Chapitre 5 :

Des Classiques Marx

Annie Jolivet
Introduction lanalyse conomique
L1, Facult J. MONNET
20082009

IRES

Les Classiques
Ligne dauteurs qui se succdent sur plus de 70 ans :
- anglais essentiellement :
Adam SMITH (1776)
Robert MALTHUS (1798)
David RICARDO (1810)

Stuart MILL (1848)

- franais : Jean-Baptiste SAY (1817)

- suisse : Sismonde de SISMONDI (1819)

des questions communes, adhsion au libralisme, mais pas de

vritable unit de pense

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Plan du chapitre
5.1. Les Classiques (fin XVIIIme - premire moiti
XIXme sicles)
5.1.1. Adam Smith
5.1.2. David Ricardo
5.1.3. Robert Malthus
5.1.4 Jean-Baptiste Say
5.2. Marx (XIXme sicle)

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5.1. Les Classiques

Terme Classique donn a posteriori par MARX
Contexte :
- la fin du XVIIIme sicle, au Royaume-Uni, lgislation sur les
enclosures exode rural
- 1re rvolution industrielle
dveloppement dun proltariat dans les grands foyers urbains
- fin XVIIIme sicle, accroissement de la population
transition dmographique
- dveloppement de la pense utilitariste (Jeremy BENTHAM)

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5.1.1. Adam SMITH

Plusieurs apports
le rle de la division du travail
la source de la valeur, le passage de la valeur au prix
la notion de main invisible
la notion davantage absolu

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La division du travail et lchange (1)

Question : do vient la richesse dune nation ? do viennent les
biens ncessaires et commodes la vie que consomment les
individus dans une nation donne ?
du travail
Sinterroger sur les moyens daugmenter la richesse, cest donc
rechercher les moyens de rendre le travail plus productif

Rponse : la division du travail

chacun se consacre une tche pour laquelle il dispose dun
talent particulier : exemple de la manufacture dpingle
la division du travail permet daugmenter de faon
considrable le nombre de biens que peut produire un nombre
donn de travailleurs

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La division du travail et lchange (2)

Quelle est lorigine de la division du travail ?
le penchant des tres humains pour lchange, chacun y trouvant
intrt.
Pour SMITH, les nations civilises et en progrs ne le sont que
parce quelles sont fondes sur lchange.

Remarque : dans son analyse, la monnaie na pas dautre fonction

que de faciliter les changes

Question : quelles rgles dterminent lchange de marchandises

lune contre lautre ou contre de largent ? Quelle est la valeur
relative des marchandises ?

les biens sont considrs selon leur capacit schanger

lenrichissement de la socit dpend de lextension des
changes : fondement du libralisme conmique
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De la thorie de la valeurtravail au prix (1)

Analyser la marchandise du point de vue de sa valeur dchange ne
signifie pas ignorer le besoin quelle satisfait, sa valeur dusage.
Cependant il ny a pour SMITH aucun rapport entre les valeurs
dusage et dchange : paradoxe de leau et du diamant
En effet, dans une socit fonde sur lchange, lindividu se
caractrise par sa capacit acqurir des biens sur le march
(mme chose pour une nation)
la richesse est la capacit acheter des marchandises
produites par dautres, acheter leur travail, ou, comme le dit
SMITH, le commander

Donc la valeur dchange dune marchandise est gale la

quantit de travail que cette marchandise permet de commander
thorie dite de la valeur-travail command
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De la thorie de la valeurtravail au prix (2)

Il sagit dune thorie de la valeur centre sur loffre.
SMITH distingue alors :
- le prix naturel, celui qui doit tre pay pour que la marchandise
soit produite
- et le prix de march, auquel la marchandise est effectivement
vendue. Il fluctue en fonction de loffre et de la demande
cest la concurrence qui assure que le prix de march gravite
autour du prix naturel
Comment passer de la valeur dchange au prix ?
La valeur dchange ne dpend que du travail ncessaire la
production du bien dans les socits primitives
Ds lors que certains individus mettent la disposition dautres
des capitaux, le prix incorpore la rmunration du capitaliste (le
profit) et celle du propritaire foncier (la rente)
Exemple du daim et du chasseur
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La main invisible
La parabole de la main invisible
en laissant les individus libres dorienter leurs activits selon
leur intrt propre, on assure ncessairement lintrt de la
socit toute entire
Pourquoi la main invisible est-elle importante ?
- lchange oriente les activits individuelles dune faon efficace
et juste (tous y ont intrt)
- lchange respecte la libert des individus, et ce faisant
favorise le bien commun
lconomie politique est donc le discours conomique sur la
libert
lintervention de lEtat est donc inutile, nuisible et dautant
plus nuisible quefficace

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5.1.2. Robert MALTHUS (1)

Constat : dveloppement dune misre ouvrire dans les grands
centres industriels anglais
Question : misre produite par le systme capitaliste ou naturelle,
quel que soit le systme co ?
quelle relation entre laccroissement de la population
(ou croissance dmographique) et laugmentation des
biens de subsistance ?
Explication par le dcalage, inhrent toute socit, entre 2 lois :
- la loi de progression gomtrique de la population
x2 tous les 25 ans (1-2-4-8-16)
- la loi de progression arithmtique des biens de subsistance
+2 tous les 25 ans (1-3-5-7-9)
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5.1.2. Robert MALTHUS (2)

Comment rsorber cet cart ?
intervention de lEtat : aide aux plus dmunis (lois sur les pauvres
en Angleterre) ?
NON : cela ne fait quentretenir le dcalage
- par des vnements tels que famines, guerres,
- par la baisse de la natalit (contrle des naissances), le mariage
tardif (critre de ressources), le clibat.
Remarque : nomalthusianisme, cf. lois antinatalistes (Inde, Chine)
Thorie infirme par la progression constate de la population
(trs infrieure) et des biens (bien suprieure)
- MALTHUS ne disposait pas de donnes statistiques
(1er recensement en Angleterre : 1801)
- progrs agricoles et gains de productivit dans lindustrie pas
pris en compte
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5.1.2. Robert MALTHUS (3)

Plusieurs apports fondamentaux
tude de la population un lment de lanalyse conomique
premire thorie de la rente foncire
et surtout thorie de la sous-consommation :
solution propose :
- accroissement du commerce extrieur
- embauche des sans emploi dans le cadre dune politique
de grands travaux

augmentation de la consommation intrieure quil appelle

consommation effective - Terme repris par KEYNES en 1936

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5.1.3. David RICARDO

Plusieurs apports
lanalyse de la rpartition du revenu et de ses consquences sur
la croissance conomique
le passage de la valeur au prix
la thorie quantitative de la monnaie

la notion davantage comparatif

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La thorie de la valeurtravail (1)

RICARDO reprend la thorie de la valeur-travail
mais rupture avec SMITH sur le passage de la valeur au prix :
rejet de la thorie de la valeur-travail command
- dfinition plus prcise de la marchandise analyse uniquement
des marchandises reproductibles par le travail
Valeur issue :
soit de leur raret
soit de la quantit de travail ncessaire leur production
- valeur du travail (talon retenu par SMITH) pas invariable :
elle varie court terme en fonction de loffre et de la demande
ce nest pas le salaire qui dtermine la valeur des biens de
subsistance, mais linverse
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La thorie de la valeurtravail (2)

- valeur dchange : dpend de la quantit de travail ncessaire
pour produire la marchandise.
Pour SMITH, diffrence entre nations civilises et primitives
Pour RICARDO, quelle que soit la socit, la valeur dchange dune
marchandise dpend du travail incorpor, cest--dire
du travail direct (par les travailleurs qui la produisent)
et du travail indirect (ncessaire pour produire les moyens de
production et transmis la marchandise quand ils sont utiliss)

le travail incorpor permet de mesurer la plus ou moins grande

difficult de production : la valeur dpend donc des
caractristiques de la production, pas dun change particulier

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La thorie de la rpartition (1)

RICARDO distingue 3 catgories :
- les ouvriers offrent leur force de travail et reoivent en change
un salaire, fix au niveau de subsistance
- les propritaires fonciers louent la terre et reoivent une rente

foncire

- les capitalistes avancent le capital (machines et fonds de salaire)

et sont rmunrs par le profit
Le profit est rsiduel : cest ce qui reste quand les salaires et la
rente foncire ont t pays. Sans profit, pas dincitation investir
Comment la rpartition des revenus volue-t-elle ?

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La thorie de la rpartition (2)

Les capitalistes accumulent les profits
besoin dun plus grand nombre de travailleurs
ncessaire daccrotre les biens de subsistance, donc mise en
culture de nouvelles terres, moins productives que celles dj
utilises ou intensification de la culture cot de production plus
lev sur ces terres donc hausse gnrale des prix des biens de
subsistance
rente diffrentielle pour les producteurs disposant des
meilleures terres (rente = prix de march - cot de production)
mais capitaliste contraint de relever les salaires (hausse du prix du
bl) baisse de son profit
Lorsque profit nul, aucune incitation investir
tat stationnaire cest--dire croissance zro

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La thorie de la rpartition (3)

Pour retarder lavnement de ltat stationnaire, 2 solutions :

- interne au pays raliser des gains de productivit dans

lagriculture, grce au progrs technique
- externe au pays importer du bl de ltranger
souvrir au libre change (donc abolition des corn laws)

Remarque : controverse avec MALTHUS sur ce point

MALTHUS conclut aussi que lconomie tend vers un tat
stationnaire, mais prconise le maintien des lois sur le bl

En effet, baisse de la fertilit des terres quand la production

agricole augmente hausse de la valeur dchange des produits
agricoles augmentation de la rente foncire
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La thorie de la rpartition (4)

Pour MALTHUS, la hausse de la rente a un effet > 0 :
Les propritaires sont en effet la seule classe qui ne produit pas
mais qui entretient la consommation
Remarque : dbat que lon retrouve entre auteurs classiques et
keynsiens crise due un blocage des conditions de production
ou une insuffisance de la demande ? (thorie du dsquilibre)
RICARDO adhre lui ce que lon appellera la loi de SAY : pas de
problme gnral de dbouchs
Remarque : ils sintressent une question diffrente
RICARDO sintresse la tendance LT
MALTHUS aux crises priodiques

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5.1.4. JeanBaptiste SAY

Principal apport : la loi des dbouchs (1817)
toute offre gnre sa propre demande
Explication :
toute production cration dune somme de revenus dgale
valeur
Au niveau global, les agents conomiques ne peuvent demander des
biens et services que parce quils vendent des biens et services
pour une valeur quivalente
Pas simple galit comptable si lon suppose :
- un raisonnement en longue priode o toute pargne est investie
- que la monnaie pas nest pas demande pour elle-mme
seulement intermdiaire des changes

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5.2. MARX
Souvent prsent comme le dernier des Classiques
Il est la fois dans la continuit et en rupture avec les Classiques
il reprend la thorie de la valeur travail mais y introduit la
notion dexploitation
il propose une analyse de la crise, crise dans le capitalisme et
crise du capitalisme

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La thorie de la valeurtravail (1)

Il reprend la thorie de la valeur objective, mais il analyse plus
finement la manire dvaluer la quantit de travail incorpor dans
une marchandise
plusieurs distinctions :
travail abstrait : cest la substance de la valeur. Toute dpense
gnrique de force humaine origine de la valeur dchange
/travail concret : origine de la valeur dusage

travail simple/travail complexe : addition des heures de travail

doit prendre en compte la diversit de qualifications des
travailleurs

conditions particulires de production / temps socialement

ncessaire : conditions de production en usage temps moyen

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La thorie de la valeurtravail (2)

Travail vivant / travail mort
valeur dune marchandise fonction du travail vivant (ou travail
direct chez les Classiques) et du travail mort (travail ncessaire
la production des biens de production utiliss)

Objectif du capitaliste : pas seulement produire une marchandise

qui a une valeur dchange,
mais produire une valeur dchange > valeur dpense dans lachat
des marchandises ncessaires pour la produire
il ne vend pas pour acheter : M A M
(marchandise argent marchandise)
Mais il achte pour vendre : A M A, avec A>A

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La thorie de la valeurtravail (3)

Question : do vient la valeur supplmentaire, appele plus-value ?
- pas de lchange lui-mme
- mais dune marchandise qui cre de la valeur lorsquon la
consomme : le travail
Comment ?
ce que paie le capitaliste au travailleur, ce nest pas le produit du
travail (sa valeur dusage) mais la force de travail (sa valeur
dchange) rmunre au salaire de subsistance

Plus value (appel aussi

surtravail ou travail impay)

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= valeur cre par

_ valeur
la force de travail
paye)

La thorie de la valeurtravail (3)

2 indicateurs :

le taux dexploitation ou taux de plus-value

plus-value / capital variable soit pl/v
Rapport de la valeur extorque au travail la valeur des biens de
subsistance ncessaires la reproduction de la force de travail
2 faons daugmenter ce taux :
- productivit ( plus-value relative)
- temps de travail ( plus-value absolue)
le taux de profit : plus-value / capital variable soit pl/v + c
+
capital fixe
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Crise dans le capitalisme et du capitalisme (1)

Question : comment volue le taux de profit ?
Plus-value rinvestie dans la production
processus de capitalisation de la plus-value ou accumulation
changement dans la composition organique du capital c/v
c c/v
mais taux de profit (non perue par le capitaliste : myopie
du capitaliste )

Pourquoi ?
substitution du capital constant c au capital variable v
taux de profit car le capital constant ne cre pas de valeur
supplmentaire

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Crise dans le capitalisme et du capitalisme (2)

Baisse du taux de profit crises cycliques
et terme crise du systme
Pourquoi ?
Substitution du capital constant c au capital variable v
chmage (endogne au systme capitaliste, pas accident)
Cette arme de rserve industrielle ou surnumraire cre
court terme les conditions de prolongement puisque pression
sur les salaires
Mais chmage crise de surproduction des biens de
consommation prix taux de profit
Rptition de ces crises crise du systme lui-mme

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