Magnolia Express: Roman
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À propos de ce livre électronique
Christophe Thibierge
Christophe Thibierge a écrit ce roman à l'âge de 25 ans, au siècle dernier, puis il est passé à autre chose - tout en continuant à écrire. Presque 30 ans plus tard, il décide de publier ce roman tel quel, avec ses idées et ses passions de l'époque, comme témoignage de celui qu'il était, et qu'il est probablement encore.
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Aperçu du livre
Magnolia Express - Christophe Thibierge
Pour Adeline,
Où qu’elle soit.
Sommaire
Première partie : Prélude en Fugue
Le vieil homme et la rivière
Café brûlé
Bob
Repas d'affaires chez les oiseaux
(avant) Tout sauf Joe Schlabotnik
Caletown
(avant) Deux livres et demie d'inconnu
Libellule
L'aigle de la route
(avant) Les loups et les hommes
Mississippi River
(avant) Deux auditeurs souriants
Conrad et son taxi
Des nuages et des chats
Prélude en fugue
Prélude en fugue (2)
Nouvelles de la région
De pancartes jalonner notre vie
Jack Kerouac, et quelques paysages
Deuxième partie : En glissant doucement au loin
La victoire des ours barbus
In the night, par Edward Hopper
Et ta nuit sera illuminée comme la mienne
Paquebot Taxi
Joe le Bûcheron et les bouches d'incendie
Il faudrait que j'en parle à la NASA
Petit guide à l'usage des durs d'oreille
Papillons de nuit
(avant) La quête (1)
(avant) La quête (2)
(avant) Fort Zinderneuf
Breakfast dans l'air surchauffé
Maîtriser sa vie.
Plongée sous-marine
(avant) Déchirement
Rhapsody in Wood
Rendez-vous au paddock
Eileen
Rêve nocturne au milieu de l'été
Wells Fargo Inc.
Étape de nuit
Stuffy beans
Repos
Tribunal de lapins
Lac
Gros Bêta
Vénus
Big Salmon Inc. (1)
Big Salmon Inc. (2)
Pas de mots pour ça
(avant) Tu étais là
Troisième partie : Tijuana
Lait et crème fouettée
Pluie d'argent dans la vallée
Vieux Bill Horseshoe
Le convoi de la Rivière Sanguine
Mouvements syndicaux chez les lettres
Vieux Bill Horseshoe (2)
Vieux Bill Horseshoe (3)
Cargo cabane
George et Théa
Dîner des Grands de ce Monde
Dîner des Grands de ce Monde (2)
Pensées de Conrad
Dîner des Grands de ce Monde (3)
Un rêve d'Aline
Cahutes
Cahutes (2)
Ça marche.
Anecdotes
Ballade
Marée humaine
Les îles enchantées
Âmes en peine
Ça marche (?)
Gloire à nos courageux pilotes
Et ta peine sera lavée dans les eaux d'un fleuve boueux
Quatrième partie : Magnolia
Quelque part au sud
Hauteurs du Tamalpais, 3h du matin
Grande pensée (1)
Grande pensée (2)
Grande pensée (3)
Grande pensée (4)
Grande pensée (5)
Cailloux blancs
Train Fantôme
Train fantôme (2)
Assis sur ce train
Union Station
Si tu passes un jour en Oklahoma
Traces
(avant) Sautillons, sautillons
(avant) Expectative
(avant) Haïku du vide
(avant) Grande Pensée ?
Pas plus qu'un autre
Epilogue : Magnolia
La chanson du bateau de rivière
14 poèmes pour Aline
Première partie :
Prélude en Fugue
Le vieil homme et la rivière
Chaque matin, le vieil homme passe devant ma maison. La brume se lève à peine, la rivière est encore tranquille, glacée comme un miroir et transpercée çà et là par quelques roseaux pointus. Il suffit que je descende vers la berge, l'herbe me chatouille les pieds, que le ciel soit gris ou bleu, pour entendre le bruit de son vieux moteur, comme une horloge qui ferait Touk, Touk, Touk, Touk. Quelquefois je me suis fait un café, et je descends avec ma grande tasse serrée dans les mains, d'autres fois j'ai juste les poings au fond des poches, les yeux plissés à attendre l'apparition de son vieux bateau au tournant de la rivière. Il passe chaque matin, pour aller pêcher plus bas, vers la mer, on se fait juste un signe, ça nous suffit pour la journée. Et quand la vie est triste, quand tout est lourd et sans saveur, j'aime bien le voir glisser doucement vers la mer. Il ne pourra rien m'arriver tant que le vieil homme passera chaque matin devant ma maison.
Aline me dit que ça ne sert à rien, elle ne comprend pas et souvent elle me jette un oreiller à la tête quand je me lève. Ça fait partie du rite, et même si elle me rate souvent, j'aime bien qu'elle m'envoie son oreiller à la tête. Les matins où elle reste à bouder, j'attrape un de ses pieds nus, et elle le retire sous la couette en faisant Ouuuuuh, et elle émerge doucement sous ses cheveux tout décoiffés.
Café brûlé
Quand on a échangé un signe, le vieil homme et moi, je remonte dans la chambre avec ma tasse de café. C'est du bon café brûlé, et l'odeur embaume tout l'escalier et la chambre. Je m'assieds à nouveau dans le lit, et j'attends que l'odeur chatouille les narines d'Aline, j'attends qu'elle se retourne en faisant Mmmmmgrmff vers ma grande tasse de café. J'adore la regarder qui se soulève, et qui me lance un regard peu amène, des cheveux dans la figure et le nez chiffonné. Moi je me contente de prendre un air détaché, de humer mon café d'un air innocent en regardant au plafond. Ça n'est pas de ma faute si j'aime bien me lever tôt le matin, et le café quand il a une chaude odeur de bois.
Bob
Au moment où nous descendons, les champs commencent à être ensoleillés, et une fumée de vapeur monte de la terre, les arbres sont encore endormis, on entend juste quelques oiseaux. De temps en temps, quand on a de la chance, on voit un renard qui traverse l'herbe en trottinant et qui rejoint vite la haie dans l'ombre. Je l'ai appelé Bob.
Je me souviens de la première fois qu'Aline a vu Bob. C'était au petit matin, je ne la connaissais que depuis la veille et je ne savais pas encore comment elle dormait, ce qu'elle aimait comme café, ce qu'elle pensait du Président Nixon, enfin tout quoi. Nous dégustions notre café brûlé, les yeux dans les yeux, je regardais les paillettes dorées dans les siens, et les petits plis de sourire autour. Je la regardais froncer le nez, plonger dans sa tasse à la recherche des dernières gouttes, et puis soudain elle s'est immobilisée, le regard fixé derrière moi, vers la fenêtre de la cuisine. Je me suis retourné juste pour voir le panache de Bob disparaître dans le fourré.
- c'est Bob le Renard, lui ai-je dit. Pour expliquer.
Repas d'affaires chez les oiseaux
Chaque matin, quand nous avons fini de boire le café, Aline s'étire sur sa chaise, se lève et met les grandes tasses dans l'évier, puis fait couler dessus de l'eau chaude, un petit nuage de vapeur monte vers la fenêtre.
Les oiseaux connaissent bien l'heure, et quand je sors pour secouer la nappe, ils atterrissent juste sur les dalles de la terrasse. Certains se posent à la fin d'un long vol plané, en battant rapidement des ailes, puis sautillent vers moi d'un air affairé. J'aime bien ce moment-là, à déchaîner une petite fête avec ma nappe de coton à carreaux. Par derrière, j'entends les cling, cling d'Aline qui finit, le soleil commence à fabriquer des ombres, et la rivière se devine derrière une rangée d'arbres, un peu plus bas. Quelquefois, je reste avec ma nappe qui pendouille, à écouter et regarder. Au bout d'un moment, j'entends qu'on pousse le battant de la porte derrière moi, et deux bras doux se nouent autour de ma taille. Je sens son visage appuyé contre mon dos, elle écoute aussi et je n'ose plus bouger.
Ça fait déjà longtemps que les oiseaux sont partis travailler.
(avant)
Tout sauf Joe Schlabotnik
Je m'appelle Aline, et il y a un mois je voulais acheter un livre, mais je n'avais pas d'idée, je voulais juste lire un livre. C'est toujours très difficile de trouver ce genre de livre, on a l'impression qu'on embête les libraires, ils ne savent pas du tout quoi vous proposer. Alors je suis descendue vers le centre-ville, en essayant de trouver une librairie que je n'avais pas encore essayée, mais je ne me faisais pas d'illusions : on allait encore me poser plein de questions, tout ça pour se retrouver avec le dernier roman de Joe Schlabotnik, « tout le monde m'en dit du bien, vous verrez vous allez aimer ». Alors moi je veux bien, je prends le livre, je le paye et je le lis, mais ça n'est jamais le livre que je cherchais.
J'attendais le signal lumineux pour