La Commission européenne vient d’enjoindre à ses fonctionnaires de supprimer le réseau social TikTok de leurs téléphones et ordinateurs professionnels, « afin de protéger les données de la Commission et d’accroître sa cybersécurité », selon un courriel interne.

Comment contrôler que la consigne est suivie ? Pas simple. Mais l’effet recherché est d’abord d’alerter les Européens sur les dangers que pose l’entreprise chinoise. Car les craintes portent sur une potentielle ingérence et sur la surveillance et la captation de données sensibles à des fins d’espionnage par Pékin. Pari réussi. En cascade, plusieurs institutions déconseillent ou bannissent l’utilisation du réseau social pour leurs membres, des parlements danois et européen aux agences fédérales américaines. Le gouvernement français s’est empressé de préciser que les téléphones des plus hauts responsables de l’État, dont le président et les ministres, ne tolèrent l’installation d’aucun réseau social. L’exécutif « réfléchit » maintenant à l’interdiction de la plate-forme chinoise pour les fonctionnaires.

TikTok, un cheval de Troie ? Déjà banni en Inde depuis 2020, le réseau social, qui revendique 150 millions d’utilisateurs sur le Vieux Continent, a reconnu, fin 2022, que les données de tout utilisateur pouvaient être consultées depuis son siège pékinois. Experts et élus craignent que l’entreprise mère ByteDance, soumise à la loi chinoise, ne soit contrainte de coopérer avec les services de renseignement du Parti communiste chinois – ce qu’elle dément.

La décision de la Commission a rencontré un étonnant consensus. Parmi les rares contestations figurent celle du parti national-conservateur Droit et Justice au pouvoir en Pologne et celle de Matteo Salvini, leader déchu de l’extrême droite italienne, tiktokeur en chef de la Ligue, et vice-Premier ministre du gouvernement Meloni. Le régime chinois, qui n’a officiellement aucun lien avec l’entreprise, n’a pas manqué de crier sa colère.