De l'autre côté: la traversée
Par Clara Rose
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À propos de ce livre électronique
Clara Rose
Clara-Rose, passionnée de cinéma et d'aventures à voulu du haut de ses 20 ans écrire sa propre histoire...
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Aperçu du livre
De l'autre côté - Clara Rose
1.
PRIS AU PIÈGE
Elle était pâle, le sang sur son visage s’écoulait sur le sol brûlant. Ses yeux avaient du mal à s'ouvrir, mais elle n'avait pas besoin de voir pour comprendre que sa vie venait de prendre fin. Son corps engourdi, écorché vif et ses os brisés suffisaient à peine à maintenir ses poumons en place. Alors qu'elle peinait à remplir son corps d'air, de jolies rimes vinrent lui chatouiller l'esprit. Ils provenaient d'un poème qu'elle avait lu quelques semaines auparavant.
« Sous ces lueurs brûlantes,
Mon âme guerrière
Se disperse dans les airs.
Voilà que s’arrête
Mon cœur de battante.
Et maintenant que reste-t-il ?
Une lueur d’espoir
La même que l’on ressent
Sur le champ de bataille
Juste avant que la guerre commence… »
Elle pensait que c'était une bien belle façon de formuler l'espoir. Alors que les minutes s’écoulaient elle aperçut des lumières inconnues. Elle sentait faiblement des odeurs singulières et pouvait ressentir sous ses paumes sanglantes une poussière humide qui dégageait une chaleur torride mais étrangement revitalisante.
Ce qui semblait être les étoiles éclairaient son corps meurtri allongé face contre terre. Sa respiration était la même que lorsqu'on se réveille un matin d'hiver, lente et paisible. Cela lui rappela que face à cette chaleur oppressante le froid lui manquait. C’était sa période préférée, les boissons chaudes, les films sous les draps, ainsi que les nombreuses heures qu'elle passait chez sa meilleure amie pour faire les décorations de Noël. Puis, ce fut le dernier souvenir de son ancienne vie dont elle se rappela. La chaleur mélangée à l'odeur de l’essence la plongea dans un sommeil qui aurait pu être éternel.
Ses yeux d'un bleu intense se rouvrirent à une vitesse folle. Elle se redressa avec une rapidité quasi surhumaine. Elle était affolée comme si on était en train de la noyer. Il fallut quelques secondes à son cerveau pour s'apaiser et retrouver des mouvements plus doux qui lui étaient familiers. Autour d'elle, un vide. Son corps était maintenu par une longue chaise blanche, très confortable mais bizarrement visqueuse. Les murs étaient blancs, ainsi que le sol et ses vêtements. Seul un livre d'un rouge écarlate brisa cette harmonie. Celui-ci attira son attention. Alors qu'elle se penchait pour le saisir, elle s'aperçut que ses mains étaient d'un beige parfait, elle ne ressentait aucune douleur, rien ne vint ternir son visage. Cette constatation remit en cause son souvenir d'un corps agonisant. Elle était perdue, plus rien ne lui venait en tête, même pas son propre prénom. Son souffle s’accéléra, tout autour d'elle était nouveau, tout ce qu'elle touchait ou respirait semblait sortir du commun. Elle se sentait totalement différente comme si son corps avait servi pour des expériences de laboratoire. Désemparée, elle ouvrit ce livre épais qui paraissait neuf. La première page était vierge, de même pour la deuxième puis la troisième jusqu'à la dernière. La jeune femme commença à rentrer dans un état de stress, elle se leva d'un bond, prise par la peur de ne rien comprendre. À quoi cela rimait ? Ça ne pouvait être que le fruit d'une mauvaise blague. Son premier réflexe fut de chercher une porte pour sortir de cet endroit trop homogène. Mais elle ne trouva rien, même pas le semblant d'une fenêtre. La lumière d'un blanc éclatant commençait à l’éblouir, cela devait faire plus de deux heures qu'elle tournait en rond et aucun de ses cris ni de ses coups dans le mur ne changeaient quelque chose. Alors que la fatigue commençait à la saisir, elle entendit des bruits de pas. Elle se leva aussi vite qu'elle put et reprit ses appels au secours. Une entrée se dessina dans un des murs comme si elle avait toujours été là. Stupéfaite, elle recula d'un pas mais prête à bondir pour sortir d'ici. Trois hommes cette foisci habillés en noir rentrèrent dans la pièce sans aucune dangerosité. Cela la mit en confiance.
– Bonjour, où suis-je ? Et qui êtesvous ? dit-elle sans pouvoir cacher son désarroi.
– Nous sommes la section 8 madame, en charge de recevoir les nouveaux arrivants. J'imagine que vous devez vous poser beaucoup de questions et nous allons vous répondre, cependant nous allons vous demander d'effectuer quelques tests avant toutes choses. L'homme avait une magnifique peau foncée, sa voix rauque lui donnait un air sévère mais son regard inspirait confiance. Je vais vous demander de nous suivre s'il vous plaît, reprit le bel homme.
– Écoutez, il doit y avoir erreur je ne sais pas du tout ce que je fais ici.
Elle ne put s’empêcher de finir sa phrase en sanglot, prenant conscience de la gravité de la chose. Elle était psychologiquement épuisée et n'avait aucun contrôle, aucun.
– Je sais madame, nous sommes tous passés par là.
Elle suivit sans d'autres choix les trois grands hommes. Malgré leur beauté quasiment surnaturelle, et leur imposant physique, elle ne s’était jamais sentie autant en confiance de toute sa vie.
Ils durent longer des couloirs d'un identique blanc pendant de longues minutes sans un mot. Sur le chemin, elle croisa des hommes et des femmes tous plus beaux et courtois les uns que les autres. Leurs sourires et leurs salutations étaient les bienvenus en cette situation inexplicable. Alors qu'elle aperçut enfin une porte, un des hommes qui avait des yeux d'un vert perçant brisa le silence.
– Tu es très courageuse, moi j'ai pleuré au moins cinq fois avant de me retrouver devant les bureaux.
« Les bureaux ? » se dit- elle. Elle lui esquiva un bref sourire, sincère mais dissimulé par son inquiétude. Sans interrompre leur marche, une porte s'ouvrit automatiquement, comme enclenchée par un détecteur de mouvement, c'est alors que son souffle fut coupé. Devant elle se trouvait une cinquantaine voire une centaine de personnes, toutes habillées chiquement. Ils étaient assis à de magnifiques bureaux. Mais ce qui retint son attention fut les énormes baies vitrées qui donnaient sur le plus beau paysage qu'elle se rappelait avoir vu. Même si ses souvenirs étaient très limités, elle avait conscience que ce qu'elle vivait n'avait rien d'habituel. Ce spectacle ralentit son allure et la laissa bouche bée. Sans qu'elle puisse avoir le temps de regarder entièrement l'immense pièce, l'homme aux yeux verts lui saisit le bras pour qu'elle continue d'avancer. Quelques secondes plus tard, ils s'engouffrèrent dans des couloirs beaucoup moins esthétiques, plus sombres mais qui faisaient moins mal aux yeux. Cette fois-ci, ils s’arrêtèrent devant une immense porte métallique, le premier homme sortit un badge afin de le scanner devant un boîtier métallique.
Les portes s’ouvrirent sur une femme d'une beauté incontestable, aux allures d'une diva américaine. Ses yeux étaient envoûtants, elle portait une longue robe rouge qui sculptait son corps.
– Branchez-là de suite, je veux une analyse complète. Rédigez un rapport sur le moindre de ses souvenirs, de ses fréquentations, sur chacune de ses notes, de ses disputes et même du dernier moment où elle a pissé ! C'est bien clair ?
Les mots et l’intonation de cette dame lui glacèrent le sang. Sur le moment, toute sa beauté disparut.
– Oui madame, répondirent à l'unisson les trois hommes.
Elle fut installée en moins d'une minute sur une chaise, cette fois-ci beaucoup moins confortable. Des électrodes étaient fixées sur chaque recoin de son visage, et des aiguilles venaient se planter dans ses bras. C'est à cet instant que l'instinct de survie reprit le pas sur l'impuissance. D'une force qu'il lui semblait, une fois de plus, méconnue, elle arracha chaque élément médical qui se trouvait sur son corps. Accompagné d'un cri de rage elle se leva et exigea sur le champ des réponses. La femme à la belle robe en fut surprise, un air de supériorité apparut sur son visage parfait.
– Oh, mais ma chérie ne t’énerve pas, nous allons prendre soin de toi, allez reste assise.
La jeune femme l'aurait écouté avec plaisir si son ton ne ressemblait pas à celui d'un maître parlant à son chien.
– Je ne ferai rien du tout si vous ne m'expliquez pas ce qu'il se passe ! dit-elle avec conviction.
– Bon écoute, je n'ai pas de temps à perdre jeune fille tu n'es pas la bienvenue, tu es ici par erreur, mais ne t'en fais pas mon sucre, il nous suffit de quelques examens et tu seras vite de retour chez toi, d'accord ?
– Hein ? Mais c'est quoi ''ici'' au juste ?
Elle n'eut à peine le temps de finir sa phrase qu'une sorte de récipient transparent se posa au niveau de son nez, elle perdit connaissance et ne put qu’apercevoir l'air désolé de l'homme à la peau foncée.
Impossible de dire combien de temps s’était écoulé mais elle avait l'impression que ça devait se compter en mois. Elle se sentait différente. Si ses souvenirs étaient déjà flous, maintenant tout semblait confus et sans aucun sens. En ouvrant de nouveau les yeux, elle put reconnaître la même pièce, toujours sur cette chaise inconfortable où elle était attachée, seulement les habits des gens qui l'entouraient avaient changé. Elle reconnut les trois hommes ainsi que la belle femme, mais une dizaine de personnes en blouse blanche et au regard inquiet lui paraissaient étrangères. Sa gorge était sèche et ses yeux lourds. Quant à ce qu'elle put apercevoir de son corps, il paraissait beaucoup plus vieilli et abîmé par le temps. Elle peinait à comprendre les discussions environnantes. Elle put déduire par leur ton énervé que quelque chose n’allait pas. Un bruit sourd résonnait dans la pièce, et augmentait à mesure qu'elle reprenait ses esprits. C'est alors qu'elle reconnut une alarme. Cela déclencha un affolement collectif au sein de la pièce. On pouvait même discerner des cris de panique, dur d'imaginer des personnes aussi chics et disciplinées crier comme des putois. Elle fut immédiatement emmenée dans un lieu encore plus sécurisé où elle ne pouvait voir autour d’elle qu’une vaste porte aux allures blindées ainsi que des murs métalliques. Au moins une vingtaine d'hommes et de femmes armés faisaient rempart afin de la protéger.
Un nombre indéfinissable de questions se précipitaient dans sa tête, l'hypothèse d'une simple blague semblait, au vu des événements, impossible. Les cris au loin s’accentuaient. Un sentiment de peur envahit son corps tout entier lui donnant une envie de crier. Essayant de reprendre son souffle, elle parvint à demander ce qui se passait, sans aucune réponse. Après quelques minutes qui lui parurent une éternité, les agents armés se divisèrent en deux parties, une restait et l'autre partait en repérage afin de pouvoir confirmer que le champ était libre. Mais la porte s'ouvrit à peine qu'une épaisse fumée entra et embauma toute la salle en une fraction de seconde plongeant chaque individu présent dans les bras de Morphée.
La bouche pâteuse, les membres lourds et la nuque raide, la jeune femme ne connaissait que trop bien les symptômes d'un réveil compliqué. Elle avait besoin de réponse, ça devenait vital. Faible, elle se trouvait sur un drap inconnu dans une salle aux allures de librairie. Ce sentiment d'impuissance était encore plus fatigant que tous ces somnifères. Un jeune homme brun se tenait près d'elle, il avait des yeux noisette et une carrure assez frêle. Ce qui la frappa le plus c’était son calme malgré ce qu'elle était en train de vivre.
– Comment te sens-tu ? On va rentrer à la maison, ok ? Ne t'en fais pas, dit-il les larmes aux yeux.
– On est où encore, c'est quoi ce cirque ? Il me faut des réponses ! dit-elle encore dans les vapes et ayant atteint sa limite de patience.
– On est encore dans leurs locaux, ça va être compliqué de sortir mais promis c'est bientôt fini, si tu savais comme tu m'as manqué...
– On se connaît ?
Les sourcils du joli brun se froncèrent en signe d’incompréhension.
– C'est moi, Isaac, attends tu rigoles hein ?
Il comprit vite que ce n’était pas trop le moment de faire de l'humour. Abasourdi, il s’assit, le regard plongé dans le vide. Elle ne s’en était pas aperçu mais un groupe de personnes était aussi présent dans la pièce. Ils s'approchèrent tous d'elle pour l’enlacer ou la réconforter.
– Tu m'as fait tellement peur, si tu savais… Je ne t'aurais jamais laissée, jamais ! dit en se jetant sur elle une femme aux long cheveux bruns, âgée d'environ dix-huit ans.
C'était celle qui se démarquait des autres. Elle devait être importante, pensa-t-elle, mais ce qui l’étonna le plus était un magnifique bandeau qui ornait son visage ainsi qu'une mèche de cheveux assez épaisse d'un blanc neige.
– Ne t’épuise pas Maya, tu dois avoir raison, elle n’a plus aucun souvenir, lui dit Isaac.
Sans un mot, cette « Maya » s’écarta du groupe.
La jeune femme la regarda s'éloigner ce qui lui déchira la poitrine sans qu'elle puisse y donner un sens.
– Bon écoutez, je vais péter un câble. Quelqu'un peut me dire ce qu’il se passe ? Vous êtes qui au juste ?
– Tu ne te rappelles vraiment de rien ? demanda une voix masculine.
– Non de rien, on est où ? Expliquez-moi merde !
Elle se tourna vers le garçon aux yeux noisette. Elle sentait qu’il pourrait lui apporter les réponses à ses questions.
– Ok, dit-il, mais on va devoir faire vite, tu ne nous croiras peut-être pas au début, mais aie l'esprit ouvert.
– Je crois que je n'ai pas vraiment le choix...
2.
UNE NUIT ÉTOILÉE
On appelle ça le calme avant la tempête. On pouvait entendre à l'aube une musique rythmée qui résonnait dans les rues. Le bal allait commencer ; au lycée on ne parlait que de ça. Les examens étaient finis, l'été pouvait enfin commencer. Les jeunes femmes avaient toutes enfilé de magnifiques robes. Les paillettes, le satin, et la dentelle étaient de sortie. Les jeunes hommes portaient leur plus beau costume. Parmi eux, Isaac. Il ressemblait plus à un geek qu’à un prince charmant, mais son charme ne passait pas inaperçu. Les soirées dansantes, ce n’était pas son truc. Il préférait largement passer des heures sur le dernier jeu vidéo à la mode. Cependant, il avait une bonne raison d’enfiler sa plus belle tenue, qui était pour ainsi dire des chaussures non cirées et un costard très mal taillé. Sa motivation, c'était elle, celle qui ne lui avait pratiquement jamais parlé, celle qui ne devait même pas se souvenir de son prénom, mais qui pourrait faire de lui un héros.
19H45, il était temps de mettre un dernier coup de parfum et de vivre les derniers instants en tant que lycéens. L'air était chaud sans être étouffant, l’excitation de chacun pouvait se faire ressentir. Sauf chez une seule personne. S'en foutre était son point fort, les robes de princesses et les talons aiguilles lui importaient peu. Être solitaire devant une bonne série était beaucoup plus savoureux pour elle. Il faut avouer que sa vie n'a pas été un cadeau, un père absent depuis cinq ans, des problèmes financiers ainsi que des notes plus que moyennes qui lui avaient tout juste permis d'avoir son diplôme. Sa mère était serveuse dans un restaurant type diner américain, un métier compliqué et pas très bien rémunéré. Elle avait une assez bonne relation avec elle mais ne la voyait malheureusement que très peu. Le seul endroit où elle se sentait vraiment libre était au studio de danse avec ses amis, c’était comme la famille qu'elle n'avait jamais vraiment eu. Mais tout ça lui allait ; ne pas accorder d'importance aux choses qu'elle ne pouvait pas contrôler était sa force. Pour ce soir son programme était film de combat avec du maïs en boite, son mets préféré. Mais le film avait à peine commencé, qu'elle allait être dérangée.
– ALIIINNNEEEEEE, ALINE ! SI TU NE ME REPONDS PAS, JE VAIS VENIR TE CHERCHER !
Cette apostrophe était accompagnée d'un jet de cailloux cognant la paroi en verre de sa chambre.
En se penchant par la fenêtre elle mit son film en pause, comprenant alors qu'elle ne serait pas près de le finir avant un bon moment.
C’était sa meilleure amie, sa coéquipière de danse, de cours, et de vie en générale. Elle l'adorait, mais le seul problème était que, contrairement à elle, elle adorait faire la fête.
– Même pas en rêve ! Je ne bougerai pas d'ici, j'ai un super bon programme.
– Ah oui ? Laisse-moi deviner…Rocky 3 avec une boite de maïs ? répondit-elle les mains sur ses hanches qui étaient habillées d'une robe vert émeraude et qui se mariait très bien avec son bandeau dans les cheveux.
– De toute façon je n'ai rien à me mettre, dommage !
Elle accompagna sa phrase sarcastique d'un hochement d'épaule provocateur. Ce à quoi son amie ne répondit rien. On pouvait juste comprendre, d'après son sourire malicieux, qu'elle cachait derrière son dos une robe en soie qui irait à ravir à une certaine Aline.
Un coup de peigne sur ses cheveux blonds et des sandales assorties plus tard, les voilà en voiture pour la soirée de l'année. Aline au volant dut supporter les commentaires de son amie.
– Tu es trop belle ! C'est sûr que tu ne repars pas seule ce soir...
– Maya, s'il te plaît, stop. Tu sais qu'il ne sera pas là.
– Je n'en serais pas si sûre à ta place, lui répondit-elle en se tournant vers sa meilleure amie affichant ce sourire qui lui allait si bien.
– Tu sais quoi, je ne veux même pas savoir ce que tu as traficoté, je ne te regarde même pas.
Avoir réussi à emmener la plus insociable du lycée à la plus grande soirée de l'année était extrêmement jouissif pour sa coéquipière.
La nuit commençait à peine à tomber que les rues s’imprégnaient déjà des remix du DJ. Le thème du bal était basé sur « la nuit étoilée », ce qui donna une tête d'enterrement à notre chère Aline.
– Sans déconner… ils n'ont pas trouvé plus ringard et cliché ?
– Nan, le thème disco était déjà pris je crois, dit Maya en retouchant de nouveau son maquillage.
Pour la première fois de la soirée Aline ria. Ce qui sublima son visage et ses yeux bleus.
– Ah tu vois ! Cette soirée va être marrante, Rocky Balboa l'est beaucoup moins lui.
– Premièrement, interdiction de critiquer le roi du ring, et deuxièmement je rentre dans une heure, pas plus. Tu rentreras à pied s'il le faut, je n'en ai rien à faire !
– Quoi ! Tu me laisserais faire des kilomètres avec les magnifiques talons que je porte ! Tu es vraiment une amie horrible.
Pour la deuxième fois, le sourire d'Aline fendit son visage avant de retomber soudainement :
– Oh non ! J'ai totalement oublié de prévenir ma mère. Elle va s’inquiéter, oh non quelle idiote !
Elle mit un violent coup de frein au véhicule qui, vu sa vieillesse, s'arrêta dans un bruit angoissant. Elle s'empressa de saisir son téléphone avec affolement.
– Ne t'en fais pas, redémarre ! On est en pleine route là ! Elle est déjà au courant depuis une semaine, c'est elle qui a choisi ta robe.
– Quoi ? Elle était de mèche avec toi ? ditelle d'un ton beaucoup plus apaisé.
– À vrai dire, c'est même elle qui a voulu que je t'emmène.
Cette révélation la toucha beaucoup. Elle était tout ce qu'il restait à sa mère. Donner de l'amour et de l'affection n'était pas son fort, mais elle voudrait tellement lui donner plus. Elle se promit en secret de profiter de la soirée pour elle.
Après quelques pas endiablés sur la piste de danse, les deux meilleures amies furent rejointes par leurs amis de l'équipe de danse. Parmi eux, Billy, le chef et le meilleur danseur de toute l'école. Impossible de s'ennuyer avec eux. La musique et leurs rires auraient presque camouflé le tic-tac de l'horloge, mais le temps qui s’écoulait était inévitable, tout comme la mort d’Aline.
Vingt-trois heures passées, la fête battait son plein, quasiment tout le monde dansait et chantait à en être essoufflé.
Même Isaac s'agitait maladroitement, il était plus préoccupé à regarder celle qu'il aimait que ses pas de danse. Au même moment, Maya ne put s’empêcher d'aller le voir avec sa petite idée en tête.
– Alors tu as bien fait de venir hein ?
Le garçon, surpris, détourna les yeux de celle qu'il aimait en secret.
– Ah salut Maya, euh oui je m'amuse bien, merci de m'avoir convaincu de venir.
– Avec plaisir, j'adore rendre service à mes amis, mais il serait peut-être temps d'aller la voir au lieu de l'espionner en dansant seul comme un pied.
– Euh oui, mais je ne veux pas la déranger, peut-être plus tard.
– Isaac ! Ça fait des années que tu dis plus tard. Le lycée est fini, tu comptes lui parler quand ? Quand elle sera mariée avec des enfants ?
Il savait qu'au fond, elle avait raison, mais la peur qu'elle le rejette était plus forte que la honte de danser seul dans son coin.
Le buffet s’était vidé