Le Journal du dimanche

ANALYSE Le marché au ralenti

Toujours en tête du marché des enchères (en valeur), les vins de Bourgogne n’échappent pas à un fort repli de leurs échanges. La confirmation d’un Bourgogne bashing ?

PHOTOS : AURÉLIEN IBANEZ

Fait-on encore de bonnes affaires en revendant son vin aux enchères ? La question mérite de se poser au regard des résultats publiés en avril dernier, détaille Angélique de Lencquesaing, son associée fondatrice. Il s’est ainsi échangé pour 110 millions d’euros de vins aux enchères en France en 2023, dont 33,8 millions pour la seule société Idealwine. En moyenne, les flacons se sont échangés pour 152 euros l’un en 2023 contre 194 euros en 2022. Pour le spécialiste de la vente en ligne, le marché continue à être porté par Bordeaux, la Bourgogne et la vallée du Rhône, trois régions viticoles qui représentent à elles seules 73 % des volumes de vente, et 81 % en valeur. Sans surprise, le domaine de la Romanée-Conti hisse deux étiquettes dans le top 3 (22 912 euros pour un millésime 2015 et 21 409 euros pour un 2010) tandis que le domaine Leroy se glisse à la deuxième place avec une bouteille du grand cru musigny, adjugée 22 444 euros. En dépit de ces scores, le prix moyen des bourgognes connaît un fort repli, de l’ordre de 35 %. Faut-il y voir les prémices d’un ou d’une correction des excès des années précédentes ? Angélique de Lencquesaing se montre plus prudente dans son analyse : . À noter dans ce contexte morose, les vins bio ou biodynamiques se portent bien. Leur part est passée de 25 à 28,5 %. Logique, dans la mesure où la France possède le plus grand vignoble bio au monde. Ce recul global des prix peut s’expliquer en premier lieu par un contexte géopolitique peu favorable. La guerre en Ukraine et au Moyen-Orient incite les acheteurs à la prudence. , précise Angélique de Lencquesaing. En Europe, et particulièrement en France, les acquéreurs ont pour leur part subi de plein fouet les effets de l’inflation, ce qui les a conduits à se reporter sur des achats plus mesurés. Enfin, avec la hausse des taux d’intérêts, les grandes masses de liquidités en quête de rendement sont retournés vers les placements traditionnels qui offrent désormais des perspectives de valorisation plus importantes, délaissant les supports alternatifs qui avaient le vent en poupe en 2022, comme le vin.

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