Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $9.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

L'indécis et l'opportuniste
L'indécis et l'opportuniste
L'indécis et l'opportuniste
Livre électronique214 pages3 heures

L'indécis et l'opportuniste

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Dans la société actuelle, les individus se croisent et n’ont pas toujours des relations sereines. Jonas, un indécis maladif, considérait sa vie bien réglée grâce à son ami de toujours. Une série d’événements va le placer en difficulté et lui faire prendre conscience qu’il est devenu une proie depuis bien longtemps.
Réussira-t-il à se libérer de cette situation malgré son manque de confiance en lui ? Parviendra-t-il à s’entourer des bonnes personnes ?

À PROPOS DE L'AUTRICE

Françoise Ivanovitch - L'auteur a effectué une carrière dans l'Education Nationale auprès d'adolescents en difficultés mentales légères et auprès d'enfants du niveau primaire. Direction d'école, écriture de livres pédagogiques, pratique et enseignement d'arts martiaux japonais et chinois, gestion d'association sportive ont complété sa carrière. Sensibilisée à la santé naturelle, Françoise Ivanovitch s'est formée à la Naturopathie. Elle reçoit actuellement en consultations et enseigne le Qi Gong.
LangueFrançais
Date de sortie5 nov. 2024
ISBN9782383857051
L'indécis et l'opportuniste

En savoir plus sur Françoise Ivanovitch

Auteurs associés

Lié à L'indécis et l'opportuniste

Livres électroniques liés

Femmes contemporaines pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur L'indécis et l'opportuniste

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    L'indécis et l'opportuniste - Françoise Ivanovitch

    1.

    Samedi 15 novembre, 7h du matin. À cet instant précis, l’individu allongé sur un lit cligne des yeux. Puis, il les referme, cherchant à éviter une réalité angoissante. Comme s’il voulait s’endormir. Il tente de comprendre son état présent. Il se sent plus en sécurité dans une obscurité volontaire. Au bout de quelques secondes, il soulève doucement ses paupières afin de se reconnecter au monde réel. Pourtant, ce n’est pas en gardant les yeux fermés qu’on affronte la vie.

    Des images floues parviennent à son esprit, alors qu’une sensation cotonneuse envahit son corps. Des murs blancs sans décorations tournent autour de lui pendant un temps très bref. Ils se stabilisent enfin et lui fournissent des renseignements. Un lit pas du tout de la vie ordinaire… En tout cas, pas le sien. D’ailleurs, ce n’est pas sa chambre non plus. Une lumière faible. Puis un flash dans son esprit… Un lit médical. Qu’est-ce qu’il fout là ? Il fouille dans sa mémoire à la recherche d’instants vécus plus tôt… D’autres images et d’autres sons apparaissent. Le souvenir d’une musique trop forte, de gens pressés les uns contre les autres et de lumières mouvantes. Une odeur de transpiration. Une multitude humaine qui le cerne.

    Où est-ce qu’il pouvait se trouver avant ce moment présent, étalé dans ce lit ? La question s’estompe au second plan alors qu’une personne en blanc pénètre dans la pièce d’une démarche décidée, mais discrète. Il s’accroche à son regard fixé sur lui depuis l’ouverture de la porte. Elle lui adresse un sourire rassurant.

    — Comment allez-vous ce matin ? Mieux ?

    Devant son air interrogateur, elle continue de lui parler sans agressivité.

    — Quand on vous a amené dans la nuit, ce n’était pas la grande forme… Pas gravissime. Par chance, une âme bienfaitrice vous a accompagné aux urgences.

    — Comment ça les urgences ? Dans la nuit ?

    Peu à peu, il se reconnecte à la réalité, sa réalité. Il se tâte le front et ses doigts découvrent un bandage. La douleur se manifeste de suite. Ses pensées franchement ramollies et en petit nombre ne se précipitent pas à la surface de son esprit.

    — N’y touchez pas. Il paraît que vous avez été balancé un peu violemment et que vous vous êtes ramassé sur le front.

    Comme pour se le prouver, ses doigts y retournent tout de suite. Sans grande délicatesse. La douleur s’intensifie à la palpation. Il retire aussitôt sa main et se réfugie de nouveau dans le noir en fermant ses paupières. Et c’est là qu’une vague d’informations l’envahit tout entier.

    Depuis un bon mois, obligé de rester chez lui à certaines heures à cause du nouveau fonctionnement de la société civile. Toute personne malade doit s’enfermer chez elle. Et manque de bol, il a attrapé une grippe carabinée. Il a tenté, les premières heures, de se rétablir par le repos, des infusions de thym et du paracétamol. Rien n’a suffi pour atteindre la voie de la guérison. Or une loi a été mise en place. Obligation de consulter son médecin dès les premiers symptômes de maladie, sous peine d’amende. Les docteurs sont désormais sous le statut de fonctionnaires d’état. Ils prescrivent le temps de repos nécessaire en fonction de la gravité du mal. Il s’agit seulement d’une mise en retrait du reste des humains. Les citoyens peuvent effectuer leur activité professionnelle de leur domicile, quand leur métier le permet. Il a juste eu le droit de promener son chien en dehors des heures d’affluence. Ce n’était pas une totale liberté. Il a dû respecter une distance de sécurité à la vue d’une autre personne et se couvrir nez et bouche pour éviter toute contamination. Jusque-là, aucun individu n’avait vécu ce genre de tragédie dans sa vie quotidienne. D’où une scission dans la population. Certains acquiesçaient à ces dispositions. D’autres hurlaient à une perte de liberté… On ne peut jamais satisfaire tout le monde. C’est le principe du yin et du yang. Tout chose existante a son contraire.

    Jonas n’en a pas déprimé pour autant. Peut-être, même en a-t-il profité pour vivre reclus ? À l’heure actuelle, il doit se concentrer pour retrouver les faits de la veille. Comprendre la situation.

    C’est la soirée en boîte de nuit qui lui revient en mémoire en premier. Après cette période d’isolement forcé, avait-il eu besoin d’un passage dans la collectivité pour se réhabituer ? Alors qu’il se revoit avec netteté dans cet établissement de nuit, il se souvient de sa réflexion par rapport au nombre important de clients présents dans le lieu. Ils semblent avoir un besoin vital de s’immerger dans un monde aussi fourni.

    En effet, ce soir-là… Hé gars, réveille-toi, c’était juste hier. C’est déjà du passé et en même temps, il en ressent encore des sensations de mal-être. Il s’est retrouvé dans une foule oppressante. Il avait oublié que ce genre d’activité attirait autant d’individus. Je suis certain que je n’ai pas choisi de m’y rendre tout seul. Qui m’a embarqué dans ce lieu de fous ?

    Cela avait été, encore une fois, un choix difficile à prendre.

    Avait-il eu envie de s’agglutiner à d’autres ? La peur de la maladie, la promiscuité, en principe, le retenaient toujours pour ce genre de soirée. Finalement, il avait suivi sans grande conviction l’avis d’un proche. Il en est convaincu. Quand il hésitait, et c’était récurrent, il prenait le parti de la personne présente avec lui.

    Tout d’un coup, il se rend compte de la proximité de l’infirmière. Il lui ébauche un pâle sourire de remerciement. Elle effectue ses gestes de vérification sur lui. Il demeure sans réaction. Et sans grande attention à son égard. Il se perd de nouveau dans ses pensées et revoit la scène. Elle se redéroule comme s’il y était encore.

    Debout au milieu de la foule remuante, il tourne la tête vers une dispute bruyante près du bar. En règle générale, l’attention d’un être vivant est toujours attirée par des mouvements brusques, des voix élevées dans son entourage. Un réflexe de défense. Donc par curiosité aussi, Jonas s’y intéresse… pas longtemps. Il n’a ni le temps d’analyser la situation ni d’éviter un agresseur. C’est pour lui. Il tombe dans un trou noir.

    — Hé, ho Monsieur, vous revenez parmi nous s’il vous plaît.

    Il lève les yeux vers l’infirmière avec un air à côté de ses pompes.

    — Et… Je suis là… pour encore… enfin pour combien de temps ?

    Elle est très calme. Elle ne veut pas le brusquer. Elle le laisse reprendre conscience des faits.

    — Pas longtemps. Apparemment, rien de grave. On vous a fait subir quelques analyses et le médecin ne devrait pas tarder pour une visite complémentaire et signer votre bon de sortie… peut-être.

    — Je ne sais pas si ma voiture est là.

    — Il ne faut pas s’inquiéter pour votre voiture. À mon avis, elle n’a rien. Et puis un ami vous a accompagné. Il revient sous peu.

    Il se sent vaseux. Cette douleur au front persiste de façon lancinante. Quel ami ? À ce moment-là, la porte s’ouvre doucement et Théodore, un copain de longue date, se montre avec un air interrogatif et plein de bienveillance… lui semble-t-il.

    — Tu nous as sacrément fait peur.

    — Qu’est-ce qui s’est passé ?

    — Tout allait bien quand tu as chopé ce mec en plein vol. La police et l’ambulance sont arrivées rapidement. L’une pour les perturbateurs et la deuxième pour toi. D’après les analyses, tout va bien. Tu vas juste avoir mal à la tête pendant quelque temps. Et peut-être un peu partout aussi, car tu voulais vraiment le dégommer, mais c’est lui qui a eu le dessus. Je t’avais dit de te mettre à un sport de combat et d’entretenir ta forme physique.

    — Oui, ben ça on verra après… Je suis cassé… C’est bien toi qui m’as dit de lâcher prise ? C’est bien toi qui m’as incité à te suivre dans cette boîte ? Pour un retour dans la société, c’est réussi. Je ne m’attendais pas à ça.

    — Euh, moi non plus… si ça peut te rassurer. Ce n’est pas la peine de râler.

    — Bof, c’est pas tes mots qui vont me remonter le moral. Et puis il faut que j’aille à la boîte.

    — Le boulot peut attendre. Je sais comment ça marche. Je te rappelle que j’ai déjà assuré pendant ta maladie… Tiens, voilà le médecin.

    Ce dernier l’ausculte et l’interroge sur sa récupération.

    — Je me sens un peu patraque. Mais dans l’ensemble ça va, si on peut dire. Ça serait possible de rentrer chez moi ?

    — Si vous vivez seul, je vous conseillerais d’attendre demain. Passez la nuit ici, ce sera plus sage. Sauf, si vous vous sentez de vous débrouiller chez vous. Alors qu’en dites-vous ?

    — Je ne sais pas. Je n’ai pas l’habitude de servir de punching-ball. Ce n’est pas mon métier.

    — Il serait préférable de résider chez quelqu’un pendant une semaine. Au cas où des effets désagréables se manifestent. Vertiges, vomissements… Et puis c’est quoi votre profession ?

    — Je dirige une entreprise de transport en commun. Des cars pour des voyages ou des lignes scolaires régulières.

    — Ce n’est pas vous qui conduisez, j’espère ? Je vous déconseille vivement de piloter un véhicule pour le moment. Votre entreprise peut-elle se passer de vous pendant un certain temps ? Vous risquez d’avoir du mal à prendre des décisions.

    Théodore réagit tout de suite. Il lui sert d’adjoint. Ils se voient quotidiennement depuis de nombreuses années.

    — Je le rentre Docteur… Tu n’iras pas au boulot cette semaine. Je dormirai chez toi, histoire de te surveiller.

    — Bien, dans ces conditions, vous passez d’ici une heure à mon secrétariat pour retirer l’arrêt maladie… Et vous, qui êtes-vous ? De la famille ?

    — On se connaît de longue date. Et je travaille avec lui. Je suis son assistant en quelque sorte.

    — Parfait. Je vous établirai une ordonnance pour les douleurs. S’il y a un souci quelconque, n’hésitez pas à contacter mon service ou à revenir directement… si ce monsieur est d’accord.

    Jonas écoute bien sagement l’échange entre le médecin et Théodore. Comme s’il était un petit garçon. Cela ne l’empêche pas de hocher la tête, en allant de l’un à l’autre, l’air de dire vous me gavez tous les deux. Ses douleurs le condamnent à la soumission.

    Une heure plus tard, les deux hommes se mêlent rapidement au flux de personnes qui se dirigent vers la sortie de l’établissement médical. Alors que d’autres y pénètrent avec un air plus ou moins abattu.

    — Raconte-moi tout. C’est le grand désert dans ma tête.

    — Tu t’es pris de bec avec un mec qui t’avait bousculé alors que tu dansais d’assez près avec une nana… Le gars s’est rapproché d’elle pour la forcer à danser avec lui. Tu l’as écartée, elle, et tu as voulu en coller une au mec. Je ne sais pas pourquoi. Ce n’est pas ton style d’habitude.

    — Aucun souvenir de cette bagarre. Ou de cette envie de bagarre. Ni de la fille.

    — Il n’y a pas eu de bagarre. Il s’est jeté sur toi avant. Il t’a poussé fortement. Tu t’es laissé surprendre ou bien c’est dans le feu de l’action. Tu as perdu l’équilibre. C’est allé très vite. On aurait dit que tu essayais de te rattraper à quelqu’un à ta portée. Manque de bol, celui qui devait te servir de bouée de sauvetage a reculé tout de suite en repoussant ta main qui avait l’intention de le saisir. Tu l’as donc raté. Tu t’es aplati comme une crêpe au sol. Tu n’étais pas suffisamment remis de ta grippe. Tu étais encore faible, je suppose. Ou tu avais bu.

    — Et après ? Tu n’as rien fait pour me secourir ? Je n’ai pas touché à une goutte d’alcool.

    — Comme tu ne te relevais pas, quelqu’un a dû appeler les secours. L’ambulance a surgi rapidement avec la police. Mais ton agresseur avait déjà détalé.

    — Et la fille ?

    — Disparue aussi.

    — Ouh là là, ma tête me fait horriblement mal.

    Théodore lui tend une bouteille d’eau puis le soutient dans sa démarche peu assurée.

    — Je peux bien te servir de nounou. Depuis le temps qu’on bricole ensemble.

    Pas de réponse immédiate de la part de Jonas. Un silence un peu long s’installe. Le fameux Théodore regarde son ami avec une certaine inquiétude. Il essaie de le ramener à la réalité.

    — Hé ho ! T’es où là ? Reviens sur terre. Oh oh ! Jonas. Je suis là.

    — Oui, oui… Ça fait combien de temps qu’on se connaît ? Depuis l’école primaire ? Le collège ? Ou le lycée ? … Je me sens bizarre. On dirait que j’ai des trous.

    — Ben mon Jonas, tu es dans un sale état, si tu ne t’en souviens pas.

    Le blessé sait bien que Théodore fait partie de ses relations proches. Mais à cette minute, il ne situe plus de quand ça date. Ça doit être cette chute qui lui retarde les neurones. Quelle idée d’avoir accepté cette soirée puis cette virée en boîte de nuit. Ce n’est pas du tout son style. Il hésitait à l’accompagner. Théo a insisté et l’a presque forcé. Il faut dire que l’attitude de Jonas est parfois horripilante pour l’entourage. J’y vais. J’y vais pas. Ce cirque peut durer longtemps si on ne fait pas preuve d’autorité. Il ne parvient jamais à trancher.

    Quand Jonas a repris l’entreprise de transport de voyageurs de son père, il avait besoin d’une personne de confiance pour le seconder et l’aider dans les prises de décision. Pourquoi ? Jonas a une caractéristique particulière. Il a l’habitude de s’éterniser avant d’émettre un quelconque avis. Parfois les délais de réponses sont largement dépassés. Et son interlocuteur perd patience. Son père connaissait très bien ce trait de caractère. Il lui fallait donc un assistant ou un associé. Comme toujours, Théodore, très proche de lui, avait répondu présent. Ça tombait bien, il était sans travail précis à cette époque. Jonas lui avait proposé le poste d’agent de planning en transport routier de voyageurs. Le jeune homme avait alors entrepris une formation très complète dans ce domaine pour assumer les fonctions correspondantes. Ils avaient aussi appris à conduire les longs véhicules. Tous les deux en même temps. Depuis, une relation s’était instaurée.

    En supportant son ami, Théodore repense aux différents contrats perdus à cause de cette éternelle indécision et un questionnement sans fin, qui encombrent toujours l’esprit de Jonas.

    Est-ce que la société de cars honorera correctement la prestation de service demandée ? Le chauffeur désigné sera-t-il suffisamment correct avec les voyageurs ? Et cet autre aura-t-il assez de patience avec les enfants ? Lequel embaucher ?

    Jonas craignait toujours des plaintes contre l’entreprise. Les comportements procéduriers étaient devenus monnaie courante dans la société. Ils pouvaient facilement effrayer un travailleur indépendant peu sûr de lui, comme Jonas.

    2.

    Jonas râle de plus belle.

    — Tu aurais dû te garer encore plus loin. Tu me forces à marcher alors que je suis tout courbaturé. Après tout, c’est de ta faute, si je suis dans cet état.

    — Comment ça ? T’es pas gêné toi. Je viens te sortir de là et tu me fous tout sur le dos.

    — Ben oui ! Si tu ne m’avais pas forcé à t’accompagner hier soir, rien ne me serait arrivé. Et ce toubib, tu as son nom ? Moi, je ne me souviens pas de ce qu’il a dit.

    — Bon écoute, vu ton état, je m’occupe de tout. Le temps que tu te remettes. Je te rendrai compte de ce qui se passe chaque jour à l’entreprise.

    — Tu me parles de quoi là ? Je ne comprends rien… Et puis zut, je ne sais pas comment gérer tout ce bazar. Je n’ai rien capté de ce que tu m’as dit. Pourquoi je me suis fait agresser ? Théodore change de ton et enchaîne de façon docile, avec un petit air hypocrite… alors que Jonas reste grognon.

    — Est-ce que ça te convient si je reste chez toi ? Après tout, tu m’as sorti une épine

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1