Revue Langage, Discours et Sociétés (LaDiSo): Vol. 2, varia
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À propos de ce livre électronique
Venant ELoundou Eloundou
Venant Eloundou ELoundou est Maître de Conférences-HDR à l'Université de Yaoundé I (Cameroun). Il s'intéresse particulièrement à la francophonie linguistique, à la sociolinguistique urbaine et aux politiques linguistiques éducatives en contexte plurilingue. Il a à son actif une quarantaine d'articles scientifiques et six ouvrages coordonnés.
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Aperçu du livre
Revue Langage, Discours et Sociétés (LaDiSo) - Venant ELoundou Eloundou
Langage, Discours et Sociétés (LaDiSo) est une revue scientifique internationale qui s’intéresse au langage, dans sa dimension verbale et non verbale. Elle priorise quatre axes majeurs : l’analyse du discours (qui implique les orientations sémiotique, sémantique, ethno-méthodologique, pragmatique, interactionnelle, rhétorique et stylistique), l’acquisition et l’enseignement des langues en contextes multilingues, la dynamique des langues (tant interne qu’externe, l’étude des pratiques et des représentations sociales des langues, les identités socio-langagières, etc.) et les questions heuristiques de la linguistique (pour réfléchir aux problèmes épistémologiques du langage) en termes d’orientations théorique et méthodologique. La revue publie prioritairement les articles en français et en anglais. Mais elle accepte aussi les travaux rédigés en espagnol et allemand.
LaDiSo paraît annuellement. Les numéros sont thématiques. Cependant, elle peut publier les numéros de varia et les actes de colloques qui s’inscrivent dans sa ligne éditoriale. Les numéros thématiques ou les varia sont sous la responsabilité d’un ou de plusieurs coordonnateurs. Il.s/elle.s est/sont chargé.e.s de produire l’appel à contributions qui sera soumis à l’appréciation de la Rédactrice en Chef et du comité scientifique de la revue pour évaluation.
Une feuille de style est conçue. Tout texte proposé devra respecter le protocole de rédaction indiqué. Les propositions sont à adresser au Rédacteur en Chef qui donnera les conditions de publication.
Administration de la revue
Responsable de la revue : Christiane Félicité Ewane Essoh
Comité scientifique
Alphone Joseph Tonyé (Université de Yaoundé 1), Bruno Maurer (Université de Montpellier 3), Christiane Félicité Ewane Essoh (Université de Yaoundé 1), Dili Palaï (Université de Maroua), Edmond Biloa (Université de Yaoundé 1), Edouard Ngamountsika (Université Marien Ngouabi), Emmanuel Ngué Um (Université de Yaoundé 1), Gérard Marie Noumssi (Université de Yaoundé 1), Germain Moïse Eba’a (Université de Yaoundé 1), Gratien Antindogbe (Université de Buea), Gudrun Ledegen (Université Rennes 2), Jacques Evouna (Université de Yaoundé), Jean Benoît Tsofack (Université de Dschang), Jules Assoumou (Université de Douala), Julia Messina Ndibnu (Université de Yaoundé 1), Julien Kilanga (Université d’Angers), Ladislas Nzesse (Université d’Ebolowa), Louis Martin Onguéné Essono (Université de Yaoundé 1), Marie France Andeme (Université Omar Bongo), Mwatha Musanji Ngalasso (Université de Bordeaux 3), Paul Zang Zang (Université de Yaoundé 1), Peter Blumenthal (Université de Cologne), Philippe Blanchet (Université Rennes 2), Sabine Diao-Klaeger (Université Coblence Landau), Valentin Feussi (Université d’Angers), Zachée Denis Bitjaa Kody (Université de Yaoundé 1), Christine Onguéné Essono (Université de Yaoundé 1), Jean Tabi Manga (Université de Yaoundé 1)
Comité de lecture
Amos Kamsu (Université de Maroua), Augustin Emmanuel Ebongué (Université de Buea), Candice Guemdjom (Université de Ngaoundéré), Chantal Ntsama Essengué (Université de Yaoundé 1), Donald Vessah Ngou (Université de Yaoundé 1), François Mbarga (Université de Yaoundé 1), François Tabi Manga (Université de Yaoundé 1), Louis Hervé Ngafomo (Université de Yaoundé 1), Mandou Faty-Myriam (Université de Douala), Marie Désirée Sol (Université de Yaoundé 1), Marie Renée Atangana (Université de Maroua), Paul Fonkoua (Université de Yaoundé 1), Pierre Essengué (Université de Buea), Simplice Kengne (Université de Yaoundé 1), Stéphanie Engola Amougou (Université de Yaoundé 1), Venant Eloundou Eloundou (Université de Yaoundé 1)
Adresse
Une adresse électronique : [email protected]
Sommaire
Présentation du numéro 2 de la revue LaDiSo Christiane Félicité EWANÉ
La dynamique du français en Afrique : articuler diversité, réflexivité pour l’appropriation des langues Valentin FEUSSI
La circulation du concept de « résilience » dans le débat public sénégalais Mouhamed Abdallah Ly
Numérique, éducation culturelle et développement en Afrique francophone Emmanuel NGUÉ UM et Charles-Louanga BOUH MA SITNA
Imaginaires langagiers, formes et représentations de la violence chez Ayobami Abebayo Jean-Marcel ESSIÉNÉ et Stewy NZUK
Mise en mots de l’(in)justice spatiale à Yaoundé : stigmatisation et revendication socio-identitaires Venant ELOUNDOU ELOUNDOU
La norme sociale sous le prisme des cultural studies: Alphonse Bernard AMOUGOU MBARGA
Compétences linguistique et pragmatique dans les interactions commerciales au marché de poissons de Youpwé (Douala) Laurain ASSIPOLO et Fernand Doris NDOUCK
TAM et verbe : une quasi-bijection problématique en linguistique française Esaïe MANDENG Ma BELL
Négociations interactionnelles et « échanges communicatifs » au sein du service de consultation prénatale de l’hôpital de District de Bonassama à Douala Chimène Laure TAGMENI TAGMENI
Lieux communs et actes de langage dans les discours automobiles au Cameroun Léon NANGA MESSINA
Politiques linguistiques et dynamiques langagières au Cameroun : défis des pouvoirs politiques en contexte de diversité culturelle Vivien NJOUNGUI EDOUNG
L’acquisition du français langue étrangère par les Nigérians à Yaoundé : modes et processus d’acquisition Agathe NGO BIYOUHA
Présentation du numéro 2 de la revue LaDiSo
Professeure Christiane Félicité Ewané
Après un premier numéro paru en 2022 sur les Discours et les représentations en Afrique, ce deuxième volume de la revue LaDiSo contient des contributions scientifiques diversifiées (varia). Malgré cette diversité, les douze articles gravitent autour d’une problématique majeure : la diversité linguistique et identitaire dans le champ de la communication sociale, abordée à partir des corpus écologiques et écrits.
Dans cette mouvance, Valentin Feussi aborde la problématique de la dynamique du français en Afrique. En se fondant sur les pratiques de classe concernant l’enseignement et l’apprentissage des langues et les modalités d’appropriation du français en Afrique dont les mécanismes sont éclairés par la sémantique, l’auteur priorise la conception réflexive des langues. Cette orientation lui permet de reconsidérer la diversité linguistique ambiante. Cette diversité est perçue sous un prisme anthropologique. Désormais, à côté des descriptions grammaticales et rationnelles, l’auteur propose une autre conception fondée non pas sur des règles pré-établies, mais sur l’expérientiation ; d’où le principe de la réflexivité axée sur les rapports au monde de chacun, sur la condition humaine et le rapport à autrui, fondements de la didactique des langues et des parlers français dans la diversité de leurs usages.
Partant du principe selon lequel, depuis le 16e siècle, le monde semble structuré par un ordre épistémique qui consacre le « privilège énonciatif » de l’Occident, en proposant au reste du monde les concepts qui traduisent l’existence humaine dans les sociétés du Sud, Mouhamed Abdallah Ly analyse la circulation du mot résilience pendant la pandémie de covid 19 au Sénégal. L’auteur étudie la circulation du mot résilience avant, pendant et après cette pandémie ; en mettant en exergue les réappropriations sémantico-contextuelles. Il aboutit à la conclusion selon laquelle le mot « résilience », depuis l’apparition de covid-19, revêt, au Sénégal, une matérialité formulaire donnant ainsi des enjeux sociaux et politiques. Ce concept entre dans des schémas argumentatifs qui tentent d’en valider la pertinence et de montrer l’urgence d’agir d’une certaine manière, à un moment donné de la vie d’une société. Le terme « résilience » semble être en circulation « virale » et il illustre à suffisance une énième illustration du privilège énonciatif occidental. Dès lors, les peuples du Sud subissent, depuis 1492, un ordre épistémique qui délégitime leurs connaissances et invisibilise leurs expériences. L’idée de progrès est alors perçue comme étant l’apanage de l’Occident. Or l’Afrique n’ignore pas le phénomène de résilience, si l’on considère les cinq siècles d’esclavage, de colonisation, sans énumérer les conflits, famines, catastrophes naturelles qu’elle subit durant le 20e et le 21e siècle.
Emmanuel Ngué Um et Charles-LouangaBouh Ma Sitna examinent la place du numérique dans le champ de l’éducation culturelle et le développement en Afrique francophone. En posant l’hypothèse que le développement de l’Afrique francophone passe par une revalorisation et une réhabilitation de ses structures traditionnelles et antiques portées par les langues, les cultures et les arts endogènes, pour les faire cohabiter harmonieusement et de manière productive, avec les structures urbaines modernes, les auteurs se focalisent sur un cas : le Cameroun. Ils montrent que l’éducation basée sur les langues officielles ou étrangères ne prend pas suffisamment en compte le contexte socioculturel des élèves. Par ailleurs, le processus d’intégration nationale se heurte à des replis identitaires : cette situation interpelle les défis de la part de l’État, face à la diversité socioculturelle et linguistique. Dès lors, le numérique devient une voie efficace, pour ce qui est de l’enseignement des langues et des cultures camerounaises. Les auteurs militent pour une mutualisation des contenus d’enseignement selon les composantes linguistiques du territoire. Cette mutualisation devrait permettre aux apprenants de s’ouvrir à une/de nouvelle(s) langue(s) et à une/de nouvelle(s) cultures de leur choix.
Jean-Marcel Essiene et Stewy Nzuk se penchent sur la question des violences en Afrique, à partir de l’imaginaire romanesque d’AyobamiAdébayo. L’analyse des stylèmes permet aux auteurs de constater que quelques paradigmes de la violence, notamment : le viol des imaginaires, la crise de l’humain et l’omniprésence d’une violence protéiforme en sont quelques conséquences. Toutes ces formes de violence sont portées par la femme, ayant pour bourreau, l’homme. Elle subit ainsi le viol de la conscience, la violence physique et psychologique, la violation des droits et libertés. Dès lors, le discours d’Ayobami Abébayo présente l’homme, certaines traditions et les régimes totalitaires comme des forces faibles appuyées sur les remparts d’une supposée puissance. Les principes du postmodernisme portés par le questionnement des acquis constituent une force révélatrice d’un nouvel ordre mondial.
Venant Eloundou Eloundou analyse la mise en mots de l’(in)justice spatiale à Yaoundé ; dans l’optique de ressortir les formes de stigmatisation et de revendication socio-identitaires. Il scrute les discours numériqués des internautes (internautes beti et internautes des autres communautés sociales), véhiculant les revendications socio-spatiales à Yaoundé. Partant de l’idée que la poussée démographique de Yaoundé, depuis la période postcoloniale, a engendré des clivages sociaux liés à l’occupation de l’espace urbain, les discours analysés montrent que les autochtones stigmatisent les allogènes qui occupent abusivement leur espace identitaire alors que ces allogènes se fondent sur le droit pour justifier l’occupation de cet espace. Pour l’auteur, ces discours clivés visent les enjeux politiques, économiques et identitaires. Quand les autochtones veulent préserver leurs intérêts politiques, économiques et identitaires (culture et langue) et éviter de vivre dans une sorte de relégation, les communautés venues des autres coins du pays implémentent leurs marques sur tous les plans. Dans ce contexte de clivages, conclut Venant Eloundou Eloundou, la sociolinguistique urbaine ou interventionniste devrait être convoquée pour accompagner le politique dans la gestion des crises fondées sur l’identité socio-spatiale, afin de prévenir et réparer ce type de crise.
Alphonse Bernard Amougou Mbarga analyse la norme sociale sous le prisme des cultural studies. Il présente ainsi la norme sociale en trois paradigmes. La norme apparait comme une trajectoire du sujet nomade, dans la mesure que la mobilité des hommes, dans des espaces sociaux, entraine celle des normes et leurs réadaptations contextuelles. La norme sociale est aussi présentée comme un phénomène qui se situe entre le discursif et le normatif. Dès lors, la dimension pratique des représentations sociales se trouve au cœur du discours des cultural studies. Elle vise à mettre en évidence l’interaction entre le culturel et le social dans la production des normes sociales. À cet effet, les cultural studies interrogent la manière dont les pratiques culturelles manipulent l’homme moderne, en faisant sentir leur influence sur la construction de l’identité — individuelle ou de groupe — y compris celles des classes sociales marginales.
Par ailleurs, le rapport de l’individu à la norme est variable et différencié. L’apprentissage de la norme se fait au travers d’une discipline des corps et des esprits relevant de la projection au sein de la société d’un certain modèle d’actions et de pensée. En fait, les comportements face aux constitutions sont plus ou moins solidaires : chacun a, en fonction de son propre vécu institutionnel, un certain type de réaction devant l’autorité institutionnelle. Enfin, la norme sociale constitue une acceptation de l’ordre désirable, dans la mesure où la norme sociale procède d’un rapport de renouvellement et de construction identitaire qui se situe dans une attitude d’acceptation et d’exclusion parfois auto-entretenue par le sujet social lui-même. Dans cette optique, les cultural studies participent d’une certaine objectivation des rapports sociaux et de discipline culturelle sur les motivations des individus. Construire la société suppose prendre en considération les micro-espaces à travers lesquels les rapports sociaux se meuvent et peuvent être saisis en tenant compte des transformations et des règles de la dignité humaine.
Laurain Assipolo et Fernand Doris Ndouck se penchent sur les interactions verbales commerciales dans un marché de vente de poissons à Douala. En mettant à contribution les acquis de la sociolinguistique interactionnelle et un corpus écologique collecté, les auteurs montrent que les interactions verbales analysées ne se limitent pas seulement à un simple échange, car les prix ne sont pas homologués. Dès lors, les commerçants cherchent à maximiser le prix d’achat, tandis que les clients développent des stratégies en vue de réduire le prix d’achat. Ces interactions se divisent généralement en trois séquences (l’ouverture, le marchandage et la fermeture). Dans cette optique, si les formules d’ouverture sont très souvent stéréotypées, il peut arriver que l’on y trouve des termes qui trahissent la nature des relations entre les protagonistes. Le marchandage se justifie par le fait que le « prix taxé » est toujours supérieur à la valeur réelle de la marchandise. Le vendeur connait le prix d’achat qui doit le satisfaire. Les interactants peuvent s’accorder ou se séparer en queue de poisson. Enfin vient la séquence de fermeture. En dehors des civilités usuelles, la mésentente (indiquant la perte du client) ou les formules de civilité (indiquant la promesse de revenir faire des achats) peuvent marquer cette fermeture de l’interaction.
La réflexion de Chimène Laure Tagmeni Tagmeni est axée sur des échanges interactionnels en milieu hospitalier. Partant du principe selon lequel toute organisation socioprofessionnelle, comme l’hôpital, est un lieu qui rassemble plusieurs personnes ; la première mission est d’assurer la santé des patients. Bien plus, c’est aussi un espace où se déroulent plusieurs « échanges communicatifs ». Ces échanges peuvent être diversifiés selon les services. C’est le cas du service de consultation prénatale (CPN) de l’hôpital de District de Bonassama (HDB) de la ville de Douala où, infirmières et femmes enceintes échangent sur plusieurs thèmes, parmi lesquels l’hygiène alimentaire. L’auteure analyse les formes de négociations interactionnelles qui se tissent autour du thème de l’hygiène alimentaire et qui facilitent les échanges entre infirmières et femmes enceintes au sein du service de CPN de l’HDB. Il ressort de cette réflexion que la négociation et la coopération sont des opérations interactionnelles qui facilitent les communications symétriques entre les interactantes.
Léon Nanga Messina analyse les lieux communs et les actes de langages dans les discours automobiles au Cameroun. À partir d’un corpus construit dans la ville de Yaoundé, corpus analysé sous le prisme de la socio-pragmatique et les principes de la rhétorique, l’auteur inventorie les différents topoï qui apparaissent dans ces discours en milieu urbain camerounais. Il montre qu’ils relèvent de plusieurs sources d’inspiration ; parmi lesquels : la religion, la politique et la musique. Pour les énonciateurs, ces lieux communs mobilisés visent à : évangéliser les citadins, célébrer les hommes politiques, enseigner, partager sa passion musicale. Toutes ces visées sont des stratégies discursives qui ont plusieurs effets sur les récepteurs dans un contexte de diversité socioculturelle.
La contribution d’Esaïe Mandeng Ma Bell consiste à montrer qu’en grammaire française, la relation qu’entretiennent TAM-verbe est tellement privilégiée qu’elle est nécessairement problématique. À cet effet, la démarche adoptée a consisté à dresser une revue de la littérature qui révèle que la relation TAM-verbe est sous-tendue par une double exclusion. De fait, les classes de mots autres que le verbe sont rarement abordées dans les études portant sur les catégories TAM. Les catégories en dehors du triptyque TAM (voix, personne, nombre, genre) ne sont guère examinées dans les études portant sur le verbe. L’auteur voit en cela, une quasi-bijection dont l’étude s’attache ensuite à déterminer les causes. Le dernier point de l’article se focalise sur la mise en évidence des lacunes induites par cette quasi-bijection dans les travaux consacrés au verbe. Ces lacunes se déclinent notamment à travers les faits suivants : la dimension temporelle du gérondif qui semble paradoxalement occultée ; le signifié aspectuel de l’impératif qui n’a pas encore été exploré et enfin, le rôle joué par la personne dans la sémantique de l’impératif qui manque d’élucidation.
Vivien Njoungui Edoung scrute la langue comme outil de communication, dans un pays comme le Cameroun où l’on dénombre plus de 280 langues et de cultures. Il établit un lien étroit entre ces deux entités dynamiques indissociables. L’auteur analyse la trajectoire linguistique du Cameroun d’un point de vue diachronique, permettant de mettre en exergue l’apport des pouvoirs politiques camerounais qui consentent moult efforts pour sauvegarder l’âme culturelle qui demeure le capital le plus sûr de son identité. L’auteur démontre que la langue représente un enjeu majeur dans la construction de l’identité culturelle d’un peuple, à telle enseigne que, priver le peuple camerounais de ses langues revient à l’aliéner et à l’assujettir.
La contribution d’Agathe Ngo Biyouha repose sur l’acquisition du français par les Nigérians à Yaoundé. À partir d’une enquête menée dans cette ville auprès des ressortissants nigérians qui y sont installés pour des raisons généralement commerciales, l’auteure identifie et analyse les différents moyens et techniques utilisés par les Nigérians pour devenir des locuteurs du français dans cet espace multilingue. Elle relève ainsi deux principaux types d’acquisition du français : l’acquisition non guidée qui est majoritairement adoptée et l’acquisition guidée. Les différentes stratégies de chaque type d’acquisition sont mises en exergue.
In fine, ce deuxième numéro de la revue Langage, Discours et Sociétés (LaDiSo) est riche et varié. Il aborde des thématiques très pertinentes. Les lecteurs, appartenant à des disciplines spécifiques des sciences du langage, y trouveront des réflexions édifiantes et stimulantes.
La dynamique du français en Afrique : articuler diversité, réflexivité pour l’appropriation des langues
Valentin FEUSSI, Université d’Angers (France)
La complexité sociolinguistique des pays d’Afrique francophone a conduit à une conception diversifiée des expériences de la diversité des langues (Dumont et Maurer, 1995), nourrie des politiques linguistiques différentes (Manessy, 1994) et inspirée de multiples approches éducatives des langues (Maurer, 2010). Pour ce qui concerne l’enseignement/apprentissage du français, un des enjeux les plus importants, depuis l’arrivée de Jean Dard au Sénégal en 1816 (Calvet, 2010), reste l’adoption de méthodes didactiques fondées sur la contextualisation sociolinguistique (Spaeth, 2021). Une contradiction va néanmoins s’observer dans les orientations didactiques : le seul point de vue institutionnel régit prioritairement les principales pratiques didactiques alors que la dynamique de cette langue repose de plus en plus sur la construction d’identités à la fois plurielles et complexes. Certes ces dernières années, la prise en compte des langues nationales dans des pratiques bilingues (pédagogie convergente, trilinguisme extensif, approches bi-plurilingues) est progressivement devenue la norme : ce qui constitue une avancée importante. On peut toutefois s’interroger sur le besoin de « maitriser » toute altérité (Spaeth, 2021) en arrière-plan de cette dynamique, ce qui prolonge en filigrane un imaginaire du français adossé à la volonté de puissance et de diffusion. Ne pourrait-on pas accorder plus de place à ce que Wald (1994) a appelé « appropriation diffuse » en s’interrogeant davantage à partir du point de vue de ces personnes qui vivent les dynamiques didactiques au quotidien ? Voilà un des objectifs de cette réflexion qui voudrait mettre en valeur une option appropriative des langues, privilégiant des expériences socioculturelles « en deçà » du code linguistique. J’expliciterai mon propos en montrant que ce choix conduit vers une optique réflexive et expérientielle. Comme je l’expliquerai ensuite, cette orientation découle de la façon de « vivre (aussi) en français », selon un processus appropriatif que conceptualise la notion de « sémantaxe ». Je terminerai en présentant ce choix comme la résultante d’un point de vue pluriel ou expérientiel (et non uniquement descriptif ou sémiotique) des langues.
1. La réflexivité : débrouille et bricolage
Un entretien¹ avec Valérie, professeur de français et enseignante de langues et cultures camerounaises dans des établissements secondaires de la ville d’Edéa nous a permis de revenir sur son expérience professionnelle. Elle relève ainsi les contradictions dans les curricula, dans les méthodes d’enseignements par rapport à ses pratiques et termine par un souhait :
Valérie — Je trouve des astuces… j’essaie de comprendre ce que je dois enseigner… pour pouvoir amener les élèves à comprendre, à tirer des enseignements d’une leçon. Déjà à chaque fois on a l’impression qu’on a des nouveaux élèves. À ce moment nous ne pouvons pas enseigner les programmes tels que donnés… nous essayons tout simplement d’apporter l’essentiel aux élèves
Enquêteur — Quelle langue est-ce qu’on enseigne à Edéa
Valérie — Le basaa et le bakoko…
Enquêteur — La majorité parle ou comprend le basaa ?
Valérie — Du tout… c’est pour ça que je pense si on peut nous laisser aussi nous débrouiller avec les élèves, ce serait bien. C’est comme ma collègue xxx qui a tous les problèmes à Douala. Ses élèves sont en majorité des Bamilékésmais comme dans ce groupe là il n’y a pas de langue majoritaire, c’est difficile de leur imposer le duala mais c’est aussi difficile de choisir une langue bamiléké. Un vrai casse-tête car chaque langue choisie ne passe toujours pas.²
Mon expérience de l’enseignement du français au Cameroun (Feussi, 2018) et d’autres arguments développés dans l’entretien permettent de considérer que cet appel à la débrouille traduit une démarche d’enseignement de langues en contextes plurilingues centrée sur une démarche réflexive.
Bien que largement partagée dans les pratiques plurilingues dans les rapports aux langues, la notion de réflexivité est très peu présente dans les recherches sur les processus d’appropriation des langues en Afrique. La recherche OPERA (Altet et al., 2015) reste un des rares cadres où cette notion est prise au sérieux³ et pensée à l’aune de pratiques enseignantes en Afrique subsaharienne. Elle considère l’enseignant comme « un bricoleur qui s’adapte en situation » (Altet et al., 2015 : 51). Je voudrais m’inscrire dans cette perspective tout en la prolongeant vers les processus sociaux de construction de langues, phénomènes à la fois pluriels et complexes. Un des principes de la recherche OPERA est de souligner la prégnance de la personne dans le