La Horaine est une vedette de relèves, d'entretien et de ravitaillement[1] du Service des phares et balises des Côtes-d'Armor lancée en 1957 par les Ateliers et Chantiers Auroux d'Arcachon. Basée à Lézardrieux, cette vedette était affectée aux relèves des gardiens de phares, à leur ravitaillement ainsi qu'à l'entretien des signaux maritimes jusqu'en 2006.

La Horaine
illustration de La Horaine
La Horaine dans le port de Paimpol

Type Vedette de relèves, d'entretien et de ravitaillement
des Phares et balises
Histoire
Chantier naval Chantiers Auroux, Arcachon.
Lancement 1957
Mise en service novembre 1957 (convoyage d'Arcachon à Lézardrieux)
Statut Bateau d'intérêt patrimonial (2008), propriété privée
Équipage
Équipage 4, et 6 passagers
Caractéristiques techniques
Longueur 15,60 m (hors-tout)
14,50 m (flottaison)
Maître-bau 4,06 m
Tirant d'eau 1,45 m
Déplacement 20 tonnes
Tonnage 26,82 tjb
Propulsion 1 hélice sur réducteur
Diesel DK6 Baudouin
Puissance 1 × 88 kW
Vitesse 12 nœuds
Carrière
Pavillon France
Port d'attache Lézardrieux puis Paimpol en 2008
Indicatif FJ4814
Protection BIP (Patrimoine maritime)

Elle a remplacé en 1958 l'ancienne vedette La Horaine construite en 1938, dont elle est un sister-ship, pour le service principal des phares des Roches-Douvres et du Grand Léjon.

L'ancienne vedette, renommée La Triagoz, a été attachée au port de Perros-Guirec pour terminer sa carrière. La Triagoz a effectué les relèves des phares des Sept-Îles et des Triagoz jusqu'en 1979.

La première vedette nommée La Horaine a servi à l'évasion de résistants français vers Dartmouth en .

Vendue par les Domaines à un particulier en 2008, La Horaine a, depuis cette date, comme port d'attache Paimpol et est classée Bateau d'intérêt patrimonial par la Fondation du patrimoine maritime et fluvial.

Caractéristiques de la vedette La Horaine

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La timonerie de La Horaine, quittant le port de Paimpol, en route pour le passage de la Route du Rhum 2010 au N-E de Bréhat, au large du plateau de la Horaine, dont elle a repris le nom

Les éléments qui suivent figurent dans le dossier du bâtiment que la subdivision des Phares et balises de Lézardrieux a remis à son acquéreur privé en 2008.

Caractéristiques générales

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La Horaine a été construite en 1957 à Arcachon par les Ateliers et Chantiers Auroux. Longue de 15,6 m et large de 4,06 m, la longueur de flottaison est de 14,5 m. Son tonnage est de 26,82 tjb. Elle déplace environ 20 tonnes.

Sa coque est une construction en bois bordée à franc-bord, entièrement pontée, munie d'une timonerie légèrement sur l'arrière, au moteur central.

Son pont à teugue comprend un pont avant et un pont arrière situé à un niveau inférieur. Le pont avant est prolongé au même niveau par une superstructure permettant la ventilation et l'éclairage de la chambre des machines. Cette superstructure se termine par une cabine, le poste de pilotage, ou timonerie. Cette timonerie était complétée par un auvent toilé recouvrant partiellement la baignoire arrière.

Cette baignoire arrière, d'origine, a été supprimée pour des raisons de sécurité, la cabine contenant la timonerie ayant été rallongée.

Une voilure d'appoint, constituée d'un foc et d'une misaine à corne équipait la vedette à ses débuts.

Un canot servant aux relèves des gardiens de phare fait partie de son armement.

Échantillonnage

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Suivant le plan d'échantillonnage no 260-261 des Chantiers Auroux du , la charpente (quille, varangues, carlingue et carlingots, bauquière, barrots et barrottins, bourlingue et longerons de moteur) est en chêne.

Les ponts et hiloires sont en iroko, le bordé en acajou est posé sur des membrures en acacia ployées à la vapeur.

Propulsion

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Lubrification à la burette des culbuteurs du moteur Baudouin DK6 avant le démarrage

Le moteur Diesel Baudouin DK6 à 6 cylindres, de 88 kW à 1 000 tr/min entraîne une hélice à 3 pales de diamètre 840 mm au pas de 540 mm par l'intermédiaire d'un réducteur- inverseur aux 3/4, à l'origine.

En 1962 des problèmes d'usure par cavitation de l'hélice et de sa remplaçante, conduisent à remplacer l'hélice de diamètre 840 mm par une hélice de diamètre 1 000 mm, réduire sa vitesse de rotation par l'adoption d'un réducteur de 1/2 au lieu de 3/4 et la reculer de 200 mm par rapport à l'étambot.

Le démarrage du moteur s'effectue à l'air comprimé. Deux bouteilles d'air comprimé, permettant de 3 à 6 démarrages sont rechargées par le même cylindre moteur qui permet le lancement. Ce cylindre est ensuite remis en mode de fonctionnement normal, c'est-à-dire isolé du circuit d'air comprimé et alimenté en gazole. Les premières explosions sont réalisées, pour des démarrages à froid, à l'aide de cigarettes d'allumage servant de bougies de préchauffage, et installées manuellement.

La lubrification du moteur est réalisée par barbotage, la partie supérieure étant huilée manuellement à l'aide d'une burette au niveau des rainures supérieures des culbuteurs avant le démarrage. Toutes les quatre heures de marche, le mécanicien appuie ensuite sur une pédale actionnant une pompe à huile.

Aménagements

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La Horaine suivant les plans de 1957 des Ateliers et Chantiers Auroux

De l'avant à l'arrière : puits à chaînes, poste d'équipage, toilettes, compartiment moteur, timonerie, plage arrière, coqueron arrière.

La timonerie a été allongée, la plage arrière est au même niveau que le plancher de la timonerie, la baignoire arrière supprimée.

La coque comporte 4 cloisons étanches. Voir le schéma.

Les évadés de La Horaine

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La vedette La Horaine, la première du nom, celle qui servit à l'évasion de 1943, renommée La Triagoz, photographiée en 1977 à Lézardrieux par François Jouas-Poutrel, gardien du phare des Roches-Douvres pendant 21 ans

Le [PA 1], à la faveur d'une relève du gardien du phare des Roches-Douvres, la vedette La Horaine prend le chemin de Dartmouth, au lieu de revenir à Lézardrieux, avec à son bord Charles Jézéquel, le gardien de phare descendant[Note 1], Jean Le Meur, un autre gardien de phare, le mécanicien de La Horaine Pierre Richard, son pilote Louis Thomas, Yvon Jézéquel, membre de l'équipage, et Karl, un militaire allemand fait prisonnier lors de l'évasion[LMA 1].

L'opération, d'abord prévue pour le , est repoussée au d'abord pour cause de tempête, puis pour un mitraillage malencontreux de La Horaine par la Royal Air Force[LMA 2], la RAF l'ayant confondue avec une vedette rapide allemande stationnée également à Lézardrieux.

Cette opération a un double objectif : permettre à l'équipage enrôlé et à deux des gardiens de phares basés à Lézardrieux de rejoindre le monde libre, ainsi qu'à deux douzaines d'hommes en attente à Plougrescant, dont des pilotes alliés dont les avions avaient été abattus.

L'opération La Horaine est organisée par le lieutenant André Cann et l'ingénieur des ponts et chaussées André Le Bras[Note 2], alors responsable local du Service des phares et balises et membre du réseau Cohors-Asturies[LMA 3].

À la suite du report de la date, la marée étant défavorable à l'approche de Plougrescant, la seconde phase de l'opération échoue, et seulement les cinq personnes précitées gagnent l'Angleterre après avoir neutralisé Karl, le soldat allemand, sur la route des Roches-Douvres à Plougrescant. Elles arrivent en Angleterre le . Les évadés ont eu des destins divers[PA 2], en particulier Yvon Jézéquel, qui revient en Bretagne en monter une mission Blavet, en liaison avec le réseau Turquoise[LMA 4].

Yvon Jézéquel (1924-1945), né à Lézardrieux, est inscrit en 1942 dans une classe préparatoire et désire intégrer l'École navale. Après la fermeture des classes préparatoires à cette école par le Gouvernement de Vichy, qui suivait le sabordage de la flotte française à Toulon, Yvon Jézequel envisage de s'engager dans les Forces navales françaises libres en utilisant La Horaine. André Le Bras lui conseille de participer à cette évasion groupée de , qui se concrétise pour lui par une formation d'agent secret intensive en Angleterre, et un retour le à l'Île d'Er comme chef du réseau Turquoise[PA 3]. Ce réseau Turquoise, chargé du renseignement sur la baie du Mont Saint-Michel, est démantelé par la Gestapo en . Des trente trois membres du réseau, quatorze sont déportés, et sept mourront dans les camps, dont Yvon Jézéquel et sa sœur Simone[PA 4].

Classement au Patrimoine maritime et fluvial

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La Horaine, deuxième du nom, a été labellisée BIP (Bateau d'intérêt patrimonial) par la Fondation du patrimoine maritime et fluvial en 2008 sous le no 333226 comme bateau de service[PMF 1].

Bibliographie

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  • Rémy, La Maison d'Alphonse, Condé-sur-L'Escaut, Librairie académique Perrin (no  207), , 377 p.
  • Henri Dumoulin, Phares maudits, Saint-Malo, Ancre de marine, , 223 p. (ISBN 978-2-905970-61-9, LCCN 93233360)
  • Colonel Rémy, La Résistance à vingt ans, Rennes, Ouest-France, (ISBN 978-2-85882-761-9, OCLC 12321399)
  • Roger Huguen, Par les nuits les plus longues, Rennes, Ouest-France, , 508 p. (ISBN 978-2-7373-0009-7)
  • René Pichavant, Clandestins de l'Iroise, Morgane, , 478 p. (ISBN 978-2-904374-08-1)
  • Hervé Le Boterf, La Bretagne dans la guerre : 1942-1943-1944, Paris, France-Empire, 609 p. (ISBN 978-2-7048-0908-0)
  • (en) Brooks Richard, Secret Flotillas : Clandestine Sea Operations to Britany : 1940 - 1944, Library of Congress, coll. « Master e-book » (ISBN 978-0-203-64211-5)
  • Jean-Christophe Fichou, Il était une flotte pour les phares : l'histoire houleuse de la flotte de travail des phares et balises, Rennes, Marines éditions, , 157 p. (ISBN 978-2-35743-030-3, OCLC 690428308)

Notes et références

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  1. Jean-Christophe Fichou, Il était une flotte pour les phares, « Les vedettes d'entretien et de ravitaillement », Marines éditions, Rennes, 2009, p. 132
  • La Maison d'Alphonse, « Le radiophare et la vedette »
  1. Rémy, La Maison d'Alphonse, p. 332
  2. Rémy, La Maison d'Alphonse, p. 335
  3. Rémy, La Maison d'Alphonse, p. 328
  4. Rémy, La Maison d'Alphonse, p. 339

 :

  1. Le bureau de l'association La Horaine, Cap sur le monde libre, La Presse d'Armor, 26 septembre 1992
  2. Le bureau de l'association La Horaine, Les Hommes de « La Horaine » : des destins divers, La Presse d'Armor, 3 octobre 1992, p. 6
  3. Le bureau de l'association La Horaine, L'Évasion de « La Horaine », La Presse d'Armor, 3 octobre 1992, p. 7
  4. Le bureau de l'association La Horaine, Réseau Turquoise - Mission « Blavet » : de l'organisation aux arrestations, La Presse d'Armor, 10 octobre 1992, p. 14

 :

  • Patrimoine maritime et fluvial

 :

  • Notes :
  1. Le gardien de phare descendant est celui qui est relevé, celui qui descend pour se faire remplacer
  2. André Le Bras a dirigé, après la guerre, la reconstruction du phare des Roches-Douvres

Annexes

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Articles connexes

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Autres bateaux utilisés par les services des phares et balises :

  • Velléda, vedette des Phares et balises du Finistère
  • Blodwen, vedette des Phares et balises du Finistère
  • Somme II, baliseur de la Somme, classé monument historique

Liens externes

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