«Dessine-moi une frontière», a-t-on envie de lancer à cet arpenteur des confins à la lecture de ses livres. Michel Foucher est un passe-murailles de la littérature et de la cartographie. La planisphère est son royaume. Les frontières, il les a théorisées, négociées et maintes fois traversées avec un œil juste et un fort esprit de curiosité qui rappellent l’honnête homme du XVIII siècle. Ce touche-à-tout des atlas, qui est universitaire et qui fut ambassadeur dans les marges de l’Europe, en Lettonie, nous rappelle dans ses mémoires un curieux tropisme qui au fond l’incarne plus que toute autre fonction: demeurer un marcheur de la planète. Son cheminement est instructif, au sens physique comme géopolitique. A la manière de ces cartes du monde dont les projections sont plus respectueuses des superficies que celle de Mercator, Foucher décentre sans cesse et remet au cœur de la géographie l’être humain. Cela peut paraître un truisme ou relever de la candeur. Tout au contraire, le propos est audacieux. Loin de ces conceptions globalisantes des décennies passées qui ont débouché, parfois, sur le totalitarisme. Monté sur un ressort perpétuel, Foucher nous le prouve dans , un journal d’un demi-siècle de pérégrinations, à travers cent vingt-cinq nations ‒ nous n’avons pas tenu la comptabilité précise mais gageons, le temps que ce bloc-notes paraisse, que ce nomade par excellence aura déjà repris son bâton de pèlerin. De l’Argentine aux pays Baltes et de l’Ethiopie à la Chine, le constat est éloquent, hors des sentiers battus. Et démontre par cet éloge de la géographie «habitée» une vision du monde profondément humaniste. Cet arpentage du globe, autant littéraire que géographique, nous entraîne, au-delà des cinq continents traversés, à un monde d’aventures et de rencontres, de personnes humbles et de puissants, de seigneurs et de manants. Au fond, le leitmotiv de ce bilan d’une vie de déambulations, avec de constants allers et retours entre la rencontre et le magistère, est ambitieux: redonner aux représentations spatiales la place qui
Le bloc-notes d’Olivier Weber
Jul 01, 2021
12 minutes
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