Syndrome D'apnées Du Sommeil Chez Le Sujet Âgé: B. Desrues Rennes

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Syndrome d’apnées du sommeil

chez le sujet âgé

B. Desrues
Rennes
• Peut-on transposer ce que l’on connait pour
l’adulte l’âge moyen au sujet âgé ?

– En termes de prévalence
– De présentation clinique
– De critères diagnostiques
– D’évolution et de complications
– De prise en charge thérapeutique
Syndrome d’apnées du sommeil

Anomalies respiratoires nocturnes

– Obstructives : obstacle au niveau des voies


aériennes supérieures
• Apnées et hypopnées
– Centrales : absence de mouvements respiratoires
• Apnées, aspect de respiration périodique, hypopnées
• Expression d’une pathologie sous-jacente
– Mixtes

– Au moins 10 secondes
Apnée obstructive
Apnées obstructives
Mouvements périodiques des jambes
Hypopnées et apnées centrales
RERA (Respiratory Events Related Arousal)
Micro-éveils autonomiques : pléthysmogramme de pouls
Limitations de flux et hypopnées

Pléthysmogramme de pouls

Micro éveil autonomique


Résumé sur l’ensemble de la nuit avec traitement en
deuxième partie de nuit
Obstacles sur les voies aériennes supérieures

Obstacle(s) Obstacle(s)
anatomique(s) dynamique(s)

Gêne à l’écoulement de
l’air au niveau des voies
aériennes supérieures

Ronflements
Apnées/hypopnées

Troubles fonctionnels
(sommeil)
Dyspnée de Cheyne-stoke
Apnées centrales induite par la morphine
Définition du syndrome d’apnées/hypopnées obstructives
du sommeil (SAHOS)

Il faut remplir un critère A ou B, et le critère C.

• A somnolence diurne excessive non expliquée par un autre facteur

• B Deux; au moins, des manifestations suivantes non expliquée par un


autre facteur :
– ronflements sévères et quotidiens
– sensation d’étouffement ou de suffocation pendant le sommeil,
– éveils répétés pendant le sommeil,
– sommeil non réparateur,
– fatigue diurne,
– difficultés de concentration
– nycturie (plus d’une miction par nuit)

• C Polygraphie ou polysomnographie montrant au moins 5 apnées +


hypopnées par heure de sommeil : IAH ≥ 5/h

USA : ≥5 évènements respiratoires obstructifs par heure de sommeil. Ces évènements incluent
n’importe quelle combinaison d’apnées/hypopnées obstructives ou de micro-éveils en rapport avec
un effort respiratoire
Définition du syndrome d’apnées/hypopnées centrales du
sommeil (CSA)

Il faut remplir un critère A, B et C.

• A Au moins un des symptômes suivant non expliquée par un autre


facteur
– Somnolence diurne excessive
– Réveils nocturnes fréquents

• B Un enregistrement du sommeil montrant au moins 5 évènements


respiratoires centraux par heure de sommeil

• C Une capnie normale à l’éveil (PaCO2 < 45 mmHg)


Causes d’anomalies respiratoires centrales

• Respiration périodique
– Toxique (opiacés)
– Insuffisance cardiaque gauche
– Pathologie cérébrale vasculaire, dégénérative…

• Idiopathique (augmentation de la réponse


ventilatoire au CO2 induisant une hypocapnie
rapprochant celle-ci du seuil d’apnée)
Sévérité : index d’évènements respiratoires

• 5 à 15 : léger
• 15 à 30 modéré
• Plus de 30 sévère

Choix de 5 par heure ?

• Basé sur des données épidémiologiques


– début de manifestations comme la somnolence, l’HTA et les
accidents de la route
– l’efficacité thérapeutique sur les manifestations cliniques
dès un index à 5/h
Sévérité : degré de somnolence

• Légère : somnolence indésirable ou épisodes de sommeil


involontaire pendant
– des activités qui nécessitent une faible attention (regarder la
télévision, la lecture ou passager dans une voiture).
– répercussion légère sur la vie sociale ou professionnelle

• Modérée: somnolence indésirable ou épisodes de sommeil


involontaire pendant
– des activités nécessitant plus d’attention (concert, réunion...).
– répercussion modérée sur la vie sociale ou professionnelle

• Sévère: somnolence indésirable ou épisodes de sommeil


involontaire pendant
– des activités de la vie quotidienne (manger, tenir une conversation,
marcher ou conduire)
– répercussion importante sur la vie sociale ou professionnelle
Evaluation de la somnolence…

• Subjective : échelles…
– Autoscore d’Epworth (sur 24) : normal jusqu’à 10 ou 11

• Objective :
– tests itératifs de latence d’endormissement (TILE) : Normale
> 8 min
– Tests de maintien de l’éveil (4 tests de 40 min) : normalité >
19 min (26 min en accidentologie)
Score d’Epworth
Les questions qui vont suivre portent sur l’intensité de la somnolence que vous avez observée dans différentes
circonstances de votre vie quotidienne les mois derniers. Même si vous ne vous êtes pas trouvé récemment dans
telles ou telles circonstances proposées, essayez de vous représenter comment elles auraient pu vous affecter.

Pour chaque situation, cochez dans la grille le nombre le plus approprié à partir de l’échelle suivante :

0 = je ne somnole jamais
1 = j’ai une faible chance de m’endormir
2 = j’ai une chance moyenne de m’endormir
3 = j’ai une forte chance de m’endormir

Vous arrive-t-il de somnoler ou de vous endormir, et non de vous sentir seulement fatigué, dans les situations
suivantes ?

0 1 2 3
Assis en train de lire
En train de regarder la télévision
Assis inactif dans un en droit public (théâtre, réunion professionnelle)
Passager dans une auto (sans arrêt pendant 1 heure)
Allongé l’après-midi (pour se reposer quand on peut)
Assis en train de parler à quelqu’un
Assis calmement après un repas sans alcool
Dans une auto immobilisée quelques minutes (dans un encombrement)
TOTAL
10 à 15 : somnolence modérée ; sup. à 16 : sévère
Retentissement des troubles
respiratoires nocturnes Manifestations cliniques
HTA
Insuffisance coronarienne
Apnées / hypopnées
Insuffisance cardiaque
Troubles du rythme
Dysrégulation Mort subite
Désaturation/resaturation autonomique
AVC
Inflammation
dépression intrathoracique Stress oxydatif
Dysfonction
endothéliale Obésité
Micro-éveils
Dysrégulation Âge
métabolique
Syndrome métabolique
Stimulation du système
hypercoagulabilité
nerveux autonome Tabagisme
Comorbidités cardiovasculaires
Prévalence chez le sujet âgé

• Fréquence du SAHOS:
– 2% des femmes et 4% des hommes (âge moyen)

– 20% des sujets de plus de 60 ans ont des troubles


respiratoires nocturnes (index supérieur à 15/h)
– 62% des patients âgés auraient un index
d’évènements respiratoires > 10/h
– Le différence homme/femme s’estompe avec l’âge
(effet de la ménopause)
• Rôle des hormones sexuelles sur l’activité des muscles
des voies aériennes supérieures, du contrôle ventilatoire
L’augmentation de la prévalence du syndrome d’apnées
du sommeil avec l’âge n’est pas clairement expliquée

• Dépôt de graisse en région pharyngée


– Liée à l’âge
– Indépendamment du BMI
– Controverses
• Phénomènes dynamiques
– Augmentation de la compliance pulmonaire avec l’âge
(remodelage du parenchyme pulmonaire). Réduction des volumes
pulmonaires de fin d’expiration pouvant modifier la collapsibilité
des voies aériennes supérieures
• Augmentation de la proportion des stades I et II (instabilité
ventilatoire, apnées centrales et respiration périodique)
• Seuil d’éveil et contrôle ventilatoire n’interviennent
vraisemblablement pas
La présentation clinique ne correspond pas
nécessairement à celle observée habituellement dans
la population d’âge moyen

• Homme obèse, ronfleur, apnéique d’après l’entourage,


nycturique, somnolent, sans trouble cognitif marqué,
hypertendu ?

• La population âgée est hétérogène


– Comorbidités pouvant altérer la qualité du sommeil
– Manifestations reconnues comme associées à d’autres
pathologies (nycturie)
– Démence
– Thérapeutiques

• Des sujets âgés peuvent donc se présenter avec des


symptômes pas nécessairement attribués à des troubles
respiratoires nocturnes
La somnolence diurne est à interpréter en
fonction de la qualité du sommeil du sujet âgé

• Influence du cycle «veille-sommeil» par de nombreux


phénomènes physiologiques, psychologiques et
environnementaux

• Interruptions répétées et prolongées d’éveil

• Diminution du temps et de l’efficacité du sommeil, diminution


du stade 3 et REM

• Augmentation du temps de sieste

• Tendance à s’endormir et à se réveiller plus tôt et moins bonne


tolérance aux décalages de phase
Un trouble de la vigilance dans un contexte de
comorbidité (psychiatrique…) est-il en rapport avec
cette comorbidité ou l’expression d’une autre
pathologie

– Troubles respiratoires du sommeil


– Mouvements périodiques des jambes
– syndrome des jambes sans repos
– Syndrome dépressif, insomnie
– mauvaise hygiène de vie
– traitements
Syndrome d’apnées du sommeil et troubles
cognitifs (recommandations pour la pratique clinique 2010)
• Les troubles cognitifs dans le SAHOS concernent le
fonctionnement intellectuel global, la mémoire à court terme, la
mémoire à long terme de type procédural ou déclarative
(sémantique ou épisodique), et les fonctions exécutives et
motrices.

• Ces troubles cognitifs sont fréquents, souvent d’intensité


modérée, non spécifiques et parfois subtiles. De nombreux
tests sont nécessaires pour les identifier.

• La pathogénie des troubles cognitifs dans le SAHOS est


complexe et multifactorielle, incluant l’IAH, l’hypoxémie, la
fragmentation du sommeil, la somnolence diurne excessive et
les troubles de l’humeur.

• La plupart des études ont montré un effet inconstant de la prise


en charge thérapeutique du SAHOS sur les performances
cognitives.
La relation entre démence et syndrome d’apnées
du sommeil est complexe

• La prévalence des troubles cognitifs et des troubles respiratoires


nocturnes augmentent avec l’âge

• Des syndromes d’apnées du sommeil sévères peuvent se présenter


comme des cas de démence

• Les trouble neuropsychiques induits par les troubles respiratoires


nocturnes sont réversibles

• Les troubles respiratoires chez les patients atteints de démence sont


fréquents
– Troubles de mémoires plus marqués chez les sujets âgés apnéiques
porteur de la mutation POE epsilon4 / non porteurs

Il est licite de rechercher un éventuel syndrome d’apnées du sommeil


chez ces patients, en particulier si d’autres manifestations évoquent
ce diagnostic
Syndrome d’Apnées du Sommeil et troubles cognitifs
du sujet âgé : identification de marqueurs de risque
A Le Guen

Méthodologie :
• Etude prospective de mars à novembre 2008

• 30 patients non consécutifs consultant pour un premier bilan


mémoire, avec un MMS ≥ 20

• En complément du bilan neuropsychologique prévu, un


questionnaire sur le sommeil comprenant l’échelle d’Epworth leur
était proposé ainsi qu’un enregistrement du sommeil par
polygraphie ventilatoire pour confirmer le diagnostic de SAS.
Résultats :
• 14 patients ont pu bénéficier d’une polygraphie ventilatoire et 12
enregistrements ont pu être interprétés (2 patients avaient une agitation
nocturne interrompant l’examen)

• SAS significatif avec un Index d’Apnées/Hypopnées (IAH) > 10 par heure de


sommeil : 5 patients dont 2 nécessitaient un traitement par PPC (refusé)
• 3 patients ont bénéficié de conseils hygiéno-diététiques (réduction pondérale,
arrêt des hypnotiques et de l’alcool, sommeil en décubitus latéral).

• Chez les patients porteurs d’un SAS :


• le poids était plus élevé (75.2 ± 11.3 vs 62.2 ± 6.1 kg ; p=0.041),
le VGM était plus élevé (101.2 ± 11.1 vs 90.6 ± 3.8 µ3 ; p=0.004),
• le lever plus précoce (6h42 ± 1.0 vs 7h22 ± 0.7 ; p=0.05).
• La somnolence diurne semblait plus fréquente (5/5 vs 3/7 ; p=0.081),
• la saturation en O2 à l’éveil plus basse (94.4 ± 1.5 vs 95.7 ± 0.7 % ;
p=0.086).

• Le profil neuropsychologique des patients porteurs du SAS n’évoquait pas de


tableau spécifique.

• Le questionnaire d’Epworth apparaissait non discriminant et peu adapté : 4


patients avec SAS avaient un score normal < 10.
Conclusion
• L’amélioration de certaines fonctions cognitives et le
ralentissement du syndrome démentiel sous traitement
par Pression Positive Continue, bien tolérée chez le
sujet âgé, doit conduire à une recherche systématique
du SAS en consultation mémoire et notamment chez
les patients présentant un surpoids, un VGM élevé, une
plainte de somnolence diurne excessive malgré
l’absence de plainte de sommeil.

• Afin d’optimiser le recours à la polysomnographie,


d’autres méthodes de dépistage peuvent être
proposées, à savoir l’enregistrement ambulatoire ou
l’observation nocturne du sommeil du patient. Les
critères d’âge ou de troubles cognitifs ne doivent pas
être un obstacle à cette démarche.
La nycturie est un symptôme banal chez le
sujet âgé

• Elle peut fragmenter le sommeil

• Faire évoquer une pathologie prostatique ou une


incontinence chez la femme

• Il faut savoir y penser et rechercher d’autres signes


pouvant évoquer un syndrome d’apnées du sommeil
Ne pas oublier d’y penser aussi devant certaines
manifestations ou pathologies associées au
SAHOS

• Anomalies anatomiques : cranio-faciales, hypertrophie


amygdalienne, obstruction nasale
• Maladies endocriniennes :
– hypothyroïdie
– acromégalie
• Des manifestations vasculaires, cardiaques et
métaboliques
Risque cardio vasculaire

Le risque de survenue d’accidents cardio et cérébro-vasculaires


est accru et démontré. Le traitement du SAHOS réduit ce risque

Le risque cardiovasculaire semble plus marqué avant 70 ans.

• l’hypertension artérielle : baisse légère chez les patients les


plus sévères, dont les SAHOS sont les plus désaturants et qui
présentent une observance a leur PPC supérieure a 4 heures/24
heures.

• Le SAHOS prédispose aux troubles du rythme nocturnes et


permanent dont la tachyarythmie par fibrillation auriculaire (FA)

• La PPC réduit la récidive de FA une fois la réduction obtenue


Traitement du syndrome d’apnées du sommeil

• Apnées obstructives

• Mesures hygiéno-diététiques :

• perte pondérale
• sédatifs, anxiolytiques, alcool…
Traitement du syndrome d’apnées du sommeil

• Apnées centrales :
– traitement de la cause
– adaptive servoventilation (ASV)

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