LA VIE D’UN OGRE
Alexandre Dumas montre combien il fut un insatiable homme d’exception.
Sur l’enfance d’Alexandre, l’ombre du père plane d’emblée – une légende dont son fils ne pourra que rêver et se nourrir. « Dumas » est le patronyme que le général créole Thomas Alexandre Davy de La Pailleterie, romanesque parangon de vigueur et de bravoure, s’est choisi en s’engageant dans le régiment des dragons de la reine – il ira se battre jusqu’en Égypte. Marie-Louise, son épouse bientôt veuve, est la fille de Claude Labouret, qui tient l’auberge L’Écu de France, à Villers-Cotterêts, dans l’Aisne. « Nul plus que moi, déclare l’écrivain, ne réunit en un seul cœur et l’admiration respectueuse pour ce qui est grand, et la tendre et profonde sympathie pour ce qui est malheureux. »
EMBRASSER LE MONDE
Au physique, Alexandre, né le 24 juillet 1802, est un bel enfant blond (plus tard, il brunira et verra ses cheveux crêpeler, s’attirant, tout au long de sa vie, moqueries et vexations). En 1806, quand son père meurt, il n’a pas 4 ans. Dévastée, sans ressources, sa mère revient vivre chez ses parents, qui prennentles contes des . En août 1816, il entre en qualité de saute-ruisseau au service de maître Mennesson, notaire proche de la famille. Adolphe de Leuven, un ami de son âge, l’initie à la poésie et aux vaudevilles. Une évidence s’impose : il faut monter à Paris. En 1822, Dumas plonge dans le tumulte de la capitale, le monde industrieux des cafés enfumés, des théâtres bruyants, des littérateurs désargentés et des gloires incertaines. De Molière, de Racine, de Shakespeare, il ne sait rien, mais rien, justement, ne lui fait peur: son ignorance est une grâce. En son sein, il accueille le déferlement d’une imagination pure et brutale, une , écrivait Baudelaire, que nul autre que lui ne saurait dompter.
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