"Finalement, il vous dit quelque chose, notre homme ? Nous arrivions à hauteur de Gonfreville-l’Orcher, la raffinerie sortait de terre, indéchiffrable et nébuleuse, façon Gotham City, une autre ville derrière la ville, j’ai baissé ma vitre et inhalé longuement, le nez orienté vers les tours de distillation, vers ce Meccano démentiel. L’étrange puanteur s’engouffrait dans la voiture, mélange d’hydrocarbures, de sel et de poudre. Il m’a intimé de refermer, avant de m’interroger de nouveau, pourquoi avais-je finalement demandé à voir le corps ? C’est que vous y avez repensé, c’est que quelque chose a dû vous revenir. Oui, j’y avais repensé. Qu’est-ce qu’il s’imaginait. Je n’avais pratiquement fait que penser à ça depuis ce matin, mais y penser avait fini par prendre la forme d’une ville, d’un premier amour, la forme d’un porte-conteneurs."
Maylis de Kerangal est une femme de lettres française, née le 16 juin 1967 à Toulon. Elle passe son enfance au Havre, fille et petite-fille de capitaine au long cours. Elle étudie en classe préparatoire au lycée Jeanne-d'Arc de Rouen et ensuite à Paris de 1985 à 1990 l'histoire, la philosophie et l'ethnologie. Elle commence à travailler chez Gallimard jeunesse une première fois de 1991 à 1996, avant de faire deux séjours aux États-Unis, à Golden dans le Colorado en 1997. Elle reprend sa formation en passant une année à l'EHESS à Paris en 1998.
Carrière d'écrivain[modifier | modifier le code] Elle publie son premier roman, Je marche sous un ciel de traîne, en 2000, suivis en 2003 par La Vie voyageuse, puis par Ni fleurs, ni couronnes en 2006, Dans les rapides en 2007 et par Corniche Kennedy en 2008. Ce dernier roman figure cette année-là dans la sélection de plusieurs prix littéraires comme le Médicis ou le Femina.
Elle crée en même temps les Éditions du Baron Perché spécialisées dans la jeunesse où elle travaille de 2004 à 2008, avant de se consacrer à l'écriture. Elle participe aussi à la revue Inculte3.
Son roman Naissance d'un pont est publié en 2010. Selon elle, « Il s’agit d’une sorte de western, autrement dit d’un roman de fondation, et la référence à ce genre cinématographique opère dans le texte, l’écriture travaille en plan large, brasse du ciel, des paysages, des matières, des hommes, et resserre sa focale sur les héros qui sont toujours pris dans l’action, dans la nécessité de répondre à une situation. ». Le 3 novembre 2010, l'ouvrage remporte à l'unanimité et au premier tour le prix Médicis. Le livre remporte aussi le Prix Franz Hessel et est, la même année, sélectionné pour les prix Femina, Goncourt, et Flore. Le Prix Franz Hessel permet à l'ouvrage de bénéficier d'une traduction en allemand, parue en 2012 chez Suhrkamp.
En 2011, elle est l'une des participantes du Salon du livre de Beyrouth au BIEL (Beirut International Exhibition & Leisure Center).
En 2012, elle remporte le prix Landerneau pour son roman Tangente vers l'est paru aux éditions Verticales.
En 2014, elle est la première lauréate du Roman des étudiants France Culture-Télérama (ancien Prix France Culture-Télérama), pour son roman Réparer les vivants14 qui a été aussi couronnée par le Grand prix RTL-Lire 2014. Dans celui-ci, elle suit pendant 24 heures le périple du coeur du jeune Simon, en mort cérébrale, jusqu'à la transplantation.
J'hésite... J'ai aimé toute ma lecture. C'est hyper bien écrit, on ressent les allers-retours, le fameux ressac et c'est un très beau portrait de la ville du Havre.
Mais je l'ai refermé et je pensais qu'il me manquait la moitié de l'histoire... Je suis clairement restée sur ma faim.
Un sans faute. Son écriture s'est tellement affinée, c'est du caviar pour les yeux. Notre héroïne revient dans sa ville natale le temps d'un mystère, un homme mort retrouvé sur la plage, son numéro de téléphone dans la poche. Et là, tout le talent de Maëlys de Kerangal se déploie pour créer une peinture absolument magistrale de la ville du Havre. Une ville chargée de souvenirs collectifs, ou de beaucoup plus personnels, une ville de passage pour certains, mais définitivement marquante, une ville fière, discrète, secrète, fascinante. Et derrière le bruit du ressac sur la digue, on peut entendre son cœur qui bat.
Kerangal fidèle à elle même : plein de jolis mots et il ne se passe pas grand chose, perso j’ai adoré un récit très lent, très intime, où l’enquête fait office d’excuse pour un voyage dans le passé de la narratrice qui est poussée par la force des choses vers son Havre natal, quitté depuis longtemps.
Je ne sais pas si je suis pleinement fan du style d’écriture de Maylis de Kerangal mais il est objectivement magnifique, d’autant qu’elle réussit avec brio à manier les mots et les rythmes pour en calquer les moments du ressac, fidèle à son titre. Si j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir Le Havre dans ce livre, j’en reste tout de même globalement insatisfaite, comme si j’en attendais quelque chose de plus fort et plus percutant. Comme si la errance du personnage m’a fait aussi errer dans le livre, et même si c’est, bien sûr, la volonté de l’autrice, je n’en ai pas apprécié la sensation. La fin me convient totalement même si je l’attendais un peu au fil des dernières pages …
Belle littérature qui vous ballade au Havre, à Rouen et ailleurs avec de très belles descriptions…j’ai aimé plusieurs passages et je cite 2 que j’ai adoré:
« elle m’avait embrassée dans un nuage de Shalimar qui ne parvenait pas à camoufler celui de sa Marlboro Light, et je l’avais suivie des yeux s’éloignant vers le métro Bonne Nouvelle, petite silhouette en forme de poire au pas déterminé. »
« Longue, à la fois filiforme et charpentée, androgynie fuselée des filles solitaires, celle qui m’avait accueillie s’est avancée vers moi, précipité de blondeur scandinave, de pâleur photosensible et de jean délavé. Les années dérapaient sur son corps impossible à dater, même si sur le front, soucieuse, verticale, la ride du lion incisait une ombre, un trait ancien. » 4 ⭐️
Doubleuse au cinéma, originaire du Havre et y ayant vécu jusqu’à l’adolescence, habitant maintenant Paris depuis des années une jeune femme reçoit un appel de la police du Havre qui lui annonce « le corps d’un homme, la voie publique, Le Havre, une affaire vous concernant » Et nous prenons le train direction Le Havre : une enquête, un thriller, un personnage principal, le passé, le présent, la Ville du Havre, son histoire et sa métamorphose et la couleur grise…
Une disparition, une personne recherchée, un corps non identifié… des histoires personnelles qui font surface et se mêlent au présent… un mystère, des doutes, l’envie de savoir doublée de celle de ne pas savoir…
Dans « Jour de ressac » la vie va et vient, avance et recule, comme les vagues sur les plages… J’ai aimé les ambiances, le mystère qui entoure la vie de la jeune femme et de son adolescence, ses souvenirs qui refont surface, l’histoire de la destruction de la ville, les réminiscences du passé, le flou dans lequel elle avance et elle recule, elle se déplace, mentalement et physiquement …D’ailleurs elle est conforme à la signification du mot ressac : Retour brutal des vagues sur elles-mêmes, lorsqu’elles ont frappé un obstacle… J’ai aimé l'écriture, le regard de peintre de l'auteure, ses descriptions, ses nuances, sa façon de décrire les paysages, les couleurs, la lumière, les éléments… L’importance du gris… et du passage du temps qui change les lieux et les êtres…
16 octobre 2024 A nouveau un coup de cœur, comme ce fut le cas avec « Dans les rapides » ou encore avec « Réparer les vivants » et à nouveau Le Havre, placée en miroir avec une femme ... histoire brève et intense, concentrée sur une journée. Maylis de Kerangal a écrit un roman intimiste à l’écriture impeccable ... capture de l’instant dans toutes les dimensions sensorielles, précis et lyrique. Beau, fort et émouvant. Un envoûtement comme celui ressenti cet été lorsque nous avons découvert la ville. « Jour de ressac ». Maylis de Kerangal. Éditions Gallimard . Paris. 2024.
"Finalement, il vous dit quelque chose, notre homme ? Nous arrivions à hauteur de Gonfreville-l'Orcher, la raffinerie sortait de terre, indéchiffrable et nébuleuse, façon Gotham City, une autre ville derrière la ville, j'ai baissé ma vitre et inhalé longuement, le nez orienté vers les tours de distillation, vers ce Meccano démentiel. L'étrange puanteur s'engouffrait dans la voiture, mélange d'hydrocarbures, de sel et de poudre. Il m'a intimé de refermer, avant de m'interroger de nouveau, pourquoi avais-je finalement demandé à voir le corps ? C'est que vous y avez repensé, c'est que quelque chose a dû vous revenir. Oui, j'y avais repensé. Qu'est-ce qu'il s'imaginait. Je n'avais pratiquement fait que penser à ça depuis ce matin, mais y penser avait fini par prendre la forme d'une ville, d'un premier amour, la forme d'un porte-conteneurs."
Le « je » de la narratrice envahit toutes les pages du roman de Maylis de Kerangal, Jour de ressac. Omniprésence d’une voix qui dissèque et analyse toutes les composantes de l’épreuve vécue. Il y a eu un avant et il y aura un après. Avec son style très travaillé, Maylis de Kerangal décrit le malaise en le malaxant dans tous les sens.
À 14 h, un jour, elle est prévenue qu’on l’attend au commissariat du Havre, sa ville natale. Le corps d’un homme avait été retrouvé mort sur la voie publique. Le policier voulait l’entendre sur « Une affaire vous concernant« . Plus rien n’existe pour la narratrice que de comprendre pourquoi le lien s’est établi entre l’homme trouvé mort et elle.
Maylis de Kerangal dissèque la vie d’une journée. Elle met en mot non seulement l’introspection mais aussi les émotions et les sensations, des odeurs au toucher, toutes exacerbées par l’hypervigilance développée par cette situation étonnante.
Magistral ! Maylis de Kerangal immerge le lecteur dans cet espace-temps, devenue parenthèse au monde, Tout un passé havrais revient en mémoire. Toute une déliquescence du présent qui ne va qu’être tendu vers l’homme défiguré présenté sur les photographies judiciaires.
Les phrases s’allongent, comme s’étire le temps. Le style ressasse comme fait le cerveau autour d’une idée qui l’obsède. Extraordinaire exercice littéraire parfaitement réussi. Lorsqu’enfin l’autre, par l’intermédiaire d’une serveuse, réussit à suspendre légèrement ce ressassement, la sortie de cet univers asphyxié est bienvenue.
Alors, la ville du Havre devient de plus en plus présente. La comparaison entre la destruction de la ville du Havre et les villes actuelles touchées par les guerres est saisissante. Évidemment, le lien va resurgir des souvenirs pour qu’enfin, la narratrice puisse comprendre pourquoi sa mémoire lui a fait soudain défaut.
L’écriture est magistrale, comme à son habitude. Le sujet se prête parfaitement à cette analyse fouillée qui place le lecteur dans la sensation de vivre au cœur de cette obsession. Jour de ressac de Maylis de Kerangal devrait être un des romans phare de cette rentrée littéraire !
Honnêtement, j’ai tenu 50% du livre. Ça partait bien pourtant… Sur leurs appréciations, les libraires ont oublié de préciser que c’est lent… LENT. Je comprends le délire du retours aux sources et des destins croisés au Havre, les aller et retour dans le texte tel le ressac, mais premièrement je m’en fiche un peu du Havre, c’était fourre-tout, et les descriptions de mer et de plage sur des pages et des pages… Insignifiant pour moi. C’est bien écrit et contemplatif, mais l’action disparaît totalement, d’où mon profond ennui. Bref je passe mon chemin, mais j’entends totalement que cette écriture peut en enchanter beaucoup !
Ça n’a pas fonctionné pour moi, au lieu d’y trouver un livre émouvant sur les présences et le passé (et notre rapport à), j’ai eu l’impression de lire un bloc de béton monolithique, embourbé dans une prose trop lourde et volontairement surannée, surélevée même, pour donner une impression de profondeur et de justesse.
Peut-être que tout cela ne me parle pas, que ce n’est pas le moment, mais j’ai eu l’impression de flotter dans une bulle de désintérêt – peut-être ai-je lu trop vite, trop fatiguée, mais même l’écriture ne m’a rien évoquée. Ni le Havre, ni les souvenirs, ni leur recherche, ni le quotidien, ni les références qui auraient pu, pourtant, m’intéresser, rien.
Une lecture laborieuse. Je n'ai pas su apprécier le style de l'autrice, trop démonstratif, artificiel ( mon ressenti), ce qui m'a empêché d'être emportée par cette histoire et les nombreux allers retours dans le passé de la narratrice. 2,5 pour moi.
Les sujets des livres de Kerangal ne sont jamais foncièrement passionnants en soi mais son écriture est tellement belle et incisive qu’on finit toujours par les trouver fascinants. Elle a une plume de l’hyperréalisme contemporain remarquable, un style qui me touche particulièrement for some reason
J'adore comme on nous fait miroiter quelque chose qui n'arrive jamais. C'est un joli récit sur une doubleuse en pleine crise de la cinquantaine, mais c'est construit intelligemment et bien raconté.
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Coup de cœur pour la prose soignée de cette auteure et sa déambulation nostalgique dans les rues du Havre.
L'auteure, le livre (234 pages, août 2024) : Voilà bien longtemps qu'on avait ouvert un livre de Maylis de Kerangal, figure respectée de notre petit monde littéraire français. On craint toujours un peu les effets de style trop souvent appuyés de nos auteurs qui concourent les prix en vue. Mais bien sûr, on a fini par céder aux sirènes médiatiques. Et on a vraiment bien fait : ce Jour de ressac est un excellent roman.
Le canevas : Une parisienne est convoquée par la police du Havre : on a retrouvé le cadavre d'un homme sur la plage, un inconnu. Seul indice retrouvé dans ses poches : le numéro de téléphone de la dame. Ce déplacement au Havre va évoquer les souvenirs de son enfance (elle y a grandit, il y a longtemps) mais elle ne reconnait absolument pas cet inconnu.
♥ On aime : • Avec ironie, on pourrait presque reprendre un titre paru récemment : Il ne se passe jamais rien ici. Car oui, il ne se passe pas grand chose dans le bouquin de Maylis de Kerangal. Mais alors comment fait-elle pour nous accrocher ainsi pendant plus de 200 pages ? Le temps d'une petite journée, une femme déambule dans la ville du Havre (et c'est pas la plus glamour de l'hexagone, hein ?!), errant au fil de sa mémoire. Une image est évoquée ici. Un souvenir surgit plus loin. Une scène en évoque une autre. Oui et alors ? ... Alors la très belle prose de l'auteure opère sa magie et nous captive, nous enserre dans ses filets subtils.
• Ce sont des fantômes qui hantent les pages de ce récit : celui du cadavre dont ne sait rien. Celui de l'enfance et des souvenirs bien sûr. Et puis surtout le fantôme de la ville du Havre, celle d'avant la destruction de 1944 par les Alliés, car oui, cette ville, détruite et reconstruite, est bien le personnage central du bouquin.
• Voilà un roman où tout se joue dans l'ambiance un peu mélancolique, un peu nostalgique qu'a su retranscrire Maylis de Kerangal. Un roman qui nous touche, qui nous oppresse un peu parce qu'il nous questionne sur la mémoire que nous garderons des gens que l'on a connu, des visages de nos proches. Qu'en reste(ra)-t-il ? Quels seront les "signes particuliers" dont nous nous rappellerons, une fois le temps passé ?
• Et puis, comme toujours avec cette auteure, il y a les petits à-côtés où l'on devine le soin apporté à la documentation : Le Havre bien sûr et les destructions de 1944, mais aussi quelques belles pages sur le métier de "doublure" (c'est le métier de l'héroïne qui prête sa voix à différents acteurs), les pilotes du port du Havre, les réfugiés en transit pour l'Angleterre, ... autant d'informations que l'on déguste comme de petites gourmandises fourrées dans le gâteau. Car on ne peut que savourer la plume de cette auteure, les mots précis choisis avec soin, les tournures travaillées mais qui évitent l’afféterie.
Une belle plume, une intrigue pour le moins intéressante, une vision du présent entrelacée avec celle du passé ! Un homme est retrouvé mort sur une plage au Havre et personne ne parvient à l’identifier. Dans sa poche, un bout de papier sur lequel est inscrit le numéro de notre protagoniste. Le bémol avec ce livre c’est que le présent et le passé se succède tout le temps, l’intrigue se traîne et pour ne dire qu’une chose, l’autrice prends trois pages ( alors bien sûr ça plaît ou ça ne plaît pas ). Là où je n’ai pas aimé ce livre c’est que à la fin, la victime n’est pas identifiée, l’enquête n’est pas finie, on ne sait pas pourquoi son numéro était sur le papier de cet inconnu, on a une petite idée de qui est l’inconnu décédé et un moyen de le savoir mais le protagoniste ne vérifie même pas…tout se traîne pour qu’au final on n’ai pas de réponses…
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le livre m’est un peu tombé des mains je dois dire. je crois que je ne suis pas très fan du style de Maylis de Kerangal malheureusement. j’ai lu pas mal de phrases en diagonale, je les trouve longues et alambiquées et ça me perd plus qu’autre chose. et j’avoue que je n’ai pas vraiment su quel était le but de l’histoire. des passages très riches, des descriptions du Havre très frappantes, mais dans tout ça, je n’ai pas compris où se rendait le personnage, le fil rouge du début n’était en fait pas forcément un vrai fil rouge. je m’attendais à une révélation, un dénouement, mais sans doute que ce n’est pas ce type de texte et qu’il faut savoir apprécier ces mots très travaillés, cette contemplation de la langue plus que de l’histoire en elle-même. donc je suis un peu passée à côté. tant pis :)
Jour de Ressac 🌊 Le temps d'une journée, revenir au Havre, pour identifier un inconnu. Unité de temps, de lieu et d'action... Cela paraît anecdotique, tout tient entre deux gares, un Commissariat, un cinéma, un bistrot, une promenade en bord de digue, la banalité des villes qui se ressemblent, mais ce qui est vécu est unique.
Alors qu'un inconnu est retrouvé mort sur le front de mer, ELLE revient au Havre. Un recit qui s'inscrit, comme un flot de conscience, si chère à cette chère Virginia Woolf, d'ailleurs deux soeurs traversent le récit Vanessa &Virginia, pur hasard ? Je ne crois pas, le lien est flagrant, une déambulation dans une ville fait resurgir des instants passés, et décuple l'instant présent. Ceux qui marchent connaissent cette sensation de l'esprit qui se libère. Pour Virginia Woolf, elle remontait le Strand à Londres, ici la narratrice c'est Le Havre un jour de Ressac.
Le lieu est un prétexte pour se souvenir, passé et présent... Ou tout simplement les confondre, L' évocation du Havre, celui d'aujourd'hui et d'hier, la vue sur la mer depuis la gare, et ce que la mer amène chaque jour des bateaux, lieu d'échanges de biens et de passagers d'humains. Chaque lieu est un ancrage, un point de départ et de retour, une source de sensations. Chaque texte de Maylis de Kerangal, touche au sens, au sens propre ici la narratrice elle est doubleuse de voix, la voix est son metier en tant qu'artiste, comme au figuré la quête de sens celle du monde qui nous entoure, car écouter et être une voix pour d'autres touche à l'universel. C'est un texte comme je les aime, à la lecture j'ai été bercé par ce texte, sans grande surprise et il s'en dégage une lumière ✨
Je n'ai traversé qu'une fois Le Havre, sans m'arrêter, le souvenir d'une ville grise et la vue sur son port assez déprimante ce jour-là. Je lis souvent de l'écriture de Maylis de Kerangal qu'elle est une orfèvre de l'écriture, ça se defend. C'est avant tout une écrivaine précise, au sens aiguë de l'observation, la puissance de son écriture réside dans sa capacité à révéler ces détails du quotidien, qui deviennent fantomatique s ou passent a la trappe tant notre réalité nous absorbe.
C'est toujours un bon moment d'y revenir, de passer de ce moment d'abstraction a moi même à celui de bien plus éveillée, la lecture n'est pas portée par l'émotion uniquement, ce qui me plaît énormément.
Enfin le témoignage audio de la libération du Havre, m'a rappelé l'excellent roman Archives des enfants disparus, de Valeria Luiselli tout en sachant que ce n'est pas la première fois que la voix est évoquée dans les romans de M de K. Sinon le court texte de Virginia Woolf, paru aux éditions Interferences, Au Hasard des rues est à lire pour tous les amoureux de Londres.
Achat pour l'auteur, le titre, l'histoire... Très belle écriture, une lettre d'amour au Havre , a l' océan et son ressac. Le passé va et vient mais je ne me suis pas attachée à cette quête . Je résumerai par ce passage p235: "Alors?...cette question en forme d'estuaire, cette question si vaste, qui appelait un récit qu'il était encore trop tôt pour moi de lui faire, et je n'ai pu répondre autre chose que: je te raconterai." Il y a des récits comme des voyages intérieurs qu'il est difficile de partager. Le ressac fait partie de chacun de nous, de notre histoire personnelle et collective. J'aime aimé l'idée du livre plus que sa lecture mais l'écriture est très détaillée et poétique a la fois.
J’ai été séduit par la plume de l’auteure (c’est le premier roman d’elle que je lis et n’est sans doute pas le dernier). Il y a quelque chose de Virginia Woolf (clairement référencée, ou alors j’ai rêvé) dans cette façon de suspendre le temps et de faire vivre les impressions et les sentiments. On se fiche un peu de toute cette histoire d’homme mort, ce qui est important se joue dans les sentiments de la protagoniste et son rapport au Havre, clairement second personnage principal du livre. Quelques passages semblent un peu superflus (les ukrainiennes et l’intelligence artificielle, qui datent le roman, alors qu’il aurait pu avoir un côté atemportel), mais c’est globalement très plaisant à lire
Il est de ces livres dont on sait que l’on va l’adorer dès les premières pages. J’adore l’écriture de Maylis de Kerangal. Ressac: retour brutal des vagues sur elles-même lorsqu’elles ont frappé un obstacle. La découverte d’un corps, oblige la narratrice à retourner au Havre, la ville de son enfance et se remémorer des pans de son adolescence notamment sa première histoire d’amour. « Le passé n’était pas une matière fossile, il évoluait dans le temps, souple, plastique, il évoluait infiniment, il se chargeait au cours de la vie, le passé restait vivant » Écriture toujours pointue et détaillée, ancienne fleurettiste j’ai aussi aimé l’utilisation du vocabulaire propre à ce sport jusque dans l’utilisation de la marque (Prieur) que tous les escrimeurs connaissent.
L'écriture ciselée et sensible de Maylis de Kerangal est ce qui m'a convaincu de terminer la lecture de ce roman, mais ça a été difficile.
Partant d'une convocation policière au Havre, ville d'où elle vient, la narratrice de ce livre remonte le fil de ses souvenirs, effleure au passage quelques questions d'actualité, fait beaucoup de détours vaporeux. Elle effectue une enquête au ralenti, rend hommage à la ville, mais se perd dans le passé à plusieurs reprises. Les souvenirs qu'elle évoque ont parfois un lien avec le récit, et parfois pas.
C'est mon premier livre de cette autrice mais on m'a laissé entendre que cette tendance à l'égarement littéraire n'était pas nouvelle pour elle. J'avais envie d'en essayer un autre, mais du coup, je ne suis pas convaincu...
Très belle écriture, même si des fois je la trouve trop forcée : plus d'une page sans aucun point mais seulement des virgules, non merci je ne vois pas l'intérêt par rapport au contexte. Après le fond est trèèèèèèèèèèèèèès leeeeeeeeeeeeeeeent et fait des allers-retours entre pass�� (ses souvenirs) et le présent (qui est cet homme mort retrouvé nondidjou), sans qu'il n'y ait vraiment de liens. Donc bon, c'est sympa de lire sur le Havre, mais perso j'aurais préféré savoir le fin mot de l'histoire... Donc bof moyen convaincue: on part d'un truc super intrigant pour finalement n'avoir aucune matière qui ne m'intéressait réellement.
Un homme inconnu mort sur la grève du Havre, une femme convoquée pour reconnaître le corps…qu’elle ne connaît pas. Lors de cette journée de retour dans sa ville natale, se font les ressacs de sa mémoire, ami.es, amour, famille, moments marquants ou moments de vie…. Avec une écriture ciselée, le livre nous fait venir et repartir au gré des vagues de souvenirs. Et nous embarque dans l’histoire de cette ville meurtrie. Mais l’intrigue de ce corps inconnu, qui est le fil rouge du livre, n’est pas aboutie. Dommage.
Qui aurait cru que la ville du Havre se prêterait à un récit si illuminant? À la fin on a appris à connaître l’endroit façonné irrémédiablement par l’histoire du vingtième siècle. Et l’on nous mène à travers la vie du narrateur à partir de souvenirs à moitié ensevelis. Un enchaînement qui cherche à relier le passé et le présent. Un dialogue interne qui espère, en se prononçant, se faire accompagner. La vérité est tout près à la fin mais hors de portée. Le long du chemin bien d’autres vérités se sont révélées.
Pas fini J’ai lutté longtemps mais je n’y prends aucun plaisir. Trop de digressions, pas de rythme, le suspense du début d’émule petit à petit. Bref…. Je n’ai pas fini. Ça ne m’arrive pas souvent alors je le note ici. 2 étoiles et pas une, car (je me suis plantée je ne voulais pas laisser d’étoiles au début et je ne sais pas comment reboot mon “rating”) évidemment on est loin du nanar, la plume est belle et soutenue. Ça doit certainement plaire à d’autres.