Papers by Isabelle Chesneau
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Jan 4, 2018
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2011
A comme Anticipation « […] mais enfin tout le surplus jusqu'ici n'est qu'un mélange de faits, d'i... more A comme Anticipation « […] mais enfin tout le surplus jusqu'ici n'est qu'un mélange de faits, d'interprétations et d'hypothèses, et la loi s'offre en somme comme une grande anticipation de l'expérience. Aussi la plupart des savants demeurent-ils sur la réserve. Beaucoup nient formellement. Je ne sais s'il y en a qui croient reconnaître dans ce cas les vrais caractères de la haute probabilité physique. ». Charles RENOUVIER, 1864 1. La notion d'anticipation est importante pour vous, elle revient de façon récurrente dans vos travaux. Encore à l'occasion de ces entretiens, vous avez insisté pour que cette entrée figure en bonne place. Dans « Les Grammaires d'une ville » (1996), vous écrivez à ce sujet : « Il reste toujours l'écart possible entre les anticipations et les réalisations. Maurice Halbwachs accordait aux spéculateurs cette qualité remarquable et cette fonction sociale de lire, avant tous les autres, les tendances et les mouvements de la société urbaine. […] L'excès, l'anticipation exagérée ou trop décalée sont souvent présents dans les attitudes des acteurs économiques et des sociétés capitalistes, en milieu urbain. » 2. Pour essentielle que soit la notion d'anticipation à vos yeux, je n'ai cependant pas trouvé dans vos écrits de définition, ni de justification. Pourriez-vous commencer par l'expliquer et préciser l'enjeu que constitue ce terme pour vous ? Je tiens en effet à cette notion parce que la ville est essentiellement un bien durable, au-delà d'ailleurs de ce que l'on considère ordinairement comme tel, c'est-à-dire les automobiles, les équipements ménagers et même le logement et les bâtiments ; la ville, de plus, est liée à des usages qui peuvent persister dans le temps. Par conséquent, intervenir, déterminer certains de ses éléments, la créer, la transformer… ce n'est pas se situer seulement dans le présent, mais engager l'avenir. Le présent est une pellicule très mince, un papier de cigarette, reflétant la fragilité de nos arbitrages, entre ce que nous acceptons et ce que nous refusons de nos héritages, entre notre désir de nous souvenir d'où nous venons et notre aspiration à vouloir changer les choses. C'est pourquoi, rapportée à la question urbaine, l'anticipation représente, par définition, l'articulation entre les temps, elle est au croisement entre des phénomènes de court terme-qui relèvent du temps de la décision, de B comme Beauté « La cinquième planète était très curieuse. C'était la plus petite de toutes. Il y avait là juste assez de place pour loger un réverbère et un allumeur de réverbères. Le petit prince ne parvenait pas à s'expliquer à quoi pouvaient servir, quelque part dans le ciel, sur une planète sans maison, ni population, un réverbère et un allumeur le réverbères. Cependant il se dit en lui-même : 'Peut-être bien que cet homme est absurde. Cependant il est moins absurde que le roi, que le vaniteux, que le businessman et que le buveur. Au moins son travail at -il un sens. Quand il allume son réverbère, c'est comme s'il faisait naître une étoile de plus, ou une fleur. Quand il éteint son réverbère, ça endort la fleur ou l'étoile. C'est une occupation très jolie. C'est véritablement utile puisque c'est joli.' ». Antoine de ST-EXUPÉRY. Le Petit Prince. 1943, chap. XIV. Le mot « beauté » est un peu passé de mode, comme renvoyant à des préoccupations tenues pour superfétatoires voire inutiles comparées à bien des enjeux actuels de la réalité urbaine. À mon sens pourtant, cette notion est inséparable de celles de « forme/fonction » et de « matière » que nous abordons un peu plus loin : il n'y a pas de matière sans forme et les formes appellent toujours, à un moment ou à un autre, une description qualitative de ce qu'elles sont 1. En tant que morphologue, vous avez porté une grande attention aux formes dans vos travaux, à leur genèse, leur configuration, leur transformation, etc., mais sans doute rarement du point de vue de l'esthétique : comment considérez-vous cet aspect des dispositifs spatiaux ? Votre question me renvoie d'emblée à l'article Ville de l'Encyclopédie de Diderot : « Pour qu'une ville soit belle, il faut que les principales rues conduisent aux portes ; qu'elles soient perpendiculaires les unes aux autres, autant qu'il est possible, afin que les encoignures des maisons soient à angles droits […]. Dans le concours des rues, on pratique des places dont la principale est celle où les grandes rues aboutissent, et on décore ces places en conservant une uniformité dans la façade des hôtels ou maisons qui les entourent, et avec des statues et des fontaines. Si avec cela les maisons sont bien bâties, et leurs façades décorées, il y aura peu de choses à désirer. » 2. Dans ces propos, c'est la catégorie du « beau » qui commande le jugement porté sur la ville. Notons le caractère contemporain de ce texte avec une première définition Incubation, la métaphore peut être dangereuse, car elle implique un certain finalisme ; il s'agit plutôt d'une sorte de capitalisation d'idées, de réactions, d'essais
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