- Maurice Clavel
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Pour les articles homonymes, voir écrivain, philosophe 10 novembre 1920 à Hérault) et mort le 23 1979 à Yonne).
Sommaire
Biographie
Jeunesse
Né le 10 novembre 1920, Maurice Clavel est issu d’une famille dont le père est pharmacien. Dans ce milieu de petits commerçants languedociens ancré à droite, il milite au sein du PPF de sa ville natale, Frontignan.
Brillant élève, il intègre l'École normale supérieure de la rue d'Ulm. Là, il fait à la fois la connaissance du trotskiste Pierre Boutang. C'est ce dernier qui, nommé au secrétariat de l'Instruction publique, l’invite à venir servir à ses côtés le maréchal Pétain. Venant d’obtenir son certificat de morale et de sociologie à Montpellier, Maurice Clavel accepte, mais perd vite ses illusions. Tout en préparant une thèse sur Résistance (1942). À la tête des Eure-et-Loir, il participe à la libération de Général de Gaulle sur le parvis de la cathédrale.
A la Libération, il dénonce l'Brasillach et de Drieu La Rochelle. Il n’en est pas moins un fervent militant du RPF dont les critiques acerbes du régime communiste lui valent d’être accusé par le PCF d’être « la voix de Goebbels ». Il fonde alors un journal, Henri d'Astier de La Vigerie ou d’Jean Vilar comme Les Incendiaires (1947) ou La Terrasse de midi (1949)[1]. Mais celles-ci s’avèrent des échecs et c'est brisé par sa rupture avec la comédienne Silvia Monfort qu’il accepte un poste de professeur au lycée Carnot de 1951, TNP. Mais sa pièce Malmaseda (1954), comme son premier roman Une fille pour l’été (1955) s’avèrent encore des échecs.
Journaliste
De 1955 à 1965
À partir de 1955, il entame sa carrière de journaliste dans les colonnes de Hongrie par les chars soviétiques (1956) et l’usage de la torture en Algérie, il s’engage aux côtés des Union démocratique du travail en 1959.
Parallèlement, il renoue avec l'enseignement, et occupe le poste de professeur de philosophie, au lycée Camille Sée et au lycée Buffon à Paris, dans les années 1960-1963.
Avec Jean Daniel un droit de réponse sur l’Algérie l’amène à leur donner sa démission. L’année suivante, il cesse aussi de collaborer régulièrement à général de Gaulle sur l’Algérie, ce dernier lui confiant de nouer le dialogue avec Messali Hadj. Mais l’année 1965 marque une rupture dans son évolution politique et philosophique. D’abord, il retrouve la foi dans la religion catholique, conversion déclenchée par la lecture d'un livre de Paul Cochois sur Pierre de Bérulle, de la [2]. Ensuite, l'affaire Ben Barka en octobre de la même année l’amène à prendre ses distances avec le général de Gaulle. Dans une tribune libre au 15 1966, il consacre sa rupture avec ce dernier tout en annonçant à la presse sa disponibilité pour suivre le procès Ben Barka comme chroniqueur judiciaire. C'est ainsi qu’en juin, il est contacté par le Nouvel Observateur à partir de la rentrée de septembre.
Après 1965
Il amorce sa collaboration au journal par des articles virulents contre le pouvoir, dénonçant, entre autres, les « requins et les goujons » (19 octobre 1966). L’année suivante, il récupère la chronique de télévision du Nouvel Observateur tout en continuant à écrire dans Combat et à publier des romans comme La Pourpre de Judée ou Les Délices du genre humain (C. Bourgois, 1967). Mais c'est Mai 68 qui radicalise ses engagements. Percevant les événements de mai comme le « soulèvement de vie » d’une jeunesse lasse de la société de consommation, il ressent l’agitation révolutionnaire comme une fête et souhaite même entraîner les manifestants du 13 mai à l’assaut de l’Élysée.
Au sein du Nouvel Observateur, il prend le parti pour la direction au nom de la nécessité d’un responsable pour un journal, de la solitude de l’éditorialiste et de la responsabilité individuelle. Mais, à l’extérieur, il se met au service de la contestation la plus radicale au point de quitter son poste de professeur de philosophie au lycée Buffon. La publication de recueils de ses articles du Nouvel Observateur et de Combat en 1968 (Combat de franc-tireur pour une libération, J. J. Pauvert) et en 1972 (Combat, de la Résistance à la Révolution, Flammarion) illustrent bien la prime qu’il donne alors à ses activités journalistiques et à son engagement politique.
Il fréquente alors les milieux maoïstes dont il soutient l’action médiatique en fondant en 1971 l’agence de presse « Libération » avec 13 décembre 1971, au cours de l’émission télévisée À armes égales, où il devait débattre avec Pompidou envers la Résistance a été coupé au montage. Outré par ce qu’il considère comme de la censure, il quitte le plateau avec fracas et, s'adressant aux producteurs, leur lance un « Messieurs les censeurs, bonsoir ! »[3] qui fera date et la « Une » du Nouvel Observateur du 28 décembre 1971. Quelques mois plus tard, sa notoriété se renforce après l’obtention du prix Médicis (1972) pour son roman 1973 le quotidien Libération. Versant au journal une partie de ses droits d’auteur, il y publie notamment un feuilleton (15 mai-12 juin). Mais il reste quand même au Nouvel Observateur où son catholicisme et son maoïsme irritent fortement les intellectuels du journal, mais il fascine certains journalistes comme [4]». C'est ainsi qu’il peut y afficher un sionisme et un anti-féminisme de bon aloi sans grands remous.
Par exemple, il défend l’encyclique 21 février 1972) non sans susciter l’approbation de nombreux lecteurs. Il est aussi un des plus pro-israéliens du journal, son philosémitisme n’y étant pas étranger. En effet, croyant « à un salut chrétien par les juifs », il voit en eux le « peuple choisi par Dieu pour que le Christ s’y incarne, y vive, meure et ressuscite[5]» . Persuadé que la volonté de Dieu est perceptible au sein de l’Histoire humaine, sa réflexion dépasse toutefois largement cette question pour s’inscrire dans une opposition philosophique à Heidegger et Vézelay) à l'automne 1975, il est moins présent au journal, y passant seulement pour y déposer son papier hebdomadaire et dîner avec ses amis des nouveaux philosophes. Car s’il se fait, dans Ce que je crois (1975) et Dieu est Dieu, nom de Dieu ! (1976), l’ardent défenseur d’une foi catholique retrouvée, il est en phase avec cette mouvance dont il apparaît comme le « parrain ». Il les accueille souvent dans sa maison d'Asquins, en particulier Guy Lardreau qui enseignent à Auxerre. C'est dans cette maison qu’il s'éteint, le 23 avril 1979, d'une crise cardiaque.
Hommages
En juin 1984, lors de son passage dans l'émission de TF1 "Sept sur sept", animée par la journaliste Anne Sainclair, l'archevêque de Paris, Jean-Marie Lustiger rappela la disparition de Maurice Clavel, cinq ans plus tôt, et qualifia ce dernier de "prophète de notre temps".
En avril 1989, pour le 10e anniversaire de sa mort, une Journée d'hommage à Maurice Clavel, organisée par la Luc de Goustine, Philippe Nemo, Marie Balmary, Edgar Morin, Alain Jaubert, Jean-Paul Dollé, Roland Castro. La revue organisatrice a ensuite publié un numéro spécial regroupant toutes ces interventions[6].
Œuvres
Littéraires
- La pourpre de Judée, Bourgois, 1967
- Prix Médicis
- Qui est aliéné ? Critique et métaphysique sociale de l'Occident, Flammarion, 1970
- Les Paroissiens de Palente, Grasset, 1974
- Ce que je crois, Grasset, 1975
- Dieu est Dieu, nom de Dieu, Grasset, 1976
- Nous l'avons tous tué ou ce juif de Socrate, Seuil, 1977
- Deux siècles chez Lucifer, 1978
- La Suite appartient à d'autres, Stock, 1979
- La Perte et le fracas ou les Murailles du monde
- Critique de Théâtre
- Auteur
- Les Incendiaires, mise en scène Jean Vernier, Théâtre des Noctambules, 12 avril 1946
- La Terrasse de midi (1947)
- Snap (1949)
- Maguelone (1950)
- Canduela (1953)
- Balmaseda (1954)
- Les Albigeois (1955)
- La Grande Pitié du Royaume de France (1956)
- Saint Euloge de Cordoue (1964)
- Antoine et Cléopatre (1965)Théatre Sarah Bernhard
- Adaptation
- 1948 : Si je vis de Robert E. Sherwood, mise en scène Raymond Hermantier, Théâtre Saint-Georges
- 1952 : Le Joueur d'Ugo Betti, mise en scène André Barsacq, Théâtre de l'Atelier
Essais
- Qui est aliéné ?
- Le Jardin de Djemila
Cinéma
- 1947 : Louis Cuny, scénariste
- 1953 : Les Crimes de l'amour, sketch Mina de Vanghel, codirecteur avec Maurice Barry et scénariste
- 1956 : John Berry, coscénariste et coadaptateur
- 1956 : Les Possédées de 1960 : Vers l'extase de René Wheeler, dialoguiste
- 1960 : Une fille pour l'été d'1960 : Jacques-Gérard Cornu, coscénariste
- 1961 : Ivan Govar, dialoguiste
- 1971 : Les Mariés de l'an II de Notes
- ↑ Publiée en 1949, elle fut mise en scène à Avignon par Jean Vilar lors de la toute première édition du festival en septembre 1947.
- Dans un article de Henri Caffarel développe ce thème.
- Visible sur le site de l'INA à la rubrique « Les imprévus à la télévision », sous-rubrique « Irruption, abandon de plateau ».
- Entretien de Bernard Guetta avec François Kraus le 23 mai 2004.
- Jean Daniel, L’ère des ruptures, Paris, Grasset, 1979, p. 113.
- Revue Cité n°23 - Hommage à Maurice Clavel
Bibliographie
- Monique Bel, Maurice Clavel, Bayard.
- François Gachoud, Maurice Clavel, du glaive à la foi, PUF.
- André Bibeur Lu, Deux heures avec Maurice Clavel, Editions Ouest-France, 2006.
Article connexe
Catégories :- Écrivain français du XXe siècle
- Écrivain catholique
- Lauréat du Prix Médicis
- Militant chrétien
- Polémiste
- Chroniqueur judiciaire
- Élève de l'École normale supérieure (rue d'Ulm)
- Wikimedia Foundation. 2010.
Maurice Clavel
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