Le P-DG de Twitter (devenu X) vient d’annoncer qu’il lançait une action en justice contre les ONG financées par la fondation de George Soros. Sa décision fait suite à une publication irlandaise expliquant que des groupes soutenus par le milliardaire américain en Irlande ont eu tort d’affirmer que l’incitation à la haine était en hausse sur Twitter depuis son rachat. Musk prétend respecter la liberté d’expression, mais, pour le montrer, il porte plainte (sans préciser quelles organisations il entendait poursuivre). Une attaque qui alimente une fois de plus les fantasmes de la complosphère, toujours prête à accuser le fondateur de l’Open Society Foundations de tous les maux. Aux États-Unis, des sites conspirationnistes, comme Zerohedge, ont célébré la nouvelle. En France, c’est Florian Philippot qui a applaudi le premier sur X : « Excellent ! »
Du côté de Musk, l’obsession pour Soros n’est pas nouvelle. En mai, il a été accusé d’antisémitisme pour avoir écrit que Soros « détestait l’humanité » et voulait « éroder le tissu même de la civilisation ». Le mécène « me rappelle Magnéto » [un méchant de bande dessinée de la série X-Men], a tweeté Musk. Comme ce personnage de Marvel, Soros est un survivant de la Shoah. Il est surtout devenu la bête noire des complotistes antisémites en raison de sa lutte contre le racisme. Coutumière de ces déferlements de haine, la fondation Soros a baissé la garde depuis longtemps. Mais il lui arrive aussi de tendre le bâton pour se faire battre, en finançant (parmi tous les projets qu’elle soutient) des organisations douteuses qui, sous prétexte de diversité, attaquent en réalité l’universalisme et la laïcité en Europe.
C’est le cas d’une campagne du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), que la fondation Soros a contribué à financer en 2012. Des affiches présentant Le Serment du Jeu de paume, du peintre David, avec hommes barbus et femmes voilées, finalement retirées par la RATP. Bonne nouvelle pour la laïcité et mauvaise nouvelle pour l’extrême droite (qui s’en régalait), Alexander Soros, le fils du milliardaire et vice-président de la fondation, prévoit « une nouvelle orientation stratégique », consistant à réduire de manière significative le financement de projets en Europe. Il a reconnu que l’Union européenne dépensait déjà beaucoup d’argent « dans des programmes de promotion des droits de l’homme, de la liberté et de la diversité » (parfois en commettant les mêmes erreurs). Sa fondation restera toutefois engagée dans la défense des Roms et des libertés dans le pays natal de Soros : la Hongrie. Et ça aussi, c’est une mauvaise nouvelle pour l’extrême droite.