Tout ce que l’on ne voit pas
Par Joan Llensa
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À propos de ce livre électronique
“Tout ce que l’on ne voit pas” est un recueil d’histoires effrayantes qui nous emmènent aux limites de notre réalité.
Jorge Magano
Certains disent que la vraie terreur naît de ce que nous avons en nous. Et s’il est vrai que la société a évolué à pas de géants, ce n’est pas le cas de nos plus grandes craintes.
Ouvrir la porte à “Tout ce que l’on ne voit pas” signifie pénétrer dans un monde dangereux et obscur qui nous terrorise. 23 récits courts qui, dans des contextes différents, attiseront vos peurs. Un voyage dans une ambiance tendue qui vous amènera à remettre en question la réalité telle que vous la connaissez.
Voisins, immortalité, vengeance, réincarnation, enlèvement, mauvais traitements… Des thèmes qui se mêlent au surnaturel, au mysticisme et à l’imagination, et qui vous feront douter de ce que vous considérez comme acquis jour après jour.
Joan Llensa ne veut pas faire peur. Ce jeune auteur veut montrer ce qui se cache sous nos yeux, surprendre le lecteur et traverser avec lui la mince frontière qui sépare la lumière de l’obscurité, la réalité du mystère. Dans chaque histoire, vous découvrirez un monde que vous ne pensiez pas si proche et que vous n’oublierez plus, même une fois le livre fermé.
Auras-tu le courage de traverser?
Au top des livres les plus vendus en Espagne, Italie et au Mexique depuis sa publication.
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Aperçu du livre
Tout ce que l’on ne voit pas - Joan Llensa
TOUT CE QUE L’ON NE VOIT PAS
Premiere édition française : avril 2020
Copyright © Joan Llensa, 2020.
Traduction en français : Pascale Leblon
Titre original : TODO LO QUE NO PUEDES VER
Illustrations : Ivan Llensa
Préface de : Jorge Magano
Note de l'édition italienne : Fabio Dell’Orfanello
Conception de la couverture : Sol Taylor
Tous droits réservés.
Suivez-moi sur : http://elsotanodejoan.blogspot.com
Twitter : @joanllensa;) IG : @joanlla
––––––––
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À mes parents,
pour tout ce qui est visible et invisible.
À Pili, Ivan et Linnette,
la lumière dans mon obscurité.
TABLE DES MATIÈRES
« Soyez le bienvenu chez moi ! Entrez de votre plein gré
et laissez ici un peu du bonheur que vous apportez.»
Dracula, de BRAM STOKER
PROLOGUE
DE JORGE MAGANO
––––––––
Il y quelques années, j’ai publié un roman qui portait, sur la première page, une citation du célèbre écrivain de science-fiction Phillip K. Dick. La citation dit : « La réalité, c'est ce qui ne disparaît pas quand on arrête d'y croire. »
Comme Dick, j’ai la conviction que tout ce qui a un jour été pensé, rêvé ou inventé par un esprit humain existe dans la réalité. Qui remet en question l’existence, même relative, de personnages très importants de notre imaginaire, tels que Sherlock Holmes, le Petit Chaperon rouge ou la méchante sorcière de l’Ouest ? Qui nie que là dehors, quelque part à mi-chemin entre notre monde et notre imagination, existent des fantômes, des vampires, des inconnus ou des morts-vivants prêts à nous faire douter de ce en quoi nous croyons ou, plutôt, de ce en quoi nous ne croyons pas ?
Joan Llensa évolue dans ce fragile territoire des deux réalités. « Tout ce que l’on ne voit pas » est un effrayant recueil d’histoires qui nous emmènent à la limite de ce que nous considérons comme vrai. Les protagonistes des récits sont tous des personnes qui, comme vous et moi, pensent avoir une vision plus ou moins claire de ce que nous appelons réalité. Des personnes normales qui, par un coup du sort, sont contraintes de pénétrer en territoire inconnu : de passer de la lumière aux ténèbres. Et à ne pas en revenir.
Tout est normal, jusqu’à ce que cela change ; ou jusqu’au moment où l’on ouvre les yeux et réalisons que, derrière cette porte ou dans ce bois, sous le lit ou dans une armoire, dans ceux qui nous sont chers ou en nous-mêmes, se niche quelque chose que l’on ne peut voir à l’œil nu et qui guette, attendant l’occasion de nous faire passer un sale moment.
La maison de la colline, le voisin, notre lieu de travail, notre conjoint... Tout peut être source d’horribles surprises. Parce que la vraie peur est présente chaque jour. Des auteurs comme Stephen King ou Dean Koontz le démontrent depuis des années. Aujourd’hui, une nouvelle génération arrive, avec un jeune auteur capable de nous terrifier, en plaçant l’horreur derrière la porte de notre maison.
Tout est là. On ne peut faire que le voir.
Et Joan Llensa va nous le démontrer.
––––––––
Jorge Magano, auteur de El chico que no miraba a los ojos, Fabuland et de la saga policière à succès
Las Aventuras de Jaime Azcárate.
NOTE DE L’ÉCRIVAIN
FABIO DELL’ORFANELLO
Joan Llensa débarque en Italie avec son recueil d’histoires fantasy-horreur, mais pas que.
Ce n’est pas facile pour moi, écrivain « romantique » et « concret », de présenter un livre d’un genre littéraire si éloigné de mon inclination naturelle, mais cette œuvre vaut une préface digne de ce nom.
L’auteur qui, je crois, est mystérieusement fasciné par l’énigme dissimulée depuis toujours derrière ce chiffre, a écrit vingt-trois histoires qui portent le lecteur vers un monde parallèle où science-fiction, terreur et surnaturel se mêlent à la vie quotidienne.
En quelques pages seulement, les personnages de chaque récit sont si bien présentés qu’ils en deviennent « réels » pour le lecteur qui « les fait siens ». Et c’est bien ce mot qui s’applique à tout le livre.
Dans Tout ce que l’on ne voit pas
, le suspense, l’angoisse, la peur ne sont pas clairement mis en évidence. Joan Llensa laisse le choix au lecteur qui, conduit par un délicat fil narratif, peut lâcher la bride à son imagination et arriver à voir ce que l’auteur même ne montre pas. Ce qui explique le titre et l’exercice de style narratif... C’est toi, futur lecteur francophone de ce passionnant auteur catalan, qui personnalisera les émotions et les sensations que le livre provoquera en toi, selon ton vécu et ton état d’esprit.
Bonne lecture
Fabio Dell’Orfanello
" Tout ce que nous voyons ou croyons
n'est qu'un rêve dans un rêve."
Edgar Allan Poe
1.
infÂmes voisins
––––––––
Barcelone, février 1912
« Je te dis que ce n’est pas normal », chuchota Trinidad, en collant son oreille au mur. « Il se passe quelque chose de bizarre. »
« Trésor, tu ne devrais pas t’occuper autant de ce que font les voisins. Et tu sais que les enfants peuvent être très, mais très, bruyants. »
« Oui, je sais. Mais tu connais d’autres enfants capables de faire autant de vacarme ? »
Albert haussa les épaules.
« Évidemment, ça n’a pas d’importance pour toi vu que tu n’es jamais à la maison », répliqua-t-elle clairement contrariée. « De toute façon, c’est moi qui dois supporter les bruits des voisins. »
« Je sais que tu n’aimes pas que je sois dehors chaque nuit chérie, mais sans ce travail, on mourrait de faim. Et ça, ce serait un problème. »
Trinidad foudroya Albert du regard. Elle savait qu’il avait raison mais ne voulait pas le reconnaître. Son emploi de gardien de nuit pour l’entreprise Kramps, les plus riches de Barcelone, leur permettait de manger chaque jour, de payer le loyer et de s’offrir l’un ou l’autre caprice. Mais cela n’effaçait pas le fait qu’elle n’aimait pas rester seule à la maison.
Trinidad ne craignait pas la solitude la nuit et ne s’inquiétait pas non plus pour l’intégrité physique de son mari.
Il était vrai que, ces derniers temps, les disparitions étaient monnaie courante et que de mystérieux cadavres sanguinolents et en morceaux étaient retrouvés quotidiennement dans les ruelles ; mais elle était sûre qu’aucune personne saine d’esprit n’aurait affronté Albert ; ses deux mètres de haut et ses 140 kilos de muscles étaient plus que suffisants pour faire fuir n’importe quel rival.
Ceux qui empêchaient Trinidad de dormir étaient ses voisins. Depuis qu’ils étaient arrivés le mois précédent, elle entendait chaque nuit des bruits et des plaintes incessants.
Ces sons nocturnes étaient en réalité la seule preuve de la présence de quelqu’un dans la maison. Elle n’avait jamais vu personne de la famille. Ou, plutôt, il lui était arrivé d’entrevoir une silhouette, cachée sous une longue tunique, une capuche sur la tête.
« Allez, trésor », la calma Albert en l’enlaçant, « Arrête de fouiner. On se voit au lever du soleil. »
Il embrassa sa femme, la faisant presque disparaître dans ses bras, lui caressa les cheveux et se perdit dans ses grands yeux marrons. À trente-neuf ans, il avait toujours cette façon de se comporter si adorable et dont elle était tombée amoureuse. Il lui murmura au revoir à l’oreille, prit le sac sur la table et sortit de la maison en sifflotant sa chanson préférée.
Trinidad s’installa sur le vieux fauteuil à bascule devant la cheminée, se couvrit les jambes d’une vieille couverture et ferma les yeux.
***
Quelques heures plus tard, un hurlement la tira de ses rêves.
Elle courut à la porte et ouvrit légèrement. Une ombre noire filait dans les escaliers. Trinidad se dirigea rapidement vers la fenêtre. La voilà ! La silhouette à la capuche traversait la rue comme un spectre.
Une seconde après, une plainte traversa la fine cloison. Un frisson parcourut le corps encore endormi de Trinidad.
« C’est l’occasion », pensa-t-elle. Et sans hésiter un instant, elle sortit sur le palier pour rejoindre la porte des voisins.
Elle frappa. « Toc-toc. »
Le froid de la nuit la fit trembler.
« TOC-TOC. » Elle frappa avec plus de force.
Mais... rien.
Personne n’ouvrait.
Elle secoua la tête, perplexe, et se gratta le front. Elle décida de retourner dans son appartement. Elle était folle, une commère, exactement comme Albert l’avait dit. C’était la chose la plus stupide qu’elle ait faite depuis longtemps. Elle était seule : s’il se passait vraiment quelque chose dans cette maison, mieux valait attendre Albert ou appeler la police. Qu’est-ce qu’elle faisait là au milieu du palier ? Elle savait que quelque chose n’allait pas derrière cette porte mais elle ne pouvait pas fourrer son nez où il ne fallait pas.
Elle allait rentrer quand un hurlement lui glaça le sang. Elle se retourna en tremblant et réalisa que la porte des voisins était entrouverte.
« Bonjour », dit-elle d’une voix rauque. « J’ai entendu un... Et je me demandais si... »
––––––––
Elle s’approcha très lentement et poussa la porte.
Une puanteur de formaldéhyde lui fit froncer le nez. Du seuil, on pouvait voir que l’appartement était presque entièrement dans le noir, à l’exception d’une faible lumière au fond du corridor qui faisait danser les ombres du salon, provenant sans doute d’une bougie.
« Bonjour... »
Trinidad prit son courage à deux mains, entra et s’engagea dans le couloir, en regardant de tous côtés. Les murs étaient presque entièrement recouverts de tentures vert foncé. Il y avait environ huit mères jusqu’à la pièce du fond. Des deux côtés, les portes étaient fermées, doublées d’imprimés floraux décolorés et usés.
« Il y a quelqu’un ? » demanda Trinidad, hésitante.
« Oui. »
La femme s’avança, luttant contre l’envie de sortir. Le visage d’une enfant surgit de derrière une tenture : elle avait des cheveux blonds courts et des yeux d’une teinte améthyste brillant. Son corps était maigre, trop pour un enfant en bonne santé.
« Salut petite », murmura Trinidad, faisant un effort pour contrôler ses jambes flageolantes. « Tu m’as fait peur. Comment tu t’appelles ? »
« Lucerina, mais tout le monde m’appelle Luce. »
« Moi c’est Trinidad, je vis à côté. Je ne t’ai jamais vue dehors. Ta maman est là ? »
« Non, elle est sortie chercher à manger. »
Trinidad se figea.
Chercher à manger ? À cette heure ?
pensa-t-elle.
« Viens Trinidad. Assieds-toi ici avec moi », invita la petite.
Le salon était une copie presque conforme de celui de Trinidad. La différence principale était l’état des meubles : dans cet appartement, ils