Vampire en colocation: Thriller fantastique
Par Elin Bakker
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À propos de ce livre électronique
Personne n’aurait cru qu'elle se réveillerait un jour. Pourtant, la jeune femme ouvre les yeux dans son propre cercueil.
Elle est amnésique et a acquis des capacités surhumaines. Un mystérieux jeune homme la découvre ainsi. Il aurait dû être étonné de la voir en vie, elle aurait dû avoir peur de lui. Mais il n'en est rien.
Il fera tout pour la protéger.
Malheureusement, Aline fera également tout pour retrouver ses souvenirs, mettant terriblement en péril son nouvel allié.
Et si ce bel homme lui cachait tout ce qu'elle a toujours cherché ?
Plongez sans plus attendre dans ce roman fantastique déjà primé à de nombreuses reprises !
EXTRAIT
Le jeune homme ferme enfin les yeux, tentant de toutes ses forces de se rappeler de chacun des douloureux traits du visage de celle qu'il vient de perdre. Il ne verra plus jamais les expressions qu'accueillait le visage de sa bien-aimée. Plus jamais. Le rire cristallin de cette fille a disparu tel un feu de camp qu’on éteint. C’est la lueur de son cœur que cette nouvelle avait brisée. Il ne lui reste plus rien, si ce ne sont les souvenirs vécus avec elle. Ces bouts de mémoire qu’il aimerait revivre encore et encore. Pourtant, cela lui est impossible.
Ça, c'est ce qu'il croyait en tout cas.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Un livre surprenant rempli de sensualité et de mystère, rédigé par une plume envoûtante. - Les Ficties
Un chef d'oeuvre du suspens qui nous fait passer un message véritablement engagé. - Golden Awards
À PROPOS DE L'AUTEUR
Elin Bakker a 17 ans. De nationalité belge, elle a toujours été passionnée par l’écriture et la lecture. Depuis son plus jeune âge, elle imagine des mondes fantastiques aux nombreuses facettes. À 15 ans, elle se lance sur la plateforme Wattpad avec son premier roman. Encouragée par ses lecteurs et par le franc succès de ses histoires loup-garou, elle explore tous les genres littéraires de l’imaginaire. Aujourd’hui, elle écrit des romans fantasy, comme le premier volet de sa saga autour du monde des vampires nommé Vampire en colocation.
En savoir plus sur Elin Bakker
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Aperçu du livre
Vampire en colocation - Elin Bakker
Vampire
en colocation
Elin Bakker
L'imaginaire est notre maison, tant qu'on l'entretient tout ne fait que s'améliorer.
Pour Bram qui est parti bien trop tôt.
Prologue
Une pluie tout aussi pesante qu'acide s'abat sur la ville de Mornal. Une foule incroyablement dense se presse à l'intérieur de la bâtisse constituée d'une pierre grise et fade. Tous sont habillés en noir, formant une mer obscure à l'intérieur de cet endroit aux airs sacrés.
Pourtant, malgré le fait que ces personnes soient à l'abri là-bas, leurs joues ne cessent d'être inondées par une cascade aussi limpide que douloureuse.
Les inconfortables bancs en bois, qui occupent la moitié de l'espace de cette immense salle, sont déjà presque tous occupés. Ils accueillent toutes sortes de personnes de classes sociales différentes.
Les parapluies, quant à eux, ont l'honneur de rester à la majestueuse porte d'entrée en bois massif.
Chacun se fond dans la population accumulée en masse ici, personne ne s'en distingue. Ce n'est pas le moment d'être extravagant, au contraire. Des centaines, non des milliers, de bouquets de fleurs se dressent un peu partout autour de ces êtres humains. Certains sont obligés de rester debout, faute de place.
Leurs innombrables pétales, rouges comme blanches, contrastent parfaitement avec tout le reste du décor. Cette sombre scène en est une que tous aimeraient pouvoir oublier.
Sur le tout premier banc, celui qui est le plus proche de l'autel, est assise une jeune fille aux cheveux presque dorés. À ses côtés, se trouve un homme aux épaules larges et fières. Il ne cesse de fixer cette immense boîte posée au beau milieu de l'église. Cette boîte que le père a dû choisir pour sa chère fille. Une larme solitaire coule le long de ses joues, avant d'atterrir sur ses mains jointes. Ses cheveux couleur corbeau forment un ensemble harmonieux avec la chemise noire qu'il arbore avec élégance.
Mais un jour comme celui-ci, il n'y a pas d'élégance à avoir. Il n'est pas l'heure de se mettre en valeur soi-même. La seule qui a le droit d'être belle et séduisante, une dernière fois pour toutes, est la défunte. Elle était son petit joyau, celle qui comptait le plus pour lui. L'homme baisse la tête, courbant le dos. Il contemple avec ardeur les reflets qui se dessinent sur la surface de ses chaussures laquées.
Sa fille n'aurait jamais voulu avoir une telle cérémonie. Une seule messe du dimanche était déjà de trop pour elle. Elle n'y allait jamais, elle ne le supportait pas. Cette jeune fille aurait voulu avoir une cérémonie d'adieux flamboyante avec un comité limité et non pas un spectacle uniforme et maussade comme celui-ci. Elle se battait quotidiennement contre ces hypocrites de tout genre qui la regardent à présent partir. Leurs larmes n’ont rien de réel.
Aux côtés de cet homme mûr, une place reste vide. À celle-ci, aurait dû s'asseoir une personne essentielle à celle qui vient tout juste de se retirer du monde. Cette personne aurait dû venir, mais elle n'est pas là et elle ne le sera jamais. Cette femme qui manque à l’appel se fichait de sa famille, de son sang et de leurs sentiments. Elle préférait toujours s’occuper de ceux qu’elle avait choisi, ceux qu’elle appelait sa nouvelle famille. Le père serre les poings, se sentant incompris et abandonné.
À l’autre extrémité du banc, une jeune fille aux yeux couleur noisette serre fortement les poings. Elle contient sa rage, luttant contre ses pires démons à cet instant même. Son regard reste fixé sur le lys blanc qui est posé sur le cercueil blanc et rouge. Rouge, la couleur du sang et de l’amour. Rien n’est assez beau pour son amie. Cette boîte en bois est encore et toujours présente sur l'autel. Cela n’aurait pas dû arriver ! Elle se sent mal, rongée par une culpabilité destructrice. Et elle sait bien pourquoi.
De lourdes gouttes, remplies de regrets, coulent sur les joues de cette fille très proche de la disparue, avant de s'écraser au sol. Elle aurait dû empêcher ce drame. Elle l’aurait pu. Une nouvelle crise de sanglots secoue son frêle corps qui a été détruit par cette déchirante nouvelle. Tête baissée, elle se remémore des souvenirs avec sa meilleure amie, comme tant d’autres le font ici.
Mais loin de tous les regards indiscrets, tout au fond de l'église en pleine cérémonie, se tient la personne à laquelle la belle et jeune victime tenait tant.
Ce jeune homme, posé contre un des glacials murs en pierre de l'édifice, contemple cette scène entière avec une tristesse sans limite au plus profond du regard. Des milliers de gouttes cristallines dévalent de ses yeux, courant lentement à leur perte. Entre ses mains, il tient la fleur préférée de son aimée : un lys blanc. Personne ne le connaît ici. Pourtant, lui, il connaît tous les visages et noms de ceux qui se plaignent dans le vide de cet endroit sacré.
Il reste là, immobile, les yeux rivés sur le cercueil de celle qu'il aime tant. Il a tout fait pour la sauver, mais rien n'a suffi à la ramener à la vie.
Tout à coup, il lève la tête vers la voûte qui surplombe l'intégralité de cette foule attristée. Celle-ci lui communique le son des chants lyriques qui ne cessent de résonner dans le bâtiment entier.
Le jeune homme ferme enfin les yeux, tentant de toutes ses forces de se rappeler de chacun des douloureux traits du visage de celle qu'il vient de perdre. Il ne verra plus jamais les expressions qu'accueillait le visage de sa bien-aimée. Plus jamais. Le rire cristallin de cette fille a disparu tel un feu de camp qu’on éteint. C’est la lueur de son cœur que cette nouvelle avait brisée. Il ne lui reste plus rien, si ce ne sont les souvenirs vécus avec elle. Ces bouts de mémoire qu’il aimerait revivre encore et encore. Pourtant, cela lui est impossible.
Ça, c'est ce qu'il croyait en tout cas.
Chapitre 1
Mes yeux s'ouvrent lentement, comme si ceux-ci ne s'attendaient pas à faire de nouveau cette manœuvre avant un long moment. Mais, même réveillée, je n'arrive pas à respirer. J’ai l'impression que je suis sur le point de m'étouffer. Pourtant, quelque chose me dit que cela ne changera pas grand-chose à mon sort. C’est comme si cette fonction vitale n’a plus d’intérêt pour moi.
Malgré le fait que j’ai ouvert les yeux, tout reste sombre autour de moi. Cela me fait frissonner, tandis que je m’apprête à sortir de mon lit, comme à mon habitude. Pourquoi me suis-je réveillée à cette heure-ci ? Normalement, mon réveil est le seul à pouvoir me tirer de mes rêves à une heure pareille. Je tente de me redresser pour me lever au plus vite. J’ai froid, extrêmement froid. D’où cette sensation peut-elle bien provenir ?
Malheureusement, lorsque je tente de me redresser, je me heurte la tête contre une surface dure. Étrangement, cette collision ne me fait aucun mal. Aucune douleur ne transperce mon crâne, malgré le choc d'une violence inestimée que celui-ci vient de subir. Je secoue la tête pour tenter de comprendre un peu mieux la situation étrange dans laquelle je me trouve piégée. J’ai sûrement dû tomber de mon lit ! C’est ce que je tente de faire croire à ma raison. Cela est la seule raison plausible que je peux donner à une telle situation. Pourtant, je sais pertinemment que je me trouve allongée sur le dos et non sur le ventre. Mais quelque chose m’empêche quand même de me lever. Cela me perturbe jusqu’à m’en faire peur. Que m’arrive-t-il ?
Je passe mes mains, qui sont allongées sur mon ventre en forme de croix, sur les côtés de mon petit corps. Elles passent à peine entre la surface dure qui m’entoure et la masse de ma longue silhouette. Celle-ci a considérablement maigri depuis la dernière fois où je me suis réveillée. Où est donc passé ma mémoire ? Un vide a pris place en moi. Plus aucune image de mon passé ne me revient. Pas une seule ne se presse à la surface. Je ne me rappelle plus que de moi-même et de tout ce qui m’a un jour appartenu, le reste semble avoir pris la fuite. Je m’appelle Aline. C’est la seule chose que mon cerveau parvient à retrouver dans le brouillard de mes souvenirs. Mais qu'est-ce que je fais là ? Comment ai-je atterri ici ? Je ne me souviens même plus de cet endroit ! Tout cela me fait paniquer. Soudainement, je remarque enfin le fin filet de lumière qui pénètre dans l'espace fermé de l'endroit où je me trouve. Mon rythme cardiaque double, non triple, et mes mains deviennent de plus en plus moites. L’intégralité de mes membres tremble horriblement, reflétant la terreur qui commence peu à peu à m’envahir tout entière.
Je tente lentement d'ouvrir cette satanée boite qui m’entoure de toutes parts, tandis qu'un sentiment extrême d’angoisse m’envahit. C’est comme si un mauvais présage se frayait un chemin vers mon existence encore incertaine. Tout cela n'a rien de normal ! Je donne un gros coup dans la surface en bois au-dessus de ma tête. Celle-ci, s'ouvre aussitôt dans un fracas énorme. Le bruit continue éternellement à résonner dans l’espace qui m’entoure. Cette musique se répète un peu partout autour de moi tel un écho.
Une lumière aveuglante me perce soudainement les pupilles, me poussant de nouveau dans le coffre dont je ne parviens pas à refermer le couvercle. Je ferme les yeux pour leur donner une chance de s'habituer à la luminosité excessive de l’environnement dans lequel je me trouve. Pourtant, j’ai tout de même du mal à retenir le cri qui souhaite s'échapper de ma gorge asséchée face à cette agression inattendue. Mon instinct me pousse à rouvrir de nouveau les yeux, ce qui n’est pas vraiment une bonne idée en fin de compte. Je recouvre instinctivement mes yeux de mes mains glaciales, cherchant désespérément un moyen d'arrêter ce calvaire qui ne cesse de me tourmenter.
Puis, après une longue et silencieuse attente, je retrouve enfin le courage de retenter ma chance. Mes paupières s'ouvrent l'une après l'autre, permettant à mon regard de scruter avec attention l'environnement qui s'étend partout autour de moi. L'endroit où je me trouve est majestueusement grand et beau. J’en connais très bien la fonction, malgré le fait que je ne me souvienne pas d'avoir mis un jour les pieds ici. Je me lève en vitesse, tremblant sous la pression de cette affreuse découverte. Mes membres affaiblis me guident en dehors de cette caisse confinée dans laquelle j’étais gardée prisonnière.
C'est alors que je remarque enfin que la boîte, peu confortable, dans laquelle on m’avait allongée arbore un extérieur laqué. Elle ressemble étrangement à du marbre blanc, parcourue de quelques veines rouges, qui remplacent les fils noirs qui s'intègrent dans le marbre naturel. L'ensemble scintille sous la lumière qui entre de toute part à travers les vitraux plus magnifiques les uns que les autres. C'est une boîte qui emporte avec elle les morts. Celle qui se trouve en dessous des pierres tombales à cinq pieds sous terre. Je me trouvais dans un cercueil !
Partout autour de moi se trouve le décor d'une église triste et grisâtre, décorée de quelques centaines de bouquets de fleurs tous plus splendides les uns que les autres. Je couvre ma bouche de mes mains, reculant lentement face à cette découverte des plus traumatisantes. Je me trouve dos à la porte d'entrée faite de bois massif qui semble me fixer avec ses mille croix qui y sont gravées. Je ne trouve pas le courage de me retourner vers celle-ci, le regard fixé sur ce qui aurait dû être ma dernière demeure.
Mes jambes tremblent de peur, me donnant un aspect encore plus vulnérable. Les larmes commencent peu à peu à dévaler sur mes joues telle une cascade. Mes mains moites s’agrippent à tout ce qu’elles peuvent trouver, tandis que je cherche désespérément une explication plausible à cette situation. Ma respiration s’accélère peu à peu, me donnant l’impression que je suis sur le point de m’étouffer avec mon propre souffle. Les battements de mon cœur ne cessent de résonner dans ma tête, accentuant son rythme insoutenable. Mes jambes manquent de céder sous la pression de la panique qui pèse sur mon être entier. Comment est-ce possible ?! Je recule lentement, sur le point de faire une certaine crise de panique. Un immense noeud se forme dans mon estomac, me poussant à avaler à plusieurs reprises une salive bien trop épaisse et pâteuse.
Le sang semble me monter à la tête, réchauffant mon visage entier d’une température remplie de panique. Pourtant, je reste droite, comme fière d’être là. Une partie de moi comprend sûrement la situation, mais je ne réussis nullement à me l’avouer. Mes bras gesticulent inutilement et ma tête se met aussitôt à tourner. Des centaines de larmes continuent à couler le long de mes joues, tandis que j’ai de plus en plus de mal à tenir debout. Tout ceci me paraît tellement invraisemblable que j’ai juste envie de me jeter par terre, de sortir en courant et de demander de l’aide en pleurant toutes les larmes de mon corps. J’en ai besoin, mais je ne le fais pas pour autant. Il me faut comprendre la situation avant de m’abandonner à l’hystérie.
Je manque de tomber à cause des immenses jupes de la robe noir corbeau qui recouvre l'intégralité de mes fins membres. Cette magnifique robe bustier, composée de deux tissus satinés qui se croisent élégamment sur ma poitrine, voltige élégamment autour de mes jambes. Elle m’arrive aux chevilles et épouse tous les contours de mon corps dans un mouvement léger et fluide, grâce à son corset noir rigide et ses autres tissus incroyablement souples. Par-dessus toute la partie du bas, se pose un léger voile noir, proche de la transparence, qui s'accorde parfaitement avec les détails en dentelle du bas de la robe. Je suis, l’espace d’une seconde, éblouie par toute cette beauté et générosité. Malgré cela, mon angoisse ne cesse de monter et le vertige ne cesse de s’amplifier dans mon petit crâne. J’ai l’impression que je n’arriverai jamais au bout de cette souffrance qui transperce ma tête.
Plus je passe de temps dans cet édifice, plus j’ai l'impression que je viens véritablement de décéder. Est-ce que la mort est réellement venue me chercher ? Cela doit être une blague ! Non. Qui ferait une blague pareille ? Cette idée ne fait qu’accentuer mes frayeurs les plus profondes et secrètes. Mon cœur tambourine contre mes tempes, dirigeant cette scène d’une main de fer. Mes pieds font mal et mes dents claquent de peur. Que fais-je ici ? Ce ne peut être qu’un cauchemar ! Soudainement, tout semble s’éteindre avant de m’éblouir de nouveau. Mes yeux ne savent plus ce qu’ils veulent voir ou croire ! Je ne parviens pas à m’apaiser, hantée par la vision d’une figure féminine qui est la mienne. Je suis allongée dans ce cercueil, mon teint est blême et mes mains croisées sur mon ventre. Des présences presque transparentes sont penchées par-dessus mon corps vidé de toute âme. Serait-ce possible que je sois vraiment morte ?
Je pousse un cri assourdissant, tout en faisant quelques pas en arrière. Cet éclat de voix a pour don d’apaiser le brouhaha qui ne cesse d’envahir le vide de mes souvenirs. Chacune des notes de ce cri résonne une éternité dans le bâtiment entier, faisant part de ma confusion à toutes les fleurs qui me rendent hommage. Mes poings sont serrés, ma tête baissée et mes épaules retombent misérablement en avant. Je renifle à plusieurs reprises, m’avançant de nouveau légèrement vers mon cercueil pour m’assurer qu’il est bel et bien en face de moi.
La splendeur des lignes rouge sang qui traversent le blanc immaculé de cette création capte aussitôt toute mon attention. Cela me permet d’oublier un peu mon désarroi. Pendant un court instant en tout cas. Ces veines sont belles et délicates, et n'ont absolument rien à envier à la splendide tenue que je porte. On m’a préparé un adieu en toute beauté. Cela me touche, même si je ne sais nullement d'où tout ceci sort. Et je préfère ne pas le savoir pour le moment. C’est mieux ainsi. Tout en moi n’est que confusion de toute façon. Ma main caresse lentement la surface extrêmement froide du cercueil, faisant part au reste de mon corps que ceci est bel et bien la réalité.
Soudainement, l'immense porte d'entrée de l'église s'ouvre. Je retire aussitôt ma main de la surface blanche, mais ne me retourne pas pour autant vers le nouveau venu. Malgré le fait que je sois paralysée par l’angoisse, mon cœur fait quand même un petit bond de surprise. Cela a le don d’amplifier les tremblements incontrôlés qui secouent mon organisme entier. Si je suis bel et bien décédée, alors il ne pourra pas me voir n'est-ce pas ? Les fantômes ne font pas partie de la vie des mortels. Il passera à côté de moi pour faire ses adieux à celle que j’étais autrefois. Cela provoque une succession de sueurs froides dans mon dos. Rien que de penser à mon propre décès me terrorise toute entière. J’ai de plus en plus de mal à tenir debout et mes genoux peuvent céder à tout instant. Je le sais, je le sens. Mon dos se redresse lentement, remontant vertèbre par vertèbre jusqu’à ce que ma posture ait de nouveau l’air de celle d’une femme fière d’elle.
Un bruit de pas assez régulier s'avance vers moi, si je ne me trompe pas. La confusion pourrait très bien fausser mes sens encore perturbés et endormis. Non. Qu’est-ce que je dis ? Mes sens de jeune fille décédée ! Pourtant, l’inconnu s’approche de plus en plus d’un pas aussi déterminé qu’effrayant. J’espère de tout mon cœur que j’ai tort et croise lentement les doigts. Cette personne ne peut pas venir vers moi ! Malheureusement, mes doutes sont confirmés lorsqu’une main masculine et puissante se pose sur mon épaule droite.
— Est-ce que ça va mademoiselle ?
Me demande-t-il, alors que je continue à espérer que tout ceci n'est qu'une quelconque farce. Je ne réponds donc rien, trop occupée à contempler la magnifique robe noire qui orne mes membres blancs et froids comme neige. Non. Je veux tout simplement éviter ce sort imminent. Tout ceci n’est qu’un cauchemar ! Et je vais me réveiller bientôt, vous allez voir !
— Demoiselle ? Que faites-vous ici ? Me répète cet homme en douceur. Je reste immobile, comme pétrifiée. Que faire ? Mes muscles sont tendus tels des cordes de violon et des perles cristallines coulent encore et toujours sur mon visage. Mon regard part dans tous les sens, cherchant désespérément une sortie. Ma gorge asséchée m’empêche de répondre au nouveau venu, alourdissant encore un peu plus l’ambiance de cet endroit.
Le doute s’empare de moi, me rongeant la conscience. Les secondes paraissent des heures, emportant avec elles des fragments de ma fierté. Je serre encore un peu plus les poings, les réduisant à de petits boulets de canon. L’incertitude me rend muette. La pression me fait vaciller et mon cœur me fait mal.
Finalement, je décide de lui dévoiler mon visage. Que peut-il se passer après tout ? Je me retourne lentement vers lui, tandis que de lourdes larmes coulent encore et toujours le long de mes joues glaciales. Je ferme les yeux, effrayée de tomber sur quelque chose que j’aurais aimé éviter. La seule chose qui parvient à atteindre mes oreilles est le bruit d’un bouquet de fleurs qui tombe par terre. Cela provoque un fracas incroyable dans toute l’église. Un fracas qui poursuit interminablement son chemin dans l’espace. Je ferme les yeux à l’entente de cette chute, par peur de ce que je m’apprête à découvrir.
Mes membres se figent, alarmés par cette réaction loin de la normale. En fin de compte, je ne sais plus si j’ai vraiment envie