
2
_
p
2
+
_
R +
2
_
=
1
,
p
=
_

2
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2
r
_
1
2
_
p
2
+
_
R +
2
_
,
=
1
2

L
(R + ) ,
p
= 0,
t =
1
2

E
(R + ) ,
p
t
= 0
o les exposants

et

indiquent la drivation par rapport r et respectivement, et le
point la drivation par rapport au paramtre de la godsique. Les fonctions , , et R
ont ici la mme dnition que dans la section 1.2, que lon rappelle :
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7.1. MTHODE DINTGRATION DES GODSIQUES 103
= r
2
+ a
2
cos
2
, (7.3)
= r
2
2 M r + a
2
,
= Qcos
2
_
a
2
_
m
2
E
2
_
+
L
2
sin
2
_
,
P = E
_
r
2
+ a
2
_
a L,
R = P
2
_
m
2
r
2
+ (L a E)
2
+ Q
,
les constantes du mouvement E, L et Q correspondant, on le rappelle, lnergie par unit
de masse de la particule mesure par un observateur linni, la composante axiale de
son moment cintique et la constante de Carter.
Cette formulation de lquation des godsiques ne contient plus de racines carres, elle
est parfaitement adapte pour une intgration numrique.
Cest cette formulation de lquation des godsiques qui est implmente dans GYOTO.
quation des godsiques lumire en coordonnes de Kerr-Schild
On a dj voqu les coordonnes de Kerr-Schild (T, x, y, z) dans le chapitre 1. En
utilisant ce jeu de coordonnes, llment de mtrique scrit :
ds
2
= dx
2
+dy
2
+dz
2
dT
2
+
2 M r
3
r
4
+ a
2
z
2
_
r (xdx + y dy) a (xdy y dx)
r
2
+ a
2
+
z dz
r
+ dT
_
2
(7.4)
o M dsigne la masse du trou noir et a son paramtre de spin. La fonction r(x, y, z), qui
nest rien dautre que la coordonne radiale de Boyer-Lindquist, est dnie implicitement
par :
x
2
+ y
2
+ z
2
= r
2
+ a
2
_
1
z
2
r
2
_
(7.5)
partir de quoi il est immdiat de dduire :
r =
1
2
_
x
2
+ y
2
+ z
2
a
2
+
_
(x
2
+ y
2
+ z
2
a
2
)
2
+ 4 a
2
z
2
_
. (7.6)
On pourra se reporter Visser (2007) pour obtenir les quations liant les coordonnes
de Kerr-Schild aux coordonnes de Boyer-Lindquist
1
.
1. Attention cependant aux notations : la coordonnes utilise dans les quations 34 36 de Visser
(2007) est la coordonne
K
du systme de coordonnes de Kerr - non utilis dans ce manuscrit - et non
pas la coordonne
BL
de Boyer-Lindquist ; cependant toutes les quations ncessaires aux transformations
entre les systmes de coordonnes sont fournies dans Visser (2007).
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On constate immdiatement au vu de 7.4 que les coordonnes de Kerr-Schild, si elles
sont bien entendu galement aectes dune singularit en r = 0, ne comportent aucune
pathologie au niveau de lhorizon des vnements. Cest le principal intrt de leur utili-
sation, par rapport aux coordonnes de Boyer-Lindquist. En particulier, si lon souhaite
intgrer des godsiques travers lhorizon (par exemple dans le cas o lobservateur se
situe lui-mme lintrieur de lhorizon, voir ce sujet les simulations de Marck 1996),
lutilisation des coordonnes de Kerr-Schild sera particulirement adapte.
Lquation des godsiques lumires en coordonnes de Kerr-Schild est donne dans Ha-
meury et al. (1994) :
3
x
M
= 4 a r
S
y (7.7)
+
_
4 r
2
_
xr + a y
r
2
+ a
2
_
K
_
a S
_
2
_
a r
r y a x
r
2
+ a
2
S
_
4 (E S) +
_
4 a
2
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S
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y
M
= 4 a r
S
x
+
_
4 r
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r y a x
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+ a r
xr + a y
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4 (E S) +
_
4 a
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z
M
= K cos
_
3 r
2
a
2
cos
2
T =
2 M K r
(P r)
+ E
o on a utilis :
= r
2
+ a
2
cos
2
, (7.8)
P = E (r
2
+ a
2
) a L,
S = r + P,
les constantes E, L et K tant toujours lnergie par unit de masse de la particule mesure
par un observateur linni, la composante axiale de son moment cintique, et K =
Q+ (L a E)
2
, o Q est la constante de Carter.
On attire lattention du lecteur sur le fait que le systme dquation 7.7 nest valable
que pour une particule de masse nulle. Il faudrait disposer de la mme quation, mais
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Figure 7.1 Lcran GYOTO est constitu de N pixels dans chaque direction e
x
et e
y
,
chaque pixel faisant une taille angulaire . Le champ de vue est gal N . Pour obtenir
une vue complte du ciel, on prendra ainsi N = /2.
dpendante de la masse de la particule, an de pouvoir intgrer, par exemple, des orbites
dtoiles en coordonnes de Kerr-Schild.
Le dveloppement de limplmentation des coordonnes de Kerr-Schild dans GYOTO
na pas t pouss trs loin tant donn que toutes les applications observationnelles qui
seront dveloppes dans la suite utilisent les coordonnes de Boyer-Lindquist. Pour toute
la suite de cette section, on se placera donc en coordonnes de Boyer-Lindquist.
7.1.2 Droulement de lintgration
De lobservateur la source : conditions initiales
Lintgration des godsiques se fait en remontant le temps coordonne, depuis lob-
servateur jusqu la source astrophysique. Ceci permet dconomiser en temps de calcul
tant donn que les godsiques qui quittent lobjet astrophysique mais ne rejoignent pas
lobservateur ne sont pas calcules.
Lobservateur est suppos statique, aux coordonnes (t, r, , ). Il est modlis par un
cran suppos ponctuel, dont les pixels correspondent aux direntes directions initiales
des photons : chaque pixel de lcran est ainsi associ deux coordonnes angulaires sur le
ciel correspondant la direction initiale du photon
2
. Lcran est ainsi compltement dni
par son nombre de pixels et sa taille angulaire (voire Fig. 7.1).
Un des objectifs de GYOTO est dtre le plus transparent possible pour un utilisateur
non spcialiste du formalisme de calcul de trajectoires relativistes. De ce fait, on veut
pouvoir dcrire un photon incident partir des trois quantits qui le caractrisent pour un
2. On insiste encore une fois sur le fait que lintgration se fait en remontant le temps, le vecteur tangent
initial du photon quitte donc lcran.
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Figure 7.2 Systmes de coordonnes utiliss dans GYOTO pour reprer lobservateur.
Le systme de coordonnes (X, Y, Z) est centr sur le trou noir, laxe des Z concide avec
laxe de rotation de lobjet central ; le systme (x, y, z) est centr sur lobservateur, le
vecteur e
z
tant dirig selon la ligne de vise. Les angles dEuler a
1
, a
2
et a
3
permettent
de passer dun systme lautre. En particulier, le choix de langle a
1
permet dorienter
les vecteurs e
x
et e
y
dans le plan de lcran. Les angles a
2
et a
3
sont relis aux angles
sphriques et selon : a
2
= , a
3
= /2 .
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observateur : ses coordonnes angulaires sur le ciel et (comme illustr sur la Fig. 7.1),
et sa frquence observe
obs
(impose par le ltre choisi par lobservateur).
A partir de ces trois quantits, qui sont les conditions initiales fournies GYOTO pour
chaque photon, on va driver le 4-vecteur donde du photon k au niveau de lcran, reli
la 4-impulsion p par p = k.
Pour ce faire, on introduit le repre cartsien (x, y, z) associ lcran (voir Fig. 7.2).
On dnit la vitesse coordonne dun photon comme le 3-vecteur tangent initial du photon
au niveau de lcran, qui peut sexprimer dans le repre (x, y, z) en fonction des angles
sphriques
1
et
2
dnis sur la Fig. 7.3 selon :
v = ^ v
1
, (7.9)
v
1
= sin
1
cos
2
e
x
+ sin
1
sin
2
e
y
+ cos
1
e
z
o ^ est un coecient de normalisation qui reste dterminer.
An de faire le lien avec les coordonnes de Boyer-Lindquist, on peut exprimer v dans les
coordonnes sphriques associes au repre (X, Y, Z) centr sur le trou noir (voir Fig. 7.2).
Les vecteurs de la base orthonorme associe ce systme de coordonnes sont lis aux
vecteurs de la base naturelle associe aux coordonnes de Boyer-Lindquist
i
par :
e
r
=
1
g
rr
r
, (7.10)
e
=
1
,
e
=
1
o on a suppos que la mtrique spatiale g

ij
tait diagonale.
Le vecteur v sexprime alors selon :
v = r
g
rr
e
r
+

. (7.11)
Remarquons que si lobservateur est susamment loin du trou noir pour que lespace
puisse tre considr comme plat en son voisinage, lquation prcdente donne :
v = r e
r
+ r

e
+ r sin e
. (7.12)
Le lien entre les bases utilises dans les deux prcdentes quations est donn par les
angles dEuler (voir Fig. 7.2) :
e
r
= e
z
; e
= sina
1
e
x
+ cosa
1
e
y
; (7.13)
e
= cosa
1
e
x
+ sina
1
e
y
.
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Figure 7.3 Lien entre les coordonnes angulaires et sur le ciel et les coordonnes
angulaires sphriques
1
et
2
associes au repre (x, y, z) de lobservateur.
On dduit alors par identication les coordonnes initiales du photon r,

et :
r =
^ cos
1
g
rr
;

= ^
sina
1
sin
1
cos
2
+ cosa
1
sin
1
sin
2
; (7.14)
= ^
cosa
1
sin
1
cos
2
+ sina
1
sin
1
sin
2
.
Les angles dEuler a
i
tant xs
3
, il ne reste donc plus qu relier les angles
1
et
2

et , et dterminer le facteur ^.
La Fig. 7.3 montre que lon peut relier aisment
2
aux angles et selon :
2
=
_
tan
1
(/) > 0
+ tan
1
(/) < 0
(7.15)
Par ailleurs, la formule des cosinus en trigonomtrie sphrique permet de dterminer
1
.
Rappelons cette formule due au mathmaticien Franois Vite (1593), avec les notations
de la Fig. 7.4 :
cosc = cosa cosb + sina sinb cos. (7.16)
Dans notre cas, les arcs , et
1
forment un triangle sphrique. Les grands cercles sur
lesquels sappuient et tant orthogonaux, on a :
cos
1
= coscos. (7.17)
Do :
1
= cos
1
(coscos) . (7.18)
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Figure 7.4 Un triangle sphrique. Si on note O le centre de la sphre, les quantits
a, b et c dsignent les angles COB, COA et AOB. La formule des cosinus donne alors :
cosc = cosa cosb + sina sinb cos. Source : Wikipedia
Soit u = (u
t
, 0, 0, 0) la 4-vitesse de lobservateur statique. On peut toujours dcomposer
le 4-vecteur donde k selon :
k = u+
u
k (7.19)
o est un facteur multiplicatif et
u
dsigne loprateur de projection sur lespace local
de repos de lobservateur.
Le 3-vecteur v introduit plus haut nest autre que la partie spatiale du 4-vecteur
u
k :
u
k = (0, v). (7.20)
De plus, en prenant le produit scalaire de lEq. 7.19 par u on obtient :
= k u =
obs
(7.21)
o
obs
= 2
obs
est la pulsation du photon mesure par lobservateur, et
obs
est la
frquence observe.
Considrons alors la situation reprsente par un diagramme despacetemps sur la
Fig. 7.5. Soit O lvnement dimpact du photon sur lcran de lobservateur. Soit A un
vnement sur la ligne dunivers du photon distant de O dune quantit d du paramtre
ane paramtrant la godsique lumire. Soit B lvnement simultan pour lobservateur,
distant de O dun intervalle de temps propre d. Si on note w la vitesse de la lumire
mesure par lobservateur, on a la relation : wd = BA. La relation de Chasles applique
dans le triangle OAB donne :
d k = d u + d w. (7.22)
3. Pour toutes les simulations en mtrique de Kerr qui seront prsentes dans ce manuscrit, la projection
de laxe de rotation du trou noir est suppose concider avec laxe y de lcran. Ceci xe langle dEuler a
1
.
t
e
l
-
0
0
6
2
4
8
1
6
,

v
e
r
s
i
o
n

1

-

1
9

S
e
p

2
0
1
1
Figure 7.5 Vitesse du photon mesure par lobservateur. La 4-vitesse de lobservateur
est note u, le 4-vecteur tangent du photon est not k. Le point O dsigne lvnement
de limpact du photon sur lcran dobservation. Le point A est un vnement inniment
proche de O sur la ligne dunivers du photon (en rouge), le point B est lvnement simul-
tan de A pour lobservateur (dont la ligne dunivers est reprsente en bleu). La surface
reprsente lespace local de repos de lobservateur.
En prenant le produit scalaire de cette quation par la 4-vitesse de lobservateur
4
on
dduit :
k =
obs
(u +w) (7.23)
Soit :
u
k = (0, v) =
obs
w. (7.24)
Le vecteur w tant normalis 1 (cest la vitesse de la lumire mesure par lobserva-
teur), on en dduit que le 4-vecteur (0, v) doit tre normalis
obs
, ce qui entrane :
^ =

obs
_
g
ij
v
i
1
v
j
1
(7.25)
o lexpression du 3-vecteur v
1
est donne par lEq. 7.9.
Les Eqs. 7.14, 7.15, 7.18 et 7.25 permettent dobtenir les composantes spatiales du 4-
vecteur tangent initial k partir des conditions initiales GYOTO , et
obs
=
obs
/2 .
La composante temporelle est ensuite dtermine par normalisation 0 de k.
Cependant, lorsque GYOTO est utilis pour calculer le spectre mis par un objet (voir
section 7.3) et quon souhaite faire varier
obs
dans une bande de frquences, il nest pas utile
de refaire les calculs de propagation des godsiques pour chaque valeur de frquence : les
godsiques sont bien entendu indpendantes de la frquence du photon comme le montre
4. Et en utilisant les relations : k u =
obs
, u u = 1 et w u = 0. Cette dernire galit est vrie
parce que A et B tant simultans, le vecteur innitsimal BA = w/d appartient lespace local de repos
de lobservateur (Voir Eq. 3.8 de Gourgoulhon 2010b). On fait lhypothse que B est susamment proche
de O pour pouvoir confondre la 4-vitesse de lobservateur en O et en B.
t
e
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0
0
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1
6
,

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1
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S
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2
0
1
1
lEq. 7.23 : le vecteur tangent est simplement proportionnel la frquence observe. Aussi,
tous les calculs internes GYOTO se font avec une frquence observe
obs
= 1, les valeurs
physiques de la frquence choisies par lutilisateur tant utilises uniquement au cours du
calcul du spectre mis.
De lobservateur la source : conditions darrt
Chaque photon est intgr en remontant le temps partir de lcran de lobservateur. La
godsique lumire correspondante est calcule jusqu ce que lune des quatre conditions
darrt suivantes soit vrie :
le photon atteint lobjet astrophysique cible (objet optiquement pais), ou la trans-
mission devient infrieure un certain seuil (objet optiquement mince),
le temps coordonne devient infrieur une certaine valeur spcie par lutilisateur,
le photon parvient une valeur de la coordonne radiale r infrieure une certaine
limite
le nombre de pas dintgration dpasse une certaine valeur maximale admise.
La deuxime condition permet darrter lintgration des godsiques qui ne rencontrent
pas lobjet et qui ne plongent pas dans le trou noir. Il faut cependant prendre garde choisir
une valeur du temps coordonne minimale susamment petite pour permettre lintgration
des godsiques trs courbes qui passent prs de lhorizon et sont susceptibles de rencontrer
lobjet aprs plusieurs orbites autour du trou noir.
La troisime condition permet dviter lapparition des pathologies des coordonnes de
Boyer-Lindquist lapproche de lhorizon : lintgration est stoppe susamment tt pour
les viter. Comme pour la prcdente condition, la dtermination de la valeur critique r
c
en
dessous de laquelle lintgration est arrte devra tre faite avec soin : si r
c
est trop petit,
lintgrateur risquera dutiliser des valeurs divergentes des coecients mtriques (du fait du
comportement pathologique des coordonnes de Boyer-Lindquist prs de lhorizon), mais
si r
c
est trop grand, on risque dempcher lintgration des godsiques rasantes donnant
lieu aux images dordre suprieur.
La dernire condition nest prsente que pour empcher des calculs innis en cas de
problme imprvu lors de lintgration. Elle donne lieu lachage dun message dalerte.
Pas dintgration adaptatif, conservation des constantes du mouvement
Lintgration des godsiques est eectue laide dun intgrateur de Runge-Kutta du
quatrime ordre, avec pas adaptatif (voir par exemple Press et al. 1986).
La dtermination du pas adaptatif est eectue de la faon standard suivante. Consid-
rons la 4-position p et le 4-vecteur tangent v dune particule un pas dintgration donn.
On calcule la 4-position p
et le 4-vecteur tangent v
au pas suivant grce un algorithme

de Runge-Kutta lordre quatre standard (voir par exemple Press et al. 1986). Puis on
divise le pas par deux, et on calcule la 4-position p
et le 4-vecteur tangent v
deux demi-
pas plus loin. Le pas initialement propos nest accept que si p
et v
ne dirent pas trop

t
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0
0
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p

2
0
1
1
de p
et v
. La dirence admise est xe par la valeur de la drive de la 4-position et du

4-vecteur tangent initiaux, multiplie par le pas propos.
An de garantir une intgration correcte, on corrige la 4-position et le 4-vecteur tangent
calculs par lintgrateur pas adaptatif an dassurer la conservation des constantes du
mouvement. On a vu dj plusieurs fois quune particule suivant une godsique en mtrique
de Kerr est dote de quatre constantes du mouvement : la norme au carr de son 4-vecteur
tangent
5
(qui vaut 0 si lon intgre un photon, -1 sil sagit dune particule massive),
lnergie E par unit de masse mesure par un observateur linni, la composante axiale
L de son moment cintique mesure par un observateur linni, et la constante de Carter
Q.
La conservation de E et de L est directement impose par la forme choisie pour exprimer
lquation des godsiques, comme on le constate au vu de lEq. 7.2, en se rappelant (voir
Eq. 1.15) que E = p
t
et L = p
.
La constante de Carter (voir Eq. 1.16) sexprime selon :
Q =
2

2
+ cos
2
_
a
2
(
2
E
2
) + sin
2
L
2
(7.26)
o dsigne la masse de la particule considre. On va donc imposer

de prendre la
valeur assurant cette galit la position courante (r, , ).
La valeur de

issue du systme 7.2 est donc modie. Cependant, on sassure chaque
itration que la valeur modie ne scarte pas de plus de 1% de la valeur prescrite par le
systme 7.2. Si lcart est suprieur, la modication de

nest pas eectue et un message
dalerte sache si la constante de Carter scarte de sa valeur initiale dune quantit
suprieure 10
5
.
On prfre procder ainsi, plutt que de dterminer

directement partir de 7.26, an
dviter le recours des racines carres et donc une indtermination de signe, comme on
la dj signal plus haut.
ce stade, les valeurs de

t,

et sont directement dictes par les constantes du
mouvement E, Q et L. Il ne reste donc que la coordonne r sur laquelle on puisse jouer
an dimposer la conservation de la norme au carr du 4-vecteur tangent la godsique.
Si lon considre une godsique de genre lumire, cette norme au carr scrit :
g
tt

t
2
+ g
rr
r
2
+ g
2
+ g

2
+ 2 g
t

t = 0. (7.27)
De cette dernire quation, on tire la valeur modie de r, en vriant de la mme
faon que pour

que cette valeur modie ne scarte pas trop de la valeur prescrite par
le systme 7.2.
Dicults lies aux coordonnes de Boyer-Lindquist
Lutilisation de coordonnes de type sphrique entrane un comportement pathologique
sur laxe = 0 []. Les quations du mouvement (7.2), une fois explicites compltement,
font apparatre des termes en cotan qui divergent sur cet axe.
5. Ce qui quivaut fournir la masse de la particule.
t
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1
7.2. TRANSFERT RADIATIF 113
De faon viter ces comportements divergents, on multiplie le pas propos lintgra-
teur adaptatif par un coecient 1,1 an de dpasser les abords de laxe lorsque les termes
faisant apparatre des facteurs cotan dans lquation des godsiques deviennent sup-
rieurs une certaine limite. Cette limite dpend de la position : on la prendra plus petite
aux abords de lhorizon, car les godsiques qui croisent laxe dans cette rgion vont faire
perdre beaucoup de temps de calcul, le pas adaptatif diminuant violemment pour tenter
de pallier les eets pathologiques des coordonnes.
Ce comportement pathologique sur laxe constitue la deuxime principale dicults de
lutilisation des coordonnes de Boyer-Lindquist, avec le comportement divergent prs de
lhorizon des vnements.
7.2 Transfert radiatif
GYOTO permet galement dintgrer lquation de transfert radiatif lintrieur des
objets astrophysiques calculs. Cette section rappelle lquation du transfert radiatif rela-
tiviste, et prsente son implmentation dans le code.
On va dcrire le rayonnement au moyen de lintensit spcique I
dont lunit dans

le systme SI sexprime en J m
2
s
1
ster
1
Hz
1
. Considrons un observateur pour lequel
la frquence du rayonnement mesur est . Lorsquun photon se propage dun certain
lment de longueur propre (pour lobservateur) ds dans lobjet astrophysique, il est af-
fect par labsorption et lmission du milieu travers. Ces processus sont dcrits par deux
coecients
6
:
le coecient dabsorption
, dont lunit SI est le m

1
et qui est reli lintensit
spcique selon :
dI
ds, (7.28)
et le coecient dmission j
, dont lunit SI est le J m

3
s
1
ster
1
Hz
1
et qui est
reli la variation dintensit spcique selon :
dI
= j
ds. (7.29)
Mihalas & Mihalas (1984) montrent que lquation du transfert radiatif relativiste
scrit :
d1
d
= c /1 (7.30)
o est un paramtre ane le long de la godsique lumire considre
7
, et o on a
introduit lintensit spcique invariante, le coecient dmission invariant et le coecient
dabsorption invariant :
6. On nutilise pas de coecient de diusion, les phnomnes de diusion tant inclus dans les phno-
mnes dabsorption (si de lnergie est soustraite au faisceau) ou dmission (si de lnergie est ajoute)
7. Attention, nest pas une longueur donde ! On ne parlera dailleurs ici que de frquence, et jamais
de longueur donde, pour viter toute ambigut.
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0
1
1
1 =
I
3
, c =
j
2
, / =
. (7.31)
Toutes ces quantits sont invariantes au sens o elles ne dpendent pas du rfrentiel
dans lequel elles sont values.
Vrions que cette quation redonne la forme standard de lquation de transfert radiatif
lorsquelle est exprime dans le rfrentiel dun observateur comobile avec le rfrentiel du
uide mettant le rayonnement. Lquation invariante 7.30 devient :
dI
em
d
=
em
[j
em

em
I
em
] (7.32)
o
em
est la frquence mesure par lobservateur comobile avec le uide metteur, et o
lon a utilis le fait que la frquence mesure par cet observateur ne varie pas le long de la
godsique (soit : d
em
/d = 0).
Par ailleurs, un raisonnement exactement analogue celui illustr sur la Fig. 7.5 permet
dobtenir, en notant ds
em
llment de longueur propre mesure par lobservateur corres-
pondant au dplacement de d du photon le long de sa godsique :
d
em
= ds
em
. (7.33)
On obtient alors lquation bien connue du transfert radiatif, exprime dans le rfrentiel
de lobservateur comobile :
dI
em
ds
em
= j
em

em
I
em
. (7.34)
Cest cette quation qui est implmente dans GYOTO. Sa solution sobtient ais-
ment
8
:
I
(s) = I
(s
0
) exp
_
_
s
s
0
(s
)ds
_
+
_
s
s
0
exp
_
_
s
s
(s
)ds
_
j
(s
)ds
(7.35)
o s
0
est la valeur initiale de la coordonne s, cest--dire sa valeur la sortie
9
de la
godsique de lobjet astrophysique, si lon suppose que lobjet nest travers quune seule
fois par la godsique
10
. Comme lmission lextrieur de lobjet est suppose nulle, la
valeur correspondante I
(s
0
) de lintensit spcique est nulle.
On a donc :
8. An dallger les quations, on abandonne le suxe em pour les direntes quantits mesures par
lobservateur comobile.
9. On rappelle que lintgration est eectue en remontant le temps, on appelle ici point de sortie de
lobjet le point ayant la plus petite valeur du temps coordonne parmi les points dintgration situes dans
lobjet.
10. Ce qui nest pas forcment le cas, on peut imaginer que labsorption est susamment faible pour
quune godsique trs courbe dcrive plusieurs passages travers lobjet avant de rejoindre lobservateur.
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7.3. CALCUL DE SPECTRES 115
Figure 7.6 Intgration lintrieur de lobjet. est un paramtre ane. La godsique
se trouve lintrieur de lobjet astrophysique pour
0

N
. Sur cette gure, lint-
gration est suppose sarrter lorsque la godsique quitte lobjet (en remontant le temps,
cest--dire lextrmit gauche sur cette gure).
I
(s) =
_
s
s
0
exp
_
_
s
s
(s
)ds
_
j
(s
)ds
. (7.36)
En un point donn lintrieur de lobjet, lincrment dintensit spcique pour un
incrment de distance s (qui se dduit de lincrment de paramtre ane au pas considr
au moyen de lEq. 7.33) scrit donc :
I
= exp (
s) j
s. (7.37)
Lintensit spcique mise sobtient en sommant ces incrments sur les dirents pas
dintgration lintrieur de lobjet (voir la Fig. 7.6).
Il ne reste donc plus qu fournir les valeurs des coecients dabsorption et dmission
en tout point lintrieur de lobjet astrophysique.
7.3 Calcul de spectres
Il est possible de calculer avec GYOTO les spectres dmission dobjets astrophysiques.
Ce calcul peut se faire pour des objets optiquement pais ou optiquement minces.
7.3.1 Spectre dobjets optiquement pais
On considre un disque mince daccrtion, en supposant que les orbites des particules qui
le composent sont kpleriennes. On sintresse modliser le spectre dune raie dmission
de frquence propre
raie
. En suivant Fanton et al. (1997), on considre que lintensit
spcique mise par le disque un rayon r scrit :
I
em
(
em
raie
) (r) (7.38)
t
e
l
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0
0
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2
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,

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p

2
0
1
1
o reprsente la distribution de Dirac et o (r) suit une loi de puissance dcrite par un
paramtre p selon :
(r) r
p
. (7.39)
Lintgration des godsiques par GYOTO va permettre de dterminer pour chaque
pixel de lcran de lobservateur, cest--dire pour chaque direction dincidence sur le ciel,
lintensit spcique observe, qui est relie lintensit mise selon :
I
obs
= g
3
I
em
(7.40)
o :
g =

obs
em
. (7.41)
LEq. 7.40 rsulte immdiatement de lexpression de linvariant dintensit introduit
plus haut, 1 = I
/
3
.
Le ux observ F
est reli lintensit spcique selon :

dF
= I
cos d (7.42)
o dsigne langle solide sous lequel est vu llment metteur, et reprsente langle
sparant la normale la surface collectrice et la direction dincidence du photon (Rybicki
& Lightman 1979).
Chaque pixel de lcran GYOTO correspondant un petit angle solide autour dune
direction donne sur le ciel, on peut crire :
F
obs
=
pixels
I
obs
,pixel
cos(
pixel
)
pixel
(7.43)
o I
obs
,pixel
est lintensit spcique calcule pour le pixel considr,
pixel
est langle entre la
normale lcran et la direction dincidence correspondant au pixel considr et
pixel
est
llment dangle solide couvert par un pixel, que lon dnit comme langle solide couvert
par lcran divis par le nombre de pixels :
pixel
=
2 (1 cosf)
N
pixels
, (7.44)
o f dsigne langle entre la normale lcran et la direction dincidence la plus rasante
observe. Cet angle est immdiatement reli au champ de vue F par : f = F/2 (voir la
Fig. 7.1).
La dtermination du ux observ pour une bande de frquences ne ncessite de ra-
liser quune image du disque daccrtion, en stockant les valeurs du rayon dimpact et
du facteur de dcalage vers le rouge g pour chaque pixel de lcran. Muni de ces r-
sultats, on peut se donner une bande de frquences observes
i
obs
, et dterminer pour
chaque pixel la frquence mise associe
i
em,pixel
=
i
obs
/g
pixel
, puis lintensit spcique
t
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0
0
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6
,

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1
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2
0
1
1
7.3. CALCUL DE SPECTRES 117
0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 1.2 1.4 1.6
0.0
0.5
1.0
1.5
2.0
2.5
3.0
3.5
obs / em
Raie dun disque mince
F
l
u
x
Figure 7.7 Raie dmission dun disque mince daccrtion vu 45
dinclinaison autour
dun trou noir de Schwarzschild de masse M. Le rayon interne du disque vaut r = 6 M et
le rayon externe r = 10 M. Le paramtre de la loi de puissance dmission est p = 3. On
ne tient compte ici que de la contribution de limage de premier ordre. On peut comparer
ce rsultat avec la Fig. 3 de Wu et al. (2006).
I
obs,pixel
= g
3
pixel
r
p
impact,pixel
(
i
em,pixel
raie
). Le ux observ la frquence
i
obs
tant na-
lement la somme sur les pixels des I
obs,pixel
.
La Fig. 7.7 reprsente un tel spectre calcul pour un disque daccrtion vu 45
din-
clinaison autour un trou noir de Schwarzschild de masse M, le disque ayant pour rayon
interne r = 6 M et pour rayon externe r = 10 M, le paramtre p valant 3.
7.3.2 Spectre dobjets optiquement minces
Le calcul du spectre mis par un objet optiquement mince est plus complexe que celui
dun objet optiquement pais puisquil va falloir raliser les calculs au fur et mesure de
lintgration de la godsique travers lobjet, et non plus en post-traitement.
Limplmentation ralise dans GYOTO est la suivante.
Pour chaque pas dintgration lintrieur de lobjet, on calcule le facteur de dcalage
vers le rouge g = 1/(p u
em
), o p est la 4-impulsion du photon et u
em
est la 4-vitesse
de lmetteur. Le facteur 1 au numrateur vient du fait que, comme on la expliqu la
n de la section 7.1.2, lintgration de GYOTO est eectue avec une frquence observe
gale 1.
Pour chaque valeur de frquence observe
obs
voulue par lutilisateur, on calcule la
frquence mise correspondante selon :
em
=
obs
/g.
On peut alors utiliser lexpression de lincrment dintensit spcique mise I
em
(Eq. 7.37), en utilisant pour le calcul la valeur en unit SI de
em
calcule prcdem-
ment. Le fait que lintgration des godsiques soit ralise avec une frquence observe
conventionnelle gale 1 nimpacte donc en rien les calculs spectraux.
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0
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,

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2
0
1
1
Lincrment dintensit spcique observe pour chaque valeur de la frquence observe
choisie par lutilisateur scrit alors :
I
obs
= g
3
I
em
. (7.45)
On peut ainsi calculer un cube de cartes dintensit spcique correspondant aux di-
rentes valeurs de frquences observes choisies par lutilisateur. Le ux observ pour chaque
frquence se dduit immdiatement par sommation des cartes, selon la formule 7.43.
On trouvera au chapitre 9 des illustrations de ce qui prcde.
7.4 Objets astrophysiques implments
Cette section prsente les objets astrophysiques dj implments dans GYOTO. Elle
ne vise qu donner un aperu des potentialits du code, et ne recense aucun rsultat
astrophysique exploitable. Lutilisation de GYOTO des ns astrophysiques sera tudie
dans les chapitres 9 et 10.
7.4.1 toile en orbite
GYOTO peut calculer lorbite dune toile plonge dans la mtrique de Kerr. Ltoile
est modlise de faon extrmement simple. Seule la trajectoire de son centre est calcul,
et un rayon lui est attribu. Au cours de lintgration des photons, on dtermine si ltoile
est ou non atteinte en comparant la distance du photon au centre de ltoile la valeur du
rayon.
Aucune physique interne nest donc prise en compte, ni aucun eet de mare sur ltoile.
La prise en compte de la dformation de ltoile par eet de mare, pouvant ventuellement
aller jusqu son dchirement complet, serait un dveloppement intressant du code qui
pourra tre trait dans lavenir.
On a dj prsent Fig. 1.6 limage dune toile en orbite sur lISCO dun trou noir de
Kerr de spin a = 0,9.
7.4.2 Disque mince
Un autre objet simple implmenter est le disque mince daccrtion, dans le cadre du
modle de Page & Thorne (1974). Lexpression du ux mis par un tel disque est donne de
faon plus compacte par Marck (1996) qui calcule galement des images de ces structures.
On pourra se reporter cet article pour y comparer les rsultats obtenus avec GYOTO.
En supposant une mission isotrope, lintensit spcique est proportionnelle au ux,
si bien que lintensit spcique mise en un point du disque vrie (Marck 1996) :
I

1
(
2
3)
5
_

3
2
log
_
(3 2
2)
+
3
+
3
__
(7.46)
t
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0
0
6
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4
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1
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1
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1
1
7.4. OBJETS ASTROPHYSIQUES IMPLMENTS 119
Figure 7.8 Image dun disque mince daccrtion autour dun trou noir de Schwarzschild
calcul en coordonnes de Boyer-Lindquist (gauche) ou de Kerr-Schild (droite).
Figure 7.9 Image dun disque mince daccrtion autour dun trou noir de Schwarzschild
calcul en coordonnes de de Kerr-Schild par Marck (1996).
o =
r/M, M tant la masse du trou noir.

La Fig. 7.8 reprsente des images de disques minces daccrtion autour dun trou noir
de Schwarzschild, calcul lun en coordonnes de Boyer-Lindquist, lautre en coordonnes
de Kerr-Schild. On pourra comparer ces rsultats la Fig. 7.9 issue de Marck (1996).
7.4.3 Disque avec instabilit de Rossby
Linstabilit de Rossby peut se dclencher dans des disques minces lorsque le prol de
densit prsente un extremum en une certaine valeur du rayon r
RWI
. Des ondes de densit
vont tre mises partir de lextremum de densit en sen loignant, des vortex apparaissant
proximit de r = r
RWI
. On pourra se reporter Meheut et al. (2010) pour plus de dtails.
Un disque mince prsentant ce type dinstabilit a t implment dans GYOTO, dans
le cadre dune collaboration avec Hlose Mheut (APC, Paris). Le prol de densit est
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Figure 7.10 Image dun disque mince soumis une instabilit de Rossby. Cette gure
peut tre compare celles obtenues par Falanga et al. (2007).
calcul en utilisant le code VAC de Tth (1996), lintensit spcique mise est calcule en
utilisant lexpression fournie par Falanga et al. (2007).
La Fig. 7.10 reprsente limage dun disque aect dune telle instabilit.
Lexploitation astrophysique de ces rsultats sera mene dans un futur proche, comme
on lindique dans la Conclusion.
7.4.4 Tore daccrtion (polish doughnut)
GYOTO dispose galement dune structure daccrtion torique, gomtriquement paisse
et optiquement mince, drive dune structure daccrtion nomme polish doughnut et ap-
pele tore ionis. Cette structure a t implmente dans le cadre dune collaboration avec
Odele Straub et Marek Abramowicz (CAMK, Varsovie ; Universit de Gteborg). Elle sera
prsente en dtail, ainsi que ces possibles applications astrophysiques, dans le chapitre 9.
On se contente ici de montrer Fig. 7.11 la gomtrie de cette structure daccrtion.
Pour cette gure, lquation du transfert radiatif est intgre, avec un coecient dmission
constant et aucune absorption. Le calcul du facteur de dcalage vers le rouge au niveau du
point dimpact permet de calculer leet de beaming
11
qui aecte lobjet.
Lexistence de tores daccrtion dans les noyaux actifs de galaxies est rendue probable
par le fait que, du fait de leur intense taux daccrtion (proche de la limite dEddington),
lhypothse du disque mince pour les parties les plus internes du disque nest plus admis-
sible. Cette partie interne du disque devient donc gomtriquement paisse, ressemblant
alors un tore, comme le remarque Fuerst & Wu (2007).
11. On rappelle que le beaming est leet dattnuation ou daugmentation de lintensit lumineuse due
la concentration du rayonnement dans la direction de dplacement de la source du fait de laberration
de la lumire (voir par exemple le chapitre 9.5 de Semay & Silvestre-Brac 2005)
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7.4. OBJETS ASTROPHYSIQUES IMPLMENTS 121
Figure 7.11 Image dun tore ionis autour dun trou noir de Kerr de spin 0,5, avec trans-
fert radiatif trivial (coecient dmission constant, aucune absorption). On peut comparer
ce rsultat avec les simulations de la Fig. 5 de Fuerst & Wu (2007), reprsentant des tores
daccrtion.
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Chapitre 8
Calcul dorbite dans des mtriques
numriques
Sommaire
8.1 Le formalisme 3+1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
8.1.1 Le formalisme et son application GYOTO . . . . . . . . . . . . 123
8.1.2 Aperu des fondements thoriques . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
8.2 quation des godsiques en formalisme 3+1 . . . . . . . . . . 128
8.2.1 Intrt dune quation des godsiques en 3+1 . . . . . . . . . . . 128
8.2.2 Drivation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
8.3 toile relativiste en rotation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
8.3.1 toile relativiste en rotation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
8.3.2 quation des godsiques pour un espacetemps axisymtrique sta-
tionnaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
8.3.3 Application la mtrique dune toile relativiste en rotation . . . 133
8.1 Le formalisme 3+1
8.1.1 Le formalisme et son application GYOTO
Le formalisme 3+1 de la relativit gnrale est bas sur un feuilletage de lespacetemps
quadridimensionnel en hypersurfaces tridimensionnelles de genre espace (cest--dire que
tout vecteur appartenant ces hypersurfaces est de genre espace). Ces hypersurfaces sont
paramtres par un paramtre t (voir Fig. 8.1).
Intuitivement, cette approche revient concevoir la rsolution des quations dEinstein
de la faon suivante. On se donne des conditions initiales sur une tranche
t
despacetemps
tridimensionnelle correspondant lensemble des vnements ayant la date t. On va
ensuite faire voluer dans le temps t ces sections tridimensionnelles de faon construire
123
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124 CHAPITRE 8. CALCUL DORBITE DANS DES MTRIQUES NUMRIQUES
Figure 8.1 Feuilletage de lespacetemps / par une famille dhypersurfaces
t
.
Source : Gourgoulhon (2007).
lespacetemps quadridimensionnel. Cependant il faut garder lesprit que ce temps na
rien dabsolu, il rsulte du choix du feuilletage de lespacetemps quadridimensionnel, qui
est arbitraire.
Cette vision volutive de lespacetemps nest cohrente que si lon suppose quune ligne
dunivers causale (cest--dire qui puisse tre suivie par une particule massive ou un photon)
et sans point darrt (cest--dire, par exemple, que cette ligne dunivers ne termine pas
son volution dans la singularit centrale dun trou noir) intersecte exactement une fois
chaque
t
au cours de son volution dans le temps t. Un espacetemps satisfaisant cette
proprit est appel globalement hyperbolique. On se placera toujours dans ce cadre.
Lintrt de ce formalisme est dabord mathmatique : il permet de rendre la rsolution
des quations dEinstein quivalente la rsolution dun problme de Cauchy, cest--dire
dun jeu dquations direntielles avec valeurs initiales fournies sur une hypersurface
t
0
.
Ce sont donc des mathmaticiens qui sont lorigine de son dveloppement : Georges
Darmois dans les annes 1920, Andr Lichnerowicz dans les annes 1930-1940 et Yvonne
Choquet-Bruhat dans les annes 1950 (Darmois 1927; Lichnerowicz 1939; Choquet-Bruhat
1952). Cest dailleurs Choquet-Bruhat (1952) qui montre que le problme de Cauchy
quivalent la dcomposition 3+1 des quations dEinstein a localement une solution
unique.
Lessor de la relativit numrique partir des annes 1970 sest appuy sur cette formu-
lation des quations dEinstein. Lintrt de dvelopper une implmentation du formalisme
3+1 dans GYOTO est de pouvoir utiliser les mtriques calcules par la communaut de la
relativit numrique. Tous les calculs de mtriques numriques eectus lheure actuelle
tant raliss dans ce formalisme, il est ncessaire dimplmenter la vision 3+1 au sein de
GYOTO si lon veut sintresser des mtriques direntes de celle de Kerr.
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8.1. LE FORMALISME 3+1 125
Cet objectif rend GYOTO unique au sein des codes de calcul dorbites existant
lheure actuelle (voir lintroduction de la prsente partie) : cest le seul code qui est capable
dintgrer des godsiques dans des mtriques direntes de Kerr.
1
Pour une prsentation exhaustive du formalisme 3+1, on pourra se reporter Gour-
goulhon (2007).
8.1.2 Aperu des fondements thoriques
Le lecteur non familier avec le formalisme de la gomtrie direntielle utilis ici (et dans
la suite de cette partie) pourra se reporter Gourgoulhon (2010c) pour une introduction.
Cette section ne vise qu donner un rapide aperu du formalisme 3+1 qui sera utilis
dans la section 8.2 pour driver lquation des godsiques. Il nest pas question ici dtre
exhaustif, ni mme compltement rigoureux.
Lobjectif des paragraphes qui suivent est de dnir les outils mathmatiques qui vont
permettre de dcrire la gomtrie des hypersurfaces
t
. On va sintresser la fois la go-
mtrie intrinsque des
t
(cest--dire en considrant ces hypersurfaces comme des varits
autonomes de lespacetemps ambiant /) et leur gomtrie extrinsque (cest--dire la
faon dont ces hypersurfaces sont courbes au sein de /).
Dans les sections qui suivent, les indices grecs (, , , ) varient entre 0 et 3 et sont
donc relatifs lespacetemps quadridimensionnel /. Les indices latins (i, j, k) varient entre
1 et 3 et sont relatifs aux hypersurfaces
t
.
Gomtrie intrinsque
Une hypersurface
t
peut tre considre soit comme une varit de dimension trois,
autonome de la varit despacetemps /, soit comme une sous-varit de /. Plus gnra-
lement, on peut faire correspondre chaque tenseur de
t
(considre comme une varit
de dimension trois autonome) un tenseur de / (en considrant cette fois
t
comme une
sous-varit), et inversement. En particulier, on peut associer la 4-mtrique g de / la
3-mtrique de
t
. On lappelle mtrique induite par g sur
t
. Les produits scalaires de
vecteurs de
t
calculs au moyen de concident bien entendu avec ceux calculs par g.
La 3-varit
t
tant dote de sa 3-mtrique , on peut dnir son oprateur de dri-
ve covariante D, exactement de la mme manire quon dnit la drive covariante
compatible avec la 4-mtrique g. Le tenseur de Riemann qui drive de la 3-connexion D
est appele tenseur de courbure intrinsque de
t
.
Les quantits introduites jusquici ne dcrivent que la courbure intrinsque
t
. On
ne sest pas encore souci de la gomtrie de la 3-varit
t
plonge dans la 4-varit /.
Cest lobjet de la section qui suit.
1. Signalons cependant le rcent article de Psaltis & Johannsen (2010) dans lequel des godsiques sont
intgres en mtrique de Kerr perturbe. Cependant, la mtrique reste analytique.
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Gomtrie extrinsque
La famille dhypersurfaces
t
tant donne, on veut dcrire leur gomtrie au sein de
lespace ambiant quadridimensionnel. Le paramtre t peut tre envisag comme un champ
scalaire dont les
t
sont les lignes de niveau. Une hypersurface
t
0
est ainsi le lieu des
points tels que la valeur du champ scalaire t soit gale t
0
.
Le quadrivecteur gradient du champ scalaire, t, est par construction orthogonal aux
hypersurfaces
t
. On peut donc introduire le vecteur unitaire n normal aux hypersurfaces
t
:
n =
t
t t
(8.1)
le signe - sous la racine tant d au fait que le vecteur gradient, orthogonal une hyper-
surface de genre espace, est de genre temps : t t < 0.
La courbure extrinsque de
t
, cest--dire sa courbure au sein de /, peut tre dnie
en examinant la variation de direction du vecteur normal n lorsquil volue la surface
de
t
. Plus prcisment, on peut dnir loprateur de Weingarten qui associe chaque
vecteur v de
t
la drive covariante du vecteur n le long de v :
: T
P
(
t
) T
P
(
t
)
v
v
n
(8.2)
o T
P
(
t
) dsigne lespace vectoriel tangent
t
en un point P de
t
. On peut mon-
trer (Gourgoulhon 2007) que cette application est bien dnie, cest--dire que lensemble
darrive est bien T
P
(
t
).
On peut alors dnir le tenseur de courbure extrinsque K selon :
K : T
P
(
t
) T
P
(
t
) R
(u, v) u (v)
(8.3)
On peut dmontrer que cet oprateur est symtrique.
An de dcrire la gomtrie des hypersurfaces
t
, on a donc introduit la mtrique induite
, loprateur de drivation covariante associ cette mtrique D (courbure intrinsque),
le vecteur unitaire normal n et le tenseur de courbure extrinsque K.
Deux quantits restent encore introduire : le lapse et le shift.
Lapse et shift
Le lapse est immdiatement accessible. Cest le champ scalaire N tel que :
n = N t. (8.4)
Daprs lEq. 8.1, on a immdiatement : N =
t t. Le terme de lapse vient du

fait que lintervalle de temps propre d mesur par un observateur (dit eulrien) dont la
4-vitesse serait n lors de son passage de
t

t+dt
vaut :
t
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8.1. LE FORMALISME 3+1 127
Figure 8.2 Dnition du vecteur shift en fonction du lapse N, du vecteur normal
unitaire n et du vecteur de base associ la coordonne t,
t
:
t
= N n+. Source : Gour-
goulhon (2007).
d = N dt. (8.5)
Le lapse mesure donc le rapport entre lintervalle de temps propre de lobservateur
eulrien et lintervalle de temps coordonne.
Introduisons alors un systme de coordonnes adaptes au feuilletage en prenant t
comme coordonne temporelle. On note
t
le vecteur de base naturelle associ cette
coordonne. Ce vecteur est de genre temps, mais na aucune raison a priori dtre orthogonal

t
, cest--dire colinaire au vecteur normal n. Autrement dit, les lignes de coordonnes
x
i
= cst ne sont, en gnral, pas orthogonales aux hypersurfaces
t
.
Cest cet cart la colinarit de
t
et de n qui permet de dnir le vecteur shift,
(voir la Fig. 8.2) :
t
= N n +. (8.6)
Oprateur de projection
Le dernier objet mathmatique qui nous sera trs utile pour la drivation de lquation
des godsiques est loprateur de projection sur une hypersurface
t
.
: T
P
(/) T
P
(
t
)
v v + (n v) n
(8.7)
Comme son nom le laisse entendre, son action sur le vecteur normal n donne le vecteur
nul.
Ses composantes sexpriment selon :
t
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+ n
. (8.8)
Nous disposons dsormais de tous les objets mathmatiques ncessaires pour driver
lquation des godsiques.
8.2 quation des godsiques en formalisme 3+1
8.2.1 Intrt dune quation des godsiques en 3+1
Munis dune mtrique exprime dans le formalisme 3+1, on peut toujours utiliser lqua-
tion standard quadridimensionnelle des godsiques :
x
+
4
= 0 (8.9)
o lindice suprieur 4 rappelle que lon utilise ici les 4-Christoels associs la 4-mtrique
g.
En eet, on peut exprimer la 4-mtrique en fonction des quantits 3+1 selon (voir par
exemple Gourgoulhon 2007) :
g
dx
dx
= N
2
dt
2
+
ij
_
dx
i
+
i
dt
_ _
dx
j
+
j
dt
_
. (8.10)
En drivant ces quantits, on peut donc calculer les 4-Christoels et intgrer directement
lEq. 8.9.
Cependant, an dviter ces manipulations depuis les quantits tridimensionnelles vers
les quantits quadridimensionnelles, il serait utile de disposer dune quation quivalente
(8.9) mais faisant uniquement appel des quantits 3+1.
De plus, si lon considre des mtriques non stationnaires, telle que des mtriques def-
fondrement gravitationnel, il ne sera plus aussi simple de faire appel lquation qua-
dridimensionnelle (8.9). Cet aspect particulier de lquation des godsiques en 3+1 sera
prsent en dtail dans le chapitre 12.
8.2.2 Drivation
On considre le point O dintersection de la godsique de genre temps dun observateur
eulrien et de la godsique de genre temps (resp. lumire) dun autre observateur (resp.
dun photon). Soit A le point distant de d de O sur la godsique de lobservateur non-
eulrien (resp. du photon), o dsigne le temps propre (resp. le paramtre de la godsique
lumire). Soit B lvnement simultan pour lobservateur eulrien. Soit enn w = BA/d
o dsigne le temps propre de lobservateur eulrien (voir la Fig. 8.3). Un raisonnement
analogue celui men pour obtenir lEq. 7.23 permet dobtenir :
t
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8.2. QUATION DES GODSIQUES EN FORMALISME 3+1 129
Figure 8.3 En bleu, la godsique de genre temps suivie par lobservateur eulrien de
4-vitesse n. En rouge la godsique suivie soit par un autre observateur de 4-vitesse p, soit
par un photon de 4-vecteur tangent k.
p = (n +w) observateur, (8.11)
k = n +w photon
o = n p = d/d, et o on a impos n k = 1, ce dernier choix tant permis par
le fait que le vecteur de genre lumire k nest dni qu un facteur multiplicatif prs.
Lquation des godsiques a t jusquici toujours exprime dans un systme de co-
ordonnes particulier, comme dans lEq. 8.9. Son expression covariante scrit, pour un
vecteur tangent de genre temps associ au temps propre :
p
p = 0, (8.12)
et pour un vecteur de genre lumire :
k
k = k, (8.13)
o est un champ scalaire qui nest nul que dans le cas dun paramtrage ane de la
godsique, cest--dire tel que tout reparamtrage
= a +b, avec a et b deux constantes,

laisse lquation des godsiques invariante.
Dterminer lquation des godsiques en formalisme 3+1, cest projeter les Eqs. 8.12
et 8.13 sur les hypersurfaces
t
, et orthogonalement ces hypersurfaces, cest--dire le long
du vecteur normal n.
t
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Les calculs qui suivent ne font que rsumer les tapes principales de la drivation. On
pourra se reporter lAnnexe pour les dtails calculatoires.
quation des godsiques de genre temps
On commence par projeter lEq. 8.12 le long du vecteur normal n. En notant n la forme
linaire associe n par dualit mtrique, on obtient :
<
u
u, n > = 0 (8.14)

2
(w
i
D
i
lnN + w
i
w
j
K
ij
)
d
d
= 0
o la deuxime ligne fait abondamment appel aux relations tablies dans lAnnexe.
Cette dernire quation est scalaire, elle permet dexprimer la quantit d/d en fonc-
tion de quantits 3+1 (w
i
, D
i
, K
ij
).
Projetons lEq. 8.12 sur lhypersurface
t
au moyen de loprateur de projection intro-
duit Eq. 8.7 :
(
u
u)
= 0 (8.15)

2
_
D
i
lnN 2 w
j
K
i
j
+
1
N
L
m
w
i
+ w
j
D
j
w
i
_
+
d
d
w
i
= 0
o loprateur L dsigne la drive de Lie et o lon a introduit le vecteur m = N n.
En utilisant lquation scalaire 8.14 pour exprimer le terme d/d de lEq. 8.15 on
obtient :
D
i
lnN 2 w
j
K
i
j
+
1
N
L
m
w
i
+ w
j
D
j
w
i
+
_
w
j
w
k
K
jk
w
j
D
j
lnN
_
w
i
= 0. (8.16)
Cette quation est vectorielle, elle constitue lquation des godsiques de genre temps.
On va dmontrer dans la section suivante que lquation des godsiques de genre lumire
sexprime de la mme faon.
quation des godsiques de genre lumire
Projetons dsormais lEq. 8.13 le long du vecteur n :
<
l
l, n > = < l, n > (8.17)
w
i
D
i
lnN w
i
w
j
K
ij
= .
Cette quation scalaire va permettre dexprimer en fonction des quantits 3+1.
t
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8.3. TOILE RELATIVISTE EN ROTATION 131
La projection sur lhypersurface
t
scrit :
(
l
l)
= (
l)
(8.18)
D
i
lnN 2 w
j
K
i
j
+
1
N
L
m
w
i
+ w
j
D
j
w
i
=
_
w
j
D
j
lnN w
j
w
k
K
jk
_
w
i
o lEq. 8.17 a t utilise pour exprimer le champ scalaire . Cette dernire quation est
scalaire et constitue lquation des godsiques de genre lumire.
On constate immdiatement lquivalence des Eqs. 8.16 et 8.18. La section suivante va
tablir lquation gnrale des godsiques (de genre temps ou lumire) sous la forme dun
systme dquations direntielles en la variable t portant sur les variables despace x
i
.
quation des godsiques comme systme dquations direntielles
Les relations tablies dans lAnnexe permettent de transformer les Eqs 8.16 et 8.18 en :
dx
i
dt
= Nw
i
i
, (8.19)
dw
i
dt
= N
_
w
i
_
w
j
j
ln N K
jk
w
j
w
k
_
+ 2K
i
j
w
j
i
jk
w
j
w
k
ij
j
N w
j
i
o lon a utilis les coordonnes spatiales x
i
.
Ce sont les quations des godsiques exprimes dans le formalisme 3+1 : toutes les
quantits utilises ici sont dnies dans les hypersurfaces
t
. En particulier le symbole de
Christoel
i
jk
est associ la 3-mtrique .
La section suivante va montrer un premier exemple dutilisation de cette quation. On
trouvera dans le chapitre 12 une application plus pousse la visualisation despacetemps
dynamiques.
8.3 Un objet GYOTO en formalisme 3+1 : ltoile rela-
tiviste en rotation
Cette section a pour but de montrer un premier exemple de calcul dorbites ralis dans
une mtrique calcule numriquement en formalisme 3+1, faisant appel lEq. 8.19. On
va galement fournir une vrication de cette quation en comparant le rsultat quelle
fournit avec celui dune intgration quadridimensionnelle.
8.3.1 toile relativiste en rotation
On considre la mtrique dune toile relativiste en rotation, telle que dcrite par Gour-
goulhon (2010a).
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On utilise un systme de coordonnes (t, r, , ) adaptes au feuilletage par les hyper-
surfaces
t
. On suppose lespacetemps axisymtrique (
= 0), stationnaire (
t
g
= 0)
et circulaire (voir Gourgoulhon 2010a, Eq. 2.19 et 2.20, pour une dnition).
La vitesse de rotation de ltoile = d/dt est prise gale 700 Hz. Lquation dtat
de la matire stellaire est suppose polytropique :
p = n
(8.20)
o p est la pression, n est la densit numrique, est le coecient de pression et est
lindice adiabatique.
On choisit les valeurs suivantes pour ces constantes : = 0,04, = 2.
Munis de ce modle simple, on peut rsoudre les quations dEinstein en utilisant la
bibliothque numrique LORENE
2
dveloppe par le groupe de relativit numrique du
LUTH.
8.3.2 quation des godsiques pour un espacetemps axisym-
trique stationnaire
La mtrique ainsi que les direntes quantits 3+1 introduites ci-dessus tant calcules
par LORENE, il ne reste plus qu exprimer lquation des godsiques dans lhypothse
axisymtrique et stationnaire an de pouvoir calculer des images dobjets astrophysiques.
Dans le cas stationnaire axisymtrique, Gourgoulhon (2010a) montre que le lapse et les
composantes du shift ne dpendent que de r et de :
N = N(r, ), (8.21)
i
=
i
(r, ).
On peut encore simplier lexpression du shift en montrant quil sexprime en fonction
du champ scalaire = g
t
/g
selon :
= (0, 0, ). (8.22)
Le tenseur de courbure extrinsque K est lui aussi grandement simpli par rapport au
cas gnral. Ces composantes non nulles sont seulement K
r
et K
.
Il ne reste plus qu calculer les symboles de Christoel (relatifs la 3-mtrique) pour
obtenir lexpression de lquation des godsiques pour un espacetemps axisymtrique et
stationnaire :
2. Disponible ladresse http ://www.lorene.obspm.fr
t
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8.3. TOILE RELATIVISTE EN ROTATION 133
r = T r N
rr
N
,r
+ 2 N
rr
( ) K
r
(
r
, (8.23)
= T

N
N
,
+ 2 N
( ) K
,
= T ( ) + 2
_
r
,r
+

,
_
+ 2 N
_
rK
r
+

K
_
(
,
o

X dsigne la drive par rapport au temps coordonne t de la quantit X, et o lon a
introduit :
T =
2
N
_
N
,r
r + N
,

r ( ) K
r

( ) K
_
, (8.24)
(
r
= r
2
r
rr
+ 2 r

r
r
+

+ ( )
2
,
(
= r
2
rr
+ 2 r

r
+

+ ( )
2
,
(
= 2 r ( )
r
+ 2

( )
.
8.3.3 Application la mtrique dune toile relativiste en rotation
La Fig. 8.4 reprsente la trajectoire dun photon intgr dans la mtrique dune toile
relativiste telle que dnie dans la section 8.3.1. On a calcul cette godsique de deux
faon direntes : en utilisant lquation des godsiques en formalisme 3+1 drive plus
haut (Eq. 8.23), et en utilisant lquation des godsiques 4D standard (Eq. 8.9). Cette
dernire quation peut tre utilise tant donn quil est possible dexprimer les symboles
de Christoel quadridimensionnels qui y apparaissent au moyen des quantits 3+1 grce
la relation 8.10 reliant la mtrique 4D aux quantits 3+1.
On constate sur la Fig. 8.4 que les deux calculs donnent exactement le mme rsultat,
ce qui est une illustration de la validit de lquation des godsiques en 3+1.
La Fig. 8.5 reprsente la trajectoire dune particule massive en orbite autour de ltoile
relativiste, l aussi calcule par les deux manires voques plus haut. On constate l aussi
le parfait accord des deux calculs.
Des exemples dintrt astrophysique de lutilisation des capacits de GYOTO intgrer
des godsiques dans des mtriques numriques seront proposs dans la partie V.
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0.15
0.2
0.25
-2
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z
Integration 4D
Integration 3+1
x
y
z
Figure 8.4 Trajectoire dun photon intgre dans la mtrique dune toile relativiste en
rotation calcule par le code LORENE/nrotstar. Le calcul est men en utilisant lquation
des godsiques quadridimensionnelle standard (en trait plein rouge) ou lquation des
godsiques en formalisme 3+1 (tirets bleus). La position de lobservateur est marque par
un carr noir.
-10
-5
0
5
10
15
0
5
10
15
20
-0.1
-0.05
0
0.05
0.1
z
Integration 4D
Integration 3+1
x
y
z
Figure 8.5 Trajectoire dune particule massive intgre dans la mtrique dune toile
relativiste en rotation calcule par le code LORENE/nrotstar. Le calcul est men en uti-
lisant lquation des godsiques quadridimensionnelle standard (en trait plein rouge) ou
lquation des godsiques en formalisme 3+1 (tirets bleus).
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Quatrime partie
Simulations dobservations pour
contraindre lobjet compact au centre
de la Galaxie
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Introduction
Cette partie vise exploiter le dveloppement du code de calcul de trajectoires de par-
ticules GYOTO dans le but dtudier des phnomnes physiques en champ gravitationnel
fort au centre de la Galaxie.
Le chapitre 9 sintresse une structure daccrtion particulire susceptible dentourer
le trou noir supermassif Sgr A* : le tore ionis. Cet objet drive de la classe des polish
doughnuts, structure daccrtion qui a t dveloppe la n des annes 70 et dont les
caractristiques physiques sont connues de faon analytique, en fonction dun nombre rela-
tivement restreint de paramtres. Le tore ionis est constitu dune population dlectrons
et dions qui mettent du rayonnement synchrotron, Bremsstrahlung, et Compton inverse.
Il sera donc ncessaire dutiliser ici la capacit de GYOTO de tenir compte du transfert
radiatif lors de lintgration des rayons lumineux travers le tore, optiquement mince. On
se propose lors de cette tude de dterminer si le tore ionis est une structure daccrtion
permettant dexpliquer les caractristiques observes du spectre de Sgr A*, en considrant
uniquement lmission synchrotron, responsable du pic sub-millimtrique comme on la vu
dans la section 3.3. Il nest pas question ici de contraindre de faon quantitative les para-
mtres du modle en fonction du spectre observ de Sgr A*, mais seulement de dterminer
si le tore ionis est un candidat digne ou non de considration pour rendre compte de
laspect observationnel de lmission des abords du trou noir central.
Le chapitre 10 va dvelopper une analyse des sursauts de rayonnement qui aectent le
centre galactique, et dont il a dj t question plusieurs fois dans ce manuscrit (voir la
section 4.2.1). Cette tude va permettre dutiliser de nombreux rsultats obtenus dans les
parties II et III puisquon se propose daboutir des simulations dobservations ralises
par linstrument GRAVITY de phnomnes de sursauts dans le cadre du modle dit du
point chaud, pour lequel les boues de rayonnement observes sont dues de la matire
chaue en orbite trs resserre autour du trou noir. Aprs avoir pass en revue les dirents
modles proposs pour expliquer les sursauts de rayonnement de Sgr A*, on se propose
de simuler la courbe de lumire et la trajectoire du centrode
3
dun point chaud en orbite
autour de Sgr A*. Ces simulations serviront leur tour de donnes initiales pour le code
de simulation dobservations de GRAVITY prsent dans la partie II. On aboutira donc
une simulation trs raliste dune observation par GRAVITY dun phnomne de sursaut
dans le cadre du modle du point chaud. Lobjectif de ces simulations est dapporter une
3. Cest--dire du barycentre des positions pondres par leur luminosit.
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rponse plus prcise la question que lon stait dj pose dans la section 6.2 : GRAVITY
sera-t-il capable de mettre en vidence le mouvement dun tel point chaud?
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Chapitre 9
Simulations dobservation dun tore
daccrtion autour de Sgr A*
Sommaire
9.1 Le modle du polish doughnut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
9.1.1 Motivations physiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
9.1.2 Le polish doughnut : dveloppements thoriques . . . . . . . . . . 141
9.1.3 Processus radiatifs au sein du tore ionis . . . . . . . . . . . . . . 145
9.2 Simulations dobservation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
9.2.1 Modlisation de limage dun tore ionis . . . . . . . . . . . . . . 149
9.2.2 Modlisation du spectre mis par un tore ionis . . . . . . . . . . 149
9.1 Le modle du polish doughnut
9.1.1 Motivations physiques
La physique des structures daccrtion fait appel de multiples ingrdients dcrits
par des temps caractristiques dvolution spciques. Trs schmatiquement, il sagit de
dcrire lvolution dune assemble de particules en orbite autour dun objet compact, qui
vont voir leur moment cintique diminuer peu peu sous leet des forces de friction, ce
qui se traduit par un mouvement spiralant vers le centre. Les forces visqueuses agissant
sur les particules vont les chauer, et le disque pourra se refroidir principalement par deux
processus : soit par rayonnement (comme pour les disques minces daccrtion, Shakura &
Sunyaev 1973), soit par advection (cest--dire, transport par le ux de matire) de cette
chaleur jusquau trou noir si lmission de rayonnement est peu ecace (cest le cas pour
les structures dites ADAF, advection dominated accretion ow, Narayan & Yi 1994).
On peut dcrire de faon trs gnrale une structure daccrtion en introduisant trois
temps caractristiques :
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140 CHAPITRE 9. TORE DACCRTION AUTOUR DE SGR A*
- le temps dynamique t
dyn
: il dcrit le temps dvolution des forces de pression qui
permettent dquilibrer le disque,
- le temps thermique t
ther
: il dcrit le temps dvolution de lentropie qui varie en fonc-
tion de la chaleur produite par les forces visqueuses ou prleve par le rayonnement
mis,
- le temps visqueux t
visc
: il dcrit le temps dvolution du moment cintique sous leet
des forces visqueuses.
Les modles analytiques de structures daccrtion se basent sur une hirarchie de ces
temps dvolution. Ainsi le modle du disque mince (Shakura & Sunyaev 1973) suppose :
t
dyn
t
ther
t
visc
. (9.1)
Cette hirarchie, tout comme lexistence mme de ces chelles de temps spares, nest
pas lheure actuelle tablie de faon ferme. Cest une hypothse que beaucoup de modles
analytiques utilisent.
Cest galement dans ce cadre que se place le modle du polish doughnut. Comme le
prsente Abramowicz (2009), le moment cintique par unit de masse et lentropie L(r, )
et o(r, ) sont alors constants sur une dure de lordre du temps dynamique t
dyn
. Plutt que
de calculer ces grandeurs physiques en faisant ncessairement des hypothses peu vriables
sur la physique sous-jacente
1
, il est plus simple et aussi justi de choisir de faon ad hoc
ces grandeurs elles-mmes (Abramowicz et al. 1978).
Les motivations la base du dveloppement du polish doughnut sont donc essentielle-
ment de parvenir une description la plus simple possible dune structure daccrtion, qui
soit dcrite par des paramtres physiques dont linterprtation soit claire.
Le moment cintique et lentropie sont donc choisis de la faon la plus simple possible :
L(r, ) = L
0
= cst, (9.2)
o(r, ) = o
0
= cst.
Cette hypothse sur le moment cintique et lentropie est la base de la thorie des
polish doughnuts : elle permet dexprimer analytiquement toutes les quantits physiques
utiles la description de la structure daccrtion, comme on va le voir dans la section
suivante.
Cependant, les expressions proposes dans les Eqs. 9.2 ne sont que les plus simples que
lon puisse avancer, et certains auteurs ont imagin des modles plus volus (Qian et al.
2009).
1. Lexemple le plus fameux de ce genre dhypothse est la description de la viscosit dans les disques
minces daccrtion par le paramtre (Shakura & Sunyaev 1973).
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9.1. LE MODLE DU POLISH DOUGHNUT 141
9.1.2 Le polish doughnut : dveloppements thoriques
En plus du choix de la constance du moment cintique (Eq. 9.2), on va supposer que
lespacetemps est stationnaire et axisymtrique, et que les particules constituant la struc-
ture daccrtion forment un uide parfait et suivent des orbites circulaires. En utilisant le
systme de coordonnes de Boyer-Lindquist (t, r, , ), ceci se traduit par :
T
= ( + p) u
+ p
, u = (u
t
, u
r
= 0, u
= 0, u
) (9.3)
o T
est le tenseur nergie-impulsion du uide, u est sa 4-vitesse,
est le symbole de
Kronecker, p est la pression du uide et sa densit dnergie.
On a dj tabli (voir Eq. 1.15) lexistence des constantes du mouvement godsique
2
:
E = u
t
, (9.4)
L = u
o lon a suppos que la masse de la particule vaut 1 (ce qui permet de confondre la
4-impulsion p et la 4-vitesse u).
On va rednir ces constantes du mouvement en introduisant :
J = ln (u
t
) , (9.5)
L =
u
u
t
.
La quantit L correspond au moment cintique
3
introduit dans lEq. 9.2. On peut
dmontrer (Abramowicz 2009) que cette quantit L est galement une constante de type
Bernoulli le long des lignes de courant du uide. Il nen reste par moins que lhypothse de
lEq. 9.2 reste trs forte : on suppose L constant, quelque soit la ligne de courant considre.
On utilise usuellement une quantit adimensionne drive de L :
=
L L
K,ms
L
K,mb
L
K,ms
(9.6)
o L
K,ms
dsigne la valeur kplerienne du moment cintique au rayon de lISCO (marginally
stable orbit en anglais) et L
K,mb
dsigne la valeur kplerienne du moment cintique au
rayon de lorbite marginalement lie (marginally bound orbit en anglais). On trouvera la
2. On prcise bien ici que lon parle du mouvement godsique, et non pas du mouvement des particules
de la structure daccrtion qui ne sont pas soumises uniquement la gravitation
3. Il faut toutefois prendre garde au fait que, daprs lexpression 9.5, le moment cintique L utilis
ici ne correspond pas au moment cintique L introduit dans lEq. 1.15, mais au rapport L/E, o E est
lnergie introduite galement dans lEq. 1.15.
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dnition et lexpression de cette orbite marginalement lie dans Bardeen et al. (1972). La
Fig. 3 de Abramowicz & Fragile (2011) illustre le fait que :
0 1. (9.7)
La quantit J sera dornavant appele potentiel du polish doughnut, car on peut mon-
trer (Abramowicz 2009) quelle joue un rle analogue au potentiel gravitationnel newtonien
dans lexpression des quations du mouvement dune particule.
En utilisant la normalisation de la 4-vitesse du uide, on arrive aisment lexpression
suivante pour le potentiel
4
:
J =
1
2
ln
_
g
tt
+ 2 g
t
+
2
g
(g
tt
+ g
t
)
2
_
(9.8)
o on a introduit la vitesse angulaire du uide = u
/u
t
.
Lquation de conservation
= 0 entrane alors (Abramowicz 2009) :
p
p +
=
J (9.9)
o on a utilis le fait que le moment cintique L est constant pour simplier lexpression
de Abramowicz (2009).
Les surfaces isobares concident donc avec les surfaces quipotentielles du modle. La
Fig. 9.1 reprsente en coupe les surfaces quipotentielles dun polish doughnut. On remarque
quil existe un point critique r
crit
pour lequel la surface quipotentielle sintersecte elle-
mme. Toutes les surfaces contenues lintrieur de cette surface critique ne sont pas
connectes au trou noir : la matire ne peut donc pas y tomber. On peut donc dnir la
surface quipotentielle critique comme la surface physique du polish doughnut. Un autre
point intressant apparaissant sur la Fig. 9.1 est le point central, r
central
, qui correspond
la surface quipotentielle limite la plus interne. Le potentiel et la pression augmente
continment depuis le point critique jusquau point central. Le dernier point intressant
est celui correspondant la plus grande valeur du rayon sur la surface physique du polish
doughnut, r
max
.
On remarque galement sur la Fig. 9.1, et ceci peut tre dmontr par le calcul (Abra-
mowicz 2009), que les surfaces quipotentielles sont de forme conique prs de laxe de
rotation, et de forme sphrique loin de laxe. La forme conique des surfaces quipoten-
tielles le long de laxe permet de collimater des jets des luminosits trs leves (et mme
super-Eddington, voir la discussion dans Abramowicz 2009).
On peut ce stade introduire le paramtre adimensionn w suivant :
w =
J J
surf
J
central
J
surf
. (9.10)
4. La dirence de signe par rapport aux expressions quivalentes fournies dans la littrature (Abra-
mowicz 2009; Qian et al. 2009) provient du choix de la signature (+,-,-,-) eectu par les thoriciens des
polish doughnuts.
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Figure 9.1 Surfaces quipotentielles dun polish doughnut. Les points critique, cen-
tral et de rayon maximal sont indiqus, ainsi que la surface physique en pointills bleus.
Source : Abramowicz et al. (1978).
o J
surf
et J
central
dsignent la valeur du potentiel la surface du doughnut et au point
central respectivement.
On dduit de ce qui prcde que lintrieur du polish doughnut est dni par :
0 w 1 (9.11)
avec w = 0 sur la surface et w = 1 au point central.
Pour nir, on prcise que la luminosit totale mise par un polish doughnut est de
lordre, ou lgrement suprieure la luminosit dEddington (Abramowicz 2009) :
L
tot
L
Edd
1,15 log
_
r
max
r
central
_
. (9.12)
Le modle du polish doughnut nest donc pas applicable tel quel pour modliser des
sources trs peu lumineuses (cest--dire pour lesquelles L L
Edd
), telle quel la source
concidant avec Sgr A* au centre de la Galaxie.
Cependant, une structure drive du polish doughnut a t dveloppe, le tore io-
nis (Rees et al. 1982), qui est adapte pour ce genre de source, comme on peut le voir
sur la Fig. 9.2, reprsentant les direntes structures daccrtion voques jusquici dans le
plan ( m, ) o m est le taux daccrtion et la profondeur optique.
On rappelle que la profondeur optique dun milieu est dnie par :
d = ds (9.13)
o est le coecient dabsorption du milieu dj introduit dans la section 7.2, et o ds est
un lment de longueur. La profondeur optique est donc une quantit sans dimension, qui
permet de dnir de faon claire un milieu optiquement mince et un milieu optiquement
pais. Un milieu sera ainsi dit optiquement mince si < 1 lorsquon intgre lEq. 9.13
travers le milieu travers : le rayonnement y est donc peu absorb et peut se propager sur
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Figure 9.2 Structures daccrtion dans le plan form du taux daccrtion par rapport
au taux dEddington et de la profondeur optique pour un rayon maximal r
max
= 20 M.
Les lignes tiretes diagonales correspondent des valeurs constantes du rapport H/r de
la hauteur au rayon de lobjet. Le slim disk, qui na pas t prsent jusquici, est une
structure daccrtion proche du modle standard de Shakura & Sunyaev (1973), mais qui
permet des taux daccrtion plus levs (voir S adowski 2009). Source : Abramowicz et al.
(2010).
une grande distance lintrieur du milieu. Si > 1, le milieu est dit optiquement pais :
le rayonnement est trs absorb et ne pntre que trs peu dans le milieu.
On constate sur la Fig. 9.2 que le polish doughnut est une structure optiquement paisse
et fort taux daccrtion, alors que le tore ionis (ion torus sur la gure) est optiquement
mince et faible taux daccrtion.
Deux dirences principales sparent le tore ionis du polish doughnut standard :
- lexistence dun champ magntique, le tore tant maintenu par laddition de la pres-
sion du gaz et de la pression magntique,
- la coexistence dune population dlectrons et dune population dions (do le nom
ce cette nouvelle structure), caractrises par des tempratures direntes.
Le tore ionis possde des proprits voisines de celles des polish doughnuts et de celles
des ADAF (Narayan & Yi 1994). Il est de ce fait naturel que les processus radiatifs
loeuvre au sein des tores daccrtion soient proches de ce que lon connat pour les ADAF.
La prsentation de ces processus est lobjet de la section suivante.
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9.1.3 Processus radiatifs au sein du tore ionis
Dans cette section, on va utiliser explicitement la vitesse de la lumire, c, et la constante
de gravitation, G, qui ne sont plus supposes tre gales 1. On utilise, dans cette section
uniquement, le systme cgs (centimtre-gramme-secondes).
Les rsultats qui suivent ont t obtenus en collaboration avec Odele Straub (CAMK,
Varsovie) et Marek Abramowicz (Universit de Gteborg).
Drivation des expressions des grandeurs physiques au sein du tore ionis
On considre un tore daccrtion constitu dun gaz dlectrons et dions caractriss par
deux tempratures T
e
et T
i
. Cette structure est maintenue en quilibre grce la pression
du gaz p
gaz
et la pression magntique p
magn
. La pression totale est donc :
p = p
gaz
+ p
magn
(9.14)
o la pression magntique est relie au champ magntique de norme B selon :
p
magn
=
B
2
8
. (9.15)
On introduit le paramtre = p
magn
/p caractrisant limportance des forces de pression
magntique. On a donc :
p
gaz
= (1 ) p. (9.16)
Lquation de conservation (9.9) scrit :
p
p + c
2
=
J (9.17)
La quantit utilise dans lquation prcdente reprsente une densit massique, ex-
prime en g cm
3
.
On va considrer un gaz polytropique caractris par lquation dtat :
p = ( c
2
)
1+1/n
(9.18)
o n est lindice polytropique.
LEq. 9.17 devient alors :
/
1/n
B
1+1/n
+ c
2
d = dJ (9.19)
o on a introduit les constantes / = (1 +
1
n
) c
2+2/n
et B = //(1 + 1/n).
En intgrant entre la surface du tore ionis et une certaine position lintrieur du tore
on obtient :
/
B
nln
_
1 +
B
c
2

1/n
_
= J J
surf
(9.20)
t
e
l
-
0
0
6
2
4
8
1
6
,

v
e
r
s
i
o
n

1

-

1
9

S
e
p

2
0
1
1
En crivant cette mme quation au centre du tore, on obtient nalement lexpression
de la densit en fonction de la densit centrale
c
et du potentiel adimensionn w :
c
2
=
__
1 + (
c
c
2
)
1/n
_
w
1
n
. (9.21)
On va alors tenter dexprimer les tempratures des lectrons et des ions en fonction de
la pression totale p.
En utilisant la loi des gaz parfaits, on peut crire (voir par exemple Narayan & Yi
1995) :
p
gaz
=
k T
e
e
m
u
+
k T
i
i
m
u
(9.22)
o k dsigne la constante de Boltzmann, m
u
dsigne lunit de masse atomique,
i
et
e
dsignent les poids molculaires moyens des ions et des lectrons, qui sexpriment selon :
i
=
4
1 + 3 X
,
e
=
2
1 +X
(9.23)
X tant la fraction massique en hydrogne, que lon peut typiquement prendre gale 1
(tous les ions tant des protons) ou 0,75 (les ions tant forms de 75 % de protons et
25 % de noyaux dhlium).
On peut rcrire lquation des gaz parfaits selon :
p
gaz
m
u
k
=
T
e
e
+
T
i
i
. (9.24)
On va alors chercher crire sparment les tempratures T
e
et T
i
sous la forme :
T
e
= f(w)
e
p
gaz
m
u
k
, (9.25)
T
i
= g(w)
i
p
gaz
m
u
k
o f(w) et g(w) sont des fonctions dterminer dpendant linairement du paramtre w
introduit dans lEq. 9.10.
Pour cela, on va faire lhypothse supplmentaire que, au centre du tore ionis (w = 1),
les tempratures sont dans un rapport x : T
i
= T
e
, et qu la surface (w = 0) les
tempratures sont gales.
Pour que lEq. 9.24 soit satisfaite, on doit avoir : f(w) + g(w) = 1. Par ailleurs, les
conditions T
e
= T
i
en w = 0 et T
e
= T
i
en w = 1 permettent de xer :
f(0) =

i
e
+
i
/, (9.26)
f(1) =

i
e
+
i
.
t
e
l
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0
0
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1
6
,

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e
p

2
0
1
1
On en dduit aisment f(w), puis g(w) = 1 f(w), et on obtient nalement :
T
e
= (/(1 w) + w/
)
e
(1 )
p m
u
k
, (9.27)
T
i
=
_
i
/+ w(//
)
_

i
(1 )
p m
u
k
.
Par ailleurs, la condition T
e
= T
i
en w = 1, utilise de paire avec lquation dtat
polytropique p = ( c
2
)
1+1/n
donne :
=
k T
e,C
(1 )
1/n
C
m
u
e
/
c
2+2/n
(9.28)
o T
e,C
et
C
dsignent la temprature des lectrons et la densit au centre du tore ionis.
La pression totale sexprime alors en fonction de la densit centrale et du potentiel
adimensionn w au moyen de lquation polytropique p = ( c
2
)
1+1/n
, en utilisant lex-
pression 9.21 de la densit .
Dans ce manuscrit, on ne va sintresser qu modliser lmission synchrotron du tore
ionis, qui, comme on la vu dans la section 3.3, est responsable du pic dmission sub-
millimtrique de Sgr A*. Les quations tablies dans la prsente section vont nous permettre
dexprimer le coecient dmission associ ce processus radiatif.
Les paramtres du modle, qui joueront sur lallure du spectre obtenu, sont : la valeur de
la densit centrale
C
, la temprature centrale des lectrons T
e,C
, le paramtre = p
magn
/p,
le paramtre = T
e,C
/T
i,C
, la fraction massique en hydrogne X, lindice polytropique n,
la valeur du moment cintique adimensionn (voir Eqs. 9.5 et 9.6), ainsi que linclinaison
i
et le spin a du trou noir.
An de restreindre la varit des paramtres envisageables, on xe :
X = 1, (9.29)
n = 3/2,
= 0,3,
Par ailleurs, la temprature centrale des lectrons est xe au dixime de la temprature
du Viriel des protons au centre du tore
5
:
T
e,C
= 0,1 T
vir
, T
vir
=
2
3
GM m
p
k r
c
(9.30)
5. La temprature du Viriel est obtenue en crivant, dans lhypothse de lquipartition de lnergie,
que lnergie thermique dun proton est gale son nergie gravitationnelle :
3
2
k T
vir
=
GM mp
rc
avec les
notations de lEq. 9.30.
t
e
l
-
0
0
6
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1
6
,

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S
e
p

2
0
1
1
o M est la masse du trou noir central, m
p
la masse du proton et r
c
la valeur de la coor-
donne radiale au centre du tore. Pour un tore ionis de moment cintique adimensionn
= 0,3 autour dun trou noir de paramtre de spin 0,5, on obtient T
e,C
= 1,3 10
12
K.
Seuls restent donc les paramtres :
C
, , ,
i
et a.
mission synchrotron
En suivant Narayan & Yi (1995) dans leur drivation des processus dmission dans un
ADAF, on va utiliser les rsultats de Mahadevan et al. (1996) pour dterminer lmission
synchrotron.
En introduisant la temprature adimensionne des lectrons
e
= k T
e
/m
e
c
2
et la den-
sit numrique des lectrons n
e
= /
e
m
u
(en cm
3
), le coecient dmission scrit :
j
Synch
=
1
4
e
2
3 c
4 n
e
K
2
(1/
e
)
M(x
M
) (9.31)
exprime en [erg cm
3
s
1
ster
1
Hz
1
]
o K
2
est une fonction de Bessel modie et x
M
= 2 /3
0
2
e
avec
0
= e B/2 m
e
c.
Le prfacteur 1/4 suppose lmission isotrope dans le rfrentiel de lmetteur et permet
dobtenir une quantit en ster
1
.
Mahadevan et al. (1996) donnent lexpression de la fonction M(x
M
) en fonction de la
temprature des lectrons dans leur Eq. 33 et leur Tab. 1. Il convient de remarquer que
cette expression nest valide que dans la limite dlectrons trs relativistes (typiquement,
T
e
> 5 10
8
K). Cette hypothse a t vrie au cours des calculs.
Absorption
La loi de Kirchho permet dexprimer le coecient dabsorption
en fonction du
coecient dmission j
et de la loi de Planck B
(T) :
=
j
(T)
. (9.32)
Pour les valeurs des paramtres du tore ionis que lon utilisera dans la suite et les
tempratures rencontres, ce rapport sera toujours ngligeable, aussi nest-il pas ncessaire
de tenir compte de labsorption.
Ainsi, la donne de la relation 9.31 va permettre GYOTO dintgrer les godsiques
des photons mis par le tore ionis en tenant compte du transfert radiatif intervenant
lintrieur de lobjet, selon le schma dcrit dans la section 7.2.
La section suivante va prsenter quelques rsultats de ces simulations GYOTO.
t
e
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0
0
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2
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1
6
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1
1
9.2. SIMULATIONS DOBSERVATION 149
9.2 Simulations dobservation
9.2.1 Modlisation de limage dun tore ionis
On dispose dsormais de tout ce qui est ncessaire pour calculer grce GYOTO une
image dun tore ionis mettant en synchrotron.
On xe la densit centrale des lectrons une valeur couramment obtenue par les
modles daccrtion autour de Sgr A* (Yuan et al. 2003; Liu et al. 2004; Mocibrodzka
et al. 2009; Dodds-Eden et al. 2010) : n
e
10
6
10
7
cm
3
. On va donc utiliser une valeur
de la densit centrale correspondante :
C
= 10
17
g cm
3
.
On xe le facteur de pression magntique = 0,1 et le rapport de la temprature
centrale des lectrons et des protons = 0,1.
La Fig 9.3 montre la dpendance de limage observe par un observateur terrestre en
fonction du spin du trou noir. On y distingue une zone centrale dintensit nulle corres-
pondant la silhouette du trou noir. La taille angulaire de cette rgion tant fonction du
spin, ce genre de simulation permettrait dobtenir une contrainte sur le paramtre de spin
de lobjet central sil tait possible de mesurer la taille de cette silhouette observationnel-
lement. Ce genre dobservation ayant dj t ralis par Doeleman et al. (2008), on a l
une voie prometteuse daccs au paramtre de spin de Sgr A* (voir ce propos Broderick
et al. 2009a, 2010).
9.2.2 Modlisation du spectre mis par un tore ionis
On peut galement calculer le coecient dmission fourni Eq. 9.31 pour calculer, selon
le procd dtaill dans la section 7.2, le spectre mis par le tore ionis.
La Fig 9.4 reprsente le spectre du tore ionis ayant les mmes paramtres que ceux
dcrits dans la section prcdente, linclinaison tant xe 60et le spin tant vari. Si
lon compare avec le spectre sub-millimtrique observ de Sgr A*, on constate que lordre
de grandeur du maximum du ux et la valeur de la frquence correspondant ce maximum
sont trs correctes (voir par exemple la Fig. 9 de Trap et al. 2011).
On peut conclure de ce rsultat que le tore ionis est un candidat digne de considration
pour rendre compte de la structure daccrtion entourant Sgr A*. An de conrmer ce
premier rsultat, et pour arriver des rsultats astrophysiques intressants pour Sgr A*,
il faudra tenir compte des autres processus radiatifs dont il na pas t question ici :
Bremsstrahlung et rayonnement Compton inverse.
Les Figs. 9.4 et 9.5 donnent une premire ide du genre de rsultats que lon peut
esprer obtenir en comparant les prdictions du modle du tore ionis aux observations. Si
leet de linclinaison sur lallure gnrale du spectre est trs limit (Fig 9.5), limpact du
paramtre de spin est plus marqu (Fig 9.4) et il sera trs intressant de dterminer si une
contrainte sur le spin est envisageable par ce biais.
t
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0
0
6
2
4
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,

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2
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1
1
60 40 20 0 20 40 60
60
40
20
0
20
40
60
x (as)
Image du tore, spin 0
y

(
a
s
)
60 40 20 0 20 40 60
60
40
20
0
20
40
60
x (as)
Image du tore, spin 0,5
y

(
a
s
)
60 40 20 0 20 40 60
60
40
20
0
20
40
60
x (as)
Image du tore, spin 0,9
y

(
a
s
)
Figure 9.3 Images simules dun tore ionis dcrit par les paramtres donns dans
lEq. 9.29, avec
C
= 10
17
g cm
3
, = 0,1, = 0,1,
i
= 60et le paramtre de spin
valant 0 (en haut gauche), 0,5 (en haut droite) ou 0,9 (en bas). La dynamique des
images varie fortement en fonction de la valeur du spin. Le rapport de lintensit obtenue
au point de beaming maximal lintensit obtenue au point de beaming minimal vaut
environ 4 pour le spin nul, 6 pour le spin 0,5, et 20 pour le spin 0,9.
t
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0
0
6
2
4
8
1
6
,

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2
0
1
1
9.2. SIMULATIONS DOBSERVATION 151
10
+6
10
+8
10
+10
10
+12
10
+14
10
20
10
18
10
16
10
14
10
12
10
10
log10( (Hz))
Spectre du tore
l
o
g
1
0
(

(
e
r
g

s
1

c
m
2
)
)
log10( (Hz))
Spectre du tore
l
o
g
1
0
(

(
e
r
g

s
1

c
m
2
)
)
log10( (Hz))
Spectre du tore
l
o
g
1
0
(

(
e
r
g

s
1

c
m
2
)
)
Figure 9.4 Eet du spin : spectre mis par un tore ionis dcrit par les paramtres
donns dans lEq. 9.29, avec
C
= 10
17
g cm
3
, = 0,1, = 0,1,
i
= 60et le paramtre
de spin valant 0 (trait plein noir), 0,5 (tirets bleus) ou 0,9 (pointills rouges).
10
+6
10
+8
10
+10
10
+12
10
+14
10
20
10
18
10
16
10
14
10
12
10
10
log10( (Hz))
Spectre du tore
l
o
g
1
0
(

(
e
r
g

s
1

c
m
2
)
)
log10( (Hz))
Spectre du tore
l
o
g
1
0
(

(
e
r
g

s
1

c
m
2
)
)
log10( (Hz))
Spectre du tore
l
o
g
1
0
(

(
e
r
g

s
1

c
m
2
)
)
Figure 9.5 Eet de linclinaison : spectre mis par un tore ionis dcrit par les mmes
paramtres que pour la Fig. 9.4, le paramtre de spin valant 0,5, et linclinaison tant gale
40(tirets bleus), 60(trait plein noir) ou 80(pointills rouges).
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Chapitre 10
Simulation dobservation dun sursaut
de rayonnement aux abords immdiats
du trou noir central
Sommaire
10.1 Un trou noir qui sursaute . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
10.1.1 Les sursauts de rayonnement de Sgr A* . . . . . . . . . . . . . . 153
10.1.2 Origine des sursauts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
10.2 Le modle du point chaud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
10.2.1 La physique sous-jacente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
10.2.2 Des priodes mesures au spin du trou noir . . . . . . . . . . . . 159
10.3 Simulations dun point chaud en orbite autour de Sgr A* . . 160
10.3.1 Modlisation dun point chaud par GYOTO . . . . . . . . . . . . 160
10.3.2 Simulations de courbes de lumire et de trajectoires de centrode 162
10.3.3 Allure de la courbe de lumire et de la trajectoire du centrode en
fonction des paramtres du point chaud . . . . . . . . . . . . . . 164
10.4 Simulations dobservations par GRAVITY . . . . . . . . . . . 167
10.4.1 Cadre de lanalyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
10.4.2 Observations simules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
10.4.3 Mise en vidence du mouvement du point chaud en fonction de
linclinaison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
10.1 Un trou noir qui sursaute
10.1.1 Les sursauts de rayonnement de Sgr A*
On a dj abord brivement dans la section 4.2.1 lexistence de sursauts de rayonne-
ment de la source Sgr A*.
153
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0
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0
1
1
154 CHAPITRE 10. SURSAUT DE RAYONNEMENT AUX ABORDS DE SGR A*
La premire dtection dun sursaut a t ralise en rayons X par Bagano et al.
(2001). Dans le domaine du proche infrarouge, la dtection a t ralise deux ans plus tard
par Genzel et al. (2003a). Ds lanne suivante, une nouvelle observation a mis en vidence
une corrlation entre les vnements en X et les vnements infrarouges (Eckart et al. 2004).
Yusef-Zadeh et al. (2006a) observent le premier sursaut dans le domaine sub-millimtrique
lors dune campagne multi-longueurs donde, et exhibent une corrlation entre des sursauts
infrarouge et sub-millimtrique dune part, et entre des vnements infrarouge et X dautre
part. Si les observations conscutives ont dmontr de faon convaincante la simultanit
des vnements en infrarouge et en X (Dodds-Eden et al. 2009; Trap et al. 2011), il semble
exister un dcalage de plus dune heure entre les sursauts infrarouges et leur contrepartie
sub-millimtrique (Marrone et al. 2008; Eckart et al. 2008; Trap et al. 2011). Des sur-
sauts ont galement t mesurs jusquau domaine millimtrique, qui laissent penser que
les sursauts direntes longueurs donde sont observs avec dautant plus de retard que
la longueur donde grandit (Yusef-Zadeh et al. 2006b, 2008).
Signalons quelques chires intressants pour les sursauts aux direntes longueurs
donde (voir, pour la plupart de ces chires, les introductions particulirement pdago-
giques de Dodds-Eden et al. 2009, 2010) : le ux en radio (millimtrique, sub-millimtrique)
augmente typiquement lors dun sursaut dun facteur 1,3
1
; dans le domaine infrarouge ce
facteur varie de quelques units 27, et il peut atteindre jusqu 160 en X; la frquence
dobservation de ces vnements est de 4 par jour environ en infrarouge, et de 1 par jour
en X.
En ce qui concerne les sursauts en proche infrarouge, qui nous intresseront dans la
suite, de nombreux auteurs ont signal deux temps caractristiques de variation : la dure
gnrale du sursaut, de lordre de 1 2 h, et une pseudo-priode de lordre de la vingtaine
de minutes (voir par exemple : Genzel et al. 2003a; Trippe et al. 2007). La densit de ux
typique au maximum dintensit est de lordre de 10 mJy (voir la Table 1 de Dodds-Eden
et al. 2011), ce qui se traduit par une magnitude de m
K
= 14,75, comparer avec la densit
de ux de Sgr A* sans sursaut, de lordre du mJy. Le sursaut le plus brillant recens
lheure actuelle a atteint m
K
= 13,5 (Dodds-Eden et al. 2011).
Un consensus assez large sest tabli au vu de ces rsultat quant aux procds radia-
tif luvre. En particulier, le fort degr de polarisation des sursauts infrarouge (Eckart
et al. 2006) a contribu aermir le scnario dun ux infrarouge d du rayonnement
synchrotron dlectrons chaus dans les zones internes de la source Sgr A*, le rayonne-
ment X tant d une diusion Compton inverse des photons infrarouges par les lectrons
les ayant prcdemment mis par rayonnement synchrotron. On parle alors de rayonne-
ment synchrotron-self-Compton, SSC. Le rayonnement sub-millimtrique serait, lui, d au
rayonnement synchrotron dune population non chaue dlectrons (voir par exemple Liu
et al. 2006; Dodds-Eden et al. 2009).
1. La petitesse de ce rapport peut sembler en contradiction avec la notion de sursaut de rayonnement. On
peut galement considrer que lon a aaire une mission variable mais sans sursaut. Cest une question
de vocabulaire et de dnition. On pourra ce propos se reporter la discussion dans Dodds-Eden et al.
(2011).
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10.1. UN TROU NOIR QUI SURSAUTE 155
10.1.2 Origine des sursauts
Plusieurs modles coexistent lheure actuelle, qui tentent dexpliquer les processus
physiques donnant lieu aux sursauts de rayonnement de la source Sgr A*.
Cette section et la suivante ont pour but de montrer que tous les modles actuellement
concurrents sont des candidats trs srieux pour expliquer lorigine des sursauts de rayon-
nement de Sgr A*. Il ne saurait tre question lheure actuelle de privilgier lune des ces
options au dtriment des autres. La suite de ce chapitre ne sera consacre qu ltude de
lun de ces modles (le modle du point chaud), mais il faut garder prsent lesprit la
grande incertitude qui rgne encore aujourdhui sur la vritable nature de ces sursauts. Il
est en particulier possible que seule une combinaison des dirents modles permettra de
rendre compte des observations futures.
Le plasmon
Yusef-Zadeh et al. (2006b) proposent de modliser les sursauts de rayonnement par
lmission dune boule de plasma en expansion. Ces auteurs utilisent pour cela le modle
du plasmon dvelopp par van der Laan (1966) qui dcrit lmission dune telle structure.
On considre une sphre dlectrons mettant dans une rgion magntise un rayonne-
ment synchrotron. Lmission est suppose initialement optiquement paisse, et laccroisse-
ment de la luminosit jusquau maximum du sursaut est d lexpansion adiabatique de la
sphre dlectrons (conduisant donc un accroissement de la surface missive). Le champ
magntique et la densit dnergie des lectrons variant comme R
4
o R est le rayon de
la sphre (van der Laan 1966), la sphre va devenir optiquement mince un certain mo-
ment du fait de la diminution de lintensit du champ magntique, du refroidissement des
lectrons et de la rduction de la densit de colonne au fur et mesure de lexpansion de
la sphre.
Le ux synchrotron et la profondeur optique ont pour expression en fonction de la
frquence (Yusef-Zadeh et al. 2006b) :
F
= F
0
_
0
_
2.5
_
R
R
0
_
3
1 exp()
1 exp(
0
)
(10.1)
=
0
_
0
_
(p+4)/2
_
R
R
0
_
(2 p+3)
o les quantits indices par un 0 sont prises linstant initial et p est lindice spectral des
lectrons, dni de telle sorte que la densit des lectrons ayant lnergie E est proportion-
nelle E
p
(p > 0).
Si lon fait lhypothse simple que R(t) t, ce modle permet de calculer lvolution
temporelle du ux observ pour tout le spectre.
On remarque que la profondeur optique () dcrot lorsque augmente. Le passage
de ltat optiquement pais ltat optiquement mince est donc dautant plus tardif que
t
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la frquence est basse (le milieu sera mme optiquement mince ds le dbut du phnomne
pour les frquences les plus leves). Le pic de la courbe de lumire correspondant cette
transition, on comprend que ce modle du plasmon rendra compte du dlai observ entre
les sursauts basse et haute frquence. Les simulations de Yusef-Zadeh et al. (2006b)
tablissent quantitativement ces rsultats.
Jet
Il est probable que, comme beaucoup dautres noyaux de galaxies, le centre galactique
donne naissance des jets relativistes collimats, dont lorigine physique nest pas encore
clairement tablie lheure actuelle. Le mcanisme de Blandford-Znajek (Blandford &
Znajek 1977) propose un modle dans lequel les lignes de champ dun disque daccrtion
magntis sont entranes par la rotation du trou noir central et permettent la collimation
du plasma constituant le disque en deux jets diamtralement opposs.
Falcke (1996) et Falcke & Marko (2000) dveloppent un modle de jet applicable
Sgr A*, qui leur permet de rendre compte du spectre de la source, en labsence de sursaut.
Ce travail est gnralis par Marko et al. (2001) pour tenir compte de la prsence des
sursauts.
On considre un plasma dlectrons et de protons ject de faon symtrique de part et
dautre dun disque daccrtion. Marko et al. (2001) calculent le ux mis d au rayonne-
ment synchrotron des particules dans le champ magntique lintrieur du jet. Ce modle
permet donc la fois de rendre compte de ltat passif et de ltat actif (cest--dire, avec
sursaut) de Sgr A*, pour lensemble du spectre.
Instabilit de Rossby
On a dj prsent rapidement linstabilit de Rossby dans les disques daccrtion dans
la section 7.4.3.
Linstabilit de Rossby se dveloppe dans un disque partir du moment o il existe un
rayon pour lequel la vorticit spcique moyenne verticalement, L
v
= v/, tant
la densit surfacique, prsente un extremum. Dans la pratique, lextremum de L
v
est caus
par un extremum de la densit surfacique du disque. Des ondes de densit vont alors se
dployer de part et dautre du rayon correspondant lextremum de densit, qui concide
avec le rayon de corotation r
c
, cest--dire pour lequel londe est en rotation la mme
frquence que le gaz constituant le disque (voir la Fig. 10.1 issue de Meheut et al. 2010).
Pour r > r
c
londe progresse donc plus vite que le gaz, et inversement pour r < r
c
. On
obtient ainsi une structure spiralante qui a dj t illustre sur la Fig. 7.10.
Tagger & Melia (2006) dveloppent un code magntohydrodynamique bidimensionnel
permettant de simuler lvolution dun disque mince magntis soumis une instabilit
de Rossby. La gravitation est simule par un potentiel de Paczynski-Wiita (Paczysky &
Wiita 1980), potentiel pseudo-newtonien permettant de reproduire certains aspects de la
mtrique de Schwarzschild. Ces auteurs appliquent ce modle la source Sgr A* en prenant
en compte lexistence des sursauts de rayonnement. Ils supposent quune boule de plasma
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10.1. UN TROU NOIR QUI SURSAUTE 157
Figure 10.1 Schma dune onde de Rossby. Source : Meheut et al. (2010)
va traverser le disque, crant une surdensit initialement localise un rayon r = 4 r
ISCO
,
et qui va rapidement voluer pour former un anneau. Une forte surdensit apparat donc au
niveau de lanneau, entranant le dclenchement de linstabilit de Rossby. Il sensuit une
volution violente du taux daccrtion, le surplus de matire formant la surdensit migrant
rapidement vers les zones les plus internes du disque. Les temps caractristiques associs
ces phnomnes concident avec ceux des sursauts observs.
Falanga et al. (2007) utilisent ces simulations pour calculer les courbes de lumire et
les images observes par un observateur distant en utilisant un code de calcul dorbites
relativistes. Lmission en rayons X est calcule en supposant quelle a pour origine le
rayonnement Compton inverse issu dune population initiale de photons mis par rayonne-
ment synchrotron. Ce rayonnement synchrotron peut tre calcul partir des simulations
magntohydrodynamique du disque. Les courbes de lumire obtenues sont en trs bon
accord avec les donnes observes, comme le montre la Fig. 3 de Falanga et al. (2007).
Bruit rouge
Au-del mme de labsence de consensus sur un modle rendant compte de la physique
sous-jacente aux sursauts de Sgr A*, certains auteurs mettent en doute le caractre dv-
nement particulier associ ces sursauts. Ainsi Do et al. (2009) proposent dexpliquer les
variations observes sur les courbes de lumire en utilisant le paradigme du bruit rouge
dvelopp par Press (1978).
Un bruit rouge possde un spectre de puissance en loi de puissance inverse, do son
nom : la puissance est une fonction dcroissante de la frquence, donc plus importante
dans la partie rouge du spectre que dans sa partie bleue. Toute ralisation dun bruit rouge
entranera lapparition de uctuations autour de la loi de puissance inverse, ce qui peut
gnrer lapparition de pseudo-priodes nayant rien voir avec un quelconque processus
physique sous-jacent : il ne sagit que de uctuations associes une distribution statistique
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donne. Un bruit rouge peut tre cr par des uctuations alatoires de quantits physiques
associes au disque daccrtion, telle que la densit ou le taux daccrtion.
Do et al. (2009) tudient les courbes de lumire associes un sursaut de rayonnement
de Sgr A* en infrarouge proche, et montrent quelle sont parfaitement compatibles avec un
tel bruit rouge.
Bien que des vnements quasi-priodiques (QPO, pour quasiperiodic oscillation) aient
t mis en vidence de faon claire dans les binaires X (voir par exemple van der Klis
2000), une telle dtection dans les noyaux de galaxies fait dbat parmi les auteurs (voir par
exemple Benlloch et al. 2001). Cependant, en ce qui concerne Sgr A*, on peut citer ltude
de Meyer et al. (2006a) qui utilise un test dvelopp par Vaughan (2005) an de vrier si
un signal est signicativement dirent dun bruit rouge. La Fig. 1 de Meyer et al. (2006a)
montre que le sursaut infrarouge dtect par Genzel et al. (2003a) est dirent dun bruit
rouge 4,2 .
Pour terminer cette discussion, on pourra consulter Dodds-Eden et al. (2011) propos
de lexistence de deux tats distincts de Sgr A*, lun passif (sans sursaut) et lautre actif
(avec sursaut associ ou non un mcanisme physique propre).
Le point chaud
Cest ce modle qui va tre tudi en dtail dans la suite de ce chapitre.
10.2 Le modle du point chaud
10.2.1 La physique sous-jacente
Une description succincte et claire du modle du point chaud peut tre trouve dans Trippe
et al. (2007), que lon reprend ici.
On considre un disque daccrtion magntis, en rotation autour du trou noir central.
Du fait de la rotation direntielle, les lignes de champ magntique vont tre distordues, jus-
qu provoquer des conditions favorables au dclenchement dune reconnexion magntique.
Lnergie libre lors de cet vnement permet de chauer violemment les lectrons voisins
qui vont mettre en synchrotron, tout en poursuivant leur rotation autour du trou noir.
La rotation direntielle va dchirer cette population initiale dlectrons qui va voluer,
partir dune conguration initialement sphrique, pour former un arc. Cest lmission
synchrotron de cet arc, en orbite circulaire proche autour du trou noir central, qui est
responsable de la courbe de lumire infrarouge observe. Une fois le phnomne de recon-
nexion magntique termin, larc chau va peu peu se refroidir par rayonnement. On
aura donc une phase de chauage suivie dune phase de refroidissement, le tout modul par
la priode de rotation de larc autour de lobjet compact central. On voit que ce scnario
rend compte des principales caractristiques observes des sursauts de rayonnement.
Une des motivations essentielles de ce modle est donne par la formule suivante, qui
relie la priode orbitale pour une orbite circulaire de rayon r autour dun trou noir de rayon
gravitationnel r
g
GM/c
2
et de spin a (Hamaus et al. 2009) :
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10.2. LE MODLE DU POINT CHAUD 159
Rfrence Pseudo-priode (min) Domaine spectral
Genzel et al. (2003a) 17 IR
Aschenbach et al. (2004) 4 X
Eckart et al. (2006) 20 IR
Meyer et al. (2006b) 15,5 IR
Blanger et al. (2006) 22 X
Trippe et al. (2007) 15 IR
Hamaus et al. (2009) 45 IR
Dodds-Eden et al. (2009) 20 IR
Dodds-Eden et al. (2010) 40 IR
Table 10.1 Pseudo-priodes mesures dans les courbes de lumire des sursauts de Sgr A*,
en infrarouge et en rayons X, pour dirents auteurs.
T =
2 r
g
c
_
_
r
r
g
_
3/2
+ a
_
. (10.2)
On dduit immdiatement que la priode dune sphre de gaz en orbite sur lISCO dun
trou noir de spin 0,5 et de masse 4,3 10
6
M
vaut T = 20,5 min. On obtient lordre de

grandeur de la pseudo-priode mesure sur les courbes de lumire infrarouges des sursauts
de Sgr A*.
Plusieurs auteurs ont aermi la base thorique de ce modle. Yuan et al. (2004) montre
comment ils est possible dajuster le spectre observ de Sgr A* lors dun sursaut en consid-
rant un disque radiativement inecace (RIAF - radiatively inecient accretion ow, Yuan
et al. 2003) constitu dune population dlectrons dont une partie possde une distribu-
tion dnergie n(E) non thermique, cest--dire suivant une loi de puissance n(E) E
p
o p est un indice spectral, donc non assimilable une Maxwellienne. Lobtention dune
distribution non thermique partir dune distribution Maxwellienne, sous leet de la re-
connexion magntique, est tudie par Ding et al. (2010). La formation dun point chaud
pourrait parfaitement suivre le scnario avanc par ces auteurs.
Signalons pour nir que des travaux ont galement t mens an de simuler laspect
dun tel point chaud, tel quobserv par un observateur distant (Broderick & Loeb 2006;
Hamaus et al. 2009). Cest dans la ligne de ces travaux que ce situe la section 10.3 de ce
chapitre.
10.2.2 Des priodes mesures au spin du trou noir
Ce modle du point chaud a t utilis par de nombreux auteurs pour expliquer les
courbes de lumire de Sgr A*. Le Tab. (10.1) recense une liste non exhaustive de ces
auteurs, en prcisant pour chaque observation la valeur de la pseudo-priode mesure.
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On constate que, si lexistence dune pseudo-priode est conrme par de nombreux
auteurs, sa valeur peut varier fortement dune observation lautre : on ne peut donc pas
faire lhypothse que le sursaut apparat toujours la mme orbite (par exemple toujours
sur lISCO du trou noir). La Fig. 10.2 reprsente lvolution de la priode dune particule
en rotation circulaire dans le plan quatorial du trou noir en fonction du rayon de lorbite
pour dirente valeur de spin. On conclut de lencart du haut que des valeurs de spin
infrieures 0,5 sont exclues par le modle du point chaud : on ne pourrait pas rendre
compte des valeurs de pseudo-priodes de lordre de la vingtaine de minutes. On va donc
considrer dans la suite des valeurs de spin a 0,5.
Pour rendre compte des valeurs de pseudo-priodes les plus courtes observes (quelques
minutes), il est ncessaire davoir un spin trs proche de la valeur maximale. Cependant, la
majorit des observations donnant une pseudo-priode de lordre de la vingtaine de minute,
il convient de ne pas surinterprter les rsultats les plus extrmes du Tab. (10.1).
Au vu de lencart du bas de la Fig. 10.2, on conclut quan de rendre compte des
valeurs de pseudo-priodes comprises entre 20 et 40 minutes, qui sont les plus frquemment
observes, il faut considrer un point chaud en orbite une distance r
circ
vriant (quel
que soit le spin) :
2 r
S
r
circ
3,5 r
S
. (10.3)
Il faut garder en tte quen fonction du spin, un rayon donn, on se trouve plus ou
moins loign de lISCO : pour r = 2 r
S
par exemple, on est en dessous de lISCO dun
trou noir de spin 0,5, et quatre fois lISCO dun trou noir en rotation maximale.
10.3 Simulations dun point chaud en orbite autour de
Sgr A*
10.3.1 Modlisation dun point chaud par GYOTO
Le modle du point chaud est simul par GYOTO en suivant les ides dveloppes
par Hamaus et al. (2009).
On considre donc un observateur situ une distance de r = 100 M dun trou noir de
Kerr de spin donn, pour une inclinaison donne. On considre une sphre de gaz mettant
de faon isotrope, en orbite circulaire proche autour du trou noir dans son plan quatorial.
Le rayon de la sphre de gaz est suppos valoir 0,25 r
S
, o r
S
est le rayon de Schwarzschild
du trou noir. Cette valeur est compatible avec la borne suprieure sur la taille du point
chaud estime par Gillessen et al. (2006) r < 0,3 r
S
.
On peut alors calculer limage observe de cette sphre de gaz par lobservateur, pour
une srie de dates tales sur quelques priodes de rotation.
La source du rayonnement est modlise par la superposition dun arc et dune sphre
de gaz. Larc est obtenu en sommant toutes les images de la sphre obtenues sur une priode
entire. An de rendre compte des processus de chauage par reconnexion magntique puis
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10.3. SIMULATIONS DUN POINT CHAUD EN ORBITE AUTOUR DE SGR A* 161
1 2 3 4 5 6 7
0
10
20
30
40
50
60
r/risco
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1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5 4.0
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30
40
50
60
r/r
S
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)
Figure 10.2 volution de la priode en fonction du rayon de lorbite circulaire considre
(voir Eq. 10.2), pour direntes valeurs du paramtre de spin (donnes en bleu sur la gure
du haut) comprises entre 0,5 et 1. On a mis en vidence deux valeurs de priode : 20 et 40
min (traits horizontaux bleus). En haut, le rayon est exprim en unit du rayon de lISCO,
en bas, en fonction du rayon de Schwarzschild. Les direntes valeurs de spins sont presque
confondues dans cette dernire reprsentation, les courbes correspondant des valeurs de
spin plus leves sont situes au-dessus de celles correspondant des spins plus faibles
(les courbes ont t interrompues lorsque la valeur du rayon devient infrieur au rayon de
lISCO au spin considr).
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40 20 0 20 40
40
20
0
20
40
x (as)
Image du point chaud
y

(
a
s
)
Figure 10.3 Image dun point chaud obtenu en superposant limage dune sphre et la
somme des images de cette sphre sur une priode, modules par des gaussiennes tempo-
relle et angulaire (voir texte). Les paramtres utiliss sont ceux donns dans le Tableau 2
de Hamaus et al. (2009).
de refroidissement, on module la luminosit mise par larc et la sphre par une gaussienne
paramtre par des temps caractristiques pour la sphre et larc, respectivement,
,sph
,
,sph
, et
,arc
,
,arc
, la che vers le haut indiquant un temps caractristique de chauage
et la che vers le bas , un refroidissement. An de tenir compte du fait que larc est d au
dchirement de la sphre par la rotation direntielle, on module en plus la luminosit mise
par larc par une gaussienne angulaire pique la position de la sphre et caractrise par
un cart-type
angulaire,arc
. La coordonne angulaire associe cette gaussienne est dnie
de la faon suivante : elle vaut 0 au niveau de la position de la sphre, et 2
tt
sph
tper
une
date t quelconque, t
sph
tant la date dmission de limage primaire de la sphre et t
per
la
valeur de la priode. Enn, tant donn que lon suppose que la rgion chaue est localise
au niveau de la sphre, on utilise un dernier paramtre, le rapport dintensit
I
, tel que
lintensit mise par chaque sphre lmentaire constituant larc voit son intensit divise
par un facteur
I
par rapport lintensit directement calcule par GYOTO.
La Fig 10.3 reprsente la superposition de larc et de la sphre une date donne, pour
un paramtre de spin de 0,52 et une inclinaison de 70. On distingue trs clairement les
images dordre 1 et 2.
10.3.2 Simulations de courbes de lumire et de trajectoires de
centrode
On souhaite dsormais obtenir la courbe de lumire et la trajectoire du point chaud
au cours dune nuit dobservation. Pour commencer, dnissons plus prcisment comment
ces quantits sont calcules par GYOTO.
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2
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1
An de tenir compte de lanalyse de la couleur du sursaut mene par Gillessen et al.
(2006), on aecte la sphre un indice spectral
sph
= 0 et larc un indice spectral
arc
= 3, o on dnit lindice spectral par :
em
I
em

em
(10.4)
o
em
est la frquence mise par la source.
La quantit mesure par lobservateur est lintensit :
I
obs
1
,
obs
2
=
_

obs
2
obs
1
I
obs
d
obs
. (10.5)
En utilisant linvariant relativiste I
/
3
introduit section 7.2, on obtient alors imm-
diatement la relation suivante :
I
obs
1
,
obs
2
g
4
(10.6)
o g est le paramtre de dcalage vers le rouge dni par :
g =

obs
em
. (10.7)
GYOTO permet de calculer la quantit g pour chaque godsique impactant chaque
pixel de lcran dobservation. On peut donc calculer lintensit mesure au niveau de
chaque pixel en multipliant le facteur g
4
par les modulations gaussiennes introduites
dans la section prcdente. Lintensit totale observe sobtient en sommant les intensits
reues par chaque pixel.
La trajectoire du point chaud sobtient en calculant chaque date le barycentre des
positions des pixels clairs pondrs par leur intensit. An dobtenir des valeurs dangles
correspondant ce qui serait observ par un observateur situ sur Terre, on multiplie les
angles calculs par GYOTO (on rappelle que chaque pixel de lcran correspond un couple
de coordonnes angulaires sur le ciel, comme le montre la Fig. 7.1) par un facteur dchelle
f
ech
:
f
ech
=
r
obs
r
S
S
(10.8)
o r
obs
est la valeur de la coordonne radiale de lcran GYOTO, r
S
est le rayon de Schwarz-
schild et
S
est la taille angulaire du rayon de Schwarzschild observ par un observateur
sur Terre, soit 10 as.
La Fig. 10.4 reprsente la courbe de lumire
2
et la trajectoire du point chaud associe
pour un trou noir de paramtre de spin 0,52, et pour une inclinaison de 70. On a choisit
les paramtres du point de chaud selon les valeurs fournies par le Tab. 2 de Hamaus et al.
(2009). Laccord avec la Fig. 13 de Hamaus et al. (2009) est excellent.
2. On remarque une dirence entre la dure du sursaut simul dans la Fig. 11 de Hamaus et al. (2009)
et la dure du sursaut simul Fig. 10.4 de ce manuscrit. Ceci est d la dirence de masse de Sgr A*,
3,61 10
6
M
pour Hamaus et al. (2009) et 4,31 10

6
M
ici, ce qui change lchelle de temps.

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2
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50 100 150 200 250
0.0
0.2
0.4
0.6
0.8
1.0
Temps observateur (min)
Courbe de lumire du sursaut
I
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a
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s
e
40 35 30 25
0
5
10
x (as)
Trajectoire du centrode du sursaut
y

(
a
s
)
Figure 10.4 Courbe de lumire et trajectoire dun point chaud ayant les mmes para-
mtres que ceux utiliss pour obtenir la Fig. 13 de Hamaus et al. (2009), avec une inclinaison
de 70.
10.3.3 Allure de la courbe de lumire et de la trajectoire du cen-
trode en fonction des paramtres du point chaud
Cette section se propose de donner quelques intuitions sur la manire dont la trajectoire
volue en fonction des paramtres choisis pour le point chaud. Plus prcisment, on veut
dterminer quels sont les paramtres qui permettent dobtenir une taille caractristique de
lorbite plus ou moins grande : il est clair que la taille caractristique de lorbite est une
donne cruciale pour GRAVITY. Si elle est de lordre du as, il ny aura aucun espoir de
mettre en vidence un quelconque mouvement. Si elle est de lordre de la dizaine de as,
on pourra esprer y parvenir.
An de limiter les cas, on ne fera varier que le rapport dintensit
I
et les dirents
paramtres de la gaussienne temporelle
,sph
,
,sph
,
,arc
,
,arc
, qui sont les paramtres
ayant le plus dimpact sur la taille caractristique de lorbite. On ne sintresse pas ici
limpact sur la trajectoire de la valeur du paramtre de spin, de linclinaison et du rayon
de lorbite, ceci ayant dj t fait en dtail par Hamaus et al. (2009).
Pour xer les ides, considrons un trou noir de paramtre de spin 0,5, vu sous une
inclinaison de 60, le rayon de lorbite du point chaud vriant r/r
ISCO
= 3. Le choix dune
forte inclinaison va entraner une orbite resserre (voir la Fig. 13 de Hamaus et al. 2009),
rendant trs dicile lacquisition de donnes astromtriques. On souhaite dterminer ici si
les paramtres du point chaud sont en mesure, selon leurs valeurs, damliorer la situation
pour une dtection astromtrique.
Les Fig. 10.5, 10.6 et 10.7 illustrent la dpendance de la courbe de lumire et de la
trajectoire en fonction des paramtres tudis. Dans toutes ces gures, les paramtres dont
la valeur nest pas prcise est la suivante :
t
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0
0
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,

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50 100 150 200 250 300
0.0
0.2
0.4
0.6
0.8
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I
n
t
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t

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o
r
m
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i
s
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50 45 40 35
10
5
0
5
10
x (as)
y

(
a
s
)
x (as)
y

(
a
s
)
x (as)
y

(
a
s
)
x (as)
y

(
a
s
)
x (as)
y

(
a
s
)
x (as)
y

(
a
s
)
x (as)
y

(
a
s
)
x (as)
y

(
a
s
)
Figure 10.5 Impact de
I
: courbe de lumire et trajectoire dun point chaud dont les
paramtres ont les valeurs donnes par lEq. 10.9 (pointills), ou en changeant
I
= 40
(tirets) et
I
= 20 (traits pleins).
angulaire,arc
= 2 (10.9)
I
= 60
,sph
= 0,5 t
per
,
,sph
= t
per
,arc
= 0,5 t
per
,
,arc
= t
per
.
o t
per
est la valeur de la priode du point chaud.
La Fig. 10.5 montre que la taille caractristique de lorbite dpend crucialement de la
valeur de
I
: dans le cas considr, il faut avoir
I
50 pour obtenir un dplacement de
lordre de 10 as. Le maximum de la courbe de lumire varie en fonction de
I
: il augmente
lorsque
I
diminue (puisque larc est alors moins attnu). Par contre, les variations de la
courbe de lumire sont peu inuences par ce paramtre.
Les Fig. 10.6 et 10.7 montrent limpact du rapport entre les temps caractristiques de
chauage et de refroidissement de la sphre et de larc. Lorsque larc volue plus lentement
que la sphre (Fig. 10.6), la trajectoire du point chaud nest que peu impacte par rapport
au cas standard o les volutions sont simultanes, mais par contre les variations de la
courbe de lumire changent radicalement : tant donn que la luminosit de larc varie peu
(puisque son temps dvolution est long), les uctuations dues la sphre sont trs visibles
et des pics trs marqus, dus au phnomne de beaming, apparaissent. Lcart entre les
valeurs minimale et maximale de la courbe de lumire diminue lorsque larc volue moins
rapidement, puisque son intensit volue peu durant lexistence de la sphre.
Lorsque larc volue rapidement par rapport la sphre (Fig. 10.7), il existe des priodes
pour lesquelles la sphre domine compltement lmission globale, ce qui entrane une taille
caractristique de lorbite beaucoup plus grande, dicte par le mouvement de la sphre.
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50 100 150 200 250 300
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0.8
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50 45 40 35
10
5
0
5
10
x (as)
y

(
a
s
)
x (as)
y

(
a
s
)
x (as)
y

(
a
s
)
,arc
: courbe de lumire et trajectoire dun point chaud
dont les paramtres ont les valeurs donnes par lEq. 10.9 (trait plein gauche, trait noir
droite), ou en changeant
,arc
= 2 t
per
,
,arc
= 4 t
per
(tirets gauche, tirets rouges droite)
et
,arc
= 4 t
per
,
,arc
= 8 t
per
(pointills gauche, pointills rouges droite).
50 100 150 200 250 300
0.0
0.2
0.4
0.6
0.8
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60 40 20 0 20 40 60
60
40
20
0
20
40
60
x (as)
y

(
a
s
)
,arc
: courbe de lumire et trajectoire dun point chaud dont
les paramtres ont les valeurs donnes par lEq. 10.9 sauf pour :
,arc
= 0,2 t
per
.
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10.4. SIMULATIONS DOBSERVATIONS PAR GRAVITY 167
Ce cas pour lequel larc volue plus rapidement que la sphre serait trs prometteur pour
GRAVITY, mais il est malheureusement physiquement peu vraisemblable : larc, caus par
la distorsion de la sphre, na aucune raison de se refroidir avant celle-ci.
Cette courte tude a montr la diversit des rsultats possibles en fonction des para-
mtres du point chaud. tant donn quune analyse complte prenant en compte tous les
paramtres du trou noir et du point chaud sort de la porte de ce manuscrit, on va se
limiter au jeu de paramtre standard introduit plus haut, quation 10.9.
La prochaine section se propose de dterminer limpact que pourra avoir ltude des
rsultats astromtriques (et eux seuls) obtenus par GRAVITY sur notre connaissance des
sursauts et du trou noir central.
10.4 Simulations dobservations par GRAVITY
10.4.1 Cadre de lanalyse
Considrons un point chaud en orbite circulaire de rayon r
circ
vriant (voir Eq. 10.3) :
2 r
S
r
circ
3,5 r
S
. (10.10)
On va considrer trois valeurs direntes de rayons : r = 4 M, r = 5,5 M et r = 7 M,
en units gomtriques (on se rappelle que dans ce systme dunits, r
S
= 2 M).
On considre un point chaud dcrit par les paramtres dnis dans lquation 10.9.
On sintresse, dans cette section, dterminer si GRAVITY pourra mettre en vidence
le mouvement du point chaud, grce ses capacits astromtriques. Dans la ligne de
ltude mene au chapitre 6, on ne va sintresser quaux mesures astromtriques, en ne
tenant compte de la courbe de lumire que pour xer lerreur astromtrique en fonction de
la magnitude de la source, en utilisant les rsultats obtenus au chapitre 6.
Au-del de la mise en vidence du mouvement du point chaud, on va sintresser
limpact de lun des paramtres fondamentaux de Sgr A* : son inclinaison sur le ciel. On
considrera dans toute la suite un trou noir de spin 0,7, sauf mention contraire.
Une tude plus gnrale portant sur lutilisation combine des donnes astromtriques
et photomtriques sera intressante mener dans la suite. On peut se rfrer la Fig. 5
de Hamaus et al. (2009) pour avoir une ide du potentiel dune telle analyse combine, en
particulier en ce qui concerne dventuelles contraintes sur le paramtre de spin.
3
10.4.2 Observations simules
Cette section va gnraliser les rsultats obtenus dans la section 6.2. On va utiliser le
programme de simulation de GRAVITY prsent au chapitre 5 an de simuler de faon
3. Notons cependant propos de la Fig 5 de Hamaus et al. (2009) quelle ne concerne quune sphre
en orbite, et non pas un point chaud constitu de la superposition dune sphre et dun arc. Au vu de
lanalyse de la section 10.3.3, on peut supposer que les choses seront nettement compliques par la prise
en compte dune source tendue.
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raliste les donnes astromtriques fournies par GRAVITY lors de lobservation dun point
chaud, la trajectoire du point chaud tant calcule par GYOTO selon la mthode expose
plus haut, et tenant donc compte de tous les eets relativistes.
tant donn que lon sintresse ici un mouvement extrmement rduit dont la taille
caractristique est de lordre de quelques fois 10 as, il nest pas crucial de disposer dune
estimation de la position de la source qui serait fournie par le mode imageur de linstru-
ment, prsent dans la section 5 : on va directement ajuster la position de la source, en la
supposant unique et ponctuelle, en tablissant une premire estimation de la solution par
minimisation du
2
sur une grille de 100 as de ct. Ceci permet de gagner considrable-
ment en temps de calcul puisquon vite la reconstruction des images.
Signalons que ce choix ne remet pas en cause lintrt du mode imageur de linstru-
ment dont le principal avantage sera de dterminer lallure du champ de vue complet de
linstrument (de taille caractristique 60 mas) de faon indpendante de tout modle (voir
le chapitre 5).
On va donc procder de la faon suivante : partir des couples de valeurs dintensit
et de position sur le ciel obtenues chaque instant par les simulations GYOTO, on peut
calculer les visibilits complexes non bruites. En tenant compte de la magnitude de la
source linstant considr, on dduit le bruit aectant ces visibilits, ce qui permet de
calculer un jeu de visibilits bruites, qui seront ajustes par un modle supposant une
source ponctuelle unique dans le champ de vue.
Les positions retrouves sur le ciel seront aectes dans les gures qui suivent de barres
derreur dont la taille est issue des simulations de prcision astromtrique pour une seule
source prsente dans le champ de vue obtenues au chapitre 6. Cependant, on ne peut plus
eectuer une rotation de la PSF de linstrument telle quon lavait fait dans le chapitre 6,
tant donn que les simulations GYOTO ralises supposent que laxe vertical y de lcran
concide avec la projection de laxe de rotation du trou noir. Il ny a aucune raison de
privilgier cette direction y par rapport la direction orthogonale. Aussi utilisera-t-on
la mme valeur derreur dans les deux directions x et y, correspondant la moyenne
quadratique des erreurs dans les directions x et y obtenues au chapitre 6. On suppose ainsi
que la PSF de linstrument fait un angle de 45avec la projection de laxe de rotation du
trou noir.
De la mme faon que dans la section 6.2, on va sintresser aux dispersions
x
et
y
des positions retrouves au cours dune nuit, dans les deux directions x et y de lcran
dobservation, telles que dnies par lquation :
x
=
_
1
N
obs
1
N
obs
1
k=0
(x
k
x)
2
, (10.11)
y
=
_
1
N
obs
1
N
obs
1
k=0
(y
k
y)
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o x
k
et y
k
dsignent les positions retrouves de la source pour chacune des N
obs
poses
ralises au cours de la nuit, et o x et y dsignent les moyennes des positions retrouves
au cours de la nuit dans chaque direction.
Les Figs. 10.8 reprsentent des observations simules autour dun trou noir de spin 0,7,
en supposant le point chaud soit xe une position donne, soit en orbite circulaire avec
un rayon orbital maximal (voir Eq. 10.3) r
circ
= 7 M. On a choisi une valeur rduite de
linclinaison, 20, conduisant lobtention dune orbite tendue : on est donc dans un cas
particulirement favorable pour la dtection astromtrique (on se reportera la Fig. 10.9
pour un exemple de ce que lon peut obtenir dans un cas nettement moins favorable).
An de restreindre les barres derreur, on a slectionn la partie du sursaut pour laquelle
lintensit est suprieure 35% de sa valeur maximale (la valeur de ce pourcentage est
choisie de telle faon que la dure du sursaut prise en compte soit suprieure la priode
du sursaut, de faon ne pas slectionner une sous-partie de la trajectoire). On suppose
que la magnitude du sursaut son maximum vaut m
K
= 13 (ce qui est trs optimiste tant
donn que le sursaut le plus brillant observ actuellement a atteint m
K
= 13,5, Dodds-Eden
et al. 2011)
4
. En ralisant des intgrations de 100 s, on obtient alors une soixantaine de
points dobservation, qui sont moyenns an de nen garder quune dizaine au nal pour
le calcul de la dispersion (ce qui permet de diminuer encore les barres derreur).
On a dj vu plus haut quil ntait pas possible de supposer que deux sursauts successifs
taient dnis par le mme jeu de paramtres : au-del du fait que les paramtres du point
chaud lui-mme peuvent certainement varier dune nuit lautre, le rayon du sursaut
ne peut tre suppos constant au vu des dirences de pseudo-priodes mesures. On en
dduit quil nest pas possible de moyenner des rsultats dobservation portant sur des nuits
direntes, ce qui limite la possibilit de restreindre les barres derreur par moyennage
5
.
Lobjectif de la prochaine section est de dterminer quelle information ces mesures
de dispersion pourront apporter sur les paramtres du trou noir central, et dans quelles
circonstances il sera possible de faire quantitativement la dirence entre une source xe
et une source en orbite circulaire.
10.4.3 Mise en vidence du mouvement du point chaud en fonction
de linclinaison
A ce stade, il est possible de calculer pour une nuit dobservation simule dun point
chaud, mobile ou non, la valeur de la dispersion des coordonnes retrouves, dans les
directions des axes de lcran dobservation (x et y), au moyen de lquation 10.11.
On peut alors lancer une procdure Monte Carlo, calculant cette valeur de dispersion
pour un grand nombre de nuits simules, et reprsenter les histogrammes bidimensionnels
des dispersions dans les deux directions ainsi obtenues.
4. Ce choix est eectivement trs optimiste, mais pas irraliste, tant donn que les rsultats qui vont
suivre ne font appel quaux donnes observes sur une nuit (pour les raisons exposes dans la suite). Il
sut donc dobserver un seul sursaut susamment brillant.
5. Par contre, il est bien entendu possible dutiliser, sparment, les rsultats dobservation obtenus sur
plusieurs nuits de sursaut, an daner leur interprtation.
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40 30 20 10 0 10
20
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x (as)
Simulation dobservation GRAVITY
y

(
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s
)
40 30 20 10 0 10
20
10
0
10
20
x (as)
y

(
a
s
)
Figure 10.8 Simulations dobservation par GRAVITY dun point chaud autour dun
trou noir de spin 0,7 vu sous une inclinaison de 20, en rotation circulaire une distance
r = 7 M ( gauche) ou bien xe une certaine position de cette orbite circulaire ( droite).
Les barres derreur variables tiennent compte de lvolution de la magnitude du sursaut
dont la magnitude maximale vaut m
K
= 13. La trajectoire thorique calcule par GYOTO
est reprsente en tirets rouges.
40 30 20 10 0
30
20
10
0
10
20
x (as)
y

(
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s
)
50 40 30 20 10 0
10
0
10
20
30
x (as)
y

(
a
s
)
Figure 10.9 Mme gure que la Fig. 10.8, linclinaison valant 60et la magnitude
maximale du sursaut m
K
= 14. A gauche le point chaud est en rotation r = 7 M, droite
il est xe.
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Analyse gnrale des histogrammes
Les Figs. 10.10 10.12 reprsentent ces histogrammes de dispersions pour un point
chaud (xe ou mobile) la distance r = 7 M, 5,5 M ou 4 M autour dun trou noir de
spin 0,7, vu sous une inclinaison de 20, 40ou 60, et ayant une magnitude maximale
de m
K
= 13. Les contours reprsents englobent respectivement 68%, 95% et 99% des
dispersions obtenues au cours de la procdure Monte Carlo.
Vrions dans un premier temps que ces rsultats sont cohrents, pour lun des cas
illustrs.
Considrons le cas du point chaud de magnitude maximale m
K
= 13 xe r = 7 M,
observ sous une inclinaison de 20(Fig. 10.10 en haut gauche). La magnitude du point
chaud variant au cours de la nuit, on va prendre comme magnitude moyenne du sursaut :
m
K
= 13,5. A cette magnitude, la prcision astromtrique obtenue par ajustement, dans
les deux directions de lcran
6
, est de = 6,3 as. Pour un rayon dorbite de r = 7 M et
une inclinaison de 20, on peut raliser environ 60 intgrations de 100 s par nuit. Ces
observations sont moyennes an de ne garder quune dizaine de points dont on calculera la
dispersion. La valeur de la prcision sur les donnes moyennes est donc denviron
moy

6,3/
6 = 2,6 as. Cette valeur est proche du centre de lhistogramme des dispersions
reprsent en bleu sur lencart en haut gauche de la Fig. 10.10.
Intressons-nous alors au cas du mme point chaud, en rotation et non plus xe. On
constate sur la Fig. 10.8 que la trajectoire peut tre assez bien approxime par un cercle de
rayon R 15 as. Il est facile de calculer la dispersion de points rpartis de faon homogne
sur la circonfrence dun cercle de rayon R: elle vaut
th
= R/
2. Lhistogramme reprsent
en rouge sur lencart en haut gauche de la Fig. 10.10 doit donc tre centr sur une valeur
proche de
th
= 15/
2 = 10,6 as, ce qui est eectivement le cas.

On conclut de cette analyse que les histogrammes reprsents sur lencart en haut
gauche de la Fig. 10.10 sont cohrents, ce qui constitue une validation de la procdure
Monte Carlo suivie.
Comparons dsormais les rsultats obtenus pour des rayons dirents sur les Figs. 10.10
10.12. On constate que pour une inclinaison de 20, les histogrammes correspondants aux
points chauds en mouvement sont centrs dans les trois cas sur des valeurs proches. Ceci est
d au fait que la taille caractristique de la trajectoire projete faible inclinaison dpend
peu du rayon de lorbite, comme lillustre lencart de droite de la Fig. 10.13 : on naura
pas forcment une trajectoire projete sur le ciel plus petite pour un rayon plus petit. Par
contre, on constate sur la Fig. 10.13 que la position du centre de la trajectoire projete (ou,
ce qui revient au mme, la valeur maximale de la distance angulaire au centre galactique),
varie de faon nette en fonction du rayon. Lorsque linclinaison augmente, jusqu atteindre
60, on constate sur les Figs. 10.10 10.12 que les histogrammes correspondants aux points
chauds en mouvement ne sont plus centrs sur la mme valeur : la Fig. 10.14 montre quen
eet, la taille caractristique de lorbite varie en fonction du rayon lorsque linclinaison est
6. On rappelle quon suppose ici que la PSF de linstrument fait un angle de 45avec laxe horizontal
de lcran, la prcision dans les deux directions tant la moyenne quadratique des prcisions obtenues dans
le chapitre 6 lorsque la PSF tait aligne sur les axes de lcran.
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Dispersion dans la direction x (as)
Histogramme de dispersions, =20, mK=13
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Figure 10.10 Histogrammes bidimensionnels des dispersions
x
et
y
dnies par lqua-
tion 10.11 pour un point chaud autour dun trou noir de spin 0,7 vu sous une inclinaison
de = 20(en haut gauche), = 40(en haut droite), ou = 60(en bas), en rotation
circulaire une distance r = 7 M (en pointill rouge) ou bien xe une certaine position
de cette orbite circulaire (en trait plein bleu). La magnitude maximale du sursaut vaut
m
K
= 13.
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x
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dnies par lqua-
circulaire une distance r = 5,5 M (en pointill rouge) ou bien xe une certaine position
m
K
= 13.
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x
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dnies par lqua-
circulaire une distance r = 4 M (en pointill rouge) ou bien xe une certaine position
m
K
= 13.
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30 20 10 0 10
20
10
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10
20
x (as)
y

(
a
s
)
x (as)
y

(
a
s
)
x (as)
y

(
a
s
)
Figure 10.13 Comparaison des courbes de lumire et des trajectoires du point chaud
en rotation autour dun trou noir de spin 0,7, vu sous une inclinaison de 20, et pour un
rayon dorbite de 4 M (en trait plein), 5,5 M (tirets) ou 7 M (pointills).
plus forte. Cette dpendance de la taille de lorbite avec linclinaison est fonction de leet
de beaming, qui est plus intense grande inclinaison.
Les histogrammes correspondant aux points chauds xes sont, eux, centrs sur des
valeurs direntes suivant la valeur du rayon, quelque soit linclinaison. Cet eet est d au
nombre moins grand de points dobservation disponibles pour de petits rayons, la priode
tant plus faible pour un plus petit rayon. De plus, leet de beaming tant plus intense
petit rayon, la courbe de lumire est dautant plus pique que le rayon est petit (voir
lencart de gauche de la Fig. 10.13 par exemple). Il en rsulte un moins grand nombre de
points dobservation de magnitude brillante. Ces deux eets cumuls se traduisent par un
dcalage du centre de lhistogramme vers les plus grandes valeurs de dispersion petit
rayon.
Que ce soit pour les histogrammes correspondant aux points chauds xes ou mobiles,
ltalement plus important des histogrammes petit rayon sexplique par les mmes eets :
le moins grand nombre de points dobservation disponibles entrane une distribution moins
pique de valeurs de dispersions.
Contrainte sur le mouvement de la source et linclinaison
Considrons une nuit dobservation de GRAVITY au cours de laquelle un sursaut est
observ. Une courbe de lumire est mesure, qui permet de dterminer la priode de rotation
du point chaud. Au vu de lencart du bas de la Fig. 10.2, on peut dduire une estimation
du rayon de lorbite, qui permet de dterminer dans lequel des trois cas illustrs dans les
Figs. 10.10 10.12 on se trouve. Bien entendu, il sera possible de raner cette tude en
prenant un chantillonnage plus n en rayon, les trois valeurs choisies ici dans chacune des
trois Figs. 10.10 10.12 permettent dillustrer la mthode que lon pourra suivre avec une
prcision plus grande lorsque les donnes de GRAVITY seront disponibles.
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x (as)
y

(
a
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)
x (as)
y

(
a
s
)
x (as)
y

(
a
s
)
Figure 10.14 Comparaison des courbes de lumire et des trajectoires du point chaud
en rotation autour dun trou noir de spin 0,7, vu sous une inclinaison de 60, et pour un
rayon dorbite de 4 M (en trait plein), 5,5 M (tirets) ou 7 M (pointills).
A ce stade, tout dpend de la valeur du rayon obtenu. Supposons que lon soit dans un
cas favorable et que le rayon soit proche du rayon maximal r = 7 M, de sorte que lon se
trouve dans le cas illustr par la Fig. 10.10. Supposons galement que la dispersion des po-
sitions retrouves soit de 8 as. La Fig. 10.15 montre quon peut en dduire immdiatement
une contrainte sur linclinaison du trou noir : les valeurs dinclinaison < 20et > 60sont
exclues. Encore une fois, cette contrainte pourra tre facilement rane en ralisant des
simulations pour dautres valeurs de linclinaison. Par ailleurs, lexamen de la Fig. 10.10
indique galement que cette valeur de dispersion est incompatible avec une source xe.
On a donc deux informations : une contrainte sur linclinaison et une contrainte sur le
mouvement de la source. Si la dispersion obtenue est moins grande, par exemple 4 as,
on perd la possibilit de contraindre le mouvement de la source puisque cette valeur est
compatible 1 avec les distributions correspondant au point chaud xe et mobile pour
une inclinaison de 60. Si on fait lhypothse que le modle du point chaud est valide, on
garde une contrainte sur linclinaison, puisque cette valeur de 4 as nest pas compatible
avec une inclinaison 40.
Ainsi, quelle que soit la valeur de la dispersion obtenue, on peut obtenir de linformation
sur linclinaison du trou noir, et si la dispersion est susamment grande, on peut dduire
galement de linformation sur le mouvement de la source.
Rappelons que cette analyse fait lhypothse dun sursaut grande distance du trou
noir (r 7 M), ce qui correspond une priode proche de 40 min (voir lencart du bas de
la Fig. 10.2), ordre de grandeur qui a dj t observ (voir le Tab. 10.1). Lhypothse trs
forte qui demeure est celle faite sur la magnitude la plus brillante du sursaut, suppose
gale m
K
= 13.
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0 5 10 15
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5
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Histogramme de dispersions, mK=13
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(
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)
x
et
y
dnies par lqua-
tion 10.11 pour un point chaud en rotation r = 7 M autour dun trou noir de spin 0,7 vu
sous une inclinaison de = 20(pointills), = 40(tirets), ou = 60(traits pleins). La
magnitude maximale du sursaut vaut m
K
= 13.
Lexamen des Figs. 10.10 10.12 montre que plus le rayon diminue, plus il sera dicile
dobtenir des informations intressantes, tant donn que les histogrammes se superposent
de plus en plus.
Vers des contraintes sur le spin ?
Dans tout ce qui prcde, on a fait lhypothse dune valeur unique xe du spin du
trou noir : a = 0,7. On peut se demander dsormais si ltude des donnes astromtriques
recueillies par GRAVITY seront susceptibles dapporter galement une contrainte sur ce
spin.
Les Figs. 10.16, reprsentant les courbes de lumire et les trajectoires dun mme point
chaud pour deux spins dirents et deux inclinaisons direntes montrent immdiatement
lextrme dicult dune telle mesure : limpact du spin sur les observables est trs limit.
Laccs le plus immdiat au spin requiert une connaissance indpendante de la priode
et du rayon orbital, an de dduire le spin en utilisant la relation 10.2. Une mesure du
spin ncessiterait la fois une mesure susamment prcise de la priode sur la courbe de
lumire, et une contrainte indpendante, susamment prcise, sur le rayon. Les Figs. 10.13
et 10.14 illustrent le genre dobservables qui pourront tre utilises en vue dune contrainte
sur la valeur du rayon : il sagira de la distance angulaire maximale au centre galactique et
de lamplication de la courbe de lumire (voir galement ce sujet la Fig. 5 de Hamaus
et al. 2009).
Peut-on envisager avoir eectivement accs au spin en suivant cette voie ?
LEq. 10.2 entrane :
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a =
c
2 r
g
T
_
r
r
g
_
3/2
(10.12)
o on garde les notations de lEq. 10.2.
On en dduit lincertitude sur le spin,
a
en fonction des incertitudes
7
sur la priode
et le rayon
T
et
r
a
=
_
c
2 r
g
_
2
2
T
+
9 r
4 r
3
g
2
r
. (10.13)
Si lon suppose une prcision sur la priode de lordre de la minute, un rayon de 5,5 r
g
et une incertitude sur le rayon de 0,1 r
g
(ce qui est trs optimiste, au vu des Figs. 10.13
et 10.14), lincertitude sur le spin est de
a
0,6. Une telle mesure ne donnerait donc
aucune contrainte valable sur le spin.
Il faudra donc envisager des mthodes plus complexes, si elles existent, an desprer
apporter une contrainte sur le spin de Sgr A*.
Pour conclure ce chapitre, signalons une fois encore que tous les rsultats qui prcdent
sont bass sur un seul jeu de paramtres du point chaud (dni par lEq. 10.9). Une tude
complte, faisant varier ces paramtres, serait utile pour aner les rsultats proposs dans
les paragraphes qui prcdent. Une telle tude, assez lourde mettre en place, est laisse
pour lavenir.
7. On utilise pour le cela la formule de propagation des incertitudes. Si X = f(Y, Z),
X
=
_
Y
f
2
2
Y
+
Z
f
2
2
Z
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x (as)
y

(
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x (as)
y

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x (as)
y

(
a
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)
x (as)
y

(
a
s
)
Figure 10.16 Comparaison des courbes de lumire et des trajectoires dun point chaud
en orbite r = 7 M vu sous une inclinaison de 20(en haut) ou 60(en bas) autour dun
trou noir de spin 0,5 (traits pleins) ou 0,7 (tirets).
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Cinquime partie
Perspectives dapplication de GYOTO
dans des mtriques non analytiques
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Introduction
Comme on la vu dans la partie III, une spcicit du code de calcul GYOTO est
sa capacit prendre en compte des mtriques numriques calcules dans le cadre du
formalisme 3+1 de la relativit gnrale.
Cette dernire partie se propose de prsenter les premiers dveloppements des applica-
tions de GYOTO de telles mtriques. Il nest pas question ici daboutir des rsultats
dnitifs et pleinement aboutis, mais plutt de prsenter les premiers rsultats obtenus
ce stade an de montrer la richesse des dveloppements qui pourront tre mens dans un
futur proche en poursuivant ces voies de recherche.
Le chapitre 11 sintresse implmenter dans le cadre du formalisme 3+1 et au sein de la
bibliothque LORENE du groupe de relativit numrique du LUTH un objet alternatif aux
trous noirs de la relativit gnrale : le gravastar. Une implmentation eective de ce type
dobjet na pas pu tre obtenue : ce chapitre va donc, aprs une brve revue des dirents
modles de gravastar, prsenter ltat actuel du dveloppement de lobjet gravastar au
sein de LORENE, dtailler les causes des dicults rencontres, et proposer des voies de
dveloppement pour le futur. Lobtention dune mtrique de gravastar en rotation serait
extrmement intressante puisquelle permettrait de dvelopper des simulations dans une
mtrique alternative la mtrique de Kerr, ce qui rendrait possible la comparaison entre les
trous noirs de la relativit gnrale et lune de leurs alternatives les plus crdibles (comme
on la vu dans la section 3.2.2).
Le chapitre 12 propose une application de lquation des godsiques en formalisme
3+1 dveloppe dans la section 8.2. Il sagit de prsenter une simulation dynamique dune
toile neutrons seondrant en trou noir, dont la mtrique, non stationnaire, est calcule
au cours du temps coordonne par le code CoCoNuT qui utilise la bibliothque LORENE.
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Chapitre 11
Dveloppement dobjets compacts
alternatifs : le cas du gravastar
Sommaire
11.1 Le gravastar dans la littrature . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
11.1.1 Une approche intuitive du gravastar . . . . . . . . . . . . . . . . 185
11.1.2 Les modles de gravastar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
11.1.3 Vers des contraintes observationnelles ? . . . . . . . . . . . . . . . 189
11.2 Implmentation du gravastar dans LORENE . . . . . . . . . . 190
11.2.1 Lobjet gravastar dans LORENE . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
11.2.2 Dicults rencontres et orientations de travail futur . . . . . . . 193
11.1 Le gravastar dans la littrature
11.1.1 Une approche intuitive du gravastar
Construire un espacetemps de gravastar en symtrie sphrique
Cette section se propose de justier de faon trs intuitive le modle du gravastar, en
utilisant des arguments simples issus de la relativit gnrale.
Comme on la dj prsent dans la section 3.2.2, le modle du gravastar a t dvelopp
en particulier an de proposer un objet dont la compacit puisse tre de lordre de celle
dun trou noir mais sans possder dhorizon des vnements.
Pour simplier les choses, considrons un espacetemps stationnaire symtrie sph-
rique. Le thorme de Birkho (voir la section 1.1.2) impose la mtrique extrieure
lobjet : ce sera celle de Schwarzschild.
Par ailleurs, an quun horizon des vnements ne se forme pas, il est clair quil fau-
dra couper la partie de lespacetemps pour laquelle r 2 M, puisquon a vu (voir la
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186 CHAPITRE 11. LE GRAVASTAR
section 1.1.2) que lhorizon des vnements se formait en r = 2 M dans la mtrique de
Schwarzschild.
Il faut donc dterminer une nouvelle mtrique qui couvrira la partie de lespacetemps
0 r R, o R 2 M. An de prvenir la formation dun horizon des vnements
en r = 2 M, il parat raisonnable de sintresser un espacetemps interne qui possde
une forme dnergie conduisant un comportement inationniste, qui permettra de lutter
contre leondrement de lespacetemps externe. Une telle forme dnergie est bien connue
en cosmologie : cest lnergie noire qui est responsable de lacclration de lexpansion de
lunivers (Riess et al. 1998). Cette nergie peut tre modlise par une constante cosmolo-
gique. Il parat donc naturel dutiliser pour la partie interne de lespacetemps la mtrique
de de Sitter, qui est la solution aux quations dEinstein maximalement symtrique de
courbure positive, et dote dune constante cosmologique directement proportionnelle
cette courbure.
On conoit donc que les modles de gravastar qui vont suivre soient essentiellement des
espacetemps prsentant deux rgions : une rgion externe, vide, o la mtrique est celle de
Schwarzschild, et une rgion interne, galement vide, mais pourvue dune constante cosmo-
logique non nulle, o la mtrique est celle de de Sitter. La transition entre ces deux rgions
tant dnie grce aux conditions de jonction dIsrael (Israel 1966, 1967) qui dnissent le
raccord entre deux mtriques au niveau dune hypersurface.
Le cur du gravastar : gravitation rpulsive
On veut dmontrer dans cette section ce qui a t intuitivement introduit dans la section
prcdente : la rgion interne du gravastar, constitue dun espacetemps de de Sitter, agit
rpulsivement sur la matire et soppose ainsi leondrement de la rgion externe.
La mtrique de de Sitter en coordonnes statiques (t, r, , ) scrit (voir par exemple
Gourgoulhon 2010c) :
ds
2
=
_
1 b
2
r
2
_
dt
2
+
_
1 b
2
r
2
_
1
dr
2
+ r
2
_
d
2
+ sin
2
d
2
_
. (11.1)
Pour faire le lien avec ce qui prcde, on peut exprimer la constante b en fonction de la
densit dnergie du vide rgnant dans cette rgion :
b
2
=
8
3
. (11.2)
On rappelle que la densit dnergie du vide est elle-mme directement relie la valeur
de la constante cosmologique de lespacetemps de de Sitter selon (voir par exemple Carroll
2008) :
=

8
. (11.3)
On sintresse une particule massive libre de se mouvoir radialement dans cette m-
trique. Sa 4-vitesse scrit donc (

X reprsentant la drive de X par rapport au temps
propre de la particule) :
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11.1. LE GRAVASTAR DANS LA LITTRATURE 187
u = (
t, r, 0, 0) (11.4)
et se normalise selon :
(1 b
2
r
2
)

t
2
+
1
1 b
2
r
2
r
2
= 1. (11.5)
On suppose de plus qu une certaine date t
0
on a :
r(t
0
) 0. (11.6)
Lquation du mouvement de la particule est donne par lquation des godsiques :
r +
r
tt

t
2
+
r
rr
r
2
+ 2
r
tr

t r = 0. (11.7)
Les symboles de Christoel se calculent aisment grce la mtrique (11.1) et ses
drives. En utilisant la relation de normalisation (11.5), lquation (11.7) se simplie en :
r b
2
r = 0. (11.8)
Cette quation direntielle sintgre immdiatement :
r(t) = /e
b t
+B e
b t
(11.9)
o / et B sont deux constantes.
Supposons que / soit nulle. On en dduit que B doit tre strictement positive (la
coordonnes r devant rester positive). La drive r serait alors strictement ngative ce
qui est en contradiction avec lhypothse 11.6. La constante / est alors non nulle, et on
obtient un comportement exponentiellement divergent pour la coordonne radiale : on
obtient eectivement le comportement rpulsif annonc.
11.1.2 Les modles de gravastar
La prsente section recense les modles de gravastars qui ont t dvelopps depuis
larticle pionnier de Mazur & Mottola (2001).
Le modle initial MM01
Le premier modle de gravastar a t propos par Mazur & Mottola (2001). On le
nommera dsormais MM01. Il a dj t prsent dans la section 3.2.2 et on va ici se
contenter de rappeler ses traits fondamentaux.
Le modle MM01 dcrit un objet symtrie sphrique constitu dun cur compos de
vide ayant une quation dtat dnergie noire p = = cst et dont la mtrique est celle
de de Sitter quon a rappele plus haut.
Lextrieur de lobjet est constitu du vide de Schwarzschild. Ces deux vides sont s-
pars par une crote extrmement ne (de lordre de la longueur de Planck) compose
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dun uide parfait dquation dtat extrme p = . Cette crote est spare des vides in-
terne et externe par deux enveloppes inniment minces, au niveau desquelles les grandeurs
physiques subissent une discontinuit.
Rappelons que lintrt de cette structure est dtre extrmement compacte (trs proche
dun trou noir), sans horizon des vnements et sans singularit centrale.
Le modle de Chapline (2003)
Chapline (2003) se base sur une analogie entre gravitation et matire condense pour
proposer un modle similaire au gravastar (de faon indpendante de Mazur & Mottola
2001, qui ne sont pas cits).
Cet auteur montre que le fait que le facteur de dcalage vers le rouge gravitationnel
diverge lhorizon en mtrique de Schwarzschild
1
peut tre rsolu en considrant une
transition de phase quantique au niveau de lhorizon, la mtrique interne tant alors celle
de de Sitter.
Le modle de Visser & Wiltshire (2004)
Visser & Wiltshire (2004) simplient le modle initial MM01 en ne considrant plus de
crote mince : leur modle na plus que deux zones, le cur dquation dtat p = et
lextrieur rempli de vide de Schwarzschild, spares par une enveloppe inniment mince
situe un rayon lgrement suprieur au rayon de lhorizon des vnements dun trou noir
de masse correspondante, et au niveau de laquelle les quantits physiques subissent une
discontinuit.
Lenveloppe inniment mince est dcrite par une densit dnergie surfacique et une
tension de surface qui sont ajustes de faon permettre la transition entre les mtriques
des deux espaces intrieur et extrieur. Visser & Wiltshire (2004) tudient la stabilit de
cette structure en permettant lenveloppe de se mouvoir radialement.
Ils concluent que certaines quations dtat (de la forme ()) permettent dobtenir
une structure stable.
Ce modle a t gnralis par Carter (2005), pour des gravastars chargs, et par Gspr
& Rcz (2010) qui considrent la stabilit du modle lors de laccrtion dune enveloppe
de poussire.
Le modle de Cattoen et al. (2005)
Cattoen et al. (2005) dveloppent un modle de gravastar particulirement intressant
en ce sens quil permet de ne plus avoir de discontinuit de pression ou de densit dnergie
au niveau de linterface entre le cur et lextrieur : les enveloppes inniment minces
places de part et dautre de la crote dans le modle MM01 ne sont plus utilises ici, ce
qui est satisfaisant tant donn le caractre non physique de telles distributions limites.
1. Ce qui rend cette description de la gravitation incompatible avec la thorie quantique (Chapline
2003).
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11.1. LE GRAVASTAR DANS LA LITTRATURE 189
Cattoen et al. (2005) tablissent que, pour viter davoir recours des discontinuits,
le uide constituant le gravastar (la crote comme le cur) ne peut pas tre parfait, et
doit possder une pression anisotrope : la pression radiale p
r
est dirente de la pression
tangentielle p
t
lintrieur du gravastar. Les quations dtat reliant les pressions la
densit dnergie nest plus aussi simple que celle du modle initial MM01. Ces quations
dtat (et les diverses faon de les dnir) sont tudies par Cattoen et al. (2005).
Remarquons que, bien que ce nouveau modle de gravastar permette un prol de pres-
sion continu, lvolution de la pression radiale avec le rayon est trs contre-intuitif, comme
lillustre la Fig. 1 de Cattoen et al. (2005).
Signalons ltude de DeBenedictis et al. (2006) qui prolonge lanalyse de ce modle de
gravastar pression anisotrope.
Le modle de Lobo (2006)
Lobo (2006) tudie des modles de gravastar partir des modles antcdents dvelop-
ps par Visser & Wiltshire (2004) et Cattoen et al. (2005). La spcicit de Lobo (2006)
est de considrer une quation dtat du cur qui sexprime selon p
r
= , tant la
densit dnergie dans le cur et < 1/3 de faon obtenir une quation dtat de
type nergie noire.
La stabilit de certains gravastars ainsi dnis, lorsquils sont soumis des perturbations
radiales de linterface entre le cur et lextrieur, est dmontre.
Signalons ltude de Bilic et al. (2006) portant sur un modle dquation dtat < 1.
Vers un gravastar en rotation : Chirenti & Rezzolla (2008)
Signalons pour nir cette revue des modles de gravastar le rcent modle de Chirenti
& Rezzolla (2008) dcrivant des gravastars en rotation lente. Ce modle a t dvelopp
an dtudier la stabilit des gravastars linstabilit de lergorgion dcrite par Cardoso
et al. (2008).
Un modle de gravastar magntis en rotation lente a galement t dvelopp par Tu-
rimov et al. (2009).
Cependant, il est noter quaucun modle de gravastar en symtrie axiale (cest--dire,
admettant la rotation rapide) nest disponible lheure actuelle.
11.1.3 Vers des contraintes observationnelles ?
Cette section recense les direntes tudes qui ont t consacres lapport de contraintes
observationnelles aux modles de gravastars.
Broderick & Narayan (2007) : contrainte sur le modle de Chapline (2003)
Broderick & Narayan (2007) expriment la temprature de surface dun gravastar dcrit
par le modle de Chapline (2003) en fonction du paramtre = l/l
P
caractrisant la
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longueur (en unit de longueur de Planck) partir de laquelle ce modle prdit lchec de
la relativit gnrale classique dcrire lespacetemps.
En utilisant les donnes observationnelles de quelques candidats trous noirs, Broderick
& Narayan (2007) dduisent une contrainte forte sur ce paramtre : 1.
Chirenti & Rezzolla (2007) : frquences propres de vibration
Chirenti & Rezzolla (2007) se basent sur un modle de gravastar proche de celui d-
velopp par Cattoen et al. (2005). Ces auteurs tudient la stabilit de la structure des
perturbations radiales de la mtrique et calculent les frquences des modes quasi-normaux
de vibrations associs cette perturbation (sur ce sujet, voir galement Pani et al. 2009).
Ces frquences sont trouves nettement direntes de celles associes aux modes quasi-
normaux dun trou noir de Schwarzschild.
Ces auteurs en concluent que la mesure de ces frquences de vibrations, accessibles si
lobjet compact met des ondes gravitationnelles, est un moyen de distinguer un gravastar
dun trou noir.
Harko et al. (2009) : un disque daccrtion autour dun gravastar
Harko et al. (2009) calculent, dans le cadre dun modle de gravastar en rotation lente,
le ux mis par un disque mince daccrtion se trouvant autour de lobjet compact. Ces
calculs permettent de comparer les spectres mis lorsque lobjet central est un gravastar
ou un trou noir de Kerr.
11.2 Vers une implmentation du gravastar dans la bi-
bliothque LORENE
11.2.1 Lobjet gravastar dans LORENE
Modle de gravastar utilis
Je me suis tout dabord orient vers un modle proche de celui de Cattoen et al. (2005)
en considrant donc des pressions anisotropes lintrieur du gravastar.
Jai utilis le code LORENE/nrotstar en tentant de le modier pour lui permettre de
prendre en compte les spcicits dun gravastar. Ce code rsout les quations dEinstein
pour une toile relativiste en rotation, en utilisant lexistence dune intgrale premire,
donne dans lEq. 3.94 de Gourgoulhon (2010a), qui permet de calculer chaque pas
ditration la densit dnergie et la pression du uide qui constituent les sources des
quations dEinstein.
Lide est alors de suivre la dmarche de Gourgoulhon (2010a) en exhibant une intgrale
premire applicable au cas du gravastar.
La grande dirence entre le cas qui nous intresse ici et celui envisag dans le chapitre 3
de Gourgoulhon (2010a) est que lon ne va plus faire lhypothse dun uide parfait, mais
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11.2. IMPLMENTATION DU GRAVASTAR DANS LORENE 191
suivre Cattoen et al. (2005) en utilisant des pressions anisotropes. De plus, on na plus
aaire de la matire baryonique standard dans le cur du gravastar, ce qui interdit
dutiliser les relations thermodynamiques standards telle que lEq. 3.73 de Gourgoulhon
(2010a) qui fait appel au nombre baryonique.
Cette approche na pas abouti, une intgrale premire nayant pas t obtenue. Cepen-
dant, ce travail mritera dtre poursuivi lors de travaux futurs (voir la section 11.2.2).
Jai donc utilis le modle initial MM01, constitu de trois zones (le cur, la crote et
lextrieur) et de deux enveloppes inniment minces aux frontires entre ces zones. Lintrt
de ce modle, sil est physiquement moins satisfaisant que celui de Cattoen et al. (2005),
est que lon fait partout lhypothse dun uide parfait, ce qui va permettre de dnir
facilement des quantits conserves partir de Gourgoulhon (2010a).
Le tenseur nergie-impulsion sexprime dans tout lespacetemps selon :
T
= ( + p) u
+ p g
(11.10)
o u est la 4-vitesse du uide considr.
On a donc le modle suivant :
- Le cur : 0 r r
1
, quation dtat p = , T
= p g
,
- La crote : r
1
r r
2
, quation dtat p = ,
- Lextrieur : r r
2
, avec p = = 0.
LORENE/nrotstar traite sparment les direntes zones du modle. On va donc d-
terminer pour chaque zone une intgrale premire.
La cas du cur est immdiat :
= 0
p = 0 p = cst (11.11)
la pression est donc elle mme constante dans le cur du gravastar.
A lextrieur du gravastar, lintgrale est encore plus triviale puisquon a toute simple-
ment p = = cst = 0.
Enn, le cas de la crote ne pose pas davantage de problme, puisquon a aaire de
la matire standard
2
, on peut utiliser lintgrale premire tablie par lEq. 3.94 de Gour-
goulhon (2010a).
Tentative dimplmentation dans LORENE
Une nouvelle classe C++,Gravastar, a t dveloppe dans la bibliothque LORENE,
qui drive de la classe dj existante Star_rot permettant de calculer les mtriques gnres
par des toiles relativistes en rotation. Lobjectif nal tant de permettre le calcul de
mtriques de gravastars en rotation (pas uniquement en rotation lente).
Cependant, an de se placer dans un cas initial simple, on a suppos que le gravastar
ne tourne pas, et que lespacetemps est symtrie sphrique. Lide est alors de dvelopper
2. Mme si elle est caractrise par une quation dtat extrme rendant la vitesse du son gal la
vitesse de la lumire.
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un code LORENE/gravastar, quivalent de LORENE/nrotstar pour calculer la mtrique
dun gravastar.
Les quations dtat tant triviales dans le cur et lextrieur, on nutilise les fonctions
de la classe Eos (pour equation of state) de LORENE que pour la crote du gravastar.
On dcide de modliser cette crote partir dune quation dtat polytropique dont les
paramtres sont choisis de telle faon quils imposent lquation dtat requise : p = . Plus
prcisment, une quation dtat polytropique scrit :
p(n) = n
(11.12)
(n) =

1
n
+
0
n
n(H) =
_
1
m
0
_
e
H

0
m
0
__
1/(1)
o n est le nombre baryonique, H = ln (/m
0
) la log-enthalpie, = d/dn le potentiel
chimique,
0
le potentiel chimique pression nulle, m
0
la masse des baryons considrs,
le coecient de pression et lindice adiabatique.
En prenant = 2 et
0
= 0, on constate immdiatement quon obtient p = .
Les grandeurs thermodynamiques sont donc toutes fonctions de la log-enthalpie, qui
intervient elle-mme directement dans la quantit conserve tablie par lEq. 3.94 de Gour-
goulhon (2010a). Cette loi de conservation permet donc de calculer H chaque pas din-
tgration, ce qui permet dobtenir les valeurs actualises de p et de , puis de rsoudre les
quations dEinstein.
La boucle de LORENE/gravastar prend n lorsque la variation de H devient infrieure
un certain seuil entre deux pas successifs. Les conditions initiales du calcul reviennent
essentiellement spcier le prol initial de H qui est reprsent sur la Fig. 11.1, et
choisir la valeur de la densit dnergie centrale, prise ici gale 0,5 en units naturelles.
LORENE/gravastar permet de calculer chaque pas ditration la valeur de lexpansion.
On vrie sur la Fig. 11.3, reprsentant lexpansion en n ditration, que cette quantit
ne sannule jamais part au centre.
Les Figs. 11.2 et 11.4 reprsentent lallure des prols de pression et de densit au dbut
et la n du calcul. On constate que le modle prsente, comme on sy attendait, des
discontinuits brutales de ces deux quantits.
Cependant, bien que le calcul de LORENE/gravastar se termine (cest--dire, bien que
H converge vers une certaine valeur), le rsultat obtenu ne peut pas tre satisfaisant. En
eet, LORENE/gravastar vrie la n du calcul que lidentit du viriel relativiste (Gour-
goulhon & Bonazzola 1994) est bien vrie par le modle obtenu. Or ce nest pas le cas
pour le gravastar obtenu : la quantit dnie par lEq. 44 de Gourgoulhon & Bonazzola
(1994), qui devrait tre nulle, est de lordre de 0,1 en n ditration.
Un modle de gravastar satisfaisant lidentit du viriel na pas t obtenu. La section
suivante analyse les causes probables de cet insuccs, et propose des pistes de dveloppe-
ments futurs.
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Figure 11.1 Enthalpie initiale du gravastar. Dans cette gure comme dans les suivantes,
les traits verticaux marquent les frontires entre les domaines : cur - crote - extrieur.
Lextrieur du gravastar est lui-mme spar en deux zones, la dernire tant compacti
par un changement de variables r
1
r
.
11.2.2 Dicults rencontres et orientations de travail futur
Un point important raliser est que, contrairement aux apparences, le modle de
gravastar calcul par LORENE/gravastar nest pas le mme que celui de MM01.
En eet, LORENE/gravastar rsout les quations dEinstein sous la forme des Eqs. 3.14
3.17 de Gourgoulhon (2010a), qui sont des quations de Poisson. Ces quations sont rso-
lues en imposant la continuit des coecients mtrique et de leurs drives aux interfaces
entre les direntes rgions de lespacetemps. Or ceci implique que le tenseur de courbure
extrinsque ne prsente aucune discontinuit, puisque ce tenseur sexprime en fonction des
drives premires de la mtrique (voir les Eqs. 2.43 et 2.44 de Gourgoulhon 2010a).
Cependant, le modle de MM01 fait appel des discontinuits du tenseur de courbure
extrinsque, comme on le voit sur les Eqs. 20 et 21 de Mazur & Mottola (2004). Ces
discontinuits se traduisent, via les conditions de jonction dIsrael, par lexistence dune
distribution surfacique dnergie-impulsion, qui nest pas prsente dans le modle calcul
par LORENE/gravastar.
La raison profonde expliquant le rsultat incorrect (puisque ne vriant pas le viriel)
obtenu par LORENE/gravastar na pas t dtermine. Il est possible que lidentit de
Bianchi soit viole au cours des calculs, car elle nest pas formellement impose dans le
code.
Cependant, quelle que soit cette raison, la seule option qui permettrait dobtenir un
rsultat satisfaisant en accord avec le modle de MM01 serait de modier la partie de
LORENE qui gre la rsolution des quations dEinstein. Cette modication serait assez
lourde, et naurait aucun autre intrt que lapplication au modle MM01 du gravastar.
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Figure 11.2 Densit dnergie et pression initiales du gravastar.
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Figure 11.3 Expansion du gravastar. On constate que cette grandeur ne sannule jamais
si ce nest au centre : il ny a donc pas de formation dhorizon des vnements.
tant donn que ce modle nest pas le plus physiquement raliste pour dcrire un gravas-
tar (on a vu que le modle de Cattoen et al. 2005, tait plus satisfaisant), il sera prfrable
dorienter les recherches futures dans une autre direction.
Lapproche la plus prometteuse est de reconsidrer le modle initialement envisag
de Cattoen et al. (2005). Dpourvu de surface inniment mince du type de celles utilises
par MM01, ce modle est la fois physiquement plus satisfaisant (puisque la pression
radiale est continue) et numriquement plus adapt la bibliothque LORENE (puisquil
sera correct, cette fois-ci, de considrer des coecients mtriques de classe C
1
).
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Figure 11.4 Densit dnergie et pression nales du gravastar.
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Chapitre 12
Visualisation dun espacetemps
dynamique : eondrement dune toile
neutrons
Sommaire
12.1 Espacetemps dynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197
12.2 Calculs deondrement : le code CoCoNuT . . . . . . . . . . . 198
12.3 Visualisation GYOTO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199
12.3.1 Droulement de lintgration des photons . . . . . . . . . . . . . 199
12.3.2 Visualisation de ltoile en eondrement . . . . . . . . . . . . . . 200
12.1 Un exemple dutilisation de lquation des god-
siques en formalisme 3+1 : cas dun espacetemps
dynamique
On souhaite proposer dans ce chapitre un autre exemple dutilisation de GYOTO dans
des mtriques non analytiques, aprs la tentative de visualisation despacetemps de gra-
vastar dtaille dans le chapitre 11.
On a dj prsent et illustr lutilisation de lquation des godsiques en formalisme
3+1 dans la section 8.2. Lintrt immdiat dune telle quation est de permettre une
intgration des godsiques directement partir des quantits 3+1 fournies par la m-
trique, sans avoir reconstruire les quantits quadridimensionnelles ncessaires pour utili-
ser lquation standard des godsiques 8.9.
Cependant, cette quation montre tout son intrt lorsquil sagit dintgrer des god-
siques dans un espacetemps dynamique, pour lequel les quantits 3+1 varient en fonction
du temps. Si lon veut alors utiliser lquation standard des godsiques, on aura valuer
par dirences nies des drives temporelles des coecients de la 4-mtrique intervenant
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198 CHAPITRE 12. EFFONDREMENT DUNE TOILE NEUTRONS
dans lexpression des symboles de Christoel. Or, lun des atouts de la bibliothque nu-
mrique LORENE (que lon souhaite utiliser pour calculer la mtrique 3+1) est dviter
le recours aux dirences nies en utilisant des mthodes spectrales permettant dobtenir
une meilleure prcision sur les quantits calcules (pour une discussion de la mthode des
dirences nies et des mthodes spectrales, voir par exemple Lehner 2001; Grandclment
& Novak 2009).
Dans ce contexte, lutilisation de lquation des godsiques 8.19, qui ne fait apparatre
aucune drive temporelle, est prfrable.
On va utiliser dans cette partie lquation des godsiques 8.19 an de visualiser lef-
fondrement dune toile neutrons en trou noir.
Lintrt long terme de ce genre de simulations pourrait tre de modliser les contre-
parties lectromagntiques de phnomnes gravitationnels en champ fort telles que les
coalescences de systmes binaires dtoiles neutrons ou de systmes binaires toile neu-
trons - trou noir stellaire, systmes qui pourraient tre lorigine des sursauts gammas
dits short-hard. Pour une bibliographie de ce genre de phnomnes, on pourra se reporter
Bloom et al. (2009); Chassande-Mottin et al. (2011).
12.2 Calculs deondrement : le code CoCoNuT
Le calcul de leondrement de ltoile neutrons est eectu par le code CoCoNuT (Core
Collapse with New Technology, voir Dimmelmeier et al. 2002a,b, 2005; Cordero-Carrin
et al. 2009).
Ce code rsout les quations dEinstein en utilisant la bibliothque LORENE (et donc
les mthodes spectrales) ainsi que les quations de lhydrodynamique relativiste pour le
uide constituant ltoile (en utilisant la mthode des dirences nies).
Une hypothse forte est faite sur la mtrique spatiale qui est suppose tre conform-
ment plate, cest--dire que lon a :
g
dx
dx
= N
2
dt
2
+
ij
_
dx
i
+
i
dt
_ _
dx
j
+
j
dt
_
, (12.1)
ij
=
4
ij
o les grandeurs introduites ont le mme sens que dans le chapitre 8, tant une fonction
scalaire positive et
ij
la mtrique plate (cest--dire le symbole de Kronecker en coordon-
nes cartsiennes).
La validit de cette hypothse a t renforce par de rcents rsultats numriques (voir
la discussion ce propos dans Dimmelmeier et al. 2005).
Le feuilletage choisi pour lespacetemps est dit maximal : la trace du tenseur de courbure
extrinsque est nulle, ce qui a pour consquence que les hypersurfaces
t
ont un volume
maximal, do le nom du feuilletage (voir Gourgoulhon 2007). Une proprit trs intres-
sante de ce feuilletage particulier, lorsquon a aaire un eondrement en trou noir, est
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12.3. VISUALISATION GYOTO 199
que les hypersurfaces
t
ne rencontrent jamais la singularit centrale : elle saccumulent
lapproche de la singularit (voir la Fig. 9.4 de Gourgoulhon 2007) de telle faon que le
temps propre mesur par un observateur eulrien sparant deux hypersurfaces tend vers 0
dans cette rgion.
Faisant tourner ce code en symtrie sphrique, on obtient une succession de valeurs des
quantits 3+1 (
ij
, K
ij
, N,
i
) pour une srie de valeurs du temps coordonne couvrant les
direntes tapes de leondrement de ltoile neutrons. Le stade nal dvolution nest
pas une mtrique de trou noir de Kerr car pour des raisons techniques, il nest pas possible
de pousser le calcul jusqu lapparition de la singularit centrale. Cependant, la simulation
est mene au-del de lapparition de lhorizon des vnements et de la disparition de ltoile
sous son horizon, ce qui est susant pour la visualisation.
Ces simulations mont t fournies par Jrme Novak de lquipe de relativit numrique
du LUTH.
12.3 Visualisation GYOTO dune toile neutrons en
eondrement sphrique
12.3.1 Droulement de lintgration des photons
An dintgrer lquation des godsiques 8.19, GYOTO doit tre capable de calculer
les quantits 3+1 pour nimporte quelle valeur du temps coordonne t. Il va donc falloir
interpoler et extrapoler les rsultats fournis par CoCoNuT. Lextrapolation est immdiate :
on considre que pour tous les temps antrieurs au dbut de leondrement, la mtrique
est stationnaire, gale la mtrique initiale de ltoile neutrons. De mme, pour tous les
temps suprieurs la n de leondrement, la mtrique est stationnaire, gale la mtrique
la plus volue calcule par CoCoNuT (ce qui constitue une approximation : il faudrait en
toute rigueur raccorder la mtrique ultime de CoCoNuT une mtrique de Kerr).
Pour chaque pas dintgration, les quantits 3+1 sont calcules en utilisant une inter-
polation du troisime ordre.
Lquation des godsiques 8.19, tant exprime en 3+1, ne donne bien videmment
pas lvolution de la drive du temps coordonne en fonction du paramtre ane de la
godsique,

t = dt/d. Cependant, cette quantit est ncessaire pour permettre de calculer
le facteur de dcalage vers le rouge qui aecte le rayonnement. En eet, on a vu dans la
section 7.2 que lintensit mesure par un observateur distant, I
obs
, est relie lintensit
mise I
em
selon :
I
obs
=
_
obs
em
_
3
I
em
(12.2)
o
obs
et
em
sont les frquences observe et mise. La frquence dun photon de 4-impulsion
p mis par une particule de 4-vitesse u sexprime selon :
em
= p u. (12.3)
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Le 4-vecteur u est fourni par CoCoNuT. Le 4-vecteur p sexprime quant lui dans un
systme de coordonnes de type sphrique selon :
p =

t (1, r
) (12.4)
o le symbole prime dsigne une drivation par rapport au temps coordonne t.
Les quantits r
et
sont calcules lors de la rsolution de lquation des godsiques.

Mais il ny a aucun moyen direct de remonter

t partir des quantits 3+1.
Cependant, il est possible dobtenir cette quantit en tenant compte de la symtrie de
lespacetemps. Les coecients mtriques tant indpendants de la coordonne , on en
dduit lexistence de la constante du mouvement :
p
= g
, (12.5)
o lon a utilis lhypothse de symtrie sphrique.
On en dduit alors :
t =
p
. (12.6)
La quantit

t peut donc tre calcule chaque pas dintgration, et en particulier au
moment de limpact avec ltoile, permettant de calculer le facteur de dcalage vers le rouge
obs
/
em
.
Les gures qui seront prsentes dans la suite sont des cartes de la quantit g
(
obs
/
em
)
3
. On suppose donc que lintensit spcique mise est constante et vaut 1 (voir
lEq. 12.2). On na pas attribu de loi dmission ltoile neutrons en eondrement
car, si lmission dune toile neutrons stable est typiquement celle dun corps noir
10
6
K (voir par exemple Burwitz et al. 2001), on ne peut supposer raisonnablement que
cette mission soit conserve au cours de leondrement. Les images qui seront prsentes
dans la suite sont donc des reprsentations des eets de dcalage vers le rouge aectant
ltoile.
12.3.2 Visualisation de ltoile en eondrement
An de visualiser ltoile neutrons en eondrement, on place un observateur r =
100 M, o M est une masse xant lchelle de temps et de distance, que lon choisit de
lordre de celle de ltoile neutrons initiale.
On choisit le temps coordonne de dbut de leondrement, x : t
e
= 720 M.
On peut alors raliser des images de ltoile neutrons en faisant varier le temps dob-
servation, t
obs
, de telle faon que les photons, intgrs en remontant le temps coordonne,
arrivent au niveau de la source dirents stades de son volution.
La Fig. 12.1 reprsente les images obtenues dirents temps coordonne dobserva-
tion
1
. Ces images, de 200 200 pixels, ont ncessit un temps de calcul denviron 30 h,
1. On peut stonner du fait que le rayon de ltoile ne varie pas signicativement sur les direntes
images reprsentes. Ceci est d au fait que lhorizon apparat avant que ltoile nait atteint des valeurs
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comparer au temps de calcul ncessaire pour une image 1000 1000 pixels dun disque
daccrtion mince en mtrique de Kerr, qui est denvion 15 min... Cette dirence im-
pressionnante est due aux multiples appels aux objets LORENE qui sont ncessaires pour
mener bien les nombreuses interpolations rencontres au cours de lintgration.
Pour chaque image, on donne la valeur maximale de la valeur absolue du carr de la
norme des 4-vecteurs tangents aux photons calculs lors de lintgration. On remarque
que plus les photons sapprochent de ltoile un stade avanc de son volution (cest--
dire, plus on est proche de la formation dun horizon), plus le carr de la norme sloigne
de sa valeur initiale (qui est 0). Cest pour cette raison quon ne reprsentera pas ici
dimage obtenue aprs la formation de lhorizon, une date telle quune partie de ltoile
est dj englobe par lhorizon, car la norme nest plus conserve dans ces cas-l. An
de permettre une meilleure conservation de cette quantit, un algorithme est en cours
dimplmentation, qui modie lgrement les coordonnes fournies par lintgrateur an de
minimiser la valeur absolue de la norme au carr. On a galement ralis des simulations en
ranant lchantillonnage des tranches temporelles fournies par CoCoNuT, sans parvenir
amliorer de faon signicative la conservation de la norme.
Si lon reprsente limage de ltoile au temps dobservation t
obs
= 820 M en modiant
les paramtres dachage (voir la Fig. 12.2), on constate que limage apparat bruite :
ceci est d lintgration de la coordonne

t via lutilisation de la relation 12.6. En eet,
si lon calcule la mme image mais sans plus driver

t, en le laissant simplement constant
sa valeur initiale (cest--dire sa valeur au niveau de lcran de lobservateur) sur toute
la carte, on obtient la Fig. 12.3, qui ne prsente plus aucune trace de bruit numrique.
Lamlioration de la drivation de la coordonne

t en vue de diminuer ce bruit numrique
sera tudie dans lavenir.
La Fig. 12.3 montre que le facteur de dcalage vers le rouge g augmente depuis le
centre vers la surface de ltoile, ce qui est attendu en terme deet Doppler classique tant
donn quau niveau du centre de limage, la surface de ltoile sloigne radialement de
lobservateur, maximisant le produit scalaire du 4-vecteur tangent au photon p et de la
4-vitesse de lmetteur u, et minimisant donc le facteur g.
Ces dirents rsultats visent donner un premier exemple dune utilisation de GYOTO
dans des mtriques non-analytiques ayant un intrt astrophysique. On a vu que lutilisa-
tion de lquation des godsiques permettait GYOTO de calculer des images dtoiles
neutrons en eondrement en symtrie sphrique de faon satisfaisante condition de se
restreindre des stades de ltoile susamment peu volus.
Deux tudes seront mener dans un futur proche an dobtenir des rsultats plus
fermes. Il sagira dabord damliorer la conservation de la norme du vecteur tangent au
photon an de permettre de poursuivre lintgration jusqu des stades volus de ltoile
(y compris aprs lapparition de lhorizon des vnements). Il faudra galement amliorer
de rayon trs infrieures son rayon initial. Les simulations prsentes ici sont antrieures lapparition
de lhorizon.
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x (pix)
Image au temps tobs=820
y

(
p
i
x
)
0.1
0.5
0 50 100 150 200
0
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100
150
200
x (pix)
y

(
p
i
x
)
0.1
0.5
0 50 100 150 200
0
50
100
150
200
x (pix)
y

(
p
i
x
)
0.1
0.5
Figure 12.1 Carte de facteur de dcalage vers le rouge (
obs
/
em
)
3
pour ltoile neutrons
aux temps dobservation t
obs
= 820 M, t
obs
= 860 M, t
obs
= 870 M. Les axes sont gradus
en pixels de lcran de lobservateur. Le rayon de ltoile lors de lmission des photons est
de, respectivement, 0,765 M, 0,669 M, 0,524 M. La norme au carr maximale obtenue au
cours de lintgration vaut, respectivement, 7 10
4
M
2
, 6 10
3
M
2
, 3 10
2
M
2
.
t
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100
150
200
x (pix)
y

(
p
i
x
)
0.386
0.391
obs
/
em
)
3
obs
= 820 M, en modiant les paramtres dachage (voir les
valeurs minimale et maximale ache sur la barre de couleur).
0 50 100 150 200
0
50
100
150
200
x (pix)
y

(
p
i
x
)
2.56441
2.56475
obs
/
em
)
3
obs
= 820 M, en maintenant la quantit

t constante, gale sa
valeur initiale, tout au long de lintgration de chaque godsique.
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la drivation de la quantit

t an dliminer leet de bruit sur limage mis en vidence
dans la Fig. 12.2.
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Conclusion et perspectives
205
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207
Conclusion
Lobjectif de ma thse est de dvelopper des simulations permettant dtudier des ph-
nomnes lis la gravitation dans son domaine dapplication le plus extrme : proximit
dobjets compacts. Ces simulations sont menes dans le souci de permettre dtablir des
contraintes sur ces objets, en comparant les prdictions thoriques des observations dj
disponibles ou appeles le devenir dans un futur proche.
Dans cette perspective, je me suis intress un objet compact particulier, le candidat
trou noir concidant avec la source Sgr A* au centre de la Galaxie. Je me suis galement
pench sur un instrument particulier susceptible dapporter un clairage nouveau sur cet
objet compact, GRAVITY. An de mener bien des simulations deets relativistes
proximit de Sgr A*, jai t amen dvelopper un code de calcul de trajectoires de
particules en relativit gnrale, GYOTO.
Mon premier travail a consist tudier la prcision astromtrique de linstrument
GRAVITY, utilis en mode imageur, lorsque son champ de vue est constitu de quelques
sources ponctuelles xes. Cette tude a t ralise en collaboration avec Thibaut Pau-
mard (LESIA), Laurent Mugnier (ONERA), Frank Eisenhauer (MPE, Garching) et Stefan
Gillessen (MPE, Garching). Jai pu tablir que la prcision astromtrique de linstrument
atteignait, et dpassait mme dans certains cas, lobjectif x linstrument de 10 as
(voir la section 6.1). En eet, la prcision atteinte par GRAVITY observant une unique
source ponctuelle, dans la direction de meilleure prcision et pour un temps dintgration
de 100 s, est infrieure ou de lordre de 10 as pour une source de magnitude en bande
K m
K
15. Jai pu montrer que la prcision atteignait quelques as pour une source de
magnitude m
K
13. Cette tude sest poursuivie par la prise en compte de la variabilit de
la source, en considrant un metteur ponctuel en orbite circulaire un rayon de 30 as du
centre, dont la courbe de lumire est variable (voir la section 6.2). Ce travail sinscrit dans
la perspective de ltude des sursauts de rayonnement au centre galactique, qui peuvent
tre modliss par de la matire en orbite autour du trou noir central. Je suis arriv la
conclusion que GRAVITY tait capable de mettre en vidence le mouvement dune telle
source, pour peu que sa magnitude maximale vrie m
K
15, et daboutir une contrainte
sur la taille caractristique de son orbite.
Ces rsultats, prometteurs pour linstrument GRAVITY, constituent une premire ap-
proche dun problme complexe ncessitant de tenir compte de tous les eets relativistes
aectant le mouvement de la source et la propagation du rayonnement jusqu lobserva-
teur.
Dans cette perspective, jai dvelopp un nouveau code de calcul dorbites relativistes,
GYOTO, rdig en langage C++. GYOTO permet de calculer les trajectoires de parti-
cules massives et de masse nulle en mtrique de Kerr, cest--dire autour dun trou noir en
rotation (voir le chapitre 7). Un certain nombre dobjets astrophysiques ont t implmen-
ts, tels que le disque mince daccrtion, ltoile en orbite ou le tore daccrtion (voir la
section 7.4). GYOTO permet galement de calculer le transfert de rayonnement soprant
lintrieur dun objet optiquement mince, et den dduire en particulier le spectre mis
par lobjet tel quil est observ par un observateur distant (voir les sections 7.2 et 7.3). Une
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208 CONCLUSION
spcicit de GYOTO, en comparaison des autres codes de calculs dorbites relativistes
existant dans la littrature, est de permettre dintgrer des godsiques dans des mtriques
non analytiques, calcules numriquement dans le formalisme 3+1 de la relativit gnrale
(voir le chapitre 8). Dans le cadre de ce formalisme, jai driv lexpression de lquation
des godsiques (voir la section 8.2).
Muni du code GYOTO, je me suis intress tudier une structure daccrtion parti-
culire susceptible dentourer Sgr A* : le tore ionis (voir le chapitre 9). Cette tude a t
mene en collaboration avec Odele Straub (CAMK, Varsovie) et Marek Abramowicz (Uni-
versit de Gteborg). Il sest tout dabord agi de calculer de faon cohrente lmission de
rayonnement lintrieur du tore. Seule lmission synchrotron thermique a t envisage
(voir la section 9.1.3). Jai alors pu utiliser GYOTO de faon modliser limage dun tel
tore daccrtion telle quobserve par un observateur terrestre, et le spectre mis par cette
structure (voir la section 9.2).
Lutilisation combine de GYOTO et des rsultats obtenus concernant la prcision
astromtrique de linstrument GRAVITY a alors t envisage. Je me suis ainsi intress
tudier les phnomnes de sursauts de rayonnement qui aectent le centre galactique,
et plus prcisment lun des modles rendant compte de cet eet : le modle du point
chaud (voir le chapitre 10). Il sest agi de modliser lvolution dun arc de gaz en rotation
autour dun trou noir de Kerr (voir la section 10.3). Jai donc calcul grce GYOTO les
courbes de lumire et les trajectoires projetes sur le ciel de tels objets. Jai pu ensuite
simuler des observations par linstrument GRAVITY de ce genre de phnomne (voir la
section 10.4), et tudier la question suivante : quel point GRAVITY sera-t-il capable
de mettre en vidence le mouvement dun tel point chaud, en fonction des paramtres
dcrivant le trou noir central. Jai pu montrer que ltude de la dispersion des positions
retrouves par GRAVITY est susceptible de mettre en vidence le mouvement du point
chaud si linclinaison du trou noir est susamment faible, et de fournir une contrainte sur
cette inclinaison.
La dernire partie de ce manuscrit (partie V) est consacre des perspectives dutilisa-
tion de GYOTO dans des mtriques non analytiques. Je me suis intress dans le chapitre 11
calculer numriquement la mtrique dun gravastar, en utilisant pour cela la bibliothque
LORENE dveloppe par lquipe de relativit numrique du LUTH. Lambition de ce tra-
vail tait de dvelopper une mtrique alternative, qui permette de calculer grce GYOTO
des images et des spectres susceptibles de mettre en vidence dventuelles dirences ob-
servationnelles entre un gravastar et un trou noir de la relativit gnrale. Cette tude na
pas abouti, et elle devra tre poursuivie dans lavenir. Enn, une illustration de lutilisa-
tion de lquation des godsiques en formalisme 3+1 a t propose sous la forme de la
visualisation de lespacetemps dynamique dune toile neutrons seondrant en trou noir
en symtrie sphrique (voir le chapitre 12). Jai donc simul les images observes par un
observateur distant dune telle toile dirents stades de son volution. Cette tude a t
ralise en collaboration avec Jrme Novak (LUTH).
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209
Perspectives
Les perspectives oertes par les travaux rcapituls ci-dessus sont multiples. Maintenant
que le code GYOTO est arriv un degr de maturit et de dveloppement susant, il va
tre possible de lutiliser dans de nombreuses problmatiques.
Les travaux mens sur le tore ionis daccrtion ont permis dobtenir des rsultats pro-
metteurs en vue dune application Sgr A*. Il reste dsormais complter les mcanismes
dmission de rayonnement pris en compte en calculant galement le rayonnement Brem-
sstrahlung et Compton inverse, an daboutir des spectres ralistes. Il sera alors possible
dutiliser les donnes observationnelles spectroscopiques connues pour ajuster le modle
thorique propos et dterminer si les observations actuelles permettent de contraindre les
paramtres du trou noir central, tel que son spin.
Ltude du modle du point chaud pourra tre approfondie en travaillant sur des
contraintes prenant en compte la fois les donnes astromtriques qui seront obtenues
par linstrument GRAVITY et les donnes photomtriques disponibles sur la courbe de
lumire. On a vu que lutilisation de la seule astromtrie pourrait permettre de contraindre
linclinaison de la source. Il sera intressant de dterminer si une information valable pourra
tre dduite propos du spin en prenant galement en compte linformation photomtrique.
Les simulations ralistes dobservations GRAVITY dveloppes dans ce manuscrit seront
cruciales an daboutir des prdictions dignes de conance.
Le modle du point chaud ntant pas le seul modle susceptible dexpliquer lorigine des
sursauts de rayonnement du centre galactique, il sera important de prendre en considration
dautres modles, dans la perspective de pouvoir les comparer, et de dterminer si les
observations de demain permettront de les discriminer. Le premier modle alternatif que je
compte tudier est le modle de linstabilit de Rossby, tant donn que GYOTO possde
dj une implmentation simple de cette structure.
Au-del de ltude du voisinage de lobjet compact central de la Galaxie, il est impor-
tant dtudier sa nature mme, et de dterminer des voies susceptibles de permettre la
mise vidence dventuelles dirences observables entre le modle du trou noir et dautres
objets. On a vu au chapitre 11 que ltude du gravastar devait sorienter vers la drivation
dune intgrale premire dans le cas axisymtrique (en ne supposant plus la symtrie sph-
rique). Lobtention dune telle quantit conserve permettrait de mettre assez facilement
au point un code LORENE/gravastar capable de calculer la mtrique dun gravastar en
rotation. Dans cette mme ligne, il serait intressant de dvelopper au sein de LORENE
une classe boson-star, susceptible de calculer la mtrique dune toile bosonique. Ces deux
objets tant les alternatives les plus plausibles aux trous noirs de la relativit gnrale,
il serait extrmement intressant de dvelopper au moins lun de ces deux thmes de re-
cherche an de permettre GYOTO dutiliser sa capacit dintgration dans les mtriques
numriques pour explorer dventuelles contraintes sur la nature de lobjet compact Sgr A*.
Ltude de la visualisation de lespacetemps dune toile neutrons en eondrement
pourra tre poursuivie. Les principales pistes dinvestigation sont les suivantes. Il convien-
dra de poursuivre le dveloppement dun algorithme permettant dassurer la conservation
de la norme du vecteur tangent aux photons intgrs, y compris lorsque ceux-ci approchent
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210 CONCLUSION
de lhorizon des vnements. Il sera galement ncessaire damliorer la drivation de la
coordonne dt/d pour les photons, o et le paramtre ane de leur godsique. Par
ailleurs, il faudra envisager dtendre ces calculs un espacetemps en symtrie seulement
axiale, cest--dire prendre en compte la rotation de ltoile. Enn, il sera important de sin-
tresser plus en dtail lutilisation astrophysique de ce genre de simulations, en particulier
dans le cadre du calcul des contreparties lectromagntiques des phnomnes en champ
gravitationnel fort telle que la coalescence dtoiles neutrons. Ces travaux ncessiteront
des collaborations avec des spcialistes de ce domaine.
Dans la ligne des rcents travaux de Vigeland & Hughes (2010); Johannsen & Psaltis
(2010a,b, 2011), GYOTO pourrait galement tre utilis an de calculer des images, des
spectres, ou dautres quantits observables dans des mtriques de Kerr modies. Lintrt
de ces simulations serait de dterminer sil serait possible de mettre en vidence des di-
rences observables (en particulier par GRAVITY) entre ces espacetemps, ce qui pourrait
alors conduire un test des thormes dabsence de chevelure de la relativit gnrale.
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Annexe
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Relations utiles en formalisme 3+1 pour
la drivation de lquation des
godsiques
Les relations qui sont donnes dans cette section sont utilises abondamment pour
obtenir les quations des godsiques en formalisme 3+1 (voir la section 8.2).
Toutes les rfrences des quations dans la suite de cette section font rfrences
Gourgoulhon (2007).
1
ère
relation
LEq. 3.17 entrane :
n
= D
lnN (7)
o D est loprateur de drivation covariante associ la 3-mtrique, et N est la
fonction lapse.
2
ème
relation
Comme le vecteur n est normalis de genre temps, on a :
x
n n = 0
pour tout vecteur x. Donc :
n
= 0, n
= 0. (8)
3
ème
relation
LEq. 3.20 entrane :
= K
lnN n
(9)
o K est le tenseur de courbure extrinsque.
LEq. 3.22 entrane alors :
= NK
Nn
+ n
N (10)
o lon a introduit m = Nn.
4
ème
relation
LEq. 2.83 permet dcrire :
v
= v
. (11)
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t
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214 ANNEXE
5
ème
relation
Lorthogonalit de n et v conduit :
n
= v
. (12)
6
ème
relation
En utilisant lEq. 3.20 de paire avec la premire relation tablie ci-dessus, on arrive
:
n
= 0, n
= 0, n
= 0. (13)
7
ème
relation
En utilisant la dnition de loprateur de projection
dni par lEq. 2.71, dont

les composantes
sont dnies par lEq. 2.64, on arrive aisment :

n
= 0. (14)
8
ème
relation
A partir de la dnition de la drive de Lie L on obtient :
L
m
v
= m
= m
[NK
+ n
N]
o lon a utilis lorthogonalit de n et v. En projetant sur
t
grce loprateur
on aboutit :
L
m
v
L
m
v
= L
m
v
+ Nv
o lon a utilis le fait que la drive de Lie le long du vecteur m dun tenseur tangent
lhypersurface
t
est lui mme tangent cette hypersurface, sa partie projete tant
alors gale lui-mme (voir lEq. 3.35). On conclut alors :
=
1
N
L
m
v
. (15)
9
ème
relation
Le vecteur normal n est orthogonal D
v
v car ce dernier vecteur est dni dans
lhypersurface
t
. De ce fait :
n
= 0. (16)
10
ème
relation
Sur lhypersurface :
t
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D
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lnN =
lnN
x
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, D
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v
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=
v
i
x
j
+
i
jk
v
k
, (17)
L
m
v
i
=
v
i
t

k
v
i
x
k
+ v
k
i
x
k
o lon a utilis les Eqs. 4.56 4.58 pour transformer la drive de Lie. Ici, les
i
jk
sont les symboles de Christoel associs la 3-mtrique induite sur
t
. Le vecteur
k
est le shift.
Munis de ces relations, on peut obtenir les relations obtenues plus haut dans la sec-
tion 8.2.
t
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216 ANNEXE
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Bibliographie
Abramowicz M., Jaroszynski M., & Sikora M., 1978. Relativistic, accreting disks. A&A,
63 : 221. http://adsabs.harvard.edu/abs/1978A%26A....63..221A.
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Variable Universe : A Celebration of Bohdan Paczynski, dit par K. Z. Stanek,
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Observatoire de Paris

cole doctorale Astronomie et Astrophysique dle de France (ED 127)

tant choisi, on peut exprimer la mtrique dans

sont les coecients mtriques, contenant toute linformation sur la gomtrie,

dans la base naturelle associe aux coordonnes e

est appel tenseur nergie-impulsion, il

, mais aussi le tenseur

qui contient toute linformation sur la courbure de lespacetemps. Le scalaire R est

obtenu en contractant compltement

y diverge. Cest le prolongement de la

est appele horizon interne, et situe donc sous lhorizon des v-

, il est possible pour une particule massive de repasser plusieurs fois

reprsentent les composantes de la mtrique inverse, reprsente le temps propre

). Source : Labeyrie et al. (2006).

) (Labeyrie et al. 2006), o est la longueur donde du rayonnement suppos

o D est le diamtre de louverture. La fonction de transfert optique agit

dsigne le complexe conjugu de X et Re dsigne la partie relle dune quantit

est la distance maximale entre les tlescopes projete orthogonalement la ligne

est alors la prcision astromtrique de linterfromtre.

. En eet, la rsolution dsigne la largeur

et un mouvement propre nul lincertitude de 30 km s

et dun amas stellaire de 1,010

en fonction du potentiel considr (Colpi et al. 1986; Alcubierre et al. 2002). Il

= 0,0085 rad. Pour N= 30 points u-v (soit le nombre de canaux spectraux

o on a suppos que la mtrique spatiale g

au pas suivant grce un algorithme

ne dirent pas trop

. La dirence admise est xe par la valeur de la drive de la 4-position et du

dont lunit dans

, dont lunit SI est le m

, dont lunit SI est le J m

est reli lintensit spcique selon :

r/M, M tant la masse du trou noir.

t t. Le terme de lapse vient du

= a +b, avec a et b deux constantes,

est le tenseur nergie-impulsion du uide, u est sa 4-vitesse,

= 0 entrane alors (Abramowicz 2009) :

vaut T = 20,5 min. On obtient lordre de

pour Hamaus et al. (2009) et 4,31 10

ici, ce qui change lchelle de temps.

2 = 10,6 as, ce qui est eectivement le cas.

sont calcules lors de la rsolution de lquation des godsiques.

dni par lEq. 2.71, dont

sont dnies par lEq. 2.64, on arrive aisment :

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