Histomag'44 N°46

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On a mis ce mois-ci les petits plats dans les grands avec un numro plutt pas mal lch et ce que

vous aimez dordinaire : de linfo et de lhistoire. Quelle ide que tout ce bazar pour le 63me anniversaire du dbarquement de Normandie, alors que tous les gogos savent que cest pour le 65me quil faudra mettre le turbo. Pour notre part, on prfre rester en dcalage et ceci pour deux raisons : dabord parce quon aime a et secundo parce ce quon ne partage pas lavis du troupeau mercantile : le 6 juin , a a lieu tous les ans jusqu preuve du contraire et ce titre ceux qui disent honorer la mmoire de leurs grands anciens seraient bien inspirs de le comprendre, au lieu darroser le march de produits aussi divers quoriginaux tous les cinq ou dix ans et se tourner les pouces entre les deux. Ca explique pourquoi cette anne encore on sera sur tous les fronts a l o r s que les autres seront bien tranquillement rests chez mm devant leur poste de tl, rechercher dsesprment une chane o on cause de ce non vnement, ce qui devrait les occuper puisque les mdias sen contrefichent, sagissant du 63 me. Pendant ce temps l, il se passera pourtant quelque chose qui nintressa donc que les vtrans ou ce quil en reste, quelques frapadingues dans notre genre et une partie de la jeunesse de notre bel hexagone. On noublie pas non plus les journes Robert Lelard, devenues la clef de vote du forum, sa vitrine, son salon de la convivialit ou les huiles ne sont invites quavec le port obligatoire dun nez rouge en plastique. Convivialit, respect, jeunesse, souvenir, avenir, voil de quoi on a choisi de vous parler. Cest parti pour un tour. Il va salement nous manquer, notre copain Robert, au point que les journes du forum portent son nom, ce qui nous permettra de garder lesprit le type extraordinaire et rsolument optimiste quil tait, inconditionnel des Marx Brothers. Le souvenir , a sert pas qu donner de la substance de jolies crmonies en costard cravate, cest fait surtout pour retenir quelque chose de pkins qui ne sont plus l pour parler deux. Remarquez, dans le cas de notre pote Robert , cest un peu diffrent puisquil passait son temps sintresser aux autres, on appelle a tre en dcalage. Le dcalage, cest faire ce qui est utile et original sans tomber dans les lieux communs. Bob tait donc en dcalage, il aimait les chemins de terre, les repas chips-saucisses grilles dans la verte et savait saisir le moindre instant de bonheur, a explique pourquoi on tenait tant que a lui. Alors, rien que pour ce quil nous a laiss, on tient le cap et on se souvient. On se souvient parce quon le connaissait, parce tout le monde ou presque sur ce fichu forum avait un moment ou un autre partag quelque chose avec Robert alias Blackdeath . Ceux qui viennent de Paris ou dailleurs une fois tous les dix ans feraient bien, pour leur gouverne, de retenir ce dtail infiniment ngligeable : pour que quelquun livre sa vie et se confie, il faut avoir partag avec lui des instants privilgis, il faut avoir le got de la sincrit sur le bout de la langue. Cest difficile comprendre, mais a aide le cas chant pondre des bios de vtrans qui ne ressemblent pas celles des voisins. Ce quils nont pas compris, ces journaleux seulement intresss par le tirage de leur priodique, cest quun vtran nest pas une machine raconter, mais un type bard dexprience et de sagesse qui se borne servir la mme histoire rchauffe tous ceux quil ne sent pas sincres. Voil pourquoi dans deux ans, des tas darticles vont encore ressembler des tas dautres et quon va encore se payer une bonne tranche de rire. Parce que la confiance dun vtran, cest un difice construit patiemment et que la confiance naime pas la conception dans lurgence du moment. Cest donc avec la confiance de quelques vtrans, dans le relatif anonymat du 63me que le 4 juin prochain, un forum et sa communaut vont franchir son palier virtuel pour entrer au Mmorial de CAEN et co-animer une soire laquelle participeront aussi un bonne fourne de jeunes, qui appartiennent une gnration dont on dit quelle na pas les valeurs des prcdentes. Vraiment ? Ceux qui y seront sortiront alors du Mmorial un peu moins convaincus de ces adages en forme de lieu commun dans lesquels beaucoup stalent par confort intellectuel. On vous invite donc voir quels points les gosses ne cultivent rien et quel point les vtrans vont parler dans le vide ce soir l. Si vous en tes convaincus, nhsitez pas franchir la porte du Mmorial sur le coup de 18 heures, quelques surprises croquignolettes vous attendent. Munissez vous quand mme dun parachute : vous risquez de tomber dassez haut. Si vous aimez les sensations fortes, poursuivez ce tour dhorizon des jeunes qui se foutent de tout vers Anisy, Courseulles sur Mer, Le Mesnil-Patry et Colomby sur Thaon. Pour changer davis, rien ne vaut le grand air et les commmos de village : a remet les choses leur place et les commmos dans le bon sens : des vtrans, c'est-dire nos racines et notre sagesse honors par des gosses, qui eux sont notre avenir tous. Imaginez un peu le tableau : Les huiles qui seffacent devant des gamins, les vtrans qui rayonnent et qui se disent que leurs copains ne sont pas tombs pour des nfles, les gosses qui crabouillent tous les prjugs sur leur passage par leur seule sincrit. Voil le vritable esprit des commmos du 6 juin. Ne dites pas e n s u i t e que vous personne ne vous en avait parl. Allez y avec humilit, coutez, regardez, et mditez. Si a vous fait quelque chose hauteur du palpitant, cest que vous aurez compris lessentiel. Avant de prendre cong, remerciez les vtrans pour ce quils ont fait et les gosses pour ce quils vont faire du devoir de mmoire.

Il ny a pas de commmos sans reconstitution historique, tel point mme quon se demande qui sont les hros. Remarquez quon na rien de spcial contre ce hobby , juste quune certaine drive nous inquite un choua. Figurez vous que maintenant on a amlior la formule monument aux morts garde au drapeau animation en y ajoutant un subtil cocktail base dexercices de combat, tirs blancs, ordres en allemand, Feldgrau dans tous les coins. Ben oui, figurez vous, ma pauvre Lucette , quil faut bien du monde en face. Vous voyez quand mme pas les G.Is, Tommies et Canucks dbarquer sans Teutons fracasser ? Comprenez quil devient vident ds lors que le rpondant casqu, bott et labellis WH devient indispensable. Voil de quelle manire gentillette les amateurs de reconstit la mode doryphore veulent nous faire avaler la pilule. Et pis, vous savez, tous ntaient pas nazis, cest dailleurs pas parce quon porte une tenue allemande quon a la moindre sympathie pour lex arme du Reich. Ben voyons. Aprs avoir bien cherch, on na pourtant jamais trouv de reenactor US anti-amricain et on y a trouv une raison imparable : cest antinomique. Si encore, les pkins dont on vous cause taient des figurants pays pour faire a pour les besoins dun film, on trouverait a parfaitement logique. Mais quand vous aurez compris que les reconstituteurs en question le font en guise de passe temps et quaucun film en cours de tournage ne les y oblige, vous comprendrez nettement moins les motivations profondes de ces gugusses. Ou plutt si : vous vous direz lgitimement que quelque part, il doit bien y avoir un petit brin de sympathie cache pour lex arme de loncle Adolf. Eh oui, mes bons enfants, la Wehrmacht relevait aussi de lautorit du petit caporal de Bavire devenu criminel de guerre par conviction inbranlable. On sait bien : fallait pas le dire, a fiche la pagaille et on va encore dire quon naime pas la reconstitution. Pour tre honntes, on na pas besoin davoir vcu loccupation pour savoir que le bruit des bottes dfilant au pas cadenc nous hrisse le poil et que la forme caractristique du casque Teuton na plus rien faire en Normandie ou ailleurs, au motif quelle reprsente assez de mauvais souvenirs pour nous en recoller une couche. On les laisse chercher des excuses hypocrites trois francs six sous et on vous donne juste au passage un avis de quidams, de passants basiques : a nous tonnerait beaucoup que les vtrans voient a dun bon il, a nous tonnerait davantage que le feldgrau soit devenu indispensable aux commmos et a nous tonnerait encore plus que la reconstitution ne dure plus longtemps que Dallas dans ce contexte vici, o elle senfonce, heureuse et bate. La morale de lhistoire est que cest pas beau de mentir. Le jour o un reconstituteur en feldgrau avouera quil prouve un plaisir malsain singer une arme qui a mis lEurope feu et sang, on reconnatra quon a franchi un grand pas. Dautant que les reconstituteurs respectueux, c'est--dire ceux qui savent ne pas se prendre pour ce quils ne sont pas, auront peut tre conscience que leur distraction favorite prend un virage angle droit sur une pente savonneuse. Et quils risquent dtre les dindons de la farce. Pour tre objectifs, on reconnatra avec vous que les Lieutenant Winters dun mtre soixante pour un bon quintal et accusant pas loin de la soixantaine nous font pouffer de rire tout autant que les pseudo doryphores nous font honte. Vous le savez bien, notre plaisir souverain est denquiquiner tout ce qui bouge, plus forte raison lorsque ce qui bouge est habit par lirrespect, lhypocrisie et le mauvais got. Le tour du sujet concernant la reconstitution moderne est clos. Cest pas folichon on vous laccordera, mais cest la mode du moment, ma pauvre Lucette : on oublie dautant plus facilement une priode noire ds lors quon ne la pas vcue. Cest justement le cas des guignols endimanchs qui font pan pan entre deux botes de ration, sautoproclament kameraden et se souviennent du bon vieux temps de la guerre quils nont pas connue. Si ctait le cas, quelque chose nous dit que lenvie leur en serait passe depuis longtemps. Il existe au milieu de cette quincaillerie des types respectueux deux-mmes et dautrui, pour qui la reconstitution historique est aussi un loisir pdagogique, une sorte de muse vivant, lhistoire telle quelle peut tre apprise intelligemment . Ces types l feraient bien de prendre les choses en main, cest la suggestion du jour. Vous allez encore nous dire quon aurait plus de bnfice pondre des ditos lisss o personne ne trinquerait. Que voulez vous, on a du mal tre gentils, cest plus fort que nous. Sauf videmment avec les vtrans, qui ont compris depuis longtemps que la guerre nest pas un jeu et les gamins qui prennent leur charge des commmos et qui eux cultivent le vritable sens du mot respect. Autour des deux nbuleuses gravitent des satellites pars habits par des branquignols casqus et tout sourire dans leurs kubelwagen. A chacun sa dfinition du respect. Au mois prochain.

DEVOIR DE MEMOIRE AU LYCEE VICTOR LEPINE DE CAEN COMMEMORATIONS EN SECTEUR CANADIEN Ainsi que nous lvoquions dans notre dition de Mars avril 2007, les lves du Lyce Victor Lpine de CAEN entretiennent la mmoire dune manire extraordinaire en organisant eux-mmes des crmonies commmoratives. Aprs avoir accueilli leurs homologues Qubecois au mois de mai dernier, ils seront prsents en ce mois de juin sur tous les lieux de souvenir Canadien. Leur dmarche mrite amplement dtre encourage par votre prsence. Le 5 juin 19h00, au Mesnil-Patry 14, les lves du lyce Victor Lpine de Caen prendront en charge la commmoration du souvenir dans ce village. Le 6 juin, le lyce Victor Lpine et WBS participeront la crmonie commmorative du Centre Juno Beach de Courseulles/Mer 14 15h00. Le 7 juin, Anisy, le 8 juin Colomby/Thaon 14, 18 heures dans les deux cas, les lves du lyce Victor Lpine de Caen et les lves de la classe de CM2 dAnisy (ge : 10 ans), la suite dun travail de mmoire que les Grands du lyce auront partag avec les petits lors de visites multiples, organiseront conjointement les crmonies du souvenir dans ces deux villages. Ils y seront les matres de crmonie et prendront en charge lessentiel de son droulement. Lassociation Westlake Brothers Souvenir sera prsente chacune de ces manifestations afin dapporter son concours et ses moyens llaboration et la mise en uvre de ce programme. Christophe COLLET

COMMANDOS FRANCO BRITANNIQUES 5 juin St Aubin dArquenay 14 11 h 15 crmonies et dpt de gerbe la stle des commandos Amfreville 14 16 h 00 crmonie la stle de lglise, 16 h 15 monument 1st Special Service Brigade (Le Plein) Ranville 14 - 17 h 45 crmonie au cimetire militaire Hermanville sur Mer 14 crmonie au cimetire Anglais

6 juin Colleville Mongtomery 14 08 h 00 Crmonie stle Mal Montgomery. 08 h 20 dpt de gerbe au monument commando. 08 h 30 dispersion des cendres du commando Jean Couturier. 08 h 30 messe en plein air sur la plage. Ouistreham 14 10 h 30 dpt de gerbes avenue Winston Churchill. 10 h 45 dpt de gerbes rue Pasteur 11 h 00 mmorial Commando (Stle Kieffer proximit du casino) et remise de dcorations, crmonie stle la gare maritime Benouville 14 17 h 00 Dpt de gerbes au mmorial commando prs du Caf Gondre.

Jean Couturier et Lon Gautier en avril 2004 Achnacarry (Ecosse) DR

A TRAVERS LA NORMANDIE 04 juin 2007 St Martin de Vareville 50 10h00 Monument 2 DB Crmonie - Dpt de gerbes Negreville 50 10 h 30 Stle du 507th PIR Crmonie - Dpt de gerbes Negreville (50) 11 h 15 Place principale Inauguration de la Place "Chris Heisler" 05 juin 2007 Merville-Franceville 14 Crmonies commemoratives du 6 juin 1944 sur le site de la Batterie de Merville. Traditionnel curry 20h30 avec les vtrans du 9me Bataillon de la VIme Airborne (sur rservation auprs de Madame Pascaline Dagorn). Ce sera l'occasion de dcouvrir galement la nouvelle scnographie du muse. Plus d'informations au 02 31 91 47 53 06 juin 2007 10H00 Picauville 50 Monument U.S.A.A.F. Crmonie - Dpt de gerbes 11H00 Amfreville 50 Monument 507 PIR Crmonie - Dpt de gerbes 12H00 Chef du Pont 50 Square Rex Comb Crmonie - Dpt de gerbes 15H00 Magneville 50 Monument 101st Airborne Crmonie - Dpt degerbes 09H00 Ranville 14 Carrefour du 6 Juin Crmonie - Accueil des vtrans 09H15 Ver sur Mer 14 Mmorial 4th / 7th Royal Dragoon Guards Crmonie - Dpt de gerbes 10H30 Colleville sur mer Cimetire Amricain Crmonie religieuse Inauguration 'Visitor center' 11H00 Ranville 14 Cimetire Britannique Crmonie - Dpt de gerbes Gourbesville 50 Monument 82nd A/B et 90th D.I Crmonie - Dpt de gerbes 11H15 Ver sur Mer 14 Mmorial 2nd Bn. Hertfordshire Rgt. Crmonie - Dpt de gerbes 12H15 Benouville (14) Pegasus bridge Crmonie Dpt de gerbes Dfil 12H50 Benouville 14 Monument 7th Para Bn. Crmonie - Dpt de gerbes 15H00 St Laurent sur Mer 14 Monument Signal Crmonie - Dpt de gerbes - Dfil Ste Marie du Mont 50 Site de Utah Beach Crmonie - Dpt de gerbes Hermanville sur Mer 14 Place Felix Faure Crmonie - Dpt de gerbes Hermanville sur Mer 14 16 H 00 Monument Wietzel Crmonie - Dpt de gerbes 17H00 Benouville 14 Stle du 4 Commando Crmonie - Dpt de gerbes Hiesville 50) Monument Gnral Crmonie - Dpt de gerbes Pratt Bnouville 14 Crmonie Commmorative la stle du Major Howard 23h30 suivie d'un feu d'artifice Ranville 14 15h30 Crmonie de la Royal British Legion au Cimetire Britannique Pour des informations complmentaires 02 31 78 76 08 ou [email protected] Mmorial de Caen 14 18 h 00 Soire du souvenir en prsence de grands tmoins de la seconde guerre. Entre libre, manifestation ralise en partenariat avec le forum le monde en guerre

17H30 Hiesville 50 Monument hpital 101st Airborne- Crmonie - Dpt de gerbes 18H00 Ste Mre Eglise 50 Borne 0 Monument Signal Crmonie - Dpt de gerbes 19H30 Hermanville sur Mer 14 Place Cuirass Courbet Crmonie - Dpt de gerbes, Dfil vtrans et troupes.

Sources : http://www.6juin1944.com

BATTERIE DE MERVILLE : LEVENEMENT 2007 La restructuration du site de la batterie de Merville est, sans conteste, lvnement 2007 de lespace historique. Implante sur la commune de Merville devenue Merville Franceville, cette batterie dartillerie commande en 1944 par le Leutnant Steiner sera prise durant la nuit du 5 au 6 juin par les hommes du 9th Parachute Battalion du Lt Colonel Terence Otway, unit rduite pour la circonstance au tiers de son effectif. Le visiteur dcouvrira un nouveau parcours pdagogique particulirement dtaill dune superficie de 10 hectares au milieu des casemates dartillerie, soutes munitions, poste de commandement. Il pourra dcouvrir, au fur et mesure de sa progression, la vie dune unit dartillerie affecte au Mur de lAtlantique. La grande innovation de la batterie de Merville reste une toute nouvelle animation sonore et visuelle dans le cadre dune casemate dont lintrieur a t parfaitement reconstitu. Dune dure dune dizaine de minutes, cette animation reconstitue dune faon absolument saisissante le contexte du Jour J : bombardement, salves dartillerie, rafales, explosions de grenades, assaut des parachutistes Britanniques laissent sans voix tant la ralit semble porte de main. Le spectateur, qui finalement est tout autant acteur motionnel, sort abasourdi de la casemate n 1 et sinterroge. Ctait donc cela le Jour J ? . Impressionnant, extraordinaire, rel : Lquipe de la Batterie de Merville a frapp un grand coup. Vous laurez compris, Merville est notre coup de cur 2007 de lespace historique. Pour en savoir plus : http://www.batterie- merville.com/

DDAY FESTIVAL A BAYEUX ET LONGUES SUR MER

http://www.ddayfestival.com Du 1er au 9 juin, BAYEUX et LONGUES SUR MER fteront le dbarquement : reconstitutions, expositions, muses, spectacles, visites seront au rendez vous pour cette premire dition qui, au premier abord, mrite mieux quune simple visite. Une initiative que nous saluons bien volontiers.

Vendredi 1er Bayeux : Ouverture du DDay Festival Du 1er au 30 juin au Muse de la Bataille de Normandie : Exposition Fix Bayonet Les parachutistes du Dbarquement. Maquettes au 1/6me. Accs libre. Une initiative de la Ville de Bayeux. 20h30 la Halle aux Grains : Concert de soutien Reporters sans frontires Un artiste de renom se mobilise pour la libert de la presse et la dmocratie ! Accs payant Rservations lOffice de Tourisme.Une initiative de la Ville de Bayeux, de lOffice de Tourisme Intercommunal et de Reporters sans frontires. Samedi 2 et dimanche 3 Longues-surMer : Reconstitution De 14h 18h sur le site historique de la Batterie : Prsentation dun camp militaire dpoque Mardi 5 Longues-sur-Mer : Soire vnement La nuit o ils sont arrivs 21h30 sur le site historique de la Batterie : La Nuit de la Libert : grande fresque historico-musicale sur le Dbarquement et la Seconde Guerre mondiale avec la participation de 90 musiciens, choristes et figurants, emmens par Jean Goujon, concepteur des Chemins de la Libert . .

Spectacle sous-titr en anglais. Parking de grande capacit conseill 500 m du site. Places assises pour les vtrans sur rservation. Mise en place de navettes au dpart de Bayeux 21h (Rservations lOffice de Tourisme Tarif : 1 par personne, aller-retour Dans la limite des places disponibles). Jeudi 7 - Bayeux : Soire spciale Bayeux fte sa libration ! De 18h30 21h Muse de la Bataille de Normandie : Ouverture exceptionnelle en nocturne La visite est agrmente par la prsence de guides et dhistoriens dans le parcours. Accs au tarif normal. Une initiative de la Ville de Bayeux. 21h Devant le muse : Grand concert du Big Band sur Mers 23 musiciens sur scne pour se souvenir que Bayeux fut la 1re ville libre de France et fter comme il se doit la libert retrouve ! Samedi 9 - Bayeux : Clture du D-Day Festival A 19h Jardins de lHtel du Doyen : Normandy Day Pique-nique de la Libration ( apporter) et grand bal populaire. Une initiative de la Ville de Bayeux.

Nous sommes laube du 63me anniversaire du dbarquement de Normandie et ce mois ci je nai pas choisi de parler dun livre en particulier, mais des livres qui traitent du dbarquement de Normandie. Vaste sujet me direz vous, parler des livres du dbarquement est un sujet trs complexe, en effet la littrature tournant autour de cette vnement est gnreuse, certains ouvrages ne se rvlent pas limage de ce qui sest pass pendant cette priode. Pour vous en parler jai demand lensemble des administrateurs et des modrateurs du forum le monde en guerre de nous faire de leurs livres de chevet. Javoue que les gots de chacun sont clectiques et le rsultat assez surprenant. Avant de dbuter merci Floop, Prosper, et Sophie Laverdure davoir rpondu ma demande. Honneur donc notre doyen Prosper qui nous livre une version expurge de sa bibliothque tant son choix de dpart tait grand. Six armes en Normandie " de John Keegan pour la relation trs simple mais trs complte et dtaill de la Bataille de Normandie. L'ouvrage restitue dans une srie d'pisodes trs vivant et fourmillant de dtails les combats acharns qui se droulrent dans ce magnifique coin de France.

En second lieu Normandie 1944 - Guide du champ de bataille JP Benamou car c'est un manuel trs pratique pour le lecteur qui veut dcouvrir ce que fut rellement la Bataille de Normandie depuis son dbut au sorties des plages jusqu' son dnouement avec la fermeture de la poche de Falaise Contrairement ce que certains peuvent penser, Floop ne sintresse pas quaux matriels de la seconde guerre mondiale. Il ddie sa seconde passion aux forces franaises libres, et tout particulirement, aux hommes qui nont pas accept la dfaite et que les chemins vont amener vers la plage de Sword en ce matin du 6 juin 1944. Tout dabord Beret Vert du commandant Philippe Kieffer, point nest besoin de commenter plus lpope du n 4 commando durant le dbarquement et la libration. Viennent ensuite jai dbarqu le 6 juin 1944 de Gwen Al Bollor, Bollinger lvad de Carantec infirmier du N 4 commando et les escorteurs de la France libre de Michel Bertrand. Lami Floop rend hommage avec ce livre aux marins franais qui ont continu le combat sur toutes les mers et ocans du globe, avant pour certains de se retrouver devant la terre de France et ouvrir le feu sur la mre patrie pour en chasser loccupant Allemand.

Bien que ma bibliothque soit nettement moins grande que celle de lami Prosper, mon choix va sorienter sur trois livres. Les paras du 6 juin lavant-garde de la libration de Napier Crockenden Ce livre est ddi lensemble des units parachutistes anglaises et amricaines qui ont combattu sur le sol Franais. Mon deuxime choix est plus particulier, il ne sagit pas proprement parler dun livre mais du portfolio, qui ma t offert par Nathalie petit pas lors des journes du forum, regards sur une libration qui retrace la vie des Gis en Normandie en 5 tableaux (oprations militaires, au cur de la dsolation, un bout dAmrique en Normandie, le triomphe de la victoire Cherbourg port de la libration). Le dernier est lexcellent livre de Jonathan Gawne Jour J laube.Lles troupes dassaut amricaines en Normandie ce livre sintresse la structure des units amricaine qui vont dbarquer le 6 juin 1944, pas rcits dexploit mais tout ce quon a tous toujours voulu savoir sur les troupes amricaines ( Naval Battalion Beach, Sea-bee ; les troupes dassaut..).

Le choix de Sophie Laverdure ne mtonne qu moiti, dfaut de connatre par coeur le code Vagnon sur les mers, notre journaliste locale sest souvenue que lors de ses sjours ltranger elle aurait bien aim un guide, maitrisant plus la langue de Rabelais que la langue de Shakespeare mme si son anglophilie est largement connue au-del du Channel Le ton est donc donn. Quand vous serez en France, instructions aux soldats britanniques du journaliste Herbert David Ziman.. Ce n'est pas un manuel d'oprations militaires, comme le souligne l'avertissement qui figure au dbut de ce petit fascicule, mais un guide qui explique aux soldats le mode de vie des Franais et la manire de se comporter avec eux. Car les autorits militaires britanniques savent bien que si les Allis sont attendus avec impatience, une pine de taille s'est dresse entre les deux pays : le drame de Mers-el-Kbir est encore une blessure vif dans bien des mmoires. Et surtout, s'ils arrivent en librateurs, les Britanniques ne doivent pas oublier une chose : pendant 4 annes, les Franais on souffert, de voir leur pays occup, d'avoir t pills, mal nourris, humilis, tus, torturs, le pays est genoux mais il lui reste sa fiert et c'est cette fiert que les Britanniques sont venus aider leurs amis Franais recouvrer.

Voil donc un petit manuel pratique assorti d'un guide de conversation en franais (avec prononciations phontiques extrmement savoureuses et o l'on comprend mieux d'o vient leur drle d'accent !) mais qui va au-del des dtails pratiques, il essaie en quelques pages d'inculquer nos amis d'Outre Manche l'essence mme du peuple franais. Et ce petit livre kaki est souvent drle, trs juste dans certaines observations de notre comportement intemporel - mais surtout, il est trs mouvant. Je vous laisse dcouvrir par vous-mme les conseils donns sur la conduite droite, le vin franais et la faon d'aborder les Franaises Cette liste est loin dtre exhaustive, et je vous invite nous faire part de vos lectures ce sujet dans la rubrique livres du forum. Jallais oublier notre cousin sducteur doutre Atlantique Audie Murphy, grand lecteur devant lternel aussi , . Javoue que je suis surpris par son choix, je mattendais trouver un livre sur le rgiment de la Chaudire mais que nenni. Notre Quebcois est un gnraliste et sa lecture prfre est Le Dbarquement de Richard Holmes est probablement ce que j'ai lu de plus complet sur le sujet. Nombreuses cartes, tour d'horizon de toutes les plages, prparatifs, oprations aroportes, etc... Il a aussi le dfaut de ses qualits, en se voulant aussi complet, il approfondit trs peu chaque sujet, se limitant nous en donner une ide plutt globale

Le choix dEric Gigure, un must. Cette liste est loin dtre exhaustive, et je vous invite nous faire part de vos lectures ce sujet dans la rubrique livres du forum.

DAVID STERLING IMMORTALISE ? Communique par David Portier, spcialiste Franais des SAS, cette information mritait bien quelques lignes lheure o lon se plaint du dsintrt de la majorit des producteurs Europens pour les ralisations historiques. Le ralisateur Britannique Antony Rufus Isaacs, directeur de HandMade Films, travaille actuellement la production dun long mtrage qui retracera la vie mouvemente de David Sterling, pre des SAS et dont la lgende est ne en Afrique du Nord en 1942. Le budget de cette production reprsenterait une somme de 50 millions de livres GB . Le Major David Sterling (Photo IWM)

LIGNE DE FRONT N 05 EST EN KIOSQUE First to Die Les premiers pas amricains dans lenfer dOmaha Beach le 6 juin 1944

10 Millions de Baonnettes Aot 1914, lEurope sembrase Les Faucons contre-attaquent Opration Fischfang , Anzio-Nettuno, fvrier 1944 Le 4me Bataillon du Special Air Service Les paras de la France Libre dans Overlord . 1940-41 ,le conflit Italo Grec. L'chec de la guerre parallle du Duce http://www.ligne-front.com/kiosquee 6,90 euros

LINTERPRETE DALICE KAPLAN

Tous deux sont Amricains, lun est officier, il est blanc, Lautre est soldat et noir. Alors que la guerre fait rage en Europe, ils vont se rendre coupables de meurtres sur des civils Franais. Cest bien videmment un jugement qui attend les deux hommes, avec en marge de ce procs, un interprte, Louis Guilloux. Cet homme recueillera soigneusement une multitude de dtails qui lui permettront plus tard de comprendre. James Heindricks, le soldat noir, est condamn tre pendu et sera excut en Bretagne la fin 1944. Georges Whittington connaitra un sort tonnement diffrent : le tribunal militaire le gracie, il est mme flicit pour sa conduite au feu. Quelques annes plus tard, il obtiendra un rle mineur dans Le jour le plus long . Pourtant, il avait tir sur un civil Franais quil souponnait de collaborer avec lennemi, chose que lenqute infirmera dailleurs. Au-del de cette histoire sur fond damour contrari entre la France et les Etats-Unis, cest la politique sgrgationniste dun pays qui se voulait librateur que dpeint Alice Kaplan.

A ne pas manquer. Linterprte , Alice Kaplan, Editions Gallimard, 20 euros.

Il est un peu plus de 07 h 30 ce 6 juin 1944 lorsque les Lci(s) 523 et 527 sapprochent de Queen Red , face la Brche de Colleville. Les cussons France et n 4 commando ornent les battle dress des hommes qui les occupent : ce sont les 177 Franais du major Kieffer. Ils devront enlever le casino de Ouistreham transform par loccupant en point fortifi. Mis part les Paras FFL du 4th SAS largus en Bretagne, ils seront les seuls Franais engags dans les oprations terrestres du Jour J. Cette unit prestigieuse est alors totalement inconnue, hormis en Grande Bretagne. Qui sont ils ? Pleins feux sur les marins du n 4 commando. Aprs avoir t mis sur pieds en 1941, le 1er Bataillon de Fusiliers Marins Commando porte lempreinte de Philippe Kieffer, officier frachement promu n en Haiti et dont les exploits des commandos Britanniques aux Iles Lofoten (Opration Claymore) lincitent crer une unit identique forme de Franais Libres. Entour au dpart dune poigne dhommes, Kieffer observe la lente monte en puissance de sa formation de commandos. Petit petit, les effectifs augmentent. Lentranement seffectue dabord Skegness, puis Achanacarry et Wrexham. Le 1er BFMC est intgr au n 10 Interallied Commando. Le 19 aot 1942 marque le premier engagement pour 15 dentre eux dans le cadre de lopration Jubilee face Dieppe. Viendront ensuite le temps des Raids dans lequel plusieurs commandos franais trouveront la mort (1). Pour Overlord, les 177 hommes du Major Kieffer seront rpartis en trois troops : La 1, commande par lofficier des quipages Guy Vourch, la 8 de lofficier des quipages Alexandre Lofi et la 9 ou K.Gun Troop commande par lenseigne de vaisseau Pierre Amaury. En mai 1944, Kieffer et ses hommes ont rejoint le n 4 commando du Lieutenant Colonel Dawson et portent au bret linsigne dessin par Maurice Chauvet. La troop 1 occupera le Lci(s) landing craft infantry small 527 ; la troop 8 prendra place bord de la 523 alors que la K.Gun, unit dappui arme de redoutables Vickers Machine Gun 303 sera rpartie dans les deux embarcations dassaut. La manuvre sera dailleurs assez dlicate, car contrairement aux landing craft assault (L.C.A), le dbarquement des Lcis se fera au moyen de deux pontons latraux inclins 45 degrs. Il en faut plus pour arrter les hommes de Kieffer, dorigines diverses mais anims par la mme envie den dcoudre. En juin 1944, la cohsion de lunit est optimale : lentranement intensif pendant lequel certaines recrues ont lch prise ny est pas tranger. Jean Couturier restera toute sa vie persuad que cest prcisment ce training sans concession et dune exceptionnelle duret qui sauvera la vie de beaucoup dhommes en Normandie. Kieffer a reu pour mission de semparer du Casino de Ouistreham tout en neutralisant les blockhaus bordant la portion de rivage compris entre Colleville sur Orne et Ouistreham. La prise du Casino est confie la troop 1 de Guy Vourch. Face au secteur Roger Green, la plage est dfendue par une compagnie du Grenadier Regiment 736 regroupe dans les ouvrages du Wn 20 comprenant une pice de 75 mm sous casemate oriente par la partie gauche de Sword Beach. Aprs avoir embarqu Warsash, port quils ont rejoint par camions partir de leur camp de Teachfield, les commandos Franco Britanniques ont termin lembarquement dans laprs midi du 5 juin 1944. Contrairement la majorit de leur homologues Anglais, il connaissent leur objectif depuis plusieurs jours ce depuis que les Havrais ont reconnu sur carte la forme caractristique de Riva Bella, le secteur balnaire de Ouistreham. Cette dcouverte leur vaudra dailleurs dtre mis au secret. La traverse se droule sous les meilleurs auspices, malgr une forte houle qui incommode moins les Franais que la plupart de leurs camarades autres troops commandos : tous appartiennent la marine nationale et la plupart dentre eux naviguent depuis 1939.

(1) Wallerand (Gravelines), Bellamy et Dignac (Ile de Sark) ; Trepel, Agnerre, Cabanella, Devillers, Guy, Rivire (Scheveningen) auxquels sajoute le matelot Moutailler tu Dieppe.

Pour tout dire, il y a peu de place pour les rveries nostalgiques et les lans patriotiques : chacun pense avant la mission quil a reue, aux gestes maintes fois rpts, la plage quil faudra franchir au pas de course, au bon fonctionnement de larme de dotation. Ensuite, ce sera le grand saut. On mange un peu, on dort un peu, mais on parle peu : dans quelques heures, il faudra aller au charbon quel quen soit le prix payer. Kieffer na dailleurs menti personne : Beaucoup dentre vous risquent de ne pas revenir, rflchissez cela avant de partir. Aprs ce sera trop tard . Personne na bronch. La plupart des hommes du Pacha en ont trop vu pour reculer maintenant : lentre en guerre de la France, la dfaite, la dbcle, la fuite, les camps dinternement Espagnols, lAfrique du Nord, le Moyen Orient. Sans compter que les Rosbeef comme ils appellent leurs camarades Britanniques, sont tout aussi dtermins. Non, pas question de quitter le commando : la prochaine tape du voyage, cest la France ! Pour beaucoup dhommes, cest une fois en mer que lon prend conscience de lampleur du dbarquement sur les ctes Normandes : la plupart seront saisis par la vision irrelle de ces navires qui stendent perte de vues, accompagns dune multitude de ballons dirigeables Anti Aircraft . Quelques heures encore et la grande aventure va enfin dbuter.

A bord des LCI(s), les commandos compltent et vrifient leur armement (Fond Corbin) Leon Gautier a tout vrifi dans son paquetage qui nest pas loin datteindre 50 kilos, rien ne manque : la Tommy Gun est nettoye, les chargeurs sont complets, tout est l. Leon saccorde une pense pour Dorothy, la petite Anglaise rencontre Londres qui il a promis de revenir sain et sauf. Rien nest moins sur pourtant. Il se bat depuis 1939 que se soit sur les mers ou au Liban. Cest un ancien boxeur, un dur cuire, un caractre conforme ses souches Bretonnes : un gars fiable, honnte, loyal, mais qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Ils sont tout btis lidentique, les gars de Kieffer. Tous Franais ? non. Briand est Canadien, Rieffers et les frres Neuven sont Luxembourgeois, Richemond est dorigine Russe, Otto Zivolavha est n Autrichien, Rachil Dorsfman est juif Polonais. Quimporte, ce sont les hommes du Pacha, dont laura est peu prs la mme que celle de Leclerc. Malgr ses quarante ans passs, Kieffer a toujours partag les souffrances de lentranement spcifique aux commandos. Seuls deux dentre eux ne lont jamais suivi : Le mdecin capitaine Lion et lAumnier, Ren de Naurois. Le jeune prtre accompagnera les commandos lors de lassaut. Sans arme mais avec la conviction dun homme qui a assist la monte en puissance du nazisme et qui en fut lun des opposants de la premire heure. Un sacr bonhomme, cet aumnier. A bord de son embarcation, il va et vient, multiplie les mots de rconfort. (2). Ds 05 h 40, lartillerie navale ouvre le feu sur Sword Beach alors les Lcis filent vers leurs zones dassaut. Les 1850 hommes de la 1st Special Service Brigade (3) de Lord Shimy Lovat emboteront le pas du 2nd East Yorkshire (3rd Infantry Division) , unit de premire vague .

(2) Ren de Naurois sest teint au dbut de lanne 2006 lge de 99 ans. Ornithologue reconnu mondialement, il reste le seul Franais la fois Compagnon de la Libration et Juste de lEtat dIsral. (3) Unit compose des n 3, 4 et 6 commandos et du 45t h Royal Marines Commando.

Quelques minutes auparavant, les Sherman Duplex Drive du 13/18th Hussars et les Funnies du 22nd Dragoons auront ouvert la route. A H 10, un dluge de feu sabat de nouveau sur Ouistreham : les bombardiers viennent de frapper leur tour, alors que les roquettes des embarcations spciales scrasent sur la petite station balnaire Normande dans un fracas pouvantable. Ds 1942, Ouistreham a t transforme en point fortifi par les Allemands. Une batterie lourde a t installe lextrmit nord de Riva Bella, il sagit du Stp 8 servi par le HKAA 1260 accueillant 6 pices de 155 mm, en loccurrence des Gpf Franais capturs. Plus gauche, un large foss antichar a t creus larrire du casino entirement ras en 1942 et remplac par un ouvrage btonn et bien dfendu. La localit de la cte de nacre est en effet un point stratgique essentiel puisquelle commande laccs au canal de CAEN et lestuaire de lOrne. Il sagira galement de prendre les cluses face au port. Ouistreham a donc t puissamment fortifi et la tche risque de se rvler particulirement ardue. Les bombardements successifs entre mai et juin 1944 ont incit la population quitter la ville en partie dtruite et o il reste peine 200 mes le 6 juin 1944. Sur le blockhaus de lancien casino, deux pices de 88mm et 77 mm ainsi que deux pices antiariennes ont t installes transformant ainsi la petite cit maritime en place forte. Les embarcations sont maintenant moins de deux cent mtres du rivage lorsque les Anglais reoivent lordre de ralentir. Kieffer compris : ses Franais sont invits poser le pied les premiers sur le sol de France. Les hommes aussi ont saisi le sens de ce geste en mme temps quil dcuple leur rage. A ce moment l, rien ne pouvait plus nous arrter, on tait chez nous, et on tait les premiers commandos fouler le sable. Cest vous dire quon tait prts tout renverser sur notre passage a confi le quartier matre Jean Couturier. Leon Gautier, lui, a encore les consignes du Pacha lesprit : Ne restez pas sur la plage, dpassez l aussi vite que possible, mme si ils vous clouent au sol, continuez courir, ne vous arrtez pas. Tout le temps que vous passerez sur la plage fera de vous des cibles de choix. Courez droit devant vous aussi vite que vous le pourrez et rduisez les points fortifis .

Au dbut de matine du 6 juin 1944, le dbarquement se poursuite sur Queen Red. Les lieux semblent avoir scuriss, il doit tre environ 08 h 00. On remarquera la mer trs agite alors qu un LCI(s) sapproche du rivage. (Fond Corbin)

Pierre Jean Boccadoro tait lun de ces hommes au bret vert. Il nous laiss un tmoignage mouvant : Les chefs de sections et sous-sections ont dormi sur le pont enrouls dans la couverture de l'quipement, deux pas du poste de commandement o les officiers de marine veillent sur le pont. L'aube vint pour nous, ce matin-l, plus tt que de coutume ! Depuis quatre heures du matin, un trange orage, aux clairs phosphorescents et incessants, a dchir une nuit blanche... C'tait fantastique ! Notre L.C.I. avait gagn la tte du convoi partir de minuit et quand le grand barrage fut dclench, nous n tio n s dj plus qu' quelques milles de la cte. Ce fut d'abord, de quatre heures cinq heures, le plus terrible bombardement arien que j'ai encore, et depuis, observ... Des bombes de six tonnes, dix tonnes, des centaines et des milliers de bombes craient en face, de Ouistreham Cherbourg, une diversion pendant laquelle les parachutistes de notre division descendaient derrire les lignes aprs s'tre empars du double pont sur l'Orne, o nous devions les rejoindre ensuite aprs avoir forc le Mur. Puis tout clate, d'un seul coup l'aurore luit sur la cte normande... Quelle aurore ! Dchans soudain, 5 h 50, des milliers de canons, des lance- fuses Rocket monts sur barge, les canons des chars embarqus, les grosses pices des croiseurs et cuirasss, mmes les pices de moyen calibre des armes anti-ariennes, vomissent sur la cte, l, tout prs, des milliers de tonnes de projectiles embarqus spcialement pour cette minute... Il faut cracher... cracher tant et plus pour nettoyer les plages et laisser aux hommes qui vont y poser le pied une chance de survivre et de passer. Apothose, horrible vacarme dchan, quel spectacle inou ! Les commandos pars dbarquer sont dj masss sur le pont, les chefs ont pris la tte devant les chelles de dbarquement, les sections et sous-sections sont dans l'ordre, les hommes se regardent, se retrouvent l'unisson du mme espoir et du mme idal, les dents serres, la cadence des salves de lance-fuses aux sifflements stridents, regardant monter l'aube d'un jour nouveau, 6 juin 1944 !

Progression des trois Troops entre Colleville et Ouistreham. Les premiers instants sur la plage donnent aux commandos un aperu de ce qui attend : ils sont accueillis par un feu nourri : armes automatiques et mortiers fauchent les assaillants, les Yorkshires ont drouill les premiers, leurs cadavres tmoignent de laccueil que les fantassins allemands leur ont rserv. Rien, absolument rien na t neutralis par la premire vague : tout est faire. Sept heures vingt et une minutes... Les bateaux de dbarquement ont touch le sable... La quille racle le fond, un choc sourd immobilise la barge. Les passerelles sont jetes l'eau... La plage est devant nous, vide, hrisse de blockhaus, de barbels, de poteaux o sont fixs des mines... et nous nous apercevons soudain que des impacts, des gerbes de frisants, des clats, tombent autour, devant et derrire nous... En avant ! Le gibier devient chasseur, c est sur nous que tirent ces mitrailleuses qu'il faut rduire... C'est d'abord sur cet espace vide fait de sable et d'eau qu'il faut courir pour sauver sa peau... Nous sommes cibles... Il faut percer ce front qui miraculeusement nous crache ses balles et ses obus Kieffer est pass et derrire lui la premire section, premire et deuxime sous-sections, la deuxime, la mienne.

Sur la passerelle, une fraction de seconde devant cet abme, puis en avant, par-dessus, par instinct dans l'eau avec le sac, les armes, les explosifs !... La passerelle a dj clat sous un obus... Sur la plage, Pinelli est bless, Dumenoir tu net, Vourc'h a roul en trente mtres, il ne reste plus un officier la tte de la premire troupe de commandos franais... Nous fonons en aveugle... droit devant, vers ce groupe de btiments en ruines, notre point de repre, o nous dposons le sac qui nous oppresse et o nous regrouperons les hommes en base feu avant l'assaut sur les blockhaus. Comment peut-on, en quelques minutes, passer d'un abme l'autre ? Runis, les premiers rescaps, sacs dcapels, mitraillettes et lance-flammes, grenades et mortiers lgers en base feu, les commandos sont redevenus chasseurs et le gibier qui se terre dans ses trous ne tiendra pas longtemps contre l'assaut. Les premiers nids de mitrailleuses sont anantis, la grenade ou au poignard, on ne se sait plus ! Raymond Dumenoir, fidle parmi les fidles nest plus, il tait aux commandos depuis la cration de lunit, vtran de Dieppe. Pp a demand quon le porte et quon ltende vers Paris, et puis Raymond Flesch, Jean Rousseau, ont galement t abattus. Le frre de Flesch, comble du destin, se trouvait aussi en Normandie ce matin-l : dans larme allemande, o il avait t enrl de force comme beaucoup dAlsaciens. Les commandos ont du dbarquer avec de leau jusquau thorax. Les premiers mtres sont les plus prouvants : le feu ennemi, le poids de la tenue gorge deau, le sac bourr craquer, larmement, les munitions, le ressac, tout semble jouer contre les assaillants. Mais, Kieffer le leur a dit : Courez vers les sorties de plage, quel que soit ce qui se passe autour de vous . Alors cest ce quils font, Lon et ses copains, du mieux quils le peuvent. Un camarade tombe, juste cot, on ne se retourne pas, les infirmiers font ce quils peuvent, ils sont partout la fois. Une fois sorti de leau, on court, le plus vite possible, chapper aux tirs de mortier, dpasser cette fichue plage. Kieffer avait raison, plus on y reste, moins on a de chances de survie. Une vingtaine de commandos sont dj hors de combat, le grand saut commence par un combat terrible et sans merci, de chaque ct.

6 juin 1944 : La K.Gun du Lieutenant Amaury progresse dans Ouistreham, sur la route de Lion. On distingue de la gauche vers la droite les commandos Monceau, Ravel (portant une Vickers 303) et Guezennec. Mr Guzennec est le dernier commando avoir t dcor de la lgion dhonneur, ctait en 2004. Il est dcd peu de temps aprs. En arrire plan, un Sherman Duplex Drive du 13 / 18 Hussars (27me Brigade Blinde) appuie la progression des troopers. (IWM)

Lon Gautier est toujours vivant, il a fait comme tout le monde, il a couru. Lorsque nous avons donn lassaut la riposte ennemie tait violente, le LCI (s) n 527 a t atteint lavant, le lieutenant Pinelli a t bless dans les premiers instants, notre camarade Dumenoir a t mortellement bless dune balle dans labdomen. Oui, vraiment, a tirait de partout. On ne savait dailleurs pas exactement do. Une fois la plage franchie, nous avons pos nos havresacs dans une colonie de vacances en ruines de lautre cot de la route de Lion sur Mer. Puis nous avons fait demi tour car la mission de la troop 8 tait de prendre les pillboxes entre Colleville sur Orne et le casino de Ouistreham. Cest alors que jai eu lide, alors que nous avions atteint une maison, de monter avec lun de mes camarades sur un chien assis pour mieux voir ce qui se passait. Notre officier , Alexandre Lofi, na pas du tout apprci notre initiative, qui pourtant partait dun bon sentiment : descendez tout de suite de l, bande de c.., vous allez vous faire descendre. nous a-t-il lanc, pour le moins en colre ; Nous avons excut cet ordre sans sourciller. Cest ce qui nous a sauvs, car quelques secondes plus tard, une salve percutait le chien assis qui vola en clats. Sans notre lieutenant, nous aurions t tus. Nous nous sommes ensuite dirigs vers le chteau de Colleville sur Orne o lennemi rsistait encore. Mon camarade Bagot est parti tout seul, je me trouvais quelques mtres derrire lui pour le couvrir, il a couru vers la petite porte sur le cot de ldifice. Jai tir une rafale dans cette direction, dailleurs les impacts sy trouvent toujours aujourdhui ! .

Marc Thub est lun des premiers atteindre lextrmit de la plage : il sort sa pince et ouvre une brche dans le rseau de barbels. Les pelotons investissent maintenant les terres, alors que lon tire toujours depuis la fortin du 18me sicle tout proche et investi par les fantassins allemands. Aprs avoir dpass la plage de Colleville sur Orne, les trois troops se regroupent autour dans les ruines dun colonie de vacances. On fait un point rapide sur la situation. La troop 8 dplore un nombre de pertes acceptable. La 1 par contre sort exsangue de ces premiers instants sur le sol de France. Il ne lui reste aucun officier : Vourch et Pinelli ont t blesss, Kieffer doit en prendre le commandement aid par le premier matre Hubert Faure. Le pacha a lui aussi t bless, mais il ne peut abandonner maintenant. Les sacs dos sont laisss provisoirement dans les ruines, le point fortifi du casino doit tomber rapidement. La troop 8 et la K.Gun sallongent maintenant sur la route de Lion, Ouistreham nest pas loin. La troop dAlex Lofi est juste derrire, mais bifurque vers lintrieur de la localit pour prendre en enfilade les ouvrages qui tirent toujours. Un un, les tobrouk sont neutraliss. Couturier est bless quelques centaines de mtres du casino, Lechaponnier tombe son tour. Lon Gautier est toujours indemne, Lechaponnier lui devra la vie. La troop 1 est maintenant engage rue Pasteur, la perpendiculaire du casino qui se trouve maintenant moins de deux cent mtres. Mais le commando a connu de nouvelles pertes : Labas, le lieutenant Hubert sont tombs leur tour . Le calvaire de la Troop 1 continue, sans que la dtermination des Brets Verts ne soit entame. On na pas vcu tout a pour sarrter en cours de route. Objectif Ouistreham.

Les premiers civils sortent enfin : Ouistreham, en juin 1944 est presque une ville morte, il ne reste plus quune poigne de ses habitants, les autres ont fui les bombardements, premires accolades avec les librateurs, que lon prend dabord pour des Anglais. Ils sont quelques centaines tout au plus alors que la cit maritime comptait encore 4000 mes fin mai. Les historiens locaux estiment cette population environ 200 personnes, chiffre qui nous parait tout fait plausible. Alors que la troop 8 du Lieutenant Alex Lofi poursuite la rduction des points fortifis dans le secteur de Riva Bella, les K.Guns sont remonts par lavenue Winston Churchill, la Troop 1 commande par le Pacha et Hubert Faure se prsente tout au bout de la rue Pasteur, obstrue par un mur antichar. Le premier des commandos le franchit : il se nomme Paul Rollin, lun des meilleurs hommes de Kieffer. Une dtonation claque, au milieu de tant dautres. Rollin scroule. Le mdecin capitaine Lion se porte son secours ; Rollin est toujours vivant, les yeux immobiles et sans pouvoir prononcer un mot. Il est touch la tte, bien trop gravement de lavis du toubib . Lion scroule son tour, le torse perfor, tu sur le coup. Bouarfa est lui aussi hors de combat, bless. Gwnal Bollor, linfirmier dvou, reste le seul de lquipe mdicale encore valide. Les coups mortels ont trs probablement t tirs du Belvdre, promontoire antiarien install non loin de la rue de la Mer. Des snipers sy trouvaient et nont laiss aucune chance aux commandos occups franchir lobstacle. Lobjectif est maintenant en vue, la K.gun est en appui, la troop Lofi vient de neutraliser le dernier pillbox, juste gauche du bunker. Ordre lui est donn de se joindre la troop 1 pour attaquer la position partir de louest du point fortifi. Plusieurs tirs de Piat scrasent sur lobjectif, lui causant quelques dgts, les K.Guns assurent un feu nourri entre les deux groupes dinfanterie.

En bordure de la plage de Riva Bella, les six pices du Stp 8 sont pointes vers lAngleterre. Installs dans des encuvements ciel ouvert, les canons de 155 mm Gpf de fabrication franaise sont effectivement vulnrables aux attaques ariennes allies. Retirs puis stockes dans le bois du Caprice, plus personne ne les a revues depuis 1944. Selon toute vraisemblance, elles sy trouvent toujours enterres. (DR). Kieffer se rend rapidement lvidence : trop de rsistance, et surtout trop peu darmes lourdes hormis les Piat. Il retourne vers la rue Pasteur quil remonte malgr une seconde blessure et demande lappui dun char, sur lequel il se hisse et retourne la batterie du casino. Le Sherman Duplex Drive du 13/18th Hussars sera effectivement un alli prcieux. Entre temps, les commandos Britanniques ont pris les cluses, le canal de lOrne est maintenant sous contrle alli depuis Ouistreham. La batterie de Riva Bella est galement sur le point de tomber, il est un peu plus de 10 heures. La dcouverte quils y font les frapperont de la mme stupeur que celles des Rangers la Pointe du Hoc. Les six pices de 155 mm ont t remplaces par des poteaux en bois !. Cette dcouverte sexplique dune manire limpide : les deux derniers bombardements, en mai et juin 1944 ont oblig les allemands mettre les canons (installs dans des encuvements ciel ouvert) labri dans le bois du Caprice la sortie de Ouistreham, prfrant srement attendre la fin des travaux de construction des six casemates btonnes avant de procder une installation complte. Une stratgie qui dailleurs laisse perplexe puisque deux des six ouvrages taient finaliss. Pourquoi ne pas avoir dcid de les quiper ? Aujourdhui encore le mystre reste entier. Quoi quil en soit, la batterie de Riva Bella tait totalement inoprante le 6 juin 1944, hormis son armement secondaire. Sur le front de mer, lattaque principale du commando Kieffer a maintenant dbut. Les K.guns mitraillent la position sans discontinuer, les Piat pilonnent les fortifications de leur roquette, le char dappui Britannique apporte un soutien dcisif. Les premiers prisonniers sont faits par la section de Louis Lanternier, un ancien de Narvik, colosse de presque deux mtres, le visage taill sur mesures pour laction. Parmi eux, quelques polonais, des russes, on signale mme des Italiens ! LArme Allemande de 1944 est srement la plus cosmopolite de tous les belligrants.

Et le pre de Naurois, le Padre comme tout le monde lappelle au commando, que devient-il ? il est vivant et toujours sans arme ! il relatera ce matin du 6 juin dans ses mmoires (Aumonier de la France Libre, ditions Perrin) dune manire aussi surprenante que touchante : Je courais un peu au jug. Devant moi, un char brlait. Plus loin, sur la gauche, une de ces scne dhorreur laquelle il ne fallait pas accorder dattention, pour ne pas tre bloqu sur place par lmotion : un des ntres, franais ou anglaise, je ne sais, tait couch sur le ventre. Il se releva arc bout sur ses bras, la face emporte, rouge de sans, et il hurlait dune voix lugubre comme un chien hurle la mort. () jai tout de mme russi donner la communion sur la plage. Cest ainsi, je lai su plus tard, que Dorfsman, un garon trs fin dont les yeux brillaient dhumour avait communi au ras du sable et quil en tait heureux. Il tait n Varsovie et tait de confession Juive. Je me souviens aussi dun autre garon dlicieux, Boulanger, quon appelait la Boulange , grand comique avec des rparties dune trs grande drlerie. Il me dit : Je suis chrtien, Monsieur lAumonier ! . Et il sortit une petite mdaille de premire communion, il avait la foi. Il aurait cass la figure du premier qui laurait mis en doute. Vous imaginez ces scnes plat ventre, rampant sur le sable, barda sur le dos, avec des balles, qui sifflaient quarante centimtres au dessus de nos ttes ! ()

Le commando Paul Rollin, tu dune balle en pleine tte. Transport dans un tat dsespr en Angleterre, il succombera quelques heures plus tard. Il avait 18 ans. Mourir pour Ouistreham. (Muse n 4 Commando) Le commandant Kieffer, tait lgrement bless la jambe et la taille, et il avait reu un choc au thorax. On le pansa. Aprs quoi, tous deux genoux derrire le muret, dans un geste commun o descendait une plnitude surhumaine, il reut de mes mains leucharistie. (..) Je repris ma route vers lEst mais la troupe avait pris de lavance, je me sentais curieusement alourdi. La fatigue ? En fait mon pantalon de troupe tremp deau de mer, me paralysait les jambes Parce quil ne tenait plus. Dans ma course donc, mon pantalon glissait sans cesse le long de mes mollets et je parvenais mal le reprendre de la main droite. Mes bretelles- rglementaires ? avaient lch. Impossible dans ces conditions de rattraper mes camarades. Haletant, furieux, avanant toujours par bonds, je dfis mon ceinturon le tordis et le rebouclai pour quil me serre davantage. Ce diable de pantalon glissait de plus en plus, je jurais horriblement. Comble dembarras : le slip que je portais et qui venait de ma lingerie personnelle tait blanc tandis que ceux de larme taient kaki. Quelle honte aussi pour un aumnier de perdre ainsi du terrain, darriver bon dernier sans pouvoir secourir les autres. Je pleurais de rage

Javisais alors un soldat Anglais du Yorshire Regiment, baonnette au canon, qui montait la garde devant un hangar. Je lappelai et lui expliquai. Lhomme finit par comprendre, sourit de piti puis, avec sa baonnette pour percer la rude toffe et le morceau de fil de cuivre quil tirebouchonna, il finit par solidariser ceinturon, bretelles et pantalon. Je ne savais ce que je devais le plus cet homme la vie sauve ou lhonneur. Devant le Casino, la bataille fait rage et la petite garnison oppose une rsistance opinitre. Les Piat parviennent rduire au silence une pice antiarienne sur le casino dont le tir interdisait toute progression. Le Sherman des Hussars arrive enfin, commence par faire taire toute rsistance sur le belvdre. Leffet psychologique du blind ne se fait pas attendre : les premiers dfenseurs commencent prendre la fuite. Alors que la lutte commence baisser dintensit, un son fusant se fait entendre : le 88 vient de tirer une salve en direction de la rue Pasteur. Sauvs par un geste instinctif, les commandos se sont mis labri lorsque lobus explose, faisant voler les gravats. Tous sen tirent avec plus de peur que de mal. Tous sauf Renault, dont la plaie bante de la cuisse au thorax ne laisse la place aucun optimisme.

Le Pre Ren de Naurois, aumonier du commando Kieffer sera de toutes les commmorations, durant lesquelles il clbrera la messe, chaque journe 6 juin, Colleville sur Orne et ce jusquen 2005. (DR) Bollor, seul rescap de lquipe mdicale se porte au chevet du malheureux et prononce ces paroles quil qualifiera lui-mme dinsenses : Je vais te faire une piquer, tu verras, a ira mieux Il est presque 09 h 30. A moins de cent mtres de distance, le Duplex Drive prend le bunker partie : plusieurs obus partent, tirs presque les uns aprs les autres. Toutes les pices sont rduites au silence. Vers le port, on continue se battre, les autres T roops britanniques paieront la libration de Ouistreham au prix fort. Que valent les combattants de cette arme allemande devenue une palette de races diffrentes elle dont le fhrer prnait la suprmatie dune seule et unique - ? Alors quun groupe vient dtre fait prisonnier, un soldat anglais permet aux captifs de baisser les bras. Lun des hommes profite de ce geste dhumanit pour lancer une grenade au milieu dun groupe de blesss. Trois commandos dj atteints lors des combats sont blesss une nouvelle fois : Bucher, Rougier et Reiffers. Petit petit, les commandos franais aids de leur blind ont pris le dessus, le blockaus de lancien casino est tomb, au prix dun lourd tribut. Dumenoir, Rousseau, Flesh, Labas, Hubert, Rollin, Lion, Lemoigne, Renault, Letang ont t tus. Sans parler de la quarantaine de blesss dont certains seront vacus dans la journe.

Le pacha est toujours debout, second par les deux officiers qui restent valides : Amaury et Lofi. Le premier nomm sera bless quelques heures plus tard vers St Aubin dArquenay, Kieffer sera vacu le 10 juin, trop handicap par ses deux blessures reues le jour J. Lofi restera le seul officier porter le poids de la nouvelle bataille qui sannonce : celle de la consolidation qui sachvera le 22 aot 1944 par une dfaite sans appel de la 7 me arme allemande. Mais cela est dj une autre histoire. Aprs stre regroups dans les ruines de la colonie de vacances o leurs havresacs les attendaient, les commandos se sont dirigs en fin de matine vers Benouville, o les paras du 2nd Oxs and Bucks avaient enlev le pont sur le canal de Caen la mer, depuis la veille au soir. En tte de la colonne des hommes au green beret , Bill Millin, le piper de Lovat, joue Blue Bonnets over the Border Amfreville est atteint en fin daprs midi, les positions sont creuses et installes , le PC de la 1st Special Service Brigade de Lord Lovat sera tabli la ferme de la famille Saulnier. Aprs guerre, Bernard Saulnier est devenu lami des commandos, organisant chaque 6 juin des repas ciel ouvert auxquels quelquefois plus de six cent personnes participaient. Les brets verts de Philippe Kieffer ont associ jamais leurs noms celui de Ouistreham, cit maritime du Calvados. 177 hommes portant lpaule linsigne France sy sont battus avec courage et dtermination, un matin de juin 1944. Ils ont connu bien dautres combats, pleur dautres compagnons darmes, parcouru bien plus quun bout de chemin ensemble. Les hommes au bret vert continuent de marquer la mmoire de leur empreinte. Lon Gautier est devenu la voix de ceux qui restent. Pour que personne noublie.

La flamme de Ouistreham, monument ddi aux commandos franais est le lieu de recueillement des hommes du commando Kieffer, avec le mmorial de Colleville matrialisant lendroit o ils ont dbarqu.

La bataille dans Falaise, du 16 au 18 aot 1944 Le mardi 6 juin 1944, peu aprs minuit, les Falaisiens qui se couchaient tt, surtout depuis le couvre-feu, furent rveills par un grondement lointain et ininterrompu qui venait du nord, de Caen, de la cte. Bombardement ? Tir de navires de guerre ou riposte des batteries ctires ? Le vacarme se prolongeant, on se rendit lvidence : ctait le dbarquement des allis anglo-amricains sur la cte normande ; Pourtant il a fallu attendre prs de deux mois et demi pour voir enfin arriver les premiers soldats allis ! Le 16 aot 1944, l'aube, le front Nord de la poche de Falaise se divisait en deux parties : la partie Est, de Jort Falaise en y comprenant la ville elle mme, et la partie ouest, de Noron - l'Abbaye l'Orne, au niveau de Pont d'Ouilly. La partie Est du front, la plus importante pour le droulement de la fermeture de la poche de Falaise, tait, depuis deux jours, le sige des terribles combats de l'opration Tractable , dclenche le 14 aot par le IIe Corps d'Arme Canadien du Gnral G.G. Simonds, sous les ordres du Gnral de la Premire Arme Canadienne, le Gnral H.D.G. Crerar, excutant la manuvre de Montgomery. Cette offensive avait pour but d'occuper enfin - la ville de Falaise, but de Monty depuis le dbut de l'opration Totalize , dclenche le 7 aot 1944 la sortie de Caen. Il sagissait aussi de s'ouvrir la route de Trun pour aller fermer la poche qui allait se former Chambois, o les attendaient les Amricains du XVe Corps d'Arme du Gnral Haislip. L'on dnombrait, de l'est l'ouest: - la 1ire Division Blinde polonaise du Gnral Maczek, lance sur Jort dont elle avait pass les ponts la veille au soir; - la 4me Division Blinde canadienne du Gnral G. Kitching, de Sassy la cte 159 l'ouest d'paney; - la 3me Division d'Infanterie canadienne, qui sera commande partir du 18 aot par le Gnral D.C. Spry, d'paney la route de Caen - Soulangy - Falaise. - la 2me d'Infanterie canadienne du Gnral C. Foulkes, venant d'Ussy et de Villers- Canivet, vers la Jalousie (de Saint-Pierre-Canivet), se dirigeant sur Falaise. Plus louest, de Noron Pont-d'Ouilly, les units du XIIe Corps d'Arme du Gnral N.M. Ritchie ( IIe Arme britannique du Gnral C. Dempsey) , repoussaient les troupes allemandes. Lon comptait : - entre Noron et l'ouest de Martigny, la 53rd Welsh Division du Gnral R. K. Ross, suivie de la 15me Division cossaise; - entre Martigny et l'ouest de Trprel, la 4th Armoured Brigade britannique du Gnral R.M.P. Carver; - et la 59th ID Staffordshire du Gnral L.O. Lyne, qui allait franchir l'Orne Pont-d'Ouilly, et attaquer direction sud-est. Face au front du 21e Groupe d'Armes Britannique du Gnral Montgomery, qui tait constitu en partie par l'ensemble des troupes numrs ci-dessus, les troupes allemandes du Gnral Feldmarschall Von Kluge retraitaient avec une mission purement retardatrice. Entre l'Orne et Noron, le Gnral Erich Straube commandait le LXXIVe Korps qui comprenait les restes trs prouvs, et rduits de faibles effectifs, amenuiss encore par les dsertions : - de la 271me Division d'Infanterie de la Wehrmacht du Gnral Paul Danhauser; - de la 277me Division d'Infanterie du Gnral Helmuth Huffmann; - de la 276me Division d'Infanterie du Gnral Kurt Badinski; - et de la 326me Division d'Infanterie, qui venait de passer sous le commandement du colonel Kaschner.

Toutes ces units taient traction hippomobile. La mission du LXXIVe Korps tait capitale: il devait, en effet, maintenir la branche nord de la pince qui se refermait sur la VIIe Arme du Gnral S.S. Paul Hausser, et sur la Vme Arme Blinde du Gnral S.S. Sepp Dietrich, jusqu'. ce que les troupes allemandes, en retraite vers l'est, aient franchi l'Orne puis la route Argentan-Falaise. Dans la ville de Falaise, et l'est jusqu' Jort, le front tait tenu par les restes de la 12me S.S. Panzer Hitlerjugend de Kurt Meyer. Cette division, constitue en 1943, tait compose de cadres venant de la 1re S.S. Panzer ayant fait la guerre sur le front de l'Est, et de jeunes volontaires de la Hitlerjugend gs de 17 19 ans. Les officiers taient aussi trs jeunes: 3% seulement avaient plus de 25 ans. Son chef, le 6 juin, tait le Gnral Fritz Witt, mais depuis sa mort au combat, il avait t remplac par le Colonel commandant le SS Grenadiere Regiment 25 ,Kurt Meyer, g de 32 ans. Excellent tacticien, vivant avec ses soldats, il devait se rvler un remarquable meneur d'hommes. Comptant le 6 juin 20.000 hommes, la 12me S.S. Panzer ne comprenait plus, le 16 aot l'aube, que 700 hommes et officiers, auxquels s'taient joints une trentaine d'hommes de la 89me Division d'Infanterie du Gnral Conrad Oskar Heinrichs, et de la 85me Division d'Infanterie du Gnral Chil, quasi-ananties dans la plaine de Caen - Falaise.

Prise de guerre firement exhibe par deux troopers Canadiens du Queens Own Cameron Highlanders dans les carrires de Hautmesnil (ANC)

La mission confie la 12me S.S. Panzer tait, elle aussi, capitale : viter la fermeture de la poche de Falaise par une perce allie entre Falaise et Jort. Ayant dfendre un front trs tendu avec des effectifs trs faibles, le Gnral S.S. Kurt Meyer et son chef d'tat- major, le Colonel S.S. Hubert Meyer, placrent leurs troupes en points d'appui aux endroits qui paraissaient les plus importants dfendre. L'attaque la plus dangereuse tant situe l'est de son front, Kurt Meyer plaa le poste de commandement de son tat-major, c'est--dire sa voiture de commandement, aux Quatre-Barrires , Damblainville. A ct d'elle, se trouvait, bien camoufle des regards de l'aviation, la voitureradio du responsable des transmissions, le Commandant S.S. Pandel. Devant Jort, demi occup par les Polonais, il plaa les restes de son Groupe de reconnaissance divisionnaire sous les ordres du lieutenant S.S. Hauck, et, voulant tout prix empcher une perce sur Coulibuf dans la journe, il plaa la sortie nord du Grand-Coulibuf trois batteries anti-chars de 88 sous les ordres du lieutenant S.S. Hartwig. Dans Perrires, le Gnral Kurt Meyer plaa un point d'appui sous les ordres du Colonel S.S. Wadmller, muni de plusieurs canons anti-chars. Devant paney, et surtout devant la cote 159 situe au nord de la route l'Attache - Jort, l'est d'Aubigny, et au nord de Versainville, point fort du dispositif dfensif qu'il avait imagin, il plaa le Lieutenant-Colonel S.S. Krause, auquel il affecta 500 hommes, un groupe de batteries lance-fuses appeles par les Allemands Nebelwerfer et par les Russes orgues de Staline , et un groupe de canons anti-chars de 88 sous les ordres du Commandant S.S. Fendt. Enfin, l'Attache, le Lieutenant-Colonel S.S. Krause, responsable du secteur, avait organis un point d'appui secondaire compos d'un canon anti-char et d'un groupe d'armes automatiques, qui commandait l'entre nord de Falaise par la route de Caen Aubigny et par la route de Thury-Harcourt - Villers-Canivet.

Panther Ausf G du SS Panzer Regiment I de la LSSAH traversant le village de Soumont St Quentin en 1944 (ECPA) Au sud de Villy et La Hoguette, le Commandant S.S. Bartling, du 12me Rgiment d'Artillerie Waffen S.S., avait plac son 3me groupe de canons de moyen calibre en orientant leur tir directement vers le nord. Il n'avait pas reu de ravitaillement en obus depuis le 13 aot, mais le 15 au soir, il venait de dcouvrir, par hasard, au sud de Falaise, dans les bois de Saint-Andr, un petit dpt d'obus qui pouvaient tre utiliss par certaines de ses pices, ce qui amliora sa puis sance de feu. Pour complter le dispositif tag en profondeur, selon sa doctrine constante, le Colonel S.S. Hubert Meyer, chef d'tat-major de la 12me Panzer S.S., plaa en rserve Vaton un groupe de chars sous les ordres du Commandant S.S. Prinz, de la 2me Section du Rgiment de chars, tandis que les chars Tigres, restants du Schwere Pz Abteilung 502, taient placs Versainville sous les ordres du Lieutenant Colonel S.S. Max Wnsche.

Et Falaise ? Le Gnral S.S. Kurt Meyer, estimant peu importante la dfense de la ville, se contenta d'y laisser 60 grenadiers Waffen S.S. avec des armes automatiques et un canon anti-chars, et leur fixa pour mission de tirailler dans les ruines pour ralentir, le plus longtemps possible, l'installation de l'infanterie canadienne dans la ville. Kurt Meyer, excellent tacticien, avait parfaitement vu dans le jeu de son adversaire, le Gnral Montgomery. Pour ce dernier, depuis le 14 aot, la manuvre consistait faire porter le poids de son arme, non pas directement sur Falaise, mais plus l'est: la ville pour les Canadiens, n'tait plus, en effet, l'objectif essentiel. L'tat-major de l'Arme canadienne confiera, au soir du 15 aot, le soin de l'occuper la 2me Division d'Infanterie canadienne du Gnral Foulkes qui dsignera 9 heures du matin, le 16 aot, la 6me Brigade d'Infanterie canadienne pour s'assurer des ruines de la cit. Cette brigade, commande par le Gnral H. A. Young, avait subi des pertes sensibles lors des combats de Clair-Tison et de la Cressonnire du 11au 14 aot. Elle tait compose, le 16 aot l'aube, des 558 hommes et officiers du Rgiment Mont Royal sous les ordres du Lieutenant Colonel J. G. Gauvreau, des 667 hommes et officiers du Rgiment Queen's Own Cameron Highlanders of Canada , sous les ordres du Lieutenant Colonel A.S. Gregory, et des 625 hommes et officiers du South Saskatchewan Regiment , sous les ordres du Lieutenant Colonel F.A. Clift. On leur adjoignit, pour cette opration, les 20 chars sherman du 27me Rgiment Blind ( Sherbrooke Fusiliers Regiment ) de la 2me Brigade Blinde du Gnral J.F. Bingham, puis le 17 aot, quelques escadrons blinds du 8me Rgiment de Reconnaissance qui tait le Rgiment de Reconnaissance Divisionnaire et qui portait aussi le nom de 14me Hussards Canadiens du Lieutenant Colonel B.M. Alway, ainsi que des lments du 2me Rgiment d'Artillerie anti-chars du Lieutenant Colonel Murray. L'action sera soutenue, depuis la nuit du 15 au 16, par un pilonnage intense d'artillerie sur toute la ville et ses sorties sud, dispens par le 4me Rgiment d'Artillerie de Campagne canadienne du Lieutenant Colonel Mc.G. Young; du 5me Rgiment du Lieutenant Colonel Nighswander, et du 6me Rgiment du Lieutenant Colonel S.H. Dobeel, mis en position au nord de Soulangy le 15 au soir, puis le 17 Aubigny, et placs sous les ordres du Gnral R.H. Keffer. Le Gnral Young dcida que l'attaque de la ville se ferait selon deux axes parallles nord-ouest, sud-est, selon les deux rues principales de Falaise, rue Clmenceau et rue des Ursulines, le Rgiment South Saskatchewan tant plac au nord du Cameron .

Putanges, aot 1944. Des tankistes canadiens examinent un panzer IV dtruit lors de loffensive allie sur Falaise (ANC)

Le dclenchement de l'attaque fut fix 13 heures. Les units de la 6me Brigade d'Infanterie canadienne, qui taient stationnes Villers-Canivet, firent mouvement vers la Jalousie, mais elles furent considrablement retardes dans leur avance, au sud de Villers-Canivet, par un embouteillage monstre provoqu par 40 vhicules du 8me Rgiment Blind britannique, qui avaient t donns en renfort la 4me Division d'Infanterie canadienne, et qui quittaient le front. La confusion fut encore augmente par l'arrive des vhicules du 9me Rgiment Blind qui remontait vers l'ouest de Villers-Canivet. L'absence d'aviation allemande dans le ciel rendit bnin cet embouteillage, qui serait devenu dramatique en cas de mitraillage ou de bombardement ennemi. Finalement, la colonne s'organisa: en tte, le Cameron accompagn des 10 chars de l'escadron B du Sherbrooke , puis le Saskatchewan accompagn des 11 chars de l'escadron A du Sherbrooke . Les fusiliers Mont Royal chargs dans la deuxime phase de l'opration de suivre les Cameron, fermaient la marche. Arrivs la Jalousie, les Cameron tournrent droite, travers la partie sud du Bois du Roi, jusqu' la route de Leffard Falaise. De son ct, le South Saskatchewan , continuant la route de Villers-Canivet Falaise, arriva au virage dit des Quatre Imbciles , marqu par un bouquet d'arbres magnifiques o, depuis 1777, la route se rendant Falaise fait un crochet et va rejoindre la route Caen-Falaise au lieu de l'Attache. L'tat-major du Lieutenant Colonel Clift savait que les Waffen S.S. avaient tabli un point dfensif cet endroit, mais il tait entendu, avec l'tat-major de la Division, qu'une patrouille de la 4me Brigade d'Infanterie canadienne devait l'avoir dtruit, avant l'arrive du South Saskatchewan . Or, elle ne l'avait pas fait, n'ayant pu s'en approcher moins de 300 mtres. Le Lieutenant Hayes, de l'tat-major de la 6me Brigade et l'adjudant de brigade Gunn, entreprirent, d'eux-mmes, d'aller dtruire ce canon anti-char de 88, mais ds qu'ils approchrent 200 mtres de ce point fort, l'adjudant Gunn fut tu par un coup de fusil d'un soldat allemand du point d'appui, et cette tentative dut tre abandonne.

LObersturmbannfhrer Whilhelm Mohnke, Kommandeur du SS Grenadiere Regiment 26. (Bundesarchiv)

Le gnral Foulkes fit excuter alors un tir d'artillerie trs nourri sur le carrefour de l'Attache et, grce cette gne apporte l'action des Waffen S.S., le South Saskatchewan et les chars des Sherbrooke , empruntant l'axe de l'ancien trac de la route de Villers-Canivet Falaise par les Maisons Blanches , se dirigrent vers la ville. Ils perdirent, cependant, deux chars dans ce passage difficile.

Arrivs au niveau des Palis, au-dessus des Maisons Blanches et de la valle de l'Ante, la colonne d'attaque des Saskatchewan fut arrte par le tir d'un petit point d'appui, organis par les Waffen S.S. dans le virage du bas de la route de Caen, au niveau du magasin de meubles Louvel. Le premier Sherman des Sherbrooke , qui prcdait la colonne, fut incendi et dtruit par le canon anti-char, et l'infanterie stoppe par une arme automatique. Vu l'exigut de la rue et la profondeur de la valle, aucune progression n'tait possible vers la ville avant que soit dtruit ce point de rsistance. Devant l'hsitation de ses hommes, dont l'un venait d'tre tu rue des Herforts, le Lieutenant Colonel Clift, prenant lui-mme le fusil d'un soldat de la section de pointe de son rgiment, monta l'assaut avec l'aide du Capitaine Handley, du 10me Bataillon. Trois Waffen S.S. qui servaient le canon antichar ayant t mis hors de combat, les survivants firent sauter leur pice et se replirent dans la ville, librant la route pour la colonne d'offensive canadienne. Le Saskatchewan s'engagea alors dans la rue de Caen, pntrant dans la partie intra-muros de Falaise. Ses hommes furent d'abord arrts par une mitrailleuse des Waffen S.S. tirant de la rue du Camp Ferme dans l'axe de la rue des Cordeliers et de la rue Frdric Galeron, puis par des tireurs isols bien embusqus dans une maison situe l'emplacement du n 7 de l'actuelle rue de Caen. Cette dernire rsistance ne fut vaincue que par l'incendie du pt de maisons par les obus des chars Sherman d'accompagnement. Arrivs place SaintGervais, devant l'glise Saint-Gervais-et-Saint-Protais, les hommes du South Saskatchewan , toujours protgs par les huit chars restant des Sherbrooke , se dirigrent d'abord, par la rue Gambetta, vers le nordest de la ville. Un petit groupe de grenadiers Waffen S.S. abrits par les petits fortins de bton, autrefois monts pour la Feldgendarmerie, laissrent passer les chars puis tirrent sur les fantassins. Au cours de la bataille, trois Canadiens, dont le sergent Thomson, furent tus et enterrs provisoirement place Fontaine Borgne. Atteignant la Porte Le Comte, les Saskatchewan remontrent par les rues de Brbisson et Victor-Hugo. Il tait alors prs de 6 heures du soir. La progression continuait lentement, ponctue de temps autre par le tir d'un Waffen S.S. isol. Aussitt, les camarades du bless canadien s'enfonaient dans les ruines la recherche du tireur jusqu' ce qu'il soit retrouv, mort ou vif.

A Soignolles, des Canadiens viennent de capturer un grenadiere de la 12me SS Pz Hitlerjugend (ANC)

La nuit tombait lentement sur les ruines de Falaise. Les squelettes de ce qui avait t des maisons se dressaient, noirs, dans le ciel, clairs par la lueur rouge des incendies allums par les combats. Ce dcor rendait plus sinistre encore cette chasse l'homme o chacun tait, la fois chasseur et gibier. Quel courage ne fallait-il pas aux Canadiens, venus d'au-del des mers afin de dfendre la Libert, pour avancer dans les rues, alors qu'ils savaient que chaque pan de mur pouvait abriter un excellent tireur manquant rarement sa cible?

A minuit, la colonne du South Saskatchewan avait occup la majeure partie intra-muros de la ville, au prix de quatorze morts et de nombreux blesss. Ces blesss furent vacus sur les ambulances de la 2me Arme canadienne, les 10me, 11me et 18me Ambulances de campagne. Plus au sud, la progression de la colonne des Cameron avait t beaucoup plus lente. C'est que le commandement de la Brigade l'avait lance d'abord par un long chemin d'accs qui, de la Jalousie de Saint-Pierre-Canivet allait au Pied-Mouill. Puis, l'axe de la progression, qui lui avait t fix, l'obligeait suivre un chemin troit et encaiss, par le Mont Mirat, la Cave de SaintAdrien, la rue du Val d'Ante, pour passer l'Ante sur le pont situ prs de la place de la Mutualit, pont qui avait t barr par des poutres et des pierres par les dfenseurs Waffen S.S. de ce quartier. Les dix chars du Sherbrooke voulurent se dployer dans le Val d'Ante, en amont du pont qui tait battu par un tir d'armes automatiques des Waffen S.S. placs le long du chemin de la Ppinire et de la venelle de la Brasserie, en dessous de la Porte Philippe-Jean. Les Sherman s'embourbrent alors dans les trous de bombes qui avaient cr, cet endroit, une zone marcageuse. A 6 heures du soir, le Lieutenant Colonel A.S. Grgory, qui commandait le Queen's Own Cameron Highlanders of Canada, demanda au rgiment du gnie divisionnaire du Lieutenant Colonel N. J. W. Smith de lui envoyer des bulldozers pour sortir les chars qui accompagnaient la colonne de leur position critique. Celui-ci les lui envoya aussitt mais la progression de ces engins se fit trs lentement, car le chemin de Saint-Adrien et du Val d'Ante ne permettait pas le passage d'une seconde colonne de front ct de la colonne immobilise des vhicules des Cameron Ceux-ci taient, d'ailleurs, galement incapables de faire demi-tour. Devant cette situation, le Lieutenant Colonel Grgory arrta l'offensive, l'infanterie se rvlant inapte passer Je pont du Val d'Ante sous le feu des armes automatiques des jeunes soldats de la Hitlerjugend , sans un appui puissant de chars. La nuit tait tombe sur le Val d'Ante. Devant la difficult de faire descendre les engins de dpannage par Saint Adrien, le Lieutenant Colonel Grgory essaya de trouver un chemin plus au sud-ouest, afin de soulager le trafic dans la Cave qui descend du Mont Mirat au Val d'Ante. Mais il s'aperut que l'-pic du Mont Mirat sur la valle tait tellement abrupt que les chars ne pourraient l'utiliser. Il fut donc contraint d'attendre que, par des manuvres multiples, les bulldozers de dpannage soient arrivs au bord de l'Ante.

Vers minuit, quatre compagnies de fantassins des Cameron avaient russi franchir l'Ante, la faveur de l'obscurit, mais la progression ne reprit srieusement qu'aprs deux heures du matin, lorsque les chars d'accompagnement des Sherbrooke purent traverser l'Ante leur tour. De leur ct, les fusiliers Mont Royal du Lieutenant Colonel Gauvreau suivaient, selon le plan prvu, les Cameron sur la route de Leffard, quand ils furent subitement rappels leur point de dpart de la Jalousie par le Gnral Young, commandant la 6me Brigade d'Infanterie canadienne. En effet, un groupe de chars allemands, stationn Vaton et commands par le commandant S.S. Prinz, avait t envoy par le Gnral Kurt Meyer faire une reconnaissance offensive vers Aubigny, et ils avaient t signals dans l'alle du chteau d'Aubigny par un lment de reconnaissance du 14me Hussards Canadien. La prsence de blinds allemands sur le flan gauche du Saskatchewan pouvait prsenter une grave menace. Le Lieutenant Colonel Gauvreau organisa donc une ligne de dfense sur le chemin qui va du bourg d'Aubigny la Jalousie au niveau de la ferme Leglu, appele Le Repos . Il disposait pour cela des 558 hommes et officiers de son rgiment, renforcs par les trois Sherman de rserve du 27me Rgiment Blind Sherbrooke . A 4 heures de l'aprs-midi, le Royal Winnipeg Rifles de la 7 me Brigade d'Infanterie canadienne du Gnral H.W. Foster, lment de la 3me Division d'Infanterie canadienne du Gnral R.F.L. Keller, occupa Aubigny et repoussa les blinds du 12me Rgiment de Panzer S.S. Au cours de cette action, le commandant S.S. Prinz fut tu. La contre-attaque allemande tait enraye. (A suivre)

Il est courant de relever dans certains ouvrages ou certains sites Internet la mention du fait que des lments de la LVF auraient combattu en Normandie aux cots des forces allemandes. Quen est-il exactement ? La LVF (Lgion des Volontaires Franais contre le Bolchevisme) est ne en 1941, immdiatement aprs lattaque allemande contre lURSS, a linitiative des ultras de la Collaboration Franaise, principalement Jacques Doriot, dirigeant du PPF (Parti Populaire Franais) et Marcel Dat, dirigeant du RNP (Rassemblement National Populaire). Mais les statuts de la LVF sont clairs : Les volontaires sengagent pour combattre le Bolchevisme, donc sur le front de lEst et pas en France. Le second paragraphe du chapitre IV du livret de la LVF est prcis a ce sujet : Uniforme. Chaque soldat a deux uniformes : luniforme kaki pour le service courant, et luniforme de combat qui est luniforme allemand comportant un cusson tricolore sur le bras droit. Il ne saurait en tre autrement ; en effet, la France ntant pas en guerre avec lU.R.S.S., les volontaires seraient considrs comme francs-tireurs sils se battaient sous notre uniforme LURSS, et rien dautre.

Mais, lorsque lopration Overlord dclenche linvasion de la France par les Forces Allies, le Reich aux abois envoie en Normandie des units en renforts qui ne connaissent pas le terrain.

Il leur faut de laide logistique. Des volontaires du PPF de Doriot, donc des militants politiques civils, se prsentent et seront incorpors dans diverses units ou ils serviront de guides, dinterprtes et, le cas chant, dagents de renseignements. Ils connaissent le terrain, sont bilingue francais-allemand et, pour certains dentre eux, parlent langlais.

Au dbut du mois de juillet 1944, Doriot part quinze jours sur le front de Normandie pour inspecter ses troupes. Il y va revtu de son uniforme d'officier de la LVF. Do le malentendu. Cette prsence en Normandie dun collaborateur notoire en uniforme allemand va gnrer la lgende. Notons, au passage, que le 10 juillet 1944, Jacques Doriot crivait son ami Otto Abetz, Ambassadeur du Reich en France, au sujet de la situation l'arrire du front de Normandie : Le chef de lEtat-major de l'arme, dont le Q.G est au Mans, m'a dclar que la scurit des convois allemands n'est pas assure cause des maquisards particulirement agissants Quel tonnant hommage rendu ici par le plus nazifi des dirigeants de la Collaboration Franaise a lefficacit de la Rsistance ! Pendant ce temps, les combattants de la LVF taient, tous, sur le Front de lEst. Le 22 juin 1944, un bataillon de LVF, form en Kampfgruppe, est envoy pour couper la route Moscou-Minsk devant Borrisov, prs de la Beresina. Trs, trs loin de la Normandie. 2 semaines plus tard, en juillet 1944, puiss et mourants de faim, les survivants de la LVF sont recueillis au camp de Greifenberg, en Pomranie, qui est le dpt de la LVF. Les Lgionnaires dcouvrent l leurs camarades volontaires franais dans la Sturmbrigade Waffen-SS. Cest la fin de l'histoire de la LVF, tous les Lgionnaires tant incorpors dans la Waffen-SS au sein de la future et phmre Division Charlemagne. Ils se battront et mourront en Prusse-Orientale, Dantzig, Berlin, mais pas en Normandie.

Pour ceux dentre nous qui sintressent la participation des Rgiments Quebecois travers les deux dernires guerres (1) , le courage de ces combattants venus doutre Atlantique nest plus dmontrer. En Normandie, la rfrence en la matire restera probablement le souvenir des combats du Rgiment de la Chaudire Carpiquet. Cette sensation est elle la mme au Canada ? . Au travers de cette article aussi original que passionnant, Eric Gigure nous offre une toute perception, celle du Qubec, dchir entre sa participation un conflit mondial et ses propres stigmates de dominion Britannique. Ces drles de Franais qui ont combattu sous commandement britannique Le 6 juin 1944, quand le branle-bas des premires heures du dbarquement se dissipe peu peu, un autre fait de moindre importance vient nouveau ajouter la confusion. la stupfaction des civils franais qui n'ont pas obi aux consignes leurs dictant de quitter leurs maisons pour se mettre l'abri et des militaires allemands faits prisonniers, on entend clairement des soldats, qu'on croyait tre ceux de Sa Majest, s'exprimer en franais. Certes l'accent est un peu diffrent, mais c'est bel et bien la langue de Molire ! Plusieurs ont certainement cru un commando ou un rgiment franais, mais les insignes d'uniformes ont tt fait de rectifier cette mprise, il s'agit de Canadiens ! La question suivante s'impose d'elle-mme, qui sont-ils ?

Les soldats rpondront firement qu'ils font partie du seul rgiment compos uniquement de Canadiens d'expression francophone: Le Rgiment de la Chaudire. Je n'crirai pas l'histoire de ce rgiment, l'exercice a dj t fait quelques reprises de faon trs professionnelle; je tenterai plutt d'claircir certains points en y allant d'un bref historique sur le rle des Canadiens-franais dans l'Arme. L'histoire de la colonisation du Canada nous apprend que la France a laiss tomber ses "fils" pendant la guerre anglo-franaise (1744 - 1763); alors que la Grande-Bretagne envoie des renforts sur le nouveau continent, la France, quant elle, par choix ou par obligation, s'en abstiendra. Les colons franais laisss eux-mmes n'ont d'autre choix que de capituler et le Canada passe donc ainsi sous rgime anglais. La Grande-Bretagne doit donc tenter de gouverner en sachant trs bien que ce peuple de descendance franaise ne se laissera pas assimiler et refusera des lois qui risqueraient de mettre en danger sa culture. Des troubles profonds marqueront les annes suivantes alors que se succdent les gouvernements ouverts d'esprit qui prnent le dialogue ainsi que la ngociation et ceux plus ferms qui dsirent une ligne dure tendant vers l'assimilation. On peut mme affirmer qu'aujourd'hui encore, le problme, quoique moins obtus, est toujours prsent. 1899, la guerre des Boers oblige la Grande-Bretagne demander du renfort ses colonies. Les Canadiens-franais sont diviss. D'un ct, on trouve illogique d'aller se battre pour un pays qui veut nous assimiler, de l'autre, on accepte la situation de peuple conquis et on veut dmontrer son courage en faisant sa part dans le conflit. Mentionnons aussi la peur de crer un prcdent qui obligerait le Canada prendre part tout conflit o la Grande-Bretagne serait implique. Malgr tout, plusieurs volontaires d'expression francophone sont envoys outre-mer et y laissent alors une impression favorable (1) En Normandie : Le Rgiment de la Chaudire (3me DI) ds le 6 juin , Le Rgiment de Maisonneuve et les Fusiliers Montroyal ds la mi-juillet (2me DI)

Equipe sanitaire du Rgiment de la Chaudire en Normandie (collection Isabelle) La Grande Guerre qui dbute en 1914 voit l'Angleterre rcidiver dans sa demande d'aide aux pays du Commonwealth et le Canada est nouveau sollicit. Pour la premire fois en dehors du continent un bataillon de Canadiens-franais est runi: Le 22 Bataillon. Il deviendra plus tard le Royal 22 Rgiment. Les exploits russis par les soldats canadiens lors de ces deux conflits, notamment pendant la Grande Guerre Courcelette et Vimy, finissent par convaincre l'Angleterre que le Canada a pleinement mrit ses lettres de noblesse et qu'il a gagn le droit plus d'autonomie (Il devient membre de la SDN en 1919). S'il en est ainsi pour l'ensemble du Canada, pourquoi ce dernier n'agirait-il pas de la mme faon avec sa "minorit culturelle" ? C'est peut-tre l'ide qui a germ dans la tte des dirigeants qubcois de l'poque. Quoiqu'il en soit, lorsque le 2me conflit mondial est impos au reste du monde par les puissances de l'Axe, le Canada n'hsite pas mobiliser des troupes pour aller au secours des valeurs de libert et d'galit bafoues en Europe par des conqurants sans scrupules. La loi sur la conscription vote en 1917 sous les pressions de Sir Robert Borden lors de la Grande Guerre a grandement dplu aux francophones qui ne veulent pas se faire dicter leur conduite par les Anglais. Les Libraux de William Lyon Mackenzie King, qui veulent s'attirer le vote des Qubcois en 1940, promettent de ne pas imposer la conscription. Ils reviennent sur cette promesse en 1942 aprs en avoir demand la permission aux Canadiens par voie de plbiscite. Malgr le vote majoritairement contre au Qubec (u n peu plus de 71% et ce nombre atteignait 85% si on ne faisait tat que des francophones) , le gouvernement de Mackenzie King rend la conscription effective en 1944 puisqu'il reoit l'appui du reste du pays majorit anglophone. La France qui a abandonn ses "enfants" pendant la guerre coloniale, les tensions entre francophones et anglophones, l'imposition de la conscription, les promesses qui ne tiennent pas... Toutes ces raisons auraient pu expliquer un refus catgorique de s'enrler chez les Canadiens-franais. Mais aucun conscrit n'tait prsent lors du raid de Dieppe, pas plus que lors du dbarquement de Normandie. Au niveau du gouvernement qubcois, la dcision d'envoyer des troupes en Europe peut cacher un dsir de se forger du capital politique pour se voir octroyer plus d'autonomie de la part du fdral. Quant au soldat de base, son dsir est probablement li au got de l'aventure, au dsir de voir du pays peu de frais, rve pratiquement utopique dans les conditions conomiques qui prvalent l'poque. Mais au-del de tout a, j'ose esprer qu'il y a aussi de cette fiert lgendaire hrite de nos anctres franais, l'intrieur de laquelle nos braves soldats ont puis en faisant fi des vieilles rancunes remontant plus de deux sicles, pour se porter au secours des valeurs que le Gnral de Gaulle a invoques partir de Londres pour rallier les siens son combat. Ce texte, crit sans prtention, se veut un outil de vulgarisation pour tenter de comprendre les motivations de ceux qui ont combattu et les hsitations des autres, sans prendre parti et sans vouloir porter un jugement. Il servira aussi je l'espre dmystifier certaines ides reues sur la couardise des Canadiens d'expression francophone.

VOTRE LUFTWAFFE NE VAUT PAS UN CLOU, GOERING ! cria Hitler en sadressant son Marchal de lAir en Juin 1944. Effectivement, aprs avoir remport de brillantes victoires de 1939 jusquen 1941, la Luftwaffe ne sert dsormais pratiquement plus rien en 1944. Les Allis possdent dornavant la matrise du ciel et chaque sortie arienne allemande devient un suicide. Pourtant, la Luftwaffe ne perdit pas espoir. Elle entreprit la construction davions qui mneraient la guerre sur tout les continents, mme jusquaux Amriques Voici quelques avions produits ou en cours dexprimentation par les bureaux dtudes du IIIme Reich dans le dsordre et la zizanie de la fin de la guerre. Nous sommes en 1942. Le Haut-Commandement allemand sinquite srieusement au sujet de Scapa Flow. Scapa Flow ? Cest une puissante base navale anglaise sur une le au Nord-Est de lEcosse, o rside la clbre et imbattable Home Fleet. Et depuis le dbut de la guerre, cette base verrouille laccs la Mer du Nord et la Mer Baltique. Hormis laventureuse intrusion de Gnther Prien et de son U-Boot, personne pour linstant na russi atteindre cette base. Et les bombardiers lourds de la Luftwaffe ne possdent pas un assez grand rayon daction pour bombarder Scapa FlowCest donc l quintervient Siegfried Holzbauer, chef des pilotes dessais de chez Junkers : il propose une ide oublie et autrefois rejete de Robert Mayo. Cette ide consiste en ceci : le bombardier lourd tant espr serait en fait un vieux et inutilisable Ju-88 bourr dexplosifs, sans pilote, qui ne ferait quun voyage Un avion kamikaze, entre autre. A de a prs quil serait port par un Messerschmitt Bf 109 charg sur son dos qui devrait guider le Ju-88 jusqu sa cible, puis le larguer en trajectoire de crash sur la cible dsigne en se sparant au bon moment du Ju-88 Il est savoir que Mistel signifie gui en allemand, qui rapporte donc au fait que comme la plante du mme nom, lappareil est un engin parasite : il utilise un autre appareil ses fins. Lensemble Messerschmitt Bf109-Junkers 88 tait aussi surnomm Vater une Sohn , qui signifie pre et fils en allemand. Lors de lattaque, le pilote du chasseur-port engageait lensemble dans un semi-piqu de 650km/h 30 ; puis, par le biais de commandes lectriques, le pilote activait le pilote automatique du Junker, faisait exploser le boulon explosif de ltai arrire et plaait son chasseur dans une position lgrement cabre par rapport au porteur, et enfin faisait exploser les autres boulons pour se librer et finir sa mission. Il pouvait alors retourner la base. Ce systme sduisit tellement le hautcommandement allemand, quil envisagea des attaques sur le port de Scapa Flow, videmment, mais surtout sur le port de Leningrad et Gibraltar ! Aprs quelques tests concluant, une unit de cinq Misteln fut envoy au Danemark avec pour cible Scapa Flow. Mais le dbarquement alli ayant eu lieu, les Allemands ramenrent les Misteln Saint-Dizier, en France, avec comme objectif cette fois les navires allis au mouillage en baie de Seine. Lattaque produisit peu de dgts mais les appareils revinrent sains et saufs leur base : lappareil fut jug oprationnel par les Allemands. Mais dautres pripties intervinrent et annulrent les diffrentes missions des Misteln : destruction du Tirpitz, de bases ariennes La dernire grande opration dlivre aux Misteln fut lopration Eisenhammer , datant de 1941. Comme ltat desprit de fin de guerre des nazis, le plan tait ridiculement dmesur : une centaine de Misteln, accompagns dune grande flotte arienne (notamment par des Dorniers 217K qui auraient d porter des bombes planantes Fritz X), devaient bombarder les trois grandes centrales lectriques qui fournissaient de llectricit Moscou, Leningrad, et une grande partie de lOural. Mais le temps de rassembler autant de Misteln, plus la mto capricieuse et la destruction des bases ariennes, retarda lopration et en dfinitive lannula. Finalement, en 1945, les Misteln servirent une dernire fois en essayant de dtruire les cents vingt ponts sur lOder, la Neisse, et la Vistule pour retarder lavance sovitique. Mais le nombre de ponts dtruire plus le fait que les troupes du gnie russe reconstruisaient les ponts empcha les Misteln accomplir leur tche. Lors de leur dernire attaque, deux FW 190 rentrrent sur sept Les Misteln encore en construction ou encore en tat de marche furent dcouvert par les Amricains en 1945 autour de lusine Junkers de Mersenburg. Le projet Mistel ne fut jamais repris par la suite. Il exista aussi dautres versions du Mistel : le Mistel S1=> la version dentranement du Mistel 1; le Mistel 2 => un Focke-Wulf remplaait le Messerschmitt. Il y avait nanmoins un problme : le FW tant plus lourd que le Me 109, les pneus du Ju-88 clataient au dcollage ; il y eut aussi le Mistel S2=> la version dentranement du Mistel 2.

LE MESSERSCHMITT 323 Gigant Fin 1941, lEtat-major allemand sait trs bien que la belle poque, celle o lAllemagne tait offensive et lanait des oprations aroportes est termine ; nanmoins, il demanda la construction dun planeur possdant une grande capacit de transport de troupes et de matriel. Cest ainsi que le projet de Messerschmitt fut retenu et ce dernier lana la construction du Messerschmitt 321, qui devait tre remorqu par seulement trois Me Bf 109 Nous ne parlerons pas de cet appareil car celui qui nous intresse est son suprieur, le Me 323. Construit en 1941, la premire version du Me 323, le Me 323V-1, vola pour la premire fois en 1942 avec quatre moteurs Gnome-Rhne 14N48/49. Le Me323V-2 pris la forme dfinitive hexamoteurs et garda la mme contenance que le Me323V-1, cest--dire une capacit de 120 hommes quips, ou une charge gale de matriel. Malgr ses capacits, cet appareil tait trs impopulaire auprs des quipages : il demandait de grands efforts physiques pour tre pilots et il faisait une cible trs facilement reprable pour les chasseurs adverses. Cependant, il fut fabriqu en plusieurs versions 210 exemplaires. Ces autres versions ne furent pas vraiment utilises : le ME 323 E-2 VT tait dot dun armement impressionnant : il tait quip de 11 canons de 20mm et de 4 mitrailleuses de 13mm ! Tout de mme, on peut citer une opration dlivre ces Messerschmitt en 1943 : ils devaient aller ravitailler les troupes allemandes en Tunisie. Sur le chemin, ils furent reprs par des chasseurs allis au-dessus de la Mditerrane et la plupart furent abattus.

Me 323 Gigant

LE MESSERCHMITT 262 Schwalbe Le Messerschmitt 262 fut le premier appareil raction vraiment oprationnel de la Seconde Guerre Mondiale. Il tait si avanc technologiquement quil inquita le gnral Spaatz, le chef de laviation de bombardement amricaine, qui en informa mme Eisenhower ! Effectivement, cet appareil tait dou dune considrable avance technologique par rapport aux appareils allis. Nanmoins, ce bimoteur raction mit beaucoup de temps avant dtre parfaitement au point. Effectivement, le programme commena en 1938 mais fut considrablement retard par la mise au point des moteurs. Quatre ans plus tard, le 4 Avril, le futur Me 262 vola avec des moteurs piston, et un an plus tard, le 18 Juillet 1942, le chasseur vola pour la premire fois avec des moteurs raction.

Cet appareil tait arm de 4 canons MK 108 de 30mm et possdait un magasin de 360 obus maximum. Sans les canons, il pouvait emporter 24 fuses R4M sous les ailes quil pouvait lancer 1000 mtres, vitant ainsi les tirs des tourelles de bombardiers. Adolf Galland, le gnral de la chasse allemande, fut convaincu par lappareil ds son premier vol dessai. Effectivement, le Schwalbe , lhirondelle , en allemand, navait pas de couple de rotation, pas de vibrations Le chasseur idal ! Messerschmitt prsenta son appareil au Fhrer qui demanda au constructeur si cet avion pouvait emporter des bombes. Willy Messerschmitt acquiesa ; et, au dpit dAdolf Galland, Hitler, ravi de possder un bombardier capable de se faire fi des chasseurs adverses, interdit lutilisation du Me 262 comme chasseur. Le Me 262 tait quip de racteurs Junkers Jumo 004 ou BMW qui navaient pas besoin du carburant haut indice doctane requis par les avions hlice : du fuel pour moteur diesel lui suffisait. Nanmoins, ce formidable chasseur possdait des gros dfauts : il tait extrmement difficile piloter, et la moindre erreur provoquait une catastrophe. Notamment, le fait que au-dessous de 6000 tours/minute, les turbines stoppaient ; et il tait rare quon russisse les remettre en marche Et lors dune remise des gaz trop brusque, les turbines prenaient feu. D'ailleurs, la roulette de queue avait aussi un problme, car pour dcoller, le pilote devait donner un lger coup de frein en bout de piste pour que lappareil dcolle. Manuvre dlicate donc Pour remdier ce problme, un train datterrissage tricycle fut cr. Malheureusement, son train datterrissage restait trop fragile et ses canons de MK 108 senrayaient facilement.

Mais malgr ces dfauts, ce chasseur restait tout fait exceptionnel : il pouvait atteindre les 850km/h, une vitesse tout fait exceptionnelle pour lpoque ! Dailleurs, on dit que le premier pilote avoir franchi le mur du son est un pilote allemand bord de son Me-262 lors dun piqu. Il ramena son appareil la base en lambeauxBeaucoup de versions du Me-262 furent invents. Je nen citerais que quelques unes : le Me 262B, qui fut un redoutable chasseur de nuit ; le Me-262, appareil de reconnaissance, et le Me-262A-3A qui fut un chasseur blindage renforcLes Allemands ne crrent une unit exprimentale quen Juin 1944, le 30, mais la premire unit oprationnelle fut cre en septembre. Et ce qui montre bien lefficacit de ces chasseurs, est le fait quen si peu de temps, cest--dire entre septembre 1944 et le 8 Mai 1945, ils abattirent plus de 500 chasseurs allis ! En revanche, ils eurent des pertes cause, en particulier, de leur vulnrabilit au dcollage et latterrissage. La plupart des appareils ont t tantt dtruits par des bombardements allis sur les arodromes, tantt par les Allemands eux-mmes pour que les Allis ne sen emparent pas, et videmment par les combats ariens. Il est noter que malgr la production tardive du Me-262, il fut produit 1100 exemplaires. Aprs la guerre, les appareils encore intacts partirent videmment aux Etats-Unis pour subir des tests. Etant donn que le Me-262 avait t imagin en 1938 et quen quelques mois, en 1945, il fut produit 1100 exemplaires, imaginons-nous ce qui se serait pass si il avait t plus privilgi par lEtat-major allemand

Caractristiques du Me 262

Envergure Longueur Hauteur Motorisation

12,48 m 10,60 m 3, 84 m 2 turboracteurs Junkers Jumo 004B-1 2x900 kgp 4 canons de 30 mm ou 24 fuses R4M 6400 kg 870 km/h 6000 m 11450 m 1050 km 1

Puissance totale Armement

Poids en charge Vitesse maximale Plafond pratique Distance franchissable Equipage

LE DORNIER 335 Pfeil Ce quon remarque tout de suite en voyant ce chasseur, cest lhlice lavant de lappareil, certes, mais aussi celle qui est larrire Effectivement, cest un appareil tout nouveau et unique en son genre qui vient de sortir des bureaux dtudes du IIIme Reich. Lavion tait dot dune hlice tractrice habituelle lavant, et une hlice propulsive larrire de son empennage cruciforme, qui donnait comme rsultat un chasseur trs compact et trs rapide ! Dailleurs, Pfeil veut dire flche en allemand a veut tout dire !

Ce chasseur devait tre arm dun canon de MK 103 de 30mmm et de deux canons MG 151 de 15 mm. Il fut prvu en deux versions : monoplace et biplace. Le monoplace vola pour la premire fois le 26 Octobre 1943. Il est savoir que les prototypes furent appels Versuchs . Ainsi, sur les 14 prototypes prvus, apparurent le V9, puis le V10, biplace du DO-335, quip dun radar ; puis vint le tour du V11 et V12, versions dentranement double commande ; enfin, le V13 et le V14, dont la soute armes intrieures avaient t supprims pour la remplacer par deux canons de 30mm MK 103 et un canon de 20mm qui remplaait celui de 15mm. Ces modifications supprimaient au Do-335 lquipement de bombardier, mais ses nouveaux armements en faisaient un redoutable chasseur. Mais les capacits de cet appareil ne purent jamais tre tests : dix Do 335 de pr-srie furent construits pour tre valus en opration, mais lusine dOberpfaffenhofen fut capture par les forces allies en 1945 alors que seuls 11 Dorniers 335A-1 de srie et deux biplaces Do 336A-12 avaient t achevs. Ce chasseur, si il avait t invents et construits plus tt aurait put tre un redoutable adversaire de la suprmatie arienne allie. Surtout que les Allemands avaient imagins une version chasse de nuit, dont larmement aurait t de trois canons de 30 mm et deux de 20 mm

Envergure Longueur Hauteur Motorisation Puissance totale Armement

13,80 m 13, 85 m 5m 2 moteurs DB 603E-1 2 x 1800 ch 1 canon MK 103 de 30mm 2 mitrailleuses MG 151 de 15mm 9585 kg 763 km/h 6500 m 11400 m 2060 km 1

Poids en charge Vitesse maximale Plafond pratique Distance franchissable Equipage

LARADO 234 Blitz Normalement utilis pour la reconnaissance photographique, lArado 234 Blitz fut finalement utilis des fins de bombardement. Nanmoins, quelques exemplaires quips de quatre camras, des Ar 234B-1, entrrent en service en Juin 1944. LArado 234 tait un biracteur ailes mdianes ; surtout, il possdait un train datterrissage tricycle, car lutilisation de chariot largable et de patins latterrissage furent abandonns rapidement pour cause technique. Mais ce dont il faut vraiment parler, cest le sige jectable, le pilote automatique trois axes, et le calculateurs de bombardement BZA, qui furent des vritables technologiques pour lpoque. Il y a peu de choses ajouter sur cet appareil, hormis le fait quil ait particip partiellement la Bataille des Ardennes. Une version plus puissante fut invent et mise au point avec quatre racteurs. Sachant quavec deux racteurs, il tait dj plus rapide que le De Havilland Mosquito, alors, avec quatre racteurs

Caractristiques de lArado 234 Blitz

Envergure Longueur Hauteur Motorisation Puissance totale Armement Poids en charge Vitesse maximale Plafond pratique Distance franchissable Equipage

14, 10 m 12, 63 m 4, 30 m 2 turboracteurs Junkers Jumo 004B 2 x 898 kgp charge offensive 1500 kg 8410 kg 742 km/h 10000 m 1775 km 1

Depuis juin 1940, les Franais ont pris l'habitude d'couter les missions franaises de la BBC, dont la qualit des informations est rpute. Au lendemain de la dfaite et de l'Appel du Gnral de Gaulle, le fil tnu qui reliera la France ses Allis ira s'intensifiant sur les ondes. Ds le lendemain 19 juin 40, la section franaise de la station diffuse chaque jour 2 programmes : celui de la France Libre du Gnral de Gaulle intitul "Honneur et Patrie" et plac sous la direction de Maurice Schumann o s'expriment les combattants qui ont ralli les FFL, suivi du clbre "Ici la France", rebaptis en septembre 40 "Les Franais parlent aux Franais", ralis par la section franaise de la BBC o se succderont, sous l'gide de Jacques Duchesne, Jean Oberl, Pierre Bourdan (de son vrai nom Pierre Maillaud), Yves Morvan dit Jean Marin, Maurice Van Mopps, Jacques Borel, Pierre Dac... Cette dernire mission commence toujours par la mme phrase : "veuillez couter tout d'abord quelques messages personnels". Les auditeurs entendent alors une srie de petites phrases sibyllines et parfois cocasses qui sont en ralit des messages cods destination des rseaux de rsistance qui s'organisent sur le territoire national annonant des parachutages d'armes ou d'agents, des consignes excuter. Le gnrique de ces missions est sans doute rest le plus clbre dans la mmoire collective franaise : ce sont les premires notes stylises de la V Symphonie de Bee thoven qui correspondent en morse - trois brves une longue - la lettre V comme Victoire. Au fil des annes, Radio Londres entretient le moral des Franais qui rsistent, activement ou passivement. A partir de la fin 1942, la radio anglaise annonce la libration de la France et, ayant compris que cette libration sera d'autant plus efficace qu'elle sera soutenue de l'intrieur par diffrentes actions, encourage les Franais ralentir la machine de guerre allemande. Timidement commence par quelques mots d'ordre invitant la population manifester silencieusement lors de journes symboliques comme le 14 juillet, la relation tablie entre l'Angleterre et les Franais ira s'intensifiant et c'est d'une faon presque naturelle que la population attendra les ordres du Commandement Alli. Mais s'ils sont prts obir au Gnral de Gaulle et Londres, les Franais s'impatientent : quand donc aura lieu l'invasion libratrice promise ? Enfin, aprs quatre annes d'attente, au dbut de l'anne 44, le Political Welfare Executive britannique commence diffuser des messages faisant rfrence la grande offensive. La mobilisation silencieuse commence.

De gauche droite : Jacques Duchesne, Paul Bouchon, Genevive Wisner et J.P. Granville. Photo Fondation de la France Libre

Sur des tracts lancs par la Royal Air Force on peut lire des recommandations trs claires destination des rseaux de rsistance : "Ne devancez pas les indications ultrieures qui vous seront donnes par la radio de Londres ou par la radio Amricaine. Restez l'cart de toutes les oprations prliminaires. Le jour o les armes de la libration auront besoin de votre concours actif, vous en serez prvenus !" Le 3 janvier 44, le programme "Les Franais parlent aux Franais" s'adresse aussi aux fonctionnaires des forces de maintien de l'ordre, policiers, gendarmes, gardes mobiles rpublicains, les enjoignant de se dsolidariser des "ennemis du peuple" et prvient que "l'heure n'est pas loigne en effet o les collaborateurs auront rendre des comptes, restituer les bnfices tirs de leur trafic, payer le prix de leur trahison". Aux civils, des consignes sont donnes pour vacuer des villes les femmes, les enfants et les "inutiles". On demande aux paysans de les accueillir et de pourvoir leur ravitaillement. La tension monte, l'heure n'est plus aux appels la prudence que Radio Londres a distills pendant quatre annes. Regroups autour des postes de TSF qui ont chapp aux saisies des autorits d'occupation, les Franais sont dsormais engags dans la lutte active et n'attendent qu'un signe pour passer l'offensive.

Pierre MAILLAUD alias Pierre BOURDAN. DR Le 1er mai 1944 va servir de rptition gnrale du Jour J. Mi-avril, "Honneur et Patrie" lance une campagne pour "un jour d'union et de combat". Le 26, Maurice Schumann relaie le mot d'ordre du Conseil National de la Rsistance qui incite les Franais la grve, multiplier les sabotages, former des milices patriotes et prparer le succs du "soulvement national". Radio Londres reprend galement les ordres donns par les journaux clandestins comme "France d'abord", "Libration" ou "La Vie Ouvrire". De leur ct, le Parti Communiste, le Parti Socialiste, les comits d'action fminine du MLN, la CGT, les Mouvements Unis de Rsistance encouragent les civils faire de ce 1er mai une journe d'insurrection nationale. L'mission "Les Franais parlent aux Franais" appuie vigoureusement ces instructions partir du 28 avril. Ayant rejoint Londres deux mois auparavant, Lucie Aubrac appelle la mobilisation gnrale pour ce "dernier 1er mai clbr sous l'oppression nazie". Il faut dsormais se tenir prt et l'imminence de la dlivrance semble toute proche comme le laisse entendre Andr Gillois dans "Honneur et Patrie" : "l'heure de l'action dcisive va sonner bientt". D'ailleurs, l'augmentation des bombardements allis laisse prsager que le dbarquement approche. Radio Londres multiplie les appels la prudence, les autorits allies craignant que des actions inconsidres et prmatures n'entranent des massacres de civils par l'occupant. Les messages personnels eux aussi se multiplient. Dbut mai 44, le programme "Les Franais parlent aux Franais" intgre l'mission "Honneur et Patrie" et c'est dsormais la voix d'Andr Gillois qui donnera les consignes. Il commence prparer ses auditeurs Franais une libration qui ne se droulera pas en un clair mais prendra plusieurs semaines. Enfin, le 20 mai, la campagne officielle pour le dbarquement est lance sur les ondes. Le 1er juin, 161 messages d'alerte seront diffuss destination des groupes de rsistance. Parmi eux, un certain vers de Verlaine, qui annonce que le Jour J approche : "les sanglots longs des violons". Destin au rseau Ventriloquist, il lance le sabotages des voies ferres situes en arrire des ctes Normandes et Bretonnes. Les rsistants savent que lorsqu'ils entendront la fin de ce vers " bercent mon cur d'une langueur monotone", les troupes allies dbarqueront sur le sol Franais.*

Le 5 juin 21 h 15, ce sont plus de 200 messages qui, pendant plus de 16 minutes, sont adresss aux rsistants : "Ouvrez l'il et le bon" , "Tout le monde sur le pont", "Messieurs, faites vos jeux", "Le gendarme dort d'un il", "Les carottes sont cuites", "Les ds sont sur le tapis" ou encore "les enfants s'ennuient le dimanche" sont autant de messages qui donnent aux Rsistants le signal de passer l'action. Ils doivent dclencher les plans Vert, Violet et Tortue, oprations de sabotages des communications qui devraient ralentir les mouvements des units allemandes. L'opration Overlord est engage. Arriv d'Alger le 3 juin dans la capitale britannique, le Gnral de Gaulle ne dcolre pas. Il est littralement mis devant le fait accompli de ce dbarquement qui doit avoir lieu dans deux jours. Jusqu' la dernire minute, il refuse d'enregistrer un message destin aux Franais. Mais personne ne peut concevoir que la voix de la France Libre ne s'exprime pas la radio en cette journe dcisive. Aussi des tractations fbriles se droulent entre Churchill et de Gaulle. La mto s'en mle et l'offensive, qui devait initialement se drouler le 5 juin, est reporte de 24 heures. Enfin, dans la nuit du 5 au 6 juin 44, 4 heures du matin alors que le dbarquement est imminent, un accord est trouv entre le premier ministre britannique et le gnral franais.

Tract de Vichy contre Radio Londres A 12 h 30, de Gaulle enregistre un message qui sera diffus 18 heures. Ce mardi 6 juin 1944 9 h 30, les auditeurs Franais entendent un premier communiqu alli, puis un message du gnral amricain Eisenhower, suivi des traductions des messages des souverains allis. A 17 h 30 enfin, la voix du Gnral de Gaulle retentit : "La bataille suprme est engage. Aprs tant de combats, de fureur, de douleurs voici venu le choc dcisif, le choc tant espr. Bien entendu, c'est la bataille de France et c'est la bataille de la France. D'immenses moyens d'attaque, c'est--dire pour nous de secours, ont commenc dferler partir des rivages de la vieille Angleterre. Devant ce dernier bastion de l'Europe l'Ouest fut arrte nagure la mare de l'oppression allemande. Il est aujourd'hui la base de dpart de l'offensive de la libert. La France, submerge depuis quatre ans mais non point rduite ni vaincue, la France est debout pour y prendre part.Pour les fils de France, o qu'ils soient quels qu'ils soient, le devoir simple et sacr est de combattre par tous les moyens dont ils disposent. Il s'agit de dtruire l'ennemi, l'ennemi qui crase et souille la Patrie, l'ennemi dtest, l'ennemi dshonor. L'ennemi va tout faire pour chapper son destin, il va s'acharner tenir notre sol aussi longtemps que possible. Mais, il y a beau temps dj qu'il n'est plus qu'un fauve qui recule, de Stalingrad Tarnopol, des bords du Nil Bizerte, de Tunis Rome, il a pris maintenant l'habitude de la dfaite".

Cette bataille, la France va la mener avec fureur. Elle va la mener en bon ordre. C'est ainsi que nous avons, depuis quinze cents ans, gagn chacune de nos victoire. C'est ainsi que nous gagnerons celle-l. En bon ordre! [... ] La bataille de France a commenc. Il n'y a plus dans la nation, dans l'Empire, dans les armes qu'une seule et mme volont, qu'une seule et mme esprance. Derrire le nuage si lourd de notre sang et de nos larmes voici que reparat le soleil de notre grandeur."

Maurice SCHUMANN. Photo Ordre de la Libration * Il semble que le texte du message fasse rfrence la chanson de Charles Trenet trs inspire du pome de Verlaine avec quelques diffrences. En effet, les sanglots longs de Verlaine "Blessent mon cur d'une langueur monotone" tandis que ceux de Trenet "Bercent mon cur d'une langueur monotone". Sources : - Fondation Charles de Gaulle - "Radio Londres 1940-1944 les voix de la libert" Aurlie LUNEAU Ed.PERRIN 2005 - www.doctsf.com

Copyright Forum Le Monde en Guerre, juin 2007.

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