Les chiffres sont tombés, froids et implacables. En 2023, le déficit public atteint 154 milliards d’euros, soit une part vertigineuse équivalant à 5,5 % du PIB, dépassant de 0,6 point les prévisions du gouvernement. Les agences de notation évalueront le 26 avril la capacité de la France à rembourser sa dette, et pourraient dégrader sa note, ce qui entraînerait une baisse des investissements dans notre pays. Une atmosphère inquiétante qui pousse les Yakafokon populistes à brandir leurs potions magiques. Le RN, Bardella en tête, pense pouvoir tout résoudre en restreignant les aides aux étrangers. Sans tenir compte de leur apport économique. Ces derniers étant souvent actifs, les recettes qu’ils génèrent sont supérieures aux dépenses qui leur sont attribuées.

Tout aussi démagogique, la proposition des Insoumis d’annuler une partie de la dette auprès de la BCE relève de l’absurdité. Dans un climat européen déjà tendu, imaginez la réaction des autres pays apprenant que la France peut, d’un coup de baguette magique, annuler sa dette auprès de l’Europe. Crédible… Ne parlons pas du rappel à côté de la plaque, quasiment complotiste, de David Guiraud retweetant une séance à l’Assemblée en 2023, où il assure que l’État organise l’évasion de la TVA pour compenser des cadeaux aux riches : « Disparus. 100 milliards ont tout simplement disparus du budget de l’État. » En réalité, cette part de la TVA n’a pas disparu des comptes de l’État pour compenser des cadeaux aux riches ou aux entreprises, elle est simplement réaffectée au financement des administrations de Sécurité sociale, aux collectivités locales et à l’audiovisuel public.

Que dire, enfin, de la proposition de Gabriel Attal, qui consiste à s’en prendre aux chômeurs, en réduisant la durée de l’indemnisation ? Là aussi, la mesure paraît plus proche de la démagogie que de la raison, car elle s’attaque aux dépenses plutôt qu’aux recettes, et ne serait pas à la hauteur des enjeux. Les dépenses publiques pour le chômage n’atteignant pas 3 % des dépenses totales, on parle d’une goutte d’eau. En réalité, l’abîme du déficit est trop grand pour ne compter que sur la réduction du chômage de long terme pour espérer en sortir.