s’excuse-t-elle en fin d’interview. On s’était pourtant dit tout l’inverse : que dès le début sa tête fourmillait, que son intelligence creusait loin sous la surface des choses et que son cerveau, justement, allait plus vite que sa parole, comme si son débit bien posé, réfléchi, faisait rempart aux flux de réflexions à haute intensité qui la traversent. L’impression vient peutêtre des circonstances de l’entretien : nous la rencontrons dans un resto sans façon de la banlieue nord de Paris, où elle arrive en retard car la mototaxi qui l’emmène, en ce jour de pluie battante, s’est perdue dans les échangeurs de Seine-Saint-Denis. Il est prévu, qui plus est, qu’elle enchaîne sur un shooting auquel elle va un peu à reculons – Cette fille fort sollicitée, le grand public l’a découverte aux côtés d’Adèle Haenel dans somptueuse histoire d’amour lesbienne signée Céline Sciamma. Dans un registre plus grand public encore, elle est cet automne à l’affiche d’ une comédie du duo Nakache et Toledano qui oppose une militante décroissante (Merlant, donc) à deux habitués des crédits à la conso (Jonathan Cohen et Pio Marmaï), et qui malgré des stéréotypes – d’un côté une sorte d’Amish hors-sol, de l’autre deux surconsommateurs roublards – remporte la mise grâce à sa teneur « feel good ». Actrice « bankable », donc, mais réalisatrice salutaire, aussi, depuis que son joli premier film s’inspirant de sa propre love story avec un garçon gitan de 13 ans de moins qu’elle, a révélé sa veine féministo-sociale. Rencontre
Noé mie
Oct 06, 2023
9 minutes
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