Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $9.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Femme
Femme
Femme
Livre électronique329 pages4 heures

Femme

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

« Il était une fois, une petite fille, une toute petite fille de trois ans. C’est "Moi". Un jour, dans la cuisine familiale, debout au milieu de la pièce, elle va vivre une drôle de sensation. Son père, assis à la table, est absorbé par la lecture de son journal. Sa mère, occupée à laver du linge à l’évier, lui tourne le dos. Un silence écrasant remplit la pièce. La petite fille est saisie de la DRÔLE DE SENSATION, un grand vide. Elle ne bouge plus, comme sidérée. "Ils ne me voient pas, ne m’entendent pas, ne me regardent pas, j’ai peur !" Cette drôle de sensation, ce moment de sidération, elle les a enfermés au fond de son petit cœur de petite fille, comme un secret… »

À PROPOS DE L'AUTRICE

Ayant travaillé de nombreuses années en généalogie, Aurore Marie écrit pour remettre de la couleur et de l’amour dans son histoire et la vie de ses aïeules.
LangueFrançais
Date de sortie5 mars 2024
ISBN9791042218829
Femme

Lié à Femme

Livres électroniques liés

Poésie pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Femme

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Femme - Aurore Marie

    Aurore Marie

    Femme

    Roman

    ycRfQ7XCWLAnHKAUKxt--ZgA2Tk9nR5ITn66GuqoFd_3JKqp5G702Iw2GnZDhayPX8VaxIzTUfw7T8N2cM0E-uuVpP-H6n77mQdOvpH8GM70YSMgax3FqA4SEYHI6UDg_tU85i1ASbalg068-g

    © Lys Bleu Éditions – Aurore Marie

    ISBN : 979-10-422-1882-9

    Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

    Pour des raisons d’éthique dues aux descendants, je ne mentionnerai plus les noms à partir de ma grand-mère maternelle. Seulement des initiales et des âges.

    Il était une fois, une petite fille, une toute petite fille de trois ans. C’est « Moi ».

    Un jour, dans la cuisine familiale, debout au milieu de la pièce, elle va vivre une drôle de sensation.

    Son père, assis à la table, est absorbé par la lecture de son journal.

    Sa mère, occupée à laver du linge à l’évier, lui tourne le dos.

    Un silence écrasant remplit la pièce. La petite fille est saisie de la « DRÔLE DE SENSATION », un grand vide. Elle ne bouge plus comme sidérée.

    « Ils ne me voient pas, ne m’entendent pas, ne me regardent pas, j’ai peur ! »

    Cette drôle de sensation, ce moment de sidération, elle les a enfermés au fond de son petit cœur de petite fille, comme un secret…

    Les années de maternelle, ont été éprouvantes pour la petite fille, elle se sentait abandonnée, seule… pleurait souvent sur le chemin de l’école.

    À la communale, son caractère s’exprimait. Elle devint le sauveur des élèves malmenés dans la cour de récréation. Cela va continuer jusqu’au collège…

    Au fil des jours, des mois, des années, elle voyait bien qu’elle ne partageait pas les mêmes idées, les mêmes goûts que le reste de sa famille, elle se sentait seule, étrangère dans sa tête…

    Elle grandit avec son secret. Mieux vaut ne rien dire, ne rien montrer. Rester cachée au fond de soi.

    Le temps passe et me voilà préadolescente.

    Malgré le cadenas fermé à double tour, mes ressentis suintaient, transpiraient à travers la musique, le goût pour la danse classique. D’autant qu’une de mes meilleures amies était danseuse à l’opéra de Marseille, elle s’appelait Michèle. Souvent j’allais dormir chez elle, mon plus grand plaisir c’était lorsque sa mère me proposait de les accompagner aux répétitions sur la scène de l’opéra.

    Sa maman cousait ses tutus, ses costumes de scène à la main, le soir après son travail.

    Elle était secrétaire d’un avocat, très élégante, toujours gantée et coiffée d’un chignon romantique sur la nuque.

    Lorsque j’avais le droit d’aller dormir chez cette amie, pour nous endormir, la maman se mettait au piano et jouait des morceaux de musique classique, Chopin et d’autres grands musiciens dont je ne me souviens plus les noms… Nous nous endormions au son de ce piano merveilleux.

    Ce sont des moments inoubliables, ils seront révélateurs dans le futur.

    En effet, vers quinze ans, j’ai acheté mon premier quarante-cinq tours (microsillon), « L’Adagio d’Albinoni », bien sûr cela détonna dans les goûts de la famille.

    J’ai senti de l’indifférence, comme si cette musique était inaudible, donc aucun intérêt à comprendre pourquoi je l’ai préférée. Et surtout, comment pouvais-je connaître cette musique ?

    Une différence s’installait, s’affirmait dans la famille.

    Plus tard ce sera la musique sacrée, avec Bach, les orgues… cette musique me transportait ailleurs, dans un bien-être que je ne n’aurais pu décrire. Puis ce fut le piano avec Chopin.

    Décidément, mieux valait-il se taire, garder cette part magique, cet imaginaire qui grandissait ? Je sentais bien que je ne pouvais pas exprimer mes ressentis.

    C’était comme un secret, un immense secret.

    Surtout que personne ne voit ni ne sache ce secret.

    Voilà comment la petite fille de trois ans était devenue au fil des années une poupée sage, obéissante, aimante selon les vœux de sa famille. Sans vraiment le comprendre, elle va s’installer dans une dépendance affective.

    Les rares occasions à la maison, où on ouvrait la boîte à souvenirs, je regardais les vieilles photos avec grand intérêt ; j’étais comme aimantée par ces visages que je ne connaissais pas. Les photos des anciens. Je ressentais comme une vibration au regard de ces personnes, comme si quelque chose était vivant, sans paroles.

    Dans la famille on ne parlait pas du passé, du temps d’avant, des anciens ! Secret !

    Le temps passe, la petite fille a bien grandi et elle s’est adaptée à cette famille-là.

    Elle savait que ce qu’elle vivait n’était pas audible par les siens et sûrement aussi à l’extérieur…

    Le cadenas, toujours bien fermé, laisse filtrer, émerger lentement ses ressentis. L’attirance pour le silence des églises, la grande musique, les opéras, la dance, son intérêt pour l’histoire de France, le dessin, la peinture…

    Mais le secret est bien gardé. Son imaginaire grandit, se peaufine. Son émotivité est plus subtile. Tout doit demeurer au fond de son cœur. Silence !

    À dix-huit ans, je suis amoureuse, je me marie, fonde une famille.

    La vie est tracée, parsemée d’épreuves douloureuses, de très bons moments aussi. Mais, je suis toujours incolore, inaudible, invisible et pas comprise… Toujours aussi seule dans ma tête, et dans mon cœur.

    Les années passent…

    À quarante-six ans, c’est le grand fracas. L’accident de voiture.

    Le choc brutal qui va stopper ma vie. Physiquement, émotionnellement, matériellement et surtout affectivement. Je suis devenue « LA POUPÉE CASSÉE, BRISÉE » remise au fond du placard, abandonnée, car plus conforme aux désirs de sa famille.

    Une fois la croûte cassée, que reste-t-il ? Que va-t-il se passer ?

    Une porte s’est ouverte, la toute petite fille de trois ans resurgit du passé :

    « Je n’existe plus, personne ne me voit, ne m’entend, ne me comprend, ne m’écoute, je suis transparente, inodore, ça recommence ! »

    Où sont les liens porteurs ? L’aide et la présence de ma famille de sang et de mon compagnon ? Je suis seule, rejetée, abandonnée. Pour survivre à ce fracas, je ne peux compter que sur moi. Alors je vais m’adopter, me nommer, oui, je vais me reconnaître, me considérer ; je m’appellerai « AURORE ».

    Moi, je la vois Aurore, je l’entends, je la comprends, elle, si secrète toutes ces années passées, lève la tête et ose le « SOI ». Elle qui, tout au long de sa vie, répétait sans en connaître le sens profond :

    « Mais, ce n’est pas possible, je suis invisible, inodore, incolore ; personne ne m’entend, ne me comprend ? »

    Le silence, elle connaissait, elle avait appris à se taire, ne rien demander, ne jamais livrer ses ressentis au risque d’être raillée, rejetée et souvent abandonnée.

    La poupée, la marionnette qu’elle était devenue jusqu’à ce fracas a disparu. Elle n’existait plus, elle est restée dans la carcasse de la voiture et mise à la casse.

    Aurore a pris sa place. Maintenant, la petite fille est libre de vivre ses ressentis, maintenant elle peut commencer son histoire.

    Voici mon histoire…

    « Il était une fois mon histoire. L’histoire d’une FEMME, l’histoire de la FEMME, l’histoire de toutes les FEMMES. »

    Je m’appelle Aurore. Ce livret vous est destiné. À vous les FEMMES du monde, les FEMMES de tous les temps.

    En 1992, je suis victime d’un accident de voiture qui va me laisser handicapée durant sept années.

    SEPT ANS DE SOUFFRANCES PHYSIQUES ET PSYCHOLOGIQUES.

    Avec des. Périodes entrecoupées d’hospitalisations, d’opérations, et j’en passe…

    Pour occuper mes pensées et oublier mes douleurs, et sûrement réaliser un besoin enfoui ; je me lançais dans les recherches généalogiques de mon arbre (mon clan), je contactais les mairies en expliquant ma situation et j’avoue que j’ai toujours eu affaire à des personnes compréhensives et serviables. Donc, je recevais par courrier les informations que je demandais.

    J’avais le temps, je ne sortais pas de la maison, sauf pour des raisons médicales !

    J’ai pu remonter le temps jusqu’en 1700. Je découvrais avec étonnement et joie mes origines.

    Des noms, des prénoms, des lieux de vie, des professions et bien plus encore…

    Je fus tout de suite attirée par la lignée maternelle, mes « Aïeules ».

    Des prénoms comme Léontine, Catherine, Jeanne, Louise, Bernarde, Bertrande et bien d’autres encore. Ma curiosité grandissait. Il fallait que je continue, je voulais les connaître.

    Comment avaient-elles vécu, à quoi elles ressemblaient, avaient-elles des rêves ? Des milliers de questions se bousculaient dans ma tête. Il fallait que je sache, j’avais bien du temps, clouée au fond de mon lit ! Ne dit-on pas : « Qui cherche trouve ! » alors, pourquoi pas moi… Je ne vous cache pas que cela a pris plus de sept ans de recherches et d’analyses.

    Ce n’est qu’en 2002 après ma guérison que j’ai pu partir sur les traces de mes Aïeules, la lignée maternelle. Une belle région que je ne connaissais pas ; Les Pyrénées, dans la vallée d’Aure.

    Mes recherches étaient autour de Hèches, Arrau, Lannemezan, et Jezeau. Dans la vallée d’Aure, pas très loin de l’Espagne.

    Comme je suis très curieuse de connaître mes origines, je vais approfondir au maximum mes recherches, analyser tout ce que je trouverai.

    Hèches est le fief des Barbazan.

    Mais que veux dire HÈCHES : Ce nom signifie GRADIN herbeux en GASCON, comme un replat (la Hèche) dans une pente accidentée.

    Au XVIIIe siècle, de grandes familles de verriers y étaient installées, les vastes forêts produisaient le combustible pour leurs fours.

    Le charbon de bois, provenant des grandes forêts de hêtres, y était aussi fabriqué pour la forge de REBOUC, petite commune rattachée à HECHES en 1790.

    Que veut dire AURE (vallée d’AURE) : Étymologie.

    Aure provient du latin aura qui signifie « brise » ou « souffle » et qui est à rapprocher de l’ancien français Aure qui signifiait « brise » ou « vent doux ».

    En latin, l’adjectif « aureus » se traduit par « or » ou « semblable à l’or ». On accorde parfois également des origines grecques au prénom Aure avec le terme « AURIOS » qui signifie « matinée ».

    Signification du prénom Aurore/féminin (c’est mon surnom).

    Prénom dérivé de Aure. Du latin « AURUM », signifie « OR », se fête le 4 octobre. Latine : de AURORA.

    Dans la mythologie grecque, Aurore est aussi le nom de la déesse du jour. Par ailleurs, on trouve le prénom Aurore dans le dessin animé de Walt Disney, La belle au Bois au bois dormant. La princesse qui attend le Prince charmant qui la délivrera… (Source internet)

    Je crois que toutes les femmes de mon clan ont attendu « LE PRINCE CHARMANT toute leur vie en vain. » J’en fait aussi partie…

    AURE, Aurore expriment de la douceur, de l’OR, cela me plaît bien, me fait du bien !

    Curieux cette coïncidence entre la vallée d’Aure et mon surnom Aurore ?

    Après les Pyrénées, plus près de moi Marseille la ville où je suis née.

    Mais que se passait-il dans les Pyrénées à cette époque-là ?

    Un peu d’histoire est toujours bon à savoir, alors je plante le décor.

    Au printemps 1831, c’est toute l’Ex-Baronnie de HECHES, en Vallée d’Aure, qui se solidarise violemment contre la famille détentrice du domaine forestier. Les pouvoirs publics, peu à l’aise dans ces actions de self-justice n’interviennent que lorsqu’elles ne peuvent vraiment pas faire autrement.

    Au cours de cette « guerre des Demoiselles », qui se déroule en Ariège du printemps 1829 à 1832, avec des soubresauts jusqu’en 1872, on découvre face à face, d’un côté, des « bandes » de paysans de 20 à 30 hommes déguisés en femmes, enragés de se voir soudain privés de l’accès aux forêts, et, de l’autre, des charbonniers furieux et sans travail, des gardes forestiers et des gendarmes. Les premiers harcèlent et rossent les seconds qui ont bien du mal à les identifier :

    Ces récits romancés ont contribué à propager deux idées contestables sur la société pyrénéenne de cette époque : celle du brigand sympathique et loyal, se bornant à prendre poliment la bourse du voyageur, mais n’attentant pas à sa vie ; et celle, tout aussi fausse, confondant les figures du contrebandier et du déserteur avec celle du brigand. En réalité, les actes de ces hors-la-loi obéissaient à des logiques très différentes. Le contrebandier et le déserteur se refusaient à respecter des lois jugées nocives pour la survie d’une population, alors que le brigand, lui, bafouait, à son seul profit, des principes de la morale universelle.  (Source internet)

    La violence, l’injustice étaient donc bien présentes en ce temps-là. Je pense aussi que la misère en était pour quelque chose !

    La Seconde Restauration est le régime politique de la France de 1815 à 1830. Elle succède aux Cent-Jours, qui avaient vu Napoléon revenir brièvement au pouvoir. Après une période de confusion, Louis XVIII revient sur le trône. (Source internet)

    Une époque quand même bien mouvementée.

    Ce périple dans cette région que je ne connaissais pas m’a beaucoup touché. J’étais chez elles, sur leur terre, dans leurs villages. J’ai même retrouvé les ruines de la maison où Louise mon (arrière-arrière-grand-mère maternelle) avait vécue. Une très belle région, au relief très doux, verdoyante, car bien arrosée par les rivières, je m’y sentais bien.

    De retour de ce voyage à remonter le temps, je m’affairai à retracer leurs parcours de vie.

    J’étalais toutes mes recherches d’état civil faites dans les mairies des petits villages, quel plaisir de toucher ces vieux livres. À chaque nom, une histoire.

    C’était comme un vieux livre que je feuilletais à la recherche de mes racines. Qu’allais-je découvrir ? Un monde inconnu de moi, peut être des secrets ? Peu importe, je voulais savoir, tout savoir d’elles.

    Les mœurs de leurs époques, leurs conditions de vie en fonction des lieux et des métiers.

    Une chose était sûre, je ne descendais pas d’un « Roi », pas plus que d’un noble.

    Non, moi, mes ascendants étaient Charbonnier dans la montagne, Tailleur de pierres, Agriculteurs.

    Qu’importe, ce qui m’intéressait c’étaient les « FEMMES » de mon clan.

    Comment m’en approcher, comment les sentir ? Avaient-elles des rêves ? Est-ce que je leur ressemble ? Quelles étaient leurs vies de tous les jours ? Quelle était la société dans laquelle elles vivaient ? Quel lien chacune d’elles avait avec leur mari, leurs enfants, leur famille, la société ?

    Des milliers d’interrogations auxquelles il fallait que je trouve des réponses. Une chose était certaine, « Une montagne de recherches m’attendait ».

    Ma curiosité grandissait de jour en jour.

    Par quoi, par qui, vais-je commencer ? Moi ? Quelle FEMME de mon Arbre généalogique ?

    Après toutes ces enquêtes, j’avais une tonne de documents, beaucoup de matière pour écrire. Il fallait simplement que je dessine mon Arbre, que je positionne les personnes le composant et surtout que tout soit bien clair dans ma tête, et sur le papier.

    Comment vous présenter ces FEMMES, leurs vies, mais surtout comment savoir leurs ressentis, leurs émotions, leurs pensées ? J’avais bien trouvé quelques photos jaunies, je possédais les documents administratifs officiels des mairies, j’avais même réussi à faire parler les derniers ascendants en vie pour me raconter les histoires connues de la famille, mais plus important encore, les petits secrets, certains non-dits…

    Oui, tout cela était bien, mais moi je voulais encore plus. Il fallait que je rentre en résonance avec elles. Pourquoi ? Je ne sais pas, cependant au fond de moi j’étais sûre que je trouverai la solution pour accéder à cet autre espace-temps.

    Les jours passant, je m’installais dans le silence de mes pensées, avec la certitude que cela arriverait. Petit à petit, de nouvelles et profondes émotions naissaient en moi. Étaient-elles le fruit de mon imagination ? M’appartenaient-elles ? Avais-je établi sans le savoir, un lien avec ces FEMMES ?

    Je ressentais de l’Empathie, de l’Amour, du Respect pour elles que je n’ai pas connues ; mais que je pouvais nommer. C’était comme si elles étaient à côté de moi.

    Puis, vint le moment où des images se sont formées sur mon écran mental, assorties de leurs émotions qui, sans aucun doute, leur appartenaient.

    Ces émotions, ces ressentis me parlaient, pour certains je les reconnaissais pour les avoir vécus.

    Pourtant je ne suis pas ces FEMMES ? Je ne suis que leur descendante ! Se pourrait-il que nous ayons vécu les mêmes choses ? Dans un autre temps, un autre espace, un autre décor, d’autres costumes ?

    Qu’étais-je en train de faire ? Ces ressentis étaient forts, je ne pouvais pas les inventer ?

    C’est drôle, les pensées, les mots, les ressentis se présentaient à moi, simplement, clairement avec fluidité. Cela devenait presque normal, comme une plume qui glisse toute seule sur le papier. Tout cela s’écrivait dans mon esprit, mon être.

    J’aurais pu me croire au théâtre, assise confortablement, devant moi sur la scène vaquer ces FEMMES dans des moments précis de leurs vies. Elles se croisaient sans se voir ni s’entendre.

    Quelle expérience je vivais là ! Je n’étais pas plus surprise que ça, j’étais bien. Je ne comprenais pas tout, mais peu importe. Je me remplissais de ce spectacle rien que pour moi.

    L’important c’était de le vivre, l’accepter et certainement que tout cela avait un sens même si je ne le connaissais pas. Pour l’heure je me contentais de le vivre sans question.

    Je décidais donc de commencer par « Catherine » Sajous-Frojouan, septième génération au-dessus de moi.

    Je trouvais ce nom magnifique, mais que voulait-il dire ?

    Sajous est un nom localisé dans la région du sud-ouest, surtout porté dans les Hautes-Pyrénées (variante : Sajoux). Il désigne la maison située en dessous du village (occitan çai-jos = ici dessous). Le contraire est représenté par le nom Sassus (65, 64) = ici dessus. (Recherche internet)

    Je n’ai pas trouvé l’origine de » Frojouan », perdu au fil du temps sûrement.

    Elle est née en 1791, décédée en 1837 à l’âge de 46 ans (curieux, hasard ? j’avais 46 ans quand cet accident de voiture est venu fracasser ma vie).

    Son père était cultivateur et avait disparu depuis quatre ans en ESPAGNE, présumé mort victime de la FUREUR DES INSURGÉS ESPAGNOLS (note écrite sur le registre de la mairie).

    Elle a épousé François Borde-Fouran décédé à 48 ans en 1835 (mort à l’orée d’une forêt victime d’un coup de fusil mortel), les archives de l’époque parlent d’une mauvaise rencontre. (Meurtre ?)

    Encore un joli nom, allons voir ce qu’il veut dire.

    BORDES : Nom qui désigne l’habitant d’une ferme, d’une métairie, ou le possesseur d’une grange. Le mot vient du francique *borda (cabane de planches), lui-même formé sur *bord (= planche). Le nom de famille est surtout porté dans le Sud-Ouest et en Limousin, tout comme sa variante Borde.

    FORAN ou FOURAN est un mot occitan signifiant extérieur < occitan FORA < latin FORIS = dehors, hors de., à l’origine des innombrables Forest qui désignent dans la région une construction ou un abri pour les troupeaux en dehors de la ferme ou du village [Faure]. (Recherche internet)

    Décidément ce nom était bien représentatif de la famille.

    Mais mourir d’un coup de fusil est moins rigolo.

    (Curieux, coïncidence ? c’est exactement la même histoire, qui se répétera, mais beaucoup plus près de moi).

    Catherine et François ont eu trois filles. Marguerite (aveugle) née le 9/8/1829, décédée le 27/5/1862 à 33 ans ; Raymonde (sourde) née le 1/8/1823, décédée après 1881 à l’âge de 58 ans, et mon aïeule Bernarde née en 1814.

    OUF ! Ça commence mal. Le couple décède très jeune, François à 48 ans et Catherine à 46 ans ; laissant trois filles, dont deux handicapées !

    Qu’en était-il des enfants handicapés durant cette période ?

    Voyons ce que l’histoire nous raconte.

    Sous la Constituante, la loi du 21 et 29 juillet 1791 crée l’Institution des sourds de naissance. Celle-ci, installée le 4 avril 1794 dans l’ancien séminaire Saint-Magloire, devait poursuivre l’œuvre de l’abbé de l’Épée. L’école se nomme désormais Institut National des Jeunes Sourds et se trouve au 254 rue Saint-Jacques. Des écoles spécialisées, d’abord religieuses puis laïques, sont ensuite ouvertes dans les différentes régions françaises, souvent par des disciples de l’abbé de l’Épée, parmi lesquels René Dunan à Nantes.

    En 1829, Ferdinand Berthier et Alphonse Lenoir sont les premiers sourds devenus professeurs à l’Institut National des Jeunes Sourds. Jusqu’à 1880, l’éducation des enfants sourds en langue des signes française a continué de croître. On note les répéteurs sourds : Laurent Clerc, Jean Massieu, René Dunan, Ferdinand Berthier, Ernest Dusuzeau, Claudius Forestier, etc.

    Je ne pense pas que Raymonde ait pu en bénéficier, au fin fond des Pyrénées !

    Et sa sœur Marguerite, aveugle ?

    Première école pour les aveugles à Paris

    En 1784, Valentin Haüy ouvre l’Institut Royal des Jeunes Aveugles, l’actuel Institut national des jeunes aveugles (INJA). C’est la première école pour les aveugles. … L’INJA est placé sous la protection de l’État en 1791.

    Louis Braille (1809-1852)

    Il est l’inventeur du braille, ce système d’écriture tactile à points saillants à l’usage des personnes aveugles ou malvoyantes.

    Louis Braille est devenu aveugle accidentellement à l’âge de 3 ans, alors qu’il manipulait une alène (outil qui sert à faire des trous dans le cuir) dans l’atelier de son père.

    En 1827, âgé de 18 ans, il présenta son propre système. En 1829 parut Procédé pour écrire les paroles, la musique et le plain-chant au moyen de points, à l’usage des aveugles et disposés pour eux. Cet ouvrage est le véritable acte de naissance du système braille.

    Si le système mis au point par Louis Braille a évolué jusqu’à nos jours, il est encore celui utilisé par les personnes aveugles ou malvoyantes notamment pour tout ce qui relève de l’apprentissage, de l’éducation, de la formation.

    (Recherche internet)

    Pas de mal à penser la vie de Catherine, brassière de profession, en fait elle se louait à la journée pour travailler dans les champs, ou à diverses taches.

    Le métier de brassier peut être celui qui loue ses bras pour le travail de la terre (il n’a pas de charrue, pas d’animal)

    Ce terme est employé par exemple en Midi-Pyrénées, mais certainement aussi dans d’autres régions.

    D’après le site de « les métiers de nos ancêtres », le brassier peut aussi être un bûcheron qui fait du bois de chauffage et empile des brasses, la brasse étant une mesure, qui apparemment variait selon les régions !  (Recherche internet)

    Dur métier… Mais bien de la région.

    En ce temps-là, comment se nourrissaient les paysans :

    Dans certains villages reculés, en 1830, on ne connaît même pas la viande de boucherie ! Elle est totalement inconnue et l’on ne se contente que du porc salé ou frais. La principale nourriture reste le légume avec le pain, un oignon et la soupe au pain ou au lait le soir. Les jours de fête, on mange le cochon ! Dès 1850, le bœuf fait son apparition sur quelques tables privilégiées. La boisson habituelle étant là aussi le cidre, on ne commencera à acheter du vin qu’à partir de 1870. (Recherche internet)

    Jeune veuve à 44 ans avec trois enfants, dont deux handicapés. Sûrement dans la pauvreté, pas étonnant qu’elle meure deux ans après son Mari tué, laissant ces trois enfants orphelins. Les parents et les enfants étaient illettrés. À cette époque-là, la France est une immense paysannerie.

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1